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Notes de cours

Calcul Intégral
-MTH0103-

Houda Trabelsi

Département de MAGI
École polytechnique de Montréal
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1
6 Suites et séries
6.1 Suites
Définition : Une suite infinie de nombres réels {an } = {a1 , a2 , a3 , a4 , ..., an , ...} est
un ensemble de nombres où
a1 est le premier terme de la suite
a2 est le deuxième terme de la suite
a3 est le troisième terme de la suite
..
.
an est le n-ième terme de la suite
On dit que la suite {an } converge vers L lorsque lim an = L
n→∞

On dit également que L est la limite de la suite {an } lorsque n→∞


lim an = L
Lorsque lim an = ±∞ ou lorsque lim an n’existe pas, on dit alors que la suite {an }
n→∞ n→∞
diverge.

Exemple 6.1.1
n
 
Soit {an } = une suite où n = 1, 2, 3, 4, ...
n+1
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Les premiers termes de cette suite sont : , , , , , , , , , ...
2 3 4 5 6 7 8 9 10
On remarque que les termes de la suite se rapprochent graduellement de 1.

2
n
 
Remarque : on peut également désigner la suite par la notation f (n) =
n+1
n
n+1

Exemple 6.1.2
Soit {an } = {2n } = {2, 4, 8, 16, 32, 64, ...} une suite.
On remarque que les termes de la suite augmentent rapidement.

Exemple 6.1.3
n  o
Soit {an } = sin n π2 = { 0, 1 , 0 , −1 , 0 , 1 , ... } une suite où n = 0, 1, 2, 3, 4, ...

3
Exemple 6.1.4
n 
1

Montrer que la suite 1+ converge vers le nombre e = 2, 7182818...
n
Graphiquement :

4
Exemple 6.1.5
( )
n2
La suite est-elle convergente ?
en − 1
Graphiquement :

5
Exemple 6.1.6
( )
ln(n)
La suite √ est-elle convergente ?
n n≥1

Graphiquement :

6
Théorème : (sandwich pour les suites)
Soit {an }, {bn } et {cn }, des suites telles que an ≤ cn ≤ bn , pour tout n ≥ m où
m ∈ N.
Si n→∞
lim an = L et n→∞
lim bn = L, alors n→∞
lim cn = L

Exemple 6.1.7
n + (−1)n
( )
La suite est-elle convergente ?
n n≥1

On a
n−1 n + (−1)n n+1
≤ ≤
n }
| {z | n
{z } n }
| {z
an cn bn

n−1 n+1
Or, n→∞
lim an = n→∞
lim = 1 et n→∞
lim bn = n→∞
lim =1
n n
n + (−1)n
Donc, lim cn = lim = 1.
n→∞ n→∞ n
n + (−1)n
( )
D’où la suite converge vers 1.
n n≥1

Exemple 6.1.8
 n
2
La suite est-elle convergente ?
!n n≥1

2n 2 2 2 2 2 2
      
On a = ···
!n n n−1 n−2 3 2 1
2
≤ (1) (1) · · · (1) (1) 2 (pour tout n ≥ 3)
n
4

n
2n 4 4
0 ≤
Puisque, |{z} ≤ et lim bn = n→∞
lim =0
a
!n n n→∞ n
n
|{z} |{z}
cn bn
 n
2
Alors, lim cn = 0 et donc la suite converge vers 0.
n→∞ !n n≥1

7
6.1.1 Suites bornées et suites monotonnes
Définition : Une suite an , où n ∈ N est
— croissante si an ≤ an+1 , ∀n ∈ N
— décroissante si an ≥ an+1 , ∀n ∈ N
— monotone si elle est croissante ou décroissante.

Exemple 6.1.9
1
 
La suite est-elle croissante ou décroissante ?
n2 n≥1
1 1
On a, an = 2 ≥ an+1 = car n2 ≤ (n + 1)2 , ∀ ∈ N
n   (n + 1)2
1
Donc, la suite est décroissante.
n2 n≥1
Remarque : Parfois, il est possible d’utiliser la dérivée de la fonction f (x) où
x ∈ [1, +∞[, pour déterminer la croissance ou la décroissance de la suite {an }, où
f (n) = an
Pour l’exemple précedent on a :
1 −2
f (x) = 2 et f 0 (x) = 3 < 0, ∈ [1, +∞[.
x x
Donc, fonction f (x) est décroissante, d’où la suite est décroissante.

Définition : La suite an , où n ∈ N est


— bornée supérieurement : si ∃ M ∈ R, tel que an ≤ M , ∀n ∈ N.
• Nous dirons que M est un majorant
• Nous appelons borne supérieure, notée B, le plus petit des majorants.
— bornée inférieurement si ∃ m ∈ R, tel que an ≥ m, ∀n ∈ N.
• Nous dirons que m est un minorant
• Nous appelons borne inférieure, notée b, le plus grand des minorants.
— bornée si elle est bornée inférieurement ou supérieurement.

8
Exemple 6.1.10
2n + 1
 
Montrer que est bornée et trouver la borne supérieure et inférieure.
n n≥1

2n + 1 1
On =2+ ,
n n
2n + 1 2n + 1
 
Donc, 2 ≤ ≤ 3, d’où est bornée.
n n n≥1

• Trouvons la borne supérieure.


2n + 1 1 1
 
la suite est décroissante car an = 2 + > an+1 = 2 +
n n 1+n
Donc, B = a1 = 3.

• Trouvons la borne inférieure.


1
Puisque lim 2 + = 2, alors b = 2.
n→∞ n

Théorème : Soit une suite {an }.

1. Si la suite {an } converge, alors la suite est bornée.


2. Si la suite {an } est non bornée, alors la suite diverge.

Théorème : Si la suite {an } est monotone et bornée, alors la suite {an } converge.
En particulier,

1. Si la suite {an } est croissante et bornée supérieurement, alors suite {an }


converge vers la borne supérieure B.
2. Si la suite {an } est décroissante et bornée inférieurement, alors suite {an }
converge vers la borne inférieure b.

9
Exemple 6.1.11
2n
 
La suite est-elle convergente.
2n + 1 n≥2
2n
 
Déterminons si la suite est croissante ou décroissante.
2n + 1 n≥2
2x
Considérons f (x) = , où x ∈ [2, +∞[
2x + 1
2 2n
 
0
Puisque f (x) = > 0, pour tout x ∈]2, +∞[, alors la suite
(2x + 1)2 2n + 1 n≥2
est croissante.
2n 2n 2n
 
De plus, la suite est bornée supérieurement car ≤ ≤ 1.
2n + 1 n≥2 2n + 1 2n
2n
 
D’où la suite est convergente.
2n + 1 n≥2

10
6.2 Séries infinies
Définition : Soit {an } = {a1 , a2 , a3 , a4 , ..., an , ...} une suite.

X
— somme infinie ai = a1 + a2 + a3 + ... + an + ... est appelée série infinie.
i=1
— Le n−ième terme de la série, an , est appelé le terme général de la série.

— La somme des n premiers termes d’une série est notée Sn et est appelée la
n
X
n − ième somme partielle de la série. Sn = ai = a1 + a2 + a3 + ... + an
i=1
Donc,

S1 = a1 est la première somme partielle de la série


S2 = a1 + a2 est la deuxième somme partielle de la série
S3 = a1 + a2 + a3 est la troisième somme partielle de la série
S4 = a1 + a2 + a3 + a4 est la quatrième somme partielle de la série
..
.
Sn = a1 + a2 + a3 + ... + an est la n − ième somme partielle de la série
..
.

— La suite {Sn } = {S1 , S2 , S3 , S4 , ..., Sn , ...} est appelée la suite des sommes

X
partielles de la série ai
i=1

X
— La série ai converge si la suite des sommes partielles {Sn } converge ;
i=1
c’est-à-dire si lim Sn = S .
n→∞

X
— Le nombre réel S est appelé la somme de la série et on écrit : ai = S
i=1

X
— La série ai diverge si la suite des sommes partielles {Sn } diverge.
i=1

11
Exemple 6.2.1

X 1 1 1 1 1
Est-ce que la série k
= + 2 + 3 + 4 + · · · est convergente ?
k=1 2 2 2 2 2

12
Les termes d’une suite peuvent être représentés par des rectangles de largeur 1 dont
l’aire correspond à la valeur de chaque terme. Dans ce cas, la n−ième somme partielle
Sn correspond à l’addition des aires des n premiers rectangles.


X 1
La somme de la série k
correspond alors à la somme des aires des rectangles.
k=1 2

13
Exemple 6.2.2

X 1 1 1 1 1 1
Soit = + + + + + ...
i=1 i (i + 1) 2 6 12 20 30
Montrer que cette série converge vers 1.
Remarque : décomposition du quotient en une somme de fractions partielles
1 1 1
= −
i (i + 1) i i+1

14
6.2.1 série géométrique

ari−1 = a + ar + ar2 + ar3 + ... + arn−1 + ...
X
Définition : Une série de la forme
i=1
est appelée une série géométrique de premier terme a et de raison r.
Ce qui caractérise une série géométrique c’est que le rapport de deux termes consé-
an+1
cutifs est constant et égal à r.
an

Exemple 6.2.3

X 1 1 1 1 1
1) La série k
= + 2 + 3 + 4 + ···
k=1 2 2 2 2 2


X 2 2 2 2
2) La série =2+ + + + ...
i=1 3i−1 3 9 27

∞ 
−3 i−1 12 36 108
X 
3) La série 4 =4− + − + ...
i=1 5 5 25 125

15

X n 1 2 3 4
4) La série n
= + + + + ...
n=1 3 3 9 27 81


ari−1 = a + ar + ar2 + ar3 + ... + arn−1 + ...
X
Théorème : La série géométrique
i=1

a
ari−1 =
X
1. converge si |r| < 1 et dans ce cas, .
i=1 1−r
2. diverge si |r| ≥ 1.

preuve :

16
Exemple 6.2.4

X 2 2 2 2
La série géométrique =2 + + + + ...
i=1 3i−1 3 9 27

17
Exemple 6.2.5
∞ 
−3 i−1 12 36 108
X 
La série géométrique 4 =4− + − + ...
i=1 5 5 25 125

18
6.2.2 Séries de Riemann ou Séries-p

X 1 1 1 1 1
Définition : Une série de la forme p
= 1 + p + p + p + p + ... est appelée
k=1 k 2 3 4 5
série de Riemann ou série-p

Lorsque p = 1 la série est appelée série harmonique.



X 1
Une série de Riemann p
converge si p > 1 et diverge si p ≤ 1
k=1 k

Remarque :
Ce dernier résultat est obtenu par le fait que la fonction réelle f associée à la suite
1 1
 
p
est la fonction f (x) = p
k x
ˆ∞
1 1
et que l’intégrale impropre p
dx converge vers lorsque p > 1
x p−1
1
ˆ∞

1 +∞ si p ≤ 1


Rappel : dx = 1
xp  si p > 1
p−1

1


X 1 1 1 1
Par exemple, comparons graphiquement la série 2
= 1+ + + + ... avec
k=1 k 4 9 16
ˆ∞
1
l’intégrale impropre dx
x2
1

19
ˆ+∞
1
Puisque l’intégrale impropre dx converge (vers 1),
x2
1

X 1 1 1 1
la série-p 2
=1+ + + + ... devra elle aussi converger.
k=1 k 4 9 16
En effet, dans le schéma la série est représentée géométriquement par la somme des
aires des rectangles de largeur 1 alors que l’intégrale impropre correspond à l’aire
∞ ˆ+∞
X 1 1
sous la courbe. 2
< 1+ dx = 2
k=1 k x2
1

X 1
Remarque : la proposition précédente nous dit qu’une série-p p
converge
k=1 k
lorsque p > 1 mais elle ne nous dit pas vers quelle valeur la série converge.

X 1 1 1 1
Graphiquement, on voit que la série-p 2
=1 + + + + ...
k=1 k 4 9 16
semble converger vers 1, 6

20
Exemple 6.2.6

X 1+k 3 4
La série 4
=2+ + + ... est-elle convergente ?
k=1 k 16 81

21
6.2.3 La série harmonique

1
X
Définition : La série est un cas particulier de série-p où le p = 1 Elle est
k=1 k
appelée la série harmonique.

X 1
Comme le p = 1 n’est pas supérieur à 1, la série harmonique est donc diver-
k=1 k
gente.

Exemple 6.2.7

X 2 + k3 10 29
La série = 3 + + + ... est-elle convergente ?
k=1 k4 16 81

22
6.2.4 La série arithmétique
Définition :

X
Une série de la forme (a + (k − 1)d), c’est à dire :
k=1

a + (a + d) + (a + 2d) + · · · + (a + (n − 1)d) + · · · , où a ∈ R et d ∈ R
est appelée série arithmétique de premier terme a et de raison d

Remarque : Dans une série arithmétique de premier terme a, chacun des autres
termes de la série est obtenu en addictionnant au terme précédent la raison d

Théorème :

X
Soit la série arithmétique (a + (k − 1)d).
k=1

1. La somme partielle Sn des n premiers terme de la série est donnée par :


n(n − 1)
Sn = na + d
2
2. La série diverge pour tout d ∈ R (sauf si a = 0 et d = 0)

preuve :

Exemple 6.2.8
La série −5 − 3 − 1 + 1 + 3 + 5 + · · · est une série arithmétique de premier terme
a = −5 et de raison d = 2.

23
6.3 critères de convergence d’une série

X
Critère de divergence : Soit ak une série à termes positifs (ak > 0) .
k=1

X
Si lim ak 6= 0 alors la série ak diverge
k→∞
k=1

preuve :

Remarque : la limite lim ak est la première chose à évaluer lorsqu’on étudie la


k→∞
convergence d’une série car si cette dernière n’est pas 0 on sait alors que la série
diverge.

24
Exemple 6.3.1

X k2 + 5 9 14 21 30 41
Est-ce que la série 2
=2+ + + + + + ... converge ?
k=1 2k + 1 9 19 33 51 73

25
Critère de l’intégral :

X
Soit ak une série à termes positifs.
k=1
Si ak = f (k) pour k = 1, 2, 3, 4, ... et si f est une fonction continue, positive et
∞ ˆ∞
X
décroissante à long terme, alors la série ak et l’intégrale impropre f (x) dx
k=1
1
convergent ou divergent toutes les deux.

Exemple 6.3.2

X k
La série est-elle convergente ?
k=1 ek/5
x
Soit f (x) = associée à la série.
ex/5
Le graphique montre que la fonction est décroissante à long terme à partir de x = 5

26
Critère de comparaison :

X ∞
X
Soit ak et bk deux séries à termes positifs telle que ak ≤ bk
k=1 k=1

X ∞
X
Si la série bk converge alors la série ak converge aussi
k=1 k=1

X ∞
X
Si la série ak diverge alors la série bk diverge aussi
k=1 k=1

Remarque : Le critère de comparaison repose sur le fait suivant :



X ∞
X
Si ak ≤ bk alors ak ≤ bk
k=1 k=1

Exemple 6.3.3

X 1
Montrer que la série converge.
k=1 3k + 1

27
Exemple 6.3.4

X 1
Montrer que la série √ diverge.
k=2 k−1

Exemple 6.3.5

X 8k 2 + 1
Montrer que 5 3
converge.
k=1 k + k + 1

28
Critère de comparaison à l’aide de la limite :

X ∞
X
Soit ak où ak > 0 et bk où bk > 0.
k=1 k=1
ak
Soit L = lim , si la limite existe, où 0 < L < +∞
k→∞ bk

X ∞
X
1. Si la série bk converge alors la série ak converge aussi
k=1 k=1


X ∞
X
2. Si la série bk diverge alors la série ak diverge aussi
k=1 k=1

Exemple 6.3.6

X Arctan k
Montrer que diverge.
k=1 k
1
Soit bk =
n
 
Arctan k
k π
Calculons L ou L = lim   = lim Arctan k =
k→∞ 1 k→∞ 2
k

X 1
Puisque 0 < L < ∞ et que .
k=1 k

X Arctan k
Alors, diverge
k=1 k

29
Exemple 6.3.7


X 2 k+7
Montrer que 2 converge.
k=1 (k + 1)

k 1
Soit bk = 2 = 3 , calculons L où
k k2

2 k+7 √ !
(k+1)2 2 k + 7  3
L= lim 1 = lim k2
k→∞ 3 k→∞ (k + 1)2
k2

−1
   
2k 2
+ 7k
3
2 k 2 2 + 7k 2
L = lim  2  = lim  
k→∞ k + 2k + 1 k→∞ k 2 1 + 2 + 1
2 k k

7
2+ 1
k2
L = lim 2 1 =2
k→∞ 1+ k
+ k2


X 1
Puisque 0 < L < ∞ et que 3 converge (série-p où p > 1)
k=1 k2



X 2 k+7
Alors, 2 converge.
k=1 (k + 1)

30
Critère de d’Alembert :

X ak+1
Soit ak une série à termes positifs telle que lim =L
k→∞ ak
k=1

X
Si L < 1 alors la série ak converge
k=1

X
Si L > 1 alors la série ak diverge
k=1
Si L = 1 alors le critère n’est pas concluant.

Remarque : Le critère de d’Alembert est inspiré des séries géométriques.


ak+1
On ne demande pas ici que le rapport de deux termes consécutifs soit une
ak
ak+1
constante plus petite que 1 mais seulement que la limite lim soit inférieure à
k→∞ ak
1.

Exemple 6.3.6

X (k + 1)2k+2 64 40 32
La série = 16 + 24 + + + + ... est-elle convergente ?
k=1 k! 3 3 5

31
Critère de Cauchy :

X √
Soit ak une série à termes positifs et lim k
ak = R si la limite existe ou infinie
k→∞
k=1

X
Si R < 1 alors la série ak converge
k=1

X
Si R > 1 ou si R = ±∞, alors la série ak diverge
k=1
Si R = 1 alors le critère n’est pas concluant.

Exemple 6.3.7

X 1
La série k
est-elle convergente ?
k=2 (ln k)

32

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