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Université Mohammed V
Ecole Normale Supérieure
Rabat - 2020
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Chapitre II:
Suites Réelles
Plan du Chapitre
2. Suites convergentes
3. Suites monotones
4. Suites adjacentes
5. Suites de Cauchy
6. Suites particulières
2
1 Définition et premières propriétés
Définition 1 .
Une suite réelle u est une application de N dans R, i.e.
u : n ∈ N =⇒ u(n) ∈ R,
on note la suite réelle définie par l’application u par (un )n∈N ou tout sim-
plement (un )n . un est le terme général de la suite.
Sn = u0 + u1 + · · · + un ,
Définition 2 .
Soient u et v deux suites réelles et a un nombre réel. On définit les suites
suivantes :
2 Suites convergentes
Définition 3 .
On dit qu’une suite (un )n est convergente vers le réel l (ou converge vers
l, ou tend vers l) si
∀ > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N =⇒ |un − l| ≤ .
Définition 4 .
On dit qu’une suite divergente (un )n tend vers +∞, si
∀A > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N =⇒ un > A,
3
Preuve.
Supposons que la suite (un )n converge vers l et l0 . Soit > 0, on peut trouver
deux entiers N1 et N2 tels que
∀n ≥ N1 , |un − l| ≤ ,
∀n ≥ N2 , |un − l0 | ≤ .
Soit N = max(N1 , N2 ). Pour tout n ≥ N , on a
|l − l0 | ≤ |l − un | + |un − l0 | ≤ 2.
Preuve.
Supposons que la suite (un )n converge vers l. Par définition de la convergence
et pour = 1, il existe N ∈ N tel que ∀n ≥ N on a |un − l| ≤ 1. En particulier,
pour n ≥ N , on a |un | ≤ |l| + 1. Finalement, pour tout n ∈ N, on a
Remarque 1 .
Une suite bornée n’admet pas forcément de limite. Exemple un = (−1)n .
Preuve.
On a pour tout n ∈ N
Soit > 0, il existe N1 ∈ N tel que pour tout n ≥ N1 , on ait |un − l1 | ≤ /2. De
même, il existe N2 ∈ N tel que pour tout n ≥ N2 , on ait |vn − l2 | ≤ /2. Pour
n ≥ max(N1 , N2 ) on a alors |un + vn − l1 − l2 | ≤ .
On a aussi
Comme (vn )n est convergente, elle est donc bornée i.e., il existe M > 0 tel
que ∀n ∈ N, |vn | ≤ M . Soit > 0, il existe N1 ∈ N tel que pour tout n ≥ N1 ,
4
on ait |un − l1 | ≤ /(2M ), de même il existe N2 ∈ N tel que pour tout n ≥ N2
on ait |vn − l2 | ≤ /(2|l1 | + 1). Pour n ≥ max(N1 , N2 ) on a alors
Théorème 1 .
Tout nombre réel est à la fois limite d’une suite de nombres rationnels et
limite d’une suite de nombres irrationnels.
Preuve.
Soit x ∈ R. Pour tout n ∈ N∗ , il existe (chapitre 1, proposition 9) un point
un ∈]x − n1 ; x + n1 [∩Q, et un point vn ∈]x − n1 ; x + n1 [∩(R/Q), tels que
Définition 5 .
On dit que (vn )n est une suite extraite de (un )n s’il existe une application
strictement croissante φ : N −→ N, telle que
∀n ∈ N, vn = uφ(n) .
Proposition 4 .
Si la suite (un )n converge vers l alors toute suite extraite de (un )n converge
également vers l.
Preuve.
Soit (vn )n une suite extraite de (un )n telle que pour tout n ∈ N, vn = uφ(n) .
Soit > 0, comme (un )n converge vers l, on peut trouver N ∈ N, tel que
∀n ≥ N , |un − l| ≤ . Comme pour tout n, φ(n) ≥ n (exercice), on a
∀n ≥ N, φ(n) ≥ φ(N ) ≥ N,
et par conséquent
|vn − l| = |uφ(n) − l| ≤ .
Proposition 5 .
Soit (un )n une suite telle que les deux suites extraites (u2n )n et (u2n+1 )n
convergent vers la même limite l ∈ R. Alors (un )n converge également vers
l.
Preuve. Exercice.
5
3 Suites monotones
Définition 6 .
• Une suite (un )n est bornée si elle est majorée et minorée, ce qui
équivaut à (|un |)n est majorée.
• Une suite (un )n est strictement monotone si elle est strictement crois-
sante ou strictement décroissante.
Preuve.
On démontre seulement la première partie, la deuxième se démontre de
la première. Supposons que (un )n est majorée et posons l = supn (un ). On
va montrer que (un )n converge vers l. Soir > 0, comme l − n’est pas
un majorant de la suite (un ), il existe N ∈ N tel que l − ≤ uN , de plus,
(un )n est croissante, on a pour tout n ≥ N , l − ≤ uN ≤ un . D’autre part l
étant un majorant de la suite (un )n , on a un ≤ l. Ainsi, ∀n ≥ N , |un − l| ≤ .
Réciproquement si (un )n n’est pas majorée, on montre que (un )n diverge vers
+∞. Soit M ∈ R, comme (un )n n’est pas majorée, il existe N ∈ N tel que
uN ≥ M , comme (un )n est croissante, on a pour tout n ≥ N , M ≤ uN ≤ un , ce
qui termine la preuve.
Exemples.
6
1
On a un+1 − un = > 0, donc la suite (un )n est strictement crois-
(n + 1)2
1
sante. Montrons, par récurrence, que un ≤ 2 − . Pour n = 1 on a
n
1
u1 = 1 ≤ 2 − . Supposons que c’est vrai pour n ≥ 2, alors on a
1
1 1 1
un+1 = un + 2
≤2− + ,
(n + 1) n (n + 1)2
or
1 1 1 1
< = − .
(n + 1)2 n(n + 1) n n+1
1
Donc un+1 ≤ 2 − , et la suite (un )n est croissante et majorée par 2
n+1
π2
donc elle converge. Sa limite est notée par ζ(2) = .
6
2. On considère la suite harmonique
1 1 1
un = 1 + + + ··· + ,
2 3 n
1
on a un+1 − un = > 0, et (un )n est strictement croissante. On va
n+1
montrer que sa limite est +∞. On va étudier la sous-suite (u2p )p . On a
1 1 1 1 1 1 1
u2 − u1 = 1 + − 1 = , u4 − u2 = + > + = , et en général
2 2 3 4 4 4 2
1 1 1 1 1
u2p − u2p−1 = + + ··· + > 2p−1 × p = .
2p−1 +1 2p−1 +2 2p 2 2
On en déduit que
p
u2p − 1 = u2p − u1 = (u2 − u1 ) + (u4 − u2 ) + · · · + (u2p − u2p−1 ) ≥ ,
2
et lim u2p = +∞. Donc la suite (un )n est croissante mais pas majorée
p→+∞
et donc non convergente.
4 Suites adjacentes
Définition 7 .
Les suites (un )n et (vn )n sont dites adjacentes si
• (un )n est croissante et (vn )n est décroissante,
• pour tout n ∈ N on a un ≤ vn ,
• lim (vn − un ) = 0.
n→+∞
Théorème 2 .
Deux suites (un )n et (vn )n adjacentes convergent vers la même limite.
7
Preuve. Il faut montrer que les deux suites (un )n ) et (vn )n convergent et
que leur limite est la même. Les termes de ces deux suites vérifient
u0 ≤ u1 ≤ u2 ≤ · · · ≤ un ≤ vn ≤ · · · ≤ v2 ≤ v1 ≤ v0 .
• (un )n est croissante et majorée par v0 , donc elle converge vers une limite
l,
• (vn )n est décroissante et minorée par u0 , donc elle converge vers une
limite l0 ,
Preuve. Puisque la suite (un )n est bornée donc tous les termes de cette
suite sont dans un intervalle [a ; b]. Posons a0 = a et b0 = b et φ(0) = 0. L’un
a+b a+b
des deux intervalles [a ; ] ou [ ; b] contient un pour une infinité de
2 2
n ∈ N, on va le noter par [a1 ; b1 ] et on note φ(1) un entier φ(1) > φ(0) tel
que uφ(1) ∈ [a1 ; b1 ]. De la même manière on considère les deux intervalles
a1 + b 1 a1 + b 1
[a1 ; ] ou [ ; b1 ], l’un d’eux contient un pour une infinité de n ∈ N.
2 2
On note un tel intervalle [a2 ; b2 ] et on note φ(2) un entier φ(2) > φ(1) tel
que uφ(2) ∈ [a2 ; b2 ]. En itérant cette procédure, on construit pour tout n
b−a
un intervalle [an ; bn ] de longueur et un entier φ(n) > φ(n − 1) tel que
2n
uφ(n) ∈ [an ; bn ]. La suite (an ) est croissante et la suite (bn ) est décroissante
b−a
et an ≤ bn . Comme lim (bn − an ) = lim = 0, les deux suites (an ) et
n→+∞ n→+∞ 2n
(bn ) sont adjacentes donc convergentes vers l, et comme uφ(n) ∈ [an ; bn ] donc
lim uφ(n) = l.
n→+∞
5 Suites de Cauchy
Définition 8 .
On dit qu’une suite (un )n est de Cauchy si
Théorème 4 .
Une suite réelle est convergente si et seulement si elle est de Cauchy.
Preuve. Soit (un )n une suite réelle convergente vers l. Soit > 0, il existe
un entier N ∈ N tel que ∀n ≥ N , |un − l| ≤ /2. En particulier pour tout n, p
tels que n ≥ p ≥ N , on a
8
ce qui montre que la suite (un )n est de Cauchy. Réciproquement, soit (un )n
une suite réelle de Cauchy. Montrons qu’elle est bornée. En utilisant la
définition d’une suite de Cauchy pour = 1, il existe un entier N ∈ N tel
que |un − up | ≤ 1, pour tout n ≥ p ≥ N . Donc pour n ≥ N
6 Suites particulières
6.1 Suites arithmétiques et géométriques
Définition 9 .
Une suite (un )n est dite arithmétique si : u0 est donné et pour tout n ≥ 0,
on a un+1 = un + r, avec r ∈ R.
Définition 10 .
Une suite (un )n est dite géométrique si : u0 est donné et pour tout n ≥ 0,
on a un+1 = qun , avec q ∈ R∗ . q est la raison de la suite.
Les suites définies par une fonction forment une catégorie importante
des suites récurrentes. Cette partie nécessite la maitrise de l’étude des
fonctions.
Soit f : R −→ R, une fonction. Une suite récurrente (un )n est définie
par son premier terme u0 et par un+1 = f (un ), pour n ≥ 0. La suite s’écrit
donc ainsi
9
Exemple. √ √
Soit f (x) = 1 + 2. Pour u0 = 2, on définit pour n ≥ 0 : un+1 = 1 + un .
Alors les premiers termes de la suite sont :
r s r
√ √ √ √
q q q
2, 1 + 2, 1 + 1 + 2, 1 + 1 + 1 + 2, 1 + 1 + 1 + 1 + 2, · · ·
Lorsqu’une suite récurrente (un )n (un+1 = f (un )), admet une limite, cette
limite est donnée par le résultat suivant.
Proposition 7 .
Si f est une fonction continue et la suite récurrente (un )n converge vers
l, alors l est solution de l’équation : f (l) = l (on dit que l est un point fixe
de f ).
Remarque 2 .
Proposition 8 .
Si f : [a ; b] −→ [a ; b], une fonction continue et croissante, alors ∀u0 ∈
[a ; b], la suite récurrente (un )n est monotone et converge vers l ∈ [a ; b]
vérifiant f (l) = l.
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6.2.2 Cas d’une fonction décroissante
Soit f : R −→ R, une fonction décroissante et (un )n une suite récurrente
un+1 = f (un ).
Proposition 9 .
Soit f : [a ; b] −→ [a ; b], une fonction continue et décroissante. Soit
u0 ∈ [a ; b] et la suite récurrente (un )n définie par un+1 = f (un ). Alors
Preuve.
Elle se déduit du cas où f est une fonction croissante, car si f est décroissante
alors f ◦ f est croissante, et on applique la proposition 8 appliquée à la
fonction f ◦ f et à la sous-suite (u2n )n définie par récurrence :
u0 , u2 = (f ◦ f )(u0 ), u4 = (f ◦ f )(u2 ), · · ·
u1 , u3 = (f ◦ f )(u1 ), u5 = (f ◦ f )(u3 ), · · ·
Exercices:
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