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(F. S. T.)
(D. M. I.)
(L1. P. C. S. M.)
Coumba Diallo
Amadou Tall
Demba Sow
Moussa Mory Diedhiou
1
Chapitre 2
SUITES NUMERIQUES
2.1 Généralités
Définition 2.1. On appelle suite de nombres réels ou suite numérique toute ap-
plication u de N (ou d’une partie de N) dans R. En général, on écrit n 7−→ un , (un )n∈N
ou simplement (un ) au lieu de u(n). un s’appelle le terme général de la suite.
Exemple 2.1.
1
, un = cosn , un = n1/n .
un =
n
On peut aussi définir une suite par une relation de récurrence : on donne les premiers
termes de la suite et on exprime comment trouver les suivants en fonction des précédents.
Par exemple : u0 = 1 et un+1 = 3un définit une suite numérique,
v0 = 1, v1 = 1 et vn+1 = vn + vn−1 aussi (Suite de Fibbonacci ), mais
w0 = 1 , wn+2 = wn+1 − wn non. (essayez de calculer w1 !!)
n’est pas extraite de la suite (1/n) (On n’a pas extrait les termes " dans l’ordre ").
4. De façon générale, si (un ) est une suite quelconque a et b des entiers naturels avec
a > 0 , la suite (uan+b ) est extraite de (un ) (la fonction ϕ correspondante est donnée par :
ϕ(k) = ak + b). C’est par exemple le cas pour les suites un+7 , (u2n ) , (u2n+1 ) et (u3n ).
Le produit des suites (un )n∈N et (vn )n∈N est la suite de terme général un .vn . On note
(un )(vn ) = (un .vn )n∈N
Le produit λ(un )n∈N d’une suite (un )n∈N par un scalire λ est la suite de terme général
λ.un
On note λ(un )n∈N = (λun )n∈N .
(un )n∈N un
Le rapport est la suite de terme général (avec vn 6= 0) ∀n ∈ N.
(vn )n∈N vn
L’ensemble des suites numériques muni de l’addition et de la multiplication externe par
un réel est un espace vectoriel sur R.
La multiplication interne des suites est associative, commutative, possède un élément
neutre elle est distributive par rapport à l’addition. Ces propriétés confèrent à l’ensemble
des suites muni de l’addition et de la multiplication interne une structure d’anneau com-
mutatif unitaire.
2.3 Convergence
On dit qu’une suite tend (ou converge) vers une limite ` si, pour tout réel ε > 0 , il
existe un entier n0 tel que pour tout n ≥ n0 on ait |un − `| < ε. On note lim un = `
n−→∞
où un −→ `.
On remarquera que la condition |un − `| < ε est équivalente aux inégalités ` − ε < un <
` + ε qui sont parfois pratiques à utiliser.
Si la suite (un ) n’est pas convergente, on dit qu’elle est divergente.
Trouver la nature d’une suite consiste à détermine si elle st convergente ou divergente.
Exemples
1
1 - lim = 0. En effet puisque R est archimédien, il est toujours possible de trouver un
n
1 1
entier p tel que p > et on aura < ε si l’on prend n > p.
ε n
2 - La suite constante un = a converge vers a.
3 - Une suite quelconque n’est pas nécessairement convergente par exemple les suites :
un = (−1)n , un = cosn, un = n2 .
ε
∃n2 tel que |vn − `0 | < pour n ≥ n2
2
Si n0 = max(n1 , n2 ) :
ε ε
n ≥ n0 =⇒ |un + vn − (` + `0 )| < + = ε. et la somme un + vn tend vers ` + `0 .
2 2
Théorème 2.3. Si la suite (un ) converge vers ` et si la suite (vn ) converge vers `0 , la
suite (un vn ) converge vers le produit ``0 .
Preuve
Considérons les deux différences un = un − ` , vn = vn − `0 . Nous pouvons écrire
`
converge vers .
`0
Preuve
un 1 1
On écrit, en effet, = un × et on applique le théorème 3 à la suite , puis le
vn vn vn
théorème 2 au produit.
Exemples
n−3
1 - La suite tend vers 0. On ne peut pas appliquer directement le corollaire
n2 + 1
précédent, puisque ni le numérateur, ni le dénominateur ne converge.
L’astuce est de remarquer que :
1 3
n−3 − 3
= n n
n2 + 1 1
1+ 2
n
(On a divisé
numérateur et dénominatteur par n2 ).
1 3
La suite tend vers 0 ; il en est de même de la suite , donc aussi la suite
n n2
1 3 1
− 2 . On démontre de la même facon que la suite 1 + 2 tend vers 1. On peut
n n n
maintenant appliquer le corollaire ; la suite quotient tend vers 0/1 = 0.
2n3 − 5n 2
2 - La suite 3
tend vers . Pour la même raison, on ne peut pas appliquer
7n − 2n + 5 7
le corollaire. On utilise la même astuce : en divisant numérateur et dénominateur par n3 ,
on obtient :
5
2n3 − 5n 2n3 − 5n 2− 2
= n
7n3 − 2n + 5 7n3 − 2n + 5 2 5
7− 2 + 3
n n
Si P et Q
3 - Ces exemples se généralisent à la situation suivante. sont des polynômes tels
que le degré de P est inférieur à celui de la suite P (n)/Q(n) tend vers 0 si le degré
de P est strictement inférieur à celui de Q et vers le quotient des coefficients dominants
de P et de Q si les degrés sont les mêmes.
Supposons ` strictement négatif. Comme un −→ ` pour ε = |`| 2
, ∃n0 ∈ N tel que
Remarque 2.2. La limite d’une suite à termes négatifs, si elle existe, est négative
Théorème 2.5. Toute suite extraite d’une suite convergente, converge vers la même limite
Preuve
Soient (un ) une suite convergente et (vk ) une suite extraite de (un ) (avec vk = unk ).
Soit ε > 0 , comme (un ) est convergente, on peut trouver un entier n0
tel que |un − `| < ε , si k > n0 , alors nk > k > n0 , de sorte |unk − `| < ε c’est à dire
|vk − `| < ε. On a montré que la suite (vk ) converge vers `.
Remarque 2.3. Le théorème est souvent utilisé, pour montrer qu’une suite est diver-
gente : si deux suites extraites d’une suite donnée convergent vers des limites différentes,
cette suite diverge. On peut montrer ainsi facilement que la suite ((−1)n ) diverge : la suite
((−1)2n ) converge vers 1 et la suite extraite (−1)2n+1 vers −1 ; il y a des suites extraites
de limites différentes,
de sorte que la suite diverge.
1 1
- La suite est extraite de la suite . Elle converge donc vers 0.
2n + 1 n
Théorème 2.6. Une suite croissante majorée (un ) de nombres réels a une limite finie,
qui coincide avec la borne supérieure de l’ensemble des un .
Preuve
D’après 2.4.2 l’ensemble des un admet une borne supérieure `. Soit ε > 0. Il existe un n0
tel que un−0 > ` − ε pour n ≥ n0 on a :
Théorème 2.7. Une suite décroissante minorée (un ) de nombres réels a une limite finie,
qui coincide avec la borne inférieure de l’ensemble des un .
Corollaire 2.3. (Théorème de Bolzano - Weierstrass) Soit (un ) une suite bornée de
nombres réels. On peut extraire une suite convergente.
Preuve
Soit I l’ensemble des entiers i tels que ui majore ui+1 , ui+2 , ui+3 , .... Si I est infini,
soient i1 , i2 , i3 , ... les entiers de I rangés dans l’ordre croissant ; on a ui1 ≥ ui2 ≥ ui3 ...
d’après la définition de I donc la suite (ui1 , ui2 , ui3 , ...) , qui est par ailleurs bornée,
a une limite finie. Si I est fini, il existe un entier j1 , strictement plus grand que tous les
entiers de I ; puisque j1 ∈ / I , il existe un entier j2 > j1 tels que uj2 > uj1 tel que
uj3 > uj2 , etc ;
La suite uj3 > uj2 , etc ;
La suite (uj1 , uj2 , ...) , qui est par ailleurs bornée a une limite finie.
2 - Suites adjacentes
Définition 2.4. Deux suites (un )n∈N et (vn )n∈N sont dites adjacentes si :
a) l’une est croissante, l’autre décroissante.
b) lim (vn − un ) = 0.
n−→∞
1
un+1 − un = > 0 =⇒ (un ) ↑
(n + 1)!
1 1 2 1 1−n
vn+1 − vn = un+1 − un + − = − = ≤0
(n + 1)! n! (n + 1)! n! n + 1!
=⇒ (vn ) ↓ et
1
lim (vn − un ) = lim = 0.
n−→0 n!
Elles convergent vers la même limite.
Théorème 2.9. (Critère des gendarmes) Soient (un ) , (vn ) , (wn ) trois suites vérifiant :
a) ∀n ∈ N , un ≤ vn ≤ wn .
b) lim un = lim wn = `. Alors lim vn = `.
n−→∞ n−→∞ n−→∞
Preuve
(p ≥ n0 et q ≥ n0 ) =⇒ |up − uq | < ε.
Cette définition ressemble beaucoup à celle d’une suite convergente ; la grande diffé-
rence est que l’on n’y mentionne pas de limite. Le résultat suivant fait de cette notion un
moyen de montrer la convergence d’une suite sans connaître sa limite à priori.
Théorème 2.10. Pour qu’une suite numérique soit convergente vers une limite finie, il
faut et il suffit qu’elle soit une suite de Cauchy.
Remarque 2.4. Le théorème est faux si on est dans le corps Q des nombres rationnels :
il existe des suites de Cauchy dont tous les termes sont rationnels et qui ne convergent
pas dans Q.
Preuve du théorème
Il s’agit de montrer d’une part que toute suite convergente est de Cauchy,d’autre part que
toute suite de Cauchy est convergente.
Soient donc (un ) une suite convergeant vers un réel ` et ε strictement positif. Il existe un
entier n0 tel que, pour tout entier p ≥ n0 , et q ≥ n0 on ait
ε ε
|up − `| < et |uq − `| < de sorte que
2 2
ε ε
|up − uq | ≤ |up − `| + |` − uq | < + = ε.
2 2
Ce qui montre que (un ) est une suite de Cauchy.
Soit maintenant (un ) une suite de Cauchy ; il s’agit de montrer que qu’elle est convergente.
Montrons d’abord qu’elle est bornée. On procède comme pour montrer que les suites
convergentes sont bornées. On choisit un ε arbitraire, par exemple ε = 1. Il existe un entier
n0 tels que, pour tous entiers m et n plus grand que n0 , on ait |um −un | < 1 ; en particulier
|um − un−0 | < 1 pour m ≥ n0 . Donc, toujours pour m ≥ n0 , un−0 − 1 < um < un−0 + 1
et max{u0 , ..., un−0 , un−0 + 1} est un majorant de un (de facon analogue on a un
minorant).
En particulier, on peut définir des suites par
xp+1 xp+2 xq
|uq − up | = | + + ... +
p+1 p+2 q
q−p
p+1 p−1 p+1 1 − |x| |x|p+1
≤ |x| (1 + |x| + ... + |x| ) = |x| ≤
1 − |x| 1 − |x|
4 - Limites infinies
Définition 2.6. On dit qu’une suite (un ) de nombres réels tend vers +∞ (en abrégeant,
un −→ +∞) si, pour tout nombre réel A , il existe un entier n0 tel que n ≥ n0 =⇒ un > A
on écrit lim un = +∞.
n−→+∞
On définit de manière analogue les suites tendant vers −∞.
• Si un −→ +∞ et si vn tend vers une limite finie en +∞ alors
un + vn −→ +∞. Plus généralement, si un −→ +∞ et si les vn sont minorés par un
nombre µ , alors un + vn −→ +∞. Il existe un entier n0 tel que : n ≥ n0 =⇒ un > A − µ.
Alors, pour n ≥ n0 , on a
un + vn > A − µ + vn > A − µ + µ = A
donc un + vn −→ +∞.
• Mais, si un −→ +∞ et vn −→ −∞, on ne peut rien dire à priori de un + vn .
Exemple
1 1
1 - un = n , vn = −n + . Alors un + vn = −→ 0
n n
2 - un = n2 , vn = −n. Alors un + vn = n2 − n = n(n − 1) −→ +∞
3 - un = n , vn = −n2 . Alors un + vn = n − n2 = −n(n − 1) −→ −∞
Si un −→ +∞ et vn −→ −∞ , et si l’on étudie un + vn , on dit qu’on a une forme
indéterminée +∞ − ∞.
• Si vn −→ +∞ , et si un tend vers un nombre strictement positif ou vers +∞ , alors
un vn −→ +∞.
En effet, il existe un nombre µ > 0 tel que vn ≥ µ à partir d’un certain rang n0 (c’est
a
évident si vn −→ +∞ ; si vn tend vers un nombre a > 0, on a |vn − a| < pour n assez
2
grand.
A
Soit A un nombre réel. Il existe un entier n00 tel que n ≥ n00 =⇒ un > .
µ
Alors, pour n ≥ sup(n0 , n00 ) on a
A
un vn > µ = A donc un vn −→ +∞
µ
En changeant vn en −vn , on voit que si un −→ +∞ , si vn tend vers un nombre
strictement négatif ou vers −∞ ,
• Mais si un −→ +∞ et vn −→ 0 , on ne peut rien dire à priori de un vn .
Exemples
1
1 - un = n , vn = . Alors un vn = 1 −→ 1.
n
1
2 - un = n2 , vn = . Alors un vn = n −→ +∞
n
1 1
3 - un = n , vn = 2 . Alors un vn = −→ 0.
n n
On dit qu’on a une forme indéterminée 0.∞.
1
• Si un −→ ±∞ , on a −→ 0. En effet, soit ε > 0. Il existe un entier n0 tel que :
un
1 1
n ≥ n0 =⇒ |un | > =⇒ | | < ε
ε un
d’où le résultat.
On voit de facon analogue que si un −→ 0 et si par exemple un > 0 pour tout n , alors
1
−→ +∞.
un
un 1
Ecrivant = un × , on voit que connaissant les limites de un et vn on peut décider
vn vn
un 1
de la limite de , sauf si l’un des deux facteurs un , tend vers zéro et l’autre vers
vn vn
0 ∞
±∞ , ceci conduit aux formes indéterminées , .
0 ∞
• Soit (un ) une suite croissante. Si elle est majorée, on a vu qu’elle a une limite finie,
égale à sa borne supérieure. Si elle n’est pas majorée, il est clair que un −→ +∞.
5 - Suites récurrentes
Soit f : D ⊆ R −→ R. On appelle suite récurrente une suite (un ) définie par la donnée
u1 ∈ D et de la relation : ∀n ∈ N : un = f (un−1 ).
On supposera f (D) ⊆ D (un est donc définie).
Monotonie
L’étude de la monotonie de la suite revient à celle de la fonction f. On vérifie facilement
par récurrence en utilisant un+1 − un = f (un ) − f (un−1 ) que
- si f est croissante, (un ) est monotone, croissante si f (u1 ) − u1 ≥ 0 et décroissante si
f (u1 ) − u1 ≤ 0 ;
- si f est décroissante, un+1 − un est alternativement positif et négatif. Posons g = f ◦ f ;
la fonction g est croissante. Les suites (u2n ) et (u2n+1 ) définies par
sont donc toutes deux monotones et varie en sens inverse, puisque g(u1 )−u1 = f (f (u1 ))−
u1 et
g(f (u1 )) − f (u1 ) = f (f (f (u1 )) − f (u1 )
ont des signes opposés.
Convergence
Supposons f monotone et continue sur D. Si la suite (un ) converge vers ` ∈ D , cette
limite vérifie ` = f (`).
La recherche de la limite se ramène donc à l’étude de l’équation ` = f (`) à l’inconnue
` ∈ D. Cette équation fournit les seules limites éventuelles de la suite. Il en résulte que si
cette équation n’a pas de racine, la suite n’a pas de limite et que si au contraire il existe
un ou plusieurs nombres `0 tels que `0 = f (`0 ) , le problème revient à examiner si (un )
admet pour limite l’un de ces nombres `0 .
Exemple √
Etudier la suite définie par : un+1 = un + 2 , u0 = a ≥ 0. On a
√
f (x) = x + 2 , D = [−2, +∞[ et f (D) ⊆ R.
La fonction f étant continue et√ strictement croissante sur D , la suite (un ) est donc définie
et monotone. De plus sing( a + 2 − a) = sign(2 − a) et l’équation ` = f (`) admet
l’unique racine 2. On en déduit que :
- si a < 2 : la suite est croissante et majorée par 2
- si a = 2 : un = 2 , la suite constante
- si a > 2 : la suite est décroissante et minorée par 2.