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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 18/10/2022

MP2I – Mathématiques
A. Troesch

DM no 5 : Réels

Suggestion de travail supplémentaire (à ne pas me rendre) : Le problème 1 du DS3 de l’année dernière, et le


problème 3 de la sélection de ma page web.

Problème 1 – (e n’est pas racine d’un polynôme de Q2 rXs)


Nous montrons dans ce problème que e est irrationnel, puis nous montrons qu’il ne peut pas être racine d’un polynôme
du second degré à coefficients rationnels. Ce résultat peut être vu comme un premier pas vers la propriété de transcen-
dance de e, affirmant que e n’est racine d’aucun polynôme à coefficients rationnels. On admettra dans l’ensemble de
ce problème que pour tout x P R,
`8
ÿ xn
ex “ ,
n“0
n!
cette série étant convergente pour toute valeur de x dans R.
Beaucoup de preuves liées à l’irrationnalité ou la transcendance reposent sur la lapalissade suivante : il n’y a pas
d’entiers entre deux entiers consécutifs. Ainsi, une méthode classique pour ce type de problèmes est de raisonner par
l’absurde et d’essayer alors d’encadrer un entier strictement entre deux entiers consécutifs.
1. Irrationnalité de e.
(a) Montrer que pour tout q P N˚ ,
`8
ÿ 1 e
ď .
n“q`1
n! pq ` 1q!
pq`1q! 1
On pourra pour cela comparer n!à pn´q´1q! .
p
(b) Supposons que e “ , où p et q sont entiers. Quitte à prendre une fraction non irréductible, on peut supposer
q
que q ` 1 ą e. Montrer que :
q q
ÿ 1 p ÿ 1 1
ă ă ` .
n“0
n! q n“0
n! q!

(c) En multipliant par q!, trouver une contradiction et conclure.


2. Indépendance sur Q de 1, e et e2
Le but de cette question est de montrer qu’il n’existe pas de rationnels p, q et r non tous nuls tels que p`qe`re2 “
0. Pour cela, on raisonne par l’absurde, en supposant leur existence.
(a) Montrer qu’il existe alors des entiers a, b et c non tous nuls tels que c “ ae ` be´1 , et que nécessairement,
a et b sont non nuls.
(b) Montrer que pour tout n P N, il existe un réel dn tel que :
n n
ÿ 1 ÿ p´1qk
c“a `b ` dn ,
k“0
k! k“0
k!

tel que
p|a| ` |b|qe
|dn | ď .
pn ` 1q!
(c) Montrer que n!dn Ñ 0, et en déduire que pour tout n assez grand,
n n
ÿ 1 ÿ p´1qk
c“a `b
k“0
k! k“0
k!

1
(d) En déduire que pour tout n assez grand,
1 p´1qn`1
a¨ “b¨ .
n! n!
(e) Conclure.

Problème 2 – Le premier nombre transcendant connu


Soit c la constante de Liouville, définie par :
`8
ÿ n
ÿ
c“ 10´k! “ lim 10´k! .
nÑ`8
k“0 k“0

Le but est de démontrer que c est un nombre transcendant, c’est-à-dire qu’il n’est racine d’aucun polynôme à coefficients
entiers ou rationnels. On établit en fait cette propriété pour une famille plus large de réels, appelés nombres de Liouville.
Nous démontrons d’abord dans la question 1 que c est bien défini, puis dans la question 2 que c est irrationnel.
1. Convergence de la série définissant c
`8
ÿ
En étudiant la convergence de la série, montrer l’existence de la constante de Liouville c “ 10´k! .
k“0
2. Irrationnalité de c
(a) Montrer que pour tout n P N,
`8
ÿ 1
10´k! ď .
k“n`1
9 ¨ 10pn`1q!´1
p
(b) Supposons qu’il existe deux entiers p et q tels que c “ q. En remarquant que 10n! Sn est entier, et en
encadrant p10n! , trouver une contradiction. Conclure.
3. Inégalité des accroissements finis
Soit pa, bq P R2 tel que a ă b. À l’aide d’une intégration, montrer que si f est une fonction dérivable sur un
intervalle ra, bs, de dérivée continue sur ra, bs et telle que |f 1 | est majorée par M , alors |f pbq ´ f paq| ď M |b ´ a|.
Justifiez que cette expression est encore valable si b ď a, l’inervalle considéré étant alors rb, as.
4. Théorème de Liouville (approximation diophantienne)
Le but de cette question est de démontrer le théorème de Liouville, s’énonçant ainsi :

Théorème de Liouville. Soit α un nombre algébrique non rationnel. Alors ˇ il existe


ˇ un réel A ą 0 et un entier
p ˚
ˇ p ˇˇ A
d ě 2, tels que pour tout nombre rationnel , (pp, qq P Z ˆ N ), on ait : ˇα ´ ˇ ě d .
ˇ
q q q
Ce théorème affirme que les nombres algébriques non rationnels sont « assez mal » approchés par des rationnels.

Soit α un nombre algébrique, c’est-à-dire tel qu’il existe un polynôme P non nul à coefficients entiers vérifiant
P pαq “ 0. On suppose de plus que α n’est pas rationnel.
On admettra dans cette question qu’une fonction continue sur un intervalle fermé borné est bornée.

(a) Montrer qu’il existe un polynôme P non nul à coefficients entiers tel que P pαq “ 0, de degré minimal dans
l’ensemble de tous les polynômes non nuls vérifiant cette propriété. On se donne désormais un tel polynôme
P et on note d son degré.
(b) Justifier que d ě 2.
(c) Montrer que P ne peut pas avoir de racine rationnelle.
ˇ ˆ ˙ˇ
˚ ˇ d
ˇ p ˇˇ
(d) En déduire que pour tout pp, qq P Z ˆ N , ˇq P ě 1.
q ˇ
(e) À l’aide de l’inégalité des accroissements finis,
ˇ en déduire
ˇ l’existence d’un réel M ą 0 tel que pour tout
p p
nombre rationnel (pp, qq P Z ˆ N˚ ) tel que ˇˇα ´ ˇˇ ď 1, on ait :
ˇ ˇ
q q
ˇ ˇ
ˇα ´ p ˇ ě 1 .
ˇ ˇ
ˇ q ˇ M qd

2
ˆ ˙
1
(f) En posant A “ min 1, , montrer le théorème de Liouville.
M
5. Transcendance de c
On appelle nombre de Liouville un réel irrationnel x tel que :
ˇ ˇ
˚
ˇ pn ˇˇ 1
@n P N , Dppn , qn q P Z ˆ pNzt0, 1uq , ˇx ´
ˇ ď .
qn ˇ pqn qn

(a) À l’aide du théorème de Liouville, montrer qu’un nombre de Liouville n’est pas algébrique (on dit qu’il est
transcendant).
(b) En déduire que c est transcendant.

Problème 3 – Autour de la propriété d’équirépartition

Soit une suite de réels positifs pun qnPN˚ . Étant donné un intervalle I de R, on note Un pIq le nombre de termes parmi
u1 , . . . , un appartenant à I, c’est-à-dire le cardinal de ti P v1, nw | ui P Iu
Si I “ ra, br est un intervalle vérifiant I Ă r0, 1r, on note Un pI mod 1q le nombre de termes ui , i P v1, nw, tels que la
réduction modulo 1 de ui (c’est-à-dire sa partie décimale) soit dans I. Ainsi, la suite ayant été choisie positive :
˜ ¸
ď
U pI mod 1q “ U pI ` kq ,
kPN

où I ` k désigne l’intervalle ra ` k, b ` kr.


Un pI mod 1q
On dit que pun q est équirépartie modulo 1 si pour tout I “ ra, brĂ r0, 1r, lim “ b ´ a.
n
nÑ`8
On rappelle que rxs désigne la partie entière de x par excès, c’est-à-dire le plus petit entier supérieur ou égal à x.

1. Montrer que si pun qnPN est une suite équirépartie modulo 1, alors l’ensemble formé des parties décimales des
un , n P N˚ , est dense dans r0, 1s (on dira que pun q est dense modulo 1)
2. On considère un “ lnpnq, pour tout n ě 1.
(a) Montrer que un`1 ´ un tend vers 0 lorsque n tend vers `8.
(b) En déduire que pun q est dense modulo 1.
1 1
(c) Soit I “ r0, 21 r. Montrer que pour tout n ě ek` 2 , Un pI ` kq “ rek` 2 s ´ rek s.
?
(d) Justifier que Un pI ` kq ě p e ´ 1qek ´ 1.
?
e´1 k`1
Un pI mod 1q
k` 21 e´1 pe ´ 1q ´ pk ` 1q
(e) En déduire que si n “ re s, ě 1 .
n k`
e 2 `1
(f) En comparant la limite du minorant obtenu à la question précédente à 12 , en déduire que pun q n’est pas
équirépartie modulo 1.
3. Soit α Ps0, 1r, et un “ nα , pour n ě 1. Soit I “ ra, brĂ r0, 1r, et k P N.
1 1 “
(a) Montrer que pour tout n P pa ` kq α , pa ` k ` 1q α X N˚ ,

k
ř 1 1
pb ` ℓq α ´ pa ` ℓq α ` 1
Un pI mod 1q ℓ“0
ď 1 .
n pa ` kq α

(b) On rappelle qu’une fonction f est convexe sur un intervalle si pour tout x ă y de cet intervalle et λ Ps0, 1r,
1
f pλx ` p1 ´ λqyq ď λf pxq ` p1 ´ λqf pyq. En admettant la convexité de la fonction x ÞÑ x α (du fait que
1
α ą 1), montrer que pour tout ℓ P N,
1 1 1 1
pb ` ℓq α ´ pa ` ℓq α ď pb ´ aqppa ` ℓ ` 1q α ´ pa ` ℓq α q.
1 1 “
(c) En déduire que pour tout n P pa ` kq α , pa ` k ` 1q α X N˚ ,

1
Un pI mod 1q pa ` k ` 1q α k`1
ď pb ´ aq 1 ` 1 .
n pa ` kq α pa ` kq α

3
Un pI mod 1q
(d) Montrer que lim “ b ´ a et conclure.
nÑ`8 n
Indication : on pourra raisonner par l’absurde, et utiliser le résultat de la question précédente pour les 3
intervalles r0, ar, ra, br et rb, 1r pour trouver une contradiction.

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