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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 23/04/2022

MP2I – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 8 (4h)

Correction du problème 1 – Théorème de Rolle pour les polynômes complexes (d’après Mines PC 2010)

Dans ce problème, on se propose de prouver l’analogue complexe suivant du théorème de Rolle :


Théorème 1 Soient a et b deux nombres complexes distincts, et n un entier supérieur ou égal à 2. Soit
P pXq P CrXs un polynôme de degré n tel que P paq “ P pbq. Le polynôme dérivé P 1 pXq de P possède au
moins un zéro z0 (i.e. P 1 pz0 q “ 0) dans le disque
" ˇ ˇˇ ˇ
a ` b ˇˇ
*
Da,b,n “ z P C ˇ ˇz ´ ď Rn pa, bq ,
ˇ ˇ
2 ˇ

où :
|a ´ b|
Rn pa, bq “ ` ˘.
2 tan nπ

Partie I – Définition de An,z P pXq

1. ‚ An,z est bien à valeurs dans Cn´1 rXs. En effet, d’après les règles usuelles sur les degrés, An,z est à va-
leurs dans Cn rXs, et si an X n est le monôme de degré n de P , alors le monôme de degré n de An,z P est
´Xpnan X n´1 q ` nan X n “ 0. Ainsi, degpAn,z P q ă n. Donc An,z pP q P Cn´1 rXs .
‚ Pour tout pP, Qq P Cn´1 rXs et tout λ P C,

An,z pλP `Qq “ pz´XqpλP 1 `Q1 q`npλP `Qq “ λ pz ´ XqP 1 ` nP ` pz ´ XqQ1 ` nQ “ λAn,z P `An,z Q.
` ˘ ` ˘

Ainsi, An,z P LpCn rXs, Cn´1rXsq (cette notation désigne l’ensemble des applications linéaires de Cn rXs dans
Cn´1 rXs).
2. Soient z1 et z2 dans C, et soit P P Cn rXs. On a :

An´1,z1 ˝ An,z2 pP q “ An´1,z1 ppz2 ´ XqP 1 ` nP q


“ pz1 ´ Xqp´P 1 ` pz2 ´ XqP 2 ` nP 1 q ` pn ´ 1q pz2 ´ XqP 1 ` nP
` ˘

“ pz1 ´ Xqpz2 ´ XqP 2 ` pn ´ 1qpz1 ` z2 ´ 2XqP 1 ` npn ´ 1qP.

La symétrie de cette expression en z1 et z2 nous assure alors que

An´1,z1 ˝ An,z2 “ An´1,z2 ˝ An,z1 .

3. (a) Soit P P KerpAn,z q non nul. On a alors pX ´ zqP 1 “ nP.. Ainsi, toute racine de P différente de z est de
même multiplicité dans P et dans P 1 , ce qui est impossible. Par conséquent, z est la seule racine possible
de P , et, P étant scindé dans CrXs, d’après le théorème de d’Alembert-Gauss, il existe donc λ P C et k P N
tel que P “ λpX ´ zqk . Mais, l’équation caractérisant le noyau est alors :

λpX ´ zqkpX ´ zqk´1 “ nλpX ´ zqn ,

de laquelle on tire k “ n. Réciproquement les polynômes λpX ´ zqn , λ P C, sont bien dans KerpAn,z q. Ainsi :

KerpAn,z q “ tλpX ´ zqn , λ P Cu “ VectppX ´ zqn q .

1
(b) Soit k P v0, nw. Alors :

An,z ppX ´ zqk q “ ´kpX ´ zqk ` npX ´ zqk soit: An,z ppX ´ zqk q “ pn ´ kqpX ´ zqk .

(c) Soit P P Cn´1 rXs. D’après la formule de Taylor pour les polynômes,
n´1 n´1
ÿ P 1 pzq
ÿ pX ´ zqk
P “ P 1 pzq ¨ “ ¨ An,z ppX ´ zqk q,
k“0
k! k“0
k!pn ´ kq

et d’après la linéarité de An,z prouvée en question 1 (qui s’étend facilement par récurrence à une combinaison
linéaire d’un nombre quelconque de termes), on obtient donc :
˜ ¸
n´1
ÿ P 1 pzq
P “ An,z pX ´ zqk .
k“0
k!pn ´ kq

n´1
ÿ P 1 pzq
Comme pX ´ zqk P Cn rXs, on en déduit bien que P P ImpAn,z q. Ainsi, Cn´1 rXs Ă ImpAn,z q.
k“0
k!pn ´ kq
La réciproque ayant déjà été établie en 1, on obtient ImpAn,z q “ Cn´1 rXs .
Autrement dit, An,z est surjective.
Avec un peu plus de bagages en algèbre linéaire, on aurait pu utiliser le théorème du rang, affirmant que si
u : E Ñ F est une application linéaire entre deux espaces vectoriels E et F , et si E est de dimension finie,
alors dimpEq “ dimpKerpuqq ` dimpImpuqq. La question 3(a) montre que le noyau est de dimension 1 (sur
le corps C) : c’est une droite (la dimension correspond en gros au nombre de paramètres nécessaires pour
décrire un objet de l’espace considéré, ici, uniquement λ). La dimension de E “ Cn rXs est n ` 1 (le nombre
de paramètres nécessaires pour décrire un polynôme de degré n est n ` 1, correspondant à la donnée des
n ` 1 coefficients). Ainsi, la dimension de l’image est n, et elle est incluse dans Cn´1 rXs qui est aussi de
dimension n. Cela implique qu’il s’agit de Cn´1 rXs tout entier.
C’est cet argument qui était attendu dans le sujet initial.

Partie II – Définition de δpξq

1. (a) ‚ Puisque 0 P C ` , |z0 ´ 0| ą R, donc r ą R .


1
‚ La fonction f étant involutive (c’est-à-dire f ˝ f “ id), on a l’équivalence z P f pCq ðñ P C. Or :
z
ˇ ˇ
1 ˇ1 ˇ
P C ðñ ˇ ´ z0 ˇˇ “ R
ˇ
z z
1 z0 z0
ðñ ´ ´ ` z0 z0 “ R 2
zz z z
ðñ zzpR2 ´ |z0 |2 q ` zz0 ` zz0 “ 1.

Ainsi, en posant s “ R2 ´ |z0 |2 , il vient :


zz0 zz0 1
z P f pCq ðñ zz ` ` “
ˆ s ˙ s s
z0 ´ z0 ¯ 1 z0 z0
ðñ z ` z` “ ´ 2
s s s s
ˇ ˇ2 2
ˇ z0 ˇ R
ðñ ˇˇz ` 2 ˇ “ .
R ´ |z0 |2 ˇ pR2 ´ |z0 |2 q2

re´ i α R
Ainsi, f pCq est le cercle de centre z01 “ 2 2
et de rayon R1 “ 2
r ´R r ´ R2
(b) On a
r R
|z01 | “ ą 2 “ R1 ,
R2 ´ r 2 R ´ r2
d’où 0 P f pCq` .

2
(c) ‚ Soit u P C ´ , et Du “ tλu, λ P R` u. D’après le fait admis, il existe deux réels 0 ă λ1 ă 1 ă λ2 tels que
λ1 u P C et λ2 u P C (le fait que 1 s’insère strictement entre les deux traduit le fait que u appartient au
segment ouvert sA, Br, et le fait que λ1 ą 0 traduit le fait que 0 R C). Alors
1 1 1 1 1
f pλ1 uq “ ¨ , f puq “ et f pλ2 uq “ ¨ .
λ1 u u λ2 u
1 1
Comme f pλ1 uq et f pλ2 uq sont éléments de f pCq, et comme 0 ă ă1ă , on a bien trouvé deux
λ2 λ1
points A1 et B 1 de f pCq, situés sur la demi-droite engendrée par u1 “ f puq, et tels que f puq PsA1 , B 1 r.
D’après le fait admis, on peut conclure que f puq P f pCq´ . Ainsi, f pC ´ q Ă C ´
‚ Réciproquement, si u P f pCq´ , alors, en appliquant le résultat précédent au cercle f pCq, f puq P pf ˝f pCqq´ ,
soit u1 P C ´ (puisque f ˝ f “ id). Comme u “ f u1 , on a bien u P f pC ´ q, d’où l’inclusion f pCq´ Ă f pC ´ q.
` ˘

‚ Des deux inclusions, on tire l’égalité f pCq´ “ f pC ´ q .


2. Soit C un cercle tel que tzi , i P v1, nwu Ă C ´ .
(a) On suppose 0 P C ` .
‚ D’après ce qui précède, comme zi P C ´ , on a alors f pzi q P C ´ , pour tout i P v1, nw. La convexité des
disques permet alors de conclure que la moyenne des valeurs de ces points est également dans v1, nw, ce
qu’on peut redémontrer à l’aide de l’inégalité triangulaire. En effet, en notant z01 et R1 le centre et le
rayon de f pCq on a :
@i P v1, nw , |f pzi q ´ z01 | ă R1 ,

donc ˇ˜ ¸ ˇ ˇ ˇ
ˇ 1 ÿn ˇ ˇ1 ÿ n n n
1ˇ 1 ˇ
ˇ 1 ÿ 1 ÿ 1
f pzi q ´ z0 ˇ “ ˇ pf pzi q ´ z0 qˇ ď |f pzi q ´ z01 | ă R “ R1 .
ˇ ˇ
ˇ n i“1 ˇ ˇ n i“1 ˇ n i“1 n i“1
ˇ

n
1 ÿ 1
‚ Le fait que 0 R f pCq´ (question 1(b)) permet alors d’être sur que est inversible, ce qui
n i“1 zi
permet de définir δ0 par la relation :
n
1 1 ÿ 1
“ .
δ0 n i“1 zi

‚ Le premier point permet d’affirmer que 1


δ0 P f pCq´ , donc que δ0 P C ´ (question 1(c)).
(b) Soit ξ tel que ξ P C ` . On applique le résultat précédent au cercle Cξ “ C ´ ξ, obtenu par translation de ´ξ,
et aux zi1 “ zi ´ ξ. L’hypothèse ξ P C ` amène alors 0 P Cξ` . Ainsi, il existe un unique δ01 , qui appartient à
Cξ´ , tel que
n
1 1 ÿ 1
“ .
δ01 n i“1 zi ´ ξ

Il suffit de poser δξ “ δ01 ` ξ P C ´ pour obtenir l’ existence de δξ , ainsi que son appartenance à C ´ .

Partie III – Condition d’apolarité


n
ź
1. Soit P pXq “ pX ´ zi q un polynôme de Cn rXs
i“1
P1
(a) La décomposition en éléments simples de est :
P
n
P1 ÿ 1
“ .
P i“1
X ´ zi

En évaluant en ξ, (qui n’est pas racine de P ), il vient :


n
P 1 pξq ÿ 1 n
“ “´ ,
P pξq i“1
ξ ´ z i δ ξ ´ξ

3
expression de laquelle on tire sans mal :

P pξq
δξ “ ξ ´ n .
P 1 pξq

(b) On a An,z P “ pz ´ XqP 1 ` nP . Ainsi :


‚ Si zi est racine de P de multiplicité αi , il est racine de P 1 de multiplicité αi ´ 1 (en effet zi ‰ z).
L’expression de An,z P permet de conclure que zi est racine de An,z P de multiplicité αi ´ 1. Ainsi, une
racine de P est racine de An,z P si et seulement si elle n’est pas simple, et donc ssi P 1 pzi q “ 0 (puisque
P pzi q “ 0 est déjà acquis).
‚ Soit ξ, différent des zi (donc non racine de P ). Alors ξ est racine de An,z P si et seulement si

pz ´ ξqP 1 pξq ` nP pξq “ 0.

Dans un premier temps, remarquons que puisqu’on a supposé P pξq ‰ 0, si l’égalité précédente est vérifiée
on a nécessairement P 1 pξq ‰ 0. On peut donc affirmer que ξ est racine de An,z P si et seulement si

P pξq
z “ξ´n .
P 1 pξq

En utilisant 1(a), on a la CNS : δξ “ z.


En conclusion :

racpAn,z P q “ tzi , 1 ď i ď n | P 1 pzi q “ 0u Y tξ P Cztzi , i P v1, nwu | δξ “ zu.

n
ak X k , avec an ‰ 0 (car degpP q “ n, on a même an “ 1 d’après l’expression de P )
ř
(c) En notant P pXq “
k“0
le coefficient de degré n ´ 1 de An,z P est :

nzan ´ pn ´ 1qan´1 ` nan´1 “ nan ` an´1 .


an´1
Ainsi, degpAn,z P q ă n ´ 1 si et seulement si nzan ` an´1 “ 0 donc si et seulement si z “ ´ . Les zi
nan
étant les racines de P , les relations de Viète amènent alors

n
1 ÿ
degpAn,z P q ă n ´ 1 ðñ z “ zi .
n i“1

(d) ‚ Les zj sont dans C1´ , donc aussi leur moyenne (même argument que plus haut). Or, z R C1´ , donc
n
1 ÿ
z‰ zj .
n j“1

La question 1(c) permet de conclure que degpAn,z P q “ n ´ 1.


‚ ˚ Les racines de Az P sont soit des racines multiples de P , appartenant à C1´ par hypothèse, soit des
complexes ξ vérifiant δξ “ z (question 1(c)). Or, une telle valeur ξ ne peut pas être dans C1` , sinon
on aurait δξ P C1´ (question II-2(b)), ce qui contredit dζ “ z P C1` Y C1 .
˚ De plus, si ξ P C1 , alors on peut rétrécir légèrement le cercle C1 sans perdre les différentes propriétés
(car maxp|zi ´ z0 |q ă R, où C1 est le cercle de centre z0 et de rayon R ; tout cercle de centre z0 et de
rayon compris entre maxp|zi ´ z0 |q (strictement) et R conviendra). Soit alors C2 un tel cercle. On a
donc ξ P C2` , et donc δξ P C2´ d’après question II-2(b). Comme C2´ Ă C1´ , cela contredit également le
fait que z R C1´ .
˚ Ainsi, toutes les racines de Az P sont dans C1´ .
2. On montre la contraposée. Supposons que pour tout i P v1, nw, zi1 R C ´ . En appliquant itérativement la question
1(d) (il faudrait écrire une récurrence), les An´k`1,zn´k`1
1 ¨ ¨ ¨ An,zn1 P (pour k P v1, nw) sont de degré n ´ k à
racines toutes comprises dans C1´ (ce qui permet l’itération).

4
` ˘
En particulier, pour k “ n, on obtient deg A1,z11 ¨ ¨ ¨ An,zn1 P “ 0, donc il s’agit d’une constante non nulle, et P
n’est pas apolaire par rapport à Q.
En contraposant, si P est apolaire par rapport à Q, il existe i P v1, nw tel que zi1 P C ´ .
On remarquera par la suite que ce résultat n’est pas sensible à une constante multiplicative non nulle appliquée
à P . Ainsi, il reste vrai même si P n’est plus supposé unitaire (la preuve ne se servant pas du caractère unitaire
en fait).
3. Par linéarité de l’intégrale, il suffit de poser
ż1
n´1´k p´1qn´1´k ” ı1
bk “ p´1q pa ` tpb ´ aqqn´1´k “ pa ` tpb ´ aqqn´k ,
0 pn ´ kqpb ´ aq 0

p´1qn´1´k
soit : bk “ pbn´k ´ an´k q.
pn ´ kqpb ´ aq
4. On a :
n´1
ˆ ˙
ÿ n´1
∆pXq “ bk Xk
k“0
k
˜ ¸
n´1
ÿ X k ˆn ´ 1˙ n´1
ÿ X k ˆn ´ 1˙
1 n´1´k n´k n´1´k n´k
“ p´1q b ´ p´1q a
b ´ a k“0 n ´ k k k“0
n´k k
˜ ¸
n´1
ÿ ˆn˙ n´1
ÿ 1 ˆn ´ 1˙
1
“´ p´1qn´k bn´k X k ´ p´1qn´k an´k X k
npb ´ aq k“0 k k“0
n ´ k k
˜ ¸
n ˆ ˙ n ˆ ˙
1 ÿ n n´k n´k k
ÿ 1 n´1 n´k n´k k
“´ p´1q b X ´ p´1q a X
npb ´ aq k“0 k k“0
n´k k
1
“ ppX ´ aqn ´ pX ´ bqn q ,
npb ´ aq

l’avant-dernière égalité résultant du fait que les termes ajoutés au deux sommes sont égaux, la dernière provenant
de la formule du binôme.
5. Allégeons les notations, en posant, pour tout n P N et tout pt1 , . . . , tn q P Cn ,

At1 ,...,tn “ A1,t1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ An,tn .

L’application At1 ,...,tn est alors une application linéaire de Cn rXs dans C0 rXs “ C, comme composée d’ap-
plications linéaires (cela résulte du cours sur les applications linéaires, ou, si on ne l’a pas encore vu, cela se
redémontre sans difficulté).
Par linéarité, on se rend compte qu’il suffit de montrer que pour tout k P v0, n ´ 1w,
an´1
At ,t ,...,tn´1 pX k q “ p´1qk an´1´k .
pn ´ 1q! 1 2

On se rend compte que le problème est alors lié aux relations entre coefficients et racines. En se souvenant que
les ak ne sont les coefficients de P 1 qu’à un coefficient binomial près, on est donc ramené à montrer que :

@k P v0, n ´ 1w , At1 ,t2 ,...,tn´1 pX k q “ σk pt1 , . . . , tn´1 qk!pn ´ 1 ´ kq!,

où, pour tout n P N, tout k P v0, nw, et tout pu1 , . . . , un q, on a défini :

ÿ k
ź
σk pu1 , . . . , un q “ uiℓ .
1ďi1 㨨¨ăik ďn ℓ“1

En particulier, les conventions sur les produits vides amènent σ0 “ 1.


Nous démontrons alors le résultat par récurrence sur n, notre propriété de récurrence étant au rang n P N˚ :
Ppnq : pour tout k P v0, nw, pour tout pt1 , . . . , tn q P Cn , At1 ,...,tn pX k q “ k!pn ´ kq!σk pt1 , . . . , tn q.

5
‚ Pour n “ 1, on a, t1 étant donné, à calculer At1 p1q et At1 pXq :

At1 p1q “ 1 “ σ0 pt1 q et At1 pXq “ t1 “ σ1 pt1 q.

La propriété Pp1q est donc vraie.


‚ Soit n ě 2, et supposons Ppn ´ 1q vraie. Soit pt1 , . . . , tn q P Cn . Pour relier les fonctions symétriques σk de
n variables aux fonctions symétriques de n ´ 1 variables, nous utiliserons la relation suivante, pour tout
k P v1, nw :

ÿ k
ź
σk pt1 , . . . , tn q “ tiℓ
1ďi1 㨨¨ăik ďn ℓ“1

ÿ k
ź ÿ k
ź
“ tiℓ ` tiℓ
1ďi1 㨨¨ăik ăn ℓ“1 1ďi1 㨨¨ăik “n ℓ“1

ÿ k
ź ÿ k´1
ź
“ tiℓ ` tn ˆ tiℓ
1ďi1 㨨¨ăik ďn´1 ℓ“1 1ďi1 㨨¨ăik´1 “n´1 ℓ“1

“ σk pt1 , . . . , tn´1 q ` tn σk´1 pt1 , . . . , tn´1 q,

Nous avons alors, par linéarité et hypothèse de récurrence, pour tout k P v1, n ´ 1w :

At1 ,...,tn pX k q “ At1 ,...,tn´1 ptn kX k´1 ` pn ´ kqX k q


“ tn kpk ´ 1q!pn ´ 1 ´ pk ´ 1qq!σk´1 pt1 , . . . , tn´1 q ` pn ´ kqk!pn ´ 1 ´ kq!σk pt1 , . . . , tn´1 q
“ k!pn ´ kq! ptn σk´1 pt1 , . . . , tn´1 q ` σk pt1 , . . . , tn´1 qq
“ k!pn ´ kq!σk pt1 , . . . , tn q

ce qui est bien ce qu’on voulait obtenir. Les cas k “ 0 et k “ n sont un peu spéciaux, mais se résolvent de
façon similaire. Ainsi, la propriété Ppn ´ 1q entraîne la propriété Ppnq.
‚ L’axiome de récurrence nous permet donc de conclure que la propriété est vraie pour tout n P N˚ , et en
particulier, on obtient la relation demandée :

n´1 ˆ ˙
an´1 ÿ n´1
p´1qn´1 A1,t1 A2,t2 . . . An´1,tn´1 ∆pXq “ p´1qk ak bn´1´k .
pn ´ 1q! k“0
k

6. D’après la question 3,
n´1 ˆ ˙ ż1
ÿ n´1 1 ” ı1 P pbq ´ P paq
p´1q k
ak bn´1´k “ P 1 pa ` tpb ´ aqq dt “ P pa ` tpb ´ aq “ “ 0.
k“0
k 0 b´a 0 b´a

Ainsi, la question III-5 permet d’affirmer que ∆ est apolaire par rapport à P 1 .
La question III-2 nous assure que si on trouve un cercle C tel que les racines de ∆ soient toutes dans C ´ , alors
P 1 aura une racine dans C ´ . Pour montrer le théorème 1, il suffit donc de s’assurer que le cercle qui y est décrit
vérifie cette propriété. Or, d’après III-4, les racines de ∆ sont les complexes z vérifiant

pz ´ aqn “ pz ´ bqn .

En notant, de façon usuelle, ω0 , . . . , ωn´1 les racines n-ième de 1, il vient donc

Dk P v0, n ´ 1w , z ´ a “ ωk pz ´ bq, puis: zp1 ´ ωk q “ a ´ bωk .

Le cas k “ 0 correspondant à ωk “ 1 est impossible (il amène a “ b). On a donc ωk ‰ 1, et


a ´ bωk
z“ .
1 ´ ωk
On en déduit que
a`b a ´ bωk a`b a ´ b 1 ` ωk
z´ “ ´ “ ¨ ,
2 1 ´ ωk 2 2 1 ´ ωk

6
et par symétrisation des arguments,
a`b a´b 1
z´ “ ¨ ` ˘.
2 2 2 tan kπ
n

La fonction tangente étant croissante et positive sur r0, πr, il vient donc
ˇ ˇ
ˇz ´ a ` b ˇ ď |b ´`a| ˘ .
ˇ ˇ
ˇ 2 ˇ 2 tan nπ

a`b |b ´ a|
D’après III-2, il existe donc une racine z de P 1 dans tout disque ouvert de centre et de rayon R ą ` ˘.
2 2 tan nπ
a`b |b ´ a|
S’il n’existe pas de racine dans le disque fermé de centre et de rayon ` ˘ , on pourra construire par
2
2 tan nπ
récurrence une suite pzm q de racines de P 1 vérifiant :
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ a ` b ˇˇ ˇˇ a ` b ˇˇ |b ´ a|
@m, ˇˇzm ´ ą z m`1 ´ ą ` ˘.
2 ˇ ˇ 2 ˇ 2 tan nπ

Ces racines sont alors deux à deux distinctes, ce qui donne une infinité de racines pour P 1 , ce qui est impossible
(P n’étant pas constant).
a`b |b ´ a|
Ainsi, P 1 admet une racine dans le disque fermé de centre de rayon
2 tan nπ
` ˘
2

Correction du problème 2 – Polynômes irréductibles sur Fp .


Soit p un nombre premier, et soit n P N˚ un entier fixé. On note pour tout k P N˚ , Apkq l’ensemble des polynômes
irréductibles unitaires de degré k de Fp rXs, et Ipkq “ CardpApkqq. Le but de l’exercice est de donner une formule pour
le calcul de Ipnq.
1. (a) Une telle famille est appelée famille génératrice de L sur K.
‚ Il existe une telle famille génératrice, obtenue par exemple en prenant tous les éléments de L (on retrouve
tout y P L en choisissant le jeu de coefficients pδx,y qxPL
‚ L’ensemble des cardinaux des familles génératrices de L sur K est donc un sous-ensemble non vide de N.
Par la propriété fondamentale de N, il admet donc un plus petit élément N . Ce minimum est le cardinal
d’une certaine famille génératrice px1 , . . . , xN q qui répond à la question .
(b) ‚ Soit ℓ “ pλ1 , . . . , λN q et m “ pµ1 , . . . , µN q deux jeux de coefficients. On a alors
N
ÿ N
ÿ N
ÿ
f pℓ ` mq “ f pλ1 ` µ1 , . . . , λN ` µN q “ pλk ` µk qxk “ λk xk µk xk “ f pℓq ` f pmq.
k“1 k“1 k“1

Ainsi, f est bien un morphisme de groupe


‚ Soit pλ1 , . . . , λN q P Kerpf q. On suppose que pλ1 , . . . , λn q ‰ p0, . . . , 0q. Il existe donc i P v1, N w tel que
λi ‰ 0. Ainsi
N
ÿ 1 ÿ
λk xk “ 0 donc: xi “ λk xk .
k“1
λi
kPv1,N wztiu

En remplaçant xk par cette expression dans une décomposition de y P L comme combinaison linéaire
des xi , on en déduit que pxk qkPv1,N wztiu , est encore une famille génératrice de L sur K, ce qui contredit
la minimalité de la famille px1 , . . . , xN q.
Ainsi, Kerpf q ne peut pas contenir d’élément non nul. On en déduit que f est injective.
‚ f est surjective par définition d’une famille génératrice.
‚ Ainsi, f est un isomorphisme de groupe .

(c) En particulier, la bijectivité permet de comparer les cardinaux : |L| “ |KN | “ |K|N .
2. Soit d un diviseur de n et P P Apdq.

(a) La relation de congruence est clairement reflexive, symétrique, et transitive (la propriété de divisibilité étant
stable par somme). Ainsi, la congruence modulo P est une relation d’équivalence.

7
(b) ‚ On montre que la relation de congruence est compatible avec ` et ˆ de Fp rXs. Soient Q1 , Q2 , R1 , R2
tels que Q1 ” Q2 rP s et R1 ” R2 mod P .
˚ On a :
pQ2 ` R2 q ´ pQ1 ` R1 q “ pQ2 ´ Q1 q ` pR2 ´ R1 q,
et, P divisant Q2 ´Q1 et R2 ´R1 , P divise aussi pQ2 `R2 q´pQ1 `R1 q. Ainsi, Q1 `R1 ” Q2 `R2 rP s.
˚ De même,
Q2 R2 ´ Q1 R1 “ Q2 pR2 ´ R1 q ` R1 pQ2 ´ Q1 q,
donc P divise Q2 R2 ´ Q1 R1 , puis Q1 R1 ” Q2 R2 rP s.
Ainsi, les lois ` et ˆ passent au quotient , définissant deux lois, qu’on notera de la même façon, sur
l’espace quotient K.
‚ Les propriétés liées à la structure d’anneau de Fp rXs restent vérifiées par passage au quotient, ainsi, K
est muni d’une structure d’anneau commutatif. Il reste à vérifier que tout élément non nul est inversible.
Soit donc h P K, non nul, représenté par un polynôme H de Fp rXs. Comme P est irréductible et unitaire,
H ^ P “ 1 ou H ^ P “ P . Puisque h ‰ 0, H n’est pas divisible par P , donc H ^ P “ 1. D’après le
théorème de Bézout, il existe donc deux polynômes U et V tels que

HU ` P V “ 1.

En notant u la classe d’équivalence de U modulo P , il vient donc, par passage au quotient, la relation
suivante dans K :
h ¨ u “ 1K .
Nous avons bien montré que tout élément non nul de l’anneau commutatif K est inversible. On peut
donc conclure que K est un corps .
‚ Par ailleurs, d’après le théorème de la division euclidienne, h P K admet un représentant dans Fp rXs de
degré au plus d ´ 1. Il y a un nombre fini de polynômes de degré au plus d ´ 1 (plus exactement pd ,
puisque chacun des n coefficients peut prendre p valeurs différentes). Ainsi K est un corps fini.
(c) χ étant la classe de X, les lois de K étant obtenues de celles de Fp rXs par passage au quotient, P pχq est la
classe de P pXq, c’est-à-dire 0. Ainsi, P pχq “ 0K , donc P admet au moins la racine χ dans K .
(d) ‚ La surjectivité a déjà été évoquée dans la question 2(b), pour montrer que K est fini (prendre un repré-
sentant quelconque, et considérer son reste par la division euclidienne par P ; c’est alors un représentant
dans pFp qd´1 rXs).
‚ Si πpAq “ πpBq, alors A ” B mod P , donc P divise A ´ B. Comme degpA ´ Bq ă degpP q, on en déduit
que A ´ B “ 0, donc A “ B. Ainsi, π est injective.
‚ On en déduit que π est bijective .
(e) Comme |pFp qd´1 rXs| est de cardinal pd (en bijection avec Fdp , pour le choix arbitraire des d coefficients), on
en déduit que |K| “ pd .
3. ‚ pK˚ , ˆq est un groupe de cardinal pd ´ 1. Donc, d’après le théorème de Lagrange, pour tout x P K˚ ,
d d
xp ´1 “ 1, donc xp “ x. Cette relation étant trivialement vraie pour x “ 0 aussi, il vient :
d
@x P K, xp “ x .

Vous aurez reconnu une généralisation du petit théorème de Fermat.


‚ En notant d1 “ nd (on rappelle que d est par définition en diviseur de n), on obtient alors
n d d d
χp “ pppχp qp q ¨ ¨ ¨ qp “ χ,
n
obtenu en élevant d1 fois à la puissance pd . Ainsi, χ est racine commune de P et X p ´ X, de quoi on déduit
que
n
P ^ Xp ´ X ‰ 1 .
n
‚ Or, les polynômes P et X p ´ X étant à coefficients dans Fp , l’algorithme d’Euclide pour le calcul du PGCD
n
permet d’affirmer que P ^ X p ´ X est aussi à coefficients dans Fp . Comme il divise P (dans Fp rXs), et est
n d
différent de 1, l’irréductibilité de P amène P ^ X p ´ X “ P , donc P divise X p ´ X .

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4. Nous établissons la réciproque :
n
(a) ‚ On itère l’argument de la question 2 : à chaque étape, si Q “ X p ´ 1 n’est pas scindé dans le corps
K construit, on en considère un facteur irréductible R de degré au moins 2, et on construit un corps
K1 de la même manière que dans la question 1, contenant K comme sous-corps, et dans lequel R aura
une racine. Dans ce corps K1 , le polynôme Q a au moins une racine de plus que dans K. On itère ce
procédé jusqu’à ce que Q soit scindé. On est assuré de la terminaison de cet algorithme du fait que Q,
dans n’importe quel sur-corps de Fp ne pourra jamais avoir plus de pn racines. Le nombre de racines
augmentant strictement à chaque étape, il y aura au maximum pn étapes.
n
Ainsi, il existe un corps K1 contenant Fp , tel que X p ´ X soit scindé sur K1 .
Ce procédé permet toujours de construire un « corps de décomposition » d’un polynôme Q (corps dans
lequel il sera scindé). La première étape donne un « corps de rupture » (corps dans lequel Q admet une
racine au moins)
n
‚ Puisque K1 contient Fp , K1 est de caractéristique p. Ainsi, P 1 “ pn X p ´1 ´ 1 “ ´1 ‰ 0. Donc une racine
de P ne peut pas être racine de P 1 , ce qui assure que les racines de P sont simples.
n
(b) ‚ Soit Fpn l’ensemble des racines dans K1 de X p ´ X.
˚ 0 P Fpn
˚ Pour tout pω1 , ω2 q P Fpn ,
n n n
pω1 ´ ω2 qp “ ω1p ´ ω2p “ ω1 ´ ω2 ,
car dans un corps de caractéristique p, px ` yqp “ xp ` y p , et, en distinguant les cas p pair et p
n n n
impair, on obtient facilement px ´ yqp “ xp ´ y p , puis, par itération, px ´ yqp “ xp ´ y p . Ainsi,
ω1 ´ ω2 P Fpn .
˚ Pour tout pω1 , ω2 q P Fpn ,
n n n
pω1 ω2´1 qp “ pω1p qpω2p q´1 “ ω1 ω2´1 .
Donc ω1 ω2´1 P Fpn .
On en déduit que Fpn est un sous-corps de K1 .
n
‚ Puisque pour tout x P Fp , on a xp “ x, on a, par itération, xp “ x, d’où x P Fpn . Ainsi, Fp Ă Fpn .
n
‚ Enfin, les racines de X p ´ X étant toutes simples, et ce polynôme étant scindé sur K1 , elles sont au
nombre de pn , donc |Fpn | “ pn .
n
(c) P étant un diviseur non constant de X p ´ X qui est scindé dans Fpn , P admet une racine x dans Fpn .
Considérons ϕ : Fp rXs ÞÑ Fpn , le morphisme d’anneaux, bien et uniquement défini par ϕpkq “ k si k P Fp
et ϕpXq “ x. Si Q est divisible par P , disons Q “ P R, on a alors ϕpQq “ P pxqRpxq “ 0. Ainsi, ϕ passe au
quotient, définissant un morphisme d’anneaux ϕ̃ de K vers Fpn , tel que ϕ̃pχq “ x. C’est alors un morphisme
de corps (par définition), et, comme tout morphisme de corps, il est injectif. En effet si P ‰ 0, ϕ̃pyq “ 0
implique
ϕ̃p1q “ ϕ̃pyqϕ̃py ´1 q “ 0,
ce qui contredit ϕ̃p1q “ 1. Ainsi, Kerpϕ̃q “ t0u, d’où l’injectivité.
Par conséquent, ϕ̃ induit un isomophisme de corps de K sur son image dans Fpn . En identifiant le corps K
à son image, on peut donc considérer K comme sous-corps de Fpn .
(d) La question 1(c) permet alors d’affirmer qu’il existe N P N tel que

|Fpn | “ |K|N , soit: pn “ ppd qN “ pN d .

On en déduit que n “ N d, donc que d divise n .


n
5. Tout polynôme irréductible de degré d | n divise X p ´ 1 (question 2), et ceci une seule fois car les racines de
n
ce dernier sont simples. Réciproquement, tout facteur irréductible de X p ´ 1 est de degré d | n. Ainsi,
n ź ź
Xp ´ 1 “ P.
d|n P PApdq

En identifiant les degrés, il vient alors :


ÿ ÿ ÿ
pn “ d“ dIpdq.
d|n P PApdq d|n

9
On obtient la dernière identité par la formule d’inversion de Möbius, qu’on redémontre rapidement dans ce cas
particulier :

1 ÿ ´n¯ d 1 ÿ ´n¯ ÿ 1 1
µ p “ µ d Ipd q
n d n d 1
d|n d|n d |d
1 ÿ 1 1 ÿ ´n¯
“ d Ipd q µ .
n 1 d
d |n 1 d,d |d

Le changement de variable d2 “ n
d dans la seconde somme amène

1 ÿ ´n¯ d 1 ÿ 1 1 ÿ ` 2˘
µ p “ d Ipd q µ d .
n d n 1 2 n
d|n d |n d | d1

αℓ
Or, étant donné k P v2, nw, de décomposition pα
1 , . . . , pℓ ,
1

˜ ¸ ˜ ¸
ÿ ÿ 1
ÿ 1
ÿ
ε1 `¨¨¨`εk ε1 εℓ
µ pdq “ p´1q “ p´1q ¨¨¨ p´1q “ 0.
d|k pε1 ,...,εk qPt0,1uℓ ε1 “0 εℓ “0

ÿ
Pour k “ 1, on obtient en revanche µ pdq “ µp1q “ p´1q0 “ 1 Ainsi, reprenant le calcul précédent, la plupart
d|k
des termes sont nuls, et il reste :
1 ÿ ´n¯ d
µ p “ Ipnq.
n d
d|n

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