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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 03/06/2023

MP2I – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 9 (4h)

La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raison-
nements entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent
être éteints et rangés.

Problème 1 – (La fonction zêta de Riemann)


Le but de ce problème est de faire une étude élémentaire de la fonction ζ de Riemann, qui est l’objet d’une célèbre
conjecture, dont la résolution permettrait des avancées considérables en arithmétique. Nous nous contentons dans ce
problème d’étudier le domaine de définition de la série qui la définit, et ses limites aux bords.
‚ Pour tout x P R˚` et tout z P C, on peut définir la puissance xz par xz “ ez lnpxq .
‚ La fonction ζ (zêta) de Riemann est alors définie par la somme
`8
ÿ 1
ζpsq “ s
,
n“1
n

pour tout nombre complexe s tel que cette série converge.


‚ Classiquement (notamment pour l’énoncé de la conjecture de Riemann), la fonction ζ peut être prolongée,
mais nous n’aborderons pas ce point de vue. Ainsi, contrairement à ce qu’on trouve dans la littérature, nous
considérerons que le domaine de définition de ζ est le domaine de convergence de la série ci-dessus. On note
D ce domaine.
‚ Pour tout a P R, on note Pa “ tz P C | Repzq ą au.
ř
‚ Soit pfn qnPN une suite de fonctions définies sur un ouvert U de C. On dit que fn converge normalement sur
ř
U si pour tout n, |fn | peut être majorée sur U par un réel Mn , tel que Mn converge.
`8
ÿ
ř
‚ On admet que si les fn sont continus sur U et si fn converge normalement, alors la fonction z ÞÑ fn pzq
n“0
est continue sur U .

Partie I – Étude sur l’axe réel

1. Que vaut D X R ?
2. Montrer que ζpxq admet une limite ℓ P R lorsque le réel x tend vers 1` .
n
3. Montrer que pour tout n P N˚ , ℓ ě 1
k . En déduire ℓ.
ř
k“1
2n`1
ÿ´1 1 1
4. Montrer que pour tout x ą 1 et tout n P N, ď x´1 n .
k“2n
kx p2 q
5. En déduire que lim ζpxq “ 1.
xÑ`8

Partie II – Domaine de définition complexe

1. Montrer la série définissant ζ est absolument convergente sur P1 et grossièrement divergente sur AC P0 .
1
2. Soit a Ps0, 1r et b ą 0. En sommant sur des tranches sur lesquelles le sin reste supérieur à 2, montrer que la
sinpb lnpnqq
série de terme général est divergente.
na
3. En déduire que D “ P1 .

1
Partie III – Limites sur la droite Repsq “ 1
`8
ÿ p´1qn´1
Soit, en cas de convergence, ηpsq “ (fonction êta de Dirichlet).
k“1
ns

1. À l’aide du développement en série de exp, montrer que pour tout z P C, |ez ´ 1| ď |z|e|z| .
1 1
2. Soit a0 ą 0 et R ą 0. Montrer que la série de terme général s
´ est normalement convergente
p2n ´ 1q p2nqs
sur Pa0 X Bp0, Rq.
3. En déduire que η est définie et continue sur P0 .
4. Exprimer, pour tout s P P1 , ηpsq ` 21´s ζpsq en fonction de ζpsq

5. En déduire que pour tout t ı 0r lnp2q s, ζpsq admet une limite (complexe) finie, lorsque s Ñ 1 ` i t (s P P1 ).

Problème 2 – Diagonalisabilité de matrices de permutation par blocs

Soit n P N˚ , et M P Mn pCq. On dit que M est diagonalisable s’il existe une matrice P P GLn pCq telle que P ´1 M P
soit une matrice diagonale. Si M “ MatB puq pour un certain endomorphisme u d’un espace E de dimension n, muni
d’une base B, la formule de changement de base nous assure que la question de la diagonalisation de M est équivalente
à la question de l’existence d’une base C de E relativement à laquelle la matrice de u est diagonale.
On étudie dans ce problème la diagonalisabilité de matrices M définies par blocs lorsque n “ p ˆ q, le découpage par
blocs respectant la condition suivante : la matrice M est découpée en blocs carrés de taille q (il y en a donc p sur
chaque ligne et chaque colonne), et chaque ligne, ainsi que chaque colonne, contient un unique bloc non nul, supposé
inversible. On suppose de plus que les différents blocs non nuls sont inversibles, diagonalisables, et commutent deux
à deux (c’est-à-dire vérifient Ai Aj “ Aj Ai ). On montre qu’alors, la matrice M est diagonalisable (question 23). On
commence par le cas où les blocs sont scalaires (donc de taille 1), et avant cela, par le cas particulier d’un découpage
en 4 blocs. On utilise certaines propriétés des matrices diagonalisables qui commutent, notamment la propriété de
codiagonalisabilité (diagonalisabilité dans une base commune) montrée dans la partie I.
Aucune connaissance préalable concernant la diagonalisabilité n’est requise : le problème ne requiert que la connaissance
de la définition rappelée ci-dessus.
Toutes les matrices considérés sont à coefficients dans le corps C des nombres complexes.

Questions préliminaires
1. Soit n P N˚ , et M P Mn pCq une matrice diagonale par blocs, c’est-à-dire définie par blocs par :
¨ ˛
A1 0 ¨ ¨ ¨ 0
˚ 0 ... ...
˚ .. ‹
. ‹
M “˚ .
˚ ‹
˚ . .. ..

˝ . . . 0‚

0 ¨¨¨ 0 Aq
q
les Ai P Mpi pCq étant des matrices carrées d’ordre pi , où les pi sont des entiers vérifiant “ n. On suppose
ř
pi
i“1
´1
que les Ai sont diagonalisables, autrement dit qu’il existe Pi P GLpi pCq tels que Pi Ai Pi soit une matrice
diagonale.
Montrer que M est diagonalisable.
Indication : On pourra au choix construire une matrice P par blocs à l’aide des Pi , ou traduire le problème au
niveau vectoriel en construisant une base adaptée à une certaine somme directe. Ou faire les 2 si vous trouvez
le sujet trop court.
2. Soit T une matrice triangulaire supérieure de Mn pCq à diagonale nulle (donc T est strictement triangulaire).
Montrer que si T est non nulle, alors T n’est pas diagonalisable.
Indication : par la contraposée, exprimer T n en fonction de P et Dn où P et D vérifie T “ P DP ´1 .

2
Partie I – Codiagonalisabilité de 2 matrices commutant entre elles
Soit A et B deux matrices de Mp pCq, diagonalisables, et vérifiant AB “ BA. On veut montrer qu’il existe une
matrice P inversible telle que à la fois P ´1 AP et P ´1 BP soient diagonales. Cette question est équivalente à la
question vectorielle suivante : étant donnés u et v des endomorphismes diagonalisables d’un espace E de dimension
p, tels que u ˝ v “ v ˝ u, trouver une base commune de diagonalisation, c’est-à-dire une base B de E telle que à la fois
MatB puq et MatB pvq soient diagonales. On dira dans ce cas que u et v sont codiagonalisables.
On se donne donc E un espace de dimension p et u et v des endomorphismes diagonalisables de E vérifiant u˝v “ v˝u.
Soit B une base dans laquelle la matrice D “ MatB puq de Mp pCq est diagonale, et soit λ1 , . . . , λk les valeurs distinctes
apparaissant sur la diagonale de D. Chaque valeur λi peut apparaître plusieurs fois sur la diagonale. On note pi le
nombre de termes diagonaux de D égaux à λi . On note, pour i P v1, kw, Ei “ Kerpu ´ λi idq.
On note de la même façon µ1 , . . . , µℓ les valeurs distinctes apparaissant sur la diagonale de MatC pvq, la base C étant
une base de diagonalisation de v, et qj le nombre d’occurrences de µi sur cette diagonale. On désigne par Fj l’espace
Kerpv ´ µj idq, pour tout j P v1, ℓw.
3. (a) Soient α et β deux complexes. Montrer que u et v sont diagonalisables dans une base commune si et
seulement si u ` αid et v ` βid le sont.
(b) En déduire que pour l’étude de la codiagonalisabilité de u et v lorsque u et v commutent, on peut se limiter
à l’étude du cas où u et v sont des automorphismes, ce qu’on suppose désormais.
ÿk
4. Que vaut pi ?
i“1
5. Que vaut upxq lorsque x P Ei ?
6. (a) Justifier que pour tout i P v1, kw, dim Ei “ pi et décrire une base de Kerpu ´ λi idq constitué de vecteurs de
la base B décrite dans l’introduction de la partie, dans laquelle la matrice de u est diagonale.
(b) Montrer que les λi et les µj sont tous non nuls.
k
à
(c) Montrer que E “ Ei .
i“1
7. Montrer que pour tout i P v1, kw, Ei est stable par v.
Par symétrie des rôles de u et v, des propriétés similaires sont également vérifiées en échangeant le rôle de u et v.
Soit i P v1, kw. Puisque Ei est stable par v, on peut définir vi P LpEi q l’endomorphisme induit par v sur Ei .
8. (a) Soit x P Ei , qu’on décompose sous la forme

x “ x1 ` ¨ ¨ ¨ ` xℓ

dans la somme directe E “ Fj . Ainsi, xj P Fj pour tout j P v1, ℓw. En comparant u ˝ vpxq et v ˝ upxq,
À
j“1
montrer que pour tout j P v1, ℓw, xj P Ei .

à
(b) En déduire que Ei “ pEi X Fj q.
j“1

(c) En déduire que vi est diagonalisable (on construira une base adaptée de Ei )
(d) Montrer enfin que u et v sont codiagonalisables.
9. Montrer plus généralement que si u1 , . . . , um sont des endomorphismes diagonalisables d’un espace E de dimen-
sion n, et commutent deux à deux, alors ils sont codiagonalisables ; autrement dit, il existe une base commune
B dans laquelle toutes les matrices MatB pui q sont diagonales.

Partie II – Racine d’une matrice diagonalisable


Soit A une matrice diagonalisable de Mp pCq. Soit DA une matrice diagonale et P une matrice inversible telles que
A “ P DA P ´1 .
1 1 2
10. Montrer qu’il existe une matrice diagonale DA P Mp pCq telle que pDA q “ DA .
11. En déduire qu’il existe RA P Mp pCq telle que RA
2
“ A.
On considère une deuxième matrice diagonalisable B, commutant avec A.

3
12. Montrer qu’il existe RA et RB telles que RA
2 2
“ A, RB “ B et RA RB “ RB RA .
´1
13. Montrer que si B est inversible, RB l’est aussi, et que dans ce cas RA et RB commutent.

˜ ¸
0 b
Partie III – Diagonalisabilité de matrices de type
a 0
˜ ¸
0 b
Soit a et b deux complexes non nuls. Soit M “ P M2 pCq et f P LpC2 q l’endomorphisme de C2 canoniquement
a 0
associé. On note pe1 , e2 q la base canonique de C2 .
14. Soit x “ x1 e1 ` x2 e2 un vecteur de C2 . Montrer que x et f pxq sont colinéaires si et seulement si ax21 “ bx22 .
15. En déduire une base B “ pb1 , b2 q de C2 dans laquelle la matrice de f est diagonale. On pourra introduire α et
β des racines carrées dans C de a et b. On cherchera b1 et b2 tels que leur première coordonnée dans la base
canonique soit égale à β.
16. Expliciter D “ MatB pf q ainsi qu’une matrice inversible P telle que M “ P DP ´1 . On explicitera également
P ´1 . ˜ ¸
0 B
On considère maintenant la matrice M décrite par blocs par M “ , où A et B sont deux matrices de Mp pCq,
A 0
diagonalisables, inversibles et vérifiant AB “ BA. Ainsi, M est une matrice de M2p pCq.
17. Montrer que M est diagonalisable. On pourra vérifier la validité de la relation obtenue en 1(c), en remplaçant
les scalaires a et b par des blocs matriciels.

Partie IV – Diagonalisabilité de matrices de permutation et autres


Soit p P N˚ et σ P Sp une permutation. Soit E une espace vectoriel sur C, de dimension p, et pe1 , . . . , ep q une base
de E. Soit f : v1, nw Ñ C une application. On note Pf,σ la matrice de l’unique endomorphisme uf,σ tel que pour
tout i P v1, pw, uf,σ pei q “ f piqeσpiq . Lorsque f est la fonction constante égale à 1, on dit que Pf,σ est la matrice de
permutation associée à σ. On la notera plus simplement Pσ .
18. Décrire explicitement Pf,σ .
19. Si σ1 et σ2 sont deux éléments de Sn et f1 , f2 deux fonctions de v1, nw Ñ C, exprimer le produit Pf1 ,σ1 Pf2 ,σ2
sous la forme Pf3 ,σ3 , où f3 et σ3 sont à déterminer en fonction de f1 , f2 , σ1 et σ2 . Qu’obtient-on en particulier
pour le produit Pσ1 Pσ2 ?
20. Soit σ P Sp . En conjuguant convenablement σ (c’est-à-dire en considérant τ ˝ σ ˝ τ ´1 pour une permutation
τ bien choisie), montrer que Pf,σ est semblable à une matrice M diagonale par blocs, chaque bloc étant de la
forme : ¨ ˛
0 a2 0 ¨¨¨ 0
.. .‹
. .. ‹
˚
˚0
˚ 0 a3 ‹
Cpa1 , . . . , aℓ q “ ˚ .. .. ..
˚ ‹
˚. . . 0‹ ‹
˝ 0 ¨¨¨ ¨¨¨
˚ ‹
0 aℓ ‚
a1 0 ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨ 0
Indication : On pourra admettre que toute permutation est la composée de cycles pj1 j2 . . . jℓ q (envoyant j1
sur j2 , j2 sur j3 , etc, et jℓ sur j1 et laissant tous les autres points fixes), dont les supports tj1 , . . . , jℓ u sont 2 à
2 disjoints.
21. Montrer que la matrice Cpa1 , . . . , aℓ q de Mℓ pCq est diagonalisable si et seulement si les ai sont tous non nuls,
ou s’il sont tous nuls.
Indication : Dans le cas où les ai sont tous non nuls, on pourra s’inspirer de la partie III. Dans le cas où les
ai ne sont pas tous non nuls, on pourra se ramener à une question antérieure.
22. Donner une condition nécessaire et suffisante sur f pour que Pf,σ soit diagonalisable.
23. Que dire si on remplace chaque coefficient nul de Pf,σ par un bloc carré nul de taille q, et chaque coefficient
non nul par un bloc carré de taille q inversible et diagonalisable, vérifiant de plus que toutes les matrices de
taille q intervenant dans cette définition commutent deux à deux ?

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