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CONCOURS D’ADMISSION 2019

FILIERE UNIVERSITAIRE INTERNATIONALE


Formations françaises à l’étranger

FUI-FF_ Session 2_Printemps

COMPOSITION DE MATHEMATIQUES

Samedi 9 mars 2019 de 9 h à 12 h

Durée : 3 heures

L’utilisation des calculatrices n’est pas autorisée pour cette épreuve


Préambule

Ce problème est consacré à des questions d’approximation uniforme des fonctions sur un intervalle.
L’espace des fonctions continues sur un intervalle ra, bs est noté Cpra, bsq. On dit qu’une fonction
continue f sur R est à support dans ra, bs si elle est nulle hors de l’intervalle ra, bs. On dit que f est à
support compact s’il existe des réels a et b tel que f est à support dans ra, bs. Remarquer que dans ce cas
ş`8
l’intégrale ´8 f ptqdt est absolument convergente.
La transposée d’une matrice M P Mn pCq est notée t M et son rang est noté rgpM q. L’espace vectoriel
engendré par une partie A d’un espace vectoriel V est noté VectpAq. Si pE, }¨}q est un espace vectoriel
normé on note dpx, Aq “ inf t}x ´ a} , a P Au la distance d’un point x P E à une partie A de E.
Le problème est composé de quatre parties. Les trois premières parties sont indépendantes, et la
quatrième utilise les résultats établis dans les parties précédentes. On attachera la plus grande importance
au soin, à la clarté et à la précision de la rédaction.

Partie 1 : Déterminant de Cauchy.


On fixe un entier n ě 1 et a1 , . . . , an , b1 , . . . , bn des nombres complexes tels que ai ` bi ‰ 0 pour tout
1 ď i ď n. L’objet de cette partie est de calculer le déterminant de Cauchy
ˆ ˙
1
Dn “ det .
ai ` bj 1ďi,jďn

Pour cela on suppose dans un premier temps que les pbi q sont distincts et on introduit la fraction ration-
nelle ˇ 1 ˇ
1 1
ˇ
ˇ a1 `b1 a1 `b2 ¨¨¨ ˇ
a1 `bn ˇ
ˇ
ˇ .
.. .
.. .
..
ˇ
ˇ
F pXq “ ˇˇ ˇ
ˇ an´11`b1 an´11`b2 ¨ ¨ ¨ an´11`bn ˇ
ˇ
ˇ ˇ
ˇ 1 1
¨¨¨ 1 ˇ
X`b1 X`b2 X`bn

1. Montrer que F pXq peut s’écrire sous la forme


c1 c2 cn
F pXq “ ` ` ¨¨¨ ` ,
X ` b1 X ` b2 X ` bn
avec pc1 , . . . , cn q P Cn .
2. En déduire qu’il existe un nombre complexe λ tel que
pX ´ a1 qpX ´ a2 q ¨ ¨ ¨ pX ´ an´1 q
F pXq “ λ .
pX ` b1 qpX ` b2 q ¨ ¨ ¨ pX ` bn q

3. On pose GpXq “ pX ` bn qF pXq. Montrer que Gp´bn q “ Dn´1 et en déduire une relation entre Dn et
Dn´1 .
4. Conclure que ś ś
1ďiăjďn paj ´ ai q 1ďiăjďn pbj ´ bi q
Dn “ ś ,
1ďi,jďn pai ` bj q
dans le cas où les pbi q sont distincts, puis dans le cas général.

2
Partie 2 : Matrices de Gram.
Dans cette partie on fixe un espace vectoriel E sur R muni d’un produit scalaire noté x¨|¨y (espace
préhilbertien). La norme associée est notée }¨}. Si px1 , . . . , xn q est un n-uplet de vecteurs de E on définit
la matrice de Gram de px1 , . . . , xn q par

Grampx1 , . . . , xn q “ pxxi |xj yq1ďi,jďn .

On pose également V “ Vectpx1 , . . . , xn q et m “ dimpV q.

5. Soit pe1 , . . . , em q une base orthonormale de V et M la matrice définie par M “ pxei |xj yq1ďiďm,1ďjďn .
(a) Montrer que
Grampx1 , . . . , xn q “ t M M.

(b) Montrer que toute valeur propre réelle de t M M est positive ou nulle.
(c) En déduire que det pGrampx1 , . . . , xn qq ě 0 avec égalité si et seulement si px1 , . . . , xn q est une
famille liée.
6. On suppose que la famille px1 , . . . , xn q est libre. Soit x P E et ppxq le projeté orthogonal de x sur V .
(a) Montrer que

det pGrampx, x1 , . . . , xn qq “ det pGrampx ´ ppxq, x1 , . . . , xn qq .

(b) En déduire que d


det pGrampx, x1 , . . . , xn qq
dpx, V q “ .
det pGrampx1 , . . . , xn qq

Partie 3 : Théorème de Weierstrass.


L’objet de cette partie est d’établir le théorème d’approximation de Weierstrass (1885) : si ra, bs est
un intervalle compact de R, toute fonction continue de ra, bs dans R est limite uniforme sur ra, bs d’une
suite de polynômes.

7. On dit qu’une suite pϕn qně1 de fonctions continues à support compact sur R est une approximation
ş`8
de l’unité si elle vérifie les propriétés suivantes : pour tout n ě 1, ϕn ě 0 et ´8 ϕn ptqdt “ 1, et pour
tout δ ą 0 on a ˜ż ¸
´δ ż `8
lim ϕn ptqdt ` ϕn ptqdt “ 0.
nÑ8 ´8 δ

On fixe une fonction f continue à support compact et on pose pour n ě 1,


ż `8
f ˚ ϕn : x ÞÑ f px ´ tqϕn ptqdt.
´8

(a) Montrer que pour tout n ě 1, f ˚ ϕn est une fonction continue à support compact dans R et que
f ˚ ϕn “ ϕn ˚ f .

3
(b) Montrer que la suite de fonctions pf ˚ ϕn qně1 converge uniformément vers f sur R (on pourra
utiliser le fait que f est uniformément continue).
8. Pour n ě 1 on définit une fonction ψn sur R par
$
&ψ pxq “ 1 p1 ´ x2 qn si x P r´1, 1s, où c “ ş1 p1 ´ t2 qn dt
n cn n ´1
%ψn pxq “ 0 si x R r´1, 1s

2
Montrer que cn ě n`1 et en déduire que pψn q est une approximation de l’unité.
9. En utilisant les questions 7 et 8, montrer que si f est une fonction continue à support dans r´1{2, 1{2s
alors f est limite uniforme sur r´1{2, 1{2s d’une suite de polynômes.
10. Démontrer le théorème de Weierstrass.

Partie 4 : Théorème de Müntz.


Considérons l’espace Cpr0, 1sq des fonctions continues sur r0, 1s à valeurs réelles, que l’on munit de la
norme }¨}8 définie par }f }8 “ supr0,1s |f | (on ne demande pas de vérifier qu’il s’agit bien d’une norme).
Pour α ě 0 on se permettra de noter simplement xα la fonction définie sur r0, 1s par x ÞÑ xα .
L’objet de cette partie est de démontrer le théorème suivant, dû à H. Müntz (1914) : soit pλn qně0 une
suite strictement croissante de nombres réels, telle que λ0 “ 0 et V le sous-espace vectoriel de Cpr0, 1sq
engendré par la famille de fonctions xλn , n ě 0. Alors V est dense dans pCpr0, 1sq, }¨}8 q si et seulement
si la série ně1 λ1n diverge.
ř

Dans la suite on fixe pλn qně0 une suite strictement croissante de nombres réels, telle que λ0 “ 0.

11. Pour f P Cpr0, 1sq on pose


ˆż 1 ˙1{2
2
}f }2 “ |f ptq| dt .
0
Vérifier que }¨}2 définit une norme sur Cpr0, 1sq associée à un produit scalaire que l’on explicitera et
que l’on pourra noter x¨|¨y dans la suite.
12. Montrer que Vectptxm , m P Nuq est dense dans pCpr0, 1sq, }¨}2 q.
` ˘
13. Pour pλn qně0 comme ci-dessus, démontrer que la famille de fonctions xλn est libre dans Cpr0, 1sq
(on pourra utiliser la question 5).
14. Soit VN “ Vectpxλn , 0 ď n ď N q et m un réel positif.
(a) Montrer que
N
1 ź |λi ´ m|
d2 pxm , VN q “ ? ,
2m ` 1 i“0 |λi ` m ` 1|
où d2 désigne la distance associée à la norme }¨}2 sur Cpr0, 1sq.
(b) Montrer que si la suite pλn q est bornée alors lim d2 pxm , VN q “ 0.
N Ñ8
(c) Montrer que si pλn q est non-bornée et m R tλn , n ě 0u alors
ÿ 1
lim d2 pxm , VN q “ 0 si et seulement si diverge.
N Ñ8 λ
ně1 n

4
15. Montrer que V est dense dans pCpr0, 1sq, }¨}2 q si et seulement si la série ně1 λ1n diverge.
ř

16. Montrer que si V est dense dans pCpr0, 1sq, }¨}8 q alors la série ně1 λ1n diverge.
ř

17. (a) Prouver que si f et g sont de classe C 1 sur r0, 1s on a


› ›
}f ´ g}8 ď |f p0q ´ gp0q| ` ›f 1 ´ g 1 ›2 .

1
ř
(b) Conclure que si la série ně1 λn diverge alors V est dense dans pCpr0, 1sq, }¨}8 q.
(c) Le théorème de Müntz reste-t’il vrai si l’on omet l’hypothèse λ0 “ 0 ?

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