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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Lundi 22/11/2021

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 3 (4h)

La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raison-
nements entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent
être éteints et rangés.

Problème 1 – Développements d’un réel comme limite de fractions égyptiennes


Ce court problème expose un développement des réels par les fractions égyptiennes, c’est-à-dire des sommes d’inverses
d’entiers..

Partie I – Décomposition d’un rationnel comme fraction égyptienne


Soit x P QXs0, 1r. On écrit x “ pq , où p et q sont deux entiers positifs vérifiant p ă q. On montre dans cette question
la propriété Ppxq suivante : il existe un entier naturel n et des entiers a0 , . . . , an tels que 2 ď a0 ă a1 ă ¨ ¨ ¨ ă an et
n
ÿ 1
x“ .
a
k“0 k

On appelle fraction égyptienne une somme de fractions unitaires, c’est-à-dire du type a1 , avec a entier, donc les
dénominateurs sont deux à deux distincts (on peut donc les ranger dans l’ordre strictement croissant). Ainsi, le but
de cette partie est de montrer que tout rationnel de s0, 1r est une fraction égyptienne.
1. Montrer que l’ensemble ta P N˚ | 1
a ď xu admet un plus petit élément a0 , et que a0 ě 2.
2. Montrer que 0 ď pa0 ´ q ă p.
3. En raisonnant par récurrence sur p, correctement quantifiée sur q, montrer que Ppxq est vraie pour tout
x P QXs0, 1r
On écrira soigneusement la propriété Qppq sur laquelle on effectuera la récurrence, et on pourra considérer
x ´ a10 . On n’oubliera pas de justifier l’inégalité a0 ă a1 .
4. Donner un développement en fractions égyptiennes de 3.
2
Donner deux développements distincts en fractions
7
égyptiennes de 12 .
Ainsi, ce développement n’est pas unique. L’algorithme de construction d’un développement en fractions égyptiennes
utilisé dans la preuve a été décrit par Fibonacci (vers 1200) et justifié rigoureusement par Sylvester (en 1880).

Partie II – Développement d’un irrationnel par les fractions égyptiennes


On montre dans cette partie que tout nombre irrationnel de s0, 1r peut être écrit comme somme infinie de fractions a1k .
Remarquons dans un premier temps qu’il est vain d’essayer de trouver un tel développement fini, une somme finie de
rationnels étant nécessairement un rationnel aussi. On se donne x un irrationnel de s0, 1r.
On construit la suite pan qnPN˚ par la relation :
n´1
ÿ 1 1
an “ minta P N | ` ď x.u
k“0
ak a

Remarquez que cette égalité définit également a0 , la somme étant dans ce cas vide.
1. Justifier que la contruction est infinie, autrement dit, an est bien définie pour tout n P N.

1
2. Justifier que pour tout n P N,
n n´1
ÿ 1 ÿ 1 1
ăxă ` .
a
k“0 k
a
k“0 k
a n´1

2 1
3. Montrer que pour tout n P N, an ě 2, et ě .
an an ´ 1
4. En déduire que pour tout n P N, an`1 ą an . Quelle est la limite de an ?
5. Montrer enfin que
`8
ÿ 1
x“ .
a
k“0 k

On dit que x admet un développement infini en fractions égyptiennes.


Ainsi, les rationnels de s0, 1r admettent un développement fini en fractions égyptiennes, les irrationnels de s0, 1r ad-
mettent un développement infini en fractions. Mais les rationnels peuvent admettre aussi des développements infinis,
et c’est même une situation générale comme on le montre dans la dernière partie du problème.

Partie III – Développement infini d’un rationnel

1. À l’aide de suites géométriques, montrer que pour tout N P Nzt0, 1u, 1


N admet un développement infini en
fractions égyptiennes.
2. En déduire que tout rationnel x de s0, 1r admet un développement infini en séries égyptiennes. Attention,
n’oubliez pas la propriété de stricte croissance de pan q.
3. Comment aurait-on pu adapter la preuve de la partie II pour démontrer la même chose ?

Problème 2 – (Racines primitives et polynômes cyclotomiques)


Le but de ce problème est d’introduire la notion de racine primitive, et de polynôme cyclotomique. Nous en voyons
quelques propriétés élémentaires, en terminant par une application au calcul d’un produit de sinus et d’un produit de
cosinus. Ce problème n’est qu’un point de vue très étroit sur le monde très riche des polynômes cyclotomiques, et n’est
à voir que comme une introduction.

Partie I – Racines primitives de l’unité


Soit n P N˚ , on note ξn la racine n-ième de 1 de plus petit argument strictement positif, c’est-à-dire :
2iπ
ξn “ e n .

On notera comme il en est l’usage j “ ξ3 .


On appelle racine n-ième primitive de 1 un élément ω P Un tel ω k ‰ 1 pour tout k P v1, n ´ 1w. On note Pn l’ensemble
des racines n-ièmes primitives de 1
Étant donnés deux entiers n et m, on notera n^ m le pgcd de m et n. On rappelle le théorème de Bézout : si d “ n^ m,
alors il existe des entiers u et v tels que d “ un ` vm, la réciproque étant également vraie lorsque d “ 1.
On note ϕpnq le nombre d’entiers k de v1, nw premiers avec n, c’est-à-dire tels que k ^ n “ 1. Il s’agit de l’indicatrice
d’Euler.
1. Soit n P N˚ . Montrer que ξn est racine n-ième primitive de 1. Pouvez-vous en donner une autre lorsque n ą 2 ?
2. Soit ω P Un .
(a) Montrer que ω P Pn si et seulement si tω k , k P v1, nwu “ Un .
(b) Montrer que ω P Pn si et seulement s’il existe un entier ℓ P N tel que ω ℓ “ ξn
(c) En déduire que ω P Pn si et seulement s’il existe k P v1, nw tel que ω “ ξnk et k ^ n “ 1. Quel est le cardinal
de Pn ?
3. (a) Décrire en fonction de j l’ensemble P6
(b) Décrire l’ensemble Pp lorsque p est un nombre premier.
(c) Décrire l’ensemble Pn lorsque n est une puissance de 2.

2
4. Soit ω P Un , et k P v1, nw tel que ω “ ξnk
(a) Soit d un diviseur de n. Montrer que ω P P nd si et seulement si k ^ n “ d.
ğ
(b) En déduire que Un “ P nd , l’union étant prise sur l’ensemble des diviseurs de n, et l’union étant disjointe.
d|n
ÿ
(c) En déduire que n “ ϕpdq.
d|n

5. Montrer que pour n ą 2, ϕpnq est pair.


ÿ
6. On note, pour tout n P N˚ , Sn “ k
kPv1,nw
k^n“1
(a) Justifier que pour tout n P N˚ , on a :
n
ÿ ÿ
k“ dS nd .
k“1 d|n

1 1 1
(b) En raisonnant par récurrence, en déduire que S1 “ ϕp1q ` , et que pour tout n ą 1, Sn “ nϕpnq.
2 2 2

Partie II – Polynômes cyclotomiques


Soit n P N. On note Φn le polynôme :
ź ź
Φn pXq “ pX ´ ωq “ pX ´ ξnk q
ωPPn kPv0,n´1w
tq k^n“1

1. Quel est le degré de Φn ?


2. (a) Déterminer Φ3 , Φ6 .
(b) Déterminer Φp lorsque p est premier
(c) Déterminer Φn lorsque n est une puissance de 2.
3. Soit q un entier impair différent de 1.
(a) Montrer que ω P P2q si et seulement si ´ω P Pq .
(b) En déduire que Φ2q pXq “ Φq p´Xq.

Partie III – Calcul de Φn p1q

1. Soit p un nombre premier et k ě 1. Montrer que


k
Xp ´ 1
Φpk “ pk´1 .
X ´1

2. Montrer que si p est un nombre premier, pour tout k ě 1, Φpk p1q “ p


3. (a) Montrer que pour tout n P N˚ : ź
Φd pXq “ X n ´ 1.
d|n

(b) Soit P et Q deux polynômes à coefficients entiers. On suppose de plus que le coefficient dominant de Q est
égal à 1. Montrer que s’il existe R tel que P “ QR, alors R est à coefficients entiers (on pourra raisonner
par l’absurde)
(c) Montrer que Φn est à coefficients entiers
ź
4. Montrer que pour tout n P N˚ , Φd p1q “ n.
d|n
d‰1
5. En considérant la décomposition primaire de n, en déduire que si n n’est pas une puissance d’exposant stricte-
ment positif d’un nombre premier p, alors Φn p1q “ 1.

3
Partie IV – Un produit de sinus
Avec les résultats des parties précédentes, montrer les deux égalités suivantes :
1. Pour tout entier n ě 2 différent d’une puissance d’un nombre premier :
ˆ ˙
ź kπ 1
sin “ ϕpnq .
n 2
kPv1,nw
k^n“1

2. Pour tout n entier positif impair différent de 1,


ˆ ˙ ϕpnq
ź kπ p´1q 2
cos “ .
kPv1,nw
n 2ϕpnq
k^n“1

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