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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 22/10/2022

MP2I – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 2 (4h)

Correction du problème 1 – (Complétude de R et théorème de Baire)

Partie I – Complétude de R

1. (a) Soit ℓ P R, ε ą 0, et N tel que pour tout n ě N , un ď 2ε . Soit n ě N et p ě N . Alors, d’après l’inégalité
triangulaire :
ε ε
|un ´ up | “ |pun ´ ℓq ´ pup ´ ℓq| ď |un ´ ℓ| ` |up ´ ℓ| ď ` ,
2 2
d’où |un ´ up | ď ε.
(b) Supposons que pun qnPN converge vers un réel ℓ. Soit ε ą 0. Par définition de la limite, on dispose de N P N
tel que pour tout n ě N , |un ´ ℓ| ď ε. La question précédente amène alors :

@n ě N, @p ě N, |un ´ up | ď ε.

C’est très précisément la définition d’une suite de Cauchy.


Ainsi, toute suite convergente est de Cauchy .
2. Réciproquement, soit pun qnPN une suite de Cauchy, et pour tout n P N, vn “ sup uk .
kěn
(a) Pour tout n P N, on pose En “ tuk , k ě nu. Soit n P N. Puisque En`1 Ă En , tout majorant de En est aussi
un majorant de En`1 . En particulier, la borne supérieure vn de En est un majorant de En`1 , et donc,

vn ě suppEn`1 q “ vn`1 .

On en déduit que pvn qnPN est une suite décroissante .


(b) Montrons que pvn q est minorée.
‚ Pour cela on montre d’abord que pun q est minorée. En utilisant la définition des suites de Cauchy pour
ε “ 1, on obtient l’existence de N P N tel que pour tout n ě N ,

uN ´ 1 ď un ď uN ` 1.

Ainsi, pour tout n P N,

minpu1 , . . . , uN ´1 , uN ´ 1q ď un ď maxpu1 , . . . , uN ´1 , uN ` 1q.

Cela montre bien que pun q est bornée, donc en particulier minorée.
‚ Soit m un minorant de pun qnPN . En particulier, pour tout n P N,

m ď un ď suppEn q “ vn ,

puisque un est un élément de En . On en déduit que m minore aussi la suite pvn qnPN .
‚ La suite pvn qnPN étant décroissante et minorée, elle est convergente . On note ℓ sa limite.
(c) Soit ε ą 0. La suite pun q étant de Cauchy, Il existe un rang N1 tel que pour tout n ě N1 , et tout p ě N1 ,
|un ´ up | ď 2ε .
ε
Soit N1 de la sorte, et n ě N1 . Par définition de la borne supérieure, vn ´ 2 ne majore pas En . Il existe
donc x P En tel que
ε
vn ´ ă x ď vn .
2
On dispose alors de p ě n ě N1 tel que x “ up , et up vérifie |up ´ vn | ď 2ε .
Ainsi, d’après l’inégalité triangulaire :
ε ε
|vn ´ un | ď |vn ´ up | ` |up ´ un | ď ` ,
2 2
d’où |vn ´ un | ď ε

1
(d) On déduit de la question précédente et de la définition de la convergence que pvn ´ un q ÝÑ 0. Comme
vn ÝÑ ℓ, il en résulte que pun q converge vers ℓ .

Partie II – Cas particulier du théorème de Baire

1. On pose U0 “ Q et pour tout n P N˚ , Un “ RzQ. Alors pour tout n P N, Un est dense dans R, mais
č
Un “ ∅,
nPN

donc l’intersection n’est pas dense dans R .


2. Soit pUn qnPN une suite de sous-ensembles ouverts denses de R, et U “sa, br un intervalle ouvert non vide de R.
On note U´1 “ U .
‚ On pose x´1 Psa, br“ U “ U´1 , quelconque. Puisque U est ouvert, il existe ε´1 ą 0 tel que

Bpx´1 , ε´1 q Ă U´1 .

‚ Supposons x1 , . . . , xn´1 construits ainsi que ε1 , . . . , εn´1 . Puisque Un est dense dans R,
´ εn´1 ¯
B xn´1 , X Un ‰ ∅.
2
´ εn´1 ¯
On pose xn P B xn´1 , X Un . Ainsi,
2
εn´1
|xn ´ xn´1 | ă .
2
‚ Puisque Un est ouvert, il existe ε ą 0 tel que

Bpxn , εq Ă Un .
` εn´1 ˘
On choisit εn tel que 0 ă εn ă min ε, 2 . Alors,

εn´1
0 ă εn ă et Bpxn , εn q Ă Bpxn , εq Ă Un .
2
Ainsi, on a défini par récurrence deux suites pxn qně´1 et pεn qně´1 vérifiant les propriétés (i) à (iv).
3. (a) Soit y P B n pxn , εn q. Alors :
εn´1 εn´1
|y ´ xn´1 | ď |y ´ xn | ` |xn ´ xn´1 | ď εn ` |xn ´ xn´1 | ă ` “ εn´1 .
2 2

Ainsi, y P Bpxn´1 , εn´1 q. Donc B n pxn , εn q Ă Bpxn´1 , εn´1 q .


εn
(b) Soit n P N. On montre par récurrence sur p que pour tout p ě n, εp ď 2p´n .
‚ Initialisation : l’inégalité est triviale pour p “ n.
εn
‚ Héridité : soit p ě n tel que εp ď 2p´n . D’après (ii), on a alors
1 εn
εp`1 ă εp ď p`1´n .
2 2
εn
‚ Conclusion : ainsi d’après le principe de récurrence, pour tout p ě n, εp ď p´n
.
2
(c) Soit n P N et p ě n. Ainsi,
ˇ p ˇ p
ˇ ÿ ˇ ÿ
|xp ´ xn | “ ˇ xk ´ xk´1 ˇ ď |xk ´ xk´1 |
ˇ ˇ
ˇ ˇ
k“n`1 k“n`1
p
ÿ εk´1
ď
k“n`1
2
p p´n 1 1
εn 1 2 ´ 2p`1´n
ÿ ÿ
ď “ εn “ ε n 1
k“n`1
2k´n k“1
2k 1´ 2
ď εn .

2
4. D’après la question 3(b) appliquée avec n “ 0, pour tout p ě 0,
ε0
0 ă εp ă p ÝÑ 0.
2
Ainsi, d’après le théorème d’encadrement, εp ÝÑ 0.
Soit ε ą 0. Il existe donc N P N tel que pour tout n ě N , 0 ă εn ă ε. Ainsi, d’après la question 3(c), pour tout
n ě N , p ě N , en supposant sans perte de généralité p ě n (sinon on peut intervertir n et p),

|xn ´ xp | ď εn ď ε.

Ainsi, pxn q est une suite de Cauchy .


5. On déduit de la partie I que pxn q est convergente. Soit ℓ sa limite. En passant à la limite lorsque p tend vers
`8 dans 3(c), on obtient, pour tout n P N,
|xn ´ ℓ| ď εn
Ainsi, ℓ P Bpxn , εn q, donc, d’après 3(a), ℓ P Bpxn´1 , εn´1 q, pour tout n P N. Or, d’après la propriété (iv),
Bpxn´1 , εn´1 q Ă Un´1 , donc ℓ P Un´1 , pour tout n P N. On en déduit que :
č č č
ℓP Un´1 “ U´1 X Un “sa, brX Un .
nPN nPN nPN

Puisque l’intervalle sa, br a été choisi arbitrairement, on a montré que pour tout a ă b, il existe ℓ Psa, br tel que
č č
ℓP Un . Cela équivaut à dire que Un est dense dans R .
nPN nPN

Correction du problème 2 – (Ramsey, Erdös, Schur et Fermat)

Questions préliminaires
Soit pn, kq P pN˚ q2 .
ˆ ˙
n
1. Le nombre d’arêtes d’un graphe complet à n sommets formant un ensemble V est |P2 pV q| “
2
2. Soit V un ensemble de cardinal n. Un coloriage en k couleurs de KpV q est par définition un élément quelconque
de v1, kw 2 . Le nombre de coloriages possibles est donc k |P2 pV q| , donc k p 2 q .
n
P pV q

Partie I – Autour du principe des tiroirs


Soit n et k deux entiers naturels non nuls, et f : v1, nw Ñ v1, kw une application.
v1,ℓw
1. Soit f P v1, nw . L’ensemble tf ´1 ptℓuq, ℓ P v1, kwu est un recouvrement disjoint de l’ensemble de départ v1, nw :
k
ě
v1, nw “ f ´1 ptℓuq.
ℓ“1

Ainsi,
k
ÿ
n“ |f ´1 ptℓuq| .
ℓ“1

2. On raisonne par l’absurde, en supposant que pour tout ℓ P v1, kw,


QnU
|f ´1 ptℓuq| ă .
k
Puisque cette inégalité concerne des entiers, elle s’améliore en
QnU n
|f ´1 ptℓuq| ď ´1ă .
k k
Ainsi,
k k
ÿ ÿ n
n“ |f ´1 ptℓuq| ă “ n,
ℓ“1 ℓ“1
k
QnU
ce qui est absurde. On en déduit qu’il existe ℓ P v1, kw tel que f ´1 ptℓuq ě .
k

3
Partie II – Présence d’un triangle monochrome dans un graphe colorié

1. Dans cette question, on suppose que k “ 2, et on considère le graphe complet K6 muni d’un coloriage avec 2
couleurs.
(a) On dispose de 2 couleurs, et du sommet 1 partent 5 arêtes reliant 1 aux 5 autres sommets. On applique le
lemme des tiroirs généralisés, avec la fonction f qui à chaque arête issue de 1 associe sa couleur. C’est une
application d’un ensemble de cardinal 5 dans un ensemble de cardinal 2. Ainsi, d’après I-2, il existe i P t1, 2u
tel que |f ´1 ptiuq| ě r 25 s “ 3.
On peut donc trouver 3 arêtes de la même couleur issues du sommet 1 .
Évidemment, l’utilisation du lemme des tiroirs est ici évidente, et n’a pas besoin en réalité d’être explicité,
mais cela permet de mettre en place les arguments qu’on utilisera pour la généralisation donnée dans la
question II-2.
(b) Quitte à renuméroter les sommets, on peut supposer que les arêtes t1, 2u, t1, 3u et t1, 4u ont la même
couleur. Si l’une des arêtes t2, 3u, t2, 4u, t3, 4u a cette même couleur, elle formera avec le sommet 1 un
triangle monochrome. Sinon, ces 3 arêtes sont toutes de l’autre couleur, et forment entre elles un triangle
monochrome.
Ainsi, K6 possède un triangle monochrome .
(c) ‚ Tout graphe complet à 6 sommets colorié avec 2 couleurs admet un triangle monochrome.
‚ Si KpV q est un graphe complet à au moins 6 sommets colorié en deux couleurs, et W une partie de
cardinal 6 de V , KpW q est un graphe complet à deux couleurs ayant 6 sommets. Il admet donc un
triangle monochrome qui est aussi un triangle monochrome de KpV q.
‚ On peut colorier K5 de la façon suivante : t1, 2u, t2, 3u, t3, 4u, t4, 5u de la couleur 1, et t1, 3u, t2, 4u, t3, 5u,
t4, 1u, t5, 2u de l’autre. Cela revient à colorier les côtés d’un pentagone d’une couleur, les diagonales d’une
autre. On voit facilement que ce graphe n’admet pas de triangle monochrome.
‚ Ainsi, T2 “ Rp3, 3q “ 6 .
2. (a) Soit n ě kTk´1 ´ k ` 2. On considère le graphe complet Kn , qu’on colorie de façon arbitraire en k couleurs.
‚ Le sommet 1 étant relié à n ´ 1 arêtes, chacune coloriée d’une des k couleurs possibles, on obtient comme
ci-dessus (avec la fonction qui à un sommet i P v2, nw associe la couleur de l’arête t1, iu) l’existence d’une
couleur telle qu’au moins r n´1
k s arêtes issues du sommet 1 soient de cette couleur.
Or,
n´1 1
ě Tk´1 ´ 1 ` ą Tk´1 ´ 1,
k k
donc R V
n´1
ě Tk´1 .
k
‚ Soit W un ensemble de Tk´1 sommets reliés au sommet 1 par des arêtes d’une même couleur. Si
l’une des arêtes du graphe complet KpW q est de cette même couleur, elle forme avec le sommet 1
un triangle monochrome . Sinon, KpW q possède un coloriage en k ´ 1 couleurs seulement, et est
de cardinal Tk´1 . Par définition de Tk´1 , KpW q possède un triangle monochrome, qui est aussi un
triangle monochrome de KpV q .
(b) Montrons par récurrence sur k P N˚ que Tk ď 3 ¨ k!.
‚ Pour k “ 1, le coloriage est monochrome. Ainsi, il faut et il suffit d’avoir 3 sommets pour avoir un
triangle monochrome. Donc T1 “ 3 “ 3 ˆ 1!.
‚ Soit k ě 2. On suppose que Tk´1 “ 3pk ´ 1q!. D’après la question précédente, Tk est fini aussi, et

Tk ď kTk´1 ´ k ` 2 ď 3 ¨ kpk ´ 1q! “ 3 ¨ k!.

‚ Ainsi, pour tout k P N˚ , Tk ď 3 ¨ k!

Partie III – Démonstration du théorème de Ramsey pour les graphes

1. On colorie ici les arêtes d’un graphe complet d’une seule couleur. Pour obtenir un sous-graphe complet mono-
chrome de cardinal m, il faut et il suffit donc d’avoir m sommet. Ainsi, Rpmq est fini et Rpmq “ m .

4
2. Soit k ě 2. On suppose que pour tout k ´ 1-uplet pm1 , . . . , mk´1 q d’entiers au moins égaux à 2, on a :
Rpm1 , . . . , mk´1 q ă `8.
(a) ‚ Soit n “ Rpm1 , . . . , mk´1 q ´ 1 On peut trouver un coloriage sur Kn´1 ne contenant aucun sous-graphe
complet monochrome d’aucune couleur i avec un cardinal supérieur à mi . Ce même graphe n’a pas d’arête
d’une k-ième couleur, donc pas de sous-graphe monochrome de cardinal 2 de cette k-ième couleur. Ainsi,

Rpm1 , . . . , mk´1 , 2q ě Rpm1 , . . . , mk´1 q.

‚ Soit n ě Rpm1 , . . . , mk´1 q. Considérons un coloriage en k couleurs de Kn . S’il contient une arête de la
couleur k, alors on a un sous-graphe complet de cardinal au moins 2 de la couleur k. Sinon, il s’agit en
fait d’un coloriage en k ´ 1 couleurs, et par définition de Rpm1 , . . . , mk´1 q, il existe i P v1, k ´ 1w et un
graphe monochrome de couleur i et de cardinal mi . Ainsi, ce graphe satisfait le problème de Ramsey
pour les paramètres pm1 , . . . , mk´1 , 2q. Tout autre graphe complet de même cardinal également (il suffit
de renuméroter les sommets). Ainsi

Rpm1 , . . . , mk´1 , 2q ď Rpm1 , . . . , mk´1 q.

‚ On en déduit que Rpm1 , . . . , mk´1 , 2q ď Rpm1 , . . . , mk´1 q ă `8 .


‚ Les autres cas décrits dans l’énoncé s’en déduise en effectuant une permutation sur la numérotation des
couleurs, ce qui ne change pas le problème.
(b) Soit pm1 , . . . , mk q un k-uplet d’entiers au moins égaux à 3. On suppose que pour tout i P v1, kw,

Rpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ă `8.

On se donne un entier n vérifiant


˜ ¸
ÿk
ně Rpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ´ pk ´ 2q,
i“1

V un ensemble de cardinal n, et γ un coloriage du graphe complet KpV q en k couleurs. On se fixe v P V un


sommet quelconque de KpV q et on note, pour tout i P v1, kw, Γi pvq l’ensemble des sommets w P V tels que
l’arête tv, wu soit coloriée de la couleur i.
Supposons que pour tout i P v1, kw,

|Γi pvq| ă Rpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q,

donc
|Γi pvq| ď Rpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ´ 1.
L’ensemble tΓi pvq, i P v1, kwu est une partition de l’ensemble des sommets reliés à v, c’est-à-dire de V ztvu.
Ainsi,
k
ÿ
n ´ 1 “ |V ztvu| “ |Γi pvq|
i“1
k
ÿ
ď pRpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ´ 1q
i“1
˜ ¸
k
ÿ
ď pRpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ´ k.
i“1

On en déduit que ˜ ¸
k
ÿ
nď pRpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ´ pk ´ 1q,
i“1

ce qui contredit la définition de n. Ainsi, il existe i P v1, kw tel que

|Γi pvq| ă Rpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q

(c) Soit donc un tel indice i. Le graphe complet KpΓi pvqq possède donc :

5
‚ soit un sous-graphe KpWj q, monochrome de couleur j ‰ i, et de cardinal |Wj | “ mj ,
‚ soit un sous-graphe KpWi q, monochrome de couleur i, et de cardinal mi ´ 1. Mais les arêtes reliant les
sommets de Wi à l’arête v sont toutes de couleur i, donc W Y tvu est un graphe complet monochrome
de couleur i, de cardinal mi .
Ainsi, le graphe vérifie le problème de Ramsey pour les paramètres pm1 , . . . , mk q. Ceci étant vrai pour tout
graphe de cardinal n vérifiant la minoration de l’énoncé, on en déduit que Rpm1 , . . . , mk q est fini, et vérifie :
˜ ¸
k
ÿ
Rpm1 , . . . , mk q ď Rpm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ´ pk ´ 2q .
i“1

3. On montre le théorème de Ramsey par récurrence sur k P N˚ .


‚ Le cas k “ 1 résulte de la question III-1.
‚ Soit k ě 2 tel que le théorème de Ramsey soit vérifié pour les coloriages en k ´ 1 couleurs. On démontre alors
qu’il est vrai pour les coloriages en k couleurs. On montre qu’il est vrai pour les paramètres pm1 , . . . , mk q P
k
pNzt0, 1uqk , en procédant par récurrence sur s “ mi .
ř
i“1
˚ La valeur minimale de s est 2k. On remarque que pour tout s P v2k, 3k ´ 1w et tout pm1 , . . . , mk q P
pNzt0, 1uqk , au moins un des entiers mi vérifie mi “ 2 (démontration évidente par l’absurde). Ainsi la
question 2(a) nous ramène au cas k ´ 1 et la propriété est vérifiée.
˚ Soit s ě 3k, et supposons la propriété vraie pour tout pµ1 , . . . , µk q P pNzt0, 1uqk de somme égale à s.
Soit pm1 , . . . , mk q P pNzt0, 1uqk de somme s. Si l’un des mi est égal à 2, la question 2(a) nous ramène à
l’hypothèse de récurrence au rang k ´1, et la propriété est donc vérifiée. Sinon, on est dans les hypothèses
des questions 2(b) et 2(c). En effet, les k-uplets

pm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q

ont une somme égale à s ´ 1, et on peut donc appliquer l’hypothèse de la récurrence interne. Ainsi, pour
tout i P v1, kw,
Rppm1 , . . . , mi´1 , mi ´ 1, mi`1 , . . . , mk q ă `8.
La question 2(c) nous assure alors que

Rpm1 , . . . , mk q ă `8,

ce qui correspond bien au théorème de Ramsey pour les paramètres pm1 , . . . , mk q.


˚ Ainsi, d’après le principe de récurrence, le théorème de Ramsey est vérifié pour tout k-uplet pm1 , . . . , mk q
d’entiers supérieurs ou égaux à 2, quelle que soit leur somme. Cela prouve bien le théorème de Ramsey
pour un coloriage en k couleurs.
‚ D’après le principe de récurrence, le théorème de Ramsey est donc vrai pour tout coloriage , quel que soit
le nombre de couleurs.
4. Pour k “ 2, l’inégalité de la question 2(c) se réécrit, pour tout pm1 , m2 q couple d’entiers supérieurs ou égaux à
3:
Rpm1 , m2 q ď Rpm1 ´ 1, m2 q ` Rpm1 , m2 ´ 1q.
Montrons alors par récurrence sur s “ m1 ` m2 que pour tout couple pm1 , m2 q d’entiers supérieurs ou égaux
à 2, ˆ ˙
m1 ` m2 ´ 2
Rpm1 , m2 q ď .
m1 ´ 1
‚ La valeur minimale de s “ m1 ` m2 est 4. Dans ce cas, m1 “ m2 “ 2, et d’après les questions 2(a) et 1,

Rp2, 2q “ Rp2q “ 2.

D’un autre côté, ˆ ˙ ˆ ˙


m1 ` m2 ´ 2 2
“ “ 2.
m1 ´ 1 1
Ainsi, l’inégalité est bien vérifiée.

6
‚ Soit s ą 4. On suppose que pour tout couple pµ1 , µ2 q d’entiers supérieurs ou égaux à 2 tels que µ1 ` µ2 “
s ´ 1, la majoration est vérifiée. Soit alors pm1 , m2 q un couple d’entiers supérieurs ou égaux à 2, tels que
m1 ` m2 “ s.
˚ Si l’un des deux entiers m1 ou m2 est égal à 2, disons par exemple sans perte de généralité m1 “ 2, alors

Rpm1 , m2 q “ Rp2, m2 q “ Rpm2 q “ m2 .

D’un autre côté, ˆ ˙ ˆ ˙


m1 ` m2 ´ 2 m2
“ “ m2 .
m1 ´ 1 1
L’inégalité est bien vérifiée.
˚ Sinon, on peut appliquer l’hypothèse de récurrence à pm1 ´ 1, m2 q et pm1 , m2 ´ 1q. Ainsi,

Rpm1 , m2 q ď Rpm1 ´ 1, m2 q ` Rpm1 , m2 ´ 1q


ˆ ˙ ˆ ˙ ˆ ˙
m1 ` m2 ´ 3 m1 ` m2 ´ 3 m1 ` m2 ´ 2
ď ` “ ,
m1 ´ 2 m1 ´ 1 m1 ´ 1
d’après la formule de Pascal.
‚ Ainsi, d’après le principe de récurrence, pour tout couple pm1 , m2 q d’entiers supérieurs ou égaux à 2,
ˆ ˙
m1 ` m2 ´ 2
Rpm1 , m2 q ď .
m1 ´ 1
`4˘
Pour m1 “ m2 “ 3, on retrouve Rp3, 3q ď 2 “ 6 , ce qui est le résultat de II-1(b).

Partie IV – Minoration d’Erdös


m
Le but de cette partie est de démontrer que pour tout m ě 2, Rpm, mq ě 2 2 , résultat démontré par Erdös.
1. ‚ Pour m “ 2 :
Rp2, 2q “ 2 “ 22{2 ,
donc la minoration est vérifiée.
‚ Pour m “ 3, d’après II-1(c) : ? 3
Rp3, 3q “ 6 ě 2 2 “ 2 2 .
Donc la minoration est aussi vérifiée.
2. On montre par récurrence sur |I| que pour toute famille finie pAi qiPI d’ensembles finis,
ˇ ˇ
ˇď ˇ ÿ
ˇ Ai ˇ ď |Ai |.
ˇ ˇ
ˇiPI ˇ iPI

‚ Si |I| “ 0, l’union est vide, donc son cardinal est nul. La somme est nulle aussi, car vide. Ainsi, l’inégalité
est satisfaite.
‚ Soit n P N˚ . Supposons l’inégalité satisfaite pour tout J de cardinal n´1 et toute famille pAi qiPJ d’ensembles
finis. Soit I un ensemble de cardinal n et pAi qiPI une famille d’ensembles finis. Comme I est de cardinal non
nul, on dispose de i0 P I. Ainsi,
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇď ˇ ˇˇ ď ˇ
ˇ
ˇ Ai ˇ “ ˇˇ Ai Y Ai0 ˇˇ
ˇ ˇ
ˇiPI ˇ ˇ
iPIzti0 u ˇ
ˇ ˇ ˇ¨ ˛ ˇ
ˇ ď ˇ ˇ ď ˇ
ˇ ˇ ˇ ˇ
“ ˇˇ Ai ˇˇ ` |Ai0 | ´ ˇˇ˝ Ai ‚X Ai0 ˇˇ
ˇiPIzti0 u ˇ ˇ iPIzti0 u ˇ
ˇ ˇ
ˇ ď ˇ
ˇ ˇ
ď ˇˇ Ai ˇˇ ` |Ai0 |
ˇiPIzti0 u ˇ
ÿ
ď |Ai | ` |Ai0 |,
iPIzti0 u

7
d’après l’hypothèse de récurrence appliquée à J “ Izti0 u, qui est bien de cardinal n ´ 1. Ainsi,
ˇ ˇ
ˇď ˇ ÿ
ˇ Ai ˇ ď |Ai |,
ˇ ˇ
ˇiPI ˇ iPI

ce qui est bien la propriété au rang n.


‚ D’après le principe de récurrence, pour tout ensemble I fini et toute famille pAi qiPI d’ensembles finis,
ˇ ˇ
ˇď ˇ ÿ
ˇ Ai ˇ ď |Ai | .
ˇ ˇ
ˇiPI ˇ iPI

3. (a) Un coloriage de CpAq est obtenu en choisissant les couleurs des arêtes qui ne relient pas deux sommets de
A. Or, KpV q possède en tout N2 arêtes, alors que que A en possède m
` ˘ ` ˘
`N ˘ `m˘ 2 . Le nombre d’arêtes non internes
à KpAq est donc 2 ´ 2 . Pour chacune de ces arêtes, on a le choix entre 2 couleurs. Ainsi, on a en tout
2p 2 q´p 2 q coloriages dans CpAq. On en déduit que
N m

2p 2 q´p 2 q “ |Pr pV q|2p 2 q´p 2 q ,


ÿ ÿ N m N m
|CpAq| “
APPr pV q APPr pV q

et donc : ˆ ˙
ÿ N pN2 q´pm2 q
|CpAq| “ 2 .
m
APPr pV q

ˆ ˙
N ´pm2 q
(b) On majore 2 en se servant de la majoration de N et du fait que m! “ 2 ¨ 3 ¨ ¨ ¨ m ě 2m´1 . Ainsi :
m
ˆ ˙
N ´pm2 q N pN ´ 1q . . . pN ´ m ` 1q ´ mpm´1q
2 “ 2 2
m m!
Nm mpm´1q
ď m´1 2´ 2
2
m
p2 2 qm ´ mpm´1q m
ă m´1 2 2 “ 21´ 2 .
2
m
Comme m ě 4, 21´ 2 ă 21 , et donc
ÿ 1 pN2 q
|CpAq| ă ¨2 .
2
APPr pV q

D’après la question 2, on a donc


ˇ ˇ
ˇ ď ˇ
1
|CpAq| ď ¨ 2p 2 q .
ˇ ˇ ÿ N
ˇ CpAqˇď
ˇ
ˇAPPr pV q
ˇ
ˇ APPr pV q 2

Le membre de gauche représente l’ensemble des coloriages pour lesquelles il existe un sous-graphe complet
KpAq de cardinal m monochrome de couleur bleue.
De plus, 2p 2 q est le nombre total de coloriages.
N

Ainsi, strictement moins des graphes coloriés de cardinal N possèdent un sous-graphe complet monochrome
bleu de cardinal m.
(c) Il en est de même pour les sous-graphes monochromes rouges de cardinal m. Par conséquent, il existe des
graphes coloriés de cardinal N n’ayant ni sous-graphe monochrome bleu ni sous-graphe monochrome rouge
de cardinal m. On en déduit que le problème de Ramsey n’est pas satisfait par tous les graphes de taille N ,
ce qui contredit le fait que N “ Rpm, mq
m
On en conclut que Rpm, mq ě 2 2 .

Partie V – Théorème de Schur


Nous donnons dans cette partie une conséquence surprenante du théorème de Ramsey.

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1. Soit k ě 2, et N “ Rp3, . . . , 3q “ Tk . Soit n ě N et soit δ un coloriage des éléments de v1, nw, c’est à dire une
application δ : v1, nw Ñ v1, kw, qui à chaque élément de v1, nw associe une couleur.
On définit un coloriage γ des arêtes de Kn par :

@ti, ju P P2 pnq, γpti, juq “ δp|i ´ j|q.

Ceci est bien défini, puisque ti, ju doit former une paire, ce qui sous-entend que i ‰ j. Ainsi,

|i ´ j| P v1, n ´ 1w Ă v1, nw .

Puisque n ě Tk , il existe par ce coloriage γ de Kn un triangle monochrome, c’est-à-dire 3 entiers a, b et c de


v1, nw tels que les arêtes ta, bu, tb, cu et tc, au soit de la même couleur. Quitte à réordonner a, b et c, on peut
supposer sans perte de généralité que a ă b ă c. Ainsi,

γpta, buq “ γptb, cuq “ γptc, auq

équivaut à
δpb ´ aq “ δpc ´ bq “ δpc ´ aq.
Posons x “ b ´ a, y “ c ´ b et z “ c ´ a. Ce sont des éléments de v1, n ´ 1w, donc aussi de v1, nw, qui vérifient :

δpxq “ δpyq “ δpzq et x`y “z .

2. On note S “ txn , x P pZ{pZq˚ u.


(a) Soit x P pZ{pZq˚ , représenté par un entier x P Z. Puisque x ‰ 0, p ne divise pas x. Puisque p est premier,
cela implique que x est premier avec p. D’après le théorème de Bezout, il existe donc des entiers a et b tels
que
ax ` bp “ 1.
En réduisant cette égalité modulo p, on obtient la relation suivante dans Z{pZ :

a ¨ x “ 1.

Comme le produit est commutatif, cette relation affirme que x est inversible dans pZ{pZq˚ , d’inverse a.
(b) Montrons que taS, a P pZ{pZq˚ u est une partition de pZ{pZq˚ .
‚ Les ensembles aS sont trivialement non vides.
‚ Soit b P pZ{pZq˚ . Alors b “ b ¨ 1n P bS. Ainsi,
ď
aS “ pZ{pZq˚ .
aPpZ{pZq˚

‚ Soit a et b deux éléments de pZ{pZq˚ tels que aS X bS ‰ ∅. Alors il existe x0 et y0 dans pZ{pZq˚ tels
que
axn0 “ by0n .
Soit maintenant un élément quelconque de aS, s’écrivant donc sous la forme axn . Les éléments de pZ{pZq˚
étant tous inversibles, et le produit étant commutatif, on obtient donc
˘n
axn “ b x´1
`
0 y0 x P bS.

Ainsi, aS Ă bS, et de même, bS Ă aS. Par conséquent aS “ bS.


En contraposant, deux parts distinctes sont donc disjointes.
Ainsi, taS, a P pZ{pZq˚ u est une partition de pZ{pZq˚
On note k son nombre de parts.
(c) ‚ On commence par montrer que k peut être majoré par une constante dépendant de n mais indépendante
de p. On montre pour cela qu’il ne peut pas y avoir trop de redondances dans la description de S. Plus
précisément, si c P S, le nombre de solutions de l’équation xn “ c dans pZ{pZq˚ est majoré par n.

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‚ Pour cela, on montre le lemme suivant. Si P est un polynôme de degré n, à coefficients dans pZ{pZq˚ ,
et si r en est une racine, on peut factoriser P sous la forme P “ pX ´ rqQ, où Q est de degré n ´ 1. On
peut le faire par division euclidienne polynomiale (mais on n’a pas encore cet outil), ou par factorisation
n
de Bernoulli, en écrivant P pXq “ ak X k . Comme P prq “ 0, il vient :
ř
k“0
n
ÿ
P pXq “ P pXq ´ P prq “ ak pX k ´ rk q
k“0
n
ÿ k
ÿ
“ ak pX ´ rq X k´1´ℓ rℓ
k“1 ℓ“0
n ÿ
ÿ k
“ pX ´ rq ak X k´1´ℓ rℓ ,
k“1 ℓ“0

ce qui fournit le résultat souhaité.


‚ Remarquons ensuite que si r et s sont deux racines distinctes de P , si Q est tel que P pXq “ pX ´rqQpXq,
on obtient, en évaluant en s :
0 “ P psq “ pr ´ sqQpsq.
Puisque r´s ‰ 0, il est inversible, donc Qpsq “ 0, et on peut donc factoriser Q sous la forme Q “ pX´sqR,
où degpRq “ n ´ 2.
‚ Supposons alors qu’on dispose d’au moins n racines distinctes, qu’on numérote r1 , . . . , rn . En itérant
l’argument précédent, on peut facoriser P en

P “ pX ´ r1 qpX ´ r2 q . . . pX ´ rn qQ,

avec degpQq “ 0, donc Q est le polynôme constant. Il ne peut pas être nul, sinon on aurait P “ 0. Ainsi,
pour tout r distinct des ri , r ´ ri ‰ 0, et Qprq ‰ 0. Comme les éléments de pZ{pZq˚ sont inversibles,
un produit d’éléments non nuls ne peut pas être nul. Ainsi, P prq ‰ 0. On en déduit qu’il ne peut pas y
avoir plus de n racines.
‚ En particulier, pour tout c P S, l’équation xn “ c admet au plus n solutions. En considérant la partition
associés à la surjection π : x ÞÑ xn de pZ{pZq˚ sur S, on en déduit que
ÿ ÿ
p´1“ π ´1 ptcuq ď n “ n|S|.
cPS cPS

Ainsi, |S| ě p´1


n .
‚ Par ailleurs, pour tout a P pZ{pZq˚ , l’application ϕa de pZ{pZq˚ dans lui-même définie par x ÞÑ ax est
injective. En effet, si ϕa pxq “ ϕa pyq, alors ax “ ay, d’où x “ y, en multipliant par a´1 .
|aS
Or, aS “ ϕa pSq, et donc pϕa q|S est une bijection. On en déduit que |aS| “ |S|, donc que pour tout
a P pZ{pZq˚ , |aS| ě p´1
n .
L’entier k étant le nombre de parts de la partition taS, a P pZ{pZq˚ u, on a donc
p´1
k|S| “ p ´ 1 donc: k¨ ď p ´ 1, donc: k ď n.
n
‚ Soit alors N 1 tel que dans la question 1, pour un coloriage en n couleurs, et N “ N 1 ` 1. Soit p ě N , et
On note A1 , . . . , Ak les k parts de la partition de la question 2(b). On colorie les éléments de v1, p ´ 1w
de sorte que δpaq soit de la couleur i si et seulement si la classe a de a est dans la part Ai . Il s’agit donc
d’un coloriage en k couleurs, donc aussi en n couleurs (on n’impose pas que toutes les couleurs soient
effectivement utilisées). Puisque p ´ 1 ě N 1 , il existe d’après la question 1 trois entiers x1 , y 1 et z 1 de
v1, p ´ 1w coloriés par la même couleur et vérifiant x1 ` y 1 “ z 1 . Par définition de notre coloriage, x1 , y 1
et z 1 sont dans une même part de la partition, donc on dispose de a P pZ{pZq˚ tel que x1 , y 1 et z 1 soient
dans aS.
Il existe donc x, y et z des éléments de pZ{pZq˚ tels que

axn ` ay n “ az n .

En simplifiant par a (i.e. en multipliant par son inverse), on obtient :

xn ` y n “ z n .

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