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Le n°1 en Sup-Spé
Irrationalité de ⇣p2q
— Pour toute fonction f et pour tout entier naturel n, f pnq désignera, lorsqu’elle existe, la dérivée n-ème de f .
Par convention, f p0q “ f .
p
— On rappelle que l’ensemble des nombres rationnels est noté Q et que les rationnels sont de la forme avec
q
p
p P Z, q P N˚ et où la fraction est irréductible (ce qui s’écrit aussi pgcd pp, qq “ 1). R r Q est l’ensemble des
q
nombres irrationnels.
— Le but du problème est d’établir une formule permettant de calculer les nombres ⇣p2pq, définis pour tout entier
naturel p supérieur ou égal à 2 par :
ÿn
1
⇣ppq “ lim p
.
nÑ`8
k“1
k
— La partie I prouve l’existence de la limite définissant ⇣ppq pour tout entier naturel p supérieur ou égal à 2. La
partie II propose l’étude de la suite des polynômes de Bernoulli, intervenant dans l’expression des nombres
⇣p2pq (p P N˚ ). Au cours de la partie III, on détermine une expression de ⇣p2pq pour tout p P N˚ . Enfin, en
partie IV, on prouve l’irrationalité de ⇣p2q.
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- Concours Scientifiques 2
˜ ¸
ÿn
1
I. Étude de la convergence de la suite
kp
k“1 nPN˚
Dans cette partie, on considère un entier naturel p supérieur ou égal à 2 et on définit la suite pSn ppqqnPN par :
ÿn
1
@n P N˚ , Sn ppq “ p
¨
k“1
k
(c) Conclure que la suite pSn ppqqnPN˚ converge. On notera ⇣ppq sa limite.
Dans cette partie, on note pRrXs, `, ¨q l’espace vectoriel des polynômes à coefficients réels. On identifie un polynôme
de RrXs à sa fonction polynomiale associée définie sur R.
1) Soit f une fonction définie et continue sur r0, 1s, à valeurs réelles. Montrer qu’il existe une unique fonction
F : r0, 1s Ñ R de classe C 1 sur r0, 1s telle que :
ª1
F1 “ f et : F ptq dt “ 0.
0
On appelle suite de polynômes de Bernoulli une suite pBn qnPN de polynômes de RrXs définie par :
i) B0 “ 1,
2) Montrer que les conditions i), ii) et iii) définissent une unique suite pBn qnPN de polynômes de RrXs. On l’appel-
lera alors la suite des polynômes de Bernoulli.
Pour tout n P N, on note : bn “ Bn p0q. On dit que bn est le n-ème nombre de Bernoulli.
3) Calculer B1 et B2 . En déduire b1 et b2 .
4) (a) Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2, calculer Bn p1q ´ Bn p0q.
n ˆ ˙
ÿ n
5) (a) Montrer que pour tout n P N, Bn pXq “ b Xk.
k n´k
k“0
p ˆ ˙
ÿ p
(b) En déduire que la suite des nombres de Bernoulli vérifie : @p P N, p • 2, b “ 0.
k p´k
k“1
2p
ÿ ˆ ˙
2p
(c) Montrer que pour tout p P N, b2p “ bk .
k
k“0
1 ÿ ˆ2p ` 2˙
2p´2
b2p “ ´ bk .
p2p ` 2qp2p ` 1q k“0 k
Ces dernières relations permettent de calculer les nombres de Bernoulli par récurrence. Elles permettent égale-
ment de prouver que les nombres de Bernoulli sont rationnels.
ÿ
n
1) Pour tout t Ps0, ⇡s, calculer cosp2ktq, puis déterminer une constante réelle telle que :
k“1
sinpp2n ` 1qtq ÿn
@t Ps0, ⇡s, “ cosp2ktq ` .
2 sinptq k“1
3) (a) A l’aide de deux intégrations par parties, calculer J1,k pour tout k P N.
Dans la suite, on considère un entier p P N˚ fixé et on définit la fonction 'p : r0, ⇡s Ñ R par :
B2p p ⇡t q ´ b2p
'p p0q “ 0, 'p p⇡q “ 0 et : @t Ps0, ⇡r, 'p ptq “ ¨
sinptq
Il est admis dans la suite du problème que la fonction 'p est de classe C 1 sur r0, ⇡s.
ª⇡
4) (a) Donner une expression de 'p ptq sinpp2n ` 1qtq dt en fonction de n, p et de b2p .
0
En 1882, Lindemann démontra que ⇡ est transcendant. C’est-à-dire que ⇡ n’est racine d’aucun polynôme (non
nul) à coefficients rationnels. Ce résultat a permis de prouver que tous les nombres ⇣p2nq sont irrationnels. Le premier
résultat concernant les ⇣p2n ` 1q n’est arrivé qu’en 1978, lorsque Apéry démontra que ⇣p3q est irrationnel. Il aura
fallu plus d’un siècle pour obtenir un résultat concernant l’irrationalité des ⇣p2n ` 1q. Ces nombres restent encore très
mystérieux à l’heure actuelle. En 2001, Zuidilin a montré qu’au moins un nombre parmi ⇣p5q, ⇣p7q, ⇣p9q et ⇣p11q est
irrationnel.
xn p1 ´ xqn
Dans cette partie, n désigne un entier naturel non nul et pour tout x réel, on pose fn pxq “ .
n!
1) Soit n P N˚ .
1 ÿ
2n
(a) Montrer qu’il existe n ` 1 entiers en , en`1 , ¨ ¨ ¨ , e2n tels que, pour tout x P R, fn pxq “ ei xi .
n! i“n
pkq
(b) Montrer que pour tout k P N, fn p0q est entier.
pkq
(c) En remarquant que pour tout x P R, fn pxq “ fn p1 ´ xq, montrer que fn p1q est entier.
On veut prouver que ⇡ 2 est irrationnel. On va raisonner par l’absurde : supposons qu’il existe deux entiers u et
u u
v tels que la fraction soit irréductible (c’est-à-dire tels que pgcd pu, vq “ 1) tels que ⇡ 2 “ .
v v
2) Pour tout n P N˚ , on définit la fonction Fn sur R par :
´ ¯
@x P R, Fn pxq “ v n ⇡ 2n fn pxq ´ ⇡ 2n´2 fnp2q pxq ` ⇡ 2n´4 fnp4q pxq ` ¨ ¨ ¨ ` p´1qn fnp2nq pxq .
(a) Montrer que pour tout n P N˚ , Fn p0q et Fn p1q sont des entiers.
un
Dans la suite, on note pwn qnPN la suite définie par : @n P N, wn “ .
n!
1
3) (a) Montrer qu’il existe un entier naturel n0 tel que pour tout n P N, n • n0 , wn † .
2
1
(b) Montrer que pour tout x P r0, 1s, 0 § fn pxq § .
n!
(c) En déduire que pour tout n P N, n • n0 , An Ps0, 1r, puis que ⇡ 2 est irrationnel. Conclure quant à l’irratio-
nalité de ⇣p2q.