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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 05/06/2023

MP2I – Mathématiques
A. Troesch

DM no 23 : Séries

Suggestion de travail supplémentaire (à ne pas me rendre) : Problème 10 de la sélection.

Problème 1 – Convergence au sens d’Abel et Cesàro, et O-théorème de Hardy et Littlewood

Le but de ce problème est d’étudier des propriétés de convergence des séries de type an xn (séries entières) au bord
ř

du domaine de convergence. On se place dans le cas d’une étude au point 1, ce à quoi on peut toujours se ramener
(sauf si le domaine de convergence est R entier, ou réduit à t0u), par changement de variable linéaire.
an xn convergeant pour toute valeur de x dans r0, 1r, on note, pour tout x P r0, 1r,
ř
Pour une série entière
nPN

`8
ÿ
f pxq “ an xn ,
n“0

et pour tout N P N, on désigne par AN la somme partielle


N
ÿ N
ÿ
AN “ an , et pour x P r0, 1r, SN pxq “ an xn .
n“0 n“0

On note également, en cas de convergence :


`8
ÿ `8
ÿ
RN “ an , et pour x P r0, 1r, RN pxq “ an xn .
k“N `1 n“N `1

Enfin, on notera :
N
ÿ
A1N “ An ,
n“0

la somme partielle de la série des sommes partielles. Ces notations seront conservées pendant tout le problème.

On distingue alors trois types de convergence de la série entière an xn en 1 :


ř
ř
‚ la convergence au sens usuel vers S en 1, si la série an est convergente, de somme S ;
‚ la convergence au sens d’Abel vers S en 1, si f pxq admet une limite lorsque x Ñ 1´ , égale à S ;
N
1 ÿ
‚ la convergence au sens de Cesàro vers S en 1, si la moyenne An des sommes partielles tend vers S,
N ` 1 n“0
1
donc si A1 Ñ S.
N `1 N
Le réel S sera appelé somme de la série en 1 (au sens usuel, au sens d’Abel ou au sens de Cesàro) dans chacun de ces
cas.

Le but du problème est de comparer ces trois types de convergence, sous des hypothèses qu’on précisera en cours de
problème. Nous montrerons notamment le O-théorème de Hardy et Littlewood affirmant que si an “ Op n1 q, alors la
convergence au sens d’Abel vers ℓ implique la convergence au sens usuel vers ℓ.

On pourra admettre dans tout le problème, les résultats suivants, qu’on a déjà rencontrés, ou qui seront vus en Spéciale :
‚ Théorème de la moyenne de Cesàro : si pun q est une suite convergeant vers ℓ P R, alors
N
1 ÿ
un ÝÑ ℓ.
N ` 1 n“0 N Ñ`8

‚ Approximation continue des fonctions intégrables : Soit f une fonction Riemann-intégrable sur un segment
ra, bs. Alors pour tout ε ą 0, il existe une fonction continue g telle que
żb
|gptq ´ f ptq| dt ă ε.
a

1
‚ Théorème de Weierstrass (approximation polynomiale uniforme d’une fonction continue) : soit f une fonction
continue sur un segment ra, bs. Pour tout ε ą 0, il existe un polynôme P tel que

@x P ra, bs, |f pxq ´ P pxq| ă ε.

an xn une série entière à coefficients réels.


ř
Dans tout le problème, on se donne

Partie I – Rayon de convergence d’une série entière

Soit R “ suptx P R` | pan xn qnPN bornéeu


1. Justifier l’existence de R dans R` Y 8.
2. Justifier que si |x| ą R, alors an xn diverge.
ř
ˆ ˙n
|x|
3. Soit x tel que |x| ă R. Montrer qu’il r Ps|x|, Rs et M tels que pour tout n P N, |an xn | ď M . En déduire
r
la convergence absolue de an xn .
ř

Ainsi, le domaine de convergence de la série entière est un intervalle de bornes ´R et R, pouvant contenir zéro, une
ou ses deux bornes. Le réel (éventuellement infini) R est appelé rayon de convergence de la série entière an xn .
ř

4. Donner un exemple de série entière de rayon de convergence `8


5. Donner trois exemple de série entière de rayon de convergence 1, l’un avec convergence en 1 et ´1, un deuxième
avec convergence uniquement en une borne, le troisième avec divergence en 1 et ´1.
6. Donner un exemple de série entière de rayon de convergence nul.

Partie II – Convergence uniforme et continuité des sommes des séries entières

Soit pgn q une suite de fonctions d’un intervalle I de R dans R, et g une fonction définie sur I. On dit que pgn q converge
uniformément vers g si pour tout ε ą 0, il existe n0 P N (indépendant de x) tel que :

@n ě n0 , @x P I, |gn pxq ´ gpxq| ă ε.

1. Montrer que si pgn q converge uniformément vers g sur I, et si les fonctions gn sont continues sur I, alors g est
continue sur I.
2. Soit an xn une série entière de rayon de convergence 1 (mais tout autre rayon conviendrait aussi). Les notations
ř

utilisées sont celles introduites dans le préambule.


(a) Soit r P r0, 1r. Montrer que pRN pxqqN PN converge uniformément vers la fonction nulle sur r´r, rs. Que dire
de la convergence de Sn pxq vers f ?
(b) En déduire que f est continue sur s ´ 1, 1r.

Partie III – La convergence usuelle est la plus forte, la convergence d’Abel est la moins forte
On suppose désormais que R “ 1, et on s’intéresse aux propriétés de convergence au point 1.
1. Justifier que si an xn est convergente au sens usuel en 1, elle est convergente au sens de Cesàro, de même
ř

somme.
ř
2. On suppose dans cette question que an est convergente, de somme S.
(a) Quelle est la limite de pRn q ?
Rn xn converge.
ř
(b) Justifier que pour tout x Ps ´ 1, 1r,
(c) Montrer que pour tout x P r0, 1s,
`8
ÿ
Rn pxq “ Rk ¨ pxk`1 ´ xk q ` Rn xn`1
k“n`1

(on pourra étudier séparément les cas x ă 1 et x “ 1)


(d) En déduire que pRn pxqqnPN converge uniformément vers 0 sur r0, 1s.

2
(e) En déduire que la convergence au sens usuel en 1 implique la convergence au sens d’Abel, vers la même
somme.
3. Un lemme.
Soit un xn et vn xn deux séries entières, de rayon de convergence 1, et de sommes respectives upxq et vpxq.
ř ř

On suppose que vn ě 0 pour tout n P N, et un „ vn . On suppose de plus que vpxq Ñ `8 lorsque x Ñ 1´ .


`8
(a) Justifier que pour tout ε ą 0, il existe n0 tel que pour tout x P r0, 1r,
n0
ÿ ε
|upxq ´ vpxq| ď |un ´ vn | ` vpxq.
n“0
2

(b) En déduire que upxq „ vpxq.


xÑ1´
ř
4. On suppose dans cette question que an est convergente au sens de Cesàro en 1, de somme S.
(a) Montrer que pour tout N ě 2,
Nÿ
´1 Nÿ
´2
SN pxq “ A1n p1 ´ xqxn ´ A1n p1 ´ xqxn`1 ` AN xN .
n“0 n“0

On pourra commencer par écrire an en fonction de An et An´1 , et recommencer.


(b) Montrer que pour tout x Ps ´ 1, 1r, A1n xn converge.
ř

(c) Déduire des deux questions précédentes que la suite pAn xn q converge. Montrer que sa limite est nulle.
(d) En déduire que :
`8
ÿ
f pxq “ p1 ´ xq2 A1n xn ,
n“0

puis que lim´ f pxq “ S.


xÑ1
(On pourra étudier séparément les cas S “ 0 et S ‰ 0. Dans le second cas, remarquez qu’on connaît un
équivalent simple de A1N .)

Partie IV – Théorème de Tauber et O-théorème de Hardy-Littlewood


On étudie ici la réciproque d’une des implications montrées dans la partie précédente. Plus précisément, on montre que
sous certaines hypothèses, la convergence au sens d’Abel entraîne la convergence au sens usuel. On se donne toujours
an xn de rayon de convergence 1, de somme f pxq, et on suppose, dans toute cette partie, que
ř
une série entière
ř
f pxq Ñ S, lorsque x Ñ 1 . On montre que dans ce cas, an converge, de somme S, dans les 3 cas suivants : an ě 0,
`1˘ `1˘
ou an “ o n (théorème de Tauber), ou an “ O n (O-théorème de Hardy-Littlewood).
`8
ř
1. Dans cette question, on suppose que pour tout n P N, an ě 0. Montrer que an “ S.
n“0
2. Dans cette question, on suppose que an “ o n1 . On définit mn “ suptk|ak |; k ą nu.
` ˘

(a) Justifier que pour tout n P N, mn P R.


(b) Montrer que pour tout x P r0, 1s,
ˇ ˇ
n
ˇ ÿ ˇ mn 1
ˇf pxq ´ ak ˇ ď p1 ´ xqnm0 ` ¨ .
ˇ ˇ
ˇ
k“0
ˇ n ` 1 1 ´ x
ř
(c) En appliquant l’inégalité ci-dessus à une suite pxn q bien choisie de valeurs de x, en déduire que an converge,
de somme S (théorème de Tauber)
3. Dans cette question, on suppose que an “ O n1 , et on pose a la fonction de R` dans R définie par apxq “ an
` ˘

si x P rn, n ` 1r.
(a) Déterminer une fonction g : R` Ñ R telle que pour tout n P N,
ż `8
An “ n apntqgpe´t q dt.
0

(b) Soit δ ą 0. Justifier l’existence d’un polynôme Q vérifiant Qp0q “ 0, et tel que
ż `8 ˇ ´t ˇ
ˇ gpe q ´ Qpe´t q ˇ
ˇ ˇ dt ď δ.
0
ˇ 1 ´ e´t ˇ

3
(c) En déduire que pour tout ε ą 0, il existe des constantes c1 , . . . , cd telles que
ˇ ˇ
ˇ d
ÿ ż `8 ˇ
˚ ´kt
@n P N , ˇAn´1 ´ ck n apntqe dtˇ ď ε.
ˇ ˇ
ˇ k“1 0 ˇ

(d) En déduire que An Ñ S (O-théorème de Hardy-Littlewood)

Partie V – Convergence au sens d’Abel implique convergence au sens de Cesàro


On suppose dans cette dernière partie que an xn , de rayon de convergence 1, converge au sens d’Abel vers S en 1.
ř

On suppose de plus que f p0q “ 0, (ce à quoi on peut toujours se ramener en remplaçant a0 par 0). On suppose de plus
n
ÿ wn
que pAn q est bornée. On pose wn “ kak et vn “ .
k“1
npn ` 1q
N
ÿ A1N
1. Montrer que pour N ą 0, vn “ .
n“1
N `1
` ˘
2. Exprimer wn en fonction de A0 , . . . , An , et en déduire que vn “ O n1 .
`8
ÿ
En déduire que la fonction g : x ÞÑ vn xn`1 est bien définie sur r0, 1r.
n“1
3. En admettant qu’on peut dériver une série entière terme à terme, justifier que gpxq ` p1 ´ xqg 1 pxq “ f pxq.
4. En déduire que an xn est convergente (en 1) au sens de Cesàro, de somme S.
ř

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