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DIAGRAMME D'ELLINGHAM
(STABILITÉ DES OXYDES)
La première étape de l'extraction s'avère assez facile dans le cas des carbonates et des sulfures qu'il suffit de chauffer à une température peu
élevée pour les transformer en oxydes :
M 2 (CO3 ) x ( s ) M 2Ox ( s ) + xCO2 ( g )
M 2 S y ( s ) + 3 y / 2O2 ( g ) M 2O y ( s ) + ySO2 ( g )
La deuxième étape interviendra ensuite par réduction de l'oxyde pour obtenir le métal.
D'ou l'intérêt de bien connaître les équilibres de formation des différentes oxydes et des divers agents réducteurs.
Les réducteurs industriels les plus courants étant le carbone C, le monoxydes de carbone CO et le dihydrogène H2
La connaissance des divers équilibres possibles entre les métaux et leurs oxydes sert de base à l'élaboration des diagrammes d'ellingham :
construction fondamentale pour l'étude :
•de la réduction industrielle des oxydes métalliques,
•de la corrosion des métaux par voie sèche, en présence de dioxygène.
I. PRINCIPE DE CONSTRUCTION DU DIAGRAMME D'ELLINGHAM
Convention
On considère l'oxydation d'un corps simple M par le dioxygène O2, suivant la réaction de référence :
𝑥 2
2 𝑀 + 𝑂2 (𝑔) ⇌ 𝑀𝑥 𝑂𝑦
𝑦 𝑦
Pour pouvoir comparer directement les conditions de formation de divers oxydes à partir des métaux correspondants, il est impératif de se fixer
un point commun. Par convention, l’équation bilan de la réaction d’obtention de l’oxyde à partir d’un corps simple ne mettra en jeu qu’une seule
mole de dioxygène,
Si l’on écrit la variation d’enthalpie et d’entropie d’une réaction en fonction de la température, on aura
𝑇 𝑇
° ° ° ° 𝑑(𝑇)
∆𝑅 𝐻 𝑇 = ∆𝑅 𝐻 𝑇° + න ∆𝑅 𝐶𝑝 𝑇 𝑑(𝑇) 𝑒𝑡 ∆𝑅 𝑆 𝑇 ≈ ∆𝑅 𝑆 𝑇° + න ∆𝑅 𝐶𝑝 𝑇
𝑇° 𝑇° 𝑇
L’approximation d’Ellingham tient dans le fait de dire que tant qu’il n’y a pas de changement de phase, on a :
∆𝑅 𝐻° 𝑇 ≈ ∆𝑅 𝐻° 𝑇° 𝑒𝑡 ∆𝑅 𝑆 ° 𝑇 ≈ ∆𝑅 𝑆 ° 𝑇°
Les pentes des différentes droites du diagramme étant mesurées par la grandeur algébrique(-S°T).
La totalité des droite ont des pentes positives(figure1). La réaction de référence associée à l'oxydation du corps M, s'accompagne donc d'une
diminution du nombre de moles gazeuses (σ 𝜗𝑔 < 0 ). Et, partant d'une diminution conjointe de l'entropie.
Au cours de la réaction de formation de l’oxyde, la variation de la quantité de matière gazeuse peut se présenter sous 3 cas :
∆𝜗 > 0 : cela signifie qu’il y a plus de formation que de disparition de matière gazeuse Exemple : 2 𝐶 𝑠 + 𝑂2 𝑔 ⇌ 2 𝐶𝑂(𝑔)
au sein du système, le désordre est donc plus important, la pente est négative ∆𝑅 𝑆 ° = 179.4 𝐽. 𝐾 −1 . 𝑚𝑜𝑙 −1
∆𝜗 = 0 : la quantité de matière gazeuse est quasiment constante au cours de la Exemple : 2 𝐶 𝑠 + 𝑂2 𝑔 ⇌ 𝐶𝑂2 (𝑔)
réaction, l’ordre reste ce qu’il est, la pente est quasi nulle ∆𝑅 𝑆 ° = 2.9 𝐽. 𝐾 −1 . 𝑚𝑜𝑙 −1 ≈ 0
Exemple : 2 𝑍𝑛 𝑠 + 𝑂2 𝑔 ⇌ 2 𝑍𝑛𝑂(𝑔)
∆𝜗 < 0 : Il y a plus de disparition que de formation de matière gazeuse, l’ordre au sein
du système augmente, la pente est positive. C’est le cas le plus courant ∆𝑅 𝑆 ° = −201 𝐽. 𝐾 −1 . 𝑚𝑜𝑙 −1
Changements d’états
les discontinuités de pentes, pour un couple donné, correspondent à des transformations physiques, le plus souvent des
changement d'états(fusion , ébullition), soit du corps M, soit de l'oxyde MO. L'élément M est en générale affecté le premier par
transition.
Le changement d’état du métal ou de l’oxyde va entrainer une variation relative de la pente de la droite
Dans le cas du métal, lors d’un changement d’état, d’un état condensé moins condensé. 𝑆𝑖° du réactif augmente car le désordre augmente ∆𝑅 𝑆 °
diminue donc la pente augmente. Le changement est beaucoup plus important pour la variation
𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑠 𝑅é𝑎𝑐𝑡𝑖𝑓𝑠
∆𝑅 𝑆 ° = 𝑆𝑗° − 𝑆𝑖°
𝑗 𝑖
la pente de la courbe présente donc une discontinuité positive, et augmente brusquement dès la température TF, d'où les cassures pouvant être
observées sur le diagramme
il en est de même pour une ébullition; dans ce cas, les enthalpies molaires étant généralement plus élevés que pour la fusion, les ruptures de
pentes sont souvent plus accentuées (figure 1).
Exemple : le couple ZnO/Zn - Etablir le diagramme d’Ellingham du couple ZnO/Zn entre 300K et 2200K
Données :
Enthalpies standard de formation (en kJ mol-1) : ∆𝑓 𝐻 ° 𝑂2 , 𝑔 = 0 ∆𝑓 𝐻 ° 𝑍𝑛, 𝑠 = 0 ∆𝑓 𝐻 ° 𝑍𝑛𝑂, 𝑠 = 0
Entropies standard absolue (en J K-1 mol-1) : 𝑆 ° 𝑂2 , 𝑔 = 205,0 𝑆 ° 𝑍𝑛, 𝑠 = 41,6 𝑆 ° 𝑍𝑛𝑂, 𝑠 = 43,6
Température de changement d’état (en K) : 𝑇𝑓𝑢𝑠 𝑍𝑛 = 693 𝑇𝑣𝑎𝑝 𝑍𝑛 = 1180
2 𝑍𝑛 + 𝑂2 ⇌ 2 𝑍𝑛𝑂
∆𝑅 𝐻1° = 2 𝐻𝑅 𝐻 ° 𝑍𝑛𝑂, 𝑠 − ∆𝑅 𝐻 ° 𝑂2 , 𝑔 − 2∆𝑅 𝐻 ° 𝑍𝑛, 𝑠 = 2 ∗ 350,5 − 0 − 0
= −701,0 𝑘𝐽. 𝑚𝑜𝑙 −1
∆𝑅 𝑆1° = 2𝑆 ° 𝑍𝑛𝑂, 𝑠 − 𝑆 ° 𝑂2 , 𝑔 − 2 𝑆 ° 𝑍𝑛, 𝑠 = 2 ∗ 43,6 − 205,0 − 2 ∗ 41,6
= −201,0𝐽 𝐾 −1 𝑚𝑜𝑙 −1
2 𝑀 𝑠 + 𝑂2 𝑔 ⇌ 2 𝑀𝑂 (𝑠) ∆𝑅 𝑆1°
𝑀 𝑙 ⇌ 𝑀 (𝑠) ∆𝑅 𝑆2°
°
∆𝑅 𝐻𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 (𝑀)
2 𝑀 𝑙 + 𝑂2 𝑔 ⇌ 2 𝑀𝑂 (𝑠) ∆𝑅 𝑆3° = ∆𝑅 𝑆1° +2
𝑇𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 (𝑀)
°
∆𝑅 𝐻𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 (𝑀)
Pente (T>TF) = ∆𝑅 𝑆3° = 𝑝𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑇 < 𝑇𝐹 + 2
𝑇𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 (𝑀)
Pente (T>TF) > Pente (T<TF)
La donnée de la température régnant dans l'enceinte, fixe donc les autres paramètres intensifs, en particulier la pression (𝑃𝑂2 )𝑒 du dioxygène en
équilibre avec les deux phases M et MO.
Il y' a donc une relation univoque P = f(T) qui décrit l'équilibre qui les régit.
En outre si à la température T, des conditions externes au système imposent la pression , cela conduit à la rupture de
l'équilibre(sauf si (𝑃𝑂2 ) = (𝑃𝑂2 )𝑒
* Si on fixe T, alors 𝑃𝑂2 (é𝑞) est fixée :
𝑃°
∆𝑅 𝐺 ° 𝑇 = −RT Ln𝐾 ° 𝑇 = −𝑅𝑇 𝐿𝑛
𝑃𝑂2 (é𝑞)
* Si on fixe T et 𝑃𝑂2 ≠ 𝑃𝑂2 (é𝑞) , évolution du système jusqu’à disparition de l’une des
𝐾° 𝑇 𝑃𝑂2
phases (M ou MO) : 𝐴 = RT Ln = 𝑅𝑇 𝐿𝑛
𝑄 𝑃𝑂2 (é𝑞)
Si (𝑷𝑶𝟐 ) > (𝑷𝑶𝟐 )𝒆 A est une constante positive : l'équilibre se déplace dans le sens 1jusqu'à épuisement de M. l'état
final est donc un état de coexistence stable MO et O2 : Domaine de stabilité de MO
Si (𝑷𝑶𝟐 ) < (𝑷𝑶𝟐 )𝒆 A est une constante négative : l'équilibre se déplace dans le sens 2, l'état final est donc un état
de coexistence stable M et O2 ; Domaine de stabilité de M
Si (𝑷𝑶𝟐 ) = (𝑷𝑶𝟐 )𝒆 A est nulle : le système est en équilibre, les trois phases sont en présence ( M, MO et O2)
(Cas où 𝒂𝑴 = 𝟏 et 𝒂𝑴𝑶 = 𝟏)
(Cas où 𝒂𝑴 ou 𝒂𝑴𝑶 ≠ 𝟏)
III. EXPLOITATION DU DIAGRAMME
L'enceinte , maintenue à la température T, est supposée contenir initialement quatre corps purs M1,
M1O, M2 et M2O, solides ou liquides, naturellement non miscibles, qui définissent respectivement les
couples M1O/M1 et M2O/M2.
L'enthalpie libre de cette réaction se déduit de celles des deux réaction de formations des oxydes
1
𝐷𝑜𝑛𝑐 ∆𝑅 𝐺𝑇° = (∆2 𝐺𝑇° − ∆1 𝐺𝑇° )
2
1
Donc l’affinité A s’écrit alors 𝐴 = (∆1 𝐺𝑇° − ∆2 𝐺𝑇° )
2
∆1 𝐺𝑇° et ∆2 𝐺𝑇° sont telles que ∆𝟏 𝑮°𝑻 > ∆𝟐 𝑮°𝑻 soit 𝐴1 > 0; M2 réduit alors l’oxyde M1O jusqu’à disparition de celui-ci
Inversement à la température 𝑇2 , ∆𝟏 𝑮°𝑻 < ∆𝟐 𝑮°𝑻 soit 𝐴1 < 0; M1 réduit alors l’oxyde M2O jusqu’à disparition de celui-ci
Dans le particulier où 𝑻 = 𝑻𝟏 , l’affinité A est nulle : le système est alors à l’équilibre la température 𝑇1 est appelée la
température d’inversion