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LES PROPRIETES THERMIQUES DE LA MATIERE

On va maintenant aborder un nouveau sujet, la thermodynamique, qui traite de


l’énergie interne emmagasinée par le mouvement et l’interaction des atomes
d’un système. Cette discipline est aussi appelée, physique thermique, et traite
en gros la température, le transfert d’énergie et la transformation d’énergie.

L’énergie thermique est une forme d’énergie interne d’un système ca-
ractérisé par les 3 variables : Pression, Volume, Température (P, V, T ). Ses
variations sous forme de chaleur sont étudiées macroscopiquement au moyen
des lois de la Thermodynamique et microscopiquement elles sont associées
à l’énergie cinétique des molécules du système.

On commencera par l’introduction de la notion de température, liée à la sen-


sation du chaud et du froid. Bien que la température soit une grandeur fonda-
mentale comme la masse et le temps, elle est habituellement associée à la
concentration d’énergie thermique dans un système matériel.

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La température
Tous les thermomètres sont basés sur la mesure d’une propriété de la matière
qui varie avec la température.
– l’échelle Celsius ou centigrade
TC = 0◦C au point de congélation de l’eau
TC = 100◦C à la température d’ébullition de
l’eau (à pression atmosphérique normale).
– l’échelle Fahrenheit
TF = 0◦F au point le plus froid en 1717
TF = 96◦F à la température du corps humain :
Ce qui donne,
TF = 32◦F au point de congélation de l’eau
TF = 212◦F à la température d’ébullition de
l’eau (à pression atmosphérique normale).
On a donc 180 degrés Farenheit pour 100 degrés Celsius et
1◦C =(180/100)◦F=(9/5)◦F. Un degré Fahrenheit est plus petit qu’un degré Cel-
sius : 5◦C = 9◦F, soit
TF = 32◦ + (9/5)TC ou TC = (5/9)(TF − 32◦)

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La température absolue et zéro absolu

Les échelles Celsius et Farenheit n’ont que très peu de lien avec la nature
fondamentale du concept de la température. Y-a-t’il un zéro universel de
température relié à l’essence même de la matière et de l’énergie ? Oui, c’est
le zéro absolu de température. Etudions le comportement d’un gaz lorsqu’on
diminue sa température à volume constant.

La pression varie linéairement jusqu’à la


liquéfaction du gaz, où le processus s’arrête
brusquement. Presque tous les gaz ont le
même comportement. De plus, quelque soit
le gaz, si on prolonge cette droite vers les
basses températures, elle rencontre l’axe de
pression nulle à la même température,
-273,15◦C : c’est le zéro absolu.
On définit une température thermodynamique ou absolue en degrés Kel-
vin(K) :

T (K) → T (◦C) + 273, 15

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Exemple : La température

EXEMPLE 1 : Déterminez la température à laquelle les thermomètres Fahren-


heit et Celsius indiquent la même température ?
On utilise l’équation : TF = 32◦ + (9/5)TC dans laquelle on pose TC = TF ,
soit :
◦ 9
TF = 32 + ( )TF
5
Les 2 échelles coı̈ncident à -40◦.

EXEMPLE 2 : La température normale du corps humain est de 98,6◦F. A quoi


correspond-elle en degrés Celsius ?
On établit d’abord que 98,6◦F se trouve à 98,6-32,0=66,6◦F au-dessus du
point de congélation de l’eau. Comme chaque ◦F=( 59 )◦C, alors 66,6 ×( 59 ) =
37, 0◦C au-dessus du point de congélation. Comme ce point se situe à 0◦C, la
température normale du corps est de 37,0◦C.

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Etendue du domaine de variation de la température

◦ ◦
C Phénomènes K
-273,2 zéro absolu 0
-269 Ebullition de l’hélium 4,2
-196 Ebullition de l’azote 77,2
-183 Ebullition de l’oxygène 90,2
-79 Congélation de la neige carbonique 194,2
-39 Congélation du mercure 234,2
0 Congélation de l’eau 273,2
∼ 37 Température du corps humain ∼ 310
78 Ebullition de l’alcool 351
100 Ebullition de l’eau 373,2
327 Fusion du plomb 600
1063 Fusion de l’or 1336
1000-1400 Fusion du verre 1273-1673
1300-1400 Fusion de l’acier 1573-1673
6000 surface du soleil 6273
15×106 Intérieur du soleil 15×106

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Dilatation thermique des solides

En général les corps s’allongent ou augmentent de volume lorsque la


température s’accroı̂t.

Dilatation linéique
Pour des solides allongés, on
trouve :
∆L = Loα ∆T
∆L
= α ∆T
Lo
α : Coefficient de dilatation linéique
qui s’exprime en K−1. Plus le point de fusion d’un
En chauffant un corps, ses atomes matériau est élevé, plus la liaison
se mettent à vibrer avec une plus interatomique est forte et plus
grande amplitude et la distance faible est le coefficient de dilatation
entre eux devient plus grande. linéique.

Application : le bilame formé de 2 lames métalliques possédant des coeffi-


cients de dilatation différents.
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EXEMPLE : Dilatation linéique
Une poutre en acier soutient un tableau d’affichage dans un stade en plein air.
La poutre avait une longueur de 12m lorsqu’elle a été posée, un jour d’hiver
à 0◦C. (a) Quelle sera sa longueur un jour d’été où il fait 32◦C ? (b) Sachant
qu’elle a une section de 100 cm2, quelle force serait capable d’étirer la poutre
de la même quantité ?
SOLUTION : (a) Avec α= 12 ×10−6K−1,
∆L = αLo∆T
= (12 × 10−6K−1)(12m)(32K) = 4, 6 × 10−3m
(b) Pour trouver la force, on se sert du module de Young, qui relie la contrainte
à la déformation.
∆L
F = EA
Lo
= (200 × 109Pa)(100 × 10−4m2)(4, 6 × 10−3m)/12m = 77 × 104N
C’est aussi la force qu’exercerait la poutre sur tout ce qui s’opposerait à sa
dilatation dans la direction de sa longueur. Il est donc impératif de prévoir la
dilatation et la contraction thermiques lors de la conception de la construction.

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Dilatation thermique des solides (suite)
Dilatation volumique
∆V = Voβ ∆T
β : Coefficient de dilatation volumique qui s’exprime en K−1.
On trouve la relation suivante : β ∼ 3α ce qu’on démontre en négligeant les
termes en α2 et α3 dans le développement suivant : si les cotés varient de L
à (L + ∆L), la variation de volume s’écrit :
∆V = (Lo + ∆L)3 − L3o ∼ 3L2o ∆L = 3Vo ∆L/Lo
∆V = Vo 3α ∆T
matériau α (K −1) β (K −1) Temp.(◦C)
Aluminium 22, 1 × 10−6 −23
Aluminium 23, 0 × 10−6 72 × 10−6 20
Aluminium 33, 5 × 10−6 527
Ciment ∼ 12 × 10−6 ∼ 35 × 10−6 20
Acier 12 × 10−6 36 × 10−6 20
Verre(Pyrex) 3 × 10−6 9 × 10−6 20

Pour les solides, α est positif et est légèrement dépendant de la température.


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Dilatation thermique des liquides
Dilatation volumique
matériau β(K −1) Temp.(◦C)
Acétone 1487 × 10−6 20
Mercure 181 × 10−6 20
∆V = Voβ ∆T
Ether 1630 × 10−6 20
Eau 207 × 10−6 20
Exemple : Un automobiliste fait le plein avec 56 litres d’essence à 10◦C. Il
rentre chez lui, et enferme sa voiture dans un garage à 20◦C. Quelle quantité
d’essence risque de couler du réservoir ?
SOLUTION : Calculons d’abord la variation du volume d’essence de : 56
litres =56 ×103cm3 =0,056 m3.
∆Ve = βeVe∆T = (950 × 10−6K−1)(0, 056m3)(+10K) = 5, 32 × 10−4m3
Supposons le réservoir en acier. Son volume augmente de :
∆Vr = βr Vr ∆T = (36 × 10−6K−1)(0, 056m3)(+10K) = 0, 202 × 10−4m3
Ainsi le volume qui déborde est de 0,51×10−3m3 = 0, 51 litre.
Quand un objet se dilate ou se contracte, toutes les cavités ou déformations
de l’objet se dilatent ou se contractent proportionellement.
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Cas particulier de l’eau
Lorsque l’eau se trouve à 0◦C et qu’on la chauffe, son volume diminue jusqu’à
ce qu’elle atteigne 4◦C. Au-dessus de ce point, elle se comporte normalement
et se dilate à mesure que la température augmente.

Sa masse volumique passe donc par un


maximum à 277,13K (3,98◦C), endroit où le
coefficient de dilatation β change de signe.

L’eau se cristallise en une structure plus


ordonnée qui prend plus d’espace. En
conséquence le volume augmente brusque-
ment, à 273K(0◦C),la masse volumique de
l’eau est 999,8kg/m3, tandis que celle de la
glace est seulement 917kg/m3.

Conséquences pour la vie aquatique :


oxygénation des lacs en profondeur
le lac gèle de haut en bas → vie aquatique se
maintient en hiver.
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Dilatation thermique des gaz
Les 3 lois que nous allons voir sont des relations fondamentales qui ont été
établies expérimentalement. Elles décrivent le comportement des gaz sous
des conditions bien définies : il faut éviter les hautes densités, les hautes pres-
sions et les basses températures. Pour définir l’état d’un gaz contenu dans une
enceinte, il faut donner les valeurs de 3 variables P, V, T .
– Loi de Boyle-Mariotte : P V =Constante
[T constante]
Le dessin de P en fonction de V est une hyperbole.
– Loi de Gay-lussac : PT = Constante [V constant]
Quand le volume d’un gaz reste constant, la pres-
sion absolue d’une quantité de gaz, varie propor-
tionnellement à la température.
– loi de Charles : VT = Constante [P constante]
On retrouve la formule : ∆V = Vo β ∆T avec
β = 0, 003660 = 1/273, 15, ∼ même valeur
pour tous les gaz. La pente ∆V /∆T = βVo est
constante et le graphique est une droite. Si on
double la température à pression constante, le vo-
lume double aussi.
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Loi des gaz parfaits
Multiplions les 3 lois précédentes : on trouve pour une quantité donnée de gaz
P V
= Constante
T
Une autre quantité peut varier et nous devons en tenir compte, c’est la
masse, m, du gaz. Pour T et V fixes, si m double, P double. De même, pour
P et T fixes, si m double, V double. Donc P V α m ou encore
P V = Constante m T
L’expérience montre que cette constante prend une valeur différente selon les
gaz sauf si on utilise le nombre de moles,n, plutôt que la masse :
P V = nRT
R : constante des gaz parfaits qui conserve la même valeur pour tous les gaz.
R = (8, 314510 ± 0, 000070))J/(mol·K)
Comme on a la relation suivante entre le nombre total de molécules,N , le
nombre de moles,n, soit :N = nNA où NA est le nombre d’Avogadro :
N
P V = nRT = R T = N kB T
NA
la Constante de Boltzmann : kB = NR = (1, 380658 ± 0, 000012) × 10−23J/K
A

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Exemples : gaz parfaits
EXEMPLE 1 : Un réservoir de volume 1 m3 est rempli d’air à 0◦C et à 20 fois
la pression atmosphérique. Quel sera le volume occupé par ce gaz à 1 atm et
à 20◦C ?
Comme P V /T = Constante, on peut écrire :
PiVi Pf Vf
=
Ti Tf
PiViTf (20)(1, 00m3)(293, 15K)
Vf = = = 21, 5m3
Pf Ti (1)(273, 15K)
il faut utiliser les températures absolues. L’augmentation de volume pro-
vient surtout de la diminution de pression.

EXEMPLE 2 : Déterminer le volume d’une mole de n’importe quel gaz qui se


comporte comme un gaz parfait dans les conditions CNTP :
nRT (1mole)
V = = (8, 315J/mole · K)(273, 15 K) = 22, 4 × 10−3m3
P (1, 013 × 105Pa)
Une mole de n’importe quel gaz parfait occupe 22,4 litres dans CNTP.
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Les gaz réels : liquéfaction
La courbe A0 en pointillé représente le comportement d’un gaz qui obéit à
la loi des gaz parfaits, tandis que la courbe A indique celui d’un gaz réel à
même température. A pression élevée, le volume du gaz réel est inférieur
à celui que prévoit la loi des gaz parfaits. Plus la température s’abaisse
(courbes B et C) plus on s’éloigne du comportement des gaz parfaits. A pres-
sions élevées, les molécules sont plus rapprochées. A basses températures,
leur énergie potentielle liée aux forces d’attraction entre les molécules, cesse
d’être négligeable devant leur énergie cinétique considérablement réduite. A
pression donnée, le volume du gaz devient moindre et à basse température la
substance se liquéfie, ce qui rapproche les molécules.

La courbe D correspond à une situation où il y


a liquéfaction. A mesure que la pression aug-
mente, le volume diminue jusqu’au point b au-
delà duquel le volume continue à décroı̂tre
sans que la pression varie. La substance
passe de l’état gazeux à l’état liquide (point a).
Tout accroissement de pression réduit à peine
son volume et la courbe monte verticalement.

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Les gaz réels : liquéfaction
La courbe C illustre le comportement de la
substance à une température critique et le
point c porte le nom de point critique. On
peut définir la température critique en disant
que, sous ce point, un gaz devient liquide lors-
qu’on lui applique une pression suffisante tan-
dis qu’au-dessus de ce point, aucune pression
ne peut le faire changer d’état. Pour liquéfier
un gaz, il faut d’abord le refroidir sous sa
température critique.

Substance Temp. critique Pression critique



C K (atm)
Eau 374,9 647 218
Oxygène -118 155 50
CO2 31 304 72,8
Azote -147 1276 33,5
Hydrogène -267,9 5,3 2,3

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Diagrammes de phases
Il est possible de représenter le comportement d’une substance à l’aide d’un
graphique P versus T : c’est un diagramme de phases(échelle non linéaire).
– Courbe de vaporisation (courbe l − v)
– Courbe de fusion (courbe s − l)
– Courbe de sublimation (courbe s − v)
– Point triple à l’intersection des 3 courbes :
les 3 phases coexistent en équilibre.
Substance Temp.(K) Pression (atm)
Eau 273,16 (0,01◦C) 6,03 ×10−3
Dioxyde de carbone
CO2 216,6 5,10
Amoniac 195,4 6,00 ×10−2
Azote 63,2 1,24 ×10−1
Hydrogène 13,8 6,95 ×10−2
– La courbe v − l de l’eau s’élève vers la
gauche, celle du CO2 vers la droite. Seules
les substances qui se dilatent en attei-
gnant le point de congélation, comme l’eau,
Eau présentent un tel comportement.

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Equation d’état de van der Waals
Etudions le comportement des gaz réels du point de vue microscopique (ou
moléculaire).
– Equation d’état de Clausius
si l’on tient compte de la taille réelle des molécules
P (V − nb) = n R T ou P (v − b) = R T
v = V /n volume occupé par une mole, b volume non disponible par mole.
b tient compte du volume occupé par les molécules dans chaque mole.
– Equation d’état de van der Waals
On tient en plus compte de la portée des
différentes forces entre les molécules qui peut
être supérieure à la taille de celles-ci
a
(P + 2 )(v − b) = R T
v
a tient compte des forces intermoléculaires
dans le gaz. Les constantes a et b diffèrent
pour chaque gaz. Aucune des nombreuses
équations d’état proposées à ce jour ne décrit
exactement le comportement de tous les gaz.
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Théorie cinétique

Le fait que la matière est constituée d’atomes se déplacant constamment dans


toutes les directions a été établi à partir des lois de la mécanique classique
et porte le nom de théorie cinétique. Cette théorie permet de relier l’énergie
cinétique moyenne des molécules du gaz à la température en Kelvin.

Un gaz réel à faible pression et loin du point de liquéfaction se comporte prati-


quement comme un gaz parfait et peut être étudié en utilisant cette théorie qui
repose sur les hypothèses suivantes :
– Volume du récipient contient un très grand nombre de molécules, N , de
masse m qui se déplacent sans direction précise à différentes vitesses.
– Distance moyenne entre chacune des molécules est très supérieure à leur
diamètre
– Elles obéissent aux lois de la mécanique classique et n’interagissent que
lorsqu’elles entrent en collision (on néglige les forces d’attraction entre elles
entre les collisions)
– les chocs entre elles ou avec les parois rigides du récipient sont parfaitement
élastiques.

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Théorie cinétique (suite)
La pression exercée par le gaz sur les parois est attribuable aux collisions
des molécules contre ces parois. Lors d’une collision, la grandeur de la force
exercée équivaut au taux de variation de la quantité de mouvement, soit
F = ∆p/∆t. Le mouvement d’une molécule peut être décomposé en ses
composantes dans les directions x, y et z. Lors d’une collision élastique d’une
molécule sur la paroi normale à x, les composantes de sa vitesse dans les
directions y et z restent inchangées ; seule la composante x est renversée de
+vx en −vx. Ainsi pour une molécule de masse m

∆px = m vx − (−m vx) = 2 m vx


2L
∆t =
vx
∆px 2 m vx mvx2
F = = =
∆t 2L/vx L
Pour N molécules ayant des vitesses différentes :
m 2 2 2 m
F = (vx1 + vx2 + .... + vxN ) = N (vx2 )
L L
2 2 2 2
avec vx = (vx1 + vx2 + .... + vxN )/N

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Théorie Cinétique
D’après Pythagore et en prenant les moyennes : v 2 = vx2 + vy2 + vz2. Comme
les particules se déplacent dans toutes les directions avec la même probabilité,
nous avons : vx2 = vy2 = vz2, donc v 2 = 3 vx2 et
mv 2 mv 2 mv 2
F =N et la pression P = N =N
3L 3 LA 3V
On peut écrire l’équation précédente comme P V = 31 N m v 2.
En nous rappelant que l’énergie cinétique de translation d’un objet est
EC = 21 mv 2, on peut écrire :
2 1 2
P V =N( m v 2)
= N EC
3 2 3
En comparant avec l’équation des gaz parfaits,P V = N kB T , on trouve que
l’énergie cinétique moyenne de translation d’une molécule est :
1 3 3 R
EC = mv 2 = kB T = T
2 2 2 NA
La température d’un gaz parfait est proportionnelle à la moyenne de
l’énergie cinétique de translation de ses molécules et ne dépend pas de
la nature du gaz.
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Vitesse des molécules dans un gaz

Des équations précédentes on peut déduire que :


3 kB T 3RT
v2 = =
m v M
√ u
u3 k
u
B T
vqm 2
= v =t
u
u

m
où vqm est la vitesse quadratique moyenne qui dépend de T et de m. Ce
n’est pas exactement la vitesse moyenne : en effet, une analyse statistique
montre que v̄ = 0, 92vqm.
En fait les molécules d’un gaz réel subissent un très grand nombre de colli-
sions les unes avec les autres, ∼ 105 collisions par cm parcouru. L’effet de ce
très grand nombre de collisions n’est pas de réduire les vitesses des molécules
ou de les rendre égales, mais de les distribuer selon une loi de distribution par-
ticulière avec des vitesses allant de zéro à l’infini. C’est le physicien écossais
J.C.Maxwell qui le premier a trouvé la distribution des vitesses des molécules
d’un gaz. Son résultat, connu sous le nom de distribution des vitesses de
Maxwell est le suivant :

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Vitesse des molécules dans un gaz
m v2

Distribution des vitesses de Maxwell : P (v) = 4πN ( 2π m
kB T
)3/2 v 2 e 2 kB T
La distribution de Maxwell dépend uni-
quement de la température pour un gaz
donné. La surface sous ces courbes
comprise entre 2 vitesses quelconques est
égale au pourcentage du nombre total de
molécules, N , qui ont une vitesse dans cet
intervalle (la surface totale sous la courbe
est 100%). Pour obtenir le nombre de
particules dans cet intervalle de vitesse,
il faut multiplier ce pourcentage par le
nombre total de particules,N . La majorité
des vitesses est concentrée autour de vqm
et seulement 1 molécule sur 10000 a une
vitesse supérieure à 3vqm : ceci est utilisé
dans les processus de fusion nucléaire par
exemple.

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Exemple 1 : Vitesse des molécules dans un gaz

Rappel de Math
Huit particules se déplacent aux vitesses suivantes, exprimées en m/s : 1,0,
6,0, 4,0, 2,0, 6,0, 3,0, 2,0 et 5,0. Calculer (a) leur vitesse moyenne et (b) leur
vitesse quadratique moyenne.

SOLUTION : (a) La vitesse moyenne vaut :


1, 0 + 6, 0 + 4, 0 + 2, 0 + 6, 0 + 3, 0 + 2, 0 + 5, 0
v̄ = = 3, 6m/s
8
(b) La vitesse quadratique moyenne vaut :
v

(1, 0)2 + (6, 0)2 + (4, 0)2 + (2, 0)2 + (6, 0)2 + (3, 0)2 + (2, 0)2 + (5, 0)
u
u
u
vqm =
u
u
t
8
= 4, 1m/s
v̄ et vqm ne sont en général pas égales.

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Exemple 2 : Vitesse des molécules dans un gaz
(a) Déterminer la moyenne de l’énergie cinétique de translation pour des
molécules d’air à 20◦C ? (b) Déterminer la vitesse quadratique moyenne ?
SOLUTION : (a) La moyenne de l’énergie cinétique de translation ne dépend
que de la température et pas de la nature du gaz. Donc
3 3
EC = kB T = ( )(1, 38 × 10−23J/K)(293K) = 6, 21 × 10−21J
2 2
On a le même résultat pour azote et oxygène.
(b) Il faut traiter séparément le cas de l’oxygène et de l’azote car ces gaz
ont des masses différentes. La masse,m, d’une molécule est la masse molaire
divisée par le nombre de molécules dans une mole (nombre d’Avogadro), soit :
0, 032kg/mol −26
mO2 = 23
= 5, 3 × 10 kg
6, 022 × 10 molécules/mol
0, 028kg/mol −26
m N2 = = 4, 7 × 10 kg
6, 022 × 1023molécules/mol
et la vitesse quadratique de l’oxygène vaut :
v v

(3)(1, 38 × 10−23J/K)(293K)
u u
u
3kB T u
u
= 4, 83 × 102m/s
u
vqm = =
u u
u u
u
5, 3 × 10−26kg
t
m
t

Pour l’azote, on trouve vqm = 5, 17 × 102m/s ou encore 1500 km/h.


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Le libre parcours moyen

La distance parcourue par une molécule entre 2 collisions est variable : la


moyenne sur un très gd nombre de chocs s’appelle le libre parcours moyen.

Supposons un gaz constitué de molécules


semblables de rayon r. La molécule de
gauche se déplace vers la droite selon la
ligne pointillée à la vitesse caractéristique du
gaz v̄ et va heurter n’importe quelle autre
molécule dont le centre se trouve à l’intérieur
du cylindre de rayon 2r. Supposons que
toutes les molécules, dont la concentration
est nv , sont au repos sauf celle de gauche.
Par conséquent, le nombre de celles dont le
centre se trouve à l’intérieur du cylindre est
égal à :nv × Volume du cylindre, ce qui donne
aussi le nombre de collisions qui se produi-
ront, soit nv π (2r)2 v̄ ∆t.

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Le libre parcours moyen (suite)

Ainsi nous obtenons


longueur parcourue v̄∆t 1
λ= = 2
=
nombre de collisions nv π (2r) v̄∆t 4π r 2 nv
On constate que λ est inversement proportionnel à l’aire de section (πr 2)
des molécules et à leur concentration (nombre/volume), nv . Mais les autres
molécules bougent en fait, et le nombre de collisions subies dans l’intervalle
∆t dépend plutôt de la vitesse relative vrel des molécules qui s’entrechoquent.
Ainsi le nombre de collisions à la seconde√ doit s’écrire avec vrel plutôt qu’avec
v̄. Un calcul précis montre que vrel = 2v̄, soit :
1
λ = √
4π 2 r 2 nv
Le libre parcours moyen des molécules d’air au niveau de la mer est ∼ 0.1µm.
A une altitude de 100km, la masse volumique de l’air a diminué si bien que
λ = 16cm et à 300km, il serait de 20km.

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Exemple : Le libre parcours moyen

Calculer le libre parcours moyen pour les molécules d’air à CNTP ? Le


diamètre des molécules de O2 et N2 est d’environ 3 × 10−10m.

Calculons d’abord la concentration (nombre de molécules par unité de volume)


des molécules d’air. On a vu qu’une mole de gaz parfait occupe toujours un
volume de 22,4 litres dans les conditions CNTP, donc par mole
(1mole)6, 02 × 1023molécules/mole
nv = = 2, 69 × 1025molécules/m3
22, 4 × 10−3m3
Donc
1
λ = √ ∼ 9 × 10−8m
4π 2 (1, 5 × 10−10 m)2 (2, 7 × ×1025m−3)
ce qui représente 300 fois le diamètre d’une molécule.
C’est la raison pour laquelle il faut attendre un certain temps avant qu’un par-
fum se répande dans une pièce ; les molécules se déplacent à grandes vi-
tesses mais en zigzag dans toutes les directions.

Université de Genève 12-27 C. Leluc


Diffusion

Si deux gaz de masses moléculaires différentes sont mélangés dans une


enceinte munie d’une petite ouverture, le gaz plus léger, donc qui a des
molécules animées de la plus grande vitesse moyenne vqm, s’échappe plus
rapidement que l’autre gaz. Cette conclusion fut confirmée expérimentalement
par Rayleigh en 1896 en séparant partiellement deux gaz en les faisant diffu-
ser à travers une barrière poreuse vers une enceinte vide.
Cette idée inspira l’un des procédés conçus pendant la 2eme Guerre Mondiale
pour produire la bombe atomique. Le matériau de la bombe, l’uranium 235 fis-
sile, est inclus dans le minerai, mélangé avec l’uranium 238, non fissile, plus
lourd, mais chimiquement identique. On a en fait 0,7% d’uranium 235 dans
l’uranium naturel et les centrales nucléaires utilisent un uranium enrichi à 3%-
5% d’uranium 235.
L’uranium naturel est combiné au fluor, pour former l’hexafluorure d’uranium
gazeux. On fait diffuser ce gaz environ 4000 fois à travers des barrières conte-
nant chacune des milliards de trous minuscules, plus petits que le dizième du
libre parcours moyen (< 10−5mm). Etant plus léger, l’uranium 235 passe à
travers les barrières plus facilement, se séparant de l’uranium 238.

Université de Genève 12-28 C. Leluc

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