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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 16/10/2021

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 2

Correction du problème 1 – Propriété de Sperner et théorème de Dilworth

Partie I – Théorème de Sperner

1. Soit A un sous-ensemble de PpEq constitué de sous-ensembles de E ayant tous même cardinal. Soit A et B deux
éléments de A. Si A et B sont comparables, disons A Ă B sans perte de généralité, l’égalité des cardinaux de A
et B amène A “ B. Ainsi, si A et B sont distincts, ils ne sont pas comparables. Donc A est une antichaîne .
ˆ ˙
n n
2. L’ensemble des parties de PpEq de cardinal t u est donc une antichaîne de PpEq, et son cardinal est . Il
2 t n2 u
ˆ ˙
n
existe donc une antichaîne de PpEq constituée de éléments .
t n2 u
3. (a) ‚ Soit k P 0, t n2 u ´ 1 . On a alors
0 8

ˆ ˙ ˆ ˙
n n! n´k n
“ “ .
k`1 pk ` 1q!pn ´ k ´ 1q! k`1 k
ˆ ˙ ˆ ˙
n n n´k n n
Or, puisque k ď k ` 1 ď n´k ě
2, donc 2, k`1 ě 1. On a donc ě
k`1 k
0 n n n
1
et t n2 u diffèrent d’au plus 21 ),
8
‚ Soit k P t 2 u, n ´ 1 . On a maintenant k ě 2 ´ 2 (car n étant entier, 2
ˆ ˙ ˆ ˙
n n n´k n n
donc n ´ k ď 2 ` 21 , et k ` 1 ě 2 ` 21 . Ainsi, k`1 ď 1. On en déduit cette fois que ď .
k`1 k
``n˘˘
(b) La suite k 0ďkďn
est croissante jusqu’au rang t n2 u puis décroissante. Elle admet donc son maximum en
t n2 u :
ˆ ˙ ˆ ˙
n n
“ max
t n2 u kPv0,nw k

4. Deux éléments distincts d’une antichaîne sont incomparables. S’ils étaient dans une même chaîne, ils seraient
comparables (l’ordre sur une chaîne étant total), d’où une contradiction.
Ainsi, ils ne sont pas dans une même chaîne .
5. Puisque E0 est vide, une chaîne maximale est entièrement déterminée par les ensembles

E1 “ E1 zE0 , E2 zE1 , E3 zE2 , . . . , En zEn´1 .

Du fait de leurs cardinaux, ces ensembles sont des singletons. Soit xk l’unique élément de Ek zEk´1 (k P v1, nw).
Ainsi, une chaîne maximale est entièrement déterminée par le choix, dans cet ordre, de x1 , x2 , . . . , xn deux à
deux distincts dans v1, nw, donc par le choix d’une permutation de v1, nw. Il y en a donc n!.
6. On raisonne de même, mais cette fois, les k premiers éléments x1 , . . . , xk doivent être choisis dans B, donc
forment une permutation de B. Il y en a donc k!. Ce choix étant effectué, on peut choisir les n ´ k termes
restants dans l’ordre qu’on veut, ce qui laisse pn ´ kq! possibilités. Le nombre de chaînes maximales passant par
B est donc k!pn ´ kq! .
Cela revient à utiliser le résultat précédent, en remarquant qu’une chaîne maximale passant par B est obtenue
en concaténant une chaîne maximale de PpBq et une chaîne obtenue à partir d’une chaîne maximale de PpEzBq
en ajoutant B à chaque terme.
7. Soit A une antichaîne de PpEq, et pour tout k P v0, nw, mk le nombre d’éléments de A de cardinal k. Soit B un
élément de cardinal k de A. le nombre de chaînes maximales passant par B est k!pn ´ kq! d’après ce qui précède.
Ainsi, une chaîne ne pouvant pas passer par deux éléments distincts d’une antichaîne, le nombre de chaînes

1
passant par un élément de A de cardinal k est mk k!pm ´ kq!. En sommant sur les cardinaux, toujours du fait
qu’une chaîne et une antichaîne ont au plus un terme en commun, le nombre de chaînes maximales passant par
ÿn
l’un des éléments de A est mk k!pn ´ kq! .
k“0

8. Or, ce nombre est inférieur au nombre total de chaînes maximales, donc


n
ÿ
mk k!pn ´ kq! ď n!
k“0

et en divisant par n!, il vient :


n
m
`nk˘ ď 1 .
ÿ

k“0 k
ˆ ˙ ˆ ˙
n n
Or, pour tout k P v0, nw, d’après la question 3b, ď n , donc
k t2u
n n ˆ ˙
m n
` nk˘ ď 1
ÿ ÿ
donc: |A| “ mk ď .
tn
t n2 u
k“0 2u k“0

Partie II – Partition de PpEq en chaînes


ˆ ˙
n
1. Comme on l’a dit, une chaîne ne peut pas rencontrer une antichaîne en plus de deux points. Ainsi, les
t n2 u
points de l’antichaîne étudiée dans la partie I sont dans des chaînes distinctes de la partition C. Cette partition
ˆ ˙ ˆ ˙
n n
est donc constituée d’au moins n parts distinctes. Ainsi, k ě n .
t2u t2u
2. On répond simultanément aux 2 questions. Les chaînes symétriques recherchées sont indiquées en grisé.
‚ Pour n “ 1, c’est particulièrement simple :

t1u

‚ Pour n “ 2 :

t1, 2u

t1u t2u

‚ Pour n “ 3 :

t1, 2, 3u

t1, 2u t1, 3u t2, 3u

t1u t2u t3u

2
3. ‚ Puisqu’on a les inclusions Ek Ă ¨ ¨ ¨ Ă En´1´k et En´1´k Ă En´1´k Yteu, tEk , . . . , En´1´k , En´1´k Yteuu est
bien une chaîne (les éléments y sont indiqués par ordre croissant). En notant Ei1 “ Ei pour i P vk, n ´ 1 ´ kw,
1
et En´k “ En´1´k Y teu, on a bien, pour tout i P vk, n ´ 1 ´ kw, |Ei1 | “ i et puisque e R En´1´k , |En´k
1
|“
n ´ k. De plus, l’indexation correspond à celle d’une chaîne symétrique pour un ensemble de cardinal n.
Ainsi, tEi1 , i P vk, n ´ kwu est une chaîne symétrique couvrante .
‚ De même, si la chaîne initiale n’est pas réduite à un élément (sinon, on obtient l’ensemble vide), en
posant pour i P vk ` 1, n ´ k ´ 1w, Ei2 “ Ei´1 Y teu, on a aussi une chaîne croissante, et pour tout
i P vk ` 1, n ´ k ´ 1w, |Ei2 | “ |Ei´1 | ` 1 “ i.
L’indexation étant symétrique, tEi2 , i P vk ` 1, n ´ k ´ 1wu est une chaîne symétrique couvrante .
4. On montre par récurrence sur le cardinal de E l’existence d’une partition de PpEq en chaînes symétriques
couvrantes. L’initialisation est faite dans la question 2 (quitte à renommer les éléments de E). Soit n P N˚ .
On suppose la propriété vérifiée pour tout ensemble E 1 de cardinal n ´ 1. Soit E de cardinal n, et e P E
(puisque n ą 0, se poser un tel e est possible). Par hypothèse de récurrence, on peut construire une partition
tA1 , . . . , Aℓ u en chaînes symétriques couvrantes de E 1 . Pour chaque chaîne symétrique Ai , on construit les deux
chaînes symétriques A1i , de longueur augmentée de 1 et A2i (sauf si elle est vide) de longueur diminuée de 1.
Soit alors X Ă E.
‚ Si e R E, X est dans l’un des Ai et un seul, donc dans l’un des A1i et un seul (les A1i différant des Ai
uniquement d’ensembles contenant e). Il n’est dans aucun des A2i , les ensembles des A2i contenant tous e.
‚ Si e P E, il y a deux possibilité : dans le premier cas, Xzteu est un élément maximal d’un des Ai , et dans
ce cas, X P A1i (dans un seul, sinon Xzteu appartiendrait à plusieurs Ai ), et X n’est dans aucun A2j (sinon
cela signifierait que Xzteu est élément non maximal d’un Aj , nécessairement avec i ‰ j, car il ne peut pas
être à la fois élément maximal et non maximal de Ai ; cela contredit que les Aj sont disjoints). De même, si
Xzteu n’est l’élément maximal d’aucun Ai , X est dans l’unique A1i tel que Xzteu soit dans Ai .
Dans tous les cas, X appartient à une et une seule des chaînes A11 , . . . , A1ℓ , A21 , . . . , A2ℓ . Ces ensembles forment
donc bien une partition en chaînes symétriques couvrantes de PpEq.
Ainsi, d’après le principe de récurrence, pour tout ensemble fini E,
PpEq est partitionnable en chaînes symétriques couvrantes .
n
5. Pour tout k tel que k ď n ´ k, on a k ď 2 et k étant entier :
n n
k ď t u ď ď n ´ k,
2 2
donc dans une chaîne symétrique couvrante Ek Ă . . . , Ă En´k , il existe un élément d’indice i “ t n2 u. Par
hypothèse, cet élément Ei est de cardinal i “ t n2 u. Ainsi, toute chaîne symétrique rencontre au moins un
élément de Pt n2 u , et en fait un et un seul, d’après une remarque déjà faite sur l’intersection d’une chaîne et
d’une antichaîne.
Ainsi, étant donnée une partition de PpEq en chaînes symétriques couvrantes, chaque chaîne de la partition
rencontre un et un seul élément de Pt n2 u et inversement tout élément de Pt n2 u est dans une (et une seule) chaîne
de la partition. Il y a donc exactement autant de chaîne de la partition que d’éléments dans Pt n2 u .
ˆ ˙
n
Ainsi, une partition en chaînes symétriques couvrantes est constituée de parts.
t n2 u
Par ailleurs, la question précédente nous donne l’existence d’une telle partition.
6. La preuve qu’on vient de faire est indépendante du théorème de Sperner, et permet de retrouver celui-ci. En
effet une chaîne ne pouvant rencontrer une antichaîne en plus d’une point, une antichaîne ne peut avoir un
cardinal supérieur au nombre de part d’une partition en ˆchaînes.
˙ Ainsi, la question précédente implique que
n
toute antichaîne de PpEq a un cardinal au plus égal à . L’antichaîne Pt n2 u pEq nous donne donc une
t n2 u
antichaîne de cardinal maximal.

Partie III – Théorème de Dilworth

1. Lorsque |F | “ 1, il n’y a qu’un élément a qui constitue à lui seul l’unique antichaîne. Une antichaîne maximale
est donc de cardinal 1. Or tau est aussi une chaîne, donc ttauu est une partition de F en chaînes, constituée
d’une unique part. Il existe bien un partition en chaînes dont le nombre de part est égal au cardinal maximal

3
d’une antichaîne. Ainsi que le suggère la remarque introduisant cette partie dans l’énoncé, cela suffit pour
prouver le théorème de Dilworth lorsque |F | “ 1 .
2. L’ensemble des chaînes de F est fini, car inclus dans l’ensemble fini PpF q. Il existe donc une chaîne de cardinal
maximal, qui est aussi une chaîne maximale au sens de l’inclusion (par maximalité du cardinal, en ajoutant
un élément, ce n’est plus une chaîne). Ainsi, il existe une chaîne maximale. On peut aussi dire que l’ensemble
ordonné (par l’inclusion) des chaînes est fini, donc admet un élément maximal.
3. Dans la situation décrite dans l’énoncé, C rencontre chaque antichaîne en exactement un point (car une chaîne
et une antichaîne ne peuvent pas avoir deux éléments distincts en commun). Ainsi, étant donnée une antichaîne
maximale dans F , en ôtant son unique point d’intersection avec C, on obtient encore une antichaîne de F zC,
de cardinal α ´ 1. Il s’agit là du cardinal maximal. En effet, sinon, il existerait une antichaîne A de F zC de
cardinal β au moins α. il s’agit alors aussi d’une antichaîne de F , donc par définition de α, β ď α, puis β “ α.
Mais alors, par hypothèse, C rencontre A, ce qui contredit A Ă F zC.
Ainsi, le cardinal maximal d’une antichaîne de F zC est α ´ 1.
Par hypothèse de récurrence, (C étant non vide, F zC est de cardinal strictement inférieur à n), F zC admet
une partition en α ´ 1 chaînes, et en ajoutant à cette partition la part C, on obtient une partition en α chaînes
de F . Ainsi, le théorème de Dilworth est vrai pour F .
4. On suppose désormais qu’il existe une antichaîne A de cardinal α, disjointe de C, et on définit :

A` “ tx P F | Da P A, a ď xu et A´ “ tx P F | Da P A, a ě x.u

‚ Supposons que A` Y A´ ‰ F ; il existe alors x P F tel que x R A` et x R A´ , donc x n’est comparable à


aucun élément de A (ni dans un sens ni dans l’autre). Ainsi, A Y txu est encore une antichaîne de cardinal
α ` 1, ce qui contredit la maximalité du cardinal de l’antichaîne A. Donc A` Y A´ “ F .
‚ Comme A Ă A` X A´ (par reflexivité), il suffit de montrer la réciproque. Soit donc x P A` X A´ . On a
alors, par définition, l’existence de b et de c dans A tels que x ě b et x ď c, d’où par transitivité, b ď c.
Comme b et c sont dans l’antichaîne A, une telle comparaison n’est possible que si b “ c. On a donc x ď b
et b ď x, donc par antisymétrie, x “ b, de quoi on déduit x P A. Ainsi, A “ A` X A´ .
5. L’élément minpCq n’est pas dans A` , car sinon, du fait que par hypothèse, C ne rencontre pas A, il existerait
a P A tel qu’on ait l’inégalité stricte a ă minpCq. Comme minpCq est inférieur à tout élément de C, par
transitivité, A serait comparable à tout élément de C. Ainsi C Y tau serait encore une chaîne, contredisant la
maximalité de C. Ainsi, A` ‰ F .
De la même façon, on prouve que maxpCq n’est pas dans A´ , donc A´ ‰ F .
6. A` et A´ admettent une antichaîne A de cardinal α, qui est le cardinal maximal, car une antichaîne de cardinal
plus grand serait aussi antichaîne de F , contredisant la maximalité du cardinal α. Ainsi, A` et A´ admettent
chacun une partition en α chaînes (on peut appliquer l’hypothsèe de récurrence du fait que A` et A´ sont
strictement inclus dans F ). Chaque part de chacune de ces partitions contient un et un seul élément de A (car
tout élément de A doit être dans une part, et il ne peut y en avoir plusieurs dans la même part). En notant
a1 , . . . , aα les éléments de A, on peut donc numéroter B1 , . . . , Bα les parts de la partition de A` , de sorte que
ai P Bi pour tout i, et de même, C1 , . . . , Cα les parts de la partition de A´ , de sorte que ai P Ci pour tout i.
Notons alors, pour tout i P v1, αw, Di “ Ci Y Bi (on met bout-à-bout la chaîne arrivant en ai et celle repartant
de ai ).
‚ Les Di sont encore des chaînes : si x et y sont dans Di , ils peuvent être tous deux dans Ci ou tout deux
dans Bi (dans ces cas, ils sont comparables, ces ensembles étant des chaînes), soit l’un dans Bi (disons x)
et l’autre dans Ci . On a alors x ď ai ď y, donc x ď y, et x et y sont aussi comparables dans ce cas.
ďα ďα α
ď α
ď
‚ Di “ pBi Y Ci q “ Bi Y Ci “ A` Y A´ “ F
i“1 i“1 i“1 i“1
‚ Pour i ‰ j, Di X Dj q “ pBi X Bj q Y pBi X Cj q Y pCi X Bj q Y pCi Y Cj q.
Comme les pBj q sont les parts d’une partition, Bi X Bj “ ∅. de même, Ci X Cj “ ∅. Par ailleurs, si
x P Bi X Cj , x P A` X A´ “ A. Or, Bi étant une chaîne, elle contient un unique point commun avec
l’antichaîne A, égal à ai . Ainsi, x “ ai , et de même, x “ aj , d’où une contadiction. Ainsi, Bi X Cj “ ∅, et
de même, Ci X Bj “ ∅. Ainsi, Di X Dj “ ∅.
Ainsi, pDi q1ďiďα est bien une partition en α chaînes de F . Ainsi, F vérifie la propriété de Dilworth.

4
On peut donc conclure que la propriété de Dilworth est vrai pour tout ensemble de cardinal fini , d’après le
principa de récurrence.

Partie IV – Ensembles de Sperner bipartis

1. Voici un graphe de couverture d’un ensemble ne pouvant pas être muni d’un rang :

x3

x2
x4
x1

x0

En effet, par définition, il faudrait que rpx1 q “ rpx0 q ` 1, rpx2 q “ rpx1 q ` 1 et rpx3 q “ rpx2 q ` 1, d’où
rpx3 q “ rpx0 q ` 3. En suivant l’autre chemin, on obtient rpx3 q “ rpx4 q ` 1 “ rpx0 q ` 2, d’où une contradiction.
Ainsi, tout ensemble ordonné ne peut pas être rangé .
2. Si x ă y, il existe une chaîne maximale x “ t0 ă t1 ă . . . , tn “ y (maximal pour l’inclusion dans l’ensemble des
chaînes reliant x et y, ou maximales pour le cardinal, ce qui revient au même ; l’existence découle du fait que
l’ensemble de ces chaînes est fini). La maximalité de cette chaîne permet d’affirmer que pour tout i P v0, n ´ 1w,
ti`1 couvre ti (sinon on pourrait rajouter un terme intermédiaire dans la chaîne, contredisant sa maximalité).
Ainsi, par définition d’un rang, rpti`1 q “ rpti q, d’où rpxi`1 q “ rpxi q ` n. Ainsi, rpxi`1 q est déterminé par rpxi q.
Si r1 est au autre rang, il vérifiera aussi r1 pxi`1 q “ r1 pxi q. Ainsi, rpxi q ´ r1 pxi q “ rpxi`1 q ´ r1 pxi`1 q
Supposons maintenant que pour tout x, y, il existe des éléments x “ x0 , x1 , . . . , xn “ y tels que pour tout
i P v0, n ´ 1w, xi et xi`1 soient comparables. Alors ce qui précède permet d’affirmer que si r et r1 sont deux
rangs, rpxi q ´ r1 pxi q “ rpxi`1 q ´ r1 pxi`1 q pour tout i P v0, n ´ 1w, (y compris bien sûr s’ils sont égaux !). Par
itération, rpxq ´ r1 pxq “ rpyq ´ r1 pyq.
Soit r et r1 deux rangs normés, qu’on suppose distincts. Il existe alors a tel que rpaq ‰ r1 paq, disons rpaq ă r1 paq.
Comme r1 est normé, il existe b tel que r1 pbq “ 0. Comme a et b peuvent être reliés par une succession d’éléments
comparables, ce qui précède permet d’affirmer que rpbq ´ r1 pbq “ rpaq ´ r1 paq, donc rpbq ă 0, ce qui est une
contradiction.
Ainsi, le rang normé, s’il existe, est unique, sous les hypothèses de l’énoncé.
3. On peut considérer l’exemple simple de E “ x, y, où x et y sont incomparables (ainsi, la relation d’ordre est la
relation d’égalité), muni du rang rpxq “ 0 et rpyq “ 1. Alors chaque niveau est de cardinal 1, mais on a une
antichaîne de cardinal 2 (E tout entier).
On peut même trouver un exemple vérifiant les conditions de la question précédente :

x5 x7

x4 x6 x8

x1 x3

x0 x2

Ici, tx1 , x4 , x6 , x8 u est une antichaîne, de cardinal strictement supérieur au cardinal maximal d’un niveau.
4. Le but de cette question est de démontrer le théorème des mariages de Hall :
Théorème : Soit A1 , . . . , An des sous-ensembles d’un ensemble E. Il existe des éléments 2 à 2 distincts x1 P
A1 , . . . , xn P An si et seulement si pour tout J P v1, nw,
ď
|ApJq| ě |J|, où ApJq “ Aj .
jPJ

5
Un tel n-uplet px1 , . . . , xn q est alors appelé système de représentants distincts des ensembles A1 , . . . , An .
(a) Supposons l’existence d’un système de représentants distincts de A1 , . . . , An . Alors, pour tout J Ă v1, nw,
et tout j P J, xj P ApJq. Comme les xj sont par hypothèse deux à deux distincts, il y a au moins autant
d’éléments dans ApJq que d’indices dans J. Donc |ApJq| ě |J|.
(b) On raisonne par récurrence sur n P N˚ . Soit n “ 1 et on suppose la condition de Hall satisfaite pour A1 . Soit
J “ t1u Ă v1, nw “ t1u. On a |ApJq| ě |J|, donc |A1 | ě 1. Ainsi, il existe au moins un élément x1 dans A1 ,
constituant à lui seul un système de représentants distincts. On aurait pu aussi initialiser, de façon triviale,
pour n “ 0.
Soit n P N, n ě 2. On suppose que pour une famille de k ensembles (k ă n), la condition de Hall assure
l’existence d’un système de représentants distincts. Soit A1 , . . . , An des sous-ensembles de E, telles que la
condition de Hall soit vérifiée. Conformément à l’indication, on dit qu’un ensemble d’indices J Ă v1, nw est
critique si |J| “ |ApJq|, et on distingue deux cas :
‚ Si aucun des sous-ensembles J de v1, nw distincts de ∅ et de v1, nw n’est critique, considérons e P An (An
ne peut pas être vide, car comme plus haut la condition de Hall pour un J de cardinal 1 assure l’existence
d’un élément dans chaque Ai , donc aussi dans E). On définit E 1 “ Ezteu, et pour tout i P v1, n ´ 1w,
A1i “ Ai zteu. On note A1 pJq les unions correspondantes. Pour tout J P v1, n ´ 1w, distinct de ∅, A1 pJq
est inclus dans ApJq et diffère de ApJq d’au plus l’élément e (ils sont égaux seulement si e n’appartient
à aucun des Ai , i P J). Ainsi,
|A1 pJq| ě |ApJq| ´ 1 ą |J| ´ 1,
et comme il s’agit d’une inégalité stricte entre entiers, on en déduit que |A1 pJq| ě |J|. Cette inégalité est
trivialement satisfaite pour J “ ∅. Ainsi, la condition de Hall est vérifiée pour A11 , . . . , A1n´1 . On peut
donc trouver un système de représentants distincts px1 , . . . , xn´1 q de ces ensembles. Comme les xi sont
différents de e et e P An , le n-uplet px1 , . . . , xn´1 , eq est un système de représentants de A1 , . . . , An .
‚ S’il existe un sous-ensemble J Ă v1, nw critique, distinct de ∅ et v1, nw, choisissons-en un de cardinal
minimal. On a alors |ApJq| “ |J|, et comme |J| ă n, on peut utiliser l’hypothèse de récurrence : la
famille pAj qjPJ admet un système de représentants constitué de |J| éléments distincts de ApJq. Pour des
raisons de cardinalité, il s’agit de ApJq tout entier. Soit alors K le complémentaire de J dans v1, nw, et
pour tout i P K, A1i “ Ai zApJq. Il s’agit d’une famille de cardinal n ´ |J| ă n, et elle vérifie, pour tout
LĂK :
ˇ˜ ¸ ˇ ˇ˜ ¸ ˇ
ˇ ď ˇ ˇ ď ˇ
1
|A pLq| “ ˇ Ai zApJqˇ “ ˇ Ai zApJqˇ
ˇ ˇ ˇ ˇ
ˇ iPL ˇ ˇ iPLYJ ˇ
ě |ApL Y Jq| ´ |ApJq| ě |L \ J| ´ |ApJq| “ |L| ` |J| ´ |J| “ |L|.

Ainsi, la famille pA1i qiPK vérifie la propriété de Hall, et admet un système de représentants distincts S.
L’ensemble S est donc de cardinal |K|, disjoint de ApJq (car ses éléments sont dans les A1i ne contenant
aucun élément de ApJq), donc S YApJq est constitué de n éléments distincts, ceux de ApJq se répartissant
les appartenances aux Ai , i P J, ceux de S se répartissant les appartenances aux Ai , i R J. Il s’agit donc
bien d’un système de représentants distincts de A1 , . . . , An .
Ainsi, d’après le principe de récurrence, si la condition de Hall est vérifiée pour des sous-ensembles pA1 , . . . , An q
d’un ensemble E fini, alors pA1 , . . . , An q admet un système de représentants distincts .
5. Soit E un sous-ensemble ordonné rangé normé biparti, tel que |N0 | ď |N1 |.
‚ Supposons qu’il existe X Ă N0 tel que le nombre d’éléments y de N1 couvrant un élément de x soit
strictement inférieur à |X|, et notons Y Ă N1 , l’ensemble de ces éléments y. les éléments de N1 zY sont donc
deux à deux incomparables et chacun incomparables aux éléments de X, qui lui-même est une antichaîne.
Ainsi, X \ pN1 zY q est une antichaîne, dont le cardinal est |X| ` |N1 | ´ |Y | ą |N1 |. Il en résulte que E n’est
pas de Sperner.
‚ Supposons que E n’est pas de Sperner. On peut à peu près refaire tout cet argument dans l’autre sens : on
considère une antichaîne A Ă E, vérifiant |A| ą |N1 |, et on note A0 “ A X N0 , A1 “ A X N1 . L’ensemble des
éléments couvrant A0 est alors inclus dans N1 zA1 . Il y en a donc au plus : |N1 |´|A1 | “ |N1 |´|A|`|A1 | ă |A1 |.
Ainsi, il existe un sous-ensemble de N1 couvert par un nombre d’élément strictement inférieur à son cardinal.
Ainsi, que E est de Sperner si et seulement si pour tout sous-ensemble X de N0 , le nombre d’éléments y de N1
tels qu’il existe x P X vérifiant y ě x est au moins égal à |X|.

6
6. Notons x1 , . . . , xℓ les éléments de N0 . On peut alors trouver y1 , . . . , yℓ des éléments deux à deux distincts de N1
tels que pour tout i P v1, ℓw, xi ď yi . Il suffit en effet d’appliquer le théorème des mariages de Hall aux en-
sembles Ai “ ty P N1 | y ě xi u, ces ensembles vérifiant la condition de Hall d’après la question précédente.
On fait juste la remarque suivant, qui peut être utile pour la suite : un niveau est une antichaîne. En effet, si x et y
dans un niveau N étaient strictement comparables, leur rang ne pourrait pas être égaux d’après la question IV-2.

Partie V – Une condition suffisante pour être de Sperner

1. Soit x1 , . . . , xℓ les éléments de Nk0 , où k0 est tel que le cardinal de Nk0 soit maximal. La propriété d’unimodalité
permet d’affirmer que p|Nk |q0ďkďk0 est croissante, alors que p|Nk |qk0 ďkďh est décroissante. La question IV-6
permet alors de construire des injections ϕk : Nk Ñ Nk`1 pour tout k P v0, k0 ´ 1w, telles que pour tout x P Nk ,
x ď ϕk pxq (c’est l’application qui à xi associe le yi trouvé en IV-6). De même, on construit de façon symétrique
des injections ψk : Nk Ñ Nk´1 pour tout k P vk0 ` 1, hw, vérifiant ψk pxq ď x pour tout x P Nk .
Soit x P Nk0 . Nous allons construire une chaîne passant par x en tirant x vers le bas en remontant, tant que
c’est possible, les injections ϕk , et de même, on tire x vers le haut en remontant les ψk . Plus concrètement, on
définit la chaîne Cx de la manière suivante :
0 ´1
kď h
ď
Cx´ “ pϕk0 ´1 ˝ϕk0 ´2 ˝¨ ¨ ¨˝ϕi q´1 ptxuq, Cx` “ pψk0 `1 ˝ψk0 `2 ˝¨ ¨ ¨˝ψi q´1 ptxuq, Cx “ txuYCx` YCx´ .
i“0 i“k0 `1

Certains des ensembles de l’union définissant Cx´ (ou Cx` ) peuvent être vides (si on ne peut plus remonter les
flèches), les autres sont constitués d’un unique élément, par injectivité des ϕi et des ψi .
‚ Montrons que Cx est une chaîne. Soit py, zq P Cx . On étudie plusieurs cas :
˚ Si y et z sont tous les deux dans Cx´ , alors il existe i et j dans v0, k0 ´ 1w tels que

y P pϕk0 ´1 ˝ ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi q´1 ptxuq et z P pϕk0 ´1 ˝ ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕj q´1 ptxuq.

Quitte à échanger y et z, on peut supposer que i ď j, et même i ă j (car dans le cas i “ j, y “ z par
injectivité, donc y et z sont comparables). On a alors

x “ ϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕj pzq “ ϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕj pϕj´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi pyqq.

La composée ϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕj étant injective (comme composée d’injections), on en déduit que

z “ ϕj´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi pyq

(cette composée pouvant éventuellement être réduite à un terme). Or, par définition des ϕk :

y ď ϕi pyq ď ϕi`1 pϕpyqq ď ¨ ¨ ¨ ď ϕj´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi pyq “ z.

Par transitivité, on en déduit que y ď z, donc y et z sont comparables.


˚ Une preuve symétrique à celle-ci nous assure également que deux éléments de Cx` sont comparables entre
eux.
˚ L’argument ci-dessus est aussi encore valable lorsque z “ x et y P Cx´ : on obtient alors directement
l’égalité
z “ x “ ϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi pyq,
qui permet de conclure comme ci-dessus.
˚ De même si y “ x et z P Cx` .
˚ De façon évidente, deux éléments de txu sont comparables (par reflexivité)
˚ Il reste donc à comparer deux éléments y et z lorsque y P Cx´ et z P Cx` . On passe par x pour le faire.
En effet les points 3 et 4 ci-dessus nous assurent que y ď x et x ď z, d’où y ď z par transitivité.
Ainsi, pour tout x P Nk0 , Cx est une chaîne .
‚ Montrons que les Cx sont deux à deux disjoints. Supposons que ce ne soit pas le cas. Il existe alors x1 et
x2 dans Nk0 , distincts, tels que Cx1 X Cx2 ‰ ∅. Soit y P Cx1 X Cx2 . On ne peut pas avoir y P tx1 u Y Cx`1
et y P tx2 u Y Cx´2 (ou l’inverse pour les ` et ´), sinon, on aurait y ě x1 et y ď x2 , d’où par transitivité,
x1 ď x2 , ce qui contredit le fait que Nk0 est une antichaîne.

7
On a donc y P Cx´1 X Cx´2 ou y P Cx`1 X Cx`2 . Supposons le premier cas, l’autre étant similaire. Il existe donc
i et j vérifiant :
x1 “ ϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi pyq et x2 “ ϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕj pyq.
Ceci impose, au regard des domaines de définition, que y P Ni X Nj , ce qui n’est possible que si i “ j (les
Nj étant deux à deux disjoints). On en déduit alors que x1 “ x2 , ce qui contredit notre hypothèse initiale.
Ainsi, les Cx sont deux à deux disjoints.
‚ Trivialement, pour tout x P Nk0 , x P Cx , donc Cx ‰ ∅ .
‚ Il reste à montrer que l’union des Cx est égal à E. Pour cela, on remarque que :

ď ď 0 ´1
kď 0 ´1
kď ď
Cx´ “ pϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi q´1 ptxuq “ pϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi q´1 ptxuq
xPNk0 xPNk0 i“0 i“0 xPNk0
¨ ˛
0 ´1
kď ď 0 ´1
kď 0 ´1

“ pϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi q´1 ˝ txu‚ “ pϕk0 ´1 ˝ ¨ ¨ ¨ ˝ ϕi q´1 pNk0 q “ Ni ,
i“0 xPNk0 i“0 i“0

d’après les domaines de définition des ϕi . On a de même

ď h
ď
Cx` “ Ni .
xPNk0 i“k0

d’où :
ď ď 0 ´1
kď h
ď 0 ´1
kď h
ď h
ď
Cx “ txu Y Ni Y Ni “ Nk0 Y Ni Y Ni “ Ni “ E.
xPNk0 xPNk0 i“0 i“k0 i“0 i“k0 i“0

‚ Ainsi, tCx , x P Nk0 u est une partition en |Nk0 | chaînes de E. Comme toute chaîne rencontre au plus un
point d’une antichaîne, il en résulte qu’une antichaîne ne peut pas être de cardinal plus grand que |Nk0 |.
Les niveaux de cardinal maximal sont donc bien aussi des antichaînes de cardinal maximal. L’ensemble
E est donc de Sperner .
2. Supposons que E est régulier et unimodal. Montrons que E est de Sperner par niveau. Pour cela, on utiliser
la caractérisation de la question IV-5. Soit k P v0, h ´ 1w, et supposons |Nk | ď |Nk`1 | (la démonstration se
fait de même dans le cas inverse). Notons α “ |Nk | et β “ |Nk`1 |. Notons ℓ le nombre d’éléments de Nk`1
couvrant chaque élément de Nk , et m le nombre d’éléments de Nk couvert par chaque élément de Nk`1 . Le
nombre de relations de comparaison entre un élément quelconque de Nk et un élément quelconque de Nk`1
est alors αℓ “ βm. On a alors m “ α β ℓ ď ℓ. Supposons que Pk ne soit pas de Sperner. Il existe alors, d’après
IV-5, un sous-ensemble X de Nk tel que l’ensemble X ` des éléments de Nk`1 couvrant les éléments de x vérifie
|X ` | ă |X|. Soit Y le complémentaire de X ` dans Nk`1 , et Y´ l’ensemble des éléments de Nk couverts par
un élément de Y . Par définition de X` , aucun élément de X n’est couvert par un élément de Y . Ainsi, Y´ est
inclus dans le complémentaire de X dans Nk . On en déduit que

|Y | “ β ´ |X` | ą β ´ |X| et |Y´ | ď α ´ |X|.

Or, le nombre de relations entre un élément de Y et un élément de Y´ est égal à m|Y | (car on prend dans Y´
tous les éléments couverts par un élément de Y ), et au plus égal à ℓ|Y´ |. On en déduit que, puisque m et ℓ sont
non nuls,
m|Y | ď ℓ|Y´ |, donc: mpβ ´ |X|q ă ℓpα ´ |X|q
Comme mβ “ ℓα, et |X| ą 0, il vient m ą ℓ, d’où une contradiction avec l’inégalité trouvée plus haut.

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