Halid

Posted décembre 7, 2012 at 10:05

Selam alejkum, j’aurai une question pour muhammed al maghribi, mais est ce que
c’es autoriser de raccourcir la barbe ou il faut la laisser pousser abondonement, car
j’ai trouver des fatawa de cheikh ben baz et cheikh oitheimine, qui disent que c’est
une interdiction de se la raccourcir, pourtant aujourdui je vois tout les cheikh se la
raccourcir tel que, Muhammed hassan, khalid rashid, nabil al awadi, et encor d’autre,
si vous pouviez m’eclairer, quand je dis raccourcir, c’es comme la fait Aboudllah ibn
oumar pas en desous, Les savants qui disent qu’il faut laisser pousser abondonement
n’explique jamais l’acte que Ibn oumar a fait, et pourquoi le prophete s.a.w.s ne lui a
pas dis que c’étais interdit si cela étais realement interdit, cela m’interesse barek
allahu fik si vous aviez le temps de repondr.

Réponse

Les hadiths qui rapportent que le Prophète  a ordonné de laisser pousser la barbe sont
nombreux et authentiques. Ils se trouvent dans le sahîh d'Al-Bukhârî, le sahîh de
Muslim et dans d'autres recueils. Parfois le Prophète  employait le verbe "a`fû"
(laissez pousser vos barbes), parfois "waffirû" (laissez votre barbe bien fournie),
parfois "awfû", parfois "arkhû" ; ces termes ont à peu près le même sens.

Seulement, il est rapporté authentiquement qu'Ibn `Umar taillait ce qui est au-delà de
la longueur du poignet comme on le trouve dans le muwatta' de l'imâm Mâlik d'après
un récit de Nâfi`, dans les sunan d'Abû Dâwûd d'après un récit de Marwân b. Sâlim
Al-Muqaffa` et dans at-tarajjul d'Abû Bakr Al-Khallâl d'après un récit de Mujâhid b.
Jabr.

La question qui mérite d'être posée : est-ce une initiative personnelle d'Ibn `Umar –
ijtihâd- qui est due à une interprétation personnelle du verset qu'ils (les pèlerins) se
débarrassent de leur tafath (saleté, poils du pubis, ongles, etc.) [Coran, al-hajj, 29],
ou il a vu le Prophète  le faire ou que l'Envoyé d'Allah l'a approuvé ?

Sachons qu'il n'y pas parmi les Compagnons un homme qui suivait le Prophète  plus
scrupuleusement qu'Ibn `Umar. Il le suivait dans tous ses faits et gestes, y compris les
habitudes qui ne relèvent pas de la Sunna. Zayd b. Aslam l'a vu prier avec un qamîs
déboutonné. Il lui en demanda la raison et il répondit qu'il a vu le Prophète  le faire.
Il portait les même sandales que le Prophète . Il s'installait là où le Prophète 
s'installait. Une fois, à la Mecque, la chamelle du Prophète  a tourné deux fois avant
de s'arrêter et que le Prophète  ne descende et n'effectue deux rak`as ; Ibn `Umar
faisait tourner sa chamelle deux fois au même endroit et y priait. Il arrosait un arbre
en particulier parce que le Prophète  le faisait. Peut-on imaginer qu'Ibn `Umar suivait
le Prophète  dans ces détails et le contredire concernant la taille de la barbe ?

Sachons aussi qu'Ibn `Umar a lui-même rapporté le hadith sur l'ordre de laisser
pousser la barbe (son hadith se trouve dans le sahîh d'Al-Bukhârî et de celui de
Muslim). Or il y a une règle qui dit que le rapporteur d'un hadith est plus savant au
sujet de ce hadith que qui que ce soit. Selon cette règle, Ibn `Umar a compris que
l'ordre de laisser pousser sa barbe n'est pas un ordre de la laisser pousser sans limite.

Ibn `Umar n'est mort qu'après avoir dépassé quatre vingt ans, c'est-à-dire que
beaucoup de Compagnons et de suivants -tâbi`în- l'avaient vu tailler sa barbe au-delà
de la longueur du poignet, et pourtant aucun de ces pieux prédécesseurs n'a
désapprouvé ce qu'il a fait.

J'ajoute qu'Abû Hurayra, qui est lui aussi un des rapporteurs du hadith sur
l'allongement de la barbe (son hadith se trouve dans le sahîh de Muslim),
raccourcissait un peu sa barbe comme le rapporte Ibn Sa`d dans at-tabaqât.

Ibn `Abbâs est lui aussi de cet avis. Il a expliqué le tafath dans le verset qu'ils (les
pèlerins) se débarrassent de leur tafath [Coran, al-hajj, 29] par le rasage du crâne, le
raccourcissement de la moustache, l'épilation des aisselles, le rasage des poils du
pubis, la taille des ongles, la taille des bords de la barbe -selon une autre version : de
la barbe-, la lapidation des stèles -jamarât- et la station à `Arafa et à Muzdalifa.
Ce récit est rapporté par Ibn Abî Shayba et Ibn Jarîr dans son tafsîr.

Beaucoup de disciples des Compagnons sont de cet avis comme Mujâhid b. Jabr,
Muhammad b. Ka`b Al-Qurazî (disciples d'Ibn `Abbâs), Ibn Jurayj, Sâlim b. `Abd
Allah et `Atâ' b. Abî Rabâh pour ne citer que ces cinq géants de science.

Le faqîh de son époque de la ville Al-Kûfa (Irak), Ibrâhîm An-Nakha`î qui est mort en
96 de l'hégire, a même dit : « Ils coupaient les bords de leurs barbes et les
entretenaient ». De qui parle-t-il ? Il parle bien sûr des suivants -tâbi`în- et des
Compagnons du Prophète  dont il a vu quelques-uns. Ce récit -athar- est rapporté par
Al-Bayhaqî dans shu`ab al-îmân. An-Nakha`î cite ici un quasi consensus sur cette
question. Je précise que je ne cite que les récits authentiques.

D'après mes humbles connaissances, je ne connais pas un seul des pieux

prédécesseurs qui a interdit de couper quelque chose de la barbe. Aucun des
fondateurs des quatre écoles ne l'a interdit.
Abû Hanîfa et l'école hanafite en général jugent que la taille de ce qui dépasse la
longueur du poignet est une sunna [al-bahr ar-râ'iq (3/12), hâshiyatu Ibn `Âbidîn
(6/407)]. Cet avis est aussi attribué à Ash-Sha`bî et Ibn Sîrîn. [al-majmû` (1/342)].
Mâlik voit qu'il convient de tailler les poils récalcitrants et désapprouve le port d'une
barbe trop longue ou trop large qui donne un aspect laid [al-muntaqâ d'Al-Bâjî
(7/266), al-mufhim d'Al-Qurtubî (1/512), ikmâlu al-mu`allim d'Al-Qâdî `Iyyâd
(2/64)]. Je souligne toutefois que les malékites ne fixent pas de longueur précise pour
la taille. Le critère pour eux c'est le côté esthétique de la barbe.
Ahmad b. Hanbal a dit clairement qu'il est autorisé de tailler ce qui dépasse la
longueur du poignet comme le rapporte Ishâq (Ibn Hâni') qui rapporte d'ailleurs avoir
vu l'imâm Ahmad tailler sa barbe sous son menton. [kitâb at-tarajjul d'Abû Bakr Al-
Khallâl et masâ'il Ibn Hâni' (2/151/1848)]. Je rappelle à ce titre qu'Ibn Taymiyya qui
est un savant vérificateur de madhab hanbalite et des autres madhab dit qu'il n'est pas
réprouvé de tailler ce qui dépasse la longueur de la barbe et aussi les poils qui ne
poussent pas dans la direction normale. [Voir sharhu `umdati al-fiqh (1/236)]
Ash-Shâfi`î a dit dans son livre al-umm : « J'aime bien que le pèlerin taille un peu de
sa barbe et de sa moustache. De cette manière, il enlève une partie de ses poils en
soumission à Allah ».
Voici comment Al-Qâdî `Iyyâd résume la divergence à ce sujet entre les pieux
prédécesseurs. Il a dit : « Il y a divergence d'opinion entre les pieux prédécesseurs sur
l'endroit à partir duquel on peut couper. Certains n'ont pas fixé de limite, mais ont dit
que la personne ne doit pas la laisser jusqu'à devenir trop voyante, car dans ce cas il
convient d'en tailler une partie. Mâlik désapprouve la barbe trop longue. Certains
fixent une limite qui est de couper ce qui dépasse la longueur de la poignée. Certains,
enfin, désapprouvent la taille d'une partie de la barbe, sauf lors du pèlerinage ou la
`umra ». [ikmâlu al-mu`allim (2/36)].

Je précise toutefois qu'en raison des propos des pieux prédécesseurs sur la légitimité
de la taille d'une partie de la barbe, certains savants sont allés jusqu'à la juger
obligatoire comme Ibn Jarîr At-Tabarî (l'auteur du célèbre tafsîr) [`umdat al-qârî
(22/46) de Badr Ad-Dîn Al-`Aynî] et dernièrement le shaykh Al-Albânî qui considère
l'allongement de la barbe au-delà de la longueur du poignet comme une innovation
qui consiste en l'ajout de quelque de plus à une adoration -bid`a idâfiyya- [silsilatu al-
ahâdîth ad-da`îfa n° 2355]. Celui-ci argue en ce sens que la manière dont les
Compagnons se sont conformés à ce hadith et leur interprétation de celui-ci doivent
être mis en avant par rapport à l'interprétation de qui que ce soit parce qu'ils sont les
plus pieux, les plus connaisseurs des subtilités et des nuances de la langue arabe et les
plus savants au sujet des actes, des paroles et des réactions du Prophète . Or ils
n'avaient pas compris de ce hadith qu'il faut laisser pousser sa barbe sans limite, mais
ils avaient compris qu'il faut tailler ce qui dépasse la longueur du poignet.

Certains savants objectent que la taille d'une partie de la barbe doit être spécialement
pratiquée lors du rite du pèlerinage ou de la `umra et non pas de manière absolue.
Certes beaucoup de récits qui remontent à Ibn `Umar et à d'autres pieux prédécesseurs
rapportent qu'ils le font lors du pèlerinage ou la `umra quand ils se rasent le crâne
pour se mettre en état de désacralisation, mais il y à d'autres récits où il n'est pas
précisé qu'Ibn `Umar ou Abû Hurayra (au moins) l'avaient fait lors de ces rites. Ibn
`Abd Al-Barr soutient qu'Ibn `Umar jugeait permis de le faire lors des rites et en
dehors des rites [al-istidhkâr (4/317)], de même qu'Ibn Hajar [fath al-bârî (10/350)] et
récemment le shaykh Al-Albânî.

L'avis que je juge pertinent est qu'il est permis de tailler ce qui est au-delà de la
longueur du poignet. Si la personne a une barbe trop longue ou trop large au point de
lui donner un aspect laid, il vaut mieux qu'elle la raccourcisse un peu. Au musulman
de prendre soin de sa barbe et de ne pas la laisser pousser de façon anarchique en la
peignant et en coupant les poils rebelles. Il faut savoir que l'Islam veille à ce que le
musulman soit beau intérieurement et aussi extérieurement. « Allah est beau et Il aime
la beauté » a dit notre Prophète bien-aimé .
Et là j'ai une remarque intéressante à faire, c'est que lorsqu'on évoque le côté
esthétique de la barbe dans notre argumentation en faveur de la taille d'un peu de la
barbe, il est probable que certains frères qui optent pour la fatwa de Najd qui interdit
d'y toucher nous jetteraient un regard plein de préjugés. C'est comme si nous avions
rallié à leurs yeux le rang des détracteurs de l'Islam et des prédicateurs laxistes qui ne
font que faire perdre à la religion sa consistance et sa rigueur ; c'est ce qu'ils appellent
le tamyî`. Quand nous parlons de barbe esthétique, c'est selon les critères et les
normes de l'Islam et non pas selon ceux dont la saine nature a été corrompue avec les
passions et les désirs concupiscents et dont l'esprit a été conditionné par les médias et
la mode. N'oublions pas qu'un très grand nombre d'éminents savants ont parlé du côté
esthétique de la barbe, notamment Ibrâhîm An-Nakha`î, Mâlik, Al-Qâdî `Iyyâd, Ibn
Jarîr At-Tabarî, Abû Hâmid Al-Ghazâlî et Ibn Taymiyya. ‫واهلل أعلم‬