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à Hitler, il n'y a pas une différence de degré, mais de

u nature : pour Mussolini, qui reste profondément fidèle


au modèle du "despotisme classique, quoique en le
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matmant d un nationalisme aux accents plus mo-
L'origine du totalitarisme, ce serait alors l'oubli par
l'homme de la capacité de transcendance qui l'habite, dernes, le pouvoir vient d'en haut, s'applique vers le
et qui fait son essence, sa réduction à une animalité, bas, le chef s'efforce de mener, et non de suivre ses
indifférente à toute autre chose qu'à ses appétits troupes, parce que, comme aurait dit Gide, il cultive
matériels. Le totalitarisme, c'est peut-être tout simple- en l'homme ce qui le dévore; l'ennemi est, de manière
ment le matérialisme, et il est clair que les sociétés très traditionnelle, soit l'opposant politique, soit l'étran-
modernes ne sont pas sans un penchant déclaré en ce ger. La tyrannie hitlérienne est d'un genre qualitati-
sens. Et que l'on ne croie pas que les difficultés rap- vement différent : non seulement c'est parce qu'il suit
prochent les hommes : lorsqu'ils sont possédés par le ses troupes,'c'est-à-dire parce qu'il excite en elles les
matérialisme, elles accroissent la haine qu'ils se por- fibres les plus viles, qu'Hitler est leur chef, mais sur-
tent. Lisez Soljénitsyne. tout il n'est pas pour cette tyrannie d'homme qui
puisse être hostile au nazisme et réclamer encore la
Du concept à l'histoire : passé, présent et avenir du qualité d'homme; il n'est pas d'adversaire politique, il
totalitarisme. — Cette hypothèse permet de poser en n'est que des races inférieures. Le totalitarisme
des termes nouveaux certaines questions classiques. communiste enfin, parce qu'il se veut unjversaliste,
fait encore pire : plus explicitement encore que le
A) On veut usuellement que l'humanité ait connu nazisme, le despotisme communiste emprunte au petit
le totalitarisme dès avant notre siècle. S'il n'est pas tyran qui est en chaque homme ; mais par là" il dresse
simplement un despotisme, rien n'est moins sûr. Car il chacun contre chacun : Pènnemi n'est plus l'autre,
a pu exister des tyrannies horribles et l'homme a pu mais le semblable, et justement parce qu'il est un
mettre beaucoup de cruauté à réduire son semblable en sëmblabjë; pour" cette raison, unïlîgïme totalitaire'"se
esclavage. On admettra pourtant qu'il fait une grande reconnaît à ce qu'il ouvre des hôpitaux psychia-
différence de savoir s'il ne s'agissait que d'un joug triques : car lorsque l'ennemi est partout, il n'a plus
imposé par quelques hommes à d'autres, mûrissant de signe distinctif, si ce n'est quelque chose qui peut
dans le secret de leur cœur le désir de renverser leur affecter tout homme possible; aussi le fou est au
tyran, ou si tous sont complices d'une oppression dont communiste ce que le juif est au nazi.
tous souffrent, certes, mais qu'aucun ne souhaite vrai- C) On veut usuellement que le totalitarisme consiste
ment secouer parce qu'ils sont obscurément conscients dans une hypertrophie du pouvoir politique. Il a été
de pouvoir aussi en bénéficier. suggéré qu'il résultait au contraire d'une hypertrophie
B) On classe le plus souvent tous les régimes despo- de la société civile et, par conséquent, d'un véritable
dépérissement de l'Etat, c'est-à-dire qu'il naissait au
tiques de notre temps sous un titre unique, celui de
despotique. Ce simplisme nous empêche surtout de
discerner parmi eux ceux qui sont les plus inhumains, et
ceux qui nous menacent le plus. Ainsi, de Mussolini
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