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harmoniques
en amont des
redresseurs
des ASI
Jean Noël Fiorina
P1
cos j1 facteur de déphasage =
S1
∞
∑ Yn2
n=2
D% taux global de distorsion = 100
Y1
Yn
Hn % taux individuel d’harmoniques = 100
Y1
P
l facteur de puissance =
S
P1 puissance active de la composante fondamentale
S1 puissance apparente de la composante fondamentale
λ
n facteur de déformation =
cos ϕ1
Y1 valeur efficace du fondamental (courant ou tension)
Yn valeur efficace de l’harmonique de rang n ; pour le courant : In (IniN selon la norme CEI 146-4)
Zn valeur de l’impédance pour l’harmonique n (Un = ZnIn)
conséquences des distributeurs sont amenés à fixer ou à des contrôles systématiques lors de la
faire fixer des limites aux perturbations mise en service d’équipements.
courants harmoniques engendrées par certains utilisateurs. Par ailleurs, pour un même niveau de
Les courants harmoniques générés par Pour cela, il s’agit de définir : perturbation en courant, le taux de
certains matériels, tels que ■ d’une part, un taux de distorsion distorsion en tension, au point de
convertisseurs statiques, luminaires, maximum permettant un fonction- raccordement, dépend de l’impédance
fours à arc etc, (s’ils sont nombreux ou nement correct de la plupart des du réseau en ce point.
puissants par rapport à la puissance de utilisations (niveau de compatibilité),
la source), peuvent avoir des ■ d’autre part, un taux de perturbations
Une solution équitable consiste à
conséquences néfastes sur les autres maximum pour chacun des utilisateurs autoriser des puissances perturbatrices
matériels raccordés sur le même afin que les effets cumulés des proportionnelles à la puissance
réseau. différentes perturbations produites souscrite par chaque usager et pour
Les effets de ces courants permettent la compatibilité de fonction- chaque classe de tension : BT, MT, HT.
harmoniques sont développés dans le nement entre tous les matériels Les niveaux d’émission sont à
Cahier Technique n° 152 “Les raccordés sur le même réseau ; tous considérer dans les applications
perturbations harmoniques dans les doivent fonctionner correctement. domestiques et industrielles.
réseaux industriels et leur traitement”. Donc, si cette compatibilité est ■ applications domestiques
Rappelons que les courants nécessaire entre abonnés elle l’est En BT, le distributeur d’énergie ne pou-
harmoniques : également à l’intérieur des installations vant contrôler la situation, des normes
■ provoquent des échauffements des abonnés eux-mêmes (tertiaire ou fixent les niveaux de perturbation que
supplémentaires notamment dans les industrie). doivent respecter les appareils.
lignes, les transformateurs et les L’utilisateur final est tributaire du niveau A titre d’exemple, la norme CEI 555-2
batteries de condensateurs, de perturbations induites par les "Perturbations produites dans les
■ causent des vibrations et des bruits matériels qu’il installe, c’est pourquoi réseaux d’alimentation par les appareils
dans les matériels électromagnétiques, il est important que les fabricants électrodomestiques et les équipements
■ peuvent perturber les liaisons et les affichent clairement quels sont les analogues" impose des valeurs limites
équipements “courant faible”. niveaux de perturbations engendrées en courant pour chaque harmonique
par leurs produits. (pour les appareils absorbant un
Par ailleurs, une tension déformée peut courant efficace ≤ 16 A
perturber certains récepteurs tels que Des normes doivent donc fixer les
niveaux de perturbations harmoniques (cf. tableau fig. 2).
régulateurs, convertisseurs statiques
acceptables, pour les réseaux et pour ■ applications industrielles
(le passage à zéro de la tension
devient imprécis). les pollueurs. Dans ce domaine, il n’y a pas
Ainsi, un des éléments d’appréciation Niveau de compatibilité de aujourd’hui de norme internationale,
de la qualité de l’électricité est son taux fonctionnement mais un consensus semble se dégager
de distorsion en tension. autour de la notion d’étapes :
La norme CEI 1000-2-2 de mai 90
■ étape 1 : acceptation automatique.
définit les niveaux de compatibilité pour
Cette acceptation dépend du niveau de
les réseaux publics d’alimentation à
une nécessaire Basse Tension -BT-. Les niveaux
tension du réseau et concerne des
équipements de faible puissance vis-à-
normalisation retenus par cette norme pour la BT
vis de la puissance souscrite.
L’électricité étant aujourd’hui consi- étant les mêmes que ceux publiés par
Par exemple, pour EDF, la règle est
dérée comme un produit, les revues du CIGREE, (Electra n° 77
d’avoir une puissance perturbatrice
(particulièrement en Europe avec la de juillet 91 et n° 123 de mars 89), il
inférieure ou égale à 1 % de la puis-
directive du 25 juillet 1985 référencée : est probable que les niveaux retenus
sance de court-circuit minimale en
85/374/CEE), la responsabilité du pour la Moyenne Tension -MT- et la
situation normale au point de couplage.
producteur est engagée en cas de Haute Tension -HT- correspondront
Une extension de cette tolérance est
dommages causés par un excès également à ces recommandations
admise si la puissance perturbatrice
d’harmoniques. (cf. tableau fig. 1).
totale du client est inférieure à :
C’est pourquoi, afin de pouvoir garantir Niveaux d’émission - 4 MVA en HT,
un niveau de qualité suffisant à Il faudrait définir des limites pour - 500 kVA en MT,
l’ensemble des utilisateurs, les chaque abonné et éviter d’avoir à faire - 40 kVA en BT.
5 6 2 3 5 2 2 2 1,5
7 5 2 9 1,5 1 4 1 1
11 3,5 1,5 15 0,3 0,3 6 0,5 0,5
13 3 1,5 21 0,2 0,2 8 0,5 0,2
17 2 1 > 21 0,2 0,2 10 0,5 0,2
19 1,5 1 12 0,2 0,2
23 1,5 0,7 > 12 0,2 0,2
25 1,5 0,7
12, 5 2, 5
> 25 0, 2 + 0,1 +
n n
Taux global de distorsion : 8 % dans les réseaux BT et MT - 3 % dans les réseaux HT
fig. 1 : valeurs indicatives des niveaux (cibles) de compatibilité pour les tensions harmoniques (en % de la tension nominale à la fréquence
fondamentale), dans les réseaux d’énergie à HT (transport), MT et BT (extraits d’un article paru dans le numéro 123 de Electra).
courants harmoniques
générés par un redresseur e1 Zs e'1 i1
pont de Graëtz
e2 e'2 i2
Le redresseur (cf. fig. 4) est supposé
être associé à une inductance de i3
filtrage du courant continu de très e3 e'3
grande valeur de façon à ce que le
courant Id soit parfaitement lissé. T4 T5 T6
L’impédance de source est considérée
nulle dans un premier temps.
Les courants en ligne I1, I2 et I3
prennent à tour de rôle la valeur (et la
forme) du courant continu Id.
pont de Graëtz batteries
Chaque thyristor assure la conduction
d'accumulateurs
du courant pendant 1/3 de la période.
Avec l’hypothèse d’une impédance de
source nulle, le courant s’établit instan-
tanément à sa valeur Id lorsqu’un fig. 4 : schéma du redresseur chargeur.
thyristor devient conducteur.
influence de l’impédance
de source
a) b)
Celle-ci étant de nature selfique, son
i1
inductance interdit les variations i1 L T1
instantanées du courant. e1 Id
Le phénomène d’empiétement
Lorsque le thyristor T2 (cf. fig. 6a) est Id
commandé alors que le thyristor T1 est t
conducteur, le courant I2 s’établit dans
le thyristor T2 tandis que le courant I1 v i2
i2 L T2
diminue dans le thyristor T1. Id
e2
Les inductances L s’opposent aux
variations brutales de ces courants.
e1 , e2 : tension de source, phase-neutre
Pendant la durée ∆t de la commutation t
v : tension du + des redresseurs par
(cf. fig. 6b), il y a conduction
rapport au neutre ∆t
simultanée de deux thyristors (ce L : inductance de ligne représentant
phénomène est aussi appelé l'impédance de source ∆ t : durée de la commutation
empiétement).
La source est donc en régime de court-
circuit interphases (1 et 2) limité par les fig. 6 : phénomène d’empiétement.
deux inductances L.
10° 30°
70 70
5°
0° 20°
60 60
20°
5° 5°
50
0° 0° 10°
100 α = 90° 40
30°
10°
90 30
20°
10°
80 20
5°
0°
10
d XN d XN
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
InN InN
. 100 . 100
IniN IniN
100 100
α = 90°
90 90
80 80
90° α = 90°
70 70
30°
90°
60 60
30°
30°
50 5° 50 30°
20°
20°
40 0° 40 20°
0°
10°
5° 20°
30 30 5°
0°
10°
20 20
0° 5°
10° 10°
10 10
d XN d XN
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
fig. 9 : évolution de l’amplitude de courants harmoniques en fonction de l’impédance de source pour différents angles de retard α du pont de
Graëtz triphasé.
Les courbes de la figure 11 mettent en Il est bien sûr possible de combiner Calcul théorique du taux de
évidence que le taux de distorsion en ces méthodes afin d’optimiser le distorsion
tension, à l’entrée du redresseur, résultat. Pour chaque harmonique d’ordre n, il
devient vite important même avec une existe une composante de tension V’n
impédance de source très faible. au point B telle que :
Il est donc nécessaire de réduire ce mise en place d’une
taux de distorsion afin de pouvoir inductance à l’entrée du V'n = n . (LS + LF ) . ω . In
utiliser des redresseurs de puissance redresseur ω : pulsation du fondamental.
non négligeable par rapport à la
puissance souscrite. La figure n° 12 donne le schéma La tension Vn mesurée au point A est :
correspondant pour une phase.
Les courants harmoniques étant Vn = n . LS . ω . In
responsables de la distorsion en La mise en place de l’inductance LF
réduit le taux de distorsion du courant. LS
tension lorsqu’ils traversent Vn = V'n . .
l’impédance de source, c’est en Le taux de distorsion en tension au LS + LF
diminuant leur amplitude que l’allure de point A diminue.
Sa valeur peut être calculée à partir de En appliquant ce raisonnement à
la tension est améliorée.
celle présente au point B. Les chaque harmonique et en faisant le
Pour ce faire, trois méthodes inductances Ls et LF constituant un calcul de la distorsion totale, il apparaît
classiques sont utilisées : diviseur de tensions harmoniques. que si le taux de distorsion en tension
■ mettre une inductance
supplémentaire à l’entrée du
redresseur pour atténuer l’amplitude
des harmoniques (en particulier ceux Ls A LF B
de rangs élevés).
e
■ utiliser plusieurs redresseurs
alimentés par des tensions judicieu-
sement déphasées.
Avec cette méthode, il est possible
d’éliminer, par combinaison des D D'
courants, les harmoniques les plus
gênants (soit les rangs les plus bas car
LF : inductance de filtrage du redresseur
ils ont les plus fortes amplitudes). Ls : inductance totale de source (générateur + câblage)
■ conserver un seul redresseur pont de
e : source de tension parfaite
Graëtz unique et lui associer un filtre D, D' : taux de distorsion en tension
passif destiné à éliminer les
harmoniques les plus gênants et à fig. 12 : découplage harmonique par utilisation d’une inductance additionnelle.
réduire l’amplitude des autres.
I 32
a) L1
t + R1 +R
- R1
+ R2
- R2 -R
I12 − I 22 t
I' 1 = b)
3
+ R1
- R1 L2
+R
λ
+ R2
t
- R2 -R
primaire J1 = I11 + I' 1
fig. 14 : forme des courants absorbés par le redresseur et résultante au primaire du fig. 15 : montage en série (a) ou en
transformateur à deux secondaires. parallèle (b) des deux redresseurs.
+ +
A a A a A a
α α
α
c B c B
C B
C b C b
b
étoile simple double étoile polygonal
c) différents couplages pour l'autotransformateur
fig. 16 : montages permettant d'obtenir un déphasage de 30° et les différents couplages de l'autotransformateur.
Les classiques redresseurs à thyristors ramener ces perturbations à un niveau régulation adaptée, se comporter
des ASI sont des sources de pertur- acceptable. comme un filtre actif dédié à une
bations harmoniques et détériorent le Ces solutions sont aujourd’hui charge polluante particulière ou bien à
facteur de puissance de l’installation. parfaitement maîtrisées et largement l’ensemble d’une installation, le principe
Ces pollutions sont acceptables tant utilisées. étant comparable à celui de la
que la puissance de l’ASI est faible dépollution acoustique (émission de
La figure n° 24 présente la synthèse
devant la puissance de court-circuit du "sons" en opposition de phase avec les
des avantages et inconvénients des
réseau. sons à inhiber).
diverses solutions.
Lorsque le taux de distorsion en Ces mêmes convertisseurs peuvent
Dans un avenir qui peut être proche, la
tension dépasse les valeurs également, avec une autre stratégie de
multiplication des équipements
acceptables (de l’ordre de quelques %), pollueurs, l’évolution de la régulation, réaliser une compensation
il est nécessaire de prendre des normalisation et les exigences des auto-adaptative du cos ϕ de
mesures correctives. distributeurs d’énergie devraient l’installation.
La solution la plus simple et la plus conduire à l’utilisation de redresseurs Pour que ces dispositifs techniquement
commune consiste à placer en série propres, (ce qui est déjà réalisé pour maîtrisés soient industrialisés, il faut
une inductance qui réalise un les appareils monophasés grâce à la que leur coût soit acceptable par
découplage harmonique. technique du prélèvement sinusoïdal). rapport aux solutions classiques.
Lorsque cette mesure n’est pas Par ailleurs un convertisseur utilisant la Les principes de ces convertisseurs et
suffisante, l’utilisation de redresseurs technique de la modulation de largeur leurs possibilités seront abordés dans
décalés ou de filtres passifs permet de d’impulsions peut, en utilisant une un prochain Cahier Technique.
■ économique
■ coûteux
■ vis-à-vis du montage C
■ même efficacité et inconvénients
■ pertes plus faibles
■ plus économique
■ le plus performant