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n° 176

flicker ou
scintillement des
sources
lumineuses
René Wierda

Diplômé en 1989 ingénieur Génie


Électrique et Conduite de Réseaux à
l'université technique de Delft aux
Pays-Bas (Technische Universiteit
Delft, afdeling Elektrotechniek), il
entre chez Merlin Gerin en 1989 dans
le service Études de Réseaux
(Direction des Recherches
Générales).
Pendant plusieurs années il est
spécialement chargé des études de
réseaux d'alimentation de four à arc.
Il conçoit, en collaboration avec le
département de Réalisation et
Ensemble de Schneider Electric, des
dispositifs de filtrage HT pour
plusieurs installations industrielles.
Dans ce cadre il a été amené à
approfondir la connaissance des
perturbations apportées par les
processus industriels de grande
puissance.

CT 176 édition décembre 1995


Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.2
flicker ou scintillement des sources Le flicker correspond à des variations
lumineuses ; il résulte de faibles
lumineuses fluctuations de tension provoquées par
le fonctionnement de charges variables
importantes : fours à arc, soudeuses,
moteurs...
Il provoque une fatigue physique et
psychique pour les usagers de
l’éclairage raccordés à proximité de la
sommaire charge perturbatrice.
Ce Cahier Technique :
1. définition du flicker p. 4 c présente ce phénomène particulier
2. les fluctuations de tension à description des fluctuations de p. 5 auquel se trouvent parfois confrontés
l'origine du flicker tension à l'origine du flicker les concepteurs ou exploitants de
autres origines du flicker p. 6 réseaux,
les perturbateurs p. 6 c définit les grandeurs qui permettent
de le mesurer et les limites à ne pas
3. inconvénients du flicker, sensibilité des sources lumineuses p. 7 dépasser,
4. définition théorique de la gêne, dose de flicker, définition de p. 8 c présente les solutions pratiquées, le
quantification et mesure du flicker la gêne, mesure du flicker plus souvent sur les réseaux HTA et
la courbe de «Fonction de p. 9 HTB, pour réduire les fluctuations de
Probabilité Cumulée» -FPC- tension et donc le flicker. En cela il
les paramètres Pst et Plt p. 10 complète le Cahier Technique n°169
le flickermètre p. 10 «La conception des réseaux industriels
en HT».
le ∆V10 p. 11
autres grandeurs de mesure p. 11
5. limites niveaux de compatibilité p. 12
de Pst, Plt
limites individuelles de Pst, Plt p. 12
limites de ∆V10 p. 13
6. détermination du flicker méthode qualitative p. 14
méthode utilisant la p. 14
«courbe référence Pst = 1»
méthode analytique p. 14
dans une installation méthode pour les fours à arc p. 14
méthode pour les soudeuses p. 15
7. remèdes choix du mode d'éclairage p. 16
onduleur p. 16
modification du perturbateur p. 16
adjonction d’un volant d’inertie p. 16
convertisseur tournant p. 16
modification du réseau p. 16
la capacité-série p. 16
la réactance série p. 16
la réactance shunt saturée p. 17
la réactance de découplage p. 17
le compensateur synchrone p. 17
le convertisseur de phase p. 18
le compensateur statique (SVC) p. 18
synthèse p. 19
8. conclusion p. 19
annexe 1 : étude du flicker sur l'alimentation d'une soudeuse p. 20
annexe 2 : étude du flicker sur l’alimentation d’un four p. 22
annexe 3 : bibliographie p. 24

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.3


1. définition du flicker

Le flicker ou papillotement de lumière Les fluctuations brusques de la tension 2- soit par la mise sous et hors tension
(de l'anglais : to flicker = scintiller, du réseau sont à l'origine de ce de charges importantes : démarrage
papilloter) est défini comme phénomène. Dans cette définition du moteurs, manœuvre de batteries de
«impression subjective de fluctuation flicker ne rentrent que les fluctuations : condensateurs en gradins, etc.
de la luminance» (cf. CEI 555-1). C'est c d’amplitude < 10 %, Surtout étudié pour les lampes à
un phénomène de gêne physiologique incandescence, le flicker est plus ou
visuelle ressenti par les utilisateurs de c de période < 1 heure.
moins important selon le type de source
lampes alimentées par une source Le flicker résulte surtout des lumineuse. Il peut avoir des causes
commune à l'éclairage et à une charge fluctuations rapides de faible amplitude autres que les variations de tension.
perturbatrice. de la tension d'alimentation
Depuis 50 ans le flicker a fait l’objet de
La gêne correspondant au scintillement provoquées :
nombreuses publications. C’est un
se manifeste sur les lampes BT. Par 1- soit par la variation fluctuante de phénomène maintenant bien défini
contre, les charges perturbatrices puissance appelée par divers (norme CEI 868), analysé, mesurable,
peuvent se trouver connectées à tout récepteurs : fours à arc, soudeuses, pour lequel il existe des éléments de
niveau de tension. moteurs, etc, prévision et des remèdes.

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2. les fluctuations de tension à l'origine du flicker

Dans tous les pays industriels, les


distributeurs d'énergie, comme les
u
exploitants d'installation électrique,
doivent respecter des tolérances de
variations d'amplitude et de fréquence
1
sur leurs réseaux, sinon le bon 1 1 1 1
fonctionnement des équipements n'est 1
plus garanti. Ainsi, en France, la norme
EN 50160 fixe cette tolérance :
c à ± 10 % cette tolérance pour les
tensions nominales BT (Basse t
Tension : Un < 1000 V),
c de + 6 % à - 10 % spécifiquement
pour les tensions BT 230/400 V, entre
1996 et 2003, (harmonisation
internationale),
c à ± 1 % de la fréquence nominale
(50 Hz).
2 3 3
Mais différentes sortes de variations de
tension existent telles les fluctuations 1 variation de tension (∆U), ici au nombre de sept,
(variations cycliques), les creux de 2 durée de la varation de tension,
3 intervalle entre deux varations.
tension, les coupures, les
surtensions, … (cf. fig. 1). fig. 1 : définitions liées aux variations de tension (selon la CEI 555-3).
Le Cahier Technique n°141 en fait une
présentation détaillée.
Les variations de tension par R, X P, Q
Dans les paragraphes suivants, sont
à-coups E U
présentés les deux principaux types de
Il s'agit ici des à-coups de tension se réseau M
fluctuation de tension provoquant du
produisant de façon systématique ou
flicker puis un rappel de la relation
erratique (intervalles entre à-coups
entre fluctuation de tension et
supérieurs à quelques secondes).
puissance appelée.
Ces variations sont dues à des mises E
Deux autres causes de flicker et les
en service de charges importantes
différents types de perturbateurs sont X.I
(ex : démarrage moteur, manœuvre de
abordés à la fin de ce chapitre. U
batterie de compensation, …). ϕ R.I
Explication mathématique de I
description des l'origine du flicker
fluctuations de tension à Les sources de ces fluctuations sont fig. 2 : les variations de tension à l'origine du
les équipements électriques dont le flicker sont dues aux variations du courant I
l'origine du flicker fonctionnement nécessite d'importantes parcourant l'impédance du réseau (R, X).
Les variations de tension variations cycliques de courant qui,
périodiques et rapides parcourant l'impédance du réseau
Ces variations périodiques ou (R, X), provoquent les variations de Q = puissance réactive de la charge
erratiques permanentes ont une tension ∆U (cf. fig. 2). sous la tension nominale U
décomposition spectrale dans une On définit : cos ϕ = facteur de puissance de la
bande de 0,5 Hz à 25 Hz. U = tension nominale du réseau (de charge
Elles sont dues à des charges (ou fonctionnement) I = courant nominal de la charge
ensemble de charges) dont l'utilisation E = tension à vide du réseau Scc = puissance de court circuit du
se caractérise par une variation ∆U = chute de tension (= E - U) réseau amont
permanente d'appel de puissance P = puissance active de la charge sous R = résistance totale du réseau amont
(ex : fours à arc, machines à souder, …) la tension nominale U X = réactance totale du réseau amont

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.5


Si on considère que l'angle entre E et U lorsque la commande de phase ampute Machines à charges fluctuantes
est faible : une partie de la sinusoïde. Les moteurs puissants, ou groupes de
∆U = E - U ≈ R.I.cos ϕ + X.I.sin ϕ c les tubes avec ballast électronique moteurs, à démarrages et arrêts
On peut écrire : sont généralement insensibles aux fréquents, ou à charge variable, (tels
P = U.I.cos ϕ et Q = U.I.sin ϕ variations de leur tension ceux des laminoirs), ainsi que les
ce qui donne: d'alimentation. Il existe des ballasts machines à couple résistant alternatif
R.P + X.Q pouvant utiliser des gradateurs à (compresseurs), peuvent produire du
∆U = flicker.
U commande de phase, dans ce cas des
et en valeur relative : papillotements ont pu être observés en Régulateurs de puissance à
∆U R.P + X.Q présence d'harmoniques ou de thyristors
=
U U2 courants porteurs (détection incertaine Pour échapper aux inconvénients de la
Remarques : du passage à zéro de la tension). «commande de phase» (harmoniques
1- en HT, la résistance R est Flicker provoqué par les et parasites HF), les régulateurs à
négligeable vis à vis de l'impédance X, infraharmoniques et les thyristors (parfois appelés gradateurs)
l'équation se transforme en : interharmoniques fonctionnent en «commande
∆U X.Q Q Il a été démontré et constaté que dans syncopée» chaque fois que leur charge
≈ 2 =
U U Scc certaines conditions, la présence le permet.
c'est la variation de la puissance d'interharmoniques dans la tension Les thyristors à commande syncopée
réactive Q qui est prépondérante et doit d'alimentation est aussi une source de sont allumés pendant des périodes
donc être contrôlée ; flicker [1]. En particulier, les lampes à entières (régulation par train d’ondes
2- en BT, R n'est pas négligeable : il incandescence sont sensibles dans la entières), mais les temps de conduction
faut alors agir sur les puissances active bande de fréquence comprise entre sont très brefs, répétés à des
et réactive, P et Q. 20 Hz et 80 Hz, alors que les fréquences de quelques Hz. Ils sont
fluorescentes le sont pour des donc générateurs de flicker.
fréquences supérieures à 100 Hz. Les Par exemple, pour éviter ce
autres origines de flicker lampes à ballast inductif semblent plus phénomène dans le domaine du
Dysfonctionnement du système sensibles à ce phénomène que celles chauffage électrique, les normes
d'éclairage, avec ballast capacitif. imposent aux constructeurs des
Une fluctuation du flux lumineux peut systèmes de régulation tels que la
également être due à un mauvais puissance ne soit pas commutée plus
fonctionnement du système d'éclairage. les perturbateurs d'une fois toutes les vingt secondes.
C'est la première hypothèse à vérifier Le four à arc Les machines à souder
en cas de problème ! Le four à arc est le principal générateur Les soudeuses à arc de puissance
Par exemple : Les lampes de flicker. Les fluctuations de tension, relativement faible sont peu gênantes
fluorescentes comportent un ballast. que son fonctionnement normal fait (sauf utilisation intensive chez un
c les tubes avec ballast naître, sont d’autant plus ressenties abonné BT). Par contre les cycles
ferromagnétique traditionnel, outre le que la puissance des fours est élevée, répétitifs des soudeuses par résistance,
clignotement observé en fin de vie, en particulier par rapport à la puissance à des fréquences comprises entre
peuvent générer du flicker lorsqu'ils de court-circuit du réseau : elle se 0,1 et 1 Hz , sont à l’origine de
sont associés à un gradateur. En effet, chiffre couramment en dizaines de perturbations sous la forme d’à-coups
l'ionisation du gaz devient incertaine MVA. de tension.

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3. inconvénients du flicker,
sensibilité des sources lumineuses

Les fluctuations de tension n'ont principales caractéristiques des (espaces extérieurs, monuments,
généralement pas d'influence sur le différentes sources lumineuses et leurs routes, etc.) ;
bon fonctionnement des appareils comportements selon la tension. c les lampes à incandescence ;
connectés, la variation étant inférieure En résumé il est possible d'écrire que c les lampes fluorescentes.
aux limites contractuelles de variation toutes les sources lumineuses sont Les récepteurs de télévision ainsi que
de tension d'alimentation (cf. chapitre sensibles aux variations de tension, et les écrans des systèmes informatiques
précédent). Par contre, ces fluctuations dans l'ordre décroissant de sensibilité : ont une certaine sensibilité au flicker,
peuvent, pour différents types c les lampes à vapeur de mercure ou elle est très variable suivant les
d'éclairage, affecter le flux lumineux. Le de sodium, mais elles éclairent des appareils, aucune étude précise n’a été
tableau de la figure 3 regroupe les lieux où le papillotement est peu gênant faite à ce sujet.

sources lumineuses fluorescence incandescence vapeur de sodium vapeur de sodium vapeur de mercure
à basse pression à haute pression à haute pression
type de lampes rectiligne, circulaire, standard, avec différents culots ballon fluorescent,
monoculot, compact fantaisie halogène lumière mixte
miniature ou de BT ou TBT à iodures métalliques
substitution avec différents culots
puissance de 4 à 65 de 5 à 2 000 de 18 à 180 de 35 à 1 000 de 35 à 3 500
électrique (W)
efficacité lumineuse de 35 à 104 de 8 à 25 de 100 à 200 de 37 à 150 de 11 à 120
lm.W-1
comportement à la le plein flux lumineux le plein flux lumineux un délai de 5 à 10 un délai de 5 à 7 un délai de 1 à 4
mise sous tension est obtenu lors de est immédiat. minutes est minutes est minutes est
l'amorçage. La surintensité peut nécessaire après la nécessaire après la nécessaire après la
Un courant de atteindre 14 In mise sous tension, mise sous tension, mise sous tension,
préchauffage de pour obtenir le plein pour obtenir le plein pour obtenir le plein
quelques secondes flux lumineux. flux lumineux. flux lumineux.
peut atteindre 2 In Il n'y a pas de La surintensité peut La surintensité peut
surintensité notable. atteindre 1,2 à 1,3 In. atteindre 1,5 à 1,7 In.
comportement n’est perturbée que particulièrement très sensible, puisque idem à vapeur de idem à vapeur de
vis à vis des par des fluctuations sensible aux faibles son inertie thermique sodium à basse sodium à basse
fluctuations de 2 à 3 fois plus fortes variations de tension est celle du plasma pression pression
la tension (par rapport à répétées en raison de la décharge
d'alimentation l'incandescence) de la faible constante lumineuse.
en raison de la thermique des
rémanence lumineuse filaments
du dépôt fluorescent (10 à 200 ms).

fig. 3 : principales caractéristiques et comportement aux variations de tension des différentes sources lumineuses.

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4. définition théorique de la gêne,
quantification et mesure du flicker

La quantification et la mesure du
phénomène du flicker se révèlent assez
complexes, car ils font intervenir en ∆U%
U
même temps des facteurs techniques,
physiologiques et psychologiques.
Comment quantifier et mesurer la 6
sensation de gêne éprouvée par
l'homme ? Plusieurs études
approfondies sur l’analyse et la 5
quantification du flicker ont été menées
dans divers pays [2]. 4 zône de perception
Dans ce chapitre sont présentées dans
l'ordre chronologique les différentes
étapes qui ont permis au flicker d'être 3
maintenant un phénomène bien défini,
quantifié et mesurable :
2
c analyse expérimentale de la gêne
éprouvée par l'homme subissant un
flicker dû à des fluctuations de tension, 1

c quantification du flicker et définition 0,5


d'unités de mesure : flicker instantané,
dose de flicker, 1 2 3 6 10 20 30 2 3 6 10 20 30 2 3 6 10 20 nombre de
par heure par minute par seconde variations
c réalisation d'un appareil de mesure :
le flickermètre,
fig. 4 : seuil de sensibilité de l’œil aux variations d’éclairement des lampes à incandescence
c élaboration d'une analyse statistique résultant des fluctuations de tension.
de mesure,
c introduction de deux paramètres
définissant la gêne du flicker Pst (court
c le seuil minimal de perception pour
terme) et Plt (long terme).
cette fréquence 8,8 Hz (= 0,25 %) et le
a 8,8 (t) = ∑ a8,8 i2 (t) = ∑ ai2 (t).gf i2
Ces grandeurs sont celles qui sont i i
seuil minimal de gêne (= 0,5 %)
actuellement utilisées. Le paramètre a8,8(t) est une fonction du
(cf. fig. 4).
Un autre paramètre d'analyse, le ∆V10, temps, il est appelée : flicker
est habituellement utilisé au Japon et c deux principes ont été retenus : instantané.
dans certains autres pays. v la gêne perçue pour une fluctuation
c il a été observé que pour une
de la tension à une fréquence f (autre
fluctuation de tension, fréquence,
que 8,8 Hz) avec une amplitude af, est
amplitude et durée déterminées, la
dose de flicker, définition égale à la gêne perçue pour une
même sensation de gêne était
de la gêne, mesure du fluctuation de la tension à 8,8 Hz avec
éprouvée pour une fluctuation de
une amplitude équivalente a8,8 = gf.af.
flicker Le coefficient (gf) ne dépend que de la
tension de même fréquence,
La «Dose de flicker», premier d'amplitude double, mais de durée
fréquence de cette fluctuation de
paramètre de quantification de flicker, quatre fois plus courte.
tension initiale (gf i 1 ; g8,8 = 1).
utilisé en France, a été établie à partir Toute fluctuation de tension peut donc Ces résultats permettent de définir un
d'expérimentations : paramètre de quantification de la gêne
être exprimée en fluctuation de tension
c la sensation de gêne est fonction du équivalente à 8,8 Hz. -G- perçue sur une période
carré de l'amplitude de la fluctuation de v une superposition de plusieurs d'observation T donnée (normalement
la tension et de la durée de celle-ci. fluctuations de tension à fréquences fi une minute) selon l'équation :
c la sensibilité de l’observateur moyen et amplitudes ai différentes, équivaut à t0 + T

∫ a8,8 (t)
une fluctuation d'amplitude a8,8 2
aux fluctuations d’éclairement est G= .dt
maximale autour de 10 Hz (8,8 Hz). équivalente à 8,8 Hz et donnée par : t0

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.8


Il est appelé Dose de flicker et
s'exprime en %2.mn (pour cent carré
minute). flicker instantané
(classes)
La Dose de flicker donne une
10
évaluation de la quantité de gêne
pendant une durée donnée. Ce
9
paramètre est très fluctuant pour une
charge perturbatrice avec un cycle de 8
fonctionnement plus long que la
période d'intégration. Il exprime mal la 7
gêne totale perçue. Dans le souci de
pouvoir analyser aussi bien des 6
fluctuations de tension périodiques que
les à-coups de tension, une méthode 5
d'analyse statistique a été développée. t1 t2 t3 t4 t5
4
Nota :
1- La définition de la Dose de flicker est 3
basée sur les expérimentations A/D
effectuées avec une lampe à 2
incandescence de 60 W, 50 Hz, 220 V. fréquence de balayage
2- En France, l’utilisation de la Dose de 1
flicker n’est plus d’actualité. D’autres
0
grandeurs (Pst-Plt) sont maintenant
t
employées pour exprimer la sévérité du
flicker.
fig. 5 : représentation schématique d'un échantillonnage du flicker instantané montrant le
La sévérité était appréciée par niveau de flicker en fonction du temps pour un nombre de classes limité à dix (selon CEI 868).
comparaison entre la Dose de flicker
mesurée et la courbe limite de Dose de
flicker [2]. FPC (%)

la courbe de «Fonction de 100


Probabilité Cumulée» -FPC-
Cette courbe est établie à partir des
valeurs de flicker instantané, soit
a8,82(t), qui peut aussi être considéré
comme la valeur «différentielle
instantanée de la Dose de flicker».
Le flicker instantané a8,82(t), fonction
du temps, est échantillonné. Ces
mesures échantillonnées sont
groupées dans des classes selon leur 50
valeur (cf. fig. 5).
Cela permet de tracer la fonction de
densité de probabilité et la «Fonction de
Probabilité Cumulée» -FPC- (cf. fig. 6).
Dans l'exemple, pour simplifier le tracé,
le nombre de classes a été limité à 10.
Sur cette courbe, 5 valeurs sont lues :
P0,1, P1, P3, P10 et P50. Elles expriment
les niveaux de flicker instantané
dépassés pendant respectivement
0,1 %, 1 %, 3 %, 10 %, et 50 % de la 0
période d'observation, qui est 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 classes
normalement 10 mn. Les valeurs P1 à fig. 6 : courbe de la Fonction de Probabilité Cumulée de la présence du signal dans une des
P50 sont des valeurs lissées classes dont le nombre a été, ici, limité à dix (selon CEI 868).
(cf. CEI 868-0).

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.9


les paramètres Pst et Plt Définition Plt : Habituellement m = 3, mais d'autre
L'évaluation finale de la sévérité du La sévérité d'un flicker de longue durée valeurs peuvent être utilisées.
flicker selon la CEI 868 s'exprime par Plt est déduit du Pst par la formule :
deux paramètres : le Pst (short time) et N le flickermètre
le Plt (long time).
3
∑ Psti3 Les fluctuations de tension telles que
Pst et Plt sont les «unités de mesure» i=1
Plt = décrites ci-dessus sont analysables
du flicker ; grandeurs sans dimension N avec un appareil de mesure : le
physique, ils sont ici dénommés
flickermètre de l'UIE (Union
«paramètres». où Psti (i = 1, 2, 3,…) sont les valeurs
Internationale d'Electrothermie).
Alors que le Pst est déterminé à partir consécutives de sévérité de Pst
La norme CEI 868 décrit les
d'un algorithme multipoints utilisant les obtenues.
spécifications fonctionnelles de cet
5 points P0,1, P1, P3, P10 et P50 lus sur La Plt doit être déduite des valeurs Pst appareil (cf. fig. 8) qui sont :
la FPC, le Plt est calculé à partir de sur une durée appropriée liée au cycle
plusieurs valeurs de Pst. c adaptation de la tension d'entrée
de fonctionnement de la charge, ou sur
Ainsi, le Pst est calculé sur une période (bloc 1),
une période pendant laquelle un
de 10 mn et le Plt à partir de 12 valeurs observateur peut être sensible au c simulation de la réponse lampe-oeil-
de Pst sur une période de 2 heures [5], flicker, par exemple quelques heures cerveau ou calcul du flicker instantané
[6], [7]. Ils tiennent compte des (normalement 2 heures). (tension en sortie bloc 4)
différentes formes de FPC. L'ordre de grandeur de la limite c calcul de la Dose de flicker (sortie 4)
Cette méthode de quantification du tolérable est : Plt = 0,74.
flicker a l'avantage d'être «universelle» : c optionnellement l'évaluation
indépendante du type de fluctuation Le paramètre Pst global, dû à différents statistique du niveau de flicker ; calcul
(périodique, à-coups, sinusoïdal ou pollueurs raccordés à un même réseau, de FPC, Pst et Plt (bloc 5).
autre forme, etc.) et donc indépendante et évalué en un point donné, est Un premier flickermètre numérique
du type de perturbateur. calculé selon la règle de sommation entièrement statique a été réalisé en
Ces paramètres sont calculés et suivante : 1971 par P. Duveau à l’EDF [8].
stockés pendant toute la durée des Les flickermètres actuels génèrent un
mesures. Pst = m ∑ (Pstm
i ) grand nombre de paramètres différents
Par exemple, pour un calcul du Pst sur i de mesures ou d'analyse : valeur
10 mn et de deux heures pour le Plt :
après une période de mesures d'une
journée, 144 valeurs de Plt sont
disponibles.
∆U/U (%)
Définition Pst :
Le Pst est défini par l'équation :
Pst = [K0,1. P0,1 + K1.P1 + K3.P3
+ K10.P10 + K50.P50]1/2
avec : 3
Pn = niveaux sur la courbe FPC ayant
une probabilité de n % d'être dépassée, 2
Kn = coefficients de pondération donnés
par la norme et qui permettent à la 1
courbe limite de la CEI (cf. fig. 7) de
correspondre à un Pst = constante = 1
(la courbe CEI a été établie
expérimentalement bien avant la
définition du Pst). Le Pst représente
ainsi la courbe CEI .
La sévérité d'un flicker de courte durée
Pst, définie par la norme CEI 868-0 est taux de
0,10
ainsi exprimée par l’équation : 1 10 10 2 10 3 mn -1 répétition
Pst = [0,0314.P0,1 + 0,0525.P1
+ 0,0657.P3 + 0,28.P10 + 0,08.P50]1/2 0,1 1 10 hertz fréquence
avec :
P0,1 = niveau dépassé pendant seulement fig. 7 : courbe limite de gêne du flicker donnant l'amplitude des fluctuations de tension en
0,1 % de la période d’observation, fonction de leur fréquence de répétition pour une sévérité de flicker Pst = 1 (selon CEI 868). A
P1 = niveau dépassé pendant noter que la fréquence correspond à deux fluctuations.
seulement 1 %…

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.10


dispositif de simulation de la perception humaine signal image de la gêne
(flicker instantané)

bloc 1 bloc 2 bloc 3 bloc 4 bloc 5


convertisseur
transformateur adaptateur démodulateur filtres de élévateur analogique/numérique
d'éntrée d' entrée quadratique pondération au carré +
+ +filtre programmateur des
générateur passe-bas périodes d'observation
d'un signal (lissage) +
de contrôle interfaces de sortie

sorties n° 1 2 3 ■ sélection des 6


gammes
■ tension efficace de ■ niveau de ■ présentation des
chaque alternance fluctuation 4 ■ intégration sur une données (Pst, Plt)
minute (dose de flicker)
■ enregistrement
5 ■ enregistrement

fig. 8 : diagramme fonctionnel du flickermètre UIE (selon CEI 868).

Pour une fluctuation de tension


durée de mesure : une semaine identique, le flicker produit par les
période d'analyse : une journée lampes alimentées en 110 V est
caractéristiques disponibles après mesures avec un flickermètre : légèrement inférieur à celui produit par
période grandeur expression symbolique les lampes comparables alimentées en
220 V. En effet une lampe de même
instantanée flicker instantané a8,8(t)
t 0 +1
puissance a besoin d'un courant plus
∫ a8,8 (t) .dt élevé, donc de filaments plus gros d'où
2
toutes les minutes Dose de flicker (en %2.mn/mn) G=
t0
une inertie thermique plus forte contre
tous les 10 minutes paramètre court terme Pst des variations [7] (voir l'exemple en
toutes les 2 heures paramètre long terme Plt annexe 2).
chaque jour valeur max journalière de Pst Pstmax Le rapport : ∆V10 / Pst est environ 1/3.
Ce rapport dépend fortement des types
3ième grande valeur max. journalière de Pst Pst3max
de perturbateur et des hypothèses de
valeur max. journalière de Plt Pltmax
calcul. Pour le flicker dû à des fours à
autres paramètres statistiques calculés arc à courant continu ce rapport varie
fin de semaine valeur maxi des 7 Pltmax journalières entre 1/3,3 et 1/4,4 [9] .
(Pltmax = plus grande valeur de Plt mesurée)
valeur maxi des 7 Pst3max journalières
(Pst3max = troisième plus grande valeur de Pst)
autres grandeurs de
autres paramètres statistiques calculés mesure
Depuis une dixaine d'années la CEI a
fait de grands efforts pour standardiser
fig. 9 : exemple d'analyse de flicker avec flickermètre. la mesure et l'évaluation du flicker
résultant avec les paramètres Pst et
Plt ; mais il existe d'autres paramètres
efficace du signal, sensation de flicker incandescence alimentées en 110 V. Il
de flicker que ceux mentionnés
instantanée, dose de flicker par est beaucoup utilisé dans les pays de
minutes, FPC, analyse statistique, ci-dessus. Soit parce qu'ils sont issus
l'Extrême Orient, notamment au Japon. de réglementations spécifiques (par
calculs de valeurs Pst et Plt, etc
(cf. fig. 9). Le ∆V10 est la valeur de l'amplitude exemple aux Etats-Unis), soit parce
d'une fluctuation de tension équivalente qu'ils ont été utilisés autrefois (par
à fréquence 10 Hz, qui produit la même exemple le «FGH-meter» en
le ∆V10 sensation de gêne que la fluctuation Allemagne, ou le «Gauge point» en
Le paramètre ∆V10 est basé sur réelle. Elle est exprimée en % de la Grande Bretagne, ou la «Dose de
l'utilisation des lampes à tension nominale. flicker» en France).

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.11


5. limites

Chaque distributeur d'énergie distributeur peut toujours imposer que les seuils de compatibilité ne soient
électrique veille sur la qualité de d'autres limites à ses clients. pas dépassés lorsque tous les
l'électricité qu'il fournit. Comme pour En BT, ces valeurs de limites perturbateurs raccordés au réseau sont
chaque type de perturbation, il va acceptables ont une signification en service. Pour cela le distributeur
exiger des limites à la perturbation physique. Elles sont basées sur des fixe, pour chaque installation
apportée par chacun de ses clients afin sensations de gêne réelle : Pst = 1 perturbatrice connectée au réseau, des
d'assurer un bon fonctionnement de correspond au seuil de gêne éprouvée niveaux de fluctuation de tension
tout son réseau. Les textes 1000-3-3, par un observateur moyen. La limite correspondant à un flicker acceptable.
1000-3-5 de la CEI vont fixer les limites pour la sévérité longue durée Plt est Les caractéristiques alors prises en
concernant le flicker ; la norme logiquement plus basse, pour prendre compte sont :
EN 50160 du CENELEC et la en compte l'effet cumulatif de la gêne. c la puissance du perturbateur,
CEI 1000-2-2 fixent des limites de En HTA et HTB par contre, les valeurs c la puissance de court-circuit au point
compatibilité. limites de compatibilité n'ont pas de de raccordement,
signification directe. Aucun éclairage
n'est connecté à ces niveaux de c la présence d'autres perturbateurs,
niveaux de compatibilité de tension et une sensation de gêne ne c le nombre d'utilisateurs qui peuvent
Pst, Plt peut donc pas être eprouvée. Ces être gênés,
La qualité de l'électricité vis à vis du seuils doivent être compatibles avec c un fonctionnement temporaire ou
flicker s'exprime selon les deux ceux de la BT. permanent de la source de fluctuations,
grandeurs : Pst et Plt. En théorie, il est considéré que le c l'évolution future du réseau.
Un niveau de compatibilité, ou limite rapport de transmission du taux de
tolérable théorique, est donné pour Une pratique simple peut être
flicker d'un niveau supérieur de tension
chacun de ces paramètres et pour les d'accepter un niveau de gêne apporté
vers un niveau inférieur est égal à 1.
trois niveaux de tension BT, HTA et par chaque perturbateur proportionnel
Tout flicker présent sur HTA ou HTB se
HTB (cf. fig. 10) [11]. Ces valeurs à la puissance souscrite dans le contrat
retransmet au niveau BT.
expriment les niveaux à ne pas de livraison entre le distributeur et
dépasser sur un réseau pour éviter un En pratique, le flicker est souvent l'industriel. Pourtant, afin d'éviter des
flicker gênant. atténué par l'effet stabilisant de la limites trop sévères aux petits
tension dû aux moteurs et générateurs utilisateurs, des niveaux d'émission
Remarques: connectés à tous les niveaux de individuels acceptables, pour tout
1- Ces valeurs ne sont pas les limites tension en aval du réseau HT niveau de tension, ont été définis
acceptables de flicker d'un seul considéré. Le facteur d'atténuation (cf. fig. 11) [11].
perturbateur ou d'une seule usine. varie entre 0,5 et 0,8, selon la
2- Ces valeurs sont des niveaux de Le distributeur prend alors soin que la
puissance des moteurs et des sommation des perturbations apportées
compatibilité théorique. Elles sont générateurs installés.
destinées à servir comme valeurs de par chaque client, ne dépasse pas les
Suite à cette atténuation de flicker un seuils de compatibilité. Les seuils
référence en cas de gêne éprouvée et taux de Pst > 1 en HTA est parfois
dans un but de planification, mais un individuels doivent être respectés afin
accepté (exemple rencontré : d'éviter des plaintes.
Pst = 1,25). Pourtant il est souvent accepté que le
La norme européennes EN 50160 seuil de Pst soit occasionnellement
n'indique que des limites de Plt. Elle est dépassé.
moins sévère que le tableau ci-contre
limites niveaux de et impose aux distributeurs de fournir,
acceptables compatibilité pour
sous conditions de fonctionnement
de flicker plannification
normales de leur réseau (Un < 35 kV),
BT HTA HTB
une tension avec un Plt < 1 pendant niveaux individuels acceptables
Pst 1,00 1,00 0,79
Plt 0,74 0,74 0,58
95 % de la semaine. Pst 0,35
Plt 0,25
limites individuelles de
fig. 10 : limites acceptables et niveaux de Pst, Plt
compatibilité théorique de Pst et Plt pour fig. 11 : niveaux d'émission de flicker
différents niveaux de tension… selon Quand un industriel demande de individuels acceptables, valables en HTB,
publication de l’UIE [11]. connecter une charge perturbatrice sur HTA, BT.
le réseau, le distributeur veille au fait

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.12


Si des limites de Pst et Plt sont Pltmax (Pltmax = plus grande valeur de
imposées, des contrôles sont Plt mesurée).
nécessaires. Il faut alors définir une
durée de mesures et si les valeurs
limites peuvent occasionnellement être limites de ∆V10
dépassées, en définir les critères. La La valeur efficace du ∆V10, mesurée
méthode suivante de diagnostic sur 1 minute est définie comme ∆V10s
approfondi est proposée par le CIGRE (short time = court durée), avec les
et le CIRED : limites suivantes :
c durée des mesures : 1 semaine, c seuil de perception :
c valeur de Pst : calculée toutes les ∆V10s = 0,32 %
10 mn, c seuil de gêne :
c valeur de Plt : calculée toutes les ∆V10s = 0,45 %
2 heures, ( = 1 p.u. ∆V10 )
c la valeur critère pour Pst est la plus La quatrième plus grande valeur de
grande des 7 valeurs journalières du ∆V10s est à comparer avec la limite
Pst3max (Pst3max = troisième plus court terme exigée.
grande valeur de Pst ), La moyenne des résultats d'une heure
c la valeur critère pour Plt est la plus est à comparer avec la limite long
grande des 7 valeurs journalières terme exigée [7].

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.13


6. détermination du flicker dans une
installation

Avant d’installer un appareil générateur calcule le paramètre Pst d'une Exemple :


de fluctuations de tension sur un installation à partir des caractéristiques Avec les données de l'exemple
réseau, il faut connaître le taux de de la variation de tension. précédent (∆ = 0,9 % ; r = 10 /mn ;
flicker qu'il apporte au réseau. Ce taux R ≈ 1,05 ; F ≈ 0,98) :
de flicker dépend à la fois des Pst = 0,365 x 0,9 x 0,98 x 100,31 x 1,05
caractéristiques de l'appareil et de méthode utilisant la Pst = 0,69.
celles du réseau auquel il est connecté. «courbe référence Pst = 1»
La prédétermination du flicker se fait Cette méthode est basée sur le
par une analyse théorique du réseau et principe que le niveau de flicker est
méthode pour les fours à arc
du perturbateur, elle permet d'estimer Deux méthodes d'estimation du flicker
proportionnel à l'amplitude de la
le taux de flicker. sont proposées :
variation de tension. La courbe limite
Ce chapitre présente quelques règles c la première est basée sur la «Dose
de sévérité du flicker de la CEI 868
et méthodes pratiques pour évaluer le de flicker» anciennement utilisée en
(cf. fig. 7) donne l'amplitude limite de la
niveau de flicker émis par un appareil France [3] [4] [12].
fluctuation de la tension en fonction de
perturbateur. Pour le flicker l'analyse se c la deuxième méthode calcule la
la fréquence de cette fluctuation. Cette
fait au Point Commun de Couplage valeur de Pst.
courbe correspond donc à Pst = 1.
(PCC), ou point de l'installation
commun au perturbateur et à Exemple : Dose de flicker :
l'éclairage. Pour les perturbateurs Un perturbateur crée un échelon de La Dose de flicker créée par un four à
puissants, c'est souvent le point de tension avec une amplitude de 0,9 % arc à courant alternatif (schéma
connexion du réseau usine avec celui avec une fréquence de répétition de électrique équivalent donné par la
du distributeur. 10 fois par minute. L'échelon de figure 12) est donnée par l'équation :
tension maximal qui donne une gêne 2
 Xn 
de flicker acceptable, lu sur la courbe G = k 2 .  .t
méthode qualitative de référence, est ∆ULim = 1,35 %.  Xn + Xf 
La première et la plus simple La fluctuation de ∆U = 0,9 % donne un
prédétermination de flicker se fait en niveau de flicker de :
analysant le rapport entre la puissance Pst = 1 x (0,9/1,35) = 0,67 réseau
de la charge perturbatrice et la Pour mieux comprendre la démarche d'alimentation
puissance de court-circuit du réseau. pratique, un exemple est donné en
c en règle générale, le flicker ne annexe : installation d’une soudeuse.
Xn
provoque pas de gêne si la puissance
apparente de l'ensemble des charges
perturbatrices est inférieure à 1 % de la
méthode analytique
PCC (Point
puissance de court-circuit du réseau au Cette méthode [11] peut être utilisée Commun de
point commun de couplage. globalement pour des perturbations Couplage)
répétitives. Elle introduit surtout un
c entre 1 et 2 %, il y a une zone coefficient dépendant de la forme de la Xf
d’incertitude où la gêne admissible variation de tension. Le Pst peut être
dépend beaucoup du type de charge, estimé par la formule :
du voisinage avec les réseaux
Pst = 0,365.∆.F.r 0,31.R
d’éclairage, etc. alimentation
avec : four des circuits
c au-dessus de 2 % des dispositions ∆ = variation relative de la tension en %
doivent être prises pour réduire le d'éclairage
(cf. fig. 1),
flicker au niveau admissible. r = taux de répétition de la variation de Xn = réactance de court circuit amont du
Dans la zone d’incertitude et tension (en mn-1) réseau d'alimentation,
au-dessus, il est nécessaire de R = coefficient dépendant du taux de Xf = ensemble des réactances de toute la
connaître le taux de flicker de la charge répétition (R ≈ 1 pour r i 1000 et chute liaison électrique du PCC au four (le
à installer afin d'évaluer la nécessité de brutalement pour r > 1000) transformateur abaisseur, les câbles de
réduction du flicker. Plusieurs F = facteur d'équivalence, dépendant connexions HT, l'éventuelle réactance série,
méthodes approchées ont été de la forme de la fluctuation de tension le transformateur du four et toutes les
proposées, elles reposaient surtout sur (F ≈ 1 pour les fluctuations brusques : connexions BT du four).
l’extrapolation de mesures de flicker échelons, créneaux, et 0,9 < F < 1 pour fig.12 : schéma électrique équivalent de
relevées sur des matériels semblables fluctuations douces : sinusoïdales, l'alimentation électrique d'un four à arc.
ou sur une méthode analytique qui rampes…)

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.14


avec : avec : Le niveau de perturbation considéré
Xn = la réactance de court-circuit Kst = coefficient expérimental (compris comme acceptable est fixé à :
amont du réseau d'alimentation, vue du entre 48 et 85, d'une valeur ∆U i 5 % pour une fréquence,
Point Commun de Couplage (PCC), moyenne = 60, et d'une valeur r i 8,7 à-coups / heure
Xf = toute la réactance de court-circuit conseillée = 75) ; (soit r i 0,15 / mn).
aval vue du PCC jusqu'au four en Sccf = puissance de court-circuit du Les chutes de tension approximatives
court-circuit, les électrodes du four four, électrodes dans le bain ; peuvent être calculées à l'aide des
étant immergées, Sccn = puissance de court-circuit sur le formules suivantes [12].
k = coefficient expérimental (déterminé réseau au niveau du PCC ;
à partir d'une cinquantaine c machines triphasées :
RSVC = facteur de réduction apportée ∆U/Un = (Smax / U2) . (R.cos ϕ
d'installations : k = 11,25). par une installation de compensation
t = durée de l’observation ; par exemple + X.sin ϕ)
statique ;
1 mn. CHT/BT = coefficient d'atténuation pour c machines biphasées :
La limite maximale de la Dose de flicker la transmission du flicker de la HT vers ∆U/Un = (Smax / U2) . [R.cos (ϕ ± 30°)
estimée comme habituellement la BT (entre 0,5 et 1). + X.sin (ϕ ± 30°)]
admissible est :
Le niveau de flicker généré par un four c machines monophasées :
G = 0,09 (%)2 mn/mn.
à arc à courant continu est ∆U/Un = (3.Smax / U2) . (R.cos ϕ +
D'où la règle : le risque de
perturbations gênantes dues à un four approximativement la moitié de celle X.sin ϕ)
à arc à courant alternatif est estimé émise par un four comparable à avec :
comme quasi nul courant alternatif [6]. ∆U = chute de tension au point de
c si la réactance de court-circuit du Une étude de détermination et de raccordement PCC,
réseau Xn et la réactance de court- réduction du flicker est développée en Un = tension nominale,
circuit du four Xf, sont dans un rapport annexe. Smax = puissance maximale de
tel que Xf / Xn > 36, soudage,
c ou si la puissance de court-circuit R + jX = impédance du réseau au point
(Scc = U2 / X) du réseau (Sccn) et la méthode pour les de raccordement,
puissance de court circuit du four (Sccf) soudeuses cos ϕ = facteur de puissance de la
sont dans un rapport tel que soudeuse.
Sccn / Sccf > 36. Soudeuse à résistance
Les caractéristiques des à-coups de Voir exemple traité en annexe.
Rappel : En HT, les résistances sont tension produits par ces machines Soudeuse à arc
négligeables vis à vis des réactances.
peuvent être calculées à partir de Les à-coups de ces soudeuses, dont le
Méthode actuelle mesures ou de relevés fonctionnement est intermittent, ont une
Une estimation de la valeur de Pst, perturbographiques. Les couples fréquence en général inférieure à 3 Hz.
pour un four à arc à courant alternatif, amplitude-fréquence ainsi obtenus sont Aussi, pour ne pas craindre un effet de
peut être faite à l'aide de la formule à comparer à la courbe de référence flicker, l’amplitude de ces à-coups ne
expérimentale [6] : approuvée par la CEI (cf. fig. 7) ou à doit pas dépasser 0,6 % de Un sur le
Sccf 1 traiter avec la méthode analytique réseau commun aux soudeuses et aux
Pst = Kst. . .C
Sccn RSVC HT / BT exposée précédemment. luminaires.

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.15


7. remèdes

Différents remèdes sont envisageables. modification du c mise en parallèle de transformateurs


Ils sont présentés dans les supplémentaires,
paragraphes suivants en commençant
perturbateur
c en BT, renforcement de la section
par les plus faciles à mettre en œuvre. Le flicker peut être atténué en modifiant
des conducteurs,
le cycle de fonctionnement de la charge
perturbatrice : rythme de soudure, c raccordement de la charge
choix du mode d'éclairage rapidité de remplissage du four, … perturbatrice à un réseau de tension
Lorsque le démarrage direct et fréquent plus élevée,
Puisqu'il existe des sources lumineuses
plus ou moins sensibles au flicker d’un moteur est cause de flicker, un c alimentation de la charge par un
(cf. fig. 3), la solution évidente et la mode de démarrage réduisant la transformateur indépendant.
surintensité peut être adopté.
première à considérer est de bien les
choisir.
Le tableau de la figure 3 indique que
la capacité-série
adjonction d’un volant L’introduction de capacité en série dans
les lampes fluorescentes ont une
sensibilité aux variations de tension
d’inertie le réseau (cf. fig. 13a), en amont du
deux à trois fois plus faible que les Dans certains cas particuliers, une PCC à la charge perturbatrice et aux
charge tournante peut provoquer des circuits sensibles au flicker, peut
lampes à incandescence. Elles
fluctuations de tension (par exemple un réduire de moitié les fluctuations de
s'avèrent donc être le meilleur choix.
compresseur volumétrique) ; un volant tension. Cette solution présente un
De plus, la recherche des fabricants,
d’inertie sur son arbre-moteur les avantage supplémentaire, mais aussi
pour améliorer l'efficacité lumineuse et
réduit. un inconvénient :
réduire les dimensions de leurs
produits, a abouti à la création des c l'avantage : elle assure en plus, une
production d’énergie réactive ;
«ballasts électroniques», ou convertisseur tournant
alimentations HF (> 20 kHz) des c l'inconvénient : il faut protéger les
Un groupe moteur-générateur réservé
fluorescents (tubes ou lampes fluo- condensateurs contre les courts-circuits
à l’alimentation de la charge fluctuante
compactes) : avals.
est une solution valable si la puissance
c efficacité améliorée de 10 %, active de cette charge est relativement
c réduction de consommation de l’ordre constante, mais son prix est élevé. la réactance série
de 20 %. Utilisée en combinaison avec des fours
Le comportement des sources modification du réseau à arc, cette solution peut réduire de
lumineuses ainsi réalisées, vis à vis du 30% le taux de flicker.
Selon la structure du réseau, deux
phénomène de scintillement, est aussi La réactance est insérée en série avec
méthodes sont envisageables :
amélioré ; mais il faut noter que : l'alimentation HT du four en aval du
c soit éloigner voire isoler la charge PCC (cf. fig. 13b). Elle peut être incluse
c leur facteur de puissance est voisin perturbatrice des circuits d’éclairage, dans le transformateur du four. Elle
de 0,5, c soit augmenter la puissance de court- comporte souvent un dispositif de
c les courants harmoniques qu'elles circuit du réseau en diminuant son réglage hors tension (prises
génèrent sont très importants impédance (au Point de Couplage boulonnées) et d'une possibilité de
(H3 = 30 % H1), Commun, PCC) court-circuitage.
Ces solutions sont à recommander Son principal effet «positif» sur les
c pour adapter le niveau d'éclairement variations de tension est qu'elle réduit
chaque fois qu'elles sont applicables et
elles doivent être associées à des la puissance de court-circuit appelée
de préférence à toutes les autres
gradateurs spéciaux. (simplicité d'exploitation). par le four. En plus, elle stabilise l'arc
Pour cela différents schémas sont du four. Ainsi, les fluctuations de
onduleur possibles : tension sont moins brusques («inertie
c raccordement des circuits d'éclairage électromagnétique») et le
Dans le cas où la gêne due au flicker fonctionnement aléatoire (de l'arc) est
reste limitée à un groupe d'utilisateurs au plus près de la source d'alimentation
(transformateur), réduit. L'influence de la réactance sur
bien identifié, il est envisageable de l'émission de flicker du four peut être
«nettoyer» le départ éclairage par la c augmentation de la puissance du estimée par la modification de la
mise en œuvre d'un régulateur de transformateur commun (à Ucc réactance Xf ou Sccf (voir chapitre
tension ou d'un onduleur. constant), précédent).
L'investissement d'une telle installation c diminution de la tension de court- Son inconvénient : la self est traversée
peut être relativement faible, mais cette circuit (ucc %) du transformateur par le courant de charge du four et
solution n'est qu'un remède local. commun (à puissance constante), consomme de l'énergie réactive.

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.16


a b c

capacité série

réactance série réactance


shunt saturée

générateur réseau sensible générateur réseau sensible générateur réseau sensible


de flicker au flicker de flicker au flicker de flicker au flicker

d e

compensateur
réactance de synchrone
générateur découplage réseau générateur réseau
de flicker (auto - transfo sensible de flicker sensible
spécial) au flicker au flicker

a- capacité en série dans le réseau,


b- réactance série,
c- réactance shunt saturée,
d- réactance de découplage,
e- compensateur synchrone complété de réactances d’amortissement.
fig. 13 : modifications d’installation permettant de réduire le flicker.

la réactance shunt saturée la réactance de découplage ne pas perturber. Il s’agit en pratique


Une telle réactance raccordée au plus Ce procédé est très efficace, puisqu’il d’un auto-transformateur spécial. Il n’y
près de la source de flicker (cf. fig.13c) peut réduire les fluctuations d’un a pas d’atténuation du flicker en amont
peut réduire d’un facteur 10 les facteur 10. Mais il exige une du dispositif.
fluctuations supérieures à la tension configuration appropriée du réseau :
nominale ; mais elle est inopérante une impédance est insérée dans
pour les fluctuations inférieures parce l’alimentation de la charge perturbatrice
le compensateur synchrone
que la self ne sature pas. et dans le circuit d'éclairage en aval de Cette solution conduit à une réduction
Ces réactances présentent des son point de raccordement des fluctuations de 2 à 10 % et jusqu'à
inconvénients : elles consomment du (cf. fig. 13d). 30 % avec des systèmes modernes de
courant réactif, elles produisent des La chute de tension aux bornes de ce contrôle électroniques.
harmoniques, et leur prix est plutôt «ballast» est inversée et ajoutée par un Le compensateur est parfois complété
élevé. transformateur à la tension de l’artère à de réactances (linéaires)

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.17


d’amortissement installées sur
I’alimentation (cf. fig. 13e). phase 1
Actuellement les compensateurs
synchrones sont remplacés par des charge
alimentée
compensateurs statiques. Mais ils en
peuvent s'avérer encore intéressants biphasée
s'ils sont déjà installés et peuvent être (soudeuse)
phase 2
remis en service.

le convertisseur de phase
Les chutes de tension produites par compensateur
des charges fluctuantes monophasées phase 3 statique
sont fortement réduites par des générateur réseau
éléments
convertisseurs de phases, groupes compensateurs de flicker sensible
tournants, transformateurs à couplages au flicker
spéciaux ou pont de Steinmetz [3][4]. fig. 14 : montage en pont de Steinmetz pour
Ce dernier permet le rééquilibrage la compensation d'une charge biphasée fig. 15 : schéma d'installation d’un
d'une charge résistive monophasée (schéma de principe). compensateur statique.
(cf. fig. 14).
Ainsi, une charge monophasée
Sm = Pm + jQm
peut être compensée par une charge
-jQ sur la même phase. Il en résulte
une charge monophasée purement
résistive Pm qui peut être compensée
en ajoutant admittances selfique et réseau
capacitive sur les deux autres branches. sensible
Ce montage équivaut à une charge au flicker
triphasée équilibrée purement résistive
de Pm / 3.
Quand la charge monophasée Sm est dispositif
fortement fluctuante, un dispositif de contrôle
électronique
d'électronique de puissance peut générateur
permettre une compensation de flicker
dynamique, pratiquement en temps
réel. Idem en triphasé déséquilibré.
Dans ce cas, le Pont de Steinmetz
devient un «compensateur statique»

le compensateur statique
(SVC)
Cet équipement SVC -Static Var
Compensator- est destiné à faire une
compensation automatique de la
puissance réactive (cf. fig. 15). Son
emploi permet également une réduction batterie fixe de dispositif absorbeur
du flicker de 25 % à 50 %. condensateurs (réactances)
Une formule donne une valeur shunt
estimative du coefficient de réduction
du flicker réalisé avec un SVC [6]: fig. 16 : schéma simplifié d’un compensateur statique
S
RSVC ≈ 1 + 0, 75 . SVC
Sf
avec : Son schéma de principe est celui de la thyristors ou d’IGBT. Le dispositif
RSVC = facteur de réduction de Pst, figure 16. Il comporte des inductances électronique a pour rôle de faire varier
SSVC = puissance du compensateur de compensation, une batterie fixe de la consommation d’énergie réactive des
(en VAr), condensateurs shunt montée en filtre et inductances pour maintenir
Sf = puissance du four (en VA). un dispositif électronique à base de pratiquement constante la puissance

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.18


réactive absorbée par l'ensemble
générateur de flicker, batterie fixe de
tension nominale du réseau contrôlé 30 kV,
condensateurs, et inductances de
puissance du SVC 50 MVAr,
compensation.
facteur de puissance cos ϕ u 0,93
Cette compensation phase par phase taux de distorsion en tension THD i 1,5 %
est d'un intérêt évident avec les fours à fluctuations de tension ∆U / U N i 2 %
arc dont les régimes de fonctionnement déséquilibre de tension U / UN i1,5 %
sont particulièrement déséquilibrés. Pst (en 30 kV) 1.1
Les performances d'un tel
compensateur sont remarquables, à fig. 17 : performances obtenues par l’utilisation d’ un compensateur statique pour four à arc
titre d'exemple le tableau de la
figure 17 regroupe quelques
caractéristiques exigées pour une remèdes charges fluctuantes
démarrage moteur à four à arc soudeuse
aciérie polonaise (études et matériel moteur charge
Merlin Gerin). fluctuante
modification du perturbateur + c - + b + b
volant d’inertie - + a - -
synthèse convertisseur tournant + c + c + b + c
Le tableau de la figure 18 résume, en modification du réseau + b + b + a + b
fonction du type de la charge à l’origine capacité série + b + b + c + b
du flicker, les remèdes qu’il est réactance série - - + a -
réactance shunt saturée - - + c + c
possible d’apporter, et leur rentabilité.
réactance de découplage c + c + c + b +
compensateur synchrone + c + c + a + b
convertisseur de phase - - + c + b
compensateur statique + b + b + a + b

- : techniquement inadapté + : techniquement possible


a : souvent économique b : parfois rentable c : rarement rentable
fig. 18 : les remèdes applicables pour réduire, voire supprimer, le flicker.

8. conclusion

Le flicker est le phénomène de internationales définissent les d'analyser les risques potentiels de
papillotement des sources lumineuses, grandeurs et les appareils qui flicker dès la préétude d'une installation
dû aux fluctuations de tension de permettent de le mesurer (le Pst et le et de prévoir, dès la conception du
l'alimentation électrique. Il peut gêner Plt). réseau, les solutions permettant de
les personnes dans les ateliers, les Les générateurs de flicker sont s'en affranchir.
bureaux, les locaux d’habitation en nombreux et peuvent être très Ces solutions peuvent être:
amenant une fatigue visuelle et puissants (fours à arc en aciérie) c modification du type d'éclairage,
nerveuse. Il peut concerner
Il est très important de les connaître, c modification de la structure du
simultanément un grand nombre de
sachant que des variations de tension réseau,
personnes (perturbation du réseau de
de moins de 1 % peuvent apporter une
distribution publique HTA et HTB). c adaptation du fonctionnement du
gêne. Leur identification est une
Aujourd’hui, les limites des fluctuations nécessité car le flicker est souvent perturbateur,
de tension périodiques qui provoquent difficile à supprimer sur un réseau c installation d'un équipement de
l’effet flicker sont connues. Des normes existant. Il est donc important réduction de flicker.

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.19


annexe 1 : étude du flicker sur l’alimentation
d’une soudeuse

le réseau envisagés pour la soudeuse, bi ou


triphasé.
Cette étude est conduite pour une réseau amont
soudeuse (soudure par points) Ces calculs se font selon les équations
20 kV, 75MVA
alimentée à partir d'un tableau BT situé suivantes :
au point B du réseau décrit dans la c pour une machine alimentée en
triphasé : transformateur MT/BT
figure 19.
∆V R.P + X.Q
= 100 réseau de l'usine
plan de l'étude Vn Un2 U = 400 V à vide
A
La première étape consiste à calculer c pour une machine alimentée en U = 380 V en charge
les différentes impédances qui affectent biphasé :
le niveau des baisses de tension. autres
∆V1 utilisations
La seconde est le calcul des chutes de (%) = câble
Vn
tension et du nombre de soudures par
minutes au delà duquel le flicker
devient gênant. C'est à ce niveau de
100
3
2Un2
[
R.Q − X.P + 3 (R.P + X.Q) ]
l'étude qu'il est possible de préciser le B
choix de la soudeuse : doit-elle être ∆V2
(%) =
alimentée en monophasé ou en Vn

[ ]
triphasé ? où connecter le réseau 3 soudeuse
d’éclairage sachant que la soudeuse 100 X.P − R.Q + 3 (R.P + X.Q)
2Un2
doit pouvoir effectuer jusqu’à 3
soudures par minute. ∆V3 fig. 19 : réseau d'alimentation d'une
(%) = 0
Trois configurations sont étudiées : Vn soudeuse.
1 - La configuration prévue à l’origine,
2 - La même avec une puissance de
soudeuse réduite à 100 kVA, configuration n°1 n°2 n°3
3 - La configuration de départ avec hypothèses
puissance du transfo augmentée à réseau public Un 20 kV 20 kV 20 kV
1000 kVA avec un Ucc qui passe à 6% Scc Scc = 75 MVA Scc = 75 MVA Scc = 75 MVA
transformateur P 630 kVA 630 kVA 1000 kVA
et des pertes cuivre Pcu à 1,3%.
Ucc 4% 4% 6%
Pcu 1% 1% 1,3 %
calcul des impédances câble l 40 m 40 m 40 m
S 240 mm2, Cu 240 mm2, Cu 240 mm2, Cu
Ces calculs se font selon les équations soudeuse p 150 kVA 100 kVA 150 kVA
suivantes : cos ϕ cos ϕ = 0,6 cos ϕ = 0,6 cos ϕ = 0,6
Rn ≈ 0,1 Xn impédances
Un22 Ucc réseau public Rn 0,2 mΩ 0,2 mΩ 0,2 mΩ
Xt = .
St 100 Xn 2,1 mΩ 2,1 mΩ 2,1 mΩ
transformateur Rt 2,5 mΩ 2,5 mΩ 2,1 mΩ
Un22 Pcu Xt 10,2 mΩ 10,2 mΩ 9,6 mΩ
Rt = .
St 100 câble Rc 3 mΩ 3 mΩ 3 mΩ
Rc = 75 mΩ/km Xc 4 mΩ 4 mΩ 4 mΩ
Lc = 0,1 Ω/m au point A R 2,7 mΩ 2,7 mΩ 2,3 mΩ
Les résultats sont réunis dans le X 12,29 mΩ 12,29 mΩ 11,7 mΩ
tableau de la figure 20. au point B R 5,71 mΩ 5,71 mΩ 5,3 mΩ
X 16,29 mΩ 16,29 mΩ 15,7 mΩ
Puissance soudeuse
calcul des chutes de P 90 60 90
Q 120 80 120
tension
Ces chutes de tension sont calculées fig. 20 : hypothèses, et résultats des calculs d'impédance.
pour les deux modes d'alimentation

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.20


Les résultats sont présentés dans le
tableau de la figure 21, complétés des machine machine
cadences de soudure déterminées à biphasée triphasée
partir du diagramme de la figure 7. phase 1 phase 2 phase 3
Nota : une soudure provoque deux configuration n° 1
variations de tension. Point A dV 1,32 % 2,25 % 0,00 % 1,19 %
Nb soudures/min. 6 1 8
Point B dV 2,10 % 3,03 % 0,00 % 1,71 %
conclusion Nb soudures/min. 1 <1 2
configuration n° 2
En biphasé Point A dV 0,88 % 1,50 % 0,00 % 0,79 %
La soudeuse à sa puissance de Nb soudures/min. 20 3,5 30
150 kVA peut être utilisée à une Point B dV 1,40 % 2,02 % 0,00 % 1,14 %
cadence maximale d'une soudure par Nb soudures/min. 4 1,5 10
minute, sans polluer les utilisateurs configuration n° 3
raccordés au point A. Point A dV 1,20 % 2,14 % 0,00 % 1,12 %
Nb soudures/min. 7 1 10
L'importance des fluctuations Point B dV 1,98 % 2,92 % 0,00 % 1,63 %
constatées au point B montre qu'il n'est Nb soudures/min. 1,5 <1 3
pas possible d'alimenter de l'éclairage
à partir de ce point. fig. 21 : chutes de tension et cadences de soudure prévisibles.

La cadence de la soudeuse peut être


augmentée jusqu'à 3,5 coups/mn. La diminue pas forcément beaucoup les Donc pour pouvoir effectuer jusqu'à 3
configuration 2 est donc acceptable, variations de tension en aval. soudures/minute :
mais au prix d'une réduction de la En triphasé c en biphasé, seule la configuration 2
puissance de la soudeuse. La soudeuse peut avoir une cadence convient et à condition que le point
Par contre l'étude de la configuration de soudures plus grande (de 1,5 à 3 commun de raccordement soit en A,
n°3 montre que l'installation d'un fois plus) sans augmenter le niveau de c en triphasé, la seule configuration qui
transformateur plus puissant ne perturbations sur le réseau. pose problème est la 1 si le PCC est en B.

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.21


annexe 2 : étude du flicker sur l'alimentation
d'un four à arc

caractéristiques du réseau puissance, retenue pour calculer le Sccf = 125 MVA


niveau de flicker, est : Sccn = 5500 MVA
d'alimentation du four cos ϕf = 0,75. Pst = 1,7
60 MVA Détermination du Pst Détermination du ∆V10
Le schéma du réseau d'alimentation Calcul de la puissance de court-circuit Le calcul de la variation maximale
électrique du four à arc objet de cette au niveau du four, dans cette (∆Qmax) de la puissance réactive se
étude est présenté par la figure 22, et installation : fait entre deux points de
ses caractéristiques sont réunies dans U2
Sccf = ref fonctionnement important du four.
le tableau de la figure 23.
Xt c le premier point correspond au
soit Sccf = 125 MVA fonctionnement normal, avec le cos ϕf
calculs des niveaux de Le niveau de flicker est donné par et une consommation de l'énergie
réactive Qn = Sf . sin ϕf
flicker (Pst et ∆V10) l'équation :
Sccf c le deuxième point correspond au four
La première étape de cette étude Pst = Kst en court-circuit, avec une puissance
Sccn
consiste à calculer les différentes avec réactive maximale, soit Qccf = Sccf.
réactances ramenées au même niveau Kst = 75 (valeur choisie), (cf. fig. 24 … pour le calcul de ∆Q)
de tension. Dans cet exemple c'est
celle du PCC -Point de Couplage
Commun- qui est choisie, soit 225 kV.
réseau amont P
Cette étude a une double finalité : être d'alimentation PCC
un exemple, et comparer les résultats
avec Pst et ∆V10.
D'où les deux approches :
transformateur abaisseur ϕ
c à partir de la puissance de court- Sf
ϕ
circuit du four, calculer le Pst ; réseau de l'usine
c à partir de la variation maximale de la ∆Q max
puissance réactive, calculer le ∆V10. réactance série Qn Sccf
Calcul des différentes réactances
pour une même tension
Nous ramenons d'abord toutes les ∆Qmax = Sccf - Qn,
réactances à une même tension. transformateur du four ∆Qmax = Sccf - (sin ϕ . Sf),
Comme tension de référence nous ∆Qmax = Sccf - (sin ϕ . sin ϕ . Sccf),
choisissons la tension au Point de ∆Qmax = Sccf [1 - ( sin ϕ)2],
Couplage Commun (PCC) : four ∆Qmax = Sccf - (cos ϕ)2,
c tension de référence ∆Qmax = Sccf - (cos ϕf)2,
Uref = 225 kV ∆Qmax = 70,18 MVAr.
c réactance du réseau fig. 22 : réseau d'alimentation électrique du
Xn = 9,2 Ω four à arc. fig. 24
c réactance du transfo abaisseur
Xtra = 63,3 Ω
c résistance série réseau amont puissance de court-circuit Sccn = 5500 MVA
Xs = 0 Ω tension nominale Un = 225 kV
c réactance du transfo four transfo abaisseur puissance nominale Stra = 80 MVA
Xtrf = 63,3 Ω tension de court-circuit ucca = 10 %
c réactance des connexions BT du four réseau usine tension nominale Urés = 30 kV
Xbtf = 270 Ω réactance série impédance Xsér = 0,0 Ω
c réactance totale transfo four puissance nominale Strf = 60 MVA
Xt = 405,8 Ω tension de court-circuit uccf = 7,5 %
valeur du cos (ϕf) du four tension nominale coté BT U2f = 750 V
Le facteur de puissance du four est four impédance connexions BT XBT = 0,003 Ω
donné par le constructeur pour les puissance nominale Sf = 60 MVA
différents points de fonctionnement de fig. 23 : caractéristiques du réseau d'alimentation électrique du four à arc.
l'équipement ; la valeur du facteur de

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.22


c le niveau de ∆V10 est donné par Facteur de réduction de flicker R : Evaluation des taux de flicker dans
l'équation: Pst la même installation, mais après
RPst = = 1,7
1 ∆Qmax Pstref ajout d'une self-série dans le circuit
∆V10 = . .100 %
3,6 Sccn La puissance du SVC se calcule avec d'alimentation du four
Ce qui donne pour notre installation au la formule : Cette évaluation faite pour trois valeurs
Pcc : de Xsér est présentée dans le tableau
QSVC = (RPst - 1).
Sf
∆V10 = 0,35 % Pst 0, 75 de la figure 25.
Commentaires Elle montre bien l'effet positif d'une self-
d'où :
La valeur de Pst est largement au série sur le niveau de flicker généré par
QSVC = 56,1MVAr
dessus du seuil de gêne (Pst = 1). Pst l'installation d'un four à arc.
Cas d'une limite exprimée en ∆V10
La valeur de ∆V10 est très proche du Nous avons choisi plusieurs valeurs
seuil de perception (0,32 %) mais Comme limite de ∆V10, nous habituelles d'impédance série.
encore loin du seuil de gêne (0,45 %). choisissons ∆V10 = 0,32 qui
L'exemple montre bien qu'une correspond au seuil de gêne.
évaluation de flicker par la méthode du Valeur recherchée : ∆V10ref = 0,32 Xsér Pst QSVCPst
∆V10 est moins sévère que par la Facteur de réduction de flicker R : 0,5 Ω 1,59 47 MVA
méthode de Pst (cf. § le ∆V10 ). ∆V10
Ceci provient du fait que les lampes R ∆V10 = 1,5 Ω 1,41 33 MVA
∆V10ref 2,5 Ω 1,26 21 MVA
alimentées sous 110 V sont moins
sensibles aux fluctuations de la tension R ∆V10 = 1,11
que les lampes alimentées en 220 V, La puissance en SVC se calcule selon : fig. 25 : évaluation des taux de flicker après
les limites de ∆V10 sont donc moins QSVC . ∆V10 = C . Sccf ajout d'une self-série dans le circuit
d'alimentation du four.
sévères. C est un coefficient dépendant de R∆V10
et de la performance du constructeur et
prend une valeur entre 0 (pour
dimensionnement d'un SVC R∆V10 = 0) et environ 0,7 (pour R∆V10
«Static Var Compensator» grand). Ici une valeur de 0,35 est
Cas d'une limite exprimée en Pst valable, ce qui donne :
Comme limite de Pst, nous choisissons QSVC∆V10 = 0,35 . Sccf,
le seuil de gêne soit : soit :
Pstref = 1 QSVC∆V10 = 43,8 MVAr

Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.23


11. annexe 3 : bibliographie

Normes Publications diverses Cahiers Techniques Merlin Gerin


CEI 555-1 : Perturbations produites par [1] Flicker caused by interharmonics. c Les perturbations électriques en BT.
les équipements raccordés au réseau W. MONBAUER, Cahier Technique n° 141-
d'alimentation BT. Part 1 : Définitions. et Archiv Bd. 12 1990. R. CALVAS
CEI 555-3 : Perturbations produites par [2] Flicker et conditions de c La conception des réseaux industriels
les équipements raccordés au réseau raccordement d’appareils produisant en HT.
d'alimentation BT. Part 3 : Fluctuations des variations rapides de tension. P. Cahier Technique n° 169-
de tension. 1982. MEYNAUD, RGE 11/71. G. THOMASSET
CEI 555-3 : Modification de la [3] Condition de raccordement
publication de 1982. 1990. d'équipement générateurs de
CEI 868-0 : Flickermètre partie 0 - fluctuations rapide de tension (fours à
Rapport technique ; Evaluation de la arc, machine à souder) ; Bulletin DER
sévérité du flicker. 1991. d'EDF ; no 4 - 1982.
G. BONNARD ; G. DECHARTE
CEI 868 : Flickermètre - Spécifications
fonctionnelles et de conception. 1986. [4] Technique de l'ingénieur ;
Fluctuation rapide de tension et flicker
CEI 868 : Flickermètre - Spécifications
fonctionnelles et de conception. [5] Cigré 36-203: Evaluation de la
Modification à la publication 868 de qualité de la tension point de vue
1986. 1990. harmonique, flicker et deséquilibre ;
A. ROBERT ; J. MARQUET ; août 1992.
Normes de compatibilité
electromagnétique [6] Recent experience of connecting of
CEI 1000-2-2 : Niveaux de compatibilité big arc furnaces with reference to
pour les perturbations conduites basse flicker level. CIGRE 36-305 ;
fréquence et la transmissionsde A. ROBERT ; M. COUVREUR ; août-
signaux sur les réseaux public septembre 1994.
d'alimentation à basse tension 1990. [7] Strategy for worldwide applicability
CEI 1000-3-3 : Perturbation produite of the UIE/IEC flickermeter ; M. Sakulin,
par les équipements raccordés au H.Renner ; Institute of Electrical Power
réseau public d'alimentation à basse Systems, University of Technology
tension- Limites concernant les Graz, Austria.
fluctuations de tension et le flicker pour [8] Flickermètre numérique.
équipement consommant 16 ampères P. DUVEAU, RGE 11/71.
et moins par phase. Travaux en cours. [9] Investigation and analysis of voltage
CEI 1000-3-5 : Limites concernant les fluctuation in DC arc furnaces.
fluctuations de tension et le flicker pour N. SAITO; I. KOBAYASHI .
les appareils consommant plus de [10] Arc furnace flicker assessment and
16 ampères par phase. Travaux en prédiction. Evaluation et
cours. prédétermination de flicker pour des
CEI 1000-4-15 : Flickermètre. Travaux fours à arc.
en cours. A. ROBERT; M. COUVREUR.
EN 50160 : Caractéristiques de la [11] Connection of fluctuating loads.
tension fournie par les réseaux publics C. MIRRA; IUE : International Union for
de distribution. novembre 1994. Electroheat, WG disturbances, Tour
NF C 15-100 : Installations électriques Atlantique -Cedex 6 - 92080 Paris-la
à Basse Tension : règles - 1991 Défense. 1988.
[12] Guide de l’ingénierie électrique
des réseaux internes d’usines.
Collection Electra, Ed. DOPEE 85,
Diffusion Lavoisier.

Réalisation : Sodipe - Valence


Cahier Technique Merlin Gerin n° 176 / p.24 DTE - 12-95 - 3500 - Imp. : CLERC

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