Vous êtes sur la page 1sur 900

Farid DAOUDI

L'ALGÉRIE ALÉATOIRE
SES MAUX- CLÉS ENDOGÈNES
Une matrice transversale de sous- développement

SOMMAIRE

. PREFACE
. AVERTISSEMENT
. AVANT- PROPOS
. INTRODUCTION

. L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
. L'AGRICULTURE
. LE CADRE DE VIE
.LES COMMUNICATIONS
.LA CULTURE
.LA DÉFENSE NATIONALE
.L'ÉCONOMIE GENERALE
.L'ENSEIGNEMENT
.L'ENTREPRISE
. LES FINANCES
.L'INDUSTRIE
.L'INFORMATION
.LES INSTITUTIONS
.LES QUESTIONS INTERNATIONALES
.LES QUESTIONS JURIDIQUES
.LES QUESTIONS SOCIALES
.LES RESSOURCES
. LES SCIENCES
.LES SERVICES
.LE TRAVAIL
.LA VIE POLITIQUE

. CONCLUSION
. .ANNEXES - ILLUSTRATIONS
.REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 887- 893

PLAN GENERAL DÉTAILLÉ DE L’OUVRAGE 894 - 899

1
Préface
Voilà donc un document, assez rare dans le genre. Très gros, mais pas trop. Très long, mais juste ce qu’il faut. Très fouillé,
hyper documenté et foisonnant de toutes sortes d’informations. Une sorte de grande bibliothèque consacrée à l’Algérie.
Un travail encyclopédique des temps modernes ? Une recension bibliographique ? Un état des lieux dans la lignée des grands
classiques du genre? Un méga Digest de l’Algérie contemporaine ? Ou bien, tout simplement, est-ce un (gros) essai critique et
analytique de la société dans toutes ses composantes : géographie, histoire, culture, économie, sociologie, histoire,
politique ... ? En fait, un peu de tout, et de tout un peu, mais assez suffisant pour être un ouvrage relevant des sciences
politiques, un tantinet partisan, malgré ses dimensions d’exposés didactiques jalonnant l’ouvrage tout au long de sa lecture. La
lecture de cet ouvrage peut prendre beaucoup de temps, mais ses multiples entrées le rendent assez accessible selon les
centres d’intérêt de chacun pour le parcourir.
Les lecteurs lambda algériens et autres, toujours curieux quand il s’agit de notre pays (cet encore grand inconnu par
beaucoup .... car, peut-être, évoluant très vite, trop vite) n’ont pas toujours les compétences suffisantes pour porter un jugement
sur le bien-fondé de telle ou telle information rapportée par la presse et ses journalistes et, aujourd’hui, par les réseaux sociaux
et leurs animateurs. A cet égard, l’ouvrage présenté doit beaucoup à la notoriété et aux titres des auteurs convoqués à
plusieurs, chacun étant le spécialiste, presque toujours, incontesté de son domaine. Notre auteur, bien téméraire et sûr de lui,
s’y est aventuré, aidé en cela par une longue expérience de « journaliste de terrain » et d’« observateur social » averti.
Bravo l’artiste ! L’importance et la qualité du travail accompli laisse pantois et invite à lui tresser quelques lauriers bien mérités.
Et, il est certain que les lecteurs potentiels en demanderont toujours davantage, car c’est le propre de l’encyclopédisme : le
savoir n’est jamais fini. C’est un ogre en faim continuelle. « Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir » (Confucius).
Du coup, l’éditeur qui aura la « chance » et l’ « audace » de publier un tel document est, par avance, à saluer, car il fera fi des
jugements parfois sévères sur la gouvernance du pays ; une gouvernance objectivement bien peu aisée, et ce depuis
l’indépendance, tant les défis de toutes sortes étaient (et sont encore) nombreux et complexes. On les comprendra d’ailleurs
bien mieux en parcourant l’ouvrage.
Bref ! Un beau livre qui gagnerait à être diffusé à travers le réseau institutionnel et d’entreprises, en Algérie et à l’étranger. Un
livre - source documentaire de qualité pour tous les journalistes, diplomates, fonctionnaires, universitaires ... tous ceux qui
souffrent d’un manque d’information sur l’Algérie contemporaine. Plus tard, peut-être, prolonger ce travail par l’apport de
contributions externes (journalistes et universitaires, entre autres), un collectif qui approfondirait les connaissances sur les
facettes multiples d’une réalité en mal de développement. Déjà, peut-être, initier un site pour consultation libre sur le Net.
AHCENE DJABALLAH Belkacem, Professeur associé à l’Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences de
l’information (Alger), Journaliste indépendant.

Avant-propos
L'Algérie est un pays méditerranéen riche par ses multiples potentialités économiques et culturelles, pour beaucoup
insuffisamment et mal exploitées, du fait qu'elle avait opté pour un système économique collectiviste qu'elle ambitionnait de
mettre à pied d'oeuvre dans une relative autarcie. Des investissements en milliards de dollars ont été engloutis dans des
plans de développement dont la maitrise de gestion s'est trouvée confrontée à des catégories de difficultés sociologiques et
historiques.
Les changements et redressements dans une voie de libéralisation et de démocratisation exigeront un même ordre de
grandeur d'appels en investissements pour rentrer dans l'ère de l'économique. Dans une économie désarticulée par
l'incohérence de ces objectifs, les ressources demeurent injustement réparties pour gérer la complexité des transmutations
structurelles. L'algérien a été insuffisamment préparé à prendre en charge la mission qui lui est confiée pour intégrer les
éléments structurants d'un ordre économique et moral répondant à ses besoins matériels existentiels.
A l'orée du XXIème siècle, la tentative d'une démocratisation de la société se frayant une trajectoire entre traditionalité et
modernité n'est pas garante pour atténuer les tares héritées de l'ancien système politique et remédier aux maux sociaux qui
minent l'environnement du citoyen en quête de reconnaissance et d'identité culturelle.

Avertissement
L'information journalistique constitue, d'un certain point de vue, en tous cas sous ses formes
médiatiques développées, le symbole le plus éclatant de l'explosion informationnelle à laquelle assiste notre
siècle. Elle constitue, pour le citoyen, une gigantesque "mémoire sociale" permanente, reflet déformé des
évolutions de la société, qui aliène en elle, pour des raisons de massification, de distance, d'éclatement, de
lutte idéologique pour le pouvoir, etc., ses capacités d'auto-connaissance.
Son caractère encyclopédique survole tous les phénomènes de la vie sociale, qu'il s'agisse de la
science, de la vie politique ou de la vie pratique. Tout citoyen est confronté quotidiennement à une
fragmentation sans cesse répétée de l'information, ce qui constitue une barrière difficilement franchissable
pour son accessibilité par toute une partie du "grand public" qui éprouve de grandes difficultés à opérer
l'acte de synthèse indispensable à une compréhension d'ensemble. En réaction à la redondance
journalistique, cette matrice de maux-clés de la situation de l'Algérie offre un "cadre d''ensemble" de lecture
indispensable au citoyen moyen.
Ce cadre d'ensemble, plus ou moins développé, incorpore évidemment lui-même au fur et à mesure, les
évolutions intervenues dans le tableau d'une situation générale. Il ne s'agit là tant de l'évolution souvent
confuse et multidirectionnelle des évènements que de la pluralité des facettes d'une situation. Le problème
fondamental de l'information journalistique ne réside pas cependant, tant dans son caractère
d'enchevêtrement inextricable au niveau synchronique, que dans sa luxuriance au niveau diachronique. On
peut ainsi parler d'une double complexité diachronique : celle des ramifications et celle des facettes. Les

2
ramifications sont constituées par les développements concrets d'un évènement et par l'ensemble des inter-
relations factuelles dans lesquelles il s'insère.
L'analyse journalistique peut creuser plus ou moins loin au sein de ces ramifications qui sont parfois
des plus occultes au premier abord et qui sont loin de toutes d'apparaître simultanément. Les facettes se
situent quant à elles à un niveau d'appréhension intellectuelle plus abstrait. Le concept générique peut
être abordé à partir d'un ensemble de réalités humaines et sociales très diverses, qui le font littéralement
éclater. Mais c'est d'abord et avant tout un mécanisme social qui n'est contrôlé par personne, qui peut partir
d'une vague escarmouche (manifestation d'enfants dans la rue qui dégénère et révèle la crise) sur une toile
de fond de situation sociale tendue et exacerbée, combinée à des intrigues et à des manoeuvres
politiciennes de haut niveau. Ce n'est pas quelque chose qui s'appellera "crise" dès le début (on parlera
initialement d'un chahut de gamins, de manifestations, de révoltes, puis d'émeutes,...); mais même lorsque
l'étiquette "crise" aura été affectée à ce processus en fonction d'un consensus général, il continuera à
éclater en une multitude de facettes résultant de l'irréductibilité de la vie sociale à un seul dénominateur
commun, même dans le cadre d'une crise exacerbée et d'une approche journalistique relativement distante,
corrélant des maux-clés d'une Algérie stochastique perçus par une lecture transversale.
Tant en ce qui concerne les ramifications que les facettes, nous sommes confrontés à des actes
intellectuels de synthèse qui ont tous deux besoin de temps pour s'épanouir et se réaliser, mais qui sont de
nature quelque peu différente. Les ramifications impliquent la capacité à établir un lien entre plusieurs
évènements, lien pouvant être de nature causale, analogique, etc., alors que les facettes sont à la base
d'une opération intellectuelle qui établit une tension entre l'unité d'un évènement et la diversité de ses
manifestations qui se révèlent les unes après les autres à travers un incessant jeu de va-et-vient. Aucun
évènement n'existe donc en soi. Ils sont tous en évolution les uns par rapport aux autres, sans qu'on puisse
s'appuyer sur aucune base permanente, même au niveau de catégories les plus générales.
L'information journalistique possède cette capacité d'évolution, cette "richesse lacunaire" en perpétuelle
transformation, grâce à son caractère institutionnel : par définition, elle est le produit du fonctionnement
de collectivités institutionnelles. Cette remarque est essentielle, car elle permet d'expliquer la forme
à la fois unifiée et éclatée que prend l'information documentaire. Pour prendre la chose par l'absurde, il
n'existe aucun journal qui soit capable de donner d'une seule synthèse l'ensemble de l'actualité nationale,
même de façon trés générale. A l'inverse, il n'existe aucun journal où l'on ne soit capable, malgré la
diversité des articles, de repérer une vision, un plan, un point de vue d'ensemble, s'exprimant à travers
plusieurs voix. Cette unité informationnelle contradictoire de l'organe de presse est à la source de sa
richesse, de son caractère unique, mais aussi de la difficulté qu'il y a à établir ce qui constitue "
l'unité informationnelle de base" en la matière ; les points de vue peuvent être en effet être divers. La
valeur de l'information documentaire repose aussi bien sur sa globalité constamment mise à jour et
renouvelée en surface que ses éléments les plus restreints.

Introduction
L'Algérie, ancienne colonie française (1830-1962), est un pays nord-africain en possession d'immenses
ressources naturelles constituant l'atout majeur de sa politique de développement. Les différents héritages
civilisationnels de son histoire cristallisent les différents courants idéologiques de son époque actuelle. Son
élite constituée de diverses tendances a survécu à un total obscurantisme dû à l'occupation de son territoire
et à la tentation d'aliénation de l'identité de ses habitants, lesquelles ont causé certains dommages dans
son patrimoine spirituel. La libération de son peuple s'est effectuée au moyen d'une mobilisation de ces
tendances au sein de la formation politique du FLN et de la constitution de l'ALN sur le plan militaire. Ce
consensus "idéologique" a permis de conduire la lutte jusqu'à l'indépendance. La cohésion du pouvoir s'est
trouvée ébranlée par un coup de force imposé aux mêmes tendances par une coalition politico-militaire
animée d'une volonté de conduire la politique du pays. Les clans majoritaires alliés à l'armée étaient issus
de la petite bourgeoisie nationaliste et progressiste. Les choix de politique économique ont été les résultats
d'influences hégémoniques externes et ont ainsi composé la classe politique d'un régime populiste de petite
bourgeoisie, traversée par divers courants idéologiques. D'essence foncière et rurale, la composante
dirigeante a dû subir des mutations internes pour composer avec le monde extérieur et affirmer son autorité
par une main-mise contrôlée de l'évolution politique interne en limitant l'échange et le droit de critique.
Cette oppression a permis aux détenteurs du pouvoir de secréter un système oligarchique où civils et
militaires se partagent le pouvoir économique grâce à la règle de l'allégeance. L'effondrement de
l'hégémonisme soviétique qui a montré les faillites du système collectiviste, a précipité un renouvellement
forcé de la composante politique avec l'aval du pouvoir militaire, centre de gravité des orientations de la
politique stratégique du pays. Ce changement de cap contraint par la montée du mécontentement ne génère
pas les ingrédients permettant au système politique de se réadapter à une nouvelle situation stratégique qui
a compromis sa position monopolistique. L'ensemble de ces caractéristiques révèle de multiples maux
sociaux qui exigent de profondes réformes afin de réadapter l'appareil économique par de nouveaux
instruments juridiques, législatifs, et financiers. Mais l'urgence à traiter une multiplicité de problèmes
majeurs impose une répertoriation de priorités de séries de mesures au travers de douloureuses mutations
sociales et économiques dans un cadre conflictuel permanent entre le traditionalisme et la modernité, sur
fond de régionalisme. La forte croissance démographique, l'exode rural, une gestion mal répartie des
ressources hydriques, un aménagement du territoire inadapté, une législation trop pesante et contraignante
pour permettre l'initiative économique d'émerger, ...., ont eu raison d'étouffer le développement économique.
L'inadaptation du système éducatif a accentué le phénomène de l'analphabétisme et de l'illettrisme car il n'a
pas été pris en compte d'intégrer le savoir au développement. D'où les maux sociaux d'aujourd'hui ...
innombrables à résoudre pour ramener la paix sociale et conforter sa posture au sein de la communauté
internationale.

3
L’ADMINISTRATION PUBLIQUE

LA FONCTION PUBLIQUE ▪
Administration▪ Fonctionnaire ▪ Fonction publique ▪ Neutralité ▪ Obligation de réserve ▪ Réglementation ▪
L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE
▪ Communes ▪ Dysfonctionnements ▪ Efficacité de l'Etat ▪ Performance▪
L'ACTION ADMINISTRATIVE
▪ Commander ▪ Coordination ▪ Etat ▪ Immoralité ▪ Pouvoir ▪
LA REFORME ADMINISTRATIVE
▪ Centralisation ▪ Décentralisation ▪ Espace ▪

L A FONCTION PUBLIQUE
ADMINISTRATION.- Le modèle organisationnel adopté se caractérise par un degré élevé de centralisation
et par un processus de déconcentration qui dénie la décentralisation. Au cours des deux dernières décennies les
autorités publiques s’engagent sans ambiguïté dans une logique moderne de recherche de la performance notamment
la performance de leur appareil administratif qui a revêtu une importance toute particulière, à cause de la pression des
restrictions budgétaires et la limite des ressources de l’Etat.  Les enjeux sont d’importance car l’administration n’est pas un
simple instrument à la portée des gouvernements pour la mise en œuvre des politiques publiques, mais elle doit aussi et surtout
mieux répondre aux exigences des citoyens ainsi qu’aux attentes de ses propres agents.
Le citoyen qui est, à la fois et selon les cas, un usager, un contribuable, un bénéficiaire et un électeur, est maintenant plus
conscient et exigeant. Il réclame en tant que citoyen-contribuable une plus grande maîtrise budgétaire et il demande en tant que
citoyen-usager des prestations de bonne qualité. Quant aux agents des administrations, ils demandent eux aussi une
gestion performante de leur carrière, une rémunération motivante et plus de considération et implication dans le processus de
gestion. Il faudrait être aveugle pour nier que les administrations publiques algériennes, dans la majorité des cas, sont des
administrations empêtrées dans des hiérarchies stériles et des structures organisationnelles inadaptées, rigides et
bureaucratiques sans compter les phénomènes de corruption, de clientélisme, d'influence politique et de gaspillage.

FONCTIONNAIRE .- Il n'y a pas d'Etat, ni d'administration sans fonctionnaire. C'est la qualité des
fonctionnaires qui conditionne celle de l'administration. Les institutions de l'Etat avec leurs démembrements
comptent un effectif de plus de 1.900.000 fonctionnaires (dont 31,8% féminin) qui y travaillent (DGFP,
2013). Beaucoup de maux sont dénoncés dans la complexité de son appareil. Il est reconnu l'existence de
certains lobbies derrière des affaires, à l'intérieur de l'administration, comme d'autres agissent dans le
domaine de l'importation. Quelle que soit la perfection des structures administratives mises en place, leur
efficacité en dernier ressort dépend de la qualité des fonctionnaires. Le dévouement, l'intégrité, la
compétence, tiennent à de nombreux facteurs tels que le prestige de la fonction, les rémunérations, la
formation, le mode de recrutement, l'intérêt dans le travail, la conviction de servir une noble fonction. La
qualité de l'administration est liée au degré du professionnalisme de ses fonctionnaires. "Le
professionnalisme d'un fonctionnaire est l'art de mettre au service des intérêts du public ses qualités et
son efficacité personnelles, ses compétences et son expérience du métier, son dévouement et sa
passion pour l'excellence de l'ouvrage terminé,... .
► les qualités personnelles, physiques, intellectuelles, morales, humaines, ont une importance variable
selon les métiers; certaines sont innées, d'autres peuvent s'acquérir ou se cultiver;
► les compétences professionnelles (ou qualifications) juridiques, administratives, techniques
managériales,... sont acquises à travers la formation initiale et entretenues par la formation continue;
► l'expérience du métier est communiquée par les autres collègues ou acquise par soi-même à travers les
succès et les échecs de la vie professionnelle (savoir-faire, soutien, ...);
► l'efficacité dans son travail est la conjonction d'un travail personnel opiniâtre et de techniques de
management; elle est obtenue par la disponibilité, la souplesse, la rapidité de réaction et le souci
d'atteindre des résultats;
► la conscience professionnelle et le dévouement aux intérêts de la clientèle et de l'usager sont le
résultat du mariage entre le sens traditionnel du service public et le nouvel esprit marketing de
l'administration;
► enfin, la passion de l'excellence est le ciment qui soude l'ensemble et le rend cohérent : goût du travail
bien fait, caractère concret des résultats, considération de la hiérarchie, rétribution des efforts, ... , bref ce
qui constitue les facteurs de motivation et de mobilisation des énergies et des "intelligences".
◙ Il est attendu de chaque fonctionnaire quel que soit son grade et sa fonction :
♣ qu'il cultive en permanence ses qualités personnelles, intellectuelles, morales, humaines pour être :
♦ un homme de bien et de mérite
♦ un homme de devoir et de confiance
♦ un homme de parole et d'honneur
♦ un homme honnêteté, incorruptible et scrupuleux
♦ un homme juste et probe
♣ et qu'il améliore sans cesse :
♦ ses compétences professionnelles,
♦ son expérience du métier qu'il exerce,
♦ l'efficacité dans l'exercice de son travail,
♦ sa conscience professionnelle,
♦ son dévouement aux intérêts des usagers,

FONCTION PUBLIQUE .-Evolution de la fonction publique :


 1962 Reconduction de La législation Française ;

4
 1966 1er statut de la fonction publique (ordonnance du 8 juin 1966) ;
 1978 Promulgation de la loi portant statut général du travailleur (78 -12 du 5 août 1978) qui abroge le statut de 1966.
 1985 Adoption du décret 85/59 portant statut particulier des travailleurs des institutions publiques
 1990 Abrogation du texte de 1978
 2006 Adoption de l’ordonnance n° 06-03 du 15 juillet portant statut général de la fonction publique.
☻ LA FONCTION PUBLIQUE DE CARRIERE
• distinction emploi/grade
• recrutement/concours
• progression dans la carrière (règle de promotion)
• grille rémunération (corps, grade, salaire égal)
• Une fonction publique stable
La carrière: « C’est L’ensemble des événements qui jalonnent l’exercice d’une activité au sein de l’administration depuis le
recrutement jusqu’à la cessation de l’activité»
Le fonctionnaire : «est toute personne qui occupe un emploi permanent dans la fonction publique, titulaire d’un grade dans l’un
des corps de l’administration publique»
La séparation du grade et de l’emploi : Le fonctionnaire est titulaire de son grade :
 C’est Un droit
 Le grade donne vocation à occuper un certain nombre d’emplois
 Lorsque le fonctionnaire change d’emploi: il conserve son grade.
Le recrutement : deux principes se croisent :
Le Principe d’égal accès aux emplois. Le Principe du concours pour le recrutement externe: il s’effectue soit :
- sur épreuve ou sur titre ( le concours sur titre ne garantit pas l’égalité)
- avec des exceptions: recrutement direct (après formation spécialisée)
- constitution initiale d’un corps.
Remarque : On ne peut recruter que sur les postes qui figurent au plan annuel de gestion des ressources humaines approuvés.
L’affectation : Un emploi est couvert par un poste budgétaire
Publication du poste : à quel grade le poste est ouvert
1- Recueil des candidatures 2- Sélection 3 - Décision de nomination
Le fonctionnaire a obligation de rejoindre son poste d’affectation. Un procès verbal est établi.
►Les mécanismes de progression de carrière
Les modes de progression :
 L’avancement dans le grade :
 A l’ancienneté (avancement d’échelon) La durée d’avancement est fonction de :
1- la notation,
2-La promotion
3- le choix (sur liste d’aptitude)
4-la qualification exceptionnelle
5 -l’examen professionnel
6--le concours externe
7--l’obtention de diplôme
Le principe est celui du mérite
 Dans la pratique, on relève quelques perversions
 Les postes de dirigeants sont à la discrétion du gouvernement (le fonctionnaire n’y a pas un droit acquis).
La notation : en théorie :
 Tout fonctionnaire reçoit une note chaque année (ordonnance du 2 juin 1966, art.33)
 La note est attribuée par l’autorité ayant pouvoir de nomination, sur proposition du supérieur hiérarchique.
 Note entre 0 et 20
Mais en pratique :- la note attribuée est souvent entre 18 et 20
- elle est déterminée souvent « à l’ancienneté (modèle de la paix sociale )
 La note est communiquée au fonctionnaire, et il peut la contester.
 La note est accompagnée d’une appréciation sur la « manière de servir ».
L’appréciation n’est pas communiquée à l’agent.
Les insuffisances de la notation : Rien ne s’oppose :
 à donner des bonnes notes à tous les agents
 à récompenser les agents dociles
 à donner une bonne note et une mauvaise appréciation.
Rien n’oblige :
 à objectiver le jugement
 à en discuter avec l’agent
 à distinguer les points forts et les points Faibles
 à annoncer à l’avance les critères d’appréciation.
Rien n’encourage
 à la franchise
 à améliorer ses performances
 à fixer des objectifs
►Le cloisonnement administratif
 Les obstacles à la mobilité interministérielle
 Recrutement par concours par ministère et Par grade
 Gestion ministère par ministère
 Pas de publication de postes vacants
 Préférence donnée aux agents qu’on connaît

5
 Préférence donnée au concours sur titre
ADEQUATION ENTRE LES MISSIONS ET LES RESSOURCES
La Fonction Publique est caractérisée par un faible taux d’encadrement :
 70% des agents publics sont sans qualifications
• La nature des compétences n’est pas maîtrisée
• Répartition par secteur non maîtrisée (manque d’information)
 75% des agents publics sont dans les services extérieures
LES COUTS DE PERSONNEL : Diagnostic
 L’insuffisante maîtrise des coûts salariaux
 La masse salariale versée par l’Etat représente 10% du Produit Intérieur Brut
 Cette masse salariale représente Plus de 45 % du budget de fonctionnement de l’Etat
 Des sureffectifs et des sous-qualifications
 Insuffisance d’encadrement
LES PRATIQUES DE GESTION : Le recours à de nouveaux outils est nécessaire (modernisation de la gestion administrative) :
 La réduction du taux d’erreurs
 Les NTIC (informatisation des fichiers, Internet, poste…)
LA NOUVELLE POLITIQUE DE LA FONCTION PUBLIQUE ?
• Formation
• Pas de promotion sans formation
– avant la promotion (préparation aux concours)
– après (formation lors de la prise de poste)
• Evaluation
– évaluation individuelle
– Entretien annuel d’évaluation
– Fixation d’objectifs
• Compétence :
– des référentiels d’emploi et de compétence
– des profils de poste
– des profils de compétence.

NEUTRALITE.- Compte-tenu d'un processus démocratique en cours dans le pays et du principe


constitutionnel de la séparation des pouvoirs, la neutralité de l'administration doit être irréversible si l'on
veut vivre dans une société pluraliste. Le multipartisme est déjà une réalité sur le terrain où la compétition
électorale pour l'accès au pouvoir est engagée par toutes les formations politiques. La mise en place d'un
nouveau type de rapports entre l'Etat et les différents partis politiques place l'administration dans une
position de neutralité absolue. A cet effet et sur le plan politique, l'Etat doit se détacher définitivement de
l'idéologie partisane pour acquérir une neutralité qui la met au-dessus de toutes les formations politiques.
La réorganisation d'une administration neutre doit tendre vers les axes suivants :
● repenser de nouveaux rapports Etats-Institutions politiques,
● définir les structures gouvernementales en place en rationalisant leurs relations,
● revoir les centres de décisions au sein de l'appareil administratif,
● agir sur les structures administratives centrales et locales,
● opérer un choix rigoureux des hommes devant servir l'Etat,
Les cadres de la nation doivent être désignés en tenant compte de la compétence, de l'expérience et de
l'intégralité .

OBLIGATION DE RESERVE .- L'administration publique et les agents qui en font partie spécialement ont un
droit de réserve que leur commande leur situation de fonctionnaires de l'Etat. Un décret relatif aux
obligations des agents publics existe depuis plusieurs années traitant du droit de réserve et faisant
obligation aux fonctionnaires de l'Etat d'adopter la plus grande discrétion dans le traitement de l'information
dont ils ont à connaître en raison de leurs fonctions et sa divulgation. Ce décret n'est pas toujours connu
et encore moins respecté. Des agents de l'Etat et parfois placés à des niveaux de hiérarchie élevée donc
qui ont à connaître d'informations importantes, font l'erreur de parler parfois inconsciemment à leur
voisinage ; la nouvelle est alors amplifiée jusqu'à devenir démesurée et gêner ces autorités. Ces cas sont
beaucoup plus fréquents qu'on le pense. Que dire de ces simples fonctionnaires qui, à la suite d'un
passage dans un café ou autre lieu de rencontre avec des amis, mettaient à la connaissance de ceux-ci
des informations sur la vie des gens ou d'institutions. Le tort est particulièrement important dans ce cas et
les exemples pullulent. A un moment où le pays vit une situation aussi dramatique que tragique le droit de
réserve prend toute son importance. Toute information divulguée inconsciemment et à des sources
susceptibles de la répercuter et de l'amplifier démesurément peut avoir des conséquences incalculables.
Aujourd'hui les déplacements de patrouilles des services de sécurité, ceux des hauts responsables doivent
être connus d'un très petit nombre de personnes. Les déplacements d'agents payeurs d'entreprises eux
aussi ne peuvent être connus de tout le monde. On a vu et on voit encore comment la divulgation et
la connaissance des moindres faits et gestes de ces agents a pu parfois avoir des conséquences
redoutables pour tous. L'aspect sécuritaire s'il occupe aujourd'hui une place à part en raison des
circonstances, n'est pas le seul à être concerné évidemment par le droit de réserve. L'information
économique par son importance stratégique et par sa manipulation avec précaution, est elle aussi vitale.
Il s'agit de se prémunir contre toutes sortes de fuites, de piratage, de fraude, tout en sachant que la
prévention autant que les moyens de détection coûtent aujourd'hui très chers, à un moment ou l'évolution
technologique va à une vitesse grand V, et qu'elles doivent être assez souvent modifiées. Les risques
existent et on prévoit qu'ils vont aller croissant. Parmi eux les risques informatiques apparaissent comme

6
une partie (plus ou moins grande suivant le secteur économique, le degré d'informatisation, les mesures de
prévention prises) du problème du "risk management".

RÉGLEMENTATION .- L'inadaptation des lois et règlements prenant en charge les préoccupations des
citoyens, la déficience voire l'imperceptibilité des voies de recours pour les victimes des abus de
l'administration et le manque de qualification des fonctionnaires chargés de prendre en charge les
doléances, expliquent la rupture de communication entre l'administration et le citoyen. Les mesures de
redressement doivent tendre à un meilleur "management" du service public, une amélioration de l'accueil
des citoyens, la réhabilitation des voies de recours amiables et hiérarchiques, l'allégement des procédures
administratives, le développement d'une culture administrative et l'association des usagers pour une
meilleure écoute de leurs préoccupations. Il s'agit en fait d'adapter les textes aux réalités que connaissent
les institutions administratives.

L' ORGANISATION ADMINISTRATIVE

COMMUNES.- Actuellement dans une situation préoccupante, les communes rencontrent des problèmes
d'organisation inadaptée, un sous-encadrement prononcé, une gestion désordonnée et dans certains cas
inexistante. Les activités de certaines communes se limitent à la gestion de l'état civil. Beaucoup de
moyens humains, matériels, techniques et financiers sont nécessaires pour réhabiliter la vocation de la
commune en tant que cellule fondamentale du pays dans les domaines économique, sociale et politique. Des
actions urgentes doivent être menées pour :
♣ l'amélioration de la gestion des communes par une mise en place et une fonctionnalité d'organigrammes
adaptés aux réalités,
♣ l'encadrement des communes par le lancement d'un vaste programme de recrutement de jeunes
diplômés dans toutes les filières nécessaires à la prise en charge correcte des activités de la commune,
♣ le plan de redressement des communes doit prendre en charge les aspirations et attentes des citoyens.

DYSFONCTIONNEMENTS.- L’Algérie avait adopté un système de fonction publique fermé ou de carrière, fortement inspiré du
modèle français dont elle a hérité au moment de l’indépendance. Une fonction publique de carrière implique que le fonctionnaire
est dans une situation statutaire et réglementaire vis-vis de l’administration qui le recrute pour faire une carrière avec une
régularité de promotion par ancienneté suivant le grade et le poste. Dépourvue de politique de valorisation de la ressource
humaine, le contexte de la fonction publique algérienne a vu un développement désarticulé de ses effectifs. Ce contexte est
justifié par deux raisons essentielles : 
♦ La forte interférence des facteurs politiques. 
♦ L’incapacité de l’Etat à imposer une réforme administrative inscrite dans la durée, ce qui a conduit à l’affaiblissement sinon à la
disparition des valeurs fondatrices de la fonction publique (absence d’efficacité et de performance).
L’absence de système de contrôle de légalité et de cadre de perfectionnement a généré les dysfonctionnements suivants de la
fonction publique algérienne : 
ⱷ Une fonction publique pléthorique à sureffectif sous encadré et sous qualifié (peu performant) avec 70% de budget de
fonctionnement.ⱷ incapacité à se réformer administrativement pour cultiver les valeurs fondatrices d’intérêt général et création
de climat d’attractivité économique.ⱷ taux d’encadrement très inégal d’une administration à une autre ; en moyenne de 15% au
niveau de l’administration centrale, 7% au niveau des wilaya et à peine 1% au sein des commune.  ⱷ modèle bureaucratique ne
permettant pas l’émergence d’espace de concertation et de participation des usagers au fonctionnement des services publics.ⱷ
absence de gestion des ressources humaines (adaptation, formation, évolution) pour une adéquation avec les exigences des
nouvelles missions des administrations publiques.L’autre domaine fondamental que nous pouvons examiner et juger
de l’efficacité de l’administration, concerne l’attractivité de climat des affaires, car il revient à l’Etat par le biais de ses institutions,
d’instaurer un climat des affaires propice et incitatif à l’investissement ; et quelle est la situation de l’Algérie dans ce domaine ? 
Le climat des affaires en Algérie est inadéquat et plein de contraintes et d’obstacles qui entravent les activités des entreprises, à
cause des pratiques bureaucratiques qui gangrènent notre économie. Ce constat n’est pas une simple critique ou un point de
vie, mais il est démontré et justifié par des études chiffrées et des statistiques. 

EFFICACITE DE L'ÉTAT.- Pour gagner en efficacité, l'administration doit fonctionner sur la base des
principes suivants :
♦ recherche permanente de l'objectif d'une meilleure satisfaction de l'usager (coût modéré, meilleure qualité
du service, réduction des délais,..),
♦ mesure périodique de l'indice de satisfaction des usagers,
♦ mise en place d'instruments de pilotage des actions et de mesure des performances,
♦. rationalité des procédures d'allocation des ressources (procédures plus réfléchies pour travailler sur le
long terme, procédures efficaces améliorant la productivité),
♦. gestion rationnelle et motivation de la ressource humaine,
♦. formation professionnelle,
♦. décentralisation des responsabilités,
♦. création de cercles de qualité,
♦. établissement de contrats de performance,
♦ simplification des procédures pour les usagers,
♦ accélération des formalités au bénéfice des usagers.
Pour rendre l'administration efficace et pour que l'esprit de service se substitue à l'esprit de pouvoir, il
est nécessaire de combattre avec rigueur :
● la bureaucratie paralysante et asphyxiante,
● les archaïsmes administratifs,
● l'esprit de routine, de laisser-aller et de paresse,

7
● la sclérose des services,
● la non prise en charge des préoccupations et aspirations de la population;
C'est à ce prix que l'administration sera crédible et gagnera la confiance des citoyens.

PERFORMANCE.- La performance est une notion relative aux objectifs fixés, aux résultats obtenus et aux actions mises en
oeuvre pour produire les résultats grâce à des moyens donnés. Elle est «la capacité d’avoir une vision stratégique, de la traduire
en programmes, objectifs et actions de façon à obtenir des résultats au moindre coût en ayant un impact sur la société, sur le
citoyen/ usager voire sur la satisfaction des agents». Le concept de performance renvoie à l’obtention d’un résultat, mais il vise
non seulement l’atteinte d’un objectif ciblé (efficacité) mais aussi la manière de atteindre : le meilleur résultat (efficience). Cette
définition de la performance fait appel à la définition des notions d’efficacité, d’efficience et de la budgétisation, Selon Bartoli A.
(2001), dans le management dans les organisations publiques, on peut la schématiser par le triangle de la performance.

Résultat (réalisation de programmes)

Efficacité Efficience

Objectif Moyen (humains,


Besoins, études, projet
matériels et financiers)

Budgétisation
Evaluation

En termes de performance, il s’avère difficile d’instaurer un canevas différent de paramètres se rattachant à


cette exigence, vu qu’il y a  :
♦ les difficultés de cerner globalement le coût de réalisation d’un projet et le temps imparti de ses phases de
réalisation pour évaluer l’efficience du pilotage des moyens de réalisation.
♦ Pas de structure de sondages-collecte et d’étude des besoins des citoyens-usagers pour leur satisfaction
sinon la réalisation d’équipements collectifs ou socio-éducatifs dans le cadre d’une planification centralisée
volontariste, plan de développement d’aménagement urbain, ….
♦ Absence d’instruments d’évaluation et de contrôle et d’utilisation de tableaux de bord de suivi dans la
réalisation des projets.
♦ Les recensements et chiffres sont collectés et synthétisés par les services de directions de planification
des wilayas, ministères et entreprises publiques ou à caractère administratif (problèmes de fiabilité,
statistiques, calcul) en application de directives des directions centrales des ministères et en relation avec
les directions sectorielles de wilaya.
♦ Usage pragmatique de protocoles et directives de procédures dans le traitement organisationnel et de
suivi des réalisations de programmes.
♦ Caractère sclérosé, routinier et bureaucratique des services dans l’accomplissement des tâches et
missions des fonctionnaires en poste au sein des administrations publiques.
♦ Absence de politique de formation ou de perfectionnement généralisé en vue d’une culture de la
performance et de recherche d’efficience, l’efficacité résidant dans l’obtention du résultat relatif à la
programmation et à la réalisation des objectifs généraux ne suscitant pas une culture d’esprit d’analyse
critique ou d’initiative à l’innovation.
♦ Nécessité d’introduction de systèmes et méthodes modernes d’accomplissement des missions et fonctions
des services administratifs (logiciels appropriés pour objectifs ciblés) visant à la satisfaction des besoins
spécifiques ou généraux des populations d’usagers)
.
L' ACTION ADMINISTRATIVE

COMMANDER.- C'est faire accomplir un acte ou une action par quelqu'un, qu'il doit normalement faire sur
simple injonction. D'où vient qu'un tel subordonné exécute convenablement sa réalisation, volontairement
ou avec réticence, ce qu'il doit normalement accomplir ? La relation supérieur-subordonné ou
commandement-obéissance s'inscrit dans un système complexe de relations interpersonnelles.
Quel que soit le support de communication et l'état d'esprit des individus, le problème de l'incompréhension
provient de la dimension névrotique ou pathologique de l'autorité ou de la dépendance. Cette relation de
supérieur-subordonné renvoie aussi aux relations fantasmatiques : homme-femme, maître-esclave, pouvoir-
soumission, ... qui sont remises en cause aujourd'hui. L'intensité des rapports de pouvoir se joue dans le
clair-obscur des fonctions, des statuts, des rôles, des images, des caractères, des comportements, des
attitudes, des habitudes et de l'affectif, faits de peurs, de désirs, de besoins, de séduction, de soumission,
de refus, de résistance, ... . Quel que soit le groupe considéré, les rôles du supérieur et du subordonné
s'apprennent pour s'adapter à des situations concrètes.

COORDINATION.- L'aspect coordination constitue une lacune évaluable dans les modes d'organisation et
les actions mises en oeuvre pour atteindre un objectif ou réaliser un projet lorsqu'il est bien cerné. La
multiplicité d'intervenants dans le déroulement de sa concrétisation présente diverses incertitudes en
rapport avec l'efficacité, le temps, le respect des clauses contractuelles, les niveaux de responsabilité
dans la répartition des tâches, des opérations supposées être définies avec précision. Suivant la nature et
la complexité de l'objectif visé, l'implication des intervenants, l'assimilation des enjeux culturels et

8
financiers des actions entreprises communément, le degré de compétence et la sincérité dans l'engagement
technique des contractants demeureront toujours déterminants dans l'obtention des résultats escomptés.
Les défaillances relevées fréquemment sont dues soit à des facteurs exogènes dus à la nature de
l'environnement, soit à des facteurs endogènes inhérents à la conformité aux normes, à la rigueur dans
l'accomplissement des tâches dans leur agencement, le respect des délais impartis. Le comportement des
acteurs répondra d'un certain nombre de valeurs morales affectant le travail à valoriser par la rémunération,
la motivation, la discipline, et les conditions socio-professionnelles ainsi que les conditions matérielles
d'existence qui infléchissent notablement sur l'esprit général de coordination.

ETAT.- Dans l'esprit de tous les citoyens, l'Etat est le garant des équilibres de la société. Aspirant à la
démocratie et à la croissance, l'ensemble des algériens manifeste un intérêt réel pour des changements à
la tête de l'état pouvant garantir l'unité nationale grâce à une large et étroite communication et de
nouvelles formes d'organisation permettant l'émergence d'une compétition pleine et entière entre les acteurs
de la vie économique et sociale. Le citoyen algérien a besoin d'un Etat organisé pour retrouver la confiance
indispensable au développement de ses capacités. Il souhaite être associé dans un système de décision qui
s'inspire de la volonté générale et qui respecte ses droits civiques sans démagogie aucune. Réhabilitant les
valeurs nationales, l'Etat arbitre se substituant à l'Etat gestionnaire centralisateur régulera l'énergie sociale
en renouvelant le consensus de la confiance, ciment de la cohésion sociale. Le système administratif de
l'Etat n'est pas encore à même de satisfaire les besoins du public, les exigences politiquement exprimées
par l'opinion et demeure un instrument de puissance pour ceux qui en disposent. L'absence de pluralisme
politique réel et d'instauration de traditions démocratiques ne permet pas un travail législatif important d'ou
une méfiance à l'égard de l'administration de l'Etat, censé protéger les citoyens.

IMMORALITE.- L'effort d'édification d'une administration publique, d'un développement industriel dans le
cadre d'une politique économique monopolistique n'a pas intégré la dimension culturelle nécessaire à sa
dynamisation. L'hermétisme des relations hiérarchiques conforté par des relations d'allégeance, de fidélité
dans l'acte de servir son supérieur, a engendré des réseaux d'intérêts occultes autour de la
responsabilisation faisant appel plus à un critère de confiance que de compétence. Cet état de fait a été le
crédo permettant la complaisance, la médiocrité de s’infiltrer aux dépens des aptitudes professionnelles et
du souci de performance minant ainsi l'objectif de production et l'esprit d'entreprise et alimenté son
acculturation. Le régime de soutien à l'Etat par subventions automatiques a contribué de surcroît à
accentuer la dévalorisation du travail et la dégradation des valeurs morales dans le système productif.
L'environnement sans repères économiques fiables a permis la généralisation des valeurs négatives car il y
a eu déviance aux normes.

POUVOIR.- Il est nécessaire aujourd'hui d'expertiser le système de pouvoir de décision qui se caractérise
par ses traits marquants :
▪ excessivement centralisateur,
▪ peu transparent,
▪ mal organisé pour expertiser, en terme de suivi, les effets des décisions prises, sur les populations
concernées,
▪ aucune liaison systématique entre la qualité des décisions prises et le déroulement de carrière du
décideur, et encore moins, les formes d'organisation impliquées,
▪ depuis plusieurs années, une discontinuité existe dans les approches de contradiction dans le
contenu, dues à une instabilité des sphères gouvernementales qui a fini par éroder sérieusement la
vigilance des administrations, à différents niveaux, national et local,
▪ système judiciaire peu prompt à assurer l'objectif stratégique de moralisation de l'économie,
▪ étanchéïté remarquable entre les décideurs et ceux qui sont censés représenter les populations, quelle
que soit par ailleurs la qualité des mandats exprimés.

LA RÉFORME ADMINISTRATIVE

CENTRALISATION. - Sur le plan administratif, les gouvernants successifs ont cherché à discipliner l'espace
(réformes de 1963, 1974, et 1984), comme s'ils espéraient discipliner les hommes. En trois décennies tout
l'espace a été soumis à un découpage administratif volontariste, qui efface les grandes entités régionales.
Le maillage territorial, à travers lequel s'insèrent les relations administration-administré et qui forme le
socle des équilibres politiques, est soumis à une vaste fragmentation. Aucune structure nouvelle n'est créée
entre la wilaya et le pouvoir central. Alger s'impose à l'ensemble du territoire sans relais. Tous les
systèmes sociaux ont été soumis à cette logique, sans que jamais les autorités n'aient pensé à tenir compte
des spécificités humaines et géographiques des grands ensembles régionaux. L'homme algérien ne devrait
plus être constantinois ou tlemcénien, mais "citoyen" algérien sans en avoir ni les droits, ni les devoirs
... .Cette politique s'est faite contre les collectivités régionales, qui restent pourtant les seules bases d'une
réelle démocratisation.

DÉCENTRALISATION .- Dictée par la constitution, elle est un processus d'octroi de libertés aux collectivités
locales, régions, communes, villages et hameaux, pour gérer leur patrimoine et accroître avec l'aide de
l'état, leur propre développement. Les collectivités locales ne sont pas des circonscriptions administratives
artificiellement créées, mais des ensembles vivants et cohérents et jouissant d'un droit de propriété
inviolable. Pour renforcer les bases objectives du développement économique et social du pays, il apparaît
nécessaire de concevoir des modèles d'organisation capables de mieux identifier et de mieux mettre en
oeuvre l'ensemble des facteurs qui contribueront à prendre en charge plus efficacement les attentes de la

9
société algérienne. Cette nouvelle approche permettrait de gérer, notamment à travers des institutions
régionales, les relais nécessaires entre le centre et les potentialités locales. Elle doit également permettre
une contribution plus importante des forces vives du pays dans chacune de ses composantes locales afin
d'éradiquer, à terme les séquelles du régionalisme et clanisme, et permettre à la majorité des algériens de
s'épanouir dans leur sphère naturelle. Une expression rénovée de la solidarité nationale pourrait être
ainsi développée en responsabilisant davantage chaque échelon local qui, en se développant lui-même,
dégagera des ressources plus importantes et s'affirmera de plus en plus comme un acteur dynamique de la
régulation à l'échelon régional et national. L'économie impose ses règles et nécessite désormais que toutes
les institutions de base exportent une partie de leurs prérogatives à l'intérieur des pouvoirs, et doit
concerner tant l'administration économique et sociale (banques, assurances,...). Une nouvelle régulation
des ressources, notamment fiscales, constituerait à cet effet un des moyens permettant de mieux cerner les
responsabilités dans la gestion des affaires publiques. La mobilisation des compétences devra reposer sur
un système de compétition transparent, un choix d'éléments considérés par une base reconnue et identifiés
comme étant les plus capables.

ESPACE.- L'Algérie doit reconnaître ses composantes humaines et ses dimensions géographiques. Sa
façade maritime compte 1200 km, et son territoire a 2500 km de frontières avec l'Afrique sahélienne. Sa
population offre une diversité rare. Les continuités humaines, linguistiques et religieuses avec l'Europe et
l'Afrique, loin de se réduire, se renforcent. Tout cela offre une chance historique d'intégrer le progrès et
le mouvement du monde. Cela suppose une politique, un état, c'est à dire des institutions (administratives,
éducatives, économiques, etc.) capables de préparer et de porter cet essor. Or, toute la politique passée a
été dans le sens de la centralisation. Les espaces du politique, de l'économique et du culturel sont liés.
Dans un pays administré, ces dimensions jouent en synergie. L'Algérie pourrait tirer les leçons de pays
comme l'Espagne qui ont su trouver les voies d'une décentralisation praticable, et comprendre combien le
cas français est singulier, quasiment unique Et qu'aujourd'hui même ce pays, si longtemps jacobin, se
décentralise. La décentralisation aurait deux vertus. La première est qu'elle permettrait l'édification d'une
scène politique solide, en permettant aux algériens de faire des choix et de construire les évolutions qu'ils
jugent nécessaires ou souhaitables. Elle peut être la base d'une bipolarisation des forces politiques entre
"centralisateurs" et décentralisateurs", ces positions recoupant partiellement la distinction entre la gauche
nécessairement centralisatrice et la droite décentralisatrice. La seconde vertu de la décentralisation est
qu'elle permettrait d'exploiter les véritables avantages comparatifs, l'énergie, les infrastructures, les outils
existants, les hommes, les langues, etc. qui n'ont pas la même intensité sur tout le territoire, ne sont pas
exploités, par manque d'autorité et de structures administratives régionales. Par exemple, le réseau
d'infrastructure saharien est sous utilisé. Il serait, en effet plus rapide et plus économique d'importer par
Alger ou Oran certains biens à destination de l'Afrique sahélienne que par les ports de l'Atlantique. Le fret
de retour sera plus intéressant pour l'économie algérienne et surtout pour le Sahara : laine, textiles,
arachides, etc. Le trabendo, commerce informel, n'a fait que redécouvrir les vieilles routes du commerce.□

10
L'AGRICULTURE

L'ÉCONOMIE AGRICOLE
▪ Agriculture à réorganiser ▪ Agriculture de montagne ▪ Agriculture saharienne ▪ Agro-alimentaire ▪ Agro-
industrie ▪ Conquête d'espaces productifs ▪ Economie pastorale ▪ Politique agricole ▪ Secteur privé agricole
▪ Sous-nutrition ▪
LA PECHE MARITIME
▪ Aquaculture ▪ Pêche non valorisée ▪ Potentiel halieutique inexploité ▪ Production des pêches ▪
LE PRODUIT AGRICOLE
Alfa▪ Approvisionnements agro-alimentaires ▪ Boissons ▪ Corail ▪ Dépendance alimentaire ▪ Fourrage ▪
Labellisation▪ Lait ▪ Mais ▪ Palmier dattier ▪ Pomme de terre ▪ Sucre ▪ Thon ▪ Tomate industrielle ▪
LA PRODUCTION AGRICOLE ▪
Agrumiculture ▪ Apiculture ▪.Barrage vert ▪ Céréaliculture ▪ Cuniculture▪Dromadaires ▪ Elevage ▪ Famine▪
Financement agricole informel ▪.Forêts ▪.Oléiculture ▪.Phoeniciculture ▪ Production agricole ▪.Sylviculture ▪
Viticulture ▪
LA STRUCTURE AGRICOLE
Assainissement du foncier agricole▪ Concessions agricoles ▪ Dégradation des sols ▪ Etat de la steppe ▪
Foncier agricole ▪ Terres agricoles ▪
LA TECHNIQUE AGRICOLE
Biofertilisation ▪ Engrais et phytosanitaires ▪ Evolution technique ▪ Grandes eaux ▪ Technique agricole ▪

L'ÉCONOMIE AGRICOLE

AGRICULTURE A R ÉORGANISER.- Nous pouvons dire que depuis l’indépendance, le secteur de


l’agriculture a été surpolitisé, le fellah (paysan) faisant un peu figure d’emblème du socialisme "à
l’algérienne". Les terres agricoles ; 40 millions d’ha sur les 238 millions que compte le territoire (17%) ont
été soumises à des systèmes d’exploitation pour le moins fluctuants : autogestion de 1963 à 1971,
révolution agraire (nationalisation des grandes et moyennes propriétés foncières) de 1972 à 1975, mise en
place de domaines agricoles socialistes, puis création d’exploitations agricoles collectives (EAC) et
individuelles (EAI), en 1987. Pour finir, les dispositions de la révolution agraire ont été abrogées en 1990, et
les terres nationalisées restituées à leurs propriétaires. La conséquence de cette gestion calamiteuse est
que le système est en totale inadéquation avec la logique de marché. L’Algérie produit peu et mal et doit
revoir sa stratégie de fond en comble. Il lui faut promouvoir des cultures adaptées au savoir-faire de ses
paysans, au climat et à la nature des sols. Si l'augmentation de la production agricole est tributaire des
conditions climatiques, de la mécanisation des moyens et de l'amélioration des techniques, elle est encore
plus fondamentalement liée à l'extension de la surface agricole utile. De fait, sur un périmètre national de
238,1 millions d'ha, celle-ci n’a représenté que 7,5 millions d'hectares (soit 3% du global) dont 1,5 million
d'hectares étaient encore en jachère.

Terres utilisées par l’agriculture (en ha)  - Source : Madr -

(*) Ces terres comprennent des fermes, bâtiments, cours, aires à battre, chemins, ravins, etc.
Ces jachères s’expliquent directement par les intérêts politiques et économiques de nombreux propriétaires
ou d’acteurs qui n’ont qu’un intérêt limité pour la production agricole, mais certainement beaucoup pour la
propriété foncière, pour des raisons de prestige, de spéculation ou de détournement de la vocation agricole.
La terre est souvent considérée comme une compensation légitime pour les combattants de la libération ou
leurs familles. Elle représente symboliquement le prix du sang versé pour l’ensemble de la nation et justifie
des formes d’appropriation par des cercles du pouvoir. Mais cela contredit un autre principe souvent
réaffirmé, à savoir la propriété de l’usufruit à ceux qui mettent la terre en valeur. En réalité, la contradiction
entre ces deux principes ouvre un espace d’arrangement et de compromis en fonction des rapports de force
des acteurs. Il permet à l’État ou à ses composantes de préserver un domaine d’intervention discrétionnaire.
Mais ceci a pour effet de décourager, voire de frustrer, une paysannerie qui pourrait, en renouant un lien
profond à la terre, la mettre en valeur. Les explications avancées des causes de la jachère dans la
littérature renvoient parfois aux habitudes et même à la colonisation. Plus simplement, il est plus facile et
plus sûr de louer en pâture des terres aux éleveurs d’ovins. La faiblesse des incitations, l’incertitude des
rendements, l’horizon économique à court terme et les interventions parfois pointilleuses de l’État jouent en
faveur des activités pastorales et donc des jachères. Il reste que les causes de la jachère en Algérie sont
multiples et que ce sujet devrait faire l’objet d’études approfondies. Les exemples fournis par les différents

11
diagnostics convergent sur un bilan mitigé : les superficies et les rendements stagnent, voire diminuent pour
certaines cultures. □
▲ A partir du tableau ci-dessus, nous déduisons les éléments suivants : Sur 39.808.280 ha de terres
utilisées par l’agriculture (TUA), 8.095.670 ha soit 3,4 % du territoire représentent la S.A.U ; la majorité des
TUA se compose de terrains de pacages et de parcours localisés surtout dans les hauts plateaux et au
Sud.Au sein des terres labourables, nous avons environ 3,6 millions d’hectares en jachère, soit 45% de la
SAU, ce qui est considérable. L’agriculture saharienne cultive environ 184.000 ha dont 100.000 ha de
palmeraie dans la zone oasienne. De ce fait, au-dessous du parallèle 33° l’agriculture est sporadique, non
par manque de sols arables mais par manque d’eau. Il importe de signaler que l’agriculture algérienne a
connu au cours de son histoire des déstructurations et restructurations continuelles.
►Pour changer radicalement les comportements vis-à-vis de la problématique du foncier agricole, un texte a
été mis en application afin d’exercer librement le droit de propriété et la gestion indépendante de
l’exploitation. C’est la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres
agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs. La loi n° 87-19 du 08
décembre 1987 a remis en cause les formes d’exploitation des terres agricoles du domaine national qui
étaient gérées dans le cadre des domaines agricoles socialistes, pour mettre en place des exploitations
agricoles collectives et individuelles gérées sur des bases économiques libres. Ainsi, l’ensemble des
infrastructures a été vendu aux attributaires des Exploitations Agricoles Collectives (EAC) et Exploitations
Agricoles Individuelles (EAI), lesquelles ont été octroyées dans le cadre d’un droit de jouissance perpétuel.
Il est important de signaler que l’année 1989 était marquée par la publication de la constitution de la
République Algérienne Démocratique et Populaire(1). Cette loi fondamentale qui permet d’assurer la
protection juridique et le contrôle de l’action des pouvoirs publics, dans une société où règnent la légalité et
l’épanouissement de l’homme dans toutes ses dimensions, a stipulé que le domaine national(2) comprend ce
qui suit :
 le domaine public de l’Etat ;
 le domaine privé de l’Etat ;
 les domaines de la wilaya et de la commune.
Sans oublier de mentionner que la constitution de 1989 a consacré des dispositions relatives à la garantie
de la propriété privée(3).Cette même constitution a réhabilité et garanti les biens wakfs(4).Trouvant son
essence dans le droit musulman, le wakf ou habous est l’acte par lequel est rendu impossible l’appropriation
d’un bien en son essence, pour toute personne, de façon perpétuelle, pour en attribuer l’usufruit aux
nécessiteux ou à des œuvres de bienfaisance. Une autre réforme intervient
dans l’organisation du secteur agricole d’Etat avec l’adoption de la loi n° 90-25 du 18 novembre 1990
portant orientation foncière et qui restaure les formes de propriétés antérieures à la loi de réforme agraire
de 1971.
_____________________________
(1). Décret présidentiel n° 89-18 du 28 février 1989 relatif à la publication au Journal officiel de la
République Algérienne Démocratique et Populaire, de la révision constitutionnelle adaptée par référendum
du 23 février 1989. JORADP n° 9 du 1 mars 1989
(2). Article 49 de la constitution algérienne du 23 février 1989. JORADP n° 9 du 1er mars 1989
(3). Article 49 de la constitution algérienne du 23 février 1989. JORADP n° 9 du 1er mars 1989
(4). Article 49 de la constitution du 23 février 1989. Important de savoir que la constitution du 23 février
1989 a été abrogée par la constitution du 28 novembre 1996. (Art. 49) de la constitution du 23 février 1989
est devenu : (Art. 52) de la constitution du 28 novembre 1996.
-----------------------------------------------
La loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 suscitée, a instauré un cadre global d’action en matière foncière, les
textes visés par la loi concernent pratiquement tous les secteurs d’activités. Cette loi a pour objet de fixer la
consistance technique et le régime juridique du patrimoine foncier, ainsi que les instruments d’intervention
de l’Etat, des collectivités et organismes publics. Face aux multiples insuffisances et limites de la loi n° 90-
25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière(1), l’ordonnance n° 95-26 du 25 septembre 1995 a été
promulguée pour modifier et compléter la loi suscitée. Ladite ordonnance consacre le droit de propriété
individuelle et remet en cause toutes les formes d’atteinte à la propriété privée, en élargissant la restitution
des terres agricoles aux donateurs,, dans le cadre de la révolution agraire et aux propriétaires fonciers dont
les biens ont été mis sous protection de l’Etat par le décret n° 63-168 du 9 mai 1963 relatif à la mise sous
protection de l’Etat des biens mobiliers et immobiliers dont le mode d’acquisition de gestion, d’exploitation
ou d’utilisation est susceptible de troubler l’ordre public ou la paix sociale. Il reste cependant à organiser le
régime de la propriété moderne pour qu’elle puisse jouer le rôle économique que l’on attend d’elle :
incitations à l’investissement et à la croissance agricoles. Le processus de constitution de la propriété
privée individuelle, engagé au 19 siècle par la colonisation s’est borné à constater la propriété des colons
européens, laissant subsister les régimes anciens d’occupation des terres pour la majorité des paysans.
La réforme des terres publiques laisse encore subsister des ambiguïtés, les attributaires n’étant ni fermiers,
ni propriétaires.
L’ordonnance n° 95-26 du 25 septembre 1995 (2) modifiant et complétant la loi n°9025 du 18 novembre 1990
portant orientation foncière, répond à une revendication générée par la privatisation annoncée des terres et
elle répare ce qui apparaissait comme une injustice. A cet effet, il s’agit de régler de façon définitive le
problème de propriété pour les agriculteurs qui considèrent que l’acte administratif délivré par
l’administration agricole ne constitue pas une garantie, d’autant plus que les banques ont toujours refusé de
leur accorder des crédits. Fixer les règles d’organisation du secteur agricole selon les exigences
12
économiques actuelles du pays contribuera à ce que les agriculteurs n’abandonneront pas leurs terres, car
l’urbanisation sauvage a constitué une menace pour le secteur agricole. D’autre part, l’urgence aujourd’hui
est de créer un marché foncier organisé pour faire de la terre un élément économique participant au
développement national. A noter que l’Algérie est l’un des rares pays où il n’existe pas ce type
d’organisation. L’intégration de l’agriculture dans le processus de privatisation avec à terme, une mise en
vente des terres agricoles à des personnes n’ayant aucune relation avec ce secteur, sont les principales
préoccupations de certaines associations d’agriculteurs qui ne cessent de dénoncer la privatisation des
terres et leur distribution éventuellement aux puissances de l’argent.
__________________________
(1) JORADP n° 49 du 18 novembre 1990, p. 1332.
(2) JORADP n° 55 du 27 septembre 1995, p.8.
----------------------------------------
A cet effet, il est impératif de régler les problèmes des agriculteurs notamment, en matière d’obtention des
crédits, et ce par la réactualisation et la clarification de l’acte administratif du droit de jouissance des terres.
La valorisation du secteur agricole est à la base d’un développement durable. La modernisation de ce
secteur, en vue de l’adapter aux nouvelles exigences se fait de plus en plus sentir. Par ailleurs, il est
nécessaire de sécuriser les agriculteurs pour qu’ils s’investissent uniquement dans la production. Le foncier
agricole est caractérisé actuellement par un certain nombre de problèmes qui entravent sérieusement son
développement et sa promotion. Il reste à engager des actions d’envergure pour protéger la vocation
agricole des terres en mettant un terme à leur détournement. Il est à noter que le secteur de l’agriculture vit
à présent une profonde mutation visant l’amélioration de ses performances et sa modernisation dans la
perspective d’ouverture de notre économie nationale et de rude concurrence qu’elle induit.
Dans ce processus de modernisation, le Plan National de Développement Agricole (PNDA), adopté par le
gouvernement en 2000, constitue de par les objectifs qu’il poursuit et moyens qu’il mobilise l’instrument
privilégié par lequel les pouvoirs publics entendent agir efficacement sur la modernisation des exploitations
agricoles.
Elaboré dans une optique d’utilisation rationnelle des ressources naturelles, d’extension et de valorisation
des potentialités existantes mais également de relance des investissements, le PNDA a été conçu de sorte à
imprimer une nouvelle dynamique de développement au secteur agricole. Or, la perspective de l’ouverture
de l’économie nationale ne peut raisonnablement pas faire l’impasse sur le devenir des terres agricoles du
domaine national qui renferment les meilleures potentialités agricoles du pays. De même que la dynamique
de développement ne peut pas être totalement porteuse, sans l’implication entière des Exploitations
Agricoles Collectives et Individuelles (EAC et EAI) situées sur les terres du domaine national. Ces dernières
ne peuvent pas, non plus, continuer à être exploitées selon des formes qui ont montré leurs limites.
Sur un autre plan, il est difficile d’admettre que des situations de fait, caractérisées par un dévoiement des
principes de la loi n° 87-19 du 08 décembre 1987 déterminant le mode d’exploitation des terres agricoles du
domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs, continuent au moment où le secteur
agricole annonce un virage déterminant quant à son avenir. «
L’opacité et le manque de transparence qui ont caractérisé les politiques agricoles et le recours au
règlement pour les mettre en œuvre, afin d’échapper au contrôle parlementaire et parfois pour éviter la
surenchère politicienne, ont conduit à des contradictions multiples entre des textes régissant une même
matière, à la violation de la hiérarchie des normes et de la répartition des attributions entre le législatif et le
réglementaire en la matière »(1)
.Ainsi, la démarche préconisée, stratégique pour le secteur de l’agriculture, se propose de mettre fin aux
situations d’attente générées par une absence de décision politique en la matière. Elle vise à conférer plus
de stabilité aux producteurs agricoles et à sécuriser tous ceux qui souhaitent investir dans l’agriculture.
C’est pour cela que la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant orientation agricole, est venue définir la politique
agricole nationale et tenter de préserver les ressources naturelles et d’assurer le développement durable de
l’agriculture en particulier et du monde rural en général. Aussi, cette loi a pour objet de déterminer les
éléments d’orientation de l’agriculture nationale lui permettant de participer à améliorer la sécurité
alimentaire du pays, de valoriser ses fonctions économiques, environnementales et sociales, en favorisant
l’accroissement de sa contribution aux efforts du développement économique. Enfin, la loi d’orientation
agricole a renvoyé à un texte législatif particulier, les modalités d’application du régime de la concession et
ce, à travers la loi n° 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres
agricoles du domaine privé de l’Etat. La loi d’orientation agricole a consacré à travers les dispositions de
son article 17 (2), le régime juridique de la concession comme mode exclusif d’exploitation des terres
agricoles du domaine privé de l’Etat et dont le principe essentiel est l’incessibilité. Il s’agit donc de
promouvoir une politique foncière agricole qui tienne compte à la fois des aspects juridiques, économiques
et sociologiques du problème foncier. ◙ BAOUCHE Fatiha (2014)
_____________________________________
(1) Leïla ZEROUGUI, « le Foncier Agraire », Tome 1, Office National des Travaux Educatifs Alger 2001,
p.10.
(2) Article 17 de la loi 10-03 du 15 août 2010, dispose : « les terres agricoles du domaine privé de l’Etat
ainsi que les biens superficialités disponibles de quelque manière que ce soit, sont concédés par
l’Administration des Domaines sur demande de l’office national des terres agri coles, après autorisation du
wali, par voie d’appel à candidatures. La priorité est donnée :
- aux exploitants concessionnaires restants dans le cas d’une exploitation agricole à plusieurs exploitants

13
concessionnaires ;
- aux exploitants concessionnaires riverains en vue d’agrandir leurs exploitations ;
- aux personnes ayant des capacités scientifiques et / ou techniques et présentant des projets de
consolidation et de modernisation de l’exploitation agricole…. » (JORADP n° 46 du 18 août 2010, p.4).
----------------------------------------------------------
► Le secteur agricole affiche une croissance de sa valeur ajoutée de 1,8% en 2016 par rapport à 2015,
après les 6% en 2015 par rapport à 2014 et les 2,5% en 2014 par rapport à 2013. La timide performance du
secteur de l’agriculture en 2016 est due principalement à la forte baisse enregistrée dans la production de
céréales qui connait une baisse en volume de 8,0% en 2016 après une croissance positive de 9,5% en 2015
par rapport à 2014 Il faut également retenir que d’une manière générale et en dehors des céréales qui ont
été fortement affectés par des conditions climatiques et pluviométriques non favorables, la production
agricole hors céréales végétale et animale est également affectée. Ainsi, la production végétale hors
céréales connait un taux de croissance de 2,7% en 2016 contre 6,4% en 2015 et la production animale
marque un taux d’accroissement de 1,7% En 2016 contre 5,6% en 2015. En examinant le graphe ci-
dessous, il est constatée depuis 2010 des variations de la production agricole moins heurtée et donc une
meilleure maitrise et prise en charge durant les cycles climatiques défavorables.
Graphe ci-dessous : Evolution du taux d’accroissement en volume (en %) de la production agricole
sur la période 2007-2016.

►L’agriculture contribue en 2017 à près de 10% au PIB, et emploie pas moins de 2,5 millions d’actifs employés. L’industrie
agroalimentaire constitue la principale branche de l’industrie du pays, elle contribue à plus de 50% de sa valeur ajoutée (hors
hydrocarbures) et emploie près de 150.000 salariés. (DAOUDI Ali, 2017)
►Situation de l’agriculture algérienne par rapport aux autres pays sudméditerranéens : Toute comparaison des
performances entre pays est périlleuse. Mais avançons quelqueséléments. L’Algérie est le pays maghrébin qui connaît le
déséquilibre de sa balance couranteagricole le plus prononcé. En 2009, les exportations agricoles s’élèvent à 122 millions
dedollars tandis que les exportations totales se montent à plus de 5,5 milliards de dollars. Ledéficit de la balance agricole
représente 4 fois celui du Maroc et presque 20 fois celui de la Tunisie. L’Algérie se démarque surtout de ses voisins par la
faiblesse des exportations agricoles.
Balance commerciale agricole en millions de dollars US courants (2009)

FAO statistiques
Autre point de comparaison, mais qui doit être considéré avec précaution, les rendements obtenus par hectare sont faibles, ce
qui rend très hypothétique la perspective d’obtenir un meilleur équilibre alimentaire. Ils sont plus faibles que ce que l’on observe
cheles voisins européens de l’Algérie. Mais, plus grave encore, l’Algérie semble ne pas avoir réussi à améliorer ses rendements
à l’hectare depuis 40 ans, malgré le développement industriel du pays, à l’inverse de ses deux voisins.
► En Algérie, il existe une inadéquation entre les résultats souhaités et ceux effectivement obtenus en dépit des efforts
financiers consentis par l’Etat pour une intensification du processus de la production qui viserait à obtenir une augmentation du
rendement par unité de superficie et par unité d'élevage moyennant une utilisation plus importante des facteurs de production
(intrants ,travail ) jusqu’à un seuil où le rendement stagnera ou fléchira selon la loi des rendements décroissants constatée par
Turgot au XVIIIème siècle et approfondie par D.RICARDO au début du XIX siècle.
► Rétrospective : Organisé par la loi du 13 août 1983, un programme d'accès à la propriété foncière pour la
mise en valeur par l'épargne privée de terres additionnelles suscita un fort engouement et donna lieu à
quelques 66.540 exploitations nouvelles sur une superficie de 297 138 hectares. Limitée au départ aux
régions sahariennes, son champ d'application s'est rapidement étendu aux zones steppiques, puis à celles
du nord. En l'absence d'un dispositif de soutien effectif, cette campagne s'est toutefois traduite par de
faibles performances au regard des attentes qu'on en avait. Elle aura toutefois permis de mettre à jour les
14
insuffisances du système et la nécessaire restructuration de l'environnement technique et économique
d'encadrement. C'est à partir de 1988, que l'Algérie a véritablement pris ses marques pour un changement
radical de position. L'agriculture, recours irremplaçable dans l'objectif de l'autosuffisance se trouve
aujourd'hui à l'avant-scène de l'économie nationale. Classée prime-priorité dans la nouvelle stratégie de
développement, l'Etat s'est fixé pour objectif de réunir toutes les conditions nécessaires pour impulser une
relance irréversible de la production agricole. La réorganisation du secteur agricole porte directement sur le
statut et le mode de production des exploitations du domaine public (domaines agricoles socialistes). La loi
du 08.12.87 ainsi que celle du 08.11.90 relative à l'orientation foncière sont venues transformer
radicalement les conditions antérieures d'exploitation des terres avec en filigrane le principe de libre
association des agriculteurs et la libération de l'initiative. Ainsi, l'ordonnance portant révolution agraire et
textes subséquents sont définitivement abrogés et les terres sont aujourd'hui librement constituées en
exploitations agricoles collectives ou individuelles. Le principe des droits acquis des attributaires
d'exploitation agricole est consacré. Les conditions de restitution des terres à leurs propriétaires initiaux
sont déterminées et la propriété privée garantie.
►Exploitations initiales (domaines agricoles socialistes)
● nombre : 3159
● superficie : 2.486.944 ha
● travailleurs permanents (ou attributaires) : 137.788
► Exploitations issues de la réorganisation agricole au 30.03.1992 :
■ 26.612 exploitations collectives (EAC) sur 1.866.020 ha pour 146.382 bénéficiaires,
■ 15.279 exploitations individuelles (EAI) sur 158.112 ha pour 15.279 bénéficiaires, soit un total de 28.033
exploitations sur 2.288.000 ha pour 162.225 bénéficiaires.
►L’emploi agricole n’a pas connu de variations importantes d’un recensement à l’autre de la population. Ceci révèle si
besoin est le faible niveau de l’intensification agricole à base de travail et le recul de l’emploi agricole dans l’emploi total qui
passe de 58,23 % à 15,5 % en l’espace de trois décennies. Mais ce qui importe le plus pour la production, ce n’est pas tellement
l’effectif de la main d’œuvre, c’est surtout sa structure par âge et par qualification principaux indicateurs de productivité du
facteur travail. Or cette force de travail se constitue d’une main d’œuvre ordinaire peu qualifiée composée d’une forte proportion
de jeunes à la recherche de leur premier emploi et de personnes âgées ayant dépassées l’âge de la retraite comme le montre la
structure d’âge de la population occupée par branche d’activité résumé dans le tableau ci-dessous.

Structure de la population occupée par branche d’activité (R.G.P.H, 1977)


(Unité : %)
Agriculture Industrie BTP Services ND Total
18 ans 58,60 14,20 7,20 16,50 3,50 100
18 – 59 ans 28,80 17,90 16,44 33,26 3,60 100
60 ans et + 53,39 8,24 7,41 28,10 2,86 100
Total 31,10 17,20 15,60 32,60 3,50 100
 Source : ONS Statistique N° 15. Avril – Juin 1987 p 12.

Le secteur agricole se trouve ainsi doublement désavantagé. D’une part il occupe une forte proportion de jeunes instables et de
personnes âgées à faible productivité comme signalée précédemment. D’autre part la concentration de personnes non
qualifiées est analphabètes se retrouve dans le secteur agricole et influe sur son rythme de développement d’une manière
négative et freine sa modernisation.
Taux d’analphabétisme de la main d’œuvre occupée / B.A.E (Unité : %)
Secteur d’activité Taux d’analphabétisme
Agriculture 68,7
Industrie 31,7
BTP 54,5
Transport 38,9
Commerce 38,7
Services 28,7
Services non marchants 19,2
Total 45,3
 Source : ONS – Statistique N° 18 – Mars 1988.
La modernisation de l’agriculture ne peut se réaliser avec des agriculteurs en majorité analphabètes donc incapables de noter
les quantités utilisées, d’enregistrer les travaux réalisés et d’archiver ces notes et enregistrements pour d’éventuelles analyses
et comparaisons dans l’avenir. Exprimé en valeur absolue, le nombre de personnes non qualifiées employées par l’agriculture
représente prés de la moitié des effectifs employés par l’économie nationale.
◙ En 1998, Ce sont prés de 2,8 millions d'hectares exploités par 200.000 attributaires organisés au niveau
de 29.000 exploitations agricoles collectives (EAC) et 58.000 exploitations agricoles individuelles (EAI),
seront soit vendus ou loués à leurs exploitants actuels. Les terres concernées sont celles régies par la loi
domaniale et classées dans la catégorie du domaine privé de l'Etat, dont le mode d'exploitation est organisé
par la loi n° 87-19. Mais, l'agriculture a périclité car il y a eu désinvestissement total, ou qu'il n'y a pas eu
de réhabilitation du lien qui lie l'homme à la terre par le facteur travail. Actuellement, c'est l'exploitant
agricole qui domine et non pas l'agriculteur proprement dit. C'est la quête du profit immédiat qui ne va pas
dans le sens d'un renforcement de la relation de travail au sein de l'exploitation agricole. La qualité d'être
agriculteur a été dévoyée au profit d'un exploitant agricole car ayant d'autres activités parallèles. Les
restructurations introduites après une décennie sont très mal perçues par les producteurs et les effets
attendus sont loin des espoirs affichés. Il s'en est suivi une sous-exploitation des terres, détournement des
bâtiments de leur vocation initiale, des changements fréquents de la composante humaine des collectifs,
non paiement de la redevance au titre de droit de jouissance, etc . Un tel constat se base sur l'absence

15
totale d'une assise solide dans le lien entre l'homme et la terre , que la formule en cours, dite de
"jouissance perpétuelle", ne peut garantir.

► La production végétale  :
♦ La production de la céréale  : En Algérie, les céréales sont classees parmi les ressources principales du
fellah, elles représentent l’alimentation de base et la nourriture des algériens, les superficies réservées aux
céréales sont de l’ordre de six millions d’hectares, la superficie emblavée annuellement 3 à 3,5 millions
d’hectares, le reste laissé non cultivé. Ainsi, 70% sont affectés spécialement à l’amélioration de blé, l’orge,
et l’avoine n’occupe qu’une faible superficie malgré la situation climatique qui est avantageuse, la superficie
récoltée est moindre que celle emblavée. La majeure partie de ces emblavures se font dans les régions de :
Sidi Belabbes, Tiaret, Sétif, El Eulma. Ces grandes régions céréalières sont situées dans leur majorité sur
les hauts plateaux. D’après le tableau, on remarque que la production de céréales de l’été est plus élevée
que celle de l’hiver à cause de la sécheresse  ; la totalité des céréales indique une reprise entre 2008-2009
s’élevant à 52.532 millions de tonnes. Malgré tous ces efforts à la production, l’Algérie ne peut satisfaire les
besoins nationaux et elle se doit d’en importer.

Tableau ci-après: Evolution des principales productions végétales

► Autres productions  (madr) :

16
Selon, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, la part de la valeur ajoutée agricole dans le PIB étaitt de 10,1 %.
Les surfaces irriguées représentaient 835.197 ha en 2006. De nombreux arbres furent plantés afin de ralentir l’avancée du
désert comme le barrage vert. La superficie totale de forêts ravagées par le feu pendant l’année 2006 a été estimée
à 16 916 ha. Près de 900 millions de mètres cubes d’eaux de crues sont destinés à l’irrigation par épandage de 498.000 ha pour
la production fourragère. Le potentiel de production arboricole et viticole comptait près d’un million d’hectares en 2006. Les
superficies récoltées en toutes espèces confondues était de 2.671.140 ha, le blé dur représentant 1 162.882 ha,
le blé tendre 620 945 ha, l'orge 812 280 ha et l'avoine 75.035 ha. La culture fourragère totalise 788.542 ha. Les légumes secs
sont étalés sur 66.866 ha et la culture de pommes de terre est de 58.632 ha. En dépit de ces chiffres, l'Algérie doit importer du
lait et massivement des céréales pour un coût de l'ordre de 4 milliards de dollars. Ces produits sont le point faible de l'agriculture
nationale qui ne réalise son autosuffisance alimentaire qu'à 72 % en 2014.
► Les handicaps actuels de l’agriculture algérienne  : Le constat d’une grande faiblesse de l’agriculture
de l’Algérie n’est pas nouveau.
♦ L’agriculture algérienne, à partir de 1962, est caractérisée par une stagnation durable qui induit de graves
déformations au sein du procès de développement du pays : disparition de l’autosuffisance alimentaire,
disparités croissantes entre la ville et la campagne, industrialisation bornée par l’exiguïté du marché
intérieur... » (Adair Philippe,1983, p.1). La récurrence de ces thèmes sur une période historique aussi
longue traduit selon nous, l’existence de lourds handicaps auxquels a été confrontée l’agriculture
algérienne. Ces handicaps, intimement liés entre eux relèvent de conditions naturelles, socio-historiques,
techniques et politiques.
 L’handicap naturel  : tient aux spécificités climatiques et géographiques qui limitent territoires et
productions agricoles.
 L’handicap social  : est lié aux conditions d’émergence d’une paysannerie dont l’assise a été fortement
contrariée au cours de l’histoire. Conquêtes, instabilité politique, colonisation agraire ont toujours fait
obstacle à la formation et à l’installation d’une paysannerie attachée au sol, détentrice de titres permanents
de propriété et maîtrisant savoirs et savoir-faire agricoles transmis de génération en génération.
 L’handicap technique  : renvoie à l’absence de modèles techniques pour les cultures ou l’élevage adaptés
aux contraintes de sol, de relief ou de climat.
 L’handicap politique  : est relatif aux politiques publiques et plus particulièrement aux formes sociales
d’organisation de l’agriculture. Si des options en faveur d’une agriculture d’Etat triomphent après le
recouvrement de l’indépendance, le paradoxe historique veut que, 50 ans après le déclenchement de la
Révolution algérienne, c’est la grande entreprise agricole privée qui est promue, et cela au détriment de
formes familiales et/ou paysannes d’agriculture. ◙ Tamelloult Mounia & Slimani Rebiha (2017)
AGRICULTURE DE MONTAGNE .- La définir en prenant pour seul critère la pente et l'altitude, sans prendre
en ligne de compte un ensemble, non de moindre importance, de facteurs déterminants comme l'évolution
structurelle, la lithologie, l'exposition des versants (au nord, au sud, ...), le réseau hydrographique et
finalement la morphogénèse, serait une définition empirique, voire incomplète. Sur tout le territoire algérien,
les zones regroupées sous le vocable de zones de montagnes totalisent une superficie avoisinant 7,6
millions ha ; comparée à la superficie totale des terres qui est de 238.000.000 ha, ce chiffre représente un
pourcentage d'une extrême importance. Différer l'exploitation de toutes ces superficies constituerait un
manque à gagner pour le secteur de l'agriculture. L'agriculture de montagne fut à une certaine époque et
des siècles durant, une activité essentiellement vivrière se confinant dans le traditionalisme et utilisant des
17
moyens rudimentaires, voire médiévaux pour mener à bien et promptement le travail des champs. Cela
s'explique d'une part, par l'état accidentel des terrains (escarpement, isolement,...), donc difficilement
accessibles et, d'autre part le manque inqualifiable et flagrant des moyens techniques à même d'explorer
sinon d'exploiter convenablement ces terres. L'agriculture de montagne se caractérise souvent par des
données pédologiquement critiques émanant de l'état physique des terrains à savoir le morcellement et le
parcellement. En dépit de la nature extrêmement complexe des terrains montagneux et de la conjoncture
actuelle, les autorités locales doivent mener des actions dans l'intention d'exhorter les paysans disposant
de petites parcelles à se replier sur l'exploitation systématique de petites superficies se situant dans les
régions montagneuses. Les actions s'expriment d'abord par l'installation des coopératives sectorielles à
même de mettre à la disposition du citoyen ce dont il aurait besoin (fertilisant, matériel, pépinière,...). Des
centaines de milliers de plantes (olivettes, cerisiers, abricotiers, poiriers,...) peuvent être distribués aux
petits agriculteurs. Ainsi, il est adéquat d'encourager le citoyen à retourner à l'agriculture vivrière car il faut
le dire cette activité quoique apparemment sans valeur requinquera opportunément ce segment de
l'agriculture. □
♣ Les zones montagneuses contribuent à hauteur de 18% à la production agricole nationale. Le ministre de l’Agriculture,
du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui a déclaré, que les zones montagneuses contribuent de 17 à 18%
à la production agricole nationale. Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la montagne, le ministre a insisté
sur la préservation des richesses végétales et animales dans les zones boisées et montagneuses. Les zones montagneuses
représentent 4% du territoire national et 20 % de la superficie dans le nord du pays avec 1,7 million d’hectares utiles à
l’agriculture et comptent 7 millions d’habitants. Le ministre a rappelé, au passage, les efforts déployés par l’Etat pour développer
les zones montagneuses en valorisant les richesses qu’elles recèlent, traduits par des programmes dont le programme national
de reboisement en 2000 intervenu en parallèle avec le programme de développement rural. Il a fait savoir que 200 milliards de
dinars ont été consacrés au développement des zones montagneuses avec la réalisation de 30.000 habitations rurales,
l’ouverture de pistes, l’alimentation en eau potable, en gaz, en électricité et l'aménagement rural. Le ministre a indiqué, en outre,
que 1.000 ha de zones de montagne ont bénéficié d’actions de reboisement comportant la plantation de 250.000 arbres fruitiers
et que des milliers de ruches d’abeilles ont été fournies par l’Etat pour soutenir les apiculteurs des zones montagneuses et
boisées dans le cadre de l'encouragement des populations au retour dans les zones montagneuses qu'elles ont désertées. □
APS (15.12.2017)

18
AGRICULTURE SAHARIENNE.- Après plusieurs décennies de tentatives et d’expériences de développement
agricole dans les régions sahariennes, un constat s’impose : Il s’agit d’abord de tirer les enseignements sur
les échecs et les relatives réussites qui ont caractérisé les politiques de développement, sur les objectifs
assignés à ces politiques et les démarches et approches entreprises jusqu’ici. La nouvelle conjoncture et la
spécificité et la fragilité du milieu rural oasien exigent une approche d’intervention nouvelle plus adaptée.
.♦ La part des terres réellement mises en valeur , par rapport aux superficies attribuées dans les régions
sahariennes (total de neuf wilayas du Sud), est de l’ordre de 30% soit une superficie mise en valeur de 78
451 hectares sur les 260 828 hectares attribués en 1997. Ceci témoigne du manque de réussite de cette
opération et d’un manque d’adhésion notable chez les candidats potentiels à cette opération. Les raisons
sont diverses et sont souvent sujettes à controverse.
♦ La structure des exploitations agricoles dans les régions sahariennes : Un peu plus de la moitié des
exploitations (52%) des exploitations dans les régions sahariennes ont une taille inférieure ou égale à 1
hectare et le tiers ont une superficie inférieure à 0,5 hectare. Cette faible taille, à notre sens, constitue une
entrave importante pour le développement de l’agriculture. On ne peut valablement qualifier une exploitation
de moins de 0,5 hectares d’unité de production agricole mais plutôt à un jardin potager qui ne peut qu’être
très partiellement intégré au marché mais beaucoup plus destinée à l’autoconsommation. □BOUAMMAR
Boualem (2010).♦Si l'Algérie a les moyens de renforcer sa production agricole, les premiers effets
enregistrés dans le cadre du programme de l'accession à la propriété foncière agricole laissent entrevoir
que les résultats substantiels proviendront d'abord du sud, où les terres inexploitées et les eaux
19
souterraines sont abondantes et le climat propice aux cultures de primeurs et céréalières. C'est pourquoi
l'option gouvernementale souligne une priorité d’investissements sur cette région du pays.
La stratégie adoptée s'inscrivant dans une optique de développement hydro-agricole fondée sur une
exploitation optimale des ressources en eaux souterraines permettrait :● la modernisation de l'agriculture
traditionnelle et l'extension des superficies cultivées autour des palmeraies existantes.
● la mise en valeur de nouvelles terres à travers la création d'exploitations agricoles de grande taille et de
haute technicité pour la production de cultures stratégiques (céréales, cultures industrielles, ...).En l’an
2000, deux millions d'hectares exploitables en agriculture ont été recensés dans les vallées fossiles du sud.
Leur exploitation est facilitée par l'existence de réserves en eaux importantes. La superficie agricole
cultivée dans le sud s’élevait à 60.000 ha (plantation de 7,5 millions de palmiers qui produisent jusqu'à
200.000 T dattes/an) auxquels s'additionnent depuis 18.000 ha (maraîchage) autour de Biskra, Ouargla,
Ghardaïa, Béchar et Adrar.
♣ La phoeniciculture est basée essentiellement au Sud. Le nombre de palmiers dattiers est estimé en 2013 à 17,1 millions.
Chaque palmier produit annuellement entre 45 et 51 kg de dattes. Les objectifs de développement à court terme
portent sur le rajeunissement des palmeraies qui élèveraient la production à quelques 320.000 T/an, et la
création de grands périmètres d'exploitation (100.000 ha en 1995) gérés par une agence d'exploitation des
eaux sahariennes et un commissariat au développement de l'agriculture saharienne .
►Pour créer un mouvement d'attraction vers ces zones d'activités, un dispositif gouvernemental incitatif
avait été institué. Il devait passer notamment par :
▪ la prise en charge systématique par l'Etat de la valorisation préalable (forages d'eaux, électrification,
réseaux de désenclavement sur les grandes surfaces précitées) ;
▪ un réseau bancaire approprié pour le soutien financier aux exploitants
▪ l'intéressement du secteur des industries agroalimentaires à la mise en valeur de grandes surfaces.
En ce sens, le programme d'action gouvernementale dès 1992, avait établi les priorités, en termes
d'objectifs physiques. Celles-ci portaient à court terme sur :
1/ l'équipement de prés de 400 forages déjà réalisés et la mise en valeur des terres avoisinantes à partir
des ressources en eaux ainsi mobilisées.
2/ la promotion pour la mise en valeur de nouvelles terres dans les zones à plus fortes potentialités en
eaux, terres et infrastructures. Il s'agit notamment des régions de Ouargla, Hassi-Messaoud, Gassi-Touil,
Touat, Gourara, Tidikelt, propices au développement de grandes cultures.
3/ la consolidation des périmètres de mise en valeur réalisés dans le cadre de l'opération APFA à travers la
résorption des différentes contraintes qui en freinaient encore l'exploitation (électrification,
approvisionnement en facteurs et moyens de production, facilités de financements ... ).
4/ le réaménagement des palmeraies de l'oued Rhir, Ouargla, Biskra, Ghardaia,) Ain salah.
♦ L'agriculture saharienne se doit d’évoluer vers une agriculture à caractère industriel, apte à absorber les
nouvelles technologies et à profiter des économies d'échelle. Le chantier peut concerner au moins 200.000
ha. Elle peut répondre à des objectifs productivistes à court terme à condition qu'elle dispose de capitaux
pour créer les conditions de production nécessaires. Les infrastructures de mobilisation d'eau, d'énergie et
d'accès ne peuvent plus être laissées exclusivement à la charge des promoteurs mais requièrent une
intervention plus énergique des pouvoirs publics, pour asseoir les conditions réelles de réussite de ce projet
de portée nationale.
►L’agriculture saharienne essentiellement phoenicicole et accessoirement arboricole et/ou maraîchère,
assure actuellement la stabilisation et le développement d’établissements humains et économiques
(stabilisation des populations, viabilisation d’un espace aride, gisements d’emplois, production de
subsistance et de revenus, économie de devises).Toutefois, cette agriculture rencontre des difficultés pour
faire face à une demande nouvelle issue de différentes mutations socio-économiques, démographiques,
technologiques et culturelles. La sous valorisation des produits et sous-produits du palmier dattier, de la
ressource en eau, des énergies renouvelables existantes et des produits du palmier dattier, ainsi que
l’espace intercalaire et périphérique des palmeraies constituent un indicateur indéniable de non
développement, voire de régression.
Aussi, ces agrosystèmes oasiens doivent-ils évoluer et s’adapter aux nouvelles exigences socio-
économiques et technologiques tout en veillant à préserver l’équilibre établi. L’extension des surfaces
agricoles au moyen de la mise en valeur, à travers les multiples programmes de développement, a fait surgir
en l’espace de deux décennies des nombreux autres indicateurs d’inadaptation tels :
□ L’utilisation non maîtrisée des équipements de base, des matériels agricoles et d’intrants augmentent les
coûts de production avec des atteintes à l’environnement particulièrement dans le domaine des productions
de plein champ ;
□ L’extension du palmier dattier axée principalement sur la variété « DégletNour », exposant le patrimoine
phoenicicole à une érosion génétique variétale et à des risques divers notamment économiques et
phytosanitaires ;
□ La chute brutale des rendements avec dégradation voire stérilisation des sols (cas des pivots céréaliers) ;
□ Les échecs économiques de nombreuses nouvelles exploitations ; De plus, de par leurs caractéristiques
d’implantation, les nouvelles exploitations agricoles(ou périmètres d’irrigation) sont exposés à différents
problèmes dont les plus importants sont : l’inaccessibilité, l’exposition aux vents, la salinité, le
drainage...etc.
Dans la plupart des situations, le processus de création de ces périmètres n’a pas obéi à une démarche
globale à même de garantir un développement intégré. Ainsi, malgré les efforts consentis dans ce secteur,
l’agriculture saharienne est actuellement menacée dans sa durabilité, autant que dans sa survie. Face à
cette situation préoccupante, la recherche devrait s’atteler à :
♦ Identifier et caractériser le matériel biologique existant ;
♦ Proposer une diversification variétale ;
20
♦ Suggérer des référentiels d’adaptation de nouvelles technologies » (mécanisation, conditionnement,
conservation…) ;
♦ Maîtriser les itinéraires techniques en s’inspirant des pratiques anciennes et des savoirs faire locaux ;
♦ Elaborer des référentiels techniques et économiques pour les nouvelles implantations ;
♦ Valoriser les produits et sous-produits du terroir et les productions biologiques ;
♦ Mettre en place un observatoire des pratiques du milieu et de suivi de la qualité de l’eau, du sol et des
produits agricoles dans un souci de préservation de la santé publiques et de l’environnement. ◙ Centre de
Recherche Scientifique et Technique sur les Régions Arides (2017)
AGRO-ALIMENTAIRE.- Du fait des insuffisances de la production agricole, la caractéristique de la
quasi-totalité des industries agro-alimentaires nationales réside dans leur extrême dépendance par rapport à
l'extérieur pour leur approvisionnement en matières premières et pièces de rechange. La crise en moyens
de financement extérieur a donc engendré une large sous-utilisation des capacités de transformation
installées, quand l'outil national de production disposait d'un important potentiel d'excédents de matières
premières agricoles et de produits de cultures industrielles. Cette dépendance vis à vis des marchés
internationaux, d'autant plus préoccupante, qu'elle intéressait des produits dits stratégiques dont la
demande, -sous la pression démographique-, allait en s'accroissant rapidement, sans que l'agriculture
nationale puisse y pourvoir. Il est à noter que, si l'outil de transformation existant fonctionnait à pleine
capacité, il aurait été en mesure de répondre à la totalité des besoins nationaux, voire même d'accroître son
potentiel à l'exportation. Dans ce contexte, il devient urgent de repenser totalement la stratégie de
développement du secteur, de définir les contraintes et potentialités, et élaborer dans la négociation avec
tous les partenaires impliqués, une politique de relance harmonieuse basée sur une approche intégrée au
sein de la branche agro-alimentaire, en y associant l'amont agricole. Pour ce faire, il s'agira d'abord
d'instituer un cadre de concertation entre l'administration centrale, les opérateurs privés et publics du
secteur agricole et agro-industriel et les inter-professions qui leur sont liées (machinisme agricole, ...).
Actuellement, la situation du secteur se présente comme suit : La
branche agro-industrielle nationale est pour ce qui est des céréales et dérivés, lait et dérivés, viandes
rouges, produits avicoles et vignes de cuves en majorité représentée par le secteur public. Les autres
activités (aliments de bétail, conserves de fruits et légumes, produits de la mer, dattes,...) étaient aux
dernières estimations détenues à hauteur de 50% par le secteur privé. Le secteur public est aujourd'hui
composé d'une vingtaine d'entreprises autonomes principalement axées sur la transformation des céréales
(pâtes, couscous, farine,..). Le secteur privé est, quant à lui, composé d'une multitude de petits
transformateurs hormis pour la conserverie dans laquelle il est performant. □ (Cf. Approvisionnements agro-
alimentaires).

AGRO-INDUSTRIE.- Les objectifs qui peuvent être fixés au niveau agro-alimentaire découlent du rôle qu'est
susceptible de jouer l'agriculture dans un processus de développement économique. Tout d'abord,
l'agriculture est source de denrées alimentaires indispensables à la survie de la population. En particulier,
elle subvient aux besoins alimentaires des travailleurs employés dans des activités non agricoles, activités
qui sont appelées à croître avec le développement économique. Par conséquent, elle doit assurer un objectif
prioritaire : la satisfaction des besoins alimentaires de la collectivité, besoins dont la détermination est un
problème social lié aux caractéristiques du système économique et à leur évolution. L'agriculture a aussi
une place essentielle dans un processus de développement indépendant. En effet, les produits agricoles de
base, comme les céréales, le sucre, l'huile, le lait, pour lesquels de nombreux pays du tiers monde, et en
particulier l'Algérie, sont déficitaires, sont vendus sur le marché mondial essentiellement par de grandes
firmes multinationales liées aux principaux pays industrialisés (Etats-Unis surtout), et dont le critère
fondamental de comportement est la recherche du profit maximum. Dès lors si un pays en voie de
développement accroît les importations de ces denrées alimentaires, il se soumet de plus en plus aux
décisions prises par les firmes multinationales et les pays industrialisés exportateurs ; ainsi il subit les
variations de prix et les pressions en faveur d'un mode de consommation alimentaire occidental très
coûteux en ressources. En Algérie, les choix de développement national pourraient même être mis en cause
si la survie immédiate de la population en termes d'alimentation dépendait des importations, donc de centres
de pouvoirs extérieurs à l'Algérie. Par conséquent l'objectif d'indépendance alimentaire est un objectif
majeur dans la stratégie de développement à long terme que doit élaborer l'Algérie. Concernant sa
production agricole future, une totale indépendance alimentaire est impossible, dans le cadre des
techniques agricoles existantes et de leur utilisation en fonction des potentialités géo-écologiques, si
l'objectif de satisfaction des besoins alimentaires est retenu comme prioritaire. La contribution de
l'agriculture au développement peut enfin s'effectuer par l'intermédiaire des relations que ce secteur
entretient avec le reste de l'économie D'une part, l'agriculture fournit des matières premières et surtout
représente un débouché non négligeable pour l'industrie (moyens de production et biens de consommation) ;
en ce sens elle peut être un stimulant de la croissance industrielle. D'autre part, elle est capable de créer un
surplus utilisable dans un processus global d'accumulation. Certes l'Algérie n'a pas jusqu'ici fondé sa
stratégie de développement sur le surplus agricole car elle dispose d'une rente par l'exploitation des
hydrocarbures que recèle son sous-sol. Mais à long terme, cette source de surplus va disparaître, et la
croissance industrielle devra être financée par d'autres éléments. Le développement de l'agriculture doit
permettre une poursuite de la croissance industrielle. Son évolution doit être intégrée dans une stratégie
globale de développement qui associe industrialisation et développement agricole en tenant compte qu'une
croissance industrielle ne peut s'appuyer sur une population mal nourrie, ni sur les aléas d'une dépendance
alimentaire.
□ L’agro-industrie est un concept à base technique qui englobe les secteurs de transformation de matières premières d’origine
agricole, au sens large. Dans cette acceptation, il comporte plusieurs filières de fabrication, fortement hétérogènes dont
certaines, de loin les plus importantes, concernent les produits alimentaires. L’agro-alimentaire est le concept qui s’applique aux
21
filières qui concernent les produits alimentaires dont les plus importantes en Algérie restent les filières céréales, lait et produits
laitiers, boissons, viandes, conserves, huiles et oléagineux, sucre. Les Industries Agro- Alimentaires (IAA) en Algérie ont connu
leur grand essor dans les années 70 avec les programmes de développement notamment par la création d’un parc de sociétés
nationales pour les principales filières.Actuellement, les IAA mobilisent des compétences pour non seulement assurer la sécurité
alimentaire mais aussi la sécurité sanitaire des aliments. En plus des investissements financiers, les moteurs actuels du
développement des IAA sont l’innovation, la compétitivité, la mise à niveau et l’acquisition/diffusion de savoir, la gestion de la
sécurité alimentaire et la gestion de la sécurité sanitaire des aliments. L’agriculture et le secteur agroalimentaire représentent
près de 23% de la population active. L’Agriculture contribue à hauteur de 10% au PIB de l’Algérie et le chiffre d’affaires réalisé
par l’industrie agroalimentaire représente 40% du total du chiffre d’affaires des industries algériennes hors hydrocarbures. Le
gouvernement algérien, conscient de l’importance du secteur, dont on rappellera qu’il doit assurer la subsistance de 35 millions
d’habitants, a toujours souhaité maintenir son appui, financier ou non, aux principaux acteurs qui composent cette filière. Ce
sera encore le cas jusqu’en 2025, avec la mise en place d’un nouveau schéma directeur agricole, dénommé « Politique de
Renouveau Agricole et Rural ».

CONQUETE D'ESPACES PRODUCTIFS .- Un recensement national des terres agricoles non exploitées est annoncé en
2017. En effet, 48% des terres agricoles du pays sont “inexploitées”, mettant en cause et les particuliers et l’État qui compte
remédier à cette situation par “un plan global de réhabilitation du foncier agricole”. Ceux qui n'ont pas procédé à la mise en
valeur des terres dont ils ont bénéficié seront déchus de leurs droits ; et les terres récupérées seront attribuées à d'autres
demandeurs Dans ce cadre, une commission ministérielle a été mise sur pied pour réfléchir aux voies et moyens pour exploiter
“les terres agricoles abandonnées”, les terres en jachère (non irriguées) comprises, situation “inacceptable compte tenu de la
nécessité pour l'Algérie d'exploiter tous ses moyens en vue d'assurer la sécurité alimentaire.
L’Algérie dispose, en outre, de milliers de kilomètres carrés de surfaces inhabitées, dites désertiques, mais
qui en plus des richesses pétrolières dont elles nourrissent déjà l'économie, recèlent d'énormes nappes
d'eau aisément accessibles, d'importants gisements minéraliers et d'innombrables sites adaptés à
l'installation de nouveaux centres d'activité. Les expériences de développement de la production agricole,
selon des techniques aussi bien traditionnelles que modernes tentées ces dernières années, ont démontré
un intérêt économique certain et de grandes possibilités de réduire la dépendance alimentaire à
l'importation. Le programme spécial de développement du grand sud ouvrira la porte à une coopération plus
fructueuse avec les pays de l'Afrique subsaharienne, ce que les vastes étendues vierges avaient jusque-là
été fortement limitées. Malgré des richesses naturelles considérables, les politiques et modèles de développement
préconisés et mis en œuvre par le passé avaient mené à des impasses aussi bien sur le plan économique et social que sur le
plan écologique. De ce fait, le pays fait face à d'énormes défis qu’il faudra relever en tirant les leçons du passé et en s’inspirant
des expériences faites par d’autres pays.
□ Absurde politique des territoires : L'Algérie est en train de perdre doucement mais sûrement son âme, ses plus belles terres
agricoles. Hier, c'était le béton qui envahissait la campagne, qui rognait sur les terres agricoles, imposant une agression hideuse
des champs d'agrumes ou de céréales. La mauvaise gestion urbaine, la consommation effrénée et toute désordonnée de
terrains à lotir en zones urbaines et périurbaines qui se développaient sans contrôle, anarchiquement, a fait que les projets
d'habitat agressent le bien le plus précieux pour toute société développée: ses terres agricoles. Aujourd'hui, en pleine crise
financière et au moment où l'agriculture est pratiquement sommée de réagir, avec une redistribution de terres agricoles assez
anarchique du reste, dans la perspective de la substitution aux exportations d'hydrocarbures, l'Etat intervient une fois encore
pour se servir sur le portefeuille foncier agricole. Un décret exécutif et l'affaire est pliée. La décision mercredi dernier du Conseil
des ministres de déclasser des terres agricoles pour offrir plus de zones industrielles à l'investissement est dangereuse,
inquiétante. Le Conseil des ministres avait adopté un décret portant déclassement de terres agricoles pour la réalisation de 11
zones industrielles dans les wilayas de Constantine, Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Tlemcen, Oran, Mostaganem, Chlef, Tizi
Ouzou et Bouira. En réalité les régions où la production agricole est la plus importante du pays et, surtout, il s'agit des régions
céréalières, de production laitière et de fruits et légumes. L'Etat en se servant avec une facilité déconcertante dans le foncier
agricole fait preuve d'un comportement suicidaire, car en privilégiant la création de zones industrielles il est en train de faire
disparaître la seule richesse encore exploitable et qui nourrit de ce pays, son patrimoine agricole. Et, en l'espèce, on ne peut
que rester dubitatif sur les explications du gouvernement lorsqu'il affirme que l'objectif de ces zones industrielles est de «
disséminer l'investissement dans toutes les contrées du pays et de répondre à la demande des investisseurs en foncier ». Or,
pour une plus grande justice sociale et économique entre les territoires, il aurait été également important de créer des zones
industrielles là où le besoin de développement local, d'emplois, d'industries, de création de richesses se fait le plus sentir: les
Hauts Plateaux et les régions du sud du pays. Entre El Bayadh, Aïn Sefra, Djelfa, Ghardaïa, Bou-Saada ou Touggourt et
Ouargla, il y a des centaines de milliers d'hectares gorgés de soleil et d'eau qui ne demandent qu'à être exploités. Y installer des
usines et des zones industrielles pour capter les gros investissements créateurs d'emplois et de richesses pour ces territoires
aurait été une idée autant judicieuse, socialement juste et, surtout, respectueuse de l'environnement. De toute évidence, le
gouvernement a une autre conception de la gestion du patrimoine domanial national, une autre approche de l'aménagement des
territoires. Le seul problème est que cette politique de gestion de l'espace ne fait ni partie d'une réflexion saine qui préserve les
richesses naturelles pour les générations futures, encore moins d'une bonne gouvernance des territoires. Cela rappelle
curieusement les politiques urbaines catastrophiques des années 1960-1970-1980 où des zones industrielles très polluantes ont
été greffées au tissu des grandes villes, à Alger, Oran, Annaba, Constantine... En fait, l'actuel gouvernement ne semble pas trop
se préoccuper de ce qu'il va léguer aux Algériens dans 10 ou 20 ans. Comme il semble contredire et démentir sa propre
politique de développement social et économique dans les Hauts Plateaux et dans le Sud. Le Nord utile subjugue toujours les
esprits mais attise également tous les appétits. □ Mehdi Boukhalfa, Le Quotidien d'Oran (17.03.18)

ÉCONOMIE PASTORALE .- En zone steppique, la plus-value dégagée par l'économie pastorale, réinvestie
dans des activités spéculatives dans les régions du Nord, amenuise les possibilités de création d'emplois
"in situ", et favorise par conséquent les flux migratoires dans ces régions qui se vident de leur population,
au profit des grands centres urbains du Nord. Cette logique du profit, sans contre-partie pour la
communauté, est d'autant plus inadmissible, qu'elle se fait au détriment de l'équilibre écologique et du
développement durable de cet espace fragilisé. Cette tendance négative qui hypothèque l'avenir des

22
générations futures de cette Algérie profonde, doit être combattue par le volontarisme d'une politique
d'aménagement du territoire, qui restitue l'espace aménagé à la communauté, qui trouvera les raisons
nécessaires de s'accrocher au terroir, dès lors qu'elle aura saisi la finalité du programme de reconquête
territoriale. Cette reconquête qui vise à terme le rééquilibrage de l'armature urbaine, la revitalisation des
espaces ruraux et la fixation des populations, s'articule autour de la synergie des politiques sectorielles, de
la cohérence des programmes et de l'adhésion de la population.□

POLITIQUE AGRICOLE.- Les objectifs de la politique agricole ont été et demeurent encore l'accroissement de la production
agricole et alimentaire afin de limiter les importations qui ont atteint un seuil intolérable en volume et en valeur. La priorité fut
donnée aux productions des filières dites stratégiques : les céréales (blé dur et blé tendre) et au lait même si d’autres
productions sont également encouragées à des degrés divers. Le revenu des agriculteurs et leur stabilité n'ont constitué qu'une
préoccupation secondaire. Les moyens utilisés par les pouvoirs publics seront les différentes restructurations des terres
agricoles, les investissements dans les ressources productives, les subventions, les soutiens les aides et les indemnités et les
incitations de la main d’œuvre au travail.

Tableau : indicateur de d’évaluation du PNDA

*Ce tableau fait constater des fluctuations dans la production agricole du pays. Toutefois, il y a un lieu de relever une nette
augmentation de cette production en 2001 et 2003, soit le taux de croissance de la production agricole de 18,7% et 29%
respectivement. Les plus faible tauxsont enregistrés en 2000 et2002. La croissance observée est induite par le programme
derelance du secteur PNDA qui a permis des efforts d’investissement de l’ordre de 14 milliards $US pour le secteur agricole.
On en conclue que Les résultats du PNDA sont en deçà des objectifs escomptés. En plus des contraintes évoquées par ailleurs,
l’explication trouve son origine dans le fait que les conditions de mise en œuvre du PNDA n’ont pas suffisamment été réunies.
En effet, les fondements sur lesquels devait reposer cette stratégie de développement agricole (approcheparticipative,
réhabilitation de l’exploitant agricole, disposition de financement approprié, encadrement technique et administratif valables, etc.)
ne se sont pas traduits réellement sur le terrain.
L’Algérie au cours des quatre dernières décennies a connu plusieurs politiques agricoles. En gros, chaque décennie a eu droit à
une politique spécifique parfois en rupture totale avec ce qui a été proclamé et réalisé auparavant. Aussi, les malheurs de
l’agriculture algérienne semblent justement provenir de l’absence de continuité et de l’inexistence d’une loi cadre qui trace les
grandes lignes d’une politique qui serait suivie et nécessairement amendée par les gouvernements qui se succèdent par voie
législative et règlementaire .Le développement de l’agriculture est une affaire trop importante qui relève des prérogatives de
l’Etat et non de gouvernement qui par essence est non durable, comme le fait observer à juste titre un observateur de la vie
politique.« L’investiture de chaque gouvernement en Algérie s’est accompagnée de nouveaux textes, d’une nouvelle
réglementation et d’un nouveau mode de gestion de l’agriculture, signe d’une instabilité caractérisée. » Les agriculteurs ont eu
souvent juste le temps de s’adapter aux structures et institutions nouvelles que d’autres structures imposées, apparaissent dues
à un changement de gouvernement et auxquelles il faudrait se plier même si l’exploitation est bénéficiaire.41 .L'état de
dépendance en matière de produits agro-alimentaires a placé l'Algérie dans une position vulnérable, étant le
premier importateur de blé dur et classé déjà en 1996 parmi les dix premiers importateurs de produits
céréaliers, de lait, d'huiles alimentaires et de sucre. La construction du système agricole national devra tenir
compte de toutes les insuffisances et des facteurs, limitant l'accroissement de l'offre agricole, mais
également reposer sur des objectifs qui tiennent compte de son environnement international. Loin de tenir ses
promesses, l'année 2014 a été relativement périlleuse pour l'agriculture algérienne. Avec plus de 38 millions d'habitants, le pays
ne doit l'équilibre de son marché de produits agricoles de large consommation qu'au recours systématique aux importations,
dépassant en moyenne les 10 milliards de dollars/an.
Depuis 2010, le secteur agricole est soumis à une nouvelle politique de développement sous forme d'un plan quinquennal et
baptisée Renouveau agricole et Rural. Néanmoins, à la lumière des résultats enregistrés à la fin 2014, la sécurité alimentaire en
Algérie n'est pas encore près de se suffire de la seule production locale sans faire appel aux marchés internationaux, les
vulnérabilités et les insuffisances touchent en effet les produits de grande consommation, comme les céréales et les productions
animales.
Le bilan de fin d'année fait ressortir une évolution mitigée des filières de base. Les axes stratégiques du développement
agricoles identifiés, il appartient alors, aux gens de la profession, de concrétiser sur le terrain un imposant
programme d'investissements. Dans sa nouvelle feuille de route, le ministère de l’Agriculture table sur une production
céréalière de 7 millions de tonnes par an à l’horizon 2019, contre 4 millions de tonnes actuellement en améliorant les
rendements. Confrontée au défi de réduire de moitié la facture des importations agricoles et alimentaires, dépassant la barre des
10 milliards de dollars par an, l’agriculture algérienne se fixe à l’échéance 2019 de nouveaux objectifs de développement et

23
d’amélioration des rendements. Une nouvelle feuille de route pour le recentrage des objectifs précédents est tracée par le
ministère de l’Agriculture et du Développement rural dès 2016. Il en ressort que, après la mise en place des fondements de base
pour la structuration des filières stratégiques durant le premier quinquennat du programme de renouveau agricole, une nouvelle
ère vient de s’ouvrir en Algérie. Elle place en priorité l’innovation dans le secteur, avec l’introduction de techniques nouvelles et
d’équipements modernes en amont (production) et en aval (transformation et industrie agroalimentaire).
Avec une faible SAU (surface agricole utile) ne dépassant pas les 8,5 millions d’hectares, soit à peine 3,5 % de la superficie
totale du territoire, et une croissance démographique galopante – la population totale dépasse la barre des 40 millions
d’habitants depuis 2015 –, l’intensification des rendements agricoles est l’ultime issue pour garantir la sécurité alimentaire du
pays à moyen et long termes. À ce titre, le ministère de l’Agriculture vise, entre autres, à faire passer la production céréalière de
4 millions de tonnes par an actuellement à 7 millions de tonnes par an à l’horizon 2019. Il veut aussi substituer intégralement la
production locale de lait cru à l’importation de poudre de transformation, qui coûte jusqu’à 1,5 milliard de dollars par an au
budget de l’État. Des objectifs similaires sont tracés pour les viandes et autres produits de large consommation.

Les objectifs de production de l’Algérie à l’horizon 2019

Produit Volume ciblé (tonnes) Produits Volume ciblé (tonnes)

Céréales 7.000.000 Agrumes 1.350.000


Fourrages 5.100.000 Olives 800.000
Légumes secs 130.000 Dattes 1.250.000
Tomate industrielle 1.150.000 Viandes rouges 630.000
Maraîchage dont pomme 16.100.000
de terre 6.800.000 Viandes blanches 580.000
Viticulture 800.000 Lait (litres) 4.300.000
Source : direction des statistiques du ministère de l’agriculture
Pour ce faire, le gouvernement mise sur l’incitation des agriculteurs à aller vers la mécanisation à travers l’acquisition
d’équipements performants et l’introduction de techniques culturales modernes. Dans cette perspective, la nouvelle politique
sectorielle prévoit, pour la période 2016-2019, des mesures d’appui au profit des producteurs en leur facilitant l’accès au crédit et
autres allégements fiscaux sur les équipements importés ou acquis sur le marché local.
Telles exposées aujourd’huii, les mesures en question concernent notamment l’importation de tracteurs, planteuses,
arracheuses et pulvérisateurs, pour intensifier les rendements mais aussi pallier le manque de main-d’œuvre agricole. L’OAIC
(Office interprofessionnel des céréales), qui est le pivot central de la filière céréalière algérienne, table de son côté sur une
augmentation significative des équipements affectés au niveau des coopératives, comme les semoirs et moissonneuses-
batteuses. Ceux-ci sont mis à la disposition des producteurs par un système de location à prix réduits. En conséquence, les
opportunités d’affaires sont grandissantes dans les créneaux de l’industrie et du commerce d’équipements agricoles. Outre la
France, fournisseur traditionnel de l’Algérie, de nombreux pays ont manifesté ces derniers mois un intérêt avéré pour
l’agriculture locale. Il y a notamment les États-Unis, l’Espagne et la Chine. Du côté de l’Hexagone, la volonté de s’adapter aux
nouveaux besoins de l’agriculture algérienne a été exprimée en projetant la coopération agricole bilatérale dans une nouvelle
trajectoire, en s’impliquant dans de nombreux projets de modernisation en matière de production de semences, d’élevage bovin
ou de production laitière.
La matérialisation de ces objectifs s'impose en stimulant davantage la production, en réhabilitant le travail
de la terre, paramètres fondamentaux du rétablissement des équilibres macro-économiques Dans cette
conjoncture inconfortable et eu égard à la forte dépendance alimentaire, les activités de production de
céréales, de lait, pommes de terre; semences et plants reproducteurs, animaux sont encouragés par l'Etat ;
à terme, les aides publiques sont orientées vers le soutien des plans de développement des exploitations
agricoles en insérant véritablement les producteurs dans l'économie agricole. Depuis 1987, l'Etat a eu à
engager une série de réformes institutionnelles profondes, ayant pour objet une certaine libéralisation de
l'économie agricole et un désengagement de l'Etat de la gestion directe de l'activité agricole. Celles-ci ont
concerné essentiellement :
▪ le statut des terres du secteur public avec le démantèlement du secteur autogéré, l'émergence
d'exploitation agricoles collectives et individuelles de statut privé et la restitution des terres nationalisées à
leurs propriétaires d'origine ;
▪ la privatisation du statut des coopératives de service.
▪ l'autonomie de gestion octroyée à une partie des entreprises agro-alimentaires ;
▪ la création de conseils nationaux interprofessionnels par filières censées devenir les interlocuteurs
privilégiés de l'Etat ;
▪ la refonte de la politique de soutien des prix par la libération des prix des facteurs de production et des
produits agricoles, à l'exception des céréales;
▪ la mise en place d'un système de crédit agricole mutuel au sein de la caisse nationale de mutualité
agricole.
Les mesures d'intensification avaient porté principalement sur :
1. l'intensification de la céréaliculture à travers une politique de prix garantis à la production (qui ont été
multipliés par 600% depuis 1991) et des facilités accrues d'accès aux facteurs de production ;
2. l'encouragement au développement de l'élevage ovin par une politique de développement des parcours
steppiques ;
3. l'augmentation de la production bovine et avicole à travers l'importation massive d'animaux et d'aliments
pour bétail ;
4. l'expansion de l'irrigation, en privilégiant le recours à la grande hydraulique avec des investissements
publics très importants ;
5. l'amélioration de la formation et de la vulgarisation par le transfert des centres de formation à d'autres

24
administrations et des agents de vulgarisation aux chambres d'agriculture, ces deux types d'institutions
censées disposer de plus de compétence et de moyens pour mieux gérer ces activités.
Malgré l'importance des réformes institutionnelles et le nombre et la diversité des mesures incitatives
entreprises dans le secteur agricole, force est de constater que les résultats de ces réformes se sont avèrés
médiocres et éloignés des objectifs escomptés. L'échec de cette politique s’était traduit par des
performances pour le moins décourageantes, que ce soit au niveau de la production, des conditions socio-
économiques des populations rurales ou de la préservation des ressources naturelles du pays. Seule, une
rupture nette avec la politique conduite jusqu'ici et une stratégie radicalement différente qui soit assez
incitative et assez décentralisée pour permettre la participation effective de tous les acteurs associés au
développement du secteur, pouvaient, à terme, renverser la tendance et rattraper le retard énorme que
l'agriculture avait accumulé depuis l'indépendance. Cette nouvelle politique doit replacer le développement
de l'agriculture dans le cadre plus large du développement rural, afin d'assurer l'harmonisation et
l'articulation de toutes les activités et de tous les secteurs qui concourent à accélérer le développement
agricole et à améliorer les conditions de vie en milieu rural. On ne peut continuer à concevoir le
développement agricole et à rechercher l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs par le biais
restrictif des seules activités de production sans tenir compte de la nécessité d'intégrer les questions
relatives aux infrastructures rurales de toute nature (routes de desserte, énergie, points d'eau, écoles,
centres de santé, etc. ...), sans se préoccuper de l'accès des producteurs aux marchés ou à des services
financiers de proximité. C'est à travers une approche intégrée de tous les besoins et des aspirations
multiformes des agriculteurs et de leurs familles (activités de production mais également éducation, habitat,
santé, communications, loisirs, etc. ...) que l'on créera l'environnement nécessaire à l'épanouissement de la
vie active dans les zones rurales et au renforcement des liens entre les communautés rurales et leur milieu.

Repères agricoles actuels 


Le secteur de l’agriculture (RGA 2001) compte officiellement en 2013, 1.023.799 exploitations agricoles dont 55.935 orientées
vers des activités conduites en hors sol et 967.864 réparties sur les 8.458.680 ha de Superficie Agricole Utile (SAU).
□ 70% de « petites » exploitations avec une superficie comprise entre 0,1 et moins de 10 ha occupent 25,4% de la SAU totale.
□ 22,6% de « moyennes » exploitations avec une superficie comprise entre 10 et moins 50 ha détiennent 51,8 % de la SAU
totale.
□ 1,9 % de « grandes » exploitations avec une superficie égale ou supérieure à 50 ha qui représentent 22,7 % de la SAU totale.
Dans cette catégorie, les exploitations de 200 ha et plus, occupant 5,4% de la SAU totale, ne représentent que 0,1% du nombre
total des exploitations.
● L’exploitation individuelle prédomine avec 83,1% du nombre total des exploitations et occupe 79,7 % de la SAU totale. Elle est
représentée pour :
- 72,8%, d’exploitations sur les terres de propriété privée (65,7% de la SAU totale) ;
- 10,2%, d’exploitations individuelles à gestion privative (EAI) sur les terres du domaine privé de l’Etat (14% de la SAU totale).
● L’exploitation collective, en société ou en coopérative, forme 5% du total des exploitations et couvre 14% de la SAU totale.
Les EAC constituent 68,8% des exploitations et 78,1% de la SAU de cette catégorie. Il est à noter que l’exploitation agricole
collective à gestion privative (EAC) représente 3,4% du total des exploitations et couvrent près de 11% de la SAU totale.
● 75,93% des exploitations sont érigées sur des terres Melk et couvrent 69,25% de la SAU totale. Parmi ces exploitations :
- 39,55% sont dans l’indivision : elles représentent 46,34% de la SAU totale.
- 50,14% sont sans titre : elles représentent 41,05% de la SAU totale.
● 17,7% des exploitations sont érigées sur les terres du domaine privé de l’Etat et couvrent 30% de la SAU totale.
Exploitation agricole : Unité économique de production agricole soumise à une direction unique, et comprenant tous les
animaux qui s'y trouvent et toute la terre utilisée entièrement ou en partie pour la production agricole, indépendamment du titre
de possession, du statut juridique, de la taille ou de l'emplacement. Elle peut être exploitée par une personne seule,
conjointement par deux ou plusieurs personnes ou par une personne morale telle que société, entreprise collective, groupement,
coopérative ou organisme d'Etat. Les entreprises qui ne comprennent pas de terres agricoles, mais se consacrent à l'élevage
doivent aussi être considérées comme des exploitations agricoles, qu'elles se trouvent dans les régions rurales ou urbaines. Les
unités économiques qui se consacrent exclusivement aux activités de chasse, sylviculture et exploitation forestière, pêche et
services agricoles, ne sont pas considérées comme des exploitations agricoles et sont par conséquent exclues du RGA.
Exploitation Agricole Collective (EAC) :
C’est une exploitation de type collectif créée dans le cadre de la Loi 87-19 sur les terres des anciens domaines autogérés et les
anciennes terres arch et communale.
Exploitation Agricole Individuelle (EAI) :
C’est une exploitation de type individuel créée dans le cadre de la Loi 87-19 sur les terres des anciens domaines autogérés et
les anciennes terres arch. et communale.
Les différentes propriétés Melk :
La propriété Melk personnel titré se définit comme un droit d’user et de disposer d’un bien d’une façon exclusive, sous certaines
réserves définies par la loi. Aussi la propriété individuelle titrée donne ce droit à un seul individu par le biais d’un acte délivré par
l’administration.
Le Melk personnel non titré est une propriété individuelle qui n’a pas fait l’objet d’un acte de propriété délivrée par
l’administration.
La propriété Melk en indivision titrée donne ce droit à un groupe de personnes liées par le sang (héritiers). L’indivision titrée est
une copropriété, faisant l’objet d’un acte délivré par l’administration, dans laquelle il n’y pas de division matérielle en parts.
La propriété Melk en indivision non titrée est une copropriété dans laquelle il n’y pas de division matérielle en parts, mais ne
faisant pas l’objet d’un acte délivré par l’administration.
L’occupation de la SAU s’établit comme suit :
- Les grandes cultures : 50,45%.
- La jachère : 39,61%.
- L’arboriculture : 6,39%.

25
- Les cultures maraîchères et industrielles : 3,24%.
- Les prairies naturelles : 0,31%.
Il en ressort les tendances suivantes :
● Grandes cultures : prédominance des céréales qui sont pratiquées par 57,49% des exploitations et couvrent 47,26% de la
SAU totale. Elles se réservent, par ailleurs, 93,6% de la SAU occupée par les grandes cultures.
● Cultures maraîchères et industrielles : Les cultures maraîchères et industrielles sont pratiquées par 19,2% des exploitations
Le maraîchage plein champs prédomine ; il est pratiqué par 15,72% des exploitations et sur 2,76% de la SAU totale : Il occupe
85% de la sole maraîchère.
● Arboriculture : prédominance de l’olivier (12,61% des exploitations), du palmier dattier (12,28% des exploitations) et des
arbres fruitiers à noyaux et à pépins (9,03% des exploitations). Ces trois spéculations occupent 4,36% de la SAU totale et
couvrent 68,2% des surfaces arboricoles. L’arboriculture est pratiquée par 48,3% des exploitations
L’utilisation de la SAU irriguée par les principales cultures s’établit comme suit :
- Arboriculture : 41,2%
- Cultures maraîchères et industrielles : 33%
- Grandes cultures : 25,8%
● Arboriculture : le palmier dattier occupe 38,4% de la superficie arboricole irriguée.
● Cultures maraîchères et industrielles : les cultures maraîchères de plein champ occupent 87,4% de la superficie
maraîchère irriguée.
● Grandes cultures : les céréales occupent 75,4% de la superficie des grandes cultures irriguées. Il s’agit essentiellement
d’une irrigation d’appoint.
Soit : 3% de la sole céréalière est irriguée. 76,8% de la sole maraîchère de plein champ est irriguée. 95,5% des plantations de
palmiers dattiers sont irriguées. 95% des vergers agrumicoles sont irrigués.
287 456 exploitations se partagent les 620 687 ha irrigués qui se répartissent comme suit :
● 47,6% de la superficie totale irriguée est partagée entre des exploitations dont la taille est située dans la tranche de « 0,1 à
moins de 10 ha ». Celles – ci constituent 82,3% de l’ensemble des exploitations irriguées.
● 39,6% de la superficie totale irriguée est partagée entre des exploitations dont la taille est située dans la tranche de « 10 ha à
moins de 50 ha ». Celles – ci constituent 16% de l’ensemble des exploitations irriguées.
● 12,9% de la superficie totale irriguée est partagée entre des exploitations dont la taille se situe entre « 50 ha à plus de 200 ha
». Celles – ci constituent 1,6% de l’ensemble des exploitations irriguées. Par rapport à l’ensemble des exploitations et à la SAU
totale, il est à relever que :
● Les exploitations irriguées situées dans la classe de SAU de « 0,1 ha à moins de 10 ha » représentent 23,1% du total des
exploitations et couvrent 3,5% de la SAU totale.
● Les exploitations irriguées situées dans la classe de SAU de « 10 ha à moins de 50 ha » représentent 4,5% du total des
exploitations et occupent 2,9% de la SAU totale.
● Les exploitations irriguées situées dans la classe de SAU de 50 ha à plus de 200 ha représentent 0,5% de l’ensemble des
exploitations et couvrent 1% de la SAU totale. Soit : Prédominance de l’irrigation dans les petites exploitations. Celles–ci
représentent 82,3% de l’ensemble des exploitations pratiquant l’irrigation.
Il est à noter que selon le statut juridique:
● 6% des terres Melk sont irriguées ; elles représentent 57% de l’ensemble des terres irriguées.
● 10,3% des terres du domaine de l’Etat sont irriguées ; elles représentent 42,5% de l’ensemble des terres irriguées.
La superficie totale irriguée représente 7,3% de la SAU totale. 28% des exploitations pratiquent l’irrigation.
Il est à relever que la jachère reste une technique culturale fréquemment utilisée : 286.915 exploitations céréalières, soit 48,7 %
du total de cette catégorie, la pratiquent.
Disponibilités en matériel et équipement :
● Le nombre d’exploitation disposant d’au moins un tracteur s’élève à 91 891, soit 9% du total des exploitations.
● La SAU rapportée au nombre de tracteurs donne un ratio de : 87 ha/tracteur.
● La sole céréalière et de légumes secs rapportée au nombre de moissonneuses batteuses donne un ratio de 494 ha / MB.
● Le ratio superficie irriguée / motopompes est de 7 ha.
● Le matériel aratoire, recensé dans le cadre du RGA (charrues et cover crop), s’élève au nombre de 140 647 unités, soit un
ratio de 1,4 unité / tracteur.
● Le nombre de planteuses de pomme de terre s’élève à 2 175 unités.
La population totale vivant sur l’exploitation est de 6 907 585 personnes dont 24,5% de femmes. La population active agricole
s’élève quant à elle, à 4 421 358 personnes dont 18% de femmes. Cette population se répartit en :
- 2 112 717 permanents (47,8%) dont 358 151 femmes.
- 2 308 641 saisonniers (52,2%) dont 439 278 femmes.
La SAU totale rapportée à la population active agricole donne le ratio de 1,9 ha par actif agricole. Il est à noter que 36%
de la population agricole vivant sur l’exploitation n’est pas occupée dans l’agriculture. 47% des femmes vivant sur l’exploitation
sont occupées dans l’agriculture. 13,3% des femmes vivant sur l’exploitation travaillent hors exploitation. Sur l’ensemble des
chefs d’exploitation 4,1% sont des femmes. 2,1% des chefs d’exploitation femmes ont « moins de 30 ans ». 36,2% des chefs
d’exploitation de sexe masculin ont « plus de 60ans ». 65% des chefs d’exploitation sont sans instructions. 1% des chefs
d’exploitation ont un niveau de formation supérieur. 2,7% des chefs d’exploitation ont une formation agricole. En outre,
3,1% des exploitations ont recours au crédit bancaire. 8% des exploitations agricoles ont déclaré avoir contracté une assurance
agricole.
L’Algérie : Un marché porteur en plein renouveau agricole (source SIPSA-SIMA) :
 10 % du PIB agricole
41.4 Mha de terres agricoles (17,4% du territoire)
8,5 Mha de Surface Agricole Utile (S.A.U)
Plus d’1 million d’exploitations agricoles
95% des besoins en machines agricoles proviennent de l'importation
25% de la population active employée par ce secteur

26
Augmentation de la production agricole depuis le lancement du Plan National pour le Développement Agricole et Rural
(PNDAR) et de la politique de renouveau de l’économie agricole et rurale

UNE AGRICULTURE DIVERSIFIÉE

2015-2019 - nouveau plan d’action du gouvernement : priorité mise sur le développement agricole national et la
valorisation des produits agricoles
 Investir pour la sécurité alimentaire, améliorer la qualité, diversifier et valoriser les produits locaux. Dans ce cadre, il est
prévu que le concours financier de l'Etat au développement agricole et rural passera de 200 milliards de dinars actuellement, à
300 milliards de dinars par année pour le nouveau quinquennat
 Développer le système d’irrigation : les superficies irriguées seront doublées pour atteindre, à l'horizon 2019, 25 % des
terres cultivées  soit 2 millions d’hectares à l’irrigué.
 Promouvoir la mécanisation de la production pour pallier le manque de main-d’œuvre agricole
 Répondre aux besoins importants dans 10 filières prioritaires : l’augmentation  de la productivité dans les filières
stratégiques que sont les céréales, les viandes rouges, les laitages et les légumes secs est au centre des priorités des cinq
années à venir (création d’entreprises, favoriser les rapprochements avec des leaders mondiaux maitrisant la technologie et les
marchés, amélioration du climat des affaires)
 Développement des infrastructures
 Favoriser la transmission des savoir-faire et la R&D.

SECTEUR PRIVE AGRICOLE.- Les statuts des terres sont très variables. Les anciennes terres coloniales
avaient été abandonnées par leurs propriétaires au cours de l'année 1962. Les ouvriers agricoles
s'emparèrent spontanément des exploitations abandonnées (qui furent déclarées biens vacants). Ils
s'organisèrent selon le mode autogestionnaire pour sauver les récoltes de l'été et de l'automne 1962. Cette
situation fut légalisée en plusieurs étapes, en mars et octobre 1963 Le secteur colonial s’étendait sur
2.726.700 ha parmi les meilleures terres situées en zones de plaines et de piémonts, bien arrosées et
désenclavées. Il était composé de 22.037 fermes. En 1980, le secteur autogéré, ou secteur socialiste,
comprenait environ 2000 domaines qui disposaient d'un peu plus de (27%) de la SAU, soit une superficie
moyenne:d’un peu plus de 1.000 ha. Les domaines autogérés employaient environ 185.000 personnes. Le
nouveau secteur agricole, appelé secteur d’Etat ou secteur autogéré comprenait également en plus des
terres du secteur colonial (terres déclarées vacantes en 1962) des terres appartenant à des algériens et
acquises auprès des colons durant la guerre de libération. Les terres de ces propriétaires furent
nationalisées et versées au même titre que celle des colons à l’ONRA (Office National de la Reforme
Agraire). En novembre 1971, l'opération de la révolution agraire a visé entre autres, à récupérer les terres
agricoles, ou à vocation agricole du domaine public et à nationaliser les terres de grands propriétaires
fonciers ou de propriétaires absentéistes. Les terres étaient ensuite attribuées, collectivement
généralement, à des paysans sans terre ou à des petits paysans dans le cadre de coopératives de
production de la révolution agraire (CAPRA). En 1980, le secteur de la révolution agraire disposa d'un peu
plus d'un million d'ha (14%) de SAU répartis en quelques 5000 coopératives, soit une moyenne de 190 ha;
environ ; 95000 fellahs avaient bénéficié de la révolution agraire.
Le secteur privé disposa donc encore de la majeure partie (4.400.000 ha, soit 59%) de la SAU et des 2/3 de

27
la population active agricole, qui y vivait en général assez misérablement sur des exploitations dont
l'immense majorité a moins de 10 ha.
► Le secteur agricole privé occupe environ les 2/3 de la SAU et utilise la totalité des parcours de « la
steppe qui couvre près de 20 millions d’hectares dont 15 seraient effectivement utilisables par les troupeaux
». Il détient également le monopole de la production animale y compris celle de la pêche maritime. Il
exploite la totalité des terres marginales peu fertiles, pauvres, enclavées situées en zones de piémont, de
steppe, de montagnes et au Sahara. Le recensement général de l’agriculture dont les données statistiques
sont disponibles remonte à 1973. Il dénombre 710.000 exploitations environ installées sur 5,5 millions
d’hectares auxquelles s’ajoutent approximativement 170.000 familles, dont la ressource principale ou unique
provient de l’élevage, disséminées dans les régions steppiques.
En moins d’une décennie, la catégorie de moins de 10 ha est passée de 423.270 à 563.391 exploitations
représentant 79,3% de l’ensemble de l’effectif et détiennent 29,9% de la S.A.U du secteur privé. Il s’agit
surtout de micro exploitations qui n’ont aucune possibilité de se moderniser. Cet émiettement des terres
s’est réalisé au détriment des classes de superficies supérieures à 10 ha qui ont vu leur effectif diminué à la
suite d’au moins deux causes : -
Le partage des terres dû aux droits successoraux de l’héritage. -
L’application de la révolution agraire, dans une moindre mesure qui a touché particulièrement les grandes
propriétés. La classe de 10 à 50 ha a chuté de 25,1% à 18,9%. La classe de 50 à 100 ha est passée de 2%
à 1,4% et la classe de plus de 100 ha a régressé passant de 0,8% à 0,5%.
Cet émiettement de terres entraîne inévitablement un gaspillage, car d’une part le lopin de terre revenant à
un cohéritier devient trop exigu et ne lui permet pas de tirer un revenu conséquent et fait donc de lui un
candidat potentiel à l’exode. Les agriculteurs contraints de rester sur leur terre ne peuvent acquérir des
biens d’équipement (tracteur, moissonneuse batteuse) car ils seraient sous utilisés à moins de se
transformer en prestataires de services. Le secteur privé n’a connu aucune politique de remembrement de
ses terres qui inexorablement se divisent et s’éparpillent lors des successions par héritage. Les
exploitations parcellisées et les mutations professionnelles peuvent augmenter les superficies laissées en
friche et réduire ainsi la SAU ; alors que l’Etat encourage l’accession à la propriété foncière par le biais de
la mise en valeur des terres marginales pour une extension de la SAU.
► En outre, quatre statuts caractérisent les terres des exploitations: Melk, domaine privé de l'Etat, domaine
public et Waqf.
• 75,9 % des exploitations sont érigées sur des terres Melk et couvrent
• 69,3 % de la SAU totale. Parmi ces exploitations:
• 39,6 % sont dans l'indivision: elles représentent 46,3 % de la SAU totale.
• 50,1 % sont sans titre: elles représentent 41,1 % de la SAU totale.
• 17,7 % des exploitations sont érigées sur les terres du domaine privé de l'Etat et couvrent 30 % de la SAU
totale. (Source: MADR, 2004)
►Les capacités de réalisation de l’économie sont insuffisantes alors que la demande est grande. Peu
d’entreprises nationales sont en mesure de répondre à des besoins importants. Les équipements en matière
d’irrigation, de bâtiments d’exploitation, d’étables etc., sont la parfaite illustration de ces défaillances. Les
données figurant au montrent les proportions de crédits consommés par l'agriculture dans son ensemble et
particulièrement par deux postes importants pour la croissance de la production.
- Les lenteurs administratives dans le déblocage des fonds par les différentes instances étatiques. La
constitution de différents dossiers, dont l’étude est confiée à plusieurs autorités. Les entreprises agricoles
du secteur public, ne font qu’émettre des souhaits d’être dotés de tel ou tel matériel et la décision finale
revient à l’administration de tutelle et à la banque. Il est fréquent que les entreprises se voient imposer un
matériel ou des intrants qu’elles n’ont pas demandé. - Aux lenteurs de la bureaucratie s’ajoutent les
fréquentes pénuries de biens et de services, le retard des livraisons et produits non conformes aux
demandes exprimées, 162 souvent imposées aux exploitations par des offices qui détiennent le monopole de
commercialisation. Le peu de matériel livrés aux exploitations du secteur public est mis entre les mains
d’ouvriers agricoles peu qualifiés et surtout peu motivés et peu intéressés par les résultats.
- Le financement des investissements dont a bénéficié l’agriculture était en partie pris en charge par l’Etat
c’est-à-dire par le trésor public. La partie revenant aux entreprises agricoles était financée par des crédits
bancaires, à court, moyen et long terme, remboursables.., Le financement des crédits à l’agriculture
(domaines autogérés et secteur privé) était assuré par la Banque Nationale d’Algérie (BNA) et ils étaient
garantis par l’Etat. Mais le risque d’insolvabilité des domaines a incité les autorités à créer une banque
spécialisée pour le financement de l’agriculture. La BADR, banque spécialisée (Banque d’Agriculture et de
Développement Rural) créée en 1982 a pris la relève à la BNA. Devenue autonome à partir de1990, avec
obligation d’équilibres, elle s’est transformée en banque classique appliquant à l’agriculture « les règles
strictes du crédit bancaire ». L’Etat ne garantit plus les emprunts bancaires faits par le secteur agricole. De
ce fait l’essentiel des exploitants agricoles individuels n’ont plus accès au système bancaire. .La BADR a
limité ses opérations de crédits de campagnes et de crédits d’investissements de moyen et long terme.
L'endettement des EAC et EAI est aujourd'hui très lourd sous le double effet de la prise en charge du
patrimoine transféré (17 milliards de DA) des ex DAS et des crédits non remboursés depuis leurs
installations.
► Le désengagement de l'Etat, de la gestion directe de la production a permis une extension du secteur
privé avec une quasi-intégration des EAC et EAI soumises aux même système d'exploitation, et a favorisé
l'apparition d'un type de financement de la production. Il s'agit de la résurgence du contrat d'association,
pour une campagne ou une saison pour les cultures et, plusieurs pour un élevage, entre un agriculteur et un
créancier .Le partage de la récolte se fait selon l'accord convenu. Le créancier y trouve son compte en

28
faisant un placement très rémunérateur à court terme et l'agriculteur trouve un financement pour sa
production. Ces pratiques disparues avec l'application de la révolution agraire sont réapparues à cause des
difficultés rencontrées par les agriculteurs pour l'octroi de crédits bancaires. Il existe cependant des
agriculteurs qui par conviction religieuse ne sollicitent pas de crédits bancaire car ils assimilent les intérêts
à de l’usure.
► Notons que le secteur privé historique qui détient les 2/3 de la SAU et fait vivre la majorité de la
population agricole, n’a pas été touché par la restructuration des terres. Il connaît toujours une trop grande
parcellisation et aucune politique de remembrement n’a été envisagée pour la freiner. Cette parcellisation
résulte essentiellement du partage successoral des héritiers et constitue un sérieux obstacle au
développement agricole. Parcellisation et indivision forment un véritable handicap aux investissements
privés et même publics (cas d’enquête de dépossession des terres pour utilité publique d’intérêt général) et
un frein au développement économique de la paysannerie. Le « nouveau secteur privé » secteur à gestion
privative dont les terres restent propriété de l’Etat risque de connaître le même sort que le secteur privé
dans quelques années La transmission du patrimoine aux descendants va provoquer un émiettement des
parcelles. Déjà la division des EAC en EAI et la location des parcelles nues ainsi que la vente prématurée
des récoltes de vergers et de cultures de saison par certaines EAI devenues courantes contribuent à la
dégradation du patrimoine foncier. Ce laxisme de l’administration, qui laisse faire risque de couter cher à
l’agriculture dans un proche avenir.
SOUS-NUTRITION.- Le problème agroalimentaire est au coeur du processus de développement. L'Algérie
doit faire face à la sous-nutrition, et est contrainte d'importer des quantités croissantes de produits
agricoles. Une enquête sur la consommation des ménages réalisée déjà en 1988 par l'ONS, a révélé que
plus d'un tiers de la population avait une ration alimentaire inférieure à 2.500 calories (norme nutritionnelle,
au-dessous de laquelle la personne est considérée comme sous-alimentée et par conséquent pauvre). Il est
donc essentiel pour ce pays de déterminer une stratégie agroalimentaire qui permettra l'utilisation maximale
des ressources du secteur agricole en vue de satisfaire les besoins alimentaires de la population grâce à la
production nationale. La progression insuffisante des disponibilités locales n'a pas permis d'atteindre
l'objectif d'autosuffisance et d'indépendance alimentaire prônée par les pouvoirs politiques et a rendu
nécessaire un recours croissant aux importations. Aussi, il apparaît urgent et essentiel d'élaborer un
diagnostic précis de la situation agroalimentaire et de dégager les principales mesures à mettre en oeuvre
dès aujourd'hui afin d'améliorer cette situation à l'orée du 21ème siècle et répondre à long terme aux
besoins alimentaires de la population algérienne. La dépendance alimentaire de l'Algérie est de plus en plus
accentuée, malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics en faveur de l'agriculture, face à un niveau
nutritionnel relativement bas des algériens. Selon une étude que le ministère a menée, il ressort qu’en 1995,
il y avait 10% des enfants qui présentaient une insuffisance pondérale modérée due à une sous-nutrition ;
ce chiffre n’a été que de 3,7% en 2005. Même en matière de sous-alimentation sévère, les chiffres sont
passés de 3% en 1995 à 0,6% en 2005. Le moment est venu pour alerter, cette fois, la population sur les
dangers que représente désormais une surconsommation de produits nocifs pour la santé comme le sel, le
sucre, les matières grasses... . En effet, et cela est scientifiquement prouvé, l’abus de nourriture est nocif
pour la santé. Les praticiens veulent intervenir maintenant, car ils ont constaté sur le terrain une véritable
mutation alimentaire chez les algériens. Ces derniers imitent les régimes alimentaires des occidentaux qui
se trouvent être néfastes pour la santé. Ce n’est pas l’obésité en elle-même qui représente un danger, mais
toutes les maladies cardiovasculaires, diabète et cholestérol induits par une charge pondérale excessive.

L A PÊCHE MARITIME

AQUACULTURE.- Bien que cette activité ne requiert aucun savoir technologique, ni investissement
particulier, les quatre grandes familles des produits de la pêche, le poisson, les mollusques, les crustacés et
les algues n'ont jamais fait à cette époque d'un plan national de développement. Malgré quelques
programmes de relance, l'agence nationale de développement et de la pêche peinait à lever les
difficultés bureaucratiques décourageant les meilleures volontés de promoteurs d'aquaculture. La cessation
de l'importation d'alevins par l'Etat, l'indisponibilité de la nourriture pour poisson et la pénurie des cages
nécessaires à l'élevage sont autant de facteurs, qui font obstacle aux projets d'investissements dans
l'aquaculture. Eu égard à toutes ces difficultés, les pêcheurs préfèrent la conchyliculture (moules) qui, elle,
n'exige que des structures faciles à mettre en place. Les problèmes rencontrés ont porté sur les procédures
de cession de terrains, d'autorisation de plongée pour la maintenance des filets et des autres
infrastructures. En outre, le système de distribution et de commercialisation des produits de la mer obéit à
des us et coutumes ne reposant sur aucune assise juridique confortable, ce qui a favorisé l'insertion d'une
chaîne d'intermédiaires allant du producteur au consommateur. La commercialisation des produits de la
mer dont le niveau fluctue au gré de l'offre et de la demande, c'est à dire en fonction du tonnage des
apports de poisson, échappe elle aussi au système de contrôle des prix. Quant au contrôle sanitaire lié à
l'hygiène et aux conditions de conservation et de transport des produits de la mer, il est quasi inexistant,
même si des arrêtés émanant des collectivités locales sont pris pour préserver la santé de la population.

PÊCHE NON VALORISÉE .- Les principales options de valorisation et de protection d'immenses ressources
naturelles existantes, surtout au niveau des ports de commerce -quais réservés à cet effet-, n'ont jamais
permis à la pêche de connaître un développement significatif. Les ressources halieutiques demeurent
sous-exploitées, pour certaines espèces et inexploitées pour d'autres, alors que la pêche hauturière s’est
développée dans des zones favorables à l'Est et à l'Ouest du pays. Un aménagement régional des pêches
pouvait permettre l'identification des zones les plus aptes à recevoir des flotilles de pêche artisanales et des
sites propices à l'aquaculture. Le plan de développement de l'ANDP (objectif 2005) a visé à atteindre à

29
terme la production de 170.000 T de poissons dont 80% seraient constituées d'espèces pélagiques. Les
résultats durant cette décennie ont montré que la consommation de poisson qui était de moins de 2 kg par
habitant et par an était passée à 3,8 kg en 1990, soit une progression de 17,5%. Quant à la production
totale, elle passa de 33.000 T en 1980 à 90.000 T en 1990, soit une augmentation de 57.000 T avec une
progression de 5.700 T par an. D'autre part, la flotille (700 unités en 1985) passe à 1600 unités de pêche
artisanale en 1990, appartenant aux nationaux privés, dont 30% sont immobilisés annuellement en raison du
manque de pièces détachées et d'équipements de pêche. Toute cette flotille, occupait quelques 20.000
inscrits maritimes dont 7% seulement sont diplômés. Ils sont répartis entre 23 ports de pêche dont 11 ports
de commerce et pêche et 12 abris de pêche spécialisés. Le collectif marin passera de 6000 personnes en
1977 à 20.000 en 1990. L'organisation du marché intérieur a été dans un état anarchique en raison du degré
de satisfaction de la demande, du niveau du prix et des réseaux de distribution. Dans une telle conjoncture,
toute une stratégie devait être envisagée à savoir, l'organisation de la profession et l'approvisionnement du
marché en matériel et équipement de pêche. Le programme de développement du secteur devait intégrer le
renouvellement et l'extension de la flotte de pêche ainsi que son adaptation aux conditions du milieu.
L'existence d'un portefeuille de projets d'infrastructures de pêche constituera un programme à valoriser
dans le cadre d'une stratégie d'aménagement du littoral. Dans ce cadre, la recherche et la technologie ont à
jouer un rôle prépondérant dans le développement du secteur de la pêche et de l'exploitation des espaces
marins. Les activités, en amont et en aval, de la production des pêches sont à prendre en compte dans le
développement global et intégré du littoral : tout emploi marin génère cinq emplois dans les secteurs
secondaire et tertiaire (construction et réparation navale, transformation et conditionnement des produits de
la mer, commercialisation, fabrication de matériels et des équipements de pêche). L'effet d'entraînement
sera autrement plus porteur pour les communes en termes d'emplois, de revenus et d'amélioration des
ressources propres. Les capacités de conservation demeuraient insuffisantes en dépit de l'importance des
investissements réalisés tant par les promoteurs publics que par les promoteurs privés. Le déficit en
équipements de froid a posé un grand problème, notamment en matière de répartition spatiale.
De ce fait, il avait été recommandé :
▪ d'encourager et de promouvoir l'investissement dans les emballages spécialisés pour la conservation, la
salaison et le transport ainsi que dans la maintenance et l'entretien.
▪ de soutenir les initiatives dans les autres activités de transformation, telles que la farine et l'huile de
poisson,
▪ d'adapter l'appareil de formation en vue d'une performance plus accrue,
▪ d'assurer un contrôle permanent de l'hygiène dans les unités de conservation et de traitement et de
sensibiliser le personnel pour l'amélioration de la qualité de la production.

Évolution annuelle de la flottille de pêche par types de métiers :


Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année
 
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Chalutiers 305 318 338 352 354 358 403 435 476 487 494
Corailleurs 40 46 31 18 16 14 14 12 11 11 11
Sardiniers 635 643 660 692 712 747 836 906 972 1039 1077
Petits Métiers 1484 1 545 1 663 1 836 2 210 2524 2731 2825 2972 2897 2935
Thoniers               1 9 11 15
Total 2464 2 552 2 692 2 898 3 292 3643 3984 4179 4442 4445 4532
 La flottille de pêche nationale arrêtée à la fin de 2009 est de 4532 unités dont 494 chalutiers, 1077 sardiniers, 2935 petits
métiers et 15 Thoniers, enregistrant ainsi une légère augmentation de 2% par rapport à 2008. Toutefois, une croissance de 84%
a été enregistrée en 2009 par rapport à 1999. Une politique de refondation et de relance économique, appropriée et adaptée au
contexte actuel et qui s’inscrit également dans les perspectives d’ouverture du marché, permettra de générer d’innombrables
emplois et de mettre sur le marché de la consommation des milliers de tonnes de produits halieutiques. Le secteur de la pêche,
constitue ainsi, dans le contexte actuel de relance économique, un creuset ou gisement non négligeable en termes d’essor
économique. En effet, le secteur de la pêche présente une marge de progression et de développement, à même de lui faire
jouer un rôle moteur dans la dynamique économique présente et future tant en matière d’entraînement qu’en termes de
restructuration, consolidation et promotion d’activités diverses, même relevant d’autres secteurs.

POTENTIEL HALIEUTIQUE INEXPLOITÉ .- En 1998, les estimations en ressources halieutiques des côtes
algériennes sont de quelques 286.000 Tonnes de biomasse dont 1/3 est immédiatement exploitable. 80% de
ces réserves sont constituées d'espèces pélagiques (sardines, anchois). On y trouvera également toutes
sortes de poissons blancs (rougets, merlans,...) et de crustacés (crevettes, langoustes, ..). Au vu des
performances réalisées par les pays voisins d'une part et des besoins de l'industrie agro-alimentaire
nationale d'autre part, il devint urgent de moderniser les activités de pêche traditionnellement artisanale et
les faire passer rapidement à un stade industriel. Par ailleurs, longtemps délaissé, le développement de la pêche aux
petits métiers, principale composante de la flotte existante était revenu au centre des préoccupations; une relance qui était
encouragée par la mise en route de 4 projets financés par des institutions internationales (FIDA, CEE, BAD, ANDP) et qui devait
enrichir à terme la flotte de 1.630 bateaux. Enfin, des mesures incitatives sont venues promouvoir l'investissement privé sur le
secteur. Des concessions en mer ouverte avaient commencé à être octroyées à des opérateurs privés et leurs premières
productions devaient commencer à apparaître timidement sur les marchés.

30
Les ressources halieutiques et aquacoles en Algérie représentent aujourd’hui un potentiel économique considérable, caractérisé
donc par :
 Une façade maritime de plus de 1280 Km de côtes,
 Une surface maritime sous juridiction nationale offrant près de 9,5 millions d’ha pour l’exercice de la pêche,
 Une superficie de plans d’eaux naturels et artificiels repartie sur tout le territoire national à valoriser par l’aquaculture estimée à
100.000 ha,
 Une biomasse estimée en 2015 à 500.000 tonnes,
 Une réserve importante en espèces dites grands migrateurs halieutiques, ainsi que d’autres espèces à grande valeur
marchande (poissons blancs, crustacés et coquillages, ….etc,….),
 Environ 600 espèces d’algues marines à utilisations diverses et multiples (médecine, agriculture, pharmacie, produits
cosmétiques, irrigation, ….etc,….),
 Des réserves importantes de corail rouge et d’éponges.
La production halieutique actuelle: L'Algérie dispose d'une façade maritime de 1.200 km, d'une zone d'exploitation de 9,5
millions d'hectares dont seuls 2,2 millions sont exploités. Le plateau continental offre une surface exploitable de 1,6 millions d'ha
et de près de 3 millions d'ha de zones réservées à la pêche et aux petits métiers. Les ressources halieutiques en zone côtière;
riche de 26 espèces de poissons pélagiques et 409 de démersales; ont été évaluées à plus de 200.000 tonnes / an .Et bien que
la production halieutique nationale ait connu un essor considérable avec un taux d'accroissement de près de 42 % par rapport à
la moyenne de la décennie dernière, les réserves encore disponibles seraient d'environ 100.000 Tonnes/an.
La pêche continentale et l'aquaculture : En plus de la pêche maritime l'Algérie dispose également de quelques 100.000 ha de
plan d'eau naturels et artificiels qui peuvent être valorisés par l'aquaculture et la pêche continentale représentant une production
estimée en 2004 à 500 Tonnes/an. Le repeuplement, par lâcher d'alevins, des barrages et des retenues collinaires permettrait à
la production aquacole selon les prévisions d'atteindre 50.000 Tonnes/an. La production halieutique a connu une croissance
soutenue au cours des trois dernières décennies. Elle a été multipliée par trois entre 1970 (33.380 T) et l'an 2003 (130.657 T).
La production a suivi l'évolution des moyens mis à la disposition du secteur par l'Etat, moyens qui restent cependant
relativement insuffisants compte tenu des potentialités naturelles et des besoins actuels et futurs de la population.
Les ressources humaines: le secteur compte 34.046 personnes c'est-à-dire inscrits maritimes détenteurs de carte
professionnelle; de 119 associations et d'une Chambre Nationale de la Pêche et de l'Aquaculture.
Les ressources techniques: La flottille dont dispose le secteur (embarcations de 5mètres à 16 mètres, chalutiers, petits métiers
sardiniers et corailleurs) se caractérise par sa vétusté, due à son vieillissement, une moyenne d'âge supérieur à 20 208 ans, et
un taux d'immobilisation de 50 %.Son renouvellement a fait l'objet d'aides étatique ces dernières années qui ont permis aux
intéressés d'acquérir 523 embarcations dont un thonier. La flottille est passée de 714 embarcations en 1976 à 2.221 en 1996
pour atteindre 3.292 unités en 2003. Son impact sur la production est indéniable. Une partie des potentialités halieutique est
exploitée par des sociétés étrangères sous forme de concession.
La consommation par habitant a évolué modérément mais elle reste globalement insuffisante (5,12 Kg/an/hbt) et les produits de
la mer restent des produits de luxe pour la majorité de la population. Le secteur de la pêche a bénéficié récemment de plus
d'autonomie et d'une politique de développement volontariste avec la création d'un Fonds National de la Pêche et de
l'Aquaculture (FNDPA).

PRODUCTION DES PÊCHES .- Un plan de développement du secteur de la pêche devrait s'articuler autour :
● de l'organisation socio-professionnelle des différentes filières du secteur de la pêche et de l'aquaculture.
La profession doit faire l'objet d'une meilleure prise en charge, notamment à travers l'adoption d'un statut
des personnels du secteur,
● de la mise en oeuvre de mesures incitatives de régulation en vue de la récupération d'une bonne partie
des réserves de production et de productivité (pêche artisanale, aquaculture intensive et extensive, pêche
spécifique, ...),
● de la mise en oeuvre de textes règlementaires pour codifier l'ensemble des activités techniques du
secteur de la pêche et de l'aquaculture,
● de la promotion d'un projet de recherche et d'expérimentation des services de la mer par des organismes
spécialisés.
Toutes ces actions tiennent compte des préoccupations exprimées lors des grandes rencontres
internationales et dans les documents ratifiés par l'Algérie (conférence de Rio, convention des nations
unies sur le droit de la mer, biodiversité, ...). C'est pourquoi il importe que soient encadrés et dirigés par
des professionnels les programmes à élaborer pour le développement :
▪ de la pêche côtière
▪ de la pêche hauturière et océanique,
▪ des activités aquacoles,
▪ de la commercialisation des produits de la pêche,
▪ de l'agro-alimentaire lié à la pêche,
▪ de la construction et de la réparation navale,
▪ des capacités d'approvisionnement et d'industrialisation (matériel et équipements),
▪ des infrastructures portuaires et des abris.
Mais toutes ces visions et options d'aménagement ne peuvent être concrétisées sans la réhabilitation de
l'administration des pêches, autour de son champ d'intervention (domaine public, ressources
naturelles du patrimoine national , infrastructures d'utilité publique, police de la pêche, ...). Notons que
depuis quelques années, le gouvernement a adopté une stratégie qui a pour objectif de relever le secteur. L’objectif d’ici  à 2020
est de non seulement doubler  la production issue de la pêche et  de l’aquaculture, mais surtout de préserver les emplois dans le
secteur, tout en ouvrant de nouveaux postes. Les professionnels estiment qu’il faut la création des PME qui va de la petite
pêche jusqu’à la petite industrie. Quant aux opportunités offertes par le secteur, on trouve : l’acquisition de navires de pêche ;
l’acquisition de matériels et d’équipement de pêche ; la réhabilitation et remotorisation des navires ; les unités de soutien à l’outil
de production (moyens de carénage, de levage, et de mise à sec des navires, construction et réparation navales et  la  
fabrication de  matériels de pêche, sans oublier les unités de soutien à la production (chaîne de froid, entrepôts frigorifiques et

31
tunnels de congélation,  de transformation et de distribution) ; l’aquaculture marine ; l’aquaculture continentale et l’aquaculture
saharienne.Les ressources aquifères du Sud algérien ne sont nullement négligeables et les disponibilités en eau sont dans
certaines régions très importantes. Ces ressources sont bien évidement destinées tout d'abord à l'alimentation en eau potable et
à l'agriculture, mais la pisciculture a sa place dans un schéma d'utilisation rationnelle et ce pour deux raisons: La première,
découle du fait qu'il est parfaitement possible, de coupler utilisation piscicole de l'eau et utilisation agricole en plaçant la
pisciculture en amont de l'agriculture. S'il est nécessaire d'adapter les programmes d'irrigation aux contraintes de l'utilisation
piscicole, Les cultures profitent par contre d'un apport non négligeable en éléments fertilisants qui proviennent des refus de
nourriture et des déjections des poissons. La seconde découle du fait qu'en matière de qualité physico-chimique, la plage
d'utilisation pour l'alimentation en eau potable et même pour l'irrigation est relativement réduite. Une salinité supérieure à 5 %
est en particulier difficilement acceptable. Par contre, la pisciculture peut valoriser des ressources en eau dont la salinité atteint
jusqu'à 50 %, sous réserve que d'autres facteurs physico-chimiques ne soient pas limitatifs. Il existe des nappes d'eau salée
dans le sud algérien et certains forages de prospection pourraient même être facilement remis en service pour des exploitations
piscicoles.

Le découpage maritime en cinq 5 zones permet d’appréhender de manière cohérente le développement littoral. De même, un
des principes majeur à retenir dans tout effort de développement sectoriel en matière de pêche est de doter à terme le secteur
de la pêche d’une base infrastructurelle spécifique. Ainsi chaque wilaya côtière sera dotée d’au moins, 1 port de pêche, 2 abris
et 3 plages d’échouage.

LE PRODUIT AGRICOLE

ALFA.- Les informations recueillies auprès des institutions spécialisées en 1997 faisaient alors état de
potentialités d'alfa estimées à 200.000 T/an. Les quantités mobilisées étaient bien en-deçà des besoins du
secteur industriel. Dans ce cadre, la réorganisation du secteur alfatier pouvait faire l'objet de :
• concessions octroyées au secteur industriel,

32
• création de GIC (exploitants/utilisateurs),
• création de filiales avec un partenaire étranger dans le cadre d'un projet intégré nappes alphatières –
cellulose.

APPROVISIONNEMENTS AGRO-ALIMENTAIRES .-Le modèle algérien n’accordait pas un rôle moteur à l’agriculture
dans la dynamique du développement. La modernisation de ce secteur est pourtant un objectif stratégique à moyen terme,
visant tout à la fois à assurer l’indépendance alimentaire, stimuler les exportations agricoles et élever le niveau de vie dans les
campagnes. Dans le modèle autocentré, cela passe par l’apport en produits industriels tels que machines et engrais, ce qui
justifie la priorité accordée à l’industrie. Ce rôle secondaire accordé à l’agriculture dans le processus de développement s’est
traduit par une faiblesse des investissements, par rapport à l’industrie. Si officiellement les besoins en équipement de
l’agriculture sont couverts à 80% par les capacités installées de l’industrie mécanique, cela ne concerne que le secteur public.
En réalité, le taux de mécanisation baisse, en raison de l’insuffisance de la production des complexes de machinisme agricole et
de la pénurie de pièces de rechange. A titre indicatif, les capacités installées fonctionnaient à quelques 79% de leurs capacités.
En fait, l'agriculture nationale ne contribuait qu'à 22% de la satisfaction de la demande des industries agro-alimentaires ; dans
cette estimation, les industries privées n'étant pas prises en compte, ce qui pouvait ramener ce taux à la hausse. Le montant
global des importations de l'agro-industrie (hors viandes rouges et secteur privé) atteignait prés de 20.000 millions de dinars). Il
y a lieu, d’établir le bilan statistique et chiffré de cette dépendance. Le coût économique et financier engendrés par cette
dépendance et leurs conséquences sur la position monétaire extérieure de l’état Algérien alourdit la balance des paiements. En
dernier ressort, il faut examiner l’articulation du secteur agricole algérien au complexe agroalimentaire multinational dominant à
l’échelle mondiale.
◘ Céréales et dérivés : en 1998, la part de la production nationale de blés (tendres et durs), ne représentait
que 12% du potentiel de transformation mis en place. La contribution de l'appareil national de transformation
au volume de l'offre en semoule était évaluée pour 90 à 65% dont 16% proviennant de la production
nationale de blé dur. En matière de farine, l'outil national de production couvrait la quasi totalité de l'offre
(91,5%) avec une production de l'ordre de 13 millions de quintaux. Seulement 8% de cette production était
réalisée à partir des produits de l'agriculture nationale de blé tendre. Il était à noter que 60% environ de la
production nationale de blé restait retenue par les producteurs. L’Algérie est l’un des plus grands pays
consommateurs de céréales au monde. On évalue la consommation moyenne à hauteur de 220 kg par an et par habitant, et
celle-ci peut atteindre jusqu’à 50% du budget total consacré à l’alimentation. La demande nationale est estimée à 7.5 Mt par an,
toutes céréales confondues. Elle n’est couverte en moyenne qu’à 25% par la production locale, très dépendante de la
pluviométrie. En 2008, les exportations françaises de céréales vers l’Algérie se sont élevées à 886 M€.
◘ Laits et dérivés : le niveau de l'offre en lait était évalué à 4.100.000 tonnes et provenait pour 32,5% de la
production nationale agricole, 35% de la recombinaison des 1.543.500 tonnes de matières premières
importées (lait et MGL) et pour 32,5% de lait en poudre importé revendu en l'état. La destination de la
production nationale de lait cru (1.300.000 tonnes) était mal cernée. Seulement 3% (39.000 tonnes) faisait
l'objet d'une collecte par les offices du lait, le reste se répartissant entre l'auto-consommation,
l'approvisionnement des unités agroalimentaires privées (chocolateries, fromageries,...) et les revendeurs
en l'état.L’Algérie est le premier consommateur laitier du Maghreb. En 2008, la facture d’importation de lait des produits laitiers
était de 1,3 Md USD contre 900 M en 2007. La production nationale est de 2,2 Mds L par an, dont 1,6 Md de lait cru. La
consommation devrait atteindre les 115 litres par habitant et par an en 2010 et la croissance annuelle moyenne du marché
algérien des produits laitiers est estimée à 20%. Chaque année, l’Algérie importe 60% de sa consommation de lait en poudre.
Les pays de l’Union européenne, notamment la Pologne et la France mais aussi la Belgique, se positionnaient jusqu’en 2003
comme les principaux fournisseurs de poudre de lait à destination de l’Algérie. La suppression progressive entre 2004 et 2008
des restitutions communautaires sur les produits laitiers a entraîné une importante hausse des prix dans ces trois pays,
ralentissant logiquement leurs exportations vers l’Algérie qui s’est alors tournée vers des pays tiers et notamment l’Ukraine, la
Nouvelle-Zélande et les États-Unis.◘ Sucre et fermentation : En Algérie la production de sucre de betterave sucrière a été
arrêtée à la fin des années 70. Ce geste pouvait se comprendre dans le contexte de l'époque: faible productivité des
exploitations. De nos jours ce choix peut être revu. La culture de la betterave sucrière est totalement mécanisable (variétés
monogermes), le déserbage chimique est efficace. Par ailleurs, nos capacités d'irrigation ont augmenté. Il faut rappeler aussi
que les sous produits dégagés peuvent servir dans l'alimentation du bétail et la fabrication de levure boulangère.
En Algérie, des façons originales de produire du sucre et des produits sucrants existent. Le groupe Metidji utilise à Maghnia du
maïs importé pour produire par attaque à l'acide chlorhydrique du sirop de glucose. Le groupe Cevital utilise du sucre brut
importé qui est raffiné à Béjaïa. Cependant, le sucre est entièrement produit à partir de matières premières importées.
 En 1998, Les capacités de raffinage opérationnelles existantes étaient totalement approvisionnées en sucre
roux d'importation (265.000T) et répondaient, avec une production moyenne de 220.000T/an et à environ
30% de la demande nationale en sucre blanc. Le reste était couvert par l'importation d'environ 600.000T/an
de sucre blanc pour la revente en l'état. Pour la production de levure, il était annuellement importé 20.000T
de mélasse de sucrerie, en complément de celle livrée par les raffineries nationales (20.000T). Les
capacités nationales de production de levure étaient utilisées à hauteur de 80%. En 2010 , La consommation
moyenne de sucre en Algérie est de 24 kg par habitant et par an. Face à l’absence de culture de canne à sucre et de betterave
sucrière, la totalité du sucre brut, de canne ou de betterave, est importée. Selon une étude du Ministère de l’Industrie, l’Algérie
serait classée parmi les dix premiers pays importateurs de sucre au monde.
En 2008, la valeur des importations en sucre et sucreries était de 438 millions de dollars soit 5,7% du total des importations en
produits alimentaires. La structure des importations algériennes a fortement évolué et l’Algérie importe dorénavant des quantités
plus importantes de sucre non raffiné que de sucre raffiné. Un pays comme le Brésil, grand exportateur de sucre non raffiné, a
su profiter pleinement de ce développement de l’industrie sucrière algérienne, passant de 10% de part de marché en 2001 à
77% en 2007. Dans le même temps, les fournisseurs traditionnels de l’Algérie en sucre, et notamment la France, voyaient leurs
parts de marché régresser.◘ Aliments de bétail : avec une demande nationale estimée à 3.300.000T/an, les
unités de fabrication d'aliment du bétail étaient utilisées à hauteur de 67% des capacités installées. 24% des
approvisionnements provenaient de la production nationale et 76% de l'importation. En 2017, La poignée
d’entreprises qui contrôlaient l’importation des matières premières pour la fabrication des aliments de bétail et volaille avaient fait

33
pression sur les autorités pour que ces dernières reconsidèrent les quotas d’importation attribués, dernièrement, à 167
opérateurs, fléchisssant ainsi le monopole sur un marché dont les bénéfices se chiffrent en centaines de millions de dollars.
◘ Boissons et conserveries : si la demande en la matière était entièrement couverte par les industries
nationales, le taux de satisfaction de l'appareil n'a été pourtant que de 13% pour les jus et 44% pour les
vins. Pour les activités de transformation de tomates industrielles (540.000T de capacités installées), la
production nationale n'a permis l'utilisation de l'outil existant qu'à hauteur de 38%. Les besoins en concentré
de tomate du marché national (90.000T) étaient alors couverts pour 38% par la production locale de tomate,
pour 42% par la transformation de matières premières importées, et 20% par les importations pour la
revente en l'état.
◘ Tabac : globalement les besoins nationaux estimés à 33.000 T/an étaient comblés pour 15,5% par les
matières premières de provenance nationale, le reste étant importé. Actuellement, c’est la régie SNTA (Société
nationale des tabacs et allumettes) qui détient le monopole de la fabrication de tabac en Algérie. Il existe également des privés
qui, eux, sont présents dans la production de produits tabagiques, tels que le tabac à priser, etc. Le marché du tabac se
caractérise également par la présence d’une multitude d’importateurs et par une contrebande de plus en plus puissante, vu les
quantités de plus en plus importantes saisies régulièrement par les services de sécurité. Une enquête menée par un bureau
d’études français et mise à jour par la SNTA, il y a quelque temps, a démontré que les Algériens consomment environ 1,3
milliard de paquets de cigarettes par an, dont 850 millions de paquets produits par la SNTA, 160 millions importés en marques
étrangères, alors que le reste, évalué à 300 millions de paquets, entre au pays par la contrebande. Le marché légal des
cigarettes représente entre 65 et 70 % du marché global, le reste étant assuré par le marché informel. 
◘ Légumineuses.-Au-delà de la spéculation et de la dévaluation du dinar, la problématique du marché des légumes secs en
Algérie serait a priori celle de la production d’abord. L’Algérie produit «en moyenne 800 000 à 900 000 quintaux» de
légumineuses alimentaires, ce qui répond aux besoins du marché à hauteur «de 30 à 35%» (Institut technique des grandes
cultures). Un document de la FAO datant de 2011 situait la part de la production nationale à seulement 28% du marché. «On
produit notamment très peu de haricots car ils consomment beaucoup d’eau». Sur les 5 dernières années, «entre 80 000 et 85
000 hectares» ont été semés «toutes espèces confondues» (lentilles, pois chiches, fèves..). Les superficies cultivées devraient
être pourtant plus importantes, si ce n’étaient les réticences des agriculteurs qui «préfèrent travailler davantage les céréales car
il y a une insuffisance de maîtrise de ces cultures»
Aspects réglementaires : Afin de réduire le niveau des importations et favoriser le développement d’une production locale, le
gouvernement algérien a pris un certain nombre de mesures, parmi lesquelles le décret exécutif n°09-181 du 12 mai 2009,
confirmé dans la loi de finances complémentaire 2009, qui stipule que les sociétés d’importation, créées à compter du 28 Juillet
2009, ont pour obligation d’avoir au minimum 30% de leur capital social détenu par des personnes physiques de nationalité
algérienne et/ou des personnes morales dont l’ensemble des associés ou actionnaires sont de nationalité algérienne. Ces
mesures sont applicables aux sociétés qui importent des matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en
l’état. La loi de finances complémentaire de 2009 précise également dans le Journal Officiel n°44 que le paiement des
importations, d’une valeur supérieure à 100 000 DZD FOB et initiées par des opérateurs de droit privé, s’effectue désormais
obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire.
Réglementation propre au commerce de produits agroalimentaires : Un certificat d’analyse est requis en cas d’exportation
de produits alimentaires, et en particulier pour ce qui concerne les produits frais. Le client ou l’importateur est en effet tenu de
faire accompagner son produit de ce document. L’importateur devra faire effectuer un contrôle de la qualité des marchandises
importées avant toute mise à la consommation sur le territoire national. Par ailleurs, concernant l’étiquetage des produits, celui-ci
doit obligatoirement être en langue arabe et doit faire corps avec l’emballage (autocollant proscrit). Enfin, le tarif douanier est
basé sur le système harmonisé (SH). Un démantèlement progressif des droits de douanes a débuté avec l’entrée en vigueur, le
1er septembre 2005, de l’Accord d’Association entre l’Algérie et l’Union Européenne. Celui-ci s’étalera sur douze ans, avec pour
objectif final la création d’une zone de libre échange entre les deux rives.

BOISSONS.- L'industrie algérienne des boissons gazeuses est un segment économique qui a été longtemps
confiné dans sa léthargie à la faveur d'un monopole restrictif et détenu par l'ex-société nationale des eaux
minérales, à l'exception de quelques rares unités privées ; ce secteur n'avait pas connu de réelle
concurrence susceptible de l'inciter à se développer davantage et améliorer la qualité de ses produits. Mais,
après la libération du commerce extérieur et la levée des barrières douanières, les deux géants mondiaux
des"huiles gazeuses" (Coca-Cola et Pepsi-Cola) ont investi le marché national de la boisson gazeuse, avec
leurs marques mondialement appréciées. Les grandes marques de boissons comme Hamoud Boualem,
Coca-Cola, Rouiba et Pepsi cohabitent en Algérie avec des marques locales qui ont fait, jusqu’à présent, de
la résistance Le secteur qui a connu ces dernières années une croissance annuelle de 14%, soit le double
de celle du secteur de l’agro-alimentaire (7%) s’est caractérisé jusqu’à présent par une forte résilience des
petites marques locales. Une étude de l'Association algérienne des producteurs de boissons (APAB) fait état
de 300 marques commerciales essentiellement au niveau des marchés locaux. L’étude souligne que les
grandes marques sont distribuées sur tout le territoire mais n’ont pas "réussi à faire disparaître les marques
locales". En 2012, le nombre d’entreprises enregistrées au CNRC est de 748 dont 685 dans la filière des
boissons rafraîchissantes sans alcool (BRSA). Une tendance "à la restructuration par des fermetures
d’entreprises et un mouvement de concentration" est notée par l’étude. Cette restructuration ne se fait pas
par le biais des fusions-absorption mais par la fermeture pure et simple des petites entreprises. La tendance
notée dans l’étude datée de 2012 pourrait s’accentuer avec les projets d’investissements dans les cartons
des grandes marques. Le mouvement de concentration observé dans les autres pays s’amorce dans un
marché des boissons qui a atteint la maturité. Hamoud Boualem, la marque fétiche des algériens, est
engagé dans de nouveaux investissements de 3 milliards de dinars. Une nouvelle usine est prévue à
Boufarik (Blida) pour une production de 1,8 millions de litres de boissons par jour, de quoi doubler la
capacité de production de l’entreprise. L’usine qui permettra la création de 200 emplois sera opérationnelle
au premier trimestre 2015. Pepsi Cola devrait également annoncer un important plan d’investissement. Les
petites marques qui survivaient tant bien que mal du fait de l’incapacité des grandes marques à assurer une
offre sur l’ensemble du territoire pourraient en subir l’effet. La consommation par habitant en Algérie des

34
boissons et jus est l’une des plus élevées au monde, estiment les spécialistes, et elle n’est pas extensible.
La consommation de sucre en Algérie est de 1,2 million de tonnes par an dont 150.000 tonnes sont utilisées
pour la production de jus et sodas. L’Algérie consomme annuellement plus de 4,5 milliards de litres de
boissons et jus, dont 98% produits localement et 2% sont importés. Les grandes marques investissent pour
élargir leur gamme, accroitre les volumes de production et densifier leur réseau de distribution" et surtout
combler les angles morts sur le territoire, pour être plus près des dernières poches de consommation. En
clair, si la demande n’est plus extensible, les parts de marché des petits producteurs deviennent la cible.
L’Algérie est le pays ayant le plus fort ratio producteur de boissons/habitant.□
►Les jus de fruits industriels  : Aliments nutritifs ou danger pour la santé ? De grandes firmes
industrielles internationales ont été pointées du doigt parce que soupçonnées de mettre dans leurs boissons
une matière “stupéfiante”. Associés aux vitamines, oligoéléments et minéraux indispensables au bon
fonctionnement de l’organisme, les jus de fruits industriels sont largement consommés. La consommation
excessive de ces produits est également une résultante du trop-plein de publicité. Les astuces marketing
ancrées, par le passé, dans la culture occidentale, se sont bien installées chez nous, influençant du coup
nos habitudes alimentaires, particulièrement celles des enfants et adolescents. Attitude alarmante pour les
spécialistes qui tirent la sonnette d’alarme.
Les valeurs nutritionnelles  : Interrogé sur les valeurs nutritionnelles des jus de fruits industriels tant
vantées par la publicité, le docteur Mohamed Rédha Guedjati, maître de conférences hospitalo-universitaire
en physiologie clinique, répond d’emblée qu’ils n’en ont pas et précise “qu’en réalité, ces produits ne
contiennent pas de fruits. Il s’agit tout simplement d’une recomposition faite à partir d’extraits de fruits
auxquels on additionne d’autres matières tels des produits conservateurs, des arômes, des colorants, du
sucre et des vitamines. Toutefois, cet apport en vitamines se trouve modifié lors de la préparation, de la
pasteurisation et du conditionnement des ces boissons”. Notre interlocuteur explique que “certaines
vitamines résistant mal à la conservation, laquelle peut durer entre 6 et 12 mois, sont pratiquement
détruites, de même que les minéraux et les oligoéléments. Pis encore, la destruction de ces éléments
nutritifs ne constituent pas le seul inconvénient de ces boissons industrialisées. Quand celles-ci sont
conditionnées dans des bouteilles en plastique, la santé du consommateur est carrément menacée. Car une
réaction se produit entre les composants du jus et le produit d’emballage. Cette réaction est accentuée du
fait des conditions de stockage non adéquates du produit (la lumière, la chaleur…) ainsi que son transport
sous le soleil. Là, la formule chimique du conservateur est forcément modifiée”. Par ailleurs, le docteur
Guedjati met en garde : “L’apport énergétique découlant des quantités de sucre dépasse de loin les besoins
de l’organisme. Cet autre méfait de la consommation des jus conditionnés en bouteille ou en boîte carton,
est l’un des facteurs de l’obésité, particulièrement chez l’enfant. Des études réalisées, en 2008, dans des
pays occidentaux, ont prouvé le lien entre la consommation de ces jus contenant une quantité de sucre
supérieure à la normale et le gain en poids, l’un des facteurs prépondérants de la survenue du diabète de
type 2”.
La salubrité et la sécurité  : De grandes firmes industrielles internationales ont été pointées du doigt parce
que soupçonnées de mettre dans leurs boissons une matière “stupéfiante” agissant sur le cerveau et
l’incitant à consommer de façon abusive leurs produits. Chez nous, les effets hallucinants contenus dans
une poudre vendue dans les épiceries et destinée à la préparation de boissons se sont avérés chez des
adolescents hospitalisés suite à des malaises. Selon Dr Guedjati “ces adolescents ont trouvé une manière
de consommer ce produit soit en le fumant, soit en l’absorbant sans le diluer dans l’eau. On ignore,
cependant, lequel des composants de cette poudre se trouve être à l’origine du phénomène de délire
constaté”. Pour sa part, Dr Houssem Eddine Ferrah, médecin spécialiste en endocrinologie déclare que “les
fruits destinés à la transformation en concentré de fruits, élément de base pour la préparation des jus
embouteillés, conservent, même après nettoyage, une partie des pesticides par lesquels ils ont été traités
avant la cueillette”. Cette vérité désastreuse s’est vérifiée aux États-Unis, suite à une étude publiée
périodiquement, par l’Environmental Working Group (EWG), une ONG environnementale de Washington. Les
chercheurs ont démontré la persistance de résidus de pesticides dans des fruits à travers 87 000 tests
réalisés entre 2000 et 2009 puis en 2013 et 2014. Une autre étude publiée par l’association Pesticide
Action Network Pan Europe (fondée sur les données de l’Autorité européenne de sécurité sanitaire) a dressé
une liste des fruits les plus pollués, à savoir la fraise, la pêche, la pomme, la poire et le raisin. Et les
pesticides ont été reconnus comme étant à l’origine d’effets toxiques sur l’homme tels que des
répercussions sur le système nerveux, des effets cancérigènes, des irritations de la peau, des yeux et des
poumons ainsi que des perturbations du système endocrinien.
Les perturbateurs endocriniens  : “Le système endocrinien, dont le rôle est de réguler la sécrétion
d’hormones essentielles au métabolisme, à la croissance, au développement, au sommeil et à l’humeur,
entre autres, s’il est exposé à certaines substances, sera perturbé. Fait susceptible d’être à l’origine de
plusieurs maladies et malformations congénitales”, affirme le docteur Ferrah. Et d’ajouter : “Il faut savoir
que le perturbateur endocrinien est une substance exogène (provenant de l’extérieur de l’organisme)
présente dans les pesticides, les appareils électroniques, les produits d’hygiène, les produits cosmétiques,
le plastique… Cette substance exogène mime l’action des hormones endogènes (émanant du corps) et peut
empêcher l’action physiologique des hormones naturelles ou modifier leur transport ou métabolisme au
niveau des sites périphériques des actions de ces hormones. Parmi ces substances figure le bisphénol A
(abrégé en BPA) contenu dans la matière première des bouteilles en plastique et qui est lié, selon des
études, à la perturbation du système endocrinien. Des études allemandes et américaines ont mis en lumière
les effets de ce perturbateur endocrinien sur la reproduction (diminution de la moitié des spermatozoïdes et
des ovules). On impute également à ce composé chimique des cancers hormono-dépendants tels le cancer
du sein, des testicules, de la prostate en sus des anomalies affectant les organes génitaux externes chez le
garçon (cryptorchidie et hypospadias), la puberté précoce chez la fille, des troubles du développement du
système nerveux et de l’attention, l’hyperactivité chez l’enfant et le diabète”. Le Dr Ferrah souligne que “la
35
migration du BPA vers la boisson conditionnée dans du plastique est favorisée par l’exposition au soleil de
cette dernière. Les pesticides, autres perturbateurs endocriniens, agissant sur la succession de chaînes de
sécrétion des hormones surrénaliennes, peuvent donner des insuffisances en hormones sexuelles (d’où
l’infertilité), et en cortisol (hormone responsable de la régulation de la glycémie et la tension artérielle).
L’insuffisance rénale est une autre conséquence éventuelle du déficit en cortisol”.
Les mesures de prévention  : Le docteur Ferrah admet “qu’actuellement l’utilisation des pesticides pour le
traitement des vergers est soumise à des règles, ce qui n’était pas le cas, par le passé. Seulement, le
risque est toujours là. Alors, le consommateur est exhorté à bien nettoyer les aliments afin de les
débarrasser des résidus de substances nocives pour la santé”. Notre interlocuteur préconise “la
consommation instantanée des jus de fruits naturels faits maison, pas trop concentrés et sans sucre”. Pour
sa part, le Dr Mustapha Zedbi, président de l’Association algérienne de protection et orientation du
consommateur (Apoce), dénonce le non-respect des conditions de stockage, par les réseaux de distribution,
lors du transport des boissons (eau de source, minérale ou gazeuse et jus de fruits industrialisés)
conditionnés dans du plastique. “Il fait savoir qu’Apoce a maintes fois attiré l’attention des pouvoirs publics
sur la nécessité de la mise en place d’un décret exécutif interdisant ce genre de pratiques nocives à la
santé publique”, souligne le Dr Zebdi. Celui-ci rappelle, par ailleurs, que “l’été passé, Apoce avait lancé une
campagne de sensibilisation sous le slogan : “Stop ! Ne me faites pas boire du poison !” Au cours de cette
campagne, des photos scandaleuses sont parvenues à l’association. L’une d’elle était flagrante. Elle
montrait le stockage de l’eau minérale, à l’air libre, sous le soleil au niveau d’une unité de production”. Le
président d’Apoce juge “inadmissible qu’une boisson conditionnée dans du plastique traverse tout le désert
algérien sans conditions de transport adéquates alors qu’il est signifié sur l’emballage du produit que celui-
ci se conserve à une température bien déterminée. Dans le cas contraire, cette boisson devient
potentiellement toxique”. Interpellés, les services de sécurité s’étaient, selon ladite association, heurtés au
vide juridique relatif au transport non conforme de produits alimentaires. Notre interlocuteur déclare : “En
attendant que le ministère du Commerce interdise le transport des boissons dans des conditions pareilles,
c'est-à-dire sous le soleil et la chaleur, la seule action qu’on peut mener reste la sensibilisation du
consommateur afin d’amoindrir les risques”. Le Dr Zebdi conclut : “Notre campagne de sensibilisation sera
relancée lors de la prochaine saison estivale. Et cette fois-ci, elle sera renforcée par l’implication de tous
nos bureaux installés sur le territoire national”.□ MESSAOUDI Laldja (liberte-algerie, 30.05.17)
▼ L'Algérie, deuxième pays consommateur d'alcool au Maghreb : Bien que sa consommation reste peu
importante, l’Algérie est le deuxième pays consommateur d’alcool au Maghreb, selon le rapport de
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’OMS rapporte qu’en 2010, 75% des hommes et 87.6% des
femmes de la population totale ne boivent pas d’alcool. 11.5% des hommes et 7.4% des femmes avaient
arrêté depuis 12 mois. Cependant cette consommation dépasse celle du Maroc, dans un classement
surplombé par la Tunisie.
□ Marché en pleine expansion  : Le marché algérien des boissons alcoolisées réalise des performances
croissantes depuis 2005 et la tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2016. Selon des données
d'Euromonitor, le marché de détail a progressé tant en volume qu'en valeur durant la période 2005-2010,
s'agissant des boissons alcoolisées et des bières, mais également des alcools et spiritueux ainsi que des
vins. Concernant les boissons alcoolisées, l'on note ainsi que des quantités de 134 millions de litres de
boissons alcoolisées pour une valeur de 48,1 milliards de dinars ont été écoulées en 2005, des quantités de
169,3 millions de litres d'une valeur de 73,2 milliards de dinars ont été vendues en 2009 et de 176,4 millions
de litres pour 79,4 milliards de dinars en 2010. Une progression similaire est observée pour les bières,
essentiellement produites en Algérie, avec des quantités de 97,1 millions de litres (18,6 milliards de dinars)
en 2005, de 124,1 millions de litres (31,6 milliards de dinars) en 2009 et 129,1 millions de litres (34,2
milliards de dinars) en 2010. Certes importés, onéreux et consommés davantage par les hommes,
notamment des classes aisées, les spiritueux et alcools ont connu une progression semblable, la
consommation passant de 1,084 million de litres (8,2 milliards de dinars) en 2005 à 1,2326 million de litres
(10,5 milliards de dinars,) en 2009 et à 1,2651 million de litres (11,2 milliards de dinars) en 2010.
Egalement pour les vins, notamment les vins rouges, avec des quantités de 35,8 millions de litres (21,3
milliards de dinars), 44 millions de litres (31,1 milliards de dinars) et 46 millions de litres (34 milliards de
dinars) pour les mêmes années. Dominé principalement par le groupe Castel Algérie (bières et boissons
alcoolisées) avec une part de marché tournant autour de 37%, l'Office national de commercialisation des
produits vitivinicoles (ONCV) et sa filiale Vins du Terroir, ce marché n'a été contrarié ni par les taxes
élevées imposées sur les vins ni par la hausse des prix en découlant. Comme il n'a pas été contrarié par les
règles strictes d'autorisation et les sanctions pénales de la consommation d'alcool au volant, voire par la
fermeture de plusieurs bars et restaurants et autres considérants d'ordre religieux, notamment. Boosté
notamment par la demande croissante, la dynamique d'innovation des producteurs et distributeurs locaux et
le développement de nouveaux produits, notamment dans le segment des bières et vins à faible teneur en
alcool, et au-delà des différences sociales et urbaines, le boom du marché algérien devrait se poursuivre
encore durant les prochaines années. Ainsi, la consommation de boissons alcoolisées devrait croître à
raison de 3,4% jusqu'en 2015, selon les données d'Euromonitor. Et d'autant que les ventes estimées en
2011 à 183,3 millions de litres (83,1 milliards de dinars) et en 2012 à 190,6 millions de litres (90,7 milliards
de dinars) devraient atteindre en 2015 les 2012 millions de litres (98,6 milliards de dinars). Concernant les
bières, l'on indique une hausse de 134,2 millions de litres (35,7 milliards de dinars) en 2011 à 139,2 millions
de litres (37,3) à 154,7 millions de litres (42,3 milliards de dinars) en 2015, ce segment devant croître de
4%. Une évolution qui contraste avec celles de nos voisins, notamment le Maroc qui fait partie des pays où
la consommation progressera faiblement (entre 0 et 1,4%) jusqu'en 2016 et dont le marché progresse
pourtant depuis 2006 et a vu en 2011 s'écouler 151 millions de litres de boissons alcoolisées et 113,2
millions de litres de bières. Et alors que le marché algérien évolue de manière similaire à celle de la Tunisie
(respectivement 181,8 millions de litres et 143,7 millions de litres en 2011) ou du Brésil, avec des
36
progressions entre 2,9 et 5,4%, d'autres marchés enregistreront, cependant, une croissance plus
importante. Il s'agit, notamment, de la Colombie, du Nigeria et de la Chine, mais aussi de l'Arabie saoudite
et de l'Iran, des pays pourtant réputés pour leur conservatisme, où l'évolution tournera entre 5,5% et 23,9%.
A contrario, la consommation de boissons alcoolisées devrait progresser faiblement aux Etats-Unis et au
Canada ainsi qu'en France et en Russie, avec une évolution quasi nulle. Voire, la croissance sera négative
(entre -0,1 et -3,5%) en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grèce).◙ BENNACEUR Chérif
(Le Soir d'Algérie 17.04.12)
►Commercialisation tolérée  : Au début des années 1990, les islamistes ont tenté d’interdire les boissons
alcoolisées – sans y parvenir. Et, paradoxalement, c’est sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika que la
tentation a refait surface. En 2003, les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont voté
l’interdiction des importations dans le cadre de la loi de finance 2004. Toutefois, le texte ne sera jamais
appliqué et sera même abrogé. L’autre tour de vis remonte à 2006, quand le ministre du Commerce,
d’obédience islamiste, a décidé de restreindre l’octroi et le renouvellement des licences. La licence expire à
la mort de son propriétaire  : Sous la pression des habitants de certains quartiers populaires, d’un regain de
religiosité, de nouvelles réglementations, le nombre de bars et de débits diminue. Ces dix dernières années,
plus de 2 000 établissements ont ainsi été contraints de baisser le rideau. Incessible et intransmissible,
cette fameuse licence des Moudjahidine (combattants de la révolution) expire automatiquement à la mort de
son propriétaire. Du coup, son renouvellement est une gageure : le dossier doit obtenir au préalable
l’approbation de la sous-préfecture, de la mairie, du commissariat de quartier, de la wilaya (préfecture),
ainsi que le consentement du voisinage dans le cadre de l’enquête de commodo et incommodo (de
l’avantage et de l’inconvénient). Parfois, il faut aussi graisser la patte d’un fonctionnaire pour obtenir la
fameuse autorisation.□
CORAIL.- L'association des corailleurs a eu à dénoncer la décision des pouvoirs publics (25 octobre 1997)
d'interdire aux armateurs, de recruter du personnel étranger. Face à la rareté de la main d'oeuvre
algérienne, les quarante armateurs se trouvaient dans l'incapacité de poursuivre leurs activités, entraînant
ainsi un chômage des équipages. Plus de 100 familles ont été touchées directement et trois cent autres
(artisans, transformateurs,...) étaient pénalisées indirectement. Un malaise évident a persisté entre les
pouvoirs publics et les armateurs-corailleurs car sur la côte-ouest algérienne (à Annaba et à El-Kala), cette
activité pouvait se révéler génératrice de devises pour l'économie du pays. Malgré un ensemble restrictif de
lois règlementant cette activité, les professionnels constatent une suspension de l'exportation du corail brut
décidée le 26 février 1992 sans justifications. Le corail ne faisait pas partie de la liste des produits interdits
à l'exportation. Pourtant, les nouveaux textes législatifs instaurent la liberté du commerce extérieur dans le
cadre de l'avènement de l'économie de marché. Singulièrement malgré les dispositions de cet arrêté
d'interdiction suspensif des exportations de ce produit, une société de droit algérien exerçait le monopole de
cette activité avec des partenaires italiens sous l'aval des pouvoirs publics locaux. L'absence de
concertation dans la prise de décision par l'administration a lésé toute une communauté de corailleurs,
puisqu'en plus du déplacement d'une zone à une autre qui s'est traduit par un paiement obligatoire d'une
concession supplémentaire soit 120 millions de centimes, la prospection leur était interdite et demeurant
non prise en charge par l'autorité concernée. Le gel d'exploitation de cette activité rentable qui n’a
nécessité aucune subvention a suscité des interrogations demeurées sans réponses par absence de
perspectives tracées en toute équité économique.
□ L’Algérie ré-autorisera la pêche au corail dès 2017, cette activité très lucrative ayant été interdite en 2001. Depuis, les
informations faisant état d’une reprise des affaires relatives au marché du corail revenaient sans cesse. La situation financière
du pays a plaidé pour un retour effectif à la pêche au corail. Cette activité sera lancée pour renforcer l’économie nationale par
d’autres revenus hors hydrocarbures dans le cadre de la politique de l’Etat visant à diversifier l’économie, dont la pêche et les
ressources halieutiques». La réglementation entourant cette activité sera vraisemblablement renforcée et son exportation
interdite. Il faut dire que le braconnage a sérieusement altéré la ressource. Les quotas pêchés par les bénéficiaires des
concessions seront vendus à 70% à l’AGENOR (Agence nationale de l’or) qui les cédera, essentiellement, aux artisans
bijoutiers. Les pêcheurs pourront vendre le reste, soit 30%, aux enchères, mais toujours sur le marché national. La concession
ne sera utilisée que pendant cinq ans. Après, elle sera laissée au repos pendant 20 ans. La pêche au corail sera autorisée dans
trois wilayas : El Tarf, Skikda et de Jijel, avec 30 concessionnaires pour chaque zone. □

DEPENDANCE ALIMENTAIRE .- L'Algérie, en 1998, réservait 2,5 milliards de dollars de ses revenus à
l'importation de produits alimentaires. La facture atteindra, en l'an 2000, plus de 4 milliards de dollars, alors
que le secteur agricole n'était pas parvenu à amorcer une relance lui permettant d'accroître les rendements,
parfois dérisoires, enregistrés toutes les années précédentes. La dépendance alimentaire constituait ainsi
l'une des contraintes structurelles qui a pesé en permanence sur l'économie du pays. Pour quelques
exemples chiffrés, les importations concernant l'approvisionnement alimentaire représentaient en fait le
1/4 de l'ensemble des importations :
◘ ensemble des céréales et dérivés : 5 millions de tonnes, soit 81% des besoins,
◘ lait et produits laitiers : 270.000 tonnes, soit 63% des besoins,
◘ huiles alimentaires : 400.000 tonnes, soit 100% des besoins,
◘ sucre et produits sucrés : 800.000 tonnes, soit 100% des besoins.
La relance de la production agricole constituera de ce fait une priorité des autorités. A cet égard, le
gouvernement se devait :
• mettre en place un régime juridique qui sécurise les exploitants, pour leur permettre de développer les
investissements appropriés à la relance de la production agricole,
• régler l'ensemble des contentieux fonciers qui subsistent encore, •
assurer un approvisionnement régulier et de qualité en facteurs de production,
• développer des instruments de financements spécifiques au secteur et des mécanismes incitatifs

37
adaptés à la relance de la production agricole,
• favoriser l'extension de l'irrigation, par la poursuite de l'effort de mobilisation des ressources hydriques et
la réalisation d'ouvrages d'irrigation en y associant activement les producteurs concernés. Il s'agissait ainsi
de faire passer le rythme de livraison des grands périmètres irrigués de 5.000 ha à 25.000 ha/an.
►Il est à noter, à cet égard, que deux phénomènes symétriques et liés en nette croissance dans le temps, caractérisent le
fonctionnement du système agraire en Algérie. La dialectique de l’évolution des structures agraires telles que définies par la
politique agricole d’ensemble et par les différentes réformes agraires, sur longue période, n’a pas débouché sur le résultat
économique escompté : la hausse de la production et la satisfaction du besoin social, sur une base endogène. Ce besoin social
est exprimé par les différentes strates sociales et les différents agents économiques qui constituent ensemble la structure
sociale du pays, donc de la demande sociale, de production et de consommation. Cela a induit des phénomènes pervers et
insidieux qui entravent toute politique économique de relance de la croissance et du développement. Une dépendance
alimentaire et agricole dont le coût économique et social est très lourd, conséquence logique de cette démarche tatillonne.
L’Algérie comme importateur net de produits alimentaires est fragilisé et cette situation est lourde de conséquences à terme pour
le pays. Pour se nourrir, l’Algérie demeure fortement dépendante de l’étranger. En 2015, elle importe pour plus de 9 milliards de
dollars de produits alimentaires, pour une facture de 9,314 milliards de dollars (centre national de l’informatique et des
statistiques des Douanes - CNIS). Cette facture a seulement reculé de 15,37 %. En 2014, elle atteigna en effet de 11 milliards
de dollars. Cela indique que l’agriculture algérienne est toujours incapable de répondre aux besoins alimentaires des
algériens. Selon la dernière édition des « Perspectives agricoles » publiée en juillet par l'OCDE et la FAO, les prix des produits
alimentaires de base (sucre, viandes, produits laitiers, huiles végétales...) devraient se maintenir à un bas niveau jusqu’à 2026.
Cette affirmation se base sur les prévisions d’un tassement de la croissance mondiale et sur les prédictions d’une abondance
des stocks de produits de base. La demande par habitant sur ces aliments devrait stagner, sauf dans les pays les moins
avancés. L’indice FAO des prix des produits alimentaires mesure la variation des cours internationaux de cinq familles de
matières premières alimentaires : les céréales, les huiles végétales, les produits laitiers, les viandes et le sucre. Etabli à 161.4
en moyenne sur l’année 2015, cet indicateur a chuté de 18,7 %. C’est la quatrième année consécutive de baisse. L’indice
retrouve son niveau de 2006-2007. L’ampleur de cette facture alimentaire et le déficit de la balance agricole depuis déjà
quelques années démontrent que le pays présente un profil de dépendance alimentaire structurelle et justifient amplement le
constat d’échec de la politique alimentaire adoptée dans le pays depuis près d’un demi-siècle. Afin d’infléchir la tendance de la
balance agro-commerciale, l’agriculture algérienne doit recourir au progrès technique sous toutes ses formes pour relever les
rendements, développer la productivité, et de trouver le modèle de base capitalistique suivant l’archétype dominant à l’échelle
mondiale ; un modèle productiviste que l’on retrouve aussi bien dans les sociétés avancées et les sociétés moins développées.
L’Etat s’est donné les moyens d’intervenir dans le secteur agricole pour le réorganiser en profondeur et lui faire atteindre des
objectifs macro- économiques stratégiques. La réorganisation de la structure foncière à travers les différentes réformes agraires
introduites vise la réalisation de cet objectif. Il s’agit de faire jouer à l’agriculture son rôle fondamental qui est de : Assurer la
fonction de production et de reproduction de la force de travail agricole et celle employée dans l’industrie ; la mobilité intra
sectorielle de la force de travail est le pivot de l’industrialisation du pays.

Une forte consommation alimentaire


Avec une consommation estimée à plus de 220 kg/personne et par an de blé, le secteur agricole est structurellement incapable
de satisfaire une demande alimentaire de plus en plus importante qui a classé le pays au quatrième rang au monde des pays
importateurs du blé en 2008, après l’Europe des 27, le Brésil et l’Égypte. En plus de ce déficit céréalier important, le pays est
également déficitaire en huiles alimentaires, en sucre et en produits laitiers. Cette situation contraint l’Algérie à se tourner
constamment vers les importations afin de combler les carences de productions, causant ainsi un déficit constant de la balance

38
agro-commerciale du pays. L’insuffisance de l’offre alimentaire en Algérie est en partie provoquée par l’effet d’une pression
démographique galopante (40 millions d’habitants d’ici 2020), mais aussi le résultat d’une productivité agricole dégradée et des
bas niveaux des rendements variant en fonction des aléas climatiques. Avec le changement climatique, la situation ne va
certainement pas s’améliorer. L’ampleur de cette facture alimentaire (figure ci-dessus) et le déficit de la balance agricole depuis
déjà quelques années démontrent que le pays présente un profil de dépendance alimentaire structurelle et justifient amplement
le constat d’échec de la politique alimentaire adoptée dans le pays depuis près d’un demi-siècle.

FOURRAGE.- En Algérie, les cultures fourragères occupent une place marginale au niveau des productions végétales. Outre la
faible superficie réservée à ces cultures, la diversité des espèces est très limitée et les cultures de la vesce-avoine, de l’orge et
de l’avoine, destinées à la production du foin, constituent les principales cultures. Les ressources fourragères sont assurées en
grande partie par les terres de parcours (jachères, prairies naturelles, parcours steppiques, parcours forestiers...) et les sous-
produits de la céréaliculture (chaumes des céréales, pailles). Compte tenu de la mauvaise alimentation du cheptel,
particulièrement pour l’élevage bovin laitier, il est indispensable de diversifier les cultures fourragères et les méthodes de
conservations dans les régions favorables (nord du pays, périmètres irrigués). Dans les hautes plaines céréalières, l’amélioration
de la production des jachères et des prairies est une nécessité. Au niveau des régions montagneuses et marginales, plusieurs
espèces pastorales et/ou fourragères peuvent jouer un rôle déterminant. Au niveau des parcours steppiques, outre la mise en
place d’arbres et d’arbustes fourragers, la gestion reste un des éléments déterminants de l’amélioration de la production et de la
préservation du couvert végétal. La relance de la production fourragère et pastorale reste tributaire d’une stratégie nationale
claire en matière de semences (production et éventuellement importation), de conduite des cultures fourragères, de gestion de
la jachère et, enfin, de l’aménagement et l’utilisation des espaces pastoraux en milieu forestier et steppique. La coordination
entre les structures impliquées, les secteurs concernés et la profession, est d’une nécessité urgente et absolue. Par ailleurs, Les
méthodes de conservation restent très limitées. Actuellement, très rares sont les exploitations qui pratiquent l’ensilage, l’unique
méthode de conservation est le fanage au sol. Cette technique est très mal menée et la qualité du foin est généralement assez
mauvaise à cause du matériel végétal utilisé (synchronisation du cycle des espèces en association), des techniques de cultures
(problème de mise en place) et de la mauvaise organisation du chantier de fanage.
La mise en place, la conduite et l’exploitation des cultures fourragères : Les rendements actuels sont dérisoires et
l’amélioration de l’ensemble de l’itinéraire technique permettra une augmentation très nette de la production quantitativement et
qualitativement. La diversification des cultures et des techniques de conservation ainsi que l’agencement des différentes
productions ou ressources fourragères sont des éléments clés à maîtriser pour une alimentation régulière et rationnelle du
cheptel. La mise en place et/ou le renforcement des systèmes fourragers et pastoraux, simples, autonomes et équilibrés, dans
les différentes zones agro-écologiques, est une nécessité.
Les aspects institutionnels et organisationnels : La multitude de structures s’intéressant aux cultures fourragères, aux
espèces pastorales et aux pâturages, d’une part, et aux productions animales, d’autre part, entraîne une difficulté de gestion et
une dilution des responsabilités ; en Tunisie, ces problèmes ont été réglés à travers la mise en place d’un Office des Pâturages
et des Elevages. Ce type d’office est indispensable en Algérie, compte tenu de l’importance des parcours et de l’élevage. Outre
la mise en place de cet Office, une coordination inter-structures, inter-institutions et inter-professions est urgente pour regrouper
les efforts et renforcer l’action d’amélioration de la production fourragère, pastorale et animale.
La recherche : une priorité au niveau du programme national de la recherche doit être accordée aux aspects suivants qui sont
loin d’être exhaustifs : mise au point de cultivars et/ou de variétés d’intérêt fourrager et pastoral ; mise au point des techniques
de production de semences et plants adaptés ;recherche du profil animal à mettre au point selon les conditions et les types de
conduites ;méthodes de gestion et d’exploitation des parcours selon les milieux ; méthodes de régénérations des prairies et des
parcours ;méthodes d’aménagement, d’ensemencement et de gestion des sous-bois forestiers et de la subéraie en particulier ;
♣ Une technique de production de fourrage en hors sol a été mise au point par un chercheur Algérien en agronomie, Abdelkrim
Chenguel, membre de l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique
(Anvredet). Permettant de produire du fourrage vert durant toute l’année, et quelles que soient les contraintes climatiques, cette
technique pourrait, selon son concepteur, permettre de faire face au déficit récurent de l’alimentation animale, principal frein au
développement de la production de lait et de viande rouge. Selon M. Chenguel, par le biais de son invention, il est possible
d’obtenir sept kilogrammes de fourrage à partir de l’ensemencement, dans des conditions particulières, d’un kilogramme d’orge
après une période de maturation ne dépassant pas sept jours. Il assure qu’il est, ainsi, possible de produire sur une surface d’à
peine 50 m2, l’équivalent de ce qui peut être réalisé sur une aire de 50 hectares par le biais d’une méthode conventionnelle. Il
s’agit, dira encore ce chercheur, d’une innovation importante dans la mesure où elle permettra d’assurer la pérennité de la
production laitière et de créer des fermes d’élevage intégrées ». Le prototype de production hors sol de ce fourrage
« Hydroponique », une fois réalisé par l’Andravet, sera cédé à l’Intitut national de la recherche agronomique (INRA) ou bien à
l’Institut technique des élevages pour conforter les travaux de son concepteur. Cette expérience est d’une grande importance à
un moment  où les pouvoirs publics entendent développer et promouvoir les filières lait et élevage bovin dans une perspective
de réduction substantielle des importations, d'ici 2019. □
Calendrier fourrager :

Le calendrier fourrager fait ressortir que


durant la période hivernale (près de trois mois) aucun fourrage vert n'est disponible el les rations distribuées durant cette période
sont constituées exclusivement d’ensilage et de concentré. La dominance de la culture d’orge et avoine est due à la pratique
des cultures sous pivots par quelques éleveurs.Pour le sorgho et la luzerne, la plupart des éleveurs les cultivent sous palmiers
39
ce qui explique le peu d’exploitation qui lui est accordée. Il faut signaler qu’il y a des éleveurs qui utilisent des broyeurs et
mélangeurs pour broyer les dattes, les rebuts de dattes et les mélangent avec le concentré. Pendant la période de tarissement
le fourrage vert est à éliminer. Les éleveurs diminuent la quantité de concentré afin de préparer la mise-bas. □ BENDEROUICHE
Bahia, 2009
♣ Importance des surfaces en fourrages par rapport à la SAU : L’Algérie avec une surface agricole utile (SAU) de 8 465 040
ha (MADR ,2014) soit 3.5% de la superficie totale du pays ce qui constitue une part très faible devant une démographie sans
cesse croissante, il accuse un déficit fourrager important. La superficie destinée aux fourrages cultivés ne dépasse pas14% de
la SAU, face à un cheptel bovin de 1.843.930 têtes dont 1.008.575 vaches laitières.
Tableau : Evolution de la surface fourragère par rapport à la SAU.

Source :Madr, 2015
Globalement, les surfaces totales évoluent en dents de scie. Mouvement qui s’explique par la prise en compte des surfaces
emblavées en céréales et reconverties en fourrages en raison de la présence de la sécheresse. Phénomène devenu cyclique
au cours de ces dernières années. Egalement, nous pouvons noter que les fourrages se situent entre un peu plus de 6 et 14 %
de la SAU, selon les années (tableau). Par ailleurs, nous pouvons relever que pour la première fois en Algérie, les surfaces
totales fourragères dépassent le million d’hectares. Soit, approximativement, le double des surfaces réalisées en 2009 !
Maintenant, voyons la répartition des surfaces en fourrages artificiels et naturels.
Evolution respective des surfaces en fourrages naturels et artificiels :

L’essentiel des surfaces fourragères relève des surfaces consacrées aux fourrages artificiels. Nous pouvons aussi noter, que
les surfaces en fourrages naturels demeurent importantespuisqu’elles représentent bon an mal an, un peu plus du quart
surfaces totales en fourrages. Ce qui est considérable.
►Déficit alimentaire et mutation des régimes alimentaires au niveau des élevages bovins laitiers De manière générale, en
Algérie, il est admis que les animaux d’élevage souffrent d’une alimentation à la fois déséquilibrée et déficiente, impactant
négativement la production en lait et viande des animaux. Selon les responsables du MADRP, les déficits alimentaires se
situeraient autour de04 milliards d’Unités fourragères, pour des besoins annuels qui seraient de l’ordre de 10.5 milliards d’UF
pour ces dernières années.
Si par le passé, l’ONAB a permis d’assurer une offre qui se situerait autour de 1,5 million de tonne d’aliment concentré mais, il
se trouve que l’essentiel de cette production est destiné à l’élevage avicole, à peine 5% va au secteur bovin et ovin (Kali
S ,2011) Ce qui a réduit l’impact de la présence de cette industrie. Par ailleurs, Il faut noter que le développement des IAA, s’est
traduit par une offre additionnelle en co produits issus de ces dernières. Ce sont principalement, les industries de
transformations des céréales, avec une offre appréciable, en son de blé (Issues de meunerie), suivie de l’industrie de
transformation de tomate ainsi que les brasseries. Les grignons d’olive sont aussi utilisés comme complément alimentaire
(Oulmane, 2015). Dans les zones où, ces co-produits sont inaccessibles ou chères, les éleveurs recourent, à l’utilisation de pain
rassis, comme substitut au concentré.□ TALBI Slimane
LABELLISATION.- Les systèmes de qualité des produits agricoles : Aujourd’hui, le consommateur algérien qui est soucieux,
(organoleptique, etc…) de ce qu’il consomme, exige de connaître l’origine, la spécificité, le mode de production et de
transformation des produits agricoles ou d’origine agricole qu’il achète. Pour cela, la labellisation constitue des enjeux
importants pour la garantie et la valorisation des produits agricoles, auxquelles l’Algérie doit se mobiliser pour que le terroir et la
qualité restent vivants. Pour valoriser nos produits, il est impératif de créer une base juridique organisée et sensibiliser la
profession agricole et mettre en place les conditions de production (incitations économiques et techniques …). Nous rappelons
que parmi les objectifs de la loi n° 08-16 du 3 août 2008 portant orientation agricoles, nous citons la valorisation des productions
agricoles. Evoquer la valorisation des produits agricoles c’est évoquer le système de qualité des produits agricoles ou d’origine
agricoles, régie par les dispositions du décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013 (1). Il est entendu par système de qualité des
produits agricoles ou d’origine agricole, leur reconnaissance par les signes distinctifs suivants (2) :
 l’appellation d’origine (AO) ;  l’indication géographique (IG) ;
 l’agriculture biologique (AB) ;  les labels agricoles de qualité.
40
► Le système national de labellisation : D’une manière générale, le système national de labellisation est organisé en un
comité national de labellisation, un secrétariat permanent, des sous-comités spécialisés et des organismes de certification. En
somme, le système national de labellisation est basé sur :
 L’élaboration, la validation et le recours exclusif à des cahiers des charges pour la définition de l’ensemble du référentiel de
caractérisation du produit agricole ou d’origine agricole concerné et des procédures de vérification de la conformité au cahier
des charges ;
 La validation de la conformité du produit agricole ou d’origine agricole au cahier des charges concerné par des organismes de
droit privé dénommés organisme de certification ;
 La reconnaissance, à l’issue de cette procédure :
o du droit à apposer sur le produit un logo exprimant l’indication géographique, l’appellation d’origine, le caractère de produit de
l’agriculture biologique ou la qualité du produit ;
o d’une protection du produit et du logo contre toute contre façon ou utilisation du logo à des fins frauduleuses. □ Baouche
Fatiha (2014)
Notes :
1 Décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013, fixant le système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole,
J.O.R.A.D.P n° 36 du 18 juillet 2013, p. 08.
2 Article 2 du décret exécutif n° 13-260 du 7 juillet 2013 fixant le système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole.
J.O.R.A.D.P n° 36 du 18 juillet 2013, p. 09
LAIT.- Entre potentialités et contraintes : En Algérie, la filière laitière est globalement complexe. Son organisation est
dépendante de nombreux facteurs et acteurs qui la rendent très problématique. La localisation éparpillée de producteurs ne
facilite pas l’organisation des tournées et induit des coûts de collecte élevés. Comme toute production agricole, le foncier
agricole est important. L’activité de production laitière est liée aussi aux productions végétales (fourrages et céréales); l’industrie
des aliments du bétail, le machinisme agricole, les bâtiments et équipements d’élevage. Elle dépend fondamentalement du
cheptel bovin laitier avec tous les problèmes de reproduction et de sélection; de santé animale, de traite du lait; de sa collecte et
de sa conservation durant le transport, de sa valorisation par la transformation, la distribution et la commercialisation du lait et
des produits laitiers. De façon générale, en Algérie, la structuration de la filière laitière reste liée au taux de collecte de la
production nationale de lait crû et au taux d'intégration dans le processus de transformation. Ses insuffisances ou ses
performances s'expliquent par l'analyse des différents segments de la filière lait. En dépit des efforts multiples pour développer
la production laitière, la problématique de la filière laitière demeure la même en Algérie. En effet, la production nationale de lait
crû reste insuffisante et les importations ne cessent d’augmenter. Partant de très bas à l'indépendance, les niveaux de
consommation sont passés de 950 millions de litres en 1970 à 3700 millions de litres en 1985 (Bencharif, 2000). Pour la période
décennale de 2000 à 2011, la consommation moyenne annuelle est d’environ 4 milliards de litres. La production nationale ne
couvre que 53% de cette consommation, le reste par la poudre de lait importée. À titre d’exemple, en 2014, la
consommation moyenne de lait en Algérie est de 130 litres /an/hab. Celle ci était de 34 litres /an /hab. en 1970 et de 95
litres/an/hab. en 1995 (les normes recommandées pour le lait sont de 90 litres/habitant/an). L’agriculture et la production laitière
ont progressé depuis 2000, mais la demande s‟est développée encore plus vite et les importations ne cessent de croitre.
1. Le lait et les politiques laitières en Algérie
1.1. Historique et évolution de l’industrie laitière en Algérie:
L’industrie laitière; en Algérie; est pratiquement liée à l’industrialisation économique. D’une façon générale, les colons n’avaient
pas ou peu investi dans le secteur de l’élevage. Aussi, la production laitière n’est pas une activité traditionnelle de la population
algérienne sauf celle attachée à la production de viande. Mais le lait a été toujours un produit de haute valeur nutritionnelle et
même symbolique. La colonisation; relativement; n’avait pas trop réussi dans le secteur de l’élevage malgré des tentatives
d’importation de races pures (Normande, Jersiaise, Tarentaise, (Bourbouz, 2001). En plus, les colons ne devaient pas produire
du lait, mais des céréales, pour ne pas entrer en compétition avec les agriculteurs de la métropole (Laour et al, 1997). Apres
1962, l’essor de la production et de la filière lait débute avec la création en 1969 de l’ONALAIT (1) d’Oran, et les deux
COLAITAL (2) qui avait hérité de trois unités laitières: la CLO (3) d’Alger et de (3) Constantine. C’étaient des laiteries vétustes
qui traitaient en moyenne 151000 l/j (Melizi, 1978). C’est en 1982 qu’une nouvelle organisation a vu le jour pour une meilleure
intégration de la filière lait. Ces unités avaient étés restructurées en trois offices régionaux: ORELAIT(4) à l’ouest. En bref; dix
sept nouvelles unités de production ont été conçues au cours des trois décennies: Année 1970: cinq (5); Années 1980: sept (7);
Années 1990: cinq (5). à l’est, ORLAC (5) au centre et OROLAIT (6) En 1992, les capacités installées pour l'ensemble des 17
unités existantes étaient estimées à 1 574 millions de litres et produisaient 1 179 millions de litres. La production industrielle a
été ainsi multipliée par 30. Ce développement rapide est le résultat d'une politique d'industrialisation soutenue (7). D’une
manière générale, de 1962 à nos jours, la filière lait a connu des changements (techniques, économiques, culturels, sociaux,..)
par la mise en placede différentes politiques agricoles et alimentaires. C’est pour répondre aux besoins en lait et en produits
dérivés qui n’ont cessé d’augmenter d’une manière importante, conséquence du taux de natalité croissant suivi d’une
urbanisation rapide.
(1) Office National du lait ; (2) Central Laitière d’Oran ; (3) Complexe Laitier d’Alger ; (4) Office Régional Laitier de l’Est ; (5)
Office Régional Laitier du Centre ; (6) Office Régional Laitier de l’Ouest ; (7) Le montant des investissements réalisés durant la
période 1970-92 s'élève à 2,6 milliards de Da.
Pendant deux décennies (1970-1990), l’élargissement des capacités industrielles installées et nutritionnelle ont augmenté d’une
manière considérable sans effet sur le développement agricole et de l'élevage bovin laitier. La dépendance vis à vis de
l'extérieur apparaît clairement et la politique algérienne en matière d’élevage était forcément limitée. Les laiteries de grande
dimension ne peuvent s’intégrer qu’à des systèmes d’élevage intensif. Mais, devant les difficultés de l’élevage intensif et les
conditions de collecte, l'articulation entre l'agriculture et l'industrie est loin d'apporter les résultats escomptés. Très rapidement
des dysfonctionnements apparaissent. La part de la production laitière locale ne représente plus que 30% des besoins de
consommation entre 1985 et 89 contre 70% au début des années 1970. Le taux d'intégration du lait local dans la production de
l'industrie laitière qui représentait plus que 4% en 1990.Par ailleurs, les avantages à la fois économique (prix),technique de la

41
recombinaison du lait en poudre importées et les coûts de collecte étaient tout à fait dissuasifs pour le lait local. Ils représentent
les obstacles, des goulets d'étranglement qui s'opposent à l'intégration intersectorielle. Pour remédier à cette situation, de
grands axes de développement ont été retenus pour mettre en œuvre une série de politiques d’amélioration de la production
laitière : Au niveau de la ferme, la mise en place de structures modernes, la généralisation de l'insémination artificielle et
l'importation de bovins à haut potentiel génétique.
 Le développement des cultures fourragères et les conditions d'approvisionnement des producteurs en aliments concentrés
ainsi que l'assouplissement des procédures de commercialisation du lait.
Toutefois, la décentralisation de l’office laitier suite à la restructuration de l’office public industriel (ONALAIT) en trois offices
régionaux (ORLAIT (Ouest), ORLAC (Centre) et ORELAIT (Est)), pendant la période1980-1989 à fin de cerner au mieux les
contraintes techniques et financières en matière de collecte, n’a pas restaurer la convergence entre l’agriculture et l’industrie
agro-alimentaires. Car, l’approvisionnement fournis principalement sur les marchés extérieurs n'est pas remise en cause. La
tendance est plutôt favorable à la conjoncture sur les marchés mondiaux, arrangé par des excédents de production et des aides
à l’exportation chez les principaux pays producteurs. Compte tenu de la croissance des besoins de la population; les pouvoirs
publiques ont eu massivement recours aux importations (programmes anti pénuries). Le primat de la production cède le pas au
primat de la consommation.
Par ailleurs, durant cette période, le secteur agricole étant également marqué par une profonde réorganisation des structures
agraires. Avec la dissolution des domaines autogérés socialistes et la création de nouvelles exploitations agricoles individuelles
et collectives. (Loi 87-19 du 8/12/1987), l’exploitation agricole familiale est choisie comme modèle de restructuration du secteur
agricole. Une restructuration qui n’était pas sans effet sur la recomposition des effectifs en troupeaux laitiers au niveau des
exploitations agricoles. Rappelons aussi, que 1987, est l’année de la première demande d’adhésion déposée par l’Algérie au
GATT (actuel OMC). A cette période, l’économie algérienne connaît de grave crise, provoquée par la chute du prix des
hydrocarbures. L’économie de marché est devenue une réalité, à partir de 1990, en Algérie, la restructuration du secteur
agricole et de l’élevage bovin laitier s’effectue selon des critères d’efficience et de façon à permettre aux petites exploitations du
secteur privés de s’articuler d’avantage au marché. En définitive, c'est l'objectif de l’amélioration du niveau de la sécurité
alimentaire qui est recherché, notamment par l'amélioration des revenus et la création d'emplois. Après 1990, avec la
libéralisation économique en cours, c’est une nouvelle donne qui s’impose. En même temps, parallèlement à la mise en œuvre
des mesures d’ajustement structurel, des politiques de restructuration du secteur laitier sont appliquées pour corriger la situation
alimentaire critique.
1.2. Passage à l'économie de marché (1994- 2000) et la politique de réhabilitation de la production laitière. La mise en œuvre
du Plan d’ajustement structurel (Pas), durant la décennie 1990,s‟est accompagnée du désengagement de l’État du champ
économique et social. Ce processus n‟est pas sans incidence sur le développement de l’élevage bovin laitier en Algérie.
Les accords de Marrakech (avril 1994) ont institué l’Organisation Mondiale du Commerce. Cette date est à relier aux
changements marquant les marchés mondiaux. Plus précisément, l’accroissement des prix des matières premières –poudre de
lait et MGLA- et l’élimination des subventions des pays exportateurs auront des conséquences directes sur l'autonomie des
politiques agricoles nationales. L’Algérie, étant «pays en développement importateurs de produits alimentaires» est directement
concernée, tout au début des années 1990, du passage d'une économie dirigée à une économie de marché. L'Algérie demeure
l’un des grands importateurs du lait et produits laitiers. La libéralisation prônée par le GATT en 1994, a amené les gouvernants à
considérer la production agricole, notamment la production laitière. Depuis, la situation de la production laitière nationale a été
appréhendé dans le cadre global de la politique alimentaire sous une démarche filière. Ceci afin de créer un contexte favorable
au développement des différents segments, marquant ainsi une rupture, avec les anciennes pratiques. De ce fait, une nouvelle
politique de réhabilitation de la production laitière nationale a été mise en place. En 1994 (Décision ministérielle du 02Janvier
1994), la politique laitière s’appuie sur une commission en charge du développement de la production laitière. Elle devrait
regrouper l’ensemble des intervenants institutionnels, économiques et professionnels. Fondée sur l’augmentation la production
laitière et l’accroissement de la collecte du lait crû, la démarche est marquée d’un comité technique au niveau de chaque wilaya
productrice. Ensuite, un programme de-réhabilitation de la production laitière a été entamé depuis 1995 (instruction N° 409 du
10Juin 1995 portant Programme de Réhabilitation de la Production Laitière). Par ce programme, une nouvelle phase s'ouvre
pour la filière lait. Partant de cette approche évolutive de l’organisation décentralisée par filière, l’Etat cherchera, tout d’abord-
d’élargir et de valoriser l’ensemble des ressources et les capacités existantes pour accroître rapidement la production laitière et
d’asseoir les conditions à l’intégration et la participation de l’ensemble des intervenants dans la perspective d’appréhender une
«régulation professionnelle de la filière». La nouvelle stratégie nationale basée sur l’approche filière avait pour objet de renforcer
la production de «lait», mais aussi les activités en amont et en aval de celle-ci. Dans cette perspective de développement; quatre
principaux volets sont pris en compte, à savoir: - la promotion d’investissements à la ferme - la promotion de l’insémination
artificielle - le soutien à la création de mini laiteries et - la promotion de la collecte de lait. Or, les effectifs et la production locale
restent assurés d'abord par un secteur privé plus ou moins extensif, alors que dans la collecte et la transformation la
prédominance est pour le secteur étatique Ainsi, d’une manière continuelle, le développement de la filière lait, en Algérie, a subi
les contraintes institutionnelles de l’économie administrée. La libération de l’économie au début des années 90 a permis
l’intégration du secteur privé dans la vie économique. Dès lors, le secteur privé investit dans l’élevage laitier et l’industrie de
transformation. Cependant, les politiques mises en place restent insuffisantes. D’abord remises en cause par les programmes
d’ajustement structurel; ensuite, ce sont la fixation du prix du lait à la production à un prix peu incitatif, le faible développement
de la collecte et en fin les différentes subventions à l’importation et à la consommation qui constituaient les facteurs de blocage
du développement de la filière lait (Jouve, 2000).En effet, la marginalisation du secteur privé et à cause de certaines contraintes
liées à la politique agricole expliquent l’orientation des éleveurs vers la production de viande ou la production mixte (viande/lait)
(Madani et Mouffok, 2008). Toutefois, les efforts de réintégration de l’élevage bovin laitier ont permis de favoriser une nouvelle
organisation, même si le pays affiche une forte dépendance à la poudre de lait. Avec une vingtaine d’usines. Le secteur
industriel public (GIPLAIT) totalisait des capacités de production évalué à 1,5 milliard de litres de lait équivalent. A partir de
1998, le secteur public est représenté par le groupement GIPLAIT (8) Le taux d'intégration, qui correspond à la part du lait
collecté dans les quantités totales produites, reste très faible. Il est resté en dessous de 6 % de 1988 à 1993 et inférieur à 10 %
sur toute la période 1980-1994. Au cours des années 1995 à 1999, il a évolué de la manière suivante :

42
Tableau: Evolution du taux d'intégration (1995/1999) (MADR, 2000)

(8) Groupe Industriel des Productions laitières (GIPLAIT)en filialisant un réseau de 18 usines laitières (4 à l’Est, 6 au centre et 8
à l’Ouest) et une filiale pour les approvisionnements MILKTRADE. Giplait/SPA a été crée le 10 mai 1998.
La croissance de la production du lait crû n’a pas suivi celle des capacités de l’industrie de transformation, malgré les
orientations de la politique laitière nationale initiée à partir de 1995. Les unités de transformation de GIPLAIT se contentent de
mettre sur le marché du lait reconstitué à partir de la poudre de lait et MGLA. La consommation est assurée par l'importation de
poudre de lait moyennant les prix assez bas sur le marché mondial. Dès lors, le secteur industriel est resté déconnecté du
secteur agricole. Tout ceci engendre un manque d’intégration de la filière. Cette dernière nécessite des moyens financiers et des
relations d’intégrations avec l’ensemble des élevages bovins laitiers. Néanmoins, l’hétérogénéité des exploitations agricoles n’a
pas pu d’engager des relations contractuelles d’une part. Et, parce que la production locale de lait crû ne peut pas répondre à la
pression forte de la demande a également conduit l’industrie à peu d'efforts pour favoriser la production locale et la collecte de
lait cru, d’autre part. Les initiatives de valorisation du prix à la production du lait crû, passant de 4 DA en 1990 à 22 DA en 1995,
restent insuffisantes pour les industries laitières afin d’assurer une rentabilité recherchée économiquement. De ce point de vue,
l’utilisation de lait crû demeurait moins avantageuse pour la production de lait de consommation. Cela a conduit à l’apparition de
circuits informels par le biais des mini laiteries qui se montrent très actives et s'organisent constamment pour collecter le lait à
des prix plus élevé.
Evolution du taux d’intégration du lait dans la transformation industrielle (1969-2003)

A la lumière de la figure ci-dessus, le degré d'intégration du lait crû dans la transformation industrielle (1969-2003) demeure
faible. La chute du taux d'intégration du lait crû dans la production industrielle a pour principale cause, sans aucun doute, le taux
de collecte qui demeure très bas (soit un taux moyen de 10%) La collecte de lait crû est, en fait, le véritableproblème. En plus,
pour permettre une collecte efficace du lait jusqu'auprès des plus petits producteurs, il fallait installer un réseau dense de
centres de collecte. Sur la période 1995-99, la production laitière bovine représentait à peine 10% du volume total en lait
transformé (112 millions de litres), malgré les aides à la promotion de la collecte du lait crû (soit1562 MDA sous forme de soutien
aux collecteurs et à la production collectées).
1.3. Nouvelles politiques du programme-2000-2007 - PNDA/PNDAR : Se référant aux expériences du passé, à partir de 2000,
une nouvelle politique a été marquée par la création du Plan National de Développement Agricole (PNDA) qui s’est élargi en
2002 à la dimension rurale (PNDAR). L’objectif reste l’attachement à la sécurité alimentaire. À ce titre, différents aspects
gravitent autour du PNDA :
 l’augmentation de la production nationale du lait crû,
 la modernisation et la mise à niveau des exploitations et des filières agricoles,
 la redynamisation et le développement de proximité des espaces ruraux tout en veillant à la préservation des ressources
naturelles (eau, sol et ressources biologiques),
 la recherche d’un taux d’intégration le plus élevé possible de la production nationale du lait crû pour permettre ainsi la
réhabilitation de l’industrie laitière dans sa fonction fondamentale économique, il s’agit d’atteindre un taux d’intégration à moyen
terme de 25 à30%,
 Augmentation de la collecte du lait crû.
Ces actions s’appuient sur les fonds publics mobilisés à travers le Fond National de Régulation et du Développement Agricole
(FNRDA124).
Au titre du FNRDA, la filière laitière a été dotée d’une allocation financière relativement importante durant la période 2000/2005
estimées à 36% des montants alloués au développement des productions animales (Cherfaoui et Al, 2008). Pour Bessaoud
(2002) «la situation de déficit alimentaire chronique a conduit les pouvoirs publics à élaborer un programme national de
développement agricole à partir de 2000. Les orientations qu’il véhicule convergent essentiellement vers les objectifs de
reconstruction des territoires agricoles. Il participe à la réhabilitation des fonctions régulatrices de l’Etat et incite à
l‟investissement, dans un cadre décentralisé et de formules de financement permettant une gestion partagée des risques entre
l’agriculteur, la banque, les assurances et l’Etat. Les outils et instruments mis en place mettent désormais l’accent
(10) Fond National de Régulation de Développement Agricole.sur la participation et l’accompagnement des populations dans le
cadre de l’action de proximité. Réhabilitant ainsi l’acte agricole dans sa dimension économique».

43
Tableau : Indicateurs d‟évaluation du Plan national de développement agricole et rural

L’examen des chiffres du tableau permet de constater des fluctuations dans la production agricole du pays. Toutefois, il y a lieu
de relever une nette augmentation de cette production en 2001 et 2003, soit le taux de croissance de la production agricole de
18,7% et 29% respectivement. Les plus faibles taux sont enregistrés en 2000 et 2002. La croissance observée est induite par le
programme de relance du secteur PNDA (par la suite PNDAR) qui a permis des efforts d’investissement de l’ordre de 14
Milliards de US$ pour le secteur agricole. Quant aux importations des denrées alimentaires, la facture alimentaire de l’Algérie n’a
pas diminué puisque les données statistiques montrent une augmentation d’année en année. Par exemple, en 2007 les
importations estimées à 5 milliards de dollars ont augmenté de 27% par rapport à 2006.Cependant, force est de constater, que
pour assurer la sécurité alimentaire de la population algérienne, le pays demeure structurellement dépendant des
approvisionnements en produits de base sur le marché mondial, en particulier les approvisionnements en blé et en lait. C’est
dans cette optique que les crises successives liées à certains produits considérés comme stratégiques, en l’occurrence la
pomme de terre, le lait et les céréales, dont la crise résulte du manque de maîtrise de leur production.
1.4. Crise alimentaire 2007-2008 et mesures incitatives destinées aux acteurs de la filière lait.
La période de 2008 à nos jours est marquée par une autre étape de politique de développement de la production laitière en
Algérie. Cette dernière est une réponse aux chocs exogènes de 2007-2008 (aléas climatiques, crise alimentaire et forte volatilité
des prix internationaux), qui a montré les limites et l’inefficacité des politiques de sécurité alimentaire des années précédentes.
Dans la filière lait, pour atténuer cette crise, le gouvernement algérien a mis en œuvre des politiques de stabilisation des prix, de
régulation du marché national, d’augmentation de la production laitière et de relance de toute la filière lait dans la perspective de
sécuriser les approvisionnements des unités de transformation.
La régulation du marché du lait est une composante (politico-sociale) importante des mesures prises par l’Etat pour diminuer les
effets de la crise de 2008, notamment le prix du lait. C’est par le biais de l’Office National Interprofessionnel du Lait (Onil), un
organisme gouvernemental, que la politique de stabilisation du marché du lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) se
développera. Cela passe parle contrôle des importations et des approvisionnements du marché national en poudre de lait. De ce
fait, l’Onil importe 80% de lait en poudre pour le compte de l’Etat. Subventionnée par l'État, cette matière première est achetée
à environ entre 300 - 400 DA le kg et elle est revendue aux laiteries publiques et privées, conventionnées avec l'Onil, à moitié
prix, soit 159 DA le kg (MADR, 2014).
Par ailleurs, 60% du lait pasteurisé LPC est principalement produit par Giplait. En ce qui concerne cette production, la filière lait
est animée par 116 unités à travers le territoire national dont 16 unités publiques. Selon les données du Cnis, entre 2009 et
2014, l’Algérie a importé en moyenne 900 millions de dollars de lait en poudre, soit environ 280 000 tonnes par an. Toutefois, la
volatilité du prix de la poudre de lait sur le marché international, comme en 2007 ou en 2011, a rendu plus coûteuses les
importations de l’Algérie. A titre d’exemple, en 2014, la valeur des importations de lait en poudre est évaluée à 1,91 milliards
dollars contre 1,13 milliards de dollars en 2013, soit une hausse de 65%. Alors qu’en volume, les importations étaient de 395
989 tonnes, en 2014, contre 276928 tonnes en 2013 soit une hausse de 43%. Il est également établi, que le marché du lait
dépend de deux filières, une filière de lait importé et une filière de lait local. Les deux filières restent imparfaitement
concurrentielles du fait, en particulier, de la transformation du lait en poudre en produits dérivés du lait (fromage, yaourt et
autres). Dans le cadre de la promotion de la politique laitière nationale, l’Onil s’octroie la mission de mettre en œuvre une
stratégie de développement de l'ensemble de la filière lait, en répondant aux nouveaux dispositifs laitiers et du schéma
organisationnel de la filière lait de vache au niveau national. Le lait fait partie, aujourd’hui, des habitudes alimentaires de la
population algérienne. Son importance dans l’alimentation l’a propulsé au rang des filières agricoles stratégiques malgré la
prédominance de l’importation de la poudre de lait.
2. La politique des prix du lait en Algérie:
2.1. Les prix à la consommation et l’extraversion de la consommation.
De nombreuses études de consommation soulignent la participation essentielle du lait à la satisfaction des besoins des
consommateurs algériens, ruraux et urbains confondus. En parallèle, devant l’insuffisance de la production locale, de
nombreuses études confirment la corrélation significative entre la consommation de lait et les importations. Elles soulignent,
aussi, une corrélation entre la croissance des importations et l’urbanisation rapide de notre pays. Cependant, les motifs des
importations doivent êtres liées aux préoccupations politiques auxquelles elles satisfont. Les études de consommation montrent
un biais en faveur des centres urbains où la consommation de lait importé se concentre. Autres que leurs participations au
développement des nouvelles habitudes alimentaires, elles expliquent le recours aux importations pour sécuriser
l’approvisionnement des villes, notamment. La stabilisation des approvisionnements constitue une justification théorique
importante des importations. Outre le prix au producteur, la politique laitière en Algérie garanti le prix du litre de lait au
consommateur. Ainsi, le prix à la consommation est stable à travers le temps et l’espace. Si, la stabilité des prix est socialement
juste, celui du litre de lait pasteurisé en sachet pour la grande consommation reste sous la surveillance des pouvoirs publics qui
le maintiennent à prix administré de 25 DA/litre. Bien que, le prix du lait conditionné en sachet ne reflète ni la rareté ni les coûts
de ce produit relativement aux autres emballages conditionnés en bouteille et en carton «Tétra Pack» dont les prix sont
libéralisés. On comprend l’importance accordée au secteur agricole et, notamment, laitier par les gouvernements successifs.
Aucun changement politique n’est de nature à remettre en cause cette importance, elle s’exprime cependant de façon diverses,
voir opposées, selon lespériodes, soit que le gouvernement s’ajuste à la conjoncture, soit qu‟il cherche à tirer des leçons du
passé. L’objectif de stabilisation des approvisionnements et des prix du marché du lait est poursuivi au moyen d’outils orientés
vers la gestion directe du marché: prix administrés, contrôle du commerce extérieur et intérieur. Bien que les efforts de l’Etat
44
concernent aussi la production locale de lait de vache, l’Algérie à développer une filière industrielle de production de lait dans un
but de substitution aux importations, depuis les années 1970. Les décennies 1980 et 1990 marquent un tournant suite aux
déséquilibres financiers internes et externes qui ouvrent la voie aux programmes d’ajustements et de libéralisation qui se
traduisent par une réduction des dépenses et des interventions publiques, notamment, dans le secteur agricole. La «vérité des
prix» devient un objectif des politiques, bien que suivi avec prudence tant on redoute les effets socio-économiques de ces
politiques. La libéralisation du marché laitier est partielle. Si les activités de production de lait élargies au secteur privé et les
activités de collecte transférées au secteur privé, l’exclusivité des importations et le prix d’un litre de lait en sachet sont
maintenus. Simultanément, des incitations à la productivité sont appliquées à la production locale. Les prix bas à la
consommation et les prix élevés à la production, opposent d’une manière naturelle les producteurs et les consommateurs. Quant
à la politique de gestion des prix et des marchés, elleest extrêmement délicate puisqu’elle expose les pouvoir publiques aux
pressions politiques de ces deux groupes d’acteurs dont les intérêts sont, donc naturellement, opposés. Partagé entre la volonté
d’assurer un prix suffisamment rémunérateur aux producteurs et celle d’assurer la sécurité alimentaire des consommateurs,
l’Etat n’a pas su maintenir un différentiel suffisant entre les prix à la production et les prix à la consommation pour permettre une
marge bénéficiaire aux producteurs et éviter un gaspillage de la part du consommateur. L’échec relatif de la stabilisation, les
effets pervers des interventions visant à assurer la sécurité alimentaires par les importations massives de lait en poudre et un
déficit financier croissant des offices du lait auront raison de cette expérience. L’effet incitatif exercé par la collecte des offices du
lait apparait bien insuffisant au regard de l’importance des importations de lait que favorisent les distributions de lait en sachet
qu’il met en œuvre. L’analyse souligne la participation essentielle des importations sans lesquelles la politique des offices du
lait n’aurait pu être si longue. En Algérie, le rapport des prix du litre de lait relativement bas à la consommation et le caractère
peu incitatif du prix à la production du lait crû est révélateur des limites de la production laitière bovine. A la lumière de la figure
ci-dessous, les niveaux des prix à la consommation se situent en dessous des prix à la production durant toute la période
19862000 et au-dessus de celui de la production à partir de 2001. Le premier est maintenu stable à 25 DA contre 22 DA/litre
pour le second dont la subvention accordée le place à un niveau élevé (Djermoun et Chehat, 2012).

Evolution comparée des prix á la production et á la consommation du lait (DA/l de lait) (Djermoun et
Chehat, 2012)
L’accroissement de la production de lait en Algérie est un objectif qui répond à plusieurs types et à plusieurs
niveaux de préoccupations. De par sa place dans la consommation des ménages algériens, la disponibilité
en lait est un des piliers de la sécurité alimentaire du pays. Cette disponibilité n‟a pas été rendu possible
par l’augmentation de la production de lait crû. D'un côté, le niveau du prix du lait à la consommation
affecte le pouvoir d'achat des consommateurs – et donc éventuellement le coût de la main d'œuvre - de
l'autre, les prix à la production ainsi que l'évolution de la productivité affectent les revenus des producteurs
agricoles. Ainsi, toute politique agissant sur le prix du lait aura un impact tant sur la production sectorielle
que sur le bien-être de la population algérienne. Les prix à la consommation ont tendance à être fixés en
fonction du salaire des fonctionnaires. La production laitière de l’Algérie est caractérisée par une
atomisation de l'offre. Elle émane de plusieurs types de systèmes de production situés dans des régions
dont la diversité est liée aux conditions agro-écologiques. Le secteur laitier, ainsi que la plupart des
secteurs de l'économie, a été marqué au milieu des années 70 par un engagement de l'Etat à plusieurs
niveaux de la filière. Cet engagement s'est traduit par de nombreuses nationalisations et par la création
d’office étatique de production, de collecte et de commercialisation du lait. La distribution de lait est
devenue un monopole de l'Etat ce qui permettait un contrôle des prix à la consommation. Cette politique de
prix a favorisé plus la consommation que la production à la ferme, ce qui expliquerait les performances du
secteur laitier étant donné sa place dans la consommation des ménages. Cette analyse est à l'origine des
politiques de libéralisation du secteur agricole prônées par les différents plans de stabilisation et
d'ajustement structurel des années 90. Mais, ces politiques de libéralisation n’ont pas mis fin à toutes les
formes d'encadrement des prix, tant au niveau de la production qu'à celui de la consommation de lait. Le
prix du litre de lait, ne reflète pas la confrontation de l'offre et de la demande. Tandis que cette dernière
apparaît relativement rigide, l'offre est atomisée à l'extrême. Les situations de producteurs sont également
assez diverses, ce qui rend difficile l'analyse de la réponse de l'offre. Le fonctionnement du dispositif
étatique de régulation du marché laitier vise deux objectifs. Le premier, relevant de l'ordre capitaliste, est
celui de l'intensification de la production, de la transformation et de la commercialisation du lait pour
satisfaire la consommation nationale au moindre coût. Le second, qui relève d’une logique de service public
et correspond à la sécurité alimentaire de la population. La première logique de l’Etat vise à réduire la
dépendance envers la production locale de lait crû, considérée comme une source d'approvisionnement
insuffisante à court terme et envers le lait importé, même jugé onéreux est sujet à des d'approvisionnement
faciles. Dans ce sens, d’abord, la priorité est aux investissements conçus dès le départ comme permettant
d'atteindre l'autosuffisance et reposent sur le principe de substitution aux importations. Ensuite, une logique
de l'intensification, fortement encouragée, supposant l’abandon des techniques traditionnelles par les
45
paysans. Sur le plan de la consommation en équivalent lait, la période décennale de 2000 à 2011, est
marquée par une tendance à la hausse de la consommation de lait. Ces dernières années, la moyenne
annuelle est d’environ 4 milliards de litres/an (la production nationale couvre 53% et les importations en
équivalent 47 %). Cette consommation était de 5,5 milliards de litres en 2011 contre 3 milliards en 2000. En
résumé, durant ces 12 dernières années: la production a connu un accroissement de 80%, les importations
un accroissement de 76% et la consommation un accroissement de 81%. Depuis le début des années 1970,
la filière lait a bénéficié d’une attention toute particulière de la part des pouvoirs publics. Au total, les
politiques de développement agricole et de sécurité alimentaire font que le lait est devenu un produit très
consommé par les algériens. Cette consommation qui était de 54l/hab./an en 1969, est passée à 75
l/hab./an en 1978, puis à 120 l/hab./an en 2006 et à plus de 140 l/hab./ en 2011.
.2.2. Le système d’encouragement à la production du lait crû.
La production laitière, en Algérie, a connu une évolution significative de son cheptel bovin laitier estimé en
2013 à1 909 455 têtes dont 1 008 575 vaches détenues par plus de 215 000 exploitations. On distingue trois
(03) zones de production laitières déterminées par les conditions du milieu, principalement le climat et du
nord au sud: - Zone I: littorale et sub-littoral à climat humide et sub-humide (Tizi-Ouzou, Tipaza, Tébessa,
Chlef,…..etc.); - Zone II: agropastorale et pastorale à climat semi-aride et aride (Mila, Mascara,etc.); - Zone
III: saharienne à climat désertique (Illizi, Ghardaïa, Béchar, Adrar etc.….). Tout un engouement pour
l’élevage de vaches laitières est perceptible dans différentes zones au dispositif d'accompagnement mis en
place par l’État, depuis plus d’une décennie. De 4 DA/litre entre 1995-2000, la prime octroyée aux éleveurs,
à partir de 2000, pour la production du lait crû et vendu aux unités de transformation est passée de 5DA par
litre à 7 DA/ litre en 2005 et à 12 DA/litre en 2009. De la même manière, la collecte de lait crû bénéficie de
primes et d‟un dispositif qui permet à tous les différents acteurs de la filière de la percevoir par le biais de
«conventions de fourniture de lait crû ». Cette prime était de 2 DA/litre entre 1995 et 2004. Elle a évolué à 4
DA/litre entre 2005-2008 pour augmenter à 5 DA/litre en 2009. Une prime de 4 DA/litre livré à l’usine est
accordée aux collecteurs-livreurs. L’éleveur qui livre son lait à une unité de transformation est encouragé
avec 7 DA/litre de lait. Le transformateur reçoit en guise d’encouragement une prime de 4 DA/litre, 6 DA/litre
et 7,5 DA/litre de lait crû réceptionné et selon le taux d’intégration ou de son incorporation dans le lait
industriel. Enfin, pour inciter à l’amélioration de la qualité du lait livré, le prix payé au producteur est bonifié
de 0,50 DA par gramme de matière grasse, appliquée selon un seuil de 34 grammes par litre. Enfin, le prix
minimum garanti d’un litre de lait crû et vendu à une laiterie agréée a été fixé de 30 à 32 DA/litre par le
Comité Interprofessionnel du Lait (C.I.L) en 2009 et appliqué en 2010. Durant ces trois dernières années, en
Algérie, la production de lait de vache est estimée, en moyenne, à 2,2 milliards de litres. Les quantités
collectées par les unités de transformation ne représentent que 30% de la production potentielle. Le reste
de la production est consommé localement ou laissé aux veaux.
Données sur la filière lait (MADR 2013)  :
 Production de lait crû estimée: 3,5 milliards de litres (toutes espècesconfondues)
 Besoins: 5,5 milliards de litres/an équivalents lait
 Déficit: 2 milliards de litres
 Taux de collecte: 26 % (900 millions de litres)
 Consommation atteinte: 145 l/hab./an (OMS: 90 l/hab./an)
L’accroissement des effectifs et de la production est le résultat d’une multitude de facteurs: le programme
étatique de développement de la filière lait, les primes publiques incitatives à la production, à la collecte et
à la transformation du lait crû.
.3. Evolution de la filière lait en Algérie:
.3.1. Vue générale de la filière laitière: des évolutions contrastées
De nombreuses questions se posent en Algérie sur la définition d'une politique permettant le développement
du secteur agricole. Avec plus de 20% de la population active engagée dans la production agricole, le
secteur agricole reste important. L'augmentation de la production de lait peut résulter soit de l'augmentation
des effectifs, soit de l'augmentation des rendements. De nombreuses études montrent que les rendements
sont faibles et que l'augmentation observée résulte principalement de l'extension des effectifs. Les
différents chiffres de la figure34, montrent, néanmoins, une forte augmentation de la production laitière
nationale. Toutefois, cette production se caractérise par une productivité insuffisante du cheptel entrainée
par plusieurs facteurs. Les études réalisées dans ce domaine imputent le plus souvent l’insuffisance de la
production laitière auxpratiques d’élevage. La non intégration de la filière laitière permet d’expliquer
pourquoi le secteur d’élevage ne met pas en en œuvre des méthodes industrielles de production et de
gestion, semblable aux économies agroalimentaires efficaces, comme la signalé Malassis (1968). En effet,
au cours des 43 dernières années (1970-2013), l’Algérie a accru sa production laitière de manière
significative soit de 200% grâce, notamment, aux efforts substantiels concédés pour l’importation des races
améliorées, et les programmes des politiques qui ont contribué au développement du secteur laitier.
L’effectif du cheptel s’élève en 2013 à près de 1.909.455 têtes bovines. Par ailleurs, on dénombre 1.100.000
exploitations qui pratiquent ce type d’élevage. Ainsi, la production laitière a progressé de 108 % entre 2000
et 2013 pour s’établir en 2013 à 2,5 milliards de litre. Le rendement dans la filière lait a progressé de 29%
entre 2000 et 2013. Au cours de l’année 2013, il a atteint 24.455 Hg/An.

46
Sur le plan territorial, la production de lait est concentré dans la willaya de Sétif (7,9% de total national en
2012), suivie de la wilaya de Sidi Bel Abbes (5,9%) de la wilaya de Skikda (3,9%), Média (3,4%), Tizi-
Ouzou (3,4%), Mila (3,2%), Mostaganem (3,15%), en fin, Souk-Ahras et Constantine avec (3,1%) chacun.
Ces neuf wilayas réunissent presque 38,17% de la production Algérienne.
.3.2.État des lieux des principaux résultats de la filière lait réalisés au niveau national. Dans son ensemble,
la filière lait et produits laitiers, en Algérie, ont connu une croissance continue. Le dynamisme que connaît
la filière a permis l’augmentation de la production de lait crû. Comme on peut le constater à travers la figure
suivante, les quantités produites et collectées suivent une courbe ascendante. Après le ralentissement entre
1990-1998, la production laitière est passée de 1,5 Milliards de litres en 2000 à plus de 2,5 Milliards de
litres en 2013.La collecte ne représente que 20% des quantités produites soit 700 millions de litres en
moyenne.

Evolution de la production nationale laitière et de la collecte 1990-2013 (FAO, 2015)

Par différentes incitations, la filière connaît aussi l’émergence de nouveaux acteurs appartenant aux
différents maillons de la filière, notamment, le nombre d’éleveurs intégrés au programme laitier de 2008, le
nombre de collecteur, le nombre de laiterie collectant du lait crû et les quantités de lait crû collectées. À
titre d’illustration, plus de 33.600 éleveurs intégrés dans le programme de l’Etat pour l’année 2013 contre
13726, le nombre d’adhérents estimé en 2009. Les éleveurs de bovins laitiers disposent, au cours de
l'année 2013, un effectif d’animaux dans le dispositif de 233.471 bovins. Alors que le niveau de la collecte
est passé de moins de 200 millions de litres en 2009 à plus de 900 millions/an de litres en 2013. Pour ce qui
est du nombre de laiterie collectant du lait crû est passé de 88 en 2009 à 167 en 2013. Le nombre de
collecteur de lait crû au profit des unités de transformation a, aussi, augmenté, puisqu’il est passé de 659
en 2009 à 1424 en 2013.
Evolution du programme de la filière lait en Algérie  :

Le secteur laitier est marqué, durant ces dernières années, par deux types d’évolution. D’une part, la
substitution de lait crû à l’importation de la poudre et le développement d’un tissu d’industries évoluant dans
le reconditionnement et la transformation du lait en poudre. D’autre part, différentes zones agro-écologiques
peuvent être jugées dynamiques de développement de la production laitière locale, selon les données du
MADR. D’un point de vue générale, on observe deux points importants sur la configuration de l’industrie
laitière nationale. Eneffet, après avoir été le monopole de l’Etat, 67% des laiteries produisent du lait en
sachet conditionné. Parallèlement, le nombre de laiteries fonctionnant avec le lait le local représente 21%.
47
En outre, en 2013, un taux de 65% du lait collecté est intégré dans la production des différentes unités
industrielle.
Configuration de l’industrie laitière Utilisation du lait collecté en 2013

Certaines régions d'Algérie ont connu un développement global relativement important dans le domaine de
la production laitière. Elles sont qualifiées de «bassin laitier», comme Sétif, Tizi-Ouzou, Soukhras, Sidi bel
abbés, Constantine, Tlemcen, Mila, Batna, Bordj-Bou-Arreridj, Boumerdès, Bejaia, M‟sila, Alger et Mascara.
En matière de répartition du cheptel, la wilaya de Sétif concentre 31.566 vaches laitières, suivi de Tizi-
Ouzou avec 23.598. Comme déjà souligné, les deux wilayas, Sétif et Tizi-Ouzou sont considérées comme
zone d’élevage bovin laitier. Elles comptent, 1.137 et 126 collecteurs respectivement. Néanmoins, elles sont
devancées par la wilaya de Tlemcen. Les données récapitulatives représentées ci-dessous concernant les
effectifs de vaches laitières/wilaya, le nombre d’éleveurs par wilaya et le nombre de collecteurs par wilaya.
Effectif de vaches laitières par wilaya

En 2013, 10 laiteries participant à la collecte de lait crû d’une manière active sont recensées. Les deux
grandes entreprises, SARL Laiterie Soummam et Danone Djurdjura Algérie, représentent à eux deux, plus
de 188 millions de litres de lait de vache collectées et transformées, soit 152.236.403 et 35.203.571
respectivement. Le tableau (ci-après), récapitulatif, nous donne les unités identifiées dans la collecte de lait
crû. L’approvisionnement de toutes ces unités est assuré par des systèmes de collecte mise en place pour
une sécurisation de leurs approvisionnements. En lien avec les programmes d’appui au développement de la
production laitière, ces deux entreprises appuient les éleveurs pour accroître le volume de production et
améliorer les pratiques et les efforts de concertation entre éleveurs et collecteurs.
Laiteries leaders dans la collecte  :

4. Le développement laitier: logiques et fragilités.

48
Le mode d’accès à la nourriture est la notion clé (11), pour les pays du sud et l’Algérie en particulier dans
un contexte de libéralisation et de crise économique, celui-ci se posant en termes de «sécurité
alimentaire»(12). Pour ce faire, des efforts ont été déployés en Algérie pour augmenter le niveau des
productions agricoles, notamment, le lait. Cependant la pression croissante de la dynamique démographique
et les activités humaines sur les ressources naturelles agricoles (foncier limité à 3% du territoire et eau
avec une dotation de moins de 1000 m3 par hab/an) est durablement installée (Ait-Amara, 2007). Surtout,
l’histoire de la crise alimentaire de 2007-2008 (13) et les images des émeutes de la faim révélé à travers les
médias, nous rappellent que l’alimentation est un vecteur de paix dans chaque pays. Elle ne peut se limiter
à une simple augmentation de la production agricole; elle s’inscrit au cœur des enjeux régaliens des
gouvernements et des Etats. La consommation alimentaire, un moyen d’expression, est aussi un phénomène
à facettes multiples, focalisant des dimensions socioculturelles diverses, dynamiques et complexes.
(11) Devoir se nourrir est la plus ancienne et la plus vitale des contraintes pour l’homme.
(12) « La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps ont économiquement,
socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sure et nutritive qui satisfait leurs besoins
nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une activité active et saine »,
selon la définition de la FAO (déclaration à Rome en 1996 de 185 pays et la CEE). Le concept de sécurité
alimentaire a beaucoup évolué au cours des années. Lorsque le nombre de pays exportateurs nets était
beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui, la sécurité alimentaire était associée à la protection des agriculteurs
nationaux et donc au protectionnisme. Maintenant que le nombre de pays importateurs nets est plus élevé,
la disponibilité et l'accès jouent un rôle capital, notamment dans un contexte d'augmentation des prix
alimentaires.
(13) La crise des matières premières survenues pour les matières premières laitières en 2007 et pour les
céréales en 2008 .
En croissance depuis le début des années 2000, la production laitière algérienne constitue un support à
l’approvisionnement des unités de transformations laitières privées à destination quant à elle du marché
intérieur.
4.1. Développement accéléré et transformation économique du secteur laitier. Jusque dans les années 1970,
la production laitière était une production, pour sa plus grande partie, dirigée vers l’autoconsommation. Elle
est issue d’une agriculture familiale longtemps marginalisée entant que production principale dans les
productions agricoles. Devant la
faiblesse de l’offre locale en lait, des approches technicistes (production ou/et importations -transformation)
ont été utilisées pour accroitre les disponibilités en lait et produits laitiers. L’essentiel de la satisfaction de
la demande nationale en lait découle de la logique de l'industrialisation de la filière laitière. Néanmoins, elle
a fonctionné principalement sur la base de poudre de lait et de matière grasse de lait anhydre importées à
quoi on ajoute de l’eau pour « reconstituer» le lait.
Par les chiffres, la situation a évolué d’une manière significative. De 1962 à 2011, la population a été
multipliée par quatre; la disponibilité alimentaire totale (production nationale et importations) a été
multipliée par huit et la ration alimentaire moyenne en calories a doublé (1758 calories par jour et par
habitant en 1964; 3500 en 2011) (MADR, 2014). Dans la ration alimentaire, le lait apporte une part
significative de protéines d’origine animale, loin devant la viande et les œufs. La consommation connait un
développement soutenu grâce à une politique de prix à la consommation administré (10,5 DA le litre en 1995
et 25 DA le litre depuis 2000 jusqu’à nos jours). L’Algérie se classe comme deuxième importateur mondial
de lait en poudre. La déconnection entre l’agriculture et l’industrie a été longuement et diversement
analysée (Amellal 1996 et Bencharif, 2001). On a ainsi évoqué le caractère extensif de l’élevage, le
caractère peu incitatif du prix à la production du lait crû, le rôle de l’Etat ayant favorisé la consommation
par l'importation de poudres de lait en grandes quantités que la production de lait crû, etc. De même,
Chehat (2014); a souligné la confusion entre "croissance" et "développement". Durant les années 1970, la
filière lait crû ne trouvait pas de réseau de collecte efficace. Elle a été marquée par une insuffisance des
infrastructures de stockage frigorifique, estimées à 1,7 million de mètres cubes alors qu’une capacité de 5
millions de mètres cubes de capacité étaient nécessaires. L’industrie laitière reste, longtemps, basée sur la
transformation du lait en poudre importé largement tributaire des prix mondiaux. La filière se caractérise par
ses faibles relations entre l’industrie laitière et les producteurs de lait crû. Le cheminement suivi dans la
création de l’industrie laitière publique en Algérie (14) était celle d’une politique d’intensification et de
développement industriel dont le processus de croissance a eu pour origine l’évolution de la demande
intérieure. Les capacités de production industrielle de lait et produits laitiers sont passées de 24 millions de
litres en 1963 à 1,3 milliard de litres équivalent-lait en 1994 (Amellal. R, 1995). Les réformes structurelles
du secteur laitier a donné lieu et d’une manière particulière à partir de 1998 d’une mise en place d’une
structure organisationnelle pour le fonctionnement de la filière laitière.
L’accroissement de la production laitière est le principal objectif fixé par les politiques publiques dans le
contexte de la production laitière en Algérie, afin de réduire les importations de poudre de lait sans cesse
croissantes. En effet, la production laitière reste encore insuffisante malgré la mise en œuvre de politiques
publiques d’aide à la production et à la collecte du lait (Srairi et al 2013). Certes, ces mesures incitatives
ont participé à l’augmentation du taux de couverture de la demande par la production nationale soit 30% en
2007, 4 % en 2008 et 5 % en 2011 selon les statistiques de 2014 du Ministère de l’agriculture et du
développement rural (MADR). Cependant, l’élevage bovin laitier souffre encore de plusieurs insuffisances.
Ces dernières peuvent être attribuées au manque de maîtrise de la conduite de l’élevage, notamment
l’alimentation du troupeau laitier qui ne s’améliore guère (Houmani 1999 et Issolah 2008) mais aussi à la
maîtrise de la reproduction (Yahimi et al 2013). Cet aspect constitue un objet de recherche dans la mesure
où la problématique posée concerne les dysfonctionnements d’un système d’élevage. En ce sens, la
49
production de fourrages réservée à l’élevage bovin laitier est limitée par les superficies exploitées à cet
effet selon le Recensement Général de l’Agriculture (RGA) en 2001 et Issolah (2008). De plus, les
rendements dans la production fourragère sont aussi loin des normes (Belkheir et al 2011). ◙ SI TAYEB
Hacemi (2015)
(14) De 1962 à 1991, en situation de monopole d’importation, le secteur public agroalimentaire algérien était
prépondérant (60% des travailleurs salariés et 60% du produit intérieur brut hors hydrocarbure en 1980).
MAÏS.- Culture ancienne en Algérie, le mais permettrait de couvrir une partie des besoins qui étaient alors
peu importants. Avec le développement de l'aviculture intensive, l'Algérie à l'instar de nombreux pays en
voie de développement, était devenue importatrice de maïs. Les tentatives de dynamisation de la culture du
maïs n'ont pas abouti. Face à des besoins croissants, on se propose à nouveau de relancer la culture du
maïs grâce à l'extension des surfaces irrigables. Les résultats ont été faibles malgré les efforts consentis.
Les importations en mais dépassaient le million de tonnes et triplaient en 2010 avec une satisfaction
partielle des besoins de l'ordre de 20% pour une surface réservée au mais de près de 117.000 ha en grande
partie en zones côtières. L'Algérie a des besoins importants en aliments pour la volaille et ceux-ci font appel
au maïs. Les importations iront augmentant de façon spectaculaire alors que la production locale reste
dérisoire. Vu ses faibles ressources en surfaces irrigables, l'Algérie a du mal à développer la culture du
maïs. Les tentatives de culture en sec se sont soldées par des échecs et on lie dorénavant la reprise de
cette culture à l'augmentation prévue des disponibilités en eau d'irrigation. Chaque zone pose des
problèmes particuliers et le plus aigu est certainement la compétition, pour ces surfaces plus rentables
spécialement le maraîchage. Il avait été cependant convenu, de tenter une diversification en utilisant
d'autres céréales d'été comme le "sorgho" qui, dans certaines zones, auraient pu être une alternative
satisfaisante au maïs, mais aussi des produits de substitution (manioc) qui sont de plus en plus utilisés de
nos jours. Matière première largement utilisée dans la production d’aliment de bétail et de volaille, le maïs a occupé une part
importante dans la structure des importations céréalières de l’Algérie. A partir de 2014, cette matière stratégique sera produite
au niveau local, d’après les ingénieurs de l’ITGC (institut national des grandes cultures). Cette expérience avait été menée
l’année antérieure dans les régions du sud et les résultats obtenus avaient été encourageants. Parmi les régions ayant un fort
potentiel pour la production du maïs, citons Naâma, Biskra, Ouargla et Ghardaïa avec des rendements estimés entre 80 et 100
quintaux/ha ; il est connu que le maïs est très demandeur en eau, avec une consommation moyenne de 6.000 m3/ha, et que les
disponibilités en ressources hydriques dans les régions du sud sont suffisantes pour développer la culture du maïs. Avec les
subventions que prévoit l’Etat pour le développement de la production intensive du maïs au niveau national, Il est fait appel aux
agriculteurs qui ont tout à gagner à s’investir dans ce créneau lequel peut être largement rentabilisé parce que l’Etat garantit un
prix d’acquisition de même niveau que le blé dur, à savoir 4500 DA/quintal. En première phase, la surface à cultiver atteindrait
les 100.000 hectares pour une production attendue entre 8 et 10 millions de quintaux de maïs. A moyen terme, cette superficie
serait élargie afin de contribuer activement à la réduction de la facture des importations. Annuellement, les céréales destinées à
l’alimentation animale, principalement le maïs, représentaient plus de 30% de la facture alimentaire. 
PALMIER DATTIER .- La production de dattes atteignait, la saison 1996/97, 360.000 tonnes pour une
superficie de 96.500 ha. Le nombre de palmiers dattiers recensés* d’alors sur l'ensemble du territoire
national était de 11 millions d'unités dont 2 millions nouvellement plantés sur une superficie de 22.000 ha
dans le cadre du programme d'accès à la propriété foncière. La faible rentabilité de 30 kg par palmier-
dattier, soit près de la moitié minimum requis pour ce genre de culture, nécessitait une intervention partielle
ou globale de l'Etat pour relancer et développer la phoeniciculture. Le fonds national pour le développement
agricole a eu à consacrer ainsi des subventions de 40 à 100% pour réhabiliter et relancer cette source de
richesse, qui s'est détériorée les années suivantes, en raison de plusieurs problèmes, dont notamment le
grand nombre de palmiers dattiers devenus improductifs ou atteints par la limite d'âge, le manque
d'irrigation et drainage et la prolifération des parasites. Ce soutien avait eu pour objectif essentiel de
réhabiliter en premier lieu la phoeniciculture et d'élargir les surfaces cultivées à travers de nouveaux plants.
La réhabilitation de ce secteur devait passer par la restauration des réseaux d'irrigation et de drainage en
place, la réalisation de nouvelles conduites d'irrigation, l'arrachage des palmiers improductifs et atteints de
la maladie du "bayoudh" et leur remplacement par de jeunes plants, outre la réalisation de bassins
d'irrigation. Le fonds national pour le développement agricole prendra en charge 60% des coûts de
réalisation des conduites d'irrigation, outre les accessoires nécessaires au niveau des exploitations. Il
financera l'approvisionnement en conduites principales à hauteur de 40%. L'agriculteur bénéficiaire de
l'aide aura à supporter une partie de ces coûts et la totalité des coûts d'installation de ces conduites. Les
coûts de réalisation du réseau de drainage des eaux sont pris en charge par le même fonds à hauteur de
80% et le reste devant être assuré par le bénéficiaire. Pour la restauration du réseau du drainage des eaux
en place, les coûts devaient être répartis équitablement entre le fonds et le bénéficiaire. S'agissant de
l'arrachage des palmiers improductifs et leur remplacement par de jeunes plants, le fonds national pour le
développement agricole devait garantir 60% du coût global. La subvention du fonds pour la réalisation de
bassins d'irrigation était estimée à 40% du coût global du bassin. En ce qui concerne l'arrachage des
palmiers atteints de la maladie du bayoudh, le fonds devait couvrir 100% du coût global de l'opération après
s'être assuré de l'arrachage et l'incinération obligatoires. Pour l'élargissement des surfaces cultivées en vue
d'augmenter les capacités de production, le fonds devra prendre en charge les forages destinés aux jeunes
plants et la fourniture de plants, tandis que le bénéficiaire aura eu à supporter les opérations relatives à la
préparation du sol, la plantation, la fertilisation et l'entretien. Dans le souci d'une meilleure utilisation des
ressources hydriques, l'emploi des équipements est encouragé pour permettre une économie d'eau. Ainsi le
fonds financera 60% du coût global de l'équipement d'installation et 40% du coût du bassin et le soutien
devait également englober le traitement des plants. Le suivi et le contrôle de la mise en oeuvre du
programme de soutien devait être assuré par les directeurs des services agricoles par la mise au point d'un
système d'organisation adéquat pour s'assurer de l'identité des agriculteurs à bénéficier de la subvention.

50
♦ Le nombre de palmiers estimé en 2015 est à plus de 18,6 millions d’unités et une production de dattes, toutes variétés
confondues, de près de 990.000 tonnes
► Contraintes de la culture du palmier ♦ La sécheresse : les besoins annuels d'un palmier en eau dépendent de la nature
des sols, de la saison et de l’âge. Selon Haddouch (1998), la sécheresse prolongée durant les années 80 au Maroc a entraîné le
dessèchement partiel de plus de 500.000 palmiers et le niveau de production a varié entre 12.000 tonnes en année
extrêmement sèche (1984) et 120.000 tonnes en année particulièrement humide (1990).
♦ La salinité : le palmier dattier présente une tolérance à la salinité de l’eau et du sol, mais, pour des taux élevés de salinité, la
production dattière serait médiocre. La salinité élevée des eaux d'irrigation (15g/l) affecte surtout la vitesse de croissance et
le poids du fruit (Girard, 1961). Le palmier dattier peut tolérer des sols salés jusqu'à un taux de 6% de sels solubles
d’après Arar(1975). D’autres contraintes sont liées à la commercialisation, au stockage/conservation et à la transformation.
(Dakhia et al, 2013). Les maladies cryptogamiques et parasitaires, dont le bayoud, la cochenille blanche, la maladie du
dessèchement apical des palmes, cette dernière observée dans les palmeraies du Djérid  (Takrouni et al, 1988) et la maladie
des feuilles cassantes (MFC) qui a été observée pour la première fois en 1985 dans la corbeille de Nefta (Takrouni et al, 1988)
sont des contraintes biotiques. Il existe aussi d’autres contraintes Bouguedoura et al, (2008) liées à :
1. la perte des savoirs locaux relatifs à la maitrise des techniques culturales et de la  conduite du palmier dattier : entretien,
pollinisation, récolte, etc.
2. l’érosion génétique observée causant la disparition de certains cultivars avant même d’être inventoriés. 
3. la pression démographique liée à l’urbanisation : la population de la zone saharienne a quadruplé entre 1956 et 1999 (5 000
000).
4. la désertification et l’ensablement de plus en plus importants.
5. le vieillissement de beaucoup de palmeraies, près de 30% des palmiers ont dépassé  l’âge de production et affichent des
rendements égaux ou inférieurs à 15 kg/arbre  (Chelli, 1996).

POMME DE TERRE.- Produit de très large consommation, elle n'est plus actuellement à la portée de toutes
les bourses. Sur les marchés, le tubercule était vendu de 20 à 35 DA le Kg en 1999-2000, et la production
d'arrière-saison arrivait à être nettement insuffisante. En occupant autrefois 30% des surfaces maraîchères,
90.000 ha, la pomme de terre demeurait (les légumes secs, produits de substitution étant inabordables), un
produit stratégique dans notre alimentation quotidienne. Les pouvoirs publics avaient initié un vaste
programme de développement de la filière pomme de terre. Piloté par le fonds national de développement
agricole, ce programme incitatif accordait aux producteurs un soutien partiel de 50% destiné à l'achat des
équipements d'irrigation à la parcelle à raison de 150.000 dinars le kit de 24 asperseurs avec leur
tuyauterie. Et comme cette culture n'est pas pratiquée en irrigué, ces mesures vont permettre aux
agriculteurs d'introduire l'irrigation d'appoint. Le programme mis en oeuvre visait également la
modernisation de cette activité par l'acquisition de matériel spécialisé (fraise rotative et fraise butteuse)
indispensable à l'intensification de la culture de pomme de terre.
Les expériences du passé n'ayant pas donné les résultats escomptés, les décideurs ont, cette fois-ci, opté
pour l'achat de matériel lourd et cher, opté pour le soutien aux coopératives et groupements en favorisant
l'utilisation en commun de ces équipements lourds. Le FNDA accordait un soutien partiel de 50% à titre
collectif et 20% à titre individuel, qui pouvait être plafonné en individuel à 48 millions de centimes pour les
agriculteurs disposant d'une parcelle cultivée de pommes de terre égale ou supérieure à 20 ha. L'esprit
collectif bénéficiait d'une plus grande attention puisque le soutien pouvait être plafonné jusqu'à 120 millions
de centimes pour les coopératives, associations ou groupements qui exploitaient une superficie de 100 ha.
Mais comme les structures de froid n'avaient pas pris d'ampleur dans le pays, les pouvoirs publics,
notamment pour la pomme de terre de semence, accorderont une prime de 0,75 dinar par kilogramme et par
mois pour une durée ne dépassant pas six mois avec un soutien financier plafonné à 4,5 dinars le
kilogramme. C'est là une aide qui a touché directement tous ceux qui ont déjà lancé un programme de
production, de collecte, de stockage, de conditionnement de semences de pomme de terre et qui sont
propriétaires ou locataires d'une infrastructure de stockage de froid . Après avoir largement satisfait les besoins du
marché local, la filière de la pomme de terre offre, désormais, des opportunités aux opérateurs pour se lancer dans l'industrie de
transformation et gagner des marchés à l'exportation. Avec une production moyenne annuelle de 4,5 millions de tonnes, l'Algérie
commence à devenir un véritable gros producteur de pommes de terre.C'est pourquoi les pouvoirs publics incitent les
opérateurs à investir dans la valorisation des excédents de pomme de terre, sachant que la récolte est appelée à augmenter
davantage, vues les potentialités en terme de superficie et de rendement par hectare.Les prévisions du secteur tablent sur une
augmentation de la production de cette tubercule de près de 2 millions de tonnes d'ici à 2019. L'industrie de transformation de la
pomme de terre est à un niveau embryonnaire. Mais les perspectives sont importantes du fait de l'augmentation de la
production, de l'importance du marché et des nouvelles orientations pour la diversification de l'économie nationale. Avoir trois
récoltes de pomme de terre dans l'année est un avantage important pour l'Algérie et les industriels doivent pouvoir en tirer profit.
L'autre avantage de la transformation est qu'elle est susceptible de réguler une partie du marché pour éviter les fluctuations de
prix et les pertes de rendement. En outre, La hausse de la production de pomme de terre a dévoilé un grand déficit en chaîne
logistique notamment pour le stockage et le conditionnement, des activités incontournables pour structurer l'offre et s'inscrire
dans l'exportation.
Au plan commercialisation, la spéculation, annuellement, fait grimper les prix de la pomme de terre atteignant les 120 DA/kg sur
certains marchés en 2017. Un réseau de spéculateurs fut neutralisé grâce à une opération au terme de laquelle quelques
21.000 tonnes de pomme de terre furent saisies à Ain Defla. Ces spéculateurs faisaient dans la rétention, grâce à leur monopole
et étaient à l’origine de cette flambée des prix. Au mois de novembre suivant, malgré le début de déstockage d'un volume
total de 5.200 tonnes de pomme de terre à partir des chambres froides, le prix de ce tubercule sur les marchés de la wilaya
voisine de Chlef, n'a cessé au contraire d'augmenter pour atteindre les 75 DA/kg. Pour stabiliser le prix de la pomme de terre à
un seuil raisonnable et supportable pour les ménages à revenus modestes (entre 35 et 45 DA/kg), les pouvoirs publics font
écouler sur le marché des quantités de ce produit, pendant un court intervalle; un premier volume de 1.113 tonnes de pomme de
terre déstocké au cours d'octobre, puis un second de 1.010 tonnes en début de novembre.et la mise sur le marché de plus

51
2.200 tonnes le mois suivant. Mais apparemment cette quantité de pomme de terre non négligeable mise sur le marché n'a pas
eu d’incidence sur les cours, bien que cette tendance haussière se manifeste régulièrement de courte durée. □

SUCRE.- L'Algérie ne produit pas un seul gramme de matière première servant à la production sucrière ; il n'y a ni champs de
betterave sucrière, ni exploitations de canne à sucre, et nul travailleur algérien n'est impliqué, donc, dans la culture et la récolte
de ces deux végétaux d'où est extrait le sucre. Pas un hectare de l'un quelconque de ces végétaux n'est planté à travers le
territoire national. Il fut, certes, dans l'histoire, maintenant lointaine, de notre pays, des époques où notre pays produisait du
sucre de canne, puis du sucre de betterave, respectivement au sud et au nord. Cette époque est révolue depuis d'innombrables
décennies. Et on ne fait pas de l'économie avec des productions qui ont disparu du pays. Le sucre en Algérie ne constitue, donc,
pas une filière indépendante et complète de production nationale, ayant sa place dans la génération de richesses nationales et
la création d'emplois, donc distributrice de revenus, à une large couche de travailleurs, commençant dans les champs de la
betterave ou de la canne à sucre, et remontant jusqu'au raffinage du produit final qui serait mis en vente, tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur du pays, et permettant la conversion d'une partie des dinars payés aux salariés de la filière, en bonnes et fortes
devises convertibles. L'industrie sucrière est donc une industrie financée par la rente pétrolière Le raffinage est la seule partie
de l'industrie sucrière qui existe en Algérie, et qui, apparemment est florissante ; il attire beaucoup de convoitises, car le
bénéfice brut par tonne raffinée va de 30 à 50% en moyenne, du coût de la matière première importée, en plus, le chiffre
d'affaires est, entièrement, payé en devises. Le produit semi-fini est importé et obtenu contre devises. L'existence de ce
processus final, entièrement, automatisé n'a pu voir le jour et ne se maintenir que grâce à son financement par les pétro-dollars.
Au vu des investissements, des volumes de matière première traités, comme du chiffre d'affaire engendré par cette activité, le
nombre de postes de travail est ridiculement bas. On se trouve à créer et à entretenir des postes d'emplois (100 emplois
permanents au maximum pour une unité de 300.000 tonnes/an coûtant 180.000.000 de dollars, soit un investissement en
devises de 1.800.000 dollars par poste de travail permanent, et environ 90 millions de dollars par an de matière première, mais
fluctuant selon le prix mondial du sucre roux, soit 900.000 dollars par travailleur !) à coups de devises tirées des réserves de
changes officielles, pour des bénéfices qui ne peuvent être générés que tant que les devises pour les payer existent, c'est-à-dire
tant que les réserves de changes approvisionnées par les ventes d'hydrocarbures sont disponibles. Ni création massive
d'emplois, ni transfert valide de Technologie dans l'industrie du raffinage du sucre. La rationalité économique de ces unités est
impossible à justifier, tant le coût de leur fonctionnement continu, payé exclusivement en devises, est élevé, la création de main-
d'œuvre permanente, peu ou non qualifiée, est faible, et le transfert de technologie est tout simplement nul. Au vu de ces
constatations, comme le commerce du sucre est régi, à l'échelle internationale, par des règles de marché tellement bien huilées,
il est, nettement, moins coûteux, et autrement plus transparent, pour le pays de l'importer semi-raffiné, de le raffiner, sous
contrôle fiscal public direct, et de l'ensacher pour la distribution, au consommateur final à l'intérieur du pays, et suivant les
quantités consommables en moyenne par tête d'habitant, tenant compte de la constitution de stocks de sécurité, correspondant
au rythme de consommation et des fluctuations saisonnières de cette consommation, que de construire et de faire fonctionner
des unités de raffinage final dont le produit serait réexporté pour des motifs de spéculation boursière, et donc non consommé sur
place, et les gros profits tirés grâce aux exonérations fiscales de tout type, consenties aux investisseurs, et aux subventions,
visibles et invisibles, portant sur les salaires comme sur l'énergie utilisée, entièrement privatisés au profit de ces investisseurs, et
en devises. La façon dont l'activité fonctionne, actuellement, se fait exclusivement au profit de ces investisseurs, alors que les
coûts de production,-subvention de soutien, fiscalité directe et indirecte, main- d'œuvre, énergie et carburant, sont en grande
partie supportés, directement ou indirectement, par le budget de l'Etat. Donc l'Etat subventionne les bénéfices de ces
«milliardaires,» ce qui est le comble de l'absurdité économique. Une industrie sucrière parasitaire, économiquement marginale
et financièrement nuisible parce que canal de fuite massive de capitaux. On en arrive logiquement à la conviction irrémédiable
que cette industrie, qui n'a rien d'algérien, si ce n'est qu'elle est payée par des devises en provenance de l'exportation
d'hydrocarbures algériens, qui fournit un nombre ridiculement bas d'emplois, a une contribution marginale aux grands équilibres
économiques algériens, à un impact technologique nul, et n'a d'autre but que de justifier une fuite massive de capitaux, légale et
officialisée, au profit de quelques «nababs cachés» du système de gouvernance. □ BENACHENHOU Mourad (2017)

THON.- Les ressources halieutiques des grands migrateurs et notamment le thon rouge n'ont fait l'objet
d'aucune stratégie d'exploitation, et ce, en dépit de l'importance de la ressource disponible dans l'ensemble
du bassin méditerranéen et notamment au large des côtes algériennes. En effet, il s'agit d'espèces en
perpétuel mouvement dans les eaux du globe (mers et océans), et qui sont considérées comme patrimoine
international dont la gestion doit se faire de manière consensuelle. Parmi ces espèces on retrouve le thon
rouge (thynnus thunnus) ou "blue fins tuna", de très haute valeur marchande, prisé au niveau du marché
asiatique (japonais surtout), avec une préférence pour le thon de Méditerranée qui est réputé pour sa
texture (riche en graisses). Ainsi, l'Algérie est l'unique pays à n'avoir jamais prélevé les quotas qui lui
revenaient, du fait que l'exploitation de ces ressources nécessite des moyens matériels importants faisant
ainsi appel à une technologie spécialisée avec des équipages qualifiés, ce qui fait défaut en Algérie. En
outre, la législation algérienne régissant les activités du secteur interdisait l'intervention des navires de
pêche étrangers pour l'exercice de la pêche commerciale dans les eaux territoriales. De ce fait, l'Algérie a
été privée de tout avantage de quelque nature que ce soit (produits, finances, techniques,...) qu'aurait dû
générer l'exploitation de cette ressource. Les retombées de la situation sécuritaire et de la baisse du baril
de pétrole ont obligé les autorités algériennes à puiser dans les revenus de produits hors hydrocarbures.
C'est ainsi que l'article 11 du décret 94/13 permet désormais à l'Algérie de tirer profit de cette ressource à
très haute valeur ajoutée en autorisant l'intervention, sous certaines conditions règlementaires, des navires
battant pavillon étranger, spécialisés dans la capture de cette ressource. Ce n'est qu'en 1996 et 1997 que
les pouvoirs publics ont accordé l'autorisation à 34 navires thoniers battant pavillon japonais d'exploiter
1950 tonnes rapportant l'équivalent de 5 millions de dollars. En vertu des clauses de contrat avec les
sociétés japonaises ABC Atlantis Bunker Co. Inc. et Atextuna Atlantic Tuna Express Inc. ont embarqué 68
marins et 42 contrôleurs algériens pour leur formation et perfectionnement aux nouvelles techniques de la
pêche thonière. L'Algérie qui a le privilège de pouvoir exploiter les ressources thonières au cours de leur
période de migration doit en contrepartie assurer les responsabilités de gestion de cette ressource qui peut,
sous réserve de la réalisation des investissements adéquats, contribuer de manière substantielle à
52
l'amélioration de la production halieutique nationale. En effet, la constitution d'une flotte thonière pourrait à
moyen terme optimiser le rendement du potentiel des thonidés disponibles dans les eaux sous juridiction
nationale et permettre d'envisager la mise en place progressive des équipements et infrastructures de
transformation et de conditionnement nécessaires à la valorisation de cette ressource. Ainsi, le potentiel
d’exploitation et les possibilités d'écoulement sur le marché international d'un produit à haute valeur
marchande constituent de sérieuses garanties quant à l'impact économique et social de la mise en valeur de
cette filière. Dans ce cadre, la convention internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique et
des mers adjacentes représente sur le plan international un organe de gestion des ressources thonières
(ICCAT). Il peut paraître inopportun que l'Algérie soit restée à l'écart d'un cadre de concertation et de
coopération qui aurait pu être avantageusement exploité par une contribution effective au processus de
prise de décision dans un domaine aussi vital pour l'économie des pêches. Au-delà de son adhésion à la
convention sur les thonidés, il s'agira pour l'Algérie grâce à sa présence au sein de la commission ICCAT de
se donner les moyens lui permettant d'exercer un contrôle approprié de l'application des mécanismes de
gestion et des règles d'exploitation prévues par la convention, pour en proposer le cas échéant toute
recommandation visant à améliorer l'efficacité. Il s'agira également pour l'Algérie, jusque-là en retrait par
rapport au cadre d'exercice du pouvoir décisionnel dans le domaine de la pêche, de saisir cette opportunité
pour s'affirmer davantage dans le concert des nations maritimes intéressées par l'exploitation des espèces
migratrices (thon, bonites, espadons) qui constituent une denrée de choix tant au plan alimentaire
qu'économique .
□ L'Algérie a obtenu récemment l'accord de la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique
(CICTA), pour la mise en place de 3 fermes d'engraissement du thon sur le territoire national. Le secteur de la Pêche a entamé
officiellement les études de faisabilité en vue de lancer cette activité, a indiqué un responsable au ministère de l'Agriculture, du
développement rural et de la pêche. La direction générale de la Pêche a annoncé le début des préparatifs pour le lancement de
cette activité durant la campagne de la pêche du thon rouge, à l'horizon 2018. Après avoir constaté l'émergence d'un grand
marché international en la matière, il a été décidé de se lancer dans ce domaine, ce qui permettra de relever la valeur ajoutée
du produit, après engraissement, à 10 fois plus que le prix initial du thon rouge brut. La direction de la Pêche œuvre
actuellement à encourager les investisseurs à s'engager dans cette activité. Des investisseurs travaillent actuellement à repérer
les sites de pêche capables d'abriter ces fermes, et ce conformément aux exigences de la CICTA sachant que l'investisseur
devrait d'abord s'inscrire en tant qu'éleveur auprès de la commission internationale. Deux investisseurs privés qui remplissent
les conditions matérielles et financières outre l'expérience ont obtenu l'accord de principe pour la réalisation du projet. S'agissant
des régions propices pour abriter ces fermes, toutes les régions du pays sont habilitées pour cette activité mais, ce sont les
études techniques qui détermineront les lieux. Les régions de l'Est sont plus propices à la réalisation de ce projet en raison de la
concentration du thon rouge dans cette zone durant la période de la pêche ouverte par la CICTA du 26 mai au 24 juin de chaque
année, mais aussi pour leur proximité de la zone située entre la Sicile, la Tunisie et la Lybie et qui regorge de cette variété de
poisson. Quant à l'industrie de transformation de cette ressource, le secteur est ouvert à tous les opérateurs économiques
désirant se lancer dans ce domaine. L`Algérie a pêché la totalité de son quota annuel de thon rouge de 2017
alloué par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l`Atlantique (CICTA), soit
1.043 tonnes. Cette réalisation renforce sa position au sein de la CICTA pour pouvoir négocier ses
prochains quotas. Au total, 14 navires thoniers-senneurs battant pavillon national ont participé à cette
campagne de pêche au thon rouge au titre de l'année 2017. Ces navires se sont répartis en deux groupes de
pêche conjointe (9 et 5 navires), sachant que la campagne de pêche au thon rouge a été lancée le 26 mai et
s'est achevée le 24 juin derniers. Pour rappel, le quota de pêche de thon rouge de l`Algérie pour 2017 a été
porté à 1.043 tonnes, alors qu`il avait été fixé initialement à 546 tonnes par la CICTA. En effet, lors de la
réunion de la CICTA tenue en 2014 à Gènes (Italie) au cours de laquelle elle avait défini le plan de
répartition des quotas de pêche par pays jusqu`à 2017, l`Algérie avait bénéficié d`une augmentation
graduelle de son quota qui avait été fixé à 243 tonnes au titre de l`année 2014, à 370 tonnes en 2015, à 460
tonnes en 2016 et à 546 tonnes initialement pour l'année 2017, soit environ 2% du Total admissible de
captures (TAC). En profitant de l`absence de la délégation algérienne à la 17ème réunion annuelle de la
CICTA tenue en 2010, cette organisation avait alors réduit le quota de l`Algérie en le portant à 1% du Tac
contre 5% auparavant. Les 418 tonnes retirées avaient été alors partagées entre quatre pays: Libye,
Turquie, Egypte et Syrie. Victime de la surpêche dans les années 1990-2000 dans le monde, le thon rouge
ou thunnus thynnus a été sauvé par l`établissement, en 2007, de quotas ainsi que de mesures de régulation
draconiennes (réduction des flottilles, contrôle...). Des données de la CICTA montrent que l`Italie est le
principal pays pêcheur de ce poisson avec 45% de prises, suivie du Maroc (14%), de l`Espagne (13%), de la
Grèce (10%) et de la Tunisie (7%).□

TOMATE INDUSTRIELLE .- En 2012 l’Algérie a produit 8.544.695 quintaux de tomate industrielle. Malgré
l’ancrage de la culture de la tomate industrielle en Algérie du point de vue agronomique et industrielle cette
activité en générale demeure confrontée à d’énormes problèmes. Qu’ils soient producteurs ou conserveurs,
ces derniers n’ont toujours pas réussi à faire émerger une structure capable d’organiser la solidarité
professionnelle entre les deux camps. Les conserveurs souffrent depuis quelques années de la concurrence
déloyale pratiquée par des pseudos industriels. En effet ces mêmes pseudos industriels importent
illicitement à partir de la Tunisie via les frontières terrestres quelque 20 mille tonnes par an de tomate en
conserve et cela au détriment bien évidement de la production nationale. Certaines conserveries implantées
à l’Est du pays avaient tiré la sonnette d’alarme à chaque campagne agricole. Le risque d’une crise de la
tomate industrielle en Algérie n’est pas écarté si jamais on ne parvient pas à trouver une solution
convenable pour lutter contre ce fléau. Donc, il est impératif de transformer les risques en opportunités.
L’accumulation des défaillances technico-économiques provoque une réduction des rendements. Le
décalage peut provenir de l’incertitude liée à l’évolution des prix des inputs, comme de la difficulté à pouvoir
mobiliser les fonds financiers indispensables à la campagne agricole. Ce décalage peut engendrer d’autres
contraintes, jusqu’à escamoter certaines étapes de l’itinéraire technico-économique d’une manière générale

53
si certains facteurs climatiques matériels ou financiers peuvent affecter la production. Le problème de fond
demeure le professionnalisme des agriculteurs, car la fonction lui échoit bien sûr, mais elle ne lui est pas
exclusive vers les années 90, la production du concentré de tomate et sa commercialisation ont permis
d’économiser l’équivalent de 70 millions de dollars. Par ailleurs, le trésor public et les collectivités locales
ont bénéficié, sous forme d’impôts et taxes, de près d’un milliard de DA. Pour ne prendre que les 5
dernières années de 1999 à 2003 en moyenne, les montants cumulés sont respectivement de 3,5 millions $.
C’est une filière considérée comme source d’emploi et de revenu, elle permet la création de 20 à 25000
emplois saisonniers dans les exploitations agricoles selon les années, sans compter celles actives dans les
usines de transformation comme dans les autres entités de service et industrielles des autres secteurs
économiques ayant des relations commerciales avec la filière agro-industrielle de la tomate.
♦ Les problèmes que rencontrent les producteurs de la tomate Industrielle  : Les rendements n’ont pas
dépassé depuis les années 70 à 2004 la moyenne de 150 quintaux/ha. Donc, il faut conduire la culture en
extensif (20.000 ha) au lieu de l’intensif surtout sur une zone bien arrosée et qui possède des qualités
pédoclimatiques pour obtenir des rendements avoisinant au minimum 400 quintaux/ha. Cette filière a connu
des hauts et des bas. Il importe de savoir que ce sont les usines qui ont encouragé l’entraînement de la
culture de la tomate industrielle. Simplement ce qu’il faudrait savoir, c’est que chaque système évolue selon
ses propres contradictions. Aujourd’hui ces contradictions doivent mener à prendre des mesures à effets
rapprochés et durables.
Mesures à effets durables  : Tout en conservant les mesures précédentes, il s’agit de faire émerger une
structure permettant d’organiser la solidarité professionnelle entre agriculteurs et aller vers une solidarité
plus large, interprofessionnelle, impliquant d’autres professions liées à la transformation du produit agricole.
Concrètement, il convient de mettre en place une organisation, coopérative ou groupement d’agriculteurs,
dont le but serait le soutien diversifié et continu pour de meilleures performances agricoles. Celle-ci aurait
pour mission :
 la communication (collecte d’informations, diffusion, vulgarisation et publicité ;
 la formation et recherche ;
 le financement.
Ce type d’organisation, structurant par nature, aura des effets durables sur l’augmentation des rendements,
réduisant les coûts de production, donc sur les performances agricoles. Pour cela il faudrait impérativement
transformer les risques en opportunités. Pour l’Algérie, il convient d’améliorer les rendements et avec la
rationalisation de son industrie, le pays pourrait jouer un rôle sur les marchés internationaux.Sont
considérées comme cibles commerciales privilégiés (Libye, Maroc, Afrique, subsaharienne, pour le
concentré de tomate) à terme l’Union Européenne pour les autres dérivés (tomate Bio, séchée, Ketchup,
etc…). Elle devra compter avec un concurrent qui a pris une avance certaine mais qui ne revêt pas autant
d’atouts intrinsèques (la Tunisie). □ Baouche Fatiha (2014)

L A PRODUCTION AGRICOLE

AGRUMICULTURE .- Rétrospectivement, son état d’avant l’an 2000 est avéré des plus affligeants  : La filière
agrumicole s'était dégradée sérieusement depuis plus de deux décennies. Les vergers réservés aux
agrumes évalués à 50.000 ha soit 0,62% de la surface agricole, leur rajeunissement est devenue alors d’une
grande nécessité  : 7% des vergers, soit 3400 ha dépassaient les 50 ans d'âge ; 25000 ha soit 53% des
vergers avaient leurs âges variant entre 31 et 50 ans. 18.129 ha soit 39% du total avaient moins de 30 ans,
et seulement 11% (5119 ha) moins de 10 ans. En outre, le vieillissement des vergers avait une incidence
négative sur la production d'agrumes ; celle-ci ne cessant de régresser de manière inquiétante pour
atteindre les 300.000 tonnes, soit un rendement de 60 quintaux/ha. Comparativement, à cette époque,
l'Espagne avait un rendement de 134 qx/ha et l'Italie 182 qx/ha. En Algérie, une proportion de 20.000 tonnes
fut mise à la disposition des unités de transformation. Revaloriser le secteur de l'agrumiculture, pourvoyeur
d'emplois et source de devises, était plus que souhaitable, au moment, où l'autosuffisance alimentaire est la
priorité des priorités. Grand producteur et exportateur d'agrumes du bassin méditerranéen dans les années
70, l'Algérie était arrivée au point zéro. Cette situation qui perdurait alors depuis plus d'une décennie s’était
illustrée par la mauvaise gestion du secteur en général, et marquée de plusieurs facteurs à savoir le
vieillissement des vergers, la stagnation des surfaces, la dépréciation qualitative et la régression des
rendements, en particulier. Ces années-là, la production algérienne agrumicole avait chuté de 60,24%. Les
effets immédiats de cette chute ont été brutaux avec une déperdition de plusieurs dizaines de milliers
d'hectares et un dépérissement avancé de ceux qui restaient, au demeurant improductifs. Selon les
statistiques de la direction des statistiques agricoles et des enquêtes économiques du ministère de
l'agriculture et de la pêche, la production des agrumes était de 3.337.444 qx pour une superficie totale de
38.810 ha produisant 2.367.240 qx d’orangers, 171.380 qx de mandariniers, 145.380 qx de citronniers,
21.560 qx de pamelos et 631.880 de clémentiniers. Tandis que les pays méditerranéens accentuaient leurs
efforts sur ce secteur porteur, l'Algérie avait effectué un chemin inverse durant deux décennies subissant
une régression constante de sa production, de l'ordre de 2% par an. Loin d'oeuvrer pour une régénération
de ses plantations, l'Algérie s'était limitée à l'exploitation des vergers existants hérités de la période
coloniale. Sa consommation locale annuelle qui, de 30 kg/hbt les années précédentes, chutera à 7 kg/an en
1995, contrairement à celle du Maroc atteignant 24 kg/hbt. Cette situation se répercutera négativement sur
l'industrie de transformation qui était assez active durant les années 70. De nombreuses unités de
conditionnement, réparties à travers des périmètres agrumicoles, ont été contraintes à la fermeture ou à
limiter leur production. D'autres sont transformées en parc auto ou sont abandonnées. Leader de la
transformation et du conditionnement, l’ENAJUC s’est trouvée contrainte à réduire ses capacités de
production, lesquelles chuteront en quelques années de 60.000 t/an à 19.000 t/an. Comparativement, le

54
Maroc dont la transformation des agrumes représentait une importante source en devises parvenait avec
une production annuelle de 147.000 tonnes à exporter à hauteur de 85% vers l'Europe.
Ainsi, de la fin des années 80 jusqu'à 2000, l’agrumiculture algérienne aura connu une régression dont les conséquences auront
été notifiées par un arrêt de son développement, une érosion de son savoir- faire, dûs au délaissement des vergers et au
manque d’investissement. Ce n’est qu’après l’avènement de différents programmes, dés 1999, que l’agrumiculture, au même
titre que d’autres filières, verra le bénéfice d’une relance grâce à des mesures incitatives aussi bien financières, socio
économiques, technico-scientifique qu’organisationnelles.La production nationale entre 2000 et 2005 était de plus de 6,2 millions
de quintaux, dont plus de 5,3 millions étaient issus de la zone de la Mitidja, englobant 4 wilayas du centre du pays. La superficie
consacrée à cette filière durant cette même période était de près de 62 000 ha, dont plus de 26 000 ha concentrés toujours dans
la zone de la Mitidja ; le taux d’accroissement national était de 11,7% entre 2000-2005.  Le programme du renouveau de
l’économie agricole et rural visera alors à l’augmentation et l’amélioration qualitative de la production pour la satisfaction des
besoins de la population et entrevoir l’exportation de ses produits. La culture des agrumes constituera pour le pays un segment
stratégique. Selon les dernières statistiques (Madr, 2011), l’agrumiculture couvre actuellement une superficie totale de : 64 323
ha, soit environ 8 % de la superficie totale occupée par les cultures pérennes .La production totale avoisinera les 1 100.000
tonnes toutes variétés confondues pour un potentiel de 1,5 à 2 millions de tonnes dés l’entrée en production des jeunes vergers
et l’assainissement du vieux verger. Le niveau de rendement moyen national enregistré (2010 / 2011) sera de l’ordre de 172
qx/ha, bien qu’ayant bénéficié d’une évolution régulière (augmentation de 60 qx/ha depuis l’indépendance), demeurant en deçà
des résultats obtenus par certains agrumiculteurs de différentes régions du pays (300 à 400 qx/ha et même plus) à la faveur
d’un itinéraire technique approprié.La surface réservée à cette filière couvre 64 000 ha et les prévisions sont à la hausse avec
84 000 ha ; les raisons d’autrefois de ce recul de la production, était lié à la vieillesse des vergers dont 20 000 avaient plus de 50
ans, l’indisponibilité des ressources hydriques et la persistance d’une agriculture semi-archaïque. La relance de cette filière
permettra tout d’abord de satisfaire la demande locale, la création d’emplois directs, dont 40 000 permanents, et dans une étape
ultérieure la prise en charge de l’exportation. Le programme inscrit au plan quinquennal actuel y inclut l’extension des vergers, le
remplacement de vieilles plantations, le recours aux techniques modernes, la mise en synergie de multiples facteurs, la mise en
place des comités interprofessionnels, l’amélioration de la qualité. La conjoncture mondiale impose; aujourd’hui, l’amélioration
de la production qu’elle soit destinée à la consommation locale ou internationale.

APICULTURE.- Filière aux retombées, économique, environnementale et sanitaire avérées, l’apiculture subit des contraintes
multiples. En dépit de l'augmentation du nombre de colonies d'abeilles d’année en année, la production nationale de miel ne
franchit pas le seuil de 60 000 quintaux en 2015. Les responsables du ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la
pêche ont néanmoins parié, à travers la mise en place du programme de proximité de développement rural intégré (PPDRI), sur
une production nationale de miel qui atteindra « les 96 000 quintaux à l’horizon 2019». Mais rien de cela ne pourra être réalisé
sur le terrain, d’après les apiculteurs. Selon les statiques du ministère de l'Agriculture, le nombre d'apiculteurs activant
aujourd’hui en Algérie, est estimé à 32 000 personnes.L’apiculture a connu un essor considérable depuis l’an 2000 et ce, à
travers la mise en place des mécanismes de soutien du MADRP et aussi à travers les mesures incitatives diverses et le
renforcement des aides octroyées aux apiculteurs. Dans le cadre de la protection et de la valorisation des produits de terroir, les
pouvoirs publics ont mis en place «un programme conséquent pour la promotion, la redynamisation et la professionnalisation de
la filière apicole».Cela s’est traduit, notamment, par la réorganisation de la filière et l’instauration d’un environnement incitatif et
encourageant à l’adresse des professionnels de l’apiculture. Les producteurs de miel à l’échelle nationale affrontent un véritable
défi pour résister face aux contraintes quotidiennes qu’ils rencontrent. Rétrospectivement, l’apiculture a vécue en
Algérie une activité ancestrale : Dans le temps, l’Afrique du nord représentait une « cuve à miel » pour l’empire romain; La
période coloniale a entraîné des dommages importants à l’apiculture suite aux incendies, délaissement ou par destructions
volontaires des ruches. (faisant partie du patrimoine économique et culturel du pays)
►De l’indépendance à 1999 :
Programmes initiés par l’Etat (dans le cadre des Programmes Communaux de Développement et Plans (Quadriennal et
Quinquennaux 1 et 2) donnant lieu à la création de nombreuses coopératives( +20) offrant de multiples services :
♦ Fabrication et fourniture de matériel apicole moderne ;
♦ Extraction de miel et gaufrage de la cire ;
♦ Commercialisation des produits de la ruche ;
♦ Formation et accompagnement des nouveaux apiculteurs .
Mais l’activité apicole est restée une activité secondaire, marginalisée et complémentaire des autres produits agricoles (périodes
de soudure).
► 2000-2008: Plan National de Développement Agricole « PNDA/PNDRA » Passage d’une activité secondaire à une filière
apicole
Résultats enregistrés 2000-2008 :
Accroissement du cheptel apicole : 360.000 en 2000 à prés d’un million de colonies en 2008 (187%)
Production de miel triplée : 10.500 qx en 2000 à 33.000 qx en 2008 ;
Rythme de production d’essaims de l’ordre de 250.000 essaims/an ;
Création de 276 pépinières apicoles, pourvoyeuses d’essaims et de reines; Gamme des miels élargie grâce à la pratique de la
transhumance; Remplacement d’un grand nombre de ruches traditionnelles (sources de contamination de maladies) par des
ruches modernes (25.000 en 2008 contre 95.000 en 2000).
► La stratégie du Renouveau Agricole et Rural de 2008-2014 :
ⱷ Développement durable visant :
ⱷ La sécurité alimentaire par l’utilisation rationnelle des ressources naturelles.
Résultats du Renouveau Agricole et Rural (RAR 2008-2014) :
• Intensification des filières : 227.000 colonies avec matériel d’exploitation
• 8000 unités d’élevage : (PPDRI)
• De 2010 à 2014 :79.000 colonies octroyées sur (FSAEPEA)
• Des dispositifs de soutien attractifsOnt produit en 2014 :
• 1,3 millions de colonies : +30 % entre 2008-2014
• 6000 Tonnes de miel.

55
• Diversification des produits apicoles (Pollen, gelée royale, propolis, cire).
Dans le cadre du PRCHAT: + 40.800 formations en apiculture assurées par différentes institutions (ITELV, ITMAs et CFVA)
Filière apicole : Classée 1èreRésultante : L’apiculture est désormais présente dans tous les espaces (agricoles, montagnes,
forets, zones steppiques et sahariennes) et est garante de cette biodiversité grâce à la pollinisation.
◙ Atouts de la filière apicole  (permettent dans certaines régions du littoral des miellées successives s’étalant sur une
grande partie de l’année) :1) Un climat doux
2) Un Potentiel mellifère important : Forêt: 4.23 million d’hectare (dont maquis et broussaille:1,66 millions ha)
 Prairies naturelles: 25.777 ha
 Plantations fruitières: 898.930 ha dont : - Agrume: 66.017 ha - Espèces à noyaux et/ou pépins :240.356 ha
 Cultures maraîchères: 499.103 ha.
 Gamme de miels très importante et variée
 Deux (2) Espèces d’abeilles à bon potentiel génétique (apis mellifica intermissa et sahariensis)
 Nombre d’apiculteurs : prés de 40.000 apiculteurs entre amateurs et professionnels
 Nombre importants d’associations (et de coopératives :
Potentialités mellifères / zone
Zone du littoral 68% :
• Potentialités mellifères importantes: Forêt, vergers, prairies naturelles et maquis;
• Principaux Miels : Agrumes, Eucalyptus, toutes fleurs, miellat (foret),….
Zone hauts plateaux 32% :
•Potentialités mellifères moyennes
• Principaux Miels: Sainfoin, romarin, jujubier, aubépine,… .
Zone Sud: 0,2 % :
• faibles potentialités mellifères : • miel de jujubier, Euphorbe, Moutarde des champs
Objectifs préconisés 2015-2019 :
♦ Amélioration de la production apicole à 10.000 tonnes de miel
♦ La valorisation des produits apicoles par la caractérisation des miels algériens notamment la labellisation. A ce titre, il y a lieu
de noter: Les différents travaux en cours, menés par le MADRP / profession pour arrêter les procédures permettant la
caractérisation de nos produits agricoles dont le miel (signes de qualité) dans le cadre du projet de jumelage avec l’UE, et le
projet de création du consortium « miel » par la profession, encadrée dans sa démarche par les institutions publiques
(ALGERAC, ALGEX, et ITELV) en vue de promouvoir les produits apicoles à l’exportation
♦ La disponibilité des produits apicoles sur le marché national à des prix accessibles;
♦ La promotion à l’exportation ;
♦ Le Renforcement de la dynamique des mouvements associatifs et groupements professionnels.
♦ Mise en place d’une réglementation régissant l’activité apicole et renforçant la protection de l’abeille des maladies et des
produits phytosanitaires.
L'Algérie possède des potentialités mellifères importantes, évaluées à quelques 400.000 ha, qui si elles
étaient exploitées à 80%, produiraient 20.000 T de miel/an. En réalité, seulement 10% de ces capacités sont
travaillées, pour une production de 3.000 T. Les zones littorales et sublittorales sont des zones à fortes potentialités
mellifères. Le rendement actuel de 10 kg/ruche/an est considéré comme faible par les spécialistes, qui espèrent au moins
atteindre le cap des 20 kg. Le secteur apicole est structuré en coopératives d'éleveurs. Dans le domaine des
intrants, certains fabricants de matériel apicole ont commencé à produire au niveau de la wilaya de
Boumerdès, mais le manque d'information, incite les éleveurs à importer certains de leurs facteurs de
production. L'approvisionnement en facteurs de production concerne essentiellement le bois, la cire, des
médicaments, et du petit matériel apicole, qui doit le plus souvent être importé, les capacités nationales
n'étant pas encore en mesure de subvenir aux besoins .
Contraintes ::
♦ Absence de carte mellifère pour l’optimisation des ressources mellifères et le renforcement du potentiel productif ( rendement
miel : 5Kg /ruche) ;
♦ Faiblesse des plantations mellifères (les forêts);
♦ La transhumance qui, bien que de +en + pratiquée, reste limitée (manque de moyens et de professionnalisme) et mal
organisée (surcharge sur les mêmes emplacements)
♦ Un marché de miel peu structuré (problème organisationnel) et confronté à la concurrence déloyale des miels d’importation
(Représente 12% par rapport à la production nationale);
♦ Manque de sensibilisation et de coordination entres agriculteurs et apiculteurs quant à l’importance du role de l’ abeille comme
agent pollinisateur .
♦ Les risques de maladies et de traitements phytosanitaires sur les abeilles et les produits apicoles ;
• Marché du miel peu structuré (problème organisationnel) nécessitant sa régulation.
• Manque de laboratoires d’analyse de miels accrédités.Les spécialistes rencontrés préconisent un développement
de l'apiculture de forêt, les plans de reboisement insistant sur les plants mellifères (ex. eucalyptus), et de
charger l'institut des petits élevages de prendre en charge les travaux de production de reines, pour une
amélioration de la production.

BARRAGE VERT.- Défini comme un peuplement forestier de grande étendue d'origine artificielle, à
vocation mixte de production et de protection, ce projet correspond à une bande forestière de 1500 km de
long sur 20 km de large en moyenne. Il s'étend de la frontière marocaine à la frontière tunisienne sur une
superficie d'environ 3 millions d'hectares. Le programme du barrage vert prévoyait avec le reboisement de 3
millions d'hectares en 20 ans, la transformation des conditions écologiques de la steppe. Trente ans après,
le bilan établi par l'agence nationale des forêts (1991) qui hérite du projet après retrait du service national
(1990) fait ressortir des résultats assez modestes :
▪ 108.000 ha de plantations forestières;
▪ 14000 ha de plantations pastorales;
56
▪ 1900 ha de fixation de dunes;
▪ près de 1600 km d'ouverture et d'aménagement de pistes; ▪
forage ou creusement de 36 points d'eau, construction de retenues collinaires.

CEREALICULTURE.- Couvrant 45% de la superficie agricole utile, elle se singularise par une irrégularité
dans la production, alternant le bon 49 millions de quintaux et le moins bon, 16 millions de quintaux. Face
aux multiples contraintes structurelles et conjoncturelles liées à un environnement défectueux, la
production céréalière est le talon d'Achille dans une Algérie dépendante en matière alimentaire . Les
céréales d'hiver occupent une superficie moyenne de 3,3 millions d'hectares et détiennent avec la jachère,
85% de la surface agricole utile qui totalise 7,5 millions ha. Au regard de la consommation par habitant
(+220 kg/an) et des superficies consacrées à cette culture, des mesures incitatives sont prises pour
développer cette production, mais, la réponse n'est guère satisfaisante, même si l'on enregistre, comme en
1996, des récoltes exceptionnelles.
Le problème d'un niveau de production appréciable et durable reste posé .
Sur deux décennies antérieures, la production a tourné autour de 18,6 m/qx en moyenne par an. Cette
moyenne masque des écarts inter-annuels qui peuvent atteindre 18 à 20 m/qx d'une année à l'autre, passant
de 11,4 m/qx en 1977 à 30 m/qx en 1985, pour retomber à moins de 10 m/qx en 1988. La fin de la décennie
90 a vu la production atteindre 51 m/qx en 1996 pour chuter "lamentablement" à 12 m/qx l'année d'après,
tandis que la campagne 1998 a donné une récolte raisonnable grâce aux pluies tardives de printemps.
L'influence du climat sur l'agriculture pluviale a un impact considérable sur les cultures céréalières .
L'Algérie du Nord jouit d'un climat méditerranéen avec des pluies irrégulières, contrastées, imprévisibles,
souvent torrentielles et inégalement réparties dans l'espace et dans le temps. En volume, les moyennes du
nord au sud sont de 200 mm/an dans le massif de Collo, de 950 mm à Béjaia, de 700 mm à Alger. Elles
n'atteignent que 550 mm à Constantine, 480 mm à Sétif, 420 mm à Batna et 380 mm à Djelfa. Le semi-aride
commence au pied versant sud de la chaîne tellienne et peut, comme en Oranie, avancer jusqu'au littoral.
Oran ne reçoit en effet, que 390 mm, presqu'autant que Djelfa ou Batna. En outre, le gros des précipitations
arrive avant Mars à une période de l'année où les végétaux ont de faibles besoins en eau (température
+7°C). Par contre, à partir de mars, lorsque la température s'élève, la plante, sortant de sa "dormance",
renforce son appareil végétatif et commence à photosynthétiser à plein, ses besoins en eau iront croissants
alors que les précipitations s'estompant, devenant irrégulières et de plus en plus rares. Ce régime des
pluies, propre à l'ensemble des pays du bassin méditerranéen, est aggravé en Algérie par les influences
sahariennes, dont les remontées d'air sec et chaud font barrage aux masses d'air humides du Nord et
causent des souffles meurtriers (sirocco) pour les blés au stade d'épiaison (laiteux et pâteux). La raréfaction
des pluies et leur caractère irrégulier posent à la céréaliculture de graves problèmes. Il en découle que
l'organisation spatiale de la SAU, en zones de potentialités inégales, montre que sur 7,5millions d'hectares
(m/ha), les superficies recevant plus de 450 mm de pluies ne représentent que 24% de la superficie totale,
alors que 52% sont en dessous de ce seuil pluviométrique. Enfin, l'intervention de la topographie montre
aussi que les zones les mieux arrosées (+550 mm) sont montagneuses, fortement accidentées et difficiles à
travailler.
L'érosion pluviale fait des ravages. La moindre pluie torrentielle se traduit par un travail de décapage et
d'entraînement des sols fertiles (on estime que 70 000 hectares de terres sont minéralisés et perdus
définitivement pour l'agriculture.

Carte pluviométrique pour l’Algérie du Nord (ANRH, 1993)

La répartition de la pluviométrie en zones potentielles (ha) s'établit ainsi pour une superficie totale de
7.500.000 ha :
+600 mm couvrent 331.000 ha (soit 4%); 450-600 mm couvrent 1 461 000 ha (soit 19,5%); 200-350 mm
couvrent 11.000 ha (soit 14,7%); les montagnes couvrent 820000 ha (soit 11%); irrigué et oasis concernent
281.000 ha (soit 3,7%).
Là où les pluies sont relativement abondantes, l'élément sol intervient comme élément négatif, à l'exception
de quelques plaines et vallées ou quelques cuvettes alluviales sublittorales. Par contre, lorsque l'élément
sol est disponible, comme sur les hautes plaines constantinoises, les hauts plateaux de l'ouest, les
précipitations déciment très vite du nord au sud, jusqu'à la lisière des steppes et finissent par ne plus

57
couvrir les besoins en eau de la céréale.
L'expérience montre que les années pluvieuses ne donnent pas systématiquement de bonnes récoltes et,
inversement, les années relativement sèches ne dégénèrent pas toujours en catastrophe, dans la mesure où
les pluies sont bien réparties et arrivent à couvrir les besoins élémentaires du végétal (350 mm) aux
périodes critiques du blé. Ainsi, au nord dans les zones du Tell et subtelliennes, une pluviométrie de 500 à
600 mm couvre presque régulièrement les besoins en eau, sauf en cas de sécheresse absolue (1997).
Au sud, dans la zone comprise entre 400 et 500 mm de pluie, la tranche utile est généralement assurée en
année humide, mais de façon irrégulière (mauvaise répartition, caractère torrentiel) et ces caractères
s'aggravent en allant vers le sud. Au delà de l'isohyète de 400 mm, la tranche utile d'eau est de moins en
moins disponible et la culture devient aléatoire. Faut-il, par conséquent, continuer à emblaver dans ces
zones (Tebessa, Saida, Naâma, sud d'Oum El-Bouaghi,...), qui représentent 31% des superficies semées,
mais seulement 16% de la production céréalière totale ? Pourtant, la culture se maintient pour des raisons
purement sociales et devient une production de subsistance avec des rendements de 5 à 6 qx/ha, tout en
restant un non sens économique et un facteur négatif pour la conservation des sols (la charrue fait des
désastres sur de tels sols et de telles latitudes). L'aire écologique du blé doit coincider avec son aire
économique, ce qui limite sa zone d'extension et situe la pratique rationnelle du blé dans la tranche
comprise entre les isohyètes des 400 mm au sud et 600 mm au nord, ce qui s'apparente aux hautes plaines,
Hauts-Plateaux et collines intérieures.
◙ La réponse au caractère du climat doit commencer par une régionalisation de l'implantation du blé
dans son aire écologique, là où la culture pourrait s'exprimer le mieux et réagir aux améliorations
techniques : choix des semences, engrais, désherbage, travaux du sol appropriés. Il n'est pas
question d'interdire la pratique du blé au sud ou plus au nord, en vertu de la libre entreprise. Mais le soutien
de l'Etat, les incitations financières, matérielles et l'encadrement technique et économique doivent aller en
priorité, aux exploitants de la zone céréalière ainsi définie, soit une superficie emblavée annuellement de
1,5 à 2 millions d'hectares. Le respect de la jachère, des travaux appropriés exécutés dans le terme,
l'application d'une fumure minérale de fond et de couverture seront autant d'opérations qui pourraient
garantir des rendements moyens de 15 à 20 qx/ha, ce qui constitue un premier palier d'intensification des
céréales. On a cherché à obtenir les 70 à 80 qx/ha, sans rien changer aux pratiques culturales et les
variétés "dites à hauts rendements" ne suffisent pas, à elles seules, à garantir la production escomptée,
alors que d'autres mesures urgentes doivent être prises avant de passer au deuxième palier.
► D'autres facteurs s'opposent à l'augmentation de la production notamment les structures foncières dont
l'évolution archaïque, mal adaptée aux conditions modernes de production. Lorsque l'Etat fournit une aide
conjoncturelle (sécheresse, calamité) qui revêt un caractère social, l'aide technique, destinée à l'équipement
et à l'investissement, ne peut profiter qu'à la minorité des agriculteurs "dits modernes", qui emblavent de 50
à 100 ha et plus, et ne représentent que 10 à 15% de l'ensemble des exploitants. Et donc, comment
atteindre le gros de la paysannerie, faire en sorte qu'elle s'organise et améliore ses prestations, comment
organiser son environnement technique et économique? C'est là une façon d'aller au fond du problème, ce
qui nécessitera une prise en charge par la profession elle-même pour devenir l'interlocuteur privilégié face
à l'Etat et face aux organismes de financement, d'approvisionnement ou de commercialisation. C'est à ce
prix que la céréaliculture peut prendre son essor sur des bases rationnelles, pour promouvoir une
agriculture moderne, productive et créatrice d'emplois.
◙ L'Algérie, qui importe 60% de ses besoins en céréales, doit moderniser ce secteur pour assurer sa
sécurité alimentaire, réduisant par la même sa dépendance agro-alimentaire, lui coûtant annuellement près
de 3 milliards de dollars. Il faut souligner que la céréaliculture souffre d'une faiblesse dans l'organisation et
surtout de l'inadaptation de la production aux besoins nationaux et du manque de professionnalisme de
nombreux producteurs. Un programme de soutien au développement de cette culture stratégique a été initié
par le ministère de l'agriculture et de la pêche. Subventionné par le fonds national du développement
agricole, il est sur le terrain piloté par l'office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) à travers les
coopératives de céréales et de légumes secs (CCLS) par le biais du préfinancement de la campagne
céréalière (labours-semailles et moisson-battage). L'aide prépondérante de l'Etat pour soutenir les
agriculteurs s'est traduite, en titre des quatre dernières campagnes, par une enveloppe de plus de 1164
milliards de centimes, dont seulement 803 milliards de recouvrés, soit un taux de 69%. Le manque à
rembourser, 360 milliards de centimes, démontre à bien des égards, la fuite caractérisée de responsabilité
de certains agriculteurs qui ne jouent pas le jeu de l'agent économique. Un manque à gagner qui aurait
permis le préfinancement en semences et facteurs de production à plus de 50.000 producteurs pour un
emblavement de 1 million d'hectares, ceci en plus de la prise en charge de la totalité du programme de
multiplication de semences (engraissement, désherbage, etc.) pour une superficie de 100 000 hectares.
Dans le même ordre d'idées en matière de production, ce montant aurait engrangé entre 15 et 20 millions de
quintaux, réduisant ainsi la facture alimentaire de près de 250 millions de dollars. Dans la juste relation des
choses, le gain de productivité en semences réglementaires de 2 millions de quintaux aurait, de son côté,
satisfait la totalité des besoins exprimés par les céréaliculteurs. Il est une certitude que la nouvelle
dynamique imposée par le marché libre des céréales requiert une démarche nouvelle dans la production de
semences de qualité, et par voie de conséquence, une augmentation de la production céréalière, un
domaine où les intérêts en jeu sont importants. Les sentiments de doute et de dépit exprimés par la majorité
des céréaliers sont alimentés par la discrimination instaurée dans l'octroi des avantages du nouveau
dispositif mis en place en vue de faire gagner à la production céréalière des marges de productivité avérées
et ce, par l'application d'un traitement différencié en fonction des caractéristiques des espaces céréaliers du
pays. En effet, la circulaire 507 du ministère de l'agriculture avait mis en oeuvre une nouvelle démarche
dans le soutien de la céréaliculture, une démarche ne prenant en compte que les espaces à haute
potentialité pour y faire accroître les rendements. A cet égard, étaient considérées à haut potentiel les
terres moyennement profondes à profondes recevant plus de 450 mm de pluie par an. Ainsi, sur les 3

58
millions d'ha annuellement consacrés à la céréaliculture dans le pays, ne seront concernés par les trois
mesures incitatives décidées que 1.200 ha. A signaler que les mesures en question passent par une
contribution à la mobilisation des ressources hydriques par l'octroi de 300.000 DA pour l'acquisition
d'équipements d'irrigation. Elles passent encore par le soutien à la mécanisation consistant en une aide à
l'acquisition de matériel agricole permettant l'amélioration du travail du sol et l'application des itinéraires
techniques recommandés. Enfin, l'institution d'une prime à l'élévation des rendements des blés et de façon à
inciter les céréaliculteurs à utiliser davantage les facteurs d'intensification et à les encourager à consentir
les investissements nécessaires. Cette prime est fixée à 250 DA par quintal produit et livré sur la base de
rendements de référence fixés par zone et par espèce. Pour la campagne 1998/99, en zone nord, les
rendements sont fixés pour le blé dur à 20 q/ha et pour le blé tendre à 25 q/ha. En zone sud, en périmètres
irrigués, les rendements sont arrêtés à 35q/ha pour le blé dur et 40 q pour le blé tendre. La faible adhésion
constatée est à chercher du côté de l'endettement des agriculteurs vis à vis des banques et des CCLS, la
cherté des engrais, le manque de matériel approprié pour le travail du sol et enfin une action de
sensibilisation encore insuffisante en direction des agriculteurs. Comme il en est ainsi dans les zones à
haute potentialité, on s'était interrogé sur le sort réservé aux agriculteurs des zones non concernées par le
programme d'intensification, d'autant que ce dernier n'a été pensé que pour assurer la couverture (à hauteur
de 50%) des besoins de consommation nationale en céréales. La question se posait en effet avec acuité
dans la mesure où les conditions climatiques ne sont plus favorables qu'une année sur quatre, le
désinvestissement a atteint des seuils insensés. Ainsi, par exemple, pour les quatre wilayas de l'ouest,
Oran, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et Ain-Témouchent, seulement 140.000 q de semences ont été livrés par les
CCLS pour une superficie de 400.000 ha. Ce qui signifie que 70% des agriculteurs de cette région ont utilisé
leurs propres semences, des semences non sélectionnées et non traitées avec, donc, toutes les
conséquences négatives que cela entraînera sur l'importance et la qualité des récoltes. Pis encore, il n'y a
eu que 5.000 ha qui ont été fertilisés en TSP (triplesuperphosphate), soit 1,3% de la sole céréalière. En
termes plus clairs, l'intensification telle qu'encouragée ne va concerner que les agriculteurs se trouvant
dans des zones favorisées par la nature, des agriculteurs qui, s'ils le désirent, peuvent pratiquer toutes les
cultures de substitution qu'ils veulent. Mais les producteurs des régions semi-arides (des régions situées
principalement dans sept wilayas de l'ouest) qui, de ce fait, sont condamnés à la monoculture, celle des
céréales, sont donc injustement pénalisés. A la question de savoir si une démarche tenant compte et de
l'impérieuse nécessité de satisfaire les besoins de consommation nationale en céréales et du devoir d'aider
les céréaliers en difficulté, il est proposé un développement de techniques de production adaptées aux
zones arides; des techniques utilisant très peu d'intrants et le moins de travail possible pour produire une
quantité-seuil de façon à permettre au cheptel de vivre, car dans ce type d'agriculture, qu'on appelle
l'aridoculture, c'est le cheptel qui est l'essentiel, c'est la transformation de la production en viande, en laine
et en lait qui fait que le bilan de l'exploitation soit acceptable.
La production céréalière en Algérie   et ses caractéristiques  
Malgré les efforts déployés en matière de développement de la céréaliculture, entre autres l’introduction de nouveaux facteurs
de production et la tentative de mise en place d’une agriculture technique (intensification), la céréaliculture reste caractérisée par
des variations notables liées au paramètre climatique qu’il est difficile à maitriser. La production céréalière en Algérie est
fortement dépendante des conditions climatiques. Cela se traduit d’une année à l’autre par des variations importantes de la
SAU, de la production et du rendement. Ainsi, le manque de précipitations, mais aussi la mauvaise répartition des pluies
pendant l’année expliquent en grande partie la forte variation de la production céréalière. Le soutien systématique des prix des
produits céréaliers a été, en ce sens, à l'origine de l'accroissement de la consommation et, partant, de la demande en ces
produits. C’est au marché mondial que la demande, ainsi suscitée, a été adressée. Ces fluctuations se répercutent sur les
importations, sur les finances de l’Etat (prix de soutien au blé tendre et subvention de la farine nationale de blé tendre (FNBT)) et
sur le revenu et les dépenses des agriculteurs. La valorisation des prix à la production au cours de la campagne écoulée (juin
2008), avec l’élévation des prix de blé dur à 4500 DA/ql et le prix de blé tendre à 3500 DA/ql pourrait mieux inciter les
agriculteurs à fournir davantage d’efforts en matière d’augmentation de la production locale et de contribuer à l’amélioration du
taux d’autosuffisance pour ces produits stratégiques. Néanmoins, le secteur céréalier suscite une intention particulière et une
importance considérable en matière d’investissement, de vulgarisation, d’amélioration génétique et toutes autres actions
susceptibles d’améliorer la productivité. Une stratégie claire s’impose avec acuité en vue de relever ce défi.
Le rendement le plus bas au monde est de 30 à 50 quintaux/ha  
Actuellement, les progrès scientifiques et techniques en Chine augmentent la capacité de production
agricole de 35% environ ; et ceux des pays développés de plus de 60%. Ces progrès augmenteront encore
durant les années 2000 à 2030 de 50% atteignant le niveau des pays développés, malgré les aléas
climatiques (FAO, 2010). Les rendements peuvent connaître une accélération nouvelle grâce au progrès de
la génétique et le développement des techniques agricoles (récentes recherches d’identification de gènes du
blé responsables de la tolérance au froid.et à d’autres stress abiotiques tels que la sècheresse et les
vagues de chaleur. Ces recherches envisageraient une augmentation des rendements dans cette
conjoncture de changements climatiques. Elles entreverraient également de nouveaux bonds en avant, pour
l’amélioration des céréales concernant l’alimentation humaine (augmentation de la richesse en protéïnes).
Weber et Reichrath (1986) pensent que la répartition des rendements est déterminée par l’intensité de la
demande et le niveau de la technologie agricole. L’intensité de la demande est le résultat historique de la
densité de la population humaine et du pouvoir d’achat par unité de surface agricole. Le niveau de la
technologie agricole se manifeste dans le nombre de facteurs de production utilisée dans le processus de la
production.
Rendements par pays producteur (année, 2005)
Pays Rendements (q/ha) Pays Rendements (q/ha)
Namibie 89 Luxembourg 58
Pays-bas 87 République Tchèque 55
Belgique 83 Arabie saoudite 51

59
Irlande 81 Autriche 50
Royaume Uni 80 Mexique 50
Allemagne 74 Slovénie 47
Danemark 71 Slovaquie 45
Nouvelle Zélande 71 Norvège 45
France 69 Hongrie 45
Egypte 65 Chili 44
Zambie 64 Malte 43
Suède 63 Chine 42
Suisse 60
Source : CNUCED (2007)
A l’instar, la céréaliculture en Algérie ne profite pas de cette technologie, en dépit des efforts consentis par
les pouvoirs publics pour augmenter les rendements, qui ne dépassent guère en moyenne 10 q/ha. Le pays
comme la plupart de ceux en voie de développement, en raison des pluviométries faibles, les rendements
céréaliers restent très volatiles, comparativement aux pays dont le climat est similaire, cas de l’Australie et
des Etats Unis. Le climat aléatoire, la faible capacité d'irrigation et le faible progrès technologique, rendent
la variabilité des rendements céréaliers très vulnérables, avec des conséquences négatives sur la gestion
de la sécurité alimentaire du pays.
►Le changement climatique . Dans les régions semi-arides ainsi, que dans d'autres zones agro-
écologiques, l’humidité et les ressources en eau seront principalement affectées par une augmentation de la
température, indépendamment de tout changement pluviométrique. Cette hausse augmenterait la cadence
d’évaporation, réduisant ainsi, le niveau d’humidité disponible pour la croissance des plantes (Amphoux et
al., 2003). Selon ces auteurs, les marges d’incertitudes sur l’augmentation ou la diminution des
pluviométries sont très importantes, contrairement à celles des températures. Il est par conséquent, difficile
de prévoir les effets réels des variations des pluies, même si globalement, des sécheresses plus
importantes sont prévues dans le sud de l’Europe, les EtatsUnis et surtout sur le continent africain (GIEC,
1997 ; Agoumi, 2003 ; Amphoux et al., 2003 ; Rousset et Arrus, 2006).
L’augmentation des températures de 2,5°C et la baisse des ressources hydriques déjà limitées, en Afrique
du Nord provoqueraient des baissent de rendements céréaliers, d’ici à 2100 (Balaghi et Dahan, 2009). Au
Maroc, ces pertes accuseraient une baisse de 10% en année normale et près de 50% en année sèche. La
production nationale moyenne imputerait une baisse de 30% (Bindi et Moriondo, 2005 ; Rousset et Arrus,
2006). En Algérie, ces auteurs anticipent des réductions moyennes de rendements de 5,7% à près de 14%.
La céréaliculture, se trouve d'ores et déjà fortement affectée et subit de plein fouet les importants
dérèglements du climat.
◙ Les contraintes  : Tenter d’aborder les contraintes liées à la stagnation de la production céréalière,
revient à analyser les principaux paramètres à caractère naturel, technique et socio-économique qui
auraient une incidence sur le niveau actuel de la productivité. A l’échelle mondiale, le climat est souvent
rendu difficile en raison d’une pluviométrie globalement, aléatoire et irrégulière, des températures extrêmes
reflétant des stress hydriques, thermiques et des sécheresses à longueur du cycle de croissance des
céréales. Ces conditions inhibent l’intensification céréalière surtout, dans les régions en voie de
développement tel qu’il est le cas de l’Algérie, dominée par un climat semi-aride et aride.
►Le stress hydrique . Pour une plante, l’état de stress hydrique correspond à un «manque d’eau ou déficit
hydrique». Le déficit hydrique affecte plusieurs variables de fonctionnement de la plante, Face à ce déficit,
les variétés ont des réponses différentes et engendrent des pertes de rendements, à n'importe quel stade de
leurs croissances. Chez le blé dur (Triticum durum Desf.), en région méditerranéenne, le déficit hydrique est
l’une des causes principales des pertes de rendements qui varient de 10 à 80% selon les années (Nachit et
al., 1998). Le déficit hydrique de début de cycle, coïncide avec le démarrage de la culture (levée, tallage) et
celui de fin de cycle qui est le plus fréquent, affecte le remplissage des grains (Watts et ElMourid, 1988 ;
Zair, 1991). Une carence hydrique précoce durant la phase végétative, réduit le nombre et la taille des talles
chez le blé (Stark et Longley, 1986 ; Blum et al., 1990). Le tallage est l'un des principaux facteurs
déterminant le rendement en grains chez les céréales (Hucl et Baker, 1989).
►La sécheresse en Algérie comme dans le reste du monde est un impératif, de plus en plus pressant pour
la céréaliculture surtout, ces dernières années caractérisées par les aléas climatiques. Ces derniers
reflètent les phénomènes climatiques extrêmes tels que les gelées précoces et tardives, les siroccos, le
manque de pluies ou de pluies excessives représentant une menace sérieuse pour la production agricole.
Heathcote (1973) et OMM (2006) rappellent qu’aucun phénomène, n'est considéré plus dévastateur à grande
échelle que la sécheresse. Elle constitue l’un des plus importants détonateurs naturels de la famine et de la
malnutrition (Bizzarri, 2010). La sécheresse représente un phénomène de caractère régional dont les
caractéristiques varient d’un régime climatique à l’autre. C’est une anomalie temporaire, à la différence de
l’aridité, qui est une caractéristique permanente du climat. Elle sévit dans la plupart des pays, dans les
régions sèches comme dans les régions humides. La sécheresse fait partie du climat, même si son étendue
et son intensité varient à une échelle de temps saisonnière ou annuelle (OMM, 2006).
►Le Stress thermique. La résistance au stress thermique est étroitement liée à l’alimentation de la plante en eau. L’activité
phénologique du blé est maximale à 25°C ; des températures de 28 à 30°C sont considérées comme stressantes, elles affectent
le poids final du grain en réduisant la durée de remplissage du grain (Al-Khatib et Paulsen, 1990). Le stress thermique durant la
phase prè-anthèse modifie non seulement le poids final du grain, mais aussi le nombre de grain (Wardlaw, 2002). Au-delà de
32°C, des dommages irréversibles peuvent aller jusqu’à la destruction de l’organe ou de la plante (Belhassen et al.,1995). Aussi,
une seule journée à une température minimale inférieure à -4°C et à -5°C durant la phase germination levée et entre le stade épi
1 cm et un nœud, pénalise le nombre de grain par épi (Gate, 1995 ; Boulet et al., 2000). La croissance des cultures est souvent
limitée par les effets des températures, lesquels tendent à se modifier davantage durant les années à venir, surtout dans les
latitudes moyennes et élevées.

60
►Socio-économie . Le statut de la terre, la dimension des exploitations (70% des terres sont moins de 10
ha), le morcellement et la localisation des parcelles ainsi, que leur mode de gestion sont souvent les
facteurs, qui inhibent les tentatives d’amélioration ou d’intensification de la production céréalière (RGA,
2001 et 2003). Ces conditions conduisent les petites exploitations à utiliser peu les intrants chimiques et la
mécanisation. L’accès au crédit est également réduit et la volonté de minimiser les risques dus aux aléas
climatiques, rend difficile la modernisation de la céréaliculture pluviale, sur la majorité des terres agricoles
L’agro-climatologie pour valoriser les potentialités céréalicoles
La sole céréalière exploitée annuellement en Algérie, s’étend sur une superficie pratiquement inchangée de
3 millions ha, depuis 1936 à nos jours. Elle est dominée par la culture du blé dur qui occupe environ la
moitié (43%) de la sole. L’orge et le blé tendre occupent respectivement la deuxième (31%) et la troisième
(22%) place et enfin l’avoine, avec 4%. La production céréalière moyenne sur cette période de 71 ans,
s’établie à 20 millions q. Mais à voir de plus près, il est constaté qu’entre 1930-1950, elle a chuté à 13
millions q, soit une diminution de 37%. Entre les périodes 1973-2000 et 2000-2007, elle a évoluée
respectivement à plus de 10% et plus 45%. L’analyse du rendement céréalier sur cette période de 71 ans,
montre une valeur des plus faibles au monde, soit 7 q/ha. Le rendement s’est amélioré au cours du temps de
5,46 q/ha jusqu’en 1950, à 6,65 q/ha entre 1950 et 1973, à 7,35 q/ha entre 1973 et 2000 et enfin à 9,87 q/ha
entre 2000 et 2007. Une évolution, sans doute due à l’intérêt grandissant accordé à la céréaliculture. La
pluviométrie moyenne brute au cours des 71 ans est de 470 mm, une lame théoriquement suffisante pour
combler les besoins des céréales. Sa répartition temporelle sur plusieurs années, reflète une alternance de
périodes sèches et humides. La première jusqu’à 1950, est déficitaire de 4%, la seconde croit de 6%, la
troisième chute de 6% et enfin la dernière gagne 4%. Corrélées à la production céréalière, ces variations
n’expliquent pas la prétendue influence de la pluviométrie annuelle. Néanmoins, la considération de
différents seuils pluviométriques, montre que la pluie annuelle relativement significative, diminue. Par
exemple, pour le seuil 5 mm, la pluie annuelle chute à 280 mm. Cette valeur diminue avec l’augmentation du
seuil pluviométrique et devient de plus en plus insuffisante comparativement aux besoins en eau de la
culture. Ces derniers sont répartis le long du cycle de vie de la plante, d’où l’intérêt d’examiner la répartition
de ces pluies annuelles à l’échelle mensuelles et décadaires et de déterminer le nombre de jours de pluie.
En comparant aux besoins en eau, il ressort des déficits mensuels qui affectent toutes les périodes de
croissance et qui ont sans doute un effet néfaste sur la productivité. Bien que, la pluie annuelle est
d’apparence suffisante, les céréales souffrent en réalité de périodes de sécheresses qui peuvent atteindre
15 jours.
L’agro-climatologie, déterminante pour la céréaliculture
A travers les temps, les céréales se sont adaptées de plus en plus à de nouveaux environnements
agroclimatiques. Les blés se sont diversifiés au cours du temps aboutissant à un faisceau de variétés propre à
chaque terroir. Moron (1996) souligne que cette situation, pourrait être liée à la variabilité agroclimatique régionale
offrant une couverture spatiale satisfaisante. Wim et Helmut (1997) spécifient que la connaissance des conditions
agroclimatiques, dépend de l’identification, de la hiérarchisation et enfin de la caractérisation des formes actuelles
d’occupation biophysique du sol. Celles-ci sont en relation avec la détermination des contraintes qui se posent à
l’ensemble des unités naturelles, définies selon l’utilisation des systèmes de productions. Pour Choisnel et Seguin
(1986), l’évaluation agroclimatique est une technique de zonage, représentant une alternative à la cartographie de
variables quantitatives disponibles en chaque facteur des formations des sols. Les sols sahariens formés sous
l’action du vent, sans négliger les effets des températures et des sécheresses. Les bons sols à céréales se
caractérisent par :
- une texture fine, limono argileuse, avec une proportion suffisante d’humus, afin de limiter les problèmes dus à la
battance ;
- une structure stable qui résiste à la dégradation, par les pluies hivernales ;
- une bonne profondeur et une richesse suffisante en colloïdes.
Ce sont des sols limono argilo-calcaire ou argilo siliceux (Prats et Clément, 1971 ; Soltner, 1990). Sur ces sols, les
blés atteignent les rendements les plus élevés. A l’opposé, sur des sols très argileux et mal drainés, des sols très
calcaires qui se soulèvent sous l’effet du gel et enfin sur des sols très sableux et acides, les rendements sont
généralement, très médiocres selon les mêmes auteurs. En sol peu profond, les risques de sécheresses sont
fréquents durant les périodes critiques (épiaison, phase de palier hydrique).◙
La spatialisation des pluies annuelles fait ressortir un gradient décroissant d’Est en Ouest. La région Est la
plus arrosée, gagne 14% de pluies propulsant sa moyenne à 540 mm, elle est suivie de la région Centre
aussi arrosée (12%) avec près de 526 mm. La région Ouest la plus sèche, avec une moyenne de seulement,
347 mm note un déficit de 26%. Au seuil de pluies significatives supérieures à 5 mm, ces quantités de pluies
ne représentent respectivement que 326, 317 et 199 mm, soient des diminutions des lames d’eau de 40% à
43%. Aux seuils plus élevés, ces pourcentages diminuent davantage enregistrant des déficits annuels de
65% à 96% en relation avec les besoins en eau. Ces résultats attestés par l’évolution des pluies mensuelles
et décadaires, confirment des sécheresses plus prononcées sur la partie occidentale du pays, que sur sa
partie orientale. L’étude détaillée de la pluviométrie montre que ce facteur reste le plus limitant, auquel fait
face la culture des blés. L’étude des températures montre des signes d’élévation thermique selon un
gradient croissant d’Est en Ouest. La température moyenne annuelle est de 16,8°C. Celle correspondant au
cycle des céréales ne dépasse pas la moyenne de 15°C. Elle fluctue entre 14,2°C et 15,5°C d’Est en Ouest,
du pays. La répartition de ces températures à l’échelle mensuelle et décadaire, relève une élévation durant
les saisons automnale et printanière en comparaison aux besoins thermiques mensuels des céréales. Cette
élévation est plus marquée dans la région Ouest que dans la région Est et Centre. Ces résultats combinés à
la pluviométrie, situent davantage les saisons pluvieuses caractéristiques du climat du Nord du pays. Ces
saisons qui ne dépassent pas 180 jours, certifient de climats secs à très sec. Le déficit hydrique, est
réaffirmé. Les caractéristiques de la température et de la pluviométrie repèrent un raccourcissement de la
longueur de la période de croissance, d’Est en Ouest. Les saisons des pluies significativement réduites,

61
voire perturbées, ne correspondent pas aux cycles de croissance des céréales ensemencées habituellement,
ce qui expliquerait la faiblesse des rendements. Quelle que soit la date de semis, la production d’Est en
Ouest, est relativement risquée. L’amélioration de la tolérance des cultures à ce contexte de déficit hydrique
et d’élévation de température, doit se faire par l’utilisation de variétés spécifiques et performantes pouvant
ajuster le cycle des cultures à la longueur des saisons des pluies. Cette perspective pourrait être appuyée
par une meilleure qualité du travail du sol, de la fertilisation et de nouvelles pratiques culturales. Un
diagnostic complet du milieu céréalier doit être entrepris pour apporter les correctifs et atténuer le déficit
hydrique, afin d’assurer la sécurité alimentaire d’une population en croissance.◙

Perspectives à court terme pour la céréaliculture


.Aujourd’hui, la  production nationale des céréales pour la saison des moissons 2016-2017 a atteint 35 millions de quintaux,
niveau qui demeure moyen par rapport à la production  enregistrée ces dernières années, alors que la production de lentilles a
connu une production record estimée à 224.000 quintaux. Cette production a été enregistrée en dépit des mauvaises conditions 
climatiques qu'ont connues certaines wilayas productrices. La production de céréales avait atteint 34,3 millions de  quintaux en
2015-2016. Il y va de la grande responsabilité qu'assument les cadres du secteur de l'agriculture en vue d'augmenter la 
production nationale de céréales et contribuer à la baisse de la facture  d'importation des produits alimentaires dont les céréales.
Parmi les buts tracés, il y a lieu d'évoquer l'élargissement des superficies agricoles en accordant la priorité à la céréaliculture, la
superficie actuellement irriguée en ce secteur étant estimée  à 1,3 millions d'hectares ; elle est appelée à s’élargir à 2 millions
d'hectares, soit une augmentation de 700.000 hectares dont 400.000 affectés à la céréaliculture. La superficie irriguée
consacrée à la céréaliculture est estimée à 250.000 hectares, ce qui reste minime par rapport aux objectifs escomptés. La
production du blé dur connaissait notamment une certaine stabilité depuis  2011, ce qui a réduit l'importation de cette matière à
50%.La facture d'importation du blé dur s'élève à près de 1 milliard de dollars, alors que la production locale couvre 50% de la
demande sur le marché, et que la facture d'importation du blé tendre dépassait 1 milliard de dollars. Il est possible d’atteindre
l'autosuffisance en matière de production du blé dur et des légumineuses dont les lentilles et les pois-chiches. Concernant les
moyens logistiques mobilisés, le secteur s'est doté de 1.500 moissonneuses, ce qui est à même de réduire les pertes estimées
auparavant à 2 millions de quintaux.Quant aux silos de stockage, il est annoncé la réception de 10 nouveaux silos métalliques,
dont le montage sera assuré par une joint-venture algéro-italienne, et que "deux autres silos en béton seront livrés en 2018.
Beaucoup d’interrogations au plan de la problématique agricole dans cette filière. Faut-il réorienter les subventions céréales ?
Comme ailleurs, la filière céréales en Algérie a besoin de subventions publiques. Dans un contexte de baisse des prix des
hydrocarbures, les pouvoirs publics disposent de moins de manœuvre. La solution serait-elle de réorienter une partie des
subventions. Actuellement quelle que soit la taille des exploitations, chaque céréalier bénéficie du même niveau de subventions
(3500 DA/quintal plus une prime de 1000 DA pour le blé dur). Ces subventions pourraient être dégressives au-delà d'un niveau
de quintaux livrés aux CCLS. Pour un même niveau d'enveloppe allouée au secteur céréales, il serait ainsi possible d'assurer la
poursuite d'un soutien aux plus petites exploitations. Celles-ci en ont le plus besoin face à l'augmentation du prix des carburants,
des engrais et de la location du matériel. Il y a matière à réflexion et solutions à entrevoir. En Algérie, le niveau de production
des céréales ne correspond pas aux potentialités réelles. Des réserves de productivité existent. La filière possède des
atouts certains : réseau de CCLS, encadrement qualifié, production locale d'engrais et de matériel agricole, irrigation d'appoint.
Parmi ces potentialités, le développement de la technique du non labour avec semis direct s'avère la plus prometteuse
concernant la baisse des charges de mécanisation et l'optimisation de l'humidité du sol. Cependant de nombreux freins
entravent la mise en œuvre de ces potentialités. Ainsi, il n'y a pas d’authentiques coopératives céréalières en Algérie. Les CCLS
ne sont que des dépôts locaux de l'OAIC administrés par un directeur nommé par l’administration centrale.. Les céréaliers n'ont
aucun pouvoir de décision. En plusieurs endroits, des associations professionnelles réellement représentatives se développent.
Concernant les céréaliers, il est temps que ceux-ci puissent exercer plus de responsabilités. Ils ne doivent pas se satisfaire du
confort des prix garantis par les pouvoirs publics à travers l'OAIC. Ainsi, il est temps que des coopératives libres puissent exister
avec par exemple des activités d'achat groupé d'intrants, de collecte et de transformation des céréales. Cette voie de
changement pourrait être une alternative pouvant permettre l'émergence de leaders paysans avec le recours à l’expertise locale
à même de structurer une filière et de mettre sur pied des outils permettant de s'adapter aux aléas de la conjoncture.◙

Objectifs visés à l’horizon 2019 (en quintaux)


Céréales 70 000 000 ; Fourrages 51 000 000 ;
Légumes secs 1 300 000 ; Tomate industrielle 11 500 000 ;
Maraîchage 161 000 000 Dont: Pomme de terre 68 000 000
Viticulture 8 000 000 ; Agrumes 13 500 000 ; Olives 8 000 000 ;
Dattes 12 500 000 ;
Viandes rouges 6 300 000 ; Viandes blanches 5 800 000 ;
Lait (103 litres) 4 300 000 ; Oeufs (103 unités) 8 200 000 ;

CUNICULTURE.- La viande représente l’un des aliments les plus importants de notre alimentation
équilibrée. En raison des nombreux atouts dont elle dispose notamment sa richesse en protéines de haute
valeur biologique, à savoir qu’elle comprend tous les acides aminés essentiels dans des proportions
adéquates, elle représenterait de ce fait une excellente source nutritive (Salifou et al ,2013). Bien que le
lapin soit considéré de plus en plus comme un animal de compagnie que de rente, et ce, dans beaucoup de
sociétés particulièrement occidentales, à l’image de pays anglo-saxons (Chantry-Darmon, 2005),
il n’en demeure pas moins que c’est un animal à intérêt économique indéniable, avec la production de
viande, de fourrure et de la laine. Sa viande constitue une source de protéines animale non négligeable
pour les pays non industrialisés (Lebas et Colin ,1992). Vue, cependant, la cherté des viandes rouges,
l’algérien en consomme de moins en moins au profit des viandes blanches à l’image du poulet qui contribue
significativement à réduire le déséquilibre nutritionnel de sa ration alimentaire moyenne .Cependant la
disponibilité en viandes blanches (environ 8 kg /hab./an) reste inférieure à la moyenne observée dans la
région du Maghreb-Moyen-Orient (12.1 kg/hab./an (Chehat et Bir,2008). Le secteur cunicole, quant à lui, ne
contribue que faiblement à la production nationale totale, avec une production de 7000 tonnes, soit une

62
consommation annuelle par habitant de seulement 0.27 kg (FAO, 2004), mais représentant un
pourcentage assez consistant avec les pays du Maghreb (0,7 kg/hab.). Ainsi, pour satisfaire aux besoins en
protéines animales d’une population sans cesse croissante, l’Algérie doit donner plus d’importance à ce
secteur d’élevage, qui reste pour le moment assez marginalisé ,pour pouvoir approvisionner le marché local
en viande hautement diététique et pour pallier l’insuffisance des viandes rouges dans la ration alimentaire
moyenne des consommateurs . Face à cette situation d’apports insuffisants en différentes viandes dans la
ration alimentaire moyenne de la population algérienne, il est nécessaire que la qualité nutritionnelle de
cette denrée « noble » réponde aux attentes du consommateur, préoccupé de plus en plus par son capital «
santé ».
♣ Historique d’élevage : Le lapin européen (Oryctolagus Cuniculus), à l’inverse de nombreuses espèces
d’animaux de rentes, n’a été domestiqué que tardivement. Les premiers rapports de reproduction en
captivité datent de la fin du Moyen-âge mais, les gourmets de l’époque préférant le lapin sauvage ou de
garenne au lapin d’élevage, l’essor de l’élevage rationnel a réellement commencé à la fin du 19ème siècle.
Au siècle dernier, des sociétés d’élevage sont créées, des races mutantes non adaptées à la vie sauvage
sont sélectionnées (Lebas, et al,1997). En Algérie, Selon Berchiche et Kadi (2002), il n’y a pas d’étude sur
le lapin local avant 1990, mais l’élevage du lapin existe depuis fort longtemps (Ait Tahar et Fettal, 1990). Au
19 è m e siècle, la colonisation et l’arrivée des populations d’origine européenne traditionnellement
consommatrices de lapin a, plus récemment, entraîné le développement d’unités rationnelles au Maghreb
mais ce secteur rationnel n’est apparu en Algérie qu’au début des années quatre-vingt (Colin et Lebas,
1995).

Production de viande de lapin dans le monde (tonnes) entre 1990 et 2010 (Szendro et al., 2012)

► Système d’élevage en cuniculture :


□ Dans le monde : La viande de lapin est obtenue sous quatre systèmes d’élevage. Ainsi, Colin et
Lebas(1996) ont décrit trois types de cuniculture (traditionnelle, intermédiaire et commerciale).Un autre
système de production dit biologique est apparu ces dernières années pour répondre aux exigences des
consommateurs.
□ Cuniculture traditionnelle : Elle est composée de petits élevages (moins de 8 femelles) à vocation vivrière
ou hobbyiste, utilisant des méthodes extensives. L’alimentation est de type fermière et la plupart des
animaux sont autoconsommés (Lebas et Colin, 2000). Il assure un apport protéique non
négligeable .Egalement, il peut valoriser un grand nombre de déchets ménagers et de sous-produits
inutilisables, les lapins des élevages traditionnels sont caractérisés par des performances zootechniques
modestes. Certes, ces animaux sont de plus en plus rares sur le marché en raison de la disparition des

63
élevages traditionnels (Lebas ,2009a).
□ Cuniculture intermédiaire : Elle est composée des élevages moyens (8 à 100 femelles) à vocation à la
fois vivrière et commerciale, utilisant des méthodes semi intensives. L’alimentation est de type fermier
complémentée avec des produits achetés en dehors de l’exploitation et une part importante des lapins
produits et commercialisés (Lebas et colin ,2000). Ce type d’élevage se trouve aussi bien en milieu
périurbain, voie nettement urbain (Lebas, 2000).
□ Cuniculture rationnelle (commerciale ): Elle est constituée des élevages de grandes taille (plus de100
femelles) utilisant des techniques rationnelles .L’alimentation est constituée d’aliment composé industriel.
Les élevages commerciaux sont des élevages tournés vers la vente de la quasi–totalité de la production.
Les éleveurs ont une conduite rationnelle ou du moins cherchent à l’avoir. Les lapins sont logés dans des
cages à l’intérieur des bâtiments clos, éclairés et ventilés, ils sont chauffés en hiver et refroidis en été.
Depuis 1970, au niveau des pays européens telles que la France et l’Italie la production cunicole a connu de
profondes mutations avec une diminution considérable du nombre des petits élevages traditionnels comptant
moins de 20 femelles reproductrices (Lebas, 2000).
□ Cuniculture biologique : Actuellement, en Europe les consommateurs demandent de plus en plus des
viandes issues de mode de production biologique (impact sur l’environnement et sur la santé). Ainsi, le
marché de la viande biologique a pris de l’ampleur (Combe et al, 2003, Lebas, 2009a).
Les systèmes de production cunicoles biologiques mettent en œuvre la plupart des principes agro-
écologiques .Les lapins généralement de race rustique, sont élevés en plein air dans des cages mobiles sur
des prairies plurispécifiques non fertilisées. Les cages sont déplacées chaque jour pour fournir de l’herbe
fraiche aux animaux, ce qui limite le contact avec leurs excréments et réduit ainsi l’infestation parasitaire
(coccidies).Outre le pâturage, l’alimentation des animaux est principalement composée de fourrages secs et
d’un mélange de céréales et de protéagineux cultivés en association, éventuellement complétés par des
aliments granulés complets biologiques du commerce. Ces systèmes de production cunicole sont
généralement de petite taille (environ 40-60 femelles reproductrices et conduit selon un rythme de
production extensif (80-90 jour d’intervalle entre 2 mises bas). Cela rend le système beaucoup moins
productif (20 lapins /femelles/an). La prolificité (6 lapereaux sevrés) et la vitesse de croissance (<25 g/j) y
sont plus faibles. En conséquence, la viabilité économique de ce système n’est permise que par un prix de
vente élevé (Lebas, 2002, Fortun-Lamothe et al ,2013).
◙ La cuniculture en Algérie  : L’élevage cunicole algérien comporte deux secteurs :
 Un secteur traditionnel constitué de très petites unités à vocation vivrière.
 Un secteur rationnel comprenant de grandes ou moyennes unités orientées vers la commercialisation de
leurs produits.
1 Le secteur traditionnel : La cuniculture algérienne selon un mode traditionnel existe toujours, de type
fermier, familial, de faible effectif comparé aux élevages rationnels. Il est constitué de nombreux petits
élevages de 5 à 8 lapines, plus rarement 10 à 20 (Tableau 1) localisés en milieu rural ou à la périphérie des
villes; leur orientation principale est l’autoconsommation, qui représente 66% de la production traditionnelle
mais les excédents sont vendus sur les marchés. La gestion de ses unités est très souvent assurée par les
femmes, la quasi-totalité des ménagères étant femme au foyer (Ait Tahar et Fettal ,1990 ; Berchiche, 1992 ;
Djellal, Mouhous et Kadi, 2006). Ainsi, ce type d'élevage constitue parfois une source de revenus
supplémentaires pour le foyer (Lukefahr et Cheeke 1990a ; Lukefahr et Cheeke, 1990b).

Tableau n°1: Répartition d’un échantillon d’élevages fermiers algériens de lapin selon leur taille
(Berchiche ,1992) ; (Djellal, Mouhous et Kadi, 2006).

Les animaux utilisés sont de race locale, ils sont logés dans des vieux locaux récupérés et quelquefois dans
des bâtiments traditionnels aménagés spécialement à cet élevage. L’alimentation est, presque
exclusivement, à base d’herbe et de sous-produits domestiques (les végétaux et les restes de table)
quelquefois complétés avec du son (Berchiche ,1992), ce qui est commun à plusieurs contrées dans le
monde (Finzi ,2006). L'élevage fermier de lapin en Algérie évolue progressivement; cette évolution
s'explique par les qualités intrinsèques à l'espèce et son adaptation à des environnements différents. Aussi
son exploitation en petits élevages nécessite peu d'investissements et évite de grandes pertes
comparativement à son exploitation en grands élevages. Avec des charges pratiquement nulles, le lapin en
élevage fermier arrive à produire environ 18 kg de poids vif de lapin, soit 11 kg de viande par femelle et par
an (Djellal, Mouhous et Kadi, 2006).
2 Le secteur rationnel : Il comprend de grandes ou de moyennes unités d’élevages orientées vers la
commercialisation. Il n’est apparu qu’au début des années quatre-vingt, à la suite d’une volonté des
pouvoirs publics, ainsi, 5000 femelles et 650 mâles ont été installés entre 1985 et 1988 (Anonyme, 1986),
64
parallèlement ont commencé des fabrications nationales des cages et d’aliment composé pour lapin.
Dans ces élevages, les animaux sont généralement des hybrides importés de France ou de Belgique, mais
leur adaptation s’est souvent révélée difficile à cause des conditions climatiques et de l’alimentation locale
(Berchiche ,1992). Les performances obtenues restent moyennes, surtout en raison des fortes mortalités au
nid : 30 à 35 lapins/ femelle /an (Ait Tahar et Fettal, 1990; Berchiche ,1992); ces élevages rationnels sont
regroupés en coopératives, elles-mêmes encadrées par différents instituts techniques (Colin et Lebas,1995).
Ces élevages rationnels sont regroupés en coopératives, elles-mêmes encadrées par différents instituts
techniques (Colin et Lebas ,1995).
3. Les races cunicoles : Les différentes races de lapin se distinguent en fonction de la nature et de la
couleur du poil et du Format de l'animal. 3.1.
D'après la nature du poil :
3.1.1. Les races ordinaires : Elles sont caractérisées par la présence de poils de bourre (environ 2 cm) et de
poils de jarre nettement moins nombreux mais plus épais et plus long (3-4 cm). Les jarres sont aussi Parfois
appelés "poils de garde".
3.1.2 Les Rex ou races dites à poils ras : Elles sont des races où bourre et jarres ont la même longueur
(2cm) donnant un aspect velouté à la fourrure (Varenne et al, 1963).
3.1.3 Les races à "laine" : les angoras qui fournissent du poil de 5 à 6 cm de long. En raison de l'épaisseur
de ce pelage en fin de pousse (avant la mue), les lapins de ce type supportent très mal les fortes chaleurs.
►Les populations locales de lapins en Algérie : Les espèces cunicoles en Algérie sont représentées par
la famille taxonomique des léporidés regroupant les lapins domestiques (Oryctolagus cuniculus domesticus)
et le lièvre (lupus capensis). Trois types génétiques caractérisent le cheptel cunicole en Algérie :
1. Le lapin kabyle : Appartenant à la population locale de la Kabylie (région de Tizi Ouzou), c'est un lapin
caractérisé par un poids adulte moyen de 2,8kg, cette valeur permet de classer cette population dans le
groupe des races légères, comme les lapins Hollandais et Himalayen (Zerrouki et al., 2001 ; Zerrouki et al.,
2004), il a un corps de longueur moyenne (type arqué),descendant en courbe progressive de la base des
oreilles à la base de la queue et de bonne hauteur , porté sur des membres de longueur moyenne. Sa partie
postérieure est bien développée avec des lombes bien remplies; la queue est droite. La tête est convexe
portant des oreilles dressées. Son pelage est doux, présentant plusieurs phénotypes de couleurs,
conséquence de la Contribution des races importées: Fauve de Bourgogne, blanc Néo Zélandais, Californien
(Berchiche et Kadi, 2002). Cette population a présenté une bonne adaptation aux conditions climatiques
locales elle est utilisée principalement dans la production de viande, mais sa prolificité et son poids adulte
sont trop faibles pour être utilisable telle quelle dans des élevages producteurs de viande. La productivité
numérique enregistrée chez les femelles de cette population est de l'ordre de 25 à 30 lapins sevrés
/femelle /an. (Berchiche et Kadi, 2002 ; Gasem et Bolet, 2005; Zerrouki et al, 2005).
2. Population blanche : de phénotype albinos dominant, produite par une coopérative d'état. Elle a été
décrite par Zerrouki et al. (2007).C’est une souche plus lourde et plus prolifique que la population locale.
3. Souche synthétique : (appelée ITELV2006)a été créée en 2003 pour améliorer le potentiel génétique des
lapins destinés à la production de viande en Algérie. Elle a été obtenue par un croisement initial entre la
population locale et la souche INRA2666. Elle est plus lourde et plus productive (Gacem et Bolet, 2005;
Gacem et al, 2008; Bolet et al, 2012).
►.Importance économique du lapin : Les lapins sont destinés soit à l’autoconsommation soit à la
commercialisation  ; ces deux phénomènes ont une importance comparable mais l’autoconsommation domine
dans les pays en voie de développement. Le lapin est un animal de laboratoire à importance pour la
recherche en l’utilisant comme modèle expérimental. Depuis toujours, les chercheurs semblent s’intéresser
aux lagomorphes. En effet, ce modèle animal convient relativement bien, car il est phylogénétiquement plus
proche de l’homme (Houdebine, 1998).
Le lapin peut représenter pour l’Algérie une source de protéines non négligeable compte tenu de sa
prolificité et de sa capacité à valoriser des sous-produits agro-industriels (Gacem et Bolet, 2005). La
légendaire prolificité des lapins et la capacité de cette espèce à transformer du fourrage en viande
consommable font du lapin un animal économiquement très intéressant. Les lapins ont en moyenne des
tailles de portées supérieures à 9 petits, la durée de gestation de 31 à 32 jours, et une maturation sexuelle
rapide (quatre mois pour les femelles) ce qui leur permet d’avoir jusqu’à 50 petits par an. Un lapin atteint
son poids d’abattage en 10 à 12 semaines, il a la capacité de convertir les protéines contenues dans les
plantes riche en cellulose, inutilisables par l’homme, en protéine animales de haute qualité nutritionnelle :
en effet, jusqu’à 20% des protéines alimentaires absorbées par un lapin sont fixées en viande. Ce chiffre est
de 8 à 12% chez vache, seule le poulet à une capacité de transformation supérieure de 22 à 23 % mais à
partir d’aliments potentiellement consommables par l’homme comme le soja, le maïs ou le blé. Dans des
pays sans surplus de céréales, la production de viande de lapins est donc très rentable (Lebas et al, 1996).
Le lapin angora est un lapin à poils longs, cette longueur des poils est due à l'allongement de la période
d'activité des follicules pileux. Ce lapin semble provenir d'Angleterre. Ce poil angora constitue une fibre
d'excellente qualité et fait ainsi partie des fibres spéciales destinées à la confection de vêtements haut de
gamme. Par rapport à la laine de mouton, il se caractérise par une grande légèreté, une meilleure isolation
et une grande douceur au toucher (Thebault et de Rochambeau, 1989). Avec une production mondiale
d'environ 10 000 tonnes/an, il constitue la troisième de ces fibres spéciales derrière la soie (72.000
tonnes/an) et le mohair produit par la chèvre angora (22 000 tonnes/an).
► La production de la viande cunicole :
1. Dans le monde : Globalement la production mondiale de viande de lapin peut être évaluée à 1, 8 millions
de tonnes par an dont 48% proviennent de l’Asie, 28,8% de l’Europe, 18,1% des Amériques et 4,7 d’Afrique
(Dalle Zotte, 2014). Les statistiques de la FAO (2012) montrent que la production est concentrée dans un
petit nombre de pays : la Chine, Venezuela, Corée, Egypte, république tchèque et Ukraine. Ainsi, la chine
est le premier pays producteur de viande de lapin (par 735,021 tonnes/an) principalement pour les fins

65
d’exportation, suivie par l’Italie, l’Espagne, l’Egypte, et la France (262,436 ; 67,775 ; 56,338 et52, 955
tonnes par an, respectivement). 2. En Algérie :
Quand à la production algérienne, elle est particulièrement concentrée au centre du pays notamment dans la
région de Tizi-Ouzou où un projet de développement a propulsé cet élevage à un niveau rationnel. La
production de viande de lapin en Algérie est estimée à 27 000 tonnes par an (Lebas et Colin, 2000) et
pourrait être fortement augmentée compte tenu de la demande (Gacem et Lebas, 2000). La production de
viande de lapin provient essentiellement des élevages traditionnels composés de lapins de population
locale, mais aussi dans une faible proportion des élevages dits modernes composés de souches
sélectionnés (Ziki et al, 2008). Au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, la production de la viande de lapin à
été estimée à 1625 quintaux en 2006 (DSATO, 2007).
► Le niveau de consommation :
1. Dans le monde : Bien que le lapin soit élevé en de nombreux endroits sur la planète, on en consomme
très peu. Selon la FAOSTAT 2012 et les statistiques mondiales (2015), la consommation mondiale
s’élèverait à 0,331 kilogramme par habitant par année. À ce moment, les autres grandes régions du monde
affichent une consommation annuelle par habitant en dessous de la moyenne mondiale, évaluée à 0,304 kg
en 2000. Par ailleurs, la popularité de la viande de lapin varie selon les habitudes alimentaires des
différents pays. À titre d’exemple, la consommation annuelle de lapin en 2010 est estimée à 4,2 kg par
habitant en Italie, alors qu’au Canada, elle est nettement inférieure, se situant à 0,023 kg par habitant la
même année.
2. En Algérie : Le niveau de consommation est essentiellement par les producteurs, à laquelle on peut
rajouter la vente en circuits courts, parents, voisins mais la viande de lapin paraît bien acceptée et se
trouve sur les marchés urbains, par exemple dans la région de Constantine (Colin et Lebas, 1995).
►. La composition chimique de la viande du lapin : Comparée à celle des autres espèces, la viande de
lapin est plus riche en protéines, en certaines vitamines et en minéraux. Elle est par contre plus pauvre en
graisses.
□ Les protéines : La viande de lapin présente une teneur en protéine de 21,0 ± 1,5 %. Comparativement aux
autres sources de protéines et notamment végétales, les protéines de viande sont particulièrement riches en
acides aminés indispensables tels que la lysine et l’histidine (Paturaud-Mirand et Remond, 2001). La valeur
biologique des protéines de la viande de lapin est élevée, du fait de la présence simultanée de tous les AAE
indispensables à l’anabolisme protéique de son collagène (Ouhayoun et Lebas, 1987).
□ Les lipides : La fraction lipidique des muscles se subdivise en lipides de structure (phospholipides,
cholestérol) et en lipides de réserves (triglycérides). Les phospholipides, constituants des membranes
cellulaires sont présents dans les muscles en quantité assez peu variable, leur teneur oscillant entre 0,5 et
1 g pour 100 g de muscle frais. Cette teneur est indépendante de la teneur en lipides totaux. A l’inverse, la
teneur en triglycérides varie largement entre 0,5 et 3,8g/100 g de muscle frais. La teneur en cholestérol de
la viande de lapin est égale à 59 mg /100g et présente un coefficient de variation de 20 %. Cette teneur
varie en fonction de la partie considérée (cuisse ou muscle : Parigi-Bini et al 1992, Alasnier et al 1996). Elle
se réduit aussi par exemple de 15 % entre 63 et 81 jours d’âge (baisse de 65 à 55 mg/100 g). Sa teneur en
cholestérol place la viande de lapin parmi les viandes les plus pauvres en cholestérol : Porc 61 mg ;
Taurillon 70 mg ; Poulet 81 mg pour 100g selon Dalle Zotte (2004).
►Composition de la fraction minérale et vitaminique de la viande :
1. Fraction minérale : La teneur moyenne en minéraux de la viande de lapin est de 1.2g/100g de fraction
comestible fraîche (Combes, 2004 ; Dalle Zotte, 2004). Les minéraux et les oligo-éléments en particulier,
connaissent un engouement excessif auprès du grand public. Les caractéristiques de la composition de la
fraction minérale de la viande de lapin par rapport aux autres viandes sont : d'une part un taux
particulièrement faible en sodium et en fer et d'autre part un taux élevé en phosphore (Parigi-Bini et al,
1992). Ainsi pour ce dernier élément, la consommation de 100 g de viande de lapin apporte 37% des apports
nutritionnels conseillés pour la journée. Les teneurs en cuivre et en sélénium de la viande de lapin n’ont à
notre connaissance été déterminées que dans 2 études seulement et les résultats obtenus divergent
fortement. Concernant le sélénium, il apparaît d’après la valeur moyenne que 100g de viande lapin couvre la
quasi-totalité des besoins journaliers. Par ailleurs, les sources de variabilité des teneurs en minéraux sont
largement inconnues, bien qu’il soit fort probable que l’alimentation, via notamment la supplémentation, soit
le principal facteur de variation (Dalle Zotte ,2000).
2. Fraction vitaminique : Les vitamines sont des constituants organiques de faible poids moléculaire que l’on
subdivise en 2 grandes familles : les vitamines hydrosolubles (groupe B et C) et les vitamines liposolubles
(A, D, E et K1). Notons que la consommation de 100g de viande de lapin apporte 8 % des ANC moyens en
vitamine B2, 12% en vitamine B5, 21% en vitamine B6, 77% en vitamine PP et enfin près de 3 fois les
recommandations en vitamine B12. Il apparaît que les viandes des différentes espèces présentent des
profils de teneurs en vitamines relativement proches les unes des autres (Salvini et al, 1998).
La viande de lapin présente un profil de teneurs en vitamines proche de celui observé chez le poulet. Les
taux vitaminiques de la viande de lapin peuvent varier en fonction des supplémentations. Ainsi, une
supplémentation en vitamine E de 200 mg/kg induit une augmentation de près de 50 % de la teneur en
vitamine E de la viande par comparaison à une supplémentation courante de 50 mg/kg d’aliment (Castellini
et al, 2000).

66
Tableau : Composition en minéraux (g) et en vitamines (mg) de différentes viandes (pour 100 g de
fraction comestible (Salvini et al, 1998).

3. Vitamines, minéraux et oligo-éléments : La viande de lapin est plus riche en vitamine B12, en
phosphore et en potassium que toutes les autres viandes analysées (tableau), et plus riche en vitamine B3
que les viandes, de taurillon et de veau. La teneur en sélénium de la viande de lapin est également
importante. En effet, selon les sources, 100 g de viande couvrent 128 à 150 % des ANC. Son pouvoir
antioxydant fait du sélénium un oligo-élément recommandé pour les sportifs

67
Tableau ci-après : composition moyenne en vitamines, minéraux et oligo-éléments de la viande de
différentes espèces animales, dont la viande de lapin .

4. La qualité nutritionnelle de la carcasse et de la viande des animaux :


4.1. de la carcasse : La définition de la carcasse selon le Larousse agricole (2002), est l’ensemble obtenu
après abattage d’un animal vivant et après retrait des issus et 5 e quartiers, et comprenant le squelette sur
lequel restent fixés les muscles, les tendons et les aponévroses, les graisses, les artères et les veines, les
nerfs et les ganglions lymphatiques. La qualité de la carcasse recouvre les aspects sanitaires et de
composition en ses différents tissus (maigre, gras, os). La qualité sanitaire correspond essentiellement à la
qualité microbiologique, c’est-à-dire le niveau de contamination en microorganismes et notamment l’absence
de bactéries pathogènes pour l’homme, parfois présentes dès l’élevage. La proportion relative des tissus
maigres et gras constitue les principales composantes de la qualité des carcasses avec le poids, le
rendement en carcasse et la conformation (poids relatifs des pièces de découpe (Lebret, 2004).
4.2. de la viande : La qualité d’un produit d’un produit alimentaire est généralement caractérisée par quatre
composante, souvent appelés « 4s » : sécurité (sécurité alimentaire, exigence minimale légitime des
consommateurs), santé (qualité nutritionnelle ou diététique des produits), satisfaction (qualité
organoleptique ou sensorielle), service (facilité d’utilisation (Lebret, 2004).
Les qualités des viandes dépendent des caractéristiques physico-chimiques de celles-ci, caractéristiques
elles-mêmes sous l’influence de facteurs génétiques (renard et al ,2003).la qualité des carcasses et des
viandes des animaux peut être améliorée par une meilleure maitrise des conditions de leur transport et de
leur d’abattage. En effet, les stress de toutes natures qui surviennent au cours de ces opérations peuvent
modifier le métabolisme musculaire avec des conséquences sur de nombreux critères de qualité (Monin,
2003).
5. Facteurs influençant la qualité de la viande cunicole : La variabilité de la qualité va dépendre des
caractéristiques intrinsèques à l’animal (souche, sexe, poids vif, réaction vis avis du stress, etc.), mais
aussi des facteurs d’élevage notamment l’alimentation et des conditions d’abattage (mode de sacrifice, délai
de découpe). □ FARSI Rahma (2016)

►Recherche-Développement  : En Algérie, la cuniculture n’a pas bénéficié de tous les facteurs de production
lors des programmes de développement mis en œuvre. En effet, le développement de la cuniculture en
Algérie comme dans les pays du Maghreb, est généralement basée sur l’exploitation de reproducteurs de
population locale (Berchiche et al., 2000 et Zerrouki et al., 2014) et l’utilisation d’un aliment industriel de
moindre qualité nutritionnelle (Berchiche et al., 2012). Ce type de cheptel a nécessité l’acquisition de
connaissances sur les aptitudes biologiques, zootechniques et l’adaptation aux conditions de production

68
locales des animaux. Le lapin local, en Algérie, a fait l’objet de travaux de recherche pour sa caractérisation
(Daoud-Zerrouki, 2006; Mefti-Korteby, 2012 et Cherfaoui-Yami, 2015). En outre, les éleveurs professionnels
de la région de Tizi-Ouzou exploitent les reproducteurs de population locale et effectuent des croisements
aléatoires avec les descendants de l’hybride commercial (Belhadi et al., 2002 et Cherfaoui et al., 2013).
Cette pratique de la cuniculture est souvent confrontée à de faibles performances de croissance des
lapereaux et à une forte mortalité, notamment entre la naissance et le sevrage (Zerrouki et al., 2007 et
Mefti-Korteby et al., 2010). En Algérie, les programmes de recherche dans le domaine de la cuniculture ont
permis de caractériser les reproducteurs de population locale et d’exploiter sa rusticité et de mettre en
évidence ses principales carences à savoir sa faible productivité par lapine et par an et la croissance lente
du lapereau. Ces faibles performances peuvent être reliées à un manque de technicité des éleveurs et à une
mauvaise qualité des facteurs de production (animaux reproducteurs, aliment et bâtiment). L’utilisation
d’aliment industriel de qualité nutritionnelle nécessite une amélioration. Des progrès sont souhaités dans le
domaine de la génétique, ce qui conduirait à l’approvisionnement des éleveurs en reproducteurs améliorés.
La faible prolificité au sevrage qui caractérise les lapines de la population locale est accentuée par la forte
mortalité des lapereaux à la naissance et durant la période naissance-sevrage évaluée à 16% et 13%
respectivement par Zerrouki et al. (2003). Zerrouki et al. (2005a) expliquent la faible prolificité enregistrée
chez cette population par une forte mortalité durant la seconde moitié de la gestation qui pourrait être
principalement liées aux mauvaises conditions d’élevage. Il est nécessaire de mettre en œuvre des
programmes de sélection rigoureux ayant pour objectif, l’accroissement de la productivité numérique
annuelle par femelle, tout en conservant ses qualités d’adaptation aux variations climatiques. Les
performances des populations de lapin étudiées en Algérie, rapportées par Zerrouki et al. (2014) dans une
comparaison entre la lapine de population locale, de population blanche et de la souche synthétique,
affirment que les lapines de souche synthétique sont plus lourdes et plus prolifiques et également adaptées
aux conditions d’élevage locales.□ LARBI ABDELLI Ouiza (2016)

DROMADAIRES.- En 1997, il était pratiquement impossible de fournir des statistiques fiables pour évaluer
ce cheptel national estimé à moins de 150.000 têtes réparties sur une quinzaine de wilayas du sud du pays
(El Oued 36.000, Tamanrasset 35.000). Citons en exemple les problèmes camelins de la wilaya de Ghardaia
; on estime à 6.000 têtes ce capital animal, dont la crise de gestion, et donc la crise de croissance, se
nouent autour de problèmes d'organisation de la profession, d'absence de mesures incitatives et
compensatoires à l'élevage, et de l'inexistence d'un quelconque canevas juridique régulant l'exploitation de
ce cheptel particulier. La dégradation du cheptel camelin s'explique en grande partie par le déphasage du
rapport consommation-production qui se traduit notamment par un abattage effréné et incontrôlé de la
"nagua" (femelle productrice). La wilaya de Ghardaia, où le camelin représente 70% de la consommation de
viandes rouges, consomme en fait, 3 fois plus de "biir" (viande cameline) qu'elle n'en produit. Cette
dégradation est aggravée par une forme de contrebande du camelin exporté vers des pays limitrophes, et
par nombre de maladies typiques dont le suivi et le traitement sont sujets à providence. Il s'agit de
maladies liées à l'alimentation du bétail telle le "Djrab" (gale sacrotique) qui, provoquant une grave infection
cutanée, est l'une des épidémies les plus redoutées parmi celles qui touchent le camelin. Parmi elles, on
cite les cas de teigne, de charbon, de "boussefir" (babesioques), d'helumitoses digestives ainsi que
certaines maladies métaboliques comme le "kraff" dû à des carences protéiques et engendrant la paralysie.
Face à ces fléaux, force est de constater que le corps des vétérinaires ne dispose pas de spécialistes de
l'espèce des camelins. Cette dépendance de l'éleveur aux aléas de la providence se relève également en ce
qui concerne l'alimentation du cheptel qui, en bonne saison pluvieuse, se nourrit essentiellement de la
végétation herbacée, particulièrement dans les zones steppiques. En période de sécheresse, le "mehara"
fournit à son troupeau des noyaux broyés de dattes, ou, parfois quand il en a les moyens financiers, un
mélange de "nekhala" (du son) et de divers résidus végétaux. L'autre facteur dévalorisant du dromadaire,
négocié entre 40.000 et 60.000 dinars la tête, est l'inexistence d'un marché fixe et périodique du camelin
dont le taux d'utilité est de plus de 90%. Ce taux d'utilité est calculé sur le fait que le dromadaire est
fournisseur potentiel de 3 quintaux de "habra" (viande), 30 kg de graisse à valeur médicinale, et de 3 à 10
litres de lait par jour. Son cuir et son "aoubar" (laine) servent à fabriquer des burnous, des sacs, des
couvertures d'arçons de selles et de semelles de souliers. Ses os forment la matière première pour la
fabrication d'outils domestiques, et son crottin est apprécié comme engrais et comme combustible. La
valeur utilitaire du dromadaire, en plus du transport à faible coût qu'il assure dans les vastes zones
enclavées des régions d'erg, a une dimension sociologique dans la mesure où, au même titre que les points
d'eau et les palmeraies, il constitue un élément de l'équilibre communautaire saharien.
Dans cette organisation des communautés sahariennes, aujourd'hui en majorité sédentarisées, le
dromadaire reste encore un élément constitutif de la cohésion de groupe dont la force se mesure souvent à
travers les jeux de société comme particulièrement les courses, beaucoup plus sources de loisirs que de
profits financiers. Un bon dromadaire, prédisposé à la course, se négocie entre 100.000 et 150.000 dinars,
le "targui" et "l'Adjer" sont les dromadaires de course les plus performants parmi les neuf races algériennes
dont le "chaambi", le "r'guibi", "l'Ait Khebbach" et "l'Ouled-Sidi-Cheikh" qui sont plutôt mieux adaptés au
transport de marchandise sur longue distance. Tout se perd progressivement depuis une dizaine d'années.
Tout alors justifie l'importance stratégique donnée aux manifestations lorsqu'elles sont organisées tel le
salon national de Metlili (Ghardaia) où à l'occasion duquel en exclusivité enfin, les éleveurs d'Algérie
peuvent concourir à réhabiliter la triple fonction économique, sociale, et culturelle du camelin. La création
d'un marché et d'une bourse du camelin, la mise en place d'un système de mesures incitatives à l'élevage
comme l'institution d'une "prime à la naissance", et l'organisation de compétitions sportives régulières,
avec pour commencer au camélodrome de Métlili à Ghardaia, la remise d'un "mehri d'or" (trophée de course
d'endurance de 20 km), constituent les points forts de la tenue de ce genre de salon.
La récente promotion du salon national du mehari permet à plusieurs centaines d'éleveurs venus d'une

69
quinzaine de wilayas du sud et des hauts plateaux du pays de confronter leurs problèmes inhérents au
développement de l'élevage camelin. Le symposium organisé sur cette problématique de réhabilitation, la
promotion et le développement du camelin permet d'avancer des solutions aux problèmes des camélidés :
▪ réalisation de nouveaux points d'eau à travers les différentes zones de pâturages et le long des circuits de
transhumance pour contenir les mouvements du cheptel camelin à l'intérieur du territoire;
▪ établissement d'une carte des zones de parcours.
▪ recensement du cheptel.
▪ l'implantation de zones agro-pastorales sahariennes, d'institutions et d'entreprises devant prendre en
charge la gestion de cette production animale.
▪ l'encouragement aux activités sportives liées au camelin.
▪ l'élaboration d'actions pour la mise en place de structures de gestion des camélodromes en perspective de
création d'une fédération de sports camelins.
▪ une spécialisation des vétérinaires dans la pathologie cameline et une formation en collaboration avec
l'organisation arabe pour le développement agricole (OADA) et le centre arabe pour le développement des
zones arides et des pays secs (ACSAD).
▪ l'introduction dans le programme des instituts et écoles vétérinaires, de modules traitant spécifiquement de
la pathologie cameline.
▪ la création d'une banque de données sur la pathologie et la thérapeutique appliquée au camelin.
▪ mise en place d'un système d'épidémio-surveillance de la pathologie cameline, et du médicament
vétérinaire (commercialisation, utilisation et contrôle).
▪ élaboration d'un nouveau calendrier de vaccination du cheptel, et acquisition de moyens propres pour
diagnostiquer efficacement les maladies spécifiques au dromadaire.
▪ implantation en régions camelines d'entreprises pharmaceutiques.
Le mot dromadaire, faut-il le préciser, est tiré du mot grec “dromas”, qui signifie coureur. Sa taille va jusqu’à 225 cm, son poids
varie entre 450 et 1 100 kg. Cet herbivore a une espérance de vie moyenne de 25 ans. Il dispose de vertus de résistance à la
chaleur et d’économie d’eau, puisqu’il peut rester des jours voire des mois sans boire. Sa bosse joue un rôle dans la
thermorégulation. Selon une étude récente, il occupe actuellement toute l’Afrique sahélienne et du Nord de la Mauritanie y
compris des îles Canaries à Djibouti. Plus de 80% de la population des dromadaires se trouvent en Afrique et Moyen-Orient
avec près de 10 millions de têtes dans la corne de l’Afrique.
Les statistiques avancées par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural en 2013 indiquent que le cheptel camelin
algérien est évalué à plus de 250.000 têtes. La wilaya de Tamanrasset détient 110 000 camelins pour une population de l’ordre
de 200 000 habitants. Pour un programme ambitieux, une enveloppe de plus de 170 de milliards de DA avait été dégagée par la
tutelle pour le secteur de l’agricuture de cette wilaya. A Hassi Messaoud, l’association des éleveurs de chameaux de la région,
créée en 1993, compte 182 membres et recense quelque 4.800 têtes de bétail. Mais l’avenir de la filière semble incertain car le
principal danger pour les troupeaux demeure les bourbiers laissés par les compagnies pétrolières, suite aux opérations de
forage effectuée. Des nappes que les dromadaires prennent malencontreusement pour des puits d’eau. Un éleveur camelin
affirme ainsi que l’un de ses amis a perdu 11 bêtes d’un coup, lesquelles ont ingurgité des substances toxiques dans un puits
abandonné. Cette pollution serait responsable de 20% de pertes.
Les efforts consentis par la Sonatrach pour l’élimination de ses bourbiers, sont minimes,. vu le grand nombre de puits et la
tache titanesque. Solution provisoire : dresser des clôtures autour d’anciens bourbiers. Autre option : la mise en place d’un
nouveau procédé qui permet aux nappes toxiques de s’évaporer dans l’air. La Sonatrach va devoir s’y atteler : la secrétaire
d’Etat chargée de l’environnement, Dalila Boudjemaa, a insisté à Hassi Messaoud, sur la nécessité de contrôler les résidus
pétroliers. Elle promet d’appliquer des mesures coercitives à l’encontre des entreprises pétrolières contrevenantes. Autre danger
pour les dromadaires qui entravent le renouvellement de l’espèce : les accidents de la route et les chiens errants qui s’attaquent
aux petits chamelons. □

ELEVAGE.- □ En 1998, le cheptel algérien se répartissait comme suit : Bovins (1.200.000), ovins
(17.800.000), caprins (2.500.000), chevaline (66.000), cameline (110.000), mulassière (81.000), asine
(225.000). Les productions animalières ont subi de plein fouet les contrecoups de la crise économique
que traverse le pays et les méfaits des innombrables restructurations et réorganisations qu'a connues
l'activité agricole ces dernières années. L'absence d'une stratégie globale de développement et l'inexistence
d'un cadre institutionnel et juridique qui fixe les missions, les domaines d'activité ainsi que les règles de
fonctionnement de l'élevage, étaient à l'origine d’une situation qui se caractérisait par :
◘ un désintéressement de plus en plus important des professionnels et des éleveurs pour cette activité,
◘ une réduction préoccupante du cheptel bovin laitier,
◘ une détérioration des conditions d'élevage du point de vue technique, notamment dans les domaines de
l'alimentation et de la santé animales,
◘ une activité de recherche peu développée et pas toujours reliée aux préoccupations du terrain,
◘ une totale désorganisation du marché des facteurs de production (aliments du bétail, produits
vétérinaires, etc.),
◘ une difficulté de régulation du circuit de commercialisation des produits de l'élevage.
L'action conjuguée de tous ces paramètres et bien d'autres encore a engendré une stagnation si ce
n'est une diminution de la production de viande et de lait, par exemple. Dans ces conditions, les pouvoirs
publics sont obligés de se tourner vers les importations pour assurer un approvisionnement relativement
satisfaisant et régulier du marché. Le financement de ces importations, sans cesse croissantes, s'effectue,
évidemment, au détriment des possibilités d'investissement du pays. L'Algérie dispose de potentialités
humaines, scientifiques et matérielles lui permettant, si elles étaient mieux valorisées, de sortir
définitivement de l'état de dépendance chronique en ce qui concerne les produits agricoles. La nécessaire
valorisation de nos potentialités dans le domaine des productions animales suppose une plus grande
confiance dans les capacités créatrices des cadres nationaux et des professionnels de manière générale.
Ces derniers doivent être associés à tous les niveaux à l'élaboration de la décision concernant leur secteur

70
d'activité. Toute tentative de relance des productions animales, pour être opérante et efficace, doit être
élaborée sur la base d'une connaissance précise de la situation actuelle du secteur. La filière élevage observe
un rythme singulier de croissance depuis quelques années.
□ En 2014, le cheptel national, tous types de ruminants confondus, dépasse le cap des 34 millions têtes, selon les statistiques
des services spécialisés du ministère de l’Agriculture et du développement rural. Par type de cheptel, il est fait état de 26,88
millions têtes d’ovins, 4,9 millions têtes de caprins, 1,9 million têtes bovines ainsi que plus de 344 000 têtes camelines.
L’élevage ovin représente ainsi près de 80% de l’effectif total du cheptel national. Aux termes de ce nouveau recensement, l’on
relèvera une extension exceptionnelle de ce dernier, en l’occurrence le cheptel ovin, qui passe ainsi de 21 millions à plus de 26
millions têtes entre 2010 et 2014, soit une croissance qui avoisinerait 25%.En revanche, c’est la filière bovine qui peine à trouver
son essor. Avec moins de 2 millions têtes, la filière bovine représente moins de 6% de l’ensemble du cheptel national des
ruminants. Son effectif est ainsi quasiment au même niveau qu’en 2010. En y déduisant le cheptel laitier, estimé à un million de
têtes, la part des bovins destinés à la production des viandes rouges ne représentera qu’une infime part de 900.000 têtes, soit
une part de 2,6% seulement de l’ensemble de la filière élevage.Si une disponibilité aussi faible justifie la hausse des prix sur le
marché des viandes rouges, les interrogations fusent néanmoins quant à la stagnation de la filière bovine alors que les
importations en bovins vivants ne fléchissent pas à la faveur des facilités accordées par l’Etat dans le cadre des dispositifs de
soutien au développement de l’élevage. A titre indicatif, selon la direction des Services Vétérinaires du ministère de l’Agriculture,
depuis le début de l’année 1998, les importations de bovins vivants ont atteint 25 625 têtes jusqu’à la fin mars, dont
respectivement, 10.669 têtes de bovins reproducteurs (génisses et vaches laitières), 14 506 têtes de bovins d’engraissement
(petits broutards) et 450 bovins d’abattage.
Selon les relevés 2011 (Rga,Madr), Les effectifs des ruminants recensés sont en augmentation constante et s’élèvent à :
► 18.738.166 de têtes ovines.
► 1.464.663 de têtes bovines.
► 3.186 ;878 de têtes caprines.
► 333.933 de têtes camelines.
♦ Le cheptel bovin est réparti sur 214 925 exploitations et compte 44,7% de vaches laitières.
♦ Le cheptel ovin est réparti sur 346.031 exploitations et compte 40,8% de brebis réparties sur 314 766 exploitations. Il est à
noter que 31.265 exploitations sont exclusivement orientées vers l’engraissement.
♦ Le cheptel caprin est réparti sur 206 391 exploitations (dont 185 709 centres de reproduction).
♦ Le cheptel camelin est réparti sur 10.650 exploitations (dont 9.847 centres reproducteurs).
♦ Le cheptel avicole : le cheptel ponte recèle plus de 23 millions de sujets composés de poules pondeuses et de poulettes
démarrées. Le cheptel chair, recensé en instantané (juillet, août), compte plus de 39 millions de sujets.
◙ 55.935 exploitations, soit 5,5% de l’ensemble des exploitations, pratiquent l’élevage hors–sol.
◙ Concernant l’élevage bovin,il y a lieu de s’intéresser de près aux besoins pour le développement de la filière viande sachant
que, pour ce cheptel assez stable, en légère augmentation autour de 1,9 million de bovins, le développement de la filière lait et
de la production laitière tout en assurant l’engraissement de jeunes bovins importés, supposerait de développer aussi les
productions fourragères et les structures d’élevage, insuffisantes à ce jour. On peut donc anticiper un développement de tout le
secteur : bâtiments et équipements pour l’élevage, la collecte et le stockage du lait, équipements pour la production et le
traitement des fourrages, matériels d’épandage, de traitement, de récolte, structures de stockage, de transformation et de
conditionnement… Par ailleurs, le pays étant sous-approvisionné en viande, l’Algérie devrait continuer à développer
l’engraissement de bovins, les structures d’abattage, de stockage et de transformation, etc…

►La production animale : L’élevage en Algérie concerne essentiellement les ovins, les caprins, les bovins et les camelins et
équins avec ces produits principaux comme viandes rouges, blanche, le lait, miel et laine, puis œufs. L’évolution effective
recensée durant les années (2000 à 2009) est représentée dans le tableau suivant :
Evolution de la production animale en Algérie (2000 – 2009)

Source MADR 2009

71
Evolution de l’élevage en Algérie  (2000-2009):

► Le cheptel  :  Les ovins : On remarque que le cheptel ovin est dominant par rapport aux autre animaux,
de 78% de l’effectif est constitué par le cheptel ovin et il constitue une richesse inappréciable pour les
habitants qui en vivent, lait, viande, peau, laine, tout leur est utile, malgré que les disponibilités fourragères
sont très faibles en zone de montagne sans possibilité d’extension de la production. Dans certaines régions,
telles que la Kabylie, les animaux sont nourris en hiver de feuilles de figuier et de brindilles d’oliviers et au
printemps, ils sont conduits dans les champs en jachère qui leur fournissent une alimentation suffisante puis
dans les parties montagneuses sur les pacages estivaux.
 Les bovins : Apres l’élevage ovin, arrive celui des bovins avec 7%  ; on les retrouve dans les régions
nord du pays environs 80% de l’effectif bovin avec 53% à l’est, 24% à l’ouest et 23% dans le centre. On
distingue (02) types de système de production dans l’élevage bovin :
♦ Le système extensif : Concerne les races locales et les races croisées, cet élevage est basé sur un
système traditionnel entre les parcours d’altitude et les zones de plaine, il est orienté vers la production de
viande (78% de la production nationale), il assure également 40% de la production laitière nationale.
♦ Le système intensif : Concerne principalement les races améliorées, ce type d’élevage orienté vers la
production laitière est localisé essentiellement dans les zones littorales. Le système intensif représente 30%
de l’effectif bovin, assurant près de 20% de production bovine nationale. La production de lait des bovins
d’après le tableau est en moyenne de 1.942.455 (KL) et le taux de croissance de la production laitière
annuelle est très faible ainsi que ce qui dérive du développement de l’élevage bovin.
 Camelin : Généralement situé au nord de l’Algérie, il a connu une nette progression, passant de 234.170
tètes en 2000 à 301.118 en 2009.
Evolution des effectifs en vaches laitières  :

Du tableau ci-dessus, on observe un mouvement en yoyo des effectifs totaux en vaches laitières, entre
2000 et 2014. Egalement, il ressort de ce tableau, une quasi-stagnation des effectifs en vaches laitières,
72
entre 2000 et 2014  ; Situation qui s’explique, en partie, par des difficultés de gestion des élevages et,
notamment, les coûts de l’alimentation, aggravés de surcroît, par les retours cycliques de la sécheresse.

♣ Les contraintes de l’élevage bovin . Les contraintes rencontrées par l’éleveur, selon les responsables de
la BADR, sont :
 La mauvaise adaptation des races importées :
 L'introduction de ces vaches laitières ne s'est pas traduite par les rendements escomptés ; ils sont mêmes
à des niveaux très faibles et aussi plusieurs facteurs :
 Importation anarchique de divers pays
 Inadaptation aux conditions climatiques locales
 Non disponibilité de l'aliment adéquat (céréales, tourteaux)
 Réduction des quantités et hausse des prix de l'aliment séché, en raison des sécheresses successives
 Mauvaise maîtrise des techniques de conduite des cheptels
 Relâchement du suivi sanitaire
 Prix du lait peu incitatifs en comparaison avec ceux de la viande
 La faiblesse de technicité chez les éleveurs dans la maîtrise et la rigueur de la conduite du troupeau, de la
rationalisation de l'alimentation et de l'exploitation des techniques de la reproduction.
♦ Les obstacles de l’activité d’élevage bovins selon l’enquête. L’éleveur signale l’insuffisance de
moyens jugés efficaces dans l’exploitation de l’activité d’élevage énumérant les obstacles suivants :
-L’annulation de l’octroi des crédits pour les véhicules de transport qui sont à la base pour assurer une
activité comme l’élevage des bovins.
- L’achat des bovins devrait être faite par les bénéficiaires, non par les banques car le choix des bovins est
important entre la meilleure et la mauvaise qualité.
- La commercialisation du lait qui doit être vendu directement au dépositaire de la collecte du lait et non
d’une façon directe pour les commerçants. -
Les coûts élevés des aliments des bovins.
- La non disponibilité des vétérinaires de qualité et les frais élevés exigés par ces derniers.
♦ Règles d’hygiène et de sécurité dans l’activité d’élevage  : Selon le bénéficiaire, le bien-être animal
consiste essentiellement à appliquer des pratiques sensibles et sensées vis-à-vis du bétail présent dans
l’élevage. En général, les consommateurs perçoivent les normes rigoureuses de bien-être animal comme un
indicateur de la sécurité sanitaire, de l’innocuité et de la grande qualité des aliments. Les normes de bien-
être animal font partie des plans de qualité et de salubrité des aliments à la ferme. Habituellement, les
codes de bien-être animal répondent à cinq besoins fondamentaux qui devraient correspondre aux
meilleures pratiques agricoles relatives au bien-être animal. Le respect de ces cinq besoins représente le
concept global de bien-être animal  :
- S’assurer que les animaux soient préservés de la soif, de la faim et de la malnutrition.
- Assurer aux animaux un confort approprié
- Veiller à ce que les animaux soient préservés de la douleur, des blessures et des maladies.
- Faire en sorte que les animaux n’aient pas peur.
- Veiller à ce que les animaux puissent exprimer des comportements considérés comme normaux pour
l’espèce.
FAMINE.- L’économie algérienne est marquée par une forte dépendance alimentaire. Le recours à
l’importation des produits de première nécessité est indispensable pour satisfaire les besoins de sa
population. La facture alimentaire constitue le second poste d’importations, après celui des biens
d’équipements. La question de la satisfaction des besoins alimentaires de la population est donc
stratégique. Avec 479 000 personnes supplémentaires à nourrir chaque année et une croissance
relativement faible de la production agricole, se profile la crainte d’un décalage important entre les besoins
et la production agricole. Sur fond d’une crise mondiale qui entraîne de sérieuses perturbations du cours
du pétrole, ressource principale du pays, cette situation est au cœur des préoccupations de tous les
acteurs en rapport avec l’agriculture, qu’ils soient décideurs, scientifiques ou producteurs (ANSEUR, 2009).
Lutter contre la faim sera un vain mot si l'investissement dans les différents secteurs de l'agriculture entrant
dans le cadre du programme du gouvernement ne prend pas effet. Il est essentiel de bien comprendre les
liens qui unissent sécurité alimentaire, agriculture et nutrition si l'on veut apporter une solution aux
problèmes de la pauvreté (FAO). Menacée d'une sécheresse qui aura, néanmoins, touché 65% des terres
cultivables jugées dès lors sinistrées (août 97), l'Algérie ne peut désormais que s'armer pour contrer les

73
éventuels risques de disette ou de famine. La population a quadruplé depuis 1962, mais la production n'a
pas suivi. La quantité de terre cultivable régresserait passant de 7.573 m2 par habitant en 1962 à 2.524
m2/hbt actuellement. Ce chiffre fait craindre des cas graves de sous-nutrition d'ici une dizaine d'années, eu
égard au coût de la vie et des denrées alimentaires, si la population (40 millions d’hbts) continue
d'augmenter au rythme actuel et si l'agriculture demeure aussi peu productive. A titre d’exemple, l'Algérie
produisait 24 millions de quintaux de céréales en 1954. Elle n'en produit que 30 millions en moyenne ces
dernières années. Sa dépendance alimentaire vis-à-vis du monde occidental demeure aujourd’hui très
forte.« L’Etat algérien a adopté depuis 2007, une politique qui vise, d’une part à intensifier la production
agricole et, d’autre part, à concourir au développement des zones rurales pour fixer les populations. C’est
une politique qui vise aussi ; l’amélioration des rendements des surfaces agricoles. La sécurité alimentaire
est une question éminemment stratégique pour l’avenir de la nation et que l’autosuffisance alimentaire est
une dimension importante de la souveraineté nationale »□ Fouad CHEHAT, La Revue "Economie" du 28 Avril
2014.
FINANCEMENT AGRICOLE INFORMEL.- Le système bancaire ne fait que collecter les fonds des
épargnants, sans se soucier de prêter ces fonds pour le financement des investissements, qui permettront
aux banques de faire face aux frais financiers de gestion des affaires courantes et de stimuler la
concurrence sur le marché financier. Le recours au marché financier informel trouve sa justification dans
l’incapacité du secteur financier bancaire formel à jouer ce rôle d’intermédiaire institutionnel. Aussi, les
causes à l’origine du développement et de la création des mécanismes en faveur de la finance informelle
sont motivés par sa praticabilité et son opérationnalité. Le financement informel  est généralement
une opposition au système financier formel. Son existence est justifiée, dans l’approche économique néo-
classique ou standard, par le disfonctionnement du système financier formel. Cette opposition renvoie à un
dualisme entre deux secteurs qui seraient différents et sans relations entre eux. Le financement informel
défini comme suit : « toute transaction qui permet aux agriculteurs de mobiliser un facteur de production, en
argent ou en nature, auprès d’une tierce personne ». Ils permettent aux agriculteurs de mobiliser des fonds,
pour le fonctionnement et ou le développement de leur exploitation, auprès de tierces personnes.
♦ Les types de financement informel  : Le financement informel est, en revanche, fortement développe´ et
organise par quatre type, outre l’autofinancement, il s’agit de la vente sur pied avec préfinancement,
l’association de production, le crédit fournisseur d’intrants et de services agricoles et les prêts entre
particuliers.
 Autofinancement  : Il est classé comme la source principale de financement de l’exploitation agricole,
enquêtée dans les différentes régions du pays, sont ressource constitués par l’épargne provenant des autres
activités économique formelle ou informelle qu’il exerce lui-même ou qu’exercent les membres de son
ménage. Plus l'exploitant possède de capacité d'autofinancement, plus il est en meilleure position pour
choisir les formes de financement complémentaire éventuel et négocier les termes du contrat de
financement(2).
 La vente sur pied avec préfinancement  : Le contrat classique de vente sur pied d’une récolte donnée est
ici élargi par des clauses spécifiant la mobilisation, par l’acheteur, de ressources financières pour couvrir
tout ou partie des charges de campagne. Cette mobilisation peut prendre la forme d’une avance sur le
montant de l’achat de la récolte ou celle d’une contribution de l’acheteur dans la prise en charge directe de
dépenses de production. Les arrangements sont multiples et concernent surtout le partage des
responsabilités techniques et financières de la conduite du processus de production. La négociation et la
conclusion de ce type de transaction se font au début du cycle biologique de la production et où l’acheteur
contribue, directement ou indirectement, à financement du processus de production.(3)
 L’association de production  : Les transactions d’association de production dans le secteur de l’agriculture
sont des pratiques ancestrales. Elles ont toujours permis à des individus disposants de facteurs de
production différents mais complémentaires de les combiner pour les faire fructifier dans le cadre de
processus de coproduction. Dans ces transactions, chacun des associés apporte une contribution aux
facteurs de production nécessaires à la réalisation d’une production agricole. Le partage de la récolte entre
les associés se fait d’une manière proportionnelle à l’apport de chacun d’entre eux en facteurs de
production. Ainsi, par exemple un agriculteur propriétaire d’une terre, ne disposant pas de ressources
propres (travail, capital) pour la travailler, fait appel à un associé pour lui apporter la ou les ressources qui
lui font défaut. Les apports peuvent être donc de nature différente, mais doivent être équivalents aux
proportions de partage de la récolte. Dans la pratique, plusieurs formes d’arrangements contractuels sont
mises en œuvre dans ce type de transactions et ce en fonction du type de culture concerné (4).
 Le crédit fournisseur d’intrants et de services agricoles  : Le crédit-fournisseur est une pratique légale, ces
transactions accordent à une partie de leurs clientèles des avantages sous forme de facilités de paiement
de leurs acquisitions en services et/ou en intrants. Cependant, n’accèdent à ce genre de services que les
clients réguliers reconnus pour leur honnêteté et leur sérieux. La période du crédit ne dépasse pas, dans les
meilleurs des cas, les deux mois, La durée du crédit se compte généralement par semaine. Cependant, les
commerçants traitent leurs partenaires (agriculteurs, éleveurs) différemment en fonction de la valeur de
leurs achats. Ceux dont la valeur des achats est faible se voient consentir des montants de crédit plus
faibles et à termes plus rapprochés que ceux accordés à des clients ayant des achats plus importants..
Certains grands éleveurs négocient en plus des délais de paiement, qui leur sont très avantageux, les prix
qu’ils arrivent à faire baisser à des niveaux très intéressants(5).
 Le prêt entre particuliers  : C’est une source de financement qui se fait presque exclusivement en argent et
ce, sans intérêt. Cependant, la durée et la valeur des montants empruntés varient d'une personne à une
autre et d'une région à une autre. Les sommes échangées dans le cadre de cette pratique sont, en général,
relativement faibles (de quelques milliers à quelques centaines de milliers de DA) et ce pour des périodes
souvent courtes (de quelque semaines à quelques mois). Il semble donc s'agir plus de prêts de campagne
que de prêts à moyen long terme pour l'investissement. Cependant, on peut trouver des cas où les sommes
74
empruntés sont très importantes.
♦ Rôle et importance du secteur financier informel  :
- le secteur financier informel  : ils ne cherchent pas à évaluer les risques de pertes de l'investissement, il
suffit de présenter des garanties de remboursement tangibles, pour matérialiser la transaction ;
- Il mobilise des fonds mis à disposition rapidement dans tous les milieux, il n'est pas nécessaire d’effectuer
un déplacement vers les grands centres urbains pour réaliser une transaction, les débiteurs et créditeurs se
connaissent bien, ils sont souvent, issus du même milieu.
- La souplesse, la rapidité et la disponibilité du secteur financier informel attribuent un rôle de premier ordre
aux intermédiaires, devenus incontournable(6).
♦ Inconvénients et avantages du financement informel  :
□ Les inconvénients  : -
L'inconvénient majeur qui revient essentiellement dans le financement informel est lié au taux d'intérêt jugé
trop élevé et à la durée du prêt qui est très courte, comparativement au secteur financier formel, prêtant à
moyen et long terme et à des taux d'intérêts accessibles.
- Les conséquences dangereuses que génèrent certains accords de prêts entre des prêteurs et emprunteurs
poussent certains prêteurs à la violence, lorsque l'emprunteur ne respecte pas les termes du contrat et s'il
dispose d'un contrat notarial ou d'un chèque de garantie, il traduit l'emprunteur en justice.
□ Les avantages  :
- Le premier avantage est basé sur le renforcement et la consolidation communauté dans le cadre des
relations de proximité.
- La facilité d'accès aux crédits informels est le second avantage que procure la finance informelle,
Contrairement à celui des prêts formels qui exigent des demandeurs de prêts de remplir une suite de
critères contraignants et difficile à remplir.
- Les procédures exigée au finances informelles n'est pas compliquée, ce qui facilite et rend l'obtention du
prêt très rapide, alors que celui du secteur bancaire exige le respect d'une procédure très lourde et longue
pour avoir droit à l'accès aux crédits. Les exigences en termes de garanties. Sont plus souples chez les
prêteurs informels Alors qu’au niveau du secteur financier officiel, les banquiers réclament des
cautionnements ou des hypothèques. Les modalités sont très flexibles, adaptable en fonction de la demande
des emprunteurs, en ce qui concerne le montant, la destination de prêt et la durée du prêt qui peut être
révisée en cas de nécessité, en jouant sur le taux d'intérêt. Enfin, les prêts accordés par la finance
informelle sont considérés comme étant un privilège non pas comme un droit, tel qu'il est conçu par la
clientèle dépositaire de fonds dans des banques. De ce fait les emprunteurs ne peuvent pas exercer des
pressions sur les prêteurs. □ Tamelloult Mounia & Slimani Rebiha (2017)
Notes  :
(1) Ali Daoudi et S.Bedrani, Le financement informel des exploitations agricoles en Algérie : un essai de
caractérisation des principales pratiques, cahiers du CREAD, n°85-86, 2008, p.3.
(2).A. Daoudi et S. Bedrani, le financement non institutionnelle dans l’agriculture : quelque résultats d’une
enquête rapide, INRAA l’laboratoire d’économie agricole et agroalimentaire, p.79.
(3) A.Daoudi, le financement informel dans l’agriculture algérienne :les principales pratiques et leurs
déterminants, CahAgric, vol. 19 • N° 4 • juillet-août 2010, p.244.
4) Ali Daoudi et Slimane Bedrani, Le financement informel des exploitations agricoles en Algérie : un essai
de caractérisation des principales pratiques, cahiers du CREAD, n°85-86, 2008, p.6.
(5) A.Daoudi et S.Bedrani, le financement non institutionnelle dans l’agriculture : quelque résultats d’une
enquête rapide, INRAA l’laboratoire d’économie agricole et agroalimentaire, p83.
(6) Bélaid Abrika, modalité, rôle et mobilisation des sources de financements informelle des entreprises du
bâtiment en Algérie : cas de la wilaya de Tizi-Ouzou, p.8.
FORETS.- La superficie forestière globale de lAlgérie, maquis compris est d’environ 4.200.000 ha , soit un
taux de boisement de 11% pour le Nord de l’Algérie et de près de 2% pour l’ensemble du territoire national. La forêt est dominée
par des formations dégradées, les peuplements réguliers sont rares et de par sa nature et les espèces méditerranéennes qui la
composent, elle n’a jamais fourni de grosses quantités de bois. Toutefois, jusqu’à présent, elle arrivait à alimenter une filière
bois, certes modeste, mais dont l’impact socio-économique n’était pas négligeable. Ce patrimoine est constitué
principalement de pins d'Alep, de chêne-liège, de pins maritimes, de cèdres d'eucalyptus, de chênes zeen et
de thuya. Même si ces forêts ne sont pas aussi riches que celles des pays tropicaux, elles présentent, tout
de même, une importante diversité biologique (flore et faune). La forêt algérienne est constituée par un
certain nombre d'essences qui sont étroitement liées au climat. A mesure que l'on s'éloigne de la mer, le
paysage forestier change du nord vers le sud du pays. Concentrée surtout dans l'Algérie du nord, la forêt
est très inégalement répartie sur l'ensemble du territoire. On peut distinguer alors deux principales zones
bien différentes :
♣ le littoral et surtout les chaînes côtières de l'Est du pays, régions bien arrosées, portent les forêts les plus
denses et les plus belles. C'est là que l'on trouve les massifs importants de chêne-liège et chêne-zeen
(grande Kabylie, Béjaia, Jijel, El Milia, El Kala).
♣ les hautes plaines continentales, régions à steppe, plus sèches, situées entre les chaînes côtières et
l'Atlas saharien, portent sur leurs parties accidentées de grands massifs de pin d'Alep et de chêne vert
(Aurès, Djelfa, Saida, Telagh). Le cèdre est relégué sur les hauts sommets (Chréa, Bélezma, Chélia,...).
♣ dans l'Atlas saharien, en dehors des hautes montagnes, les reboisements se réduisent aux maquis de
génévriers et de chêne vert clairsemés.
♣ dans le sud du pays, les forêts sont inexistantes.
L'état actuel de la forêt est le résultat d'un ensemble de facteurs naturels, historiques et socio-économiques.
Les effets conjugués de ces facteurs (incendies, défrichements, attaques parasitaires, surpâturage,...) font
que la forêt a été depuis longtemps dans un état de dégradation et de déséquilibre. Cependant, les
75
interventions menées ces dernières années à l'intérieur même des massifs forestiers, ont favorisé
l'intégration du secteur forestier dans l'économie nationale.
On distingue comme types de végétation :
► la suberaie : sur les 460.000 ha qu'occupe le groupement de chêne-liège, 230.000 ha seulement sont
susceptibles de produire. L'autre partie est une suberaie de dégradation (environ 260.000 ha) composée
essentiellement d'espèces arbustives, d'arbrisseaux et formant ainsi les maquis. La suberaie, d'une manière
générale se trouve dans un état caractérisé par :
► un vieillissement avancé des peuplements,
► l'absence ou l'insuffisance d'une régénération naturelle et d'opérations d'assainissement,
► le paccage excessif.
Ajoutés à cela, les lenteurs dans le transport et l'enlèvement des lièges les exposent fréquemment à la
détérioration en forêt même. Les projets d'aménagement et d'exploitation installés dans les forêts les plus
productives (Collo, Ben-Salah, Guerrouch,...) doivent permettre une amélioration de l'état de la suberaie et
une augmentation de la production.
► les pineraies (pin d'Alep essentiellement) s'étendent en différentes zônes couvrant au total 800.000 ha et
se retrouvent aussi bien sur le littoral et le sub-littoral (algéro-oranais) que sur l'Atlas tellien, les Hauts
Plateaux et l'Atlas saharien. Comme pour la suberaie, on ne peut attendre une amélioration avant
l'application d'une sylviculture appropriée à ce type de peuplement. Entre-temps, l'accent doit être mis sur la
formation de sylviculteurs, de bûcherons et d'ouvriers qualifiés.
► la phoenisaie (génévriers) est une essence sans grand intérêt sylvicole, mais susceptible de constituer
une essence de reboisement transitoire dans les zones difficiles, en particulier le barrage vert.
► la callitraie (Thuya de Berbérie) dont les formations sont sous l'aspect de futaie ou de taillis bas ou
clairsemés. Le bois de thuya est recherché pour ses qualités. Aussi, et malgré sa lenteur de croissance et la
faiblesse de ses dimensions, cette essence mérite une plus grande place dans les programmes de
reboisement d'autant plus qu'il peut convenir là ou peu d'espèces réussiraient.
► la cédraie, s'étendant sur environ 30.000 ha, est une association d'un haut intérêt scientifique.
Actuellement, les principaux peuplements de cèdres sont déclarés parcs naturels. Les forêts naturelles ont
fait l'objet d'un aménagement spécial en parcs nationaux, le secteur a entrepris un effort visant à réserver
une plus grande place à cette espèce dans les reboisements.
► la chenaie verte, sous forme de taillis bas, a de tous les temps été un réservoir de bois de chauffage et
de charbon. Ces deux usages tendant à disparaitre, l'enrésinement de la chenaie verte peut paraitre la voie
la plus indiquée. Néanmoins, les formations de chêne vert sont aussi d'excellents parcours, fait, qu'il est
difficile voire impossible de dissocier aujourd'hui du contexte du développement forestier. L'autre affectation
consiste en l'amélioration, à des fins pastorales, des taillis et des maquis de chêne vert par l'introduction
d'arbres fourragers et la création de prairies selon les conditions de station.
► la zeenaie (chene zeen) en forêts parfois mélangées avec le chêne liège ou le chêne alfarès à sa limite
altitudinale supérieure, sont bien situées dans les basses montagnes du littoral-Est. Elles forment de
magnifiques forêts, en bon état ; ces massifs de valeur relativement bien conservés forment trois ensembles
distincts :
▪ bloc de l'Est algérien, région de Annaba, El Kala, Souk-Ahras.
▪ bloc du nord constantinois : région de Jijel (forêts de Guerrouch et de Ramentout).
Le taux de couverture de ces forêts varie de 50% à peu près pour la Kabylie, région centre et Est, à 2% pour la zone Sud, avec
une moyenne nationale de 11%. Elles se composent comme suit : – forêts naturelles : 1 329 400 ha, – reboisements : 972 800
ha, – maquis : 1 844 800 ha, – pelouses : 2 800 ha.Les essences principales composant ces formations forestières sont à 50%
constituées de résineux, représentés principalement par le pin d’Alep, les genévriers, le thuya et 50% de feuillus,
essentiellement le chêne-liège, le chêne vert et un peu le chêne zeen. L'état de déséquilibre et de dégradation du
patrimoine forestier confère à ce potentiel davantage de protection que de production. Néanmoins, même
modestes, différents produits peuvent être dégagés à partir de programmes d'exploitation (bois-liège-
souches de bruyère, sans parler des sous-produits). La situation de la filière bois algérienne actuelle accuse des
performances médiocres et des difficultés innombrables, conséquence d’une gestion obsolète en dépit des ressources et des
potentialités de production qu’elle recèle.
♣ Les principales surfaces selon les essences en Algérie (DGF Algérie 2012) :
♦ Pin d’Alep  800.000 ha ♦ Chêne-liège 463.000 ha ♦ Chêne vert  354.000 ha
♦ Chêne Zeen 65.000 ha ♦ Genévriers 217.000 ha ♦ Thuya 143.000 ha
♦ Cèdre de l’Atlas  120.000 ha ♦ Autres feuillus 168.000 ha ♦ Autres résineux 58.000 ha
► Les formations forestières en Algérie, sont des formations en équilibre précaire, soumises continuellement aux aléas
climatiques (stress thermique et hydrique, …) et exposées à de nombreuses actions anthropiques (incendies, vol, bétail, …).

76
L’étendue des forêts de pin d’Alep en Algérie

► Les forêts de pin d’Alep (ou pin blanc) couvrent plus de 850 000 ha (Mezali, 2003). Cette espèce qui est présente dans tous
les étages bioclimatiques, depuis le littoral jusqu'à l’Atlas saharien, trouve son optimum de croissance essentiellement en zone
semi-aride. Sa grande plasticité et son tempérament robuste ont fait d’elle une essence pionnière de grand reboisement.
◙ Feux de forêt : L’Algérie du nord, pour la période d’étude 1985-2010, est très touchée par les feux de forêt puisqu’elle
enregistre un cumul de 42.555 feux, qui ont détruit une superficie forestière totale de 910.640 ha. Ce qui correspond à une
moyenne annuelle de 1.637 feux et 35.025 ha de surface brûlée, malgré une forte variabilité interannuelle de ces paramètres.
Sur le plan temporel, les résultats révèlent que le mois estival qui a enregistré le plus grand nombre d’incendies (39,66 % du
total) et la plus grande surface incendiée (51,86 %) est sans conteste le mois d’août. De plus, les incendies se concentrent dans
la tranche horaire 10-18 h, avec près de 79 % du nombre total, mais sans aucune prépondérance significative pour un
quelconque jour de la semaine. A la lumière de ces résultats, il apparaît logique de canaliser les efforts de patrouille et de
surveillance, durant cette période diurne de 8 heures (10-18 h) avec un maximum de surveillance entre 12-16 h, et plus
spécialement durant le mois d’août, où une extrême vigilance est exigée, surtout aux abords des endroits fréquentés et des
zones habitées. En retour, le gain (surface épargnée par le feu) escompté sera certainement des plus notables.

Les incendies de forêts dans quelques pays du bassin méditerranéen (JRC-2010)

Répartition mensuelle des nombres de feux et des superficies incendiées (période 1985-2010)

L’analyse des causes d’incendies et de leur importance relative en Algérie, met en évidence l’insuffisance des résultats acquis
en matière d’identification des sources de départs de feux. Ceci montre les efforts qui doivent être entrepris pour cerner au
mieux les causes des incendies de forêts et réduire au minimum leurs effets. Une recherche plus active des causes aurait
certainement un effet de prévention marqué. Spatialement, on note que les feux de forêts se concentrent surtout dans les

77
wilayas littorales du nord-est algérien, de Tizi Ouzou à El Tarf, correspondant à la région du chêne liège kabyle (Boudy, 1952).
Mais au delà du constat global, l’analyse de l’origine de la gravité des mises à feu met en évidence certaines spécificités de
cette région et en particulier les relations entre le pastoralisme et les incendies. Ces wilayas, disposant d’un patrimoine
subéricole important, sont fortement touchées par les incendies de forêt, ce qui peut s’expliquer par le fait que la région du nord-
est du pays est la plus chargée en effectif de bétail et que la pression de l’activité anthropique y est très importante (DGF, 2002).
Par exemple, dans le Parc national d’El Kala, en quelques années, l’augmentation des effectifs de bovins a été exponentielle,
passant de 15.000 à 100.000 têtes (FOSA, 2000). Enfin, la prévention plus que la lutte doit jouer un rôle primordial. Des études
scientifiques doivent être menées et poursuivies, afin de déterminer et de cartographier le degré de sensibilité des différents
peuplements forestiers et de gérer cette information par les nouvelles technologies. D’autre part, la prévision devra tenir compte
des facteurs socio-économiques locaux, en s’efforçant d’intégrer les populations riveraines aux activités forestières, dont les
programmes seront intensifiés, organisés et planifiés grâce aux plans d’aménagement qui devront être élaborés (travaux
sylvicoles, travaux d’entretien des pistes et des pare-feux, travaux de mise en valeur dans les pare-feux implantations fruitières,
activités pastorales dans le respect des reboisements et mise en défens). Il s’agit de reconvertir les populations enclavées et les
populations riveraines en travailleurs permanents ou en bénéficiaires de droits d’usage directement intéressés à la production.
La forêt devenant leur source de revenus, ils veilleront alors à sa sauvegarde au lieu de la dégrader.□ MEDDOUR Ouahiba
(2014)

OLEICULTURE.- Elle représente pour l'Algérie l'espèce fruitière la plus importante de par la superficie
qu'elle occupe. En 1997, le verger national oléicole s'étend sur une surface de l'ordre de 191.500 ha
représentant 38% du verger arboricole et 2,5% de la surface agricole utile. La culture de l'olivier constituait
pour les populations rurales une des sources de revenu la plus significative, mais les mutations profondes
qu'a connues l'Algérie ont quelque peu marginalisé cette spéculation. A titre comparatif, la production
d'huile d'olive qui était de 36.000 tonnes en 1925 avec un verger de l'ordre de 100.000 ha, est passée à
19.000 tonnes en moyenne pour la surface actuelle. Annuellement, l'Algérie importait à cette époque
approximativement 410.000 tonnes d'huile de graine et graisses végétales (265.000 $ US) pour répondre
aux besoins de consommation.
Bien que le segment n’ait pas encore atteint les objectifs en matière d’intégration économique, les résultats s’avèrent
encourageants et prometteurs. Le bilan de la campagne oléicole 2015/2016 ressort, à ce titre, que même si les conditions
climatiques n’ont pas été favorables à la culture de l’olivier,  une amélioration de la production nationale et des rendements a été
constatée, comparativement à la campagne écoulée. Selon les indicateurs fournis, le nombre de plants produits, au cours de
cette campagne, a chuté d’une façon notable, passant de 6 millions de plants à 3 millions de plants, soit une baisse de 50%.
Cette quantité produite permettra la mise en place de 16.000 hectares de nouvelles plantations avec une densité de 200
plants/hectare ou de 8.000 hectares avec une densité de 400 plants/hectare. Des performances qui demeurent « très loin des
objectifs fixés par le MADRP et qui tablent sur une extension annuelle de 33.000 ha uniquement pour les olives à huile ».
Le même bilan indique que la superficie du verger oléicole (2015/2016) devait totaliser 471.657 ha, soit une augmentation de
près de 16%, par rapport à la campagne précédente, ce qui correspond à la mise en place de plus de 64.000 ha de nouvelles
plantations. Le nombre total d’oliviers a enregistré une évolution de 10%, à la période concernée, pour atteindre près de
6.200.000 oliviers, notamment au niveau des wilayas de Béjaïa, Skikda, Saida, Djelfa et Chlef. Aussi, en dépit des conditions
climatiques relativement difficiles qui ont caractérisé la campagne oléicole, la production totale d’olives (pour conserve et pour
huile) n’aura pas été fortement affectée avec une évolution de 7%. La production d’olive destinée à l’huile, a par ailleurs
enregistré une bonne croissance, la production étant passée de 420.000 tonnes au cours de la campagne 2014-2015, à plus de
470.000 tonnes au cours de la campagne suivante, soit un accroissement de 13%. La production de l’huile d’olive a enregistré, à
son tour, le niveau le plus élevé des 15 dernières années en atteignant plus de 900.000 hectolitres, représentant une croissance
de 25%. L’objectif fixé par la tutelle, à l’horizon 2019, vise une production de 8,1 millions de quintaux par rapport à la production
actuelle qui est de 6,9 millions de quintaux avec l’entrée en production de nouvelles plantations, notamment celles des régions
steppiques et du Sud. L’autre objectif consiste à développer l’exportation de 5 millions de litres d’huile d’olive, pour une valeur de
14 millions de dollars. Un objectif qui reste tributaire de l’organisation des acteurs de la filière et de la facilitation des procédures
à l’export.Les prévisions de production pour la campagne 2016/2017 faites par la direction des services agricoles des wilayas
potentiellement oléicoles laissent apparaître une régression de la production comparativement à la campagne écoulée.La plus
grande baisse, selon les prévisions, sera enregistrée dans la wilaya de Béjaïa avec -15% de production des olives à huile.«La
filière oléicole en Algérie est délaissée par l’Etat, même si, la volonté existe pour développer ce créneau qui est très porteur, sur
le terrain rien n’a été fait », c’est ce que nous a confié M. Arezki Nabil, Responsable commercial de la marque d’huile d’olive
extra vierge « Numidia », des huileries d’Ouzellaguene, du groupe Ifri, lors de la deuxième journée de la Foire Internationale
d’Alger, à la Safex. Ajoutant que « l’Etat continue toujours d’importer de grandes  quantités  en matière de produits oléicoles,
alors que, le potentiel local est énorme et  n’attend qu’à être exploité, par le soutien et la formation aux  agriculteurs. Et ce,  en
ramenant de nouvelles techniques pour toute la chaîne de production, pour investir davantage dans ce domaine qui est l’un des
atouts du secteur agricole ». Concernant les contraintes de la filière, M. Arezki, a souligné entre autre, que « la main d’œuvre 
est saisonnière, difficile à trouver et également chère, car, on ne peut pas recruter des employés permanents qui travailleront
seulement pendant les trois mois que dure la saison oléicole. Aussi, la technique de collecte  est manuelle pour l’instant, et ne
permet pas de gagner en temps et en quantité, en plus, la technique mécanique qui consiste utiliser  un vibreur  destiné à
faciliter la cueillette n’est pas  encore prisée en Algérie. Précisant que «cela, influence négativement sur la qualité de l’huile
d’olive, nous ne voulons pas faire, car, la qualité est la devise de notre entreprise », ajoutant qu’«il y a également le problème de
l’emballage, qui spécifique et coute très cher». Par ailleurs, la représentante qualité de la marque a indiqué que « l’huile d’olive
algérienne est classée parmi les meilleures à l’échelle mondiale, vu son taux  normal d’acidité, vitaminée, et sa richesse en
antioxydant ». Et d’ajouter « pour avoir une huile d’olive concurrentielle à l’échelle internationale, il faut toute une chaîne de
production et un suivi rigoureux de toutes les étapes, à partir du traitement de l’arbre, du respect de la période de cueillette, les
conditions de transport des olives, il ne faut pas dépasser 24 heures de la cueillette jusqu’à l’opération de pressage,  c’est cela
qui a fait que notre huile s’est distinguée maintes fois à l’échelle internationale, en obtenant le deuxième prix au Salon
International de Paris, auquel ont participé 168 pays, parmi  les plus grands producteurs »..
Les industries des huiles oléicoles et les huiles végétales ou de graines:
♦ La production d’olives de table a oscillé entre 8 000 T en 1994/95 et 63 500 T au cours de la campagne 2002/03, avec une

78
moyenne de 15 400 T au cours de la période 1993/94 1998/99 et une moyenne de 51 600 T au cours de la période 2000/01 –
2003/04.
production 2004/2005 2005/2006 2006/2007 2007/2008
Algérie 33.5 32.0 21.5 24.0
Campagnes d’huile d’olives (milliers de tonnes)
Source : Conseil Oléicole International (COI)
♦ La production moyenne d’huile d’olive est de : 34 000 T. On notera cependant qu’au cours de la campagne 2003/04, l’Algérie
a produit 69 500 T. Les fluctuations de production sont dues essentiellement aux conditions climatiques. L’industrie oléicole
algérienne était composée majoritairement d’huileries traditionnelles non performantes.
♦ Le secteur oléicole (oléiculture plus industrie oléicole) fait vivre, directement ou indirectement, plus d'un million de personnes.
En outre, l'oléiculture contribue largement à l'équilibre régional puisque c'est souvent la seule culture viable dans les zones les
moins favorisées. Elle permet de fixer les populations dans des aires qui, d'une autre manière, souffriraient l'impact négatif de
l'exode rural. 
♦ Il doit déployer de grands efforts de restructuration, de modernisation et d'amélioration de la qualité de ses huiles,
accompagnés d'une considérable expansion de ses surfaces oleïcoles.La production de l'huile d'olive constitue l'un des points
forts traditionnels de l'agriculture algérienne à côté des autres secteurs tels que, la datte, l'agrume.
Installations Nombre
huileries traditionnelles 1 400
huileries avec presses ou super-presses 85
huileries modernes 165
Total huileries 1 650
♦ Les huiles de graines : Elle se limite pour l’essentiel au raffinage d’huiles brutes importées (capacité totale de 400.000 T par an
en 1992). Les activités de trituration de graines ayant totalement disparu depuis 1982-1983. S’y ajoute la fabrication de savon de
ménage (183.960 T par an), savon de toilette (46.355 T par an), margarine et graisse végétale (26.280 T).Les importations de
matières nécessaires à ces activités s’élèvent à quelques 200 millions de dollars US.

PHOENICICULTURE .- Le secteur phoenicicole a été exposé par le passé aux différentes conjonctures de la politique
agricole. Rappelons que trois problèmes avaient freiné le développement agricole depuis lindépendance : une insuffisante
concentration des actions sur l’exploitation agricole en tant que telle, une faible utilisation de l’encadrement technique et des
services agricoles en général, et surtout la centralisation des décisions et la prise en considération insuffisante de l’adhésion des
agriculteurs. Il convient spécifiquement de souligner que la structure institutionnelle du secteur phoenicicole était encore
relativement disloquée. Chaque institution avait son domaine. Il s’avérait difficile de confier un programme dappui au secteur à
une institution avec un mandat sectoriel. L’essentiel de l’encadrement au niveau de la Wilaya est assuré par les services
déconcentrés du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural au niveau de la Direction des Services Agricoles.
La culture du palmier dattier demeure la base de léconomie oasienne. Elle est en quelque sorte la force motrice qui entraîne et
qui facilite dautres activités agricoles, industrielles et commerciales. Si les économies des grandes agglomérations de la zone
phoenicicole, telles que celles des villes de Biskra et probablement de Touggourt, se sont déjà déconnectées de la filière
dattière, les économies des petites et moyennes oasis sont largement tributaires de ce secteur. Le palmier permet aux
phoeniciculteurs d’exploiter les strates inférieures de la palmeraie pour pratiquer d’autres spéculations (arbres fruitiers, légumes,
fourrages, élevages). Ainsi, la culture du palmier constitue une condition préalable pour dautres activités agricoles dans les
oasis, telles que le maraîchage et lélevage.Dans le passé, le secteur a joué ce rôle. Un grand nombre
dagglomérations entre le Nord-Est et le Sud-Ouest ont pu exister et se développer grâce à l exploitation de
quelques 8.834.000 palmiers en production. Beaucoup de petites et moyennes oasis du Sud doivent leur
survie à lexistence des palmeraies. A la fin de l’année de 1995, le patrimoine phoenicole comptait dans son
ensemble quelques 8 millions de palmiers. Sur ce nombre, 5.850.000 constituaient le potentiel productif soit
73%. Au terme de cette décennie, le patrimoine phoenicole avait enregistré une perte notable de l'ordre de
540.000 palmiers, soit une régression de 8,5%. Cette tendance au dépérissement s'expliquait par :
▪ la stagnation de l'évolution de la culture du palmier dans le sens des actions de rajeunissement et
d'extension.
▪ l'insuffisance des ressources hydrauliques dans certaines zones phoenicicoles.
▪ l'exiguité des exploitations de type traditionnel qui complique les opérations d'entretien et de traitement
phyto-sanitaire.
▪ les effets destructeurs de diverses infections parasitaires du palmier et plus particulièrement la maladie
mortelle et épidémique générée par le bayoud (Fyrarium oxysporum), maladie qui amplifie considérablement
le taux de mortalité.
Ce dernier point restait l'élément majeur à combattre quant à une amélioration de la culture du palmier-
dattier. Ce champignon, le bayoud, particulièrement ravageur, est capable de détruire une palmeraie en un
temps record. Plus de 3 millions de palmiers ont été tués seulement en Algérie au cours 5 années (1997).
En plus des opérations d'entretien et de traitement phyto-sanitaire, un tel fléau exigeait la recherche d'une
solution radicale qui éviterait bien des déboires aux phoeniculteurs.Des scientifiques travaillant dans le
domaine de la biotechologie, avaient proposé la création de nouvelles variétés de palmiers résistantes au
bayoud. Ces variétés seraient isolées par manipulation génétique.
L'industrie dattière comprenait 7 usines de conditionnement de la datte d'une capacité globale de
production de 300.000 tonnes/campagne. Quoique la quantité de dattes de faible valeur nutritive et
marchande était relativement importante, l'investissement dans ce créneau restait freiné par les mécanismes
prix d'achat à la production -prix de cession des produits élaborés. Au niveau des prix d'achat des dattes
communes destinées à la transformation, le seuil de rentabilité ne pouvait être atteint et ce quels que soient
les débouchés de ces transformations. La ventilation de la production dattière : 86.000 tonnes de Deglet-
nour (46%), 100.000 tonnes de dattes communes (56%). Les zones productives se trouvent à Biskra, Tolga,
Ouargla, El Oued, Tougourt. Le rendement moyen demeurait faible (n’excédant 48 kg / palmier productif en l’an 2000).Le
79
volume de dattes consommées atteindrait 25 kg par personne et par an selon les sources dinformation. Compte-tenu des
potentialités scientifiques et industrielles, il s’avérait possible d'accomplir des progrès par :
▪ l'amélioration et la promotion des emballages locaux.
▪ l'échange d'expériences et assistance mutuelle dans la lutte contre les maladies du palmier.
▪ l'établissement de programmes de recherche communs.
▪ la normalisation.
Selon des statistiques récentes (2015) du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, le palmier dattier occupe en
Algérie une superficie évaluée à 167.000 hectares pour un nombre de palmiers estimé à plus de 18,6 millions d’unités et une
production de dattes, toutes variétés confondues, de près de 990.000 tonnes. Les régions phoenicicoles se situent
généralement au sud de l’atlas saharien et couvrent 16 wilayas. En termes d’exportation, les tonnages exportés sont en
croissance continue, passant de près de 21.000 Tonnes en 2013 à plus de 28.000 Tonnes en 2015. La France reste le premier
client de l’Algérie avec (en 2015) près de 13.400 Tonnes, suivie par la Fédération de Russie avec 3.300 Tonnes, les Emirats
Arabes Unis avec 1.600 Tonnes, le Canada avec 1.200 Tonnes, l’Inde avec 1.100 Tonnes, les USA avec 1.000 Tonnes. Au
plan mondial et selon les statistiques de la FAO (2013), l’Algérie se classe en 4ème position en terme de production de dattes,
derrière l’Egypte, l’Iran et l’Arabie Saoudite. L’Algérie produit environ 14% de la production mondiale de dattes et elle exporte
moins de 3% de sa production alors que la moyenne mondiale se situe à près de 12%. Il faut constater que la datte est
considérée comme produit exotique qui est souvent peu connu. Dans un bon nombre de régions et pays, la datte a donc un
potentiel important découlement quon peut exploiter avec des actions de publicité. En outre, le palmier dattier nest pas (ou
seulement très peu) cultivé dans les pays industrialisés et pourvus dun pouvoir dachat important. Ces pays ne se trouvent donc
pas contraints de protéger leur propre agriculture et les exploitations. Ceci a pour effet labsence de régulations et de limitations
des importations. Laccès au marché est libre. Une meilleure exploitation des palmeraies (réhabilitation, entretien, pollinisation,
irrigation) et de nouvelles plantations sont les principaux facteurs d’augmentation importante de la production. Loffre sur le
marché suivra ce rythme de lévolution.
Compte tenu de sa localisation, la culture du palmier dans les oasis et dans le Sud algérien est sans doute exposée dautre part
à de fortes contraintes. Beaucoup détudes en font mention. En ce qui concerne les contraintes physiques, on peut citer les
suivantes :
♦ le climat et la pluviométrie, qui nécessitent le recours à lirrigation,
♦ la nature du sol (teneur en calcaire, salinité) et sa vulnérabilité,
♦ lensablement,
♦ le manque deau.
Parmi les contraintes phytosanitaires, il faut mentionner un grand nombre de maladies, dont le bayoud constitue la plus
dangereuse. Enfin, les opérateurs de la filière sont confrontés à des contraintes qui sont liées à lenvironnement administratif,
technique et économique. Ces données ont leurs origines dans les modifications substantielles opérées dans le pays au cours
des 15 dernières années. Elles sont certes néfastes pour une bonne gestion et exploitation dune palmeraie, mais il y a lieu de
rappeler que ces contraintes ne sont pas irréversibles. Elles peuvent être levées s’il y a la volonté politique de définir une
stratégie appropriée pour ce secteur.
Les décideurs politiques et les opérateurs du secteur phoenicicole en Algérie cherchent depuis quelques temps à redéfinir un
cadre approprié permettant de conjuguer les différents efforts et de coordonner les actions. Dores et déjà, il est évident quun
retour à une gestion directive du secteur est exclu. Dautre part, un relais de coordination et de canalisation des appuis
potentiels et réels est indispensable. S’il était basé sur la contribution effective et efficace dune large proportion de la
profession, il aurait une chance de réussir et dêtre durable. Le secteur palmier dattier en Algérie est pourvu dun potentiel
énorme. Il dispose de grandes palmeraies, qui constituent la base de la vie dune large fraction de la population dans les oasis.
Le potentiel est loin dêtre exploité en totalité. Le pays dispose dune étendue énorme qui peut être valorisée, dautant plus que
les ressources hydrologiques dans ces zones ne sont exploitées quen partie. Depuis des décennies, la recherche agronomique
a réservé une partie de ses capacités à la phoeniciculture. Les thèmes favoris étaient la caractérisation des variétés, des
analyses de litinéraire technique du palmier en tant que culture principale de lagriculture oasienne, la gestion rationnelle de
leau et la phytopathologie. Ces dix dernières années, lorientation thématique a été élargie à la transformation des dattes et aux
aspects économiques de la filière.
► La phoeniciculture est considérée comme le pivot central autour duquel s’articule la vie dans les régions sahariennes. Elle
revêt une grande importance socioéconomique et environnementale dans de nombreux pays (Dubost, 1990). En Algérie, cette
culture occupe une place de premier rang dans l’agriculture saharienne (emploi, sédentarisation de populations, produites)
(Benziouche, 2008). L’Algérie occupe une place importante parmi les pays producteurs et exportateurs de dattes dans le monde
(Benziouche et Cheriet, 2012).
Le palmier dattier est une plante d’intérêt écologique, économique et social majeur pour de nombreux pays des zones arides.
Selon les statistiques de la FAO, le nombre total de palmiers dans le monde n’a cessé pas de croitre d’une décennie à l’autre ; il
passe de 106 millions de palmiers en 1994 à 180 millions en 2005 soit un accroissement de près de 69.44%. L’Asie vient en tête
des trois continents phoenicicole (l’Asie, l’Afrique et l’Amérique) avec 125.5 millions de palmiers (soit 70% du patrimoine
phoenicicole mondiale), dont une grande partie se trouve surtout en Iran et en Iraq avec 25 millions et 21 millions de palmiers
respectivement en 2005.En Afrique qui vient en deuxième position, on compte environ 52.6 millions de palmiers en 2005 soit
29.22% du patrimoine mondial. Ce patrimoine est concentré surtout dans les pays du Nord de l’Afrique, notamment l’Algérie qui
occupe la première place avec 14 millions palmiers en 2005 (Benziouche, 2012) actuellement plus de 18 millions (Benziouche,
2016) suivie par l’Egypte et le Maroc. Le reste, soit 1.34% du patrimoine mondial est dispersé dans le reste du monde. Selon les
données de ministère de l’agriculture et du développement rural ; la phoeniciculture en Algérie s’étale sur une superficie de plus
de 160 mille hectares avec un patrimoine phoenicicole qui dépasse les 18 millions pieds. Bien que ce patrimoine soit reparti sur
17 wilayas du pays, Néanmoins il est concentré principalement dans les wilayas Sud- Est et Sud-Centre du pays (Benziouche,
2012). La première place est occupée par Biskra avec plus 23 % du patrimoine national, Suivie par la wilaya d’Adrar de près de
21% et la wilaya d’El Oued avec plus de 20%.

80
Répartition des palmiers dattiers de l’Algérie par wilaya en 2014
En revanche, la part du lion du patrimoine phoenicicole algérien est monopolisée par les cultivars Deglet Nour et dattes sèches
avec près de38.7% pour les deux, la variété Ghars et ses analogues représente le reste de patrimoine phoenicicole avec 23%
en 2014. La production annuelle moyenne de dattes, toutes variétés confondues, est en augmentation constante sur le long
terme. Elle est passée de 361 000Tonnes en 1996 à près de 848 000Tonnes en 2013. Elle a plus que doublé en 17 années
(kadri, 2015).Ce qui la classe au 6ème rang mondial. Soit environ 10% de la production qui est dominée par l’Egypte,
l’ArabieSaoudite, l’Iran, les Emirats Arabe Unies et le Pakistan. (CACI-CCI Zibans, 2015). La production des dattes en Algérie
est concentrée dans la région Sud-Est ; avec 76%.La wilaya de Biskra occupe la première place par 41%, Dont 370 milles de T
vient de la variété Deglet Nour; soit 63.65% La wilaya d’El Oued vient en seconde lieu avec 25%, suivie par Ouargla par 13% ;
Alors que le reste est répartie sur les autres zones phoenicicoles Benziouche, (2016). Au terme de variété, la variété Deglet
Nour et ses analogues dominent tous les autres variétés où elles représentent la moitié de la production dattier algérienne en
2014 avec 52%.
♦ Répartition du potentiel phoenicicole en Algérie : D’après Bougoudoura, et al, (2015), Le palmier dattier en Algérie est établi en
plusieurs oasis réparties sur le Sud du pays où le climat est chaud et sec (zone saharienne). Compte tenu de la géographie de
l'Algérie, il est possible de décrire plusieurs régions de culture de palmiers dattiers :
 Dans les contreforts des montagnes de l'Atlas (Ksour OuledNaïl, Zibans et Aures), il est une chaîne d'oasis qui marque l'entrée
du Sahara. 
Dans l'est, Zibans (Biskra), Oued Ghir, Oued Souf (El Oued) et le bassin d’Ouargla surtout avec le cultivar Deglet Nour à haute
valeur commercial.
 Dans l'Ouest, la Saoura (Béni Abbés), le Touat (Adrar), le Gourara (Timimoun), et le Tidikelt (Reggane) où les palmeraies
incluent des cultivars de relativement faible qualité commerciale. C'est dans cette région où seulement certaines variétés
résistent aubayoud, comme la Taqerbucht.
 El Golea, le M’Zab (Ghardaïa) et Laghouat. au centre.

81
Les différentes zones phoenicicoles. Source : Bouguedoura (2015).
☻ Menaces sur les ressources génétiques du palmier dattier : L’Algérie dispose d’un important potentiel phoenicicole, avec
son millier de cultivars inventoriés entre les années 2002 et 2008(Hannachi, 2015).Plusieurs variétés et khalts du palmier dattier
en Algérie sont actuellement menacées d'extinction. Des facteurs "naturels" et d'autres humains sont avancés pour expliquer
cette érosion génétique.
 L'impact de la maladie du Bayoud, qui a détruit un grand nombre de palmiers dattiers à l’ouest) (Benoit, 2003 ; Fki et al., 2008 ;
Sedra,2005 ; Sedra, 2011 et Djoudi, 2013)
 L’extension de la culture monovariétale exclusivement orientée vers les plantations de DegletNour (Belguedj, 2000 ;
Bouguedoura et al., 2015 et Touzi, 2015).Ce type de plantation est très vulnérable en raison de l’homogénéité génétique du
matériel végétal (Ben abdallah, 1990 et Bouguedoura et al., 2015).
 Vieillissement des palmeraies est une contrainte non négligeable, puisque 30% des palmiers de l'Algérie ont dépassé l'âge de
production (Messar, 1996 et Baazizet Bendiab, 2008).

Schéma présentatif des causes de l’érosion génétique. Source : Benziouche (2016)


 La salinisation du sol et de l’eau (Benoit,2003, Baaziz et Bendiab, 2008 et Bouguedouraet al, 2015).
 La rareté de la main-d'œuvre pour s'occuper de dattiers (Bouguedoura et al. ,2015).  Le vieillissement des phoenciculteurs
et la faible relève de leurs enfants pour s’occuper des palmerais (Benziouche, 2000 et Benziouche2012)
 L’inexistence d’infrastructures de conservation et la méconnaissance de ses bonnes pratiques(Belguedjet al., 1996) ;
 L’entrée de la datte (Deglet Nour) dans l’économie de marchéet les forces exercées par ce dernier au niveaunational et
international (Belguedi, 2000 ;Benoit, 2003 et Aouidane et al., 2013).
 Les maladies cryptogamiques et parasitaires (dégénérescence des palmiers dattiers, altérations dans la qualité du fruit et
baisse importante du rendement) (Baaziz et Bendiab, 2008 et Bouguedoura et al., 2015). L’augmentation du niveau de vie des
populations sahariennes, et suivant le changement des habitudes alimentaires fait que la datte soit moins consommée (Baaziz
et Bendiab, 2008).  L’absence d’une politique de

82
préservation des ressources génétiques du palmier dattier (Belguedj, 2003). Suite à l’extension de la culture monovariétale
exclusivement orientée vers les plantations de Deglet Nour et d’autres variétés commerciales: Ghars, Degla Beida.... (TOUZI,
2015).
♣La conservation des ressources génétiques de palmier dattier, par conséquent, est devenue un thème critique pour le
développement de la production de palmier dattier et la sécurité de nourriture dans le désert et les secteurs semi-désertiques,
(Abdoulkaderet al, 2015). Selon les spécialistes et les agents de la profession, il devra veiller à assurer une reproduction de
cette diversité. En premier lieu vient la multiplication de l’existant. En deuxième lieu, encourager les semis de noyau tout en
mettant l’accent sur la sélection de nouveaux génotypes intéressants, en favorisant l’échange des cultivars locaux entre les
différentes palmiers de la région et encourager le transfert des savoirs faire en matière de gestion des ressources génétiques
d’autre part, il est plus que nécessaire de protéger et préserver toutes les variétés de dattes en cataloguant scientifiquement la
datte algérienne pour mieux la défendre et la promouvoir au niveau du marché international. Aussi les opportunités d’investir
dans les produits dérivés de la datte doivent intéresser les opérateurs économiques même si certains sont déjà très actifs depuis
quelques années, mais les techniques modernes doivent inévitablement contribuer à faire développer ce domaine (Belguedjet
al., 2007). En revanche, d’après Touzi, (2015); En plus de l’existence d’un marché embryonnaire, pour quelques variétés de
dattes dont on tire vinaigre, jus, sirop, miel, confiture, farine, pâtes et les sous-produits du palmier dattier que l’on peut intégrer
dans les moulées animales. Aujourd’hui, grâce à des procédés biotechnologiques, il est possible de mettre sur le marché
national, un nombre incalculable de nouveaux produits stratégiques à forte valeur ajoutée, très demandées et qui sont
actuellement importées de l’étranger :carburants, huiles, médicaments, produits cosmétiques, arômes et additifs alimentaires. ◙
FADLAOUI Soumaia (2017)

PRODUCTION AGRICOLE .- □ Rétrospective  : Conditionnée par une pluviométrie pour une grande part
défavorable, la production agricole dégage tout de même 12% du PIB et occupe près de 25% de la
population active. En 1997, même si le foncier agricole n'a pas encore été réglé, la stabilité du producteur
dans sa relation avec la terre ne suffit pas, l'objectif étant la responsabilisation du producteur pour en faire
un agent économique défendant ses intérêts par le biais de la concertation avec les différents partenaires à
travers les conseils, chambres d'agriculture et offices interprofessionnels. Le secteur agricole qui compte
plus d'un million d'agriculteurs doit constituer la locomotive de l'économie nationale pour tenter non pas
d'équilibrer une balance des échanges économiques nettement défavorable à l'heure actuelle, mais de la
réduire progressivement. Notons que les exportations de produits agricoles sont insignifiantes (4%) par
rapport aux importations qui totalisent chaque année plus de 3 milliards de dollars en produits agro-
alimentaires. Les pouvoirs publics ont pris des mesures d'encouragement à la production, ce qui s'est traduit
par une meilleure disponibilité des produits agricoles, mais cela demeure insuffisant, car les potentialités
productives n'ont toujours pas été exploitées. Le secteur de l'agriculture contribue à la satisfaction des
besoins de consommation des populations en produits agricoles dont la valeur est évaluée à 8 milliards de
dollars. Le taux de croissance de la totalité de la production agricole en volume pour l'année 1998 avoisinait
27%. Dans son bilan de l'année 1998, le secteur agricole annonce que la valeur des productions agricoles
est estimée à près de 500 milliards de dinars, soit 8 milliards de dollars. Quant aux valeurs des importations
alimentaires agricoles, elle a été 2,2 milliards de dollars auquel il faut ajouter près de 0,6 milliards de
dollars pour les importations de facteurs et moyens de production et produits divers. Bien que les variations
climatiques ne favorisent pas une agriculture florissante, le secteur possède des productions qui
enregistrent des résultats continuellement positifs, à l'exemple des productions fruitières, des cultures
maraîchères, des viandes blanches et des oeufs. Entre 1997, et 1998, les productions fruitières ont atteint
un taux de croissance de l'ordre de 6%, les viandes blanches 52%, les oeufs 16% à raison d'une production
de 2,2 milliards et, enfin, les cultures maraîchères pour un taux de 9%. La production du lait a enregistré
durant la même période un taux de croissance positif de 14% soit 1,2 milliard de litres. Classées dans le
groupe 3, celui des cultures qui réagissent dans l'année aux aléas climatiques, les céréales ont enregistré
un taux de +245%, soit un total de 3.025.000 tonnes, les légumes secs +63% (45.000 tonnes) et enfin les
fourrages avec un total de 865.000 tonnes pour un taux de croissance de 167%. Si la production agricole
en volume a franchi le taux de 27%, la couverture des besoins alimentaires est de l'ordre de 77%. Dans son
programme de développement du secteur, la tutelle se fixe une production céréalière de 4.000.000 tonnes
pour une couverture des besoins nationaux de 50%. C'est à cet effet qu'un programme d'intensification a été
adopté en conseil de gouvernement pour permettre d'augmenter les rendements. Les mesures arrêtées
dans ce sens consistaient entre autres à fournir des aides financières aux agriculteurs à hauteur de 250 DA
par quintal de rendement, 5% des frais de location des matériels agricoles et 250.000 DA au titre de soutien
à la mobilisation des ressources hydriques. D'autres mesures d'aide sont prévues pour le développement de
la production de lait, de l'agriculture, de la viticulture et de l'oléiculture. La pêche a, en outre, bénéficié
d'un fonds de 2,5 milliards de dinars. □ Observations critiques :
L’agriculture est l’un des facteurs essentiels dans le développement économique d’un pays à productivité
insuffisante. La crise multiforme qui frappe l’Algérie ne peut être atténuée qu’avec un développement rapide
des productions agricoles qui peuvent être le vecteur de l’augmentation des revenus des agriculteurs, de la
croissance économique et de la sécurité alimentaire. L’exemple du Brésil est à méditer ; pays importateur
net de produits agricoles dans les années 1970, il est aujourd’hui le troisième producteur et exportateur
mondial de produits agricoles. Cette année encore, la production céréalière n’est que de 35 millions de
quintaux, soit à peine le tiers de nos besoins, le reste doit être importé (le Maroc a atteint 96 millions de
quintaux). Nous rappelons que nous importons la totalité de nos besoins en sucre (brut) (1) et en huile
alimentaire (2). Les différents programmes n’ont pas résolu la demande en lait. Les légumes secs (pois
chiche, haricot, pois, lentilles, dolique) sont en grande partie importés. Les semences hybrides sont toutes
importées, comme les tourteaux pour l’alimentation animale. Je laisse le soin aux économistes de parler de
la pénalisation de l’agriculture due à la primauté donnée à l’industrie. Ces derniers jours, les prix des
produits agricoles ont connu une hausse vertigineuse, et ce, à l’échelle nationale. Plusieurs raisons

83
convergent pour expliquer cette situation, certaines sont conjoncturelles, mais d’autres sont structurelles
donc durables. Nous allons ici nous limiter à donner notre point de vue succinct sur quelques aspects
concernant l’accroissement de la productivité agricole. Dans le monde, si la production a augmenté cela
n’est pas dû à l’augmentation des superficies cultivées mais c’est grâce surtout à la mécanisation, à l’emploi
de variétés performantes et à une gestion rationnelle de l’eau, des engrais et des pesticides. A titre de
rappel, dans le monde, 80 espèces de plantes seulement fournissent l’alimentation pour les humains sur 500
000 espèces de plantes sauvages identifiées. Parmi les plantes cultivées, on a 8 céréales, 5 racines, 8
légumineuses, 9 oléagineuses, 17 légumes, etc. Le problème en Algérie, c’est l’insuffisance de la production
due aux faibles rendements surtout pour les cultures stratégiques (blé, oléagineuses et quelques cultures
maraîchères). Quelques solutions sont à préconiser: 1- La
mécanisation : elle permet de réduire la pénibilité du travail des agriculteurs, d’écourter énormément la
durée du temps de travail, augmenter la productivité, compenser les pénuries de main-d’œuvre avec une
amélioration qualitative et quantitative du travail. Un exemple est fourni par la culture de la pomme de terre,
de la plantation à la récolte : labour, billonnage, plantation, buttage, récolte. Il faut 250 heures de travail
manuel à l’hectare, alors qu’il n’en faut que 30 lorsque ces opérations sont mécanisées. Ce qui induira une
baisse hautement significative du coût de revient qui se répercutera sur le prix de vente au consommateur.
2- Le perfectionnement des techniques d’irrigation par aspersion, le goutte à goutte et les innovations telles
que l’utilisation d’une nouvelle technologie : les hydro-rétenteurs, granulés à paroi semi-perméable, qui
peuvent absorber plus de 150 fois leur poids sec. Ces granulés diminuent considérablement les doses
apportées à la culture ainsi que les fréquences d’arrosage. Les hydro-rétenteurs, utilisés sur les cultures
grandes consommatrices d’eau, permettent d’augmenter la capacité de rétention des sols et économiser
jusqu’à 50% d’eau et 30% d’engrais. A certains granulés hydro-rétenteurs, on a incorporé des éléments
fertilisants, ce qui accroît leur efficacité par une bonne croissance des plantes.
Certaines cultures demandent à être irriguées ou avoir une irrigation d’appoint ; l’Algérie, d’après les
spécialistes, possède 45 000 milliards de m3 de réserves hydriques (il faut savoir que le renouvellement est
très faible), ce qui permettrait de mettre en valeur des millions d’hectares et qui seront valorisés durant
plusieurs générations, ce n’est pas une utopie. La Libye a réalisé un fleuve artificiel de 3000 km de long
débitant 2,5 millions de m3/jour pour une surface moindre que celle de l’Algérie.
3- Nouveaux itinéraires techniques : semis directs. Depuis des siècles, l’homme laboure la terre, aujourd’hui
on s’aperçoit que les théories standards classiques attribuées à ce travail ne sont pas fondées
scientifiquement pour tous les types de sol ; d’énormes dégâts sont causés à la terre. Le semis direct ou
strip-till inventé aux USA commence à se développer partout dans le monde car il économise de l’énergie,
de l’eau et améliore l’activité biologique des sols. Généraliser l’utilisation des engrais organiques. Les
Chinois utilisent ce mélange de fumier et de matières végétales, dénommé compost depuis 3000 ans. Il faut
rappeler que les sols algériens sont très pauvres en matière organique, leur teneur n’est que de 0,5 à 1% au
lieu de 1,5 à 2,5% selon la texture du sol.
4- Développer les techniques innovantes. Le monde agricole n’est pas en marge des nouvelles
technologies ; le développement de la technologie spatiale, par l’utilisation de satellites d’observation,
permet un meilleur suivi des stades phénologiques des cultures, de leur état phytosanitaire, hydrique, etc.,
on peut ainsi décider des dates de traitement, de fertilisation, d’irrigation et estimer les dates de récolte et
les rendements.
Un ordinateur doté d’un logiciel équipé d’un GPS et relié au pulvérisateur ou au semoir permet d’apporter la
dose précise de semences, d’engrais ou de produits phytosanitaires selon les caractéristiques de la
parcelle, et ce, avec une précision de quelques centimètres (celle-ci n’est pas homogène dans son
ensemble) ; les économies réalisées sont très significatives. Le niveau technique des agriculteurs ne sera
que rehaussé.
Cultures stratégiques prioritaires. Nous devons, à court terme, arriver à tripler la production céréalière pour
arriver à l’autosuffisance alimentaire.
Dans le monde, il y a une concurrence qui s’installe entre les animaux d’élevage des pays occidentaux, les
agro-carburants et les humains des pays pauvres. A titre d’exemple, le soja, fabacée oléagineuse, est
consommé directement par plus d’un milliard d’Asiatiques alors que dans les pays occidentaux il sert
d’aliment de bétail.
Il faut diversifier nos ressources et faire appel aux autres céréales dites secondaires et qui sont adaptées
au climat aride et semi-aride. Le seigle(3), le sorgho, le triticale, le mil (cultivé à partir de 250 mm) méritent
des efforts accrus vu leur potentiel protéique et leur rendement en terres marginales (4).
Les légumineuse alimentaires : pois chiche, haricot, lentille, pois et dolique font partie des aliments les plus
consommés par les Algériens, vu leur teneur en protéines (viande du pauvre), leur intérêt n’est plus à
démontrer dans un système de cultures : elles n’ont pas besoin d’apport d’engrais azotés ; non seulement
elles captent l’azote de l’air (jusqu’à 300 kg/ha/an), mais elles en restituent une grande partie au sol qui
sera disponible pour la culture suivante, d’où la nécessité de respecter les rotations. Ces cultures doivent
être accompagnées de la création d’industrie de conservation.
Les huiles alimentaires : la dépendance totale de l’Algérie de l’étranger en huiles alimentaires nous obligera
tôt ou tard à accorder une place aux cultures oléagineuses. Les cultures potentielles sont le tournesol, le
colza, le soja, le carthame, l’arachide et éventuellement le cotonnier. L’intérêt de ces cultures ne réside pas
uniquement dans l’extraction de l’huile, mais aussi dans les tourteaux (que l’Algérie importe en totalité), les
débouchés sont énormes pour les produits et sous-produits (lait et germes de soja, protéines texturées de
soja, agro-carburant, etc.).
Des unités de trituration de graines oléagineuses sont en construction en Algérie, avec à la clé la création
de milliers d’emplois ; il faut anticiper les problèmes d’approvisionnement et penser à les approvisionner
avec des produits nationaux. Les cultures potentielles doivent dès maintenant être vulgarisées, les
agriculteurs accompagnés et stimulés les premières années, sans oublier d’opter pour des variétés

84
performantes, adaptées à nos conditions.
L’innovation n’arrête pas de satisfaire les exigences des consommateurs et des industriels : de nouvelles
variétés de colza et de tournesol sont apparues au Canada et en France, elles associent productivité et
qualité de l’huile de très haut niveau (haute teneur en huile et en acide oléique), de nouvelles variétés de
carthame donnent jusqu’à 30 qx/ha avec une teneur en huile de 45% riche en acide linoléique.
La betterave sucrière : dans un passé récent, elle était cultivée dans les plaines de Annaba et de Khemis
Miliana. 5000 ha dans chacun des périmètres irrigués alimentaient 2 sucreries employant des centaines de
travailleurs ; il est temps de reprendre cette culture après sa disparition depuis 1980.
Tomate industrielle : les unités de transformation de tomate industrielle ne fonctionnent que 2 mois par an ;
avec la gamme de variétés qui existe, on peut allonger la campagne de récolte en planifiant les cultures de
variétés précoces, variétés tardives et variétés à maturité groupée ou échelonnée. La mécanisation,
repiquage ou semis direct et la récolte sont nécessaires pour l’extension de la culture.
La foresterie : elle peut, dans un cadre de développement intégré, contribuer à jouer un rôle dans la sécurité
alimentaire. Le reboisement avec espèces utiles : espèces adaptées aux régions arides et semi-arides ;
arganier, amandier, caroubier, pistachier, jatropha et jojoba.
Nos bibliothèques regorgent de mémoires d’ingénieurs et de masters ayant trait entre autres à l’adaptation
des espèces oléagineuses en Algérie, à l’ethnobotanique de la flore médicinale et aromatique, il faut passer
à l’exploitation à l’échelle industrielle pour valoriser ce patrimoine ; à quand une véritable connexion
universités-entreprises pour asseoir une synergie en recherche-développement ?
Productions animales : l’augmentation de la production de viande et de lait passe obligatoirement par le
développement des cultures fourragères, il s’agit de créer des systèmes de production basés sur la
complémentarité cultures/élevage. Nous sommes le seul pays à pratiquer encore la jachère (environ 3
millions d’hectares). Les cultures à introduire dans ces nouveaux systèmes sont très variées : sorgho,
luzerne, pois protéagineux, vesce, lupin, trèfle, fèverole. Le médicago (luzerne annuelle), très cultivé en
Australie, peut grandement remplacer la jachère dans les régions steppiques. Les cultures hydroponiques
doivent être développées pour assurer une alimentation continue en vert pour les élevages bovins.
L’hydroponie et l’agriculture verticale se développent partout dans le monde, car faciles et ne demandent
pas d’investissement lourds.Le développement de l’élevage bovin et ovin sont tributaires des superficies
irriguées ; comme il a été fait pour l’aviculture, il faut industrialiser d’autres petits élevages, à l’image de
l’élevage cunicole qui ne demande pas de moyens énormes, (un couple de lapins peut produire jusqu’à 60
kg de viande par an) et l’aquaculture qui peut être pratiquée à travers tout le territoire pour combler le grand
déficit en poisson que subissent les Algériens. Pour tous ces produits, il faut passer à un travail sérieux de
traçabilité. Les défis sont considérables, pour assurer une autosuffisance alimentaire, une stratégie nouvelle
doit être adoptée, on suggère la mise en place d’un forum composé d’agronomes «algériens» techniquement
compétents, politiquement engagés et proches des problématiques agricoles nationales pour discuter
librement du développement de l’agriculture algérienne ; il ne suffit pas seulement de cultiver, mais encore
faut-il récolter, stocker, conditionner, transformer et exporter et en outre produire plus et mieux tout en
respectant les indicateurs-clés de l’agriculture durable. □ Cherfaoui, Mohand Saïd (2018)
1-Cherfaoui M. S. : La betterave sucrière en Algérie : Défis et perspectives. El Watan Economie n° 284 du
11-17.04.2011.
2- Cherfaoui M. S. : Les cultures oléagineuses : Enjeux et problématiques. El Watan Economie n° 295 du
27/06-03/07.2011.
3- Cherfaoui M. S., Gada S. : La réintroduction de la culture de seigle serait avantageuse, El Watan n° 755
du 09/08/2015.
4- Cherfaoui M. S. : Marché des céréales. On peut réduire de 30% nos importations de blé. El Watan
Economie n° 474 du 22/06/2015 .

►Projections : En 2017, les prévisions ministérielles augurent d'une hausse à court terme de la production des céréales à
53 millions de quintaux contre 34 millions actuellement et des pommes de terre de 47 millions de quintaux actuellement à 69
millions. Il est prévu également une augmentation du volume de la production dans la filière des viandes rouge de 5 millions de
quintaux à plus de 6 millions de même pour la production de la pêche qui connaîtra une hausse de 102.000 à 200.000 tonnes, a
ajouté le premier responsable du secteur. Ces prévisions ont été établies sur la base des moyens de production actuels et
l'amélioration prévue de leur exploitation, a fait savoir le ministre. Cette augmentation de la production permettra de stopper
l'importation dans les quelques années à venir concernant tous les produits agricoles à exception des céréales et du lait qui
requièrent plus de temps avant d'atteindre l'autosuffisance. La feuille de route élaborée pour stopper les importations de
céréales reposait essentiellement sur l'élargissement de la superficie des terres irriguées afin d'augmenter la récolte, prévoyant
un élargissement à court terme de cette superficie de 200.000 à 600.000 hectares sur une superficie globale de 3,5 millions
d'hectares réservée à la culture des céréales en Algérie. La production nationale actuelle couvre plus de 70 % des besoins du
marché local en produits agricoles. La hausse de la production agricole dans le pays sera accompagnée d'un développement
des activités relatives à la transformation, le stockage et le refroidissement outre un renforcement des systèmes de régulation et
de distribution, a fait savoir le ministre qui a souligné que les préparatifs étaient en cours pour la mise en place d'une base
stratégique pour l'exportation systématique des produits agricoles. La sécurité alimentaire constituait une préoccupation
constante des décideurs pour augmenter la production et garantir l'autonomie alimentaire pour certains produits stratégiques.
Pour atteindre ces objectifs, la stratégie du secteur agricole repose sur l'encouragement des  grands investissements privés et
l'élargissement de la superficie des terres irriguées de 1,26 millions d'hectares à 2 millions d'ici à trois ans, a indiqué le ministre.
S'agissant du budget du secteur dans le cadre de la loi de finances 2018, près de 250 milliards de dinars ont été mobilisés dont
7 milliards consacrés à l'équipement, 30 milliards à la gestion et 30 milliards aux fonds du secteur tandis que le reste sera utilisé
pour couvrir des écarts entre le prix d'achat sur le marché international et le prix subventionné du lait et du blé (149 milliards
pour les céréales et 32 milliards pour le lait). Le projet de loi de finances prévoit plusieurs mesures visant à soutenir et organiser
la production agricole dont la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée concernant l'orge.

85
L’Agriculture en Algérie
Indicateurs économiques de l'Algérie
L'économie de l'Algérie repose sur un fort secteur industriel qui représente 62 % du PIB. Le pétrole, le gaz naturel et les produits
des industries pétrolières et sidérurgiques sont les principaux postes d'exportation.  L'économie algérienne attire 1,7 Md $
d’investissements directs étrangers (IDE).
Population 39,2 M 2013

PIB  210,2 $ 2013

Croissance PIB 2,8% 2013

Inflation  2,9% 2014

L'Avenir de l’Agriculture Algérienne


S’il y a lieu d’évoquer un secteur ayant enregistré des résultats probants sur le terrain durant ces dernières années, c’est bien
celui de l’agriculture. Depuis le lancement en l’an 2000 du Plan National pour le Développement Agricole et Rural (PNDAR) , la
production agricole ne cesse d’augmenter, notamment dans certaines filières comme les céréales,les cultures maraichères,
l’arboriculture et la viticulture.
L’agriculture intervient pour environ 12 % dans le PIB. Le secteur fait vivre de façon directe et indirecte 21 % de la population
nationale.
Répartition de l'activité économique par secteur Agriculture Industrie Services

Valeur ajoutée (croissance annuelle en %) 2,0 2,6 2,4

Valeur ajoutée (en % du PIB) 11,7 54,5 33,7

Emploi par secteur (en % de l'emploi total) 20,7 26,0 53,0


Source : Banque Mondiale -
L'Agriculture algérienne en chiffres
La Surface Agricole Totale (S.A.T) est de 42,4 millions d'hectares, représentant 18 % de la surface totale du pays;
La Surface Agricole Utile ou S.A.U est de 8,458 millions d'hectares, représentant 20 % de la S.A.T. La S.A.U est répartie de la
façon suivante :
Céréales: 3 322 kha ;
Fruits à pépins et fruits à noyau: 263 kha Agrumes: 65 kha
Maraichage: 330 kha Pomme de terre: 138 kha
Vigne: 74 kha Légumes secs: 86 kha
Figuiers: 47 kha Oliviers: 329 kha
Palmier dattier: 160 kha Autres cultures: 407 kha
Terres au repos : 3 200 kha

SYLVICULTURE.- L'exploitation du bois n'a pas été à la hauteur des potentialités existantes. A peine
200.000 m3 sont extraites chaque année. La forêt algérienne, malgré son exploitation n’a jamais eu comme prétention
d’être une forêt de haute production sylvicole. Une quantité de 125.000 quintaux de chêne liège est produite
chaque année par les forêts de Skikda et de Jijel. Une certaine quantité de bois algérien est transformée
par la SNLB pour la fabrication de panneaux de particules et pour la menuiserie, dont le chêne zeen utilisé
particulièrement par la SNTF comme traverse de chemins de fer et autres utilisations en ébénisterie et
menuiserie. Le reste, un million de m3 est importé. Le développement de cette filière ne peut se concrétiser
que par la prise en charge totale de l'Etat d'une politique de valorisation et de développement des forêts
industrielles répondant aux exigences de l'industrie de la cellulose. Parmi les variantes envisagées, la prise
de participation dans le capital de ces entités forestières des entreprises utilisatrices de bois de manière
générale ou encore, la concession de périmètre à planter directement aux utilisateurs industriels, avec une
mise à disposition par l'état de moyens appropriés (aide financière et matérielle, mesures fiscales,...).
► Les forêts ne sont pas toutes productives. Ainsi, sur les 463 000 ha potentiels de subéraie, seuls 230 000 ha environ sont
susceptibles de produire du liège, car la subéraie souffre d’un vieillissement avancé, d’une absence quasi générale de
régénération naturelle et d’incendies importants et rapprochés dans le temps. Les forêts productives couvrent à peine un tiers du
patrimoine forestier national, soit 1.249.000 ha.
► La production de bois, toutes catégories confondues, a été ces dernières décennies, même très faible, ne couvrant que 15%
des besoins nationaux. Le liège est l’autre produit principal de la forêt. L’Algérie (15.000T) occupe actuellement le cinquième
rang mondial des producteurs, après le Portugal (185.000T), l’Espagne (38.000T), l’Italie (20.000T) et le Maroc (18.000T) et ce,
suite à la réduction de moitié de ses peuplements productifs, ainsi que de leur épuisement : 61% des subéraies ont subi
plusieurs démasclages et ont besoin d’être régénérés.
► La surface des peuplements productifs est estimée aujourd’hui à environ 240 000 ha. Ils sont localisés dans le Tell oriental à
raison de 82%, dans le Tell central (15%) et dans le Tell occidental (2%). Les wilayas les plus importantes pour la production de
liège sont El Tarf, Jijel, Skikda, Béjaïa, Tizi Ouzou. Elles présentent une possibilité de récolte d’aumoins 200 000 q/an. Toutefois,
les quantités de liège récoltées ces dernières années atteignent rarement les 100 000 q/an. Elles oscillent entre 80 000 et 100
000 q/an, en raison des difficultés d’exploitation liées au terrain et, surtout, faute de main d’œuvre spécialisée et de mauvaise
adjudication d’exploitation.

VITICULTURE.- En 1962, l'Algérie était le quatrième pays producteur de vin et le premier pays exportateur
dans le monde. Le vignoble occupait 366.000 hectares dont 346.000 de raisin de cuve, produisant 12
millions d'hectolitres de vin. Le vin représentait 50% des exportations et 30% du PNB agricole. Depuis lors,

86
la superficie du vignoble a chuté à 62.000 hectares, soit 0,7% de la surface agricole globale, dont 20.000 ha
à peine concédés au raisin de cuve (ou raisin de transformation). La production a accusé une baisse de
4000% avec une cuvée de 244.000 hectolitres (en 1997). L'Algérie devient reléguée à la dixième place du
club des pays exportateurs de vins de qualité. Un hectare de vigne de cuve injecte en moyenne 150.000 DA
dans les caisses du Trésor publique, sachant que la culture du raisin demande jusqu'à 100 journées de
travail par an pour un hectare, procurant ainsi un emploi permanent pour trois hectares. En outre, il y a lieu
de souligner que la viticulture est la seule activité d'exploitation agricole praticable dans les zones semi-
arides et à faible pluviométrie, en particulier à l'ouest du pays, ainsi qu'en terrain accidenté (coteaux,
crêtes,...) en considération de la formidable capacité d'adaptation du vignoble aux rudes aspérités
pédoclimatiques. De surcroît, il s'agit d'une culture pérenne d'une longévité moyenne de 40 ans ce qui en
fait un facteur essentiel de sédentarisation des populations rurales. On lui doit, également, cette autre vertu
de rempart à l'ensablement comme il l'a montré sur le plateau de Mostaganem. Les villes du littoral
méditerranéen comme Médéa, Mascara, Tlemcen,..., ont toujours donné des cuvées célèbres.
Historiquement, le vignoble a revêtu beaucoup d'agréments que l'agriculteur algérien n'a su préserver après
le départ des colons. La France sous la pression de ses viticulteurs avait fini de cesser d'être principal
acquéreur de cette production vinicole. Ainsi, les 10 millions d'hectolitres furent difficilement écoulés sur les
marchés extérieurs. Peuple musulman et conservateur, le pays procéda à des arrachages massifs des plants
de vigne en doublant cette opération d'une reconversion des terres ainsi libérées. Les campagnes
d'arrachage ne furent ni étudiées ni planifiées, le programme de reconstitution du vignoble n'étant pas pris
en compte, la surface viticole se réduisit à un tissu viticole vétuste encore exploitable. Prenant en charge
toute la chaîne de production, l'Office national de commercialisation viti-vinicole (ONCV) encourage les
agriculteurs versés dans la vigne par de mesures incitatives (programme d'appui à la production) et
récupère des terres marginales pour augmenter la surface viticole de 10.000 ha à l'horizon 2002. Prenant
conscience de l'ampleur du gâchis, l'Etat engagea une stratégie de réhabilitation. Par le biais du FNDA, une
aide substantielle à concurrence de 60% de l'investissement de base est promise aux producteurs, en
priorité ceux voués à la reconstitution des champs de pieds mères destinés à fournir les plants de vigne.
L'objectif est d'en élargir la superficie à 3.000 ha. Un hectare de vignoble requiert un investissement de pas
moins de 300.000 DA et n'est rentable qu'à partir de la quatrième année, ce qui n'est pas pour secouer des
agriculteurs démotivés. Malgré ces mesures, le dossier du foncier, le statut des terres et le passif litigieux
de l'après-révolution agraire demeurent non résolus. La formule EAC/EAI ayant prouvé ses limites, il s'agira
essentiellement de trouver le meilleur moyen de lier le paysan à sa terre. En outre, il faudra revoir la
politique bancaire (taux d'intérêt de 20%) car le producteur est d'emblée otage d'un cercle infernal
endettement-service de la dette, des pesanteurs de l'appareil administratif des caisses d'assurances et
autres crédits agricoles. Cependant un certain nombre de coopératives à l'ouest intéressées par la
production vinicole contestent à l'ONCV sa mainmise sur la chaîne viti-vinicole et la cause de lourdeur de
procédure d'investissement révèle une problématique de la liberté économique face aux empires financiers
de statut public à caractère occulte. Il est à noter que le vin fait renflouer dans les caisses du trésor public
200 milliards de centimes en moyenne. Près de 1300 familles vivent des activités permanentes de l'ONCV
dont le capital social s’élève à 550 millions de dinars et un chiffre d'affaires de 5 milliards de dinars réalisé
en 1997. Les capacités matérielles de traitement du raisin dont dispose l'ONCV, suffisent à transformer dix
fois plus le potentiel viticole disponible. Aussi, pour une plus grande rentabilisation des caves. Il faut
davantage de grappes. Avant d'échouer dans les cuves de fermentation, le raisin passe au départ dans un
"fouloir-égrappoir" où le raisin subit un premier traitement pour extraire le "moult", c'est à dire le jus brut.
Selon que la peau est séparée ou non de la pulpe avant fermentation, on obtient du vin rouge ou rosé,
pour le raisin noir. Le vin blanc est extrait du raisin blanc. Au bout d'une dizaine de jours, on obtient du vin
en vrac qui est acheminé aux unités de conditionnement pour un traitement rigoureux et la mise en bouteille.
Pour l'heure, l'instruction n° 98 du 7 mars 98 pour soutenir le développement de la viticulture prévoit :
● Pour la réhabilitation : un soutien plafonné de 15.000 DA/ha à raison de 30 DA/plant pour un maximum de
500 plants/ha ;
● Pour les plantations nouvelles de vignobles de cuve : le soutien financier est plafonné à 165.000 DA/ha
dont :
• 15.000 DA/ha destinés à la préparation du sol;
• 150.000 DA/ha pour la fourniture de plants greffés soudés ( 3000 plants/ha);
• 90.000 DA/ha pour la fourniture de plants racinés (3000 plants/ha);
• 60.000 DA/ha pour l'opération de greffage des plants racinés;
• les directeurs départementaux des services agricoles sont tenus de mettre en place un dispositif
organisationnel approprié pour l'identification de zones potentielles et des agriculteurs éligibles au soutien ;
• la caisse nationale de mutualité agricole est tenue de veiller au versement du soutien accordé dans les
délais les plus courts;
• les institutions techniques spécialisées (ITAF-CNCC-INVA) en relation avec les directeurs des services
agricoles et les organisations professionnelles, sont chargées d'assurer un appui technique rapproché,
notamment en matière d'orientations techniques, de vulgarisation des techniques adaptées, de contrôle de
la qualité des plants.

L A STRUCTURE AGRICOLE

ASSAINISSEMENT DU FONCIER AGRICOLE.- La récupération des terres inexploitées en ligne de mire  : Au


ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche (MADRP), le cap est mis sur la
récupération du foncier agricole non exploité. C’est l’une des 86 recommandations des dernières assises
nationales sur l’agriculture. Il s’agit en fait de récupérer plus de 35% de la Surface agricole utile (SAU)
sachant que 3 millions sur les 8,5 millions d’hectares de SAU sont inexploités. Le dossier a toujours fait

87
débat et continue à le faire à travers les multiples changements intervenus sur le plan législatif depuis
l’indépendance. Mais aussi à travers les polémiques suscitées par les déclarations des uns et des autres et
les scandales liés au détournement du foncier de sa vocation agricole. En matière de détournement des
terres de leur vocation, ce n’est pas ce qui manque en effet. L’Office national des terres agricoles (ONTA)
en charge de cette épineuse question comptabilise de nombreux cas. D’où l’ampleur du travail qui reste à
faire pour assainir ce dossier. Instruction a d’ailleurs été donnée lors des assises de l’agriculture pour
achever ce chantier d’ici la fin de l’année via notamment la mise en application de la loi 10-03 du 15 août
2010 fixant les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat via le droit de
concession. Une mesure dont l’application a été prolongée à deux reprises avec des délais supplémentaires
de 6 mois sans pour autant être ficelée et aboutir à des résultats probants à travers l’augmentation de la
SAU. L’Office national des terres agricoles a entamé ce travail en organisant des réunions au niveau des
wilayas regroupant les différents acteurs (services agricoles, domaines, cadastre) pour voir ce qui bloque
réellement l’assainissement et identifier les terres qui ne sont pas exploitées pour pouvoir les récupérer.
«Mais, nous commençons d’abord par sensibiliser ceux qui ont des actes et qui n’ont pas commencé à
travailler les terres avant de passer à la récupération pour les réattribuer», nous expliquera à ce sujet le
directeur de l’ONTA, Kennis Messaoud, qui rappellera le lancement de l’opération depuis une année avant
d’être accélérée après les dernières assises. «Qu’on en finisse avec ce dossier puisque la volonté politique
existe, même si la tâche s’avère difficile», enchaînera-t-il, affichant une détermination à accélérer le
processus.
Un travail de longue haleine  : Dans ce cadre, des réunions hebdomadaires se tiennent pour faire le point
sur l’avancement de ce dossier. Il s’agit donc pour l’ONTA d’en finir avec les dossiers pendants et
régulariser les cas en suspens pour récupérer le maximum de terres non exploitées. «D’ici la fin de l’année
en cours, l’opération d’assainissement et d’épuration du foncier agricole sera achevée et toutes les terres
inexploitées seront récupérées, même celles détenues par les EAI (Exploitations agricoles individuelles) et
les EAC (Exploitations agricoles collectives)», répètera-t-il précisant que les terres ne seront plus
détournées ou abandonnées, même s’il est difficile de dissocier le foncier agricole du développement social
et économiques avec l’affectation de grandes surfaces pourtant fertiles à des chantiers d’habitat et
d’équipements publics. C’est le cas, à titre d’exemple, à Bouinan, dans la wilaya de Blida, où 2175 hectares
ont été dédiés à la construction de logements alors que la faiblesse de la SAU est à maintes fois relevée du
moins par rapport aux défis à relever en matière de sécurité alimentaire. «Une faiblesse qui nous commande
une vigilance et une intransigeance à cet égard que seule peut garantir efficacement l’affirmation de la
propriété publique inaliénable de ces terres», fera remarquer à ce sujet l’expert agricole Slemnia Bendaoud.
C’est justement l’essence même de la loi 10-03 qui ambitionne de régler les dossiers en suspens. Au total,
ce dispositif réglementaire a permis la réception jusqu’à présent, selon les chiffres recueillis auprès de Mme
Amrani Karima, directrice de la gestion du foncier agricole à l’ONTA de 217 000 dossiers à traiter dont 178
893 actes ont été établis à ce jour, soit un taux de 82,2%.
Bilan chiffré : Cette loi a donc touché jusqu’à présent 2,23 millions d’hectares, alors que 10 000 dossiers
ont été différés pour différentes raisons dont 4466 sont à l’étude par les commissions de wilaya en
application de la circulaire interministérielle 1808 du 5 décembre 2017 venue libérer les dossiers en
souffrance. Aussi, 1402 mises en demeure ont été adressées et 126 actes ont été résiliés pour
manquements aux obligations de la loi (constructions illicites, détournement de la vocation agricole, non
exploitation des terres…). Par ailleurs et toujours en matière d’assainissement du foncier agricole, il y a eu
la circulaire interministérielle n°1839 du 17 décembre 2017 remplaçant la n°108 du 23 février 2011 portant
création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage. Cette circulaire adressée aux walis a pour objet
de définir les dispositions d’accès au foncier agricole relevant du domaine privé et de l’Etat, destiné à
l’investissement dans le cadre de la mise en valeur des terres par la concession. Il s’agit de revaloriser des
terres non exploitées ou insuffisamment exploitées, relevant aussi bien de la propriété privée que du
domaine privé de l’Etat, à travers la création de périmètres agricoles. Dans ce cadre et depuis la mise en
œuvre de cette circulaire, 1096 périmètres pour 1,9 million d’hectares ont été validés mais pas encore
attribués totalement puisque 800 000 hectares l’ont été, soit près de la moitié. Sur ces 800 000 hectares,
500 000 ont été dotés d’actes pour un nombre de 16 553. Les enquêtes sur le terrain ont permis de
constater que les conditions ne sont pas disponibles pour exploiter ces terres (absence d’eau, d’électricité,
inaccessibilité…). D’où ce retard et aussi l’annulation de certains périmètres. Ce dispositif a permis
d’identifier 12 909 concessionnaires défaillants pour 175 000 hectares inexploités et pour lesquels 3018
mises en demeure ont été adressées et 30 actes résiliés. En plus des deux circulaires précédemment citées,
il y a un autre dispositif pour la mise en valeur par l’accession à la propriété foncière agricole. Il concerne
les périmètres du Sud. Il s’agit de la loi 83-18 qui a bénéficié à 151 115 exploitants pour 1,073 million
d’hectares dont 138 000 sont dotés d’arrêtés de cession. 210 949 hectares ont été mis en valeur dans ce
cadre avec 19 418 actes de propriété établis. Ce sont donc autant de mesures en application pour en finir
avec l’épineux dossier du foncier agricole, notamment le régime des concessions qui, faut-il le noter, a
connu de nombreux manquements, entre autres les sous-locations.
Dépassements  : De nombreux concessionnaires ont en effet loué les terres sans les travailler alors que ce
sont eux-mêmes qui bénéficient des avantages, notamment les prêts bancaires qu’ils utilisent finalement
pour d’autres fins. Du côté de l’ONTA, on reconnaît ces dépassements. Ce qui explique le recours à ces
dispositifs. Cependant, d’autres conditions sont à assurer de l’avis des experts. «Il est essentiel que dans la
définition de ce régime des concessions et des dispositions diverses qui en découleront puissent être
assurées pour les exploitants agricoles les conditions d’une sécurisation totale et celles d’une insertion non
pénalisante dans les mécanismes et les circuits économiques qui se mettent en place. Il est nécessaire, en
particulier, que ne soit pas dissuadé ou rendu impossible l’investissement», préconise Slemnia Bendaoud.
Pour sa part, le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) Mohamed Allioui,
estime indispensable d’apporter des amendements à la loi 10-03, notamment pour le volet morcellement

88
pour garantir les investissements agricoles, préserver les terres et rassurer les agriculteurs. Mais, faudrait-il
aussi toujours, selon M. Allioui, s’organiser en coopératives productrices spécialisées. «Les coopératives
permettront de régler les problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs algériens, notamment en ce
qui concerne le statut des exploitations agricoles», nous expliquera-t-il précisant que l’amendement de la loi
10-03 a été proposé lors des assises de l’agriculture sans toutefois avoir d’échos. Du côté de l’ONTA, on
juge inutile d’apporter des changements de l’avis de son DG, surtout que le regroupement des terres est
favorisé dans la loi via l’article 11. M. Kennis a cependant préféré ne pas aborder la question relative à
l’ouverture des concessions aux étrangers, rappelant juste que la mesure prévue initialement dans le projet
de loi de finances complémentaire 2018 a été retirée. Et précisant dans le même sillage que la loi 10-03 du
15 août 2010 stipule que l’exploitation agricole peut conclure tout accord de partenariat, par acte
authentique publié, avec des personnes physiques de nationalité algérienne ou morales de droit algérien
dont la totalité des actionnaires est de nationalité algérienne. Pour rappel, en mai 2017, le gouvernement a
décidé d’octroyer la concession des terres des fermes pilotes à la société de joint-venture à travers une
résolution du Conseil des participations de l’Etat (CPE).□ IMADALOU Samira (2018)
Chiffres-clés :
♦ 178 893 exploitants ont reçu leur acte de concession, soit 82,2%.
♦ 8553 dossiers sont en instance au niveau de l’administration des Domaines ou au niveau des
Conservations foncières.
♦ 2047 dossiers sont au niveau des juridictions.
♦ 1540 dossiers qui concernent des exploitants déjà déchus dans le cadre de la loi 87-19.
♦ 8953 dossiers rejetés par les commissions de wilaya.
♦ 716 dossiers proposés à la déchéance.

CONCESSIONS AGRICOLES .- Avec 7,5 millions d'ha, la superficie arable utile représente à peine 3% du
territoire. 4,6 millions d'ha sont réellement cultivés. La mise en valeur des terres passe donc par la
protection des terres existantes. Selon certains spécialistes, à l'intérieur d'un secteur de 2 millions d'ha
confronté aux limites de ses ressources foncières, 20 à 30% des terres utilisées par les cultures et l'élevage
sont gravement menacées par la dégradation du milieu naturel. Les promoteurs d'une restauration de ces
espaces, évoquant la dégradation du milieu naturel, l'accélération du processus d'érosion et la non
implication des populations rurales dans l'acte de développement du secteur, ont élaboré un programme
public de mobilisation et de protection des ressources naturelles agricoles et de protection des sols, et de
soutien aux exploitants agricoles. La concrétisation de cette opération a été confiée à la "générale des
concessions agricoles", entreprise publique économique spécifique (créée le 23 décembre 1997 par le
conseil national des participations de l'Etat), chargée de gérer pour le compte de l'Etat, un programme de
mise en valeur dans un cadre de partenariat Etat- producteurs, des concessions agricoles situées dans des
régions steppiques, montagneuses et sahariennes ciblées. Le programme triennal (1998-2000) intègre la
mise en valeur d'un million d'ha devant permettre la création de 50.000 concessions et 500.000 emplois y
afférent. En tant que programmes de développement intégrant les bilans culturaux, aussi bien
qu'hydrauliques, les périmètres de mise en valeur sont concédés en priorité aux populations locales et à des
investisseurs potentiels. L'opération intéresse plus d'une trentaine de wilayas pour prés de 140 projets à
engager, dont la localisation a été définie sur la base d'études et de schémas directeurs par wilaya et
d'enquêtes sur le terrain. La GCA a pour but de faciliter le regroupement de petites propriétés, de contribuer
à la modernisation des exploitations existantes, à la constitution de nouvelles exploitations agricoles
équilibrées. La participation des producteurs s'effectue à deux niveaux : au point de vue financier, ils
apportent des capitaux, ce qui permet de réduire le recours aux fonds publics; au point de vue technique,
les producteurs font l'apport de leur savoir-faire et de leur dynamisme. La politique préconisée vise à
associer les populations à l'acte de mise en valeur des terres, fait appel à des techniques d'incitation et
d'information et s'adresse à tous les producteurs désireux de s'associer au projet commun (Etat-
producteurs), sous la forme d'un partenariat qui peut déboucher plus tard sur une cession des exploitations.
Les 140 projets de mise en valeur se répartissent à travers une superficie totale de 637.652 ha comme suit :
• en zone de montagne, 56 projets (soit 350.392 ha) pour 25.137 concessions (254.125 emplois) et un coût
de programme de 23,9 milliards DA;
• en zone steppique, 62 projets (269.310 ha) pour 13978 concessions (183.505 emplois) et un coût de
programme de 18,2 milliards DA;
• Dans le Sud, 22 projets (18.250 ha) pour 8758 concessions (61.175 emplois) et un coût de programme de
29,8 milliards de dinars.
♣ Accès au foncier agricole : De gros investissements en jeu  : La valorisation du potentiel agricole, en
particulier la mise en valeur et l'exploitation du foncier agricole à travers la récupération des terres non
travaillées sont les grands objectifs des pouvoirs publics qui encouragent les grands projets
d'investissement structurants. C'est le message livré hier lundi par M. Hamid Hamdani, directeur central au
ministère de l'Agriculture chargé de l'organisation foncière et de la mise en valeur des terres. Il a confirmé
dans une intervention à la radio nationale qu'à ce jour, près de 250.000 hectares sur 800.000 hectares ont
été récupérés dans le cadre de la loi 10-03, qui avait mis fin à la loi de 1987, instituée alors par l'ex-ministre
de l'Agriculture, feu Kasdi Merbah, en lançant les EAC et EAI (exploitations agricoles collectives et
individuelles). L'opération de récupération d'une partie de ces terres affectées aux EAC-EAI avait été lancée
en 2010, avec un projet de loi qui avait à l'époque rencontré certaines résistances, en particulier avec la fin
de la jouissance à vie et le droit de concession aux descendants qui a été ramené à 40 ans renouvelables.
‘'Il était temps de valoriser le potentiel agricole, notamment le foncier productif'', a estimé M. Hamdani selon
lequel ‘'il y a différents dispositifs réglementaires pour récupérer les terres agricoles''. Sur les 250.000 ha
récupérés des ex-EAC et EAI, il y a 150.000 ha qui seront affectés à la concession et 100.000 ha pour le
dispositif d'accès à la propriété foncière, a-t-il indiqué, expliquant que ‘'ces 250.000 ha feront l'objet de

89
distributions au profit d'investisseurs pour des projets structurants dans des filières stratégiques». D'autre
part, il a expliqué que le ministère de l'Agriculture mène des campagnes de sensibilisation, car ‘'on s'inscrit
dans une approche dissuasive, et nous appelons les agriculteurs à travailler leurs terres''. 'Nous sommes
tenus d'optimiser ce potentiel agricole et au regard de la crise économique, on est tenu d'exploiter toutes les
potentialités économiques, dont l'agriculture''. M. Hamdani est revenu sur la facilitation des procédures liées
au traitement des dossiers de demande de concessions et d'investissements agricoles, estimant que ‘'tous
les porteurs de projets structurants ont la possibilité d'accéder à la propriété foncière, pour peu que leurs
projets soient valables''. ‘'Il y a des dispositions de facilitation de crédits bancaires en fonction des projets
d'investissement'' et ‘'la superficie n'est plus un facteur limitatif, l'objectif est de permettre aux porteurs de
projets de lancer vite leurs investissements'', explique M. Hamdani, et que ce dispositif concerne la
concession agricole dans le cadre des terres privées de l'Etat. Pour autant, il a précisé qu'à côté des grands
projets agricoles, il y a aussi les ‘'microprojets où le capital financement tournerait autour d'un milliard de
DA et la superficie de plus de 100 ha''. ‘'Il faut que ce soient des filières à forte valeur ajoutée, et
économiques, comme les céréales, la production de lait, l'élevage. Ce sont des projets sur des superficies
importantes avec une forte valeur ajoutée et d'importants investissements'', a-t-il insisté, rappelant que
‘'nous sommes à 520.000 ha orientés vers ces projets structurants dont les projets avec les Américains,
ceux à Adrar, Ghardaïa, El Bayadh, Timimoun,... il s'agit de la mise en valeur qui nécessite du temps et de
la mobilisation, ainsi que des moyens''. Actuellement, 'des projets sur près de 200.000 ha sont déjà
installés, dont 100.000 hectares ont réellement démarré sur près de 500.000 ha déjà affectés pour les
grands projets structurants», souligne M. Hamdani. En fait, la politique est de ne plus ‘'laisser les terres en
jachère, ou de les attribuer et de ne pas les travailler. Aujourd'hui, tout le monde doit comprendre que c'est
une dimension sociale, une question citoyenne'' que la mise en valeur et le travail de la terre, a-t-il relevé,
avant de souligner qu'il n'y aura pas de ‘'détournement de ces terres à l'avenir vers d'autres finalités. Les
terres récupérées vont être affectées moyennant un cahier des charges. On est actuellement à 20.000 mises
en demeure pour récupérer les terres non encore restituées''. Pour autant, M. Hamdani a expliqué que dans
le cadre de la régularisation de l'accès à la propriété foncière, les dossiers de 9.000 exploitants agricoles,
totalisant une superficie de 90.000 ha, seront revus au cas par cas selon une circulaire ministérielle, les
dossiers en question ‘'feront l'objet d'un réexamen et la situation sera assainie d'ici à la fin du premier
trimestre 2018'', a-t-il ajouté. En outre, la loi n°10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités
d'exploitation des terres agricoles du domaine privé de l'Etat ‘'répond aux attentes des agriculteurs et
énonce la faisabilité sur chaque catégorie d'exploitation'', a-t-il souligné, relevant que cette loi a limité la
durée de jouissance de ces terres à 40 ans renouvelables, sur demande, contre 99 ans pour la loi de 1987
relative aux EAC et EAI, mis en place après le démantèlement en 1981 des ex-Capra et fermes autogérées.
'Cette circulaire répond aux attentes des agriculteurs'', selon le chargé du foncier agricole au ministère de
l'Agriculture. D'autre part, M. Hamdani a relevé un grand engouement des investisseurs pour le secteur
agricole. ‘'Avant 2015, il y avait l'importation en moyenne de 1,5 million de plants par an. Maintenant, on est
à plus de 10 millions de plants. Tous les importateurs, dont la filière arboricole, s'orientent vers cette filière
pour les produire ici. C'est un signal fort de l'intérêt qu'accordent ces investisseurs au secteur agricole, à
son devenir'', a-t-il indiqué, avant de signaler que les commissions de wilaya traitent quotidiennement
plusieurs dossiers d'investissement. ‘'En 2017, il y a eu plus de 270 dossiers d'investissement pour
seulement 350 ha''. Les investisseurs étrangers ont les mêmes droits d'accès à la propriété foncière, mais
selon la règle des 49/51 %, a expliqué M. Hamdani, qui a souligné que les périmètres agricoles destinés aux
investissements font l'objet d'études techniques. Selon les statistiques du ministère, les terres agricoles du
domaine privé de l'Etat occupent une superficie de 2,8 millions d'hectares, soit 35% de la surface agricole
utile. Ces terres, affectées aux ex-EAC et EAI avaient fait l'objet d'une récupération, à travers la loi 10-03,
pour celles non exploitées, abandonnées ou détournées de leurs vocations. Ces terres avaient été
attribuées à plus de 210.000 producteurs organisés en 96.629 exploitations agricoles collectives et
individuelles (EAC et EAI). En 2010, l'Etat a entamé la récupération de la majeure partie de ces terres non
travaillées ou ayant fait l'objet de détournements. □ ALILAT Yazid (Le Quotidien d’Oran, 13.02.2018).

DEGRADATION DES SOLS.- Les constats généralement faits sur le potentiel productif agricole mettent
l'accent sur le fait que le secteur agricole dispose de ressources en terres cultivables, eaux mobilisables et
végétation pastorale et forestière assez limitées, fragiles et vulnérables. En effet, à l'insuffisance des
superficies en terres cultivables s'ajoute la menace toujours persistante de dégradation de toutes sortes qui
affectent pleinement ses capacités productives à travers :
► des pertes de superficies cultivables,
► l'appauvrissement des terres et la réduction de la fertilité de terres agricoles,
► la diminution des disponibilités en terres pour l'irrigation,
► la détérioration de la qualité d'eaux d'irrigation.
La menace la plus importante est constituée par l'érosion, véritable fléau national qui affecte 10 millions
d'hectares et se traduit par :
♦ l'enlèvement de terre arable sous l'effet du ruissellement et du vent. Les terres entraînées vers la mer par
l'érosion sont estimées à 120 millions de tonnes par an, soit l'équivalent de 40.000 ha de terre arable,
♦ la perte en éléments fertilisants par suite de l'entraînement des éléments fins et des éléments en solution,
en général riches en éléments minéraux,
♦ la perte de ressources en eaux et la diminution de la recharge des nappes par suite de la diminution de la
perméabilité des sols,
♦ l'ensablement des palmeraies, des oasis et des parcours steppiques,
♦ le colmatage des barrages et en conséquence la réduction des capacités de mobilisation des eaux estimée
à 1/4 des capacités globales.
Les autres menaces de dégradation du potentiel productif sont constituées par :
90
◘ l'urbanisation et l'industrialisation se font souvent au détriment des terres agricoles, parfois à haut
potentiel hydro-agricole (plaines intérieures et littorales). On estime que l'urbanisation a engendré une
perte importante de près de 250.000 ha de terres agricoles, dont 10.000 ha en irrigué.
◘ Quelle soit d'origine industrielle, urbaine (eaux usées, décharges trop près des nappes) ou agricole
(pesticides, engrais), la pollution des sols et des eaux est présente au niveau national, même dans les
oasis, et elle affecte les terres agricoles, les nappes phréatiques, les oueds et les barrages. La pollution
affecte également les ressources marines. Des signes de détérioration du milieu rural sont signalés au
niveau de quelques sites littoraux : golfe de Mostaganem, région de Ghazaouet, baie urbanisée d'Alger
et d'Oran Ouest.
◘ L'exploitation inconsidérée des ressources végétales ; les incendies répétés, les exploitations
inconsidérées et les défrichements ont abouti à la dégradation avancée des potentialités forestières et des
potentialités fourragères en zones de montagne. De même que le surpâturage en zone steppique a entraîné
une réduction sensible des capacités pastorales. La mauvaise utilisation des matériaux et des techniques de
travail du sol sur des terres en pentes ou fragiles (steppe, sahara) ainsi que les défrichements et les labours
dans la steppe en vue d'élargir les superficies agricoles ont souvent provoqué la dégradation des sols. La
mauvaise irrigation dans le sud et dans le nord ouest du pays a entraîné des problèmes de remontée de sels
et la stérilisation de nombreuses superficies agricoles.
®La ressource “Sol”  : Tout le monde s’accorde à reconnaître la fragilité et l’état avancé de la dégradation
des sols algériens (et notamment les SAU) qui, faute d’intervention énergique, rendrait toute intensification
ou toute tentative de production hasardeuse ou impossible à réaliser. Mais tout le monde s’accorde à dire
aussi que les sols agricoles et les terres de parcours, recèlent des potentialités susceptibles de les faire
évoluer positivement sous des conditions précises d’aménagement des bassins-versants, d’investissement
dans les études et les réalisations de programme de mise en valeur, de lutte contre l’érosion,
d’assainissement et de drainage de plantation d’arbres, de reforestation et de lutte contre la désertification.
L’essentiel est de savoir que le sol agricole est une ressource rare à protéger et à valoriser avant toute
chose. L’important est d’arriver enfin à faire admettre que les sols algériens ne sont pas des mines à ciel
ouvert et qu’il devient urgent de les aménager correctement en vue de leur reproduction à long terme. ◙
SALINISATION DES SOLS .- C'est au cours de la deuxième moitié du 19ème siècle, avec les travaux menés
que le problème de la salinité connut de réels progrès. En Algérie, Ludovic Villé (1872) a constaté par ses
explorations géologiques que les sols sont salés et que la salinité existe depuis très longtemps, 15 % de la
surface cartographiée est occupée par des sols salés essentiellement des plaines alluviales, destinées à
l'irrigation (Daoud, 1993). En Algérie, Selon le Houerou (1993), les sols salés occupent de vastes
superficies (3.2 millions d’hectares de la superficie totale). Ils sont localisés plus au Nord qu’au sud ; ils
s’expriment mieux entre les isohyètes 450mm et semblent être la limite supérieure des sols fortement
sodiques (Djili, 2000). En outre, près de 25 % de la surface cartographiée en zones arides algériennes
(Halitim, 1985), sont représentés par des sols salsodiques.La dégradation des sols est favorisé par
l’accumulation des sels solubles et du gypse, ce qui cause la dégradation des sols (Durand, 1958 ; Halitim,
1988) ainsi que le mauvais drainage qui a un effet néfaste sur l'enracinement du palmier dattier en Algérie
Dubost (1991).Tous ces problèmes sont dus à la salinité et constituent un fléau dangereux et une contrainte
majeure sur les oasis, à travers la baisse des rendements du palmier dattier et la qualité des dattes (Daddi
Bouhoune et al, 2012).
♦ Impact du stress salin sur la production végétale  : La résistance des plantes aux sels et à la
sécheresse sont deux notions étroitement liées qui influent sur les plantes. La salinité des sols constitue un
facteur limitant en agriculture, car elle inhibe la germination et le développement de la plante. Le stress
salin entraîne des modifications biochimiques de la plante (Hopkine, 2003) et morphologiques, du point de
vue biomasse, longueur des tiges et des racines.C’est un ensemble de conditions qui provoquent des
changements de processus physiologiques, résultant éventuellement de dégâts, dommages, blessures,
inhibition de croissance ou de développement. Une force ou une influence hostile qui tend à empêcher un
système normal de fonctionner (Jean-claudeLeclerc, 1999). D’après B. Cherbuy (1991 in Dehnoun Z., 1998),
la salinité est un phénomène pédologique où le sol s’enrichit anormalement en sels solubles. Cette
salinisation est néfaste au développement des végétaux par la diminution de leur potentiel productif, ce
processus affecte 25 % des terres irriguées dans les zones arides et semi arides (Levigneron et al, 1995).
Selon DAOUD et HALITIM (1994) in IDDER, 2006, le type aridique est incontestablement la particularité des
sols sahariens, cela se traduit par la réduction, si nonl'impossibilité de cultiver à notre convenance. La
violence des vents, l'agressivité desminéraux, la forte salinité et sodicité des sols, la pauvreté de la fraction
organique etargileuse, l'halomorphie et l'hydromorphie, sont les caractéristiques physiques, morphologiques
et chimiques des sols sahariens. Selon FAO (2005), on rencontre plusieurs types de sols salés en Algérie
localiséssurtout dans les étages bioclimatiques arides et semi- arides (BENMOUAFFEKI Djemaa, 2011).

91
Types de sols en Algérie (FAO,2005)

► Le sol : Le sol, ou couverture pédologique, forme la couche superficielle meuble qui recouvre la  couche
mère. Son épaisseur varie de quelques centimètres à quelques mètres, il est pour la  plante un support et un
milieu nutritif (Pouget, 1980). La température du sol a une action   directe sur l’activité métabolique des
racines. Quand la température est élevée (généralement  à partir de 35°C), le métabolisme des cellules est
tellement perturbé que les racines cessent de  fonctionner. Dans les régions arides, les sols, d’une manière
générale, posent des problèmes de mise en  valeur. Ces sols présentent souvent des croûtes calcaires ou
gypseuses et sont la plupart du  temps salés et sujets à l’érosion et à une salinisation secondaire (Aubert,
1960). Les sols seront classés en fonction du niveau des sels. Selon Halitim (1988) on distingue les  types
de sols suivants :
• Les sols accumulation de sels (au sens très large du terme sels)
• Les sols calcaires.
• Les sols gypseux.
• Les sols calcaires et gypseux.
• Les sols salés.
Les sols salés sont des sols dont l’évolution est dominée par la présence de fortes quantités de  sels
solubles, plus solubles que les gypses, ou par la richesse de leur complexe absorbant en  ions, provenant de
ces sels et susceptibles de dégrader leurs structures en particulier le sodium  (Aubert, 1983). En outre,
Pouget (1980) cité par Bouzid (2003) définit les Chotts et les sebkhas comme des  systèmes évaporatoires
s'alimentant des apports superficiels de ruissellement et des nappes  plus profondes. Tout autour de la
sebkha, la présence d'une nappe phréatique salée est  inégalement profonde, elle contribue à la formation
des sols halomorphes.  Il existe aussi des sols salins thioniques, à sulfures acidifiants, dans certaines
zones sahariennes irriguées par des eaux riches en sulfures d’oxygène, comme dans la région de  Touggourt
(Aubert, 1983).
2. Origine de la salinité  : La salinisation d’un milieu implique la présence d’une source de sels (Gaucher et
al, 1994). La salure avec laquelle le pédologue ou l’agronome se trouve confronté peut avoir
trois principales origines (Dogar, 1978 in Daddi bouhoun, 1996) :
♦ la salure d’origine continentale ou géologique provient des couches sédimentaires  salifères.
♦ la salure d’origine volcanique peut se rattacher à certaines manifestations  généralement posthumes du
volcanisme.
♦ salure d’origine marine peut être provoquée par le contact de la mer. De même, l’eau d'irrigation chargée
en sels solubles constitue une autre source de salinité..◙ BENSAADA, Khadidja (2015) & MADANI Djamila
(2008)

92
Répartition des terres salées dans le monde (d’après FAO)  :

□ Répartition des sols salés : Dans le monde : en moyenne, la Terre perd 10 hectares de terres cultivables
par minute, dont 3 hectares à cause de la salinisation.Les estimations de la superficie totale représentée
par les sols salsodiques dans le monde sont très variables d’un auteur à l’autre. Pour Szablocs (1994), elle
atteint 954.832 millions d’hectares, pour Claud et al, (2005) la superficie est estimée à environ 9.55 millions
de Km2, soit 6.4 % des continents ou 19 fois le territoire français.Tous les continents présentent de vastes
surfaces de sols salsodiques (Fig. ci-dessous). Les régions du monde les plus affectées par la salinisation
sont la Tunisie, l'Égypte, l'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Californie.

Les sols salés ont un caractère azonal. Ils se rencontrent dans toutes lesparties du monde (Servant, 1976 ;
Durand, 1983) L’Afrique présente de vastes régions affectées par les sels (notamment les zonesarides et à
proximité des grands fleuves) ( Cherbuy, 1991).

93
Distribution des sols salés en Afrique (Classification de Aubert, 1970 in Cherbuy, 1991).

ÉTAT DE LA STEPPE.- Une stratégie de développement hydro-agricole fondée sur une exploitation optimale des eaux
souterraines doit permettre une remise en état de la steppe déjà fortement dégradée par le surpâturage et les labours (Parcours
et terres steppiques : 33 670 000 ha et Terres alfatières : 2 800 000 ha). L’élevage ovin actuel avait un effectif de 19,6 millions
de têtes, le caprin 3,7 millions de têtes. les bovins comptaient 1.6 million de têtes et le camelin estimé à 0,3 millions de têtes.
Quand on sait aujourd'hui que 14 millions d'ovins sur les 19 millions qui compose le cheptel naturel se trouvent dans la steppe,
on mesure l'importance des efforts à réaliser pour sa remise en état. Les conséquences sur la population locale sont bien
souvent catastrophiques. La désertification se produit lorsque l’homme modifie les équilibres ou les dynamiques naturelles des
terres par surexploitation. Selon l’ONS (2008), la croissance démographique dans les régions steppiques a augmenté en
passant de 1.255.000 habitants en 1968, à plus de 7 millions d’habitants en 2010. Si l’action de l’homme est indéniable et
largement démontrée, l’impact des conditions climatiques existe également. Un haut commissariat au développement de la
steppe est depuis 1986 chargé de régénérer les parcours, développer l'élevage ovin et codifier les activités pastorales. Une
partie du cheptel a déjà été transférée vers des centres d'engraissement du nord, 900.000 hectares de parcours steppiques ont
été mis en défens en1988, tandis qu'en 1989-90, on réalisait l'aménagement de quelques 400.000 ha. En cette même période
commençait avec l'aide du centre arabe pour le développement des zones arides (acsad) des opérations d'ensemencement
pour la régénération du tapis végétal, la réhabilitation de 500 puits existants et la création de 500 autres. Les indicateurs de la
dégradation des ressources végétales sont multiples Les statistiques officielles (HCDS, 2010) nous montrent que la part des
parcours steppiques relativement bons s’élève à 20% seulement. Les terres de la steppe algérienne subissent un processus de

94
dégradation continue auquel ont contribué le surpâturage et une agriculture inadaptée. Par le passé, dans les steppes
algériennes, un certain équilibre s’était maintenu, entre les ressources pastorales disponibles et le cheptel existant, avec un
mode de vie adapté à ce milieu fragile (nomadisme et transhumance), ce qui a permis au parcours de se régénérer facilement
après de longues périodes de sécheresse. De nos jours, cet équilibre est perturbé et la rupture se manifeste par une
dégradation générale du milieu. L’accroissement des effectifs du cheptel, la pratique des labours mécanisés inadaptés à ce
milieu fragile, la désorganisation de la transhumance et la surexploitation des ressources pastorales ont conduit à ce
déséquilibre alarmant, qui se traduit sur le plan écologique par une dégradation visible des pâturages et l’extension des
paysages désertiques. Une gestion et un aménagement appropriés des parcours, selon leur situation et les contraintes vécues,
s’imposent comme préalable ou il va falloir envisager une politique rationnelle pour l’utilisation de l’espace steppique. L’altération
du milieu naturel (affectant à la fois les terres privées et les terres communes), par les comportements des agents économiques,
est favorisée de surcroît par une carence de l’information et des institutions existantes. La steppe n'a pas beaucoup intéressé
les décideurs en matière de recherche. La politique environnementale mise en œuvre par l’État est apparue inefficiente. Il nous
apparait qu'un usage écologiquement viable des terres communes exige leur cogestion associant État et communautés.□

FONCIER AGRICOLE.- La situation du foncier agricole national est tellement complexe qu'elle se traduit par
un foisonnement de statuts juridiques, tant il est vrai que les terres agricoles ont subi diverses péripéties qui
ont marqué son histoire. L'organisation et l'encadrement du développement agricole sont devenus obsolètes
du fait que le rôle du cadastre et de la conservation foncière est demeuré limité, ainsi que l'émiettement et
l'abandon général des terres. Aussi, est-il quasiment impossible de conférer à la terre la notion de propriété
et de capital économique, dès lors que toute action organisée sur les structures foncières devient malaisée.
Les différentes politiques initiées en matière de foncier agricole depuis l'avènement de l'autogestion jusqu'à
la loi d'orientation foncière, en passant par la révolution agraire et les réorganisations successives du
secteur agricole public, ont montré leurs limites. D'ailleurs, cette batterie de textes juridiques promulgués de
l'indépendance à 1997, fait ressortir l'ampleur des contradictions, les confusions et changements de cap qui
ont engendré des contraintes pour l'exploitant agricole et témoignent d'une absence de vision rationnelle et
cohérente quant à la prise en charge du secteur de l'agriculture. Le retard accumulé dans l'établissement
d'environ 30.000 plans cadastraux, répartis sur 1541 communes, à raison de 11 millions d'ha en zone rurale
et 400.000 ha en zône urbaine, sur une période de 15 années, est très significatif. L'analyse faite par le
conseil économique et social (CNES), lors de sa 10ème session plénière, a révélé certaines insuffisances
auxquelles ont été proposés des correctifs notamment, le compromis existant entre un mode d'exploitation
collective des terres et une appropriation individuelle des moyens de production, n'a pas résisté à
l'aspiration de l'attributaire à travailler pour son propre compte. Ce qui a conduit à un partage arbitraire des
terres appartenant aux EAC (exploitations agricoles collectives). L'absence de contrôle des pouvoirs
publics a engendré le non-respect de la loi par les bénéficiaires de ce partage et la conséquence immédiate
a entraîné une déconnexion du paysan vis à vis de la terre pour laquelle il n'éprouve aucun attachement. En
effet, le détournement à des fins autres qu'agricoles, l'abandon par excès d'émiettement, le manque
d'investissements ou de la sous-location sont nés de l'absence de liens ombilicaux entre l'homme et la terre.
La superposition de plusieurs statuts juridiques, le phénomène de l'indivision et le blocage du marché
foncier, rendent la situation plus complexe. Elle concerne les terres steppiques d'une superficie de plus de
20 millions d'ha, où vivent 5 millions de personnes et 80% du cheptel ovin (12 millions de têtes) et des
terres "arch" perçues comme propriétés privées alors qu'elles ont été versées au domaine de l'Etat. En
revanche, le secteur privé, bien que représentant les 2/3 de la superficie agricole utile nationale, a été
marginalisé et n'a jamais attiré l'attention du législateur.
Cette situation nécessite la définition d'une nouvelle politique agricole, fondée sur une stabilité et une
durabilité des exploitations. Pour ce faire, il est recommandé l'établissement d'un lien juridique permanent
entre la propriété et l'exploitant, l'harmonisation des textes juridiques liés au droit foncier, la création de
conditions de conversion du phénomène de l'indivision traditionnelle en un système moderne d'association
libre, de transparence dans la circulation de la terre agricole en tant que bien économique, la création de
tribunaux fonciers, la libération des agriculteurs du poids de l'endettement, l'intégration de la zone
steppique dans le foncier agricole, la réhabilitation de la forêt dans sa fonction économique et
environnementale, le renforcement des missions du cadastre et, enfin, la tonification des terres du sud. Une
loi-cadre est plus que nécessaire pour pouvoir appréhender toutes les facettes de ce dossier. Elle aurait à
énoncer les objectifs et finalités qui seront assignés à l'aménagement de l'espace rural quelle que soit
sa situation géographique, à reprendre toutes les dispositions favorables des précédentes lois et
assurer la pérennité des textes pour en permettre la pertinence. Une stratégie nationale de développement
agricole à long terme, doit être définie pour permettre la libération de toutes les énergies et
compétences et la valorisation de toutes les potentialités agricoles. L'agriculture et le monde agricole, à
travers le foncier imposent que toutes les décisions futures doivent permettre la réappropriation des
fonctions économiques, de lieux de travail et de résidence que ce secteur n'aurait jamais du quitter.
♣ Trois millions d'hectares de terres agricoles non exploitées  : Le ministère de l'Agriculture, après avoir
donné un peu plus de visibilité sur la nature et le statut juridique de tous les exploitants agricoles à travers
la loi 10-03 d'août 2010, veut aujourd'hui s'attaquer aux terres Arch, relevant du domaine privé de
l'Etat. C'est ce qu'a annoncé hier mardi M. Hamid Hamdani, directeur central de l'organisation foncière au
ministère de l'Agriculture. Il a expliqué à la radio nationale «qu'en matière de foncier agricole, on devrait
exploiter toute la surface agricole» du pays. Et, concernant les terres Arch (terres communautaires), il a
indiqué que «le ministère de l'Agriculture, avec les autres ministères et la société civile, on travaillera tous
ensemble pour l'exploitation de ces terres, qui ne doivent pas être uniquement sous l'appellation de terres
Arch». Car «ces terres doivent être exploitées et elles devraient intégrer le circuit économique», a-t-il
affirmé. 
Globalement, il a estimé entre 2 à 2,5 millions d'hectares la superficie des terres Arch «qui doivent être
exploitées, avec l'objectif d'optimiser l'exploitation de ces terres, ensuite conforter juridiquement ses

95
occupants par des actes administratifs». M. Hamdani estime qu»'il est temps d'ouvrir le dossier des terres
Arch sereinement, sans tabous. Car ce sont des réalités à nous, et ce tabou doit tomber aujourd'hui». «Oui,
ce sont des terres Arch, mais ce sont des terres agricoles avant tout, qui ne doivent pas être en marge du
dispositif agricole». Pour lui, les terres agricoles, qu'elles relèvent du domaine privé de l'Etat ou du domaine
privé, doivent être exploitées intégralement, car l'apport ramené par l'Etat en termes de soutien et la
visibilité en termes de concessions et actes juridiques, et les conditions économiques nous l'imposent
aujourd'hui. «En fait, il y a actuellement, a-t-il confirmé, trois millions d'hectares de terres agricoles qui ne
sont pas exploités, soit 67% de la surface agricole utile». Pour autant, M. Hamdani, qui a indiqué que la
valeur ajoutée du secteur agricole a été de 3.000 milliards de dinars en 2017, a souligné que «nous avons
atteint l'autosuffisance alimentaire, à l'exception du lait et les céréales». Quant aux terres, soit les trois
millions d'hectares qui ne sont pas travaillés, «et si elles ne le sont pas par leurs propriétaires, elles le
seront par les investisseurs, par les autres porteurs de projets, ceux qui veulent s'investir dans
l'agriculture», a prévenu le même responsable, selon lequel «300.000 hectares ont été récupérés et vont
être attribués, car il faut les rentabiliser et les optimiser au maximum».  
D'autre part, le responsable du foncier agricole au niveau du ministère de l'Agriculture a ajouté que près de
520.000 ha de terres agricoles ont été attribués aux gros porteurs de projets et 200.000 ha sont en cours de
lancement, avec «un cahier des charges qui doit être appliqué». Quant aux actes de concession établis dans
le cadre de la loi 10-03 d'août 2010, M. Hamdani a indiqué que jusqu'à présent, 180.000 actes ont été remis
à leurs destinataires et 39.000 exploitants agricoles n'ont pas encore eu leurs actes de propriété. En fait,
sur les 219.000 exploitations (EAC et EAI), «180.000 actes ont été notifiés», a-t-il affirmé, ajoutant qu'il y a
10.000 cas de dossiers qui souffriraient de contentieux d'héritage ou de justice. «L'ensemble de ces
dossiers sont en examen en commissions de wilaya pour avoir de la lisibilité sur les 10.000 dossiers en
instance avant la fin de l'année, le reste, quand c'est de la justice, on attendra la décision de justice»,
explique encore M. Hamdani, qui a souligné que «d'ici à la fin de l'année, on régularisera les 10.000 cas en
suspens, le reste attendra la décision de justice, avec un traitement au cas par cas».  A travers la loi 10-03,
l'Etat encourage le regroupement d'exploitations agricoles en cas d'acquisition de plusieurs titres de
concession pour l'exploitation de plusieurs terres agricoles. Cependant, cette loi n'englobe que les terres
relevant du domaine privé de l'Etat, défini par la loi de 1987 et dont la superficie s'étend sur 2,5 millions
d'hectares.  Sont ainsi en dehors du champ d'application de cette loi les 300.000 hectares relevant
également du domaine privé de l'Etat, mais exploités par des fermes pilotes et des instituts de formation. La
superficie agricole globale exploitée en Algérie est estimée à 47,5 millions d'hectares dont 32 millions
d'hectares de parcours, 7 millions d'hectares de forêts et de maquis et 8,5 millions de terres arables dont
5,7 millions appartenant à des exploitants privés et 2,8 millions relevant du domaine privé de l'Etat. Le point
le plus important de cette loi de 2010 sur le foncier agricole est que le droit de jouissance de terres
agricoles, dans le cas de celles du domaine privé de l'Etat, a été ramené à 40 années renouvelables.□
ALILAT Yazid (2018)

TERRES AGRICOLES.- La superficie exploitée par le secteur agricole représente 47 millions d'ha, soit
moins de 20% de la surface totale du pays. Elle se répartit ainsi :
● 32 millions d'ha de terres pastorales ou steppiques (12 millions de têtes d'ovins et 7,2 millions d'habitants)
; ● 7
millions d'ha de forêts, de maquis et d'alpha  ;
● 8 millions d'ha de terres agricoles dont :
▪ 5,2 millions d'hectares appartenant au domaine privé (soit 65% de la SAU pour 600.000 propriétaires)  ;
▪ 2,8 millions d'hectares relevant du domaine national (soit 35% de la SAU) dont 2,6 millions d'ha sont
exploités actuellement par 200.000 attributaires, organisés en 90.000 exploitations agricoles communes
(EAC) et exploitations agricoles individuelles (EAI).
▪ les 200.000 ha restants sont exploités par les fermes pilotes et les instituts techniques essentiellement
spécialisés dans la production de semences et de plants de base.
▪ les terres agricoles détournées de leur vocation première sont évaluées à 150.000 ha depuis
l'indépendance à ce jour.
◙ Transformations foncières et évolution des paysages agraires en Algérie
Les paysages agraires algériens ont beaucoup changé pendant ces dernières décennies, marqués par de nombreuses
nouveautés. Le pays n’échappe pas au mouvement général qui caractérise l’évolution des sociétés paysannes : accroissement
démographique accéléré, éclatement des familles patriarcales, introduction de nouveaux modes d’occupation du sol,
introduction de nouvelles techniques d’irrigation, entrée plus ou moins forcée dans les circuits monétaires et dans une économie
marchande de plus en plus omniprésente. À ce titre plusieurs déterminants entrent en jeu à l’échelle de la région, et contribuent
au maintien ou à la modification plus ou moins profonde des paysages : le foncier en premier lieu, dont la prégnance est
particulièrement forte sur toute l’évolution des campagnes, un foncier particulièrement mouvant, lié intimement à la décision
politique, le fait communautaire, l’accroissement démographique et les contraintes du milieu.
En Algérie, sur tout le territoire il y a eu au moins deux grandes ruptures foncières qui ont marqué de façon indélébile la
dynamique des paysages : la rupture lors de la colonisation qui a été un bouleversement radical socio-spatial au niveau des
campagnes et celle après l’indépendance, qui a plongé l’espace rural dans de multiples mutations au gré des changements
politiques. Ceci a donné successivement : des grands domaines coloniaux, des micro propriétés indigènes (melk) et des terres
collectives de droit coutumier (arch), des vastes propriétés algériennes puis des domaines socialistes, des domaines privés, des
domaines collectifs et des propriétés individuelles. Cette multitude de formes d’appropriation des terres s’est manifestée par des
modes d’exploitation et de gestion des terroirs variés, Elle reflète les pratiques agraires sociétales qui façonnent les paysages.
La question foncière en Algérie est fortement liée à l’histoire et au politique. Parler de la propriété foncière, c’est évoquer
inévitablement tout un processus historique au cours duquel la terre a été l’enjeu principal et l’objet de choix politiques, voire
idéologiques au cours des grandes périodes de son histoire.Aborder les mutations survenues dans le monde rural par l’entrée
du foncier permet d’appréhender les rapports complexes que les hommes ont tissés avec la terre. Depuis la période coloniale,
96
les espaces ruraux algériens se sont transformés à des rythmes accélérés, mus par des forces extérieures et dont le contrôle
échappait aux paysans. La dépendance, dans une première étape, vis-à-vis de la métropole française, et puis vis-à-vis du
pouvoir central de l’Algérie indépendante, ont insufflé la dynamique des espaces agraires et bouleversé les structures
paysagères. À l’aube de l’occupation française, la société agraire était fondée sur deux types d’organisations dont plus d’un trait
influence encore les structures actuelles : l’une, paysanne et l’autre agropastorale. La première, sise proche des villes, dans les
montagnes du Tell et les piémonts jouissait de terres dites Melk. La terre de droit Melk appartenait généralement à une famille
entière, qui théoriquement avait la possibilité de l’aliéner puisque d’appropriation individuelle. Mais en fait, cela était impossible,
étant donné qu’aucun membre de la famille ne pouvait aliéner toute ou une partie de la propriété sans le consentement des
autres membres de la famille, ce qui signifiait que dans les faits, la terre était frappée du caractère indivis. La force de travail et
les instruments étaient mis en commun et la répartition des produits se faisait suivant l’apport de chacun, sous l’autorité du chef
de famille. Ce sont des terres de droit privé coutumier généralement très morcelées qui pouvaient se transmettre par héritage ou
par donation.
La seconde était basée sur une sorte d’équilibre primaire mais fonctionnel reposant sur l’unité et la solidarité du groupe social
qu’est la tribu. Cette dernière jouissait en permanence d’un immense territoire qu’on appelait arch. Chaque tribu était libre
d’adopter un mode de jouissance particulier, suivant les besoins ou les nécessités de la communauté. Toutefois, la règle
générale consistait à ce que tout membre de la tribu ait droit à la jouissance des superficies qu’il était à même de mettre en
valeur. Les femmes étaient exclues, en principe, de la jouissance du sol. Les arch regroupaient les terres de cultures et de
parcours, propriété d’une tribu, généralement nomade, dont l’étendue variait avec l’importance de la tribu et de ses richesses en
têtes de bétail. Ces terres de statut collectif étaient indivises.
Avec l’avènement et le développement de la colonisation (1830-1962), les premières mutations apparaissent. Elles se
manifestent dans un premier temps, par le passage d’un système agropastoral peu utilisateur de l’espace agricole à un système
agricole extensif pesant de toutes ses forces sur les ressources en terre. Puis dans un deuxième temps, c’est un double
processus qui se met en place, un processus de concentration foncière au niveau des plaines fertiles accompagné par un début
de mécanisation des activités agricoles, et un large processus de marginalisation et d’appauvrissement de la paysannerie
autochtone, prélude à un fort morcellement de terres et d’émiettement des parcelles agricoles. Une juxtaposition de trois
sociétés agraires en résulte, fondée sur le statut et la structuration de la propriété foncière, juxtaposition qui va marquer à jamais
les structures foncières en Algérie et les conditions générales des différentes politiques foncières pendant et après la
colonisation.
Bouleversement des structures foncières suite à la colonisation :
D’abord, les exploitations coloniales qui ont occupé les terres les plus fertiles soit, près de 3 millions d’hectares (40% de la
surface agricole utile), face aux petites exploitations familiales autochtones. Puis, les exploitations du secteur public et quelques
grosses propriétés privées algériennes, face à la masse des petites exploitations du secteur privé. Ce n’est qu’à partir de ces
quinze dernières années que le démembrement de la grande exploitation publique devient le fait le plus marquant de l’évolution
des structures foncières.

Source  :Hafiza Tatar


Le début des années 1990 est marqué en effet par l’homogénéisation des structures foncières du secteur public et l’abandon
définitif des politiques agricole et rurale privilégiant la grande exploitation agricole, jugée jusqu’alors seule capable de
rentabiliser le capital investi, Ainsi, les 3 500 domaines socialistes agricoles (DAS) issus eux-mêmes de la fusion des unités
d’exploitation du secteur autogéré et du secteur de la révolution agraire (7 229 unités) ont donné naissance dans un premier
temps à 29 556 exploitations agricoles collectives (EAC), 22 206 exploitations agricoles individuelles (EAI) et 165 fermes pilotes.
Par la suite ces données ont évolué, 

Source : recensement 2001


La taille moyenne de l’unité d’exploitation est passée en même temps de 900 ha à 130 ha dans le secteur public. Sans nul
doute, cette opération foncière visait une ouverture vers l’économie de marché et un retrait de l’État dans l’organisation et le
fonctionnement du système agricole.
En 1990, la restitution des terres agricoles autrefois nationalisées parachève la nouvelle configuration du paysage foncier et
ouvre la voie à une privatisation de fait du domaine agricole public. Deux millions cent mille hectares ont été restitués à leurs
propriétaires.

97
Source CNES
Le dernier recensement en 2001 dénombre 1.024.137 exploitations privées, avec une surface moyenne par exploitation
de près de 5 ha.
Les exploitations de taille réduite sont désormais dominantes, le recensement de 2001 en souligne l’émiettement. Le nombre
des exploitations inférieures à 5 ha a augmenté de plus du tiers, par rapport à la situation de la veille de la révolution agraire,
alors que la grande exploitation (supérieure à 100 ha) a baissé drastiquement.

Source : Hafiza Tatar


Le nombre des très petites exploitations inférieures à 1 ha a également fortement progressé. Il passe de 107 000 à 168 000. Les
superficies cultivées par ces dernières passent de 1% de la SAU à 1,9%, et il est clair qu’une telle structure est préjudiciable à
toute modernisation de l’agriculture. Ce qui va réactiver l’exigence de réformes foncières visant à améliorer les dotations en terre
et/ou en capital des agriculteurs insuffisamment pourvus (Bessaoud, 2004). Un programme national de développement agricole
(PNDA) est alors décidé à partir de l’année 2000, basé essentiellement sur des actions de mise en valeur par les concessions
de terres. Ces dernières ont été définies pour les zones de montagnes, de piémonts, les terres steppiques et les zones
sahariennes. Mais le modèle d’organisation sociale de la production auquel fait référence le PNDA est celui d’une entreprise
agricole, très éloigné de la réalité sociale des 750 000 petits exploitants dont les conditions de vie se sont détériorées
sérieusement. Les actions de développement rural initiées au cours de cette dernière période dans le cadre de programmes de
proximité de développement rural (PPDR) tentent aujourd’hui de contourner cette difficulté majeure.
Ainsi, le déterminant politique a pesé de tout son poids sur l’évolution des structures foncières. Depuis l’indépendance, le
politique a constamment influé sur la façon dont se sont faits et défaits les paysages agraires en relation directe avec les
mutations foncières. Du socialisme à l’ouverture vers l’économie de marché, la terre a constitué la toile de fond de la quasi-
totalité des programmes de développement rural. Actuellement les prérogatives de l’État algérien vont vers une politique libérale,
le but étant de stimuler les initiatives privées d’investissement aussi bien d’origine locale qu’étrangère. Cette perspective pourrait
être en adaptation avec l’évolution des systèmes de production qui servent à la logique de l’économie de marché. En revanche,
la réalisation de cet objectif risque d’être problématique à cause des contraintes d’ordre organisationnel (régularisations
judiciaires incomplètes de certains conflits liés à la terre, absence de suivi et de transparence des informations liées à la terre,
pluralité des acteurs en matière de la gestion du foncier, etc.) qui bloquent les bonnes volontés et encouragent les pratiques
spéculatives et illégales sur la terre. Après réforme sur réforme, et réorganisations agraires, il en ressort aujourd’hui plusieurs
paysages profondément marqués par ces tribulations et grandement empreints des espaces agraires d’antan. ◙ Hafiza TATAR
(2013)
Le statut des terres est très variable. La réorganisation du secteur public agricole a abouti aux résultats suivants :
♦ Concernant le foncier : Plus de 2,5 millions d’Ha ont été attribués à environ 210.000 producteurs organisés en 96.629
exploitations agricoles : 30.519 EAC sur 1.841.000 ha et 66.110 EAI sur 674.000 ha .La division des EAC en EAI se poursuit

98
encore en dépit de son interdiction par la loi. La superficie restante, soit 200.000 ha, a servi à la création de 180 fermes pilotes
dont la gestion a été confiée à des Holding chargés de produire de « l’excellence » en matière de semences et d’autres
produits agricoles, et aussi de servir modèle aux agriculteurs issus du secteur public ou ceux relevant du secteur privé. L’échec
de ces fermes pilotes a amené les pouvoirs publics à reverser leurs terres à leur secteur d’origine à savoir l’Agriculture.
♦ Concernant l’environnement des entreprises agricoles : Les différentes coopératives de services agricoles mises en place lors
de la précédente réforme qui a assuré la transformation, du moins sur le plan juridique, des domaines autogérés en DAS ont été
dissoutes :
♦ L’ONAPSA : l’Office National des Approvisionnements et des Services Agricoles crée en vertu du décret N° 82 – 33 du 23
Janvier 1982 après la dissolution des ex : SAP (Société Agricole de Prévoyance) a été dissout par le Ministère de l’agriculture
par l’arrêté N° 0032 du 18 Décembre 1996.
♦ COPSEM : Coopérative Agricole de Semences et de Plants. .
♦ COOPSEL : Coopérative d’Elevage.
♦ L’URCAV : Union Régionale des Coopératives Avicoles.
♦ Coopératives Apicoles,…etc.
Certaines coopératives ont été rachetées par les travailleurs et payées cash ou en plusieurs tranches selon le décret 88 / 170
qui a servi à la privatisation des coopératives et qui stipule entre autres dispositions que l’ingérence dans la gestion des
coopératives est punie par la loi. Cependant quelques années plus tard, le décret 96 / 459 est venu remettre en cause certaines
dispositions du décret précédent ce qui a provoqué la colère des travailleurs d’autant plus que certains ont réalisé d’importants
investissements. Les coopératives devenues des entreprises par action relevant du régime de droit privé. Mais l’administration
continue à superviser toute leur activité en fixant le prix de l’action et même le taux de dividende ce qui fait craindre aux
travailleurs les ingérences de l’administration. Certains opérateurs privés ont reçu l’agrément pour entreprendre les activités qui
étaient du ressort exclusif des coopératives agricoles. La concurrence par les prix et la qualité de services entre les privés et les
anciennes coopératives ne peut que profiter aux agriculteurs. Mais ces derniers n’ont pas perdu les réflexes de l’assistanat
auxquels les autorités les ont habitués et ne font pas apparemment jouer à fond cette concurrence. Les opérateurs privés n’ont
pas les moyens suffisants pour assurer l’approvisionnement total en facteurs de production nécessaires à la bonne marche du
secteur agricole. Les nouvelles coopératives n’ont pas également les moyens pour couvrir tous les besoins. Pour cela il est
fréquent de voir des tensions sur le marché qui généralement engendrent la spéculation et la hausse des prix et favorisent
l’émergence d’un marché parallèle dominé par des spéculateurs qui n’ont rien à voir avec l’agriculture. En conclusion, on peut
dire que l’imbroglio du système foncier avec ses différents types de propriétés (terres : Melk, Arch, Habous, EAC, EAI…)
constitue un véritable obstacle au développement agricole. Chaque type de propriété a ses contraintes spécifiques. Les terres
privées Melk rencontrent le problème de l’indivision. Les terres en EAC et EAI ont comme écueil le titre de propriété, les
agriculteurs disposent du droit de jouissance temporaire, tandis que le droit de propriété revient à l’Etat. Or le droit de jouissance
n’est pas reconnu par les banques pour l’octroi de crédits car il n’offre pas suffisamment de garantie. Le débat n’est pas clos. La
recherche d’une forme juridique de propriété (concession ou vente des terres) aux EAC et EAI acceptable par les banques et
autres créanciers constitue la condition nécessaire et non suffisante au développement de l’agriculture.
► Politique de structures : Augmentation du nombre d’exploitations et diminution des dimensions : La dernière réforme a mis
fin à l’existence des grandes exploitations du secteur public. L’agriculture algérienne est dominée aujourd’hui par les
exploitationsde faible dimension. Le nombre d’exploitations s’élève à 967.900. Les exploitations de moins de 20 ha représentent
88,8% du total des exploitations et 47,9% de la SAU. Les micro-exploitations de moins de 2 ha constituent 30,59% des
exploitations et occupent 2,7% de la SAU. La taille moyenne pour la classe de SAU inférieure à 10 ha est de 6,6 ha, superficie
difficile à procurer un revenu satisfaisant en culture céréalière compte tenu du système de culture et de la nature du climat.
Nombre Taille
Classe de SAU d’exploitations Superficie moyenne
(ha) (milliers) (milliers d’ha) (ha)
0,1 < 0,5 88,9 20,1 0,2
0,5 < 1 78,3 50,4 0,6
1<2 128,9 162,3 1,3
2<5 239,8 722,3 3,0
5 < 10 181,3 1200 76,6
10 < 20 143 1896,5 13,3
20 < 50 88,1 2485 28,2
50 < 100 14,3 930,8 66,1
100 < 200 4,1 632,1 131
200 et + 1,2 458,6 369,3
Total 967,9
Hors sol 55,9
Total 1023,8 8 458,8 8,3 Source : MADR 2004
Les exploitations de plus de 100 ha ne représentent que 0,55% de l'ensemble des exploitations. Le tableau ci-contre présente
la répartition des terres selon leur statut juridique. Quatre statuts caractérisent les terres des exploitations: Melk, domaine privé
de l'Etat, domaine public et Wakf.  75,9 % des exploitations sont érigées sur des terres Melk et couvrent  69,3 % de la SAU
totale. Parmi ces exploitations:  39,6 % sont dans l'indivision: elles représentent 46,3 pour cent de la SAU totale.  50,1 % sont
sans titre: elles représentent 41,1 % de la SAU totale.  17,7 % des exploitations sont érigées sur les terres du domaine privé de
l'Etat et couvrent 30 % de la SAU totale.
Vers l’homogénéisation du système d'exploitation du secteur agricole :
- Nature juridique des exploitations : Il en ressort les éléments suivants:
 L'exploitation individuelle prédomine avec 83,1%du nombre total des exploitations et occupe 79,7% de la SAU totale. Elle est
représentée par:
 2,8% d'exploitations sur les terres de propriété privée (65,7% de la SAU totale).
 10,2% d'exploitations individuelles à gestion privative (EAI) sur les terres du domaine privé de l'Etat (14% de la SAU totale).

99
 L'exploitation collective, en société ou en coopérative, représente 5% de toutes les exploitations et couvre 14% de la SAU
totale. Les exploitations agricoles collectives à gestion privative (EAC) constituent 68,8% des exploitations et 78,1% de la SAU
de cette catégorie. Il est à noter que les EAC représentent 3,4% du total des exploitations et couvrent près de 11% de la SAU
totale. (Cf. T. Boulkeddid, 2014)
La nouvelle option économique du pays a imposé en 1998, à ce secteur, classé comme stratégique, une
orientation basée sur des principes libéraux et visant à une exploitation plus rationnelle du potentiel des
terres. En effet, il est question de vendre ou de louer des terres agricoles de l'Etat pour permettre une
stabilisation des agriculteurs dans leurs exploitations et une relance des investissements. Les terres
relevant des EAC et des EAI seront vendues ou louées aux bénéficiaires initiaux, dont la liste compte près
de 200.000 exploitants. Un nombre indéterminé d'indus bénéficiaires de ces exploitations agricoles,
accordées, en vertu de la loi 87/19 promulguée par le gouvernement Hamrouche, est contenu dans cette
"fameuse" liste, dont une partie avait été rendue publique en 1991 par l'hebdomadaire Algérie-Actualité.
Y figuraient notamment, des noms de hauts responsables. Après avoir bénéficié du droit de jouissance
perpétuelle sur des terres appartenant à la collectivité, vont-ils acquérir pour de bon des terres de l'Etat? La
question demeure car une certaine opacité entoure l'opération de privatisation de ces terres. En 1998, un
nouveau projet de loi définirait en 56 articles les conditions de vente et de location des terres agricoles. Il
viserait à donner la possibilité aux agriculteurs de convertir le droit de jouissance perpétuelle en un droit de
propriété. Le droit à l'acquisition ou à la location n'est consenti qu'aux exploitants agricoles des EAC et des
EAI. Les terres non attribuées ou récupérées, suite aux échéances prononcées contre les exploitants
défaillants, ne peuvent faire l'objet de location ou d'acquisition que de la part d'exploitants agricoles
bénéficiaires, de nationalité algérienne et n'ayant pas eu de comportement antinational durant la
révolution, aux moudjahidine et ayants droits. La superficie totale des 92.861 EAC et EAI est de 2,54
millions d'hectares. Les locations seront consenties pour une période de 30 ans renouvelable avec
possibilité d'acquisition à tout moment.

LA TECHNIQUE AGRICOLE

BIOFERTILISATION.-"La biofertilisation, une alternative aux engrais chimiques"  : Des agriculteurs bordjiens
ont recours aujourd'hui à des méthodes bio pour amender les sols, désherber, éloigner ou éliminer les
insectes. L’Algérie a des atouts pour développer son agriculture, mais toutes ses terres n'étant pas aussi
fertiles qu'on le croit, l'option de leur enrichissement par des méthodes bio avance de plus en plus. En zone
des hauts plateaux, souvent arides, les terres agricoles manquent de matières organiques, et même dans le
nord, des régions réputées pour leurs sols fertiles ont besoin d’être boostées. Mais pas à n'importe quel
prix, puisque ces dernières années, l’introduction des produits chimiques à outrance dans notre agriculture a
provoqué des maladies chez le consommateur. Après cette vague d’herbicides et d’engrais chimiques qui
ont pollué et détruit plusieurs terres et cultures, des agriculteurs bordjiens ont recours aujourd'hui à des
méthodes bio pour amender les sols, désherber, éloigner ou éliminer les insectes. L'emploi de solutions
“vertes” pour fertiliser la terre n'est pas nouveau. Traditionnellement, les agriculteurs utilisaient des
légumineuses, des insectifuges et insecticides faits à partir de plantes (graines, feuilles, écorces, etc.),
d'eau et de savons naturels, si possible d'origine locale, pour permettre aux maraîchers de ne pas dépenser
trop d'argent. Pour en savoir plus, nous avons approché un spécialiste dans le domaine, Dr Guissous
Mokhtar, chercheur à l’université Bachir-Ibrahimi de Bordj Bou-Arréridj, qui nous explique qu’un biofertilisant
est un produit contenant des micro-organismes vivants qui contribue à améliorer la croissance des plantes.
Il optimise les fonctions du sol et sa fertilité grâce à l’action des micro-organismes qu’il contient. Mais le sol
ne joue pas uniquement le rôle de “réservoir à nutriments” pour les végétaux, il s’agit d’un écosystème
complexe. Même s’il possède un “capital nutritionnel” conséquent, une fraction des apports servant à nourrir
la plante peut être immobilisée, donc indisponible pour celle-ci. C’est à ce stade qu’interviennent les micro-
organismes du sol. Ils participent à des mécanismes permettant d’améliorer la biodisponibilité des
nutriments, favorisant ainsi le développement de la plante. Les biofertilisants sont donc des produits
composés des micro-organismes vivants, qui disposent de propriétés permettant de stimuler la croissance
des plantes. Pour aider les végétaux, ils agissent notamment sur les réserves de nutriments immobilisés
dans le sol ou dans l’atmosphère. Tout fertilisant désigné comme bio ou utilisable en agriculture biologique
n’est ainsi pas nécessairement un biofertilisant. Plusieurs types de biofertilisants peuvent être différenciés,
en fonction des micro-organismes qui les composent. À l’heure actuelle, les micro-organismes identifiés
comme ayant les propriétés les plus intéressantes pour une utilisation agricole sont les suivants : les
bactéries fixatrices d’azote, les bactéries solubilisatrices de phosphore et les champignons mycorhiziens.
L’utilisation de biofertilisants permet d’apporter une réponse concrète aux enjeux actuels, et constitue une
alternative naturelle à l’utilisation d’engrais “chimiques”. Dans le domaine de la nutrition des plantes, les
progrès des techniques agricoles se sont centrés depuis une soixantaine d’années sur l’amélioration des
propriétés physico-chimiques des sols. Compte tenu des enjeux de productivité de l’agriculture, l’intérêt de
son fonctionnement biologique était devenu secondaire. Mais les données socio-économiques de production
agricole (raréfaction et enchérissement des intrants, respect de l’environnement, changement climatique…)
imposent désormais de prendre en compte le fonctionnement biologique de notre sol. Le sol est une matière
vivante composée d’une grande quantité de micro-organismes qui disposent de fonctions et d’intérêts
différents. Soutenir cet élément vivant est donc primordial pour que les pratiques agricoles n’altèrent pas
son fonctionnement et les multitudes de ressources qu’il nous offre.□ Chabane BOUARISSA (2018)
ENGRAIS ET PHYTOSANITAIRES.- Malgré les efforts considérables consentis pour l'implantation de cette
industrie qui devait non seulement permettre au pays d'être autosuffisant pour soutenir le programme de
développement agricole, mais aussi valoriser les ressources minières, les réalisations physiques sont loin
d'aboutir aux résultats escomptés. Si la production nationale en engrais azotés couvre la totalité des
besoins et fait même l'objet d'exportations, il demeure que les besoins en produits phosphatés qui
100
représentent 60% de la demande nationale en engrais reste tributaire des importations, et ce malgré un
important potentiel minéral.
L'industrie nationale des engrais est aujourd'hui caractérisée par des inefficiences qui ont trait tant à des
considérations techniques et financières qu'organisationnelles, conduisant à des manques à gagner
importants. Le taux de fonctionnement des unités de production reste encore très bas. Ce n'est que par la
participation active de différentes formes d'associations et/ou de coopération qui permettra d'accéder à une
meilleure maîtrise de la technologie, de rentabiliser les unités existantes et redynamiser le domaine du
développement et de la commercialisation export. Il est à noter que le taux de fertilisation (100 kg/ha) en
Algérie, reste inférieur à celui couramment admis dans les pays méditerranéens (180-200kg/ha)  ; une
moyenne qui doit constituer l'objectif vers lequel doit aboutir l'agriculture algérienne en favorisant
notamment la pénétration des engrais dans le secteur privé. Au regard des besoins de l'agriculture,
l'industrie des pesticides est à l'heure actuelle quasi-inexistante.

EVOLUTION TECHNIQUE .- La production agricole est largement déterminée par les moyens que les
hommes mettent en oeuvre pour maîtriser et transformer le processus productif. Au niveau des
consommations intermédiaires, la superficie irriguée est faible : environ 407.000 ha, soit 5,2% de la SAU
en 1994. Les terres utilisées par l'agriculture s'élèvent à 40.596.000 ha soit 17% du territoire.
La superficie agricole utile (8.042.610 ha) comprend :
◘ les terres labourables (cultures herbacées : 2.194.100 ha, terres au repos : 5.282.450 ha), les cultures
permanentes (plantations fruitières: 450.290ha, vignobles : 78.830 ha, prairies naturelles : 36.940 ha).
◘ les pacages et parcours sont de : 31.596.000ha et les terres improductives des exploitations agricoles
sont de : 40.596.730 ha.
◘ les autres terres se répartissent en : terres alfatières (3.351.550 ha), terres forestières (3.950.000 ha) et
terres improductives à l'agriculture (190.275.820 ha).
Le rythme d'accroissement des superficies demeure nettement insuffisant. Dans les zones équipées en
matière d'irrigation, la quantité d'eau est parfois insuffisante, en liaison avec le mauvais entretien des
équipements d'irrigation. Concernant la mécanisation, malgré un fort accroissement, le matériel agricole
reste insuffisant en quantités par rapport aux besoins de mécanisation. En outre, le matériel est souvent
inadapté aux conditions de production qui varient selon les zones. Et l'état du parc agricole serait à
améliorer. Enfin le matériel spécialisé est insuffisamment utilisé, compte tenu des exigences de
l'intensification et du manque de main d'oeuvre. L'ensemble de ces déficiences en matière de mécanisation
confirme l'hypothèse faite par les planificateurs algériens sur l'existence de débouchés pour l'industrie
mécanique, dans l'agriculture. Par ailleurs, un effort d'entretien du matériel et une diffusion des méthodes
d'utilisation permettraient de pallier une grande partie des carences au niveau de la mécanisation. La
fertilisation s'est développée de manière spectaculaire. Les quantités pour les trois éléments N, P et K
(engrais à base d'azote, de phosphore et de potasse) atteignent plus de 400.000 tonnes par an. De même
les produits phyto-sanitaires sont de plus en plus généralisés. Cependant, cette utilisation croissante
d'engrais et produits phyto-sanitaires ne conduit pas toujours à un accroissement des rendements, car elle
n'est pas associée étroitement à un développement de la formation technique de agriculteurs. En définitive,
l'agriculture algérienne souffre de l'insuffisance et de l'irrégularité des approvisionnements en biens
industriels, du retard pris dans l'irrigation et dans la recherche agronomique, ainsi que des carences au
niveau de l'entretien des équipements et de l'utilisation des produits mis à la disposition des agriculteurs.
Par conséquent, il apparaît nécessaire, d'une part, de donner au secteur agricole les moyens matériels de
sa modernisation, d'autre part, de veiller à ce que ces moyens soient correctement utilisés. La mécanisation
et la "climatisation" peuvent conduire à un accroissement des rendements si elles sont associées à une
amélioration de la compétence des hommes et à un respect des systèmes écologiques.

GRANDES EAUX.- Les ressources hydriques : Le cycle général de l’eau fait bénéficier l’Algérie d’un apport sous forme de
précipitations de l’ordre de 130 milliards de m3 par an, soit une moyenne de 68 mm de pluie par an sur l’ensemble du territoire
avec des extrêmes de zéro millimètre au sud et 1500 mm/an maximum enregistré dans les presqu’îles de Collo dans le nord-est
du pays. L’Algérie du nord, c'est-à-dire l’Algérie tellienne, recevrait quelques 65 milliards de m3 par an qui se répartissent
comme suit :
♦ 47 milliards de m3 s’évaporent dans l’atmosphère.
♦ 3 milliards de m3 s’infiltrent.
♦ 15 milliards de m3 s’écoulent on ruisselant vers la mer.
♣ L’apport à la mer des rivières de l’Ouest du pays (3/5 du territoire considéré) : 3 Milliards de m3.
♣ L’apport à la mer des rivières de l’Est du pays (2/5 du territoire considéré) : 12 Milliards de m3. Sur le volume dynamique de
18 milliards de m3 transitant annuellement (15 de ruissellement et 3 d’infiltration) la mobilisation ne concernait que 1,705
milliards 44 de m3 en 1960 soit moins de 10 %
♦ ce qui laisserait supposer à l’époque d’énormes possibilités pour l’amélioration des capacités de mobilisation. En gros, les
barrages au nombre de 24 à la veille de l’indépendance permettaient le stockage de 554 millions de m3 /an. Le reste étant
fournit par exhaure des eaux souterraines profondes à l’aide des forages, les sources et les puits avec un volume de l’ordre de
0,865 Md de m3 /an. L’utilisation de l’eau
♣ L’eau de barrages était affectée à :
♦ L’énergie électrique : 0,3 Md de m3 /an.
♦ L’irrigation des grands périmètres : 0,304 Md de m3 /an.
♦ Eau potable et industrielle : 0,115 Md de m3 /an.
♣ L’eau des forages servait à :
♦ l’alimentation en eau potable et industrielle.
♦ L’irrigation en moyenne hydraulique.
♣ L’eau des sources et puits servait à :

101
♦ l’alimentation humaine et animale.
♦ L’irrigation en petite hydraulique. La part de l’agriculture s’élevait à 0,826 Md de m3 /an soit plus de 50 % du volume mobilisé.
D’ailleurs comme l’indiquait l’emplacement des barrages, cette eau était destinée en priorité à l’irrigation et accessoirement à la
population et à l’industrie.
L’Algérie indépendante a enregistré un retard considérable en matière d’investissement en hydraulique. Durant deux décennies,
de 1962 à 1980, seulement deux barrages ont été construits : Djorf-Torba à Béchar et Bounamoussa à Annaba. La politique de
l’eau était reléguée au second plan. La population a vécu des coupures d’eau et l’agriculture la réduction des surfaces irriguées.
Le retard par rapport au Maroc était assez important pour un pays situé en zone aride à semi aride et disposant d’importantes
ressources financières. A partir de 1980 d’importants efforts ont été entrepris en matière de construction de barrages et de
réalisation de forages afin de mobiliser le maximum de ressource en eau.
♦ le nombre de barrage est passé de 24 en 1962 à 98 en 1994 (selon le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du
Territoire) ce qui est peu vraisemblable, avec un volume régularisé de 2 milliards de m3 /an. Le nombre de barrage en cours de
réalisation ou en voie de lancement était en 1994 de l’ordre de 19 avec une capacité de 1,600 milliards de m3 /an.
♦ 37 barrages et ouvrages de dérivation étaient en cours d’études avec un volume régularisé de 2,100 milliard de m3/an. A
terme, ces ouvrages installés sur « tous les sites envisageables à des conditions économiques acceptables porteront
théoriquement le volume mobilisable des eaux de surface à 5,7 milliards de m3. Cette capacité théorique risque cependant de
diminuer si des mesures de lutte contre l’érosion des sols ne sont pas entreprises pour éviter l’envasement des barrages. Ces
ressources en eau de surface mobilisables par les barrages sont, comme le climat, mal réparties dans l’espace : la zone
tellienne recevrait 94,1 % et les hauts plateaux 4,5 % tandis que le sud ne bénéficierait que de 1,4 %. L’Est du pays est mieux
arrosé que l’ouest où se trouvent les zones de plaines qui s’y prêtent le mieux à l’irrigation. En attendant ces réalisations et leur
réception définitive par le secteur hydraulique, en 1990 la production d’eau potable et d’eau industrielle était évaluée à 1,3
milliard m3. L’eau destinée à l’irrigation était évaluée à 2 milliards m3. Ce chiffre loin de répondre aux besoins est revu à la
baisse ce qui explique l’écart entre les superficies potentiellement irrigables et les superficies irriguées. Ce volume de 5,7
milliards m3 confirme celui avancé par les rédacteurs du Plan de Constantine à la fin des années 1950, qui confirme selon R.
ARRUS le fait que : « la rareté de l’eau a été consciemment organisée par le système colonial … sur les 6 milliards de m3/an
mobilisables, seules étaient mobilisées 554 millions de m3/an.
◙ L’écart entre superficies irrigables et superficies irriguées. Avec près de 5% de la SAU soit 350.000 Ha, les superficies
irriguées assurent 40 % en valeur de la production totale. C’est dire l’importance de l’irrigation en Algérie où même les cultures
d’hiver exigent parfois un complément d’irrigation et que les cultures d’été en sec deviennent pratiquement rares. Le potentiel
des terres irrigables est évalué à 1,24 million d’ha, mais en tenant compte des ressources en eau mobilisables et des techniques
d’irrigation utilisées, ce potentiel chute à 730.000 ha. Les disponibilités en eau en année de pluviométrie normale ne permettent
d’irriguer qu’une superficie plus réduite encore. La superficie totale irriguée en 1992 avec contrôle de l’eau s’élève à 555.500 ha
se répartissant comme suit :
♦ La superficie qui bénéficie de l’épandage de crues est estimée à 111.000 ha.
♦ La superficie en maîtrise totale ou partielle s’élève à 445.500 ha. Cette dernière se décompose en :
♦ 45.000 ha dans les oasis du sud.
♦ 400.500 ha dans le nord du pays.
Le système d’irrigation (système de foggara) pratiqué dans certaines régions du sud du pays a fait ses preuves et a démontré
son efficacité au cours des siècles. Il est constitué par un réseau de galeries souterraines. Sa confection et son entretien exigent
beaucoup de travail, mais sa performance en matière d’économie de l’eau par limitation de l’évaporation est supérieure à celle
d’un réseau moderne à ciel ouvert. La gestion du réseau et de l’eau se faisant d’une manière traditionnelle a permis d’assurer
outre la pérennité des oasis une production agricole non négligeable notamment celle des dattes. La gestion de l’eau des
barrages relève du ministère de l’hydraulique qui par le biais de ses offices assure la distribution de l’eau aux périmètres
irrigués. La superficie irriguée du nord du pays par commodité de l’analyse est généralement décomposée en grande
hydraulique, et petite et moyenne hydraulique.
◙ La grande hydraulique : Elle rassemble 17 périmètres variant de 1500 ha à 22.500 ha qui peuvent être décomposés en
fonction de leur autorité de tutelle : OPIR et OPIW. On distingue ainsi :
♦ 10 périmètres allant de 2.200 à 22.500 ha regroupés en 4 Offices de Périmètre Irrigués Régionaux (OPIR), d’El -Taref à l’Est,
de Mitidja, de Chlef au centre et de Habra-Sig à l’Ouest, totalisant 146.200 ha équipés dont 80.100 ha soit 55 % sont considérés
comme régulièrement irrigables.
♦ La différence entre les 2 chiffres s’explique par la détérioration des infrastructures dont 63 % des superficies ont été équipées
de 1937 à 1943 et l’abandon des terres rendues stériles par salinisation (faute d’un réseau de drainage performant pour assurer
un lessivage du sol). Par ailleurs en 1991, à cause de la faiblesse des ressources en eau, seuls 32.000 ha ont été effectivement
irrigués soit 22% de la surface équipée.
♦ 7 périmètres de 3000 à 5500 ha regroupés dans 7 Offices de Périmètres Irrigués de Wilaya (O.P.I.W) totalisant 29.300 ha
équipés dont 16.200 ha sont considérés comme régulièrement irrigués pour les mêmes raisons que précédemment (vétusté des
équipements des réseaux). En 1991 seuls 10.000 ha ont été effectivement irrigués. Ces périmètres sont pour la plupart récents.
De la surface totale équipée, des O.P.I.R et O.P.I.W et considérée comme irrigable soit : 80100 + 16200 = 96300 ha ; 62.560 ha
(ou 65 %) sont irrigués par irrigation de surface ou submersion et 33.740 ha (ou 35 %) par aspersion. L’arboriculture occupe 17
% des superficies équipées pour l’irrigation dans les grands périmètres. Mais les surfaces équipées ne sont pas toutes irriguées
faute de disponibilité en eau. En 1991, seulement 74 % des superficies ont été réellement irriguées dans ces grands périmètres.
Le faible niveau des ressources en eau oblige à favoriser l’arboriculture qui constitue un capital fixe au détriment des cultures
saisonnières
♦ le plus souvent pratiquées en petite et moyenne hydraulique. Sur les 17 grands périmètres d’irrigation en exploitation dont la
superficie équipée est de 173 000 ha soit 2,2 % de la surface agricole utile, moins de 100.000 ha (58 %), sont irrigables et moins
de 40.000 ha (23 %) ont été en moyenne irriguées ces vingt dernières années. Les volumes affectés à l’irrigation sont très
inférieurs aux besoins. En plus de la réduction des ressources en eau affectées, les taux annuels de déperdition sont de l’ordre
de 40 %. Ainsi, en 2002 les déperditions dans les grands périmètres irrigues gérés par les quatre offices des périmètres
d’irrigation régionaux ont représenté plus de 40 millions de m3. De plus l’irrigation par gravité est consommatrice d’eau et en
superficie ; pour cela il faut opter pour des systèmes d’irrigation plus économes en eau : système goutte à goutte, et système
d’aspersion.

102
◙ La petite et moyenne hydraulique : L’irrigation en Algérie en 2002 est essentiellement développée dans le cadre de la “
petite et moyenne hydraulique ” qui, avec une moyenne annuelle de 300.000 ha/an représente 88 % de la superficie irriguée
totale du pays. Cette surface est faible puisqu’elle ne représentant que 0,01 ha/habitant, toutes surfaces irriguées confondues.
Le reste, 12 %, est représenté par les surfaces mises en valeur dans les grands périmètres irrigués, qui sont passées de 124
000 ha en 1962 `à plus de 173 000 ha en 2002, soit une augmentation de 40 %. La petite et moyenne hydraulique couvraient
225.000 ha en 1992, irrigués à partir des puits, forages, sources, petites rivières par dérivation traditionnelle ou pompes
individuelles ou encore à partir des retenues collinaires derrière de petits barrages en terre. Les données statistiques relatives
aux superficies irriguées, qu’elles relèvent de la grande hydraulique ou de la petite et moyenne hydraulique, restent
approximatives et connaissent d’importantes variations d’une année à l’autre. Ce qui rend difficile la comptabilisation de leur flux
et l’étude de leur évolution. A ces facteurs internes propres au secteur s’ajoutent d’autres liés à l’aménagement du territoire qui
contribuent indirectement à la réduction de la superficie agricole en général et irriguée en particulier. (T.Boulkeddid, 2013) ◙
►L'irrigation de plusieurs dizaines de milliers d'ha dans le désert nécessite l'exploitation de la nappe
albienne. Or, les pompages de l'eau dans cette nappe souterraine posent de sérieux problèmes techniques.
D'une part, il faut effectuer des forages très profonds (parfois à 1000 mètres de profondeur), et d'autre part,
pouvoir amener l'eau à la surface. Sachant que les conduites de pompage tendent à se boucher rapidement
(en un an) par les impuretés déposées par l'eau, il est supposé que les procédés de pompage seront
maîtrisés et qu'aucune barrière financière n'empêchera leur application. Il ne faut pas se méprendre sur les
possibilités techniques quelles qu'elles soient pour augmenter la surface agricole utile. D'autres innovations
techniques pourraient être envisagées comme la désalinisation de l'eau de mer en utilisant l'énergie solaire.
Des projets existent sur le creusement d'un canal permettant d'amener l'eau de la méditerranée dans le
sahara. □

TECHNIQUE AGRICOLE.- La mécanisation de l'agriculture est assez faible. A titre d'exemple, l'Algérie
dispose d'un tracteur pour 71 ha en 1990, contre 166 en Tunisie et 324 au Maroc. Le parc matériel est
toutefois relativement ancien. Environ 45% a plus de 10 ans d'âge. L'agriculture possède aussi un important
dispositif de recherche, de formation et de vulgarisation. Au cours des trois dernières décennies, on note la
formation de  : 10.000 ingénieurs, 2.000 docteurs vétérinaires, 3.000 techniciens supérieurs, 13.000
techniciens, 160.000 personnes de niveau 1 à 3.

Quelles perspectives & débouchés


pour l’agriculture algérienne  ?

Le secteur agricole pesait en 2005 10% dans le PIB et employait près de 20 % de la population active. Néanmoins, il a connu
une régression ces dernières années, il contribue à environ 12% du PIB en 2011 et emploie un cinquième de la population
active. à cause d'une faible pluviométrie, d'une part, et d'un manque d'infrastructures et de moyens de production performants
d'autre part. Résultat : les importations agricoles représentent 20% du poids total des importations du pays et on y retrouve les
denrées agroalimentaires à savoir les céréales, les légumes secs, le lait et le sucre. Quant aux exportations, elles ne
représentent que 2% du volume total des exportations et sont constituées de dattes, vin et raisin.
Etant donné, le poids de ce secteur dans l'emploi et le redressement de l'économie et vu le potentiel existant (près de 20% de la
superficie totale des pays est composée de terres agricoles), le gouvernement algérien a lancé le plan national du
développement agricole (PNDA) dont les objectifs sont d'assurer la sécurité alimentaire du pays, de promouvoir les revenus et
l'emploi en zone rurale, et de gérer de façon durable des ressources naturelles fragiles (ressources en eau, sols). Ce plan
s'articule autour de 4 programmes :
► Programme de concessions : pour encourager et relancer l'investissement au profit des zones agricoles (Nord et Steppe) sur
600.000 ha générant 400.000 emplois.
► Programme de reconversion : pour une meilleure adaptation de l'occupation et de l'utilisation des sols, l'objet visé est la
concentration de l'essentiel de la production céréalière sur les zones à haut potentiel (1,2 million d'hectares) et la transformation
des systèmes de production actuels des régions arides et semi-arides en systèmes de production diversifiés (arboriculture
rustique, viticulture et petits élevages).
► Programme filières agricoles : pour le développement de filières agricoles de large consommation et/ou ayant un avantage
comparatif.
► Programme de reboisement : pour l'amélioration du taux de boisement de l'Algérie du Nord (actuellement 11%) en privilégiant
des plantations utiles et économiques (1,2 million d'hectares à réaliser).
Il existe un débouché intéressant en Algérie pour les producteurs de fruits et semences de légumes ou encore de produits
laitiers et de boucherie animale, car les besoins de ce pays sont considérables et non encore satisfaits dans ces secteurs, et les
importations agricoles ne cessent de s'accroître ces dernières années.

103
LE CADRE DE VIE

L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
• Aménagement du territoire • Carte foncière • Expertise foncière • Potentialités foncières • Steppe en
déperdition • Urbanisation •
LE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
• Espace/Economie • Démocratie territoriale • Région •Sahara algérien•
LE MILIEU NATUREL
•Aridité• Ecosystème Algérien • Ecosystème steppique •
LA POLITIQUE URBAINE
• Aménagement urbain • Habitat • Logement promotionnel • Logement social • Ville•
LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
• Code de l'environnement • Coopération dans l'environnement • Déchets nucléaires • Déforestation •
Epuration des eaux • Faune en extinction • Flore en danger • Plages polluées • Pollution • Traitement des
déchets •

L' AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE .- Le surpeuplement, l'anarchie de l'urbanisation, la crise et le


dépassement dans la gestion des villes, mais aussi -ce qui est une conséquence logique- la rupture avec
les valeurs et normes sociales, comptent beaucoup dans une absence de vision "futuriste"
d’aménagement du territoire. L'Algérie qui souffre aujourd'hui d'une crise importante ne peut se suffire
seulement de programmes de développement semblables à ceux qui ont jalonné sa course aux
investissements dans les années précédentes et qui ont entraîné notamment :
► la concentration des investissements dans le nord ;
► le gaspillage des ressources ;
► les exclusions et la dégradation des moeurs sociales, etc.
Selon les spécialistes, aucun développement ne peut se faire sans une politique d'aménagement du
territoire basée sur la connaissance de toutes les données aussi bien techniques, sociales que culturelles.
L'initiative privée, dans le cadre de la philosophie du capitalisme, ne peut que se concentrer sur le Tell au
vu de ce qu'il présente comme atouts : routes, électricité, banques, ... . Les détenteurs de capitaux iront-ils
au sahara ou dans les hauts plateaux ? L'Etat construira-t-il les infrastructures sociales et éducatives là
où il y a le plus de monde comme cela avait été déjà vu ? La stratégie du ministère de l'équipement et de
l'aménagement du territoire est de s'appuyer sur un projet qui vise le développement et la reconquête du
territoire par :
◘ la promotion de l'homme, la préservation et la valorisation des ressources et la mobilisation de tous.
La volonté de l'Etat conditionnera l'atteinte à cet objectif stratégique.
♣ L’aménagement du territoire. En Algérie, les disparités sont remarquables depuis plusieurs siècles ; le déséquilibre entre le
sud et le nord du pays est toujours présent malgré les orientations décidées par les pouvoirs publics ; 65% de la population
algérienne est fixée sur 4 % du territoire national ; « l’Aménagement du Territoire, d’après A. Zucchelli , c’est la gestion des
ressources humaines, économiques, techniques et technologiques disponibles à l’intérieur d’un territoire donné ; il nécessite une
stratégie de développement, une politique de répartition et de distribution du produit national et de promotion sociale » . La
politique « d’Aménagement du Territoire » prend en considération la population prise dans son état, dans ces mouvements,
dans ses besoins sociaux ; les résultats de l’Aménagement du Territoire peuvent être évalués par les transformations des
différents secteurs économiques et des régions du pays ; l’un des indicateurs de cette évolution est représenté par les
mouvements de population ; l’un des objectifs de l’aménagement du territoire est de remodeler l’occupation du territoire par la
population . La planification urbaine en Algérie n’est pas conçue de la même manière qu’en Europe ; en Algérie, la ville est
inclue dans l’aménagement du territoire. Au lendemain de l’indépendance du pays, l’économie algérienne se présentait sous la
forme d’une économie extravertie et désarticulée dont les structures et les fonctions étaient essentiellement orientées vers la
satisfaction des besoins de la métropole ; cet héritage a profondément modelé l’économie algérienne ; le réseau urbain est
concentré autour des ports et dans les riches plaines du nord du pays ; le développement des régions et des secteurs
économiques demeure illégal. Les équipements urbains et ruraux connurent un développement tardif par rapport au programme
industriel et les déficits furent importants ; les déséquilibres entre les équipements industriels et les équipements
d’accompagnement de l’industrialisation risquaient, à brève échéance d’entraver toute la construction de l’économie ; c’est la
conséquence d’une attitude qui a considéré, durant une période relativement importante cette infrastructure suffisante. Le
premier plan de développement est lancé à partir de 1967 ; à partir de cette date, les pouvoirs publics affirment leur volonté de
substituer à l’urbanisation démographique résultant de l’accélération de l’exode rural, une urbanisation économique ; celle-ci a
pour objectif de privilégier le développement urbain par le développement industriel et par la rénovation du milieu rural ; la
répartition géographique de la population occupe une place déterminante dans les choix économiques et sociaux des plans de
développement ; l’aménagement du territoire et l’organisation de l’espace tiennent une place privilégiée . En 1980, c’est-à-dire
une douzaine d’années après le lancement du 1° plan de développement de 1967, le taux d’accroissement urbain atteignait
5.3% alors que le taux d’accroissement de la population était de 3.2% ; près de deux millions de personnes ont été concernées
par l’exode rural ; durant cette période, la population urbaine est passée de 30% à 40% de la population totale. Dans les quatre
villes les plus importantes du pays : Alger- Oran- ConstantineAnnaba, sont concentrées 40% de la population totale. Les
investissements concentrés au niveau de certains pôles industriels ont entraîné le déplacement des populations et l’exode rural.
En 1966, seulement quatre ville comptaient plus de 100 mille habitants : Alger 944.000 habitants , Oran 326.000 habitants ,
Constantine 246.000 habitants, Annaba 152 000 habitants ; 9 villes avaient une population comprise entre 50.000 et 100.000
habitants : Sidi Bel Abbès – Sétif – Blida – Tlemcen- Mostaganem- Skikda-Batna – Biskra – Béjaia
Au cours des années 1980, dans les régions littorales surpeuplées, des tensions et des distorsions apparurent ; l’offre dans la
disponibilité des logements sociaux et des équipements urbains et ruraux ne correspondait pas à la demande ; cette situation
entraîna une modification dans les choix des priorités ; le nouvel objectif visé consistera à densifier les équipements dans ces

104
zones et à remodeler l’occupation du territoire ; l’effort portera sur la fixation de ces équipements dans les régions de futur
peuplement à l’intérieur du pays . Le rapport du 3° Plan National de Développement indique qu’il s’agit « d’imaginer et de
décider au plus vite la physionomie et la répartition de population en 1990 avec 10 millions d’habitants supplémentaires ; 8
millions seraient en principe dans les zones urbanisées ; il s’agit surtout d’imaginer cette densification souhaitable d’ici l’an 2000
avec 18 millions d’habitants supplémentaires et au delà » ; c’est ainsi que la politique d’aménagement du territoire et par voie de
conséquence celle de l’urbanisation apparurent au cœur de la problématique du développement économique de l’ Algérie ; la
politique d’aménagement du territoire ne peut donc être séparée du développement économique et social du pays ; elle se
différencie de l’optique libérale classique qui utilise d’autres moyens en vue du redéploiement de certaines activités
économiques et industrielles . En Algérie, l’Aménagement du Territoire tend ainsi à être intégré de plus en plus dans la
planification du développement et apparaît comme une formulation régionalisée des orientations et des objectifs des
plans de développement ; il vise ainsi par certaines dispositions à coordonner les plans des différents secteurs et acteurs.
Dans les pays industrialisés, le développement a précédé l’aménagement du territoire ; dans les pays en voie de développement
et en Algérie, l’aménagement du territoire s’opère et se réalise dans le mouvement et la dynamique du développement ;
l’aménagement du territoire devient donc inséparable du développement socioéconomique et territorial du pays auquel il
s’intègre. Cette action ambitieuse nécessite, pour être réussie , un certain nombre de conditions ; elle nécessite l’association
étroite de l’ensemble des opérateurs économiques , des collectivités locales et territoriales, de la Commune et de la Wilaya ;
celles- ci sont concernées en premier par la politique d’aménagement du territoire et la maîtrise de la croissance urbaine ; la
principale difficulté réside, malheureusement ,dans la manière dont est conçue et engagée cette association ; la coordination
entre les différents niveaux de décision, entre l’Etat d’une part et les collectivités locales d’autre part ,demeure insuffisante . La
planification n’a commencé en Algérie qu’à partir des années 1980 ; avant cette date les instruments de planification n’étaient
pas encore disponibles ; les choix des sites pour l’implantation des projets industriels étaient décidés sur la base de critères
politiques ; les études concernant l’aménagement de ces sites, les travaux de viabilisation étaient pris en charge par la -
C.A.D.A.T - Caisse Algérienne d’Aménagement du Territoire - ; ce n’est qu’en 1987- loi 87-01- que furent créées les structures
centralisées de la politique d’aménagement du territoire avec les instruments de la planification.Les instruments de gestion du
territoire sont au moins au nombre de Cinq, à savoir : le Schéma National d'Aménagement du Territoire (SNAT), les Schémas
Régionaux d'Aménagement du Territoire (SRAT) (il existe 9 régions programmes), le Plan d'Aménagement du Territoire de la
Wilaya (PTAW), le Plan Directeur d'Architecture et d'Urbanisme (PDAU), le Plan d'Occupation du Sol (POS). Ces Plans sont
soutenus par des financements publics qui sont les Opérations centralisées, les Programmes Sectoriels et les Programmes
Communaux de Développement. Ils nécessitent tous une présentation approfondie.

CARTE FONCIÈRE.- Les différentes occupations successives du territoire algérien et notamment celle de la
période ottomane ont généré la formation de grandes propriétés foncières appartenant aux domaines
beylicaux ou celles de concessions accordées aux dignitaires ou grandes familles matrimonialement liées
aux tenants du régime beylical. Lui succédant, la colonisation française par ses lois scélérates a reproduit
en fait le même schéma en livrant aux colons les meilleures terres appartenant à la population autochtone
par une confiscation terrienne d'envergure, pourvoyant ainsi aux besoins de reproduction de capital de la
métropole. Trente six ans après l'accession à l'indépendance du pays, les politiques agricoles menées
depuis ont été incapables d'enregistrer les performances attendues dans le domaine du développement. En
effet, la bureaucratie agraire et les différentes contraintes nées des différentes législations n'ont pas
favorisé une gestion saine du système agraire. De la propriété privée non exploiteuse à la propriété privée
libérée du collectivisme doctrinal, les terres agricoles touchées par la révolution agraire ont été
réappropriées à la faveur de la loi d'orientation foncière de 1990 qui inscrit l'Algérie dans le vaste
mouvement d'ajustement structurel. De ce fait, elle opère une rupture nette avec les statuts fonciers qui ont
été élaborés dans le cadre d'une vision non libérale de développement. Mais le retour à une situation
normative replace le débat dans le sens de compréhension des types d'appropriation marquée par des
législations s'inspirant à la fois du code napoléonien dans les formes de jouissance, mais également du droit
musulman telles terres Arch, Melk, habous, etc. Mais cet ordre juridique va être le centre d'intérêt des
familles et de leurs rapports à la terre. Du Hanéfisme au Malékisme, par exemple, les approches de la
sharia'a divergent dans le fond et la forme.
Aujourd'hui, il semble difficile et même complexe, au regard des différents droits successifs de normaliser
des situations foncières par acte ou titre de propriété lorsqu'au niveau du cadastre, les différentes
transactions opérées durant la période ottomane ou coloniale ne sont pas homologuées parfois partiellement
et tantôt dans leur totalité par les pratiques locales du droit imposé. Ainsi, il apparaît clairement qu'au cours
de ces dernières années, les intentions de passer à un développement agraire libéré subissent des
contraintes malgré quelques amendements apportés aux lois dans le corpus législatif du domaine de
l'agriculture.
La population algérienne devra sérieusement s'occuper de sa terre, en clarifiant la signification juridique de
la propriété foncière. Aujourd'hui, même si le problème du foncier agricole n'a pas été réglé, la stabilité du
producteur dans sa relation avec la terre ne suffit pas, l'objectif étant la responsabilisation du producteur
pour en faire un agent économique actif défendant ses intérêts par le biais de la concertation avec les
différents partenaires à travers les conseils, chambres d'agriculture et offices interprofessionnels. Le
secteur agricole qui compte plus d'un million d'agriculteurs doit constituer la locomotive de l'économie
nationale pour tenter de réduire le déséquilibre d'une balance des échanges économiques nettement
défavorable. Les thèses actuelles prônées dans le cadre de la mondialisation économique plaident pour
l'innovation, la libéralisation de tout le foncier. Les valeurs boursières seront appelées à s'intégrer dans le
processus des réformes agraires dans l'ordre économique du marché et des transactions foncières.
Il y a lieu de revoir et réadapter préalablement les statuts des chambres d'agriculture pour en faire des
outils de développement d'une agriculture moderne. La chambre nationale d'agriculture en relation avec les
divers statuts agricoles aura à vulgariser les meilleures techniques en matière de modernisation. En
réhabilitant le secteur agricole privé, une certaine logique de libéralisation des transactions foncières a
émergé. Les questions gravitant autour de la loi foncière et de son interprétation avec le remembrement

105
des propriétés et l'origine généalogique du patrimoine foncier familial et tribal que des difficultés d'options
cadastrales et du titrage et d'homologation vont inhiber l'élan de libéralisation des transactions foncières. Le
poids de l'indivision des terres Arch, Habous révèle une problématique dont l'approche en termes juridiques
génère différentes lectures sur le plan législatif et, de ce fait, repose les enjeux fonciers dans une option de
normalisation dans chaque propriété avec tout le lot de litiges passibles devant des tribunaux exigeant une
formation de juges spécialisés dans le foncier et des notaires dûment recyclés.
Rappelons que les transactions en matière de propriété étaient du temps de la colonisation régies par la loi
du 16 juin 1851 et du décret du 17 août 1885. Aussi toutes les acquisitions ou conflits posés entre le droit
musulman et la loi française lorsqu'il s'agit d'un français avec un musulman, alors qu'entre musulmans, c'est
la sharia’a qui définissait les règles de recours, par contre lorsqu'il s'agit d'européens, c'est le code civil qui
règlementait les cessions d'où une situation d'apartheid vis à vis du musulman. Cette pluralité de régimes
selon le statut des personnes rendait les transcriptions des actes très controversée selon le code
d'enregistrement auprès des services des domaines, des hypothèques et du cadastre, ce qui complique la
titralisation des propriétés et la valeur probante en matière de preuve juridique reste aléatoire. Entre
musulmans, l'absence d'actes translatifs de propriété (partage, donation, testament, succession)
continuent à être régis par le droit successoral contenu dans la sharia'a. Selon les investigations entreprises
(thèse universitaire), la nature des titres de propriété sont de cinq types: les actes d'acquisition notariés, les
actes sous seing privé en dehors de l'intervention d'un officier public, les actes administratifs d'acquisition
(relatifs à des concessions, ventes, compensation) délivrés par les services domaniaux, les actes notariés
de partage (passés devant le notaire et soumis à publication) et les adjudications judiciaires (ou ventes en
licitation). Cette pluralité d'actes et parfois l'absence des actes de mutation (habous, donation, succession)
complexifient le régime d'appropriation des terres auprès du cadastre, les conservations et les tribunaux. En
fait, l'opération d'immatriculation foncière pour l'authenticité des titres de propriété recèle toute une
identification juridique dans l'élaboration d'une carte nationale du foncier par l'apuration au regard des
nouvelles lois de libération et des transactions foncières. En dépit de l'application du Sénatus-consulte sur
la tribu, l'inaliénabilité des terres Arch est maintenue alors que la loi Warnier de 1873 a permis l'introduction
de procédés de constatation de propriété privée sur les terres Arch, qualifiées de terres collectives. Cette
mutation et changement de son statut qui passe du "Arch" au "collectif", puis au "Melk collectif", aura des
répercussions dans la modification du droit successoral, alors que la propriété lignagère reste dominée par
le dualisme juridique où les positions des différentes générations d'une famille de gros propriétaires vont
soit émietter soit grossir l'étendue du patrimoine. Ce qui posera en termes de litiges, de grandes difficultés
dans le partage laissé par les aieux et parfois entrave le processus transactionnel du foncier.
Ainsi, la mobilité foncière, l'ouverture d'un marché foncier mettent l'Etat dans la recherche d'une législation
adéquate, transparente et assise sur les fondements d'un Etat de droit loin des injustices et des
dépassements. Ceci ne peut se réaliser que par l'indépendance du pouvoir judiciaire dont la composante est
appelée à se recycler dans la nouvelle culture du droit foncier et de la libéralisation des transactions.
Beaucoup de servitudes continuent de bloquer la dynamique de changement systémique, ce qui a engendré
dans certaines périphéries des grands centres urbains, des constructions illicites sur des terres agricoles et
casser la physionomie du tissu urbain. Sans la libéralisation totale du foncier, l'agriculture restera une
entrave au devenir alimentaire du pays.

EXPERTISE FONCIERE.- En Algérie, le foncier a une prégnance particulièrement forte sur toute l’évolution des campagnes.
Dans ces territoires il y a eu au moins deux grandes ruptures foncières: rupture lors de la colonisation et lors de l’indépendance.
Ceci a donné successivement: des domaines coloniaux et des domaines algériens puis, des domaines socialistes, des
domaines privés, des domaines collectifs et des propriétés individuelles. Cette multitude de formes de propriété ne facilite pas la
tâche aux décideurs qui espèrent toujours homogénéiser les structures foncières. Malgré le foisonnement de lois et décrets
concernant le foncier, l’Algérie n’arrive toujours pas à créer des unités agricoles économiquement viables et largement
autonomes en matière de gestion.La situation foncière est demeurée dans la confusion, ce qui a justifié les
dilapidations, les pillages, les violations dévoilées dans de nombreuses communes ; des irrégularités
règlementaires se sont faites au mépris des lois en vigueur  ; des certificats de possession se délivraient
dans les communes où le cadastre avait été déjà établi. Des terrains domaniaux ont été appropriés en vertu
du décret 83/352 (du 21 mai 1983) relatif à la prescription acquisitive, des terrains imprescriptibles,
inaliénables ont été régularisés dans le cadre de la loi 85/01 (du 13 août 1985) relative à la régularisation
des constructions illicites. L'application
de la législation foncière est abondamment entachée d'irrégularités que la plupart des arrêtés établis sont
rejetés par les chambres administratives  ; des sommes d'indemnisation faramineuses ont été déboursées
par le Trésor public aux propriétaires évincés, à cause des erreurs de procédure administrative commises
surtout après l'abrogation des ordonnances 71/73 et 74/26 régissant le foncier agricole et le foncier urbain,
par la loi 90/25 (du 1er décembre 1990). Les grands enjeux se sont déroulés surtout sur les terrains qui
n'ont pas fait l'objet de transfert ou d'intégration par délibération dûment approuvée, d'études techniques de
zones d'habitation et d'urbanisme nouvelles, de délivrance de permis de lotir ou de construire,
conformément à l'article 86 de cette loi, qui devraient être mis à la disposition de leurs propriétaires initiaux
et ce suite à la mauvaise compréhension de la législation foncière. Certains propriétaires ont reçu des
mainlevées par le président de l'APC (maire), pour la cause d'indemnisation, que l'administration locale
avait annulées, ce qui avait multiplié les litiges judiciaires.
Vus les problèmes, le législateur a bien eu raison d'avoir organisé la profession géomètre-expert foncier,
marginalisée à la veille de l'indépendance, qui était le seul principal gérant techniquement et juridiquement
du foncier. La profession a été divisée en deux parties, technique et juridique, par le législateur algérien.
Toutes ces missions juridique et technique ont été confiées aux services des domaines: pour la partie
juridique et aux services du cadastre : la partie technique. Les services du cadastre avaient une mission
plus importante, l'établissement du cadastre général, instituée par l'ordonnance 75/74 (du 12 novembre

106
1975) et le décret d'application 76/62, relatif à l'établissement du cadastre général. Ces services étaient
déviés de leurs missions initiales par des différentes décisions politiques foncières prises par les hauts
responsables qui se sont succédé à la tête de l'Etat depuis l'indépendance.
Malgré la définition par l'étymologie du mot, formé de termes grecs : Géo (terre) et métron (mesure). C'est
donc mesurer les terres aussi bien celles qui sont constituées par des parcelles disséminées de propriétés
rurales, urbaines ou de culture, que celles qui forment des territoires entiers. L'activité du géomètre-expert
foncier toutefois, ne se limite pas au mesurage des terres et c'est pour cette raison qu'on lui a ajouté
l'épithète d'expert-foncier. Dans ce domaine du foncier, il est le technicien incontestable des biens fonciers;
il fixe les limites, en dresse les plans tant en planimétrie qu'en élévation, en estime la valeur vénale et la
valeur locative, connaît les droits de servitudes. Il intervient fréquemment au stade de l'évolution de la
propriété foncière : ventes, échanges, partages, successions, lotissements, morcellements, remembrements,
état descriptif de partage des copropriétés, évaluation des immeubles bâtis et non bâtis. Il est enfin le seul
gérant incontournable des biens fonciers urbains et ruraux. Toutes les dispositions règlementaires prises
au lendemain de l'indépendance, instituant la propriété foncière, n'avaient pas répondu aux aspirations du
peuple algérien, tant sur leur fond, que sur leur application. Plusieurs textes législatifs ont été adoptés, soit
par la reconduction ou par l'abrogation de l'ancienne législation coloniale, dont la loi 46/942 (du 7 mai 1946)
instituant l'ordre des géomètres-experts français, en tant que profession libérale et rendue applicable à
l'Algérie par décret du 10 septembre 1946 et reconduite en vertu de la loi 62/157 (du 31 décembre 1962. Ce
texte est demeuré inappliqué jusqu'à l'application de la loi abrogeant l'ancienne législation, entrée en
vigueur le 5 juillet 1975. Le foncier est une spécialité relevant de la compétence du géomètre-expert
foncier qui a été marginalisé par contradiction au contexte national du point de vue de l'exercice
indépendant et libéral de la profession, lors de la politique de développement entamée depuis1962. Des
insuffisances techniques immenses ont été enregistrées, tant pour la mise en pratique de la législation
foncière adoptée, que dans les réalisations des travaux d'études topographiques dans le cadre des études
techniques des routes, autoroutes, auscultation des barrages, aéroports, enquêtes parcellaires, état
descriptif de partage, partage d'héritage, établissement du cadastre général, évaluation des immeubles
bâtis et non bâtis, expertise foncière, etc. L'exercice de la profession de géomètre-expert foncier après
l'indépendance a été diminué et simplifié en géomètre, topographe et expert foncier de chantier pour
effectuer uniquement des levés topographiques servant aux besoins de chaque département ministériel, soit
pour les études de routes, barrages, habitats, soit pour la mise à jour des plans de territoires en cas de
mutation de la propriété foncière, soit pour des expertises judiciaires dont le magistrat avait besoin pour
statuer sur les litiges en matière de partages d'héritage, d'évaluation, de délimitations, de barrages des
parcelles de terres, etc. Chaque ministère technique a institué un cadre juridique d'agréments administratifs
délivrés à des géomètres, des topographes, et des expert-fonciers pour combler le vide ressenti par ses
services techniques :
• le ministère de l'économie, conformément à l'arrêté du 9 mars 1978 au sens du décret d'application 76/62
notamment ses articles 18 à 21, pour les géomètres ;
• le ministère de l'équipement, conformément au décret 68/652 du 26 décembre 1968, pour les
topographes ;
• le ministère de la justice, conformément à l'arrêté ministériel du 8 juin 1996, pour l'exercice de la
profession d'expert-foncier ;
• l'agrément du ministère de l'économie est délivré pour une durée provisoire d'une année renouvelable,
pour l'établissement des documents d'arpentage pour la mise à jour des plans d'ensemble en cas de
l'évolution de la propriété foncière ;
• l'agrément de l'équipement est délivré pour une durée de deux années renouvelables pour permettre aux
agréés de soumissionner uniquement aux études topographiques lancées par les services du ministère ;
• l'agrément de la justice est délivré pour effectuer des expertises foncières de délimitation, bornage,
partage d'héritage, d'évaluation des biens en valeur vénale et locative, etc.
Le monopôle administratif exercé sur la profession a fait que la plupart des géomètres et des topographes
ont été sanctionnés et radiés abusivement pour simple différend avec les agents de l'administration. Après
un âge avancé, quelques uns se sont convertis dans d'autres spécialités, d'autres se trouvent
malheureusement à la rue, ou atteints de maladie chronique. Les activités de géomètre-expert foncier sont
aussi importantes que bénéfiques pour un pays en voie de développement, alors qu'elles étaient négligées
totalement durant près de 33 ans d'indépendance en Algérie.
Le cadre juridique pour l'exercice de cette profession a été adopté finalement par l'ordonnance 90/08 du 1er
février 1995, instituant l'ordre des géomètres-experts fonciers algériens. Techniquement, le géomètre expert
foncier, d'une formation d'ingénieur géomètre ou topographe, établit les plans topographiques et documents
techniques à toutes échelles, destinés à être annexés à des actes authentiques relatifs aux mutations de la
propriété foncière. Il procède aux levés topographiques des biens fonciers sur le fond, à leur délimitation,
bornage, et peut procéder également à leur évaluation en valeur vénale et locative. Il réalise toutes études
et levés topographiques dans le cadre d'opérations aménagement foncier. Conformément à l'article 2 de
l'ordonnance 95/08 du 1er février 1995 relative à la profession du géomètre-expert foncier. Il procède aussi
à des enquêtes foncières dans le cadre de la loi 91/11 du 27 avril 1991 fixant les règles relatives à
l'expropriation pour cause d'utilité publique conformément au décret exécutif 93/186 du 27 juillet 1993.
Juridiquement, le géomètre expert foncier a des connaissances juridiques des textes législatifs régissant le
foncier, la copropriété, la possession, le droit à l'héritage, la nature juridique des biens fonciers, la
servitude, l'évaluation des biens bâtis et non bâtis dans le cadre d'une compensation, etc. Il est souvent
requis par les tribunaux pour les litiges fonciers, au sens de l'article 47 du code de procédure civile.□

POTENTIALITES FONCIERES .- En Algérie, les potentialités foncières sont réduites en raison notamment
de la configuration de son relief chahuté. Les superficies sont de :

107
● 200 millions ha de désert soit 84%  ;
● 20 millions ha de steppe soit 8,5%  ;
● 18 millions ha de montagnes et de plaines du nord, soit 7,8%.
La superficie agricole utile ne représente que 7,8 millions d'hectares, soit 3% du territoire national. La SAU
par habitant qui était de 0,82 ha en 1962 n'est plus que 0,32 en 1991 sachant que dans l'immédiat la SAU
n'est pas extensible et certaines cultures ont été développées au delà des limites agro-pédologiques et
climatiques admises (céréales en steppes, en zones pentues...). La situation foncière et celle de la
paysannerie sont intimement liées aux diverses péripéties qui ont marqué un système foncier archaique,
complexe et confus. Après le recouvrement de la souverainté nationale, diverses restructurations et formes
ont été introduites, dont la finalité n'a pas toujours été à la hauteur des objectifs assignés, dès lors où il n'a
pas été tenu compte à la fois des aspects juridiques, économiques et sociologiques des problèmes. Avant
1962, il existait durant la période pré-coloniale, un type d'organisation foncière particulier aux campagnes
dont les traces restent encore vivaces. La jouissance commune où la famille était la règle fondamentale qui
assurait aux populations rurales une vie communautaire stable. Pour affirmer sa domination, l'administration
française entreprit l'élaboration d'une politique foncière visant, à partir d'une législation adéquate, à
déposséder le paysan algérien au profit du colon.
A la veille de l'indépendance, la situation foncière présentait la physionomie suivante : propriété privée,
titrée ou bien francisée était de 5.177.040 ha, celle appartenant aux européens était de 2.247.000 ha. En ce
qui concerne les "melks" non titrés, la superficie était de 4.000.356 ha, les propriétés collectives 2.070.000
ha, les propriétés de l'Etat 5.233.729 ha, les domaines privés 4.694.214 ha, les domaines publics 539.515
ha ; quant aux domaines communaux, ils étaient de 4.1790.050 ha.
Depuis 1962, et avec l'accession de l'Algérie à la souveraineté nationale, et le départ massif des anciens
titulaires étrangers de droits immobiliers, la voie fut ouverte à la prise en main des moyens de production
par la nation. Ce qui amène l'Etat à prendre les dispositions nécessaires pour sauvegarder, puis organiser
ce qui est considéré depuis, comme foncier national. A cet effet, diverses mesures sont intervenues  ; elles
ont permis l'injection dans le patrimoine, d'une masse considérable de biens, fonds qui ont été établis et
érigés en exploitations agricoles autogérées. Une ordonnance (71/73) sur la révolution agraire a prononcé la
nationalisation totale ou partielle des terres et le transfert à l'Etat de la propriété des terres "arch" et
communales. L'application des mesures intervenues de 1962 jusqu'à 1971 s'est traduite par la consistance
d'un porte-feuille foncier agricole appartenant à l'Etat couvrant une superficie totale de 3.700.000 ha. Une
loi (87/19) a eu pour effet de démembrer la majeure partie des domaines agricoles socialistes (DAS),
convertis en exploitations agricoles individuelles, auxquelles elle octroie les droits réels, un droit de
jouissance perpétuelle sur l'ensemble des terres attribuées, un droit de propriété sur tous les biens  ; ces
droits sont consentis afin de sécuriser et de responsabiliser les producteurs, de libérer leurs initiatives et de
les inciter à développer les investissements productifs.

STEPPE EN DEPERDITION .- La zone steppique constitue une vaste région de 20 millions d'hectares qui
s'étend au sud de l'Atlas tellien, formant une bande de 1000 km de long, sur une largeur de 300 km à
l'Ouest et au centre, réduite à moins de 150 km à l'Est. Ses limites s'appuient sur des critères
pluviométriques entre 100 et 400 mm de pluviosité moyenne annuelle. L'ensemble steppique est intimement
lié à celui des Hauts-Plateaux dont il représente environ 90% de la superficie totale. Dans l'ensemble
Hauts-Plateaux, la population steppique est représentée dans une proportion de près de 50%.La steppe
présente un aspect dominant caractérisé par de grands espaces pastoraux à relief plat et à altitude élevée
supérieure à 600 m parcourus par des lits d'oueds, parsemés de dépressions plus ou moins vastes et de
quelques îlots de chaînons montagneux isolés. Ces grands espaces peuvent être différenciés en sous-
ensembles régionaux distincts :
► la bordure substeppique située entre les isohyètes 300 et 400 mm et s'étendant sur la bordure Sud de
l'Atlas tellien au centre et sur les hautes plaines constantinoises, les monts du Hodna et de l'Aurès à l'Est.
Les Hautes plaines du constantinois sont à caractère sylvo-pastoral.
► la région steppique proprement dite, située entre les isohyètes 200 et 300mm comprenant : au centre, les
hautes plaines steppiques algéro-oranaises, les hautes plaines de Hassi-Bahbah, M'sila, du nord des
wilayas de Laghouat et d'El-Bayadh. Ces hautes plaines sont occupées par des parcours steppiques semi-
arides avec quelques ilots de nappes alphatières, de périmètres de mise en valeur en irriguée,
d'arboriculture marginale sur épandage de crues. Les piémonts et les montagnes de l'Atlas saharien (monts
des ouleds nail, Djebel Amour, monts des Ksours) sont caractérisés par des parcours de piémont et de
montagne, ainsi que de forêts. A l'Est : les hautes plaines steppiques de Msila, Khenchela et Tébessa, sont
nettement séparées des hautes plaines du centre par le massif des Aurès.
► La région steppique pré-saharienne est située entre les isohyètes 100 et 200 mm de pluviosité. Cette
région dominée par les Hauts-Plateaux de parcours de type saharien et de vallées alluviales, comprend : au
centre, les piémonts sud de l'Atlas Saharien, la cuvette du Hodna, le plateau saharien du sud des wilayas de
Djelfa et de Laghouat. A l'Est, l'extrémité Est de l'Atlas Saharien, monts du M'zab et des Nememchas, le
plateau saharien du Sud des wilayas de Tébessa, Khenchela et Biskra.
Les espaces steppiques offrent aujourd'hui l'image de désolation d'un écosystème en péril parce que
surexploité au bénéfice d'un cheptel pléthorique maintenu en survie, grâce à des apports extérieurs
d'aliments de bétail très longtemps subventionnés par l'Etat. Cette attitude au demeurant spéculative qui
s'apparente plus à une activité hors sol a induit des formes de désertification du milieu, tout particulièrement
avec l'avènement de l'accession à la propriété foncière, l'introduction du tracteur et le développement d'une
céréaliculture aléatoire, exposant les sols à l'érosion voire à leur stérilisation. C'est ainsi que le milieu
steppique, est devenu un lieu de conflits d'intérêts entre, le maintien d'une activité pastorale et celui d'une
population que les conditions de précarité poussent à l'exode. L'écosystème steppique est aujourd'hui, le
siège d'une rupture d'équilibre, en raison d'une exploitation anarchique des parcours, pour la survie d'une

108
activité pastorale, devenue désormais aléatoire : la précarité des conditions de vie d'une population de près
de 4 millions d'habitants dont les besoins croissants ont induit une surexploitation des ressources naturelles
et une dégradation de l'environnement, engendrant la déforestation et une pression accrue sur les
ressources rares non renouvelables.
♣ La forte polarité exercée par quelques centres steppiques (El-Bayadh, Saida, Djelfa, Messaad, Tebessa,
Cheria, Barika, Tiaret, Laghouat, Aflou, Ksar-Chelala, M'sila, Sidi-Aissa, Boussaada, Meskiana), les
métropôles du nord (Tlemcen, Oran, Ain-Témouchent, Sidi-Bel-Abbès, Sétif et Batna) a induit un sous-
peuplement de l'arrière pays des régions steppiques. La pression accrue qui s'exerce sur ce milieu fragile,
menacé de désertification sur une étendue de plus de 5 millions d'hectares, est la conséquence d'une vision
réductrice, qui assimile à tort, cet espace au seul "pays du mouton".
♣ L'encadrement technico-administratif des espaces steppiques au sein d'unités pastorales a énormément
perturbé le mode ancestral de gestion communautaire des parcours. Du point de vue des pasteurs, cette
organisation imposée par l'administration sans concertation est plus perçue comme une contrainte que
comme une manière d'assurer une régulation des capacités fourragères et une rotation des parcours. C'est
pourquoi, les efforts entrepris par le haut commissariat du développement steppique en faveur du milieu
steppique et du pastoralisme sont restés limités en raison du faible degré d'adhésion que leur accordaient
les populations pastorales. Le caractère vertical d'une telle structure n'a pas permis la prise en charge de
l'intersectorialité des problèmes posés aux zones steppiques. Dans cette situation le HCDS, dans son
isolement est resté une structure technico-administrative peu efficace, en raison de l'absence de prise en
charge des conditions socio-économiques, à travers des programmes qu'elle initie. C'est ainsi que des
programmes de mise en défens, de reboisement, de densification de points d'eau ont été souvent accueilli
comme une forme de restriction des parcours et par conséquent, n'ont pas été entretenu et maintenu.
♣ La vision novatrice, préconisée par la délégation à l'Aménagement du territoire, donne la primauté à
l'intégration de cet espace à celui des Hauts-Plateaux, où résident de véritables chances, pour un
développement durable, au profit d'une population dont les conditions de vie et de revenus, doivent être
nécessairement améliorés. L'émergence de 51 centres ruraux à promouvoir, supports aux principales
métropoles des Hauts-Plateaux (Saida, Tiaret, Djelfa, Laghouat, M'sila, Sétif, Batna, Tebessa, ...) est
appelée à se développer pour recevoir des équipements structurants et des programmes de logements
destinés à la fixation de la population et des jeunes pionniers qui pourraient assurer la reconquête de ces
espaces intérieurs. Dans cette alternative, seule la pluri-activité qui favorise les complémentarités entre les
divers atouts que recèle l'espace steppique, et mieux encore, celui des Hauts-Plateaux, est à même
d'assurer cet objectif fondamental, pour une "reconquête territoriale" dans ces régions intérieures.
♣ Les équilibres fragiles établis par la société traditionnelle, n'ont pas résisté aux perturbations dans le
statut foncier, à la pression démographique, à la mécanisation à outrance, à l'accroissement du cheptel et
la réduction dramatique des ressources fourragères, et à la mise en valeur anarchique et spéculative. La
problématique du développement de ces zones ne peut plus se limiter à quelques actions techniques
agricoles et forestières, au rapport mouton-pâturages, mais devenir celle d'un aménagement territorial
tenant compte de la situation charnière géostratégique de la steppe et des interactions avec le Nord et le
Sud. Cette stratégie devra se traduire par un véritable programme d'actions multisectorielles, basé bien sûr,
sur l'agriculture, l'élevage, la mobilisation des ressources hydrauliques, et impliquant tous les secteurs,
les collectivités et les populations autour d'axes porteurs et mobilisateurs. Dans le partage des
compétences, l'Etat gestionnaire des parcours devra céder la place, à l'Etat stratège, régulateur,
observateur du milieu et animateur de la cohérence et de la coordination des actions multisectorielles.
L'amorce de l'option Hauts-Plateaux, au sein de laquelle, l'espace steppique est partie prenante dans une
proportion de 90%, doit être perçue comme une action bienfaisante de lutte contre l'isolement d'un espace
steppique, dominé essentiellement par l'activité pastorale. Le succès d'un tel projet de développement devra
inclure le règlement du statut foncier et les nouvelles formes d'organisation spatiale de l'espace steppique,
où la concession pourrait constituer la forme la mieux appropriée (A.Khelil, 1997).

URBANISATION.- Le phénomène de l'urbanisation (concentration de la population dans les villes) s'est


accéléré prodigieusement sous la poussée démographique. Dix millions de logements auraient dûs être
construits en Algérie, notamment entre 1975 et 1995. Une ville sur trois de l'Algérie de l'an 2015 n'existe
pas encore. La vitesse considérable de l'urbanisation met en cause la structure des villes. Le processus de
la mort lente des villes est apparu depuis longtemps. Le phénomène d’urbanisation constaté aujourd’hui en Algérie se
caractérise par :
♦ L’envahissement des villes et l’absence ou la faiblesse de maîtrise de l’urbanisme par les pouvoirs publics.
♦ L’importance et la forte tendance à l’accroissement des bidonvilles qui ne sont que des abris de fortune d’une grande
précarité. ♦ Le surpeuplement des logements.
♦ La faiblesse quantitative et l’inadaptation aux revenus, aux traditions et aux besoins familiaux des programmes de logements
qui se construisent.
♦ Le déficit énorme en matière d’équipements socio-économiques.
♦ L’inexistence ou l’insuffisance des réseaux d’assainissement, d’alimentation en eau potable.
♦ Le rythme de détérioration du parc de logements existants occasionné par l’absence d’entretien et de rénovation des
logements.
♦ Une spéculation effrénée dans les domaines fonciers, immobilier ainsi que les matériaux de construction.
♦ L’impuissance presque générale des pouvoirs publics.
♦ La misère et l’angoisse des populations.
En Algérie, les pouvoirs publics sont préoccupés par l’inadéquation entre la demande croissante en logements et la production
effective de ces logements ; le développement urbain ne se fait pas sans tension , sans contradiction ; la ville est devenue le lieu
de tensions multiples ; elle s’exprime par :
♦ Le déphasage entre la production urbaine et la consommation urbaine

109
♦ Le déphasage entre l’offre de services publics et la demande de services publics.
♦ Le déphasage entre les équipements disponibles et les flux financiers.
► Afin d’atténuer les effets de cette urbanisation imprévue et non contrôlée, les pouvoirs publics mettent en place des moyens
exceptionnels ; ce sont les nouveaux moyens « Législatifs, Institutionnels et Financiers » ; des moyens financiers humains et
matériels relativement importants sont mis en place afin de concrétiser cette dynamique sur le terrain. De nouveaux instruments
sur l’aménagement du territoire, sur la planification spatiale sont mis à jour; ils sont destinés à mettre un terme à cette évolution
urbaine anarchique. Tous les moyens financiers publics et privés, susceptibles d’être mobilisés, sont mis à contribution ; c’est,
selon l’expression du ministre de l’Habitat, l’avènement de « la politique du logement extra budgétaire » ; au cours de l’année
2002 , 200 milliards de D.A., non exploités, étaient disponibles dans les caisses des organismes publics comme la C.N.E.P., les
assurances, les O.P.G.I., la B.E.A., le C.P.A.; ces capacités financières pouvaient être utilisées immédiatement; les banques
privées étrangères , d’Arabie saoudite et des Emirats, installées en Algérie, sont associées au financement du logement ; en
2005, les ressources financières engrangées sur les livrets d’épargne - C.N.E.P. – Banque étaient évaluées à 450 milliards de
D.A., soit l’équivalent de 6 milliards de dollars (19) ; celle-ci s’attelle à renforcer ses formules traditionnelles de crédits au
logement ; elle tend à s’ériger en banque spécialisée dans l’immobilier . L’aide de l’Etat se manifeste de différentes manières ;
plusieurs formes d’aides directes et indirectes sont consenties aussi bien aux promoteurs immobiliers qu’aux bénéficiaires des
logements ; l’encouragement à l’accession à la propriété par une aide financière directe, sous forme d’allocation, l’octroi de
crédits à des conditions avantageuses, l’intervention dans le domaine du foncier pour éliminer la spéculation, la prise en charge
par l’Etat de la viabilisation des terrains d’assiette, la réduction des taux d’intérêt auprès des banques font partie des mesures
décidées par les pouvoirs publics afin de provoquer une dynamique nouvelle . Les entreprises de réalisation nationales,
publiques et privées, quelles que soient leurs capacités de production, sont appelées à participer à la production des logements
sociaux ; cette initiative vise aussi à absorber la main-d’œuvre disponible et la réduction du taux de chômage ; des entreprises
étrangères, en majorité chinoises apportent leur savoir-faire et contribuent à la résolution de la crise. Les collectivités locales
sont invitées à mieux maîtriser l’aménagement de leurs communes; en effet, selon une étude récente, 20% des terrains sont
exposés aux risques naturels ; des agents habilités sont chargés d’identifier ces zones à risques. Les ensembles d’habitation,
réalisés au cours d’une période relativement réduite, ont donné un nouvel aspect au paysage urbain ; leur typologie, leur aspect
architectural ont transformé le cadre bâti traditionnel ; les conséquences négatives sur l’environnement ont transformé le cadre
de vie de la population. Ces ensembles d’habitation se présentent sous différents aspects :
♦ Des immeubles collectifs comprenant plusieurs logements sur plusieurs niveaux ; ces immeubles sont réalisés dans des zones
d’habitations prévues dans le cadre du plan d’urbanisme, avec le souci de les intégrer à des équipements complémentaires ;
c’est le cas des « - Z.H.U.N - Nouvelles Zones d’Habitation Urbaines » ; ces immeubles d’habitation sont inspirés des Grands
Ensembles réalisés en Europe au lendemain de la dernière Guerre Mondiale ; ils sont produits généralement selon des
techniques de préfabrication; ce sont des immeubles sans grande variété , à l’aspect monotone ; les espaces extérieurs autour
de ces constructions ne sont pas aménagés ; certains espaces résiduels sont occupés de manière illégale .
♦ Des logements individuels à un seul niveau, dénommés « Evolutifs » ; le bénéficiaire reçoit une surface de base constituée par
une construction en dur et un terrain complémentaire ; cette surface peut être augmentée par une surélévation et aménagée en
fonction des besoins de l’acquéreur.
♦ Des constructions individuelles, réalisées en milieu rural et destinées à fixer les populations démunies des campagnes ; elles
sont destinées à limiter l’exode des paysans vers les villes; elles peuvent aussi constituer l’unité de base des villages agricoles ;
réalisées sur un seul niveau, elles comprennent 2 pièces, une cuisine, les sanitaires et une cour; leur extension éventuelle peut
s’effectuer dans le sens vertical.
♦ Des constructions individuelles, à un seul niveau, sous forme de chalets ; elles furent importées après le séisme d’El Asnam le
10 Octobre 1980 et de Boumerdes le 23 mai 2003 ; mal adaptées au mode de vie local, mal entretenues, leur durée de vie fut
réduite ; au nombre de 19.000, elles ont été répartis dans plusieurs Wilaya ; d’autres chalets préfabriqués furent par la suite
importés, afin de répondre à d’autres situations particulières ; ils connaissent aujourd’hui un état de dégradation avancée ;
certaines de ces habitations ont entièrement disparu ; ces maisons sont regroupées dans des cités, dans la périphérie de la ville;
chaque logement bénéficie d’un espace extérieur; leur nombre, leur surface , leur aspect architectural varient selon leur origine
et leur emplacement.
►Le parc du logement de l’Algérie est passé de 5,024 millions de logements en 1998 à 6,072 millions d’unités en 2005; il est
prévu un parc de 6,982 logements à l’horizon de l’année 2009 ; 942 227 unités furent réalisées durant la période 1999-2004- le
taux d’occupation par logement T.O.L.est passé de 5,79 en 1998, à 5,32 en 2005 ; il est prévu un T.O.L. de 4,98 en 2009.
► Partant de ces données, l’importance des principaux besoins sociaux à prendre en charge constitue un véritable défi; en
matière de logement, d’ici à 2030, il faudrait réaliser l’équivalent d’une deuxième Algérie en logements, infrastructures et
équipements divers d’accompagnement ; d’ici à 2015, les besoins en livraisons annuelles de logements - 151 - varieraient entre
180.000 et 250.000 unités; l’ampleur du défi à relever apparaît clairement au regard des rythmes actuels de livraison des
logements, soit 100.000 à 120.000 par an. Sous les effets conjugués de la croissance démographique, de l’exode rural, de la
dégradation du vieux bâti, les données du problème, en 2006 , nous rappellent celles des années 1980 ; afin d’atténuer la crise ,
l’Etat avait essayé , au cours des années 1980, de se constituer en promoteur immobilier; l’ensemble des moyens de l’Etat tels
que le Trésor public, l’argent des épargnants, les importants crédits extérieurs avaient été mis à contribution pour répondre à la
demande et atténuer les tensions sociales ; sur une période de 20 années, l’Etat n’aura réalisé que 1,5 millions de logements ;
en parallèle, les autoconstructeurs réaliseront, avec beaucoup moins de moyens, 1,4 millions de logements et, sans doute , le
double de la surface habitable. L’Etat, dans sa nouvelle orientation politique, cherche à se désengager de certaines missions ;
celui-ci veut faire fonctionner le marché de la construction en se limitant au rôle de régulation et de contrôle. Le logement est
inscrit pour la première fois au premier rang des priorités de l’Etat ; les nouveaux objectifs correspondent à la mise en place
d’une stratégie réelle de développement et de production du logement social ; c’est une stratégie que l’Etat décide d’inscrire
dans la durée afin d’arriver à une pérennité de la politique du logement; les pouvoirs publics mettent en place des moyens
exceptionnels ; ce sont les nouveaux moyens « Législatifs, Institutionnels et Financiers » ; des moyens financiers, humains et
matériels relativement importants sont déployés pour concrétiser cette dynamique sur le terrain ; cette nouvelle stratégie vise à
créer :
♦ Une situation permettant de mobiliser pleinement le potentiel et les ressources de tous les acteurs du processus de production
et d’amélioration du logement.

110
♦ Les conditions pour que les organismes et les institutions puissent mettre en place des interactions, constituer des réseaux et
collaborer dans le cadre de partenariat pour atteindre les objectifs d’un « Logement Convenable pour Tous ».
► Il vous est possible de visualiser l'évolution d'une ville au cours des 50 dernières années : L'IGN,
l'institut national de l'information géographique et forestière, propose un service gratuit pour comparer les
photographies aériennes actuelles avec celles prises il y a un demi-siècle ! Le résultat est saisissant et
vous permet de constater l’évolution des constructions lors des dernières décennies.
https://www.pcastuces.com/pratique/astuces/5324.htm : Rendez-vous dans la section Remonter le Temps du
site de l'IGN à cette adresse : https://remonterletemps.ign.fr/comparer/

LE DEVELOPPEMENT REGIONAL

ESPACE / ECONOMIE .- L'économie de marché, si elle n'est pas associée à une planification spatiale
globale, au lieu d'être une panacée, risque d'aboutir à une anarchie de développement aux conséquences
autrement plus graves qu'actuellement, et qu'on ne pourra maîtriser; surtout que l'on se propose de créer
des zones franches lesquelles vont changer fondamentalement les données de l'aménagement du territoire.
La stratégie du programme national de l'aménagement du territoire opérant avec des données vieilles de 20
ans s'est articulée autour d'un développement vertical, intégrant les relations nord-sud, alors qu'aujourd'hui
il y a le développement à l'horizontal, sous-tendu par la nécessaire unification du maghreb. Les
bouleversements qu'introduira la mise en service du tunnel sous-marin de Gibraltar, reliant l'Europe à
l'Afrique, ne doivent pas marginaliser le pays. Dans ce contexte, il y a lieu d'adapter la vision
d'aménagement du territoire à une nouvelle stratégie en adéquation avec les nouvelles alliances
économiques. Les problèmes d'aménagement spatial ont une incidence directe sur le développement
national économique et social puisque le taux d'activité, l'évolution des salaires, le marché du travail, la
répartition des investissements productifs et non productifs sont en étroite liaison avec la répartition des
populations, des emplois, avec le développement de l'urbanisation sur l'ensemble du territoire, ainsi qu'avec
les inégalités qui apparaissent entre les régions. Il existe, par conséquent, une imbrication étroite entre la
planification économique et l'aménagement du territoire. La relation espace/économie doit se concevoir en
termes de complémentarité et d'intégration, même si les planifications privilégient d'habitude le calcul
économique, obéissant seulement à l'impératif de la rentabilité, que les aménageurs de leur part refusent
d'accepter pour des considérations d'équilibre régional et d'amélioration des conditions de vie des citoyens.
Ces deux aspects, quantitatif et qualitatif des aménageurs, ne sont pas contradictoires, mais
nécessairement complémentaires. L'aménagement du territoire est aussi le seul cadre capable de traduire
de manière palpable l'interdépendance entre les trois secteurs de l'économie : les secteurs primaire,
secondaire et tertiaire ; le primaire nourrissant les deux autres, le secondaire donnant les moyens d'action
aux deux autres, le tertiaire indispensable au bon fonctionnement des deux autres. A une politique de région
géo-culturelle, pratiquée jusqu'ici et qui a eu des conséquences désastreuses, il faut substituer une
politique de région géo-économique, qui intègre les régions géographiques existantes, tout en leur
superposant de nouvelles entités économiques qui résulteraient des liens d'interdépendance entre les pôles
urbains inscrits dans une armature urbaine, dont le développement à moyen et long termes doit être défini et
régi par une politique cohérente de l'aménagement du territoire à l'échelle nationale. En somme, il s'agit là
tout au plus d'une dédiabolisation de la notion de région, ce qui suppose en termes d'efficacité, de
complémentarité et de rentabilité une utilisation rationnelle des potentialités, que recèlent les régions. A cet
effet, la révision du découpage administratif actuel, consécutif à des préoccupations clientélistes plutôt que
sous-tendu par un souci de développement équilibré, s'impose.
►Les spéculations foncières et immobilières ne sont pas le propre des pays sous-développés; dans les pays industrialisés,
à économie de marché, la valeur vénale d’un terrain est fixée par le jeu de l’offre de la demande ; les pouvoirs publics
interviennent souvent pour réglementer les transactions foncières et éviter ainsi certains effets néfastes, dus aux prix du marché.
Certaines solutions sont adoptées dans ce sens ; elles consistent entre autre en l’expropriation des terrains, donc leur rachat
afin de les utiliser de la manière que l’Etat considère la mieux appropriée pour ses objectifs ; ces terrains sont destinés au tracé
des voies de circulation, aux équipements socio-économiques , aux lotissements pour l’auto construction, aux programmes
d’habitat collectif ; l’Etat ne permet pas, sauf dans quelques rares exceptions, les transactions foncières et immobilières . Dans
les pays sous-développés, la crise du logement a pour conséquence une forte demande en terrains destinés à la construction et
une forte spéculation ; en Algérie, en 2006, le détournement du foncier agricole avait fait l’objet de 15 600 enquêtes ouvertes
auprès de la justice ; l’Est du pays est le plus touché par les détournements de ce secteur avec 7237 affaires ; les règlements
d’urbanisme concernant les délimitations des plans de développement urbain, la constitution des réserves foncières sont
difficiles à appliquer ; les moyens de contrôle demeurent inefficaces ; l’efficacité des pouvoirs publics dépend de la structure
administrative du pays et de son niveau de développement ; les moyens dont dispose l’Etat en vue d’accorder les permis de
bâtir ou de construire, élaborer les réglementations, inspecter les chantiers demeurent insuffisants ou inefficaces ; les pressions
de toutes sortes qui s’exercent sur l’administration expliquent certaines prises de décisions incohérentes au gré des rapports de
force et des influences . Les réglementations mises en place sont complexes, elles sont souvent importées ; conçues dans le
cadre de stratégies à long terme, afin d’apporter des solutions ponctuelles aux problèmes immédiats ; elles demeurent difficiles
à faire respecter ; les coûts de la construction représentés par la valeur du terrain, le coût des matériaux de construction, le coût
de la main-d’œuvre demeurent élevés par rapport au niveau de vie de la population. Devant l’ampleur des problèmes de
l’habitat, les autorités publiques choisissent des solutions extrêmes ; soit, elles écartent la participation des citoyens, soit elles
laissent l’initiative individuelle se développer dans l’anarchie ; dans les pays du Tiers-monde, l’habitat, le logement social se
trouvent souvent exclus des préoccupations des décideurs.

DEMOCRATIE TERRITORIALE .- Revendiquée par un contexte de développement, elle sous-entend partage


et participation au pouvoir. Le pouvoir ne se concentre plus, s'il accepte une préhabilitation de la
périphérie. La centralisation du pouvoir n'est pas indiquée, lorsque les missions de l'Etat deviennent
complexes. La région ne peut aller à l'encontre du centre lorsque lui échoit la délégation d'autorité de

111
gestion spatiale. La région, la commune, le village sont des éléments matériels, toujours présents dans le
tissu social.

REGION.- La croissance démesurée des agglomérations, leur transformation mal maîtrisée en conurbations
et mégapolis au détriment des espaces agricoles, qui rétrécissent autour d'elles et n'arrivent plus à nourrir
leur population, imposent certainement ce changement d'échelle. Aussi, dans le cadre d'une armature
urbaine moderne, il ne s'agit plus de parler de spécialisation des villes, mais plutôt de spécialisation des
régions, avec leurs technopôles et pôles urbains multifonctionnels. La planification indicative de l'économie
de marché n'étant pas encore en place, il s'agit d'aboutir à une corrélation entre elles par le biais d'un
échelon intermédiaire, qui est l'échelon régional. Il pourra alors prendre en charge la coordination de la
stratégie globale de développement national avec les impératifs d'une autonomie locale, induite par
l'économie de marché. L'échelon régional étant précisément l'outil qui permet de rendre compte du degré
d'intégration spatiale des politiques sectorielles. Ainsi, par exemple, dans le secteur agricole on peut prévoir
selon les analyses démographiques à l'horizon donné, que la population d'une région atteindra un chiffre
précis. Ses besoins alimentaires peuvent être prévus à condition que l'économie fixe une stratégie normale
équilibrée entre l'auto-suffisance et l'importation. Si on admet un taux d'auto suffisance établi sur la base
d'une analyse des potentialités dans les limites de rentabilité économique, il sera possible de savoir, quel
nombre d'emplois agricoles et non agricoles liés à l'industrie, il faudra maintenir ou créer. La question se
pose : quelle doit être la répartition des emplois créés? Comment modifier la structure d'emploi dans les
régions industrialisées, mais à vocation franchement agricole?La région se présente alors comme le meilleur
échelon parmi les collectivités locales pour concevoir des projets d’envergure adaptés à la vocation des
grands territoires. Non seulement elle est articulée sur les collectivités locales de taille inférieure et sur les
groupements socio-économiques de base, ce qui facilite une meilleure prise en compte de leurs projets et
aspirations, mais l’importance de sa taille, comparativement aux provinces et préfectures, la prédispose
aussi à imaginer l’avenir avec une certaine hauteur de vue. Avec le temps, la région devrait aussi constituer
une unité fondamentale dans la prise de décision en matière de planification économique et sociale. Le
concept de région, est d’une certaine manière l’expression des spécificités d’un lieu par rapport à un espace
plus large. Une bonne notion de la région est celle qui tient compte des caractères des sociétés dans leurs
rapports avec les lieux ; c'est-à-dire un territoire qui est le résultat d’une combinaison entre l’espace
physique et la culture des hommes qui y sont installés. En ce qui concerne l’Algérie, la région n’existe pas
encore; néanmoins, le cadre légal en vigueur autorise le gouvernement à développer considérablement
l’activité des régions. Mais cette phase transitoire doit permettre d’aboutir rapidement à la consécration de
la région en tant qu’entité territoriale cohérente sur le plan spatial et démographique, et viable
économiquement.
Délimitation de la région : La région se présente alors comme le meilleur échelon parmi les collectivités
locales pour concevoir des projets d’envergure adaptés à la vocation des grands territoires. Non seulement
elle est articulée sur les collectivités locales de taille inférieure et sur les groupements socio-économiques
de base, ce qui facilite une meilleure prise en compte de leurs projets et aspirations, mais l’importance de
sa taille, comparativement aux provinces et préfectures, la prédispose aussi à imaginer l’avenir avec une
certaine hauteur de vue. Avec le temps, la région devrait aussi constituer une unité fondamentale dans la
prise de décision en matière de planification économique et sociale.

SAHARA ALGERIEN .- Infrastructures et migrations au Sahara algérien : L’immensité est une donnée essentielle du Sahara. Avec
plus de 2 000 000 km² et moins de 3 000 000 d’habitants, le Sahara algérien est un espace particulier où la présence de l’homme, attestée
depuis des millénaires, est toujours en situation fragile et où ses déplacements ont longtemps été risqués, et ils le sont parfois encore. Les
caravanes ont relié pendant des centaines d’années les oasis entre elles, et avec les zones de pâturages, ainsi qu’avec les espaces extérieurs
(Maghreb au nord, Sahel au sud). Concomitamment, les razzias d’esclaves noirs constituaient le principal mouvement migratoire et
permettaient d’alimenter en main d’œuvre servile les oasis et les marchés septentrionaux, contribuant ainsi à métisser des populations qui
n’ont jamais été homogènes.Aujourd’hui, les infrastructures de communication ont été largement améliorées - encore qu’aucune route ne
traverse entièrement le Sahara du nord au sud - et les migrations n’ont jamais été aussi importantes, qu’elles soient nationales ou
internationales.
I. DES INFRASTRUCTURES RÉCENTES :L’entrée au Sahara se fait essentiellement par trois « portes » situées dans l’Atlas saharien ou sur sa
bordure méridionale et qui se prolongent par trois axes essentiels en direction du centre du désert, en fonction du milieu naturel et de la
présence de relais, les oasis :- Aïn-Sefra, au cœur des Monts des Ksour, est la première oasis quand on vient d’Oran ou de Tlemcen ; elle
s’ouvre via Béchar, vers la vieille piste qui reliait dès l’époque médiévale, le Maghreb et le Sahel via la vallée de la Saoura et le Touat avec
leurs chapelets d’oasis avant de traverser l’inhospitalier Tanezrouft (le pays du vide en tamacheq) pour atteindre Gao et Tombouctou.-
Laghouat, au pied des Ouled Naïl est sur le même méridien qu’Alger ; elle permet de rejoindre la pentapole mozabite (Ghardaïa), puis El-
Menia, In Salah et le Tidikelt, le Hoggar (Tamanrasset) et enfin Agadez et l’Aïr, puis Zinder au cœur du Bilad as-Sudan.- Biskra, au pied des
Aurès, est la porte orientale du Sahara algérien ; ce troisième axe n’avait autrefois pas l’importance des deux premiers, mais il dessert les
principales régions oasiennes : le Souf (El-Oued), l’Oued-Righ (Touggourt), Ouargla, ainsi que les régions pétrolières ; au-delà, il peut soit
rejoindre El-Menia, soit s’enfoncer vers le sud-est à travers un couloir interdunaire du Grand Erg oriental (le Gassi Touil) en direction du
Tassili n’Ajjer et de Djanet et, de là, rejoindre à travers le Ténéré, soit l’Aïr, soit le Kawar et les pays du Tchad.
A. L’INTÉRÊT COLONIAL POUR LA VOIE FERRÉE :Pendant la plus grande partie de la période coloniale, la France, qui s’intéressait peu au
Sahara (cf. Bisson J., 1996), n’a pas cherché à le désenclaver. Elle pensa d’abord à installer des voies ferrées (à écartement métrique) de Aïn-
Sefra à Béchar, de Biskra à Touggourt et El-Oued et jusqu’à Laghouat (ce dernier projet ne fut pas réalisé) ; puis entre les deux guerres fut
lancé, à partir du Maroc et via Béchar, le fameux projet « Méditerranée-Niger » qui devait permettre de relier l’Afrique occidentale française
à l’Afrique du Nord et, au-delà, à la France afin, croyaient ses promoteurs, d’amener en métropole les richesses de l’Afrique et surtout, d’y
déverser les produits de l’industrie française. Las, victime de la crise des années 30, puis de la Seconde guerre mondiale et enfin de la
concurrence de l’automobile, du camion et de l’avion, la voie ferrée ne dépassa Béchar que de quelques dizaines de km !Aujourd’hui le
réseau ferré saharien est des plus squelettiques : seule la voie Biskra -Touggourt, modernisée et mise à l’écartement normal à la fin des années
50 (pour les besoins du gisement pétrolier d’Hassi-Messaoud) a encore un faible trafic voyageurs et marchandises ; la voie vers El-Oued a été

112
déposée de même que les quelques dizaines de kilomètres au-delà de Béchar ; quant à la voie de Béchar, elle est maintenant inutilisée depuis
plusieurs années. Cependant, il semble que les autorités algériennes s’intéressent à nouveau à la voie ferrée : le prolongement de la voie de
Touggourt vers Hassi-Messaoud et Ouargla est de nouveau évoqué, ainsi qu’une éventuelle poursuite vers Ghardaïa et Laghouat, puis Djelfa
afin de rejoindre une voie existante ; plus concrètement, un appel d’offre vient d’être lancé (été 2003) pour la modernisation et la mise à
l’écartement normal de la voie de Béchar.
B. LA MISE EN PLACE D’UN RÉSEAU ROUTIER DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XXE SIÈCLE :C’est seulement après la Seconde guerre
mondiale qu’un effort a été fait pour créer des routes modernes qui ont permis, très progressivement, un désenclavement au moins partiel des
immensités sahariennes.Si des travaux d’entretien des pistes étaient faits dès la première moitié du XX e s., la création de routes a commencé
seulement après 1945 et, en 1956, seuls deux tronçons représentant à peine plus de 400 km étaient goudronnés : Biskra Touggourt et
Laghouat - Ghardaïa. En 1960, Béchar était desservie depuis Aïn-Sefra, El-Meniaa depuis Ghardaïa ainsi qu’El-Oued, à partir de la route de
Touggourt ; mais le plus important était la double liaison vers Ouargla à partir de Ghardaïa à l’ouest et de Touggourt au nord, prolongée sur
Hassi-Messaoud et au-delà jusqu’à Fort-Flatters (aujourd’hui Hassi-bel-Guebbour), en direction d’Edjeleh : en quatre ans plus de 1 100 km de
routes bitumées avaient été réalisées. Les découvertes de pétrole à Edjeleh et Hassi-Messaoud n’y étaient pas pour rien. (Cf. fig. 1). La
première décennie de l’indépendance est marquée par la poursuite de l’équipement des zones pétrolières, surtout dans le secteur d’In-Aménas,
le désenclavement des oasis de l’Ouest (Saoura, Touat, Gourara), par la création de la route méridienne Béchar - Adrar et de la transversale
El-Meniaa - Timimoun - Adrar ; c’est aussi l’époque de l’amélioration de la desserte du Bas-Sahara par la mise en service de la route Tebessa
- El-Oued - Touggourt et de plusieurs petites antennes dans les régions de Biskra, Ghardaïa, Laghouat… Enfin, au lendemain de la « guerre
des sables » (1963) qui a vu une attaque marocaine pour « récupérer la portion du Sahara qui lui revenait », et son échec, l’Algérie a entrepris
la création de la route stratégique vers Tindouf (700 km au-delà d’Abadla). Ainsi, en 1971, l’essentiel du Sahara utile (zones pétrolières,
grandes régions d’oasis) est désenclavé. Seuls le Tidikelt et le Grand Sud (Tamanrasset, Djanet) restent à l’écart du bitume.Le grand œuvre
des années 70 est la réalisation de la transsaharienne, ou route de l’Unité africaine, qui devait joindre la Méditerranée à l’Afrique noire,
réactivant ainsi un vieil axe méridien qui avait fortement décliné pendant la colonisation (cf. L. Blin, 1990). Ce projet, considérable, relia dans
un premier temps El-Meniaa à In Salah (400 km) puis ultérieurement Tamanrasset (650 km). Ce second tronçon, inauguré en 1978 connu des
difficultés de réalisation à cause de l’hostilité du milieu, de la rareté des points d’eau et de l’absence d’oasis entre In Salah et la capitale du
Hoggar. Ces difficultés entraînèrent le report des deux branches méridionales de la transsaharienne,
- vers Gao (Mali) via Tin-Zaoutène et Kidal
- vers Agadès (Niger) via In-Guezzam et Arlit

Seuls quelques dizaines de kilomètres, permettant de désenclaver quelques villages Touareg furent réalisés dans les années 80 autour de
Tamanrasset. Les années 80 n’ont pas vu d’opérations aussi spectaculaires :

113
- ouverture d’une route El-Abiod Sidi-Cheikh - Taghit - Igli parallèle à la nationale 6, Aïn-Sefra - Béchar - Saoura, qui a l’inconvénient de
passer à quelques kilomètres de la frontière marocaine ; on peut donc supposer que la préoccupation stratégique n’est pas inexistante.

- désenclavement du sud du Touat (Reggane) et de l’ouest du Tidikelt (Aoulef) ainsi que de Illizi, seul chef-lieu de wilaya non encore
raccordé au réseau routier national.

- création d’une route dans le Grand Erg oriental afin de desservir le petit gisement pétrolier frontalier d’El-Borma et de raccourcir la route
vers Ghadamès (Libye). Mais construire une route en plein erg est un travail sans espoir, équivalent au mythe de Sisyphe, et quelques années
après, la route était retournée à l’état de piste.

- en outre, comme dans la période précédente, quelques antennes ou quelques liaisons entre oasis (telle El-Alia Guerrara) ont été réalisées.
La dernière période n’a vu qu’une réalisation importante, la liaison Illizi - Djanet à travers le Tassili n’Ajjer ; mais on peut noter aussi la
construction d’une seconde liaison Timimoun - Adrar desservant les oasis de l’Aougrout et la mise en service complète de la route Aoulef -
In-Salah à travers le Tidikelt, qui joint (par un second itinéraire, l’axe occidental (Saoura - Touat - Tanezrouft) à l’axe central (Mzab -
Hoggar). Ainsi, alors qu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il n’y avait que des pistes, aujourd’hui le Sahara algérien est parcouru
par plus de 8 000 km de routes revêtues dont plus de 6 500 ont été construits après l’indépendance. Désormais toutes les oasis importantes
(Djanet fut la dernière en 2001) sont reliées au réseau routier, ainsi que la plus grande partie des chefs-lieux de communes sahariennes ; on
note cependant quelques exceptions : les chefs-lieux des deux communes montagneuses du Hoggar, ainsi que les chefs-lieux des quatre
communes les plus méridionales du pays aux frontières du Niger et du Mali. De plus, de nombreux petits villages, en particulier dans le
Hoggar et le Tassili (Amguid, Tamadjert, Afara) restent très éloignés du réseau routier. En revanche, si des routes permettent de se rendre
dans le Sahara tunisien et libyen, les connexions sont toujours impossibles avec le Maroc (pour des raisons politiques) et elles ne se font que
par la piste avec les pays du Sahel. Néanmoins, cette situation devrait changer prochainement, le plan de relance économique de 2001 prévoit
des crédits importants pour les infrastructures routières sahariennes ; trois axes seraient concernés :

- Reggane - Bordj - Mokhtar frontière malienne

- Tamanghasset - In-Guezzam - frontière nigérienne

- Djanet - Tin-Alkoum - frontière libyenne

Ainsi, plus de trente ans après son lancement, la transsaharienne serait enfin réalisée.

C. LE DÉVELOPPEMENT DU RÔLE DE L’AÉRIEN : Si quelques avions se sont posés au Sahara avant la Seconde guerre mondiale, ils ont été
fort peu nombreux et ce n’est qu’après que furent installées les premières pistes d’atterrissage : Biskra en 1946 et Béchar en 1950 (Cf. fig. 2).
Un gros effort est fait par la puissance coloniale dans les années cinquante où la découverte du pétrole accélère la construction de pistes,
sommairement équipées dans un premier temps, pour les besoins des pétroliers, puis, ultérieurement, de véritables aéroports seront créés :
Hassi-Messaoud et In-Amémas notamment. De nombreuses oasis sont également désenclavées par la réalisation d’une piste d’atterrissage,
(Tindouf, Timimoun, El-Meniaa, Touggourt…) sans compter les besoins propres à l’armée française, que ce soit pour la lutte contre les
combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) ou pour d’autres besoins (expérimentaux en particulier : Tamanrasset, Reggane, Beni-
Abbès). De ce fait, au lendemain de l’indépendance, le Sahara algérien dispose de plus d’une quinzaine d’aéroports et d’une demi-douzaine
de pistes « à usage restreint », parfois perdues dans un environnement presque exclusivement minéral (Amguid, Ouallen…). Les autorités
algériennes ne vont donc pas créer de nouveaux aéroports (à l’exception d’In-Salah, 1967) et utiliser, généralement modestement, les
infrastructures existantes, au moins jusque vers 1975 (sauf dans les zones pétrolières). Au-delà de cette date, un effort important est fait, aussi
bien pour la création d’aéroports remplaçant des infrastructures inadaptées (Djanet, Adrar) ou désenclavant des régions isolées (Illizi, In-
Guezzam, Bordj-Mokhtar) que pour le développement du réseau : renforcement des liaisons avec Alger (et secondairement avec Oran,
Constantine et Annaba) et surtout développement des relations intra sahariennes autour de Ghardaïa qui est une véritable plaque tournante
mais, aussi autour de Béchar, Ouargla, Adrar et même Tamanrasset.De nombreux aéroports sahariens peuvent aujourd’hui recevoir des vols
internationaux (cf. fig. 2). Mais, seules Biskra, Hassi-Messaoud et Tamanrasset sont reliées par des vols réguliers à l’étranger. Les autres
villes n’ont que des liaisons à la demande, qui se développent en particulier avec les aéroports du Grand Sud. Cependant, l’essentiel du trafic
reste domestique pour tous les aéroports sahariens, les relations avec Alger étant très largement majoritaires. Aujourd’hui, Hassi-Messaoud

114
(cf. fig.3) est la principale plate-forme aéroportuaire du Sahara : avec 590 000 passagers en 2002, la ville pétrolière dispose du 4 èmeaéroport
algérien, avant Annaba). La relance du secteur des hydrocarbures a entraîné une forte croissance de son trafic depuis 1996. Les autres
aéroports sahariens n’ont pas une importance comparable : aucun n’atteint un trafic annuel de 200 000 personnes et, bien souvent, ce trafic est
en régression plus ou moins prononcée depuis quelques années : la crise algérienne des années 90 est aussi passée par là et la relance a touché
d’abord le Nord, en particulier le trafic international, et peu le Sahara, en dehors des zones pétrolières et du Grand Sud où le redémarrage,
encore modeste, du tourisme explique le développement du trafic à Tamanrasset et à Djanet.Le Sahara dispose d’un réseau d’infrastructures
notable, en voie d’amélioration permanente (développements du réseau routier, remise en état de la voie ferrée de Béchar programmée,
réfection complète de l’aéroport d’Hassi-Messaoud à partir de l’automne 2003…). Ce réseau ne peut que favoriser la mobilité des hommes
qui, même à l’époque des pistes et des caravanes, était déjà importante.

115
 II. Une grande mobilité des hommes[1] : Depuis près d’un demi-siècle la population saharienne s’est accrue plus rapidement que la
population d’Algérie du Nord, de 0,7 à 1,05 point par an (J. Fontaine, 2004) ; cet accroissement est dû à la fois au solde naturel, toujours plus
élevé au Sahara, et au solde migratoire. Mais pendant la dernière période ce solde s’est considérablement réduit malgré la poursuite d’une
immigration étrangère venant principalement du Sahel. Par ailleurs, le marché du travail saharien est très ouvert et une main d’œuvre
importante provient du Nord du pays.

A. DES MIGRATIONS INTERNES IMPORTANTES :

1. Des relations intenses entre Sahara et Algérie du Nord :

Entre 1987 et 1998, si le solde migratoire saharien s’est réduit, il n’en reste pas moins positif avec un excédent de 16 890 personnes (Y.
Kouzmine, 2003). Mais, et c’est une nouveauté par rapport à la période précédente, 4 des 10 wilayas majoritairement sahariennes ont un solde
négatif, et parfois assez nettement (Adrar -20 698, Béchar -4 937) ou plus faiblement (El-Oued -929 et Laghouat -841) ; inversement Ouargla
(+ 12 236), Biskra (+ 9 187), Illizi (+ 3 553), Tamanrasset (+ 3 284)… ont un solde largement positif (fig.4).

116
Une autre originalité des migrations sahariennes est leur importance : avec 109 170 entrées dans les dix wilayas sahariennes, soit un taux de
5,3%, le Sahara connaît une immigration plus importante que l’Algérie du Nord (4,1%). Si l’on ajoute les migrations intra-wilayales (117 725
personnes) on atteint le chiffre de 226 895 entrées dont 70 976 (soit 31,3%) proviennent de l’Algérie du Nord et 5 157 de l’étranger :
l’essentiel de ces migrations est endogène. Ce sont les wilayas de l’Atlas saharien qui connaissent le plus de sorties vers le Sahara (Djelfa
45,2 %, Batna 28,7 %…). Inversement, les wilayas telliennes envoient peu de migrants au Sahara… à l’exception d’Alger (9,3 % soit 11 500
migrants) et d’Oran (12% soit 3 500 départs) : de nombreux cadres quittent ces métropoles pour s’installer au Sud… mais parfois, ce sont des
retours après formation. Les départs les plus nombreux se font d’Alger vers les wilayas d’Adrar (22,2 %) et de Ghardaïa (14,3%).

L’émigration est un peu moins importante, 101 444 sorties de l’ensemble du Sahara, soit un taux de 5,1 %, taux là aussi supérieur à celui de
l’Algérie du Nord. Cette émigration saharienne a plusieurs destinations :

- les régions voisines, telles les wilayas aurésiennes : Batna (23% des entrées de la wilaya), Khenchela (19,5%) ; ce sont essentiellement des
migrants proches : Ziban, Oued-Righ, Souf. - Le Tell, Skikda (22,7%), Jijel (20,3%), qui reçoit beaucoup de migrants du Touat, de la Saoura
et du Gourara.

- les deux grandes métropoles qui, malgré des taux faibles (4,5% pour Alger et 6,5% pour Oran), sont en fait les premiers réceptacles de
l’émigration saharienne (6 684 migrants pour Alger et 4 604 pour Oran) : l’intense activité de ces deux métropoles et l’importance de leurs
universités et grandes écoles expliquent leur attirance sur les populations sahariennes. L’aire d’attraction d’Alger couvre tout le Sahara avec
en première position le Mzab (16% de l’immigration algéroise) suivi du Gourara (15%). L’immigration oranaise est plus concentrée,
provenant principalement des Daïas (34,6%) et de l’ouest du Sahara (Touat 20,2% et Saoura 17%) ; il faut noter une particularité oranaise :
elle accueille essentiellement des migrants citadins : plus de 50% des migrants sahariens vers Oran sont originaires des villes de Laghouat,
Béchar et Adrar.

117
Ainsi, les relations entre Sahara et Algérie du Nord restent importantes : de nombreux sahariens s’installent dans le Nord et un nombre,
encore plus grand, d’Algériens du Nord s’établit au Sahara. Deux types principaux de relations existent :

- les relations de proximité, avec comme exemple particulièrement caractéristique, les liens entre les Aurès et les oasis du Ziban, de l’Oued-
Righ et du Souf qui bénéficient d’un réseau routier particulièrement dense desservant aussi bien les montagnes aurésiennes que les
palmeraies du Bas-Sahara.

- les relations à longue distance, notamment avec les deux métropoles que sont Alger et Oran. Ces deux métropoles n’ont cependant pas le
même comportement : l’influence de la capitale nationale s’étend à tout le Sahara, avec des différences cependant, la wilaya d’Adrar et le
Mzab ayant des relations privilégiées avec Alger ; l’influence oranaise est plus réduite, elle est quasiment nulle sur le Bas-Sahara et se
concentre sur les wilayas de Laghaouat, Adrar et Béchar.

2. Les migrations internes au Sahara : des situations locales très variées :


a. Le solde migratoire varie beaucoup d’une région à l’autre (fig.5) :

L’Ouest, à l’exception de Tindouf, connaît un déficit plus ou moins important : il en est de même du Tidikelt, du Mzab et du Souf. C’est le
Touat (-11 649 personnes, soit -10,6%) qui connaît le solde migratoire le plus négatif devant le Gourara (-4 894, soit -6,6%) et la Saoura (-4
360 soit -2,5%). Ces régions sont toutes des régions agricoles traditionnelles, où la main d’œuvre est souvent excédentaire, où
l’industrialisation est faible et les grands centres de services rares, à l’exception de Bechar.

Inversement, d’autres régions connaissent un solde migratoire positif, voire largement positif.

- les Zibans (+ 9 157, soit +2,5%) à l’agriculture dynamique

- la région des Daïas (+ 7 054, soit +5,7%) et le Sahara pétrolier (+ 12 128 soit +9,1%) sont deux des régions les plus attractives, grâce à la
présence du bassin gazier d’Hassi-Rmel dans les Daïas et des bassins pétroliers d’Hassi-Messaoud et d’In-Aménas.

118
- le Tassili n’Ajjer et le Hoggar où l’arrivée de migrants étrangers, principalement sahéliens, joue un rôle essentiel.

      b. Une immigration plus importante dans l’est du Sahara :

Le Sahara est globalement attractif, mais avec des différences considérables (cf. fig.6). Le Centre et le Sud-est sont globalement plus attractifs
que les autres régions, ainsi que la Hamada de Tindouf.
Le Sahara pétrolier connaît l’un des plus forts taux d’immigration (24,3%) et, avec 32 510 entrées, il est en seconde position, derrière les
Zibans. Plus de la moitié des migrants sont d’origine proche : 13 500 (soit 41%) sont originaires de la partie méridionale de l’Oued-Righ
(région de Touggourt) et 3 400 (10,5%) de la wilaya d’El-Oued (ces deux régions étant reliées par une bonne route à Hassi-Messaoud),
les autres ayant des provenances très variées. (Alger 2 535, soit 7,8%, Batna 1 160, soit 3,6%…). Les besoins des chantiers pétroliers et en
premier lieu d’Hassi-Messaoud, expliquent ce fort mouvement migratoire.

La Hamada de Tindouf (23,1%) et le Tassili n’Ajjer (21,5%) sont également très attractifs. Plus de la moitié des immigrants installés dans la
Hamada de Tindouf provient de la wilaya de Béchar, les autres venant principalement du nord-ouest du pays et de la wilaya d’Adrar. Le
Tassili n’Ajjer connaît aussi un taux supérieur à 20% ; les origines sont plus variées : nord de la wilaya d’Illizi (17%), Ouargla (13%),
Tamanrasset (11%)… L’essentiel de ces arrivées se fait dans le chef-lieu de wilaya, Illizi, le plus petit de toute l’Algérie qui, comme Tindouf,
a reçu dans les années 80 et 90 d’importants crédits pour créer les équipements et services indispensables à tout chef lieu de wilaya ; cet effort
est la cause essentielle de ces migrations, apparemment importantes (selon les taux), mais, en fait, peu nombreuses (4 246 et 3 015 migrants).
La région des Zibans est celle qui accueille le plus grand nombre de migrants (38 852), mais du fait de sa population importante, son taux
d’immigration est seulement de 10,4%. Son grand dynamisme agricole - seconde région maraîchère d’Algérie - en est la cause. La région
des Daïas, grâce aux besoins du gisement de gaz de Hassi-Rmel, et le Hoggar, où l’immigration étrangère joue un rôle important, connaissent
119
aussi des taux d’immigration élevée. Inversement, l’ouest du Sahara ainsi que le Souf, le Grand Erg oriental, le Piémont central attirent peu :
une économie faiblement dynamique en est généralement la cause, avec parfois, des phénomènes particuliers : le changement de la période du
recensement (juin au lieu de mars) fait que des nomades recensés en 1987 au Sahara étaient déjà remontés dans les Hautes Plaines en juin
1998.

Globalement, et malgré la faible attractivité du Souf et de l’Oued-Righ notamment, le Bas-Sahara reçoit près de 70% des migrants qui
s’installent au Sahara, soit une part supérieure à son poids démographique.

     c. Une émigration particulièrement importante dans le Sud-ouest (Fig.7)

L’émigration saharienne, moins importante que l’immigration, est également une donnée permanente, avec une opposition forte entre l’Ouest
saharien, où les taux d’émigration sont assez ou très élevés et le Bas-Sahara où les taux sont faibles (à l’exception de la région des Daïas).
C’est au Tanezrouft que l’émigration est la plus importante : le cinquième de la population de 1987 a quitté la région dans les onze années qui
ont suivi, mais cet exemple n’étant pas très significatif (faible population, en grande partie d’origine sahélienne), il n’est pas très intéressant à
étudier dans ce cadre.
Avec 19 192 émigrants et un taux de 17,5%, le Touat vient en seconde position. Des deux tiers des départs (65% exactement) se font en
direction de l’Algérie du Nord, mais sans direction dominante : aucune wilaya ne reçoit plus de 7% des migrants. Skikda (1 251) arrive en tête
des destinations devant Chlef (1 139) puis Oran (931), ce qui est moins surprenant. Au Sahara, l’émigration de proximité est dominante : les
autres communes de la wilaya d’Adrar reçoivent près de 12% des départs du Touat (Gourara : 808 migrants, Tidikelt occidental : 1 182,
Tanezrouft : 358) ; les wilayas de Tamanrasset et Bechar accueillent respectivement 730 et 368 personnes.
Le Hamada de Tindouf connaît aussi un taux élevé de départs (11,3%), dont les deux tiers s’effectuent vers l’Algérie du Nord et un tiers vers
le Sahara, principalement Bechar (ce qui confirme le fort lien migratoire entre ces deux wilayas, lien déjà montré ci-dessus).D’autres régions
de l’Ouest saharien (Saoura, Gourara, Hamada du Guir) ainsi que le Tidikelt et les Daïas, connaissent également des départs importants,
proche de 10%. Inversement, le Bas-Sahara et ses abords ainsi que le Hoggar et le Tassili n’Ajjer retiennent beaucoup mieux leurs habitants.
Ainsi, globalement, l’Ouest saharien combine faible immigration et forte émigration, alors que l’Est associe généralement une émigration
faible avec une immigration plus variable, mais souvent assez nettement positive. La différence de dynamisme est patente (cf. fig.7).

120
B. UNE IMMIGRATION ÉTRANGÈRE MAL CONNUE : Le Sahara algérien méridional reçoit depuis longtemps des étrangers. Ce mouvement,
autrefois faible, s’est accru considérablement avec les difficultés du Sahel : sécheresse des années 80 et guérillas touarèguesdes années 90 au
Niger et au Mali. Ces crises sont responsables de la très forte croissance démographique de cette région (J. Fontaine, 2004) et de la création de
véritables agglomérations aux postes frontières Bordj-Mokhtar, Timiaouine, Tin-Zaoutène et In-Guezzam) au début des années 80. Avec la
fin des guérillas, de nombreux Touareg maliens et nigériens rentrent au pays vers le milieu des années 90, ce qui explique que certaines
agglomérations sont moins peuplées en 1998 qu’en 1987 (In-Guezzam et Tin-Zaoutène). Cette population étrangère n’a jamais été
dénombrée, mais il est certain qu’elle se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de personnes (en 1998, Bensaad A. - 2002 - évalue à un tiers
le nombre de résidents étrangers à Tamanrasset soit 20 000 personnes et Spiga S. - 2002 - estime que 2/3 de la population, soit 40 000 h. sont
des immigrants). Aujourd’hui, le Sahara algérien constitue une zone de transit, secondaire certes, pour les migrations africaines à destination
de la « forteresse-Europe » (O. Pliez - 2002 - et Bensaad A. - 2002). Ce dernier estimait, pour 2001, le nombre de migrants sahéliens pour
l’Algérie à au moins 13 000 personnes (contre 42 000 pour la Libye).Il n’existe aucune statistique sur le nombre d’étrangers en Algérie, ni sur
leur origine.La seule donnée dont nous disposons est le nombre de migrants venus de l’étranger entre 1987 et 1998 : 35 242 sur l’ensemble du
territoire algérien, dont 5 157 dans le Sahara. (Les immigrants peuvent tout aussi bien être des étrangers que des nationaux de retour au pays ;
dans le cas du Sahara, l’immense majorité semble être des étrangers). C’est bien entendu le Grand Sud algérien qui connaît les taux
d’immigrants les plus élevés (fig.8) avec un record à plus de 42% pour In-Guezzam, principal poste frontière algérien vers le Sahel, devant
Timiaouine (27%) et Bordj-Mokhtar (22,5%), autres postes frontières. Si les taux sont élevés, le nombre des entrées est réduit (80 à 170) ; ce
n’est pas le cas de Tamanrasset où l’on compte 1 717 immigrants étrangers (20%). Au-delà de cette première couronne qui s’étend de Bordj-
Mokhtar à Djanet via Tamanrasset où toutes les communes ont des taux d’immigrants étrangers supérieurs à 10%, on remarque l’importance

121
du Tidikelt, en particulier de ses deux villes, In Salah et Aoulef qui ont toutes deux (ainsi que Akabli) des taux supérieurs à 10%, montrant
ainsi le rôle de relais du Tidikelt vers le Tell ; plus au nord d’autres villes (Adrar, El-Oued, Ouled-Djellal et Sidi-Khaled, avec des taux
variant entre 3 et 5%), semblent aussi jouer des rôles de relais. L’étude des départs du Grand Sud algérien confirme les mouvements
migratoires nord-sud : c’est un quart de la population du Tanezrouft (en fait les deux communes de Bordj-Mokhtar et Timiaouine) qui l’a
quitté entre 1987 et 1998, 52% se sont dirigés vers d’autres régions sahariennes, d’abord la wilaya d’Adrar (26%) puis celles de Tamanrasset
(12%) et d’Illizi (7%) montrant ainsi un lien fort avec le reste du monde targui, 48% sont allés vers le Nord. Bien entendu, ces données ne
prennent pas en compte les migrants qui ont quitté la frontière algérienne pour se rendre dans un autre pays.

C. LA MOBILITÉ DE LA POPULATION OCCUPÉE : Les difficultés du marché du travail algérien entraînent une forte mobilité de la main
d’œuvre : plus du tiers de la population algérienne ne travaille pas dans sa commune de résidence (or la commune algérienne est beaucoup
plus vaste que la commune française : sa taille est de l’ordre de celle d’un canton, en Algérie du Nord) et 14% effectue un déplacement
(quotidien, hebdomadaire ou mensuel -6 mois maximum) en dehors de sa wilaya de résidence. Pour le Sahara, cette mobilité extra-
wilayale est généralement plus faible, à l’exception de Ghardaïa, Adrar et El-Oued, mais il faut tenir compte de l’immensité des territoires
(la wilaya de Tamanrasset est plus vaste que la France métropolitaine !), les comparaisons sont donc délicates entre Algérie du Nord et
Algérie saharienne.

En revanche, les wilayas sahariennes reçoivent beaucoup de main d’œuvre venant, soit des autres régions sahariennes, soit du nord du pays :
plus du quart de la main d’œuvre occupée de 7 wilayas sahariennes provient du reste de l’Algérie avec des taux records de 76 et 61% pour
Tindouf et Illizi ; il est vrai qu’il s’agit là de wilayas peu peuplées et que le nombre de travailleurs concernés reste réduit ; mais à Ouargla,
45% de la main d’œuvre ne réside pas dans la wilaya ; seules Ghardaïa, Biskra et surtout El-Oued ont des taux inférieurs à la moyenne
nationale. A partir des entrées et sorties de main d’œuvre, il est possible de calculer des taux d’attractivité-répulsivité : c’est ce qu’a fait

122
l’Office national des statistiques (ONS) d’Alger ; la fig. 9 en donne les résultats. Les 6 wilayas dont le taux d’attractivité est le plus élevé
(supérieur à 20%) sont toutes sahariennes ; inversement, aucune ne figure parmi les plus répulsives ! Seules 2 (Ghardaïa et surtout El-Oued)
sont moyennement répulsives, Tindouf, Illizi et Ouargla sont les plus attractives (taux compris entre 41 et 75%). La présence des bassins
pétroliers d’Hassi-Messaoud (Ouargla) et d’In-Aménas (Illizi), grands demandeurs de travailleurs, explique cette forte attractivité des
2 wilayas du Sahara oriental ; leur aire de recrutement est très vaste, elle concerne tout le pays, mais 3 régions sont dominantes :

- le Massif kabyle et ses abords (de Tizi-Ouzou à Skikda) avec 10% de la main d’œuvre d’Ouargla et 14% de celle d’Illizi,

- le Bas-Sahara, avec 9,5% et 10% respectivement

- et enfin la région algéroise avec 7 et 10%

Cette migration pendulaire particulière (bien des travailleurs du pétrole suivent le rythme 5/2 : 5 semaines du travail sur les chantiers
hydrocarbures, 2 semaines de repos au domicile) a été largement facilitée par la pise en place de véritables navettes d’autocars entre les
bassins d’hydrocarbures et Alger, ainsi que par le développement des aéroports d’Hassi-Messaoud et d’In-Aménas fréquemment reliés à la
capitale.

Inversement, l’Ouest et l’extrême Est sont très peu représentés. Le cas de Tindouf est assez différent : son aire de recrutement couvre tout le
pays, mais elle n’a pas de bassin dominant. Bechar, nettement moins attractive que Tindouf, a un comportement assez proche. Tamanrasset a
ses relations privilégiées avec Adrar et secondairement Alger. Laghouat a des liens à la fois avec Alger et Oran.

123
Seules deux wilayas ont un solde des mouvements pendulaires négatifs, avec des situations différentes :

- El-Oued reçoit peu de migrants, mais a des flux émetteurs importants, principalement en direction d’Ouargla (9,3%, soit plus de la moitié
des départs à l’extérieur de la wilaya), d’Alger (1,2%) et d’Illizi (1%) : la complémentarité entre les fortes populations du Souf et de l’Oued-
Righ et les besoins de main d’œuvre des bassins pétroliers, celui d’Hassi-Messaoud principalement, est claire.

- Ghardaïa attire une main d’œuvre non négligeable venant de tout le pays, avec cependant une relation privilégiée avec Adrar qui fournit
traditionnellement des travailleurs non qualifiés au Mzab. Mais surtout, Ghardaïa envoie ses hommes principalement à Alger (7%) et à Oran
(4,3%), ces deux destinations représentant plus de la moitié des départs ; les destinations suivantes sont Laghouat (en fait le bassin gazier
d’Hassi-Rmel : 1,4%) puis Constantine (0,9%). Par ailleurs, plus du tiers des personnes travaillant dans le secteur des services marchands
résidant dans la wilaya de Ghardaïa exercent leur activité à l’extérieur de leur wilaya de résidence (la moyenne nationale est de 8,8%) : on a là
affaire à un type de migration pendulaire bien particulière, celle des commerçants mozabites qui contrôlent une part importante du commerce
des métropoles algériennes, en particulier Alger et Oran et utilisent, pour leurs activités professionnelles, aussi bien les bonnes routes reliant
Ghardaïa à l’Algérie du Nord que l’aéroport de cette ville qui constitue la principale plaque tournante aérienne du Sahara, ainsi que nous
l’avons vu ci-dessus.
Ainsi, le Sahara est totalement intégré dans le marché algérien du travail : il a besoin de la main d’œuvre du Nord, en particulier dans les
bassins d’hydrocarbures, fort demandeurs de main d’œuvre qualifiée, souvent d’origine algéroise, mais aussi d’agents d’exécution venant
surtout des autres wilayas sahariennes et des montagnes surpeuplées du Tell.

C. AU BILAN, DES RÉGIONS PLUS OU MOINS ATTRACTIVES :La combinaison des dynamiques migratoires et des flux de main d’œuvre permet
de dresser une typologie des régions sahariennes, en relation avec les infrastructures (fig. 10a et b).Les régions répulsives de l’Ouest saharien
(Touat, Saoura et Gourara principalement) sont à l’origine de deux types de mouvements :

- des départs - généralement définitifs vers le Tell (Skikda - Jijel, Chlef, région algéroise, Tlemcen)

- des migrations - définitives ou de main-d’œuvre - vers diverses zones sahariennes

Mais ce qui est remarquable, c’est, dans les deux cas, l’absence de destination privilégiée.

Les régions attractives - essentiellement situées dans le Bas-Sahara avec au premier rang la région de Ouargla Hassi-Messaoud - reçoivent des
flux très variés, aussi bien en migrations définitives qu’en migrations de main d’œuvre :

124
125
- les flux intra sahariens, provenant principalement du Souf et de l’Oued-Righ, sont dominants.

- les flux venant de l’Algérie du Nord ont une importance certaine :

 l’Aurès envoie nombre de ses hommes, soit provisoirement soit définitivement, vers les Zibans et le Sahara pétrolier.
 la région algéroise : bon nombre de cadres formés dans la capitale se sont installés à Ouargla et Hassi-Messaoud, ainsi que des milliers
travailleurs venant de l’agglomération algéroise ou de Grande Kabylie, continuant ainsi une tradition migratoire, autrefois tournée au-
delà de la Méditerranée, vers les chantiers d’hydrocarbures du Sahara.

Les autres régions attractives reçoivent principalement des flux sahariens internes… ou externes ; c’est le cas de Tamanrasset ainsi que de la
zone frontalière méridionale qui sont sur le trajet d’importants flux sahéliens, voire africains.

CONCLUSION : Si pendant longtemps le Sahara a pu donner l’image d’un milieu isolé, en marge - encore qu’il a été traversé par les caravanes
pendant des centaines d’années - ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui ; par ses activités économiques (principalement pétrolières et gazières

126
mais aussi agricoles), ses infrastructures (notamment routières et aériennes), et les migrations de ses hommes, il est totalement intégré à
l’Etat-Nation algérien… si ce n’est plus.

En un demi-siècle, un effort considérable a été fait pour les infrastructures (8 000 km de routes et une trentaine d’aéroports dont une vingtaine
sont desservis par des vols réguliers), ce qui a favorisé des migrations devenues de plus en plus intenses, ainsi que l’a montré le dernier
recensement (RGPH 1998) : que ce soit pour les migrations définitives ou les flux de main d’œuvre, les Sahariens se déplacent plus que les
Algériens du Nord.
L’amélioration des infrastructures a grandement favorisé ces migrations, en particulier de main d’œuvre. Des autocars relient régulièrement
les métropoles du Nord (Alger, Oran, Constantine) aux principales villes du Sahara septentrional, le cas le plus spectaculaire étant la liaison
Alger - Hassi-Messaoud où une véritable navette permet aux travailleurs du pétrole de rejoindre leur foyer à l’issue de leur période d’activité ;
c’est ainsi également que s’explique l’importance de l’aéroport d’Hassi-Messaoud. Mais la création des routes a aussi permis d’améliorer les
relations intra sahariennes, aussi bien par autocar que par taxi ou par voiture particulière.
Facilités, les déplacements de personnes se sont multipliés et concernent aussi bien les populations algériennes que celles d’Afrique Noire.
Ces dernières arrivent, le plus souvent illégalement, par la frontière méridionale en particulier via Agadès (Niger) qui joue un rôle de plaque
tournante de l’émigration africaine retrouvant ainsi une fonction de carrefour qu’elle avait perdu à partir du XVIII e s. (Bensaad, 2002).
Ces migrations, qu’elles soient nationales ou internationales, ne sont pas sans influence sur le réseau urbain du Sahara algérien. Certaines
villes en tirent plus profit que d’autres ; l’utilisation des modes de transport modernes fait que certaines vieilles oasis étapes (El-Meniaa,
Timimoun, Touggourt…) voient leur rôle décliner alors que d’autres ont une importance sans cesse grandissante :

- le binôme Ouargla Hassi-Messaoud est le premier centre récepteur de migrants définitifs et de main d’œuvre, au niveau national.

- d’autres villes combinent fonction nationale et internationale : le cas de Tamanrasset est sans doute le plus caractéristique, la promotion
voulue par le pouvoir algérien a été considérablement renforcée par l’arrivée de dizaines de milliers d’immigrants africains pour qui, dans la
plupart des cas, la capitale du Hoggar n’est qu’une étape vers le Nord, In Salah, Adrar et Ghardaïa étant généralement les étapes suivantes,
avant le passage de la frontière marocaine et l’Europe.
Ainsi sous la triple poussée de la volonté de contrôle et d’organisation du territoire par l’Etat algérien, des mouvements migratoires nationaux
et des migrations internationales, le réseau urbain saharien ne cesse d’évoluer, un axe méridien semble aujourd’hui privilégié, c’est celui qui
relie Alger à Agadès par Ghardaïa et Tamanrasset.
Plus que jamais, le Sahara algérien est un lieu de circulation, de passage où hommes et marchandises transitent entre Afrique Noire et
Maghreb. Les courants d’échange se sont développés en liaison avec les mutations économiques, sociales et politiques. Un nouveau type de
relation s’organise entre Maghreb et Afrique Noire par le biais de canaux informels, clandestins, en opposition à la volonté de contrôle de son
espace dont l’Algérie a toujours fait preuve. Ainsi se met en place un désenclavement des pays sahéliens, jusqu’alors différé, que l’Algérie
semble vouloir prendre à son compte, comme en témoigne la relance récente du projet de prolongement de la transsaharienne. Pourra-t-elle
par ce biais contrôler les flux de marchandises et d’hommes dont une large majorité relève de l’informel ? Cela est d’autant moins sûr pour les
mouvements migratoires qu’ils sont totalement clandestins (l’Algérie n’accepte aucune immigration sur son sol) et qu’une grande partie n’a
pas pour but l’Algérie ou le Maghreb, mais l’Europe, montant ainsi l’inscription du Sahara algérien dans un espace migratoire mondialisé. □
Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle - C.R.A.S.C.- (2016)

BIBLIOGRAPHIE :
♦ Bensaad, A., « La grande migration africaine à travers le Sahara ». Méditerranée, n°3.4, 2002, pp.41-52.
♦ Bisson, J., Le Sahara entre exploration et indépendances - Université de Tours, URBAMA (URA 365), Les cahiers d’URBAMA n°12 et
Université de Franche-Comté, Les Cahiers de l’Université Ouverte, n°7, 1996, pp. 45-62
♦ Bisson, J., Mythes et réalités d’un désert convoité : le Sahara, l’Harmattan, 2003, 480 p.
♦ Blin, L., L’Algérie du Sahara du Sahel, Paris, L’Harmattan, 1990, 501 p.
♦ Brûle, J.-C., Une carte des espaces vécus : vers une cartographie des espaces de référence identitaire, in Bendjelid, A., Brûle J.-C. et
Fontaine J. Aménageurs et aménagés en Algérie, L’Harmattan, 2004, 420 p
♦ Fontaine, J. et Flitti M., L’évolution de la population du Sahara algérien de 1954 à 1998, PUFC (à paraître), 2004
.♦ Kouzmine, Y., L’espace saharien algérien, dynamiques démographiques et migratoires (mémoire de maîtrise), 2003, 243 p.

127
♦ Pliez, O., « Vieux réseaux et nouvelles circulations entre les deux rives du Sahara », Méditerranée, n°3-4, 2002, pp. 31-40. Spiga, S.,
« Tamanrasset, capitale du Hoggar : mythes et réalités », Méditerranée, n°3-4, 2002, pp. 83-90. 

NOTE :
□ Pour l’étude des migrations de la mobilité des hommes nous avons repris le découpage par espaces de référence identitaire réalisé par
Brûle J.C. qui a l’avantage d’être plus fin et plus pertinent que le découpage par wilaya (19 régions, 10 wilayas cf. fig. ci-dessous).
Cependant, des contraintes de présentation des données nous ont obligé parfois à faire référence aux wilayas et non aux espaces de référence
identitaire.

L E MILIEU NATUREL

ARIDITE.- La zone aride est caractérisée à la fois par son climat toujours peu pluvieux, et parfois très sec,
et très irrégulier, et par sa végétation herbacée ou fructescente,rarement arborée.Elle est subdivisée en
zone désertique (hyper aride), zone aride proprement dite et zone subaride (semi aride), en fonction des
conditions climatiques, et,partant, des caractères de la végétation, à chacune d’elles correspondent des
solstypiques (Aubert, 1960). L’aridité ne doit pas être confondue avec la sécheresse, concept
météorologique à référence temporelle- phénomène conjoncturel (période, annéesèche).L’aridité a de fortes
implications hydrologiques et édaphiques dont elle est indissociable (Aggoussine, 2003).
L’Algérie est classée comme étant une zone semi- aride à aride du fait de l’importance de
l’évapotranspiration par rapport aux précipitations. Selon Halitim(1988), la zone aride couvre près de 95%
du territoire national, dont 89,5% dont ledomaine hyper aride (saharien) (Nedjraoui, 2003).
1- La notion d’aridité : Malgré l’importance des travaux (De Martonne, 1926; Tornthwaite, 1948 ;Emberger,
1955 ; Bagnouls et Gaussen, 1957 ; Du bief, 1963 ; Vernemmen, 1969 ; Le Houerou, 1975) cités in Halitim
(1988) et consacrés à l’aridité et en particulier àsa définition et à sa quantification, ce concept n’est pas
encore bien connu.Il est difficile de définir un milieu aride, une telle définition tient compte des notions
diverses relevant de la climatologie, de la morphologie et de la biologie(surtout végétale) (Le Houerou,
1995).
Selon Aggoussine (2003), l’aridité ne peut être définie uniquement par de faibles précipitations moyennes
annuelles, mais aussi par leur irrégularité dansl’espace et dans le temps et par une forte évapotranspiration.
Les jours où il netombe que des gouttes ou des précipitations non mesurables (inférieur à 5 mm)peuvent
être 3 à 4 fois plus nombreuses que les jours de précipitations mesurables,
Ces jours sont d’autant plus nombreux que l’aridité est grande.En effet, pour une répartition identique de la
pluviosité au cours de l’année et pour une même hauteur annuelle des précipitations efficaces, les différents
types desols ne présentent pas les mêmes réactions à l’aridité climatique. C’est ainsi quecertains sols
permettent au végétal d’avoir une période de végétation plus longue et ceci uniquement en fonction des
caractéristiques physico- chimiques de leurshorizons (Floret et Pontanier, 1984). L’aridité n’est pas due
uniquement au climat, mais essentiellement à une action humaine (le déboisement, l’incendie, le pâturage
intensif, etc.) : ladégradation anthropique du tapis végétal entraîne une augmentation des maximumsdes
températures et celle du sol à pour effet de diminuer les capacités de stockagede l’eau : ce type de
dégradation concluent Stewart (68), Daget (1977 a), Pouget(1980 b), Floret et Pontanier (1982), Conjuguent
les effets pour renforcer l’ariditéd’origine climatique.Généralement la zone aride est subdivisée en trois
domaines comme suit (Emberger 1955 ; le Houerou, 1975) :
- Le domaine hyper aride dont la pluviométrie est inférieure a 100 mm.
- Le domaine aride proprement dit dont la pluviométrie est comprise entre 100 et300- 400 mm.
- Le domaine semi- aride dont la pluviométrie est comprise entre 300- 400 mm et600 mm. Selon certains
écologistes, le terme désert vrai devrait être réservé de façon exclusive aux zones à climat hyper aride
(Ramade, 2003).2- Répartition des zones arides :
2-1- Dans le monde :Wri (2002) vient de proposer pour classer la zone aride de considérer les valeurs du
rapport ratio précipitation annuelle / évapotranspiration potentielle moyenne annuelle (Figure 1), le monde à
été divisé en :
- La zone hyper aride couvrant environs 11 millions de Kilomètres carrés, soit 8% des terres totales et elle
correspond principalement au désert du Sahara.
- Les zones arides, semi-arides et subhumides sèche et couvrent prés de 54 kilomètres carrés, se
rencontrent surtout dans les continents, mais elles sont principalement concentrées en Asie et Afrique.

128
Carte des zones arides dans le monde ( wri, 2002)
2-2- Dans l’Algérie : La classification bioclimatique d’Emberger et sauvage a été largement adoptée en
régions méditerranéennes. Cinq étages du bioclimat méditerranéenont été définis pour l’Algérie :
Saharien,aride, semi aride, sub- humide et humide (Figure ci-dessous).

Répartition des précipitations dans le nord de l’Algérie, FAO 2005.

On distingue selon Nedjraoui (2003) :


- Le semi- aride : 300- 600 mm.
- L’aride : 300- 100 mm.
- Le Saharien < 100 mm qui occupe 89,5% la superficie totale de l’Algérie. Lasuperficie des zones arides en
Algérie selon le Houerou (1995) est de 216000Km 2 , et 386000 Km 2 de zones hyper arides supérieur.Tableau
ci-après : Superficies des zones arides d’Algérie en 10 3 Km 2 (Le Houerou, 1995, modifié) :

L’aridité se manifeste surtout par ses conséquences :

129
- édaphiques : extrême dénuement de la végétation, raréfaction et adaptationsdes êtres vivants.
- hydrologiques : faiblesse et irrégularité extrême des écoulements.
- géomorphologiques : processus d’érosion et d’accumulation spécifiques,pauvreté des sols.
Les sels, au sens large du terme, constituent les traits caractéristiques des paysages arides d’Algérie, plus
de 95% de ces régions sont en effet soitcalcaires, soit gypseux, soit salsodiques (Halitim, 1988).
Ces différents composants ont un impact sur l’infiltration, ledéveloppement des plantes et la sensibilité du
sol à l’érosion hydrique ouéolienne. □

ECOSYSTEME ALGERIEN .- Le relief et le sol découpent le territoire de l'Algérie en trois grands ensembles
:
► au sud, sur la majeure partie de son étendue, l'Algérie se présente comme un désert, formé de plateaux
rocheux (hammadas), de plaines caillouteuses (regs) et de massifs de dunes (ergs).
► entre ces deux ensembles se situe une région de hauts plateaux, faits de roches anciennes souvent
recouvertes de dépôts superficiels récents. A ces distinctions en latitude s'ajoutent des variantes
longitudinales: de part et d'autre d'une ligne Biskra-Alger s'opposent une Algérie occidentale, au relief
relativement ordonné comprenant de larges plaines (plaine d'Oran, Mitidja,...), et une Algérie orientale, plus
montagneuse. Les grandes limites géo-morphologiques recoupent en grande partie celles des aires
climatiques.
► le sud de l'Atlas saharien marque la frontière du climat aride qui exclut pratiquement toute végétation,
sauf dans les oasis. Les pluies sont rares et irrégulières ; les températures accusent de fortes amplitudes
diurnes et annuelles.
► l'Algérie du nord, à l'opposé, est de climat méditerranéen : l'hiver est doux, la chaleur de l'été forte mais
supportable. On peut distinguer la partie occidentale qui reçoit peu de pluies et connaît des étés torrides, et
la partie orientale qui bénéficie beaucoup plus des influences méditerranéennes. De plus, dés qu'on
pénètre vers l'intérieur des terres, le climat devient plus contrasté : l'été est très sec et l'hiver rigoureux,
surtout dans les montagnes.
► Aussi les hauts plateaux ont-ils un climat mi-méditerranéen, mi-continental. Les faibles précipitations et
les variations annuelles de températures tendent à instaurer une végétation steppique, surtout dans la partie
sud des hauts plateaux.
◙ L'insuffisance des pluies et leur irrégularité font de l'eau le facteur limitant essentiel pour l'agriculture
algérienne. On admet en général que l'Algérie reçoit en moyenne 65 milliards de mètres cubes d'eau ; 15
milliards de m3 s'infiltrent par le sol et 47 milliards de m3 s'évaporent. Ainsi une grande partie des
ressources en eau n'est pas utilisée par l'agriculture. Le potentiel abiotique que nous venons de décrire
brièvement, relief, sol et climat, correspondent à des contraintes géo-écologiques qui définissent les
conditions pédologiques, géo-morphologiques et bio-climatiques de la production agricole au niveau du
biotope et déterminent les possibilités d'existence et de développement de certaines activités agricoles. Il
est alors possible de dégager schématiquement des zones relativement homogènes par rapport à ces
contraintes géo-morphologiques et de rechercher les aptitudes culturales correspondantes.

ECOSYSTEME STEPPIQUE.- La steppe algérienne est l’objet d’une exploitation écologiquement non durable. La
désertification y gagne du terrain du fait d’une sécheresse récurrente, de la surcharge pastorale et de l’extension d’une
agriculture pluviale et parfois irriguée, inadaptée aux conditions du milieu naturel. La dégradation des terres concerne donc à la
fois la propriété collective (terres de parcours) et la propriété privée (les terres cultivées). La désertification affecte la végétation
qui diminue voire disparaît et les sols qui s’érodent (Cornet, 2001 ; Robert et Spengel, 1999).
♣ Les régions steppiques algériennes sont situées entre deux chaînes de montagnes : l’Atlas tellien au nord et l’Atlas saharien
au sud, s’étendant sur une surface de terres d’environ 20 millions d’hectares (soit 8,4 % de la surface de l’Algérie2 ), sur une
longueur de 1000 kilomètres et une largeur variable, de 300 kilomètres à l’ouest et 150 kilomètres à l’est. L’altitude va de 400 à
1200 mètres. La steppe est caractérisée par une forte contrainte climatique (insuffisance des pluies avec un isohyète variant de
100 à 400 mm, vents violents et parfois chauds, etc.) et édaphique (sols vulnérables, minces et pauvres en matières
organiques).
♣ La végétation, qui subit un processus de contraction, est caractérisée par l’importance des espèces vivaces, ligneuses et
graminéennes qui couvrent 10 à 80 % du sol et dont le développement est variable, en fonction des pluies (Le Houerou, 1995).
L’activité de l’élevage occupe une place assez importante dans la vie économique de l’espace steppique. Le cheptel,
essentiellement ovin, qui y vit, représente environ 70% de l’effectif total du pays, soit 14 millions de têtes sur 20 millions en 2010.
Les communautés tribales exploitent les espaces de parcours qui sont propriété commune sur la base d’un droit de jouissance
coutumier3 . Les terres cultivées qui représentent une faible fraction de l’espace steppique sont appropriées à titre individuel
selon les règles de la communauté.
♣ Les pâturages situés en zones steppiques, subissant un processus de dégradation continu, s’amenuisent et nourrissent de
moins en moins un effectif croissant d’animaux devenu pléthorique. Ils régressent davantage, car l’agriculture progresse dans la
steppe du fait de la croissance démographique qui induit une forte demande de produits agricoles, de la stratégie des agents
économiques qui cherchent à diversifier leur revenu et de la politique de l’État qui encourage cette activité depuis les années
1990. L’espace des parcours, déjà surchargé en cheptel, recule et la pression du pâturage s’accroît.
♣ Outre le surpâturage et une agriculture non durable le troisième facteur de l’altération du milieu naturel est l’exploitation
inconsidérée et à grande échelle de l’alfa (plante endémique de la steppe dont on fait de la pâte à papier) par des entreprises,
de l’ère coloniale jusqu’aux années 1970 (Nedjraoui et Bédrani, 2008).
♣ À la fin du 19e siècle on évaluait à quatre millions d’hectares la nappe alfatière, en 1989 elle a diminué de moitié selon le
Centre National des Techniques spatiales (CNTS). Selon le CNTS, s’appuyant sur l’imagerie satellitaire couvrant 13, 8 millions
d’hectares (soit soixante-neuf pour cent de la superficie de la steppe), l’espace complètement désertifié était estimé à 487 000
hectares en 2000. Les zones considérées comme très sensibles à la désertification, avec un couvert végétal inférieur à 20%,
représentaient environ 2,2 millions d’hectares.
Bilan partiel des superficies de terres steppiques dégradées ou en voie de dégradation (en millions d’hectares)

130
État de la steppe Superficie (en millions d’hectares)

Superficie désertifiée 0,487

Superficie très sensible à la


2,2
désertification

Superficie sensible 5,06

Superficie moyennement sensible 3,67

Superficie peu ou pas sensible 2,38


Source : Ministère de l’Environnement (2000) et ministère de l’Agriculture (2004)

Les résultats partiels indiquent que plusieurs millions d’hectares de terres sont déjà dégradés ou en voie de dégradation,
dégradation essentiellement d’origine anthropique.

Zones écologiques de l’Algérie (Salamani in Nedjraoui, 2003, modifié)


► Action de l’homme :
En Afrique du Nord, dans les milieux arides notamment les régions steppiques, la dégradation du couvert végétal a connu une
ampleur alarmante ces dernières années, causant ainsi une déséquilibre écologique (Le Houerou, 1995).
Cette destruction du couvert végétal est dû au climat, sol, mais essentiellement à une action humaine.
Il s’agit à l’augmentation de la population, introduction de nouvelles techniques inadaptées, surpâturage, etc.…..
1- Le surpâturage : Il y a surpâturage dés que le prélèvement de matière végétale par les animaux est supérieur à la
production annuelle, ceci entraîne une réduction du couvert végétal et de la biomasse des espèces vivaces.
Selon PNAE- DD (2002), le Cheptel steppique en Algérie est passé d’un équivalent- ovin pour 4 ha en 1968 à un équivalent-
ovin pour 0,78 ha, provoquant un pâturage excessif, la végétation, composée d’Alfa, de sparte et del’armoise, etc., régresse
progressivement jusqu’à l’apparition généralisée de lacroûte calcaire. Parallèlement une augmentation spectaculaire de la
fréquence etde l’importance des vents de sable provoquée par la destruction du couvertvégétal et par conséquence
augmentation d’une érosion éolienne intense.
2- Extension des sur faces cultivées (principalement en céréales) :
Selon PNAE- DD (2002), la surface cultivée en Algérie est passée de 1,1 million d’hectares en 1968 à 2,1 millions d’hectares en
1990.L’extension des labours et l’introduction de la mécanisation sont des paramètres de dégradation aussi importante que le
surpâturage.
Les techniques de labours utilisées par les agro pasteurs ont une action érosive, détruisant l’horizon superficiel et stérilisant le
sol, le plus souvent demanière irréversible.
Les espèces ligneuses qui retiennent le sol sont détruites et sont remplacées par des espèces adventices qui favorisent
l’érosion éolienne.
3- L’éradication des espèces ligneuses : Les espèces ligneuses pâturées par les troupeaux, déracinées par les tracteurs,
subissent un arrachage par les éleveurs qui les utilisent à des finsdomestiques comme bois de chauffe ou de cuisson (armoise,
blancs, etc.).
Il s’ajoute un piétinement intense de la surface du sol, facteur favorable à l’action de l’érosion hydrique et éolienne. Les
données récentes montrent queces phénomènes ont provoqué d’énormes pertes : près de 600 000 ha de terres en zone

131
steppique sont totalement désertifiés sans possibilité de remontéebiologique et près de 6 millions d’hectares sont menacées par
les effets del’érosion éolienne (Ghazi et Lahoati; 1997) cité in Nedjraoui (2003). □ MADANI Djamila (2008)

► La politique de développement global a de grandes conséquences environnementales. En effet dans le cas de sauvegarde
de la steppe si le cheptel doit être réduit il faut promouvoir une politique de développement de l’économie rurale hors agriculture
et de l’économie urbaine pour offrir du travail aux demandeurs d’emploi venant du monde pastoral. Cependant à l’heure actuelle
le climat des affaires est médiocreet encourage peu l’investissement que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain alors que le
chômage et la précarité de l’emploi sont élevés. Une agriculture raisonnée dans les périmètres favorables doit être encouragée.
Il faut donc renoncer à l’attribution par l’État de terres de parcours en vue d’un usage agricole pour résorber le chômage. D’autre
part les méthodes d’irrigation qui ne détériorent pas le patrimoine en terres doivent être encouragées (irrigation avec drainage,
au « goutte à goutte » par exemple). La panoplie de défense et restauration des sols doit être renforcée : mise en défens des
terres de pâturage, lutte contre l’ensablement, interdiction des défrichements et des labours sur les zones de parcours,
reboisement, actions de plantations pastorales, resemis d’espèces végétales steppiques préalablement  domestiquéespour
réhabiliter les parcours dégradés ou même les champs abandonnés  ◙

L A POLITIQUE URBAINE

AMENAGEMENT URBAIN.- L'urbanisation est l'une des caractéristiques majeures qui singularise la
situation actuelle de la société algérienne. L'ampleur du mouvement de l'urbanisation est frappant dans
l'ensemble des centres urbains et dans leurs périphéries. La prise de conscience de cette situation
problématique s'est manifestée quand la ville a débordé de son cadre formel et organisé. Ainsi donc, les
différentes politiques urbaines menées depuis 1974 (ordonnance des réserves foncières communales),
mises en place des instruments à savoir plan d'urbanisme directeur, plan d'urbanisme provisoire,... n'ont pu
maîtriser le cadre bâti, ni aplanir les contradictions urbaines. Bien au contraire, la situation s'est dégradée,
d'où l'existence de décalages flagrants entre les aspirations des projets d'urbanisme et la réalité des villes.
En analysant la situation sous un meilleur angle, les extensions se sont faites là où elles n'étaient pas
prévues. D'ailleurs le cas des principaux centres urbains dans les wilayate (départements) est révélateur
des multiples dysfonctionnements de l'espace urbain. Des constats établis au niveau des agglomérations
urbaines en extension démontrent des problèmes d'urbanisme aigus. Au niveau environnemental, beaucoup
reste à faire dans le cadre de la création d'espaces verts, aires de jeux, équipements de base, ... . Des
contraintes majeures sont rencontrées en matière de conduite de projets par des bureaux d'études malgré
les progrès accomplis dans la compréhension des mécanismes de l'urbanisation, certaines questions
fondamentales restent occultées ou analysées de façon superficielle. Le foncier demeure un sujet qui se
révèle insaisissable à l'analyse, et la prise de conscience de l'importance des problèmes fonciers dans le
développement urbain est encore embryonnaire.
Histoire des déficits de l’urbanisation  : En Algérie , en 1954, 30% de la population des principales villes habitait les
bidonvilles ; en 1966, les bidonvilles représentaient 13% du nombre de logements urbains ; les événements dramatiques vécus
par le pays à partir des années 1990 avaient accéléré l’angoisse et la misère des populations rurales ; le déplacement de ces
populations, estimé à 2 millions de personnes, s’était effectué vers les centres urbains les plus proches de leur domicile ; malgré
les opérations de relogement de la population des bidonvilles , ceux-ci sont réoccupés simultanément par de nouveaux
arrivages ; en 2004, le nombre de logements vétustes, des habitations précaires était estimé à 500.000 ; le nombre des
bidonvilles est estimé à 2 millions d’unités ; la majorité de ces habitations se trouve dans les grands centres urbains ; le déficit
enregistré d’élève à plus de 1, 3 millions de logements pour un T.O.L. de 5 personnes ; ce déficit serait de 800.000 pour un
T.O.L. de 5,5 personnes ; la demande actuelle est estimée à 600.000 demandes de logements ; l’offre se situe annuellement
entre 120.000 et 160.000 unités tous types de logements confondus ; au cours de l’année 2000, les besoins de la ville de
Constantine étaient estimés à 36.000 logements ; la ville de Constantine à la même période, enregistrait 11 638 baraques où
vivaient 81500 personnes ; certaines cités , réalisées récemment ressemblent de plus en plus aux bidonvilles qui les entourent ;
ainsi la cité Boumerzoug , avec ses 572 logements , vit au quotidien la dégradation rampante de son environnement ; construite
au début des années 1990, à la lisière sud-est de la commune de Constantine, cette cité est entourée par l’oued qui porte le
même nom ; elle est prise dans l’étau des bidonvilles Terroudj , Benfadli Abbès , et Daif Raabi, dont certains ont été éradiqués
récemment ; 4 immeubles de cette cité, situés à proximité de l’oued sont menacés par les crues de ce cours d’eau ; les 80
familles qui les occupent vivent dans l’angoisse de voir s’effondrer leurs habitations ; l’accès difficile par un pont, l’état de
dégradation avancé des constructions par manque d’entretien, les trottoirs défoncés, les conduites d’eau et de gaz apparents,
les ordures qui jonchent le sol, le défaut d’éclairage public ne font qu’accroître les difficultés et l’angoisse de ses habitants ; à
Constantine, en 2006, 300 habitations peuvent s’écrouler d’un moment à l’autre ; les quartiers dont le sol est instable, totalisent
15 mille logements ; ils abritent 100 mille personnes environ ; en plus de ces logements, Constantine compte, toujours en 2006,
10 mille habitations précaires ; le même paysage se retrouve dans la périphérie de la ville d’Oran ; un bidonville inhumain,
masqué par des H.L.M. hideux abrite des centaines de familles ; il est connu sous l’appellation de « Douar Flalis » ; la misère y
côtoie la violence ; un autre bidonville d’Oran , appelé « Les Planteurs » abrite actuellement 12 000 baraques ; les autorités
publiques comptent le supprimer sur une période de 4 années ; à Oran ,en 2002, seuls 106 logements étaient disponibles pour
une demande estimée à 76 mille unités ; à Blida , l’offre se limitait à 200 logements pour une demande estimée à 7500 unités ; à
Alger , le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles était estimé au cours de l’année 2002 à 150.000 habitants ; la même
année, en 2002, une étude réalisée par le ministère de l’Habitat, en collaboration avec la Banque Mondiale , avait permis de
situer près de 262 sites menacés par l’effondrement dans le périmètre de l’Algérois ; le nombre de 50 baraques est estimé à
27.000 unités ; dans la Wilaya de Skikda, en plus de la crise du logement caractérisée par les taux élevés du T.O.L. et du
T.O.P.- Taux d’Occupation par logement et par pièce, il a été recensé en l’an 2002 plus de 20.000 bidonvilles et 7 500
habitations précaires réparties sur l’ensemble des communes de la Wilaya ; au niveau du chef lieu de la Wilaya, les sites les
plus importants, en l’occurrence Bouabbaz et Boulkeroua, renfermaient 1232 gourbis où vivaient 8012 habitants ; en 2004 , la
wilaya de Annaba abritait plus de 18.000 logements vétustes dont 8544 étaient situés au niveau du chef lieu de la commune ;

132
aux centres de transit dits de la « Tabacoop et de la salle omnisports Safsaf » s’ajoutent des milliers de demandes logements
non satisfaites ; la ville de Annaba abrite toujours un bidonville célèbre, connu sous le nom de Bou Hamra.
◙ En Algérie, en 2006, le logement social de type F3 de 65 m² , est estimé à 2 millions de DA. environ ; sur la base d’un salaire
minimum – S.M.I.G- de 10.000 DA. mensuels , il correspondra à 16 années de salaire environ ; si l’on prend en compte
l’augmentation vertigineuse des prix des matériaux de construction, l’auto - construction risque de se transformer en utopie .
► Faiblesse de la production de logements et inadaptation des logements réalisés : En plus du fait que le nombre de
logements produits chaque année demeure faible à cause des coûts de réalisation élevés, ces logements exigus, ne répondent
pas vraiment aux besoins de la population ; les raisons sont non seulement culturelles mais aussi d’ordre fonctionnel ;
d’habitude, l’initiative privée et l’auto construction ne touchent qu’une faible partie de la population ; c’est l’Etat qui est chargé de
produire les logements destinés aux classes défavorisées ; ces initiatives sont rendues possibles grâce à la participation
d’organismes internationaux comme le F.M.I. et ce, dans le but de maintenir la paix sociale ; la distribution de ces logements ne
s’effectue pas toujours sur la base de critères objectifs .
► Déficits en équipements socio-économiques : Contrairement au logement social, dont le financement est assuré
partiellement par les citoyens malgré la faiblesse de leur revenu, les équipements socio-économiques, en dehors de certains
équipements commerciaux sont à la charge de l’Etat. L’insuffisance des équipements socio-économiques est accentuée par
celui des transports ; des distances importantes séparent le lieu de travail du logement, de l’école, du dispensaire, de la
pharmacie ; les équipements socio-économiques, qui ont une vocation commerciale sont souvent remplacés par une multitude
de vendeurs ambulants ou ayant édifié un local de fortune.
► Les voiries et les réseaux divers, les problèmes de la pollution :en Algérie, en 2006, la vétusté du réseau routier est telle,
que sa remise en l’état nécessiterait un budget de 350 milliards de D.A. ; les pouvoirs publics n’ont pu affecter aux communes
qu’une enveloppe de 20 milliards de D.A. dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009. En Algérie, en 2006, la distribution
irrégulière, les pénuries d’eau touchent pratiquement l’ensemble de la population ; le taux de raccordement des populations du
pays aux réseaux d’eau potable et d’assainissement atteint 85% ; les réseaux existants n’ont jamais permis une satisfaction
normale et régulière des besoins de la population, surtout dans les agglomérations importantes; l’état des canalisations est tel
que plus de 50% de cette eau est perdue dans les fuites ; le déficit en eau de la wilaya d’Oran est estimé , en 2006, à 200.000
m3 par jour ; cette situation s’explique en partie par le manque de ressources ; le taux de remplissage des barrages ne dépasse
pas les 7% ; après de nombreuses tentatives infructueuses de régler localement ce problème, les pouvoirs publics avouent leur
incapacité à gérer correctement cette eau ; ils font désormais appel à des entreprises étrangères spécialisées comme la
Lyonnaise des Eaux , ou bien Suez, afin de moderniser le réseau existant et gérer la distribution ; pour l’accès à l’eau potable de
la population , les objectifs de l’horizon 2015 seraient d’atteindre le taux de 50%. La Marseillaise des Eaux et l’entreprise
chinoise C.G.C. sont chargées, à partir de l’année 2006, de la réhabilitation du réseau d’eau potable de Constantine. Les
experts affirment que l’Algérie avait fourni d’importants efforts en vue d’accroître ses efforts de stockage, mais n’avait pas
accordé suffisamment d’importance aux aspects de protection et de préservation de ses ressources en eau ; plus de 30 millions
de m3 de vase se déposent annuellement dans les barrages ; plus de 200 millions de m3 d’eau s’évaporent chaque année ;
l’Algérie enregistrerait un déficit de 1 milliard de m3 d’eau à l’horizon 2025 ; seulement l’Est du pays serait épargné par le déficit
hydrique ; les experts algériens préconisent la généralisation de la technique de la recharge artificielle des nappes souterraines
et le développement du dessalement de l’eau de mer.

HABITAT.- Une stratégie globale et cohérente en matière d'habitat est rendue nécessaire en raison de
l'important déficit en matière de logements (moins de 1,2 million de logements qui pourrait atteindre 2
millions en l'an 2000, si rien n'est fait d'ici là pour renverser la tendance. Les politiques en matière d'habitat
étaient, jusqu'à un passé récent, du seul ressort de l'Etat érigé au rang de principal pourvoyeur de
logements. La plupart des efforts étaient de plus consacrés à la réalisation de logements sociaux, situation
qui a contribué à occulter les autres formes de promotion immobilière. Cette politique a engendré une
gestion administrée du foncier, un mode de financement "archaîque et instable", incapable de recycler les
fonds investis dans le secteur et réalisant une faible production de logements ne répondant pas aux
besoins. Sur un parc national, évalué en 1994 à 3,640 millions de logements, plus de la moitié (1,6 million
de logements) a été construite avant 1962. D'où le problème de la vétusté et de la dégradation qui existe
actuellement à travers les logements précaires (400.000 dont 120.000 bidonvilles). De plus, le taux
d'occupation par pièce est estimé à 2,6 en 1994. La non performance de ce secteur connaît diverses
contraintes qui se résument schématiquement par des carences en :
■ Moyens de réalisation  :
► la production en matériaux de construction (ciment, rond à béton, ...) est insuffisante, elle ne répond
pas à une demande sans cesse croissante.
► l'outil de production tourne au ralenti.
► maintenance du parc matériel, ce qui engendre des immobilisations et des retards contraignants au
secteur (pannes fréquentes).
► le suivi et l'entretien du parc immobilier est quasi inexistant, ce qui accentue la dégradation de certains
immeubles qui ne tarderont pas à s'effondrer.
■ Contraintes financières: l'enveloppe financière allouée à ce secteur est souvent inférieur au coût réel.
◙ L'une des caractéristiques de la population algérienne, est d'être constituée par des familles nombreuses,
alors que les 3/4 des ménages algériens (75%) habitent dans 1, 2, ou 3 pièces.
La répartition des ménages par nombre de pièces : 1 pièce (18,4 %) ; 2 pièces (26,2 %) ; 3 pièces (29,8
%) ; 4 pièces (16,8 %) ; 5 pièces (4,7 %) ; 6 pièces (2,2%) ; 7 pièces (0,9%) ; 8 pièces (0,7 %); non déclarés
(0,5 %)
Si nous estimons la population algérienne en l’an 2000 à 30 millions d'habitants, le taux d'occupation par
logement avait atteint 7,6. Durant la période 2004-2009, 1 045 000 logements ont été livrés, dont 59% de logements
urbains et 41% de logements ruraux. Le parc national de logements a atteint, à fin 2009, un total de 7 090 000 logements. Ainsi,
le taux d’occupation brut de logements (TOL) a enregistré une diminution sensible passant de 5,79 personnes par logement en
avril 1998 à 4,89 à fin 2009.

133
◙ Type d’habitation et état du logement (2006).
La maison traditionnelle est le type d’habitation dominant (43.5% des logements). Ce genre de construction est particulièrement
observé dans les agglomérations secondaires où il représente plus 71% des habitations. L’habitat précaire (gourbis/bidonvilles)
concerne près de 30% des habitations. Les populations nomades et la zone éparse ont les taux de précarité du logement les
plus élevés (respectivement 34.3 et 36.8%). Les maisons individuelles forment 24.5% du parc logement et se concentrent
principalement dans les chefs lieux (41% du parc). L’appartement reste un type d’habitation marginal.
► Le déficit en qualité des constructions récentes et le manque d’entretien des logements existants : Afin de maintenir
le parc de logements au niveau quantitatif mais aussi qualitatif, il faut non seulement construire, mais il faut aussi entretenir les
logements existants ; il faut aussi remplacer les logements qui tombent en ruines chaque année : la Casbah d’Alger, la Vieille
Ville de Constantine ; en 2004, à Constantine, 15.000 familles furent touchées par les glissements de terrain et devaient être
relogées en urgence . De nombreux obstacles d’ordre économique s’opposent non seulement à la construction de logements
neufs, mais aussi à la rénovation et à l’entretien de ces logements ; les coûts de ces opérations importantes, sont souvent
considérés comme des dépenses inutiles ; on préfère utiliser l’argent disponible pour la réalisation de nouveaux logements ; les
besoins de renouvellement, calculés à raison de 2 % par an, pour les logements ayant 50 ans d’âge moyen, s’élèveraient pour
l’ensemble des pays sous - développés à plus de 10 millions de logements. Dans les pays du tiers-monde, les nouvelles
constructions ne sont pas réalisées conformément aux normes en vigueur ; pour de nombreuses raisons, elles ne résistent pas
aux effets des catastrophes naturelles, telles que les séismes et les inondations ; en 1966, l’O.N.U. évaluait à 1 million le nombre
de personnes décédées dans le cadre de tremblements de terre et 600 mille dans des typhons au cours du siècle dernier ; le
dernier tremblement de terre, au Pakistan, avait provoqué des milliers de victimes ; l’état de vétusté des routes n’avait pas
permis de faire parvenir les secours aux populations sinistrées ; le dernier « Tsunami » au sud de l’Inde, en 2005, avait
provoqué des dizaines de milliers de victimes et des destructions importantes . Le séisme de Boumerdes, le 23 mai 2003,avait
durement touché les immeubles d’habitation et les logements sociaux en particulier; les enquêtes effectuées par les autorités
publiques avaient démontré la fragilité des nombreux ouvrages qui se sont écroulés; pour de nombreuses raisons, ceux-ci ne
répondaient pas aux exigences prévues par la réglementation en vigueur ; cette catastrophe avait entraîné la destruction de
22.000 logements, 160 établissements scolaires, 6 structures sanitaires ; elle avait absorbé une enveloppe budgétaire de 200
milliards de D.A.; suite à ces événements dramatiques, les pouvoirs publics se sont décidés à mettre en place de nouveaux
moyens de contrôle ; la loi 04-05 du 14-08-2004- est orientée vers plus de vigilance vis-à-vis de la qualité des ouvrages 60 et de
la qualification des entreprises de réalisation ; désormais , même à des prix supérieurs, les entreprises soumissionnaires dotées
des moyens les plus performants seront retenues. En Algérie, la réhabilitation des anciennes constructions rentre dans le cadre
d’opérations ponctuelles ; elle dépend d’un certain nombre de paramètres liés à la conjoncture politique et économique ; une
partie importante du patrimoine historique a ainsi disparu à cause du manque d’entretien. A Constantine, par exemple, à partir
de l’année 2000, une opération de réhabilitation est prise en charge par l’O.P.G.I. ; 37 immeubles anciens ont été remis en état ;
ils avaient coûté 12 milliards et 600 millions de centimes ; cette opération avait pu s’effectuer sur la base d’un montage financier
réparti de la manière suivante : 60% des fonds proviennent de la wilaya, 20% de l’O.P.G.I. et 20% du citoyen ; en 2003, 42
immeubles avaient été réhabilités ; en 2006, 18 immeubles sont en cours de travaux ; l’entretien concernera aussi les
constructions réalisées au cours des années 1970 et 1980 au niveau de Ziadia et de Sakiet Sidi Youssef ; ces travaux sont
confiés à 40 entreprises spécialisées et suivis par des bureaux d’études ; 100 millions de D.A. sont prévus pour la réfection de
l’étanchéité au niveau de 144 immeubles.

LOGEMENT PROMOTIONNEL .- Produit économique destiné au marché, l'offre de cette catégorie de


logements ne correspond pas à une demande suffisamment solvable pour pouvoir l'absorber. Environ 15.000
logements et locaux commerciaux, mis en vente par la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP)
et certaines entreprises immobilières (EPLF), ne trouvent d'acquéreurs car étant hors de portée des moyens
financiers des demandeurs potentiels et de surcroît ne présentant des qualités à hauteur des prix affichés.
Le bâti est souvent de qualité médiocre et l'environnement généralement guère attrayant (site mal choisi,
pas d'électricité, ni gaz, ni téléphone, voiries non goudronnées, etc.). Entre un logement social à usage
locatif et le logement promotionnel, destiné à la vente, il n'y a souvent pas de différence de qualité, l'un et
l'autre résultant de plans standards d'un même bureau d'études et de chantiers d'entreprises publiques
utilisant le même procédé de construction. Malgré le prix fort, certains acquéreurs de logements doivent
investir plusieurs millions de centimes pour les rendre viables. Cela illustre que le marché du logement
promotionnel aurait pu connaître une situation encore plus désastreuse, s'il n'eut été l'importance du besoin
et l'importance de l'offre de l'habitat.
►L’accessibilité au logement, en Algérie, demeure difficile ; il ne faut pas espérer voir baisser les prix des logements dans la
mesure où l’écart entre le revenu moyen et le prix d’un logement décent ne cesse d’augmenter; celui-ci est estimé par les
promoteurs privés, en 2005, à 3 millions de D.A en moyenne ; la grille d’analyse de la Banque Mondiale rejoint celle établie par
certains opérateurs économiques opérant dans le secteur du bâtiment ; cette analyse se base sur le comportement du marché
du foncier et de l’immobilier ; ceuxci sont considérés comme des valeurs refuges, autrement dit, des valeurs sures, en constante
hausse. Afin de provoquer une dynamique nouvelle, l’aide de l’Etat se manifeste de différentes manières ; plusieurs formes
d’aides directes et indirectes sont consenties aussi bien aux promoteurs immobiliers qu’aux bénéficiaires des logements :
♦ l’encouragement à l’accession à la propriété par une aide financière directe, sous forme d’allocation.
♦ l’octroi de crédits à des conditions avantageuses.
♦ l’intervention dans le domaine du foncier pour éliminer la spéculation.
♦ la prise en charge par l’Etat de la viabilisation des terrains d’assiette.
♦ la réduction des taux d’intérêt auprès des banques.
► La cherté du logement promotionnel, en grande partie responsable de la contraction de la demande,
s'explique par l'envolée des coûts de la construction perceptible à tous les niveaux du processus de
réalisation (promoteurs immobiliers, banques, bureaux d'études, fournisseurs de matériels et de matières
premières, entreprises de réalisation, ...). Cette dérive des prix de revient étant le résultat de la somme des
surcoûts enregistrés à tous les niveaux du processus de production d'habitat en général et du logement
promotionnel en particulier, l'inversion de la tendance passe nécessairement par une meilleure maîtrise de
chacun de ces facteurs de surcoût. Premier élément de ce processus, le promoteur immobilier faisant

134
fonction de maître d'ouvrage, devrait donner davantage d'importance au choix du site, au choix de
l'entreprise de réalisation et à l'application rigoureuse des clauses contractuelles, notamment en matière
de respect des normes de construction et de planning de réalisation. Autant de facteurs de nature à
prémunir contre d'éventuels surcoûts et dérapages en matière de qualité et de détails de réalisation. Les
banques, et notamment celle spécialisée dans le domaine de l'habitat (CNEP), devront agir avec davantage
de professionnalisme en acceptant d'assumer les risques inhérents à cette activité. Cela permettra
l'émergence en nombre de promoteurs immobiliers à même d'augmenter la production de logements
promotionnels et de stimuler la concurrence.
La création des sociétés de garantie des crédits immobiliers et de refinancement hypothécaire est de nature
à permettre aux banques de mieux accompagner les promoteurs dans leurs efforts d'investissements. Par
ailleurs, trop élevés, les taux d'intérêt pratiqués concourent à renchérir les prix du logement et à les mettre
hors de portée du plus grand nombre. A titre d'exemple, un logement de 4 pièces, coûtant environ deux
millions de dinars (en 1998), vous reviendra au terme du remboursement du capital et des intérêts, à près
de quatre millions de dinars si vous le financer intégralement par un prêt CNEP de 10 ans au de 10% l'an. Il
y a là de quoi dissuader les plus audacieux des investisseurs.
Au niveau de la maîtrise d'oeuvre (bureau d'études), force est de constater que l'exercice des missions de
suivi, de contrôle de qualité et de réalisation au meilleur coût est souvent bâclé. L'architecte n'est pas
conscient que le prix du logement est fortement dépendant des plans de construction qu'il propose, et qu'à
ce titre il devrait se préoccuper davantage de l'économie du bâti. Les bureaux d'études étant actuellement
rémunérés au pourcentage du coût du projet, ces derniers ont tout intérêt à en gonfler le montant pour en
tirer les plus forts honoraires possibles. Cette législation, en grande partie responsable de la hausse des
coûts de la construction devrait laisser rapidement place à une nouvelle règlementation qui se préoccupe
beaucoup plus de l'économie des projets. Enfin, dernier maillon de cette chaîne de surcoût, l'entreprise de
construction qui, parce qu'elle est soumise à des contraintes sur lesquelles elle n'a souvent aucune emprise,
contribue à l'envolée des coûts de construction, sans que cela n'améliore pour autant ses résultats
comptables. Si les entreprises privées, de par leur souplesse, parviennent à jouer le jeu de la concurrence
en réalisant à des coûts de plus en plus bas, les entreprises publiques de par la rigidité de leur mode de
gestion ne parviennent, par contre, pas à s'inscrire dans cette logique de baisse des coûts en raison de la
rigidité de leur mode de gestion et des procédés de construction, bien souvent déclassés, qu'elles utilisent.
En dépit de toutes les mesures de redressement mises en oeuvre, l'entreprise publique de bâtiment est
toujours loin des normes de gestion projetées. A titre d'exemple, il faudra à une entreprise publique un peu
plus de 50 heures de travail pour réaliser un mètre carré de logement alors qu'une PME privée réalise le
même travail en moins de 20 heures. Parce qu'elles détiennent d'importants investissements improductifs,
les entreprises publiques comptabilisent de fortes charges d'exploitation qui réduisent considérablement
leur compétitivité par rapport aux sociétés privées qui ne souffrent pas de ce problème. Ces dernières
accapareront de ce fait l'essentiel des programmes publics de construction de logements. Environ 80% des
logements, livrés en 1987, seraient le fait d'entrepreneurs privés, selon le ministère de l'habitat qui
encourage cette dynamique qui aurait déjà permis de réduire de moitié, aussi bien les coûts que les délais
de construction qui avaient atteint des proportions alarmantes. Bon nombre d'EPE en paieront, il est vrai,
les conséquences en termes de faillite ou de précarité financière, mais n'était-ce pas là le juste prix de
l'inévitable mise en conformité avec l'économie de marché d'une politique de l'habitat qui avait atteint toutes
ses limites.

LOGEMENT SOCIAL .- Le logement social signifie t-il économie d’espace, réduction de surface, simplicité dans la forme et
dans le contenu, monotonie d’aspect ? Le logement social, dont l’un des objectifs est de supprimer la précarité, doit-il aboutir
graduellement à de nouveaux bidonvilles ? Est-ce que la pénurie de la quantité n’aboutira pas un jour à la pénurie de la qualité ?
Les politiques appliquées jusqu’ici, sous la pression sociale , avaient permis de loger une partie de la population démunie et
d’atténuer la tension autour de la demande ; elles avaient permis à ces populations d’améliorer leur cadre de vie; mais un
espace résidentiel ou un quartier ne signifient pas « un terrain rempli de logements »; la qualité du cadre de vie, la manière
d’habiter doivent constituer les premiers objectifs à atteindre ; pour cette raison, l’organisation des espaces, la disposition des
composants, leur forme, leur intégration à l’environnement urbain doivent rester une préoccupation essentielle pour les acteurs
du processus de production et d’amélioration du logement ; est-ce que la quantité en terme de production doit s’effectuer
obligatoirement au détriment de la qualité en ignorant le mode de vie de l’habitant ?
► Le secteur du logement et de l'habitat se caractérise par un déséquilibre sans cesse croissant entre
l'offre et la demande et une dégradation poussée du cadre bâti. Le déficit actuel est estimé à 1,2 millions de
logements, auxquels s'ajoute une demande additionnelle de l'ordre de 800.000 unités d'ici l'an 2000. Ainsi, 2
millions de logements doivent être réalisés, soit une production annuelle de 300.000 logements. Par ailleurs,
l'extrême vieillissement du parc de logements existants (3,5 millions), 800.000 d'entre eux nécessitent un
important programme de réhabilitation. De plus, ce parc inclut 400.000 habitats précaires dont 120.000 de
type "bidonvilles" qui doivent être remplacés. Le taux d'occupation de logement (TOL) est de 7,7. En milieu
rural, il atteint actuellement 8 personnes/logement. Au niveau de l'offre, celle-ci porte à l'heure actuelle sur
près de 600.000 unités en cours de réalisation dont 200.000 au titre du programme public. En 1992 et 1993,
les livraisons atteignaient à peine les 50.000 et 45.000 logements.
Les causes du déséquilibre : la cause de plusieurs facteurs d'ordre socio-démographique, économique et
institutionnel est à l'origine des déséquilibres qui caractérisent le secteur, à savoir :
► la spécificité du secteur dont l'activité dépend étroitement des performances des autres branches de
l'économie ;
► les politiques développées en matière de logement caractérisées par la centralisation de la décision et de
la gestion défavorable à l'émergence de stratégies dynamiques d'intervention dans le secteur. L'Etat a
assuré à lui seul l'ensemble des missions économiques liées au secteur : la gestion du foncier, le
financement, la maîtrise de l'ouvrage et les moyens de réalisation.

135
Ces politiques se sont soldées par une série de contraintes qui ont largement freiné le développement du
secteur et dont on peut citer :
■ les rigidités dans les modalités d'allocations de ressources ;
■ l'absence de diversification des sources de financement du logement et de mesures incitatives de
mobilisation des promoteurs privés ;
■ des surcoûts excessifs engendrés par une gestion déficiente de l'appareil de production ayant pour effet
une élévation du prix de logement ;
■ un appareil de réalisation destructuré au plan financier et inefficient en matière de système de
construction utilisés empêchant le lancement de nouveaux projets et prolongeant les délais de réalisation.
Devant cette situation extrêmement dégradée, la relance de l'activité est subordonnée à l'instauration
d'une nouvelle dynamique susceptible de lever les contraintes structurelles, organisationnelles et de
financement qui paralysent le secteur, de promouvoir des politiques incitatives et de libérer les initiatives
dans ce domaine.
La nouvelle démarche sur laquelle doit être bâtie cette dynamique d'ensemble présuppose le
désengagement de l'Etat de l'activité de construction et la réhabilitation de ses fonctions de puissance
publique en matière de régulation du secteur et d'aménagement du territoire. Le logement devient à ce titre
un bien marchand, soumis aux modalités fixées par le fonctionnement libre et concurrentiel du marché de
l'immobilier. Toutefois, cette stratégie ne signifie pas l'abandon de l'action sociale de l'Etat en matière
d'accès au logement. Bien au contraire, elle signifie une meilleure organisation de son soutien aux couches
sociales à bas et moyen revenus à travers des formes d'aides et d'assistance adaptées. L'Etat devra aussi
s'engager à mettre tout en oeuvre pour dynamiser les chantiers de réalisation des programmes sociaux en
cours par la levée des contraintes dans le domaine de la maîtrise de l'ouvrage, de financement et de
règlement des préalables fonciers et de viabilisation.

VILLE.- Une ville est la projection sur le terrain d'une société toute entière (culture, institutions, éthique,
valeurs, y compris les bases économiques et les rapports sociaux). Il s'agit d'une question d'actualité dont
la prise en charge peut avoir de graves conséquences sur l'avenir des communautés urbaines du pays. La
ville doit résulter d'un mode d'organisation où chaque cité, chaque quartier, chaque habitant participent de
façon démocratique à l'identité de l'ensemble. Elle se doit de souder des citoyens d'origines diverses,
géographiques, culturelles et sociales et de les unir dans une même culture commune, un sentiment
d'appartenir à un même territoire. Une cohabitation réussie de ces différents groupes sociaux réduira de
façon significative les phénomènes d'exclusion que nous vivons. Depuis quelques années, les choix à faire
pour mieux gérer une ville (une commune) sont de plus en plus complexes. L'horizon de gestion s'élargit à
la fois dans l'espace (aspect tentaculaire et urbanisme désordonné) et dans le temps (démographie de nos
villes et flux migratoires). Il devient donc difficile de développer une "ville" sans avoir une idée précise de
ses potentialités, de son devenir et des actions prioritaires à mener pour réaliser un tel objectif. La pratique
d'une stratégie devient incontournable, non seulement comme instrument de gestion municipale, mais aussi
comme instrument de mobilisation des citoyens autour d'un projet partagé en concertation avec les élus
locaux. En effet, le développement urbain permet le développement économique et réciproquement, la
commune ne peut se passer d'activités économiques et les différentes entreprises installées sur son
territoire ont besoin d'un ensemble de services et prestations, de main d'oeuvre et de clients pour survivre
et se développer. Le principe d'un partenariat semble aller de soi si la ville n'existe que par ses habitants
(légitimité constitutionnelle) et pour ses habitants, elle doit s'ériger en opérateur économique averti et en
concepteur et animateur du développement local. Elle doit donc renouer le dialogue avec les acteurs
économiques locaux, afin de mieux les sensibiliser à la gestion de l'environnement social et urbain. Cela est
d'autant plus important que pour les villes (ou communes) qu'aux yeux de leurs citoyens, elles sont
responsables du cadre de vie urbain.
La politique de la ville est un élément fondamental dans la recherche d'outils adéquats pour sortir les
quartiers (les grandes cités) "difficiles" de la crise qui est généralement, le produit de la conjugaison du
chômage et de l'exclusion, donnant naissance au processus de fractures sociales illustrées par ce qui est
dénommé "le mal des banlieues et l'asphyxie des centres-villes".◙

LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

CODE DE L'ENVIRONNEMENT .- Si depuis l'indépendance de l'Algérie des centaines de textes législatifs et


réglementaires parus, prennent en charge directement ou indirectement, il demeure qu'ils nécessitent une
révision globale et intégrée pour l'ensemble des secteurs d'activité et acteurs concernés en vue d'assurer
leur harmonisation et cohérence dans le cadre d'une stratégie nationale de l'environnement et d'un
développement durable, tenant compte des réalités locales, de leur applicabilité et des moyens
institutionnels disponibles. La diversité des secteurs promoteurs de textes de l'environnement, l'évolution
des contextes de leur élaboration et la ratification par l'Algérie d'un important nombre de conventions
internationales ou régionales en matière d'environnement exigent un véritable "chantier juridique" pour la
réalisation d'un code de l'environnement.
La confection de ce code nécessitera préalablement :
◘ le recensement des textes législatifs et règlementaires existants en relation directe ou indirecte avec
l'environnement,
◘ le recensement des conventions environnementales que l'Algérie a ratifiées, ou susceptibles de l'être,
◘ le recensement des dispositions contradictoires avec la loi de l'environnement de 1983 et la
détermination des amendements nécessaires,
◘ de combler les vides législatifs et règlementaires pour les domaines de l'environnement non encore

136
couverts,
◘ de déterminer les instruments fiscaux et para-fiscaux en matière d'incitation et de prise en charge de la
protection de l'environnement,
◘ d'actualiser les montants des amendes prévues par les anciens textes,
◘ d'élaborer un programme de formation juridique et d'information, à l'intention des agents des
administrations ayant compétence en matière d'environnement, de la magistrature, des entreprises et de
l'ensemble des partenaires.

COOPERATION DANS L'ENVIRONNEMENT . - L'environnement, créneau de plus en plus porteur en matière


d'aide par la coopération, cette dernière décennie, l'Algérie doit exploiter toutes les possibilités qui lui sont
offertes sur les différends fonds. Cependant, une démarche rationnelle, en ce sens, exige sur la base d'une
stratégie nationale de l'environnement, l'élaboration d'une stratégie de coopération en ce domaine. Il est
urgent d'élaborer une stratégie nationale de l'environnement. L'implication, la concertation, la cohérence et
l'adhésion de l'ensemble des secteurs et acteurs (niveaux décideurs et hommes de terrain), conditionnent la
valeur et l'efficacité de cette stratégie. Les seuls repères actuels existants sont des diagnostics et
programmes d'actions non exhaustifs élaborés par les structures centrales de l'environnement du secteur de
l'équipement, des collectivités locales, l'agence pour la conservation de la nature, etc... .
Les orientations environnementales en matière d'aménagement du territoire et d'un développement durable,
doivent impliquer une planification écologique, compte tenu notamment de la fragilité des écosystèmes et
des ressources naturelles de plus en plus menacées. Sur la base de la stratégie de l'environnement, il
serait nécessaire d'étudier et d'adopter une stratégie de la coopération en matière d'environnement.
Ce qui rend nécessaire de :
● définir les axes et les projets de coopération : il est impérieux d'y intégrer à leur élaboration tant les
structures centrales que locales concernées (collectivités locales, wilayas, inspections de l'environnement,
mouvement associatif, ...) pour répondre véritablement aux préoccupations du terrain,
● d'asseoir une banque de données sur les fonds potentiels multilatéraux et bilatéraux exploitables par le
pays, leurs importances, les parts de subventions ou crédits mobilisables .... .
L'exploitation des publications périodiques de ces fonds et l'information collectées par les missions
diplomatiques pourraient alimenter régulièrement cette banque de données. Par cette difficile période
économique du pays, ces fonds biens connus, suivis et efficacement exploités, doivent constituer un appoint
précieux pour faire face aux problèmes d'environnement-développement durable. Aussi, il serait judicieux de
mettre en place au niveau de l'administration centrale de l'environnement une cellule permanente chargée
de l'élaboration, du suivi de l'exécution et de l'évaluation des programmes de coopération en matière
d'environnement, et ce, de concert avec les responsables de projets locaux. Il est à remarquer que la
multiplicité actuelle des secteurs, intervenant dans les programmes de coopération en matière
d'environnement, fait que souvent des termes de références se recoupent et font double emploi dans
différents projets, par manque de concertation et de coordination. De même, pour ce qui est de l'information
et de la communication, il est nécessaire que soit assuré une large diffusion tant de la stratégie nationale de
l'environnement, que des potentialités de coopération, évitant que ces domaines soient un monopole
particulier, ne pouvant que nuire à leur utilisation.

DECHETS NUCLEAIRES.- Un projet de réalisation d'un mur de protection du site des essais nucléaires
français, sur un rayon de 40 km, a été pris en charge financièrement par le secrétariat d'Etat algérien
chargé de l'environnement. D'un coût évalué à 97,6 millions de dinars, ces travaux ont été lancés au début
de l'année 1999. La première tranche du projet a été réalisée après la visite d'une délégation de l'agence
internationale atomique (AIEA). En novembre 1998, une délégation de l'AIEA a découvert un endroit, distant
de quelques 30km de Taourit, utilisé par les autorités françaises pour enterrer les déchets nucléaires et leur
servant de laboratoire d'essais nucléaires en plein air. Selon des témoignages recueillis sur place, un grand
nombre d'algériens ont été utilisés pour creuser des galeries souterraines destinées aux essais nucléaires
et qui étaient, selon un habitant de la région, au nombre de six. Selon les experts en énergie nucléaire, le
danger de pollution radioactive reste présent dans la région et ses environs, ce qui suscite la crainte des
spécialistes, qui parlent d'émergence de nombreuses maladies et de malformations à la naissance. En
outre, les conséquences sur l'environnement commencent aussi à apparaître, notamment sur les roches du
mont Taourit, qui connaissent une érosion sans raisons climatiques connues. Les experts affirment que les
séquelles de ces essais nucléaires sur la vie humaine et l'équilibre naturel au sud algérien commencent à
apparaître clairement. Les participants à la 4ème conférence sur les essais nucléaires français en Algérie
(13 février 1999) ont appelé à la levée du secret militaire français sur les archives des essais nucléaires
français qui avaient débutaient le 13 février 1960 sur le site du mont Taourit dans le désert du sahara
algérien à In Ekker (département de Tamanrasset). Ils ont souligné la nécessité de procéder à des
enquêtes scientifiques sur les effets des rayonnements ionisants sur l'homme et l'environnement des
zones touchées par les essais. Chercheurs et experts ont appelé à recenser les sites affectés par les
explosions ainsi que les endroits où sont enterrés les déchets nucléaires. Ils mirent également l'accent sur
l'importance de coordonner les efforts avec les organismes scientifiques internationaux spécialisés en
énergie atomique et de tirer profit des résultats des études et expériences menées dans des régions ayant
fait l'objet d'explosions nucléaires de par le monde, tout aussi de la nécessité d'une prise en charge
psychosociale et médicale des habitants des régions affectées.
► Essais nucléaires: "La France a une dette envers les irradiés du Sahara"

137
Ancien appelé d’un contingent français et témoin de l’ accident de Béryl, Louis Bulidon a affirmé que “la
France a une dette envers les descendants des irradiés de Béryl.
Le 1er mai 1962, la France a réalisé son second essai nucléaire souterrain à In Ecket, au nord de
Tamanrasset ayant pour code Béryl.  Louis Bulidon, en tant qu’appelé à cette époque-là, a assisté à cet
essai. Il est l’auteur en 2011 de l’ouvrage “Les irradiés de Béryl: l’essai nucléaire français non contrôlé”.

“L’essai Béryl par la propagation accidentelle de son nuage radioactif a durablement irradié les populations
Sahariennes, au premier rang desquelles les touaregs du Hoggar mais aussi les populations locales des
oasis du sud algérien, du Mali, du Niger et à l’est jusqu’au Tchad”, a-t-il affirmé.Il a souligné que les enfants
et les petits enfants de ces populations “portent dans leurs gènes les séquelles de cette contamination
radioactive comme tentent à le démontrer les études scientifiques récentes en France et en Angleterre”.Pour
lui, après les accords d’Evian sur l’indépendance de l’Algérie, la France a “totalement” abandonné les
victimes de son programme nucléaire à leur sort d’irradiés “vivant sur des sols durablement radioactifs
comme ont pu le démontrer les prélèvements sur la végétation que nous avons effectué mes camarades et
moi à l’époque après Béryl en nous déplaçant jusqu’aux frontières du territoire algérien”.“La France a une
dette envers ces hommes et ces femmes, leurs enfants auxquels nous avons apporté aucune attention sur
leur sort de descendants des irradiés de béryl. Comment oublier que nous avons ignoré totalement dans le
passé la situation sanitaire de leurs parents exposés aux retombées de Béryl”, a-t-il écrit dans un blog
sur MédiaPart , appelant le président Emmanuel Macron à assumer “cet héritage”.“Notre jeune président de
la République se doit d’assumer cet héritage de l’époque gaullienne et de notre présence en Algérie   en
accueillant dignement cette classe d’immigrés et en leur octroyant sans réserve le statut de réfugiés.”

L’ouvrage de Louis Bulidon (83 ans), un ingénieur chimiste affecté en décembre 1961 au Service Technique
138
des Armées arme atomique, dans une base militaire dans le Hoggar, se veut un témoignage pour faire toute
la lumière sur l’accident de l’essai nucléaire Béryl.  La France a réalisé plusieurs essais nucléaires dans le
sud algérien, notamment à Reggane et à Tamanrasset. Une équipe de l’Agence internationale de l’énergie
atomique (AIEA) a inspecté en 1999 les champs de tirs, demandant la fermeture de quatre zones interdites
d’accès.Le dossier des conséquences des essais nucléaires français et de l’indemnisation des victimes se
trouve actuellement sur la table de négociations d’une commission algéro-française chargée de régler les
questions liées à la mémoire.□ Le HuffPost Algérie/APS, 07.07.18
DÉFORESTATION .- Chaque année, plus de 200.000 ha boisés sont ravagés par les incendies, sans
compter les scieries clandestines qui portent préjudice à la forêt. Concernant la protection des sols contre
l'érosion et l'envasement des barrages, une intervention est effectuée dans 29 barrages sur les 38 existants.
Mais, compte-tenu des moyens limités, les résultats sont plutôt modestes. Le barrage vert, réalisé par les
jeunes du service national et qui fut dans le temps la fierté de tous les Algériens, notamment par son
envergure et son caractère de lutte contre l'avancée du désert, a été quelque peu oublié. Ce projet a été
confié à l'ANF en 1990 pour être pris en charge par tranches progressives car l'agence est insuffisamment
équipée pour une telle oeuvre. D'une manière générale, un hectare de reboisement coûte 30.000 dinars et la
conjoncture financière est difficile.
Le secteur des forêts emploie environ 30.000 personnes, dont 12.000 emplois temporaires créés en 1992
avec la participation des délégués à l'emploi des jeunes. Ce secteur offre des perspectives d'emplois avec
de micro-investissements en dinars (création de coopératives). D'autres créneaux existent dans le
reboisement, l'assainissement des forêts, la maintenance des infrastructures forestières ainsi que dans
l'exploitation du bois. Un développement hydro-agricole fondé sur une exploitation optimale des ressources
souterraines permettrait la protection du patrimoine forestier contre sa destruction par les incendies, la lutte
contre le défrichement, l'intensification des programmes de reboisement,... . Les possibilités annuelles
d'exploitation des forêts aménagées actuellement sont évaluées à 243.000 m3/an, mais pourraient au vu
des études réalisées atteindre jusqu'à 1.276.200 m3/an. La production nationale actuelle qui ne représente
que 30% des besoins du pays, est principalement utilisée comme bois de trituration et seulement 5% comme
bois d'oeuvre. La production annuelle de liège est quant à elle de 150.000 quintaux. L'état de déséquilibre
et de dégradation du patrimoine forestier fait que les actions d'urgence à mener ont plus un caractère de
protection que de production. L'objectif d'équilibre économique à atteindre équivaut à un taux moyen de
boisement de quelques 25% (aujourd'hui de 10,5% dans le nord du pays) nécessitant donc le reboisement
d'environ 5 millions d'ha.

ÉPURATION DES EAUX.- Une quarantaine stations d'épuration des eaux usées réalisées entre 1970 et
1990 n'ont jamais pu fonctionner correctement. Vu leur degré de sophistication technique, elles constituent
un investissement de coût élevé. Selon les experts, il faut une moyenne de 20 à 30 m3 d'eau douce pour
diluer et régénérer un mètre cube d'eau usée urbain ne contenant pas de polluants chimiques. Certains
oueds sont devenus de véritables égouts à ciel ouvert comme EL-Harrach et le Rummel, ou à un degré
moindre le Seybouse. Faut-il signaler que les maladies à transmission hydrique font des ravages. Une
opération de rénovation de 28 stations d'épuration, financée par la banque mondiale, est en cours. Par
ailleurs, les capacités naturelles d'assimilation de la pollution (auto-épuration) des oueds ne suffisent plus à
résorber les charges de plus en plus importantes.
Une réhabilitation et une vraie gestion des stations ne sont plus à démontrer. Treize stations d'épuration
des eaux usées domestiques sont opérationnelles dans l'ensemble du territoire national. 30 sont à l'arrêt, 17
en cours de réalisation et 95 à l'étude. Ces données proviennent d'une enquête effectuée en 1996 et 1997
par le groupe EEC (Engineering Environment Consult) révèlent une situation inquiétante aussi bien dans le
domaine de la santé publique que sur l'environnement et les ressources hydriques déjà rares. La rareté de
ces ressources hydriques place le pays parmi ceux ou la disponibilité en eau est en deçà du seuil critique.
La dotation est actuellement de l'ordre de 15 litres par habitant et par jour soit un volume annuel de 1 546
millions de mètres cubes pour l'ensemble de la population du pays. La demande industrielle représente une
proportion située entre 11 et 12 pour cent de la quantité distribuée. Pour l'irrigation, 4000 m3 par ha et par
an sont assurés soit un total de 4.616 millions de m3 pour irriguer les 1.154.000 ha de terres irrigables sur
la superficie globales de 5.800.000 ha de terre agricole.
La rareté des ressources hydriques et la pénurie de l'eau potable, font que les terres aptes à l'irrigation sont
insignifiantes par rapport à la totalité de la superficie agricole. A ce déficit en ressources hydriques, vient
se greffer le problème combien épineux de la mauvaise gestion du réseau d'épuration des eaux usées
(domestiques, industrielles ou pluviales). En l'état actuel des choses et en raison de l'arrêt d'une grande
partie des stations d'épuration, ces eaux sont évacuées directement dans la nature. En fonction des
quantités des eaux distribuées et des pertes de parcours, causées par les fuites, l'étude déduit que 0,6
milliard de m3 d'eaux usées sont rejetés par an et une infime partie est épurée par les quelques stations en
service. Les raisons incombent entre autres à l'absence d'organisme stable pour la gestion du réseau
d'assainissement. L'instabilité s'explique par le passage de cette gestion des collectivités locales aux
entreprises de gestion et de distribution des eaux. Les difficultés financières ne permettent pas d'assurer la
maintenance et l'acquisition, des pièces de rechange. L'épuration des eaux usées reste également le parent
pauvre des préoccupations des pouvoirs publics. Outre les retombées sur la santé publique (les maladies à
transmission hydrique), les répercussions fâcheuses de cet état de fait sur l'environnement. 135 plages ont
été interdites à la baignade en 1996, étant polluées, sur le total de 408 plages du littoral national. Un certain
nombre de solutions sont possibles pour une prise en charge efficace de ce domaine dont les enjeux sont
des plus importants sur les plans économique, de la santé publique et de l'environnement. La mise en place
d'un organisme stable de gestion du réseau, de réhabilitation des stations à l'arrêt, l'utilisation des eaux

139
usées épurées, l'application de la taxe de pollution en partant du principe pollueur-payeur sont les
principales propositions émises en direction des décideurs et des industriels.

FAUNE EN EXTINCTION .- Si la flore est sujet de nombreux séminaires écologiques, il n'en est pas le cas
pour la faune. Le pays recelait un patrimoine faunistique inestimable, malheureusement en voie
d'extinction. Selon certaines études historiques et géologiques, la faune algérienne remonte à la préhistoire.
Les gravures rupestres du Tassili témoignent de l'existence d'une variété d'espèces animales. D'ailleurs,
de part sa géographie, l'Algérie comporte différentes espèces évoluant en Europe et en Afrique. Au nord, ce
sont des espèces identiques à celles de l'Europe méridionale qui sont représentées (sangliers, lièvres,
perdrix, cerfs). Au sud, ce sont des espèces typiquement africaines (gazelle, addax, oryx). L'une des
résultantes du développement tous azimuts que connaît notre planète et l'Algérie est l'agression et la
dégradation du patrimoine faunistique national. Les espèces animales connaissent une diminution continue.
Faute d'études de prospection sur le terrain, ce n'est que durant ces dix dernières années qu'on s'est rendu
compte et pris conscience de ce phénomène d'extinction qui touche, à une grande échelle, la faune du pays.
Dans la pratique, l'agence nationale pour la conservation de la nature est le seul organisme avec les parcs
animaliers, chargé de veiller sur la préservation de la faune. Elle conduit des actions très modestes, eu
égard à ses faibles moyens qui lui sont alloués. Un rapport sur l'état des lieux indique que le dernier lion de
l'Atlas a été tué dans les Aurès en 1893. La dernière panthère remonte à 1924. L'hyène rayée dont la
présence était autrefois assez dense un peu partout sur le territoire national, est actuellement en voie de
disparition. Elle n'existe maintenant, et en petit nombre que dans certaines régions montagneuses. Au début
du siècle, il existait 8 espèces d'ongulés sauvages (mammifères dont les doigts sont terminés par des
sabots). Actuellement, il n'y a que le sanglier qui est bien représenté dans toute l'Algérie septentrionale et
plus particulièrement dans les régions boisées. Jusqu'au début siècle, il existait : le bubae, grande antilope
dans le sud-ouest (Ain-Sefra); l'oryx, antilope de taille relativement grande connue jadis pour la densité de
ses troupeaux, est considérée aujourd'hui comme atteinte au sud algérien. Il ne reste que quelques espèces
rares dans certaines parties du Sahara central ; la gazelle dorcas ne subsiste que dans les régions
désertiques ou sud-désertiques ; l'addax de taille légèrement inférieure à l'oryx qui peuplait tout le Sahara
au siècle dernier voit son aire de répartition actuelle limitée au seul sahara central. Quant à la gazelle
dama, elle est devenue une espèce très rare. La gazelle blanche ou des sables d'habitude localisée dans
les dunes du sud est menacée par le braconnage et l'artisanat local voire national. Et la liste est encore
longue. Les causes de ce désastre sont à la fois historiques, économiques et sociales. Ce tableau sombre
du milieu faunistique est le résultat d'une exploitation mercantile et anarchique des ressources naturelles.
La guerre de libération a eu également ses effets néfastes (politique de la terre brûlée pratiquée par le
colonialisme, refoulement des populations vers les montagnes) et tous les désordres écologiques qui s'en
aient suivi. Les études non précoces menées sur cet environnement font que la connaissance du cheptel
algérien est toute relative, par conséquent sa dynamique est ignorée et il existe peu de réserves pouvant
servir de réservoir aux enrichissements et au repeuplement des espèces originales. Les corollaires sont :
inexistence de législation et de structure de gestion des ressources naturelles. Ce qui explique la difficulté
de réprimer le braconnage et le non respect des règles de chasse bien que codifiées.
Le commerce des produits dérivés des animaux tel que la viande et certaines huiles de mammifères marins
ainsi que les trophées de gazelles, les fourrures des grands félins (guépard, lynx, chacal, panthère)
concourent substantiellement à l'extinction de cette faune. A ajouter la pollution de nature industrielle, le
développement de la mécanisation, l'urbanisation déforestation, l'utilisation intensive des pesticides et
herbicides et enfin le développement du tourisme. Tout cela a favorisé la mort lente de la faune du pays. Le
diagnostic établi par l'agence montre que :
◙ ne persiste que 90 espèces de mammifères, dont 33 sont protégées par le décret 83-509.
◙ 350 espèces de reptiles dont 8 espèces sont partagées.
◙ 12 espèces d'amphibiens et 70 espèces de poissons d'eau douce.
Une convention internationale (1973) interdit aux Etats contractants la plupart des opérations
commerciales portant sur les espèces les plus menacées. Cette convention vise à protéger environ 3.000
espèces animales et 20.150 espèces de plantes. Ces listes sont soumises à modification. La faune
algérienne n'est protégée que par cette convention dont l'Algérie est partie contractante. Ce n'est qu'en
1983 que le pays s'est doté de textes réglementaires disposant la protection de la faune. Le décret 83-509
protège 12 mammifères et 69 espèces d'oiseaux. En plus de ce décret venu tardivement, plusieurs
dispositions sont à prendre pour assurer une bonne sauvegarde de cette faune menacée. Il s'agit entre
autres :
◘ de l'organisation d'une politique d'invention scientifique du patrimoine naturel.
◘ inventaires ou recherches sur des espèces connues ou vraisemblablement menacées.
◘ lutte contre le braconnage et le commerce illicite avec la création d'un réseau de surveillance avec
constitution des brigades anti-braconnage.
◘ création de centres d'élevage intensifs d'animaux sauvages (Free ranching) comme il en existe partout
dans le monde.
◘ ouverture de centres cynégétiques chargés de la production, la promotion et le développement de la
cynégétique pour la sélection des espèces locales par l'introduction de nouvelles espèces et leur
acclimatation.
Actuellement il existe, dans le pays, 3 centres cynégétiques fonctionnels: Reghaia, Zéralda et Tlemcen qui
produisent du gibier à plumes telles perdrix, caille, pintade, faisan, canard, oie. Les réserves de chasse
fonctionnelles à Zéralda, Tlemcen, Djelfa, Mascara, sont chargées de la production et du développement de
la faune.
Ces réserves ont pour fonction des pré-lachés de gibier et sa multiplication. Seulement ces centres ne sont
pas idoinement exploités en raison de manque de matériels et de moyens humains. Il y a lieu également de

140
réhabiliter la fonction de tous ceux qui veillent sur la sauvegarde de la nature (garde-forestiers,...) et de
multiplier les parcs animaliers pour amorcer un renouvellement des espèces animales en danger
d'extinction.

FLORE EN DANGER .- Le patrimoine naturel national est marqué par la présence d'une flore diversifiée, de
3.000 espèces végétales dont 300 menacées de disparition et 166 spécifiques à l'Algérie.
La couverture végétale étant le maillon premier de la chaîne trophique, elle doit faire l’objet d’une
préservation continue et organisée. Sous l’effet des prélèvements sauvages mais aussi des modifications
anarchiques et très rapprochées dans le temps de la plupart des écosystèmes naturels (forêt, steppe…), la
situation s’est vite transformée et on est arrivé à une dégradation et à un appauvrissement accentué de la
flore locale. Actuellement, plus de 640 espèces végétales sont rares ou menacées de disparitions sur les 3
300 espèces recensées. Cette situation anormale ne peut plus durer, un mouvement radical doit désormais
s’opérer au niveau de structures de recherche, de vulgarisation et de préservation des ressources naturelles
pour créer, stabiliser et renforcer encore plus la diversité génétique du pays. Plus la base génétique du pays
est large et plus les plantes ont des chances d’y trouver les caractères susceptibles de mieux se
développer, de mieux produire et de mieux résister aux maladies, aux parasites et à la sécheresse. Cette
base génétique est un atout de premier plan pour tout programme d’amélioration et de création de matériel
végétal performant. C’est donc un préalable essentiel à la stratégie agricole et alimentaire du pays que de
préserver et de valoriser aux mieux ses ressources phytogénétiques par :
 la création de nouvelles zones de protection dans les écosystèmes fragiles (steppe, Sahara…) ;
 la production et le développement de la recherche et l’industrie de la semence à partir de matériel végétal
local ;
 la création de banques de gènes ;
 la réalisation d’Atlas, de documentation et de stations expérimentales.

PLAGES POLLUÉES .- Des risques certains de pollution marine menacent le devenir du littoral maritime
algérien et la santé des populations côtières. Le risque de choléra existe parce qu'il a été décelé les
précurseurs de cette maladie au niveau du contrôle des eaux de baignade. Le contrôle de la qualité
bactériologique des eaux de baignade de 1994 à 1998 n'a fait que régresser. Dix wilayas ont plus de la
moitié de leurs plages interdites à la baignade (Ghazaouet, Oran, Mostaganem, Alger, Annaba,...). La
régression étant constante laisse présager leur fermeture vers 2005/2010 si les autorités ne décident à
résoudre le problème de la contamination en amont. Celle-ci se réfère à l'urbanisation sauvage, la
bidonvilisation des villes dont le rejet, vers la mer, des eaux usées n'est pas traité dans la plupart des cas.
L'autre facteur polluant reste certainement l'existence de constructions illicites le long des côtes en
l'absence totale de la police d'urbanisme. Il y a d'autre part les rejets de l'agriculture, tout ce qui est engrais
azotés, phosphatés, etc., susceptibles d'engendrer d'importantes contaminations par pesticides. Cette
pollution des côtes n'est pas uniquement microbiologique, mais aussi chimique et toxique. Si aujourd'hui, il
n'est pas noté une particulière régression, il n'en demeure pas moins que les problèmes en amont ne sont
pas résolus : stations d'épuration inopérantes, unités polluantes, habitat insalubre, manque de civisme du
citoyen, irrespect des normes d'hygiène, …. L'inexistence d'une réelle volonté politique mais aussi la non-
application des textes de loi mettent en péril 1200 km de côtes.

POLLUTION.- Le développement d’un pays se mesure par la perfection de son hygiène.

141
Evolution des causes de pollution depuis un siècle  (WILSON & al, 1987; ELKAIM, 2001).

◙ Différents types de pollution selon l’origine des substances polluantes  : L'activité humaine, qu’elle soit
industrielle (chimie, papeterie, industrie  agroalimentaire, etc.), urbaine (usages domestiques, commerce,
entretien des rues), ou agricole (utilisation d’engrais et de pesticides), produit des quantités de  substances
polluantes de toute nature qui sont à l’origine de différents types de  pollutions :
a- Pollution urbaine : Le milieu marin subit directement des agressions liées à  l’urbanisation de la zone
côtière. Les eaux usées urbaines contiennent de  très nombreux micro-organismes, parfois pathogènes, dont
certains sont issus de l’homme (BOUTIBA & al, 2004).  Cette pollution provient des habitations, et elle est en
général véhiculée par  le réseau d’assainissement jusqu’à la station d’épuration ; elle est due  généralement
par la présence de  :  
□ Germes fécaux, □ Fortes teneurs en matières organiques,
□ Sels minéraux, □ Détergents.  
Dans une eau usée domestique rejetée sans aucun traitement au préalable, les  concentrations de bactéries
sont ::  
♦ Les bactéries hétérotrophes de l’ordre de 109/100ml  ,
♦ Les coliformes fécaux – 105  à 106/100ml  ,
♦ Salmonelles – 10à 103/l (BONNEFONT & al, 1990) .  

Types et nombres de microorganismes présents  dans les eaux usées domestiques non traitées
(BEAUCHAMP, 2002 ).

b- Pollution industrielle  : Cette pollution tire son origine des usines, et elle est caractérisée par
une grande diversité, suivant l’utilisation de l’eau ; tous les produits ou sous–produits de l’activité
anthropique se retrouvent ainsi dans l’eau (KHERRAZ,  2003). Les métaux comme l'aluminium, le mercure, le
plomb, le nickel, le zinc et bien d'autres, issus de rejets d'usines mal contrôlés, sont susceptibles de  polluer
l'eau. Parmi les ports les plus pollués de notre pays, on note surtout ceux de Ghazaouet  par les métaux
lourds et les PCB, Oran, Alger et Skikda par les métaux lourds et les hydrocarbures (Revue de
l’environnement, Edicom, mai 1995).  
C Pollution agricole  : Les engrais entraînés sont responsables des phénomènes  d’eutrophisation. Les
rapports en pesticides-insecticides, herbicides,  composés organochlorées… issus du lessivage des terres
déstabilisées  par la déforestation contaminent le milieu marin (PHILIP, 1996).

142
☻ Pollution du bassin algérien  : L’urbanisation est l’une des tendances fortes de l’occupation de l’espace
littoral algérien, un espace linéaire, étroit, fragile, voir fragilisé : les wilayas littorales  couvrent 45000 Km2
et 12,5 Millions d’habitants y vivent (1999) soit 43% de la  population sur 1,9% du territoire national
(LIEUTAUD, 2003).  En ce qui concerne, les eaux du littoral, depuis les années 1990, sur les 14  wilayas
côtières, 10 parmi elles ont des plages totalement et irréversiblement  polluées. (OUAHDI, 1995).
La pollution du bassin algérien provient aussi de  : : 
□ Des usines chimiques : l’unité d’électrolyse de Zinc de Ghazaouet,  complexes textiles d’El-Kerma et de
Draâ Benkhedda,…etc.
□ Des usines pétrochimiques (Complexe de SONATRACH du golfe  d’Arzew, Alger, Béjaia, Skikda).  
□ Des centrales thermiques (Marsat El – Hadjadj, Alger…).  
□ Des usines de conserverie et de pâte à papier (Bejaia, Mostaganem, Chlef)  
□ Des rejets d’eaux usées non traités ou insuffisamment traités à proximité  des agglomérations côtières .
□ De l’usage non sélectif des pesticides qui commence à menacer certaines  parties du littoral, et qui risque
de devenir l’un des principaux problèmes  environnementaux de la côte algérienne (CHOUIKHI, 1993).  On
note aussi la série des recherches réalisées, en particulier par l’équipe du  laboratoire Réseau de
Surveillance Environnementale (Département de Biologie,  Faculté des Sciences de l’Université d’Oran), sur
la côte occidentale algérienne,  et qui a révélé les graves dangers qui menacent les eaux littorales comme
le prouvent les nombreuses concentrations des métaux toxiques ainsi que  l’échouage fréquent des
mammifères marins (BOUTIBA & al, 1993, 1996 ;  BOUDERBALA & al, 1996 ; AOUDJIT, 2001).

Origine de la pollution marine   in (MOUFOK.N & SAHNOUNE.N, 2002).


☻ Impact de la pollution microbienne
Il existe dans le milieu marin deux types de conséquences. Tout d'abord les  conséquences directes qui sont
visibles à la surface de l'eau (les marées noires).  Et les conséquences indirectes lorsqu'on ingère des
143
produits de la mer et  lorsqu'on se baigne.  La pollution peut avoir des conséquences à long terme sur le
milieu marin, cela  dépend de son origine. La pollution biologique est vite résorbée, quant à la  pollution
chimique, elle ne peut disparaître sans l'intervention de l'homme.  
♦ Contamination de l’eau  
La qualité de l’eau de baignade présente un facteur de santé mais est devenue  également un élément
important de développement touristique. La finalité du  contrôle est non seulement d’intervenir
immédiatement en cours de saison pour  interdire en cas de pollution mais d’en diagnostiquer les causes afin
d’engager les actions d’assainissement ou de gestion municipale préventive (IFREMER,  2004). 
♦ Contamination du sédiment
Elle est fonction des conditions hydrodynamiques, et les dépôts de particules  chargées en bactéries
pourront avoir lieu dans les zones peu profondes, abritées  des courants et du clapot, et lorsque les temps
de résidence seront suffisamment  longs, la flore contaminante va subir des évolutions et des remaniements
dus aux conditions d’environnement et aux compétitions de flore (SAHNOUNI, 2003)
♦ Contamination de la faune  
Les invertébrés marins, comme les bivalves et les oursins, qui filtrent une  grande quantité d’eau polluée,
retiennent et concentrent en particulier les  bactéries et les virus d’un facteur de 10 à 100 .Les moules et les
huîtres peuvent être infectées par des Salmonelles (typhoïde), le virus de l’hépatite infectieuse,  le Vibrion
du choléra.  Les essais subléthaux les plus récents mettent, en évidence des effets toxiques  pour le
phytoplancton et le développement de certaines larves de crustacés, à des  concentrations comprises entre
0,05 et 1,2 μg.l-1 (COSSA et LASSUS, 1989).  Pour les autres métaux , des synthèses récentes sur
l’écotoxicité des métaux en  milieu marin ont permis de compléter cette approche (AMIARD-
TRIQUET, 1989). 
Les hydrocarbures aromatiques (benzène, toluène...) sont des poisons violents  pour tous les organismes;
pour les poissons, la dose toxique à 5 ppm pour le  naphtalène et l'anthracène. Les HAP comme le benzo-
pyrène sont cancérigènes  à très faible dose (JACQUET, 2000).  
En outre, de nombreuses espèces, animales et végétales, en réponse au  changement climatique ont modifié
leur territoire et leurs rythmes biologiques.  
En voici quelques exemples :  En Algérie ; l’aigle royal est en voie de disparition ; le phoque moine a
disparu sur les côtes algériennes (BOUTIBA, 2004) ;  
☻ Risques liés a la contamination
♦ Les risques liés à la baignade  
L’établissement de la liaison entre baignade et impact sanitaire était une notion  intuitive qui n’a été
démontrée que récemment. Pire encore, quelques études mal  conduites jusqu’en 1975 laissent croire que
les risques liés à la baignade étaient  nuls (LARBAIGT, 1989).  
La contamination a lieu par contact direct avec des eaux polluées (baignades)  qui produit des affections
cutanéo-muqueuses diverses (rhino-pharyngites,  oculaires, otites, dermatoses...)

Qualité requise des eaux de baignade. Décret exécutif n° 93-   164 (Journal officiel n°46 du14/07/1993)

:
♦ Les risques liés à la consommation de fruits de mer  : Les germes présents dans l’eau de mer s’accumulent
dans les coquillages  filtreurs ; l’accumulation dépend de la nature des germes et de l’état  physiologique des
mollusques. Les consommateurs de coquillages sont trois fois  plus exposés que les autres aux maladies
entériques. La consommation de tels  coquillages était à l’origine de nombreux cas de gastro-entérites et
hépatites comme l’ont montré les enquêtes épidémiologiques (DROUOT & KLINGLER  1986).

◙  Assainissement et lutte contre la pollution marine


1/ Différentes formes d’eaux usées  : On distingue trois grandes catégories d'eaux usées : les eaux
domestiques, les  eaux industrielles, les eaux pluviales (BOUZIANI, 2000) :  
a- Eaux domestiques  : Elles proviennent des différents usages domestiques de l'eau. Elles
sont essentiellement porteuses de pollution organique.  Elles se répartissent en eaux ménagères, qui ont
pour origine les salles de bains  et les cuisines, et sont généralement chargées de détergents, de graisses,
de solvants, de débris organiques, etc. et en eaux "vannes" ; il s'agit des rejets des  toilettes, chargés de
diverses matières organiques azotées et de germes fécaux.   La pollution journalière produite par une
personne utilisant de 150 à 200 litres  d'eau est évaluée à :  ¾ de 70 à 90 grammes de matières en
suspension ;  ¾ de 60 à 70 grammes de matières organiques ;  ¾ de 15 à 17 grammes de matières
azotées ; ¾ 4 grammes de phosphore;  ¾ plusieurs milliards de germes pour 100 ml.  
b- Eaux industrielles  : Elles sont très différentes des eaux usées domestiques. Leurs
caractéristiques  varient d'une industrie à l'autre.  En plus de matières organiques, azotées ou phosphorées,
elles peuvent  également contenir des produits toxiques, des solvants, des métaux lourds, des  micros
polluants organiques, des hydrocarbures. Certaines d'entres elles doivent  faire l'objet d'un prétraitement de

144
la part des industriels avant d'être rejetées dans  les réseaux de collecte. Elles sont mêlées aux eaux
domestiques que lorsqu'elles ne présentent plus de  danger pour les réseaux de collecte et ne perturbent pas
le fonctionnement des  usines de dépollution.  
c- Eaux pluviales  : Elles peuvent, elles aussi, constituer la cause de pollutions importantes des cours  d'eau,
notamment pendant les périodes orageuses. L'eau de pluie se charge  d'impuretés au contact de l'air
(fumées industrielles), puis, en ruisselant, des  résidus déposés sur les toits et les chaussées des villes
(huiles de vidange,  carburants, résidus de pneus et métaux lourds...).  
2/ A quoi sert l’assainissement ?   L'assainissement des eaux usées a pour objectif de collecter puis d'épurer
les eaux usées avant de les rejeter dans le milieu naturel, afin de les débarrasser de  la pollution dont elles
sont chargées et de manière à ce qu’elles ne puissent  provoquer aucune nuisance pour l’hygiène publique.
Trop polluées, nos réserves  d'eau pourraient ne plus être utilisables pour produire de l'eau potable, sinon
à des coûts très élevés, du fait de la sophistication et de la complexité des  techniques à mettre en œuvre
pour en restaurer la qualité. C'est pourquoi il faut  "nettoyer" les eaux usées pour limiter le plus possible la
pollution de nos  réserves en eau : Mer, rivières, lacs et nappes souterraines. (CIEAU, 2005)  
3/ Collecte des eaux usées  : Le réseau d'assainissement des eaux usées d'une agglomération a pour
fonction de collecter ces eaux pour les conduire à une station d'épuration.  La collecte s'effectue par
l'évacuation des eaux usées domestiques, (et  éventuellement industrielles ou pluviales) dans les
canalisations d'un réseau d'assainissement appelés aussi collecteurs. Le transport des eaux usées dans
les collecteurs se fait en général par gravité, c'est-à-dire sous l'effet de leur poids. Il  peut parfois s'effectuer
par refoulement, sous pression ou sous dépression. Les  canalisations sont en ciment, parfois en fonte ou en
PVC, plus rarement en grès  ou en acier. Lorsque la configuration du terrain ne permet pas un
écoulement  satisfaisant des eaux collectées, on a recours à différents procédés (pompage et  stations de
relèvement) pour faciliter leur acheminement. Il existe deux types de réseaux de collecte : 
□ Réseaux unitaires : évacuent dans les mêmes canalisations les eaux usées  domestiques et les eaux
pluviales. Ils cumulent les avantages de l'économie (un  seul réseau à construire et à gérer) et de la
simplicité (toute erreur de  branchement est exclue, par définition) ; mais nécessitent de tenir compte des
brutales variations de débit des eaux pluviales dans la conception et le  dimensionnement des collecteurs et
des ouvrages de traitement.
□ Réseaux séparatifs : collectent les eaux domestiques dans un réseau et  les eaux pluviales dans un autre.
Ce système a l'avantage d'éviter le risque de  débordement d'eaux usées dans le milieu naturel lorsqu'il
pleut. Il permet de mieux maîtriser le flux et sa concentration en pollution et de mieux adapter la  capacité
des stations d'épuration (RADOUX, 1997).  
4/ Traitements des eaux usées  : Collectées par le réseau d'assainissement d'une agglomération, les eaux
usées urbaines contiennent de nombreux éléments polluants, provenant de la  population (eaux ménagères,
rejets des toilettes - eaux "vannes", etc.) et des  activités commerciales et industrielles. Elles sont
acheminées vers une station  d'épuration où elles subissent plusieurs phases de traitement. Le but de
ces différents traitements est de diminuer suffisamment la quantité de substances   polluantes contenues
dans les eaux usées pour que l'eau finalement rejetée dans  le milieu naturel ne dégrade pas ce dernier
(RADOUX, 1997).  
Trois principaux paramètres mesurent les matières polluantes des eaux usées  domestiques : 
- Matières en suspension (MES), exprimées en mg par litre. Ce sont les  matières non dissoutes contenues
dans l'eau. Elles comportent à la fois des  éléments minéraux et organiques ;   -
Demande biochimique en oxygène (DBO), exprimée en mg d'oxygène par  litre. Elle exprime la quantité de
matières organiques biodégradables présente dans l'eau. Plus précisément, ce paramètre mesure la
quantité d'oxygène  nécessaire à la destruction des matières organiques grâce aux phénomènes d'oxydation
par voie aérobie. Pour mesurer ce paramètre, on prend comme  référence la quantité d'oxygène consommé
au bout de cinq jours. C'est la DBO5,  demande biochimique en oxygène sur cinq jours ; (mesure la
consommation  d’O2 par les bactéries d’une masse d’eau conservée dans l’obscurité en tube  émeri fermé, à
20°C, pendant 5 jours) (RADOUX, 1997).
- Demande chimique en oxygène (DCO), exprimée en mg d'oxygène par litre.  Elle représente la teneur totale
de l'eau en matières oxydables (sels minéraux  oxydables, composés organiques biodégradables ou non,…).
Ce paramètre  correspond à la quantité d'oxygène qu'il faut fournir pour oxyder par voie  chimique ces
matières. La mesure de la DCO se fait par oxydation au K2 Cr 2  O7.cette méthode est aisée, rapide (2h)
(RADOUX, 1997).
Les teneurs en azote et en phosphore (mg/l) sont également des paramètres très  importants.  Les rejets
excessifs de phosphore et d'azote contribuent à l'eutrophisation des   lacs et des cours d'eau. Ce
phénomène se caractérise par la prolifération d'algues  et la diminution de l'oxygène dissous, ce qui
appauvrit la faune et la flore des  eaux superficielles (cours d'eau, lacs, etc.)  Les eaux usées contenant
aussi des contaminants micro biologiques, bactéries,  virus pathogènes et parasites, le rejet des eaux usées
à proximité de lieux de  baignade fait courir un risque pour la santé. Il doit faire l'objet de
précautions  particulières.  
Le rapport DCO/DBO5 renseigne sur la biodégradabilité de la matière organique  et permet une classification
sommaire des eaux : 
DCO/DBO5 = 1.5 eaux vannes  
 = 2.5 eaux urbaines  
 > 3 eaux industrielles  
 > 3-5 eaux issues de la station d’épuration (RADOUX, 1997).  
 Aussi, d’autres indicateurs de pollution sont les contaminants biologiques  (bactéries, virus et parasites)
mesurées en npp ou nppuc (nombre le plus  probable d’unités cytopathiques).   
5/ Etapes et procédés de traitement des eaux usées  : La dépollution des eaux usées nécessite une
succession d'étapes faisant appel à des traitements physiques, physico-chimiques et biologiques. En dehors

145
des plus gros déchets présents dans les eaux usées, l'épuration doit permettre, au  minimum, d'éliminer la
majeure partie de la pollution carbonée pour qu’elle  n’altère pas la qualité du milieu naturel (BOUZIANI,
2000). 
6/ Conséquences de l’assainissement et de l’épuration des eaux usées :  
 ♦ Production de boues d’épuration  :  Le traitement des eaux usées en station d'épuration produit une eau
épurée,  rejetée dans le milieu naturel, et un concentrant désigné sous le terme de  "boues" ou "boues
résiduaires".  Les boues dites primaires, résultent de la simple décantation physique des  matières en
suspension contenues dans les eaux usées brutes.   Les boues physico-chimiques, sont produites dans les
stations physico-chimiques. Les floculants minéraux ajoutés participent pour une part   importante à la
quantité de boues produites.  Les boues biologiques, qui proviennent des traitements biologiques des   eaux
usées dont le principe est de faire dégrader les substances organiques  présentes dans l’eau par les micro-
organismes qu’elles contiennent et que l’on  cultive à cet effet.
♦ Dégagement des odeurs nauséabondes :   La dépollution des eaux usées produit des odeurs, qui sont
parfois perçues comme une gêne par les riverains des stations d'épuration. Les principales  sources de
mauvaises odeurs sont les boues et leur traitement, ainsi que les  installations de relevage et de
prétraitement   Le seuil de tolérance de ces nuisances olfactives est subjectif et aucune norme  en matière
d'émissions malodorantes n'existe. Cependant, les exploitants de  stations d'épuration cherchent à limiter les
odeurs dégagées par les traitements  (CI.EAU France, 2005).  
7/ Traitements des boues et des odeurs  : Les traitements appliqués aux boues brutes ont plusieurs objectifs.
Ils visent à réduire leur volume, leur pouvoir de fermentation lié à leur teneur en matière  organique ou
éventuellement à les hygiéniser, c’est à dire en éliminant les  bactéries et parasites présents. Ces
traitements permettent de limiter les nuisances olfactives, les risques sanitaires, mais aussi faciliter leur
stockage avant leur élimination ou leur valorisation.  
 Les filières utilisées dans le traitement et l’évacuation des boues sont :  
□ L’épandage agricole : épandre des boues traitées sur des terres agricoles pour  tirer une partie de leur
pouvoir fertilisant, sachant que les boues ont une valeur  agronomique certaine, elles sont composées
essentiellement de matières  organiques. On estime qu’en moyenne 4 kg de boues contiennent 173  grammes
d’azote, 118 gr de phosphore, 15 gr de potassium et 27 gr de  magnésium (MARTIN, 1979).  
□ La mise en décharge : ne peut être réservée qu’aux boues non conformes aux  seuils de recyclage ou aux
boues dont l’épandage est localement impossible.   □ Les
boues peuvent être stockées dans les décharges réservées aux ordures  ménagères.   □ L’incinération :
peut être réalisée dans des fours spécifiques conçus pour les  boues, mais aussi dans des usines
d’incinération dédiées à la fois aux ordures  ménagères et aux boues.
8/ Situation du traitement des eaux usées en Algérie  : Avant 1962, la majorité de la population algérienne se
cantonnait dans les  compagnes, et vivait en parfaite harmonie avec l’environnement. Ces vingt dernières
années, il y a eu un bouleversement dans le mode de vie de cette  population, ceci est du à une importante
invasion et migration vers le littoral  « densité : plus de 500 habs / km2  sur cette frange côtière (TALEB
et BOUTIBA, 1996).  
L’Algérie a connu ces dernières décennies, un grand nombre d’exploitations  industrielles et qui sont à
l’origine d’une pollution de différentes natures (eaux de teinte, eaux de refroidissement des installations
pétrochimiques, déchets  solides, déchets d’ordre chimique, …) . Ces polluants sont drainés à la mer par  les
cours d’eau qui constituent des collecteurs de matières polluantes comme  certains métaux lourds (Cd, Pb,
Zn, Hg, Cu, …) (BOUDERBALA, 1997).   L’enquête initiée par le bureau « génie et environnement » sur la
situation du  traitement des eaux usées en milieux urbains en Algérie a permis de recenser 46  stations de
traitement pour 51000000 d’habitants, dont 14 sont fonctionnelles  avec un taux de couverture de 6,3% des
besoins nationaux et 32 stations à  l’arrêt pour 1718333 habitants avec un taux de couverture de 12%. Par
ailleurs, les stations qui sont en projets sont au nombre de 111 pour 9.144.277 habitants  avec un taux de
couverture de 63.7% du besoin national (Ghodbani, 2001).  
Les stations de traitement des eaux usées existantes, ont des pannes fréquentes ou bien sont carrément à
l'arrêt faute d'entretien et de pièces  détachées. Il faut souligner que les systèmes d'épuration utilisent
des procédés et des technologies d'épuration non adaptées et non appropriées  au climat et à
l'environnement de notre pays.  
Pourtant les dispositions de Code des eaux, dans son article 85 bis  précise que « les agglomérations de
plus de cent mille (100 000) habitants  doivent disposer impérativement de procédés et de systèmes
d'épurations  des eaux usées ».

Capacité des stations d’épuration d’eaux usées urbaines en  Algérie (Source : Ghodbani, 2001)  :

9/ Réutilisation des eaux usées  : Le déversement sauvage des eaux usées dans le milieu naturel est à
l’origine de  graves problèmes de pollution biologique des nappes souterraines et des eaux de  surface. Pour

146
limiter les risques de pollution, on préconise de plus en plus à  travers le monde, de réutiliser les eaux usées
après un traitement partiel ou total. La réutilisation des eaux usées est justifiée dans beaucoup de cas, par
le fait qu’elles contiennent divers éléments nutritifs pour la terre, notamment  les composés à base de
nitrates, de phosphore et de potassium. Pour  l’industrie, c’est également une ressource hydrique très
importante.  
♦ Eaux usées pour l'agriculture  : A l'état brut ou partiellement traité, les eaux usées sont utilisées dans
certaines régions du monde pour l'arrosage des champs de luzerne, de maïs, d'orge et  d'avoine (Etat
d'Hidalgo, vallée du Mesquital à proximité de Mexico).  Les eaux usées partiellement traitées sont utilisés
également pour l'irrigation de  certaines catégories de plantations (des oliviers en Jordanie), et
pour l'arrosage des cultures de coton et des plantes fourragères (Koweït, Israël).  (DURON, 1988).  
♦ Eaux usées pour l'arrosage des espaces verts  : Les eaux usées, après un traitement partiel (filtration
rapide et traitement  biologique partiel), sont couramment utilisées pour l'arrosage des espaces verts  urbains
et les jardins publics dans de nombreuses villes du monde. En Algérie, l'irrigation clandestine par les eaux
usées se généralise dans  plusieurs régions du pays, par manque d'eau d'irrigation. surtout pendant
la saison sèche. Plusieurs variétés de légumes et de cultures maraîchères de saison  sont irriguées par des
effluents non contrôlés et non épurés, cela malgré les  «interdictions» préconisées. Cette forme d'irrigation
sauvage par les eaux usées  multiplie sans cesse les foyers de maladies hydriques, tant parmi
les consommateurs que parmi les agriculteurs.  
Dans certaines conditions, les eaux usées peuvent constituer une ressource en  eau non négligeable pour
diverses utilisations et dans l'agriculture en particulier.  Dans notre pays, les eaux usées partiellement
traitées peuvent être réutilisées  pour l'arrosage de certains vergers (oliviers, figuiers...) et pour l'arrosage
des espaces verts. La réutilisation des eaux usées peut constituer une stratégie  prometteuse qui peut avoir
de nombreux avantages tant sur le plan  économique que pour la santé de la population.   La réutilisation des
eaux usées doit s'accompagner de plusieurs actions parallèles  indispensables : 
- La mise en place graduelle de stations d'épuration partielle ou complète des  eaux usées rejetées dans
tous les Centres urbains du pays qui sera accompagnées  d’une formation en maintenance pour les
personnels.   - Un programme de sélection pour
la réutilisation des eaux usées épurées dans  les différents secteurs de l’économie ; dans l’industrie, dans
certaines activités agricoles et également pour l’irrigation des espaces verts.  
- Un programme de contrôles réguliers des ouvriers et des agriculteurs qui  manipulent les eaux réutilisées.  
En tout état de cause, l’irrigation par les eaux usées et à proximité des nappes  souterraines ou des sources
d’approvisionnement en eau, reste prohibée. □ TALEB Mohamed Karim (2006)
ⱷ Références bibliographiques  :
□ BENTIR.M, 1996- L’épuration des eaux usées en Algérie, Edit. If-eau:16p.
□ BOUZIANI.M, 2000, L’Eau- de la Pénurie aux Maladies. Edition Ibn-Khaldoun ; Oran ; Algérie : 247p.
□ EDELINE.F, 1979 – L’épuration biologique des eaux résiduaires : 307p.
□ EDWARDS.P, 1985 – Aquaculture, a component of low cost sanitation technology: 65p.
□ ELKAIM.M, 2001- Ressource et problème de la pollution : 135p.
□ MOUFOK.N & SAHNOUNE.N.A, 2002 – Pollution bactériologique de l’eau de mer. Mémoire de fin d’études
pour l’obtention du diplôme d’Etudes Supérieures , Dépt de Biologie, Faculté des Sciences, Université
d’Oran : 41p.
□ OMS & PNUD, 1995 – Recommandations pour la surveillance sanitaire des zones côtières à usage
récréatif et des zones conchylicoles. Partie I, II, III.
□ OUAHDI.A, 1995 – Les maladies à transmission hydrique : 45p.
□ WILSON et al, 1987 - Etude de la Pollution.
►La croissance spatiale des villes, l'extension des banlieues industrielles et résidentielles, la prolifération
des cités dortoirs et les désagrégations des campagnes environnantes ont profondément bouleversé le
paysage urbain. Il faut signaler que, dans nos villes, les décharges sauvages apparaissent un peu partout.
A n'importe quelle heure de la journée, les déchets sont jetés devant les marchés, les cités et les chantiers.
Une étude a montré que pour la ville d'Alger seulement, 4.000 tonnes de déchets sont produites
quotidiennement dont 1.600 sont constitués d'ordures ménagères et 2.400 de résidus industriels. A Annaba,
déclarée la ville la plus polluée d'Algérie, 25 millions de m3 d'eaux usées urbaines et industrielles rejetées
en mer, 3 millions de tonnes de déchets ménagères, 37.400 tonnes issues des industries chimiques et 3
autres millions de la métallurgie. Telle est la sombre situation que vit cette ville. Le facteur déterminant
dans l'hygiène publique, c'est que l'eau manque sérieusement dans les grandes agglomérations et lorsqu'il
est présent, il est malheureusement contaminé par les eaux usées. Sinon, comment expliquer ces épidémies
de choléra et de fièvre typhoïde apparaissent épisodiquement, alors que la loi portant code des eaux et celle
relative à la protection de la santé visent à combattre le phénomène de la pollution hydrique et ses origines.
La salubrité de l'environnement doit être perçue dans sa signification la plus large et la plus élevée et toute
politique de l'environnement doit être l'objet de concertation et de coopération. L'objectif suprême doit
toujours rester l'homme, dans son être physique, dans son milieu social et dans son esprit. □
►L’industrialisation du pays ne se conforme pas toujours aux normes de protection de l’environnement ; Sa tendance à la «
littoralisation » du pays a provoqué des effets pervers au plan écologique sachant que 1 million de m3 d’eau polluée se déverse
dans la mer et que 10 millions de tonnes de sable auraient été illégalement extraits ; en outre, de 1963 à 1993, 120.650
hectares appartenant au foncier agricole avaient été perdus à cause de l’empiètement ; les dunes bordières des plages se sont
rétrécies et ne peuvent plus assurer leur rôle de protection de l’écosystème côtier naturel ; le niveau des pollutions marines
augmente particulièrement dans les zones mitoyennes des grandes métropoles ou celles voisines des complexes industriels
engendrant une baisse sensible des ressources halieutiques ; 250.000 tonnes de détritus sont jetées, chaque année, dans la
mer et les cours d’eau ; 350 mille tonnes s’entassent dans des zones hautement sensibles. Les produits chimiques au profit de
l’agriculture sont utilisés sur une superficie de 1.600.000 hectares de terres arables ; l’usine de production de pâte à papier de
Mostaganem, la cimenterie de Hamma Bouziane, l’usine de phosphate Asmidal de Annaba, le rejet des produits chimiques dans

147
les eaux de l’oued El Harrach donnent un aperçu de cette situation ; la cimenterie de Hamma Bouziane avait été réalisée, au
cours des années 1980, dans une zone agricole intensive et à forte densité humaine ; les nuisances générées par cette usine
provoquent des dégâts matériels et humains importants ; les poussières rejetées se fixent aux produits végétaux et finissent par
les asphyxier ; de nombreux citoyens souffrent de maladies liées à la silicose ; les actions destinées à améliorer la qualité de l’air
n’ont pas eu les effets escomptés ; une commission avait été chargée par les autorités pour appliquer les mesures
recommandées ; parmi ces mesures de protection de l’environnement, figure l’installation d’une station-météo destinée à réguler
les émissions de poussière, l’installation de filtres à manche, de doseurs au niveau des cheminées. □

TRAITEMENT DES DECHETS.- Le traitement des déchets urbains solides, à l'échelle industrielle, a vu le
jour dès le début des années 1970. Il repose principalement sur le compostage et la décharge contrôlée.
L'incinération concerne exclusivement les déchets des hôpitaux (petites installations implantées in situ).
Trois unités de compostage ont été planifiées à Alger, Tizi-Ouzou et Constantine. Seules les unités d'Alger
et Tizi-Ouzou ont été réalisées et mises en service respectivement en 1971 et 1973. Le projet de
Constantine n'a pas connu de réalisation. Le principal facteur technique commun à ces installations de
compostage, concerne l'absence de tri préalable des déchets non compostables et des "monstres", ce qui a
pour effet de produire un compost de mauvaise qualité et d'occasionner des dégâts mécaniques importants.
L'autre facteur d'ordre économique lié au premier, concerne les difficultés d'écoulement du compost, produit
caractérisé par une forte proportion de plastique (plastique déchiqueté). En matière de décharge contrôlée,
les décharges contrôlées prévues n'ont jamais été exploitées suivant les prescriptions que ce type de
décharge implique. Il s'agit de décharges sauvages, sources de pollution des nappes et de nuisances
diverses sur la santé des populations et de l'environnement.
D'une manière générale, la gestion actuelle des déchets solides urbains en Algérie, se caractérise par :
◘ la prolifération des décharges sauvages,
◘ la mise en décharge commune de tous type de déchets y compris des déchets industriels toxiques,
◘ la prolifération des dépôts de déchets dans les agglomérations et l'accroissement des quantités de
déchets non collectés,
◘ l'absence de politiques de récupération et de valorisation,
◘ les insuffisances dans les systèmes de précollecte et de collecte,
◘ les carences organisationnelles des services de collecte,
◘ l'insuffisance et l'inadaptation des moyens matériels de collecte,
◘ l'arrêt de la quasi totalité des installations de traitement existantes (compostage, incinérateur,...),
◘ la méconnaissance des quantités réelles de déchets "produits" ainsi que leur composition et
caractéristiques,
◘ l'insuffisance de qualification et l'absence de plans de formation spécifique des responsables de la
gestion des déchets,
◘ l'absence d'un système et d'un cadre d'échange approprié d'informations sur les déchets (gestionnaires,
utilisateurs de sous-produits valorisés, fabricants de matériel, bureaux d'études spécialisés,...),
◘ l'absence de plans directeurs de gestion des déchets solides urbains (inter-communaux, de wilaya ou de
grandes villes suivant le cas).
► La gestion des déchets ménagers se pose avec acuité dans l’ensemble du pays ; l’évacuation des déchets (et le nettoyage
des ordures ménagères) défaillante dans beaucoup de quartiers ; toutes les décharges publiques se trouvent à l’air libre, avec
de nombreuses conséquences sur la santé de la population et sur l’environnement ; la décharge, de Oued Smar, à Alger,
s’étend sur une superficie de 30 ha ; 30 millions de m3 de déchets y sont entreposés ; ils s’amoncellent sur une hauteur de 25
m, soit la hauteur d’un immeuble de 7 étages ; cette décharge est saturée depuis l’année 2000 ; malgré cela, faute d’une autre
alternative, elle continue à réceptionner, quotidiennement, quelque mille voyages d’ordures ; ceux-ci sont effectués par des
camions dont le tonnage varie de deux à vingt tonnes ; la gestion de cette décharge s’avère de plus en plus délicate dans la
mesure où le déficit en matériel roulant augmente les difficultés de la collecte ; les infiltrations d’eau de pluie dans le sol risquent
d’atteindre les nappes d’eau souterraines ; la pollution provoquée par la décomposition des déchets et la fumée nocive
menacent la santé des populations limitrophes ; celles-ci souffrent de maladies liées au domaine respiratoire ; elles n’arrêtent
pas de réclamer , depuis plusieurs années la fermeture du site . Afin de mieux sauvegarder l’environnement, les pouvoirs
publics, en Algérie, envisagent de gérer les ordures de manière plus efficace; il est question de traiter ce problème, en accord
avec les directives de la « mondialisation » et du « développement urbain durable » ; désormais les décharges à l’air libre de
plusieurs wilaya seraient fermées; elles seraient remplacées au fur et à mesure par des sites d’enfouissement ; la wilaya de
Constantine prévoit, à partir de l’année 2006, la création d’un centre d’enfouissement technique des déchets à Bougharb, dans
la commune de Ben Badis ; celle-ci est distante de 40 km par rapport au chef lieu de la wilaya ; cette décharge concernera les
communes de Constantine, du Khroub, Ain Abid, Ben Badis, Ain Smara ; ces communes fourniront, en commun, 500 tonnes de
déchets par jour ; la commune de Constantine, génère, à elle seule, 367 tonnes de déchets par jour ; afin de réduire le volume
des déchets à transporter, avant leur enfouissement, il est prévu la création d’une station de compactage, au niveau de
Constantine ; celle-ci sera dotée d’un équipement spécifique ; les déchets traités seront transportés dans des containers, sous
volume réduit, où ils seront enfuis dans des casiers ; les eaux d’écoulement de ces déchets seront stockés dans des bassins et
épurées avant leur rejet dans l’oued ; une enveloppe de 110 millions de D.A. a été prévue pour la 1° tranche des travaux ; un
appel d’offres est lancé en vue de la réalisation d’un centre de recyclage des déchets au niveau du « Palma » .
La politique de la gestion des ordures s’achemine, selon les responsables du secteur vers le tri sélectif ; c’est le seul moyen de
diminuer le tonnage destiné aux sites d’enfouissement ; cette technique permettrait de revaloriser des déchets susceptibles
d’être recyclés. □

► Industries polluantes : En avril 1985, il a été mentionné au cours d’une session gouvernementale que les industries
polluantes appartiennent à 13 branches d’industrie, parmi lesquelles : Ciment, Sucre, les mines, les produits gras, la
pétrochimie, les cuirs, l’électronique. En chiffres, en 2017, 70.430 usines polluent la nature en Algérie : 30.539 unités à l’est
du pays, 24.622 au Centre et 9.538 à l’Ouest et 5.731 au Sud. Autre donnée : le taux d’exploitation des déchets ménagers,
marginal, ne dépasse pas les 5%. Le pays recèle ainsi un gisement de valeur encore inexploité, estimé à 100 milliards de dinars,

148
soit un milliard de dollars. En volume, les déchets ménagers produits en Algérie se chiffrent à 13 millions de tonnes/an. En
tenant compte de la croissance démographique, ils passeront, à l’horizon 2035, à 20 millions de tonnes/an. ils correspondront,
en valeur, à 136 milliards de dinars, soit plus de 13 milliards de dollars. La plupart des déchets ménagers (sous toutes leurs
formes) sont en dehors du processus de récupération, de valorisation et de recyclage ; Il s’agira donc de développer le
partenariat entre entreprises privées et publiques dont le but est de promouvoir l’économie de recyclage, une priorité nationale ;
Il est nécessaire d’encourager ce secteur en vue d’organiser, d’encadrer et de structurer le marché de recyclage qui pourrait
créer des milliers de postes d’emploi. Nous devons procéder à recycler tout ce que nous consommons pour faire du recyclage
un secteur économique producteur de richesses. Les produits à recycler en priorité ? Il faut accorder de l’importance au
recyclage des déchets spéciaux : huiles usées, pneus, batteries, déchets des équipements électroniques et électriques.□

◙ Bilan et perspectives en matière de protection de l’environnement ◙


Il y a lieu de signaler, en dépit du cadre institutionnel et réglementaire en matière de gestion de l’environnement, la création de
plusieurs organismes, entre autres :
- Le Centre National des Technologies de Production plus Propres (CNTPP).
- L’Observatoire National de l’Environnement et du Développement Durable.
- L’Agence Nationale des Déchets.
- Le Conservatoire National des Formations à l’environnement.
- Le Centre National de Développement des Ressources Biologiques.
- Le Commissariat National du Littoral.
- Le Centre National des Technologies de Productions plus Propres.
- Le Haut Conseil de l’Environnement et du Développement Durable.
- Les directions de l'environnement des wilayas.
.- Le cadre associatif environnemental national et local.
Beaucoup de défaillances subsistent encore pour pouvoir protéger efficacement l'environnement, malgré tous les efforts
déployés jusqu'ici. Parmi les défaillances qui demeurent encore, on signale:
- Une croissance démographique non maîtrisée, et une urbanisation accélérée.
- Modèle d’industrialisation écologiquement non viable. Déconnexion de la politique agricole et pastorale du développement
rural, et une politique foncière peu cohérente.
- Absence d’une politique de gestion intégrée des ressources en eau.
- La sensibilisation et l'association des populations dans les processus décisionnels sont très limitées.
Pendant ce temps, l'Algérie est considérée comme étant l'un des pays les plus actifs en matière de législation de
l'environnement, vu le nombre important de textes promulgués. Cela impose une nouvelle approche basée sur la concertation,
et la participation de tous les secteurs pour protéger l'environnement en Algérie. Il s'agit là comme solutions:
- de l'application rigoureuse des lois et leur mise en oeuvre ;
- doter les institutions nouvellement créées des moyens de fonctionnement;
- mettre en place un système de gouvernance environnementale de proximité : les communes doivent être revivifiées par la
décentralisation des décisions et promouvoir les finances locales. ◙

149
LES COMMUNICATIONS

LES POSTES ET TELECOMMUNICATIONS •


Industrie des télécommunications ▪ Informatique • Internet • Liaison satellite • Nanotechnologies ▪ Objectifs
en télécommunications • Postes et Télécommunications • Télécommunications ▪Transformation numérique ▪
LE TRANSPORT •
Aviation civile • Circulation routière • Compagnies aériennes privées • Facilitation maritime • Parc roulant •
Réseau ferroviaire • Routes •Transport aérien • Transport maritime • Transport terrestre • Transsaharienne
• Voies de communication ▪

LES POSTES ET TELECOMMUNICATIONS

INDUSTRIE DES TELECOMMUNICATIONS .- L'industrie nationale ne produit qu'un nombre limité


d'équipements et de matériels quantitativement et qualitativement insuffisant dont certains sont de
technologies en déclin consommé ou prévisible. Les capacités d'études, de recherche-développement,
d'ingénierie industrielle et de formation supérieure spécialisée ont été faibles au regard des investissements
réalisés dans le secteur industriel de l'électronique. Par contre, les travaux d'installation d'équipements et
de matériels de télécommunications ne couvrent la demande nationale qu'à hauteur de 70%. La contribution
de l'industrie à la modernisation et au développement des réseaux de télécommunications est faible malgré
l'ampleur des investissements réalisés entre 1980 et 1990. L'extraversion des infrastructures de services et
de fabrication des équipements a atteint un niveau de dépendance insupportable. Celle-ci peut s'aggraver à
cause de la position quasi-monopolistique acquise récemment sur le réseau national par certains
constructeurs. Les besoins en équipements de transmission en câbles à fibre optique et en matériel de
télécommunications (connectique) seront couverts entièrement par l'importation. De même que les besoins
en câbles téléphoniques en cuivre seront également satisfaits par ce moyen dans une proportion de 60% à
70%. A titre indicatif, il est envisagé pour la période 1993-2015 de consacrer 296.000 MDA dont 100.000
MDA en dinars transférables aux investissements d'infrastructures. A court terme, 45.000 MDA dont 15.000
MDA en dinars transférables sont requis pour combler le déficit de l'offre et pour moderniser les
infrastructures de services existantes. Ce qui signifie la multiplication par 4 ou 5 du volume de la production
industrielle actuelle. En matière de production de services des télécommunications (téléphone, transmission
de données, telex, télécopie), selon les P&T, le taux de satisfaction de la demande demeure faible :
● demandes téléphoniques en instance en 1996 : 700.000 lignes,
● demande globale annuelle : 200.000 à 250.000 lignes/an.
● offre annuelle : 60.000 lignes/an.
Le coût du programme pour la période 1996-2000 est évalué par le secteur à 199,3 milliards de DA dont
67,1 milliards de DA transférables. Ceci représente un besoin de financement de l'ordre de 12 à 13 milliards
de DA/an alors que le secteur n'a jamais réussi à se procurer plus de 6 milliards de DA/an. Là est toute la
problématique au plan du développement proposé, qui impliquent la multiplication de la production
industrielle par 5 à 6 sur 14 ans, avec en conséquence de lourds investissements. De même, la qualité de
service reste faible; les revenus de l'exploitation des réseaux téléphoniques pour les vingt prochaines
années proviendront pour l'essentiel du téléphone (cas de tous les pays en voie de développement). Les
services avancés des télécommunications (transmission de données à grand débit et à grande vitesse,
réseaux d'informations spécialisés, banques de données) sont encore à l'état de balbutiement. Ils
constituent une source supplémentaire de revenus de l'exploitation téléphonique. Leur taux de croissance
est de l'ordre de 10% à 12% an dans les pays développés. En définitive, le secteur des télécommunications
dans sa double dimension industrie et services est aujourd'hui en difficulté. Il ne peut jouer son rôle de
vecteur stratégique pour le développement de la sécurité et de la souveraineté de l'Etat, de la solidarité
nationale, de l'exercice du droit à la communication et à l'information et d'outil technique pour
l'aménagement du territoire et du développement du secteur économique.

INFORMATIQUE.- En Algérie après quatre décennies de planification et après la mise en place de centaines (voir de milliers)
de plans directeurs informatiques dans les organisations des secteurs public et privé, force est de constater qu’aujourd’hui en
dehors de quelques  visionnaires, nos institutions et nos entreprises continuent de fonctionner avec un déficit
chronique  d’informations pour supporter la prise de décision et pour gérer leurs processus opérationnels. Il n’y a pas si
longtemps encore chaque entreprise avait son portefeuille de projets informatiques avec une batterie de développeurs  et
d’analystes et chacune d’elles s’attelait à construire sa propre infrastructure informationnelle mais peu avaient saisi la complexité
de la tâche tant sur les plans de l’organisation et des ressources humaines que sur les plans architectural et technologique que
sur les moyens à mobiliser à cette fin.
►On comptabilise aujourd'hui plus d'un millier d'opérateurs dans la branche. La quasi totalité de ces
opérateurs agissent dans les domaines d'activité juteux que sont la commercialisation (revente
d'équipement, de logiciels standard, de fournitures,...) et la formation. La maintenance vient loin derrière
suivie encore plus loin par le développement du logiciel et du conseil. Les opérateurs publics, au vu d'une
brutale concurrence, voient leur part de marché s'amenuiser et s'aperçoivent de leurs faiblesses et
découvrent les vertus du marketing. Certains de ces opérateurs traversent aujourd'hui des crises financières
qui ne sont pas sans danger pour leur existence. Les opérateurs privés, eux, profitant de la situation ainsi
créée, investissent les espaces de marché libéré et certains arrivent à se placer solidement dans le marché.
Mais la situation profite surtout aux opérateurs étrangers qui, ayant réorganisé leurs activités en fonction de
celle-ci, ne se consacrent plus qu'à la vente, abandonnant les engagements en matière de maintenance.
Pour ce qui est des opérateurs mixtes, les créneaux investis sont la formation et conseil et la production
(fabrication ou montage d'équipements). Ce qu'il faut retenir de ce volet structurel, c'est que la loi du
marché a permis d'aboutir à un réflexe positif aux yeux des professionnels : chaque opérateur a fini par

150
reconnaître ses forces et ses faiblesses sur les différents segments du marché de la branche. Ce volet est
important à développer du fait de la présence de l'Etat dans une branche aussi sensible que l'informatique
est plus que nécessaire. Appréciez les contours de cette présence. Tout d'abord, l'absence de normes et
d'une réglementation appropriée est apparue criarde, ces dernières années. Les professionnels de la
branche se rendent compte aujourd'hui des côtés positifs de la normalisation et de la règlementation. D'un
autre coté, l'absence d'un réseau national de transmission de données a beaucoup gêné le développement
de l'informatique nationale. L'Etat a pris des mesures incitatives pour le développement de la branche.
Mais des mesures non inscrites dans une démarche globale montrent rapidement leurs limites. L'Algérie ne
dispose toujours pas d'une base industrielle minimum. L'informatisation des grandes fonctions
administratives, économiques et sociales accuse un grand retard préjudiciable au fonctionnement même des
institutions de l'Etat. L'informatisation des échanges d'information par la mise en place d'un système
national d'information est encore au stade de voeu. La recherche en informatique au bénéfice de l'ensemble
des secteurs d'activité est au point mort. L'activité commerciale a pris le pas sur les activités nobles, telles
le développement de logiciel, la maintenance et le conseil. Ce qui a fait de l'algérien un simple
consommateur et un mauvais utilisateur. Un faible professionnalisme dans le management des activités et
de projets a engendré une expression anarchique des besoins (qui dépassent souvent le seuil
"technologique") qui, à son tour, a accru la dépendance du pays vis-à-vis de l'étranger.
►Le rôle de l’informatique dans l’accés à la connaissance : L’Information joue un rôle fondamental dans le développement
économique et social d’un pays. Cependant, cette information ne peut accomplir sa fonction que si celle-ci est prise en charge
par un système d’information moyennant des équipements informatiques. En outre les systèmes d’information dans les pays en
voie de développement fonctionnent sur un processus classique de traitement de l’information. Quand aux pays développés, ces
derniers sont entrés actuellement dans la phase post-industrielle.
La question qui se pose est : faut-il s’engager au développement basé sur l’ingénierie de la connaissance ou bien continuer à
gérer ces systèmes avec des méthodes classiques ? La rapide évolution des technologies de l’information et de la
communication (TIC) a engendré au cours de ces dernières années une progression de leurs usages dans tous les domaines et
en particulier ceux de l’éducation et la formation. Tout professionnel de ce secteur est désormais concerné par l’utilisation des
outils propres à ces technologies et par leur intégration dans ses pratiques professionnelles.  

INTERNET.- Au 31 décembre 2016, le parc des abonnés Internet a augmenté de 11 millions, soit une évolution de 51% par
rapport à l’année antérieure. Cette évolution est due d’une part, à l’évolution du parc des abonnés Internet 3G qui est passé de
16 millions abonnés en 2015 à 25 millions abonnés en 2016, soit une progression de 54,51%. D’autre part, à l’évolution du parc
des abonnés internet fixe 4G qui a augmenté de 83% en 2016 par rapport à l’année antérieure. Concernant la téléphonie fixe,
un peu plus de 3 millions d'abonnés ont été comptabilisés au 28 février 2011. Le groupe public Algérie Télécom, compte 2 537
000 abonnés à la téléphonie fixe filaire et 533 300 au WLL (Wireless Local Loop), réseau sans fil utilisant les ondes hertziennes

2015 2016 Évolution


Abonnés ADSL 1 838 492 2 083 114 +13,31%
Abonnés Internet 4G 423 280 775 792 +83,28%
LTE fixe
Abonnés Internet 16 319 027 25 214 732 +54,51%
mobile 3G
Abonnés Internet / 1 464 811 /
mobile 4G
Abonnés Wimax (AT) 233 251 +7,73%
Total abonnés Internet 18 581 032 29 538 700 +51,09%

► Les Enjeux économiques. Comme dans tous les pays en voie de développement, les enjeux
économiques, industriels et financiers que peut engendrer l’introduction de l’Internet en Algérie sont
immenses :
• Le défi majeur et universel est que ce nouvel outil peut entraîner une forme de marginalité en creusant le
fossé existant entre les pays développés et ceux en voie de développement.
• Le danger est celui de diviser le monde en deux :
- les « riches » qui détiennent le pouvoir, l’information et les réseaux;
- les « pauvres » laissés pour compte et qui finissent par devenir les marchés des pays développés sur tous
les plans même celui de la technologie et de la recherche.

LIAISON SATELLITE .- La société américaine Media Development Investment Fund (MDIF), basée à New York, s'est
lancée dans un projet fou : donner accès à Internet depuis l'espace. C'est en partant du constat que seuls 60% de la population
mondiale avait accès à Internet que la firme a eu l'idée d'Outernet. Pour réaliser ce projet, MDIF envisage déjà de lancer des
centaines de satellites low cost miniatures qu'ils ont appelé "CubeSats". Miniatures oui, car ils ne font que 1,33 kg et 10
cm3. Ces satellites, en orbite autour de notre planète, permettraient de matérialiser l'Outernet et nous donneraient une
connexion Wifi. Une connexion Wifi mondiale ET gratuite ! L'équipe chargée d'Outernet met tout en œuvre pour que le projet se
concrétise vraiment à partir de juin 2015. Cette technologie existe déjà et ne date pas d'hier puisque ces CubeSats ont été
développés en 1999 par deux universités américaines, Stanford et Cal Poly. Ils sont par ailleurs toujours utilisés et aident à
certaines missions scientifiques. MDIF souhaite utiliser les installations et les équipements de la station spatiale internationale
de la Nasa en septembre 2014 et utilisera aussi la technologie UDP, User Datagram Protocol qui permettra le partage des
données. Étant une organisation à but non lucratif, la firme espère réussir à lever des dizaines de millions de dollars pour
finaliser le projet Outernet. S'ils réussissent ces paris, Outernet devrait bel et bien voir le jour. La gratuité d'Outernet et son
impact mondial permettra également de déjouer la censure dont certains pays sont victimes. Mieux encore, Outernet jouera un
rôle extrêmement important en cas de catastrophes naturelles grâce à son système de notification global.

151
NANOTECHNOLOGIE.-L’Algérie accuse un énorme retard en matière d’innovation dans les technologies de pointe liées
principalement à la sécurité des réseaux et des systèmes. Les moyens financiers et les compétences algériennes exerçant dans
diverses firmes étrangères ne sont pas, jusque-là, mis au service du développement et de la sécurité du pays. Les domaines de
la nanotechnologie et la sécurité informatique en sont des exemples édifiants à plus d’un titre. L’Algérie possède d’énormes
potentialités  pour acquérir  et développer ces nouvelles technologies mais reste malheureusement en marge des évolutions
enregistrées dans le monde. La nanotechnologie est une discipline en croissance rapide dans le monde avec un impact
considérable pour le développement de divers secteurs tels que l’informatique, les télécommunications, la médecine, l’énergie et
surtout la sécurité. Cette technologie de pointe consiste en la conception et la fabrication d’outils très minuscules, à la taille d’un
milliardième de la forme actuelle, qui peuvent être utilisés de manière plus facile et avec une performance considérable.
L’évolution de cette discipline laisse entrevoir la fabrication dans un proche avenir des ordinateurs minuscules, de la taille d’un
dé à coudre, et de robots pouvant être placés sur le corps humain afin de diagnostiquer d’éventuelles maladies. Actuellement,
des recherches sont menées pour la mise au point des puces ADN pour soigner uniquement les cellules touchées. Des puces
pour la mémoire des lecteurs MP3 et d’autres à placer sur le corps pour donner des informations relatives à l’environnement
(taux de radiation, séismes, taux d’humidité…). Dans le domaine de la sécurité, la nanotechnologie est aujourd’hui très
répandue dans les pays développés. Des puces peuvent être placées sur des immeubles, des arbres, des panneaux, etc., pour
recevoir des informations au moment opportun concernant la personne mise sous surveillance. « C’est là un créneau d’une
importance majeure pour la sécurité du pays. Si on arrive à maîtriser cette technologie, on se mettra à l’abri de toute sorte de
menaces émanant de personnes suspectes. Il faut être au diapason des nouveaux défis de la guerre électronique car la
possession d’un énorme arsenal militaire et d’un service de renseignement qui fonctionnent selon les anciennes méthodes ne
serviront plus à rien dans un proche avenir. L’introduction de la nanotechnologie en Algérie nécessite de mettre en place des
centres de recherches spécialisés et d’appeler les experts algériens qui exercent actuellement dans les pays occidentaux. Il est
bien évidemment question de conscience et de volonté politique pour la création de think-tanks (groupes d’experts) pour le suivi
des évolutions et l’application de cette technologie. La sécurité du pays passe également par la maîtrise des techniques de lutte
contre les hackers qui menacent de brouiller les sites internet des diverses institutions et protéger les internautes algériens qui
sont la cible d’espions étrangers. (cf.itmag,2011).

OBJECTIFS EN TELECOMMUNICATIONS .- Pour soutenir efficacement le développement des secteurs


économiques, il serait crucial de déployer des efforts de réalisation sur un moyen terme pour :
● valoriser les richesses informationnelles du pays en les dotant d'infrastructures de base modernes,
fiables, denses et disponibles sur tout le territoire national,
● rattraper le retard en matière d'offre de services des télécommunications en réalisant 200.000 à 300.000
lignes téléphoniques nouvelles au minimum par année et avec un taux de croissance de l'ordre de 10%/an
pour que le dimensionnement du marché local puisse justifier des investissements industriels,
● promouvoir des services des télécommunications de qualité conforme aux standards internationaux,
● accroître progressivement l'offre locale d'équipements de commutation, de transmission, terminaux et
connectique pour atténuer l'extraversion des infrastructures des services,
● planifier l'introduction des technologies modernes (numériques, fibre optique, communications mobiles, ...)
tout en intégrant la problématique industrie-services.
En outre, il est préconisé de définir une politique d'encadrement stratégique du développement des
télécommunications et d'opérer des réformes nécessaires afin de réhabiliter la notion de service public et
d'améliorer la qualité des prestations, par :
● la création d'un cadre politique adéquat pour la prise de décision sur les grands choix industriels,
commerciaux et technologiques, car l'expérience passée a démontré que les organisations traditionnelles
d'encadrement du secteur, à caractère consultatif, n'ont pas répondu à toutes les attentes,
● la création d'un centre de recherche et de développement des télécommunications au sens large à
dimension intersectorielle,
● la création d'une ou plusieurs associations professionnelles assurant le lien entre le marché, les
producteurs et les régulateurs,
● la création d'une agence spécialisée pour l'assainissement et la gestion du spectre des fréquences, des
points hauts et des circulations orbitales (communications spatiales).
● réaliser l'intégration industrielle et le financement des investissements par :
◘ l'élaboration de financement programmé à long terme des investissements d'infrastructures de services
et de l'industrie,
◘ la promotion de relations commerciales contractuelles à long terme entre les principaux acteurs du
secteur,
◘ la recherche de nouvelles formes de partenariat privilégiant des approches d'opérateur de service
public (fournitures, installations d'équipements).

POSTES ET TELECOMMUNICATIONS .- L'Algérie n'a jamais investi plus de 0,4% du PIB dans les
télécommunications, alors qu'il est admis qu'un réseau en phase de croissance exige l'investissement de
1,5% du PIB. Par ailleurs, les services offerts aux usagers du réseau en phase des télécommunications
restent faibles notamment au plan qualitatif et quantitatif et à l'exception des services de base que sont le
téléphone, le fax et le télex, les nouveaux services et en particulier ceux destinés à la communication
d'entreprise sont très peu développés.

TELECOMMUNICATIONS.- L’Algérie compte aujourd’hui trois grands opérateurs dans le secteur des télécommunications :
un opérateur «historique» public Algérie Télécom (AT) et deux opérateurs privés, Orascom Télécom  Algérie (OTA) et Wataniya
Télécom Algérie «OOREDOO» (WTA). Depuis 2004, suite aux importants investissements réalisés pour, notamment,
moderniser le  réseau GSM, AT est parvenu à une mise à niveau satisfaisante de la qualité de ses prestations. Conformément
aux dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009, une taxe  applicable aux chargements prépayés de téléphonie

152
mobile a été instituée, cette taxe est  applicable aux chargements prépayés. Elle est due mensuellement par les opérateurs de 
téléphonie mobile quel que soit le mode de rechargement. Le taux de la taxe est fixé à 5%. Il s’applique sur le montant du
rechargement au titre du mois.  Le produit est versé par les opérateurs concernés au receveur des impôts territorialement 
compétent dans les 20 premiers jours du mois suivant. La taxe susvisée est applicable sur le  chiffre d’affaires mensuel des
opérateurs de téléphonie mobile. La taxe est recouvrée comme en matière d’impôts directs. Le paiement s’effectue
mensuellement au choix sur la déclaration des impôts et des taxes perçus au comptant ou par voie de retenue à la source
«série G n°50» auprès du receveur de la Direction des grandes entreprises(1). 
Concernant la connexion à Internet, on compte près de 9 816 143 abonnés à l’ADSL réalisés à fin  novembre 2014. Le bilan du
déploiement des opérateurs en 3G au 27 décembre 2014 est comme suit : ATM couvre 25 Wilayas ; WTA couvre 25 Wilayas ;
OTA couvre 20 Wilayas ;
39 Wilayas sont aujourd’hui couvertes par au moins un opérateur ;17 Wilayas sont couvertes actuellement en même temps par
au moins deux opérateurs ;10 Wilayas sont couvertes actuellement en même temps par les trois opérateurs.
La loi n°2000-03 du 5 août 2000 fixant les règles générales relatives à la poste et aux  télécommunications a mis en place une
«autorité de régulation indépendante, dotée de la  personnalité morale et de l’autonomie financière». Parmi la vingtaine de
missions assignées à cette institution, nous citerons, ici, les principales, qui consistent à : 
♦  veiller à l’existence d’une concurrence effective et loyale sur le marché des télécommunications ;
♦  veiller à fournir le partage d’infrastructures de télécommunications ;
♦  octroyer les autorisations d’exploitation ;
♦  se prononcer sur les litiges en matière d’interconnexion ;
♦  arbitrer les litiges qui opposent les opérateurs entre eux ou avec les utilisateurs. 
En outre, l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) est consultée par le ministre chargé de la Poste et
des Télécommunications pour :
♦  préparer tout projet de texte réglementaire relatif aux secteurs de la poste et des télécommunications ;
♦  préparer le cahier des charges. 
Par ailleurs, l’Autorité de régulation donne son avis sur :
♦  toutes les questions relatives à la poste et aux télécommunications ;
♦  la fixation des tarifs maximums du service universel de la poste et des télécommunications;
♦  l’adoption d’une réglementation relative à la poste et aux télécommunications ;
♦  les stratégies de développement des secteurs de la poste et des télécommunications.
Enfin, l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) est habilitée, entre autres, à :
♦  formuler toute recommandation à l’autorité compétente ;
♦  proposer les montants des contributions au financement des obligations de service  universel;
♦  effectuer tout contrôle entrant dans le cadre de ses attributions, conformément au  cahier des charges. Deux autres points
sont à signaler ici au sujet du fonctionnement de l’Autorité de régulation  suivant les principes de l’Etat de droit. En premier lieu
et en vertu de l’article 17 de la loi  précitée : «Les décisions prises par le Conseil de l’Autorité de régulation peuvent faire l’objet 
d’un recours auprès du Conseil d’Etat, dans le délai d’un mois à compter de leur notification.» Ensuite, dans le cadre du respect
de la concurrence sur le marché et de la protection des usagers et consommateurs, le Conseil de la concurrence peut être saisi
d’une pratique relevant  du secteur des télécommunications ; auquel cas, il doit transmettre pour avis une copie du dossier.
Cette obligation relève du principe général posé par le législateur, à savoir que «le  Conseil de la concurrence développe des
relations de coopération, de concertation et d’échanges  d’informations avec les autorités de régulation». La concurrence s’est
accentuée ces dernières années entre les trois opérateurs de téléphonie mobile, à savoir OOREDOO, Mobilis et Djezzy.Les
préfixes 05, 06 et 07 comportent chacun un bloc  de 10 millions de numéros. Djezzy ayant épuisé ce chiffre, l’ARPT lui a délivré
un nouveau préfixe (09) dont l’opérateur n’a  pas le monopole, puisque Mobilis l’utilise également. OTA a contesté la décision de
l’ARPT au  motif qu’elle introduisait une confusion dans l’esprit des abonnés ; ce à quoi l’ARPT a répondu  que c’était la rareté
des numéros disponibles qui avait nécessité une telle mesure. Pour résoudre ce problème et permettre aux trois opérateurs
d’augmenter les plages d’abonnement, l’ARPT  a décidé d’introduire un chiffre supplémentaire dans la numérotation du réseau
téléphonique  mobile. Ce changement est intervenu le 22 février 2008. De plus, la portabilité de numéros n’est  toujours pas
effective en Algérie : le numéro n’est pas la propriété de l’abonné ni de l’opérateur, il appartient à l’Etat qui attribue des blocs de
numéros aux opérateurs qui à leur tour les mettent  à la disposition des abonnés. Pour des raisons sécuritaires, l’ARPT a
procédé en 2008 (2) à une vaste opération d’identification des clients détenteurs de cartes prépayées, dans le but d’établir une
base de données relative à chaque opérateur.
(1) Arrêté interministériel du 1er avril 2010 fixant les modalités d’application des dispositions de la loi de finances
complémentaire pour 2009 instituant ladite taxe.
(2) Décision 11/SP/PC/ARPT.
□ Observations  : Le développement de la communication, de l'information et de la culture est inséparable
de celui des télécommunications qui sont parmi les infrastructures techniques fondamentales structurantes
de la société. Ainsi dans cette étape de transition économique et sociale, les télécommunications, au sens
large du terme (informatique, audiovisuel, électronique), revêtent une importance grandissante notamment
au regard des besoins en matière de :
► sécurité et de souveraineté.
► solidarité nationale.
► consolidation du droit de l'information et de la communication.
► d'approfondissement et d'extension de la démocratie notamment à travers l'exercice du droit à
l'information et à la communication.
► d'insertion de l'économie algérienne dans la nouvelle division internationale du travail et de son réseau
national au sein des réseaux internationaux.
Le diagnostic consensuel élaboré récemment fait ressortir la nécessité impérative de définir une stratégie
globale du développement du secteur des télécommunications intégrant les dimensions services et industrie.

TRANSFORMATION NUMERIQUE-. L'Algérie a les moyens pour être un acteur incontournable :  Notre pénétration sur les
lignes fixes s’est relativement améliorée depuis 2015 par rapport à des pays comparables au nôtre. Nous jouissons d’une

153
télédensité du mobile de l’ordre de 113,9%, parmi les plus importantes en Afrique et un taux de couverture 3G/4G de 83.4%, il
dépasse la moyenne MENA (81.9%) et n’est pas très loin de la moyenne mondiale (85%). Le taux de pénétration internet en
terme de foyers (On peut se connecter à plusieurs sur une ligne ADSL) connectés est de 34.7%. Le taux de pénétration Internet
mobile est de 64,6%. Cela donne un taux de pénétration qui comprend l’Internet fixe et mobile de 75,5%. Par contre la
pénétration en terme d’abonnés à l’internet fixe illimité  de type ADSL, Wimax et VSAT, rapporté au nombre d’habitant, est de
l’ordre de 6,9 %. Ce dernier pourcentage est celui que les institutions internationales spécialisées (IUT, Banque Mondiale,
WEF…) documentent dans leurs rapports et que les classements prennent en compte,  car il correspond à une connexion
physique sur le téléphone fixe ou fibre optique et représente mieux l’appropriation des TIC par un pays lorsqu’il est comparé aux
autres et à ses propres résultats passés. L’Algérie fait des avancées importantes pour une meilleure connectivité et une bande
passante adéquate. En 6 ans, nous sommes passés de 44.000 Kms de fibre optique installée à plus de 80.000 kms déployée
par Algérie Télécom seule. D’une bande passante internationale de 67 Gbps à plus de 1.1 Tbps  (1100 Gbps) avec une bande
passante nationale de plus de 1400 Gbps (1,4 Tbps). Cette dernière est plus importante que l’internationale car un effort
particulier a été fourni par Algérie télécom pour interconnecter la majorité les communes d’Algérie (près de 1500 sur les 1541,
d’après les chiffres du MPTTN), cette bande passante nationale est par contre peu ou prou utilisée, car la quasi totalité de notre
trafic internet vient et va vers l’international.
Ce trafic international n’est pas encore atténué par l’installation d’un véritable centre d’échanges Internet (AlGiX) qui a été lancé
puis abandonné pour des raisons inconnues. Il interconnecterait  les différents fournisseurs d’accès à Internet ce qui éviterait,
par exemple, que le mail d’un client d’Algérie Télécom, habitant en Algérie,  envoyé à un client d’Icosnet (ISP alternatif algérien)
ne fasse le tour du monde avant d’arriver à son destinataire algérien. Une consommation de bande passante qui coûte de plus
en plus chère parce que la demande nationale augmente régulièrement. Cette augmentation est de 50 à 60% par an depuis
2011, pourrait égaler ou même dépasser la bande passante nationale à plus de 1,5 Tbps  d’ici l’année prochaine.
Les raisons du retard : La lenteur dans le développement de la téléphonie fixe en Algérie a fait basculer toute la demande vers
une utilisation de l’internet mobile (qui) a explosé en nombres d’utilisateurs. Malgré ces résultats, l’association internationale
GSMA relève dans une de ses études annuelles (GSMA Intelligence) que 51% des utilisateurs algériens de l’Internet mobile
estiment n’arrivent pas à trouver du contenu local ou un contenu qui leur convienne. Parmi eux, 23% d’entre eux sont très peu
ou pas instruits. Alors que 12% sont rebutés par le coût élevé des téléphones intelligents et/ou des services offerts. Les
Algériens font tout de même mieux que le Maroc dont 51% des utilisateurs sont peu instruits, et 33% d’entre eux estiment que le
coût d’accès à la technologie est une barrière. Par contre en terme de disponibilité de contenu local, le Maroc fait légèrement
mieux, car ils ne sont que 49% à penser qu’ils ne trouvent pas de contenu spécifiquement marocain.
En attendant le dégroupage de la boucle locale, qui est en fait permis par l’actuelle loi n°2000-03, mais impossible à mettre en
œuvre dans la pratique en l’absence d’une volonté́ ferme des pouvoirs publics. Ceux-là̀ sont en droit d’obliger Algérie Telecom à
jouer le rôle de grossiste de bande passante et permettre la venue d’opérateurs alternatifs. La bonne nouvelle est qu’à l’échelle
internationale, dans le classement de l’index de développement des TIC (IDI de l’IUT) en 2016, nous avons gagné 9 places,
passant de la place 112 à 103 sur 175 pays. Une progression de 115% qui nous a valu les félicitations du DG de l’IUT.
L’accès à Internet demeure cher : Il reste que l’accès à l’Internet, mobile ou fixe, demeure relativement cher comparativement
au pouvoir d’achat de l’Algérien moyen. En effet, le prix d’un forfait internet mobile de 1 Go représente 5,55% du salaire
minimum en Algérie, alors qu’il n’est que de 2,1% en Tunisie, de 2,3% en Égypte et de 0,4% au Maroc. Par contre l’Algérie se
positionne mieux en ce qui concerne les prix des smartphones, notamment en entrée de gamme, qui représente 55% du salaire
minimum alors qu’il est à 72% pour le Maroc, 153% pour l’Égypte, la Tunisie fait mieux que tout le monde avec seulement 40%
du salaire minimum. Quant à l’internet fixe, le coût d’une connexion à 20 Mbps, représente en Algérie 21% de son PIB mensuel
alors qu’il n’est que de 4,5% en Tunisie et de 2,90% en Égypte.
Par ailleurs, les Algériens paient très cher le roaming voix et encore plus cher celui de la connexion de l’Internet depuis
l’étranger, alors que partout ailleurs on tend vers l’uniformisation, comme en Europe où le système de roaming a été purement et
simplement abandonné. Imaginez que lorsque vous êtes à l’étranger (en France, par exemple) vous payez les appels reçus, une
moyenne de 30 DA/minute, 100 DA/minute pour les appels vers numéro local, et 150 DA/minute lorsque vous appelez chez
vous. Sachant que tous ces appels sont désormais véhiculés en utilisant Internet comme pour les données, et que nous ne
payons pratiquement rien lorsque nous utilisons d’autres moyens de communication voix comme Viber. Alors qu’est-ce qui
justifie ces prix ?
Réduire le coût de la bande passante : La consommation numérique des Algériens de la bande passante provient
principalement du streaming vidéo, de films HD, et autres Youtube qui totalisent, uniquement pour ce dernier, plus de 10 millions
d’Abonnés algériens avec un peu plus de 50 millions de vues par jour. Cela en dehors des vidéos spécifiques à Facebook qui
compte près de 18 millions d’abonnés algériens. Le reste est partagé par une utilisation des réseaux sociaux tels que Twitter
(750.000 abonnés), LinkedIn (800.000 abonnés), WhatsApp et autres Instagram. Par ailleurs, la quasi-majorité des sites web et
blogs algériens et des messageries algériennes sont hébergés à l’étranger. L’absence de data center spécialement équipé pour
faire de l’hébergement aux normes internationales, capables de prendre en charge la demande nationale y est pour beaucoup. Il
se trouve que même sur les quelque 9400 noms de domaine enregistrés en .dz, une proportion parmi les 6000 sites web est
également hébergée à l’étranger.  Alors que le nombre de sites web et blogs d’origine algérienne en .com, .net etc, est évalué à
plus de 350.000, il était de 45.000 en 2012. Ceux qui hébergent leurs sites/blogs à l’étranger estiment que l’accès serait plussûr
et plus rapide. Pour d’autres, les raisonssont purement d’ordre économique et surtout de continuité de service (mauvaises
connexions, pannes intempestives du réseau), coupures involontaires, comme celles de câbles en mer, ou "volontaires", comme
celles des épreuves du baccalauréat (incidemment, ces coupures auraient occasionné de 2016 à 2017, des pertes évaluées à
plus de 21 millions de dollars à l’Algérie soit 2,4 Milliards de DA).
Développer nos propres contenus : Dans ces domaines, à forte valeur ajoutée, nos voisins ne sont pas en reste et enregistrent
de 13% à 15% de parts des TIC à leur PIB. Alors que nous avons tout le mal du monde, pour le moment, à faire bouger les
lignes au-delà des 5%, bon an mal an. En fait la part du développement numérique pour la e-administration, la e-santé, la e-
éducation ainsi que les logiciels et applications liées, représentent réellement moins de 1,5%. Le gros étant constitué par les
télécommunications, c’est-à-dire la téléphonie et l’Internet mobile, dont la plus-value algérienne est peu significative pour le
moment. Si on exclut les quelques expériences de création d’incubateurs et d’accompagnement de start-up que les opérateurs
mobiles réalisent de temps à autre. Ces actions entrepreneuriales vont dans le bon sens. Qui d’autres que les opérateurs du
numérique et ceux du mobile tout particulièrement, peuvent mieux que quiconque promouvoir l’économie numérique d’une
manière aussi directe. Il est utile par ailleurs de rappeler qu’une trentaine d’entreprises algériennes se sont aussi constitués en

154
Cluster du numérique en 2016 qui comprend aussi bien des start ups à fort potentiel que des entreprises bien établies telles que
Condor, Irisat et Stream System. La tutelle sectorielle, Le Ministère de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et
du Numérique semble avoir quelques difficultés à les intégrer dans sa stratégie de développement et de transformation
numérique de notre pays. La confiance doit être de mise, nous avons besoin de tout le monde et surtout de tous les acteurs
économiques pour vérifier sur le terrain ce que préconise la Banque Mondiale pour les pays comparables au nôtre ; un emploi
dans le numérique crée jusqu’à trois autres emplois dans le reste de l’économie et une augmentation de 10% dans la
pénétration des TIC en général a pour effet d’augmenter sa part dans le PIB de 1,5 %. □

LE TRANSPORT

AVIATION CIVILE .- La situation de monopole de la compagnie nationale Air Algérie a perduré sans
fondement juridique, voire même en contradiction avec ses activités depuis sa transformation juridique
(1997) en société par actions régie par les règles commerciales. Malgré la promulgation du code de
l'aviation civile (juin 1998), aucune mesure significative en n'est venue témoigner d'une volonté ferme des
pouvoirs publics de mettre en oeuvre le texte fondamental de l'aviation civile commerciale. Que ce soit au
plan organisationnel ou règlementaire, aucune action tangible n'a été décidée pour la mise en place de
mécanismes indispensables à l'amorce du processus d'ouverture du marché aérien. Le cadre juridique
réglementaire (plus d'une quarantaine de textes) auquel renvoie le texte législatif, n'a pas encore été
élaboré. Il en est de même pour le dispositif juridique "prioritaire" qui aurait permis d'amorcer le démarrage
effectif de l'exploitation des services aériens, notamment de transport public conformément aux nouvelles
dispositions législatives. Le retard enregistré dans la mise en oeuvre de ces règles constitue, de plus en
plus, une entrave pour les transporteurs publics ou privés dont la demande augmente au fil des jours. Pour
l'heure, l'une des questions que devront se poser avec acuité les futurs opérateurs aériens, publics ou
privés, est de savoir quelles seraient l'étendue et les limites de l'intervention de l'Etat dans cette
libéralisation qui, manifestement, va supposer une coexistence de plusieurs compagnies aériennes
publiques et privées. Autrement dit, quelle politique adoptera le gouvernement (qui sera appelé à approuver
les futures conventions de concessions) à l'égard de ces compagnies aériennes pour ce qui est des
conditions d'accès au marché aérien et des modalités de son exploitation? Car s'il est vrai que le marché
aérien offre un potentiel de trafic et des activités considérables en Algérie et sur l'étranger, sa libéralisation
devra, en tout état de cause, prendre en considération les priorités qui auront été définies à l'avance par les
pouvoirs publics en fonction des besoins des usagers et de l'intérêt général. L'intervention de l'Etat, outre
ses responsabilités en matière de sécurité des personnes et des biens, ne pourra se soustraire à son rôle
dans l'organisation des services aériens, dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'une réglementation
appropriée définissant le cadre d'exploitation et de contrôle de ces services aériens tant au plan national
que dans les relations internationales.

CIRCULATION ROUTIERE.- Selon l’ONS, le parc automobile en circulation sur le réseau routier est de 4.812.555
véhicules en 2012.
Parc auto par âge (ONS,2012) : Les véhicules de la tranche d'âge (5 à 9 ans) représentent 17% du parc auto national, de 10 à
14 ans (4%), de 15 à 19 ans (5%) et enfin les véhicules de 20 ans et plus représentent 54%, soit 2.592.000 unités dont la moitié
(49,63,%) sont des véhicules de tourisme (1.296.000 véhicules). Il est à noter aussi que le véhicule de tourisme prédomine la
catégorie de moins de 5 ans. En, effet, les apports annuels de véhicules neufs essentiellement par les importations ont eu pour
conséquences le rajeunissement du parc national automobile particulièrement au niveau de certains genres de véhicules, pour
l’année 2012 ; à titre comparatif, la proportion des véhicules de moins de 5 ans est de :
 22,93% pour les véhicules de tourisme contre 7,8% en 2000,
 19,63% pour les camionnettes contre 3,2% en 2000,
 17,66% pour les tracteurs routiers contre 4,2% en 2000,
 15,94% pour les véhicules spéciaux contre 3,9% en 2000.
 15,8% pour les Autocars et les Autobus contre 4,9% en 2000,
 13,61% pour les remorques contre 3,2% en 2000,
 35,81% pour la moto contre 6,50% en 2000.
Par ailleurs, le réseau routier algérien est en plein développement grâce au programme de modernisation des autoroutes. Nous
citons essentiellement la réalisation de l'Autoroute Est-Ouest totalisant 1216 km et le lancement prochain des travaux de
réalisation de l'autoroute des hauts plateaux de 1020 km. Les objectifs pour le développement du réseau autoroutier sont :
 Répondre aux besoins de déplacements des personnes et des transports de marchandises : éviter la congestion de certains
axes due au trafic routier sans cesse croissant.
 Contribuer au développement économique du pays : les autoroutes sont des outils indispensables au développement
économique.
 Structurer le territoire : le réseau autoroutier est une composante majeure de l’aménagement du territoire.
 Améliorer la sécurité routière, les conditions de confort, le gain de temps et les coûts de transports.
Ce réseau routier assure près de 90 % du volume des échanges, dont le plus important est enregistré sur le réseau économique
de base (Himouri, 2010). Cela reflète la prédominance du mode de transport routier par rapport aux autres modes. Ce constat
montre que l’essentiel du trafic se déroule sur un seul type de réseau ce qui le rend souvent congestionné et à haut risque.
Ainsi, le renforcement du réseau routier en qualité et en quantité est un besoin grandissant d’une année à une autre pour
l’Algérie. Le réseau autoroutier est appelé aussi à se développer davantage pour répondre aux besoins de la circulation.
□ Parc national automobile au 31/12/2014 : 5.425.558 Véhicules immatriculés & ré immatriculés au cours de l’année 2013 :
1.397.554

COMPAGNIES AERIENNES PRIVEES .- Une dizaine de sociétés privées ont été agréées pour l'exploitation
de lignes aériennes ou pour avoir des permis d'exploitation dans le secteur de la maintenance. Les besoins

155
du marché étant loin d'être satisfaits, l'année 1999 verra l'entrée en activité de nouvelles entreprises de
transport aérien. La compagnie Antinéa airlines a investi 22 millions de dollars pour sa création. Elle
dispose actuellement de deux appareils de type Boeing 737, dont l'un est de date récente, pour assurer le
transport des passagers sur les lignes extérieures. Deux ATR 42 assureront les liaisons intérieures alors
qu'un appareil Falcone sera destiné au transport sanitaire et pour les hommes d'affaires. D'autres avions
assureront la desserte des champs pétroliers du sud. Quelques lignes entreront en activité sur l'étranger à
savoir la France, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre. Une autre compagnie Air Fret Service vise l'acquisition
au départ, sous forme de leasing de 3 avions et la constitution d'une petite flotte cette même année.
Pouvant acquérir plus de dix avions en cas de forte demande, elle sera spécialisée dans le transport de
marchandises (fret) et de la messagerie. Filiale de l'union bank qui détient 60% des actions, Air Fret
Services compte exploiter, dans une première phase, les lignes Oran-Alicante, Oran-Marseille, Alger-
Marseille, Alger-Hassi-Messaoud. Une autre compagnie privée Eco Air (300 millions de DA de capital) a
acquis en leasing 4 boeing dont trois 737-400 et un 737-500 assurera la liaison d'Alger avec Paris, puis
d'autres destinations, entre autres Casablanca, Le Caire, Marseille, Milan, et Liège. En prévision,
l'acquisition de cinq jets de 62 places pour assurer les liaisons domestiques et un sixième réservé aux
déplacements de personnalités importantes (VIP). Transport-assistance, à l'image d'Europe Assistance, sera
cette autre prestation au profit de personnes à évacuer en urgence. La compagnie Tassili Airlines, en
partenariat entre Sonatrach et Air Algérie est destinée à transporter dans de meilleures conditions les
450.000 travailleurs de la Sonatrach opérant dans le Sud. Mise en place depuis deux ans, la compagnie
Sahara Airlines, disposant d'un personnel hautement qualifié (500 travailleurs) et d'une flotte de quatre
appareils (2 Airbus et 2 ATR 42), avait porté son capital à 248 millions de dinars. L'intervention des
nouvelles compagnies aériennes privées permet une meilleure couverture de la demande et, en principe,
une meilleure qualité de service.□

FACILITATION MARITIME .- Il s'avère urgent d'arrêter des mesures pour l'atteinte aux objectifs de fluidité
du trafic maritime et par conséquent, la réduction des coûts et des délais. Ce problème entrave la promotion
des échanges maritimes, colonne vertébrale de l'économie nationale, en ce sens que 90% des échanges
extérieurs se font par voie maritime. En effet, les ports algériens traitent 16 millions de tonnes de
marchandises (hors hydrocarbures) et 400.000 passagers, et reçoivent près de 8000 navires par an. Ceci
explique d'ailleurs la ratification, en 1983, de la convention FAL de l'OMI, et la mise en place, en 1988, du
comité national de facilitation maritime (CNFM), une structure chargée de l'amélioration du trafic et pour une
meilleure maîtrise des opérations liées aux activités portuaires. Les organismes nationaux de facilitation
maritime ont à charge la réalisation d'un programme d'actions. Il s'agit entre autres, de réactiver les travaux
des comités locaux de facilitation (optimisation des circuits documentaires), de la mise en place du système
de guichet unique pour toutes les formalités administratives et commerciales, réactiver au niveau de chaque
port des instances de concertation regroupant les opérateurs et les usagers par le biais de chartes
portuaires. Il est question de mettre en place un dispositif pour éviter l'engorgement des ports, l'amélioration
du système d'information des usagers, le développement du réseau informatique des infrastructures
portuaires et sa connexion avec d'autres réseaux régionaux et internationaux. Il y a lieu, également,
d'insister sur la nécessité d'appliquer les dispositions de l'article 7 du code des douanes, relatives aux
valeurs administratives, en attendant l'entrée en vigueur, en Algérie, du code des valeurs de l'OMC. Il est
question aussi de la garantie de la publicité la plus large des changements de valeurs administrées, l'octroi
aux services portuaires du droit d'accès au système informatique de gestion informatisée des douanes
(Sigad) afin de suivre la gestion des marchandises en souffrance, l'encouragement de la création
d'entrepôts sous-douane, l'intensification de la sensibilisation et la formation des agents économiques sur
les procédures de transfert et du commerce international pour éviter les goulots d'étranglement.

PARC ROULANT.- Le parc roulant algérien peut paraître modeste, néanmoins en croissance rapide.
REPARTITION DU PARC NATIONAL AUTOMOBILE PAR GENRE DE VEHICULES AU 31/12/2016
GENRE DU VEHICULE Nombre %
VEHICULE DE TOURISME 3 872 709 64,69
CAMION 413 261 6,90
CAMIONNETTE 1 178 745 19,69
AUTOCAR-AUTOBUS 86 200 1,44
TRACTEUR ROUTIER 82 832 1,38
TRACTEUR AGRICOLE 158 855 2,65
VEHICULE SPECIAL 7 033 0,12
REMORQUE 147 613 2,47
MOTO 38 933 0,65
TOTAL 5 986 181 100
En 1983 le nombre total de véhicules, tous genres confondus, s'élevait à 1.038.186 unités. En 1995, il
atteint 2.700.997 unités. Le parc automobile passera de 8 millions de véhicules actuellement à plus de 20 millions à
l'horizon 2025. La capitale accueille quotidiennement 4 millions de voitures environ. 97 % des opérations de transport en Algérie
se font par voie routière
►La promotion du gaz propane liquéfié (GPL) : Tout d’abord, cela représente pour les algériens un avantage comparatif de taille
qui pourrait être développé. Son prix est plus qu'attractif à la pompe puisqu'il ne représente que le tiers du prix de l’essence. Si
aujourd’hui le parc d'automobile fonctionnant au gaz ne représente qu'environ que 5%, l’objectif est d’arriver à 34% à l’horizon
2020. En 2010, il était prévu une production de 750 000 tonnes pour être distribuées à travers 800 stations.A signaler aussi le
programme lancé par Sonelgaz à savoir l’utilisation du gaz naturel carburant (GNC). Cette solution est intéressante pour les
véhicules à moteur gasoil, notamment ceux assurant un transport en commun en milieu urbain.

156
►Actuellement, plus de 35 marques étrangères sur le marché national  : on enregistre une forte présence
des marques françaises Renault et Peugeot, elles détiennent 37% du total, puis vient la marque Fiat en
3ème rend avec 16%. De leur part, Toyota, SNVI, Mazda, Berliet, détiennent des parts entre 7 et 9%. On
retrouve également plusieurs autres marques comme Hyundai, Mercedes, avec des pourcentages
relativement faibles (ONS, 2008).
Au plan de la circulation, les statistiques indiquaient qu'en 2011 l'Algérie comptait 29.356 km de routes
nationales dont 25.297 revêtues, 24.280 km de chemins de wilaya dont 22.415 revêtus et de 50.483 km de
chemins communaux dont 28.525 revêtus. Quant à l'état du macadam aujourd’hui, aux automobilistes
d'apprécier !

RÉSEAU FERROVIAIRE.- La Société nationale des transports ferroviaires(SNTF) est la société nationale des
transports ferroviaires algériens, elle est créée en 1976 pour la gestion du trafic et des lignes ferroviaires nationales.
Depuis 2005 une nouvelle société (l'ANSERIF) est constituée pour la gestion du réseau, la SNTF s'est consacrée, en
conséquence, au transport de voyageurs et de marchandises . Le réseau des chemins de fer en Algérie s'étend sur un
linéaire de 4 575 kilomètres dont 3 854 kilomètres sont exploitées actuellement pour relier les grandes villes du pays : Alger,
Oran, Annaba, Constantine, Sétif, etc. En 2011 le parc roulant de la SNTF se composait de :
 14 locomotives électriques.
 154 locomotives diesels.
 59 locomotives de manœuvre.
 674 voitures.
 13 000 wagons tout types
 17 Autorail dieselhydraulique (CAF)
 64 Rames Automotrices électrique 25 Kv/CA monophasé (STADLER)
Afin de doper l'activité passagers longues distances la SNTF a commandé courant juillet 2015 17 trains Coradia de dernière
génération au constructeur français Alstom pour un montant de 200 Millions d'Euros, ces derniers sont réputés par leur confort
et leur endurance, ils seront déployés sur les liaisons longues distances Alger - Oran et Alger - Annaba. La première rame
Coradia a été livrée en janvier 2018.
 Le réseau : Longueur des lignes du réseau 4 575 km
 Longueur des lignes exploitées : 3 854 km
 Longueur des lignes en voie standard (UIC) 3 490 km
 Longueur des lignes en voies métriques 1 085 km
 Longueur des lignes en double voie 450 km (10 %)
 Longueur des lignes électrifiées 323 km (7 %)
 Nombre de gares en exploitation 217
 32 700 000 voyageurs par an (2014)
 29 600 000 passagers Banlieue d'Alger (2014)3
 3 100 000 voyageurs interurbains par an (2014)
 5 000 000 tonnes de fret par an (2014)4
 Chiffre d'affaires : 4 Milliards de Dinars (40 Millions $).
La SNTF prévoyait un trafic fret de 15 millions de tonnes en 2010 contre 7 en moyenne pendant la décennie antérieure. La
baisse de l'activité fret de la SNTF pourrait résulter des derniers développements autoroutiers.
Rétrospective : L'évolution de l'état des lieux du transport ferroviaire était peu reluisante. De tous les modes
de transport existants en Algérie, le ferroviaire était incontestablement le plus méprisé. Le trafic voyageurs
a été de 44 millions pour l'année 1996 contre 50 millions en 1994 et celui de marchandises qui était de 12
millions de tonnes-km durant la précédente est tombé à 8,5 millions de tonnes-km en 1996. Le chemin de fer
algérien datait de la 2ème moitié du 19ème siècle. Le réseau exploité était de 4.219 km dont 3.138 km de
voies normales avec 301 km de voies électriques, 345 km exploités en double voie et 1081 km en voie
étroite. Les 3/4 du réseau équipés d'un système de signalisation obsolète, souvent hors service et de
surcroît objet d'actes de vandalisme répétés. La signalisation en gare assurée par 261 postes d'aiguillage
de diverses générations (de 1950 à 1995). Certains postes dataient des années 20. Dans les années 60,
l'investissement ferroviaire n'avait guère été suffisant, mais durant les dernières années de la décennie 80
et les premières années de celle de 90, l'attention s'était portée sur les aéroports et le chemin de fer.
Depuis l'indépendance, deux périodes dans l'évolution globale des réalisations sont à considérer. La
première allant de 1962 à 1979 a vu un renouvellement du matériel roulant, alors que l'infrastructure n'a
pas bénéficié de grands moyens. A titre indicatif, les investissements totaux réalisés de 1969 à 1973 sont de
300 millions de dinars, tandis que ceux couvrant la période de 1974 à 1978 sont estimés à 2.100 millions de
dinars. Les réalisations cumulées de 1962 à 1979 en matière d'infrastructures ferroviaires n'ont porté que
sur le renouvellement de 280 km de voie, le doublement de 10 km de voie pour desservir El-Hadjar, la
desserte d'une trentaine d'embranchements et la construction de deux gares (Bab-Ezzouar et Hadjar-Soud).
La deuxième période de 1980 à 1996 a bénéficié d'un programme important d'investissements afin d'assurer
un renouvellement et une extension du réseau déjà existant. Cette prise de conscience a été
essentiellement motivée par une réorientation de la politique économique nationale et par l'augmentation
conjoncturelle des revenus pétroliers, qui a favorisé le lancement d'un vaste programme de réhabilitation,
modernisation et extension du réseau ferroviaire. La saturation du réseau routier de base a largement
conforté cette nouvelle politique d'investissement. Pourtant, la ligne Ramdane Djamel-Jijel, d'un coût de 2
milliards de dollars, porta un grave préjudice à l'économie nationale suite à l'abandon du programme de
développement intégré. Les années 90 ont vu l'intérêt plus marqué pour ce secteur, mais qui reste au
demeurant très insuffisant. En effet, bien que l'infrastructure en matière de transport reste quantitativement
157
importante avec 112.500 km de routes, 4.320 km de voies ferrées, 13 ports polyvalents et 30 aéroports, elle
reste traditionnelle et conventionnelle à l'exception du réseau de transport des hydrocarbures. L'état actuel
du programme comporte 88 opérations inscrites pour une autorisation de programme total arrêtée au
premier semestre 1996 à 103,5 milliards de dinars. Ce programme enregistre des retards dans les
plannings. Le reste à réaliser s'élève à 57,3 milliards de dinars. Ce programme porte sur des études, des
lignes nouvelles, des aménagements, des signalisations, des télécommunications, des doublements des
voies, etc. Instrument nécessaire à la croissance économique et stratégique, à l'expansion et à la promotion
des équilibres régionaux, les réseaux de transport ont été réalisés sous forme de faisceaux Est-Ouest et
Nord-Sud. Sans interconnexion réelle, ceux-ci n'ont pas eu sur le développement l'impact attendu et ce, par
manque de cohérence et de coordination au tour d'objectifs liés en premier lieu à une absence de
planification du système de transport et à une dissymétrie des réseaux. En deuxième lieu, à une
utilisation déséquilibrée des infrastructures (répartition inégale des activités et de la population). En
troisième lieu, au fait que les projets de création ont pris le pas sur le maintien et la préservation du réseau
existant. Et en dernier lieu, à une augmentation des coûts de construction. Il reste impératif, aujourd'hui, de
donner un nouvel élan aux transports ferroviaires afin de les hisser au niveau requis, conformément aux
exigences du monde de la modernité et de la compétitivité. Le système ferroviaire algérien affiche ainsi, à
l'évidence, une série de contraintes qui l'empêchent de jouer pleinement son rôle, en raison du peu de place
qui lui a été accordé par le système national de transport. Chaque mode de transport se développant
isolément crée ainsi une situation qui se traduit par des dysfonctionnements préjudiciables à l'efficacité et à
la rentabilité des différents modes et plus particulièrement celui du chemin de fer. Au plan des
performances, le réseau est pour l'essentiel à voie unique et la situation des infrastructures et des
équipements reste, de manière générale, médiocre sur beaucoup de lignes. Il est inadapté et ne convient
pas à une exploitation moderne, rationnelle et économique. Malgré d'importants investissements, en
infrastructures et en matériels roulants, notamment durant la décennie 90, force est de constater que le rôle
du chemin de fer demeure en déclin.
Au plan de la gestion des ressources humaines, la SNTF disposait d'un système de formation propre, axé
sur la préparation des personnes d'exécution et de maîtrise, qui méritait d'être conforté par la mise en place
d'un plan de formation managériale pour lui permettre de survivre à la concurrence des autres modes. Au
plan financier, dès le début des années 1980, le secteur avait bénéficié du lancement d'un programme de
réhabilitation, de modernisation et d'extension du réseau ferroviaire. Mais ce programme d'investissement,
consenti après un retard de plusieurs années, comportait une multitude de projets, et sa mise en oeuvre a
engendré l'éparpillement des efforts et des énergies et ce, sans relation directe avec les capacités de
maîtrise d'ouvrage et les nécessité réelles du développement du secteur. L'absence d'une hiérarchisation
des projets, telle qu'exigée par la réhabilitation urgente des tronçons du réseau utile, s'était soldée par une
dispersion des ressources financières et des capacités disponibles sur l'ensemble des opérations du
programme. Au plan de la maîtrise d'ouvrage, la réalisation du plan de développement a été confrontée à la
faiblesse des capacités d'engineering et de réalisation, ainsi qu'aux difficultés de maîtrise de la planification
et de la gestion des composantes du programme. Au plan du transport urbain et périurbain, le métro, en tant
que mode de transport de masse, constitue la solution appropriée. Au plan de l'aménagement du
territoire, la modernisation de la ligne minière et la mise en voie normale des pénétrantes actuelles
représentent un programme d'investissement important et participent au "désenclavement" des régions des
hauts plateaux et du sud. S'il est évident que l'aspect "rentabilité" ne peut être ignoré, il appartient à l'Etat
de garantir la continuité du service public dans le cadre de la solidarité nationale et de l'équilibre régional.

158
ROUTES.- Avec un taux d'accroissement annuel de 7% du trafic automobile, la route supporte la plus
grande part du trafic terrestre de voyageurs et de marchandises (plus de 80 %). Pour préserver ce capital
routier de 112.000 km, et améliorer le service rendu à l'usager, il est nécessaire et urgent d'organiser et de
développer l'entretien routier. Un très fort déficit en matière d'entretien est enregistré (seul 1/3 des besoins
est satisfait). L'entretien des routes doit apporter confort sécurité et préserver ce patrimoine national. Le
réseau dispose de 57% de routes d'une largeur de 7 mètres ou plus (comparé à celui du Maroc dont le taux
est de 7%). Le taux de dégradation du réseau atteint 46% pour l'ensemble des auto-routes et routes
nationales. L'état de 23.000 km de routes de wilayas est préoccupant pour atteindre un taux de dégradation
159
de 35% et celui de 29% pour les routes nationales. Au vu du développement significatif des échanges inter-
régions et de l'accroissement du parc et du trafic automobile, il est devenu alors primordial de réhabiliter le
réseau routier. La stratégie adoptée à partir de 2000, mettait déjà principalement l'accent sur son
renforcement et sa modernisation sur les hauts plateaux, la côte méditerranéenne, et son extension vers le
sud. En 2000, le réseau routier supportait 82% du transport terrestre de marchandises et de voyageurs. Il
est beaucoup attendu de l'installation des réseaux de concessionnaires et de l'accroissement des capacités
de fabrication locales pour l'extension et/ou le renouvellement des parcs, du secteur privé. Le
développement du réseau routier devrait reposer sur :
◙ le renforcement, la modernisation, et l'extension de capacités du réseau existant, notamment principal,
◙ la conduite d'études comparatives pour l'identification de solutions appropriées à l'effet de mieux cerner la
pertinence des aménagements autoroutiers,
◙ la poursuite des programmes de construction de pénétrantes intérieures et du réseau grand sud,
◙ le financement des grands projets autoroutiers qu'il y a lieu de distinguer de celui des routes à réhabiliter
ou à moderniser et qui doit être appréhendé avec beaucoup de rigueur et de réalisme,
◙ la garantie d'une plus grande fluidité et d'une plus grande sécurité sur le réseau routier principal afin
d'offrir plus de facilitations au développement économique et social, notamment dans les espaces à
promouvoir ou les zones de développement.
☻ Secteur transport des marchandises  : deux types sont présents: le transport public (120.000 opérateurs)
et le transport privé (65.000 opérateurs). Le diagnostic de l'organisation et du fonctionnement de ce secteur
a mis en évidence plusieurs constats  :
►Les forces du secteur :
• Le marché de transport routier de marchandises est satisfaisant en terme quantitatif : 185.000 opérateurs,
disposant d’un parc de 1.363.272 de véhicules de marchandises d’une capacité de charge utile de 1.299.855
tonnes.
• Le grand nombre de petits transporteurs et des véhicules de transport (mais largement amortis) favorisent
la fixation des prix de transport à des niveaux faibles et les coûts d'immobilisation sont très bas. Ceci
contribue à l’amélioration de la compétitivité au sein de ce secteur.
• L'abondance de l'offre s'accompagne d'une grande flexibilité: les transporteurs se repositionnent
rapidement et suivent la demande.
• Le secteur fournit de nombreux emplois de chauffeurs. Il est possible de dire que le secteur contribue à la
lutte contre le chômage notamment à partir des nouveaux dispositifs de l’emploi qui encouragent les jeunes
à acquérir des véhicules pour transporter des marchandises.
• Le secteur offre des opportunités d'investissements à de nombreux particuliers qui ne disposent que d'un
capital modeste.
• La disponibilité d’un parc de véhicules offrant une charge utile très importante et des véhicules très
diversifiés répondant ainsi à la demande du marché.
►Les faiblesses du secteur :
• Le cadre réglementaire du secteur souffre d’un vide juridique. Les lois ne sont pas adaptées à la réalité
des choses ce qui provoque une absence de leur réalisation sur le terrain.
• Sur le plan institutionnel plusieurs lacunes s’imposent : une absence des services d’appui, notamment la
police relevant du ministère des transports qui doit assurer le contrôle des transporteurs ; l'absence de
ressources et de compétences permettant aux collectivités locales la prise en charge des missions qui leur
sont dévolues en matière d'organisation des transports (plan de transport, plans de circulation, gestion des
réseaux de transport urbain) et de la réalisation des infrastructures d'accueil.
• L’existence d’opérateurs disposant d’un seul véhicule, opérant par des méthodes de travail artisanales
sans perspective de développement à moyen et long termes ;
• L’absence de la formation des opérateurs de transport et de leur personnel dans leur domaine d’activité, et
les faibles préoccupations de l’Etat en termes d’encadrement de l’activité ont engendré la non qualification
et le non professionnalisme associés à une méconnaissance totale de la réglementation.
• La difficulté d’organisation de l’activité des transports routiers et la mauvaise prise en charge des usagers
du fait de l’insuffisance des infrastructures d’accueil et des aménagements et de commodités nécessaires à
son bon fonctionnement;
• La relation entre les acteurs est très fragile, elle est limitée par des inerties organisationnelles qui
n'autorisent pas l'exercice de la liberté contractuelle des parties et empêche l'évolution vers plus d'efficacité
des structures (entreprises et structures régulatrices ou organisatrices) des outils (modernisation du parc) et
des hommes (formation des conducteurs et de gestionnaires).
• L’absence d’un service de transport de qualité. Dans le cas où les entrepreneurs de transport public qui
donneraient une formation à leurs chauffeurs et mettraient sur le marché des véhicules de qualité plus
productifs se heurteraient :
 A la difficulté de faire rémunérer convenablement la qualité de leurs prestations du fait de la non
différenciation sur le marché entre véhicules neufs ou en bon état et véhicules moins performants; ce qui ne
leur permet pas d'être choisis sur le critère de la qualité ;
 Aux longues durées des attentes consécutives au manque d'information sur le fret disponible et au
cloisonnement entre chargeurs/consignataires et transporteurs, mais aussi aux longues durées des
procédures douanières aux ports.
 Au fait que l'état de certaines routes entraîne des détériorations du matériel et qu'un véhicule de qualité
et de forte productivité ne peut pas être "bricolé" au moindre coût comme c'est le cas pour les très vieux
véhicules présents sur le marché. Le coût des pièces de rechanges neuves et d'un entretien de qualité
décourage les investisseurs qui pourraient envisager de s'équiper en matériel moderne et récent.
• le nombre élevé des retours à vide du fait de l’absence d’une organisation permettant la coordination entre
les transporteurs et les chargeurs et fournissons l’information comme la bourse de fret par exemple. (Bourse

160
de fret : c'est un marché dans lequel se confrontent, à tous les moments de la journée, des capacités de transport offertes et des
capacités de marchandises à transporter. On parle de bourse de fret en Algérie depuis un bon moment mais aucune initiative à
cet égard n’est prise en charge).
• Le parc, bien que pléthorique, continue de grossir sous la poussée des opportunités offertes par les
dispositifs de l’emploi pour acquérir des camions .Ces acquisitions ne correspondent pas à la croissance de
la demande. D’autre part, le parc est vétuste, son âge moyen est estimé à plus de 18ans. Cette vétusté
constitue une grande menace du point de vue sécuritaire et environnemental. Dans le même sens, cette
pléthore d’offre ne répond pas aux besoins des usagers qui souffrent de l’inadaptation et l’inadéquation du
matériel et des équipements utilisés à la nature des prestations fournies ;
• L'investissement en faveur de la modernisation et de la professionnalisation du secteur est d'autant plus
difficile à promouvoir. Le CNES avait noté que «Le développement des transports a souvent obéi à
l’influence de la pression du «coup par coup» ce qui a abouti à une forte proportion des dépenses
d’infrastructures et d’entretien sans assurer un minimum d’efficacité et de rentabilité économique des
investissements consentis.
Enfin, malgré les forces et les opportunités du secteur plusieurs problèmes persistent limitant la
compétitivité du secteur et sa performance surtout en termes de qualité. Face à ces faiblesses l’Etat doit
intervenir immédiatement et mettre en œuvre une politique de transport visant à combler touts les déficits
d’ordre organisationnel, institutionnel et infrastructurel.Mais jusqu’à aujourd’hui les préoccupations de l’Etat
sont très modestes, ses politiques ne répondent pas aux vrais besoins du marché. Selon L’ex-président de
l’UNAT, M. Aider, « la politique des transports est très loin de la réalité du terrain. Car le transport doit être
regroupé dans des entreprises et non artisanal. Donc, c’est la création d’entreprises de grande envergure
qui doit s’imposer dans le transport terrestre.
En matière de transport de marchandises, la situation en Algérie traduit plusieurs réalités compte tenu des
effets de la déréglementation rapide et de la libéralisation qu'a connue le marché dans un contexte de crise
politique spécifique. La route prédomine les autres modes ; 95% des marchandises sont acheminées par la
route. Le secteur présente des caractéristiques qui attestent de son anarchie et de sa distorsion lesquels
nécessitent d’être revues et analysées pour parvenir à d’éventuelles solutions lui permettant de servir
l’économie du pays. La structure de l’offre de transport que nous a révélé le diagnostic établi sur ce
secteur, apporte plusieurs enseignements en ce qui concerne cette activité, et fait appel à une intervention
urgente de l’Etat en la matière pour revoir ses politiques et ses textes afin de perfectionner le secteur. Cette
intervention doit répondre aux besoins de l’économie et renforcer la compétitivité des entreprises nationales
en leur fournissant un système de transport adéquat et moderne.

161
162
SECURITE ROUTIERE.- Les villes algériennes ont connu un développement important ces 20 dernières
années ; d’autre part, la motorisation de la société et ses caractéristiques induisent un changement
fondamental dans les déplacements des personnes. En effet, nous constatons une part de plus en plus
importante du transport dans le budget ménage, dans le temps de transport et aussi dans la longueur des
distances de déplacement (Himouri, 2010). L’évolution de la mobilité quotidienne dans les villes algériennes
dépend bien sûr du phénomène d’urbanisation, des localisations des activités, des sites des zones
résidentielles et de la forme des villes qui sont inextricablement liés. La circulation concerne aussi bien le
transport routier des voyageurs que le transport routier des marchandises.
◙ Situation de la sécurité routière en Algérie  : Les accidents de la route anéantissent des milliers de vie
humaine et causent des tragédies sociales, ainsi que des pertes économiques importantes estimées à des
milliards de dinars. En Algérie, le nombre d’accidents a atteint durant l’année 2012, 42477 accidents avec
69.141 blessés et 4447 morts. Pour l’année 2013 les statistiques du CNPSR annonce des chiffres de plus en
plus alarmants : 44.907 accidents, 69.582 blessés et 4540 morts, soit une hausse de 0,70 % du nombre de
morts, 1,79 % du nombre de blessés et 1,01 % des accidents par rapport à la même période de 20.125. Près
de ¾ des accidents surviennent annuellement en agglomération contre ¼ en rase compagne. En termes de
tués, ce dernier milieu abrite plus des 4/5 des tués contre 1/4 en agglomération. Ceci est dû essentiellement
au fait que les accidents hors agglomération sont souvent conjugués à l’excès de vitesse et à la vitesse
excessive dont les conséquences sont très graves et engendrent par la suite beaucoup de victimes. Ainsi, le
réseau routier hors agglomération n’est pas le plus accidentogène, mais c’est là où les accidents sont les
plus graves. De plus, les statistiques enregistrées pour l’année 2012 montrent que la région Est enregistre à
elle seule environ 35 % des accidents, des blessés et des tués. La région centre et Ouest enregistrent
chacune d’elle près de 30%. La région sud enregistre les taux les plus faibles pour les accidents, les
blessés et les tués. Les premières victimes des accidents de la route en Algérie sont les piétons, les
passagers et les conducteurs de véhicules. En 2012, pour les statistiques des blessés, les piétons sont la
catégorie la plus touchée avec un taux de 56.17% suivis par les conducteurs avec 22.86%, les passagers
enregistrent un taux de 20.79% en zone urbaine. En zone rurale, il apparaît que les piétons victimes
d’accidents sont les moins nombreux avec un taux de 07.80%. Les plus exposés sont les passagers avec
54.12% suivis des conducteurs avec un taux de 38.07%. Pour les tués les statistiques montrent qu’en zone
urbaine, le plus grand nombre de victimes est enregistré parmi les piétons avec un taux de 58.95%, suivis
par les passagers avec 20.66% puis les conducteurs avec 20.39%. En zone rurale, les passagers
enregistrent le plus grand nombre des décès soit un taux de 41.92%, ils sont suivis par les conducteurs
avec 36.65%. Les piétons comptent un taux de 21.44%.Trois facteurs essentiels contribuent à l’occurrence
d’un accident de la route : l’usager, le conducteur et la structure de la route et son environnement. A travers
l’étude des causes d’accidents au cours de l’année 2012, il apparaît que 90.64% du total des accidents de la
circulation enregistrés sont dus au facteur humain. Les taux restants, soit 9.26% ont pour causes l’état des
routes et autres causes.
►La collecte de données sur les accidents de la route constitue la première étape pour la compréhension du
phénomène. Les sources principales de données sur les accidents et les blessés sont les rapports des
forces de l’ordre ainsi que les données des hôpitaux et des compagnies d’assurances. A ce niveau, il faut
noter que le fonctionnement du système de recueil de données sur les accidents de la route en Algérie est
caractérisé par un ensemble de défaillances liées essentiellement :
 Aux conditions de collecte, de stockage et de transmissions de ces données,
 A l’insuffisance dans l’exploitation de ces données.
►La raison d’être d’une politique de sécurité routière est de diminuer le nombre et la gravité des accidents
de la circulation routière. La définition d’une telle politique et sa mise en oeuvre supposent l’acquisition
préalable de connaissances sur le phénomène à combattre. Ces données sont essentiellement collectées,
par les forces de l’ordre et consignées dans un procès-verbal d’accident. Par ailleurs, la chaîne de
production de données sur les accidents de la route semble plus ou moins difficile selon les administrations.
Elle implique différents acteurs qui n’ont pas forcément tendance à travailler efficacement ensemble. Enfin,
les conditions de construction et d’exploitation des données posent des problèmes aussi bien en ce qui
concerne l’absence d’objectifs clairs pour le système de production de données qu'en matière de
coordination entre producteurs et utilisateurs de données.
►Plusieurs ministères se partagent la responsabilité de la gestion de la sécurité routière. Il s’agit du
ministère des transports, ministère des travaux publics, ministère de l’intérieur et des collectivités locales,
de la justice et du ministère de la défense. Ces différentes structures interviennent dans la sécurité routière
par différentes actions : formation, sensibilisation, contrôle, répression, etc. Les fonctions de chacune
d’elles ainsi que leurs responsabilités respectives limitent leurs actions communes. Ainsi, la non prise en
considération simultanée de l’ensemble des composantes de la sécurité routière dans leur complexité et
dans leur diversité, l’absence d’une volonté politique et d’une meilleure stabilisation des acteurs concernés
a eu pour conséquence l’absence, jusqu’à ce jour, d’une véritable organisation formelle et officielle du
système d’acteurs pour structurer des espaces de négociations et de jeu entre acteurs autour de la sécurité
routière.
►Les actions publiques menées en Algérie ont donné des résultats non négligeables dans le domaine de la
sécurité routière mais demeurent insuffisantes. Ces insuffisances sont liées aux conditions de définition de
ces actions mais aussi à l’absence d’un mode d’évaluation formalisé qui permet de corriger les erreurs et de
produire des résultats de la meilleure qualité possible.
►Le syndicat national des auto-écoles formule des doléances pour réclamer notamment un cadre de
formation pour moniteurs et un régime plus efficace d'examination et de délivrance de permis de conduire.

163
TRANSPORT AÉRIEN.- L'industrie mondiale du transport aérien connaît d'importantes modifications
structurelles dans un environnement de contraintes matérielles et financières exceptionnellement sévères
(déficit financier, recul du trafic sur l'ensemble des services), dues à la récession et à l'intensification de la
concurrence, le manque d'infrastructure adéquate, les exigences environnementales de plus en plus
importantes et les augmentations de coûts. Air Algérie n'échappe pas à ces contraintes qui pèsent
lourdement sur sa croissance et tente d'y remédier en s'attelant à la mise en oeuvre d'un plan de
redressement qui vise à :
● l'élimination des surcoûts (suspensions de dessertes non rentables,...)
● la réduction des charges et coûts (réduction des couts de carburants, révision du plan hôtelier,
prospection de nouveaux sous-traitants pour la maintenance aéronautique, auto-assistance technique à
Paris, Lyon, Marseille et Djeddah, intégration de l'atelier moteurs, réforme de matériels et ventes de stocks
morts)
● l'augmentation des recettes grâce à l'extension du réseau de ventes, le développement de l'activité
charter, le raccordement des intermédiaires agréés au système de réservation, l'amélioration de la qualité
de service (ponctualité, assistance, enregistrement)
● sortir du laxisme multiforme caractérisé principalement par un déficit pluriannuel dû à des facteurs
endogènes et exogènes, à une qualité de service médiocre et pratiquement, à la coupure entre la clientèle
et l'entreprise.
● la motivation des ressources humaines et l'amélioration des conditions de travail.
● le redéploiement des activités de l'entreprise (filialisation du travail aérien, création d'une filiale, tour
opération).
Toutes ces actions de redressement ne peuvent que militer pour la satisfaction de la demande, malgré une
conjoncture difficile. Il est prévu une stabilisation de la demande à 4 millions passagers sur les réseaux
international et domestique. La flotte, passagers et cargos, est composée de 39 avions. La flotte passagers
comprend : 2 Air-bus A310, 3 Boeing 767, 11 Boeing 727, 14 Boeing 737, 8 Focker 27 et la flotte cargo : 2
Hercules L 382 C, 2 Boeing 737. Le trafic frêt cargo atteint 35.000 tonnes. Une flotte de 3ème niveau
comprend : 2 Beechcraft 100 King air, 6 Beechcraft 80 Queen air, 9 Grumman (avions agricoles) et 8
hélicoptères. La flotte accuse un retard de 10 ans. Les moyens porteurs (26) très utilisés, accusent une
moyenne d'âge de 20 ans.
Le pays est doté de quelques 28 aéroports dont 5 de classe internationale (Alger, Oran, Ghardaia, Annaba
et Constantine). Il sera certainement difficile d'apporter une justification économique pour l'accroissement
des capacités aéroportuaires et toute initiative nouvelle en la matière devrait indéniablement s'inscrire
dans un modèle de développement plus globalisant. Les actions à privilégier à court terme, semblent être
celles liées à la sauvegarde, à la maintenance et à la rénovation des infrastructures existantes, mais,
aussi, à l'augmentation des conditions de sécurité et à l'amélioration de la qualité des services dispensés.
Néanmoins, il convient d'opérer un réexamen global du transport aérien dans le cadre d'une carte
aéroportuaire en l'intégrant au schéma national des transports à moyen et long termes et prenant en charge,
lui-même, les nouvelles données économiques, technologiques et écologiques. Par ailleurs, il est
recommandé de clarifier et de délimiter les objectifs assignés au transport aérien dans les options
territoriales et la rentabilité commerciale. A plus long terme, il doit être accordé un intérêt sur l'adaptation
des aéroports du sud aux avions moyen et long courrier et de faciliter le transit vers l'Afrique
subsaharienne pour constituer, ainsi, des plates formes aéroportuaires pour gros porteurs. Par contre, le
développement des infrastructures aéroportuaires dans la région des hauts plateaux ne pourrait constituer
un facteur de développement socio-économique. Le rail conviendrait mieux en connexion avec les
autres modes. □ Cf. Les Services  / Transport (fret)

164
TRANSPORT MARITIME.- Incroyable faiblesse des capacités de la marine marchande algérienne en 2009, la flotte ne
couvre que 2% des besoins du transport maritime. La flotte maritime algérienne. 95% des échanges commerciales de l’Algérie,
sont effectuées par voie maritime. La flotte forte de 30 navires dont 11 cargos, 10 Ro/Ro et 8 céréaliers. La majeure partie de
l’armement local revient à HYPROC. Cet armateur spécialiste des hydrocarbures couvre plus de 80% des échanges pourtant
loin de l’actif de la CNAN, avec 16 navires comme suit : 6 Méthaniers, 4 Pétroliers, 2 Glies, 2 Bitumiers, un Ethylène et un cargo.
Cet avantages est dument acquis vu la structure des échanges du pays, polarisées essentiellement par l’exportation des
hydrocarbures. Les 10% restant sont assurés par : l’ENTMV, leader du transport de passagers.
Stratégie pour la rénovation de la flotte maritime : D’après la marine marchande la stratégie de rénovation de la flotte marine
comptera sur le partenariat avec des sociétés étrangères, avec un taux de participation de la partiealgérienne, estimé à 51%.
Dans ce sens, la stratégie du secteur se penchera sur la modernisation de la formation, qui ne pourra être réalisé qu’à travers la
modernisation des instituts et des écoles, qui assurent la formation du personnel qualifié. Les moyens d’intervention en haute
mer seront renforcés, trois remorqueurs seront acquis et 11 centres de contrôle régional, ainsi qu’un centre national du contrôle
de la navigation maritime, seront réalisés. Cette stratégie, adoptée par le secteur, est susceptible de mettre l’Algérie, en pole
position, en termes de sécurité et de contrôle, dans le Méditerranée
Renouvellement de la flotte maritime : L’Algérie fait l’acquisition de nouveaux navires dans le cadre d’un plan d’acquisition de
25 navires pour le transport de marchandises entre 2015 et 2016. L’objectif est d’accroitre la part de la flotte nationale dans les
échanges commerciaux de l’Algérie de 30% dans les prochaines années contre 3% actuellement, d’autant plus que 95% des
marchandises sont transportées par voie maritime. En outre, les pouvoir publics devront acquérir de trois à cinq navires pour le
transport de voyageurs dans le cadre de la mise en œuvre du projet du transport urbain maritime. Le gouvernement mise sur le
développement du transport maritime et ferroviaire.
Investir dans la réparation navale : L’investissement dans les moyens logistiques n’est pas la seule voie pour faire développer
le secteur maritime, il y a aussi le développement de la réparation et de la maintenance navale. Les capacités nationales de
réparation navale ne couvrent actuellement que 10 à 14 % des besoins, l’essentiel des interventions et des arrêts techniques,
sont effectués dans des chantiers étrangers, avec ce que cela implique comme dépenses importantes qui gagneraient à être
investies dans le domaine. A titre d’illustration, la facture de réparation navale a atteint un pic de 50 millions de dollars par an
quand la flotte algérienne a connu son apogée avec pas moins de 75 navires de tous types.
Situation portuaire actuelle en Algérie : Depuis l’indépendance, les principales réalisations dans le secteur portuaire ont
porté sur la construction et l’agrandissement des ports pétroliers, ils ont reçu de lourdsinvestissements et ont été privilégiés en
ce sens. Cela a engendré un contraste au niveau de l’infrastructure et de la superstructure entre les portes spécialises en
165
hydrocarbure et les porte polyfonctionnels qui n’ont pas connu de changements majeurs depuis l’ère coloniale. C’est le manque
d’intérêt de la part des pouvoirs publics qui s’est traduit par un sous-investissement qui a retardé le développement des ports, ce
désintérêt au secteur portuaire semble incompatible avec la politique maritime et économique suivie par l’Algérie. L’objectif
primordiale d’un armement national est de contribuer à la réduction du coût du transport, cela sous entend que les ports en tant
que maillons essentiels de la chaine de transport et espace de transbordement soient équipés pour répondre aux besoins de
ces deux clients que sont le navire et la marchandise. L’outil portuaire constitue une condition nécessaire à tout projet de
développement d’une marine marchande. Etant donné qu’un armement modeste tel que la CNAN, na pas la capacité d’intervenir
sur les trafics tiers, par conséquent tout développement naval risque d’être vain sans un support portuaire adapté. Force est de
constater que l’échec en la matière est patent et c’est assurément là que réside l’échec de développement de la CNAN.
L’expansion rapide des exportations d’hydrocarbure a engendré une croissance correspondante dans le volume des
importations des biens de consommation et de biens intermédiaires. De ce fait les échanges se sont accrus sans pour cela
entrainer un développement parallèle des ports. Les responsable Algériens se sont contentés de gérer l’infrastructure léguée par
les français, mais une telle politique a un déclin irréversible. De surcroît, il faut souligner que cette situation a conféré à des
questions initialement mineures une ampleur problématique. Au lieu que les ports soient les moteurs de son économie, ils
engendrent des surcoûts et génèrent des pertes en devises pourl’économie nationale, déjà largement affectée par l’endettement
et la faiblesse de sa productivité.
►Les différents ports en Algérie :

Source ; Schéma directeur portuaire (2010)

Place du transport maritime de marchandises dans le développement du pays : Le système économique algérien est un
système contraignant, c’est-a-dire un système qui dépend des approvisionnements extérieurs ; à cet égard, il est utile de
rappeler que 80%du commerce extérieur de l’Algérie et surtout des importations transitent par voie maritime, d’où l’importance
de ce secteur pour l’économie nationale. Le volume global du trafic enregistré durant l’exercice 2000 s’élève à plus de 100
millions de tonnes contre 94.5 millions de tonnes, soit une hausse de 6.2%. Ce niveau d’activité peut être apprécié à travers la
rétrospective de l’évolution des échanges extérieurs par voie maritime enregistrés durant cette dernière décennie. Les
changements intervenus dans l’aspect économique du pays vont intensifier la concurrence entre les ports pour s’accaparer une
part de ce marché. Les usagers vont mettre l’accent sur l’importance qu’il y a à offrir ; une excellente qualité de service et une
productivité conséquente pour sauvegarder les économies réalisées, grâce à l’utilisation des navires plus grands et plus
spécialisés qui ont réellement réduit le coût de transport à la tonnes. La tendance à venir dans les ports algériens est aux
navires des lignes régulières pour couvrir des marches plus étendus. La concurrence entre les ports va s’intensifier en offrant
des prestations de qualité aux opérateurs pour devenir des ports de pivots. Grâce au développement des ports au niveau
national, l’activité économique a connu une légère évolution, car durant l’exercice 2000, le total des exportations des
marchandises transitant par les ports était de 81.772.000 tonnes pendant l’exercice 2000 contre 78.840.000 tonnes durant
l’exercice 1999, concernant les importations.
Les ports polyfonctionnels, un obstacle pour l’économie maritime algérienne : L’économie maritime de l’Algérie dépend de
la performance de la chaîne de transport maritime, mais le système portuaire algérien est un frein réel pour le pays. Le manque
d’investissement dans le secteur a laissé les ports à la traîne. Les pouvoirs publics se sont contentés de gérer le legs. Ce retard
apparaît à travers la situation de la conteneurisation. Son taux est faible : il est de 25 % pour l’Algérie contre 30 % pour la
Tunisie et 45 % pour le Maroc. La desserte de l’Algérie est dominée par le trafic de rouliers. Dans ce sens, l’Algérie ne profite
pas de la massification des flux offerts par les grandes compagnies maritimes (MÆRSK, MSC, CMA-CCM et Evergreen). Ce
retard en matière de conteneurisation est dû au manque d’équipement comme les portiques à conteneurs. Il y a aussi des
problèmes d’encombrement : les navires séjournent dans les ports algériens au-delà des normes requises : 5 jours dans le port
d’Alger et les armateurs répercutent ce retard sur le taux de fret par le biais d’une taxe de congestion. Les chaînes de transport
en direction de l’Algérie demeurent fractionnées : les difficultés du transport terrestre des marchandises, lorsqu’elles sont
arrivées dans les ports algériens représentent le principal obstacle au transport porte-à-porte entre les compagnies des deux
rives. Par ailleurs, l’Algérie est une grande importatrice de céréales. Le port d’Alger, le principal port du pays, est le seul à
posséder un terminal céréalier important (30.000 tonnes). Cette contrainte continue d’imposer aux navires céréaliers des temps
d’attente au-delà des normes requises (la durée de séjour à quai des navires céréaliers est de 16 jours) et oblige les armements
à recourir au conditionnement en sacs, au détriment du plus économique, le vrac. Par ailleurs le modèle de gestion portuaire
adopté pénalise les ports. Un modèle de gestion étatiste qui a duré 45 ans, et dans lequel le monopole des activités portuaires
est de droit et de fait. Ce modèle a montré ses limites par le sous-investissement qui sévit dans le secteur et par l’anarchie
latente qui le caractérise. Les ports algériens bénéficient d’une bonne couverture de la part des armements européens CMA-
CGM, MSC, Taros… qui assurent des liaisons directs depuis le Nord de la Méditerrané tandis que les liens avec Valence (MSC),
Malte (CMA-CGM) mettent en connexion les flux Est-Ouest. Le port de Marseille possède un rôle d’interface y compris pour les
échanges asiatiques.Caractéristiques du trafic maritime : L’Algérie dispose d’une façade maritime de 1 200 kilomètres, 95 %
166
de son commerce extérieur emprunte la voie maritime et l’Europe est son principal partenaire, notamment la France avec 25 %
du total des importations. Le trafic maritime se caractérise aux exportations par la part dominante des hydrocarbures. 95 % du
total du trafic de 80 millions de tonnes transitent par les trois ports pétroliers : Arzew, Skikda et Bejaia mais avec les projets de la
mise en service des gazoducs Medgaz vers l’Espagne et Gelsi vers l’Italie, la voie terrestre du gaz concurrencera la voie
maritime. Les importations représentent 20 millions de tonnes. Elles concernent les vracs alimentaires, des produits industriels
et des produits manufacturés dont la flambée du prix du pétrole a stimulé les importations. Ce trafic transite par les trois
principaux ports polyfonctionnels d’Alger, d’Oran et d’Annaba. Enfin il y a le marché maritime des passagers qui concerne
700.000 Algériens. Ce flux fluctue en fonction des conditions de délivrance des visas, mais il reste alimenté par les émigrés qui
optent pour la voie maritime pour le retour au pays. Le trafic maritime algérien se caractérise par un déséquilibre entre les
importations (20 millions de tonnes) et les exportations (80 millions de tonnes). Par la part dominante des hydrocarbures aux
exportations, l’Algérie est un pays mono-exportateur avec toutes les conséquences que cela peut engendrer sur les coûts du
transport maritime sur les lignes à destination de ce pays. Cette dissymétrie caractéristique des échanges nord-sud pose un
problème pour la rentabilisation d’une flotte à cause du « boulet » du retour à vide. Les armateurs sont contraints de le
répercuter sur le taux de frêt, et par un avant-pays essentiellement européen. L’Algérie a investi uniquement dans les ports
pétroliers qui sont en adéquation avec la nature du trafic. En revanche, les ports polyfonctionnels connaissent un retard
important, mais les ports pétroliers ne créent pas la même valeur ajoutée que celle des ports polyfonctionnels.
Tendance générale : Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la
période de l’année 2014 font ressortir un excédent de la balance commerciale de 4,3 milliards de dollars US, soit une diminution
de 56,7%par rapport à celui enregistré durant l’année 2013. Cette tendance s’explique simultanément par une hausse des
importations et une baisse des exportations enregistrées durant la période suscitée. En termes de couverture des importations
par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 107% en 2014 contre 118% enregistré en 2013. Les
importations de 2013 sont inférieures aux importations de 2014, alors que les exportations de 2013 sont supérieures aux
exportations 2014. Donc la balance commerciale de 2013 est positive, supérieure à celle de 2014 (la balance commerciale de
2014 est positive).
Structure des échanges extérieurs : L’importation par voie maritime : Les importations algériennes ont augmenté de 6,45%
par rapport à l’année 2013, passant de 55,03 milliards de dollars US à 58,6milliards de dollars US. Leur répartition par groupe
de produits au cours de l’année 2014, fait ressortir des hausses pour les groupes «biens d’équipements» de 17,46%, les «biens
alimentaires une proportion de 14,87%, et pour les «biens destinés à l’outil de production» de 0,49% par rapport à l’année 2013,
et à l’inverse une diminution pour les «biens de consommation non alimentaires» de 7,81%.
L’exportation par voie maritime : Les exportations «hors hydrocarbures» restent toujours marginales, avec seulement 4,11% du
volume global des exportations soit l’équivalent de 2,58 milliards de Dollars US, ont enregistré une augmentation de 28,2% par
rapport à l’année 2013. Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures sont constitués essentiellement par des
demi-produits qui représentent une part de 3,37% du volume global des exportations soit l’équivalent de 2,12 milliards de Dollars
US, des biens alimentaires avec une part de 0,51% , soit 323 millions de Dollars US, des produits bruts avec une part de 0,18%,
soit en valeur absolue de 109 millions de Dollars US et enfin des biens d’équipements industriels et des biens de consommation
non alimentaires avec les parts respectives de 0,03% et 0,02%.
Obstacles et les solutions d’une expédition maritime : La disponibilité des équipements est nécessaire. En prêt de ligne
maritime pour une opération d’exportation (signer un contrat avec une compagnie maritime pour expédier une marchandise), ou
une opération d’importation qui ont la responsabilité du transport de la marchandise selon l’incoterm, est considérée comme un
obstacle majeur pour les échanges à l’international. Les équipements qui jouent un rôle important dans le transport maritime
sont : Les conteneurs. Les navires.Cas pratique du transport maritime en Algérie : Exporter à grandes quantités par la ligne
maritime qui ne disposent pas d’équipements à quantités voulues. L’exportateur subit dans ce cas un préjudice financier, et
préjudice de l’image commerciale de l’entreprise.
Les infrastructures dédiées a l’exportation ou à l’importation ont un défaut énorme en Algérie c’est-à-dire les ports commerciaux
ne sont pas adaptés ni très bien équipés pour répondre au besoin des exportateurs et au besoin des importateurs industriels.
Selon l’infrastructure, la taille influe directement sur la rentabilité de l’entreprise, ces ports sont considérés comme des ports
commerciaux à petite capacité et ne répondant pas aux conditions internationales, étant en permanence saturés, et cela influe
sur les opérations importations et exportations des operateurs. Les ports sont dépourvus d’espace adéquat, d’air de stockage, et
d’espace spécifique pour conteneurs, produit agricole, produit dangereux, frigorifique.
Le délai de livraison à l’international est considéré comme condition très importante dans le recouvrement des devises. Si la
marchandise n’est pas expédiée à temps, la banque de client n’affecte pas le transfert de devise (le payement de vendeur).
C’est un obstacle pour les exportateurs qui choisissent des lignes maritimes défaillantes, ne respect pas le délai de livraison.
Pour l’importateur, il faut recevoir les marchandises commandées en bon état et dans le délai prescrit. L’objectif du vendeur
(exportateur) est de recevoir la devise, le prix des marchandises vendues. Si la marchandise n’est pas livrée dans le délai pour
l’importateur, l’exportateur subira des pertes importantes comme le paiement de coût de frêt à l’import des marchandises et cela
nuira l’image de l’entreprise.
Des équipements modernisés sont indispensables pour l’embarquement et pour décharger les marchandises : Des solutions
existent pour les obstacles d’expédition maritime. Pour les lignes maritimes la création d’un pavillon national en ligne
régulier devient de plus en plus indispensable pour parer au mode des disponibilités des équipements (conteneurs, navires)
pour parer au non respect des délais de livraison de marchandises, pour le conventionnel renforcement de la flotte maritime
existante devient une nécessité. Rapidement dans de nouveaux plans d’investissement, l’état algérien à consacré des
enveloppes financières importantes pour l’acquisition de plus de 75 navires conventionnels pour renforcer le pavillon national,
conventionnels pour atteindre une part de 30% du marché transport maritime.
► Avoir un gain matériel : disponibilités des équipements.
► Avoir un gain financier : limiter le transfert de devise.Investir massivement dans les ports nationaux encourage les
exportations, comme l’extension des ports et l’acquisition des équipements modernes. et crée des espaces de stockage
spécialisés, frigorifique, conteneurs, produit dangereux, agricole. Investir dans le développemnt de la réparation et la
maintenance navale. L’économie maritime de l’Algérie dépend de la performance de la chaine du transport maritime, mais le
système portuaire algérien est un frein réel pour le pays. Le manque d’investissement dans le secteur a laissé les ports à la
traine. Les pouvoirs publics se sont contentés de gérer le legs. Ce retard apparait à travers la situation de la conteneurisation.
Son taux est faible : il est de 25 % pour l’Algérie contre 30 %pour la Tunisie et 45 % pour le Maroc. La desserte de l’Algérie est

167
dominée par le trafic routier. Dans ce sens, l’Algérie ne profite pas de la massification des flux offerts par les grandes
compagnies maritimes (MAERSK, MSC, CMA et CCM.). Ce retard en matière de conteneurisation est dû au manque
d’équipement comme les portiques à conteneurs. Il y a aussi des problèmes d’encombrement : les navires séjournent dans les
ports algériens au-delà des normes requises : 5 jours dans le port d’Alger et les armateurs répercutent ce retard sur le taux de
frêt par le biais d’une taxe de congestion. Les chaines de transport en direction de l’Algérie demeurent fractionnées : les
difficultés du transport terrestre des marchandises, lorsqu’elles sont arrivées dans les ports algériens représentent le principal
obstacle au transport porte-à-porte entre les compagnies des deux rives.Par ailleurs, l’Algérie est une grande importatrice de
céréales. Le port d’Alger, le principal port du pays, est le seul à posséder un terminal céréalier important (30 000 tonnes). Cette
contrainte continue d’imposer aux navires céréaliers des temps d’attente au-delà des normes requises (la durée de séjour à quai
des navires céréaliers est de 16 jours) et oblige les armements à recourir au conditionnement en sacs, au détriment du plus
économique, le vrac. Par ailleurs le modèle de gestion portuaire adopté pénalise les ports. Un modèle de gestion étatiste qui a
dure 45 ans, et dans lequel le monopole des activités portuaires est de droit et de fait. Ce modèle a montré ses limites par le
sous-investissement qui sévit dans le secteur et par l’anarchie latente qui le caractérise. L’Algérie a assuré un développement
portuaire sectoriel au profit des ports pétroliers, mais consciente de cette situation, elle veut rattraper le retard des ports à
marchandises diverses qui étaient devenus un frein pour son économie maritime. Elle doit saisir sa chance avec des acteurs
maritimes européens pour l’aider à décoller. Cette aide peut prendre la forme du partenariat.
La réforme du modèle de gestion portuaire algérien date de plus d’une décennie. Ces réformes présentent plusieurs avantages :
attirer les investisseurs privés dans les ports, améliorer la rentabilité des ports et ainsi réduire le coût du transport, soulager l’Etat
d’une partie des charges financières, faciliter la mise en place des chaines logistiques avec un transport de bout en bout, doter
le secteur portuaire d'un cadre législatif et réglementaire adapté aux évolutions actuelles, enfin, ouvrir de nouvelles lignes
maritimes.

TRANSPORT TERRESTRE . - Le gouvernement accorde une importance majeure à ce secteur en lui


consacrant des budgets énormes (les programmes quinquennaux de développement périodes (1999-2004 ;
2005-2009 ; 2010-2014)) afin de l’améliorer et de l’évoluer pour qu’il puisse répondre aux exigences des
autres secteurs. En dépit de ces préoccupations, le secteur connait plusieurs problèmes d’ordre
institutionnel, règlementaire et infrastructurel qui constituent des freins importants à l’établissement de
mécanismes permettant d’offrir des prestations efficaces, tant au niveau des infrastructures qu’à celui des
services.
►Le réseau routier supporte encore 85% des transports terrestres. Avec 60.000 km de routes dont les deux
tiers sont bitumés, les actions ont porté sur la modernisation des axes routiers, le désenclavement de
l'extrême-sud, la réalisation de rocades et la maintenance. Ces projets ont bénéficié d'importants
financements internationaux. Pour le transport des marchandises, les projets ont porté sur le
renouvellement du parc véhicules utilitaires. Quatre mots d'ordre ont concerné le transport routier : étendre
le réseau, rééquilibrer, moderniser et sécuriser. ◙
Le secteur du transport en commun en Algérie a connu un développement notable, ces dernières années, marqué par un
volontarisme à désenclaver les régions éloignées du pays et d’assurer une croissance économique et sociale équilibrée. A cet
effet, un grand nombre de projets ont été réalisés, où sont en phase de réalisation, afin de rendre ce secteur plus efficient dans
sa contribution au développement économique et social du pays. L’harmonisation du transport en commun nécessite une
adaptation aux besoins des usagers. Pour être perfectible et attractif, il doit répondre à des normes de fonctionnalité et de
qualité. La fréquence, la régularité et la disponibilité sont les éléments essentiels les plus évidents. Les transports urbains jouent
un rôle d’interface déterminant dans le développement urbain et l’accès aux divers services qu’exige le bien-être des citoyens.
L’Etat algérien doit poursuivre une stratégie sectorielle ayant pour objectifs de développer l’offre de transport afin de :
♦ Satisfaire les besoins de mobilité des personnes et des biens;
♦ Améliorer la qualité de service par la réduction des temps de parcours;
♦ Répondre aux besoins logistiques des opérateurs économiques;
♦ Assurer un développement durable tout en privilégiant l’inter-modalité et l’interconnexion des différents modes de transport.

TRANSSAHARIENNE .- Consistance  : L'importance de la "route de l'unité africaine" dans le


développement économique des six pays membres (Algérie, Mali, Niger, Nigéria et Tchad), dont le tracé
s'étale sur 8.620 km, constitue une ouverture du continent noir sur l'Europe et le Moyen-Orient, pôles
attractifs des échanges commerciaux, et affranchira les régions enclavées de l'Afrique. En 30 ans,
seulement 3.000 km sont bitumés (sur plus de 3.500 km revêtus). 1.700 km restent à réaliser. L'Algérie a
construit plusieurs tronçons sur son territoire (Alger-Tamanrasset), l'objectif étant de répondre à une
demande sociale de transport et au développement économique de la région. Avec la récession économique,
la poursuite de ce projet butte sur les nouvelles sources de financement ; le prix des matériaux de
construction subit une importante inflation et le cout du bitume a évolué de 200% en 3 ans. Pour l'heure, la
banque mondiale a accepté de contribuer au financement d'un linéaire de 150 km du tronçon Tamanrasset-
In-Guezzam, qui s'étend sur 320 km. La Banque africaine du développement serait, par ailleurs, disposée à
réaliser le tronçon Silet-Tin Zaouatine. Les études économiques et techniques du tronçon Silet-Kidal (au
Mali) seront, quant à elles, financées conjointement par l'Etat algérien et le PNUD (programme des nations
unies pour le développement). La contrainte financière dans la réalisation de cette transsaharienne se
présente comme le principale obstacle à l'achèvemement du projet dans des délais optimaux à l'horizon
2020 ou 2030 compte tenu des capacités des pays de la région à faire évoluer les pistes en route
revêtue.Tout le long de cette route Transsaharienne, il est mis en place un réseau de fibre optique et un
gazoduc depuis le Nigeria jusqu'en Europe via l'Algérie.
►Combler le retard en matière de transport  : Un véritable plan Marshall routier qui vise à désenclaver plus
de 400 millions d’Africains, répartis sur plus de 6 millions de km2. La Transsaharienne permettra aux pays
enclavés du Sahel, notamment le Tchad, le Niger et le Mali d’avoir un accès direct à la Méditerranée. C’est
une avancée majeure pour l’Afrique qui a accumulé beaucoup de retard en matière de transport. «Il y a en
Afrique à peine 600.000 km de routes revêtues. L’Afrique ne compte que 50 ports sans capacité suffisante

168
pour accueillir de grands navires transportant beaucoup de marchandises. Il y a un million de kilomètres de
chemin de fer dans le monde dont 3% seulement se trouvent en Afrique», explique Mohamed Ayadi. En
attendant que le continent envisage d’investir dans le chemin de fer  : «La comparaison entre le chemin de
fer et la route est que la route peut faire le porte-à-porte. Le rail n’est économique que s’il transporte des
quantités très grandes sur des distances très grandes. En fait, il est lié à l’importance des échanges. Il faut
que ça se justifie économiquement pour aller vers le rail. Nous n’en sommes pas encore là, mais cette
volonté existe de se tourner vers le rail à long terme.»

□ Route Transsaharienne : La partie algérienne achevée en 2019. Le tronçon algérien est long de 1700 km.
L'algérie l'a financé à hauteur de 3 milliards de dollars. Le projet de la route Transsaharienne qui est un
réseau de quatre branches routières pour desservir 9.500 kilomètres d’Alger au Nigéria, en passant par la
Tunisie, le Mali, le Niger et le Tchad était le sujet du forum économie du journal El Moudjahid exposé par le
Secrétaire Général du Comité de Liaison de la Route Transsaharienne (CLRT), M. Ayadi Mohamed, qui est
chargé de superviser le suivi. Ayadi a indiqué que «le but principal de ce grand projet porté par l’Algérie, est
de booster les très faibles échanges commerciaux entre l’Afrique du Nord et subsaharienne, qui ne sont que
de 3% actuellement contrairement à l’Europe et l’Asie et encourager l’intégration économique du continent
et la réduction des coûts des transports», ajoutant qu’elle «permettra également, de desservir un grand
nombre de localités et résoudre des problèmes socioéconomiques». En termes de bilan, il a indiqué que «le
projet qui est articulé sur l’Axe principal Alger-Lagos de 4500 kms, sur lequel tout a été réalisé à l’exception
de 200 kms au Niger en cours et qui seront terminé en 2019, et la partie algérienne de 1400 kms réalisés à
partir de Ghardaïa, et sur les 2400 kms de Alger la frontière, 1000 kms en cours de dédoublement, et le
Niger qui a réalisé quelques 600kms, et le Nigéria qui terminé sa partie de 1100 kms dont la moitié est
dédoublée ». Et concernant les branches, M. Ayadi a fait savoir que «la partie Tunisienne de 1000 kms est
achevée, pour ce qui de la branche malienne qui compte 2400 kms, dont 500 kms pour l’Algérie qui a réalisé
300 kms, 200 kms en cours et qui seront achevés en 2019, et 1900 kms du côté malien, 1200 kms sont
réalisés et il reste 700 kms qui sont en cours». S’agissant du financement de la route, le même responsable
a souligné que «parmi les six pays principalement concernés par la route, il y a ceux qui peuvent financer la
réalisation de leur partie comme l’Algérie, la Tunisie et le Nigéria, et ceux qui ne peuvent pas, dont le Mali,
le Niger et le Tchad et qui font appel aux institutions africaines, comme la Banque africaine de
développement ou privée comme la BID (la banque Islamique de développement)…etc.» S’agissant du retard
accusé dans la réalisation de grand projet dont les travaux ont débuté en 1970, le S G du CLRT a imputé
cela à plusieurs facteurs comme «le coût trop cher du projet comme le coût du 01 kms de route qui est
estimé à 2 milliards de centimes aujourd’hui en Algérie, et coûte deux fois ou trois fois plus cher dans
d’autres pays comme le Mali ou le Niger, ainsi que le paiement de l’armée pour encadrer et sécuriser les
chantiers à cause du contexte sécuritaire au Sahel». Il a souligné que « la lenteur de l’administration
(faisant référence à la bureaucratie), le déséquilibre existant dans les capacités des pays concernés dans le
financement du projet, sachant que les bailleurs de fond exigent une étude de faisabilité contenant une
étude de rentabilité économique et étudier la capacité du pays à rembourser, pour débloquer le
financement», a-t-il relevé. Pour rappel, le CLRT est composé des directeurs généraux des routes des six
pays membres, qui se réunissent deux fois par an, une fois à Alger et un autre dans un pays membre pour
coordonner leurs actions. □ Arezki Benali, Juil.2017

VOIES DE COMMUNICATION.- Aujourd'hui pourvue d'un réseau routier relativement intégré, de quelques 28
aéroports ouverts au trafic public et près de 14 ports industriels et commerciaux, l'Algérie poursuit ses
investissements vers le désenclavement des régions encore isolées. Outre des projets d'aménagements
routiers déjà mis en oeuvre, l'option ferme de développement passe par la restructuration du réseau
ferroviaire qui représente 17% du trafic global. Restructuration, rénovation et extension sont en cours
pour accéder rapidement à un modèle de transport multimodal intégré.
►L’outil existant de la formation devra concourir à la réalisation des objectifs indiqués, cela nécessitant un
encadrement et des programmes à la mesure des ambitions affichées au sein  des 32 écoles et instituts de
169
formation dans le secteur du transport à savoir, notamment :
♦ l’ Institut Hydro-météorologique,♦ l’Ecole Technique de Formation et d’instruction Maritimes de Bejaia,
♦ l’ Institut Supérieur de Formation Ferroviaire Rouiba –Alger,
♦ l’Institut Supérieur Maritime Tipaza,♦ l’ Ecole Technique de Formation et d’Instruction Maritimes de Mostaganem,
♦ l’Ecole Nationale d’application des Techniques.

170
LA CULTURE

L'ACTION CULTURELLE
Cinéma • Culture • Développement culturel • Lecture • Loisirs ▪ Projet culturel ▪ Relance culturelle ▪
L'IDENTITE CULTURELLE
• Amazighité • Approche conceptuelle ▪ Arabisation • Berberité • Ibadité • Imzad • Langue Arabe • Référent
identitaire • Tamazight • Tifinagh •Touaregs • Yennayer •
LA PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL
• Classement des monuments et sites ▪ Conflits linguistiques • Conservation des monuments ▪Langue
amazighe •Langue anglaise • Langue espagnole • Langue Française ▪ Langues vivantes • Maghribi •
Patrimoine • Patrimoine bâti • Patrimoine culturel • Patrimoine défensif • Patrimonialisation • Polititique
linguistique et culturelle • Punicité • Restauration de patrimoine ▪
LA VIE CULTURELLE
• Acculturation • Aliénation • Artiste • Bibliotheque publique• Cinéma colonial • Cinéma engagé• Diversite
culturelle• Equipement culturel • Littérature algérienne• Littérature féminine • Marché des biens et des services
culturels • Politique culturelle algérienne • Théatre •Turf ▪
LA VIE RELIGIEUSE
• Ecole coranique• Fanatisme • Femme Imam • Ijtihad • Interdit en Islam. • Islam • Islam en question(s).•
Islamisme ▪ Islam (isme) en questions • Respect mutuel • Tolérance • Vatican.• Violence islamiste • Vivre-ensemble•

L'ACTION CULTURELLE

CINÉMA.- La production cinématographique est l’activité la plus fructueuse des industries culturelles dans le monde ; en Algérie
elle est l’une des industries les plus sous-développées avec une baisse remarquable de la production nationale en faveur de la
promotion du produit étranger. La diffusion satellitaire constitue l’enjeu principal pour toutes les productions nationales, mais plus
particulièrement pour le domaine cinématographique, car elle fragilise la production soumise à de fortes pressions d’un marché
monopolisé ; on diffuse de plus en plus le produit étranger ayant effet d’acculturation fatale pour la durabilité de nos valeurs
culturelles.

CULTURE.- Quelque soit leur niveau de croissance et au-delà de leurs orientations politiques et
économiques, culture et développement doivent être associés. La culture fait partie intégrante de la vie, de
"l'activité consciente" des individus et des collectivités. Elle représente la somme vivante des oeuvres
passées et présentes, au travers desquelles s'est érigé au cours de siècles, un système de valeurs, de
traditions et de goûts, qui définissent le génie propre de la société. Elle imprime donc, nécessairement, sa
marque sur l'effort économique des hommes et des femmes, définit les lignes de forces et de faiblesses
spécifiques du processus productif de la société. L'expérience algérienne a montré qu'en se donnant comme
objectif une croissance économique en divorce avec l'environnement culturel, le pouvoir algérien a produit
de graves déséquilibres, tant économiques que culturels et a affaibli son potentiel global. Un véritable
développement suppose le déploiement optimal des ressources et des richesses de chaque communauté. Il
doit donc puiser ses priorités, ses motivations et ses finalités dans la culture. Mais ce constat s'est surtout
fait par défaut. Il s'agit dorénavant de donner à la culture les moyens d'inspirer directement la conduite du
développement pour que le développement en retour reconnaisse à la culture une place centrale, un rôle de
régulation sociale continue. Une liaison maîtrisée entre la culture et le développement peut permettre tout à
la fois, d'approfondir les identités créatrices, de bloquer les phénomènes d'uniformisation, de favoriser une
égalisation croissante des chances d'expression des différentes cultures. La prise en charge de cet aspect
est à même de corriger les insuffisances constatées, traduites par une marginalisation culturelle. Il s'agit en
fait de développer le patrimoine culturel et de lui accorder un statut dans les différents projets de
développement national. Une telle démarche mettra certainement la société, notamment la famille à l'abri
des fléaux sociaux graves tels que la violence, l'extrémisme, la drogue, le tabagisme, etc.
□ La culture s’associe étroitement au patrimoine, dans le sens où la composante "valeurs" entre en jeu ; en effet c’est à travers
le patrimoine que se reconnaissent les valeurs partagées par la société et autour desquelles se développe une " identité
culturelle". Telle qu’elle se définit, la culture s’appréhende à travers l’ensemble des spécificités acquises par la société dans son
rapport avec son milieu et cela sur plusieurs générations, cela induit l’inclusion de tout héritage et l’adoption d’une dimension
essentiellement patrimoniale.. Notre attention sur le patrimoine vient de sa capacité à exprimer notre culture et à véhiculer
maintes de ses valeurs, il est alors le champ idéal où se concrétise la culture et se transmet ; d’ailleurs c’est le vocable
«patrimoine culturel» qui met en évidence l’association des deux termes, dans le sens où l’un renvoi à l’autre ; « Le patrimoine
culturel constitue un ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent par delà le régime de propriété
de biens, comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution, cela
inclut tous les aspects de l’environnement résultant de l’interaction dans le temps entre les personnes et les lieux».
►Dans ses divers volets structurels, toute consolidation nécessite un rôle accru de l'Etat qui doit :
♦ viser la protection du patrimoine national et le renforcement de l'action culturelle,
♦ encourager les initiatives, les créations et les innovations et créer les conditions nécessaires au
développement de l'industrie culturelle, facteur de création d'emploi et d'amélioration du cadre de vie,
notamment dans la production du livre, du cinéma, du théâtre et autres créneaux audiovisuels,
♦ organiser et promouvoir le secteur culturel à la faveur de l'adoption et de la publication des textes
organisant le monde culturel.
►Diffusion Culturelle : Inexistence d’un cadre législatif permettant de définir avec précision le champ des activités culturelles en
Algérie,
►Activité Culturelle : L’institution d’un cadre juridique devant permettre à toute infrastructure culturelle d’exercer à pleins droits
et devoirs, n’a pas profité à l’ensemble des établissements ; en effet en approchant le cadre juridique des établissements
culturels, il s’est avéré que mise à part le musée et le théâtre, les autres n’exercent pas selon une législation qui leur est bien

171
propre et accusent un vide juridique s’opposant à leur bon fonctionnement.
►Statut du personnel du secteur culturel : Les textes juridiques concernant la structure, l’organisation des tâches et des
catégories et le recrutement des personnels dans les établissements culturels demeurent insuffisants et leurs identifications
selon une nomenclature propre aux professions culturelles est quasiment inexistante ; la classification de certaines catégories
du personnel des bibliothèques établie par le ministère de travail et de la formation professionnelle, reste fictive et non appliquée
du fait que ce sont des bibliothèques intégrées qui dépendent automatiquement des statuts des institutions chargées de leur
gestion ; Quant au statut d’artiste, un projet dans ce sens initié par le Ministère de la communication et de la culture est en
phase de discussion avec la corporation des artistes, aux fins d'enrichissement en prévision de son adoption par décret.
►Subventions des Associations : Après avoir été agrées, les associations ouvrent droit à plusieurs sources de financement :
privées à travers cotisations et dons, et publiques de la part des collectivités locales et dufond de subventions de wilaya dans le
cadre du système « contrat- programme » ;néanmoins le financement public manque remarquablement au processus
dedémocratisation de la culture et de la bonne gouvernance, pour les raisons suivantes :- L’absence d’un système bien défini
précisant les critères dont doivent répondre les associations pour bénéficier de subventions.- Refus à communiquer les
montants concernant le financement des associations.
Néanmoins, l’aide financière dont disposerait une association est très modeste, ne dépassant pas une moyenne de 70 000DA
par association alors que celle provenant du ministère de la culture ne s’avère nullement encourageante car elle se réduit à une
moyenne de 25 000 DA par association en 2001 et ne mérite pas d’être qualifiée de subvention de l’Etat ou de soutien à la vie
associative .A ce titre la pratique associative pourrait être fictive dans beaucoup d’associations culturelles car elle est
particulièrement contrainte par des pesanteurs matérielles dues à l’origine à la faible proportion du budget culturel accordé par
l’Etat ;
►Ressources humaines :L’inexistence au sein du ministère de la culture de données statistiques concernantl’effectif du secteur
culturel, et l’absence de catégorisations professionnelles à l’échelle dupays, où on peut identifier les professions culturelles selon
une nomenclature précise,démontrent l’énorme déficience dans l’organisation du corps culturel, et son incapacité às’établir selon
une structure ordonnée et organisée ; de là surgit la difficulté à établir undiagnostic comparatif sur les ressources humaines de la
culture en Algérie. Les professions culturelles qu’on a relevées se rapportent généralement à l’animation culturelle, la
conservation du patrimoine et la fonction artistique avec l’absence totale d’un personnel qualifié dans la gestion culturelle «
management culturel » pour une meilleure considération au cadre technique et promotionnel du produit culturel et sa
consommation.

DÉVELOPPEMENT CULTUREL.- Après plus de 50 ans d’indépendance, l’Algérie reconnue pour sa richesse culturelle, n’affiche
pas l’image d’un développement culturel, son étroite collaboration avec l’UNESCO n’en est qu’un prémisse dans la mesure où
elle a dû permettre l’amélioration du cadre juridique patrimonial ; Bien que la culture fut institutionnalisée par le ministère de
l’information et de la culture en 1975 et qu’une politique culturelle fut élaborée à l’aube de l’indépendance, la culture ne trouve
pas vraiment son essor en Algérie , Selon la lecture à travers certains indicateurs, sur quelques facettes de cette politique,
sachant que le manque de données statistiques nous a empêché de l’élargir, nous avons pu déduire quelques facteurs
empêchant le développement culturel :
♦ Alors que la culture représente une composante économique indéniable, elle ne mobilise pas encore une part significative du
budget de l’Etat.
♦ L’insuffisance du cadre législatif qui ne couvre pas un champ aussi prioritaire que celui du livre.
♦ Bien qu’il constitue un champ stratégique pour le développement culturel et le développement économique,le potentiel que
représente l’audio visuel s’avère inexploité par l’Etat, nécessitant une requalification par l’élaboration d’une reforme structurelle
de son organisation au regard des enjeux de la mondialisation( concurrence, NTIC, ….).
♦ La centralisation de l’infrastructure culturelle dans certaines régions du pays au détriment des autres, met en question la
gestion de la politique culturelle. Ce diagnostic nécessite une large intervention dans plusieurs domaines du secteur, et permet
de réfléchir à la mise en oeuvre d’un « projet culturel » en Algérie qui puisse intégrer au mieux les données territoriales du pays
et ses spécificités culturelles et mettre à l’oeuvre une nouvelle politique culturelle comme élément clé de la stratégie de
développement culturel.

LECTURE.- Dans la société algérienne, l'oralité a pris le dessus sur la lecture et la production intellectuelle,
d'idées saines susceptibles d'assurer une dynamique interne à l'évolution de la société. Force est de
constater que la consommation de livres s'est amenuisée au fil des temps et il est à craindre que le
développement de l'oralité conduise un jour à une absence totale de communication positive. Cette
situation, née d'un modèle de consommation qui exclut ou relègue au second plan la production culturelle
et intellectuelle, a dévalorisé la fonction de lecture qui constitue en elle-même un repère d'une société
équilibrée qui puise son énergie dans le débat d'idées. La forme d'acculturation à laquelle la société
algérienne a abouti, devrait constituer une des inquiétudes majeures des temps présents. L'urgence qu'il y a
dans le réajustement de ce déséquilibre profond devrait amener les collectivités locales à accorder plus
d'intérêt dans leurs programmes d'actions à la redynamisation de cette fonction essentielle. A ce titre, il
convient d'élaborer une stratégie du livre articulée autour des bibliothèques actuelles et du développement à
l'échelon le plus décentralisé (maisons de jeunes, centres culturels, écoles, cités, quartiers, etc.) de ces
infrastructures. Le caractère stratégique que revêt cette question réside dans le fait que la lecture permet
de penser, d'interpréter un texte, apprend à réagir par la critique et à acquérir ainsi une pensée personnelle.
Comment donner goût à la lecture lorsqu'on sait que certaines communes sont dépourvues de bibliothèques
et de librairies ? Sur la base des statistiques réalisées en 1991 par le ministère de la culture, l'Algérie ne
comptait que 363 bibliothèques communales et 234 centres culturels. Ce nombre est considéré comme faible
et insuffisant par rapport au nombre de communes du pays. Et c'est pour cela que l'urgence de la promotion
et du développement des bibliothèques s'impose sous un angle attractif. Même la Wilaya d'Alger avec ses
33 communes ne dispose que 10 bibliothèques. Ce qui est loin de répondre aux exigences et à la demande
des lecteurs, surtout lorsqu'il est relevé qu'elles servent davantage comme lieux de révision aux lycéens qui
préparent leurs examens. Le constat d'échec est établi, les grandes lignes oeuvrant à solutionner la crise du
livre et de la lecture publique doivent être tracées.

172
Bilan  :Le développement de la lecture publique constitue un objectif fondamental de la politique culturelle, nécessitant la
promotion du livre qui est le support de la culture et du savoir et également un enjeu stratégique dans l’économie du pays
puisqu’il, se fabrique, se vend, s’achète, s’importe et s’exporte ; ceci exige une organisation de l’édition et de la diffusion du livre,
qui requiert l’élaboration d’un cadre législatif permettant au moins de résoudre certains problèmes matériels ; Dans toute sa
chaîne de création, intéressons-nous à sa diffusion à travers les bibliothèques et les maisons de culture qui permettent de mettre
le livre à la portée de chaque citoyen, c’est d’ailleurs selon cet objectif que l’Etat avait lancé en 1974, le projet de milles
bibliothèques, et la prévention d’une maison de culture pour chaque willaya ; ce programme était susceptible de favoriser la
décentralisation et la démocratisation de la culture .Néanmoins le nombre de bibliothèques prévu n’a jamais été atteint et même
pas de moitié, connaissant une chute remarquable dans un pays dont les 70% de la population a moins de trente ans « à la
veille de l’indépendance il n’y avait pas moins de 560bibliothèques communales à travers le pays ; dix années après le nombre
de cesétablissements, a baissé à 220 avant de chuter à une trentaine à la fin des années quatrevingt,un chiffre qui détonne
avec les 16 000 bibliotheques aux Etats-Unis ». Jusqu’en 2001, le nombre de bibliothèques en Algérie est de 258, alors qu’en
Tunisie, leur nombre est de 3382 desservant une population qui n’atteint même pas le tiers de la notre, en s’interrogeant sur leur
répartition géographique, nous avons pu démontré un manque d’équité, car les deux willayas Sétif et Alger accaparent
sensiblement le même pourcentage partagé entre 31 wilayas, qui sont respectivement de 22% et 24% ; Concernant les maisons
de culture, ils n’ont bénéficié d’un cadre législatif qu’en 1998, leur assignant plusieurs fonctions culturelles dont la promotion de
la lecture publique ;leur nombre reste insuffisant , car une vingtaine de wilayas (le 41%) n’en sont pas encore dotées .
Evaluation de la programmation des bibliothèques.
Identification du Nombre Nombre de
groupe de wilayas bibliothèques %
Groupe 1:
supérieur à 20 2 56 22%
salles
Groupe 2: entre 10
et 20 7 93 36%
bibliothèques
Groupe 3: entre 5
et 10 8 47 18%
bibliothèques
Groupe 4: inférieur
à5 31 62 24%
bibliothèques
Total 48 258 100
(Source : d’après compilation de données de l’annuaire statistique du ministère de la culture)

L’accessibilité à la culture sur tout le territoire algérien et selon un objectif de démocratisation, est loin de s’assurer à travers la
répartition géographique des bibliothèques, en effet le 58% de cette infrastructure se situe sur 09 wilayas (grandes villes du
pays), alors que le 42% se répartirait sur 39 villes algériennes. □ (Cf. Bibliothèque publique).

LOISIRS.- Définis comme l'ensemble des occupations auxquelles l'individu peut s'adonner de plein gré
après s'être dégagé de ses obligations professionnelles, familiales ou sociales, pour se reposer, pour se
divertir ou pour développer de façon désintéressée son information ou sa formation. L'algérien s'ennuie la
majeure partie du temps car il se meut dans un environnement culturel inexistant. Les moyens de loisirs
n'étant ni disponibles, ni mis à sa portée, il est gagné par l'angoisse. Au niveau de l'éducation
communautaire et des loisirs scientifiques, la fédération algérienne des activités scientifiques et
techniques des jeunes souhaite implanter un réseau national d'animateurs scientifiques qui iraient dans les
écoles, les maisons de jeunes, donner aux enfants le goût de la science et des techniques, ce qui
contribuerait à réhabiliter le rationalisme scientifique dans des structures mentales en proie à toutes sortes
de tentations et faire évoluer le jeune de l'esprit égocentrique à l'esprit socio-centriste.
L'improductivité et l'inexistence d'activités d'éveil de l'esprit, d'attraction éducative et d'émancipation
intellectuelle ont conduit à un état général de désoeuvrement des individus. Cette oisiveté quasi-
institutionalisée joue à contre-courant de l'esprit de développement, de la culture du progrès qui doit
l'animer. L'oisiveté ou le désoeuvrement nuisent à la société car pouvant donner lieu à une croissance de
délinquance ou à une emprise de béatitude. □ (Cf.Equipement culturel )

PROJET CULTUREL .- Etabli à une échelle territoriale, le projet culturel est le contexte où se définissent des axes
d’interventions et se trace un programme d’actions selon les caractéristiques et potentialités locales et cela en accord avec la
politique culturelle en vigueur. Par ses objectifs, le projet culturel constituerait la réponse à 02 questions majeures :
1) - Quelles pratiques et activités culturelles, faudra t-il conforter ou développer pour mieux répondre aux attentes de la
population ?
2) - Au moyen de ses activités et de son programme comment s’établissent ? :
♦ La synergie avec d’autres secteurs : qu'ils soient d'ordre culturel, artistique, scientifique, éducatif, social, urbain, touristique,
économique, politique, de communication ;
♦ La réaction du public comme destinataire de l’opération ;
♦ Le rapport au capital identitaire du pays ;
♦ Le développement communautaire ;
C’est alors que le projet culturel dans sa mise en oeuvre, doit tenir compte des données territoriales qui se résument comme suit
:
ⱷ Les données démographiques : elles concernent l’évolution de la population et la situation de l’emploi ;
ⱷ Les données identitaires : elles concernent le patrimoine, la diversité culturelle et les dynamiques qui émergent, tel que les

173
nouvelles tendances ;
ⱷ Les fortes potentialités pas assez exploitées : notamment les spécificités culturelles dont le patrimoine ;

RELANCE CULTURELLE.- L’Algérie de par son patrimoine et son histoire est inscrite dans la dynamique mondiale de la
culture initiée par l’UNESCO, celle ci est à la tête d’un travail laborieux devant reconnaître objectivement le rang culturel de
chaque pays membre, en s’ouvrant à des recherches (gouvernementales et non gouvernementales) portées sur un système
d’indicateurs culturels de développement pouvant servir d’outil de mesure de la culture se basant sur la statistique et les
données chiffrées. Notre pays s’est impliqué culturellement, en s’investissant dans la culture dans la mesure où celle-ci se
trouvait à la base de la constitution d’une nation jeune qui devait restituer certaines de ses valeurs culturelles effacées par le
colonialisme, notamment la langue et l’alphabétisation car la promotion de la culture était à des fins éducatives et
d’enseignement et dont les objectifs ont été remarquablement atteints. En outre, et particulièrement sur la dernière décennie, on
n’accorde plus autant d’intérêt à la culture notamment selon des objectifs élargis sur l’ampleur du rapport culture/développement
et de l’effet d’un secteur culturel important sur le développement dans ses acceptions socio-économiques, la culture est
totalement marginalisée et ne devient plus un secteur prioritaire bénéficiant de dépenses conséquentes au moment où l’Etat
s’induit de plus en plus dans le courant de la mondialisation en tant que pays de la périphérie. A cet égard, la politique culturelle
est à conforter en moyennant de nouvelles stratégies de requalification du secteur culturel et cela pour une double raison, car il
constitue une balise de sécurité pour s’ouvrir sûrement à la mondialisation, et en même temps il offrirait un potentiel social et
économique de taille. C’est alors que nous envisageons « le projet culturel » en tant que stratégie de requalification devant
permettre « la relance culturelle » par analogie à la « révolution culturelle » des premières années de l’indépendance et qui
s’inscrirait dans la politique globale de la relance économique car il s’avère bien qu’en peut mesurer et chiffrer la culture au
moyen d’indicateurs au même titre que les autres dimensions de l’économie.

L' IDENTITÉ CULTURELLE

AMAZIGHITÉ.- La question de l'affirmation de l'identité amazigh jugée inopportune durant la guerre de


libération se posa dès la proclamation de l'indépendance. Plusieurs tentatives d'étouffement de la culture
amazigh accentuèrent la prise de conscience identitaire et entraînèrent la détermination d'algériens de
plus en plus nombreux à secouer la peur et à sortir du silence. La revendication amazigh n'attendait qu'une
occasion pour s'affirmer au grand jour. Celle-ci se présenta le 20 avril 1980, à la suite de l'interdiction à
Tizi-Ouzou d'une conférence que l'écrivain Mouloud Mammeri devait donner aux étudiants de l'université. Le
cycle comme, manifestation, répression, manifestation s'enclencha. La Kabylie connut alors une atmosphère
d'état de siège.
Pendant les années qui suivirent, la revendication culturelle parut atténuée. Il n'y eut plus de fêtes des
cerises à Larbaâ Nath Iraten. Les autorités crurent qu'il suffisait d'interdire tout rassemblement de
population pour assurer la paix civile. Le comité central du FLN crut se mettre à la page en reconnaissant
que sur le plan ethnique, la population algérienne est amazigh à 95%, mais que la culture algérienne est
arabo-islamique. Une fois de plus, la culture amazigh a été occultée. Cependant, l'histoire nous enseigne
qu'on ne supprime pas un phénomène en le niant. Il a fallu les morts d'Octobre 1988 pour une prise de
conscience du pouvoir politique. Les associations culturelles ont fleuri non seulement en Kabylie, mais aussi
dans les Aurès, le M'zab, le Chenoua, le Sahara. Pratiquement tous les partis admettent que la culture
amazigh a droit de cité, mais le principe de sa réhabilitation est encore loin d'être acquis. La langue
amazigh reconnue comme langue nationale les années 2000 n'avait pas encore de statut de langue
officielle. Présente à la radio et à la télévision, elle rencontre des difficultés à être enseignée dans les
écoles.

APPROCHE CONCEPTUELLE.- Définition : « Le mot « culture » provient du latin « cultura » et apparaît en langue française
vers lafin du XIIIème siècle désignant soit une pièce de terre cultivée, soit le culte religieux ». Aujourd’hui le terme « culture » a
multiplié ses significations et s’emploie dansl’explication de plusieurs phénomènes humains,ses définitions s’associent toutes à
larapporter à l’activité humaine, ce qui lui attribue des significations nombreuses par lamultiplicité de théories qui tentent de
comprendre et d’évaluer cette activité ;Selon la langue française, la définition est simplifiée : « Culture désigne l’ensemble
deconnaissances générales d’un individu », ce qui indique une première acception de lanotion de culture comme « culture
individuelle » et où certains y incluent outre laconnaissance scientifique, diverses sortes d’acquis notamment les traits et
comportements,résultant du rapport de l'individu avec son environnement, et de l’influence de son contextesocial. « La culture
est un tout complexe qui comprend le savoir, la croyance, l’art, le droit,la morale, la coutume et toutes les autres aptitudes
acquises par un homme en tant quemembre d’une société ».Par contre, d’autres définitions lui attribuent une conception
collective moins centrée surl’individu du fait qu’il appartient à une entité culturelle et qui tout en subissant sa cultures’associe au
groupe et à la société, avec ce qu’il lui transmet comme connaissances,habitudes et savoirs.Selon Larousse : « la culture est
l’ensemble des structures sociales, religieuses… desmanifestations intellectuelles, artistiques …, qui caractérisent une société ».
« C’est l’ensemble de valeurs et de structures sociales : manifestations artistiques,spirituelles, intellectuelles et morales, qui
caractérisent un groupe humain, un pays ou unesociété par rapport à un autre groupe »4 il y aurait donc autant de cultures qu’il
y a degroupes humains d’origines et de statuts différents.Quant à l’UNESCO, la culture pour elle, se rapporte aux
caractéristiques de la collectivité où s’interfèrent les croyances, les comportements, et la manière dont les gens les développent
et les expriment.« La culture est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels,intellectuels et affectifs
qui caractérisent une société ou un groupe social, et qu’elle englobeoutre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de
vivre ensemble, les systèmes devaleurs, les traditions et les croyances » C’est alors qu’apparaissent deux acceptions de la
culture où la composante dynamiquesitue les nuances : ► La Culture
Individuelle: « La culture est l'ensemble des connaissances acquises, l'instruction, le savoir d'un individu » Ces connaissances
concerneront diverses disciplines : l’histoire, la musique, l’art, la littérature, les sciences, l’astronomie , la géographie, la
philosophie , le cinéma , le sport,... qui désignent une « culture savante », ou une culture élitiste, ne concernant qu’une certaine
catégorie de la population ; c’est une culture qui se construit individuellement et se développe continuellement ; « La
culture individuelle comporteune dimension d’élaboration, et de construction et donc une dimension évolutive ».♣ La Culture

174
Savante : Elle donne à la culture un sens restreint relatif au développement intellectuel del’homme « elle désigne le
développement de certaines facultés de l’esprit par desexercices intellectuels appropriés ».
► La Culture Collective: Elle correspond à ce qui détermine l’identité d’un groupe, ce qui le caractérise et l’identifie par rapport
aux « autres », elle inclut les valeurs qu’il a acquises au fil du temps, «elle correspond à une unité fixatrice d’identités, un repère
de valeurs relié à unehistoire, un art parfaitement inséré dans la collectivité » ; C’est une culture qui comprend la culture d’un
peuple et s’affirme comme « culture populaire »par opposition à la culture élitiste ; la culture collective n'évolue que très
lentement, sa valeur est au contraire la stabilité, le rappel à l'histoire.♣ La Culture Populaire: « La culture émane du peuple,
parce qu'elle se nourrit aux sources profondes de la conscience populaire »(1), C’est aussi « L’ensemble des formes culturelles
fondées sur la tradition, exprimées, partagées et reconnues par l’ensemble d’une communauté»(2); elle prend de nombreux
aspects dont certains sont apparents et visibles, d’autres latents mais perceptibles :
♦ La culture explicite : elle comprend tous les éléments matériels et concrets de la vie d’un peuple : sa nourriture, son habitat,
ses vêtements, ses armes, sa langue, ses danses, ses rites, ses réalisations artistiques, ses coutumes funéraires… etc. (3)
♦ La culture implicite : est le système latent ou sous-jacent des représentations, des sentiments et des valeurs qui donne son
unité et son sens à la culture explicite ; cette culture est désignée, dans le langage habituel, sous le terme de « mentalité »(4).□
MAZRI-BENARIOUA Mouna (2007)
(1)UNESCO « Réflexions préalables sur les politiques culturelles » 1969  ;UNESCO « Le rapport mondial de
la culture 1998, Culture, créativité et marché», préface.
(2) Wikipédia opcit.
(3) C,VERDURE opcit.
(4) Idem.
ARABISATION.- La généralisation de l'utilisation de la langue arabe a obéi plus à des considérations
politiciennes qu'à des considérations objectives au regard des potentialités humaines et moyens matériels
limités. Des sommes considérables ont été dépensées pour la tenue de séminaires, de journées d'études et
autres rencontres sur cette vaste entreprise sans que le pays ne soit doté d'un véritable organisme de
traduction concourant à faire de la langue arabe un véritable moyen de communication et de création
scientifique et culturelle en puisant dans le patrimoine universel. L'expérience de l'enseignement algérien
n'a pas su conjuguer ce transfert technologique avec les exigences des réalités terminologiques et
technologiques de l'ère contemporaine. Il est question de changer les contenus des programmes et les
méthodes pédagogiques en vue d'en éliminer certains aspects à caractère idéologique étroit, et donner à
l'arabisation un contenu moderne. Du point de vue des contenus des programmes, tout indique que c'est
surtout dans l'enseignement des matières dites littéraires que des améliorations importantes doivent être
introduites : postures plus sereines, plus concrètes, plus soucieuses de vérité, et d'une manière générale,
une plus grande ouverture vers l'universel.

BERBÉRITÉ.- La première classification des berbères, valable pour la seconde moitié du XIVème siècle, a
été fournie par l'historien Ibn Khaldoun. A l'Est se situaient les Lowata de Cyrénaique, de Tripolitaine, du
Djerid et de l'Aurès; à l'Ouest, les Branès et les Zénata. Ces derniers grands nomades conquérants arrivés
en Afrique du Nord à la fin de la période byzantine devaient s'arabiser les premiers. Les Branès, ceux qui se
désignaient sous le nom d'Imazighen (hommes libres), seraient les plus vieux Berbères. Ils comprenaient
alors les Maçmouda sédentaires du moyen et grand Atlas, et les Sanhaja (Iznagan), divisés en
sédentaires et grands nomades. Cette nomenclature ne devait pas durer. L'immigration arabe forcera
l'arabisation des tribus berbères dont la plupart renoncèrent à leur nom ancien pour se rattacher à un clan
arabe plus prestigieux. D'autres tribus, montagnardes, telles les tribus de l'Aurès, de la Grande Kabylie, du
Rif et de l'Atlas, bien que musulmanes et plusieurs fois réislamisées par les marabouts, conservèrent leur
langue et leurs coutumes. C'est surtout l'observation de ces coutumes qui a permis de dégager l'originalité
berbère. Celle-ci se manifestait essentiellement par l'existence d'un droit coutumier et d'une organisation
judiciaire non coranique. Les deux caractéristiques de ce droit berbère étaient le serment collectif et
l'utilisation de règlements et de tarifs de pénalités connus sous le nom de Iqanun. La justice était rendue,
soit par les juges-arbitres, soit par des assemblées de village. Toutefois, la coutume berbère n'était pas un
droit purement laïc et n'entrait pas en conflit avec le droit coranique. Il a été longtemps de mode d'opposer
les traditions berbères aux usages des Arabes maghrébins. Or, les traits communs apparaissent au moins
importants. L'organisation sociale reposant sur les liens de sang, réels ou fictifs, la pratique des corvées
collectives, l'usage de greniers communautaires se retrouvent chez les Berbères et chez les Arabes. Même
la prétendue "anthropolatrie berbère" n'est nullement caractéristique, car le culte des Saints se retrouve
dans le monde islamique tout entier. Politiquement, les Berbères ont formé à plusieurs reprises des Etats
indépendants (royaumes de Tahert, de Tlemcen, royaume aghlabide de Kairouan), voire de grands empires
étendus à tout le Maghreb (empire almoravide et almohade). Ils ont connu divers types d'organisation
(aristocratique, théocratique, monarchique). L'art berbère, en outre, se retrouve dans la céramique, la
bijouterie, la sculpture sur bois, l'art du tapis, mais les éléments qui composent le domaine artistique
viennent de provenances diverses. Au niveau de la linguistique, le mot "Berbère" emprunté par le français à
l'arabe et par ce dernier au latin, a perdu très tôt son sens primitif d' "étranger à la civilisation gréco-
romaine". Il désigne aujourd'hui un groupe linguistique nord-africain: les berbérophones, ensemble de tribus
qui ont parlé ou parlent encore des dialectes apparentés à un fond commun : la langue "berbère". Il n'existe
pas en effet de race berbère, les berbérophones présentaient des types ethniques bien divers. L'observation
la plus simple permet d'opposer un type kabyle, un type mozabite et un type targui, reconnu en 1913 comme
étant un groupe pur à côté des croisements divers. Les Berbères ne sont donc pas définissables par des
critères raciaux. Les premières influences historiquement attestées furent celles des phéniciens et par leur
intermédiaire, celle des Grecs; elles ne paraissent pas avoir beaucoup marqué les Berbères. La longue
domination romaine, puis byzantine, ne fut pas beaucoup efficace. Elle ne s'étendit jamais à toutes les
dominations berbères et les tribus soumises s'insurgèrent souvent. La civilisation romaine n'assimila et

175
ne christianisa qu'une très faible partie des Maghrébins. Le Maghreb reste farouchement lui-même. La
langue berbère représente, en Afrique du Nord et jusqu'au-delà du Sahara, le seul lien d'une communauté
de plus de 12 millons d'hommes. Mais c'est une communauté qui s'ignore parce que les groupes fort divers
qui la composent sont dispersés sur d'immenses territoires. Partout minoritaire, la langue berbère ou
tamazight, n'est la langue officielle d'aucun Etat sauf au Maroc à partir de 2011 et en Algérie en 2016.
Emplacements géographiques des parlers amazighs

Source : Dictionnaire Amazigh. « Carte des parlers amazighs (berbères) ». En ligne,


https://dictionnaire.amazigh24.com/carte-des-parlers-amazighs-berberes

Nous distinguons quatre grands emplacements de parlers pour la langue amazighe :


- tamaceq (touarègue)
- tamazight de l'Atlas (chleuh - tamazight)
- tamazight septentrionale (Rifain - Kabyle - Chaoui - Chenoua)
- tamazight zénète orientale (oasis,...)

Les Iznasen, les Ayt Senus, ainsi que Ichenwiyen (chenoua) et Iwarznisen sont Zénètes (tamazight septentrionale tamazight
zénète occidentale).

Langues amazighes en danger : Cette carte est la première à mentionner les villages du Nord de la Tunisie où l'on parle
encore la langue tamazight. Les gouvernorats de Jendouba, du Kef, de Kasserine, Zaghouan et Siliana terres du Bellum
Jugurthinum sont jusqu'à ce jour peuplés de montagnards qui s'expriment dans leurs parlers locaux amazighs. Les villages
tunisiens nécessitent un plan marshall linguistique à l'échelle du pays au risque de voir disparaître la plus grande variété de
parlers berbères en Afrique du Nord.

Le tetserret (Niger) est la dernière langue berbère à avoir été découverte en 2001. Les cartes qui mentionnent cette langue
sont encore assez rares.

□ Cf. theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2011/lux_c/info

La standardisation de l'amazigh classique est un grand chantier où les Imazighen d'Egypte, de Libye, de Tunisie, du Niger et de
l'Azawad devront être mieux pris en compte.

176
□ Cette carte se trouve aussi dans : Le régime linguistique algérien à travers l’étude du militantisme pour la langue amazighe :
un contexte de sens entre imaginaire et pratiques, Djamel Chikh, Thèse de doctorat de l’Université d’Ottawa et de l'Université
Paris-Saclay, préparée à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-En-Yvelines, 2017
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01760527 (6 Déc. 2017).

IBADITE.- Dans la vallée du M'zab, à Ghardaia, Beni Isguen, Berriane ou Guerrara, la population ibadite de
rite vit toujours dans un espace clos, les ksours. Les rapports avec l'extérieur sont conditionnés par l'intérêt
économique et le commerce. La société mozabite est régie à l'intérieur par ses propres règles. Il s'agit du
système des Azzaba qui régule le quotidien des Ibadites. La "halqa des Azzaba" est une assemblée choisie
parmi les hommes de culte. Elle siège dans chacun des sept ksours dont ceux de la Guerrara, de Berriane
et de la pentapole de la vallée du M'zab (El Atteuf, Bounoura, Melika, Beni Izguen et Ghardaia). Ces sept
halqa autonomes sont confédérées en une assemblée le madjliss ammi Said, présidé par Cheikh Adoun. Son
siège est situé à Guerrara, à 120 km du chef-lieu de wilaya. Cette institution gère l'association ElHayet
fondée en 1925 par Cheikh El Bayoudh, l'un des chefs spirituels des Ibadites. C'est une espèce de
parlement qui gère aussi la vie dans les ksours et même quelquefois en dehors. Et le Mozabite qui ne se
soumet pas aux règles de sa communauté, se retrouve rejeté, tout simplement, c'est l'anathème. Le système
des Azzaba, dit-on, ne possède aucun pouvoir matériel ou une force de coercition comme dans les systèmes
temporels. Les anticonformistes sont sanctionnés psychologiquement. Bannis, ils n'ont plus de relations
commerciales avec les autres et plus de rapports sociaux. Le grand poète révolutionnaire, Moufdi Zakaria, a
été longtemps proscrit de la mémoire locale avant qu'il ne soit réhabilité, ces toutes dernières années par
les autorités locales qui ont commémoré l'anniversaire de sa mort. Chose d'ailleurs que les Ibadites n'ont
pas apprécié. De tels exemples sont légion à Ghardaia. Au centre-ville, tout le monde affirme que le seul
vendeur de journaux, un ibadite, est mal vu par sa communauté. Les Ibadites estiment et s'accordent à dire
que la presse donne une mauvaise image de la région; une image falsifiée qui provoque de manière
négative les sentiments communautaires de la population locale. Les autres aspects des rapports du
Mozabite avec ce qu'il considère comme étant l'environnement extérieur, n'échappent pas à cette vision
strictement "communautariste". A Beni Isguen communément appelée ville sainte, tout ce qui est en train de
se réaliser à Ghardaia, en termes d'infrastructurelles est en général considéré non conforme au mode de vie
des ibadites. Les nouveaux espaces (médiathèque, centre culturel et autres réalisations des autorités sont
perçus presque comme une agression. La population ne s'implique pas dans ce processus allant jusqu'à
s'opposer à la construction d'un centre universitaire dans la vallée du Mzab. Synonyme d'ouverture sur le
monde, l'université est perçue comme une menace sur l'organisation sociale locale. On dit qu'à Ghardaia,
les notables, l'oligarchie financière, ont de tout temps, depuis l'indépendance, influencé les responsables
pour faire perpétuer le statu quo. Tout est concocté dans le cercle restreint des Azzaba. De telles décisions
sont prises par un véritable pouvoir parallèle incarné par le majliss El Korti, également appelé conseil
supérieur des tribus du M'zab. Ce dernier est une sorte d'organe exécutif qui opère entre les halqas des
Azzaba et le majliss ammi said. Il rassemble un nombre indéterminé de représentants des différents ksour
pour mettre en forme la stratégie à adopter devant telle ou telle situation. Lors des élections locales et
législatives le majliss ammi said donne une consigne de vote transmise à toute la communauté par les
chefs Azzaba et coordonnée par le majliss El Korti. Les choix électoraux n'obéissent à aucune idéologie, ou
plutôt obéissent à celle du maintien du statu quo. Peu importe pour le mozabite le parti gagnant. D'ailleurs,
dans la plupart des cas, ce sont des halqa qui désignent les candidats et ceux-ci tantôt sont du FLN tantôt
du RND. Il y a également le phénomène des indépendants. Les municipales et les législatives sont les
échéances électorales qui intéressent le plus les ibadites, car ils se sentent directement impliqués. C'est un
enjeu de taille pour eux puisqu'il y va de leur avenir communautaire. Avec le temps, l'évolution a mené une
redistribution des richesses. Cette évolution est marquée par l'apparition de la grosse exploitation agricole
et le déclin de la petite et moyenne industrie qui a reconverti les capitaux dans les circuits commerciaux
donnant assise à une bourgeoisie. Ce processus est accompagné d'une reconstitution des rapports de force
et du système de lobby d'essence tribale qui gravite autour des pouvoirs spirituels pourvoyeurs de caution.
L'administration a souvent opté pour l'équilibrisme entre les deux communautés ibadite et malékite.
Aujourd'hui, la vallée du m'zab s'ouvre sous l'avancée de la puissance publique qui a gagné de nouveaux
espaces. La première conséquence est la division de la communauté ibadite en deux camps distincts : les
ultras-conservateurs et les réformateurs. Le chef de file des premiers est cheikh Hamou. Ils sont très à
cheval sur les questions de la tenue vestimentaire et de la femme. Les seconds sont guidés par cheikh
Adoun. Ceux-là disposent d'un lobby féminin qui contrôle l'ensemble des médersas. Cheikh Adoun se
déplace en personne pour assister aux cérémonies officielles organisées par la wilaya, alors qu'autrefois
cela était impensable. Ceci dit, des résistances existent à Beni Isguen, Berriane et Guerrara, où
l'organisation sociale (et politique) ibadite est toujours aussi rigide. Les élections n'intéressent les
mozabites que s'ils ont un représentant à élire. Les options électorales ne sont point dictées par des critères
idéologiques ou par le programme d'un candidat. Quand les malékites manifestent leur soutien pour une
candidature, forcément les ibadites optent pour son contraire. Régulée par la tradition, la vie dans la vallée
du m'zab effectue sa mue, processus à long terme où la conception moderne de l'Etat se heurte en
permanence à la tradition à travers laquelle la religion pèse de tout son poids.

IMZAD.-L'Imzad et la civilisation targuie . Une nouvelle tonitruante surgit du fin fond du désert : le
classement de l'Imzad au patrimoine mondial. Il vient compléter «la Chedda» du mariage à Tlemcen. Bravo à
l'Algérie qui inscrit de bons points sur le patrimoine universel. Un honneur à partager. Imzad, désert, par
ses voyelles au son clair, le mot s'évase vers un demta d'images et de significations : le désir d'espace, de
curiosité, de savoir, ouverture sur un livre de sable. Désir d'un ailleurs sublimé, d'un monde aux formes
mouvantes et sensuelles, d'une féerie de nuits étoilées et l'épure des paysages. Des aventuriers, des
mystiques, des poètes, des militaires partis conquérir le Sahara ont abandonné le matériel et confort pour
177
un royaume aux frontières pulvérisées. Ces hommes (Théodore Monod, Ibn Batouta, père Foucauld), ces
femmes du Nord : (Odette du Puiguaudeau, Isabelle Ebehrardt Lalla Zineb, ella Maillart) voués aux rythmes
saisons, aux printemps gorgés de sève, ces hommes et femmes des villes saturées de rumeurs en ont
appelé au sable, aux étendues immaculées, à la nudité de la terre avec l'espoir de voir surgir quelques
vérités du désert. Après s'y être engagé, aucun d'eux n'a pu demeurer le même : tous ont porté, à jamais
gravé en eux, l'empreinte du désert». c'est dans le désert que naissent les trois grands monothéismes de
l'histoire : le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Le désert demeure une façon de vivre avec des modèles culturels, dont la poésie et la musique . La poésie
touarègue : La poésie occupe une place majeure dans la société touarègue. Liée à la musique, elle est à la
fois un élément de transmission du patrimoine culturel et un art vivant bien ancré dans les mœurs. «La
poésie des Touarègues est le miroir de leur culture, le reflet d'une façon de vivre et d'être. Les textes que
l'on récite au cours des veillées ou lors des longues transhumances sont une façon de transmettre un
patrimoine historique, une histoire, des valeurs. C'est en partie grâce à la poésie que le jeune touarègue
apprend à devenir adulte. La composition des poèmes est surtout l'apanage des hommes qui chantent ou qui
déclament les textes, à l'occasion des fêtes traditionnelles ou lors d'Ahâl, réunion galante au cours de
laquelle on rivalise de poésie pour séduire les jeunes filles.
Paroles, musiques et versification sont les tenants de cet art. la poésie touarègue, qui comprend une grande
variété de registres, peut être déclamée ou mise en musique. Dans le premier cas, elle est considérée
comme un mode d'expression individuelle dont l'auteur est toujours nommément désigné. Dans le second,
elle devient une expérience collective et patrimoniale, rythmée au son du violon monocorde qu'est l'Imzad.
Dans sa versification, les poèmes monorimes, comme l'étaient les poèmes arabes composés de syllabes
longues et brèves. Les vers y sont divisés en pieds, c'est-à-dire en séquence de deux ou trois syllabes, dont
une seule accentuée. Les genres poétiques collent à toutes les assemblées galantes. On distingue trois
types de poèmes :
«Les poèmes élégiaques ont pour thème la solitude du désert, l'éloignement de la tente et de la bien-aimée,
le sentiment que l'on éprouve en entrant dans un campement vide, les lieux qu'on traverse, la condition
même du nomade. Le maître mot de cette poésie élégiaque est äsouf. Äsouf a les deux sens en français du
mot solitude : il désigne aussi bien la situation d'une personne physiquement ou moralement esseulée que
les solitudes inhabitées, la steppe déserte» la femme aimée, dont les Touaregs chantent la douceur, la
beauté, la sensualité, est fréquemment associée à la vie pastorale ou comparée aux éléments de la nature.
Les poèmes épiques relatent la guerre que se sont livrées les tribus (par exemple celles qui ont opposé les
Kel Ahaggar aux Kel Ajjer au XIXe siècle) les rezzous d'autrefois ou les combats menés contre les
Européens venus coloniser les hommes libres du désert. La poésie possède alors une dimension identitaire :
on s'adresse à l'ennemi de l'intérieur en le nommant, mais l'étranger et l'incroyant n'ont pas de nom. Avec le
temps, cette poésie épique glorifie moins des actes héroïques qu'elle exprime la nostalgie d'une époque
révolue.
Les poèmes «chroniques» racontent des anecdotes quotidiennes ou des faits singuliers dans le désert, les
nomades composent des vers pour célébrer un évènement ou évoquer un problème inhérent aux difficultés
sociales qu'ils rencontrent. La majeure partie des poèmes touaregs traditionnels que nous connaissons
proviennent du travail effectué par le père Charles de Foucault jusqu'à la veille de sa mort. Les deux tomes
des Poésie touarègues publiées en 1925 et 1930, rassemblent près de six mille vers, collectés, traduits et
commentés par l'ermite du Hoggar. Ils constituent un document linguistique et ethnographique de premier
ordre sur cette littérature orale :
«Les sacs sont légers, les chèvres sont sèches;
La sécheresse pèse sur le pays comme le mont Oûdan
Elle veut nous ôter jusqu'à nos voiles de visage…»
On peut citer, aussi, le romancier libyen Ibrahim al-Koni, Rhissa Rhossey ou Hawad. Ce dernier, installé en
France est l'auteur de recueils écrits en tifinagh dans lequel se mêlent écriture et calligraphie, que le poète
épris d'espaces vierges et de liberté créatrice nomme «furigraphie».
Pas de nom
Je ne suis pas le fils
Du vent et des nuages
Je suis le fils de la fange
De la fange stérile et rouge
Non, frère, je ne suis plus
Le seigneur du désert
Mais l'esclave
Des horizons nuls.
La monture d'un chameau d'excellence est mieux que la parade en rolls sur les belles avenues. Pour les
Touaregs, le chameau est l'animal de prestige, l'animal aimé. Lorsqu'un jeune homme se marie, s'il est de
bonne famille, il ne pourra que donner des chamelles à sa belle-famille, théoriquement en nombre égal à
celui qu'à reçu sa belle-mère. La chamelle sert, bien souvent, de terme de référence dans les poèmes
d'amour des jeunes gens. La femme aimée est comparée à de nombreuses plantes avant de l'être à la
chamelle : Temmelt est belle comme la chamelle irrésolue de l'Agdal qu'il poursuit au pâturage.
Tente pareille à son cosmos
La tente est le symbole du mariage, se marier se dit «nouer une tente» ou «faire une tente» c'est la femme
qui l'apporte, et avec elle tout le matériel domestique. A l'intérieur, l'espace est orienté : une partie est
réservée à l'homme et à ses bagages, l'autre à la femme. C'est un territoire organisé dont les symboles
spatiaux, se répètent de mère en fille. Chez les Touaregs de l'aïr «la forme arrondie du toit de la tente en
fait une copie de la voûte céleste. La tente est donc une réplique du cosmos. La yourte qui relie entre eux
les différents niveaux de l'univers mongole est l'objet d'une vision comparable. Le piquet central est conçu

178
comme un modèle de l'axe cosmique.
Les arts du désert, une nécessité aussi vitale que la liberté.
«Ce qui vise à s'approprier l'art classique des sédentaires, c'est le temps. Or c'est l'espace que vise l'art
des nomades. Une façon bien établie d'orner le quotidien. André Miquel définit «la civilisation du désert» par
trois termes : le chameau, l'herbe et la razzia. La compagnie de la faim est quasiment présente. Le nomade
vit de peu et la sobriété lui est indispensable. Lui et ses animaux restent tributaires de l'herbe qui fuit, des
feuilles des arbres des touffes. L'incessante poursuite du pacage implique, toujours, des déplacements vers
de nouveaux pâturages et points d'eau. Il existe un art du désert qui se manifeste par une recherche du
beau dans un environnement particulièrement difficile. Ce mode de vie implique de ne pas s'encombrer
d'objets inutiles. L'expression artistique, que ce soit sur les cuirs, le bois ou les métaux, montre un
raffinement des techniques très élaborés, tout en s'appliquant souvent à des objets du quotidien : tapis,
selles, ustensiles de cuisine, piquets de tentes, sacs, armes et ce, depuis la Mauritanie jusqu'à la Mongolie.
Les motifs peints, ciselés, brodés, tissés, sculptés obéissent à une symbolique, sans cesse répétée,
d'inspiration variée mais souvent d'origine religieuse. Ceci s'applique, aussi, aux parures et bijoux. Il n'est
pas rare de rencontrer des hommes et des femmes accomplissant des tâches domestiques telles que la
corvée d'eau, par exemple, exhibant des parures imposantes et des bijoux magnifiques que nous porterions
que dans des moments d'apparat. Le souci d'esthétique semble donc, une préoccupation.
L'art des nomades sahariens : Les techniques de l'acharnement chamelier.
Au Sahara, la nature du chameau, du dromadaire évidemment, avec sa bosse unique, a obligé les nomades
à trouver des solutions différentes pour placer la selle sur l'animal. En abordant ce sujet, on ne peut que
s'appuyer sur le travail de Théodore Monod qui a pu conjuguer son expérience de chamelier méhariste et
celle du savant à l'érudition inégalable.
L'art du bois : Le bois a permis aux artisans touaregs de réaliser de véritables sculptures avec des thèmes
décoratifs répétés : par exemple ; les grandes louches en bois (amula) possèdent souvent des manches
sculptés très finement, en forme de croix.
Chez les Touaregs, il existe deux objets aux formes comparables : le bol de traite (akabar) et le mortier
(tendré). Ils se différencient par leurs anses qui permettent de les transporter ou de les accrocher près de la
tente à un arbre ou à sa monture lors de ses déplacements. Le mortier a deux anses symétriques, en bas,
du pied à la paroi, alors que le bol de traite n'en a qu'une, en haut près de l'ouverture.
Une devinette, sans doute pour illustrer plaisamment la différence entre ces deux objets, interroge «:
devinez devinez ma fille a ses oreilles dans ses fesses. Qu'est-ce que c'est ? - Heu ! Des femmes
joyeuses ?!
- Non c'est le mortier avec ses deux anses
Le mortier possède deux usages : celui du pilage de mil et celui de tambour, une fois couvert d'une peau
tendue par deux pilons. Il rythme le travail domestique quotidien comme le chant des femmes entourées du
carrousel des chameliers lors des grandes fêtes.
L'art du cuir : Ce sont les femmes qui, dans chaque famille préparent les peaux des animaux abattus. La
plupart d'entre elles sont débarrassées de leurs poils avant tannage, par saupoudrage de la cendre de
l'écorce et du bois de certains arbres. Un procédé de tannage utilisé de nos jours par les éleveurs, étaient
connus en Egypte, il y a plus de 5.000 ans. Il est étonnant de constater la permanence, à travers le temps et
l'espace, du travail du cuir. Chez les Touaregs, le cuir est utilisé pour la fabrication des grandes outres qui,
suspendues sous les ventres des ânes, transportent ‘eau mais aussi des petites outres servant à barater le
lait sous la tente. Parmi les sacs, le tassoufra dont les décors géométriques au centre, sont des croix,
étoiles, quadrilatères, etc, souvent la littérature ancienne contenue dans les manuscrits de Chinguitti sont
protégés par un cuir dont le décor sobre avec des desseins symétriques, en noir sur fond rouge. Le sac de
voyage de l'homme eljebira est carré et fait pour être suspendu à la selle du méhari. L'art du tapis est issu
de pratiques millénaires, mais son origine n'est pas établie avec certitude. On a retrouvé la représentation
d'un métier à tisser sur un fragment de terre cuite sumérienne, daté de 4000 ans avant J.C. Le plus ancien
tapis connu provient du Caucase au Ve siècle av JC. Sa facture est très fine et le décor d'inspiration
animalière. D'une manière certaine, le tapis est né en Asie centrale et par l'expansion de l'islam et des
caravanes commerciales de la route de la soie.
Les artisans maures et touaregs sont des bijoutiers connus dans le monde entier : ils fabriquent des bagues,
des bracelets, des boucles d'oreilles et des bijoux portés par les femmes dans leur coiffure et en sautoir.
Les deux métaux les plus utilisés sont l'argent et le cuivre. La majorité des bijoux sahariens est en argent,
la matière première provient des pièces anciennes. Le motif de la croix est fréquent chez les Maures où il
apparaît dans bien des décors. Jean Gabus y voit peut-être une origine chrétienne, mais avec beaucoup de
réserve. Chez les Touaregs, la croix d'Agadez, originaire du Niger et des montagnes de l'air est le bijou le
plus connu. Le haut, qui correspond à la croix représente le ciel, et le bas avec son cercle ajouré, la terre.
Cette symbolique connote la masculinité et la partie terre la féminité. La croix, selon les mêmes auteurs,
représente le sexe masculn, le pommeau de la selle de chameau et les quatre directions cardinales. Quand
un père remet cette croix à son fils, il lui dit : «je te donne les quatre directions cardinales, car on ne sait
pas où tu iras mourir». Chez les nomades, le tissage sert à la fabrication d'objets de première nécessité. Ce
sont des tapis pour la tente des sacs, des tentures, des tapis de selle, des manteaux.
Les musiques touarègues  : La musique jouait un rôle important lors des rites de naissance et de mariage et
lors des célébrations religieuses, dans la cour d'amour et les processus curatifs? Certaines de ces musiques
et leurs instruments étaient, également, liés à la souveraineté et au pouvoir traditionnels depuis quelque
temps les touaregs ont été soumis à des transformations socioculturelles dues : Aux sécheresses, aux
famines et aux crises politiques qu'elles ont engendrées. Cette succession d'évènements a, aussi, fortement
influencé la vie musicale des Touaregs et, aujourd'hui, l'éthnomusicologie ne peut plus se contenter de
recueillir les musiques dites traditionnelles en voie de disparition, mais doit, impérativement, se pencher sur
les causes du phénomène d'acculturation musicale. Les deux faits importants sont la mise à flots de l'Ahellil

179
par le chercheur Mouloud Mammeri, et le développement et la mise en relief de l'Imzad par Farida Sellal
ainsi que la maison de l'Imzad comme école de formation. Il ne faut pas oublier que la population des
Touaregs est répartie dans une vaste zone touchant cinq pasy saharo-sahéliens. Elle côtoie, par la force
des choses, d'autres cultures musicales avec lesquelles elle entretient des contacts faits d'emprunts et
d'apports réciproques. Il peut s'agir de métissages musicaux. La pratique musicale traditionnelle est
quasiment le monopole des femmes de la classe sociale la plus élevée. Elles jouent la vièle monocode,
alors que les femmes d'origine forgeronne ou captive (castre la plus basse) se limitent au jeu du tambour
sur mortier tendey. Quand elles chantent en solistes, les femmes le font toujours accompagnées en chœur.
En revanche les hommes chantent en solistes à cappella ou en duo, éventuellement accompagnés de la
vièle monocorde Anzad. Les répertoires des chants d'hommes et de la vièle monocorde sont étroitement liés
au passé et à la tradition épique des groupes touaregs, de même des chants évoquant la bien-aimée ou tout
simplement des états d'âme de l'auteur du poème. A l'opposé, le chant des femmes accompagné du tambour
du mortier est l'occasion pour elles d'improviser des poèmes qui font office de chroniques, de satires
sociales de la vie des campements. Les séances de «chants pour les génies», au cours desquelles on joue
l'Anzad ou le tendey pour guérir une personne malade c'est-à-dire pour «chasser les génies de son corps»,
et les fêtes (baptêmes, mariages) sont, autant, d'occasions pour les hommes de s'exhiber sur leur chameau
préféré afin d‘effectuer une «ronde des chameaux» autour de la tambourinaire. Au temps des rezzous, pour
encourager la bravoure des guerriers que l'Anzad était joué. On disait, alors, d'un guerrier qu'il «méritait
l'Anzad», l'expression est toujours en vigueur lorsqu'on évoque un homme de valeur. L'habitus, encore
structuré, est cette musique qui représente en quelque sorte, un refuge identitaire au même titre que la
langue (le tamachek) l'écriture (le tainagh) et le port du voile (anargad).
La musique vocale des chants traditionnels dont les poèmes épiques constituent, en fait, l'ossature de
l'histoire orale de la société touarègue. La chronique guerrière domine même si fréquemment noyée dans un
flot de digressions métaphoriques sur l'inaccessible amour d'une bien-aimée, sur la vie des campements,
des chameaux et du bétail. La créativité personnelle du récitant ou du chanteur n'intervient que rarement. Le
poème composé par Khamed el Jilai surnommé «Mejila» raconte l'histoire d'une querelle entre deux familles.
Tous les touaregs, quelle que soit leur origine, peuvent prétendre composer des poèmes d'amour. S'il est un
domaine dans lequel les hommes ne sont jamais à court d'inspiration, c'est bien celui-là. Face à des femmes
souvent moqueuses, critiques et exigeantes, l'amoureux doit se surpasser pour compter parmi les
prétendants, en espérant avoir la chance d'être un favori. Joutes oratoires dont sont friands les Touaregs. A
l'instar des griots, les nobles sont les principaux transmetteurs du répertoire. Les marabouts ont l'habitude
de consigner les textes, en arabe, puisqu'ils sont en principe les seuls lettrés.
La musique instrumentale : la vièle monocorde Anzad ou Imzad .
La vièle est considérée comme l'instrument emblématique de la femme touarègue, l'Anzad (en dialecte des
Touaregss tullemendes) ou Imzad (en dialecte des Touaregs du Hoggar) la vièle monocorde demeure, à
travers ses répertoires d'airs, le véhicule de tout un symbolisme où se mêlent des notions de guerre, de
classe et de féminité que les Touaregs se plaisent à perpétuer et à enrichir dans les proverbes, dictons et
poèmes ; un instrument qui demeure un des rares signes évoquant leur passé glorieux. Dans son
dictionnaire (1951-1952), Charles de Foucauld évoque une fonction de l'instrument directement dérivée de
celle décrite plus haut : «L'Imzad est l'instrument favori, noble, élégant par excellence, c'est lui qui a toutes
les préférences, qu'on chante dans les vers après lequel on soupire quand on est loin du pays, dont il est
comme le symbole et dont il rappelle toutes les douceurs : «on en joue aux hôtes qu'on veut honorer» et
plus loin «jouer du violon» signifie «dire des paroles très agréables et très flatteuses dans les réunions
d'ahal» (soirées galantes). Dans le mot Anzad on trouve izod (ce qui est doux, sucré, ce qui fait plaisir à
l’âme).

.
Les joueuses de l'Anzad se contentent de perpétuer le répertoire des chants des hommes, dans un ordre
bien précis, ce qui facilite la mémorisation. Chez les Touaregs lullemende, ce corpus d'airs peut être évalué
à 150 mélodies accompagnées d'un murmure silencieux de la gorge appelé, «chant dans l'âme». Les
séances entre jeunes sont l'occasion de faire plus amples connaissances avec leurs partenaires du sexe
opposé ; le corps de résonance est constitué d'un récipient hémisphérique en bois ou d'une demi-calebasse.
Le diamètre standard de l'ouverture est de 20 à 30 cm, sa hauteur de 11 à 18 cm. Une peau de bouc sur
laquelle se fixe une corde composée d'un faisceau d'une centaine de crins (anzaden, au singulier anzad
d'où le nom de l'instrument) arrachées à la queue d'un cheval (ais). Le tendey ou tidné signifie «mortier» et
par extension «tambour sur mortier». Une membrane d'une peau de chèvre fixée par des cordes recouvre le
mortier. Les femmes tambourinaires du Hoggar l'ont remplacé depuis longtemps par des jerrycans, le

180
battement de mains (eqqas) accompagne le tendey et sert de mesure rythmique comme un métronome. ◙
BRIXI Réda, Voyagiste de Tlemcen, Le Quotidien d’Oran, 20.01.2018.

LANGUE ARABE.- L’expression « langue arabe » recouvre plusieurs variétés linguistiques plus au moins
proches les une des autres, différentes par leurs statuts et employées dans plusieurs espaces géopolitiques.
En Algérie, comme dans tous les pays arabes, cette expression suscite bien des controverses dans les
milieux culturels et surtout politiques, tant son sémantisme est porteur de conflits idéologiques et religieux
en fonction des différentes approches dont il est l’objet. L’arabe est une langue sémitique qui appartient
génétiquement à la même famille que l’akkadien, l’amorite, l’ougaritique, le cananéen (hébreu, phénico-
punique, moabite), l’araméen, le sudarabique et divers idiome éthiopiens (guèze, amharique, etc.). Les
grammairiens et linguistes arabes attestent son existence dans la péninsule arabique quelques siècles avant
la naissance du Prophète Mohamed (que le salut soit sur lui). Parlé par diverses tribus nomades, utilisé
comme langue de grande communication, l’arabe présentait la particularité d’être employé « dans les
différentes manifestations sociales, commerciales et culturelles. Ces manifestations qui avaient lieu
particulièrement à la Mecque, lieu de pèlerinage séculaire, permettaient aux poètes et tribus de se livrer à
des joutes oratoires mémorables » (K.T.Ibrahimi, 1996). Parmi ses diverses variétés la plus ancienne, la
plus soutenue, devient au VIIe siècle, la langue de la révélation du Coran : appelée « classique », «
littéraire », « coranique », elle offre « un corps qui, par sa existence de texte, constitue un élément
fondamental de cohésion linguistique. De plus, apparaissant comme la propre parole éternelle et immuable
de Dieu, il prend une valeur de norme définitive ». (Cohen, 1997). L’articulation de la religion sur la langue
arabe classique confère à cette dernière une dimension de sacralité qui, toujours présente, institue des
rapports de nature existentielle et mystique entre l’homme et l’instrument de communication. Langue sacrée,
langue du Coran, langue de l’Islam, cet arabe classique qui a servi à la diffusion de la religion musulmane,
peut être considéré comme une langue intertribale ou supratriable accessible à l’ensemble de tous les
Arabes » (Cohen, 1997). Cette variété, la langue du Coran, a perduré à travers les siècles sans aucune
altération ni modification notoire. Elle est restée la langue des exégètes et savants spécialistes de
théologie, la langue de l’étude du Coran, du Hadith, de toute la poésie et de la littérature arabo-musulmane
ancienne. Les premières études sur la langue arabe, qui remontent au VIIème siècle, ont été motivées par le
double objectif de fixer le texte du Coran et d’en enseigner la langue aux non-arabophones convertis à
l’islam. L’ouverture du monde arabo-musulman sur le monde occidental et les sciences mais surtout sur
l’esprit de la modernité à la suite de la colonisation européenne a cependant amorcé une dynamique dont
l’aboutissement est l’apparition d’une variété d’arabe dite « moderne » , assez éloignée de l’arabe
classique. Le recours à l’emprunt aux langues étrangères européennes (l’anglais et le français) a été la
principale procédure néologique utilisée pour adapter la langue arabe aux exigences de la vie moderne.
Cette deuxième variété également déterminée par les caractérisants « standards », « médians », et même «
intermédiaires » est utilisée dans médias et les institutions de souveraineté des Etats arabes (radios,
télévisions, presse écrite, discours politiques, relations diplomatiques, enseignement, manuels scolaires et
universitaires). En Algérie, c’est cette variété qui est en usage dans le système éducatif, la presse, la
télévision, les institutions de l’Etat, tant dans les sites urbains que ruraux. La troisième variété, l’arabe «
dialectal », essentiellement parlé, se distribue en un ensemble de parlers locaux, typiques de chaque pays
arabe singularisés par des spécificités phonétiques, morphosyntaxiques et sémantiques. En Algérie, l’arabe
dialectal, langue maternelle de la plus grande partie de population (85%), constitue la langue de la «
première socialisation linguistique, de la communauté de base » (K.T.Ibrahimi, 1995) et une grande
intercompréhension existe entre les différents parlers locaux. Selon Cherrad Benchefra (1990), il est la (les)
« véritable (s) langue (s) des populations qui n’avaient pas accès à l’arabe littéraire dans les foyers. En
effet, même si l’arabe dialectal semblait plus proche du littéral que le berbère, la majorité de la population,
qui était analphabète, n’accédait pas à la compréhension de cette langue hautement littéraire (l’arabe
littéraire) ». Le dialectal arabe secaractérise par une opposition urbain vs rural et par l’existence de grandes
variétés régionales géographiquement circonscrites. La variété urbaine concerne les cités d’obédiences
arabo-andalouse et turque, marquées par une longue tradition citadine héritée des dynasties arabes ou
beylicales ; elle caractérise bien le parler des villes telles que Constantine, Tlemcen, Alger, Nédroma et
Béjaïa, parler dénommé « bledi » par opposition au parler rural (barani ou hawzi) ». En outre, quatre
grandes variétés se partagent l’espace algérien :
♦ à l’ouest, l’Oranais qui s’étend de la frontière algéro-marocaine jusqu’aux limites de Ténès ;
♦ l’algérois, qui couvre toute la zone centrale du pays jusqu’à Bejaia ;
♦ à l’est du pays, sur les hauts plateaux et leur capitale Sétif prédomine un parler rural spécifique à la
région, réputée pour son folklore populaire et son raï égrené de mots français ; plus à l’est, dans le
Constantinois et jusqu’à la frontière algéro-tunisienne, existent des parlers propres aux villes de
Constantine et d’Annaba ;
♦ au sud, une variété dont les contours géographiques recouvrent, selon K.T, Ibrahimi (1995), « l’aire
saharienne », participe, plus intimement, d’un grand ensemble dialectal s’étendant de la péninsule arabique
aux côtes atlantiques ». Cependant, ce découpage ne reflète qu’imparfaitement la réalité de la distribution
des parlers dialectaux en Algérie, en raison de la forte interprétation des différentes sphères linguistiques
résultant des multiples mutations socio-économiques. L’existence de petites poches linguistiques berbères
et/ou arabes à l’intérieur des grandes aires susmentionnées ainsi que les mouvements de populations
rendent difficile l’établissement de la carte linguistique de l’Algérie : elles traduisent le caractère
fondamentalement hétérogène de la réalité sociologique et linguistique d’un pays essentiellement dominé
par l’arabe dialectal algérien dans ses diverses variétés.

REFERENT IDENTITAIRE.- Subordonner l'identité algérienne à la séquence historique de la civilisation


arabo-musulmane peut paraître comme un choix restrictif, arbitraire et illusoire. Il révèle une contradiction

181
dans l'exclusion des autres séquences et une incapacité à réaliser les fondements de la nation algérienne.
Le dilemme actuel est de déterminer le "référent" de l'identité algérienne. Doit-on fonctionner avec un
"référent civilisationnel" ou doit-on, sur la base de toutes les civilisations que notre histoire a rencontrées,
déterminer l'identité algérienne? Le "référent identitaire" est :
◙ le référent à l'authenticité initiale d'un peuple et ceci suppose que ce peuple a vécu coupé de toute
communication avec d'autres peuples.
◙ le référent identitaire est le produit des influences de civilisations diverses ayant traversé l'histoire d'un
peuple (conquête religieuse, colonisation).
◙ le produit d'une somme d'influences de différentes civilisations, conséquente aux différents échanges
entres les peuples (commerciaux, culturels).
L'Algérie, tout au long de son histoire, ayant emmagasiné des "références civilisationnelles", doit prendre en
charge toutes les valeurs de cette évolution qui permettent l'échange dans le concert des nations. La
communication, n'étant pas en otage, doit libérer l'expression de la pensée algérienne.

TAMAZIGHT.- L'Algérie est un pays musulman qui fait partie du grand Maghreb dont la langue officielle est
l'arabe. Ce principe ne signifie pas que l'arabe est la seule langue nationale puisqu'il existe le tamazight,
langue des berbères qui se sont arabisés il y a de cela plusieurs siècles. Aujourd'hui, l'avènement du
processus démocratique en Algérie a amené quelques partis politiques à revendiquer la reconnaissance de
la langue Tamazigh car faisant partie du patrimoine culturel séculaire de tous les Algériens. Cette question
à caractère national a rencontré beaucoup d'opposition ou de réticence à reconnaître ce référent identitaire
de la part de séparatistes, de régionalistes et de racistes. La normalisation de la langue Tamazigh dans son
existence ne doit pas occulter sa réalité d'unicité phonologique et de diversité de variations lexicologiques.
Il faut remarquer qu'au cours des siècles, les échanges entre l'arabe et le berbère se sont faits au détriment
de ce dernier à tel point que pendant longtemps, le berbère utilisé à la radio n'était autre que de l'arabe plus
ou moins berbérisé. D'où la nécessaire réhabilitation officielle de ce patrimoine linguistique qui a subi une
érosion à travers l'espace et le temps.

Historiquement les Berbères ou Imazighen – pluriel de Amazigh qui signifie « homme libre » -sont des populations qui
occupaient le nord du continent africain de la Tripolitaine à l’Atlantique au moment des premières conquêtes phéniciennes et
romaines de l’Afrique du Nord (Charles-André.Julien, 1952). Ces conquêtes n’affecteront aucunement les traits culturels ni le
type d’organisation sociale et économique encore en usage dans les trois grandes régions de l’Algérie où se concentre cette
population berbérophone qui ne se distingue que par l’utilisation vernaculaire du tamazight et par des pratiques culturelles
spécifiques :
♦ Au nord de l’Algérie, le kabyle est la variété en usage dans un ensemble qui regroupe la région centre (algérois, Grande
Kabylie, massif du Djudjura) et la région centre-est (de l’Algérois à Bejaia et à Setif, capitale des hauts plateaux de l’Est algérien)
;
♦ Au sud-est, dans le constantinois, la Chaoui s’emploie depuis le massif des Aurès jusqu’aux contreforts de l’Atlas saharien ;
♦ Plus au sud enfin, les variétés mozabite et targuie sont utilisées dans le M’zab et le massif du Hoggar. L’observateur averti
verra que les régions mentionnées comme lieux d’implantation du tamazight sont montagneuses et d’accès difficile, ce qui
confirme l’aspect minoritaire de cette population par apport à la population arabophone majoritaire qui vit dans le reste du pays.
Nous ne pouvons pas cependant parler de sphère linguistique amazighophone ou arabophone (dialectal) hermétiquement close,
car un tel découpage méconnaîtrait les mouvements de populations pendant la guerre d’indépendance, l’immigration d’une
partie des habitants des zones déshéritées vers la France et les déplacements des populations en direction des grandes ville
industrielles de l’Algérie (Alger, Constantine, Annaba, Skikda, Arzew, Tlemcen, Naama, Hassi-Messaoud, Oran) lors du
développement du tissu industriel algérien. Ces déplacements ont permis un important brassage et une interpénétration sociale
des groupes linguistiques en présence, si bien qu’il n’existe pas de berbérophone monolingue ignorant totalement l’arabe
dialectal, surtout si l’on tient compte de l’impact de la scolarisation effectuée en langue arabe. Il n’en demeure pas moins que le
tamazight doit être donc considéré comme un substrat et qu’il est un élément constitutif fondamental de la réalité linguistique
algérienne, au même titre que l’arabe dialectal et le français. Langue longtemps considérée comme faisant partie du patrimoine
culturel et folklorique de l’Algérie, mais confinée strictement à un rôle vernaculaire, le tamazight se voit discrédité dès 1962 par
le pouvoir en place et son élite arabophone qui le marginalisent et le censurent jusqu’en 1980 (cf. Chaker, 1993). Les
évènements du « Printemps berbère » (avril/mai 1980) obligent les autorités à nuancer leur position ; à partir de Juin 1980 et de
la session du comité central du FLN, le discours politique à l’égard du statut du tamazight se modifie légèrement et l’on voit se
dessiner une politique culturelle (cf.K.T, Ibrahimi, 1995), caractérisée principalement par la volonté de renforcer la généralisation
de la langue arabe, et secondairement par « un intérêt très superficiel » pour la revendication berbère (création d’un Secrétariat
d’Etat à la Culture Populaire et de quelques Départements d’Etudes Postgraduées sur les Langues et Cultures Populaires) dont
celui créé à Tlemcen et assurant une formation nationale en culture populaire niveau magister et doctorat. Sur le terrain, les
mesures de censure, de restriction et de contrôle des activités artistiques et culturelles mises en place en 1970 persistent
jusqu’en 1988 et ne s’estompent qu’avec la relative ouverture démocratique induite par les émeutes d’octobre 1988 sous la
présidence de Chadli. La conjoncture politique et l’avènement de l’islamisme politique violent conduisent le pouvoir à
instrumentaliser dès 1990 la revendication berbère. Un changement se produit dans le discours officiel qui reconnait timidement
l’existence de fait du berbère comme élément de la culture du peuple algérien. Le volume horaire de la chaîne 1 augmente, la
182
télévision nationale réduit sa censure et diffuse chaque jour, à raison d’une dizaine de minutes, une revue de presse en berbère
à la fin des informations nationales en arabe standard. La pression du Mouvement Culturel Berbère sur le Pouvoir s’accentue et
ses militants exigent la reconnaissance institutionnelle du statut officiel et national de la langue et de la culture berbère ainsi que
l’enseignement obligatoire de cette langue dans les établissements scolaires des zones berbérophones. Un boycott de l’école
est engagé par le M.C.B en septembre 1994 et ne prend fin qu’en février 1995 avec la reconnaissance par les autorités du statut
de la langue berbère. Cette reconnaissance du statut national de la langue berbère- dont les multiples implications sur les
données sociolinguistiques se feront sentir dans quelques années – pose beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en résout.
S’inscrivant dans la logique du Pouvoir, elle ne confère aucune « officialité » constitutionnelle à la langue tamazight et participe
de la logique unioniste en vigueur depuis 1962. La traduction de cette reconnaissance officielle sur le terrain de l’enseignement
n’est pas aisée, d’autant que cette langue est essentiellement orale et comporte de multiples réalisations régionales, voire même
spécifiques à chaque tribu. Si cette diversité dans le code oral est une richesse en soi, l’absence d’une codification de la
transcription au niveau des caractères utilisés (latin, tifinagh, arabe), l’absence de normalisation et de standardisation des règles
syntaxiques et grammaticales (en dépit des travaux de linguistes réputés comme M.Mammeri, S. Chaker, R.Kahlouche,
S.Benrabah) et le manque d’enseignants spécialisés sont autant de facteurs qui tempèrent l’euphorie et l’engouement résultant
de la reconnaissance du statut officiel du berbère. La revendication tamazight initiée par le M.C.B., légitime à tout point de vue,
semble avoir été récupérée par le Pouvoir qui l’a diluée dans les structures administratives et scientifiques d’un Haut Comité de
l’Amazighité (H.C.A) chargé de banaliser toutes les exigences liées à la matérialisation dans les faits de cette reconnaissance.
Aujourd’hui, l’avenir du tamazight en Algérie n’est pas incertain, si même l’arabe dialectal algérien, la langue maternelle de la
grande majorité des locuteurs, est devenue depuis 1988 l’outil de communication même du Pouvoir qui se plaisait jusque là
dans l’utilisation d’une langue arabe classique, châtiée, très éloignée de la population. L’intervention de l’arabe algérien dans les
médias importants (TV et radios) et dans les diverses situations formelles de la vie de l’Etat, en remplacement de l’arabe
moderne, a surtout été sensible lors de la campagne électorale des élections présidentielles et législatives. Il laisse prévoir une
reconfiguration de la situation des langues en présence sur le marché linguistique, ainsi que l’établissement de nouveaux
rapports induits de la reconnaissance du tamazight, du recul de l’arabisation et de la formidable vitalité de l’arabe dialectal. Les
participants aux rencontres sur l’édition et la diffusion du livre en tamazight ouvertes à Bouira (Kabylie) les 6 et 7 Décembre
2013 (El Watan du 9/12/13) plaident pour l’élargissement de l’enseignement du tamazight à « toutes les régions de l’Algérie »
pour un double objectif : donner une plus grande visibilité» à cette langue et promouvoir le livre qui la véhicule. Plusieurs
intervenants lors de cette rencontre, notamment des éditeurs, affirment que les difficultés qu’ils rencontrent en tant que
professionnels spécialisés sont liées au « manque de visibilité de tamazight, à l’exception de quelques régions du nord du pays
(Alger, Bouira, Tizi-Ouzou et Bejaia) qui se distinguent par une forte concentration de berberophones. Cette situation se traduit
par la « quasi-absence » des ouvrages en tamazight dans les librairies et bibliothèques publiques, notamment dans les écoles
de ces régions où cette langue « reste tout de même facultative » alors que son enseignement est inexistant sur le reste du
territoire national. Pour Ramdane Achab, directeur de la maison d’édition éponyme, il est « urgent » de disposer de données «
précises et fiables » puisées du terrain sur la réalité du lectorat tamazight, « surtout que les auteurs en cette langue » sont de
plus en plus nombreux ». Le responsable des éditions Assirem, spécialisées dans le livre et le multimédia pédagogiques en
tamazight en appelle aux pouvoirs publics pour apporter tout le soutien nécessaire aux éditeurs en tamazight, « peu nombreux
et souvent débutants. Brahim Tazaghart, directeur des éditions Tira, considère lors de cette rencontre sur le livre en Tamazight à
Bouira, que les problèmes d’édition et de diffusion en tamazight relèvent de la situation générale du livre en Algérie. Ce poète,
écrivain et traducteur milite lui aussi pour la généralisation de tamazight qui représente autant que l’arabe, un « facteur
d’intégration » dans la pluralité linguistique algérienne et un moyen de renforcement de la culture algérienne ». Dans un point de
presse toujours à Bouira le 5 Décembre 2013, Youcef Merahi, secrétaire général du HCA, a rappelé que « la langue tamazight a
enregistré une régression dans plusieurs wilayas où elle est enseignée. Des carences ont été relatées dont le caractère facultatif
imposé à l’enseignement de cette langue alors qu’il devait être obligatoire. L’année 2014 a vu naître la publication d’un riche
dictionnaire de tamazight, dont l’auteur n’est que Mohand Akli Haddadou illustre linguiste et écrivain. Ce dictionnaire viendra
enrichir la bibliothèque des ouvrages sur la langue et la culture amazightes, bilingue (kabyle et français kabyle) édité par les
éditions Berti.
◙ Ce siècle s’avèrera celui de la prise de conscience linguistique et culturelle qu’elle soit nationale ou régionale :
►5 Janvier2016 : Promotion de tamazight au statut de langue officielle, dans l'avant-projet de révision de la Constitution, un
"acquis important", qui consolidera davantage l’unité nationale et la démocratie en Algérie, a déclaré le Secrétaire général du
Haut-Commissariat à l'Amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad. Ouverture de nouveaux postes budgétaires et élaboration du
projet de loi portant création de l’Académie de la langue amazighe : le gouvernement accélère enfin le processus de la mise en
œuvre de l’officialisation de Tamazight. Après avoir décrété la journée du 12 janvier, 1er jour de l’an berbère, comme fête
nationale, l’exécutif annonce de nouvelles mesures pour répondre favorablement à la revendication des citoyens qui ont exigé la
promotion de la langue amazighe. En effet, le 7 janvier 2018, présidé par le premier ministre, Ahmed Ouyahia, un conseil
interministériel arrête une série de mesures, notamment « l’allocation de postes budgétaires supplémentaires pour renforcer 
l’enseignement de Tamazight dans le secteur de l’Education nationale et pour élargir la formation et la recherche en Tamazight
au niveau des universités ».
□ L’Académie de la langue amazigh (40 membres permanents) a pour objectifs : défense et sauvegarde, aménagement et
promotion de tamazight sur les plans linguistique et social (Activités de codification et de promotion). Elle doit avoir des
délégations pour les différentes variantes de la langue (le kabyle, le chawi, le chenwi, le mzab, le touareg, le wargli, le snoussi et
le tachelhit d'El-Bayed) dans les régions respectives. Tout Algérien érudit ou chercheur qui parle tamazight et écrit en/sur
tamazight, ou qui est spécialiste dans un des domaines de l'amazighité et ayant une compétence avérée à travers des études
ou des recherches publiées dans des revues scientifiques nationales ou internationales peut être élu en tant que membre
permanent. Quant au titre de membre correspondant ou associé, toute personnalité algérienne ou étrangère ayant œuvré pour
la langue et la culture amazighs peut être éligible. 
□ Calendrier berbère. Le 12 Janvier 2018 correspond au nouvel an berbère 2068 : L'histoire des Berbères remonte à 10.000 ans
avant Jésus Christ. Ce n'est pourtant qu'au temps de l'Egypte ancienne que sera fixé l'an zéro du calendrier berbère. Il
correspond à la date où le roi Chachnaq 1er (Sheshonq) fût intrônisé pharaon d'Egypte. Ce roi berbère avait réussi à unifier
l'Egypte pour ensuite envahir la Palestine. On dit de lui qu'il s'empara des trésors du temple de Salomon à Jérusalem. Cette
date est mentionnée dans la Bible et constitue par là-même, la première date de l'histoire berbère sur un support écrit. Les
travaux des paléontologues et historiens démontrent sans équivoque que les Berbères étaient présents en Egypte depuis sa

183
constitution. L'an zéro amazigh se refère donc à cette date historique de 950 av. JC où Sheshonk fut monté sur le trône et fonda
la XXIIème Dynastie.
♦ Après une lutte de plus d'un demi-siècle, la population berbère d'Algérie a obtenu que sa langue, le tamazight, soit reconnue
comme langue officielle, un cran en dessous de l'arabe qui demeure celle de l'Etat. Le Parlement a adopté à une écrasante
majorité une révision de la Constitution qui établit que le tamazight est désormais une « langue officielle » du pays tandis que
l’arabe « est la langue nationale et officielle » et « demeure la langue officielle de l’Etat ». Les élus consacrent ainsi le tamazight,
une langue qui, sous ses différentes variantes (chaoui, kabyle, mozabite, touareg), est parlée par environ 10 millions de
personnes, soit le quart de la population du pays d’Afrique du Nord. Pour sa part, le français, bien que parlé couramment, n’a
aucun statut officiel et est enseigné dans les écoles comme une langue étrangère. L’officialisation du tamazight a été saluée par
le Haut commissariat à l’amazighité (HCA), un organisme officiel chargé depuis 1995 de la promotion de la langue berbère, suite
à une « grève du cartable » d’un an en Kabylie. Cette mesure « signifie que l’Etat mobilisera davantage de moyens et de
mécanismes pour rattraper les déficits accusés », a salué son secrétaire général, Si El Hachemi Assad. Elle prévoit notamment
la création d’une Académie tamazight qui sera chargée de réunir les conditions de promotion du tamazight en vue de
concrétiser, à terme, son statut de langue officielle. Le tamazight avait été jusque-là nié et ses militants pourchassés dans ce
pays dirigé par un parti unique qui avait fait le choix d’unir son peuple sous la bannière de l’arabité. En 1980, la question fit son
irruption sur la scène publique après des manifestations violemment reprimées en Kabylie, où se concentre l’essentiel de la
population berbérophone. L’Etat a fait preuve à partir des années 1990 d’une certaine ouverture sur les revendications
identitaire et linguistique de cette population. L’enseignement du tamazight a ainsi été introduit dans les établissements scolaires
en 1995 dans certaines régions du pays où le berbère est la langue maternelle. En 2002, après des émeutes sanglantes dans
cette même région qui ont fait 126 morts, elle avait été reconnue comme deuxième « langue nationale » sur décision du
président Abdelaziz Bouteflika. Six ans auparavant, en 1996, l’amazighité avait été reconnue dans la nouvelle Constitution
comme composante de l’identité nationale aux côtés de l’arabité et de l’islamité. Et une chaîne de télévision diffusant des
programmes en langue tamazight dans ses déclinaisons a été lancée en 2009. Mais plus 20 ans après la création du HCA, son
enseignement est assuré seulement dans 22 départements sur 48 et le nombre d’apprenants estimé à 277.176 sur plus de 10
millions d’élèves, selon des statistiques du HCA. Son officialisation mettra du temps à être en place dans l’attente de son
uniformisation et d’un consensus sur sa transcription, objet de vives controverses entre les partisans des caractères berbères
(authenticité), latins (universalité) ou arabes (islamité). Si cette reconnaissance du tamazight était réclamée depuis plusieurs
décennies, son officialisation n’a pas fait que des heureux, ses défenseurs les plus farouches exigeant « la parité » avec l’arabe.
Le Front des forces socialistes (FFS), qui milite aussi pour la reconnaissance de cette langue, avait demandé à ses députés de
boycotter la réunion du Parlement. «Cette nouvelle Constitution a fait de l’officialisation de tamazight une opération de
diversion », ont estimé dans une déclaration rendue publique une vingtaine de militants pour la reconnaissance du tamazight.
Parmi eux figurent notamment l’ex-président et fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition)
Saïd Sadi, une des figures emblématiques du printemps berbère d’avril 1980, et le plus vieux militant des droits de l’Homme en
Algérie, l’avocat Abdennour Ali-Yahia (97 ans aujourd’hui). Selon eux, la nouvelle Constitution aurait dû instaurer « la parité des
langues arabe et tamazight pour clore un schisme » qui dure depuis la période de la colonisation française de l’Algérie
(1830/1962). Mais, regrettent-ils, le texte « affiche une hiérarchie aberrante qui maintient le tamazight dans une dimension de
stigmate linguistique ». «Ce statut de langue officielle exclue de l’Etat a un parfum colonial insupportable », renchérit Hend Sadi,
un autre militant historique. Ainsi, le climat favorable à la naissance d'une académie chargée de défendre la langue amazigh a
été créé depuis 1/4 de siècle par l'évolution et l'assouplissement politiques, nouvelle stratégie adoptée, ainsi que par les
demandes expresses d'organisations politiques, des associations culturelles et des personnalités civiles algériennes éprises de
démocratie et de liberté, mais surtout, conscientes du danger qui guette la cohésion sociale et l'unité nationale, ont poussé les
pouvoirs publics et en premier lieu l'État à prendre des initiatives concrètes. 

TIFINAGH (ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ).- Le constat de la culture originale témoigne que la peuplade des touaregs a régné
en maîtresse des lieux dans un environnement dur, qu'est le désert du sahara  ; les connaissances sur la
culture des touaregs se signalent tout d'abord par le tifinagh, écriture des touaregs qui se lit
horizontalement et verticalement; la langue des touareg (imouhar) dérivée du berbère, s'appelle tamahq -de
Amahar- ou (tamachek au Niger et au Mali). L'écriture s'appelle tifinagh et compte 25 caractères. Presque
tous les touaregs parlent l'arabe en plus du tamahaq, mais peu savent écrire. Le tifinagh s'est développé
après avoir tiré son originalité de la langue libyenne d'il y a mille ans avant Jésus-Christ. Un recueil de
poésies touareg a été publié en Allemagne par l'auteure Mme Midha Zummer, ethnologue qui reconnaît une
culture targuie, certes archaïque, mais originale. Toutes les explications possibles sont révélées dans une
revue allemande sur la façon d'écrire cette langue. Mieux encore, en même temps que la traduction, on y
trouve la transcription en latin de chaque mot pour que le lecteur puisse saisir la vraie intonation et mieux
apprécier ces poèmes. Il faut se souvenir que chez les touaregs, les traditions sont essentiellement orales.
Histoires et légendes -qui sont nombreuses- se transmettent oralement.

TOUAREGS.- Peuplades transhumant depuis des siècles dans le désert du Sahara, passant d'Algérie vers
la libye, du Niger au Mali, sans passeport, ni problèmes administratifs. Nomades ou pasteurs, ils vivaient
sans contrainte, au gré des paturages, des puits d'eau et des marchés de troc. D'origine libyenne, de langue
berbère, ils sont les détenteurs de la seule écriture (Tafinagh). De toutes les ethnies berbérophones
d'Algérie, les touaregs ont vécu de tout temps dans le désert, dont ils se disent, à juste titre, les seigneurs,
compte tenu de l'hostilité de la nature et de l'ingéniosité qu'il fallait déployer pour y survivre depuis des
millénaires. Berbères arabisés par l'islam depuis 14 siècles, fiers de ce qu'ils sont, grands guerriers de tout
temps, ils se sont distingués pendant la conquête du pays targui par les français. Ce ne fut qu'en 1916 que
l'ancien colonisateur a pu mettre fin à la résistance armée targuie dans le Hoggar et le Tassili. Depuis, ils
vivent à cheval, comme toujours, sur les quatre pays précités. Constitués en grandes tribus comme partout
ailleurs en Algérie, les indépendances des années 60 les ont surpris dans leurs mouvements immuables
dans un pays ou un autre et l'histoire récente en a fait des Algériens, des Maliens, des Nigérians ou des
libyens. En fait, sans les manipulations d'apprentis-sorciers, les plans des grandes puissances, et surtout
les grandes sécheresses qui durent depuis 20 ans, l'intégration des targuis dans les nouvelles frontières de

184
leurs pays respectifs se serait faite normalement. Mais il y eut famine, des années durant. C'est cela le
drame. Il y eut des négligences et des incuries, qui ont fait de ces populations des enjeux. Les seigneurs du
désert ne pouvaient l'accepter et ne l'acceptent pas. Aujourd'hui les touaregs Maliens sont localisés au
nord de ce pays : Taoudent, Tanezrouft, et jusqu'au djebel Timetrine, et jusqu'à la vallée de l'Azaouek, au
nord-ouest. Ils ont de tout temps vécu dans le nord et le centre du Mali et appartiennent au grand Sahara
(Adrar des Iforas) en y pratiquant l'élevage, fondement d'une économie fragilisée par une sécheresse quasi-
chronique, et un manque de débouchés maritimes. Jusque là, rien ne vient infirmer le fait que les touaregs
ont vécu en parfaite symbiose avec les autres ethnies constitutives du territoire malien : Peuls-Macina, les
Malinké de Samory Touré et les Toucouleurs d'El Hadj Omar. Troc et échanges commerciaux impliquent de
toute évidence une relative mobilité, trait essentiel des touaregs qui se refusent à toute sédentérisation,
habitués comme ils sont aux grands larges et à la liberté de se mouvoir. C'est ainsi qu'on les retrouve au
Niger dans le Ténéré et l'Air, qu'on les rencontre au centre et même à Gadès, en raison de l'islamisation de
l'empire Songhai, autour de Gao, vivant en parfaite harmonie avec les Haoussas, les Zarmas et les Peurls,
s'y adonnant surtout à l'élevage (caprin, ovin, camelin) conformément à leur mode de vie à caractère
pastoral qui les pousse jusqu'en Libye, dans l'Erg de Mourzouk, où ils vivent identiquement aux autres
touaregs d'Algérie, du Mali et du Niger. Enfin, en Algérie, où beaucoup ne les connaissent pas, on les
rencontre géographiquement sur près de la moitié du territoire national, depuis le plateau de Tadmait (Nord-
Sahara) jusqu'au sud (In Guezzam - Tassili de Ahaggar) et depuis Tindouf (à l'ouest du sahara algérien)
jusqu'à Zarzatine - In Aménas et Zaouia à l'Est. Ce territoire immense et désertique qui ne sied qu'à ces
tribus, commence aujourd'hui à intéresser les étrangers qui y vinrent sous la couverture touristique qui est
loin d'être neutre. Sur le plan économique, les touaregs pratiquent une contrebande sauvage en produits
alimentaires et autres, et échappant à tout contrôle, ce trabendisme n'est point de bon augure. Sur le plan
ethnologique, l'histoire des touaregs, ou des "Kel-Tamashaq" comme ils se désignent eux-même, remonte à
plus de deux mille ans. Les groupes les plus importants de la population touarègue se répartissent
géographiquement au sahara algérien, au sahara et au sahel malien et nigérien. Pour le sociologue Ibn
Khaldoun, les Kesl-Ahaggar -désignés sous le nom "la tribu des Howwara"- sont issus de Howwar, fils
d'Awrigh, fils de Bernès. Howwar laissa une nombreuse descendance dont la partie la plus importante se
situait dans la province de Tripoli et de Barka (en Lybie). La destruction des qsur de barka (462), de Tripoli
(643) et de Fezzan qui appartenaient aux Howwara a délenché une fuite de ces populations vers l'ouest et le
sud-ouest. Le Fezzan, appelé aussi "targa" et d'où fuyaient à cette époque les Howwara, est peut-être à
l'origine de l'appellation "Touareg", nom donné par les arabes aux Kel-Ahaggar, et par extension à tous
"les voilés" ou "les hommes bleus". La dispersion géographique de la population Touareg a fait de leur
société une société nomade; ce qui a permis des contacts permanents avec les différents groupes ; ces
contacts ont pu maintenir l'unité linguistique et culturelle en regard de laquelle les spécificités restent
mineures. Dans la société touarègue, l'organisation d'une grande partie de la vie socio-culturelle est axée
autour de la femme qui en est le pivot et le centre d'intérêt. Cette organisation apparaît comme le procédé
permettant d'assouplir la rigidité du système -système qui, ailleurs, a nécessité l'enfermement des femmes
et la ségrégation des sexes. De plus, dans cette société nomade, l'habitat non clos (les tentes) favorise la
vie collective- vie codifiée- dont les phases socio-culturelles facilitent les relations entre les deux sexes,
dans une liberté qui s'arrête à certains interdits de parenté et de classes d'âge. A la colonisation française,
les Touaregs seront considérés comme un véritable fléau. Ils seront accusés d'être les principaux agents de
la désertification. Le nomadisme condamné, les français firent tout pour le stopper en mettant fin au
processus de descente des Touaregs vers le sud, d'où l'opération de sédentarisation des touaregs et leur
transformation en commerçants et en agriculteurs. Pour cela, il fallait provoquer une destruction de la
société, pour la déstabiliser, en favorisant les relations commerciales et l'implantation des centres agricoles
ainsi que la scolarisation des petits targuis. Cela n'a pu être concrétisé grâce à un soulèvement général
contre les troupes coloniales (1915-1917), soulèvement qui a provoqué une sorte de désengagement ou de
recul de la part de l'armée française, laissant ainsi les Touaregs à leurs occupations habituelles et à leurs
traditions culturelles. Cette politique de "pacification" menée par la France a été très favorable pour les
Touaregs. En effet, elle leur a permis de maintenir l'essentiel de leurs traditions et coutumes et leur
personnalité. Ils continuèrent à vivre ainsi, selon les normes anciennes, jusqu'à la fin des années 50, au
moment des indépendances du Niger et du Mali. Des Etats sont nés, les Touaregs y sont exclus, leur espace
vital fut partagé entre ces Etats qui, auparavant, ignoraient jusqu'à leur simple existence. Désormais, tous
les moyens sont bons pour atteindre leur objectif: l'extermination des touaregs. Ainsi, au Mali, la transition
fut dramatique : pour le nouveau gouvernement, les touaregs doivent disparaître. Les mauvais traitements,
les viols, l'humiliation sont les éléments marquant la vie quotidienne de ce peuple. De 1962 à 1964, une
révolte secoua la région des touaregs, mais elle ne tarda pas à être étouffé par la déclaration d'une guerre
totale par le gouvernement contre "ces bandits". Ceci pour le Mali. Quant au Niger, la transition ne fut pas
aussi violente qu'au Mali. Le scandale n'éclata qu'au début des années 70, suite à la sécheresse qui frappa
durement le sahara et le sahel : l'aide internationale sera détournée par les responsables locaux, la
sécheresse fut d'exterminer les Touaregs. En Algérie, vu leur nombre peu important (environ 30.000
personnes) et leur éloignement (plus de 2000 km). Les Touaregs ne constituaient pas un danger pour le
pouvoir central. Cela dit, ils n'apparaisseront réellement sur la scène que vers 1973-74, avec la sécheresse
et l'accueil des premiers rescapés venus du Mali et du Niger qui s'installèrent à Tinzawatin, Timyawin et Ain
Guezzam. En 1986, après plusieurs incidents dont on ne parla jamais, l'Algérie décide de renvoyer plusieurs
milliers de touaregs maliens chez eux. En 1990, des familles touaregs sont rapatriés au Mali, mais elles y
sont mal accueillies, ce qui provoqua les évènements de Tcim Tabaraden (comme ceux de 1985-86);
plusieurs centaines de touaregs ont été assassinés, ce qui déclencha une campagne de protestation
menée par Amnesty International. En septembre 1990, après l'assassinat de plusieurs civils par l'armée
malienne comme réplique aux attaques menées par des "groupes de Touaregs armés", les chefs d'Etat des
quatre pays (Algérie, Mali, Niger et Lybie) se réunirent à Djanet. Mais, on n'en saura jamais rien quant aux

185
résultats de cette réunion sinon "la nécessité d'un développement économique pour la région", comme s'il
ne s'agissait que d'un simple problème économique. Les Touaregs ressentent de plus en plus le rejet et leur
mise à l'écart de la part des pouvoirs de leur pays. Ils sont marginalisés sur tous les plans. Certains d'entre
eux, comme les Touaregs du Niger, n'ont même pas de statut de réfugiés, par conséquent, ils peuvent être
chassés à n'importe quel moment. D'autres ne sont même pas reconnus administrativement. Ainsi leurs
enfants ne peuvent être scolarisés. Depuis plusieurs années, les Touaregs ne cessent de subir toutes sortes
de misère et humiliation ; ils n'ont jamais connus la quiétude. Ils sont victimes de leur différence : ils n'ont
pas ce droit, le droit à la différence. Dans son ensemble, le peuple croit à la négociation et se dit convaincu
que les autorités algériennes aboutiront à redynamiser les accords de Tamanrasset, au profit de tous, pour
éviter qu'un brasier ne prenne dans une zone trop fragile par un sous-développement implacable.

YENNAYER.- Du vrai sens de Yennayer : Jusqu’à récemment, Amenzu n Yennayer n’est consacré, officiellement s’entend,
dans aucun pays nord-africain ; seuls awal Moharam et le 1er janvier sont classés fêtes nationales et journées fériées.
Relativement aux deux autres, Yennayer est la seule fête à n’être pas fondée sur un fait religieux. Le calendrier amazigh est bâti
en référence à des événements liés aux travaux agraires et à des phénomènes “naturels”. Ce serait là l'un des premiers
témoignages de la volonté de “l’être amazigh” de faire corps avec la nature en suivant ses cycles et son rythme. Le calendrier
amazigh est constitué de périodes inégales. Celles-ci sont posées le plus souvent en couples de sept, dix, vingt jours ou plus. Le
repère initial, amenzu n Yennayer, annonce le début de ce qu’on appelle les Nuits blanches (udan imellalen). Cette période vient
après celle des nuits les plus froides, les Nuits Noires, (udan iberkanen). Elle dure vingt jours. Ainsi, Amenzu n Yennayer, qui
annonce le renouveau, est accueilli par la joie de sortir du froid de ces nuits pour aller vers la chaleur des Nuits blanches. Ad
fghen iberkanen ad-kechmen imellalen (les nuits noires sortiront et rentreront les nuits blanches), chantait-on. Il s’agit là de ce
qui est appelé la porte de l’année (tawwurt u seggwas). Beaucoup de textes ont déjà disserté à propos des rituels consacrés par
la société pour maintenir sa cohésion, survivre aux aléas de l’histoire et sauvegarder ses spécificités. Les gestes recommandés,
ceux à éviter, ceux qui y sont interdits, les plats, les mets à offrir, ceux proscrits pour une période, tout cela participe d’une
symbolique qui, jusqu’à ces dernières années, demeurait fonctionnelle. S’agissant des sociétés amazighes, ne serait-il pas juste
de poser que les fondements psychosociologiques, qui sont à l’origine des pratiques (symboliques) qui leur sont propres, ont été
gommés au point que ces dernières soient devenues dysfonctionnelles ? C’est pour ces raisons, peut-être, que le fait religieux,
entre autres, est devenu trop exacerbé au point que des jeunes n’ayant pas (encore) la maturité nécessaire pour la pratique
religieuse s’y adonnent tout en étant dans l’incapacité de cerner la posture y afférente en termes de spiritualité. Il en résulte
quelquefois un comportement de négation (de l’autre et/ou de son point de vue) qui mène souvent vers des discours et des
actions extrémistes. Nous parlons de négation, car il est pour le moins incompréhensible qu’une société (plutôt les sphères qui
sont responsables de la gouvernance ou de la gestion de la chose officielle en son sein) se voit consacrer des fêtes plus
récentes et condamne à l’oubli une autre plus ancienne et plus autochtone. Pourtant, le calendrier amazigh, à l'origine de cette
fête, donne une illustration de la profondeur de la symbolique de Yennayer et de la nécessité de la redynamiser. Cette fête
informe justement de certains des repères sur lesquels la société amazighe est fondée. Sans aller dans un manichéisme qui ne
permet d’alternative qu’entre deux extrêmes posés comme contraires (positif/négatif), la symbolique qui sous-tend le calendrier
amazigh est à la base d’une philosophie qui met, certes, en avant un certain dualisme (bien/mal, froid/chaleur, mâle/femelle…),
mais il offre en même temps l’occasion de considérer l'homme dans sa globalité, sa multiplicité, tout en tenant compte de son
rôle en tant qu’élément faisant partie de la nature.
Intégration de l’homme à la nature : Rappelons certaines de ces périodes que connaît le calendrier agraire amazigh pour se
persuader de la perception qu’il donne du temps et de cette symbolique qui en est à la base. À l’exemple de la période citée plus
haut, où le blanc (amellal) est confronté au noir (aberkan), nous pouvons citer aussi cette période en rapport au renouveau des
végétaux. Celle-ci est représentée par deux termes qui renvoient à deux aspects contraires. Quand les arbres commencent à se
couvrir de feuilles et de fleurs, vers le 17 mars, on parle de ledjwareh (les blessures). Juste après, environ une semaine, on
assiste à l’apparition des premiers fruits sur les arbres, on parle de Sswaleh (les jours utiles). Beaucoup de saisons sont ainsi
composées de deux périodes ; Tizeggaγin (les journées rouges)/ Timγarin (les vieilles capricieuses - les giboulées). Imheznen
(les jours tristes)/Aheggan (le grand froid). Mais l’idée que nous soutenons renvoie au fait que même si cette conception est
d’abord bâtie sur une dualité, au sens d’opposition stricte entre deux termes posés comme exclusifs, celle-ci donne l’occasion
d’articuler cette opposition sous forme de degrés. Ce qui permet de dépasser justement ce binarisme pour aller vers des
constructions plus complexes qui donnent l’occasion de gérer le vécu à travers toutes les modalités qu’il offre potentiellement.
Autrement dit, ce calendrier ne pose pas seulement des termes contradictoires (contraires) dans le sens que le premier terme
serait ce que le deuxième n’est pas. Il renferme aussi des oppositions pouvant contenir des aspects relevant du même fait ou
phénomène. Ainsi, le dernier couple cité (imheznen/aheggan) renvoie à une période de froid dans ses deux composants. Il n’y a
pas opposition froid/chaleur, mais dans ce couple celle-ci s’articule seulement sur l’axe du froid dans chacun des deux termes.
Le premier renvoie à un degré de froid moindre que dans le deuxième. Ceci étant, sans pouvoir approfondir ici cet aspect, nous
rappelons que les analyses ayant trait à la logique - depuis celles élaborés par les anciens philosophes (Aristote), jusqu’à celles
intéressées par l’émergence de la signification, à l’exemple des travaux de certains sémioticiens -, ont élaboré des outils (tel que
le carré sémiotique) qui démarrent de ce binarisme (primaire) opposant deux termes pour inclure, par la suite, des termes autres
(intermédiaires, subalternes, subcontraires …) qui découlent des rapports impliqués par l’opposition initiale. Dans ce sens nous
postulons que ce calendrier, tout en étant construit sur un mode binaire dans certaines de ses périodes, compose autant avec
les latitudes qu’offre celui-ci. En somme, et pour faire simple, il articule le vécu sur une opposition entre le chaud et le froid, le
noir et le blanc, mais il pose en même temps la possibilité de l’existence du tiède et du gris. Cette conception ne concerne pas
seulement les périodes de l’année, mais elle transparaît autant dans l’ensemble des actes du vécu quotidien. Les études, à

186
l’exemple de celles de Bourdieu, décrivent dans ce sens la gestion de certains faits et éléments participant du culturel. Charly
Guibbaud écrit ainsi, à propos de la maison kabyle que celle-ci “participe au même titre que le marché (souq) ou la tadjemaât
aux éléments structurants et fondateurs de la société et de la culture kabyle : c’est un lieu sanctuarisé où vont s’installer les
génies, âmes des morts et gardiens (aâssassen) avec les contraintes et obligations attachées à une telle présence” (1). Ainsi
donc, même si cet espace (la maison) est fondé sur plusieurs dualités (haut/bas, humain/non humain, dehors/dedans…), celui-ci
admet en lui des segmentations dépassant le binarisme. L’auteur cité plus haut ajoute : “La maison kabyle, l’axxam, est divisée
en trois espaces intérieurs”. Il précise, en référence à d’autres auteurs (2) : “Chacune de ces divisions porte un nom, a des
formes et des fonctions propres, trouve un sens à l’intérieur d’un système symbolique qu’elle inspire et dont elle est influencée”.
Dans cette société, il est vrai que le vécu s’articule autour des morts et des vivants, mais il compose avec des éléments, des
entités dépassant cela, ou relevant des deux. Iassassen (les gardiens) évoluent dans les mêmes espaces que peuvent occuper
les morts et les vivants, on leur réserve même leur part de nourriture durant les fêtes autant que l’on dispose la cuillère de
l’absent devant celles de tous les autres membres comme pour signaler (ou rappeler) sa présence. Rappelons que la grammaire
de l’ancien égyptien distinguait entre trois nombres, le singulier, le duel et le pluriel. C’est le cas, pour faire le parallèle, de la
langue arabe, même de nos jours. Le tamazight aurait-il emprunté l’idée ? On dit aisément dans cette langue âamayen (deux
ans), berdayen (deux fois), youmayen (deux jours), mais cela demeure flottant et ne s’applique pas comme règle générale. La
pensée saisit donc bien le concept, mais elle ne le pose pas comme fait régulier. C’est ce qui nous mène à poser que l’originalité
résiderait dans cette capacité qu’a cette société à composer avec les exigences de ce binarisme tout en s’offrant la latitude de
dépasser celui-ci pour s’ouvrir à tout autre mode d’existence potentiel. Ceci étant, d’aucuns rétorqueraient que c’est cette
posture qui a fait que cette société paraît, et pour un regard extérieur mais surtout pour celui intérieur, un mélange de
contradictions qui souvent s’annihilent par faute de cohésion. Cette société est l’une des premières à avoir élaboré une écriture
(les tifinaghs) (3), mais toute sa littérature est transcrite via d’autres langues. On dit d’elle une société orale alors qu’il se pourrait
qu’elle soit à l’origine de l’écriture. C’est elle qui a donné naissance au premier roman (4), en tant que genre littéraire, mais c’est
juste au siècle passé que des textes commencent à paraître dans sa langue. Cette société ne connaît pas l’emprisonnement
(elle ne va pas jusqu’à l’extrême suppression de la liberté), elle préfère des sanctions telles que le bannissement ou l’exil
temporaire. Mais elle pouvait aisément envisager la peine de mort (5). L'erreur serait ainsi de voir en ce qui précède une
incapacité à gérer des contradictions. Ne s'agirait-il pas plutôt d'une philosophie bâtie sur une recherche d’équilibres que la
majorité des sociétés n’ont même pas latitude d’envisager?
Yennayer n’aurait aucun fondement étymologique ni scientifique : Il aurait été aisé de nous limiter à relever, tel que déjà fait, que
Yennayer serait une simple amazighisation du nom janvier qui vient du latin januarius, qui lui, dérive de Janus. Il est à signaler
que l’explication qui fait de Yennayer un terme composé de Yan (yiwen –un) et Ayer (Ayyur – mois), n’est qu’une création
populaire qui n’a aucun fondement étymologique ou scientifique. Le point essentiel que nous avons essayé de cerner renvoie au
fait que ce dieu (romain ?), Janus, est connu pour être le dieu “des commencements et des fins, des choix, du passage et des
portes”. En plus du fait qu’il soit honoré tel un dieu introducteur, dans la mythologie romaine, nous voyons bien qu’il répond au
concept de “passage du temps”. Premier fait donc à retenir : Janus renvoie aux portes et aux commencements. Deuxième fait :
Ce dieu est représenté avec deux visages opposés. L’un représente le passé, l'autre l'avenir. Ce dualisme est donc bien marqué
dans la représentation de cette divinité. Les rituels ici décrits remonteraient à l’antiquité ou pour le moins à une période
précédant la venue des Romains en Afrique du Nord. Ces derniers fêtaient ce dieu le 1er janvier. Les Amazighs n’ont jamais
peut-être consacré de culte à celui-ci, mais il est curieux de constater qu’ils ont consacré, depuis la nuit des temps, des rituels
qui rappellent toutes les caractéristiques de cette divinité. Le fait est qu’ils seraient, peut-être, les seuls à commémorer de la
sorte cette période de début de l’année. Seraient-ils donc à l’origine de ces rituels ? Nous ne posons pas tout à fait la question
de savoir si cette divinité est d’origine amazighe, au même titre que certains font d’Athéna une déesse libyenne, mais rappelons
que des auteurs ont déjà relevé que Janus pourrait ne pas être une divinité romaine. Ce dieu est même supposé par certains
comme “extérieur à toute mythologie”. Nous citons ici Jean Gagé qui cite dans le même texte P. Grimai en écrivant : “Janus
intrigue la recherche moderne, qui hésite entre une lointaine origine syrienne, de fond cosmique […], et les vétilleuses
superstitions d'une traversée” (6). □ HADDAD Mohand (2018)

Notes :
(1) Charly Guibbaud, La Maison kabyle. Eléments structurant de la société kabyle. Centre de documentation historique sur
l’Algérie. Club Kabylie.
(2) R. Basagana et A. Sayad. Habitat traditionnel et structures familiales en Kabylie.
(3) Certains auteurs vont jusqu’à postuler qu’elle serait même à l’origine de l’alphabet latin. Voir sur ce sujet : L’alphabet latin
serait-il d’origine berbère ? de Mebarek Slaouti Taklit, éditions L’Harmattan -2004.
(4) L’Âne d’or (les Métamorphoses). Apulée. II° siècle.
(5) Mustapha Gahlouz, Droit coutumier et régulation dans la société kabyle de la fin du XIXe siècle, Droit et cultures [En ligne],
60 | 2010-2, mis en ligne le 29 mars 2011.
(6) J. Gagé, Sur les origines du culte de Janus. Revue de l'histoire des religions. Numéro 1 pp. 3-33. Année 1979 Volume 195.

LA PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL

CLASSEMENT DES MONUMENTS ET SITES .- Le classement d'un site ou d'un monument historique signifie
légalement sa prise en charge par l'Etat du point de vue, tant de sa protection et de sa restauration que de
sa mise en valeur. Cette procédure est une forme implicite de reconnaissance d'un monument pour son
intérêt historique national. Actuellement, plus de 400 monuments et sites historiques et naturels sont

187
classés à travers le pays. Chacun de ses prestiges est censé représenter un repère, sinon un symbole de ce
qu'on peut appeler aujourd'hui, la mémoire collective d'un peuple. Cependant, la nomenclature des sites
naturels et historiques protégés à ce jour est loin d'être exhaustive. Des dizaines d'autres sites à valeur
historique, archéologique ou artistique indéniable attendent d'être soumis à cette loi de protection. Pas
moins de six sites sont classés au patrimoine mondial en Algérie parmi lesquels le Tassili-Nadjer, la Kalaa
des Béni Hammad, Tipaza, Djamila, Timgad, et la vallée du Mzab. Une législation et un arsenal de textes
règlementaires ne suffisent pas aujourd'hui à préserver ce patrimoine physique dans son intégrité du fait de
la nature de l'homme. Avec les problèmes d'évolution urbaine de nombreux sites sont menacés de
disparition. Dans la situation de développement du pays, le secteur des monuments historiques doit marquer
plus de dynamisme pour répondre à des attentes de valorisation du patrimoine mais aussi de recherche pour
l'enrichissement de l'histoire du pays. Un patrimoine extrêmement vaste et important n'est pas encore
exploité et l'archéologie constitue en ce sens un support précieux à l'écriture de l'histoire. Dans le contexte
de cet effort, la reconstitution du patrimoine archivistique et archéologique disséminé à travers le monde
devrait pouvoir instrumentaliser de nombreux musées pour la recherche et la réhabilitation de l'identité.

CONFLITS LINGUISTIQUES.- Bref aperçu sociohistorique des langues en Algérie  : Les mouvements des
populations, les invasions, les colonisations et les infiltrations ont introduit en Algérie des populations de
langues diverses. Le contact des langues et des cultures orientales et occidentales a contribué à
l’émergence du bilinguisme et du plurilinguisme. En Algérie aujourd’hui la confrontation collective à une
situation plurilingue, constamment marquée par la présence de l’arabe dialectal et du berbère(1) comme
langues vernaculaires, exclusivement orales, l’arabe classique comme langue officielle et nationale ainsi
que le français comme langue dite étrangère(2), suscite un examen particulier quant aux questions des
contacts des langues et les conséquences qui en découlent. Le fait le plus saillant pour toute personne qui
se trouve en situation de communication est qu’il sera confronté à un usage langagier particulier, qualifié le
plus souvent de complexe et de mixte. Tel serait le contexte où il faut situer les pratiques langagières des
locuteurs algériens compte tenu de la pluralité des langues et des variétés linguistiques. De tous les
peuples établis en Algérie, les Arabo-Musulmans ont joué un rôle très important dans l’histoire du pays. Unis
sous le nom de l’Islam et du Coran, les autochtones et les Arabo-Musulmans propagèrent l’Islam sur le
territoire et sur l’autre rive de la Méditerranée. Le métissage des Berbères et des Arabes a conduit à
l’apparition d’une langue mixte et d’une variété de dialectes maghrébins. Il faut souligner que l’arabisation
du territoire s’est faite en même temps que son islamisation.

(1). En ce qui concerne le berbère, on peut dire qu’il est (re)fonctionnalisé par les autorités politiques qui lui
ont accordé le statut de langue nationale. Le berbère est enseigné à l’école depuis plus de dix ans, mais la
réalité des deux dialectes parlés en Algérie demeure sans statuts officiels. Même si la langue berbère est
reconnue comme langue nationale, elle reste cantonnée dans les régions où elle est considérée comme
langue maternelle. Les deux dialectes « ne doivent leur statut qu’à l’oralité dont la société est culturellement
imprégnée, tradition qu’ils contribuent puissamment par ailleurs à perpétuer » écrit Tahar KHALFOUNE,
(2002 : 117). ( 2). Dire que
le français est une langue étrangère sans se référer au contexte social, ceci peut laisser entendre que le
français est réservé aux pratiques scolaires, alors qu’en Algérie le français est également pratiqué comme
langue seconde. Voir Jean-Pierre CUQ (2000) pour la question de langue étrangère et langue seconde.

L’hégémonie de la culture et la civilisation arabes a joué un rôle majeur dans l’unification du peuple selon
Jean DESPOIS (1949 : 149) : « Parmi les influences étrangères qui se sont succédées dans l’Afrique du
Nord jusqu’à l’arrivée des Français au X1Xe siècle, ce sont incontestablement l’Islam et la civilisation
musulmane qui ont le plus profondément imprégné la société »(3). A partir de 1830, l’Algérie devient une
colonie française. Ainsi, la langue française s’impose et se propage partout en Algérie au détriment des
langues indigènes : l’arabe dialectal, le berbère et l’arabe classique. L’administration coloniale avait
envisagé une politique d’acculturation basée sur l’institutionnalisation de l’obscurantisme et de l’ignorance
qui visait surtout l’oblitération de l’identité et de la culture arabo-musulmane et berbère (TALEB-IBRAHIMI,
1994), même si le gouvernement français sous la troisième république envisagea une nouvelle politique
permettant aux Algériens de s’instruire (AGERON, 1968 : 319). Quoi qu’il en soit la domination de la langue
française persiste durant toute la période coloniale comme langue officielle. A l’indépendance en 1962, les
autorités algériennes voulurent tout algérianiser. L’adoption, après 1962, de la politique linguistique de
l’arabisation est un des processus qui a vu l’arabe classique devenir une langue nationale et officielle
(GRANDGUILLAUME, 1983 : 12). Ce processus visait à donner à la langue arabe un statut hégémonique au
sein de la société algérienne tout en essayant de conserver quelques héritages de la colonisation en
accordant le statut de langue ‘‘étrangère privilégiée’’ au français. Malgré la politique engagée, il fût
impossible de dénier au français son rôle dans la vie socio-économique comme langue de promotion pour
beaucoup d’Algériens (GRANDGUILLAUME, 2002 : 147). En effet, le débat sur la politique de l’arabisation a
toujours occupé le devant de la scène étant donné le malaise et le traumatisme (BENRABAH, 1999)
provoqués par les décisions qui voulaient que la langue arabe soit le symbole de la souveraineté
nationale(4).

(3). Quant à la présence des Espagnols on peut parler de deux périodes, la première remonte à 1509 avec
le débarquement de la flotte gouvernée par Don Diego Fernandez de Cordoba, une occupation qui se
maintient jusqu’en 1792. La seconde correspond aux vagues migratoires des années trente, il s’agit de
réfugiés politiques, républicains pour la plupart. Parmi les populations européennes établies dans certaines
villes de l’ouest les deux tiers (2/3) étaient de souche espagnole. La présence des Espagnols a laissé
beaucoup de traces linguistiques dans les parlers en Algérie. Après avoir chassé les Espagnols, les Turcs

188
occupent l’Algérie de 1516 jusqu’à 1830. Pendant toute cette période, la langue turque était la langue
officielle de l’administration ottomane, mais son usage était restreint par rapport à la langue arabe, il faut
dire que « la domination turque fût à peu près exclusivement militaire et fiscale » (DESPOIS, 1949 : 130).
(4). A ce sujet Aziza BOUCHERIT (2004 : 65) a écrit : « de l’indépendance de l’Algérie à nos jours, la langue
arabe a été considérée comme l’expression de la souveraineté, de l’identité et de l’unité de la Nation.
Quarante ans après l’indépendance, les différences linguistiques et culturelles devraient pouvoir
êtreconsidérées non comme des facteurs de désunion mais de rassemblement dans le cadre d’un Etat où
coexisteraient les composantes arabes et berbères de la Nation et où se verrait assumer le passé colonial
sous tous ses aspects, négatif et douloureux, mais aussi positif et, en ce sens, la langue pourrait être vue
comme un moyen d’ouverture au monde ».

Cependant, la réalité des langues demeure tout autre, dans l’immense majorité des cas, l’essentiel de la vie
quotidienne se passe en arabe dialectal, en berbère et en français. Toutefois les problèmes linguistiques
sont dus au désaccord entre les tenants et les adversaires de la politique linguistique adoptée par les
institutions, la politique scolaire et l’idéologie dominante. Il faut bien admettre qu’il n’y a pas eu une
véritable planification linguistique fondée sur des études crédibles et approfondies ; il ne s’agit en fait que
de décisions prises pour parachever le processus d’arabisation qui n’est rien d’autre qu’une attitude liée au
conformisme préconisé par les adeptes de l’arabité (MILLIANI, 2003 et 2004). Les décisions politiques
n’avaient rien de commun avec ce qui était attendu de la part du peuple. En effet, ces décisions in vitro se
sont annexées aux décisions politiques de la fin des années soixante dont le but était de tout nationaliser.
Toutefois, l’unique objectif auquel s’attendait la population fût le désir de se débarrasser de la pauvreté et
de s’en sortir socialement. Ainsi le français continue d’être enseigné et employé dans le quotidien des
Algériens. Même considérée comme étrangère, la langue française s’affirme comme langue de la science et
de la technologie au sein des institutions scolaires et universitaires. Outre les profondes modifications qu’a
connues le système scolaire depuis les années soixante-dix, le français ne cesse d’être la langue privilégiée
et préférée d’une grande partie de la population, ainsi le français « a été au fur et à mesure admis comme
instrument utilitaire d’ascension sociale » (MOATASSIME, 1986 : 68) dans l’esprit de ceux qui le pratiquent
réellement dans des situations socioprofessionnelles et familiales.
♦ Des décisions et des politiques linguistiques  : clivages, altérité et concurrence. Dans l’expérience
commune des Algériens, le français est sans doute une langue qui possède sa place au sein de la société
au même tire que l’arabe classique et les autres langues. Cependant, l’arabe classique comme le français
visent un bilinguisme éducatif (5) et administratif qui est loin de faire l’unanimité (ibid. : 79). L’arabe
classique persiste comme langue de l’identité commune dans la vie profonde des Algériens. Néanmoins, et
malgré les circonstances et les événements historiques qui ont jalonné la période coloniale, le français est
resté en contact permanent avec toutes les langues existantes en Algérie(6). On peut parler de fonction
véhiculaire du moment que le français tout comme l’arabe dialectal assurent la communication et
l’intercompréhension de beaucoup d’Algériens. La langue française participe comme dirait Rabah SEBAA
(2002 : 57-58) : « […] d’un imaginaire linguistique social en acte, qui mêle invariablement usages et
systèmes linguistiques dans un foisonnement créatif qui ignore les frontières et les rigidités idiomatiques
conventionnelles ». Il va sans dire, dans le contexte actuel, que ‘‘les langues maternelles’’ représentent une
composante essentielle. Les reconnaître officiellement comme langues nationales et symboles de la
citoyenneté peut conduire à une sorte de paix assurée par le pluralisme linguistique et culturel ne serait-ce
que pour mettre fin au malaise provoqué par les discours officiels versant le plus souvent dans le
linguistiquement correct. En fait, tous les problèmes linguistiques qu’a connus l’Algérie sont dus au « refus
de reconnaissance officielle des langues endogènes » comme dirait Abdou ELIMAM (2004 : 69). Ainsi, le
processus d’arabisation a conduit à la fois à la minoration des langues ‘‘maternelles’’ et au recul de la
langue française (BILLIEZ et KADI : 2000). En ce qui concerne la langue arabe dialectale, les promoteurs de
la politique linguistique la considèrent comme impure et composite sous prétexte qu’elle recèle des mots du
français refusant ainsi son enseignement à l’école (cf. BENRABAH, 1993). Au-delà du débat « passionnel »
dont les promoteurs veulent incarner un idéal nationaliste, il faudrait envisager le rôle des langues
‘‘maternelles’’ dans la vie quotidienne de la quasi-totalité des citoyens et puis regarder la place qu’occupe le
français par rapport à ces langues et donc s’inscrire dans un processus de planification fondé sur de
véritables questions identitaires et des décisions qui évitent les conflits linguistiques (voire identitaires).

(5). En s’intéressant à l’appropriation du français dans le système éducatif algérien Latifa KADI (1997 : 347)
a conclu que le français : « … est bien une composante de la réalité linguistique et éducative algérienne. La
langue française n’en est jamais totalement absente. Certes, les progrès de l’arabisation ont conduit à sa
réduction, mais non à sa disparition.
(6). Le processus d’arabisation n’avait pas d’autres ambitions que de contrer le français loin d’une

189
planification linguistique pour donner à l’arabe classique la place qu’il mérite. Par cette tentative de
récupération les politiques voulaient que la place du français soit diminuée et rabotée (MANZANO, 2003).

Il faut dire qu’en Algérie, il y a bien eu, des politiques linguistiques qui ont amené à une situation
linguistique complexe ayant favorisé le débat idéologique au détriment du débat rationnel voire réaliste. Les
décisions prises pour accorder les statuts aux langues n’étaient pas le fruit d’une politique linguistique,
c'est-à-dire que les interventions n’avaient pas été menées sur la base d’une réflexion profonde en amont
(7) (MORSLY, 2000). Au sujet des variétés du berbère, Abderrezak DOURARI (1997) soulève les problèmes
qui résultent de la mauvaise gestion du pluralisme linguistique, qui ne tient pas compte de l’identité et de
l’unité nationales surtout quand il s’agit d’une variété de dialectes. Le politique et le linguistique n’ont
jamais fait l’objet d’un débat rigoureux pour aboutir à une convergence linguistique où le statut et la fonction
de chaque langue seraient précisés. S’agissant du dialecte arabe parlé dans pratiquement toutes les villes,
les choses ne sont ni clairement posées, ni totalement assumées surtout si l’on tient compte de l’envergure
des travaux des chercheurs algériens qui se sont intéressés à toutes les variétés dialectales et au français
parlé en Algérie. Il n’y a plus lieu aujourd’hui de parler de monolinguisme ou de s’attacher uniquement aux
langues locales, il n’y a pas lieu non plus de rester indifférent face au plurilinguisme qu’impose la
mondialisation. En outre, si, dans le cadre d’une politique sensée, on ne posait pas les questions en termes
de mondialisation, de plurilinguisme et de gestion raisonnable et raisonnée des langues locales, écrites ou
orales, officielles ou non, il serait très difficile de parler du devenir linguistique du pays. Le modèle
gravitationnel (8) ou la tripartition fonctionnelle – qui concerne ‘‘ l’utilisation d’une langue grégaire en
famille, une langue d’état dans la vie publique et une troisième langue dans la communication
internationale’’ (CALVET, 2002 : 39-42) – nous amène, dans le cas de l’Algérie, à envisager presque la
même hiérarchisation des langues. Ainsi, ce modèle n’est pas sans conséquences sur la situation des
langues parlées ou les langues qui représentent uniquement l’officialité. □ ALI-BENCHERIF Mohamed
Zakaria (2009)

(7). Il ne s’agit en aucun cas de recherches basées sur des données réelles, mais il était question à chaque
fois des réactions paradoxales contre la volonté du peuple.
(8). Louis-Jean CALVET (2002 : 189) affirme à ce sujet : «Le modèle gravitationnel nous a en quelques
sorte donné à voir la traduction linguistique de la mondialisation : un marché (au sens boursier du terme)
sur lequel les langues sont hiérarchisées, certaines, au centre du système, étant les plus demandées,
d’autres à sa périphérie, lentement abandonnées. Ce processus de promotion et de régression des langues
a, nous l’avons dit, toujours existé, mais la mondialisation transforme un phénomène conjoncturel en
phénomène structurel. Elle tend à faire le vide entre le centre et la périphérie, suscitant l’émergence des
réflexes communautaires, renforçant les micronationalismes, favorisant l’expression d’identités exacerbées
».

►Diglossie : Terme qui permet de caractériser les situations de communication de sociétés qui recourent à
deux codes distincts (deux variétés de langue ou deux langues) pour les échanges quotidiens : certaines
circonstances impliquent l'usage de l'un des codes (langue A) à l'exclusion de l'autre (langue B), qui, de
façon complémentaire, ne peut servir que dans les situations dans lesquelles la première langue est exclue.
Cette définition comporte bien des variations. Il faut souligner que si la plupart des sociétés connaissent
d'une certaine façon des situations de diglossie (en France métropolitaine, on peut noter que s'opposent le
français utilisé dans les échanges entre amis, pour les courses dans les magasins et le français du cours
universitaire ou de la conférence publique), on utilise préférentiellement ce terme pour désigner les sociétés
où l'opposition est particulièrement marquée, et souvent renforcée par le recours à deux termes distincts
pour désigner les variétés en usage (langue standard / patois par exemple, katharevousa / demotiki en
Grèce, français / créole dans la plupart des territoires créolophones). Généralement ces situations sont des
situations de conflit entre les langues, l'une des langues (celle qui est utilisée dans les situations de
communication considérées comme nobles : écriture, usage formel...) étant alors appelée variété "haute",
par opposition à l'autre (celle qui est utilisée dans des circonstances plus familières : conversations entre
proches...), considérée comme "basse". C'est à propos de cette seconde variété qu'on entend les locuteurs
parfois s'interroger pour savoir s'il s'agit d'une véritable langue.

CONSERVATION DES MONUMENTS .- La notion de monument historique comprend la création


architecturale isolée aussi bien que le site, urbain ou rural, qui porte témoignage d'une civilisation
particulière, d'une évolution significative ou d'un évènement historique. Elle s'étend non seulement aux
grandes créations mais aussi aux grandes créations mais aussi aux oeuvres modestes qui ont acquis avec
le temps une signification culturelle. En Algérie, les monuments étant exposés depuis les temps anciens aux
intempéries et aux vicissitudes du temps et des hommes, exigent un intérêt tout particulier des autorités,
car ils sont la mémoire vivante et le témoin de l'histoire du pays. La sauvegarde de ce patrimoine
monumentale nécessite en premier lieu un entretien permanent; c'est ce qu'on appelle la conservation. Si
celle-ci n'est pas prise en charge convenablement, il s'en suit une dégradation progressive et parfois rapide
dans certains cas. De ce fait, le recours à la conservation ne sera plus possible et là, un stade beaucoup
plus élaboré et surtout plus technique d'interventions devra être mis en oeuvre pour sauver ce patrimoine et
le transmettre aux générations futures. Mais en Algérie, les autorités ont-elles les moyens de conserver des
monuments? Il s'avère que la conservation est quasi inexistante et l'intérêt est porté que lorsque le
monument atteint un stade de dégradation très avancé. Dans le domaine de la conservation, les métiers
traditionnels tiennent une place fondamentale. De nos jours, beaucoup d'entre eux ont disparu ou sont en
voie de l'être comme les sculpteurs sur plâtre ou sur marbre, les faienciers, les ébénistes, les peintres et
autres corps de métiers qui ont fait la beauté des chefs d'oeuvre d'antan. Il faut donc élaborer une politique

190
de valorisation et de promotion de ces métiers, une réelle stratégie de conservation du patrimoine en
faisant revivre tous ces métiers traditionnels par une politique de formation. Beaucoup d'artisans sont morts
sans avoir transmis leur héritage aux générations futures qui se sentiront orphelines car non en mesure
d'entretenir ce patrimoine commun.
◙ Recommandations  :nous pouvons proposer des recommandations à deux niveaux. Les premières recommandations sont
globales et concernent la prise en charge des monuments historiques en Algérie à travers la mise en place d’une
politique patrimoniale claire. Les deuxièmes seront consacrés au patrimoine du système défensif. 
♣ Recommandations pour la sauvegarde et la réutilisation des monuments historiques en Algérie : La politique patrimoniale
suivie par l’Algérie reste limité à quelques mesures de protection telle que le classement au titre monument historique. Pour cela
il a nous parait primordiale qu’il faut agir au niveau : 
□ Des textes législatifs par les promulgations des lois qui régiront la réutilisation des monuments historiques
□De l’intégration de la notion de la réutilisation dans les mesures de protection et la sauvegarde des monuments historiques. 
□ De la création d’organismes qui prennent en charge la réutilisation des monuments historiques ; □ D’établir une méthodologie
de sauvegarde et de réutilisation des monuments historiques ; □ De la classification des monuments historiques. Chaque
monument doit être classé selon sa typologie (architecture militaire, funéraire, industriel…) ; 
□ D’inventorier les édifices coloniaux afin de les reconnaitre en tant patrimoine national.
♣ Recommandations pour la sauvegarde et la réutilisation des monuments du système défensif en Algérie : L’Algérie regorge
d’un riche patrimoine défensif, allant des restes des remparts romains et byzantins aux casernes de l’époque coloniale, mais qui
reste malheureusement mal pris en charge, et leur réutilisation est loin d’être assurée.  L’analyse du processus de la
préservation du patrimoine défensif en Algérie, nous a permis de faire ressortir les différentes défaillances au niveau de la
politique patrimoniale. Pour cela, une méthodologie de sauvegarde et de réutilisation doit être élaborée et prendre en charge
les aspects qui suivent :
□ Tout d’abord on commencerait par inventorier tous les systèmes défensifs d’une région. 
□ Faire ensuite des recherches et des études approfondies sur les systèmes inventoriés, afin d’élaborer des dossiers expliquant
à la fois les caractéristiques architectoniques, l’état et les causes de dégradation des monuments défensifs 
□ Mener les études de restauration des monuments du système défensif tout en prévoyant son nouvel usage. Le programme de
réutilisation, doit prendre en considérations : 
♦ les critères techniques, qui sont le résultat d’une analyse stricte des données ; le bâti  ses formes et ses structures, les
fonctions anciennes et nouvelles. Afin d’avoir une bonne adéquation entre la fonction nouvelle et la forme existante. 
♦ Les besoins de la société afin d’intégrer le monument défensif dans la vie des citoyens. 
♦ La situation des monuments (dans la ville, à l’extérieur de la ville…) 
♦ La spécificité de la région (touristique, pôle économique…) 
♦ Les fonctions proposées pour les monuments du système défensif doivent mettre en valeur tout le circuit défensif.  On peut
dire que chaque acte de restauration et de réutilisation doit être compatible avec  l'objectif fondamental : aider le monument à
trouver sa place dans la vie et la ville contemporaine, seule garantie de sa pérénité.

LANGUE AMAZIGHE.- ►Académie pour l’aménagement de la langue amazighe : Contraintes et réalité du


terrain. Beaucoup reste à faire pour l’apprentissage de tamazight. Ce n’est pas du tout l’académie qui
développerait une langue, ce sont plutôt les travaux de recherche. Toutes les initiatives individuelles
menées par des chercheurs autodidactes et universitaires ont contribué en dehors des institutions étatiques
pour l’aménagement de tamazight sur les plans : grammatical, syntaxique, lexico-sémantique et ce qui a
même conduit à la mise en place d’un système graphique, voire orthographique à base latine pour l’écriture
moderne et standardisée de la langue amazighe. Il s’agit d’un grand chantier de recherche qui a duré plus
d’un demi-siècle en se référant aux travaux initiés par les pères-blancs, les premiers chercheurs kabyles, en
l’occurrence Ben Sedira, Boulifa, Feraoun, ainsi que ceux publiés par le Fichier de la documentation berbère
(FDB) à partir des années 40. Ce sont des travaux également exploités par l’écrivain chercheur Mouloud
Mammeri après l’indépendance. Après l’officialisation de la langue amazighe, l’annonce de la création d’une
académie- qui serait mise en place dans les prochains mois-constitue un grand tournant dans l’histoire de la
langue amazighe mais aussi un enjeu. Mais ce n’est pas du tout l’académie qui développerait une langue,
c’est plutôt les travaux de recherche, les initiatives des universitaires, des poètes, des romanciers qui
devraient être encouragés et exploités pour l’aménagement de la langue. Il faudrait libérer en premier lieu,
les universités du contrôle de l’administration qui a pris en otage des chercheurs compétents dans les
différents domaines de recherches : linguistique, littérature, socio-anthropologie et histoire, les laisser à
travailler en toute liberté et sans aucune contrainte ou obstacle administrative. Combien de soutenances de
mémoires de magister, de thèses de doctorat et de l’habilitation universitaire en langue et culture amazighes
ont été bloquées par certains responsables particulièrement à l’université de Tizi Ouzou ? Certains
enseignants sont poussés à payer les frais de leurs soutenances (restauration, billetterie et transport des
membres de jury), d’autres ont subi des pratiques inacceptables, harcèlements et pressions !?
Dans les milieux universitaires, tout le travail de recherche a été fait individuellement par l’enseignant, il n’a
eu aucun soutien ni financier, ni moral, c’est la même situation pour toutes les filières et spécialités dans les
différents domaines. Le cadre administratif ne permet pas aux enseignants-chercheurs de travailler la
langue, analyser et développer sa linguistique, sa littérature et sa civilisation (histoire et socio-
anthropologie), alors comment cette nouvelle académie dans une telle situation permettrait-elle aux
chercheurs de travailler et d’aménager la langue tamazight en toute liberté ? Cette académie risque de
devenir pour nous une institution qui remettra en cause tout ce qui a été réalisé pendant presque un siècle.
La réforme de l’État, la mise en place d’un système démocratique sont indispensables pour mieux réussir la
réforme du système éducatif et universitaire et prendre sérieusement l’aménagement linguistique de la
langue amazighe avec ses variantes (kabyle, chaoui, mozabite, touareg) en exploitant même celles des
autres pays de l’Afrique du Nord (rifain, chleuh, moyen atlas). Cela permettrait à revoir complètement
l’enseignement de l’histoire et de la sociologie en Algérie. Alors croire un jour de développer la langue
tamazight dans un environnement de contraintes idéologiques, de censures ou attendre de la promouvoir
191
dans le cadre d’une académie qui fonctionnera loin de toute liberté d’expression, de réflexion et en dehors
du fonctionnement démocratique des institutions scientifiques est une illusion. □ ALIK Koussaila (2018)

LANGUE ANGLAISE.- La place de l'anglais dans le contexte sociolinguistique algérien :La diffusion de l'anglais en Algérie
repose essentiellement sur son intégration dansle système scolaire et dans la réalité sociolinguistique du pays. Dans un
environnementoù le français en tant que langue étrangère est déjà fortement implanté, la langue anglaise est enconcurrence
directe avec l'ancienne langue coloniale qui occupe encore aujourd'hui uneplace importante. Toutefois, le statut de l'anglais en
tant que langue globale constitueune réalité à laquelle l'Algérie est confrontée dans son processus de développement
etd'intégration au système international. La distribution des langues étrangères en Algérie, qui se partageessentiellement entre
le français et l'anglais (dans la mesure où l'on ne considère pasl'arabe classique comme une langue étrangère), s'articule autour
de trois axes principaux, à savoir :♦ les besoins linguistiques engendrés par l'environnement sociolinguistique du pays,♦ les
politiques éducatives visant l'enseignement des langues étrangères et enfin,♦ les attitudes de la population algérienne envers les
langues étrangères.D'un point de vue éducatif, on remarquera que les autorités algériennes ont souvent tenté de substituer
l'anglais au français en tant que langue d'accès à la modernité. Toutefois, la réalité sociolinguistique du pays ne permet pas aux
Algériens de renoncer au français qui reste la langue de la réussite sociale. En revanche, l'anglais, en tant que langue globale,
présente l'avantage mondialement reconnu d'être la langue permettant l'accès à la modernité en raison de l'ensemble des
secteurs technologiques et industriels dans lesquels elle prédomine. Toutefois, si la configuration et la culture linguistique
algérienne sont telles que la diffusion de l'anglais se heurte à la primauté faite au français dans le système scolaire et des
secteurs socio-économiques clés, rien pour l'instant ne laisse envisager que de possibles changements dans la position de
l'Algérie sur la scène internationale et dans son processus de développement ne viennent jouer en la faveur de l'anglais.
►La diffusion de l'anglais, langue globale et hyper-centrale en Algérie, possède une force d'attraction bien supérieure au
français et à l'arabe, langues super-centrales. Toutefois, l'ancrage de ces dernières dans la société algérienne et à divers
niveaux de gravitation peut altérer la force d'attraction des langues au niveau local. La diffusion de l'anglais dépend donc de la
perméabilité des différents niveaux de gravitation de la situation sociolinguistique algérienne, à savoir si le statut de langue
globale (hypercentrale) de l'anglais constitue une réalité pertinente auprès des Algériens pour qu'elle puisse s'intégrer à la
configuration linguistique du pays en tant que langue étrangère au côté ou à la place du français. L'étude de la diffusion de
l'anglais en Algérie doit donc prendre en compte le statut de la langue globale mais également les paramètres locaux (ou les
facteurs écologiques) qui pourraient favoriser ou non son implantation au niveau supercentral voire central.

LANGUE ESPAGNOLE.- L’Ouest algérien a subi une forte influence espagnole, caractérisée par un apport migratoire
particulièrement important sous la colonisation française. Cette présence espagnole dans l’Oranie a laissé des traces
linguistiques dans la variété oranaise d’arabe dialectal. Diverses études sur les emprunts espagnols présents dans le parler
arabe oranais confirment l’importance des contacts et échanges linguistiques. L’inventaire recueilli par L.Benallou montre que
les emprunts sont fréquents dans le code oral et que les hispanismes se développent surtout dans les domaines liés à la vie
professionnelle et les relations interpersonnelles (vocabulaire de la pêche, de l’alimentation, de l’habillement, des activités
agricoles du temps des colons). Certains hispanismes sont si bien implantés dans le parler oranais « qu’ils ne sont plus
considérés » comme mots espagnols, tels :trabendo « contrebande » : [chritsobattta’trabendo] « j’ai acheté une chaussure de
contrebande » ; taberna« bar» : [rahidalfit’barna] « il est toujours au bar » ; bogado « avocat » : [rahoubogado] « il est avocat» ;
manta « couverture» : [hadal mantamathamich] « cette couverture ne réchauffe pas»; calentica « plat à base de pois chiches» :
[a’tinimyadorocalentica ] « donnemoi une boîte de tabac à priser»; carriola « charrette » :[carriola ta moul el khodra] « la
charrette du marchand de légumes»; La présence de la langue espagnole est forte dans le parler quotidien de la population de
la région d’Oran. Son développement s’explique essentiellement par des facteurs sociaux et économiques : l’ouverture du
marché algérien à la concurrence a développé chez la grande majorité des jeunes oranais en situation de chômage le sens de
la débrouille et du commerce informel. Les fréquents séjours et déplacements vers l’Espagne qu’ils effectuent pour
s’approvisionner en denrées alimentaires et produits manufacturés ont favorisé d’abord l’apprentissage de la langue de
Cervantes et développé l’emprunt linguistique à cette langue. La position géographique de l’Algérie, sa proximité avec l’Espagne
ainsi que les divers brassages de populations induits par les conquêtes, les migrations et les exodes de populations des pays du
pourtour méditerranéen ont permis les phénomènes d’emprunts linguistiques réciproques et ont développé l’engouement des
Oranais pour la connaissance et l’apprentissage de l’espagnol. Oran abrite le plus ancien institut Cervantes d’Algérie avec un
consulat général d’Espagne qui rayonne sur toute l’Oranie de Ténès à Maghnia et d’Oran à Adrar en passant par Tindouf
surplombant le Sahara Occidental, ex colonie espagnole où l’espagnol est la langue seconde tant sur le territoire occupé par le
Maroc que sur le camp des Sahraouis de Tindouf dont les enfants bénéficient d’un enseignement en langue arabe avec comme
langue seconde la langue espagnole généralement assurée par des professeurs sahraouis formés en terre algérienne et
bénéficiant des mêmes programmes de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur algériens. La ville de Tindouf abrite
depuis 2008 un centre universitaire qui assure des formations pluridisciplinaires au profit des habitants de la région dont plus de
la moitié vienne des camps de Tindouf. Cette structure universitaire reçoit des formateurs des universités espagnoles grâce à un
partenariat de coopération parrainé par des ONG espagnoles activant dans les camps de Tindouf, de France et d’Espagne.

LANGUE FRANÇAISE.- Bien après l’indépendance de l’Algérie, cette langue d’origine étrangère possède un statut privilégié
par rapport à toutes les autres langues en présence, y compris l’arabe moderne ; elle a marqué profondément l’inconscient de
plusieurs générations d’Algériens parce que sa diffusion a été le prolongement logique de la domination coloniale et des
diverses politiques linguistiques et culturelles mises en place à partir de 1830 en substitution à la langue et à la culture arabes. A
l’indépendance, le FLN s’est attaché d’abord à l’édification urgente des différentes institutions de l’Etat algérien et à la
récupération des référents identitaire, culturel et linguistique : l’islam consacré religion de l’Etat et l’arabe proclamé langue
nationale. L’impact de la domination linguistique coloniale a fait du français- dans l’immédiate après –indépendance- la première
langue étrangère à jouir d’un statut de langue véhiculaire, d’idiome de grande communication et de medium de fonctionnement
des institutions de l’Etat, plus particulièrement de l’école algérienne devenue le lieu privilégié de sa diffusion. Placé depuis 1962
dans un rapport conflictuel avec la langue arabe consacrée langue nationale, le français est clairement défini sur le plan
institutionnel comme une langue étrangère. Mais ce statut officiel reste absolument économique marqué profondément par la
francophonie et les traditions de gestion héritées de l’administration coloniale. L’entendue et la diversité des champs d’action de
cette langue ainsi que son prestige semblent être les facteurs dynamisant qui lui confèrent une bonne position dans la hiérarchie

192
des valeurs sur le marché linguistique algérien. On peut évaluer à plusieurs millions (8millions environ) le nombre de locuteurs
maîtrisant plus ou moins correctement la langue française. L’évaluation quantitative précise est certes difficile à réaliser quand
les données statistiques concernant l’utilisation de telle ou telle langue sont volontairement occultées. Cependant, on peut
estimer, sur la base de recoupements de renseignements concernant les effectifs de la population scolarisée, le nombre de
journaux paraissant en langue française, leur tirage et leur diffusion à travers tout le territoire national, la place de l’édition en
langue française, l’importance de cette langue dans les placards publicitaires, les enseignes et devantures des commerces, les
imprimés et documents, etc.., que le nombre des locuteurs utilisant la langue française et donc possédant une certaine
compétence linguistique de cette langue est important par rapport à l’ensemble des sujets parlants.
► Dans ce pays de langue maternelle arabophone ou berbérophone, la langue française est la langue du savoir qui est utilisée
au niveau de l’enseignement supérieur, universités ou écoles préparatoires supérieures, dans les secteurs scientifiques
technologiques et économiques, ainsi que dans la formation professionnelle concernant le niveau des emplois qualifiés et de
l’encadrement. Ces secteurs professionnels développent leurs activités en utilisant le français. Il est donc normal que les
systèmes éducatifs et de formation prennent en compte le facteur « langue française ». Ainsi, pour les étudiants et les publics de
formation professionnelle de langue maternelle non francophone, se pose le problème de la maîtrise de cette langue, vecteur et
média du savoir. L’arabisation réalisée par la réforme politique et éducative dans l’enseignement primaire et secondaire est
effective mais s’arrête à la fin de la dernière année de l’enseignement secondaire. On relève que l’arabe classique ou moderne
ne donne pas accès à la science ou à la technologie occidentale.

LANGUES VIVANTES.- La décision dans la planification pédagogique d'un enseignement de langues


vivantes doit être en adéquation avec l'héritage socio-linguistique du pays pour un apprentissage, un
développement et une maîtrise des sciences et de la technologie et doter les futures générations de
précieux outils linguistiques. En parallèle à l'arabisation, la langue française doit constituer un capital à
valoriser, en tant que langue de culture et de sciences, du fait de la francophonie ambiante dans laquelle
évolue l'enfant algérien, de l'existence de tout un patrimoine documentaire et bibliographique en français.
Introduire une concurrence entre l'enseignement du français ou de l'anglais constitue une imprudence
pédagogique et une régression dans la transmission de la connaissance scientifique et technique. La
diffusion des savoirs aux différents paliers de l'école fondamentale doit s'ouvrir à une ou deux langues vu
l'importance des langues dans les échanges économiques, scientifiques et culturels. L'acquisition, chez
l'ensemble des "sortants" non-bacheliers, d'une aptitude satisfaisante à s'adapter à la vie sociale et
économique, implique une bonne connaissance des langues et l'amélioration du niveau des enseignants et
des méthodes utilisées. Le pays ne dispose pas de moyens d'une arabisation de qualité au point qu'il faille
exclure le français. Vouloir le progrès est une ambition, le rendre effectif est un objectif. L'obstacle
incontournable de maîtriser une langue étrangère, telle que le français véhiculant le progrès technologique
de l'occident, ne devrait pas être banalisé car :
◙ l'Algérie se veut partie intégrante du grand Maghreb dont trois membres, Maroc, Tunisie, Mauritanie, ont
choisi le français comme seconde langue.
◙ l'Algérie est en réalité un pays bilingue (plus de 50% de la population de plus de 10 ans, selon l'annuaire
de l'Afrique du nord de 1984, possède la capacité de s'exprimer en français à des degrés divers).
◙ C'est avec le Liban, le seul pays du monde arabe à posséder la maîtrise aussi répandue d'une langue
d'Europe, premier partenaire commercial.
◙ Il est vital de communiquer avec la communauté algérienne résidente à l'étranger dont 1,5 million de
compatriotes parlent essentiellement le français. Faute de quoi, l'Algérie se coupera de cette diaspora (la
plus importante concentration arabe dans un pays occidental), dont l'influence politique ira croissante sous
le double effet de la loi du nombre et des droits de vote auxquels elle accédera d'une façon ou d'une autre.
◙ l'Algérie se priverait de l'un de ses moyens de jouer sa carte politique auprès de pays africains (185
millions en l'an 2000, 340 en l'an 2020), et comme intermédiaire entre l'Europe et le monde arabe.
◙ dans les sciences autant fondamentales qu'appliquées, les publications permettant aux chercheurs,
ingénieurs, médecins, de se maintenir au courant de l'évolution des sciences et des techniques sont en
langue anglaise et/ou française.
◙ les générations futures ne peuvent ignorer cette partie de leur patrimoine qui a été si bien illustré par les
auteurs algériens d'expression française (Yassine, Dib, Feraoun, Assia Djebar, jean et Taous Amrouche,
Cénac, Anna Greki, Mimouni, Boudjedra, Djemal Amrani, Tahar Djaout,...).
◙ le coût de formation de spécialistes à l'étranger, paramètre crucial dans le contexte économique national
actuel et futur, sera minimisé pour le pays.
◙ l'Algérie ne peut se permettre, surtout actuellement, de paralyser, faute d'enseignants, un certain nombre
d'écoles et d'instituts scientifiques et techniques en tant qu'investissement de coût élevé (IAP, INHC,
INPED, instituts de génie mécanique de Boumerdès ou d'électro-mécanique d'oued Smar, institut supérieur
maritime de Bou-Ismail, ...).

MAGHRIBI.- "En tentant de jeter la lumière sur la vie langagière du Maghreb pré-islamique, Abdou Elimam, chercheur
algérien en linguistique, découvre que la langue introduite par les Phéniciens en Afrique du nord, le punique, s'avère langue
substrat (à hauteur de 50% en moyenne) dans les parlers contemporains du Maghreb et de Malte(1997). Ce qui conduit
Abdou Elimam à oser un regard renouvelé et critique sur la nature supposée « arabe » des parlers du Maghreb. Son étude
assoit la conviction que loin d'être une arabisation (spontanée) de toutes ces contrées, les parlers de Malte et
du Maghreb sont des évolutions du punique au contact de l'arabe et du berbère. Rejoignant Charles A. Fergusson et bien
des linguistes orientaux, Abdou Elimam nomme maghribi cette identité linguistique polynomique et au substrat punique (1997,
2003).
Génèse : La Numidie carthaginoise (Algérie – Tunisie) a joué un très grand rôle dans le monde antique. Elle a eu une forte
influence culturelle au cours d'un itinéraire marqué par une grande longévité historique (plus de 1.000 ans). La place privilégiée
qu'elle a occupée à l'époque pré-romaine est liée au destin exceptionnel de Carthage,  qui a profondément marqué de son
empreinte des domaines aussi divers que la langue, l’écriture, l'agriculture, l'artisanat, la navigation, le commerce, la religion, les

193
institutions politiques et l'art.  La prestigieuse métropole était à la tête d'un empire couvrant le Maghreb, les grandes îles
méditerranéennes, et une partie de l'Europe,  et des Carthaginois auraient même découvert l’Amérique 1500 ans avant
Christophe Colomb !En effet, après la prise de Carthage par les Romains, en l’an 147 avant J.C., un groupe de  Carthaginois
partit en exil et s’installa dans des comptoirs atlantiques (au Maroc actuel), à partir desquels ce groupe aurait entamé une
croisière de trois ans, au large de l’Océan Atlantique, pour parvenir à une  terre ferme , qui s’appellera le Brésil. L'héritage
linguistique punique : La langue berbère de nos premiers ancêtres est devenue minoritaire aujourd'hui.Quasiment éradiquée en
Tunisie, elle est bien vivante au Maroc et en Algérie. On connaît au moins un glossaire agricole d'inspiration punique dans le
kabyle moderne. On a identifié un nombre conséquent de patronymes berbères dans les stèles écrites en punique et vice-versa.
La question du rapport linguistique entre le berbère et le punique est un champ complexe. Parallèlement à la langue, comment
peut-on ne pas être saisi par la présence obsédante du signe de Tanit dans les bijoux berbères traditionnels ? Que dire des
poteries kabyles à "oreilles", et de "la main de fatma", copie conforme du symbole punique ? Les Maghrébins parlent, en
majorité, une langue commune, la darija ou derji. Cet ensemble de parlers populaires est appelé maghribi par les linguistes, ou
languemaghribia ou maghrébia.  Dans ce qui suit, intéressons-nous tout particulièrement à un lexique punique traduit en
français et en maghrébi. En examinant cette liste de mots puniques, nous constatons la parenté, et même parfois l’identité, des
mots dans les trois langues : punique, maghrébia, arabe. On remarquera aussi que plusieurs termes puniques se retrouvent
dans la maghrébia actuelle parlée dans nos campagnes. Les mots puniques sont souvent exactement les mêmes que nous
utilisons aujourd'hui. Plusieurs siècles plus tard, la langue arabe reprendra les mêmes mots. Cet aspect linguistique explique
pourquoi « l’arabisation » de la Numidie s’est faite rapidement et facilement. En fait d'arabisation, les populations punico-berbère
des villes et des côtes parlaient déjà le Maghrébi, une langue très proche de l'arabe, car ces deux langues sont issues d'une
même souche : la langue phénicienne, branche majeure de la famille sémitique. On connaît les fameux exemples : Utique
signifie, ‫عتيقة‬, Carthage ‫حداش‬ ‫قرية‬ ,  Qariat Haddach ou  Qaria Haditha (Cité nouvelle).
A titre indicatif, les premiers mots du lexique suivant proviennent d’un dictionnaire sur
Internet : http://www.canaanite.org/dictionary/ Nous y avons remplacé l’anglais par le français. En gras, ici figure le mot
punique, translittéré (ré-écrit) en caractères latins :
 A  travers  (‫)عبر‬ XBR, Prononcé, "Xabr", "‫"عبر‬
 Abondance  (‫)و ْفرَ ة‬ : CBX, َ Prononcé «Cabax » ; « ‫شبع‬ » ;  PQT, Prononcé « Paqta; ‫بقتا‬ »  avec P ;
 Adam   ( ‫` )آدم‬     DM, Prononcé "Êdem", Le premier homme
 Adjacent   (‫ ُم َّتصِ ل‬ , ‫` ) ُم َتاخِم‬ ṠL, Prononcé "Aṡl", "‫ "أصل‬Synonyme: Mitoyen, Proche, Limitrophe
 Adroit, Fin (‫)ماهر‬ MHR, Prononcé "Mehir", "‫"ماهر‬
 Affable,  gentil (‫حنون‬ ,‫)رَ حُ وم‬ HNN, Prononcé "hanoun", "‫"حنون‬
 Agrandir  (‫وسع‬ ,  َ‫) َكبُر‬ RhB, Prononcé "Rahab", "‫"رحب‬
 Aid e      (‫مُعَ َاو َنة‬ , ‫ )مُسَ اعَدَة‬    XZR, Prononcé "Xazar", "‫"عازر‬
َ  ,  َ‫سا َند‬ ,  َ‫)ساعَد‬ XZR, Prononcé "Xazar", "‫)"عازر‬ XZRT, Prononcé "Xezrat", "‫"عزرت‬
 Aider   ( َ‫عاون‬
 Aller  (‫إنصرف‬ ،‫)إذهب‬ RḢ, Prononcé "Rouh", "‫"رح‬
 Allumeur  de lampe  (‫)المضيء‬ MQDh, Prononcé "Miqdeh", "‫"مقدح‬
 Amour   (‫)حب‬ ḢHB, Prononcé "Hob", "‫"حب‬
 Amoureux   (‫حَ ِبيب‬ ,  ّ‫)مُحَ ب‬ MHB, Prononcé "Mouhib", "‫"محب‬
 Ancêtre     (‫سَ لَف‬ , ‫َأعْ لَى‬ ‫جَ ٌّد‬ , ‫جَ ّد‬ , ‫)َأسْ الف‬   `B, Prononcé "Ab", "‫ "أب‬. Voir aussi : Père
 Ancien,  Vieux  (‫)قديم‬ QDM, Prononcé "Qadiim", " ‫" قديم‬
 Argent   (‫)فضة‬ KSP, Prononcé "Kesep", "‫"كساب‬, avec  P non B à la fin.
etc… .

PATRIMOINE.- Le sens du mot aujourd’hui : Conçue dans une acception large, la notion de patrimoine englobe aujourd’hui
un ensemble de lieux, de monuments, d’objets matériels et immatériels, à travers lesquels une société fonde son histoire et son
identité. Devenue élastique, cette notion est nimbée d’une sorte d’ambiguïté, car elle touche à une multitude d’aspects : au
contexte mental, à la vision du monde, au rapport passé, à la valeur accordée au temps, à l’esthétique, etc. Les paysages et les
cadres environnementaux sont réinvestis dans une nouvelle lecture patrimoniale et territoriale, et une demande sociale tente de
recontextualiser les oeuvres, les traces et les objets du passé, en leur donnant une signification nouvelle dans le présent. La
question fondamentale concerne la place essentielle de l’héritage culturel dans la définition de la société contemporaine. En
France, observe Pierre Nora, les références ne sont plus celles fixées traditionnellement : elles ne sont plus de nature
monarchique ou aristocratique, comme sous l’ancien Régime, révolutionnaire et romantique, comme au début du XIXème siècle,
ou républicaine et nationale, comme avant la grande guerre, mais elles sont d’ordre social et identitaire, destinés à relier
l’individu à des communautés de type culturel dont les traces sont visibles ou perceptibles. Dans les pays du Maghreb, la
conception du patrimoine s’aligne sur celle qui est en vigueur dans les pays occidentaux, laquelle est fondée essentiellement sur
une vision européenne. Introduite avec la colonisation de l’Algérie et l’établissement des protectorats en Tunisie et au Maroc,
cette notion présente en terme de gestion patrimoniale les mêmes caractéristiques qu’en France avec, en particulier un
fonctionnement centralisé au niveau des structures de l’Etat (ministère de la culture, musées nationaux, bibliothèques, archives,
etc.). Le concept de « Patrimoine mondial, culturel et naturel » inventé au début des années 1970 renforce l’uniformisation de la
conception du patrimoine dans les différents pays du Nord et du Sud. La convention concernant la protection du patrimoine
mondial, culturel et naturel, adoptée en novembre 1972 sous l’égide de l’UNESCO - entrée en vigueur en 1975 -, a connu une
rapide adhésion de jeunes Etats- Nations à faible niveau ou en voie de développement : le Soudan, l’Algérie, le Zaïre, le Nigéria,
le Niger, laTunisie…, ou un double souci se dégage de cette démarche délibérée : la définition de l’identité par le désir
d’affirmation nationale et la volonté d’accéder au développement. Les vingt premières années d’application de la convention
(1972-1992) ont surtout permis de relever des stratégies identitaires et les préoccupations de chaque pays.
►Le Patrimoine Culturel Matériel: Il définit le cadre concret et tangible du patrimoine (monumental ou ornemental), il comprend
aussi bien les biens culturels (immobiliers ou mobiliers) que les sites justifiant de qualités remarquables, il sous entend pour
nous le patrimoine bâti, où on retrouve:
- Les monuments historiques: D’après l’UNESCO, la notion de monument concerne non seulement le champ architectural, mais
elle inclut également différents biens témoignant d’une histoire et d’une culture
- Les Biens Immobiliers Patrimoniauxquiexpriment subtilement des arts et des traditions populaires, ce sont eux qui retracent le
plus fidèlement le vécu quotidien d'une société.

194
- De l’ensemble historique au secteur sauvegardé constituant un ensemble et une organisation urbaine remarquable, constitué
de biens immobiliers patrimoniaux, l’ensemble historique est particulier par son homogénéité, sa cohérence et son unité
architecturale et esthétique- Le secteur sauvegardé et ses abords : A ce périmètre de sauvegarde est également associé un
périmètre de protection des abords, ainsi la protection ne concerne pas seulement le secteur mais également son voisinage
immédiat.
►Le patrimoine culturel immatériel représente tout d’abord les pratiques, les représentations et les formes d’expression, ainsi
que les connaissances et les savoir-faire que les communautés, les groupes et, dans certains cas, les individus reconnaissent
comme partie intégrante de leur patrimoine culturel »(UNESCO,2003). Il englobe par ailleurs :
♦ les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel ;
♦ les arts du spectacle;
♦ les pratiques sociales, rituels et événements festifs;
♦ les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers;
♦ les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel.

PATRIMOINE BÂTI .- L‟Algérie dispose d‟un patrimoine bâti d‟une richesse exceptionnelle dont la mise en valeur reste
problématique. Actuellement, le patrimoine algérien présente un état de dévalorisation et de dégradation avancé dont les causes
sont multiples à savoir l‟indifférence, la négligence, le manque d‟entretien, les transformations incontrôlées (illicites), et
l‟inexpérience dans l‟exécution des lois. Les différentes opérations de réhabilitation menées jusqu‟à présent restent très limitées
vu l‟absence de spécialistes dans le domaine et d‟outils permettant de mener ces opérations correctement comme le guide de la
valorisation. Par ailleurs, la connaissance du système constructif de la construction, des matériaux utilisés, de la typologie, de
surtout des abords constituent des facteurs indispensables pour réaliser une opération de diagnostic pertinente d‟un monument
ou d‟un site historique. Ces facteurs cités constituent des paramètres importants pour réussir les opérations de mise en valeur.
Cela dit, le processus de revalorisation des monuments historiques se révèle une tâche complexe. En effet, durant la procédure
de mise en valeur, le bien patrimonial bâti doit faire l‟objet d‟une connaissance objective, d‟une implication de tous les acteurs
de la ville incluant la société civile. Ces derniers, à travers les actions efficaces et la prise de conscience de la valeur
patrimoniale d‟un monument par toutes les composantes de la société, peuvent assurer sa valorisation et sa préservation.
D‟autre part, les multiples opérations et actions de mise en valeur du patrimoine ont démontré que le travail mené en faveur du
patrimoine bâti n‟est pas facile. Bien au contraire, il exige un travail de longue haleine, une patience et un engagement sans
faille vis-à-vis de cet lègue patrimonial qui est le reflet identitaire de la société et de la nation en question. On trouve en Algérie,
des monuments et des sites d‟une grande valeur historique, classés ou inscrits, sans aucune protection de leurs abords, même
s‟ils sont l‟objet de restauration et de mise en valeur, on ne trouve aucun programme pour leur environnement immédiat, qui
restent et continuent d‟être en état très déplorables. On trouvera que les monuments et les sites historiques de l‟Algérie sont
fortement menacés par ce problème, qui nuit à leur lecture historique, en les mettant en confusion avec une méconnaissance de
la société de sa propre histoire. Pour cela, notre réflexion s‟engage dans une problématique liée à l‟intersection du tissu ancien
avec le nouveau et le rôle des abords dans sa mise en valeur. «L‟entourage concourt très souvent à la mise en valeur du
monument c‟est l‟écrin qui met le Bijou en évidence» il est l’environnement immédiat des monuments historiques qui ne peut
être perçu hors de son cadre spatial et esthétique. Il acquit une contribution mémorielle dans la mise en scène paysagère, en
accentuant la notion de valeur identitaire significative du monument. De ce fait le délaissement de ces abords entrainera
logiquement une dégradation autant sur le plan matériel que sur le plan significatif du Patrimoine bâti. □

PATRIMOINE DÉFENSIF.-Le patrimoine défensif que renferme l’Algérie est lié à l’évolution de l’architecture militaire par
stratification et l’apport successif des différentes occupations depuis les romains jusqu’à la colonisation. Ce patrimoine est
malheureusement sous protégé et mal entretenu, malgré qu’il ait bénéficié d’une reconnaissance et d’une protection depuis
1900. Et en termes de protection et de mise en valeur, l’arsenal juridique algérien est doté de plusieurs lois et décret qui porte
sur la conservation et la protection des biens culturel. La loi N° 98-04 est considérée comme étant un grand pas dans le
domaine de la protection du patrimoine culturel, constitue la légalisation actuellement en vigueur. Cette loi reste incomplète en
termes de réutilisation des monuments historiques et leur intégration dans la vie contemporaine. Ce vide législatif sur la manière
d’intégrer le monument et le manque d’outils théoriques induit à la muséification des monuments classés et leur isolement de
leur contexte d’appartenance accélérant ainsi leur dégradation précoce.  La sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine
fortifié (citadelles, forts détachés, remparts, portes, tours, blockhaus et batteries, …) sont loin d’être aboutis car la plupart de
ces monuments ne bénéficie d’aucun classement au titre de monuments historiques, ajoutant à ça l’absence d’une démarche
spécifique pour leur réutilisation, induit de ce fait à leur isolement et accélère leur dégradation.  L’architecture militaire coloniale
reste la plus négligée malgré le taux important qu’elle représente par rapport à l’ensemble des monuments fortifiés. Ce problème
de reconnaissance de tout ce qui est colonial ne touche pas uniquement le défensif, tout le legs colonial n’est point reconnu en
tant que patrimoine. 
Le patrimoine défensif présente certaines spécificités liées à sa nature et à son rôle qui a généré des formes et espaces pas
toujours faciles pour de nouveaux réaménagements. C’est également un patrimoine puissant accompagné par des exigences
d’intendance. En Algérie les monuments défensifs classés sont pris comme tous les autres monuments du parc patrimonial, il
n’y a pas de spécificité pour cette architecture militaire. La réutilisation de ces monuments se fait donc sans prendre en compte
leur spécificité architecturale, et leur fonction d’origine. Cette indifférence engendre toutes sortes de mutilations et de
dégradations irréversibles à notre patrimoine militaire.  Depuis les temps les plus reculés, l’architecture militaire a connu un
développement tout en diversifiant ses formes et ses techniques. Cette évolution était conjointement liée au développement de
l’artillerie. Elle est donc le résultat d’un dialogue permanant entre les moyens d’attaques et les moyens de
défense. L’architecture militaire était conçue pour défendre le territoire et l’indépendance des nations ; de ce fait elle demeure un
élément essentiel de l’histoire des peuples.  Aujourd’hui, l’intérêt historique, scientifique et économique, de cette architecture,
justifie sa patrimonialisation. Ce statut de patrimoine acquis par les fortifications et les ouvrages militaires rend leur sauvegarde
et leur mise en valeur une nécessité pour la conservation du témoignage et les évènements qui incarnent leur construction.  La
diversité architecturale, technique, l’importance de l’emprise foncière, et la présence évidente dans le paysage urbain de ce
patrimoine, mettent l’Algérie devant une seule réalité celle de le réutiliser et de l’intégrer dans la vie contemporaine des citoyens.
De nouveaux usages sont recherchés pour les monuments fortifiés, dans le respect de leurs qualités physiques et mémorielles.
Des choix de réutilisation adapté aux capacités de l’édifice et au contexte économique et social sont donc nécessaires pour en

195
éviter l’abandon.  La réutilisation du patrimoine fortifié nécessite une démarche spécifique afin de sauvegarder son authenticité.
Cette démarche commence par l’étude historique du monument, pour faire ressortir ses caractères architecturaux, et dégager
les valeurs à respecter lors de sa réutilisation. Le choix de la nouvelle fonction est l’étape qui suit cette étude, elle est la plus
difficile car la réutilisation de cette typologie de monuments nécessite une étude sociologique, qui relève non seulement de
l’acceptation des citoyens pour cette nouvelle fonction injectée dans le monument mais dans l’utilisation d’un édifice qui
symbolise la guerre, la mort, et la peur. □

PATRIMONIALISATION.-Avec l’élargissement de la notion du patrimoine, La question de patrimonialisation est posée. Cette


dernière exprime la manière dont les objets deviennent patrimoine, et elle montre que l’opération part du présent pour viser des
objets du passé. Selon Guy Di Méo, la patrimonialisation est un processus qui part de la prise de conscience patrimoniale à
la valorisation du patrimoine, en passant par les phases essentielles de sa sélection et de sa justification, de sa conservation et
de son exposition. De ce fait la patrimonialisation se résume à une affectation sociale (collective) d’un ensemble de valeurs pour
un objet (chose, œuvre, bien, bâtiment, site, paysage, etc.) ou à une réalité idéelle (témoignage, événement, pratique, etc.). La
question des valeurs attribuées aux monuments historiques était un sujet de débat entre plusieurs auteurs (Riegl, Ruskin, et
Choay…etc.). Pour Riegl, le monument historique est structuré par l’opposition de deux catégories de valeurs, une première
dite de remémoration, une seconde dite de contemporanéité. Parmi les valeurs de remémoration la valeur d’ancienneté, la
valeur historique qui sont opposables, et la valeur de remémoration intentionnelle. 
La valeur d’ancienneté est perceptible par le large public, elle s’affirme plus clairement à travers les effets des forces
destructives de la nature sur le monument. Le culte de la valeur d’ancienneté réside dans la conservation du monument dans
son état originel, il s’oppose à toute action de conservation et de restauration. La valeur historique est défini à travers
les événements historiques relatifs au monument, « appelons historique tout ce qui a été et n’est plus aujourd’hui ». De ce point
de vue, le monument historique représente pour nous un stade particulier dans le développement d’un domaine de la création
humaine. La valeur historique a des exigences pratiques qui renvoient essentiellement à la restauration. La conservation et
l’intervention sur le monument historique doit être effectuée sur une copie, ou faire une simple reconstitution écrite pour donner
plus d’informations pour les recherches futures d’un historien d’art, la valeur historique donc est une valeur cognitive, elle
enseigne aux hommes leur passé.  La valeur de remémoration intentionnelle constitue la transition vers les valeurs
actuelles «contemporanéité », elle revendique pour le monument l’immortalité, l’éternel présent et la pérennité de l’état originel.
Le monument doit être protégé de toutes actions destructrices de l’homme.  La valeur de contemporanéité revoie à la situation
présente du monument. Elle se défini en valeur d’art et la valeur d’usage. L’usage continu d’un monument permet sa pérennité
à travers l’entretient, et les destructions causés par les agents naturels qui sont régulièrement  combattus et réparés. La valeur
d’usage selon Riegl est la valeur qui fait la distinction entre le monument historique et la ruine archéologique. La valeur d’art est
une valeur relative et subjective qui dépend du spectateur changeant au gré de sa faveur. Elle permet d’identifier une histoire de
l’art et de comprendre l’évolution des formes, des matériaux et des couleurs. Ainsi Françoise Choay, de sa part, parle de : 
♦ Valeur cognitive : qui signifie que le monument possède un potentiel de témoignages historiques qui sert comme support pour
les recherches scientifiques et artistiques. 
♦ Valeur économique : c’est -à- dire que le monument historique joue un rôle très important dans l’attraction touristique des
pays. 
♦ Valeur artistique et esthétique: qui viennent en dernière positions car elle est comprise par une minorité d’hommes cultivés,
attribuée beaucoup plus aux œuvres d’art et aux techniques de conservation. 
S’agissant de la fortification et la question des valeurs, « Sa patrimonialité acquise, la fortification doit revendiquer son statut de
monument »  Selon Régis Debray il existe trois types de monuments à savoir les monuments trace, les monuments forme et les
monuments message. Le monument trace atteste un usage et une époque, Bâtiment fonctionnel, sa patrimonialité s’acquiert
avec le temps. Le monument forme associe fonctionnalité et volonté d’expression artistique : c’est un «fait architectural» dont
la patrimonialité est voulue, dès sa conception, par le créateur ou le commanditaire. Le monument mémoire, il est exclusivement
commémoratif et a pour finalité la transmission  événementielle, souhaitée éternelle.  François-Yves le Blanc stipule que La
fortification est à la fois monument trace, ouvrage mémoire et monument forme. Monument trace car « elle répond à une
fonctionnalité poliorcétique première, s’adapte aux contraintes du terrain et à celles de l’armement… »,  Ouvrage mémoire, elle
est voulue éternelle, représentative du pouvoir des princes, elle contribue à la défense des territoires, elle est censée mémoriser
des événements tragique qui marquent l’histoire d’un peuple. Et en dernier monument forme qui prend en compte,
non seulement l’ouvrage défensif lui-même, mais le terrain où il doit être implanté. La fortification doit s’adapter à la fois aux
contraintes de l’armement en ajustant ses capacités de réponse à l’artillerie adverse, et à la topographie spécifique des lieux afin
de s’y défiler, de les contrôler et de s’y fondre. 
Le patrimoine fortifié a marqué l’histoire des peuples, et il a façonné le paysage de leurs villes, sa patrimonialisation est justifié
par rapport à plusieurs valeurs : Historiques, scientifiques, et économiques. 

Historiques : car il reflète l’histoire des peuples et les guerres, il est le témoin de l’histoire militaire des luttes entre les nations, et
il illustre la liaison étroite entre la guerre et la paix. 
Scientifiques : le patrimoine fortifié à travers sa diversité typologique et architecturale, à travers son adaptation au site, peut nous
servir de fil conducteur pour la recherche d’une architecture ancrée dans son rapport au contexte, qui intègre le temps comme
l’une des ses dimensions majeures, et envisage l’économie des moyens et la préservation des ressources naturelles comme
condition de sa pérennité et de son développement en harmonie avec son environnement. 
Economiques : le patrimoine fortifié, par sa situation stratégique, que se soit en ville ou en montagne, et par sa mise en valeur
touristique génèrent des sources financière multiples. La préservation de ce patrimoine est génératrice aussi d’emplois, dans
le domaine de sa restauration et son entretien. □

POLITIQUE LINGUISTIQUE ET CULTURELLE .- La politique linguistique et culturelle en Algérie est marquée, depuis
1962, par l’incohérence, par la démagogie des discours, par l’absence de consensus du corps social, par le manque de
pragmatisme et de lucidité des gouvernements qui prennent leurs décisions essentiellement en fonction des rapports de force et
de la conjoncture politique. Depuis l’indépendance, cette question a soulevé des moments de tension, alternant avec des
périodes de répit et d’accalmie où la raison a fait taire les passions qui avaient commencé à cliver et à diviser la population
algérienne sur des critères linguistiques : arabisants versus francisants et arabophones versus berbérophones. Cependant, la

196
démocratisation du champ politique et l’apparition d’un multipartisme sauvage dans les années 1988 se sont accompagnées
d’un regain d’intérêt pour l’Islam politique, d’une exacerbation des idées islamo-nationalistes, d’une farouche hostilité des
conservateurs à l’égard de la langue française et d’une réactivation de l’arabisation (loi du 16/12/1996). En même temps, les
partisans de la revendication amazighe (cette revendication a connu un relatif succès avec l’institutionnalisation de la dimension
amazighe comme des fondements de l’identité nationale, avec l’enseignement expérimental de tamazight assuré dans certains
établissements scolaires du pays et avec l’introduction de la langue amazighe dans les circuits de la communication) ont
manifesté une vive inquiétude face à la loi sur la généralisation de la langue arabe considérée comme une nouvelle forme
d’exclusion et de minorisations (M.Aït Amrane, président du Haut-commissariat à l’amazighité, déclare à ce propos : « c’est
l’exclusion de la langue amazighe qui renforce, en conséquence, la division du peuple algérien. Cette loi est en contradiction
avec le décret présidentiel. Le fait de donner la prééminence à la langue arabe, c’est donner l’impression aux non-
berbérophones que ce sont des Arabes. Alors qu’ils sont des Berbères, sur le plan des progrès, elle causera un recul dans tous
les domaines, notamment scientifique, technique et technologique, ce qui entrainera l’Algérie dans l’impossibilité d’affronter le
troisième millénaire». El Watan, 13.06.98) Il paraît évident que le Pouvoir, par-delà les discours d’intension et les campagnes
conjoncturelles d’arabisation, n’a affiché aucune volonté politique de régler la question de langues et de la culture. Par ses
hésitations, il a privilégié un équilibre très précaire entre les deux langues académiques et les «dialectes» : l’arabe standard
occupe la façade politique formelle, l’enseignement et la culture nationale, la langue française se réserve les activités
économiques et le domaine des sciences et de la recherche, les vernaculaires, arabe dialectal et tamazight, se partagent le
domaine de la vie domestique quotidienne. Or, ces hésitations sont, nous-semble-t-il, d’essence idéologique certes, mais elles
sont aussi tactiques et font le jeu des gouvernants et de l’opposition : elles apparaissent liées aux calculs politiciens d’un pouvoir
pris en tenaille entre la mouvance islamiste et le mouvement démocratique, qui en dépit de l’hétérogénéité des courants
idéologiques qui le composent, constitue à la fois un redoutable opposant au pouvoir mais aussi un allié,potentiel et de
circonstance (cette mouvance démocratique, en créant le CNSA -conseil national pour la sauvegarde de l’Algérie-, a induit le
processus qui a permis au pouvoir en place en 1991 de suspendre les élections législatives, dont le premier tour avait été
remporté par le FIS, et de provoquer la démission du Président Chadli Bendjedid).
Fondements idéologiques : L’histoire moderne de l’Algérie porte l’empreinte des tensions idéologiques et culturelles entre les
partisans de l’arabisme pur etconservateur, franchement tournés vers le Proche-Orient, et les tenants d’une Algérie musulmane
mais résolument orientée vers l’occident et la modernité. Cette ambivalence qui a caractérisé le discours nationaliste durant la
période coloniale persiste et se perpétue. Historiquement, le discours officiel du FLN, au pouvoir de 1962 à 1997 ; d’essence
nationale et réformiste, considérait la question linguistique et culturelle dans le prolongement des idées et revendications
soulevées depuis 1927 par Messali Hadj, le fondateur du Mouvement nationaliste algérien, et par tous les partis politiques
algériens actifs lors de la période coloniale : l’ENA (l’Etoile nord -africaine), l’UDMA (Union démocratique du manifeste algérien),
le PPA (Parti populaire algérien), le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), le PCA (Parti communiste
algérien) avaient souligné l’appartenance et l’ancrage irréversible de l’Algérie à la nation (arabo-islamique), décrété l’arabe
comme seule langue nationale du pays et l’islam comme unique religion de l’Etat algérien (cette dernière, en 1931, par la voix
du philosophe et homme de religion Abdelhamid Ben Badis, renforce le mouvement national avec le slogan « l’Algérie est ma
patrie, l’Islam ma religion, l’arabe ma langue»). Ce large mouvement revendicatif nationaliste a utilisé d’abord le puissant
caractère rassembleur de la religion puis celui de la langue arabe comme leviers sociopolitiques pour conscientiser, embrigader
et recruter une base militante dans toutes les couches de société algérienne. Si la cause nationale a occulté, voire même
sacrifié, pour des raisons stratégiques, la réalité plurilingue et l’hétérogénéité culturelle de l’Algérie, les partisans et défenseurs
du fondement amazigh de la culture algérienne n’en ont pas moins fait valoir, par divers moyens, la pertinence de leur thèse. La
question berbère n’a pas constitué, pendant l’époque coloniale, un obstacle idéologique à la cohésion nationale et surtout à
l’unité nationale. Les slogans « unité nationale », « unité linguistique » et « unité culturelle » ont constitué l’essence idéologique
de la guerre d’indépendance et les idées-forces du programme politique et culturel du FLN. Cependant, l’élite algérienne est
restée ambiguë dans son rapport avec la langue et la culture françaises. Ainsi, Abdelhamid Ben Badis, le leader du mouvement
des Oulémas algériens, soulignait, en 1926, l’importance de l’apport de la colonisation dans le développement de la culture
algérienne arabo-musulmane : « Dans ce pays il y a deux langues fraternelles, à l’image de la fraternité et de la nécessaire
union de ceux qui les parlent- pour le plus grand bonheur de l’Algérie-ce sont l’arabe et le français. Nous souhaitons que les
autorités responsables et les personnalités disposant de moyens matériels et intellectuels puissent coopérer, afin de mettre sur
pied un enseignement double franco-arabe, dont les fruits profiteraient à tout le monde » (Journal Echiheb, 17.08.26). De tels
propos, non seulement manifestent l’embarras de l’intelligentsia devant l’état de déchéance de la situation culturelle pendant
l’islamisation, mais aussi expriment une farouche volonté de doter le pays d’un système d’enseignement et d’éducation basé sur
le bilinguisme. Un demi siècle plus tard, Cheikh Bachir El Ibrahimi, un des fondateurs du mouvement national et des guides
spirituels de l’élite arabo-musulmane algérienne confirmait – par des propos qui lui ont valu la mise en résidence surveillée
l’irréversibilité du processus de biculturalisme et de bilinguisme qui a prévalu pendant la colonisation et bien après
l’indépendance : « le plus grand fléau et la plus grande maladie qui minent notre culture est que nous avons deux cultures qui ne
cessent de tirailler cette Nation : une culture islamique fondée sur la religion de la nation avec comme langue véhiculaire la
langue arabe adoptée par une partie de la Nation. La seconde est la culture européenne avec comme langue véhiculaire le
français utilisé par une autre fraction de la Nation. Les deux cultures sont tellement différentes […] nous n’avons d’autre issue
que de rassembler les deux cultures dans un même moule ». (El Moudjahid, 21.5.81). Ces deux citations nous montrent
effectivement l’existence, même chez les plus fervents et les plus farouches défenseurs de la langue arabe, d’un dilemme dans
le rapport à la langue française. En dépit donc de cette ambiguïté idéologique, l’islam et la langue arabe ont été utilisés comme
forces de résistance et d’opposition à la politique de déculturation et de désarabisation du peuple algérien mais aussi comme
facteurs de cohésion et d’union. Dès l’indépendance, le parti unique FLN impose son autoritarisme et son hégémonie
idéologique. Il inscrit le pays dans la sphère «arabo-islamique» (le Président Ben Bella déclare dans son premier discours en
1962 : «Nous somme Arabes, arabes, arabes»), érige la langue arabe et l’islam comme « constantes nationales», réduit la
spécificité berbère à quelques traits folkloriques populaires et disqualifie sur le plan institutionnel la langue française et les
variétés dialectales de l’arabe. Cette minorisation linguistique et culturelle qui occulte la richesse et la diversité du peuple
algérien n’est que le corollaire de l’autoritarisme mis en place dès 1954. Elle se situe dans la logique nationaliste-
indépendantiste produite par les contradictions, les divisions et l’hétérogénéité des forces constitutives qui caractérisaient la
société algérienne pendant toute la période coloniale. L’aménagement et la planification linguistiques de l’Algérie s’inscrivent
donc exclusivement dans le cadre étroit de l’arabisme et de l’islam, comme le confirment le Programme de Tripoli (1961), la

197
Charte d’Alger (1964), la Charte nationale (1976 et 1986) qui constituent les textes fondateurs de cette politique culturelle et
linguistique.

PUNICITE.- Du Punique au Maghribi : Trajectoires d’une langue sémito-méditerranéenne. Série


d’interrogations nouvelles où nous prenons appui sur l’éclairage historique pour reconstituer un pont édifiant
entre la langue de Carthage (le punique) et les formes d’arabe maghrébin contemporain. Trois voies
possibles de recherche s’ouvrent alors: 1.
Le maghribi (ou maghrébi, comme l’avaient appelé aussi bien Fergusson que Marçais, bien avant nous)
présenterait, de nos jours, un substrat punique substantiel. Substrat sémitique, soulignons-le. Ce qui permet
de relancer la perspective scientifique d’une reconsidération des poids et influence de l’arabe classique sur
les formes contemporaines du maghribi.
2. Reconsidérer le profil sociolinguistique du Maghreb en faisant intervenir trois paramètres essentiels :
formations langagières vernaculaires vs. langues à vocation internationale ; langues dont l’acquisition
repose sur des mécanismes natifs vs celles dont l’apprentissage est le fruit exclusif de l’institution scolaire ;
langues ne jouissant pas ou peu de reconnaissance institutionnelle vs celles dont les statuts juridiques sont
force de loi.
3. Repousser le concept de diglossie, au profit de celui d’un bilinguisme d’où les vernaculaires ne sont plus
exclus. La francophonie au Maghreb se pérennisera de la prise en compte de ces rapports dialectiques ré-
examinés.
□ Présentation : Notre article se fixe pour objectif de relater la situation d’une langue à la fois majoritaire
dans le corps social et minorée par l’institution étatique. Cette forme linguistique dont la cohérence
d’ensemble l’impose comme un système linguistique majeur. Cette langue qui, dès le IXème siècle était
déjà dotée d’un système graphique singulier (« al-Xatt al-maghribi »). Cette langue qui a vu naître une
littérature prestigieuse («adab az-zadjal ») dès le X ème siècle, en Andalousie, et qui a su la propager, en
Afrique du nord, sous les appellations de «melħoun», «âami»; voire de «chaâbi» et que Ibn Khaldoun sut
glorifier. Cette langue que Charles Ferguson, en son temps, appela le «maghrebi», suivant en cela le grand
orientaliste français, W. Marçais. Cette langue que les orientalistes, précisément, ont étiquetée « dialecte
arabe », sans précaution méthodologique rigoureuse. Créant, de ce fait, une confusion entre les épithètes :
«arabe » et «sémitique » - comme si l’on pouvait dire, par exemple, que l’hébreu est un « dialecte arabe » !
Une étude récente (d’abord en 1997, puis reprise en 2003 : A. Elimam , « Le maghribi, alias ed-darija »,
Ed.Dar El-Gharb, Algérie) montre clairement que le substrat punique représente environ 50% de l’actuelle
langue vernaculaire majoritaire du Maghreb. Cette langue qui a fait la gloire de Carthage et que le prince
numide, Massinissa, pratiquait en toutes circonstances, a été bien vivace avant l’arrivée de l’Islam en terre
du Maghreb – jusqu’au Vème siècle, elle était bel et bien attestée comme « néo-punique ». L’arrivée de
cette sorte de « islamo-arabophonie », langue sémitique également, va favoriser un processus
d’individuation linguistique qui, au IX ème siècle, esquissera cette forme, encore vivace, qu’est le maghribi.
Malheureusement, les indépendances des pays du Maghreb, au lieu de sonner l’heure de l’émancipation des
langues natives, ont minoré ces langues au profit d’une arabisation dont personne ne parvient à déterminer
l’ancrage effectif. Même si Tamazight commence à trouver une protection juridique en Algérie et au Maroc,
le maghribi, pour sa part continue de se voir marginalisé.
1. Echos d’histoire des langues natives  :
Qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, le fait est qu’ils sont bien rares les chercheurs maghrébins à se
pencher sur la langue punique. Seuls les Tunisiens, par une sorte de consensus implicite, ont favorisé des
recherches orientées exclusivement sur la civilisation carthaginoise. De fait, cette dernière s’implante assez
durablement: grosso modo du VIIe siècle avant J.-C. jusqu’au IIe siècle de notre ère. Au moins. En prenant
en compte les retombées de son influence, cela nous ramène à un bon millénaire et demi de rayonnement
actif. Sa langue va devenir le ciment de tous les centres urbains de l’Afrique du Nord et même de l’Ibérie
méridionale ; de Carthage (de [qart-ha-dajt] = la nouvelle ville) à Carthagène («petite Carthage»). C’est dire
que la route de l’Andalousie (José Maria Blàzquez, 1992) avait été préparée depuis bien longtemps. Le
punique s’était naturellement imposé comme langue franche à l’époque ; y compris les princes libyques y
recouraient publiquement et l’enseignaient à leurs enfants. On sait que même Rome, après avoir conquis
Carthage, n’est pas parvenue à effacer une telle présence. Que peut-on dire de cette langue et quelle
influence aura-t-elle eue sur nos langues actuelles ? C’est à partir de la fondation de Carthage que s’opère
la mise en scène historique des populations berbérophones dans cette Afrique du Nord.(Ch. A. Julien,
1994). Apparemment, la progression d’est en ouest des Phéniciens aura été lente et progressive. En effet,
la plupart des tombes puniques retrouvées sur tout le littoral algéro-marocain sont datées à partir du VIe et
Ve siècles avant J.-C. Entre la période où Carthage est la métropole de référence, en même temps qu’une
puissance commerciale et militaire (sa flotte était sérieusement redoutée par Rome), d’une part; et la
période où elle est défaite (par les Romains) en 146 av.J.-C., d’autre part, il s’écoule quelque 7 bons
siècles. Siècles pendant lesquels une civilisation nouvelle se met en place et se déploie sur tout cet espace
géographique que nous appelons aujourd’hui le Maghreb, plus précisément le littoral maghrébin. Dans ces
temps reculés (période allant du VIIIe av. J.-C. au IIe ap. J.-C.), on y construisait déjà des habitations de
plusieurs étages ! Bien que l’estimation paraisse exagérée, Strabon lui a attribué pas moins de 700.000
habitants. Outre les constructions navales et la logistique portuaire où ils excellaient, les Puniques étaient
réputés pour leur travail du fer, du cuivre, du bronze et des métaux précieux.
Une telle civilisation ne pouvait pas ne pas voir l’influence de sa langue rayonner au-delà de la cité-Etat .
Certains (comme Ch. A. Julien) pensent que la survie de la langue punique n’aurait pas dépassé le IIIe ap.
J.-C. D’autres (comme S.Gsell) pensent plutôt que cette influence linguistique aurait même favorisé
l’expansion de l’arabe au Maghreb. Déplorons tout de même que les quelques références faites çà et là (et
plus particulièrement par les intellectuels algériens et marocains) à la langue punique restent fort
sommaires et «symptômales»(1). Apparemment, le fait punique au Maghreb semble troubler les adeptes

198
d’idéologies linguistiques et/ou religieuses. Mais il aura également mis en difficulté le travail d’exposition de
nombre d’historiens français de l’Afrique du Nord (Ch. A. Julien, St. Gsell, G.Camps, et bien d’autres
encore). Il est surprenant de constater que même les chercheurs tunisiens ne se bousculent pas au portillon
de la punicité. Pourtant, ils sont les héritiers directs de la civilisation carthaginoise dans cet espace commun
qu’est le Maghreb. Mais qu’à cela ne tienne. Le fait punique ne saurait être incontournable. Car vouloir
démunir l’histoire du Maghreb de son passé punique revient à lui spolier la mémoire ; mémoire qui est
pourtant bien présente derrière ses mots, ses traditions, ses coutumes, ses techniques agricoles, etc. Autre
chose est de se demander quels ont été le poids et l’influence réels de la civilisation punique.
S. Chaker, éminent berbérisant, reconnaît que les systèmes d’écriture berbères ont subi une certaine
influence punique : «(...) tifinagh, nominal féminin pluriel est construit sur une racine qui désigne les
Phénico-puniques (fnq/fngh) et devait signifier : «les puniques». Outre l’emprunt ou l’imitation initiale,
l’alphabet lybico-berbère a continué de subir une forte pression de l’écriture punique» 1984, p. 30). Quoi de
plus naturel, me diriez-vous, que de reconnaître les dettes des uns et des autres dans l’élaboration de
cultures et de civilisations ? Tous les peuples s’inspirent ou apprennent d’autres peuples, et les Maghrébins
aussi ! Cela étant dit, un présupposé demeure : celui de l’antériorité de populations, de fait désignées
comme «berbères». Comment justifier cela ? Est-ce par la langue qu’ils parlaient ? Est-ce par les
monuments et autres traces archéologiques qu’ils nous ont laissés ? Il nous faudra bien «faire parler» ces
traces si nous voulons comprendre quelque chose à cette histoire, à ces véritables fondements identitaires.
Revenons à nos préoccupations linguistiques. Disons que ce qui, aujourd’hui, fonde la berbérité, c’est
essentiellement la survie de ses formes linguistiques. C’est à partir du moment où l’on reconnaît que la
langue native de groupes sociaux donnés est une langue berbère (parce que rattachée à un générique
identitaire) que l’on admet qu’il y a bel et bien des retombées de l’histoire, de notre histoire. Par
conséquent, le berbère (utilisons le générique pour des raisons de commodité) est bel et bien attesté et ses
origines sont à fouiller dans cette mémoire historique du Maghreb. Travail qui reste à faire, précisons-le.
Mais il en est de même de la langue punique. On sait qu’elle se sépare du phénicien et que ses traits se
spécifient dès le IVe av. J.-C. Nous avons donc affaire à une langue maghrébine (ou nord-africaine) qui se
singularise et prend des traits spécifiques qui la distinguent dorénavant de la langue phénicienne.
Rappelons-nous que les langues natives se reproduisent et traversent l’histoire quand bien même elles sont
minorées et que les différents pouvoirs les marginalisent. Leur survie, ces langues la doivent à leur nature
même : ce sont des langues naturelles. Le punique, en devenant langue native de locuteurs maghrébins,
finit, tout naturellement, par s’installer et gagner en audience. Qu’est devenue cette langue ? Nous pensons,
pour notre part, que le punique, parce qu’il s’agit précisément d’une langue native, a traversé le temps en
empruntant aux autres formations langagières que le Maghreb a pu porter. Il s’est enrichi d’apports variés
(berbère, latin, grec, turc, arabe, etc.) et poursuit, de nos jours, sa trajectoire historique et culturelle sous
l’appellation actuelle, audacieuse, de «darija2». L’autonomie des «principautés» et autres «royaumes»
autochtones ayant toujours été respectée par Carthage, comment expliquer que ces mêmes populations
soient devenues punicophones ? A moins qu’elles n’aient été bilingues ? Toujours est-il qu’il est bien
surprenant qu’un groupe linguistique donné puisse, à ce point, minorer sa langue... alors qu’il n’existe
aucune oppression extérieure l’y contraignant. La seule explication que nous voyons, c’est que les
populations en question étaient précisément bilingues mais que la langue dominante et consensuelle était le
punique. Sans cette explication, la berbérophonie, qui a su survivre chez bien des groupes sociaux au
Maghreb, n’aurait aucun fondement social et historique. Il reste du travail à faire pour tirer tout cela au clair
en évitant les démarches à la fois autoritaires et totalitaires... Retenons, pour ce qui concerne notre propos
principal, qu’à l’aube de la propagation de l’Islam en terre maghrébine, les populations autochtones
paysannes étaient bilingues (punique/néo-punique et libyque) pendant que les populations autochtones
citadines étaient trilingues (punique/néo-punique, libyque et latin/grec). Et c’est ce patrimoine sémitique qui
sera mis à profit dans la rencontre avec le texte coranique et le message islamique qui lui est associé. Ce
qui devrait nous conduire à admettre qu’il y a eu islamisation et non pas arabisation du Maghreb. Cette
question d’arabisation des autochtones n’est qu’une vue de l’esprit. Il y a eu des apports lexicaux,
stylistiques et même, parfois, morphologiques – ce qui n’est pas étonnant en domaine sémitique – mais pas
de substitution. On peut donc considérer, en toute bonne foi, que l’influence des formes linguistiques arabes
– parmi tant d’autres – a fait évoluer le punique, cette langue native et maternelle. Cette évolution arrivera à
maturité dès le XIe-XIIe siècle pour donner vie à une nouvelle entité linguistique naturelle : la langue
maghrébine ; ce que nous appelons le maghribi. Il suffirait de lire la poésie et les qassidate de l’époque (et
la littérature «ez-zajjal» en Andalousie) pour se convaincre de la fertilité et de la vitalité d’une telle langue.
Il est vrai que la vision dominante – et spontanément «savante» – désigne cette langue comme «dialecte
arabe», ce qu’elle n’est pas. Il serait plus juste de dire que le maghribi est une langue sémitique. Elle
préexiste même à l’arabe qui est une élaboration (in vitro) relativement récente (Xe-XIe siècle J.-C.). Bref,
le maghribi n’a rien à envier à quelque langue (naturelle) que ce soit. Il a un espace géographique, il a ses
locuteurs natifs, il a une histoire sociale et humaine. Il y a eu effectivement processus d’individuation
linguistique(3) en Afrique du Nord. Le punique a débouché sur l’éclosion de la langue maghribie – à côté du
berbère, certes. Ailleurs, il a débouché sur l’égyptien, le libanais, le syrien, l’irakien, etc. Toutes ces
sociétés, qui étaient locutrices de langues sémitiques, ont, en accompagnement de la civilisation islamique,
vu leurs langues s’enrichir. Ces «plus» linguistiques ont débouché sur des individuations linguistiques qui,
d’une part, marquent et scellent la spécificité ; et, d’autre part, autorisent des rapprochements entre elles
(même famille linguistique et civilisationnelle). Ce que chacune d’elles a, pour sa part, emprunté aux
expressions de la civilisation musulmane va, nécessairement, se retrouver chez les autres. Les Maghrébins,
plus particulièrement, gagneraient en combativité identitaire et émancipatrice en envisageant cette part de
vérité. Il serait temps qu’ils cessent de s’apitoyer sur un sort séculaire qui aurait vu leurs «belles cités» et
leurs «grandes valeurs humanitaires» détruites à jamais par «ces étrangers qui les ont colonisés». Et du
coup, ils perdent tout : «leur» belle langue arabe, «leurs» savoir-faire, «leurs» sciences, «leurs» territoires,

199
etc. Est-il possible, à ce point, de perdre un tel génie ? Ces choses-là sont aux fondements de la culture ;
elles sont sociales. Mais ont-elles jamais été socialisées au Maghreb ? Ces belles choses qui fondent nos
mythes «d’arabes dépossédés», qui s’en prévalait réellement ? La réalité, encore une fois, est simple et
têtue. Il y avait, d’un côté, ceux qui avaient accès à la «belle langue», à la poésie, à la science et toutes ces
choses de prestige. Ils passaient leur temps à faire et défaire des alliances, à se guerroyer, pour conserver
ou prendre le pouvoir. De l’autre côté, sont les populations autochtones serviles, vouées à elles-mêmes.
Populations qui vivaient, tout de même, dans des rapports claniques et régionaux très forts. On sait que la
décadence de la civilisation musulmane est entamée au moment où se décompose l’Empire Almohade.
Cet éclatement va progressivement tendre vers un effondrement absolu. A tel point qu’à la fin du XVe siècle,
ce vaste territoire ressemble à un immense morceau de «gruyère» sociopolitique. Ce n’est qu’après une
érosion de plus de deux siècles que finissent par arriver et les Turcs et les Espagnols et, plus tardivement,
les Français. Le mythe de cette grandeur (de classes sociales privilégiées), que l’on sert aux enfants du
Maghreb en guise de réponse à leurs demandes d’émancipation, apparaît dès lors comme un procédé
frustrant. Ce qui a toujours caractérisé les tenants de cette civilisation, c’est, précisément, qu’ils aient su
entretenir la dualité sociale, économique, culturelle et linguistique dans cette société maghrébine. Mis à part
quelques «happy few», le reste de la population n’avait pas accès aux outils de son émancipation. Et le
décalage entre les langues de cette population et la langue arabe n’a fait que reculer l’heure de ladite
émancipation. Il est un fait que chaque contrée arabophone se prétend la plus proche du «fasiH». Le
Maghrébin vous le dira, le Syrien vous le dira, l’Egyptien vous le dira, le Saoudien vous le dira... Tous le
disent. Et tous ont, quelque part, raison. Car la langue arabe est cette illusion qui vient ornementer la
langue locale que produisent les «lettrés». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la meilleure façon
«d’arabiser» consiste à enseigner la langue native locale, dans un premier temps; et, dans un second
temps, enseigner les formes ornementales ou «classiques». Quant au Coran, on ne peut accéder
sérieusement à son contenu que par l’étude des langues sémitiques mais également d’autres langues telles
que le latin, le grec, le perse, etc. En restituant au Coran sa dimension polyglotte et universelle, on réduira
le joug de « la-langue-de-compilation ». Du même coup, seront libérés les individus frustrés, dès leur jeune
âge, de leurs langues maternelles. Ce faisant, sera respectée l’ouverture universelle, et par conséquent
polyglotte, dont a été porteur le texte coranique.
2. Profil sociolinguistique du Maghreb contemporain  : A l’orée de ce 21ème siècle, les trois pays de
l’Afrique septentrionale présentent un profil sociolinguistique quasi identique. Les ensembles linguistiques
qui le jalonnent témoignent tous à la fois de cohérence (de système) et d’intercompréhension. Les espaces
linguistiques vernaculaires et, par conséquent, natifs, relèvent de deux aires linguistiques distinctes: l’une
chamito-sémitique et, l’autre sémito-méditerranéenne. Certes, il existe des variations interdialectales plus
ou moins marquées – essentiellement sur un plan phonologique -. Cependant il conviendrait d’assumer que
derrière des variations minimes, se profilent deux langues vernaculaires à la fois natives et naturelles :
- Le vernaculaire majoritaire - désigné à tort comme un « dialecte arabe »- et que nous appelons le maghribi
; suivant en cela aussi bien W. Marçais, C. Ferguson et bien d’autres encore (4).
- Le vernaculaire minoritaire est traditionnellement désigné par le générique « berbère ». Cependant les
militants de la berbérophonie lui préfère celui de tamazight. Les espaces institutionnels, pour leur part,
recourent soit à la langue arabe – langue « nationale » et officielle -, soit à la langue française -langue de
communication internationale. Depuis peu, en Algérie, tamazight s’est vu reconnaître un statut de « langue
nationale » ; rejoignant, ainsi, le peloton des langues jouissant d’un prestige institutionnel – et donc d’une
protection juridique. Regrettons que dans ce contexte, une confusion « lexicale » -bien entretenue- assimile
l’arabe au maghribi ;(5) ce qui dispense d’émanciper juridiquement cette langue vernaculaire, pourtant très
largement majoritaire !
2.1. Langues institutionnelles  :
- L’arabe : une norme en décalage socio-historique.
La norme linguistique arabe qui s’élabore effectivement au VIIème siècle, vise à doter les musulmans d’un
même code de lecture du Livre Saint. Mais cette vision généreuse est vite subsumée par la mécanique de la
reproduction du pouvoir temporel qui, précisément, prend appui sur cette perspective (illusoire) d’unicité
linguistique. L’arabisation commence très tôt (VIIIè/IXè siècle) et, très tôt, ses effets sont dénoncés par des
savants arabes tels que Ibnu Jinni (auteur de Al-Khassaïs – «Les particularismes»). En effet la forme
linguistique du Coran n’est pas la réplique d’une langue unique mais fait fonds sur un ensemble de langues
(ainsi que le démontrent, entre autres : Ibnu Jarir ou bien Assayouti voire Aleiman Ibnu Naqib - tous savants
des VIII è et IX è siècles(6)). L’idiome des Qoreychis (tribu natale du Prophète Mohammed) n’y est
représenté qu’à hauteur de 27% ! Certes la forme linguistique demeure sémitique, mais les emprunts à des
langues aussi lointaines que le persan ou le hindi, sans mentionner le grec, le latin, voire le berbère, sont
légions. Ceci est une première caractéristique, recouverte du sceau du tabou, malheureusement. La
seconde, probablement la plus «intrigante», est que la forme linguistique du Coran n’a jamais, au grand
jamais, donné corps à une langue maternelle et naturelle7. Il n’est attesté nulle part d’enfant qui soit né
avec la forme linguistique du Coran comme langue maternelle. Et cela malgré les 15 siècles d’efforts
permanents d’arabisation. On a certes produit un espace «arabe moderne» qui se cristallise dans les médias
et la littérature. Cependant, y compris cet «arabe moderne» n’est jamais parvenu - pour des raisons
différentes- à devenir la langue maternelle de quiconque! Une fois la zone de l’écrit franchie, les locuteurs
arabes reviennent à leurs langues natives et maternelles (ce que l’on désigne injustement de «dialectes»),
langues dotées de systèmes d’écriture, soit dit en passant. On pourrait reprocher à notre argumentation de
faire fi de tout un patrimoine littéraire arabe qui fait – à juste titre - la fierté des arabophones. L’explication
est fort simple : il s’agit de textes écrits/produits dans les langues de Syrie, du Liban, de l’Irak, de l’Egypte,
de l’Arabie Saoudite, du Yémen, etc. En somme, et c’est là que la notion d’arabe moderne prend tout son
sens, il s’agit de langues parentes qui, chacune pour ce qui la concerne, servent de support à des efforts
d’universalisation. Tout texte arabe qui nous parvient est, par conséquent, de l’égyptien post-édité pour un

200
public plus large, du syrien postédité pour un public plus large, de l’arabe saoudien (qoraïchite) post-édité
pour un public plus large, etc. L’arabe moderne n’est qu’un aménagement bureaucratique de la norme arabe.
Une élaboration officinale plutôt que l’émanation naturelle de locuteurs effectifs.8 Or il est établi que toute
langue (ou idiome) qui a une existence singulière repose sur un territoire de même qu’elle est porteuse
d’une mémoire collective - seule garante de la culture et de la pérennisation du collectif qui la fonde. Et,
reconnaître ces êtres sociohistoriques que sont les langues singulières, revient à s’interroger sérieusement
sur le statut véritable de cette norme linguistique pan-arabe. D’autant plus que n’ayant pas d’existence
singulière, elle tend à occuper l’espace propre aux différentes langues porteuses de la mémoire collective;
en même temps qu’elle se substitue à elles - institutionnellement. D’où son statut supra-national.
- Tamazight : langue naturelle et maternelle.
Il aura fallu près de deux générations d’indépendance pour que les Etats marocain et algérien admettent
institutionnellement les variétés berbères. En Algérie, tamazight est utilisé comme terme générique
symbolisant les différentes variétés berbérophones. L’aire berbérophone est attestée au Maghreb depuis
plus de trois mille ans. Les différents maîtres de ces contrées ont certes minoré les idiomes berbères, mais
ces derniers ont su perdurer et se montrer, de nos jours, très actifs. Le fait qu’il n’y ait pas eu de
codification est le résultat du statut politique (de langue minorée et non reconnue par les instances
officielles) et non pas d’un «défaut de la nature». En effet, les langues naturelles reposent toutes sur une
même langue-matrice universelle (pour faire référence aux travaux récents de la linguistique chomskyenne
(N. Chomsky, 2000 notamment.)et, par conséquent, possèdent toutes les mêmes potentialités. Il en est des
langues comme des autres créatures, oserions nous ajouter. On ne peut donc faire le procès d’une langue.
On peut tout au plus reprocher à ses locuteurs de ne s’être pas émancipés. Ce ne sont pas les langues qui
émancipent les hommes, mais l’émancipation des hommes qui élève leurs langues aux rangs de langues de
civilisation et de prestige. Les Algériens berbérophones, au même titre que leurs compatriotes
maghribiphones, ont souffert de longues colonisations. C’est là la raison de la mise à l’écart de leurs
langues. Rejeter tamazight (ou le maghribi) pour cause de minoration revient à conforter l’avilissement des
colonialismes et perpétuer cet état d’assujettissement. Par ailleurs, autant on peut s’interroger sur
l’impossible «domestication » de la langue arabe (cf. le non succès de l’arabisation), autant on doit
s’émerveiller des capacités de tamazight à s’être pérennisée depuis des millénaires. La raison est que
tamazight, au même titre que le maghribi, est une langue naturelle et native.
- Le français, langue étrangère d’ouverture
La colonisation française du Maghreb a vu la langue française s’y ancrer jusqu’à se pérenniser ; en
contrariant certaines velléités francophobes contemporaines.(9) Certes la politique d’arabisation,
volontariste et irréaliste, visait à ré-occuper les espaces francophiles, mais force est de constater que cela
demeura un vœu pieux. En réalité, là où on attendait une «réhabilitation identitaire», une régression
spectaculaire émergea. L’utilisation de la langue arabe n’a pu s’imposer comme alternative viable au
français dans les domaines névralgiques de la vie économique, scientifique et culturelle. C’est partant d’un
tel constat – refoulé des espaces publics - que les dirigeants actuels se résignèrent à «s’en retourner» vers
la langue française. Et depuis 1999 une sorte de retour de la langue française s’opère avec beaucoup de
prudence, en Algérie. Il y a eu un effet «Bouteflika» qui, après avoir levé quelques tabous idéologiques,
aura permis à la langue française de retrouver une place privilégiée. Naturellement. Dans les faits, le
français rejoint l’école primaire à compter de la deuxième année et bien des enseignements, dans le
supérieur, retrouvent, également, le véhicule francophone. Notons que le problème linguistique majeur du
Maghreb contemporain ne concerne ni le français, ni l’arabe (qui, non seulement sont très bien dotées par
ailleurs mais qui, de plus, n’attendent pas après les pays du Maghreb pour leur épanouissement).
Cependant, autant l’arabe, langue nationale et officielle, voit son statut réglé, autant la place du français
mérite une position claire. En effet, de nos jours, le français apparaît comme une alternative à
l’angloaméricain dans de nombreux pays arabes (Palestine, Syrie, Liban, Egypte, Tunisie, Maroc,
Mauritanie). Le Maghreb est, à cet égard, dotée d’un potentiel non négligeable. Ce qui devrait lui permettre
d’occuper une place un peu plus prépondérante dans le concert des pays arabes ayant «le français en
partage», pour reprendre l’expression en vogue,(11) actuellement.
2.2. La langue minorée
Si l’Afrique du nord a été le berceau de nombreuses civilisations, les seuls substrats linguistiques
prépondérants proviennent du punique,(12) d’une part; et du lybique, d’autre part. Le punique qui semble
avoir été sinon une langue franche, du moins une langue de civilisation hégémonique, a été l’idiome
majoritaire de l’Empire carthaginois. Ce fut, sans conteste, la langue « officielle » du prince numide
Massinissa.(13) Et c’est ce même punique qui a nourri l’émergence de ce que, de nos jours, nous appelons
le maghribi. L’appellation maghribi nous provient des linguistes moyen-orientaux qui désignent ainsi les
«parlers» non berbérophones du Maghreb – c’est probablement la même source qui encouragea aussi bien
C. Ferguson que W. Marçais à faire usage de « maghribi » plutôt que de « arabe dialectal ». Le lybique,
pour sa part, a servi de substrat aux formes contemporaines du berbère; tamazight, en somme.14 La lente
évolution du punique, langue de la civilisation carthaginoise, vers le néo-punique (attesté lors de la
présence romaine) puis vers le maghribi, est largement attestée par l’étude de stèles et autres inscriptions
puniques.15 Ces idiomes spécifiquement nord africains existaient donc bien avant la diffusion de l’Islam
dans ces contrées. La langue punique (sorte d’extension du cananéen ayant subi une individuation) est, au
même titre que l’araméen, l’hébreux ou l’arabe, une langue sémitique. Leurs morphologies sont similaires et
leurs lexiques basés sur un fonds commun, partagé par toutes les langues sémitiques. Cela expliquerait la
raison pour laquelle les habitants d’Afrique du nord ont «percuté» à la forme linguistique du message
coranique16. Les efforts d’intercompréhension n’étaient pas insurmontables. Par la suite, cette langue
naturelle que, de nos jours, nous appelons le maghribi, s’est développée au contact de l’arabe, sous sa
forme codifiée, en y opérant de nombreux emprunts mais sans s’y identifier. Force est de constater que le
maghribi continue d’être une langue maternelle et native, alors que l’arabe n’y soit pas parvenu!

201
Le même phénomène est attestable dans les pays du Moyen-Orient où les langues du terroir circulent de
manière fort aisée dans toutes les institutions… dès lors que l’on se retrouve dans un contexte oral. Y
compris les conférences dispensées dans les plus grandes universités ont lieu dans la langue maternelle
des étudiants (en jordano-palestinien, en syrien, en égyptien, etc.). C’est d’ailleurs cette reconnaissance de
fait des langues natives qui facilite l’arabisation… à l’écrit dans ces pays là (17).
3. L’aire sémito-méditerranéenne
3.1. Les langues sémitiques
On sait que la récurrence de traits morphosyntaxiques particuliers a permis de regrouper bon nombre de
langues sous le générique de « langues sémitiques ». Les locuteurs natifs de cette aire linguistique
partagent un fonds commun de schèmes (racines, en quelque sorte) et bien des traits sémantiques. C’est
ainsi que le schème [MLK](18) peut donner, par exemple :
- en hébreu : malakh, «être ou devenir roi»; melekh, «roi»; malkah, «reine»; mamlakhah,»royaume». - en
syriaque, forme évoluée de l’araméen, on aura: melakh, «donner un conseil»; amlekh, «régner; ettamlekh,
«régner»; malko, «roi».
Rappelons que ces langues s’écrivent sans voyelles, ce qui tend à les assimiler, d’une certaine manière.
Cependant elles ont bien une identité propre qui nous permet de les distinguer. Notons, également, que
l’alphabet « arabe » de nos jours, était précisément celui utilisé pour la transcription de la langue syriaque.
Il n’a été introduit pour transcrire les formes linguistiques de la péninsule arabe qu’un siècle et demi avant
l’Hégire; jusque-là l’alphabet utilisé était l’arabique. C’est à l’émergence de la civilisation arabo-islamique
que l’on doit, fort probablement, la confusion entretenue entre « sémitique » et « arabe ». Voyons comment
cela a bien pu survenir. La codification de l’arabe prend ancrage et légitimité dans une référence
automatique à la forme linguistique du Coran. Rappelons que cela intervient plus d’un siècle après la
Révélation du Texte sacré. Or la forme linguistique coranique regorge d’emprunts syntaxiques et lexicaux
provenant d’une bonne trentaine d’idiomes recensés. Face à une telle aporie, les codificateurs se sont mis
en tête de constituer une langue «pure» et «agréable à l’ouïe» : une langue « FaçiHa (19)». Une langue qui
puisse « mimer » la forme linguistique du Coran. Ainsi s’étaient-ils mis en quête des «meilleures»
occurrences à partir d’une multitude d’idiomes «non contaminés» par des langues non arabes ... sous
prétexte de recherche de formes « Façiha (20)». Là résident les raisons historiques d’une hypostase
linguistique qui s’est présentée en tant qu’aporie aux générations suivantes. En fait, ses codificateurs pris
des produits finis pour les isoler, ensuite, de leurs mécanismes linguistiques natifs. De la sorte, ils avaient
codifié un ensemble de formes coupées de leurs fondements humains et sociohistoriques21. L’impossible
avait ainsi été tenté: unifier des formes linguistiques hétérogènes. De nos jours, le paradoxe que vivent tous
les « arabophones » est tel qu’ils ont tous le sentiment de reconnaître partiellement leur propre langue dans
la forme « classique ». L’impossible persiste, cependant. Les mécanismes linguistiques sous-jacents ne se
reproduisent pas par la naissance des locuteurs – ce qui est le propre de toute langue naturelle. De la sorte,
en situation d’échange international, tout arabophone se sent plus à l’aise en position de compréhension
plutôt qu’en position de production. Ceci peut largement expliquer le paradoxe linguistique arabophone dans
sa version maghrébine. Savoir l’impossible ancrage de la langue arabe en tant que langue native, après plus
de deux générations d’arabisation.
3.2. Du punique au maghribi  :
Si l’arabisation rencontre l’aporie qui en est à la source, elle entretient également une confusion endémique
en assimilant la langue sémitique du Maghreb septentrional à une « dégénérescence » de l’arabe. A telle
enseigne que l’équivalent arabe de «dialecte» signifie sous-langue, voire langue-fille. Une telle sous-
catégorisation, avec son présupposé minorant, a pour effet majeur de réduire le substrat punique de cette
langue au silence. A la fois chez les dirigeants, mais également chez une majorité de linguistes
maghrébins(22) fascinés par le discours idéologique dominant (qu’il soit « arabiste » ou bien « berbériste »).
Et pourtant cette langue majoritaire dans la société est attestée dès le VIème siècle avant notre ère. Elle est
la langue de la grande Carthage. Elle sera, après la conquête romaine de l’empire carthaginois, toujours
attestée sous l’étiquette de « néo-punique ». Des traces remontant au Vème siècle de notre ère témoignent
de la vivacité de cette langue. Et c’est cette même langue sémitique (ou plutôt sémito-méditerranéenne (23)
qui, à compter du IXème siècle de notre ère, entrera en contact avec l’arabe des conquérants islamisants
(24). C’est de ce contact des langues que finira par se singulariser la forme actuelle de ce que nous
appelons le maghribi. Pour permettre au lecteur de se faire une petite idée, nous nous proposons de
comparer une petite liste de mots puniques tirés des passages puniques en transcription latine dans le
Poenulus de Plaute (cité par Sznycer M.-1967). Ajoutons à cet échantillon du substrat punique une
observation sur l’écriture. En effet, il est universellement attesté que l’alphabet phénicien/punique a servi de
modèle déterminant, entre autres, à l’élaboration des alphabets grec et hébreu. Y compris les populations
libycophones ont adopté, il faut le souligner, et adapté cet alphabet-là à leur langue; d’où le nom de tifinagh
(ti + finagh = les (féminin) puniques). Cette écriture est disponible dans de nombreuses traces
archéologiques (stèles et autres vestiges) dispersées sur tout le littoral nord africain ; y compris jusqu’à
l’actuelle Agadir (Maroc). Tout cela ne serait pas si surprenant si l’on admet que le rayonnement de la
langue et de la culture carthaginoise sont une réalité refoulée certes, mais réalité quand même. N’oublions
pas tous ces efforts prodigués par les puissances qui se substituent à Carthage – et plus particulièrement
Rome – pour faire disparaître les vestiges puniques. Tant et si bien qu’aujourd’hui, hormis les quelques
témoignages (monuments, stèles, monnaie, etc.) physiques de cette période, que nous reste-t-il sinon ces
langues natives du Maghreb septentrional ?
Notes à propos de cette transcription  :
[°] a la valeur de <°ain>
[ε] a la valeur de la voyelle [ae]
[X] a la valeur de la « jota » espagnole

202
Pour le chercheur, leurs survivances sont les seules attestations têtues d’une continuité historique dont
témoigne cette filiation linguistique. Certes, le punique évolue sous les formes de ce que nous appelons le
maghribi. De même que le libyque évolue sous les formes du berbère. Pour sa part, l’arabe classique a
occupé la place de langue franche – particulièrement entre les XIe et XVe siècles. D’ailleurs,
l’apprentissage du Coran s’est toujours accompagné – et ce phénomène perdure encore de nos jours –
d’explications et de commentaires ayant toujours recouru aux langues natives des fidèles.
4. Vers une émancipation des langues natives du Maghreb ?
Il sera certainement bien plus difficile de convaincre les dirigeants maghrébins d’émanciper le maghribi que
de reconnaître une certaine place à tamazight. La confusion entre maghribi et arabe est si profondément
ancrée – confusion qui a trouvé un renfort « scientifique » dans la caricature du schéma diglossique(25).
– qu’elle exigera une prise de position ferme et sans équivoque. Il faut espérer que les expériences
internationales en la matière, et plus particulièrement les études financées par la Banque Mondiale sur les
langues autochtones(26), aient des retombées sur les décisions des dirigeants maghrébins. Tout le monde
en tirerait profit : la bonne gérance, l’équilibre psychologique des locuteurs et le processus de
développement. Car si la démocratie doit être considérée comme moyen – en même temps qu’idéal -
comment l’enraciner en niant les langues natives ? D’autant plus qu’il n’y en a que deux : tamazight et
maghribi ! Même si les pays du Maghreb doivent conserver comme langue officielle, cette langue commune
au monde arabe, ils ne peuvent tourner le dos à leurs langues natives ; au risque de refuser d’assumer leur
spécificité. Il leur faudra donc offrir un espace légitime à leurs langues naturelles et natives. Les
Constitutions respectives pourraient alors reconnaître une co-officialité aussi bien à tamazight qu’au
maghribi. Bien que dans les faits, hic et nunc, le maghribi soit, effectivement, une langue consensuelle dans
tout le Maghreb. Y compris les populations berbérophones y recourent quasi quotidiennement. □ ELIMAM
Abdou (Synergies Tunisie n° 1 - 2009).
Bibliographie :
-Chaker S., 1984, Textes en linguistique berbères. Ed. CNRS, Paris.
-Julien A.Ch., 1994, Histoire de l’Afrique du Nord. Ed. Payot et Rivages, Paris. -
Chomsky N., 2000, New Horizons in the Study of Language and Mind, Cambridge University Press. -
Elimam A., 2003, Le maghribi, alias ed-darija. Ed. Dar El-Gharb. 2004, Langues maternelles et citoyeneté -
Ed. Dar El-Gharb.
-Ferguson, Ch., 1959, «Diglossia », in Word 15 (1959).
-Hadj Salah A., 1978, Linguistique générale, Linguistique arabe. Thèse d’Etat, Paris.
-Haeri N., 2003, Sacred language. Ordinary people – palgrave Mc Millan.
-Hary B., 2003, « Judeo-arabic : a diachronic reexaminaion », in IJSL,163.
-José Maria B., 1992, Fenicios, Griegos y Cartagineses en Occidente. Ed. Càtedra.
-Klaus David A. : « The use of indigenous languages in early basic education in papua -
New G., 2004, a model for elsewhere? ». Xe Congrès Linguapax Diversité linguistique, durabilité et paix
(Barcelone, 20-23 mai 2004).
-Sznycer M., 1967, Les passages puniques en transcription latine dans le Poenulus. Clincksieck.
Notes :
1 Pour reprendre cette expression chère à L. Althusser.
2 Soit « dialecte » de l’arabe.
3 Soit l’émergence historique d’un système linguistique autonome et singulier.
4 Cf. C. Ferguson ,1959 (p. 340), Hary benjamin, 2003 (p. 68), et, plus généralement les linguistes moyen-
orientaux lorsqu’ils désignent le vernaculaire sémitique nord africain.
5 Notons que ce raccourci lexical permet d’affirmer que « l’arabe est bel et bien consacrée langue nationale
» ; reconnaître le maghribi serait donc redondant ...
6 Cf. Entre autres sources : Blachère (1992) ; Hadj Salah A.(1978), A. Elimam ( 2003).
7 Voilà de quoi apporter de l’eau au moulin de la thèse chomskyenne en faveur de la Grammaire Universelle
ainsi que de la nature innée de la capacité de langage chez l’humain.
8 On trouvera quelques échos à nos thèses dans le travail passionnant qu’a produit N. Haeri (2003).
9 Les réflexes francophobes, en Algérie, sont suspects car l’Algérie est un pays indépendant et souverain
depuis juilllet 1962. Il n’y aurait donc plus à craindre quelque suprématie française sur la société
algérienne… à moins d’en souhaiter le retour. Souhait bien vain ! 10
En somme depuis l’élection à la Présidence de la république algérienne d’Abdelaziz Bouteflika.
11 Le monde de la francophonie organisée se retrouve dans ce slogan, respectueux des spécificités de
chacun.
12 Pour plus d’information, se reporter à notre ouvrage, Le maghribi, alias ed-darija, 2003
13 Massinissa, contrairement à ce que bien des militants de la cause amazighe, en Algérie, pensent, parlait
punique et non pas berbère !
14 Pour plus d’information, se reporter à Chaker (1984)
15 Se reporter notamment au « Corpus », disponible à la bibliothèque de Carthage
16 Cette hypothèse nous semble bien plus plausible que la thèse de W. Marçais pour qui les autochtones
auraient spontanément troqué leurs langues pour l’arabe !
17 Il est établi que les efforts d’arabisation connaissent un plus grand succès dans les pays du Moyen-orient
qu’en Algérie. Cela est dû au fait que les langues maternelles, dans ces pays là, ne Sont pas exclues de
l’espace publique. Le sujets locuteurs ne troquent pas leurs langues contre la langue de l’écrit. Ils savent
passer de l’une à l’autre; contrairement à ce qui s’est passé en Algérie.
18 Exemple emprunté à Ch. Robin (1992), «Les langues de la péninsule arabique», in L’Arabie antique,
p.90, Edi. Sud.
19 Il n’est pas inutile de rappeler que [fasih] avait pour synonyme [εarabiyan], soit « intelligible », «
compréhensible », « d’élocution aisée », etc.

203
20 Pour de plus amples développements, se référer à A. Hadj-Salah (1978).
21 L’effet d’hypostase repose précisément sur la réification des produits de l’activité langagière, qui est
avant tout énergie d’un sujet parlant et non pas énergie en soi !
22 L’indigence de leur formation étant peut-être à la source …
23 Cette notion de « sémito-méditerranéen » rend compte de manière plus fine de la réalité linguistique du
bassin méditerranéen, nous semble-t-il.
24 Nuance à souligner car les conquérants n’étaient pas tous « arabophones », mais, bien souvent, des
mercenaires venus de n’importe où.
25 Il faut dire que le schéma, bien caricatural, de la diglossie, est très souvent repris sur cette question ;
comme si seule cette approche était à retenir de toute la littérature sociolinguistique !
26 Nous pensons à la communication de Klauss au congrès de linguapax, 2004.

RESTAURATION DE PATRIMOINE .- Problème plus complexe que celui de la conservation, il exige une
haute technologie qui est plus coûteuse. Si la restauration d'un site permet la préservation d'un passé, il
s'agira de reproduire le plus fidèlement ce dernier, en employant les mêmes matériaux, couleurs, formes
de décoration, ... et c'est ce qui fait la délicatesse et la complexité d'une restauration. De plus, plus le site
est détérioré, plus sa restauration est délicate; elle doit intervenir avant qu'il ne soit trop tard. La
restauration fait appel à toutes les sciences et à toutes les techniques pouvant contribuer à l'étude du
patrimoine culturel et monumental. La restauration se base sur un savoir théorique et un savoir pratique. En
Algérie, le manque de formation dans cette discipline est évident. Quelques architectes ont en effet
bénéficié d'une formation dans ce domaine, mais ne sont suffisants pour parer aux besoins du marché. Les
bureaux d'études spécialisés en la matière sont également inexistants. Concernant la réalisation, le
problème est encore plus épineux. S'il existe des architectes restaurateurs, il n'existe point d'équipes de
chantier ayant subi une formation en conséquence car il faut savoir qu'un chantier de restauration a un
caractère spécialisé et qui exige un savoir-faire technique et scientifique, de l'expérience et surtout de la
délicatesse. L'Algérie étant particulièrement riche en patrimoine mobilier et immobilier, la problématique
identique se pose pour les objets meubles à caractère archéologique ou ethnographique. Il n'existe pas
de restaurateur et encore moins de formation dans ce domaine, ni dans le cursus universitaire, ni dans le
domaine professionnel. Il faut donc absolument développer un programme et une politique de sauvegarde,
de restauration, si les autorités tiennent à transmettre aux générations futures ce patrimoine qui leur est dû.
L'assistance de l'UNESCO est bénéfique pour peu que l'Algérie souhaite en matière d'experts qu'il y ait
une école du patrimoine historique et archéologique.

L A VIE CULTURELLE

ACCULTURATION .- Opposée à l'aliénation, l'acculturation relevée n'est pas une soumission d'un système
de valeurs culturelles à un autre, mais une interférence de cultures voisines qui s'influencent l'une et l'autre.
Il y a lieu de distinguer, donc, l'aliénation de l'acculturation. Cette dernière est un phénomène nécessaire
entre les cultures qui s'interpénètrent.

ALIÉNATION.- Concept qui renvoie à une situation spirituelle en liaison avec une réalité socio-économique.
Le citoyen algérien est en quête de modélisation d'identité, car il se sent étranger à lui-même. Sa vie
devenue déshumanisée, il s'aliène par les biais de la religion, la soumission à l'activité du travail comme
moyen de subsistance. Sur le plan politique, l'individu membre de la société civile est encore séparé du
citoyen soumis à l'Etat. Instrument de l'état des rapports sociaux, il s'aliène soit par désespoir (consolation),
soit par intérêt (justification). Sa pensée est fortement influencée par la satisfaction de ses besoins
multiformes et l'accroissement de son capital, et par le fait qu'il est conditionné dans son rapport avec
l'islam. L'aliénation offre plusieurs définitions contextuelles, à savoir :
◙ une dépossession des facultés propres de l'individu, donnant lieu à des comportements anormaux ;
◙ elle est aussi la soumission volontaire ou involontaire à une hiérarchie de valeurs, qui n'est pas celle de la
société originelle de l'individu, alors que cette société continue à fonctionner normalement pour l'individu qui
y est intégré ; Aussi l'aliénation, comme soumission à des valeurs étrangères, concerne essentiellement les
habitants du pays qui se démarquent des coutumes et des valeurs de la société.

ARABISATION.- Si l’expression « arabisation » recouvre parfaitement celle de « politique linguistique et culturelle » en Algérie,
c’est en raison de la confusion entretenue dans les textes officiels entre les termes « langue » et « culture ». Le paradoxe
véhiculé dans le discours officiel réside, comme le souligne Abdelkader Sayad (1967 : 206), dans « les ambiguïtés
consciemment ou inconsciemment entretenues entre les ordres religieux, national, politique, culturel et linguistique ». En effet
dans l’idéologie véhiculée par la Charte de Tripoli, la « langue arabe » ainsi que la « culture arabe » constituent des entités
autonomes, indépendantes les unes des autres, chevauchant les termes de «politique », « religion », « national », « islam »
avec lesquels elles interfèrent constamment ; ces notions, privées de toute relation dialectique avec la société et l’être humain
qui en sont les principaux consommateurs et producteurs, s’érigent en blocs monolithiques, comme des produits manufacturés,
inaltérables, uniques en leurs genres, à prendre tels quels. Selon A. Sayad (1967), « Pareille représentation de l’ordre culturel se
fonde sur une conception naïve de la société, de la langue et des rapports de l’une à l’autre. En effet, elle suppose, entre autres
postulats, que la langue est une réalité totalement autonome, qui pourrait être dissociée de l’état social, de la condition et du sort
des hommes qui la parlent. Elle suppose aussi que la langue pourrait, en dépit des vicissitudes et indépendamment de la
situation actuelle de la société, retrouver son lustre d’autan et qu’elle pourrait d’ellemême, dans le contexte d’un pays réputé
sous-développé, maîtriser tous les concepts requis pour le développement scientifique et technique et acquérir les structures et
les caractères de la rationalité qu’appelle ce développement ». De par cette confusion entre « langue » et « culture », la politique
linguistique » du pays a créé une véritable scission conflictuelle entre les intellectuels « arabisants », tant l’opacité culturelle du
discours officiel sur la notion de « culture nationale » occulte la spécificité culturelle de l’Algérie, ainsi se cristallise l’antagonisme

204
naissant entre ceux qui prennent en compte le caractère pluriel évident de la réalité culturelle et linguistique du pays et la
nécessité de son orientation vers la modernité, et ceux qui ne voient dans la culture algérienne qu’une dimension sacrée,
traditionnelle, unitaire et religieuse. La langue arabe, consacrée unique mode d’expression de la culture nationale, devient, par
la puissance politique du FLN, le centre d’un débat où la passion exclut la rationalité et exacerbe les susceptibilités. Les
concepts de «culture» et de «religion» interfèrent avec le domaine linguistique et opposent les partisans d’une arabisation totale
et immédiate de l’environnement socioculturel et économique du pays à ceux qui préconisent une arabisation rationnelle,
scientifique et progressive, vu l’importance des risques encourus. Si les premiers font de l’arabisation et la généralisation de
l’utilisation de la langue arabe dans tous les aspects de la vie sociale et économique un impératif idéologique, les seconds
revendiquent l’édification rationnelle d’une société moderne, industrialisée, à l’image des nations développées. Cette opposition
occulte, en fait, les représentations mentales et les attitudes diamétralement opposées que produisent jusqu’à ce jour les
locuteurs algériens à l’égard des langues arabe et française. Si l’arabe est l’expression d’une authenticité retrouvée et d’une
identité nationale souveraine, cette langue est en même temps perçue comme la langue du sous-développement, celle qui
déclasse et disqualifie son utilisateur dans l’univers scientifique et économique. Pour beaucoup, la langue française est le seul
moyen qui permette l’ancrage du pays dans la modernité, elle est, pour reprendre l’expression de Gilbert Grandguillaume
(1977), «la langue du pain», la langue «qui permet l’emploi». En dépit des efforts faits en matière d’arabisation de plusieurs
secteurs de l’activité socio-économique du pays et de l’insertion de plusieurs milliers de jeunes exclusivement formés en langue
arabe dans le circuit économique, le prestige de la langue française reste fort du fait qu’elle couvre des secteurs d’activités
encore valorisants tels que la médecine, l’architecture, la pharmacie, l’industrie, l’informatique… alors que la langue arabe ne
couvre que les activités qui s’inscrivent dans la sphère des sciences sociales et humaines. Cette opposition qui constitue en fait
l’obstacle majeur, tant moral que matériel, dans l’application des textes officiels portant arabisation, est instrumentalisée, depuis
1962 jusqu’à ce jour, par le Pouvoir en fonction des conjonctures et explique l’échec de la politique linguistique et culturelle.

ARTISTE.- Profession qui a besoin d'être nomenclaturisée ; tous les artistes qu'ils soient hommes de
théâtre, chanteurs, musiciens, peintres, chorégraphes, etc., ont besoin de se retrouver dans l'échelle
sociale au sein d'une représentation ou ordre habilité à les identifier selon un ensemble de critères pour
chacune des catégories d'art ou de discipline. Un statut permet non seulement de situer la catégorie d'un
artiste en vue de sa rémunération mais également de lui frayer la possibilité d'une évolution de carrière. Ce
statut est revendiqué pour valoriser l'activité en tant que profession. L'injustice actuelle a acculé les
artistes à percevoir des retraites de fortune. D'où, nécessité de résoudre les problèmes sociaux des artistes
et travailleurs du spectacle et de mettre en oeuvre une convention collective garantissant leurs obligations
et leurs droits notamment en matière de rémunération et de retraite en vue de leur réajustement pour
améliorer leurs conditions sociales.
♦ Création artistique : Dans les années 1970 en Algérie, la création artistique était très dynamique. Mais à
partir des années 80, puis avec la décennie de guerre civile, le pays a connu une crise de la culture.
Aujourd’hui, l’art tente doucement de reprendre sa place dans la société algérienne avec une nouvelle
génération de jeunes artistes.Il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui l’art participe au débat dans la société
civile algérienne. Après la «décennie noire», il est devenu un exutoire. A travers leurs oeuvres, les artistes
s’engagent, ils matérialisent le mal-être de la société algérienne et contribuent à son changement.Malgré le
rôle prépondérant de la culture et des jeunes dans la société, la politique culturelle algérienne est
aujourd'hui encore très patrimoniale et tournée vers les grands évènements culturels comme «Alger capitale
de la culture arabe» en 2007 ou Constantine en 2015. L’accent est mis sur la rénovation de grandes
institutions à Alger tels que le TNA ou le Musée d’art moderne et contemporain.Certains jeunes artistes
arrivent tout de même à trouver des financements publics, mais c’est au cas par cas. La jeune génération a
besoin de davantage de soutien institutionnel et de structures officielles pour diffuser son travail. Il existe
certes des lieux d’expression et d’exposition disponibles dans la capitale algérienne, mais il est aujourd’hui
plus rentable d’y ouvrir une pizzeria qu’une galerie d’art. Et, pour se faire un nom et être reconnu par les
institutions algériennes, les artistes doivent d’abord partir pour se distinguer à l’étranger. Il manque de
petits espaces alternatifs pour permettre aux artistes de s’exprimer et générer de l’intérêt pour l’art dans la
population. Les gens ont besoin de culture et de divertissement, il existe des évènements culturels, mais ce
n’est jamais assez.L'éducation a un rôle essentiel à jouer dans cette dynamique  : instaurer l’art à l’école
pour que les enfants se familiarisent avec lui.  Aujourd’hui, la musique et le cinéma restent les deux formes
d’expression artistique les plus accessibles du fait de leur immédiateté et des thèmes abordés, proches des
préoccupations quotidiennes de la population.□

BIBLIOTHEQUE PUBLIQUE.- « La bibliothèque publique est une organisation qui donne accès au savoir, àl'information et aux
oeuvres de l'imagination grâce à une série de ressources et de servicesqui sont également accessibles à tous les membres de
la communauté, sans distinction derace, de nationalité, d’âge, de sexe, de religion, de langue, de statut physique
(invalidité),économique (avec ou sans emploi) et éducationnel ».« Elle a pour objet principal de fournir des ressources et des
services dans tous les typesde médias, pour répondre aux besoins des individus et des groupes en matière
d'éducation,d'information et de développement personnel, ceci incluant la détente et le loisir ».
Rôle de la bibliothèque : « La bibliothèque publique, clé du savoir à l'échelon local, est un instrument essentiel de L’éducation
permanente, d'une prise de décisions indépendante et du développement culturel de l'individu et des groupes sociaux. ». La
bibliothèque est un équipement culturel au service de l’éducation, de l’information et de la culture et du développement
personnel.L’éducation:"Faciliter l'étude individuelle ainsi que l'enseignement formel à tous les niveaux".L'Unesco la définit
comme "une porte ouverte sur la connaissance», c’est la clé dusavoir dont la première mission serait de soutenir toutes les
formes d’éducation, formelle etinformelle essentielle dans une société de plus en plus complexe où on a besoin de
renouvelerses connaissances et d’acquérir perpétuellement de nouvelles compétences.L’information: "La bibliothèque publique
est, par excellence, le centre d'information local, où l'utilisateur peut trouver facilement toutes sortes de connaissances et
d'informations ». En tant que service public ouvert à tous, la bibliothèque publique joue un rôle clé dans la collecte, l'organisation
et l'exploitation de l'information, et dans l'accès à une large gamme de sources d'informations ; elle ouvre une large gamme de
sources d’informations, car elle est appelée à conserver et donner accès à des biens culturels patrimoniaux témoignant de

205
l’histoire de la communauté et des individus et à rassembler l’information locale et la mettre à disposition avec tous les supports
possibles, en exploitant activement les opportunités que lui présente le développement révolutionnaire de l’information et de la
communication ;en effet l’intégration des TIC est un défi majeur pour les bibliothèques publiques et leur réponse déterminera la
viabilité future de leurs services, celle ci a dû donc subir des mutations dans tous les aspects de son organisation et de
distribution, car au-delà des supports traditionnels de l’information(imprimés) elle offre un accès public à l’Internetselon un
objectif d’amener chacun à participer à cette communication globale et de combler« la fracture numérique » entre les
peuples ;Le développement personnel: La bibliothèque apporte une contribution fondamentale dans le développement de
l’individu selon deux plans d’actions, d’une part elle donne accès à un fonds riche et varié de connaissances et de réalisations
créatives dont les individus peuvent difficilement se procurer eux-mêmes pour développer leurs potentialités notamment par
l’accès aux œuvres de l’imagination et du savoir qui est une contribution importante à l’enseignement personnel et une activité
de loisir enrichissante"Favoriser l'épanouissement créatif de la personnalité », d’autre part, elle contribue à l’amélioration de la
survie quotidienne en dispensant directement des informations utiles aux populations des communautés en développement,
telles que les techniques de base de la vie, l'éducation de base des adultes, la vulgarisation sanitaire … .Enfants et jeunes: La
forme et le contenu des biens culturels, offerts par la BP, doivent convenir aux lecteurs en fonction de leurs pratiques, leur
capacité intellectuelle et leur environnement culturel, cependant, elle a une responsabilité particulière envers les enfants et les
jeunes et devrait développer systématiquement des services spécifiques aux enfants et aux adolescents. « Si les enfants
peuvent être inspirés à un jeune âge par la passion de la connaissance et par les oeuvres de l'imagination, ils auront des
chances de bénéficier toute leur vie de ces éléments décisifs pour le développement personnel, ce qui tout à la fois les enrichira
et stimulera leur contribution à la société ».
Biens et services culturels dans une bibliothèque : Afin de mener à bien sa mission éducative, informationnelle et de
développementculturel, la BP est appelée à fournir une collection comportant tous les types de supports etdes documents dans
le média approprié, les documents imprimés sont sous forme de livres, magazines et revues, coupures de presse, brochures et
dépliants, affiches,et ceux nonimprimés sont des cassettes audio, disques compacts, multimédia (CD-ROM, CDI),
logiciels,vidéocassettes, consoles et jeux électroniques, ainsi que l’accès aux réseaux électroniqueslocaux, nationaux et
internationaux, il lui incombe également d’offrir l’aide nécessaire àl’usager pour accéder à l’information et à utiliser efficacement
les ressources offertes , àtravers tout un programme d’alphabétisation ;sont également proposés des visites guidées ,des
services d’entraînement à la lecture, et des ateliers d’écriture et d’initiation à larecherche documentaire tout en permettant
l’accès à des installations adéquates à larecherche et l’équipement nécessaire à l’utilisation des différents types de
documents(ordinateurs, ensembles vidéo, casques…) sont également fournies des ressources pourtous les groupes, y compris
pour les jeunes handicapés, et ceux issus de minoritéslinguistiques ou de groupes sociaux défavorisés.
En plus d’une exploitation documentaire interne, il y a lieu d’accéder aux ressourcesextérieures à la bibliothèque à travers une
coopération entres bibliothèques ou enpartenariat avec les fournisseurs de services et d’information extérieurs et cela
afind’enrichir ses ressources et maximiser les services communautaires.Afin de participer dans le mouvement culturel du lieu en
question, la bibliothèquepublique organise des programmes d’animation en ouvrant ses portes à diverses
activitésculturelles ,comme les clubs de lecture,ateliers , séances d’informations thématiques(santé, sexualité, emploi,
problèmes d’actualité), rencontres avec des personnalités(auteurs, sportifs) , Spectacles (musicaux,
dramatiques…),programmation d’activités encoopération avec les autres institutions et groupes locaux, productions de
documents par lesjeunes (pièces de théâtre, vidéos, magazines, etc.).
Normes et indications relatives à une bibliothèque: Pour qu’une bibliothèque puisse satisfaire la population au quelle elle est
destinée, elle doit à priori avoir pour base la culture de la région où elle se situe et refléter la diversité des cultures représentées
dans la communauté, ce qui lui permettra de contribuer à l’affirmation de son identité culturelle en veillant notamment à ce que
les domaines d’intérêt soient bien représentées dans les services qu’elle offre (programmes culturels, collections,..); En
complément de la qualité des services, la bibliothèque est appelée à les fournir en quantité suffisante, à cet égard
l’IFLA/UNESCO propose certaines normes, concernant lescollections et les équipements d’informations électroniques sachant
qu’elles peuvent être modifiées selon les conditions locales et financières, ainsi elles constitueront un objectif à atteindre en cas
de ressources limitées ; Pour les collections de livres : la BP devrait offrir entre 1.5 et 2.5 livres par habitant et son stock minimal
ne doit pas être inférieur à 2500 livres ; Pour les équipements d’information électronique : leur processus de mise au point par
l’IFLA reste en cours, néanmoins on propose les normes en vigueur dans certains pays ; Au Canada est offert 1 PC pour
5000habitant, en Angleterre le ratio doit être supérieur à 0.7 pour 1000hab, en Australie la formule est particulière : pour une
population de 50.000hab on a 1 PC pour 5000hab et au delà de 50.000 hab. on a 1 PC pour 50.000 plus 1 PC pour chaque
tranche de 10.000 personnes supplémentaires. La moitié au moins des ordinateurs publics doit avoir une connexion Internet et
tous seront pourvus d'une imprimante. Pour les acquisitions et les éliminations : pour répondre aux besoins évolutifs des
lecteurs, le renouvellement du fond documentaire est nécessaire, l’IFLA propose d’adopter les taux d'acquisition suivants :
Population Livres / hbt / année Livres/1000 hbts/ année
En dessous de 25.000 0.25 250
De 25.000 à 50.000 0.225 225
Plus de 50.000 0.20 200
Source : IFLA.

CINEMA COLONIAL.- Rétrospective : "L'Algérie dans le jeu du cinéma français, 1897-1962". Etude de Ali Aid. Enag Editions,
Alger 2017, 260 pages. De 1911 à 1962, les cinéastes français ont tourné une centaine de films environ en Algérie (voir liste et
descriptif en annexe, p. 241)... dont une cinquantaine de production étant des adaptations de romans, de pièces de théâtre, de
drames et de biographies. Globalement, ils ont choisi la glorification directe de la conquête, de ses bienfaits, de ses «apports» à
l'Algérie et à ses populations. Le parti pris manifeste «gomme les Algériens» et, dans les meilleurs des cas, les cinéastes (tous
ou presque tous) «les utilisent en produits sous-jacents pour des arrière-plans douteux». Au départ, à l'époque où les
techniques cinématographiques étaient rudimentaires (et période durant laquelle les seules salles étaient dans les villes et les
quartiers européens et les publics étaient, quasi-totalement, les seuls Français) on a eu droit à des images «tournés» sur le vif
sur des sujets en apparence réalistes mais aux reflets «exotiques». En face d'une «mère-patrie» noble et lissée, les autochtones
sont saisis en groupes, voilés, dans des rues délabrées au pied de murs fissurés... Ainsi, «L'Appel du Muezzin» est une
«véritable caricature animée soumettant son personnage aux lois d'une pesanteur déréglée», installant l'islam «comme un
capharnaüm de cultes barbares et insolites». Objectif conscient ou non... soutenir le colonialisme en quête de maintien de la

206
société algérienne... à faire évoluer ! Une parenthèse... celle de la Grande Guerre (14-18)... le système lâchant un peu du lest.
Les images parlent de «dévouement». Les comportements racistes sont momentanément mis de côté. La «chair à canon» -les
Indochinois, les Maghrébins, les Africains- est «ménagée» et leurs fêtes respectives sont célébrées avec faste et bruit... Tous
ces hommes ne sont plus des «sauvages» à libérer, mais des «hommes» venus libérer la République. Une (petite) parenthèse
qui ne va pas durer... Les «anciens combattants», les indigènes issus des colonies sont assez vite renvoyés aux oubliettes. La
fin de la guerre redynamise la production cinématographique mais «elle n'éloigne pas pour autant les bobines des voies
faussées». L'image des Algériens exploitables revient au galop ; et «les voilà affublés de nouveau de tous les maux de la vie».
«Des hommes à histoires, un peuple sans Histoire». D'ailleurs, à travers toute la production cinématographique, les
Algérien(ne)s ne sont que rarement associé(e)s... surtout comme figurant(e)s à la mine patibulaire ou confiné(e)s dans des rôles
de serviteurs, de guides, de chauffeurs, de proxénètes et de bandits sans foi ni loi, de gibiers de potence, de sauvages, de
barbares, d'épouses asservies, de servantes, de femmes faciles partiellement nues, de prostituées... dans des contrées
attardées. Bien sûr, on a eu Mohamed Iguerbouchen (pour la musique de certains films), Tahar Hannache, Himoud Brahimi,
Ksentini Ahmed... et d'autres noms qui traversent, tous et toutes, les génériques à grande vitesse. Des places de faire-valoir...
comme les décors d'ailleurs, conçus pour la plupart de l'autre côté de la mer, avec des raccords d'extérieurs, comme ceux de la
Casbah, filmés à Marseille et à Sète... défigurant ainsi les réalités. Une telle démarche ne changera pas jusqu'à l'indépendance
du pays. On peut même affirmer que cela a été de mal en pis, «l' image (bien lissée) supplantant l'histoire (en vérité tragique)»
(comme pour les massacres du 8 mai 1945), l'inimitié (ou la haine ou la rancune... et il n'y a qu'à se référer au fameux article 4
de la fameuse loi du 23 février 2005, évoquant le «rôle positif de la présence française outre-mer»... et attendre octobre 1999
pour que le Parlement français reconnaisse «l'état de guerre en Algérie» dans les années 50... et le film «J'ai huit ans» de
Poliakoff et Le Masson, réalisé en 1961 n'a obtenu son visa de diffusion... qu'en 1974) allant de mal en pis au fur et à mesure de
la montée en puissance et en actes (à partir de 54) de la résistance et du déclenchement de la guerre de libération nationale.
Les récits restent enfermés dans leur histoire, sans se défaire de l'obsession colonialiste. Et, alors que «la guerre fait rage, les
images parlent de paix», les conflits n'étant pas abordés ouvertement et l'attachement à la vision colonialiste persistant
pernicieusement. «L'Algérien passe du sauvage à le hors-la-loi, de malfaiteur à criminel et de brigand à terroriste». Peu
d'exceptions. Il a fallu que des cinéastes (français comme René Vautier dès 49 à sa sortie de l'Idhec -avec un film «Africa 50»,
tout de suite interdit et projeté publiquement seulement dans les années 90-, Cécile Decugis, Pierre Clément, Yann le Masson et
Olga Poliakoff, Jacques Panijel ou algériens comme Djamel Tchanderli et... un peu Jean-Luc Godard avec «Le petit soldat»,
mettant en scène un déserteur, tourné en en Suisse en 1960 et vite interdit de diffusion en France... ) «prennent le maquis» et
filment la réalité parfois en remontant le temps, dévoilant ainsi les abominations du colonialisme. Aujourd'hui encore, en France,
le «(beau) temps colonial», à quelques rares exceptions près, reste encore dominant soit au niveau des productions soit au
niveau des débats.
Quelques titres dont la seule lecture, à elle seule, annonce un certain contenu, sans parler des premières productions
franchement islamophobes et racistes, comme «Le musulman rigolo» en 1897 ou «Le Sorcier arabe», «Vengeance kabyle»
(1911), «Visages voilés, âmes closes» (1921), «Sarati le terrible» (1922), «La fille des Pachas» (1926), «L'Esclave blanche»
(1927), «Dans l'ombre du harem» (1928), «Le Bled» (1928), «El Guelmouna» (1931), «Ombres sur le Rif» (1932), «Tartarin de
Tarascon» (1934), «Légion d'honneur» (1937), «Pépé le Moko» (1937), «Sos Sahara» (1938), «L'Appel du Bled» (1942),
«L'Escadron blanc» (1949), «La soif des hommes» (1949), «Au cœur de la Kasbah» (1951), «Sidi Bel Abbès» (1953), «Les
Suspects» (1957), «Sergent X» (1959)...
L'auteur : Né en 1954 à Azzefoun. Etudes à l'Ehdss-Cinéma de Paris. Plusieurs études et articles... journaliste reporter.
Extraits : «Les cinéastes, indissociables de l'histoire qui les porte, épousent les contours des situations ambiantes. Ils chargent
leurs bobines de préjugés rentables et incitent les consommateurs à ne regarder les choses qu'en surface.
Leur cinéma s'arroge d'entrée le rôle de miroir déformant des réalités visibles et de traducteur des desseins colonialistes» (p.
12), «Que le sujet soit en relation ou non avec l'Algérie, l'éviction de ses fondements sociologiques et de sa réalité accompagne
la colonisation au-delà de l'indépendance» (p.67), «La progression du récit situe les Algériens ignorants, têtus et irresponsables.
Menaçants, conservateurs, inaptes au progrès, ils tendent une embuscade à leurs bienfaiteurs et pour ennoblir la culture,
l'Européen et la science qu'il met en avant, l'auteur, pétri par les préjugés fixés par ses prédécesseurs, fait de sorte que ces
«arriérés» blessent la princesse (commentaire du film «Vénus», 1930)» (p. 97), «L'industrie, l'agriculture et les infrastructures
sont filmées et commentées avec passion et ardeur en justification de la colonisation. Le présentateur (d'un film réalisé pour le
compte du Gouvernement général en janvier 1949) les expose presque d'un souffle. Les points et les virgules trouvent tout juste
l'espace nécessaire au soupir dans son commentaire» (p. 145)
Passionnant. Les vérités sur l'essence du colonialisme -et de ses suppôts- à travers les films coloniaux et l'esprit colonialiste.
Citations : «En Algérie, comme en Métropole, seuls l'exotisme et les rêveries irriguent les écrans» (p. 41) «L'Algérien en tant
qu'être n'intéresse pas les cinéastes de la colonisation. L'important est en ce qu'il représente : la peur. Et dans ce que la
manière dont il est filmé provoque : le rejet» (p. 50), «La cause commune aux colonisateurs et aux cinéastes exclut l'Algérien de
sa terre, de sa maison, de sa cité et de son histoire ; c'est dans l'ordre de la logique colonialiste.
La France tente d'absorber l'Algérie en substituant son histoire à la sienne» (p. 51), «L'Algérie, reliée à la France à coups de
sabre, de canon, de lois scélérates et de manipulations extrêmes, est maintenue hors de son histoire» (p. 74)

CINEMA ENGAGE.- ►René Vautier, l’Africain, l’homme de Paix : Donné trois fois pour mort, longtemps embastillé, censuré,
véritable martyr de la liberté d’expression, l’homme à la longue crinière blanche, qui a tissé des liens très forts et indéfectibles
avec l’Afrique en général et avec l’Algérie en particulier, où il est considéré aujourd’hui non seulement comme un véritable
moudjahid, mais aussi comme l’un des pères fondateurs du cinéma national, est toujours resté fidèle à ses engagements et à
ses principes. Comment rendre compte d’une existence aussi riche, de 65 années consacrées au service des grandes causes
en quelques lignes? Véritable baroudeur de la paix, l’homme qui, dit-on, a une caméra dans la tête (au propre comme au figuré)
René Vautier est un simple fils d’ouvrier, dont la mère était institutrice en France à Camaret sur mer dans le Finistère. Entré en
résistance dès l’âge de 15 ans, il fut l’année suivante décoré de la Croix de guerre par le général De Gaulle en personne. Son
courage et sa témérité vont très vite le projeter au devant de ce qui allait le révéler à lui-même et aussi aux autres. Premier sur
tous les théâtres des événements, le « petit Breton à la caméra rouge » s’était donc retrouvé au cœur des bouleversements
décisifs qui tissent inexorablement le destin des hommes. Figure de proue de tous les combats contre l’oppression des peuples,
René Vautier qui a aussi rendu compte des luttes syndicales, a vécu, tel un héros de Malraux, n’éprouvant sa condition humaine
que dans l’action au bout de laquelle il rejoint sa destinée. « J’ai passé toute ma vie à faire du cinéma dans un secteur que

207
j’avais choisi, celui où l’on ne risquait pas beaucoup de concurrence ». L’aveu est, on ne peut plus clair. Le cinéaste qui a fait
débuter Claudia Cardinale et Jean Paul Belmondo au cinéma, et qui a réussi une impressionnante carrière cinématographique,
a vu quasiment la plupart de ses films interdits de diffusion à la télévision, malgré toutes les distinctions obtenues. Avec Afrique
50 [1], le premier film anticolonial mondial, Vautier avait obtenu le prix du meilleur documentaire mondial des jeunes, et fut cité
pour le jury du prix Louis Lumière parmi les trois meilleurs courts métrages de l’année 1951. Le Grand prix de la télévision,
décerné par la SCAM en 1998, ne l’a pas mis à l’abri des menaces. Après une interdiction de près d’un demi-siècle, le ministère
des Affaires étrangères français tire Afrique 50 des oubliettes de l’histoire pour s’en servir comme témoignage du sentiment
Anticolonialiste de la France ! Fidèle comme un « Breton têtu » à ses engagements politiques et syndicaux, il n’a cure de la
consécration médiatique qui arrive avec Avoir 20 ans dans les Aurès, distingué à Cannes en 1972 et des autres distinctions,
hommages et récompenses qui suivront. Être cinéaste, pour le militant des Droits de l’homme qui n’a jamais failli à sa mission,
c’est « mettre l’image et le son à la disposition des gens à qui les pouvoirs constitués les refusent ». En quête de causes justes,
caméra au poing, l’homme qui n’a pas hésité à observer une grève de la faim de 31 jours, pour s’opposer à la censure de films
[2] va tourner des kilomètres de pellicule pour hurler son refus du colonialisme, son rejet du racisme et son opposition à
l’exploitation et à l’oppression de l’homme. Les foudres des autorités ne l’épargneront pas. On cherchera à le museler en
bloquant ses films, en l’empêchant de s’exprimer et de s’expliquer. Il sera harcelé, menacé physiquement toute sa vie durant.
Pour avoir déclaré, dès 1954, que l’Algérie ne pouvait qu’être indépendante, René Vautier a été poursuivi pour atteinte à la
sûreté de l’Etat par les milices de François Mitterrand « le socialiste ». Le local qui abritait ses films fut saccagé et ses copies
détruites à la hache, puis arrosées au mazout. Animé par un désir irrépressible de filmer, « L’homme de paix » n’a pas encore
déposé sa caméra citoyenne[3]. Ceux qui ont eu le plaisir de l’approcher, de le connaître et de l’apprécier, mesurent
parfaitement la portée de ce qui se joue lorsque passion et existence sont engagées. Après avoir filmé les grèves en France,
l’Afrique colonisée et la Tunisie sous le protectorat, c’est vers les Aurès algériens qu’il tournera dès 1956 sa caméra. Son
premier film « Algérie en flammes » réalisé en 1957 avec l’aval de Abane Ramdane et tiré à 800 copies et en 17 langues,
constitue le premier grand témoignage de la lutte contre la colonisation. Recherché en France, considéré comme mort, on le
retrouve mis au secret durant vingt cinq mois dans les geôles du GPRA à Tunis, suspecté d’être un agent de la France. Sorti
avec les honneurs de la prison, il poursuivra son combat dans les maquis algériens sans rancœur aucune et jusqu’à
l’indépendance du pays. Il s’investira alors dans la mise en place des ciné-pops, pour mettre à la disposition des jeunes ses
connaissances cinématographiques. Il dirigera la réalisation de plusieurs films dont « Peuple en marche » et participera à,
l’écriture du scénario des « Damnés de la terre » de Franz Fanon. Comment oublier l’infatigable militant celte, surnommé Farid
dans les maquis algériens, qui se consacra entier à son devoir de militant et de cinéaste humaniste ? Saluons l’homme de paix,
et souhaitons-lui un prompt rétablissement, alors qu’il fête tout seul, sur un lit d’hôpital parisien, son quatre vingtième
anniversaire.
♣ Quelques films de René Vautier :
□ Sur la Guerre de libération en Algérie : « Une nation, l’Algérie », l’une des deux copies est détruite, la deuxième a disparu.
Après la révolution du 1er novembre 1954, le film relate en images la véritable histoire de la conquête de l’Algérie. René Vautier
est poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat pour une phrase du film : “L’Algérie sera de toute façon indépendante”-
1954. « L’Algérie en flammes » - 1958. Un peuple en marche, film qui fait un bilan de la guerre d’Algérie en retraçant l’histoire de
l’ALN et qui montre l’effort populaire de reconstruction du pays, après l’indépendance – 1963.
« Avoir 20 ans dans les Aurès », avec Alexandre Arcady, Yves Branelllec, Philippe Léotard. TF1 conserve la matérialité du
négatif, le film ne peut être distribué. Grand Prix du Festival de Cannes – 1971.
« Contre le racisme en France » : Afrique 50, Premier film réalisé par René Vautier, alors âgé de 21 ans, et premier film
anticolonialiste français – 1950
« L’Apartheid en Afrique du Sud » : Le glas, le film est d’abord interdit en France, puis autorisé en 1965 parce qu’il était autorisé
en Angleterre – 1964
« Frontline », réalisé avec Olivier Tambo, prédécesseur de Nelson Mandela et co-produit avec l’African National Congress –
1976.
Combat en faveur des femmes : « Quand les femmes ont pris la colère », co-réalisation Soazig Chappedelaine – 1977.
Ecrits de René Vautier : « René Vautier, Caméra citoyenne » – Mémoires, Rennes, Éditeur : Apogée, 1998.
René Vautier, Alain Weber : Un film que nous ne verrons plus jamais, « Un homme est mort » ; dans : Jeune, pure et dure ! une
histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France, Éditeur : La Cinémathèque Française, 2001.
« Ils ont filmé la guerre avec les Algériens », Dossier dans : Cahiers du cinéma, Octobre 2001. Kris et Etienne Davodeau, Un
homme est mort, éditeur : Futuropolis, 2006. □ BENSALAH Mohamed (2010)
Notes :
[1] La vie du paysannat africain, 1er titre de ce film, réalisé pour la Ligue de l’enseignement, à destination des lycéens et
collégiens de France, afin de montrer la paysannerie en Afrique occidentale française.
[2] Film de Jacques Panigel « Octobre 1961 » et « J’ai huit ans » de Vautier et Yan Le Masson.
[3] Titre de l’ouvrage mémoire de R. Vautier, publié aux Ed Apogée (1998).

DIVERSITE CULTURELLE.- « De la même manière que la biodiversité apparaît comme indispensable à la survie des
écosystèmes naturels, les "écosystèmes culturels", composés d’une mosaïque complexe de cultures de plus ou moins grande
influence, ont aussi besoin de la diversité pour préserver le patrimoine des générations futures ». « Dans un monde de plus en
plus mondialisé où les identités tendent à s’atténuer, la diversité culturelle est une valeur sûre qu’il faut sauvegarder, nourrir et
renforcer. Mais, en même temps, il faut intensifier les échanges féconds entre différentes cultures ».
La diversité culturelle constitue un enjeu majeur du développement culturel, elle est l’un des objectifs principaux à atteindre pour
pouvoir surmonter l’épreuve de la mondialisation car elle implique la mise en valeur et la protection des cultures du monde face
au danger de l’uniformisation, notamment au maintien et à la survie des cultures mineures qui ne disposent pas des potentialités
suffisantes pour se confronter aux cultures hégémoniques de proximité ; Tandis que le développement des TIC constitue une
menace indéniable pour son affirmation, la reconnaissance et l’intérêt à « l’exception culturelle » représente l’un de moyens qui
peuvent conduire à sa protection, ce qui met en question le phénomène du marché des biens et servies culturels et la diffusion
des modèles uniformisés véhiculés par les industries culturelles mondiales.
Les technologies d’information et de communication (TIC) : Le développement des moyens de l’information et de la
communication (satellite,informatique, Internet..) examiné par rapport à l’affirmation de la diversité culturelle,s’appréhende selon

208
deux angles de vision, l’un à l’opposé de l’autre :
1) Les moyens d’information et de communication peuvent être porteuses d’un réel potentiel de développement humain dans
son acception éducative et culturelle, les logiciels libres et les diffusions Internet s’étendent à l’ensemble des domaines de la
création, du savoir et de la connaissance, et permettent de prendre conscience de la diversité des cultures notamment pour
certaines cultures minoritaires qui ont pu sortir de l’anonymat, trouvant un champ favorable à leur visibilité et leur
épanouissement ; les technologies de communication mettent en évidence la rencontre de cultures différentes selon un
brassage interculturel stimulant l’enrichissement de l’une au contact de l’autre ; On ne peut nier également le rôle de la
révolution électronique dans la multiplication des sources d’information révélant la connaissance des enjeux mondiaux et
permettant de soulever des questions à dimension internationale, à qui s’ensuit la montée en puissance des ONG jouant pour
l’institution de moyens de protection et de sauvegarde des différentes cultures comme patrimoine humain à transmettre.
2) Les TIC n’atteignent pas toutes les communautés et ne profitent pas à leurs cultures, notamment celles qui devraient en
bénéficier ; Le Rapport PNUD sur le Développement humain 1999 révèle que plus des deux tiers de l’humanité ne bénéficient
pas du nouveau modèle de croissance économique basé sur l’expansion du commerce international et le développement des
nouvelles technologies ; Et que si l'Internet est l'outil de communication à la croissance la plus rapide, l'Asie du Sud, qui compte
23,5 % de la population mondiale, ne comprend que 0,1 % des utilisateurs d'Internet. Alors que pour tirer profit des opportunités
offertes par les TIC, il faut être alphabétisé, posséder des compétences informatiques et disposer d'un réseau de
télécommunications fiable ; Ce qui a pour conséquence un risque plus grand de fracture entres pays ou entre individus et
groupes du même pays et surtout la prééminence d’une culture au détriment de l’autre. C’est donc à travers, les TIC que
s’établit un monopole de communications de masse qui impose les valeurs des pays industrialisés en matière de culture et de
communication, favorisant l’émergence d’une « culture commune » basée sur des références occidentales, mettant en question
les valeurs identitaires et les spécificités linguistiques des autres cultures.

EQUIPEMENT CULTUREL.- « Outil du développement culturel ». Selon le parti méthodologique poursuivi, on est tenté de
mesurer le phénomène culturel à travers l’équipement culturel, par intérêt à un système culturel matériel, qui est en même temps
un moyen de promotion de formes culturelles immatérielles,l’équipement culturel est également un outil pertinent pour la lecture
d’indicateurs dedéveloppement culturel ; Comment se définit-il, comment est-il structuré ? Il se définit comme étant «un
équipement collectif public ou privé destiné à l'animationculturelle, dans lequel se mêlent les dimensions d'éducation et de loisirs
: salles despectacles, d'expositions, bibliothèques, médiathèques, musées, centres culturels…».Il contribue à définir la fonction
culturelle, comme une des fonctions urbaines de la ville, en regroupant un ensemble de biens de consommation et de services
culturels, ainsi il justifie la présence dans ses diverses formes de services culturels qu’offre la ville pour ses habitants ; Son
intégration urbaine est liée à son inscription dans la problématique du projet culturel de toute la ville, l’équipement culturel en
constitue le meilleur moyen pour répondre à la visée stratégique qu’il s’est tracé, car il constitue le lieu idéal pour construire une
société harmonieuse dans ses valeurs, et cela de par sa capacité à promouvoir :
♦ l’accès au savoir et l’élargissement des connaissances ;
♦ la médiation et les liens communautaires : rencontrer, partager, vivre ensemble ;
♦ l’essor de la créativité de la population, notamment l’émergence de valeurs artistiques.

LITTERATURE ALGERIENNE.- ►"Le roman algérien de langue française ", de Faouzia Bendjelid. (Paru aux
éditions Chihab, 2012, 196 pages), Dans ce présent travail; académique et didactique, Faouzia Bendjelid
propose une synthèse du parcours du texte romanesque dont l'objet du discours littéraire est l'Algérie.
Partant du roman colonial, de la parole du colonisateur, l'auteure enchaîne sur le roman algérien à travers
son histoire, allant de son émergence dans les années trente à son déploiement et son essor dans les temps
contemporains. Cette (re)lecture du texte romanesque considère les aspects thématiques que recouvre son
écriture ainsi que l'essor perpétuel dont témoigne la diversité de ses formes esthétiques, les procédés et
stratégies de l'écriture. □
►" L’Algérie et sa littérature face à la colonisation (1830-1930) ", de Nadia DAOUDI (paru en langue
française aux éditions Dar El Gharb à Oran, 2010, 559 pages). L’auteure Nadia DAOUDI se propose de
faire connaitre une littérature négligée et oubliée, témoignage de la pensée et de l’imaginaire d’une époque-
clé de l’histoire de l’Algérie. Une rétrospective de l’écriture, à la fin de l’ère ottomane, introduit l’exposé des
quatre phases de la prose après 1830 – imitation, stagnation, réveil, créativité – dans leur contexte
historique avec leur périodisation et la présentation des évènements politiques, sociaux et culturels. L’étude
des genres littéraires, comme la biographie et l’autobiographie, la séance, l’épître et la relation de voyage,
fait ressortir la vitalité de la pensée, la sauvegarde de la langue arabe et de l’islam dans la société. On y
découvre une douzaine de figures littéraires, des écrivains, des journaux et des personnalités d’antan. Les
thèmes traités sont même encore d’actualité  : la guerre sainte ou l’exil, le gouvernement et l’Islam, la
justice, le savoir, la femme. En outre, un riche inventaire des manuscrits et des livres imprimés se
rapportant à la période est dressé pour compléter la bibliographie. Bref, malgré sa faible diffusion (non
assumée), cet ouvrage s’avère indéniablement, pour les chercheurs et les friands lecteurs, un outil précieux
de références et de repères couvrant l’histoire de la littérature algérienne en période coloniale. (prochaine
parution en langue arabe) □
► Algérie 1990 : Littérature et Violence."Le glissement" par Hamid Abdelkadir, Editions Marinoor (Alger),
1998. Le roman algérien, qu’il soit de langue française ou de langue arabe, a traité, depuis ses débuts et
jusqu’à l’heure actuelle, divers thèmes se rapportant aux différents contextes politiques et historiques de
l’Algérie indépendante. On peut dire d’une manière générale que les principaux thèmes auxquels a réagi
cette production romanesque relève des destinées individuelles et collectives et leurs évolutions dans le
cheminement de la guerre de libération, comme de la révolution sociale qui a suivi l’indépendance
(Mohamed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri en langue française et Tahar Outtar, Addelhamid
Benhadouga et Rachid Boudjedra dans les deux langues). Il est à noter que le discours littéraire contenu
dans les textes romanesques de langue arabe s’est accordé avec le discours idéologique qui a dominé
pendant les années soixante-dix et cela se justifie par le caractère populiste du pouvoir dirigeant pendant
cette période, et aussi par l’assistance apportée à ce même pouvoir, par le biais de ses différentes

209
institutions culturelles et idéologiques (le ministère de la Culture et ses revues, la Société nationale de
l’édition et de la diffusion, l’Union des écrivains algériens, les quotidiens et hebdomadaires affiliés au parti
unique…) à ce genre d’écriture. Les styles d’écriture romanesques et leurs visions esthétiques ont intégré
plusieurs procédés allant du romantisme, au réalisme (subjectif, historique ou social), en passant parfois par
un réalisme merveilleux, où s’imbriquent le destin individuel avec les destins collectifs, empreints d’un
optimisme pour une construction historique et sociale systématique d’un pays qui se cherche et qui augure
d’un avenir nouveau et radieux. Cela ne veut pas dire l’absence dans ces textes de conflits politiques et de
contradictions sociales, au contraire, cette production romanesque a connu plusieurs textes qu’on peut
classer dans « la littérature engagée » politiquement notamment ceux de Tahar Ouettar, d’Abdelhamid
Benhadouga, de Waciny Laredj, et Rachid Boudjedra et bien d’autres, etc. Ces romanciers ont conçu des
héros qui ont eu des rôles « positifs », exprimant l’attachement de la société à l’espoir du succès de la
révolution sociale qui a embrassé tous les secteurs (agriculture, industrialisation et culture), afin d’édifier
une « société idéale ». Seulement avec l’avènement des années quatre- vingt et quatre-vingt dix et avec
l’émergence de nouvelles forces politiques qui luttent pour un nouvel ordre politique, les conflits politiques
ont pris une grande ampleur. Face à ces nouveaux événements, le roman algérien a commencé à connaître
ce qu’on peut appeler « l’ère du soupçon ». Il a décrit dans ses divers textes et à travers des formes
différentes cette situation de crise dont le point culminant a été atteint au début des années quatre-vingt dix,
période caractérisée par l’usage de la violence1 symbolique et matérielle. Peut-être que la spécificité de la
violence actuelle qui distingue la société algérienne légitime l’interrogation du point de vue scientifique et
historique. Il faut peut-être rappeler, dans cette perspective, que l’Algérie a traversé une longue période de
colonisation (1830-1954), pendant laquelle ont été utilisés tous les moyens de répression, les massacres
des populations autochtones, le tout accompagné d’actions d’humiliation culturelle. La guerre de libération
(1954-1962) qui a suivi a fait plusieurs milliers de victimes parmi les Algériens, mais la résistance de ces
derniers à l’administration française et leur utilisation de la violence matérielle et symbolique pour la contrer
était légitime du fait de l’injustice et des pratiques arbitraires qu’ils subissaient.
L’indépendance acquise, la violence a pris d’autres formes avec le démarrage des chantiers de mise en
œuvre des institutions politiques de l’État algérien. L’apparition des luttes politiques et idéologiques entre
les courants qui ont participé à la guerre de libération dès le début de l’été 1962 a effiloché « le consensus
national » et lui a fait perdre toute signification. La violence ne touchait au début que quelques catégories
de la société politique, compte tenu de leurs tentatives de remise en cause de l’orientation populiste du
régime, et de leur rébellion face au « consensus national » ou de leur revendication du multipartisme et de
la démocratie. Les choses se sont passées ainsi jusqu’au début des années quatre-vingt, qui a vu des
soulèvements populaires investir la rue (le printemps berbère de 1980, en passant par les événements
d’Oran en 1982, jusqu’à octobre 1988, qui ont été généralisés sur tout le territoire national), pour non
seulement annoncer la fin du « consensus national », mais aussi pour provoquer une profonde fissure dans
le tissu social. Le rôle de la mouvance islamiste était capital dans l’entreprise d’approfondissement de cette
fissure sociale, par le moyen des thèses idéologiques qu’elle a soumises avec force dans le champ politique
dès la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt dix. Désormais la violence politique
et idéologique touchera toutes les catégories sociales de la population algérienne.
Nouvelle littérature, nouveau champ
La phase actuelle, c’est-à-dire celle qui commence avec la fin des années quatre-vingt dix a été marquée
par la publication de plusieurs textes romanesques écrits en langue arabe et également en langue française
(Boualem Sansal, Yasmina Khadra, Abdelkader Djemaï et d’autres) qui mettent en évidence des destinées
individuelles et collectives dans une Algérie qui fait face à une situation tragique, à un déferlement de la
violence armée contre les diverses couches sociales et contre les symboles de l’État algérien.
Ces écritures reflètent plusieurs caractéristiques éloquentes dont on peut citer les aspects les plus
représentatifs : Elles sont l’œuvre d’une nouvelle génération d’écrivains qui expérimentent l’écriture
romanesque pour la première fois. Ces textes ont été publiés dans des maisons d’édition privées, et
contrairement aux œuvres publiées avant l’avènement de la libre entreprise, ils n’ont pas bénéficié du
soutien des institutions de l’État d’une manière directe, ce qui les dote d’une grande autonomie par rapport
à l’édition et à la diffusion, et peut-être même par rapport à la liberté d’expression. Ces textes comportent
dans leurs contenus de nouvelles thèses, ils remettent en cause les différentes valeurs idéologiques et
politiques dominantes de la scène culturelle.
Une nouvelle écriture, qu’on peut appeler la violence du texte, est expérimentée dans ces textes. Celle-ci
remet en cause l’écriture traditionnelle connue pour sa causalité et l’enchaînement de son temps et de ses
actions. Ces nouveaux textes sont fragmentés à l’instar de la fragmentation que connaissent la mémoire
collective et la subjectivité individuelle. Ils examinent la situation d’une certaine catégorie sociale, celle
des intellectuels, qui ont constitué le bouc émissaire du conflit en cours, celui qui oppose l’État algérien aux
groupes islamiques armés. Ces premières remarques s’appliquent au roman Le glissement de Hamid
Abdelkader (1998).
L’écriture ou la mort
Ce roman pose la problématique de l’écriture au temps de la mort gratuite, il se veut une écriture d’urgence,
un témoignage contre le chaos. L’écriture reste dans ce cas l’unique moyen entre les mains de l’écrivain
pour dépasser sa propre épreuve et ainsi adoucir l’atmosphère tragique que vivent les différentes catégories
de la population. Quand l’écrivain ou l’intellectuel d’une manière générale subit gratuitement l’assassinat, et
paye de sa propre personne les erreurs des politiques qui n’ont pas su gérer la crise, il n’a d’autre recours
que sa plume et l’écriture pour affronter cette situation dangereuse. Dans cette atmosphère suffocante et
horrifiante qui caractérise cette période, l’écriture devient un cri de rage face au silence mortel, une
contestation du crime et de ses auteurs, une mise à nu de ceux qui ont provoqué ce massacre barbare que
subissent ceux qui n’ont d’autres armes que leurs mots.
Il est significatif que le roman Le glissement reprenne le thème de l’émergence de l’écriture dans une

210
atmosphère de meurtre et d’assassinat. Les personnages de ce roman sont menacés de mort et ne peuvent
faire face à leurs destins inévitables que par le recours à la pratique de l’écriture.
Le glissement et la violence de la mémoire : Ce roman introduit le lecteur dans un climat de terreur vécue
par les professionnels de la presse, qui ont été considérés au début de l’éclatement de la crise et le
déclenchement de l’action terroriste armée, comme un obstacle qui empêche les islamistes d’arriver au
pouvoir. Ce roman essaie de réécrire l’Histoire par le biais d’un pénible et aigu voyage à travers la mémoire.
Il prend sa revanche sur l’Histoire qui a été bâtie sur le mensonge et les falsifications. Son but est de régler
le compte aux auteurs de cette situation dramatique qui se cachent derrière les mots d’ordre
révolutionnaires ou religieux. Le titre du roman
signifie l’éloignement de la norme, ou l’écart avec tout ce qui est certitude ou évidence. En lui-même, il est
violence, il est l’Histoire de la formation de la violence et de son accumulation à travers toutes les phases
politiques. La société connaît une situation de déflagration et de déliquescence qui est en rapport avec la
formation de l’État algérien et de ses institutions idéologiques et répressives. Le roman est en fait le récit de
Abdallah El-Hamel, un poète qui exerce dans un journal. De par cette fonction il nous entraîne dans des
univers aussi divers que différents : celui du pouvoir, celui de la pratique religieuse (la mosquée et ses
marges), celui du journalisme, ainsi que dans l’hôtel lieu-refuge pour les journalistes menacés de mort. Le
mérite de ce roman est qu’il ne se focalise pas sur la violence actuelle telle que mise en pratique par les
groupes armés. Il signale de même la violence des institutions, du pouvoir tout court, c’est-à-dire, celle qui
empire dans les tréfonds du régime qui a gouverné le pays depuis plusieurs décennies, et qui a imposé sa
domination sans consensus et contre la volonté du peuple.
Abdallah El-Hamel nous invite à travers sa propre épreuve à un voyage de part en part dans ses souvenirs
et ceux de son grand-père, à faire le voyage dans le labyrinthe de la tragédie collective que subit la localité
de Béni-Mezghenna. Cette localité a vécu la succession de plusieurs groupes de militaires qui ont pratiqué
toutes les formes d’oppression, de coercition sur les civils, surtout ceux qui s’adonnent à la politique.
L’exclusion, la proscription, l’assassinat et l’élimination physique étant devenues des pratiques courantes.
L’errance au temps de la barbarie et de la mort
Le texte romanesque en question essaie, par le truchement d’un jeu narratif travaillé, d’impliquer le lecteur
en utilisant le pronom personnel, il s’ouvre sur une ambiance ténébreuse qui rappelle la littérature
fantastique qui renferme des cauchemars, des obsessions terrifiantes et des délires troublants : «C’est la
présence totale et ardente de la mort » (p. 7).
La mort est un mot récurrent dans toutes les parties du texte, il revient à peu près soixante-huit fois. La
mort frappe à tous les coins, où elle veut, quand elle veut. C’est un calvaire quotidien, il pèse
épouvantablement sur toutes les catégories sociales sans distinction.
Abdallah El-Hamel isolé et abandonné, fait face à son destin tragique en n’ayant pour seule consolation que
de plonger dans les replis de son enfance, dans les entrailles de l’histoire sadique du pays. Il affronte son
inévitable sort, à l’instar des héros grecs. Dans l’obscurité la plus totale, il quête un rayon de lumière
obsédé par la vision de sa décapitation à l’aide d’un coup de couteau rouillé (p. (7). À l’âge de trente ans, il
connaît un état psychologique tourmenté, dégradant, à tel point qu’il est pris de nausée, de vertige et qu’il a
envie de vomir, « un liquide bleu mêlé à du sang » (p. 15). Il vient de quitter la maison de ses parents pour
s’installer dans une chambre « d’hôtel de basse qualité, fréquenté par d’infortunées prostituées malgré tout
» (p. 16).
Laissant derrière lui le paisible quartier Saint Cloud de la banlieue ouest de la capitale, il s’est réfugié
provisoirement dans cette triste chambre humide, qui exhale une désagréable odeur d’enfermement. Son
quartier était le lieu de sa douce enfance où il a appris avec son grand-père « l’amour de la mer, de la
poésie et de la vie » (p. 17) avant l’arrivée de Krimo le barbu avec le groupe des escadrons de la mort affilié
à l’organisation des nouveaux imams. Ceux-là ont semé la terreur aux quatre coins de la localité, quant au
journaliste il a fait l’objet d’une menace de mort tout simplement. Le narrateur fait l’historique —par
l’entremise des mémoires de son grand-père enchâssées dans le texte— du mouvement national. Ces traces
rappellent les différents épisodes de la révolution avec ses déviations, ses conflits internes, elles évoquent
les éliminations politiques, sinon physiques dont ont fait l’objet «les contestataires» de la ligne politique
tracée par les leaders. La relation entre le grand-père et le poète El-Hamel est établie sur la symétrie entre
deux solitudes, deux infortunes. Le premier était victime des agissements de ses compagnons d’armes,
auxquels il a eu à s’opposer sur la ligne politique. Alors il a eu à subir la marginalisation, le harcèlement et
des plus cruels ostracismes, ces pratiques l’ont poursuivi jusqu’à la fin de sa vie. Ses derniers jours, il les a
vécus dans l’affliction la plus totale, dans la tristesse la plus profonde. Ce dernier n’a pas manqué
d’inculquer à son petit-fils l’esprit de révolte, l’amour de la vie, mais El-Hamel vit son propre drame pour
avoir adopté la maxime d’El-Farabi: « Ce n’est pas uniquement l’esprit qui nous ramène vers Dieu, mais
aussi l’action », ainsi que les propos qui disent que « la substitution d’un idéal révolutionnaire par un idéal
religieux conduira inéluctablement au désastre» (p. 13).
La personnalité du poète se cristallise sur le plan psychologique, social et idéologique, à partir de ces
postures : c’est un personnage révolté mais impuissant. Il ne provoque aucun événement, il subit le cours
des choses, il assiste en témoin à la métamorphose du réel, en parcourant la mémoire.C’est la logique
cruelle de l’Histoire et ses aléas qui privent les individus de leur bonheur, tout en leur infligeant une
violence sans pareil, attestant ainsi « l’absurdité de la vie »(2).
L’activité des nouveaux imams n’est sans aucun doute que la continuité des pratiques consacrées du temps
du règne sans partage du colonel « qui voulait s’identifier à Napoléon Bonaparte »(3). Le colonel et son
entourage n’ont fait que falsifier l’histoire, ils ont abusé du pouvoir pour soumettre le peuple. Le colonel a
humilié les hommes politiques, et employé de frustres policiers « qui appartenaient à des bandes de
contrebandiers et de cambrioleurs répandus dans les quartiers populaires »(4). Le poète a pris conscience
de la brutalité quand il était encore gamin, il a évolué dans un climat de violence, celle-ci se rencontrait
partout : la célébration de la révolution qui était violence ; l’école inculquait des cours pleins de récits

211
violents (la guerre, le sang, le meurtre, les corps brûlés et les visages défigurés sont tout ce qu’apprenaient
les enfants à l’école).
Où fuir? Se diriger vers les bibliothèques et au centre culturel français en quête du bonheur parmi les livres
et lire les trésors de la littérature universelle ne mènera nulle part. Tout a été détruit. Les centres culturels
étrangers ont été obligés de fermer leurs portes, le conflit politique s’est déplacé aux salles de rédaction et
les journalistes sont devenus des ennemis déclarés entre eux à cause des divergences idéologiques
différées jusqu’à ce jour. Afin d’alourdir et de modifier le climat de terreur que vit la localité des Béni-
Mezghenna, le narrateur attribue à ces tueurs des caractéristiques primitives et barbares. Il fait le
rapprochement avec des figures historiques du monde musulman médiéval connues pour leur barbarie (El-
Hadjaj Ben Youcef, les Kharidjites assiégeant El-Bassra, les Azrakites), pour mieux les qualifier, comme si
le septième siècle de la civilisation islamique avec ses purges sanglantes était de retour dans un nouvel
habillage et dans un autre lieu, qui n’est que la localité des Béni-Mezghenna.
Conclusion : Les évènements qui se produisent en Algérie dans les années 1990 à la suite des tentatives de
réformes entreprises par le régime politique sans le changer radicalement, ont donné lieu à l’éclosion de
plusieurs formes d’expressions artistiques, dont une partie a été produite et diffusée à l’étranger. La
publication de plusieurs textes romanesques traitant de ces mutations politiques et sociales a vu le jour en
Algérie. Ces textes sont en fait une forme de témoignages écrits sous la pression des évènements, dans
l’urgence. L’objectif étant de transcrire le présent, dévoiler le non-dit. L’annihilation de la subjectivité de
l’homme algérien, et surtout de l’intellectuel, l’élimination physique ou l’assassinat de ce dernier sont les
thèmes favoris de cette littérature émergente. □ DAOUD Mohamed (2005)
*Source : Revue africaine des livres. Volume 01 N° 02, Septembre 2005. CRASC (Oran).
Notes :
-Voir Yves Michaud, «Violence», Encyclopedia Universalis, Paris, P. Éditeur, 1996, p.669, et Héritter
(Française) de la violence (Séminaire), Editions Edile Jacob, Paris, 1996, p.13.
-Michel Raimond, Le roman, Éditions Armand Colin, Paris, 1989, p. 69.
-Le roman, p. 28.
-Idem, p. 32.

LITTÉRATURE FÉMININE.- D'expression arabe et française, elle sonde plusieurs genres (roman, nouvelle,
poésie). Nationaliste, puis de combat et du militantisme, elle porte l'empreinte de l'engagement politique et
de la condition féminine. Post-indépendance, elle décrit la souffrance, les silences, les balises, les cris de
révoltes étouffés de la femme et dénonce la soumission et l'ordre établi dans la société patriarcale
agnatique. Sa prise de conscience et l'emprise du carcan des traditions ne l'ont pas libérée dans l'Algérie
d'aujourd'hui. Les mentalités n'ont pas éliminé les formes d'exploitation et d'aliénation tant et si bien qu'elle
reste cantonnée dans sa condition. Et c'est à travers ses écrits qu'elle affirme son droit à l'existence.

MARCHÉ DES BIENS ET DES SERVICES CULTURELS.- L’inclusion de la culture dans l’économie du marché à travers la
commercialisation des produits culturels, révèle le contexte dans lequel évoluent les enjeux liés aux industries culturelles au
regard de la diversité des cultures « Les industries culturelles ajoutent auxoeuvres de l’esprit une plus value de caractère
économique qui génère en même temps desvaleurs nouvelles, pour les individus et pour les sociétés. La dualité culturelle
etéconomique de ces industries constitue leur signe distinctif principal. Tout en contribuant àla préservation et à la promotion de
la diversité culturelle, ainsi qu’à la démocratisation del’accès à la culture, elles sont des gisements importants pour l’emploi et
pour la création de richesses ».
L’enjeu fondamental réside dans leur périmètre d’action, et dans les mutations qu’ils entraînent, car les flux n’atteignent pas
toutes les communautés et si elles les atteignent elles sont aussi destructives qu’avantageuses, à cet effet la mondialisation de
la culture au moyen de ses industries se discute sur plusieurs points :
1) « les produits culturels qui sont vecteurs d'identité, de valeurs et de sens , ne peuvent et ne doivent pas être traités comme
des marchandises », les biens et services culturelsrésultent de la créativité , et sont dans la plupart porteurs de valeurs
patrimoniales, méritantun traitement spécifique plutôt qu’une simple marchandise, ;
la prédominance des grosmarchés qui dictent leurs propres lois écrase les autres, et conduit à l’abondon despratiques
traditionnelles et des savoirs faire faute de marchés conséquents, ce qui aprovoqué « le démantèlement » de la base
économique dont dépend la survie de plusieurscultures ;« Les biens culturels sont de plus en plus traités comme une simple
marchandise. Cette tendance est en train d'être institutionnalisée dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des
services (AGCS) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il vise une libéralisation complète des échanges des services
et d'après lui toutes les formes d'expression artistique sont aussi de services. »
2) Le marché des biens et services culturels, ne profite pas à tout le monde, il constitue un enjeu pour la culture des pays de la
périphérie et contrarie leur production endogène, il constitue par contre un secteur de développement économique pour les pays
développés qui en détiennent le monopole et dont les plus grands bénéfices leur reviennent, ce qui met à l’évidence une
nouvelle fois la fracture économique entre pays riches et pauvre. « Lastructure de l’industrie a été caractérisée, dans les années
90, par un fort processusd’internationalisation, de réorganisation et de concentration, ce qui a donné lieu à lanaissance de
grands groupes mondiaux…. la plus grande partie de ces échanges s’esteffectuée entre un nombre réduit de pays. Ainsi, par
exemple, en 1990, le Japon, les Etats-Unis, l’Allemagne, et la grande Bretagne ont atteint 55,4 % du total des exportations
debiens culturels dans le monde et 47 % des importations ont été réalisés par les Etats-Unis,l’Allemagne, et la grande Bretagne
et la France…Dans nombre de pays, cela est mis enévidence par les chiffres croissants de la contribution du secteur culturel au
PIB et à l’emploi: jusqu’à 4 % du PIB pour les pays de l’OCDE, de 1 % - par exemple pour le Brésil- à 3 % - notamment pour
l’Afrique du Sud….. Toutefois, dans les pays en développement, ils sont généralement moindres, la tendance étant même à la
baisse dans les secteurs classiques des industries culturelles, comme le cinéma ou l’édition, cela étant surtout dû à une perte de
capacité de la production endogène».
3) La mondialisation de la culture tend de plus en plus à modifier les comportements et les pratiques culturelles, les biens
culturels sont des outils de diffusion des idéologies du système dominant, et exercent leurs influences sur les comportements
sociaux et les modes de vie, ce qui va vers l’homogénéisation des cultures et l’instauration d’une « culture commune » ; « Les

212
films et produits audiovisuels sont de puissants porteurs de styles devie et de messages sociaux Ils peuvent avoir un puissant
impact culturel. En réalité, ils sontcontestés précisément à cause de leur impact sur les choix identitaires … ». «Et pourtant, la
tendance actuelle va plutôt dans le sens opposé, vers l'appauvrissementde la vie culturelle du fait de son homogénéisation pour
des raisons de rentabilité et delogique commerciale pure. Le monde entier écoute de plus en plus la même musique, lit les
mêmes livres et regarde les mêmes films à la télévision et au cinéma, produits par la mêmepoignée de géants multinationaux ».
►Réactions internationales : Les différents dépassements portant atteinte à la diversité culturelle, et les différentesmenaces du
libre échange culturel, sont au coeur du débat aussi bien au sein des politiquesgouvernementales qu’au niveau des ONG. Les
mouvements anti-mondialisationprotestent contre le traitement des biens culturels comme tout autre produit dans lesdifférents
accords du commerce mondial et de l’investissement,certaines propositionsextrémistes proposent de fermer le pays à toutes les
influences étrangères pour protégerl’identité et la tradition au dépend du développement et du choix humain, alors qu’ils’agirait
plutôt de s’adapter à la mondialisation en adoptant des procédés permettant lemaintien des valeurs culturelles et identitaires ; «
Il n’y a nul besoin de choisir entreprotéger les identités locales et adopter des politiques ouvertes aux flux mondiaux demigrants,
de films étrangers, de connaissances et de capitaux. Le défi pour les pays àtravers le monde consiste à élaborer des politiques
spécifiques à chaque pays quiélargissent les choix plutôt que les limitent, en soutenant et en protégeant les identitésnationales
tout en maintenant les frontières ouvertes ».Encadrés par les ONG particulièrement l’UNESCO*, plusieurs politiques
culturellesgouvernementales se sont investies à la recherche d’une nouvelle légitimité culturelle, àtravers plusieurs initiatives
portées sur deux niveaux national et international :Il s’agit surtout d’adhérer à des conventions et faire partie des accords
internationaux oùs’élaborent des instruments juridiques internationaux susceptibles de créer un mécanismepour libéraliser, et de
réglementer alors les flux d’investissements culturels au niveaumondial , et de protéger ainsi la diversité culturelle, en
l’occurrence des lois érigés sur laprotection des savoirs faire, réglementations sur la commercialisation de certains biensrelatifs
à « l’exception culturelle » nécessitant un traitement spécifique ,d’autres loisportent sur les droits de propriété intellectuelle allant
vers des droits de propriété desconnaissances traditionnelles…Une autre initiative concernera ,des propositions de programmes
de promotion desmarchés intérieurs pour les industries culturelles locales en vue de pénétrer les marchésmondiaux,comme les
incitations financières pour industries créatives, partenariat etcoopération avec des entreprises étrangères…
[ * La déclaration sur la diversité culturelle en 2001 et la convention sur la protection et la promotion de la diversité des
expressions culturelles etablies par l’UNESCO a préparé le terrain pour un certain nombre d’initiatives internationales visant à
encourager l’élaboration de normes en faveur de la diversité culturelle,c’est le cas pour le Sommet de la francophonie, la réunion
annuelle du Réseau international sur la politique culturelle, et la résolution des Nations Unies proclamant le 21 mai « Journée
mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement ].

MUSEE.- Le rôle des musées a fortement évolué au cours de ces dernières décennies. Leur nombre a plus que doublé, mais
leurs fonctions ont également connu des modifications considérables, de même que leur relation aux publics. Cette
transformation est notamment due aux changements politiques et économiques majeurs qui se sont opérés durant cette période.
Il convient d‟insister particulièrement sur le rôle social du musée, ainsi que sur son rôle économique.
► Le rôle social du musée bénéficie d‟une longue tradition, dont peut se réclamer la Déclaration de Santiago du Chili (1972). Le
musée actuel se présente de plus en plus, dans tous les pays, comme acteur au sein du système social et comme facteur
d‟intégration au sein de la société. Agent d‟inclusion sociale, le musée constitue aussi, comme média spécifique, un lieu
d‟interrogation et de débat sur les enjeux de la société actuelle. Ce rôle particulier du musée participe au développement et à la
cohésion de la société elle-même.
► Le rôle économique du musée bénéficie également d‟une longue tradition, qui a connu un regain d‟intérêt à travers la
création de certains grands établissements contemporains, attirant de nombreux visiteurs. La participation du musée à l‟industrie
touristique et, de manière générale, au développement économique de la région dans laquelle il se situe, constitue un élément
présenté de plus en plus souvent comme prioritaire. La dynamique participative des visiteurs, autant que le rôle du musée au
sein de la société, positionne l‟institution au coeur de l‟économie de la créativité.
☻Le musée : Depuis le 18ième siècle, date où il a pris signification, la définition du musée a connubien d’évolutions, aujourd’hui
il désigne « une institution permanente, sans but lucratif, auservice de la société et de son développement, ouverte au public et
qui fait des recherchesconcernant les témoins matériels de l'homme et de son environnement, acquiert ceux-là, lesconserve, les
communique et notamment les expose à des fins d'études, d'éducation et dedélectation ».«C’est un établissement où est
conservée, exposée et mise en valeur une collectiond’oeuvres d’art, d’objets d’intérêt historique, technique, scientifique et
artistique ».A cet égard, il joue un rôle prépondérant dans les efforts déployés pour mettre fin à ladégradation des ressources
culturelles et naturelles et dans les stratégies de protection et dediffusion du patrimoine culturel « Le musée est tout d’abord
l’instrument de la sauvegardeet de la préservation du patrimoine dans son ensemble. Il en assure l’étude scientifiquenécessaire
à la compréhension et à la détermination du sens autant qu’à la propriété » Rôle du Musée : Le musée mène trois fonctions
essentielles : collecter, conserver, montrer ;□ La collection : la collecte des pièces muséales se fait suite à des
découvertesarchéologiques organisées ou fortuites,ou bien par des dons de la sociétécivile ;d’autres collections sont récupérés
par rapatriement à partir d’autresorganismes ou musées suite à des événements spéciaux( guerres,colonisation…).
□ La conservation: agissant comme « gardien de notre histoire et de l’ensemble de notre culture », l’une des missions du musée
est d’offrir un lieu doté des ressources nécessaires pour entreposer, protéger, et restaurer tout bien culturel patrimonial et lui
permettre de traverser le temps sans encombre.□ L’exposition : Le musée remplit un rôle éducatif et informationnel très
concrètement, à travers l’exposition des oeuvres conservées, il permet de découvrir notre culture et celles des autres ; « le
musée montre l’art, mais aussi la science,la technique,l’histoire et toutes les disciplines porteuses de progrès et de modernité »1
;L’un des rôles duconservateur est de choisir, parmi les oeuvres conservées dans le musée, les plusreprésentatives afin de les
exposer (les autres restant dans les réserves) ; Il doit lesprésenter de manière pédagogique et attractive, tout en les expliquant
avec les cartels.Des expositions temporaires sont organisées selon des thèmes particuliers afin demontrer également les pièces
des réserves, ou de faire venir des oeuvres d’autresmusées, parfois de pays lointains.□ Les différents musées: Les musées sont
souvent spécialisés, certains le sont sur l’oeuvre d’un artiste, d’autres sur une période historique ou géologique, on distingue
trois grandes catégories : musée d’art, d’histoire et musée des sciences ;
♦ Le musée d’art et d’ethnologie: où s’expose un ensemble d’oeuvres d’art, tableaux, sculptures... choisies pour leurs intérêts
stylistique, artistique, ou encore montrant les différentes phases de la carrière d’un artiste (musée Picasso par exemple) , il
concerne également les objets dont la réunion permet de mettre en avant les particularité d’un pays, d’une région, d’une époque
(musée du costume, des arts et métiers, musée Bardo,...).

213
♦ Le musée d’histoire : les expositions sont réunies autour d’un thème historique représentatif d’une époque (musée de Timgad)
ou d’un événement (musée de l’armée à Alger).
♦ Le musée des sciences : il concerne des oeuvres de la « culture scientifique », et des « sciences naturelles » qui témoignent
de l’évolution de la connaissance scientifique et technologique, et de l’évolution anthropologique de l’espèce animale;

POLITIQUE CULTURELLE ALGERIENNE.- « Les politiques culturelles sont aussi diverses que les cultures elles mêmes, il
appartient à chaque Etat de déterminer et d’appliquer la sienne compte tenu de sa conception de la culture, de son système
socioéconomique, de son idéologie politique et de son développement technologique » (Sid Ahmed Baghli, 1977). Selon cette
logique ,la politique culturelle algérienne établie dés l’indépendance, devait s’inscrire dans un contexte culturel particulier, la
déculturation visée par le colonialisme nécessitait une vaste intervention qualifiée de « révolution culturelle » tout en étant le
troisième pilier de la révolution algérienne en complément de la révolution agraire et industrielle, cela dans le but de récupérer la
personnalité culturelle comme fondement idéologique du progrès ; un large programme était basé sur la lutte contre
l‘obscurantisme et l’analphabétisme qui touchait les trois quarts du pays ; le contexte était également marqué par la richesse du
patrimoine culturel qui devait être pris en charge et cela par des mesures juridiques de protection des biens immobiliers du
patrimoine matériel ainsi que des mesures de requalification du patrimoine immatériel notamment la langue arabe ; Dés
l’indépendance, l'orientation générale de la politique culturelle était axée essentiellement sur les points suivants :
1- La revalorisation du patrimoine culturel à travers la restauration de la langue nationale, la démocratisation de l’enseignement
et l’éducation, qui conditionne toute transformation sociale novatrice et demeure le meilleur instrument de lutte contre
l'obscurantisme, et la conservation des monuments, des musées et des oeuvres d'art ;
2- L'élaboration d'une législation nationale afin d'adapter la mission culturelle aux options fondamentales du pays. Ce qui
nécessite la réorganisation des structures administratives et culturelles, dont certains textes ont plus d’un siècle d’existence et
ne répondait plus aux besoins nationaux ;
3- La promotion de la diffusion culturelle par trois actions :♦ Priorité à l’audio-visuel qui permettrait d’assurer un décollage rapide
et efficace sur le plan de l’information et de la culture; le recours aux masse- médias s’explique surtout par la volonté d’éradiquer
l’analphabétisme, qui marquait la majorité de la population algérienne à l’indépendance.
♦ Démocratisation et décentralisation, pour diffuser la culture et stimuler la création ;
♦ Développement de la production du livre et de la lecture publique, pour répondre aux besoins de la formation de la recherche
et de la diffusion de la lecture auprès de la masse, pour devenir des hommes de culture.
4- La formation et l'organisation de la coopération culturelle, pour contribuer à l'épanouissement de la culture sur le plan national
et international.
Diagnostic : Après plus de 40 ans d’indépendance, l’Algérie reconnue pour sa richesse culturelle, n’affiche pas l’image d’un
développement culturel, son étroite collaboration avec l’UNESCO n’en est qu’un prémisse dans la mesure où elle a du permettre
l’amélioration du cadre juridique patrimonial ; Bien que la culture fut institutionnalisée par le ministère de l’information et de la
culture en 1975 et qu’une politique culturelle fut élaborée à l’aube de l’indépendance, la culture ne trouve pas vraiment son
essor en Algérie , Selon la lecture à travers certains indicateurs, sur quelques facettes de cette politique, sachant que le manque
de données statistiques nous a empêché de l’élargir, nous avons pu déduire quelques facteurs empêchant le développement
culturel :
♦ Alors que la culture représente une composante économique indéniable, elle ne mobilise pas encore une part significative du
budget de l’Etat.
♦ L’insuffisance du cadre législatif qui ne couvre pas un champ aussi prioritaire que celui du livre.
♦ Bien qu’il constitue un champ stratégique pour le développement culturel et le développement économique,le potentiel que
représente l’audio visuel s’avère inexploité par l’Etat, nécessitant une requalification par l’élaboration d’une reforme structurelle
de son organisation au regard des enjeux de la mondialisation( concurrence, NTIC, ….).
♦ La centralisation de l’infrastructure culturelle dans certaines régions du pays au détriment des autres, met en question la
gestion de la politique culturelle.Ce diagnostic nécessite une large intervention dans plusieurs domaines du secteur, et permet
de réfléchir à la mise en oeuvre d’un « projet culturel » en Algérie qui puisse intégrer au mieux les données territoriales du pays
et ses spécificités culturelles et mettre à l’oeuvre une nouvelle politique culturelle comme élément clé de la stratégie de
développement culturel.

THÉATRE.- En quête de reconnaissance, confiné dans l'amateurisme, le 4ème art n'est pas encouragé à
activer dans un cadre normalisé dans lequel puisse s'instaurer une effective tradition théâtrale dans ses
volets compétition, professionalisation, création, production, réglementation, visant à promouvoir l'activité
théâtrale dans toutes ses composantes. Les hommes du théâtre, de l'art et de la communication n'ont cessé
de manifester les préoccupations du domaine au travers de festivals et de colloques pour souligner
l'importance de la mission du théâtre au sein de la société et du rôle des créateurs et interprètes dans le
cadre de la conception et la réalisation de projets de culture nationale. Le théâtre algérien est en mal
d'existence. De multiples revendications expriment ce droit à l'expression artistique dans ses fondements.
Démuni de fonds documentaires pour établir ses repères évolutifs, il est confronté à des problèmes de
publication d'oeuvres, de travaux de recherches, nécessitant des ressources financières constantes pour la
pérennisation de son activité. Il a besoin d'être conforté par des institutions novatrices habilitées à
réhabiliter l'entreprise théâtrale dans son action de création, de production et de diffusion dans de nouvelles
conditions d'environnement et de performance. La société algérienne a besoin de son théâtre dans sa quête
d'émancipation d'identité et le théâtre algérien est en droit de se constituer à part entière pour être partie
prenante dans ce processus.
► Le théâtre: Il désigne à l’origine un établissement dans lequel se produisent et se déroulent les spectacles de théâtre ; il
englobe par contre la diffusion du spectacle dans ses diverses formes allant des représentations de l’art dramatique jusqu’à se
confondre au spectacle vivant le théâtre comme cadre physique signifie également la représentation théâtrale qui est son
produit culturel, ainsi « le théâtre » est à la fois le texte et le contexte où il s’interprète ;
Rôle du Théâtre : « La pratique théâtrale incluse dans le processus de consommation, induit quatre typesde motivations : le
divertissement, l’éducation, l’enrichissement du développementpersonnel et l’hédonisme social » ; son rôle éducatif et de
développement tient à la caractéristique du produit théâtral qui offre des potentialités diverses: Ø Il offre une expérience

214
culturelle particulièrement pratique, car il représente une situation humaine dans sa propre problématique et dans son rapport
avec les autres, qui permet à chacun d’observer,d’analyser ,et d’explorer ce qui est ou a été vécu,le théâtre dicte ainsi une
conduite un comportement et une moralité à ses usagers spectateurs ;
Ø Le théâtre amuse en même temps qu'il éduque et c’est la caractéristique qui le rend particulièrement approprié aux activités
de formation.
Ø Le théâtre est un point de contact, et de liens sociaux « il permet la découverte et l'interaction entre les gens, au delà de tout
âge, profession ou sexe. Le théâtre est inter et multi générationnel »
Ø «Il constitue un moyen d’expression et de communication qui permet aux gens de découvrir et d’éprouver leurs propres limites
et possibilités aussi bien au niveau personnel que sur le plan des interactions sociales».
" Je ne crois nullement à une reprise de l'activité théâtrale et culturelle en Algérie. Jamais, le théâtre et la représentation
culturelle n'ont atteint un tel degré de médiocrité. Le cinéma n'existe pratiquement plus. Certes, de temps en temps, des longs
métrages sont produits. Mais il faut savoir qu'un film réalisé par un Algérien ou un franco-algérien n'est pas forcément algérien,
sauf s'il est produit par des structures nationales. Pour le théâtre, la pauvreté et le traficotage caractérisent le territoire. Le
ministère de la culture se mue en structure chargée des festivals. Certes, il y a beaucoup d'argent qui ne me semble pas utilisé à
bon escient. C'est vrai que ces derniers temps, on nous sort la sempiternelle litanie d'une comptabilité funèbre dressant le
nombre de pièces produites, mais on oublie de signaler le niveau peu reluisant des représentations et l'absence de public qui
sait, quoiqu'on en dise, juger de la qualité des spectacles. On a l'impression que les responsables de la culture ne s'intéressent
qu'à un papier comptable bon à exhiber comme une sorte de gage de réussite. Ce qui n'est malheureusement pas le cas dans
un pays où les activités littéraires et artistiques ont subi un indéniable recul. Il faudrait voir comment se répartit la rente et
comment fonctionnent des coopératives et des structures publiques, attendant souvent le bénéfice de la rente. Un débat sérieux,
loin de l'esprit d'autosatisfaction, sans anathème, ni insulte, contradictoire et ouvert, est nécessaire si on veut sortir de l'état de
marasme actuel… . " □ R. Belkacem, Entretien avec Ahmed Cheniki* : Les jeux tragiques de la pauvreté culturelle en Algérie
(extrait), Le Quotidien d’Oran, 23.O4.2014
(*) Auteur de nombreux études et ouvrages sur la culture et le théâtre : Le théâtre en Algérie, Histoire et enjeux, Edisud, Aix en
Provence, 2002, 176 pages ; Vérités du théâtre en Algérie, Dar el Gharb, 2006, 255 pages ; Théâtres arabes, genèse et
emprunts, Dar el Gharb, 2006, 423 pages ; Le théâtre en Afrique noire, itinéraires et tendances, Dar el Gharb, 2006, 166 pages
et de nombreux ouvrages collectifs, actuellement professeur à l'université d'Annaba et professeur invité dans des universités
européennes, l'un des rédacteurs du dictionnaire encyclopédique du théâtre, sous la direction de Michel Corvin, paru chez
Bordas et de l'encyclopédie « Les créatrices du monde » y a introduit un certain nombre d'hommes et de femmes arabes et
africains dans cette encyclopédie, Ahmed Cheniki qui vient de publier aux Editions Vox Teatri à Boston (USA) son dernier
ouvrage, « Théâtres arabes, itinéraires singuliers et expériences particulières » □

TURF.- Les courses de chevaux ont lieu tous les jours en Algérie (sauf le vendredi). Les quarté, tiercé et
quinté se déroulent dans les hippodromes du pays, au nombre de sept actuellement où l'on y rencontre un
monde de travailleurs au service du cheval, des professionnels auquel le cheval procure du travail certes,
mais aussi la satisfaction de maintenir l'activité hippique par des spécialisations, entraîneurs, jockeys,
lods, maréchaux-ferrants, vétérinaires, équipes techniques pour la conception et la tenue des épreuves
hippiques. C'est donc une vraie institution économique, que le parieur découvre, et qui joue un rôle des
plus appréciables dans ce contexte. La société des courses hippiques et du pari mutuel est en quelque
sorte doublée d'une activité bancaire qui reçoit l'argent, collecte et redistribue après avoir prélevé sa part
et celle de l'Etat. Mais il faut dire qu'aujourd'hui, les chevaux sont fatigués, car ils courent beaucoup. Il est
indispensable que le cheptel équin se renouvelle, car il y va de l'avenir des courses. Certains responsables
d'associations et clubs équestres dénoncent les carences de gestion de la fédération, la marginalisation des
compétences. Leur démarche est vouée à l'échec quant à l'emploi de jeunes sans travail pour la main
d'oeuvre et à la formation de maréchal-ferrant, bourrelier et palefrenier. Le domaine de l'équitation peut
s'avérer un excellent générateur d'activités sportives, touristiques, de loisirs et de détente. Les
revendications des clubs de monte sont d'ordre gestionnaire pour le maintien de leurs sites d'équitation, qui
accueillent encore des cavaliers, et dénoncent aussi le transfert arbitraire des chevaux performants vers
d'autres sites, transfert qui se fait "à la tête des clients, selon le degré d'allégeance du club", ainsi que
l'ostracisme, fait ne permettant plus une vie normale dans les centres d'équitation. La fédération équestre
n'a pas dégagé des subventions conséquentes pour l'alimentation des chevaux ou la mise en oeuvre d'un
plan de rénovation, d'aménagement et de relance des sites magnifiques existants.
.

LA VIE RELIGIEUSE

ASSOCIATION DE CHARITE. - □ Religion et action associative  : Une caractéristique rencontrée chez des
associations auprès des hôpitaux en Algérie, est la présence du facteur religieux. En faire abstraction c’est
nier un aspect important qui rend compte de la nature des motivations et de l’engagement des acteurs
associatifs qui prend ses sources dans la religion que le sociologue Emile Durkheim considère comme une
composante essentielle de la vie sociale (Cipriani 2004). Si pour le sens commun, il est naturel de faire le
bien autour de soi en menant des actions de bienfaisance et de charité, le sociologue doit comprendre le
sens de ce bien que l’on fait autour de soi. Est-ce un acte purement altruiste, désintéressé ou gratuit ? Pour
répondre à ce questionnement, un exemple très concret nous permettra de mieux comprendre la place du
religieux dans l’engagement associatif. Le Ramadhan, est le mois pendant lequel le taux de bénévoles
atteint son comble au niveau des hôpitaux. On observe différentes catégories de personnes qui participent,
des femmes et des hommes, des personnes de tous âges, même les enfants sont impliqués, des gens de
différentes catégories sociales et professionnelles. Certains donateurs, qui d’habitude veulent rester à
l’ombre, font eux-mêmes la distribution de leurs dons. Les autres fêtes religieuses (l’Aïd el-Fitr, l’Aïd el
Adha, Aachoura, El Mawlid En-Nabaoui) sont autant d’occasion pour donner aux malades. Les bienfaiteurs
se présentent souvent avec des dons en nature, généralement de la nourriture, même si l’administration

215
hospitalière impose des règles restrictives en matière de distribution d’alimentation aux malades. Les
donateurs, souvent par l’intermédiaire des associations, bravent cet interdit. Cette nourriture distribuée aux
malades (viande, couscous, produits laitiers, fruits, eau, etc.) est considérée par les donateurs comme
sadaqa (aumône volontaire). Elle apporte plus qu’une simple contribution alimentaire, elle intègre les
exclus dans le temps de la fête. La sadaqa, comme la zakat (1) permet une redistribution des biens en
faveur des déshérités (Bonte, Brisebarre, Gokalp, 1999). La dimension religieuse de la sadaqa peut nous
renseigner sur le sens du don en Islam, et sur les raisons pour lesquels les acteurs associatifs ainsi que les
bénévoles et les donateurs l’accomplissent. « Faire un don ou secourir un sinistré, dit Jamel Krafess (2),
sont des actes qui ne sont pas laissés à la libre appréciation du croyant mais sont obligatoires au même
titre que la prière, le jeûne du Ramadan ou le pèlerinage à La Mecque. L’exercice de l’acte humanitaire chez
le musulman est donc une composante essentielle de la pratique religieuse, qu’il se limite à un don en
argent ou en nature ou qu’il revête une forme plus pratique telle que, par exemple, don de soi, secours ou
distribution d’aide. Cette dimension religieuse motive, canalise et intensifie les autres dimensions que sont
l’affectif et le sens du devoir. Les textes coraniques ou prophétiques qui incitent à l’action humanitaire, qui
la définissent ou qui la réglementent sont très nombreux. Ils ont soit un caractère obligatoire, soit un
caractère incitatif. Pour un musulman, entreprendre une action humanitaire est un moyen de recevoir l’aide
du ciel, d’effacer ses péchés, d’échapper au châtiment, de remercier le Seigneur pour ses bienfaits et de
mériter le paradis » (Krafess, 2007). Ceci nous éclaire très bien sur la dimension que peut revêtir l’action de
certains bénévoles. Elle acquiert un statut d’acte sacré qu’on ne peut séparer des croyances, des uses et
des coutumes sociales établies. Comme nous l’avons vu plus haut, même le règlement hospitalier
concernant les restrictions alimentaires aux malades ne peut y résister. La loi Divine est plus forte que la loi
d’ici-bas, et toute personne qui entrave ce processus sacré est vue comme quelqu’un qui se met au travers
du chemin de la bienfaisance, le déconsidérant par ses pairs. « Les dons faits à Dieu sont dirigés vers le
bas, vers les pauvres sous forme de sadaqa, d’aumône, ou vers le haut en tant qu’offrandes religieuses
faites pour des raisons communautaires, telle que la distribution de nourriture. Ces offrandes sont données
sans espérance de retour » (Bonte, Brisebarre, Gokalp, 1999). Cette prestation de biens ou de services
effectuée sans garantie de retour, en vue de créer, entretenir ou régénérer le lien social importe plus que le
bien lui-même (Caillé, 2005). Le don a une signification qui dépasse l’offre d’argent ou d’objet. « Il est
affirmation d’identité du donateur : il le réfère à un statut social, des usages, des croyances et le situe dans
un ensemble relationnel. Partout il est créateur d’intégration, voire instrument d’émulation ou domination. Il
conjugue ainsi des fonctions expressives, symboliques et stratégiques » (Duprat, 1995). L’engouement pour
la participation et l’engagement associatif tient ses motivations dans la religion. Il prend ses sources dans
l’esprit de sadaqa qui, au sens de Marcel Mauss, représente les caractéristiques d’acte social total où se
combinent le matériel et l’immatériel « Au fond, dit-il, ce sont des mélanges. On mêle les âmes dans les
choses ; on mêle les choses dans les âmes. On mêle les vies et voilà comment les personnes et les choses
mêlées sortent chacune de sa sphère et se mêlent : ce qui est précisément le contrat et l'échange » (Mauss,
1968). □
(1) Obligation imposée aux musulmans de verser une certaine proportion de leurs biens légaux au bénéfice
des pauvres et d’autres groupes sociaux prédéterminés, ou encore, selon l’usage général dans le Coran, la
proportion de propriété dont le paiement est requis. (Encyclopédie de l’Islam, Nouvelle Edition, Tome XI.
(2) Jamel Krafess est directeur de l’Islamic Relief Suisse qui est une Organisation Non Gouvernementale
(ONG) de secours d’urgence et de développement durable qui vient en aide aux populations les plus
pauvres du monde. Elle est la première organisation humanitaire d’inspiration musulmane établie en Europe,
elle a été créée en 1984 par deux étudiants en médecine de l’Université de Birmingham (Grande Bretagne)
où elle a un siège internationale.

ECOLE CORANIQUE.- L’École Coranique, une bombe à retardement ! : Chez nous, comme partout dans les
pays musulmans, et dont la société est islamisée, la réconciliation avec la modernité, l’adhésion à l’ère du
temps, le respect de la raison commence, et d’abord, par une profonde et courageuse réforme de l’école
coranique. Une école discrète mais décisive ! Oubliée mais hautement réveillée ! Marginalisée mais efficace
! Les écoles coraniques ne sont pas naïves, ni innocentes d’ailleurs. Elles sont directement ou indirectement
le nid propice des partis salafistes et l’oxygène favori des frères musulmans. Les partis islamistes misent
beaucoup sur cette institution pédagogique avec son idéologie stricte et précoce. Pour avancer dans la
réforme politique ou pédagogique, il faut revoir, et avec courage, les programmes, les méthodes et les
sources de financement de ces écoles et des associations qui sont derrière. L’Histoire nous a appris que le
nazisme se basait sur tout un programme spécial destiné aux enfants, qui ensuite deviendront les durs
soldats défenseurs des idées nazies. L’enfant face à son maître coranique, un maître souvent bondé
d’idées des prédicateurs salafistes moyen-orientaux, se trouve en proie à un lavage de cerveau prématuré.
En général, l’enfant âgé de quatre à cinq ans, et dès les premiers pas dans un espace d’apprentissage
public, croit en tout ce qui lui est dicté par le maître, emblème de la vérité absolue et guide dans le droit
chemin ! Précocement, à l’école coranique, dans un discours religieux bourré de versets coraniques et de
hadiths, on commence à parler à l’enfant de quatre ans de la prière de mort (salat el janaza). De la toilette
des morts (ghassl el mayit). De la torture de la tombe (ahwal el kabr). Des tortures inimaginables et atroces
pratiquées à l’encontre des non-musulmans, dans l’enfer. L’enfant est traumatisé ! le trauma chronique ! Par
ce discours religieux violent et périlleux, la première image du Dieu qui s’installe dans la tête de l’enfant est
celle d’un Dieu sévère. Un tortionnaire. Un passionné de sang. Un Dieu qui n’est là que pour surveiller nos
erreurs afin de nous torturer. Un Dieu qui aime torturer ses créatures. L’image d’un Dieu d’amour, celle d’un
Dieu de bonheur, d’un Dieu clément est complètement bannie de la tête de l’enfant coranisé. Dans ce
traumatisme idéologique religieux, l’enfant n’aime pas Dieu, mais il a peur de Lui. Tout ce qu’il fait dans la
vie c’est par peur de ce Dieu et pas par conviction ou par amour. Une fois le lavage de cerveau réalisé,
possédé par la présence de son maître coranique, porteur de la parole de Dieu, l’enfant rejette tout ce qui

216
est opposé ou contradictoire aux propos de ce dernier. Tout entourage familial ou sociétal devient, dans
l’imaginaire de l’enfant, suspect. Douteux. Faux. Le maître coranique est la vérité absolue. La méfiance
commence à s’installer dans sa tête. L’hostilité gagne peu à peu son comportement envers l’autre, qui ne lui
ressemble pas. Il commence par éviter les autres. Le monde devient de plus en plus étranger. Petit à petit,
les parents deviennent des ennemis, parce qu’ils ne font pas la prière, parce qu’ils regardent un film à la
télévision. Parce que la maman met du vernis à ongles. Met du rouge à lèvres ! Une distance s’installe entre
lui et ses parents. Petit à petit, l’enfant est embarqué dans un monde qui ressemble aux camps des enfants
nazis. L’idéologie prend le dessus par rapport à la vie. La haine à la place de l’amour. La solitude à la place
de la vie familiale ou collective. L’enfant est prêt à tuer. Est prêt à fuguer. Est prêt à être violé par son
commandant. La soumission absolue aux ordres de son maître. En Algérie, la réalité amère qu’a vécue le
peuple pendant la décennie noire, nous a montré comment le fils, avec sang-froid, a tué son père, avec
sang-froid a égorgé sa sœur, avec sang- froid a éventré sa mère. L’école coranique ne diffuse plus la
culture de la spiritualité humaine, de l’amour et du rêve, qui jadis fut honorablement portée par les écoles
des zaouaya. L’école coranique est devenue une machine productrice de la haine, de la mort et des milices
suicidaires. Aujourd’hui, vu le vide culturel et artistique, même si l’école publique, avec les efforts fournis
ces deux dernières années, à travers les nouvelles reformes des programmes, le résultat demeurera minime
si cette réforme n’arrive pas à désamorcer cette bombe à retardement qui est l’école coranique. ◙
ZAOUI Amine (2017)

FANATISME.- Le fanatisme, phénomène aux racines diverses, à la fois psychologiques, sociologiques, anthropologiques,


culturelles, politiques et économiques, a (sans cesse) accompagné l’humanité dans sa longue histoire. Il continue d’en marquer
la vie et nous sollicite aujourd’hui, en cette époque trouble.Il génère aussi divisions, conflits, persécutions et  violences parmi les
humains.Une de ses manifestations les plus saillantes et dramatiques est  liée à aux religions ; à tel point qu’on a tendance à
réduire le fanatisme à la seule dimension  religieuse. L’étymologie du mot dans le lexique latin (matrice des langues romanes
qu’une grande partie de l’Europe pratique) dénote d’ailleurs le soubassement religieux de cette notion. Le terme vient en effet de
« fanum », le temple. « Fanaticus », qui en dérive, désigne le prêtre, l’homme de culte qui se croit inspiré par la divinité et
légitimé à s’exprimer en son nom.Quand Voltaire formulait sa célèbre formule acronymique «Ecrinf », qui signifie « écrasons
l’infâme », il référait au fanatisme religieux, celui des prêtres et ecclésiastiques de toutes les religions. Or, si le fanatisme est
généralement associé au fait religieux celui-ci est loin d’en être l’unique facteur. Le fanatisme affecte, en effet, tout autant, les
idéologies, la politique, les sciences, l’art, voire le sport (les « fans » d’une équipe sont légion), etc. Le fanatique, c’est celui qui
est animé d’une passion excessive, démesurée pour une cause (quelconque). Le rejet de l’Autre, sa négation, pire, son
anéantissement sont les figures de l’attitude fanatique. Le fanatique a la certitude de détenir la vérité absolue, d’en être le
dépositaire et de l’imposer aux autres, si besoin par la contrainte et/ou la force, au point de s’adjuger le droit de vie ou de mort
sur ceux qui ne reconnaissent pas «sa» vérité. ◙

FEMME DANS LE CORAN.- Approche sémantique : L’intérêt des linguistes pour la femme dans Le Coran - La sémantique au
service de la femme dans Le Coran. Sémantique-statistique et révolution numérique :
Ainsi j’ai recensé soixante-dix-sept sourates (77 sourates) des cent quatorze (114 sourates). Le nombre des versets coraniques
contenant les qualificatifs matériels de la femme sont au nombre de trois cent deux (302) dont trente-huit mots répétés dans
quatre cent quarante sept (447) endroits.Pour ce qui est des aspects moraux j’avais recensé cent trente-quatre (134) dont
trente-deux (32) répétitions de mots dans cent soixante-dix-neuf (179) positions. Quant aux versets relatant les déviances
comprises au sens sémantique, leur nombre est de vingt (20) répétés dans quarante-huit (48) endroits.Au total de point vue
statistique quatre cent cinquante-huit (458) versets coraniques m’ont permis de recenser quatre-vingt-dix (90) mots et six cent
soixante-quatorze (674) répétitions. Cette passion d’avoir étudié sous l’angle de la sémantique la femme dans le Coran en tant
que linguiste, m’a permis de lever le voile de ce qui parait être ambigu dans mon esprit sachant d’avance l’inexistence de
recherches universitaire tant en arabe qu’en d’autres langues.Dans ce thème précis de la sémantique de la femme dans le
Coran par rapport à la multitude d’études théologiques la concernant dont la plus récente est l’ouvrage d’Asmat eddine Karkar
Haram Al Hila dans Al Mar’a Man KhilalAl Hayat Al Qoranya (la femme selon les versets coraniques), la bibliothèque
universitaire n’en a pas réalisé à ce jour de tels sujets y compris dans le monde. Ainsi les mots peuvent être classés dans
différentes catégories en fonction des rôles syntaxiques.Il faut dire que les correspondances d’ordre sémantique ne sont jamais
parfaites. C’est au niveau de la relation de la corrélation qu’on peut établir les frontières sémantiques et lexicales où les mots
diffèrent par leur position dans le contexte de la phrase. Ils s’agrègent les uns aux autres selon deux types de construction à la
fois endocentrique et exocentrique. Il en ressort de l’étude lexicale et rhétorique, l’émergence d’un autre aspect consacré à
l’extension et à la restriction du sens sémantique décrivant la femme dans sa relation d’épouse et l’environnement sociétal
pouvant toucher à sa dignité. Le recours aux linguistes anciens et modernes m’a ouvert le champ d’application par son
binarisme référentiel dans la synonymie et dans l’homonymie. Versets sublimes et phonétique de la langueCe qui été écrit par
Abi Tayeb, ce linguiste qui exploita intelligemment tout ce qui est antonymie par le binarisme des mots, qui sera d’ailleurs repris
par Jolles dans sa théorie moderne L’opposition sémantique dans la langue, réconfortée par ce qui convient d’appeler «
l’antonymie absolue », « l’antonymie graduable », « l’antonymie partielle » et « l’antonymie réciproque » et « l’antonymie de
position directionnelle ».Le contexte linguistique et extra linguistique, l’étude phono-métrique et l’analyse acoustique pour
connaitre les phonèmes contenus dans le corpus du Coran révèlent la formation phonétique de la langue, chaque fois qu’il y a
changement de phonème, automatiquement le sens du mot change. Il y a par rapport aux versets sublimes du Coran à travers
les traits prosodiques que connaissent les langues notamment l’étude faite par Ibn Jenni en langue arabe.Ceci est ignoré par les
linguistes modernes, l’intonation qui accompagne l’accent prosodique dans toutes les variantes du langage qui entraine les
changements réactionnaires chez le locuteur exprimant un sens donné justifiant la relation de la langue et de la psychologie
qu’on retrouve chez les psycholinguistes.Il faut dire que dans le sens des catégories grammaticales, les mots contenus dans les
versets du Coran peuvent entrer en relation à différents degrés, avec une fonction sémantique attribuée au mot dans son
ensemble. Le genre, le nombre, le singulier, le pluriel correspondent à des catégories grammaticales. On doit alors rechercher à
établir une systématique des correspondances sémantiques où la collocation linguistique est l’association d’un mot avec
d’autres en fonction des différentes constructions grammaticales (adjectifs, adverbes, complément d’objet direct et indirect etc…)
De cette langue sublime et sacré du Coran révélée par les différents versets, l’on décèle une analyse structurelle de la langue et

217
de sa perception et sa relation à la réalité historique extra linguistique rapportée par les linguistes musulmans anciens à l’image
d’Ibn Jenni, Al Jahadh …dans les recherches qu’ils ont réalisées. Les résultats de leurs travaux scientifiques par la rigueur de
leurs approches n’enlèvent en rien les efforts de modernes comme l’anthropologue Malinovski et le linguiste Firth dans leurs
conclusions confirmées par leur école sociale culturelle.Le contexte sentimental de par les comportements psychologiques et le
degré d’affectivité des versets coraniques est en symbiose avec la connotation linguistique et transformationnelle chez le
locuteur. La synthèse de Jacques Francis dans les parties nécessaires du langage descriptif de l’éthique dans la théorie de Hare
m’a permis de classer les qualificatifs bons ou mauvais de la femme que les versets du Coran ont décrite. De ce classement il
en ressort de la lecture du Coran que la femme est décrite beaucoup plus positivement que négativement.Le contexte
situationnel est lié par des contraintes linguistiques de l’énoncé et des événements vécus dans les récits coraniques. Dans le
contexte socio-culturel, la femme est capable de changer sa situation dans chaque étape de sa vie.Transcender les aspects
sémantiques du Coran. Il y a une interdépendance entre les comportements humains de la part des fondements historiques et
l’évolution culturelle liée au passé tout en créant une nouvelle culture pour le présent et le futur. L’importance de ce thème bien
qu’il renvoie au corpus théologique dans la connaissance des rituels sacrés se rapporte au comportement sociétal de la femme
au plan du droit et des devoirs.Ceci a permis de transcender les aspects sémantiques de la langue du Coran. L’originalité de
cette thèse de doctorat en sémantique démontre à bien des égards comment la langue du Coran reflète les parlers locaux de la
péninsule Arabique. D’ailleurs la langue de cette région est la résultante des dialectes locaux dans l’ancien Yathrib qui va de
l’actuelle Arabie Saoudite aux confins du Yémen. Se pose la question à ma connaissance des langues universelles et la parenté
de l’amazighité en tant que langue par exemple avec l’arabe. Est-ce que la langue arabe et la langue amazigh relèvent d’une
même parenté chamito-sémitique qui nous permet de comprendre comment la femme dans l’Islam porte en elle certains traits
qui confirment que l’antériorité de notre peuple marque d’une certaine façon la convergence linguistique au-delà des aspects liés
au dogme. A partir de cette observation, l’évolution sémantique marque la tendance vers l’acceptation des liaisons induites aussi
par le parler algérien dont le soubassement contient au-delà des dialectes ou parlers locaux un apparentement dans la relation
des mots contenus dans le Coran sans rupture aucune dans l’approche méthodologique. C’est cette originalité d’analyse qui
explique dans une logique sémantique les traits de la femme quels que soient les emprunts à d’autres langues.Même si la
structure est déterminée par le schéma traditionnel de présentation des « usuls el fiq’h », l’effort d’interprétation nous aide à
accorder une vision moderniste en réponse à des situations rapportées par la Sunna. La grâce divine peut faire apparaître des
significations même si chaque mot de la « shari’a » a un sens.Ne pas rétrécir ce que Dieu a élargi a la femmeOn doit chercher
ce que dit la Loi coranique sans transgression aucune. Pour interpréter correctement le Livre révélé, il y a nécessité de garder
aux mots la signification dans le langage dans sa méthode exégétique. « Si EI Ijmâa » en tant qu’accord unanime de la
Communauté par la voix des spécialistes a pour effet de répondre à certaines situations concernant la femme, il faut avoir pour
souci de ne pas « rétrécir ce que Dieu a élargi ». La science des lettres ou I’lm al-Huruf constitue un des modes d’expression
qu’Ibn al’Arabi aborde par exemple dans un des chapitre des « illuminations mecquoises » (fi ma’rifat maratib al huruf w-harakat
min al’âlam wa mâ laha min al-asmâ). Et parmi les attributs compréhensifs liés à la femme il est tout à fait clair de les aborder
avec lucidité sans fanatisme doctrinal qui a conduit à des compréhensions hérétiques sans ancrage à la Loi coranique et à la
Sunna. Les entités angéliques ont été nommées femmes avenantes (awanis) afin que l’intimité se réalise par elles. Dans la
sourate Atahrim (l’Interdiction) « Ô Prophète ! Pourquoi en cherchant l’agrément de tes femmes, t’interdis-tu ce qu’Allah t’a
rendu licite ? Et Allah Pardonneur, Très Miséricordieux. » C’est une sourate adressée à Hafça lorsque le Prophète lui confia un
secret qu’elle eut à dévoiler à Aïcha, et qu’Allah l’en eut informée. Le Coran renferme toute science, toute connaissance, toutes
les nouvelles du passé, du présent et du futur. Le Coran nous guide vers ce qu’il y a de plus droit, de plus juste, de plus sage et
de plus utile dans la croyance ou la foi, les jugements, les préceptes et les adorations. Quiconque s’accroche au Saint Coran ne
sera jamais égaré ni malheureux. Il n’aura rien à craindre et ne sera point affligé ici-bas et dans la vie future.Exégèse coranique
et investigation sémantiqueUne telle recherche autre que théologique mais toujours inspirée par le Saint Coran de par le champ
d’investigation sémantique. Elle sera d’un apport précieux à travers les différents paliers de l’analyse linguistique et lexicale
confrontée à la compréhension des versets qui parlent de la femme. Faire l’inventaire des vocables relatifs à la femme est une
œuvre complexe à la lecture du Coran.Dans la terminologie sémantique du Coran, signifiants et signifiés en termes de
polysémies, d’homonymies et synonymies reflètent des réalités non linguistiques ou extra linguistiques tant par ses métaphores
que par ses paraboles. Ainsi la fréquence du vocable « femme » apparait dans l’étude de l’exégèse coranique et les traits
situationnels qui la caractérise.Il ressort de ces versets coraniques des situations qui parlent de la femme telles par exemple «
Marie » (Meriem bent Amran) évoquée onze fois ou celle de la femme d’Abi Lahab, de Loth ou de Noé et plus largement dans la
sourate « En Nissa ». Dans ce cas le sens du vocable « femme » prend différentes interprétations qui confirment la validité des
couples antinomiques à partir des critères linguistiques formels.Ces affixes de grandes fréquences mettent en évidence les
termes, les réseaux d’opposition, les identités et les corrélations. Il est établi parfois par ses commutations opérées à partir
d’unités lexicales complexes telles variantes combinatoires ou les substituts sémantiques ou des syntagmes (femme, épouse,
compagne, concubine, amante, maîtresse etc…). Est-il besoin de souligner l’impératif questionnement sur les différents sens
abordés dans le Coran qu’il serait prétentieux de pouvoir tout cerner. Mes références dans cette thèse ont eu recours aux
linguistes et auteurs anciens et modernes tels que Sayouti, Zarakchi, Sibawih, Ibn Jenni, Abdelkader Djordjani, Ibn Khathir,
Alqortobi, le commentaire de Mohamed Tahar Benachour qui constitue une œuvre précieuse au plan linguistique et rhétorique.
Sans oublier l’ouvrage de Zamakhchari (538 de l’Hégire) dans « Al Kachaf ‘An Haqaïk atanzil fi Woujouh Ataïwil » (Recherche
sur les réalités de la Révélation et les vues des propos face aux interprétations). Il faut dire que de tous les ouvrages de
linguistiques consultés chez les auteurs arabes ou occidentaux, le thème de la femme n’a pas été traité dans son champ
sémantique à ce jour. Cependant il existe quelques références qui ne manquent de pertinence.Querelle des Anciens et des
modernesIl s’agit plus précisément d’Ibn Fares dans Assahibi Fi Fiq’h al Lougha, Atha’alibi, Fi Fiq’hal Lougha Wa Asrazr al
Arabya (La philologie et les secrets de la langue arabe), Hadj Salah dans Al Madrassa Al Khalilia wa Machaqil ‘laj Al Arabya bi
al Hassoub (L’école Khalilienne et les problèmes dans le traitement de la langue arabe par l’ordinateur),Abdeslam Almasaadi Fi
Al Ousloub wa al Ousloubia (Le style et la stylistique), Ahmed Omar Fi ‘ilm al Dalala (science de la sémantique) et Ibrahim Anis
Dalalatou al Alfadh (La sémantique des vocables).Quant aux ouvrages en langues étrangères, je citerai Ferdinand de Saussure
dans Cours de linguistique générale, Jean Dubois dans Dictionnaire de linguistique et Vocabulaire politique et social en France,
Louis Hjelmslev dans Prolégomènes à une théorie du langage, George Mounin dans Clés pour la Sémantique et Clefs pour la
Linguistique, Rey Debove Josette dans La linguistique du signe : une approche sémiotique du signe, Aïno Niklas Saliminem
dans La Lexicologie. Mais pouvoir cerner dans cette étude sémantique concernant « La Femme dans le Saint Coran » où le
Message s’adresse à toute la Nation dans ses genres masculin et féminin, est chose complexe dans tous les attributs qui sont

218
siennes.Il faut retenir tout de même les différentes nuances relevées par les savants et académiciens musulmans de la langue
dans leurs commentaires du texte coranique. En fait, l’Islam honore, protège la femme et défend ses droits en interdisant toute
injustice ou hostilité à son égard.Comment pourrait-il en être autrement alors que ce sont des règles énoncées par le meilleur
des Juges et une Révélation de la part du Seigneur de l’UniversEn ayant relu les récits coraniques narrés chronologiquement
dans une des langues les plus sublimes et impressionnante de ce Livre sacré, comment pouvoir assimiler le Message divin qui
nous décrit d’une manière émérite dans une symbiose où théologie, sémantique, rhétorique, tous embellis dans une langue
raffinée dont l’esthétique architecturale reste incomparable à tout texte et prête pour la méditation. ◙ OULD HOCINE, Fatima,
Pr. en Linguistique, Univ. Alger2.
Bibliographie :
1- Gardin(J.C) : Analyse conceptuelle du Coran-Mouton 1963.
2- Hjelslev (L) : Prolégomènes à une théorie du langage Editions de Minuit Paris 1971.
3- Aino Niklas Salminem : La Lexicologie Editions Armand Colin Paris 1978.
4- Firth (J.R): Papers in Linguistics, Oxford University Press London 1957.
5- Dubois(J): Le Vocabulaire Politique et Social en France Larousse Paris 6- Dictionnaire linguistique Larousse 1973.
6- Francis (J) :l’Analyse des énoncés moraux avant Augustin dans théorie des Actes du langage Ethique et Droit PUF Paris
1986.
7- Lyons (J) : Sémantique Linguistique traduction J- Durand/ D Boulonnais Université Paris 1979.
8- Mounin (G) : Clefs pour la linguistique et la Sémantique Editions Seghers Paris 1071/72.

FEMME IMAM.- En Algérie, des femmes imams luttent contre la radicalisation : "Tuer est un péché capital, alors comment des
gens peuvent-ils tuer des innocents au nom de l’islam ?", lance Fatma Zohra, l'une des quelques 300 femmes imams à l'avant-
garde de la lutte contre la radicalisation en Algérie. Elles effectuent le même travail qu’un imam, à l’exception de la conduite de
la prière, réservée à l'homme dans la religion musulmane. Discrètes, ces "mourchidates" travaillent depuis des années à la
"déradicalisation" des jeunes tombés dans les filets de l'extrémisme religieux, et à prévenir ce fléau. Dans les mosquées, les
prisons, les maisons de jeunes, les hôpitaux ou lors de débats dans des écoles, leur maître-mot est de faire connaître l'islam qui
prône la tolérance et de corriger les incompréhensions qui poussent à toutes les dérives. Fatma Zohra se rappelle avec
amertume la décennie noire des années 1990, durant laquelle des Algériens tuaient d'autres Algériens "au nom de l’islam" et qui
a fait au moins 200.000 morts. Selon cette quadragénaire élégante mais sobre, coiffée d’un voile mauve, les horreurs l'ont
"motivée à mieux connaitre la religion pour l'enseigner après". C'est pendant la guerre civile, déclenchée par l'interruption du
processus électoral qui promettait une victoire aux islamistes du Front islamique du salut, que les autorités ont entamé un
processus pour contrer l'extrémisme. La première femme imam a été recrutée en 1993. Nommées par le ministère des Affaires
religieuses, elles ont toutes au minimum une licence en sciences islamiques et connaissent le Coran sur le bout des doigts. Tour
à tour "psychologue et sociologue", Fatma Zohra écoute depuis 17 ans les femmes, en groupe ou en aparté, dans son
"confessionnal", faisant le grand écart entre préceptes religieux, problèmes sociaux et conflits conjugaux. "Je les écoute, les
conseille et les oriente vers des spécialistes quand cela ne relève pas du volet religieux", confie-t-elle dans une mosquée
d'Alger. "Nous venons pour apprendre et comprendre le Coran mais aussi pour poser des questions sur des problèmes
personnels", lance Saadia, une septuagénaire. "L’imam c’est bien, mais c’est tellement plus simple de se confier à une femme",
renchérit Aïcha, la soixantaine. - 'Véritable islam' contre 'faux prophètes' - : Au début, seules les femmes au
foyer s'adressaient aux mourchidates, mais depuis quelques années des médecins, ingénieurs et autres universitaires se
pressent pour mieux connaître leur religion. Professeur de mathématiques dans un lycée de la banlieue d'Alger, Meriem a ainsi
commencé à "fréquenter" la mosquée il y a quelques mois afin d'apprendre le "véritable islam" pour contrer les "faux prophètes"
qui veulent endoctriner les jeunes. Samia, femme imam depuis quinze ans et qui préfère ne pas donner son vrai nom, "travaille
dans une région où des mères souffrent de voir leur garçon et parfois leur fille se radicaliser". "Elles se confient à moi pour
qu’ensemble et avec d'autres personnes nous entamions un processus de déradicalisation", explique-telle. "Même si très peu
d'Algériens ont rejoint l'organisation jihadiste Etat islamique, la vigilance est de mise car la radicalisation prend d'autres formes".
"Il faut particulièrement surveiller les adolescents", prévient-elle. "Télévisions par satellite et internet permettent à de pseudo
imams de se faire passer pour des guides religieux alors qu'ils ne connaissent pas les enseignements du Coran". "Un jour,
raconte Samia, une maman est venue me voir car sa fille de 17 ans s'est mise à porter le voile intégral du jour au lendemain et à
leur interdire d'aller aux mariages, de regarder la télévision. Elle s'était faite endoctriner (...). Le travail d'accompagnement a
duré plusieurs mois. Au final, elle a repris ses études et sa vie en mains". Et quand c'est auprès d'un jeune homme qu'il faut
intervenir, l'imam s'implique alors dans l'"opération de sauvetage". Contribuer à extirper des jeunes de l'extrémisme est source
de fierté pour nombre de mourchidates. "Sauver la vie d’un jeune et la vie des personnes qu'il aurait pu affecter (en sombrant
dans la radicalisation) est la plus grande des récompenses à notre travail", assure ainsi Safia, qui exerce à l'est d'Alger. □ AFP,
28.02.2015.

IJTIHAD.- Effort d'interprétation en droit musulman, il constitue un facteur d'évolution et de rénovation dans l'élaboration des lois
juridiques, anime la vie de la législation à travers les époques et s'impose comme une nécessité vitale de perpétuer les lois
divines. Pour toutes les communautés, l'ijtihad n'est pas une simple occupation de l'esprit pour émettre des théories abstraites
loin de toutes les réalités de la vie, mais il est le résultat de besoins effectifs et de contraintes réelles. Ainsi, il répond aux
nécessités de connaître les lois relatives aux problèmes qui pourraient se poser aux sociétés au cours de leurs évolutions socio-
économiques et politiques, aux problèmes exigeant des solutions rapides répondant aux aspirations des peuples, aux exigences
des réalités. Il y a une interaction entre l'ijtihad et la vie de la communauté. C'est l'ijtihad qui lie le passé et le présent de cette
communauté tout en la mettant en contact permanent avec lequel elle s'harmonise parfaitement. Il trace ainsi la voie pour un
lendemain meilleur. L'ijtihad n'est pas une simple action d'innovation, de création ou d'invention des lois. Il représente une
coexistence sous l'égide d'une législation établie, dont l'application est obligatoire.□

INTERDIT EN ISLAM.- Aspects de l’incorporation de l’interdit en islam . "L’amour de la loi, essai sur la
normativité en islam" par Mohammed H. Benkheïra PUF, 1997.
Pour mieux comprendre l’Islam tel qu’il est vécu et pensé dans le monde d’aujourd’hui, Mohammed H.
Benkheïra préconise d’utiliser un ensemble de clefs, qui relèvent de plusieurs traditions et disciplines,
comme le commentaire coranique, le fiqh (droit musulman) l’essayisme politique et religieux, mais aussi

219
l’anthropologie et la psychanalyse. L’auteur s’efforce ainsi de suivre une herméneutique qui confronte les
différents types de discours dans lesquels la tradition islamique s’est organisée pendant de nombreux
siècles et aujourd’hui encore1, d’une part à leur propre logique, et d’autre part à des discours savants,
extérieurs à cette tradition et qui s’évertuent à s’appliquer à elle, en particulier le discours de la
psychanalyse, et celui de l’anthropologie, et aussi cette synthèse entre le droit, la psychanalyse et
l’anthropologie qu’élabore Jean Pierre Legendre. L’ouvrage de Mohammed H. Benkheïra se distingue
toutefois sensiblement de la majorité des innombrables livres, souvent répétitifs les uns des autres,
auxquels l’islam contemporain, avec ses crises et ses violences, a donné lieu. L’originalité de ce travail
repose en particulier sur le fait que l’auteur fonde son approche de l’univers islamique sur la conviction
qu’une bonne connaissance de celui-ci a pour condition de ne pas séparer les aspects intellectuels
(théologiques, philosophiques, juridiques, mystiques) des pratiques rituelles qui s’imposent aux musulmans
« Notre objectif principal, écrit ainsi l’auteur, était de montrer que la question du hidjab et, par delà, celle
des rites du corps prescrits par la sharïa, ne peut être concrètement traitée que si l’on commence par
admettre que la ritualité est le fondement par excellence du lien social » (p. 385).
Le discours fondamentaliste constitue d’ailleurs aux yeux de l’auteur, à juste titre, une sorte de
corroboration de cette posture méthodologique : les différentes formes de fondamentalisme nées ces
dernières décennies en terre d’islam attribuent aux pratiques rituelles une valeur et une fonction
essentielles, dans l’affirmation de l’adhésion à l’islam ; « … tout un chacun peut constater, écrit l’auteur,
qu’ils (les fondamentalistes) attachent une importance considérable à leur apparence extérieure, ainsi qu’à
la religiosité apparente ; voire même, il leur arrive de soutenir que ces aspects ne sont pas moins
importants à leurs yeux que la foi intérieure » (p.6). Il apparaît que pour M. H. Benkheïra, si le
fondamentalisme contemporain se caractérise par une sorte d’exacerbation du ritualisme, celui-ci n’a jamais
cessé d’occuper dans l’univers islamique et son histoire, une place essentielle. En tant que support
inévitable de toute pratique rituelle, le corps acquiert ainsi dans l’éthique et l’ethos islamiques le statut d’un
objet fortement surdéterminé, en raison de la richesse sémantique qu’il recèle, des dangers auxquels il
expose l’ordre familial et social, des ambivalences qu’il inspire. « Au travers des prescriptions que recouvre
l’institution du hidjab, écrit par exemple l’auteur, ce dont il est question, c’est du discours du corps »
(p.126). Une grande partie du rituel islamique et des commentaires didactiques prolifiques auxquels il donne
lieu constituent ainsi comme une régulation incessamment rappelée de ce que doit être et de ce que ne doit
pas être le discours du corps. L’auteur note ainsi que si les Ulamâ sont soucieux de réfréner les tendances
des milieux populaires peu au fait des prescriptions scripturaires de l’islam, de faire proliférer les rituels, ils
ne sont pas moins convaincus que ces derniers constituent une dimension essentielle de la religion
islamique. Les rituels sont la manifestation de l’incorporation de la Loi chez le croyant. «La Loi doit habiter
le corps du croyant… » lit-on dans cet ouvrage (p.29). L’auteur démontre tout au long de son livre que, en
islam, le corps est pris en charge d’une manière intense. Pour mesurer le niveau de cette intensité, il
faudrait pouvoir comparer de ce point de vue l’islam avec d’autres religions.
M. H. Benkheïra en vient ainsi à introduire une notion qui paraît particulièrement opératoire et féconde, celle
de « discours du corps ». À travers le jeu des interdictions ou des licitations auquel il est soumis, le corps
acquiert en quelque sorte le statut d’un médium du message islamique, (Les docteurs de l’islam nous
enseignent ainsi… que la religion ne peut pas ne pas être avant tout un dressage des corps » p.29). Puisque
le corps est ainsi le support d’un discours, il est aussi le lieu de déplacements, de condensations et de
fétichisations, il abonde en métaphores et en métonymies. Dans l’analyse très érudite et très fine qu’il
consacre à cette police des corps, police abondamment formulée dans les textes fondamentaux de l’islam
comme dans leurs commentaires, l’auteur perçoit un dispositif qui s’organise autour du thème de l’Interdit.
Si, observe-t-il, la propension du fondamentalisme islamique contemporain à tout réduire abusivement à la
dichotomie du licite et de l’illicite, du yajûz, lâ yajûz, représente un appauvrissement de la culture islamique,
il n’en est pas moins vrai que l’Interdit constitue une « nécessité vitale ». Il ne faut pas «… laisser croire
que la société humaine peut se reproduire sans qu’entre en ligne de compte la distinction entre le licite et
l’illicite. Il est vrai que pour beaucoup d’esprits, être moderne signifie que tout interdit serait désormais
caduc – et pour être militant de cette cause, point n’est besoin de faire profession de foi anarchiste » (p.16).
Ce caractère central attribué au thème anthropologique et sociologique fondamental de l’Interdit et de la Loi
qui en est l’expression, n’exclut pas le recours à des facteurs explicatifs plus directement liés à l’histoire,
comme celui du besoin ressenti dans les sociétés musulmanes de se défendre contre l’invasion agressive de
l’Occident. « … s’il (le hidjab) est devenu un des principaux symboles d’un islam pur et authentique, ce n’est
pas vraiment en raison d’une nécessité interne, …mais plutôt en raison de la confrontation avec l’Occident…
» (p.33). Cette affirmation ne s’oppose qu’en apparence à la thèse de l’auteur selon laquelle l’Interdit et les
normativités qui en découlent sont étroitement corrélés à l’attachement particulier de l’Islam, et pas
seulement de l’islam fondamentaliste, mais aussi à ses rituels. C’est selon cette approche que l’on pourrait
qualifier de phénoménologique, que l’auteur procède à l’examen des significations impliquées par une
constellation de prescriptions et de rituels islamiques. L’institution du hidjab, les règles et recommandations
régissant la pilosité masculine et féminine, la police du regard et la symbolique de l’œil, l’interdit de
l’inceste et ses effets sur les relations parentales et plus généralement les rapports sociaux, autant d’objets
d’analyses fondées sur une connaissance précise de nombreux textes de la tradition islamique, et dans
lesquelles s’accomplit l’intention de l’auteur d’étudier l’islam en tant qu’il produit des subjectivités et informe
des corps et non pas seulement en tant que discours intellectuel engendrant des règles juridiques. Dans
cette analyse des implications anthropologiques et comportementales de l’intériorisation des prescriptions
islamiques, le hidjab est crédité d’une position prépondérante. Cette institution est fortement chargée de
significations, de symboles et de fonctions. L’interprétation des pratiques concernant le hidjab fournit
comme un fil conducteur pour élucider d’autres rituels islamiques. L’obligation du voile est selon l’auteur,
l’une des matérialisations les plus visibles du désir de soumission à la Loi, soumission qui est aussi amour
envers celle-ci, et acceptation de l’Interdit comme fondement d’un ordre social. (« … qu’est ce qui se trame

220
derrière cette question de la Loi ? On peut commencer à y voir que le rapport à la Loi n’est rien d’autre que
l’expression du rapport à l’interdit » - p.X). L’analyse de l’institution du hidjab vaut principalement en tant
qu’elle constitue l’une des voies d’accès « aux soubassements de la culture islamique » (p.5). La forte
charge symbolique et émotionnelle qui s’attache de nos jours à la question du voile est le produit d’une
multiplicité de facteurs d’ordre historique et psychologique : la tendance à la mondialisation des normes et
des modèles culturels suscite une sorte de réaction de défense, qui dans une partie des populations
concernées, se sentant sommées de « renier » des composantes essentielles de leur personnalité, érigent
cette barrière qu’est le voile(2). Mais si c’est précisément le hidjab dans ses variantes vestimentaires qui
est ainsi investi de cette fonction protectrice, c’est parce qu’il est structurellement lié à des ressorts
psychologiques consubstantiels à la subjectivité produite par la tradition islamique. Le hidjab est en
particulier lié à l’une des manifestations les plus déterminantes de l’Interdit, en tant que structure
fondamentale de la Cité islamique, à savoir la prohibition de l’inceste. La prohibition de l’inceste telle qu’elle
s’exprime dans les prescriptions du droit islamique, engendre une sorte de dichotomisation de la société en
deux classes : celle des parents prohibés, avec lesquels les mariages sont interdits, et celle des personnes
qui peuvent être potentiellement épousées. Le port du hidjab concerne exclusivement cette dernière
catégorie3. L’auteur invoque, donnant ainsi à son analyse un plus solide enracinement théorique, la notion
freudienne de castration : la prohibition de l’inceste réactive l’expérience de la castration, une des
composantes essentielles du complexe d’Oedipe. « Prohibition de l’inceste, écrit M.H. Benkheïra, rite du
mariage et obligation du voile se présentent comme des institutions équivalentes, car elles sont la traduction
de la même opération symbolique —la castration— qui produit le manque » (p.70). On voit ainsi que pour
l’auteur deux ordres de facteurs, relativement hétérogènes, l’un de nature historique et civilisationnelle, la
domination culturelle et politique de l’Occident, l’autre lié aux structures psychologiques profondes de la
subjectivité produite par la tradition islamique, se corroborent. Les différents objets sur lesquels portent la
« police des corps » en islam, et la soumission de l’ensemble des relations sociales à une multitude de
règles contraignantes, apparaissent dans les analyses que leur consacre l’auteur, comme déductibles de
ces licitations et interdictions fondamentales. C’est ce qui ressort des pages qui sont consacrées à l’examen
des règles régissant la « symbolique de la pilosité », la maîtrise des significations impliquées dans le regard
et les pouvoirs de l’œil, les limitations imposées aux femmes dans l’usage des artifices destinés à accroître
leur pouvoir de séduction, (attabbarudj), ou encore le traitement réservé par le fiqh au zinâ, c’est-à-dire à la
pratique de relations sexuelles en dehors du mariage. « … La barbe est aux hommes, lit-on ainsi p.82, ce
que le voile est aux femmes ». Le chapitre consacré aux débats minutieux que la question du port de la
barbe, et plus largement celle de la gestion de la pilosité, rassemble un grand nombre de matériaux puisés
dans des textes fort anciens comme la fetwa de Abou Abdellah Mohammed b. ‘Abdel l-Mumen, (mort en
1130), ou celle de Wansharisi, (mort en 1277), mais aussi dans des commentaires, des essais ou des
articles récents comme ceux de Mahmoud Shaltût, de Ahmed Hammani, ou encore du Shaykh ibadite
Ibrahim Bayyûdh. L’analyse de l’immense casuistique à laquelle a donné lieu la question de la pilosité et de
sa symbolique confirme bien l’inscription de la fonction de la pilosité masculine dans l’opposition entre les
sexes : alors que l’obligation du voile pour la femme a pour objet de cacher, de dénier le corps féminin, la
barbe et surtout la moustache sont pour l’homme des moyens de s’exhiber, de s’affirmer. « L’opposition
cacher/ montrer coïncide avec l’opposition femme/ homme ou féminité/masculinité » (p.122). L’étude de
cette question, apparemment marginale, contribue à confirmer l’une des thèses centrales de ce livre, à
savoir que l’action de la Loi en islam passe dans une large mesure par son incorporation. Les passages que
M.H. Benkheïra consacre à l’étude de la notion de zinâ, en islam, sont sans doute les plus élaborés et les
plus novateurs. L’auteur situe sa réflexion sur la définition de ce délit dans la tradition islamique et du
traitement que lui réserve le fiqh, dans le cadre plus général du problème de la prohibition de l’inceste. Le
point de vue de Pierre Legendre sur cette question lui paraît le plus approprié à son propos. « Alors que
pour Lévi-Strauss il s’agit de préciser l’origine radicale de la société humaine—ce qui fonde ce fameux
passage de la nature à la culture—pour P. Legendre, qui refuse cette opposition et la problématique qui la
sous-tend, l’interdit de l’inceste est ce grâce à quoi l’être humain sort de la confusion et de l’opacité »
(p.275). L’analyse des textes de la tradition islamique qui traitent de ce crime et de sa répression conduit
l’auteur à la conclusion que si celui-ci est si sévèrement puni, c’est fondamentalement parce qu’il exprime
un rejet de la Loi, en tant que celle-ci établit de l’ordre dans le monde et dans la société, en instituant des
séparations et des classifications univoques entre la parentèle et les étrangers, l’homme et la femme,
l’homme et l’animal, la vérité et l’erreur. « Si le zinâ est le plus grand des crimes, au point que le Qur’ân
l’associe à plusieurs reprises au polythéisme (shirk) et au meurtre (25,68 et 60,12) c’est parce qu’il traduit
la négation de la Loi en tant que telle. On peut dire que le zinâ joue dans la culture islamique le même rôle
que l’inceste—entendu comme union consanguine prohibée— dans la culture occidentale » (p.305).
Cette phénoménologie des conduites que déterminent dans l’univers islamique les liens profonds qui
existent entre les rituels et la Loi, donne ainsi en quelque sorte des armes à l’auteur pour aborder selon une
approche radicale nombre de thèmes qui agissent fortement sur la subjectivité et l’imaginaire des
musulmans. Il en est ainsi par exemple du statut de la mère dans la structure familiale. Les descriptions des
liens affectifs particulièrement forts qui s’instaurent entre les mères et leurs fils sont bien plus nombreuses
que les tentatives convaincantes d’expliquer cette relation privilégiée. L’analyse par l’auteur des spécificités
de cette relation mérite d’être prise au sérieux, et approfondie : la position de la mère dans la famille
musulmane place celle-ci dans une situation qui, en quelque sorte, transcende la division entre les sexes, et
donc la lutte qui caractérise leurs relations. La mère est mère aussi bien des hommes que des femmes.
D’une certaine manière, « la mère est une femme désexualisée » (p.261). « … si les hommes et les femmes
sont issus de la femme comme mère, alors celle-ci transcende la division concrète entre sexes » (p.263).
On ne pouvait tenter de donner dans les limites de ce compte-rendu qu’un aperçu du contenu fort riche de
ce livre, et des analyses souvent subtiles qu’il comporte. Parmi ses nombreuses qualités, la moindre n’est
pas celle qui a consisté à ne pas privilégier, dans l’ensemble des textes traitant des objets de ce livre, telle

221
catégorie de documents, plutôt que d’autres : l’auteur s’est adressé directement, et avec beaucoup de
compétence, aussi bien au Qur’an et au Hadith, qu’à plusieurs de ses commentateurs, comme Tabarî, Razî,
Zamakhshari, ou encore Ridha ou Bayyoudh, ou à des auteurs de textes juridiques, comme Ibn Taymyya, Ibn
Qayyim al Jawziyya, Malik, etc. ; de même a-t-il pris en compte les textes de nombreux essayistes
contemporains comme M. Bennabi, Z. Ghazzali, etc. M.H. Benkheïra montre bien ainsi que le patrimoine
islamique ne peut se réduire à l’espace dans lequel tendent à le confiner les idéologues contemporains du
fondamentalisme. Toutefois, on peut se demander si, à traiter ainsi d’une manière équivalente des textes
fort anciens obéissant à des normes particulières d’écriture et de raisonnement, et des textes plus récents
ou contemporains, faisant écho à des préoccupations sociales tout autres, on ne néglige pas quelque peu
l’historicité du discours comme des rituels islamiques. Les mécanismes à travers lesquels s’accomplit
l’incorporation de la Loi ne changent-ils pas avec les changements des logiques sociales objectives, selon
lesquelles ils opèrent ? Ne peut-on de même penser que si les structures anthropologiques et les
mécanismes psychologiques mis au jour dans ce brillant ouvrage pouvaient faire l’objet d’observations de
type sociologique, des différenciations importantes s’y révéleraient, liées aux caractéristiques sociales et
culturelles des groupes au sein desquels elles s’actualisent ? □ HADDAB Mustapha (2005)
*Source : Revue Africaine des Livres. Volume 01 / Numéro 02 - Septembre 2005. CRASC (Oran)
Notes : :
1. On ne saurait trop souligner la richesse et la diversité des lectures auxquelles s’est livré Mohammed H.
Benkheïra, lectures portant aussi bien sur les textes fondamentaux comme le Qur’ân et le Hadith, que sur
les oeuvres les plus importantes de l’immense littérature exégétique, et juridique qui s’est accumulée depuis
les premiers temps de l’islam ou, pour les époques les plus récentes, sur les essais de nombreux leaders
d’opinion du monde musulman. Pour aller au plus près de la sensibilité islamique contemporaine, l’auteur a
également eu l’intelligence de solliciter les écrits de personnages moins «célèbres» comme Sheikh
Bayyoudh ou Ahmed Hammani.
2. «… s’il (le hidjab) est devenu un des principaux symboles d’un islam pur et authentique, ce n’est pas
vraiment en raison d’une nécessité interne, à la suite d’une évolution ordinaire de la société et de la culture
indigènes, mais en raison de son caractère antagonique avec la culture occidentale du corps» (p.33).
3. «La prohibition de l’inceste rend caduque l’obligation du voile» (p.69).

ISLAM.- Une religion est : un dogme, une morale, un culte. La charya est le dogme en Islam, la sunna en
est la morale ; la salat (prières), le syam (le jeûne), la zakat (l'offrande) et le hadj (pèlerinage) en sont le
culte. La charya, dont la source est le Coran, établit des lois constitutionnelles, du droit civil au droit
international. Pour le musulman d'aujourd'hui, suivant son approche coranique, la charya n'a rien à voir
avec le pouvoir politique du moment et ce qui frappe l'attention en premier lieu est que tous les imams (El
Ghazali , Malik , Abou Hanifa, Eshafii, Ibn Hanbal et Djaafar El Sadiq) s'opposèrent aux califes et sultans de
leurs époques hors pouvoirs, comme les y invite Le Prophète (A.E.S.): "Peuple, je vous ai légué en héritage
le Coran et la sunna (justice, bienséance et assistance d'autrui). Raisonnez et comprenez-en le sens, que
ceux qui m'écoutent le transmettent aux suivants et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux
qui m'écoutent directement". C'est une invitation à une morale comprise, l'Ijtihad nécessaire pour tout
musulman qui s'évertuera à réaliser la synthèse logique entre son appartenance communautaire et la
défense de l'unité parfaite de la nature humaine. En Algérie, l'islam est religion d'Etat. De ce fait, la "daawa"
islamique relève de sa responsabilité. S'il peut en partager l'initiative avec le mouvement associatif, c'est à
lui seul que revient le contrôle par le biais des institutions établies à cet effet. Aussi est-ce à l'Etat que
revient en premier lieu la prérogative d'assumer et d'animer la diffusion du message islamique auprès des
croyants. Le Coran préconise le principe de participation (taouhid) au lieu du principe d'obéissance. L'islam,
ensemble de règles, de principes et de méthodes, n'est pas une idéologie qui viserait la prise du pouvoir. Ce
n'est pas une théorie de pouvoir, mais une méthode pour se libérer du pouvoir. Religion d'émancipation et
de tolérance, l'Islam est appelé à évoluer à travers l'histoire en s'adaptant aux données de chaque époque.
Si les sources de la législation divine ont permis à la société d'islam de trouver les solutions adéquates aux
problèmes posés à travers les étapes historiques, par le moyen de l'ijtihad, une des sources importantes
du droit musulman, les algériens arriveront également à résoudre par la même voie de l'interprétation, les
difficultés de notre temps.

ISLAM EN QUESTION (S).- Livres édités  :


♦ Lectures du Coran . Essai de Mohammed Arkoun. Editions Sedia, Alger 2016, 2 200 dinars, 567 pages.
C'est un ouvrage paru initialement en 1982 puis republié en 1991. Un opus fondamental, un recueil d'articles
rédigés dans les années 1970. On le sait, on le constate. La pensée de Mohammed Arkoun, foisonnante et
tout en nuances, n'est pas d'un abord facile. Pour l'assimiler, il faut du temps et des instruments critiques
que peu de personnes maîtrisent. Mohammed Arkoun avance à pas de loup dans un corpus des plus touffus.
À plusieurs reprises, dans son ouvrage, il se déclare conscient de l'inégalité du combat qu'il mène contre
l'interprétation idéologique et politique de l'islam. Son objectif : restituer le Coran dans sa fonction d'élan
religieux, après son dépouillement de ce que les sciences humaines peuvent légitimement s'approprier du
texte, en tirant au clair son mode de production formel. Ainsi, l'islamologue espère rajeunir non pas le
Coran, mais sa lecture et, tout en lui gardant son intégrité de Tout signifiant, introduire, pour le comprendre
et l'analyser, un appareil critique lourd. Pour ce faire, il mobilise toutes les ressources de la linguistique, de
la sémiotique, de l'histoire des mentalités, de la sociologie, de la critique littéraire... pour déconstruire le
discours classique sur le Coran. Ce faisant, il s'aventure dans «l'impensé et l'impensable» d'une
interprétation figée au XIIIe siècle par «la fermeture des portes de l'ijtihad», réfractaire à toute nouveauté.
Une fermeture qui a codifié et réorganisé le Coran, en a balisé la lecture, atrophiant par là même la raison,
pour la plier à la littéralité du texte, l'obliger à accepter comme vérités ce qui n'est que termes de
métaphore, à prendre pour sens propre ce qui n'est que sens figuré, etc. Une entreprise qui n'était pas sans

222
risques pour l'islamologue. Les travaux de Mohammed Arkoun ont été critiqués, même s'il a été
suffisamment prudent pour éviter les accusations péremptoires. Des articles «revisités» durant plus de
quarante ans. Des articles presque tous remaniés, un seul non modifié («Lecture de la Fatiha»), certains
inédits... ce qui démontre la fécondité des pistes de recherche ouvertes près d'un demi-siècle plus tôt. Les
sujets abordés sont parmi les plus brûlants : statut du Coran comme Parole de Dieu, Shari'a et statut de la
femme, Jihad, Islam et politique, Islam et société, merveilleux et métaphore... Problématiques toutes liées
entre elles, ce qui donne plus de force au mot d'ordre de l'auteur, «La critique de la Raison islamique» aux
accents kantiens.
La table des matières est, à elle seule, parlante : En introduction : Bilan des études coraniques,
introduction à toute approche critique du fait coranique / Comment lire le Coran aujourd'hui ?/ Le problème
de l'authenticité divine du Coran/ (Re)lecture de la sourate 18/ De l'ijtihad à la critique de la Raison
islamique : l'exemple du statut de la femme dans la shari'a/ Peut-on parler de merveilleux dans le Coran ?/
Introduction à une étude des rapports entre Islam et politique/ Religion et société d'après l'exemple de
l'Islam/ Le Hadj dans la pensée islamique/ Révélation, Histoire, Vérité/ Pour une relecture métacritique de la
sourate 9/ L'organisation métaphorique du Discours coranique.
L'Auteur : Né à Taourirt Mimoun /Tizi Ouzou, le 1er février 1928, décédé en 2010 en France et inhumé au
Maroc. Etudes à Oran et à Alger puis à la Sorbonne-Paris. Enseignant et conférencier à travers le monde.
Un des islamologues les plus importants de l'époque contemporaine. Penseur exigeant et militant pour une
refondation humaniste de l'Islam. Il a produit une œuvre qui a révolutionné l'islamologie mondiale... en
encourageant l'émergence d'une nouvelle discipline scientifique, «l'islamologie appliquée». Plusieurs
ouvrages... et un livre d'entretiens (R.Benzine et J-L Schlegel), «La construction humaine de l'Islam».
Décédé en France et inhumé au Maroc... l'Algérie (celle de la «Pensée islamique» radicale ) ne l'ayant pas
reconnu en temps voulu, l'ayant même (presque) rejeté.
Extraits : «Le concept de discours religieux est loin d'être libéré de la persistante terminologie théologique
qui impose toujours les expressions «Parole de Dieu», «Livre révélé», «Ecritures saintes», «Révélation»...»
(p 12), «Du côté musulman, le vide intellectuel et scientifique est dû à la très faible présence, voire à la
totale absence des sciences de l'homme et de la société, surtout dans les facultés ou les départements
d'études islamiques. Et, quand il s'agit du Coran, il y a soit l'autocensure imposée par un environnement
militant, soit le conformisme desséchant à une «orthodoxie» fixée dès l'époque de Tabari, mais plus que
jamais rigidifiée par l'actuel «radicalisme islamiste» (p 13).
Avis : Une lecture croyante du Coran, mais libre, contemporaine, affranchie des diktats (notamment
vestimentaires) et des commandements et interdits de tous ordres qui en alourdissent la lecture idéologique
et politique. Une attitude philosophique ouverte aux apports et aux interrogations des théologies classiques
et modernes. A lire pour franchir le pas décisif qui fera, peut-être, entrer v(n)otre pensée philosophique
et/ou théologique dans l'investigation scientifique.
Citations : «Les musulmans ne peuvent rester plus longtemps en retrait par rapport à cet élan universel de
la pensée scientifique vers de nouveaux modes d'intelligibilité et d'appropriation du réel» (p 19), «L'idée
principale est qu'on constate une disproportion croissante entre la consommation idéologique et imaginaire
du Coran au jour le jour et la prise en considération, par une pensée libre et critique, de tous les problèmes
qu'il pose, aujourd'hui, non seulement aux musulmans, mais à tous les esprits soucieux de renouveler notre
connaissance du phénomène religieux» (p 35)
♦ La boîte noire de l'Islam . Le sacré et la discorde contemporaine. Essai de Amin Zaoui. Tafat Editions,
Alger, 2018, 500 dinars, 155 pages.
Pas si drôle que ça, le titre de l'essai. Tragique même. Car un avion qui a perdu sa «boîte noire» est un
appareil qui, de toute évidence, s'est écrasé, emportant avec lui, dans un «autre monde» la quasi-totalité,
sinon la totalité de ses passagers.
Mais que s'est-t-il donc passé ? Depuis quelques siècles, en matière de religion en général et d'Islam en
particulier, chacun y est allé de son approche, de ses analyses, de ses observations, de ses critiques... et,
depuis quelques décennies, la cogitation n'a fait que croître. Un phénomène naturel ! La disparition des
colonialismes classiques alors bien visibles, l'apparition de substituts moins présents mais plus pernicieux
comme la mondialisation, la globalisation... et, surtout, l'«invasion» des nouvelles technologies de la
communication qui a entraîné de nouvelles formes de vie culturelle et cultuelle... Elles ont donc relancé les
débats.... puis des «conflits» que l'on croyait oubliés ou à jamais enterrés, d'où de nouvelles interrogations
et d'autres recherches, analyses et propositions. Des plus sérieuses aux plus farfelues. Des plus
compréhensives aux plus intolérantes. Des plus pacifiques aux plus belliqueuses.
L'auteur, qui n'en est pas à sa première incursion en la matière, a emprunté (plutôt, a continué) une voie qui
est, peut-être, la plus simple et la plus porteuse d'espoir d'un «vivre ensemble» selon sa foi, dans le respect
de la loi... et surtout dans la tolérance et l'amour du prochain. Pour le plus grand bien-être de la collectivité.
Il n'y va pas par quatre chemins (et ce qui est le plus pédagogique quand on vise le plus large public) pour
se (nous) sortir de la «boîte noire» : ne plus vivre en otage d'un côté par la chariâa et de l'autre par les
ulémas de cette chariâa. Pour lui, la chariâa islamique n'est autre que des interprétations temporelles
(d'ailleurs contestées et sources de conflits et de différends, pour la plupart sanglants) des textes sacrés,
des lectures controversées réalisées par des êtres humains. Des «Ulémas» (traduits par «Savants» bien
qu'ils n'aient rien inventé, «moulins de la rhétorique»... ce qui amené une historienne, je crois, à utiliser le
mot de «Sachants»), certes... mais qui, «avec le temps qui passe et l'ignorance qui s'installe», se sont
métamorphosés en gourous. Ajoutez-y les intrigues pour la subordination de la chariâa à la politique et aux
politiciens au pouvoir (ou à sa prise) et l'on commencera à déchiffrer –difficilement et à v(n)os risques et
périls- la «boîte noire».
Au total, plus d'une cinquantaine d'articles et autant de sujets. Des chroniques sociétales et cultuelles ? Des
articles critiques ? Plus que ça. Des pensées (des «dits») raisonnées qui prennent leur source dans une
vaste culture religieuse et une observation multi-directionnelle des terrains. Quelques exemples : Le racisme

223
(«l'homme noir dans l'imaginaire musulman»), la «boîte noire de l'Islam» (une personne... Abou Hourayra),
l'athéisme, le terrorisme, les musulmans, leur Livre et les livres, les imams, l'amour, le fatalisme (au pays
d'inch'Allah»), le voile islamique, l'islamisation en Kabylie, les Juifs maghrébins, le juste milieu, la Mecque,
le halal et le haram, le citoyen et le croyant, le corps féminin, l'école coranique, la poupée Barbie, patrie et
religion, l'humiliation des femmes berbères... par un calife omeyade, la colonisation turco-ottomane (1515-
1830), la haine (structurée et graduée... contre la femme, contre le Juif, contre l'Occident, la laïcité, l'athée,
le communiste, les droits de l'homme, le temps)...
L'Auteur : Né en novembre 1956 à Bab El Assa (Msirda/Tlemcen). Etudes primaires au Maroc, Lycée à
Tlemcen, Université d'Oran, Docteur d'Etat à Damas, Enseignant de littérature puis Directeur du Palais des
Arts et de la Culture d'Oran et de 2003 à 2008, Directeur général de la Bibliothèque nationale d'Algérie (un
«Âge d'or» selon moi, mais vite étouffé)... Ecrivain bilingue (arabe et français), auteur de plusieurs ouvrages
(des romans, des essais, un beau livre...) dont certains traduits dans plus d'une dizaine de langues...
Chroniqueur de presse...
Extraits : «L'époque des lumières de Tolède musulmane fut un exemple du «vivre ensemble». Dans cette
ville, plutôt cette principauté, vivaient en harmonie les juifs, les chrétiens, les musulmans et non-croyants,
faisant de leur cité un espace de respect et d'échange. Et cette vie en commun, avec sa diversité religieuse
et culturelle, a engendré un mode de vie exceptionnel et harmonieux dans l'histoire de l'Andalousie
musulmane» (p 21), «Critiquer l'islam radical, en Europe, cela signifie que vous êtes automatiquement taxés
d'islamophobe... Critiquer l'islam radical en terre d'islam, dans le monde arabo-musulman, cela signifie que
vous êtes un aliéné» (p 22), «L'Algérie a vécu deux épreuves historiques consécutives : le mal de la
colonisation orientale et celui de la colonisation occidentale. Notre peuple a goûté aux deux recettes !!
Shawarma et Omelette !» (p 139), «Sans la réconciliation avec notre patrimoine local et universel de
rationalité, le fanatique prendra le dessus par rapport à la critique, le féqih vaincra le philosophe, le
charlatan battra le scientifique, l'hypocrisie voilera la sincérité « (p 144)
Avis : Un livre pamphlet écrit rageusement par un intellectuel vrai, bien ancré dans le réel... par un homme
fidèle à son engagement et un auteur fidèle à son style. Avec une plaidoirie solidement argumentée et
courageuse en faveur des valeurs de la citoyenneté («la religion commune dans une société moderne»)...
avant tout... «la patrie étant plus vaste que la religion».
Sur le plan de la forme, beaucoup de coquilles. Dommage ! Ce qui est certainement dû à une certaine
précipitation dans l'édition... et les auteurs devraient automatiquement et sans complexe s'astreindre (ou
demander) l'épreuve des corrections avant tout B.a.t et impression.
Citations : «L'athéisme est le miroir fidèle de la foi. Il n'y a pas de foi sans la présence de l'athéisme. Une
présence chez l'individu ou dans le collectif. L'athéisme n'est pas l'équivalent de l'égarement ou de l'erreur.
Il est l'image humaine d'un état de questionnement éternel» (p 19), «Dans la religion des salafistes, on parle
beaucoup de sexe, mais rien sur l'amour» (p 44), «Dieu n'habite pas La Mecque ; il habite les cœurs pleins
d'amour et d'adoration» (p 73), «Lire, c'est chercher à multiplier sa vie individuelle par le nombre de livres
lus» (p 77), «Dans le monde arabo-musulman, la seule guerre qui, depuis quinze siècles, arrive à faire
rassembler tout le monde, c'est celle déclenchée contre la femme» (p 93), «Notre société a perdu l'islam en
adoptant l'islamisme» (p 124), «Si l'Histoire est un rouleau compresseur, les intellectuels sont les faiseurs
de cette Histoire . Par la raison, par la lumière, par la science, ils font bouger les lignes de l'interdit, reculer
la zone de l'ignorance et de la peur et élargir le champ de la liberté de pensée» (p 129), «La société arabo-
musulmane vomit tout respect à la notion du temps. Elle n'a aucune estimation, aucune considération pour
le temps, parce que le temps est lié au travail, parce que le travail est lié au capital, parce que le capital est
l'image du juif et de l'Occident athée...» (p 152)
P.S.-Marcel Bois est décédé lundi 4 juin 2018, à l'âge de 93 ans. Il est mort à Alger, une ville qu'il n'a
jamais quittée même aux temps les plus noirs, les années 90. Un pays qu'il a aimé. Des gens qui l'ont
beaucoup apprécié. Homme de foi, il a été celui qui a été, aussi, un «transmetteur» de la mémoire littéraire
du pays, que ce soit en français ou en arabe. Il était bilingue et quel bilingue puisqu'il était, tenez-vous bien,
un de nos plus grands traducteurs, ayant travaillé sur les plus grands de nos auteurs. Né en 1925 en
Savoie, Marcel Bois est ordonné prêtre à Carthage en 1950, où il faisait des études de théologie. En 1961, il
vient en Algérie pour s'occuper de la revue de presse Maghreb-Proche-Orient. «Je suis arrivé le 1er juillet
1961. J'ai assisté aux exactions de l'OAS. Dès l'indépendance, je me suis inscrit à l'université d'Alger pour
une licence d'arabe que j'obtiendrais en 1968», avait-il confié à la presse, en ajoutant que c'est «durant
l'année 1962, l'activité scolaire étant paralysée, le proviseur Bendali Amor, qui officiait à Ben Aknoun, a
quand même organisé une session du bac en septembre. Il m'a fait appel, j'ai travaillé durant tout l'été 1962.
Après, j'ai remplacé bon nombre de profs». En 1963, il enseigne la traduction au lycée Amara-Rachid. En
1969, il est sollicité par le proviseur du lycée El Mokrani pour occuper un poste à plein temps. Poste qu'il
occupe jusqu'à sa retraite en 1986. Lors d'une rencontre sur la traduction, organisée en 2017 à la libraire
Chaïb-Dzaïr, de l'Anep, Marcel Bois avait confié : «Tout a commencé en 1973 lorsque j'enseignais au lycée
El Mokrani. J'avais un collègue, professeur en langue arabe, Abdelallah Mazouni. Il travaillait sur «Le vent
du Sud» de Abdelhamid Benhadouga, mais il n'avait pas envie de continuer, et donc je l'ai traduit». Cette
traduction a donné naissance à une grande amitié entre Marcel Bois et Abdelhamid Benhadouga, dont il a
traduit la majorité de son œuvre. Il a également traduit des romans de Tahar Ouettar, les romans de Brahim
Saâdi et de Waciny Laredj, dont le «Livre de l'Emir». Marcel Bois, «l'Algérien jusqu'au bout de sa plume, de
ses émotions et de son cœur», avait répondu à une question de Waciny Laredj sur le choix de rester en
Algérie dans les années 1990, dans le cadre d'un documentaire Tv consacré à son parcours personnel et
intellectuel : «Pour aller où ? Rachid Mimouni disait ceci : rester, c'est mourir un peu, partir c'est mourir
beaucoup. Je préfère rester et mourir un peu. Je crois profondément à la destinée des êtres. La terre est
une et indivisible. La mort est là où on va. J'ai vécu presque cinquante ans avec ce peuple, il m'a donné
beaucoup de son âme et un grand bonheur, je ne peux pas le laisser dans ces moments durs. Bien sûr, je
déconseille à mes amis de se laisser tuer bêtement ; moi, je ne peux pas. Quand je m'engouffre dans le

224
travail, la peur s'estompe et ne comptent que les moments de bonheur qu'on tisse à travers l'écriture.»
Voilà donc un homme de foi, un homme de bien, un homme de culture... qui mérite d'être inscrit dans une
future liste des récipiendaires de l'Ordre du Mérite national. □ AHCENE-DJABALLAH Belkacem (2018)
*Le quotidien d’Oran, 14.06.18.
►L'Islam chez les Américains, depuis le 18ème siècle  :
Du temps de l'esclavage, les planteurs américains soupçonnaient les rassemblements communautaires
d'esclaves d'être des sources potentielles de violence et même de rébellions. Mais tous les esclaves
africains étaient-ils chrétiens ? Pas du tout. Dans l'Amérique coloniale, seule une petite minorité d'esclaves
était chrétienne. Beaucoup d'entre eux étaient animistes ou pratiquaient l'Islam, une religion courante en
Afrique de l'Ouest, une région d'où beaucoup d'esclaves africains avaient été capturés et expédiés en
Amérique du Nord, depuis 1730. Ainsi, la pratique de l'Islam parmi les esclaves était commune. Cela faisait
partie de leur culture et vie spirituelle. Dans un article intitulé : « Les origines musulmanes des esclaves
américains (parties 1 et 2): De l'Afrique aux Etats-Unis », publié en 2014, Aisha Stacey affirmait que « les
Européens voulaient que les esclaves travaillent sur les terres qu'ils possédaient dans les Caraïbes et dans
les Amériques, ils étaient une source de travail plus abondante que les ouvriers contractuels. Il est possible
que les musulmans fussent parmi les 20 Africains amenés à la colonie de Jamestown, en Virginie en 1619. »
Les historiens modernes pensent qu'au plus fort de la traite des esclaves au 18ème siècle, jusqu'à 7 millions
d'Africains avaient été capturés, vendus à des marchands d'esclaves et maintenus en Afrique, dans des
conditions difficiles, jusqu'à leur expédition vers les Amériques. On estime, également, que jusqu'à 30% des
esclaves en Amérique du Nord, étaient musulmans. Certains érudits, comme Michael Gomez, Sylviane Diouf
et d'autres africanistes, utilisant divers matériaux historiques, ont trouvé quelques indices suggérant que «
certaines des figures les plus importantes de l'histoire afro-américaine, comme Frederick Douglass, Harriet
Tubman, Martin Delaney et d'autres ont été des descendants de musulmans asservis. »
Selon Gomez, la présence musulmane en Amérique du Nord «est antérieure à l'arrivée des colons anglais».
Il note, également, qu'il y avait une importante population musulmane en Floride espagnole et parmi les
Français en Louisiane, et dans d'autres régions, en particulier la région des îles de la mer de Caroline du
Sud et en Géorgie. Il maintient que «la présence musulmane... était active, saine et convaincante». Il
observe également que «beaucoup de musulmans ont pu continuer à pratiquer l'Islam, même sous la
protection de l'expression rituelle chrétienne».
Dans « Serviteurs d'Allah: Musulmans africains réduits à l'esclavage dans les Amériques, » Sylviane Diouf
affirme que non seulement les musulmans étaient présents en grand nombre dans le sud américain d'avant-
guerre, mais qu'ils forgeaient une vie conforme à leur foi et à leurs croyances. Les musulmans africains ont
maintenu les cinq piliers de l'Islam tout en observant rigoureusement les restrictions diététiques religieuses
et en forgeant des liens communautaires avec les autres musulmans. Ces restrictions sont, généralement,
l'abstention de manger de la viande de porc et de ses sous-produits, et de boire des boissons alcoolisées.
La tradition folklorique orale des musulmans africains esclaves était un témoignage convaincant du rôle que
l'Islam a joué, dans le maintien du patrimoine culturel et de son caractère africain, dans les colonies
sudistes d'avant-guerre.
En fait, certains musulmans africains alphabétisés ont cherché à préserver cet héritage, en écrivant
quelques chapitres ou sourates choisies du Coran. Diouf a, également, ajouté: « Les hommes enturbannés
et les femmes voilées, leurs chapelets de prière autour du cou, le coton haché, la canne (à sucre) coupée et
le tabac roulé, du lever au coucher du soleil. Comme d'autres esclaves, ils étaient battus, fouettés, maudits,
violés, mutilés et humiliés. Au milieu des abus et du mépris, ils continuaient à prier, à jeûner, à être
charitables, à lire, à écrire sur le sable, à s'entraider, à chanter leurs airs solitaires et à montrer leur fierté
en eux-mêmes, leur religion et leur culture ».
Quelques célèbres esclaves musulmans africains en Amérique du Nord:
- Omar ibn Sayyid (1770-1864): C'était un érudit musulman du Sénégal bien éduqué. Il avait été enlevé de
sa maison et envoyé sur un navire vers une plantation dans le sud américain, en1807. Omar avait vécu en
Caroline du Nord et du Sud et était l'un des premiers musulmans, les plus célèbres aux États-Unis. Il avait
laissé, derrière lui, au moins 14 ouvrages d'histoire et de théologie en arabe y compris une célèbre
autobiographie.
- Adbul Rahman Ibrahima Sori (1762-1829): Né prince d'une famille royale du royaume de Futa Jallon, en
Afrique de l'Ouest (aujourd'hui en République de Guinée), il avait été vendu comme esclave, en 1788. Cet
érudit musulman Fulani a passé 40 ans comme esclave à Natchez, dans le Missouri. Après avoir été libéré,
en janvier 1829, il partit pour le Liberia avec sa femme mais sans ses neuf enfants esclaves restés aux
USA. Il mourut peu de temps après. Terry Alford a écrit une biographie intitulée : « Un Prince parmi les
esclaves (Prince Amog Slaves) ». La vie d'Adbul Rahman avait été adaptée au cinéma dans un film ayant le
même titre écrit et réalisé par Andrea Kalin (2008). -
Ayuba Suleiman Diallo (1701-1773): également connu sous le nom de Job ben Solomon, il est né à Bundu,
au Sénégal (Afrique de l'Ouest). Ce célèbre savant musulman a, également, été victime du sinistre
«Passage du Milieu», dans le cadre de la traite des esclaves, dans l'Atlantique. Le «Passage du Milieu» fait
référence à une pratique du commerce d'esclaves africains qui furent entassés dans des bateaux puis
transportés, à travers l'Atlantique, vers les Indes Occidentales. La traversée durait trois à quatre mois et
pendant ce temps-là, les esclaves noirs étaient gardés en rangs mais enchaînés dans la cale. Ayuba avait
passé environ deux ans, en esclavage, dans le Maryland, puis il avait été amené en Angleterre et enfin
libéré. Il avait impressionné aussi bien les Américains que les Européens avec son esprit éveillé, sa culture
et son sens aigu de l'identité africaine et musulmane. Ses amis anglais avaient organisé son retour en
Afrique, sa terre natale, en 1734, où il était devenu un agent commercial de la Compagnie royale africaine.
Ses amis avaient également écrit sa biographie qui dépeignait ses pensées et ses sentiments sur
l'esclavage américain et la culture et la religion africaines.
- Abu Bakr Al-Siddiq: Né à Tombouctou, en 1794, Abu Bakr était membre d'une famille riche et sophistiquée

225
de Mandingo (aujourd'hui Ghana). Capturé, lors de la guerre locale, et vendu en esclavage, en 1807, il se
retrouva dans une plantation jamaïcaine où, malgré un baptême forcé, il resta un musulman dévoué. Abou
Bakr est l'auteur d'une longue biographie, en arabe, et était connu comme un écrivain accompli. Il a compilé
de nombreuses listes de routes commerciales, en Afrique de l'Ouest, également en arabe. Richard Madden,
un abolitionniste irlandais, en Jamaïque, a tenté de traduire les écrits d'Abu Bakr. Plus tard, ils furent,
également, traduits en anglais par George C. Renouard, un Londonien, profondément, impressionné par la
foi musulmane profonde d'Abu Bakr et ses vastes connaissances géographiques.
- Salih Bilali: Originaire de Massina, au Mali, Salih Bilali (aussi appelé ‘Tom') était un esclave de l'Île de
Saint-Simon en Géorgie. Bien connu par ses contemporains; Tom était un musulman très religieux et un
leader dans sa communauté. Malheureusement, de nombreux détails de la vie de Salih Bilali aux États-Unis
avaient été obscurcis par le temps. L'histoire de sa vie en Afrique a été enregistrée par son maître, James
Hamilton Couper, dans une lettre que Couper avait écrite et publiée plus tard. Plus tard, des souvenirs de
Salih Bilali avait été recueillis auprès d'ex-esclaves. Toutefois, l'on sait plus sur son ami, Bilali Mohamed,
également résident de Géorgie.
- Bilali Mohamed: Bilali était un surveillant sur l'île de Sapelo, en Géorgie, où il était connu pour avoir
convaincu ses compagnons de ne pas déserter durant la Seconde guerre contre la Grande-Bretagne, en
1812. Son maître, Thomas Spaulding, avait montré sa confiance en Bilali, en l'armant lui et ses hommes
avec des armes à feu, pour défendre l'île contre les Britanniques. Bilali écrivait en arabe et était considéré
comme un leader de la Communauté musulmane, à Sapelo. Les enfants de Bilali avaient étudié l'Islam, sous
sa direction. Certains de ses descendants se trouvent, aujourd'hui, dans l'île de Sapelo. Il avait été enterré
avec son tapis de prière et une copie du Coran, symboles de la foi musulmane qu'il a pratiquée tout au long
de sa vie. Bien que les traductions de son travail se soient avérées difficiles, ses écrits originaux sont
conservés à la Georgia State Library à Atlanta.
- Mahommah Gardo Baquaqua: Né à Djougou (aujourd'hui Bénin) vers 1830, l'histoire géographique de
Baquaqua s'étend de l'Afrique de l'Ouest au Brésil, en passant par Haïti, New York, le Canada, le Michigan
et finalement l'Angleterre. Ses mémoires avaient été conservées dans un récit intéressant : Biographie de
Mahommah G. Baquaqua, dans laquelle il décrivit sa patrie africaine. Son récit est aussi la seule œuvre
documentant la vie d'un esclave brésilien à cette époque. Après avoir été libéré, à New York, Barquaqua
avait travaillé pour un employeur abusif, à Haïti, et était devenu un adversaire ténu du christianisme tel que
prêché par les missionnaires locaux. Baquaqua était lettré en anglais, mais ne pouvait écrire que quelques
mots en arabe, et il a, brièvement, fait ses études au Collège Central de McGrawville, à New York. Il avait
ensuite déménagé au Canada et collaboré avec l'écrivain Samuel Moore et l'imprimeur George Pomeroy,
pour composer sa biographie.
- Mahammed Ali Ben Saïd (Nicholas Saïd): Il était l'auteur d'une autobiographie expressive qui témoigna de
son héritage musulman africain. Après avoir été soumis à une marche des esclaves à travers le désert du
Sahara, en 1849, il avait servi des maîtres en Turquie et en Russie, avant d'être engagé en tant que
domestique pour un Européen voyageant vers les Amériques. Il était, finalement, devenu un enseignant
dans le Michigan en 1862 et plus tard, a servi dans le 55ème régiment des Volontaires de Couleur du
Massachusetts, une unité qui avait combattu dans plusieurs batailles importantes de la Guerre Civile. Son
autobiographie rédigée en anglais avait été publiée dans l'Atlantic Monthly, en octobre 1867, sous le titre :
«Un Natif de Bornoo.» Une omission intéressante de l'ouvrage était le sujet de l'esclavage. Bien que la
religion musulmane ne fut pas spécifiquement abordée dans ses mémoires, les perspectives relayées par
son écriture avaient reflété une éducation islamique et plusieurs références à «Allah» sont incluses.
En conclusion, l'esclavage était perçu par les abolitionnistes, selon toutes les normes morales et aussi
religieuses, comme un système effroyable qui devait être déraciné du sol nord-américain, par tous les
moyens, y compris les soulèvements violents. Diverses rébellions dirigées souvent par des esclaves, tels
que Gabriel Prosser (1800) et Nat Turner (1831), attirèrent l'attention sur la cruauté de la soi-disant
“institution particulière » qu'était l'esclavage. Le traitement lamentable des Noirs avaient motivé les
penseurs laïcs, les philosophes et un certain nombre d'évangélistes activistes, à façonner des moyens
efficaces pour résister à cette infâme « institution ». Aujourd'hui, le retour des Américains à l'Islam se fait à
grands pas, sous l'égide, cette fois des Blancs qui bénéficient d'une grande culture islamique et aussi arabe
tels que le Cheikh Hamza Yusuf de Californie, Yusuf Estes du Texas, que j'avais rencontré personnellement,
une fois à l'Université d'Essex où j'étais étudiant post-gradué à la fin des années 1980. □ MAZOUZ
Abdelkader (2018)

ISLAMISME.- Le pouvoir algérien, choisissant de l'intégrer dans le jeu politique, s'est rendu compte qu'il
était une donnée politique incontournable. Le processus de libéralisation du régime a permis l'émergence de
l'islamisme radical demeuré longtemps en gestation car il est lié à des conditions historiques, politiques et
sociales. Historiquement, le phénomène islamique traduit, à travers le rejet des valeurs de la modernité
occidentale, une tentative de réappropriation de ces mêmes valeurs après les avoir fait passer par le filtre
des référents culturels islamiques. L'islamisme radical est né de cette problématique de l'accès à la
modernité : islamiser la modernité plutôt que moderniser l'islam. L'islamisme est un symptôme. C'est un
extrémisme qui présente deux causes principales :
◙ Il est l'expression politique du désespoir : toutes les stratégies de développement ont échoué à des
degrés divers. En Algérie, l'industrialisation a été une faillite, l'agriculture a été ruinée, les villes se sont
gonflées artificiellement, le chômage affecte environ 30% de la population en âge de travailler, l'échec
scolaire fait des ravages, les injustices se sont aggravées, la corruption est devenue un mal endémique, etc.
En somme, la confiance et l'espoir ont disparu et une partie de la population, spécialement la jeunesse,
estime être privée d'avenir.
◙ Il est une manifestation de peur par rapport à la modernité : l'esquisse de développement qui semblait être
amorcée a contribué à désarticuler encore plus la société. Les points de repère à partir desquels se

226
construit la vie des hommes ont été bouleversés, parfois anéantis. Ceux qui ont accédé à la modernité se
sont occidentalisés et se sont éloignés du peuple dont ils étaient issus. Cette modernité-occidentalisation
fascine en même temps qu'elle est rejetée par ceux pour lesquels elle est inaccessible et qui la perçoivent
comme une menace pour leur identité.
En outre, l'islamisme est porteur d'un projet politique totalitaire; Les "intégristes" le disent ouvertement : la
démocratie, c'est à dire le pluralisme, la liberté d'opinion et d'expression ainsi que la reconnaissance de
l'individu comme valeur en soi, sont des produits de l'Occident. Les droits de l'homme tels qu'ils sont
conçus en Europe et aux Etats-Unis sont également dénoncés comme un moyen qu'utilisent ces puissances
pour aliéner le monde musulman. Or, sans pour autant faire du mimétisme servile par rapport à la culture et
aux systèmes politiques occidentaux, on ne voit pas comment on pourrait être libre autrement qu'en
appliquant les règles de la démocratie. Celle-ci n'est pas "occidentale", elle est une valeur et une aspiration
universelles. Jusqu'à preuve du contraire, on n'a pas inventé d'autres façons pour les sociétés humaines
d'organiser leur liberté : on sait ce que camouflaient la terminologie et le régime appelés "démocratie
populaire"... La démocratie est aussi le seul moyen pour un pouvoir de fonder sa légitimité et pour un peuple
de faire prévaloir la notion de citoyenneté.

ISLAM (ISME).- L'Islam (isme) en question (s) : Présentation* de quelques ouvrages parus :
♣ L'alliance des civilisations. Un défi pour l'humanité. Essai de Mustapha Chérif. Casbah Editions, Alger 2017. 750 dinars, 166
pages. 
Point de départ pour l'auteur : le concept d'alliance des civilisations, c'est-à-dire du dialogue, du partage et du vivre ensemble,
local et mondial, juste, démocratique et celui de la signification du monde sont au cœur de la question de l'avenir de l'humanité.
Aucune civilisation n'a le monopole des hautes valeurs. Tout comme aucun monde n'est seul à être producteur d'ethnocentrisme
et de violence. 
Il va, tout au fond de sa réflexion tenter de monter et de démonter que l'Islam vrai, ce «méconnu à cause d'une partie de ses
adeptes», les «néo-salafistes», «une secte réactionnaire», ignorante et obscurantiste, n'est en rien mêlé aux «affres du temps»
(radicalisme, violence, terrorisme...), tout en insistant sur le fait qu'actuellement, la majorité des conflits et des victimes concerne
les pays musulmans...et qu'une bonne part de la source des conflits est, aussi, à imputer à certaines politiques (et économies)
de certains pays dits «développés»...ainsi, hélas, qu'à certains «intellectuels», néo-conservateurs et islamophobes (et/ou
sinophobes au départ ), tout particulièrement ceux qui ont développé le concept de «choc des civilisations» et de «fin de
l'Histoire» comme F. Fukuyama, B. Lewis, Samuel Huntington, H. Kissinger... tout cela, bien sûr, avec la «complicité» avouée ou
non de certains régimes des pays du Sud. A partir de là, les extrêmismes n'ont fait que s'alimenter... mettant à l'écart ou cloués
au pilori ou jettés aux oubliettes, tous les visionnaires, bénéfiques et ouverts qui reconnaissent la nécessité du dialogue, de la
négociation et de l'alliance des civilisations : Goethe, l'Emir Abdelkader, Iqbal, Garaudy, Guenon, Berque, Morin, Garaudy,
Derrida, Levis Strauss...Un constat qui se trouve accentué par ce que l'auteur «descend en flammes» (sans pour autant donner
des noms), «une partie des intellectuels de culture musulmane». Pour lui, «à la dérive», ils «ont perdu la foi, ou ne fréquentent
pas les mosquées et leurs correligionnaires...et sombrent dans la haine de soi, le dénigrement et la condescendance». Une
partie de l'ouvrage (p 71 à 74) assez sévère, pour ne pas dire injuste, à l'endroit de tous ceux qui «pensent autrement» ; en fait
tous ceux qui tentent de promouvoir des analyses «historico-critiques». 
L'Auteur : Professeur des Universités, philosophe, ancien ministre, ancien ambassadeur, auteur de plusieurs ouvrages...une
œuvre récompensée par de nombreuses distinctions dont le Prix Unesco du dialogue des cultures et le Prix italien Ducci de la
culture et de la paix 
Extraits : «La culture du dialogue, de l'échange des idées, de la tolérance et de la symbiose, est en recul, alors que les hommes
ont plus que jamais besoin les uns des autres «(p 13), «A cause des extrémistes, des actes criminels menés abusivement, au
nom de l'Islam et des régimes islamiques archaïques, les musulmans sont perçus comme une exception, les derniers sous-
développés politiques de la planète et des dissidents à l'ordre dominant» (p29), «Aujourd'hui, la fonction des ulémas, dans le
monde musulman, où s'est accumulée la connaissance de la loi, s'est coupée de la marche générale du monde. Leur influence
se limite à la question du statut personnel» (p 46), «Tant que les pays d'islam ne se réformeront pas politiquement et ne
donneront pas la priorité aux savoirs et aux sciences et tant que l'Occident prétendra à la supériorité, cherchera à s'ingérer et ne
comprendra pas l'Islam, la région sera confrontée à des perturbations» (p 68) 
Avis : Défense et illustration de l'Islam... et critique de l'islamisme. Une réflexion truffée de vérités sur l'état actuel de l'Islam (en
tout cas sur sa pratique)... mais aussi, bien souvent, bien peu optimiste ; le défi étant si grand. 
Citations : «D'où vient l'injustifiable violence ? Les injustices et l'ignorance sont parmi les causes globales des réactions
meurtières et inhumaines» (p 33), «Le problème est politique et éducatif. Des musulmans, aujourd'hui, ne sont pas libres, ni
cultivés, ils ne savent pas discerner, ni penser, communiquer et anticiper sur les événements» (p 44), «Le monde musulman
s'est ankylosé. Il a périclité. Depuis cinq siècles, il ne met plus assez l'accent sur le savoir et la connaissance...aujourd'hui des
extrémistes donnent de lui la pire image qui soit. Ils le trahissent et font peur» (p 65), «Le Coran informe que l'Islam, au sens
universe,l est la religion agréée et acceptée, mais seulement si la foi est alliée à la liberté, à la réflexion et aux actes justes» (p
87), «L'Islam est un, mais les musulmans sont pluriels...La multi-apparence est normale, légitime et naturelle» (p 116), «Le
«bien commun» s'apprend, il ne se décrète pas» (p 151) 
♣ Islamo-Féminisme. Des femmes relisent les textes religieux. Essai de Feriel Bouatta. Koukou Editions, Cheraga-Alger 2017.
500 dinars, 119 pages 
Oxymore ? C'est le rapprochement de deux mots qui semblent contradictoires. Il en va, ainsi, du féminisme islamique... Et
pourtant ! Car, ce'est tout le combat choisi par les femmes en terre d'Islam (et, aussi, de plus en plus, au sein des communautés
implantées en Occident chrétien) : relire le texte religieux en le contextualisant pour légitimer la revendication d'un statut
égalitaire. Non pas la seule équité mais bel et bien l'égalité ! Un combat qui a pris de l'ampleur avec les indépendances (au
début des années 60) lorsque les pouvoirs en place, généralement celui de mâles, oubliant les luttes menées, côté à côte,
contre le colonialisme, ont commencé à promulguer des lois inspirées de la Chari‘a imposant ainsi le référentiel religieux pour
régenter les rapports hommes/Femmes, dans la société. Presque partout, la femme se retrouve donc, en état d'infériorité
juridique. Des exceptions : Atatürk, il y a de cela très longtemps et Bourguiba en Tunisie... La «Révolution islamique» des
Ayatollahs en Iran, la guerre «sainte» contre le communisme en Afghanistan, la volonté de puissance, bien visible, de la version
salafiste du wahhabisme saoudien, le recul du modèle laïc turc (devenu résolument islamo-conservateur ces dernières années ),

227
la mondialisation (auquels j'ajouterai la perception déformée ou incomplète de l'Islam et de ses pratiques, par bien des médias
occidentaux), feront le reste... 
Mais, tout cela ne va pas décourager les «féministes»... que l'on retrouve, d'un côté comme de l'autre –et c'est un phénomène
pas si curieux que ça - défendant et/ou luttant selon plusieurs stratégies : radicale (comme celle des Moudjahidate algériennes
et leurs «filles» ) réclamant l'application des droits universels humains... ; conciliante (comme celle des Iraniennes) réclamant,
tout en restant dans le registre religieux, une lecture des textes et des dits sacrés plus souple, plus clémente, à l'égard des
femmes... Mais, globalement toutes réclament la «justice des genres», c'est-à-dire l'égalité (des droits) et non plus seulement
l'équité ( une concept défendu par les islamistes qui renvoie à la complémentarité hommes-femmes) . 
L'Auteure : Née à Alger en 1986. Doctorante en sociologie (Université de Louvain la neuve/Belgique).
Extraits : «Une autre différence entre les féministes des deux pays (Algérie et Maroc) : les Marocaines sont plutôt dans la
recherche du consensus avec le pouvoir politique et les instances religieuses, alors qu'en Algérie, il s'agit plus d'affrontement,
d'opposition déclarée face au pouvoir en place» (p 26), « Le principe des islamistes algériens, formés à l'école des Frères
musulmans d'Egypte, est simple : frapper l'imaginaire des laissés-pour-compte par la diffusion de l'utopie politico-religieuse qui
fait rêver les «déclassés», en leur proposant un système dans lequel il y aurait une solution à tous les maux et où chacun
trouvera sa place. Leurs premiers boucs émissaires et victimes ont été, d'emblée, les Algériennes» (p 34), 
Avis : Un travail de recherche universitaire qui résume assez bien une situation bien complexe et devenue bien compliquée à
cause des discours -surtout ceux des islamistes- radicaux. 
Citations : «La mondialisation propage la réislamisation dans ses propres terres et au sein des communautés musulmanes, en
Occident. Enjeu central, les femmes» (p 29), (on constate que) Dans pratiquement tous les pays musulmans, les pouvoirs en
place ont essayé de composer avec le courant islamiste, mais (que) finalement, ils onttété dépassés» (p 42), «Il faut parler de
féminismes islamiques au pluriel. Comme pour les autres types de féminismes, les positions des féministes islamiques sont
locales, globales, diverses, multiples et en constante évolution» (p 56) 
♣ Le nationalisme arabe radical et l'Islam politique. Produits contradictoires de la modernité. Essai de Lahouari Addi. Editions
Barzakh, Alger 2017. 800 dinars, 287 pages. 
Un ouvrage dont le contenu est le fruit d'enseignements dispensés et d'un projet de recherche portant sur les régimes politiques
du monde arabe et sur les deux grandes idéologies à forte mobilisation populaire : le nationalisme radical et l'islamisme. Deux
idéologies politiques jumelles et rivales, portées, toutes deux, à des époques différentes, par la même énergie populaire de
contestation de l'ordre politique. 
Une analyse qui fait appel à l'histoire pour situer les événements fondateurs, mais reposant principalement sur la sociologie
politique à travers le concept de représentation qui fonde la légitimité de l'ordre politique rêvé ou désiré. En quelques décennies,
le nationalisme arabe radical (mené généralement par des élites «républicaines», souvent militaires et avec des emprunts -qui
remontent aux courants libéraux de la fin du XIXè siècle -, au niveau de leur grammaire idéologique à l'idéalisme allemand, et au
niveau de leur rhétorique du «socialisme arabe», au marxisme révolutionnaire) est passé du triomphe (en Egypte, en Irak, en
Algérie, en Syrie, au Yémen, en Libye) au déclin. Tout cela face à des monarchies dont les intérêts politiques convergeaient
avec ceux des puissances occidentales et monarchies encourageant, déjà, à partir des années 70, l'expansion de l'islamisme
utilisé comme une arme idéologique. La hausse des prix des hydrocarbures depuis 1973 allaient vite enrichir et transformer
lesdites monarchies en véritables puissances régionales...soutenant les rebellions, prenant, ainsi, leur revanche sur des régimes
qui, quelques années auparavant, les accusaient de trahir les peuples arabes. 
Le «retour de manivelle» est brutal, pour presque tous : épuisement ou mort du nationalisme arabe radical certes, mais
permanence du populisme de type autoritaire, s'exprimant désormais, à travers l'islam politique qui ambitionne de réaliser les
objectifs du nationalisme arabe radical en appliquant et/ou voulant appliquer – bien souvent en dehors de ses terres et par tous
les moyens, même les plus violents, une Chari'a mal interprétée. Beaucoup de questions, surtout liées à l'avenir des pays
arabes. Pas mal de réponses apportées ou de pistes dégagées par l'auteur...qui revient, une fois de plus, en fin d'ouvrage, à
l'idée de «régression féconde» car, dit-il, «le problème est que, sans eux (les islamistes), il n'y aura pas de transition
démocratique, du fait même de leur poids électoral». Une idée qui ne tient pas (plus) compte, me semble-t-il, des immenses
dégâts, de toutes sortes, causés, ces dernières années et aujourd'hui encore, par l' «islamisme politique »... assurément
défendu en raison de la grande méfiance, pour ne pas dire plus, à l'endroit de l' «autoritarisme militaire»... et qui ne tient pas
compte des changements de comportements sociétaux observés ; ces toutes dernières années. Une idée qui confond religiosité
ambiante et mimétismes comportementaux changeants et islamisation durable. 
L'auteur : Professeur de sociologie (Iep de Lyon), ancien chercheur associé au Crasc d'Oran... auteur de plusieurs publications
consacrées à l'Afrique du Nord et l'islam politique... ainsi que du désormais «fameux» concept de «régression féconde»... sur
laquelle il revient. 
Extraits : «Depuis la moitié du XXè siècle, les pays arabes sont en attente d'un changement qui leur apporterait progrès et
sécurité. Hier, c'étaient les nationalistes qui promettaient de réaliser cette attente ; aujourd'hui, ce sont les islamistes» (p 20),
«Un secteur public est, certainement, une nécessité dans des pays sous-développés où le capital privé est porté à la spéculation
et faiblement présent dans l'industrie. Il n'est cependant efficace ou rentable que si la justice est indépendante du pouvoir
exécutif pour éviter qu'il soit le lieu de la prédation, du gaspillage et de la corruption» (p 61), «Les sociétés musulmanes n'ont
pas réalisé que l'individu est né et qu'une nouvelle morale est à inventer, basée non pas sur la raison et la justice, mais sur la
conscience et la liberté» ( p 152), «L'islamisme est un populisme... qui présente des similitudes avec le nationalisme arabe
radical ou avec les populismes d'inspiration marxiste, fondés sur les utoppies révolutionnaires qui fascinent les masses
populaires dans des périodes de crise économique et sociale» (p 200) 
Avis : Une approche analytique et critique apportant indéniablement des éclairages (des clés ?) utiles pour comprendre (et
affronter ?) la société «arabe» embourbée dans le nationalisme radical d'hier et l'islamisme politique d'aujourd'hui. 
Citations : «Une nation n'est pas seulement un territoire avec des frontières géographiques protégées par des militaires;c'est
surtout l'espace d'une société civile qui aura désacralisé la politique, sécularisé le droit et affirmé son autonomie, par rapport à
l'Etat, dont les dirigeants rendent des comptes à leurs électeurs, dans un système pacifique d'alternance électorale» (p 25), «Le
modèle populiste est marqué par une contradiction majeure : la sphère de la production et de l'échange, à vocation privée, est
publique et la sphère de l'Etat, à vocation publique, est privatisée» (p 63), «La politique, ce ne sont pas que des idées et des
projets qui attirent l'opinion, ce sont, aussi, des ressources matérielles qui créent un rapport de force disqualifiant les idées des
concurrents» (p 107), «Etant une ressouce du nationalisme, la religion divise parce qu'il y aura toujours une personne -ou un
groupe de personnes – qui se sentira plus proche de Dieu que les autres» (p 115), "L'islamisme n'est ni l'expression d'un retour

228
du religieux, ni d'un schisme; c'est un mouvement socio-culturel et politico-idéologique répondant à la déstructuration des
sociétés musulmanes, suite à leur insertion dans la modernité qu'elles subissent et dont elles ne maîtrisent pas les dynamiques"
(p 138), "Plus la réalité est dure, plus le rêve susceptible d'y échapper est magique" (p 191), "L'idée que la puissance de l'Etat
est d'abord intellectuelle, ne peut pas être comprise par un militaire pour qui l'avenir des nations se décide par les armes" (p
278), "Si le nationalisme radical a militarisé la politique, les islamistes ont politisé la religion pour délégitimer leurs adversaires "
(p 278). 
□ P.S : J'ai lu quelque part qu'une récente étude réalisée par le Crasc (Oran) a révélé qu'une majorité d'Algériens (80%) est
aujourd'hui favorable à un "islam laïc". Fini donc le "rêve" fissiste d'un "Etat islamique" en Algérie...et place au modèle
turc...Quelle Turquie ? Celle d'Atatürk ? Celle des généraux ? Celle d'Erdogan ? Ou, celle des touristes et de Turkish Airlaines ?
Ou celle des séries télé exportées ? On ne sait pas.... □
(*) AHCENE-DJABALLAH, B., Critique d’ouvrages, Le Quotidien d’Oran, Février 2018.

LIBERTE RELIGIEUSE.-La liberté de religion, et son corollaire le principe de non-discrimination religieuse, ont acquis une
valeur constitutionnelle dans la majorité des Etats de droit musulman. Les constituants ont inscrit soit le principe de la liberté de
religion, soit le principe d’égalité basée entre autre sur la religion, soit les deux, dans la norme suprême. A l’exception de l’Arabie
Saoudite, du Maroc, de la Libye et de la Mauritanie, la liberté de religion est affirmée dans les Etats de droit musulman.
Toutefois, le privilège constitutionnel accordé à l’islam consacré soit comme source de législation, soit comme religion d’Etat,
annihile les conséquences de la consécration constitutionnelle de la liberté de religion. Les légitimités charismatique et
traditionnelle, fondées sur l’islam, dont se sont prévalues les hommes d’Etats ont empêché les processus de
constitutionnalisation et de sécularisation d’aboutir. Ces mouvements ont débuté à la fin du XIXème siècle et au début XXème
siècle, en Tunisie, en Egypte et en Iran, et se sont répandus à partir des années 1990 dans l’ensemble des Etats de droit
musulman. Pourtant ces régimes n’ont pas su organiser un Etat de droit défenseur et protecteur des libertés fondamentales. Le
Coran proclame la liberté de religion et le principe de tolérance à l’égard des non-musulmans. « Dans les rapports avec les non-
musulmans, il est cependant conseillé aux croyants de ne pas être intolérants, de ne pas insulter ou critiquer leurs chefs
religieux ou leurs saints, de ne rien dire d’offensant pour leur religion, mais de vivre en paix et en bonne amitié. Si les non-
musulmans conservent une attitude paisible et conciliante envers les musulmans, ne violent pas leurs frontières ou leurs droits,
les musulmans doivent de leur côté garder des relations amicales avec eux et les traiter avec équité. » Toutefois, l’application de
ces principes est exclusivement réservée aux religions consacrées par le Coran, à savoir les religions antérieures à l’islam.
Les Etats de droit musulman ont adhéré à la Déclaration universelle des droits de l’homme et sont signataires du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques qui proclament tous deux la liberté de religion. Mais les conventions régionales,
élaborées à l’initiative des Etats de droit musulman sont beaucoup plus restrictives concernant la liberté de religion. En résumé,
la liberté de religion et l’égalité de tous sont affirmées dans les Constitutions mais doivent être comprises dans les limites
tracées par le droit musulman puisque l’islam est source de législation ou religion d’Etat dans tous les Etats de droit musulman.
Les soulèvements populaires que connaissent les Etats de droit musulman depuis 2011 ont permis de mettre fin à des régimes
dictatoriaux. Ces révoltes ont deux objectifs, permettre la restauration de la démocratie et la reconnaissance des droits et des
libertés et la mise en oeuvre d’une politique économique et sociale plus favorable aux classes populaires qui subissent le
chômage et vivent dans des conditions difficiles. Ces révoltes ont ébranlé les régimes des Etats de droit musulman et ont créé
l’espoir d’une société plus égalitaire. Toutefois, les élections qui ont suivi ces révoltes et les débats qui ont cours autour de la
question de la place de la charia dans la Constitution ont de nouveau anéanti tous les espoirs d’une liberté de religion effective
dans les Etats de droit musulman. Les révoltes du « printemps arabe » ont entrouvert une porte vers une meilleure garantie de
la liberté de religion dans les Etats de droit musulman, mais les élections qui ont suivies l’ont refermée. La liberté de religion
reste une liberté privée d’effectivité dans les Etats de droit musulman. Certains événements récents permettent tout de même de
garder espoir en cette force populaire qui a su faire tomber une première fois des régimes liberticides. Il est intéressant de noter
que depuis les premières manifestations qui ont abouties au « printemps arabe », le peuple, qu’il soit tunisien, égyptien ou
encore syrien est devenu un véritable contre-pouvoir qui n’hésite plus à manifester son opinion. Cela est d’autant plus pertinent
pour le cas de la Tunisie et de l’Egypte, que les derniers soulèvements populaires ont eu comme objectif de faire fléchir les
dirigeants politiques quant à leur instrumentalisation de l’islam. Le peuple se bat pour que l’islam ne soit pas instrumentalisé
dans la Constitution pour limiter les libertés publiques, et en particulier la liberté de religion.
Tous ces exemples prouvent que malgré un processus démocratique chancelant dans les Etats de droit musulman, le peuple
désire être gouverné par des hommes d’Etat respectueux de leurs droits et libertés et qui n’instrumentalisent pas l’islam à des
fins personnelles et politiques. Ceci est de bon augure pour la liberté de religion, bien que pour l’instant aucune avancée n’ait
été constatée depuis la chute des régimes précédents.
L’effectivité de la liberté de religion demeure réduite dans les Etats de droit musulman car le pouvoir continue d’associer sa
légitimité à une légitimité traditionnelle, religieuse. La constitutionnalisation de l’islam, en tant que source de droit et religion
d’Etat permet aux titulaires du pouvoir de bénéficier d’une totale liberté d’action, quand bien même ils violeraient une liberté
fondamentale. □ Hamdane Nadafi, 2013
►Les Tunisiennes libres d’épouser qui elles veulent :La présidence tunisienne a annoncé jeudi 14 septembre 2017, l’abrogation
de la circulaire de 1973 et des différents textes associés qui interdisaient jusqu’ici aux Tunisiennes de se marier avec un non
musulman. Si la Tunisie est le pays musulman qui a le plus sécularisé son droit, son code de la famille n’évoque pas cette
question du mariage entre musulman et non-musulman. « Alors que la législation des autres États de droit musulman traite de
ces questions en les interdisant, le droit tunisien est silencieux et laisse ces questions au pouvoir d’interprétation du juge »,
expliquait Hamdan Nadafi dans sa thèse de 2013 sur « la liberté de religion dans les États de droit musulman ». L’islam a alors
servi de référence pour combler le silence du législateur analyse Hamdan Nadafi. Il cite ainsi un arrêt de la Cour de cassation de
juin 1973 : « Attendu qu’il est incontestable que la femme musulmane qui épouse un non-musulman commet un pêché
impardonnable que la loi islamique tient un tel mariage pour nul et non avenu ».□ Marie Verdier, afrik.com, 06.10.17

RESPECT MUTUEL.- Irresponsabilité de l’Islam. Recommandations coraniques : La religion n’est redevable, ni coupable en
rien de la cruauté et de la férocité des êtres humains. Dans le Coran « sourate 17, verset 6, Dieu dit : « In ahsantum
ahsantum li anfussikum wa in asa’tum falaha. » « Si vous agissez avec bonté, vous en tirerez profit pour vous-même et si vous
agissez avec méchanceté vous en subirez les conséquences. » Pour sa part, en Islam, Allah et son prophète recommandent le
plus grand respect du genre humain et même de toutes les créatures ayant un cœur tendre à l’exception des bêtes dangereuses

229
et nuisibles. Nous allons citer quelques exemples de recommandations : « Allah ne vous demande pas de haïr ceux qui ne vous
combattent pas dans votre religion et ceux qui ne vous obligent pas à quitter votre maison. ». Obligations du musulman envers
le non croyant : Le Prophète Mohamed nous informe qu’Allah a dit : « Ô mes sujets, Je Me suis interdit l’Injustice pour Moi-
même comme J’ai interdit l’Injustice entre vous, alors ne soyez-pas injustes » Dans le Coran sourate 29, verset 46 Dieu dit : «
Ne discutez avec les gens du Livre (les Juifs et les Chrétiens) que de la meilleure façon sauf ceux d’entre eux qui sont injustes.
Dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous. Notre Dieu et votre Dieu est le même (un
Dieu Unique). C’est à lui que nous nous soumettons. » Dans le Coran, Allah interdit le crime gratuit: « Tuer une seule âme
injustement, c’est comme tuer l’humanité entière ». Certains individus, extrémistes, prétendant agir au nom de l’Islam, bafouent
le message de la fraternité universelle proclamée par l’Islam. Dans vos relations avec le non-croyant, le prophète recommande :
« Le Musulman doit être bon et juste envers le non-croyant car Allah aime les justes » Il doit faire preuve d’une vaste
mansuétude envers lui, comme de lui donner à manger s’il a faim, de lui donner à boire s’il a soif, de le soigner s’il est malade,
de lui sauver la vie s’il est en danger et d’éviter de lui nuire. Je vous interdis de lui nuire dans ses biens, dans son sang ou dans
son honneur (sa dignité) sauf s’il vous combat. Il vous est permis d’accepter une offrande de lui, comme il vous est permis de lui
en offrir. Il vous est permis de manger à sa table s’il fait partie des gens du Livre (s’il est juif ou chrétien). S’il vous salue, vous
devez lui rendre son salut. Le respect envers les animaux : Le
musulman doit considérer la plupart des animaux comme des créatures vivantes, envers qui, il doit faire preuve de clémence et
pour lesquelles il a certains devoirs, comme de les nourrir si elles ont faim, de les abreuver si elles ont soif, de les soigner si
elles sont blessées ou malades, de leur sauver la vie si elles sont en danger, enfin d’éviter de leur faire du tort et de les
maltraiter. S’il doit sacrifier une bête, il doit éviter de la faire souffrir en l’égorgeant. Si vous devez le faire, utilisez une lame bien
affutée et faite-le avec habileté et délicatesse, conformément aux paroles du Prophète : « Allah exige la Bonté en toute chose,
envers toutes les créatures... ».Il ne faut pas la faire souffrir en aucune manière que ce soit en l’affamant ou en la battant ou en
la surchargeant plus qu’elle ne peut supporter, ou en la piquant ou en la brûlant… Par contre, il vous est permis de marquer les
bestiaux à leurs oreilles tels les ovins, les bovins, les camelins comme il vous est permis de tuer les chiens enragés, les loups,
les serpents, les scorpions, les rats … Citation des paroles du prophète à ce sujet : « Sois clément (aide) envers celui qui est
sur terre, Celui qui est au ciel sera clément (t’aidera) envers toi ». « Toute bonne action envers celui qui a un cœur tendre sera
récompensée » Depuis des siècles (14 siècles), l’Islam ordonne à ses adeptes de traiter l’animal comme un être sensible avec
un statut moral qui exige que l’on prenne en compte son intérêt (dans ses sensations et dans son mode de vie…). Les relations
en Islam entre l’homme et l’animal sont donc plus proches et permettent au musulman d’imaginer les souffrances que l’animal
est sensé éprouver. Alors que dans le monde occidental, les lois pour la protection des animaux et de leur bien-être n’ont été
prises que récemment. Conclusion : Ceci est une série de préceptes que doit respecter et suivre le Musulman envers le non-
Musulman et aussi envers les animaux, conformément aux recommandations divines, en application de la Loi islamique, Loi qui
prescrit la bonté générale envers toutes les créatures que ce soient les humains ou les animaux. Si j’ai cité ces différentes
recommandations c’est pour éclairer certains mal pensants ultras et les informer que l’Islam n’a rien à voir avec la brutalité et la
sauvagerie de certains êtres vivants, prétendus musulmans, les « islamistes » à travers le monde. □ DENDANE, Sid Ahmed
(2017)
(*) extrait de « Devoir de vérité historique » dans les relations France-Algérie, 238 pages.

TOLÉRANCE.- L’Islam proclame de façon claire et nette que toute l’humanité ne forme qu’une seule grande
famille et tous les peuples ont une même origine puisque les êtres humains proviennent d’une seule âme.
Allah dit dans le Saint Coran : / Yā 'Ayyuhā An-Nāsu Attaqū
Rabbakumu Al-Ladhī Khalaqakum Min Nafsin Wāĥidatin Wa Khalaqa Minhā Zawjahā Wa Baththa Minhumā
Rijālāan Kathīrāan Wa Nisā'an Wa Attaqū Allāha Al-Ladhī Tatasā'alūna Bihi Wa Al-'Arĥāma 'Inna Allāha
Kāna `Alaykum Raqībāan/ (Coran, Sourate, LXIII," Elmounafekoune", Verset n°8).
«Ô homme ! Craigniez votre Seigneur qui vous a crée tous d’un seul homme ; de l’homme il forma sa
compagne, et fit sortir de ces deux êtres tant d’hommes et de femmes. Craigniez le Seigneur au nom duquel
vous vous faites des demandes mutuelles. Respectez les 2 entrailles qui vous ont portés. Dieu observe vos
actions.»
Le meilleur exemple de tolérance dont le Prophète (que le salut soit sur lui) a fait preuve envers d’autres
religions fut sans doute la constitution, elle-même appelée’ Sahifah’ en arabe. Quand le Prophète émigra à
Médine, son rôle de leader religieux a été aboli et devient leader politique d’un état légitime, gouverné selon
les préceptes de l’Islam, ce qui exigeait l’établissement de lois claires pour que l’harmonie et la stabilité
règnent dans une société qui a subit tous les vices de la guerre. Il était évident d’assurer une coexistence et
une paix perpétuelle entre musulmans, juifs, chrétiens et polythéistes. Le Prophète rédigea une constitution,
précisant les responsabilités de chaque groupe résidant à Médine, de même que leurs obligations les uns
envers les autres. Chaque groupe devait respecter les règles de cette constitution et toute violation serait 1
considérée comme trahison Bien avant l’Islam, les textes évangéliques
procédaient à la paix, la tolérance et l’amour du prochain, dans les versets : (Romains 12,14-21) il est dit :
«12 (…), 15 Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent.16 Soyez bien
d’accord entre vous ; n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est simple. Ne
vous fiez pas à votre propre jugement.17 Ne rendez à personne le mal par le mal, appliquez- vous à bien
agir aux yeux de tous les hommes(…) ,18 Vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous faites pas justice
vous-même(…), 21 ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois 2 vainqueur du mal par le bien… »
Toutes les croyances proclamaient la réconciliation, la tolérance et la paix entre les hommes et que jamais
la violence et les guerres ont pu triompher face à la justice et à la foi d’un vivier harmonieux.
□ Sémantique de « La Tolérance » en tant que terme  : Etymologiquement le mot « tolérance » vient du latin,
« tolerantia » qui signifie : endurance, respect d’autrui, de ses opinions de sa façon de vivre, patience,
résignation. Son origine est « tolerare », elle est connotée par les idées de : résister, tenir bon, souffrir. La
tolérance a vu le jour exactement au XVIe siècle avec les guerres de religions entre les catholiques et les
protestants qui ont fini par s’accepter. Le registre religieux est considéré comme le terrain par excellence de
la tolérance. En philosophie, John Locke, a défini la tolérance comme le moyen « de ne pas combattre ce
qu’on ne peut pas empêcher ». Il a fallu attendre le XVIIIe siècle avec la pensée des Lumières et en parler

230
du Traité de la Tolérance 1763 à propos de l’affaire Calas de Voltaire qui luttait en faveur de ce principe.
Dans son œuvre “La maison sans racines”, l’auteure libanaise Andrée Chedid montre que les musulmans et
les chrétiens cohabitent harmonieusement. Le respect mutuel est un signe de tolérance et de paix, ceci se
révèle dans les questions que se posent Amal et Myriam alors qu’elles avaient à peine douze ans, ces
questions enjouées et graves de l’enfance :
-Ton Dieu a un autre nom que le mien ?
-Il s’appelle Allah, mais c’est le même.
-Tu crois que c’est le même ?
-C’est le même.
-Moi aussi, je le crois
-On le prie différemment, c’est tout.
« Elles ont douze ans, treize ans, seize ans. Elles se passent leurs cahiers, leurs livres, leur peigne, leur
miroir ; échangent robes et chandails. »
La lecture de ce roman vous fait parvenir à un résultat que la tolérance peut se construire du moment où
l’être porte en lui cette graine humanitaire et un immense amour pour la vie.

VATICAN.- L'église d'Algérie s'exprime après la décision du pape François de béatifier les 19 religieux tués. Le Vatican vient
d'annoncer avoir signé hier, vendredi 26 janvier, l'acte de béatification (une première étape vers la dignité de saints de la
chrétienté) des 19 religieux de l'église catholique (dont l'ancien évêque d'Oran, Mgr Pierre Claverie, et les 7 moines martyrs du
monastère de Tibhirine, près de Medea) qui ont été assassinés par des mains terroristes et dans des crimes haineux, pendant
la terrible décennie rouge qu'a connue l'Algérie, dans les années 1990. À cette occasion, les évêques d’Algérie ont tenu
à rappeler dans un communiqué que "devant le danger d’une mort qui était omniprésente dans le pays, ces
hommes de Dieu ont fait le choix, au risque de leur vie, de vivre jusqu’au bout les liens de fraternité et
d’amitié qu’ils avaient tissés avec leurs frères et sœurs algériens par amour. Les liens de fraternité et
d’amitié ont ainsi été plus forts que la peur de la mort". Mais ajoute ce communiqué, "nos frères et sœurs
n’accepteraient pas que nous les séparions de ceux et celles au milieu desquels ils ont donné leur vie. Ils
sont les témoins d’une fraternité sans frontière, d’un amour qui ne fait pas de différence. C’est pourquoi,
leur mort met en lumière le martyre de nombre de ceux et celles, algériens, musulmans, chercheurs de sens
qui, artisans de paix, persécutés pour la justice, hommes et femmes au cœur droit, sont restés fidèles
jusqu’à la mort durant cette décennie noire qui a ensanglanté l’Algérie". "Aussi notre pensée rassemble
dans un même hommage tous nos frères et sœurs algériens, ils sont des milliers, qui n’ont pas craint, eux
non plus, de risquer leur vie en fidélité à leur foi en Dieu, en leur pays, et en fidélité à leur conscience.
Parmi eux nous faisons mémoire des 99 imams qui ont perdu la vie pour avoir refusé de justifier la violence.
Nous pensons aux intellectuels, écrivains, journalistes, hommes de science ou d’art, membres des forces de
l’ordre, mais aussi aux milliers de pères et mères de famille, humbles anonymes, qui ont refusé d’obéir aux
ordres des groupes armés. Nombre d’enfants ont aussi perdu la vie emportés par la même
violence"(...)."Une idéologie meurtrière, défiguration de l’islam, ne supportait pas les autres qui étaient
différents par la nationalité ou la foi" ajoute le communiqué des évêques d'Algérie. "Les plus peinés, au
moment de la mort tragique des prêtres chrétiens ont été leurs amis et voisins musulmans qui avaient honte
que l’on utilise le nom de l’islam pour commettre de tels actes". "Mais nous ne sommes pas, aujourd’hui,
tournés vers le passé. Ces béatifications sont une lumière pour notre présent et pour l’avenir. Elles disent
que la haine n’est pas la juste réponse à la haine, qu’il n’y a pas de spirale inéluctable de la violence. Elles
veulent être un pas vers le pardon et vers la paix pour tous les humains, à partir de l’Algérie mais au-delà
des frontières de l’Algérie. Elles sont une parole prophétique pour notre monde, pour tous ceux qui croient
et œuvrent pour le vivre ensemble (...). Plus que jamais, notre maison commune qu’est notre planète a
besoin de la bonne et belle humanité de chacun". Pour l'actuel évêque d'Oran, Mgr Jean Paul Vesco, qui a
donné son sentiment sur ce même sujet à un hebdomadaire parisien, "ces béatifications sonnent comme une
reconnaissance du témoignage de cette petite église "aux mains nues" en Algérie. Elle a depuis
l’indépendance du pays fait le pari de la valeur évangélique d’une présence discrète en amitié, malgré
parfois les vents contraires et les difficultés qui donnent tout son prix à cette amitié donnée et reçue au
centuple". "Cette présence d’une toute petite Eglise, ajoute-t-il, malheureusement souvent perçue comme un
corps étranger dans une société musulmane dont elle se veut pourtant pleinement partie prenante, a résisté,
comme les algériens, au feu des années de violence. C’est ce témoignage de vie qui est proposé aux
catholiques du monde entier, et c’est bon qu’il en soit ainsi"."Le choix de la béatification de Mgr Claverie
(l'ancien évêque d'Oran, tué dans un lâche attentat terroriste, perpétré devant son évêché, le 1er août
1996. NDLR) permettra également de mettre en valeur le don de sa vie d’un autre martyr, musulman celui-
là, Mohamed Bouchikhi. Ce jeune algérien a choisi lui aussi de rester auprès de l’évêque d’Oran, au risque
de sa vie. Nous le savons grâce à un testament spirituel très émouvant retrouvé après sa mort (...). Ce
témoignage est une très belle image de cette fraternité jusqu’au cœur de l’épreuve entre des personnes que
pourraient opposer la religion, la culture, l’histoire. Et ce témoignage est précieux à un moment où
précisément on nous présente la religion, la culture et l’histoire comme autant de ferments de
division".L'évêque actuel d'Oran témoigne que "de l’avis de tous, Pierre Claverie était un homme et un
pasteur hors du commun, de haute stature intellectuelle et spirituelle, et en même temps extrêmement
fraternel et simple. Je suis impressionné par la capacité qui était la sienne de dire des choses qui fâchent
sans couper la relation. Il pouvait par exemple avoir des paroles très dures contre telle attitude de l’Eglise
ou de l’Algérie sans que son amour de l’Eglise ou de l’Algérie soit en cause"."Il est une phrase de lui qui
m’inspire d’une façon particulière :"Nul ne possède la vérité, nul ne possède Dieu, j'ai besoin de la vérité
des autres". En tant qu'évêque, dire que sa religion, et donc aussi toute religion, ne donne pas accès à la
plénitude de la vérité, c’est audacieux ! Pourtant, dès que l’on a la prétention de détenir la vérité à soi tout
seul, alors les conflits de vérité enflamment le monde, et ils divisent à l’infini les croyants, y compris à
l’intérieur d’une même religion. Si en revanche, nous acceptons de reconnaître qu’il nous manquera toujours

231
une part de vérité, dont nous avons besoin, et qui est peut-être chez l'autre, alors la différence religieuse
peut devenir une richesse et la vérité cherchée ensemble et découverte aussi chez l’autre est restaurée
dans sa dimension la plus sacrée. La quête de la vérité se tient sans doute dans cette humilité". Mgr Jean
Paul Vesco s'interroge également sur l'impact ici en Algérie, de cette décision de béatification des 19
hommes et femmes d'église martyrs : " La société algérienne, dit-il, est plurielle et diverse. Surtout, cette
histoire de béatifications est une découverte absolue. Il est très difficile de savoir comment cette annonce
sera perçue. Depuis le début du projet d’introduction d’une cause en béatification, il y a eu de vifs débats au
sein de notre Eglise autour de cette question de la perception par la société algérienne. Il y a bien des
raisons pour que ces béatifications suscitent des réactions négatives. Il se peut surtout que ce soit un non-
évènement. Ce sera en tous les cas une bonne occasion de faire prendre conscience, à l’extérieur de
l’Algérie, que les victimes de cette barbarie, et ceux qui l’ont combattue étaient évidemment des algériens
musulmans. C’est toujours vrai aujourd’hui. Nous aurons la réponse à cette question après la célébration
des béatifications". Mgr Jean Paul Vesco confie, en conclusion de son interview, qu'il puise la force
spirituelle de résister au ressentiment contre le terrorisme islamiste dans la rencontre avec les personnes,
les Algériens. "Mais cette rencontre prend du temps, suppose de se défaire, de part et d’autres, de tant de
fausses certitudes, y compris religieuses, pour se rencontrer en humanité. Elle suppose d’endurer au
quotidien le dur sentiment de demeurer un étranger incompréhensible pour l'autre malgré parfois un long
compagnonnage de vie (..). Le terrorisme vise à rendre impossible cette rencontre personnelle en vérité car
il sait qu’elle est son talon d’Achille".□ BOUALI, Amine, Le Quotidien d’Oran (28.02.2018)

VIOLENCE ISLAMISTE.- Aux origines de la violence islamiste en Algérie : À Propos de quelques tentatives
d’approche. Le terrorisme se réclamant d’une légitimité islamiste aura depuis une décennie notamment
(1992-2002) marqué l’Algérie de façon indélébile, ceci par une atrocité qui dépasse l’imaginable, et une
répression il est vrai sans merci, au point où un travail de propagande habilement mené a parfois pu semer
la confusion à propos des véritables bourreaux en manipulant des pans de l’opinion publique à travers
l’indécente question (réponse) « qui tue qui ? ». Décrire ce processus d’ensemble ne relèvera cependant
pas de notre propos ici, lequel portera en premier lieu sur les analyses explicatives avancées à propos de
ce phénomène. L’hypothèse que nous essaierons de développer est : si certaines thèses qui ont été
avancées peuvent contribuer à éclairer les origines d’un pareil fait social, elles sont chacune prise
isolément, à travers une approche de type moniste, incapables de rendre compte d’une situation elle-même
provoquée par une conjoncture complexe et qui nécessite des investigations plus profondes. De manière
plus formalisée, nous pouvons remarquer que l’explication par le monisme peut faire appel au passé
historique de l’Algérie, au fonctionnement actuel de l’État national et de la société (de 1962 à nos jours) ou
encore au contexte international.
Les explications se référant au passé historique
La référence au passé de l’Algérie est souvent convoquée pour éclairer les horreurs du présent et différents
arguments sont à ce propos avancés. On en citera trois qui sont plus ou moins redondants :
▪ La culture patriarcale et la théorie de la segmentarité sont parfois présentées comme des invariants de la
société algérienne. Héritées des périodes les plus reculées, elles sont censées constituer la principale
entrave à l’émergence de nouveaux rapports dans le pays fondés sur un contrat social et une véritable
citoyenneté tels que définis par la philosophie politique classique. L’État de nature tel que supposé dans les
écrits de Thomas Hobbes par exemple et marqué par l’insécurité et la guerre perpétuelles, caractériserait à
la limite la société algérienne actuelle. ▪
Sans se référer explicitement à une pareille théorie, certains auteurs mettront par ailleurs l’accent sur la
permanence des manifestations de violence dans le pays. On remontera à ce propos à la Guerre de
libération, à la colonisation et plus loin encore à la période précoloniale. Ainsi aurait été rendue possible
«l’accumulation historique d’un savoir-faire en matière de gestion de la dissidence armée », la violence
faisant « partie intégrante de la culture de l’Algérie depuis fort longtemps » et ce d’autant plus que « Depuis
le XVIe siècle Ottoman, le pays est toujours resté une société militaire ».
▪ L’histoire est de même invoquée pour expliquer l’émergence de l’islamisme trop vite assimilé au référent
identitaire religieux et culturel qui caractérise les populations du Monde musulman. Après le combat qui
aurait mené aux indépendances politiques, puis l’ère des nationalisations qui ont touché l’économie, le
phénomène islamiste, constituerait en quelque sorte « le troisième étage de la fusée décolonisation »(6),
celui qui permettrait de mener à la libération idéologique par un retour en force à une identité héritée des
ancêtres. Il constituerait de même l’effet d’une sorte de rejet d’un type d’État importé d’Occident via la
colonisation, et dont la greffe se serait avérée problématique en terre musulmane.(7)
▪ Il ne s’agira nullement pour nous de contester ici l’éclairage que peuvent apporter ces différentes
approches à la situation algérienne. Appréhendées isolément et sans la prise en ligne de compte d’autres
déterminants, elles peuvent s’avérer caduques parce que généralisables à toutes les sociétés humaines (1).
Parmi ces dernières, il est difficile de trouver celles dans un passé même parfois assez récent, qui n’ont pas
été marquées par des rapports de segmentarité et de violence, ou même de transformations plus ou moins
acceptées ou subies dans les domaines identitaire et structurel. Entre les différentes périodes du passé, et
celles-ci et le présent, il peut certes y avoir des éléments de continuité « mais en aucun cas une filiation
marquée par la fatalité », ce qui nous ferait retomber dans l’explication téléologique et le mythe de l’éternel
recommencement.
Les approches qui s’appuient sur le fonctionnement de l’État national et de la société depuis 1962
Il existe de même un certain nombre d’approches de la violence actuelle en Algérie qui ciblent en premier
lieu le fonctionnement de la société et de l’État algérien dans leur facture actuelle, c’est-à-dire depuis
l’indépendance du pays (en 1962) et jusqu’à nos jours.
Parmi les arguments redondants, on pourra citer un comportement despotique de l’État national, longtemps
marqué par le système du parti unique et l’hégémonie de l’armée sur l’État et la société. Il existe à ce

232
propos une littérature abondante aussi bien antérieure que postérieure à 1992 (2), et qui vise à accuser
l’État et les pouvoirs publics d’être à la source de l’essentiel des violences en Algérie. Ainsi, pour certains,
« Le GIA n’existe pas » ou ne constituerait que « des maquis … de l’armée » ou encore des « groupes
activistes indépendants … issus des nécessités d’une auto défense des quartiers populaires soumis à un
harcèlement militaire et policier ».
L’État est mis en accusation aussi à propos de la corruption qui caractériserait la société algérienne depuis
les années 1980 et ses lots d’injustice sociale et paupérisation, la violence terroriste ne constituant qu’une
réaction à ce contexte d’ensemble. D’autres auteurs enfin, et sans aller aussi jusqu’à attribuer à l’État
national et aux forces de sécurité les crimes terroristes, considèrent que leur responsabilité est grande dans
la diffusion en Algérie de l’idéologie islamiste, à travers ses tentatives d’instrumentalisation, voire de
manipulation du sentiment religieux. Ceci transparaîtrait à travers sa gestion des lieux de culte, et de l’école
qui auraient fini par constituer un terreau favorable à l’islamisme, les politiques institutionnelles dans le
domaine de la mémoire collective et sur le plan linguistique et même démographique faisant le reste (3).
Ces différentes approches ont la prétention de s’appuyer en premier lieu sur des analyses traitant de la
société algérienne dans son état actuel et peuvent être à plus d’un titre fécondes, surtout lorsqu’elles
évitent la perception unilatérale et le plaidoyer Pro Domo qui peut aller jusqu’à nier certes les
responsabilités de l’État dans sa gestion de la société, mais encore celles des islamistes qui pratiquent ou
encouragent idéologiquement le terrorisme.
C’est le cas lorsqu’on cherche à tout prix à légitimer les actions les plus odieuses ou à blanchir les auteurs
par le « brouillage » des pistes des assassinats et massacres à travers le « qui tue qui ? » servi à toutes les
sauces. La manipulation des faits et la désinformation ont d’ailleurs largement caractérisé la décennie
écoulée, et des personnalités des plus critiques s’y sont souvent laissées prendre. L’explication par les
causes internes ne peut en tout état de cause qu’être partielle s’il n’y a pas articulation entre « dynamiques
locales et dynamiques globales » (en nous référant à Maxime Rodinson).
Les explications par le contexte international
La référence au contexte international est de même largement sollicitée pour tenter de déceler les origines
de la crise traversée par l’Algérie. Rachid Tlemçani notera à ce propos : «C’est au carrefour de causalités
multiples que se tient réellement l’explication de l’émergence et du développement de la violence politique
dans lesquels les facteurs exogènes (la dynamique des rapports de force internationaux), au risque de
verser dans les absurdités de la thèse du complot, ont été plus déterminants que les facteurs endogènes
(culture paysanne archaïque). En effet, la thèse du facteur international peut être corroborée par toute une
série de faits apparus à la veille de la crise qui prend forme entre les émeutes d’octobre 1988 et
l’interruption du second tour des élections législatives en janvier 1992. Nous pouvons citer à ce propos
l’effondrement du cours mondial des hydrocarbures (à partir de 1986) d’où provenaient les principaux
revenus du pays en devises fortes, ainsi que les changements intervenus en Europe de l’Est et dans
l’ancienne URSS (entre la fin des années 1980 et le début des années 1990), auxquels l’Algérie était liée
par un certain nombre d’accords et de relations, ainsi que par une ressemblance avec le système politique
qui était en place.
Les effets de ce qu’on appelle communément la globalisation (ou mondialisation) avec l’émergence d’un
monde unipolaire vont d’ailleurs aggraver la situation économique dans le pays avec les graves retombées
sociales et politiques que l’on connaît. L’islamisme qui constitue lui-même un phénomène international et
déjà actif dans un certain nombre de pays et qui en Algérie comme dans tout le reste du Monde musulman
était en gestation, va d’ailleurs à la même période émerger en force en Algérie au point de dominer
l’actualité politique du pays. Les islamistes, dont un des leaders Bouyali avait déjà organisé un maquis
(dans l’Algérois) durant les années 1980, c’est-à-dire au moment où les Américains soutenaient la lutte
antisoviétique en Afghanistan, vont d’ailleurs par l’intermédiaire d’anciens volontaires Algériens dans ce
pays intervenir le 10 octobre 1988 [guidés par Ali Benhadj] à partir de la Mosquée « Kaboul » de Belcourt
(Alger), pour négocier avec un pouvoir complaisant en lieu et place des jeunes qui avaient été les acteurs
premiers du Mouvement de 1988. La voie était toute tracée à la fondation (le 10 mars 1989) puis la
légalisation du Front islamique du salut (FIS) et les événements qui s’en suivront (4).
Le facteur international constitue donc bien un élément d’explication de la situation vécue en Algérie depuis
une décennie, mais sans rendre compte à lui seul de la crise et du fait qu’elle ait pu prendre une si grande
ampleur. Il faut donc comme le précise Rachid Tlemçani lui-même en rechercher les spécificités «au
carrefour de causalités multiples».
Le terrorisme islamiste, un phénomène aux origines complexes
Le terrorisme apparaît donc comme un phénomène « au carrefour de causalités multiples» et dont
l’explication comme pour tout ce qui relève du complexe suppose la prise en compte de niveaux
d’organisation aussi divers que ceux des communautés, des États, du marché et de « la société mondiale en
voie de constitution »(5). En ce qui concerne le Monde musulman, il faudra intégrer à ce schéma des
caractéristiques plus précises encore, telles les spécificités ici des rapports Nord-Sud dans un contexte de
télescopage sur un même moment historique de Révolutions intellectuelles et sociales qui en Occident ont
eu tout le temps de se succéder au cours des quatre ou cinq derniers siècles(6).
La crise des nationalismes et de l’État-nation et la profonde acculturation au contact de l’Occident d’un
fondamentalisme islamiste qui aspirait à prendre leur relève, surtout après le reflux des projets socialisants
et l’euphorie de l’effondrement soviétique, contribuent d’ailleurs à l’éclairage du tableau d’ensemble. Il
faudra cependant s’attarder encore sur les spécificités en Algérie de ce processus pris dans sa globalité.
Pourquoi ici le terrorisme islamiste a t-il prit une si grande ampleur, se déployant dans toute son horreur?
L’Algérie est sans doute le pays arabo-musulman qui a été le plus marqué par le choc colonial avec un
niveau de déstructuration inconnu ailleurs (peut-être en dehors de la Palestine), et ce dans un contexte de
violence extrême aussi bien physique que symbolique.
L’expropriation au XIXe siècle de la masse des producteurs agraires appuyée notamment par tout un

233
dispositif juridique (dont le Sénatus-consulte de 1863, la loi Warnier de 1873 et le Code de l’indigénat) et
leur paupérisation allait épuiser le potentiel de résistance de la société traditionnelle avec notamment ses
réseaux confrériques et tribaux qui sont condamnés à la marginalisation (d’où la fin des grandes
insurrections comme celles dirigées par l’Émir Abdelkader, El Haddad et Mokrani ou Bouamama). À la lisière
des XIXe et XXe siècles, la société algérienne, fortement perturbée par la pénétration du capitalisme
colonial et la pression d’un fort peuplement d’origine européenne, et démunie de tout véritable projet
d’industrialisation susceptible de créer des emplois pour l’excédent de population dans les campagnes, est à
la recherche de nouveaux débouchés de subsistance et de repères existentiels. On sait l’impact qu’aura à
ce propos l’ouverture de l’émigration en France à partir de la Première Guerre mondiale. La création de
l’Étoile nord-africaine (ENA), en 1926, suivie de celle d’autres organisations en Algérie même, allait donner
sa physionomie particulière au nationalisme algérien. Le Mouvement national, confronté au refus colonial de
toute velléité de réforme du système de domination, va voir triompher en son sein sa fraction radicale qui
sera à l’origine de la création du FLN et de l’insurrection du 1er novembre 1954.
On sait ainsi que l’indépendance du pays ne sera arrachée en 1962 qu’à la suite d’une guerre
particulièrement destructrice et même meurtrière(7). Cette histoire coloniale particulièrement marquée par la
violence allait marquer les mémoires de nombreuses générations. Paradoxalement cependant, la génération
qui va pourvoir en effectifs le terrorisme islamiste et mis à part quelques leaders, n’a pas connu cette
expérience coloniale. Elle a tout au contraire émergé dans le cadre de l’État national.
L’État national et la mouvance islamiste
On a déjà vu comment dans le contexte des années 1970 et 1980, l’islamisme politique aspirait partout dans
le Monde arabe et musulman à se substituer à un nationalisme jusque- là dominant, mais en voie
d’essoufflement. En Algérie, la même tendance s’exprimera pourtant de façon aussi spécifique que l’avait
été la colonisation du pays. L’État national, qui voit le jour ici en 1962, va puiser sa légitimation à la fois
dans l’histoire, celle de la Guerre de libération nationale notamment, et dans une politique sociale
caractérisée par une large redistribution des ressources économiques rendues possibles par la rente
pétrolière. Un véritable consensus national a pu donc pour l’essentiel fonctionner entre les années 1960 et
une partie des années 1980, et le pouvoir politique en avait largement bénéficié malgré sa nature autoritaire
et le système du parti unique(8). La fin des années 1980 va cependant être marquée par des éléments de
rupture, dont des événements tels l’effondrement du cours des hydrocarbures en 1986, les Événements
d’octobre 1988, puis la montée du Front islamique du salut (FIS) à partir de 1989-1990, ainsi que
l’interruption du processus électoral en décembre 1991-janvier 1992 et l’exacerbation de la flambée
terroriste(9), allaient constituer autant de repères dans le déroulement chronologique.
En fait, les effets conjugués de l’effondrement du cours des hydrocarbures et de la pression démographique
(pour une population totale dont le nombre a plus que triplé depuis 1962), allaient pousser au
désengagement de l’État sur le plan de la politique économique et sociale, induisant une paupérisation de
larges franges de la population et la montée du chômage à un taux officiel qui tourne autour de 30 %, ce
taux étant largement dépassé chez les plus jeunes. Les jeunes qui n’auront plus accès au niveau de vie que
leurs parents avaient acquis durant les premières décennies de l’indépendance vont ainsi vivre une véritable
frustration et tourner leur mécontentement contre l’État et la société accusés de tous les maux et de toutes
les injustices. Dans le même moment d’ailleurs, les conditions d’une économie de bazar, allaient être
créées, se transformant avec le terrorisme en économie de racket accentuée par l’action des réseaux
internationaux qui, sous forme « d’impôt islamique » et de quêtes en Occident, au Moyen-Orient ou ailleurs
et de prélèvements divers allaient permettre de grosses accumulations de richesses.
Par ailleurs la légitimation de l’État national par l’histoire n’avait plus de prise sur les jeunes générations qui
non seulement n’avaient pas directement connu l’épopée de la guerre de libération nationale, mais étaient le
plus sous l’effet de l’occultation-déformation de tout ce qui avait caractérisé l’Algérie durant la période
coloniale et en premier lieu le Mouvement national Le peu d’histoire qu’ils avaient ingurgité à l’école ou
ailleurs et dispensé sur le modèle de l’héroïsme guerrier pouvait laisser supposer chez nombre d’entre eux
que le changement social et donc l’issue à la crise ne pouvaient résulter que d’interventions qui useraient
de la violence(10). Les manipulations identitaires opérées depuis l’indépendance sous les auspices de l’État
national et dans un contexte de massification de l’enseignement se sont traduites par un recul de la pensée
critique et la diffusion d’une religiosité dévote, dont allaient profiter les islamistes algériens ou ceux venus
d’autres pays arabes et qui avaient largement investi le système éducatif(11). On comprend ainsi la facilité
avec laquelle les réseaux islamistes ont pu recruter en Algérie, et notamment les fameux volontaires pour la
guerre d’Afghanistan et dont un grand nombre sera reversé dans les maquis terroristes dans leur propre
pays.
Terrorisme islamiste, émergence de la citoyenneté et solidarité mondiale
Si le phénomène terroriste apparaît en Algérie à la convergence de causalités multiples, il rappelle par les
horreurs dont il a été porteur, d’autres péripéties de l’histoire de l’humanité, ceux qui en d’autres lieux
notamment avaient été suscités par ce que la mémoire collective a retenu sous l’appellation de guerres de
religions. Le contexte de notre époque et ses implications sociales et idéologiques sont sans doute assez
différents de ceux qu’ils étaient par exemple à la fin du Moyen-âge européen et à l’époque de la Réforme
religieuse qui avait caractérisé le christianisme en Europe. Mais le problème de l’aggiornamento de l’islam,
c’est-à-dire de son adaptation au Monde moderne et au processus d’émergence de sujets autonomes, se
pose avec autant de force et sans doute encore plus d’urgence qu’auparavant. Plus que jamais, la culture
démocratique doit faire partie intégrante du paysage du Monde musulman et c’est là le véritable enjeu induit
par la crise algérienne.
L’État national qui a su offrir une nationalité à des Algériens jusque-là déchirés entre les statuts de croyants
tournés vers la Ummah islamique et de sujets coloniaux, doit faire encore plus en s’érigeant en véritable
État de droit garant du principe de citoyenneté pour tous et sans discrimination aucune, notamment entre les
sexes. Les entraves à la justice sociale, surtout dans un contexte de mondialisation traumatisante et non

234
véritablement assumée dans les pays du Sud de la planète, continueront cependant durant longtemps à
contrecarrer un pareil projet. En fait, si c’est en Algérie que le terrorisme s’est exprimé depuis une décennie
avec un maximum d’horreur, il apparaît de plus en plus que les voies et moyens pouvant mener à son
dépassement doivent relever d’interventions diverses et supposant en dernier lieu l’affirmation d’une
mobilisation mondiale orientée plus dans le sens d’une solidarité effective que de la préservation des
anciens rapports de manipulation et de domination.□ REMAOUN Hassan (2005)
*Source : Revue Africaine des Livres, Volume 01 N° 02, Septembre 2005
Notes :
1-À moins que de considérer avec l’École d’Alger (période coloniale) que le Nord africain et notamment les
Algériens sont caractérisées par «une impulsivité criminelle». Frantz Fanon écrivait à ce propos dans Les
damnés de la terre: «L’Algérien vous dira-t-on a besoin de sentir le chaud du sang, de baigner dans le sang
de la victime». 2-
Reporters sans frontière et les éditions La Découverte se sont spécialisés dans ce genre d’écrits.
3-Sur toutes ces questions il existe une multitude d’ouvrages et d’articles publiés dans les revues et dans la
presse. Pour ce qui est des questions identitaires on pourra se référer notamment à l’ouvrage collectif,
Elites et question identitaires (Réflexions, Éditions Casbah, Alger, 1997).
4-Différents ouvrages traitent de la période de la montée du FIS. On pourra signaler notamment ceux de
Amine Touati, Algérie, les islamistes à l’assaut du pouvoir.
5-Jacques Levy, « Du monde à l’individu. La complexité dans les sciences sociales » in Sciences humaines,
n°47 (février 1995). On pourra se référer aussi dans le même numéro à la contribution d’Edgar Morin.
6-Hans Tütsch recense à ce propos le Eres de la Renaissance et de la Réforme religieuse entre les XVe et
XVIe siècles, de la Contre-réforme, des Lumières et la fin du libéralisme et du socialisme. Cf. Faces of Arab
Nationalism (Wayne University Press, Michigan, 1965).
7-Il existe une abondante bibliographie qui traite de l’histoire de l’Algérie depuis la colonisation qui
commence en 1830 jusqu’à l’indépendance du pays en 1962. Je ne m’y attarderai pas ici.
-8-On pourra à propos de cette période se référer aux remarques de Ali El-Kenz, in L’Algérie et la modernité
(CODESRIA, Dakar, 1989). Cf. aussi notre intervention au colloque organisé par le RCD les 2 et 3 décembre
1999, et dont les actes ont été publiés sous le titre: Paix, Démocratie et Droit de l’homme, Algérie 2000.
9-On ne reviendra pas ici sur la flambée terroriste durant la décennie écoulée. On pourra cependant se
référer aux ouvrages récents de Lies Boukra, L’islam mondialisé, Paris, Le Seuil, 2002 ; Hassane Zerrouky :
La nébuleuse islamique en France et en Algérie (Edition 1 Paris 2002)
10-Cf. à ce propos Hassan Remaoun, « La question de l’histoire dans le débat sur la violence en Algérie»,
Insaniyat, n°10, (janvier-février 2000).
11-Hassan Remaoun, « École, histoire et enjeux institutionnels dans l’Algérie indépendante » in Les temps
modernes (janvier-février 1995) et Collectif, Élites et question identitaires, Réflexions, Casbah-Editions,
Alger 1997.

VIVRE-ENSEMBLE.- Le vivre-ensemble est un concept musulman ancien de quinze siècles. D’où l’intérêt
que je lui accorde depuis longtemps. L'islam n'a pas été révélé au Prophète Muhammad (sws) comme une
foi nouvelle coupée de l’Histoire, mais comme le rappel final du monothéisme d'Abraham, qui s'est révélé
dans le judaïsme, le christianisme et d’autres spiritualités monothéistes. L'histoire du Salut est attestée.
L’islam reconnaît l’unité du genre humain et respecte la pluralité des chemins, des cultures et des religions.
Tous les prophètes bibliques et tous les envoyés à travers l’histoire sont vénérés. C’est une culture de la
paix liée à la reconnaissance d’une tradition primordiale. L’islam s’affirme d’emblée comme religion
abrahamique : “Qui donc professe une meilleure religion que celui qui se soumet à Dieu, tout en faisant le
bien et en suivant le culte d’Abraham, ce monothéiste exemplaire dont Dieu a agréé l’amitié ?” (4-125). La
filiation historique des “Arabes” à Abraham est incontestable et double, généalogique et spirituelle,
notamment à partir d’Ismaël.
Éduquer au respect du droit à la différence  
Des musulmans et des non-musulmans oublient que le Coran est le Livre qui s’adresse à toute l’humanité et
rappelle et confirme les autres livres sacrés. Il accomplit, dépasse et non pas annule les différentes étapes
de l’histoire du Salut. Il se définit comme rappel et récapitulatif des révélations antérieures : “Tous les
récits que Nous te rapportons sur les prophètes sont destinés à raffermir ton cœur. Tu y découvriras la
vérité ainsi qu’une exhortation et un rappel à l’adresse des croyants» (11-120). Ce Livre des livres les
ordonne, les commente et s’interprète lui-même. Il s’adresse autant aux musulmans, aux autres croyants,
qu’aux agnostiques. Le Coran non seulement accepte le pluralisme et le débat mais, plus encore, il
intervient dans les controverses en lançant des défis. Il ouvre des perspectives et pose comme naturelle et
bienfaisante l’unité et la diversité des humanités : “Ô humains ! Nous vous avons créés d’un homme et d’une
femme, et Nous vous avons établis en peuples et en tribus pour que vous appreniez à vous entre-connaître.
Le plus noble d’entre vous, aux yeux de Dieu, est le plus pieux. Et Dieu est Savant et bien Informé” (49-13).
Dans ce sens, il est impérieux de respecter autrui différent : “Ô vous, les croyants ! Que certains d'entre
vous ne se moquent pas des autres ; Ne vous calomniez pas les uns les autres ; Ne vous lancez pas des
sobriquets injurieux ; Ne dites pas de mal les uns des autres” (49-11/12). Il exige de respecter le droit à la
différence et d'être juste : “Ô vous qui croyez ! Tenez-vous fermes comme témoins, devant Dieu, en
pratiquant la justice. Que la haine envers un peuple ne vous incite pas à commettre des injustices. Soyez
justes ! La justice est proche de la crainte de Dieu” (5-8). Le Coran précise : “Rappelle-leur tout cela ! Car
ton rôle se limite à rappeler, et tu n’as sur eux aucune autorité” (88-21/22). Pour le croyant musulman, Dieu
appelle les musulmans à respecter l’unité et la diversité, comme projet et richesse, à aimer tous les
prophètes et ne faire aucune différence entre eux. Le Coran indique que les révélations faites au Prophète
de l’islam sont issues d’un “Livre” placé auprès de Dieu de toute éternité. Les feuillets d’Abraham, la Torah,
les Psaumes et l’Évangile et d’autres textes sacrés inconnus sont les parties précédemment révélées à

235
partir de cette Source divine commune.
Le Coran rappelle l’histoire, parfois revue et corrigée, des envoyés, des prophètes, depuis Adam jusqu’au
Messie Jésus fils de Marie, temps qui a précédé celui du Sceau des prophètes : “Tous les récits que Nous te
rapportons sur les prophètes sont destinés à raffermir ton cœur. Tu y découvriras la vérité ainsi qu’une
exhortation et un rappel à l’adresse des croyants” (11 -120). Les convergences ne sont pas mineures. Le
mystère des divergences doit être respecté, d’autant que nul n’a le monopole de la vérité. Certes, des
intellectuels critiquent une forme apparente d'exclusivité de la vérité que proclame le Coran, telle : “La vraie
religion pour Dieu, c’est l’islam” (3-19) et “J’agrée l’islam comme religion” (5-3). C'est se méprendre, car
déclarer que l'islam est la religion du Vrai, n'exclut pas la part de vérité que les autres religions reflètent. De
plus, des savants musulmans affirment qu'ici la notion d'islam est universelle. Elle inclut tous les envoyés.
De surcroît, respecter le pluralisme devrait aller de soi en islam, car le fondement de l’existence selon le
Coran est la liberté responsable. Dieu respecte la liberté humaine. Il accompagne et ne surplombe pas : “Dis
aux croyants, je suis proche” (2-186). Tout en se dénommant “religion du vrai”, l’islam reconnaît la pluralité
des religions et leur part de vérité : “La vérité est que quiconque se soumet à la Volonté divine tout en
faisant le bien, c’est celui-là qui recevra sa récompense du Seigneur et qui n’aura à éprouver ni crainte ni
peine” (2-112).
Rapprocher les peuples  
Pour les croyants, la volonté de rendre un culte pur à Dieu, d’apprendre à vouloir vivre ensemble et de
rapprocher les religions est le cœur de la foi : “Dis : - Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre
nous et vous : de n'adorez que Dieu, sans rien Lui associer, de ne pas nous prendre les uns les autres pour
seigneurs en place de Dieu -. Puis, s'ils se dérobent, eh bien dites : Témoignez que nous sommes de Ceux-
qui-se-soumettent” (3-64). Cette vision n’évite pas les divergences et les critiques, elle respecte le droit à la
différence. Par delà les différences, pour marquer la proximité, l’islam désigne avec estime les autres
religions bibliques comme celles du Livre. Chacune affirme qu’elle est la voie parfaite. L’islam ne fait pas
exception: “C’est Lui qui a envoyé Son Prophète pour indiquer la bonne direction et instaurer la religion de
la Vérité qu’Il fera prévaloir sur toute autre religion. Et Dieu suffit amplement pour en témoigner” (48-
28).Strict et parfait monothéisme, il ne prétend pas cependant détenir l’exclusivité de la vérité. Il respecte la
part de vérité qui fonde chacune et la possibilité du Salut pour tous : “Certes, ceux qui ont cru, ceux qui ont
adopté le judaïsme, les chrétiens, les sabéens, quiconque parmi eux a cru en Dieu, au Jugement dernier et
a pratiqué le bien trouvera sa récompense auprès de son Seigneur et ne ressentira ni crainte ni chagrin” (2-
62). La pluralité entre dans le dessein Divin : “Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule
communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns
et les autres par les bonnes actions. Votre retour à tous se fera vers Dieu, il vous éclairera au sujet de vos
différends” (48-5) La diversité fait partie du projet Divin : “Ses signes, la création des cieux et de la terre, et
de la variété de vos langues et de vos teints” (30-22). L’optique en islam est celle du Dieu Un, commun, et
de l’unité de l’humanité dans la pluralité, fondée sur le respect du droit à la différence. Les musulmans et
les non-musulmans doivent savoir que l’islam, mis en pratique pour la première fois par le Prophète, se veut
une voie qui n’exclut personne, celle du vivre-ensemble. □ CHERIF Mustapha (2018).
(*) 'sws' est une abréviation, on dit généralement "Salla allahu alayhi wa salam", ce qui signifie "que la
bénédiction et le salut soient sur lui".

LA DÉFENSE NATIONALE

POLITIQUE DE DÉFENSE
•Afripol• Armement • Cyber-sécurité • Défense • Equipement ▪ Etat d'urgence (ou d'exception) • Forces
armées • Légitime défense préventive ▪ Lutte anti-terroriste ▪ Ordre et Sécurité ▪ Otan/Méditerrannée • Non-
intervention ▪ Sahara Occidental • Sahel •

236
POLITIQUE DE DÉFENSE

AFRIPOL.- L'Algérie a abrité la première Assemblée générale d'Afripol à Alger avec la participation de 48 pays où les
représentants des pays africains doivent définir les cadres généraux de coopération pour les institutions de police aux niveaux
national, continental et international (*). □ La région
méditerranéenne et africaine devrait connaître, entre 2017 /2020 /2025, de profondes reconfigurations socio-économiques,
technologiques mais également sécuritaires. La police algérienne étant devenue une référence internationale a décidé de
renforcer les domaines de coopération avec les organes de la police du continent africain, en mettant son expérience
professionnelle à la disposition de ses pairs afin de faire face à la criminalité sous toutes ses formes. A cet effet, suite à la
signature en 2001 d'un mémorandum entre l'Union africaine et Interpol visant à définir les canaux idoines de communication,
d'échange d'informations et de vues entre les deux parties, la mise en place d'un mécanisme africain de police (Afripol) dont le
siège est à Alger depuis fin 2015, relevant de l'Union africaine, a pour but d'œuvrer à la coordination des efforts et au soutien de
l'action des missions de paix et de sécurité de l'Union africaine déployées en Afrique sur les plans militaire et sécuritaire. Face
au crime organisé transnational, Afripol constitue une base continentale de communication, de concertation, de coopération et
de coordination dans toutes les affaires de la police africaine. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques
propres, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l'Algérie agit en fonction d'un certain nombre de principes et à partir
d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région. C'est que la fin de la guerre froide
marquée par l'effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représentent un
tournant capital dans l'histoire contemporaine. Le premier événement marque la fin d'un monde né un demi-siècle plus tôt et la
dislocation d'une architecture internationale qui s'est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les
guerres que nous savons. Aujourd'hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de
destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs nouveaux sont une autre source de
menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l'environnement. Ils sont d'ordre local, régional et
global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et
hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se
construit laborieusement et qui peine à s'autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle
attitude adopter et quels choix faire pour l'Algérie ? Interpellée et sollicitée, l'Algérie s'interroge légitimement sur le rôle, la place
ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du
partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L'adaptation étant la clef de la survie et le
pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l'Algérie, dans son devenir de segment de
l'Afrique du Nord, pont entre l'Europe et l'Afrique, doit faire ce que lui commandent la raison et ses intérêts. Car l'Algérie est
confrontée actuellement à la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Rappelons que les relations entre les deux rives du
Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l'Algérie qui doit être attentive aux futurs enjeux
géostratégiques qui se dessinent dans la région. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique
saharienne après l'effondrement du régime libyen, avec des conséquences pour la région et avant l'intervention française à la
sécession du Nord-Mali. Déjà, les rapports entre le Sahel et la Libye de Kadhafi étaient complexes. De plus en plus nombreux,
des migrants subsahariens s'installent désormais dans les pays du Maghreb avec l'intensification de la contrebande. Bien avant
et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont
installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, des armes, dont 15.000 missiles sol-air, étaient dans les entrepôts
de l'armée libyenne dont une partie a été accaparée par de différents groupes qui opèrent au Sahel. Dès lors, la sécurité de
l'Algérie est posée à ses frontières. La frontière algéro-malienne est de 1.376 km, la frontière entre l'Algérie et la Libye de 982
km, la frontière avec le Niger de 956 km, la frontière avec la Tunisie est de 965 km; toutes ces frontières sont à surveiller. Le
problème est plus grave pour les frontières conjointes avec le Mali et la Libye. Il ne faut pas oublier que les djihadistes étaient
venus depuis cette région lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine. Sur le court terme, les tensions dans la région,
notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa
frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires. Il est entendu qu'il rentre dans ces dépenses surtout
le remplacement de la plupart du matériel militaire obsolète pour l'acquisition de nouveaux équipements pour l'armée de terre, la
marine et les forces aériennes, sans compter des dépenses pour l'adaptation du renseignement aux nouvelles mutations tant
internes que mondiales de ses forces de sécurité. Il s'agit de penser d'ores et déjà à la cybercriminalité, enjeu du XXIème siècle.
Cela est posé pour tout le reste de l'économie, des cyber-attaques car les services électroniques (e-commerce, e-santé et e-
administration) sont appelés à se développer.
□ L'Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté
des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. Et ce, dans le cadre d'une coopération
étroite avec les pays limitrophes maghrébins et africains, assistée des renseignements de l'Europe dont la France et les Etats-
Unis d'Amérique, car la menace terroriste est une menace planétaire. Pour les responsables tant américains qu'européens, de
par sa situation géographique stratégique au Maghreb et sa longue histoire de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent
sur son territoire, l'Algérie constitue un pilier dans la lutte contre le terrorisme mais aussi pour ramener la stabilité dans la région.
Ainsi, l'Algérie est considérée comme un acteur incontournable pour la stabilité de la région mais devant, pour une efficacité
réelle, résoudre les problèmes de développement interne avec la chute du cours des hydrocarbures et parallèlement intensifier
la coopération internationale contre ce fléau planétaire. Dorénavant, la plupart des dirigeants de l'Afrique du Nord, de l'Afrique
noire, de l'Europe et des Etats-Unis d'Amérique y compris la Russie et la Chine s'accordent dorénavant sur la nécessité de
coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé. Il s'agit de mettre l'accent sur l'obligation de mettre en
application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et
internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes* qui
prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et, par ricochet, l'Europe et les USA. Et ce, comme
cela a été mis en relief lors de différentes conférences régionales africaines internationales d'Interpol, dont celle tenue à Oran
(Algérie) en septembre 2013, où les résolutions stipulent l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte
contre la criminalité transnationale avec l'implication de chacun des Bureaux centraux nationaux d'Interpol des pays membres,
nécessitant une amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. Il
s'agit donc de lever les contraintes du fait de la corruptibilité générale des institutions, qui pèsent lourdement sur les systèmes
chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par

237
la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des
systèmes juridiques, notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination
entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise
à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux
les cibler, tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. C'est dans ce cadre que rentrent les
tentatives pour redynamiser le dialogue euro-méditerranéen avec deux initiatives: d'une part, la politique européenne de
voisinage, d'autre part, le partenariat stratégique entre l'Union européenne d'un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de
l'autre, afin de freiner l'émigration massive, notamment de l'Afrique subsaharienne avec comme tampon pilier le Maghreb. D'une
manière générale, sur le plan militaire et géostratégique, c'est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être
appréciée aujourd'hui la réalité d'une telle évolution. C'est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels
le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de
riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité
organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Pour une efficacité réelle, aucun pays ne pouvant supporter seul le
coût financier, sinon aliéner son développement, la mutualisation des dépenses devient stratégique devant impérativement
minimiser des coûts des dépenses militaires. L'analyse par le professeur en stratégie à Harvard, Michael Porter, des « cinq
forces», qui déterminent la structure concurrentielle d'une industrie de biens ou de services (le pouvoir de négociation des
clients, le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des produits ou services de substitution, la menace d'entrants
potentiels sur le marché et l'intensité de la rivalité entre les concurrents) fait apparaître que souvent les différents acteurs
algériens ont un faible pouvoir de négociation du fournisseur et un fort pouvoir de négociation du client, alors que les barrières
d'entrées sur le marché algérien tant des entreprises économiques que de l'armement sont élevées.
□ En résumé, il existe un lien dialectique entre sécurité et développement. Sans sécurité, pas de développement et sans
développement, pas de sécurité. La lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu'au sein
des Etats où une minorité s'accapare une fraction croissante du revenu national, enfantant la misère et donc le terrorisme,
renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Car, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites et les responsables
algériens chargés de la sécurité en sont conscients, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité. Cela
implique de s'attaquer à l'essence (un co-développement) et non aux apparences comme le montre une étude du Forum
économique mondial -WEF-. Aussi, l'efficacité sécuritaire devra s'insérer dans le cadre d'une vision stratégique. Face à un
monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les
derniers événements au Sahel, aux frontières de l'Algérie, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination,
internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis pour l'Algérie et l'Afrique
dépassent en importance et en ampleur les défis que l'Algérie et l'Afrique ont eu à relever jusqu'à présent.
(*) Nous pouvons citer parmi ces mastodontes Al-Qaeda et Daesh qui opèrent à travers des franchises telles que Boko Haram,
Al-Shebab, AQMI, Al-Mourabitoune, Jund Al-Khalifa, Ansar Baït Al-Maqdi, Ansar Al-Charia, Oqba Ibn Nafaa, etc., implantées
dans le Maghreb, le Sahel et la corne de l’Afrique. Des mouvements tels que l’ADF-Nalu (Allied Democratic Forces) – présent en
Ouganda et dans l’Est de la RDC – et le Front de libération du Mecina (FLM) – présent dans le Nord et marginalement dans le
centre du Mali – font figure de start-up du terrorisme en Afrique. Pour un panorama des mouvements terroristes qui opèrent en
Afrique, voir : François Vandendriessche, « Comprendre et lutter contre les groupes armés au Sahel », Thinking Africa, NDR no
24, Janvier 2016 ; Nkalwo Joseph Léa. « L’Afrique dans le collimateur de l’islam radical », Thinking Africa, NDR n° 21, Juillet
2015.
* Réunion d'Afripol à Alger : L'Algérie, un acteur majeur face aux enjeux géostratégiques et sécuritaires de l'Afrique, A.
MEBTOUL (Le quotidien d’Oran, 12.05.18)

ARMEMENT.- L'industrie militaire algérienne produit de l'armement pour les trois armées (air, mer, terre)
pour entretenir ses capacités de défense. Elle dispose de réelles potentialités de développement et de
recherche pour améliorer ses installations et renouveler son armement. Dans le domaine de l'aéronautique,
l'Algérie construit deux avions, le Firnas 142 (biplace), et le Safir 43 (quadriplace). Il s'agit de deux
premières réalisations de l'entreprise de construction aéronautique (ECA), sous tutelle du ministère de la
défense nationale. Le vol d'essai du Firnas 142 a déjà fait l'objet de démonstration sur le site même de la
base aérienne de Tafraoui et a passé le cap de l'assemblage sous licence des aéronefs vers une phase
qualitative qui lui permet aujourd'hui de proposer ses produits à des entreprises de travail aérien. L'ECA
compte développer d'autres modèles d'avions : des appareils anti-feu, d'autres destinés à l'évacuation
sanitaire ou encore spécialisés dans l'agriculture. Ailleurs, ce sont d'autres réalisations d'envergure

238
stratégique comme la construction militaire navale, quoique embryonnaire, a déjà à son actif des vedettes
destinées aux gardes-côtes réalisés sur le chantier naval de Mers el Kébir. La rénovation des navires
comme des sous-marins, entre dans l'activité ordinaire de la base navale. A Khenchela, c'est la fabrication
de munitions et d'armes légères qui prévaut. On ajoutera l'établissement de rénovation du matériel roulant
de Dar El Beida et la base centrale logistique de Beni Mered. La question de la défense nationale n'est plus
donc limitée aux questions d'effectifs et de répartition des forces, mais est aussi liée directement aux
impératifs de gestion économique. De plus, il ne s'agit plus de penser la défense du pays en comptant
uniquement sur l'importation des moyens de défense. Les unités de fabrication, de construction ou de
rénovation ce sont aussi obligatoirement des milliers d'emplois directs et indirects qui sont créés. Ce sont
également des industries annexes qui peuvent s'intégrer dans le tissu économique du pays. Les complexes
industriels dont on ne cesse de décrier les capacités médiocres et la vétusté des équipements peuvent aussi
participer à l'effort de défense nationale. Une façon de signifier, en ces temps de privatisation et de
liquidation des entreprises, que le tissu industriel du pays a encore son utilité. □
►Désormais, l’armée de l’air algérienne possède le système russe Polyana D4M1, qui lui permet d’intégrer
«le club fermé des pays» ayant une défense aérienne intégrée, selon une vidéo publiée par le site
d’information militaire Menadefense. L'armée algérienne a acquis et mis en état opérationnel le système
russe de commandement et de contrôle automatisé Polyana D4M1, qui lui permet d'entrer dans «le club
fermé des pays» ayant une défense aérienne intégrée. L'engin a été aperçu, le 9 avril, lors de la visite du
général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée
algérienne, à la 2e région militaire dans l'ouest du pays.Le Polyana D4M1 est capable, explique
Menadefense, «de commander et coordonner les systèmes de défense anti-aérienne mobiles de différentes
portées et de différentes natures, en partageant les données entre eux et en prenant la commande de tir de
chacun d'eux». Il permet aussi de dissimuler les systèmes comme le S-300, le Tor, le Buk M2 et Pantsir S1
(tous opérationnels en Algérie) à l'ennemi qui peut détecter leurs émissions radar, et ce «en utilisant des
systèmes radars ambulants dont l'information sera partagée entre l'ensemble des lanceurs de missiles et
des systèmes de défense, qui deviennent totalement invisibles pour l'ennemi», explique le site.Et de
conclure, le système russe a la capacité de couvrir en surveillance un territoire de 640.000 km2, «suivre 500
cibles simultanément et orienter 250 tirs d'interception, et ce en prenant le contrôle d'environ de 14
batteries et systèmes antiaériens», ajoute le site d'information. Pour rappel, Menadefense a annoncé en
2014 l'acquisition par l'armée algérienne du Polyana D4M1 russe, sans qu'il y'ait une confirmation officielle
de l'information.□
►L’armée algérienne ne veut plus être tributaire d’armes et d’équipements militaires importés de
l’étranger. Des industries ont été lancées dans le pays et voici quelques-unes de leurs réalisations phares.
«L'industrie militaire est une partie intégrante de l'économie nationale», a déclaré le général-major Rachid
Chouaki, directeur des industries militaires au ministère de la Défense nationale, lors de la journée
parlementaire consacrée à l'industrie militaire organisée à l'Assemblée populaire nationale le 13 mars 2018.
«Nous comptons créer 40 usines et 30.000 postes d'emploi directs d'ici 2019», a-t-il ajouté en «précisant
que 10 entreprises et 12 sociétés mixtes seront créées», selon le journal l'Expression. L'armée algérienne,
rappelle le journal citant le responsable militaire, a « grâce à une stratégie de modernisation des industries
et des technologies de défense qu'elle a adoptée en 2009. L'institution a réussi sérieusement à développer
son portail d'activités en assurant ses propres besoins sans recourir à l'importation». Dans le cadre de cette
politique d'autosuffisance, l'industrie militaire algérienne a réussi à produire plusieurs équipements lui
permettant de renforcer les capacités de défense de l'armée du pays. En voici les plus importants. L'armée
algérienne, a exposé, lors d'une exposition organisée en juillet 2017 par la direction de la communication du
ministère de la Défense sur l'esplanade du Musée de l'Armée et du Monument des Martyrs, tout un lot
d'équipements. «Le canon antichar MT12 » adapté « sur un camion 6× 6 Zetros, monté en Algérie», écrit le
site d'information Menadéfense. Selon la source «le canon, doté d'un système de visée infra-rouge russe
APN-6, est posé sur un châssis indépendant de celui du Zetros et repose sur son vecteur par l'entremise de
silentblocs, le tout étant stabilisé par deux vérins hydrauliques. Le véhicule est doté d'une centrale inertielle
lui permettant un positionnement précis et un partage d'information avec son environnement immédiat et
vers son centre C2 via un datalink». Le second prototype adapté «sur le même châssis
Zetros 6×6, est celui du canon soviétique D30 », poursuit le média. «Plus abouti et plus léger que le MT12»,
ajoute le média, précisant qu'il «dispose d'une architecture différente avec quatre vérins rétractables, d'un
logement pour 48 obus, d'une commande à distance du canon, d'un système électronique de combat lui
permettant de communiquer les informations avec le centre C2». «Le véhicule dispose de la navigation INS
grâce à une centrale inertielle qui y est installée», précise Menadéfense, soulignant que «le tout reste
discret et facilement dissimulable sous une bâche». «L'autre véhicule Mercedes monté localement et
transformé», continue le média, «a été un Unimog supportant une batterie anti-aérienne ZU 23, stabilisé par
quatre vérins hydrauliques pour garantir une grande précision». Le système est dissimulé par une canopée
amovible pour une grande discrétion lors du déploiement, a ajouté le site d'information. Les
horizons du développement de l'industrie militaire algérienne  : Dans un entretien accordé en janvier
2018 à la chaîne 1 de la radio nationale, le général-major Rachid Chouaki a évoqué les projets de l'armée
algérienne dans les domaines «des explosifs et des munitions, [de] l'électronique, [de] la mécanique, dont
automobile, [des] industries de transformation comme le textile, et [de] la Recherche et développement, qui
accompagne toutes ces filières industrielles», en expliquant que «l'objectif dès le départ était de développer
des zones industrielles sur les Hauts-Plateaux, de l'Est à l'Ouest du pays». Le responsable a aussi annoncé
l'ouverture prochaine d'une usine d'assemblage d'hélicoptères à Ain Arnat dans la wilaya de Sétif. «Nous
sommes dans la phase de finalisation. Nous allons monter une société de fabrication d'hélicoptères à Ain
Arnat dans la wilaya de Sétif, avec un partenaire de renommée mondiale, et qui est l'Italien Leonardo», a-t-il
précisé, en ajoutant «qu'il est fondamental de créer un produit de qualité pour pouvoir l'exporter par la
suite». □ LOUADJ Kamal (2018)

239
CYBER-SECURITE.- Sommet africain de cyber-sécurité (6 è m e édition Alger, avril 2018) : L'Algérie demeure
vulnérable aux cyberattaques. Les institutions et les entreprises algériennes demeurent vulnérables, et ce
en dépit des efforts et des investissements consentis, face à des cyberattaques de plus en plus
sophistiquées et menées par des hackers organisés et hyper-motivés par l'appât du gain.La présentation
des résultats d'une étude réalisée par XCOM Agency en partenariat avec le cabinet d'études Algeria Digital
Trends et sponsorisée par Rapid7 Leader Vulnerability Risk Management (Forrester Q1 2018) auprès de
1.000 décideurs informatiques et sécurité des systèmes d'information algériens, représentant tous les
secteurs d'activité, toutes tailles d'entreprises et toutes régions, a révélé que les réseaux informatiques des
institutions algériennes ne sont pas à l'abri des intrusions et des violations. Cette étude intitulée «Baromètre
2018 Cyber-Sécurité des entreprises et institutions algériennes» met en lumière le niveau de maturité des
entreprises et institutions algériennes à placer la cyber-sécurité au cœur de leur stratégie. Les résultats de
ce sondage sont inquiétants et démontrent l'urgence d'améliorer les systèmes informatiques des institutions
et des entreprises algériennes pour prévenir toute cyberattaque. Le tiers des professionnels informatiques
(27%) sondés avouent qu'ils ont subi sur les 12 derniers mois une cyberattaque de type virus ou intrusion,
alors que près de 12% ont subi une perte de données ou altération de données suite à une erreur humaine.
47% des informaticiens interrogés estiment que les systèmes d'informations des institutions et des sociétés
ne sont pas suffisamment protégés contre les cyber-menaces. Et près de 80% des professionnels interrogés
considèrent qu'une panne informatique a des conséquences négatives sur le business de leur entreprise ou
administration.Le sondage a surtout montré que les services informatiques sont confrontés à de nombreux
obstacles pour assurer une meilleure sécurité des données. 52% des professionnels sondés soulignent que
la principale entrave à l'adoption de la cyber-sécurité est le manque de personnel qualifié, alors que 34% se
plaignent de la complexité de la technologie, 26% des problèmes de performances, 35% du manque de
budget et 30% du manque d'appui de leur direction. Plus préoccupant, presque la moitié des professionnels
(47%) sondés considèrent qu'ils n'ont pas connaissance des lois existantes en matière de cyber-sécurité,
57% des organismes déclarent qu'ils n'hébergent pas leurs données chez un hébergeur algérien ayant ses
data centers en Algérie, alors que 29% indiquent qu'ils le font d'ores et déjà chez des fournisseurs à
l'étranger. «Il s'agit d'une étude inédite en Algérie par rapport à son ampleur. C'est une enquête particulière
et réaliste sur l'état de la cyber-sécurité en Algérie (…) Des défaillances en matière de protection des
réseaux d'informations sont constatées, mais il y a un espoir palpable pour les prochaines années. Ainsi
53% des professionnels sondés soulignent que le budget cyber-sécurité augmentera en 2019», affirme
Mehdi Zakaria directeur de XCOM Agency et également président de l'Association algérienne de la sécurité
des systèmes d'informations (AASSI). □ Sofiane M., le quotidien d’oran, 05.04.2018
►Cyber-attaques – Etude Kaspersky 2017  : Les réseaux industriels des compagnies d’énergie et les
intégrateurs de systèmes ICS qui activent sur le sol algérien ont été fortement touchés par des
cyberattaques durant le 2e semestre de l’année 2017. C’est ce qu’a révélé une étude de Kaspersky-Lab qui
a indiqué qu’à travers le monde, “près de 40% de l’ensemble des systèmes de contrôle de processus
industriels (ICS) dans les compagnies d’énergie protégées par les solutions de Kaspersky-Lab ont été
attaqués par un malware au moins une fois pendant les 6 derniers mois de 2017, suivis de près par 35,3%
des réseaux d’ingénierie et d’intégration ICS”. En effet, dans cette étude consacrée au “paysage des
menaces pour les systèmes d’automatisation industrielle au 2e semestre 2017”, Kaspersky-Lab a affirmé
que “le nombre d’attaques lancées contre ces deux secteurs dépasse notablement les autres, lesquels
représentent en moyenne entre 26% et 30% des ordinateurs ICS attaqués”. Dans cette proportion, l’Algérie
a été classée au 24e rang mondial des pays les plus touchés par ces attaques qui s’apparentent à de
l’espionnage industriel. En ce sens, cette étude a également révélé que l’Algérie figure parmi les 5 pays, en
pourcentage d’ordinateurs ICS attaqués, avec 66,2% des machines ciblées et dont les données ont été
exploitées et/ou piratées. Ainsi, l’Algérie fait partie des pays qui n’ont pas changé en termes de
cyberattaques aux côtés du Vietnam (69,6%), du Maroc (60,4%), de l’Indonésie (60,1%) et de la Chine
(59,5%). “La cybersécurité des sites industriels demeure un problème qui peut avoir de très graves
conséquences sur les processus industriels et occasionner des pertes pour les entreprises. Selon cette
étude, “Internet demeure la principale source d’infection, à l’origine de 22,7% des attaques contre des
ordinateurs ICS, en hausse de 2,3%, comparée aux six premiers mois de l’année”. Ce pourcentage concerne
les pays les plus vulnérables, à l’instar de l’Algérie qui occupe, par ailleurs, la 3e place dans la région
Moyen-Orient-Afrique du Nord (Mena). □ Almanach.com /informatique.

DÉFENSE. - Le contexte créé par le relâchement de la tension Est-Ouest d'après la guerre froide n'a pas
inhibé la course à l'armement. L'évolution de l'environnement géostratégique s'est vue en fait accompagnée
par une exacerbation de certaines zones de tensions qui peuvent à tout moment frôler le seuil de l'escalade.
Malgré la chute de la plupart des régimes totalitaires, et une généralisation du processus de
démocratisation, les impératifs d'équilibre stratégique entre les deux anciens grands blocs antagonistes ont
vus scellés leur rapprochement par des accords militaires, politiques et économiques, délestant ainsi des
zones secondairement stratégiques où les points de friction notamment, au sein des pays du Sud, allaient
plus intensément s'aiguiser. S'il est constaté que la production des usines d'armement dans les pays
industrialisés enregistre un certain infléchissement, le commerce des armes, par contre, a subi un certain
redéploiement pour se maintenir au même niveau. Les budgets de défense ont régressé, notamment entre
1989 et 1996 dans les pays développés sans influer sur la commercialisation des matériels militaires. La
production des équipements militaires a subi quelques réadaptations au regard des besoins plus ciblés dans
les points chauds ou appelés à effervescence à travers les régions porteuses potentielles de conflits. Il est
signalé que les pays du tiers-monde sont actuellement considérés comme les plus gros importateurs
d'équipements et de matériels militaires soit 67,5% des importations mondiales en 1989 et 75,8% en 1996.
L'institut international d'études stratégiques de Londres dans son rapport en 1997 indique que le Moyen-

240
Orient et l'Afrique demeurent les plus gros pourvoyeurs d'acheminement d'armes dans le monde. L'Algérie,
pour sa part, se dote d'un budget défense consistant. La croissance du budget militaire des pays
considérés tel l'Algérie, est fonction de l'évolution de la situation sécuritaire dans la région (problème
limitrophe du Sahara Occidental, fermeture et surveillance des frontières, ...), en fonction des hausses et
des apaisements de tension survenant dans les relations de voisinage ou sur un sentiment d'insécurité des
régimes au pouvoir en butte à une recrudescence des conflits sur le plan intérieur, qui peuvent mettre à nu
une certaine vulnérabilité ou archaïsme de leur système économico-politico-social en mal d'évolution. En
comparaison aux autres pays, notamment de l'Asie du Sud-Est, les pays africains ne disposent pas de
ressources financières suffisantes pour pouvoir s'offrir un équipement militaire sophistiqué. Cet handicap est
aggravé par le problème de la dette publique et militaire. Celle-ci constitue un obstacle pour dissuader les
pays à se lancer dans une course à l'armement. Il devient de plus en plus difficile pour ces pays compte
tenu de leur faiblesse économique, de supporter les coûts qu'impose le renforcement de leurs capacités de
défense. Cependant, un tel obstacle n'a pas empêché la prolifération des armes légères dans ce continent.
L'armement conventionnel tend de plus en plus à céder la place à l'armement léger. L'importance, de plus
en plus grandissante du marché de l'armement léger découle tout simplement du changement dans la nature
des conflits. La majorité des conflits qui surviennent présentement sont des conflits inter-étatiques, guérilla,
rivalité inter-ethnique, mouvements de contestation de l'Etat, etc. L'Algérie, de par sa situation
géostratégique recèle les ressources potentielles nécessaires pour une modernisation de ses capacités de
défense de l'intégrité de son territoire et d'une dotation adéquate en équipements et matériels sécuritaires à
des fins de préservation efficiente de l'ordre public (lutte anti-terroriste et anti-guérilla, répression de
réseaux de grand banditisme, etc.). Selon le groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité
(GRIP) de Bruxelles, "il y aurait quelques 500 millions d'armes légères de type militaire, soit une arme par
12 habitants". La particularité de ces armes est qu'elles sont facilement transportables. Cependant, c'est le
contrôle qui pose problème. A l'instar des autres secteurs de l'activité économique, l'industrie d'armement
a dû subir les aléas de la libéralisation du commerce international. Affranchi des impératifs idéologiques, le
marché de l'armement s'est lui aussi adapté aux nouvelles lois de la compétitivité économique. Le
prolongement de la crise économique mondiale pourrait perpétuer cette tendance à faire du commerce des
armes un moyen pour compenser le manque en ressources financières.
►Le classement mondial 2015 de Global Firepower classe l’Algérie à la 27e place en matière de forces
armées (Maroc :49e place), parmi les 126 nations recensées. Avec 512.000 militaires de carrière et 400.000
réservistes sur une population de 38 millions d’âmes, l’Algérie maintient sa position de leader de la région.
En effet, le site spécialisé dans l’armement Global Fire Power a dévoilé son classement 2015 des forces
armées. Elle possède, selon le même site, 975 tanks, 448 avions et 60 navires. L’Algérie consacre plus de
10 milliards de dollars à la Défense Nationale. En Afrique, l’Algérie se classe derrière l’Égypte (18e mondial)
et devant l’Afrique du Sud (32e). Le Maroc se place, quant à lui, à la sixième place continentale (49e
mondial) talonné par la Tunisie au (58e) rang. L’Arabie Saoudite (28e) ferme le podium du trio arabe avec
l’Égypte et l’Algérie. Les États-Unis conservent leur place de leadership. La Russie et la Chine arrivent
respectivement à la deuxième et troisième place du classement. L’Inde est en quatrième position, le
Royaume-Uni en 5e et la France arrive 6 è m e ..
Classement des puissances militaires africaines: 1.
Égypte 2. Algérie 3. Ethiopie 4. Nigeria 5. Afrique du Sud 6. Angola 7. Maroc 8. Soudan 9. Libye 10.
République Démocratique du Congo 11. Kenya 12. Tunisie 13. Zimbabwe 14. Zambie 15. Tchad 16.
Ouganda 17. Tanzanie 18. Sud-Soudan 19. Ghana 20. Cameroun 21. Mozambique 22. Niger 23. Côte-
d'Ivoire 24.Mali 25. Madagascar 26. Gabon 27. République du Congo 28. Namibie 29. Somalie
30. République Centrafricaine

ÉQUIPEMENT.-Le 5 juillet 2011, l’agence Reuters annonçait la signature d’un contrat d’armement entre l’Algérie et
l’Allemagne. Berlin devrait ainsi vendre quelque € 10 milliards d’armes et de matériel militaire à l’armée algérienne sur dix ans. Il
s’agit du plus gros contrat d’armement signé avec un pays occidental, souligne Le Quotidien d’Oran. Quatre projets sont
concernés. Rheinmetall et MAN doivent construire des blindés de transport Fuchs. Daimler compte vendre des camions et des
tout-terrains, et ThyssenKrupp construire des frégates et former les personnels navals. Eldorado des industriels russes de
l’armement, l’Algérie fait visiblement le choix de la diversification vers l’Allemagne. La France, quant à elle, semble perdre du
terrain en Algérie. D’après le rapport au Parlement d’août 2010 sur les exportations d’armement de la France , les
prises de commandes françaises à destination de l’Algérie sont passées de 45,1 millions en 2005 à 9,4 millions en 2009. Seul
un pic en 2007 vient perturber la série. Il correspond à l’année où le président français Nicolas Sarkozy, récemment élu, s’était
lancé dans une course à l’armement en Afrique du Nord qui avait touché l’Algérie, la Libye et le Maroc. Mais c’est avant tout vers
la Russie que se tourne traditionnellement l’Algérie pour s’approvisionner en armes et matériel militaire. Ainsi, le pays attend la
livraison d’une quarantaine d’avions MiG-29, de 28 Su-30 MK, de 16 Yak-130, de 8 batteries de missiles antiaériens S-300 PMU
et de 40 chars T-90 ainsi que deux sous-marins, rapporte le site internet Zone militaire(www.opex360.com ), spécialisé sur
les questions militaires et de défense. Au total, le marché algérien représente 13 % des ventes d’armes russes, ajoute la même
source. Il faut dire que dans le contexte du duel Algérie-Maroc, Alger évite de s’approvisionner auprès de la France et des États-
Unis, fournisseurs du voisin marocain.
►En attendant les arbitrages du ministère des Finances, puis du Premier ministre, il semble que des départements très
importants verront leur budget revu à la baisse. C’est le cas, par exemple, de la Défense dont les dépenses descendraient de 11
milliards de dollars en 2017 à 6,5 milliards de dollars l’année prochaine. Une baisse qui concernera notamment l’aspect
équipements. Car, l’armée ayant suffisamment effectué d’achats ces dernières années, elle devra probablement se contenter
d’un budget de fonctionnement. Une manière pour la “grande muette” de participer à l’effort de “rationalisation” des dépenses
publiques. En revanche, certains observateurs ne croient pas à cette thèse. “Il ne pourra pas y avoir de baisse sensible du
budget de l’armée parce que les gros achats effectués ces dernières années ont été faits en dehors du budget officiel”, indique
un spécialiste. L’Etat a officiellement annoncé, en 2008, avoir dégagé un budget de 8 milliards de dollars pour l’acquisition
d’armes.

241
ETAT D'URGENCE (OU D'EXCEPTION ).- L'Algérie a eu durant son histoire à vivre deux états de siège
(1988-1991) et un état d'urgence (1992). En Algérie, l'Etat d'urgence, toujours en vigueur, appelle deux
remarques : 1- Les situations
juridiques qui en résultèrent (dissolution des instances élues, législation par décrets présidentiels) lui
donnent l'aspect d'un état d'exception tant les prérogatives du chef de l'Etat ont été élargies.
2- Cette législature a été promulguée et conçue dans l'esprit de l'état d'urgence (période transitoire), mais
avec un champ d'application temporaire indéterminé qui peut s'étendre au-delà de cette période
exceptionnelle. L'application de cette
législature en temps ordinaire semble engendrer dans le pays un état d'urgence permanent. L'esprit des
circonstances exceptionnelles, où prédominent les nécessités de sauvegarde de l'ordre public sur les droits
individuels, se rencontre notamment dans les textes anti-terroristes. La constitution algérienne de 1997
prévoit une loi organique pour régir l'état de siège et l'état d'urgence sans observer le cas d'état
d'exception. Le système juridique en place opère dans des contours restrictifs tant et si bien que le cadre
d'un état d'exception n'est point perceptible encore par les textes qu'il engendre ou les situations qu'il
crée, ne garantit pas une marginalisation des principes tels :
◙ la séparation des pouvoirs;
◙ l'existence d'un pouvoir législatif élu;
◙ l'indépendance et la prééminence de l'appareil judiciaire;
L'impact de la législature de l'état d'exception est très sensible sur l'édification d'un état de droit. Son
mauvais usage peut conduire à restaurer l'ordre en servant d'alibi pour des abus, en réduisant au minimum
le champ des droits et des libertés, et sa durée peut engendrer des effets pervers préjudices à l'avènement
d'une culture démocratique.

FORCES ARMÉES .- Le dernier rapport sur les dépenses en armement dans le monde, publié le 24 avril 2017 par le
Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), indique que l’Algérie est en tête des pays d’Afrique, troisième parmi les
pays arabes et 20e dans le monde. L’Algérie a dépensé 10,6 milliards de dollars en 2016, soit 6,7% de son PIB. A titre
comparatif, les dépenses militaires de l’Algérie en 1988 étaient de 629 millions de dollars, soit 1,7% du PIB. Alors que beaucoup
de pays achètent des armes pour faire la guerre ou pour faire tourner les complexes militaro-industriels des superpuissances,
l’Algérie s’équipe militairement pour exporter la paix à travers sa politique de rempart contre les extrémistes de tous bords qui
écument les no man’s land et les difficiles contrées de la zone sahélo-saharienne
►Le classement mondial 2015 de Global Firepower classe l’Algérie à la 27e place en matière de puissance militaire. Ainsi
l'Algérie flirte avec le top 27 des plus grandes armées dans le monde se hisse à la 27e place parmi les 126 nations recensées.
Avec 512.000 militaires de carrière et 400.000 réservistes sur une population de 38 millions d’âmes, l'Algérie maintient sa
position de leader de la région. En effet,  le site spécialisé dans l'armement Global Fire Power a dévoilé son classement 2015
des forces armées. L'Algérie maintient sa position de leader de la région. Elle possède, selon le même site, 975 tanks, 448
avions et 60 navires. L'Algérie consacre plus de 10 milliards de dollars à la Défense Nationale.   En Afrique, l'Algérie se classe
derrière l'Égypte (18e mondial) et devant l'Afrique du Sud (32e). Le Maroc se place, quant à lui, à la sixième place continentale
(49e mondial) talonné par la Tunisie au (58e) rang.  L'Arabie Saoudite (28e) ferme le podium du trio arabe avec l'Égypte et
l'Algérie. Les États-Unis conservent leur place de leadership. La Russie et la Chine arrivent respectivement à la deuxième et
troisième place du classement. L’Inde est en quatrième position, le Royaume-Uni en 5e et la France arrive 6e. 
Global Power Fire se base sur 50 critères dans son classement incluant le nombre d'effectif, les acquisitions et la fabrication
militaire, le budget de la Défense, les ressources naturelles...Il exclut les armes nucléaires et l'implication des pays dans les
conflits.   
► A titre indicatif, un état ancien comparatif présente les capacités de défense dans les pays du maghreb.
Les dépenses militaires en 1983, selon l'institut international d'études stratégiques (Londres) :
Pays Dépenses Dépenses/hab . Dépenses en %
(en millions $) (en $) (du PNB)
Algérie 879 87 3,4
Maroc 1308 63 9,8
Libye 709 220 3,1 (en 1982)
Les forces militaires estimées :
Algérie : 130.000 hommes (Terre 110.000, Mer 8.000, Air 12.000).
Paramilitaire 24.550. Service militaire 18 mois.
◘ Terre : 3 brigades blindées, 6 d'infanterie, 2 de parachutistes, 12 compagnies du désert, 5
batteries d'artillerie, 11 antiaériens, 4 génie. Armement soviétique (630 chars, 830 BTR) ; français (50
chars AMX 13).
◘ Marine : 6 patrouilleurs, 18 vedettes lance-missiles (SSM Styx), 10 lance-torpilles soviétiques.
◘ Air : 306 avions de combat surtout sov.; 1 escadron de bombardement léger, 4 d'interception, 7 de
chasseurs d'attaque au sol, 1 de lutte antiguérilla, 1 de reconnaissance, 1 de transport, 96 hélicoptères.
Maroc : 149.000 hommes (Terre 130.000, Mer 6.000, Air 13.000).
Paramilitaire 31.000 Service militaire 18 mois.
◘ Terre : 5 brigades (1 de sécurité, 3 brigades d'infanterie mécanisée, 1 de parachutistes), 7 bat. blindés, 9
rég. d'infanterie mécanisée, 1 de la garde royale, 4 de méharistes, 2 de cavalerie du désert, 9 d'artillerie, 4
du génie.
◘ Air : 105 avions de combat, 7 escadrons (5 chasseurs d'attaque au sol, 1 de lutte antiguérilla, 1 de
transport), 108 hélicoptères, 74 avions d'entraînement.
Libye : 73.000 hommes (Terre 58.000, Mer 6.500, Air 8.500)
◘ Terre : 20 bataillons blindés, 30 bataillons d'infanterie mécanisée, 1 garde nationale, 2 de forces
spéciales, 10 artillerie, 2 anti-aériens.

242
◘ Air : 535 avions de combat, 21 escadrons (1 de bombardiers, 3 d'interception, 5 de chasseurs d'attaque
au sol, 1 de lutte antiguérilla, 1 de reconnaissance, 2 de transport, 8 d'hélicoptères), 314 avions
d'entrainement, 96 hélicoptères, 3 brigades de SAM (Crotale).
◘ Marine : 6 sous-marins, 1 frégate, 9 corvettes, 25 vedettes lance-missiles.
En 1994, les capacités de défense importantes au Maghreb  :
Algérie (0,6 milliard $ dépensés en 1991)
◘ Matériels militaires : 630 chars de combat, 250 avions de combat, 111 hélicoptères de combat, 26
batiments de guerre, 2 sous-marins
◘ Forces militaires : Terre : 121.000 Air : 12.000 Mer : 6.700 Paramilitaires : 41.200
Maroc  :
◘ Matériels militaires : 284 chars de combat , 95 avions de combat , 18 hélicoptères de combat, 7
batiments de guerre, 4 sous-marins.
◘ Forces militaires :Terre :175.000 Air : 13.500 Mer : 7.000 Paramilitaires : 42.000
Lybie
◘ Matériels militaires : 2.350 chars de combat, 406 avions de combat, 90 hélicoptères, 38 batiments de
guerre, 04 sous-marins,
◘ Forces militaires : Terre : 40.000 Air : 22.000 Mer : 8.000

LÉGITIME DÉFENSE PRÉVENTIVE .-Si la légitime défense préventive constitue une pratique prohibée par le droit
international, tout recours à la légitime défense contre la menace ne saurait être à priori écarté sur le fondement de cette
condamnation. En effet, sous couvert d'une tendance récente du droit international de maintien de la paix, la légitime défense
préventive occulte une stratégie de recours unilatéral à la force en vertu de laquelle un État s'autoriserait en premier à attaquer
un autre État, qu'il considèrerait comme une menace à brève, moyenne ou même longue échéance. Ce serait le retour des
guerres préventives, avait prédit Olivier Corten. Si la guerre préventive a été condamnée avec une fermeté rare dans la doctrine
du droit international public, par la communauté internationale dans son ensemble, par la pratique effective des Etats, par les
résolutions onusiennes, par la jurisprudence de la Cour internationale de justice, la raison est évidente et irréfutable, car
l'acceptation d'une extension abusive du concept de légitime défense entraînerait une dilution rapide de la règle de la non
utilisation de la force dans le cadre des relations internationales sauf dans les cas énoncés par la Charte des Nations unies. En
effet, le recours au concept de la légitime défense préventive permettrait à l’État agresseur « de se défendre » contre une
menace non imminente et d'apprécier une situation de rupture de la paix et de décider des mesures appelées à la rétablir. Nous
assisterions dans ce cas à un détournement de missions qui sont initialement dévolues au Conseil de sécurité. Dans le cas
irakien, les États-Unis et la Grande Bretagne s’octroient tous les pouvoirs en décidant de faire la guerre en dehors de toute
légalité.  Ce coup de force crée un état de dualité de pouvoirs en concurrence avec les Nations unies et de ce fait ouvre une
brèche dans l'ordre international en court-circuitant le système de sécurité collective et par là reléguer les Nations unies à des
fonctions subalternes. En vérité le procès de légitime défense préventive à l'aune du droit international n'est autre chose que le
procès de l'usage offensif de la force dans les relations internationales contemporaines. A l'observation, les verrous posés par
l'article 2 §4 de la Charte des Nations unies et le droit international général et coutumier sont fragilisés par l'instrumentalisation
du Conseil de sécurité.  Autrement dit, le respect des normes du droit international, dépend du degré de connivence de ces
dernières avec les intérêts stratégiques des grandes puissances qui sont appelées à gérer des situations fortement politisées, à
l'image d'un Conseil de sécurité où les membres permanents peuvent lancer « la machine » ou la bloquer, sachant
pertinemment qu'ils peuvent recourir à la force armée sans l'aval de ce dernier. L'agression armée contre l'Irak en constitue une
preuve. En conséquence la légitime défense préventive n'a pas sa place en droit international et subit un rejet total par la
communauté internationale dans son ensemble, et aucune suggestion qui aboutirait à un assouplissement de l'article 51 de la
Charte doit être rejetée, sinon, c'est la loi du plus fort ou le droit de la force qui régnera en maître dans les relations
internationales. Autrement dit, si on se permettait de légitimer une intervention au nom de la légitime défense préventive, on
ouvrirait la boite de pandore et les ambiguïtés du « bellum justum » feraient reculer le droit international avec comme
conséquence un regain de la puissance dans le cadre des relations interétatiques et ce au détriment de la force du droit. Sous
couvert de la théorie de la légitime défense préventive et son corollaire la guerre préventive, l'Irak, Etat souverain, membre de
l'organisation des Nations unies a été l'objet d'une agression militaire le 20 mars 2003 par une coalition américano-britannique.
Cette intervention militaire est qualifiée d'agression armée au regard des définitions relatives à l'agression de l'A.G.N.U. et de la
C.P.I. C'est un recours unilatéral à la force armée qui sape les principes fondateurs de l'ordre onusien: le règlement pacifique
des conflits, le respect de la souveraineté, l'égalité souveraine entre les Etats, le respect des politiques intérieures des Etats.
Cette guerre illégale est considérée comme la première application de la nouvelle politique étrangère américaine contenue dans
le document intitulé ''National Security strategy'' où le Président Bush a mis en avant sa doctrine de légitime défense préventive
en insistant sur « le recours à la légitime défense même s'il existe des incertitudes quant au moment ou au lieu de
l’attaque ».Pour justifier cette guerre, les Etats-Unis ont invoqué les motifs suivants: 
a) la lutte contre la menace venant de groupes terroristes internationaux.
b) Lutter contre les Etats qui tolèrent, abritent ou soutiennent des réseaux terroristes.
c) Lutter contre les Etats qui se préparent à fabriquer ou qui détiennent des armes de destruction massive (les Etats voyous).
Quant à la légalité de leurs interventions ils ont soutenu que l'autorisation de recourir à la force armée devait être déduite des
résolutions onusiennes relatives à ce conflit. C'est une guerre sans fondement juridique, car après analyse des résolutions du
Conseil de sécurité, ces dernières ne laissent apparaître aucune autorisation même implicite soit-elle d'user de la force armée.
En conséquence, c'est une guerre illégale au même titre qu’illégitime qui a généré des situations illégales caractérisées par la
violation du droit de la guerre et du droit humanitaire ; les tortures à la prison d'Abou Ghraib et la situation des prisonniers sans
statut de Guantanamo constituant des preuves irréfutables. Ce recours unilatéral à la force armée dans les relations inter-
étatiques a mis à rude épreuve le système de sécurité collective, et causé l'effritement de la force du droit au profit d'un droit
''pensé'' et imposé par l'empire américain. Mais l’histoire nous a enseigné que les empires sont éphémères, et que les solutions
de la « stabilité » imposée par une puissance hégémonique ne durent que le temps de cette hégémonie. A juste titre, ce que dit
le philosophe Émile-Auguste Chartier, dit Alain dans son ouvrage « Mars ou la guerre jugée » (1921) est assez révélateur : « Si
vous frappez, vous aurez un ordre de force, et toute promesse est nulle ; si vous voulez un ordre de droit, il faut plaider, non
frapper. Discuter, concéder, persuader. Tel est le prix de la paix. (…) Jamais la guerre n’établit la paix. Je n’ignore point qu’il est

243
difficile de faire la paix ; je dis seulement que les moyens de la force n’approchent point de la paix, mais au contraire en
éloignent. Je ne veux ici que rétablir le sens des mots ; n’appelez point paix ce qui est guerre » Finalement, cette prophétie ne
prendra son véritable sens qu'avec la démocratisation des relations internationales, en réformant l'ordre international mis en
place depuis 1945. Il est clair que la pacification des relations inter-étatiques futures passe en grande partie par un Conseil de
sécurité réformé, et par la résorption négociée des conflits existants, ainsi que par le retour à un processus de paix basé sur le
respect des droits des peuples. Car en définitive, l'engagement armé de la coalition nous a amplement démontré que s'il est
toujours possible de faire la guerre contre l'avis de l'O.N.U., il devient désormais pratiquement impossible de se passer d'elle
pour faire la paix. □ (Lire en sus Quotidien d’Oran 03 août 2016,  Les USA d'Obama et le bellicisme : les présidents changent, le
système perdure).
►Les dispositions constitutionnelles des États. En dehors des règles du droit international, l'usage de la force par un État est
aussi régi par le droit interne en l’occurrence le droit constitutionnel :
ⱷ La position de la constitution américaine 1787 : Pour ce qui est de la constitution des États unis d’Amérique, elle reconnaît en
son article premier section 8 alinéa 11 le pouvoir qu’a le congrès « de déclarer la guerre ». Cette autorisation d’utiliser la force
armée dans les relations internationales n’est qu’un quitus de légalité formelle et ne signifie aucunement qu’une guerre légale au
niveau interne l’est automatiquement au niveau international. En clair, il ne suffit pas que la guerre soit déclarée par le congrès
pour encourirlégalité et justice. Nous voulons pour preuve, l’agression armée américano-britannique en Irak en mars 2003. ; une
guerre illégitime et illégale au regard du droit international public. Au vu des dispositions suscitées, nous pouvons dire que les
constitutions européennes rejettent les guerres d’agression, en cas de menaces graves, les Etats ont le droit d’utiliser la force
armée dans le cadre de la légitime défense et ce conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies.
ⱷ La constitution algérienne (1996) : Aux termes des articles 76 et 77, le Président de la république est garant de l'indépendance
nationale, de l'intégrité territoriale et du respect de la constitution, des traités et accords internationaux. A ce titre, lorsque un État
est menacé d'un péril imminent dans ses institutions, dans son indépendance, le Président de la république décrète l'état
d’exception une fois les hautes institutions de l’État consultées … (article 39) et décrète la mobilisation générale (article 94), en
cas d'agression effective ou imminente, le Président de la république déclare la guerre conformément aux dispositions
pertinentes de la Charte des Nations unies … (article 95).
Autrement dit, les termes ne laissent place à aucune autre interprétation, l'état de guerre n'est déclaré qu'en cas d'agression
effective ou imminente. Ainsi, la notion d’effectivité n'a pas besoin d’être explicitée, elle se vérifie matériellement sur le terrain.
ⱷ La constitution marocaine 2011 : La constitution marocaine en son article 59 stipule : « lorsque l'intégrité du territoire
nationale est menacée ou que se produisent des événements qui entravent le fonctionnement régulier des institutions
constitutionnelles … le roi est habilité à prendre des mesures qu'imposent la défense de l'intégrité territoriale et le retour dans un
moindre délai, au fonctionnement normal des institutions constitutionnelles. Cet article traite des mesures exceptionnelles que
doit prendre le roi en cas de péril imminent ou en cas d'agression armée extérieure en cours d'exécution. Dans ces cas précis,
l’État Marocain est en droit de se défendre ou à même de neutraliser les menaces imminentes. Il y va de soi que ces mesures
doivent être conformes au droit international et doivent durer le temps nécessaire jusqu'au rétablissement du fonctionnement
normal des institutions constitutionnelles.
ⱷ La constitution mauritanienne 2012 : La constitution mauritanienne, en son article 39 stipule « lorsque un péril imminent
menace les institutions de la république, la sécurité ou l'indépendance de la nation ou l’intégrité de son territoire, et que le
fonctionnement régulier des pouvoirs constitutionnels est entravé, le Président de la république prend les mesures exigées par
ces circonstances ... ». A travers cette disposition, le constituant mauritanien a conféré au Président de la république en sa
qualité de chef suprême des forces armées, le pouvoir de préserver la souveraineté de l’État. Dans ce cas précis, la fore armée
ne doit jouer qu'un rôle défensif et non pas prétendre à une défense offensive.
ⱷ La Constitution Française du 04 octobre 1958 : L’article 16 de la constitution stipule : « lorsque les institutions de la
république, l'indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont
menacés d'une manière grave et imminente, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est
interrompu, le Président de la république prend les mesures exigées par ces circonstances ... Cet article, confère au Président
de la république des pouvoirs exceptionnels en période de crise grave (menace extérieure imminente). Sa mise en application
n’est permise que quand les institutions de la république, l’indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire soient
menacées d’une manière grave et imminente.. Dans ce cas, il appartient au chef de l’État de recourir à l’utilisation de la force
armée afin d’éliminer les menaces et ce jusqu’au retour à une situation normale.Autrement dit, la constitution française autorise
le recours à la force armée dans le cas de la légitime défense et non dans le but de conquête et d’agression.
ⱷ Le projet de constitution de l’union européenne 2004 : Dans ce projet de constitution, l'article 1-41 est relatif aux dispositions
particulières de la politique de sécurité et de défense commune. En effet, le paragraphe 1 de cet article stipule : « l'Union peut y
avoir recours dans des missions en dehors de l'Union afin d'assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits et le
renforcement de la sécurité internationale conformément aux princiopes de la Charte des Nations unies. Son paragraphe 7
subordonne l’exercice de la légitime défense individuelle ou collective à l’existence d’une agression armée tout en respectant le
contenu de l’article 51 de la charte des Nations unies. En effet, il dispose : « au cas où un État membre serait l’objet d’une
agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir,
conformément aux dispositions de l’article 51 de la Charte des Nations unies … ». Dans le cadre de sa politique étrangère et de
sécurité commune, l'Union européenne et à travers son projet de constitution n'accorde aucune place à la légitime défense
préventive
□ Remarques :
a) Les partisans de la légitime défense préventive n’ont pu démontrer sa survivance après la Charte des Nations unies, comme
norme coutumière,
b) La communauté des États dans son ensemble, l’organisation des Nations unies, à travers ses résolutions n’accordent aucune
place à la légitime défense préventive, et réaffirment avec force la portée inchangée de l’article 51 de la Charte,
c) Dans les affaires relatives à l’emploi de la force armée qui ont été portées devant elle, la Cour internationale de justice a
condamné le recours à la force au double plan coutumier et conventionnel. 
Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, les États-Unis d’Amérique sous la présidence de George Walker Bush
optent pour une nouvelle stratégie de défense qui consiste à frapper tout État ennemi en premier en cas de menace. En mars
2003, l’Irak est agressé militairement par les États unis et la Grande Bretagne. C’est une guerre préventive, est-elle légale et
légitime ? □

244
►Sahel : L’armée algérienne n’interviendra pas en dehors des frontières du pays, au Sahel, même si «certains ont proposé
carrément à l’Algérie de lui fournir tout le matériel militaire, toute la logistique nécessaire» pour le faire, ont affirmé des sources
bien informées au journal Le Soir d’Algérie. «Ce ne sont pas des appels du pied seulement, mais de véritables invitations,
pressions, et parfois même manœuvres», ont relaté des sources algériennes bien informées, citées par le journal Le Soir
d'Algérie, affirmant que l'Algérie subissait des pressions pour engager son armée dans la région du Sahel. Les mêmes sources,
citées par le journal, ont réaffirmé le principe inaliénable, de non intervention en dehors des frontières du pays, qui fonde la
doctrine de défense algérienne. «Quel que soit l'angle d'où part la réflexion, l'analyse aboutit toujours au même point: l'armée
algérienne est la seule puissance régionale à pouvoir intervenir dans ce territoire en raison de sa connaissance du milieu, et ses
compétences bien sûr, car cette dernière est, qu'on le veuille ou non, rompue à la lutte antiterroriste», ont assuré les sources
citées par le quotidien. La France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, et depuis un certain temps les pays du Golfe, selon les sources
citées par Le Soir d'Algérie, sont les pays qui essayent «de faire changer d'avis aux Algériens sur leur position de non
intervention au Sahel». Selon elles, certains pays, qu'elles n'ont pas nommés, «ont proposé carrément à l'Algérie de lui fournir
tout le matériel militaire, toute la logistique nécessaire pour intervenir mais celle-ci a toujours refusé. C'est un principe net inscrit
dans notre politique de défense depuis la charte de 1976. L'Algérie a toutefois consenti à faire une entorse à cette règle par
deux fois en envoyant ses troupes défendre les Palestiniens en 1967 et 1973», selon le journal. «L'intervention pose des
problèmes sérieux, cela veut dire tirer, tuer et probablement se faire tuer aussi. Cela génère des inimitiés, des adversités, ce
qu'on appelle des dommages collatéraux», ont ajouté les sources citées par le journal. «Nous avons refusé de nous impliquer
dans une opération militaire saoudienne, et vous voyez ce qu‘elle a donné: un massacre au Yémen; or, nous avons de bons
rapports avec ce pays. Nous avons refusé de nous impliquer en Syrie, voyez le génocide», ont-elles expliqué, en soulignant que
«les pressions exercées par certains pays du Golfe sont pourtant continuelles. Des déplacements de responsables auraient
spécialement eu lieu pour tenter de faire fléchir la position algérienne». Et de répondre aux voix qui affirment que l'Algeérie a
«malgré tout accepté de s'impliquer en autorisant le survol de son territoire», d'autres experts interrogés par le journal ont
expliqué que «pour des besoins ponctuels, l'Algérie autorise le survol du territoire national par des parties engagées dans la lutte
au Sahel. Cela s'est fait et cela se fera toujours, c'est une règle dans le code de l'aviation civile, on leur donne un couloir bien
précis à condition qu'ils demandent bien sûr une autorisation préalable».«Certains l'ont présenté comme une première, une
nouvelle orientation, mais c'est tout à fait faux. Il y a quelques années, la presse française avait médiatisé un survol du territoire
national par des avions français dans le cadre de l'opération Serval, laissant croire qu'Alger s'était impliquée, ce qui n'est pas
vrai», ont-ils ajouté cités par le quotidien.
Actuellement, une force militaire africaine, le G5 Sahel (G5S), à laquelle participe le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et
la Mauritanie, s'est constituée sous les auspices de la France, dans le but de lutter contre le terrorisme dans cette région, en
plus des forces françaises et américaines déployées dans cet espace géographique dans le même but. L'Arabie saoudite a
promis de participer au financement du G5S. L'Algérie, qui s'était opposée à l'intervention de l'Otan en Libye, avait initié,
quelques années avant la naissance du G5S, un mécanisme similaire impliquant des pays de la région. Il s'agissait du CEMOC
(Comité d'État-major opérationnel conjoint), lancé en avril 2010 et basé à Tamanrasset. Cette structure réunissait,
théoriquement, les forces armées des pays sahéliens sous l'égide de l'Algérie. Selon Akram Kharief, consultant algérien dans la
défense et la sécurité, si l'Algérie boude le G5 Sahel, c'est justement parce qu'elle considère : « qu'elle est la véritable initiatrice
du projet, avec le CEMOC. L'Algérie est très étonnée de voir que la France débarque [en août 2014, ndlr] avec le même projet
dans ses cartons sans rien demander à l'Algérie. Elle considère que c'est une initiative parallèle qui dilue les efforts de la lutte
contre le terrorisme», a déclaré Kharief dans un entretien avec Sputnik. □
Sahara Occidental : Risque d’un conflit militaire entre l’Algérie et le Maroc? : L’Algérie doit «se préparer à toutes les options, y
compris l’intervention militaire» si elle ne cesse pas de soutenir le Front Polisario au Sahara occidental, a déclaré un député
marocain, le 1er avril 2018, cité par le site d’information hespress.com. «Le Maroc doit envoyer un message clair à l'Algérie, car
elle aussi concernée: ou le respect du bon voisinage ou se préparer à toutes les options, y compris à l'intervention militaire», a
déclaré Addi Bouarfa, député marocain du Parti Authenticité et Modernité (PAM), en marge de la session extraordinaire du
parlement marocain consacrée à la situation sécuritaire au Sahara occidental qui s'est tenue le 1er avril 2018, indique le site
d'information hespress.com. Les Algériens doivent être conscients que «le Maroc a consenti de grands sacrifices pour
l'indépendance de l'Algérie, où des centaines de Marocains sont morts pour ce but. Tout comme la ville d'Oujda était une base
arrière militaire de la révolution algérienne», a ajouté le député cité par la source, en appelant les autorités d'Alger «à se
rappeler de l'histoire commune des deux pays», tout en affirmant que le Maroc «est prêt pour l'option militaire quel que soit le
prix à payer». «Le Maroc a le droit de poursuivre les éléments du Front Polisario sur son territoire, comme l'a affirmé
précédemment le défunt roi du pays, Hassan II», a ajouté le parlementaire, mettant en garde «qu'il suffit de deux raids des
forces aériennes royales pour les rayer de la carte». Face à ces graves déclarations, aucune réaction n'a été enregistrée de la
part des autorités algériennes, qui soutiennent le règlement du conflit au Sahara occidental dans le cadre des résolutions de
l'Onu, et ce en appuyant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le Parti Authenticité et Modernité, principale force
d'opposition au Maroc, est un parti politique de centre gauche créé en août 2008. Le parti défend la marocanité du Sahara
occidental, conformément à la position officielle du royaume du Maroc, néanmoins il n'est nullement favorable à un conflit
militaire avec l'Algérie.□ Sputniknews.com (03.04.2018).

LUTTE ANTI-TERRORISTE.- Bilan annuel MDN 2017 : Les forces de l’Armée nationale populaire ont abattu en 2017, 91
terroristes et arrêté 40 autres, dont 5 femmes, a indiqué mardi 2 janvier 2017, un bilan annuel du ministère de la Défense
nationale. La même source fait état de la découverte de 6 cadavres. Le même bilan révèle la reddition de 30 terroristes durant la
même année et l’arrestation de 212 éléments de soutien aux groupes terroristes ainsi que 11 trafiquants d’armes. La même
source évoque la destruction de 408 refuges et casemates de groupes terroristes, 9 ateliers de fabrication d’armes, ainsi que la
saisie de 42.4 quintaux de matières chimiques destinées à la fabrication d’explosifs. L’ANP a récupéré un important arsenal
d’armes constitué de 2 canons SPG-9, 17 canons artificiels, 5 mortiers Hawn, 10 lance-roquettes de type PRG-76 roquettes
RPG-2 ainsi que de 581 obus. Le bilan fait état aussi de la récupération de 286 armes de type Kalachnikov, 64 fusils semi-
automatiques de type Siminov, 25 pistolets automatiques, 8 mitrailleuses calibre 14.5 mm, 8 autres mitrailleuses calibre 12.7
mm, 19 fusils-mitrailleurs FMPK, 4 fusils à lunette, 32 fusils à pompe, 1 fusil de type carabine US et de 114 fusils de fabrication

245
artisanale. Ces opérations se sont soldées en outre par la saisie de 257 chargeurs, 53 caisses de munitions, 38 bandes à
munitions et de 179.369 balles de différents calibres, ainsi que par la destruction de 160 mines, indique le même bilan.
□ Coopération scientifique entre l'Otan et l'Algérie pour la création d'un système de détection :L'Algérie et l'Organisation du traité
de l'Atlantique-nord (OTAN) ont lancé jeudi 26 octobre 2017 un projet de conception d'un système de détection et d'imageries
terahertz, devant servir dans la lutte anti-terroriste. Selon un communiqué de cette organisation internationale , ce projet
de recherche, soutenu par le programme scientifique "Science for Peace and Security" (SPS) de l'OTAN, réunit l'Université
française Savoie Mont-Blanc, l'Ecole Militaire Polytechnique d'Alger et l'Institut royal suédois de technologie KTH.Ces trois
établissements collaboreront dans la conception et le développement d'un système "innovant" de détection et d'imageries
terahertz, "capable de détecter des objets dangereux comme des armes dissimulées ou des explosifs", explique l'OTAN sur son
site Internet.Ce système, qui sera installé à l'Ecole Militaire Polytechnique de Bordj El Bahri, pourrait également "protéger les
endroits vulnérables contre les menaces terroristes tels les aéroports, les gares, les infrastructures critiques ainsi que les
bâtiments gouvernementaux"."Cette technologie de pointe", selon les propos des dirigeants de ce projet, "constituera une base
importante pour la poursuite de la recherche scientifique dans ce domaine en Algérie". Le Dr. Mohamed Lazoul de l'Ecole
polytechnique et co-directeur de ce projet a déclaré, cité par la même source, que "ce système améliorera les capacités de notre
institution dans la lutte contre le terrorisme" et que ce projet de recherche ne manquerait pas non plus de faciliter "un partage
important d'expertise et de savoir-faire dans le domaine de la détection et de l'imagerie térahertz", un domaine scientifique,
selon le professeur français Jean-Louis Coutaz, "qui a connu des progrès technologiques rapides et un intérêt croissant pour
son application potentielle dans plusieurs domaines, notamment la sécurité".Le suédois Deniz Beten, docteur et conseiller
principal en matière de coopération SPS et de partenariat, a de son côté affirmé que "ce projet SPS fournira pour la première
fois des capacités d'imagerie terahertz pour l'Algérie".La bande de fréquence des térahertz désigne les ondes
électromagnétiques qui s'étendent de 100 GHz à 30 THz. Les rayonnements térahertz ont un pouvoir pénétrant très fort,
permettant par exemple de voir à travers de nombreux matériaux non conducteurs (tels que la peau, les vêtements, le papier, le
bois, le carton, les plastiques…).L'exploration de cette bande de fréquences a abouti à des avancées notables dans plusieurs
domaines, allant de l'imagerie, la détection et l'inspection des produits à la spectroscopie chimique, l'astronomie, la
télécommunication, la caractérisation des matériaux aux applications médicales. ( HuffPost,27.10.17)
►Financement du terrorisme en France : Les services de renseignement français ont identifié 416 donateurs basés en France
et 320 collecteurs de fonds en Turquie et au Liban, a indiqué jeudi le procureur de la République de Paris François Molins,
soulignant que le financement du terrorisme passe notamment par les plateformes numériques de collectes de fonds. Il a
expliqué que ces plateformes "mettent en relation des porteurs de projet et des particuliers qui voudraient investir, mais qui
peuvent être détournés par des gens qui veulent blanchir de l'argent ou financer du terrorisme". Cette déclaration est faite au
moment où se déroule à Paris une conférence internationale sur la lutte contre le financement du terrorisme. La surveillance de
ces circuits financiers par les services de renseignement français a permis, a-t-il dit, de "débusquer des terroristes puisque ces
circuits ont permis d'identifier des djihadistes qui se trouvaient en Syrie et en Irak alors que jusque-là nous n'étions pas avisés
de leur présence là-bas". "C'est à travers ces modes de financements, les cartes prépayées, les dons aux associations
humanitaires, les dons aux collecteurs, le recours à certains modes virtuels de paiement, tout ça fait qu'au bout du compte des
organisations peuvent recevoir ce type d'argent et préparer un certain nombre d'action en France ou à l'étranger", a précisé le
procureur de la République de Paris, ajoutant que même les attaques terroristes "low cost" nécessitent un "minimum d'argent".
Une "attention particulière" sera accordée, a-t-on indiqué, aux obstacles qui entravent la coopération internationale entre cellules
de renseignement financier, agences de renseignement, services de police et appareils judiciaires. Globalement, la conférence
s'intéresse à la "totalité des sources" de financement du terrorisme, légales et illégales", comme elle examinera les différents
moyens de circulation des flux financiers : en espèces, par des moyens informels, par les circuits bancaires et toutes les
méthodes de transferts de fonds. □ Le Figaro (26.04.18)

ORDRE ET SECURITE.- La première responsabilité des services publics est d'assurer le fonctionnement régulier de l'Etat de
droit, la sécurité des personnes et des biens à l'intérieur, la protection du territoire et la défense de l'identité nationale.
© La défense nationale: C'est sans doute le service public qui se trouve confronté aux interrogations les plus profondes
concernant ses objectifs, ses méthodes et ses moyens. Aucune activité économique (pas même l'agriculture ou l’éducation) ne
se trouve aussi profondément remise en question par les événements des Etats. La sécurité passe fréquemment par des
interventions pour protéger les citoyens ou les intérêts économiques; ou encore par des mesures proches du maintien de l'ordre
contre des ennemis ou des terroristes, voire le banditisme et le trafic de stupéfiants.
© Le management public dicte dans ce contexte un problème de choix :
♦ disposer d’une armée de professionnels avec force d'intervention hautement spécialisée ou "nation armée" avec conscription
et service civique généralisé?
♦ favoriser une "indépendance nationale" ou une coopération avec les pays voisins ou amis ou partageant des intérêts
communs ou d'autres ?
♦ la sécurité intérieure: les organes de service public ont pour mission d’agir en direction de :
□ la criminalité et la délinquance individuelle, ou de groupe (Mafia? extrémistes)
□ les oppositions politiques armées (ethnies, régions)
□ les manifestations catégorielles (grèves insurrectionnelles ou paralysantes, blocage des infrastructures etc...).

OTAN-MEDITERRANEE .- Depuis la chute du mur de Berlin, la dissolution du pacte de Varsovie et la fin de


la guerre froide, les relations internationales ont profondément changé. Les stratégies politiques,
économiques, militaires ..., obéissent dorénavant à des intérêts de groupes, régions ou zônes. Des concepts
nouveaux sont apparus: mondialisation, zone de libre-échange, sécurité commune, etc. Dans ce contexte,
l'Europe, plus particulièrement l'union des quinze Etats -appelés à s'élargir à d'autres pays en l'an 2002-
amis, de concert avec les Etats du Sud de la Méditerranée, en place un processus dit de "Barcelone"
visant à créer une zône de libre-échange d'ici à l'an 2010.
L'Europe avec les Etats-Unis et le Canada ont engagé un processus de dialogue et de coopération pour un
véritable partenariat dans les domaines de la sécurité et de la défense avec les pays de la rive Sud-
Méditerranée. L'ensemble des pays du Sud méditerranéen, à l'exception de la Libye, sont déjà associés au
programme du partenariat pour la paix (PPP). Les rapports avec l'Algérie sont, pour diverses raisons, en
246
cours d'étude. Avant de s'intéresser à la coopération que l'Algérie pourrait avoir avec l'OTAN, il est utile de
préciser, même brièvement, l'architecture des organisations européennes et transatlantiques tant militaires
que civiles, pour comprendre le nouveau type de rapports qui se construisent dans la zone
euroméditerranéenne.
Six organisations constituent l'architecture de sécurité euro-atlantique avec chacune des missions
précises et ayant des rapports complémentaires entre elles. L'Algérie pourrait coopérer avec ces
structures, notamment celles militaires et de sécurité. Deux raisons militent en faveur d'un dialogue
Algérie-OTAN. La première tient à ce que l'OTAN, à travers son programme qu'est le PPP, a déjà ouvert le
dialogue et la coopération avec les pays Sud-Méditerranée, notamment les voisins immédiats : Maroc,
Tunisie et Mauritanie (pour leur appartenance à l'UMA). Des pays comme Israel, l'Egypte et la Jordanie sont
bien avancés dans cette coopération sécuritaire depuis 1995. Ici, il faut noter que le dialogue est bilatéral,
puisque les pays sud-méditerranéens ne disposent pas d'une structure commune de même type. Le dialogue
a un contenu politique et une participation à des activités spécifiques (rencontres, séminaires,
formations,...). La deuxième raison tient au "processus de Barcelone" et la future zone de libre-échange.
L'Algérie négocie depuis 1994 un accord d'association avec l'Union européenne (UE). Partant du fait que
tous les pays de l'UE sont, d'une manière ou d'une autre associés aux structures militaires de l'OTAN, il est
alors tout à fait normal que l'Algérie se protège et participe au maintien de la paix en Méditerranée. Sous
quelles formes l'Algérie va-t-elle participer et coopérer au sein de l'OTAN? Dans les faits, il y a des voies
politiques et techniques. Globalement, c'est ce vaste "programme" (non une structure) qu'est le PPP, lancé
en mai 1997 à Cintra (Portugal) par les ministres des affaires étrangères de l'OTAN et confirmé par la
réunion des chefs d'Etat le 8 juillet 1997 à Madrid (Espagne) qui offre cet espace de dialogue et de
concertation. Le PPP est l'antichambre pour le CPEA qui est une structure et offre les mécanismes
techniques pour une coopération aux adhésions à l'OTAN. Le CPEA (conseil de partenariat euro-
atlantique) vise à remplacer progressivement le CCNA (conseil de coopération nord-atlantique) qui
regroupe l'Europe de l'Ouest avec les Etats-Unis et le Canada. Enfin, il y a le groupe de coopération
méditerranéen (MCG) créé en juillet 1997 par les chefs d'Etat de l'OTAN et qui a pour rôle "la responsabilité
globale du dialogue sur la Méditerranée et plus spécifiquement du dialogue avec les partenaires
méditerranéens". Pour toutes ces raisons, et à l'entrée du troisième millénaire, l'Algérie ne peut s'isoler
de ce vaste remodelage des relations internationales. La division politique de l'OTAN assure que la
sécurité en Europe est étroitement liée à la sécurité et à la stabilité dans la région méditerranéenne. La
dimension méditerranéenne est donc l'une des composantes de l'architecture de sécurité européenne. Le
dialogue engagé par l'OTAN est conçu pour renforcer d'autres initiatives internationales comme celles
entreprises dans le cadre de l'UE, de l'OSCE, de l'UEO et du processus de paix au Proche-Orient.
L'OTAN soutient le processus de paix au Proche-Orient et recommande vivement à tous les pays
participants d'y rester fermement attachés.

NON INTERVENTION.- Pourquoi l’Algérie doit maintenir sa position de non-intervention militaire en dehors
de ses frontières : La région du Sahel reflète le paradoxe de constituer des territoires immenses (3 000 000
km2 sur 5500 km de long et entre 1000 et 500 km de large), dont le sous-sol regorge de ressources
naturelles peu ou mal exploitées (uranium, or, gaz, diamant, bauxite, phosphate, manganèse, cobalt,
pétrole,…), et dans le même temps de représenter l’une des régions les plus pauvres au monde (en queue
de peloton à l’échelle mondiale en matière de PIB/habitant et d’IDH, et parmi les 20 premiers en matière de
démographie). L’absence de culture démocratique, la sous-gouvernance chronique et l’absence d’Etat sur
des régions entières a maintenu les pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie
notamment) dans un état de misère, de chômage de masse et de sous-développement ; les gouvernants
respectifs surfant sur les divisions, les particularismes et le clientélisme pour se maintenir et perpétuer leur
règne, sous l’œil pour le moins complaisant des ex-puissances coloniales. L’effondrement de la Libye, qui a
constitué pendant longtemps un pôle d’immigration massive (entre 1,5 et 2,5 millions de personnes), qui a
attiré dans ce «nouvel eldorado» des milliers de migrants en provenance d’Afrique de l’Ouest en qualité de
travailleurs dans les secteurs économiques et pour servir dans l’armée libyenne, a traduit le retour dans la
précipitation de migrants dans des pays très touchés par la précarité, l’insécurité, la sécheresse, la
famine..., ce qui a privé des milliers de familles de leur principale ressource. C’est sur ce terreau marqué
par le retour concomitant de migrants de Libye, de combattants fuyant l’Irak et la Syrie, d’une population
désabusée livrée à elle-même et par l’absence concrète de l’Etat, que s’est développé un trafic en tous
genres (drogue, racket, immigration clandestine, armes, marchandises, cigarettes, terrorisme,…), activités
favorisées par ailleurs par l’existence d’un marché de l’armement à ciel ouvert en Libye. Ces groupuscules
agglomérés se sont très vite constitués en force qui a été en capacité de contrôler tout le nord du Mali en
proie à des mouvements séparatistes et à la présence de groupuscules d’AQMI, mettre en déroute l’armée
malienne et menacer Bamako. En dépit des accords dits d’Alger en 2015, du statu quo qui en a suivi, de la
mutualisation des forces au sein du G5 et la participation d’autres pays tels que les USA, Allemagne, Italie,
la Grande-Bretagne… (soutien logistique et renseignement), la situation reste déstabilisée (attaques
récurrentes au Mali, Burkina Faso, Niger, renforcement en armes de Boko Haram au Nigeria, et propagation
au Cameroun). Le G5 créé à l’initiative des pays du Sahel et de la France peine à prendre ses repères
fragilisé par :
♦ l’absence de troupes aguerries ;
♦ des problèmes de financement à moyen et long termes pour contrôler un vaste territoire ; les résultats
mitigés de l’appel à l’aide financière internationale de Paris peinant à «boucler» le budget à minima de cette
force, ce qui montre le peu d’implication de la communauté internationale.
Ceci annonce le prélude à l’enlisement des troupes engagées sur le terrain, notamment celles de la force
française Barkhane et dont le président Macron, conscient des dégâts causés par le fiasco de l’intervention
en Libye et des risques de propagation à toute la région, n’a cessé d’appeler à l’aide internationale,

247
notamment l’ONU et l’UE, pour dégager des fonds et soutenir le G5. Cela montre que l’approche du
problème sahélien par le seul prisme sécuritaire est très nettement insuffisante et est de ce fait loin de
constituer une réponse appropriée à la problématique. Pour espérer aboutir, l’intervention au Sahel doit
certes commencer par le volet militaire pour lutter contre le terrorisme et rétablir la sécurité, mais aussi par
des initiatives visant à renforcer les institutions publiques, réhabiliter l’Etat, rétablir l’ordre et la justice,
c’est-à-dire la base de la gouvernance, avec en concomitance un programme économique à effet immédiat
visant à redonner espoir, stabiliser et fixer les populations autochtones. Il faut sortir des dispositifs d’aides
classiques, détournées de leurs objectifs et qui n’ont rien changé à ces populations, si ce n’est perpétuer la
gabegie et aller vers des activités permettant la création d’emplois à partir de ressources locales (matières
premières) et un soutien franc au secteur privé producteur. Sur le terrain et ne voyant rien venir qui soit de
nature à améliorer leur sort au quotidien, cette force du G5 commence à être perçue par les populations
locales comme étant une sorte de quasi-occupation étrangère ; l’attitude défaillante des gouvernants et leur
incapacité à agir poussant les uns à soutenir les djihadistes, et d’autres à suivre le mouvement migratoire
vers les pays du Nord avec tout ce que cela induit comme déstabilisation, y compris en Europe-même.
Devant cette situation d’enlisement des parties en Afrique, en Europe, aux USA et au Moyen-Orient
poussent vers l’implication de l’Algérie et ne cessent pour ce faire de louer ses capacités militaires, son
expérience dans la lutte anti-terroriste et sa parfaite connaissance et ses connexions dans la région.
L’Algérie, qui a jusque-là décliné les sollicitations étrangères, justifie sa position par les dispositions de sa
Constitution qui ne permettent pas l’intervention de son armée en dehors des frontières, et par ailleurs par
sa politique privilégiant le règlement des conflits via des négociations et la réconciliation inclusives. Par
ailleurs, le contexte géopolitique international chahuté, marqué par une situation de désordre multiforme
centrée sur les pays de la zone dite du «Grand Moyen-Orient» pose à juste titre de réels doutes sur
l’objectif affiché de lutte contre le terrorisme et qui pourrait n’être qu’une façade pour masquer des objectifs
inavoués visant l’accaparement des matières premières et autres ressources minières dont regorgent ces
pays. En effet, depuis le début du Printemps arabe en 2011, notre pays n’a cessé d’être désigné par la
majeure partie des experts comme étant l’une des cibles prioritaires. L’attaque de Tiguentourine en janvier
2013, outre la perte de vies humaines, a contribué à priver le pays de ressources cruciales tirées de ce
gisement (9 milliards de m3 par an avant l’attaque, soit environ 10% de la production totale), mais bien plus
à faire de l’Algérie une destination à risques. Plus près de nous les rapports réguliers des ONG
internationales dont les derniers accusent notre pays de maltraitance des migrants illégaux sahéliens ; le
jaillissement du Maroc visant à impliquer l’Algérie via un supposé soutien de l’Iran et du Hezbollah au
Polisario, outre l’objectif de rallier les thèses de l’Arabie Saoudite et de plaire aux USA participent de la
même politique de déstabilisation. Bien qu’il n’y ait pas de relation directe, la violente levée de boucliers
des pays européens suite à la décision de notre pays de restreindre ses importations dans le cadre de
mesures de sauvegarde doit être interprétée comme étant un pendant à des pressions multiformes sur notre
pays. Cette situation d’encerclement à nos frontières doublée d’attaques insidieuses récurrentes, doit
impérativement nous conduire à adapter notre action internationale aujourd’hui réactive, à la dynamique de
la culture géopolitique qui non seulement appelle un changement d’approche, mais bien plus une présence
accrue dans les forums internationaux et la mobilisation de tous les canaux de communication possibles
(diplomatie, culture, sport, diaspora, mouvement associatif, patronat,…), pour porter la voix de l’Algérie
partout dans le monde et éviter les amalgames entretenus par des parties qui ne nous veulent pas que du
bien. Conscient de ces enjeux et tout en prenant part aux initiatives des organisations internationales et
régionales en vue du règlement des conflits, et en favorisant les relations bilatérales en matière d’échanges
d’informations sécuritaires, de formation, de coopération et d’aides diverses, notre pays doit continuer à
expliquer et défendre sa position de non-ingérence en dépit des pressions internationales tous azimut qui se
font de plus en plus insistantes pour l’impliquer militairement dans une aventure aux contours non mesurés
(durée, coût financier, coût politique, social,…) et pouvant à terme impacter ses équilibres, voire sa
souveraineté.
A l’évidence, l’approche purement sécuritaire qui est adoptée dans le cas du Sahel ne déroge en rien avec
les interventions en Afghanistan, en Irak et en Syrie, Soudan, Somalie, et ne peut produire que les mêmes
effets : désastre humanitaire, déstabilisation, éclatement de pays, disparition des Etats, déplacement des
populations, accentuation de la pauvreté, déséquilibre économique et social… Dans l’état actuel des
choses, l’Algérie n’a aucun intérêt à participer à une aventure sans fin et aux lendemains incertains et doit
camper sur ses positions et faire front aux sirènes qui louvoient, flattent et louent ses capacités militaires et
son rôle de puissance régionale pour l’embourber dans les sables du Sahel. L’approche militaire aux
problèmes du Sahel est certes nécessaire pour lutter contre un terrorisme sans frontières, mais cette
approche ne peut être de plein effet que si elle est dans le même temps accompagnée d’un vaste plan
soutenu par l’ONU, l’UE et les grandes puissances avec, à l’appui, la mobilisation de fonds significatifs et
visant :
♦ la restauration de l’Etat ;
♦ des efforts en matière de gouvernance ;
♦ la restauration de la justice ;
♦ un appui au système éducatif et de formation aux métiers ;
♦ un appui au système associatif ;
♦ un appui économique conséquent ;
♦ la mise en place de projets visant la transformation sur place des matières premières disponibles,
induisant la création d’emplois de manière à fixer les populations et ainsi freiner les mouvements
migratoires.
Toutes les institutions mondiales s’accordent à affirmer que :
♦ les principales ressources naturelles, minières notamment restantes, se trouvent en Afrique;
♦ que l’Afrique, compte tenu de la croissance de sa population, comptera plus de 2,5 milliards d’habitants

248
vers 2050, dont 65% de moins de 30 ans, synonyme de force de travail et de marché potentiel ;
♦ toutes les puissances mondiales sont présentes en Afrique, en quête de positions, d’influence et de parts
de marché.
Il est en conséquence paradoxal de constater que ce continent tant convoité pour ses richesses naturelles,
pour sa main-d’œuvre et pour le marché potentiel qu’il va représenter, continue comme au temps des
colonies à être considéré comme seulement une source de matières premières et le réceptacle des
excédents et des surproductions des pays développés. Pour être cohérente et viable, une telle approche doit
inciter les pays développés «fixés» sur ce continent à reconsidérer les termes de l’échange qui ont prévalu
jusque-là, à repenser un nouveau modèle basé sur le partage de production et donc de revenus à travers le
transfert de production en Afrique même. Une telle voie est certainement plus équitable pour les populations
africaines nombreuses, jeunes, avides de consommer et d’améliorer leur niveau de vie, et donc pour ce faire
à la recherche d’emplois pour justement tirer les ressources nécessaires ; elle est par ailleurs impérative
pour soutenir le développement des pays occidentaux dont la plupart sont en crise depuis des décennies, et
qui par ce moyen pourra rebondir. Une telle vision marquée par un engagement franc pour le co-
développement entre l’Europe, les grandes puissances et les pays africains pourrait constituer un cadre de
réflexion autour duquel notre pays pourrait servir d’entrée via des infrastructures «Lien» existantes
(Transsaharienne, pipes, réseau autoroutier,…) et en cours (port Centre d’El Hamdania) pour contribuer à
créer des pôles de développement et des zones d’activité en Afrique même et ainsi espérer fixer les
populations. Ce type de réflexion portant sur le nécessaire «arrimage de l’Europe et de l’Afrique» est par
ailleurs développé par certains think tanks, à l’image de l’Institut de prospective économique du monde
méditerranéen (Ipemed), lequel à l’image des démarches des pays Asean et Alena, prône «l’intégration par
la redistribution de l’appareil de production», au lieu de continuer à circonscrire les relations avec l’Afrique
aux seuls échanges commerciaux (Jean Louis Guigou, délégué général). Le défaut de repenser les relations
économiques internationales, dans le sens d’un plus grand équilibre, et dirions-nous d’une plus grande
équité, outre de perpétuer et aggraver une situation désastreuse en Afrique, traduira inévitablement un
mouvement migratoire vers le Nord plus conséquent, qui verra des millions d’individus affluer vers les côtes
européennes, et qu’aucune force ne pourra arrêter, induisant outre un désastre humanitaire, des
mouvements de déstabilisation, y compris en Europe. □ KASHI Abdenour (El Watan, 29.05.18)

SAHARA OCCIDENTAL - □ Le Maroc au Sahara occidental 1975-2005  : Trente ans d’une quête pour la
souveraineté. Après plus de 30 ans de conflit, rien ou si peu ne semble avoir changé au Sahara occidental
Le Maroc campe sur ses positions, le polisario, certes affaibli mais toujours soutenu par l'Algérie, continue
de réclamer un référendum d'autodétermination, et l’ONU semble bien incapable de mettre un point final à
cette épine dans le contexte régional maghrébin.Pour le Maroc, la quête du territoire saharien constitue
depuis 1975 un enjeu qui a structuré la politique du monarque Hassan II, puis à partir de 1999, celle de son
fils et successeur Mohamed VI. Cette obstination de Rabat à vouloir intégrer le Sahara au Maroc quel qu'en
soit le prix peut être interprèté de différentes manières  : elle est tout d'abord la résultante de l'interaction
entre le visage symbolique du territoire, permettant de perpétuer le Grand Maroc historique,(1) et l’aspect
plus matériel, faisant du Sahara une véritable mine d'or grâce à ses ressources naturelles immenses. De
plus elle reflète et cristallise les tensions dans le contexte régional maghrébin qui voit s’opposer
farouchement l'Algérie, tuteur du Polisario au Maroc pou l’hégémonie dans la région. Enfin cette
intransigeance est le fruit des efforts qu’a fournil la monarchie durant les 30 dernières années pour faire
sienne un territoire qu'il ne lui est reconnu comme tel, ni par le droit international, ni par les membres de
l’ONU.(2) Pourtant, ces stratégies, ces manœuvres que le royaume a mis sur rail dès l'année 1975, tiennent
une place fondamentale dans la vie politique marocaine des décennies passées  : si le conflit semble être
oublié sur la Seine international, c'est bien le contraire que l'on observe sur un plan national. Comment
pourrait-il en être autrement  ?
Ll'instrumentalisation de l’avis de la Cour Internationale de Justice donne le coup semonce de l'invasion du
Sahara occidentale par la Marche Verte et permet au monarque Hassan II de faire participer le peuple
marocain à l’entreprise deréappropriation du territoire «  spolié ». Dès lors, toute l’énergie du royaume sera
déployée et canalisée pour œuvrer à l’inclusion du Sahara occidental au sein des frontières étatiques
marocaines. Aussi bien politique qu’économique, l'intégration du territoire est en marche et semble être un
moyen particulièrement efficace pour montrer à une communauté internationale hésitante que l’issue du
dossier saharien ne mérite pas même un débat. Cette politique du «  dossier clos  » se traduit au niveau
militaire par le pari de provoquer la déliquescence du Polisario, aussi bien par la construction des murs de
défense dans les années 80, que par les appels au ralliement à la «  mère patrie » des Sarahouis réfugiés à
Tindouf. Or le principe d’un référendum est accepté par ler parties en 1988 et entériné en 1991 par les
accords de paix. La décennie 90 marque dès lors l’émergence d’un nouveau visage de la politique
marocaine concernant le dossier saharien. Les armes se sont tues, le territoire contesté est à plus de 80%
contrôlé et administré par le Maroc, le Polisario est marginalisé, les opposants sahraouis bâillonnés  : les
principaux objectifs du royaume se sont concrétisés  ; seule manque au glorieux tableau l’indispensable
reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara. C'est tout l’enjeu du référendum
d’autodétermination qui conditionne alors la politique saharienne d’Hassan II, puis de Mohamed VI. Tout doit
être mis en œuvre pour rendre ce référendum, confirmatif. Les années 90 sont donc marquées par une
véritable guerre des listes électorales, pendant laquelle le Maroc va tenter de se créer un corps électoral sur
mesure, lui assurant un vote favorable. L'appareil étatique est entièrement mis à contribution et rien ne
semble pouvoir l’arrêter dans son entreprise de falsification, ni même les multiples protestations des
Secrétaires généraux successifs de l’ONU. La fin du millénaire se solde par une constatation  : rien n’a été
mis en œuvre pour la résolution définitive du conflit, le processus est toujours au point mort. (3)
Des plans de paix sont échafaudés à l’ONU mais échouent tous. Ces échecs reflètent particulièrement
l’intransigeance du Maroc sur sa position concernant le dossier saharien  : le référendum sera confirmatif,
249
ou ne sera pas. Enfin, la monarchie s’apppuie de plus en plus sur les puissances occidentales, afin de
gagner des alliés de choix dans le processus de résolution et s’assurer d’une victoire dans les urnes comme
sur le plan diplomatique. La situation n’a donc pas évolué depuis les prometteurs accords de paix de 1991
et soulignon-le, le Maroc tire un avantage certain du maintien du statu quo. Pis, tout porte à croire que
parvenir à la résolution du contentieux saharien serait un dangereux calcul pour la monarchie marocaine et
s’avèrerait aussi désastreuse que l’indépendance du territoire. Ainsi, «  en entrant dans le domaine du sacré,
le Sahara est devenu à la fois quête sacramentelle et cause politique. Les multiples obstacles faits aux
dispositifs prévus par l’ONU, comme l’utilisation tactique de la négociation et du référendum confirmatif sont
d’ailleurs révélateurs de la volonté du royaume de prolonger ce conflit. En outre, le règlement du différent
marquerait l’entrée dans une période d’après guerre, qui s’annonce être difficile à gérer quelle que soit
l’issue du conflit. Même dans l’hypothèse d’une entente entre les deux belligérants, sanctionnée par un
référendum, la paix peut générer des tensions dont on ne peut aujourd’hui mesurer l’importance.
L'indépendance conduirait inéxorablement à l'évacuation des troupes marocaine du territoire, évacuation
qui, gageons-le, ne se fera pas sans heurts. De même, il est certain que le Maroc ne se séparera pas de sa
principale mine de phosphate et des immenses ressources des eaux saharienne sans en négocier âprement
les conditions. Dans lecas de l’intégration du Sahara occidental au royaume, soulignons que nombreuses
sont les inconnues de l'équation menant à la paix et la stabilité. Qu’en sera-t-il de la réinsertion dans la
société marocaine des milliers de Sarahouis ayant combattu la monarchie pendant de si longues années  ?
Que deviendront ceux qui refuseront cette option  ? N’ayant très probablement pas la volonté de participer à
la construction d’un Sahara marocain, ils pourraient être tentés de reprendre les armes et faire replonger la
région dans l’instabilité. Par ailleurs, il est clair que l’ONU ne pourra continuer à financer la MINURSO, qui
lui coûte cher et ternit sa crédibilité.
Cette nécessité de préparer l’après guerre semble donc être indispensable à la monarchie, pour qui le
conflit saharien a d'ailleurs trop longtemps hypothéqué une émancipation démocratique tant de fois promise.
Mohamed VI semble pourtant vouloir faire perdurer les recettes employées par son père, la répression et le
tout sécuritaire. Or, le temps presse car la population sahraouie lasse et déçue de tant de promesses
trahies est sous pression. Les récentes émeutes de Laayoune du 21 mai 2005 opposant les forces de l'ordre
marocaine à des centaines de Sahraouis venus protester contre l'occupation marocaine et réclamer le droit
à l’autodétermination et à l'indépendance du Sahara occidental, nous rappellent à de tristes souvenirs.(3) Le
risque d’une intifada sahraouie plane sur le territoire si rien n’est mis en place afin de clore le dossier
d’autant plus que les dirigeants du Polisario n’exluent pas la reprise des armes. Or devant l'intransigeance
dont a fait preuve le royaume durant les 30 dernières années il semble que l'alternative de l'autonomie
saharienne au sein des frontières marocaines puisse être envisageable. En effet, selon Bernabé Lopez
Garcia, cette option «  permettrait aux habitants du Sahara d'exprimer leurs particularités au sein du Maroc
et permettrait aussi d'ouvrir aux autres régions une véritable voie de décentralisation qui puisse promouvoir
le renouvellement d'une élite échappant à la logique du clientélisme caduc du système actuel  »(4). Alors, le
royaume n'auras plus le choix et devra faire entrer le débat dans la sphère publique, après avoir fait
officiellement croire aux marocains pendant plus d'un quart de siècle qu'il n'y avait plus de problème au
Sahara. La décentralisation imposerait au royaume de mettre en œuvre des réformes profondes mais
salutaires, le territoire contesté pouvant constituer pour le Maroc un véritable  «  laboratoire démocratique  ».
Ainsi, si le Sahara est une des clés de la démocratisation du Maroc, il faut espérer que la démocratie
devienne la clé de la solution du dossier saharien. □ Guillaume Buteau, 2005
*Analyse « Le Maroc au Sahara occidental, 1975-2005  : trente d’une quête pour la souverainté  », p.71,
Université Lyon2.
1.Pointier, Laurent, Sahara occidental  : la contreverse devant les Nations Unies, Paris, Institut Maghreb-
Europe, p.212, 2004.
2.Tuquoi, Jean-Pierre, Le dossier des droits de l’homme loin d’être clos au Maroc, Le Monde 29 oct.1998.
3.Garçon, José, « Le Sahara occidental bloque le Maghreb, Libération 25 mai 2005.
4.Lopez Garcia, Bernabé, «  Réconciliation au Sahara  », Le Journal hebdomadaire n°121, semaine du 1ç
juillet 2003.

SAHEL.- □ La Situation au Sahel : l’imbroglio . «Il n’y a que deux puissances au monde : le sabre et
l’esprit. A la longue, le sabre est toujours vaincu par l’esprit. » (Napoléon).
Vaste contrée de près de 3 millions de kilomètres carrés avec 5 500 km de longueur et entre 400 à 500 km
de largeur, le Sahel couvre une dizaine de pays africains s’étendant de l’embouchure du fleuve Sénégal au
nord du Soudan. Il a longtemps constitué un espace de rencontres et d’échanges entre l’Afrique
subsaharienne et l’Orient via le nord du continent. Au Moyen-âge, le commerce a favorisé une symbiose
civilisationnelle entre ces deux contrées qui a contribué à étendre l’Islam dans la partie méridionale du
Sahel.
Le Sahel est considéré comme l’une des régions les plus pauvres du monde. Ce qui s’explique si l’on
considère, par exemple, l’indice de développement humain établi par le Pnud en 2015, où le meilleur
classement revient à la Mauritanie qui est 157e sur 188, alors que le Tchad est loti à la 186e place.
Par contre, il faut savoir que le sol et le sous-sol sahéliens regorgent de ressources naturelles souvent peu
ou mal exploitées comme l’uranium, l’or, le fer, le charbon et même le pétrole. L’élevage est bien développé
dans certains de ces pays tel le Mali qui possède un cheptel de 7,8 millions de têtes de bovins et de 22 de
caprins.
L’agriculture qui occupe jusqu’à 80% de la population comme au Niger est variée, axée sur le coton, les
arachides et certains fruits, mais est peu mécanisée et manque souvent d’eau en raison non seulement du
désert, mais du réchauffement climatique également. Comme on peut le constater, la région dispose
d’importantes ressources agricoles et minières en mesure d’assurer une vie décente à la population, pourvu
que des investissements conséquents soient consacrés à l’industrialisation et aux moyens techniques et de

250
gestion dans l’agriculture et l’élevage et que la paix et la bonne gouvernance prévalent. Mais le Sahel,
depuis longtemps miné par les activités de contrebande de marchandises et la rébellion au nord du Mali et
au Niger(1), est devenu de nos jours un terrain de prédilection pour l’émigration clandestine tournée jadis
vers l’Europe mais aujourd’hui également vers le nord de l’Afrique dont l’Algérie, et pour le terrorisme.
Dans ce cadre, le Sahel s’est transformé en un vaste champ de bataille où agissent des forces armées
gouvernementales, des mouvements sécessionnistes ou indépendantistes touaregs, une myriade de
formations salafistes et des forces régulières et/ou spéciales occidentales françaises, de l’Union
européenne et américaines. A ces forces armées s’ajoutent les forces de maintien de la paix de l’Union
africaine et de l’Organisation des Nations unies. C’est dans ce contexte que la rébellion autonomiste ou
indépendantiste touarègue s’oppose, dans l’Azawad, au nord du Mali et depuis les premières années de
l’indépendance du pays en 1960, au pouvoir central à Bamako, soutenu par des milices locales. Dans ce
pays, les mêmes causes politiques produisent les mêmes effets avec la misère et la violence en toile de
fond. Les causes s’appellent, entre autres, «le racisme, la corruption, l’affairisme, l’impunité et les
promesses non tenues»(2) et les conséquences, la rébellion armée et l’échec répété de nombreux accords
de paix, dont le plus récent date de 2015. Au Mali comme au Niger, les occasions n’ont pas manqué aux
populations touareg pour exprimer leurs revendications politiques, sociales et identitaires face à un pouvoir
central, surtout à Bamako, insensible à leurs doléances et peu disposé au dialogue. Le soulèvement touareg
le plus récent remonte à 2012.
Il avait entraîné la déroute de l’armée malienne. C’est durant ce soulèvement que le groupe rebelle appelé
Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avait proclamé, le 6 avril 2012, l’indépendance de
l’Azawad qui n’a été reconnue par aucun pays dans le monde. Par conséquent, cette revendication a été
abandonnée par ses initiateurs, pour l’instant, au profit de l’autonomie.
Pour rappel, le MNLA, principal mouvement autonomiste touareg, est né le 16 octobre 2011 de la fusion du
Mouvement national de l’Azawad (MNA) et de l’Alliance touareg Niger-Mali (ATNM). Dans son sillage, se
sont constitués d’autres mouvements, parfois rivaux. Face à ces mouvements qu’ils soient autonomistes ou
indépendantistes, on trouve un ensemble de milices locales, dont la création a été souvent favorisée par le
pouvoir central. Tel est le cas du Groupe autodéfense touareg Imghad et Alliés», ou Gatia, une milice qui
est de loin la plus importante avec un effectif estimé entre 800 et 1 000 combattants. Elle fait figure de
«cheval de Troie» de Bamako au sein de la mouvance nationaliste touareg.
La chute du régime de Kadhafi en Libye en 2011 a poussé de nombreux combattants touareg qui activaient
dans l’armée libyenne à retourner à leurs foyers, dans le nord du Sahel, avec armes et bagages. A partir de
2012, ce retour, ajouté au refus du gouvernement central d’engager un dialogue sérieux avec les rebelles, a
contribué au renforcement du sentiment indépendantiste et favorisé la rébellion armée. Cette situation a
entraîné la marginalisation des autonomistes touareg au profit d’organisations salafistes armées qui
provenaient, en grande partie, du sud- ouest libyen devenu un sanctuaire du terrorisme au Sahel.
La dégradation de la situation sécuritaire en Libye à laquelle avait largement contribué la France de Sarkozy
comme l’a reconnu Macron à Tunis, en février 2018, en déclarant, «je n’oublie pas que plusieurs ont décidé
qu’il fallait en finir avec le dirigeant libyen sans qu’il y ait pour autant de projet pour la suite»(3), l’absence
de l’autorité de l’Etat du territoire de l’Azawad, le manque de volonté des autorités maliennes pour le
dialogue avec les mouvements autonomistes et les divergences entre les dirigeants des pays sahéliens ont
largement participé à la dégradation de la situation politique et sécuritaire dans la région, permis aux
«groupes armés de prospérer, de faire preuve d’une capacité d’intégration supérieure à celle des Etats
qu’ils attaquent»(4) et d’apporter ainsi la justification à l’intervention militaire extra-africaine dont celle de la
France est le symbole.
De la même façon que pour les groupes rebelles touareg, la mouvance djihadiste-salafiste est éparse avec
des antagonismes et des alliances très volatiles et circonstancielles. Dans ce contexte, Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi) a été une des premières organisations salafistes à s’installer dans le nord du mali
et du Niger. En 2011, une aile d’Aqmi s’affirme sous le nom de Mouvement pour l’unicité et le djihad en
Afrique de l’Ouest (Mujao). En août 2013, un nouveau mouvement voit le jour sous le nom d’Al-Mourabitoun
(Almoravides). Dans le sillage est aussi né le mouvement d’Ansar Eddine dirigé par Iyad Ag Ghali, un
vétéran de la rébellion touareg de 1990-1996. En janvier 2015 naît le Front de libération du Macina de
tendance salafiste et dont l’objectif est «le rétablissement de l’empire du Macina», fondé au XIXe siècle par
un marabout peul sur une partie du territoire malien et une autre du territoire mauritanien. En mai 2016, une
scission au sein d’Al-Mourabitoun aboutit à la création d’un nouveau groupe connu sous le nom de l’«Etat
islamique dans le Grand Sahara Eigs». En mars 2017, ce groupe a annoncé sa fusion avec un autre
répondant au nom de «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM». Cette alliance serait destinée
à «constituer un front uni contre la force conjointe du G5 Sahel et la présence militaire française dans le
Sahel». Ces groupes menaçaient d’étendre leur présence sur l’ensemble du territoire malien en 2012-2013.
Ce qui avait permis à la France d’intervenir militairement, en 2013.
Pour rappel, l’intervention militaire de la France au Mali n’est pas la première du genre en Afrique. La
France entretient en Afrique francophone, qui faisait partie de son empire colonial, une «tradition
d’intervention-ingérence dans une chasse gardée» africaine. Cette politique jadis connue sous l’appellation
de Françafrique fait de la France le gendarme de l’Afrique francophone subsaharienne, rôle que lui
reconnaissent avec grâce ses alliés européens et même les Etats-Unis et l’ONU. Ce rôle politique s’est
souvent manifesté par des interventions militaires comme ce fut le cas au Tchad (opérations Manta en 1983-
84 et Epervier en 1986), au Rwanda en 1994, en Côte d’Ivoire (Licorne en 2002 et Forces armées en 2015),
en Centreafrique (Sangaris en 2013-2016), et, bien entendu, au Mali avec les opérations Serval en janvier
2013 et Barkhane en cours depuis juillet 2014. Au Sahel, en sus des troupes régulières, la France y
maintient des forces spéciales. En fait, dès le début de la série d’enlèvements d’Occidentaux au début des
années 2 000 au Sahel, les troupes d’élites françaises ou forces spéciales étaient déjà présentes dans le
cadre de la «Force Sabre». Ces forces de l’ombre activent toujours à côté des forces armées régulières.

251
Elles s’occupent surtout des «éliminations» ciblées de terroristes. Actuellement, la présence militaire
française la plus importante date du lancement de l’opération Serval janvier 2013 qui, pour les autorités
françaises, était destinée à «stopper la progression des islamistes armés (vers Bamako) et soutenir les
troupes maliennes»(5).
En juillet 2014, l’opération Barkhane a pris le relai. Contrairement à Serval confinée au territoire malien,
Barkhane est une opération qui «vise à lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la
région du Sahel». Elle mobilise près de 4 000 militaires et son poste de commandement est à N’Djamena.
Nonobstant le nombre élevé de militaires français et locaux qui la composent ou la renforcent, l’opération
Barkhane coûte cher en vies humaines. Au 10 avril 2017, elle a coûté la vie à 10 soldats français. Ce
nombre est de 22 depuis le lancement de l’opération Serval. Celui des militaires locaux et de civils (victimes
collatérales ?) ne se compte plus. Malgré cela, la ministre française des Armées a récemment révélé,
triomphante, au journal Le Parisien que les militaires français ont «neutralisé», depuis l’été 2014, 450
djihadistes tués ou faits prisonniers. Un bilan modeste comparé à l’importance des moyens humains,
matériels et financiers mobilisés par la France et ses alliés et qui n’empêchent apparemment pas les
djihadistes de frapper désormais au Centre du mali, au Burkina Faso ou au Niger sans grande peine.
L’attaque sanglante contre l’ambassade de France et le quartier général de l’état-major des Forces armées
du Burkina Faso, à Ouagadougou, le 2 mars 2018, revendiquée par le GSIM et qui a fait de nombreuses
victimes est la manifestation concrète la plus récente sur la capacité de frappe des groupes armés jusque
dans des espaces «bunkerisés». Le coût de l’opération Barkhane est aussi économique, et plus précisément
financier. En banquier avisé, le président Macron a indiqué que «le Sahel, c’est désormais 50% de notre
coopération de sécurité et de défense dans le monde». Et précisé que l’effort militaire au Sahel «coûtera à
la France, en 2017, pas moins de 8 millions d’euros», pour la Force commune du G5S.
Le président français ne se préoccupe pas seulement de l’aspect financier de l’intervention. Aujourd’hui, le
moment paraît opportun pour Macron de faire assumer aux Etats sahéliens la lourde responsabilité d’assurer
leur sécurité par eux-mêmes à travers le G5S et d’obtenir des Nations unies une contribution militaire plus
active en élargissant la mission et l’espace d’action de la Mission multidimensionnelle des Nations unies
pour la stabilisation au Mali (Minusma). L’objectif est le retrait des troupes françaises (sans les Forces
spéciales ?) du bourbier sahélien.
C’est dans cette perspective que Macron s’investit en faveur du G5 Sahel en recourant à un discours
volontiers alarmiste en direction de ses alliés et des Nations unies lorsqu’il déclare que «c’est ici que se
joue la sécurité du continent africain et plus largement d’une bonne partie de notre planète, y compris de
l’Europe»(6).
On l’aura compris, la France des droits de l’homme vole au secours de l’humanité menacée par le terrorisme
antithèse de ces droits. Pour rappel, c’est le 16 février 2014 à Nouakchott, que cinq pays sahéliens, le Mali,
la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, ont créé, sous la houlette de la France, le groupe connu
par l’abréviation du G5S qu’ils ont doté d’une convention, le 19 décembre de la même année. Le groupe se
fixe pour stratégie d’«allier le développement et la sécurité, soutenus par la démocratie et la bonne
gouvernance, dans un cadre de coopération régionale et internationale mutuellement bénéfique»(7).
Son siège est en Mauritanie et ses organes sont la conférence des chefs d’Etat (présidence tournante), le
Conseil des ministres, le secrétariat permanent confié au Niger et le Comité de défense et de sécurité qui
regroupe les chefs d’état-major.
Ceci pour les structures. Qu’en est-il sur le terrain ? Dans le cadre de la lutte antiterroriste, le G5S a lancé,
en février 2017, l’initiative de création d’une force armée commune appelée la Force conjointe ou FC G5S
composée de 5 bataillons de 750 hommes chacun avec la perspective de mobiliser 5 000 hommes en mars
2018. Son quartier général est à Sévaré, au Mali, et son commandant est le général malien Didier Dacko.
Pour l’instant et faute de moyens financiers suffisants, la FC se consacre au soutien (supplétifs ?) des
troupes françaises de Barkhane engagées dans la lutte antiterroriste, le grand banditisme transfrontalier et
le trafic d’êtres humains.
Une première opération militaire baptisée «Hawbi» a été menée par la FC du 20 au 27 décembre 2017 dans
la zone frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger sans grand succès, surtout au plan de la
coordination des forces et des résultats sur le terrain. La Force qui n’est ni une force d’interposition ni de
maintien de la paix, mais une force contre-insurrectionnelle, dispose du droit de poursuite transfrontalier
entre les pays membres. La FC G5S a mis en place progressivement un partenariat militaire de coopération
transfrontière (PMCT) et se dote, au fur et à mesure, de structures de formation et d’analyse comme le
Collège sahélien de défense, l’Ecole régionale de guerre du G5 et le Centre d’analyse des menaces et
d’alerte précoce. Ce dernier sera implanté à Nouakchott. Si l’aspect sécuritaire prévaut au sein du G5S, les
objectifs économiques et sociaux sont aussi présents afin d’allier sécurité et développement, selon ses
initiateurs.
C’est ainsi que la déclaration du sommet du G5S tenu à Bamako en juillet 2017 souligne l’engagement du
Groupe «et de la France» d’«assurer l’accompagnement des opérations militaires et sécuritaires par des
actions économiques, sociales, culturelles, d’éducation et de déradicalisation pour attaquer les causes
profondes de l’insécurité».
A cet effet, un programme prioritaire d’investissement a été esquissé pour la région et attend le financement
nécessaire. C’est en concordance avec ce sommet qu’une nouvelle initiative intitulée «Alliance pour le
Sahel» a été lancée par la France et l’Union européenne, destinée à «faciliter les échanges entre bailleurs
internationaux pour accélérer l’aide au développement» vers le Sahel. L’alliance réunit également la Banque
mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations unies pour le développement.
Le G5S est, en apparence, une initiative des 5 pays membres. A l’évidence et quoiqu’on dise et même si la
France n’est pas membre du Groupe, la paternité de l’initiative revient à Paris dont l’objectif est de
transmettre le relais aux pays concernés pour assurer leur propre sécurité tout en gardant discrètement
l’initiative du commandement et de retirer ses troupes de la région.

252
La création de la FC G5S a été endossée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 13
avril 2017 et saluée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 21 juin par la résolution 2359 qui ne lui donne
cependant pas de mandat des Nations unies, donc de financement, en raison de l’opposition anglo-
américaine. La France cherchait, en vain, à placer cette force sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU
pour obtenir ce financement. Car pour l’instant, c’est le volet financier qui préoccupe au plus haut point les
autorités françaises qui se déploient, à travers le président Macron, dans tous les sens pour régler au mieux
cette question.
Le budget de la FC est évalué par la France à 423 millions d’euros pour la 1re année et se présente ainsi :
230 millions d’investissements, 110 pour couvrir les frais des opérations et 83 millions pour payer les
effectifs. Outre les rencontres au sommet ou à un autre niveau entre les responsables du G5S — toujours en
présence d’un responsable politique français — pour débattre des questions de moyens, notamment
financiers, Paris a abrité, le 13 décembre 2017, une importante conférence qui a réuni, en plus des chefs
d’Etat français et sahéliens, la chancelière allemande, les chefs de gouvernement belge et italien, le
président de la Commission de l’Union africaine, les ministres saoudien et émirati des Affaires étrangères,
un représentant américain et une vingtaine d’autres délégations.
A l’issue de cette conférence, la France s’est engagée pour 8 millions d’euros surtout en matériel, les pays
sahéliens pour 10 millions chacun, l’Arabie Saoudite a annoncé une contribution de 100 millions, les EAU 30
millions, l’UE 50 millions, les Etats-Unis 60 millions d’aide bilatérale et les Pays- Bas ont promis 5 millions
d’euros de contribution.
On est loin du compte qui dépasse 420 millions d’euros. Mais peu importe, le président français ne lâche
pas prise et revient à la charge lors de la conférence de Bruxelles consacrée à la même question qui s’est
tenue le 23 février 2018 et permis d’obtenir des promesses de contributions de 410 millions d’euros après
notamment que l’UE eut élevé la sienne à 100 millions. A l’issue de cette rencontre, la haute représentante
de l’UE pour les affaires étrangères a déclaré : «Nous avons donné un message très clair, très fort, très
puissant de soutien et de priorité que la communauté internationale donne à la région du Sahel.»(8)
Pour le reste, le financement annuel est estimé à plus de 110 millions d’euros. Seul l’avenir pourra dire
comment et par qui il sera assuré. Rappelons qu’un mécanisme de mobilisation, de coordination et de
gestion des contributions avait été créé à Bamako le 8 janvier 2018.
Outre l’aspect financier, le président français semble avoir réussi, dans son aventure sahélienne, à gagner
le soutien politique de la chancelière allemande. Pour cela, il a dû surmonter les réticences allemandes et
européennes qui s’étaient manifestées à l’égard de son prédécesseur, François Hollande, lors du lancement
de l’opération Serval, en 2013.
A cet effet, il a manœuvré sur la menace de l’immigration illégale que redoutent les Européens, notamment
les Allemands, surtout lorsqu’elle provient de pays africains pauvres et concerne des migrants démunis et
peu qualifiés, contrairement, par exemple, aux Syriens biens éduqués et souvent bardés de diplômes jugés
utiles à l’économie allemande. C’est cette immigration du Sahel qui semble préoccuper les autorités
allemandes, plus que le terrorisme qui, en fait, n’a jamais eu pour acteurs des ressortissants sahéliens
installés en Europe ou de passage sur le continent. L’on comprend que la France et l’Allemagne et avec ces
deux pays le reste des membres de l’UE «entendent ainsi contrôler le flux des migrants en provenance de
cette zone et envisagent le G5S comme faisant partie d’une stratégie plus globale de régulation des
migrations»(9).
En sus du soutien politique et financier, les alliés européens de la France, dont l’Allemagne, ont dépêché
dans la région des instructeurs et déployé des moyens militaires.
Dans ce contexte, près de 500 militaires gradés de 27 pays de l’Union encadrent et entraînent les militaires
du G5S. Le plus gros des effectifs est fourni par l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne. Ces officiers font
partie de la Mission d’entraînement et de formation européenne, l’une des 7 missions civiles et militaires
que l’Union maintient en Afrique et qui devrait s’achever en 2018. Mais la situation plaide pour sa
prolongation au-delà. Pour sa part, la Grande-Bretagne a annoncé, en janvier 2018, l’envoi d’hélicoptères
Chinook en soutien aux forces françaises de Barkhane. Récemment, le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE a
annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif antiterroriste destiné à 6 pays sahéliens, les 5 du G5S
plus le Sénégal. Doté d’une enveloppe de près de 48 millions d’euros, le Fonds servira à mettre en place un
Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi)(10) qui se traduira par la formation de
nouvelles unités militaires à déployer aux frontières des pays sahéliens, en collaboration avec des éléments
de la Gendarmerie nationale française, de la Garde nationale républicaine portugaise et de la Guardia civile
espagnole. Sa mission consistera à lutter contre les réseaux clandestins qui organisent les flux migratoires
de l’Afrique subsaharienne vers l’Europe et les groupes djihadistes activant au Sahel. Aux forces
européennes s’ajoutent les forces spéciales américaines qui mènent «une guerre de l’ombre» contre les
groupes salafistes. S’agissant des Etats-Unis, si 4 éléments de leurs forces spéciales n’avaient pas péri
dans une embuscade au Niger, le 4 octobre 2017, leur présence militaire au Sahel n’aurait pas constitué une
information «grand public». Récemment, une source militaire américaine a révélé au New York Times que
les Bérets verts ont tué, en décembre 2017 au Niger, «11 éléments de l’Etat islamique». Par contre, ce qui
n’est pas nouveau, c’est que ce pays maintient depuis une quinzaine d’années dans cette région un nombre
inconnu d’instructeurs militaires spécialisés dans la lutte antiterroriste. D’ailleurs près de 800 d’entre eux
sont cantonnés au Niger qui abrite également une base de drones à Agadez. Le déploiement au Sahel de
forces extra-africaines d’une telle importance en hommes et en moyens modernes de guerre s’identifie à
«une surenchère militaire» qui est «loin de rassurer certains observateurs locaux qui redoutent une guerre
sans fin dans cette région ouest africaine en crise»(11). Ils redoutent la mise en œuvre, dans leur région, de
scénarios pareils à ceux qui ont vu le jour en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Syrie, en Somalie et qui,
ailleurs, se sont transformés en bourbiers pour leurs initiateurs. Comme on l’a signalé auparavant, l’Union
africaine (UA) s’est aussi engagée au Sahel pour apporter une assistance tant politique que militaire aux
pays de cette région.

253
En effet, dès le déclenchement de la rébellion touarègue au Mali, l’UA a mis en place la Mission
internationale de soutien au Mali (Misma) qui est une mission militaire dirigée par la Cédéao pour assister
militairement le Mali, pays membre, à «rétablir l’autorité de l’Etat et la sécurité». Le Conseil de Sécurité l’a
approuvée par la résolution 2085 du 20 décembre 2012 pour un mandat d’une année. En effet, à partir du
1er juillet 2013, une mission onusienne, la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la
stabilisation au Mali (Minusma) a pris le relais.
Par ailleurs et dans le cadre de la mise en œuvre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, l’Union
africaine a créé dans la capitale mauritanienne, le 17 mars 2013, le Processus de Nouakchott. Ce
mécanisme chargé du «renforcement de la coopération sécuritaire entre les pays du Sahel» regroupe 11
pays dont l’Algérie et les 5 pays du G5S. Il avait reçu pour mission d’«articuler l’action africaine dans les
domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la décentralisation et du développement des pays du
Sahel»(12). Depuis son premier sommet sur le renforcement de la coopération sécuritaire et
l’«Opérationnalisation de l’architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne»
tenu à Nouakchott en décembre 2014, le Processus attend de passer à l’action. Il en est de même pour la
Force africaine en attente, prévue dès la constitution de l’UA en 2002 et qui aurait pu être utile au Sahel,
n’a pas encore vu le jour, faute de financement. Comme on peut le constater, l’action africaine au Sahel
manque de moyens surtout financiers. Elle nécessite un accompagnement financier et matériel conséquent
de la part de la communauté internationale. Pour sa part, l’ONU est présente au Sahel à travers notamment
la Minusma qui, rappelons-le, est une force de maintien de la paix, créée par la résolution du Conseil de
sécurité 2100, du 25 avril 2013 avec un effectif de 14 000 hommes dont près de 35% sont des pays du G5S.
Son mandat est prolongé chaque année par le Conseil de sécurité. Ainsi, ce dernier lui a assigné, le 29 juin
2016, la mission d’«aider le gouvernement malien à appliquer l’accord de paix (d’Alger) et à rétablir son
autorité sur le nord et le sud du pays». Mais la mission qui tente tant bien que mal de s’acquitter au mieux
de son devoir fait face à une opposition djihadiste farouche et meurtrière qui lui a coûté, jusqu’en janvier
2018, pas moins de 140 Casques bleus tués. Elle se trouve de ce fait victime d’un conflit auquel elle n’est
pas préparée. Son responsable, l’ancien ministre des Affaires étrangères tchadien, Mahamat Salah Annadif,
rappelle que la mission «est déployée dans un environnement pollué par des terroristes qui lui imposent une
guerre asymétrique. Or, la lutte antiterroriste n’est pas dans le mandat de la Minusma». Il ajoute : «Nous ne
sommes pas une mission d’imposition de la paix… Il n’y a pas de solution purement militaire. La Minusma
accompagne le processus politique en cours au Sahel.»(13) Cependant, les dirigeants du G5S ne sont pas
de cet avis. Questionné à ce sujet, le président malien Ibrahim Boubacar Keita répond : «A quoi bon faire du
maintien de la paix sans un mandat plus offensif que nous réclamons à cor et à cri, la Minusma..., se
contente de faire dans le social.»(14)
Pour l’instant, il est seulement question de soutien logistique de la mission à la FC G5S. Et c’est grâce à la
France que le Conseil de sécurité a accepté de voter une résolution, le 8 décembre 2017, autorisant la
Minusma à apporter son assistance logistique à la FC G5S. Cependant, la compétence de la Minusma
limitée au Mali pourrait compliquer son action dans les territoires des pays voisins et buter sur la question
du financement, objet de réticences de la part de l’Administration américaine de Donald Trump et de la
Grande-Bretagne.
Finalement, on s’interroge si la multiplication des interventions militaires extra-africaines dotées de moyens
militaires lourds et sophistiqués, alors que la tension ne cesse de croître avec son lot quotidien de victimes
militaires et civiles tant dans les pays du G5S que dans des pays voisins comme le Nigeria où sévit Boko
Haram, ne répond pas à un agenda autre que celui de parvenir à une paix durable au Sahel. C’est la
question fondamentale qui se pose sur la politique poursuivie actuellement au Sahel par la France et ses
alliés occidentaux. D’abord, il y a lieu de souligner que les autorités comme certains analystes français
mettent l’action sur la «jeunesse et la fraîcheur politique» de Macron qui n’est pas de la génération de l’ère
coloniale, pour dire que la politique africaine est tout sauf liée au mythe néocolonial de la Françafrique. Et
pourtant, les faits, surtout en Afrique francophone, démentent cela. Et c’est toujours à Bamako au sommet
extraordinaire du G5S en 2017 que Macron a déclaré : «Mon prédécesseur a fait le choix courageux de venir
en défense du Sahel, j’ai décidé de poursuivre cet engagement, de le confirmer et de le conformer.»(15) Qui
a dit que la France a profondément changé de politique avec l’Afrique ? Sûrement pas le président Macron.
La stratégie française avec l’Afrique ne peut pas changer parce que Macron s’est montré «sympa» avec les
étudiants à Ouagadougou en raillant leur président. Cela n’est pas de l’ouverture d’esprit, c’est toute une
mentalité bien ancrée chez les dirigeants français, quels que soient l’époque, le lieu et… l’âge de ses
dirigeants. Car «la France se croit investie d’une mission naturelle, voire divine de sauveur de l’Afrique
francophone».(16) Les intérêts géostratégiques et économiques de la France au Sahel sont importants. La
société Areva en est le symbole le plus évident. Elle constitue un Etat dans l’Etat au Niger dont le président
a reconnu, le 3 février 2013, que ce sont les forces spéciales françaises qui gardent le site d’exploitation
d’uranium qui alimente les centrales nucléaires françaises et dont le Niger est le 4e producteur mondial.
Certains pensent, à tort, que la France soutient l’économie des pays du Sahel, notamment à travers l’aide
publique au développement. Qu’on en juge : ce ne sont certainement pas les modestes 80 millions d’euros
par an d’aide au développement octroyée à l’ensemble des 5 pays du G5S, auxquels se réfère le rapport de
2012 de la commission des affaires étrangères et de défense du Sénat, qui impressionnent, surtout
comparés aux 650 à 700 millions par an que coûte l’opération Barkhane. Cette aide représentait en 2016
seulement 0,38% du revenu national brut de la France. Macron s’est engagé, en février 2018, à la porter à
0,55% en… 2022. D’une manière générale, la France de Macron entend consacrer une part de l’aide
publique au développement aux pays éligibles au renforcement de «politiques migratoires adaptées à leur
situation».
En clair, il s’agit de promouvoir la politique de contrôle de l’émigration à la source ! Tout comme le fait, par
exemple, la banque allemande de développement KfW qui finance des projets liés à l’émigration afin de
«permettre aux migrants de rester chez eux». C’est le sens qu’accordent les pays occidentaux, la France en

254
tête, à leur «solidarité» avec les pays du Sahel.
L’aide au développement occidentale s’identifie à de la charité qui est paradoxalement destinée plus à
«engraisser» les responsables africains qu’à assister les citoyens à créer les condition d’un développement
endogène et pérenne. La corruption, le clientélisme et la gabegie de la classe politique locale,
majoritairement corrompue, sont encouragés par les puissances occidentales. Ces facteurs favorisent la
marginalisation et la violence qui ont pris des proportions qui dépassent les capacités de résilience de ces
Etats. La mauvaise gouvernance, l’autoritarisme des dirigeants et le refus du dialogue font le reste. Les
interventions armées occidentales au Sahel comme partout ailleurs dans le monde ne constituent pas une
solution aux problèmes des pays concernés, mais une manière de compliquer une situation qui l’est déjà, et
pas seulement au plan sécuritaire. Telle semble être la conviction des autorités algériennes qui
maintiennent leur armée hors du champ de bataille dès que celui-ci se situe hors des frontières nationales.
Pour cette raison et bien d’autres, les différentes tentatives françaises de faire participer l’Algérie au G5S
ont toutes buté sur un refus catégorique. C’est le langage qui avait été tenu au président français lors de sa
courte visite en Algérie le 7 décembre 2017. Il avait également reçu, en marge de sa visite, le vice-ministre
de la Défense et chef d’état-major algérien pour la même raison et ce dernier, selon la presse, lui a rappelé
la position algérienne à ce sujet.
Quels sont les arguments, déclarés ou non, qui fondent cette position ? Il y a d’abord les arguments
officiels. En effet, si l’on croit le site algérien d’information électronique TSA (17), le Premier ministre,
Ahmed Ouyahia, aurait déclaré à Paris, à l’issue de la tenue, en décembre 2017, du Comité algéro-français
de haut niveau, que «l’Algérie a une barrière constitutionnelle qui fait que ses forces ne sortent jamais au-
delà de ses propres frontières». A notre connaissance, une telle disposition ne figure pas dans la
Constitution (amendée) de 2016. Par contre, son article 28 stipule que l’ANP «est chargée d’assurer la
défense de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace terrestre, de
son espace aérien et des différentes zones de son domaine maritime». Donc l’article en question précise le
champ d’action de l’ANP, mais n’interdit pas explicitement son étendue hors des frontières nationales, si
besoin est. On est un peu surpris par l’interprétation restrictive d’une disposition constitutionnelle par un si
haut responsable de l’Etat algérien. De son côté, le ministre des Affaires étrangères se veut plus «souple»
en parlant de «doctrine» pouvant désigner des «affirmations de principes» (doctrine Monroe, par exemple).
En marge se sa participation au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en janvier 2018, le ministre a
déclaré : « Notre armée a une vocation de défense nationale.
C’est constitutionnel, c’est historique, c’est culturel…, les enfants de l’Algérie défendent leur pays…, on ne
va pas dans d’autres pays…, c’est notre doctrine.»(18) Néanmoins, il faut être prudent avec ces concepts et
dans ce cas précis, il serait plus approprié de parler de pratique établie que de disposition constitutionnelle
ou de doctrine.
Pour rappel, les deux exceptions où l’Algérie a envoyé des troupes à l’extérieur des frontières nationales ont
eu lieu lors des guerres arabo-israéliennes de juin 1967 et d’octobre 1973, dans le cadre du Traité de
défense commune et de coopération internationale du 13 avril 1950, de la Ligue des Etats arabes à laquelle
l’Algérie avait adhéré à l’indépendance, en 1962.
Il est utile d’ajouter que l’Algérie n’a pas fait et ne fait pas partie des coalitions militaires telles celles
constituées lors des deux guerres en Irak, ou en Syrie par les Etats-Unis, ou par l’Arabie Saoudite au
Yémen et pour lutter contre le terrorisme (28 novembre 2017)... Faut-il rappeler aussi que depuis
l’évacuation de la base navale de Mers El Kebir par les Français en février 1968, il n’y a plus de bases
militaires étrangères en Algérie ? Et enfin, lorsque le survol du territoire national avait été accordé en 2013
à des avions militaires français, l’information avait soulevé l’indignation de l’opinion publique algérienne.
S’agissant du G5S, d’autres éléments sont à prendre en considération pour comprendre la position
algérienne.
Dans ce contexte, et eu égard au poids du passé colonial, les relations algéro-françaises sont souvent
empreintes de méfiance, surtout lorsqu’il est question de souveraineté dont la sécurité en est un élément
essentiel. A Alger, on est conscient que «l’initiative du G5S, qui émane des pays concernés, a très
clairement un tuteur français».
Par conséquent, les 5 pays du Groupe cherchent à bâtir une alliance militaire pilotée par l’ancien
colonisateur» qui tend «à rendre durable la présence de troupes étrangères»(19) aux frontières algériennes
longues de plus de 6 000 km avec six pays du Sahel. Une telle attitude ne correspond pas, selon Alger, à un
signe de reconnaissance minimale pour les efforts politiques, économiques et militaires que l’Algérie
consacre à ses voisins du Sud.
Pour preuve, le Premier ministre comme le MAE algériens ont tous deux rappelé lors du dernier sommet de
l’UA et l’UE, en novembre 2017, que l’Algérie a octroyé 100 millions de dollars d’aide à 5 pays du Sahel,
«sur 7 ou 8 ans». Le ministre des Affaires étrangères, M. Messahel, avait ajouté : «Nous aidons au
renforcement des capacités (militaires) du Niger et du Mali. Nous formons des troupes d’élite au Mali, au
Niger et dans d’autres pays de la région. Il s’agit de troupes spéciales formées à la lutte antiterroriste en
territoire saharien.» L’assistance algérienne n’est pas que militaire. L’Algérie a aussi formé dans ses
universités et grandes écoles plus de 65 000 cadres d’Afrique subsaharienne, majoritairement du Sahel.
L’aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle vers ces pays est régulière et importante. La zone
frontalière avec le Mali qui partage 1 360 km de frontière avec l’Algérie est mise en valeur par un comité
bilatéral frontalier qui réunit les walis d’Adrar et Tamanrasset et des gouverneurs des villes maliennes
frontalières.
Par ailleurs, à un G5S extraverti par une tutelle extrarégionale, Alger aurait sans doute souhaité que
l’initiative soit africaine, dans le cadre, par exemple, du Processus de Nouakchott, à condition que les
moyens nécessaires, surtout financiers, soient réunis pour une telle mission. Car pour les autorités
algériennes, comme le déclarait l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, M. Lamamra, ce
«processus promoteur constitue un élément central de la sécurité régionale».

255
En effet, qu’est-ce qui incite les responsables sahéliens à négliger ce cadre africain comme a été négligé le
Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) créé par l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger le 21
avril 2010 à Tamanrasset, pour «mener des opérations de localisation et de destruction des groupes
terroristes» ? Cette négligence est-elle vraiment le reflet d’un choix souverain des Etats sahéliens, hors de
toute influence extra-africaine ? Car si certains pensent que le Cémoc «n’a pas montré de résultats
concluants»(20) ou est «une coquille vide» qui aurait favorisé la «création de nouvelles structures» comme
le G5S (21) ou même a «entraîné l’intervention militaire française au Mali»(22), peu d’arguments sont
développés pour expliquer cet «échec».
Aujourd’hui, la réalité est qu’à travers le Cémoc, c’est la politique algérienne au Sahel qui est la cible de
critiques orientées de la part de certaines officines des pays du G5S comme ce site malien qui écrit que «le
Cémoc n’est ni plus ni moins qu’un instrument au service exclusif de l’Algérie au détriment des autres pays
membres qui servent soit de complice (la Mauritanie), soit de victime secondaire (le Niger) ou carrément la
cible visée (le Mali).(23) Encore une fois, cette marque d’ingratitude envers l’Algérie est on ne peut plus
insidieuse. Un autre site parlant de la prolifération de groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne
écrit que «certains d’entre eux sont parrainés par Alger qui n’a pas levé le petit doigt (en janvier 2012)
lorsque le Mali avait besoin de son aide pour stopper la progression des djihadistes».(24)
Les auteurs de ces assertions devraient plutôt inciter leurs responsables à s’inquiéter du sort de leurs
concitoyens dont une grande partie se trouve en errance en Afrique du Nord, notamment en Algérie, où elle
a fait de la mendicité un moyen de subsistance malgré sa prise en charge par les institutions algériennes
compétentes.
La question de l’intervention ou pas de l’ANP hors du pays est importante pour la politique extérieure du
pays. Elle transcende le seul aspect militaro-sécuritaire. Près de 56 ans après l’indépendance, il serait
temps qu’elle soit examinée et débattue dans des cercles compétents de niveau universitaire entre experts
civils et militaires afin de dégager une véritable doctrine qui ne soit pas dogmatique et qui prenne en
considération les intérêts du pays qui évoluent avec le temps et les circonstances. Cette question pourrait
être débattue aussi au sein de l’Assemblée populaire nationale, si tant est que cette Assemblée peu
représentative, car mal élue (taux officiel de participation : 38%) et majoritairement acquise à l’Exécutif, ait
une quelconque disposition à vouloir en débattre sérieusement.
Car l’Algérie a besoin d’une vision plus claire et dynamique pour sa politique au Sahel et au sujet de sa
participation limitée aux seuls observateurs et au soutien logistique aux forces de maintien de la paix ou
d’interposition de l’ONU et de l’UA. Car il est pour le moins difficile de soutenir avec conviction son
adhésion à la défense de la paix et la sécurité internationales et s’abstenir de contribuer à l’effort collectif
de maintien de la paix dans le monde par l’envoi de troupes.
Au plan politique, la diplomatie algérienne a de tout temps pris en charge l’accompagnement des voisins du
Sahel, en particulier le Mali, dans leur quête de la paix et du développement. Cette région constitue le
prolongement naturel du pays par le Grand Sud. De plus, les remous qui secouent de temps à autre le Sahel
risquent d’avoir une répercussion sur la stabilité et la sécurité d’une partie stratégique du territoire national.
L’épisode sanglant de l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine, au Sud, en janvier 2013, rappelle à
quel point cette région névralgique est devenue un terrain sensible pour l’expansion du terrorisme.
Parmi les nombreux jalons du déploiement de la diplomatie algérienne en faveur du Sahel signalons les
accords concernant le nord du Mali, celui de Tamanrasset en 1991, le Pacte national en 1992 et les accords
d’Alger de 2006 et de 2015. Malgré l’engagement ferme d’Alger et de la communauté internationale en
faveur de leur mise en œuvre, ces tentatives d’instaurer la paix n’ont pas abouti. Pourquoi ? Pour y
répondre, limitons-nous au dernier accord en date, celui qui a été signé à Bamako les 15 mai et 20 juin
2015, dans le cadre du processus de paix d’Alger qui avait commencé en juillet 2014 et dont l’Algérie
préside le comité de suivi. Le constat est sans appel. Près de deux ans après sa signature, la crise
demeure. Elle a même empiré à cause du terrorisme.
Certains observateurs s’accordent à dire que «le processus de mise en œuvre de l’accord est dans
l’impasse», qu’«il se résume finalement à un cessez- le-feu», que «le processus de paix, à force de lenteur,
est en train de perdre tout son sens» et que «déjà moribond, l’accord d’Alger risque de ne pas survivre et le
Mali de ne pas émerger de sitôt du chaos…».(25) Le constat paraît sévère, mais il reflète malheureusement
la réalité dont ne profitent que les groupes salafistes armés qui agissent tout autant au nord et au centre du
Mali qu’ailleurs comme à Ouagadougou. Cet accord, comme les autres, engage d’abord l’Etat malien. Mais
le plus surprenant, c’est qu’en dehors des déclarations de circonstances, les autorités de ce pays ne
donnent pas l’impression de se préoccuper outre mesure de la lenteur de sa mise en œuvre. Cette attitude
s’explique notamment par des calculs politiques en vue de la prochaine élection présidentielle, en juillet
2018, considérée comme la priorité de l’heure. Il est connu que la majorité de la population malienne, donc
des électeurs, réside au centre et au sud du pays. Or, il ne faut surtout pas s’aliéner le vote de ces régions
où la simple évocation du nom de l’Azawad entraîne de «violentes controverses» et où la question de
l’autonomie du Nord malien «fait l’objet de violentes discordes».(26)
L’Azawad, qui est la source même de la tension actuelle au Sahel, n’est donc pas la priorité pour la classe
politique à Bamako. Pour preuve, le président malien explique le retard de mise en œuvre de l’accord qui
prévoyait, au plan institutionnel, une révision constitutionnelle devant aboutir, entre autres, à la création
d’un sénat «pour aider l’intégration des institutions traditionnelles et historiques», par «le tollé et le risque
de manifestations et de morts» que cette révision aurait provoqués. Il laisse donc entendre que l’Etat a
volontairement suspendu la mise en œuvre de l’accord pour répondre aux exigences d’une partie (la plus
importante numériquement) du collège électoral opposée à toute concession politique aux populations du
nord du pays. D’ailleurs, le rapport final de la Conférence d’entente nationale de Bamako (27 mars-2 avril
2017) mentionne que «l’Azawad, renvoyant à des réalités culturelles, historiques et géographiques, ne peut
– par conséquent — faire l’objet d’aucune revendication. L’Azawad n’a jamais été une entité territoriale
gérée par un organisme politique». Du côté touareg, le discours est autre. Un participant à ladite

256
conférence, Iyad Ag Mohamed, considère que «le vrai problème, c’est qu’il existe des populations qui
veulent disposer d’elles-mêmes sur les plans économique et politique parce qu’elles ont été discriminées
pendant longtemps». Il ajoute : «Nous avons accepté l’intégrité territoriale, mais nous voulons un statut
juridique et politique pour l’Azawad.»(27) Discrimination et misère sont le lot quotidien dans la vie des
Maliens du Nord qui vivent essentiellement de petit élevage et de contrebande. Finalement, face à une
situation où l’animosité entre le Nord et le Sud est une dangereuse réalité de toujours, les responsables
maliens donnent le sentiment que la réconciliation et l’application de l’accord (de 2015) ne les concernent
pas», écrit dans le Monde électronique Bruno Joubert, ancien diplomate français. Il ajoute que «ces
responsables ne savent faire ni la guerre ni la paix».
Par ailleurs, il estime, à juste titre, que si l’accord «n’est pas sans ambiguïté ni insuffisances…, un élan de
bonne foi imprimé par les autorités maliennes aurait cependant été de nature à restaurer chez les
populations du Nord la confiance dans la volonté du gouvernement de rechercher une pacification véritable.
Il aurait permis de lancer le processus, même imparfait, permettant d’associer le Nord au pouvoir». Enfin, il
estime que la communauté internationale dispose de moyens de pression pour se faire comprendre des
autorités maliennes(28). Message reçu à l’ONU. Dans son rapport présenté en janvier au Conseil de
Sécurité, le Secrétaire Général des Nations unies a regretté que «les principales dispositions de l’accord
n’aient pas été appliquées».(29)
Le Conseil de Sécurité a sommé, le 24 janvier 2018, «les signataires de l’accord d’en relancer l’application,
sous peine de sanctions». Un ultimatum (fin mars 2018) a été donné aux protagonistes pour reprendre le
processus d’application de l’accord. Mais il n’y a pas que le Conseil de Sécurité qui soit irrité. Plus nuancé,
le MAE algérien a tenté de faire comprendre aux dirigeants sahéliens la nécessité de compter sur eux-
mêmes en rappelant que, sur la base de sa propre expérience d’«une décennie noire et après 200 000
morts», l’Algérie a compté sur ses propres forces pour s’en sortir. Il a ajouté que «compter sur soi est un
facteur extrêmement important. On ne peut pas faire face au terrorisme…, s’il n’y a pas de véritable
mobilisation à l’interne».(30)
Dans un entretien avec un journaliste de RFI, en janvier 2018, le ministre a souligné que le problème (du
Mali) concerne d’abord les Maliens, c'est-à-dire toutes les parties signataires. Il faut que les Maliens
s’approprient le processus de mise en œuvre des engagements qu’ils ont pris», a-t-il ajouté(31).
L’appel aux protagonistes pour respecter leurs engagements s’adresse surtout aux autorités maliennes et,
derrière elles, à la France. Celle-ci, à travers le G5S, «prête trop d’attention à l’aspect militaire contre les
djihadistes et pas assez au terreau qui les alimente», déclare Corinne Dufka, directrice-adjointe pour le
Programme Afrique de Human Rights Watch(32).
Or, la vision d’Alger repose sur le dialogue inclusif entre nationaux avec un soutien international,
particulièrement africain, dans un processus qui lie problématique de développement et sécurité. Selon
Denia Chebli, de Paris I Panthéon et membre du programme européen «Social Dynamics of Civil Wars», «du
point de vue des habitants du Nord- Mali, la présence des forces internationales a multiplié les tensions».
(33)
Tandis qu’Aurélien Tobie, chercheur et chargé de mission pour l’Institut international de recherche sur la
paix de Stockholm pense que «l’opinion malienne a changé vis-à-vis des troupes françaises» et que «les
habitants ont le sentiment que la France collaborait avec des ennemis comme le MNLA».
Par ailleurs, selon une étude publiée en 2017 par la Fondation Friedrich-Ebert au Mali, seulement 48,6% des
sondés déclarent leur satisfaction de l’opération Barkhane. Enfin, selon le Groupe de recherche et
d’information sur la paix et la sécurité, «une opinion répandue au Niger et au Mali ou au Burkina Faso est
que la France masque ses véritables objectifs au Sahel. De nombreux habitants accusent même Paris
d’avoir volontairement déstabilisé le Sahel en renversant en Libye le colonel Kadhafi…
La France ne penserait qu’à ses propres intérêts et son intervention militaire ne répondrait pas aux causes
profondes de la déstabilisation du Sahel et contribuerait à le maintenir dans le sous-développement».
L’étude ajoute que «Français et Américains mentiraient sur les raisons de leur présence allant jusqu’à
entretenir la violence servant leurs intérêts».(34)
Voilà qui est on ne peut plus clair et auquel les responsables sahéliens et leurs alliés occidentaux, France
en tête, devraient réfléchir. Si les responsables sahéliens misent constamment sur l’assistance étrangère,
notamment française, ils risquent de perdre non seulement leur crédibilité envers leurs peuples, mais
également la solidarité africaine. Les opérations militaires, mêmes sophistiquées, prouvent, chaque jour,
leurs limites et la présence armée occidentale est contestée par les populations. A l’exaspération de la
population répond la division des dirigeants sahéliens.
Interrogé sur la possibilité d’un dialogue avec Aqmi, le président I. B. Keita répond catégorique : «Ma
réponse est un non ferme !» Et sur celle d’un dialogue avec Iyad Ag Ghali, il répond : «Pas question !»(35)
Par contre, son homologue nigérien déclare qu’au Sahel «notre priorité est de restaurer l’autorité de l’Etat
malien sur son territoire et de faire que cet Etat reste laïc. Au Niger, nous privilégions des approches
complémentaires et je crois qu’il faut promouvoir des négociations quand on le peut»(36). La différence est
de taille. Le dialogue entre les dirigeants sahéliens et leurs concitoyens du nord de la région, y compris
ceux qui ont pris les armes, en excluant ceux qui cherchent à mettre en pratique des projets antinationaux
au service d’intérêts et d’idéologies étrangers, doit reprendre pour aboutir à une paix permanente et
consacrer le potentiel humain et économique de la région au service des seuls citoyens sahéliens. Car c’est
bien l’échec des négociations au Mali qui avait permis la radicalisation de la rébellion touaregue par le
passé. Concernant ce pays, en particulier, les responsables politiques devraient faire un bilan de leur
gestion passée et actuelle de la crise multidimensionnelle qui secoue leur pays pour «en mesurer les acquis
et surtout les limites. Et, à la place du tout-sécuritaire, une stratégie fondamentalement politique et assumée
sur le long terme pourrait être mise en œuvre.
Elle nécessitera l’établissement d’un nouveau rapport de forces obligeant les hommes en armes à des
négociations sérieuses, et permettra à la société civile de s’exprimer, de légitimer des institutions étatiques

257
adaptées et d’élaborer un nouveau contrat social».(37)
La situation actuelle de blocage du processus politique de dialogue et de réconciliation et le choix porté sur
l’action militaire peuvent mener à la perpétuation de l’instabilité régionale et à au maintien du Sahel dans le
sous-développement. □ Mostefa Zeghlache (2018).
Source  : Le Soir d’Algérie 17.03.18
- Bibliographie :
1- ONUDC : «Le Sahel : vue d’ensemble», rapport d’activité de juin 2017
2- Forces et groupes armés au Mali : Qui est qui ? par Arnaud Jouve in http://www.rfi.fr/afrique/20160318-
echiquier-malien-groupes-armes-azawad-aqmi-fama
3- http://www.lemonde. fr/afrique/article/2018/02/01/a-tunis-emmanuel- macron-critique-l-intervention-
militaire-de-l-otan-en-libye-de-2011_5250601_3212.html
4- 9- http://www.tamoudre.org/geostratégie/force-g5-sahel-trouver-place-lembouteillage-securitaire/
5- http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/07/13.l-operation-serval-remplacee-par-une-operation-
antiterroriste_4456261_3212.htlm
6- 15- http:// www.g5sahel. org/index. php/13-aactualite-des-pays-g5/1173-sommet-extraordinaire-du-g5-
des-appuis-importants-au-deploiement-de-la-force-antiterroriste
7- http://www.g5sahel.org/index.php/ qui-sommes-nous/le-g5-sahel
8- http://fr.news. yahoo.com/lunion-europeenne-double-son-soutien-a-la-force-095731757
10- http:// sahel-intelligence. com/ 13373-sahel-le-gar-si-nouveau-dispositif-antiterroriste-finance-par-
lue.html
11- http://geopolis. francevinfo.fr/le-sahel-en-passe-de-devenir-un-champ-deèbataille-permanent-177857
12- «Le processus de Nouakchott : un mécanisme opératoire contre les crises in
http://adiac-congo.com/rubrique/international
13- http://www.lemonde.fr/article /2017/11/17/mali-la-lutte-antiterroriste-n-est-pas-dans-le-mandat-de-la-
minusma_5216201_3212.html
14- http://www.lemonde.fr/afrique/article.2018/02/22/ibrahim-boubacar-keita-pas-question-de-negocier-avec-
les-djihadistes_5260800_3212_html
16- «La Françafrique, c’est du passé, dites-vous ? Pas si sûr ! Le cas centrafricain», notre contribution
publiée dans Le Soir d’Algérie du 26 janvier 2014.
17- http://-tsa-algerie.com/adhesion-de-lalgerie-au-g5-sahel-ouyahia-evoque-une-barriere-constitutionnelle
18- http://m.rfi.fr/emissiion.20180126-algerie-mali-abdelkader-messahel-ministre-des-affaires-etrangeres-g5-
sahel?ref=tw
19- http:// www. algerie- focus. com/2017/07/analyse-g5-sahel- role-lalgerie
20- http://www.tsa-algerie.com/une-guerre-contre-le-terrorisme-aux-portes-de-lalgerie-mais-sans-lalgerie
21- http://www.lematindz.net/news/25200-messahel-la-diplomatie-algerienne-et-la-strategie-de-la-france-au-
sahel-fin.html
22-http://www.lematindalgerie.com/faut-il-dissoudre-le-comite-detat-major-operationnel-conjoint-cemoc
23- http://koulouba.com/politique/cooperaation/cemoc-de-qui-seèmoque-t-on
24-http://maliactu.net/mali-g5-sahel-la-derniere-cartouche
25- http://www.maliweb.net/la-situation-politique-et-securitaire-au-nord/accord-dalger-limpossible-
application-2738814.html
26-27- http://www. tamoudre. org/touaregs/territoire/mali-tabou-nomme-azawad
28- http://www.tamoudre.org/touaregs/politique/responsables-maliens-donnent-sentiment-reconciliation-ne-
les-concerne-pas
29- http://www.tsa-algerie.com/messahel-explique-de-nouveau-pourquoi-lalgerie-nengage-pas-ses-troupes-
au-sahel
30- 31- http://www.rfi.fremission/20180126-algerie-mali-abdelkader-messahel-ministre-affaires-etrangeres-
g5-sahel
32- http://www. lexpress. fr/actualite/ monde/afrique/au-mali-la-france-prete-trop-d-attention-au-militaire-
pas-assez-au-terreau-du-djihadisme-_1909927.html
33- Dina Chebli : «L’échec de l’intervention française au Mali» in Libération du 27 juin 2017
34- Cité dans «Au Sahel, la colère sourde des populations contre les troupes françaises» par C. Belsœur et
A. Tagan in Slate du 17.08.2017
35- http:/ /www. lemonde . fr/afrique/article/2018/02/22/ibrahim-boubakar-keita-pas-question-de-negocier-
avec-les-djihadistes_5260800
36- http://www. tamoudre.org/geostratégie/president-niger-terrorisme-ne-peut-etre-vaincu-par-les-armes
37- http: //www. lemonde. fr/afrique/article/2017/12/08/le-mali-doit-redecouvrir-la-decision-
democratique_5226891_3212.html

L 'ÉCONOMIE GÉNÉRALE

LA COMPTABILITÉ NATIONALE
• Budget familial • Chiffres/statistiques • Comptabilité • Comptes de l'Etat • Pouvoir d'achat • Produit
national brut • Propriété de capital • Valeur ajoutée industrielle •
LE COMMERCE INTERIEUR
• Commerce •.Concurrence • Marchés publics • Produits périmés • Spéculation •

258
LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE
• Environnement institutionnel • F.N.D.A. • Planification • Politique économique • Potentiel algérien •
Priorités d'investissement économiques • Priorité au tourisme • Privatisations • Relance économique •
LE PROGRAMME ÉCONOMIQUE
• Stratégie de développement •
SITUATION ÉCONOMIQUE
• Agrégats économiques• Evolution économique et financière • Fortunes • Inflation • Investissements •
Niveau de vie • Récession économique •
LE SYSTEME ÉCONOMIQUE
•Autorisation globale d’importation • Choix de développement • Economie agricole de marché • Economie
informelle• Gestion du secteur public économique •

LA COMPTABILITÉ NATIONALE

BUDGET FAMILIAL .- selon la dernière enquête décennale réalisée par l’ONS, relative aux dépenses de consommation et
au niveau de vie des ménages, en 2011, les dépenses alimentaires ont représenté près de 42% du budget familial, ce qui est
énorme et dévoile la pauvreté des ménages algériens. En effet, plus la part alimentaire dans le budget est élevée plus le
ménage est pauvre et inversement (loi d’Ernest Engel). A titre de comparaison, les dépenses alimentaires de l’Union
européenne n’ont représenté que 13% durant la même période, avec tout de même des disparités entre les différents pays
(DGCCRF, n°21 novembre 2013). La seconde difficulté réside dans l’effet de cliquet qui désigne, en économie, le fait que
lorsque leurs revenus diminuent, les agents ne vont pas à court terme ajuster leur consommation à la baisse et ils sont
quasiment incapables de revenir en arrière (théorie de Thomas Brown).
►Il représente en général la répartition du revenu en dépenses d'une famille donnée. Les dépenses sont
classées en fonction des besoins, du choix et des priorités du consommateur. En économie, le couple avec
ou sans enfants est un ménage. Celui-ci intervient dans le circuit économique en tant que consommateur
aux cotés des entreprises et de l'administration. Chaque ménage s'efforce d'équilibrer son budget, l'idéal
étant que le revenu soit supérieur aux différentes dépenses. Les charges se répartissent essentiellement
ainsi :
◘ dépenses d'alimentation jusqu'à 70% du salaire.
◘ différentes charges d'entretien ou courantes comme le transport, eau, électricité, charges locatives, frais
d'entretien du véhicule jusqu'à 20% du salaire.
◘ divers : on peut induire les charges inhabituelles telles que frais médicaux, soins dentaires, etc.
Les dépenses mensuelles en habillement sont quasiment nulles. Elles s'effectuent à l'occasion d'une rentrée
scolaire, à l'approche de l'aid, d'une réception ou mariage. En 1998, une paire de jeans coûte 1.500 DA, les
chaussures entre 1.000 et 1.500 DA. La nourrice perçoit 1.500 DA/mois. Beaucoup de ménages s'efforcent
d'avoir des revenus supplémentaires pour mieux boucler les fins de mois. Tous s'accordent à dénoncer la
baisse prononcée du niveau de vie. La politique de libération des prix, la suppression définitive des
subventions de l'Etat, l'inflation causée par l'inflation du dinar, autant d'interférences qui imposent des
restrictions sévères aux consommateurs.

□ En 1998, le budget mensuel du strict nécessaire à une famille type d'un cadre moyen algérien (5
personnes à charge, un logement en location, une voiture et le téléphone) et dont le salaire mensuel
n'excède pas 12.000 DA/mois , se présente ainsi dans le tableau ci-après. Les relevés périodiques des prix
à la consommation, sur les deux dernières années de 1996 à 1998 , indiquent une érosion dramatique du
pouvoir d'achat (taux d'inflation d'environ 30%).
Produits Unitaires Prix Unitaires Besoins mensuels Total (DA)
Pain 8,50 150 1.275
Lait 20 60 litres 1.200
Margarine 150 2 kg 300
Fromage -- forfait 900
Semoule 32 10 kg 320
Farine 30 5 kg 150
Huile 105 5 l. 525
Tomate en c. 170 1 kg 170
Pates alim. 90 5 kg 450
Légumes secs 65 4 kg 260
Epices assais. 300 forfait 300
Café 540 1 kg 540
Sucre 43 6 kg 258
Légumes frais 60 25 kg 1.500
Fruits 50 10 kg 500
Pommes de terre 27 25 kg 678
Viandes rouges 500 10 kg 5.000
Viande blanche 185 10 kg 1.850
Oeufs 7,50 120 900
Produits d'entretien -- forfait 1.600
Produits d'hygiène -- forfait 1200
Fournitures scolaires -- forfait 700
Vetements -- forfait 2.500
Transport -- forfait 2.200
Energie -- forfait 1.500

259
Eau -- forfait 150
Téléphone -- forfait 1.000
Médicament N.R. -- forfait 1.500
Loyer+charges -- forfait 2.500
Véhicules -- forfait 5.000
Loisirs -- forfait 2.000
Frais divers -- forfait 2.500
TOTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41.426 DA
□ source: quotidien El Watan, Juin 1997 □

► Plus récemment en 2014, l’Association pour la protection et l’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce)
réalise une étude établissant le montant du budget moyen mensuel d’une famille moyenne composée des parents et de trois
enfants, en comptabilisant les dépenses standard, à savoir le loyer, l’eau, l’électricité, les vêtements et les produits de large
consommation. Ce budget sera estimé en 2014 à 45 000 DA. Ce montant augmentera vers la fin 2015, en prenant en
considération les nouveaux tarifs, pour atteindre les 55 000 DA(Lesoird’Algerie 19.05.2015.) Nous considérons que ce
montant correspond à une rentrée d’argent permettant de vivre dignement, sans crédit et sans endettement. Les produits de
consommation auxquels nous faisons référence ne prennent pas en compte les achats de luxe ou occasionnels. □
► Evolution des salaires (2000-2010) :

Utilisation des données de l’ONS


L’analyse de l’évolution des salaires moyens mensuels nous montre que ses derniers ont augmenté de 100 % de 2000 à 2010
avec une évolution nette et continue à partir de 2006, et cela peur être expliqué par les différentes augmentations de salaires
qu’ont connu tous les secteurs de l’économie, et qui ont contribué à l’amélioration du pouvoir d’achat. □

► Evolution de la consommation finale des ménages (à partir des données de l’ONS) :

□ La consommation des ménages a connuaussi une forte augmentation depuis 2000 jusqu’en 2011, elle estpassée de 746 $ à
1736 $ par an (croissance de plus de 130%) et cela peutêtre expliqué par l’amélioration du pouvoir d’achat de la population et
lastabilité et maîtrise des prix à la consommation (taux d’inflation) durantcette période additionnellement à l’augmentation des
salaires. □

CHIFFRES / STATISTIQUES .- Il faut signaler d’abord qu’en Algérie, le problème de collecte et d’obtention des données et
des informations statistiques fiables et acceptables se pose avec acuité. Ensuite, l'économie algérienne est biaisée par
un éternel problème de fiabilité des chiffres. La collecte de l'information est précaire comme est persistante
l'absence d'institutions fortes, en même temps indépendantes, en mesure de produire des données fiables et
de les interpréter objectivement loin de toutes contingences politiques. L'outil statistique s'est peu
développé en Algérie et l'économie nationale est aujourd'hui saisie au double niveau de l'information brute.
La collecte statistique reste dispersée dans diverses institutions spécialisées et inexploitée au niveau
analytique et prévisionnel. Le système national d'informations, diffère dans son contenu et dans sa forme
suivant que l'on est dans une économie développée, étroitement enserrée dans un réseau statistique et
donc relativement quantifiable dans ses données et ses relations intersectorielles, ou dans une économie en
voie de développement. Dans cette économie, et à des degrés divers, l'appareil statistique n'est pas
encore assez développé. Pour le cas de l'Algérie, le raisonnement en matière de système d'information

260
emprunte une voie médiane entre une économie développée et une économie dont les différents secteurs
évoluent en vase clos. D'où la nécessité d'un système d'informations fiable et performant, permettant une
utilisation plus rationnelle des données limitées. L'économie est désarticulée par une multitude de centres
de décision. L'absence de données statistiques fait obstacle à un effort sérieux de normalisation et
d'homogénéisation des concepts, méthodes et procédures et conduit à une production d'informations
statistiques, économiques et sociales quantitativement insuffisante et qualitativement peu fiable. De plus, sa
diffusion irrégulière, très restreinte et sélective, en limite la portée et l'efficacité. Des experts considèrent
qu'il existe toujours un problème de fiabilité et d'actualisation des statistiques en Algérie. Ils estiment que le
décideur ne peut disposer à l'heure actuelle de l'information au moment opportun et que l'ONS (office
national des statistiques) ne possède pas de statistiques et enquêtes récentes. Ils évoquent les cas
d'entreprises qui, par manque d'informations, en arrivent à importer des produits fabriqués en Algérie.
Certaines entreprises ne possèdent pas encore une culture d'échange d'information et se refusent à
divulguer les informations qu'elles détiennent. D'autres encore arrivent à obtenir certaines informations puis,
faute de les utiliser, préfèrent la classer sans en faire bénéficier d'autres secteurs. Les services douaniers
et ceux des impôts détiennent un gisement d'informations statistiques qu'ils refusent pour des raisons qui
leur sont propres à divulguer. ◙

COMPTABILITÉ.- Pour s’adapter aux évolutions économiques ayant lieu au niveau international, l’Algérie a entamé une série
de réformes, notamment, la loi 90-10 visant principalement  le passage à l’économie de marché, la loi sur la privatisation ainsi
que d’autres mesures visant l’ouverture de notre économie. En matière de comptabilité, ces réformes ont incité voire même ont
obligé les autorités publiques algériennes de réformer leur ancien référentiel comptable (P.C.N.)* par un nouveau référentiel, en
l’occurrence, le Système Comptable Financier (S.C.F.). L’organisme chargé de cette réforme est le Conseil National de la
Comptabilité (C.N.C.). Le projet du SCF algérien qui s’inspire des normes internationales IAS/IFRS, a été élaboré en 2001 par
un groupe de travail composé de représentants du Conseil National de la Comptabilité algérien et des représentants de
l’organisation d’experts-comptables et de Conseil National des Commissaires aux Comptes Français. Ce projet a été élaboré
dans le cadre d’un programme financé par la Banque Mondiale.
□ En appliquant le nouveau système comptable, compatible aux normes internationales, plusieurs difficultés sont rencontrées.
On peut les classer dans deux catégories (1) : celles d’ordre interne et autres d’ordre externe. 
♦ Les difficultés liées aux facteurs internes des entités : Nous résumerons ces difficultés dans les points suivants :
□ Facteur humain : Ces difficultés comprennent ce qui suit :
- La résistance au changement, le niveau des compétences ;
- La formation et mise à jour du système comptable. Pour cela, on doit créer un vaste chantier de formation des professionnels
du métier de la comptabilité tant au niveau des cabinets qu’au niveau des entreprises. Cette œuvre va prendre une
longue période ;
- L’évaluation du coût du basculement aux nouvelles normes et l’importance des dépenses.
□ Facteur organisationnel : Les difficultés à ce niveau sont les suivantes :
- La refonte et adaptation de l'organisation aux nouveaux concepts et procédures nouvelles ;
- La refonte du système de l'information, qui suppose la recherche constante des éléments tendant à la recherche de l'image
fidèle de l'entreprise ;
- Certaines normes et concepts seront difficilement applicables vu l’absence d’un véritable marché, par exemple : le concept de
la juste valeur, valeur d’utilité, durée d’utilité, etc. ;
- La nécessité de faire des arbitrages comptables car les normes sont en général fondées sur des principes et privilégient la
réalité économique d’une opération, ce qui ne repond pas toujours aux considérations commerciales ou fiscales.
♦ Les difficultés liées aux facteurs externes des entités : Ces difficultés sont, principalement, les suivantes :
- Les difficultés liées à la fiscalité et l'esprit dirigiste qui persiste dans l'esprit des institutions étatiques et autres lecteurs publics
des états financiers ;
- L’absence d’un marché algérien actif. La difficulté majeure est liée à l’absence de marchés organisés ni pour le foncier ni pour
les équipements industriels, notamment d’occasion. Donc, il sera difficile d’appliquer la règle de juste valeur pour évaluer et
comptabiliser les actifs de l’entreprise ;
- La limite des acteurs en charge des évaluations (experts, visions individualistes des propriétaires, dépendance des évaluateurs
des entrepreneurs).
Les personnes soumises aux dispositions du SCF algérien :
Les sociétés soumises au SCF algérien sont les suivantes :
- Sociétés soumises aux dispositions du code du commerce ;
- Coopératives ;
- Personnes physiques ou morales qui exercent des activités économiques de façon répétitive ;
- Entités exerçant un contrôle sur d’autres entités. Il s’agit, donc, de la consolidation des comptes ;
- Entités soumises à une même autorité de décision et sans lien juridique de domination entre elles. Dans ce cas, il s’agit des
comptes combinés ;
- Les très petites entités qui sont autorisées à la tenue d’une comptabilité financière simplifiée dans la limite d’un chiffre d’affaires
fixé par l’autorité compétente.
L’objectif des efforts fournis par l’Algérie pour s’ouvrir sur l’étranger est de rattraper son retard dans le domaine comptable et
financier. La transition devient une nécessité obligation. Pour fournir des informations de même qualité que celles exigées à
l’étranger, l’Algérie a adopté, en 2007, le Système Comptable Financier. Les entreprises algériennes, qui doivent l’appliquer ont
trouvé beaucoup de difficultés tant internes qu’externes. □
(*) PCN : Plan comptable national adopté en 1975.
(1) Zighem Hafida, Traitement comptable des immobilisations de l’entreprise selon les nouvelles normes algériennes, 2012.
►Bien que de nouvelles réformes aient été engagées et soutenues par des mesures d'assainissement
financier répétitives, l'entreprise publique algérienne (société par actions) persiste dans son immobilisme à
ne pas clarifier ou tenir son équilibre économique et financier durable puisqu'elle continue à subir les effets
de la non-maîtrise des ressources économiques et financières à savoir la sous-utilisation des capacités

261
installées, des déficits comptables et des découverts bancaires quasi-chroniques. Cette situation indique
que les EPE ne prennent pas encore en charge leur autonomie de gestion et assumer pleinement les
agrégats économiques et financiers, conformément aux dispositions de la loi 88/01 portant autonomie des
entreprises publiques économiques et dont l'aboutissement en a été la promulgation de l'ordonnance 95/25
relative à la gestion des capitaux marchands de l'Etat qui met fin à l'ancien mode de gestion de l'entreprise
socialiste. Dans le nouveau contexte, les fonctions du comptable doivent être celles de réfléchir sur un
nouveau statut légal du comptable d'entreprise appuyé de son prolongement par la révision du plan
comptable national qui permet, ainsi, de préciser et de clarifier davantage le domaine des nouvelles
responsabilités, le rôle et la place à accorder au comptable au sein des entreprises au sens du droit privé
dont l'entreprise algérienne est soumise aujourd'hui. Le conseil national de la comptabilité (décret 96/318)
doit se penchera sur cette question en conformité des changements opérés depuis 1988 au sein de nos
entreprises, notamment l'ampleur des transferts des pouvoirs économiques et juridiques dévolus à ces
dernières dans le cadre du passage de l'économie planifiée à l'économie de marché. L'importance des
nouvelles missions imparties à cette fonction, au cours des années à venir, nécessite la mise en place d'une
direction financière et comptable forte et organisée autour des objectifs et des potentialités industrielles et
commerciales dont dépend, d'ailleurs, la rentabilité des capitaux des actionnaires et leur contrôle, une des
exigences de la forme juridique des sociétés par actions, sociétés à responsabilité limitée, sociétés en noms
collectifs. L'évolution de la comptabilité des sociétés a été largement marquée dans les pays à économie de
marché par l'apport de ce qui est convenu d'appeler la normalisation comptable qui intervient tous les dix
ans alors qu'en Algérie, voilà plus de deux décennies passées après la promulgation du décret 65.260,
relatif au statut du comptable de l'entreprise socialiste et l'ordonnance 75/35 portant plan comptable
national et depuis aucun changement n'est apporté à ce niveau. La fonction comptable en tant qu'outil de
gestion, de décision et de contrôle reste peu introduite et peu établie dans les entreprises algériennes. Son
développement est un des objectifs importants à réaliser dans l'exercice d'une économie de marché dès lors
que la rentabilité des capitaux revêt un objectif déterminant des sociétés. Les comptables d'entreprises
restent mal entendus, mal évalués, mal appréciés et mal compris, continuant à ce jour de souffrir de leur
rôle et de leur place ou de leur image imprécise sans leur identifier, en effet, une politique financière et
comptable définie et transparente à travers laquelle ils peuvent accomplir leurs tâches et leurs
responsabilités avec sérénité. L'environnement de l'EPE continuant de changer avec la mondialisation des
relations de l'économie comme nouveaux rapports s'insérant dans la division du travail incite à plus de
réalisme pour percer des domaines nouveaux en se constituant, notamment, une force de propositions en
matière de politique financière, de stratégie, d'analyse et de négociation. Dans ce cadre d'ouverture sur
l'universel, le comptable ne devra plus se contenter uniquement de la tenue d'une comptabilité usuelle, mais
doit agir au mieux de ses capacités intellectuelles et professionnelles pour mettre l'outil comptable au
service de la gestion et du développement de l'entreprise et évaluer l'impact pour une approche
économique et financière. Pour l'évolution de l'organisation et de la gestion des sociétés, l'attention est
portée beaucoup plus sur les aspects financiers et comptables et donc de l'intérêt des EPE de l'organisation
d'une direction financière et comptable forte autour de ses objectifs, de sa politique générale et de ses
capitaux. Pour cela, il convent à l'entreprise algérienne de disposer d'un encadrement financier et
comptable professionnel devant remplir trois critères essentiels :
◘ une forte compétence par une expérience acquise  ;
◘ une aptitude managériale  ;
◘ des qualités morales.
Aussi, il est recommandé plus d'attention et d'efforts à cette profession ou la gestion financière et
comptable n'est plus à laisser au hasard pour s'assurer d'un contrôle de gestion permanent des structures,
de la régularité et de la sincérité des comptes sociaux, de la maîtrise de la gestion, et enfin de la fiabilité de
l'information comptable et financière qui reste insuffisante pour l'opinion publique qui est en droit d'être
informée régulièrement sur l'utilisation des deniers publics et la gestion du patrimoine. En effet, les états
financiers et comptables (le bilan et le tableau des comptes de résultats), ne sont pas publiés, excepté pour
un nombre minime d'EPE malgré que ce soit l'un des objectifs et des principes de l'économie de marché
dans le cadre de la concurrence et la transparence dans la gestion de toute entreprise. C'est là, un apport
certain à inscrire dans la perspective du progrès général d'une réelle économie d'entreprise orientée vers le
management stratégique notamment :
♦ réhabilitation et adaptation de la fonction financière et comptable aux nouvelles réalités économiques,
juridiques de l'entreprise algérienne, visant essentiellement la rentabilité des capitaux, la productivité de la
gestion, la régularité et la sincérité des comptes sociaux;
♦ l'instauration d'un nouvel ordre comptable en Algérie ouvert sur l'universel;
♦ s'inscrire dans la normalisation comptable au niveau mondial dans le cadre de la mondialisation de
l'économie qu'exige l'harmonisation dans la présentation des états financiers et comptables;
♦ l'élaboration d'un plan comptable communautaire en perspective d'un marché unique des pays de l'UMA;
♦ productivité des services financiers et comptables;
♦ rationalisation de la gestion par l'introduction des techniques modernes de gestion.
Ainsi, la mise en place d'un système d'organisation comptable performant et transparent favorisera la
maîtrise de la gestion et la mise en oeuvre de solides rapports avec l'environnement de l'entreprise
(banques, administration fiscale, actionnaires, syndicats, clients, fournisseurs, investisseurs, pouvoirs
publics, ...).□

COMPTES DE L'ÉTAT .- L'évaluation de politiques publiques constitue une nécessité impérieuse en sus des
actuels contrôles classiques relatifs aux dépenses publiques. Dans un contexte de globalisation d'économie
de marché, dans un but de transparence, il ne s'agira plus de se borner uniquement au contrôle
traditionnel de la cour des comptes ou de l'inspection général des finances, qui de l'aveu même de leurs

262
cadres n'est pas souvent suivi d'effets , sauf si des contrôles ponctuels sont commandés par les
pouvoirs publics. Le mécanisme classique a montré depuis longtemps ses limites et a besoin de se
développer et de se mettre au diapason de ce qui se pratique un peu partout dans le monde. Les institutions
étatiques devront passer à une phase supérieure en mettant en place des instruments à même de permettre
l'évaluation à priori des programmes publics pour juger de la faisabilité, mais aussi à posteriori pour déceler
les insuffisances et/ou leurs échecs et proposer une alternative. Une volonté politique pourrait amener une
réelle réforme administrative en ce domaine par le biais des parlementaires.
Ainsi, il serait d'intérêt de parfaire les méthodes et les procédures utilisées pour parvenir à évaluer la
qualité lié à la réalisation des programmes publics qui engloutit des sommes très importantes dans le cadre
de l'exécution du budget de l'Etat. Il est toujours conseillé de s'interroger si les programmes atteignent leurs
objectifs et produisent les effets attendus par les usagers, et de savoir s'il y a eu régularité et
rationalisation. Jusqu'à l'heure actuelle, l'expérience s'est limitée au contrôle traditionnel, c'est à dire à la
vérification des régularités des opérations financières liées à l'exécution des budgets des administrations
publiques, voire si les ordonnateurs, les gestionnaires et les comptables respectent les dispositions
législatives et réglementaires. Cependant, sur le terrain, le dispositif s'est avéré insuffisant pour évaluer la
bonne utilisation des deniers publics. Déceler les dysfonctionnements dans l'exécution d'un programme ou
les raisons de sa concrétisation partielle constitue en soi une discipline astreignante. Il avait été constaté
que le travail effectué par la cour des comptes était difficilement accessible, ce qui allait à l'encontre de la
fluidité de l'information. La publication du rapport de la cour des comptes en 1995 a constitué une
avancée significative depuis sa création en 1980.
►Contrôle des entreprises publiques :  L'Inspection Générale des Finances (IGF) pour contrôler les entreprises publiques. Les
modalités de contrôle de gestion et d'audit des entreprises étatiques par l'IGF ont été publiées au Journal officiel (mars 2009).
Un décret signé par le premier ministre précise les huit domaines d'intervention : les conditions d'application de la législation
financière et comptable, la passation de contrats, les transactions mobilières et immobilières, la gestion de la situation financière,
la fiabilité et la régularité des comptabilités, le rapprochement entre les prévisions et les réalisations, les conditions d'utilisation et
de gestion des moyens et le fonctionnement interne. 
►Contrôle des administrations et entreprises publiques : Le chef de l'exécutif Ahmed Ouyahia a mis fin dimanche 27 août à la
mission de l'inspection générale auprès du Premier ministre, créée par son prédécesseur Abdelmadjid Tebboune et chargée
notamment de contrôler les dépenses publiques. Avec le décret exécutif n° 17-244 publié au Journal Officiel du 27 août 2017, le
Premier ministre a abrogé le décret créant cette instance deux mois auparavant. L'inspection générale, selon le décret n° 17-205
du 28 juin 2017, était chargée de "l'application de la législation et de la réglementation régissant le fonctionnement des services
de l'Etat, des collectivités territoriales, des entreprises, organismes et structures en relevant ainsi que des organismes privés
bénéficiant du concours financier de l'Etat". L'instance avait également comme mission de contrôler "la qualité de la gestion des
services suscités et de leurs prestations".

POUVOIR D'ACHAT .- En théorie économique, on entend par pouvoir d'achat, la capacité effective des
ménages à satisfaire leurs besoins fondamentaux, dans le domaine de la consommation au sens large, c'est
à dire incluant les biens de consommation durables et les biens de consommation non durables. Cette
capacité d'achat est elle-même déterminée par deux éléments principaux : le revenu (essentiellement le
salaire) et les prix des biens et services sur le marché.
En Algérie, ces deux facteurs ont contribué à l'érosion du pouvoir d'achat au cours de ces dernières
années lequel a entraîné dans son sillage un appauvrissement du ménage moyen. Cet appauvrissement a lui
même conduit à trois situations qui cohabitent actuellement : la pauvreté absolue, c'est à dire la situation
ou le ménage ne satisfait pas ses besoins fondamentaux ; la pauvreté relative, qui elle même peut prendre
deux formes : le ménage s'adonne à une activité informelle ou encore entre dans le cycle infernal de
l'endettement. La chute du pouvoir d'achat est plus que spectaculaire. Elle est beaucoup plus prononcée
pour la catégorie des cadres. De 1986 à 1996, cette catégorie a perdu environ un tiers de son pouvoir
d'achat, soit 31,3%. Autrement dit, si le cadre dépensait 10.000 dinars pour subvenir à ses besoins en
1988, en 1996, il a seulement 6.870 dinars pour faire face aux mêmes besoins. En Algérie, le revenu moyen
par habitant est passé de 2800 $ en 1987 à 1350 $ en 1997. Quant au pouvoir d'achat qui était de 4500 $
par habitant en 1987, il est passé à 2000 $ en 1997 (en 1987, certains produits étaient subventionnés).
En 1987, près de 8,7% de la population totale est considérée en dessous du seuil de pauvreté. En 1998, le
taux est de 26% de la population totale (le seuil de pauvreté est évalué à 500 $). Face à cette tendance à
l'érosion du pouvoir d'achat, et à son corrolaire, l'appauvrissement de la population à revenu moyen, sur les
plans absolu et relatif, il est nécessaire dans les années à venir, et d'ores et déjà, d'engager un programme
visant à agir sur les deux déterminants du pouvoir d'achat : une action sur les revenus dans le sens de leur
stabilisation à moyen terme.
► Pouvoir d’achat et inflation : les chiffres de l’ONS. Le taux d’inflation continue d’augmenter, provoquant inéluctablement une
baisse du pouvoir d’achat des Algériens. Ainsi, selon les chiffres rendus publics aujourd’hui par l’Office national des statistiques
(ONS), le taux de l’inflation s’est établi, à fin avril 2017, à 7%. Un taux supérieur de 3 points par rapport à celui prévu dans la loi
de finances en cours. Cette inflation galopante est la conséquence directe du renchérissement des produits de consommation
de toute nature. Ainsi, selon l’ONS, les prix à la consommation ont connu une variation mensuelle de 0,4% par rapport à avril
2016. Les prix des biens alimentaires ont évolué avec un taux de 0,5%, résultant aussi bien par l’évolution des prix de produits
agricoles frais que par ceux des produits alimentaires industriels. Les prix des produits agricoles frais ont enregistré une hausse
de 0,5% en avril 2017 par rapport à mars 2017. Ceux de la viande de poulet ont connu une augmentation de 10% et les fruits de
11,4%. Cette hausse des prix s’explique d’un côté par les restrictions imposées aux importateurs de produits frais et de l’autre
côté par l’augmentation significative de la demande à l’approche du mois de Ramadhan. Même les prix produits
agroalimentaires ont connu une variation mensuelle de 0,4%, une hausse qui s’explique, selon l’ONS, par l’augmentation des
prix de produits relevant du sous-groupe sucres et produits sucrés (+1,3%). Les prix des biens manufacturés ont également
affiché une hausse de 0,5%. Ceux des services, en revanche, ont connu une baisse de 0,1%. Les prix des meubles et d’articles
d’ameublement ont enregistré une hausse mensuelle de 0,7%, alors que ceux du groupe loisirs-culture-éducation ont connu une

263
hausse de 2,1%.
Globalement, l’Algérien perd de son pouvoir d’achat en raison de cette hausse multiple des prix à la consommation et de la
stagnation des salaires. Cela intervient dans un contexte de morosité économique, dans un pays très affecté par la baisse des
prix du pétrole. Les cours de l’or noir se maintiennent difficilement au-dessus de la barre des 50 dollars grâce à la réduction des
quotas d’exportation des pays membres de l’Opep et la décision non encore entérinée de prolonger cette réduction jusqu’au
deuxième trimestre de 2018.

PRODUIT NATIONAL BRUT .- PNB = 609.4 milliards $ (2016) ; 588.4 milliards $ (2015) ; 566.3 milliards $ (2014).
□ Rétrospectivement  : En 1977, il était de 1110 $ pour l'Algérie, derrière la Turquie (1134), la Yougoslavie
(1960), la Grèce (2822) et la France (7191 ). En 1982, il est de 2350 pour l'Algérie derrière la Grèce (4290)
et la France (11680). L'Algérie a vécu une crise économique et sociale qui a donné les émeutes d'octobre
1988. Depuis, le revenu moyen par habitant n'a cessé de diminuer. Il devient inférieur à ce qu'il était dans
les années 60 (2000 $ par personne). La proportion des algériens qui vivent de plus en plus pauvrement
augmente : 23% des algériens vivent avec moins de 120 DA (2 dollars) par jour. Il y a quinze ans, ils
n'étaient que 12%. Il s'avère que le programme d'ajustement structurel n'a fait qu'aggraver la situation de
paupérisation où le revenu par habitant a été réduit de moitié entre 1990 et 1997 (soit de 3500 à 1629
dollars environ). Selon African development indicators (annuaire de la banque mondiale) de décembre 98,
l'Algérie se situe à la 9ème place dans le classement africain des revenus par habitant : PNB / hbt avec
1490 $.□ L’informel représente 45% du PNB : En mars 2017, l’économie informelle en Algérie représenterait 45% du Produit
national brut (PNB). Selon des chiffres avancés par le sous-directeur des statistiques et de l’information économique auprès du
ministère du Commerce, Abderrahmane Saâdi, l’économie informelle en Algérie représenterait 45% du Produit national brut
(PNB) en citant une enquête réalisée par l’ONS en 2012. Selon cette enquête, l’économie informelle employait 1,6 million de
personnes en 2001 avant d’augmenter à 3,9 millions de personnes en 2012 (45,6% de la main-d’œuvre totale non agricole)
réparties comme suit: commerce et services (45,3%), BTP (37%) et activités manufacturières (17,7%). Pour lutter contre ce
phénomène, l’Etat a engagé plusieurs actions comme le démantèlement des marchés informels, le renforcement des
infrastructures commerciales et l’assouplissement des conditions d’obtention du registre de commerce. Selon M. Saâdi, les
opérations de lutte contre les marchés informels se sont soldées, à fin 2016, par l’éradication de 1.035 sur les 1.412 marchés
informels recensés (73%) dont 216 ont été éradiqués et réapparus, ainsi que la réinsertion de 21.239 intervenants exerçant à
l’intérieur de ces marchés éradiqués sur un total de 49.836 personnes recensées (42%).□

PROPRIETE DE CAPITAL.- Le dispositif législatif en vigueur en Algérie précise le statut du capital public et
les formes de relations que l'Etat entretient avec sa propriété. En effet, l'Etat a organisé sa relation avec le
secteur public économique sur la base d'un schéma organisationnel, qui différencie la sphère publique de la
sphère économique. C'est ainsi que les pouvoirs publics ont abrogé la loi 88/01 (du 12 janv. 88) portant loi
d'orientation sur les EPE, qui énonçait, notamment, dans son art. 11, que l'Etat actionnaire des EPE exerce
son droit de propriété par le biais des fonds de participation qui gèrent son portefeuille d'actions, et ont
parallèlement promulgué l'ordonnance 95/25 (du 25 sept. 95) relative à la gestion des capitaux marchands
de l'Etat. Celle-ci confiait aux holdings publics, sociétés de capitaux ayant remplacé les fonds de
participation dissous, les missions de gestion et d'administration des capitaux marchands de l'Etat.(1) Pour
permettre une efficience dans leurs missions, une souplesse dans l'exercice de leurs fonctions et un
accomplissement de leurs tâches dans un cadre dépourvu de contraintes, l'Etat avait investi les holdings
publics de tous les attributs de droit de propriété. Le droit économique consacrant historiquement la fin de
mission de l'Etat en tant qu'agent gestionnaire direct de l'économie. A cet égard, les holdings publics
exercent le pouvoir social de droit commercial dans les EPE qu'ils contrôlent et dont ils sont légalement les
propriétaires. Le droit positif en matière économique consacre le principe de l'ancrage de l'entreprise dans
la seule logique commerciale, c'est à dire sa pleine éligibilité à la sanction du marché. Malheureusement,
force a été de constater que l'efficience du secteur public, hors hydrocarbures, demeurait faible, que
l'utilisation et le rendement de ses capacités restaient à parfaire, que sa performance marquait souvent des
signes d'essoufflement, et que son degré de réaction et de riposte face à la concurrence des produits locaux
et internationaux n'était pas rapide et parfois non adéquat.
Il va de soi que cet "état des lieux" suscita des questionnements et des interrogations sur les causes et sur
leur médication. La ligne de base qui guide ce présent propos part d'une tentative de réponse à ces
questionnements. En effet, si les réformes engagées depuis 1988 à travers la "privatisation" de la gestion
des EPE n'ont pas donné les résultats escomptés en matière de redynamisation des activités du secteur
public et de réhabilitation de ses capacités de production de richesses, c'est que les causes en sont
intrinsèques et non pas liées à une conjoncture. En d'autres termes, l'origine de cette situation était-elle
d'ordre systémique? Etait-elle d'ordre opérationnel et/ou managérial? Etait-elle d'ordre juridique? Telles
furent les questions que soulèvaient légitimement les observateurs de la vie économique algérienne face à
la faiblesse des performances du secteur public économique. Notre approche de cette situation et de sa
compréhension nous fonde à dire qu'elle était le produit pour une part non négligeable, dans l'incohérence
du processus de management de droit de propriété du capital des EPE. La mise en oeuvre du processus de
libération de l'économie nationale dans le cadre de l'économie de marché et de son intégration dans
l'économie mondiale, dont elle est partie prenante, impose qu'on y applique les mêmes règles qui régissent
les économies des autres pays. En effet, la libéralisation des rapports économiques implique "ipso-facto"
celle des rapports à la propriété du capital. La libéralisation des rapports entre les agents économiques doit
conduire, sous peine d'incohérence et de dysfonctionnement, à la soumission aux lois du marché qui
dispose seul du pouvoir de validation des choix économiques et de sanctionnement des erreurs. Tout
système qu'il soit politique ou économique, se caractérise par la globalité, l'interdépendance et la
cohérence. La cohérence globale du dispositif législatif et règlementaire régissant l'économie algérienne
est la rupture avec le système de gestion centralisée de l'économie. A l'évidence, l'investiture des holdings
publics de tous les attributs de droit de propriété sur le capital social des EPE ne semble pas avoir conféré

264
au secteur public économique une efficience déterminante.
L'analyse des performances du secteur public économique nous incitera à nous interroger sur la mise en
oeuvre du réaménagement de la forme de gestion de la propriété du capital des EPE. En effet, cette mise en
oeuvre n'a pas tendu fondamentalement, à opérer une rupture systémique avec l'ancien mode de gestion,
n'a pas cherché à modifier les rapports économiques selon les règles qui régissent les économies
contemporaines, et n'a pas tenté d'insérer la gestion du patrimoine public sous "l'emprise" de la modernité
et de l'économie contractuelle. En d'autres termes, il n'y a pas eu de démantèlement et de reformulation de
l'esprit de "mandataire". Il nous aurait paru essentiel que soit entamé un processus de réflexion qui puisse
porter sur la cohérence interne entre la libéralisation des rapports économiques et la libéralisation de la
relation à la propriété du capital. En effet, la nécessité d'aller à la banalisation de l'économie de marché et
des mécanismes qui la régissent, implique la mise en oeuvre de supports organisationnels et règlementaires
appropriés. Autrement dit, il ne s'agit plus d'opérer un aménagement des textes législatifs existants, mais
de rechercher l'édiction de règles à caractère non générique. Il convient de préciser et d'harmoniser les
rôles, les fonctions et les relations réciproques entre propriétaires, actionnaires, administrateurs, membres
de conseils de surveillance et de directoire. La consécration des règles de droit commun comme normes
juridiques régissant le droit de propriété du capital social des EPE doit aller de pair avec la consécration
d'un principe de base, celui de la responsabilisation accrue, et intrinsèque de la personne physique ou
morale dépositaire des attributs de droit de propriété. L'acceptation d'un mandat d'administrateur, de
membre de conseil de surveillance ou de directoire équivaut à la signature d'un contrat qui lie le propriétaire
et le mandataire. Ce contrat confère au mandataire le statut et les droits et devoirs d'un propriétaire. Là où
le propriétaire étant la personne morale ou physique à laquelle ont été confiées la gestion et
l'administration des actions en représentation du capital détenu au sein des EPE affiliées.
La problématique de la responsabilisation du propriétaire a pour but de lever, au plan formel, l'ambiguïté qui
caractérise la relation entre propriétaire, actionnaire, et mandataire. L'instrumentation de cette
responsabilisation peut être développée sur la base des mesures suivantes :
► professionnalisation de la fonction d'administrateur d'EPE et de membre de conseil de surveillance par la
mise en place d'un contrat. Cette mesure aurait eu pour effet de responsabiliser les dépositaires de
mandats. L'émergence d'un corps de métier spécialisé, et de mettre fin au caractère dilettant de la charge.
► représentation directe des personnes morales. Cette mesure aurait permis la consécration d'une relation
d'autorité directe du propriétaire sur les dépositaires de mandats. Elle aurait permis aussi de procéder, plus
rapidement au changement de mandataires en cas de défaillance et/ou d'incompétence.
► transformation des parties variables octroyées aux cadres dirigeants en rémunération de leurs résultats,
en distribution d'actions. Cette mesure aurait eu pour effet de lier les revenus des cadres dirigeants aux
résultats de leurs sociétés. Mais aussi, et cela avait son importance, qu'ils se considèrent comme partie
prenante du devenir de la société dont ils sont à la tête.
De telles mesures concrètes seraient parues pertinentes pour tenter d'éliminer l'incohérence relevée dans le
mode de management des attributs de droit de propriété du capital des EPE. Il aurait été nécessaire de tirer
les leçons de l'expérience des ex-fonds de participation pour ne pas la reproduire, et qui ont failli, semble-t-
il, pour diverses raisons dans leurs relations d'autorité avec leurs mandataires. La relation du gestionnaire
de droit de propriété du capital des EPE avec les organes d'administration et de surveillance des EPE
affiliées a subi un changement de forme mais pas de nature. L'essence de la relation du propriétaire avec
les organes d'administration et de surveillance demeurant la même.
Les holdings publics disposaient des "atouts" nécessaires pour lancer les nouveaux chantiers de réflexion et
d'ouvrir des pistes originales pour l'ancrage de "moeurs" managériales dans la modernité. Il aurait été
productif d'aller jusqu'au bout de la logique de la forme privée de management de droit de propriété du
capital, faute de quoi, les dysfonctionnements du système perturberont la relance et le développement du
secteur public économique.

□ (1) Hamamda Mohamed Tahar, Privatisation des entreprises publiques en Algérie, Géoéconomie, 2011/1 (n° 56) : «Le
processus commence avec les lois de 1988 qui les érigent en sociétés par actions régulées par huit fonds de participations. Leur
statut juridique est codifié par les différentes ordonnances, signées entre 1995 et 2002. Aux fonds de participation succèdent
les holdings. Le nouveau cadre juridique, adopté en 2001, facilite le processus de privatisation en simplifiant les procédures. Ce
dernier est difficile à mener d’autant plus que la notion d’entreprise publique est un concept complexe à cerner. Il est néanmoins
possible de la définir comme une entreprise où l’État exerce un rôle d’actionnaire qui veille à la santé financière de celle-ci et à la
juste rémunération des capitaux investis par la collectivité.» □
□ Pour rappel, les entreprises publiques économiques remontent aux années 1965/1984 dans le cadre d’un plan
d’industrialisation initié par l’Etat et établi sur quatre périodes planifiées 1965/1967, 1970/1973, 1974/1977, et 1980/1984
aujourd’hui, sont des sociétés par actions (SPA) suivant la loi 88- 01dont l’Etat est le seul actionnaire et garant du capital social.
Mais à vrai dire, nos EPE, dans une large majorité, n’ont jamais été gérées et gouvernées comme de vraies sociétés
commerciales en conformité du droit privé et des fondamentaux de l’économie.

VALEUR AJOUTÉE INDUSTRIELLE .-

265
►Les chiffres de l’économie algérienne en 2016 selon l'ONS :
L’économie algérienne est soumise à une conjoncture chargée d’incertitudes, mais arrive tout de même à contenir dans des
limites plus ou moins acceptables le choc induit par la chute des cours du pétrole depuis trois ans maintenant. Et ce, en
attendant la fin de cette année charnière pour laquelle des rapports de conjoncture, tel celui émanant de la Banque mondiale au
printemps dernier, prédisent quelque fléchissement du rythme de croissance plutôt appréciable jusque-là.
Un rythme de croissance appréciable jusque-là, tel que l’indique l’Office national des statistiques (ONS) dans son dernier bulletin
consacré aux comptes économiques de 2011 à 2016. Ainsi, l’année dernière, le taux de croissance a été de 3,3% en 2016, soit
pratiquement du même niveau que celui de l’année d’avant, avec un Produit intérieur brut (PIB) par habitant de 3 894 dollars en
2016. En valeur, le PIB est passé à 17 406,8 milliards de dinars en 2016 alors qu’il était de 16 702,1 milliards de dinars une
année plus tôt. Des chiffres qui peuvent donner le sourire mais si on exclut les hydrocarbures, l’on se rend compte que les
choses n’ont pas tellement changé dans la structure de l’économie algérienne. 
En effet, hors hydrocarbures, le taux de croissance du PIB a ralenti de 2,3% en 2016 par rapport à son rythme de 2015. Selon,
les statistiques de l’ONS, le taux de croissance des activités hors hydrocarbures a constitué en 2016 «la plus faible performance
enregistrée sur la période 2000-2016». En fait, notent les analystes de l’ONS, la tendance au ralentissement de la croissance
hors hydrocarbures a débuté en 2014 après le pic absolu de production de l’année 2013 avec un taux de croissance de 7,3%.
Hors hydrocarbures, donc, l’activité économique nationale n’a pas enregistré des performances extraordinaires. Le secteur
agricole, par exemple, a affiché en 2016 une croissance de sa valeur ajoutée de 1,8% par rapport à celle de 2015, cette année-
là qui avait réussi un bond de 6% comparé à 2014, ou encore les 2,5% de 2014 par rapport à 2013. «La timide performance du
secteur de l’agriculture en 2016 est due principalement à la forte baisse enregistrée dans la production de céréales qui a connu
une baisse en volume de 8,0% en 2016 après une croissance positive de 9,5% en 2015 par rapport à 2014», nous explique
l’ONS pour ensuite souligner qu’en dehors de la production des céréales qui a été fortement affectée par des conditions
climatiques et pluviométriques défavorables, il faudrait également retenir que, d’une manière générale et en dehors de la
production agricole hors céréales, la production végétale et animale a été également affectée. 
C’est ainsi que la production végétale hors céréales a connu un taux de croissance de 2,7% en 2016 contre 6,4% en 2015 alors
que la production animale s’est accrue de 1,7% en 2016 contre 5,6% en 2015.
La part de l’industrie dans le PIB n’a pas de quoi susciter l’enthousiasme, loin s’en faut. La valeur ajoutée industrielle a été
évaluée à 975,7 milliards de DA en 2016 contre 904,6 milliards de DA en 2015, soit une hausse nominale de 7,4%, nous
apprend le document de l’ONS dont les statisticiens ont relevé un rétrécissement de la part dans l’économie algérienne du
secteur industriel. En effet, en 2016, cette part dans le PIB n’a été que de 5,6%. «En volume, la croissance industrielle a été de
l’ordre de 3,8% en 2016 contre 4,8% en 2015, soit une décélération du rythme de croissance consécutive aux faibles
performances du secteur des industries sidérurgique, mécanique, métallique, chimique, électrique et électronique (ISMEE) :
1,1% en 2016 contre plus de 11% en 2015. Il faut relever le bon comportement des secteurs de l’énergie, des matériaux de
construction, de la chimie et des industries agroalimentaires qui enregistrent des taux de croissance de leurs valeurs ajoutées de
4,4%, 6,2%, 3,7% et 5,6% respectivement. Relevons également que la croissance du secteur de l’énergie en 2016 est moins
importante que celle de 2015 qui était de 6,8%», est-il noté dans le rapport de l’Office.
Le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (BTPH) a connu un accroissement de 5,1% en 2016 par rapport
à l’année qui la précédait. La résurrection du secteur a commencé en fait lors de l’exercice 2012 avec un taux d’accroissement
de 8,6% par rapport à l’année 2011, lorsque le secteur avait connu un considérable ralentissement. 
Le secteur des services et travaux publics pétroliers qui avait, quant à lui, connu une faible croissance durant l’année 2013 avant
de renouer avec la dynamique des bonnes performances en 2014 avec un taux de croissance de 3,6%, pour ensuite l’améliorer
une année plus tard pour atteindre les 4% puis un acceptable 3% l’année dernière. «Globalement, estime-t-on à l’ONS, le
secteur du BTPH y compris les services et travaux publics pétroliers en 2016 est sur la tendance déjà enregistrée en 2015, soit
5,0% de croissance en 2016 par rapport à 2015 contre 4,7% de croissance en 2015 par rapport à 2014». Une tendance à
l’accroissement dans la part du PIB liée à la redynamisation dans le secteur des hydrocarbures qui, lui, après la période de
doute et d’incertitude née du krach des cours en 2014, a repris de fort belle manière la voie de la croissance après le bon aperçu
donné en 2015. Ceci, en prenant en compte la baisse des prix et des hydrocarbures et de la conjoncture que traverse le secteur
à l’échelle mondiale. En 2016, le secteur des hydrocarbures a atteint l’inattendu taux de croissance en volume de 7,7% après
avoir connu une timide reprise en 2015 d’à peine 0,2%. 
En 2016, selon des statistiques obtenues par l’ONS auprès du ministère de l’Energie, le secteur des hydrocarbures a enregistré
une hausse en termes de production et une forte croissance dans l’exportation. Mais, comme le souligne l’ONS, ces statistiques
sont relativisées en raison des cours internationaux, ce qui a induit des impacts négatifs sur le chiffre d’affaires et la valeur
ajoutée en valeurs courantes. «En 2016, les exportations d’hydrocarbures ont enregistré une baisse moins importante qu’en
2015 par rapport à 2014. En effet, les exportations ont été évaluées à 27,847 milliards de dollars en 2016, 33,693 milliards de
dollars en 2015 et 58,447 milliards de dollars en 2014 avec respectivement des taux de croissance de -17,4% en dollars
courants et -42,3%».  Il faut savoir, en effet, que le prix du pétrole brut algérien a perdu pratiquement 16 % en 2016 alors qu’en
2015 il n’était pas loin des 50 %. En volume et aux prix de l’année précédente, les exportations d’hydrocarbures augmentent de
8,3% en 2016 par rapport à 2015. Une conjoncture difficile qui n’a pas empêché tout de même les hydrocarbures de porter à
bout de bras l’économie algérienne. Une économie dont certains rapports, comme celui de la Banque mondiale, prévoient un

266
ralentissement en 2017 sous l’effet de rééquilibrage des finances publiques, et cela n’est pas propre à notre pays, toute la
région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord s’en trouve concernée. □

LE COMMERCE

COMMERCE.- La libéralisation du commerce a consacré la suppression de tout monopole de l'Etat et le libre


accès à l'exercice de toutes activités commerciales tendant à pourvoir à une satisfaction des besoins du
marché des biens de production et des biens de consommation. La nouvelle optique réside en :
■ une recherche d'une efficacité économique et de la rentabilité financière des opérations de commerce
extérieur par une responsabilité accrue des opérateurs économiques (liberté d'organisation et
d'intervention) pour toute opération d'approvisionnement. Le mode de gestion du monopole de l'Etat sur le
commerce extérieur qui avait jusque là prévalu avait en effet fait des opérateurs algériens sur les marchés
extérieurs, non pas des acteurs mais des acheteurs passifs, subissant d'importants coûts d'importation et de
financement.
■ l'émergence de prix significatifs liant davantage les prix intérieurs à la structure de prix du marché
mondial. Cela imposait donc un taux de change réel et des transactions courantes effectuées en monnaies
convertibles.
■ l'assurance d'un approvisionnement régulier de l'outil de production. Si le tissu industriel national est
riche en potentialités humaines et techniques, il n'en demeure qu'il reste très dépendant des importations
tant en matières premières que pour sa maintenance. La restriction de ressources en devises, que l'Etat
algérien a accusé, entraîne un rationnement imprévisible en matières premières et il en résulte aujourd'hui
pour la quasi-totalité des secteurs d'activité une sous-utilisation des capacités de production induisant au
regard des investissements consentis. La
réhabilitation de la fonction de concessionnaires-grossistes vise donc avant tout à permettre aux opérateurs
algériens, de disposer dans des délais raisonnables des inputs indispensables à la production en substituant
à un marché informel (importations sans paiement et marché noir) un marché règlementaire et transparent
sur lequel le vendeur assure un service après-vente effectif.

CONCURRENCE .- Les opérateurs économiques vivent des situations anti-concurrentielles qu'ils doivent
dénoncer auprès du conseil de la concurrence, créé depuis 1996. Celui-ci est appelé à se prononcer sur des
affaires relatives à l'abus de position dominante sur le marché et sur les cas d'entente entre agents
économiques ayant pour but d'exclure d'autres concurrents pour des cas de contrôle de concentration. Le
conseil ne s'occupe pas d'ailleurs des pratiques relatives aux fraudes sur les prix ou sur la qualité qui
relèvent des compétences des autres institutions comme le ministère du commerce ou de la direction de la
concurrence et des prix. Les pratiques anti-concurrentielles sont le plus souvent le fait d'agents
économiques assez puissants pour être capable d'influencer le marché national sur une durée considérable.
Aucune disposition ne peut d'ailleurs règlementer les prix car ceux-ci sont soumis à la loi de l'offre et de la
demande. Les défauts constatés sont plutôt relatifs au manque d'information des clients sur le prix et la
qualité ou d'autres fraudes comme l'absence de facturation ou d'exercice illégal de la qualité de commerçant
ou de fabricant. Dans tous les cas de figures, les plaintes doivent identifier l'auteur présumé de la
pratique anticoncurrentielle et ne pas être vague en ciblant le marché dans son intégralité. L'autre pratique
exclue du champ de compétence du conseil est la concurrence déloyale car elle n'est pas issue de pratique
anticoncurrentielle, mais d'un excès de concurrence et relève des juridictions ordinaires qui s'occupent des
indemnisations induites par les préjudices. La concurrence déloyale s'opère d'ailleurs par d'autres canaux
que le prix comme la contrefaçon et le piratage ou par le fait de discréditer le produit d'un concurrent.
Toutefois, les associations des consommateurs peuvent saisir le conseil sur des questions rentrant dans le
champ de ses prérogatives. Un des impératifs de la concurrence étant la démonopolisation de plusieurs
services comme le secteur de l'électricité et le transport ferroviaire, étant donné que les transports aérien
et terrestre sont déjà démonopolisés, le conseil est appelé à rendre décisions concernant, pour la plupart,
des affaires relatives à l'abus de position dominante sur le marché. Le conseil recommande la promotion de
la concurrence pour protéger les intérêts des consommateurs comme la privatisation de la distribution des
eaux, car la concurrence ne peut s'établir que s'il y a plusieurs intervenants.

DOUANES.-La réforme tarifaire de 2001 vise de nombreux objectifs, tant bien au plan interne qu’au plan externe. Au plan
interne, il y a d’abord la quête d’une plus grande harmonisation de la structure tarifaire, en se basant sur le critère du degré
d’ouvraison de produits de façon à encourager les activités de production et d’investissement.  Assurément, une telle entreprise
est de nature à favoriser la promotion du système d’incitation par le biais d’une meilleure allocation des ressources de nature à
rendre l’acte à produire plus rentable que l’acte de commerce. Il y a ensuite la recherche d’une plus grande transparence du
système tarifaire favorisant davantage la prévisibilité des opérations du commerce extérieur de façon à promouvoir la
concurrence et le renforcement de la compétitivité des entreprises, tout en favorisant l’amélioration du climat général des affaires
et de l’investissement. Par ailleurs, il y a recherche de l’amélioration du pouvoir d’achat, et donc du bien-être du consommateur
avec des effets positifs sur la demande en réduisant  les prix de produits domestiques ou importés. Enfin, l’un des objectifs
essentiels de la réforme demeure la simplification du système tarifaire pour une meilleure efficacité dans sa gestion tout en
améliorant le dispositif de lutte contre la fraude en vue de décourager le développement du secteur informel. Quant au plan
externe, la reforme tarifaire s’inscrit dans la perspective de préparation des négociations dans le cadre du processus
d’intégration  économique mondiale et régionale. Le premier processus est celui inhérent aux négociations d’accession à
l’OMC. Une telle démarche se traduira par une consolidation des droits de douane, d’où  l’importance d’une réforme tarifaire
devant introduire une plus grande  cohérence dans la structure tarifaire en relation avec les autres outils d’encadrement du
commerce extérieur, outre la nécessité de la prise en charge de la question de la valeur en douane. Le second processus a trait
à la conclusion d’un accord de partenariat avec  l’Union européenne (UE) devant aboutir notamment à la mise en place

267
d’une zone de libre-échange (ZLE) dans laquelle il est supposé y avoir une libre circulation des marchandises entre l’Algérie et
l’Union européenne.
Les conclusions des discussions exploratoires prévoient un démantèlement tarifaire progressif avec plusieurs schémas et
s’étalant sur une période de douze ans avec une libéralisation immédiate portant sur des produits comme les matières
premières et certains biens d’équipement. Les axes de la réforme tarifaire de 2001 sont multiples. En effet, sur la base
des évaluations effectuées sur le système d’encadrement des importations, y compris  par le recours à l’expertise internationale
(FMI), il est préconisé, dans le cadre de  la refonte tarifaire de restructurer la grille tarifaire, de réexaminer les questions  de la
valeur administrée et de la taxe spécifique additionnelle (TSA). Seules les deux premières questions sont à retenir. S’agissant
de la restructuration de la grille tarifaire, elle a été opérée par la  réduction des taux en se basant sur un classement des produits
en trois catégories pour pouvoir moduler les taux de droits de douane en fonction de degré d’ouvraison :
 Matières premières ;
 Produits intermédiaires ;
 Produits finis.
Une attention particulière a été cependant accordée aux biens d’équipement  lorsqu’ils sont fabriqués localement. A cet effet,
trois taux ont été retenus. Il est question : du taux réduit de 5% applicable aux matières premières et certains biens de
consommation de base (médicaments et céréales, notamment) et des équipements non-obtenus localement ; du taux de 15 %
affecté aux demi-produits et autres biens intermédiaires destinés à subir une ouvraison ou une transformation
complémentaire ;du taux de 30% frappant tous les autres produits finis. Le choix des taux a été dicté par des préoccupations
inhérentes à la fois à la volonté de simplifier davantage la grille tarifaire, mais aussi à la nécessité de maintenir une dispersion
raisonnable créant le moins possible de distorsions. Sur 5 913 sous-positions tarifaires, 99 sont touchées par l’exonération,
contre 3 024 concernées par le taux de 30%, alors que 2 041 sont frappées par le taux de 15%, pendant que, seulement, 749
sont soumises au taux réduit de 5%. Quant à traitement de la valeur administrée, la suppression de celle-ci entraine, sur une
période transitoire, des préoccupations de protection des produits fabriqués localement. Ainsi, les valeurs administrées pour les
besoins de protection de produits domestiques seront tarifiées. La tarification consiste à transformer la mesure en additionnel ad
valorem d’effet équivalent au droit de douane. □
Repartition des taux de droits de douane par groupe de produits :

Direction Générale des Douanes

►En 2001, un groupe de travail interministériel chargé de la réforme tarifaire avait été institué. En coordination avec les experts,
le groupe de travail a mené des travaux d’évaluation de la politique tarifaire ayant débouché sur plusieurs constats. Le premier
constat qualifie le système de protection de compliqué et d’instable dont il est difficile de maitriser les effets. Avec la suppression
des restrictions quantitatives aux échanges, le tarif douanier aurait dû être considéré le seul outil de protection. Les quotités des
droits de douane et des taxes à effets équivalents  inscrites au tarif douanier doivent normalement correspondre à la valeur de
la  protection tarifaire nominale offerte dans le cadre d’un droit commun. Or, les quotités de droits de douane inscrites au tarif
douanier ne correspondent, pour certains produits, qu’à un faible besoin de protection, alors que l’effet  protecteur des valeurs
administrées est beaucoup plus important. Effectivement, les taux intermédiaires ont subi de nombreuses modifications par le
biais de mesures tarifaires instituées par les lois de finances successives. Ces changements annuels ont impacté la cohérence
même de la structure, d’où les limites de cette méthode. D’autre part, il a été enregistré un recours intensif à la technique de la
valeur  administrée en vue de protéger des pans entiers de la production nationale et de limiter l’importation des produits jugés
superflus par les pouvoirs publics. Il est  permis de dire que le recours à la valeur administrée a constitué l’instrument  essentiel
d’intervention des pouvoirs publics en matière d’encadrement du commerce extérieur et de protection de l’économie nationale. 
Outre, les difficultés liées à son application, la valeur administrée présente évidemment certains effets négatifs tels que la
multiplication de fausses déclarations en douane, la prolifération du phénomène de la majoration de la  valeur en douane
favorisant le transfert illicite de capitaux (devises) conjugué avec l’inadaptation du système de contrôle de changes de l’époque.
L’autre incohérence consiste en la sujétion de certains produits, frappés par des taux de droits de douane faibles ou
intermédiaires à des valeurs administrées  fortement prohibitives. Le deuxième constat qualifie le système d’incohérent
encourageant la recherche de rente et la fraude, dans la mesure où les pouvoirs publics, ne maitrisant pas  les effets d’un
système et ne disposant pas d’arguments solides, ont cédé aux pressions exercées par les opérateurs, tentés de réclamer des
mesures supplémentaires de protection administratives et de solliciter le bénéfice de  régime d’exonération, et ce, face à
l’instabilité, à l’incohérence et à l’opacité du système. La perception faite par les opérateurs quant à l’existence de niveau de
protection  considérable les a incités à rechercher plutôt la rente, lequel comportement  favorise l’accroissement des distorsions
économiques. L’autre constat qualifie le système d’inefficace et d’incompatible avec  l’ouverture de l’économie. Certaines
branches d’activités ou secteur bénéficient  de niveau de protection excessif alors que d’autres sont pénalisés par le système. 
Autrement dit, la protection est inégalement répartie entre les branches. L’ampleur des écarts en termes de protection a
engendré une mauvaise allocation des ressources de production et un gaspillage pour l’économie. Des productions de substituts
à l’importation sont favorisées, malgré l’étroitesse des marchés par une protection effective qui n’est pas de nature à renforcer la
compétitivité des produits sur les marchés extérieurs. Quant au bien-être des consommateurs, il  est largement atténué dans la
mesure où celui-ci doit acheter des produits, de qualité médiocre, pour des prix plus élevés. L’un des principaux effets d’une
268
protection abusive est d’amplifier la  concentration des revenus. Un petit nombre de la collectivité réalise des rentes au
détriment, à la fois, des consommateurs finaux et de l’État. □ Smaïl Radji (2014)
* Taux effectif = Montant liquidé en % de la valeur des importations mises à la consommation.

PRODUITS PÉRIMÉS.- Il ne se passe pas un mois sans que les services de la répression des fraudes aient
à opérer des saisies de quantités de produits alimentaires ou pharmaceutiques impropres à la consommation
(ou date de péremption dépassée) et effectuer des retraits temporaires de marchandises locales ou
importées. A l’approche de la date d’expiration de consommation (ou de conservation) de produits
alimentaires (péremption), les commerçants baissent fortement les prix, en parlant abusivement de
promotion pour tromper la vigilance des clients, alors qu’il s’agit en vérité de liquidation-vente urgente des
produits alimentaires exposés (denrées périssables). La promotion d’un produit, bien au contraire,
commercialement parlant, signifie lancement d’un produit nouveau sur le marché local, accompagné souvent
de publicité ou de ristourne d’attractivité commerciale sur la quantité variable à écouler.

MARCHES PUBLICS .-Contraintes et Réalités : Les marchés publics sont des contrats écrits au sens de la législation en
vigueur, passés dans les conditions prévues dans le décrit n°15/247 du 16 septembre 2015 portant réglementation des marchés
publics et des délégations de services publics.Les trois principes fondamentaux de la commande publique sont :- la liberté
d’accès à la commande publique ;
- la transparence des procédures ;
- l’égalité du traitement des candidats.
Les marchés publics portent sur l’accomplissement des travaux immobiliers, la livraison des fournitures de services, la
réalisation d’études.Le marché public de travaux a pour objet de confier à un entrepreneur (le maître d’œuvre) l’exécution d’un
travail immobilier effectué pour le compte d’une personne publique (le maître d’ouvrage).
Le marché de fourniture porte sur l’acquisition par la personne publique de biens mobiliers qui lui seront fournis par une
personne privée.L’exécution d’une prestation de service consiste à effectuer un travail, une activité dont le résultat est de rendre
un service à la personne publique.Les prestations diverses, ce sont des services dont à besoin la personne publique, par
exemple, le nettoyage des locaux, le gardiennage, le ramassage de déchets ménagères ou encore les prestations de transports.
La réalisation d’études : Le marché d’études a pour objet de faire des études des maturations et éventuellement d’exécution
de projets ou de programmes d’équipements publics pour garantir les meilleurs conditions de leur réalisation ou de leur
exploitation à l’occasion d’un marché de travaux.
Le marché d’étude recouvre les missions de contrôle technique ou géotechnique, de maîtrise d’œuvre et d’assistance technique
au maître de l’ouvrage.
Le mode de rémunération : Le marché public donne lieu à un mode de rémunération unique, le paiement d’un prix par la
personne publique, cette dernière verse le prix de la prestation ou du bien qui lui est fourni. Ceux-ci lui étant immédiatement et
définitivement acquis.
La rémunération du partenaire contractant intervient selon les modalités suivantes :
- à prix global et forfaitaire ;
- sur bordereau de prix unitaire ;
- sur des dépenses contrôlées ;
- A prix mixte.Pour le respect des prix, le service contractant peut privilégier la rémunération du marché selon la formule à prix
global et forfaitaire.
Si le prix est révisable, le marché doit prévoir la formule de révision, ainsi que les modalités de remise en œuvre de cette
révision.
L’actualisation des prix : Le prix peut être actualisé dans les conditions suivantes :1- si un délai supérieur à la durée de
prestation des offres augmentées de trois mois sépare la date de dépôt des offres et celle de l’ordre de commencer l’exécution
de la prestation, et si les circonstances économiques l’exigent, il peut être consenti une actualisation des prix dont le montant est
fixé conformément à l’article 66 du décret cité.
L’actualisation des prix donne un marché de gré à gré :
Le service contractant peut procéder à l’actualisation des prix d’un marché conclu selon la procédure de gré à gré à l’expiration
du délai de validité des prix prévus dans la soumission qui sépare la date de signature du marché par le partenaire contractant
et la date de notification de commencement de la prestation.2- lorsque une clause d’actualisation à été prévue dans le marché,
l’application de cette clause est subordonnée aux conditions suivantes :
- le montant de l’actualisation peut être fixé soit d’une manière globale et forfaitaire et d’un commun accord, soit par application
d’une formule de révision des prix lorsque elle a été prévue au marché.
- L’actualisation des prix ne peut être mise en œuvre que pour la période comprise entre la date limite de validité de l’offre et la
date de notification de l’ordre de service de commencement des prestations contractuelles.
Le principe d’accès à la commande publique : Il signifie que l’accès à la commande publique doit être libre et impartial, la
personne publique ne doit pas créer ou laisser s’installer un milieu non concurrentiel. Dès lors, elle ne peut écarter des candidats
par le code en se fondant sur d’autres conditions que celles autorisées.Pour éviter la discrimination entre candidats, les
renseignements qui peuvent être exigés des entreprises candidates sont circonscrits à une liste limitative dressée dans le code
des marchés publics.Le code des marchés publics énumère limitativement les personnes non admises à concourir, c’est-à-dire
les exclusions à la participation aux marchés publics citées dans l’article 52 du code des marchés publics, par exemple sont
exclus les candidats en état de liquidation judiciaire.
Le principe d’égalité de traitement des candidats : Ce principe est la corollaire du principe d’égalité devant la loi, c’est un
principe fondamental, il signifie que toute personne doit être traitée de manière identique à une autre, si elle est placée dans la
même situation juridique. Cette égalité de traitement devant la loi est transposée dans le droit des marchés publics en égalité de
traitement des candidats à un marché public.Le Conseil d’état français dans un arrêt du 13 mai 1987 censure une directive au
motif qu’elle a pour effet d’instruire une discrimination qui n’est pas en rapport avec l’objet de la réglementation des marchés
publics et de porter ainsi une atteinte injustifiée à l’égalité de traitement qui doit être assurée entre les entreprises candidates à
la présentation d’une offre.En conséquence, par exemple, le pouvoir adjudicateur doit traiter d’une façon identique  tous les
candidats au regard de l’information sur les conditions du marché.

269
Les règles de passation des marchés Publics : Ces règles sont détaillées dans le code des marchés publics afin de
permettre une rentable mise en concurrence et une sécurité juridique pour les divers acteurs de la concurrence publique, en
assurant la liberté d’accès à la commande publique, l’égalité de traitement des procédures (article 3 du décret prudentiel n°15-
247 du 16 septembre 2015 portant réglementation des marchés publics). Les marchés publics sont passés selon la procédure
d’appel d’offres, qui constitue la règle générale ou la procédure de gré à gré.
La Procédure d’appel d’offres : Cette procédure est citée dans l’article du code des marchés publics, elle vise à obtenir les
offres de plusieurs soumissionnaires entrant en concurrence et à attribuer le marché au soumissionnaire présentant l’offre jugée
la plus favorable. Cette procédure est celle qui réalise la mise en concurrence la plus complète. En matière d’appel d’offres toute
négociation est exclue et prend en compte les exigences d’égalité de traitement des candidats en soulignant la nécessité de
dégager des critères d’attribution objectifs rendus publics ce qui empêche d’opter pour des critères qui auraient un caractère
discriminatoire.L’appel d’offres peut recouvrir cinq modalités qui sont :
- l’appel d’offres ouvert ;
- l’appel d’offres restreint ;
- la consultation sélective ;
- l’adjucation ;
- les concours.
L’appel d’offres ouvert : L’appel d’offres ouvert est la procédure selon laquelle tout candidat qualifié peut soumissionner.
L’appel d’offres restreint : est la procédure selon laquelle seuls les candidats répondant à certaines conditions minimales
d’éligibilité préalablement définies par le service contractant peuvent soumissionner.Les conditions des candidats minimales
exigibles en matière de qualification et de références professionnelles doivent être proportionnées à la nature, la complexité et
l’importance du projet, de manière à permettre aux entreprises de droit algérien de participer aux appels d’offres dans le respect
des conditions optimales, relatives à la qualité, au coût et au délai de réalisation.
 La consultation sélective : est la procédure selon laquelle les candidats autorisés à soumissionner sont ceux qui sont
spécifiquement invités à le faire après présélection.La présélection des candidats est mise en œuvre par le service contractant
pour le choix des candidats à mettre en compétition à l’occasion d’opérations complexes ou d’importance particulière.Le recours
à la consultation sélective s’opère sur la base :
- de spécifications techniques détaillées, établies sur la base de normes ou de performances à atteindre ;
- exceptionnellement d’un programme fonctionnel si le service contractant n’est pas en mesure de définir les moyens techniques
pour répondre à ses besoins.La consultation sélective doit s’adresser à un minimum de trois conditions présélectionnées.
Dans le cas où le nombre de candidats présélectionnés est inférieur à trois, le service contractant doit relancer l’appel à la
présélection.
L’adjucation : est la procédure selon laquelle le marché est attribué au soumissionnaire le moins disant, elle porte sur les
opérations simples de type courant et ne concerne que les entreprises de droit algérien.
Le concours : Le concours est la procédure de mise en concours d’hommes d’art en vue de la réalisation d’une opération
comportant des aspects techniques, économiques, esthétiques ou artistiques particuliers.
Le cahier des charges du concours doit comporter un programme du projet, un règlement du concours, ainsi que le contenu du
pli des prestations et des plis technique et financier.
Le contrôle des marchés publics : Les marchés publics font l’objet de nombreux contrôles, le marché public conclu par le
service contractant est soumis au contrôle préalablement à leur mise en vigueur avant et après leur exécution. Les contrôles
prévus par le code algérien des marchés publics exercent sous la forme de contrôle interne, de contrôle externe et de contrôle
de tutelle.
Le contrôle interne : Ce contrôle est effectué par la commission permanente d’ouverture des plis, désignée par le service
contractant ainsi que ses membres. Elle a pour rôle de constater la régularité de l’enregistrement des offres sur un registre ad
hoc, ses prorogations sont citées dans l’article.
Le contrôle externe : a pour objet de vérifier la conformité des marchés soumis au contrôle des commissions de marché
instituées auprès de chaque service contractant. Il existe également des commissions nationales et des commissions sectoriales
chargées du contrôle de la régularité des procédures de passation des marchés publics.
L’exécution du marché public : Les obligations réciproques des parties au marché :
le marché public est la loi commune des parties, chacune d’entre elles, comme pour tout contrat synallagmatique, doit donc
exécuter scrupuleusement les obligations auxquelles elle a souscrit.1) les obligations du contractant de l’acheteur. Ces
obligations sont de deux natures, selon la catégorie des marchés publics, le contractant de la personne publique sera débiteur
d’une obligation de faire ou de donner aussi pour les marchés publics les travaux de service, il doit réaliser les travaux
immobiliers et la prestation de service prévus aux marchés. Pour les marchés publics de fourniture, il doit donner, c’est-à-dire
transférer la propriété d’un bien.L’obligation d’exécution doit être personnelle, c’est le principe, le tempérament au principe.
La sous-traitance : Le procédé de sous-traitance est utilisé dans les marchés publics des services, de fourniture et surtout des
travaux.
Le Conseil d’état français a retenu la compétence du juge administratif au sujet des litiges entre le sous-traitant et le maître
d’ouvrage portant sur le paiement direct (CE 17 mars 1982, société Périgourdine d’étanchéité et de construction). Le sous-
traitant est très utilisé pour l’exécution des marchés publics et notamment des marchés publics de travaux.
La sous-traitance de spécialité : Elle consiste à confier à une entreprise ou partie des prestations du marché pour lesquelles
l’entreprise titulaire n’a pas le savoir suffisant.
Sous-traitance de capacité : Elle a pour but de permettre de respecter les délais d’exécution du marché en palliant la
surcharge de travail ou le manque de moyen de l’entreprise titulaire.La sous-traitance est donc une opération par laquelle un
entrepreneur confie par un sous-traité et sous sa responsabilité à une personne, appelée sous-traitant, l’exécution de tout ou
partie du contrat d’entreprise ou d’une partie du marché public conclu avec le maître d’ouvrage.
La sous-traitance en droit Algérien : Le code des marchés publics algérien définit la sous-traitance lorsqu’elle porte sur une
partie du marché dans le cadre d’un engagement contractuel liant directement le sous-traitant et le partenaire cocontractant du
service contractant.
La responsabilité de l’exécution des marchés. En droit algérien (code des marchés publics) : le recours à la sous-traitance est
possible dans les conditions suivantes :- le champ : principale intervention de la sous-traitance, il doit être expressément prévu
dans le marché et lorsqu’il est possible dans le cahier des charges.

270
- Le choix du sous-traitant est obligatoirement et approuvé par le service contractant.
- Lorsque les prestations à exécuter par le sous-traitant sont prévues par le marché, celui-ci peut être payé directement par le
service contractant.
- Le montant de la part transférable doit être dominé du montant des prestations à sous-traiter.
2) le respect des délais :Les délais d’exécution singulière pour les marchés publics de travaux sont en principe stipulés dans le
marché ou à défaut par le calendrier convenu ultérieurement entre les parties, en l’absence de tout accord, l’entrepreneur droit
réaliser les prestations dans un laps de temps reconnaissable. Le juge en cas de litige sera amené à apprécier une durée
normale d’exécution.Ces délais commencent à courir en principe à compter de la notification du marché, à moins que les
clauses du marché en disposent autrement, dans ce cas ils couveront à partir du moment où la personne publique maître de
l’ouvrage a donné l’ordre à l’entreprise de débuter les travaux (notification de ODS).Les délais peuvent être prolongés pour des
causes justifiant ces prolongations à savoir le changement dans la masse des travaux, rencontre de difficultés imprévues,
intempéries, etc.
Il faut souligner que l’allongement des délais d’exécution donne lieu à la conclusion d’un avenant au marché ou si dernier le
prévoit, à une décision de poursuivre les travaux par la personne responsable du marché.
3) le respect des stipulations techniques :L’entrepreneur doit respecter les stipulations techniques précisées dans le marché.
L’entreprise titulaire du marché doit exécuter un ouvrage conforme aux prescriptions du marché et exempt de vice, cette
obligation constitue une obligation de résultat.Il doit se conformer à l’origine et à la qualité des matériaux, à la dimension et à la
configuration des ouvrages. L’entrepreneur doit suivre scrupuleusement les ordres de services qui lui sont adressés pour la
personne publique : respect du droit du travail, le service de sécurité et d’hygiène applicable à son domaine d’activité.
Les obligations de l’administration : □ Elles sont d’ordre pécuniaire et non pécuniaire :
1) les obligations non pécuniaires : La personne publique doit assurer la coordination des travaux et la sécurité des ouvrages,
elle doit donner à l’entrepreneur les renseignements de nature juridique ou administrative, à titre d’exemple de l’existence de
certitude, l’état du sol et du sous-sol. Les pouvoirs de contrôle et de direction aux mains de la personne publique contractante lui
confèrent une obligation générale de direction et de contrôle.
2) les obligations pécuniaires : La personne publique a l’obligation de payer l’entrepreneur le prix convenu entre les parties dans
le marché. Elle devra verser des avances et des acomptes, elle devra indemniser l’entrepreneur qui a réalisé des travaux non
prévus au marché mais indispensables à la réalisation du travail ou de l’ouvrage.
Le pouvoir de sanction reconnu à l’administration : Les sanctions pécuniaires (article 147 du décret 15-247) consistent en
des pénalités qui s’analysent en des sommes forfaitaires dues par l’entreprise attributaire qui viole une des obligations
contractuelles, elles ont à la fois une fonction réparatrice et dissuasive. Les grandes pénalités sont des pénalités de retard
sanctionnant les retards dans l’exécution des prestations du marché. Pour pouvoir les appliquer, elles doivent avoir été prévues
par ce dernier, elles ne peuvent être prononcées qu’après une mise en demeure restée sans effet. Le point de départ dépend
pour le calcul des pénalités de retard concurrence le lendemain du jour de l’achèvement mentionné au contrat et s’arrête le jour
où la prestation est exécutée, plus précisément à la date de réception de l’ouvrage (PV de réception définitive).
Il existe d’autres sanctions, à savoir les sanctions correctives, la mise en régie et les sanctions résolutoires.
La mise en régie : Il s’agit de la mesure en vertu de laquelle la personne publique contractante dessaisit l’entrepreneur de
l’opération, ou bien le remplace, ou confie l’opération à une autre entreprise aux frais et risques de l’entrepreneur défaillant.
La résiliation : La résiliation (article 149 du décret 15-247) est une sanction prise par la personne publique qui, du fait d’une
faute commise par son contactant, consiste à mettre un terme à leurs relations contractuelles. La résiliation ou à la nullité n’a
pas d’effet rétroactif. La garantie financière  La retenue de garantie elle est prévue par l’article 124 du décret n°15-247. Elle
consiste, pour la personne publique contractante, de retenir une somme sur le règlement des prestations réalisées par
l’entreprise titulaire pour garantir la restitution des sommes dont cette dernière sera débitrice à la fin du marché.
La levée de garantie : En principe l’entrepreneur doit se limiter à l’exécution des travaux mentionnés au marché public,
néanmoins de façon exceptionnelle les travaux de sa propre initiative peuvent donner lieu à paiement s’ils sont indispensables à
la bonne exécution des travaux prévus au marché.
Les Avenants : L’avenant (article 135 du décret 15-247) constitue un document contractuel accessoire au marché qui, dans
tous les cas, est conclu lorsqu’il a pour objet l’augmentation ou la diminution des prestations de la modification d’une ou
plusieurs clauses contractuelles du marché. L’avenant ne doit pas changer l’objet du contrat. Les avenants peuvent être justifiés
par les sujétions techniques imprévues. L’avenant fait l’objet d’un accord entre la personne publique et son contractant constaté
par écrit et revêtu des signatures des deux parties.
Les litiges résultant de l’exécution du marché public : L’achèvement des relations contractuelles peut être normal ou
anticipé à la réception des travaux et ouvrages. Le marché public de travaux se termine en principe avec l’achèvement complet
des travaux, la réception prend acte de cet engagement ; cet acte est cité dans l’article 148 du décret 15-247. C’est un acte
unilatéral par lequel la personne publique, maître de l’ouvrage déclare après un examen contradictoire accepter les travaux
réalisés par l’entrepreneur titulaire du marché.
Le contentieux de l’exécution du marché public : Les litiges relatifs à l’exécution du marché entre la personne publique,
maître d’ouvrage et l’entreprise titulaire du marché sont de la compétence du juge administratif puisque le marché public de
travaux est un contrat administratif.
En revanche le juge administratif est-il compétent pour statuer sur les différents entre le maître d’ouvrage et le maître
d’œuvre ? Les actions du sous-traitant contre la personne publique, maître d’ouvrage relatives au paiement direct relèvent de
compétence du juge administratif (tribunaux administratifs - Conseil d’Etat). Le contentieux de l’exécution des marchés publics
est fondamentalement un contentieux de l’indemnisation et donne lieu à des recours de pleins contentieux contractuel et
extracontractuel.
Le référé applicable en manière d’exécution de marchés publics : Il y a le référé en matière de passation des contrats et
marchés cités dans l’article 946 du CPCA. Le tribunal administratif peut être saisi par requête en cas de manquement aux
obligations de publicité et de mise en concurrence auxquelles est soumise la passation des contrats administratifs et des
marchés publics. Le tribunal administratif peut être saisi avant la conclusion du contrat, il peut ordonner à l’auteur du
manquement de se conformer à ses obligations et déterminer les délais dans lesquels l’auteur du manquement doit s’exécuter, il
peut également prononcer une astreinte courante à partir de l’expiration des délais impartis. Dès qu’il est saisi, il peut enjoindre
de différer la signature du contrat jusqu’au terme de la procédure et pour une durée maximum de 20 jours.
Le référé provisoire : Le référé provisoire (article 942 du CPCA) rend possible l’obtention de la part du juge des référés d’une

271
provision au bénéfice du demandeur à l’instance afin de préfinancier la réparation des désordres sans avoir à attendre le
jugement sur le fond, par exemple utiliser un tel référé en cas d’absence de versement de décomptes dans un marché de
travaux.
Responsabilité contractuelle : La responsabilité contractuelle est fondamentalement une responsabilité pour inexécution ou
mauvaise exécution du contrat.
La faute de la personne physique : Elle revêt deux formes :
1- l’usage illicite de ses pouvoirs ;
2- le manquement à ses obligations.
L’usage illicite de ses pouvoirs : la faute peut consister dans une mauvaise utilisation de ses pouvoirs par la personne publique,
par exemple : en prononçant une sanction injustifiée ou disproportionnée par rapport à la faute commise par son contractant.La
résiliation sans motif valable engage bien sûr la responsabilité contractuelle de la personne publique. Sont souvent constatés
par le juge, les manquements de la part de la personne publique à son obligation d’information, par exemple en cas d’absence
ou d’insuffisance de renseignements adressés à l’entreprise titulaire. Mais le manquement le plus fréquent est d’ordre financier.
La personne physique ne s’acquitte pas du paiement de la somme qu’elle s’est engagée à verser en la payant avec retard.
La faute de l’entreprise titulaire du marché
La faute réside dans la violation par l’entreprise de ses obligations contractuelles mentionnées dans les clauses du marché et
dans le document technique, mais elle consiste aussi dans l’irrespect de son obligation d’exécution préalable ou dans les retards
d’exécution. Le requérant doit prouvé qu’il a subi préjudice réparable, ce dernier est généralement dans la plupart des cas
matériel, il peut également être moral. La partie au marché poursuivie peut s’extirper de sa responsabilité en prouvant
l’existence d’un cas de force majeure.
La responsabilité sans faute : La responsabilité du fait du prince consiste à l’intervention imprévisible de la personne publique
partie au courant aggravant les charges financières de son contractant et bouleversant l’équilibre du contrat.
Autre exemple, l’ajournement des travaux décidé par la personne publique. L’entrepreneur doit être indemnisé des frais que lui
impose cet ajournement.
La violation du code des marchés publics par les acteurs de la commande publique donne lieu à un riche contentieux tranché
par le juge administratif. Ces violations constituent parfois des infractions pénales et donnent lieu à des poursuites pénales des
responsables locaux et entrepreneurs. Les marchés publics sont parfois des moyens occultes de financement douteux et
enrichissement Injustifié. Ils sont soumis à des règles de publicité et mise en concurrence. La violation du code des marchés
publics peut se traduire dans les cas suivants :
- la divulgation à un candidat d’une information privilégiée ;
- le caractère imprécis d’un appel d’offres pour préserver la liberté de choix ;
- la rédaction de clauses techniques sur mesure faisant l’inégalité des candidats ;
- déclarer l’appel d’offres infectieux et pouvoir négocier le marché avec le candidat de son choix.
Le code des marchés publics en Algérie a prévu 44 codes d’étique et de déontologie intervenant dans les contrôles et la
passation des marchés publics. Ce code est élaboré par l’autorité de régulation des marchés publics. Cette autorité publique est
sous la tutelle du ministre chargé des Finances (article 213 du décret 15-247). l’autorité de régulation des marchés publics a
pour rôle :
- d’élaborer et suivre la mise en œuvre de la réglementation des marchés publics, elle émet des avis destinés aux services
contractant et autre organes ;
- d’initier des programmes de formation et de promouvoir la formation en marchés publics ;
- de déférer un recensement de concentration de la commande publique;
- de statuer sur les litiges nés de l’exécution des marchés publics conclus avec des partenaires contractants étrangers ;
- d’entretenir des relations de coopération avec les institutions étrangères et les instituts internationales intervenant dans le
domaine des marchés publics.
L’article 88 et 89-90-91-92-93-94 du décret 15-247 portant marchés publics prescrit les moyens de lute contre la corruption.
La corruption active et passive constitue des fractions pénales susceptibles d’être commis lors de la passation d’un marché
public.
MM French et Petit dans leur ouvrage intitulé ‟La moralisation des marchés publics ” décrivent bien le mécanisme : «Parmi les
nombreux moyens frauduleux utilisés par les corrupteurs et corrompus l’un des plus efficaces à été le recours à des bureaux
d’études réalisant des études fictives ou largement surfacturées, dans la réalité, le bureau d’études peut s’avérer être une
succursale d’un parti politique intermédiaire obligé entre l’élu et l’entreprise soumissionnaire, qui doit rémunérer une prestation
imaginaire ou surévaluée étant préalablement convenue, par exemple qu’un avenant ultérieur permettra à l’entreprise de
franchir le coût initial.»
La corruption passive et le trafic d’influence commis par des personnes exerçant une fonction publique consiste pour cette
personne à solliciter ou accepter sans droit des avantages injustifiés en échange d’attribution irrégulière de contrats publics, les
avantages en question sont le plus fréquemment des sommes d’argent, ces délits sont punis par le code pénal algérien et la loi
n°2006-01 du 20 février 2006, relative à la prévention et la lutte contre la corruption. Le juge rencontre souvent des difficultés
pour prouver l’antériorité du pacte de corruption et le lien des causalités entre l’avantage obtenu et l’attribution du marché. Dans
la lutte contre la corruption lors de la passation des marchés publics, nous suggérons :
1. l’élaboration et la mise en application du code de l’éthique et de déontologie des agents publics intervenant dans la passation
et l’exécution des marchés publics, par l’autorité de régulation des marchés publics ;
2. les personnes exerçant une fonction publique intervenant lors de passation des marchés publics doivent se soumettre aux
règles du code d’éthique et de déontologie, prennent acte et s’engagent à le respecter;
3. initier des programmes de formation pour les personnes exerçant une fonction publique et intervenant dans la passation des
marchés publics (walis, maires et autres personnes concernées) : programmes en marchés publics - code de déontologie des
marchés publics - code de déontologie, menées en coordination par les ministères concernés (Finances, Intérieur, Justice).
◙ TAHRI Hocine (2018)

POLITIQUE COMMERCIALE.- Selon KMK*, une étude publiée par la CNUCED, au courant de l’année 2010, sur les échanges
mondiaux situe le commerce mondial à hauteur de 12 000 milliards USD soit le double de ce qu’ils étaient dix ans auparavant.

272
Cela explique que  l’effet de la mondialisation commence à prendre une tournure de plus en plus  significative en faveur des
pays qui ont su se mettre au diapason des échanges internationaux.
L’étude en question considère que le commerce mondial est, par tête d’habitant, dans son ensemble assez inégal dans la
mesure où le commerce per capita dans les pays occidentaux est de 10 000 USD alors que la moyenne mondiale se
situe autour de 3 000 USD par habitant. S’agissant de l’Afrique, sa part dans les échanges mondiaux est bien en deçà de la
moyenne mondiale puisqu’elle est de 800 USD par tête alors que la part de l’Algérie (y compris les hydrocarbures) est double,
soit 1 600 USD par habitant. Néanmoins, si on raisonne en termes d’exportations hors hydrocarbures, la part de l’Algérie revient
à 80 USD per capita, dès lors que la structure des exportations  algériennes est largement dominée par les hydrocarbures
(environ 95 %). Cela  revient à dire qu’en excluant les exportations d’hydrocarbures, l’Algérie ferait partie des pays les moins
avancés (PMA) à l’instar de la Somalie, le Bangladesh, le Zimbabwe, l’Éthiopie, etc.  Le tableau ci-dessous fait ressortir un
constat similaire en termes de poids insignifiant des importations algériennes par rapport aux importations mondiales ;
le meilleur résultat enregistré étant de 0,313 % au courant de l’année 2011. Cette grille de lecture permet, au moins, d’affirmer
deux constats : le premier est lié au fait que l’Algérie n’a aucune place dans la division internationale du travail  (spécialisation
internationale), le second, quant à lui, est révélateur de l’hypothèse d’existence d'un dutch disease algérien appuyant la thèse de
la «malédiction des ressources». 

 Tendances générales du commerce extérieur de l'Algérie :


► Évolution de la balance commerciale de l’Algérie.
De la lecture du tableau ci-dessous, il est relevé, pour la période 2005-2012, une tendance à l’évolution de plus en plus positive
des importations à compter de 2001, après une période de statisme (entre 1995 et 2000) pour retrouver encore la stabilisation
entre 2008 et 2010. Aussi faut-il remarquer qu’elles sont passées de 9 173 millions USD en 2000 à 50 376 en 2012, soit une
évolution de 449%. Par contre, les exportations ont connu, pour la même période, des fluctuations jusqu’à l’année 2002, à partir
de laquelle, elles ont enregistré une forte évolution pour atteindre le pic de 79 928 millions USD en 2008, suivie d’une
chute drastique en 2009 (45 194 millions USD) pour reprendre l’année d’après et  franchir la barre des 70 000 millions USD en
2011 et 2012. Les exportations ont crû de 226% entre 2000 et 2012. 
Globalement, la balance commerciale est excédentaire, et à l’exception de l’année 1995 et le taux de couverture est en nette
progression durant la période, et ce, en raison de l’évolution des exportations des hydrocarbures. Néanmoins, si celles-ci sont
exclues, la balance commerciale sera déficitaire pour toute la période.Le graphique repris dans la figure 3.1 donne un aperçu
sur l’évolution des éléments de la balance commerciale pour la période considérée.

273
►Évolution du commerce de l’Algérie par groupe d’utilisation : période 1995-2012.
À l’importation, tel qu’il ressort du tableau 3.4, et de la figure 3.2, et à l’exception de trois groupes d’utilisation, que sont l’énergie
et lubrifiants, les biens d’équipements agricoles et les produits bruts ayant connu une stabilité entre 1995 et 2006, suivie d’une
légère évolution depuis, les autres groupes d’utilisation, à savoir les produits alimentaires, les demi-produits, les biens
de consommation et surtout les biens d’équipements industriels ont connu une nette croissance pour la période considérée. Au
titre des exportations (tableau 3.5 et figure 3.3), seul le groupe d’utilisation énergie et lubrifiants a connu une croissance pour
atteindre un pic en 2008 suivi d’une chute drastique l’année d’après pour reprendre de nouveau dès 2010.
La croissance des exportations des hydrocarbures a été suivie d’une croissance beaucoup moindre de celles des produits bruts
et des demi-produits. Sinon, pour les autres groupes, il n’y a aucune évolution significative, si ce n’est plutôt des baisses.

274
Principaux partenaires algériens :

Tel qu’il ressort du tableau ci-dessus, les principaux fournisseurs de l’Algérie en 2011 font partie de l’Union Européenne suivis
des USA derrière la Chine. Dans l’ordre, la France demeure le premier fournisseur de l’Algérie, suivi de la Chine, vient ensuite
l’Italie suivi respectivement de l’Espagne, de l’Allemagne, et des USA toujours pour les mêmes catégories de produits. ◙ RADJI
Smaïl, 2014.
(*) Revue le phare n°134. Juin 2010 p.30.

SPÉCULATION.- Fléau qui a gangrené le pays en usant des rouages administratifs et économiques.
Fausses déclarations douanières et fiscales, fausses facturations, transferts illicites de capitaux, trafics de
devises et prête-noms, sont les moyens largement utilisés par quantités d'opérateurs privés inscrits sur le
registre de commerce extérieur. Le trafic illicite s'évalue par milliards de dinars en grande spéculation et
fraude aux frontières. Les moyens humains et matériels plus que dérisoires dont disposent les autorités
algériennes à ce niveau de contrôle n'ont pas permis d'appréhender la dimension de ce fléau. Les
infractions aux législations commerciale et fiscale ont continué d'être florissantes à travers le pays. De
nombreuses SARL fictives faisant dans l'importation notamment ont pu écouler des produits sur le marché
algérien sans être débusquées par les investigations des agents contrôleurs des directions de la
concurrence et des prix des wilayas. Les pénuries fréquentes touchent les produits de large consommation
(huile, farine, semoule, sucre, concentré de tomate, produits tabagiques, légumes secs, café, etc.) et
dissimulent mal de véritables ruptures de stocks. Les pénuries sont ressenties durement dans le vécu
quotidien du citoyen car le marché parallèle trouve son terrain de prédilection. La souscription à un cahier
de charge relatif à la régulation du marché des produits de consommation de première nécessité répertoriés
à l'importation, s'avère une exigence. Il y a lieu de moraliser aussi l'activité de l'importation et de clarifier
les conditions et modalités de régulation du marché jusqu'ici caractérisé par l'opacité, l'anarchie, et le
monopole, notamment des agences d'import-export. Près de 40.000 véhicules ZH d'âge trafiqué, importés en
huit ans, constitue une spéculation à grande échelle qui aurait porté un préjudice de 7 milliards de dinars à
l'économie. La gestion d'un tel dossier touchent de nombreux réseaux dont certains ont créé leur propre

275
administration, parallèle à celle de l'Etat, et qui s'est spécialisée dans la confection de vrais faux
documents (carte grise, modèle 846, carte touristique, facture, certificat de conformité,...).

LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE

ÉCONOMIE RENTIÈRE.- La rente peut avoir plusieurs origines ou situations, elle peut être :
♦ D’origine minière: Hydrocarbures, diamants, cuivre, phosphates, minerais de fer etc… les pays de l’OPEP sont les premiers
bénéficiaires de ce type de rente.
♦ D’origine végétale ou pastorale: tirée de l’exploitation de la terre ou de l’élevage.
♦ D’origine Halieutique : elle concerne les ressources tirées des océans et tout particulièrement de la pêche.
♦ Tirée de l’exploitation de sites naturels : comme les sites touristiques.
♦ De nature juridique : comme le cas des paradis fiscaux. Ce type de rente peut être aussi fondé sur des avantages
géographiques comme c’est le cas des pavillons maritimes de la Grèce par exemple.
L’Etat est une entité avec un rôle crucial dans le contexte de l’économie rentière, il est le réceptacle des rentes et le décideur du
processus d’injection ou d’affectation de celles-ci dans l’ensemble de l’économie. L’économie algérienne est elle une économie
de rente ? On peut identifier le caractère rentier d’une économie à travers le poids du secteur des hydrocarbures dans cette
économie, ainsi qu’à travers la gestion de la rente par l’Etat (1). Selon El Belaoui et Luciani, on peut reconnaitre un Etat rentier
par rapport à la nature du lien Etat / économie. Il existe quatre dimensions fondamentales, qui selon eux déterminent cette
nature :
1. La dimension de l’Etat par rapport à l’économie est mesurée par le ratio de la dépense de l’Etat par rapport au PIB ;
2. Les sources et la structure des recettes de l’Etat ;
3. La destination de la dépense de l’Etat ;
4. Les lois et règlements qui affectent la vie économique.
Dans ce sens, Luciani définit l’Etat rentier comme Etat « dont les rendements dérivent majoritairement (plus de 40%) du pétrole
ou d’autres sources externes, et dont la dépense constitue une partie substantielle du PIB» (2). Donc un Etat rentier est
considéré comme tel que si essentiellement, d’une part, il perçoit une rente abondante de nature externe, et d’autre part, si la
dépense fait une grande partie du PIB de ce pays. De 2000 à 2013 le secteur algérien des hydrocarbures participe entre près de
39% et 53% de la totalité de la valeur ajoutée de la production nationale. L’économie algérienne fait face au défit du lancement
de la locomotive de la croissance, à savoir le développement du secteur privé. Atteindre cet objectif non seulement lui permet de
dépasser le caractère rentier de son régime d’accumulation mais aussi lui permet de réduire le niveau de pauvreté d’une
manière productive. Seulement il est bien reconnu que le secteur privé est le seul garant de la croissance économique à long
terme et la source de financement du développement à long terme. Le secteur privé représente 98% du tissu économique
algérien (selon le Recensement de l’ONS 2011), cependant ce secteur privé est formé essentiellement de micro- entreprises
(98,7% selon l’ONS 2011). De ce fait le secteur privé algérien ne peut pas absorber le chômage qui est l’un des meilleurs
moyens de réduire la pauvreté (*). ◙
(1) E.M. CARNEIRO « LE blocage historique des économies africaines : Spécialisation rentière et Extraversion », p 43-45,
(2) A. Sid Ahmed « Paradigme rentier en question : l’expérience des pays arabes producteurs de brut. Analyse et éléments de
stratégies », p 504
(*) La rente pétrolière qui a presque doublé entre 1988 et 1995 ne profite pas aux pauvres algériens. En effet, le taux de la
pauvreté a augmenté de 2,1 point durant la même période selon la Banque Mondiale.

ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNEL .- Les institutions qui créent un environnement favorable à la société et plus
particulièrement à l‟économie sont la clé des mécanismes de croissance dans la mesure où elles participent efficacement à
l‟organisation des transactions. Les institutions contraignent certaines actions, autorisent d‟autres et surtout, incitent des
échanges en minimisant les coûts de transaction. Dans son Perspective d‟Investissement International publié en 2003, l‟OCDE
constate que les conditions recherchées par les entreprises étrangères s‟apparentent largement à celles qui sont plus
généralement réunies dans un environnement propice aux échanges. Les investisseurs internationaux sont toutefois
susceptibles de réagir plus rapidement à des modifications de conditions commerciales. Pour répondre le plus efficacement
possible aux attentes des investisseurs, les autorités des pays d‟accueil doivent préserver la transparence du secteur public,
notamment grâce à l‟impartialité du système de tribunaux et d‟application de la loi. Elles doivent aussi veiller à ce que les règles
et leur application reposent sur le principe de la non-discrimination entre les entreprises étrangères et nationales, et être
conformes au droit international. Mettre en place des cadres appropriés à un environnement concurrentiel solide dans le secteur
commercial national et supprimer les obstacles au commerce international sont aussi parmi les critères recherchés. Ce sont ces
facteurs institutionnels qui font la différence entre un pays et un autre, en termes d‟attractivité dans l‟ère de la mondialisation. En
plus des avantages en termes de ressources, de main d‟œuvre, de débouchés et d‟infrastructure physique, les pays hôtes aux
firmes étrangères doivent posséder une infrastructure institutionnelle et règlementaire solide et propice, pour soutenir le bon
fonctionnement des activités des investisseurs, et cela est valable pour tous les pays du monde quelque soit leur niveau de
développement. Les stratégies visant à attirer l‟IDE consistent donc par définition, à offrir aux investisseurs un environnement
dans lequel ils peuvent mener leurs activités de manière rentable sans courir de risques inutiles. En dehors d‟un contexte
macroéconomique stable permettant notamment l‟accès au commerce international et aux ressources suffisantes et
accessibles, notamment la présence d‟une infrastructure adaptée ainsi que des ressources humaines, une réglementation
prévisible et non discriminatoire et, sur un plan plus général, l‟absence d‟obstacles administratifs à la conduite des activités,
doivent être mises en place. C‟est la qualité des institutions qui exerce un effet significatif à long terme.
L’impératif des réformes en Algérie : Elles font face à de sérieux dysfonctionnements de l’administration algérienne
qui remettent en cause la légitimité de l’Etat et la crédibilité de son personnel politique et administratif : « il s’agit en fait d’une
crise de l’Etat et ses institutions ce qui, par voie de conséquence, a entrainé son affaiblissement aussi bien dans les domaines
institutionnels de l’exercice de la souveraineté que dans les fonctions de fourniture de services publics, de régulation et de
contrôle » ; le besoin de réforme s’impose donc, il est ressenti d’une manière accrue et correspond à un besoin de rationalisation
de la gestion publique tournée vers la performance. Cette situation administrative est encore aggravée par le contexte particulier
de l’Etat algérien, qui se caractérise par les éléments suivants : 

276
♦ Ex-pays colonisé, 
♦ Le processus de formation de l’Etat demeure inachevé, et il s’est effectué jusque là  dans la négation du marché et de l’Etat de
droit. 
♦ Le rôle important que l’Etat a eu à assumer après l’indépendance pour réaliser  l’unité nationale et l’intégration économique et
sociale. 
♦ Ex-pays à économie dirigée, 
♦ Pays à rente pétrolière où le rôle distributeur de l’Etat est sollicité en permanence, 
♦ La faiblesse des autres acteurs économiques et sociaux, 
♦ Le sous développement, 
♦ Pays où les choix politiques prévalent souvent sur les choix économiques, 
Ainsi depuis 1989, L’Algérie conduit des réformes politiques, économiques, sociales et institutionnelles majeures, des réformes
qui proposent, selon Walid Laggoune, le désengagement de l’Etat comme alternative à la sortie de la crise. La constitution du 23
février 1989 consacre cette tendance, introduit un pluralisme politique, conduit une transition vers l’économie de marché et
favorise l’émergence d’un  secteur privé de plus en plus important. Ces réformes imposent des défis nouveaux à l’administration
qui doit donc  s’adapter au nouveau contexte et aux nouvelles exigences d’une économie de marché, car ces réformes exigent
plus d’efficacité des administrations de l’Etat. En d’autres termes, elles nécessitent l’existence d’une administration performante. 
Ainsi, ce qui nous intéresse ici, ce sont surtout les réformes administratives qui visent principalement à améliorer le
fonctionnement des administrations et par conséquent  améliorer leur efficacité, mais elles conditionnent aussi le succès des
autres réformes et ses enjeux sont immenses. Dans ce cadre, nous soulignerons d’abord la contribution importante du groupe
de travail interministériel intitulé ‘’réflexion sur l’administration publique’’ (déc.1991) où il est élaboré (en 3 parties) un
diagnostic significatif sur l’état de l’administration algérienne et avançant : 
1. Des problèmes d’organisation et de rénovation de l’administration. 
2. Des problèmes liés à la formation et à la gestion de la ressource humaine. 
3. De la plate-forme d’actions à engager à court et moyen terme. 
Concernant ce document interministériel et les journées d’études qui en furent son prolongement en 1992, Fouad Soufi déclara
que : « Même si ces documents constituent une sorte de catalogue de vœux pieux et généreux, ils marquent une étape
importante dans la vision que la haute fonction publique avait d’elle-même et ils faut se poser la question de la
validité scientifique de l’introspection ». Mais malheureusement, les propositions et les recommandations faites par ce groupe de
travail sont restés sans suite à donner, malgré qu’il eut été présenté un diagnostic essentiel sur l’administration algérienne : « En
fait, il apparait que les problèmes vécus par l’administration et les insuffisances qu’elle recèle constituent un handicap
qui l’empêche de remplir convenablement ses missions actuelles et de faire face aux exigences futures ». Et de souligner aussi
l’importance de l’existence d’une administration efficace pour réussir les réformes engagées : «la conduite à bonne fin des
réformes politiques et économiques initiées dans notre pays exigent l’existence d’administrations centrales, territoriales et
d’intermédiation performantes et pérennes». En outre, le président de la république ‘’Abdelalaziz Bouteflika’’ a installé un comité
de réformes des structures et des missions de l’Etat en novembre 2000. Ce comité présidé par Mr. Missoum Sbih a présenté en
juillet 2001 un rapport important au chef de l’Etat qui a touché les six grands chantiers suivants pour réformer l’Etat : 
1. Les administrations centrales. 
2. Les collectivités locales et l’administration locale. 
3. Les établissements des services publics. 
4. Les instruments de régulation et de contrôle. 
5. Les agents de l’Etat. 
6. Le citoyen 
Ce rapport fut remis au chef de l’Etat il y a maintenant plus de15 ans et nous constatons aucune amélioration dans le
fonctionnement des administrations publiques, aucun changement notable, et la mise en œuvre des
recommandations contenues dans le rapport général du comité da la réforme des structures et des missions de l’Etat demeure
toujours en instance : « en effet, s’il y a un domaine où les réformes n’ont pas encore démarré c’est certainement la réforme de
l’administration ». Ce retard dans la mise en œuvre des réformes administratives constitue un obstacle aux autres réformes et
pénalise leur avancement et par conséquent pénalise l’attractivité du monde des affaires. D’ailleurs, comme nous avons vu par
ailleurs, l’environnement des affaires dans le pays reste fortement contraignant en comparaison avec plusieurs pays de la zone
Afrique du Nord/Moyen-Orient. Malgré plus d’une décennie de réformes, l’Algérie ne figure pas dans la liste du 10 premiers
réformateurs en 2007-2008, tandis que l’Égypte qui est le meilleur réformateur au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a
maintenu son placement dans cette liste pour la troisième fois. Ce classement est établi en fonction du nombre et de l’impact
des réformes en pays. La Banque mondiale n'a recensé aucune réforme majeure en Algérie dans les 10 thèmes étudiés et
données de Doing Business 2010 pour l´économie algérienne démontrent un recul net de l’Algérie par rapport aux indicateurs et
indices de l’année 2009. L’Algérie rétrogradé dans le classement sur cinq des dix indicateurs pris en considération par
la banque, à savoir la création d’entreprise (-7), l’embauche des travailleurs (-5), l’obtention des prêts (-4), la protection des
investisseurs (-3) et le commerce frontalier (-2). Elle n’a amélioré son classement qu’en matière d’embauche des travailleurs
(+3), de transfert de propriété (+6) et d’exécution des contrats (+2). 
Ce blocage au niveau des réformes administratives constitue un obstacle aux autres réformes comme nous avons dit
précédemment, nous présentons comme exemple sur ce blocage l’exemple de l’Agence nationale de développement des
investissements (ANDI) qui est un organisme chargé d’accompagner les investisseurs dans le montage de leurs projets. Ainsi,
M.Temmar a reconnu sa défaillance dans l’accomplissement de ses missions : «Au départ, l’ANDI a été conçue comme un
guichet unique qui exonère  l’investisseur des lourdeurs bureaucratiques. Cependant, ça ne s’est pas passé ainsi pour  la simple
et amère raison que les administrations ne veulent pas lâcher de leurs prérogatives ». Donc, la question qui se pose maintenant
est la suivante : pourquoi la mise en œuvre des réformes administratives connait ce retard ? Pourquoi ce blocage existe-
il ? Nous allons essayer de répondre à ces questions et d’analyser les raisons de ce retard à travers les points suivants : 
♦ si l’Etat providence est remis en cause dans la plupart des pays, l’Algérie connait encore la survivance de l’Etat providence,
malgré que le changement des systèmes administratifs soit lié à l’évolution du rôle de l’Etat. 
♦ l’absence d’une volonté politique forte de mise en œuvre des réformes administratives, pourtant les expériences
internationales montrent que la réussite des réformes engagées nécessite un soutien politique au plus haut niveau.
D’ailleurs, l’un des principales facteurs clés de succès au Royaume-Uni et en Australie est la volonté politique très forte des

277
premiers ministres, motivés et puissants (Thatcher et Bob Hawke).
♦ les acteurs politiques et administratifs sont intéressés par l’immobilisme qui est plus rentable pour eux ; leur intérêt certain
réside dans le maintien du statuquo car tout changement menace leur pouvoir, leur position et leur intérêt personnel, d’où
ils manifestent une forte réticence aux changements proposés. Ce dernier point explicatif va de soi avec l’analyse des choix
publics qui voit que les réformes introduites ne prennent pas en compte l’existence d’un marché politique et ses règles du
jeu. Nous pouvons même expliquer l’avancement constaté au niveau des réformes  économiques et le décalage qui existe entre
ces réformes et les réformes administratives  par les contraintes qui sont très fortes sur le domaine économique vu la
mondialisation et la compétitivité des entreprises. Tandis elles sont moins ressenties au niveau des administrations publiques.
Comme il a été par ailleurs évalué, l’administration algérienne souffre de sérieux problèmes et dysfonctionnements qui non
seulement engendrent le mécontentement des citoyens, mais aussi la démotivation des agents publics. Les ressources
humaines jouent un rôle crucial dans le développement de l’administration et constituent le moteur de sa performance ; mais
avec une gestion pareille des ressources humaines dans la fonction publique algérienne (une gestion rigide et statutaire), les
agents publics sont démotivés et les cadres sont marginalisés. 
En conséquence, nous nous attendons surement à des services de moindre qualité d’une part, et la résistance au changement
devient très forte : « mais ‘’la culture de fonction publique’’ traditionnelle qui s’attache au système de carrière et d’emploi sûr
et garanti d’une part, l’appréhension de l’appréciation du travail et de l’insécurité qui en résulterait d’autre part, créent, plutôt et
surtout dans les pays en développement, une large résistance rendant le changement sans effet». Quant au climat des affaires
Algérien, l’inefficacité de l’administration publique obère l’attractivité du pays et le monde des affaires est toujours contraignant,
l’Algérie continue à être considérée comme un pays qui offre peu d’opportunités aux investisseurs et opérateurs économiques,
ce qui défavorise la compétitivité du secteur privé. Les réformes engagées sont sans effet ou plutôt bloquées, notamment, les
réformes administratives comme le souligne A. Rahmani : « Notre administration pour des raisons multiples – mais certainement
par manque de méthode – n’a pas encore opéré les changements. L’une des critiques adressée par les opérateurs
économiques à l’Etat est qu’il veut imposer une réforme de l’économie alors qu’il n’a pas été en mesure de moderniser la gestion
de ses propres institutions ». 

F.N.D.A.- L'effort consenti dans la relance du secteur agricole s'est cristallisé dans un certain nombre de
mesures incitatives, notamment par le soutien aux investissements à travers différents fonds. Le Fonds
National de Développement Agricole est un des instruments destinés à asseoir les actions d'investissement
initiés par les agriculteurs. La répartition des subventions soulève souvent des protestations vives parmi les
élus locaux mettant en évidence l'inefficacité des instruments utilisés dans l'identification des
bénéficiaires potentiels, notamment pour les producteurs de lait, et par la même la difficulté à assurer la
fonction de contrôle qui incombe aux directions des services agricoles des wilayas (départements) quant à
une utilisation efficiente du FNDA. Les subventions émanant du FNDA depuis 1991 à 1998 ont concerné
sélectivement souvent certaines productions qui n'ont pas généré d'impact (telles production de lait ou
projets d'agrumiculture et d'irrigation par aspersion). Dans ces contextes, les directions des services
agricoles des wilayas ont un rôle déterminant dans la mise en oeuvre d'octroi des subventions et qui va de
la notification préalable jusqu'à l'apposition du "service fait". Les dossiers revêtus de cette mention sont
transmis à la caisse de mutualité agricole par paiement. Il est avéré l'existence de documents comptables
non conformes au décret exécutif 95/305, fixant les modalités d'établissement de la facturation et sur
laquelle est apposée la mention "service fait". Ce qui permet d'ouvrir la voie qui mène à toutes les
propensions. Le programme de développement agricole d'une wilaya ne répond pas souvent aux exigences
de la vocation de sa région, mais est plutôt conçu pour uniquement s'intégrer et s'inscrire au
chapitre du FNDA.
La non-viabilité fréquente des projets retenus et l'opacité qui entoure l'opération d'octroi des subventions
jettent parfois le discrédit sur les directions des services agricoles et les chambres d'agriculture des wilayas
et qui font dire à certains agriculteurs que "les subventions du FNDA constituent un filon d'or qui ne profitent
qu'aux mêmes personnes. Afin de mettre fin à la déviation du FNDA de son objectif initial, il va falloir que
les subventions soient destinées aux investissements réellement initiés, lesquels doivent être suivis d'une
manière permanente, jusqu'à la réalisation totale et entière des projets. L'efficience contestée engendrée
par les subventions du FNDA lors d'expériences passées n'a pas pour autant atténué les velléités
d'utilisation de ce même fonds pour les mêmes créneaux alors qu'il existe d'autres créneaux porteurs
prouvés pouvant bénéficier du FNDA et les résultats en seraient plus probants. Les différentes instructions
ministérielles ont mis l'accent sur une concertation étroite entre direction des services agricoles et chambre
d'agriculture dans chaque wilaya en les impliquant dans tout le processus qui conduit à la décision d'octroi
des subventions.
Les chambres d'agriculture sont souvent apparentées à des bureaux d'enregistrement et ne semblent pas
en mesure d'appréhender toutes les catégories d'agriculteurs et d'en faire une classification par profession
qui permette d'assurer la transparence dans le choix des candidats au soutien de l'investissement. Les
centaines d'associations professionnelles agréées qui composent les chambres d'agriculture doivent
activer plus pour apporter une contribution au secteur. Cette faible participation place les directions des
services agricoles à conduire le processus sans concertation préalable allant du choix des candidats à
travers leurs subdivisionnaires et les délégués commerciaux, jusqu'à la décision d'octroi des subventions.
Les subventions du FNDA ne constituent en fait que des appoints aux investissements, et l'instrument
privilégié dans le financement du secteur réside dans l'avènement du crédit agricole, seul apte à mettre en
oeuvre une politique de crédit pour assurer un financement régulier. Néanmoins, il est à déplorer parfois
le caractère restreint dans l'octroi des avantages du FNDA par le fait d'une rétention manifeste de
l'information, et ce, en dépit des directives ministérielles quant à la diffusion de l'information et la publicité
à faire autour de l'opération.

PLANIFICATION.- Le processus de planification par son organisation et la multiplication des centres


décisionnels (organe central-wilaya-daira et commune) qui le caractérisent ne pouvait permettre,

278
l'élaboration d'un plan qui soit :
◘ clair dans ses objectifs,
◘ cohérent dans sa programmation,
◘ réaliste quant à sa faisabilité,
Ceci parce qu'en l'absence d'un schéma de conduite générale basé sur l'identification et l'évaluation
objectives des besoins, les programmes notamment du sectoriel et des programmes communaux de
développement (PCD), étaient souvent élaborés, selon une conception peu cohérente, sans interdépendance
ou complémentarité entre eux. Cette faiblesse de conception trouvait en partie son explication dans le fait
que les structures locales de planification n'étaient pas en mesure de s'inscrire dans un système dynamique
de la planification rationnelle, basé sur l'évaluation précise des niveaux de satisfaction des besoins
matériels de la population, sur l'analyse des potentialités naturelles, le degré de maturation des projets et
leur faisabilité. Le plan s'apparentait plutôt à une nomenclature de projets dont les conditions de réalisation
n'étaient pas toujours totalement réunies (moyens financiers, moyens de réalisation, approvisionnement,
autorisation d'importation, ...).
►Les plans de développement de l’Algérie furent initiés dans le but de mettre en place les bases matérielles en vue du
décollage économique ; l’austérité économique, décidée par les pouvoirs publics, ne permettait pas de répondre à l’ensemble
des préoccupations de la population. La croissance démographique risquait de faire stagner le progrès économique et social ;
elle risquait de compromettre l’amélioration des conditions de vie de la population ; cette croissance démographique accélérée
que connaît le pays, la revendication de la population dans le domaine du logement, la recherche d’un équilibre dans
l’affectation des ressources poussera les pouvoirs publics à passer à l’étape de développement suivante, c’est-à-dire la
réalisation des programmes de logements sociaux ; les objectifs de la première étape qui est la base économique et le support
matériel du « Projet de Société » n’a pas été entièrement atteint. Les critères de réussite d’un plan de développement résident
dans la collecte de l’information, dans l’établissement de statistiques rigoureuses et disponibles au moment opportun, dans la
cohérence des prévisions ; la clarté des orientations, la capacité de concevoir et d’utiliser les techniques de prévision restent des
conditions importantes dans la conception de ces plans. L’une des caractéristiques des pays sous-développés est la faiblesse
de leur organisation ; l’une des contraintes est la mauvaise circulation de l’information. La mise en place des « Plans de
Développement » avait mobilisé des moyens humains, matériels, financiers importants de la part des pouvoirs publics avec des
objectifs bien définis pour chaque étape.
► Les différents plans et programmes de développement . La décennie 1980 avait mobilisé un investissement
massif de 500 milliards de Dinars ; tous les équipements structurants avaient été réalisés au cours de cette période ; chaque
programme d’investissement renfermait 3 ou 4 « plans spécialisés », chacun dans un secteur particulier ; ce sont les « Plans
Sectoriels de Développement - P.S.D - » ; ils comprennent les plans « Spéciaux de Wilaya » , les « Plans Locaux , les plans
Communaux - P.C. D.- P.M.U. »; le cadre normalisé de la planification était défini par les plans nationaux pluriannuels ; ceux-ci
étaient matérialisés par des tranches annuelles d’investissement . Pour plus d’efficacité économique et administrative, la
décentralisation est décidée par les pouvoirs publics ; celle-ci élargit les compétences des communes ; l’ordonnance N° 67- 24
du 18 janvier 1967 relative au code communal et au code de la wilaya fixe les missions des collectivités locales et territoriales ;
ces compétences avaient été définies de manière trop générale et les délimitations normatives des différentes parties – l’Etat et
les collectivités locales – ne furent pas précisées ; en dépit de l’existence d’une clause de compétence générale de la commune,
aucun texte n’était venu préciser les responsabilités de chacune des parties dans le domaine de l’activité publique tel que
l’aménagement du territoire, la planification, la politique urbaine et foncière, les équipements. Il s’agissait de « définir un
nouveau type de relation entre l’Etat et les collectivités locales ; celui-ci doit concilier les exigences politiques de la démocratie
locale et les contraintes de l’efficacité économique ».
La planification en Algérie est impérative ; cela signifie que les orientations et les directives doivent s’imposer à l’ensemble des
opérateurs économiques, aux administrations, aux collectivités locales ; en principe celles-ci, en tant qu’agents économiques
actifs du développement, sont associées à la préparation du plan tant au niveau national, régional que local ; malgré les
améliorations apportées par le Plan National de Développement –1974 - 1977-, leur association fut limitée, voire négligeable ;
cette période correspond à l’installation du P.C.D. et du P.M.U. Aujourd’hui, plus qu’hier l’urbanisation est au cœur des
préoccupations locales ; la maîtrise effective du phénomène de l’urbanisme et de l’aménagement local relève du rôle « dominant
» de la commune ; la question est de savoir si la commune dispose de moyens suffisants au plan institutionnel ; ces moyens
doivent assurer au mieux le contrôle actif de la croissance urbaine ; ils nécessitent un cadre administratif adapté, un territoire
mieux dimensionné, un système de planification cohérent, une maîtrise foncière suffisante et effective .
Les Plans Sectoriels de Développement - P.S.D.- concernaient les grands projets tels que les programmes importants de
logements sociaux, l’aménagement des zones d’habitat intégré - Z.H.U.N .- les hôpitaux , les lycées techniques .
Les Plans Locaux de Développement - P.C.D. - P.M.U. - concernaient les équipements sanitaires tels que les salles de soins,
les réseaux de voirie.
Les Plans Spéciaux de Wilaya, initiative politique volontariste, furent créés pour diminuer les disparités entre les wilayas ; les
plus défavorisées telles que la wilaya de Saida, M’sila, les Aurès, Tizi-Ouzou avaient reçu une aide complémentaire à leur
budget initial ; ces plans spéciaux de wilaya furent supprimés à la veille du 1° Plan Quinquennal ; leurs objectifs furent
considérés comme atteints. Ces programmes de développement furent gérés de manière centralisée.
La croissance urbaine en Algérie est un phénomène relativement récent ; son accélération depuis le lancement du premier plan
de développement avait eu des conséquences sur la nature du développement socio-économique du pays.
Les plans locaux de développement visaient à mettre en œuvre des types d’intervention en rapport avec la planification
urbaine ; la planification urbaine est un ensemble d’opérations techniques, économiques et politiques qui permettent d’obtenir un
équilibre dans l’espace ; ces opérations s’effectuent soit entre des régions , soit entre des villes, soit à l’intérieur d’une même
agglomération où l’intervention est très localisée - P.O.S - ; c’est la recherche d’un équilibre pour diminuer les disparités ; cet
équilibre nécessite généralement l’implantation d’équipements structurants ; c’est une opération complexe à cause de la
diversité des communes ; dans ce cadre, le planificateur distingue 2 catégories de plans :
♦ Les Plans Communaux de Développement - P.C.D.- Ils sont destinés à assurer la redistribution du revenu national ; les
P.C.D. concernent l’ensemble des communes rurales et urbaines ; ils assurent la promotion de l’équipement de base ; ce sont
les équipements d’infrastructures et les équipements sociaux .
♦ Les Plans de Modernisation Urbaine - P.M.U. - Ils visaient à maîtriser le développement des agglomérations urbaines ;

279
l’efficacité du P.M.U. nécessite la programmation des équipements urbains et l’étude de leur extension spatiale ; une instruction
du Secrétariat d’Etat au Plan , en date de mars 1974 , précise les principes et la méthodologie d’élaboration de ces plans ; c’est
un document de planification urbaine s’insérant dans le processus général du plan de développement ; il est l’expression et
l’incarnation du Plan en matière de développement urbain . Trois paramètres le caractérisent :
A - Son champ d’application est restreint.
B - Il ne concerne que certaines agglomérations sur la base de critères démographiques et socio-économiques.
C - Il se base sur une analyse prospective du développement urbain centré autour :
 de l’analyse régionale et la situation de la ville dans l’espace.
 des données de la planification au plan régional et national.
 de l’approche à long terme du développement de l’agglomération.
Le P.M.U. est à la fois global et opérationnel ; il définit les grandes lignes et comporte des projets de développement à réaliser ;
leur impact socio-économique, leur coût, leur financement, et l’échéance de leur réalisation sont étudiés et suivis par les
collectivités locales ; les P.M.U. sont élaborés et arrêtés par une commission interministérielle où figurent les différentes
administrations ; les services techniques concernés, sur la base des propositions des communes, décident du type de projet et
de son importance ; les projets sont conçus pour répondre à la spécificité des problèmes d’aménagement, d’équipement et
l’extension des agglomérations choisies ; ils couvrent 3 secteurs :
1 - Les équipements d’infrastructures :
Les réseaux d’alimentation en eau, gaz , électricité , l’assainissement .
Les équipements de la voirie : l’aménagement des rues, l’éclairage public, les parkings, les places publiques.
2 - A ces équipements d’infrastructures viennent s’ajouter les équipements qui ont pour but d’animer l’espace urbain :
♦ Les équipements administratifs, les sièges des communes, les services financiers, les bureaux de poste.
♦ Les stades, les terrains et aires de jeux.
♦ Les équipements scolaires, primaires, secondaires.
♦ Les équipements culturels : musées, bibliothèques, théâtres, cinémas, maisons de la culture.
♦ Les équipements sanitaires et médico-sociaux : polycliniques, centres de soins, maternités.
3 - Les secteurs de l’économie tendant au développement de l’économie urbaine.
♦ Les équipements de services : centres commerciaux.
♦ Les équipements agricoles : abattoirs, halls de marchés.
♦ Les équipements industriels et touristiques ; ceux-ci relaient l’effort d’industrialisation de l’Etat au plan local ; ces équipements
font partie de la moyenne et petite industrie de transformation, de réalisation et de service.
Au cours du 2ème plan quadriennal, sur une autorisation de programme concernant le P.M.U d’une valeur de 4.607 132 mille DA.,
la répartition par secteur s’est effectuée suivant les proportions suivantes :
- Réseaux –eau – assainissement : …………………………………39%
- Infrastructures économiques : abattoirs – marchés – centres commerciaux – gares routières -………………………….….14%
- Infrastructure sociale : cliniques – centres de soins – sports-loisir - –culture : ………………………………………………….33%
- Infrastructures administratives – bâtiments – commerces: …….3%
- Moyens de réalisation : …………………………………………………3% -
Equipements administratifs : ……………………………………..…...3%
Certaines opérations, dans le cadre du P.M.U. n’avaient pas été réalisées par les communes ; leur exécution fut centralisée au
niveau de l’Etat et de la Wilaya, alors que le P.M.U prévoyait la décentralisation des opérations ;en dépit de sa nomenclature, le
P.M.U n’avait touché qu’une partie des secteurs prévus par le planificateur. La petite et moyenne industrie, l’habitat, le secteur
de l’éducation, bénéficièrent d’une programmation séparée ; les P.M.U avaient connu leur début d’exécution avec deux années
de retard par rapport au démarrage du 2ème Plan Quadriennal ; en effet la mise en place tardive des procédures financières
d’exécution du P.M.U, l’absence d’études préalables, la faiblesse des moyens d’encadrement et de réalisation avaient influé sur
les objectifs et les résultats.

POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE .- La situation économique et sociale de l’Algérie s’était fortement


dégradée au cours de la décennie 90 à la suite de la conjonction de plusieurs facteurs : chute du prix du pétrole, grave situation
sécuritaire, programmes d’ajustements structurels imposés par le FMI, dévaluations successives du dinar, récession
économique…
Il a fallu attendre le début des années 2000 pour voir la mise en œuvre d’un vaste programme consacré à l’agriculture : le
PNDA qui s’inscrit dans le cadre du Plan de Soutien à la Relance Economique (PSRE) 2000-2004 suivi par un autre plan, le
Plan Complémentaire de Soutien à la Croissance (PCSC) 2005-2009 à la faveur de la reprise des cours du pétrole. Le PNDA fût
lancé en septembre 2000. Il avait pour objectifs de mettre en œuvre les démarches suivantes :
♦ Meilleure utilisation et valorisation des potentialités naturelles (sol et eau) et moyens de toute nature (financiers-humains …) ;
♦ Extension de la surface agricole utile par des actions de mise en valeur des terres agricoles ;
♦ Stabilisation des populations rurales ;
♦ Préservation des ressources naturelles pour un développement durable ;
Intensification de la production agricole dans les zones favorables ;
♦ Adaptation des systèmes de production aux conditions de milieu ;
Promotion des exportations de produits agricoles notamment les produits jouissants, d’avantages comparatifs avérés et les
produits de l’agriculture dite biologique ;
♦ Création de l’emploi ;
♦ Amélioration des revenus des populations agricoles.
Suite à l’élargissement en Juin 2002 des missions du Ministère de l’Agriculture au Développement Rurale, le PNDA a étendu
ses objectifs à la revitalisation des espaces ruraux, à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et à la
promotion de l’artisanat et de métiers ruraux. Le PNDA devenu PNDAR (Plan National de Développement Agricole et Rural) est
composé de programmes spécifiques et complémentaires prenant en compte les contraintes agro-climatiques, notamment
l’aridité du climat et l’amélioration des conditions socioéconomiques des populations rurales. Ces programmes sont les
suivants :

280
1). Programme national de reboisement, outre les objectifs visant la restauration du patrimoine forestier et la protection des sols
contre l’érosion, il vise également à chaque fois que cela soit possible les boisements utiles et économiques ;
2). Programme de développement des zones de parcours et de protection de la steppe qui met notamment l’accent sur la
protection de l’écosystème pastoral, la lutte contre la désertification et l’amélioration de l’offre fourragère ;
3). Programme de développement rural à travers la mise en œuvre de projet de proximité de développement rural (PPDR).
La mise en œuvre du PNDA s'appuie sur un dispositif de financement rénové reposant sur le FNRDA pour le soutien à
l'investissement, le FMVC pour l'exécution du programme de mise en valeur par la concession et sur le FPZPP pour les aspects
de protection des patrimoines végétal et animal ainsi que sur les mécanismes budgétaires de financement du PNR. Pour
financer ces programmes, plusieurs fonds ont été crées :
 Le FNDRA : Fonds National de Régulation et de Développement Agricole, remplace le FNDA, Il contribue au soutien financier
des agriculteurs dans leurs investissements.
 Le FDRMVTC : Fonds pour la Mise en Valeur par les Concessions apporte un soutien financier aux bénéficiaires des
concessions des terres à mettre en valeur
 Le FLDDPS : le fonds de lutte contre la désertification et le développement du pastoralisme. La gestion de ces fonds fût
confiée à la CNMA et ses antennes régionales les CRMA.

POLITIQUE ÉCONOMIQUE.- Elle est l'ensemble des mesures politiques, économiques et sociales décidées
par l'Etat ou le pouvoir, mesures qui donnent un sens et une orientation aux différents modes d'organisation
des affaires, de répartition et de redistribution des revenus. La politique économique peut déboucher sur un
accroissement quantitatif des principaux agrégats comptables d'une économie sous-développée sans qu'il y
ait dans le moyen et le long terme une amélioration sensible des conditions de vie pour la majorité de la
société. La politique économique, face à une politique de développement précédemment mise en
application, peut à la faveur d'un changement d'équipe remplir la fonction de réorientation, de détournement
et d'essoufflement progressif des mesures de politique de développement appliquées sur le terrain. Pendant
la période 1979-1997, la nature du politique change progressivement. Cela est visible à travers les mesures
entreprises et les modes d'allocations des ressources. Mais il y a d'autres indices aussi probants. C'est le
recentrage de l'activité économique autour des sphères de circulation d'échange et de répartition des
revenus. Cette nouvelle plate-forme fait appel à un autre profil de classes sociales qui vont émerger et se
consolider progressivement. Il s'agit principalement des forces sociales qui remplissent les fonctions
d'intermédiairat, telles que celles des gros commerçants, les couches sociales de la bourgeoisie
bureaucratique et la bourgeoisie compradore. En un mot, les classes et couches sociales tournent le dos au
développement productif et créateur et des classes sociales nouvelles se sont formées à partir de la
réorientation de la politique de développement et de sa transformation en politique économique, au service
de la circulation du capital. Et c'est cette structure de classe et ce profil de classe qui sera nécessaire, qui
répond et répondra aux besoins et aux ordres de l'économie, la future orientation néolibérale. Cependant, il
ne faut pas faire abstraction des réalités qui ont un poids décisif sur la marche de la formation sociale
porteuse de cette orientation de la politique économique. La réalisation de cette politique économique a vu
s'instaurer d'abord la stagnation de la société algérienne puis l'élargissement entre 1986 et 1988 du foyer
de la crise économique qui prend les traits d'une longue récession, pour, entre 1988 et 1992, devenir ou se
transformer en crise sociale qui concerne et interroge toutes les faces de la formation sociale algérienne.

POTENTIEL ALGERIEN.- Au niveau du bassin méditerranéen, l'Algérie recèle un potentiel géostratégique


indéniable. En référence aux avantages comparatifs, de nombreux atouts peuvent être inscrits à l'actif de
l'Algérie :
◘ position géographique favorable,
◘ coût de la main d'oeuvre locale réduit en raison des dévaluations opérées,
◘ tissu industriel dense, capacités potentielles d'ingénierie et disponibilité d'infrastructures étoffées,
◘ potentiel touristique important et diversifié,
◘ disponibilités locales de sources d'énergie,
◘ marché d'une taille relative importante.
Le recul enregistré par l'Algérie ces dernières années sur la scène internationale est lié à la conjonction de
plusieurs phénomènes, même si à l'heure actuelle il est réaliste de penser que le capital confiance n'est pas
totalement consommé, en dépit des contraintes inhérentes au processus des réformes économiques. Il est
constaté qu'il n'existe pas de portefeuille de projets porteurs à long terme et la réflexion sur l'aménagement
du territoire, en dépit des percées qu'elle a enregistrées ces dernières années ne se matérialise que très
lentement encore que les choix stratégiques restent à fixer (rail ou route, grands aménagements hydro-
agricoles, segments d'activités éligibles à une éventuelle spécialisation, répartition spatiale des activités
productives,...). L'Algérie entretient également un potentiel de croissance. Au niveau interne, outre la
relance à terme de l'activité industrielle, d'importantes opportunités restent à explorer :
◙ le cadre légal, parachevé dans ses grandes lignes, nous réserve de quelques réaménagements,
◙ la capacité d'entraînement des investissements prévus dans le domaine des hydrocarbures sur les
services et travaux pétroliers, mais aussi les autres secteurs miniers (phosphates, ...) ainsi que sur la
demande globale,
◙ les gisements inexploités dans les services comme le tourisme et autres services liés à l'industrie dont les
études, le transport, la restauration, l'hôtellerie industrielle et les "pépinières d'entreprises"
◙ la disponibilité du marché national, maghrébin, comme atout, comme test pour la production nationale
exportable,
◙ les possibilités de développement dans l'agriculture et leurs effets sur l'agro-alimentaire, l'emballage et
le transport, notamment s'il y a exportation,
◙ la possibilité de sauter les gaps technologiques (cas de la monétique en remplacement du chèque).

281
Parmi les insuffisances qui font actuellement obstacles à l'élargissement de la présence de l'Algérie sur la
scène internationale figurent principalement :
◘ l'insuffisante valorisation de l'image de marque du pays,
◘ l'insuffisante mobilisation de la communauté algérienne à l'étranger,
◘ l'absence de représentations commerciales à l'étranger,
◘ un commerce extérieur atomisé occasionnant des surcoûts et des manques d'opportunités,
◘ l'absence d'un esprit offensif de la part des opérateurs et représentants algériens à l'étranger,
◘ des contraintes quelquefois pénalisantes induites par la réglementation locale,
◘ des contraintes relatives à l'expertise et à l'ingénierie,
◘ un choix des partenaires économiques et commerciaux souvent influencé par des critères subjectifs.
C'est, forte de ses atouts et consciente des manques à gagner que l'Algérie doit renforcer, à court et à
moyen terme, ses capacités de négociation en vue d'une meilleure position dans les flux d'échanges
internationaux.

PRIORITES D'INVESTISSEMENT ECONOMIQUE . - L'état régulateur a eu à recentrer les priorités


d'investissement et de développement dans certains secteurs en attribuant notamment un certain nombre
d'avantages fiscaux à tout agent économique qui opèrerait. Sont déclarés prioritaires les secteurs d'activités
suivants :
1. mise en valeur des terres : drainage, assainissement, routage, épierrage, amendement, mise en place de
brise-vents, retenues collinaires, réseaux d'irrigation.
2. activités agricoles et d'élevage dans des terres nouvellement mises en valeur.
3. forages hydrauliques
4. céréaliculture, légumes secs et cultures fourragères.
5. cultures industrielles : graines oléagineuses, tomate industrielle, tabac et coton.
6. infrastructures et bâtis d'équipement rural liés à la production agricole (amélioration foncière, habitat
animal et réseaux à la parcelle).
7. plantations rustiques et de palmiers.
8. activité aquacole.
9. production et distribution publique d'électricité.
10. distribution publique de gaz naturel.
11. recherche et exploration liées dans les branches des mines et de l'énergie, y compris les
hydrocarbures, et dans les activités prioritaires.
12. sidérurgie et métallurgie de base (aciérie, affinage industriel de métaux non ferreux, laminoirs,
fonderies, conduites forcées de barrages, tuberie sans soudure).
13. fabrication d'engrais, de pneumatiques, de produits pétrochimiques de base, de fibres synthétiques et
d'encres (engrais phosphatés, azotés et organiques, pneumatiques et chambres à air, résines et polymères,
fibres synthétiques, encres, gaz industriels, sacs tissés en polypropylène).
14. extraction de minerai (hors agrégats et hors marbre).
15. industrie du verre (verre plat, tubes cathodiques, lampes à incandescence, verre automobile,
flaconnage, verrerie de laboratoire, verre optique ).
16. industrie du médicament et fabrication d'appareillages médicaux lourds (produits biologiques, sérums,
vaccins, médicaments, produits contraceptifs, produits vétérinaires, appareillages médicaux lourds).
17. fabrication de biens d'équipement (moteurs et composants de moteur, boites de vitesse, compresseurs
hermétiques, engins de travaux, transformateurs de puissance, équipements de production des industries
manufacturières, machines outils et équipements de production pour l'artisanat, pompes et vannes, pièces
de fonderie et de forage, matériel ferroviaire, engins de levage et de manutention, bâteaux de pêche).
18. production de véhicules industriels et de véhicules particuliers. 19.
fabrication d'appareils et d'instruments de mesures et de contrôle (métrologie).
20. transport ferroviaire.
21. infrastructures de stockage stratégique de céréales.
22. maintenance et rénovation industrielles.
23. réparation navale.
24. artisanat de production et de services, y compris artisanat d'art.
25. construction d'habitats collectifs à caractère social.
26. télécommunications.
27. fabrication de matériel scolaire et éducatif (fournitures de laboratoires et de petite instrumentation
scolaire ou éducative).
28. productions à caractère culturel ou artistique y compris l'édition (édition de livres préscolaires, scolaires
et universitaires, studios de production cinématographique et de télévision).
29. industrie du tourisme (hôtels et complexes touristiques).
30. production d'instruments de musique et de matériels sportifs.
31. PME-PMI dans zones géographiques à promouvoir.
32. activités de recherche fondamentale, de recherche appliquée et de recherche développement
33. coopératives de jeunes créées dans le cadre de directions départementales d'insertion et de promotion
de la jeunesse (DIPJ).
34. activités de leasing
35. travaux de restauration et de sauvegarde des sites historiques et archéologiques.
Les I.D.E. (Investissements Directs Etrangers) : Les "Réformateurs" des années 90 et ceux qui leur ont succédés, au travers
de leurs mesures de libéralisation, escomptaient en retour un afflux considérable d'investisseurs étrangers. Ils étaient
convaincus que les IDE seraient, dans le contexte particulier de la balance de paiement du pays, un substitut majeur et qu'ils
impulseraient intensément le processus de croissance. Dans ce sens, ils ont introduit une batterie de textes réglementaires et

282
procédé à l'aménagement de la réglementation et de la législation en vue de la création d'un climat plus favorable et plus
incitatif. Cette perception, assez simpliste, évacue un facteur influent dans la définition, par les entreprises des pays
industrialisés, de leurs politiques structurelles dans les pays du Tiers-monde. L'encouragement aux investissements étrangers
dans ces pays découle principalement du type de politique économique que les pays à revenus élevés, et pour lesquels sont
destinées les productions à l'exportation, adoptent. Le degré d'ouverture de leur marché et les types de régulation retenus
occupent une place considérable. Le contexte propre à ces pays du Tiers-monde intervient accessoirement, et seulement si les
débouchés existent au sein des pays ayant un pouvoir d'achat élevé, à même de permettre l'absorption de la production
réalisée. Les investisseurs étrangers ne consentiront à investir dans les pays où le coût de la main d'oeuvre est faible, qu'à
condition que les marchés des pays riches leur soient ouverts. Ainsi, ce sont les conditions économiques prévalant dans ces
pays qui, en définitive, orientent le choix des investisseurs potentiels et justifient une politique de délocalisation. Cette vision
erronée dans son élaboration, vision partagée par l'ensemble des équipes dirigeantes algériennes, n'a pas intégré la place et le
rôle joué par la demande sur le marché des pays industrialisés. Elle a insufflé un rythme soutenu aux efforts de libéralisation du
commerce extérieur. Cette dernière était appelée à se généraliser rapidement, et cela au moment même où les pays
industrialisés cherchaient à préserver et à renforcer la protection déjà excessive de leurs marchés. Pour attirer et conserver les
investisseurs étrangers, il ne suffit pas d'adopter une législation leur garantissant leurs droits et leur octroyant des avantages
substantiels. Le plus important est ailleurs. Il se cristallise dans la mise en œuvre d'une politique visant à développer une main
d'oeuvre qualifiée, à gérer rationnellement la dette, à fournir des informations précises et complètes aux investisseurs et à
protéger les droits de propriété intellectuelle. Par leur attachement à une représentation réductrice, comme évoquée
précédemment, les dirigeants ont montré les limites de leurs connaissances livresques, eux qui se présentent comme les
défenseurs farouches de l'économie de marché. L'expérience historique a certes montré que les systèmes économiques fondés
sur le marché sont le meilleur cadre possible pour créer des emplois, susciter une activité économique saine et améliorer les
conditions de vie de la population. Mais cette même expérience historique a montré que les marchés ne créaient pas
nécessairement les conditions voulues pour leur fonctionnement optimum. Il est établi depuis fort longtemps que l'intervention
des pouvoirs publics est incontournable, voire même fondamentale pour :
♦ générer des investissements reposant sur la création d'une main d'œuvre qualifiée ;
♦ tenir le cap d'une politique macro économique appropriée ;
♦ gérer rationnellement la dette extérieure ;
♦ fournir des informations complètes et exactes, qui sont utiles auxinvestisseurs pour leur prise de décision.C'est cet ensemble
d'actions qui sont nécessaires à un fonctionnement optimal du marché. En économie plus qu'ailleurs, les faits sont têtus et ils
sont une source toujours renouvelée d'enseignements pour ceux qui leur consacrent une étude attentive. Ils montrent à
l'évidence qu'en matière d'investissement, il n'y a pas de solution magique. Les capitaux affluent le plus souvent dans les pays
qui offrent un cadre propice à l'investissement : un système réglementaire transparent et prévisible, un secteur privé actif et
indépendant, une infrastructure établie capable de soutenir les nouvelles entreprises ; une main d'oeuvre formée, et la proximité
d'autres marchés actifs. A cet égard, le gouvernement doit contribuer à créer un cadre propice aux investissements en planifiant
et en mettant en oeuvre les réformes nécessaires, souvent difficiles et politiquement impopulaires, pour poser les jalons d'une
croissance durable. Cela implique de réformer et de réduire le rôle de l’Etat dans l'économie, de libéraliser le système des
échanges en réduisant les tarifs et autres obstacles au commerce et d'investir dans le capital humain du pays en augmentant les
dépenses d'éducation et de santé. Mais toutes ces actions devraient tendre à renforcer la perspective d'assainissement des
assises de l'économie et non à organiser leur démantèlement. Par ailleurs, ces réformes s'accompagnent, dans le court terme
essentiellement, de bouleversements et de perturbations en profondeur touchant un éventail assez large de la population, dont
les conditions de vie et de travail se trouvent détériorées. Cette dimension, essentielle dans l'équation des réformes, a été
laissée dans l'ombre par les dirigeants. Or, pour que ceux dont le destin a basculé, acceptent cet état de fait, il faut qu'ils soient
assurés qu'il existe un filet de sécurité qui les aidera pendant la période de transition et leur permettra de gérer les risques d'une
économie de marché. L'intervention de l’Etat ne doit pas cesser mais changer de contenu et de forme. Il a pour mission de
concevoir des programmes sociaux, de développer le capital humain, de donner aux individus les compétences voulues pour
changer d'emploi et de procéder aux autres ajustements nécessaires. Un soutien multiforme doit être apporté à ceux partageant
des conditions de vie inférieures aux normes élémentaires d'une vie décente, afin qu'ils constatent concrètement que les
aménagements introduits sont, pour eux, une source d'amélioration de leur vécu quotidien, ou du moins qu'ils ressentent la
sollicitude des pouvoirs publics envers eux. C'est cette conjonction de mesures et d'initiatives, et elle seule, qui créera un climat
favorable aux investissements étrangers dont le pays a besoin et qu'il appelle de tous ses voeux.

PRIORITÉ AU TOURISME.- Située en Afrique du nord, l’Algérie est classé le premier pays le plus vaste du continent
Africain et le 11ème pays le plus grand au monde avec une superficie estimée a plus de deux millions kilomètres carrés. Selon le
ministre du Tourisme M. Cherif Rahmani, dans un entretien exclusif à Oxford Business Group (OBG), leader en matière
d'intelligence économique et conseil. « L'Algérie possède les ressources nécessaires pour se transformer en une destination
touristique autonome, capable d'attirer un large éventail de touristes ». En effet, l’Algérie est un pays riche qui dispose d’un
gisement touristique riche et diversifiant, mais malheureusement il n’a pas été suffisamment exploité. Elle a à la fois, vocation
à devenir une destination de tourisme littoral avec 1200 Km de cote ensoleillés toute l’année et une trentaine de caps et tant de
plages, une destination de tourisme vert et de montagne avec des plaines, des forêts, des sommets et des hauts plateaux, une
destination exotique avec le deuxième plus grand déserts au monde et quelques dunes de sables (oasis), et bien sur
unedestination de tourisme culturel et historique avec ses villes qui possèdent un patrimoine remarquable et un passé
particulièrement riche et diversifié. Elle regorge de richesses historiques, archéologiques et de paysages naturels à découvrir
passionnément. Elle est, après l’Italie, le pays le plus riche en vestiges somptueux de l’époque romaine. Mais malheureusement,
combien de plages discrètes, de forêts splendides, de vieux villages et des lieux chargés d’histoire restent ignorés de nos jours
non seulement par les touristes mais souvent négligée par les habitants eux-mêmes. Bien plus proche qu’on ne le pense à
peine deux heures d’avion depuis les principales villes d’Europe, ce pays possède les atouts d’une destination à part entière : un
climat exceptionnel, un capital touristique inédit et une position géographique idéale, mais contrairement aux autres pays du
pourtour méditerranéen, l’Algérie n’a pas encore accordé au secteur du tourisme un rôle important dans ses différentes
politiques de développement.
Une nouvelle stratégie, s'appuyant sur le caractère irréversible affiché par l'Etat de faire de ce secteur le
domaine de prédilection des investisseurs et opérateurs privés, gagnerait à s'articuler sur trois niveaux de

283
planification du développement touristique à même de traduire ce nouveau rôle de l'Etat :
♣ Au plan national, tout en réaffirmant la priorité accordée au secteur privé et en ne conservant
qu'une fonction de planification souple et de contrôle des services touristiques, les pouvoirs publics
devront identifier les grands investissements publics incontournables pour la localisation et la
fixation des activités touristiques et pourvoir à la viabilisation des zones et régions enclavées, tout en
orientant et en encourageant les investissements privés . Il s'agira également de favoriser, à ce niveau
de planification, l'indispensable concertation intersectorielle qui résulte du caractère spécifique de cette
activité, notamment à travers le développement de la PMI, la réhabilitation de l'artisanat, la promotion du
patrimoine culturel et la protection de l'environnement.
♣ Au plan sectoriel, la stratégie est à orienter, essentiellement, vers deux types d'actions :
▪ la protection et la sauvegarde de la ressource et le contrôle des services touristiques par ses différentes
structures centrales et décentralisées et ses organismes de soutien (étude et évaluation des potentialités,
compatibilité de la ressource et des exigences du développement),
▪ la production et la diffusion d'un modèle alternatif du tourisme adossé à l'étude de la capacité de charge
des sites touristiques, à l'élaboration d'une image de marque aux plans interne et externe et à la
surveillance des marchés touristiques nationaux et internationaux, en tant que moyen susceptible d'infléchir
ou d'impulser la dynamique du programme national de développement touristique.
♣ Au plan des régions touristiques : il s'agira d'établir, pour chaque groupe de zones d'expansion touristique
(ZET) organisées sous le vocable de "régions touristiques homogènes" selon leurs caractéristiques et leurs
produits, des plans et des projets spécifiques tenant compte des critères édictés dans ce domaine par les
pouvoirs publics en matière de développement local et régional en référence aux choix nationaux arrêtés.
Cette planification régionale pourra être articulée :
● dans un premier temps, sur la recherche d'un développement rapide en concentrant les investissements
sur les équipements de certaines régions du pays où le développement doit bénéficier d'une priorité en
moyens, en faisant précéder ces opérations d'une maîtrise foncière indispensable,
● et dans un second temps, selon une voie intermédiaire entre l'éparpillement des efforts et la
concentration excessive, sur la recherche de la décentralisation du développement touristique et son
intégration à tous les éléments économiques, sociaux, écologiques et culturels au niveau local.

PRIVATISATION.– Désengagement de l’Etat : Pour adapter le pays aux mutations contemporaines, les Etats utilisent deux
leviers d’évolution :
 La privatisation d’actifs, d’activités, d’entreprises ;
 L’insertion mondiale et régionale par le partenariat, la convertibilité, l’investissement direct et l’exportation. La privatisation est
un phénomène qui a touché la plupart des pays aussi bien développés qu’en voie de développement, pays à économie libérale
ou à économie dirigée, le secteur public économique ayant existé ou existant encore dans un grand nombre de pays à régimes
politiques différents. Les approches et les méthodes de privatisation sont aussi diversifiées que les pays : privatisation totale ou
partielle, vente aux enchères ou sur le marché, cessions de créances, cessions de titres aux travailleurs ou au public.
Concernant plus particulièrement les pays en développement, la privatisation a été introduite comme solution à l’inefficacité
économique du secteur public et au gaspillage des finances de l’Etat. Découlant ainsi de ces approches, les programmes de
privatisations sont appelés à répondre à la nécessité de stopper l’endettement public engendré par les cycles répétitifs de
transferts budgétaires au profit d’entreprises dévoreuses des richesses de l’Etat, et de contribuer à amorcer le processus de
désendettement au moyen des recettes que la privatisation est appelée à générer.
Le dispositif général de privatisation en Algérie : La privatisation s'inscrit dans le cadre de la loi sur les capitaux marchands de
l’Etat Cette loi, consacre le principe de désengagement de l’Etat de la sphère économique réelle et définit les modalités de
privatisation de son portefeuille d’EPE, par double restructuration : d’une part, cession de propriété des EPE aux holdings
publics ; d’autre part, cession de contrôle des holdings publics au CNPE, représentant de l’Etat propriétaire. La démarche de
privatisation des entreprises publiques va prendre appui sur les programmes de leur assainissement financier et redressement
économique, engagés par les autorités, de manière à les rendre financièrement viables. Elle va donner lieu à la mise en place
d’un dispositif législatif et organisationnel.
☻.Le programme de privatisation en Algérie a d'abord touché les Entreprises Publiques Locales (EPL), domiciliés dans leur
quasi totalité à la BDL, et aurait été, selon le rapport FMI, mené à son terme à fin 1998. Le premier programme de privatisation a
été engagé en Avril 1996 avec l'appui de la Banque Mondiale et portait sur 1300 EPL. Ce programme n'a pris son rythme de
croisière qu'avec la création des cinq sociétés de portefeuille régionales. En Avril 1998, 827 EPL avaient déjà été liquidées et 50
sont en cours d'être vendues. Ces liquidations ont pour la plupart abouties à des licenciements massifs. Cependant, 464 EPL
ont été vendues à leurs employés, ce qui a sauvegardé 12.141 emplois. Le programme de privatisation des EPL arriverait
presque à terme à la fin de 1998. Cependant le programme de privatisation des Entreprises Publiques Economiques (EPE),
autrement plus important, n'a démarré que beaucoup plus tard. Sa réalisation aura indéniablement un impact direct sur l'activité
des quatre banques commerciales BNA, BEA, CPA et BADR, que ce soit le volume de leurs chiffres d'affaires ou leur rentabilité.
En ce qui concerne les 400 plus grandes entreprises publiques (EPE), l'Etat y a injecté des fonds considérables. Cependant,
l'examen des possibilités de privatisation de ces entreprises n'a guère avancé, sauf dans le secteur du bâtiment où des
difficultés croissantes ont conduit à d'importantes compressions de personnel. Par suite de la mise en place du dispositif
banque-entreprise cité précédemment, 76 EPE avaient été dissoutes (environ 30% des effectifs totaux à la fin de 1996).
Parallèlement, les autorités ont diffusé une liste à privatiser comprenant 250 EPE (soit à peu près 30% des EPE encore en
activité en termes de main d'œuvre et de chiffre d'affaires). Elles comptent achever la privatisation de certaines entreprises de
grande envergure. Dans la réalité, l'exécution du programme a connu d'importants retards. Les procédures de cession n'ont été
entamées que début 1999, pour seulement une cinquantaine d'unités, et déjà de réelles difficultés commencent à apparaître au
niveau des différentes étapes du processus. ► La
privatisation est définie en terme simple comme étant un processus par lequel l'Etat cède les
entreprises qui lui appartiennent, soit en totalité, soit par blocs d'actions à des investisseurs privés
nationaux ou étrangers. Bien que la privatisation des entreprises étatiques constitue le cas le plus répandu
(230 entreprises, unités ou filiales d'EPE sont concernées en 1998), les pouvoirs publics peuvent aussi

284
privatiser des terres, des immeubles d'habitation et même des services. Bon nombre de pays ont recours
à cette technique. L'objectif essentiel est de réduire la dimension de l'Etat qui se serait développé de
manière excessive et consommerait ainsi des ressources trop importantes pour laisser au secteur privé la
possibilité d'opérer avec efficience et jouer un rôle dynamique dans la croissance économique. ( Cf.
Finances / Marché financier / Privatisation bancaire )
► Le bradage :  Le processus de démantèlement du secteur public aboutit à un programme de privatisation
élaboré à la faveur d’un réaménagement des textes législatifs et réglementaires, notamment dans le cadre
de la révision de la loi de finances. La cession des entreprises publiques constitue une énième occasion
offerte à ceux qui sont à l’origine de leur dysfonctionnement , par la non-gestion et le laisser-aller, –
conséquence entre autres de l’autonomie de ces entreprises publiques (dont la restructuration s’est
accompagnée d’une filialisation, réductrice des ressources, et d’une libéralisation des salaires des cadres
dirigeants, synonyme pour eux d’accès à la rente) – de se les accaparer à des prix dérisoires, et ce,
moyennant souvent des pratiques opaques incluant la corruption des pilotes de l’opération de privatisation
ainsi que les syndicalistes et les responsables au niveau du ministère de tutelle. ( Les données réelles des
entreprises industrielles publiques relèvent du secret d’Etat, il n’y avait que leurs dirigeants et les éléments
implantés dans l’appareil et les structures de l’État qui pouvaient accéder à l’information et avoir l’évaluation
réelle des actifs privatisés ). ;Le processus de privatisation enclenché en Algérie, depuis près de deux décennies, est plein
d’opacité. Ainsi les quelques dossiers étalés sur la place publique ont suffi à révéler un énorme braconnage sous forme de
bradage des entreprises publiques cédées sous diverses formes à des opérateurs privés. Pour exemple, le cas de « X » (témoin
qui veut garder l’anonymat) qu’il nous a été donné d’examiner en récupérant une copie du dossier y afférent, s’est avéré n’être,
et ce au vu des données comptables et financières compulsées par nos soins, qu’une cession au dinar symbolique faite à
l’avantage d’acquéreurs, servant en réalité de prête-noms pour des hommes politiques.
□ Accusations : Le ministre n'est plus là pour se défendre. Car l'accusation est grave et le touche tout autant que le
gouvernement au sein duquel il était en fonction. Il s'agit bien évidemment de l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam
Bouchouareb, accusé d'avoir bradé des entreprises nationales. Vrai ou faux ? L'ex-ministre de l'Industrie, accusé ouvertement
par un concessionnaire automobile et la responsable d'un parti politique, a été également cité nommément il y a deux années
dans le scandale des Panama Papers, ce qui à l'évidence jette une ombre sur les nominations aux plus hautes fonctions de
l'Etat. Qu'un ministre de la République soit cité dans un scandale de fuites de capitaux à l'international, et qu'il n'est pas poussé
à la démission, c'est une chose. Mais qu'il soit directement accusé dans son pays d'avoir pesé sur des choix économiques
sensibles impliquant l'avenir d'entreprises publiques et privées, en plus d'avoir favorisé des milieux d'affaires qui lui sont proches
dans des contrats publics au détriment de la transparence, est une autre chose plus grave, qui appelle en urgence à des
clarifications devant l'opinion publique. Un ministre de la République doit être aussi transparent dans sa démarche que les
fonctions dont il assume la mission, et à ce titre le gouvernement Ouyahia doit se saisir de cette question et d'établir toute la
vérité sur ces déclarations qui visent au premier chef un ministre de la République. 
Rétablir la vérité s'il le faut mais, surtout, ne pas détourner le regard de ces accusations*. Car ces accusations jetées en pâture
à l'opinion publique interviennent à un moment où l'exécutif compte serrer encore plus la ceinture en ciblant les subventions, en
maintenant le rythme des hausses des prix, en abandonnant progressivement la politique des prix administrés et, surtout, en
n'offrant ni possibilités d'emplois ni de hausses des salaires. 
Le Premier ministre fonce en réalité tout droit vers la case des restrictions budgétaires avec un impact direct et frontal sur le
niveau de vie des Algériens, d'autant que la politique commerciale interdisant l'importation de presque un millier de produits va
avoir des conséquences désastreuses autant sur la production nationale qu'une hypothétique relance industrielle. Le
gouvernement est donc doublement interpellé pour rassurer l'opinion publique et, surtout, que les ministres sortants, dont A.
Bouchouareb, ne sont pas impliqués dans des scandales économiques et financiers.  Car toute la politique du montage de
véhicules en Algérie, décidée par l'ex-gouvernement Sellal et dont le chef d'orchestre était M. Bouchouareb, et que l'actuel
exécutif soutient, a un besoin urgent de toilettage. D'abord dans la forme pour expliquer à l'opinion publique les choix sur les
constructeurs «sélectionnés» et l'éviction d'autres qui sont les premiers constructeurs et vendeurs mondiaux. Inutile ici de les
citer, mais le Premier ministre doit s'expliquer sur ses choix qui ont privilégié des partenaires industriels ne figurant pas dans le
top 10 des grands constructeurs de voitures. Ensuite dans le fond pour justifier une politique du montage automobile qui va être
autant sinon plus boulimique en devises, les véhicules sortant de ces usines étant importés presqu'entièrement montés. C'est
enfin toutes ces rumeurs de malversations et de combines, qui font mal à une économie alitée, que le Premier ministre doit
expliquer, à défaut de justifier. * Mehdi Boukhalfa, Le Quotidien d’Oran, 04.02.2018.

RELANCE ECONOMIQUE.- Face à une situation de récession économique, l'Etat doit entreprendre une
stratégie de relance de la production industrielle et de l'investissement productif car si, en l'an 2000, le taux
de la population ne diminue pas, l'Algérie comptera 35 millions d'âmes dont 60% auront moins de 20 ans. Il
faudra créer d'ici là 4 millions d'emplois si on veut donner du travail à tout le monde. Tel est le défi majeur
que doit relever toute politique de relance. La disponibilité en capital restera la principale contrainte de
relance car le service de la dette représentera une part importante des exportations. L'Algérie est
condamnée à rechercher et à maintenir un taux d'investissement élevé. Le marché algérien au sens de la
demande interne et selon une étude faite par un institut économique privé algérien, cette demande peut
être chiffrée à 58 milliards de $ US : 20 milliards pour les consommations intermédiaires, 13 milliards pour
les biens d'investissements, 25 milliards pour les biens de consommation.

RENTE.- Economie rentière : En définissant l’Etat rentier, il devient plus facile de cerner le concept d’économie rentière, défini
par Mahdavy comme « une économie qui repose sur une rente externe substantielle »(1), l’externalité de la rente est l’aspect qui
peut déterminer une économie rentière. En effet, l’existence d’une rente interne, substantielle soit elle, n’est pas suffisante pour
caractériser une économie rentière même si elle peut témoigner de l’existence d’importants groupes rentiers. Une économie
rentière interne pure (ne profitant pas de rentes externes), ne peut subsister parallèlement à un secteur productif local
dynamique, puisque la rente interne est un transfert de richesse, de la classe productive à la classe rentière dans une économie
de production. Par contre une rente externe, si elle est substantielle, peut soutenir une économie même en l’absence d’un
important secteur productif domestique.

285
La gestion de la rente reflète l’efficacité ou l’inefficacité de l’Etat à l’élaboration des stratégies de développement qui
détermineront la capacité de l’économie à l’absorption de la rente. Une intervention inefficace de l’Etat se traduit par :
- de grands programmes de dépenses publiques avec de faibles revenus fiscaux.
- Une progression des recettes pétrolières plus rapide que celle de la croissance du PIB à cause d’une amélioration des cours
du pétrole ; (2) et d’injection de subvention aux entreprises ne produisant pas de valeurs ajoutées(3).

La rente pétrolière en Algérie a doublé de 1988 à 1995, puis elle a doublé une seconde fois entre 1995 à 2012. L’accroissement
de la rente résulte de la politique de l’Etat dans l’intensité de la production pétrolière afin de fiancer les programmes publics qui
ont pour objectif d’assouvir les premiers besoins des citoyens à savoir l’emploi et le logement. Les gigantesques programmes
publics ont été élaborés afin de lever les goulots d’étranglement de la croissance économique et de maintenir le contrat social.
Eviter le scénario des années 1990 et le printemps arabe se fait au dépens du développement du secteur privé qui est la
locomotive de la croissance. Il est bien reconnu que le secteur privé est le seul garant de la croissance économique à long terme
et la source de financement du développement à long terme. ◙
1- E.M. Carneiro, « LE blocage historique des économies africaines : Spécialisation rentière et Extraversion », p 43, 44
2- A. Sid Ahmed « Paradigme rentier en question : l’expérience des pays arabes producteurs de brut. Analyse et éléments de
stratégies », p 504
3- R.Bendib « L’Etat rentier en crise, Eléments pour une économie politique de la transition», p 36

LE PROGRAMME ÉCONOMIQUE

PLAN DE RELANCE ECONOMIQUE.- Le 3ème plan de relance (plan quinquennal) 2010-2014 : Aussitôt la loi budgétaire
adoptée par le parlement vers la fin de l’année 2011 ; une enveloppe de 280 milliards de dollars fût programmée et dont la
gestion conférait aux pouvoirs publics la réflexion autour des moyens institutionnels et politiques à mettre en œuvre pour réguler
cette masse monétaire et adapter la transition aux nouvelles normes. La privatisation et le partenariat ; comme moyens
d’investissements et de valeur ajoutée piétinent faute de transparence et de cohérence, la facture alimentaire continue
d’augmenter malgré le programme agricole (PNDA) ; tensions sociales et maux sociaux se multiplient (bureaucratie, corruption),
ce qui traduit au fait l’impasse d’un système économique rentier à produire la croissance hors hydrocarbures (1). Ce programme
s’inscrit dans la dynamique de reconstruction nationale entamée depuis 2010 et relayée par le programme 2004-2009, qui fût
pour sa part conforté par des programmes spéciaux des wilayas des hauts plateaux et du sud. Le programme d’investissement
public retenu pour la période allant de 2010 à 2014 implique des engagements financiers et concerne deux volets à savoir :
1. Le parachèvement de grands projets entamés, dans le secteur des chemins de fer, des routes, de l’eau (pour un montant de
9700 Milliards de DA)
2. L’engagement de nouveaux projets (11534 milliards de dinars algériens).
Le programme 2010-2014 (2) réserve plus de 40% de ses ressources à l’amélioration du développement humain avec
notamment :
 Réalisation de 5000 établissements dans l’éducation nationale,
 Plus de 1500 infrastructures de santé, dont 172 hôpitaux, 45 complexes spécialisés de santé, 377 polycliniques, 70
établissements d’établissements spécialisés pour prise en charge des personnes souffrant d’handicapes.
 projet de réalisation de 2 millions de logements.
 le raccordement d’un million de foyers au gaz naturel et l’alimentation en électricité de 220.000 foyers appartenant aux zones
rurales.
 5000 infrastructures pour le secteur des jeunes (80 stades -160 salles polyvalentes -400 piscines -200 auberges de jeunes).
 l’amélioration de l’alimentation en eau potable, notamment avec laréalisation de 35 barrages et de 25 systèmes de transferts
d’eau, ainsi que l’achèvement des stations de dessalement d’eau de mer.
Par ailleurs ce programme d’investissements réserve prés de 40% de ses ressources au développement des infrastructures de
base et à l’amélioration du secteur public avec notamment :
- 3100 milliards de dinars destinés pour le secteur des travaux publics servant à moderniser les routes et l’augmentation des
capacités portuaires.
- 2800 milliards de dinars pour le secteur des transports.
- 500 milliards pour l’aménagement du territoire et l’environnement.
- 1800 milliards pour l’amélioration des moyens et des prestations des collectivités locales.
- 1000 milliards réservés pour le soutien aux activités agricoles et le développement rural
- 150 milliards de dinars pour la promotion de la petite et moyenne entreprise
- Le crédit industriel mobilise 2000 milliards de crédits bancaires bonifiés par l’Etat pour la réalisation de nouvelles centrales
électriques, le développement de l’industrie pétrochimique, ainsi que la modernisation des entreprises publiques.◙

(1)Malaise social ; désespoir des jeunes (émigration clandestine), exode de diplômés (fuite de cerveaux).
(2) communiqué du conseil des ministres du 24 mai 2010 portant sur le programme d’investissements publics pour la période
2010-2014

286
REALISATIONS.- Infrastructures économiques, éducatives, sanitaires, sportives, culturelles, logements, de bien-être (réalisées
entre 1999 et 2017) :

Source : Amar TOU, Le secteur privé : ambitions et inquiétudes, le quotidien d’Oran 24.01.18

STRATÉGIE DE DEVELOPPEMENT .- Revendication socio-politique majeure en vue de consacrer le


principe d'un retour à une croissance économique saine fondée sur un projet de société renouvelé après la
récession qui a marqué l'économie algérienne et fragilisé son tissu social. Les objectifs à moyen terme
doivent viser à réaménager les structures économiques et le mode de fonctionnement de l'économie dans
trois perspectives fondamentales :
► restaurer une croissance économique stable et durable
► rééquilibrer les structures de répartition dans l'esprit d'une grande justice sociale et de couverture des
besoins fondamentaux des populations
► préparer l'économie à affronter les nouvelles situations économiques et relationnelles créées par le
processus de mondialisation et les engagements internationaux de l'Algérie.
La complexité des questions à résoudre dans un contexte d'ajustement structurel, l'importance des défis
accumulés et l'intensité croissante des attentes multiformes de la société n'autorisent aucune complaisance,
face à l'apparition de problèmes nouveaux pour la société dont nul ne peut prétendre, à lui seul, en détenir
tous les éléments de réponse.

LA SITUATION ÉCONOMIQUE

AGREGATS ECONOMIQUES.- Examen d’agrégats économiques* :


►Produit Intérieur Brut  (PIB): Le calcul du PIB est du ressort de la comptabilité nationale, mais celle-ci a eu des reproches
dans la mesure où elle ne fournit pas de mesure pertinente du bien-être social, puisqu'elle ne s'occupe que de l'évaluation
marchande comme source d'évaluation de la richesse. Le taux de croissance du PIB en pourcentage a connu des fluctuations
durant toute la période d’analyse. Il a enregistré des montants négatifs en 1993 et 1994 (période de la crise économique) puis à
partir de 1995 son taux est devenu positif avec des valeurs autour de 4 % annuellement. Avec un produit intérieur brut estimé à,
à peine,1 milliard de dollars en 2016, l’Algérie est à l’évidence un pays qui crée peu de richesses. Trop de richesses que
dizaines de nations et des centaines de firmes étrangères ayant un potentiel beaucoup moins importants que le notre dépassent
allégrement. Les pays riches sans disposer de ressources naturelles sont connus et pour ce qui est des entreprises dont les
chiffres d’affaires annuels dépassent ou avoisinent  le double du PIB algérien. A considérer le PIB tel un critère unique de
mesure de l’activité économique d’un pays donné, risque de faire aboutir à des indications trompeuses quant à l’appréciation du
niveau de richesse d’un pays et par conséquent renvoie à la prise de décisions inappropriées et inadaptées à la situation. D’une
façon générale le PIB, ne tient pas compte des facteurs non strictement économiques qui ont tendance à influer sur le bien être
des individus : qualité de l’environnement naturel et culturel, qualité des relations sociales, conditions de travail de la population
active, couverture assurancielle des ris ques de la vie en matière de santé (1) …etc. □
(1) Cornilleau Gérard (2006)..
Evolution du PIB par habitant en Algérie (en $) : 

287
Source : à partir des données du FMI et banque mondiale, et ONS

Le PIB par habitant de l’Algérie a connu différentes évolutions. Il a enregistré une chute entre 1990 et 1991 pour se stabiliser
par la suite jusqu’à 1993, puis il a chuté encore une fois en 1994 et 1995 (à cause de l’application des programmes d’austérité
dicté par le FMI). Par la suite, il a repris son ascension et s’est stabilisé autour de1600 $ à 1800 $ de 1996 à 2002. Et depuis
2002 nous avons assisté à une forte augmentation du PIB par habitant et cela peut être expliqué par l’engagement des
politiques publiques par le biais du lancement des différents programmes de relance de l’économie. Aussi, nous avons assisté à
une diminution du PIB par tête en 2009 et cela est dû aux effets de la crise mondiale. A partir de 2010 ce même PIB enregistre
une autre ascension croissante et forte. Par ailleurs, il est à signaler que le PIB par tête a augmenté de presque 300 % entre
1999 à 2013.
►L’indice de développement humain (IDH) en Algérie :

Source : PNUD
Nous remarquerons que cet indice a dépassé celui des pays arabes durant toute cette période d’étude, que de 1980 à 2005 cet
indice été inférieur à celui du monde. Et à partir de 2005 il commence à le dépasser et se rapproche même de l’idh de quelques
pays développés. Il est à signaler que l’Algérie se situait en 2010 parmi les dix premiers pays au monde en termes de progrès
réalisés dans l’indice de développement humain (PNUD/RDH 2010).
►Le Taux de chomâge :

Evolution du taux de chomâge en Algérie Source : FMI

288
Ce qui ressort de ces données et du graphique ci-dessus, c’est que le taux de chômage en Algérie a connu une ascension
croissante passant de 19.76 en 1990 à 29.50 en 2000; à cause notamment des licenciements des travailleurs dus aux plans
d’ajustements structurels et des situations difficiles qu’a connus le pays durant cette période. Depuis 2000, ce taux a commencé
à fléchir pour atteindre moins de 10 % depuis 2010 à ce jour. Il est à noter qu’en l’espace de dix années ce taux a baissé de
plus de 60 %. En effet, ces résultats ont pu être atteints grâce notamment aux programmes de l’Etat en faveur de l’emploi par le
biais des différentes formules connues (ANSEJ, ANEM, pré-emploi, ANGEM …) ainsi que par le lancement des grands chantiers
à travers le territoire national.
►Le Taux d’Inflation :

Source : FMI

Le taux d’inflation a subi des fluctuations durant toute la période d’analyse. Nous avons constaté qu’à partir de 1991 jusqu’en
1996 ce taux était très élevé (il avoisinait les 30 %). Et après l’application des plans d’ajustements structurels et à partir de 1997
nous avons constaté une certaine stabilité de ce taux jusqu’en 2013 puisqu’il n’a pas dépassé les 6%. Exception faite en 2012
où le taux a atteint 8.89 % et cela est dû principalement à l’augmentation des prix des fruits et légumes et de quelques autres
aliments de large consommation. Cette stabilité est due à la maitrise par les pouvoirs publics des prix à la consommation des
biens par le biais de mécanismes mis en place.
►Les Dépenses Publiques (en milliards de dinars) :
Evolution des dépenses publiques en Algérie (G)

Source :Banque
Mondiale

289
Les dépenses publiques de l’Algérie ont connu une augmentation croissante et continue depuis 1990 à 2013 (en dinars
courants). Pour la période de 1991 à 1996 cette augmentation peut être expliquée par les effets inflationnistes sur la monnaie
puisque nous avons enregistré de très forts taux d’inflation durant cette période. Et depuis 2001 à 2013 cette augmentation est
justifiée par le lancement des grands programmes de relance de l’économie et de programmes de développement. A titre
d’indication, nous remarquerons que les dépenses publiques de 2011 équivalent aux dépenses des 10 années entre 1990-1999.
Ce qui explique l’engagement de la politique budgétaire de l’Algérie et le souci de l’Etat de rattraper son retard en matière
d’équipement, d’infrastructures et de développement en faveur de la population.

□ Répartition par secteur des dépenses publiques d’investissement à caractère définitif (en million de DA) :

□L’analyse des dépenses d’investissement du secteur de l’éducation et de la formation nous indique une augmentation
croissante et continue depuis 1994 à 2006, pour connaitre une baisse en 2007 et 2008. A partir de 2009 ses dépenses ont repris
leur progression avec le lancement du 3ème plan quinquennal, pour ensuite chuter en 2012 avec le début d’achèvement des
projets. Le pic a été enregistré en 2011.
□ La même remarque et valable aussi pour les dépenses d’investissement du secteur d’infrastructures socioculturelles qui ont
connu un certain niveau entre 1994 et 2005 pour prendre une tendance vers la hausse depuis 2006 jusqu’en 2010. Mais à partir
de 2011 ses dépenses ont connu une baisse. Le pic a été enregistré en 2010. □
Pour ce qui est des dépenses du secteur de l’habitat, nous avons constaté qu’ils ont été faibles de 1994 à 2004, pour prendre
une tendance haussière depuis 2005 avec la volonté des pouvoirs publics de lancer les grands projets d’habitat en faveur de
toutes les catégories de la population sous différentes formules. Le pic de ses dépenses a été enregistré en 2009.
□ Concernant les dépenses des plans communaux de développements, ces derniers étaient stables durant la période allant de
1994 à 2000 pour ensuite doubler à partir de 2001 à 2006. La tendance haussière a continué a s’afficher à partir 2007 où on
enregistre son point culminant.
□ Pour ce qui est des dépenses en infrastructures économiques et administratives, là aussi nous avons remarqué que leurs
niveaux été faible de 1994 à 2004 pour prendre une tendance très forte vers le haut à partir de 2005. L’année 2012 a vue
l’enregistrement de son plus fort montant.
►La Taille de l’Etat : C’est le rapport Dépenses Publiques / PIB (taille de l'Etat G/Y)

Evolution de la taille de l’Etat

290
Nous remarquerons que le ratio dépenses publiques sur le PIB, communément désigné par la taille de l’Etat qui révèle des
préférences pour l’interventionnisme étatique; enregistre une certaine stabilité durant la période allant de 1990 à 2007 entre 25
% et 35 %, et à partir de 2009, cette part a dépassé les 40 %. A partir de 2008 nous avons enregistré un bond puisque ce
rapport a dépassé les 35 % jusqu’à ce qu’il atteigne les 42 % en 2012. A ce titre, nous remarquons aussi qu’entre 1990 et 2013;
la part des dépenses publiques dans l’économie algérienne a augmenté de plus 38 %. D’autre part, il est à signaler que dans les
pays développés telle que la France par exemple, il fût enregistré une part des dépenses publiques en % du PIB de plus de 45%
depuis 1980 pour atteindre un pourcentage de 53.5 % en 2004. Le même constat est fait pour l’Italie, l’Allemagne, la Grande
Bretagne et les Pays-Bas. Par contre, pour les Etats-Unis et le Japon, la part des dépenses publiques sur le PIB n’a pas
dépassé les 38 % depuis 1980 jusqu’à 2004 (2). Ce qui nous amène à dire que l’intervention de l’Etat Algérien dans l’économie
n’est pas aussi forte en comparaison à ces pays. □
(2)Maya BACACHE-BEAUVALLET & Florent MAYNERIS 2006.

►Le PIB par secteur d’activité (Hors Hydrocarbure) : Evolution des PIB par secteur d’activité
(Millions de DA)

Source : ONS

Ce qui est constaté à partir de ces données est que les Pibhh et Pibh.hyd et h.agr ont connu une augmentation continue et
croissante depuis 1999 à 2011. Quant au Pib courant, il a enregistré une forte augmentation à partir de 2004 pour ensuite
chuter en 2009 à cause des effets de la crise financière mondiale, avant de reprendre son chemin de croissance ascendant à
partir de 2010. □
►Le Taux de croissance du PIB :
Evolution du taux de croissance du PIB (% PIB constant)

Source : Banque Mondiale


291
Evolution du taux de croissance du PIB
Le taux de croissance du Pib en pourcentage a connu des fluctuations durant toute la période d’analyse. Il a enregistré des
montant négatif en 1993 et 1994 (période de la crise économique) puis à partir de 1995 son taux est devenu positif avec des
valeurs au tour de 4 % annuellement. □
(*) Cf.Benloulou Salim Badreddine,"Les dépenses publiques : quel optimum pour un bien-être social ?", 2014.

Part des importations de l’Algérie dans le commerce : 2001- 2012 (en millions $)

292
Evolution du Commerce Extérieur de l’Algérie 

AJUSTEMENT STRUCTUREL.- L'économie algérienne est soumise au programme d'ajustement structurel depuis la signature
en avril 1994, d'un accord avec l e Fonds monétaire international (FMI) et l'acceptation, pour la première fois de son histoire, de
rééchelonner ses dettes extérieures vis-à-vis des Clubs de Paris et de Londres. Cet engagement dans l e rééchelonnement a
été repoussé par tous les gouvernements qui s e sont succédé, depuis l'apparition de la crise de 1988 jusqu'à la fin de l'année
1993, année au cours de laquelle le service de la dette extérieure (rapport entre la valeur des remboursements annuels et celle
des exportations) avait atteint le taux record de 86%. Les prévisions pour l'année 1994 amenaient ce taux à un pic de 92%.
Autrement dit, l'équivalent de la valeur de l'ensemble des exportations devait être consacré au remboursement du service de la
dette, alors que le fonctionnement du pays nécessitait par ailleurs des importations (alimentation, équipements, médicaments)
d'une valeur au moins égale à celle des exportations, soit à cette époque une enveloppe d'environ 10 milliards de dollars.
L'équation était impossible à résoudre, car les bailleurs de fonds internationaux refusaient d'accorder de nouveaux crédits à
l'Algérie et la poussaient vers le rééchelonnement, estimant que l'effort et les conséquences “d'une économie de guerre” dont
rêvait Bélaïd Abdesselam, chef de gouvernement de juillet 1992 à juillet 1993, étaient aussi désastreux qu'inutiles. Les
déséquilibres économiques étaient très profonds et toutes les thérapies imaginées au cours de la période qui a suivi le renvoi du
gouvernement des réformateurs en juin 1991, jusqu'à la fin de l'année 1993, se sont avérées inefficaces, d'autant plus que la
situation politique du pays entrait dans une nouvelle phase marquée par une très forte violence. C'est dans ces conditions que
les accords avec le FMI et la Banque mondiale ont été signés et présentés à la population comme l'unique solution, alors que,
quelque temps avant, le rééchelonnement de la dette était présenté par la majorité de la classe politique comme un "bradage"
de la souveraineté nationale. Ces accords ne soulèveront aucune contestation, et très rapidement la classe politique qui s'est
exprimée sur cette question s'est montrée favorable à cette option. Le programme d'ajustement structurel (PAS) qui en a
découlé imposait plusieurs objectifs visant tous à assurer les grands équilibres macro-économiques et à préparer les conditions
d'une relance de la croissance économique. Quels sont les premiers résultats de l'application de ce programme, très vite devenu
le programme de travail du gouvernement depuis avril 1994? Le programme mis en oeuvre pour nécessaire qu'il soit, n'en a pas
moins fragilisé des couches de plus en plus grandes de la société, son caractère draconien frappant de plein fouet toute la
sphère sociale. Les résultats macro-économiques se sont réalisés au détriment de l'appareil de production, du pouvoir d'achat
des ménages et de l'emploi. Obtenant des résultats mitigés,le P.A.S. a plus réussi en matière de taux de change et de libération
des prix, que dans les domaines nécessitant des consignes plus complexes et plus affinées ainsi qu'un consensus plus vaste tel
que les réformes fiscales.Les instruments utilisés pour transférer lesressources à l'appui des réformes sont relativement
rigides.Les progrès sont plus longs à se dessiner pour des réformes touchant à l'éducation,la santé et le secteur public.Les
spécialistes ont reconnu que cette action,qui a consacré l'importance de la régulation monétaire dans la maitrise et la résorption
des déséquilibres financiers internes, n'a pas assuré la relance des activités productrices du fait de la récession de la demande
et de la raréfaction des disponibilités en devises. Les résultats de mise en oeuvre du programme laisse apparaitre que les
objectifs ont été atteints pour la sphère macroéconomique,mais le sont beaucoup moins pour la sphère réelle.Le
rééchelonnement de la dette extérieure n'a pas profité à la sphère productive.La libération des crédits qu'a permis le
rééchelonnement a servi à financer la consommation et non pas l'investissement;le redressement est dû pour une large
mesure aux effets mécaniques de la dévaluation, alors que la répartition des coûts sociaux demeure foncièrement inéquitable
en dépit des efforts consentis pour la protection des couches sociales vulnérables.

FORTUNES.- Actuellement, la masse monétaire qui circule dans le circuit informel est supérieure à celle
déposée dans les banques algériennes. L'épargne informelle représente ainsi le tiers de la masse monétaire
en circulation en Algérie. Mieux encore, le président du conseil national de la privatisation dira que l'avoir
des Algériens à l'étranger est de l'ordre de 30 milliards de dollars. Cet argent, s'il venait à être investi en
Algérie, règlerait bien des problèmes. Le fait de connaître la provenance de cet argent susciterait un autre
débat qui n'intéresserait visiblement pas les responsables algériens, bien que cette somme colossale
équivale à la dette extérieure du pays. Des fortunes considérables se sont constituées dans le pays, le plus
souvent par le fait d'activités spéculatives ou de pratiques qui relèvent de l'enrichissement sans cause et,
dans bien des cas, au détriment du patrimoine de l'Etat ou des revenus fiscaux soustraits frauduleusement
ou par le laxisme des lois édictées dans le cadre des réformes économiques. L'accumulation de ces
fortunes, amassées généralement en des périodes anormalement courtes, constitue l'une des causes
majeures qui sont à l'origine de la détérioration de l'esprit civique et de la dégradation morale qui rongent
dangereusement la cohésion de la société. L'existence de ces fortunes, perçues par l'opinion comme des

293
biens mal acquis et comme le fruit de la corruption participe, pour une large part, à la perte de confiance
des citoyens algériens en leur Etat. Elle est, de ce fait, l'un des facteurs qui ont détruit la crédibilité de l'Etat
et affaibli considérablement son autorité auprès de l'immense majorité des algériens. Aussi, la moralisation
de la constitution de ces fortunes s'impose-t-elle comme l'un des critères fondamentaux par lesquels doit se
manifester et se concrétiser toute action visant à rétablir l'autorité de l'Etat et à restaurer sa crédibilité
auprès des citoyens. A cet effet, le gouvernement doit lancer une entreprise d'envergure pour soumettre ces
fortunes au contrôle et contraindre leurs détenteurs à rendre à la collectivité les richesses dont elle a été
indûment dépossédée, même lorsque cette dépossession de la collectivité nationale s'est effectuée sous le
couvert d'une législation qui semble, dans bien des cas, avoir été sciemment élaborée et consolidée pour
les besoins de la cause.

INDICATEURS ECONOMIQUES.- Evolutions récentes et perspectives :

Les exportations ont contribué dans une plus large mesure à la croissance en 2016, contrairement aux importations et à la
consommation publique qui ont eu un impact négatif sur cette dernière (voir le graphique1). Cette croissance soutenue a résulté
en partie d’un processus harmonieux de rééquilibrage des finances publiques, qui a permis de ramener le déficit budgétaire de
16,2% du PIB en 2015 à 12,2%du PIB en 2016 (tableau1 et graphique2). Les autorités publiques ont poursuivi avec un succès
relatif le train de mesures d’austérité adoptées dans le cadre du budget de 2016.Ce dernier prévoyait une contraction de 9 %
des dépenses (essentiellement au titre des investissements) et un accroissement de 4 % des recettes fiscales par suite d’une
augmentation de 36% du prix de l’essence et du relèvement des taux de la TVA frappant l’électricité et de la taxe
d’enregistrement des voitures. Le budget a permis également aux autorités fiscales d’approuver de nouvelles réductions des
dépenses si les cours du pétrole tombent en dessous du cours retenu comme hypothèse, et de procéder à des emprunts
extérieurs si nécessaire. Pourtant, les dépenses publiques sont estimées n’avoir diminué que de 6,0%, essentiellement sous
l’effet d’une réduction de 11,2% des dépenses d’investissement. Le déficit du compte courant a légèrement diminué pour
s’établir à 15,6% en 2016 contre 16,5% en 2015. Les importations se sont contractées de 5,9% en 2016, mais dans une bien
moindre mesure que les exportations qui ont chuté de 16,8%. La baisse des importations a tenu en partie à la nouvelle politique
de licences d’importation conçue par l’État pour limiter le déficit du compte courant.
En 2016, les autorités monétaires ont permis au dinar de se déprécier davantage par rapport au dollar de 8,6% afin d’éviter un
désalignement du taux de change, ce qui a accru les tensions inflationnistes. Le taux d’inflation est passé de 4,8% en 2015 à 6,4
% en 2016 en partie à cause des répercussions de la modification du taux de change suite à la dépréciation du dinar. La
persistance de taux de chômage élevés pour les jeunes reflète le manque d’opportunités économiques pouvant améliorer les
conditions de vie des ménages.

294
Le rythme de l’activité économique devrait se ralentir à moyen terme. Le taux de croissance du PIB réel devrait atteindre, en
moyenne,1,2 % durant la période 2017-2019.

La révision à la baisse des projections de la croissance par rapport aux projections de l’automne 2016 est due à l’annonce de
l’assainissement des finances publiques et au ralentissement de la croissance de la production d’hydrocarbures. Durant la
période 2017-19, un faible accroissement (2,5%) de la production d’hydrocarbures dû à l’entrée en production de nouveaux puits
et à une correction positive des cours du pétrole atténueront les répercussions négatives sur les secteurs réels hors pétrole des
mesures de rééquilibrage des finances publiques et du compte courant. Le maintien des cours pétroliers à un faible niveau
(malgré une correction positive) et l’atonie dela demande des ménages due à des taux de chômage et/ou d’inactivité élevés
empêcheront l’inflation de s’accélérer. Le déficit budgétaire tombera à un niveau inférieur à 5% en 2017 pour atteindre 1% en
2019, selon les estimations, si les pouvoirs publics continuent de résolument maîtriser les dépenses. Ce déficit devrait être
financé par l’émission de nouvelles dettes du fait que l’épargne budgétaire est épuisée, ce qui portera le ratio de la dette au PIB
à 14,6% en 2018 et à plus de 20 % en 2019. Les projections indiquent une diminution progressive du déficit du compte courant,
qui tombera à moins de 10% en 2019.
Risques et défis : Sachant que l’augmentation éventuelle de la production d’hydrocarbures pourrait également dépendre du
niveau des cours, l’Algérie est particulièrement exposée à une baisse persistance de ces derniers. La montée du
mécontentement social due à la contraction des dépenses publiques, à l’augmentation de la charge fiscale et à l’ampleur du
chômage des jeunes expose ces perspectives à un risque important. Par exemple, en janvier 2007, l’annonce d’un relèvement
du taux de la TVA de 17% à 19% a provoqué des manifestations importantes à Béjaia et dans les villes voisines. Bien que les
autorités commencent à manifester la volonté politique de rationaliser un système de subventions inefficace, inéquitable et
généreux et que ces mesures fassent l’objet d’un consensus au niveau national, de telles réformes exigeront l’amélioration des
filets de protection sociale, notamment la mise en place d’un système de transferts monétaires bien ciblé et la poursuite d’une
campagne médiatique de grande envergure. Certaines de ces mesures d’accompagnement sont en cours de conception et
devraient être mises en œuvre à moyen terme.

295
(Source : ONS)
►Selon la COFACE (01/ 2018):
 PIB / Habitant : 3902 $US 2015 2016 2017(p) 2018(p)

Croissance PIB (%) 3,7 3,3 2,2 1,5

Inflation (moyenne annuelle, %) 4,8 6,4 5,5 6,0

Solde public / PIB (%) -15,7 -13,7 -11,5 -9

Solde courant / PIB (%) -16.5 -15,6 -13,0 -10,3

Dette publique / PIB (%) 8,8 20,6 17,9 17,7

(p) : prévision
POINTS FORTS :
♦ Importantes réserves de pétrole et de gaz notamment de gaz de schiste.
♦ Potentiel dans les domaines des énergies renouvelables et du tourisme
♦ Situation financière extérieure solide (très faible endettement extérieur, importantes réserves de change)
POINTS FAIBLES :
♦ Forte dépendance aux hydrocarbures et problèmes d’utilisation de cette rente
♦ Lignes de fracture entre le pouvoir et la population
♦ Taux de chômage des jeunes élevé
♦ Poids excessif du secteur public
♦ Lourdeurs bureaucratiques, faiblesses du secteur financier et environnement des affaires problématique
APPRÉCIATION DU RISQUE :
ⱷ Nouvelle baisse de la croissance en 2018.
Depuis 2014, le soutien public à l’activité a permis de limiter l’impact de la baisse du prix du pétrole sur l’économie algérienne.
Mais, face à l’épuisement des ressources financières de l’État et la baisse des dépenses publiques, la croissance algérienne a
ralenti en 2017. Même si le secteur pétrolier a enregistré une forte croissance au cours de l’année, il n’a pas compensé le
ralentissement de l’activité hors pétrole. En 2018, l’économie devrait continuer à ralentir. La reconduite des quotas dans le cadre
de l’accord OPEP devrait limiter la croissance du secteur pétrolier déjà pénalisée par le manque d’investissement et l’arrivée à
maturité de certains champs. Une nouvelle loi visant à accroître l’attractivité du secteur auprès des investisseurs étrangers en
limitant les restrictions imposées aux compagnies étrangères devrait être mise en place en 2018 mais ses effets ne devraient
pas être visibles à court terme. L’activité hors pétrole devrait montrer des signes d’essoufflement. Les autorités entendent
poursuivre leur soutien à la consommation en augmentant les dépenses sociales mais cela se fera au détriment de
l’investissement public. L’impact de cette mesure sur le pouvoir d’achat des ménages devrait être limité par la hausse de
l’inflation. En effet, en vue de financer le déficit, le gouvernement algérien a voté en septembre 2017 une nouvelle loi cadre
permettant à l’État et ce pour une durée de 5 ans d’emprunter directement auprès de la banque d’Algérie. Cette méthode de
financement aura pour conséquence une hausse des pressions inflationnistes domestiques alors que les barrières à
l’importation tendent à accroître le prix des produits étrangers.
ⱷ Des déficits jumeaux conséquents.
La situation budgétaire continue de souffrir des conséquences de la baisse du prix du pétrole. Le déficit public a légèrement
diminué en 2017, mais reste à deux chiffres. La légère hausse du prix du baril au cours de 2017 a permis une augmentation des
recettes fiscales mais les dépenses n’ont que faiblement baissé. Bien qu’en légère diminution, le déficit public devrait rester
conséquent en 2018. La loi de finance témoigne d’une inflexion dans la politique budgétaire du gouvernement faisant suite au
changement successif de premiers ministres au cours de l’année précédente. Le plan de consolidation budgétaire adopté en
2016 et devant permettre sur trois ans une baisse du déficit public basée sur une réduction des dépenses d’investissement a été
mis de côté. L’enveloppe prévue pour ces dernières a été augmentée de plus de 50 % et devrait aider à financer des projets
jusqu’alors gelés dans les secteurs de l’éducation, de la santé, et de l’aménagement du territoire. Celle destinée aux dépenses
de fonctionnement a été réduite de moitié. Les subventions et les dépenses sociales ne devraient pas être supprimées à
l’exception d’une moindre prise en charge du coût des énergies qui devrait entraîner une hausse du prix du gaz et du pétrole à
la pompe. Alors que la légère hausse du prix du baril au-dessus de 50 dollars et l’augmentation des exportations devraient
favoriser une augmentation des recettes budgétaires, elles ne compenseraient pas la politique expansionniste du
gouvernement. Le déficit public devrait être financé directement par des emprunts effectués auprès de la banque centrale. La
dette publique devrait augmenter en conséquence mais le principal risque de cette politique serait la hausse de l’inflation. Le
recours à l’endettement extérieur reste pour le moment exclu par les pouvoirs publics.Les comptes extérieurs demeurent
fortement déficitaires depuis 2015. Les exportations algériennes composées principalement de pétrole ont légèrement augmenté
en 2017 et cette hausse bien que faible devrait se poursuivre en 2018. Mais le différentiel avec le besoin en importations du
pays reste important. Les réserves de change continuent de s’éroder et devraient passer sous la barre des 100 milliards USD en
2018. Les mesures visant à réduire la facture d’importation ont permis une baisse de ces dernières en 2017 et de nouvelles
mesures visant à limiter la diminution des réserves de change devraient être appliquées en 2018. Les IDE en direction de
l’Algérie devraient néanmoins s’accroître. Le gouvernement vise en effet à augmenter l’attractivité du secteur pétrolier en
proposant une nouvelle loi d’investissement.ⱷ Un risque de contestation sociale.
Les élections législatives qui ont enregistré un taux de participation historiquement faible en mai 2017 n’ont pas conduit à une
refonte de la structure de l’Assemblée et la coalition au pouvoir composée du FLN et du RND a été reconduite. Cependant, les
remaniements gouvernementaux se sont succédés au cours de l’année, le dernier en date étant le limogeage de Abdelmadjid
Tebboune au profit de Ahmed Ouyahia premier ministre pour la quatrième fois sous l’ère du président Bouteflika. Le
ralentissement profond que traverse l’Algérie commence à avoir des répercussions sur le plan social ce qui conduira le
296
gouvernement à poursuivre sa politique généreuse de transferts sociaux au détriment de la consolidation budgétaire. Mais les
récentes déclarations de la Sonatrach visant à exploiter les gisements de gaz de schiste dans certaines parties du sud algérien
pourraient faire renaître des poches de contestation sociale.

INFLATION.-♦1994 : 34% (résultat de l'augmentation des prix des produits soutenus)  ♦1995 :10% ♦1996 :
6% ♦ 1997 : 5,7 % ♦ 1998 : 5 %
►Le taux officiel de l'inflation atteint , entre 1984 et 1994, le chiffre de 29%, mais certains experts
algériens estiment que le véritable taux est de 60%. La cause de cette inflation provient qu'à un certain
moment, l'Etat, pour redresser les finances des entreprises publiques et payer les travailleurs, eut recours
à la planche à billets. Le phénomène de l'inflation désigne un processus d'augmentation généralisée et
durable des prix, il devient grave quand il est un processus cumulatif et auto-entretenu et est durement
ressenti par la population. Les relèvements de salaires ne suivent le même rythme de l'augmentation des
prix. L'inflation est donc un problème économique et social majeur quand elle se généralise à l'ensemble
des prix des biens et services et quand le pouvoir d'achat de la population se dégrade. C'est ce qui se
passe en Algérie. Face à une telle situation, les salariés réagissent en demandant un ajustement des
salaires pour au moins maintenir leur pouvoir d'achat.
►La spirale infernale des salaires et des prix se déclenche quand les augmentations de salaires sont
répercutées sur les coûts de production, et là l'effet déstabilisateur de l'inflation sur l'économie apparaît
dans toute son ampleur. Le second effet a trait aux conséquences de l'inflation sur la répartition du revenu
national, les revenus fixes (salaires, intérêts, etc.) sont laminés tandis que les revenus des producteurs sont
protégés du fait que le prix constitue leur recette unitaire. D'autre part, un transfert de richesses s'opère
entre prêteurs et emprunteurs au bénéfice des seconds. Une inflation modérée ne provoque pas de baisse
de la croissance du produit national, les études empiriques l'ont confirmé. Mais il n'en est pas de même pour
une grande inflation (ou hyperinflation), celle-ci diminue la propension à investir des agents économiques et
détourne les ressources d'épargne vers les activités spéculatives (commerce, spéculation foncière, etc.) et
vers les placements à court terme rémunérateurs.
►Lorsque la monnaie nationale se déprécie fortement , les investissements productifs perdent de leur
attrait du fait de l'incertitude qui pèse fortement sur le pouvoir d'achat des recettes futures générées par les
moyens de production acquis. Enfin une inflation forte diminue la compétitivité des produits nationaux
exportables, d'où le risque de détérioration de la balance commerciale. C'est ce qui fait que dépassée un
certain seuil, l'inflation a des effets destructeurs sur l'économie nationale pouvant se traduire par une
véritable déroute. La hausse des prix observée est un mouvement général qui affecte tous les produits et,
d'une inflation rampante on est passée à une inflation galopante. Le pouvoir d'achat des salaires s'est
abaissé et les récentes revalorisations des salaires risquent d'être érodées par l'inflation persistante.
C'est la hausse des prix des produits alimentaires qui retient le plus l'attention de la population et quand
elle est forte, comme c'est le cas aujourd'hui, elle crée un tel choc psychologique sur l'opinion publique que
tout le débat se focalise sur l'évolution du coût de la vie. La question de l'origine de l'inflation galopante est
au coeur du débat. ► L'inflation des prix
n'a pas uniquement une origine monétaire , le désajustement macro-économique entre offre et demande
peut avoir d'autres causes. Si l'on situe l'analyse du côté de la sphère de production, sachant que les
entreprises publiques produisent en deçà de leurs capacités de production, il apparaît clair que
l'accroissement de leurs coûts de production unitaires qui en résulte propulse le mouvement des prix vers la
hausse. La sous-production et la faible productivité des unités productives sont une cause majeure de la
dérive inflationiste de l'économie algérienne. L'inflation par les coûts est en grande partie une inflation
structurelle. La faible élasticité des structures de production face à une demande effective et potentielle
en croissance constitue la distorsion qui est en bonne partie à l'origine du processus inflationniste.
Evolution de l’inflation en Algérie entre 1977 à 2012.
Année (Taux d’inflation %)
1977 (11,99) ; 1978 (17,52) ; 1979 (11,35) ; 1980 (9,52) ; 1981 (16,66) ; 1982 (6,54) ; 1983 (5,97) ; 1984(8,12 ) ; 1985
(10,48) ; 1986 (12,37) 1987 (7,44) 1988 (5,91 ) ; 1989 (9,83 ) ; 1990 (16,65 ) ; 1991 (25,89 ); 1992 (31,67 ) ; 1993 (20,54)
1994 (29,05) 1995 (29,78) 1996 (18,68 ) ; 1997 (20,54 ) ; 1998 (4,95) ; 1999 (2,65 ) ; 2000 (0,34 ) ; 2001 (4,23)
Evolution de l’inflation et IPCen Algérie du 2002- 2012 –
Année / IPC / Variation Taux d’inflation
2002 (101,43 / 1,43 ) ; 2003 (105,75 / 4,26) ; 2004 (109,95 / 3,97) ; 2005 (111,47 / 1,38) ; 2006 (114,05 / 2,31) ; 2007 (118,24
/3,68) ; 2008 (123,98 / 4,86) ; 2009 (131,10 / 5,74 ; 2010 (136,23/3,91) ; 2011 (142,4/4,52) ; 2012 (155,1 /8,9).

L’analyse de l’évolution des données ci-dessus montre que la mise en oeuvre des programmes de stabilisation et d'ajustement
structurel a permis de lutter de manière efficace contre l'inflation en Algérie dans la mesure où le taux d'inflation est passé de
297
31,5% dans les années 90 à 5,1% entre le début et la fin de l'application des programmes. En se fixant pour objectif primordial la
compression de la demande intérieure, le programme de stabilisation a fatalement permis de maîtriser l'inflation. La réalisation
de la performance en matière d'inflation a été rendue possible grâce à une politique d'austérité. lors de cette période pour
contrôler la liquidité globale, la Banque d’Algérie à augmenter le taux des réserves obligatoires et à repris directement des
liquidités sur le marché monétaire (2001), La politique de contrôle de la liquidité qui avait pour but de prévenir les pressions
inflationnistes qui pourront être générées et développées par l’excédent de l’offre de monnaie, a eu des effets positives vu le
taux d’inflation. -de 2006 à 2012 : l’inflation passe de 2.31 % en 2006 à 4.86 % en 2008, et atteint 8.9% en 2012. Durant cette
dernière période le taux d’inflation est instable et va en s’augmentant avec deux pics importants, l’un en 2009 avec 5.74 % et
l’autre 8.9%.en 2012. On conclut que les situations d’inflation particulièrement élevée se sont même traduites par une baisse de
l’activité économique. On retiendra donc que l’inflation élevée freine la croissance économique, que l’hyperinflation induit la
récession, mais qu’une dose très modérée d’inflation est généralement un élément positif.

INVESTISSEMENTS .- Les acteurs économiques nationaux attendent des décideurs politiques des actions
fermes et rapides en vue d'améliorer le climat d'investissement en Algérie, afin de drainer un flux important
d'investissements en Algérie, sans lequel il est vain d'espérer une croissance forte et durable à fort contenu
d'emplois, ainsi que l'émergence d'une économie compétitive. Pour rappel. Dans le portefeuille des 18.000
projets nouveaux recensés en Algérie en 1998, seulement 7% émanent de partenaires étrangers, en termes
d'engagements. Sur les 250 projets en partenariat, 35% sont le fait de pays européens, 28% des Etats-Unis,
le restant des pays arabes. En dépit d'une panoplie de mesures incitatives offertes aux investisseurs, les
promoteurs éprouvent beaucoup de difficultés à démarrer leurs projets. Deux facteurs fondamentaux sont à
rétablir dans la vie du pays, à savoir la stabilité politique et la stabilité économique, à même d'encourager
un flux d'investissements étrangers. Il est, en outre, indispensable de garder le cap en matière de réformes,
d'instaurer la transparence, ainsi que la clarté dans l'application des règles du jeu.
Parmi les risques liés à l'investissement, le risque politico-légal demeure le plus important, c'est-à-dire la
grande sécurité juridique mobilière et immobilière (titres de propriété), la transparence en particulier de la
fiscalité, l'environnement institutionnel et légal,...Du point de vue des chiffres, sur la première vague des
déclarations d'investissements, 30% des projets seulement, sont en cours de réalisation. Cette situation
s'explique par la persistance d'un certain nombre de dysfonctionnements, auxquels se heurtent les
promoteurs après qu'ils eurent franchi l'épreuve de l'agrément de l'agence pour la promotion et le soutien à
l'investissement (APSI). Il s'est avéré que les promoteurs d'investissement sont soumis à une rude
épreuve bureaucratique et administrative en vue de réaliser leurs projets. Les terrains d'assiettes, l'accès
aux crédits bancaires constituent de sérieux obstacles qui justifient l'abandon ou le renvoi de nombreux
projets à d'autres lendemains. En tout état de cause, l'APSI avait avancé un total de 17.736 projets
enregistrés, depuis sa création en 1994 jusqu'à décembre 1998, évalués à 1,86 milliard de dinars (environ
trois millions de dollars). 916.736 postes de travail sont attendus de ces projets.
Les données indiquent une prédominance de la création de nouvelles entreprises, avec un taux de 80%. En
partenariat avec l'étranger, 247 projets sont enregistrés pour un montant de quelque 86 milliards de dinars
et susceptibles de créer 29000 emplois. L'Europe arrive en tête avec 158 projets, suivie des pays arabes
avec 56 projets. En 1998, l'APSI a enregistré 9144 déclarations d'investissements contre 4989 projets en
1997. 99% des intentions viennent du secteur privé. Le secteur public n'a déclaré que 84 projets pour un
montant de 29 milliards de dinars. Cette amélioration s'explique notamment par le retour à la stabilité
politique et économique ainsi que par l'amélioration de la situation sécuritaire. Au delà des textes, le
contexte devra offrir un fonctionnement institutionnel favorable aux investisseurs et de meilleures conditions
à réunir. (Cf. priorités d’investissement économique, administration, institutions )

NIVEAU DE VIE.- En n'indexant pas les salaires sur le niveau des prix, tendance décennale de l'économie
nationale, le pouvoir d'achat de la majorité des algériens s'est réduit de façon considérable. Si on introduit
le facteur pouvoir d'achat du dinar, on se rend compte que la majorité des algériens, à la suite des
glissements et de dévaluations successives à partir surtout de 1991, ont vu l'accès notamment à deux biens
de consommation prisés (indices en Algérie d'une amélioration du standing de vie) devenir plus difficile.
Pour un salaire moyen, au début des années 80, le travailleur devait trimer pendant 20 ans pour acquérir
une voiture neuve. Le dinar valait alors 1,6 à 1,7 FF. A l’époque et c’est valable homothétiquement pour
aujourd’hui (par transposition d’échelle), pour un salaire moyen net de 10.000 DA autrefois, une économie
de 10%, le fonctionnaire par exemple devra travailler environ 40 ans pour accéder à un véhicule neuf. La
parité de la monnaie nationale a été divisée de plus de dix fois par rapport au franc. En France, jadis, et
c’est pareille échelle pour aujourd’hui, avec un salaire bas de 8000 FF et une économie de 1000 FF/mois, il
faudra 4 ans. Avec les crédits à la consommation automobile, le véhicule dans l'hexagone est à la portée de
la majorité de la population. Voici ce qui fait la différence de niveau de vie entre les deux pays. Ces
exemples montrent pourquoi de nombreux délits en Algérie portent sur le véhicule et/ou le logement. Morale
de l'histoire: le pouvoir d'achat du dinar augmente avec l'amélioration de la productivité et de la
compétitivité de l'économie nationale. De même, une augmentation salariale significative devra
correspondre à des gains de productivité, d'efficacité. A l'intérieur de cette économie compétitive, il
deviendra alors légitime d'indexer les salaires sur les prix, ces derniers se situant entre 1 à 4%. Mais, La
nature du système algérien actuel fausse tous ces calculs: économie parallèle, amélioration des revenus
fondée sur l'exploitation des liens claniques, déconnectée des facteurs compétence et rendement. En fin de
compte, l'amélioration du sort de la population revient, en premier lieu, à changer à l'évidence la nature
politique du système.□

PRODUIT INTERIEUR BRUT (PIB).- L'OCDE, comme beaucoup d'autres organisations, mesure le niveau de vie matériel
des pays membres par leur produit intérieur brut (PIB) et l'évolution de ce dernier. Mais ce qui est constaté est que les Etats ne
se préoccupent pas seulement du PIB, ils cherchent à améliorer le bien-être global, actuel et futur des citoyens en tenant

298
compte d'autres facteurs ayant trait notamment à la redistribution et à la qualité de l'environnement. Le PIB mesure la valeur
des biens et services produits par les résidents d'un pays ou d'une région au cours d'une certaine période. La production est
définie comme un processus exécuté par un agent économique qui en a la maîtrise (une entreprise, une administration, un
individu), qui utilise des biens et services ainsi que des ressources en main d'œuvre et des actifs (équipements, terrains,
matières premières) pour produire d'autres biens et services. Cette production doit être vendue sur un marché ou être transférée
à d'autres unités de production ou de consommation, gratuitement ou contre paiement d'un prix (*). La production des biens et
services est évaluée au prix du marché lorsque ceux-ci sont connus, ou elle peut être estimée. Le plus souvent, les économistes
évaluent le bien-être au moyen du PIB par habitant. Cependant, il existe de meilleurs indicateurs du niveau de vie matériel autre
que le PIB par habitant, à savoir le revenu national.
PIB par habitant = PIB courant / Population totale
Le PIB par habitant est considéré comme étant un indicateur de production. Sa finalité n’est pas la mesure du bien-être de la
société, mais la mesure des productions économiques, marchandes et non marchandes résultant d’une activité économique
formelle et mesurable, réalisés aucours d’une période donnée. □
(*) Réformes économiques : objectif croissance, partie 3 chapitre 6, indicateurs alternatifs du bienêtre, OCDE, 2006, p.113-148

Ce graphique présentant l’évolution du PIB de l’Algérie depuis 1960 jusqu’en 2016. De 2,724 à 156,08 mds $ en 2016, il s’agit
évidemment des prévisions des experts. Les données sont de la banque mondiale. Depuis le début des années 1962 le PIB de
l’Algérie connaît une évolution rapide avec un seul recul en 2000 par 54,79. La valeur du Produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie
a plus que triplé en 10 ans, passant de (54,79 mds $) en 2000 à (156,08 mds $) en 2011, grâce notamment aux investissements
publics consentis par l’Etat pour booster la croissance économique. ◙
►Benachenhou dénonce le pillage de l’économie sous prétexte de libéralisation : Selon Mourad Benachenhou, l'économie
algérienne a été livrée à des pillards imaginatifs. L’ancien ministre de l’Economie, le docteur Mourad Benachenhou, a démythifié
le classement mondial de l’économie algérienne en fonction de son Produit intérieur brut (PIB) tiré exclusivement de ses
exportations en hydrocarbures, en expliquant que si le pays venait à être classé selon ses exportations hors hydrocarbures et
dérivés d’hydrocarbures, il serait probablement au même niveau que le Népal (qui est un des pays les plus pauvres au monde).
Il a également pointé le pillage en règle de l’économie algérienne, ces quinze dernières années, sous l’étendard de la
libéralisation. Sous le titre «Privatisation ou “pillardisation” de l’économie algérienne ?» Benachenhou voit, dans une contribution
publiée dans le Quotidien d’Oran du mercredi 2 août, que dans le classement mondial des économies, «les différences en
termes de maîtrise technologique, de diversification de la production nationale comme de la composition des exportations sont
totalement effacées». «Les tentatives de calculer un produit intérieur brut hors hydrocarbures sont à la fois inutiles et
dangereuses car elles laisseraient croire qu’en l’absence des hydrocarbures, l’économie algérienne pourrait garder son même
produit national brut et son même classement, ce qui est loin de la réalité du terrain», note-t-il. Il indique que si le classement
était affiné, «l’Algérie se retrouverait au même rang que le Népal, considéré comme l’un des pays les plus pauvres au monde,
placé au 105e rang, en termes de PIB et au 151e rang en termes d’exportations», explique-t-il. L’ouverture de l’économie
algérienne sur le monde, officiellement depuis 1988, devait permettre la diversification de l’économie, une diversification de ses
exportations de biens et services et briser le quasi-monopole des hydrocarbures comme sources de devises, moteurs de
l’économie du pays, écrit Benachenhou. Cependant, note-t-il, «le processus de « privatisation » de l’économie a abouti,
paradoxalement et contrairement aux annonces proclamées par les “politiques” à l’exacerbation de la dépendance, tant à l’égard
des hydrocarbures qu’à l’égard des importations de biens et services», «le tout financé exclusivement par les devises provenant
des exportations d’hydrocarbures». Selon l’analyste, cette libéralisation «a donné lieu à la création d’une race “d’entrepreneurs”
aux antipodes du modèle “shumpétérien” attendu, de rapaces en costume et cravate (…) qui ont exploité, et continuent à
exploiter, toutes les déficiences structurelles et administratives du mode de gestion des deniers publics», a-t-il indiqué. «La
situation créée par une politique d’ouverture économique désordonnée et, plus ou moins fruit de l’improvisation du moment et
suivant les circonstances politiques en cours, a abouti à la “pillardisation” de l’économie algérienne qui a été livrée à des pillards
imaginatifs, sans aucun doute bénéficiant d’appuis plus ou moins occultes (…) et qui commencent même à s’essayer à la
politique étrangère pour défendre leur fortune mal acquise», ajoute-t-il. Pour Dr. Benachenhou, «une défense nationale forte
commence, il faut le souligner, par l’assainissement de l’économie et sa transformation en une économie de production, non de
distribution et de pillage». Il regrette de ne pas voir une «démarche cohérente» dans la correction de cette «politique folle» de la
part des autorités publiques. Les autorités continuent à «agir au coup par coup», à «improviser» et «à prendre des demi-
mesures qui ne font que rendre la situation encore plus compliquée», dit-il. Dr. Benachenhou s’interroge enfin si le Premier
ministre – qui a l’initiative de l’action gouvernementale, même si cela n’est pas dit avec suffisamment de clarté –, dans la
Constitution amendée de 2016, est vraiment totalement maître de ses initiatives, quelles que soient la bonne volonté et la
fermeté qu’il puisse démontrer pour mettre fin à ce processus de pillage généralisé qu’a enclenché l’ouverture de l’économie. □
RAMDANE Yacine (Algeriepatriotique, 05.08.2017)
RÉCESSION ÉCONOMIQUE. – Le même scénario se répètera inéluctablement si un autre paradigme de
politique économique et de redressement ne s’affirme. C’était   tout juste hier, rappelons-nous  : L'Algérie a

299
reçu plus de 14 milliards de dollars du FMI de 1994 à 1996 et à 1998, ce "soutien" devait atteindre plus de
20 milliards de dollars. Cela n'empêche qu'aucun investissement n'a été fait depuis plus de cinq ans
pour relancer la croissance des secteurs productifs d'emplois et de richesses. D'après certains experts
algériens en économie, en raison de l'absence d'une politique économique appropriée, il est impossible
d'investir en Algérie. Il n'y a pas eu de développement d'un marché et pas davantage d'incitation à
l'accumulation et à l'investissement. Seule la spéculation existe et rapporte énormément, le P.A.S. ayant
permis de réaliser des marges très importantes. En effet, entre 1989 et 1996, la régression globale de la
production industrielle, secteurs public et privé confondus, a été de l'ordre de 20%. Certaines branches ont
connu un véritable effondrement. Il s'agit notamment du textile, de la confection, du cuir et chaussures,
aussi bien que des industries de base telles la sidérurgie, la métallurgie, la mécanique, l'électronique. Et
alors que les capacités installées sont passées de 50% en 1993 à 42% au premier semestre 1997, les
pouvoirs publics, sous l'influence de certains potentats militaro-politiques autorisent les 25.700 opérateurs
privés et seulement 300 entreprises publiques à importer massivement des biens de consommation, soit
10 milliards de dollars entre 1995 et1996. Les entreprises nationales publiques et privées sont en mesure de
répondre à la demande interne, en employant des travailleurs algériens. Mais avec l'adoption du P.A.S., le
commerce extérieur algérien a été ouvert et constitue un lieu d'importantes luttes d'intérêts. Le partage d'au
moins 10 milliards de dollars ne laisse indifférents ni les grandes administrations de l'Etat ni les différents
groupes d'intérêts puissants. L'enjeu des réformes actuelles semble principalement se situer à ce niveau. La
privatisation du secteur industriel programmée par le gouvernement va à contre-courant de la tendance à la
désindustrialisation. En effet, la part du secteur privé industriel, hors hydrocarbures, a chuté de 26% à 15 %
entre 1979 et 1995.

LE SYSTEME ÉCONOMIQUE

AUTORISATION GLOBALE D’IMPORTATION .- Les AGI sont des instruments de contrôle du commerce extérieur. De
1970 à 1973, la pratique des A.G.I se développait, en 1973 ; elle était réglementée par la circulaire du 20/02/1973 du ministère
du commerce suivi du décret d’application 74/14 du 30/01/1974. Avant de développer le système des A.G.I, nous allons
présenter les instruments qui l’ont précédé et préparé.
□ Les instruments de contrôle du commerce extérieur avant les AGI : En octobre 1963, l’Algérie sort de la « zone franc » et
donc instaure un contrôle de change applicable à tous les pays tiers (H. Benissad, 1991). De plus, toujours en 1963, l’ONACO
(Office National de Commercialisation) est créé. Ce dernier avait le monopole de l’importation et de l’exportation de produits
alimentaires de grande consommation. Il avait ainsi un rôle important de stabilisation des prix des produits alimentaires de
grande consommation. Ce dispositif a été complété par le contingentement mis en application par le biais de licences
d’importation en 1964. Enfin, nous pouvons citer la création de Groupements professionnels d ‘achat qui regroupait l’Etat et le
secteur privé national pour les opérations de commerce extérieur. Ces groupements couvraient cinq branches à savoir : bois et
dérivés- cuir et peaux – textiles artificiels et coton- lait et dérivés- autres textiles.
►Le système des AGI : En juillet 1971, une série d’ordonnances attribue le monopole de l’Etat au commerce extérieur à
certaines entreprises publiques par exemple la S.N.S, la SONACOME. L’ordonnance 74-112 instaure le Programme Général
d’Importation (P.G.I). Cette dernière fixe les rares marchandises libres à l’importation, les marchandises contingentées et enfin
les A.G.I délivrées aux entreprises (H.Benissad- 1991- p 78). L’A.G.I est un titre annuel d’importation délivré par l’Etat à
l’entreprise et couvrant la totalité des importations à réaliser. Cette A.G.I est en même temps une enveloppe financière
transférable (en devises) nécessaire à la réalisation des importations. Le monopole total de l’Etat sur les importations a été
instauré par la loi 78-02 du 11/02/1978.
□ Dispositions relatives aux exportations : le contrôle des changes et les comptes EDAB et EDAC.
Les exportations sont régies par l’ordonnance 74-11 du 30/01/1974. Cette dernière confirme la liberté d’exportation sauf pour
certains produits. Pour le contrôle des changes, l’avis 69 du 18/03/1971 est en vigueur. Il stipule que le délai maximum de
rapatriement des devises est de 60 jours voire 90 jours pour certains produits. Par ailleurs, deux types de comptes sont créés au
profit des exportateurs, à savoir le compte EDAC (Exportations en Dinars Algériens Convertibles) et le compte EDAB
(Exportations en Dinars Algériens Bilatéraux). Ce dernier concerne notamment les échanges avec la zone «clearing » (H.
Benissad- 1991- p 83). Un accord « clearing » est un accord entre deux pays aux termes duquel le produit des exportations est
affecté au règlement des importations (un tel accord a notamment été signé avec l’U.R.S.S- Union des Républiques Socialistes
Soviétiques). Les comptes EDAB et EDAC servent à abriter les recettes des entreprises exportatrices qui ont droit au
prélèvement de 2% de leurs recettes d’exportation ; le reste est remis à la banque d’Algérie (B.C.A).
□ Le monopole de l’Etat sur le commerce extérieur :
Depuis l’application de la loi 78-02 sur le monopole de l’Etat sur le commerce extérieur, les contraintes suivantes ont été
imposées (H.Benissad- 1991) :
♦ suppression de la liberté d’importation et d’exportation
♦ dissolution des entreprises privées d’import – export
♦ délivrance de licences d’exportation pour le secteur privé.
Le commerce extérieur est donc totalement soumis aux besoins de financement de l'économie imposés par la réalisation des
différents plans de développement. Ainsi, à partir de 1974, les importations de matières premières, de demi-produits ont la
même tendance à la hausse que les importations de biens d'équipement. D'une manière générale, les importations de ces deux
groupes de produits industriels représentaient autour des deux tiers de l'ensemble des importations : 68,25% en 1970 et 64,33%
en 1978 (A. Brahimi, 1991). ◙
Références :
M.E Benissad, La réforme économique en Algérie, éd. OPU-Alger, 1991
A. Brahimi, L'économie algérienne, ed. Dahlab- Alger, 1991.

CHOIX DE DÉVELOPPEMENT.- Au lendemain de l'indépendance, le choix politique de développement


algérien se tourne vers une option d'inspiration socialiste basée sur un concept d'industries
industrialisantes censées entraîner à terme la mécanisation de l'agriculture et son intégration dans le

300
processus général de développement, et sur un moyen pour y parvenir grâce à la rente pétrolière et gazière.
Ainsi, près de 1000 milliards de dinars en 20 ans avaient été investis prioritairement avec audace dans
l'industrialisation du pays. L'Algérie est donc parmi les peu de pays du tiers-monde à s'être ainsi doté d'une
industrie qui s'étend de la sidérurgie à la métallurgie en passant par la pétrochimie, la mécanique,
l'électronique et autres industries de transformation, à avoir électrifié près de 80% de son territoire et
scolarisé près de 6 millions d'élèves... La crise économique des années 80 qui a entraîné une chute
drastique des prix des hydrocarbures pénalisa d'abord les pays exportateurs de pétrole. L'Algérie qui s'est
endettée pour réaliser dans les meilleurs délais les investissements les plus lourds, doit faire face à une
crise aiguë en moyens de financements extérieurs, qui a pour corollaire la chute de l'investissement et de la
production, une inflation de 25% et un taux de chômage de l'ordre de 18%. Soumises à une gestion planifiée
et centralisée, et livrées à une politique sociale permissive, les entreprises nationales ne purent faire face à
cette crise financière, et le recours aux crédits à court terme pour financer les importations de matières
premières, desquelles beaucoup sont quasi-dépendantes, ne fit qu'aggraver le processus d'endettement.
La situation exigeait alors une révision rapide de l'ensemble des règles de fonctionnement de l'économie qui
après des tentatives de rééquilibrage et de restructuration d'entreprises sans effets dans les années 80, se
traduit aujourd'hui par un changement radical d'option de développement vers une économie de marché. Il
fallait pour cela, réviser le rôle de l'Etat jusque là providence, et instituer les outils économiques visant à
faciliter cette transition d'une économie administrée vers une économie de marché en concrétisant une
nécessaire adaptation des structures aux normes internationales à travers un certain nombre de mesures
axées autour des points suivants :
◘ l'autonomie des entreprises publiques comme forme de gestion, faisant de celles-ci des personnes
morales distinctes de l'état, délivrées de toutes tutelles administratives, dotées d'un capital social et
désormais régies par des règles universelles de la commercialité.
◘ réhabiliter le secteur privé jusque-là marginalisé et l'intégrer dans le processus général de
développement.
◘ libéraliser le commerce extérieur par la suppression de tout monopole de l'Etat, pratique qui avait jusque
là gêné la fluidité des mouvements de marchandises et généré des pratiques commerciales restrictives.
◘ réhabiliter le rôle du marché et de l'Etat à travers la mise en place de leviers économiques tels que les
prix, la fiscalité et la monnaie.
◘ réinstituer le principe de libre concurrence comme moyen de stimuler les initiatives des entreprises quel
que soit leur statut juridique.
◘ et surtout pourvoir à la crise de financement aigue que traverse le secteur industriel en libéralisant et
encourageant toute forme de participation du capital étranger au développement économique.

ÉCONOMIE AGRICOLE DE MARCHÉ . - L’histoire de l’agriculture algérienne a été marquée par plusieurs
réformes. Au lendemain de l’indépendance, un secteur agricole étatique a vite remplacé les vastes
domaines coloniaux et des réformes se sont succédées sans un réel changement. En 1987, une nouvelle
réorganisation du secteur agricole a donné naissance à des unités de production plus petites et plus
autonomes. La création des EAC-EAI (exploitation agricole collective et individuelle) a induit une importante
diversification des systèmes de production. La décollectivisation engagée en 1987 ne s’est pas arrêtée à
cette date, elle s’est poursuivie mais de manière informelle*. Les productions agricoles, restent insuffisantes
par rapport aux besoins croissants de la population. Le secteur agricole reste fortement dépendant des
conditions climatiques malgré les efforts d’intensification. Les rendements et la productivité du secteur
restent globalement modestes. Ils sont en dessous des standards de la rive nord de la Méditerranée. A
partir de 2000, le secteur agricole se distingue par la mise en œuvre du programme national du
développement agricole (PNDA). Ce dernier vise l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays dans un
cadre, qui se veut novateur, reposant sur le triptyque «agriculture économique-rationalisation et
préservation des ressources». Toutefois, le secteur agricole est caractérisé par une situation du foncier
agricole complexe devant la diversité de statuts juridiques des terres de l’Etat et l’absence de législation en
ce qui concerne les terres privées. Néanmoins, en termes absolus, le secteur agricole est celui qui a connu
la plus forte croissance réelle puisque sur presque trois décennies, il a enregistré un taux de croissance
annuel moyen de 4,95%. Le secteur agricole représente, en 2014, 10% du PIB contre un plus bas à 6,7% en
2008. Face aux besoins alimentaires du pays, les insuffisances des productions agricoles exposent le pays
aux fluctuations du marché international des prix des denrées et des matières premières agricoles. □
*Coopératives agricoles bénéficient du seul usufruit, n’ont pas la propriété foncière.
►D’une manière générale on peut résumer le fonctionnement du marché agricole par ce schéma :

Le comportement des offreurs est commandé par le prix auquel ils espèrent vendre leur production lorsque
celle-ci sera livrée sur le marché. S’ils choisissent de considérer que le prix futur correspondra au prix
présent constaté, l’ajustement dynamique est incertain. La demande est peu élastique alors que l’offre est
très élastique. L’offre à la date t1 est O1, le prix attendu par les vendeurs est p1, ils constatent qu’à ce prix,

301
la demande D1 est supérieure à l’offre, ils obtiennent un prix plus élevé p*1. Le prix p*1 sert de base pour la
production à la date t2 soit O2. Cette quantité ne peut être absorbée que si le prix est p*2. L’excès d’offre
entraîne une chute du prix vers p*2 et les producteurs décident de modifier leur production pour la date t3.
Les marchés agricoles présentent, donc, des particularités qui les distinguent des autres marchés de biens
et services aussi bien dans leurs structures que dans leurs mécanismes. Pour comprendre l’originalité des
marchés agricoles, il faut d’abord remonter aux facteurs du marché: la demande et l’offre, ensuite, analyser
le mécanisme de formation du prix. Comme la demande, l’offre prend la forme d’une fonction qui donne la
quantité d’un bien offerte par l’entreprise pour chaque niveau de prix. L’équilibre sur le marché résulte de la
confrontation de l’offre et de la demande. Il est caractérisé par un prix égalisant l’offre et la demande. Les
échanges se font alors à ce prix. A long terme, au fur et à mesure que des entreprises attirées par un profit
positif entrent sur le marché, le prix d’équilibre tend vers le minimum du coût moyen de production du bien.
En Algérie, à première vue, dans l’ensemble, les marchés agricoles sont restés plus près du modèle abstrait
de la théorie classique des marchés. Pour un grand nombre de produits agricoles tels que la pomme de
terre, les cultures maraîchères, la viande rouge, le bétail etc. le prix résulte du mécanisme de l’offre et de la
demande comme sur un marché concurrentiel. Ce n’est pas le prix qui détermine l’offre mais l’inverse. Ainsi
tout opérateur qui se rend sur un marché pour des transactions ne connaît pas d’avance le prix du jour ; ne
peut le situer que par anticipation dans une fourchette donnée. Cette réalité confirme le caractère libéral du
marché de la majorité des produits agricoles. Dans leur négociation, les producteurs s’appuient le plus
souvent sur le prix antérieur et sur le niveau de la demande du marché à travers le nombre d’acheteurs
présents. Parallèlement, ces derniers apprécient le niveau de l’offre du jour par l’affluence des producteurs
sur le marché. C’est ce qui amène Boulahchiche, et Mekersi (1993) à dire que souvent ce qui importe sur un
marché ce n’est pas la quantité de produit offerte, mais plutôt le nombre des opérateurs économiques de
différentes catégories. Dans ce jeu, les agents financièrement influents de chaque groupe pèsent
énormément dans la conclusion d’un accord entre les producteurs les commerçants. Souvent sur ces
marchés, c’est ce sont les acheteurs qui dictent les prix aux producteurs. Dans tous les cas, on note une
suprématie des commerçants sur les producteurs. Ceci dénote la position de force des acheteurs sur les
petits exploitants. En outre, la saisonnalité que l’on observe au niveau de l’offre agricole commande celle du
prix. C’est pourquoi les prix sont élevés en période hors récolte et bas en période de récolte (Sayed, 2002).
A ce sujet, Benfrid (1998) récapitule: la protection du marché de la viande rouge engendre un comportement
spéculatif de l'ensemble des acteurs de la filière. L'organisation des circuits de commercialisation repose
sur des réseaux d'échange souples fondés sur des conventions tacites qui facilitent l'adaptation des agents
aux signaux du marché par un ajustement des flux. Les enquêtes auprès d'éleveurs de trois régions (Sidi
Bel Abbès, Tiaret, Sétif) et sur les marchés concrets auprès de quelques maquignons éclairent sur leur
comportement adaptatif et, par conséquent, sur le fonctionnement des marchés concrets (Benfrid, 1998).□
SI TAYEB Hachemi (2015).

ECONOMIE D’ENDETTEMENT.-
302
Schéma de fonctionnement de l’économie d’endettement
.
Source :Institut de financement dans les pays du Maghhreb Arabe, « Epargne et développement dans les pays du Maghreb »,
1990, p.32

GESTION DU SECTEUR PUBLIC ECONOMIQUE .- Le mode de gestion du secteur public consiste en un


regroupement des unités en exploitation au sein d'entreprises formées par branche ou sur la base de
groupes industriels ou financiers et sont constituées en sociétés par actions. Les immobilisations, les
valeurs et les obligations affectées aux entreprises à créer sont évaluées de façon à déterminer la structure
financière de ces entreprises et à fixer leur capital social réparti en actions dont le détenteur est l'Etat. Ces
entreprises ont la faculté d'ériger certaines de leurs unités en filiales dont elles détiendraient le contrôle et
vis à vis desquelles elles tiendront le rôle de sociétés "mères" régissant les activités de l'Etat dans un
domaine déterminé. Le capital social des entreprises publiques qui ont un rôle stratégique est détenu par
l'Etat. Mais soit à l'occasion d'augmentations de capital soit à l'occasion de cession d'actions, l'Etat peut
partager le capital social des autres entreprises publiques avec des partenaires privés nationaux ou
étrangers, aux conditions suivantes :
■ le processus ne saurait réduire la participation (directe ou indirecte) de l'Etat dans les entreprises
publiques"mères" à moins de 51% ;
■ le capital social d'une filiale d'une entreprise publique peut être ouvert à la participation du capital privé
national ou étranger au delà de la limite de 49%, sauf en ce qui concerne les filiales ou les associations
formées pour l'exploitation des gisements d'hydrocarbures pour lesquelles l'entreprise publique propriétaire
doit conserver au minimum 51% des parts ;
■ la décision de céder une partie du capital social d'une entreprise ou de l'une de ses filiales sera prise sur
autorisation de l'Etat ;
■ l'ouverture du capital d'une entreprise nationale ou de ses filiales à une participation étrangère est
subordonnée à un apport en argent frais, à l'acquisition et à la maîtrise de technologies performantes, à
l'application de techniques efficientes de gestion et à l'accès aux marchés d'exportation;
■ en outre, l'accès des travailleurs à l'actionnariat dans leurs propres entreprises est organisé.
Par ailleurs, et pour que l'ouverture du capital social d'une entreprise publique à de nouveaux partenaires
aboutisse à l'enrichissement de la nation et non à un transfert d'une richesse publique vers des personnes
morales ou physiques privées, le processus de cession est systématiquement précédé par la réhabilitation
de l'entreprise dans toutes ses composantes. L'Etat aura à requérir de la part des entreprises publiques ou
privées des actions ou des comportements en conformité avec la politique économique et sociale mise en
oeuvre. Chaque sujétion de service public imposée par l'Etat aura une contrepartie financière équitable.
Comme toutes les entreprises à travers le monde, les entreprises algériennes sont exposées à la sanction
économique : toute entreprise qui, de façon durable, perdra de l'argent au lieu d'en gagner ou qui ne
pourra honorer ses dettes, qu'elle soit publique ou privée, sera soumise à une procédure de liquidation
judiciaire. Les entreprises vitales pour le pays sont, quant à elles, garanties par l'Etat.

SECTEUR INFORMEL.- Poids de l’économie informelle  : L’économie informelle a toujours fait partie du
paysage socio-économique en Algérie. Aussi bien durant la période socialiste que durant la période de
libéralisation qui a suivi, les pratiques économiques informelles ont toujours proliféré à grande échelle et ne
cessent pas de manifester leurs effets négatifs sur l’ensemble de l’économie nationale. Aujourd’hui,
l’économie informelle est très puissante et solidement installée sur le territoire national (1). Elle est estimée
autour de 30% du PIB (2). En effet, les statistiques de l’Office National des Statistiques (ONS) stipulent
qu’en 2013 (3), le secteur informel est estimé en termes de non affiliation à la sécurité sociale des 3 117
000 employeurs et indépendants enquêtés, à 67,2%. La non affiliation concerne essentiellement les

303
indépendants à hauteur de 73,9%. De plus, près de 2/3 (soit 63,4%) de ces enquêtés ne sont pas
immatriculés au registre de commerce et exercent ainsi leur activité sans autorisation administrative. Le non
enregistrement concerne les indépendants à hauteur de 70,1%, les employeurs non enregistrés représentent
23,1%.Selon cette même source, 63,5% des employeurs et indépendants échappent totalement à
l’imposition en 2013. Le non paiement des impôts concerne beaucoup plus les indépendants (70,5%) que les
employeurs (21,4%). De l’autre coté, 58,2% de ces enquêtés ne tiennent aucune comptabilité (64,4% pour
les indépendants et 19,4% pour les employeurs). Ainsi, seulement 4,3% des employeurs et indépendants
tiennent une comptabilité complète, conformément au code du commerce qui exige de l’entreprise (personne
morale ou physique) la tenue de certains documents (particulièrement le Journal général, le livre des
inventaires et le livre de paie des employés). Par conséquent, l’Union Générale des Commerçants et
Artisans Algériens (UGCAA), stipule à propos de l’évasion fiscale due à la sphère informelle que : « le
manque à gagner induit par l’évasion fiscale dans les transactions commerciales en Algérie dépasserait 3
milliards de dollars, et que 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation, alors que
70 à 80% des transactions utilisent le «cash», comme moyen de payement»(4). Par ailleurs, la Banque
d’Algérie précise dans sa note «De l’amélioration de la circulation de la monnaie fiduciaire en 2012 et 2013
»(5) que les sorties annuelles brutes de monnaie fiduciaire sont passées de 1633, 4 milliards de dinars en
2010 à 1 977,8 milliards de dinars en 2011 et à 2 475 milliards de dinars en 2012. La part de cette monnaie
dans le total de la masse monétaire (monnaie fiduciaire et dépôts bancaires) est passée de 25,3% en 2010 à
25,9% en 2011 pour atteindre 26,7% à fin 2012 donnant une masse monétaire d’environ 125 milliards de
dollars en 2012. Ce constat renvoi à la circulation d’un volume important de liquidités sur le marché informel
en lieu et place des circuits officiels (bancaires). Ainsi, une des causes majeures de la sous bancarisation
de l’économie algérienne est liée directement à l’existence d’un secteur informel important empêchant un
pourcentage important de salariés et d’entreprises d’accéder aux services bancaires. Selon la Banque
Mondiale dans son rapport lié à l’inclusion financière dans le monde : « Global Financial Development
Report 2014 : Financial Inclusion» (6), seulement 33,3% des adultes algériens possèdent des comptes
bancaires. Il est de ce fait évident que le système bancaire algérien serait incapable de capter les
transactions commerciales si la majorité de celles-ci proviennent d’une activité sous terraine. La
performance du secteur bancaire algérien en général et du système de paiement bancaire en particulier, est
largement liée à la performance de l’économie dans son ensemble. Pour cela, le taux de bancarisation est
une responsabilité partagée entre le secteur bancaire et les pouvoirs publics. Nous pouvons conclure que
l’amélioration de l’usage des instruments scripturaux en Algérie n’est pas une problématique purement
bancaire et ne peut se faire sans la mise en place de réformes macroéconomiques visant l’intégration d’une
part importante de l’économie informelle dans l’économie officielle. Les pouvoirs publics doivent intervenir
d’une manière urgente et efficace pour freiner l’accroissement continu des transactions financières
illégales.□
Notes  :
(1) Forum des chefs d’entreprises (mars 2012) : « Cinquante propositions du forum des chefs d’entreprises
pour un nouveau pacte de croissance économique », p. 11.
(2) Direction Générale Trésor (Novembre 2013) : « Situation économique de l’Algérie : perspectives 2014 »,
Publication des services économiques, In : http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/392408 .
(3) Office National des Statistiques (2013) : « Enquêté emploi auprès des ménages », Collections
Statistiques N°185. In : http://www.ons.dz/IMG/pdf/PUBLICATION_EMPLOI_2013_final.pdf .
(4) Cité par Mebtoul A. (2013) : « Institutions, gouvernance et développement économique des pays du
Maghreb ». Communication présentée au Séminaire International, Tlemcen, Algérie.
(5) Banque d’Algérie (mars 2013).
(6) The world Bank (2014) : «Global Financial Development Report 2014 : Financial Inclusion». In :
https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/16238/9780821399859.pdf.

L'ENSEIGNEMENT

L'APPROPRIATION DU SAVOIR
• Analphabétisme • Cyberparcs•

304
L'EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE
• Foot-ball • Sport • Sport féminin • Système des sports•
L'EDUCATION SEXUELLE
• Sexualité • Contraception • Cyberpédocriminalité.
LA POLITIQUE DE L'EDUCATION
• Education • Encadrement éducatif • Equipement informatique • Evaluation • Intégration des TIC •
Technologie de l’éducation •
LA POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT
• Apprentissage • Enseignement supérieur •gestion pédagogique • Mathématiques • Musique andalouse • Université•
LA POLITIQUE DE LA FORMATION
• Formation professionnelle • Gens de la mer • Métiers nouveaux • Vulgarisation agricole •
LE SYSTEME SCOLAIRE
• Echec scolaire • Ecole primaire • Préscolaire • Scolarisation • Violence à l’école •

L'APPROPRIATION DU SAVOIR

ANALPHABETISME. - 5.600.000 en 1962, l'Algérie compte en 1990, 7.500.000 personnes (de 16 ans et
plus) sans instruction pour une population de 28.495.000 hbts (au 31.03.1996). L'analphabétisme, à la fois
produit et cause du sous-développement, constitue un facteur d'exclusion et a un impact sur les efforts de
développement économique, social, et culturel. L’association "Iqraa" à fait savoir que le taux d'analphabétisme est
passé de 31% en 1998 à 12% en 2016. Cette baisse considérée comme «un bond qualitatif» selon l’association, est due à la
stratégie nationale d'alphabétisation. L'association a précisé que 1.781.000 personnes, dont 1.643.906 femmes, avaient
bénéficié de ses programmes d'alphabétisation, ajoutant avoir créé 15 centres de proximité d'alphabétisation, de formation et
d'intégration des femmes et des filles en milieu rural, en collaboration avec les autorités locales et des entreprises privées.
"Iqraa" encourage l'utilisation des technologies de l'information et de la communication dans ses programmes et accorde un
intérêt particulier à la formation des encadreurs.
A l'instar du logement, de l'information et du travail, l'instruction reste tout de même un droit et les citoyens
doivent accéder en proportion égale à leurs droits sans omission aucune. L'office national d'alphabétisation
et d'enseignement pour adultes a succédé au centre national d'alphabétisation en mai 1995 ; et placé sous
l'autorité du chef du gouvernement, il implique le concours de tous les secteurs des départements
ministériels. Pour harmoniser les efforts (Etat, collectivités locales, acteurs publics et privés, entreprises), il
est nécessaire de mettre en place les mécanismes adéquats (organigramme et classement) dont l'office
a besoin depuis sa création. Les instruments d'organisation dont il fait défaut sont nécessaires pour lui
permettre de mesurer la progression de l'implication et la mise en cohérence des initiatives.
La stratégie de l'alphabétisation est guidée par deux approches considérées comme priorités de l'office :
agir auprès des publics différents, renforcer les formations des animateurs, en impliquant des partenariats.
Le repérage des besoins des publics peut donner lieu à des actions communes entre différents acteurs
sociaux tels cellules de proximité, CIAJ, associations locales et faire avancer des démarches
d'amélioration du sort des jeunes envers l'analphabétisme et l'illettrisme pour leur permettre de s'inscrire
dans un parcours d'insertion sociale, acquérir les connaissances de base faisant défaut pour rechercher un
emploi, surtout à un moment ou de nombreux salariés fragilisés sont menacés de chômage. On évalue à
près de 100.000 apprenants bénéficiaires d'actions à travers le territoire national. Des améliorations
importantes sont encore à gagner par la mise en place d'organes adéquats. L'action des correspondants
locaux de l'ONAEA, en relation avec les walis, et en charge d'alphabétisation et d'éducation, en partenariat
avec les associations, devra faire appel financièrement au dispositif de l'emploi des jeunes. Ces crédits
catégoriels déjà inscrits sur fond de formation accompagneront la mise en valeur de ces initiatives
regroupées au sein d'un comité pédagogique associant les animateurs recrutés dans le cadre de l'emploi
des jeunes ou du filet social. □

CYBERPARCS.- TICE : vers une intelligence collective : « l'idéal mobilisateur de l'informatique, n'est plus
l'intelligence artificielle, mais l'intelligence collective, à savoir l'utilisation optimale et la mise en synergie
des compétences, des imaginations et des énergies intellectuelles, quelle que soit leur diversité qualitative
et où qu'elle se situe » [Pierre Lévy (1997)].
Réduit notre planète à l’échelle d’un « village global » selon l’expression de Marshall Macluhan.
Les TIC sont définies comme la combinaison des technologies issues de l’informatique avec d’autres
technologies apparentées, en particulier les technologies de la communication.
On peut regrouper les TIC par secteurs suivants :
L'équipement informatique, serveurs, matériel informatique ;
La microélectronique et les composants ;
Les télécommunications et les réseaux informatiques ;
Le multimédia ;
Les services informatiques et les logiciels ;
Le commerce électronique et les médias électroniques.

305
LES APPORTS DES TICE :
♣Pour l’élève :
 Outil à la motivation: l’ordinateur stimule le plaisir d’apprendre.
 L’ordinateur favorise l’activité intellectuelle, développe l’autonomie.
 L’élève peut s’initier et s’habituer à des modalités de travail qu’il trouvera plustard dans l’entreprise et
l’administration.
♣ Pour le professeur :
L’informatique permet au professeur :
 De s’adresser autrement que par le discours à ces élèves.
 D’exploiter des documents récents ou uniques et de les mettre à disposition des élèves.
 De mettre en œuvre d’outils séduisants gage de la motivation et de la concentration del’élève.
 Un meilleur suivi des élèves et une plus grande disponibilité pour chacun.

TIC et les facteurs d’apprentissage

306
TIC et les facteurs d’enseignements

CYBER PARC:

 CYBER : Signifie les mécanismes de commande et de communication entre l'homme et la machine.


 PARC : Un espace assez vaste, garni d'arbres, de pelouses et de massifs de verdure où L’homme y
retrouve le sentiment de liberté au sein d’une nature transplanté.
 CYBERPARC : Un espace qui tend à établir le lien entre la formation, la recherche et la production, à
favoriser l'incubation et la création d'entreprises innovantes par la valorisation des résultats de la
recherche.
Les cyber parcs régionaux offrent des espaces fonctionnels avec des équipements et des réseauxde
communications modernes et spécialisés pour accueillir les promoteurs qui désirent monter des projets
deservices basés sur les nouvelles technologies de l'Information et de la Communication.
Le cyber parc est un espace équipé de réseaux modernes d'information et de communication.

LES OBJECTIFS DE CYBER PARC :


A-Faciliter les rapports Université-Entreprise:(se rencontrer - travailler ensemble - s’enrichir mutuellement).
 Améliorer l’employabilité des jeunes étudiants.
 Résorber le décalage entre industriels et universités.
 Aboutir à une meilleure compréhension réciproque entre industriels.
B-Faire évoluer les formations pour les professionnaliser :
 Programmes évolution marché du travail.
 de formation Nouvelles technologies (logiciels).
 Nouvelles compétences (International).
C-Intégration d’enseignements supplémentaires:
 Communication, langues, économie, esprit entrepreneurial,
 Apprentissage techniques d’entretien, conduites de réunion,
 Prise de parole en public, management, droit des affaires….
D-Impliquer les industriels :
 Accueil de stagiaires en entreprises.
 Organisation de visites d’entreprises, chantiers, ateliers.
 Organisation de forums d’entreprises, de Clubs de Partenaires.
 Conférences, séminaires, simulation d’entretien d’embauche, rédaction de C.V., lettre de motivation…
 Soutien financier: organisation évènements, sponsoring,
 Attribution de bourses d’études…
E-Impliquer les universitaires :
 Répertorier les besoins des entreprises.
 Faire participer les industriels au conseil d’administration des universités.
 Mise en place d’un service d’aide à la recherche de stage, en adéquation avec besoins des industriels.
L'objectif de cyber parc est d'offrir des espaces fonctionnels avec des équipements et des réseaux
de communications modernes et spécialisés pour accueillir les promoteurs qui désirent monter des projets
de services basées sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ces services
sont orientés vers les organismes économiques et administratifs implantés dans la région ou dans d'autres
endroits du pays ou à l'étranger sous forme de services à distance.

LE SUCCES DES CYBER PARCS :


 La densité des activités sur les parcs au décloisonnement des univers de la recherchescientifiques, de
l’entreprise qui offre un meilleur positionnement technologique pourune ville engagée dans la concurrence
des territoires.

307
 La capacité d’innovation et d’expérimentation.
 La traduction spatiale du rapprochement entre recherche, enseignement supérieur et
entreprises,poussentlesaménageurs à s’adapterauxméthodes nouvelles, ceci en termes de qualité
architecturale de l’immobilier et de la présence de centres de vie.
En résumé, les cybers parcs sont une nouvelle forme de politique publique locale visant à créer les
conditions d’un développement économique et technologique en facilitant la coopération entre les
acteurs de la recherche.

POTENTIALITES ET LIMITES DES CYBER PARCS :


 De nombreuses villes, à l’étranger, ont ainsi misé sur les activités de pointe pour favoriser leur
développement ou leur reconversion industrielle.
 Pratiquement toutes les technopoles ont été lancées dans les années 1980-1991 toutefois la plupart sont
encore à un stade embryonnaire. Bien entendu, ce type d’investissement, s’inscrit généralement dans le
long terme.
 Ainsi les principales métropoles se sont dotées de parcs d’activités. Beaucoup sont un succès et ont
atteint une envergure mondiale grâce à un réel effet d’entraînement. Devenus des pôles de croissance
attractifs, elles suscitent l’implantation de jeunes et dynamiques sociétés et de grandes firmes
technologiques nationales ou étrangères.

LE CONTENU PREVISIONNEL CYBER PARC :


Les trois volets : (relation avec les masses critiques)
1/Un Volet Formation et Recherche : Dispose des réseaux universitaire et des centres de recherches
permet de constitué d’institutions de formation de niveau élevé qui pourront se projeter au niveau du Cyber
parc.
2/Un Volet Entreprises : qui accueillera les entreprises naissantes après leur phase d’incubation,
accompagnement, hébergement pendant une période avant de les orienter dans d’autres locaux plus
pérennes. Pour ce qui est des entreprises de produits et services de hautes technologies,
Une plate-forme Internet Services Provider (ISP) pourrait inaugurer le Parc technologique, la promotion,
les alliances et les partenariats doivent faire le reste.
3/Un Volet Incubation et Soutien :
 Mise en place d’un dispositif est primordiale. Pour cela, les diverses techniques,
actionseteffortsserontsoutenus.
 Promouvoirlesagencesd’incubationetd’innovationestunaxeprioritaire.
Lespépinièresetlesfondsd’amorçageserontprévus.

QUELLE STRATEGIE POUR L’ALGERIE?


Poursapart,l’AlgériereconnaîtlerôlequepeuventjouerlesTICauseinde la société et prépare cette dernière à
entrer dans l’ère de l’information en prenant des mesures de nature à faciliter cette évolution.
Deux stratégies polaires pour les pays émergents:
 Promouvoir une diffusion massive des TIC pour en maximiser les effets induits en termes de retombées
sur la croissance et le développement.
 Ériger au plan national un pôle de compétence dans le domaine des TIC.
Créer le pôle et se focaliser sur une stratégie favorisant l’adoption et l’appropriation des TICS par les
entreprises et les administrations afin que celles-ci puissent transformer leurs opérations et mieux
délivrer leurs services ou produits et valoriser de nouvelles opportunités commerciales. La priorité devrait
donc être accordée à soutenir les programmes conduisant à accroître l’insertion et l’utilisation des TIC dans
le système de production.

LA STRATEGIE TIC POURRAIT ETRE SIMPLE EN ALGERIE ?


Les quatre principaux éléments de la stratégie TIC à adopter par le pays :
 Créer un environnement législatif, politique et réglementaire qui favorise l'investissement, la concurrence
et l'innovation. Permettre aux entreprises algériennes de connaître du succès sur la scène internationale
après leur mise à niveau.
 S’assurer que tous les algériens aient l'occasion de participer pleinement à la société de l'information.
 Permettreauxadministrationsetservicespublicsdedevenirdesutilisateursmodèlesdestechnologiesdel'informati
on.

LES RESULTATS DU CYBER PARC :


 Remplacer le pays dans la trajectoire du progrès en augmentant le développement
domestiquedesTICetl’arrimeràlacompétitivitéinternationale.
 Promouvoir le territoire et accueillir les entreprises (valorisation du pôle de compétencede ce territoire
pour optimiser son attractivité d'une part et utiliser toute lagamme d'outils disponibles permettant l'accueil
et le développement d'entreprises innovantesoudehautetechnologied’autrepart).
 Développer l'ingénierie de l'innovation.
 Créer des conditions favorables à l’appropriation des entreprises high-tech dans le domaine des TIC
 Animer et mettre en réseau les compétences (l’animation des relations)  La recherche-entreprises en
organisant la rencontre entre les scientifiques et les industrielsestunpassage.
 Adapter aux besoins économiques, de nouvelles actions de transfert de technologie).
 Assurer la ville technologique.

308
Quelle est la nature de la période que nous vivons ? Ere de la société de consommation, desloisirs et de
l’individualité, que percute l’avènement de la haute technologie, de l’image, de lacommunication et de
l’information, de la médiatisation, de la mobilité, de l’accélération, desréseaux et des flux, de la perception
d’un monde fini, de l’indétermination; Ere d’une sociétéglobale déterritorialisée et tout en même temps
accrochée à des valeurs territoriales d’un nouveautype; C’est dans cette onde de choc et à cette échelle
mondiale que la prospective trouve sesfondements,et fait émerger les tendances du monde contemporain.

►Pôles technologiques en méditerranée  :

Source : Euromed Capital Forum / Lyon / Mai 2005

L’Algérie a engagé une politique technopolitaine qui vise à développer les secteurs porteurs dans les
régions identifiées, mais le seul projet à nos jours développé demeure celui de Sidi Abdallah,non loin de la
capitale.Treize ans après la pose de la première pierre du cyberparc, le 30 mars 2004, la situation dans
laquelle se trouve ce site ne prête pas à l’optimisme, loin s’en faut. Et Sidi Abdellah est davantage réputé,
aujourd’hui, pour être un interminable ensemble immobilier – qui manque encore cruellement des services
de base - qu’un ensemble technopolitain. Une étude réalisée sous l’égide du Centre de recherche en étude
appliquée pour le développement (Cread) juge même « décevants » les résultats engendrés par le
cyberparc. (1)
Economie de la connaissance en Algérie : La disponibilité d’un potentiel de capital humain et intellectuel
intéressant enAlgérie, ainsi que la présence de secteurs industriels et traditionnels considérécomme
potentiel de connaissances tacites non codifié, sont autant d’argumentsqui poussent à considérer que
l’Algérie a des ressources peut être non encore valorisés, ou tout simplement mal gérée, qu’il est nécessaire
de moderniser etd’en améliorer la qualité pour une meilleure rentabilité(2).La diversification vers des
activités à haute valeur ajoutée s’avère à l’aube de notre millénaire être un choix primordial pour notre pays,
d’autant que nosindicateurs démontrent la hausse de la pauvreté ayant un impact surl’environnement et bien
d’autres conséquences.Le renouveau économique et social des Nations aura pour socle principal le capital
humain défini comme l’ensemble des connaissances, des compétences, des qualifications, des habitudes et
relations investies par les individus dans les situations de travail. On peut facilement le percevoir dans les
nouveaux standards internationaux des systèmes d’éducation-formation qualifiants. Il faut plus de 50% de
Bac +2, 30% de Bac+4 et 20% de Bac +7 pour atteindre les niveaux de compétitivité internationale dans les
industries à haute valeur ajoutée. □

Notes :
(1) "Sidi Abdellah, cyberparc ou « cimetière » numérique ? ", Meriem Kaci et Halim Midouni, Reporters.dz,
04.12.2017.
(2) Ouvrage collectif « L’Economie Fondée sur la Connaissance : Outils, concepts et théories » sous la
direction de Abdelkader Djeflat, Office des Publications Universitaires, 2012.

L'EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE

FOOT-BALL.- Pour promouvoir le professionnalisme dans cette discipline, il est proposé en 1998 un projet
de cahier des charges qui établit les conditions minima auxquelles doivent répondre les clubs sportifs de
football pour être habilités à engager et faire évoluer régulièrement, dans les championnats nationaux de
superdivision et de division Une, des équipes constituées pour tout ou partie de joueurs ayant statut de
professionnels. La notion de professionnel s'entend ici comme activité sportive permanente ayant pour but la
réalisation de résultats sportifs contre rémunération (art. 20 de l'ordonnance 90/09 relative à l'orientation, à

309
l'organisation et au développement du système national de culture physique et sportive) préétablie et
négociée par les parties concernées. La structure nationale de gestion, est l'organe spécialisé de la
fédération,  compétent pour tout ce qui touche à la pratique professionnelle (contrôle de fonctionnement et
gestion de la compétition). Le club postulant à l'habilitation est soumis à des engagements préalables en
matière de législation du travail, vis à vis notamment des personnels (joueurs et encadrement des salariés)
et de règlementation relative à l'hygiène et à la sécurité dans les installations sportives et se conformer à
l'éthique et à la morale sportive.
► Pour pouvoir participer au championnat de superdivision 1 ou de division 1, le club est tenu de présenter
un effectif de 22 joueurs :
♦ 8 joueurs professionnels contractuels dont un maximum de 3 de nationalité étrangère, 8 joueurs
contractuels semi-professionnels, 6 joueurs stagiaires ou espoirs pour les clubs appelés à évoluer en
superdivision 1.
♦ 6 contrats certifiés de joueurs professionnels pour les clubs appelés à évoluer en division 1 incluant au
plus deux joueurs de nationalité étrangère, 10 contrats de joueurs de statuts semi-professionnel, 6 joueurs
stagiaires ou espoirs.
Pour une période de 3 ans, à compter du début de la saison 1999/2000, il sera toléré un minimum de 6
joueurs professionnels pour la superdivision 1 et 4 pour la division 1. Le club est tenu par ailleurs tenu
d'engager et d'entretenir au moins une équipe amateur en championnat de ligue de wilaya ou, à défaut,
parrainer une équipe évoluant en championnat de wilaya. Le club devra souscrire à des obligations :
● sur les plans statutaire et organisationnelle, il devra constituer dans un délai de trois ans pour la gestion
de la section engagée dans la compétition réservé aux professionnels, une société à caractère commerciale
en association avec les collectivités locales, entreprises publiques et/ou autres actionnaires privés
minoritaires. Cette société peut prendre un des statuts suivants: société commerciale à objet sportif,
société mixte à objet sportif, société par actions.
● en matière d'infrastructures et de moyens logistiques, il devra justifier d'un stade de domiciliation
officielle disposant de tribunes pouvant acquérir 15000 places au minimum, une aire de jeu en gazon naturel
et autres équipements règlementaires (santé, presse, parking, hygiène et sécurité, hébergement de
standing, siège administratif, ...).
● justifier d'encadrements technique, médical et administratif satisfaisant aux critères de qualification
requis pour l'exercice de la fonction.
Le projet de cahier des charges en question est rejeté par une grande majorité de clubs qui y voit une
façon de favoriser les plus nantis à travers des articles trés lourds dans l'exigence. Dans les propositions
inscrites, il est difficile de se situer quand il est exigé des clubs une résidence à deux étoiles au minimum
et capables d'héberger l'équipe visiteuse composée d'au moins vingt personnes.
L'autre contrainte se situe au niveau de l'infrastructure pour obliger les formations de l'élite à se doter
d'un stade en mesure d'accueillir au moins 15.000 spectateurs mais avec un terrain en gazon naturel, ce
qui n'est rationnel quand on connaît l'incompétence des jardiniers à entretenir de telles pelouses. De
même, l'exigence des clubs d'avoir à leur portée immédiate un stade de réplique pour les entraînements
renvoie à l'humeur des APC en place, à savoir l'adhésion du club à la tendance politique des élus locaux.
Le professionnalisme pourra-t-il prendre racine en Algérie en posant déjà la question si les impératifs
financiers ne vont pas l'emporter sur l'éthique sportive. ◙
□ Le professionnalisme en Algérie : C’est à travers l’instauration du code de l’EPS en 1977 qu’apparait pour la première fois
dans le football algérien une forme de professionnalisme (1) prise en charge totalement par l’Etat. Puis, il a fallu attendre 1997
pour que le Ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque Mohamed Aziz Derouaz fasse élaborer un premier cahier des
charges pour le passage des clubs de football au professionnalisme. Trop draconien (2) par rapport aux pratiques de gestion
utilisées par les gestionnaires des clubs à l’époque, ce système n’est pas mis en œuvre (3). Et il fut impossible d’imposer ce
professionnalisme même durant le passage de Yahia Guidoum à la tête du Ministère de la Jeunesse et des Sports et la
promulgation en 2005 d’un décret fixant les règles en la matière. Le 28 décembre 2007, à travers le circulaire n° 1128, la FIFA
impose aux associations qui lui sont affiliées un règlement sur la procédure d’octroi de la licence professionnelle, qui viserait à
garantir que les «clubs participant aux compétitions internationales remplissent les exigences standard minimales» (5) qui
seraient tributaires de la satisfaction obligatoire de 06 critères, listés par la FIFA et la CAF : des critères d'infrastructures
(homologation et certification de stades, disponibilité des terrains d'entraînement, de moyens de récupération…), des critères
sportifs (école de formation, programme de développement…), des critères financiers (budgets prévisionnels, bilans contrôlés et
certifiés par une entité officielle, des statuts financiers audités annuellement…), des critères liés à la ressource humaine (mise
en place d'un organigramme spécifique avec les différents staffs…) et enfin des critères juridiques (portant sur les statuts du
club, son registre...) (6).
______________________
1. Le code de l’EPS avait permis aux clubs d’adapter leurs joueurs et entraîneurs aux obligations des entraînements quotidiens,
une pratique inconnue des sportifs avant 1977.
2. Surtout par rapport aux financements.
3. Même la FAF alors drivée par Abdelhamid Haddadj exprimait une hostilité à l’endroit du professionnalisme.
4. Loi (2006) : décret exécutif relatif au passage des clubs de football vers le statut de SPA.
5. Règlement de la FIFA sur la procédure pour l’octroi de licence aux clubs, circulaire n°1128 de la FIFA, Zurich le 28 décembre
2007.
6. Certains sont obligatoires, d'autres ne le sont pas.
---------------------------------
C’est dans l’ambiance des matchs de qualification de l’équipe nationale de football à la coupe du monde 2010 que la FAF
décide d’appliquer le système du professionnalisme dans le championnat de football algérien. Il ne fut pas donné beaucoup de
temps aux clubs de nationale une et nationale deux afin de présenter un dossier pour intégrer ce nouveau système (le dernier
délai était fixé au 30 juin 2010). Il était convenu que les clubs qui ne se conformeraient pas à certaines premières conditions (2)
seraient exclus du nouveau championnat professionnel de ligue une (3) et relégués donc en championnat amateur. Sans

310
surprise, les 32 clubs de nationale une et deux ont fait acte de candidature et ont répondu au premier des six critères exigés (le
critère juridique), à travers lequel furent créé des Société Sportive Par Action (SSPA) avec l'accord des Assemblée Générale
des clubs sportifs amateurs(4). Leur choix était logique puisque l’Etat algérien s’était impliqué à sa manière dans la facilitation à
cette mutation promettant d’apporter une batterie d’aides nécessaires aux clubs qui feraient la transition. Parmi ces promesses :
♦ Un prêt de 100 millions de dinars pour chaque club, remboursable après 10 ans. Ce prêt sera remboursable sur 15 ans, avec
un taux d’intérêt de 1 %, au bout de la dixième année d’exercice, c’est-à-dire que ce n’est que 10 ans après la date du prêt que
le club commencera à le rembourser sur une période de 15 ans. Ce taux d’intérêt très bas se veut comme un geste
d’encouragement de l’Etat pour favoriser le développement du professionnalisme en Algérie.
♦ Des assiettes de 2 hectares pour la construction de stades. En plus du prêt financier, chaque club bénéficiera d’une assiette
d’une superficie de 2 hectares au prix symbolique de 1 DA le mètre carré, soit pour un montant global de 20 000 DA. Cette
assiette devra servir à l’édification de centres d’entraînement avec une aide de l’État qui avoisinera les 80%. Des mesures de
contrôles seront instaurées afin d’empêcher que l’assiette de terrain soit utilisée à des fins autres que la construction de biens
immobiliers du club.
________________
1. Circulaire 1128 de la FIFA, Qu’en pense la FAF ?, in : info soir (quotidien national d’information) du 28 octobre 2008,
2. Inscription du club sous un statut de SSPA ou SARL, homologation d’un terrain de plus de 12 000 places et acquisition de
l’éclairage pour pouvoir jouer en nocturne. Tout en sachant qu’en Algérie, il n’y a pas beaucoup de clubs qui peuvent se targuer
d’avoir un terrain de jeux respectant les normes internationales et qu’aucun stade n’a été construit par les subventions d’un
club ; c’est toujours l’Etat qui bâtit. En parcourant la procédure et le cahier des charges d’octroi de la licence professionnelle, on
s’aperçoit que l’implication de l’Etat est plus qu’indispensable. En effet, sans l’apport des pouvoirs publics, aucune forme de
professionnalisme ne pourrait voir le jour en Algérie, surtout en ce qui concerne le volet infrastructures où les clubs sont appelés
à disposer de terrains d’entraînement sur le long terme et de stades de compétitions aux normes exigées par la FIFA.
3 C’est le nom qui fut donné au championnat professionnel dès la saison 2010/2011. La Ligue Nationale de Football prit ensuite
le nom de Ligue de Football Professionnelle (LNF) dès le 03 juillet 2011.
4 Bien qu’intégrés dans le processus de création des SSPA les Clubs Sportifs Amateurs (qui représentent l’âme, la mémoire,
l’histoire et la fibre du club) se sont retrouvés au rang de très petits porteurs de parts.
-----------------------------
♦ Un bus haut standing pour chaque club. Chaque club professionnel sera aussi doté d’un bus de haut standing pour ses
déplacements à l’intérieur du pays.
♦ Des prises en charge à hauteur de 50% des frais de transport des équipes.
♦ Et des remboursements à hauteur de 50% sur les dépenses des clubs qui participeraient aux compétitions internationales.
Toutes ces dispositions sont destinées à baliser le terrain pour permettre aux clubs de se donner les moyens de base
nécessaires pour faire face à leur nouveau statut. Ce genre de soutien a pour objectif la stabilité financière des clubs surtout
durant la phase aboutissant au professionnalisme en attendant de trouver de nouvelles sources de financement qui leur
assurent la poursuite de leurs activités.
Toutes ces promesses d’avantages matériels, financiers et fiscaux incitèrent toutes les équipes concernées sans exception au
changement de statut sans trop se soucier du cahier des charges et des conditions à remplir pour accéder au statut de club
professionnel. C’est le 12 juillet 2010 que la FAF et la LNF ont rendu public le fameux cahier des charges relatif aux obligations
techniques devant être souscrites par les clubs éligibles au professionnalisme, et dont l’application commença à partir de la
saison 2010/2011. Le 24 septembre 2010 débuta le premier championnat de football professionnel en Algérie. Dès 2011, une
structure (1) de contrôle (la DNCG) une sorte de gendarme économique chargé de surveiller de près les comptes des clubs est
mise en place, car soumettre les clubs professionnels à un fair-play financier reste aussi parmi les principaux objectifs de la
FIFA.
_________________
1 « Mise en place de la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), Les comptes des clubs sous la loupe », in : Liberté
du 12 septembre 2011.
--------------------------
Outre toutes les mesures citées précédemment, afin de permettre aux clubs de bénéficier de la licence FIFA ; l’organigramme
du futur club professionnel devra comprendre, un directeur général du club, un directeur technique un directeur des finances et
de la comptabilité, ainsi que les personnels techniques nécessaires ; sans oublier les dirigeants de la société. Transformés en
société par action et gérés par des personnes physiques privées, les clubs professionnels ont certes bénéficiés de certains
avantages de la part de l’Etat, qui considère cela comme entrant dans son rôle de régulation pour les nouveaux investissements.
Mais il est clair qu’après cela, les clubs professionnels n’auront plus droit aux subventions de l’Etat, ni à la donation des
entreprise publiques, car il n’existe maintenant aucun support juridique qui permette d’octroyer une subvention à un club
professionnel.
□ Le professionnalisme entre promesses et attentes : Etant établi que, les clubs sportifs en entrant dans le système du
professionnalisme acceptent de se transformer en Société commerciale générant des bénéfices par le produit de la prestation
sportive. En s’inscrivant sous ce nouveau statut, ils ne sont plus régit par la loi 90/31 du 04 décembre 1990 et perdent de ce fait
les avantages liés à cette loi comme l’octroi de subventions et la donation des entreprises. Le nouveau contexte (et la nouvelle
batterie de lois) dans lequel se sont inscrit ces clubs de football, font que ces derniers ont besoin d’un capital économique afin
de démarrer. Lors du lancement du projet chaque club s’était transformé en Société Par Action et leurs actions furent mises en
vente afin de réunir la somme d’argent qui allait constituer le capital social du club. Le club le mieux loti fut l’Union Sportive de la
Médina d’Alger (USMA) dans lequel l’industriel et homme d’affaire Ali Haddad (l’ETRHB) injecta 700 millions de dinars. A part ce
dernier, tous les autres clubs ne réussissent pas à vendre toutes leurs actions et entrent donc dans le professionnalisme mais
avec des capitaux économiques assez faibles(1). Ce qui change aussi dans la nouvelle organisation est que les présidents de
clubs ne sont plus élus par l’assemblée générale mais plutôt par un conseil d’administration ou le plus logiquement du monde
par l’assemblée des actionnaires du club. A travers toutes ces mesures, es-ce que cela voudrait dire que la FIFA voudrait
écarter l'Etat de la destinée du sport de haut niveau et es-ce que l’état acceptera de laisser ces clubs de football aller vers cette
forme de privatisation (si nous pouvons la qualifier comme telle) proposée par la FIFA? Prenant en considération bien entendu
tous les enjeux qui l’accompagnent sachant qu’il peut être un outil d’éducation, d’identité, d’investissement … comme nous
l’avons vu précédemment. Le professionnalisme dans la gestion du football commence comme tout le monde le sait par un état

311
d’esprit, des attitudes et toute une culture. Et comme il est connu, les clubs de football en Algérie sont de véritables tubes
digestifs, qui demandent beaucoup d’argent.
Les dirigeants des clubs de football avaient été habitués dans le passé à ce que les budgets des clubs proviennent de
subvention émanent de l’Etat et d’entreprises publiques et privées. Aujourd’hui, contrairement à ce qui se pratique dans les
clubs européens, les banques algériennes refusent de faire des prêts sans aucune garantie à nos clubs de football. Il faut dire
que ces derniers ne sont encore propriétaires d’aucune infrastructure sportive, malgré que les ressources financières destinées
par l’état aux infrastructures sportives sont passées de 50 milliards de dinars durant la période 2000–2004 à près de 200
milliards de dinars durant la période 2005-2009 (2) ; mais toutes les infrastructures sportives existantes sont il faut le savoir la
propriété de l’état. Beaucoup d’investisseurs qui s’étaient lancés dans l’aventure dès le départ encouragés par les aides
promises par l’état se sont rendu compte après deux années de championnat que ces dernières n’allaient arriver qu’après que le
club ai réussit à obtenir sa licence professionnelle afin de l’aider à asseoir son statut.
---------------------------
(1) Les investisseurs n’y voyaient aucune visibilité sur le retour sur investissement. Et ce projet, n’émanant pas d’un besoin réel
né au sein de la société ne vit pas d’engouement pour son accueil tel le projet du LMD qui fut appliqué aux filières universitaires.
L’ASKhoub par exemple n’est entrée qu’avec un capital social de 55 millions de dinars et même l’ESSétif, qui est un club assez
réputé n’a pu réunir que la somme de 130 millions de dinars.
(2) Abdelghani Aïchoun, « Formation, massification du sport et équipes nationales…les autres défis », in : La Tribune du 09 avril
2009.
-------------------------
Les investisseurs s’approchent du football professionnel en tant que projet pour un retour en capital symbolique (acquisition de
notoriété par exemple) d’un côté mais aussi et surtout pour réaliser un bénéfice matériel. Il s’agirait donc d’un investissement.
Mais s’ils ne réalisent pas de bénéfices resteront-ils à la tête de ces institutions ? En Europe par exemple, 60 % des recettes du
club sont assurées par les droits de télévision (il s’agit de la principale source de revenu de ces clubs). En Algérie, l’ENTV
détient le monopole de la diffusion audio-visuelle ; il n’y a donc aucune concurrence et aucune surenchère, et donc une manne
financière de moins pour les sociétés sportives professionnelles. Et si les dépenses du club commencent déjà à peser (malgré
qu’ils sont encore dotés des subventions émanant de l’Etat) ; beaucoup de nouvelles mesures comme les fiscalités et les
couvertures sociales des footballeurs salariés sont déjà appliquées en attendant les aides publiques promises.
□ Sponsors, la recherche d’investissements rentables : Le sponsoring peut être défini « comme l’association de la marque d’un
produit ou d’un service ou du sigle d’une entreprise avec un évènement ou une activité attractive pour un public donné »(1). Une
étude consacrée au sponsoring en matière sportive le définit comme « un contrat innommé et synallagmatique par lequel le
sponsor soutient le sponsorisé et, en échange, utilise ce dernier à des fins publicitaires »(2).Le sponsoring ne doit pas être
confondu avec le mécénat, car le mécénat vise à instaurer une relation désintéressée entre l’entreprise et l’entité sponsorisée
alors que le sponsoring s’inscrit dans une stratégie de valorisation commerciale de l’entreprise. Ce mode de communication
parfaitement adaptable à la taille de l'entreprise permet par exemple aux petites entreprises locales de pouvoir sponsoriser un
club amateur et aux entreprises un peu plus importantes (qui possèdent de grandes marques) de sponsoriser des équipes de
ligue(1).Les objectifs principaux du sponsoring qui permettent d’associer l’image d’une entreprise à celle de l’équipe de football
d’une ville est surtout de se faire connaître en améliorant son image à travers trois types de sponsoring afin de développer ses
ventes :
a) Le sponsoring de notoriété qui consiste à faire voir à un maximum de personnes une marque ou un nom de société. L'action
correspondrait à couvrir par des espaces publicitaires un évènement médiatisé, comme les pourtours du stade par exemple ou
les maillots des joueurs.
________________
1. Valérie Simonart, L’entreprise et le mécénat, R.D.C., 1992, p. 155.
2. Alain Hirsch, « Sponsoring et subventions dans le sport : incidences fiscales », in : Les Cahiers des Sciences Administratives,
sport et droit une approche globale, éd. Ferrer & Du Céfal, novembre 2004, p. 41.
__________________
b) Le sponsoring d'image qui consiste à construire une image en recherchant une cohérence entre le public visé (la cible), la
spécificité de l'entreprise et l'évènement lui-même.
c) Le sponsoring de crédibilité qui est intéressant et important pour l’intérêt médiatique et qui consiste à associer la qualité des
produits de l'entreprise à la qualité de l'évènement.
Ce nouveau canal de communication (qui renforce la campagne de communication de l’entreprise) permet en effet de se
démarquer de la concurrence en étant perçu comme une marque dynamique et proche de ses clients en s’appuyant "sur la
valeur symbolique du sport"(1). Le message de l’entreprise sponsor dans ses objectifs de citoyenneté et de légitimité sociale
consistait aussi à dire que l’entreprise n’était pas seulement un acteur économique producteur de richesses et accumulateur de
capital, mais également une institution sociale qui participait à la vie communautaire. Le sponsoring permet de même aux
entreprises de réaffirmer leur citoyenneté et leur appartenance locale (2), tout en essayant de réaliser un fort retour sur
investissement en utilisant « la métaphore sportive de manière visuelle au travers du sponsoring de sportifs, d’équipes ou
d’événements sportifs »(3). Pour inciter et faciliter cette opération de sponsoring, « l’état incite les entreprises à aider ces
associations en vertu de l’article 169 du code des impôts directs et taxes assimilées.
_______________
1. Béatrice Barbusse, « Sport et entreprise : des logiques convergentes ? », L'Année sociologique 2002/2, Presse Universitaire
de France, Vol. 52, p. 404.
2. Cette remarque étant encore valable aujourd’hui dans notre pays où les entreprises sponsorisent généralement
des associations sportives au niveau local ou peut être à la limite au niveau national lorsque l’entreprise est un peu
plus importante alors qu’à l’étranger, des sociétés comme VW d’origine allemande sponsorise même l’équipe Française de
rugby (voir : « Volkswagen en sponsor », in L’Equipe du 19 décembre 2013, consulté le 26 décembre 2013, Sans oublier que
d’autres entreprises à l’image de Nike, Reebok, Adidas en tant que multinationales, sponsorisent beaucoup d’équipes nationales
à travers le monde.
3. Béatrice Barbusse, « Sport et entreprise : des logiques convergentes ? », Op. Cit., p.404.
__________________

312
portant déduction de l’impôt des donations au profit des associations à caractère non lucratif, la déduction se fait à concurrence
du montant alloué. »(1). L’Article 75 de la loi n° 04/10 du 14 Août 2004 relative à l’éducation physique et aux sports permet aux
opérateurs publics ou privés d’« intervenir en matière de financement, d'actions de soutien, de promotion et de parrainage au
profit des athlètes, des clubs sportifs, ligues et fédérations sportives nationales ainsi qu'au comité national  olympique.»(2). Et
suivant les directives de l'article 169-2 du code des impôts directs, le plafond de déduction des frais de sponsoring ne doit pas
dépasser annuellement l'une des deux limites suivantes :
a) 10 % du chiffre d’affaire, ou
b) 30 000 000 Dinars Algériens lorsque le chiffre d'affaires est supérieur à 300 000 000 Dinars Algériens.
Le fait que les entreprises ne sponsorisaient pas pour le plaisir et qu’elles avaient une légitimité à rechercher des clubs
représentatifs, qui décrochaient des titres et qui avaient un public multiple afin de l’associer à l’image de leur entreprise posait
tout de même certains problèmes de taille pour les petits clubs de football comme l’Association Sportive du Khroub pour ne citer
qu’elle. Donc malgré le fait que la culture du sponsoring commençait à se développer de manière assez timide en Algérie (ce qui
était surtout dû au nombre limité d’entreprises privées de grandes tailles) les associations sportives ne bénéficiaient pas toutes
d’un sponsoring à la même échelle.
 □ 1. F.H., « Le football professionnel et professionnalisme du football », in : Le Quotidien d’Oran du 24 avril 2011. 2 L’Article 75
de la loi n° 04/10 du 14 Août 2004 relative à l’éducation physique et aux sports, in : Journal Officiel de la République Algérienne
Démocratique et Populaire n°52 du 18 Août 2004, p. 20.
Loin de servir plus à l’épanouissement du sport en général qu’à la diffusion de son image de marque, le sponsor, pense donc
avant tout à afficher son logo sur les maillots de grandes équipes. Placer sa marque et l’investir dans des clubs plus porteurs.
L’objectif étant de sponsoriser une équipe qui en retour aura les capacités de médiatiser au mieux le  produit de l’investisseur.
Le regard porté sur le sponsoring est en quelque sorte un placement ou un investissement et la majorité du temps, les
investisseurs préféraient sponsoriser les grandes équipes plutôt que les petites car considérées comme plus porteuses (et
possédant les capacités d’une meilleures diffusion de leur image). Le sponsoring était considéré comme un facteur important
dans l’accompagnement du développement du sport, car si nous consultons les différents bilans de certaines équipes d’élite,
nous nous rendrons vite compte que l’apport de l’Etat représentait, à titre d’exemple, un cinquième ou un quart seulement de ce
qu’elles dépensaient. Et sur ce phénomène, nous pouvons dire que les clubs les plus en vue, comme la JS Kabylie, le MC Alger,
l’ES Sétif ou l’USM Alger, pour ne citer que ces derniers, attiraient le plus le sponsoring des entreprises(1). Ce qui ne faisait que
répondre à une logique irréfutable. Mais, beaucoup d’autres clubs, moins «réputés», étaient sérieusement pénalisés. Avec
la hausse des salaires des joueurs et des techniciens, il était devenu presque impossible à un «petit» club de suivre le rythme
des dépenses exigées dans le monde du football.
□ La professionnalisation, une chimère : L’argent, moteur du sport (1) est certes très important dans la réussite des clubs
professionnels ; mais d’autres éléments aussi bien matériels que culturels sont aussi indispensables. Les clubs de football
algériens se sont transformés en sociétés par action pour s’inscrire dans le nouveau système de professionnalisme que
proposait le football algérien. L’objectif était de ne pas rester à la traine, de faire tout ce qui était possible afin de rester parmi
l’élite et de saisir l’opportunité qui était offerte à tous les clubs de 1ère et de 2ème division (en attendant les procédures qui
promettaient de révolutionner le football en Algérie). Pendant ce temps et au courant des deux années qui suivirent le lancement
officiel du professionnalisme, le manque d’infrastructures (stades) respectant les normes internationales (règlementaires) se
faisaient ressentir au niveau de tout le territoire algérien(2). Dans beaucoup de cas aussi, c’est l’ancienne habitude qui perdure
et l’on entend à chaque fois dire que se sont des présidents de clubs qui procèdent aux choix des recrutements, comme c’est
encore eux qui détiennent tout les monopoles sur le club comme par exemple répondre à la presse sans que soit désigné un
attaché de presse pour cela. Dans les clubs professionnels étrangers, les supporters sont considérés comme l’une des sources
d’argent sur laquelle peut compter le club. En Algérie, même s’ils sont nombreux, et qu’ils consomment football, c'est-à-dire
achètent les maillots de l’équipe et tous les produits dérivés de la marque de l’équipe, la contrefaçon qui inonde le marché
algérien fait qu’aucun équipementier ne se risquerait à prendre ces marchés. Sur un autre registre, il n’y a aucun
encouragement envers les clubs qui envisagent de former des joueurs. Aucune loi ne protège ces clubs en permettant de faire
signer par exemple des contrats avec des jeunes sur lesquels ils peuvent investir et peuvent appartenir à des tranches d’âges
inférieures à 18 ans. Aussi, il est difficile de croire que l’état (et le pouvoir politique) accepterait de laisser le football avec tous
les enjeux qu’il recèle aux mains des privés (personnes physiques) qui courent eux derrière le profit, cela voudrait dire qu’il
accepterait de se voir délester d’une des formes de son pouvoir public et qu’il accepterait par exemple le fait de voir le président
de la fédération Algérienne de Football plus puissant que le ministre de la jeunesse et des sport. N’oublions pas aussi comme
nous l’avons vu qu’avec le parcours de l’équipe nationale par exemple le pouvoir a réussit à avoir une année assez calme. Et il
ne faut pas se faire beaucoup d’illusion car le fait que le pouvoir accorde des prêts à taux bonifié aux clubs, alors que beaucoup
de dirigeants auraient pu être jugés et mis en prison pour des délits divers comme par exemple la mauvaise gestion des deniers
publics voudrait peut être dire que cette ouverture ‘organisée’ serait ‘contrôlé’ par le pouvoir politique.□ REHAIL Taïeb (2014)
Notes  :
1. Marcel Bolle de Bal et Dominique Vésir, Le sportif et le sociologue, sport individu et société, éd.
L’Harmattan, Paris, 2000, p. 121.
2. Dont beaucoup de stades datent de la période coloniale à l’exemple de Bologhine, du 20 Août, de Zioui,
de Kouba....

SPORT.- Ce secteur est, faute d'une doctrine axée sur le développement physique et sportif de masse,
caractérisé par des dysfonctionnements liés à :
● une baisse du niveau de performance de la majorité des disciplines ;
● une faible progression des effectifs, notamment féminins ;
● une absence de contrôle efficace des gestions des structures de pratique sportive ;
● une absence d'évaluation périodique ;
● des situations conflictuelles répétées dues à l'absence de clarté dans les relations, pouvoirs publics et
structures sportives.
► Economie du sport : (…) Le recours aux subventions de l’état n’est plus possible. (…) En 2010, l’Etat a décrété le
professionnalisme en mettant en place d’énormes subventions sous forme de rentes dans le football. Alors qu’il s’agissait de
créer des sociétés à caractère industriel et commercial sous la configuration juridique du droit commercial SPA (Société par

313
actions). Mais il semble que la réforme en question a été loin de répondre aux questions de financement et de gestion des clubs
de football professionnel en Algérie, face aux risques croissants d’un mode de gestion de qualité médiocre pesant sur la
pérennité et la stabilité financière des sociétés sportives par actions (SSPA). Les SPA, qui devraient s’autofinancer avec l’argent
d’une économie privée et du marché financier et toutes les reprises d’actifs des sociétés sportives doivent, sur le plan juridique,
inclure pour le repreneur, l’obligation de prendre en charge le passif, c’est-à-dire les dettes, en l’occurrence le président
(actionnaire majoritaire ou propriétaire principal), et construire une économie du sport pour la création de la richesse, se sont
évertuées à faire appel aux fonds publics qui devraient normalement être destinés au développement des Clubs sportifs
amateurs (CSA) ou encore à des associations et écoles encadrant la formation des jeunes. On ne peut pas donc continuer à
faire financer les clubs de football professionnels exclusivement par l’Etat, alors que les dettes augmentent plus vite que leurs
capitaux propres. (…) Un club de football moderne est structuré comme une entreprise commerciale. Son développement et ses
sources de financement sont fondés sur l’économie de marché. Par conséquent, créer les conditions de l’indépendance
financière future des clubs professionnels par l’appel au marché financier dont l’ouverture partielle du capital social par
l’émission d’actions par recours à des capitaux privés, capitaux publics marchands ou collectivités territoriales pour diversifier
l’actionnariat (investisseurs nationaux, étrangers, l’actionnariat populaire, entreprises…) qui est le mécanisme simple de toute
société par actions. C’est dire que tomber dans la facilité de l’argent n’est pas la caractéristique du professionnalisme aux
dépens d’une économie du sport, la formation, la production de grands joueurs pour l’équipe nationale et le transfert de joueurs
à l’international. C’est pourquoi nos clubs sont malades de leur faiblesse organisationnelle et managériale, ils n’ont pas la vision
pour développer les structures du football professionnel qui sont nécessaires pour sauvegarder l’équilibre avec notamment pour
but économique et recherche de profits à travers la question majeure des mécanismes des finances dans le cadre de
l’autonomie de gestion des clubs, c’est-à-dire la capacité de s’engager et de contracter par le biais d’organes habilités par les
statuts pour faire rehausser l’image du football national. (…) La professionnalisation des clubs sportifs professionnels est
tellement négligée que ces derniers n’ont jamais été dotés d’une structure spécialisée de soutien, à savoir la Direction nationale
de contrôle et de gestion (DNCG), structure qui a pour principal objectif d’apprécier et d’encadrer leur solvabilité et leur
pérennité, et qui est censée veiller également à une réelle organisation managériale des clubs dont notamment le respect des
méthodes de gestion et règles de la mise en place du professionnalisme ainsi que de leur situation statutaire et juridique. Pour
cela, la DNCG doit regrouper en son sein des spécialistes de la finance et comptabilité, du droit privé, et de l’économie. Cela
protégerait des erreurs de gestion, statutaire et juridique, qui porteraient préjudice à la vie du club ou de la société et ses
dirigeants, ses actionnaires ou ses investisseurs. (...) □ ABACI M’hamed (2018)

SPORT FEMININ .- Problématique  :  L’institut des sciences et techniques physiques et sportives (ISTAPS)
avec la collaboration de l’association sportive universitaire, a organisé son 3e colloque national sous
l’intitulé “La pratique sportive et la culture nutritionnelle saine chez la femme.” Ce colloque sous le slogan
“Sport pour tous, une santé durable” a porté essentiellement sur la problématique de la promotion du sport
féminin et la compréhension de ses caractéristiques afin de réaliser de meilleurs exploits. Le directeur de
l’ISTAPS indiquera à cet effet : “Considérant l’environnement approprié et le caractère conservateur de
notre société, la pratique sportive est encore sous l’emprise des coutumes qui influencent les
représentations sociales envers la femme, en général souvent argumentées par sa nature féminine qui ne lui
permet pas de pratiquer le sport comme le ferait un homme, et malgré cela il y a des femmes qui pratiquent
le sport, mais leur proportion reste faible.” Il nous éclairera un peu mieux dans son évocation en ajoutant :
“Nous remarquons ces dernières années, le développement du sport féminin de qualité en raison des
activités sportives scolaires et universitaires. Bien que peu d’institutions soient équipées convenablement,
elles ont joué un rôle pondérant dans la promotion de la culture sportive parmi les filles et les femmes en
général. Cependant, beaucoup de pratiques commencent à opérer des changements sur le mode de vie des
familles algériennes”. Le docteur Redouane Mihoubi professeur à l’Istaps le relayera sur “Les traditions
modernes dans la relation corps (confusion des normes)” : “Je parle de la mutation sociale qui ne cesse de
s’imposer notamment dans les pays du Maghreb et principalement en Algérie, en sachant que la pratique
sportive dans les pays musulmans ne fait pas l’unanimité, la femme qui se lancera dans l’activité sportive
voire athlétique se lance réellement dans un combat identitaire d’existence pour conserver son acculturation
traditionnelle et moderne, ou sombrer dans la confusion avec l’acculture traditionnelle. Je fais mienne la
citation de notre illustre anthropologue des religions le regretté Malek Chebel qui a dit que “le contrôle de la
femme passe par le contrôle de son corps essentiellement dans sa dimension sexuelle”. Donc, le
mouvement corporel chez la femme est vu d’un œil masculin, ce qui alimente beaucoup plus la dualité
tradition et modernité, et qui lance la femme dans des conflits de l’égalité des sexes et des statuts sociaux
accordés au corps de la femme et à celui de l’homme. Le sport est ainsi conçu comme un éloignement de la
femme de son identité originelle régie par la tradition et la religion. Le corps féminin reste donc un moyen
primordial de tension même concernant sa tenue vestimentaire, etc. S’agissant des objectifs assignés à
cette rencontre nationale sur la pratique sportive chez la femme, le président de ce colloque le professeur
Djamel Khiri indiquera : “Nous allons essayer d’établir un diagnostic et déceler les raisons qui empêchent la
femme de pratiquer le sport puis définir les différentes maladies causées par le manque d’activité sportive,
et quelles sont les solutions possibles, ou au moins comment atténuer les effets négatifs, et comment réunir
les conditions pour un environnement propice pour la pratique du sport chez la femme algérienne. □ Farid
HADDOUCHE, Liberte-algerie, 10.03.18

SYSTEME DES SPORTS.- Le sport, comme élément de culture et grand tisserand du lien social, traverse
une crise profonde en Algérie. Pour des raisons diverses, il n’est plus perçu comme un outil pédagogique
efficace d’éducation et de formation, qui permet de faciliter l’apprentissage de différentes formes de
sociabilité et de forger l’identité sociale de l’homme contemporain. Ayant perdu son ancrage national, il ne

314
joue plus un rôle phare dans la construction du lien social. Il est devenu une «planète» séparée du monde et
de la vie sociale : un simple sport-spectacle entaché de corruption et de violence, qui ne crée plus de
l’enthousiasme, du sens et du rêve. C’est un sport sans âme, qui n’a plus en charge les grands idéaux de la
société algérienne sous des formes simples : la solidarité, la coopération, l’amitié, l’ouverture à autrui, le
respect, la tolérance, le bonheur d’être ensemble, la conception communautaire de la vie, etc. En termes de
normes, de valeurs constantes et de volume de sociabilité, il ne pénètre pas toutes les couches sociales
avec la même intensité et n’offre plus un support privilégié pour réaliser le brassage social. De multiples
déterminants sociaux, culturels, politiques et économiques, de plus en plus complexes et «puissants»,
seraient ainsi à l’œuvre dans sa régression. Bientôt, en Algérie, le sport serait réservé, comme dans les
cités-Etats de la Grèce antique, aux hommes libres, c’est-à-dire à une élite sociale restreinte, à une toute
petite minorité de privilégiés (une caste fermée) entretenue par le travail de leurs esclaves. En effet, des
observations de terrain ont permis d’affiner que certaines disciplines comme les sports de combat,
l’athlétisme, le cyclisme, le football, etc., considérés jusqu’alors comme de grands sports populaires
d’ascension sociale, ne sont plus accessibles à la majorité des catégories sociales d’origine populaire. Ils
n’offrent plus un espace où il est possible d’accéder à l’égalité, à la dignité et à l’existence. Ce qui était une
«pratique sportive» accessible à tous devient un «spectacle sportif» inaccessible, donné par quelques
bienfaiteurs. C’est ainsi que le football, qui incarne le sport populaire par excellence (un sport que l’on peut
pratiquer avec «deux pierres en guise de buts»), est devenu un sport «mondain», prioritairement profitable à
quelques-uns, un «art académique», rigidement codifié et restreint au service exclusif des rejetons mâles
des membres de la classe privilégiée. Ainsi, d’une «culture de la participation sportive» la plus large, on est
passé à une «culture de la consommation sportive» aléatoire générée exclusivement par des processus
sélectifs, voire sectaires d’accès à la pratique sportive. Dorénavant, «selon que vous aurez belles manières
ou façons vulgaires, les pratiques sportives vous seront élégantes ou brutales, tennis ou lutte» (Y. Vargas).
Dans cette optique, il devient difficile de comprendre la place que tient le sport dans la société algérienne,
en général, et dans l’éducation de la jeunesse, en particulier. Aujourd’hui, nous nous demandons, comme
bien d’autres, si le «système des sports» algérien ne repose pas, en définitive, sur une supercherie. Dans la
mesure où il a totalement ignoré «l’éducation corporelle» de la petite enfance, de l’enfance et de
l’adolescence ; c’est-à-dire la quasi-totalité des enfants âgés de 3-18 ans : en somme, le lieu d’expérience
fondamentale d’incorporation des règles et des valeurs de toute culture sportive. D’autant plus que tous les
spécialistes des apprentissages moteurs sportifs admettent, communément, que l’enfance et l’adolescence
sont l’apogée du jeu sportif. L’Algérie fut une grande nation sportive au temps où sa jeunesse pratiquait le
sport à l’école, au lycée et à l’université et n’avait pas honte de sculpter son corps au grand air. Ce qui n’est
plus le cas aujourd’hui.
♦ Le «système des sports» algérien est faiblement opératoire. inefficace  : Selon Bourdieu, un «système
des sports» nous offre l’occasion de saisir la manière dont les différents groupes sociaux se servent de leur
«corps», se dotent d’une vision du monde et produisent des manières particulières de se comporter. En
effet, dans une société «modernisatrice» ou en voie d’émancipation, les pratiques sportives devraient
constituer un moyen efficace pour éduquer la jeunesse et transmettre ainsi un patrimoine culturel et sportif
vivant. Secteur de la vie sociale, qui s’est autonomisé et qui possède ses propres règles de fonctionnement,
le «système des sports» algérien s’est construit à partir du milieu des années quatre-vingt-dix sur des
«inégalités» et des «jeux d’intérêts». Il a toujours évolué selon les fantaisies et les caprices des gens d’en
haut : de ceux qui gouvernent. Ces dernières années, il a subi une reconfiguration par la montée en
puissance du «spectacle professionnel football». C’est un «système des sports» faiblement opératoire,
inefficace, sans aucune dynamique sociale et sans créativité. Il se distingue, notamment, par un processus
d’appauvrissement, dans le fonctionnement des différentes formes de pratiques sportives. Sa lecture
provoque, souvent, la colère de certaines personnalités sportives. En visite dans sa ville natale
(Constantine), où elle parraine le challenge des courses de demi-fond, la double championne du monde du 1
500 m, Hassiba Boulmerka, n’a pas hésité à dresser un tableau noir de la situation du sport, en général, et
de l’athlétisme, en particulier : «Nous étions 30.000 à l’époque où je courais ; aujourd’hui, il ne reste que
3.000 licenciés.» Ainsi, notre championne s’étonne que l’Algérien ne pratique plus de sport et l’Algérie ne
produit plus de champions. Il y a absence d’une dynamique populaire autour de la pratique de ce sport, qui
ne semble plus être en adéquation avec les normes et les idéaux corporels de la société. Il ne faut pas
oublier, en effet, que pratiquer l’athlétisme, dans ses acceptions les plus simples, c’est apprendre des
exercices de course, de saut et de lancer, qui sont ouverts à tous, doués ou non, jeunes ou moins jeunes.
C’est là une expérience intime, une forme de liberté, qui consiste à faire vivre son corps sous toutes ses
formes, et ce, afin de le conquérir. Or, aujourd’hui, la libre expression ludique du corps, aussi bien pour les
filles que pour les garçons, est décriée. Un corps qui joue est un corps qui excite les sens et provoque
émotion et passion, c’est un corps suspect, qui sort de la normalité collectivement définie. Les postures, les
attitudes, les façons habituelles de se tenir, de se déplacer, participent à la fabrication sociale d’un «corps»
soumis et fermé, qui n’est pas taillé pour la performance sportive. Le déclin du sport de compétition en
Algérie (professionnel ou amateur) ne touche, donc, pas seulement l’athlétisme mais l’ensemble des
disciplines sportives. Les institutions de base d’éducation et de formation (école, collège, lycée et
université, etc.), censées participer à la construction d’une dynamique sociétale des différents sports, sont
dépourvues d’infrastructures et d’encadrement pédagogique. Bref, il n’existe pas, en Algérie, une «culture
sportive» spécifique (des espaces institués pour le façonnage des pratiques sportives) ; c’est-à-dire un
«modèle sportif» particulier (comme forme institutionnalisée de la pratique sportive) d’éducation et de
formation reconnu et transmis comme tel aux futures générations. Un «modèle sportif» enraciné dans la
réalité nationale et qui soit capable d’enclencher un processus de transformation des mentalités et des
comportements. Si bien que le fait sport, comme échange social et culturel, peine à s’infiltrer dans le corps
social. A cela s’ajoute un problème culturel de taille : le sport n’est pas dans la tête de nos responsables
politiques et il ne court pas dans leurs jambes. Ces derniers continuent à partager une indifférence

315
méprisante à l’égard de l’ensemble des activités physiques et sportives, où le corps est en mouvement.
♦ Le "système des sports" algérien n’éduque plus. Dans l’œuvre générale de l’éducation, le sport est un
moyen qui doit être subordonné aux fins les plus nobles, à savoir la formation de l’homme et du citoyen.
C’est un outil social et culturel, qui constitue «un indéniable processus civilisateur dès lors que l’on s’avise
de combattre par champions interposés aux lieux et places des affrontements massifs» (Pociello). Dans
l’ancienne civilisation islamique, raffinée et mûre, certaines pratiques sportives comme monter à cheval,
tirer à l’arc, savoir nager, faisaient l’objet d’un enseignement strict, destiné à travailler le corps et à le
cultiver. Ces trois disciplines sportives participaient à perfectionner certaines propriétés physiques, comme
l’élégance et la noblesse de l’allure : elles contribuaient à édifier une forme de «civilité». Ces propriétés
physiques permettaient de produire un mode d’expression et d’accomplissement de soi, et d’exhiber une
«valeur du corps» conforme à un type d’homme à réaliser : un homme plus socialisé, plus raffiné, plus
courtois, plus sensible, plus chevaleresque, etc. Le principe d’une «éducation corporelle», qui complète le
développement de l’individu et assure un équilibre entre le corps et l’esprit, semble, depuis longtemps,
acquis dans la culture musulmane. Aujourd’hui, cette «éducation corporelle» n’est plus travaillée à l’école.
Dans le système éducatif algérien, le sport n’est plus considéré comme une partie intégrante de l’éducation
à la citoyenneté : comme une forme d’éducation morale et civique. Les écoles, les lycées et les universités
n’accordent aucune place à l’activité sportive dans le champ de l’éducation : les jeux sportifs ne
représentent pas un idéal éducatif. Or, c’est au sein de ces institutions d’éducation et de formation que l’on
peut promulguer les valeurs essentielles du sport, les hiérarchiser et les acquérir. Notamment, au sein des
associations sportives scolaires et universitaires pour insuffler, aux jeunes, l’esprit du vivre ensemble.
C’est, aussi, au sein de ces institutions d’éducation et de formation que l’on peut promouvoir la culture du
corps performant, former de nouveaux modèles de comportement, favoriser l’affirmation de soi par voie
compétitive, discipliner les impulsions affectives et les instincts, apprendre à libérer pacifiquement ses
émotions, rendre les rivalités courtoises, prendre conscience de son propre corps en tant que moyen de
connaissance, etc. C’est, enfin, au sein de ces institutions éducatives que l’on peut promouvoir une forme
particulière d’expression culturelle du sport, par laquelle les jeunes construisent leur identité. Dans cette
perspective, de nombreux auteurs ne cessent de se prononcer sur l’action morale des jeux sportifs et
l’influence de l’effort mesuré sur la formation du caractère et le développement de la personnalité. Pour tous
ces auteurs, l’école doit être un lieu décisif d’expérimentation et d’innovation dans l’élaboration d’une
culture corporelle et sportive authentiquement algérienne, et dans son appropriation par les élèves, citoyens
de demain. C’est pour cela que dans les pays développés, le «sport civil» s’inspire toujours des principes du
«sport scolaire et universitaire». En Algérie, c’est l’inverse.
♦ Le "système des sports" algérien est devenu un simple "spectacle professionnel football". Au cours
de ces trente dernières années, nous assistons à une «agitation permanente», voire à une «excitation
baveuse» des acteurs politiques devant le phénomène «sport». Par un calcul à courte vue, les
gouvernements successifs se sont montrés dans l’incapacité de faire du sport un élément important des
programmes d’éducation et de santé au profit de toutes les couches de la population, ou encore un modèle
de redressement physique et moral de la nation. Jusqu’à ce jour, les décideurs peinent encore à reconnaître
que le sport est une pratique sociale concrète, une réelle pratique culturelle, qui s’élabore dans le quotidien
de la vie et qui est nécessaire à la société pour son fonctionnement, son maintien et son équilibre. En effet,
le sport n’est pas facteur de cohésion sociale par procuration. Il l’est d’abord par la pratique effective au
sein de l’institution culturelle de base, qu’est l’école. Or, dans le «système des sports» algérien, seul
subsiste le «spectacle professionnel football» utilisé comme un instrument de mobilisation pour distraire la
«multitude» surexcitée et la maintenir dans un état d’abrutissement idéologique. On assiste, en effet, à la
mise en place d’un «spectacle professionnel football» caractérisé par l’improvisation et l’impréparation ; ce
qui n’a pas manqué de générer un supportérisme primaire, transgressif et violent. Un «spectacle
professionnel football» en manque d’imagination et d’inventivité, qui a disloqué les anciens liens sociaux
sans en susciter de nouveaux. Un «spectacle professionnel football» mesquin et sans joie, où le banditisme
économique et social a trouvé son terrain privilégié. C’est pour cela, que si nous voulons comprendre le
sport dans sa nécessité — pourquoi les algériens ne pratiquent plus de sport ? —, il nous faut focaliser
notre attention sur le «spectacle professionnel football». D’autant plus qu’a priori, il s’agit là d’un outil
privilégié, qui a pour dessein d’illustrer une culture sportive algérienne nouvelle et puissante. Marqué
fortement par les forces de l’argent et les influences de la politique, le «spectacle professionnel football»
algérien est devenu «… le centre d’une toile d’araignée aux ramifications diversifiées lancées sur toute la
surface de l’espace social afin de se soutenir tout en réunifiant la diversité qu’il touche» (Y. Vargas). Dans
ce cadre, des acteurs sociaux de tout bord ont très vite compris que c’est en s’agglutinant autour de cette
«toile», qu’ils vont acquérir des privilèges, de la puissance et du prestige, qu’aucune autre carrière ne
saurait leur offrir. Pour cela, ils considèrent qu’«il n’est pas nécessaire d’être à la bonne place, le principal
est d’être quelque part sur la toile». Une «toile sportive» qui produit, aujourd’hui, du chauvinisme, du
régionalisme, de la corruption et de la violence. Une «toile sportive» qui nous apporte un éclairage essentiel
pour saisir la «face cachée», voire la «face maudite» du «spectacle professionnel football» algérien ; celle
que de nombreux responsables ne veulent pas voir ou ignorent. Tissée par une horde de mercenaires
pillards au tempérament, dit-on, patriotique, cette «toile sportive» a transformé l’Algérie en «un immense
terrain de football ; en une forêt de cartons jaunes et rouges, de sifflets d’arbitre». Elle est l’illustration
parfaite, dont se construit un «mouvement sportif» institutionnellement tronqué dans les pays en voie de
développement. En effet, malgré les sommes d’argent faramineuses qui lui sont injectées, le «spectacle
professionnel football» algérien ne participe pas à la construction de cette «communauté imaginée», qu’est
la nation algérienne. Il ne s’est pas transformé en un vaste champ de bataille, doté d’une morale et d’une
éthique, où les joueurs, les spectateurs et les supporters apprennent à se connaître et se reconnaître, avant
tout, comme citoyens. Il n’a pas permis à la société algérienne d’être plus solidaire, plus morale et plus
performante, que par le passé. Bien au contraire, loin de constituer un îlot de clarté et de perfection, c’est

316
un «spectacle professionnel football», qui a contribué à fabriquer de vastes «domaines seigneuriaux», gérés
par des «princes» autoproclamés ou désignés. L’anthropologue indo-américain Arjun Appadurai nous
apprend que, dans les années 1910, les «princes indiens» ramenaient, pour leurs sujets, des joueurs
professionnels anglais et australiens pour former leurs propres équipes de «cricket». Aujourd’hui, pour
démontrer leur force, leur pouvoir et leur richesse, des «princes algériens» ramènent, pour amuser leurs
sujets, des joueurs de toutes nationalités pour former leurs propres équipes de «football». Ces «pratiques
princières» (les lois que font les princes) nous permettent de comprendre que «dans l’histoire de l’humanité,
chaque système politique s’est appuyé sur un spectacle qui le justifiait et le rendait digestible par la pensée
collective» (Y. Vargas). Ce sont des «pratiques princières» fondées sur l’arbitraire et la peur, qui
caractérisent les régimes d’allure totalitaire ou à penchant d’autorité, débouchant nécessairement sur
l’appauvrissement de l’homme et de la société. Elles ont pour fonction de distraire la populace houleuse, de
stabiliser l’ordre en place vers la perpétuation, et de faire refleurir le système héréditaire. Aujourd’hui, en
Algérie, il y a des abus dans le «spectacle professionnel football», il faut supprimer les abus (les «pratiques
princières» de type colonial), non le «spectacle professionnel football».
♦ Le «système des sports» algérien produit de la violence . Au cours des deux dernières décennies, le
«système des sports» algérien s’est totalement confondu avec le «spectacle professionnel football». C’est là
le résultat d’une stratégie mise en œuvre par le régime politique pour acheter la paix sociale, mettre en
avant un nationalisme populiste et affirmer un pouvoir. Dévoyé de sa finalité première, le «spectacle
professionnel football» algérien s’est transformé en une mécanique institutionnelle antidémocratique, où
règne la loi du silence, la tricherie, le truquage, la corruption et la violence, symbolisant ainsi la rupture des
liens collectifs et la précarité de l’Etat. Géré par des «professionnels» occultes, il a contribué d’une certaine
manière à la généralisation de la violence dans les stades. Aujourd’hui, chaque club de football de première
division renferme un nombre important de jeunes «supporters» extrémistes, qui véhiculent une idéologie
prônant ouvertement la haine ou le mépris de l’autre. Déréglé et chaotique, c’est un «spectacle
professionnel football» qui a dénaturé «méthodiquement les fondements non seulement populaires mais
également humains du football…» (J.-C. Michéa). Que peut-on, en effet, attendre d’un «spectacle
professionnel football», où tout le monde vient au stade pour voir toujours la même chose, c’est-à-dire la
violence se répéter dans les gradins ? Que peut-on, encore, espérer d’un «spectacle professionnel football»
préparé dans la pénombre et où les présidents de club sont devenus allergiques aux lois de la raison ? Chez
eux, prédomine en permanence «le désir d’écarter les autres de leur chemin afin d’être l’unique». L’usage
d’un pouvoir sportif excessif les a transformés en des paranoïaques colériques. Certains n’hésitent même
plus à afficher une appartenance politique, voire ethnique, avec une volonté certaine de recourir à la
violence si besoin est. Avec de tels comportements, le «spectacle professionnel football» algérien est en
voie de diviser la population entre partisans et adversaires, entre soumis et insoumis : il a décrété une
appartenance groupale à laquelle on est sommé de se conformer. Ce qui a donné lieu dans les villes et les
villages à la constitution de «petites unités combattantes» rivales, de jeunes «supporters», n’ayant d’autre
objectif que l’anéantissement de l’adversaire, voire de l’ennemi d’en face. Aujourd’hui, chacune de ces
«petites unités combattantes», de jeunes «supporters», possède son tempérament guerrier et ses coutumes
féroces. Ce sont des jeunes «supporters» en déperdition scolaire et sociale, qui viennent du fond de la
société. Les gens «civilisés», qui ne les aiment pas, racontent que ce sont des jeunes «supporters»
grossiers, méchants et cruels, qui détruisent et éliminent tout ce qui leur barre le chemin. Ils ne mangent
pas comme «nous», ne dorment pas comme «nous», ne pensent pas comme «nous» et ne se reproduisent
pas comme «nous». De plus, ils ont un langage inorganisé : ils parlent et chantent en «daridja» dans les
tribunes. Les «experts» ès violence, en examinant en détail leurs pratiques, nous disent que ce sont des
jeunes «supporters» qui ne savent pas ce qu’ils font. Pour eux, la violence est une simple explosion de joie
non contenue, une manifestation conviviale. Ce sont des jeunes «supporters», qui pratiquent une violence
«ordinaire», dénuée de sens précis, une violence de l’habitude, qui se déroule de façon répétitive et qu’ils
ont acquise par l’éducation. Une violence absolue, régie par de la passion et du rituel : elle caractérise le
mode de fonctionnement de la société, en général, et du «spectacle professionnel football», en particulier.
Cette forme de violence est quasi impossible à arrêter, nous dit-on, elle est impalpable et échappe à toute
prise. Elle véhicule avec elle un fond de bestialité, qui n’a pas été domptée par l’éducation. C’est pour cela,
que le «spectacle professionnel football» algérien s’apparente, aujourd’hui, à un «bolide sans chauffeur»,
difficile à arrêter. Ce diagnostic lugubre est partagé par certains responsables de nos institutions sportives
officielles, qui considèrent que la violence dans le «spectacle professionnel football» algérien prend l’aspect
d’un «destin», c’est-à-dire une violence vouée à une répétition sans fin. Mais alors, que propose-t-on
comme outils pédagogiques pour lutter contre la violence dans les stades, pour que le football continue
d’être un «jeu festif» et pour redonner, enfin, au sport sa fonction fondamentale d’éducation et de
formation ? □ Belkacem LALAOUI, Le Soir d’Algérie, 01.09.15

L'EDUCATION SEXUELLE

CONTRACEPTION.- Quelle contraception en Algérie ? : Neuf couples limitant les naissances sur dix ont recours à des
méthodes contraceptives modernes. La plus répandue est la stérilisation (37% dans l'ensemble du monde). Sur la plupart des
continents, c'est la méthode d'un couple sur deux, sachant que plus de neuf fois sur dix, c'est la femme qui est stérilisée. Les
autres méthodes de contraception les plus répandues dans le monde sont le stérilet (23%), la pilule (14%), le préservatif (10%)
et le retrait (4%). Les pays d'Asie et d'Amérique latine, ainsi que les pays anglo-saxons comme l'Angleterre et les Etats-Unis
utilisent beaucoup la stérilisation. La méthode est en revanche peu prisée en Afrique et en Europe, où elle est pratiquée par un
couple sur dix seulement. Le stérilet, très employé en Chine, ne l'est que rarement en Inde. Et ces deux pays n'ont pratiquement
pas recours à la pilule, alors que partout ailleurs, elle est largement utilisée. Le Japon est le seul pays du monde où la méthode
préférée est de très loin le préservatif.
Les pays où la pilule est le moyen de contraception le plus utilisé (plus de 40% des contraceptions) sont : l'Algérie, la Belgique,

317
la France, L'Allemagne, le Maroc, le Portugal et le Zimbabwe.
L'usage des DIU est très élevé en Asie (plus de 40% en Chine, Corée, Ouzbékistan et Vietnam), et dans quelques pays
d'autres régions comme Israël, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Turkménistan, ou Cuba, l'Egypte et l'Estonie. L'usage du
préservatif masculin est le plus important à Hong Kong (50%) et au Japon (41%). Il est aussi prédominant en Uruguay, dans la
Fédération de Russie et en Grèce. En Afrique de l'Est et dans le sud de l'Afrique, les injections sont très populaires (plus de 40%
des usages).
►Evolution de la pratique contraceptive en Algérie. En 1995, la prévalence actuelle de la contraception était de 57 %. Le
rythme de diffusion de la pratique contraceptive a été constant mais inégal : une femme sur 15 utilisait une méthode
contraceptive en 1970 (7%). Ce ratio passe à une femme sur 4 en 1984 (25%), à une femme sur deux en 1992 (51%). Le taux
de prévalence contraceptive a été multiplié par 8 en 25 ans (1970-1995). Par rapport à 1986, la prévalence a augmenté de plus
de 20 points, soit de manière relative de 58%. Entre 1992 et 1995, malgré les événements politiques, sécuritaires et
économiques vécus par la population, le gain a été de 12% soit 4% de régression par an. En 1992, le taux de pratique
contraceptive était de 60% chez les femmes instruites contre 44% chez les femmes illettrées. Les femmes utilisent surtout (87%)
une méthode moderne et seulement 13% une méthode traditionnelle. La pilule est la méthode contraceptive la plus utilisée
(78%) suivie par l'allaitement maternel (8%), le stérilet (7%), le calendrier (4%), les condoms (1%), le retrait (1%), les injections
(0,1%) et les autres méthodes (0,5%). La pilule est la principale méthode contraceptive à tous les âges, mais les femmes de
moins de 20 ans et les plus âgées utilisent relativement moins la pilule. En 1995, en milieu urbain, la prévalence était de 57,2%,
en milieu rural, elle est de 56,6%. Les méthodes contraceptives modernes sont les plus fréquemment utilisées quel que soit le
milieu. Les méthodes traditionnelles deviennent plus utilisées en milieu urbain qu'en milieu rural. La prépondérance de la pilule
en milieu rural est plus prononcée qu'en milieu urbain. La durée moyenne globale d'utilisation d'une méthode contraceptive était
en 1995 de 31 mois. La variabilité est grande selon la région, plus élevée au nord qu'au sud. Les durées d'utilisation sont
analogues en milieu rural et en milieu urbain. Selon le type de logement, la durée de la contraception est plus longue pour les
femmes habitant les appartements et plus courte pour celles logeant dans des habitations précaires. La durée moyenne de
l'aménorrhée post-partum, qui était de 7,1 mois en 1986 est passée à 5,4 mois en 1992, soit une régression de 1,7 mois en 6
ans. Cette durée augmentait avec l'âge, était légèrement plus importante en milieu rural qu'en milieu urbain, baissait
sensiblement quand le niveau d'instruction de la femme augmentait. Plus les femmes sont instruites et moins elles allaitent leurs
enfants.
Pour un changement en faveur des méthodes susceptibles d'apporter une efficacité analogue, un confort plus grand et un coût
global plus réduit pour l'heure ces qualités sont réunies par le DIU de grands efforts d'information des couples, de formation des
personnels de santé, d'approvisionnement des structures publiques et privées restent à fournir. L'étude de l'évolution dans le
temps des méthodes utilisées montre clairement que les institutions publiques n'ont pas réussi à renverser la tendance
contrairement aux objectifs qu'elles se sont fixés.
Le « lobby de la pilule » reste très fort, une seule marque prenait 50% du marché en 1995. En opposition avec le discours, les
faits montrent que la pilule restera dominante sur le marché. Il a émis l'hypothèse que la pilule est la plus utilisée parce qu'elle
peut être prise à l'insu du mari.
Cette hypothèse, qui se base sur une situation d'opposition du mari à la contraception, n'a qu'une influence marginale car toutes
les études prouvent bien qu'il y est rarement opposé. À notre avis l'explication est ailleurs. Nous avons vu que toutes les études
établissent clairement que la contraception, depuis près de deux décennies, est une affaire de femmes or la pilule est plus
facilement maîtrisée par elles. Les structures de santé ont offert ce qu'elles savaient offrir. Très peu de structures de santé
publiques savaient poser un stérilet. Le secteur privé, et notamment les généralistes, étaient les plus nombreux à prescrire la
contraception, or ils ne disposaient pas de stérilets, réservés aux structures publiques. Ils prescrivaient donc ce qu'ils avaient de
disponible.
C'est également la pilule qui est la plus utilisée par les personnels de santé. Enfin, les représentants des firmes productrices de
pilules ont été probablement plus actifs que les autres. Le stérilet deviendra la première méthode lorsque :
un groupe de femmes « leaders » utiliseront et défendront le stérilet ;
les structures publiques et privées le proposeront ;
à un coût accessible.
Toutes les Algériennes n'ont pas le même comportement vis-à-vis de la contraception.
De ce point de vue également l'Algérie est plurielle. Les différences entre les régions sont nettes et liées à la force de la
tradition, à la qualité de l'information et des services offerts. De nombreux obstacles à la contraception sont susceptibles d'être
levés par une meilleure communication sociale et une meilleure gestion locale du programme de planning familiale.
►Contraceptions : Quels choix pour la femme algérienne ?
Notre pays a été parmi les premiers à adopter la contraception et le premier centre d'espacement des naissances a vu le jour
dès les premières années de l'indépendance à la maternité de l'hôpital Mustapha en 1967. Depuis, de nombreux centres ont été
crées dans les maternités, les PMI et les centres de planification familiale basés surtout sur l'espacement des naissances pour
un meilleurs bien être de la santé de la mère et l'enfant. La pilule, le stérilet et les préservatifs étaient fournis alors gratuitement
mais malgré cela la population aura quadruplé entre 1962 et 2012 en passant de 9 millions à plus de 36 millions alors que notre
population n'a fait que tripler entre 1930 et …1962.
Bien sûr, la prise en charge de la population «indigène» n'était pas la priorité des autorités coloniales d'alors et 90% de la
population n'avait pas accès aux soins de base ou de protection maternelle et infantile ce qui aggravait la mortalité maternelle et
infantile. Mais après l'indépendance, il faut croire que malgré tous les moyens utilisés les résultats n'ont pas été à la hauteur des
prévisions. Quand on pense que récemment en 2010 malgré le fait que plus de 60% des femmes ont pris des contraceptifs
oraux il y'a eu un record de natalité chez nous : 887.810 naissances vivantes sans compter les morts-nés et ceux qu'on
découvre, hélas, chaque jour dans les décharges publiques ainsi que les avortements illégaux.
Il faut croire que ce moyen contraceptif qui coûte très cher n'est pas efficace et, comme nous le verrons par la suite, ne peut être
utilisé que chez des femmes saines très disciplinées, bien suivies et loin de tout environnement tabagique ou industriel. C'est
très important.
En France, malgré tout cela plus de 200.000 femmes subissent des interruptions volontaires de grossesses pour grossesse
dues à une mauvaise prise de la pilule et des oublis. Chez nous c'est pire. Cela explique d'ailleurs le rejet de ce mode de
contraception et l'adoption de la contraception mécanique (préservatif, diaphragme, et surtout le stérilet). Grâce à la pose de
stérilet de 40% la natalité en France est la même que chez nous alors que la population de ce pays est le double de la notre.

318
Cela fait que nous faisons deux fois plus d'enfants malgré le fait que nous consommons une fois et demie plus de pilules.
Cependant, il faut dire que cette démographie galopante, expliquée au début par la saignée de notre population au cours de la
guerre de libération ainsi que l'absence de contraception, a continué après, sans être le fait des couples à vouloir enfanter d'une
façon délibérée et volontaire, car la majorité des grossesses a été subie et non désirée, entraînant des difficultés de prise en
charge de familles nombreuses, des fins de mois difficiles, la promiscuité, de gros budget pour l'Etat afin de faire face au
problèmes de l'éducation, de santé, de logement et plus tard le chômage même pour les diplômés.
Mais ce problème s'est aggravé du fait des complications dues au non respect de l'espacement des naissances souvent par
ignorance et aux problèmes posés par les familles nombreuses. Il y avait beaucoup de grande multipare avec toutes les
complications obstétricales nécessitant plus de spécialistes, de blocs opératoires et se terminant par une mortalité maternelle et
infantile plus importante.
En effet, on a remarqué qu'après l'âge de 35 ans et surtout après trois ou quatre grossesses rapprochées, la mère courait un
grand danger pour sa santé et celle de son dernier enfant.
Cette période de six premiers mois au moins, après l'accouchement est idéale pour permettre l'allaitement maternel complet qui
assure à l'enfant une nutrition saine et de qualité ainsi que l'immunisation contre les maladies d'une part et une contraception
naturelle de six mois à deux ans pour la mère d'autre part. Il devrait être adopté par toutes les femmes en couches. Cette
méthode d'allaitement appelé MAMA est recommandée partout dans le monde et adoptée.
Le fait de respecter ces consignes a permis dans le monde de diminuer de 25% la mortalité maternelle et de 30% la mortalité
des enfants au cours de la première année de vie. Lorsque la mère est malade (hypertendue, diabétique, cardiaque,
tuberculeuse, anémiée) les complications sont plus graves et la pilule est absolument contre-indiquée, ce qui doit laisser la place
à une contraception mécanique (stérilet, préservatif). En fait, le stérilet constitue la contraception de choix dans le monde (plus
de 180 millions) et surtout dans nos pays pour de multiples raisons, car c'est un moyen efficace réversible sans oubli et surtout
sans hormone. Il n'entraîne pas certaines complications graves de la pilule qui est prise d'une façon anarchique souvent sans
consultation médicale préalable, sans examen gynécologique, radiologique (sein) biologique et hormonal. Il est plus efficace
moins contraignant que la pilule et sans les effets indésirables et dangereux qui lui sont liés. Ses indications sont idéales en
association pendant la période post-natale en relation avec la lactation lorsque l'allaitement devient mixte mais aussi et surtout
après le dernier enfant et ce jusqu'à la ménopause. Contrairement à ce que l'on veut faire croire, le stérilet malgré son nom (en
réalité le dispositif intra utérin ou DIU) ne rend pas stérile, ne provoque pas d'avortement, ne gène pas le partenaire masculin.
Il est réversible immédiatement car, après le retrait, la grossesse survient sans problème. Il est efficace durant cinq et même 10
ans, donc beaucoup moins cher pour les petites bourses et pour les finances de l'Etat. Il peut être enlevé à tout moment et la
pose est très simple dans des PMI, des maternités ou chez les médecins spécialistes.
Quel a été notre étonnement lorsque des chiffres officiels nous ont appris que dans notre pays seuls 2 à 4% de stérilet ont été
posés et que 52% des femmes, d'autres chiffres donnant plus de 60%, chez nous, prennent la pilule (chiffre de 2010) alors que
cela devrait être le contraire. En Tunisie, 60% des stérilets, 10 à 25% de contraception orale. Même si la pilule a du succès
malgré le fait qu'elle alimente le taux des interruptions volontaires des grossesses (près de 200.000 IVG par an) surtout à la
suite d'oubli dans la prise, 40% des Françaises préfèrent le DIU (stérilet).
Nous dépassons l'Europe avec une prise de contraceptifs oraux avec 31 %, les Etats-Unis avec 16%, l'Australie avec 23,4%.
Par contre, la Chine et l'Inde ne consomment que 3,1 % et 1,2% L'Amérique latine (13,8% ), le Proche-Orient (10,6%) l'Asie
(4,5%) et l'Amérique subsaharienne ( 3,6%) et dans le monde ( 7,7%).
Aussi, la pilule ne doit-elle être délivrée que sur ordonnance et le médecin ne doit la prescrire qu'à des femmes saines et non
fumeuses après différents bilans, examens cliniques, biologiques, radiographiques et hormonaux sans oublier le suivi.
►Le stérilet réduit le risque du cancer du col de l’utérus.
Des études épidémiologiques avaient déjà mis en évidence une réduction du risque de cancer de l'endomètre par les stérilets.
Selon une étude publiée dans The Lancet Oncology, le stérilet pourrait également protéger du cancer du col de l'utérus.
Au cours des 20 dernières années, l'IARC de Lyon (International Agency for Research on Cancer), en collaboration avec
l'Institut Catalan d'Oncologie (Barcelone), ont mené des études sur le lien entre cancer du col de l'utérus, virus HPV et stérilet.
D'abord, des études sur le contamination des femmes par le virus HPV avaient été menées par l'IARC en 15 endroits du monde,
au Vietnam, en Thaïlande, en Corée du Sud, en Chine, en Mongolie, au Mexique, en Argentine, en Colombie, au Chili,
au Nigeria, en Espagne, et en Pologne, offrant une vision planétaire de la pénétration de cette famille de virus. Au cours de ces
études, un entretien et un frottis cervical étaient réalisés ainsi qu'un test HPV auprès de femmes volontaires. 13.179 femmes
furent retrouvées négatives pour les HPV et 2.093 positives. En comparaison aux femmes négatives pour le HPV, les femmes
positives pour le HPV étaient plus jeunes, avaient débuté leur vie sexuelle plus tôt, avaient plus de partenaires et avaient eu
moins de grossesses. Au total, 4,7% des femmes avaient un examen cytologique du col anormal (de 0,7% au Vietnam à 17%
en Mongolie).
Et de 1985 à 1997, les mêmes équipes ont réalisé d'autres études dans 11 pays afin d'évaluer le risque de survenue de cancer
du col de l'utérus. 2205 femmes ayant eu un cancer du col et 2.214 n'en ayant pas eu, ont pu être incluses dans l'étude finale.
Grâce à ces différentes études, les scientifiques avaient assez de données pour évaluer l'influence du stérilet sur la survenue
d'un cancer du col de l'utérus, en présence ou en l'absence d'une contamination par le HPV.
Les auteurs retrouvent une association inverse forte et consistante entre l'utilisation d'un stérilet et le risque de cancer du col, un
risque réduit de moitié, 45% exactement : autrement dit, un cancer du col survient 2 fois moins fréquemment chez les femmes
chez qui un stérilet a été posé, en comparaison aux femmes qui n'en ont pas. Cette réduction du risque est retrouvée quel que
soit le type de cellules cancéreuses (44% pour les carcinomes épidermoïdes et 54% pour les adénocarcinomes).
La durée d'utilisation du stérilet au-delà d'un an ne fait pas varier les résultats. Par ailleurs, le statut HPV n'influence pas ces
résultats, et les femmes ayant un stérilet n'ont pas plus de contamination par un HPV. Ainsi, sachant qu'un lien formel existe
entre HPV et cancer du col, il est possible que le stérilet réduise l'influence carcinogène du HPV. Cette réduction du risque de
cancer du col par les stérilets en cuivre, suggère un effet protecteur du cuivre sur le développement des cancers : le cuivre
pourrait induire une réaction inflammatoire chronique et stérile au niveau de l'endomètre et du col, modifiant, via l'immunité
locale, l'influence pro carcinogène des virus HPV. Autre hypothèse, le fait de porter un stérilet accroît le nombre de visites chez
un gynécologue et donc les chances de dépistage précoce d'un cancer.
Au total, cette étude balaye les hypothèses laissant à penser qu'un stérilet pouvait favoriser une infection par le HPV ou un
cancer du col. Au contraire, il semble qu'un stérilet le réduise ! ◙ MEDIDOUB Hamed, Le Quotidien d’Oran, 08.02.2017

319
CYBERPEDOCRIMINALITE.- La violence sexuelle à l’encontre des enfants, pornographie enfantine ou pédophilie, s’est révélée
être un grave problème de société. En effet, la pornographie mettant en scène des enfants ou pédopornographie, est une grave
violation des droits, que les lois reconnaissent aux enfants. Elle est formellement interdite par la plupart des pays et emporte des
sanctions, par application des lois qui portent sur la pornographie en général ou les lois qui interdisent le détournement de
mineur. Puis internet est rentré dans tous les foyers, un passe-temps devenu incontournable pour les adultes, les jeunes et les
moins jeunes. Comment ne pas se laisser séduire par ce média, lieu propice aux échanges, aux rencontres, rapide et qui est
peu coûteux. Malheureusement cet espace, dit propice à l’échange, aux rencontres, à la liberté d’une partie importante de la
population dont les jeunes, ne comporte pas que des avantages.Il peut être source de déviances et de nombreuses illégalités,
telles les prestations portant atteintes aux mœurs, aux valeurs morales relevant du domaine de la sexualité qui, lorsqu’elle
touche aux enfants, se nomme pédopornographie.
♦ Loi n° 14/01 du 04/02/2014 modifiant et complétant l’ordonnance 66/156 du 08juin1966 portant code pénal. Ce n’est qu’en
2014 ; après le développement rapide des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’adhésion d’une
bonne partie de la population et des jeunes en particulier à « l’internet », que le législateur algérien a pris conscience des
dangers d’une mauvaise utilisation de ces TIC ( en matière de mineurs) et a apporté en conséquence des précisions à travers
l’article 10 (complétant l’article 333/bis 1 du code pénal algérien) qui condamne « quiconque représente, par quelque moyen que
ce soit un mineur de moins de 18 ans s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées(1) ou représente des
organes sexuels d’un mineur, à des fins principalement sexuelles, , ou fait la production, la distribution, la diffusion, la
propagation, l’importation, l’exportation, l’offre, la vente ou la détention des matériels pornographiques mettant en scène des
mineurs »(2). Comme on l’a cité auparavant, l’expression par quelque moyen que ce soit, nous amène a penser que l’internet
peut être ce moyen par lequel l’infraction est commise. Enfin le législateur algérien a réagit au sujet de la protection des mineurs
dans le cyberespace. C’est un début, mais la route est longue puisque ce sont des infractions qui évoluent très vite, le législateur
algérien doit légiférer encore plus pour mettre en place des moyens plus spécifiques pour mieux protéger ces mineurs qui sont
une cible facile pour les cyberpédophiles.□SOULIMANE Nesma (2015)
(1).Loi n° 14/01 op cit, p 6.
(2).Loi n° 14/01, op cit, art 10, p 6.

Schéma résumant les actions qui doivent être entreprises pour la protection des enfants dans le
cyberespace
►Dans le cadre de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information, le
Ministère des postes et des technologies de l’information et de la communication a organisé le 17 /05/2009
une journée d’études et de sensibilisation sur le thème « Protéger les enfants dans le cyber espace ».
thème « Protéger les enfants dans le cyber espace ». Cette rencontre a regroupé le Ministre de l’éducation
nationale, la Ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine et le Ministre des PTIC ainsi
que des experts dans le domaine du cyber-espace. Cette rencontre a permis de cerner et d’étudier les
dangers potentiels émanant du cyberespace sur les enfants et surtout de se concerter sur les moyens
efficaces pour protéger les enfants des grands dangers de la cybercriminalité et cela comme suit :
 Pour les autorités publiques : orientation, législation et organisation.
 Pour les partenaires et acteurs du secteur des télécommunications : mise en œuvre des solutions
techniques pour la protection « Network Security and internet filter solution »
 Pour la société civile : campagnes de sensibilisation, règles et chartes d’utilisation de l’internet.
 Pour les medias d’information : information du grand public sur les dangers de l’internet pour les enfants.
 Pour les familles, parents et éducateurs : sensibilisation, prise de conscience, conseil (1).
(1)BOUHADDA.R, Algérie Telecom, plan d’action national pour la protection des enfants dans le
cyberespace, séminaire : policy advocacy & capacity building in child online protection for the arab région,
Oman, 30-31 octobre 2011, p 19-21 .
♣Algérie télécom, comme prolongement de son ministère de tutelle cité ci-dessus, et après avoir signé la
charte sur la protection de l’enfant sur le cyberespace, a lancé le 19 Août 2013 pour l'ensemble des clients
particuliers et à titre gratuit une solution de contrôle parental en l'occurrence « fi@mane », pour permettre
aux parents de protéger leurs enfants et ne pas les priver de surfer sur internet. Le logiciel « fi@mane » est
un logiciel téléchargeable depuis le site Internet d'Algérie Télécom, sur un PC de bureau ou PC portable.
Son installation est facile, très bien guidée, protégée par un mot de passe (le modem est codé par ce mot de
passe) et fonctionne dans différentes langues. Tous les navigateurs web installés sur l'ordinateur sont filtrés
selon les profils définis par les parents. Il permet aussi de limiter, pour chaque utilisateur (que ça soit avec

320
ordinateur, tablette , ou smartphone ), les horaires et le temps de connexion par jour, d'activer la fonction
d’autorisation ou d’interdiction de certains sites, de bloquer des téléchargements pour l'utilisateur
sélectionné et d'interdire l'exécution d'application sur l'ordinateur. A travers cette solution les parents
peuvent visualiser les sites visités par chaque utilisateur (enfants) ainsi que le temps passé par session de
navigation. Lorsque le contrôle parental bloque l’accès à une page web ou à un jeu, une notification
s’affiche et indique que la page web ou le programme a été bloqué. Avec ce logiciel on peut bloquer tous les
programmes de l’ordinateur et pas seulement au moment de surfer sur internet.□
SEXUALITE.- Des comportements contradictoires sont observés dans la société algérienne déchirée entre le
devoir et la nécessité d'évoluer tout en sauvegardant son patrimoine culturel, ses principes religieux et des
attitudes ancestrales, figées, inadaptées aux besoins et exigences de l'homme moderne. Depuis quelques
années, le puritanisme religieux et l'impact effectif des traditions ont eu l'effet contraire que celui désiré ; ce
qui a été longtemps caché, refait surface. On assiste, en effet, à une apparente libéralisation de l'opinion en
ce qui concerne la sexualité comme en ont témoigné de nombreux articles de presse. Le déracinement des
populations rurales, tout en chamboulant leur mode de vie, a permis une relative libéralisation des moeurs.
Pendant des siècles, la famille musulmane fut de type patriarcal agnatique ; l'évolution des moeurs tend
dans la vie urbaine à morceler ce type ancien au profit du foyer. Le manque de communication entre les
membres d'une famille est aigu. Dans la société algérienne, les jeunes et moins jeunes, vivant dans une
famille où règne le silence sur ce sujet tabou, parce qu'il menace les fondements de la famille traditionnelle,
sur cet interdit, transmis de génération en génération, taisent leur vie sexuelle lorsqu'elle existe, d'autres se
culpabilisent quand ils prennent conscience qu'ils ont des fantasmes qu'ils ne peuvent vivre parce
qu'interdits. La sexualité est mal vécue, imprégnée de sentiments de culpabilité chez de nombreux jeunes
gens, car disent-ils, "la religion interdit les rapports sexuels hors-mariage". Le comportement sexuel est
faussé d'avance. Il n'est pas question de concevoir des rapports sexuels pour les adolescents ou les jeunes
adultes hors-mariage. Les jeunes filles sont encore plus concernées, car la question de la virginité demeure
la condition première au mariage pour nombreuses familles algériennes.
Cette situation engendre des comportements que la société qualifie de déviations sexuelles. L'adolescent,
essentiellement la jeune fille, éprouve un sentiment d'insatisfaction générale. N'ayant pas de repères pour
situer son problème, il se rebelle contre sa famille et par extension, la société. Au fond, c'est contre lui-
même qu'il se bat. La jeune fille se replie sur elle-même et évite de connaître les garçons de son âge. Les
relations entre un garçon et une fille ne sont pas tolérées par la société. Cela est tellement ancré dans la
société, que lorsqu'un couple se retrouve isolé, il ne leur vient pas à l'idée d'abuser de ce moment, ils se
satisfont d'attouchements superficiels.
La sexualité étant une conduite sociale, elle varie selon les moeurs et coutumes de la société. La passion
amoureuse, dans un groupe où les moeurs sont strictes, est plus qu'un non-sens, un danger à l'encontre de
certitudes établies. Le mariage est l'institution où les rapports sexuels sont tolérés. Il est parfois source de
malheurs. Au niveau du couple, les conjoints sont marqués par une éducation traditionnelle et rigide où
l'éducation sexuelle est inexistante, la communication dans ce domaine n'existe pas. En cas de troubles
sexuels au sein du couple, les conjoints vivent cela chacun de son côté, à sa façon en essayant de le
dissimuler à l'entourage. Crise de logement aidant, nombreux sont ceux qui ont des rapports sexuels à un
âge tardif. De multiples cas de divorces ont pour raison la non-harmonie des rapports sexuels.

LA POLITIQUE DE L’EDUCATION

EDUCATION.- Aujourd’hui il est clair que l’éducation a un rôle très important que ce soit au niveauindividuel qu’au niveau de
la nation. D’une part l’éducation permet aux individus d’améliorer leurs situations financières et de mieux intégrer le marché du
travail qui est de plus en plus exigeant en matière de qualifications techniques de la main-d’œuvre ; les personnes les mieux
formés ont plus de chance de trouver du travail que ceux qui n’ont pas ou peu de formation, et verront ainsi leurs revenus
augmentés. D’autre part, l’éducation est au cœur du processus du développement, parce qu’elle permet l’accumulation du
capital humain facteur clé de la croissance, et elle assure à l’économie une compétitivité en ce tournant vers l’économie du
savoir. Par ailleurs, hormis son importance dans le développement, l’éducation a un rôle social très important qui est de
préserver les valeurs de la nation, de renforcer la cohésion sociale et de faire face à l’exclusion dans toutes ses formes. Donc La
qualité de l’éducation constitue une question prioritaire à analyser. La relation entre la qualité mesurée de la main-d’œuvre et la
croissance économique est peut-être encore plus importante que l’impact du capital humain et de la qualité de l’école sur la
productivité individuelle et les revenus personnels. La croissance économique détermine dans quelle mesure il est possible
d’améliorer le niveau de vie global d’une société. De plus, l’éducation de chaque individu peut apporter une plus grande aisance
à ses concitoyens (en dehors des bénéfices individuels dont il vient d’être question). En particulier, l’avènement d’une société
plus éduquée peut se traduire par une dynamisation de l’innovation, une plus grande productivité globale – grâce à l’aptitude
des entreprises à adopter de nouvelles méthodes de production plus appropriées – et la mise en œuvre plus rapide des
nouvelles technologies. Ces facteurs externes sont des raisons supplémentaires de se préoccuper de la qualité d’éducation.

ENCADREMENT EDUCATIF.- Diagnostic de la situation actuelle du système éducatif algérien : L’école est le lieu par
excellence où se préparent des générations de citoyennes et citoyens à jouer leur rôle d’actants positifs dans la société. Et pour
qu’ils soient efficaces et rentables, l’école doit mettre à leur disposition tous les outils et moyens nécessaires qui leur permettront
de maîtriser des concepts, des savoirs et des méthodes de travail. Sur l’évaluation du Système éducatif algérien, et a retenu
huit points essentiels : 
  1/ Le niveau atteint dans les différentes disciplines : 
  En mathématiques : L’enquête menée auprès des enseignants  de la matière dans le cycle secondaire fait ressortir que : 
-70% des élèves sont faibles, 20% sont moyens et 10% sont bons. 
-80% des enseignants sont unanimes pour dire que la progression pédagogique du programme accuse d’une incohérence
frappante lors du passage d’un palier à un autre. Ajouter à cela le problème de la surcharge des classes qui accentue encore
321
plus les lacunes des élèves en mathématiques. 
-70% des élèves ne maîtrisent même pas les opérations élémentaires de calculs puisqu’ils recourent à la calculatrice pour
chaque opération. 
En langues : L’enquête a révélé que : -40% des élèves sont faibles, 35% sont moyens et 25% sont bons, -65% des enseignants
expliquent cet état de fait par l’incohérence présente dans la progression pédagogique du programme (absence de pré-requis)
ainsi que les méthodes d’enseignement inefficaces suivies à l’école primaire. 
En lecture : L’enquête réalisée auprès des élèves de terminale sur le nombre de livres lus, montre que : -80% des élèves n’ont
lu aucun livre, - 10% ont lu moins de 05 livres,- 06% ont lu entre 05 et 10 livres et que 04% ont lu plus de 10 livres. 
En TIC : Malgré le rôle important qu’ils occupent dans la vie quotidienne pour le développement d’une nouvelle façon de vivre,
de travailler et de se divertir, nous constatons amèrement que le système éducatif algérien ne leur a pas octroyé la place qu’ils
méritent car il les considère comme des outils et non comme des matières à part entière en plus du fait qu’on ne peut assurer au
moins un ordinateur pour cinq élèves. 
Concernant les autres matières : L’enquête effectuée auprès des enseignants des autres matières telles que les sciences, la
physique, la philosophie et l’histoire, concluent que : 
-25% des élèves sont bons, 40% sont moyens et que 35% sont faibles. 
-60% des enseignants de ces matières affirment que les lacunes des élèves sont dues à la non-conformité des programmes
scolaires avec le profil de l’élève algérien. Sans oublier les lacunes enregistrées déjà en mathématiques et en langues. 
 2/ Le taux de réussite et de transition : Cet indicateur est utilisé pour évaluer la capacité des élèves à mener à terme leurs
études, les taux calculés ci- dessous rendent bien compte de cette vérité : 
-Le taux de redoublement est de 11% au primaire, de 29% dans le  moyen et de 16% dans le secondaire. 
-Le taux d’abandon est de 02% au primaire, 07% dans le moyen et de 05% dans le secondaire. 
-Le taux d’achèvement de l’enseignement secondaire est de 95%. 
-Le taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur est de 05% pour chaque cohorte. 
 3/ Le suivi de l’élève durant son parcours scolaire : L’apport important des parents à l’éducation de leurs enfants valorise
l’enseignement et l’apprentissage, il aide aussi à l’amélioration du fonctionnement de l’école. Mais en Algérie la majorité de ces
parents ne s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants ni de leurs études. En plus de l’environnement social hostile au savoir car la
priorité est donnée à la matière et le luxe pendant que le savoir est relégué au dernier rang. 
 4/ Les ressources financières et les structures éducatives : La part des ressources financières totales consacrées à l’Education
constitue un investissement dont les bienfaits ne se feront ressentir qu’à long terme. Avec pour cela des répercussions sensibles
dans des secteurs clés qui garantiront une cohésion sociale, un développement durable et une concurrence internationale. En
Algérie, malgré le budget débloqué dans le secteur de l’Education, classé deuxième après celui de la Défense, il reste insuffisant
car la croissance démographique est plus importante que les infrastructures conçue pour cette population. Ce qui a engendré la
surcharge dans les classes allant jusqu’à 40 élèves par classe alors que la norme exige 20 élèves par classe.  
Voyons maintenant la part du secteur de l’Education dans le PIB, il est de 05%. Pour ce qui est du coût de la  formation d’un
diplômé, il varie entre 200.000 DA et 800.000 DA selon la formation et la spécialité choisies. Mais après l’obtention du diplôme
ces personnes quittent le pays pour l’étranger. 
 5/ Les conditions de travail et la situation socioprofessionnelle des travailleurs :  Des classes surchargées, des élèves violents
et agressifs, un manque important d’encadreurs, des infrastructures archaïques, un salaire indécent et un Statut du Travailleur
des plus dégradants, sont autant d’obstacles qui régissent le système éducatif algérien, ajouter à cela l’image de l’enseignant
algérien est ternie par la société. Alors que la qualité d’un système éducatif est liée intrinsèquement à celle de ses fonctionnaires
c’est pour cela qu’il faut  lui redonner sa place dans la société et par la même le revaloriser  moralement, financièrement et
socialement ainsi que tous les travailleurs du secteur de l’Education. 
 6/ Le système d’évaluation et l’orientation :  L’évaluation actuelle dans le système éducatif algérien revêt un caractère compétitif
et sélectif car elle sanctionne ce que l’élève ne sait pas plutôt que de valoriser ce qu’il sait. Aussi  l’accumulation des contrôles,
des notes et des bulletins remis à des moments bien précis de l’année scolaire accablent et épuisent l’apprenant. L’évaluation,
au lieu d’être un outil éducatif pour l’élève et un tableau de bord pour l’enseignant, elle est source de leur stress et de leur
angoisse. Cette forme d’évaluation a crée un marché de notes à la fin de chaque année scolaire, ce qui ne laisse pas le CLA
indifférent et exige que le système d’évaluation change. 
Quant à l’orientation, elle répond plus à des logiques de pourcentages envoyés par la Tutelle et que les conseils d’orientation
sont tenus d’appliquer plutôt que de respecter les choix des élèves ou de leurs parents. Ces orientations forcées doivent
absolument disparaitre au profit d’une valorisation équitable des différentes spécialités (enseignement général, technique et
professionnel).Il faut  aussi instaurer un véritable réseau de communication avec le trio-élève-parents-établissement scolaire. 
 7/ L’approche par compétences : L’introduction hâtive de l’approche par compétences dans le système éducatif algérien et la
mise en place de tous les moyens pour sa réussite, n’ont  pas apporté leurs fruits au contraire ils ont contribué à son échec.
Puisque l’Etat n’a pas pensé à former d’abord les enseignants pour pouvoir travailler avec  cette approche. En réalité l’approche
par compétences est conçue pour : 
-Des objectifs économiques liés au marché du travail. 
-L’abandon des savoirs. 
-Enfermer les pratiques enseignantes dans une bureaucratie routinière. 
-L’approche par compétences est un élément de dérégulation qui renforce l’inégalité sociale du système éducatif. Dans cette
approche par compétences, le savoir n’est qu’un outil et un accessoire au service des compétences pour réaliser une tâche. Or
dans la réalité, ce sont les compétences qui doivent être au service du savoir pour former des citoyens en mesure de savoir et
de pouvoir faire quelque chose et non des citoyens capables et adaptables. 
 8/ Le recrutement et la formation des enseignants : En attendant que les ENS répondent favorablement aux besoins du secteur
de l’Education et cela en terme d’encadrement pédagogique, il est impératif de revoir les modalités suivies pendant les concours
et lors des recrutements. 
Nous pouvons d’ores et déjà commencer par des actions  qui peuvent être  bénéfiques pour le secteur de l’Education, comme
organiser des campagnes de sensibilisation dans les universités du pays afin d’attirer un grand nombre de majors de promotion
à venir rejoindre le corps des enseignants. Mais pour ce faire il est souhaitable qu’un système de formation continue et de
qualité soit mis à la disposition de l’ensemble des fonctionnaires du secteur en question. 
    Les recommandations du CLA 

322
Pour accéder au savoir dans une école publique, gratuite et de qualité, le CLA recommande de prendre les décisions
suivantes : 
-Prévoir une planification des infrastructures en fonction de la croissance démographique, la réalisation de ces infrastructures
doit se faire dans les délais prévus et ne pas tolérer les retards accusés par les DELP. 
- Revaloriser la savoir. 
-Alléger et rééquilibrer les horaires de l’école de manière à laisser du temps libre pour l’expression personnelle et les activités
culturelles de l’enfant. 
-Introduire la recherche pédagogique absente du système d’éducation nationale et de formation. 
-Redonner aux différents conseils de classe, de gestion et de discipline leur pouvoir de décision 
-Ne pas instrumentaliser l’école par les différentes idéologies et laisser l’enfant faire ses propres choix. 
-Mettre en place un système de formation continue pour les professeurs- formateurs et cela par l’ouverture d’instituts
spécialisés. 
-Une refondation du cycle secondaire se fera par : -La création d’un secrétariat à l’enseignement secondaire, -l’allongement de
la durée des études de trois à quatre années par la création d’une année de tronc  commun pour la remise à niveau des élèves. 
- Une prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs de l’Education. 

EQUIPEMENT INFORMATIQUE .- □ Historique de l’équipement en matériels informatiques : Les premières opérations


d’équipement des établissementsscolaires de matériels informatique en Algérie, remontent aux années quatre-vingts,
d’aprèsdes documents du ministère de l’éducation nationale. Lors de cette époque, quelquesétablissements du primaire et du
moyen ont bénéficié d’ordinateurs de marques "Thomson"ou "Sakhr" pour un usage ludique, par les élèves. La période 1991-
1997 a été caractérisée, pour le secteur de l’éducation nationale par lamise en œuvre d’un projet d’appui à l’enseignement
technique financé par la BanqueAfricaine de Développement (BAD). La composante informatique de ce programmecomportait la
formation d’un groupe de formateurs, dans le domaine de la production dedidacticiels et l’équipement en matériel informatique
des établissements secondaires.
La première partie d’équipement avait pour objet l’équipement de 180 établissementsd’enseignement secondaire en laboratoires
de 06 ordinateurs chacun, non connectés à internet.Ces laboratoires sont utilisés, par les élèves de la filière «gestion et
techniques comptables »pour des séances pratiques sur ordinateur et pour les logiciels de bureautique. La deuxième partie
comportait l’équipement de 900 établissements d’enseignementsecondaire, avec 01 ordinateur chacun pour informatiser leur
gestion. Parallèlement à ces opérations planifiées et centralisées, des opérations d’équipement d’établissements scolaires sont
menées par les associations, les entreprises et les collectivitéslocales. C’est le cas par exemple des Wilayas d’Oran, Tlemcen et
Alger. D’après des documents du ministère de l’éducation, la wilaya d’Alger a équipé 101 lycées de la capitale en
médiathèques, afin de permettre aux élèves et aux enseignants de pratiquer les TIC. Chaque médiathèque est composée de
10 ordinateurs reliés entre eux enréseau local et à internet à travers une ligne téléphonique RTC.A la fin de cette période, le
Ministère de l’éducation nationale avait lancé unprogramme appelé « Le schéma directeur informatique élaboré en 1997 qui
prévoyaitd’équiper l’administration centrale et les directions de l’éducation des wilayas en réseauxlocaux autonomes ; de
développer des applications de gestion des ressources (Ressourceshumaines, infrastructures et finances notamment) et de
former les usagers. Dans le cadre du dispositif de formation des formateurs et plus particulièrement son volet« formation
continue », le ministère de l’éducation avait pris la décision de mettre en placeun système expérimental de télé-enseignement
qui permettrait en priorité aux PESd’accéderà des contenus de formation que l’INFPEaurait à produire, à stocker sur un serveur
de coursnational et à diffuser à ces enseignants. Cette opération a été engagée sur crédits destinés à couvrir la deuxième phase
duschéma directeur d’informatisation des directions de l‟éducation. L’exécution de cettedernière comportait plusieurs volets, à
savoir :
 Equipement et mise en place au sein de l’INFPE d’un serveur de cours et d’un laboratoire de production de cours
multimédias.
 Equipement de 17 Directions de l’Education avec pour chacune d’entre elles, une salle d’internet et un serveur régional. Ce
serveur était destiné à relayer l’INFPE dans la diffusion des contenus, et à assurer des accès distants au profit des enseignants
PES. La direction de l’éducation était aussi un centre de ressources.  Formation de tout le personnel du laboratoire de l’INFPE
et des directions de l’éducation à l’administration des serveurs et à quelques outils de production rapide de pages et sites Web.
 Equipement par le CNDP de 96 établissements avec pour chacun d’entre eux 05 ordinateurs reliés en réseau et à internet par
établissement et toujours destinés aux enseignants, dans le cadre de l’expérimentation de la formation continue à distance au
moyen des TIC.
Pour les années 2001 -2002, le secteur de l’éducation avait poursuivi l’opération d’équipement informatique et l’équipement en
moyens de télécommunication des structures de l’éducation, dans un programme de développement de l’utilisation des
technologies de l’information et de la communication dans le secteur de l’éducation nationale nommait «TARBIAnet». La
première étape consistait à fournir :
 Un équipement par le CNDP de 96 autres établissements scolaires à raison de 05 postes reliés entre eux et à internet par
établissement et toujours destinés aux enseignants PES pour leur auto-formation à distance.
 Un équipement de 100 lycées en salles multimédias pour les élèves, les enseignants, la documentation et l’administration.
Tous les équipements d’un établissement seront reliés entre eux et à internet.
►Le programme « TARBIAnet » était très ambitieux, voire très en avance pour cette période, vu qu’il était inspiré des
programmes d’intégration des TIC de différents pays qui étaient plus en avance dans ce domaine (USA, CHINE, Arabie
saoudite..). De plus, ce programme était planifié en fonction des besoins et des capacités de l’Algérie en matière d’intégration
des TIC en éducation jusqu’à 2013, l’année prévue pour la fin de ce programme. Le programme de développement des usages
des TIC dans le secteur de l’éducation nationale visait trois objectifs fondamentaux (Ministère de l’Education Nationale. 2001) :
 Inculquer aux élèves la culture technologique et la pratique suffisante des TIC, pour évoluer dans la société devenant de plus
en plus dépendante de l’information.
 Améliorer les qualifications et le savoir-faire professionnels des enseignants, grâce à internet et à l’auto – formation à
distance.
 Améliorer le rendement pédagogique, par l’usage des TIC, dans l’enseignement disciplinaire et interdisciplinaire. Ces objectifs
globaux tels que projetés devaient être matérialisés, par trois grands domaines d’utilisation :
 TADRISSE : qui regroupe les usages pédagogiques en classe.

323
 TAKOUINE : qui est le dispositif de formation continue et à distance des enseignants avec les TIC.
 TASSIERE : qui regroupe toutes les activités liées à la communication et au fonctionnement des institutions (Sites WEB,
Messagerie, …).
►Le projet « TARBIAnet » prévoyait d’équiper progressivement les établissements scolaires et de les mettre en réseau avec les
autres institutions éducatives et à internet, pour d’abord et avant tout un usage pédagogique et ensuite pour un usage par les
enseignants pour leur auto-formation et documentation et finalement par l’administration éducative. Dans le but d’améliorer le
fonctionnement de l’institution et ouvrir l’école sur son environnement et sur le monde. Le réseau TARBIAnet était composé de
trois entités :
- Des centres des ressources.
- Une infrastructure de télécommunication.
- Des établissements scolaires.
Toutefois, le programme visait un niveau d’équipement qui atteindrait le ratio d’un ordinateur pour 02 élèves. C’est une utopie
selon la déclaration du ministère en cette période (2001). Malheureusement, le projet n’a pas été conduit à terme. A la fin,
plusieurs opérations d’équipement ont "suivi ces programmes, afin de combler le manque d’équipement nécessaire à
l’intégration des TIC en éducation. En effet, d’après la synthèse du gouvernement sur la stratégie nationale « e-Algérie 2013 »
datant de 2008 (Op.cit : P.13). Un nombre de 56.744 PC ont été installés dans les lycées, collèges et écoles, produisant les
ratios suivants :
- 1 PC pour 36 lycéens, pour le cycle secondaire
- 1 PC pour 118 collégiens, pour le cycle moyen
- 1 PC pour 5563 élèves, pour le cycle primaire.
Les années suivantes : Les technologies de l’information et de la communication envahissent tous les secteurs de la société, y
compris le système scolaire. Elles occupent dès lors une place grandissante dans le marché de l’éducation avec la conception et
la mise en marché de produits multimédias. Ce développement des technologies transforme l’école, il change en particulier; ses
programmes et ses pratiques éducatives, en se rapprochant envers l’apprenant, ce qui engendre de nouvelles attentes, mais
aussi de nouveaux mécontentements de l’école.
L’Algérie accorde une grande attention aux domaines de l’éducation notamment à celui de l’intégration des technologies dans
le système éducatif. D’ailleurs, «e-Education » est peut être le meilleur exemple pour mesurer la volonté du ministère de
l’éducation nationale à entreprendre l’intégration des TIC. Le ministère a introduit l’enseignement de l’informatique dans le
cursus des élèves, pour s’assurer que tous les élèves pourront utiliser les TIC.
►Cet enseignement constitue, en Algérie, un objectif stratégique visant la maîtrise de l’outil mais les compétences visées
différent bien-sûr d‟un cycle à un autre (INRE, Op.cit, P.9). En effet, d’après ce dossier traité par la revue Educ Recherche de
l’INRE, l’objectif visé dans le système éducatif en matière de TIC, sur les trois cycles est comme suit: (Idem) "Dans le primaire,
il s’agit d’apprendre aux élèves à maîtriser les fonctions de base d’un ordinateur en les entraînant à écrire un document
numérique, à effectuer une recherche en ligne, à identifier et à trier des informations dans la plupart des situations
d’enseignement. Dans le moyen, après sa familiarisation dans l’enseignement primaire, il doit permettre aux élèves de traiter et
d’exploiter des données : compétences qui doivent être développées dans le cycle secondaire. Ainsi, c’est la maîtrise de
l’utilisation de l’outil informatique à des fins didactiques qui deviendront des compétences transversales dont profiteront les
élèves de tous les niveaux."
La numérisation du système éducatif n’est pas un choix, c’est une obligation pour que l’école algérienne soit au diapason de la
société numérique. Cette numérisation devait se faire en deux phases :
1- la numérisation de l’administration
2- la numérisation des contenus pédagogiques.
-------------------------
(RTC : Réseau Téléphonique Commuté ; PES : Professeur d’enseignement secondaire ; INFPE : L’institut National de
Formation des Personnels de l’Education) ; CNDP : Centre National de Documentation Pédagogique ----------------------------

EVALUATION.-  La Commission de Nationale de Réforme du système éducatif a été installée le 13 mai 2000 par le Président
de la République lors d’une cérémonie solennelle où ont été conviés les présidents des institutions nationales, des chefs de
partis politiques, les représentants de la société civile et du mouvement associatif ainsi que des syndicats. La commission était
chargée de procéder, sur la base de critères scientifiques et pédagogiques, à une évaluation du système éducatif en place en
vue d’établir un diagnostic qualifié, objectif et exhaustif de tous les éléments constitutifs du système d’éducation, de formation
professionnelle et d’enseignement supérieur, et d’étudier, en fonction de cette évaluation, une refonte totale et complète du
système éducatif. La commission a donc été chargée de proposer un projet définissant les éléments constitutifs d’une nouvelle
politique éducative comportant, notamment, une proposition de schéma directeur portant d’une part, sur les principes généraux,
les objectifs, les stratégies et les échéanciers de mise en œuvre graduelle de la nouvelle politique éducative, et, d’autre part, sur
l’organisation et l’articulation des sous-systèmes ainsi que l’évaluation des moyens humains, financiers et matériels à mettre en
place.  
Les grands pôles de la réforme : La réforme du système éducatif consiste à mettre en œuvre une série de mesures qui
s’articulent autour de trois grands pôles, à savoir l’amélioration de la qualification de l’encadrement, la refonte de la pédagogie et
la réorganisation générale du système éducatif.
Concernant le premier pôle, il s’agit d’améliorer de façon significative les conditions de formation et de perfectionnement des
enseignants en vue d’en faire une véritable pépinière de formation de la future élite du corps enseignant.
Le deuxième pôle de la réforme consiste à mettre en place un processus de refonte de la pédagogie et de réhabilitation des
champs disciplinaires. Ce processus vise pour l’essentiel à :
♦ renforcer l’enseignement de la langue arabe, langue nationale et officielle, en mobilisant les moyens nécessaires pour en faire
un instrument efficace d’enseignement dans toutes les disciplines ;
♦ œuvrer à réunir les conditions et moyens nécessaires pour répondre à la demande d’enseignement de tamazight, langue
nationale, dans ses variantes linguistiques ;
♦ adapter les contenus d’enseignement de l’éducation islamique et de l’éducation civique et morale à l’âge et au
développement intellectuel et psychologique des élèves. L’éducation islamique et l’éducation civique et morale doivent préparer

324
nos enfants à l’apprentissage et l’observance des principes moraux et religieux dans le cadre des valeurs civilisationnelles du
peuple algérien ainsi qu’à l’exercice de la citoyenneté;
♦ organiser, selon une méthode progressive, scientifique et expérimentale, l’ouverture sur les langues étrangères dans
l’enseignement fondamental afin de permettre l’accès direct aux connaissances et savoirs universels. A cet effet, il s’agit :
♦ de continuer à assurer l’enseignement de deux langues étrangères, le français et l’anglais, dans l’enseignement fondamental
en prévoyant une introduction plus précoce par rapport à la situation actuelle, compte tenu des moyens disponibles et ceux
mobilisables ;
♦ d’introduire et développer une troisième langue étrangère optionnelle dans les filières littéraires de l’enseignement secondaire.
♦ réhabiliter l’enseignement de l’histoire et de la philosophie en tant que disciplines majeures ;
♦ réhabiliter les filières d’excellence de « philosophie », « mathématiques » et « technique mathématique » disparues  depuis le
début des années 90 ;
♦ introduire les technologies de l’information et de la communication dans le système éducatif en vue de faciliter l’accès du pays
à la société de l’information et à la civilisation scientifique et technique dans le cadre de la mondialisation ;
♦ réhabiliter l’éducation physique et sportive à tous les niveaux et promouvoir l’éducation artistique;
♦ utiliser les symboles scientifiques universels et introduire des notions de terminologie dans les manuels scientifiques et
techniques ;
♦  mettre au point et déployer une stratégie rénovée d’alphabétisation des adultes et de réhabilitation de l’école du travail en
faveur de tous ceux qui désirent améliorer leur niveau et leur statut socioprofessionnel.
Le troisième grand pôle de la réforme concerne la réorganisation du système éducatif. Cette réorganisation se fera par étapes.
L’année 2002/2003 a été consacrée à la mise en place du dispositif juridique nécessaire pour encadrer l’ouverture des
établissements privés d’enseignement, dans le respect des programmes nationaux, et le développement de l’éducation
préscolaire.
En 2003/2004, a été amorcée la mise en place de l’enseignement moyen de 4 ans qui a remplacé progressivement le 3ème
cycle de l’enseignement fondamental de 3 ans. Cet allongement a eu une implication sur la durée de l’enseignement primaire
qui a été réduit à 5 ans.
En 2004/2005, la mise en place de la nouvelle organisation de l’enseignement post-obligatoire a été entamée. La réorganisation
de ce cycle est justifiée par l’incohérence et l’irrationalité de son fonctionnement.
La nouvelle organisation de l’enseignement post-obligatoire est articulée autour de trois segments :
♣   l’enseignement secondaire général et technologique qui prépare à l’accès à l’enseignement supérieur ;
♣   la formation professionnelle qui a été recentrée sur sa fonction originelle qui consiste à répondre à la demande économique
en préparant à l’exercice d’un métier.
♣ Enfin,  en vue de contribuer à assurer le succès de la réforme et accroître les performances du système éducatif, deux
institutions d’appui au système éducatif doivent être créées. La première est une institution de concertation, le conseil national
de l’éducation et de la formation qui permettra à tous les acteurs concernés de s’exprimer et de débattre sur les questions
éducatives. La deuxième est une institution de régulation, l’observatoire national de l’éducation et de la formation, institution
d’expertise, d’évaluation et de prospective éducatives en vue d’accroître la capacité d’analyse et de mesure des performances
du système éducatif, en comparaison avec les normes internationales.
► Observations  : Le ministère de l'Education nationale pourrait-il réaliser une évaluation de la qualité de
l'Enseignement dispensé en Algérie ? Une expertise comparative internationale est nécessaire et peut servir
à enrichir la réflexion que l'on peut avoir, sur son propre système, et mettre à nu les incohérences de la
gestion de ce secteur depuis l'Indépendance, pour que l'Algérien sache dans quel rang il y est. Cette
évaluation aura pour objectif de mesurer la pertinence des actions initiées et l'efficacité des investissements
et des moyens alloués, pour une performance, qualitative et quantitative, attendue du système éducatif.  Le
programme PISA* « Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves» est le plus approprié et,
est basé sur la mesure d'un socle minimum de compétences pour ce que les élèves de 15 ans savent et ce
qu'ils peuvent faire avec ce qu'ils savent. Lors de son passage sur le plateau de Canal Algérie,
Farid Benramdane, inspecteur général de la Pédagogie au ministère de l'Éducation, a illustré, avec des
statistiques, la situation catastrophique de son secteur. D'après ces statistiques, 33% des élèves décrochent
avant l'âge de 16 ans, mais restent muettes sur le pourcentage des enfants d'une même génération qui
réussissent au baccalauréat : si le taux de réussite est actuellement de 42% (inclus ceux qui doublent et
triplent), la proportion des enfants d'une même génération, reçus au baccalauréat, serait beaucoup plus
inférieure à 28% (simple calcul mathématique). Certes, les objectifs de l'Ecole ne se limiteraient pas
seulement à pourvoir les universités en étudiants, mais aussi à l'Education de l'Homme utile (Donner à son
pays avant de prendre) à sa société est primordial pour y semer l'esprit de finesse, d'analyse et surtout
l'esprit critique dans une société, qui veut avancer, sans complexe. L'enseignant reste encore le maillon
faible de la chaîne de l'Éducation nationale, mais aussi le plus influant sur la qualité de l'Enseignement et
sur l'avenir de toute la société. Quels que soient les programmes enseignés et les moyens alloués, si celui
qui devrait transmettre le savoir, n'a pas les compétences requises et la volonté de le faire, au-delà de tout
dogme et idéologie, les résultats resteraient en deçà des attentes ; pour cela, il est impératif que les efforts,
les plus importants, soient concentrés sur la formation des enseignants. La mission de l'Ecole normale
supérieure est une garantie de l'amélioration du niveau et des compétences des enseignants, mais ne peut
pas répondre aux besoins très importants, il serait judicieux de créer des pôles d'excellence, très sélectifs,
pour former des professeurs es- qualités des trois cycles scolaires. Comme il est urgent de créer une Ecole
supérieure des cadres de l'Éducation nationale pour former des managers et des inspecteurs des
établissements scolaires, aussi il est important de rouvrir les ex ITE, redéfinir leur statut en établissement
supérieur avec un encadrement doctorant et spécifier leurs missions, dans le cadre la formation continue du
personnel enseignant, de tous les cycles scolaires. L'entreprise est titanesque mais pas utopique, si la
synergie de la volonté et les moyens sont au rendez-vous.  ◙
*Le programme PISA, créé en 1997, organisé sur décision des pays de l’OCDE, vise à évaluer, dans un
cadre conceptuel commun, les résultats des systèmes éducatifs dans la préparation des jeunes de quinze
ans à la vie adulte. L’enquête, réalisée tous les trois ans, évalue les acquis des jeunes dans trois domaines

325
: compréhension de l’écrit, culture mathématiques, culture scientifique, et recueille des informations sur les
contextes socio-éducatifs. Au-delà du palmarès international, le PISA donne à chaque pays une image de
l’efficacité et de la qualité de son système éducatif. Aussi, le PISA est-il devenu un instrument politique pour
de nombreux pays.

INTEGRATION DES TIC .-Enjeux de l’intégration des TIC dans l’éducation : contexte Algérien : Les TIC sont désormais des
composantes de réussite et de succès pour tous les pays du monde. Elles peuvent donner un avantage concurrentiel qui est
difficile à rattraper. C’est la raison pour laquelle, nous leur accordons beaucoup d’importance, elles ont dépassé de loin l’effet de
mode. Effectivement, tous les domaines essaient d’intégrer les TIC dans leur structure et organisation, à l’instar des autres
domaines l’éducation est concernée. Du coup, les enjeux liés à l’usage des technologies dans le domaine de l’éducation vont
au-delà des questions strictement pédagogiques. Ils sont également sociaux, économiques, politiques, etc. Les enjeux de
l’intégration des TIC dans l’éducation, sont des interpellations essentielles quotidiennes considérées en Algérie comme des
priorités. Face à ces changements, ces problèmes et ces interrogations qu'entraîne la diffusion des TIC, le système
éducatif Algérien est obligé de s'adapter, des politiques publiques ont été lancées. Les objectifs sont à la fois d'offrir la possibilité
aux jeunes de manipuler les TIC, de les former à la maîtrise des TIC et d’en tirer les bénéfices appropriés. Selon, Castonguay
(2005), rapporté par Marcelline Djeumeni Tchamabe (2010), "les experts et les membres du G8 estiment que les TIC
figureraient parmi les solutions privilégiées pour faire face aux nombreux défis qui interpellent les Africains". En outre, les TIC
présenteraient pour l’Algérie un important atout, et constitueraient une véritable passerelle, voire des instruments sur lesquels le
système éducatif pourrait miser pour améliorer la qualité des enseignements et pour assurer son développement. De plus,
comme l’indiquent Karsenti, Depover et Komis (2007), " il faut former les jeunes pour la société d’aujourd’hui et de demain ". En
effet, l’intégration des TIC dans l’éducation en Algérie est un phénomène aux enjeux considérables dont l’ensemble du milieu
éducatif et des acteurs décisionnels doivent en être conscient, afin que l’implantation de ces technologies soit une option
bénéfique pour tous, sur le plan social, culturel et économique.
Enfin, les TIC permettent de nombreux avantages pour les élèves, ils soutiennent les élèves dans leur apprentissage, en créant
de nouvelles situations d’apprentissage, plus attractifs, mais aussi plus motivantes. De part, leur nature les TIC sont attirantes et
captent l’attention des apprenants. Dans ce cas, c’est à l’enseignant d’innover des situations pédagogiques impliquant les TIC,
qui peuvent faire sortir les élèves du contexte de leur classe. Permettre de développer la maîtrise d’outils pour “apprendre
àapprendre“. Dans la relation d’enseignement, ce sont des processus de transmission et d’acquisition de connaissances qui
sont mis en œuvre. L’élève devient, acteur de sa formation dans le sens où il construit avec l’enseignant ses connaissances, par
essais et erreurs. A cet effet, l’enseignant est un magicien mais non pas avec un chapeau noir et sa baguette magique, mais
avec internet et un ordinateur, il peut jouer le rôle d’un intermédiaire entre la connaissance le savoir et la soif de savoir des
élèves. Ainsi, il facilite l’acquisition des connaissances, mais aussi il la régule. L’application négative des TIC n’est pas à
extraire, mais c’est à l’enseignant et aux parents de faire en sorte que les élèves soient focalisés sur le positif des TIC. Par
ailleurs, la communauté européenne à été instigatrice du concept de la société de l’information ou e-stratégie. De par sa
conscience de l’importance que peuvent jouer les TIC afin de diminuer la fracture numérique. Le SMSI à été l’instigateur d’un
plan de route pour tous ces pays, une part privilégiée a été consacrée à l’éducation ; la connexion pour les établissements de
l’éducation et l’adaptation des programmes à ces nouvelles exigences étaient les mots d’ordres de ces objectifs. L’Algérie n’est
pas épargnée, elle s’est investie depuis 2005 et même avant dans le domaine de l’éducation. Elle mise beaucoup sur
l’intégration des TIC pour réussir des réformes dans le sens de l’amélioration de la qualité de l’apprentissage et de
l’enseignement. Si les TIC sont génératrices davantage en matière d’apprentissage et de motivation, il faut bien maitriser les
aspects négatifs des TIC pour détourner les élèves des options qui nuisent à leur enseignement. L’intégration des TIC dans
l’éducation est incontestablement le souhait de tous les pays. Mais le passage de l’innovation à l’intégration est compliqué. Au
départ l’intégration des TIC est perçue comme une tendance mais après un certain temps de pratique et l’obtention de résultats
positivement encourageants. Tous les acteurs et les responsables de l’éducation cherchent un moyen d’innover pour réussir
cette intégration. Les avis différent de l’équipement adéquat à la formation initiale et continue des enseignants. Toutefois, d’une
part, ils accordent le principe qu’un équipement minimal qui peut être mesuré par le ratio ordinateur/élèves, reste primordial pour
commencer l’enseignement avec les TIC. D’autre part, il y a l’achat des outils TIC, qui doivent correspondre aux besoins des
acteurs, ainsi, que l’assistance technique sur place qui est souvent négligée, mais elle à une grande importance pour permettre
des conditions favorables. Enfin, les enseignants ont besoin d’être assistés dans leur démarche d’innovation pour aboutir à
l’intégration, cependant, l’enseignant reste incontestablement irremplaçable, c’est la clé de succès de l’intégration des TIC dans
l’éducation.□

TECHNOLOGIE DE L’EDUCATION.- Souvent définie comme un ensemble d'outils ou de techniques contribuant à assurer ou à
faciliter un apprentissage. En ce sens, "technologie" est parfois confondue avec "outil" ou encore avec "technique" comme le
souligne H. Dieuzeide, 1986), où il éclaire cette équivoque : "l'usage du terme "technologie" dans le sens de technique vient des
définitions citées par les dictionnaires, et la confusion augmente encore lorsque nous utilisons ce mot dans le contexte de
l’éducation." Citons à titre d’exemple les définitions fournies par deux dictionnaires, à savoir : D’après le dictionnaire « Lexique
de Gestion et de Management », la technologie est : "discours ou science des techniques, étude des techniques, des outils, des
machines, des matériaux, des composants électroniques. Par extension « savoir-faire » résultant de cette étude des
techniques". Ainsi, le dictionnaire de culture générale (idées contemporaines) nous donne trois définitions qu’on a jugé utiles à
citer : "
- Étude des outils, des machines, des procédés et des méthodes employés dans les diverses branches de l'industrie.
- Ensemble des termes techniques propres aux sciences, aux arts et aux métiers.
- Technique nouvelle caractérisée par sa systématicité et sa maîtrise scientifique.
Donc, nous pouvons en déduire qu’outre les outils, une technologie recouvre dans ces définitions des méthodes et des
techniques. Une "technologie" peut (mais ne doit pas) donc se référer à des objets matériels utiles à l'activité humaine, tels que
les machines ou le matériel, mais peut également englober des thèmes plus larges, y compris des systèmes, des dispositifs, des
méthodes et techniques. Toutefois, pour Daniel K. Schneider, "Technology means the systematic application ofscientific
knowledge to practical tasks". Enchaînant sur sa proposition de définition des technologies, Schneider, considère que, de ce fait,
"educational technology is based on theoretical knowledge drawn from different disciplines (communication, education,
psychology, sociology, philosophy, artificial intelligence, computer science, etc.) plus experiential knowledge drawn from

326
educational practice", afin de faciliter les processus d'apprentissage et d'améliorer les performances du système éducatif.
Enfin, il est important de souligner que, pour se réclamer du champ de la "technologie de l'éducation", il n'est pas obligatoire que
ce soit un outil sous forme matérielle. Tout processus, méthode, organisation, technique, approche, démarche... destiné à
faciliter l'apprentissageet qui estissu des résultats de la recherchepeut être considéré comme appartenant au champ de la
technologie de l'éducation.
□ Distinction entre technologies éducatives, technologie de l'éducation et technologie en éducation : Il est certes important de
faire la différence entre ces trois concepts, mais il est aussi utile de maitriser les significations de chacun et les liens entre eux.
A cet effet, il nous a paru éclairant de citer la définition que donnent Raynal et Rieunier (1997), dans leur dictionnaire des
concepts-clés en pédagogie :
Technologie : Rationalisation d'un processus de production. "Ensemble des discours, des valeurs et des effets sociaux liés à
une technique particulière dans un champ particulier". Dans la littérature pédagogique, ce terme "technologie de l'éducation" a
deux sens:
1. Certains auteurs lui donnent le sens de rationalisation de l’activité de formation par l’intermédiaire :
 de la définition précise des objectifs,
 de l’élaboration de stratégies adaptées au public et au type d’apprentissage visé, 
de l’utilisation d’outils d’évaluation afin de mesurer le niveau d’atteinte des objectifs,
2. D'autres auteurs emploient ce terme dans le sens d'utilisation des machines pouvant aider les enseignants (tableau interactif,
vidéo, Data-show, projecteur de cinéma, magnétophone, etc.). Par extension, nous donnons alors à l'expression "technologie de
l'éducation" le sens d'utilisation de l'audio-visuel en pédagogie. Cette signification nous paraît compatible avec la définition que
nous proposons de technologie. D’après J. Rézeau (2001), l’ambiguïté résultant de ces deux significations, ce qui a conduit les
pédagogues et psychologues américains à abandonner le terme de : « educational technology » "technologies éducatives" au
profit de celui d’instructionaldesign. Ce terme est malheureusement intraduisible en français, sauf si nous acceptons deparler de
"design pédagogique". Ainsi dans sa thèse de J. Rézeau « Médiatisation et médiation pédagogique dans unenvironnement
multimédia ». Le sens 1 ci-dessus correspondrait à la "technologie de l’éducation", préoccupée par l’efficacité de
l’enseignement, tandis que le sens 2 correspondrait à la « technologie en éducation », c’est-à-dire à l’utilisation de machines et
techniques. Il y a certes un lien entre la recherche d’une certaine rationalisation de l’enseignement d’une part et l’utilisation de
machines et de techniques pouvant contribuer à cette efficacité accrue de l’autre. S’agissant des relation entre les technologies
de l'information et de la communication pour l'éducation (TICE) et la technologie de l'éducation, Il est cependant important de
souligner que pour de nombreux auteurs et praticiens le T (de Technologie) du sigle TIC est associé aux seuls "outils"
(informatiques), comme en témoigne l'extrait suivant (Basque, Lundgren-Cayrol, 2003, accessible en ligne) : "Au cours des
dernières décennies, une quantité phénoménale de matériels, de logiciels et de services s’appuyant sur l’informatique, la
microélectronique, les télécommunications (notamment les réseaux), le multimédia et l’audiovisuel de toutes sortes ont été
développés".
Nous citerons une définition synthèse de Josianne Basque (2005), qui regroupe la plupart des définitions proposées par les
auteurs et spécialistes dans les (TIC), car elle résulte d’un éclairage sur les trois concepts composant l’expression (TIC) :
technologie, information et communication): " Les technologies de l’information et de la communication renvoient à un ensemble
de technologies fondées sur l’informatique, la microélectronique, les télécommunications (notamment les réseaux), le
multimédia et l’audiovisuel, qui, lorsqu’elles sont combinées et interconnectées, permettent de rechercher, de stocker, de traiter
et de transmettre des informations, sous forme de données de divers types (texte, son, images fixes, images vidéo, etc.), et
permettent l’interactivité entre des personnes, et entre des personnes et des machines.

LA POLITIQUE DE L’ENSEIGNEMENT

APPRENTISSAGE.- Concernant les théories d’apprentissage, dont se réfèrent tous les spécialistes et chercheurs dans ce
domaine, nous retenons que le constructivisme met l'apprenant au cœur de son apprentissage, requiert une participation active
de l'apprenant qui construit et reconstruit individuellement son savoir. Si nous insistons sur le modèle « constructivisme », c’est
parce qu’il nous paraît éclairé de manière particulièrement intéressante, la démarche qu’il permet de comprendre les incidences
de l’utilisation des TIC sur l’apprentissage ainsi que sur l’environnement éducatif en général. A notre sens, le constructivisme est
le plus adapté aux méthodes d’apprentissage avec les TIC, il met l’apprenant dans des situations où il doit surmonter des
obstacles éducatifs. L’ordinateur ou les TIC en général permettent de présenter les informations aux apprenants, d’une façon
structurée mais beaucoup plus organisée. L’idée pour laquelle, l’interprétation et l’acquisition des connaissances sont facilitées
pour l’apprenant. Mais, aussi une certaine flexibilité est admise dans la construction de savoir, la créativité et l’attractivité sont
des notions encouragées par les TIC. L’intégration des TIC à l’apprentissage permet de respecter une démarche constructiviste,
où l’enseignant recadre ses méthodes d’enseignement et les améliore. Car il voie directement le résultat de son effort sur ses
apprenants. D’ailleurs, par le biais du constructivisme, l’apprenant se transforme en un acteur dans sa formation, il construit
avec l’enseignant ses connaissances, par essai et erreurs. Il s’instruit et aperçoit graduellement les règles et les mécanismes,
qu’il arrive à apprivoiser de manière durable et efficace. Enfin, avec le constructivisme les apprenants sont plus autonomes et
plus motivés. Ainsi, l’enseignant est un animateur de connaissances utilisant toutes les nouvelles technologies qu’il peut intégrer
dans son cours, afin d’aider ses apprenants à construire leurs connaissances. Malgré cela, le courant constructiviste demande
un certain niveau de la part de l’enseignant pour réussir les objectifs de l’apprentissage. Enfin, le socioconstructivisme suppose
la co-construction de savoir, c’est-à-dire la contribution et la collaboration de tout le groupe d’apprenants dans la construction de
leur savoir. En effet, le socioconstructivisme regroupe les même principes du constructivisme, sauf, que ces principes sont
réalisés en groupe. Cependant, la réalisation du travail en groupe n’est pas toujours facile, notamment l’impossibilité de
l’implication de tous les membres du groupe soit la même. Le socioconstructivisme admet l’entraide entre les apprenants du
même groupe pour construire leurs connaissances. Mais, les membres du même groupe n’auront jamais le même niveau de
connaissance, et ils ne réagiront pas de la même manière lorsqu’ils seront confrontés au même problème individuellement. C’est
vrai, que dans l’éducation l’apprentissage est disposé à un groupe d’apprenants, mais, à la fin du cursus chacun choisit son
chemin. Si les membres du même groupe auront le même diplôme ils n’auront pas le même niveau de connaissances.
L’intégration des TIC dans l’éducation par une approche constructiviste, permet de minimiser l’écart de niveau entre les
apprenants. Puisque en associant les TIC et le constructivisme, l’apprentissage sera adapté à chaque apprenant et lui donnera

327
l’occasion de construire son apprentissage. Les TIC s’annoncent, donc comme génératrices de changement de pratiques
d’apprentissage, mais, elles s’annoncent aussi favorable à un apprentissage construit. C’est la raison pour laquelle, nous
privilégions l’approche constructiviste à une autre approche, pour l’intégration des TIC dans l’éducation.
A titre indicatif, le tableau qui suit, résume et organise les différents aspects liés aux théories de l’apprentissage, à savoir :

Récapitulatif des théories d’apprentissage (source: Anastassis Kozanitis, 2005) 

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR.- L'université ne peut régler, seule, tous les problèmes : L'université algérienne n'assure plus
une formation conforme aux besoins de l'économie nationale. C'est le constat amer d'une mission d'experts du FMI, qui avait
pourtant recommandé à l'Algérie de mettre en place des programmes de formation en fonction des besoins de l'économie. Pour
Noureddine Ghouali, DG de l'enseignement et de la formation supérieure au ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique (MESRS), il s'agit en fait «d'une question de fond qui se pose depuis un certain nombre d'années». En
clair, l'université algérienne ne forme plus selon les besoins de ses entreprises, de son économie. Selon M. Ghouali, un bilan a
été fait sur les réformes de 2004 avec l'introduction du système LMD. «Ce bilan a été fait en janvier 2016 avec la conférence
nationale élargie au secteur économique», a-t-il indiqué hier mardi à la radio nationale. «On a constaté une pléthore de
formations en déphasage avec la réalité et les besoins des secteurs économiques», a souligné M. Ghouali. «Nous avons
constaté qu'il y a eu beaucoup de formations, plus de 7000 en licence et master ; et il fallait clarifier cette situation, car il n'y avait
plus de lisibilité ni de visibilité». «Nous avons donc réduit le nombre des licences de 3000 à 200 et les masters (LMD) de plus de
4000 à 600», et que «Ce n'était pas suffisant, car il y a un déphasage énorme entre les besoins et la formation». D'autre part, M.
Ghouali a ajouté que «nous avons constaté que l'université doit avoir un rôle plus important que par le passé, avec une
responsabilité sociale et économique. Or, les équipes universitaires en place n'étaient pas prêtes en réalité». Selon le directeur
général de l'Enseignement et la Formation au MESRS, «nous recevons chaque année plus de 330.000 bacheliers dont 45% en
sciences et techniques, et 55% pour les sciences sociales et humaines. On tente alors d'orienter de manière appropriée ces
étudiants». «Il y a environ 45% des bacheliers en sciences et techniques qu'on a orienté vers les sciences naturelles et de la vie,
en agronomie et sciences alimentaires, et une bonne partie vers les sciences humaines, qui ont un rôle à jouer dans la société»,
a-t-il souligné. «Globalement on a 50.000 étudiants en moyenne en sciences et techniques, et le reste est réparti entre sciences
sociales, sciences économiques et droit», explique M. Ghouali selon lequel «sur 130.000 diplômés en master, il y a 50.000 en
sciences et technique, et le reste en sciences sociales et humaines». «Les défis qui nous attendent sont de les prendre en
charge sur le plan professionnel». En fait, estime-t-il quant à la prise en charge professionnelle des diplômés universitaires, «le
rôle de l'université et celui des autres secteurs doit être pris en considération, car l'employabilité concerne tous les secteurs». Il a
souligné que selon une étude du ministère, «sur 19 secteurs économiques, on a constaté que plus de 47% n'ont pas de
nomenclature des métiers, et un pourcentage très élevé n'ont pas de plan de recrutement». Ces secteurs sont l'industrie,
l'agriculture, l'économie numérique, «donc il fallait également revoir notre carte de formation, qui existe depuis un certain
temps». M. Ghouali a ainsi estimé qu'«il y a des plans de formation en déphasage, et on est en train de revoir la carte de la
formation à l'horizon 2025 pour prendre les mesures adéquates». Sur le taux important de déperdition universitaire, il a expliqué
que «nous avons également entamé une étude pour examiner les raisons de l'échec à l'université. Cette étude est en train d'être
menée par le CREAD, elle va être finalisée au mois de juin, donner les résultats définitifs et apporter les correctifs adéquats». Il
a ainsi indiqué que le taux d'échec va jusqu'à 70% pour les langues. «Nous sommes en train d'examiner les raisons, et il y aura
des solutions. Cela va nous permettre d'apporter les correctifs nécessaires, car la durée des études coûte de l'argent et on ne
peut accepter cette situation d'étudiants mal orientés, mal informés sur tel ou tel profil». Selon M. Ghouali, un étudiant «coûte à
l'université en moyenne 120.000 DA par an, et cela varie d'une spécialité à une autre. Il faut que ce coût soit réduit et équitable à
l'ensemble des filières». Pour corriger les mauvaises orientations de bacheliers, le directeur général de l'Enseignement et la
Formation au MESRS a ajouté que «nous faisons le nécessaire pour les nouveaux bacheliers pour une bonne orientation sur les

328
profils, selon les pré-requis. On a fait le nécessaire pour que l'étudiant soit bien orienté», a-t-il dit en annonçant l'organisation le
11 avril prochain de portes ouvertes pour les futurs bacheliers pour une bonne orientation pédagogique. Car, selon lui, «le gros
du problème, ce sont les effectifs des sciences humaines, lettres, sciences sociales... Ils sont très nombreux». «Des réflexions
de fond doivent être menées pour trouver des solutions adéquates, et l'ensemble des secteurs sont concernés». «Ce problème
est pris en charge, et les résultats seront donnés bientôt». Sur l'échec du système LMD, M. Ghouali, sans botter en touche,
estime qu'un bilan a été déjà fait en 2016. «C'est un constat serein. Il y a eu des insuffisances, des dysfonctionnements. On est
en train d'apporter les correctifs, et l'université ne peut régler tous les problèmes toute seule». □ Yazid Alilat, Le Quotidien
d’Oran, 17.03.18. (Cf. Université)

GESTION PEDAGOGIQUE .- Après une étude analytique pour chaque système : G-pédagogie, Sees, ScoDoc et Apogee, il
se trouve qu’il n’y ait pas un système parfait et complet pour assurer tous les besoins pédagogiques. Ces systèmes ne sont pas
adaptés à l’environnement de système LMD appliqué en Algérie notamment les canevas de formation licences / master, les
critères d’évaluation, le règlement intérieur de l’université et les ressources disponibles…. D’où il est proposé le système
PMS.DZ conçu exclusivement au contexte algérien qui doit palier aux limites et défis constatés. Système fiable, cohérent,
convivial, sécurisé et facile à utiliser pour la gestion pédagogique des universités, il est adaptable à l’environnement algérien que
ce soit les règlements internes qui régissent la gestion des universités ou bien les conditions de travail. L'objectif principal est la
gestion des étudiants, des enseignants des universités.Intérêts du système PMS.DZ :
1. Pour l’administration :
 La gestion des utilisateurs  La gestion des notes et des bulletins scolaires  les absences
2. Pour l’enseignant :
 L’emploi de temps  la gestion des notes et des absences  des outils de communication et travail collaboratif
3. Pour l’étudiant :  L’emploi du temps  la consultation de ses notes et de ses absences
 des outils de travail de groupe  l’accès des ressources numériques….
Après analyse rapide et simple ayant trait aux outils utilisés par les différents services pédagogiques des universités algériennes
au niveau national, nous constatons que ces derniers se classent en trois catégories :
 Des universités n’ayant aucun outil informatique pour la gestion de leurs services de scolarité notamment les opérations
pédagogiques ;  Des universités utilisent des logiciels libres ou sous licence de l’étranger et qui ne sont pas compatibles avec
le contexte interne ;  D’autres universités ont conçu et développé des logiciels localement qui ne sont pas généralisés et
comportant un nombre important de lacunes techniques.
Donc, la problématique est d’avoir un système spécifiquement algérien, fiable et sécurisé pour la gestion des services de
scolarité ; ce dernier répondant aux contraintes imposées par les règlements et les lois qui régissent les universités algériennes.
Ce système convient au minimum pour assurer le bon déroulement des tâches suivantes :
♦ Gestion des évaluations (examen fin de semestre, évaluation continue : les interrogations TD, contrôle TP et les exposés, etc.)
à partir de la saisie des notes et les délibérations jusqu’à l’affichage des résultats finaux.
♦ Suivi d’assiduité pour toutes les séances pédagogiques (cours, TD et TP), surtout le calcul de nombre des absences
autorisées et justifiées et l’extraction des étudiants exclus des modules.
♦ La gestion d’emploi du temps de façon à :
o Eviter les chevauchements entre les salles / les amphis, les enseignants ou les groupes et les sections des étudiants)
o Assurer le partage de charge hebdomadaire ou quotidienne pour les enseignants et les étudiants.
o Et optimiser les ressources physiques disponibles. ◙ BEN AZZA Nour El Houda & DJEDIAI Nacira (2015)

MATHEMATIQUES .- Vus l'importance et le rôle que jouent les mathématiques dans les sociétés modernes,
il est recommandé à l'Algérie de donner tout au long de cette décennie, une grande place au
développement des mathématiques, aussi bien au niveau scolaire qu'extra-scolaire. Il s'agit pour le pays
d'accéder à un niveau et une culture mathématique suffisants pour pouvoir comprendre et agir dans le
monde du XXIème siècle. Dans le nouvel ordre mondial qui s'installe aujourd'hui, l'information occupe une
place prépondérante. Les moyens techniques, de plus en plus sophistiqués, donneront une très grande
circulation de l'information au point ou le moyen efficace pour un pays d'intervenir dans la production
économique et scientifique mondiale, dépendra étroitement de sa capacité de contrôle et d'intervention
sur la circulation de l'information.
Cette grande diffusion de l'information confrontera les individus dans chaque pays aux difficultés de trouver
la manière la plus efficace pour réagir. Pour chaque message reçu, l'individu doit pouvoir distinguer
l'information principale de celle qui est secondaire, déterminer les données contradictoires, interpréter et
appliquer les décisions qui s'imposent. L'enseignement des mathématiques permet le développement de
certains modes de pensée et de certains types de stratégies que pourraient mettre au point devant des
situations, auxquelles ils n'ont pas encore été confrontés. Grâce aux mathématiques, il nous est possible
d'acquérir les facultés suivantes :
◘ la faculté d'abstraire : se débarrasser de tout ce qui est à côté de la question, éliminer le "bruit" (au sens
de la théorie de l'information) et aller droit au message réel.
◘ la faculté de généraliser : l'intérêt du type d'enquête " Et que se passerait-il si ... ?", " à supposer
que ...?" est évident dans un monde moderne en très rapide expansion. L'homme d'aujourd'hui doit
constamment envisager la possibilité d'un changement, il n'a pas le choix, car il vit dans un monde qui
change et auquel il est condamné à s'adapter.
◘ la faculté de coder et décoder des messages : lorsqu'on a appris à maîtriser des messages
mathématiques en général, on apprend plus vite à maîtriser ou à formuler des messages précis.
Ces facultés pourraient être d'un grand secours à chaque individu et l'enseignement des mathématiques et
de ses filières devrait être valorisé. L'on constate que la vulgarisation des sciences mathématiques est
inexistante. Aucune revue spécialisée, ni journal ne s'est intéressé au côté historique, utile et divertissant
des mathématiques qui est susceptible de susciter chez des jeunes des motivations et intérêt particulier
pour les mathématiques. Au regard de ce constat sommaire, l'administration de l'éducation nationale doit

329
redynamiser toutes ses structures pour améliorer sensiblement la pédagogie et particulièrement
l'enseignement des mathématiques pour favoriser l'épanouissement de l'intelligence. ◙

MUSIQUE ANDALOUSE .- La musique classique algérienne tend à disparaître face à l'incurie et à


l'indifférence des pouvoirs publics, mais aussi à cause du manque d'initiative des mélomanes de cet art. De
tradition orale, elle n'avait jamais été transcrite ou enregistrée et restait donc détenue par les quelques
maîtres encore en vie et qui sont d'un âge très avancé. Leur disparition constitue la perte d'une partie du
répertoire musical du pays car ces doyens n'auront pas eu la possibilité de le transmettre. La
préservation de ce patrimoine n'a pas été assumée par les institutions étatiques. Une soixantaine
d'associations musicales à travers le pays s'efforçaient à bon escient d'oeuvrer à la sauvegarde et à la
propagation de cet héritage dans des difficiles conditions matérielles, pédagogiques et financières. En
outre, à l'instar des arts plastiques, la culture musicale ne jouit pas d'un degré d'attention souhaitée, en
Algérie. L'enseignement musical n'est pas soutenu normalement en moyens didactiques et instruments de
musique par l'administration. Les diplômes délivrés par les établissements d'études supérieures ne sont pas
reconnus par la fonction publique. □
►Le constat amer de la musique andalouse, vécu ces dernières années, interpelle tous les amateurs et
professionnels de cet art. En effet, dans l’établissement de la problématique, Nadir Marouf dresse un
diagnostic précis et rigoureux sur l’état de son évolution en écrivant : “après une épopée festive ponctuée
de festivals tout venants, d’activisme bon enfant au sein de l’Institut de musicologie de Kouba, qui ont fait
de la capitale le lieu d’accueil privilégié du milieu musical arabe, les vicissitudes connues par le pays depuis
ces dix dernières années au moins, ont mis la musique andalouse non seulement au grenier de l’oubli, mais
encore au banc des accusés que cette musique partage, évidemment, avec d’autres…”. Cependant, ajoute-il
“le travail pédagogique inlassable, continu, immense, souvent discret, fourni avec une certaine humilité de
la part des maîtres, par les associations musicales de l’ensemble du territoire national a sauvé le patrimoine
de la désaffection totale. Malgré la traversée du désert, en raison des problèmes de sécurité, certaines
associations ont continué à mettre le pied à l’étrier, relayées d’ailleurs en cela par les associations créées
ici ou à l’étranger par la diaspora algérienne, notamment en Ile de France”. Toutes les préoccupations,
interrogations et réflexions inhérentes à toute approche et traitement de cet art musical traditionnel, nous
mettent d’emblée face à un grand défi que N. Marouf envisage ainsi : « Est-il possible, au niveau strictement
algérien, mais avec des spécialistes du patrimoine gharnati pratiqué en Algérie, de redonner à ce patrimoine
la visibilité qu’il mérite, non pas en faisant de l’activisme festif, mais en discutant d’abord autour d’une table
pour faire le point des réflexions et des expériences musicologiques plus ou moins disparates, plus ou
moins solitaires et qui seraient susceptibles d’être connues » . "La musique andalouse et son aspect
scientifique", Ahmed ABI AYAD, Insaniyat, oct.2000.□(Cf. tableau en annexe).
►"Le patrimoine musical andalou se profile aujourd’hui sous forme de différents corpus (répertoires)
spécifiques à chaque région du Maghreb. L’Algérie a le privilège d’avoir hérité de 3 corpus pour
Constantine, Alger et Tlemcen. Ces corpus (répertoires) sont formés de plusieurs strates musicales
sédimentaires qui se sont accumulées et surtout alimentées durant toutes les époques, depuis au moins 12
siècles. Ce patrimoine immatériel ne peut être figé, surtout qu’il n’a découvert la notation musicale et
l’enregistrement sonore qu’à la fin du 19ème siècle. Il est donc évident que ce patrimoine a toujours été
dynamique, avec des apports, des altérations et des pertes au fil des siècles. Les échanges entre les
différentes régions ont aussi été considérables. Bien sûr qu’il reste toujours des substrats d’époques très
anciennes, mais ils ont tendance à s’amenuiser au fil du temps. Certains soutiennent, avec une prétentieuse
et infondée certitude, que le patrimoine que nous détenons aujourd’hui dans sa forme actuelle, nous est
parvenu sans altérations depuis quelques siècles au moins. Ceci est clairement invraisemblable. Grâce à de
nombreux documents découverts récemment, nous avons la preuve irréfutable que la pratique actuelle de la
musique andalouse montre des différences notables avec celle pratiquée, ne serait-ce qu’au début du
20ème siècle. Ces transformations n’ont d’ailleurs épargné aucune des écoles régionales. Le Malouf de
Constantine, la Sanaa d’Alger, ont subi des transformations au cours du 20ème siècle. Au Maroc aussi, une
partie entière (le Darj) a été ajoutée en complément à la Nouba. Il faut donc se méfier des certitudes car
elles sont souvent trompeuses. Il faut surtout éviter les a priori et garder une distance critique par rapport à
l’objet que nous étudions. Si nous prenons l’exemple de la tradition de Tlemcen, cette dernière a été
dominée par le grand maître Hadj Larbi Bensari (1870-1964). Nous savons aujourd’hui, de source sûre, qu’il
a apporté quelques changements dans la pratique de la Nouba par rapport à celle dont il a hérité de son
maître Boudalfa, à la fin du 19ème siècle. Ce sont, pour la plupart, des changements structurels. La récente
découverte des précieuses études réalisées par Si Mostefa Aboura entre 1893 et jusqu’à sa mort en 1935,
mettent à jour des différences notables entre la pratique musicale de la fin du 19ème siècle et celle plus
récente. À titre d’exemple : Seules 4 Noubât sur les onze existantes, utilisaient la mesure actuelle des
Msadrât (premier mouvement chanté de la Nouba), alors qu’actuellement tous les Msadrât se déploient sur
ce même rythme. Ce rythme (16/8) des Msadrât ne débutait pas sur le même temps, comme constaté sur
les enregistrements du Congrès du Caire de 1932. Au début du 20ème siècle, Mostefa Aboura avait noté ce
rythme avec des percussions différentes, ce qui altère largement la perception du rythme. Au 19ème siècle,
la Nouba se déployait aussi de manière exhaustive, avec une très longue suite de plusieurs pièces
composant chaque mouvement de la Nouba. Par exemple, 5 Msadrât successifs, suivis de 4 Btayhî suivis à
leur tour de 4 Drâj, etc... La durée d’une Nouba pouvait dépasser ainsi plusieurs heures. De nos jours, nous
n’interprétons généralement plus qu’une seule pièce de chaque mouvement de la Nouba sauf pour l’Ançrâfât
et les Khlâçât. Nous n’avons cité plus haut que quelques exemples des transformations constatées sur une
période relativement courte. La musique andalouse a dû s’adapter aux mœurs des époques qu’elle a
traversées. Nous imaginons mal le public d’aujourd’hui en train d’écouter patiemment plusieurs Msadrât
suivis de nombreux Btayhî et ainsi de suite, pendant de longues heures. Donc, autres temps, autres mœurs.
Certains musiciens sont tentés actuellement d’enrichir le répertoire par des compositions personnelles.
330
Ceci n’est admissible que si ces compositions ne sont pas proposées pour faire partie du patrimoine dans sa
composante actuelle. Les œuvres qui composent ce dernier ont une ancienneté avérée car recensées dans
les «Diwâns» et les vieux «Knânachs». Le mieux est de les considérer plutôt comme «néo-patrimoniales»
car fraîchement créées. Pour intégrer le patrimoine, elles devront passer l’épreuve du temps. C’est aux
futures générations de les introduire ou de les refuser dans le patrimoine. À titre d’exemple, certains
poèmes d’auteurs du 17ème et 18ème siècle tels que Bentriki et Ben-Msaïb (connus comme poètes du
Haouzî) font partie aujourd’hui du patrimoine andalou, ce qui démontre que leurs poèmes ont passé
l’épreuve du temps. Il est cependant important de conserver le patrimoine en l’état, car de cette façon, il
devient une référence synchronique et un témoin manifeste de la tradition orale".
Il a été créé un portail internet consacré au patrimoine culturel algérien, à la demande du ministère de la
culture. (http://patrimoineculturelalgerien.com)
Ce portail est le fruit d’un travail de recherche et de collecte de données, souvent inédites, qui a duré plus
de 12 ans et qui a fait appel à une équipe de chercheurs et d’experts ainsi qu’à des spécialistes dans divers
domaines de recherche concernant le patrimoine national. Ainsi a été reconstituée, une quantité
considérable de données dans divers domaines, intégrant notamment les travaux et productions culturels
des évènements «Alger, capitale de la culture arabe», «Tlemcen 2011», ainsi que «Constantine 2015».
L’objectif était de capitaliser sur les acquis de ces évènements, à travers les nombreux documents collectés
et ceux encore récemment recueillis. Le but est surtout de mettre ce patrimoine culturel national à la
disposition du public le plus large. Ce portail est opérationnel depuis fin 2015. Toutes les données
récupérées y sont accessibles et téléchargeables librement et gratuitement à partir de supports comme le
téléphone portable ou l’ordinateur. Le contenu actuel du portail est composé de plusieurs rubriques qui
touchent de près ou de loin le patrimoine culturel national algérien. Quelques exemples de ces rubriques :
♦ La bibliothèque musicale contient plus de 5000 références sonores couvrant tous les styles des régions du
pays. Plus de 1500 de ces références sonores sont accompagnées de leurs poèmes, certaines d’entre elles
de leurs partitions en solfège ainsi que de leurs analyses prosodiques.
♦ La bibliothèque littéraire contient déjà près de 3000 références littéraires dans divers domaines :
musicologie, œuvres des savants du monde islamique, manuscrits inédits, publications de la période des
19ème et 20ème siècle, les savants et philosophes du monde, les journaux, revues et périodiques, etc.
♦ Les archives radiophoniques, en collaboration avec la Radio nationale, avec plus de 122 émissions en
arabe, français et berbère, coiffant plus de 60 ans de radiodiffusion.
♦ Une rétrospective du cinéma algérien, avec plus de 30 films. Cette anthologie a été remasterisé,
récemment, à l’initiative de la Télévision algérienne.
Maintenant que la préservation est en grande partie acquise, les musicologues et les littéraires peuvent
commencer leurs études et analyses sur les structures mélodiques, rythmiques et poétiques. Le but est de
dégager des modèles rationnalisés qui pourront être enseignés aux élèves des écoles, lycées et instituts
spécialisés. Le patrimoine musical séculaire n’est plus en péril grâce à la détermination de citoyens-
mélomanes éclairés qui ont accompli cette action salutaire depuis plus de 150 ans. Ce serait justice de citer
certains de ceux qui ont contribué à cette préservation :
- Pour Constantine : Kaddour Dersouni, Hadj Tahar et Salim Fergani, A. Toumi, etc. -Pour Alger : Sid Ahmed
Serri, Abderrezak et Mohamed Fakhardjî, Mohamed Bentaffahi, Mohamed Sfindja, Yafil, Laho Seror, etc. -
Pour Tlemcen : Larbi et Redouane Bensari, Omar Bekhchi, Abdelkrim Dali, Ghaouti et Mohamed Bouali avec
ses disciples, Mostefa et Khair-Eddine Aboura, Kamel Malti, Abderrahmane Sekkal, Mustapha Brixi, Amine
et Rifel Kalfat, Amine Mesli et Yahia Ghoul, etc. □ BOUALI Amine (Entretien avec Fayçal Benkalfat*  : «Le
patrimoine immatériel a toujours été en mouvement, avec des apports et des pertes continus», Le Quotidien
d’Oran, 13.06.2018
(*) Ancien polytechnicien, ce musicologue algérien a édité, sous forme de CDs et livrets, des anthologies
consacrées aux grands maîtres des trois écoles de la musique classique algérienne.

►Génèse de la musique andalouse : La création de cette musique remonte à loin et à son inventeur, un musicien oriental
extraordinaire nommé Ziryab, venu de Bagdad et installé à la cour de Cordoue en l’an 822 (petit-fils d’un Emir rescapé du
massacre des Omeyyades par les Abbassides). Il est à Bagdad le disciple d’Ishaq El Moussili, maître de l’école des udistes.
Jalousé de son maître, chantre incontesté de Bagdad et de Harroun Errachid. Ishaq l’avait obligé à s’expatrier.Ziryab, quittant
alors la cour abbaside de Bagdad, se dirige vers la cour Omeyade de Cordoue.Arrivé en Andalousie, il fut frappé d’une part par
la musique grégorienne qui est une musique modale, d’autre part par les fêtes et ambiances espagnoles populaires.Cet
environnement va permettre à Ziryab de donner libre cours à son génie et d’élaborer une musique aussi savante telle qu’elle
nous a été transmise jusqu’au Maghreb.Toute l’Andalousie battait au rythme de la Nouba et des modes créés, dont
certainement l’influence arrivait au pays du Maghreb, de Tunis à Fès en passant par Tlemcen.Vint la reconquista espagnole et
les Arabes se replièrent tout naturellement vers les pays du Maghreb. Bien plus cette musique va poursuivre son parcours vers
le moyen-orient pour aboutir à … Bagdad. En somme Ziryab dota la musique de plusieurs modes et surtout lui donna deux
dimensions : d’une part la notion de suite musicale qu’on appelle Nouba, et d’autre part à chaque mouvement de la Nouba lui
accordant un rythme particulier.
♣ La légende Ziryab : Ainsi, naît la légende de Ziryab de nom Abou-lhassan Ali Bnou-Nafii natif en 777 et de son luth
d’argent auquel un ange aurait ajouté aux quatre cordes représentant les éléments naturels, une cinquième, celle de l’âme, en
intestin de lionceau, puis faisant bonne mesure, aurait remplacé le vulgaire plectre de bois par un plectre affiné taillé dans une
plume d’aigle. Tous les chercheurs sont unanimes, l’arrivée de Zyriab a complètement changé l’histoire de la musique arabe
dans l’Ouest du monde musulman. Arrivé à Cordoue, capitale des Omeyyades en 822, et ce après son histoire avec son
professeur Ishaq ben Brahim Al Moussili. Zyriab fonda à Cordoue un conservatoire où il donnait lui-même des cours, à une
dizaine d’enfants Abderrahmane, Abdellah, Yahia, Mohamed, Kacem, Ahmed, Hassan, Alia et Hamdouna et aussi quelques
331
disciples comme Motaa, Massabih, Ghislaine et Hnida. L’histoire dit selon Al-Maqueri que Zyriab avait dix mille airs de
musique et autant de poèmes, de plus il connaissait la géographie, la médecine et la philosophie. Il a rajouté de nouveaux modes
pour créer ces 24 Noubas, qui régissent cette musique modale correspondant aux 24 heures de la journée. A chaque heure du
jour et de la nuit correspondait un mode de la musique andalouse. 
♣ Différentes écoles de musique andalouse :Il légua ainsi à l’Andalousie un répertoire immense de chants que les générations
se transmirent jusqu’à la période des Rois de Taifas. Cordoue, Séville, Valence qui en furent submergés ; et après leur
occupation par les chrétiens, cet art, par l’émigration, se répandit à Tlemcen, Tunis et Fès où naîtront différentes écoles. 
L’école tunisienne est d’origine de Séville, l’école algérienne est d’origine grenadine et l’école marocaine est d’origine de
Valence et Grenadine.
Pour déterminer une nouba d’une façon plus précise, on lui ajoute le nom du mode de tonalité principalement employé pour
exprimer tous les états d’âme : nature, amour, ésotérisme, mysticisme, poésie, magie, madihs (hymnes à la gloire de Dieu et de
son Prophète) ; thèmes généralement agréables et attachants, ce qui explique leur pérennité. Ainsi chaque nouba reposait sur un
thème, adapté à l’heure où elle devait être jouée. La nouba d’El-Oshak devait être jouée à l’aube, alors que la nouba d’El-Maya
se jouait au crépuscule. □
► Itinéraire de la musique arabo-andalouse : (arabe : ‫)الطرب األندلسي‬, aussi appelée al-ala ou al-andaloussi au Maroc, al
moussiqa al andaloussia, gharnati, san'â ou malouf en Algérie, malouf en Tunisie et en Libye est un genre
musical profane, classique ousavant, du Maghreb, distinct de la musique arabe classique pratiquée au Moyen-Orient
(ou Machrek) et en Égypte. Elle est l'héritière de la musique chrétienne pratiquée en Espagne et au Portugal avant la Conquista,
de la musique afro-berbère du Maghreb et de la tradition musicale arabe transmise au IXe siècle de Bagdad (alors capitale
des Abbassides) à Cordoue et Grenadegrâce notamment à Abou El Hassan Ali Ben Nafiq ou Ziryab, musicien brillant qui en
créa à l’époque les bases, en composant des milliers de chants et en instituant le cycle des noubat, composées de formes
poétiques tels le muwashshah ou le zadjal (qui furent l'une des sources des Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de
Castille, du flamenco et des troubadours). Cette musique aura également une influence sur la musique occidentale
contemporaine, notamment sur les œuvres de Camille Saint-Saëns suite à ses contacts avec des musiciens algériens, tel
Mohamed Sfindja1.
La nouba se distingue de la wasla et de la qasida arabes tant par ses modes que par ses formes. Par la suite, Abu Bakr Ibn
Yahya Al Sayih, dit Ibn Bâjja ou (Avenpace), poète et musicien lui aussi, viendra mettre au point l’accord du oud maghrébin,
en perfectionnant la nouba et laissant un grand nombre de compositions. La musique arabo-andalouse développée
en Espagne s'est propagée grâce aux échanges importants entre les centres culturels d’Andalousie formant trois grandes écoles
dont se réclameront des centres culturels du Maghreb : 2

 Grenade (à Tlemcen et Oran en Algérie3 Nedroma4- Rabat et Salé, Oujda5,6Tanger, Tetouan7.au Maroc)
 Cordoue et Valence (à Alger,en Algérie8 Blida et Béjaïa9- Fès et Meknes10 au Maroc)
 Séville (Constantine et Annaba en Algérie11 - Tripoli en Libye - Kairouan et Testour en Tunisie)

Les centres maghrébins de musique andalouse ont transféré le savoir faire à d'autres villes du Maghreb. Il est à noter que dans
une même ville pouvaient coexister plusieurs styles de musique arabo-andalouse. Il y avait deux écoles à Grenade :
du XIIIe au XVe siècle, elles rivalisaient par leurs styles. ; au XVe siècle, lorsque les arabo-musulmans se retirèrent
de Cordoue, Séville et Valence , ils héritent de leurs répertoires. D'après Al-Tifâshî, érudit tunisien du XIIIe siècle, les pôles
musicaux andalous seraient plutôt : Cordoue, Saragosse et Murcie. L'implantation maghrébine s'est accentuée avec
les Morisques et les Juifs sépharades expulsés de l’Andalousie devenue catholique en 1492 lors de la Reconquista arrivant en
masse en territoire maghrébin.
La musique arabo-andalouse, bien que reposant sur des règles très strictes, est une musique non écrite se transmettant oralement
de maître à élève. Bien avant la chute de Grenade, de nombreux musiciens musulmans s'étaient repliés en Afrique du nord. La
tradition musicale arabo-andalouse s'y est développée jusqu'à nos jours, particulièrement dans les villes ayant accueilli les
réfugiés andalous (voir références et liens externes). Il y a une différence entre la nouba « orientale », imprégnée d'éléments
turcs, persans et même byzantins, et la nouba « occidentale », qui, elle, est restée intacte, telle qu'elle existait au Moyen Âge.
Plusieurs siècles de présence ottomane dans certaines régions du Maghreb n'auraient pas altéré certaines écoles de musique dite
andalouse.12. Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle que des corpus écrits par le Tétouanais Muhammed Ibn al-Hasan al-
Hayik apparaissent, recueillant ce répertoire poétique menacé. Le début du XXe siècle verra un recueil systématique par des
transcriptions musicales ainsi que l'organisation de congrès internationaux organisés au Caire et à Fès. D'autres congrès
suivront.
♣ Système musical : La musique arabo-andalouse est constituée autour d'un cycle de 24 noubat originelles, dont seule la moitié
subsistent et seraient inaltérées. Elles s’inspirent largement des modes byzantins, perses, et arabes. Bien des noms sont encore
en résonance, avec leurs origines : Ispahan, Iraq, Hijaz, Mashriq, etc. Ces 24 noubat (pour chaque heure d'une journée) étaient
jouées sur 24 modes correspondant chacun à une heure des 24 que compte un jour (système similaire au râga indien). Chaque
nouba est composée d'une suite fixe alternante de mouvements musicaux instrumentaux et poétiques. Il n'existe pas de
répertoire unique et commun au Maghreb ; des noubas de même nom diffèrent d'école en école, et à l'intérieur même d'une
école, il peut y avoir des dizaines de versions d'une même nouba.

 École algérienne :

332
Il y a 16 noubat (dont 4 inachevées): Al-dhîl – Mjenba - Al-hussayn - Raml Al-mâya - Ramal - Ghrîb - Zîdân - Rasd - Mazmûm
- Sîkâ - Rasd Al-Dhîl – Mâya (Ghribet Hassine – Araq – Djarka – Mûal).
Elles sont composées chacune de cinq mouvements de base (Msaddar - Btâyhî - Darj - Insirâf - Khlâs), mais des préludes et des
interludes en portent le nombre jusqu'à sept ou neuf : Tûshiya ou Dâ'ira ou Bashraf (pièce vocale de rythme libre exécutée à
l’unisson strict) - Mestekhber san'â (Alger) ou Mishalia (Tlemcen) (prélude instrumental de rythme libre, exécuté à l’unisson) -
Tûshiya (pièce instrumentale servant d’ouverture, composée sur un rythme binaire ou quaternaire (2/4; 4/4).) - Msaddar (pièce
vocale et instrumentale la plus importante, jouée sur un rythme 4/4.) - Btâyhi (deuxième pièce vocale et instrumentale,
construite sur le même rythme que le Mçedder (4/4 moins lent).) - Darj (mouvement vocal et instrumental construit sur un
rythme binaire, plus accéléré que les deux précédentes pièces.) - Tûshiya el Insirafate (pièce instrumentale annonçant une partie
accélérée et vive, construite sur un rythme ternaire.) - Insirâf (mouvement vocal et instrumental à rythme ternaire (5/8).) - Khlâs
(ultime pièce chantée exécutée sur un rythme alerte et dansant (6/8).) ou Tûshiya el Kamal (pièce instrumentale construite sur
un rythme binaire ou quaternaire.).
Les formes poétiques qui existent encore sont :Muwashshah - Zadjal - Msaddar- Shugl (poème chanté
populaire)- Barwal ( pratiqué à Constantine) - Melhoun- El Wahrani (variante oranaise du Melhoun)

 École libyenne :

Les noubat sont composées de huit parties : deux Msaddar - deux Mûrakaz - deux Barwal - Khafîf - Khatm. Elles sont
composées d'un même rythme dont le nom diffère selon la rapidité du mouvement musical.

 École marocaine :

La nouba marocaine est une suite de chants déclinés sur 26 modes (tab') diatoniques différents (n'usant pas de micro-intervalles,
sauf dans les mawwâl récents), dont 4 principaux (Mâya - Al-dhîl - Mazmûm - Zîdân).
Les 11 noubat sont longues : Raml al-mâya - Isbahân - Al-mâya - Rasd al-dhîl - Al-istihlâl - Rasd - Gharîbat al-husayn - Al-
hijâz al-kabîr - Al-hijâz al-mashriqî - ‘Irâq ‘ajam - ‘Ushshâq.
Elles sont composées chacune de cinq parties ou rythmes différents (mizan) : Basît (dont les ouvertures : mshâliya et bughya) -
Qâ’im wa-nisf - Btâyhî - Dârij - Quddâm. Les formes poétiques sont les suivantes : Muwashshah - Zajal - Shugl -Barwal.

 École tunisienne :

Compilée au XVIIIe siècle par Rachid Bey, elle fut consolidée au XXe siècle par la Rachidia. Les modes sont basés sur certains
micro-intervalles ottomans.
Les 13 noubat : Dhîl - ‘Irâq - Sîkâ - Hsîn - Rast - Raml al-mâya - Nawâ - Asba‘ayn - Rast al-dhîl - Ramal - Isbahân - Mazmûm
- Mâya.
Elles sont composées de 9 mouvements (qut'a,jiz) basés sur 9 rythmes (iqa) : Ishtiftâh ou Bashraf samâ'î ou Tshambar -
Msaddar - Abyât - Btâyhî - Barwal - Darj - Tûshiyâ - Khafîf - Khatm. Les formes poétiques : Nashîd - Istihlâl - ‘Amal -
Muharrak - Muwashshah - Zajal - Barwal - Shugl.

Khemaïs Tarnane jouant de l’oud.

♣ Instruments de musique. Les instruments utilisés dans un ensemble typique de musique arabo-andalouse (takht) sont :

 le riqq ou le tar : le tambourin arabe qui est l’instrument maître de l’ensemble car c’est lui qui donne le ryhtme de base
 les naqarat : petites timbales frappées aux baguettes
 la darbouka : tambour en calice, en bois d’olivier ou en poterie, couvert d’une peau de chèvre ou de poisson.
 l’oud et la kouitra : l'ancêtre du luth
333
 le rebec ou le rabâb : la vièle arabe remplacée parfois par le violon aujourd'hui
 le nay : flûte en roseau à embouchure libre, à six ou sept trous
 le qanûn ou kanoun : cithare aux nombreuses cordes, jouée avec des onglets aux doigts.

♣ Expressions régionales.

Algérie

 Musique algérienne.
La musique savante arabo-andalouse est appelée Al moussiqa al andaloussia (« musique andalouse ») lorsque il n'est pas fait
référence à l'une des trois importantes écoles présentes en Algérie pratiquent cette musique avec des nuances distinctes :

 le gharnati transmis par les réfugiés andalous arrivés à Tlemcen, il s'implantera plus tard au Maroc à partir de
Tlemcen 13,14 et d'Alger15,
 le san'â d'Alger se rattachant à Cordoue
 le malouf de Constantine se revendiquant de Séville.

Le premier acte de patrimonialisation attesté est celui des muphtis hanafites au XVIIe siècle. Mahieddine Bachtarzi, qui rapporte
ce fait16, raconte que devant les dangers de voir s'étioler et disparaître la transmission du répertoire musical arabo-andalou, les
muphtis hanafites d'Alger avaient décidé d'écrire des mouloudiates qui seraient chantées dans les mosquées avec les différents
modes des noubas. Cet acte procédait d'une vision moderne puisque la conservation est fondée sur une action pratique dans le
champ social et non sur un simple maintien artificiel. Cette opération se met en place aussi parce que la communauté juive
s'était peu à peu imposée dans l'appropriation du répertoire andalou. Cette action inaugure une pratique institutionnelle (les
intervenants comme les structures qui accueilleront l'action de protection appartiennent à l'institution religieuse) qui se fonde
sur une translation du profane vers le religieux.La seconde forme de patrimonialisation a consisté à transcrire les matériaux de
cette production musicale et chantée. Elle est, dans la plupart des cas le fait d'initiatives individuelles. Ce sont en réalité les
productions dites savantes et les formes ritualisées qui ont davantage bénéficiées de ces actions. Cela peut être compris à la fois
quant au statut social des transcripteurs : lettrés ou mélomanes, et par l'enjeu symbolique qui tend à mettre en avant une
légitimité culturelle en démontrant la nature complexe et savantes des formes musicales réhabilitées 17Christian Poché a
retracé18 les tentatives de notation musicale amorcées par les européens en Algérie de 1860 à 1940. Outre les Salvador-Daniel
(1831-1871) et Christianowitsch (1835-1874), il cite également Camille Saint-Saëns dont l'œuvre personnelle s'enrichit
d'adaptations de certains modes et surtout Edmond Nathan Yafil (1877-1928) qui, avec leRépertoire de musique arabe et
maure édité de 1904 à 1927 en collaboration avec Rouanet, a pu entreprendre la plus importante opération de fixation d'un
genre musical en Algérie. Plusieurs essais de transcription plus limités voient ensuite le jour, Léo-Louis Barbès sera le premier
à transcrire une hadra alors que le compositeur oranais Juan Huertas en collaboration avec le maître Saoud Medioni, a mis au
point plus de vingt mélodies, dont la Touchia Dib.19.Les algériens musulmans ne sont pas en reste ; dès 1904, Ghaouti Bouali
publie à Alger un ouvrage de réflexion musicale, de description de certaines noubas et d'établissement de poèmes de la
tradition hawzi20 Plus tard Qadi Mohamed éditera l'anthologie du melhoun que des générations de chioukhs recopieront et se
transmettront souvent avec parcimonie21. Ce recueil sera largement complété par les anthologies de Mohamed Bekhoucha et
Abderrahmane Sekkal22. Mahieddine Bachtarzi publie, pour sa part en 1940, Mélodies arabes, Musiqa arabiya à Paris. Durant
la première moitié du XXe siècle, ces recueils sont davantage le témoignage d'une culture que l'on estime menacée par la
modernité coloniale qu'une entreprise de réhabilitation car les musiques et les textes chantés font encore partie de l'univers
quotidien des interprètes et du public.Cet effort de collecte, de conservation et de réhabilitation du matériau musical et chanté
est soutenu par d'autres modes et actions à la faveur d'initiatives individuelles ou de procès d'institutionnalisation, on voit se
mettre peu à peu en place des normes et des pratiques, des dénominations et des catégorisations qui deviendront au fil du temps
des données qui participent d'un savoir partagé.Le disque va considérablement modifier la nature des prestations musicales, et
permettra d'essaimer des genres et des pratiques jusque là réduites à un espace limité. En 1910 Gramophone enregistre 400
disques en Algérie et en Tunisie (Algérie 223, Tunisie 180) Le Catalogue Pathé 1910-1912 fait état de plusieurs centaines de
disques Nord-Africains23. Cependant peu à peu des éditions locales se mettent en place afin de profiter au plan symbolique une
certaine territorialisation et des marqueurs identitaires algériens 24. Dans le même domaine on peut citer, l'activité de la Maison
de disque Collin et, dans une toute autre perspective, l'aide du gouvernement français pour l'enrichissement du catalogue de
Teppaz dans le cadre du plan de Constantine. Néanmoins une part importante de cette production discographique peut être
considérée comme irrémédiablement perdue du fait des événements historiques comme la deuxième guerre mondiale 25.Les
protagonistes importants de la pratique musicale en Algérie vont être liés, à l'instar d'un Yafil, aux enregistrements du répertoire
musical algérien. C'est ainsi que Rouanet, en même temps qu'il entreprenait avec Yafil de transcrire le répertoire arabo-andalou
algérien, fut conseiller chez Gramophone. Ainsi que Mahieddine Bachtarzi qui assura la direction artistique des enregistrements
phonographiques arabes pour toute l'Afrique du Nord pour le même Gramophone. Ahmed Hachelaf fut, quant à lui, directeur
artistique chez Decca en 1947. Son expérience l'amena à être conseiller artistique chez Pathé Marconi dans les années 50 et de
pouvoir créer plus tard ses propres labels, Les Artistes Arabes Associés et le Club du Disque Arabe. Même un praticien de
musique traditionnelle comme Boualem Titiche eut, pendant quatre ans, le statut de directeur artistique chez Philips.Cependant
la manière la plus profonde de promouvoir les musiques et les chants du répertoire arabo-andalou furent les initiatives en
matière de formation et de transmission académique. Il y aurait eu une École de musique arabe créée en 1909 et Yafil fut le

334
titulaire de la chaire de musique arabe au Conservatoire d'Alger en 1922. Dans un autre registre, entre les années 20 et 40, les
contemporains reconnaissent le rôle de répétiteur d'arabe et de conseiller de certains professeurs de medersa ou de muphtis pour
les praticiens de la musique savante ou traditionnelle (ce fut le cas du muphti Boukandoura qui dirigeait la chorale des
qassadine à Alger).C'est l'Association musicale qui fondera l'institution de préservation patrimoniale 26. Après l'indépendance,
l'émulation, voire la compétition inter-associative donnera lieu à des initiatives nationales en matière de promotion de
manifestations musicales (plusieurs festivals nationaux).Des efforts de patrimonialisation découlent le Congrès sur la Musique
Nationale de 1964 et le Rapport sur la politique culturelle du Comité Central du FLN de 1981 et les plus importants festivals de
musique qui constitueront un véritable état des lieux des musiques populaires et savantes. L'ère du libéralisme a davantage
consacré la culture déjà valorisée dans les appareils culturels en place ou imposé par le marché 27.Selon la monographie de la
ville de Tlemcen, cette dernière est la capitale de la musique arabo-andalouse en Algérie ; elle est le berceau de grands artistes
de ce genre musical. Deux anciennes écoles de musique arabo-andalouse existaient en Algérie : celles de Tlemcen et
Constantine. Cette ville est aussi le berceau du haouzi, un autre genre musical qui découle de la musique andalouse et dont les
musiciens-poètes Saïd El Mendassi (XVIe siècle) et Ben Messaib (XVIIe siècle) sont des représentants. Le haouzi est au gharnati
ce que le zadjal est au muwashshah..

Les trois grandes écoles existantes en Algérie sont :

 le san'â à Alger, lié à Cordoue, et ancêtre du chaâbi, avec :


o Mohamed Sfindja
o Cheikh M'nemmeche
o Abderrezak Fakhardji
o Mahieddine Bachetarzi
o Mourad El Baez
o Dahmane Ben Achour
o Mohamed Benguergoura
o Mustapha Benguergoura
o Sid Ahmed Serri
o Bouabdellah Zerrouki
o Mohamed Khaznadji
o Zerrouk Mokdad
o Beihdja Rahal
 le gharnati de Tlemcen lié à Grenade avec :
o Cheikh Larbi Bensari
o Cheikh El Hadj Mohamed El Ghaffour
o Cheikh Redouane Bensari
o Cheikha Tetma Bentabet
o El Hachemi Guerouabi
o Abdelkrim Dali
o Nouri Koufi
 le malouf à Constantine, lié à Séville, avec :
o Cheikh Raymond
o Cheikh Darsouni
o Cheikh Fergani
o Cheik Mohamed El Kourd
o Hamdi Benani

D'autres genres populaires en sont issus : n'qlabate, aroubi, zendani, etc. D'autres écoles plus modestes existent comme
à Bejaïa, Blida et Mostaganem.

 Espagne

Sous l'impulsion de musiciens spécialistes du répertoire médiéval ibérique, tels Grégorio, Luis, Carlos et Eduardo
Paniagua (membres de l'Atrium Musicae), Luis Delgado, Begonia Olavide et les ensembles Calamus, Mudejar et Ibn Baya, une
complicité s'est établie avec des musiciens maghrébins pour réinterpréter les noubat en terre andalouse.

 Israël

Suite à l'émigration massive des Juifs vers ce pays, des musiciens arabo-andalous maghrébins s'y sont retrouvés et ont formé
l'Orchestre andalou d'Israël en 1994, alors que cette musique était éteinte au Moyen-Orient depuis l'absorbtion de l'école d'Alep,
où le muwashshah était très riche, dans la musique arabe.

335
Libye

Le malouf libyen a quasi disparu aujourd'hui et n'est plus guère représenté que par l’Ensemble de Malouf de la Grande
Jamahiriya dirigé par Hassan Araibi.

 Maroc

Gharnati et Musique marocaine.

Le pays est fortement imprégné par la culture arabo-andalouse pour de multiples raisons : par sa proximité géographique avec
l'Espagne qui fera qu'une partie des Arabo-Andalous chassés s'installeront par strates successives (avant et après 1492 et en
1609) au Maroc dans l'espoir d'un retour et par l'absence de colonisation ottomane qui a été forte dans tout le monde arabe (sans
pour autant influencer toutes les région), en particulier sur les plans musical et vestimentaire. En effet, La plupart des expulsés
de Grenade de 1492 trouvent leur dernier refuge au Maroc28. En 1609, ils seront suivis par les Morisques dont le Maroc en
accueille la majeure partie29 et dont on estime actuellement à 5 millions le nombre de leurs descendants au Maroc 30,31. Après
l'avènement des Alaouites, en 1660, la musique arabo-andalouse connaît un nouvel essor grâce aux zâwya et tariqa (confréries
soufies) qui encouragent leurs adeptes à la pratique musicale. Un siècle plus tard, le Tétouanais Al-Hâ'ik sauvegarde le
patrimoine poétique et musical de al-Âla32. En 1886, Al-Jâm'î publie un ouvrage sur le répertoire pratiqué à Fès : Précis du
kunnâsh de al-Hâ'ik33. Entre la fin du XIXe siècle et le
début du XX  siècle, des mouvements importants de populations (juives notamment) au sein du Maroc aurait entraîné une
e

dissémination de la musique andalouse dans le pays. Ceci renforça la vivacité déjà préexistante de cette musique qui possède un
véritable public d'avertis depuis des siècles. A la même période, entre Oujda etTlemcen et Oran (en Algérie) des échanges
musicaux et humains ont eu lieu entrainant une dissémination du style gharnati au Maroc. Il existe deux formes de musiques
arabo-andalouse : tarab al-âla, qui est la forme principale en particulier à Fès et tarab al-gharnâti à Rabat, Salé et Oujda en
particulier. Les piûtim et les trîq sont les formes pratiquées par les Judéo-Marocains.34. Il n'existe pas de malouf (musique
andalouse d'influence ottomane) au Maroc. Les poèmes sont en arabe littéral ou dialectal.
La musique marocaine andalouse est nettement différente de la musique orientale: elle ne comporte pas de quarts de tons
(quelques exceptions sont cependant à signaler) ; elle suit généralement le système de la gamme tempérée occidentale, la
gamme est souvent exécutée comme une seule succession mélodique, alors qu'en musique orientale, elle est subdivisée en
tricordes, tétracordes et pentacordes ; sa ligne mélodique est simple et claire, les modulations y sont rares.
Chaque nouba est très longue ; il est donc rare qu’on les joue au complet. On se contente souvent d'un seul mouvement.
Cependant, l’intégralité des noubat marocaines a été enregistrée par la Maison des Cultures du Monde à Paris, en collaboration
avec le Ministère de la Culture du Maroc (soit un total de 73 disques compact répartis en douze coffrets présentant chacun une
nouba ou des mîzâns).

De nos jours, on retrouve au Maroc deux genres de musique andalouse:

 Le genre al-aala, représenté par trois écoles:


o L'école de Fès, notamment avec:
 Mohamed Benabdeslam Al Brihi
 Haj Abdelkrim Raïs
 Mohamed Briouel
 Abdelmajid Bouzouada
 Mohammed Massano Tazi
 Haj Driss Benjelloun Touimi
 Abdelfettah Benmoussa
o L'école de Tetouan, notamment avec:
 Mohamed Ben Larbi Temsamani
 Ahmed Zaytouni Sahraoui
 Omar Metioui
 Abdessadek Chekkara
 Mehi Chaachoo
 Moulay Abdellah Elouazzani
 Mohammed Amin Akrami
o L'école de Rabat-Salé, notamment avec:
 Haj Abdelkrim Guedira
 Moulay Ahmed Loukili
 Mohamed Toud
 Haj Mohammed Zaki
 Habibi M'birko
 Abdeslam Benyoussef
 Mohammed Benghabrit

336
 Haj Abdeslam Mouline
 Le genre gharnati, représenté par deux écoles, irruptions de l'école de Tlemcen35,36,37.

Selon le musicien et musicologue Omar Metioui, au Maroc, les rescapés de l'Inquisition enrichissent les régions où ils
s'installent par les connaissances qu'ils transportent avec eux. Dans le domaine musical, ils imprègnent plus particulièrement
deux villes, Rabat et Salé, par un style différent de l'Ecole de Fès….
Si le terme gharnati désigne en Algérie, en particulier dans la région de Tlemcen, tout le répertoire andalou savant, au Maroc il
désigne un style musical andalou distinct du tab al alacomme le confirment les auteurs Rachid Aous et Mohammed Habib
Samrakandi38.Il est représenté par plusieurs écoles : Oujda 39,40, Rabat et Salé, et Tanger et Tetouan41.

Tunisie

Le Malouf tunisien.

Si elle a certes subi l'influence ottomane qui se traduit par l'usage des modes (maqâmat) et des formes (bashraf et samai)
turques, l'accord des instruments reste maghrébin et la musique reste ancrée dans le genre arabo-andalou et l'art de
la nouba occidentale. L'école de Kairouan s'est transportée à Tunis, où le malouf est représenté par :

 Khemaïs Tarnane,
 Cheikh El Afrit,
 Raoul Journo,
 Ali Sriti,
 Lotfi Bouchnak,
 Tahar Gharsa,
 Zied Gharsa.

Notes et références :

1.  Un patrimoine en danger, par Faouzi ADEL, Insaniyat (Revue), Numéro 12. septembre-décembre 2000.
2.  http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2005/02/03/feature-01
3.  Baron Rodolphe d'ERLANGER: La musique arabe, Paris, Paul Geuthner, t.VI, 1959[réf. incomplète]
4.  La voyante du Hodna Par Rabia Abdessemed, p 110 [1]
5.  The Literature of Al-Andalus, pages 72 / 73 de son ouvrage
6.  Christian Poché, La musique arabo-andalouse, coll. Musiques du monde, éd. Actes Sud, Arles, 2001, Origine
grenadine du Gharnati d’Oujda pp. 17 et 21 (ISBN 2742735046)
7.  [http://books.google.fr/books?id=ogQLKLjgaHEC&pg=PP1&dq=Musiques+d%27Alg%C3%A9rie+
+Par+Rachid+Aous,+Mohammed+Habib+Samrakandi&lr=#v=onepage&q=&f=false
8.  Baron Rodolphe d'ERLANGER: La musique arabe, Paris, Paul Geuthner, t.VI, 1959[réf. incomplète]
9.  La voyante du Hodna Par Rabia Abdessemed, p 110 [2]
10.  The Literature of Al-Andalus, pages 72 / 73 de son ouvrage
11.  Baron Rodolphe d'ERLANGER: La musique arabe, Paris, Paul Geuthner, t.VI, 1959[réf. incomplète]
12.  Jules Rouanet 'La musique arabe', in Encyclopédie de la musique, Paris, Delàgrave, 1922, t.V, pp. 2676-2944, et 'La
musique andalouse dans le Maghreb', pp. 2813-2939.
13. ↑ [3]
14.  Abdelkader Guitouni, La pénétration culturelle étrangère dans le Nord-Est marocain, Le voyage inachevé : à Joël
Bonnemaison, (Joël Bonnemaison,Dominique Guillaud,Maorie Seysset,Annie Walter), Institut de recherche pour le
développement, p 170
15.  Rachid Aous,Mohammed Habib Samrakandi, Musiques d'Algérie, p 24
16.  Bachetarzi, Mahieddine, Le vieil Alger musical, Jeunesse Action, n°6, Semaine du 1er au 7 janvier 1977.
17.  Les productions populaires, en particulier les chants, quand elles ont fait l'objet de recensions, l'ont été pour rendre
compte de l'état d'esprit de la population ou pour illustrer des évolutions et des changements de mentalité : cela va de
la chanson de 'Hadj Guillaume' pendant la guerre de 14-18 jusqu'au raï ou au rap aujourd'hui. On peut citer quelques
articles pour illustrer les formes de résistance des algériens durant la période coloniale : Desparmet, J., La chanson
d'Alger pendant la grande guerre, Revue Africaine, n°350-351, 1er et 2ème Trimestre 1932. Bencheneb,
Saadedine, Chansons satiriques d'Alger (1ère moitié du XIVème siècle de l'Hégire), Revue Africaine, 1er et 2ème
Trimestre 1933. J. Desparmet, Les chansons de geste de 1830 à 1914 dans la Mitidja, Revue Africaine, n°379, 2ème
Trimestre 1939.
18.  Poché, Christian, Tradition orale algéroise et notation musicale, Autrement, Collection Mémoires, Alger 1860-1939,
"Le modèle ambigu du triomphe colonial", n°55, mars 1999.
19.  Maitrot de la Motte-Capron, André, La musique méditerranéenne secrète et sacrée, Bulletin provisoire de la Société
de Géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord, 46ème année, 4ème trimestre 1941, n°168. p 10
20.  Kitab kashf alqinac can alat al samac, réédité en 1995.
337
21.  Al kenz el meknun fi-chi'r el melhun, Alger, 1928.
22.  Anthologie d'auteurs arabes (Bekhoucha/Sekkal), Tetouan, Tlemcen, 1934 ; Poèmes érotiques (Bekhoucha),
Tlemcen, 1939.
23.  Un des premiers enregistrements attestés est celui de Yamna Bent El Hadj El Mahdi, cylindre n°10-138, collection
d'airs arabes de la Maison Pathé Frères de Paris, Catalogue des cylindres enregistrés, Pathé, 1900.
24.  Parmi les marques déposées au greffe du tribunal d'Alger du début du siècle jusqu'en 1940 on trouve quatre marques :
1) Marque déposée le 23 juillet 1907 au greffe du tribunal de commerce d'Alger par M. Yafil Edmond Nathan.
Croissant, main de Fatma et étoile à six branches. 2) Algériaphone, 20 mai 1930 à Alger par Sasportes Marchodé
Léon. 3) B. Rsaissi (Anouar), 19 mai 1937 au greffe du tribunal d'Alger 4) Théodor Khayat, Alger, 1938. Photo de
musicien jouant du luth avec le nom de Mohamed Abdelwahab en arabe.
25.  De nombreux enregistrements de compagnies ‘Baïdaphone', ‘Polyphon' et ‘Parlophon' n'existent plus, à cause des
bombardements, à cause des destructions causées par la guerre., Interview de Ahmed Hachelaf, Pour une Anthologie
de la Musique par A. Lamine, La Semaine de L'Emigration, n°57, 20 octobre 1983. p 24.
26.  Si à l'origine de ce mouvement on retrouve parmi les associations pionnières, une organisation à composante
majoritaire juive (El Moutribia, Alger, 1911), rapidement, les mélomanes musulmans constitueront leur propre cadre
d'expression associatif dans la plupart des vieilles cités algériennes (Alger : El Andalousia 1929, El Djazaïr 1930,
Gharnata 1935 ; Constantine : Mouhibine el Fen 1934, Chabab el Feny 1936 ; Mostaganem : El Mokhtaria 1920,
Essaïdia 1938 ; Béjaïa : Echabiba 1938, Nadi 1945 ; Blida : Widadia 1932, Cercle Nahda 1933 ; Tiaret : Khaldia
Club 1928 ; El Koléa 1930 ; Tlemcen : La SLAM 1934, etc.). Miliani, Hadj, Comment constituer une tradition ? Le cas
des chants et des musiques populaires en Algérie, "Non-material cultural heritage" in Euro-Mediterranean area, op.
cité. p 45
27.  Hadj MILIANI, Fabrication patrimoniale et imaginaires identitaires. Autour des chants et musiques en Algérie,
Insaniyat (Revue), Numéro 12, septembre-décembre 2000.
28.  Version en ligne pages 295 et suivantes
29.  L'expulsion des Morisques dans l'histoire du Maroc
30.  [4]
31.  Bernard LUGAN,Le Maroc et l'Occident du XVIe au XXe siècle
32.  D. Eisenberg, Musique arabo-andalouse du Maroc au cours des Siècles, Journal of Hispanic Philosophy, 1988.
33.  D. Eisenberg, Musique arabo-andalouse du Maroc au cours des Siècles, Journal of Hispanic Philosophy, 1988.
34.  Dans son ouvrage Les Juifs d'Andalousie et du Maghreb concernant les traditions musicales dans les sociétés judéo-
maghrébines, Haïm Zafani écrit : Au Maghreb et plus particulièrement au Maroc, les populations musulmanes et
juives ont pieusement conservé la musique hispano-arabe.....En Espagne comme au Maroc, les Juifs ont été les
ardents mainteneurs de la musique andalouse et les gardiens zélés de ses vielles traditions.....
35.  Joël Bonnemaison,Dominique Guillaud,Maorie Seysset,Annie Walter Le voyage inachevé : à Joël Bonnemaison, p
170
36.  Abdelkader Guitouni, La pénétration culturelle étrangère dans le Nord-Est marocain, Institut de recherche pour le
développement, p. 170
37.  Rachid Aous,Mohammed Habib Samrakandi, Musiques d'Algérie, p 24
38.  pages 15 et 24 de leur ouvrage Musiques d'Algérie
39.  The Literature of Al-Andalus, pages 17 et 21 et pages 72 / 73 de son ouvrage
40. Christian Poché, La musique arabo-andalouse, coll. Musiques du monde, éd. Actes Sud, Arles, 2001, Origine
grenadine du Gharnati d’Oujda pp. 17 et 21 (ISBN 2742735046)
41. [5]

Bibliographie :

 Saâdane Benbabaali et Beihdja Rahal, La plume, la voix et le plectre. Poèmes et chants d'Andalousie, éd. Barzakh,
Alger, 2008 (ISBN 9789947851395)
 Hadri Bougherara, Voyage sentimental en musique arabo-andalouse, éd. EDIF 2000/Paris Méditerranée, Alger/Paris,
2002 (ISBN 2842721373)
 Rodolphe d'Erlanger, La musique arabe, six volumes, éd. Paul Geuthner, Paris, 1930-1959, rééd. 2001
 Mahmoud Guettat, La musique classique du Maghreb, éd. Sindbad, Paris, 1980 (ISBN 2727400535)
 Mahmoud Guettat, La musique arabo-andalouse. L'empreinte du Maghreb, éd. El Ouns/Fleurs sociales,
Paris/Montréal, 2000 (ISBN 291185408X)
 Ahmed et Mohamed Elhabib Hachlef, Anthologie de la musique arabe (1906-1960), éd. Publisud, Paris, 1993 (ISBN
2866004264)
 Nadir Marouf, Le chant arabo-andalou, coll. Cahiers du CEFRESS, éd. L'Harmattan, Paris, 2000 (ISBN 2738433251)
 Christian Poché, La musique arabo-andalouse, éd. Cité de la musique/Actes Sud, Paris/Arles 1995, rééd. 2001 (ISBN
2742735046)
 http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_arabo-andalouse

338
339
UNIVERSITE.- Sujette à l'inquiétude et aux remises en question, la formation dispensée n'est plus achetée
par l'environnement économique. La crise de l'université s'apparente à l'inactualité de la formation,
l'inefficience des procédés pédagogiques, voire la démonétisation du diplôme. Le diagnostic négatif a
alerté exclusivement les pouvoirs publics sur la lente dégradation des outils de formation, du décalage
des programmes par rapport aux innovations technologiques et leurs apparitions dans les nouveaux besoins
de la société. Sur ce dernier aspect se greffe la problématique du recyclage et la mise à jour des
connaissances de l'enseignant. Entité vivante, chaque université serait appelée à épouser les contours de
son environnement socio-économique et répondre à ses besoins. Elle serait appelée à élaborer sa propre
stratégie, organiser ses filières technologiques et moduler ses programmes pédagogiques en fonction des
projections du développement local et régional sans se soustraire aux spécificités de la région afin d'être
mieux en phase avec les besoins du marché local de l'emploi. Les secteurs économiques doivent
s’impliquer spécifiquement dans un partenariat multisectoriel. □
►Le naufrage de l’université : " L'université algérienne est en déclin continu, elle périclite, sombre dans la
médiocrité, l'intelligence y est étouffée. Elle est entrée depuis longtemps dans la trappe de la mauvaise
gouvernance, gouvernance menée à la petite semaine. L'Etat est défaillant, les universités sont livrées à
elles-mêmes, l'absence d'évaluation périodique (audit interne, de contrôle de la gestion, de l'assurance
qualité) et de redressement subséquent dénote un défaut de politique claire voire un renoncement
caractérisé. Sans projet de société les pouvoirs publics naviguent à vue. Avec la massification de
l'enseignement supérieur les universités sont entrées dans une crise durable de performance exacerbée par
une crise des valeurs sociales (éthique professionnelle bafouée). Sans institutions idoines l'investissement
dans la ressource humaine est resté de faible efficacité hypothéquant l'avenir du pays (…)
♦ L'investissement dans le capital humain et le développement économique
La ressource humaine et le savoir scientifique dont elle est dotée sont la vraie richesse des nations.
L'éducation en général et l'université en particulier qui est à son sommet sont la source de la prospérité
économique. Le savoir est un facteur essentiel à la croissance économique et à l'amélioration du niveau de
vie des populations. Les civilisations se construisent par le savoir. Si la connaissance a été de tout temps
au cœur des systèmes de production, fût-elle rudimentaire et organisée de façon informelle ; de nos jours
elle est méthodiquement ordonnée et a pris une telle dimension que les pays développés et émergents ont
pour attribut «sociétés du savoir». L'économie du savoir est «un stade particulier du développement du
système capitaliste, basé sur la connaissance, succédant à une phase d'accumulation du capital physique»
(UNESCO, 20051), couplée aux technologies de l'information et de la communication». La contribution du
savoir scientifique à la croissance économique est mesurée par les économistes par le biais de la
productivité des facteurs productifs (équipements et travail) qui reflète l'effet du progrès technique sur les
systèmes de production. (…) Aux Etats-Unis entre 1971 et 1980 sur une croissance annuelle moyenne du
produit intérieur brut de 3,2% on a calculé que 1,1% revient à la productivité globale des facteurs (PGF) qui
est un indicateur du progrès technique, soit une contribution de 34%. En Europe, sur la même période, sur
3,2% de croissance économique 2,4% incombent à la PGF (contribution de 75%). La Corée du Sud est un
exemple probant à citer, son revenu par habitant était environ le même que celui du Ghana à la fin des
années 1950, à la fin des années 1990 il était six fois plus élevé, ceci est pour une bonne part le résultat
des progrès de l'enseignement dans le premier pays2. Ce sont des ressources institutionnelles adéquates
qui ont conduit à la valorisation des ressources humaines, ce qui a engendré le miracle économique sud-
coréen qui, en l'espace d'une trentaine d'années, s'est hissé au rang de douzième puissance industrielle du
monde. L'investissement en capital humain, l'accumulation et l'application du progrès technique sont donc
de puissants moteurs du développement des pays anciennement industrialisés et des pays émergents.
L'éducation entretient un rapport vertueux avec le développement économique par sa qualité. C'est la
compétence technique et scientifique réelle qui est source de progrès et non une inflation de diplômes sans
réelle valeur.
♦ La dévalorisation de la ressource humaine en Algérie
La valorisation de la ressource humaine dépend de la qualité des institutions. Et les institutions sont les
règles formelles (règlementations, lois) et informelles (valeurs et normes sociales). Les dirigeants de notre
pays qui se sont succédé depuis l'indépendance ont investi dans des institutions inefficaces, stériles, les
institutions du déclin permanent, source de mauvaise gouvernance à tous les niveaux. De mauvaises
institutions générées par un Etat de non-droit donnent toujours de mauvais résultats. Le secteur de
l'éducation y compris son palier supérieur n'a pas échappé à la loi d'airain de l'imperfection des institutions.
La ressource humaine, véritable richesse des nations, est dévalorisée. Alors que le monde se transforme,
l'Algérie et ses universités s'engourdissent. (…) Des milliers d'enseignants et d'étudiants ont soutenu leurs
thèses de doctorat ou leur habilitation à diriger les recherches (qui les hissent au rang de maître de
conférences A ou B) ou encore ont accédé au grade de professeur sur la base d'articles publiés dans de
fausses revues scientifiques contre paiement (revues bidon électroniques qui pullulent sur internet - éditées
par des délinquants d'un genre nouveau).
(…).Dans un monde ouvert et en grande compétition économique où le système de l'enseignement supérieur
s'est diversifié (universités privées, universités publiques) l'évaluation de la qualité de l'enseignement s'est
imposée et a pris une place particulière. En Algérie la mise en place d'organes d'évaluation de
l'enseignement supérieur et de la recherche qui n'ont pas encore entamé leurs actions ne changera rien tant
ils sont inféodés au pouvoir politique en place. Il faut des agences d'évaluation indépendantes. Ce n'est pas
pour demain. Quant au projet d'auto-évaluation confié aux universités, on peut d'ores et déjà imaginer son
devenir dans un Etat autoritaire qui n'a d'autre souci que le maintien et la glorification des dirigeants
politiques du moment. L'évaluation des enseignants dont le ministère vient de nous soumettre un canevas
(décembre 2016) va-t-elle prendre en compte la fraude avérée qui a gangrené les universités durant près de
deux décennies ? Rien n'est moins sûr, l'université va rester un sanctuaire pour ces trafiquants. La rigueur
est étrangère au régime politique qui régente notre pays. (…) □ A. KHALDI, 2017.

340
(1) UNESCO: Vers la société du savoir, Paris, 2005.
(2) Banque mondiale: Construire les sociétés du savoir, Presses de l'université Laval, Montréal, 2003.
► Repenser le partenariat Université/Entreprise : «Peut-on concevoir le développement de l’économie
nationale sans l’apport de l’université en matière de formation, d’innovation, de brevets, d’études et de
prospectives ? Peut-on, en d’autres termes, imaginer des entreprises économiques qui se passeraient des
services de l’université, et des universités qui tourneraient le dos aux entreprises ? Cela est inimaginable
selon la logique capitaliste fondée sur la rationalité économique, les complémentarités entre les secteurs
économique et culturel, et sur l’usage efficient des ressources disponibles.(…) L’université algérienne est
coupée du monde économique, et vice versa. Les deux univers se tournent le dos, et se regardent même,
quelquefois, en chiens de faïence. Cette coupure qui se double d’une certaine indifférence mutuelle
s’explique, du côté de l’université, par le sentiment de condescendance qu’éprouvent, d’une part, beaucoup
d’ enseignants envers le monde de la production, et d’autre part, par leur incapacité paradoxale, mais
toujours inavouée, à apporter le savoir-faire indispensable dont l’entreprise a cruellement besoin (formation,
prospective, anticipation rationnelle, analyse des conjonctures et évaluation des opportunités et des risques
à leur juste mesure…). Du côté de l’entreprise, le regard que l’on se forme de l’université n’en est pas moins
négatif. Il est reproché à celle-ci aussi bien par les acteurs publics que privés d’avoir le double défaut, qui
est d’être à la fois hautaine et incompétente. Le savoir dont l’université peut faire valoir est par trop
académique, dit-on, dans les milieux économiques, pour être opératoire et producteur des effets escomptés
par l’industrie dont les besoins en matière d’innovation se font cruellement sentir. C’est pour toutes ces
raisons évoquées que le monde de l’économie manifeste une certaine défiance envers l’université quand
celle-ci se montre vis-à-vis à la fois arrogante et démunie de compétence. En se posant au « dessus de la
mêlée », l’université se coupe donc de son environnement économique et en même temps qu’elle se prive
de la possibilité de mettre à l’épreuve ses connaissances. Par comparaison avec ses voisins maghrébins,
l’Algérie se révèle à l’examen attentif des faits économiques et sociaux, à la traîne en matière
d’établissement de passerelles entre l’université, qui se trouve repliée sur elle-même, telle une feuille de
cactus, et l’entreprise qui paraît lui tourner superbement le dos. Ce refus mutuel de coopérer et d’échanger
les vécus, les expériences et les compétences respectives de la part des deux univers envisagés est à coup
sûr préjudiciable au développement du pays qui a pourtant besoin de relever les défis que lui lance à la face
la mondialisation tentaculaire, et qui somme chacune des nations en lice de montrer ce dont elle est capable
en fait d’innovation, de compétition et de compétitivité dans les domaines de la connaissance, du savoir-
faire et de la qualité « des produits » mis en concurrence avec les produits « exogènes », étrangers. (…) Il
est temps pour l’université, tout comme pour l’entreprise de mettre un terme à leur attitude frileuse, faite de
réserve et de repli sur soi. Dans le monde globalisé que nous vivons avec ses compétitions effrénées en vue
de l’obtention des avantages économiques , et avec ses courses contre la montre, l’université et l’entreprise
algérienne se doivent absolument de coopérer au risque de déchoir face aux concurrents étrangers, plus
habiles et mieux lotis en connaissances et en savoir-faire. C’est pourquoi, il n’est de salut pour l’université
comme pour l’entreprise que le partenariat qui permet des échanges mutuellement bénéfiques. Il n’est pas
concevable en effet que ces deux institutions mènent chacune sa vie en ordre dispersé, alors que la logique
suppose qu’elles doivent travailler en connexion, la main dans la main. (…) L’Université et l’entreprise
algériennes se méconnaissent et s’ignorent superbement au prétexte infondé qu’elles se suffisent elles-
mêmes, qu’elles n’ont nullement besoin l’une de l’autre. Cette attitude est négative et s’inscrit en faux
contre la logique de l’échange mutuellement bénéfique, et de la complémentarité que postulent les lois qui
régissent l’économie du marché. L’obstacle majeur qui fait que ces deux institutions se tournent le dos, se
méprisent presque, tient donc au fait que les gestionnaires de ces deux entités se considèrent comme des
fonctionnaires de l’Etat et dont le seul souci n’est pas toujours l’efficience ou la rentabilité de l’entreprise
qui les emploie, mais bel et bien leur « fin du mois ». (…) Cette mentalité qui « privatise » la fonction
occupée tout en faisant fi de l’intérêt collectif explique largement les obstacles sur lesquels achoppent la
coopérations et les échanges Université/Entreprise . Or, pour mettre fin à cet état de choses déplorables, il
n’est de meilleure manière que d’enseigner aux acteurs institutionnels et économiques, publics et privés, le
sens civique et civil, sans lequel il ne peut y avoir d’engagement désintéressé au service de la collectivité
nationale. Or tout le monde se dit « national » ou « patriote », mais peu sont ceux qui, en effet, agissent
selon cette direction.(…) la question de savoir comment et que faire pour arrimer l’université à l’entreprise,
et créer entre les deux entités des passerelles d’échange et de « dialogue » fécond ? Il faudrait, selon
nous, former des enseignants capables de devenir à leur tour des formateurs en état de dispenser des
connaissances théoriques utiles aux entreprises tout en puisant de ces dernières les savoirs pratiques qu’ils
pourront enseigner à leur tour à leurs étudiants. Il convient également de mener des enquêtes qualitatives
auprès des entreprises, d’identifier leurs besoins et de savoir répondre à leurs multiples attentes en matière
d’étude, d’évaluation et d’anticipation. En échange, l’entreprise pourrait constituer un laboratoire pratique
d’observation et d’apprentissage « visuel » aussi bien pour les chercheurs que pour les étudiants. C’est de
ce ca va-et-vient entre l’université et l’entreprise que dépend le succès de la mobilité, et de son complément
lire obligé, le transfert des savoirs et des savoir-faire. (…) Or cette navette entre les deux univers n’existe
pas. Il est donc important de faire remarquer que le défaut le plus saillant dont souffrent certains de nos
établissements réside justement dans cette coupure entre la théorie et la pratique. (…) universitaires,
experts, praticiens, industriels, politiques, s’accordent à dire unanimement que ce qui conditionne la
réussite économique d’un pays en favorisant l’innovation sous toutes ses formes, ce sont ces partenariats et
pactes de solidarité, d’échange et de complémentarité qui s’établissent entre le monde académique et
l’univers productif qu’incarne l’entreprise. (…) L’entreprise économique et son rôle formateur  : Il est
demandé aux acteurs économiques de « sensibiliser les entreprises à l’intérêt de s’impliquer dans les
formations, dans l’enseignement et les activités des filières d’ingénierie. Leur permettre d’avoir une vision
plus large et approfondie sur la discipline de base de leur domaine de compétence, et sur le profil des
formations dispensées à leurs futurs employés » ; de changer la vision des choses. Le système éducatif
341
forme des personnes dont le niveau de connaissance et de compétence est élevé (même s’il n’est pas
toujours lisible). Ces aptitudes demandent simplement à être recentrées ou focalisées, ce qui peut se faire
en introduisant des enseignements transversaux dans les formations. Pour une entreprise, il est sûrement
préférable d’investir dans des moyens humains et/ou financiers et s’impliquer ainsi en amont dans les
formations universitaires pour pouvoir recruter des ingénieurs et cadres plus rapidement opérationnels dans
le monde du travail plutôt que d’investir en une longue période de complément de formation en aval au sein
même de l’entreprise » ; de « profiter du « know ‐how » technologique des universités. Les champs
d’investigation étendus des universitaires leur permettent de suivre les développements des disciplines avec
une vision plus globale que celle des industriels souvent concentrés sur leurs propres objectifs. Les
enseignants chercheurs sont donc en général beaucoup plus au fait des avancées aussi bien théoriques que
technologiques ; être réceptif à l’évolution des savoirs dont les universitaires sont en général les premiers
acteurs. En effet, les avancées théoriques sont souvent dues à des problèmes posés par les limites des
modèles technologiques utilisés. Ces avancées permettent d’ouvrir de nouvelles pistes de développements
applicatifs dans le domaine plus technique des métiers. Etre réceptif à la valorisation possible des résultats
de recherche issus du monde universitaire. Ceux–ci sont souvent très en amont des applications qui en
découlent et qui ne sont d’ailleurs pas toujours celles auxquelles on s’attendrait.(…) Partout, dans le monde,
l’université et l’entreprise sont invitées à établir des passerelles durables entre elles en vue d’une
coopération mutuellement avantageuse. Leur partenariat postulé implique le transfert de connaissances et
des savoir-faire dans les deux sens, sans lesquels il ne peut y avoir de progrès technologique et
économique. A l’instar des autres universités de par le monde, l’université algérienne se devrait s’ouvrir plus
que jamais sur le monde de l’entreprise, et celle-ci sur celui-là. Sans cette collaboration mutuelle, il serait
bien vain d’espérer un quelconque progrès. (…) L’Université a un rôle économique et social à jouer. Elle ne
devrait pas se cantonner dans les études purement académiques, abstraites et coupées du monde réel. Elle
devrait au contraire mettre à l’épreuve des faits sociaux et économiques ses connaissances, son savoir-
faire, et c’est seulement à ce prix qu’elle pourra prétendre à l’ « excellence ». Elle ne devrait pas mener une
vie autonome, de repli frileux, mais d’ouverture sur son environnement, et le partenariat avec l’entreprise lui
permet justement de rompre avec ce cercle vicieux de la solitude dont laquelle elle semble végéter. Par le
biais du partenariat qui peut revêtir diverses formes de prestations et de services, telle la formation, la
recherche, les études de prospectives, les analyses de conjoncture, et le transfert de technologie, etc.,
l’université pourrait apporter des solutions globales aux « problèmes complexes et diversifiés des
entreprises et tirer profit, à travers les accords, les contrats et les conventions établis avec les entreprises,
sur plusieurs niveaux : perfectionnement des enseignants, professionnalisation de la formation, ressources
financières supplémentaires qui servent à acquérir les moyens nécessaires à l'enseignement, etc.
L’université connaît diverses transformations et doit faire face à une multitude de défis qui constituent la
principale cause de l’orientation du monde universitaire vers le marché au profit des entreprises. (…)
L’université, par l'étendue des connaissances et l’ensemble des activités de recherche qu’elle mobilise, est
en mesure de réaliser des transferts de technologie en direction de tous les secteurs de pointe et de
répondre à la demande des entreprises dans les domaines de la formation initiale et continue, de la
recherche fondamentale et appliquée et du transfert de la technologie. Les universités et les entreprises
peuvent échanger des connaissances ou encore des technologies. Ce partenariat permet d’accroître le stock
de connaissances de chacune des parties impliquées. Mais d’autres effets, plus indirects, vont également
pouvoir être observés. Salter et Martin (2000) identifient 6 effets qui peuvent être attribués au rôle de la
recherche universitaire sur les entreprises : ♦ Un
accroissement du stock de connaissance,
♦ Une création et une amélioration de l’instrumentation et des méthodes,
♦ La formation et le développement de nouvelles compétences,
♦ L’insertion dans des réseaux,
♦ La résolution de problèmes techniques,
♦ La naissance de nouvelles firmes issues de la recherche scientifique. (…) ◙ Ahmed ROUADJIA, le matin
d’Algerie,10.03.2018 (extraits)
Notes :
1) Modèles de réussite des collaborations université-entreprise au Québec dans un contexte d’innovation
ouverte présenté au conseil de la science et de la technologie, par Isabelle Deschamps, professeure en
gestion de l’innovation et Maria Macedo, candidate à la maîtrise, Montréal, le 21 Janvier 2011, Ecole de
Technologie Supérieure.
In:https://www.economie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/publications/conseil_science_techno/rapports/
2011_rapport_reussite_juin.pdf
2) Relations université/entreprise : mode d'emploi :https://files.eric.ed.gov/fulltext/EJ433161.pdf
Jean-Louis MONINO et Soraya SEDKAOUI « Relation entreprise-université: facteur clé pour développer
l’employabilité et promouvoir l’innovation dans le monde universitaire.
3) « Cas du laboratoire TRIS UM 1 » in Colloque sur l’Employabilité et l’Innovation dans les Universités du
Maghreb Organisé par : Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales de Kénitra Les 20, 21 et
22 Novembre 2014, sous le thème de : Relation Université / Monde Socioéconomique, p.5
4) André Grelon « Quelques notes Atelier Doctorat Constantine 3-Notes conclusives-11 décembre 2017 ».«
Poursuivant un cycle de formation méthodologique à la recherche initié depuis 2016 et soutenu par l’IRD
(Service renforcement des capacités) auprès de plusieurs établissements d’enseignement supérieur
algériens et à destination des doctorants, un nouvel atelier de réflexion a été organisé les 10 et 11
décembre 2017 à l’Université de Constantine 3 Salah Boubnider. » In http://www.tunisie.ird.fr/toute-l-
actualite/actualites-generales/soutien-a-la-formation-doctorale-en-algerie 5) accordé aux sciences humaines»

342
par l’Ecole algérienne en qualifiant implicitement de pure inanité l’enseignement de ces disciplines. Cf.
https://www.djazairess.com/fr/elwatan/427028

LA POLITIQUE DE LA FORMATION

FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE .- Depuis 2005, le gouvernement algérien a envisagé une réforme du
système de la formation professionnelle, le programme met l’accent sur la complémentarité de la formation professionnelle avec
les autres sous-systèmes éducatifs pour éviter de faire double emploi avec l’éducation nationale, Les axes de la réforme de la
formation professionnelle annoncés par le gouvernement portentrespectivement sur :
 Le renforcement des capacités et de l’ingénierie de formation ;
 La réhabilitation des formations aux métiers manuels ;
 L’intégration de la formation et son adaptation aux besoins de l’environnement, notamment l’accompagnement des entreprises
dans la mise à niveau des compétences de leurs ressources humaines (assister les entreprises à se doter de nouveaux
systèmes de gestion moderne).
◙ Le secteur public de la formation professionnelle :
L’Etat algérien a consacré 1% du budget national à la réforme professionnelle soit 28 milliards de DA en 2010, un montant
important pour la suite de la dynamique de renforcement humain et technique du secteur qui devrait être le deuxième terreau de
ressources et de compétences humaines aux entreprises nationale ou étrangères installées en Algérie.
◙ Le secteur privé de la formation professionnelle et les partenariats étrangers: Le secteur privé de formation
professionnelle contribue à l’effort et de l’accompagnement des entreprises dans leur quête de renforcement ou d’acquisition de
nouvelles compétences. Les conditions de création, d’ouverture et de contrôle des établissements privés de FP sont fixées par
le décret exécutif n°2001-419 du 20 décembre 2001. Les établissements de formation privés ont établi des partenariats avec
des écoles, des instituts et des universités étrangers notamment Nord-Américain et européens, ce qui leur a permis de renforcer
leurs palettes de produits offerts aux entreprises et améliorer leurs prestations et leurs contenus. Les partenariats entre les
universités, les établissements privés de FP, et les autres instituts de formation a permis le développement d’échange
d’expériences et de compétences notamment dans les domaines du consulting et de l’accompagnement. Dans le cadre plus
général de la coopération entre l’Algérie et la France, il faut noter la création récente de l’école supérieure des affaires (ESAA),
qui bénéficie de l’appui d’un corps professoral d’écoles et d’établissement et renommé international (HEC, ESCP-EAP,
Euromed-Marseille et L’ESA-Université de Lille). Ainsi que, la coopération entre le Ministère algérien de la Formation et de
l’enseignement professionnel et l’Union Européenne porte sur la signature d’un grand programme nommé MEDA II. La
commission européenne a accordée un don de 60 millions d’Euros pour la mise à niveau et le développement du secteur de la
formation professionnelle, ainsi, le plus important projet financé en Algérie par cet Organisme. Les objectifs globaux du projet
sont d’accroitre les capacités du système de la formation professionnelle et la compétitivité des entreprises, d’adapter ce
système à une économie de marché créatrice, d’emplois, répondant aux besoins des individus et des entreprises. Les défis et
les perspectives de la FPC en Algérie : Les résultats accueillis par la fondation européenne pour la formation, montrent que le
problème pour le système de formation continue en Algérie, n’est pas, principalement, la capacité technique de faire une
analyse de marché, le développement des programmes, la gestion et la formation des formateurs, mais de voir comment les
systèmes de formation (et en particulier la formation continue) changent pour répondre à des forces de marché en mutation. Le
principal défi pour l’Algérie est de procéder à la mise en œuvre stratégique, c'est-à-dire de s’assurer que les processus de
pilotage, de gestion et d’évaluation de la formation continue soient exécutés en concertation avec les différents acteurs.En effet,
le modèle algérien de prise de décision subsiste des obstacles à la réussite d’une décentralisation vers les responsabilités
régionales et une autonomie industrielle (centre de formation). A cet égard, la fondation européenne pour la formation a proposé
des perspectives pour assurer un développement et une amélioration du système de la FPC en Algérie. Ces perspectives sont
analysées comme suit :
 Il faut mettre en évidence (empiriquement et en théorie) une évaluation des forces vives;
 Trouver le bon équilibre entre les approches de haut en bas (politiques) et de bas en haut (marché).
 Le pays doit aussi apporter des réponses sur l’évolution parallèle du chômage et de la pauvreté (développement des
ressources humaine ;
 résoudre le problème de la requalification des effectifs des salariés touchés par les effets de la transition économique.
La formation des salariés dans les entreprises algériennes est, à l’image de la fonction des ressources humaines, un chantier en
construction et ses contours demeurent encore non cernés. Le système de formation est rendu intense à partir des dispositifs
mis en œuvre par l’Etat et d’autres partenaires qui :
- Donnent la possibilité aux entreprises d’exploiter les opportunités diverses qui se présentent à elles.
- D’accroître l’importance de la FP, et les permettent à se développer et s’améliorer pour assurela survie de l’entreprise face à
un environnement fortement concurrentiel et dans des marchés souvent instables et incertains.
◙ La nouvelle loi sur l’apprentissage est un mode de formation répondant aux normes internationales, largement utilisé dans
les pays développés", a indiqué Mohamed Mebarki, ministre de la formation professionnelle, soulignant que ce mode de
formation se déroule à 80% dans des entreprises économiques ou chez l’artisan ou dans les établissements de formation
professionnelle. Ce mode de formation s'ajoute aux deux autres modes, à savoir la formation résidentielle dans les
établissements et la formation à distance. La formation par apprentissage se déroule dans un poste de travail avec des
équipements réels, des méthodes et un encadrement de l’entreprise, et il semblerait que ce soit le mode le mieux adapté aux
besoins de l’entreprise, au développement économique et social du pays. Les stagiaires bénéficiant d'une formation par
apprentissage trouveraient plus facilement du travail et seraient même retenus par les entreprises ayant participé à leur
formation (près de 80% des sortants en apprentissage sont retenus dans les entreprises économiques où ils ont effectué leurs
stages pratiques). La Constitution a fait de l’apprentissage une "priorité" du gouvernement, lequel doit assurer sa promotion pour
faciliter l’employabilité des jeunes et lutter contre le chômage, sachant que l’entreprise économique est aussi tenue par la loi en
vigueur de rependre un nombre d’apprentis, en fonction de sa taille et de ses capacités. Les entreprises qui ne prennent pas
d’apprentis sont soumises à une taxe d’apprentissage de l’ordre de 1% de leur masse salariale globale à verser au FNAC,
Fonds utilisé par le ministère de la Formation pour assurer la formation continue aux travailleurs.
L’objectif principal actuel est de refondre et d'adapter le système de formation professionnelle aux besoins de l'économie
nationale et de faciliter l'insertion des jeunes demandeurs d'emploi dans le monde du travail.
343
Le secteur dispose de 1 250 établissements au niveau national, sachant pour cette année 2018 plus de 220 000 stagiaires sont
inscrits en apprentissage et qu’au plan de la formation des formateurs, le département dispose d'une autorisation pour recruter
jusqu’à 2 000 formateurs cette année afin de les répartir à travers notamment les 20 nouveaux établissements appelés à ouvrir
leurs portes dès février 2018. S’agissant de renforcer et d'élargir la coopération entre le secteur de la formation professionnelle
et les entreprises économiques en tant que "partenaire clé", la démarche préconisée actuellement vise à former une main
d'oeuvre qualifiée répondant aux besoins de l'économie nationale et ce, à travers la conclusion de conventions et la création
d'un centre d'excellence en coordination avec les entreprises pionnières dans certaines spécialités. Dans ce sens, le secteur
compte ouvrir des spécialités adaptées aux spécificités de chaque région de manière à répondre aux besoins du développement
local, sachant qu’il est assuré chaque année la formation de 700.000 stagiaires dans les différents modes et spécialités. Cette
nouvelle stratégie vise à orienter le système de la formation professionnelle vers des filières et des spécialités économiques
dans des secteurs retenus par le gouvernement comme alternatifs aux hydrocarbures dont l’agriculture, le tourisme et l’industrie.

L’EVALUATION DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE


L’évaluation est indispensable pour assurer la rentabilité, s’aligner aux standards internationau, et garantir la perfomance
globale des entreprises en Algérie.
La FPC est devenue une nécessité du développement continu des compétences et des connaissances. Elle permet :
 Aux individus : d’actualiser leurs savoirs et d’intégrer de nouvelles connaissances dans leurs comportements professionnels.
 A l’organisation : de garantir une performance et une efficacité collective.
La préoccupation majeure des responsables de ressources humaines s’étend à l’efficacité des actions de formation. Son
évaluation donc s’avère un fondement obligatoire et nécessaire du processus. La formation continue ainsi constitue un
investissement au service de la stratégie de l'entreprise ; elle s'affirme comme un précieux instrument accompagnateur et
facilitateur de la réussite des projets et challenges de l'entreprise, car elle prévoit des circuits progressifs de montée en
connaissance pour adopter globalement les qualifications nécessaires aux besoins de l'organisation.
► La FPC en Algérie s’inscrit actuellement dans une perspective d’amélioration et de développement des compétences. En
effet les entreprises tentent à investir en termes de formation pour être compétitives et faire face aux changements et aux
nouvelles donnes de l’environnement. A cet égard, et pour mesurer le retour sur l’investissement formation, il est nécessaire,
pour ces entreprises, d’avoir en premier lieu, l’esprit d’évaluer et en deuxième lieu, mettre en œuvre tous les moyens
nécessaires pour élaborer une démarche efficace et pertinente d’évaluation.
. Et afin de réussir la démarche d’évaluation, il s’est mis à la disposition des méthodes qui sont utilisées au préalable, pendant
et après la formation. Ainsi que des outils de mesure spécifique à chaque niveau d’évaluation. Dans ce contexte, il est
intéressant de citer le schéma récapitulatif de J.Soyer, qui caractérise les outils utilisés et les méthodes pour tous les niveaux
d’évaluation d’une action de formation. Et tout est définit comme suit :

Schéma récapitulatif d’évaluation d’une action de formation (outils et méthodes).Soyer, « Fonction formation », 2ème
édition, édition d’Organisation. France, 2002. P.25.

L’évaluation formative : C’est une évaluation continue, elle est liée beaucoup plus étroitement au processus de formation.Son
objectif est de :
♦ Guider l’apprenant (le stagiaire) dans son travail et de vérifier si le stagiaire progresse vers les objectifs pédagogiques définis
ou non.A cette fin, on recueillie des informations relatives aux difficultés de formation. Ces informations sont interprétées afin de
dégager les causes probables des difficultés rencontrées.
♦ Faciliter la progression des apprentissages. On peut alors prescrire divers types d’activités correctives ou d’enrichissement
selon l’information recueillie.
- Dans le cas d’une évaluation formative, l’objectif est d’obtenir une double rétroaction :
1/ Sur l’apprenant : pour lui indiquer les étapes qu’il a franchies et les difficultés qu’il rencontre.
2/ Sur le formateur : pour lui indiquer comment se déroule son action et quels sont les obstacles auxquels il se heurte.
☻ L’évaluation de la satisfaction : L’évaluation de la satisfaction, aussi appelée « évaluation à chaud » c'est-à-dire à la fin du
stage, elle consiste à interroger les stagiaires avant qu’ils ne se dispersent, sur leur niveau de satisfactionsur la prestation
344
fournie.Barzucchetti & Claude(1995)ont précisé que l’expression « évaluation à chaud » insiste sur le fait de laisser s’exprimer
les stagiaires en toute fin de formation et ce de manière plus au moins guidée.
♦ L’intérêt d’évaluation de la satisfaction :
Selon Donald Kirkpatrick (1960), La satisfaction peut être considérée comme un critère important de l’évaluation à deux
égards :- L’opinion que les stagiaires vont communiquer une fois la formation terminée va en partie influencer l’opinion des
décideurs quant à l’intérêt de maintenir ou pas le programme.
- Si les stagiaires ne réagissent pas positivement à la formation, ils ne seront pas motivés pour apprendre. Selon Alain Meignant
(2014), l’intérêt de l’évaluation de la satisfaction c’est quelle : -
Permet d’évaluer le degré de satisfaction des clients et de repérer les domaines dans lesquels des améliorations doivent être
apportés.
- Donne aux intervenants du centre de formation des indications sur les axes de progrès. Un centre de formation organisant une
formation pour le compte d’une entreprise va rendre compte à celle-ci de son activité en lui communiquant les résultats obtenus.
- Donc l’évaluation de la satisfaction permet de manière très facile et peu coûteuse d’avoir un feedback des apprenants sur le
processus de formation qui leur est proposés. et ce feed-back profite : D’une part aux concepteurs et prestataires de formation
qui peuvent ainsi avoir des indications sur comment améliorer la formation.
 D’autre part aux décideurs qui peuvent savoir si la formation correspondait à leurs attentes. Il est précis précédemment,
qu’afin de réaliser un processus d’évaluation, il est nécessaire de déterminer un dispositif qui consiste à définir les questions
suivantes : quoi, qui, où, quand, comment, pourquoi. A cet égard, il est nécessaire, de déterminer le disposif. Ce dispositif a été
clairement défini par T.Ardouin (2005) traduit comme suit :
☻ Le dispositif d’évaluation de la satisfaction :
QUOI - Cherche à mesurer le niveau immédiat de satisfaction des participants ; cetteévaluation s’appuie sur l’opinion et les
réactions des personnes et la façon dontils peuvent communiquer à la fin de la formation.- Elle informe sur les conditions de la
prestation.
QUI - Généralement conçue et fournie par le formateur lui-même ou l’organisme deformation. Elle est remplie par les formés et
peut être exploitée par le formateurs,l’organisme prestataire ou le responsable de formation de l’entreprise.
OÙ - Généralement sur le lien de formation, si la passation est réalisée chez soi, le taux de retour est souvent faible.
QUAND -En fin de formation.
COMMENT -Soit à l’oral (mise en commun et tour de table), soit à l’écrit (un questionnaire ou grille d’évaluation) ou plus
intéressant un mixe des deux (écrit et oral). Cette évaluation peut avoir lieu individuellement ou collectivement, en présence ou
non du formateur.
POURQUOI - L’évaluation est facilement réalisable techniquement et économiquement.
- On a un retour direct du groupe, du climat sur les contenus et les méthodes pratiquées.
- Elle permet un taux de réponse quasi-total. - Elle permet de clore la formation et d’envisager des possibles (progrès) ou des
suites.
► Il existe trois raisons d’évaluation des apprentissages :
1. Evaluer l’efficacité de la formation : La formation a été élaborée pour répondre à des besoins spécifiques traduits en objectifs
d’apprentissages, il est donc normal que l’on souhaite savoir dans quelle mesure ces objectifs ont été atteints.
2. Savoir si le processus de formation s’avère adéquat pour l’atteinte des objectifs de formation : L’évaluation du degré d’atteinte
de chacun des objectifs de formation contribue avec l’évaluation de la satisfaction, à évaluer si la formation a été conçue,
instrumentée et livrée de manière adéquate, en effet, les participants ne sauraient être considérés comme les seuls
responsables de leur niveau d’atteinte des objectifs d’apprentissage.
3. Être en mesure de fournir aux apprenants une rétroaction sur leur niveaux d’apprentissages : Cette rétroaction revêt un
caractère d’évaluation formative qui fait partie intégrante du processus de formation.
♣ Le dispositif d’évaluation des apprentissages :
QUOI Cherche à vérifier ou à mesurer les acquis des participants en termes de connaissances, de méthodologies et/ou de
savoir-faire, autrement dit, les objectifs pédagogiques ont-ils été atteints ?
QUI Différents catégories d’acteurs en fonction du type d’évaluation : formative, sommative mais le plus souvent évaluation
des formés par les formateurs.
OÙ En fonction du type d’évaluation : la salle de formation, ateliers ou dans une structure externe de certification ou de
validation.
QUAND En cours et/ou en fin de formation.
COMMENT De manière très différentes en fonction du type d’évaluation : diplôme, concours, rapports de stage, jury, devoirs,
tests, attestation, certificat.
POURQUOI Pour attester de l’obtention de connaissances et/ou de compétences, vérifier les acquis par rapport à un cahier
des charges préétabli, valider une évolution professionnelle.
► Au niveau des entreprises algériennes, la démarche d’évaluation doit s’inscrire dans le processus de la formation et elle
est considérée comme un outil utilisé pour légitimer les actions de formation, de prendre en compte les écarts et de mettre en
place des actions correctrices. Ainsi qu’il est intéressant de savoir qu’un dispositif d’évaluation efficace commence dès la
commande de formation. C'est-à-dire dès le début, les responsable doivent fixer les objectifs à atteindre (à partir d’analyse des
besoins pour cibler les compétences à développer), mettre en place des systèmes d’évaluation à l’aide d’outils efficaces et des
techniques pertinentes. Ainsi qu’il est nécessaire de renforcer le système de communication et l’implication des acteurs
nécessaire pour aller vers l’atteinte des objectifs fixés en amont.
Les mutations qu’ont connues l’économie mondiale et les bouleversements qu’elle a engendrés sur les économies nationales
ont montré toute l’importance de l’investissement dans l’homme comme une source durable de création de valeur. Les
entreprises Algériennes, ont connu des restructurations profondes à partir de la fin des années 80 accompagnée d’un
renouvellement de la pensée autour de la formation des compétences. L’intérêt accordé à la formation comme levier de création
de compétences nécessaire à tout déploiement stratégique. De ce fait chacune des améliorations opérationnelles sont
constatées et la formation se conçoit comme un axe stratégique de l’action des entreprises. La question d’évaluation de cette
formation s’avère ainsi très intéressante, et les entreprises actuellement tentent à savoir les effets de la formation pour les
stagiaires ainsi que pour l’organisation et de mesurer le retour de cet investissement afin d’améliorer la performance globale. ◙

345
FORMATION AGRICOLE.- La politique de formation de recherche et de développement L’Algérie dispose d’une
infrastructure assez développée pour assurer la formation agricole et répondre aux besoins de l’agriculture. Les différents
centres et instituts existants dans le secteur agricole en Algérie sont constitués :
 de Centres de Formation et de Vulgarisation Agricoles (C.F.V.A.) qui forment des agents techniques agricoles en 2 années et
des agents qualifiés par des formations de courte durée.(niveau moyen)
 d’Instituts de Formation de Technologie Moyens Agricoles (I.T.M.A.) qui forment pendant 3 années des agents de maîtrise
ayant des profils plus ou moins spécifiques.(niveau secondaire)
 d’Instituts de Formation de Techniciens Supérieurs (I.F.T.S.A.), sous tutelle de Ministère de l'agriculture,(promotion interne-
recyclage)
 d’instituts Nationaux de Formation Supérieure Agricole qui sont des établissements de formation supérieure cycle long sous
tutelle du Ministère de l'Agriculture et du Ministère de l'Enseignement Supérieur représentant :
- 10 instituts de formation d'ingénieurs agronomes. (El-Harrach, Blida, Tizi-Ouzou, Mascara, Tiaret, Chlef, Tlemcen, Sétif,
Ouargla, Mostaganem)
- 05 instituts de formation de docteurs vétérinaires. (El-Harrach, Blida, Tiaret, Batna, Constantine)
- 03 instituts de formation d'ingénieurs forestiers. (Batna, Tlemcen, Tizi-Ouzou);
- 01 institut de formation d'ingénieurs en technologie alimentaire. (Constantine)
- 01 institut de formation d'ingénieurs en hydraulique. (Blida).
La formation agricole, avant l'indépendance était assurée par des établissements d'enseignement de différents niveaux :
 Au niveau du supérieur : l'Institut Agronomique d'El-Harrach. crée en 1905
 Au niveau du secondaire : les écoles régionales d'agriculture de Sidi-Bel-Abbès et de Skikda.
 Au niveau du moyen : les écoles pratiques d'agriculture de Guelma, Constantine, Tizi-Ouzou, Ain Temouchent, Hamma Alger.
L’accès à ces écoles était réservé en priorité aux enfants des colons même si selon une certaine littérature de l’époque ce sont
les enfants des « musulmans indigènes » qui refusaient la formation agronomique et lui préfèrent celles de droit de médecine ou
de pharmacie. Ceci explique en partie le manque de culture agronomique des paysans algériens en particulier et de la
population en général et le fatalisme qui règne encore dans les campagnes. Car il faudrait des générations pour fonder une
classe paysanne capable de maitriser son environnement. La formation s’est démocratisée et massifiée progressivement après
l’indépendance avec tous les avantages et les limites d’une formation de masse. La politique de formation pour l’agriculture a
privilégié la quantité aux dépens de la qualité, la formation des ingénieurs aux dépens de la formation des producteurs directs et
des techniciens moyens et celle des agriculteurs du secteur d’Etat aux dépens des agriculteurs du secteur privé. Les structures
de formation disposent de près de 12.000 places pédagogiques. Certains niveaux étaient pléthoriques qu’il a fallu procéder à «
un sérieux dégraissage avec la fermeture de 24 CFVA entre 1984 et 1991. La formation diplomante a plus cours en Algérie que
la formation professionnelle qui débouche sur l’action. D’où l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Tout le personnel formé
se retrouve dans des bureaux souvent totalement coupé de la réalité. Les données technico-économiques et sociales peuvent
influencer les résultats des chercheurs si les marges d’erreurs sont importantes.
► La recherche appliquée ou recherche-développement s’occupe d’abord de la concrétisation des résultats obtenus par la
recherche fondamentale à échelle réduite .Elle a un but lucratif et recherche des profits. En l’absence de mécènes pour financer
ce type de recherche c’est l’Etat qui prend en charge ces dépenses, cela a été même recommandé par un ministre de
l’agriculture (Mesli, 1991): « IL ne faut pas que les expériences soient pratiquées par le fellah c’est du gaspillage de finance et
de temps. C’est aux services de l’Etat de s’engager d’abord ». En effet certain agriculteurs entreprennent des expériences mais
leurs résultats ne sont ni diffusés ni archivés et restent toujours du domaine privé et ne sont pas vulgarisés pour servir à d’autres
agriculteurs. La vulgarisation agricole a été quasi inexistante du fait de la faiblesse des résultats de la recherche et de la
modicité des crédits qui lui ont été consacrés. L’absence d’un corps de vulgarisateurs chevronnés, motivés et socialement
acceptés par les agriculteurs, l’absence d’associations professionnelles capables d’orienter les programmes de vulgarisation en
fonction des besoins réels de leurs adhérents, l’absence de priorité accordée à la vulgarisation de la part de l’administration
agricole, tout ceci a fait que le progrès technique et agronomique s’est très faiblement diffusé dans le secteur agricole privé et
mal diffusé dans le secteur agricole public. Récemment, les chercheurs et les vulgarisateurs ont été dotés chacun de statuts
propres. L’amélioration de la situation matérielle de ces personnels ainsi obtenue et l’octroi d’un prêt important de la Banque
Mondiale pour le développement des activités de recherche et de vulgarisation constituent sans doute les bases d’une plus
grande efficacité de ces dernières à la vulgarisation agricole.

GENS DE LA MER.- Cette catégorie regroupe prés de 27.300 personnes. L'application immédiate de la
convention internationale relative aux normes de navigation maritime exige une nécessaire adaptation de la
formation des gens de la mer. Si le renouvellement de la flotte maritime s'impose actuellement en tant que
nécessité impérieuse (la flotte maritime compte 75 bateaux datant des années 70), la question de la
formation se pose avec acuité, d'autant plus que l'institut supérieur maritime de Bou-Ismail n'a plus les
moyens de répondre aux besoins des normes internationales : recyclage de l'encadrement et renouvellement
de l'équipement pédagogique. Si de nouvelles dispositions ne sont pas engagées d'ici à l'an 2002, les
diplômes ne seront plus reconnus, la qualification ne sera plus appréciée, les navires de la marine
marchande qui assurent l'essentiel des importations, des produits alimentaires notamment, se verraient
bloqués par cet handicap technique.

METIERS NOUVEAUX.- Les chiffres officiels avancent aujourd'hui le nombre de plus de 7 millions de
jeunes algériens fréquentant les classes des écoles primaires, collèges, lycées et technicums. Le système
éducatif n'avait pas jugé nécessaire de communiquer à la société les taux de déperdition scolaire et d'en
expliquer les raisons. Toutes les institutions de l'Etat admettent que les germes de la crise nationale sont
nés avec l'aggravation du phénomène des déperditions scolaires. Et ces déperditions s'annoncent déjà en
7ème AF avec 7,18% dont 9,18% pour les garçons et 5,09% pour les filles. Ce mal ravageur ira empirant
puisqu'il touchera 9,93 en 8ème AF (dont 12,75% pour les garçons et 6,33% pour les filles) et 24,49% en
9ème AF (avec 28% pour les garçons et 20,26% pour les filles). Quant aux taux de déperdition qui affectent
gravement le cycle secondaire, ils sont de 11,23% en tronc commun (dont 15,05% pour les garçons et 7,31%
pour les filles). 11,15% en 2ème année secondaire (dont 15,38% pour les garçons et 6,97% pour les filles)
346
et 35,47% en 3ème année secondaire (dont 38,63% pour les garçons et 32,50% pour les filles). L'on pourrait
situer le nombre d'élèves victimes de déperdition entre 500.000 et 550.000, soit l'équivalent de la population
de la ville d'Annaba. Il faut ajouter d'autres chiffres méconnus pouvant nous instruire sur les échecs
universitaires, les travailleurs à recycler, ceux qui doivent réapprendre un métier, etc. Sur ce plan
spécifique, les institutions de l'Etat sont lentes à répondre à la rapidité des mutations en milieux juvéniles.
Se voulant novateur, porteur d'un message optimiste, le secrétaire d'Etat à la formation professionnelle
insiste sur la qualité d'une nouvelle démarche concernant les programmes, les cursus, les diplômes, les
structures, les moyens didactiques, les relations de la formation professionnelle avec son environnement
socio-économique et culturel. Cette façon de faire valoir la nouvelle politique du secteur prendrait donc en
toute logique en considération la nécessité d'une meilleure gestion de l'utilisation des potentialités
humaines, des moyens matériels et des ressources financières pour lesquelles il s'agit de faire preuve
d'initiatives et d'intelligence quant à leur source de provenance. Mais ceci ne saurait pouvoir se réaliser
sans rationalisme et sans la nécessaire ouverture du secteur sur son environnement, tant au niveau local
qu'au niveau national. Pour concrétiser sur le terrain de la formation professionnelle, l'Etat attend du
formateur qu'il soit la locomotive d'un processus de développement du savoir-faire technico-professionnel.
Le problème de la performance n'est pas résolu et sa situation est fort critiquable sur les plans qualitatif et
quantitatif pour une maîtrise des métiers par des milliers de jeunes. La carte de la formation professionnelle
concerne 688 établissements à savoir : 439 centres de formation professionnelle et d'apprentissage, 41
instituts nationaux spécialisés dans la formation professionnelle, 7 instituts de formation professionnelle, et
200 annexes. Quatre établissements d'appoint dispensent un enseignement à distance comme le CNEPD
avec 11862 stagiaires, le CERPEG assurant la recherche dans les professions et les qualifications,
l'INDEFOC pour le développement de la formation continue et l'ENEFP pour l'équipement des structures du
secteur. Concernant le suivi pédagogique, 10520 formateurs et encadreurs se répartissent 157300 postes,
dont 23.727 internes. En perspective des changements à introduire, 47 programmes nouveaux ont été
adaptés aux réalités du pays, 124 programmes de spécialités diverses ont été actualisés, 45 programmes
ont été traduits en arabe, 9 sections pilotes seront enseignées en tamazight (élaboration de lexique en
tamazight réalisée). Le secteur prévoit de former les stagiaires aux techniques de recherche d'emploi, en
particulier pour le métier d'entrepreneur, la formation de 1000 handicapés. Cependant, pouvons-nous dire
que ces chiffres répondent aux besoins? A l'ère de la mondialisation, d'une façon générale, et des urgences
imposées par la zone économique de bassin méditerranéen à laquelle appartient l'Algérie, il est
d'importance de mettre l'économie du pays au même niveau que celui des partenaires des deux rives. Dans
ce cadre, tout en créant une harmonie entre la formation et le secteur économique, l'Algérie devrait déjà
penser à la formation d'hommes capables d'intervenir efficacement dans le cadre de la nouvelle division
internationale du travail, afin qu'elle ne soit pas confinée dans un rôle marginal.

VULGARISATION AGRICOLE.- Pour être pleinement efficace, elle exige des actions conduites par un
personnel qualifié capable de transformer les situations statiques vécues chez les agriculteurs en situation
dynamique leur permettant d'accroître leur production. Les techniques agricoles modernes pour qu'elles
soient rationnellement maîtrisées nécessitent la connaissance approfondie de méthodes et leur
enseignement. En général, la vulgarisation est un processus de communication. Il s'agit d'une
communication d'idées, de techniques ou d'échanges d'informations entre individus : elle est un système de
formation non formel pour l'introduction de nouvelles pratiques agricoles, elle concerne particulièrement
la population rurale et lui apporte les conseils nécessaires susceptibles de l'aider à résoudre ses
préoccupations. Elle participe également au développement de l'esprit d'entraide et de solidarité à
l'organisation de la profession agricole et à l'amélioration des savoir et savoir-faire. Longtemps
marginalisée en Algérie, la vulgarisation agricole doit être utilisée comme stratégie pour l'évolution des
masses paysannes, et l'amélioration de leur revenu. Elle permet grâce à une application rigoureuse des
itinéraires des cultures d'optimiser leur production. Par son apport de connaissances et d'idées nouvelles,
elle contribuera au changement des mentalités en matière de pratique agricole et améliorera l'existence des
agriculteurs par l'accroissement de leur production. Toutefois, il est nécessaire de savoir que pour
enseigner une technique agricole, on doit tenir compte des aspirations des agriculteurs car les paysans ne
sont disposés à apprendre que si on leur confère une motivation valable, ou si l'acquisition des
connaissances satisfait leurs besoins essentiels. Cependant, dans tout système de vulgarisation agricole,
il est fort indispensable de définir clairement les tâches, les attributions, et compétences du personnel
employé. Lorsque des vulgarisateurs occupent des services, ils doivent comprendre ce qu'est leur mission
principale, ce qu'on attend d'eux, et surtout ce que la communauté rurale espère d'eux.

LE SYSTEME SCOLAIRE

ECHEC SCOLAIRE.- La déperdition scolaire prend une grande ampleur en Algérie. Les chiffres avancés, hier lundi, par le
dernier rapport (2013-2015) du Conseil national économique et social (CNES) donnent froid dans le dos. En effet, près de 1,5
million d’enfants sont soumis au redoublement, dont près de 500.000 finissent par quitter prématurément l’école.Selon le
rapport, ces chiffres prouvent la faiblesse du système éducatif algérien qui pousse des enfants de se retrouver livré à eux-
mêmes, sans les armer des connaissances nécessaires. Le rapport recommande de «lutter contre les comportements à risque
et déviants, la prise en compte des nouvelles exigences aussi bien nationales qu’internationales, le renforcement de la qualité
des emplois offerts aux jeunes, la prise en compte de l’équité dans les politiques publiques, le développement de
entrepreneuriat et la diffusion de la culture de prise de risque auprès des jeunes”. Selon le CNES, le système éducatif devrait
donc être remis en cause car sa première priorité devrait être «d’assurer à tous les enfants la possibilité de suivre leur cursus
scolaire normalement et d’éviter qu’il y ait autant d’élèves exclus de l’école». Pour mettre fin au phénomène de la déperdition
scolaire, le CNES préconise moult solution, entre autres mettre l’accent sur les «cursus de formation, sur les nouveaux métiers à
promouvoir, notamment ceux en rapport avec les grands chantiers de développement ainsi que l’orientation efficace

347
des dispositifs d’aide de l’État  vers les catégories qui peinent le plus à développer le plus d’innovation». Autre
recommandation importante: l’instauration d’une indispensable complémentarité du système éducatif entre ses trois
composantes afin d’assurer “une utilisation optimale” de la ressource humaine existante. Dans ce sens, les rédacteurs du
rapport soulignent l’aspect complémentaire du secteur de l’éducation, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur
qui doivent, à l’avenir, se compléter efficacement, afin d’exploiter au maximum la ressource humaine et de préparer les futurs
étudiants à intégrer la vie professionnelle.

ECOLE PRIMAIRE.- Qualité de l’éducation primaire : L’Algérie parmi les 25 pays les plus mal notés dans le monde. Un
rapport international récent, établi annuellement lors du Forum économique mondial de Davos (Suisse), évalue sévèrement le
niveau de l’éducation primaire en Algérie. Il est classé, pour l’année en cours, parmi les 25 plus mauvais systèmes  dans le
monde !  Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce mauvais classement  : Un élément positif d’abord: le taux de
scolarisation, plutôt élevé en Algérie, peut expliquer les déficiences d’un système qui offre à tous les enfants, quels que soient
leurs milieux sociaux, un accès gratuit à l’éducation. Les chiffres montrent donc que, si l’Algérie se classe à la 115ème place (sur
140 pays évalués) dans la catégorie « qualité de l’éducation primaire », elle se classe, en revanche, à la 36ème place pour ce qui
est du taux de scolarisation des jeunes (établi à 97.3%), une position tout à fait honorable.
Le rapport amène à relativiser cette mise en perspective. Comme le souligne effectivement une étude citée par le document,
entreprise par les chercheurs Hanushek et Kimko en 2000, c’est principalement la qualité d’un système éducatif qui peut avoir
un impact conséquent sur la croissance économique. Car il faut relever que ce rapport se préoccupe avant tout de l’impact
économique de tous ces facteurs. Au-delà de la dimension morale politique, et l’ambition d’un peuple éclairé, capable de se
gouverner, de choisir ses représentants, de se soulever, de s’indigner, de s’émanciper, c’est simplement la relation entre
croissance économique et niveau éducatif  que souligne le rapport du forum de Davos. Evidemment, une main-d’œuvre
mieux qualifiée sera plus efficace au travail, et l’économie sera plus compétitive. Mais surtout, de jeunes gens qui savent
parfaitement lire, écrire, compter, comprendre, synthétiser, seront plus à même de faciliter le transfert de savoirs « sur de
nouvelles informations, produits et technologies créées par d’autres ». L’éducation primaire, qui est la base fondamentale de la
poursuite des études secondaires et tertiaires, doit pouvoir être un facteur de créativité, capable « d’augmenter la capacité du
pays à créer du nouveau savoir, de nouveaux produits et de nouvelles technologies ». On retrouve des chiffres et des tendances
similaires pour ce qui est des niveaux secondaires et tertiaires. Les taux de scolarisation restent relativement élevés, même si le
niveau du tertiaire est un peu plus en retrait (à la 76ème place du classement, alors que le taux pour le secondaire se situe à la
46ème place), mais la qualité de ces niveaux pêche autant que celle de l’éducation primaire. Le rapport classe la qualité générale
du système éducatif à la 91ème place, avec un score de 3.3 (sur 7), et la qualité de l’enseignement des sciences et des
mathématiques à la 105ème place, avec le même score.
Comment expliquer ces scores médiocres ? Le rapporteur spécial de l’ONU, en début d’année, avait mis en exergue
l’importance de la formation des enseignants et de leur accompagnement continue. Plus récemment, la visite de la ministre de
l’Education nationale française, Najat Vallaud-Belkacem, et les relations bilatérales en matière d’éducation qui vont
progressivement prendre place entre les deux pays, montrent la prise de conscience de l’Etat quand à la nécessité d’améliorer
le niveau de ce système éducatif. La qualité de ce système passe par la formation des enseignants, mais aussi par celle des
inspecteurs de l’éducation, qui sont, eux aussi, chargés d’une mission d’importance nationale, et en cela la coopération avec
d’autres pays n’en sera que bénéfique. Enfin, les nombreux experts à l’origine de ce rapport soulignent la nécessité d’un
enseignement innovant et créatif,  adapté aux besoins du 21ème siècle. Les débats actuels sur l’éducation montrent que les
jeunes élèves ne doivent pas seulement apprendre un savoir et un contenu, mais ils doivent acquérir les outils qui leur
permettront de penser de manière critique et créative. Dans cette perspective, la recherche actuelle révèle combien il est
important d’associer aux disciplines classiques des enseignements artistiques et corporels, que ce soit grâce à la musique, aux
relations interpersonnelles, au contrôle du corps grâce à la danse ou au théâtre, etc. Encore une fois, il faut garder en tête que
ce rapport cherche à mesurer la compétitivité  des nations évoquées, et que l’analyse du niveau éducatif est étudiée en relation
avec cet objectif de compétitivité économique. Il faut, néanmoins, réaliser que l’éducation nationale doit rester un objectif moral
et politique, celui de former des citoyens libres et égaux, et l’on ne saurait donc réduire un système à sa seule dimension
économique. L’Algérie a besoin de former des citoyens, et pas seulement des producteurs ou des consommateurs serviles.

ECOLE DE LA PAUVRETE.- Les conséquences de l'extrême indigence et les charges que subit l'enfant, se font sentir à tous
les niveaux et plus spécialement au niveau de la scolarisation. Bien que l'école soit gratuite, ces enfants la quittent très tôt.
L'échec scolaire est une constante des enfants des bidonvilles. Cet échec commence par un retard à l'enseignement primaire et
se concrétise par l'abandon de l'école, au moyen ou au plus tard dans le secondaire. Les effectifs au niveau des écoles sont en
continuelle augmentation. Une moyenne de 45 élèves par classe, la cohabitation au sein d'une même classe scolaire de deux
catégories sociales différentes, l'enseignant se désintéressant de plus en plus des conditions sociales de leurs élèves ne
recherche plus les raisons de leur retard scolaire. La situation des parents avec un nombre important d'enfants, leur ignorance et
leurs déficiences, provoque une rupture avec l'école qui devient d'un réel complexe. L'environnement amène une participation
familiale de ces enfants à l'économie familiale. Avant et après l'école, leurs tâches deviennent journalières telles que la corvée
d'eau, travaux ménagers ou dans les champs. L'école devient dans ce cas précis un lieu de repos qu'un instrument
d'instruction. Des cours de rattrapage scolaire permettent à ces enfants scolarisés :
▪ de transmettre des connaissances de façon synthétique et cohérente à ceux présentant des problèmes d'apprentissage ;
▪ d'apprendre aux analphabètes à lire et à écrire ;
▪ d'acquérir une stabilité dans le comportement et de réduire le taux d'agressivité pour un peu d'émancipation ;

PRESCOLAIRE. - Plus de 3 millions et demi d'enfants âgés entre 4 et 6 ans sont concernés par
l'enseignement préscolaire. Actuellement, seulement 4% en bénéficient. Depuis son institution en 1981, les
efforts consentis par les responsables de l'éducation n'ont été à la mesure des besoins. Le manque de
structures d'accueil, de personnel qualifié et d'actions effectives sont autant de paramètres qui ont entravé
la croissance de l'enseignement préscolaire. Prolongement du milieu familial, l'enseignement préscolaire
doit devenir un nouveau palier de l'école publique offrant à l'enfant les moyens de développer sa perception
du réel et de vivre une étape indispensable à la formation de l'esprit scientifique. La ministre de l’éducation
nationale, Nouria Benghebrit, a indiqué que l’enseignement préscolaire sera généralisé dans les écoles publiques et privées à

348
partir de la rentrée 2016-2017.La généralisation de l’enseignement préscolaire à travers le territoire national; concernera les
écoles publiques et privées, les confréries coraniques ainsi que les crèches relevant des entreprises économiques.

SCOLARISATION.- La participation des filles au cycle primaire accuse toujours un retard par rapport à celle des garçons, le
rapport de masculinité à ce niveau d’éducation s’établit à 91 filles pour 100 garçons en 2014 (CNES, 2016), et même si leur
participation progresse continuellement, elle se fait lentement et n’atteint pas la parité. Ceci en raison du faible taux de
scolarisation des filles particulièrement dans les zones rurales, et les régions les plus pauvres,situées généralement dans les
zones montagneuses,les hautes plaines, et les steppes désertiques, où l’infrastructure scolaire reste peu développée, et où les
conditions économiques et l’environnement socioculturel créent des attitudes peu favorables à l’éducation des filles. C’est ainsi
qu’à Tamanrasset le taux de scolarisation des filles est de 76% contre 82,5% chez les garçons, et de 87,6% contre 91,3 à
Relizane (ONS, 2008). Aujourd’hui encore, l’accès à l’éducation pour les filles accuse un retard, et cela malgré le principe
constitutionnel de l’obligation de la scolarisation durant le cycle fondamental, et la réglementation en vigueur :
Article 12 : L’enseignement est obligatoire pour toutes les filles et tous les garçons âgés de 6 ans à 16 ans révolus… L’état
veille, en collaboration avec les parents, à l’application de ces dispositions. Les manquements des parents ou des tuteurs légaux
les exposent à une amende allant de cinq mille (5. 000) à cinquante mille (50.000) dinars algériens. (Chapitre III, Loi
d’orientation sur l’éducation nationale, n°08-04 du 23 janvier 2008).Par ailleurs, à partir du milieu des années 1990, on observe
un renversement de tendance quant à la participation des filles dans l’enseignement secondaire, où leur présence est devenue
plus importante que celle des garçons, 136 filles pour 100 garçons en 2014 (CNES, 2016).

VIOLENCE A L’ECOLE.- La violence dans l'école est une bombe à retardement pour la société  : La
violence en milieu scolaire n'est pas un fait récent. Toutefois, c'est devenu un problème social d'une
importance croissante. Selon une étude sur les indices de violence au sein et aux alentours des
établissements scolaires, récemment élaborée par le Conseil des Lycées d’Algérie (CLA), pas moins de 300
cas de violence ont été recensés entre septembre et décembre 2013. On entend de plus en plus parler de
violences entre élèves, agressions contre les professeurs, saccages ou dégradations des locaux scolaires…
Le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. «La violence en milieu scolaire est un phénomène
universel qui ne date pas d'hier et dont aucun pays n'est à l'abri. Elle ne cesse d'évoluer, de prendre toutes
les formes et de toucher toutes les catégories de la société. Cependant, son ampleur, sa complexité ainsi
que le degré de gravité de ses répercussions dépendent des spécificités socioculturelles, économiques et
des choix politiques de chaque pays. Ce phénomène qui se réduisait auparavant à des cas de «petites»
violences entre élèves, agressions contre les professeurs ou dégradations des locaux scolaires cède la
place aujourd'hui à des faits bien plus graves. Cas de consommation d'alcool, cas de consommation de
drogue, cas de vente de drogue, cas de viol, cas de meurtre, cas de suicide, cas de menace, cas
d'enlèvement...Ces violences qui donnent froid au dos laissent entendre que l'école algérienne n'a été
épargnée d'aucun mal. Qu'ils soient acteurs ou victimes, nos enfants auraient vécu, subi ou commis au
moins 300 actes de violence durant le premier trimestre écoulé. Ce rapport basé sur le traitement
médiatique de ces cas démontre que les écoliers, collégiens et lycéens ne sont pas plus protégés sur les
bancs scolaires qu'ailleurs. Si 60% des cas de ces faits se sont produits au sein des établissements
scolaires, il n'en demeure pas moins que 64% de ces cas sont liés à des affrontements ayant lieu dans des
espaces entourant ces établissements et qui ne sont pas sans engendrer des règlements de comptes dans
l'enceinte de l'établissement même. Ce rapport note qu'un grand nombre de cas de violence recensés à
l'extérieur de l'établissement sont provoqués par des éléments étrangers et par des délinquants qu'il serait
difficile de catégoriser que ce soit sur la base d'âge, de niveau social ou intellectuel. Ces éléments sont
généralement des détraqués sexuels, des trafiquants de drogue ou des voleurs à l'arraché. Par ailleurs, on
ne saurait dire que la violence au sein des établissements scolaires est un phénomène urbain par
excellence et ce, malgré l'absorption d'environ 68% des cas par les villes. Il est vrai que, quantitativement,
c'est le milieu urbain qui connaît le plus de dérapages et ceci serait dû en premier lieu à la condensation
démographique et à d'autres spécificités socioculturelles. Ce qu'il faut savoir cependant c'est que les cas
les plus graves et les plus complexes sont recensés dans le milieu rural où viol et enlèvement sont devenus
monnaie courante. Il est à noter dans ce sens que la violence physique domine à la fois le milieu rural et le
milieu urbain. En totalité, une centaine de cas allant du simple accrochage au meurtre ont été relayés par la
presse durant l'année scolaire 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016. Ces chiffres, bien que basés
sur des médias qui sont enclins à traiter davantage des faits de viol et de meurtre que ceux comportant de
simples injures, ne sont pas à écarter de toute réflexion. Une chose demeure sûre, à l'heure actuelle, l'école
algérienne va mal et ce n'est pas uniquement en raison d'un système éducatif en quête d'une réforme qui
éclipserait ses multiples défaillances. Malgré le danger qui guettait l'enfant à l'école, le citoyen algérien
gardait foi en ce système éducatif et ne craignait pas de savoir son enfant sur les bancs scolaires. Ceci ne
semble plus être le cas aujourd'hui. Le manque de sécurité devenant alarmant et la violence banalisée à
tous les niveaux, l'école algérienne n'est pas tenue responsable des aberrations dans lesquelles elle baigne.
En tout cas, pas au même niveau que toute une machine sociale qui ne cesse de donner naissance à des
aberrations dont les conséquences chez le citoyen ne peuvent se traduire par des violences. La violence
des jeunes dans les établissements scolaires est devenue intimement liée à une question de société d'où
émanent les principales causes. Selon le rapport élaboré par le CLA, puisque l'espace extérieur aux
établissements d'enseignement est celui qui connaît la plus forte proportion de cas de violence enregistrés,
il est donc naturel que les raisons non éducatives soient en tête des principales causes de violence. Mais la
prédominance des cas de violence découle de deux facteurs principaux. Premièrement, le rapport souligne
l'impact de la forte pression qu'exerce l'environnement malsain et qui a trait à abolir chez le jeune toute
valeur de respect. Deuxièmement, l'acceptabilité des éléments affiliés à l'espace scolaire (l'élève,
l'enseignant et le corps administratif) de se retrouver eux-mêmes éléments propagateurs de violence
demeure elle aussi une forte raison d'attiser la violence. De façon plus concrète, cette vulnérabilité provient
chez l'élève de divers facteurs dont les plus éminents sont la frustration et le manque de sens de

349
l'éducation, le déclin de l'attractivité de l'école et l'ignorance des valeurs de respect et de tolérance. Chez
l'enseignant, il serait plutôt question de manque des outils didactiques et la surcharge des classes ainsi que
les problèmes sociaux qui ont tendance à influencer son comportement lors de l'exercice de ses fonctions.
Quant au corps administratif, le rapport lui reproche le manque d'expérience et l'insuffisance des
compétences de gestion.
Les établissements scolaires ont un rôle important à jouer pour se protéger et protéger les élèves de la
violence. Mais paradoxalement ils représentent également un endroit propice où germe la véhémence. Ainsi,
le rapport a listé les différents types de violences que les jeunes peuvent subir. Chiffres à l'appui, il nous
apprend que 40% des cas de violence ont un risque qui va de simple à moyen et est réparti entre actes de
vol, vandalisme et menaces. Il est vrai que la violence dans l'école ne date pas d'hier, mais il faut souligner
qu'elle a connu une recrudescence hors norme surtout lorsqu'on se réfère aux chiffres fournis qui indiquent
que 80% des cas de violence sont jugés très graves, coups et blessures, enlèvements, viol et assassinat.
Le CLA s'est attardé dans ce nouveau rapport sur une nouvelle tendance inquiétante, celle du suicide qui a
été enregistré parallèlement avec la période des examens. Il est naturel, tant que la question de la
violence à l'école et ses environs est tentaculaire comportant des dimensions complexes, de voir naître des
réactions correctives, des mesures et des procédures profondes et soutenues sur le long terme. En effet,
afin d'asseoir cette politique de prévention, le CLA, outre les campagnes de sensibilisation, fait appel à
plusieurs acteurs sociaux pour compléter les mesures et dispositifs qu'ils doivent être mis en œuvre et aussi
à la Direction générale de la Sûreté nationale pour asseoir la sécurité des personnes et des établissements
scolaires. Ceux-ci souffrent à leur tour de violences pratiquées par les élèves en détruisant les espaces
verts et les tables, en souillant les murs avec des écrits, etc. Le rapport explique que ce genre de
comportement est commis contre l'établissement pour ce qu'il représente comme institut public. La violence
en milieu scolaire se compose majoritairement d'atteintes aux personnes mais elle se réfère également aux
biens et à la sécurité de l'établissement. La plupart des incidents graves enregistrés relèvent de la violence
verbale et de la violence physique. Au cours des trois dernières années scolaires, la part et le nombre des
agressions verbales sont restés assez stables en moyenne. En revanche, la part des violences physiques a
augmenté. Les autres atteintes aux personnes restent exceptionnelles : les atteintes à la vie privée. Le
racket et la violence à caractère sexuel représentent chacun entre 8% et 12% des actes de violence
recensés. Des cas de « filmer des actes» (acte qui consiste à filmer l'agression physique d'une personne ou
n'importe quelle action à l'aide d'un téléphone portable) ont été enregistrés. Les évolutions pour ces
quelques faits augmentent statistiquement depuis 2010-2011. Les atteintes aux biens se répartissent entre
les vols, les dommages aux locaux ou au matériel et aux biens personnels. Enfin, les atteintes à la sécurité
correspondent à des comportements illégaux ou à risque n'impliquant très souvent aucune victime. Ces faits
sont plus rares que les atteintes aux personnes ou aux biens et se traduisent essentiellement par
l'introduction.
La vie en société est souvent source de conflits en raison des intérêts divergents, des besoins et des
valeurs qui ne sont pas toujours les mêmes. L'école est une institution de la société, elle reproduit souvent
ses conflits de valeur, ses problèmes. L'école algérienne, société en miniature, n'est pas en reste. Les
conflits éclatent souvent entre acteurs de l'éducation, élèves, enseignants, membres de l'administration et
parents d'élèves. Ils sont souvent résolus par la violence avec diverses manifestations : - violence verbale
ou psychologique avec des injures entre élèves, élèves et enseignants. Ils sont légion les élèves qui sont
victimes de cette forme de violence de la part des enseignants. Très souvent quand ils ne peuvent plus
supporter humiliations et critiques, ils abandonnent l'école.
- le harcèlement sexuel, la discrimination sont une autre forme de violence que l'on retrouve en classe et à
l'école.
Les filles et certains élèves handicapés sont les plus exposés à cette forme de violence. Ceux ou celles qui
osent tenir tête à l'enseignant se voient octroyer de mauvaises notes et renvoyés.
- Le viol : phénomène très isolé dans les écoles, inconnu dans certaines localités. Il y a un exemple récent :
une élève a été victime d'un viol collectif de la part de ses camarades dans une grande ville.
- les mouvements de grève auxquels participent souvent des délinquants non élèves se terminent souvent
par des casses, du vandalisme caractérisé.
Les élèves s'en prennent souvent aux édifices publics, aux bâtiments de l'école, aux matériels
pédagogiques, hélas !
- les vols, les rackets se rencontrent surtout dans l'école primaire. Des bandes d'élèves s'adonnent à ces
extorsions et ceux qui ne s'y plient pas sont souvent battus.
- châtiments corporels : c'est une pratique très courante dans les écoles algériennes. Les conséquences
sont souvent graves.
- L'apparition des armes blanches (couteau, coupe-coupe etc..) dans nos écoles est très inquiétante et
témoigne de l'ampleur du phénomène.
La sonnette d'alarme a sonné et le CLA, malgré les campagnes et l'apport des autorités. Nous reprochons la
réticence du ministère et des parents d'élèves qui ne participent pas autant à la réussite du processus. La
lutte contre ce fléau est le problème de tous les ministères et non pas uniquement l'Education car toutes les
administrations sont complices de la propagation de ce mal, car le fait de rester des heures dans une chaîne
pour percevoir son salaire ou pour acheter du pain ou pour entrer dans un stade ou pour avoir un document
administratif … sont des phénomènes stimulants de cette violence qui est transmise à nos enfants qui
peuvent la transmettre à partir de leur vécu quotidien en dehors de l'école ou bien la ramener de l'école vers
la société. Pourtant, il semble que, à part constater les dégâts, il n'y ait pas de véritable plan de lutte contre
la violence, à l'échelle d'une ville ou d'une agglomération. Il serait grand temps que des instances de
concertation rassemblent, autour d'objectifs précis, tous les acteurs concernés : gouvernement, wali, chef
de daïra, élus locaux, magistrats, policiers, gendarmes conseillers d'éducation et chefs d'établissements
scolaires, enseignants, parents, média et, bien entendu, élèves pour affronter la bête. Faute de quoi, nos

350
enfants sont laissés à leur propre peur… On sait bien que quand un animal a peur il devient méchant. Ne
laissons pas nos enfants devenir des animaux. Ce n'est pas la sonnette d'alarme qui est tirée, c'est un SOS.
Sauvons nos enfants et notre société de ce fléau qui ne cesse de grandir à travers les années. Seul un
investissement total de toute la société nous épargnera le pire, car la violence à l'école est une bombe à
retardement qui touchera la société tout entière. Car la mèche est allumée depuis longtemps et tout ce qui
se passe actuellement n'est qu'un petit échantillon de ce qui nous attend. □

351
L'ENTREPRISE

L'ENTREPRISE EN DIFFICULTE
• Devenir des E.P.L. • Entreprise en difficulté • Identité d'entreprise • Mise à niveau •
LA GESTION D'ENTREPRISE
• Diagnostic • Environnement socio-économique• Management •
LA STRATEGIE D'ENTREPRISE
• Capitaux étrangers • Conjoncture • Structure/stratégie •
LA REFORME DE L'ENTREPRISE
•Légitimité économique • Partenariat • PME • Privatisation•
LA STRUCTURE DE L'ENTREPRISE
• Economie de rente et accumulation •Groupe industriel• Holdings publics • Répartition • Société de gestion
des participations •

L'ENTREPRISE EN DIFFICULTE

DEVENIR DES E.P.L .- En 1998, Le programme de privatisation des entreprises publiques locales est
amorcé dans les faits, pour qu’en 2002, le capital privé ait à gérer 70% de l'économie nationale. Parmi les
11 techniques de privatisation, l'option est faite pour un système de vente à crédit ou à tempérament
échelonné ; l'introduction dès 1999 de l'actionnariat populaire, le renforcement du contrôle, particulièrement
en matière de fiscalité  ; le rôle de l'Etat consistant à laisser l'entrepreneur créer des richesses et autres
facteurs générateurs de croissance économique et de veiller à ce que cela n'altère pas la dignité des
travailleurs.
Un nombre de 1318 entreprises publiques locales, 400.000 travailleurs, un déficit global de 8 milliards de
dinars, un découvert bancaire de 10 milliards de dinars et des besoins de financement estimés à 33,6
milliards de dinars, tels étaient les chiffres du dossier pressant des entreprises publiques locales dont le
résultat donnera : 694 dissoutes, 624 passées à l'autonomie avant d’être regroupées en 5 holdings
régionaux. Un nombre de 723 autres EPL se révèlent récupérables pourront bénéficier de mesures
d'assainissement, 193 jugées saines, 83 proposées à la dissolution, 194 demandant un statut spécifique, et
133 nécessitant un examen supplémentaire. Sur 700 proposées à la privatisation, 500 entreprises furent
cédées aux salariés (soit 20.000 actionnaires). Le lot le plus important concernera d'abord le secteur du
bâtiment, puis ceux de l'équipement, de l'industrie, des transports, de l'agro-alimentaire, du commerce et de
l'artisanat.
Touchées par la récession économique, les EPL ont été les premières à subir les décisions de dissolution.
Ce qui a entraîné un chômage technique de 100.000 travailleurs. Pour freiner les pertes d'emplois,
résultant de ces dissolutions, le gouvernement décide d'opérer la cession de certaines entreprises au profit
des travailleurs. Cette mesure permet aux salariés de se constituer en SARL ou en SPA pour reprendre
leurs entreprises. Les acquéreurs bénéficient d'avantages : de paiement des actions étalées dans le
temps, de versement par le trésor des contributions d'ouverture des droits (COD) aux salariés devant servir
de fonds de roulement. Seulement ce ne sera pas suffisant. En effet, pour ces nouveaux propriétaires, l'Etat
ne devra pas se désengager. Un soutien managérial est souhaité au début  ; Ils estiment que les pouvoirs
publics doivent leur confier des plans de charge pour redémarrer. L'objectif de ce processus sera de faire
passer, durant 1998, plus de 15.000 travailleurs compressés au statut de propriétaires et de créateurs
potentiels d'emplois nouveaux. Selon les économistes, cette formule aura un double impact  ; au plan social,
la préservation d'un minimum de postes d'emploi et a plan économique, de permettre à ces entreprises de
se recentrer sur leurs activités de base. D’autres restantes sont demeurées tributaires d’un appui bancaire
et d'un soutien de l'Etat pour le démarrage de leurs activités.

ENTREPRISE.- Elle est non-seulement une structure productive, mais également un groupe humain au sein d'une région,
d'un pays ... Ses finalités sont donc à la fois économiques, sociales et sociétales. Pour les atteindre, l'entreprise doit assurer sa
pérennité, c'est-à-dire sa survie.
◙ Les finalités économiques de l'entreprise : Détecter et satisfaire des besoins solvables, créer de la valeur ajoutée et la répartir
entre les agents économiques qui ont participé à la production sont les principales finalités économiques de l'entreprise.
♦ La satisfaction des besoins solvables : L'entreprise cherche à déceler un besoin mal satisfait ou non satisfait, qui doit
également être solvable, c'est-à-dire émaner de consommateurs capables de payer le prix du bien ou du service qui sera produit
pour répondre à ce besoin. Elle met alors en œuvre ses moyens de production pour créer de nouveaux produits qui seront
vendus sur le marché en vue de réaliser des bénéfices.
♦ La création de valeur ajoutée : La fabrication de produits (biens et services) par l'entreprise a pour effet une création de
richesses, mesurée par la valeur ajoutée.
Valeur ajoutée = richesse créée par l'entreprise = production – consommations intermédiaires
Pour fabriquer ses produits, l'entreprise achète des biens et services qu'elle transforme au cours du processus de production :
ce sont les consommations intermédiaires. Les produits de l'entreprise sont ensuite mis sur le marché. La somme des ventes
réalisées constitue le chiffre d'affaires de l'entreprise ou valeur de production.
Valeur ajoutée= valeur des biens et/ou services produits – valeur des biens et services consommées (consommations
intermédiaires)
♦ La répartition de la valeur ajoutée et du profit : La valeur ajoutée d'une entreprise est partagée entre ceux qui ont contribué,
d'une manière ou d'une autre, à la production. Les auteurs de cette contribution et bénéficiaires de ce partage sont :
□ Les salariés, qui apportent leur travail ;
□ Les prêteurs et actionnaires, qui apportent leurs capitaux ;
□ L'Etat, qui finance les équipements collectifs nécessaires à l'activité de l'entreprise ;
□ La Sécurité sociale, qui rembourse par exemple aux salariés les soins médicaux nécessaires.

352
L'entreprise elle-même conserve une fraction de la valeur ajoutée qui constitue son épargne. Cette épargne comprend la
dotation aux amortissements qui sert à financer le renouvellement du matériel et les bénéfices conservés dans l'entreprise afin
d'autofinancer de nouveaux investissements. Ainsi les revenus naissent de la production des entreprises.

La formation de la valeur ajoutée et sa répartition dans l’entreprise.


La répartition de la valeur ajoutée et du profit (bénéfices de l'entreprise), peut donner lieu à des conflits si certains acteurs
estiment ne pas recevoir une part conforme à ce qu'ils méritent. Les salariés font parfois pressions sur la direction pour obtenir
de meilleures rémunérations, de même que les actionnaires qui souhaitent des dividendes plus élevés.
♦ Les finalités sociales et sociétales de l'entreprise : L'entreprise a des responsabilités sociales vis-à-vis de ses salariés et
sociétales à l'égard de la société dont elle fait partie. La finalité sociale de l'entreprise répond à une nécessité : comme tout
groupe organisé, l'entreprise a besoin d'un soutien minimal de ses membres pour assurer sa survie. Elle doit donc prendre en
compte les besoins de ses salariés, et les faire bénéficier autant que possible d'avancées sociales, tant en matière de salaire
que de conditions de travail. La finalité sociétale de l'entreprise est une contrainte pour son action : elle doit assumer la
responsabilité des effets éventuellement négatifs de son activité, en matière d'emploi et d'environnement notamment. Or, les
autres acteurs du champ social dans laquelle elles évoluent ; la recherche du profit est donc soumise à certaines limitations
(coûts engendrés par la protection de l'environnement, par exemple) pour le bien de la société dans son ensemble.
♦ Assurer la pérennité de l'entreprise : L'entreprise utilise le profit pour financer son développement et assurer sa survie. De
bons résultats sont donc indispensables pour sa pérennisation. A l'inverse, un déficit durable peut mettre en danger la survie de
l'entreprise. Cela peut conduire l'entreprise à sacrifier les intérêts de certains de ses membres, en licenciant des salariés ou en
délocalisant l'activité dan un pays où certains coûts de production sont moins élevés, par exemple. Gérer les intérêts souvent
divergents des différents acteurs (salariés, direction, actionnaires) tout en maintenant la cohésion de l'organisation est un enjeu
majeur du management pour garantir la pérennité de l'entreprise. Cela nécessite des prises de décision et des compromis qui
ne satisfont pas, par définition, tous les acteurs en même temps.
On peut classer les entreprises publiques selon leur forme juridique en trois grandes catégories :
1. les entreprises à caractère administratif plus marqué, détachées de l’Etat ou des collectivités publiques locales : sont gérées
selon des errements et subissent un contrôle s’inspirant davantage de ceux en usage dans les services administratifs ;
2. les établissements publics à caractère industriel ou commercial et les entreprises nationales : bien que la totalité de leur
capital ou leur dotation se trouve entre les mains de l’Etat ou des collectivités publiques, sont néanmoins gérées selon les règles
du droit privé ;
3. les sociétés d’économie mixte : sont constituées sous la forme de sociétés d’économie mixte par participation de capitaux
divers.
(ⱷ Si on garde seulement les deux dernières catégories, il est intéressant pour un holding d’Etat d’affilier ces filiales à la seconde
catégorie alors que la société mère sera affiliée à la troisième catégorie).

ENTREPRISE DEFAILLANTE.- Les quatre dernières décennies ont été caractérisées par une vulnérabilité accrue des tissus
industriels dans le monde. Les restructurations industrielles, les programmes de licenciements massifs, les fermetures
d’entreprises, les régions sinistrées, les dépôts de bilan, sont devenus depuis des évènements courants. En effet, cela est dû au
fait que l’environnement économique des entreprises se caractérise par une forte incertitude et une évolution permanente et
imprévisible, ce qui le rend de plus en plus non-maîtrisable par un grand nombre d’entreprises. La détérioration de
l’environnement, la mondialisation des marchés, la course perpétuelle à la recherche de nouvelles parts de marché, et de gains
de productivité, peuvent entrainer la compression des marges, la diminution des autofinancements, les malaises sociaux, la
désintégration de l’esprit d’entreprise, la démotivation des hommes et la fragilisation de la pérennité des entreprises.
Les facteurs de défaillance à l’origine des difficultés des entreprises

DIMENSION DU FACTEURS DE EXEMPLES


FACTEUR DE DEFAILLANCE
DEFAILLANCE
1-1 Le manque de -Techniques de l’activité, en
compétences. gestion (financière,
opérationnelle,
1- Dimension « stratégique, commerciale, etc.),
Environnement  formation et
353
managérial » 1-2 Les qualités expérience insuffisante du
personnelles du management, manque
management  de capacités d’anticipation,
(personnalité). d’adaptation et de  contrôle.- -
Impact de l’attitude de l’équipe
dirigeante face au risque, à
l’innovation et au prestige sur la
performance de l’entreprise, la
capacité de délégation, la
1-3 L’insuffisance de confiance en soi, le
motivation. charisme dégagé par les
responsables, le réalisme
dont ils font preuve.
- Mauvais climat, problèmes
personnelles, alternative au
chômage, confusion entre
les intérêts financiers purement
personnels et les

- les facteurs politiques/légaux :


changements politiques,
2-1 L’environnement évolution du droit de la faillite
général. - Les facteurs économiques :
conjoncture économique
défavorable, diminution
2- Dimension « du pouvoir d’achat, diminution
Environnement  du crédit disponible, pression
externe » fiscale trop forte
2-2 L’environnement - Les facteurs sociaux :
concurrentiel changement de mode...
- Les facteurs technologiques
bouleversements
technologiques
- Rivalité entre les concurrents
établis, entrée  de nouveaux
concurrents, pouvoir
de négociation des clients,
défaillance d’un fournisseur
important, apparition de
produits de substitution,

3- Dimension « 3-1 Le manque de Sous-capitalisation dès le


Ressources ressources. - Sous- départ, manque 
de l’entreprise » capitalisation dès le d’autofinancement, sous-
(immatérielles, départ, manque  estimation ou surestimation des
humaines,  d’autofinancement, sous- investissements
techniques et estimation nécessaires, rareté de certaines
financières)  ou surestimation des matières premières
investissements
nécessaires, rareté de
certaines matières -Recrutement de personnes non
premières qualifiées, achat d’outils
3-2 L’inadéquation des insuffisamment spécialisées
ressources

4-1 Politique d’ - Absence de planification


innovation et stratégique, planification
4- Dimension d’apprentissage. inadaptée/erronée,
« Gestion de A- Des problèmes de comportement stratégique
l’entreprise » stratégie : risqué, pas de diversification
ou diversification trop grande,
mauvaise gestion de la
B- Une politique d croissance
investissement  - Surinvestissement,
inefficiente : manque d’investissements,
investissements inappropriés
C- L’absence d une (investissements importants
réorientation ou pour une commande ponctuelle
une réorientation par exemple). 
inadaptée des - absence de formation, pas de
compétences clés de recensement des compétences

354
l’entreprise : (actuelles et nécessaires),
D- Des problèmes de de description des fonctions
gouvernement 
d’entreprise : - manque d’unité/discorde entre
E- L’absence ou les actionnaires, les
l’inadéquation d’une dirigeants/gérants
variable stratégique
d’innovation, intégrant à
la fois les potentialités
techniques et
surtout immatérielles de
l’entreprise ainsi que -Equipe de vente démotivée et
les attentes et les inefficace, absence ou
besoins réels de ses inefficacité de la publicité, 
marchés, actuels ou en difficulté à créer une relation de
devenir. proximité avec le client,
4-2 Politique jugement fautif du marché, 
commerciale absence ou diminution de
l’image de l’entreprise, manque
de suivi des paiements des
clients
- Localisation problématique de
4-3 Politique l’entreprise (éloignement des
opérationnelle facteurs de production, 
emplacement peu visible ou
difficilement accessible), gestion
problématique des ressources
humaines (difficulté
de recrutement, problème de
culture d’entreprise), mauvaise
gestion et organisation des
différents maillons de la chaîne
de valeur interne (gestion des
achats, gestion des
stocks, gestion de la production
et de la distribution pour
l’essentiel), difficulté à
4-2 Politique financière et coordonner les différents
comptable processus et activités mis en
oeuvre au quotidien au sein de
l’entreprise
- absence d’ informations
comptables ou comptabilité
déficiente, gestion
financière problématique
(manque de justesse
des prévisions, des budgets et
déficience dans le contrôle des
coûts et dans le calcul des prix
de revient), mauvaise structure
financière (financement des
besoins à long terme par
des moyens à court terme,
besoin en fonds de roulement
non couvert), problèmes de
suivi administratif

5-Dimension 5-1 La valeur attrait des -Intérêt présenté par ces


« Position stratégique activités de l’entreprise activités pour l’entreprise en
de l’entreprise » 5-2 La position fonction de ses forces, ses
concurrentielle de l faiblesses et des attentes des
entreprise dans chaque clients -
activité. Position par rapport à ses
concurrents directs.

Source : modélisation par Ismahane Abbad


►Le diagnostic d’entreprises en difficultés : Le diagnostic est jugé comme étant un élément crucial dans l’analyse de
toute entreprise et en particulier des entreprises présentant des dysfonctionnements et des difficultés. L’objectif premier du
diagnostic sera la détection des causes et des origines des symptômes de difficulté, lorsque l’intervention a pour mission de
remédier au dysfonctionnement dont souffre l’entreprise. L’autre objectif du diagnostic est le repérage des stratégies et des
possibilités d’évolution interne, lorsque l’intervention a pour finalité de susciter un changement dans l’entreprise en vue de

355
réaliser un projet. « Le diagnostic de la crise devra comporter l’identification de la crise, ses causes premières, son étendu et ses
conséquences sur l’entreprise et sur les différentes parties prenantes. Les dispositifs de remontée d’information doivent être mis
en place très tôt pour donner toutes les chances à l’entreprise de diagnostiquer et d’identifier la crise au plus vite. C’est à ce prix
qu’elle se bâtira rapidement une vision claire de la situation, et qu’elle sera en mesure de répondre aux multiples pressions et
demandes d’explications.»*.
Le diagnostic d’une entreprise en difficulté est à la fois un diagnostic global comprenant le diagnostic fonctionnel et stratégique
et un diagnostic de régulation. Ce diagnostic doit être bon en permettant de :
 Evaluer les risques, recenser les forces, cerner les faiblesses ;
 Apprécier l’environnement et les partenaires de l’entreprise (personnel, clients, fournisseurs, sous-traitants, financiers,
actionnaires) ;
 Faciliter le positionnement de l’entreprise sur son marché ;
 Expliquer les causes profondes des difficultés ;
 Faciliter la synthèse pour donner l’avis le plus sincère sur la situation de l’entreprise ;
 Définir une nouvelle stratégie sociale, économique et financière ;
 Dresser l’inventaire des solutions envisageables pour retrouver la rentabilité et pallier aux difficultés de trésorerie en recueillant
l’adhésion de toute l’entreprise ;
 Préciser les mesures de redressement avec un ordre de priorité en apportant le plus grand soin au plan social.
(*) Roux-dufort Ch., « Gérer et décider en situation de crise : outils de diagnostic, de prévention et de décision », Dunod, 2003.

IDENTITE D'ENTREPRISE .- Douée d'une identité propre, toute entreprise possède des caractéristiques,
une manière d'être spécifiquement algérienne au regard des péripéties de son évolution. Face au défi
économique extérieur, au défi sociologique interne, elle vit une crise d'identité, cause de fragilité et
d'affaiblissement. Souvent cible de critiques radicales et contestée de l'extérieur, l'institution est mal vécue
de l'intérieur. Un raz-le-bol des employés ou un malaise des cadres constituent des symptômes alarmants
quant à la santé de l'institution. Les entreprises souffrent de maux qui minent leur développement et
diminuent leur capacité de survie ou d'adaptation à un environnement hostile et incertain. Souvent
fragiles, divisées, victimes de leur propre inertie, les entreprises algériennes, constellations précaires, sont
à la recherche de leur identité tout en étant au stade de leur normalisation.

MISE A NIVEAU.- Un programme de mise à niveau de l'entreprise industrielle peut être entendu comme
un processus d'adaptation comportant un ensemble d'actions déterminées à mettre en oeuvre pour accroître
sa compétitivité et améliorer son environnement économique et financier. Ces actions portent surtout sur la
modernisation des équipements, le système d'organisation et la formation du personnel. Elles se traduisent
par des investissements immatériels et matériels et renforcent les capacités de financement interne et
externe à l'entreprise. Elles se déroulent en quatre étapes : le diagnostic stratégique globale, la formulation
du plan de mise à niveau et du schéma de financement, l'approbation du plan de mise à niveau et enfin,
l'exécution et le suivi du plan de mise à niveau. Toute entreprise industrielle souhaitant bénéficier du
programme de mise à niveau doit faire l'objet d'un diagnostic préalable de toutes ses fonctions pour la
définition d'orientations stratégiques globales et l'établissement d'un plan de mise à niveau en coordination
avec le système financier (les banques). Ce diagnostic a pour objet d'améliorer les performances de
l'entreprise et de redéfinir son positionnement. Il permettra ainsi d'analyser la situation de l'entreprise dans
une perspective globale. Le plan de mise à niveau, une fois élaboré, doit définir l'ensemble des choix
fondamentaux (objectifs, marché, activités, etc.).
Plusieurs secteurs interviennent régulièrement pour la concrétisation du programme de mise à niveau :
● Les services de l'Etat veillent à la conduite de ce programme (comité de pilotage et bureau de mise à
niveau)
● Les banques, participant à cet effort, devront partager les risques et préparer leur politique
d'accompagnement par le renforcement de leurs ressources d'évaluation de projets et de risques et
l'élaboration de plan de formation au profit des cadres.
● Les services d'appui (bureaux d'études, sociétés d'ingénierie, centres de ressources technologiques)
assistent l'entreprise tout au long de ce processus d'adaptation et doivent évoluer de façon très importante
afin d'accomplir leur mission. Ils doivent se doter de nouvelles techniques et de savoir-faire, et se prévaloir
des références et des expériences nécessaires.
Il est impératif que le secteur industriel accepte de faire les efforts d'adaptation indispensable et s'engage
dans un programme de mise à niveau pour atteindre et conserver un niveau minimum de compétitivité requis
au plan international. Ce processus permanent d'adaptation, devant s'inscrire dans le prolongement de la
restructuration en cours, doit accompagner le processus de privatisation ainsi que le développement de la
libre initiative.
Mise à niveau des Petites et Moyennes Entreprises : La mise à niveau est un défi et un enjeu qui s’inscrivent dans la
démarche globale d’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale en général et de l’entreprise en particulier, visant la
consolidation et la pérennisation de l’entreprise dans une dynamique de substitution et de véritable alternative de croissance
hors hydrocarbures, à travers l’émergence d’un environnement attractif.Cette démarche repose sur des objectifs fondamentaux :
♦ La densification et la diversification du tissu économique ; 
♦ L’amélioration de la compétitivité de l’entreprise dans ses multiples dimensions ; 
♦ Le renforcement du positionnement de l’entreprise sur son marché.Aussi, la mise à niveau des PME, est avant tout, un
processus continu d’apprentissage, de réflexion, d’information et d’acculturation, en vue d’acquérir des attitudes nouvelles, des
réflexes et des comportements d’entrepreneurs, et des méthodes de management dynamiques et innovantes. Le processus de
mise à niveau passe par plusieurs étapes, mais chaque entreprise aura son parcours propre dans la mise à niveau, selon ses
spécificités. On identifie quatre grandes étapes :
• Etape 1 : 
Le déclic, c’est une étape préparatoire qui vise à faire prendre conscience au chef d’entreprise de ses insuffisances et de celles
356
de son entreprise. Cette étape se réalise à travers d’un pré-diagnostic ou diagnostic. Ce qui permet d’identifier et de valider les
problèmes de l’entreprise.
• Etape 2 : 
L’adoption des bonnes pratiques de gestion et la mise en place d’une organisation fonctionnelle, Il s’agit au cours de ce stade de
mettre en place ou d’optimiser des fonctions d’entreprise si elles n’existent pas ou sont mal organisées. 
• Etape 3 : 
Le développement fonctionnel : A ce niveau l’entreprise engage sa mise à niveau proprement dite sur des actions d’ordre
spécifique et sur la base des acquis des étapes précédentes. 
Ces actions portent sur : 
- Renforcement des ressources humaines à différents niveaux, le chef d’entreprise apprend à déléguer des responsabilités, à
faire travailler une équipe et à faire confiance à des compétences. 
- Meilleure appréhension des marchés et du positionnement de la PME : 
- Mise en place d’outils de gestion et de méthodes dans différents domaines selon le secteur. 
- Les actions dans ce domaine peuvent toucher la gestion de projet dans une entreprise de bâtiment, l’ordonnancement
lancement ou la gestion de production dans une entreprise industrielle, la gestion des stocks, le calcul des couts. 
- Cette liste n’est pas exhaustive, les actions sont identifiées selon les besoins réels de la PME.
• Etape 4 : 
L’anticipation et la conformité aux standards internationaux : à ce stade le chef d’entreprise se met en situation d’anticipation sur
l’avenir de l’entreprise et s’engage sur des actions de type sophistiqué, telles que :
♦ Mise en place de systèmes qualité en vue de certification selon les normes internationales telles que ISO 9001, BPF, ISO
22000, etc. 
♦ Marquage CE, plans d’action pour l’exportation.
♦ Elaboration d’une stratégie d’entreprise, projets de partenariat.
♦ Mise en place de R&D, veille technologique.
En résumé, la mise à niveau n’est pas une opération unique, limitée dans le temps. Aucune entreprise ne peut dire : « j’ai
terminé ma mise à niveau », notamment si l’on doit tenir compte des changements permanents qui interviennent dans
l’environnement technique, commercial et financier de la PME. C’est dans ce sens que l’on ne peut limiter la mise à niveau à
une opération de certification qui est appelée elle-même à être entretenue et perfectionnée.
Il s’agit plutôt d’un parcours jalonné d’actions de mise à niveau ; chaque action a un contenu et des objectifs spécifiques et
mesurables, et détermine la prochaine. 
Le chef d’entreprise peut à tout moment faire une pause dans son processus de mise à niveau, ou permettre un temps de
consolidation des acquis des actions de mise à niveau précédentes.
Par ailleurs, la mise à niveau est un processus essentiellement immatériel. Elle ne consiste pas à changer à un moment donné
ses équipements ou élargir son potentiel de production.

GESTION D’ENTREPRISE

DIAGNOSTIC.- Les caractéristiques du diagnostic d’entreprise :  Le diagnostic d’entreprise, parfois appelé étude de l’existant,
est souvent présenté comme une phase essentielle du processus de gestion car de sa qualité et de sa pertinence dépendent la
plupart des décisions de la gestion stratégique et même celles de la gestion opérationnelle. On l’assimile à un instrument de
direction, dans la mesure où il permet de comprendre le passé, et donc d’enclencher des actions, dans l’immédiat et dans
l’avenir. Le diagnostic est, aussi, une remise en cause de l’existant et sa nécessité apparaît dans les périodes de crises lors de
la dégradation importante d’une situation, du changement de l’équipe dirigeante et la remise en cause des modes de
management et de la culture de l’entreprise, ou encore, lors de la modification des conditions de l’exploitation ou le changement
de l’implantation géographique. Le diagnostic d’entreprise présente des caractéristiques particulières du fait qu’il est utilisé pour
des objectifs différents et des aspects différents de la gestion des entreprises, à savoir : 
 Le diagnostic d’entreprise est préventif dans la mesure où il détecte voire prévoit les problèmes, les dysfonctionnements et les
difficultés au sein des entreprises ; et n’attend pas leur déclenchement pour les signaler.
 Le diagnostic d’entreprise s’apparente à un bilan de santé dans la mesure où il permet non seulement de détecter les points
faibles pour les corriger, mais aussi les points forts pour en tirer profit et les renforcer.
 Le diagnostic d’entreprise est thérapeutique, signifie qu’il est curatif. Cela est dû au fait qu’il prescrit des remèdes et apporte
des solutions, sans imposer les choix relevant toujours de la direction.
 Le diagnostic d’entreprise est dynamique car il pronostique les chances de succès ou d’échec des solutions proposées et
éventuellement, il peut aider à la mise en œuvre des solutions adoptées notamment en facilitant le changement.

ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE.- Les PME privées sont aujourd’hui reconnues en tant que créatrices d’emploi
et de richesses. Elles sont un facteur essentiel de la compétitivité économique et du progrès. L’investigation réalisée auprès de
quelques entreprises de différentes régions, révèle les contraintes liées à leur fonctionnement et les principales carences de leur
environnement. Nous avons pu noter  les contraintes essentielles suivantes que nous présentons par ordre décroissant de
leur importance :
- Une trésorerie insuffisante,
- Un niveau technologique faible,
- Peu d’encadrement,
- Une sous-information.
Les mesures conséquentes aux politiques de stabilisation préconisées par le fond monétaire international, notamment la
dévaluation et la « vérité des prix », ont contribué à aggraver le contexte macro-économique. Ainsi, suite à la dévaluation du
dinar (1F = 11 DA) et des prix soutenus, l’entreprise doit disposer d’une trésorerie plus importante. Les coûts de production ont
été multipliés par 11. Les taux d’intérêt élevés (20 à 28%) sont prohibitifs.A toutes ces difficultés, s’ajoutent les pertes de
change. Un investissement de 1 Million de dinars en 1989 est remboursable 11 Millions en 1995. Nous distinguons deux
grandes périodes dans l’évolution générale des P.M.E.:
• La première, de l’indépendance à 1988 où l’investisseur disposait de fond suffisant mais la législation était restrictive.

357
• La seconde, de 1988 à nos jours, où l’investisseur retrouve la liberté d’investir mais manque de moyens financiers.
C’est là tout le paradoxe de l’histoire des PME algériennes. Une fois libérées des contraintes administratives (depuis le code des
investissements de 1993), les dévaluations successives imposées par les instances internationales, font que le financement des
entreprises devient la contrainte majeure au développement des PME. L’accès au financement en dinar devient plus
problématique que l’accès aux devises étrangères. Le dinar se raréfie, alors que les devises (CACH) sont aisément disponibles
auprès des banques, pour tout opérateur inscrit au registre de commerce  L’ensemble de ces contraintes rencontrées par les
PME conduit une grande partie des investisseurs à préférer les activités purement commerciales qui sont plus rentables
et engendrent moins de risques. On assiste à la naissance d’une génération « d’affairistes » se traduisant par le négoce de
tous produits, sans véritablement créer de richesses. La crise économique que connaît l’Algérie n’a fait qu’exacerber des
insuffisances d’ordre structurel, notamment la persistance d’un cadre législatif, administratif et bancaire inadapté qui pénalisent
les PME tout en freinant la relance économique. Un certain nombre d’actions peuvent, et doivent être menées afin de libérer les
PME des contraintes bureaucratiques et réglementaires, leur permettant alors de se concentrer sur leurs activités propres. Ces
mesures consisteraient à alléger la réglementation et à adapter l’administration aux  exigences de l’économie de marché. 
□ La nécessité d’un cadre législatif adapté à l’économie de marché : La législation joue ainsi un rôle majeur par rapport à la
création et la gestion des entreprises.  Ainsi, le code des investissements de 93 répond aux attentes des investisseurs en
simplifiant  la procédure de création des sociétés puisque l’investisseur n’est tenu que de la déclaration de son investissement.
De plus, un certain nombre d’avantages et de garanties sont accordées lorsque l’investissement présente un intérêt certain au
plan économique tel que la création d’emploi ou l’exportation. La demande d’octroi de ces avantages est effectuée auprès d’un
«guichet unique» à Alger.  Cette centralisation tend à défavoriser les investisseurs qui ne résident pas dans la capitale. La
décentralisation est donc vivement souhaitée, car elle permettrait une meilleure allocation des crédits d’investissement au niveau
national, et assurerait un meilleur équilibre entre les régions. La PME ne peut participer à la croissance et à la création
d’emplois que si les entreprises existantes se développent et que d’autres se créent. Il faut donc permettre la construction
d’un tissu industriel équilibré, en favorisant les activités complémentaires, et les liens interentreprises.
□ L’Administration : Le rôle de l’administration ne devrait plus se borner au contrôle, mais devrait encourager l’initiative de ses
fonctionnaires. Il faut motiver le personnel administratif par la responsabilisation et la décentralisation décisionnaire. Les objectifs
d’efficacité doivent se substituer aux exigences de la procédure bureaucratique. Il est donc souhaitable de mieux former le
personnel administratif et d’introduire les outils d’organisation moderne et de gestion informatisée. (Contrôle de gestion, audit,
tableau de bord).
□ Un système bancaire dynamique, facteur de croissance : Un système bancaire dynamique participe activement à la relance de
l’activité. Il peut permettre la création d’un grand nombre d’entreprises. Les banques doivent établir des relations de confiance
avec le public. Ainsi, elles collecteraient plus d’épargne, qu’elles injecteraient ensuite dans le circuit économique en finançant les
emplois industriels.Le regroupement des activités banque et assurance pourrait être avantageuse. En effet, ce sont des
institutions de collecte de l’épargne et de prestations de services financiers. Leur rapprochement permettrait des synergies: les «
Assuro-banques » dans lesquelles les compagnies d’assurance apporteraient leur connaissance du risque et les banques,
celles en matière de crédit au sens large.
□ Renforcement et modernisation des P.M.E. : L’amélioration de l’environnement des P.M.E ne suffit pas au développement et à
la création d’entreprises. Les PME doivent communiquer et trouver des synergies afin d’être plus efficaces, plus rentables et
plus aptes à faire face à la concurrence étrangère. Elles peuvent le faire dans le cadre de partenariats, notamment par
l’association avec des entreprises étrangères détentrices du know how.
□ Groupement d’achats : Les PME de par leur faible volume d’affaires, ont du mal à mener à bien leur politique commerciale.
Pour leurs achats, elles paient le prix fort car les quantités sont réduites; de plus, elles n’ont pas accès à certaines lignes de
crédit. Concernant les ventes, elles n’ont souvent pas les moyens financiers et techniques pour  promouvoir seules leurs
produits et organiser leurs circuits de distribution. La constitution de groupements d’achats pourrait être encouragée par les
associations de PME. Les membres de tels groupements pourraient ainsi bénéficier d’effets de quantités sur les prix  et les frais
de transport et d’accès aux financements par imputation des lignes de crédit, dont les frais sont importants.
La CNC (chambre nationale de commerce) doit réaliser des études sur l’état des marchés, des enquêtes sur les besoins
régionaux et locaux et sur les goûts des consommateurs. Ces informations constitueraient des outils d’aide à la décision pour les
chefs d’entreprises. En général, la CNC doit être le lieu de concentration de toutes les informations ayant trait à
la commercialisation et aux marchés nationaux et internationaux. Concernant les marchés internationaux et les opportunités
d’affaires à l’étranger, les rapprochements avec les chambres de commerce étrangères devraient être développés. Les
informations ainsi  collectées devraient être mises à disposition des opérateurs. Les associations de PME pourraient activement
s’impliquer dans l’élaboration des stratégies et susciter des politiques commerciales concertées par secteurs et branches
d’activités. Celles-ci organiseraient donc des opérations de coopérations inter-entreprises.
□ Partenariat : Le partenariat avec des entreprises étrangères plus expérimentées permet de mobiliser des capitaux
supplémentaires; il assure un transfert de connaissances en matière de gestion et de technologie et offre de nouveaux
débouchés de part et d’autre, en termes de nouveaux  marchés et de sous-traitance. Le code des investissements de 1993
consacre la réalisation de tels objectifs. Les nouveaux textes sont destinés en partie à réunir les conditions favorables à 
l’investissement étranger. La mise en place du « guichet unique » facilite les procédures d’installation des
investisseurs étrangers. Ces actions seraient renforcées par la mise en place de systèmes performants de communication avec
les entreprises étrangères, telles que les lettres d’informations professionnelles, traitant des opportunités de partenariat
existantes, du cadre juridique et des mesures incitatives.
□ Le système d’information : La disponibilité et l’accessibilité de l’information économique est une condition essentielle à  la prise
de décision rationnelle et à la perception fidèle des marchés. L’Etat doit aujourd’hui  accorder une priorité, dans ce domaine, à
travers les institutions publiques. Des études générales, sectorielles et régionales qui porteraient sur les créneaux à
promouvoir et à développer permettraient d’orienter les investisseurs. Concernant l’information au plan technologique, la tenue
de banques de données permettrait de développer un réseau de confrontation des connaissances et du savoir-faire. Les PME
algériennes bénéficient d’un marché national constitué de plus de 30 millions de consommateurs, dans lequel les créneaux
inexploités sont innombrables. D’autre part les ressources naturelles relativement abondantes et la situation géographique
de l’Algérie en font un marché privilégié pour toutes les entreprises, quelles soient nationales ou étrangères.

358
MANAGEMENT.- Le mode de gestion a une influence déterminante dans la mise en difficulté d'une
entreprise. Généralement, les causes des défaillances proviennent de la mauvaise gestion. Le déficit
chronique de management d'une majorité d'entreprises algériennes se manifeste non seulement à travers
les résultats comptables et financiers, mais aussi à travers un ensemble de pratiques :
♦ absence de délégation du pouvoir et de synergie entre les différents organes de gestion de l'entreprise.
♦ incapacité à maîtriser les mutations de l'entreprise et son environnement. Toute évolution dans les
données industrielles, financières ou sociales précarise la position de l'entreprise et accentue sa
vulnérabilité.
♦ démotivation croissante des personnels et tendance à la destruction des potentiels de compétences,
♦ absence d'initiatives stratégiques dans la prise en charge des contraintes et dysfonctionnements de
l'entreprise, Le recours à la tutelle est toujours de mise malgré les possibilités qu'ouvre la réforme
économique en cours.
♦ prédominance de la culture de conflit sur la culture de la coopération entre les différents partenaires de
l'entreprise.
♦ prédominance des pratiques informelles de gestion et de communication sur l'investissement dans la
systématisation des structures, les procédures et les valeurs culturelles du travail et de la production.
Ces pratiques et d'autres que les audits et études sur l'entreprise algérienne relèvent, peuvent s'expliquer
par l'absence d'un projet d'entreprise moderne et la persistance de représentations, de procédures et code
de gestion de l'entreprise selon les mécanismes du pouvoir et de la décision administratifs et monopolistes.
Elles sont accentuées par trois autres facteurs structurels propres au mode de constitution de l'entreprise
algérienne :◘ La confusion entre le pouvoir managérial et le pouvoir de propriété publique est source de
tensions et de problèmes de légitimité des dirigeants de l'entreprise publique. Elle limite leur autonomie
de décision stratégique et les confine à une gestion opérationnelle.
◘ La sous-capitalisation structurelle des techniques et méthodes de management et leur systématisation
dans le cadre de stratégie globale de l'entreprise.
◘ La faiblesse chronique de la formation en particulier pour les cadres du management intermédiaire.
De manière générale, la formation a été gravement marginalisée ces dernières années des préoccupations
et objectifs des dirigeants d'entreprise. Or, sans formation, la réforme et la reconversion aux systèmes et
pratiques de gestion de l'économie de marché demeurent un leurre. La valeur ajoutée de la professionnalité
dans la gestion est le meilleur support dans la prévention des difficultés de l'entreprise et la préservation
de sa survie. L'introduction et la maîtrise des techniques de management en constitue "l'input" principal.

LA RÉFORME DE L’ENTREPRISE

LÉGITIMITÉ ÉCONOMIQUE.- Les changements économiques et managériaux auxquels l'entreprise algérienne doit procéder
exigent des gestionnaires l'adoption d'une nouvelle approche scientifique multidimensionnelle et la mise en application d'une
philosophie de gestion plus dynamique, basée essentiellement sur la notion de l'homme en tant qu'acteur social moteur, capable
de produire et de créer le changement souhaité. Cela dit, il est temps que ces gestionnaires rompent avec l'idée qu'ils sont à la
tête d'un système politico-social (au sens large) et perçoivent qu'ils sont à la tête d'un système économique (au sens restreint)
qui, effectivement, fonctionne dans ce système global. Le ralentissement de la croissance de l'économie nationale est dû surtout
aux dysfonctionnements du système économique et aux réglementations excessives qui ont fait de cette économie une
économie administrée et de rente, étouffant ainsi toute initiative visant à lui redonner un souffle nouveau. La revalorisation de la
dimension économique de l'entreprise algérienne demeure, aujourd'hui, une tâche primordiale des gestionnaires. Dans cette
perspective, seuls les mécanismes de la commercialité et de la compétitivité déterminent la croissance économique. Car la
seule légitimité que peut acquérir l'entreprise d'aujourd'hui est celle de la légitimité économique. A l'inverse de la dimension
économique, la dimension organisationnelle et managériale demande beaucoup d'attention, vu son importance stratégique dans
le processus de réorganisation de l'économie nationale, en général, et de l'entreprise algérienne en particulier. Rechercher une
approche opérationnelle et adéquate pour une telle dimension n'est sûrement pas une tâche facile. Elle demande un effort de
recherche considérable. Néanmoins, envisager une première analyse critique sur un "mode d'organisation et de gestion" qui a
prévalu pendant près de trente ans s'avère nécessaire pour une meilleure compréhension des changements auxquels les
entreprises algériennes doivent procéder.
Cette analyse critique peut être fondée sur les propositions suivantes :
◘ la gestion de l'entreprise a souvent été confiée à des bureaucrates qui manquaient de perspective organisationnelle et de
pratiques managériales, en d'autres termes, l'art de gérer des hommes;
◘ l'impact négatif de l'idéologisation et de la politisation excessives de l'action organisationnelle et managériale, par des textes
qui étaient plutôt idéologiques que juridiques ou organisationnels;
◘ la confusion faite entre la notion de "politique économique" qui ressort des prérogatives de l'Etat comme régulateur et la notion
de "démarche organisationnelle et managériale" qui ressort des prérogatives de l'entreprise, en tant que personne morale
distincte, qui nécessite une approche organisationnelle et managériale propre à elle;
◘ la déconcentration du pouvoir de décision n'a été en fait qu'une simple délégation de signature dans des domaines restreints,
ce qui contraignait bien souvent les gestionnaires à activer dans un espace limité, et avoir une marge de manoeuvre les
empêchant de prendre toute initiative
◘ le manque de distinction entre le "leadership" en tant que structure et le "leadership" en tant que processus d'influence, qui
peut faciliter l'introduction d'un changement organisationnel et managérial sans beaucoup de résistance;
◘ l'absence de dynamique sociale dans les relations entre dirigeants et travailleurs. Les gestionnaires n'arrivent pas souvent à
prendre en charge le besoin de leurs subordonnés à la communication sociale, l'interaction entre eux n'est pas conçue selon un
modèle de relations dynamiques dans un système de complémentarité, étant déterminée par des mécanismes structurels liés à
la position hiérarchique de chacun.
◘ la création de commissions spécialisées, telles que la commission de discipline, n'a pas fait qu'affaiblir le pouvoir de décision
des gestionnaires. Cette situation ambiguë a favorisé l'apparition d'une dualité de pouvoir de décision (pouvoir des gestionnaires
et de la direction et pouvoir des commissions ) et a laissé vivre ces structures dans des conflits continuels, donnant ainsi

359
l'occasion à la tutelle de saisir sa place d'arbitre et récupérer le pouvoir de ces structures, pour arriver, d'une manière, à un autre
type de centralisme bureaucratique;
◘ le syndicat ne joue plus son rôle initial et objectif qui est de réguler les rapports entre les besoins de l'entreprise et ceux des
travailleurs, mais s'ingère dans les affaires de gestion et s'implique davantage dans les luttes politiciennes et claniques.
Notons qu'aujourd'hui la question qui se pose quant à la performance des entreprises ne se limite pas à une simple crise de
production matérielle; elle est -à notre sens- plus complexe, et se définit dans une perspective plus stratégique : dans
l'intelligence même de l'organisation et la gestion de l'intelligence humaine. De ce fait, elle exige une analyse plus profonde dans
un contexte social, politique, économique et culturel en mutation (aux niveaux interne et externe), d'autant que la carte
géopolitique classique est dépassée, cédant la place à une nouvelle carte qui repose essentiellement sur les forces
économiques et technologiques, qui constituent à leur tour des facteurs de changement. L'entreprise algérienne, est aujourd'hui
contrainte de se libérer de la position d'observateur dans laquelle elle se trouve, de repenser sa stratégie à long terme et
d'adapter ses structures et ses méthodes d'organisation et de gestion à un environnement politico-économique international en
mutation rapide. Il est plus que jamais indispensable de concevoir aujourd'hui l'entreprise comme système dynamique et flexible,
qui fonctionne dans un espace vital et situationnel. Faut-il le rappeler encore : l'efficacité dans l'entreprise ne peut être atteinte
que lorsque les gestionnaires arriveront à comprendre et à croire à cette dynamique et parviendront à insérer correctement
l'entreprise dans son milieu naturel.

PARTENARIAT.- L'altruisme, l'humanisme et la charité sont relégués au dernier plan dans un contexte d'économie de marché.
Les intentions des uns et des autres sont de faire de bonnes affaires autour de projets, d'idées, d'argent, du savoir-faire et de la
technologie. Chacun déterminera sa place et la part de responsabilité dans la qualité de son apport et de son niveau de
participation dans le montage d'affaires. En dépit de profession de foi et des allégations de compétences prouvées, le pouvoir
sera entre les mains de celui ou ceux qui apporteront les capitaux puisqu'ils détermineront eux-mêmes la part du capital à
investir en fonction de l'audit d'opportunité qu'ils auront réalisé avec expertise. Il y aura donc transfert avant même toute
négociation d'une partie du pouvoir vers le partenaire qui décidera du montant de l'apport initial. Dans le cas d'un partenariat
avec l'étranger, l'entreprise algérienne souffrant entre autre du manque d'argent frais et notamment de la devise pour
moderniser son outil de production et donc son mode de fonctionnement présentera un handicap certain dans les négociations
d'achat de parts et d'actions. La détention d'une ressource telle que le capital est le premier sinon l'un des éléments fondateurs
du pouvoir sur l'entreprise bien qu'il y est aussi celui du savoir faire technique. Le profil du chef d'entreprise devra disposer
d'une panoplie de moyens pour asseoir, accroître et développer son pouvoir en mettant toujours en relief son savoir-faire et sa
parfaite connaissance de l'entreprise. Sa force devra également provenir du groupe qu'il aura pu former pour conduire
une action commune en tant que ressource d'efficacité. La multiplication des points de décision peut constituer un système de
partages d'influences autorisées à condition que les cadres soient détenteurs d'un pouvoir psychologique et disciplinaire
indispensable à la relance économique. Avec un partenaire étranger, la question du pouvoir est fondamentale par rapport à
l'avenir d'une entreprise. Si l'on ne peut préjuger du comportement du ou des partenaires en matière de coopération quant à la
gestion future de l'entreprise privatisée, il importe de prendre au sérieux cet aspect car, au delà de l'aspect strictement
économique et financier, c'est le contexte politique national et international qui détermine le comportement des partenaires.

P.M.E.-  Les principales contraintes au développement de la PME en Algérie* : Malgré les différents dispositifs entrepris par le
gouvernement algérien pour la promotion de la PME, ces dernières souffrent toujours de nombreuses difficultés qui freinent leur
développement, ce qui laisse suggérer que les efforts entrepris n’ont pas abouti à un décollage significatif. 
► Les contraintes liées au marché informel. Le secteur informel est prédominant dans l’environnement de la PME,
l’informalité peut toucher plusieurs domaines comme : 
- La concurrence déloyale de certains promoteurs, qui empêchent les nouvelles PME d’accéder aux marchés potentiels. 
- L’évasion fiscale et le phénomène de la sous déclaration sociale. 
► Les contraintes liées au marché de travail se résumant par :
- Le manque de managers, de gestionnaires, et de techniciens qualifiés. 
- Une faiblesse de la gestion du personnel ; contrat, procédures, et couts de licenciement. 
- Inexistence des instituts de formation qualifiés. 
- Une très mauvaise conception du plan de formation professionnelle.
► Les contraintes administratives et juridiques. La lenteur du système administratif et juridique en Algérie, continue à
peser négativement sur la promotion des affaires, parmi les problèmes les plus couramment rencontrés par les PME : 
- Des procédures administratives bureaucratiques. 
- La non fiabilité des informations fournies par les opérateurs économiques. 
- Inexistence d’une banque de données sur les PME et les opportunités d’investissement sur le marché. 
- Des difficultés à assimiler les procédures administratives par les opérateurs de l’administration algérienne. 
► Les contraintes liées au financement. En Algérie, l’accès au financement demeure un des problèmes majeurs qui
entravent la croissance des PME, cela est dû principalement à l’asymétrie de l'information et de la conception de facteur risque
entre le banquier et l'entrepreneur ; d’ailleurs nous constatons : 
- Un manque de transparence des entreprises et de professionnalisme dans la présentation des dossiers de crédits. 
- Une réticence des banques lors de l’octroi des crédits aux PME, afin de réduire leurs risques. 
- Une sous-exploitation des différentes sources de financement.
En dépit des efforts incitatifs en termes d’encadrement institutionnel, d’aide publique, de réglementation et de mise à niveau en
faveur des PME en Algérie, ces dernières présentent toujours des structures économiques, financières et organisationnelles
fragiles laissant suggérer que les efforts de promotion de la PME entrepris par l’État, depuis le début des années 90, n’ont pas
abouti à un décollage significatif.  Une des hypothèses formulées pour expliquer cette situation est que ;  La PME algérienne n’a
pas bénéficié d’une politique globale de promotion, puisque, les mesures et les programmes établis ne sont pas articulés à une
vision à long terme. De même, la pluralité des acteurs institutionnels et leur dispersion concourt à rendre le dispositif public
d’appui à la promotion de la PME peu clair, il n y a ni coordination ni vision d’ensemble. L’esprit d’entreprise est encore faible et
fragile.  Ces entreprises subissent des barrières spécifiques à l’entrée et à leur croissance qui rendent indispensable la mise en
place de politiques spécifiques pour encourager leur développement.  Pour être opérationnelles, ces politiques doivent assurer
l’interface entre les tendances générales de la politique économique (ouverture, stabilisation, croissance, etc.) et les

360
besoins propres à ce secteur en procédant, à l’application des mécanismes d’incitation pour les entreprises, à la hiérarchisation
des buts et à l’évaluation fréquente des performances à la fois des outils utilisés et des firmes aidées. C’est pour cela, qu’une
accélération des réformes structurelles est nécessaire, principalement dans le domaine des banques, le système fiscal,
l’environnement des entreprises, et d’autres domaines (justice, sécurité, administration …) ce qui affirme le rôle que doit jouer la
politique dans l’influence des décisions étrangères relatives aux investissements. ◙
(*) M. BOUAZZOUNI, Le financement international des économies en développement : cas de l’Algérie, Le Phare, N° 121, mai
2000.

►De 1999 à 2008, les montants d’IDE effect ivement réalisés n’ont pas dépassé 08,5 milliards de $, soit une moyenne annuelle
de l’ordre de 01 milliard de $, correspondant à moins de 1 % du PIB par an en moyenne. Ces chiffres montrent combien son
apport est insignifiant et marginal. Pourtant, dans le discours officiel des autorités, l’IDE est constamment présenté comme la
panacée aux problèmes d’investissement. A titre de comparaison avec les pays voisins, ce taux était, entre 2001 et 2007, de 4
% en moyenne et par an en Tunisie, 4.5 % au Maroc et en Egypte.Selon les statist iques disponibles, le nombre d’entreprises du
secteur privé est passé de 12 000 en 1994 à 200 000 (dont plus de 25000 PME) en 2003, auxquelles s’ajoutent quelques
700 000 artisans et 1000 coopératives artisanales (Saadi, 2005). Il s’agit essent iellement de l’agroalimentaire. L’essor du
secteur privé est donc à relativiser. Sa contribution dans l’ensemble de l’économie reste encore limitée. Le secteur, constitué à
90 % de micro entreprises, souvent de type familial, opère essentiellement dans l’industrie manufacturière, le transport terrestre,
le BTP et les services. Selon des données récentes, la présence sectorielle des PME privées confirme la faiblesse relat ive du
nombre de PME industrielles (voir tableau). Ainsi, à peine plus de 18 % de l’ensemble des PME privées sont de type industriel,
le reste étant pour l’essent iel des entreprises de service (46 %) et de BTP (35 %). □

Nombre de PME privées par secteur d’activité (au 1er semestre 2008) :

*Samir BELLAL, Univ. Boumerdès, De la difficulté de transformer l’épargne en investissement en Algérie ou la régulation en
question, El Bahith review 14/2014

PRIVATISATION.- La privatisation des entreprises publiques industrielles en Algérie: Bilan et perspectives.La


privatisation des entreprises publiques industrielles en Algérie qui a été initiée en 1995 par le Programme d’Ajustement
Structurel (PAS) sous l’égide du Fonds Monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale (BM) n’était pas intégrée dans
une politique industrielle. Cependant, depuis 2008, le « climat des affaires » marqué par une instabilité juridique,
l’interventionnisme, la crise économique mondiale semble peu propice à une privatisation qui pourrait permettre à l’industrie
algérienne de sortir de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Nous concluons que malgré quelques rares succès, la
privatisation des entreprises en Algérie a échoué parce que ces dernières n’ont pas bénéficié, au préalable de restructuration
stratégique. De plus, la privatisation n’a pas été encadrée par des institutions et une politique industrielle efficaces.
L'Algérie est l'un des pays en développement à ex orientation socialiste qui n'a pas échappé au mouvement universel de la
privatisation, c'est aussi l'un de ces pays qui s'était doté d'un très vaste secteur public et qui a rencontré de nombreuses
difficultés tant dans la mise en œuvre des réformes structurelles de son économie nationale en général que dans la privatisation
des entreprises publiques en particulier. C'est aussi un pays en développement qui présente, de par son héritage politico-
économique, de nombreuses spécificités qui font que sa transition à l'économie de marché est un processus complexe qui
devrait obéir à des règles et à des choix stratégiques adaptés à ses spécificités.
- Le système économique algérien ne résulte pas de l'émancipation de la propriété privé nationale. La privatisation en Algérie
doit se réaliser dans une ex-économie administrée, basée sur la rente pétrolière où l'Etat détient l'essentiel des moyens de
production et d'échange.
- La logique productive qui est à la base de la logique économique (production d'un surplus résultant d'une activité productive)
est absente. C'est une logique de répartition. Cette logique a été possible grâce à la transformation des hydrocarbures en
monnaie sur le marché mondial.(1)
1- Problématique : Compte tenu de ses spécificités, quels pourraient être les contraintes, et les perspectives du processus de
privatisation comme étant une solution pour la sortie de la crise de l'entreprise publique algérienne vu sous l'angle d'une
nouvelle stratégie de développement?
2- Objectif de la recherche : En fait, ce sujet s’inscrit toujours dans l’actualité et c’est la raison pour laquellenous l’avons choisi
comme thème de recherche.Notre choix d’un tel sujet a été guidé par le motif suivant : L’analyse du processus de privatisation
en Algérie pour comprendre les raisons de l’inertie du processus et la recherche de solutions alternatives adaptées aux
spécificités du contexte algérien.
3- Méthodologie : Dans le but d’atteindre efficacement ses objectifs, nous avons fait recours à la méthodologie suivante : Nous
avons combiné deux approches à la fois :
- L’approche positive, nous permet de porter une évaluation du processus de la privatisation en Algérie, dans une démarche
analytique, historique et statistique.
- L’approche normative, elle s’efforce d’examiner et d’étudier les interrogations relatives à la recherche de solutions et
propositions aux différents problèmes rencontrés.
4- Structure de l’étude : La présentation de notre recherche est organisée en deux axes principaux suivants :
Premier axe : est consacré au bilan de la privatisation en Algérie durant la période 1995 - 2012 L'analyse sera menée selon
deux acceptions courantes de la privatisation. L'acception restrictive (dite souvent française) et l'acception large (dite anglo-
361
saxonne). Les causes des résultats mitigés, de la période seront recherchées au niveau de plusieurs dimensions : politique,
idéologique, juridique, économique et sociale.
Deuxième axe: s'intéresse à la recherche de solutions alternatives à la lumière de la nouvelle stratégie industrielle (NSI).

1- Le Bilan de la Privatisation en Algérie de la période 1995-2009


Une analyse objective permettant de faire un bilan réel sur la privatisation en Algérie, va au -delà de la dimension physique
(nombre d'entreprises vendues)(2) et exige le recours à des référentiels précis. La prise en compte de la dimension physique est
certes nécessaire dans tout bilan, mais reste insuffisante si on occulte l'appréciation du résultat du processus par rapport
également aux modalités de transfert indirect qui n'affectent pas les droits de propriété, au niveau de libéralisation de l'économie
et à l'accroissement du poids du secteur privé dans l'économie nationale. Il est possible de regrouper toutes les formes de
transfert en deux grandes familles : La première, qualifiée de restrictive et fondée sur une approche microéconomique de la
privatisation, dite souvent française, et la deuxième qualifiée de large et fondée sur une approche macroéconomique de la
privatisation dite anglo-saxonne et couramment utilisée dans les analyses des institutions internationales de financement dont la
banque Mondiale.
(3) On va tenter d'établir selon les deux approches ci-dessus le bilan de la privatisation en Algérie de la période 1995-2009, puis
on va analyser les raisons de l'inertie du processus de privatisation engagé en 1995 en Algérie.
♦ Bilan des privatisations par le haut :
Selon cette approche, qui se limite, aux seuls transferts des droits de propriété du secteur public au secteur privé, il est
permis de faire un constat d'échec complet, car sur une période de quinze ans, la privatisation, qu'elle soit totale ou partielle, des
entreprises publiques n'a pas réellement avancé. Pour un certain nombre d'auteurs(4), l'expérience de privatisation en Algérie
de ces dernières années se solde par un revers difficilement discutable(5). Sur le chiffre total de cession envisagé au départ,
seule un peu plus d'une dizaine d'unités a fini, difficilement, par trouver acquéreurs en 1996, après l'échec d'une petite opération
de privatisation, une année auparavant, bien que, pour l'essentiel. Il s'agissait de petites unités hôtelières ou de surfaces
commerciales.
Durant la même période, particulièrement entre 1994 et 1998, 959 entreprises publiques, dont 696 entreprises publiques
locales (de dimension régionale), ont été dissoutes et leur actifs cédés aux salariés. Ces entreprises ont absorbé avant leur
liquidation-cession 54,2 milliards de dinars, somme affectée à l'assainissement de leur actif net négatif à hauteur de 30,4
milliards de dinars et à la couverture de leurs dettes pour 23,8 milliards de dinars sur un passif total de 39 milliards de dinars.(6)
Les actifs cédés ont permis en effet la création de 1774 sociétés de salariés (dont 25% constituées en la forme de sociétés par
actions) et le maintien de 27.000 salariés sur un effectif total de 151.000 agents, soit presque 18%. Cette opération a été
organisée par deux instructions : l'instruction n°2 du 15 septembre 1997 relative aux entreprises publiques nationales dissoutes
par anticipation et l'instruction n°3 du 2 mai 1998 relative aux entreprises publiques locales.(7)
De nombreuses autres opérations de privatisation ont pratiquement abouti au même résultat, parmi lesquelles on relève le
lot de 89 entreprises publiques confié à l'ex Conseil national de privatisation (CNP).(8)
Le processus de privatisation a connu un développement rapide depuis 2005 avec la privatisation d'une centaine d'entreprises
des différents secteurs de l'économie.

Néanmoins, à ce jour, le nombre des entreprises privatisées n'est pas connu. Il est quasiment impossible de connaître le
nombre exact de transactions entrant dans le cadre du programme algérien de privatisation.
La définition même de ce qu'est la privatisation n'est pas encore éclaircie au niveau des instances chargées de la
privatisation. Certains dénombrent uniquement les entreprises mères alors que d'autres comptabilisent toutes les filiales de
chaque entreprise. Même les cessions au profit d'institutions étatiques ont été comptabilisées.(9)
En revanche, ni les noms des entreprises cédées ni ceux de leurs repreneurs n'ont été divulgués, Le moindre souci de
transparence serait justement de donner toute la liste nominative des 142 entreprises cédées et leurs repreneurs respectifs ainsi
que les niveaux de prise de participation. Le processus de privatisation a rapporté au trésor public 137 milliards de DA, entre
2003 et le premier trimestre 2008, sans compter les 34 milliards de DA, en guise de contributions apportées au capital des 447
entreprises privatisées par leurs repreneurs.(10)
Donc on peut, conclure que le bilan des réalisations physiques durant la période 1995-2009 est pratiquement négatif et
n'enregistre aucune avancée sérieuse du processus de privatisation.
♦ Bilan des Privatisations par le bas:
Il est important de noter ici que la déréglementation (ou dérégulation), dite souvent «privatisation par le bas» a permis
l'apparition d'un secteur privé dans les activités qui étaient sous monopoles publics. Le bilan des privatisations par le bas est
positif dans de nombreux pays, notamment de l'Europe centrale et dans les économies en transition d'Asie. Les économies en
transition d'Asie ont favorisé la dérégulation par la libéralisation du secteur privé avant et au lieu de se lancer dans des

362
privatisations à grande échelle, car les entreprises publiques privatisées amorcent souvent difficilement la voie de la croissance
en raison, notamment, de l'importance des programmes de mise à niveau et d'ajustement (restructuration/ redéveloppement) qui
s'étalent sur plusieurs années.(11)
Les résultats réalisés dans ce domaine par l'Algérie sont non négligeables avec en 2002 un secteur privé qui génère plus de
70% de la production brute, qui connaît un taux de croissance de plus 5% et une contribution à l'emploi de 6%. Dans la valeur
ajoutée produite, le secteur privé est dominant dans les services avec 88% de la valeur ajoutée produite contre 12% pour le
secteur public, 66% dans les industries agroalimentaires, 68% dans le bâtiment et travaux publics, 73% dans le textile et la
confection et 92% dans les cuirs et chaussures. C'est dans l'industrie que le secteur privé reste globalement en deçà du secteur
public avec un taux moyen de 34% de la valeur ajoutée produite.(12)
Le secteur privé connaît (grâce à la privatisation par le bas) une poussée d'investissements dans de nombreux secteurs de
l'activité économique : le transport terrestre, aérien et maritime, les banques et les assurances, l'industrie manufacturière,
l'industrie agroalimentaire (13), les services (14), la santé, l'agriculture, l'éducation et le bâtiment.
En matière de partenariat, objectif privilégié dans le processus de privatisation, on a enregistré de 2001 à 2008, 38 cas sur un
bilan des privatisations qui avoisine 464 cas soit (8%). Certes la société mixte en tant que forme avancée de partenariat a attiré
quelques entrepreneurs nationaux et étrangers et a enregistré prés de 47 cas soit (10%).(15)
Les statistiques démontrent que près de 75% des PME recensées en 2005 ont été créées après le code de 1993, et que plus
de 35% ont été créées durant entre 2000 et 2005, 16 après la promulgation A la fin de l'année 2008 les PME privées déclarées,
constituent une population d'entreprises dont le Population du secteur nombre s'élève à 392.013 PME privées. Ces entreprises
privées auxquelles s'ajoutent plus de 126.887 artisans enregistrés auprès des 31 Chambres de l'Artisanat et des Métiers (CAM)
constituent la composante majeure de la population des PME et représentent plus de 99% de l'ensemble de l'ordonnance 2001.
(16)

Le tableau général ci-dessous ainsi son interprétation graphique illustre l'évolution annuelle des PME de 2003 à 2008, une
tendance à la hausse, sauf pour le secteur publique qui est en baisse continuelle de 778 PME en 2003 à 626 en 2008, une
baisse due au processus de privatisation des entreprises publiques.

Pour ce qui est du secteur privé des PME, il a connu une évolution considérable passant de 207.949 PME en 2003 à
392.013 en 2008, soit une hausse de près de 86% en 5 ans, équivalant à un taux de progression annuel d'ordre de 17,70%. Le
même constat pour les activités artisanales, passant elles aussi de 79.850 en 2003 à 126.887 en 2008, soit une hausse de
47.037 PME artisanales en 5 ans. Pour ce qui est de la démographie de PME entre 2007 et 2008, il y a eu 27.950 nouvelles
créations, 2.966 réactivations (après arrêts temporaires) et 3.475 radiations.

Les petites et moyenne entreprises en 2008, emploient 1.540.209 personnes plus de 80% dans le secteur privé, 16,51%
dans les activités artisanales, seulement 3,43% dans le secteur public. Les statistiques affichées indiquent que parmi plus de

363
320.000 PME privées actisur le territoire national, il y en a 147.582 spécialisées dans les services (45,92%) et 111.978 dans
BTP (34,52%) soit 80,44% dans la totalité, ce qui montre que le tissu des PME en Algérie est constitué essentiellement de ces
deux secteurs, et quel'industrie avec un taux de 17,84% attire relativement peu d'investissement.(17)
Selon Benissad (2009), le développement du secteur privé semble avoir grandement soutenu par la disparition de « l'effet
d'éviction » dont il était victime par le passé, notamment dans le domaine de l'accès au crédit.(18)
Outre, l'engagement de l'Etat dans le programme de 1 million de logement, l'autoroute est/ouest et plein d'autre projets inscrit
dans le BTP, expliquel'augmentation des PME dans ce secteur puisque leur nombre est passé de 72.869 en 2004 à 111.978 en
2008 soit un taux d'évolution de 54%, et même les services affichent une augmentation de 44.741 PME entre 2004/2008, ce qui
confirme nouvelle direction de l'économie algérienne vers certaines activités pour satisfaire les besoins suite au changement de
l'environnement interne et externe.(19)
Cependant, la déréglementation ou privatisation par le bas s'accompagne également d'un développement sans précédent du
secteur informel dont le poids est estimé 40% du PIB, entraînant un manque à gagner pour l'administration des impôts
demilliards de dinars en 1999.(20)
Selon une étude du Forum des chefs d'entreprises (FCE), les revenus annuels du secteur informel avoisinent les 6 milliards
d'euros (600 milliards de dinars), soit 17% de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages algériens pour l'année 2009.
Selon la même étude, le secteur informel emploie 1,78 millions de personnes, soit 22% de l'ensemble de la population
active. « En tenant compte de l'emploi informel dans le secteur formel et de l'emploi occasionnel de personnes qui déclarent
travailler de temps à autres, l'emploi informel serait en réalité de 32% de l'emploi total.
►Les causes de blocage du processus de privatisation :
ⱷ Les contraintes politiques et idéologiques :
- Difficultés et contradictions idéologiques : la privatisation, qui s'inscrit dans un programme de transformation globale, entraîne
ou s'inscrit, en effet, dans un processus de bouleversement des comportements et de la culture acquis durant des décennies à
l'ombre d'une idéologie socialiste prônant équité et justice sociale.
Cette idéologie, ancrée dans la mémoire collective, reposait sur un slogan officiel inscrit sur tous les édifices publics et
consacrant le principe des acquis collectifs par l'expression « Par le peuple et pour le peuple ».
Selon Abdelhak Lamiri(21), l'Algérie est l'un des rares pays où le socialisme a disparu dans le langage officiel et les intentions,
mais pas dans les esprits et les pratiques. Nous avons donc un grave dilemme à résoudre, celui de vouloir construire une
économie de marché avec des mentalités d'une économie centralisée et planifiée.
- Difficultés et contradictions politiques :
Les difficultés et contradictions politiques résultent quant à elles du comportement du personnel politique habitué des décennies
durant à intervenir dans la sphère économique avec un puissant pouvoir dans tous les domaines de décision.
L'entreprise jusqu'à la veille des réformes était en effet considérée comme un prolongement naturel de l'administration et
soumise dans tous ses actes aux instructions et aux injonctions du pouvoir politique. Elle n'a jamais en effet disposé d'une
latitude normale et régulière dans la conduite de ses propres affaires, même celles relevant du court terme.
ⱷ Les contraintes économiques :
La question des actifs financiers et des dettes constitue un obstacle à la privatisation dans les pays en transition, la
privatisation a souvent été avancée comme une nécessité. En Algérie, les entreprises publiques concernées par la privatisation
ont des niveaux d'endettements importants. Ces dettes questionnent à leur tour le débat sur la privatisation d'un secteur
bancaire très affaibli. Les banques commerciales n'assurent quasiment aucun rôle d'intermédiation financière pourtant
indispensable dans le cas d'une privatisation. La question du financement de la privatisation est donc entièrement posée. La
situation financière des entreprises algériennes et le comportement historique particulier des entreprises publiques vis-à-vis du
système bancaire constituent des enjeux importants pour les réformateurs algériens. Car finalement, il ne s'agit pas tant de
savoir quelle entreprise est privatisable ou stratégique, mais bien de savoir comment va s'opérer le financement de la
privatisation et à qui il convient de faire subir le poids des dettes contractées par ces entreprises. Le faible accès au crédit et la
déstructuration endémique du système bancaire algérien laissent entrevoir des difficultés, voire des impossibilités, à mener un
programme de privatisation dans les procédures et les temps habituellement annoncés. A cet égard, deux points doivent être
mentionnés (22)
 D'abord, le niveau atteint par les créances douteuses que détient le système bancaire sur les entreprises publiques est tel que
l'on se pose la question de savoir si finalement les banques ne sont pas devenues les propriétaires légitimes des entreprises
publiques.
 Ensuite, se pose la question des capacités organisationnelles et institutionnelles dont disposent les banques pour assurer et à
accompagner le processus de privatisation.
ⱷ Les contraintes sociales :
Selon le conseil national économique et social la structure par secteur d'activité des compressions d'effectifs est la suivante :
60% dans le bâtiment et les travaux publics d'habitation, 21% dans les services, 17% dans l'industrie, 2% dans l'agriculture.
Pour affaiblir les effets sociaux négatifs de ces politiques d'ajustement structurel, un filet social est établi ; il prévoit soit des
versements d'indemnités forfaitaires de solidarité, (selon le conseil national économique et social, ces mesures ont concerné en
1997, 426 000 personnes), soit l'intervention de la caisse nationale de chômage qui a pris en charge en 1997, 128 696
employés ayant fait l'objet de mesures de compression.
ⱷ Les contraintes juridiques :
La réforme du secteur public n'a pas connu moins de quatre versions en contradiction les unes par rapport aux autres, de
1988 à ce jour. Le résultat est que le secteur public économique se trouve aujourd'hui plus que jamais enlisé dans un maquis de
textes et de règlements qui a, en définitive, beaucoup plus contribué à réduire l'autonomie des entreprises publiques qu'à libérer
l'initiative des gestionnaires comme y aspiraient les réformes. Aussi, le manque de concertation et de clarté dans la conception
des lois sur les privatisations a engendré des contraintes qui ont nécessité plusieurs révisions donnant lieu à trois lois
successives de privatisation des entreprises publiques.
ⱷ L'environnement institutionnel : Les derniers rapports des institutions internationales (FMI, Banque Mondiale)et de
nombreux travaux de recherches posent la question des bonnes institutions ourègles du jeu comme condition nécessaire pour
parvenir à un niveau optimald'efficience pour les pays en développement ou en transition.

364
Dans les faits, l'examen du cadre institutionnel de l'économie de marché en Algérie montre une certaine carence par rapport
aux pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), (Graphique N°02) ce qui n'est pas sans pénaliser l'attractivité
du territoire quant à l'entrée de capitaux étranger.(23)

Ce tableau des indicateurs de gouvernance, élaboré par la Banque Mondiale, nous montre la mauvaise situation de
l'Algérie. En effet, le tableau montre que l'Algérie sous performe dans tous les six indicateurs analysés (voix et responsabilité,
stabilité politique, efficacité de l'Etat, qualité de la réglementation, règles de loi et lutte contre la corruption) comparativement aux
autres pays du MENA.
Une étude de la Banque Mondiale(24) pointe de manière forte ce qu'il est possible de qualifier de « sous développement » relatif
du cadre institutionnel en Algérie par rapport à ses voisins immédiats. Il y est noté que « les études relatives au développement
du secteur privé ont mis en évidence que le cadre juridiques est encore caractérisé par des inadéquations partielles des normes
et règles applicables au monde des affaires notamment celles relatives:
a- A la constitution et au fonctionnement des sociétés commerciales,
b- Au régime de la concurrence et de la transparence dans les transactions commerciales,
c- Des sûretés,
d- Au statut de la propriété privée,
e- Au régime de la faillite et de règlement judiciaire.(25)
Sur le plan économique en général et en termes de privatisation en particulier, la durée et le coût de l'enregistrement de la
propriété sont des facteurs déterminants quant à une décision d'investissement. Si la durée de l'enregistrement de la propriété
semble plus courte en Algérie (52 jours) que dans les pays voisins (57 jours en Tunisie et 193 jours en France), le cout de
l'enregistrement reste en revanche assez élevé (9% de la valeur de la propriété), alors qu'il n'est que de 61% au Maroc et en
Tunisie. Les durées et coûts relatifs à la mise en œuvre des contrats sont également des éléments déterminants. Ces
indicateurs particulièrement élevés en Algérie ne sont pas de nature à inciter de manière forte les investissements et les prises
de risque : 407 jours en Algérie contre 27 en Tunisie ou 240 au Maroc
2- La privatisation dans la nouvelle stratégie industrielle
Dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle, en élaboration depuis 2007 mais qui n'est pas encore adoptée par le
conseil des Ministres ou par une ordonnance, la privatisation doit participer à la relance économique. En effet selon Mr
H.Temmar, Ministre de l'industrie et de la promotion de l'investissement « la relance économique se base non seulement sur la
mise à niveau des entreprises privées, la privatisation des EPE, mais aussi sur le secteur public marchand à travers treize
entreprises qui ont été sélectionnés pour réaliser un redéploiement sectoriel de l'industrie.
2-1- Le redéploiement sectoriel de l'industrie
Ces treize « champions industriels » ont été repérés suite à un diagnostic réalisé par 4 cabinets engagés par le MIPI afin
d'évaluer le niveau de compétitivité des EPE et la détermination de leur positionnement par secteur d'activité. Le MIPI créé en
2008 remplace le MPPI (Ministère de la Participation et de la Promotion de l'Investissement). Ce changement montre bien que la
préoccupation ou la priorité est désormais de sauver le secteur industriel qui voit certaines activités de l'industrie manufacturière
disparaître. En 2008, selon l'ONS 90 entreprises publiques ont disparu suite à des privatisations et des fermetures
Le redéploiement sectoriel de l'industrie s'effectuera selon les choix retenus par la stratégie industrielle et qui appellent une
action sur 3 plans complémentaires (site des assises de l’industrie.
 La valorisation des ressources naturelles.
 La densification du tissu industriel.
 La promotion de nouvelle industrie
Conclusion : La privatisation des entreprises publiques en Algérie à, à notre sens échoué. Parmi les indicateurs de cet échec,
nous avons mis en exergue la poursuite de la désindustrialisation qui touche particulièrement l'industrie lourde et le nombre très
réduit d'entreprises privatisées par rapport aux prévisions.
Les résultats de cette étude nous dévoilent les points essentiels suivants :
1- La privatisation n'a pas été intégrée dans une politique industrielle de relance de l'économie nationale avant l'année 2007. La
privatisation est certes, une conditionnalité des accords avec le FMI et la Banque Mondiale, mais sa préparation n'a pas
bénéficié d'institutions efficaces, comme par exemple une agence unique de privatisation composée de professionnels de
stratégie d'entreprise et de privatisation d'entreprises.
2- La restructuration des entreprises à privatiser n'a pas consisté en une restructuration stratégique, il s'agissait plutôt d'une
restructuration défensive. Une restructuration stratégique aurait permis de les relancer, la restructuration stratégique est
élaborée au sein de la firme, ou en tout cas avec sa collaboration. Elle doit être mûrement réfléchie et permettre l'introduction de
nouveaux procédés et produits, de nouvelles technologies et de nouveaux investissements.

365
3- La privatisation a été réalisée dans un contexte institutionnel défavorable à savoir que les institutions chargées de la
privatisation ont été inefficaces essentiellement à cause de problèmes d'agence et donc l'absence de contrats et d'obligations de
résultats. De plus, la multiplicité des intervenants dans le processus de privatisation
Ces résultats nous permettent de suggérer un ensemble de pistes de réflexions que nous avons jugé nécessaire :
- Nous n'avons pas achevé le processus de privatisation, il faut bien le reprendre etle terminer, la stratégie industrielle pourrait
constituer un complément utile aux privatisations et permettre l'apparition de champions locaux et régionaux.
- Fonder une véritable stratégie industrielle en associant les différents acteurs
suivants : Les grandes entreprises (publiques, privées et étrangères), les petites et moyennes entreprises, les banques, les
différentes administrations locales et nationales (Impôts, douanes, chambres de commerce, établissements d'assurance,
laboratoires, instituts de normalisation, différents ministères, services des domaines et de gestion des zones industrielles et
d'activités ...etc.), les associations professionnelles et fédérations de producteurs, les organismes d'évaluation et de contrôle
(conseil national économique et social, office national des statistiques, ... etc.). Tous ces différents acteurs doivent être intégrés
de manière habile dans une stratégie industrielle nationale à même de leur permettre de conjuguer leurs efforts pour assurer le
maximum de succès à cette dernière.
- L'efficacité de l'économie algérienne est tributaire de trois pré-requis critiques à tout développement. La construction d'un
système de financement efficient, la consolidation d'un tissu d'entreprises compétitives et la construction d'un vivier de
managers. Par ailleurs, il faudrait améliorer le climat des affaires pour que la privatisation en Algérie connaîtra une grande
avancée. L'Algérie est pénalisée par le poids de sa fiscalité, les entraves à l'enregistrement des titres de propriété, les conditions
difficiles de création d'une entreprise, les retards dans la modernisation de son système financier et bancaire. ◙ BOUKHOUDMI
Ouahiba, Al-Bashaer Economic Journal n°2 (Déc. 2015).
Bibliographie :
(1) Ratiba Saadoun : « La Privatisation des entreprises industrielles en Algérie : Analyse, histoire et développement » Thèse de
doctorat en sciences économiques, Université Lyon2, 2012, P 18.
(2) En Mai 2000, le groupe mondial allemand a acheté 60% puis 40% (en 2004) du capital d’Enad, entreprise publique
algérienne de détergents. En 2001, le groupe indien Lakshmi Niwas Mittal (devenu depuis Acelor Mittal) a acheté 70% du capital
de l’entreprise publique algérienne de sidérurgie (SIDER).
(3) Nacer-eddine SADI : « La Privatisation des entreprises Publiques en Algérie, Objectifs, modalités et enjeux » L’Harmattan,
Paris, 2005, P 18.
(4) M.hadj sayd : « L’industrie algérienne crise et tentative d’ajustement »,ed, l’harmattan,Paris,1996, p 300.
(5) Rachid Malki : « Privatisation/coté d’alerte »,quotidien EL-Waten du 25 juin 1997.
(6) Noureddine Bardad Daidj : « Privatisation et restructuration industrielle, les choix de l’Algérie face à l’expérience des pays
d’Europe de l’Est », Thèse de doctorat en sciences économiques, Université Paris 1, 2003, p 334.
(7) Nacer- eddine Sadi, opcit, p 190.
(8) Voir Nacer- eddine Sadi, opcit, p 192-193.
(9) N. Azouani : « Privatisation et Performances économiques et financières des entreprises algériennes privatisés », thèse de
doctorat en sciences de gestion, ESC, Alger, 2010, P 231.
(10) Chiffres du MTPI, cité par N. Azouani, opcit.
(11) N.E. Sadi, opcit, p 194.
(12) Dans le secteur des transports, le secteur privé y représentait 49% en 1990 et a atteint 67% en1998.Dans le secteur des
services fournis aux ménages et aux entreprises, la part du secteur privé était déjà très importante en 1990, puisqu’elle atteignait
82%. Ce taux a atteint 88% en 1998.
(13) Chelil A et Ayad Sidi Mohamed : « PME en Algérie : réalités et perspectives », université de Tlemcen, Octobre 2009, P 09.
http://www.univ.tlemcen.dz/fseg/larevue09.htm/
(14) Samir Bellal: « Essai sur la crise du régime rentier d'accumulation en Algérie : une approche en terme de régulation »,
thèse de doctorat en sciences économiques, université lumière de Lyon 2, 2011, P 189.
(15) Chelil A et Ayad Sidi Mohamed, opcit, p 09.
16- Grim Noredine, « L'économie algérienne otage de la politique », ed.Casbah, Alger, 2004, P 103.
(17) Chelil A et Ayad Sidi Mohamed : « PME en Algérie : réalités et perspectives », université de Tlemcen, Octobre 2009, P 09.
http://www.univ.tlemcen.dz/fseg/larevue09.htm/
(18) Samir Bellal: « Essai sur la crise du régime rentier d'accumulation en Algérie : une approche en terme de régulation »,
thèse de doctorat en sciences économiques, université lumière de Lyon 2, 2011, P 189.
(19) Chelil A et Ayad Sidi Mohamed, opcit, p 09.
(20) Grim Noredine, « L'économie algérienne otage de la politique », ed.Casbah, Alger, 2004, P 103.
(21) Voir A.Lamiri : « culture politico-économique en Algérie », El-Watan - Economie du 19 au25 Décembre 2011.
(22) Voir Lyazid Kichou : « Les Privatisations en Algérie sont-elles toujours d’actualités ? », cairn info, N°71, 2009.
http://www.cairninfo/revueconfluencesméditerranée-2009-4-Page-63 htm,P72-73
(23) Voir Lyazid Kichou, opcit, P 64.
(24) Algérie, Le droit des affaires et le développement du secteur privé en Algérie, 27 Avril 2005, Banque Mondiale, rapport
N°32945 DZ.
(25) voir Lyazid Kichou, opcit, P 65.

LA STRATEGIE D’ENTREPRISE

CAPITAUX ETRANGERS.- Du point de vue des modalités d'intervention, les partenaires étrangers ont le
choix entre les investissements directs et les sociétés conjointes (joint-ventures) avec des partenaires
algériens, du secteur public comme du secteur privé. Dans les filiales des entreprises publiques, il n'y aura
pas de pourcentage déterminé pour la participation des investisseurs étrangers à leur capital social, sauf
dans les secteurs stratégiques ou cette participation est limitée à 49%. L'investissement étranger pourra se
faire soit à l'occasion de nouvelles créations, soit à travers l'acquisition de parts sociales de sociétés
existantes ou d'installations existantes. Des zones franches seront créées pour développer des activités de
production et de service. Les règles générales régissant l'investissement des capitaux étrangers sont

366
déterminées par un code approprié édicté à cet effet. Des conventions spécifiques à conclure entre les
promoteurs de certains investissements importants et l'Etat sont possibles. Cependant, il convient d'éviter
de se nourrir d'illusions, à propos du capital étranger; celui-ci ne se décidera effectivement, s'il en a
réellement le désir et y trouve son intérêt, à s'investir dans le pays que lorsque l'Algérie se mettra au
travail, reprenant vigoureusement le chemin de son développement et investissant massivement ses propres
ressources pour son équipement et sa croissance. Le jour où des chantiers de réalisation s'ouvriront et se
multiplieront dans tous les secteurs et, notamment dans celui de l'industrie, par ses propres moyens, le
capital étranger ressentira à nouveau la tentation de se joindre à cet effort. En attendant, les conditions
d'attrait et d'accueil doivent être aménagées dans le pays car le concours du capital étranger demeurant
encore aléatoire, l'Algérie n'a d'autre perspective que de compter sur ses propres ressources.

CONJONCTURE.- La mondialisation de l'économie constitue un défi de taille pour les entreprises


algériennes qui devront proposer suffisamment de produits de qualité à même de satisfaire la demande et,
de ce fait, elles ne pourront plus permettre d'ignorer les règles élémentaires de la science managériale. Ceci
les amène à répondre à un nombre indéterminé de questions pour qu'elles puissent survivre dans une
économie de marché et avoir plus de liberté d'initiative pour gérer leurs marchés, dessiner leurs stratégies,
et donc reconnaître le besoin absolu d'abandonner une mentalité de produire et de vente au profit d'une
attitude marketing et l'utilisation de ses techniques. Cette logique a pour condition sine qua non une
nouvelle mentalité managériale dans une nouvelle donne du marché. Les entreprises économiques en
Algérie vivent un tournant décisif concernant cette transition à l'économie de marché, après avoir vécu une
évolution mouvementée et souvent malheureuse vu que le constat est plutôt sombre et les résultats plutôt
négatifs. Négligeant sérieusement et peut-être naïvement les fluctuations de l'économie mondiale et
s'appuyant sur une économie de reste (et donc de pénurie), ces entreprises affrontent structurellement deux
situations :
◘ une adaptation aux règles de cette économie.
◘ une liquidation et donc disparition de la sphère économique.
Une économie de marché nécessite une refonte globale et radicale de l'économie algérienne et de
responsabiliser les entreprises devant ce grand défi, et pour cela, une élaboration d'une stratégie pour
s'adapter et surtout s'imposer, est évidemment souhaitable et relève d'une nécessité plutôt que d'un choix.
Une stratégie signifie un plan ou un programme bien défini et établi selon les moyens et capacités réelles de
l'entreprise et il est du devoir des gestionnaires et autres chefs d'entreprises d'évaluer et d'étudier le
potentiel réel tant humain, financier, matériel, technique, ... pour mieux appréhender les éventuelles
fluctuations et rebondissements de cette toute nouvelle économie (ou mode de production).

STRUCTURE / STRATÉGIE .- C'est une relation de concepts qui se devraient d'être interdépendants au sein
de toute entité qu’elle soit administrative, économique ou sociale. La stratégie doit apparaître comme un
élément déterminant de cette relation. Il a été souvent constaté en Algérie que la structure d'une
organisation ne suivait pas de stratégie et qu'en conséquence, l'action d'entreprendre s'avérait inefficace.
Toute structure devrait donc se modeler pour correspondre à une stratégie adoptée. Souvent, des délais
importants se sont écoulés entre de nouvelles orientations stratégiques et les modifications de structure
auxquelles on pourrait s'attendre. La taille de l'entreprise ou de l'organisation considérée, son
environnement et le type de technologie utilisée, mettent en évidence l'impact de ces variables sur la
détermination des structures.

LA STRUCTURE DE L’ENTREPRISE

ECONOMIE DE RENTE ET ACCUMULATION.- Notre système productif a insuffisamment évolué. Il est nécessaire
d’orienter notre économie vers le financement des activités productrices autres que celles des hydrocarbures, sans quoi toute
politique se révélera inefficace car l’inflation et le chômage, en Algérie, sont en partie dus à la faiblesse de la production. Une
caractéristique essentielle de l’Algérie est d’être une économie rentière basée sur une seule entreprise Sonatrach. Le manque
de croissance et de productivité peut-elle expliquer la nature de cette emprise ? Les difficultés de privatisation et les sommes
importantes consacrées par l'Etat à ce qui est techniquement appelé l'assainissement des entreprises publiques qui dure depuis
1991 sans grands résultats, montrent que le fonctionnement rentier de l'économie n'a pas été radicalement transformé. En effet,
bien que les hydrocarbures ne représentent que 28% du produit intérieur brut pour 1995, les recettes de la fiscalité pétrolière
représentent 55% des recettes budgétaires globales de l'année 1996, alors que ce taux avoisinait 38% en 1989. Au vu de ces
données, il apparaît que le fonctionnement de l'Etat reste fortement dépendant des ressources que procure la rente énergétique.
L'économie produit des ressources fiscales ordinaires de plus en plus faibles pour couvrir des dépenses publiques de plus en
plus élevées. C'est ce qui explique, par ailleurs, que la principale transformation du pays concerne le commerce extérieur,
principal lieu de “consommation” de la rente énergétique, autrefois domaine réservé aux entreprises publiques, et ouvert
maintenant en plus, à quelque 25 700 opérateurs privés. C'est ce secteur qui a fait l'objet de plus de résistance au changement
de la part de l'Etat et des entreprises publiques, malgré quelques tentatives de réforme amorcées en 1990. Mais, avec l'adoption
du PAS, le commerce extérieur a été ouvert et constitue un lieu d'importantes luttes d'intérêt. Le partage d'au moins 10 milliards
de dollars d'importation annuellement ne laisse indifférents ni les grandes administrations de l'Etat, ni les différents groupes
d'intérêts puissants. L'enjeu des réformes actuelles semble principalement se situer à ce niveau (*).
(*) Nicole Chevillard, Algérie l'après guerre civile : évaluer les chances de paix et anticiper la croissance, Ed. Nord Sud Export
Conseil, 1995, Paris.

GROUPES INDUSTRIELS.- Le Conseil des Participations de l’Etat annonce dans un communiqué, le 1er septembre 2014, la
création de 13 groupes industriels. Ceux-ci sont installés le 23 Février 2015.
□ Les 13 Groupes industriels composant le Secteur Public Marchand Industriel :
1 ►Spa Groupe Agro-industries Issu de la transformation juridique de l'ex -SGP TRAGRAL, et de la fusion par absorption des

367
ex-SGP COJUB et CEGRO. Il est doté d'un capital social de 10,26 Milliards DA. Il opère dans les filières céréales ; il est prévu la
relance des filières levures, jus/boissons. Le groupe AGRODIV se compose en 2016 de neuf (9) Filiales en activités et ce, suite
à sa reconfiguration opérée en Mai 2016 : ♦ 6 Filiales Céréales (Centre, Ouest, Zibans, Laghouat, Hauts Plateaux et
Constantine) ♦ 1 Filiale distribution (DICOPA) ♦ 1 Filiale agricole (AGROSUD) ♦ 1 Filiale recherche et développement en agro-
industrie. Ces entités contrôlent 35 unités répartis sur le territoire national. Le groupe détient également des participations au
niveau de six (06) Entreprises.
2 ►Spa Groupe Industries Chimiques Société Par Action issue de la transformation juridique de l’ex-SGP GEPHAC avec un
capital social de la société est de 40,3 Milliards DA. Le Groupe opère sur deux filières d’activité : ♦ la chimie : production et
fabrication de produits d’emballage (sacherie, cartonnerie, récupération de papier), fabrication de différentes gammes de verre
et produits abrasifs, production de détergents, de produits d’entretien et d’hygiène corporelle, production de peintures, de vernis,
encre, colles et dérivés, distribution de produits chimiques. ♦ la pharmacie : production de coton et d’articles d’hygiène,
distribution de détail des produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques, incinération des déchets de l’activité
pharmaceutique. Il contrôle 34 entités. Le Groupe détient des participations minoritaires dans quatre (04) entreprises. 
3 ►Spa Groupe Equipements Electriques Electrodomestiques et Electroniques Issu de la transformation par fusion-
absorption des ex-Sociétés de Gestion des Participation de l’Etat INDELEC et CABELEQ. Doté d'un capital social de 39,75
Milliards DA, il active dans la fabrication et la commercialisation des produits et services électriques, électroménagers, de
télécommunication et électroniques. Il dispose d’un réseau commercial couvrant une large partie du territoire national. Spécialisé
dans le domaine des Equipements électriques, électroménagers de télécommunication et électroniques, se Groupe contrôle 19
entités et détient des participations dans minoritaires dans cinq entreprises.
4 ►Spa Groupe Industries Locales. Il est le résultat de la fusion par absorption des SGP EST/SUD-EST, EL-OUEST, IPRS et
DIPREST par la SGP CENTRE, du transfert du Groupe Wood Manufacture et la transformation juridique de SGP CENTRE en
une société commerciale Doté d’un capital social de 14, 947 Milliards de DA, il active dans le domaine des produits et des
services industriels et artisanaux et contrôle 12 entités. Ces entités contrôlent 89 unités répartis sur le territoire national ;
5 ►Spa Groupe Mécanique. Issu de la fusion absorption de l’EX-SGP EQUIPAG avec un capital social de 36, 286 Milliards
DA. Active dans les domaines de la production et commercialisation du machinisme agricoles et des embarcations de pêche,
des matériels et engins de travaux publics, des équipements Industriels et hydrauliques. Spécialisé dans le domaine de
l’industrie mécanique et de machinerie, il contrôle 38 entités dont six (06) à actions majoritaires et détient des actions
minoritaires dans deux entreprises.
6 ►Spa Groupe Industries Métallurgiques et Sidérurgiques. Issu de la transformation juridique des ex-SGP TRANSOLB et
CONSTRUMET avec un capital social de 65,39 Milliards DA. Active dans les domaines de la production de la sidérurgie, de la
métallurgie, de la transformation métallique ainsi que de la récupération et dans les services liés à son activité. Il contrôle 30
entités dont 10 à action majoritaires et détient des participations minoritaires dans huit (08) entreprises.
7 ►Spa Groupe Textiles et Cuirs. Issu de la transformation juridique de l’ ex- SGP des Industries Manufacturières (SGP IM).
Active dans les domaines de la production des textiles de base, de la Confection & Habillement et de la transformation du cuir.
Spécialisé dans le domaine de l’industrie du textile et produits de cuirs, il contrôle (27) entités. Il détient des participations
minoritaires dans deux entreprises.
8 ►Spa Groupe SNVI. L’Entreprise Nationale des Véhicules Industriels (SNVI), Entreprise Publique Economique constituée en
société par actions depuis mai 1995, doté d’un capital social de 2,2 Milliards DA. Spécialisé dans le domaine de la production et
de commercialisation des matériels de transport, de marchandises, il contrôle (06) entités .Il détient des participations
minoritaires dans (07) entreprises. Il opère dans la conception, la fabrication, la commercialisation et le soutien après-vente
d’une gamme de produits composée de :♦ Camions et camions tracteurs ♦ Autocars et autobus ♦ Carrosseries industrielles ♦
Matériels et équipements ferroviaires.
9 ►Spa Groupe GICA. Le Groupe a été créé le 26 Novembre 2009 par la transformation juridique de l’Ex-Société de Gestion
des Participations de l’Etat « SGP Industrie des Ciments » en Groupe National. C’est une société par actions au capital social
de 25,358 Milliards DA. Il opère dans les domaines de la production/commercialisation du ciment, des granulats et du béton prêt
à l’emploi (BPE) ; de la maintenance industrielle des équipements des cimenteries ; des essais sur les matériaux de
construction ; de la formation dans les métiers de ciment ; du gardiennage et sécurité. Spécialisé dans la production et la
commercialisation des ciments, granulats et produits dérivés, il contrôle (22) entités dont 05 à contrôle majoritaire et détient des
participations minoritaires dans 03 entreprises.
10 ►Spa Groupe SAIDAL. Groupe pharmaceutique généraliste algérien qui a été créé en 1982, doté d’un capital social de 2,5
milliards DA. Le Groupe a pour mission principale le développement, la production et la commercialisation des produits
pharmaceutiques à usage humain et vétérinaire. Le Capital social du est contrôlé par l’Etat algérien (80%). Les 20% de flottant
sont détenus par des privés algériens (16%) et par des institutionnels algériens (4%). Spécialisé dans le domaine de l’industrie
Pharmaceutique, il contrôle (03) entités. Le Groupe détient des participations minoritaires dans huit (08) entreprises.
11►Spa Groupe SNTA. La SNTA / spa a été créée le 04 novembre 1963. Elle est issue de la nationalisation des industries et
des manufactures de tabacs et des allumettes en Algérie. Transformé, en 1990, en entreprise publique économique, dotée d’un
capital social de 18 Milliards DA et récemment il a été érigé en groupe. Son patrimoine de production et de commercialisation et
de soutien est représenté par 13 unités réparties à travers le territoire national. Il opère dans la fabrication de cigarettes de tabac
à priser et à mâcher et la fabrication de filtre. La SNTA contribue de manière très significative aux ressources financières de
l’Etat par la fiscalité générée par la fabrication et la commercialisation de ses produits.
12 ►Spa Groupe MANAL. Spécialisé dans le domaine de la Recherche, Exploration, Développement, Exploitation du domaine
minier et la commercialisation de produits miniers, se compose de (09) entités. Il détient des participations minoritaires dans
huit (08) entreprises 
13 ►Spa Groupe ASMIDAL ASMIDAL SPA, qui était filiale détenue à 100% par le Groupe SONATRACH, a été placée sous
l’égide du Ministère de l’Industrie et des Mines depuis le 5 août 2015. il est doté d’un capital social de 6,96 Milliards DA.
Spécialisé dans l’Industrie Engrais et Production phytosanitaires, il contrôle (03) entités .Le Groupe détient des actions
minoritaires dans cinq (05) entreprises. 
□ Nous pouvons avancer que le critère retenu par les pouvoirs publics pour qu‟un ensemble d‟EPE soit érigé en Groupe est un
critère organisationnel qui permet de mieux apprécier la configuration des branches d‟activités viables dans lesquels elles
opèrent.

368
HOLDINGS PUBLICS.- Les entreprises algériennes, en 1995, sont passées sous le contrôle des Holdings Publics en
remplacement des sociétés de gestion des participations (SGP) dissoutes dans le cadre de la préparation pour la privatisation
proprement dite des entreprises publiques assignée par le désengagement de l’Etat de la sphère économique. L’objectif de la
création des Holdings Publics était la revalorisation, le développement et la mise en partenariat des entreprises nationales qu’ils
géraient. La préoccupation majeure de toute entreprise publique algérienne est alors de rechercher à s’adapter à tous ces
changements et s’assurer sa survie dans un contexte économique défavorable et un environnement hostile. Pour ce faire, des
opérations d’évaluation et de redressement ont été initiées pour estimer sa viabilité et sa pérennité. Dans le cadre de
l’environnement international mouvant caractérisé par la montée des défaillances des entreprises et les restructurations
économiques internes, les entreprises algériennes ont mis en œuvre des stratégies et des plans de redressement. Ces
stratégies et plans de redressement ont pour objectif de s’adapter aux nouvelles mesures de ces restructurations, de faire face
aux conditions et aux règles régissant l’environnement économique national dans le cadre de l’économie de marché instauré et
de remédier à leurs difficultés afin d’assurer leur pérennité dans un environnement incertain.
►En 1996, nous avions 12 holdings nationaux en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des
privatisations. En 2000, nous assistons à leur fusion en 5 méga holdings et la suppression du Conseil
national des privatisations.   En 2001, l'Etat algérien   dissout les holdings   et met en place  des  sociétés 
de  gestion des participations (SGP)  chargées à la fois  de la privatisation et des capitaux marchands de
l'Etat, dont 11 établissements financiers relativement autonomes.  La cession des entreprises publiques
locales (EPL) est dans les faits confiée aux cinq holdings régionaux ; la responsabilité en matière de
privatisation de ces entreprises est exercée par deux organes institutionnels : les holdings et le conseil
national de participationsde l’Etat CNPE. L’année 1997 été marqué par la publication d’une liste de 250
entreprise publique économique (EPE) à privatiser. Pendant toute la période allant 1997 à 2000, des
oppositions latentes ont envenimé les rapports entre le CP et CNPE, le délégué à la réforme économique.
Conséquence, le discours sur la privatisation fut trouble, incompris et peu engageant pour l’investisseur et
le capital en général. C’est pour relancer le processus de privatisation et assurer son effectivité, qu’une
ordonnance n° 01-04 du 20 Août 2001, est venue définir le cadre actuel de la privatisation. L’ordonnance
abroge et remplace les textes antérieurs relatifs à la privatisation et fait ressortir trois axes principaux :
- Une reconfiguration du secteur public ;
- Un assouplissement de la procédure de privatisation ;
- Des garanties et avantages offerts aux investisseurs.
►La définition des holdings  :Une société holding est par définition, une société dépourvue d’activité
industrielle ou commerciale propre, détenant des participations dans d’autres sociétés en un nombre
suffisamment important, pour pouvoir se réserver le droit d’exercer un contrôle politique sur elles. Les
sociétés holdings existent depuis plus d’un siècle et sont largement répandues dans le tissu productif
français. Or, paradoxalement, aucune étude récente en sciences de gestion ne porte sur elles. Elles
constituent donc un terrain de recherche particulièrement intéressant. La première société à avoir été
identifiée comme telle est l’Impérial Continental Gas Association en 1824 en Angleterre Charignon 1932, aux
Etats-Unis la Pennsylvania Company en 1870, en Allemagne, Viag en 1923, au Canada avec l’International
holding en 1922 et bien-sûr en France, ou la première Société Centrale de Dynamite en 1887 (Charignon,
1932). Aujourd’hui, sur un échantillon de 606 sociétés cotées françaises, on dénombre 208 sociétés
holdings, soit plus du tiers des sociétés. Société par définition, lie financièrement entre elles plusieurs
sociétés, ce lien, matérialisé par les titres de participation, constitue sa seule raison d’être. La société
holding peut être vue comme un outil d’organisation des entreprises. Les sociétés holding sont aujourd’hui
des outils utilisés pour gouverner des organisations ; ce gouvernement peut être direct ou indirect si
l’utilisation des Holdings permet au marché financier d’exercer un meilleur contrôle sur les différentes unités
constitutives de l’organisation.
Les missions des holdings publics : Les missions, l’organisation et la configuration des holdings publics font l’objet des
développements ci-après. Cette présentation est faite par référence aux caractéristiques des fonds de participation. Les
missions des holdings peuvent être cernées à plusieurs niveaux :
- comme le fonds de participation. Le holding public est chargé d’assurer. Pour le compte de l’Etat. La gestion d’un portefeuille
de valeurs mobilières. Cette mission implique que le holding public est habilité à acquérir. Vendre ou échanger les valeurs
mobilières dont il assure la gestion. Alors que les fonds de participation ne pouvaient réaliser la cession d’actions que dans la
sphère publique, les holdings publics peuvent céder les valeurs mobilières qu’ils détiennent aux profits d’opérateurs privés, dans
le cadre de la privatisation es entreprises publiques. L’ordonnance relative à la gestion des capitaux marchands de l’Etat
dispose, en effet, que le patrimoine des EPE est « cessible et aliénable».il est toutefois à relever, à cet endroit, que l’ordonnance
relative à la privatisation limite la portée de ces nouvelles dispositions puisque les EPE relevant de plusieurs secteurs ne sont
pas éligibles à la privatisation ;
- Alors que le fonds de participation est chargé de « favoriser l’expansion économique et financière des EPE dont il détient des
actions », le holding public a, quant à lui, pour mission « d’impulser le développement des ensembles industriels, commerciaux
et financiers qu’il contrôle ». Comme on peut le constater, à ce niveau, la mission du holding public est pratiquement identique à
celle du fonds de participation :
- A l’instar du fonds de participation, le holding public est chargé d’une mission de développement et « contribue à la mise en
œuvre de la politique économique du gouvernement ». De cette comparaison, il ressort que les missions des holdings publics,
une autre analogie avec les fonds de participation est à relever, puisque le capital est entièrement détenu par l’Etat. En d’autres
termes, un holding public n’est pas privatisable.

REPARTITION.-Ventilation des Entités Economiques et Administratives: 959.718 entités économiques représentant (94%) du
total et 60.340 entités administratives (6%). Le tissu économique est fortement dominé par le secteur privé qui compte 920 307
entités, soit prés de 96% du total. La part du secteur public se situe à 2,4%, quant aux entreprises mixtes et étrangères, elles
représentent 1,7% du total.
La répartition régionale des entités économiques indique que près de 634 220 entités sont concentrées au niveau de la région
nord du pays, soit deux tiers de l’ensemble des entités économiques.

369
370
(Source : ONS, 2012)
Le tissu économique est fortement dominé par les personnes physiques (90.6 %) contre 9.4 % pour les personnes morales.
Ce résultat est révélateur d’une économie basée essentiellement sur des micros entités. La structure des personnes morales au
niveau wilaya, montre une concentration de plus d’un tiers (33.8 %) des entités dans la capitale, suivie de loin par les wilayas de
Tizi-Ouzou (7,2 %) et Bejaia (6,7 %). En ce qui concerne les personnes physiques, la wilaya d’Alger se caractérise par
l’absorption de 7,9% des entités économiques, suivie des wilayas d’Oran (5,8%) et de Sétif (5,3%). La même tendance est
observée au niveau global (personnes physiques + personnes morales), avec un taux de 10,4% pour la wilaya Alger, 5,6% pour
la wilaya d’Oran et 5,0% pour la wilaya de Sétif. Alger demeure ainsi, le pôle économique par excellence.
La répartition des entités économiques par grand secteur d’activité montre clairement la prédominance du secteur commercial
avec un total de 528 328 entités soit 55,1% de l’ensemble des entités. Plus de 84% de l’activité se concentre sur le commerce
de détail. Le reste se partage entre le commerce de gros et le commerce d’automobiles et de motocycles. En seconde position
vient le secteur des services avec 325 442 entités. La panoplie des activités relevant des services est très large. Pour ne citer
que les principales activités des services, nous pouvons dire qu’environ 26% des entités du secteur des services exercent leur
activité dans le transport avec ses différents modes et l’entreposage, 18,7% sont dans l’activité de restauration, 15,2% dans les
autres services personnels, 10,2% dans les télécommunications (y compris les taxiphones), 5,4% dans les activités juridiques et
comptables, 5,3% dans les activités pour la santé humaines (médecins privés, chirurgiens privés, dentistes, ….).
En somme, le nombre d’entités économiques activant dans le secteur tertiaire est de 853 770 entités, soit 89,0% de l’ensemble
des entités économiques, ce qui dénote clairement le caractère tertiaire de l’économie nationale.
Par ailleurs, le nombre d’entités industrielles recensées est de 97 202. A titre indicatif, 23,4% des entités industrielles activent
dans les industries agro-alimentaires (travail de grain, lait et produits laitiers, boissons, etc.), 22,7% dans la fabrication de
produits métalliques,10,5% dans l’habillement, 2,1% dans le travail de bois et la fabrication d’articles en bois et en liège, 1,3%
dans le textile, 1,6% dans la réparation et l’installation de machines et d’équipement. Enfin, les entités recensées relevant du
secteur de la construction ont été de l’ordre de 8 746, soit moins d’un pour cent (0,9%) de l’ensemble des entités économiques
recensées.
Sur les 959 718 entités recensées 83,5% sont implantées en milieu urbain et 16,5% en milieu rural. En milieu urbain, la wilaya
d’Alger occupe la première place avec 12,0% du nombre total. La wilaya d’Oran vient en deuxième position avec 6,5%. Pour le
milieu rural, la wilaya de Tizi ouzou occupe la première place avec la concentration des entités, soit 8,3% du nombre total. La
seconde concentration des entités en milieu rural est la wilaya de Sétif avec 6,7%. En termes d’activité, 68% des industries
extractives sont implantées dans le rural. En revanche, les industries manufacturières représentent 19%. Par ailleurs les
activités immobilières et financières restent très faibles dans le milieu rural, respectivement 1,8% et 3,5%.
Répartition des Entités économiques et administratives par Région :

371
N.B.- Les entités, dont la fonction principale consiste en la production de biens et services marchands, sont considérées comme
des entités économiques. En revanche, toutes les entités dont l’activité principale consiste à fournir à la collectivité des biens
et services non marchands sont considérées comme étant des entités administratives. Les biens et services sont considérés
comme non marchands lorsqu’ils sont offerts gratuitement ou à un prix économiquement non significatif. A ce titre, nous y
trouvons dans le champ des entités administratives toute l’Administration Centrale (les Ministères), les collectivités locales
(communes, dairas et wilayas), les Etablissements Publics à caractère administratif (Universités, écoles publiques, hôpitaux,
centres publics de soins, etc.). Les entités économiques couvrent alors toutes les activités économiques hors agriculture allant
de l’industrie aux services marchands en passant par la construction, le commerce, etc. (l'activité économique d'une unité de
production est le processus qui conduit à la fabrication d'un produit ou à la mise à disposition d'un service) Nous y trouvons les
personnes physiques et morales ainsi que tous les secteurs et formes juridiques. L’éventail des activités relevant des entités
économiques est très large, nous y trouvons les industriels, les commerçants de gros et de détail, les tâcherons exerçant dans la
construction, les artisans (boulangers, bouchers, bijoutiers, etc.) et les professions libérales (médecins privés, avocats, notaires,
etc.).

SOCIETE DE GESTION DES PARTICIPATIONS.-La réforme du secteur public de 1995 va donner naissance, dans un premier
temps, à douze holdings publics nationaux :
♦ Holding Public National Mécanique; ♦ Holding Public National Sidérurgie-Métallurgie ;
♦ Holding Public national Agroalimentaires Divers ; ♦ Holding Public National Agroalimentaire de Base ; ♦ Holding Public
National Electrique-Electronique ; ♦ Holding Public National Services ; ♦ Holding Public National Mines ; ♦ Holding Public
National Bâtiment et Matériaux de Construction ; ♦ Holding Public National Réalisation et Grand Ttravaux ; ♦ Holding Public
National Chimie Pharmacie; ♦ Holding Public National Industries Manufacturières;
♦ Holding Public National Eau. Parallèlement à la mise en place des holdings publics nationaux et régionaux, la réforme
économique de 1995 ouvre le champ à la privatisation des EPE.
La dissolution des holdings et la création des sociétés de gestion de participations :
- Conformément aux dispositions de l’article 40 de l’ordonnance 01-04 du 20 août 2001 relative à l’organisation, la gestion et la
privatisation des EPE - Conformément à la résolution du CNPE n° 01-06-01 du 06 janvier 2001 constituant l’assemblée générale
des holdings publics - L’assemblée générale extraordinaire prononce la dissolution anticipée des SPA Holdings Régionaux qui
prend effet à date de 13 décembre 2001.
► La Société de gestion des participations a été constituée sous forme de Société par actions et ayant les caractéristiques
suivantes :
 Son rôle de détenir et gérer pour le compte de l’Etat un patrimoine composé :
- d’un portefeuille d’actions et autres valeurs mobilières émises en représentation :
- du capital social des entreprises publiques économiques souscrit directement par l’Etat.
- Et de créances détenues sur elles par l’Etat.
- d’autres actifs de diverses natures, telles que les liquidités de trésorerie et autres créances liquides provenant soit de concours
de l’Etat actionnaire, soit des revenus générés par la détention pour compte de l’Etat de ce patrimoine.
Le mandat conféré par le Conseil des Participations de l’Etat* aux SGP consiste notamment à:
- Traduire et mettre en œuvre, en les formes commerciales qui conviennent, les plans de redressement, de réhabilitation et de
développement des EPE ;
- Traduire et mettre en œuvre, en les formes commerciales qui conviennent, les programmes de restructuration et de
privatisation des EPE et ce, par tous montages juridiques et financiers adéquats (fusions, scissions, apports partiels d’actifs,
cessions d’actifs physiques et financiers);
- Suivre la liquidation des entreprises publiques dissoutes;
- Exercer les prérogatives d’assemblées générales relevant des EPE de leur portefeuille.
- Suivre la liquidation des entreprises publiques dissoutes
- Exercer les prérogatives d’assemblées générales relevant des EPE de leur portefeuille.
Les Sociétés de Gestion des Participations (SGP) sont donc des sociétés par actions, gestionnaires pour le compte de l’État,
des valeurs mobilières que ce dernier détient dans les entreprises publiques économiques (EPE). Au nombre de 28, les SGP ont
chacune un portefeuille d’entreprises à gérer. Ces portefeuilles se composent chacun d’un nombre variable d’entreprises.

372
(*) Le CPE est composé des ministres d’Etat des ministères suivants : la justice, l’intérieur et des collectivités locales, des
affaires étrangères, des finances, des participations, du commerce, du travail et de la sécurité sociale, de l’aménagement du
territoire et de l’environnement, de l’industrie et du ministre délégué auprès du ministre des finances chargé de la réforme
financière et enfin le ministre concerné par l’ordre du jour.

373
LES FINANCES

LE BUDGET DE L'ETAT
•Budget• Contrôle fiscal • Dette publique • Finances de l'Etat • Fiscalité problématique • Fiscalité pétrolière
• Fraude fiscale Indicateurs économiques • Rente pétrolière •
LE CRÉDIT • Crédit • Endettement extérieur • Epargne • Leasing.
LES FINANCES LOCALES •
•Administrations locales • Créances • Fiscalité locale à réformer • Intercommunalité • Recettes communales•
Solidarité intercommunale à repenser •
LE MARCHÉ FINANCIER
•Banque• Blanchiment d’argent • Bourse des valeurs mobilières • Changes • Marché des changes • Marché financier • Réforme
financière • Secteur bancaire et financier • Système bancaire •
LE MARCHÉ MONÉTAIRE
• Convertibilité du dinar • Dérapage du dinar algérien• Faiblesse monétaire • Monétique • Pertes de change • Marché des
changes •

LE BUDGET DE L’ETAT

BUDGET.-Un budget de 62 milliards $ en 2017. Comment l’Algérie évalue ses dépenses ? Le gouvernement algérien a
adopté, en conseil des ministres tenu le 04 octobre 2016, le projet de loi de finances pour l’année 2017. Comme en 2016, cette
loi fait apparaître un budget qui ne s’équilibre pas en recettes en en dépenses, avec un déficit prévisionnel estimé à 1248
milliards de dinars algériens (11,3 milliards $), soit 8% du produit intérieur brut (PIB) du pays. Toutefois, ce déficit est en baisse
par rapport au budget précédent où il se situait à 15% du PIB, soit une réduction de près de la moitié. Ainsi, en dépenses, ce
budget affiche un montant de 6883,2 milliards de dinars (62,9 milliards $). Dont 591,8 milliards (41,6 milliards $) pour les
dépenses de fonctionnement et 2291,4 milliards de dinars (20,8 milliards $) pour affectées aux dépenses d’équipement.
Concernant les recettes, elles ont été établies sur la base d’un baril de pétrole à 50 dollars. Ce qui permet aux autorités
algériennes d’envisager un niveau de recettes estimé à 5 635,5 milliards de dinars (51,5 milliards $), en hausse de près de 13%
par rapport à l’exercice 2016. A cet effet, la fiscalité ordinaire rapportera 2845,4 milliards de dinars (26 milliards $), en
progression de 3,5%. Quant aux revenus de la fiscalité pétrolière, ils sont projetés à 2200 milliards (20 milliards $). S’agissant du
financement du déficit budgétaire, il devrait être encore assuré, comme les années précédentes, par le recours aux réserves
financières accumulées pendant plus de 10 ans dans le Fonds de Régulation des Recettes (FRR). Celui-ci est toutefois en forte
érosion.
Pour le Président Abdelaziz Bouteflika, il importe de poursuivre les efforts visant à la maîtrise des finances publiques et la
rationalisation des dépenses. Ceci afin de permettre à l’État « d’assumer pleinement ses missions au service des citoyens,
notamment les plus démunis, et de diligenter la diversification économique grâce à laquelle le pays se libérera, à moyen terme,
de la dépendance des hydrocarbures » a-t-il déclaré. A cet effet, le gouvernement algérien entend poursuivre la réduction du
déficit en 2018 et 2019. Avec un objectif chiffré de 400 milliards de dinars de déficit (3,6 milliards $) en 2019 soit à peine 2% du
PIB. Il convient de rappeler que les autorités algériennes tentent de pallier les effets engendrés par l’effondrement des prix du
pétrole sur l’économie du pays. Les revenus pétroliers du pays ayant chuté de 70% depuis l’été 2014. Ce qui a eu un impact
assez important sur cette économie dont le gaz et le pétrole qui représentent 96% des exportations, près de la moitié de son PIB
et 60% des recettes budgétaires de l’Etat.

CONTRÔLE FISCAL.- La problématique de la fraude fiscale est, à l’image du phénomène, complexe. Elle apparaît comme une
limite au pouvoir d’imposer et implique dès lors la confrontation des contribuables et de l’État. La fraude fiscale est le sujet le
plus cité par l’administration fiscale, dotée d’un outil redoutable qui s’appelle le contrôle fiscal, constituant ainsi la contrepartie du
système fiscal essentiellement déclaratif. Il englobe les différentes procédures  qui permettent à l’Administration fiscale de
contrôler l’exactitude et la cohérence des mentions portées sur les déclarations souscrites, de réparer les omissions, les
insuffisances et  les erreurs d’imposition. Désormais, c’est le contribuable qui détermine le montant de sa contribution
aux charges publiques, en déclarant son chiffre d’affaires, son revenu ou son résultat fiscal et en payant spontanément l’impôt
correspondant. Cette déclaration établie sous sa responsabilité est réputée exacte sauf preuve du contraire. On conçoit dès lors
le rôle fondamental du contrôle fiscal pour réparer les omissions, erreurs et insuffisances commises par le contribuable. Le
contrôle fiscal devient alors un corollaire indispensable du système déclaratif. Plus fondamentalement et au-delà de la réparation
de la transgression de la règle fiscale, l’action du contrôle fiscal en matière de dissuasion et de répression de la fraude contribue
fortement à la promotion du civisme fiscal et au rétablissement de l’équité fiscale. L’action de la direction en matière de contrôle
fiscal restera fondée sur une distinction entre les contribuables selon qu’ils sont ou non de bonne foi. La direction veillera donc :
- À faciliter la relation des contribuables avec l’administration ;
- À axer davantage le contrôle sur la grande fraude ;
- À veiller à un respect de l’équilibre entre les usagers et l’administration. En conséquence, les finalités du contrôle sont
affirmées : une finalité dissuasive, qui  consolide le civisme fiscal de tous les contribuables, une finalité budgétaire, qui vise à
recouvrer avec rapidité et efficacité l’impôt éludé et enfin une finalité répressive, qui sanctionne les comportements les plus
frauduleux, sur le plan financier voire sur le plan  pénal. Ces trois finalités visent à remédier à l’ensemble des manquements à la
loi fiscale pour faire progresser le civisme fiscal, c’est-à-dire l’accomplissement volontaire de leurs obligations par les
contribuables, aussi bien en cherchant à faciliter l’impôt qu’en luttant contre la fraude. Elles constitueront donc le socle de la
nouvelle direction unifiée en matière de contrôle fiscal. En outre, le contrôle fiscal algérien souffre de dysfonctionnements
souvent constatés dans l’administration fiscale. La complexité du droit, l’empilement de textes dont l’effectivité est incertaine
mais aussi la sociologie administrative de la DGI constituent autant de freins à sa modernisation. Pour autant, certains signes
apparaissent encourageants. Les notions de qualité de service, d’objectifs, de résultats, de coûts ne sont plus étrangères
à l’administration, et plus particulièrement à la DGI, engagée depuis plusieurs années dans une démarche de contrat de
performance. Toutefois, en dépit de cette mise en mouvement, des obstacles encore nombreux freinent une modernisation
rendue indispensable pour cerner toutes actions de fraude, rendues complexes et très sophistiqués par les
mauvais contribuables. La législation fiscale est complexe et, pour atteindre ces objectifs, il faut des méthodes et une

374
organisation efficaces. Pour y parvenir, l’administration doit disposer d’outils performants lui permettant d’identifier les
informations utiles à sa mission mais également d’adapter les moyens dont  elle dispose aux objectifs qui lui sont fixés. Dans ce
contexte, la recherche du renseignement apparaît comme un axe prioritaire de l’action administrative devant permettre la
détection des fraudes les plus graves. Elle suppose cependant que l’administration fiscale dispose d’outils juridiques de collecte
de l’information (droit de communication, droit d’enquête, …) et d’équipes spécialisées agissant en complémentarité avec
d’autres services et administrations, mais aussi assure une conduite efficace du dispositif de recherche, tout en veillant à ce que
les droits des contribuables soient respectés à chaque étape des procédures mises en œuvre. L’efficacité du contrôle fiscal
implique également que l’administration soit en mesure de proportionner les moyens dont elle dispose aux enjeux de la fraude,
ce qui suppose qu’elle ait à sa disposition des outils informatiques capables de détecter les anomalies ou  incohérences que
peuvent présenter les déclarations des redevables. Ces outils d’analyse-risques doivent pouvoir apporter une aide à la
synthétisation des informations et déclarations concernant les redevables, à la connaissance du tissu fiscal permettant
d’identifier les zones à enjeux et/ou à risques et de définir une politique de contrôle fiscal, mais aussi à l’amélioration de
l’organisation des services de gestion et de contrôle. En s’appuyant sur l’expérience des pays développés et à partir d’exemples
précis, il conviendra de dégager les principales caractéristiques des évolutions susceptibles d’être mises en œuvre pour
moderniser et rendre plus performants les dispositifs de contrôle fiscal existants dans le respect des garanties des contribuables.
Voici donc quelques exemples : 
1. Amélioration des procédures de contrôle fiscal ;
2. Centralisation des dossiers complexes ;
3. Échange d’information entre les différentes administrations ;
4. Harmonisation des règles de procédure fiscale ;
5. Sanctions fiscales administratives ;
6. Statut et formation des enquêteurs.
En définitive, ce qui est recherché c’est de faire jouer pleinement au contrôle fiscal son rôle budgétaire, dissuasif et répressif tout
en garantissant les droits des contribuables et en coûtant le moins d’argent à la collectivité.◙ Kamel KHARROUBI(2012)

DETTE PUBLIQUE.-L’Algérie devrait se rapprocher de l’équilibre budgétaire à partir de 2019, a prévu le FMI anticipant une
baisse du déficit du solde budgétaire global à -0,5% en 2019 et à 0,1% en 2020. Après le creusement enregistré en 2015 à -
15,3%, le déficit du solde budgétaire global de l’Algérie devrait s’établir à -3,2% du Pib en 2017 et -1,1% en 2018 avant de
poursuivre sa baisse pour représenter -0,5% du Pib en 2019 et 0,1% en 2020, selon les prévisions chiffrées du FMI contenues
dans son rapport "moniteur des finances publiques", publié mercredi, qui examine la conduite des politiques budgétaires dans le
monde. Les légers excédents qui seront enregistrés à partir de 2020 (0,2% en 2021 et 0,3% en 2022) devraient permettre à
l’Algérie d’atteindre la phase de l’équilibre budgétaire. Par ailleurs, les revenus de l’Algérie devraient représenter 32,3% du Pib
en 2017 contre 29% en 2016, une hausse qui pourrait être attribuée à l’amélioration des cours de pétrole cette année. Le FMI ne
fournit pas de précisions sur cette progression. Globalement, les revenus de l’Algérie devraient se maintenir entre 28 et 30% du
Pib pour les cinq prochaines années mais resteront loin de leur niveau d’avant la chute des cours de pétrole. L’institution de
Bretton Woods prévoit un niveau de dépenses équivalent à 35,5% du Pib en 2017 contre 42,4% en 2016. La tendance baissière
des dépenses se maintiendra jusqu'à 2022 à 28,2% du Pib. Selon les mêmes projections, la dette publique s’établirait à 17,7%
du Pib en 2017 contre 20,6% en 2016. Dans ce rapport publié à la veille de ses assemblées annuelles, le FMI a souligné la
nécessité pour les pays membres d’entreprendre des mesures pour assurer "une redistribution budgétaire plus efficiente",
estimant que les écarts d’inégalités entre les groupes économiques sont en grande partie imputables aux différences de
politiques budgétaires de redistribution. Dans les pays développés, les impôts et transferts directs diminuent les inégalités de
revenu d’environ un tiers en moyenne, les trois quarts de cette réduction provenant de transferts, explique le FMI. Mais dans les
pays en développement, la redistribution budgétaire est nettement plus limitée, ce qui s’explique par une fiscalité et des
dépenses moins élevées et moins progressives et par un recours plus important à des impôts indirects régressifs. Le FMI a
également incité les pays membres à augmenter les investissements dans l’éducation et la santé, estimant que ces dépenses
sont en mesure de contribuer à réduire les inégalités de revenu à moyen terme et à remédier à la persistance de la pauvreté. La
dette externe de l'Algérie s'établissait à 27 milliards de dinars au 31 décembre 2014, soit 307,48 millions dollars, en baisse de
2,3 milliards (mds) DA par rapport à 2013, a indiqué mardi à Alger, le directeur général du Trésor, Fayçal Tadinit. Le même
responsable a fait savoir que la contribution de la dette publique dans le financement du déficit du Trésor en 2014 était
"marginale". En effet, poursuit-il, l'encours de la dette publique interne à fin décembre 2014 s'établissait à 1.266 mds DA, en
légère hausse par rapport à son niveau de 2013 qui était de 1.201 mds DA, soit des souscriptions nettes de l'ordre de 65 mds
DA. La dette publique interne se composait de 775,5 mds DA en dette de marché et de 463,5 mds DA en dette
d'assainissement.
►Anatomie de la dette mondiale : Le FMI a ouvert fin mai 2018 sa base de données sur l’endettement dans le monde. Pour la
première fois, les statisticiens du Fonds ont réuni un ensemble de données très complètes sur l’endettement public et privé de
190 pays depuis 1950. (…) La dette mondiale a atteint un nouveau record, 2,5 fois le PIB mondial, alors que le record précédent
était de 2,13 fois le PIB en 2009. Ainsi que le souligne le FMI, il n’y a pas eu désendettement depuis la crise financière de 2007-
2008. Dans certains pays, la composition de la dette a changé, la dette publique prenant la place de la dette privée lors de la
récession qui a suivi la crise, mais ce basculement de la dette du privé vers le public est presque à l’arrêt. (…) □ Howard
DAVIES (2018)
FINANCES DE L'ETAT .- L'économie algérienne reste marquée par les mêmes traits moyens qui régulaient
le modèle antérieur, puisque :
◙ les 2/3 des ressources de l'Etat proviennent de la fiscalité pétrolière.
◙ l'impôt sur les bénéfices (IBS) ne participe qu'à hauteur de 3% de la fiscalité totale.
◙ 95% des recettes en devises, proviennent du secteur des hydrocarbures qui continuent d'absorber une
part significative des recettes externes d'exploitation et de besoins d'investissements, source
d'endettement ultérieur.
Les finances publiques semblent profiter aux personnels de l'Etat en sachant que leurs frais n'ont pas
enregistré de baisse, représentant ainsi 8,4% du PIB en 1991, pour se retrouver à hauteur de 9% en 1997. A
titre d’indication, nous avons remarqué que les dépenses publiques de 2011 équivalent aux dépenses des 10 années entre

375
1990 à 1999. Ce qui explique l’engagement de la politique budgétaire de l’Algérie et le souci de l’Etat de rattraper son retard en
matière d’équipement, d’infrastructures et de développements en faveur de la population.

►Les Dépenses publiques  : Les dépenses publiques font l’objet d’une loi de finances votée et adoptée par les
représentants de la société et promulguée par la au journal officiel suite. Elles s’effectuent sous deux formes : les dépenses de
fonctionnements et les dépenses d’équipements. Quant aux dépenses de fonctionnement elles comportent les salaires destinés
aux fonctionnaires et les différentes allocations, subventions, soutiens, compensations, et transferts au profit d’individus
(chômeurs, handicapés et autres) et entre autres les consommables nécessaires au fonct ionnement de l’administration
publique. Les dépenses d’équipements quant à elles concernent les dépenses allouées aux investissements des secteurs
productifs (agriculture et hydrauliques et industrie) et des secteurs de l'offre des biens publics ; appelés aussi services annexes
de la production (infrastructures sociales, administratives et économiques…). Par ailleurs, elles sont sensées contribuer à la
croissance et à assurer la stabilité politique, la stabilité sociale et la stabilité économique (Musgrave 1951). D’autre part, les
dépenses d’équipement comportent aussi les dépenses d’opération en capital tels que : programme complémentaire au profit
des wilayas, recapitalisation des banques publiques, provisions pour dépenses imprévues... Aussi concrétisent-elles la politique
économique de tout Etat. En principe l'objectif de toute politique économique étant celui de renforcer la croissance économique
et l'amélioration des niveaux et des conditions de vie des populations et de leur bien-être actuel et futur (objectif de
développement durable) ; tenant compte aussi d'autres facteurs ayant trait, notamment à la redistribution des revenus et à la
qualité de l'environnement.

FISCALITE PROBLEMATIQUE.- Projet de réforme fiscale: L'impôt en Algérie, entre héritage colonial et conjoncture ; De
nombreux pays se sont lancés ces dernières années dans des réformes fiscales importantes. Généralement, ce sont les mêmes
raisons qui sont évoquées : majorer la pression fiscale pour drainer plus de ressources pour le budget de l'Etat et stimuler le
développement socioéconomique par l'impôt. 
Aussi, ces réformes se ressemblent-elles dans leurs conceptions et leurs approches, car elles procèdent à peu près du même
«modèle fiscal» qui s'est développé et généralisé un peu partout dans le monde; ce qui nous pousse à parler de l'universalité du
système fiscal, adapté à chaque pays en fonction de son développement économique et social. Cependant, pour mesurer le
long chemin parcouru dans la formation du système fiscal algérien, il est instructif de faire une rétrospective des différents types
de prélèvements qu'a connu l'Algérie. En effet, la fiscalité algérienne pendant la période de colonisation française était
caractérisée par un dualisme juridique marqué; avec pour caractéristique le maintien de la fiscalité traditionnelle (impôt arabe) et
l'introduction progressive de la législation française. 
Subséquemment, cette dualité s'estompe et l'Algérie est considérée comme le prolongement de la métropole française et se voit
appliquer le système français. Le système fiscal en vigueur au lendemain de l'indépendance n'était que le produit d'un système
colonial. En effet, l'Algérie va maintenir l'outil fiscal hérité pour permettre la continuité dans le fonctionnement des nouvelles
structures de l'Etat. 
A partir des années 70, des réformes fiscales se succèdent mais restent toujours superficielles (réforme dans les taux, dans la
technique, suppression d'un impôt) et conjoncturelles (la chute du prix du pétrole). Il n'y a jamais eu de réforme profonde qui
prenne en considération l'ensemble des facteurs politiques économiques et sociaux du pays. 
L'algérianisation du système fiscal : «une adaptation à l'environnement socioéconomique». 
L'impôt étant à la fois un fait économique, psychologique, sociologique et politique, il ne peut naître de l’esprit du législateur, il
émane de la situation de chaque pays. Cependant, sous prétexte de profiter des expériences des pays plus avancés dans le
domaine fiscal, le législateur algérien, sans tenir compte de la structure morale, psychologique et sociale du contribuable
algérien, s'inspirait simplement et complètement du système fiscal français, en empruntant des règles établies pour un milieu
tout différent du notre. Du coup, le contribuable algérien se trouve devant plusieurs impôts totalement étrangers de son esprit et
de sa culture. De ce fait, il faut mettre en place un système fiscal adéquat avec les conditions économiques et sociales du pays
qui puisse réaliser la justice fiscale entre les différentes classes de la société algérienne. 
Quelle réforme doit-on adopter en Algérie afin d'arriver à un système fiscal juste et rentable ? 
Afin de répondre à cette problématique on a traité à la fois des questions de législation, d'organisation et de comportement
administratif afin de mettre en lumière certaines faiblesses du système fiscal actuel (Une législation inadaptée à la société
algérienne- lourdeur des procédures administratives). De ce fait, notre étude est consacrée aux trois points suivants : 
A/ Une résistance populaire à l'impôt 
1/ le système de la rente 
La population est toujours dans une logique de prendre de l'Etat et ne pas donner à l'Etat. 
2/ les éléments historiques et culturels 
La répugnance du contribuable algérien à remplir son obligation fiscale trouve son origine dans l'histoire et la conception même
de l'impôt chez les Algériens et les musulmans en général. En effet, il y a ceux qui réclament le retour au droit musulman, car
pour eux l'impôt actuel est institué par le colonisateur et seul la zakat est juste et légitime. Les causes de la résistance à l'impôt
se trouvent aussi dans les effets de la colonisation qui a exploité notre pays et notre peuple par différents impôts inconnus.
376
L'hostilité contre cette colonisation a créé et accentué l'hostilité et la résistance à l'impôt actuel comme le dit Ph. Ngaosyvathn :
«Il est possible que l'impôt prélevé sous la colonisation a créé un traumatisme social» 
On peut constater que le droit musulman «l'aumône» ne connaît pas la fraude, car il n'y a qu'un seul impôt sur le revenu, simple,
clair et neutre, il est exigé par le Coran, comme un ordre divin, l'échappatoire à cet impôt est un grand péché que le musulman
ne supporte pas (l'obligation divine) 
3/ l'ignorance fiscale 
Dans notre pays l'ignorance fiscale est élevée ; la majorité de la population en Algérie ignore tout ce qui se rapporte à l'impôt,
excepté le fait qu'il est un prélèvement obligatoire établi par les autorités. Elle ne comprend pas son fondement, les principes qui
le régissent, la différence entre les différents types d'impôt. 
Dans ma région on a essayé de monter l'ignorance fiscale qui existe encore du côté de la population 
En milieu rural, parmi les trente personnes interrogées, en majorité des ouvriers agricoles, vingt n'avaient jamais fréquenté un
établissement financier et dix avaient un niveau scolaire très bas, deux personnes avaient une idée, mais assez vague de ce
que signifiait l'impôt. 
En ville, trente ouvriers du secteur public et privé ont été interrogés. Plus de la moitié répondent à la question : Qu'est ce qu'un
impôt ? En disant que c'est un prélèvement sur leur salaire effectué par l'Etat. Quant à son but, seule une minorité pense qu'il
existe pour financer les services d'intérêt général, la majorité ne comprend pas pourquoi on institue l'impôt. Vingt commerçants
interrogés savent ce qu'est un impôt et son but mais ils affirment tous qu'il est sans contre-partie. 
4/ L'incivisme fiscal 
L'incivisme fiscal est aussi avancé comme une cause de la résistance à l'impôt. Le contribuable perdrait le sens du devoir fiscal
dès lors, face à une fiscalité excessive, sinon oppressante. Le droit de résister va quasiment de soi.  La crise du civisme fiscal
est un phénomène général ; il est plus étendu dans notre pays. L'ignorance, les conditions économiques, la complexité de la
fiscalité, sont des facteurs qui rendent ce fléau plus élevé. 
5/ L'élément moral 
Le fait que l'impôt consiste à prélever une somme sur le patrimoine des contribuables, capital, revenu, crée chez eux une
réaction psychologique hostile. L'impôt est ressenti par les contribuables comme une contrainte. Ceci accentue chez eux le
sentiment d'être des sujets oppressés et augmente leur volonté d'échapper à l'impôt. Ils ne reconnaissent pas l'Etat comme
législateur mais le considèrent comme un créancier assez puissant pour imposer sa loi. Ils se croient en droit d'y échapper. 
6/L'élément technique 
La technique fiscale peut créer des conditions favorables à la fraude notamment dans l'insuffisance du contrôle et l'absence de
méthodologie engendre une pression fiscale bien sentie sur une minorité sans parler des incitations à l'évasion qu'elle amène
par une multiplication des options fiscales offertes au contribuable. 
B- Les défauts de la norme fiscale 
Ce sont essentiellement : 
1)-la complexité croissante de la loi fiscale à des conséquences graves sur les relations administration, contribuable, juge. En
effet, suite à cette complexité les deux parties (contribuable -administration) s'opposent sur le sens même de la loi fiscale ce qui
va systématiquement accroître le taux de rejet des réclamations préalables devant l'administration fiscale et par conséquent les
recours devant les instances juridictionnelles seront plus nombreux et la tâche du juge sera de plus en plus difficile. 
A cet effet, une attention particulière devrait être consacrée à la rédaction et à la codification de la norme fiscale, car la rédaction
actuelle n'est pas de nature à encourager des relations confiantes et responsables entre l'administration fiscale et les
contribuables. 
Il est évident que la complexité, les lacunes, voir les contradictions des textes fiscaux constituent des obstacles majeurs à une
bonne administration de l'impôt et créent pour le contribuable un élément d'insécurité particulièrement néfaste. 
Les aménagements fiscaux qu'implique toute réforme envisagée ne pourraient qu'aggraver la confusion si une refonte complète
des textes fiscaux n'était pas entreprise, rédigés de manière accessible et débarrassés de toutes dispositions inutiles. 
La mise en œuvre des textes fiscaux dont l'inadaptation aux réalités du pays aggravée par une capacité d'action limitée de
l'administration fiscale à cause de la carence de moyens et de la qualification du fisc est responsable d'une perte de recette
fiscale d'ou un rendement faible et un décalage entre les recettes prévues et les recettes effectivement prélevées. 
Nous préconisons de reconsidérer tous les textes fiscaux et de les refaire de manière simple et précise afin d'éliminer
l'incertitude, l'hésitation et l'ambiguïté. 
2)-Souvent le droit fiscal algérien ne garantit pas aux contribuables un degré suffisant de sécurité juridique. Ce reproche vise la
situation dans laquelle une incertitude existe sur la norme juridique à appliquer ou encore l'interprétation que l'on peut en faire
dans son application rétroactive. 
La sécurité juridique en matière fiscale exige aussi une certaine stabilité dans la norme fiscale. En effet, la stabilité de
l'environnement législatif et réglementaire est un élément important de la visibilité à moyen terme de tous les agents
économiques et donc du bon développement de leurs activités car l'instabilité législative a pour conséquence une augmentation
considérable du contentieux. Toutefois, cette stabilité recherchée ne doit pas se confondre avec l'immobilisme car la norme
fiscale doit s'adapter à l'évolution du cadre économique et social dans lequel les contribuables exercent leurs activités. 
Enfin, on a constaté un dualisme juridique en matière fiscal en Algérie. En effet, il existe à côté d'un droit posé par l'Etat, un droit
parallèle, non contrôlé par l'Etat. Il faut essayer de vivre avec, travailler avec, en le considérant comme un vecteur
d'enrichissement à condition d'en faire une synthèse (non une juxtaposition des deux droits). 
C- L'organisation de l'administration fiscale «un vrai labyrinthe pour le contribuable» 
Les défauts de la norme fiscale n'expliquent pas l'ensemble des difficultés rencontrées dans les relations entre les contribuables
et l'administration fiscale. En effet, l'organisation de cette dernière constitue un obstacle non négligeable à la qualité du service
rendu aux contribuables. Les récents efforts de modernisation de l'organisation administrative ont toutefois conduit à des
progrès sensibles dans les relations entre l'administration et les contribuables, mais ils restent toujours insuffisants. 
L'organisation administrative actuelle est source de confusions nombreuses de la part des contribuables qui doivent
fréquemment être orientés par les services vers l'interlocuteur pertinent, ce qui engendre une perte de temps considérable aux
contribuables et à l'administration fiscale. 
Il serait utile de mettre un terme à la prolifération du nombre de services qui entraîne des conflits de compétences et des
difficultés de liaison. 
- En plus, les services financiers au niveau local souffrent de l'absence de direction unique animant coordonnant et contrôlant

377
leur fonctionnement. Ce manque d'autorité à l'échelon de la conception et du commandement, nuisible à leur cohésion et à leur
efficacité, engendre en outre des chevauchements d'attribution soulevant des conflits de compétences. Selon Pierre Beltrame*,
cette absence d'autorité unique paralyse l'administration et facilite la formation de féodalités politico-bureaucratiques agissant
chacune pour son propre compte*. 
Selon les experts, le système fiscal algérien est l'un des plus compliqués au monde. Ce genre de réflexions renseigne sur la
nécessité d'approfondir encore plus nos réformes et d'améliorer le fonctionnement de l'administration fiscale, la justice et la mise
en place d'un système fiscal compatible avec sa société. De ce fait, on a proposé dans ce travail une réforme profonde du
système fiscal qui prend en compte les caractéristiques sociales et économiques de l'Algérie, les propositions faites dans ce
sens sont : 
1 - La refonte des textes fiscaux sur une longue durée (une loi fiscale quinquennale) afin d'arriver à une stabilité de la norme
fiscale. 
Service de l’informatique et Chef du centre des impôts Service information accueil
moyens

Service principal de gestion Recette Service principal du Service principal du


contrôle et recherche contentieux

Service IFU Service Service du fichier Service des


caissier et recoupement réclamations

Service El Zakat Service caisse Service d’intervention Service des commissions


zakat de recours

Service de Service Service des


comptabilité du notifications et
contrôle ordonnancement

Service de
poursuite

Organigramme CPI « Hybride »


(Des assises nationales sur la fiscalité pourraient être tenues chaque fois avant l'élaboration du projet de la loi fiscale c'est-à-dire
tous les cinq ans) 
2 -Etablissement d'un rapport annuel sur les dépenses fiscales. 
3- Le renforcement des garanties des contribuables face à l'imprévisibilité de la norme fiscale. 
4- La suppression de la direction des impôts et mettre en place une direction unique pour l'ensemble des services financiers de
chaque wilayas. 
5- La simplification et la coordination de l'organisation administrative. 
6 -Introduire la zakat (l'aumône) comme source de revenu pour l'Etat (la création d'un fonds commun de la solidarité nationale -
FCSN)* 
7 - Limiter l'ensemble des droits par rapport au chiffre d'affaires annuel (le bouclier fiscal) à un taux bien étudié (la rectification
fiscale a un but d'alimenter les caisses de l'Etat et non pas pousser l'entreprise à la faillite. En plus, cette disposition pourra
limiter le phénomène de la corruption) 
8 - Appliquer la retenue à la source sur les marchés publics en matière de TAP. 
9 -Pour les petits commerçants adopter une fiscalité simple qui soit étroitement en concordance avec le degré de compétence
de l'administration fiscale. 
10-Pour les grandes et les moyeness entreprises il faut améliorer la compétence des agents du fisc pour parvenir à une fiscalité
adaptée et qualifiée. 
11-Assainir les dettes fiscales des petits contribuables par une décision politique. ◙ AÏT MIMOUN, Lounis (2017).
(*) Revue de Droit Fiscal,  8 Avril 1987 - n° 15  > L'Impôt par Pierre Beltrame.

►Introduction d'une réforme fiscale pour augmenter la fiscalité ordinaire :


Le gouvernement va engager une réforme du système fiscal afin d'assurer une couverture progressive des dépenses de
fonctionnement par les revenus de la fiscalité ordinaire, qui devront progresser de 11% par an, indique la Plan d'action du
gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement
procédera à la révision des bases d'imposition de l'impôt sur le patrimoine et la révision des barèmes et des taux d'imposition de
certains impôts en vue de les adapter au niveau du revenu de chaque contribuable, dans une logique d'équité et de justice
sociale. Il s'agira aussi du renforcement de la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales, de l'accélération de la modernisation de
l'administration fiscale par la généralisation de l'introduction de la gestion électronique de l'impôt, précise ce plan d'action. Le
gouvernement va également renforcer les règles réagissant le recouvrement de l'impôt et l'amélioration du recouvrement fiscal
notamment de la TVA ainsi que la révision d'un certain nombre d'exemptions fiscales. Outre la fiscalisation des opérations de
commerce électronique (e-commerce), le plan d'action cite aussi l'amélioration des relations avec les contribuables à travers la
poursuite du processus de simplification et d'allégement des procédures fiscales.

378
► Le RCD, prône carrément “un nouveau départ par l'augmentation des recettes budgétaires ordinaires (hors hydrocarbures)”,
souligne que “le chiffre des restes à recouvrer dans l’impôt, rendu public par la Cour des comptes, est alarmant” ; c’est le signe
tangible de son inadaptation à l’activité économique et de la faiblesse de l’administration fiscale dont la rente pétrolière suppléait
son inefficacité. Pour y remédier, le Rassemblement propose quelques mesures immédiates : “Mettre en œuvre un programme
de numérisation de l’administration fiscale et la doter de moyens humains à la mesure de son rôle économique ; élargir l'assiette
fiscale à la place de l’accroissement de la pression fiscale sur les seuls contribuables loyaux, à commencer par la suppression
des dérogations d’exonération fiscale (490 dérogations recensées par la Cour des comptes dans son rapport de 2013) ;
supprimer l’indexation des primes de l’administration fiscale aux montants des redressements fiscaux des contribuables ;
amorcer une fiscalité écologique comme premier palier d’une réforme fiscale globale qui favorise la protection de
l’environnement et la construction d’une véritable industrie dans les matières premières secondaires par la valorisation et le
recyclage.”

FISCALITE PETROLIERE.- La fiscalité pétrolière devient la principale source de recettes budgétaires à partir de 1974, suite au
boom pétrolier de 1973/74 qui aengendré une augmentation importante du prix du baril de pétrole ;la fiscalité pétrolière
consistait en une redevance assise sur la production et en un impôt sur le revenu pétrolier. À ces deux taxes, s’ajoutaient des
contributions financières variables à la charge du bénéficiaire du titre minier, appelées bonus ou droit d’entrée, généralement
versées en une seule fois.
La nouvelle loi pétrolière algérienne consacre son titre VIII (art. 83 à 99) au régime fiscal applicable aux activités de recherche et
d’exploitation. Les impôts qui constituent ce régime sont d’après la loi, « une taxe superficiaire non déductible payable
annuellement au Trésor public, une redevance payable mensuellement à l’Agence nationale pour la valorisation des ressources
en hydrocarbures (ALNAFT), une taxe sur le revenu pétrolier (TRP) payable mensuellement au Trésor public, un impôt
complémentaire sur le résultat (ICR) payable annuellement au Trésor public ». La loi mentionne aussi des taxes marginales
comme l’impôt foncier sur les biens autres que les biens d’exploitation, tel que fixé par la législation et la réglementation fiscale
générale en vigueur ou quelques autres taxes très spécifiques et occasionnelles (3). Pendant longtemps, à la suite de pratiques
établies par les grandes sociétés pétrolières, la fiscalité pétrolière consistait en une redevance assise sur la production et en un
impôt sur le revenu pétrolier. À ces deux taxes, s’ajoutaient des contributions financières variables à la charge du bénéficiaire du
titre minier, appelées bonus ou droit d’entrée, généralement versées en une seule fois.
Les taux et les modalités de ces taxes ont varié au fur et à mesure de l’évolution des relations entre les sociétés pétrolières
étrangères et les États producteurs. La création et le développement de sociétés à capitaux publics par les États producteurs
améliorent la capacité de négociation de ces derniers et accroissent la part des revenus qui leur revient. Les taux de la
redevance et de l’impôt sur les bénéfices ont augmenté passant de 5 % à 12,5 % puis 16 %, puis 20 % et plus pour la
redevance, à 50 %, 75 % et 80 % ou plus pour l’impôt sur le revenu. Les prix du baril de pétrole qui servent de base au calcul
des impôts ont évidemment connu au cours du demi-siècle passé une lente puis rapide progression malgré des périodes
notables de reflux ou de stagnation.
De moins de 2 dollars le baril au cours des années 1950, ils passent à environ 14 dollars après la crise pétrolière de 1973-74,
atteignant parfois 40 dollars ou plus lorsque les conflits internationaux, notamment au Moyen-Orient, font craindre une rupture
des approvisionnements qui remettrait en cause la sécurité énergétique indispensable au développement de tous les pays et
particulièrement des grandes puissances. Après s’être stabilisé autour de 20 puis de 25 dollars au cours des années 1980 et
1990, le prix du baril de pétrole connaît depuis deux ou trois ans une hausse considérable imposée cette fois plus par le marché
international que par la revendication de l’OPEP, contrairement à ce qui s’est passé pour les hausses précédentes. Depuis
2005, le prix du baril de pétrole est supérieur à 60 dollars soit environ 2,5 fois le prix moyen souhaité par l’OPEP. Le prix du
m3 de gaz qui, heureusement pour les pays producteurs, est indexé sur le prix du pétrole suit cette évolution (1). Il en résulte
pour l’Algérie des flux financiers considérables, diminuant de près de 40 % une dette extérieure qui avait atteint 32 milliards de
dollars au milieu des années 1990 et générant des disponibilités en devises de près de 60 milliards de dollars US (2). La
nouvelle loi pétrolière algérienne consacre son titre VIII (art. 83 à 99) au régime fiscal applicable aux activités de recherche et
d’exploitation. Les impôts qui constituent ce régime sont d’après la loi, « une taxe superficiaire non déductible payable
annuellement au Trésor public, une redevance payable mensuellement à l’Agence nationale pour la valorisation des ressources
en hydrocarbures (ALNAFT), une taxe sur le revenu pétrolier (TRP) payable mensuellement au Trésor public, un impôt
complémentaire sur le résultat (ICR) payable annuellement au Trésor public ». La loi mentionne aussi des taxes marginales
comme l’impôt foncier sur les biens autres que les biens d’exploitation, tel que fixé par la législation et la réglementation fiscale
générale en vigueur ou quelques autres taxes très spécifiques et occasionnelles (3). En s’en tenant aux principaux impôts, on
constate que le régime fiscal algérien reprend l’essentiel des taxes connues en Algérie et notamment celles de la loi 86-14 du 19
août 1986. Mais le législateur procède à des réaménagements qui peuvent peut être s’analyser comme des assouplissements
par lesquels il espère, sans doute, attirer les investisseurs étrangers.
►La taxe superficiaire  : La taxe superficiaire est nouvelle dans la mesure où elle n’existait ni aux termes de la loi du 19
août 1986, ni aux termes des textes législatifs antérieurs. La taxe superficiaire est calculée sur la base de la superficie du
domaine à la date de l’échéance annuelle. Elle est versée au Trésor. Un tableau des montants en dinars algériens (DA) par
zones et par périodes de recherche et d’exploitation, est établi par la loi pour déterminer les montants de la taxe (4). Ces
montants varient de 4 000 à 16 000 DA par km2 en période de recherche et de 16 000 à 32 000 DA par km2 en période
d’exploitation. Dans l’industrie pétrolière, ces sommes peuvent être considérées comme relativement peu élevées. On peut donc
affirmer qu’elles ne peuvent constituer qu’un petit moyen pour inciter le contractant à investir et à rendre rapidement le maximum
de superficies.
►La redevance  : La redevance est un vieil impôt pétrolier. Elle est assise sur la production. Elle est donc due dès lors qu’il
existe une production extraite du gisement. C’est précisément son intérêt puisqu’elle ne dépend pas des bénéfices et de la
gestion du contractant. La redevance est portée, sur le plan comptable, au débit du compte d’exploitation du contractant,
diminuant ainsi le montant de ses résultats et donc de l’impôt sur les résultats. L’article 41 de la loi du 19 août 1986 fixe à 20 %
le taux de la redevance applicable à la valeur de la production déterminée par voie règlementaire sur la base des prix du marché
international (5). La loi 05-07 élargit le spectre des taux variables retenus selon, non seulement les zones qui sont désormais A,
B, C, D et non plus A et B, mais également selon les niveaux de production par jour. Les taux de la redevance varient ainsi de
5,5 à 23 % (6). Ces transformations peuvent être analysées comme des assouplissements permettant d’adapter la redevance à
la qualité des périmètres et aux niveaux de production. La réforme dans ce domaine a consisté à donner plus d’ampleur à celle

379
engagée en 1986 dans le contexte plus contraignant d’une économie étatisée que le parti unique, qui dominait l’Assemblée
nationale, ne voulait pas assouplir. La redevance déterminée mensuellement est versée par l’opérateur à l’agence ALNAFT qui
doit la reverser dans les 24 heures au Trésor public. On peut se demander, en l’absence de précisions dans la loi, pourquoi ce
détour par ALNAFT du versement de la redevance au Trésor ? Sans doute, le gouvernement pense-t-il que l’Agence peut mieux
vérifier l’accomplissement de l’obligation des contractants. L’Agence de valorisation, au passage, prélève 0,5 % de la redevance
pour alimenter son budget et celui de l’Agence de régulation sur la base d’une répartition décidée par le ministre de l’Énergie.
►La taxe sur le revenu pétrolier (TRP)  : La taxe sur le revenu pétrolier, instituée par l’article 86 de la loi 05-07 est une
transformation, notamment en ce qui concerne le nom de l’impôt sur les résultats établis par l’article 37 de la loi du 19 août 1986.
En 1986, le taux de l’impôt sur les résultats était de 85 % du résultat brut de l’exercice, mais ce taux est ramené à 75 % dans la
zone A et 65 % dans la zone B, « lorsque les conditions économiques de recherche et d’exploitation des gisements l’exigent ». Il
s’agissait déjà, là aussi, d’une introduction de quelques éléments d’assouplissement de l’impôt sur le revenu en tenant compte
des difficultés d’exploitation dans certaines zones. L’objectif est d’encourager la recherche et l’investissement dans des zones
réputées plus difficiles. La loi d’avril 2005 poursuit et approfondit la réforme dans cette direction puisque les taux sont de 30 ou
70 % selon les niveaux de production avec un mécanisme de déduction d’un pourcentage selon les tranches annuelles
d’investissement appelé uplift. « Ce pourcentage d’uplift couvre les coûts opératoires » et varie dans les quatre zones ABCD
désormais établies (7). Les encouragements en faveur des investisseurs, dans les zones réputées plus difficiles, sont donc plus
marqués par rapport à la loi de 1986, confirmant ainsi la tendance libérale de la loi d’avril 2005. Comme dans les lois
précédentes, la loi 05-07 fixe les déductions autorisées pour calculer le revenu pétrolier (art. 86). Sont donc autorisées les
déductions de la redevance des tranches annuelles d’investissement de développement en appliquant les règles de
l’uplift définies à l’article 87, les tranches annuelles d’investissement de recherche, les provisions relatives aux coûts d’abandon
ou de restauration, les frais de formation des ressources humaines nationales et le coût d’achat du gaz utilisé par la récupération
assistée. La TRP est elle-même « une charge déductible de la base fiscale pour les besoins du calcul de l’impôt complémentaire
sur le revenu (ICR) ».
►L’impôt complémentaire sur le revenu (ICR)  : L’impôt complémentaire sur le revenu (ICR) est payé annuellement
par chaque contractant aux taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés « selon les termes et conditions en vigueur à la date
du paiement et les taux d’amortissement prévus en annexe de la loi pétrolière ». Mais la TPR est déductible de la base fiscale
pour le calcul de l’ICR. La loi ouvre la possibilité, assez nouvelle dans la fiscalité pétrolière, d’une consolidation des résultats de
l’ensemble des activités pétrolières en Algérie. Enfin la loi permet aussi de bénéficier d’un taux réduit de l’impôt sur les bénéfices
des sociétés en vigueur pour le calcul de l’ICR (art. 88 al. 3) pour les activités relatives à l’électricité et à la distribution de gaz.
Le législateur encourage donc un élargissement des activités des contractants pétroliers dans d’autres domaines connexes
comme l’électricité ou la distribution de gaz par canalisation. Seul l’avenir dira si les sociétés pétrolières seront suffisamment
incitées par ses dispositions pour élargir et intensifier leurs investissements, reliant ainsi pour la première fois, la recherche et
l’exploitation des hydrocarbures au développement d’autres activités.◙
(Cf. Madjid BENCHIKH , « La nouvelle loi pétrolière algérienne : direction publique et économie de marché », L’Année du
Maghreb [En ligne], II | 2005-2006)
Notes :
1  En Algérie, il a été reproché au ministère de l’Énergie d’avoir établi au cours des années 1980, une indexation du prix du
m3 de gaz sur le marché international ; vers 1986, le prix du baril de pétrole avait subi une baisse considérable, entraînant une
baisse du prix du m3 de gaz. Mais tant que l’énergie pétrolière est plus demandée que celle du gaz, il sera préférable pour les
producteurs de gaz d’indexer les prix sur ceux du pétrole.
2 Les lois de finances algériennes sont établies sur une base du prix du baril de pétrole égale à 20 dollars US. La différence
entre le prix réel et le prix supposé de 20 dollars US est versée à une caisse dont le fonctionnement est opaque.
3  Voir les articles 31, 52, 53 et 67 de la loi 05-07.
4  Art. 84 de la loi 05-07.
5  Des réductions sont prévues selon les zones (art. 41) : 16,25 dans la zone A, et 12,5 dans la zone B de production.
6  Voir tableaux des articles 84 et 85 de la loi 05-07.
7  L’article 87 fixe les tableaux et les modes de calcul de la TRP sur la base des principes énoncés.

FRAUDE FISCALE.-L’ampleur de la fraude fiscale en Algérie : Selon Hamid Zidouni, Directeur de la Comptabilité Nationale
à l’Office National des Statistiques (ONS) « Il est extrêmement difficile de donner une idée de l'importance du secteur informel
en Algérie parce que nous manquons de données globales. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'ONS envisage de mener une
enquête auprès du secteur informel lui-même. L’enquête vise à établir le type de rapports entre les secteurs informel et formel et
à donner une idée précise des productions du secteur informel. Elle comportera également un volet sociologique qui portera sur
le pourquoi de l'informalité. Il ne faut pas oublier que la production d'hydrocarbures constitue la majeure partie du PIB. Il ne faut
pas oublier non plus que le secteur public hors-hydrocarbures participe au PIB à près de 15%. Les études menées par la
Banque Mondiale n'ont d'ailleurs pas confirmé ce chiffre. Elles ont établi le poids du secteur informel autour de 25% du PIB ».
(1)Selon le Conseil National Économique et Social (CNES), ce sont les mutations économiques et sociales qu’a connues
l’Algérie qui ont favorisé cet état de fait : « dérèglement des prix, lenteurs administratives et difficulté d’adaptation
des administrations ont encouragé la fraude et l’évasion fiscales ».Le phénomène, "difficilement quantifiable", prend plus en plus
d’ampleur en dépit d’une législation qui condamne sévèrement tout contrevenant. Pourtant, les violations sont nombreuses et
diversifiées: minoration de l’impôt, dissimulation d’activités et de patrimoine sont légion. Premier incriminé, le système fiscal
algérien jugé de faible performance comparativement aux résultats réalisés par les pays voisins, en raison de l’insuffisance
de l’administration fiscale et douanière, de la forte propension à la fraude et à l’évasion à la faveur de la libéralisation du
commerce extérieur, de l’accroissement de la population des contribuables, de l’importance des incitations et exonérations
consenties pour la promotion des investissements et de l’incivisme fiscal. Résultat, les ressources fiscales sont faibles et
ne peuvent financer les dépenses de fonctionnement de l’État. Les manifestations de la fraude fiscale en Algérie sont multiples.
La plus apparente est l’achat et la vente sans factures qui se traduisent par une absence de transparence à tous les niveaux du
circuit. Seul palliatif, des textes plus répressifs et une action plus offensive des pouvoirs publics. Selon le rapport du CNES,
entre 1999 et 2002, sur un total de 565 plaintes déposées, seules 50% ont été jugées. La durée moyenne pour le traitement de
ces dossiers est estimée entre 2 ans et 3 mois.Une situation qui ne peut qu’encourager ceux qui violent la loi. Une opération
de recherche menée entre 2000 et 2001 fait ressortir que 44 milliards de dinars échappent totalement au fisc. Pour mieux

380
organiser cette fraude, les opérateurs économiques ont de plus en plus recours à l’utilisation de prête-noms, à la location de
registres du commerce et à l’établissement de procurations, achats et ventes sans facture, recours marginal au
circuit bancaire….ce qui rend difficile leur identification précise et leur fiscalisation.Le marché de l’immobilier constitue un autre
axe important de fraude à travers une minoration systématique des prix et des loyers déclarés à l’occasion des
différentes transactions immobilières.Le développement des agissements frauduleux met non seulement en danger
les équilibres financiers de l’État mais fausse également les règles de la saine concurrence entre les acteurs économiques et
crée un sentiment de frustration, d’iniquité et d’injustice au sein de la population.L’amplification et l’étendue de la fraude fiscale
sous l’action conjuguée de facteurs tant endogènes qu’exogènes exige la nécessité de redéfinir aussi bien le cadre
organisationnel que fonctionnel du dispositif actuel de prise en charge à même d’exercer un effet contractif sur ce
phénomène.En effet, ces pratiques se sont accentuées à la faveur des éléments suivants :
 Un cadre institutionnel inadapté ;
 Un environnement de plus en plus contraignant ;
 Des procédures de contrôle et d’investigations rendus obsolètes ; 
 Faiblesse de la contribution des institutions d’appui détentrice d’informations à caractère fiscal.Pour y faire face, des mesures
pratiques ont été prises par la Direction Générale des Impôts définnissant de manière précise le dispositif opérationnel relatif
aux :
 Contribuables non localisés ;
 Locations du registre de commerce ;
 Ventes et achats sans facture. Ces mesures s’inscrivent d’abord dans une stratégie de prévention de risque de contagion des
autres segments de l’économie, ensuite dans une optique d’endiguement des factures favorisant la persistance et le
développement des procédés ainsi mentionnés.Elles portent essentiellement sur
: Le recensement et l’établissement d’un fichier des importateurs non localisés ;
 La définition d’actions concrètes à entreprendre ;
 La mise en place de mesures de sauvegarde des intérêts du trésor ;
 L’individualisation de tâche par structures (inspections polyvalentes des impôts, recette des contributions diverses,…
etc.).Dans ce cadre, un fichier national des contribuables non localisés a été créé au sein de la Direction des Recherches et
Vérifications.D’après le Directeur Général des Impôts, Mohamed Abdou Bouderbala (1)« Nous n’avons pas de difficultés
fondamentales à identifier les contribuables. Mais, ce qui se passe aujourd’hui, c’est que nous avons une mouvance
de contribuables extraordinaire. Il y a des contribuables qui sont instables, et cela fait partie de procédés d’évasion et de fraudes
fiscales. Quelqu’un qui travaille avec le registre du commerce d’un autre, par procuration, quelqu’un qui change d’adresse tous
les jours pour ne pas être appréhendé par l’administration fiscale créent des difficultés à l’administration pour les identifier. Le
Numéro d’Identification Statistique (NIS) a donc été mis en place avec l’ONS et actuellement nous sommes, pour les personnes
morales, à 100% de réalisation (76 491 sociétés) et, pour les personnes physiques, en dehors du salarié qui est identifié par
son employeur, l’opération vient de débuter (soit 1 164 394 dossiers validés correspondant à 36 % du total) ».(2) 
La fraude fiscale est un phénomène universel qui varie en fonction de l’environnement économique, de la nature et de volume
des prélèvements fiscaux, du degré d’adhésion des redevables, de leur civisme fiscal et surtout de la relation existant entre
l’administration fiscale et les contribuables.Les défauts de déclaration du revenu peuvent découler de plusieurs pratiques. Soit
le contribuable décide délibérément de ne pas déclarer son revenu légal, soit il aboutit à un résultat similaire car il exerce une
activité professionnelle dans le secteur souterrain. Alors, comme la fraude fiscale, au sens strict, reste difficile à mesurer de
manière directe, les estimations de l’économie souterraine ou du non-paiement de l’impôt sont alternativement utilisées.En dépit
de ces critères, on voit subsister une marge d’indétermination dans la définition de la fraude et la délimitation de son domaine.
Ce faisant, le champ d’application de ce délit étant juridiquement imprécis, il n’est pas étonnant que la mesure de son
ampleur statistique ou économique soit incertaine. Le montant globale de la fraude fiscale est bien plus incertain, les
divergences dans les chiffres cités le montrent (1)C'est dire que la fraude fiscale est un phénomène social universel. Tous les
pays développés ou en voie de développement la connaissent, sociologiquement du moins. Sur le plan juridique, la fraude n’a
pas la même ubiquité, toutes les législations ne la connaissent pas comme phénomène social (2). Si bien que la fraude devient
la rançon ou le sous-produit d’une technologie fiscale trop élaborée. Il y a là presque une loi de la sociologie fiscale (3) Au total
la fraude fiscale, phénomène inhérent à l’existence de l’impôt a pour conséquence (4) 
: Réduire la valeur des incitations fiscales ;
 Avoir une incidence sur le comportement des redistributions ;
 Introduire des distorsions artificielles dans les indicateurs macro-économique.
 Retarder l’instauration d’une économie monétaire dans les pays en développement et affecter la redistribution des revenus.□

(1) Plus généralement, la plupart des études dans ce domaine concluent que le secteur informel représente entre 22 et 29% du
PIB.
(2) Jean-Claude MARTINEZ, La fraude fiscale, collection que sais-je 1990.
(3) Site de la DGI : www.mfdgi.gov.dz
(4) Noureddine HAROUN, « Optimisation de l’action de l’administration fiscale en matière de lutte contre la fraude fiscale
»,IEDF,

RENTE PETROLIERE.- L’Algérie toujours piégée par la rente pétrolière. L’Opep vient de maintenir son quota de production
à 31 millions de barils jour, créant ainsi une abondance d’offre, avec comme conséquences, au mieux une stagnation des cours
du pétrole, au pire, une aggravation de leur chute. Notre pays est donc lourdement impacté dans ses ressources extérieures.
Avec les dernières décisions de l’Opep, la tendance baissière des cours du pétrole va s’accélérer. Et nous en subirons les
retombées sur nos équilibres financiers, déjà fortement fragilisés par la chute de plus de 60% de nos recettes en devises. 
L’Arabie  Saoudite et les pétro-monarchies du Golfe, instrumentalisées   par les Américains, contribuent gravement  à ce jeu
“funeste”. Dans ces nouveaux enjeux géostratégiques mondiaux qui se dessinent, l’Algérie tente de se frayer un chemin,
d’autant que selon de nombreux experts, dont Mohamed Terkmani, ingénieur et ancien directeur à Sonatrach, estime “que la
durée de vie de la rente pétrolière s’annonce bien plus courte que le temps requis pour une transition vers une économie
diversifiée… surtout  qu’il n’existe aucune stratégie ni vision claire pour y parvenir et qu’aucun des programmes mis en œuvre à

381
cette fin ne s’est avéré efficace jusque-là”.
D’autres experts prédisent un tarissement de nos réserves fossiles à l’horizon 2020-25. Dans la reconfiguration stratégique  du
secteur énergétique mondial à travers notamment l’exploitation du gaz de schiste aux USA et en Chine, et probablement l’entrée
en lice de l’Iran  après la levée des sanctions qui le frappent, où se situera l’Algérie à l’horizon 2030 ? Telle est la question qui
taraude l’esprit des experts et de la classe politique qui ne cessent de réclamer un débat national à ce sujet. Il est donc normal
que cette question focalise les attentions du pouvoir et préoccupe la société et la classe politique. D’autant que nous vivons une
crise économique  qui semble s’inscrire dans la durée. Par ailleurs, l’opacité découlant de la “sacralisation”  de cette ressource,
a favorisé toutes les dérives politico-financières que tout le monde connaît. S’agissant des réserves mondiales  en
hydrocarbures, les experts et spécialistes des questions énergétiques fossiles, prédisent un tarissement de ces réserves à
l’horizon 2030.  Dans  le même sillage, pour d’autres spécialistes, les années 2030 seront marquées par le pic de la production
d’hydrocarbures qui ne pourrait dépasser les 100 (MBA) milliards de barils/an, alors que la dépendance  énergétique au même
horizon, des USA (68 ,5%) de l’Europe (68 ,6%) de la Chine (73,2%) …ira en s’accroissant, ce qui ne manquera pas de générer
de nouvelles tensions et de nouveaux conflits à l’échelle planétaire.
S’agissant de notre pays, la décision  d’opter pour l’exploitation du gaz de schiste ne cesse d’alimenter une polémique entre les
différents acteurs en présence qui demandent un débat national sur la politique énergétique. Pour le pouvoir, il s’agit de garantir
les besoins énergétiques du pays à long terme et se ménager une marge d’exportation pour poursuivre le développement
national.  Fait inédit, la société civile s’implique, alors que l’opinion publique s’interroge sur le bien-fondé  d’une telle option qui
engage le devenir de la nation. Les conséquences sur nos ressources en eau, capital rare dans notre pays, situé en zone semi-
aride et de stress hydrique, risquent d’être désastreux de l’avis de nombreux experts. Abdelmalek Sellal,  lors  de  la
présentation de son programme devant les deux chambres du Parlement, sentant les réticences, a joué à l’équilibriste. “Ça n’est
pas pour aujourd’hui”.  Cela n’a pas empêché de grandes interrogations de s’exprimer. Au niveau géostratégique, les
Américains, en optant résolument pour l’exploitation du gaz de schiste, viennent de bouleverser en profondeur le marché
énergétique mondial. Ils visent deux objectifs ; s’assurer une autonomie énergétique pour les besoins de leur économie,  et dans
le même temps, contrecarrer la domination russe dans le domaine gazier. La Chine, pour sa part, affiche ses ambitions et
n’entend pas rester à la traine de la bataille énergétique planétaire  qui se profile à l’horizon. L’Europe hésite, la France marque
un temps d’arrêt. Quant est-il de l’Algérie ?  Ces problématiques ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà, le cabinet “International CWC
Group”, avait organisé en Algérie le 1er Forum international sur l'énergie, “Algeria Future Energy Conférence”2012, sous le
thème “Libérer le potentiel énergétique de l'Algérie”.  Lors de cette conférence, le ministre de l’énergie de l’époque, avait déclaré
: “L’Algérie ne va pas être spectatrice  des bouleversements qui sont en cours sur la scène énergétique internationale, elle a
l’ambition de continuer à jouer ce rôle positif et constructif sur la scène énergétique et gazière dans le monde …”. Dans le même
temps, l’agence internationale de l’énergie(AIE), nous dit  que les États-Unis deviendront le 1er producteur mondial
d’hydrocarbures de la planète vers 2020 notamment en gaz de schiste et un exportateur net de brut vers 2030. Ils sont déjà
talonnés par la Chine, qui accélère son programme de développement du gaz de schiste. Les réserves exploitables s’élèveraient
à près de 35.000 milliards de mètres cubes sur le territoire chinois. Soit une quantité supérieure à celle présente aux États-Unis,
environ 25 000 milliards de mètres cubes. Dans cette reconfiguration stratégique  du secteur énergétique mondial, l’Algérie se
retrouve piégée. À l’évidence, elle dispose d’atouts qui lui permettent  de se hisser au niveau des pays émergents, si elle “ose”
réformer son système  politico-économique en se libérant de la camisole de la rente. □ A.HAMMA, Liberté-Algérie, 09.12.15

LE CRÉDIT

CREDIT.-L’entreprise fait appel à sa banque pour se financer selon divers modes de crédits : Crédit-bail, crédit
d’investissement…etc. Les entreprises ont plusieurs attentes de leur banque qu’on peut citer comme suit : Une gestion
dynamique ; Disponibilité et compétence ; Considération ; Personnalisation de service ; Des réponses claires, rapides et
fiables ; Des détails et des explications sur les nouveautés qui présentent un intérêt pour l’entreprise ; Une information régulière
sur le secteur d’activité. Durant ces dernières années, les banques cherchent à s’organiser pour optimiser leurs relations avec
les entreprises à travers leurs stratégies d’approche globales et de ventes croisées. Elles cherchent à améliorer leur processus
interne pour rentabiliser leurs opérations ; cette démarche a été particulièrement sensible vis-à-vis des entreprises, la banque
repose sur les éléments suivants :
 Le facteur humain : à travers ce facteur, la notion de confiance est mise en cause. C’est un élément de toute décision de
crédit et qui ne peut être apprécié qu’à travers l’existence de relation ancienne entre la banque et les petites et moyennes
entreprise (PME) dans ces relations, il y a des contacts qui lui permettent de connaitre la compétence et l’honnêteté de
l’entreprise et il y a également les conclusions à tirer par le banquier sur les mouvements du compte bancaire du client.
 L’étude de marché : Les marchés bancaires sont souvent considérés comme des marchés locaux, les banques y possèdent
un avantage comparatif, en terme de coût d’information sur leur client proche donc le banquier s’intéresse à travers cette étude
à : La place de l’entreprise dans la branche d’activité où elle exerce ; La place de cette branche d’activité dans l’ensemble de
l’économie ; La position de l’entreprise sur le marché national et international ; Le produit que l’entreprise fabrique ; Les
éventuels produits de substitution qui peuvent être créés ; L’état de la concurrence.
 L’étude industrielle : Cette étude est une nécessité première pour la banque lorsqu’elle s’engage dans le financement d’un
crédit d’investissement. Il est nécessaire pour la banque, lorsqu’elle finance un outil de travail, d’être assistée par un spécialiste
industriel avec des aptitudes en matière de financement des crédits d’investissements et des projets.
 L’analyse de la structure financière de l’entreprise : La banque pour octroyer des crédits aux entreprises, fait recours à
l’analyse de la structure financière de celles-ci.
En pratique, le banquier avant d’accorder un crédit de financement d’un projet d’investissement étudie de manière systématique
sa rentabilité. Généralement, la banque réalise (02) études essentielles qui sont : l’étude économique et l’étude financière pour
le projet qu’il doit financer. Ces études sont différentes d’une banque à une autre (banque publique ou privée) et c’est à partir de
ces études que le banquier dégage la rentabilité et la capacité de l’entreprise (à partir des différents ratios d’analyse quelque soit
les ratios de structure, de liquidité, de rentabilité).
Les investissements sont très importants pour l’entreprise et pour poursuivre son activité et assurer sa croissance. La banque
doit répondre et adapter ses crédits aux différents besoins de l’entreprise, cette activité constitue l’essentiel de sa marge
bancaire. Le renforcement de cette relation passe par le développement des techniques bancaires en matière de diversification
des produits bancaires pour répondre aux exigences des entreprises.

382
ENDETTEMENT EXTÉRIEUR.- Problématique : L’endettement qui enregistrait déjà des niveaux élevés en 1984, à cause du
coût des investissements réalisés dans le cadre du plan quinquennal 1980-1984 -mais aussi des programmes populistes (anti-
pénuries), que l’illusion des prix élevés du pétrole jusqu’à cette date laissait envisager- s'est aggravé encore davantage à partir
de 1986. Car, dans la situation de quasi-cessation de paiement dans laquelle se trouvait l’Algérie, « l’unique » moyen de
financer les importations incompressibles était encore le recours à l’endettement extérieur, souvent avec des conditions
défavorables. C’est ainsi que la dette extérieure algérienne est passée de 15,9 Milliards $ à 26,7 Milliards $ entre 1986 et 1988,
soit une croissance de 77 % en trois ans. Au cours des années qui ont suivi le contrechoc pétrolier, l'Algérie a payé une partie
importante de son PIB au service de la dette, mais le poids de sa dette restait important. Conséquences : en 1994, l'Algérie est
contrainte d’accepter le rééchelonnement assorti d’un Plan d'Ajustement Structurel imposé par ses créanciers (réduction du
déficit budgétaire, dévaluation du dinar, réduction des subventions, etc.). L'Algérie, en plus de s’être lourdement endettée à
l’extérieur, avait aussi cédé à la tentation du financement interne par « la planche à billets ».
► L'option en faveur du reprofilage, autrement dit celle du refinancement, a été présentée comme l'alternative idoine aux
rééchelonnements. Cette opposition entre les deux termes de la problématique est la conséquence d'un malentendu théorique.
Le refinancement, contrairement aux professions de foi des responsables algériens, peut être assimilé à un "rééchelonnement à
petite vitesse" et cela a déjà été établi par Alfred Mudge qui rappelait : « Certains praticiens font la distinction entre le
refinancement et le rééchelonnement sur la base du fait que le premier implique un apport en argent frais (new money) et que le
second appelle l'extension des maturités existantes. Il est parfois affirmé que le refinancement est meilleur dans le sens où il ne
ternit pas l'image de la banque vis-à-vis des instances de régulation, des comptables bancaires ou des analystes des
portefeuilles. Ces différences de perception peuvent être réelles mais, en fait, le refinancement et le rééchelonnement sont
fondamentalement la même chose à deux égards qui les distinguent des opérations normales de prêts d'argent frais ou de
l'extension ordinaire des obligations de paiement. Premièrement, comme noté ci-dessus, les créanciers peuvent insister sur
l'existence de conditions préalables déjà remplies ou prévues par contrat de restructuration. En second lieu, et plus important
encore, l'action des autres créanciers devient critique. Dans certains cas, à moins que tous, ou la majorité des créanciers ne
soient impliqués dans le processus, pas un seul créancier n'accepte de prêter de l'argent frais ».
Dans le début des années 90, trois pays jouaient un rôle déterminant sur la scène monétaire internationale : les USA, le Japon
et l'Allemagne. A eux trois, ils représentaient 70% des transactions commerciales internationales et leurs économies traversaient
une phase difficile. Le Japon s'attelait à corriger l'effet de "bulle" créé par la spéculation sur le marché boursier, les Etats-Unis
étaient toujours en récession depuis la fin de 1987 et l'Allemagne a choisi la voie des emprunts en lieu et place de
l'augmentation des impôts, pour assurer le financement de la restructuration de l'ex RDA. Chacun de ces pays, face à la
tourmente qui a gagné les marchés monétaires internationaux, a initié un ensemble de mesures visant à ralentir la croissance.
Par voie de conséquence, l'utilisation de l'énergie, où le pétrole et le gaz jouent un rôle décisif, en sera affectée. Cet état de fait
ne manquera pas d'influer sur le marché des hydrocarbures et ce à un double niveau, celui des prix et celui des quantités.
Ignorant les contraintes liées à ce retournement de situation au niveau international, le gouvernement algérien, lui, misait sur la
pièce maîtresse de l'augmentation, de l'accroissement de l'exploitation des hydrocarbures pour relancer la machine économique
et engager le processus de désendettement. Dans ce contexte, les chances de succès sont mineures pour ne pas dire nulles.
C'est dire combien sont néfastes pour la conduite de la politique économique, la non prise en considération de la conjoncture au
niveau mondial. Le suivi constant de l'évolution des perspectives économiques de nos principaux partenaires est recommandé.
Elle doit être intégrée comme une des règles dans la gestion macroéconomique du pays. Cela était d'autant plus important qu'à
ce moment-là, les pays industriels s'adonnaient à une protection excessive de leurs marchés intérieurs. Les leçons n'avaient pas
été tirées des turbulences survenues sur le marché monétaire international. Les monnaies des trois économies les plus
puissantes influaient, au gré de leurs fluctuations, sur le reste du monde. En effet, toutes les autres monnaies, qu'elles soient
convertibles ou indexées sur les monnaies ou un panier de monnaies, subissaient toute évolution du pouvoir d'achat de l'une de
ces monnaies ou des trois ensemble. A cet égard, la perte de la valeur du dollar entre 1985 et 1991, a eu des effets
dévastateurs sur l’Algérie, particulièrement sur le niveau de son endettement. Elle a réduit la valeur des importations de trois fois
en termes réels, alors qu'en termes nominaux elle n'a été que de 40%. Continuer à ignorer cette donnée, c'est se voiler la face
et persévérer dans la recherche d'une hypothétique politique de relance. La vulnérabilité de l'économie algérienne est une
donnée récurrente du fait que les recettes d'exportation sont libellées en dollars alors que seulement 10% des importations sont
payés dans cette monnaie. C'est pourquoi, en dehors de la perte du pouvoir d'achat des exportations qu'elle fait subir, la
dévaluation de la monnaie des Etats-Unis a une autre incidence encore plus insidieuse. Celle d'une réévaluation de la dette
extérieure, dans la mesure où « plus la valeur du dollar par rapport aux monnaies d'endettement de notre pays est faible, plus le
stock de la dette s'élève, plus s'accroît le service de notre dette – même si les taux d'intérêt des monnaies empruntées
n'augmente pas – et ce, sans que nous ayons à emprunter un seul sou supplémentaire ».

ÉPARGNE.- La monétisation d'une partie des ressources du rééchelonnement de la dette extérieure a servi à l'assainissement
financier des entreprises et des banques et a contribué à la formation de la dette intérieure du trésor à l'occasion du rachat des
prêts bancaires non performants. En d'autres termes, la monétisation d'une partie des ressources du rééchelonnement de la
dette extérieure au profit du trésor contribue à augmenter son endettement en devises alors que les mesures
d'assainissement augmentent son endettement intérieur. La nécessaire réussite de la privatisation contribuera à rendre possible
une gestion active de la dette intérieure du trésor surtout que le rééchelonnement aura pour résultat de durcir la contrainte
budgétaire à partir de 1998. C'est pourquoi les pouvoirs publics entendent pour les années suivantes :
◘ poursuivre le processus déjà engagé d'ajustement des dépenses budgétaires au moyen d'une rationalisation rigoureuse des
dépenses publiques;
◘ de consolider le désengagement effectif du trésor des opérations de prêts ainsi que des emprunts directs, en initiant des
opérations sur le marché financier;
◘ d'engager le désendettement du trésor à l'égard de la Banque d'Algérie, ce qui induit une démonétisation de sa dette
intérieure et contribue ainsi à la stabilité monétaire;
◘ d'engager le désendettement du trésor à l'égard de la CNEP pour aider à la transformation de celle-ci et assurer l'allocation
de l'encours d'épargnes financières au développement de l'offre effective de logements qui reste un motif important d'épargne
mobilisée par la CNEP. En effet, dans un contexte caractérisé par une désépargne intérieure, il importe de stimuler l'épargne
financière intérieure des ménages. La CNEP reste la principale institution en la matière. Le développement des fonctions

383
bancaires de la CNEP est un facteur déterminant dans le nouveau schéma de financement du logement appuyé par un marché
hypothécaire qui reste à organiser;
◘ de formuler et de conduire une politique de gestion active de la dette intérieure du trésor, en phase avec les cessions d'actifs
des entreprises publiques. Une gestion active de la dette du trésor au moyen des instruments de marché constituera une
perspective importante dans la conduite de la mutation du système de financement.

LEASING.- La survie d'une entreprise économique (de biens ou de services) dépend de sa capacité de se doter de moyens
performants, lui permettant le développement de son activité. En Algérie, l'insertion dans une économie de marché, a mis à nu,
au sein des entreprises, plusieurs insuffisances. En plein redéploiement, elles sont appelées à renouveler leurs moyens de
production en raison de leur usure et de leur caractère obsolète. Normalement, ces investissements devraient être financés par
l'entreprise elle-même, par une pratique de l'amortissement, ou par des acquisitions de nouveaux actifs sur ses ressources
propres. Cependant, en raison des déséquilibres de leur structure financière, la majorité des sociétés algériennes n'arrivent pas
à obtenir des crédits bancaires. En Algérie, malgré les grandes transformations survenues sur le plan économique et la mise
en place d'instruments financiers nouveaux, le leasing reste une pratique encore inconnue et impraticable par de nombreux
gestionnaires tant du secteur public que privé. Le crédit-bail constitue, à ce titre, un palliatif à la solution des crédits bancaires
classiques. Il permet à certaines entreprises de disposer d'immobilisation, en rapport avec leurs besoins de développement,
sans avoir à décaisser la totalité du prix. Celui-ci permet aux entreprises qui connaissent un déficit en capitaux, de renouveler
leurs moyens de production, d'utiliser des technologies nouvelles dans le but d'élargir et d'améliorer la production sans
engagement de capitaux propres. La pratique du leasing est devenue un mode de financement des investissements
concurrençant le traditionnel crédit bancaire car plus profitable que lui sur tous les plans. En effet, le crédit-bail est une forme
"très originale de financement des investissements". A titre d'exemple, le leasing est considéré comme une location simple et
une option, mais la vente devra se réaliser sur la base du prix de marché au moment de la réalisation de l'opération.Dans
cette opération, il faut faire aussi la distinction entre "opérationnel lease" et "financial lease". La première signifie que le risque
technique est assuré par le bailleur ou lessor alors que la deuxième, contrairement à la première, signifie que le risque de
défaillance est pris en charge par le preneur. Les relations entre le lessor et le lessée se traduisent par le paiement d'un
loyer et le versement d'un montant final correspondant à la valeur résiduelle du bien. En fait, c'est d'une location qu'il s'agit.
L'originalité du crédit réside "d'abord dans le caractère irrévocable du contrat (bail), ensuite le caractère optionnel de la
promesse de vente à l'issue du contrat".
Des institutions financières spécialisées (sociétés de leasing) se sont créées avec la vocation d'acquérir des biens d'équipement
pour les mettre à la disposition des utilisateurs, en donnant à ces derniers la possibilité d'accéder à la propriété du bien. Mais un
cadre juridique, garantissant l'amortissement du prix de revient du bien et la rémunération du capital investi, est préalablement
établi. Concrètement, la société de leasing permet aux entreprises surtout celles qui connaissent un déficit en capitaux,
d'acquérir différents biens d'équipement sans recourir à l'endettement. Elles pourront de ce fait, renouveler leurs moyens de
production et utiliser les technologies nouvelles. Le leasing est donc un contrat de financement par lequel la société de leasing
(bailleur) cède la jouissance d'un bien mobilier ou immobilier à un utilisateur (locataire) pour une période déterminée, moyennant
le paiement périodique d'un loyer. Ce dernier intègre le prix du bien loué, les charges d'exploitation et la marge de la société de
leasing. En Algérie, trois années, après la promulgation de l'ordonnance 96.09 portant sur le financement par crédit-bail, cette
formule demeure encore méconnue. L'absence d'institutions spécialisées dans ce domaine, justifie le non-recours des
entrepreneurs à cette méthode de financement. En Algérie, la SALEM (société algérienne de leasing mobilier) existe depuis
1997. Elle a été créée* pour aider notamment les agriculteurs et les pêcheurs. Filiale de la caisse nationale de mutualité agricole
(90%) et du holding public mécanique (10%), elle éprouve des difficultés à répondre à une importante demande pour
l'acquisition des matériels agricoles, en raison des fonds jugés insuffisants par rapport à la demande. Elle est considérée
comme le premier établissement financier spécialisé dans le leasing en Algérie. Son objectif premier était de promouvoir les
investissements nationaux, d’encourager la production nationale et de contribuer à la création d’emploi, et ceci en accordant des
prêts à hauteur de 100% des projets de locataires et preneurs, sociétaire de la CNMA, industriel, entrepreneur, exploitant
agricole, jeune promoteur ou encore particulier. L’établissement n’arrivant pas à concilier les activités et objectifs d’une SPA
Banque avec les missions sociales de l’état, et jugé pour la mauvaise gestion et la dilapidation des deniers publics, Le Conseil
de la Monnaie et du Crédit (CMC) lui a retiré son agrément en août 2008. Le leasing devient donc un moyen efficace pour mettre
en adéquation des disponibilités par rapport aux besoins. Aussi, il s'agit à travers cette expérience d'acquérir un
professionnalisme dans l'intermédiation financière afin de multiplier les sources de financement notamment pour l'industrie gros
utilisateur d'équipements chers sur le marché national et international. La réussite de ce mode de financement en Algérie est
liée à un effort important dans le domaine de la communication et de la pédagogie. Il y a aussi des aspects en rapport avec la
justice à prendre en compte dans le domaine de la réglementation afin de prévoir et d'éviter les litiges qui peuvent se poser
éventuellement dans la pratique de ce mode de financement.□
(*)Aujourd’hui, l’Algérie compte dix acteurs dans ce secteur d’activités, dont quatre banques et six établissements financiers
lesquels sont : Al Baraka banque, NATIXIS, BNP Paribas El Djazair, Société Générale Algérie Cetelem, Arab corporation (ALC),
Maghreb leasing Algérie (MLA), Sofinance, et les trois derniers entrant dans ce secteur deux Sociétés nationales de leasing SNL
et Idjar leasing Algérie et une banque privée AGB.

LES FINANCES LOCALES

ADMINISTRATIONS LOCALES .- Surendettées, sans ressources financières propres et, bien souvent,
dépourvues de moyens de réalisation (bon nombre d'entreprises ont été dissoutes), il ne leur est pas facile
d'impulser une dynamique de développement. S'il est vrai que les exécutifs communaux précédents en
portent une bonne part de responsabilité, le marasme qui affecte toutes les communes du pays est du
beaucoup plus aux dysfonctionnements d'un mode de gestion des collectivités locales qui a atteint ses
limites. Leur redressement ne peut, de ce fait être sérieusement envisagé qu'à la faveur d'une réforme de
l'administration et des finances locales. En effet, à force de revoir au coup par coup la législation locale et,
plus gravement encore son système financier, dont on n'arrête pas de manipuler les bases de calcul, les
coefficients et les taux, on a fini par dérégler toute sa cohérence et le rendre illisible. Dans son état actuel,
ce système financier n'a rien de réellement local, à savoir un système financier autonome, doté d'une large

384
base taxable où figure l'intégralité des ressources prélevées pour son compte sur le territoire de la
commune. Il s'apparente beaucoup plus à un système fiscal fortement centralisé, dont les ressources
collectées sont redistribuées de manière discrétionnaire aux communes. Totalement récupéré par
l'administration centrale, le système financier local est aujourd'hui propice à toutes les manipulations,
susceptibles de faire échouer ou réussir les exécutifs communaux, selon qu'ils soient ou non acquis au parti
politique que soutient l'administration. Le pluralisme politique, ne pouvant pas s'accommoder de ce système
en déperdition et de surcroît favorable aux dérives clientélistes, il est aujourd'hui nécessaire de fixer
clairement les règles du jeu du partage des finances publiques entre l'Etat et les collectivités locales. Cela
est d'autant plus nécessaire que les nouveaux élus sont des militants appelés à jouer la crédibilité de leur
parti sur le terrain de l'efficacité et du respect des promesses électorales. Ces règles du jeu à établir
devraient pour le moins consacrer les principes suivants : il faut en premier lieu transférer toutes les
compétences en matière d'administration et d'aménagement aux collectivités territoriales à l'exception, bien
entendu, des missions de puissance publique et de régulation qui reviennent traditionnellement à l'Etat. Il
faut en second lieu permettre aux élus locaux de mobiliser localement les ressources nécessaires, ne
serait-ce qu'aux entretiens courants à la charge des communes. Les ressources en provenance du fonds
commun des collectivités locales devraient, quant à elles, faire l'objet d'une redistribution transparente, en
concertation avec les élus et sous le contrôle d'une instance indépendante (la cour des comptes par
exemple). Ces ressources devraient bénéficier en priorité aux communes les plus pauvres. Comme il est
affirmé à juste titre, dans un des dossiers de l'aménagement du territoire "Demain l'Algérie", l'Etat doit
absolument se désengager et se prémunir de toute confrontation directe avec les citoyens et ces derniers
doivent absolument savoir qui encaisse les impôts et taxes dont ils sont redevables, ainsi que les charges
socio-économiques que l'Etat où les communes doivent assumer en contrepartie.
La réforme à entreprendre dans ce cadre doit tendre vers la spécialisation des ressources fiscales par
collectivité locale et selon les spécificités économiques et sociales de chacune d'elles. A chaque commune,
un groupe de communes ayant les mêmes caractéristiques fondamentales doivent correspondre des impôts
exclusifs. Enfin, il faut évoquer la nécessité de créer dans le sillage de la réforme de ce système
financier en perdition, une banque de développement à l'échelon local. Cette institution, contrôlée par
l'Etat et les collectivités locales qui en seront les actionnaires, pourrait quelque peu pallier les insuffisances
du financement local, notamment en matière d'investissement.

CREANCES.- Les nouvelles mesures, permettant au pays son insertion progressive dans une économie de
marché, ont révélé des pratiques anti-économiques tolérées par l'ancien système économique telles que le
non recouvrement de créances observées dans la gestion du secteur public. En effet, des milliers de
milliards de dinars font l'objet de revendications d'entreprises publiques auprès des collectivités publiques
locales ayant bénéficié de prestations de services ou de réalisations de travaux au profit de plans
communaux de développement.
Ce déséquilibre de gestion cause des répercussions préjudiciables à une normalisation des relations
économiques entre partenaires publiques d'une part et avec le secteur privé en particulier. Le volume
considérable des créances accumulées, ces dernières années, constitue un blocage dans le développement
qui handicape la promotion d'une économie de marché assainie de toutes contraintes.

FISCALITE LOCALE A REFORMER .- Le système fiscal est lourd, complexe et inadapté aux besoins des Communes. En
d’autres lieux, la fiscalité locale, et particulièrement la taxe foncière, constitue la principale source de financement des activités
de la Commune. En outre, c’est l’Etat qui crée l’impôt par voie législative, fixe l’assiette, décide des exonérations et procède aux
recouvrements. C’est à peine si l’Assemblée populaire communale fixe le montant du prélèvement pour quelques taxes
minimes. La base d’imposition, dans la plupart des cas est soit insuffisante, soit anachronique, surtout en ce qui concerne la
fiscalité indirecte où l’impôt est d’un rendement faible. Il faut signaler l’inégale répartition du produit de la fiscalité entre l’Etat et
les collectivités locales, bien sûr il est au profit de l’Etat. C’est l’une des causes qui fait que la Commune n’est pas du tout
intéressée à prélever l’impôt puisqu’elle ne peut pas le consommer directement et localement. Elle préfère demander des
subventions, c’est plus payant et moins risqué. Enfin, le système fiscal est rigide ou figé. La matière imposable évolue
lentement, dépassée par le double effet du coût de la vie et de l’inflation. La loi 90-08 reprend quasiment dans les mêmes
termes la loi 81-091.
◙ Pour une nouvelle réforme des finances locales : Pour une dynamique des finances locales S'agissant de l'amélioration des
capacités financières des collectivités locales, le programme du Gouvernement stipule que la place et le rôle ainsi définis pour
les Collectivités Locales ne sauraient naturellement aboutir, en l’état actuel des finances, que ce soit du fait de la conjoncture,
que ce soit du fait du manque de rationalité dans l’utilisation des moyens ou que ce soit enfin du fait de l'organisation et de la
répartition des ressources fiscales entre les niveaux central et local de l’Etat. Une prise en charge, une réorganisation et une
révision s’imposent face à cette situation. Les dispositions contenues dans les décrets du 9 août 1973 préconisaient la mise en
œuvre d'actions destinées à rendre plus effective la déconcentration et à permettre une utilisation plus rationnelle des moyens
confiés aux autorités déconcentrées (décrets 73- 137 et 73-138) ainsi qu'une gestion plus rapide et plus conforme aux
orientations générales du plan, en matière d'investissements locaux (décret 73-135). Dans le même ordre d'idées, une évolution
vers le budget unique du conseil exécutif était le moyen le plus approprié pour consolider définitivement la déconcentration en lui
permettant d'accomplir l'ensemble de ses missions dans les meilleures conditions de rigueur et de célérité, sans avoir à pâtir des
entraves de toutes sortes et des pratiques diverses des administrations centrales1 . Par ailleurs, le budget base zéro, envisagé
par le Ministère de l'Intérieur, est une modalité de préparation du budget consistant, à intervalles fixes, à redéfinir complètement
le budget d'une institution donnée(2) . Cette possibilité de redéfinition de l’ensemble des dépenses d’un budget (services votés
et autorisations nouvelles) apparaît comme un moyen de dresser une frontière entre le prioritaire et le non prioritaire. Ce
système du budget base zéro (BBZ3) qui pourrait être appliqué chaque année sur les collectivités locales, de telle sorte que
chacune d’elles soit remise sur la sellette à échéance fixe, présente l’avantage d’obliger à un examen de toutes les dépenses et
de mettre à jour les gaspillages accumulés dans le temps ou les dépenses obsolètes
► Une fiscalité moderne et des ressources mieux réparties : Est-il nécessaire et suffisant de consolider les institutions locales,

385
de revoir le découpage territorial des communes? Nécessaire? La réponse est immédiate et non équivoque. Suffisant? Rien
n'est moins sûr. Car les Collectivités Locales ne deviendraient réellement responsables que lorsqu’elles seront responsables de
leurs moyens. Il s'agit, en d'autres termes, d'octroyer une place plus juste aux Collectivités Locales dans les finances publiques
et dans les comptes de la Nation, et ce, à la lumière des compétences devant être assumées par l’Etat, la Wilaya et la
Commune, par un texte de base organisant les rapports entre les différentes institutions nationales et locales. Mais cette option
ne doit occulter en aucune manière la question des grands équilibres économiques et des priorités qui sous-tendent la vie
collective nationale. Il faut rappeler que la question de la réforme des finances locales avait été prévue par l'ordonnance portant
loi des finances pour 1973 en son article et qu'à chaque étape, elle revenait sur le tapis. Elle a été en fait, celle des rendez-vous
manqués. Que de projets, que d'études ont été ébauchés, que de commissions et de groupes de travail ont été mis sur pied,
pour être finalement ajournée ou tomber dans les oubliettes, faute d'une volonté politique réelle ou d'ambition à la dimension
d’une tâche aussi stratégique. Aujourd’hui, il est absolument indispensable d'engager effectivement le processus d'évolution des
finances locales et de le mener à son terme en prenant en compte, des préalables qui en garantiraient l'aboutissement et le
succès. A ce titre, la réforme des finances locales implique une redéfinition des compétences et des fonctions entre l’Etat et les
autres institutions; Le succès de cette transformation repose essentiellement sur des choix qui ne peuvent s'opérer qu'au plan
national et non au niveau de telle ou telle structure technique; Cette réforme commande un réajustement des ressources des
Collectivités Locales à la mesure des compétences qu'elles exerceront dans le cadre d'une redistribution plus judicieuse, plus
claire et plus moderne des ressources nationales; Elle suppose, enfin, un cadre et une méthode de travail afin de déboucher
sur l'affirmation d'un véritable projet qui consacrerait, par delà ses effets immédiats, une autre manière de s'administrer et de se
développer C'est dire, en d'autres termes, que la réforme des finances locales passe par un réexamen de la fiscalité nationale.
►Une fiscalité locale plus efficace : Le système actuel est un système hybride et complexe. S’y empilent des impôts locaux, des
impôts d'Etat centralisés, puis redistribuer à travers une politique de péréquation, qui en fait dénaturent toute la fiscalité locale et
font que l'on se retrouve dans un système mixte où cohabitent une fiscalité locale et une fiscalité nationale redistribuée aux
budgets locaux. L’objectif est donc de dépasser ces complications que ne peuvent justifier les arguments de technique fiscale et
de pouvoir délier, en fait et en droit, la fiscalité locale de la fiscalité d'Etat afin de déboucher sur un régime financier local plus
simple, plus souple et plus efficace. Il s'agit de parvenir dans les faits à réserver à chaque niveau d'administrations (Etat, Wilaya,
Commune) un type d'impôts spécifique assis et perçu au profit exclusif de chacune de ces institutions plutôt que de persévérer
dans la pratique actuelle consistant à partager arbitrairement un impôt entre les différents niveaux d'administration. C'était le
cas, par exemple, du versement forfaitaire (V. F.) qui, tout en étant assis et perçu localement, est centralisé à Alger avant d’être
finalement distribué entre la Wilaya, la Commune et les fonds communs.
►Des impôts locaux plus générateurs de ressources : L'économie du système actuel est telle que la fiscalité est éclatée en une
série d'impôts dont la quasi-totalité repose sur les secteurs les moins dynamiques de la vie économique; foncier, taxes
d’assainissement, taxes à l’abattage, taxes de séjour... Le seul impôt local dont le produit évolue au rythme de l’économie est la
taxe sur l’Activité Professionnelle (TAP) qui a remplacé la taxe sur l’activité industrielle et commerciale (TAlC.) et la taxe
d'activité non commerciale (TANC), mais cet avantage est contrecarré par les nombreux inconvénients perceptibles à trois
niveaux: La (TAP) est un impôt aveugle et injuste, elle frappe uniformément au même taux toutes les activités industrielles et
commerciales quelle que soit leur marge bénéficiaire. Elle pénalise, de ce fait, les activités à faible marge et notamment les
petits commerçants qui vendent quelques produits dont les prix sont stabilisés et avantage les activités polyvalentes à forte
marge. La détermination de la (TAP) au niveau des entreprises est le plus souvent fictive. Sa répartition par unité et par
Commune est peu réalisée dans la pratique. (1) C’était le cas au paravent pour la taxe sur les spectacles qui se trouvait
littéralement émiettée entre une multitude de bénéficiaires (plus d’une quinzaine) aussi différents les uns que les autres Les
ressources fiscales provenant de la (TAP) ne sont pas adaptées à la richesse potentielle réelle de la collectivité car, bien
qu'étant un impôt direct, la base imposable est en réalité définie au moment de la constatation d'un fait de dépenses. Elle ne
repose donc ni sur la réalité économique locale ni sur la valeur ajoutée. L'émiettement du système financier local ne peut être
avantageusement maintenu dans un système socio-économique en mutation et qui se voudrait moderne et novateur. En
d'autres termes, la technique fiscale ne devrait pas, comme dans le système actuel, introduire des distorsions entre base fiscale
sur l’activité industrielle et commerciale et richesses réelles communales. De même que l'imposition du surplus économique
établira une équivalence entre structure de l’impôt et structure de la PIB, c'est-à-dire que le produit de la fiscalité évoluera de
façon parallèle au développement économique. Cet impôt ne concernera que les grandes entreprises industrielles et
commerciales d'une certaine taille. Pour toutes les autres entreprises, il y a lieu de prévoir une imposition plus simple assise sur
la marge et modulée en fonction des branches et de la nature des activités. Ce dernier système introduira une justice fiscale
puisque le taux d'imposition variera selon la nature des activités. En ce qui concerne les autres impôts locaux, et à l'exception de
certaines taxes qu'il faut carrément supprimer, car sans objet et sans apport financier réel pour les collectivités locales,
l'essentiel doit être maintenu après avoir introduit au préalable certaines modifications tendant à une amélioration du système
général de l’imposition locale.
♦ Pouvoir d'imposition des collectivités locales : La fiscalité locale est actuellement peu rentable car elle est unilatéralement fixée
par l'Etat, ce qui induit une bonne part d'iniquité sociale. Les communes, et notamment les grands centres urbains où les
services publics sont les plus coûteux à assurer, ne parviennent pas de ce fait, à percevoir de leurs résidents la juste
contrepartie des avantages et commodités dont ils bénéficient. De plus, indépendamment de la fraude fiscale, le rendement à sa
juste valeur de la fiscalité locale a pour corollaire une reconsidération de ses normes et un juste partage des responsabilités
concernant la fixation de ces bases. A cet égard, il importe de conférer aux Collectivités Locales la responsabilité de voter les
taux d'imposition des taxes dont l'assise est proprement locale (taxe sur l'activité professionnelle, taxe foncière, taxe
d'assainissement, taxe d'habitation, taxe d'abattage) dans la limite des fourchettes fixées par la loi. Il importe de signaler, dans
ce cadre, que le mode de calcul, de recouvrement et d'affectation des impôts locaux est obscur et donc peu lisible par le
contribuable, alors que le contrôle démocratique par celui-ci devrait être un principe de base. Par ailleurs, le renforcement de la
fiscalité locale suppose la reconsidération des dispositions qui favorisent la «fraude légale » telles que les exonérations
accordées à l'ouverture d'un registre de commerce et qui sont reconduites en cas de changement d'activité, avant l'échéance de
l' exonération, ainsi que les dégrèvements censés résoudre les problèmes liés aux défauts de cette fiscalité locale.(1) Il s'agit
donc de permettre aux Collectivités Locales de répondre avec la meilleure efficacité à l'évolution de leurs missions et aux
attentes des citoyens.
□ L'implication des Communes et Wilayas dans la fiscalité locale : La consultation effectuée par le CENEAP à la demande du
Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Locales, en 1997, comportait deux aspects distincts : le recueil des points de vue de

386
responsables locaux et une information quantitative sur les recettes et les charges de fonctionnement. Cette consultation a
permis de dégager certaines idées force en la matière: Les responsables locaux consultés ont fait un lien direct entre la
décentralisation et le pouvoir fiscal des Collectivités Locales, dans la mesure où ils souhaitent dans leur grande majorité que les
Collectivités Locales soient juridiquement habilitées à fixer le taux des impôts et taxes dans le cadre d'une fourchette définie par
la loi. Le pouvoir fiscal des communes n'a de sens que s'il tient compte des spécificités de chacune des catégories de
communes (2) «rurale/urbaine, nouvelle/ancienne», ainsi que de la pression fiscale(3) en liaison avec le pouvoir d'achat des
citoyens. En attendant que les Collectivités Locales disposent de moyens matériels et de personnes qualifiées pour prendre en
charge le recouvrement de l'impôt, les responsables consultés ont insisté sur la nécessité impérieuse de l’implication des
communes dans l'acte de recouvrement, soit en assistant le receveur communal, soit en renforçant ses moyens. Ceux qui sont
le mieux dotés et qui ont un potentiel fiscal ont préconisé, à terme, que les communes doivent prendre en charge le
recouvrement de : l'impôt foncier ; la taxe sur l'activité professionnelle ; la taxe d'assainissement. Pour accroître les ressources
locales, il est indispensable d'aider les communes à développer les moyens en vue d'améliorer le niveau de recouvrement et de
lutter contre l'évasion et la fraude fiscales, Les personnes consultées, appartenant à des communes sans aucun potentiel fiscal,
soulèvent la question de l'opportunité de modifier le système, qui ne leur profiterait pas; elles revendiquent alors, un système de
subvention plus équitable et plus approprié, en rapport avec les besoins réels de fonctionnement des communes les plus
démunies. Sur un autre plan, il y aurait lieu de permettre aux collectivités locales: De participer aux activités économiques et
d'être prestataires de services à caractère lucratif, permettant de dégager des revenus propres; De recourir à l'emprunt bancaire,
de placer leur excédent budgétaire dans des actions en bourses et d’acquérir des titres, obligations, etc… ; De participer au
capital de sociétés ou entreprises venant à être créées. En tout état de cause, les collectivités locales devront tenir compte de
deux interrogations que suscite immanquablement leur implication éventuelle dans la fiscalité : Quelle orientation faut-il donner à
la fiscalité sur l’habitant? Dans quel sens faut-il faire évoluer la fiscalité sur l'entreprise? Car l'influence possible de la pression
fiscale locale sur la localisation des activités constitue la clé des stratégies communales de développement économique et
sociale
♦ Un financement des équipements plus cohérent : Le système actuel ne permet pas aux Collectivités Locales d'adapter le
montant des ressources au rythme de la réalisation des équipements. Les crédits d'équipement sont en majeure partie
constitués par des subventions de l’Etat dont le montant n'est pas lié à la situation financière de la collectivité, et par le produit
de l’emprunt dont l'octroi est subordonné à une procédure complexe et à des critères antiéconomiques. En effet, les Collectivités
Locales sont de plus en plus dépendantes sur le plan financier, car l'autofinancement conçu au départ comme une source
principale et l'expression de l'effort d'équipement des élus s'est dépréciée au fil des ans. Il est devenu progressivement un
simple appoint qui vient relayer l’insuffisance des ressources affectées par l’Etat. Les communes ne financent plus sur leurs
fonds propres dégagés sur la fiscalité que les opérations non programmées par l’Etat ou insuffisamment dotées par lui. Or,
l’autofinancement doit constituer un calcul initial, un acte volontaire et une ressource essentielle et non un appoint résiduel et
contraignant. Connaissant le volume des équipements qui correspond le mieux aux besoins des populations, la Commune
devrait en principe y faire face, en recourant à l'auto-financement dégagé sur la fiscalité propre. Ce n'est que lorsque cet effort
local montrerait ses propres limites qu'il importe de recourir aux ressources complémentaires du Trésor. Dans les faits, c’est les
concours de l'Etat qui prévalent l’autofinancement. Cette situation qui ne cesse de se dégrader risque si elle persiste: de bloquer
l'effort d'auto-financement des collectivités locales; d'ôter toute maîtrise financière aux élus locaux et d'accroître leur
dépendance vis-à-vis des services centraux; de spécialiser les budgets locaux dans l’improductif et les transferts (charges de
personnel contingents). Elle impose le retour à une saine conception du mode de financement des budgets locaux et l’abandon
des pratiques observées jusqu’ici. La règle actuelle basée sur le concours de l'Etat doit devenir I’exception. Ce qui est
aujourd'hui marginal doit devenir principal. Il faut donc s'acheminer vers cette réforme des finances locales souvent promise
mais chaque fois différée.
□ L'instabilité du dispositif financier local : Chaque année, la loi des finances (et/ou la loi de finances complémentaire) modifie le
régime des finances locales, régime qui apparaît comme un processus continue mais toujours inachevé. Bricolages et
affolements se succèdent et rendent difficile la promotion d'une gestion prévisionnelle. Cette mutabilité permanente des finances
locales ternit leur lisibilité et ne favorise pas la bonne information sur les affaires de la collectivité.
♦ La réhabilitation des ressources communales : Pour la réhabilitation des collectivités locales, l'amélioration des capacités
financières de celles-ci passe par le fait de les responsabiliser davantage dans la détermination de l'assiette fiscale, dans la
fixation de certains taux d'imposition et dans le recouvrement des impôts et taxes, et à doter les Collectivités Locales des
moyens financiers leur permettant la réalisation de leurs objectifs dans le cadre des programmes communaux de
développement. La modernisation des impôts locaux qui demeure un objectif prioritaire, ne peut s'accomplir au détriment du
processus « d'autonomie fiscale » des collectivités locales. La décentralisation, au niveau des communes, du processus de
révision des bases taxables devrait toutefois être encadrée au niveau national en ce qui concerne les évolutions maximales des
bases. Dés lors, les Collectivités Locales se verraient responsables de leurs ressources propres, à la mesure de leurs moyens
véritables, et cela en prenant en relais les financements publics qu'assurait jusque là l'Etat de façon quasi-exclusive. Afin
d'augmenter les produits fiscaux des Collectivités Locales et avant de penser à créer de nouveaux prélèvements, il faut d'abord
rentabiliser les impôts existants, ce qui suppose une meilleure maîtrise de la matière imposable. Les Collectivités Locales
peuvent assumer ce rôle à condition de les impliquer dans la détermination de l'assiette et du taux de l'impôt, ainsi que dans son
recouvrement. □

1. E. Taib : professeur à l’ENA d’Alger, cours sur l’analyse du code communal de 1990,
2. CNES : rapport sur la gestion des finances locales, Alger 2001.
3. Le BBZ a été appliqué la 1ère fois par Pyrr à l’entreprise aux USA. Il s’agit de remettre le compteur à zéro chaque 31/12. Il a
été appliqué par la suite à l’administration américaine. Il est appliqué aux frais généraux
4. C’était le cas au paravent pour la taxe sur les spectacles qui se trouvait littéralement émiettée entre une multitude de
bénéficiaires (plus d’une quinzaine) aussi différents les uns que les autres.
5. Rapport Mauroy, Refonder l’action publique locale, p122. www.ambafrance-ma.org. 2 Enquête étendue à ce type d’agent
réaliser par le CENEP et fait l’objet de débat dans son numéro consacré à la typologie des collectivités locales et aux mutations
locales, enjeux et débat n°11 année 1997. 3 Le taux de pression fiscale est le taux moyen d’imposition.

387
INTERCOMMUNALITE.- Les entraves liées à l’application de l’intercommunalité en Algérie : En Algérie, bien que le code
communal ouvre certaines opportunités et possibilité de coopération entre communes; son champ d’application revêt un
caractère institutionnel et demeure inexploité, en raison de l’encadrement rigide et de l’étroitesse de l’arsenal juridique de la part
de l’autorité de tutelle, laissant peu de place à l’initiative conventionnelle. De ce fait, beaucoup de contraintes sont à relever et
qui font que cette dernière reste encore aujourd’hui dans une phase embryonnaire. Ces contraintes sont de plusieurs ordres que
nous résumons dans les points suivants.
Les contraintes juridiques : L’intercommunalité, telle qu’elle est préconisée par la législation algérienne, relève d’un système
centralisé, du fait que les communes n’ont aucune prise sur leurs finances. S’agissant de la création de l’E.P.C.I, celui-ci est
soumis à l’approbation du Wali. Son organisation obéit à un statut type établit par le ministère de l’intérieur. Les relations entre
cet établissement et les communes concernées sont également codifiées par un cahier des charges. De plus, l’unique formule
de l’E.P.C.I peut être lourde et inadéquate dans certains cas, d’autant plus que le citoyen n’est pas directement représenté dans
son organe délibératif.
Les contraintes organisationnelles : Sur le plan organisationnel, bien que la commune soit une organisation à taille humaine, elle
révèle des déficiences graves et n’échappe pas aux dysfonctionnements bureaucratiques : centralisme, secret, formalisme, et
aussi la concentration des pouvoirs entre les mains des P/A.P.C.
Les contraintes financières : Avec les moyens financiers dérisoires dont disposent les communes et leur dépendance
systématique des subventions de l’Etat, celles-ci ne fournissent pas un effort pour faire face aux problèmes qu’elles rencontrent,
notamment pour l’acquisition d’équipement nécessaire pour l’implantation des déchetteries. Ces infrastructures nécessitent des
enveloppes financières assez consistantes qui ne sont pas à la portée des communes défavorisées financièrement.
Il en est de même pour les questions d’assainissement et de l’implantation de stations d’épuration des eaux usées. Dans ce
cadre, la coopération pourrait résoudre ce problème avec l’association de moyens financiers et humains.
La raréfaction accrue du foncier communal : Les réserves foncières des communes qui devaient permettre un développement
harmonieux du tissu urbain par l’utilisation rationnelle des sols, ont été dilapidées, vidées de leur sens. Leur utilisation est limitée
essentiellement à la satisfaction des besoins des particuliers en matière de construction à titre privée. De ce fait, la raréfaction
des disponibilités foncières qui est relevé pour une bonne partie des communes de montagne et de haute montagne, rend
difficile toute planification de développement à moyen et à long terme. Ce qui favorise, par conséquent, une implantation
anarchique des équipements publics au détriment des terres agricoles.
La faiblesse de l’encadrement humain : Il est rendu compte, que si les wilayas disposent pour la plupart d’entre elles de
quelques personnels compétents techniquement, ce n’est généralement pas le cas des communes qui sont dépourvues du
personnel nécessaire à la conduite d’un programme de développement cohérent au profit de la commune : ingénieurs,
économistes et autres urbanistes et spécialistes en aménagement du territoire font cruellement défaut. De ce fait, l’absence
d’encadrement technique et administratif performant et motivé, ne permet pas aux communes d’assurer convenablement toutes
leurs prérogatives.
►l’intercommunalité en Algérie en théorie : Le code communal de 1990 introduit la notion d’intercommunalité. Il s’agit
d’infrastructures bénéficiant à plusieurs communes voisines, telles que la station de dessalement, les décharges publiques, etc.
Cette forme de solidarité se manifeste sous forme établissements publics intercommunaux (E.P.I), de syndicats des communes
et de commission intercommunale. À cet effet, l’article 9 de la loi n°90-08, relative à la commune, stipule : «Les assemblées
populaires communales de deux ou plusieurs communes, peuvent décider de s’associer pour la réalisation et la gestion
d’œuvres, d’équipements et de services d’intérêt et d’utilité intercommunale, dans le cadre d’un établissement public
intercommunal.». Le décret n° 85-117 du 07 avril 1985, fixant les conditions de création, d’organisation et le fonctionnement d’un
établissement public intercommunal, dispose dans son article premier : «Cet établissement est doté de la personnalité morale,
de droit public muni d’un pouvoir de décision autonome et d’une indépendance financière et patrimoniale.». À la différence des
communes, les E.P.I obéissent à un principe de spécialité (compétences et territoires précisément délimités) et exercent des
compétences par substitution définies par les communes membres. Elles ont des organes de décisions indirects (il n’y a pas
d’élection directe par les citoyens des comités). Dans le cadre de la création des établissements publics intercommunaux,
E.Taïb note : « La loi n°90-08 est moins prolixe que la précédente et même quasiment muette en ce qui concerne la création de
cet établissement puisqu’elle se contente de renvoyer à un texte réglementaire, non paru à ce jour qui va définir les modalités de
création, d’organisation et de financement de l’établissement public intercommunal ». En ce qui concerne la commission
intercommunale est une autre voie ouverte à la coopération intercommunale qui ne concerne que la gestion des biens et des
droits indivis qui sont possédés par plusieurs communes .Elle est composée d’élus, des assemblées populaires
intercommunales. Elle s’est vue comme une procédure mise en place pour régler les contentieux nés lors du découpage
de1984.
TAIB (E) «Le nouveau statut de la commune», In Revue IDARA, n° 1, E.N.A, 1991, p. 68. 76 Article 11 de la loi N°90-08 relative
à la commune.
Pour les syndicats des communes, ils n’ont pas de ressources propres. Leur financement est assuré par les participations des
communes membres. Ils ont un champ d’intervention très vaste.
□ Les modes de solidarité financière inter-collectivités territoriales dans le contexte algérien : Par solidarité, nous entendons:
l’aide et l’assistance financière apportée par des communes riches à d’autres ne disposant pas de la totalité des moyens
nécessaires à leur existence. La solidarité intercommunale existait depuis 1949, bien avant l’indépendance de l’Algérie. Elle était
assurée par la C.S.D.C.A (caisse de solidarité des départements et des communes d’Algérie). Son action se limitait à un
système de prêt à la construction et à la gestion d’un fonds de perception des impositions devenues insignifiantes. Cependant,
les effets de cette solidarité étaient limités, en raison de la modicité des moyens financiers dont disposait cette caisse face aux
besoins de la population qui ne cessaient pas de croître. De nouveau, en 1967, la gestion du fonds de solidarité a été confiée à
la C.N.E.P (caisse nationale d’épargne et de prévoyance), conformément à l’ordonnance n°67-168, qui a créé le fonds de
solidarité et de garantie pour la wilaya et la commune. Par la suite, cette institution à elle seule ne pouvait pas prendre en charge
les besoins financiers des collectivités territoriales en raison de la dégradation de leurs situations financières après
l’indépendance. Pour cela, en 1973 a été créé le F.C.C.L avec la promulgation du décret N°86-266 du 4 novembre 1986.
►Le fonds commun des collectivités locales : Le F.C.C.L est un établissement public à caractère administratif, disposant de la
personnalité morale et d’autonomie financière. Celui-ci est placé sous la tutelle du ministre de l’intérieur et des collectivités
locales .Il a pour objet l’exercice de la solidarité intercommunale par la redistribution des ressources fiscales locales entre
collectivités riches et pauvres. Cet établissement est administré par un conseil d’orientation présidé par le ministre de l’intérieur

388
et des collectivités locales et dirigé par un directeur. Ce conseil comprend :
 07 membres élus ;
 02 P/A.P.W, élus par leurs maires représentant chacun, une partie du territoire national (zone centre Est et zone centre
Ouest ;
 05 P/A.P.C, élus par leurs maires pour toute la durée du mandat représentant chacun une région du pays (Est, Centre, Ouest,
Sud/Est et Sud/Ouest) ;
 07 membres désignés ;
 01 Wali désigné par le ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales ;
 01 Représentant du ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales ;
 03 Représentants du ministère des finances (directeur général du budget, impôt, équipement)
 02 Directeurs généraux de l’agence nationale de l’aménagement du territoire (A.N.A.T) et banque de développement local
(B.D.L)
Les prérogatives du fonds commun des collectivités locales :( Le décret n° 86-266, nous définit les attributions du F.C.C.L, ses
ressources de financement, sa composition et les règles de son fonctionnement). Cet organisme a pour missions:
 Assurer aux Collectivités Territoriales concernées des dotations de services publics obligatoires ;
 Répartir entre les C.T, des quotte- parts des ressources fiscales affectées à la péréquation ;
 Accorder des concours financiers aux C.T se trouvant dans des situations financières difficiles ou ayant à faire face à des
événements calamiteux ou imprévisibles ;
 Consentir aux collectivités territoriales des subventions pour la réalisation des projets d’équipements et d’investissements ;
(Décret N° 86-266 du 4 Novembre 1986, Article 27, Article 24. Article 2).
 Garantir le versement aux budgets des communes et des wilayas, le montant prévisionnel des rôles des impositions directes ;
 Entreprendre toutes actions de formation et de perfectionnement au profit des fonctionnaires de l’administration locale. Les
ressources du F.C.C.L proviennent des recettes suivantes :
 La taxe sur l’activité professionnelle (5,44%) ;
 Le versement forfaitaire (70%) ;
 la taxe sur la valeur ajoutée (10%) ;
 La vignette automobile (80%).
 Un prélèvement de 2% sur les recettes prévisionnelles fiscales de chaque commune.
.La structure du F.C.C.L : Le fonds commun de solidarité : Le F.C.S constitue la structure la plus importante du F.C.C.L. Il
perçoit les recettes correspondantes et réalise en parallèle une solidarité entre les collectivités riches et les collectivités pauvres.
Cet organisme se charge de verser aux wilayas et aux communes les subventions suivantes :
 Dotation de service public obligatoire: Cette dotation est accordée à la commune lorsque ses ressources budgétaires sont
insuffisantes pour couvrir les dépenses obligatoires de fonctionnement. Les critères de son attribution dépendent de la
conformité aux coûts normatifs en vigueur pour l’évaluation des charges obligatoires de fonctionnement et au tableau des
effectifs prévus par l’organigramme fixé conformément à la réglementation y afférente.
 Subvention de péréquation: Cette subvention est destinée à la section de fonctionnement du budget de la commune dont les
ressources sont insuffisantes pour couvrir les charges obligatoires de fonctionnement83. Cette subvention sert essentiellement
pour (Décret N° 86-266, Article 8. La loi N°90-08, Article 167) :
 La correction relative des inégalités de ressources financières, notamment fiscales ;
 La réalisation de l’équilibre du budget de fonctionnement ;
 Le financement des services publics obligatoires, tel que les frais des personnels.
 Subvention exceptionnelle d’équilibre des recettes et des dépenses : Cette subvention est destinée aux collectivités
territoriales qui sont confrontées à une situation financière difficile et dont les ressources globales ne parviennent pas à couvrir
les charges obligatoires incompressibles, notamment, les salaires, les charges annexes, les frais des P.T.T, etc. Nous devons
noter que l’obtention de cette subvention exige pour les communes la réalisation de certaines conditions préalables de bonne
gestion et de rigueur budgétaire. Cette aide n’à aucune incidence directe sur le financement du développement local, du fait que
les collectivités territoriales ne peuvent créer aucune ressource d’investissement et profitent plutôt à la reconstruction et à la
répartition des dégâts.
 Subvention pour événements calamiteux ou imprévisibles : Le F.C.C.L attribue également à titre d’urgence en attendant
l’intervention de l’Etat, des subventions exceptionnelles pour événements calamiteux ou imprévisibles.Elles sont sollicitées de la
part des communes, à la suite d’une catastrophe naturelle, tel qu’un séisme, une inondation, un cyclone ou une sécheresse.
 Subvention pour personnes âgées démunies en ressources : Cette subvention est versée aux personnes âgées démunies de
ressources dépassant 65 ans. Cependant, la contribution du F.C.C.L à travers son octroie est limitée. Ceci s’explique par
l’orientation de la plupart des ressources dont il dispose à la péréquation.
 Crédits destinés aux attributions du versement forfaitaire : Depuis 1995, date de l’affectation de la totalité du produit du
Versement Forfaitaire aux Collectivités Territoriales, en vue de renforcer l’action de la solidarité financière, le F.C.C.L a été
chargé de répartir le produit de cet impôt entre les collectivités. La répartition du 7/10ème du produit du V.F entre le F.C.C.L et les
collectivités territoriales s’effectue comme suit : 60 % aux communes, 20% aux wilayas, 20% au F.C.C.L (Décret N° 86-266. Art
11) et qui sont réaffectés par la suite à la solidarité intercommunale. Les 3/10 restants étant directement versés aux communes
concernées. .Le fonds communal de garantie des impositions directes Ce fonds intervient quand les communes connaissent une
rentrée insuffisante des impôts directs locaux par rapport au montant des prévisions, des dégrèvements et des non valeurs
prononcées en cours d’exercice. Celui-ci assure la couverture de 90% des recettes fiscales des communes. A cet effet, si les
recouvrements sont supérieurs aux prévisions, il y a donc une plus value qui représente la différence entre les prévisions et les
réalisations. Dans le cas contraire, où les recouvrements sont inférieurs aux prévisions, il y a donc une moins value. Dans ce
cas, le fonds de garantie procédera de son coté à son paiement. Les ressources du F.C.G.I.D proviennent d’un prélèvement de
2% sur les recettes révisionnelles fiscales de chaque commune et wilaya par voie de mandatement sur un crédit prévu à cet
effet ..Elles proviennent également des plus values des constatations par rapport aux prévisions en matière d’impôts indirects et
par les rôles supplémentaires de régularisation des impôts directs.

Notes :
389
-RAHMANI Chérif, «Les finances des communes algériennes», CASBAH Éditions, 2002, P.52
-Décret N° 86-266 du 4 Novembre 1986, portant organisation et fonctionnement du FCCL, Article 1.
-Les conditions de la répartition de la part de 70% du V.F revenant au F.C.C.L sont déterminées par l’arrêté interministériel
N°94/0051 du 21/01/1995. - Article 168 de la loi N°90-08, relative à la commune. 88 Arrêté interministériel du 14 février 1995.
- GRABA H., « Les ressources fiscales des collectivités locales algériennes », Ed. ENAG, Alger, 2000, p 45.
- BENKO (G), « La science régionale », Edition P.U.F, 1998, p 68.

►L’intercommunalité peut être considérée comme une option valable et même nécessaire pour la gestion des services publics
communaux et la réalisation des projets de développement économiques, d’aménagement et d’urbanisme. Cependant, elle
souffre d'une non-application rigoureuse au sein des communes algériennes. L’intercommunalité est certes autorisée par la
réglementation algérienne. Cependant, les modalités d'application, l'inexistence d'un statut juridique de la structure
intercommunale, le financement et bien d'autres points constituent autant d'axes essentiels sans lesquels l'intercommunalité ne
peut vraiment se concrétiser et qui laissent un grand vide dans la législation algérienne. À côté de l'absence du cadre juridique,
d'autres contraintes politiques et économiques fragilisent la mise en place de l'intercommunalité au sein des communes
algériennes. En outre, le problème du foncier reste un frein ultime à l'instauration d'une intercommunalité dans le domaine de la
gestion de l'environnement. Ce sont là des contraintes réelles qui freinent le développement d’une pratique structurée de
l'intercommunalité au sein des communes Algériennes. Face à ces difficultés et sans un réel effort du pouvoir central d'inscrire
l'institution communale et de l'adapter au contexte du désengagement progressif de l'Etat, l'intercommunalité bien qu'elle que
soit manifestée au sein des communes algériennes demeure au stade embryonnaire. Il est alors nécessaire de réformer
l'institution communale, notamment le code communal et intégrer l'intercommunalité dans les textes dans l'objectif de
moderniser la gestion communale, réhabiliter les communes dans leur mission de gestion et de développement des services
basiques et réaliser le bien-être social. Sur un autre front, la réforme de fiscalité locale est aussi nécessaire pour permettre
d'assoir l'intercommunalité. Il s'agit d'équiper les communes d'une fiscalité propre permettant à ces dernières de disposer d'une
marge de manœuvre plus importante afin d'utiliser les ressources fiscales en vu de gérer l'intérêt intercommunal. la pratique de
l'intercommunalité en Algérie est un domaine quasiment inexploité, d'où la nécessité d'une concertation entre les pouvoirs
centraux, les chercheurs et les gestionnaires locaux sur des projets d'application au niveau local afin de tirer les avantages que
peut procurer une telle pratique à travers les synergies locales.

SOLIDARITE COMMUNALE A REPENSER.- A défaut de réforme fiscale locale, les inégalités subsisteront et aucune formule
fiscale n'y subviendra. Il s'avérera nécessaire dés lors de recourir à la solidarité intercommunale. Celle-ci s'exerce dans le
système actuel de deux façons : Dans le cadre du service des Fonds Communs des Collectivités Locales (FCCL) qui attribue
des subventions de péréquation destinées à assurer le fonctionnement et l'administration générale des communes ; Dans le
cadre des Plans Communaux de Développement et Plans Sectoriels de Développement sur les ressources de l’Etat, sous forme
d’attributions d'équipements. Dans le premier cas, les ressources sont constituées par des impôts locaux similaires à quelques
exceptions, alors que dans le second cas, il s'agit d'impôts d'Etat centralisés au Trésor et répartis sous forme de crédits de
paiement au niveau de la Wilaya qui est chargée à son tour de les redistribuer en fonction de l'avancement des travaux au plan
local. Ce système appelle plus aux réserves suivantes: C'est un système centralisé ; Au point que les communes n'ont plus
aucune prise sur leurs finances. Elles se contentent d'adresser mensuellement des états que le wali ordonnance sur la base de
crédits qui lui sont affectés sans dialogue préalable par l'administration centrale. Le président d'APC n'est plus l'ordonnateur de
sa commune; il apparaît comme un auxiliaire chargé de suivre, pour le compte des administrations centrales, l'exécution des
différentes opérations inscrites dans les plans communaux. L'intervention de toutes ces compétences qui s'entremêlent de
manière inextricable (administrations centrales, bureaux d’études, services techniques et financiers, Wilayas, communes)
compliquent la procédure et diluent les pouvoirs. Finalement la décision d'équipement est émiettée dans un système complexe
où il n’existe ni décideur ni responsable. A titre illustratif, pour la construction d'une école, il fallait une trentaine d'opérations et
l'intervention de seize décideurs. C'est un système arbitraire ; L'affectation des crédits de paiement n'est réalisée selon aucun
critère objectif. Certes, on se réfère aux réalisations de l'exercice en cours, mais ceci ne permettra pas de renseigner sur le futur
et de cerner les besoins locaux. Il suffit, dans ces conditions, d'une année exceptionnellement positive ou négative dans une
Wilaya donnée pour renverser le cours des répartitions d'une année sur l'autre. Il n'y a pas de critères discriminants; il existe
certes des critères: taille de la commune, situation financière, besoins, mais aucun d'eux ne peut être interprété séparément.
C'est un système lourd ; La Commune est juridiquement le maître d'ouvrage, mais très souvent le pouvoir de décision siège
ailleurs. C'est ainsi que les dossiers de réévaluation remontent à Alger pour être jugés par les pouvoirs centraux, que les
demandes additives de crédits de paiement sont arrêtés au coup par coup et à l'unité par le centre. Et l’on mesurera mieux
l'étendue de la question lorsqu'on sait que le nombre de projets locaux individualisés est de l'ordre de plusieurs milliers et que
leur coût initial peut doubler après réévaluation. A cela s'ajoute la modicité de l’enveloppe financière. C'est ainsi que certaines
années les crédits de paiement n'ont représenté uniquement que 10 % (*) du montant global des autorisations de programme.
Sa répartition à travers le territoire national a conduit forcément à un saupoudrage inefficace qui a permis seulement de faire
face aux avances sur marché. Cette situation est d'autre part perceptible au plan des emprunts. L'octroi de l'emprunt est
également accordé au coup par coup et à l’unité sans que pour autant ne soit prise en considération la capacité des communes
à pouvoir supporter dans le futur le poids des remboursements. Mieux, même, le recours à l'emprunt est imposé aux communes
par le centre et ce, pour couvrir des équipements que les services centraux estiment devoir appeler le recours à un financement
aux crédits temporaires, car ils sont supposés être productifs de revenus. L'emprunt considéré comme l'acte volontaire par
excellence ,car étant l'expression de l'initiative locale, et comme le mode de financement qui permet d'étaler dans le temps la
charge effective de l'équipement dont l'utilisation profitera à d'autres générations, est devenu du fait des procédures, une
obligation réglementée et un chemin obligé. Cette situation d'une rare complexité se caractérise également par une extrême
rigidité. Elle appelle sans plus tarder une libéralisation du financement des équipements afin de restituer aux Collectivités
Locales la maîtrise de leur propre développement.
□ La réforme du FCCL: Le FCCL a fonctionné notamment depuis 1986, de façon unilatérale et centralisée. La gestion des
ressources et leur dispatching sont restés le monopole d'un secteur, sans étude scientifique à la base. A titre illustratif, la
dotation de péréquation est octroyée selon un paramètre arrêté en 1987. Les séances du conseil d'orientation sont destinées à
approuver des masses globales de crédits qui ne sont contrôlés ni par les membres de ce conseil ni par le comité de suivi des
subventions prévu à l'article 18 du décret 86-266 du 4 novembre 1986 et qui n'a pas été mis en place par les services financiers.

390
Conçu comme l’instrument principal de solidarité inter Collectivités Locales et d’équilibre des finances locales, le FCCL a été
détourné de ses missions par la réaffectation d’une grande partie de ses ressources en direction des frais de fonctionnement de
la garde communale, charge qui par essence relève du budget de l’Etat. Les modalités de répartition des subventions
d’équipement sont soumises à une procédure administrative arrêtée par des fonctionnaires et ne prennent en compte, ni les
préoccupations d’aménagement du territoire, ni celles liées à l’efficacité de la dépense publique. La répartition des fonds locaux
est aggravée par un processus décisionnel dominé par l’administration alors que, s’agissant des fonds locaux, leur gestion
devrait être assuré par les élus locaux pour redéfinir les principes, critères et paramètres pour une répartition solidaire, équitable
et efficace, pour consacrer le principe de l’utilisation exclusive des ressources du FCCL, aux seules fins de la solidarité inter-
collectivités locales et en fin pour conforter le principe de la décentralisation par la gestion effective des fonds locaux par leurs
élus. Le FCCL devrait donc être revu sur des points essentiels: sa composante, sa gestion et son rôle vis-à-vis de la dette. Il
devrait évoluer vers la mise en place d'un conseil de gestion central avec des ramifications régionales où doivent être
représentés aussi bien l'Etat que les différentes tendances avec pour tâches la présentation de projets prioritaires à discuter et à
arrêter conjointement dans la limite des moyens existants. Quant aux efforts à entreprendre en direction de la dette des
communes, ils doivent tendre à éviter sa reconstitution éventuelle. Il y a lieu de rappeler, à cet égard, qu'en 1991, il a été
procédé à l'assainissement des dettes des communes qui s'élevaient à cinq (05) milliards de DA*. Cette opération s'était étalée
jusqu'en 1994. Or, en 1999, il a été question d'une nouvelle dette d'un montant de 18 milliards de DA environ, accumulée en
l'espace de quatre années. Cette situation a interpellé des dispositions urgentes doivent être mises en œuvre pour ralentir ce
phénomène. En effet un autre procédé d’assainissement des dettes des communes a été achevé en 2004, en mettant toutes les
communes endettées dans une situation facile, acquittées de leurs dettes*. Dans ce cadre, le Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités Locales envisage de mettre en place un contrat de performance avec pour objectif de réduire le nombre de
Communes déficitaires. En effet, l'APC qui aspire à être éligible à l'aide de l'Etat devra s'engager à améliorer ses recettes sous
toutes ses formes.
*Source : ministère des finances pour l’année 2004.

LE MARCHÉ FINANCIER

BANQUE.- Définition d’une banque selon le système bancaire algérien : La banque est une entreprise économique ayant un
statut juridique et une organisation particulière, mais une entreprise pas comme les autres par ce qu’elle crée de la monnaie,
collecte des ressources auprès du public, comme elle gère les différents moyens de paiements de point de vue, on désigne
plusieurs définitions : « Sont considérées comme banque toutes les entreprises ou établissements qui font progression
habituelle de recevoir du public, sous forme de dépôt ou autrement, des fonds qu’ils emploient pour leur propre compte, en
opérations de crédit, ou en opérations financières»*. En d’autres termes, la banque est une entreprise qui produit de nombreux
services à la clientèle, elle reçoit d’abord les dépôts des sommes apportées par ces clients et acceptées ainsi, elle les garde à la
place des particuliers qui effectuent soit des dépôts à vue, soit des dépôts à terme. La banque assure ensuite la gestion des
moyens de paiements pour les comptes de ces clients.
On distingue différents types de banques. Avant d’aborder les différents types de banque, il faut définir d’abord la banque
centrale appelée aussi la banque d’Algérie : C’est l’institution qui gère la monnaie du pays. Elle émet les billets de banque (d’où
son nom d’institution d’émission), met en œuvre la politique monétaire, conserve les réserves de change du pays, et souvent
surveille le système financier. Elle classe les banques selon plusieurs types :
1- Selon les apporteurs de capitaux. Ceci peut- être défini comme la part de financement des actionnaires.
◙ Les banques publiques: Dans ces banques l’Etat est propriétaire de la totalité des actions, il prend part à toutes les décisions.
Elles exécutent les ordres de l’Etat et parmi ces banques et établissements, nous citons :
 Banque Extérieur d’Algérie (BEA) créé le 01 octobre 1967 ;
 Banque Nationale d’Algérie (BNA) créé le 13 juin 1966 ;
 Crédit Populaire d’Algérie (CPA) crée le 11 mai 1967 ;
 Banque de Développement Local (BDL) crée le 30 avril 1985 ;
 Caisse Nationale d’Epargne et de Prévoyance (CNEP) crée le 10 juillet 1964 ;
 Banque Algérienne de Développement (BAD) crée le 2 mai 1972 ;
 La Banque Algérienne de Développement Rural (BADR) crée le 13 Mars 1982 ;
 Caisse Nationale de Mutualité Agricole(CNMA) crée le 06 avril 1997.
◙ Les banques privées : Une personne ou un groupe de personne est propriétaire des actions. Elles peuvent avoir la forme
d’une société anonyme. Les décisions sont prises par les actionnaires qui ont un titre de propriété sur la banque. Parmi ces
établissements, nous citons :
 City Bank and corporation Algérie, succursale de city Bank New York ;
 Arabe Bank Algérie Plc, une succursale de l’Arabe Bank de Amman (Jordanie) ;
 Cetelem (Etablissement financier, filiale du groupe BNP Paribas) ;
 Société Générale Algérie (SGA), une filiale contrôlée à 100% par la société générale Française;
 Natexis Al Amena, une filiale du groupe Natexis France (Paris) ;
 Trust Bank Algérie, mixage de capitaux privés internationaux et nationaux ;
 Arabe Leasing Algérie, établissement spécialisé dans le leasing, filiale d’Arabe Bank ;
 Al Salam Bank Algérie (Banque à capitaux émiratis, Charia Complaint) ;
 Calyon Algérie (Filiale du groupe français Crédit Agricole),
 Maghreb Leasing (Etablissement financier à capitaux Tunisiens et investissement souverains).
◙ Les banques mixtes : Une participation publique et privée combinée. L’Etat comme les particuliers qui sont actionnaires ont le
même droit de décision dans cette banque, nous citons :
 Bank Al Baraka d’Algérie, propriété pour 50% du groupe Saoudien (Dellah al Baraka) et pour 50% de la banque publique
(BADR) ;
 Arabe Banking corporation Algérie, une filiale contrôlée à 70% par le groupe ABC de : Bahreïn, 10% par la SFI (BIRD), 10%
par la société arabe d’investissement (Djeddah), et 10% par des investisseurs nationaux.
.2-Selon l’extension du réseau  Banque à réseaux : Ce sont des banques qui ont plusieurs agences sur le territoire ;

391
 Banque sans réseaux: Ce sont des banques uniques qui n’ont pas d’agences ;
 Banque à distance : Ce sont des banques à accès sur internet.
.3-Selon la nature d’activité. Elle peut être définie comme la spécialisation des banques :
 Banque d’Epargne (Banques de l’immobilier) : La fonction principale est la collecte des ressources en plus du financement de
l’immobilier, elle transforme cette épargne en crédit qu’elle accord aux agents qui ont besoin de financement.
 Banque de Dépôt : Les banques de dépôt sont définies comme étant des banques dont l’activité principale consiste à octroyer
des crédits et recevoir des dépôts de fonds à vue ou à terme. Elles sont spécialisées dans le financement opérations à court
terme et à moyen terme. Elles travaillent essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, elle,
reçoivent des dépôts et accordent des prêts.
 Banque d’Investissement (d’affaires) : Ce sont des banques qui sont spécialisées principalement dans le financement des
opérations à long terme. Elles travaillent essentiellement sur les marchés, elles s’occupent aussi d’assurance et d’autres
activités financières comme l’achat et la vente des titres. Elles octroient des crédits dont la durée est égale à deux ans, elles
doivent affecter des ressources stables ; fonds propres ou produit d’émission obligataire à l’exclusion des dépôts. Elles n’ont
d’ailleurs le droit de recevoir des dépôts que d’une clientèle industrielle ou commerciale, et ne peuvent pas consentir des crédits
qu’aux entreprises dans lesquelles elles ont une participation.
 Banques Universelles (Banques généralistes) : Ce sont des banques qui exercent toutes les activités, c'est-à-dire qui n’ont
pas de spécialité. Elles sont appelées aussi des banques généralistes. Ce sont de grands conglomérats financiers regroupant
les différents types de banques, les banques de détail, des banques de financement et d’investissement et banques de gestion
d’actifs.
 Banque Islamique : Le système bancaire islamique est basé sur des préceptes de l’islam, il est organisé autour de trois
principes fondamentaux :
 Interdiction de fixation de taux d’intérêt ;
 Partage du profit ou des pertes résultant d’investissement ;
 Promotion des investissements productifs, créateur de richesses et d’emplois. ◙

*HADJ SADOK Tahar, Les risques de l’entreprise et de la banque, Msila, Algérie, 2007,

BLANCHIMENT D’ARGENT.-En Algérie l'argent est blanchi dans l'immobilier, dans le financement du marché noir, et trafic des
stupéfiants, selon Mr Amghar, président du conseil de la cellule de traitement du renseignement financier CTRF, 84 déclarations
de soupçon ont parvenu à sa cellule*. Selon ce même responsable, les notaires ne jouent pas le jeu "et ne  transmettent aucune
déclaration de soupçon depuis la création de la CTRF"8 Les interventions de la dite cellule ont abouti à la soumission de trois
dossier à la justice, deux affaires regroupant 16,6 % des déclarations de soupçon ont été jugées, qui représente un montant
cumulé de 7,8 millions d’euros ;  les autorités Algériennes prennent en charge ce lourd dossier, qui gangrène l’économie
nationale, sa stabilité et sa réputation vis-à-vis du reste du monde et c’est la raison pour laquelle elle travaille avec l’assistance
et une étroite collaboration avec quelque pays tels que la France, l’Espagne, la Belgique.
La signature de plusieurs conventions régionales (convention arabe contre le terrorisme, convention de l’OUA sur la prévention
et lutte contre le terrorisme de juillet 1999), et d’autres mondiales telles que : 
♦ Convention des nations unies (vienne) contre le trafic des stupéfiants ratifiée par l’Algérie le 28 février 1995 condamnant la
conversion, le transfert, la dissimulation des fonds provenant de trafic de stupéfiants ; 
♦ Convention de Palerme Italie 2002 ratifiée par l’Algérie, la même année et instituant le principe d’entraide judicaire ; 
♦ Les recommandations du GAFI (40+9) actualisées février 2004.
L’uniformisation du traitement des opérations classiques de banque et la modernisation des systèmes de paiement et de
règlement tels que ATCI et le RTGS facilitent le repérage, le contrôle de toute opération bancaire relative au blanchiment
d’argent. 
□ Obligation d’identification des clients : La parfaite identification du client n’est plus une recommandation de bon sens de la
profession, c’est désormais une obligation légal résultant de la loi n°01-05 du  06 février 2005, article 7, qui stipule « les
banques, les établissements financiers, et les autres institutions financières apparentées doivent s’assurer de l’ identité et
de l’adresse de leurs clients avant d’ouvrir un compte ou livret, de prendre en garde des titres, valeurs ou bons, d’attribuer un
coffre ou d’établir toute autre relation d’affaires » Le mot client comprend :
ß Les clients habituellement domiciliés ;
ß Les clients occasionnels ou de passage ;
ß Les mandataires et les bénéficiaires.
Nonobstant les différents textes de la banque qui ont prévu les diligences à observer pour une meilleure connaissance de la
clientèle, le dispositif anti-blanchiment implique d’autres dispositions qui consistent pour l’agence bancaire à
réaliser impérativement les tâches qui consiste à 
- mettre à jour les fiches clients, notamment en ce qui concerne les champs non renseignés et renfermant des données
d’identification  discriminantes :
·- vérifier l’identité du client en s’assurant qu’ il ne s’agit pas de personnes potentiellement risquées, figurant sur des listes de
référence communiquées par voie réglementaire ;
·- procéder à l’actualisation des données d’identification du client au moins Une fois par an ou à l’occasion des événements
affectant sa filiation (naissance , mariage, adresses, ).
A l’issue des compte-rendus de visites ou à la réalisation d’une  opération importante ou évènement affectant la nature de la
relation  d’affaire, mettre en conformité les dossiers caisse de la clientèle en fonction des impératifs de la loi en terme de
contenu, et traçabilité et de conservation Dans ce cadre, le contenu du dossier caisse doit comprendre les pièces et éléments
d’identification discriminante. Dans le cas où le profil du client, tel que résultant des données d’identification, semble
incohérent avec la transaction ou l’opération envisagée, la déclaration de soupçon doit être établie en indiquant clairement le
motif et dresser un rapport confidentiel avec les pièces justificatives se rapportant à l’opération, objet de soupçon et mettre le dit
rapport à la disposition de la commission bancaires si demande en est faite et ce, nonobstant la déclaration de soupçon.
□ Les opérations susceptibles de faire objet de blanchiment d’argent :
- Les opérations, qui doivent faire l’objet de vigilance permanente en raison du risque de blanchiment qu’ elles comportent , se
présentent à titre indicatif comme suit :
392
- Les opérations d’espèces, les mises à disposition et dies virements par fax ;
- Les souscriptions de bon de caisse (BDC) anonymes et les opérations de change manuel réalisées pour les clients
occasionnels ; 
- Les virements toute autre nature (virements de compte à compte, inter- agences, interbancaires, etc. ) y compris les virements
électroniques. Les chèques remis à l’encaissement (compensation, recouvreur,..) ainsi que les chèques de banque établis pour
les clients ;
- Les transferts et rapatriements nécessitant la même vigilance (traçabilité, identification du donneur d’ ordre, du bénéficiaire) ;
- Les opérations de crédit particulièrement lorsqu’ il s’agit d’apport de fonds  destinés notamment au remboursement par
anticipation des crédits accordés par la banque ou lors de la mise en jeu d’une garantie (cautions, avals).
□ Motifs de déclaration de soupçon : Il est prouvé que les blanchisseurs parviennent par leur ingéniosité, à contrecarrer très
rapidement les procédures anti-blanchiment, mais les motifs à forte occurrence de risque de blanchiment demeurent axés sur
les aspects ci-après énumérés. Parmi les motifs susceptible de déclencher l’ obligation de déclaration de soupçons figurant ceux
à forte occurrence du risque, sont énoncés globalement par l’article 5 alinéa 3 point 4 du décret n° 06-05 ;
Motif 1 : Identification du donneur d’ordre
Motif 2 : Indentification du bénéficiaire (réel)
Motif 3 : L’origine des fonds
Motif 4 : La destination des fonds 
Motif 5 : Aspect comportemental : urgentissime, demandes pressantes
Motif 6 : Importance du montant
Motif 7 : Opération inhabituelle
Motif 8 : Opération complexe 
Motif 9 : L’opération ne semble pas avoir de justification économique
Motif10 Non apparence d’objet licite
□. Obligation de la déclaration de soupçon : L’obligation de la déclaration de soupçon est prévue par l’article 20 de la loi  ci-
dessus stipule que « sans préjudice des dispositions de l’article 32 du code de procédure pénal », les banques été
établissements financiers notamment « sont tenus de déclarer » à la cellule de traitement du renseignement financier CTRF«
toute opération lorsqu’elle porte sur des fonds paraissant provenir d’un crime ou délit notamment le crime organisé et le trafic de
stupéfiants et de substances psychotropes ou semblent être destinés au financement du terrorisme ». La déclaration de
soupçon est au centre du dispositif de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, elle
suppose la levée du secret professionnel qui ne peut être opposable à la CTRF. Elle est destinée exclusivement à cette autorité
de contrôle. 
□ Cellule de traitement du renseignement financier CRTF : Instituée par décret exécutif n° 02-127 du 07 avril 2002, est placée
auprès du ministère chargé des finances ; Elle porte le statut d’établissement public, elle est dotée de la personnalité morale et
de l’autonomie financière.
Objet et missions :
· Lutter contre le financement du terrorisme ou le blanchiment d’argent
· Recevoir des déclarations de soupçon relatives à toutes opérations de financement du terrorisme ou de blanchiment d argent
qui lui sont transmises par les organismes et les personnes désignées par loi
· De traiter les déclarations de soupçon pat tous moyens ou méthodes appropriées ;
-Transmettre le cas échéant, le dossier correspondant au procureur de la république territorialement compétant, chaque fois que
les faits constatés sont susceptible de poursuites pénales ;
- Proposer tout texte législatif ou règlementaire ayant pour objet la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment
d’argent ;
- Mettre en places des procédures nécessaires à la prévention et à la détection de toutes formes de financement du terrorisme
et du blanchiment d’argent.
Dans le cadre de ses prérogatives, la cellule est habilitée :
-Requérir des organismes et personnes désignées par la loi tout document ou information nécessaires pour l’accomplissement
de ses missions ;
-Echanger les informations en sa possession avec les organismes étrangers investis de missions similaires, sous réserve de
réciprocité 
□ Désignation du cadre responsable de cette activité au niveau de la banque :
a) Au niveau de l’agence : Le responsable chargé de cette activité doit être un sous-directeur pour les agences de première
catégorie et deuxième catégories ou fondé de pouvoirs pour l’agence de troisième catégorie ;
b) Au niveau de la direction (cas CPA) groupe d’exploitation :
Le responsable chargé de cette activité doit être un chef de la cellule juridique et contentieux.
c) Au niveau d’une structure centrale : Le responsable de cette activité doit être un chef de département vu son importance, il
aura pour principale mission :
- assurer la fonction  d’intermédiaire entre sa structure et la cellule anti-blanchiment notamment pour l’application des
recommandations formulées par le CTRF ;
- Veiller au strict respect de La réglementation portant prévention et lutte contre le blanchiment d’argent ;
- Renseigner la déclaration de soupçon telle que fixée par décret n°0605 du 09 janvier 2006, et l’adresser à la cellule anti
blanchiment ;
-Tenir les dossiers relatifs aux opérations suspectes (rapports) dans les meilleures conditions de confidentialité.
► La loi 05-01 du 06 février 2005, relative à la prévention et lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme
ainsi que les textes subséquents impliquent pour «les banques, les établissements financiers et les autres institutions financières
apparentées».
* Article du quotidien El Watan du mardi 13 novembre 2007.
* Règlementation de l’activité bancaire, T. 2, Abdelkrim SADEG, A.BEN, 2006, p.73.

BOURSE DES VALEURS MOBILIÈRES.- Créée en 1990 en une société des valeurs mobilières ou les fonds de participations
en tant qu'agents fiduciaires de l'Etat en furent les premiers actionnaires, l'amorce d'un véritable marché boursier était, semble-t-

393
il attendu pour l'année 1999. Les acheteurs ou vendeurs réels et propriétaires de titres doivent être en mesure d'apprécier la
valeur de leur portefeuille. Le monopole des négociations portant sur des valeurs mobilières cotées est confié à des
intermédiaires professionnels qu'on appelle agents de change qui ne sont que des courtiers ayant le statut officiel nommés par
arrêté du ministre des finances. L'agent de change est tenu au secret professionnel et est solidairement responsable avec ses
confrères de la livraison et du paiement de ce qu'il a vendu ou acheté. Ce dernier doit verser un cautionnement.
En Algérie, les conditions ne sont pas encore toutes réunies en matière de textes réglementaires pour amorcer une
véritable promotion du marché boursier (institutionnalisation des intermédiaires en bourse, et développement d'un marché
financier). La loi de l'offre et de la demande infléchit à la hausse ou à la baisse le cours en Bourse. Il y a différents titres
négociés en Bourse. D'abord les titres de propriété ou valeur à revenus variable, les titres de créances ou valeurs à revenu fixe.
Il y a les titres participatifs dont leur émission est réservée aux entreprises publiques. Leur rémunération comporte une partie
obligatoire, à taux fixe ou variable et une partie liée aux résultats de l'entreprise. Il y a aussi ce qu'on appelle les
obligations ou titres émis avec la garantie de l'Etat secteur public et semi-public lorsqu'une société procède à une augmentation
de son capital en numéraire, ses actionnaires ont le droit, garanti par la loi, de souscrire d'autres actions nouvelles. Ainsi, La
COSOB en Algérie va pouvoir évoluer dans un contexte d'une mondialisation âpre des marchés de capitaux. Une terminologie
entrera dans les moeurs des managers algériens ou les contrats d'émission, les obligations et titres seront échangés, achetés
ou vendus. Déjà les valeurs du Trésor Algérien étaient de 445 millions de dinars mis sur le marché.
L'entrée en bourse d'une entreprise comme l' ERIAD qui a mis à la disposition du public un million d'actions d'une valeur de 2
300 dinars l'unité, permettant à l'entreprise de se coter en bourse. Dès janvier 1999, vingt quatre entreprises relevant de
plusieurs holdings entrent en bourse. Parmi elles, figurent l'ENAB (bois), l'ONCV (vins), la SNTA (cigarettes), l'ENTP (travaux
pétroliers), l'ENSP (services au puits), AGENOR, les hôtels Eldjezair et l'Aurassi, etc. 219 nouvelles entités ou entreprises
seront privatisées en trois ans. Ces entreprises doivent répondre au moins à deux critères, à savoir disposer d'un capital social
égal ou supérieur à 180 millions de dinars et être excédentaire pendant les trois derniers exercices. La Bourse étant un marché
public réglementé, il est judicieux que les transactions provenant de l'épargne publique et privée doivent se soumettre à une
surveillance sans faille de la part de la COSOB, notamment le mode d'établissement, la publicité des cours, leur contrôle et dans
le cas d'une déviation, le recours à la sanction aux infractions commises ou constatées. Dans ce cas, seuls les titres inscrits à la
cote peuvent être négociés à la demande des émetteurs après une enquête approfondie de moralité, de situation et
d'opportunité. Le marché des valeurs mobilières devra drainer toute une culture managériale en matière boursière qui est à
créer et voir la bourse des valeurs se révéler performante dans une économie de marché.

PRIVATISATION BANCAIRE.- La démarche algérienne : La question de la privatisation des banques d'Etat s'est posée à
l'ensemble des pays en transition, où dans bon nombre d'entre eux ces banques prédominent encore, notamment dans certains
pays d'Europe centrale et orientale. Dans la plupart des pays en transition, les opinions convergent vers la nécessité de
procéder à la privatisation des banques publiques. Il est cependant convenu que même si cette privatisation est indispensable,
elle n'en est pas moins difficile à engager et à réussir. Si les démarches et les méthodes différent en fonction de conditions
politiques et économiques, il existe des points d'accord sur la nécessité de mesures préalables ou parallèles à prendre pour
mener à bien la privatisation des banques publiques :
 la privatisation doit être accompagnée d'une restructuration des créances, d'une recapitalisation suffisante et d'une refonte des
méthodes de gestion.
 les réformes économiques et institutionnelles pour la transition à l'économie de marché sont indispensables à la
restructuration-privatisation bancaire. La cession de la propriété, par l’Etat, de moyens de production aussi sensibles que les
banques est, sans nul doute, une affaire trop grave pour la société pour que puissent être ignorés même les aspects les moins
déterminants.
☻ La solution de privatisation du secteur bancaire algérien : Longtemps présentée comme un remède, la solution par la
privatisation du secteur n'a pas changé grand-chose. En effet, que ce soit les tentatives de création de banques privées et/ou la
privatisation de banque publique (le cas de la BDL, citer après, est emblématique), ou encore l'implantation de banques mixtes
avec les partenaires étrangers, l'intermédiation bancaire connaît une stagnation préjudiciable au devenir des entreprises du
secteur productif national et ne fait que retarder l’échéance d’un marché financier incontournable. En plus, il est difficile, en l'état
actuel du système bancaire et financier algérien de s'attendre à une participation privé dans le capital des banques publiques.
C'est la raison pour laquelle, il faut encourager la création de nouvelles banques tout en attendant de concrétiser les mesures
énoncées par les réformes jusqu'ici. Mais le problème reste et demeure, quasiment le même : les capacités d'inertie et
derésistance au changement redouble de férocité, dûment instruite par des positions rentières dominantes. Seule une approche
systémique peut avoir quelque chance d'aboutir aux résultats escomptés, si les intentions d'amélioration du système sont
lisibles.
.☻ Les contraintes de la privatisation bancaire : La nécessité de différer la privatisation des banques publiques algériennes est
basée sur trois principaux arguments.
♦ Le premier argument développé est que, pour pouvoir être privatisée, la banque doit au préalable être assainie et sa structure
financière consolidée. La restructuration des portefeuilles des banques a bien été engagée dans le cadre du Dispositif
Etat/entreprises/banques. L'assainissement des banques publiques est en voie d'achèvement, il a enregistré d'importants
retards pour sa finalisation. Comme déjà mentionné, ces retards sont dus à l'opération menée concomitamment de
restructuration-redressement des entreprises publiques. Un des principaux volets de cette opération, la privatisation des
entreprises, rencontre des obstacles dans sa réalisation, engendrés essentiellement par le manque de clarté dans ses objectifs,
sa direction et les méthodes.
♦ Le second argument est que la banque constitue un élément fondamental dansle dispositif de restructuration des entreprises
publiques, notamment pour permettre de faire émerger les entreprises saines et de refuser le crédit aux entreprises non viables,
entraînant de ce fait leur liquidation. Sa privatisation prématurée, dans cette phase cruciale, risque de porter préjudice à
l'opération de sauvegarde des entreprises viables, d'empêcher l’assainissement et de remettre en cause les objectifs de
redressement économique.
♦ Enfin la troisième raison est plus générale et d'une toute autre nature. Elle considère que le dynamisme des entités du secteur
public est beaucoup plus fonction du système de gestion et de l'environnement économique que de la propriété du capital. En
effet, même dans les pays en développement les entités d'Etat ne présentent pas toutes des caractéristiques semblables et

394
peuvent afficher des performances et des résultats très différents, selon que leur système d'organisation est celui du "modèle de
marché" ou celui du "modèle bureaucratique".
☻ La nécessité de la privatisation : D'un autre côté, la privatisation est considérée en Algérie comme une nécessité, compte
tenu des défaillances persistantes des banques publiques, et des transferts de fonds énormes que la collectivité nationale, par
ailleurs privée des infrastructures économiques et sociales de base, est obligée de consentir, et compte tenu également de
l'impossibilité de mettre fin à ces déficits tant que la propriété d'Etat des banques perdure. Le motif premier concerne
l'insuffisance de la fonction d'intermédiation, le constat des services du FMI est à cet égard, assez significatif. La mission du 16
Octobre 2003 a pu constater, lors de ses discussions avec les opérateurs privés, qu'il existe un fort déficit de financement de
leurs activités et de leurs investissements. Les banques apparaissent très bureaucratiques et très lentes. Leur personnel et leurs
méthodes ne semblent pas s'être suffisamment adaptés aux nouvelles exigences d'une économie libérale de marché.
L'énumération des défaillances est assez exhaustive. Les dossiers exigés sont excessivement lourds. Les décisions
d'attributions de crédits, souvent prises au plus haut niveau, parviennent après des délais trop longs. Les garanties demandées
sont trop élevées et découragent l'investissement. Les décisions de prêts et d'escompte sont plus souvent prises en fonction du
niveau d'activité passée que des perspectives de profits futurs. Le second motif dévoile en fait un marché non concurrentiel.
L'établissement de banques privées est certes un bon signe, mais leurs actifs ne représentent que 7% (2003) des créances du
secteur bancaire. Ils n'ont pu encore développer un réseau d'agences à travers le territoire et ne sont donc pas en mesure de
prendre la relève des banques publiques (*) et d'introduire les méthodes modernes d'intermédiation du crédit.
*Cela ne veut pas dire que le secteur privé national est à exclure du bénéfice de l’ouverture du capital.
**Ordonnance n° 95-22 du 26 août 1995 relative à la privatisation des entreprises publiques & l'ordonnance n°95-25 du 25
septembre 1995 relative à la gestion des capitaux marchands de L'Etat.
□ Les holdings sont responsables des privatisations de la sorte et les exécutent après accord du CNPE, organe de coordination
des holdings. Pour les privatisations totales, lorsque la totalité des actions est offerte à la vente, c'est le Conseil National de la
Privatisation (organe ad hoc) qui est chargé de l'évaluation de l'entreprise à céder et d'exécuter l'opération de cession après
accord du CNPE.

MARCHÈ FINANCIER.- L'établissement d'un marché des capitaux pour les titres obligataires et les actions à moyen terme. Les
instruments financiers existants sont :
◘ les effets de commerce, souvent inéligibles au réescompte et dont l'usage est limité et ne permettent pas aux banques
d'atteindre le plafond de réescompte qui est fixé par la Banque d'Algérie;
◘ les obligations non négociables, émises au profit du trésor dans le cadre des prêts obligataires;
◘ les titres du trésor : bons du trésor (en compte courant ou sur formule) et bons d'équipement;
◘ les bons de caisse (nominatifs ou au porteur) émis par les banques servant beaucoup plus comme moyen de paiement que
comme placement dans des transactions effectuées sur le marché informel. L'absence d'un marché financier et les
caractéristiques de ces titres rendent ces derniers non liquides ; d'où leur handicap.
La création d'un marché financier permet de passer progressivement d'une économie d'endettement à une économie de marché
financier. Le développement de ce marché est subordonné à un changement de comportement des agents économiques vis-à-
vis du fisc, des banques et des sociétés par actions. Une véritable réforme du marché monétaire devra alors substituer à
l'ancien marché un véritable marché des capitaux du court au long terme ouvert à tous les agents économiques et où seront
négociés les titres de créances négociables et les obligations à coté duquel subsistera un marché inter-bancaire
strictement réservé aux banques et créer ainsi un grand marché unifié des capitaux ou tout émetteur peut émettre sur
le marché primaire à toutes les échéances de 10 jours à 15-30 ans;
◘ les titre à court et moyen terme négociables sur le marché;
◘ les certificats de dépôts émis par les banques;
◘ les bons du trésor émis par l'Etat;
◘ les billets de trésorerie émis par les entreprises;
◘ les bons des institutions financières spécialisées quand elles seront créées;
◘ les titres à moyens ou long terme; les obligations classiques ou les obligations hypothécaires.
Les raisons de la réforme du système financier tiennent en ce que :
● l'entreprise souhaitant se financer n'a comme choix que le recours au crédit bancaire. Dans un environnement de rareté du
crédit, l'entreprise perd ainsi la maitrise de sa décision de financement. La réforme lui permettra d'avoir accès au marché
monétaire au même titre que les banques et les compagnies d'assurances;
● le trésor qui n'a pas le choix aujourd'hui entre les financements à court terme en émettant des bons du trésor et des émissions
d'obligations à long terme, alors que le marché secondaire n'existe pas pour ces titres, pourra disposer d'une gamme
d'instruments notamment à moyen terme pour une meilleure gestion de la dette publique.
D'autres actions complémentaires sont nécessaires au développement d'une économie de marché et du marché financier :
■ la promotion de la bourse des valeurs mobilières (obligations et actions) émises sur un marché primaire et négociées sur un
marché secondaire (la bourse) à développer;
■ les OPCVM (SICAV et FCP) qui sont des organismes de placement de l'épargne;
■ la création d'organismes de caution mutuelle est indispensable est indispensable au développement de la PME/PMI qui n'ont
pas accès au marché financier et qui ne peuvent satisfaire aux conditions de suretés exigées par les banques;
■ les fonds d'investissements qui canalisent l'épargne vers l'investissement par des prises de participation dans les entreprises
ou par la participation à des opérations de cession-acquisition d'entreprises;
■ les sociétés de capital risque qui aident au développement de l'investissement par apport de fonds propres à la promotion
d'entreprises dans des secteurs innovateurs;
■ la création de société de leasing qui apportent un concours adapté aux entreprises aux fonds propres limités ou souhaitent
réduire leurs dépenses en capital;
■ l'adaptation du système fiscal pour favoriser le développement du marché financier;
■ les risques inhérents aux fluctuations du taux de change ou du taux d'intérêt devraient être traités de manière plus explicite.

REFORME FINANCIERE.- Le chantier de la réforme financière en Algérie est toujours en cours de mise à niveau. Le secteur
bancaire et assurantiel ainsi que boursier sont toujours en voie de modernisation. De plus, le pays est toujours en phase de

395
renégociation de son accord d’Association avec l’UE et de négociation de son projet d’adhésion à l’OMC, ce qui montre ou
laisse prétendre que l’économie nationale est toujours en phase de transition, Pour pouvoir dresser un état des lieux sur la
réforme bancaire en Algérie, il nous a paru important d’engager une enquête sur le terrain. (Halim Arroudj, 2015). A ce titre, on a
procédé à l’élaboration d’un questionnaire qui à deux reprises a été aménagé et corrigé par la DGIG de la Banque d’Algérie et
par les gestionnaires des banques privées (la Natixis et la Société Générale). Certes, il est très utile de rappeler que notre
questionnaire a été adressé à un échantillon composé totalement de banquiers (des directeurs des agences bancaires, des
inspecteurs régionaux, des chefs département de contrôle ou de l’inspection, des directeurs régionaux, des chargés
d’études,.....). Certains banquiers travaillent pour le compte de la Banque d’Algérie (succursale d’Oran et d’Alger), d’autres pour
le compte de banques publiques ou pour le compte de banques privées. Les résultats qu’on a obtenus grâce à cette enquête qui
a duré du 21 décembre 2014 jusqu'au10 mars 2015 se résument comme suit :
1. En ce qui concerne le volet réglementaire relatif à l’organisation de l’activité bancaire. Lés résultats qu’on a obtenus
illustrent grandement l’effet défavorable de la règle 51-49 % sur l’installation de nouvelles banques et établissements financiers
étrangers en Algérie. En effet, 27% de notre échantillon considèrent que le cadre relatif à l’installation des acteurs bancaires et
financiers étrangers n’est pas tout à fait libéralisé. 67 % de notre échantillon le considèrent comme partiellement libéralisé.
Seulement 5 % de notre échantillon le considèrent comme totalement déréglementé. Certes, la règle 51-49 % n’a été instaurée
qu’en août 2010, mais le vrai problème qui caractérise de manière profonde le secteur bancaire algérien est le manque de vision
idéologique. En effet, 100 % de notre échantillon estiment que le secteur bancaire algérien est victime des réformes inachevées.
Selon notre échantillon, la limitation de l’autonomie de la BA, la suppression du projet de privatisation de la banque CPA et
l’instauration de la règle 51-49 % illustrent parfaitement le manque de vision idéologique émanant de la part des pouvoirs
publics. A titre indicatif, depuis l’instauration de la règle 51-49 % aucune banque ou établissement financier ne s’est installé.
Depuis août 2010 jusqu'à mars 2015, le nombre des banques et des établissements financiers est toujours de vingt neuf (29)
acteurs.
2. En ce qui concerne le volet réglementaire relatif à la fixation des conditions de banque. Les résultats qu’on a obtenus,
retracent parfaitement l’effet positif mais minime ou partiel des conditions de banque sur le développement de l’activité bancaire.
Certes, 95 % de notre échantillon trouvent que la libéralisation des conditions de banque a favorablement généré une
concurrence au sein du marché bancaire bien que 79 % de notre échantillon considèrent également que les règles générales
en matière de conditions de banque applicables aux opérations de banque ne sont que partiellement libéralisées. Les taux
effectifs globaux ne doivent en aucun cas dépasser le taux excessif fixé par la BA. De plus, bien que 79 % de notre échantillon
estiment que la déréglementation des conditions de banque est un aspect très important de la réforme bancaire, la qualité de
service au sein des banques publiques reste à désirer. Déjà, de nombreux clients vont aux banques privées malgré la cherté de
leurs produits et services bancaires faute de prise en charge totale par les banques publiques (problème de délais, procédure
administrative très lourde, problème de délégation de pouvoir qui pénalise à la fois l’agence bancaire et le client,...). Selon notre
échantillon, les vrais problèmes des banques publiques résident dans leur incapacité à prendre des décisions en matière de
financement des investissements (ou exploitation) qui dépassent le pouvoir de leur agence bancaire (délégation de pouvoir). En
effet, 100 % de notre échantillon est limité par la délégation de pouvoir fixée par le siège général (direction générale). La réforme
bancaire en Algérie en matière de financement des investissements est passée d’un système d’allocation des ressources
centralisé au niveau du Plan (de 1970 à 1989), à un autre système centralisé au niveau de la BA (de 1994-1999) pour arriver à
un nouveau système centralisé au niveau du siège générale (de 2000 à mars 2015). Certes, la délégation de pouvoir est une
procédure d’octroi de crédit qui existe au sein des banques privées mais le principe est simple. Selon nos entretiens avec les
gestionnaires des banques privées, le forcing (c’est-à-dire l’obtention du financement qui dépasse la délégation de pouvoir de
l’agence) de l’opération est obtenu dans les plus brefs délais par une simple autorisation donnée soit par téléphone ou soit par
e-mail. C’est à ce niveau là que réside la différence. Certes, 86 % de notre échantillon estiment que la libéralisation des
conditions de banque a amélioré le fonctionnement des banques publiques mais ils sont tous d’accord pour dire que la
libéralisation des conditions de banque à elle seule est insuffisante pour transformer les banques publiques en véritables
banques commerciales. Selon eux, cet objectif ne peut être atteint sans la modernisation de la gouvernance interne des
banques publiques. Pour eux, c’est cet aspect qui fait défaut aux banques publiques.
3. En ce qui concerne le volet de la supervision bancaire. Les résultats qu’on a obtenus, retracent parfaitement l’effet positif
de la modernisation de la fonction de supervision bancaire. Le dispositif prudentiel (micro et macro) est en cours d’adaptation
(un arsenal de règlement a été promulgué en 2014). Sur le plan de la solidité et de la solvabilité, les banques publiques affichent
des ratios supérieurs aux normes fixées par la BA. Déjà, 97 % de notre échantillon estiment que le recours à la politique macro-
prudentielle est indispensable vu l’instabilité des systèmes financiers internationaux (les marchés financiers internationaux). De
plus, 99 % de notre échantillon estiment que la séparation entre l’autorité de réglementation (le CMC) et l’autorité de supervision
(la CBC) est un moyen pour accentuer l’efficacité de la supervision bancaire. 59 % de notre échantillon estime que la
libéralisation totale des conditions de banque peut constituer une menace pour le secteur bancaire algérien. De même, 99 % de
notre échantillon estiment qu’il est important d’accompagner le processus de libéralisation financière par le renforcement de la
fonction de supervision bancaire. Selon notre entretien avec le personnel de l’ABEF, ce dernier estime que la BA a fait des
avancées considérables en matière d’adaptation de la supervision bancaire aux accords de Bâle 2 et 3. Selon la même source
(l’ABEF), la BA est entrain de travailler sur un dispositif destiné à renforcer le contrôle des opérations de commerce extérieur. Ce
dispositif est censé stopper la fuite des capitaux vers l’étranger. D’une manière générale, la modernisation du volet
réglementaire relatif à l’organisation de l’activité bancaire a certes conduit à l’amélioration du dynamisme au sein du
secteur bancaire algérien mais cela reste insuffisant. Par rapport au Maroc et à la Tunisie, l’Algérie enregistre les taux les
plus faibles en termes de nombre des acteurs bancaires et financiers pressent sur son territoire, en termes de
diversificationde statuts des acteurs, en termes de diversification de produits et services, en termes de niveau de la
bancarisation et en termes de densification du réseau bancaire. Pour beaucoup de gestionnaires, ce constat n’est que la
conséquence d’une réforme inachevée due grandement à un manque de vision de la part des pouvoirs publics algériens. La
modernisation du volet réglementaire relatif à la fixation des conditions debanque a certes amélioré le fonctionnement des
banques publiques, notamment en ce qui concerne l’allocation des ressources monétaires mais cela reste insuffisant. Beaucoup
de clients sérieux et solvables quittent lesbanques publiques pour aller vers les banques privées vu la qualité de leurs services.
Bien que les banques publiques algériennes soient très liquides par rapport aux banques marocaines et tunisiennes, ces
dernières octroient plus de crédits que nos banques publiques.
Quant à la modernisation du volet réglementaire relatif à la supervision bancaire, cette dernière a connu une nette

396
amélioration par rapport aux normes internationales. De 2010 jusqu'à 2014, le secteur bancaire algérien affiche des ratios
prudentiels très satisfaisants. De plus, les tests de simulations de scénarios de stress ont montré que le marché bancaire
algérien est stable et solide. Seulement, une forte concentration du crédit et la chute du prix du baril de pétrole à un prix inférieur
à 25 dollars peuvent constituer en effet un vrai danger pour la stabilité du système bancaire algérien. La vérification de nos trois
hypothèses nous ont permis de constater que la réforme bancaire engagée depuis 1990 a plus au moins contribué à améliorer
plusieurs paramètres à savoir :
1. L’augmentation du nombredes acteurs bancaires et financiers qui est passé de six (6) à vingt -six (26) acteurs,
2. La diversification des statuts des acteurs. Le secteur bancaire algérien est composé depuis mars 2015 de banques,
d’établissements financiers à vocation générale (société de leasing, caisse de garantie des marchés publics,...), établissements
financiers à vocation particulière (Banque Algérienne de Développement),
3. L’augmentation du nombre des agences bancaires qui est passé de 808 agences en 1990 à 1077 agences en 2010 pour
arriver à 1 125 agences en 2014,
4. La diversification des services offerts. Le secteur bancaire algérien offre une gamme variée de produits et de services
pouvant contribuer à améliorer les rapports entre les banques et les entreprises d’un côté et entre les banques et les particuliers
de l’autre,
5. L’amélioration du niveau de la bancarisation. Sur ce point, certes le taux de bancarisation commence à progresser mais il
reste très faible (en moyenne 25 000 habitants par agence bancaire).
6. La diversification des sources de financement. Certes, en Algérie, le financement bancaire est le plus dominant mais
depuis l’ouverture du marché bancaire à la concurrence, les sources de financement se sont diversifiées (banques
commerciales, établissements financiers, sociétés de leasing, caisse de garanties,....),
7. La libre fixation des conditions de banque. Certes, elle n’est pas totale mais elle a nettement contribué à créer un climat
concurrentiel entre les différents acteurs,
8. Des taux d’intermédiation pratiquement très favorables, notamment ceux des banques publiques.
9. La création de caisse et de fonds de garanties des crédits d’investissement, notamment la CGCI-Pme et le FGAR. Ces
entités ont pour rôle de faciliter aux PME/PMI l’accès aux financements bancaires,
10. La bonification des taux d’intérêts pour certains secteurs jugés indispensables,
11. Le renforcement du dispositif prudentiel.
Tous ces paramètres illustrent les effets positifs de la réforme bancaire en Algérie.
A ce titre, on peut déduire que la libéralisation financière (qui se distingue par l’ouverture du secteur bancaire à la
concurrence, la libre fixation des conditions de banque et la suppression de l’encadrement du crédit) a conduit au
développement du secteur bancaire algérien.
En effet, bien que le secteur bancaire algérien connaisse une certaine amélioration, il l’n’en demeure pas moins que le secteur
bancaire marocain et tunisien affiche globalement des taux plus élevés que ceux affichés par le secteur bancaire algérien.
Pourtant, les trois pays voisins ont pratiquement démarré ensemble la réforme de leur système bancaire. De plus, la stratégie de
la réforme de leur système bancaire était pratiquement identique. Elle se résume essentiellement dans les axes suivants :
1. La modernisation du cadre réglementaire régissant leur système bancaire,
2. La modernisation du statut de la banque centrale et de la fonction de supervision bancaire,
3. La déréglementation de l’activité bancaire,
4. La modernisation de l’infrastructure bancaire.
Néanmoins, bien que les trois pays aient démarré pratiquent ensemble leur réforme bancaire et aient poursuivi pratiquement la
même stratégie, les résultats obtenus ne sont pas les mêmes. Le Maroc occupe la première place du podium, la Tunisie, la
seconde place et l’Algérie, la troisième place. Ce constat est dû selon nos lectures et recherches principalement à ce qui suit :
1. L’instabilité politique qui avait caractérisé le pays durant le début des années 90,
2. L’absence de volonté politique de la part de nos dirigeants,
3. Le manque de vision idéologique qui freine les réformes en général et la réforme bancaire en particulier. C’est par rapport à
ces trois entraves que la réforme bancaire en Algérie s’est nettement caractérisée par :
1. Des retards constatés dans sa conduite,
2. Des amendements ou des transformations en permanence (des réformes inachevées).
3. Des résultats plus au moins satisfaisants (ou peu satisfaisants) compte tenu des délais qu’elle à nécessités et des coûts
qu’elle a engendrés. D’une manière générale, selon notre enquête menée auprès de dix (10) banques commerciales (six
banques publiques et quatre banques privées), on a constaté plusieurs interprétations en ce qui concerne les aspects positifs et
négatifs de la réforme bancaire en Algérie. A ce titre, selon notre échantillon :
A)- Les aspects positifs de la réforme bancaire se résument comme suit :
1. L’ouverture du marché bancaire aux capitaux étrangers,
2. La liquidité du marché monétaire,
3. La libéralisation partielle des conditions de banque,
4. La modernisation des systèmes de paiement,
5. La modernisation de la centrale des risques,
6. L’assouplissement de la réglementation des changes,
7. La diversification des instruments et des sources de financement.
B)- Les aspects négatifs de la réforme bancaire se résument comme suit :
1. L’instauration de la règle 51-49 %,
2. Défaut de gouvernance qui affecte amplement la qualité des services au sein des banques publiques,
3. Absence d’un cadre réglementaire réservé aux banques islamiques,
4. Absence d’un cadre réglementaire régissant le paiement par Internet,
5. Absence d’un cadre réglementaire régissant l’organisation et l’utilisation des NTIC.
Dans l’ensemble, selon les résultats qu’on a obtenus, 93 % de notre échantillon estiment que la réforme bancaire en Algérie a
partiellement réussit. La figure suivante illustre les avis partagés en ce qui concerne le bilan de la réforme bancaire en Algérie.

397
Figure N° 1 : Bilan de la réforme bancaire

Source : Modélisation par Halim Arroudj


Globalement, pour justifier ce résultat (réussite partielle de la réforme bancaire), l’ex Ministre des Finances (Karim DJOUDI)
estime que la réforme financière en Algérie est associée à une démarche de libéralisation financière régulée qui vise à accroitre
l’efficacité, la sécurité et la qualité des services financiers. Selon lui, les retards cumulés dans la conduite de la réforme bancaire
s’expliquent par le fait que le pays a choisi une démarche graduelle visant d’abord à assurer la sécurité du système bancaire.
Selon lui, le retard est également lié à la particularité de notre économie caractérisée essentiellement par la prédominance des
acteurs publics dans le secteur financier et par une orientation forte et assumée vers des politiques économiques
développementalistes, c’est-à-dire de fortes injections d’investissements publics en vue de l’objectif central de croissance
économique. ◙ ARROUDJ Halim (2015)
(* De 1990 à 1993, l’instabilité politique qui a caractérisé le pays à été marquée par des ruptures dans la conduite des réformes
économiques ce qui a engendré pour certaines périodes un retour aux anciennes pratiques basées sur la planification financière
surtout durant la période 92-93).

SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER.- Le secteur bancaire et financier est encore caractérisé par des faiblesses
fonctionnelles qui sont à l'origine de son incapacité à mobiliser l'épargne et à soutenir la croissance par une intermédiation
financière efficace. La reprise de la croissance repose en partie sur la mutation du secteur bancaire et financier et sur
l'émergence d'institutions bancaires efficientes susceptibles de mobilise l'épargne intérieure et d'allouer efficacement les
ressources. L'impact des mesures de restructures des EP impliquant la prise en charge par le trésor des dettes des EPE a
permis aux banques de dégager des résultats positifs. Cependant, l'importance des pertes dues aux créances non performantes
restant dans le bilan des banques n'est pas connue. Les études de diagnostic des cinq grandes banques commerciales
effectuées par des auditeurs internationaux soulignent les faiblesses structurelles et organisationnelles des banques, les
carences dans l'allocation du crédit (telles que le manque d'expertise pour l'évaluation de projets) et la gestion de la provision
des prêts à risque. Il est par conséquent urgent de donner un réel contenu à la réforme et à la modernisation du secteur
bancaire et financier :
► accélérer le renforcement organisationnel et fonctionnel des banques par la mise en oeuvre de plan de redressement et de
modernisation susceptibles d'améliorer le rendement des services bancaires en développant la maitrise des méthodes
modernes de gestion du risque et en intégrant les pratiques bancaires internationales;
► développer les fonctions classiques des banques de dépôt en particulier les innovations en matière de moyens de
paiement,de mobilisation de l'épargne par l'offre de nouveaux produits et l'allocation des ressources selon la contrainte
d'efficacité;
► adapter leurs instruments de gestion aux exigences de la libération du commerce extérieur.
Cependant, ce sont surtout les mesures de stimulation de la concurrence qui peuvent contraindre les banques à plus
d'innovation et d'efficacité. Il faut pour cela :
◘ faire participer le capital privé national et étranger dans la création d'institutions bancaires et financières;
◘ créer ou favoriser la création d'institutions financières spécialisées dans le cadre d'un redéploiement des banques et des
établissements financiers actuels;
◘ promouvoir l'épargne institutionnel par la réforme du secteur des assurances.
Dans le cadre de la restructuration du secteur bancaire, il pourrait s'avérer opportun de créer de nouvelles institutions bancaires
privées avec des capitaux algériens, étrangers ou mixtes sur la base d'une partie du portefeuille et d'une partie du réseau d'une
ou de plusieurs banques existantes qui pourraient servir d'exemple des meilleures pratiques pour les autres banques. Sur le
plan concurrentiel, il y a à l'heure actuelle très peu de concurrence entre banques pour les dépôts et la clientèle. Dans ces
circonstances, il est essentiel d'attirer d'autres institutions financières privées dans le système bancaire conjugué avec la
promotion et le développement d'un marché des capitaux. Une autre mesure pour encourager la concurrence serait de réduire
le degré de concentration du secteur bancaire en autorisant d'autres institutions financières à se concurrencer dans certains
aspects du marché bancaire commercial. Les compagnies d'assurances ont accès à des ressources relativement stables et à
long terme qui pourraient être acheminées vers l'investissement économique alors que ces ressources sont actuellement
placées à court terme sur le marché monétaire.

SYSTEME BANCAIRE.- 29 banques et établissements financiers ayant tous leurs sièges sociaux à Alger. Les banques et
établissements financiers agrées se répartissent comme suit : Six (6) banques publiques, dont la caisse d’épargne ; Quatorze
(14) banques privées à capitaux étrangers, dont une à capitaux mixtes ; Trois (03) établissements financiers, dont deux publics ;
Cinq (5) sociétés de leasing dont deux (2) privées ; Une mutuelle d’assurance agricole agrée pour effectuer des opérations des
banques et qui est devenue en 2009 un établissement financier.
♣ Le système bancaire Algérien a toujours été dominé par les banques publiques qui ont été créées par l’Etat Algérien en vue
de financer les secteurs d’activités qu’il considère comme stratégiques tels que le logement, l’agriculture et
398
l’industrie.Néanmoins, ces banques ont été menacées par les politiques de distribution de crédits qui étaient soldées par des
problèmes de qualité des actifs, de solvabilité et de liquidité, ce qui a mené ces banques à augmenter leurs marges
d’intermédiation en parallèle avec la hausse de la prime de risque. L’analyse de l’évolution de la rentabilité des banques en
Algérie, confirme qu’elles réalisent un niveau de rentabilité relativement élevé si l’on compare avec les banques du reste du
monde. Ceci est la résultante de la détérioration de la qualité de leurs actifs et la faible intensité de la concurrence entre les
banques dont les plus importantes dans le secteur sont de nature étatique. Enfin, nous constatons que l’entrée des banques
étrangères dans les pays en voie développement a fortement augmenté depuis les années 90 et a été favorisée par la
libéralisation des secteurs externes et l’embrasement d’une série de réformes politiques favorable au marché avec la
privatisation du secteur bancaire. Il faut profiter des expériences des réformes des autres pays et éviter ainsi quelques erreurs.
Il ressort ainsi que la réussite du processus de libéralisation financière dépend à la fois des conditions économiques initiales, de
la politique de réformes adoptées, des variables conjoncturelles et aussi de sa durée. Il serait ainsi préférable de viser des
objectifs de réformes à court terme et tenir compte des interdépendances entre les différents secteurs de l’économie. Ce n’est
que par cette méthode que les autorités pourront assurer un approfondissement financier adéquat et éviter de se retrouver
dans un processus répétitif que nous appellerons: «situation d’éternelles réformes ». L’introduction des banques étrangères en
Algérie a eu un effet direct sur l’évolution du secteur bancaire. Si on compare entre les banques publiques et les banques
privées, on trouve que les banques privées ont réussi à se démarquer et à acquérir une bonne part du secteur bancaire Algérien
en un temps restreint. Mais cela reste inoffensif pour les banques publiques Algériennes qui restent toujours dominantes grâce
à la politique étatique qui protège le secteur de l’état afin de garder sa souveraineté. Néanmoins, cette situation risque de ne
plus durer à cause du nombre croissant des banques étrangères qui veulent s’installer en Algérie.Et pour cela, nous
recommandons:
 La gouvernance des banques publiques doit faire des progrès avec plus de renforcement des activités du système judiciaire et
la prévisibilité et la transparence de la législation relative à l’investissement doit être améliorée.
 Exécuter le plan de modernisation de la centrale des risques et régler la question du foncier économique.
 L’état qui dispose d’amples marges de manœuvre doit renforcer les banques publiques en cas de besoin.
 Le segment privé dans le secteur bancaire qui est composé uniquement de banques étrangères qui sont en majorité des
filiales d’institutions internationales doit être restructuré.
 Révision des systèmes de gestion des risques et des technologies de l’information et harmonisation des dispositifs d’incitations
pour réduire le niveau élevé des prêts improductifs des banques publiques.
 Des progrès ont été accomplis dans le domaine du contrôle bancaire, mais il reste de grands défis à relever notamment le
cadre de gouvernance. 
Il faudrait recapitaliser les banques publiques au lieu de les subventionner par l’acquisition de leurs créances irrécouvrables
(recapitalisation qui a pris le plus souvent la forme d’un rachat du trésor de prêts improductifs).
 Il faudrait annuler les prêts improductifs et ne pas recapitaliser les banques publiques que si c’est nécessaire.
►Les défaillances du système bancaire algérien :  Le système bancaire algérien est dominé par les banques publiques
dont la gestion n’est pas guidée par une logique d’efficacité, ce qui favorise la mauvaise gouvernance en offrant un terrain fertile
à l’ingérence économique.
 L’activité bancaire est détournée vers le financement public ce qui veut dire que le secteur privé se trouve évincé puisque
l’essentiel des fonds est alloué au secteur public.
 Le secteur public absorbe 87.5% des crédits bancaires contre 32% au Maroc avec un ajout de 26% du PIB ce qui veut dire
que l’investissement privé dans notre pays reste faible, alors qu’au Maroc, le secteur publique participe à 76% du PIB, et 78%
en Tunisie (1)
 La mauvaise gestion des ressources collectées par le système bancaire qui trouve son origine dans le problème d’altération
des incitations liée à la propriété et à la gestion publique des banques.
 La pauvreté et la médiocrité des services offerts par les banques publiques ce qui veut dire que ce secteur essaye de
diversifier ses produits mais cela reste insuffisant.
 Les difficultés sont liées à l’absence d’un système judiciaire indépendant et efficace dans la protection des droits de
créanciers.
 La défaillance du système d’information des banques publiques qui est de mauvaise qualité comparé à celui des banques
privées qui est centralisé. Ce qui rend la transmission de l’information et le traitement de divers dossiers très rapide.
 Le système de paiement qui est constitué d’instruments de paiement et les procédures de paiement représentent des
indicateurs primordiaux de la qualité et de l’efficience du fonctionnement de la banque. Or, ce qu’on peut remarquer, c’est que
l’évolution de ces systèmes de paiement pour les banques publiques reste lente, en comparaison avec ceux des banques
privées existantes. En effet, les services bancaires les plus élémentaires relevant du guichet, de la caisse, de gestion des
comptes, de la trésorerie, du paiement par chèque ou par virement restent fortement déficients en Algérie.
 La défaillance accrue à l’égard du chèque mène les entreprises privées à utiliser les paiements par espèces tant pour
s’affranchir des délais prohibitifs, que pour éviter les déboires des chèques impayés et éviter de rentrer dans les procédures
judiciaires internationales (2). Dans ce contexte, la CNUCED a proposé plusieurs recommandations (3) :
♦ Renforcer le partenariat entre les banques nationales et étrangères, par les prises de capital afin de favoriser le transfert de
compétences dans le domaine des services bancaires et financiers, l'amélioration de la qualité de l'information et la
modernisation des techniques de paiement.
♦ Renforcer le contrôle de la Banque centrale, afin d'éviter d'autres faillites du type El Khalifa et BCIA; cela permettrait de
renforcer la crédibilité et la confiance des investisseurs dans le marché bancaire et financier algérien et améliorer l'image du
secteur tout entier.
♦ Accroître les compétences en techniques financières de Marché et en ingénierie financière en mettant en place des
programmes de formation spécialisée. Permettre aux institutions financières de s’engager dans toutes les activités financières
sous la surveillance d’une véritable autorité de contrôle. ◙ BOUABDALLAH Wassila (2016)
Notes :
1. Hicham El Moussaoui «À l’origine des dysfonctionnements du secteur bancaire algérien » Docteur en Sciences économiques,
chercheur au Centre d'analyse économique, Université Paul Cézanne, 2008.
2. F.Z.Oufriha « L’Algérie face à la mondialisation », 2007, P 115.
3. Gerid Omar "L'investissement direct étranger en Algérie, Impacts, opportunités et entraves", n°03 – Juin, 2008 p 27.

399
LE MARCHÈ MONÈTAIRE

CONVERTIBILITÉ DU DINAR.- Entamée en1994, avec la libération des paiements au titre des importations, le processus de
convertibilité courante du dinar s'est étendu, à la faveur de l'amélioration de la balance des paiements et de la stabilité du dinar
enregistrées en 1995 et 1996, aux dépenses de santé, d'éducation et de voyages de nationaux à l'étranger. L'Algérie faisant
partie des 137 pays membres du FMI qui ont adopté le régime de la convertibilité courante de leur monnaie, a entamé dès
l'année 1994 une démarche graduelle devant mener progressivement à la convertibilité totale du dinar. Le processus a
effectivement démarré en avril en 1994 avec la convertibilité des paiements au titre des importations (convertibilité
commerciale) rendue possible par le règlement 94-11 de la banque d'Algérie, qui offrait enfin la possibilité aux opérateurs
économiques algériens, régulièrement inscrits au registre de commerce et disposant d'un compte bancaire, d'importer
directement toutes les marchandises de leur choix, à la seule condition que celles-ci ne fassent pas l'objet de prohibition ou de
restriction. Le règlement 95-07 du 23 décembre 1995 élargira la convertibilité commerciale, jusque-là réservée uniquement
aux importations de marchandises, à l'ensemble des services liés au commerce extérieur (fret, frais d'emmagasinage) et aux
frais engagés par les hommes d'affaires à l'occasion de missions à l'étranger.
La seconde étape du processus de convertibilité courante du dinar a été engagée en juin 1995, avec l'autorisation des dépenses
de santé, d'éducation et d'un certain nombre de mesures prises en faveur du grand public. La convertibilité n'est, dans tous ces
cas, possible que sur présentation de pièces justificatives et dans la limite de montants annuels. C'est ainsi que l'instruction 83-
92 du 27 décembre 1992 a institué un droit de change au profit de nationaux résidents se rendant à l'étranger pour soins
médicaux sous couvert d'une prise en charge délivrée par un organisme de sécurité sociale ou par le ministère chargé de la
sécurité publique. La contre-valeur de ce droit de change est fixée à 15.900 dinars lorsque le malade est de 7.800 dinars lorsque
le malade a moins de 15 ans. Cette instruction également institue un droit de change au profit des accompagnateurs de
malades devant subir des soins à l'étranger si, bien entendu, l'assistance d'une tierce-personne est requise. Les montants du
droit de change sont dans ce cas fixés à 13.500 dinars à l'occasion du départ du malade et à 5.900 dinars pour le retour. Cette
même instruction a, en outre, institué un droit de change annuel, à l'occasion de visites parentales au profit des parents
d'enfants âgés de moins de 15 ans hospitalisés à l'étranger. Le montant du droit de change est de 17.700 DA par parent sans
toutefois excéder 29.500 DA pour les deux parents. On doit, par ailleurs, à cette instruction l'institution d'un droit de change en
cas de décès à l'étranger d'un malade hospitalisé sous couvert d'une prise en charge ou d'un national résident en voyage
touristique ou d'affaires. Le membre de la famille chargé du rapatriement bénéficie d'un droit de change équivalent à 110.700
DA ainsi qu'à la délivrance d'une dérogation lui permettant d'acquérir, en dinars, un titre de transport pour le rapatriement de la
dépouille auprès de la compagnie aérienne. Notons enfin qu'une instruction de la banque d'Algérie (47-95), promulguée
ultérieurement en juin 1995, a institué un droit de change équivalent à 120 000 DA par année civile pour les nationaux devant
subir des soins ou une intervention médicale à l'étranger, lorsque ces derniers ne sont pas couverts par la sécurité sociale. Ce
droit est toutefois conditionné par une prescription établie par un médecin de santé publique algérienne ayant au moins rang de
chef de service. Poursuivant cette démarche graduelle devant aboutir à terme à la convertibilité totale du dinar, la Banque
d'Algérie a, par ailleurs, émis le 14 juin 1995 une instruction instituant un droit de change équivalent à 7 500 dinars par mois et
pour une période maximale de 10 mois s'écoulant entre le 1er septembre et le 30 juin, au profit des nationaux résidents
poursuivant une scolarité à l'étranger. Confortés par l'embellie financière enregistrée à la faveur de la hausse des prix des
hydrocarbures et du rééchelonnement de la dette extérieure, la Banque d'Algérie a autorisé le 28 août 1997, la convertibilité des
dépenses pour voyages à l'étranger. Ce droit de change en vigueur depuis le 15 septembre 1997 est fixé à 15 000 DA par
personne âgée de plus de 15 ans et à 7 500 DA pour celle qui en a moins. Ce droit de change est, rappelons-le, annuel et non
cumulable une année sur l'autre. Liée par les dispositions de l'article 8 des statuts de pays membre du FMI auquel elle a
souscrit, l'Algérie est tenue de maintenir le cap des réformes qui ne doivent s'achever qu'avec l'instauration d'un régime de
convertibilité courante de sa monnaie. Mais, pour ce faire, il faudrait que l'Algérie bénéficie d'une manne financière à même de
lui assurer une balance des paiements viable et la stabilité de sa monnaie. Ce n'est à l'évidence plus le cas depuis que
l'effondrement des prix des hydrocarbures qui constituent l'essentiel des revenus du pays a réduit sensiblement ses recettes. A
moins d'un retournement spectaculaire de la conjoncture, il serait de ce fait mieux recommandé de veiller au maintien des
progrès accomplis que de se hasarder dans de nouvelles étapes de la convertibilité du dinar.

DERAPAGE DU DINAR ALGERIEN.- Les raisons et les impacts du dérapage du dinar : éviter de fausses solutions à des
problèmes mal posés. Il s'agit d'éviter tant la vision restrictive monétaire que juridique, en ignorant le fonctionnement réel de la
société.
□ Evolution de la cotation du dinar algérien de 1970 à mai 2018 (par rapport au dollar et à l’euro) :
1970 : 4,94 dinars un dollar
1980 : 5,03 dinars un dollar
1985 : 5,03 dinars un dollar
1989 : 8,03 dinars un dollar
1990 : 12,02 dinars un dollar
1991 : 18,05 dinars un dollar
1994 : 36,32 dinars un dollar
1995 : 47,68 dinars un dollar
1996 : 54,74 dinars un dollar
1997 : 57,71 dinars un dollar
1998 : 58,76 dinars un dollar
1999 : 66,64 dinars un dollar
2001…69,20 dinars un euro 77,26 dinars un dollar
2002…75,35 dinars un euro 69,20 dinars un dollar
2003…87,46 dinars un euro 77,36 dinars un dollar
2004…89,64 dinars un euro 72,06 dinars un dollar
2005…91,32 dinars un euro 73,36 dinars un dollar

400
2006…91,24 dinars un euro 72,64 dinars un dollar
2007…95,00 dinars un euro 69,36 dinars un dollar
2008…94,85 dinars un euro 64,58 dinars un dollar
2009..101, 29 dinars un euro 72,64 dinars un dollar
2010..103,49 dinars un euro 74,31 dinars un dollar
2011..102, 21 dinars un euro 72,85 dinars un dollar
2012..102,16 dinars un euro 77,55 dinars un dollar
2013..105,43 dinars un euro 79,38 dinars un dollar
2014..106,70 dinars un euro 80,06 dinars un dollar
2015..108,60 dinars un euro 99,50 dinars un dollar
2016 .120,70 dinars un euro 108,47 dinars un dollar
2017.135,84 dinars un euro 115,48 dinars un dollar
08 mai 2018…. 137,85 dinars un euro 115,68 dinars un dollar …
□ Causes du dérapage du dinar : Selon la Banque d'Algérie «le taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises est
déterminé de manière flexible sur le marché interbancaire des changes, en fonction des conditions de l'offre et de la demande »
et de préciser que «la valeur externe du dinar est fixée au taux du marché interbancaire des changes où la dépréciation de la
valeur du dinar, par rapport à l'euro et le dollar, est le résultat du différentiel entre le taux d'inflation enregistré en Algérie et celui
constaté dans le reste du monde». Or, paradoxe, le taux d'inflation dans les pays développés entre 2013/2017 est inférieur à ½
%, le dérapage du dinar continue et les produits importés ne connaissent pas de baisses sensibles. Or, dans une économie
productive structurée, la dévaluation ou le dérapage du dinar favorise les exportations – entendu hors hydrocarbures et freine
les importations. En Algérie c'est tout le contraire qui s’est produit montrant que les mesures monétaires sans vision stratégique
n'ont pas d'impacts. Tout cela renvoie à la nature de l'économie rentière et à la faiblesse d'un tissu productif local, la rente des
hydrocarbures donnant une cotation officielle artificielle. L'Etat dérape (la Banque d'Algérie parle de glissement) le dinar pour
voiler l'importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. On voit que lorsque le cours du dollar baisse et le cours de
l'euro hausse, la Banque d'Algérie dévalue, pour des raisons politiques à la fois le dinar par rapport tant au dollar que de l'euro
alors que le dinar, dans une véritable économie de marché, devrait s'apprécier par rapport à la monnaie internationale qui se
déprécie.
Pourquoi cet artifice comptable ? La raison essentielle est qu'en dévaluant le dinar par rapport au dollar, nous aurons une
augmentation artificielle de la fiscalité des hydrocarbures, et la fiscalité ordinaire à travers la taxe des produits importés, sachant
que les besoins des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% sont importés. Car les
recettes des hydrocarbures sont reconverties en dinars, passant, par exemple, de 75 DA un dollar à 115 dinars un dollar. Idem
pour les importations libellées en monnaie étrangère, les taxes douanières se calculant sur la partie en dinars, cette dévaluation
accélérant l'inflation intérieure. Tout cela voile l'efficacité réelle du budget de l'Etat à travers la dépense publique, et avait gonflé
par le passé artificiellement le fonds de régulation des recettes calculé en dinars qui s'est épuisé fin 2017. L'inflation étant la
résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché
parallèle traduisant le cours réel du marché étant coté à plus de 200 dinars sur le marché parallèle. Selon les experts
internationaux, l'absence des bureaux de change, a permis la prolifération des opérations sur le marché noir à un taux qui ne
répond à aucune règle monétique. La sphère informelle contrôlant la majorité des circuits de distribution pour les produits
importés non subventionnés impose le prix final au consommateur en référence au cours du marché parallèle, et par effet de
contagion même certains biens produits localement.
Cela ne peut que conduire à terme à accélérer le processus inflationniste. La valeur de la monnaie, rapport social, traduit
avant tout la faiblesse de la production et de la productivité interne, corrélée en Algérie à 70% aux réserves de change qui eux-
mêmes proviennent de la rente des hydrocarbures. Le niveau d'inflation ne peut être compris qu'en analysant d'abord la
productivité du travail et les liens dialectiques entre le développement, la répartition du revenu et le modèle de consommation
par couches sociales. Celui qui perçoit 200 euros par mois n'a pas la même perception de l'inflation que celui qui perçoit 30.000
euros. Selon un rapport de l'OCDE, la productivité du travail en Algérie est une des plus faibles dans le Bassin méditerranéen.
Pour se prémunir contre l'inflation, et, donc, la détérioration du dinar, l'Algérien ne place pas seulement ses actifs dans le
foncier, l'immobilier ou l'or, mais une partie de l'épargne est placée dans les devises. C'est un choix de sécurité dans un pays,
où l'évolution des prix pétroliers est décisive.
□ En Algérie malgré cette dévaluation qui ne dit pas son nom, certaines règles juridiques comme celle des 49/51% généralisée
vivant de l'illusion de l'aisance financière, non adaptée à la conjoncture actuelle et actuellement certaines mesures techniques
comme la restriction des importations sans vision stratégique, ne font que s'attaquer à des aspects conjoncturels. Or de
véritables réformes structurelles impliquent une nette volonté politique. Avec la tendance à la diminution des réserves de
change, il sera impossible de continuer à verser des salaires sans contreparties productives. Ne devant pas se tromper de cibles
, le pouvoir d'achat des Algériens en moyenne représentant moins de 20% pays européens , certes devant analyser , le montant
faramineux de subventions et transferts sociaux, non ciblés qui ne s'adressent pas essentiellement aux plus démunis, à travers
ce que je propose depuis 2009 ( voir www. doogle.com) , une chambre nationale de compensation intra-socioprofessionnelle et
interrégionale, mais surtout de s’attaquer nombreuses dépenses improductives, (mauvaise gestion) , lutter contre les surcoûts,
le mauvais choix des projets des pertes en millions de dollars et la corruption dont le montant est de loin supérieurs au montant
des subventions. Les réserves de change étaient estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110
milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010 , 188,8
milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 114 milliards
de dollars fin 2016 et à 97 milliards de dollars fin 2017, le niveau entre 2018/2020 , dépendant fondamentalement de l'évolution
du cours des hydrocarbures, les sections hors rente embryonnaires. Si les réserves de change tendaient vers 10/20 milliards de
dollars, la Banque d'Algérie coterait le dinar à plus de 200 dinars un euro. Ce qui explique que les actions d'intégration du capital
argent de la sphère informelle au sein de la sphère réelle ont eu un impact très mitigé. Par ailleurs, la différence de la valeur du
dinar entre le cours officiel et celui du marché parallèle et la distorsion avec les cotations des monnaies de pays voisins
expliquent également les fuites de produits hors des frontières. Les mesures administratives ne peuvent qu'être ponctuelles,
sinon il faudrait une armée de contrôleurs.
□ Il s'agit d'éviter de fausses solutions à des problèmes mal posés. La solution réside en de nouveaux mécanismes de
régulation conditionnant la dynamisation de la production locale dans des segments à valeur ajoutée au sein de filières
401
internationalisées ainsi que des mécanismes de contrôle démocratiques reposant sur une plus grande moralité de ceux qui
dirigent la cité. Cela rend urgent l'approfondissement de la réforme globale, notamment réhabiliter l'entreprise et son fondement
le savoir, la réforme du système financier de distribution de la rente, inséré aux réseaux internationaux, actuellement de simples
guichets administratifs, où les banques publiques contrôlent plus de 85 % du crédit octroyé, les banques privées malgré leur
nombre étant marginales. Des partenariats gagnant/gagnant pour pénétrer les marchés internationaux sont nécessaires
notamment en direction de l'Afrique, continent d'avenir et à enjeux multiples, où l'Algérie peut avoir des avantages comparatifs
ne devant pas être utopiques, à condition d'avoir des entreprises compétitives et des relais notamment des succursales
bancaires car la concurrence est vivace. L'Algérie avec l'amenuisement de ses recettes d'hydrocarbures peut-elle continuer à
généraliser ces taux d'intérêt bonifiés au profit de jeunes dont la majorité n'a pas la capacité d'être entrepreneurs et qui ne
pourront pas rembourser même le principal ? Un bilan des avantages et des résultats des bénéficiaires des différentes agences
d'investissement (exonération TVA, taux d'intérêt bonifiés) devient urgent afin d'éviter de dépenser sans compter pour une paix
sociale fictive grâce, toujours, à une rente des hydrocarbures éphémère, laquelle, si elle est bien utilisée, devient une
bénédiction, mais mal utilisée, elle est, par contre, une malédiction, source de corruption et de gaspillage. Toutefois évitons la
sinistrose. La situation est différente de la crise de 1986 avec le niveau relativement élevé des réserves officielles de change,
bien qu'en baisse et le niveau historiquement bas de la dette extérieure pouvant surmonter les «chocs» externes,, sous réserve
d'une nouvelle gouvernance centrale et locale et d'une réorientation de la politique socio-économique actuelle. Le cas contraire,
les réserves de change horizon 2020/2022 tendront vers zéro avec un retour au FMI et des conditionnalités draconiennes et une
dévaluation importante du dinar entraînant la hausse des taux d'intérêts des banques si elles veulent éviter leurs faillites. Le
temps en économie ne se rattrapant jamais, face à cette mondialisation irréversible, cela pose l'urgence, étant une question de
sécurité nationale, de profondes réformes structurelles, supposant un consensus national, afin de dynamiser les sections hors
rente dans le cadre des valeurs internationales. L'optimisme béat de certains responsables inconscients de la gravité de la
situation socio-économique, croyant que des lois (vision bureaucratique du juridisme) résolvent les problèmes qui risque de
déstabiliser le pays à terme, n'inaugurent rien de bon Cela nous fait penser aux pronostics des anciens dirigeants des années
1986, pensant que des solutions monétaires ou juridiques peuvent résoudre les problèmes du fonctionnement de la société. Et
l'Algérie est partie droit au mur en 1994 avec la cessation de paiement et les ajustements douloureux du FMI. En fait, il faut
recadrer le débat, et par un langage de vérité, s'attaquer à l'essence, donc fonctionnement de la société et non aux apparences.
Il faut regarder la dure réalité en face, loin de tout populisme, afin de trouver des solutions réalistes et éviter la fuite en avant. En
ce mois de mai 2018, Sonatrach, c'est l'Algérie et l'Algérie, c'est Sonatrach, donc dépendant d'une rente éphémère et volatile,
fonction de facteurs externes tant économiques que géopolitiques. Et la raison essentielle de la faiblesse du dinar réside, face
une pression démographique galopante, en la faiblesse de la production et de la productivité renvoyant au mode de
gouvernance interne. En bref, l’Algérie de 2018/2030 qui recèle d'importantes potentialités, dont le développement conditionne
la stabilité de la région (lien dialectique entre sécurité et développement) sera ce que les Algériens voudront qu'elle soit. ◙ A.
MEBTOUL (2018)
FAIBLESSE MONÉTAIRE.- Interrogé sur la puissance présumée du lobby des importateurs, le ministre Commerce a souligné
que « ceux qui se plaignent » des restrictions sur le commerce extérieur profitent de la générosité de l’Etat qui subventionne
indirectement les importations par l’existence d’un marché officiel de change et un autre informel. « Aujourd’hui, on passe par
un système bancaire avec un taux de change qui ne reflète pas toujours sa véritable valeur. Le dinar est probablement surcôté
sur la place officielle. Son véritable niveau est probablement plus proche de celui du marché parallèle. Donc aujourd’hui l’Etat
est en train de subventionner indirectement des importations et là il faut que nous agissions », a-t-il expliqué. Pour lui,
l’importation sur fonds propre est aussi dangereuse dans la mesure où « ça va encourager le marché parallèle » des devises. «
Il faudrait que l’Institution d’émission qui gère la parité du Dinar travaille davantage à ce que ces deux taux (officiel et parallèle,
NDLR) se rapprochent », a-t-il recommandé. Sur la surfacturation, tout en reconnaissant l’existence « incontestable » de ce
phénomène, M. Benmeradi se dit incapable de donner des chiffres. Selon lui, la comparaison des statistiques des bases de
données des institutions internationales et celui des douanes algériennes donnent des écarts importants.

MONETIQUE.- Actuellement, la monétique se constitue d’un réseau national composé de : CCP, CNEP banque, BNA, BDL,
CNMA, BEA, BADR, CPA, EL BARAKA, Société Générale, BNP, AGB, NATIXIS, Gulf Bank, ARAB Bank, ABC Bank,
Housingbank, Fransa-banque. L’adhésion de ces institutions financières au RMI (réseau monétique interbancaire) se concrétise
par :
 La signature d’une convention interbancaire ;
 La signature de contrats de coopération liés aux services offerts par le RMI ;
 Le respect des spécifications techniques éditées par le RMI (gestion de fichiers porteurs, délais…). Dès 1997, SATIM* a
démarré le retrait d’espèces à partir des DAB (Distributeurs Automatiques de Billets de banque) en mettant en place un réseau
monétique interbancaire.
♦ Cartes émises : Le domaine de la monétique a poursuivi son affermissement au cours de l’année 2007 avec extension du RMI
en atteignant 1.075.989 de cartes interbancaire de retrait et de paiement CIB fin 2012 contre 1.056.018 fin décembre 2011 et
avec un objectif d’en avoir 1.5 million d’ici fin 2015. Algérie Poste détient le nombre le plus important avec un total de 395.478
cartes, cela peut être expliqué par l’importance du nombre des comptes courants postaux (CCP). Algérie poste est le principal
vecteur du développement de la monétique. Cet établissement a émis 36% du total des cartes en 31 Décembre 2012. Elle
adopte une stratégie de lancement commercial actif avec un nombre de cartes émises réellement significatif et en croissance
rapide avec un taux moyen annuel de 14.82%. Elle est suivie par le CPA avec un total de 106.219 cartes.
♦ Parc DAB (Distributeurs Automatiques des Billets) : En ce qui concerne le nombre de distributeurs automatiques (DAB), ce
dernier a atteint 762 distributeurs, en hausse de 8% par rapport à 2011. En ce qui concerne les (DAB) qu’Algérie Poste est en
tête en le comparant aux autres banques car elle possède 40.69%. Affiliation des commerçants : Le nombre de terminaux de
paiement électronique (TPE) dans les différents commerce est passé à 2946 fin 2010 contre 3045 en 2012. Ce parc a
également été modernisé afin de s’adapter à la norme EMV (Europay, Mastercard, Visa), avec l’introduction de la carte à puce,
permettant des paiements plus sécurisés. Actuellement, au niveau de l’Algérie toutes les transactions de paiement sont traitées
par les terminaux EMV (voir tableau).

402
Nombre de transactions réalisées en 2010

Selon les responsables de la SATIM Alger, les contraintes majeures au développement de la monétique en Algérie sont :
 L’absence d’un système d’information centralisé dans la plupart des banques ; c’est-à-dire l’absence d’un système
informatique centralisé au niveau de chaque établissement bancaire, permettant d’avoir les soldes des porteurs en temps réel
ou tout au moins à J+1 ;
 l’absence d’offres commerciales autour de la carte et du TPE ;
 l’absence de démarche marketing ;
 l’incapacité de beaucoup de banques adhérant au réseau monétique interbancaire à fournir un solde en temps réel ;
 Taxes dissuasives, frilosité des commerçants ;
 Direction monétique inexistante ou sans pouvoir de décision dans quelque établissement ;
 Désintéressement des Directions des Réseaux pour la monétique ;
 Enorme décalage entre Direction centrales et Agences ;
 Agences démunies face à la monétique ;
 Peu de respect des procédures.
Complètement rentrée dans les mœurs en Occident, la monétique s’installe peu à peu en Afrique. En la matière, le Maroc
s’inscrit comme le premier pays de l’espace francophone. En revanche, l’Algérie accuse un retard considérable en la matière
puisque la monétique algérienne se limite à la carte de retrait interbancaire et reste encore très peu répandue. Aujourd’hui, elle
est considérée comme une nécessité au plan économique, financier et social en permettant :
 De promouvoir le tourisme national ;
 De réduire la circulation de la monnaie fiduciaire et donc de réduire les coûts liés à leur manipulation ;
 De réduire les délais de recouvrement d’espèces.
La monétique offre une nouvelle prestation bancaire alliant permanence, diversité et proximité du service à travers le réseau
interbancaire. Les paiements par cartes interbancaires procurent également plusieurs avantages aux commerçants et diminuant
les risques et les coûts de gestion. Quant aux banques, l’automatisation des transactions permet de réduire leurs coûts,
désencombrer leurs agences et redéployer leurs activités et leurs personnels pour d’autres segments de services. Ainsi,
l’exploitation d’une infrastructure commune leur donne l’occasion de faire une économie d’investissements couteux. Le secteur
bancaire de la majorité des pays africains reste encore largement sous-équipé seuls quelques pays sont bien avancés en ce
domaine comme le Maroc et la Tunisie. L’expérience de la monétique dans ces pays, a démontré que les systèmes
électroniques de paiement ne sont pas une mode à suivre mais une nécessité sur le plan économique. Les banques doivent se
moderniser pour faciliter la mise en place des mécanismes de marché, et donc augmenter la fluidité des flux financiers.
♣ Le rapport du CNES de l’année 2010 démontre que la part de l’informel dans l’économie algérienne est de l’ordre de 40% du
PIB. 100% des commerçants confirment que le manque d’adhésion massive au niveau produit technologique est synonyme
d’évasion fiscale. Cela relève nous semble-t-il, de l’irresponsabilité civique et le manque de maturité à l’égard des valeurs
culturelles du pays. Ainsi tous les commerçants interrogés estiment que le commerce informel est très actif générant un chiffre
d’affaires très important de l’ordre de 200 milliards de dinars soit 40% du PIB ne transitant pas par le canal bancaire et
échappant au fisc qui constitue un frein au développement de la monétique. ◙ LAZREG Mohamed (2015)

(*) SATIM (Société d'Automatisation des Transactions Interbancaires et de la Monétique), opérateur monétique interbancaire en
Algérie pour les cartes domestiques et internationales, filiale de huit banques commerciales algériennes.

PERTES DE CHANGE.- L'histoire d'entreprises victimes de pertes de change est édifiante. Au lendemain des réformes
économiques augurant des perspectives d'ouverture, des opérateurs privés algériens s'étaient engagés dans un processus
d'investissement qui promettait expansion et rentabilité dans l'action d'entreprendre. Des banques et des consortiums de
banques ont proposé des lignes de crédit à des opérateurs privés algériens. Parmi les conditionnalités des offres de crédit,
figurait celle du statut privé de l'entreprise bénéficiaire. Les études technico-économiques qu'elles avaient présentées pour
soutenir leurs dossiers d'accès aux crédits, étaient fondées sur la valeur dinar à un temps T qui était celui de la signature de la
convention de crédit. La procédure d'acquisition d'exploitation et de remboursement des crédits était la suivante: le crédit était
offert et ouvert par une banque ou un consortium de banques étrangères en devises et piloté par une banque algérienne.
L'entreprise bénéficiaire pouvait utiliser les sommes allouées via la banque algérienne représentante de l'Etat, garant de la
disponibilité de devises pour le remboursement. Les sommes allouées étaient estimées en dinars algériens et ont été fixées
dans les licences d'importation délivrées en leur temps par la Chambre nationale de commerce. Les remboursements devaient
se faire par l'opérateur algérien en dinars algériens à la banque algérienne qui se chargera de verser les sommes dues en
devises à la banque étrangère à l'échéance convenue. Cette opération souleva une problématique : entre la date de la
signature des conventions de crédit et les dates d'échéance de remboursement, le dinar a subi de brusques dévaluations et
les banques algériennes ont estimé être en droit de faire endosser les conséquences de ce déclin aux investisseurs algériens,
en décidant d'évaluer les sommes de remboursement selon la valeur du dinar à la date d'échéance du remboursement et non
à celle de la date de la convention. Ainsi, les sommes à rembourser par les entreprises bénéficiaires des crédits se trouvaient
multipliées proportionnellement à la dévaluation et à l'importance de l'investissement engagé. En proportions, le montant
principal du crédit allait être multiplié par dix, auquel s'ajouteront les intérêts, tout aussi en augmentation exponentielle, ainsi
qu'un surplus d'agios et de pénalités de retard. Les
études technico-économiques préalables furent radicalement remises en question et en cause, les prévisions de remboursement

403
fondamentalement faussées et les bénéfices escomptés irrémédiablement compromis. En outre, un grand nombre d'entreprises
furent contraintes de suspendre leurs activités du fait que les banques leur prohibent l'accès aux crédits d'exploitation et de
gestion pour l'acquisition des matières premières. Dans certains cas, des banques procédèrent à des saisies-exécutions sur les
équipements et infrastructures. L'attitude des banques se trouve dans ces circonstances en infraction car en violation du code
civil et dans l'irrespect de certains engagements internationaux pris par l'Algérie. Face au laxisme des pouvoirs publics
invoquant des raisons de commercialité et d'ordre privé puisque les banques réputées commerçantes dans leurs rapports
avec les tiers ont leurs activités et leurs contentieux soumis au droit privé et qu'elles sont des entreprises publiques
économiques autonomes. Paradoxalement, les pouvoirs publics élaborant une règlementation "dispositif portant pertes de
change du secteur privé", consacrent le principe que les pertes de change sont prises en charge par les investisseurs et dictent
aux banques la conduite à avoir sur les dossiers des entreprises victimes des pertes de change, en étant à contre-sens des
principes censés régir les rapports entre partenaires économiques dans un système de marché. Dans le système bancaire
algérien, le trésor public, organe des autorités publiques fait preuve d'ingérence et d'impartialité, telle une tutelle des banques.
Cette discrimination public-privé permet de déduire que des dispositions d'application plus favorables ont été réservées au
secteur public ; il imputera aux investisseurs l'arbitraire des banquiers car disposant de toute latitude dans la fixation du
traitement qui peut comprendre un effacement partiel des surcoûts d'investissements (créances supplémentaires non
prévues découlant de la dévaluation) et l'établissement d'un échéancier de remboursement extensible . Les banques
peuvent effacer une partie plus ou moins grande des sommes litigieuses et établir un programme de remboursement pour le
reliquat, ou bien refuser l'une ou l'autre des concessions. Elles peuvent tout aussi faire grâce de la totalité des surcoûts. Le
dispositif émanant du Trésor public n'est pas contraignant pour les banques, entreprises autonomes soumises au droit
commercial. En fait, les banques n'apparaissent pas tenues de faire ces concessions qui semblent apparemment facultatives.
Evaluation du taux de change du dinar algérien par rapport au dollar :

POLITIQUE MONÉTAIRE.- Les instruments de politique monétaire sont toujours, en premier lieu, l'accès contrôlé des banques
commerciales aux facilités de réescompte de la Banque d'Algérie et, en second lieu, les plafonds sur les interventions de la
Banque d'Algérie sur le marché monétaire. Il n'y a pas d'opération "d'open market". L'accès vraisemblablement facile au
financement de la banque d'Algérie n'encourage pas la mobilisation des dépôts, elle-même entravée par d'autres facteurs. Il
s'agit là d'une situation qui n'incite pas à une intermédiation financière efficace ou au développement de la compétitivité dans le
secteur financier. Les principaux intervenants actifs sur le marché monétaire sont les banques et les compagnies d'assurances.
L'étroitesse du marché monétaire oblige les banques à recourir au réescompte et au découvert auprès de la Banque d'Algérie.
Mais le recours au réescompte est limité par le manque d'effets éligibles. ◙
► La conduite de la politique monétaire durant la période 2000-2011 :
La décennie 90 est caractérisée par le maintient d’une politique monétaire restrictivedans un objectif de lutter contre l’inflation,
suivant les instructions de la loi 90-10 qui estcaractérisée par la réforme des instruments de la politique monétaire et la conduite
rigoureusede la politique monétaire selon des critères de performance monétaires quantitatifs. Cette loiest abrogée et remplacée
par la promulgation de la nouvelle ordonnance n° 03-11 de 26 Août2003 relative à la monnaie et au crédit qui définit le cadre
légal de la politique monétaire etprécise les prérogatives du conseil de la monnaie et du crédit en tant qu’autorité monétaireainsi
que les responsabilités de la Banque d’Algérie en matière de la conduite de la politique monétaire. Face aux surliquidités du
système bancaire, et l’expansion budgétaire au long de cettepériode, due principalement aux causes cités ci-dessus, la politique
monétaire est conduited’une manière prudente et active pour stabiliser les prix en stérilisant les surplus de
liquidités par un renforcement d’intervention de la Banque Centrale sur le marché monétaire,dotée d’une instrumentation
indirects plus large. C’est ainsi que les mesures de stérilisationsont renforcées par la mise à niveau d’un fond de régulation des
recettes à partir de 2001 (25),qui permet également la neutralisation des devises. Par conséquent, la Banque Centrale tenddes
fois à resserrer la politique monétaire soumise aux recommandations du FMI (26), quipréconise l’augmentation des taux
d’intérêts directeurs à un taux positifs en terme réel et lecontrôle de la base monétaire afin de contrebalancer l’expansion
budgétaire et faire face auxpressions inflationnistes qui commençaient avoir une tendance haussière à partir de 2007. Àcet effet,
la Banque Centrale a modélisé ses objectifs en termes de ciblage du taux d’inflationselon les chocs internes et externes. (27)

(25) Rapport de la BAFD sur les pays de l’OCDE, « Perspective économique en Afrique », 2007, P. 122.
(26) Laksaci. M, « Gestion des ressources et stabilité financière en Algérie », BA, Octobre 2010, P. 7.
(27) Voir rapports du FMI, 2007, 2009, 2011.

Les objectifs de la politique monétaire  :


Les enseignements des limites de la gestion centralisée de la monnaie ont donné naissance à une réforme
financière qui débutait en 1990 par la promulgation de la loi 90-10. Cette loi est amendée en 2003 avec la
mise en place d’un nouveau dispositif législatif à travers l’adoption de la loi 03-11,qui fixe à la politique
monétaire deux objectifs centraux, l’un interne, la stabilité des prix et l’autre externe, la stabilité du taux de
change. Ces derniers sont définis dans l’alinéa 01 de l’article 35 de l’ordonnance 03-11 qui stipule que « la
Banque d’Algérie a pour mission de créer et de maintenir dans les domaines de la monnaie, du crédit et de
change, les conditions les plus favorables à un développement rapide de l’économie, tout en veillant à la
stabilité interne et externe de la monnaie »(28).
Ainsi, nous constatons qu’à la de différence de la loi 90-10, l’ordonnance 03-11 a substitué l’objectif de
développement ordonné en objectif de développement rapide de l’économie nationale. L’objectif de plein
emploi n’a pas été énoncé, en tant qu’objectif explicite dans la mesure où l’emploi est lié positivement à la
croissance de la production. Ils’en suit que la politique monétaire doit avoir comme objectif final la stabilité
des prix et celui du taux de change en compatibilité avec un taux de croissance plus élevé. Pour atteindre la
stabilité monétaire, entendue comme une progression limitée des prix à la consommation(29) durant la
période 2001-2003, la monnaie de base a bien émergé comme un objectif intermédiaire de la politique

404
monétaire appuyé par la stabilité du multiplicateur monétaire(30).
Auparavant, la Banque Centrale n’a pas expressément arrêté des objectifs chiffrés en matière d’inflation et
sur l’évolution des agrégats monétaires à atteindre qu’à partir du rapport de 2004 où le conseil de la
monnaie et de crédit a chiffré l’objectif d’inflation à long terme à 3% et le maintien de deux objectifs
intermédiaires dans une fourchette de 14 à 15% pour l’évolution de M2 et 16,5 à 17,4%(31) pour l’évolution
des crédits à l’économie. En effet, à partir de 2004, la Banque Centrale a adopté l’approche des « règles
(32)» dans la conduite de la politique monétaire en ciblant des objectifs chiffrés à moyen terme.

(28) Banque Centrale, Rapport sur l’Évolution Économique et Monétaire En Algérie, 2003, P. 87.
(29) Idem, P. 87.
(30)Idem, P. 87.
(31)Banque Centrale, Rapport sur l’Évolution Économique et Monétaire En Algérie, 2004, P. 148.
(32) ILMANE. M. C, Op- Cit, P. 75.

Suite à l’augmentation de l’inflation mondiale en 2008, et particulièrement celle dans les pays émergents, la
Banque Centrale cible un taux d’inflation légèrement supérieur à celuides années précédentes. Le CMC a
maintenu l’objectif d’inflation de 3% à moyen terme comme objectif ultime de la politique monétaire, et il a
précisé la cible d’une fourchette allant de 3% à 4%(33) au titre de l’année 2008, et cible un taux d’inflation
de 4% pour l’année 2009. Pour se faire, le conseil de la monnaie et du crédit a arrêté au début de 2009 les
objectifs du taux d’expansion de la masse monétaire de 12-13% contre 27-27,5% au titre de l’année 2008.
En matière de croissance des crédits à l’économie, le conseil fixe un taux d’évolution de 22-23% pour
l’année 2009 contre une délimitation de 15-16% au titre de l’année 2008.(34)
Par ailleurs, la lutte contre l’inflation ou plutôt l’atteinte des objectifs finaux ciblés en la matière n’est pas
l’affaire exclusive de la politique monétaire. La politique budgétaire et fiscale tout comme la politique des
revenus ont également des effets considérables sur l’inflation.

Les instruments de la politique monétaire


Les conséquences monétaires provoquées par les chocs pétroliers et les limites inhérentes à la faiblesse
des capacités d’absorption des excédents de liquidités par le système productif(35) ont des incidences
importantes sur la politique monétaire et ses instruments de régulation. Afin de réduire la liquidité globale et
parvenir au risque inflationniste, objectif ultime de la politique monétaire, la Banque d’Algérie a fait recours
dès le début de 2001 à l’instrument traditionnel de réserves obligatoires : la Banque Centrale a maintenu à
la hausse des taux de réserves obligatoires au cours de l’année 2004 pour assurer la stabilité de la
surliquidité du marché monétaire. À titre de mémoire, ce type d’instrument est institué en 1994 à un taux
fixé à 2,5%, il s’applique à l’ensemble des dépôts de toute nature rémunéré à 11,5%. Le taux de réserves
obligatoires a été porté à 6,5 % en mars 2004 contre 6,25 % depuis décembre 2002 et contre 4,25% en
2001, rémunéré à 1,75% en 2004 pour descendre à 1% en 2005. Ce taux de réserves obligatoires a été
revu à la hausse pour atteindre un taux sans précédant de 9% en 2010(37).

(33) Banque Centrale, Rapport sur la situation monétaire et politique monétaire, 2008, P. 178.
(34) Banque Centrale, Rapport sur la situation monétaire et politique monétaire, 2009, P.179.
(35) BELLAL. S, « Essaie sur la crise du régime rentier d’accumulation, une approche en terme de
régulation », thèse de Doctorat en science économique, université Lyon 2, 2011, P. 80.
(36) Rapport de la Banque d’Algérie, « situation monétaire et politique monétaire », 2006, P.15.
(37) Banque Centrale, Rapport sur la situation monétaire et politique monétaire, 2010, P. 140.

Cependant, la situation de surliquidité apparue en 2002 permet aux banques commerciales dans leur
ensemble de fonctionner dans un circuit hors Banque Centrale sans recourir au réescompte, ce qui met en
péril l’instrument de réserves obligatoires de stériliser une proportion suffisante des surliquidités bancaires
offertes sur le marché monétaire, chose qui a mis cette dernière dans l’obligation de renforcer les
instruments indirects en cohérence avec le contexte des surliquidités qui sont : l’opération d’open market,
la reprise en pension, facilité de prêt marginal et la facilité de dépôt rémunéré qui est une facilité
permanente, réputée en blanc, accordée exclusivement aux banques. Ces dernières ont placés un montant
de 1234 milliards de dinars à un taux qui s’élève à 0 ,3% au premier semestre 2011. En revanche, un
instrument été efficace dans la régulation de l’excès de liquidité à savoir :
 La reprise de liquidité par appel d’offre : cet instrument est évidemment beaucoup plus souple que celui
des réserves obligatoires, dans la mesure où il peut être modulé au jour le jour. De plus, la participation
aux opérations de reprise de liquidité n’étant pas obligatoire, ce qui permet à chaque banque de tenir
compte de sa propre situation de liquidité. L’instrument de reprise de liquidités, qui a réussi à éponger une
quantité monétaire conséquente depuis le début de son utilisation, demeure l’élément de régulation le plus
actif au cours de ces dernières années. La rémunération des reprises de liquidités à sept jours 0,75% (38)
permettrait à la Banque d’Algérie de susciter le placement d’un maximum des ressources oisives à son
niveau avec l’objectif d’une meilleure maîtrise de la masse monétaire en circulation.

La politique monétaire et le financement de l’économie  :


Le financement de l’économie a changé de contexte. Dans la période de l’économie centralisée le Trésor
Public détient le monopole de financement des entreprises publiques, un financement qualifié d’abusif, sans
référence à la rentabilité ni à la solvabilité de l’emprunteur. Les réformes monétaires qu’on a déjà vues,
visaient le transfert de financement de l’économie du Trésor aux banques qui évoluent dans une nouvelle
manne financière et réglementaire régit par des ratios prudentiels d’inspiration monétaristes édictés par le
comité de Bâle (Oufriha 2007). Ces dernières enregistrent des performances de liquidités importantes tirées

405
par la fiscalité pétrolière et les mesures d’assainissement des portefeuilles non performants que les
banques détenaient sur les entreprises publiques. (39)

(38) Rapport 2009, op-cit, P.168.


(39) OUFRIHA. F. Z, « La difficile transformation du système bancaire en Algérie », 2007, P.130.

Il est à souligner que l’intermédiation financière est dominée par la finance indirecte et le crédit bancaire
joue un rôle prépondérant dans le financement de l’économie algérienne. Donc, les banques sont appelées à
jouer un rôle offensif dans la transformation de l’excèsd’épargne au financement de l’économie afin de sortir
de la trappe de transition et promouvoir la relance économique. En revanche, le financement de l’économie
demeure toujours faible conséquence d’un rationnement de crédit au niveau des banques primaires
(Benabdellah 2006)(40). Le recours à cette option pénalise les entreprises qui sont à la recherche de crédit
bancaire pour financer leurs investissements.

(40) BENABDELLAH. Y, «L’économie algérienne entre réforme et ouverture : quelle priorité ? », CREAD,
Alger, P. 15.

♦ Evaluation des résultats de la politique économique en Algérie durant ces deux dernières décennies
(1990-2011) :
Dans la première phase (1990-1999), la politique monétaire fixait comme objectif principal la lutte contre
l’inflation, avec l’instauration de nouvelles règles d’orthodoxie monétaire, accompagnée d’une dévaluation
de la monnaie nationale de 112% en 1991. Mais l’inflation persiste et atteint 28,6% en 1994. Cette
expansion de l’inflation ait pour causes principales la dévaluation du taux de change, le relâchement des
règles d’orthodoxies monétaires à partir de 1992 traduit par le rebondissement des déficits budgétaires à
8,4% du PIB et la relance de l’expansion monétaire d’un taux de 21,5% en 1993, suite à une reprise à la
hausse des crédits à l’État. Toutes ces pratiques ont participé à la non concrétisation des objectifs de la
politique monétaire durant cette période.
Durant la période d’application du programme d’ajustement structurel, la politique monétaire s’est fixée
comme objectif le rétablissement des équilibres macroéconomiques et financiers, d’une part, et la création
des conditions propices de l’économie, d’une autre part. On assistait alors à une politique monétaire
restrictive et une politique de rigueur budgétaire, traduites par l’encadrement de crédit, le plafonnement des
taux d’intérêts et le contrôle strict de la dépense budgétaire. Ces politiques de rigueur ont permis de
contenir le taux de la croissance de la masse monétaire à un taux compatible avec celui de la réduction
de l’inflation. Ainsi, les résultats monétaires et financiers sont satisfaisants, le taux d’inflation est comprimé
de 31,62% en 1992 à 2,6 en 1999, les taux d’intérêts commencent à baisser et deviennent positifs à partir
de 1997. Aussi, le déséquilibre de la balance des paiements est réduit sous l’effet d’un excédent sensible de
la balance commerciale et les résultats de rééchelonnement. Mais parallèlement, le resserrement de la
politique monétaire et budgétaire et la dévaluation du taux de change se sont accompagnés d’une
destruction de l’entreprise publique et la baisse de l’investissement, générant ainsi un taux de croissance
très faible d’un taux de 3% et un taux de chômage record de 29% pour la même année.
Quant à la deuxième phase (1999-2009), la politique monétaire devait être prudente face au nouveau
contexte de surliquidité dont évoluent les banques commerciales et le développement du marché monétaire
qui fonctionnait hors circuit de la Banque d’Algérie à partir de 2000. Cette dernière fixait un objectif ultime
de maintenir un taux d’inflation de 3% à moyen terme en fixant des taux d’évolution pour les objectifs
intermédiaires. Lesrésultats sur le plan monétaire nécessitent plusieurs débats. D’abord, il y a avait une
forteexpansion monétaire dans les années 2000, 2002, 2003 et 2006 mais le taux d’inflation reste contenu
dans une marge inferieure à 2%, un fait qui est dû généralement aucomportement des agents économiques
qui préfèrent de constituer des encaisses au lieu dedépenser leur revenus, ce phénomène est expliqué par
la baisse de la vitesse de circulationde la monnaie. À partir de 2007, émerge une nouvelle poussée
inflationniste où toutes lescauses sont réunies, à relever sur l’expansion monétaire non contrôlée par la
Banqued’Algérie, une forte demande de monnaie par les agents économiques, l’apparition del’inflation au
sein des principaux partenaires commerciaux de l’Algérie et enfin, uneexpansion budgétaire traduite par
l’augmentation de la masse salariale et les dépensesd’équipements. En matière de la sphère réelle, le
rapport reste toujours faible et elle n’a pasconnu de vrais changements par rapport à la période de transition
avec un taux decroissance très lent de 2,4% en 2009 et 3,3% en 2010. □ HADDAD Idir& TERGOU Faouzi
(2011)

L'INDUSTRIE

406
LA BRANCHE INDUSTRIELLE
• B.T.P.H. • Chimie • Cosmétiques • Electronique/électrodomestique • Equipements industriels • Intégration
agro-alimentaire • Intégration agro-industrielle • Matériaux de construction • Papier et cellulose • Pharmacie
• Sidérurgie/métallurgie • Sonatrach • Textiles •

LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
• Décroissance • Pme/Pmi • Privé/public • Partenariat public/privé • Secteur public industriel • Secteur privé industriel

LE PRODUIT INDUSTRIEL
• Artisanat • Energie domestique • Gaz de pétrole liquéfié • Jouet • Plastiques et caoutchouc •
Verre/céramique •

LA RESTRUCTURATION INDUTRIELLE
• Redéploiement des entreprises publiques • Restructuration industrielle •

LA TECHNIQUE INDUSTRIELLE
• Découvertes • Equipement hydraulique• Innovations • Normes • Obsolescence de connaissances •

L A BRANCHE INDUSTRIELLE

B.T.P.H.- Le secteur du bâtiment et des travaux publics participe pour 13,3% à la formation de la PIB, mais
ses capacités sont sous-utilisées. Il employait déjà, à la fin 1991, quelques 585.000 personnes. 320.000
étaient employés dans le secteur public et 265.000 dans le secteur privé. Le secteur public réalisait
quelques 70% de la valeur ajoutée. Cette disproportion s'explique par le fait que le tiers des travailleurs du
secteur privé sont indépendants (artisans). Dans le secteur public, le public local détient une place non-
négligeable. En effet, sur les 1250 entreprises publiques locales existantes (avant redéploiement) plus de
huit cent activent dans le BTPH. Les grosses entreprises (1000 salariés et plus) se retrouvent en totalité
dans le secteur public national, alors que les plus petites prédominent dans le secteur privé. De la même
manière que pour l'industrie, le secteur du BTPH est aussi diversifié. Malgré un potentiel important, le BTPH
subit toutefois la crise au même titre que les autres secteurs. Le manque de matériaux de construction et
pièces de rechange l'empêche de répondre à une forte demande dans l'ensemble des activités (habitat,
hydraulique, travaux publics). Ce secteur est fortement intégré en amont, car il existe une importante
industrie nationale de matériaux de construction et aussi bien d'équipements pour le BTP. Avec des
fluctuations importantes, la valeur ajoutée du BTP a ainsi très peu augmenté depuis 1986.
►Le secteur du bâtiment et travaux publics a représenté 8,5% du PIB en 2001 contre 8,2% en 2000. La croissance du secteur a
été de 2% en 2001. La valeur ajoutée du BTP a connu en 2002 sa plus forte croissance (8%) depuis six ans. Cette expansion
vigoureuse, a été impulsée et soutenue par les dépenses considérables d’équipement public, dans un contexte budgétaire lié
aux augmentations consacrées à l’habitat, aux routes et à l’hydraulique. Le secteur du bâtiment et travaux publics est resté
dynamique en 2003. Sa croissance, de 5,8% pour cent en termes réels, a relativement baissé par rapport à son taux de 8,2%
pour cent en 2002. Les autorités imputent ce fléchissement au nombre insuffisant d’entreprises de taille appropriée et disposant
des compétences requises. Ce qui a empêché le BTP de profiter pleinement des programmes d’investissement mis en oeuvre,
tels que ceux de la reconstruction des infrastructures détruites par le séisme, la poursuite de la réalisation des 38 programmes
d’infrastructures et de logements (décidés dans le cadre du PSRE) et l’extension des travaux publics pétroliers. En 2004, le
secteur du BTP a contribué au PIB à hauteur de 7,5%. Il bénéficie d’une attention particulière des pouvoirs publics du au déficit
en logements et en infrastructures de base. Le secteur conserve ces dernières années une croissance importante. Elle a été de
7,9 % en 2005, soit 0,4 point de plus qu’en 2004, et de 10% en 2006. En 2007, les résultats donnent une contribution
supplémentaire du BTP de +9,5% en termes réels.
 Le Bâtiment et travaux publics et hydraulique (BTPH) : En 2016, le secteur du BTPH croit à un taux de 5,1% par rapport
à 2015. Après la temporaire et relative pause effectuée en 2011 (5,2%) par le secteur du BTPH, ce dernier avait repris son
dynamisme en 2012 avec un taux d’accroissement en termes réels de 8,6%. En 2014, ce taux était encore appréciable, mais
moindre avec un taux de croissance des activités du BTPH par rapport à 2013 évalué à 6,9%.
CHIMIE.- Dotées d'un outil industriel important, les industries chimiques algériennes satisfont correctement
- hormis pour le secteur pharmaceutique - la demande nationale en produits en large consommation. Cinq
entreprises situent leurs activités dans la production dans les peintures et dérivés, les détergents, produits
d'entretien et cosmétiques, les explosifs, les gaz industriels, et les produits pharmaceutiques.
Indépendamment des efforts nécessaires en matière de commercialisation et de rationalisation de
l'utilisation de l'outil de production, ce secteur aujourd'hui régulièrement gêné par les difficultés
d'approvisionnement en matières premières importées, nécessite pour un développement auto-entretenu la
constitution à moyen terme d'un tissu industriel intégré producteur de produits chimiques de base. Un
ensemble de 61 installations à réaliser dans la chimie minérale permettrait de répondre à la demande
nationale à moyen terme.
Les six grandes familles de produits identifiées (produits chimiques pour le traitement de l'eau, dérivés du
sodium, dérivés du calcium et du baryum, dérivés du fer, du zinc et du cuivre, dérivés de soufre et de
phosphate, dérivés de l'antimoine, du chrome, du bore et du titane) dans ces priorités d'investissements
nécessiteront l'importation de minerais tel que l'antimoine (métal), la coleménite (40 % de Bore), la
bauxite ou l'hydroxyde d'aluminium, le rutile ou l'ileménite. Cependant, pour une meilleure maîtrise des
technologies, la réalisation préconisée de ces projets passe par des associations entre opérateurs
nationaux publics ou privés et opérateurs extérieurs.

COSMETIQUES.- La consommation en cosmétiques ne cesse de gagner du terrain, chaque produit étant,


paradoxalement, plus cher que celui qu'il remplace, quand bien même les attributs demeurent les mêmes. A
407
l'instar des médicaments, ces substances ne sont pas excessivement consommées en termes de quantité,
mais surtout mal consommées. Les institutions de contrôle n'ont pu jusqu'ici exiger qu'un nouveau produit
apporte un "plus" par rapport à celui qui existe, mais tout au plus, qu'il fasse "aussi bien". En effet,
l'amélioration de la qualité de la vie du citoyen a induit un certain nombre de pratiques nouvelles dont
l'usage des cosmétiques. Résultat, mise en place d'une industrie ne dépassant guère le stade embryonnaire,
pourtant, bien des entreprises n'ont rien à envier aux firmes étrangères de renommée universelle. La
commercialisation est l'un des problèmes les plus importants qui exigent des solutions immédiates. Des
stocks sont soumis à l'usure du temps, aux risques de péremption qui représentent un préjudice irréversible
pour l'économie nationale. Actuellement, suite à un ralentissement du pouvoir d'achat et une concurrence
déloyale avec le secteur privé, la demande est plus restreinte. Il existe 231 entreprises privées de
cosmétiques sur le territoire national. De plus, L'ENAD, qui est une entreprise publique nationale dispose de
87 unités. Considérée à tort comme produit de luxe, la cosmétique vit aujourd'hui une crise sans précédent
qui pénalise tous les professionnels de cette industrie. Il existe notamment un problème de matières
premières qui subit des blocages au niveau des produits d'importation. Les constituants, sans lesquels toute
activité ne peut se faire, sont importés dans 90% des cas de l'étranger (France, Espagne, Italie,...) et les
taxes sont excessives.

ELECTRONIQUE / ELECTRODOMESTIQUE .- Entré en production en 1978, le complexe de Sidi Bel-Abbès


fabrique quelques 50% des composants nécessaires à l'assemblage des appareils électroniques grands
publics produits en Algérie (transistors, circuits intégrés, condensateurs électroniques, polyester, haut
parleur, circuits imprimés, composants bobinés, transformateurs, tubes cathodiques,...). Il gère quelques
40.000 articles et plus de 20 technologies différentes.

EQUIPEMENTS INDUSTRIELS .- La branche (métallique-mécanique) est l'un des plus importants secteurs
d'intégration au niveau de l'industrie. Elle alimente en biens d'équipements les secteurs stratégiques de
l'industrie à savoir, l'agriculture à laquelle elle fournit tracteurs, moissonneuses batteuses, matériel
hydraulique et autres machines agricoles, l'habitat et les infrastructures publiques qu'elle approvisionne en
matériel de travaux publics, camions, concasseurs, bâtiments industriels, wagons,… , le secteur de
l'électrification auquel elle participe par la production de pylônes basse et haute tension, l'industrie enfin
pour laquelle elle produit machines outils, moteurs, bâtiments industriels,… . La démarche de
développement industriel futur doit viser dans le domaine de la fabrication des biens d'équipements lourds
(mécanique lourde, chaudronnerie et charpente), à couvrir les besoins des secteurs prioritaires des
matériaux de construction et l'habitat (coffrages et concasseurs, stockage des hydrocarbures, grande
manutention,..). Les capacités installées (50.000 T/an) doivent dans le cadre d'accords de partenariats être
renforcées pour être en mesure d'intégrer progressivement des produits à fort contenu technologique
représentant une forte valeur ajoutée. Dans le domaine ferroviaire, l'orientation stratégique du
développement de cette filière doit viser à rechercher le partenariat pour passer à la production de produits
plus élaborés que les wagons et satisfaire les besoins de la SNTF tout en dégageant des surplus pour
l'exportation (unité de locotracteurs et voitures voyageurs). Dans le secteur de la fonderie, les unités ne
couvrent que 53% des besoins nationaux. Cette filière nécessite la définition d'un plan stratégique
coordonné entre l'ensemble des opérateurs qui doit s'appliquer à l'utilisation intensive du potentiel existant ,
la modernisation des unités vétustes, et à la création de nouvelles unités de mini-fonderies pour couvrir
le déficit existant et participer au renforcement de l'intégration économique.
Pour mécaniser l'agriculture et l'hydraulique, désenclaver les régions, répondre à la demande économique
et sociale en matière de transport, le développement d'une industrie mécanique avec tout ce qu'elle implique
comme constructions automobiles , matériels agricoles, hydrauliques et de travaux publics s'avérait
incontournable. Si l'Algérie ne fabrique pas encore sa voiture particulière (le projet demeure), elle produit
déjà des camions et autocars, du matériel de travaux publics (grues, pelles, dumpers, bennes,
bétonnières,..), du matériel agricole (tracteurs, moteurs, moissonneuses-batteuses, ramasseuses presse,..),
et diverses machines outils. Au vu des besoins algériens en automobiles estimés à 200.000 V/an, il est clair
que le développement de l'industrie automobile constitue un marché très porteur.
Le secteur des équipements industriels traverse une étape cruciale de son développement. De fait, la crise
en moyens de financement qui a eu pour corollaire le ralentissement des investissements n'a pas permis la
poursuite du programme industriel qui devrait à terme assurer un développement auto entretenu. Faute
d'une intégration suffisante pour les mettre à l'abri des aléas extérieurs, pour le fonctionnement de l'appareil
de production installé, une grande partie des entreprises enregistrent une chute de production physique
estimée à 9% avec à l'heure actuelle un taux moyen d'utilisation des capacités inférieur à 50%. Dans ce
contexte, les orientations du développement futur de la branche passent donc prioritairement par: une
intégration accrue par la promotion de PME/PMI sous-traitantes, seul moyen de limiter la dépendance,
désengorger les unités existantes et rationaliser les activités des différents opérateurs, la modernisation de
l'outil de production existant, et la promotion d'une politique d'investissement visant à l'import-substitution
avec un recentrage sur les produits à haute valeur ajoutée.

INTEGRATION AGRO-ALIMENTAIRE .- Le système actuel de relation entre les producteurs et les


transformateurs doit évoluer vers la mise en oeuvre de mécanismes qui déboucheraient à terme sur un
mouvement associatif permettant de lier de façon étroite les intérêts des deux parties. Aussi la mise en
oeuvre de partenariat dans le cadre d'associations du secteur public et privé ou du secteur national avec
des partenaires étrangers tant privés que publics s'avère la plus performante des formules. A l'heure
actuelle, les besoins de la transformation établis sur la base des capacités existantes (hormis pour les
graines oléagineuses estimés sur la base de la demande actuelle en huile raffinée) se présentent comme
suit :

408
► céréales
blé dur ..................................................... 1.900.000 T
blé tendre ..................................................... 1.600.000 T
mais ..................................................... 1.200.000 T
orge ..................................................... 1.000.000 T
► lait ...................................................... 2.300.000 T
► corps gras
oléagineux ..................................................... 1.100.000 T
olives ..................................................... 500.000 T
► tabac
à fumer ..................................................... 30.000 T
à priser ..................................................... 11.000 T
► boissons / conserves
tomates industrielles ......................................... 540.000 T
fruits ..................................................... 91.000 T
légumes ............................................................ 7.000 T
raisins ........................................................... 96.000 T
Le déficit en superficies nécessaires à la production de ces quantités, estimées sur la base des rendements
moyens de chaque spéculation, s'élèvent à quelques 1.421.000 hectares et se répartissent comme suit :
▪ céréales ..................................................... 745.000 ha
▪ oléagineux .................................................... 600.000 ha
▪ tabac ..................................................... 38.000 ha
▪ tomate industrielle ................................... 18.000 ha
▪ raisins de cuve ........................................... 10.000 ha
● Céréales : Au vu du bilan devises des importations, les céréales qui en représentent le plus important
poste (30%), doivent constituer la priorité en matière d'orientation de culture, d'autant qu'elles dégagent
des excédents en matière fourragère pour l'élevage laitier. D'ores et déjà, plusieurs grandes surfaces ont
été octroyées à des opérateurs publics ou privés pour leur mise en valeur sur une étendue de 300.000 ha.
● Lait : Le taux d'intégration au niveau des offices de lait, de l'ordre de 50%, devrait encore diminuer. Il a
été prévu en effet, une production locale avoisinant les 1,229 millions de litres contre 1,524 millions de lait
reconstitué. Une nouvelle approche dans les relations transformateurs/éleveurs doit s'enclencher pour
développer un partenariat rentable.
● Nutrition animale : Si les équipements en la matière sont relativement accessibles localement pour une
industrie de fabrication d'aliments de type traditionnel, les productions pour volaille ne restent intégrées
qu'à hauteur de 20%, tandis que celles pour ruminants plafonnent à 50%. Il est préconisé aux entreprises
publiques et privées de développer de nouveaux produits existant par ailleurs, par l'incorporation de
matières disponibles localement (alfa, urée, fientes de volailles déshydratées,...).
● Fruits, légumes, boissons : Totalement approvisionnées par la production locale, les industries dont le
développement à précéder celui des cultures et produits agricoles ne fonctionnent qu'à 30% de leurs
possibilités. Le programme de développement agriculture de montagne ou l'arboriculture s'avère
prometteuse, devrait permettre d'accroître ce taux. La contrainte majeure aussi bien pour cette filière que
pour celle de l'halio-alimentaire, reste celle de l'emballage. Pour ce qui est du déficit tomates industrielles,
la maîtrise actuelle des techniques culturales combinées à un choix judicieux d'engrais à hauts rendements
permettrait sans importantes superficies additionnelles, de couvrir l'ensemble des besoins de l'outil de
transformation, voir même de développer - avec des efforts de conditionnement - une production pour
l'exportation.
● Tabac: Le déclassement des terrains tabagiques, l'éparpillement et l'éloignement des sources
d'approvisionnement ont progressivement affecté l'offre nationale de matières premières. La tabaculture
est à développer en partenariat.
● Les cultures oléagineuses : L'absence d'intégration avec l'amont agricole, a entraîné une dépendance
exclusive des sources d'approvisionnement extérieures. Dans le prolongement des expérimentations
réalisées avec succès, le programme de développement des cultures oléagineuses comprend des
plantations de colza, carthome et surtout de soja sur 1000 ha et de tournesol sur 500.000 ha (hauts-
plateaux et sud du pays). L'activité de trituration devrait associer des partenaires confirmés pour réaliser
plusieurs unités de capacités modulaires de 500 T/j qui fonctionneraient dans un premier temps à base e
matières importées.
● En matière d'oléiculture, le potentiel algérien n'a jamais véritablement été pris en charge. Avec une
production de 220.000 T/an, l'industrie de transformation est largement en dessous de ses capacités
d'utilisation de ses installations. Ce déficit enregistré était dû pour une part à la destruction du parc oléicole
(incendie, vieillissement ) sans qu'aucune mesure de conservation ou de développement de cette ressource
pourtant particulièrement bien adaptée au climat algérien, ne soit effectivement prise, et pour une autre part
à l'absence de moyens mécaniques de récolte.
● Halio-alimentaire : L'industrie de transformation des produits de la mer est alimentée à hauteur de 50% de
produits locaux en grands et petits pélagiques. Le potentiel halieutique réserve pourtant d'énormes
possibilités tant pour l'approvisionnement de l'outil national que pour le développement d'industries
nouvelles particulièrement porteuses sur les marchés étrangers (thonidés, aquaculture, plats cuisinés,...).

INTEGRATION AGRO-INDUSTRIELLE .- Indépendant de l'approvisionnement en matières premières, la


maintenance et le développement des industries agro-alimentaires, restent quasi-dépendants des marchés
extérieurs (facteurs de production, emballages,...). La rationalisation des techniques employées, le
développement de la gamme des produits offerts, la promotion d'industries de substitution aux importations

409
s'avèrent aujourd'hui plus que nécessaires pour assurer d'une part une meilleure productivité des industries
algériennes, d'autre part une meilleure compétitivité sur les marchés internationaux.
1- en matière d'équipements Si des essais concluants de réalisation locale ont été enregistrés ces dernières
années sur certains secteurs (aviculture, nutrition animale, conserverie et boisson), d'autres filières restent
encore complètement démunies en facteurs de production. C'est le cas pour les industries de transformation
du lait qui ne connaissent encore aucun producteur local de quelques équipements qui leur soient
nécessaires. Il est également à noter que les équipements complètement modernisés par l'acquisition
récente d'huileries modernes restent totalement dépendants de l'extérieur en matière de pièces détachées.
Par ailleurs, on relève que l'outil de transformation en matière d'oléoiculture est caractérisé par la
prédominance d'huileries traditionnelles (95% du potentiel), dont le rendement est très insuffisant (6 à 7%)
au regard des performances réalisées par les installations modernes. Des créneaux intéressants et ne
nécessitant pas de haute technologie, s'ouvrent également pour le secteur industriel en matière
d'équipement halio-alimentaire (incubateurs, autoclaves,...).
2 - la valorisation de produits et sous-produits. Dans le contexte actuel, l'industrie de transformation de
produits agricoles et de la peche, subit au plan économique des pertes et manques à gagner importants par
le fait que cette activité de valorisation de sous produits (récupération de déchets, sous produits d'abattage,
écorce et pulpes d'agrumes, ...) s'est développée sans que cela ne soit vraiment pris en charge, et ce,
malgré les opportunités d'écoulement tant sur le marché local que sur les marchés internationaux. Depuis
1990, l'Algérie commence à exporter un petit nombre de produits récupérés (noyaux d'abricaux, pulpes,
boyaux, farine de sang,...).
3 - le développement d'une véritable industrie de l'emballage. A l'heure actuelle, le manque tant quantitatif
que qualitatif en matière d'emballage élaboré propre à l'industrie agro-alimentaire entraîne d'importants
surcoûts d'importation et des manques à gagner commerciaux considérables. Ainsi, l'insuffisance de
bouteilles a contraint à exporter le vin en vrac, réduisant ainsi considérablement la valeur ajoutée usuelle. Il
en est de même pour les ressources halieutiques et les conserves de fruits et légumes qui faute
d'emballages compétitifs, se voient refuser des créneaux commerciaux très porteurs. Un certain nombre
d'opérateurs ont d'ores et déjà lancé la réalisation d'unités de conditionnement pour se substituer aux
importations, mais le créneau reste largement porteur tant au regard de l'industrie existante qu'au vu des
développements prévisibles à court terme.
4 - la promotion d'industries de substitution. La substitution à certains produits importés doit se faire à
travers les activités bio-technologiques et industries liées et le lancement de la fabrication de produits de
substitution tel que les édulcolorants de synthèse.

MATERIAUX DE CONSTRUCTION .- Un vital essor du secteur des matériaux de construction constitue un


enjeu stratégique au regard des besoins du BTPH et leur corrélation tant avec le développement
économique qu'avec le climat social. De fait, l'offre nationale en matériaux de construction est, malgré le
fort taux d'intégration de ces industries (hormis pour le bois) largement insuffisante pour une évolution
normale des secteurs qui en dépendent, et les importations réalisées à ce jour ont rarement porté
satisfaction aux besoins estimés. Des besoins, qui avec la relance néceessaire de l'habitat et le
développement de l'autoconstruction, encouragés ces dernières années par les autorités, vont en
augmentant sans cesse. Les actions gouvernementales doivent :
◙ réhabiliter des capacités installées en s'assurant par des formules appropriés le concours de
partenaires internationaux détenteurs d'expertise et de savoir faire ;
◙ développer la fabrication et l'utilisation de matériaux locaux de substitution aux matériaux traditionnels.
◙ rationnaliser et réorganiser certaines activités tel que le bois dépendant à 95% de l'extérieur.
◙ inciter à la réalisation de nouvelles capacités de production pour satisfaire la demande nationale mais
également dans un objectif d'exportation notamment en matière de produits à forte valeur ajoutée (ciment,
amiante-ciment, plâtre et chaux).
Le ministère des industries avait retenu le lancement nécessaire de capacités de production additionnelles
telles que :
▪ cimenteries ( 1.500.000 T/an)
▪ plâtrerie (200.000 T/an)
▪ usines à chaux (400.000 T/an)
▪ briquetterie silico-calcaire (770.000 T/an)
▪ unités pierre de taille (2.500.000 m2/an)
▪ Carrières de marbre (1000 m3/an de blocs, 80.000 T/an de poudre, 200.000 T/an de dérivés)
▪ unités de marbre (400.000m2/an)
A l'heure actuelle, l'industrie nationale des matériaux de construction est constituée de 12 entreprises
chargées de la production, de la distribution ainsi que du développement de l'ensemble de ces activités. Le
secteur public détient une position dominante soit du fait d'un monopole de distribution (c'est le cas du
ciment), soit encore d'un contrôle du marché à hauteur de plus de 80% pour l'ensemble des produits.

PAPIER ET CELLULOSE .- Le Groupe Industriel du Papier et de la Cellulose- GIPEC,créé en 1998, est né de la fusion de


deux leaders algériens dans la filière Papiers et Carton, à savoir les entreprises CELPAP et ENEPAC, elles mêmes issues de la
restructuration de l'Ex Société Nationale des Industries de la Cellulose -SONIC , fondée en 1968.Avec près de 2,7 milliards
de dinars investis dans cette industrie depuis l'indépendance, l'Algérie visait à constituer un ensemble
industriel intégré basé sur la valorisation des ressources naturelles, et à meme d'impulser son auto-
développement. Force est de constater que les résultats escomptés sont loin d'être réalisés. Principal
problème, la restriction en matière première (alfa, bois, paille, ...) d'origine locale à laquelle s'est heurtée
dès son démarrage, l'industrie nationale de la cellulose et qui a eu comme corollaire la dégradation de
l'important outil de production. Les restrictions en financement extérieur intervenues par la suite (85% des

410
matières premières de l'industrie de la cellulose sont importées) n'ont fait qu'aggraver l'écart entre l'offre et
la demande nationales. Une demande qui, avec la libération du secteur de l'édition et de la presse et
l'émergence d'un secteur privé dynamique ne fait que croître. Il en résulte donc, un outil de production
potentiel à reprendre en main en fonction des ressources naturelles disponibles, et un énorme marché à
combler tant en papier impression qu'en matière d'emballage et carton. Le taux de satisfaction de la
demande nationale par la production nationale ne cesse de décroitre et se situe actuellement à 1,5% pour le
papier impression écriture, 28% pour le papier emballage, 8% pour le papier carton compact, 50% pour les
articles d'emballages transformés (dont 25% pris en charge par le privé). Aussi le recours à l'importation
devient de plus en plus important sans pour autant réduire de façon notable l'écart entre l'offre et la
demande en raison des restrictions apportées en moyens de paiement. Les importations ont porté le taux de
satisfaction global du marché à 32% pour le papier impression écriture, 62% pour le papier emballage, 32%
pour le carton compact, 39% pour les articles d'emballages transformés. Confrontée à ce problème
d'approvisionnement, l'utilisation des capacités des ateliers de cellulose est passée de 33% en 1988 à 1,7%
en 1990. La production de papier écriture a, quant à elle, amorti en 1990 l'outil de production à hauteur de
60% environ. Pour les produits de transformation, les performances atteignent des taux de 70% pour les
articles d'emballage; des performances qui pourraient être améliorées si ce n'était le problème
d'approvisionnement en matières premières (restrictions financières dans les importations). Il va de soi que
le développement durable de ces activités sous-tend la mise en oeuvre d'un certain nombre d'actions portant
sur le développement des secteurs pourvoyeurs de matières premières (alpha, paille, bois) afin de tendre
vers une pérennité des approvisionnements.
Aujourd’hui, Parmi les projets inscrits, le Groupe GIPEC envisage la réalisation de deux (02) nouvelles usines, dont l'une est
destinée à la production de papier pour ondulé d'une capacité de 200.000 tonnes/An et l'autre à la production de chlore et
dérivés d'une capacité de production de 15 000 tonne/An extensible à  20.000 tonnes/An.Doté d'un capital social de 7
086 270.000 DA, le groupe GIPEC dispose de cinq (05) filiales en activité spécialisées dans la production et la
commercialisation de produits d'emballage, d'un réseau de récupération de vieux papiers et d'une (01) filiale en arrêt
momentané d'activité spécialisée dans la production de papiers pour ondulés. Diverses formules de partenariat sont proposées
par GIPEC :
- L'ouverture de son capital et/ou celui de ses filiales basée sur des alliances stratégiques.
- La privatisation totale ou partielle par le biais de cession d'actifs.
- Le montage, au cas par cas, de joint-venture industrielle, commerciale, technologique, etc.
- La contribution dans les projets d'investissements orientés vers des créneaux nouveaux et porteurs, par le biais d'apports en
nature divers :
- Infrastructures (bâtiment, terrain ...).
-Réseaux de distribution, de récupération.
-Logistique générale, etc...

PHARMACIE.- La production de médicaments et produits assimilés ainsi que les réactifs destinés à l'usage
de la médecine humaine et vétérinaire couvre seulement une gamme d'environ 200 médicaments. La
production répond à moins de 20% de la demande nationale en fonctionnant à un tiers de leurs capacités.
La montée en cadence des installations du complexe s'avère difficile du fait des problèmes de financement
et donc d'approvisionnement, mais également de la non maîtrise technologique de l'ensemble du processus
de fabrication des antibiotiques en vrac. Le retard pris en ce domaine est grave et important. La demande
intérieure est quant à elle difficile à cerner quand l'importation représente 80% de l'approvisionnement
total et ou la pénurie détermine souvent le volume du marché. Cette demande en médicament croit
régulièrement sous la pression de nombreux facteurs : accroissement démographique, augmentation rapide
des effectifs du corps médical, ouverture de nouvelles officines de pharmacie, généralisation de l'accès aux
soins à toute la population et prix moyennement élevés depuis récemment. Le plan global de développement
élaboré en collaboration avec les experts de l'ONUDI devrait permettre au terme de son exécution prévu en
2005, de donner au pays une indépendance satisfaisante (80%) en produits pharmaceutiques à usage
humain et vétérinaire. Ce programme d'investissement estimé à plus d'un milliard et demi de dollars doit
être mené à bien dans la décennie courante. Cependant, vu la conjoncture actuelle, il faut avouer que la
situation globale pour le décollage d'une industrie pharmaceutique se présente sous un jour peu favorable à
l'exécution des différents volets de cette stratégie. Pour faire face aux nombreuses contraintes qui se
répercutent sur le niveau actuel de la production et retardent les projets de développement de la branche,
des actions de redressement et de partenariat avec l'entreprise française Rhone-Poulenc sont à même de
permettre une capacité de production avoisinant les 50% de la demande nationale.
Parallèlement à ces actions urgentes, il est aussi nécessaire d'engager des réflexions approfondies autour
des thèmes qui conditionnent le développement de la branche à savoir, l'approvisionnement en matières
premières du complexe antibiotique de Médéa, les matières d'emballage en verre et en plastique, les
produits semi-finis en vrac, le marché des produits chimiques de synthèse, les plantes médicinales.

►Niveaux de développement de l’industrie pharmaceutique par pays  

411
SIDERURGIE / METALLURGIE. - Doyenne de l'industrie algérienne, la sidérurgie et dans son prolongement
la métallurgie furent les secteurs privilégiés de l'Algérie post indépendance. De fournisseur de minerai et
importateur de produits métallurgiques finis et semis finis, l'Algérie fixait en effet dans ses premières
priorités de transformer son propre minerai et produire ses biens de production. Elle est dotée d'une
capacité de 2 millions de tonnes d'acier/an (dont une filière de produits plats de 1,3 millions de tonnes et
une filière de produits longs de 700.000 tonnes), qui trouvent leur utilisation dans la construction, les
infrastructures, l'agriculture, l'hydraulique, les hydrocarbures ou repris pour une deuxième transformation
par les industries métallurgiques, mécaniques, électriques ou connexes.
Composée de 7 entreprises, la branche sidérurgie-métallurgie englobe 30 unités de production dont en
amont le complexe d'El Hadjar et un réseau de distribution de 48 dépôts à travers le territoire. Si le
redressement des problèmes d'approvisionnement en matières premières est aplani, des actions de
rationalisation des moyens et des activités pour l'optimisation de l'utilisation de l'outil de production,
l'accroissement de la sous-traitance et des prestations de maintenance et la dynamisation des activités de
récupération, s'avèrent nécessaires et accomplies dans les meilleurs délais.
Ces entreprises dans un cadre de plan de développement, doivent opérer une vingtaine d'opérations
d'investissement destinées à répondre à la demande nationale, à renforcer le niveau d'intégration d'une
part, et à conforter les moyens de soutien et de maintenance d'autre part. Autant d'opérations qui pour une
meilleure maitrise des technologies doivent s'effectuer avec le concours de partenaires étrangers.

SONATRACH.- Créée en 1963. En 1966, elle a une part de 11,5% de la production de pétrole; cette part
passera à 77% en 1972. En 1968, l'Etat confie le monopole de la distribution des hydrocarbures à
Sonatrach. Une année après, le pays adhère à l'organisation de pays exportateurs de pétrole en juillet 1969.
La nationalisation du pétrole est annoncée le 24 février 1971. En avril 1971, le pays se dote d'une loi
fondamentale du pétrole algérien. Par cette ordonnance, l'Algérie traçait les premières limites dans
lesquelles doivent dorénavant s'effectuer les activités des compagnies étrangères en matière de recherche
et d'exploitation des hydrocarbures liquides, en mettant fin aux privilèges fiscaux. Durant les trois décennies
quasiment complètes qui nous séparent aujourd'hui du 24 février 1971, l'Algérie a encaissé des revenus en
devises qui se situent au niveau de 200 milliards de dollars US. Ce montant serait encore nettement plus
élevé si la production et les exportations en hydrocarbures n'avaient pas été freinées durant la décennie
1980. Les mesures prises à la fin de la décennie 80 ont permis de relancer fructueusement la recherche des
hydrocarbures en sous-sol. En 1992, la Sonatrach est 12ème entreprise mondiale du secteur pétrolier; elle
contrôle près de 50 champs dont certains sont classés parmi les plus grands au monde tels ceux de Hassi
Messaoud, Zarzaitine, Tinfaye. En 1999, le groupe compte avec les filiales de services près de 108000
travailleurs. Une centaine de gisements appartient au groupe avec une production annuelle de 183 millions
de tep, dont 110 exportés et 20 millions de tep destinés à la consommation intérieure. Son chiffre d'affaires
est de l'ordre de 640 milliards de dinars, environ 11 milliards de dollars. Ce qui équivaut à un
investissement annuel de 180 milliards de dinars soit 3 milliards de dollars, dont la moitié est réalisée en
partenariat.
Au niveau des quotas de production, en Mars 99, la répartition est fixée ainsi, avec réductions comprises:
● Algérie : 731.000 b/j (-57000 b/j)
● Arabie Saoudite : 7.438.000b/j (-585.000 b/j)
● Emirats arabes unis : 2.000.000 b/j ● Indonésie : 1.187.000 b/j
● Iran : 3.359.000 b/j (-264.000 b/j) ● Koweit ; 1.836.000 b/j
● Libye : 1227 000 b/j ● Nigéria  : 1.885 000 b/j
● Qatar : 593.000 b/j ● Vénézuéla : 2.720.000 b/j (-125.000b/j).
La géante compagnie pétrolière algérienne, pour résister à la chute des cours du pétrole, doit réaliser des
économies en réduisant les coûts de production. Sonatrach n'a pas d'autre alternative, comparativement aux
autres compagnies internationales qui, soit adoptent une stratégie de fusion (comme BP-Amoco), d'achat
d'activités surtout en aval (pétrochimie, distribution), soit licencient des milliers de salariés. Le défi pour

412
Sonatrach sera d'augmenter la production de condensat, de GPL et de gaz qui constituent ensemble 60% de
la production et 48% des recettes et aussi de réduire à court terme les charges d'exploitation. Les produits
condensat et GPL sont des produits faciles à vendre et coûtent plus chers sur les marchés internationaux.
La compagnie produit le baril équivalent pétrole (BEP) à un peu moins de 3 dollars. Une réduction des coûts
de 2 ou 3 cents par baril équivalent pétrole rapporterait d'importants gains à cette société. Du point de vue
réalisations au cours de ces trois dernières décennies. le niveau des réserves a une durée de vie de 40 ans
pour le pétrole avec une production actuelle de 785000 barils/jour ou une production projetée de 1,2
million barils/jour et pour le gaz avec des engagements d'exportation de 60 milliards de m3 pendant 40 ans
à partir de l'an 2000. Les réserves récupérables d'hydrocarbures sont actuellement de 5 milliards de tonnes
dont 1,5 milliard de tonnes de pétrole. Sur la base d'un prix du baril à 15 dollar US, les recettes de l'Algérie
seraient en 2001 de 12 milliards de dollars US. Concernant la part prélevée par les partenaires étrangers,
les compagnies étrangères (sur les 500000 barils/jour attendus en 2005 produits en partenariat), ne peuvent
prendre annuellement plus de 20% de la production Sonatrach en association. En termes de proportion, sur
100 barils produits en association :
◘ l'Etat algérien commence par prendre entre 16 et 20% au titre de la redevance,
◘ sur la production restante, l'association Sonatrach-partenaire(s) récupère le coût opératoire (pour payer
les salaires, le matériel, ...) qui est d'environ 10 barils ; puis, intervient le coût du transport perçu par
Sonatrach correspondant à 4 ou 5 barils environ; ensuite, intervient le remboursement des investissements.
L'amortissement couvre généralement 10 à 15 barils. L'impôt pétrolier prélevé par l'Etat "prend" ensuite 70%
du restant des 100 barils. Le reste, Sonatrach et le(s) partenaire(s) se le partagent. Plus la production du
gisement en association est grande, moins la part du partenaire est importante. En l'occurrence, sur un
gisement de 1 milliard de barils pour une production de 100000 barils/jour (5 millions de tonnes/an) sur un
contrat de 15 ans, le partenaire étranger ne peut prendre plus de 28% de la production y compris
l'amortissement de l'investissement. L'Etat algérien prend dans tous les cas de figure 55% et Sonatrach le
reste, c'est à dire 17%. Avec ce nouveau partenariat dit de partage de la production, Sonatrach compte
attirer les investissements étrangers en les faisant participer au financement des opérations à mener par un
apport de fonds frais avec en plus le partage du risque qu'assumait jusque là la seule société nationale.
Seuls les titres miniers demeurent la propriété inaliénable de Sonatrach ainsi que les installations financées
par le partenaire. La nouvelle loi abolit toute forme de contrat de gré à gré et ce, afin de mettre tous les
investisseurs sur le même pied d'égalité qui doivent répondre aux avis d'appel d'offres émis par Sonatrach.
Le cahier des charges inclut également l'acquittement par le partenaire d'un droit d'entrée pour les
gisements découverts et non encore exploités.

TEXTILES.- Fleuron de l'industrie nationale, le complexe textile de Draa Ben Khedda, le plus grand
d'Afrique, a été frappé de plein fouet par la libéralisation du commerce extérieur. Dans le plan de
redressement interne, il est fait état de dysfonctionnements liés à l'ouverture brutale du marché. Les
dégraissages successifs des effectifs, ramenés de 5000 à 2200, n'ont pas réussi à placer l'entreprise sur
l'orbite de la rentabilité économique. Des millions de mètres linéaires de tissus sont stockées. Des centaines
de métiers à tisser sont mis à l'arrêt, sous prétexte que "la petite laize ne se vend pas". La mise à l'arrêt
des ateliers de production a enfoncé l'entreprise dans l'inactivité. L'absence de mesures efficientes sur le
plan organisationnel et les anciennes méthodes de gestion font face à un changement de l'environnement
économique amorcé par les réformes et la mise en oeuvre du plan d'ajustement structurel.

LE PRODUIT INUSTRIEL

ARTISANAT.- L'organisation inconséquente de ses activités jointe à la modicité de l'effort de


l'investissement qui lui est consacré font que ce secteur continue d'évoluer en marge de l'économie.
L'information n'est pas précise sur son étendue, son importance dans la production intérieure brute, sur sa
réelle contribution en gain de devises, ni sur ses besoins. Selon les statistiques du ministère de l'industrie,
l'effectif des artisans était de 130.000 en 1994. L'Office national des statistiques avait donné le chiffre de
151.700 artisans. En fait, cette composante de la population active est plus importante aujourd'hui. Un
recensement est attendu pour connaître la nature précise de ses activités, la taille des unités, la dimension
de l'artisanat urbain par rapport à l'artisanat rural à plus forte raison sur le sexe, l'âge et le niveau de
formation des artisans. Si ce chiffre qui représente 4% de la population active, l'artisanat traditionnel de
production occuperait 66.000 artisans soit 36%, tandis que l'artisanat de services emploierait 116.000 soit
64%.
Le secteur de l'artisanat avait souffert de l'approvisionnement en matières premières, en pièces de
rechange, en équipements et outillage. Les programmes préconisés par le passé, les modes
organisationnels, les mesures et les textes n'ont pas été à la hauteur des espérances des artisans, malgré
la série d'exonérations et d'allègements fiscaux susceptibles d'améliorer le sort de ce secteur. Les
chambres d'artisanat et des métiers reconsidérées dans leur mission d'encadrement et les récentes
directions sectorielles de wilayas pour la prise en charge des problèmes, disposent de moyens insuffisants à
même de gérer la promotion économique de la profession pour qu'elle s'imprègne d'un meilleur dynamisme.
La priorité accordée à la grande industrie avait relégué l'artisanat au second plan des priorités. Au delà de
la formalité d'enregistrement, aucune évaluation n'est faite sur la qualité et la valeur du travail des artisans
dans les différents corps de métiers car les instances de base ne disposent pas de compétences dans le
domaine, capables d'orienter et d'assister techniquement les artisans. Les agents chargés du
développement de ce secteur ne sont pas en mesure d'accumuler le savoir-faire utile à l'action. La
documentation déjà pauvre se trouve éparpillée et délestée de documents, études et dossiers utiles (à sa
connaissance) pour garantir la meilleure insertion de l'artisanat dans la politique de développement du pays.
Les 20 chambres d'artisanat qui couvrent l'ensemble des wilayas du pays devraient jouer un rôle important

413
d'animation et de soutien des activités de l'artisanat. Des actions positives sont menées pour regrouper
certains artisans au sein de coopératives et d'associations. Les directions sectorielles de wilayas doivent
suivre l'évolution des activités, impulser et orienter les structures d'encadrement pour répondre aux besoins
des corps de métiers aux fins d'intégration dans le marché local. Au niveau central, le département
ministériel de l'artisanat, veillant à son orientation et à sa promotion doit être chargé, entre autres, des
études et de la recherche, d'assistance technique dans les domaines technologique, administratif, juridique,
commercial et financier. La constitution d'une banque de données serait d'un apport précieux pour un
encadrement efficace du secteur. Toutes ces structures spécifiques doivent jouer un rôle de sauvegarde
de ce secteur. Les artisans constituent une catégorie sociale de producteurs qui ne sont ni des capitalistes
ni des prolétaires, et à plus forte raison, assimilés aux commerçants ou industriels et leurs intérêts et
problèmes spécifiques méritent d'être défendus par une association professionnelle motivée et
représentative de toutes les corporations. La situation de l'artisanat algérien se rattache à cinq points
dominants qui bloquaient son évolution et sa dynamique d'"entreprise de production", de l'emploi, de la
formation à la qualification, de technologie et d'innovation. L'artisanat souffre d'actions qui nécessitent de
gros investissements ou un appel au FMI avec son plan d'aménagement structurel (PAS). Ses problèmes
portent sur :
◘ le manque ou la faiblesse de structures organisationnelles appropriées de promotion;
◘ l'absence ou la faiblesse des débouchés;
◘ l'absence ou la faiblesse de la formation professionnelle;
◘ l'absence ou la faiblesse de crédits et les problèmes de fiscalité mal adaptée;
◘ la mauvaise situation sociale des artisans;
◘ les activités disparues ou en voie de disparition à réhabiliter et à sauvegarder.
L'artisanat n'est pas l'allié "congénital" du tourisme mais l'allié de tous les secteurs dont l'agriculture qui
lui a donné naissance historiquement. Il constitue une force d'appui et la pierre angulaire de leur
développement ainsi que de la culture et du commerce noble. Le secteur artisanal a beaucoup de difficultés
à faire valoir son importance culturelle et économique. Pourtant, la richesse, l'originalité et le raffinement
qui caractérisent la plupart de ses produits artisanaux sont incontestables. Cependant, dans certaines
régions du pays, l'artisanat existe à peine. Les contraintes l'emportent souvent sur les ambitions. Les
artisans se plaignent en particulier de la chèreté de la matière première, et de la lourde taxation. C'est par
cela qu'ils justifient la hausse des prix de leurs produits.

ENERGIE DOMESTIQUE.- Les administrations et les entreprises publiques mauvais payeurs : La Société de
distribution d’Alger (SDA), filiale de Sonelgaz, a indiqué que les factures non honorées ont atteint 10
milliards de dinars. Les particuliers ne sont pas les plus mauvais payeurs, mais plutôt les administrations et
les entreprises publiques. Selon le PDG de SDA, Merouane Chabane, les factures impayées par ces
dernières représente 70% de l'ensemble. Si la démarche est claire pour ce qui est des particuliers, avec
proposition d’un échéancier avant toute coupure, les choses sont plus compliquées avec les administrations
et entreprises publiques. Sonelgaz ne peut pas s’aventurer, par exemple, à couper l’électricité à une APC,
même si cela a déjà été pratiqué comme ce fut le cas avec celle d'Aïn Bénian, à Alger, restée plusieurs
semaines dans le noir. M. Chabane a déclaré, à cet effet, que «des discussions ont été menées avec les
responsables de ces collectivités qui ont affiché leur volonté de payer». En plus des administrations locales,
des ministères, différentes directions nationales et sièges sociaux 'entreprises publiques posent également
problème. Les créances globales de l’entreprise s’élève à 62,5 milliards de dinars (6250 milliards de
centimes). Contrairement à la capitale, au niveau national, la différence entre les parts des créances des
particuliers et celles des administrations et entreprises publiques n’est pas aussi considérable.
►Suite à la hausse des températures observée au nord du pays, l'Opérateur du Système Electrique a
enregistré, mardi 11 Juillet 2017, un record en termes de puissance électrique appelée sur le réseau
national de 13 227 MW à 15h30. Cet appel de puissance dépasse de 330 MW la demande maximale de l’été
2016 enregistrée le 1er Août de la même année, correspondant à une hausse de plus de 3 %. Une autre
pointe de 12 981 MW a été également enregistrée le soir du 11 juillet 2017 à 22h15. Cette demande appelée
est en hausse de 5,1% comparée à la demande maximale enregistrée la soirée du 31 juillet 2016. Par
ailleurs, la consommation électrique étant fortement liée à la hausse des températures, il est à signaler que
de nouvelles pointes de consommation électrique sont attendues durant cet été. Toutefois, des dispositions
ont été prises pour faire face à ce genre de situations, notamment avec les mises en service de nouveaux
ouvrages de production, de transport et de distribution de l’électricité. Néanmoins, la modération dans la
consommation de l'énergie électrique est fortement conseillée, particulièrement entre 13h00mn et 16h00mn
et entre 20h00mn et 23h00mn.
► Le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, a déclaré, lors de la conférence sur l’efficacité énergétique
dans les Collectivités locales, que : « 80% de l’énergie produite est consommée au niveau des Collectivités
locales ». Et le plus gros de cette consommation va vers l’éclairage public qui représente un taux de 77%. «
La facture de l’éclairage public au niveau des Collectivités locales, à travers tout le territoire national,
s’élève annuellement à 13 milliards de dinars alors que les créances non payées sont estimées de 4,8
milliards de dinars », a indiqué Nahla Kheddadj, Sous directrice au ministère de l’Intérieur. Rares sont les
responsables locaux qui sont « préoccupés » par le gaspillage de l’électricité dans les bâtiments publics, les
écoles, mosquées… .

GAZ DE PETROLE LIQUEFIE .- Rétrospective  : L'utilisation du GPL comme carburant automobile est
d'apparition relativement récente- ce n'est qu'en 1983 que la législation algérienne a autorisé la
bicarburation (essence-GPL), les véhicules pouvant être équipés pour rouler alternativement à l'essence et
au GPL. Le programme de développement du GPL lancé par les pouvoirs publics à partir de 1983 visait la
conversion en 10 ans de 100.000 véhicules et la réalisation de près de 300 stations de GPL. Il s'agissait de
414
favoriser une utilisation rationnelle des différentes sources d'énergie disponibles, dégager des quantités
supplémentaires exportables pour l'essence et réduire la pollution automobile. Plusieurs actions au plan de
la réglementation et de l'implantation de la logistique nécessaire au fonctionnement des véhicules au GPL-
Carburant ont été lancées. C'est ainsi qu'on a importé les équipements nécessaires à la conversion, qu'on a
réalisé des points de distribution spécialement équipés. D'autres mesures relatives à la fixation des prix à la
conversion prioritaire de la flotte du secteur public ont été prises. Les résultats obtenus apparaissent très
maigres par rapport aux ambitions affichées au départ. Ainsi au 30 juin 1997, les réalisations par les
moyens propres de la société Naftal sont les suivantes : 136 stations pour une capacité totale de 1804 m3,
42 ateliers de conversion implantés dans 40 wilayas, plus de 33.500 véhicules convertis constituant le parc.
Les facteurs ayant freiné le développement du Sirghaz (GPL-carburant) sont multiples. On relève les coûts
d'investissements de plus en plus élevés en matière de réalisation des stations de distribution. Le coût
d'une station équipements complets revient à 3.500.000 dinars en 1996. Les kits de conversion sont
importés et avec la crise de la dette, on a constaté une rupture totale en réservoirs et robinetterie. D'autre
part, le service après-vente était inexistant alors que les capacités de conversion étaient très faibles. Le
coût de la conversion avait tendance à augmenter en raison de la hausse des droits de douane sur le kit
GPL qui sont passés de 15% en 1996 à 45% en 1997. Ceci a eu un impact négatif sur les demandes
d'installation de GPL-C notamment au niveau des taxis urbains qui éprouvent des difficultés financières. En
dépit de ces contraintes, la demande en matière de conversion au GPL-C se manifeste avec vigueur comme
l'a constaté la société privée Ghazal dont le démarrage a mis en évidence l'existence de cette demande
potentielle. En 1996 avec un seul centre de conversion d'une superficie totale de 250 m2, la part de la
société Ghazal dans le nombre total de véhicules convertis au niveau national a été de 41%. Cet
engouement pour le GPL-C s'explique par avant tout par les économies qu'il procure. Les augmentations
successives du prix de l'essence ont creusé l'écart de prix entre l'essence et le GPL, ce qui a amené la
clientèle à se tourner vers ce type de carburant en particulier les automobilistes qui roulent beaucoup (taxis,
flotte des administrations et sociétés,...). Le coût de la conversion peut être rapidement amorti par les
professionnels de la route et il est sensiblement inférieur au surcoût d'un moteur diesel par rapport à un
modèle équivalent à essence. La demande de conversion est évaluée autour de 25.000 véhicules/an pour un
parc national de 1.500.000 véhicules en 1996. et qui serait de 1.800.000 en l'an 2000. Le réseau de
distribution du GPL-C, point faible de l'activité, est appelé à être étoffé. Le nombre de stations passera de
130 à 250 en l'an 2000 avec un doublement des capacités. Beaucoup d'automobilistes, intéressés par le
GPL pour ses garanties de fiabilité, refusaient de convertir leurs véhicules à cause de la contrainte du
manque de stations de distribution qui obligeait les automobilistes à perdre beaucoup de temps pour
faire leur plein de réservoir. □ YEZGA Tahar (1997)

JOUET.- En Algérie, où la population est à 75% jeune et où les moins de 15 ans représentent la moitié de
la population, la fabrication et l'utilisation du jouet n'ont jamais été sérieusement prises en charge par les
pouvoirs publics. Pourtant, tous les spécialistes et psychopédagogues sont unanimes à reconnaitre le bien-
fondé des méthodes d'éducation ludique chez l'enfant. Cette méthode est d'autant plus importante qu'elle
se fonde sur la spécificité même de l'enfant. Le jouet constitue, en effet, pour lui pratiquement le seul
moyen de distraction et de divertissement et ce très tôt dans sa vie. Qu'il soit traditionnel ou moderne, le
jouet chez l'enfant algérien a toujours fait partie de sa culture et de celle de ses parents quelle que soit la
catégorie sociale dans laquelle il évolue. Dans cet ordre d'idées, il est indéniable de constater que
l'industrie du jouet en Algérie est une activité née d'une exploitation mercantile. L'absence de concurrence
et d'une gamme variée de choix, pousse les parents aisés à se tourner vers l'importation aux dépens des
mauvais articles fabriqués localement. Aujourd'hui, il y a très peu de fabricants de jouet identifiés comme
tels (les établissements privés HABOUR à Oran, IDIR à Alger, et l'entreprise publique DEGIMAS à Staouéli).
Il y en avait un peu plus d'une vingtaine, dont la moitié a cessé d'activer. Le reste sont des fabricants de
plastique qui consacrent une petite quantité de matière pour fabriquer des jouets. Ils possèdent quelques
moules faciles à monter et à démonter et complètent ainsi leur série de produits. Ceux qui ont le jouet
comme activité secondaire et qui sont les transformateurs de plastique, dont le plus important est l'ENPC
de Sétif qui a cessé de produire des jouets, fabriquent la majorité des jouets qui se vendent sur le marché
national.
En privilégiant l'accessoire sur l'essentiel, le préjugé a maintenu la fabrication du jouet au stade d'industrie
naissante. Celle-ci doit être encouragée parce que le jouet en plus de son rôle éducatif ludique, peut
constituer un créneau de production pour l'industrie et un potentiel d'exportation. En se conformant aux
exigences de sécurité et qualité, le producteur doit s'engager à garantir le fonctionnement du produit qu'il
vend pour l'usage pour lequel il a été conçu. La non disponibilité du jouet peut être considéré comme un
problème économique et politique, puisqu'il est l'instrument privilégié, en matière d'éducation. Cependant,
les pouvoirs publics, ne lui accordant pas une priorité, doivent se pencher sur ce problème en optant soit
pour la mise en place d'une industrie nationale soit en apportant un soutien effectif au secteur privé voulant
se lancer dans cette branche. Ce qui importe pour l'instant, c'est la mise au service de l'éducation et de
l'enfance de tous les développements scientifiques et psychologiques réalisés à travers les années.
Actuellement, les centres de psycho-pédagogie où les crèches éprouvent un manque sensible en matière de
jouets.

PLASTIQUES ET CAOUTCHOUC.- Avec 19 unités de production de produits plastiques et une unité de


traitement du caoutchouc, cette industrie importe plus de 80% de ses matières premières et se heurte à des
difficultés en approvisionnements qui ne lui permettent d'amortir son important outil de production qu'à
hauteur de 40 à 45%. La tendance aujourd'hui est au développement de partenariat pour la fabrication de
polystyrène expansé, la construction d'embarcations de pêche et de loisirs en fibres de verre, et de tubes
hydrocarbures et produits chimiques à partir ou en complément des installations existantes.

415
VERRE/CERAMIQUE .- L'industrie du verre doit connaître un essor important. Particulièrement intégrée, car
le sable, la dolomie, le calcaire, le feldspath et aussi le gaz naturel, largement disponibles en Algérie, son
développement accuse un certain retard. La production de verre ne couvre que 40% de la demande
nationale. Des perspectives de développement, notamment en produits élaborés (optique, matériel de
laboratoire,...) pourrait permettre la promotion d'un secteur privé encore marginal.Tout comme le verre, les
activités de céramique du fait de leur très forte intégration (90% des matériaux utilisés sont d'origine
locale) tardent à connaître des développements rapides. Les activités en production de céramiques
sanitaires et carreaux, et céramique-vaisselle présentent d'importants créneaux à combler et diverses
perspectives d'investissement.

LE DEVELOPPEMENT INDUSTIEL

DECROISSANCE.- La valeur ajoutée industrielle a été évaluée à 975,7 milliards de DA en 2016 contre
904,6milliards de DA en 2015, soit une hausse nominale de 7,4%. Il faut relever que le secteur industriel
dans l’économie voit sa part dans l’économie rétrécir. En 2016, la part de l’industrie dans le PIB n’est que
de 5,6% alors qu’elle était de plus de 9,4% en 2009.
Graphe : Evolution du taux d’accroissement en volume (en %) de la Valeur Ajoutée des industries sur
la période 2007-2016.

►Rétrospective  : Il est observé ces dernières années, une baisse globale de la production industrielle
algérienne. Pour l'année 1997, la décroissance a été de 7,2% ; celle des industries mécaniques a atteint -
27,6 %. La contrainte majeure de cette branche est liée à la contraction de la demande nationale, en
particulier pour les véhicules industriels qui subissent une très forte concurrence pour les produits importés.
Les industries sidérurgiques et métallurgiques ont accusé une baisse de 17,6%, imputable à l'arrêt du
haut fourneau n°2 du complexe sidérurgique d'El Hadjar (qui sera rétabli en 1999) . Un léger recul est
observé dans les textiles et cuirs grâce à un relatif redressement de la filière textiles. La production de
chaussures a augmenté de 12% avec un taux de 12% de réalisation annuel de 80 %. La branche
Pharmacie-chimie-engrais enregistre une croissance de 9,7%.
L'indice de production par branche n'augure pas un fléchissement de la décroissance, encore moins d'une
relance des activités industrielles. La production mécanique-métallurgique a baissé de 27,6%. Les facteurs
qui y ont contribué sont notamment liés à la régression de la demande des secteurs en aval, tels que le BTP
en régression persistante ainsi que l'agriculture en raison de la sécheresse qui a sévi en 1996-1997. La
branche électrique-électronique marque également un recul de 5,7 %. L'agro-alimentaire a baissé de
3%, les matériaux de construction et verre de 5,6%, le bois et le papier de 3,1%. La baisse a atteint la
production valorisée avec 2% par rapport à 1996 pour un montant de 290,6 milliards de dinars en 1997 alors
qu'il était, en 1996 de 296,8 milliards de dinars. Entre -7,2% de la production en flux physiques et -2% en
valeur, il est relevé un écart de - 5,2% représentant l'inflation générée par les divers relèvements des prix
des produits industriels durant l'année 1997. Un niveau d'inflation jugé légèrement inférieur à la moyenne
nationale du secteur industriel hors hydrocarbures estimé à - 7,6%. Les contraintes rencontrées par les
entreprises contribuent largement à cette décroissance. On énumère l'inadéquation entre l'offre et la
demande, la crise du BTPH, la sécheresse, des contraintes liées à l'approvisionnement de l'outil de
production, les problèmes de maintenance et les difficultés financières. Le secteur industriel a réalisé en
1997 un chiffre d'affaires de 356 milliards de dinars contre 366 milliards en 1996 soit une régression de 3%.
Le secteur productif a enregistré une baisse de 4% en intervenant pour un montant de 299 milliards de
dinars en 1997 contre 312 en 1996. Quant à la valeur ajoutée, elle a augmenté de 3% par rapport à 1996,
passant de 135 milliards de dinars à 140 milliards de dinars. Cependant, en tenant compte du niveau
d'inflation des prix à la production qui est de 5,2%, la valeur ajoutée marque une baisse de 2,2%. Ainsi, le
ratio de valeur ajoutée / chiffre d'affaires est passé de 37% en 1996 à 1997. Le secteur industriel enregistre
des compressions d'effectifs, engendrant une perte d'emplois de 48.908 postes de travail. Cela a impliqué
une baisse en frais de personnel, passant de 55,7 milliards de dinars à 51,2 milliards de dinars soit 8%. Le
secteur a aussi vu ses stocks de produits finis baisser à 30 milliards de dinars contre 40 en 1996 et ceux
de matières premières de 63 milliards de dinars contre 77 la même année. Le découvert bancaire de
l'industrie a, selon les données du ministère, sensiblement baissé en passant de 74 milliards de dinars à 29
milliards de dinars en 1997.□

ESPACE / INDUSTRIE.- Deux types de périmètres industriels ont été réservés au développement industriel :
■ 66 espaces nécessaires à la grosse industrie, "les zones industrielles, dont la taille dépasse le plus
416
souvent les 50 ha.
■ 337 espaces de taille moyenne ou réduite, "les zones d'activités", espaces appropriés pour la pme-pmi.
En 1999, les superficies viabilisées et disponibles à travers le territoire sont de 2.500 ha en zones
industrielles et de 4000 ha en zones d'activité. Soit un total de 6500 ha. La gestion des zones industrielles
est confiée par les collectivités locales à des entreprises de gestion de zone industrielle (EGZI). Celle des
zones d'activité est confiée à des offices de gestion de zones d'activité (OGZA). Le prix de cession du m2
de terrain viabilisé est variable selon les régions et les sous-régions géographiques. En 1992, il variait de
40 à plus de 200 DA en zone industrielle et de 50 à 800 DA en zone d'activité.

FONCIER INDUSTRIEL.- La gestion du foncier industriel en Algérie a connu une série de réformes et de
promulgation de textes législatifs que ce soit en ce qui concerne le mode d’accès ou l’organisation de
l’activité industrielle La gestion du foncier qu’il soit public ou privé, destiné à l’industrie, au tourisme, à
l’agriculture, aux infrastructures …) souffre d’un passé chargé de préjugés et traîne un lourd héritage qu’il
n’est pas facile d’assainir. Par ailleurs, concernant les zones industrielles, leur gestion peut être qualifiée
de déficiente. Ces zones sont régies par un grand nombre de textes qui multiple les intervenants sans
pouvoir de décision réel. Aussi, le foncier reste otage de la multitude d’organismes et institutions qui se sont
surajoutés au fil du temps, pour gérer ce patrimoine du foncier industriel compliquant par la même occasion
l’accès aux investisseurs potentiels. Un autre constat peut être fait : certaines zones industrielles et
d’activités, bien que viabilisées, ne sont pas totalement occupées malgré les attributions de terrains, ce qui
dénote d’éventuelles pratiques spéculatives. Malgré la rareté des assiettes foncières décriées par les
investisseurs, un paradoxe est constaté car on compte plus de 11.000 lots de terrains à l’échelle nationale
destinée à l’activité industrielle qui cherchent preneurs (2013).
♦ Comparaison entre prix du bien public et privé  : Le graphique suivant nous permet de mieux visualiser ces
différences de prix entre des biens cédés par le secteur public et les biens cédés entre particuliers.

En général, les prix moyens des biens fonciers et immobiliers privés sont plus élevés que ceux des biens
publics. Cette différence fluctue entre 1.000 DA et 3500 DA, a l’exception d’Oran où cet écart est évalué à
12500 DA. Concernant la wilaya de Naâma on ne peut pas faire la comparaison à cause de manque
d’hétérogénéité (bien public lot bâti, bien privé terrain nu), mais cette wilaya ne connait pas une forte
demande sur le foncier industriel. En termes de proportion, l’écart le plus significatif entre prix publics et
prix privés est enregistré dans la wilaya de Saida soit 145% suivie par la wilaya d’Oran avec 78%. La wilaya
d’Oran qui se caractérise par une certaine dynamique de création d’entreprises industrielles, donc une
assez forte demande justifie cette différence entre prix du bien public et prix du bien privé, ce qui n’est pas
le cas pour la wilaya de Saida et il faut chercher les causes ailleurs.
► La compréhension du fonctionnement du marché foncier et des modalités d’accès surtout au foncier
industriel :.De l’exposé des théories qui sous-tendent cette notion de foncier et des caractéristiques du
fonctionnement des marchés immobiliers en général et surtout des déterminants des prix sur ces marchés,
nous avons déduit que les prix du foncier sont en fait le résultat de multiples facteurs tant économiques,
sociaux qu’institutionnels. On retiendra concernant le marché du foncier industriel en Algérie que :
♦ Le fonctionnement de ce marché est le produit de nombreux arbitrages politiques mis en œuvre à travers
les différents outils de l’action publique : urbanisme réglementaires, politiques urbaines locales, fiscalité
foncière, etc....
♦ Ce marché souffre de dysfonctionnement révélé par un déséquilibre réel entre l’offre et la demande en
foncier. Dans les grandes agglomérations chef-lieu de wilaya c’est la saturation et en dehors c’est
l’insuffisance de la demande notamment dans les régions du Sud du pays.
♦ Les prix du foncier industriel (bâti ou terrain nu) fluctuent en fonction de la situation géographique et des

417
facteurs classiques d’attractivité (disponibilité des infrastructures de transport (routes, aéroports),
administrations, infrastructures socio-économiques …etc.
♦ Le prix est aussi fonction de la « rente foncière » qui varie selon la localisation, l’environnement, le type
d’occupation du terrain et la pression de la demande. C’est la valeur d’usage du terrain qui en oriente le
prix.
♦ La procédure de concessions des biens fonciers industriels par la vente aux enchères publiques est
contestable. En effet, ces biens destinés à des investissements industriels, seront ouverts à la concurrence.
Par conséquent, des soumissionnaires de tout bord peuvent postuler à l’achat de ces biens aussi bien, des
chefs d’entreprises que des porteurs de projets. Dans cette situation, L’Etat va-t-il accorder le terrain au
plus offrant, au meilleur projet ou au projet qui sera tourné vers l’exportation ? la règle adoptée est celle du
plus offrant et ce n’est pas toujours les investisseurs qui offriront le plus car ils ne peuvent placer tout leur
capital dans l’assiette foncière.
♦ Des comportements spéculatifs sont observés. En effet, la croissance incessante du marché incite des
propriétaires à conserver leur bien, tant que ceux-ci continuent de gagner de la valeur et à vouloir les
vendre à un niveau de prix souvent déconnecté de sa qualité réelle. Parallèlement, les acheteurs
(investisseurs) persuadés que la hausse va se poursuivre, cherchent à accéder rapidement à ces biens et
accentue la pression sur la demande. On assiste donc a un phénomène d’auto-entretien de la hausse des
prix. En conclusion, alors que le coût du foncier ne dépasse pas 10% du coût de l’investissement global
dans les autres pays méditerranéens (Maroc, Tunisie…), en Algérie ce coût est au moins de 30%.
L’investisseur a besoin de sommes colossales uniquement pour acquérir un foncier, avant même de
commencer son projet. Nous sommes donc, en présence d’un marché peu transparent et hautement
spéculatif. Les conditions de réalisation de l’offre et de la demande mènent à des prix irrationnels qui
découragent l’investisseur. Ces prix se forment sur la base d’une demande dont la nature et le
comportement en appelle à une réforme profonde des règles régissant ce marché. Les pouvoirs publics
doivent s’appuient sur des stratégies foncières devant permettre de réguler la spéculation foncière et de
répondre aux besoins croissants des investisseurs tout en préservant les ressources foncières et naturelles.
Au terme d’enquête de terrain, nous proposons qu’il y ait :
□ Des opérations d'assainissement du foncier industriel pour exclure les "faux investisseurs" qui ont
bénéficié d'assiettes sans concrétiser leurs projets.
□ Des efforts pour encourager davantage les porteurs de projet à s’installer dans les régions de l’intérieur
du pays en leur proposant notamment des avantages tels que des abattements sur les prix du foncier
industriel et l’exonération d’impôts.
□ Des opérations d’aménagement pour améliorer l’attractivité de certaines zones et pourquoi pas les
étendre ou en créer d’autres comme c’est prévu dans le programme des nouvelles zones industrielles. .◙
TALHA Mokhtar (2013)

PME-PMI.- Véritable gisement de sous-traitance, elle s'avère un instrument idéal d'intégration verticale
touchant tous les secteurs et branches d'activités. Longtemps négligée, la PME algérienne ne représente à
présent que 10% de la valeur ajoutée industrielle et 25% de l'emploi industriel. L'épanouissement de ce
secteur est devenu inévitable, maintenant qu'est encouragée la création de sociétés mixtes à capitaux
algériens ou en association directe avec les investisseurs étrangers, appelées à fournir l'appareil productif
en semi-produits et matières premières indispensables, mais qu'il est difficile d'importer, étant donné la
crise financière que traverse le pays.
La restructuration industrielle accélérera l'émergence des PME-PMI, pièce maitresse dans le processus de
relance, et d'une façon générale, du développement. A ce sujet, il importe de souligner que l'initiative privée
dans la création des richesses mérite un traitement plus large, notamment aux plans juridique, financier,
social, et technologique. Bien que porteuses d'un très grand potentiel de développement, les PME-PMI
risquent de rester des entités très fragiles, sans des formes de soutien et de promotion appropriées par les
pouvoirs publics, le système financier et fiscal ainsi que les services d'appui à l'industrie. Les actions
préconisées porteraient, essentiellement, sur :
► la récupération rapide des capacités de production non utilisées (sous-traitance, essaimage, partenariat
national et/ou étranger),
► le développement de filières et/ou branches dans le cadre d'une stratégie industrielle globale et
totalement rénovée s'appuyant essentiellement sur les créneaux prioritaires et/ou à promouvoir, notamment
:
● les industries de valorisation du potentiel minier, encore insuffisamment exploré ou à perspectives
durables, dont bien évidemment les hydrocarbures mais aussi la filière des phosphates, fer, sel et autres
substances,
● l'agro-alimentaire,
● les matériaux de construction,
● l'industrie pharmaceutique,
● la récupération et le recyclage des matières (véritable gisement de biens économiques).
Ces actions pourraient impulser également le développement de créneaux nouveaux tels :
◘ la biotechnologie,
◘ les énergies renouvelables,
◘ l'information et la communication,
◘ les laboratoires d'essais,
◘ les banques de données ,... ,
◘ et également la promotion d'activités nouvelles d'exportation utilisant les avantages comparatifs propres
qu'il s'agira de transformer en avantages compétitifs , ainsi que la mise en place des instruments

418
favorisant l'exportation (crédits, assurances, système bancaire, réglementation douanière, suivi des risques
pays, laboratoires d'essais et de certification de qualité et d'origine).
□ Observation *  :Malgré l’importance des PME dans le tissu économique, malgré la création d’un   ministère
chargé des PME au niveau national et des dispositifs chargés du  financement des PME (ANSEJ, ANDI …),
bon nombre de ces entreprises souffrent d’un accès limité au financement qui contraint leur émergence ainsi
que leur  développement ultérieur. Les PME souffrent donc   d’une méfiance des institutions financières
formelles et des dispositifs ; ce qui pourraient justifier leur recours massif et régulier à l’autofinancement et
aux associations informelles d’épargne et de crédit, les tontines(…) (Fourner, 1992).  Ces PME sont presque
obligées de recourir aux fonds propres en fonction des risques qu’elles  courent et du coût des fonds
empruntés qu’elle doivent supportés. La solution à  ces problèmes passe par l’assainissement du cadre
macroéconomique et de  l’environnement des affaires dans lequel se déploient les PME algériennes.  Dans
cette perspective, il faudra restaurer la confiance des agents économiques  dans le secteur financier mais
aussi donner de bonnes incitations aux banques et  aux autres institutions financières. Il faudra donc aider
ces institutions et les banques à obtenir des fonds de long terme et moins chers afin qu’elles puissent  mieux
répondre aux besoins spécifiques des PME. La multiplication des  possibilités de crédit pour les PME fera
baisser sans nul doute le taux d’intérêt   et les incitera à ne plus recourir exclusivement aux fonds propres.
Ces quelques faits décrivent les contraintes de financement des PME et justifiraient amplement l’importance
d’une étude visant à élucider le  choix de leur structure financière. "Ces  investigations n’ont porté que sur
les PME formellement enregistrées et sur une taille d’échantillon réduite. Ce qui  limite la portée des
résultats et leur généralisation à l’ensemble des algériennes.  Nous n’avons pas eu accès aux données
comptables et aux états financiers des  PME pour des raisons de confidentialité, les PME étant  caractérisées
par une opacité informationnelle accrue. Par conséquent, certaines  variables (risque, la croissance, etc.) ont
été captées par des mesures subjectives  réduisant ainsi le niveau de précision recherchée. Des recherches
futures pourraient compléter et seraient focaliser fondamentalement sur les facteurs  incitant les PME à
solliciter les crédits financiers, etc." □
(*) MOUMOU Ouerdia, BOUZAR Chabha, "les déterminants de la structure financière des PME Algériennes",
revue des sciences économiques et de gestion et des sciences commerciales, n°15, 2016.

PRIVE / PUBLIC.- L'industrie algérienne est dominée par le secteur public qui comprend 129 grandes
entreprises employant 410.000 salariés. L'Etat a dépensé des centaines de milliards en devises
d'investissements pour ces entreprises ; mais, elles n'ont pu produire suffisamment pour rembourser les
emprunts qui ont servi à les financer.
A l'exception du secteur pétrolier, presque toutes ont subi des déficits énormes que l'Etat a été obligé de
supporter en grande partie. Le secteur public se caractérise par la mauvaise gestion, l'inefficience et
souvent l'insuffisance de sa production. Le secteur privé a été considéré avec méfiance pendant près de
trente ans. Les crédits et les autorisations d'importation lui étaient accordés avec parcimonie. Dans
l'industrie, environ 20.000 entreprises emploient 130.000 salariés soit, en moyenne, 10 salariés par
entreprise, contre 318 pour le secteur public. Le secteur privé opère surtout dans les textiles, travaux
publics, matériaux de construction et les industries alimentaires. Non seulement, il ne coûte rien à l'Etat,
mais il paye ses impôts.
Depuis qu'il est question de l'économie de marché, le manque de devises et la bureaucratie étouffent
progressivement les deux secteurs public et privé alors que l'instabilité politique n'encourage pas les
investisseurs étrangers à s'installer le pays. Les hausses des prix sont devenues une des tares de
l'économie du pays depuis leur libération depuis 9 ans. Elles ont été brutales, atteignant 60% par an pour
certains produits. Elles provenaient aussi bien du secteur public que du secteur privé. Elles sont aggravées
par la dépréciation du dinar, les droits de douanes et la fiscalité. Les fins de mois sont devenues durs pour
la majorité des citoyens. Malgré les erreurs de politique économique commises depuis l'indépendance et
celles qu'on continue à commettre, tout espoir de redressement n'est pas perdu. ◙

►Les formes d’implantation industrielle :


L’implantation industrielle dans la ville algérienne possédait plusieurs formes ; à l’intérieur des tissus
urbains, à leur périphérique ou dans des zones spécialement planifiées dites les zones industrielles se
trouvant dans de géantes complexes sous forme de pôles prés de grandes villes. L’implantation industrielle
dans les villes algériennes revient à l’époque coloniale dont il a té noté quelques implantations d’origine
précoloniale telle que ; les tapis du Tlemcen. En 1962, l’industrie algérienne, peu développée, est
essentiellement concentrée dans trois villes littorales : Alger (64% de l’emploi industriel), Oran et
Annaba.les autres villes n’ont généralement que quelques petites entreprises. Mais, dans tous les cas, les
usines sont intégrées au tissu urbain, ou implantées dans la périphérie urbaine immédiate, comme dans le
modèle européen.2
Après l’indépendance dans le cadre de la stratégie d’industrialisation, il a été installé de centaines d’usines
privées à l’intérieur des tissus urbains clairement dans les villes côtières, principalement dans la période
1967-1972. Après l’énorme extension urbaine connue par les villes algériennes, l’état a essayé de faire
sortir les anciennes usines de l’intérieur des villes à des zones planifiées et aménagées de tous les moyens
nécessaires au développement de l’industrie. Les nouvelles usines étaient installées hors du périmètre
urbain, à la périphérie des villes ou dans les zones rurales proches sous forme de zones industrielles sa
superficie change selon le type, l’importance de l’industrie et le volume d’investissement. Les grands pôles
industriels se sont localisés sous forme de complexe s’étendaient sur de grandes surfaces (Arzew sur 3000
hectares, Skikda 1200 hectares, Annaba 1700 hectares, Rouïba 800 hectares).elles sont de 25 km des
grandes villes liés par un réseau dense de moyens de transport et de télécommunication. Il y’avait environ
150 villes de tailles différentes caractérisées par l’implantation des industries et des zones industrielles.

419
Carte n° 01 : Les localisations industrielles en Algérie

Les reflets résultants de l’implantation industrielle : Cette politique d’industrialisation possède


plusieurs résultats négatifs sur les villes.
♦ L’évolution de l’utilisation du territoire par l’industrie : Selon le tableau ci-dessous, l’utilisation du
territoire par l’industrie en 1966 était 100 hectares, elle s’élevait à 12  862 hectares en 1977, puis à 21 819
hectares en 1983.

420
La période 1977-1983 : L’utilisation du territoire s’est poursuivie en atteignant 21.819,99 hectares en 1983
avec l’achèvement des plans quadriennaux. La période (1960-1983) vit l’apparition de 53 zones industrielles
réparties sur 114.000 hectares où chaque zone occupait entre 100 à 300 hectares en moyenne.
♦ la consommation des terres agricoles par l’industrie: L’exploitation des terres agricoles était liée à la
politique d’industrialisation qui avait transformé 12.000 hectares à travers le territoire national de terres à
bon rendement en zones industrielles telle que la zone industrielle de Skikda qui avait consommé environ
1200 hectares de terres agricoles à bon rendement parmi les stimulants de cette consommation était la
propriété domaniale de la majorité de terres qui ont été vendues à prix symboliques.
L’industrialisation a eu généralement des effets positifs dans le développement global  ; mais en l’absence
de planification d’étude d’impact approfondie, il en résultera des effets négatifs sur l’espace urbain dont ce
dernier ne peut pas supporter car générant beaucoup de problèmes.
♦ Les répercussions positives de l’industrialisation : L’implantation d’environ 5000 unités industrielles à
travers le territoire national, formant un tissu industriel dense et divers avait eu un effet important dans
l’élimination des déséquilibres régionaux et sa participation au développement du pays. Le parc national a
augmenté de plus de 1000 grandes unités industrielles, générant de nouvelles opportunités pour l’emploi à
421
travers la création de 620.000 postes et l’amélioration du niveau de vie. La réalisation de 5.6 milliards
dollars par les produits locaux industriels. L’industrie a couvert 40 % du besoin du marché national en
moyenne, cette dernière atteignant jusqu’à 80 % et 90 % dans les textiles. La contribution à l’augmentation
du niveau de vie des travailleurs par des salaires élevés et le bénéfice de prestations sociales (sécurité
sociale…etc.).
♦ Les répercussions négatives de l’industrialisation : La non-préparation de la société algérienne à cette
importante mutation industrielle a enregistré plusieurs effets négatifs, à savoir :
□ La difficulté de maitrise des technologies avancées a nécessité le recours aux experts étrangers dans le
domaine de maintenance.
□ Le non-achèvement de projets industriels dans les délais impartis (traduisant l’incapacité des entreprises
nationales dans leurs réalisations ce qui obligeait à faire appel à nouveau aux experts étrangers.
□ La non-réalisation de la complémentarité et de l’entrainement entre les différentes industries de base et
les industries petites et moyennes complémentaires.
□ L’aggravation d’ampleur de l’exode rural à chaque fois que les zones industrielles fournissaient de
nouveaux postes d’emplois.
□ La prolifèration de bidonvilles sur les terres agricoles due à des migrations successives de la population à
la recherche d’emplois.
□ La dépendance du produit industriel au marché extérieur et l’appui presque totalité sur l’exploitation d’un
seul produit : hydrocarbures.
□ L’augmentation du volume des dettes et la limitation du financement.
□ L’échec de l’industrie dans la concrétisation de ses projets planifiés, concernant la substitution des
exportations des hydrocarbures par les exportations d’autres industries, car 95 % des exportations du pays
proviennent toujours des hydrocarbures.
□ La régression du taux de main d’œuvre dans le secteur primaire de 50 % en 1967 à 23 % en 1995, en
revanche que le nombre des travailleurs a doublé à trois reprises conséquemment au choix du
développement qui avait priorisé l’industrie.
□ L’apparition de la crise de logement sous l’effet du déficit des villes à répondre aux besoins des immigrés,
car la part de l’investissement des logements ne dépassait pas 8 %  ; par contre l’industrie atteignait 45 %
dans les plans de développement.
□ L’augmentation de l’ampleur de conurbation du mouvement du trafic.
□ L’industrie affecte par ses polluants dégagés l’environnement et la santé de la population en polluant l’air,
les cours d’eau, les barrages et la façade maritime ; les établissements industriels rejettent annuellement
plus de 220 millions m² d’eau usée chargée par plus de 550 tonnes de DBO5  ; les eaux les plus polluées
sont celles du barrage Beni hattal à Kheda, des oueds de Tafna, Seybousse, Soumame et Chlef ainsi que
celles de la mer de la zone de Ghazaouet rejetant du zinc et du cadmium et de la zone d’Alger et de Skikda
rejetant du chlore, du sodium, du mercure et autres métaux lourds. Concernant la pollution atmosphérique,
la région du Nord-Est algérien vue sa forte densité d’industrie lourde, - l’industrie de sidérurgie (complexe
d’El-Hadjar), l’industrie d’Annaba, les unités de raffinerie des produits pétrochimiques dans la ville de
Skikda (la société des industries pétrochimiques ENIP)- est considérée comme une zone pilote dans le
projet de la surveillance de la pollution industrielle afin de diminuer l’impact de la pollution. ◙

PARTENARIAT PUBLIC/PRIVE.-Quel modèle pour le partenariat public/privé en Algérie ? Le partenariat


public-privé (PPP), encore largement embryonnaire en Algérie, doit aider en principe à devenir un outil
d’optimisation et de rationalisation de la dépense publique et contrairement aux discours des tenants de la
rente, à la lumière des expériences internationales, n’est pas toujours la panacée. L’objet de cette
contribution est de poser la problématique de l’efficacité du PPP afin d’éviter de perpétuer les erreurs du
passé.
1.- Nous avons dans la terminologie anglo-saxonne trois types de partenariats : les partenariats
institutionnels (création de sociétés à capitaux, publics et privés telles que les sociétés d’économie mixte ou
joint-ventures), les partenariats dans lesquels les entreprises privées conseillent les personnes publiques
pour la valorisation de leurs biens et les contrats de Private Finance Initiative (PFI) qui sont la forme la plus
répandue. Il s’agit de la différencier des délégations de service public qui sont des contrats par lesquels une
personne morale de droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un
délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l’exploitation du
service. Le cocontractant perçoit une rémunération mixte constituée d’une redevance fixe et d’un
intéressement qui est fonction de l’amélioration de la qualité du service, du niveau des économies réalisées
et du résultat financier de l’exploitation. Précisément le contrat de partenariat est un contrat à long terme
(de 10 à 35 ans ou plus) par lequel une personne publique attribue à une entreprise une mission globale de
conception, réalisation, financement ainsi que d’entretien, maintenance et/ou d’exploitation de l’ouvrage. Le
cocontractant est rémunéré par un paiement de la personne publique pendant toute la durée du contrat,
pouvant être liée à des objectifs de performance et intégrant l’amortissement des investissements initiaux.
Le contrat de partenariat diffère de la concession dans la mesure où le cocontractant est uniquement chargé
de l’exploitation et non de la gestion des ouvrages étant fondé sur une répartition optimale des risques : le
risque de trafic incombe à la personne publique, le cocontractant prenant en charge le risque de
construction et de performance. Comme il ne faudrait pas assimiler les PPP à la privatisation. Une
privatisation est la vente ou cession par l’État au secteur privé d’une partie ou de la totalité d’une entreprise
publique. Dans le cadre d’un PPP, l’État verse une somme au secteur privé en contrepartie de l’offre de
service et de la prise en charge éventuelle de la construction et de la gestion des infrastructures. La
privatisation suppose que le secteur privé soit le seul responsable d’assurer les services, alors qu’avec un
PPP, l’État conserve son rôle de responsable envers les citoyens et reste présent dans le projet étant donné
qu’il fait partie du contrat. Il est à noter que le 12e Symposium international 2013, qui s’est tenu le 26 mai
422
2013 à Alger a essayé de cerner l’opportunité de ces outils de gestion. La Banque Mondiale soutient
l’émergence d’un modèle basé, entre autres, sur l’adoption de Partenariat Public Privé (PPP). Défini comme
une entente contractuelle entre les pouvoirs publics et la sphère privée pour fournir des services
traditionnellement proposés par l’Etat, le PPP dans le secteur de l’eau par exemple en Algérie a été
règlementé par la nouvelle loi sur l’eau, promulguée en août 2005. Le Code de l’eau autorise le secteur
privé à participer en tant qu’opérateur d’une concession au développement du secteur (Loi de 1996
modifiant la loi de 1983, améliorée en 2005).
2.-D’une manière générale, les PPP présentent un certain nombre d’avantages qui peuvent leur permettre
d’optimiser le rapport coûts-résultats de l’intervention du secteur public dans le cadre des projets
d’infrastructure. Les PPP facilitent et encouragent en effet la mise en œuvre des projets dans les délais et
dans les limites du budget. Mais afin d’éviter les dépassements, de s’assurer que le partenaire privé livre et
à exploite les actifs du projet dans les délais, cela suppose la maîtrise des coûts est souvent et une
meilleure gouvernance. Cette réduction du coût des risques constitue le principal moyen d’optimiser le
rapport coûts-résultats du secteur public et, dans le cadre de PPP réussis, elle compense généralement
toute augmentation de coût résultant d’un financement par emprunts privés et non par emprunts publics. En
d’autres termes, le secteur public doit être en mesure de s’assurer que le prix qu’il paie au partenaire privé
au titre des investissements et des risques liés au projet correspond à un bon usage de l’argent des
contribuables ce qui n’est pas le cas souvent en Algérie où les surcouts surtout dans les infrastructures
pouvant varier entre 10 à 30% par rapport aux standards internationaux sont voilés par des transferts via la
rente des hydrocarbures. Ainsi, les PPP ne sont pas la panacée car la préparation des projets de type ppp
prenant généralement plus de temps que des passations de marchés classique en raison de leur complexité,
il est important de bien choisir les projets qui peuvent être effectués sous forme de ppp et de bénéficier de
conditions favorables qui incluent des acteurs publics et privés compétents et solvables et un cadre
macroéconomique et réglementaire stable. Cela renvoie à l’adaptation du cadre juridique. En Algérie, l’on
fait référence aux lois de finances 2009/2010 dont la généralisation de la règle des 49/51% sans distinguer
les secteurs stratégiques ou pas, l’Etat supportant tous les surcouts d’où la satisfaction de certains
opérateurs étrangers qui drainent des profits sans risques. Cette règle généralisée, où aucun bilan n’a été
fait à ce jour, se refugiant dans l’idéologie, repose sur l’aisance financière.
3.- Des dispositions légales et réglementaires doivent être prises ou adaptées pour permettre un
développement harmonieux de ces opérations, dans le respect des spécificités des opérations de partenariat
public-privé notamment dans la loi sur les marchés publics. Cette reconnaissance n’a pas pour effet de
sortir les opérations de partenariat de la réglementation sur les marchés publics, ni de créer une nouvelle
catégorie de commandes publiques. L’objectif est uniquement de réserver aux PPP un traitement juridique
différencié des autres marchés publics en raison des particularités de ce type d’opérations. Des actions
doivent être menées pour assurer la reconnaissance légale des PPP dont l’insertion d’un titre spécifique
dans la loi relative aux marchés publics. Ce nouveau titre regroupera toutes les dispositions applicables aux
marchés publics qui sont passés sous la forme d’un partenariat public-privé, dont notamment l’exigence pour
le pouvoir adjudicateur concerné de mener une évaluation préalable complète et positive de son projet de
PPP avant le lancement de la procédure, les règles spécifiques en matière de délai d’engagement et la
rédaction de clauses spécifiques du Cahier général des charges Le cadre juridique des PPP doit être
complété par l’adoption d’un cahier général des charges qui traitera des dispositions spécifiques applicables
à ce type de marché. Ces dispositions spécifiques porteront notamment sur les mécanismes de suivi et de
contrôle de l’opération, notamment le rôle du fonctionnaire dirigeant, sur les clauses de paiement, sur les
situations de force majeure, sur les pénalités, sur les cas de dissolution du contrat, sur les conséquences
d’éventuels changements législatifs devant miser sur la stabilité du contrat et éviter toute rétroactivité
contraire au droit international. Mais en dernier ressort le succès des PPP doit reposer sur l’organisation de
la transparence du dialogue. Il est essentiel d’organiser le dialogue dans des conditions de transparence et
de respect de l’égalité de traitement entre les entreprises participantes et ce par une information préalable
et la plus complète possible des entreprises participantes sur la manière dont le dialogue sera structuré:
l’objet et la portée précis du dialogue, la durée de la procédure, le nombre de réunions, leur caractère
éliminatoire ou non, l’acceptation de variantes, une information intermédiaire, après chaque réunion,
comportant une synthèse des principaux points traités de manière à s’assurer de la bonne compréhension
des parties lors des réunions de travail et enfin la rédaction d’un procès-verbal après chacune des étapes.
4.-Relation des expériences internationales du partenariat public en prenant une étude intéressante sur ce
sujet et dont je fais une brève synthèse, que dirige mon ami le professeur Jean Louis Guigou de l’IPIMED,
parue en date de février 2012. Et le futur plan de l’Union européenne 2016/2020, par l’assouplissement des
règles budgétaires, surtout après le Brixit britannique, va dans ce sens. Face à des besoins en
investissements de plus en plus importants et qui sont estimés par l’Union européenne à 300 milliards
d’euros d’investissement, d’ici 2030, et dans une conjoncture peu favorable où les budgets publics des Pays
du Sud et de l’Est de (Psem) sont contraints par la crise financière et économique, le recours par les
différents gouvernements de la région aux partenariats public-privé (PPP) est indispensable. Selon cette
étude, les projets d’infrastructures, sur les 13 pays de la région MENA de 1990 à 2008, sont estimés à plus
de 67 milliards de dollars où ont été investis dans 122 projets publics-privés : télécommunications, énergie,
transports et eau. Les marchés publics ne permettant plus de mener à bien tous les projets, cette alternative
semble nécessaire tant les dettes de certains États sont colossales. En théorie, les principaux avantages
découlant de l’utilisation des PPP résident dans l’optimisation du rapport coûts/résultats, la répartition des
risques entre l’autorité publique et l’opérateur privé, la conservation par l’entité publique du contrôle
stratégique du service, et enfin le gain à traiter avec un secteur privé expérimenté. L’intérêt pour un État ou
une collectivité locale est de «développer une infrastructure économique pour assurer le développement
d’un pays, tout en réduisant son emprunt et les risques associés». Cependant, ce recours croissant à
423
l’usage des PPP ne fait pas sans obstacles du fait que ce mode de financement et de gestion est
relativement nouveau dans la zone méditerranéenne. En effet, les cadres financiers et juridiques des PPP
sont différents d’un pays à l’autre et les projets susceptibles de faire l’objet de PPP ne sont pas clairement
identifiés. Enfin, le secteur privé local ne semble pas outillé pour accompagner des projets d’envergure.
Aussi pour les experts de l’EPIMED, le développement de tels mécanismes pourrait être favorisé à travers
notamment l’élaboration et l’adoption d’un cadre régional harmonisé de PPP qui reste encore à définir.
En résumé, sans une vision stratégique tenant compte tant du développement interne que des nouvelles
mutations mondiales, la notion de partenariat public/privé application souvent aux services collectifs, qui ne
peut être généralisée à tous les segments concurrentiels, aura une portée limitée. □ MEBTOUL A.
(maghrebemergent, 08.07.2016)

SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE .-L’importance de l’industrie agro-alimentaire apparait dans sa contribution


à la formation de la valeur ajoutée, dans la création de l’emploi, et dans les échanges commerciaux. Afin de
bien présenter cet aspect, nous allons suivre la contribution de ce secteur selon ces trois indicateurs.
♣ La part des IAA dans la production brute et la formation de la Valeur ajoutée  : En termes de richesses
nationales, les IAA contribuent à la formation du produit intérieur brut par la valeur ajoutée qu’elles
dégagent.
♦ Evolution de la valeur ajoutée de l’industrie agroalimentaire en Algérie  de 2007 à 2014.

Nous constatons, d’après les données du tableau et de la figure ci-dessus, une croissance continue de la
valeur ajoutée de l’IAA passant de 156083 million de DA en 2007 à 330696 millions DA en 2014. Avant de
présenter les chiffres de la valeur ajoutée et de la production brute par secteur d’activité nous allons donner
l’évolution de la répartition en (%) par secteur Juridique de la valeur ajoutée du secteur Industries
Agroalimentaires (voir tableau ci-après).
♦ Répartition (%) par secteur Juridique de la VA du secteur Industries Agroalimentaires  :

Le tableau ci-dessus montre que la valeur ajoutée réalisée par le secteur IAA est nettement dominée par le
secteur privé « 87,4 % pour le privé contre 12,6 % pour le public en 2014 ». Cette situation est le résultat
des réformes de libéralisation entreprises depuis le milieu des années 1990, qui ont modifié les structures
de l’offre à travers une reconfiguration du tissu industriel en faveur du secteur privé.

♣ La part des IAA dans la production brute  :


Afin de montrer le rôle et le poids de l’industrie agroalimentaire en Algérie dans l’activité économique
nous allons comparer la production brute et la VA de ce dernier aux autres Secteurs d’activité ainsi la
participation de chaque secteur juridique. (voir Tableau)

♦ Réalisations en production brute et en valeur ajoutée pour les différentes industries hors
hydrocarbures en 2014  :

424
Ce tableau montre que le secteur de l’industrie agroalimentaire est le premier secteur en termes de
production brute dans l’industrie de transformation hors hydrocarbure, avec une contribution de48, 7 % du
total des différentes industries.
♦ Création de la valeur ajoutée  : Dans l’ensemble des industries de transformation hors hydrocarbure, les
données du tableau ci-dessus montrent qu’en 2014, les IAA représentent 39,5 % de la somme des valeurs
ajoutées. Cette part place les IAA en première position en termes de valeur ajoutée, ce qui confirme une
autre fois l’importance de ce secteur sachant que la structure de la valeur ajoutée est l’un des meilleurs
critères permettant de situer l’importance de chaque secteur d’activité.
♦ Créations d’emplois  : La population occupée est estimée en 2015 à 10 594 000 personnes, soit un taux
d’occupation de 26,4%. Les femmes constituent un volume de 1 934 000 occupées, formant ainsi 18,3% de
la population occupée totale, Le tableau ci-après montre que l’agriculture et l'industrie emploient
respectivement 9,5 % et 12,6% de la main d’œuvre totale.

♦ Répartition de la population occupée selon les secteurs d’activité et le sexe  :

425
Ce tableau nous montre que la population occupée est concentrée dans le secteur du commerce et services, et que
l’industrie occupe la troisième place en termes d’emploi avec 12,6 % du total de la population occupée.Le secteur de l’industrie
est composé de plusieurs activités, le tableau suivant nous montre les parts de l’emploi par chaque activité en 2012.
♦ Parts de l’emploi pour les différentes activités industrielles hors-hydrocarbure :

♦ Représentation graphique des parts de l’emploi pour les différentes activités industrielles hors hydrocarbures :

L’industrie agroalimentaire occupe la deuxième partie en termes de création de l’emploi dans le secteur de l’industrie hors
hydrocarbure avec 19,8 % du total de l’emploi après. Les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et
électroniques « ISMMEE » qui comptent 34,7 % du total enregistré.
♣ Les échanges commerciaux dans le secteur agroalimentaire algérien : Le secteur agroalimentaire en Algérie est un
secteur déficitaire vu la dominance des importations dans les échanges extérieurs de ses produits. Le tableau suivant nous
montre les échanges des produits alimentaires et boisson pour les années 2013 et 2014
♦ Echanges extérieurs des aliments et boisson 2013/2014 :

426
D’après ce tableau, il est clair que les importations des produits alimentaires et boissons dépassent largement les exportations
créant ainsi un important déficit de 9178 »millions de dollars US pour l’année 2013 et un déficit de 10682 »millions de dollars US
pour l’année 2014.

♦ La contribution au développement des exportations : L’Algérie est un pays mono exportateur qui compte sur les
hydrocarbures pour réaliser plus de 95% de son chiffre d’affaires à l’export. La part des exportations agroalimentaires sont
négligeables même si elle commence, ces dernières années, d’enregistrer quelques améliorations. En 2014 cette part a
quadruplé par rapport à 2004. En valeur, le total des exportations effectuées est passé de 3409 millions de dollars US en 2004 à
21 751 millions de dollars US en 2014. (voir Tableau)
♦ Evolution des exportations de marchandises selon le secteur d’activité :

Ce tableau montre la faiblesse et la négligence des exportations hors-hydrocarbures de l’Algérie qui représente moins de 5 % du
total des exportations. L’industrie agro-alimentaire prend la deuxième place dans les exportations hors hydrocarbures avec
unpart marginal de 0,4% après l’industrie chimique, caoutchouc et plastique qui réalise 3,3% du total des exportations.
♣ Les importations dans le secteur agro-alimentaire en Algérie : L’Algérie est aujourd’hui le premier importateur africain de
denrées alimentaires, ave75% de ses besoins assurés par les importations. L’insuffisance de la production agricole algérienne,
couplée à une demande massive et croissante de produits agro-alimentaires, fait del’Algérie un pays structurellement
importateur. Le tableau suivant montre l’évolution des importations des produits alimentaires et boissons entre 2010 et 2014.
♦ Evolution des importations des produits alimentaire et boissons 2010/2014 :

427
♦ Evolution des importations des produits alimentaire et boisson 2010/2014 :

Grâce aux données du tableau et au graphe nous constatons que 42% des importations alimentaires et boisson sont destinées
à la consommation, et que 58% des importations sont destinées à l’industrie avec 31% pour les produits de base et 27% pour
les produits transformés. Ces chiffres nous montrent la dépendance de l’industrie agro-alimentaire algérienne en matières
premières « produit de base ».
► Les exportations des différentes filières agroalimentaires : En dépit des potentialités existantes et des efforts de l'Etat
pour lancer l'industrie agro-alimentaire, l'Algérie peine toujours à se développer dans ce domaine. Le pays compte 5000
entreprises activant dans cette branche, dont seulement 162 exportatrices. La filière agroalimentaire demeure pénalisée par un
certain nombre de difficultés liées essentiellement à l'assistance technique et la modernisation des équipements. Les
exportations algériennes de produits agricoles et agroalimentaires se sont chiffrées à 321,2 millions de dollars en 2014 pour une
quantité de plus de 563.200 tonnes. Le tableau suivant montre les principaux produits agroalimentaires exportés ainsi que les
quantités.
♦ Principaux produits agroalimentaires exportés :

428
Les exportations des produits alimentaires représentent que 11,5% des exportations hors hydrocarbures, cette réalisation est
négligeable et insuffisante pour faire face à la dépendance aux hydrocarbures. Afin de remédier à cette dépendance plusieurs
dispositifs d’aide et de soutien aux exportations hors hydrocarbure ont été instaurés par l’Etat algérien (Compagnie Algérienne
d’Assurance et de Garantie des Exportation « CAGEX », l’Office Algérien de Promotion du Commerce Extérieur « ALGEX », la
société Algérienne des Foires et Exportations « SAFEX », le Fonds National de Régulation et Développement Agricole « FNRDA
», et l’Association Nationale des Exportateurs Algériens « ANEXAL », qui fournissent des supports, conseils et aides pour
réduire le risque de prospection à l’étranger).
♣ Compétitivité de l’industrie agroalimentaire et création de technopole : L’un des problèmes majeur que rencontre
l’industrie agroalimentaire en Algérie est le manque de compétitivité qui est due à l’absence d’un climat institutionnel favorable, à
l’amélioration de la productivité et de la qualité et au manque d’équipement et de savoir-faire dans ce secteur. Afin de bien
appréhender ce point nous allons donner quelques définitions :
♦ La compétitivité : concepts et déterminants.
La compétitivité d’une filière donnée se définit comme la capacité de celle-ci à présenter une offre concurrente de manière
durable. Elle est définie comme la capacité des agents d’une filière à réduire les coûts unitaires pour s’adapter à la concurrence
et anticiper ses effets. Au sens strict, elle correspond à une capacité de maintenir ou de gagner des parts de marché. Plusieurs
facteurs peuvent influencer la compétitivité d’une filière. L’existence d’un climat institutionnel favorable à l’amélioration de la
productivité et de la qualité, les innovations apportées, tant sur le plan organisationnel que sur le plan des formes matérielles de
l’échange des produits et des informations, sont considérés comme des facteurs encouragent la compétitivité d’une filière. La
notion du coût de production ne peut déterminer à elle seul la compétitivité. D’autres facteurs, dont la qualité, sont importants
pour une bonne évaluation. Ainsi, on distingue deux types de compétitivité, la première est lié aux coûts et aux prix appelés
compétitivité-prix et la deuxième est lié à la qualité appelé compétitivité-hors prix. Deuxième industrie du pays après les
hydrocarbures, l’activité agroalimentaire est à 95% dominée par le secteur privé. Les IAA réalisent 40% du chiffre d’affaires de
l’industrie nationale, 2% du PIB national et 50% dans le PIB industriel, et emploient 40% de la population active industrielle.
Un écart est constaté entre le volume de la production agricole, et les performances de l’industrie de transformation qui restent
très faibles par rapport aux potentialités réelles, faiblement exploitées, notamment en ce qui concerne le public. Le constat
ressort que le secteur des IAA exprime une forte demande d’équipements et de savoir-faire dans le créneau de la transformation
et de la conservation.
♦ Création de technopole : Afin de remédier à ces difficultés auxquelles se heurte la filière agro-alimentaire en Algérie, et pour
faire de cette dernière une locomotive du développement agricole, un plan de relance sera mis en œuvre dans le cadre du Plan
National d’Appui aux Industries Agroalimentaires (PNDIAA). Ce dernier préconise la création de quatre technopoles
agroalimentaires dans les Wilayas de Blida, Mostaganem, Adrar, Sétif. Avant de définir la technopole et de donné les conditions
de sa réussite ainsi que ses avantages nous allons déterminer ses principaux objectifs qui sont :
- L’accroissement sensible de la contribution des industries agroalimentaires au PIB.
- Densifier le tissu des industries agroalimentaires : avec objectif de création de nouvelles entreprises au sein de technopoles,
et de nouveaux postes d’emplois.
- Intégration de la production nationale et substitution aux importations : les technopôles agroalimentaires en facilitant
l’interfaçage « agriculture industrie commerce » auront pour rôle de trouver l’ajustement optimal entre la production de matières
premières assurées par le secteur agricole et les exigences des consommateurs en termes de caractéristiques et de prix des
produits.
- Procurer un environnement administratif propice et faire face aux lourdeurs administratives en intégrant les collectivités locales
comme un acteur important du technopôle. -
Renforcer les compétences managériales et qualifier les ressources humaines : Cet objectif peut être concrétisé grâce aux
technopoles qui favorisent la collaboration entre les entreprises et les universités.
- Par la création de technopoles agroalimentaires, l’Algérie espère aussi renforcer le rôle des universités et des centres de
recherche dans l’appui à l’innovation dans le secteur agroalimentaire, et inciter le transfert des connaissances à travers la

429
collaboration entre entreprises, ce qui constitue un facteur de développement et de compétitivité.
- Certifiées les entreprise des industries agroalimentaire « ISO 22000 » et multiplier les exportations.
A- définition de technopoles : Plusieurs définition sont disponibles au sujet de ces technopoles, et la plus appropriée à notre
domaine est celle qui la définit comme étant un réseau d’entreprises et d’institutions proches géographiquement et
interdépendantes, liées par des métiers, des technologies et des savoir-faire commun. Le technopole a une influence positive
sur l’innovation et la compétitivité, les compétences des travailleurs, l’information et la dynamique entrepreneuriale sur le long
terme.
B- Les conditions de réussite des technopoles : Le secret de la réussite des technopoles réside dans l’intégration des
activités sociétales, économiques et technologiques, qui est synonyme de technopôles offrant les meilleures conditions initiales
et une complémentarité entre le local et le global. Les dotations initiales regroupent l’ensemble des infrastructures nécessaires à
l’activité économique et à l’innovation (banques, universités…etc.), mais de plus en plus l’attention est portée sur les facteurs
intangibles tels que la qualité de vie, un système de formation développé, la production et la diffusion d’informations et enfin la
qualité de la gouvernance. L’idée est de valoriser les opportunités économiques des technopôles dans l’environnement
international, condition essentielle à la dynamique de l’innovation locale. Dans certains cas, l’innovation rencontre des
résistances structurelles liées notamment aux faiblesses des systèmes nationaux d’innovation, comme c’est le cas des pays du
Maghreb. Les efforts à faire par ces pays en matière de formation et de valorisation des compétences locales sont
considérables. L’expérience montre que la clé du succès d’un technopole réside dans le fait d’atteindre une masse critique
suffisante d’entreprises du secteur intéressé par cette initiative et à bénéficier de la coopération d’autres secteurs de soutien
(administration, universités, centres technologiques, etc.) Les efforts de création de technopôles dans le monde entier illustrent
l’importance d’identifier des modèles de développement structuré, des approches de gouvernance, ainsi que des orientations
stratégiques concernant la gestion des dualités culturelles et institutionnelles liées aux partenariats privés/publics, à la
collaboration recherche/industrie, à la coopération interministérielle et à l’orientation régionale/internationale.
C- Les avantages procurés par les technopoles : Trois éléments principaux peuvent être avancés pour justifier l’avantage
procuré par les technopôles :
 Les gains de productivité : l’accès à des intrants de meilleure qualité et des prix plus faibles et à des facteurs de production
plus adaptés permet de réalisé des gains de production. La réduction des coûts de transaction au sein des technopôles et la
pratique d’achat groupés diminuent les prix des intrants. Les mécanismes de marché sont facilités par la communauté d’intérêts,
la confiance qui règne au sein des technopôles, la complémentarité entre entreprises permet des économies d’échelle. Des
facteurs de production plus efficaces (travail, équipement, …) sont accessibles grâce à la masse critique des entreprises qui les
requièrent.
 Le degré d’innovation des entreprises est amélioré grâce notamment à l’interaction entre clients et fournisseurs, ce qui favorise
le développement d’innovations tirées par le marché. De plus, la présence des centres de recherche et des universités dans les
technopôles, permettra un meilleur accès aux sources de connaissances et aidera par la suite les entreprises à innover
constamment. Enfin, la spécialisation favorise la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée pour les activités du technopôle.
 La création de nouvelles entreprises : l’existence d’une meilleure information sur les opportunités de marché et une vision
claire du technopôle et de son potentiel de développement favorise la création de nouvelles entreprises. La recherche de
financement de départ peut être facilitée par l’existence d’une expertise et de ressources adéquates dans le technopôle, pour
l’évaluation des risques encourus par de nouvelles entreprises. D’autres démarches ont été entreprises pour la promotion des
exportations agroalimentaire comme le programme de création et de développement de consortiums d’exportation en industries
agroalimentaires qui a été lancé en février 2012 par le ministère de l’Industrie et des Mines en collaboration avec l’Organisation
des Nations-Unis pour le développement industriel (ONUDI) et l’Ambassade de France en Algérie comme partenaire financier.
Cette démarche a abouti, en effet, à la naissance de 2 consortiums comme objectif initial. Ce dernier a été plus qu’atteint
puisque au final le 3e consortium est en cours de création. Le 1er consortium Algérien agro céréales, (AAC), regroupant 12
entreprises, est spécialisé dans la production de pâtes et de farine. Le second dénommé GIPA, est spécialisé dans la
transformation de viandes, de poissons et de produits laitiers. Il constitue le groupement interprofessionnel des protéines
animales, composé de 8 entreprises. En ce qui concerne le 3e consortium en voie de création, il concerne les professionnels qui
produisent des eaux minérales et des boissons gazeuses.
◙ Les facteurs empêchant le développement des exportations agroalimentaires : Nous soulignerons les difficultés et les
principales contraintes structurelles auxquelles se trouvent confrontées les entreprises algériennes, dans leur inspiration à se
développer à l’international. Avant de citer les différentes contraintes, nous allons commencer par donner un état des lieux des
branches agroalimentaires en Algérie. L’Algérie a connu ces dernier temps un allongement de la chaîne agroalimentaire pour la
plupart des produits qui s’est traduit par des désajustements, des distorsions et de multiples contraintes qui entravent le
fonctionnement des filières. La productivité agricole, malgré des progrès pour quelques produits, n’a pas connu les
améliorations exigées par la forte progression de la demande alimentaire. La production agricole et alimentaire n’a pas réussi à
suivre l’évolution de la demande alimentaire tirée par le croît démographique, et l’apparition de nouvelles exigences de
consommation. L’une des conséquences de ce désajustement réside dans l’extraversion de l’économie agro-alimentaire. Face à
la stagnation de la productivité agricole, et afin d’assurer la couverture de cette demande croissante, l’Algérie a dû développer
l’industrie de transformation et importer des quantités, sans cesse croissantes, de produits agricoles, soit bruts, soit transformés.
Cette intégration au marché mondial s’est caractérisée et aggravée par une dépendance accrue vis-à-vis des pays développés.
Celle-ci a revêtu plusieurs formes à différents niveaux des filières agro-alimentaires. Les filières agro-alimentaires souffrent
d'insuffisance des mécanismes d'intégration. L'organisation et la coordination des secteurs de production agricole, de
transformation et de distribution sont mal assurées. Cette intégration agro-industrielle constitue une problématique majeure des
filières agro-alimentaires en Algérie qui est aujourd’hui caractérisé par :
- Déconnectée de l’amont agricole ;
- Externalisée, basée sur l’importation de matières premières ;
- Orientée vers le marché local et détachée du marché extérieur ;
- Faible compétitivité ;
- Handicapée par l’absence de stratégie globale et de cohérence (nombreux cas de
surcapacités) ;
- Pénalisée également par la faiblesse de régulation et d’encadrement du marché ;

430
- Asphyxiée par les nombreux cas de concurrence déloyale qui déstructurent les entreprises crédibles ;
- Freinée par la faible structuration des professions.
► Les contraintes liées à la production : Dans les pays développés, les innovations apportées, tant sur le plan
organisationnel que sur le plan des formes matérielles de l’échange des produits et des informations, ont permis de diminuer les
coûts des produits alimentaires, d’améliorer leurs qualités, et de répondre aux besoins des populations en termes quantitatifs et
qualitatifs. En revanche, dans les pays moins développement comme l’Algérie, l’évolution des filières et celle des modes de
consommation urbains n’ont pas toujours été accompagnées d’une transformation des formes d’organisation des échanges. Le
développement des filières agro-alimentaires est souvent fondé sur des circuits plus ou moins archaïques rendant la
compétitivité au niveau international quasiment impossible.
► Les contraintes liées au financement : La majorité des industries agroalimentaires en Algérie sont des PME qui
structurellement, souffrent de fonds propres insuffisants et d’une trésorerie limitée. Les PME doivent faire face à la frilosité de
leurs partenaires bancaires. Cette citation est peu compatible avec des efforts de pénétration de marchés qui ne peuvent avoir
une rentabilité immédiate. Il est donc plus que jamais nécessaire de renforcer les efforts pour faciliter le financement des
investissements, accroître les fonds propres des PME et limiter leurs problèmes de trésorerie.
► Contraintes liées à la logistique :
 Coût élevé du transport international et défaillance des services logistiques proposés (Irrégularité des plannings
d’acheminement, indisponibilité des lignes…..).
 La mauvaise prise en charge des produits destinés à l’exportation au niveau des ports (insécurité, pratiques illicites…..).
 Le manque (pour ne pas dire l’inexistence) de port répondant aux normes internationales.
 La Défaillance de la chaine logistique et du circuit de commercialisation (absence d’avion-cargo, lignes maritimes insuffisantes,
absence d’infrastructures de conditionnement au niveau des ports) ;
 Les contraintes et blocages qui risquent d’entraver la conquête du marché extérieur en Algérie ou à l’étranger et en particulier
en matière de procédure douanières et fiscales ainsi que du transport des marchandises par fret.
► Autres Contraintes :
 L’orientation des opérateurs économiques nationaux vers l’activité d’importation relativement moins risquée et plus profitable
d’autant plus que le marché national est largement demandeur.
 Manque d’expériences des exportateurs algériens qui peinent à adopter, les standards internationaux en matière de calibrage,
de transformation ou d’emballage les empêchent de se positionner durablement sur les marchés extérieurs.
 Insuffisance de l’offre nationale de produits à l’exportation (en quantité, et surtout en qualité).
 L’absence d’une mise à niveau technologique qui se traduit par des insuffisances en termes de conformité, de présentation,
d’emballage, d’innovation technique et technologique.
 Industries agroalimentaires encore trop peu présentes, particulièrement dans les territoires ruraux et intègrent trop faiblement
les productions nationales.
 Une forte dépendance des importations des produits agricoles.
 absence de transparence dans la détermination des prix.
 Une capacité d’attraction des investissements étrangers presque inexistante.
 Des difficultés à affronter la concurrence internationale.
Nous pourrions dire que les efforts consentis par les autorités algériennes pour le développement du secteur agroalimentaire,
notamment le « PNDIAA » Plan National d’Appui aux Industries Agroalimentaires, et Les dispositifs d’aide et de soutien aux
exportations hors hydrocarbures ont permis à ce secteur de :
- Participer de 48,7 % à la production brute hors hydrocarbure.
- A occuper autour de 39,5 % de la valeur ajouté des industries hors hydrocarbures.
La contribution de ces aides reste insuffisante car l’Algérie souffre actuellement de la dépendance des importations dans le
secteur agroalimentaire, presque 75% de sa consommation en produits agroalimentaires est assurée par les importations qui
sont réparties ainsi :
- 58 % sont des produits destinés à l’industrie « matières premières ».
- 48 % Sont des produits destinés à la consommation.
Cela montre que l’industrie agro-alimentaire algérienne dépend des importations en matières premières. ◙ CHELOUAH Nadir &
BRADAI Amirouche (2015)

Notes :
1 Loi n°04-174 du juin 2004
2 Loi n°96-205 du 05 juin 1996.
3 http://www.cagex.dz/prsentation4
4http://www.safex.dz/fr/qui-sommes-nous.html
5 http://www.mincommerce.gov.dz
6 Direction de la Promotion des Exportations, 10 Mars 2007
7 Loi N° 90/31 du 24 décembre 1990
8 http://exportateur-algerie.org/presentation-anexal
9 BEZTOUH Djaber/ Les exportations hors hydrocarbures en Algérie : quelles contraintes et quelles stratégies pour leur
développement. P. 11
10 Communication de Mohamed BENNINI, DG d’ALGEX, Rencontre avec les exportateurs, 12 Nov. 2007 p.5
11 Idem p.6
12 Compétitivité de la filière huile d’olive en Algérie : cas de la wilaya de Bejaia/ Les cahiers du CREAD n°105/106-2013 p.91
13 TOUARI Sihem/Technopoles Agroalimentaires en Algérie –Perspectives et Défis p. 10
14 TOUARI Sihem, Op.cit. p.6
15 TOUARI Sihem, Op.cit. p.9
16 Idem. p.9
17 PROBLEMATIQUE DU DEVELOPPEMENT DES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES EN
ALGERIE/EuropeanScientificJournal January 2015 Edition vol.11, No.3 ISSN: 1857 Page 8 18 BEZTOUH
Djaber/ Les exportations hors hydrocarbures en Algérie : quelles contraintes et quelles stratégies pour leur

431
développement, p.1219 R. Abdenour et autre, « le défi de la qualité pour les entreprise national exportatrice
», mémoire, INC, 2007, p.10

SECTEUR PUBLIC INDUSTRIEL .- Le secteur industriel hors hydocarbures regroupe près de 23.000
entreprises se décomposant en :
► 125 entreprises publiques nationales
► 247 entreprises publiques régionales
► 1000 entreprises privées de plus de 20 salariés
► 22.000 entreprises privées de moins de 20 salariés
En 1991, ce secteur occupait quelques 500.000 personnes réparties en :
♣ 270.000 dans le secteur public national
♣ 33.000 dans le secteur public local
♣ 32.000 dans le secteur privé employant plus de 20 salariés
♣ 68.000 dans le secteur privé employant moins de 20 salariés.
Cette industrie est pour l'essentiel le fait du secteur public, même si le secteur privé prend de plus en plus
d'importance. Depuis 1986, la production industrielle a chuté, à cause des restrictions sur les inputs
importés. La chute n'a pas été importante durant les premières années de la crise du fait que les entreprises
ont continué à fonctionner sur des stocks d'inputs assez importants, mais cette chute s'est accentuée ces
dernières années. Il faut signaler toutefois, que comparativement à l'ampleur de la baisse des importations
qu'elles ont subies, la chute de la production a été limitée. Un deuxième phénomène sur lequel il faut
mettre l'accent est que l'industrie algérienne a réalisé au cours de ces dernières années des gains de
productivité. Ces gains sont limités, mais sont quand même remarquables. Il faut signaler en effet que
l'outil industriel algérien a été mis en place à partir du début des années soixante-dix. Encore que les délais
de réalisation des unités et le phénomène des montées en cadence ne font dater l'entrée en production
effective de la plupart des unités que vers la fin des années soixante-dix. Ou à des moments où l'ensemble
des conditions d'approvisionnement et de financement étaient réunis, c'est à dire avant 1986, elles ont eu
des taux d'utilisation des capacités relativement bas qui n'étaient que légèrement supérieurs aux taux
actuels. Quand on tient compte des conditions actuelles on voit qu'en réalité les unités industrielles
publiques ont fait d'importants progrès sur de nombreux plans. Malgré les difficultés auxquelles elles sont
confrontées actuellement, les entreprises publiques industrielles ont réalisé des progrès notables à l'export.
En 1992, elles ont réalisé hors énergie, 6,5 milliards de DA d'exportation se décomposant ainsi :
◙ 2,1 milliards en biens d'équipement,
◙ 1,3 milliard en produits sidérurgiques,
◙ 0,9 milliard en produits chimiques et d'engrais,
◙ 0,8 milliard en produits électriques et électroniques,
◙ 0,6 milliard pour les mines,
◙ plus de 0,5 milliard pour les textiles et cuirs.
Ces exportations représentent environ 10% de l'ensemble des importations de ce secteur (fonctionnement,
revente en l'état et équipement). Depuis l'autonomie et la promulgation de la loi sur la monnaie et le
crédit, de nombreux accords de partenariat entre entreprises publiques et étrangères ont vu le jour. En
dehors de la satisfaction du marché local les entreprises algériennes ont le souci permanent d'inclure dans
ces accords les possibilités d'exportation car c'est sans doute un domaine où elles ont encore beaucoup
d'efforts à faire et où le savoir-faire des partenaires étrangers peut beaucoup les aider à tirer profit des
avantages comparatifs de l'industrie algérienne.

SECTEUR PRIVE INDUSTRIEL.- □ Evolution : En Algérie, la structure industrielle privée existe surtout depuis 1967. La
formation du capital privé s’est convertie temporairement en capital commercial pour, ensuite, à la faveur de certaines
contraintes institutionnelles chercher à s’investir dans l’industrie. Depuis l’indépendance, le comportement, le choix
d’investissement et l’évolution du secteur privé industriel est fortement influencé par les différents codes des investissements. La
loi instaurant le monopole de l’état sur le commerce extérieur a dirigé une grande partie du capital commercial privé, ne pouvant
plus être investi dans ce secteur, vers la petite industrie, qui se spécialisera dans la production de biens de consommation (Le
textile, l’agro-alimentaire, la chimie, l’industrie du cuir, et la transformation plastique). Le secteur privé, s’est développé en marge
des codes d’investissements (le nombre d’agrément accordé est relativement faible de 1967 à 1973, toutes branches
confondues, il est de 79649) et dans des secteurs ou l’accumulation et le profit sont très forts. En évoluant en aval du secteur
Etatique, le capital privé a bénéficié de rentes nées de la politique de l’état à son égard. Mais, au milieu des années 80, les
recettes d’exportations accusent une chute profonde, suite à la baisse en volume et en prix des exportations pétrolières Les
recettes d’hydrocarbures passent de 13 milliards en 1985 à 7,7 milliards de dollars en 1986. Entre 1985 et 1988, le niveau des
importations est réduit de 35% pour rejoindre le niveau de 1979. Ce sont principalement les biens d’équipements, les matières
premières et les demi-produits qui en sont affectés, ce qui conduit une partie du secteur privé à s’orienter vers le secteur
tertiaire. Une véritable récession commence, qui après avoir touché les finances du pays, ses échanges extérieurs et son
activité industrielle s’est étendue à l’investissement, à l’emploi et finalement au niveau de vie de la population. 
Le champ d’activité des PME algériennes est principalement local et national, très rarement  international ; moins d’une centaine
d’entre elles sont exportatrices. La plupart des PME algériennes utilisent des technologies anciennes et une main d’œuvre
peu qualifiée, ce qui contraint leur compétitivité et, partant, leurs possibilités d’ouverture vers l’extérieur. L’innovation existe, mais
limitée à des secteurs d’activité très précis, sur lesquels existe un certain niveau de concurrence, tels que l’agroalimentaire. Plus
de 95 % des PME ont le statut d’EURL (entreprise unipersonnelle) ou de SARL (société à responsabilité limitée), et sont en
général gérées sur un mode familial : un propriétaire unique entouré de collaborateurs appartenant principalement au cercle
familial assure lui-même la gestion et concentre la quasi-totalité du pouvoir de décision et des responsabilités. Ce caractère
patrimonial des PME peut constituer un obstacle à leur croissance et à la formalisation de leur activité. La notion de risque
inhérente à l’activité de ces entreprises, accentue la prudence des banques à leur égard. La politique d’aide et de soutiens des
PME a certes permis le développement de l’investissement privé, mais n’a nullement réussit à l’orienter vers les secteurs

432
productifs. . L'implantation du privé reste très sélective et correspond encore dans une large mesure à la configuration des
années 70 et 80, qui en faisait un simple complément du secteur public. Les nouveaux investissements en lice à l'APSI tardent à
élargir la base d'activité du secteur privé. Il est à noter que le temps nécessaire entre le moment où un projet d'investissement
est lancé et celui où il entre en activité était de quatre années en moyenne en Algérie. Il est deux fois moins long au Maroc et en
Tunisie. L'octroi du terrain d'assiette et des crédits bancaires sont les deux contraintes majeures devant les promoteurs
industriels. Comme dans la période précédente (avant 2001), l’activité des PME se concentre essentiellement dans les services
et le commerce, et notamment dans le BTP, les transports et les communications.
En 2010, les PME privées, réalisent près de 85% de la valeur ajoutée globale hors hydrocarbures, mais le secteur industriel n’en
génère que 5%.* De plus, près de 62% de l’activité industrielle est concentrée, en termes de valeur ajoutée, dans
l’agroalimentaire. Ce constat traduit le très faible degré de diversification de l’activité industrielle, sa faible participation à la
création de richesses et à la valeur ajoutée. Aujourd’hui, l’orientation de l’investissement privé ne permet pas au secteur
industriel d’induire la croissance, de contenir les importations et de générer de nouveaux emplois.
□ Technologie : La législation sur le commerce extérieur à permis aux PME privées d’évoluer pendant près de 25 ans dans un
marché protégé, leur assurant une situation de quasi-monopole. Le code douanier de 1966 et plus tard, le monopole de l’Etat
sur le commerce extérieur, ont fait du marché local un marché réservé et protégé au sein duquel l’entreprise privée, à l’abri de la
concurrence extérieure, pouvait rapidement amortir ses immobilisations et réaliser une accumulation importante en fixant ses
prix, lui permettant de réaliser des profits supportés par  les consommateurs. Les entreprises assurées d’écouler leurs produits
aux prix qu’elles fixaient ne se sont pas souciées de leur productivité et de la qualité de leurs produits. C’est pourquoi, les
technologies utilisées étaient désuètes. Le niveau de technologie des entreprises était donc très faible. L’activité des PME était
fréquemment caractérisée par des procédés obsolescents. Actuellement, leur attitude face à la technologie est différente,
puisqu’elles évoluent dans un environnement de concurrence. L’entreprise se doit désormais d’être performante et d’offrir des
produits de bonne qualité, si elle veut conforter sa position sur le marché intérieur et ou même exporter. Les normes techniques
de leurs équipements doivent répondre aux standards internationaux.
□ Diagnostic : L’entreprise algérienne a d’abord évolué dans un environnement fortement protégé de la concurrence étrangère:
tarifs douaniers élevés, valeur en douane administrée, droit additionnel provisoire, contingences et prohibitions de nombreux
produits souvent d’usage courant mais qui entraient directement en concurrence avec des produits nationaux.  A l’ouverture des
frontières économiques, les entreprises publiques touchées par le réajustement de la parité de la monnaie ou qui ont eu à
participer aux efforts de l’Etat dans sa politique de soutien direct au pouvoir d’achat des ménages (soutien direct aux prix
de plusieurs dizaines de produits courants), ont bénéficié de «dispositifs banques-entreprises», qui ont permis de corriger —
momentanément — les dysfonctionnements et les déficits lourds de leur exploitation. L’entreprise privée n’a pas, quant à elle,
bénéficié de dispositifs semblables bien qu’elle évoluait dans le même cadre macroéconomique et dans le même système de
prix administré. Cette absence de soutien au cours d’une période de grande instabilité macroéconomique couplée à une
réglementation et un environnement institutionnel défavorables va naturellement affecter la capacité du secteur privé à se
constituer comme nouveau moteur de la croissance et à prendre le relais du secteur public. Ceci est particulièrement valable
dans le secteur industriel: au moment où la part de l’entreprise publique industrielle (dans la Valeur Ajoutée publique totale)
diminuait de près de 19% en 1995 à 6% en 2004, le secteur privé  industriel voyait quant à lui sa contribution à la valeur ajoutée
privée stagner autour de 6%  tout au long de la décennie sans être à même d’occuper les espaces libérés par
le désengagement du secteur public industriel.  Le diagnostic du secteur privé fait apparaître aujourd’hui une concentration de
son activité  dans le secteur du commerce et à un degré moindre dans celui des transports et des BTPH.  L’industrie ne
contribue en 2006 qu’à 5,3% de la valeur ajoutée de ce secteur. De plus, près de 70% de l’activité industrielle est concentrée en
termes de valeur ajoutée dans  l’agroalimentaire. A côté de cette faible diversification, l’activité industrielle privée est  également
située sur les derniers segments de la chaîne de production généralement  faiblement intensifs en technologie et en capital et
peu générateurs de valeur ajoutée. Le tissu productif se distingue par ailleurs par un haut niveau de fragmentation. Suivant
les données de la CNAS, 90% des entreprises emploient moins de 10 salariés et seul 3% d’entre elles comptent plus de 50
salariés.
ⱷ Parmi les autres caractéristiques du secteur privé, on relève :
♦ Un secteur informel très important peu propice au développement. On peut estimer que la part du secteur informel dans
l’économie se situe autour de 35%. Ce taux augmente considérablement lorsqu’il est ramené au seul secteur privé (du fait que 
celui-ci est absent du secteur des hydrocarbures), 
♦ Un mode de gestion familial qui, généralement, limite le développement de l’entreprise, 
♦ Un faible taux d’encadrement en personnels qualifiés notamment dans le management  qui freine l’amélioration de la
productivité des facteurs,
♦ Une absence quasi-totale d’investissement en Recherche-Développement (R & D).
Comme conséquence, le nombre de brevets déposés par les entreprises locales auprès  de l’INAPI est insignifiant et ne
représente que 1% du total des brevets déposés entre 1987 et 2006.  Un climat d’affaires faiblement attractif, des pans entiers
de l’économie livrés à l’informel, des déficiences dans les institutions de soutien au système productif, une
structure organisationnelle des entreprises souvent peu performante notamment dans la qualité du management, une
qualification des ressources humaines insuffisante et une faible intensité technologique des procédés de production expliquent
ainsi la faible performance des entreprises privées qui se répercute naturellement sur leur compétitivité que ce soit en termes de
prix ou de qualité. La conséquence sur le plan macroéconomique est la faible diversification de l’économie algérienne. Celle-ci
se manifeste par la part grandissante de la valeur ajoutée des hydrocarbures dans le Produit Intérieur Brut global tout autant que
par la faiblesse de la part des exportations hors hydrocarbures dans le total des exportations. La part des exportations hors
hydrocarbures dans le total des exportations décline tout au long de la décennie 1997-2007 pour se fixer à 3% en fin de
période ; Tournées pour la plupart vers les marchés locaux, les PME restent marginalisées du processus d’intégration des
marchés que les accords de libre échange ont institué et ne bénéficient que partiellement des opportunités créées par la
libéralisation des échanges. Une offre prix-qualité non compétitive, une connaissance insuffisante des marchés internationaux
tant dans les restrictions qu’ils imposent (notamment en termes de normes et de conformité) que dans les facilités qu’ils
proposent (accès préférentiels), de faibles incitations publiques mais aussi une évolution économique de notre pays qui a
cantonné l’entreprise privée dans des niches de rentes sur des marchés protégés et non concurrentiels ont façonné une culture
d’entreprise et une vision insuffisamment orientées vers l’international. Malgré une histoire marquée par une suspicion déclarée
à l’égard de son développement et un environnement défavorable source de coûts injustifiés, le secteur privé voit sa part dans

433
la valeur ajoutée globale, à la faveur d’une stabilisation macroéconomique et d’une première génération de réformes
structurelles, s’améliorer durant la dernière décennie passant de 67% en 1995 à 80% de la VA hors hydrocarbures aujourd’hui.
Dans certaines activités intensives en main d’œuvre comme le secteur alimentaire et, à un degré moindre, celui du textile, le
secteur privé dispose de coûts salariaux compétitifs et donc  de potentialités à l’international. Cet avantage peut être renforcé
par des politiques incitatives, par une plus grande facilitation du commerce, une plus grande disponibilité des biens publics et
notamment des infrastructures de logistique. La mise à niveau des entreprises devient ainsi une composante non négligeable de
toute stratégie de développement de la PME. Politique largement incitative et intégrant toutes les mesures de facilitations pour
libérer les énergies, la mise à niveau est aussi l’affirmation du volontarisme de l’Etat pour sortir les PME de leur dynamique de
croissance. □

RESTRUCTURATION INDUSTRIELLE

REDEPLOIEMENT DES ENTREPRISES PUBLIQUES.- La quasi totalité des entreprises publiques et des unités industrielles
du pays tournent très en deçà de leur capacité nominale. Elles connaissent des problèmes d'approvisionnement, de manque
d'équipements, d'organisation, et de management. Malgré l'importance des moyens financiers injectés dans ces entreprises
(335 milliads de dinars), au titre de l'assainissement financier, leur performance n'ont que peu d'amélioration. Dans ces
conditions, la priorité du gouvernement vise l'accélération de la restructuration de ces entreprises qui inclut une implication
effective de partenaires privés nationaux et étrangers. La participation de partenaires privés nationaux et étrangers qui vise
l'amélioration des performances financières, organisationnelles et technologiques des entreprises, se traduira, par des apports
financiers, technologiques, l'amélioration organisationnelles et du management, l'ouverture du marché à l'exportation.
L'engagement de ce processus a concerné, dans une première phase, les activités du tourisme, de la distribution, des
transports, du batiment et un certain nombre d'unités industrielles (cimenteries, production d'électroménager, production de
détergents,...). L'objectif final de cette opération est de mettre ces entreprises, en mesure de dégager des capacités
d'accumulation pour non seulement préserver les emplois existants dans les secteurs d'activités concernés, mais aussi de
contribuer à en créer de nouveaux. L'entrée du privé national et étranger dans les entreprises publiques se fera soit par une
augmentation de leur capital net, soit par une cession d'actifs pour leur recapitalisation.
Création de nouveaux groupes publics pour la relance du secteur industriel : Douze (12) groupes industriels ont été mis
en place, en 2015, dans le cadre de la réorganisation et de la relance du Secteur Public Marchand Industriel (SPMI).Ces douze
groupes, créés à partir des 14 Sociétés de Gestion des Participations de l'Etat (SGP), se composent de sept (7) groupes
nouvellement créés et de cinq (5) autres déjà existants.Les 7 nouveaux portent sur les filières, respectivement, de l'agro-
industrie, des industries chimiques, des équipements électriques, électrodomestiques et électroniques, des industries locales, de
la mécanique, des industries métallurgiques et sidérurgiques et des textiles et cuirs.Quant aux 5 groupes déjà existants, il s'agit
de la société nationale des véhicules industriels (SNVI), du groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA), du groupe
pharmaceutique SAIDAL, de la société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) et de Manadjim Aldjazair (MANAL).Le
nouveau schéma du SPMI englobe aussi des entreprises déjà existantes dans le portefeuille du ministère: L'entreprise d'études
et conseils en financement pour l'industrie (ECOFIE), chargée de la consolidation d'agrégats économiques du secteur public
marchand pour le compte du gouvernement, ainsi que quatre (4) SGP de zones industrielles qui gèrent pour le compte de l'Etat
les titres de 32 entreprises.Longuement réfléchie, la reconfiguration du SPMI a été définitivement fixée par le Conseil des
participations de l'Etat (CPE) en août 2014 et se décline aussi par le rattachement d'entreprises relevant d'autres secteurs au
ministère de l'Industrie et des mines.C'est ainsi qu'il a été rattaché à ce ministère la SGP-Cegro (céréales) qui relevait du
ministère de l'Agriculture, et l’Entreprise nationale de construction de matériels et équipements ferroviaires (Ferrovial) qui
dépendait du ministère des Transports."Le choix de la création des groupes par fusion-absorption des SGP trouve sa raison,
notamment, dans la recherche de la valorisation des compétences qu’elles recèlent, leur rentabilisation et la fin de
l’éparpillement des compétences", expliquent les concepteurs de cette réorganisation.
Des contrats de performance pour les dirigeants des groupes. S'agissant du rôle assigné à ces groupes, ils ont pour
mission de rentabiliser financièrement les fonds publics investis en eux, de multiplier les activités au plan national, notamment
du fait de l’initiative privée, par une demande croissante de sous-traitance et par l’encouragement de l’investissement dans la
filière concernée. De même, ils doivent devenir un "moteur" de l’internationalisation de l’entreprise algérienne par l’extension de
ses marchés et activités à l’international emmenant, dans son sillage, les PME publiques et privées. Quant aux missions des
dirigeants de ces groupes industriels, ils auront une feuille de route "claire" consistant en la mise en place de l’organisation du
groupe, la proposition de modifications et l'incorporation d’activités connexes de métiers ou de filières, en identifiant les activités
nécessitant impérativement un partenariat. Les équipes managériales seront recrutées sur les seuls critères de compétence et
soumises à des contrats de performance avec toute la liberté d’initiative dans le cadre d’un mandat de gestion définissant
clairement le rôle de chacun des organes sociaux de l’entreprise. La présidence de l'assemblée générale des groupes
industriels est assurée par le ministre de l’Industrie et des mines. Chaque groupe industriel sera géré par un conseil
d’administration  incluant un représentant de la banque de domiciliation du groupe et ouvert à des compétences externes
notamment des experts.
Fiches techniques des 12 nouveaux groupes industriels publics Voici les fiches techniques des 12 nouveaux groupes
industriels installés, lundi, dans le cadre de la réorganisation du secteur public marchand industriel :
☻ Groupe Agro-industries: 
♦ Capital: 10,261 milliards DA.
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation, y compris les opérations d'import/export, de tout produit
résultant de la transformation de matières premières issues de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche et de tout service lié à
ces activités
♦ Nombre de filiales: 41.
☻ Groupe Industries chimiques:
♦ Capital : 40,295 milliards de DA.
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation, y compris les opérations d'import/export, de tout produit
chimique et de tout service lié à ces activités.
♦ Nombre de filiales: 22

434
☻Groupe Equipements Electriques, Electrodomestiques et lectroniques:
♦ Capital: 39,75 milliards de DA
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation, y compris l'import/export, de tout produit des domaines des
équipements électriques, électroménagers, de télécommunication et électroniques et tout service lié à ces activités.
♦ Nombre de filiales: 19
☻ Groupe Industries locales:
♦ Capital: 14,947 milliards de DA.
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation de tous produits et services industriels et artisanaux
destinés à l’industrie, aux institutions et au grand public ainsi que toute prestation d’études, de conseil et de formation
♦ Nombre de filiales: 68
☻ Groupe Mécanique:
♦ Capital: 35,776 milliards de DA
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation, y compris import/export de tous produits résultant du travail
des métaux et des alliages et tout service lié à ces activités
♦ Nombre de filiales: 44
☻ Groupe Industries métallurgiques et sidérurgiques:
♦ Capital: 65,368 milliards de DA
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation, y compris importer et exporter, de tout produit de la
métallurgie, tout produit de fabrication métallique et tout service lié à ces activités
♦ Nombre de filiales: 64
☻ Groupe Textiles et Cuirs:
♦ Capital: 10,179 milliards de DA
♦ Activités: conception, production, distribution et commercialisation, y compris importer et exporter, de tout textile, produit
textile, produit d’habillement, produit de cuir et tout service lié à ces activités
♦ Nombre de filiales: 49
☻ Société nationale des véhicules industriels (SNVI): elle a absorbé l’EPE FERROVIAL et ses filiales et participations
□ Les groupes qui n'ont pas subi de changements sont::
☻ Le groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica),
☻ Le groupe Saidal,
☻ La société nationale des tabacs et des allumettes (SNTA)
☻Le groupe Manadjim El-Djazair (Manal).
Avant cette reconfiguration, le Secteur Public Marchand Industriel (SPMI) était composé de:
♦ 15 Sociétés de Gestion des Participations de l’Etat (SGP) industrielles gérant un portefeuille de 305 entreprises.
♦ 6 Entreprises publiques économiques (EPE) non affiliées qui contrôlent  53 filiales.
♦ 4 SGP Zones industrielles, regroupant 32 entreprises.
Le SPMI a réalisé un chiffre d'affaires de 391 milliards de DA en 2014 avec une valeur ajoutée de 160 milliards de DA

RESTRUCTURATION INDUSTRIELLE.- Elément incontournable du programme de réformes structurelles, elle s'est imposée
pour au moins trois objectifs stratégiques : mettre fin à la crise de performance des entreprises publiques, développer les
exportations de produits industrielle hors hydrocarbures et préparer une insertion nouvelle de l'économie dans le marché
mondial. La restructuration industrielle est organisée autour des principaux volets suivants :
◙ la refonte totale du dispositif législatif de 1988 relatif à l'entreprise publique économique de manière à asseoir un nouveau
mode de gestion des capitaux publics marchands qui conforte l'autonomie des entreprises publiques et qui soumet leur
fonctionnement aux règles de droit privé;
◙ la mise en place d'un nouveau cadre législatif et règlementaire qui facilite et encourage les mouvements d'actifs, le partenariat
sous toutes ses formes ainsi que la privatisation ;
◙ l'impulsion d'une dynamique de réhabilitation des entreprises publiques fondée sur l'élaboration de plans de redressement
interne à chaque entreprise visant à augmenter la productivité globale et la rentabilité des facteurs de production.
La réussite du programme de restructuration industrielle impose à l'Etat de s'appuyer dans ce domaine sur une dynamique de
concertation sociale impliquant l'ensemble des partenaires économiques et sociaux. Quatre principes essentiels doivent guider
cette démarche :
♦ mettre en oeuvre et soutenir les plans de redressement interne des entreprises en s'attachant, à chaque fois que cela est
possible,
♦ à réduire au maximum les effets négatifs de la restucturation industrielle sur l'emploi et notamment :
♦ faire en sorte que les réductions d'effectifs soient économiquement justifiées et négociées, dans le cadre de la réglementation
existante, entre les partenaires sociaux;
♦favoriser à chaque fois que cela est possible la reprise d'activités entières avec engagement des acquéreurs de préserver les
emplois existants préalablement à la cession d'actifs;
♦ organiser la reconversion des personnels compressés en vue de les préparer à un emploi nouveau ;
♦ mettre en place des mécanismes d'insertion et de réinsertion des travailleurs en particulier par des mesures incitatives à
l'embauche des personnels compressés (exonération de charges fiscales et para fiscales, aide à l'emploi, ...) ainsi que par des
mesures d'incitation à la reprise par les travailleurs d'unités homogènes dont viendraient à se dessaisir les entreprises à
restructurer. Le fonds national de promotion de l'emploi constitue dans ce cadre, un instrument de nature à apporter une
contribution non négligeable.
♦ veiller au bon fonctionnement et à l'équilibre du système prévu de protection des travailleurs qui risquent de perdre
involontairement leur emploi (assurance-chomage, retraite anticipée) ;
♦ les opérations de cession d'actifs et de privatisation devront s'effectuer en association avec les partenaires sociaux et
dans un cadre réglementaire obéissant aux principes de transparence, de non discrimination, de préservation des intérets de
l'Etat et d'élargissement de l'ouverture du capital aux travailleurs . Elles devront en outre se dérouler dans un cadre
organisé et soutenu par la mise en place d'institutions de contrôle des opérations de privatisation.
♦ définir des mécanismes de protection de la production nationale qui soient compatibles d'une part avec les mesures déjà

435
engagées de libéralisation du commerce extérieur et des changes et, d'autre part avec les impératifs d'une meilleure
compétitivité des entreprises sur les marchés interne et externe.
►Politique des Filières industrielles et technologiques stratégiques : En 2015, Par-delà les moyens importants consentis par
l'État à leur profit, les 12 groupes issus de la restructuration du secteur public marchand industriel sont la solution pour une mise
en adéquation du mode d’organisation afin de réaliser les objectifs assignés dans les plans de développement de ces
entreprises. Ce schéma qui tient compte des paramètres et éléments de regroupement des entreprises par branches et filières
industrielles, a consisté en la création de groupes industriels présentant une taille critique, des synergies et des
complémentarités ainsi qu’un potentiel de déploiement sur les marchés nationaux et internationaux.
Cette restructuration vise la construction de Groupes industriels performants pouvant évoluer rapidement vers des positions de
leadership, chacun dans son secteur d’abord au plan national puis à moyen et long termes au plan régional et international.
Aujourd’hui, les Entreprises Publiques Économiques (EPE) sont totalement assainies et des plans d’investissement ont été
consentis pour chacune d’elles.
18 filières industrielles ciblées par appel à projets (2013) :
♦ Textiles et habillement : production de matière fibreuse et produits textiles (pour habillement, ameublement et techniques
spécifiques), transformation de fibres (en fils ou tissus), confection, tissage, ennoblissement, filature, bonneterie, ...
♦ Cuirs et produits dérivés : chaussure et articles en cuir, traitement et transformation de matières premières, tannerie (tannage
et finissage),...
♦ Bois et industrie du meuble: travail du bois (Imprégnation), fabrication d’articles en bois, bois construction et bois énergie,
fabrication de meubles, papier, carton, emballage, menuiserie industrielle, ...
♦ Produits sidérurgiques et métallurgiques : charpentes métalliques, profilés à froid et à chaud, tubes, produits plats, ronds à
béton, chaudronnerie...
♦ Liants hydrauliques et matériaux de construction et du logement: plâtre, chaux, produits agglomérés du béton, produits rouges,
articles céramiques carreaux et sanitaires, matériaux écologiques du logement...
♦ Produits électriques et câblerie : appareillage électrique transformateur, moteur électrique, batteries, groupe électrogène,
câblerie, fibre optique, ...
♦ Produits électroniques et électroménagers : photovoltaïque, électronique grand public, électrodomestique, faisceaux de câble,
solutions d’affichage à LED, produits blancs et bruns, électronique professionnelle et équipements médicaux,...
♦ Produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques: produits pharmaceutiques de base, médicaments, réactifs, produits
dentaires, produits auxiliaires pour la santé, consommables, parapharmacie, produits de beauté et cosmétiques, éléments
optiques, Centre R&D, labo de contrôle, incinération de médicaments, ...
♦ Pétrochimie & Chimie industrielle : engrais, pétrochimie, produits phytosanitaires, plasturgie, polymère, abrasifs, émulsion,
résine, chlore, peintures, vernis et encre, colles et adhésifs, produits d’entretien, verre,...
♦ Aéronautique: conception et fabrication des aéronefs (avions, hélicoptères, drones, etc.), des systèmes de navigation, des
équipements spécifiques associés (propulsion, systèmes de bord, etc.), et des sous-ensembles (trains d'atterrissages, nacelles,
gouvernes, systèmes électroniques de vol), assistance au sol (avitaillement, calage et push avion), ...
♦ Mécanique et Automobile : sous-traitance et pièces de rechange Automobile (1ère et 2Eme monte), matériel de travaux
publics,hydrauliques et de manutention, machinisme agricole, machine-outil, ...
♦ Industrie Numérique: produits et solutions informatiques, systèmes de télésurveillance et de sécurité, réseaux et télécom,
modem ADSL, Centres d’appels, ...
♦ Technologies avancées : robotique mobile, nanotechnologie, biotechnologie, radiocommunication, technologies des lasers,
télé-intervention...
♦ Construction et réparation navales: conception, fabrication et assemblage de navires, réparation ou transformation de navire,
systèmes de navigation maritime...
♦ IndustriesAgro-alimentaire: huiles et corps gras, conserverie, lait et produits laitiers, aliments de bétail, ...
♦ Industrie & systèmes de Transport : infrastructure routier et ferroviaire; autoroute et rail; matériel roulant et équipement de
transport (voiture de métro, tramway, locomotive...); signalisation, contrôle ettélécommunication ; maintenance, renouvellement
et pièces détachées...
♦ Ville durable: recyclage et valorisation des déchets, chimie verte, métrologie et instrumentation pour les applications
satellitaires et terrestres, les procédés industriels, ...
♦ Traitement de l’Eau et Dessalement: équipements et installations industrielles mécaniques, électriques et électroniques, ...

LA TECHNIQUE INDUSTRIELLE

DECOUVERTES .- Que ce soit dans quelques universités ou certaines entreprises, des petits modules de
recherche scientifique appliquée effectuent des travaux d'expérimentation dans des laboratoires peu
équipés fonctionnant avec des budgets de fortune. Certaines associations ou clubs scientifiques parvenant
à négocier des subventions se sont néanmoins distingués dans des domaines de la technique. Citons par
exemple, l'entreprise privée (Hasnaoui) d'habitat située à Sidi Bel-Abbès ou une cellule de recherche en
matériaux de construction a à son actif la découverte du compaxol, produit nouveau composé d'une
matière première locale et disponible en abondance ne contenant aucun liant ni produit additif. Ce produit a
une résistance deux fois supérieure à celle du béton, de l'ordre de 600 barres au centimètre carré, sans
avoir recours à de l'acier. Une fois utilisé et exposé aux facteurs naturels que sont la température, le vent,
la pluie, il devient lisse et n'exige aucun entretien. Du point de vue insolation, il égale les autres produits
de construction utilisés habituellement et présente des performances meilleures quelques fois. Cette
satisfaction est double car le produit, dont le process de fabrication est maitrisé, a obtenu son brevet donc
répondu à tous les tests et que le coût de revient du mètre carré bati va chuter d'au moins 25%, ce qui est
une performance en réduction des coûts. Un projet de recherche en coffrage modulaire est engagé avec un
bureau d'études et une firme allemande dans le but de substituer le bois de l'opération de coffrage par un
autre produit. L'impact de réduction des coûts de coffrage sera de l'ordre de 50%. La nouvelle brique,
Compaxol dont la composition et le process de fabrication sont simples et peu coûteux, est en voie de
révolutionner le domaine du bâtiment.

436
EQUIPEMENT HYDRAULIQUE.-Beaucoup d’équipements seront fabriqués en Algérie  : Finies les
importations tous azimuts des équipements pour le secteur des ressources en eau. C’est ce qu’a annoncé,
le ministre Hocine Necib, lors de l’inauguration du 14e Salon international des équipements, des
technologies et des services de l’eau (SIEE Pollutec). “Nous allons fabriquer, nous-mêmes, plusieurs
équipements pour le secteur”, a-t-il dit, soulignant que des navires de dévasement (dragueurs), seront
bientôt mis en service. “Le taux d’intégration est de 70% pour les dragueurs”, a-t-il précisé, ajoutant que des
stations de dessalement monobloc seront également fabriquées en Algérie avec un taux d’intégration de
80%. Cette démarche ne concerne pas uniquement le volet lié aux équipements, mais aussi celui des
études. En effet, le ministre a affirmé que, désormais, les études des grands transferts sur 1 200 km seront
réalisées par des groupes de bureaux d’études et de laboratoires locaux. “Auparavant, c’étaient des bureaux
d’études étrangers qui travaillaient avec nous, car nos bureaux n’avaient pas les capacités de réaliser de
grandes études parce qu’ils étaient tous éparpillés, dorénavant, avec un groupe de bureaux d’études, nous
pouvons réaliser ces études sans recourir à des étrangers”, a-t-il expliqué. Concernant le salon Pollutec, il a
souligné que 150 opérateurs y prennent part et représentent 12 pays. “Le volet du traitement des eaux
couvre une grande part dans ce salon”, a-t-il fait remarquer à ce propos. Interrogé sur les capacités du pays
à répondre à la demande en eau, il a rappelé que le taux de remplissage des barrages est de 56%, avant
d’annoncer que d’ici à 2020, le pays disposera de 11 stations de dessalement, ce qui assurera 25% de
l’offre nationale en eau potable. “Le gouvernement vient de donner son aval pour la réalisation de trois
nouvelles stations, à Alger, à El-Tarf et à Béjaïa”, précisant qu’avec ces trois nouvelles stations, l’offre en
eau sera portée à 2 millions m3/j. À propos des fuites, qui ont atteint un taux de 30%, le ministre a estimé
que l’objectif de son département est de les réduire à 20%. Concernant les travaux engagés sur l’oued El-
Harrach, le ministre a assuré qu’ils avancent assez positivement, et sont réalisés dans le cadre d’un
partenariat entre Cosider et des entreprises étrangères. Il a également assuré que la phase de la
dépollution est atteinte, avec une autre de dragage des eaux, et ce, après l’élimination de toutes les sources
de pollution, notamment les entreprises, pour en faire, au final, un cours d’eau navigable. □ M. Mouloudj,
Liberté-Algerie, 13.03.18

INNOVATIONS.- Produit d'une volonté de changement, le concept d'innovation va du tout petit


perfectionnement au bouleversement majeur. En France, l'innovation est la résultante du processus
complexe qui transforme l'invention en un produit ou procédé industriellement et commercialement
utilisable. Dans certains pays de l'Europe de l'Est, l'innovation signifie une proposition de rationalisation,
autrement dit la mise en place de solutions nouvelles et utiles pour l'entreprise, l'institution et l'organisme
auprès desquels elle est introduite. En Algérie, l'innovation va de pair avec la stimulation de l'esprit créateur
au niveau de toutes les couches de la population. Cette perception de l'innovation englobe tous les
domaines d'activité ou l'innovation peut se manifester. Pourtant, il existe une différence notable entre
inventions et innovations. En propriété industrelle, la distinction est encore plus apparente du fait que les
premières sont brevetables alors que les secondes ne le sont pas. L'innovation est toute relative par rapport
à l'invention qui est une création. D'où son caractère nécessairement rare et leur domaine est plutôt celui de
centres de recherches liés aux sociétés nationales les plus dynamiques. Ainsi l'innovation, qui pourrait être
considérée comme une création d'un autre genre, est généralement le perfectionnement et le développement
des techniques, des moyens de production et de gestion, en s'appuyant sur des informations technico-
économiques accessibles au public. Et à cet égard, l'innovation s'apparente donc beaucoup à une activité
d'adaptation de techniques déjà connues aux besoins de l'entreprise afin d'en tirer le maximum de profits.
En Algérie, le concept d'innovaton a été quelque peu occulté, au profit de ce qui est désigné par
l'acclimatation de l'environnement de la qualité, comme unique garant de la réussite d'une exploitation
industrielle ; des résultats qu'une innovation bien faite pourraient aisément fournir.
Cependant, les innovations en milieu industriel existent, mais leur exploitation demeure faible et dépend
d'aléas difficiles à maitriser. Souvent, ces innovations passent inaperçues du public, quand elles n'exigent
pas une coopération plus étroite entre leurs auteurs et certaines institutions pour leur exploitation.En
Algérie, en 1996, seuls 50 brevets provenant de résidents (nationaux) contre 150 provenant de non
résidents (étrangers) ont été enregistrés au niveau de l'INAPI, des pourcentages respectifs de 25% et 75%.
En vingt ans, ont été enregistrés 167 brevets provenant de résidents (nationaux) contre 1187 brevets
provenant de non- résidents, soit respectivement 12% et 88%. C'est à dire que 88% des brevets déposés à
l'INAPI sont en ralité des demandes de protection étendue de brevets provenant de l'étranger. Comparé au
nombre de brevets délivrés dans le monde, l'Algérie n'aura délivré, en 1995, que 118 brevets sur un total de
713.168 brevets, soit 0,01%. Le japon est en tete de liste avec 15,22%, suivi des Etats-unis avec 14,22% et
la France avec 7,80% (55.681 brevets délivrés). Les pays de l'hémisphère sud ne sont pas mieux portants
que l'ALgérie. La Tunisie a délivré 141 brevets, soit 0,02% du taux de couverture de la protection des
techniques brevetées dans le monde. Le Maroc a un taux de 0,05%, l'Egypte 0,04% et la Malaisie 0,24%. Il
est reconnu qu'un brevet d'invention contient environ 90% d'informations techniques et technologiques dans
le domaine qui le concerne. Ce qui permet au professionnel de reproduire trés facilement le procédé
protégé. C'est pourquoi une documentation de brevet est une banque de données techniques et
technologiques de premier ordre. Les entreprises algériennes pourraient en tirer profit, car la documentation
de brevets permet un accès aux dernières technologies mises au point, le choix des technologies les
plus appropriées et la mise en place de solutions aux problèmes techniques auxquels elles font face. Une
politique de l'innovation axée sur des motivants solides atténuerait leur énorme retard technologique.

NORMES.- La conformité des produits industriels aux normes de qualité et de sécurité admises au plan
international et adoptées par l'organisme national INAPI est désormais chose acquise en Algérie. Les
produits et services des entreprises font l'objet de certification. Cette certification permettra l'accès

437
progressivement à la certification du système qualité selon les normes internationales ISO 9000. C'est
l'enjeu stratégique pour les entreprises algériennes qui devront faire face à une rude concurrence, en
perspective justement du démantèlement tarifaire. La démarche, qui consiste à assurer l'application des
normes de conformité, devra, en ce sens, promouvoir le label algérien, qui devra, de son côté, se
concrétiser par une meilleure satisfaction du client et ce, au moindre coût. Les entreprises sont conscientes
aujourd'hui de cet enjeu qui aura à déterminer leur poids dans une économie en mondialisation. La qualité
est la référence par excellence sur laquelle reposera toute activité de production, parce qu'elle implique
compétitivité et commercialité. L'INAPI existe depuis presque deux décennies et ses réseaux relationnels
avec les organismes ISO et CEI sont de plus en plus renforcés, et les normes algériennes sont disponibles.
Elles sont au nombre de 5000, un chiffre jugé dérisoire par rapport à ce qui existe ailleurs, mais ne trouvent
guère d'application. Si l'intervention de l'Etat dans la gestion de l'économie sera réduite à l'avenir, son rôle
devra être plus précis en matière d'encadrement, d'incitation et de régulation. C'est le cas précisément pour
la normalisation qui doit faire l'objet d'une politique devant définir les moyens nécessaires au
développement du système de normalisation nationale. Cela passe, selon les techniciens du domaine, par
l'institution d'un cadre de formation performant, l'organisation des professionnels en syndicats ou autre
regroupement, mais aussi par la disponibilité de moyens financiers suffisants pour mener à bien la mission
de conformité. Ce sont là les principaux axes du plan national de normalisation devant être mis en oeuvre.

OBSOLESCENCE DE CONNAISSANCES .- Un plan d'action précis doit remédier à ce réel problème dans le
domaine industriel. En effet, si les personnels techniques sur les sites industriels n'ont pas la formation
suffisante afin de pouvoir suivre au plus prés l'évolution des connaissances techniques, ces entreprises
risquent d'avoir de sérieuses difficultés à devenir compétitives et le passage à l'économie de marché sera
extrêmement difficile. Les transformations structurelles et organisationnelles que connaissent que
connaissent aujourd'hui les entreprises algériennes tournées résolument vers l'économie de marché,
obligent celles-ci à valoriser leur potentiel humain pour répondre à des exigences de compétitivité. Les
personnels techniques ont besoin de formation adéquate pour pouvoir suivre au plus prés le développement
de technologie de pointe, l'introduction de moyens de production et d'information trés puissants
(l'informatique, entre autres, le tout couplé à une accélération des changements des méthodes de travail.
Dans un grand nombre d'entreprises, les décisions des arrêts ou des mises au point, répétitifs et non
controlés, des équipements se font sans justification scientifique. Ceci occasionne des répercussions
négatives sur l'outil de production d'ou une baisse de production et donc des préjudices financiers non
négligeables. Les bilans de production industrielle dans le secteur public a permis de dévoiler que les plus
importants secteurs industriels connaissaient une évolution négative de leur production physique : industries
mécaniques et métallurgiques, électriques et électroniques, matériaux de construction, verre, et agro-
alimentaire. La multiplication accélérée des connaissances pratiques dans toutes les branches de la
technique fait qu'il est impossible d'assurer une éducation complète de durée raisonnable et répondant aux
exigences de l'entreprise. De plus en plus, la transmission de connaissances scientifiques de base doit etre
envisagée comme la fonction essentielle de l'éducation initiale, la formation pour le sîte devenant dès lors
une composante essentielle du dispositif global d'enseignement. L'expression "formation pour le sîte" se
définit comme étant l'éducation complémentaire que doivent recevoir les techniciens ou ingénieurs et qui
exercent un métier lié à l'outil de production ou d'exploitation. Il est évident que ces ingénieurs et
techniciens, ayant quitté l'université ou tout autre établissement de formation avec un diplome, ont suivi
un système d'enseignement traditionnel. Ce système basé sur des programmes dépassés et ne répondant
pas aux exigences de l'environnement industriel actuel, prolongé dans une époque d'évolution technologique
accélérée devient donc inefficace. Leurs études antérieures ne leur permettent pas d'intégrer le monde de
l'éducation au monde réel dans lequel ils évoluent désormais, d'où la nécessité d'une formation pour le sîte.
Il faut bel et bien parvenir à intégrer l'éducation et l'exercice professionnel tout au long de la vie active.
L'objectif principal de la formation pour le sîte industriel doit permettre aux ingénieurs et aux techniciens de
comprendre les mécanismes d'acquisition, d'élaboration et d'application du savoir. L'avenir des entreprises
dépend de la possibilité de former un potentiel humain capable de prendre en charge réellement les
problèmes techniques de l'entreprise.□

◙ L'Industrie algérienne : un secteur dominé par l'Etat ◙


Le tissu industriel est dominé par les entreprises publiques à raison de 80% et 20% pour le secteur privé jusqu'à 2005. Ainsi on
dénombre plus de 4OO entreprises publiques qui sont entrain de connaître une filialisation de leurs activités dans un souci de
restructuration et plus de 25 000 entreprises privées. En fait, ce secteur aura tendance à se libéraliser encore plus d'ici 2010 vu
l'adhésion de L'Algérie à l'OMC et la création de la zone libre échange avec l'union européenne. Le secteur industriel public
couvre l'ensemble de l'industrie manufacturière :
♦ Industries de base : mécanique, sidérurgie,
♦ métallurgie.Industries électrique et électronique.
♦ Industrie agro-alimentaire.
♦ Textiles et cuirs.
♦ Matériaux de construction (cimenteries - briqueteries).
♦ Transformation du bois.
♦ Chimie - pharmacie - engrais.
♦ Bâtiment - travaux publics.
L'industrie pétrochimique algérienne repose sur deux complexes gérés par l'Entreprise Nationale de l'Industrie Pétrochimique
(ENIP), filiale à 100% du groupe Sonatrach. L'ENIP dispose également des unités de commercialisation et de distribution des
produits pétrochimiques, réparties sur trois régions du pays: à l'Est, à l'Ouest et au Centre.
Le secteur de la pétrochimie représente un important débouché pour les fournisseurs étrangers vu qu'un effort d'entretien des
installations devrait être effectué régulièrement afin de maintenir le niveau de production en phase avec les prévisions. Dans ce

438
sens, une enveloppe de 70 milliards de dollar a été allouée dernièrement à ENIP pour la maintenance et la réhabilitation de son
outil de production.
Il existe deux grands groupes opérant dans l'industrie pharmaceutiques en Algérie, Le groupe pharmaceutique Sanofi-
Synthelabo qui détient depuis 2001 l'Institut Médical Algérien et qui emploie plus de 200 personnes et le groupe «Aventis
Pharma Saïdal» détenue à 70% par Aventis et 30% par Saïdal, qui emploie pour sa part plus de 300 personnes.Saïdal et
Aventis ont par ailleurs signé, en octobre 2003, un accord pour la production de lots d'insuline humaine dans une des filiales du
Groupe Saïdal, «Pharmal», à Constantine. L'usine aura une capacité de production de 3 millions d'unités par an.
Contrairement à ses voisins maghrébins, l'Algérie a développé à partir des années 70 un important tissu industriel mécanique.
Ce secteur présente encore des insuffisances au niveau des équipements techniques malgré les actions de privatisations
entamées depuis les années 90, et qui ont touché seulement deux opérateurs l'Entreprise nationale des détergents (ENAD) et
SIDER. Les entreprises sont, pour la plupart, dans une situation économique et financière difficile, caractérisée par un niveau
d'endettement fort, peu de fonds propres et des sureffectifs. Pour autant, le secteur de l'industrie mécanique offre de réelles
perspectives, notamment dans le contexte budgétaire local, marqué par l'augmentation des ressources financières de l'Etat,
principal actionnaire des entreprises du secteur.
En effet, ces entreprises sont engagées dans un processus de réhabilitation de l'appareil productif, qui nécessitera le recours
aux fournisseurs d'équipements étrangers, l'objectif de l'Etat étant de préserver les entreprises qui pourraient être
concurrentielles, une fois leur dette épongée et leur outil de production remis à niveau.
Ce secteur emploie 15% de la population active en 2004, un chiffre qui reste insuffisant vu que l'état recours à une main d'œuvre
étrangère. Le recours à l'importation est massif et ce malgré des droits douaniers assez élevés. Le principal importateur est la
France à raison de 23%, les importations sont constituées de machines d'extraction et de construction, du matériel de levage et
de manutention, des pompes et des compresseurs hydrauliques. Les autres importateurs sont l'Allemagne et les Etats Unis à
raison de 17% chacune et l'Italie dont le poids des importations s'élève à 10%.
Le secteur minier national se compose d'un secteur public et d'un secteur privé.
Para minier est l'administration chargée des mines qui a pour mission l'élaboration de politiques générales du programme de
l'Etat et de la surveillance du domaine minier.
Le gouvernement algérien a affiché sa volonté de libéraliser ce secteur à travers la loi 2001 qui encourage l'investissement des
nationaux et des étrangers dans ce secteur de l'activité économique algérienne à travers une fiscalité attractive.
Cette loi définit de façon plus claire et simplifiée les conditions juridiques d'exercice de L'activité minière en Algérie et prévoit un
régime fiscal particulier pour les entreprises minières
Le secteur des hydrocarbures est un secteur stratégique et très important dans l'économie algérienne. En effet, les exportations
en hydrocarbures rapportent plus de 95% des recettes en devise pour le pays pour 2005.
L'Algérie est membre de L'OPEP, et possède des réserves en pétrole assez importantes qui lui permettent d'occuper le
septième rang mondial. L'Algérie est aussi le troisième exportateur mondial de gaz naturel et les exportations en gaz naturel
constituent 60% des recettes de l'état. C'est la société étatique SONATRACH qui détient le monopole, et selon la loi de 1986,
les sociétés étrangères ne pouvaient opérer dans le marché algérien des hydrocarbures qu'en entrant en partenariat avec la
SONATRACH, avec une restriction au niveau de la participation dans le capital (cette restriction permettait à l'état de garder le
contrôle sur ce secteur). Ainsi grâce à ces incitations étatiques à l'investissement privé dans ce secteur, la SONATRACH
possède désormais plus d'une trentaine d'opérateurs étrangers.
En 2005, un amendement de loi a été réalisé, cet amendement renforce la position dominante de la SONATRACH dans la
mesure où elle devait participer régulièrement à toutes les exploitations et/ou de recherche de gisements sur le sol algérien avec
une proportion pouvant aller jusqu'à 51% au lieu des 31%. Pourquoi ce choix ?
Parce que l'état voudrait avoir le contrôle de ses richesses naturelles, protéger se secteur de la main des investisseurs étrangers
et garantir l'avenir des générations futures comme l'explique très clairement le président Bouteflika.
Les principaux clients de L'Algérie sont les italiens avec près de 20%, les français avec 15%, les américains avec 13% et les
espagnols à raison de 11%. Le développement de ce secteur a entraîné le développement d'autres industries en relation comme
l'industrie pétrochimique, chimique et plastique. Les opportunités d'affaires dans ce secteur touchent plusieurs activités comme
la recherche, l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures, les Equipements de forage fixes et mobiles ou encore la réalisation,
la maintenance ainsi que la réparation de canalisations de transport d'hydrocarbures.
L'activité de raffinage du pétrole intervient à hauteur d'environ 18 % dans les recettes pétrolières à l'export. L'activité raffinage
est assurée par la société Naftec Spa, filiale à 100 % du Groupe Sonatrach. Naftec gère un patrimoine de 5 raffineries avec une
capacité totale de traitement de 22 millions de tonnes/an de pétrole brut. (2005) Sur les 22 millions de tonnes de pétrole brut
raffiné, le marché algérien consomme environ 8 millions de tonnes de produits pétroliers, le reste est exporté essentiellement
vers les Etat- Unis, l'Europe et l'Asie. Le taux actuel de réserve de capacité est de 10% seulement, ce qui est largement
insuffisant pour répondre aux besoins. C'est pour cette raison que ce secteur a été ouvert aux investisseurs étrangers grâce a loi
de 2005. La production est donc désormais ouverte à tout opérateur national ou étranger capable d'investir, même si Sonelgaz,
l'opérateur public, détient encore à l'heure actuelle un monopole de fait sur la production, la transmission et la distribution
d'électricité. ◙

439
L'INFORMATION

LA PRATIQUE DE L'INFORMATION
• Communication • Déontologie journalistique • Discours journalistique • Fluidité de l'information • Informel •
Marché publicitaire • Opacité administrative • Publicité audiovisuelle • Retour d'écoute • Rumeur • Sondages
et opinions • Statut médiatique des langues •
LES MEDIA
• Cinéma Algérien • Cinéma amateur • Edition • Film scientifique • Information de presse •. Livre • Media •
Photo/journalisme • Presse • Presse algerienne • Presse électronique • Presse/Pouvoir • Télévision •
Transparence •

L A PRATIQUE DE L'INFORMATION

COMMUNICATION .- Elle est devenue de nos jours un produit de consommation, indispensable à toute
société qui aspire au progrès et à un développement harmonieux qui considère le citoyen comme un acteur
principal dans l'élaboration de la décision qui tend à améliorer sa condition. Dans les pays développés, la
fonction "communication" est érigée en véritable science de gestion, de tous les domaines qui touchent à la
vie du citoyen, et à son environnement. Longtemps perçue comme un instrument complémentaire à
l'exercice de l'autorité publique, la communication a définitivement investi le secteur étatique qu'elle
détermine, marque et oriente. En Algérie, à tort, le système de communication n'a été que très peu
développé, et reste limité aux mécanismes matériels de répercussion aux médias (presse parlée et
télévisionnelle). L'autre aspect de la communication, celui qui consiste à établir un dialogue permanent,
entre les différents partenaires de la société, n'est que très faiblement perçu par les centres d'émissions de
l'information, dont l'approche bureaucratique a induit des formes de cloisonnement qui se traduisent souvent
par une désinformation et une manipulation. Le constat est indéniablement négatif dans la mesure où la
population ne reçoit pas toujours avec fidélité la portée des messages qui lui sont adressés. Dans ce cas,
le vide est investi par la rumeur qui s'érige en système de "non communication", dont les effets désastreux
se traduisent souvent par une forme d'indifférence de la population, à l'égard des actions initiées à son
profit. Dans cette situation, les facteurs de non - communication engendrent des inégalités sociales et
inhibent toute tentative d'agir pour un éventuel changement, dans le sens d'une transparence des actions
programmées par les centres de décisions, en direction de la population. Pour la recherche de sa crédibilité,
l'Etat devra considérer la communication comme étant un axe stratégique qui lui permettra de raffermir son
autorité, et prendre l'initiative de communiquer positivement, avec les citoyens qu'il est sensé servir. La
société algérienne aspire au statut de la modernité.
La communication apparaît comme un besoin incontournable, seule à même de faire aboutir des efforts des
hommes et des femmes de bonne volonté, dans le sens de l'amélioration de leurs conditions
socioculturelles. En absence de communication et de son corollaire, le dialogue et la concertation, le
dirigisme des uns se traduit souvent, par l'indifférence des autres et par conséquent, par une déperdition
des énergies et des ressources financières. Cette donnée fondamentale n'est pas nécessairement prise en
charge dans toute démarche qui tend à faire du développement socio-économique et culturel une source
de bien-être, d'émancipation et de justice sociale. Un système rénové de communication s'impose, axé sur
la diversification de ses sources, en vue de satisfaire une demande plurielle croissante et garantissant le
droit du citoyen à l'information. Ce système doit notamment, s'efforcer de réunir les conditions propices à la
promotion culturelle du citoyen et à son épanouissement, à l'ère des grands bouleversements
technologiques. Dans cet ordre d'idées, il est impératif d'accorder une place privilégiée aux réseaux de
transfert de l'information et au large éventail offert par les divers autres procédés techniques. Par ailleurs, il
conviendrait de rechercher un juste équilibre entre les préoccupations commerciales des opérateurs
intervenant dans ce domaine et l'exercice du droit à l'information des citoyens. Il s'agira également :
♦ d'accorder un intérêt particulier à la presse écrite, notamment celle spécialisée dans la stratégie de
développement,
♦ d'encourager l'édition sous toutes ses formes,
♦ d'initier une politique nationale visant à assurer une distribution de la presse et du livre à travers tout le
territoire national en mobilisant tous les moyens de transport disponibles,
♦ d'aider à la création de cellules publiques d'information.

DEONTOLOGIE JOURNALISTIQUE.- Pour aussi regrettables qu'ils soient, les dérapages observés durant la
période de démocratisation du régime s'expliquent par la floraison de journaux indépendants se livrant à une
surenchère médiatique, et par l'inexpérience dont font preuve certains "journalistes". Dans la pratique,
l'existence de multiples abus à cette façon d'informer - affirmations sans preuves, contre-vérités,... - a
nécessité la codification du droit de rectification et du droit de réponse. Curieusement, le recours à ces
droits demeure marginal. Les personnes mises en causes dans un article ont souvent le réflexe qui consiste
à saisir d'emblée les tribunaux. En matière de codification des abus ou délits commis par voie de presse, la
difficulté tient dans l'élaboration d'une réglementation qui établisse des limites compatibles avec un régime
démocratique, et qui en assure, en même temps, la garantie. Malgré les réels progrès accomplis dans la
voie d'une démocratisation du régime ces dernières années, on est encore loin de justices complètement
indépendantes ou les juges ne seraient liés qu'à leur serment d'obéir à la Loi seule. Les magistrats du
siège, qui sont théoriquement inamovibles, dépendent, en fait, pour l'évolution de leur carrière, du ministère
de la justice. Et les magistrats du parquet sont soumis au pouvoir hiérarchique, donc au procureur de la
république. Aussi amer soit il, ce constat s'élargit à d'autres états du tiers-monde sous développé. Le plus
souvent, dans les affaires où les pouvoirs publics sont directement impliqués, les magistrats ne peuvent
qu'hésiter dans l'interprétation qu'ils doivent donner de certains textes de loi. Ce, d'autant plus que les

440
conditions matérielles d'existence auxquelles ils sont confrontés, dans le pays, ne leur garantissent pas une
indépendance absolue vis à vis du pouvoir exécutif. L'interprétation que les juges auront des articles de loi
portant sur des délits d'outrage à une personnalité ou à un symbole de l'Etat ne doit pas aboutir à ôter au
journaliste toute possibilité de laisser libre cours à la critique de son action... En d'autres termes, on ne
saurait courir le risque que les indispensables garde-fous à la liberté de la presse ne soient détournés au
profits des gouvernants qui garderaient un contrôle étroit sur un personnel judiciaire tranformé en auxiliaire
du pouvoir politique. A son tour, le journaliste algérien est confronté au problème de la déontologie, c'est à
dire au respect de l'ensemble des règles éthiques qui devraient être observées dans l'exercice de l'activité
d'informer. Car, si l'information est un droit, elle implique, à fortiori, des devoirs pour le journaliste : devoir
de responsabilité, devoir d'informer sans diffamer, devoir de contrôler les faits qui sont rapportés ... Or,
c'est peu dire que la presse algérienne, dans son ensemble, manque cruellement d'un code déontologique.
Aujourd'hui, ce besoin se manifeste de deux façons. Soit, il est exprimé par les médias, eux-mêmes, à la
recherche d'une discipline professionnelle, soit, il est le fait des autorités publiques qui souhaitent
influencer les moyens d'information. Pendant bien longtemps, c'est bien connu, le concept de "déontologie",
appris dans les écoles de journalisme, signifiait, "ne pas attenter au régime ...". C'est pourquoi les questions
essentielles sont de déterminer, en premier lieu, à qui il appartient d'élaborer ces codes de bonne conduite,
et en second lieu, de savoir quel doit en être le contenu. Sur ces différents points, les représentants de la
profession sont unanimes: c'est à eux qu'échoit la compétence d'élaborer des solutions à leurs problèmes ;
les représentants de toute la presse algérienne doivent prendre position pour "l'élaboration et la promotion,
de règlementations non gouvernementales et de codes déontologiques permettant de mieux défendre la
profession et d'assurer sa crédibilité". Ce n'est donc pas à un gouvernement de s'arroger le droit de
transformer en obligation légale des règles éthiques qui ne relèveraient que de la conscience
professionnelle; ces journalistes font d'ailleurs, judicieusement remarquer qu'à la différence de la loi, qui
s'impose à tous, la déontologie, elle, doit être librement consentie par les professionnels. Aussi importe-t-il,
à leur avis, de distinguer ce qui relève des états de ce qui relève de la responsabilité des journalistes. Cette
bataille des journalistes pour le droit de fixer, eux-memes, leurs propres règles déontologiques est,
cependant loin d'être gagnée en Algérie, les professionnels de la presse écrite se voient imposer des codes
de bonne conduite qui leur fixent davantage de devoirs qu'ils ne leur accordent de droits. Une tenue de
journées de l'information et de la communication pourrait déboucher sur l'élaboration d'une charte des
journalistes déclarant notamment, que dans sa mission de communication, le journaliste est tenu au respect
de la vérité, quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui et ce, en fonction du droit que le public a
le droit de connaître la vérité ...". Ce sera, alors, aux professionnels de la communication, regroupés au sein
de diverses associations, qu'il appartiendra d'élaborer leur code de déontologie, et de veiller à son respect,
dans l'intérêt supérieur de la presse indépendante en Algérie.◙
♦ "Sur le plan du respect des principes d’éthique et de déontologie, la Charte de l’éthique, établie sous
l’égide du Syndicat national des journalistes, le 13 avril 2000, et le Conseil supérieur de l’éthique et de la
déontologie mis en place alors, n’ont plus d’existence réelle. Mis à part le dispositif classique de contrôle
économique des entreprises (fiscalité, etc.) – utilisé sporadiquement comme moyen d’intimidation à telle ou
telle publication frondeuse - aucune régulation n’existe en matière de presse de droit privé. L’absence de
cahier des charges mutuellement assumés avec des représentants de la puissance publique, ainsi que par
rapport aux journalistes a fait entrer dans la spirale d’un fonds de commerce marécageux la majorité des
publications privées. Aucune définition sérieuse et efficace d’une charte d’entreprise impliquant les
journalistes dans leurs droits et devoirs avec le (s) propriétaire (s) du journal n’est effective en 2010, même
si El Khabar a annoncé la sienne en juin 2008. Tout se passe comme si les journalistes, atomisés dans
chacune de leurs activités, sont mis dans l’incapacité structurelle de concevoir un projet de collectif
rédactionnel moralement responsable d’une production de valeur symbolique. Quand elle a lieu, la
conférence de rédaction, rituel classique à travers le monde, est souvent réduite à sa plus simple
expression de gestion rapide du menu du lendemain. Exit toute question de fond, ni commentaire. De
rapport avec les lecteurs, mis à part la sporadique page hebdomadaire, dans de rares cas, aucune
publication n’estime utile d’avoir son ombudsman ou médiateur, tissant de possibles liens de synergie et de
mise en phase avec ses auditoires."□ MOSTEFAOUI B.(2016)
DISCOURS JOURNALISTIQUE .-Le journalisme,c’est le travail de journaliste, qui consiste à collecter,
vérifier, sélectionner, synthétiser et commenter des faits, pour les présenter au public. Il doit donc,
posséder un savoir-faire technique et spécialisé pour pouvoir le diffuser à travers les médias : presse
écrite, télévision, radio… tout en respectant un certain nombre de règles. Ces médias qui sont devenus des
acteurs de la vie sociale et politique. Avec leur variété ils contribuent à la modernisation et l’acculturation
des citoyens. D’une autre façon le journalisme c’est « le mode d’expression propre à la presse écrite. »(1)
Le discours journalistique est un genre discursif, qui se caractérise par des normes et des règles dans le
but de transmettre un message. Il est considéré comme une pratique communicationnelle qui s'intègre dans
le cadre du discours social. Marc Angenot le définit par: « tout ce qui se dit, tout ce qui s'écrit dans un état
de société donne (tout ce qui s'imprime. Tout ce qui se parle aujourd'hui dans les médias électroniques.
»(2), Qu’il soit oral ou écrit c’est la caractéristique de la société numérique. Sa fonction ne se limite pas au
simple fait de transmettre l’information, Selon Patrick Charaudeau «Le discours journalistique ne peut se
contenter de rapporter des faits et des dits, son rôle est également d’en expliquer le pourquoi et le
comment, afin d’éclairer le citoyen »(3). Pour avoir une idée complète et formuler un point de vue personnel
sur l’événement de l’actualité. Les caractéristiques de discours journalistique: Le discours journalistique
a ses propres spécificités qui le différencient des autres types de discours. Il se base sur des valeurs
particulières qui lui permettent d’accéder à un grand nombre de lecteurs hétérogènes. Son objectif principal
est de véhiculer l’information qui est un discours en action à la plus grande masse. Charaudeau (2005)
trouve qu’il s’agit d’un langage en tant qu’acte de discours, et qui témoigne de la manière dont s’organise
la circulation de la parole dans une communauté sociale pour en produire du sens. L’émetteur va
441
effectivement transmettre son message à un grand public, et permettre une interaction continue à travers la
vulgarisation de l’information. Ce discours doit être également simple, concret, précis et, compréhensible.
Philippe Gaillard le qualifie par : « le caractère concret, objectif et précis du style du journaliste est le
meilleur auxiliaire de la rigueur avec laquelle doit être traitée »(4). En plus, la simplicité grammaticale et la
précision sont deux critères exigées car « Chaque phrase et presque chaque mot doit apporter un élément
d’information, le maximum d’information, d’où l’importance du choix et de la précision de chaque substantif
ou adjectif, de l’élimination systématique de tous les adjectifs et adverbes vagues et inutiles ».(5) Ces
critères permettent une diffusion complète du discours journalistique.
La situation de communication dans la presse écrite  : Le discours de presse, est d’abord un discours de
communication. Pour qu’il soit efficace, il doit être présenté de façon claire, et précise pour inciter le public
à lire l’information, d’où la situation de communication s’installe entre émetteur et récepteur permettant
toute opération d’échange. Pour qu’il ait communication il faut deux protagonistes en plus de la présence
de quatre autres éléments pour accomplir un discours de la presse écrite.(1) l’émetteur (Le destinateur) (2)
le destinataire (3) le contexte (4) le contacte (5) le code commun (6) le message. Par la suite chaque
facteur est le point d’aboutissement d’une fonction qui ce sont: (1) La fonction référentielle (2) émotive (3)
conative (4) phatique (5) métalinguistique (6) poétique(6). Toutes les fonctions que nous pourrions trouvé
en plus se ramèneraient de toute façon à l’une ou à quelques-unes des six fonctions énumérées
précédemment.

Les éléments du discours de presse selonle schéma de Jacobson dans le discours de presse. En effet
le journaliste émet son message (l’information) à travers le canal (quiest le journal) écrit par des mots de la
langue et illustré par des photos représentant (lecode) dans le but de permettre une bonne compréhension
au publique (le destinataire),et qui parle d’une situation déterminée (le référent).Lors du passage du
message, Charaudeau distingue qu’il y a deux instances de communication médiatique : l’instance de
production et l’instance de réception.
□ L’instance de production : est un procédé médiateur entre les deux mondes: le monde extérieur: la
ressource de l'information et le monde médiatique. Cette instance "Se trouve engagée dans un processus
de transformation, dans lequel elle joue un rôlede médiateur, et parfois de constructeur d'événement, entre
le monde extérieur où setrouve le fait à l'état brut, et le monde médiatique, scène sur laquelle doit
apparaitrel'événement médiatisé. »(7). C’est la façon par laquelle le journaliste va présenter l’événement
pour ses lecteurs.
□ L’instance de réception : C’est la tâche du lecteur « dont la figure majeure dans la presse écrite
s'appelle lecteur- « a pour rôle de prendre connaissance (lire, écouter, voir) des informations qui lui sont
présentées, [….], et de les interpréter selon ses propres besoins de savoir ou d'action.»(8). De ce fait, le
lecteur doit accomplir la tâche dela communication.
La situation d’énonciation dans le discours journalistique  : L’énonciation est le « fait du locuteur qui
mobilise la langue pour son compte »(9), cela veut dire dans un discours quelconque, le sujet qui détermine
l’énonciation tout en produisant un énoncé dans une situation d’énonciation, selon Benveniste« le sujet
sesert de la parole et du discours pour se « représenter » lui-même tel qu’il veut savoir,tel qu’il appelle
l’autre à le constater »( 10). Autrement dit, le discours journalistique exige la présence d’un locuteur-
journaliste qui rapporte les faits en tant qu’énoncé et les transmet à un allocateur, le lecteur l’interprète à
partir de ce qui est présenté.
442
L’objectivité dans le discours de presse  : La première tâche de la presse est d’informer, donc le
journaliste est appeler à prendre une distance par rapport à son sujet émis. « L’effacement énonciatif
caractérise lesénoncés impersonnels qui semblent directement représenter le monde sans présenter
demarques d’un sujet énonciateur »(11). Il doit jouer le rôle d’un médiateur entre l’actualité et les lecteurs.
La neutralité l’oblige à s’effacer, dont la subjectivité supprimée par l’éloignement des marques du sujet
énonciateur dans la création des textes « qu’il seretire de l’énonciation, qu‟il “objectivise” son discours en
“gommant” non seulementles marques les plus manifestes de sa présence (embrayeurs) mais également
lemarquage de toute source énonciative identifiable »(12). Dans l’exposition de son point du vue, le
locuteur-journaliste prend une distance maximale par rapport à son énoncé à fin de se présenter objectif et
neutre.
Le style journalistique Pélissier trouve que « le rôle du journaliste, c’est-à-dire du choix des informations,
de la hiérarchisation, du filtrage est d‟autant plus important […] le public a toujours besoin que les
journalistes choisissent les informations qui sont considérées plus importantes »( 13). Nous estimons donc,
que le journaliste doit s’appuyer sur des informations vérifiables qui mènent une description fidèle des faits,
donc il doit dégager le message essentiel de toute information en traçant un plan de travail qui répond aux
six questions suivantes : qui ?, quoi ?, où ?, quand ?, comment ?, et pourquoi ?
La presse écrite : L'expression presse écrite désigne, d'une manière générale, l'ensemble des moyens de
diffusion de l’information écrite, que se soit les journaux quotidiens ou les publications périodiques
notamment les organismes professionnels liés à la diffusion de l’information écrite(14). Le journaliste rédige
son article pour le simple objectif d’informer le lecteur : «L’écriture journalistique est une forme d’expression
permettant au journalistique (presse écrite, radio, TV) de rapprocher à un genre journalistique de son
objectif initial : informer».(15). Dans ce sens, Le discours journalistique a un premier but informatif. Il se
transmet au large public se distinguant du discours scientifique et littéraire qui s’adresse aux spécialistes
et aux élites. En outre, l’écriture journalistique se distingue de l’écriture littéraire dans la manière d’aborder
les sujets. Pour MOURIQUAND: « Lepropos de l'écriture journalistique est de servir le réel en lui étant aussi
fidèle que possible. L'écriture littéraire au contraire est libre de cette contrainte de fidélité ». Lorsque le
discours journalistique se rattache à l’actualité, il est réel puisqu’ il vise à rapporter les événements
d’actualité. En revanche le discours littéraire dépend de la fiction dans sa création en usant des procédés
de la rhétorique de la langue. □
Notes  :
1–DEBORAH POTTER,Guide journalistique indépendant , Bureau international de l’information Département
d’Etat, Etats-Unis d’Amérique, Version française : Africa Régional Services, Paris
inhttp://usinfo.state.gov/2006 consulté le 05/01/2016
2-MARC ANGENOT, clLe Discours social: problématique d'ensemble >, in Cahiers de recherche
sociologiques, vol. 2. no. 1, avril 1985. p. 20
3-http://www.patrick-charaudeau.com/Une-ethique-du-discours-mediatique.
4-PHILIPPE GAILLARD, Technique du journalisme , coll. Que sais-je ? 3 è m e édition, Paris, 1980, p.92.
5-ISMAIL JAMAL, cité par Philippe Gaillard, «Analyse des titres des quotidiens français , Libération,
LeMonde et Le Figaro», Mémoire de magistère, 28/7/2009, UniversitéTrichine. p16
6- http://www.signosemio.com/jacoson/fonctiondelangage.as.2016
7-CHARRAUDEAU PATRICK, le contrat de communication de l’information médiatique , revue, Le français
dans le monde, numéro spécial, juillet 1994, Hachette, Paris, 1994, sur le site de Patrick Chaudeau- livres,
articles, publications : http :www.PatrickCharaudeau.com /le contrat-decommunication.html.
8-Ibid.
9-BENVENISTE EMILE, Problèmes de linguistique générale , Gallimard, Paris, 1974, p.80
10-Ibid.
11-HAILON FRED, «Idéologie et discours de presse, circulations discursives et non-coïncidences des mots
et du monde dans un corpus de presse, dans la période des présidentielles d’avril 2002», Thèse en vue de
l’obtention du Doctorat de linguistique, à l’Université de Poitiers Date de soutenance : le 25 septembre
2009. p.9
12-Ibid.
13-PELISSIER NICOLAS, Nicolas Romain « journalisme de presse écrite et nouveaux réseauxd’information,
reconfiguration théoriques et études de cas », cahier du journalisme n° 5, décembre 2008. .

FLUIDITE DE L'INFORMATION .- Le déficit en communication a démontré même en Algérie qu'il engendrait


des évènements imprévisibles et des bouleversements sociaux. Dans le champ de l'activité économique et
politique, les canaux traditionnels de communication n'ont pas fait l'objet de remise en cause dans une
approche de rentabilité du mode de gérer l'information, de ses capacités de transmission, ni d'évaluation
d'impact sur l'environnement, principal bénéficiaire économique et culturel. Actuellement, les structures
étatiques, toujours dominées par la bureaucratie, centralisent les circuits d'information. En canalisant les
flux informationnels dans un mode uniforme de gestion hiérarchisée, les structures étatiques ont fait état
d'un manque d'efficacité dans la conduite de leur programme car la concertation, l'échange critique
faisaient quelque peu défaut. Un certain nombre de problèmes de coordination, de négatives interactions ou
interférences doivent amener les décideurs à envisager la nécessaire réexamination du mode de circulation
de l'information, de sa gestion sous forme associée et de son traitement à un stade participatif plus élargi.
Cette nécessaire adaptation devrait être à l'ordre du jour pour amener les responsables à statuer sur un
rééquilibrage des relations d'échanges. Cette question intéresse la vie interne des structures étatiques
repliées sur elles-mêmes face à un environnement qui subit l'action permanente de manière univoque sans
possibilité de réagir. Il est certain qu'un dirigisme outrancier dans la prise de décision avait caporalisé
l'information, prétextant le professionnalisme, à des fins occultes de pouvoir ou de convoitise d'intérêts
inavoués. L'accumulation des problèmes due à l'état de non-communication, causé par une étanchéité

443
d'un système de rapports hiérarchisés et hermétiques, n'a pas permis à leurs animateurs de ramener vers
eux les résultats escomptés de leurs actions développées en cascade. Le constat communicationnel
demeure indéniablement négatif car le mutisme, les désaccords et les conflits subsistent, résultant de
l'incompréhension mutuelle ou d'une mauvaise circulation des informations entre la hiérarchie et la base
socialement ou professionnellement concernée. Ces publics entretiennent toujours ce besoin légitime d'être
mis au courant pour y être associés ou participer ; ils demandent toujours un supplément d'informations ce
qui les rend soit incompris soit frustrés de par la rétention exercée. Or, pour susciter l'adhésion générale, il
est nécessaire de prendre des mesures pour éviter la constitution de groupes d'intérêt qui privilégient des
courants d'idées qui s'imposent par la pression. Pour établir des relations de communication équilibrée dans
un système ou l'échange est permis sans excès de permissivité, il est nécessaire de donner à la base
sociale des assises de réception (perception) et d'émission informationnelles. La fluidité de l'information
constitue un enjeu important dans la société. L'évolution de la société et de son organisation impose aux
responsables comme aux simples citoyens de nouvelles attitudes, d'autres réflexes et une nouvelle
approche de l'autre.

INFORMEL.- L'une des tares importantes de la réalité prégnante vécue par l'entreprise ou la collectivité
publique en Algérie concerne la nébuleuse de l'informel qui a quasiment systématisé la vie de l'institution
publique, à travers ses manifestations les plus apparentes que sont les décisions. L'informel prime dans
certains aspects de la gestion de l'institution publique, relevant de déficience d'organisation c'est à dire
répartition des tâches et des responsabilités sous-tendues par les insuffisances de motivation, qui
prédomine en son sein (pulsion des groupes d'intérêt). Le phénomène de l'existence de groupes d'intérêt
avec leur base culturelle propre a fonctionné selon des modes de transmissions de repères et de
référents culturels. L'allégeance au groupe passe par un véritable système organisé en réseaux de
clientélisme. Plus on donne d'informations au groupe, plus on s'identifie, et plus on y adhère. Le vecteur de
fonctionnement est la communication orale dans son caractère informel. La parole donnée (promesse) peut
valoir plus qu'une décision.
Ce système de communication orale non formalisée dépasse le système de communication de gestion, le
dénature et le phagocyte en l'utilisant. Bien souvent, les décisions prises en réunions officielles le sont en
fait conclues avant la tenue de celles-ci. De même qu'il existe au moins deux groupes rivaux en compétition
permanente pour avoir l'hégémonie auprès du centre (premier responsable). Le consensus ne s'établit qu'à
chaque décision prise et il peut être soit un consensus de domination ou celui d'un partage équitable du
pouvoir. Cet équilibre illustre le balisage de l'évolution du rapport de forces constamment relancé par les
différents groupes rivaux remobilisés à nouveau. Il existe, en fait, l'institution formelle et la structure
informelle, réelle, parfois en contradiction avec la précédente dans la définition des rôles de chacun. Dans
des conditions économiques extérieures qui lui échappent, dont il est peu ou mal informé, le centre de
décision compte sur sa "capacité" à maintenir un équilibre entre les pressions et les courants contradictoires
de son environnement. L'efficacité de l'entité économique ou administrative considérée est mesurée par le
fait que toute sollicitation sera plus ou moins bien "prise en charge" avec le minimum d'ambiguité par la
personne qui doit répondre et que le rapport "coût de la réponse" sur "efficacité en direction des objectifs"
sera plus faible. L'harmonisation des rapports internes nécessite un rééquilibrage et une formalisation des
responsabilités et des pouvoirs. Il s'agira de faire émerger le pouvoir de compétence pour limiter les dérives
de l'institution publique. Le facteur de compétence portera sur l'ensemble des membres et son émergence
suppose la capitalisation du savoir-faire acquis , sa consolidation et son développement dans un
cadre recentré (codifié) pour qu'il soit harmonieux (représentativité) dans ses démembrements.

MARCHE PUBLICITAIRE.- Le marché de la publicité dans la presse écrite francophone : L’apparition de la publicité
dans la presse a toujours été liée à des considérations d’ordre pécuniaire. Il en est ainsi du journal La Presse fondé
par Emile De Girardin (1) dont 50% des recettes ont été à la charge des annonceurs publicitaires, ce qui entraînait
un équilibre budgétaire permettant de diminuer les prix de vente des journaux et l’élargissement par conséquent
du nombre de lecteurs. Cette pratique est inauguratrice de la presse dite de masse moderne. Elle est aujourd’hui
financée à hauteur de 50% en moyenne par les annonces payantes, d’autres en dépendent entièrement, c’est le
cas de la presse écrite. Car, même si la vocation première d’un quotidien national est d’informer, qu’il a été et
continue de constituer souvent un contre-pouvoir face au pouvoir politique en place, « il est aussi, au sens le plus
banal du mot, une entreprise qui achète, fabrique, vend et doit faire des bénéfices »(2) d’après Hubert Beuve-
Mary le fondateur du journal Le Monde. Cette réalité est d’autant plus évidente en Algérie eu égard aux prix
exorbitants d’impression auxquels doivent faire face les rédacteurs.

♦ L’expansion de la communication publicitaire : En Algérie, le champ de la publicité, dénommé aussi


communication, notamment dans la presse francophone, connaît ces dernières années une expansion notable (3).
En atteste, d’ailleurs, le nombre de pages qui est consacré aux annonces de tous genres dans la presse nationale,
privée et publique, ainsi que les slogans diffusés à longueur de journée à la radio et à la télévision, nonobstant, les
panneaux publicitaires qui se dressent de plus en plus nombreux dans le décor urbain nous environnant.

444
(1) Groupe Marcuse., 2004, De la misère humaine en milieu publicitaire, comment le monde se meurt de notre
mode de vie, Paris, La découverte, p. 96.
(2) Propos de Hubert Beuve-Mary rapportés par Meziane M., 2008, « Lumières dans la presse algérienne? », in
Liberté du 04 Mai 2008, p.07.
(3) « Le marché compte 2282 opérateurs privés dans le domaine de la publicité (…) à cela s’ajouteront 2256
agences de communication privés (…) le chiffre va crescendo. Il a été de l’ordre de 12,9 milliards de dinars pour
l’ensemble de l’année 2008, mais avoisine 11,4 milliards de dinars pour le premier trimestre 2009 seulement. », in :
http://www.afrcopen.com/index.php/2009/0721/158-secteur-de-la-publicite-en-algerie

Il n’en n’a pas toujours été ainsi durant les années précédentes, en effet, en ce qui concerne la communication
institutionnelle, Ahcène-Djaballah Belkacem relève quatre périodes, lesquelles ont été caractérisées par des
évolutions sensibles. La première date des années 1970 et s’étend jusqu’au milieu des années 1980, la publicité
institutionnelle domine, mais l’« on fait beaucoup plus la promotion du système que celle des produits » (4), la
publicité étatique détient le monopole. La deuxième période coïncide avec la « restructuration des entreprises
commerciales et industrielles »(465) qui se poursuit jusqu’en 1989, l’auteur identifie « la publicité commerciale
»(5), il s’agit également de la diffusion des « ˝spots˝ d’utilité publique »(6).

Dans les années 1990-1997, « c’est le règne de l’annonce de crise et de la réclame à tout va, l’essentiel étant de
s’exprimer et non pas d’expliquer. L’éthique et l’esthétique sont, au passage, assez écorchés »(7) à la télévision,
mais là aussi « le produit reste effacé »(8), cette période étant celle de la décennie noire qu’a connue le pays. La
communication sur le produit ne se précisera que dans les années 1998-2004 où « l’ouverture accélérée libérale
de l’économie nationale transforme les marchés et la communication sur les produits surtout ceux distribués par
les « privés », inonde la presse et les espaces »(9). La tendance se confirme jusqu’en 2011, date à laquelle où la
publicité se taille la part du lion dans les espaces réservés à la communication publicitaire. Preuve en est que la
publicité s’accroit sur le web de façon considérable grâce à la pénétration du réseau internet en Algérie ainsi que
le développement avec succès des réseaux sociaux comme facebook. L’Agence Sigma Algérie montre que les
investissements publicitaires sur Internet ont été les plus importants durant les années 2008-2009.(10)

C’est l’ouverture du marché national (11) algérien à l’économie mondiale qui a suscité cette dynamique. Elle est
liée à l’obligation dans laquelle se trouvent les entreprises privées et publiques, étatiques et étrangères, de
réaliser des profits, en tentant de s’imposer dans un contexte économique des plus concurrentiels et dans une
société où s’opèrent des mutations socio-économiques dictées par la mondialisation, stipulant une adaptation
structurelle qui n’est pas sans charrier son lot de contraintes et d’exigences.

(4) Ahcène-Djaballah B., p. 231.


(5) Idem.
(6) Ibid, p.232.
(7) Ibid.
(8) Ibid.
9) Ibid.
(10) Ibid.
(11) Voir : Lounes N., « La epub séduit les consommateurs automobile », in El Watan, spécial Salon de l’Auto 2011,
p.29.

Si l’argent est le nerf de l’économie, on peut dire de la publicité qu’elle est le nerf du marketing. C’est la stratégie
qui consiste en l’art de vendre en faisant adopter au sujet un comportement d’achat. Même si le procédé date d’il
y a des siècles, peut être même des millénaires, qu’il a toujours accompagné les opérations commerciales de
vente et d’achat, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui il tire son importance voire même son pouvoir
d’influence des techniques médiatiques à l’œuvre dans le domaine de la communication, et dont l’objectif est de
contrôler le marché économique national et/ou international; en assurant une large diffusion des messages
445
publicitaires en vue de toucher le plus grand nombre possible d’individus composant la masse potentielle
d’acheteurs. Les textes de la communication pour reprendre le titre d’un des ouvrages de Dominique
Maingueneau vont ainsi dans ce sens, c’est pourquoi de nombreux travaux ont insisté sur leur rhétorique qui met
en évidence le caractère info-persuasif du discours publicitaire. En effet, la concurrence émergente en Algérie
participe au développement du marché de la publicité en vue de se maintenir sur ce marché et de continuer
d’exister. Des journées d’étude euro-méditerranéennes ont été organisées ces dernières années (12), elles sont
destinées à penser la construction de la communication publicitaire, ainsi que le rôle des acteurs responsables des
divers canaux de diffusion comme le secteur audiovisuel, celui des agences et des bureaux d’étude spécialisés
dans le domaine. Les thèmes des premières journées avaient pour objectif de créer une union maghrébine des
agences de communication.(14)

(12) Maingueneau D., 2007, op.cit. (13)


http://actualité.el-annabi.com.php3?id_article=2522.
(14) Elles ont été organisées respectivement les 23 et 24 Octobre 2007, les 21 et 22 Mai 2008, les 06 et 07 Juin
2009, les 31 Mai et 01 Juin 2010 ; les cinquièmes journées ont lieu les 08 et 09 Mai 2011.

Les thèmes évoqués lors des premières journées se sont, entre autres, rattachés à « la qualité des produits et la
protection des consommateurs », « les soldes et concurrence déloyale », « les stratégies et enjeux mondiaux de la
publicité », « éthique et auto-régulation de la publicité »(15). Les deuxièmes journées s’articulaient autour des «
métiers de la création publicitaire », de « la musique, son rôle et son impact dans les spots publicitaires », « la
communication et le développement durable », « culture pub, culture médias »(16). Les troisièmes journées, elles,
avaient pour thème central le rôle de la publicité dans la dynamisation de l’économie, elles ont porté sur « la
publicité au secours de l’économie », les thèmes débattus s’articulent autour de « l’investissement, la publicité, le
marketing direct, la promotion des ventes, la publicité à l’ère de la presse, les dépenses publicitaires en temps de
crise(17)… etc. Pour les quatrièmes journées les thèmes abordés étaient « la communication publicitaire et
technique de la publicité », « les quotidiens, est-ce une formule gagnante pour les annonceurs », « régie
publicitaire on line », « les acteurs de la communication », « l’instrumentalisation des valeurs de l’entreprise
auprès des clients »(18). Les cinquièmes journées auront pour thème principal les relations « Médias et publicité
»(19).Outre ces manifestations organisées par les professionnels du domaine, des colloques en contexte
universitaire sont également animés qui abordent le même sujet.(20) En dépit des avancées enregistrées dans ce
domaine, les études menées dans le cadre de ces journées d’études déplorent un manque à gagner en ce qui
concerne le budget publicitaire. L’augmentation de ce dernier étant tributaire du développement du domaine de
la communication. L’objectif est de pallier aux insuffisances en la matière en ouvrant davantage le champ
audiovisuel aux investisseurs privés comme c’est le cas au Maroc. Une condition qui s’avère problématique car
impliquant une évolution voire un changement au niveau de la chaîne de communication et de la circulation de
l’information qui se voulait homogène et uniforme avant que ne soit promulguée la loi d’avril 1990 relative à
l’information coïncidant avec l’avènement du multipartisme.

(15) http://lakoum-info.com/news_mars2009/news_id033234.php.
(16) http://www.lemaghreb.com/lire.php?id=6379, consulté le (30/03/2011).
(17) http://actualites.marweb.com/algerie/economie/e-journee-euro-maghrebine-de-la-communication-
publicitaire.
18) F:/e-journee-euro-maghrebine-de-la-communication-publicitaire.html, consulté le (30/03/2011).
(19) F:/8684.html/.
(20) Citons le colloque international : « langues et médias en méditerranée », organisé du 12 au 14 Mai 2010 à
Ouarzazate au Maroc et le colloque international « Médias, organisations et discours glottopolitiques » organisé
par le Réseau Francophone de Sociolinguistique le 19 Décembre 2008, et la publication du numéro 14 de Glottopol
« Nouveaux médias et dynamiques des langues dans l‟espace francophone », Janvier 2010.

446
La situation médiatique connaîtra alors un boom sans précédent, car du nombre de cinquante titres de presse
écrite, l’on est passé à environ huit cent titres édités dans les deux langues, l’arabe et le français. Quant au tirage
des quotidiens nationaux, il se chiffre à 150.000 exemplaires par jour. C’est dire le nombre conséquent de
journaux parus suite à la promulgation de la loi précédemment citée. Une progression qui fera des journaux un
des supports clefs de la communication publicitaire en Algérie. Cette tendance en faveur de la presse écrite se
confirme selon les statistiques avancées récemment par le ministère algérien de la communication lors de la
présentation d’un projet de loi régissant le secteur de la publicité. Selon cette source « concernant les recettes
générées par le secteur de la publicité l’année dernière (…) elles ont dépassé les 13 milliards de dinars pour la
presse écrite publique et privée, alors qu’elles ont atteint les 3,221 milliards de dinars pour la télévision
nationale.»(21). L’expansion de ce marché est tributaire de la dynamique du développement de l’économie et des
investissements privés dont les acteurs recourent à des stratégies de communication publicitaire dans le but de se
faire connaître et/ou d’écouler leurs produits. Concernant l’ANEP, l’Agence Nationale d’Edition et de la Publicité
chargée de la collecte et du traitement de l’information, elle détenait le monopole de la publicité depuis sa
création dans les années 1970, et en me référant à la même source « un taux important de la publicité ne passe
pas par l’ANEP (…) 49%seulement des annonces publicitaires sont pris en charge par l’ANEP contre 51%par les
particuliers, entre 2006 et 2007, alors que les panneaux publicitaires sont partagés entre l’ANEP et les
privés.»(22) . Le monopole sus-cité aurait commencé à être écarté depuis la promulgation de la loi relative à
l’information de 1990. L’ébullition constatée dans ce secteur n’en est qu’à ces débuts si l’on en croit les quelques
statistiques consultées. Ce secteur avantageux, car générateur de flux financiers, connaîtra des développements
qui influenceront la communication publicitaire. La question qui se pose à ce stade est de savoir si la presse écrite
demeurera le support privilégié des annonceurs, du moins en Algérie, sachant que la non-ouverture du champ
audiovisuel incite les Algériens à la lecture des journaux en quête d’un autre regard sur les évènements qui
traversent leur société.

(21) Déclaration du ministre algérien de la communication rapportée dans le Quotidien d’Oran du 12 Juillet
2008,p.03.
(22) Belguernine K., 2007, « Le discours publicitaire en Algérie: des contraintes d’écriture », in, Discours dans les
sociétés en mutation, Paris, l’Harmattan, p.198.

C’est ce qui expliquerait, en partie, cet engouement des annonceurs pour ce secteur, car, au Maroc, la part de
marché la plus importante est détenue par le secteur audiovisuel où les chaînes de télévision peuvent être crées
par les investisseurs privés. En France par exemple, c’est la presse régionale qui est favorisée, et ce, à la faveur
d’un système de régulation du marché publicitaire qui répartit les investissements dans ce sens.
Etant un pôle émergent, le domaine de la publicité souffre d’un manque d’études et de statistiques à même de
permettre d’en suivre l’évolution. On évoque néanmoins une manne financière que génère cette activité, et dont
bénéficierait notamment la presse écrite, si l’on se réfère à des sondages et à des enquêtes effectués par des
journaux privés et des bureaux d’expertise spécialisés en marketing. En effet, selon une étude (23) réalisée par le
journal arabophone El Khabar, à partir d’un échantillon de trente et un quotidiens nationaux, il s’est avéré que la
publicité occupe 88.83%de l’espace consacré aux annonces publicitaires. Le reste est consacré aux diverses offres
d’emploi ou autres appels d’offre ou encore les pages nécrologiques ne représentent que 11.16% de l’espace
consacré à la publicité de manière générale. Il en a résulté que dans la presse francophone le nombre d’annonces
est plus élevé et dépasse de 20% celles parues dans la presse arabophone (60% contre 40%). On y relève
également que la presse privée est majoritaire par rapport à la presse publique quant au nombre d’annonces
(2926 annonces soit 78%) contre (840 annonces soit 22%).

C’est ce qui explique que les parts de marché publicitaire les plus importantes demeurent détenues par la presse
écrite, et ce, en dépit de la concurrence dont elle fait l’objet de la part des autres médias que sont la radio et la
télévision. En effet, ces parts de marché étaient estimées en 2004 à 75% dans le secteur de l’audio-visuel, soit
l’équivalent de trois milliards sur quatre, en 2006, elles avoisinaient les 44%.(24). □ CHATOU Ibtissem (2011)
447
(23) Idem.
(24) http://actualité.el-annabi.com...,op.cit.

OPACITE ADMINISTRATIVE. - L'information satisfait l'une des nécessités humaines les plus élémentaires.
Le désir de s'informer et le besoin de savoir découlent de cette curiosité naturelle de l'Homme; on ne peut
mettre aujourd'hui en doute l'importance de l'information pour un développement spirituel et complet de la
personne. Elle est aussi fondamentale que le travail et le pain, car c'est une condition essentielle de
l'accomplissement valable du devoir civique du citoyen. L'information et la communication sont aussi un
moyen que l'homme peut mettre à sa disposition pour s'intégrer dans la société avec laquelle il est appelé à
s'interpréter. Dans les sociétés à tradition libérale, le droit à l'information est un attribut dont l'ensemble
des citoyens doivent bénéficier. Il est perçu comme une liberté publique et comme un droit de l'Homme.
Dans les deux cas, le droit à l'information permet à chacun de connaître les informations réunies sur son
compte et de consulter les documents présentant un intérêt général. L'importance de l'information des
citoyens n'est plus à démontrer, elle est à examiner. Sa consécration en droit subjectif est en droit moral,
qui incombe à l'Etat de la faire respecter, marque le passage de l'Etat autoritaire et de commandement à
l'Etat de concertation et de transparence. Cette évolution traduira la transformation du modèle de relation
unilatéral, asymétrique et monologal dans lequel l'Etat détient le monopole de l'information en un véritable
système de communication de type bilatéral, dialogal et interactif où le citoyen quitte son statut de mineur
incapable pour devenir un acteur actif. Sur le plan administratif, la démocratie amènerait à envisager la
possibilité de briser le secret par la reconnaissance du droit à l'information permettant aux citoyens le
pouvoir et de discuter les décisions de l'administration. La démocratie ne consiste pas à mettre
épisodiquement un bulletin dans une urne, puis se désintéresser, à s'abstenir, se taire pendant cinq ans.
Elle est action continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l'Etat, mais sur celle de la
région, de la commune, de l'association, de la profession. La démocratie n'est pas efficace que si elle existe
partout et en tout temps. Cette manière d'appréhender la démocratie amènerait à envisager un système de
contrôle de l'administration par l'établissement du droit à l'information, car une démocratie ouverte ne peut
s'accommoder du secret administratif. Le droit à l’information est au centre de la relation qui s'instaure entre
l'administration et l'administré. Il n'a de valeur que s'il est institué dans le but de permettre à l'administré de
participer activement dans le processus de décision administrative. Il serait par conséquent sans effet s'il
est instrumentalisé à des fins de propagandes et de séduction pour les seuls buts de dissiper les réactions
de rejet et d'incompréhension du public et d'éviter le recours aux contentieux.
La notion d'information implique une relation "interactive", l'amorce d'un dialogue entre le détenteur de
l'information et l'administré. Cette notion sous-entend l'échange, opposition à toute relation de
commandement fondée sur l'assujettissement de l'individu. Le droit à l'information apparait alors comme une
prérogative qui ébranle un droit administratif reposant sur la théorie de la puissance publique et remet en
cause le mode de commandement autoritaire fondé sur le secret. Dans la tradition du secret,
l'administration n'est pas contrainte de communiquer à l'administré les motifs des décisions qu'elle lui
oppose, car le partage de l'information revient en dernier ressort à un partage des pouvoirs impliquant la
transformation du rapport à l'Etat. En effet, l'administration n'est pas tenue d'ouvrir ses dossiers tant que le
législateur ne le lui a pas expressément imposé. Cette situation est héritée du système français ou l'accès
du public aux documents administratifs n'était pas régi (jusqu'en 1978) par un texte de portée générale (loi
du 17 juillet 1978). Certes, il existait des dispositions particulières dont les unes imposaient le secret, et les
autres au contraire, la publication de certains documents, mais dans l'ensemble, la matière était dominée
par un principe de confidentialité sanctionné par la jurisprudence selon selon lequel le public ne peut avoir
accès à un document que si un texte le prévoit expressément. Le droit au savoir, perçant l'anonymat
administratif permet à l'administré de s'immiscer dans le fonctionnement du service, de connaître l'identité
du décideur et d'influencer l'esprit du travail administratif, considéré jusque-là comme neutre et
impersonnel. Cet anonymat est souvent perçu comme un facteur d'objectivisation des décisions
administratives, en fournissant au décideur les moyens de dégager sa pensée, de se dégager de son acte.
Le secret permet alors, au fonctionnaire d'acquérir une liberté d'action qui favorise l'indépendance de vue
et d'esprit d'initiative, mais qui peut dégénérer en arbitraire faute de garde-fous suffisants. Le secret
administratif demeure une notion imprécise. Dépourvu de bases juridiques solides, ses règles sont parfois
méconnues. Il est d'abord involontaire car il tient à l'impossibilité dans laquelle se trouve l'administration de
fournir une information sur les documents qu'elle détient.
La confidentialité n'a jamais fait dans l'administration l'objet d'une définition. Elle varie dans son ampleur
selon les ministères, selon les services et même selon les agents. Fluctuante et imprécise, elle se définit
autant au gré des tempéraments que des nécessités de l'action administrative. Le "droit" au secret
résulte de l'absence de textes reconnaissant de façon générale aux individus un droit à l'information. C'est
pour cela qu'il est considéré comme étant la règle, tempéré parfois par des exceptions. Fondée sur
l'absence du devoir d'information et sur des notions imprécises comme l'obligation de discrétion, ou de
réserve, la pratique du secret apparaît au surplus fragile dans ses motifs et contestable dans ses effets. On
avance généralement deux séries d'arguments pour justifier le secret d'abord. Il y a la protection de l'intérêt
des services, car certaines informations ne peuvent être rendues publiques pour des motifs d'intérêt
national, comme c'est le cas des documents qui sont couverts par le secret militaire ou par le secret
diplomatique, les documents contenant des informations à caractère économique stratégique ou les
documents se rapportant au secret de l'enquête et de l'instruction judiciaire. Ensuite, c'est pour des raisons
relatives à la protection de la vie privée des personnes que le secret est invoqué.
L'administration détient, en effet, des quantités considérables d'informations personnelles sur des citoyens,
tels que les relevés bancaires, les dossiers relatifs au passé judiciaire, les dossiers du personnel dans
lesquels apparaissent leur carrière, leurs notes, les sanctions dont ils ont pu être l'objet. Tous ces

448
renseignements appartiennent à un domaine réservé, protégé par le secret à l'égard de tout autre que la
personne concernée. Les fonctionnaires qui les détiennent ne peuvent les diffuser sous peine des sanctions
prévues par le code pénal.
Erigé en véritable déontologie administrative, et considéré comme clef de voûte du système administratif, le
secret se manifeste aussi dans la procédure administrative non contentieuse, dans le principe de la non
motivation des actes administratifs, dans le processus d'élaboration de l'acte unilatéral. Mais c'est dans le
domaine de la fonction publique où il est le plus souvent apparent. Le "droit" du silence impose aux agents
de l'Etat fait partie de la morale et l'éthique administratives. Hormis ces écueils au droit à l'information tout
document, ou toute information doivent être en principe communicables au citoyen; or l'administration, parce
qu'elle dispose d'un pouvoir discrétionnaire sans limite, peut à tout moment évoquer la fragilité d'un
document, le manque de moyen de production ou l'inachèvement des travaux en cours pour imposer le
secret. En plus l'absence d'une obligation explicite d'information, l'administration n'est pas tenue de
communiquer ou de dévoiler, ni ses documents, ni ses motifs, ni ses propos, ni ses intentions. Cette
démarche rétentionniste considérée comme une technique de protection de l'administration au lieu de
garantir l'efficacité et l'indépendance des services, ouvre les voies du soupçon, "ce qui est tenu secret
spontanément présumé non avouable , et l'administration parait par ses silences couvrir le plus souvent
l'erreur, l'échec ou l'incertitude".
Le lancement officiel en 1988 de la campagne contre l'inertie et la bureaucratie dans les administrations la
publication du décret du 4 juillet 1988 organisant les rapports entre l'administration et les administrés, la
ratification de la charte africaine des droits de l'homme reconnaissant le droit des citoyens à être informés
(art. 9-1), la promulgation de laloi 87-15 du 21 juillet 1987 relative aux associations, la reconnaissance
officielle des ligues des droits de l'homme, et l'adaptation d'une nouvelle constitution ouvrant le champ au
pluralisme, témoignent d'une prise en compte par l'Etat des nouveaux besoins des citoyens.
Deux niveaux peuvent être distingués dans l'action qui est menée pour rapprocher l'Etat et le citoyen. Un
premier niveau propre à l'administration se traduit par l'encadrement règlementaire de l'information
administrative, ce qui constitue une innovation juridique non sur le plan de la reconnaissance du droit à
l'information aux citoyens, mais surtout sa consécration en tant que nouvelle prérogative, permettant le
contrôle sur l'administration. Un deuxième niveau externe vise à modifier l'attitude et le comportement des
citoyens vis à vis de l'administration. D'un modèle de rapport fondé sur l'opposition et la distanciation, le
nouveau dispositif réglementaire (décret de juillet) vise à l'instauration d'un autre modèle basé sur la
sociabilité et le rapprochement. Dans ce sens, le décret de juillet vient consacrer sur le plan normatif la
volonté de transparence administrative et adopter la règle du droit aux nouveaux besoins des citoyens. C'est
là un pas important dans la consécration d'un "grand jour". En effet, le décret de juillet, mérite l'analyse
pour savoir s'il ouvre dans ce sens un droit affectif d'accès à l'information. N'ayant pu bouleverser,
immédiatement et fondamentalement le principe du secret, l'administration continue encore à imposer la
confidentialité sur son fonctionnement et sur son fond documentaire. Il est admis qu'un décret ne peut
provoquer un changement dans le comportement de l'administration. Sera-t-il suffisant pour mettre fin à sa
pratique de la rétention informative?
L'intervention du législateur, nous parait indispensable, car elle seule peut renverser ces habitudes
administratives de rétention solidement ancrées. Les fonctionnaires, comme les administrés doivent pouvoir
se référer à des règles claires du droit positif pour savoir dans quelles conditions il est possible d'accéder
aux informations administratives. Aujourd'hui, la remise en cause, en Algérie du rôle de l'administration de
développement, le passage d'un Etat monopartisan, interventionniste selon le modèle moniste, à un état
bicéphale (Président de la République - Premier Ministre) et pluraliste implique une nouvelle mission pour
l'administration, justifiée par le souci d'être au service du citoyen et le respect de l'Etat de droit.

PUBLICITE AUDIOVISUELLE.- Le développement de la communication publicitaire en Algérie : La communication


publicitaire a connu trois périodes en général dans son développement (1) :
♦ Jusqu’à la fin des années 1980, durant la période de l’économie dirigée où la communication des entreprises
(généralement toutes publiques) n’avait pas une importance majeure.
♦ Une deuxième période, à partir des années 1990 où il y a eu un développement plus ou moins anarchique.
♦ Enfin à partir du début des années 2000 où le paysage publicitaire algérien prend forme et connaît un
développement plus qualitatif avec un professionnalisme des activités publicitaires.
1.1 L’absence de la communication dans les entreprises algériennes durant la période de l’économie dirigée :
Durant cette période, les entreprises algériennes n’attachaient pas une grande importance à la communication
commerciale, ce qui n’est pas le cas actuellement avec un environnement concurrentiel où l’entreprise doit coller
à son marché (suivre ses évolutions) et doit faire connaître ses offres et se faire connaître. La communication
publicitaire est devenue alors la nouvelle préoccupation des entreprises en Algérie ; mais cette dernière malgré
son importance ne peut à elle seule garantir la réussite de l’entreprise sans les autres composantes du marketing
mix. Durant la période de l’économie dirigée, la communication externe des entreprises était presque inexistante.
Pour les chefs d’entreprises, il n’était pas nécessaire de communiquer ; il n y avait pas une concurrence comme on
la connaît actuellement, les prix fixés par l’Etat sont respectés. Le marché était caractérisé par la rareté des
produits. Quelques spots passaient à la télévision et des annonces dans la presse sur les produits de la Sonatrach,
449
les détergents de la SNIC/ENAD, en passant des informations générales en direction du grand public qui n’avait
même pas accès au produit vu le système de distribution étatique désorganisé qui a fait naître les marchés
parallèle où les prix étaient plus élevés.

(1) « Les pratiques publicitaires télévisuelles : Essai d’appréciation du contexte algérien », thèse de doctorat en
sciences économiques, Faculté d’Oran, Daoudi Salah, année : 2008/2009, p129.

Pour les publicités extérieures, quelques panneaux d’affichage étaient visibles parlant de la bonne qualité de leurs
produis et informant le public de leurs existence (ENIE, ENIEM, ENAD,…). De même, des campagnes publicitaires
d’information relevant de l’ordre de l’intérêt général, étaient perceptibles dans la presse et principalement à la
télévision. Durant cette période, nous avions affaire à des politiques d’information et de communication dont
l’objectif était de faire connaître l’existence des produits et des entreprises en utilisant les média : télévision,
presse et affichage extérieur. Cette période était dominée par le monopole de l’Agence Nationale d’Editions et de
Publicité ; l’ANEP dans le domaine publicitaire. L’Etat avait le monopole de la publicité octroyé par l’ordonnance n°
71-69- du 19 octobre 1971 et exercé par l’ANEP. En août 2004, le chef du gouvernement a instruit les
administrations publiques, les entreprises publiques économiques, les établissements publics à caractère
industriel et commercial, les établissements publics à caractère administratif, les banques publiques et tout autre
organisme public, à acheminer, traiter et contracter leur publicité et annonces exclusivement par le canal de
l’ANEP. Par cette mesure, il est ordonné que toute dépense de publicité et d’annonce contractée à partir du 1er
septembre en violation de cette décision, sera rejetée par les contrôleurs financiers et commissaires au compte et
constituera un manquement par les responsables concernés. L’objectif de cette décision est de rationaliser les
dépenses publicitaires publiques et de la rendre plus efficace par le bais de l’ANEP qui jouera un rôle de conseil et
régulateur au service des annonceurs publics. Après l’ouverture à l’extérieur et la déréglementation de
l’économie algérienne, le marché publicitaire va connaître un développement considérable comme on va le
relever dans la suite des étapes.

1.2 Le développement de la communication publicitaire et les réformes économiques : A la fin des années 1980
et durant les années 90, c’est l’avènement des réformes économiques et la déréglementation de l’économie
algérienne (ouverture de tous les secteurs d’activité aux entreprises privées, libéralisation du commerce extérieur
qui fait que des marques mondiales connues seront présentes dans le marché national); de plus un accroissement
des activités du secteur privé national est observé. D’autant plus que l’on enregistre une extension des dépenses
publicitaires des entreprises privées et étrangères et de quelques entreprises publiques dans les médias suivants :
presse, télévision, radio et affichage. Durant cette période, les comportements des consommateurs à l’égard des
produits locaux et leurs décisions d’achat dépendent du choix face aux différents produits offerts et également de
l’influence de toutes les communications auxquelles ils ont été exposés ; ce qui a obligé des entreprises à mettre
en œuvre des actions publicitaires. Ainsi, chaque entreprise cherche désormais à savoir comment maîtriser ses
communications plutôt que de se demander s’il faut communiquer ou pas ? Quelques chiffres sur les dépenses
publicitaires dans les médias selon les données de l’ANEP relèvent que le marché publicitaire est source de
revenus de la presse écrite privée qui passent de 350 millions de DA en 1994 à 713 en 1996 et de 854 en 1997. Le
marché de la publicité à travers les médias en Algérie en 1996 valait 963 millions de dinars, près de la moitié de ce
chiffre a été réalisée par l’ANEP. La répartition de ces dépenses publicitaires dans les grands médias est de :
□ 713 millions de DA presse écrite (74%);
□ 200 millions de DA ENTV (20.8%);
□ 50 millions de DA de radio diffusion (5.2%);

L’entreprise algérienne a éprouvé certaines difficultés face à l’ouverture du marché où la loi de l’offre et de la
demande est dominante et face à la concurrence avec des produits de marque mondiale. Les entreprises
algériennes se trouvent dans l’obligation de communiquer avec leurs publics cibles en faisant appel à la publicité
média et aux autres moyens de communication.

450
 La publicité dans la presse : L’offre d’espace publicitaire dans la presse écrite a connu une forte évolution :
presse quotidienne nationale, régionale et locale, périodique et magazines. Les recettes publicitaires de la presse
sont en forte croissance. Pratiquement un tiers de l’espace total de la presse quotidienne nationale est consacré à
la publicité. En ce qui concerne la conception des annonces, pour les annonces des marques internationales, il faut
dire qu’elles sont mieux conçues et souvent c’est la reprise d’annonces parues dans les autres pays adaptées au
contexte algérien, alors qu’on constate souvent le non respect de principes de conception pour les annonces
locales (exemple : les slogans utilisés, les textes, les illustrations, surcharge des annonces,…). Pour la presse
périodique et les magazines, les dépenses sont moins importantes mais l’impact est plus fort du fait d’un meilleur
ciblage et de la durée de vie des messages.
 La publicité à la télévision : Cela relève du monopole de l’Etat, actuellement presque tous les ménages
possèdent une télé ce qui constitue une audience élevée pour les annonceurs. Notamment on constate un
encombrement des annonceurs pour une seule chaîne, le volume d’annonceurs et de publicité ne cesse
d’augmenter dans tous les secteurs : hygiène, alimentaires, boissons, électronique grand public, automobile,
télécommunications...
La publicité par le bais de la télévision se présente sous les formes suivantes : films publicitaires et le sponsoring et
parrainage d’émission par les annonceurs ; Elle exerce une forte influence sur son audience particulièrement en
Algérie du fait que ce média offre une cible très large, un contact rapide et une valorisation du produit.
Cependant, il ne faut pas ignorer les chaînes étrangères et les publicités diffusées par ces chaînes qui exercent une
influence considérable sur les consommateurs et sur les annonceurs qui offrent une amélioration de la conception
et de la production des films publicitaires (axes, acteurs, décors, musique, dialogue…). De plus, il faut signaler que
la diffusion de la publicité à la télévision n’obéit à aucun cadre juridique, sauf au cahier des charges de l’ENTV
(tarifications et conditions de paiements) et le fort encombrement publicitaire des écrans (exemple le temps
consacré à la publicité durant la tranche horaire de la rupture pendant le ramadhan et le sponsoring présent dans
toutes les émissions). On constate aussi une confusion des consommateurs venant du fait que les annonceurs de
produits similaires et concurrents réalisent leurs films avec la même agence qui fait appel parfois aux mêmes
acteurs, les mêmes décors avec des scénarios proches. Les premiers films publicitaires à la télévision algérienne
étaient longs, à force de leurs répétitions, ils devenaient lassants, les mêmes personnages bruyants parfois ils
agressent les consommateurs.
 La publicité extérieure : l’affichage sur les murs ou sur les panneaux, véhicule de transport … C’était le règne
du monopole de l’Etat jusqu’à l’apparition des agences de location d’espaces. La qualité de production des affiches
s’améliore progressivement avec l’utilisation des équipements modernes mais le contenu (la conception) reste
faible : surcharge des affiches, dessins et slogans incohérents,… D’où la nécessité de réglementer la location des
espaces publicitaires urbains sinon il y a risque de défigurer l’image des villes.
 La radio : C’est le média qui offre à la fois la rapidité, le coût de production faible et la possibilité de répétition
des messages. Il représente le média le plus sollicité par les annonceurs pour assurer les promotions, les nouveaux
points de vente. En ce qui concerne la conception des messages, les accroches sont pertinentes, plus de créativité,
emploi de l’humour et des expressions populaires qui attirent l’attention des auditeurs.
 Le cinéma : Ce média est non sollicité par les annonceurs du fait de son faible audience (faible fréquentation
des salles).

1.3 L’absence d’un cadre réglementaire : L’absence de lois ou textes régissant la diffusion de la publicité en
Algérie est relevée jusqu’à l’année 1998, qui a connu la relance des projets de loi relatifs à la presse, l’audiovisuel
et la loi sur la publicité.
1.3.1 Le projet de loi sur la publicité de 1998 : Conçu en 1998, adopté en juin 1999 par l’Assemblée Nationale
mais il a été rejeté par le Sénat en juillet de la même année (selon certaines informations du Sénat, le rejet est dû
au fait que cette loi tend à mettre fin au monopole de l’ANEP). Ce projet consacrait le libre exercice de l’activité
publicitaire qui doit être subordonnée à une déclaration auprès du conseil de suivi de la publicité. Cette dernière
aurait pour mission de proposer toute mesure de nature à promouvoir l’activité publicitaire et de décréter les

451
règles d’éthique et de déontologie des professions de la publicité et d’exercer le contrôle de conformité de la
publicité avec les prescriptions légales réglementaires et de se prononcer sur les questions qui lui sont soumises
par les pouvoirs publics, les professionnels et les annonceurs. Le nouveau texte organise les activités de publicité
autour des agences, des régies ainsi que des entreprises, établissements détenus en majorité par des personnes
de nationalité algérienne. Le 10 juillet 2008, le Ministre de la communication a précisé dans une conférence de
presse à Alger que le projet de loi régissant le secteur de publicité est en cours de finalisation et sera présenté au
Parlement. L’évolution du secteur de la publicité a poussé l’Etat à proposer un nouveau texte pour mieux
l’organiser tout en veillant à tenir compte du contenu du premier texte et des préoccupations des membres du
Parlement. Ce projet de loi va selon le Ministre en charge de la communication essayer de consacrer plus de
liberté aux activités publicitaires tout en garantissant une transparence et une protection du consommateur et à
présenter des règles répondant aux normes internationales et à écarter tout monopole dans le secteur.

1.4 L’évolution du secteur publicitaire à partir du début des années 2000 : Le marché algérien de la publicité est
en phase de maturation, c’est l'occasion de présenter les performances publicitaires des annonceurs et des
agences par grands médias (TV, radio, presse, affichage, internet), en termes d'investissements et d'efficacité
publicitaire. On va essayer de présenter le marché publicitaire de ces six dernières années en fonction des
informations qui nous sont disponibles. Selon Sigma Conseil, l’investissement publicitaire brut en Algérie a été
estimé en 2006 à 96 millions d’euros, progressant ainsi de 16% par rapport à 2005. Il est à rappeler que SIGMA est
un groupe de bureaux d’études, fondé en 1998, spécialisé en recherche marketing et médias, implanté dans
l’ensemble des pays du Maghreb et dont le métier est la réalisation d’enquêtes par sondage quantitatives,
qualitatives et d’études économiques et de marché selon Hassen Zargouni Directeur Général de SIGMA Algérie.

Tableau 1 : Marché de la publicité en Algérie par secteur en 2006. Source : Sigma Conseil

Tableau 2 : Marché de la publicité par médias en Algérie en 2006

452
Il est à noter par la même agence que 141 entreprises ont réalisé 80% des insertions et ont utilisé la TV pour la
promotion de leurs produits. Par ailleurs, on constate que si la presse réalise la meilleure progression par rapport à
2005 avec +24%, la TV reste stable, tandis que, la radio recule ainsi que l’affichage. La publicité sur Internet reste
encore marginale mais vu la progression du marché de la téléphonie et celui d’Internet, il y a lieu de parier que ce
média connaîtra un vrai boom, à partir de 2010. (1)

Tableau 3 : Les 10 premiers annonceurs pluri-medias en Algérie 2006

Source : Données de Sigma conseil et de l’ENTV

La totalité de ces investissements constitue 44% de l’investissement global consacré à la publicité pour l’année
2007. Les trois premiers annonceurs 2006 relèvent des secteurs de la téléphonie mobile suivis par les
concessionnaires automobiles et un annonceur de produits alimentaires Danone ; enfin le dixième annonceur
commercialise des produits d’entretiens (P&G). En Algérie, on peut constater un phénomène inhabituel de la
communication publicitaire durant le mois du ramadhan où le nombre de messages et d’annonceurs augmente
d’une manière spectaculaire dans tous les médias. Parmi les annonceurs, citons les annonceurs de téléphonie
mobile en premier, suivis des annonceurs des produits alimentaires (exemple : Cevital, Danone) puisque c’est le
mois de la forte consommation alimentaire ; nous trouvons aussi les produits d’entretien (exemple : Henkel) et de
décoration (exemple : Tapidor) aussi c’est le mois des promotions qui augmentent la communication par
événement. Nous pouvons également noter qu’il y a une concentration des investissements dans les principaux
medias : la télévision et la presse, ce qui s’explique par l’importance des audiences d’une part et une très large
couverture médiatique d’autre part.

(1) http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=24244

On peut aussi relever un certain professionnalisme dans les publicités en Algérie notamment par le spot de
Nedjma l’opérateur de téléphonie mobile avec le spot de « Zinedine Zidane » qui semble ne pas avoir laissé
indifférents les Algériens (un bon choix du concept et une bonne qualité de production, originalité et sincérité
dégagées par le personnage) et reste gravé dans la mémoire de ces derniers avec un message précis « Nedjma
enhabha ou n’heb eli yehabha » ; un spot réalisé par l’ agence Karoui & Karoui. Ainsi, les meilleurs annonceurs en
Algérie ayant les plus forts scores de mémorisation publicitaire sont les opérateurs de téléphonie mobile : Nedjma
suivie par Djezzy grâce à une forte pression de publicité et enfin Mobilis en troisième position juste devant
DANONE (en 2006).

453
Tableau 4 : Répartition des investissements publicitaires par média en Algérie en 2007

Source : Données de Sigma conseil et de l’ENTV

On remarque que la presse et la télévision détiennent la grande part (70% à eux deux), la radio reste le média le
moins sollicité.

Tableau 5 : Evolution des investissements publicitaires à la télévision 2003-2007 en Algérie

Source : Données de Sigma conseil et de l’ENTV

On remarquera une stagnation des investissements publicitaires à la télévision entre 2003 et 2007 pour ne pas
dire une baisse qui est due aux tarifs publicitaires et au report des annonces sur les autres medias : presse et radio
donc un repositionnement des annonceurs vis-à-vis du type de media à utiliser (de 4.3 milliards en 2003 à 4
milliards en 2007). On peut observer une baisse sensible du nombre de spots passés à la télévision entre 2003 et
2007 (de 64178 à 24467), cette baisse de nombre de spots se traduit par conséquent par une diminution du temps
de passage des publicités (la baisse de la durée des spots publicitaires phénomène observable dans certaines pays
notamment la France passant en moyenne de 30 secondes à : 5, 10 et 15 secondes) et une diminution de nombre
de marques présentes dans les écrans publicitaires de 379 en 2003 à 139 marques en 2007 et aussi une diminution
des campagnes publicitaires et de nombre d’annonceurs ce qui se traduit par l’encombrement des écrans
publicitaires et l’augmentation des coûts publicitaires des spots.

454
Tableau 6 : Les 30 premiers annonceurs télévision en Algérie 2007

Source : Données de Sigma conseil et de l’ENTV (Unité : durée en secondes)

On peut souligner la concentration des investissements publicitaires chez quelques annonceurs, soit une douzaine
qui réalisent 80% du montant des trente premiers annonceurs. Ce qui est dû aux tarifs de plus en plus
décourageants vu leur augmentation (faire appel à des agences spécialisées dans la réalisation des films
publicitaires en plus des coûts de l’achat des espaces publicitaires). En outre, certaines entreprises ne voient pas
un intérêt dans les dépenses publicitaires vu que leur produits sont continuellement demandés sur le marché et
que le résultat d’une publicité n’est pas toujours immédiat mais souvent appréciable après des années. Ceci est
d’autant plus vrai que l’audience de la majorité des téléspectateurs est branchée sur les chaînes étrangères. On
peut relever qu’une grande partie des espaces publicitaires est accaparée par des entreprises étrangères. Mais il
ne faut pas ignorer la présence de certaines entreprises algériennes sur l’écran comme par exemple : Cevital,
Laitière Soummam, Tapis d’or, etc. … . Selon
Sigma agence de conseils en communication, les dépenses publicitaires algériennes se positionnent en 2007 au
deuxième rang avec 11.8 milliards de Dinars après le Maroc : 30.1 milliards de Dinars ; la Tunisie vient après avec
5.7 milliards de Dinars, soit une augmentation de 19% par rapport à l’année 2006 en Algérie.
Le tableau suivant montre les campagnes les plus mémorisées en Algérie en 2007 et on va constater que le secteur
des télécommunications l’emporte : les trois premiers annonceurs sont des opérateurs mobiles.

455
Tableau 7: Les 20 campagnes les plus mémorisées en Algérie (Ramadhan 2007)

Source : Le Sygma Magazine

Pour ce qui est des investissements publicitaires (IP) en général, le bilan de Sigma de 2009 a atteint 166 millions de
dollars, soit 12 milliards de dinars, le marché algérien a enregistré une baisse de 4,4 %. En effet, ce marché a été
atteint par la crise internationale (baisse du PIB mondial de 2,2 %, inflation des produits alimentaires, agricoles
frais, industriels alimentaires, soft drink, transports et communication, de 5.7% contre 4.4% en 2008). Hassen
Zargouni, directeur général de Sigma explique que la plus grosse part du marché de la publicité est injectée par les
annonceurs dans la télévision avec 5 milliards DA en 2008. La presse écrite et l’affichage ont eu 4,5 milliards DA
durant la même période. Les principaux annonceurs à la télévision algérienne sont les trois opérateurs de
télécommunication avec 27,1 % du temps consacré à la publicité, suivis des opérateurs du secteur agroalimentaire
avec 17,2 % de part et des banques avec 5,9%. Dans la presse écrite, ce sont les constructeurs automobiles qui
accaparent la plus grande part de l’espace publicitaire. Selon la même étude, le nombre des annonceurs a
considérablement diminué de 2004 à 2008, passant de 195 annonceurs à 106. Si le nombre des annonceurs a
baissé, les tarifs eux ont augmenté. Un spot publicitaire à l’ENTV coûte 8000DA/seconde contre 3000DA/seconde.
(1)

(1)http://www.medias-algerie.com/?p=441

456
Figure1 : Investissement publicitaire global 2008 en Algérie par média : 12.9 MDS DA HT Source : Données de
Sigma conseil

Concernant les investissements publicitaires sur les supports médias TV, affichage et presse écrite, ceux-ci ont
enregistré une hausse. C'est ainsi qu'avec un montant de plus de 5 milliards de dinars, la Télévision toutes chaînes
nationales confondues, a enregistré une hausse de ses recettes publicitaires à hauteur de 2,4 %. Le marché de
l'affichage publicitaire croît de 4,5 % avec des investissements publicitaires d'un montant de plus de 2 milliards de
dinars. Mais la plus grosse performance reste celle enregistrée par la presse écrite qui a vu ses recettes
publicitaires augmenter de 33,3 % et des entrées de plus de 4 milliards de dinars. Néanmoins, la Radio a enregistré
une grosse contre-performance avec une baisse de 30,8 % de ses recettes publicitaires, estimées à un peu plus de
874 millions de dinars. Pour ce qui est des audiences TV et Radio, on relève, comme chaque année, une hausse de
l'audience TV durant le mois de Ramadhan avec un pic de 33,2 % pour l'ENTV, contre 16,3 % hors Ramadhan. La
chaîne Nessma TV n'arrive toujours pas à tenir face aux chaînes algériennes avec un taux de pénétration de 9,6 %
pendant le mois de Ramadhan et de 1,7 % hors Ramadhan. En outre, il est à noter que le marché de la publicité
explose au mois de Ramadhan et les marques font le plein en ce mois propice dans les chaînes télévisées
maghrébines.

Tableau 8 : Top 10 des annonceurs en Algérie 2008 en Millions de DA HT

Source : Données de Sigma conseil

Le Top 10 des annonceurs pluri médias représente près de la moitié (45%) de l’IP (investissement publicitaire)
global en Algérie(1). Les télécommunications restent toujours en tête de liste. En 2009, les groupes Orascom et
Cevital ont été les plus gros annonceurs en Algérie selon Sigma, ATM Mobilis, Renault, Danone et Toyota sont
également bien placés dans le top 10. L’ENTV a diffusé 22783 minutes de réclame venant de 123 annonceurs
représentant 151 marques(2). La téléphonie mobile et l’agroalimentaire dominent le marché publicitaire algérien
à plus de 50%.

457
Tableau 9: Le top 10 des annonceurs en Algérie en dinars (2009)

Source : Selon les données de


Sigma conseil

(1)http://www.e-sigmaconseil.com/pdf/bilan_2008_medias_pub_algerie_maghreb.pdf
(2)http://www.africopen.com/index.php/2010/02

En détaillant le top 10, Mr. Zargouni a annoncé que Orascom Télécom Algérie (OTA) se classe premier annonceur
en Algérie avec 1,246 milliard de dinars consentis en 2009. Les autres entreprises non citées dans le classement,
enregistrent toutes moins de 200 millions de dinars investis dans le marché publicitaire. Les chiffres clés du
marché publicitaire en Algérie en 2009 sont : (1)

►Investissement publicitaire pluri média : 12 415 705 727 DA :


 Investissement Publicitaire TV : 5 139 770 448 DA en hausse 2.4 %
 Investissement Publicitaire Presse : 4 084 188 827 DA en hausse 33.3 %
 Investissement Publicitaire Radio : 874 663 156 DA en baisse -30.8%
 Investissement Publicitaire Affichage : 2 165 679 166 DA en hausse 4.5 %
 Investissement Publicitaire Internet : 151 401 130 DA

►Audience TV hors Ramadhan :


 Taux de pénétration ENTV: 16.3 %
 Taux de pénétration A3: 10.3 %
 Taux de pénétration Canal Algérie: 2.2 %
 Taux de pénétration Nessma TV: 1.7 %

►Audience TV Ramadhan :
 Taux de pénétration ENTV: 33.2 %
 Taux de pénétration A3 : 14.2 %
 Taux de pénétration Nessma TV: 9.6 %
 Taux de pénétration Canal Algérie 1.8 %

Selon une étude coréalisée par l’agence de communication Media Algérie et l’Institut d’Etudes algériennes (IEA),
les recettes publicitaires, issues des dépenses des annonceurs privés, ont baissé de 10 % en 2010.(2) Le directeur
marketing de Media Algérie qui s’exprimait lors des journées Euromaghrébines sur la communication publicitaire,
l’impute à une baisse persistante de l’audience de la chaine de télévision algérienne (ENTV).

(1) http://www.tvdz.com/index.php?2010/02/04/1932-programme-open-sigma-2010-et-bilan-annuel-medias-et-
publicite-2009 (2)
HTTP://WWW.MEDIAS-ALGERIE.COM/INDEX.PHP?PAGED=3

458
Aux journées euromaghrébines sur la communication, c’est l’information qui a retenu l’attention : les privés ont
réduit leurs dépenses publicitaires. La cause en serait une baisse persistante de l’audience des chaines de la
télévision algérienne. Les recettes publicitaires médias bruts, émanant des annonceurs privés, sont estimées à 128
millions d’euros pour 2010, une baisse liée à la perte d’audience des chaînes de la télévision algérienne (ENTV). Un
recul qui a incité un nombre d’annonceurs à s’orienter vers d’autres chaines arabes comme MBC4 ou Nessma TV.
La même étude relève que la télévision accapare 48 % des recettes contre 24 % pour la presse écrite et 17 % pour
l’affichage dans les espaces publics. La radio et l’internet représentent respectivement 10 % et 1 % du total des
recettes publicitaires. L’étude a été réalisée sur la base d’informations recueillies auprès d’une quarantaine
d’entreprises considérées comme les plus grands annonceurs en Algérie. L’internet est, a-t-il indiqué, pénalisé par
la mauvaise qualité de la connexion et la faiblesse du contenu local.

Figure n°2 : Dépenses publicitaires médias des quarantaines d’entreprises privées (étude 2010)

Source : selon une étude de l’agence de communication Media Algérie et l’Institut d’études algériennes.

Détaillant les dépenses des annonceurs privés, l’étude indique que l’agroalimentaire occupe la première position
dans la publicité à la télévision avec 36 % de part de marché, contre 32 % pour les télécoms. Il a souligné que c’est
la première fois que l’agroalimentaire déclasse les télécoms à la télévision. La raison découle de l’absence, non
voulue par l’opérateur, de la publicité de Djezzy à la télévision nationale. Pour la presse écrite, le secteur de
l’automobile est en tête et génère 45 % des recettes publicitaires des journaux. Le directeur marketing de Media
Algérie note qu’avec 128 millions d’euros, les recettes publicitaires en Algérie sont trois fois inférieures à celles
enregistrées au Maroc. La faiblesse du secteur de la publicité en Algérie s’explique par l’inexistence d’un véritable
climat de concurrence économique. Il cite à cet effet, le monopole de l’ANEP sur les annonces du secteur public
qui représentent près de 45 % du marché de la publicité en Algérie. La baisse des dépenses publicitaires est liée à
la crise économique mondiale et à l’augmentation des tarifs publicitaires. En juin 2010, le cabinet d'étude en
marketing et publicité Sigma a estimé le volume de la cagnotte publicitaire algérienne à 12,9 milliards de DA (près
de 130 millions d'euros)(1). Elle est ainsi ventilée entre les médias : télévision: 39% ; presse écrite : 35,1% ;
affichage : 16,1% et radio : 9,8%.

Figure n°3 : Les investissements publicitaires pluri média en Algérie en 2010

Source : selon les données de Sigma conseil.

459
En réalité la baisse exprimée de la chute du marché publicitaire, relate la réalité des supports, la télévision en
particulier, a augmenté ses prix de manière constante sur la période alors même que son audience baissait. Si
nous devions évaluer le marché par le nombre de productions, la baisse est encore plus spectaculaire.
L'interdiction de Djezzy à la télévision algérienne est l'autre cause de la baisse du marché publicitaire, évaluée à
10% en 2010. « D'une manière générale, Djezzy a été contraint de réduire son budget d'annonce et cela pèse sur
le marché car la concurrence n'a plus besoin de s’aligner sur lui dans les campagnes. Si Djezzy ne communique
pas, les autres aussi ». La seconde source qui alimente les annonces publicitaires, le marché automobile n'a pas
augmenté ses budgets sur la période. La faute sans doute à la suppression du crédit à la consommation qui a
diminué ses ventes en 2009 et au premier semestre 2010. Selon Sigma Conseil, essentiellement en Tunisie, en
Algérie et au Maroc, les annonceurs algériens ont investi un peu plus de 130 millions d’euros durant l’exercice
écoulé, un chiffre en décroissance de plus de 20% comparativement à une année auparavant. En 2010, les recettes
du marché publicitaire en Algérie étaient de 128 millions d’euros, enregistrant un recul de 10% par rapport à 2009.
Même constat pour 2011. L’année 2012 s’annonce non encore explorée, le pays vient durant 2011 en seconde
position après le Maroc, mettant à profit le déclin du marché tunisien, très affecté par les évènements politiques.
En 2011, il a été signalé que les recettes publicitaires brutes représentent environ 0,13 % du PIB et 0,28 % du PIB
hors hydrocarbures.(2) L’inconvénient en Algérie réside dans la structure de son économie, très dépendante des
recettes pétrolières. L’accroissement du marché de la publicité dépend, en d’autres termes, du degré de
diversification de l’économie d’un pays. Au Maroc, à titre d’exemple, beaucoup de multinationales sont
implantées. Les opérateurs de téléphonie mobile s’érigent aussi, en Algérie tout comme en Tunisie, comme la
source intarissable de gains publicitaires, sauf qu’en Algérie, l’opérateur public de téléphonie cellulaire Mobilis est
astreint aux canaux de l’ANEP. Outre les opérateurs de téléphonie mobile, les concessionnaires automobiles et les
entreprises de l’agroalimentaire sont les plus grands investisseurs dans le domaine de la publicité en Algérie. S’il
est vrai que ce dernier traîne comparativement surtout aux années précédentes, le potentiel reste cependant
largement sous-exploité, car en dehors des supports traditionnels que sont la presse écrite, la télévision,
l’affichage public et la radio, les autres canaux que sont l’internet ou encore la téléphonie mobile sont très peu
utilisés comme vecteur de communication. L’évolution en valeur du marché de la publicité en Algérie montre une
courbe instable et des disparités d’année en année qui s’expliquent par la dépendance du marché de certains
annonceurs et le manque, chez certains professionnels, d’innovation et d’agressivité dans ce domaine.(3)
Cependant, il est à noter que l'ouverture du paysage audiovisuel, si le gouvernement renonçait au monopole,
dynamiserait encore plus le marché publicitaire et en conséquence l'économie algérienne. La réflexion sur une loi,
devenue indispensable, existait depuis des années, afin de réglementer les activités de publicités radiophoniques,
télévisuelles, la vente par la télévision et le parrainage, elle devient une nécessité. On peut ainsi résumer la
publicité en Algérie selon trois étapes :
Avant les années 90 : Absence totale de publicité, messages d’information des citoyens par les entreprises et
l’Etat relevant de l’ordre de l’intérêt général.
Durant la période 1990 -2000 : Explosion du paysage publicitaire, mauvaise qualité des messages, messages
publicitaires faits à l’étranger traduis en Algérie sans les adapter aux particularités du consommateur algérien,
encombrement des écrans publicitaires, difficulté de faire la différence entre les différents marques et produits et
l’utilisation des mêmes acteurs. Depuis le début des années 2000 : Apparition de plusieurs agences de publicité
avec plus d’expérience, implantation de sociétés étrangères, implantation d’agences de notoriété mondiale. Une
amélioration de qualité des messages donc plus d’efficacité. □ BENAMAR Amel (2014).
(1) http://www.djazairess.com/fr/elwatan/331438
(2) http://www.leconews.com/fr/actualites/nationale/commerce/nous-pouvons-atteindre-les-100-milliards-de-
dollars-19-09-2012-159837_292.php
(3) http://www.leconews.com/fr/actualites/nationale/commerce/lorsque-l-economie-fait-defaut-18 09-2012-
159799_292.php

460
RETOUR D'ECOUTE .- Comment concrétiser une volonté de rapprochement entre administrations-
services publics et le citoyen ? L'instauration de divers paramètres horizontaux et verticaux (relations
publiques, disponibilités des sources, motivation, responsabilité, ...) dans l'organisation sociale pourrait
avoir des résultats tangibles. Créer un cadre propice à l'échange et au dialogue pour mieux faire ressortir
les besoins et aspirations des administrés est une nécessité actuelle vivante et une traduction de cette
volonté d'établir une tradition hiérarchisée de communication. Comment y parvenir ? L'analyse de l'activité
d'un service, la lecture d'un article dans la presse, le hasard d'une conversation, la lettre ou l'appel
téléphonique mécontent, permettent souvent de se rendre compte des préoccupations du public. Résultant
d'une démarche spontanée des usagers, ces informations ne demandent pas la mise en place d'un dispositif
coûteux pour qu'elles soient recueillies et traitées. On serait tenté de limiter l'effort de recherche sur les
besoins de la population au recueil, au classement et à l'analyse de ces informations. Au coeur du dialogue,
le terrain de la concertation suppose une écoute plus large. Or, afin de disposer d'une base d'informations
plus vaste, les administrations et services publics sont à même de conduire une politique de collecte
d'informations active auprès de la masse des citoyens, il est question des moyens accordés à la
consultation des populations car, rares sont les services qui n'y vont pas de leur petite étude de besoins ou
d'opinions. Par la concertation, le public est associé comme partenaire actif à l'étude des solutions et à
l'élaboration de projets avant la prise de décision administrative. Un recours préalable à une consultation
par enquête débouchant sur une amorce de stratégie de prise en charge ne devrait en aucun cas écarter la
participation du public, de la société civile à des groupes d'études et de recherches dans l'élaboration des
projets et l'étude des solutions. L’application
d'une démarche d'études des besoins dans bien des secteurs, aussi différents, soient-ils, permettrait une
identification plus claire des partenaires à associer pour traiter des problèmes et une confrontation plus
productive, car plus instructive pour un concours actif de la population. Cette compréhension sous-entend
une meilleure coordination car plus responsable. C'est dans ce sens que doivent être institués des
dispositifs d'information car, en jouant un rôle de prospection et de recueil d'informations, ils représentent
un retour d'écoute de toute une population dans son vécu quotidien.□

RUMEUR.- Phénomène mécanique lié à la communication ; observable dans la vie de tous les jours, c'est
une information transmise qui subit des déformations dans son message lorsqu'il arrive en bout de chaîne.
La rumeur est le reflet des angoisses, des espoirs, de l'attente, de l'euphorie des individus qui la véhiculent.
Elle se propage surtout en période de crise. En Algérie, l'ambiguité des situations, l'instabilité, la censure,
etc., créent un grand besoin de savoir, et les individus s'accrochent aux moindres éléments d'information
pour en déduire ce qui demeure inconnu. Les informations sont transmises avec les déductions, les
attentes, les craintes ou les espoirs que l'angoisse des acteurs sociaux a projetée sur l'évènement.

SONDAGES ET OPINIONS.- Il n'existe pas pour l'heure de marché de sondages et d'enquêtes d'opinions en
Algérie. Le produit, objet du marché ou de la transaction, concerne, dans notre cas, l'opinion du citoyen sur
un phénomène quelconque ou un évènement particulier de la vie. La saisie de ces différents types
d'opinions se fait par le biais d'enquêtes statistiques, que l'on peut classer en deux catégories :
♦ les enquêtes exhaustives, tels que les recensements de population, de l'agriculture ou des entreprises,
portent sur toute la population ou l'univers concerné. Les enquêtes de ce type sont lourdes et onéreuses.
♦ les enquêtes par sondages portent sur des échantillons de populations. Les tailles des échantillons
dépendent de plusieurs paramètres, notamment le domaine d'étude, le degré de précision recherché, les
moyens matériels et financiers. En matière d'enquêtes statistiques, les offreurs potentiels ont de tout temps
existé en Algérie. Parmi eux, il y a des organismes publics trés expérimentés et spécialisés, tels que
l'ONS, le CENEAP, et le CREAD. Mais ils s'occupent beaucoup plus des préoccupations gouvernementales
et par conséquent trés peu, voire pas du tout de l'opinion publique. L'autre partie des offreurs se compose
de bureaux d'études privés dont la majorité a été créée depuis 1988. En fait, la réalisation de sondage
d'opinions nécessite la conjonction de plusieurs spécialistes, en particulier des sociologues, politologues,
sondagistes, statisticiens d'enquêtes, informaticiens,... car l'enjeu d'un sondage d'opinions peut être trés
important, du fait qu'il peut influencer les décisions (programmes politiques, décisions administratives,
etc.) des demandeurs concernés et même le comportement du public si les résultats le concernant sont
publiés. Toutefois, l'absence de cadre juridique et législatif n'a pas empêché certains responsables de
prendre des initiatives à caractère expérimental et facultatif pour évaluer l'impact des médias chauds sur le
public. Depuis, d'autres travaux de sondage ont été faits par El Watan et ont porté sur le sondage des
algériens et le vote; bien sûr, les résultats ne reflétaient pas de manière parfaite la réalité, et dénotent une
évolution des moeurs et une adhésion progressive des acteurs politiques, des médias et l'opinion publique
quant à la pratique du sondage. Au niveau du ministère de la communication et de la culture, la création
d'une commission de sondage, pour élaborer une loi spécifique dans ce domaine, viendra mettre un terme
au parti-pris, bricolage et manipulation de certains mais aussi, elle renforcera la démocratie naissante en
la dotant d'instruments d'analyse et d'évaluation objectives pour être servis par les hommes politiques du
pays. Il est grand temps de revoir, considérer et surtout réhabiliter l'opinion publique algérienne dans toute
sa diversité politique, culturelle et sociale, ne plus parler en son nom mais plutôt la laisser exprimer ses
idées, son opinion en toute indépendance.

STATUT MEDIATIQUE DES LANGUES.- Langues et communication médiatique en Algérie : Si, d’un point de vue
linguistique, le marché officiel a toujours été le domaine traditionnel des médias, il n’en a pas toujours était de
même pour le marché périphérique. En effet, mis à part quelques rubriques, c’est le bilinguisme arabe/français qui
était consacré dans ce domaine, les journaux et les médias audio-visuels étatiques étaient considérés,

461
particulièrement dans les années post-indépendance, comme des Appareils Idéologiques d’Etat, (A.I.E), dont le
rôle était de diffuser les « nouvelles politiques linguistiques du monde arabe (et bien sûr des idéologies politiques
qui les sous-entendent. Cf. Suleiman 2003) »(1). Cela a été le cas en Algérie jusque dans les années 1990 (2), où,
sous la pression des revendications démocratiques exercées depuis 1980 (3) et qui se sont poursuivies jusqu’en
1988 (4), des changements sont intervenus. L’évolution qui paraît la plus déterminante est la libéralisation du
champ de la presse écrite à la faveur de la loi n° 90-07 du 03 Avril 1990 sur l’information, mais cette dernière,
d’après Ahcène-Djaballah Belkacem, n’a été promulguée que « pour donner un habillage juridique et préciser les
détails d’une situation floue mais fluctuante, qui a duré toute une année et demi », pour répondre à une
revendication de démocratisation de la presse voire même à une mise en œuvre de cette dernière par les
journalistes.

(1) Miller C., 2010, op.cit.


(2) D‟après Ahcène-Djaballah Belkacem : « le (...) Paysage médiatique se limitait globalement à une entreprise par
spécialité (…) c’est là un paysage qui correspondait que parfaitement au système en place, avec ses politiques de
centralisation des moyens (…) et de centration des idées et des orientations. » : « Aspects de l’évolution
institutionnelle du paysage médiatique national », conférence présentée lors du premier salon de la presse, 02 Mai
2002, in Ahcène-Djaballah B., 2005, "La ’com’ dans tous ses états". Analyse, études, communication et écrits de
presse (1983-2005), Oran, Dar El Ghrab, p. 154.
(3) Les événements dits du « printemps berbère », déjà évoqués dans les chapitres précédents.
(4) Les évènements du 05 Octobre 1988, des soulèvements populaires ont éclaté, à travers tout le territoire
national, qui revendiquaient l’ouverture démocratique. Ces soulèvements se sont soldés par plusieurs morts et des
emprisonnements.
(5) Ahcène-Djaballah B., op.cit, p. 147.
6) « En effet, l’expression journalistique s’était déjà libérée à partir du 10 Octobre 1988, peut être même avant,
lorsque les journalistes, dans le cadre du MJA, un petit groupe, avait pris position publiquement par une
déclaration, en faveur de la démocratisation de la vie politique et des libertés individuelles et collectives », idem.

La presse écrite a été jusqu’en 1990, héritière de quatre décennies de tradition journalistique à forte dominance
unilingue(7) ; elle a, de surcroît émergé dans un contexte socio-économique et politiques des plus ardus(8). Sa
maturation et son émancipation se sont faites rapidement bien que dans la douleur. La fin de la décennie dite «
rouge » ou « noire » a coïncidé avec l’ouverture de l’Algérie à l’économie de marché. Si, pour les journaux privés,
la contrainte linguistique imposée jusque-là par les instances politiques, n’a plus été de mise à partir des années
1990, le code du journal devait être respecté comme c’est d’ailleurs le cas dans tous les journaux. C’est à partir
des années 2000 qu’un changement important va s’opérer dans les pratiques linguistiques du fait de l’ouverture
économique et du développement voire « l’irruption des nouvelles technologies (TV satellitaires et Internet) »(9).
Il importe de reprendre à notre compte l’observation d’Ahcène-Djabbalh Belkacem, selon laquelle « le temps
d’absorption technologique du pays va diminuant »(10), une remarque qui peut être somme toute valable pour le
reste des pays de par le monde. En ce qui concerne la presse écrite, c’est le domaine publicitaire qui incarnera de
manière saillante cette évolution, un domaine où le langage, en sus de son originalité, se devait d’être adapté aux
socio-types pour lesquels il est utilisé. Le plurilinguisme de la cible algérienne sera désormais exploité. Ce
plurilinguisme recouvre aussi bien la pratique des langues distinctes que des pratiques linguistiques hybrides et
mixées. La première concerne, par exemple, l’arabe institutionnel, le français, l’arabe algérien, l’anglais ou -dans
de rares cas- les langues berbères, et le second, lui, a trait à des réalisations où alternent deux ou plusieurs
langues.

(7) En dépit du nombre plus élevé des titres en arabe institutionnel (25 titres), c’est la presse francophone (17 titres)
qui « dominait avec près d’un million d’exemplaires », op.cit, p. 149.
(8) En plus de l’harcèlement politique qu’elle a connu, notamment, à ses débuts, elle a été confrontée à la brusque
montée de l’islamisme politique qui a débouché sur le terrorisme ayant sévi pendant près d’une décennie, de
462
nombreux journalistes furent la cible des terroristes islamistes.
(9) Miller C., 2010, idem.
(10) Ahcène-Djaballah B., op.cit, « Si la parabole a mis une dizaine d’années pour nous envahir, le télécopieur n’en
n’a mis que huit, l’internet quatre, le téléphone portable peut être trois… », p. 154.

2.1. La langue française dans les médias

Outre les quotidiens locaux, régionaux et hebdomadaires, vingt cinq quotidiens (11)se partagent, à nos jours, le
champ de la presse écrite francophone en Algérie (12): Le jeune indépendant, El Watan, Le soir d’Algérie, La
tribune, Le quotidien d’Oran, La nouvelle république, El Moudjahid, Liberté, L’expression, Le jour d’Algérie,
Hebdomadaire, Les débats, Alger républicain, la dépêche de Kabylie... etc. Quant aux agences de presse, elles sont
au nombre de quatre: APS en français, A.A.I, New press-Algérie, et agence photo press dont les informations sont
également rédigées en français. Les sites francophones consacrés aux médias en Algérie se comptent au nombre
de trois. Sites d’infos : Algérie interface, Algérie dz-com, le site de l’ENTV, et les sites des journaux francophones
(13). Pour ce qui est de la télévision et des radios locales ou nationales, la langue française se trouve mêlée aux
langues avec lesquelles elles coexistent en contexte ordinaire, car le caractère formel de l’interaction est moins
contraignant et est plus flexible pour l’auditeur/locuteur, et cela se confirme graduellement selon que l’on passe
de la télévision (ENTV) à la chaîne nationale ou aux radios locales de proximité. Là encore l’ouverture du champ
médiatique et la multiplication des radios locales participent de la gestion des préoccupations des citoyens et il va
de soi que ces dernières s’expriment dans les langues du quotidien. Donc à mesure que s’opère une proximité
avec la réalité du terrain, de la société, ce sont les langues usuelles qui s’imposent lors de l’interaction verbale. En
ce qui concerne la chaîne de radio « Alger chaîne 3 », elle propose des jeux interactifs et des émissions sociales,
culturelles et politiques. A noter cette évidence selon laquelle les auditeurs font le choix d’appeler cette chaîne et
de s’exprimer en langue française, preuve en est que son usage relève des pratiques linguistiques effectives du
quotidien. Fait à cet égard exception l’usage de l’arabe classique qui peut être parlé dans des situations
médiatiques uniquement, puisqu’il n’est la langue maternelle d’aucune communauté linguistique. En plus de cette
chaîne de radio nationale, de la chaîne algérienne internationale, laquelle est quadrilingue, il existe une chaîne de
télévision francophone, « Canal Algérie », qui diffuse ses programmes en français, sauf quelques feuilletons
doublés qui sont diffusés en arabe institutionnel.

(11) Site internet du Ministère de l‟Information et de la Communication algérien.


(12) Selon Boucherit Aziza : « la diffusion de la presse écrite francophone est importante même si comparativement
à la presse arabophone sa diffusion diminue », op.cit, p. 16. En se basant sur des enquêtes, réalisées en 1998 par le
CENEAP, Hadj Miliani conclut qu’il existe une « dominante de la presse et des magazines pour la langue arabe, du
livre littéraire et des conseils pratiques en langue française. », même si en 1998 « les choix se répartissent quasi
proportionnellement entre lecteurs de presse en arabe et en français : moins de 30 ans : 35,71% en arabe, 28,57%
en français, entre 30 et 40 ans : 41,80% en arabe, 40,63% en français », en 2005, les statistiques confirment l’écart
« magazine et journaux : 40,34% en arabe et 32,47% en français », in, « Des langues et des pratiques de lecture en
Algérie. Eléments pour une analyse », (à paraître dans Résolangue n°4).
(13) Top- algerie.com/site_journaux_algeriens.htm.

2.2. Les langues algériennes dans les médias

Les seules langues premières officiellement reconnues, aujourd’hui, sont les langues berbères. L’arabe algérien dit
encore « dialectal » et « populaire » n’a pas de statut officiel, quoique couvrant tout le territoire national, et
quoique constituant une langue « véhiculaire ». Il n’en demeure pas moins que sur le plan informel, il jouit d’une
dynamique qui l’amène à s’imposer en tant qu’idiome de communication dans nombre d’interactions ayant lieu
dans diverses situations langagières, des plus flexibles aux plus contraignantes, des plus formelles à celles qui le
sont le moins. Il est à noter que la dynamique qui caractérise les langues effectives se trouve de plus en plus
exploitée sur le plan médiatique. Ce déplacement/chevauchement des domaines délimités par Charles Ferguson
463
serait dû au rôle de plus en plus influent que joue la communication dans nos sociétés et dont la réussite demeure
néanmoins conditionnée par le choix de la langue dans laquelle elle se fait et la situation d’emploi de cette
dernière, ce qui implique une compétence liée à la maîtrise du langage de la communication. Ce type de
communication n’émane plus essentiellement des institutions officielles et publiques, mais des agences et des
entreprises privées dont l’objectif est de réussir la communication à des fins commerciales. L’aspect financier
prime ici sur les considérations d’ordre idéologiques ou académiques, l’idéologie du marché emboîte le pas à
l’idéologie politique(14). Longtemps évincées du champ médiatique au profit de l’arabe institutionnel, les langues
natives regagnent du terrain grâce à certaines émissions de radios locales notamment, car du moment où elles
sont ouvertes au public, les interactions se font dans ces langues-là, nonobstant les formes d’expression artistique
que l’on y retrouve comme la chanson, les sketchs, la publicité… etc. Reste que la réalité des pratiques effectives
est en inadéquation avec certaines représentations péjoratives qu’ont en les locuteurs, ceci serait dû, en partie, à
l’influence du discours officiel.

(14)Voir Miller C., 2010, « ce n’est pas l’idéologie normative qui domine mais plutôt la loi du marché et de
l’audimat », op.cit.

Concernant la presse écrite, nous noterons qu’aucun titre national ni encore moins régional ne paraît dans les
langues maternelles pratiquées en Algérie. La seule entreprise de diffusion qui se fait en ce sens est celle du Haut
Commissariat à l’Amazighité (H.C.A) qui édite des romans et des recueils de nouvelles, de contes, de proverbes et
de poésies écrits dans les langues berbères. Quant à l’arabe algérien, ce sont surtout des études universitaires
ayant pour objet des recueils de poésies du genre Melhûn, des quatrains, des blasons ou des proverbes qui sont
publiés par les différentes maisons d’édition dont l’office national des publications universitaires (OPU) et des
centres de recherche nationaux comme le CRASC (15)par exemple. Le problème de l’écrit relève de questions
d’ordre macro-sociolinguistique qui nécessite une réelle volonté politique d’œuvrer à la promotion et à la diffusion
de ces langues. Pour ce qui est des autres médias, et plus particulièrement des radios locales, l’ouverture quoique
plus ou moins contrôlée fait encore hésiter les responsables de la communication dans le pays quant aux choix à
faire en matière d’information. Pour illustrer ce propos, citons deux exemples : Le premier a trait au journal
d’information en arabe algérien qui était diffusé par les radios locales et qui n’est plus programmé régulièrement.
Le second est la décision d’opérer des décrochages pour céder le champ à la radio nationale qui y diffuse « des
émissions culturelles, des bulletins d’information et radio coran à partir de 23h.»(16). Ce qui ne semble pas
convenir à certains auditeurs d’après la même source en raison notamment « du net décalage avec leurs
préoccupations quotidiennes »(17). D’ailleurs, un des objectifs de la création des radios locales était de «
permettre aux régions de mettre en valeur toutes leurs différences et leurs spécificités…»(18). Il en est ainsi, sur le
plan linguistique, des radios de Batna et de Ghardaïa par exemple, qui émettent leurs émissions dans deux
langues, l’arabe et respectivement le chaoui et le mozabite, du fait de la coexistence de deux communautés
linguistiques, l’une arabophone et l’autre berbérophone. Les chaînes de télévision, au nombre de quatre,
s’ouvrent elles aussi au public et la communication y bascule d’un idiome à un autre.

(15) Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle.


(16) El Watan week-end, 2008, n°176.
(17) Idem.
(18) Ibid.

Un journal d’information et une émission en langue berbère sont également diffusés sur la chaîne de télévision
nationale (ENTV). « La chaîne Coran » et « la chaîne 4 » d’expression berbère ont été lancées en 2010. La première
diffuse des émissions religieuses prônant un Islam maghrébin, son but est de récupérer l’audimat qui se tourne
vers certaines chaînes satellitaires orientales d’où des tendances rigoristes sont propagées. La chaîne berbère,
quant à elle, diffuse des émissions culturelles, des films et des feuilletons conçus en arabe algérien et traduits en
berbère. De manière générale, on peut avancer que les domaines impliquant un code scriptural leur sont plus

464
difficiles d’accès que ceux qui impliquent un code oral pour les chaînes citées ci-haut. C’est ainsi que le champ
culturel, artistique et cinématographique se trouve majoritairement dominé par les langues du vécu. En
s’appuyant sur d’autres travaux(19), précision est faite par Catherine Miller que « même si l’usage des dialectes
dans la presse écrite est restée longtemps relativement restreint, il n’a jamais été totalement absent et se
retrouve dans les blagues, caricatures proverbes populaires … »(20). En sus de ces formes d’expression, l’on
retrouve dans la presse arabophone des titres de chroniques ou d’articles en arabe algérien et en arabe
institutionnel mêlé à l’arabe algérien, notamment dans les journaux à grand tirage comme El Khabar ou
EchChourouk. Ce sont parfois des expressions idiomatiques et des termes algériens qui sont intraduisibles mais
qui sont employés dans le corps du texte pour rendre fidèlement compte de la réalité telle que perçue et désignée
par les Algériens eux-mêmes, l’alternance se réduit parfois à l’emploi d’un seul terme.

(19) Voir Miller C., 2010.


(20) Idem.

Parfois, ce sont des discours rapportés en arabe algérien et qui ne sont pas traduits en arabe institutionnel pour
diverses raisons dont le souci d’authenticité qui est susceptible de conférer une valeur perlocutoire à l’énoncé. Il
en est de même dans la presse francophone où abondent les algérianismes, on y retrouve également des termes
et des expressions en arabe institutionnel et en arabe algérien transcrits en graphie latine. Il s’agit de titres de
journaux, de films, de pièces de théâtre. Certaines rubriques et chroniques sont titrées en arabe algérien comme «
El Guellil » (Le pauvre/Le Quotidien d’Oran), « Chaâbane fi Ramdan », (Le mois hégirien de Chaâbane en plein mois
de Ramadan -pour dire le désordre-/Le Soir d’Algérie), la rubrique « Point Zéro » dans ( El Watan) est souvent
intitulée en arabe algérien ou en mots puisés dans le registre des algérianismes comme, cet exemple pris au
hasard : « Hadj Harrag »(21) , (Le pèlerin -à la Mecque- est un clandestin). Dans certaines chroniques comme celles
du Quotidien d’Oran et du Soir d’Algérie abondent les phénomènes d’emprunts, d’alternances intraphrastiques,
diaphasiques et diastratiques. La créativité lexicale et sémantique y est également mise à contribution.

(21) El Watan du 29.09.2010, n° 6060

2.3. L’arabe institutionnel dans les médias

L’arabe institutionnel dit aussi scolaire, moderne et officiel, occupe la première place dans les médias publics. C’est
le cas, en effet, pour les deux chaînes de télévision algérienne, l’ENTV et El Djazairia (L’algérienne) et la chaîne de
radio nationale une. Pour ce qui est des radios locales, outre les bulletins d’information et les prêches religieux,
certaines émissions se font également en arabe institutionnel, mais dès qu’il y a ouverture du champ aux
auditeurs ces derniers recourent souvent aux langues premières que certains font alterner avec le français.
D’autres encore utiliseront un arabe médian où les structures sont semblables à celles qui sont employées en
arabe algérien et où le lexique peut être emprunté à l’arabe classique(22). L’usage de l’arabe médian est le fait de
certains animateurs de radio ou de télévision qui sont contraints de recourir à cet arabe afin d’adapter, plus ou
moins, leur langage à celui de l’auditeur ou à celui de l’invité de l’émission, lesquels, sauf exceptions, utilisent
l’arabe algérien ou l’arabe algérien alterné avec le français. Catherine Miller écrit dans ce sens que « tous les
témoignages convergent depuis longtemps pour souligner un emploi de plus en plus fréquent du dialectal dans
des emplois oraux formels (médias, conférences, discours politiques, etc.) et dans des emplois écrits (littérature,
publicité, etc.) donnant lieu à un niveau d’arabe dénommé par les linguistes˝ arabe médian ˝ »(23). Pour ce qui
est du contexte algérien, il importe de préciser que souvent, c’est la non-maîtrise de l’arabe institutionnel qui
commande le recours à une sorte de mixage impliquant l’arabe institutionnel et l’arabe algérien, notamment chez
la classe politique maîtrisant mieux le français que l’arabe institutionnel. Ajouter à cela les thèmes évoqués dans
les médias audio-visuels et qui peuvent requérir un lexique spécialisé, mais les raisons peuvent être plus
complexes en fonction des diverses situations de communication.

465
(22) Voir Miller C., 2008, « Quelles voix pour quelles villes arabes ? » : « Cette variété d’arabe emprunte sa
phonologie, sa syntaxe et sa morphologie principalement en dialecte, mais une partie de son lexique (et quelques
traits phonologiques et grammaticaux) à l’arabe moderne standard », in Auguste Moussirou-Mouyama, Les boîtes
noires de Louis Jean-Calvet, Paris, Ecriture, p.386.
(23) Idem, p.386.

Concernant les emplois écrits, nous relèverons un usage de cet arabe médian dans les publicités où sont souvent
juxtaposées plusieurs langues, Il importe de mentionner également que l’arabe médian et l’arabe algérien ne se
confondent pas et qu’ils sont employés séparément. Un grand nombre de quotidiens nationaux paraissent en
langue arabe : « El Khabar », « El Djoumhouria », « Ech Chourouq », « En Nasr », « El Ahdath », « El Fadjr »…, etc.
Ils sont au nombre de vingt et un. Toutefois, il importe de signaler à propos de l’officialité de la langue arabe ,
qu’en dépit de la loi de Décembre 1996 portant sur l’arabisation totale des institutions sous peine de sanctions
pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement; la langue française continue d’être utilisée dans de nombreux secteurs
en Algérie: « le français peut, prétendre à une certaine Coofficialité de fait dans la mesure, au moins, où
concrètement les membres du gouvernement le parlent souvent et avec facilité, et que le journal officiel de la
république algérienne (JORA) paraît en arabe scolaire et en français, que les diplômes algériens sont rédigés en
arabe scolaire et comportent la mention « écriture du nom en caractères latins…»(24). Le décalage existerait au
niveau de l’usage et des textes. Ces derniers, paraissant sous forme d’ordonnances, édictent des comportements
linguistiques que la société n’adopte pas en raison des ancrages sociolinguistiques qui sont siens. Ayant
brièvement esquissé la réalité des langues en Algérie dans les médias ainsi que les rapports qui les opposent,
lesquels rapports sont pris dans l’engrenage des conflits et des tensions qui caractérisent le contexte algérien.
Mais, hormis cet aspect du reste important à traiter, il paraît intéressant de se pencher également, d’un point de
vue micro-sociolinguistique, sur la dynamique des usages effectifs qui contrecarrent les positions officielles et
dualistes sur le sujet. En effet, nombreux sont les travaux où cet autre aspect de la question linguistique a été
abordé, ils ont notamment porté sur la créativité et la dynamique langagières qui caractérisent les usages que font
les locuteurs algériens de leurs langues. Ces pratiques effectives se particularisent également par une fonction à la
fois intégrative et revendicative leur permettant de se réclamer d’un vécu plurilingue et de facto pluriculturel.
Cette revendication est non seulement décryptable dans les productions langagières métissées des sujets parlants,
mais aussi dans les œuvres de création contemporaines, individuelles et/ou collectives, conçues dans les langues
du vécu et de l’usage quotidien. Les textes de la publicité en font partie. Outre, l’intérêt porté à la concordance
des logiques socio-économiques qui commandent la production du texte publicitaire avec celles de la presse
écrite, et qui d’ailleurs lui sert de support dans le cas qui nous intéresse, nous tenterons de voir comment , «
étant un système d’action qui s’inscrit dans une praxis sociale »(25), la publicité infiltre le système social pour en
exploiter le fonctionnement et qui se donne à lire au travers des oppositions et des variables qui participent de sa
dynamique. □ CHATOU Ibtissem (2011)

(24) Dourari A., 2003, op.cit, p.8.


(25)Quillard G., 1998, op.cit.

L ES MEDIA

CINEMA ALGERIEN .- Le pays ne produit plus de films, depuis une décennie et n'en acquiert pas moins par
manque de devises, ressources rares mais nécessaires pour produire et alimenter en copies et titres
nouveaux, les salles de cinéma. L'Etat s'est désengagé en procédant à la dissolution du CAAIC, principale
institution du cinéma. Le cinéma se trouve ainsi écarté des projets de relance. Il y a lieu de croire que ces
sombres années qu'a traversées le cinéma algérien marquent la fin de l'Etat mécène. Les Algériens sont
demandeurs de spectacles cinématographiques et la relance du cinéma ne peut s'accomplir sans un
assainissement, puis une refondation du réseau des salles de cinéma tombé en déliquescence. L'argent
du cinéma doit aller au cinéma par corrélation. Une réouverture des salles et un retour du public pourraient
susciter des recettes dont une partie serait réinjectée dans la production. L'effondrement du cinéma
algérien, tragiquement ressenti, avait commencé au tout début des années 80 par la dégradation puis la
fermeture des salles et aujourd'hui il est le résultat d'une discipline en danger de mort. Les pouvoirs publics
et les décideurs politiques sont interpellés pour la mise en oeuvre d'un plan de réanimation d'urgence du
466
cinéma et d'une politique nationale concernant le 7ème art et la création artistique. Par nature, le cinéma
est un acteur politique, parce qu'il est précisément un art populaire et un art de masse. Parler de cinéma,
revient à réfléchir sur son rôle dans la société et à l'image qu'il nous en donne, qu'il nous reflète. Par-delà
les divergences, on découvre des cinéastes qui ont approfondi la réflexion sur ce médium qui peut être
aussi un outil de prise de conscience et une arme de combat. Les cinéastes algériens, qui ont sacrifié leur
vie durant la lutte de libération nationale, ont, par leurs témoignages, beaucoup servi la cause de
l'indépendance. Le cinéma algérien a fort existé. Il était riche de ses talents, de ses modes d'écriture, de sa
production. Il a même donné la preuve qu'il y avait en Algérie des cinéastes professionnels qui ont produit
du cinéma de trés grande qualité, que ce soit sur le plan de la technique, de l'interprétation, de la
réalisation ou de la scénarisation. L'Etat des années 70 a d'ailleurs beaucoup contribué par son soutien
financier à la mise en valeur de son potentiel. L'Algérie au lendemain de l'indépendance disposait de près
de 700 salles de cinéma couvertes ou en plein air. Un réseau de ciné-bus allait dans les coins les plus
reculés du pays pour projeter des films. Il existait une fédération nationale de ciné-clubs, des revues
spécifiques de cinéma et un ciné-club à la télévision qui, à ses débuts, aidait à la compréhension des
messages iconiques et sonores. Le cinéaste disposait d'une union (UAAV) qui a pu réunir deux congrès
avant de disparaitre comme ont disparu tous les animateurs et toutes les manifestations autour du cinéma.
Constantine, Annaba, Oran, étaient des lieux de confrontation de toute la production cinématographique
nationale en même temps qu'une vitrine ouverte vers l'extérieur. Ensuite, les festivals ont disparu les uns
après les autres. L'agonie du cinéma a fini par atteindre tous les secteurs et cela dans l'indifférence
générale malgré les nombreux appels de détresse des cinéastes. La longue maladie du cinéma est la
conséquence de plusieurs facteurs : absence de financement régulier de la production, incohérence dans les
décisions, arbitraire des dirigeants et enfin absence totale de politique pragmatique pour le développement
du cinéma national. La décision, début 84, de remettre aux privés la gestion des salles, gérées jusque-là par
les APC, fut lourdes de conséquences. Il s'en suivit dans l'anarchie la plus totale la gestion de l'exploitation
de ce patrimoine cinématographique au détriment de la culture.
Par ailleurs, la restructuration de l'office national de la commercialisation et de l'industrie
cinématographique (ONCIC) en deux organismes distincts (décret de nov.1984) - ENAPROC (production) et
ENADEC (distribution, exploitation)- a accentué le démantèlement de l'organisme du cinéma. L'ANAF
(actualités filmées), issue également de cette division, dépendait du ministère de l'information alors qu'elle
aurait dû revenir à l'ENAPROC. Cette dernière ne recevait aucune subvention, contrairement au décret qui
en prévoyait une pour faire démarrer l'entreprise. Fin mai 1985, une nouvelle circulaire octroie à nouveau la
gestion des 54 salles de cinéma encore debout aux wilayate, remettant ainsi en cause les décrets
présidentiels qui en confèrent la gestion successive à l'ONCIC puis à l'ENADEC. Cette dernière allait ainsi
être privée de toute ressource financière. Conçue pour relancer le secteur du cinéma, la restructuration
aggrava sa situation en freinant son véritable essor. A peine en phase de maturité et malgré sa
reconnaissance à l'étranger avec les nombreux prix obtenus dans les festivals, il allait connaitre une longue
agonie. L'ENAPROC et l'ENADEC ont fusionné à nouveau pour donner le CAAIC qui a été dissout en 1998
tout comme l'ENPA, société issue de l'ex-RTA, qui n'a jamais été déficitaire. La création d'une SPA qui
prendrait en charge la production audiovisuelle pourrait se faire en associant dans le capital de la société la
participation de l'Etat, de l'ENTV, de l'ENRS et des capitaux publics et privés. Cette nouvelle structure aura
à tenir compte des besoins et des caractéristiques d'une fragile industrie. Cette dernière exige un soutien
financier qui lui permettra de faire face à la forte concurrence dans un marché étroit, qui n'offre pas de
garanties de continuité et de stabilité, condition indispensable à la croissance sinon à la survie de la
cinématographie nationale. A un environnement devenu des plus défavorables sont venus s'ajouter l'état de
délabrement des 30 salles de cinéma qui restent des 700 qui existaient en 1962 , une distribution quasi-
absente de films, l'absence de formation et de formateurs pour le 7ème art et l'état de vétusté du matériel
de projection. Si les pouvoirs publics ne réagissent pas pour que le cinéma algérien puisse reconquérir son
public, alors demain, la défaite sera synonyme de domination des cinémas occidentaux, moyens-
orientaux et américains.

CINEMA AMATEUR.- Rétrospective  : Le premier pas du mouvement cinématographique amateur a été


initié à l'occasion d'un festival organisé à Tizi-Ouzou en 1979.Le mouvement amorcé, le cinéma amateur
prenait alors son envol pour atterrir sur la scène cinématographique et constituer une véritable force
créative dans l'avenir du cinéma en Algérie. Parrainé par une cinémathèque, le cinéma amateur algérien fit
ses classes à travers les différents festivals organisés à Saida, Alger, Tizi-Ouzou, Bouira,... et révéla un
savoir-faire artistique. Les années suivantes, le mouvement fut récupéré par la JFLN qui organisa à son tour
plusieurs rendez-vous. Le cinéaste, victime du système, s'est toujours trouvé confronté aux problèmes
politiques du pays. En 1989, à l'occasion du festival du cinéma amateur d'Ain-Defla, les cinéastes décident
de prendre en charge leur propre destinée en créant une association revendicative. Cette initiative, qui
intervient en continuité avec les évènements qui secouèrent le pays à l'époque, fera du cinéma amateur
l'espace privilégié aux débats démocratiques. Dans son histoire, plusieurs villes ont le succès de cet
important mouvement. Saida, Ain-Defla et Annaba qui recueillera le plus d'aura. En effet, deux éditions ont
été organisées en 1993 et 1994 sous la coupe de l'ANCA (association nationale du cinéma amateur). Sur les
80 films présentés en 1983, seuls 30 films étaient présents pour l'édition 94. De plus, 85% de ces films ont
déjà été sélectionnés dans les précédents festivals et quelques-uns avaient même remporté des prix. Les
15% de nouveautés restantes étaient présentés en format vidéo. En fait, ce sont des films réalisés par des
amateurs dans le cadre d'une émission télé qui était diffusée à l'époque. Le festival, même s'il est organisé
en urgence, dénote une volonté de l'ANCA de redynamiser le mouvement. A cet effet, on note que l'ANCA,
l'une des rares associations qui activent chaque année pour embellir le champ culturel algérien, ne possède
pas à ce jour un siège social. En dépit de toutes les difficultés que rencontre le cinéaste amateur, il finit
toujours par mettre en valeur ses compétences artistiques.

467
A travers les années, le festival et les films, on a découvert des jeunes pétris de talents qui ne demandaient
qu'à s'exprimer, étaler et diffuser leur vision de la vie, de la chose ou tout simplement du cinéma. L'année
1998 verra la 25ème édition du festival international du film super 8 et vidéo, devenu depuis huit ans le
mondial de la vidéo. Chaque édition offre l'avant-scène à la création audiovisuelle d'un pays particulier.
L'Algérie a été maintes fois représentée malgré l'indifférence du secteur dans le pays.

EDITION.- Le marché réduit de la publication livresque n'arrive point à émerger du fait de facteurs exogènes
: environnement culturel en léthargie, coût élevé de production, pas d'aide de l'Etat, aucune faveur fiscale
(sauf TVA à 7%), problème d'écoulement au niveau des librairies et des bibliothèques. L'Algérie, hier encore
premier client de l'édition française, n'a édité depuis l'indépendance qu'un millier de livres. La forte
régulation par la politique de toute communication écrite ou audiovisuelle a eu des conséquences
néfastes. Le taux des illettrés s'est accru. Le décalage entre le pouvoir, l'intellectuel et le citoyen s'est
amplifié et l'activité de lecture et d'écriture est devenue une pratique élitiste, apanage d'une frange de la
population. L'Algérie dispose actuellement de cinquante cinq maisons d'édition : six relevant du secteur
public et quarante neuf appartenant au secteur privé. L'entreprise nationale du livre (ENAL) dispose d'un
réseau de 70 librairies et de 4 dépots régionaux. L'entreprise des arts graphiques (ENAG) s'est spécialisée
dans la réédition d'oeuvres du patrimoine mondial. L'office des publications universitaires dépendant du
ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique dispose d'un réseau de 50 librairies.
L'office national des publications scolaires dépendant du ministère de l'éducation nationale a édité 23
millions de livres scolaires. Quant à l'agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) a tendance à
s'occuper davantage de tout ce qui a trait à la publicité commerciale. L'édition privée, de création récente
(1989) pour la plupart des maisons d'édition se trouve à Alger. Résistant à la crise, elle mise sur le
commercial et le para-scolaire car l'augmentation du prix du papier et des couts d'impression lui a été
fatale.□
►Problématique de l’édition publique et de l’initiative privée * : La disparition des entreprises d’édition
du secteur public a laissé un vide important quoiqu’on puisse dire sur leur gestion passée. Ce vide ne peut
être comblé par l’initiative privée au vu du peu de moyens consentis et dont dispose actuellement ce secteur
et au vu des stratégies opérées. Il est indéniable que l’édition privée, malgré les progrès réalisés est
insuffisamment préparée et structurée pour parvenir à un niveau de performance qui permet de satisfaire les
besoins de la société algérienne en matière de livre et de lecture. « Depuis que les activités de l’E.N.A.L, à
la fois entreprise d’édition, d’importation et de diffusion des livres, ont cessé, le champ éditorial algérien a
vu se constituer un certain nombre de maisons d’édition privées, très inégales quant à leur capacités de
production, leur dynamisme, leur longévité, leur rentabilité, etc. »(1).
*ABDELLILAH, Abdelkader, L’industrie du livre et l’offre de lecture en Algérie, 2016
(1) Haddab, M., (1999), Compte-rendu des travaux de la journée d’étude sur le livre et l’édition, Alger,
Institut national d’études de stratégie globale, 4 avril.
◙ Diagnostic : Le présent rapport constitue une synthèse des nombreux travaux qui ont réunis les
professionnels des métiers du livre depuis 1987, sous l’égide du Ministère de la Culture, de l’Association
des éditeurs ou de l’Office National des Droits d’Auteurs. En l’état actuel il peut être considéré comme base
à l’élaboration d’une Plateforme de Réflexion sur l’Edition et les Métiers du Livre qui permettrait à tous les
opérateurs économiques et aux pouvoirs publics concernés de mieux saisir les réalités vécues dans ce
domaine de la culture dont on sait qu’il conditionne pour une grande part le rayonnement culturel dans le
pays.
♣ La situation en amont de l’édition  :
♦ La lecture commence très tôt, à l’école. ----------------► Rôle de l’enseignement de la littérature et des
sciences sociales à l’école. En arabe, en français ou dans d’autres langues, l’enseignement de la littérature
est sacrifié au profit des « sciences et de la technologie ». Or, la formation de l’esprit scientifique chez
l’enfant débute par la maîtrise de la langue (littérature, conte, poésie...).
Il en résulte : □ la nécessité de développer l’édition scolaire en ouvrant les portes de l’institution scolaire à
la profession éditoriale. Les éditeurs publics et privés peuvent coopérer avec les pouvoirs publics dans le
respect des trois principes suivants :
□ respect des programmes arrêtés par les ministères chargés de l’éducation nationale et de la formation
□ garantie de qualité du livre scolaire
□ répartition équitable des subventions entre les opérateurs économiques de façon à respecter les objectifs
sociaux de l’État en matière de prix des manuels scolaires.
□ Une meilleure coopération entre les éditeurs et l’ONPS encouragera l’innovation et le pluralisme
pédagogique.
□ encourager l’édition de revues périodiques pour enfants : BD, albums illustrés, collections de livres de
poche type bibliothèque rose, verte etc..., ouvrages et journaux de vulgarisation scientifique, de sport,
loisirs, voyages.
► Le problème des langues :
♦ L’édition doit offrir de la lecture dans toutes les langues pratiquées effectivement par la population :
arabe, Tamazight, français et également les autres langues vivantes étrangères, anglais, allemand,
espagnol etc....
Perspectives  :
□ Les éditeurs soulignent l’importance de la traduction systématique et des éditions bilingues.
□ L’intervention des pouvoirs publics pour l’aide à la traduction revêt un caractère de service public que doit
assumer la communauté nationale sous forme de subventions.
► L’édition scientifique  :
468
♦ L’édition en Algérie a favorisé la publication de thèses académiques ou de livres parascolaires de piètre
qualité, au détriment de collections de vulgarisation scientifique pour un large public.
♦ Les sciences sociales ont souvent été sacrifiées sur l’autel de la "technologie" et des sciences exactes.
♦ L’absence d’édition de dictionnaires et d’encyclopédies est un signe grave d’arriération pour un pays qui a
tant misé sur le développement industriel et l’éducation nationale.
Perspectives  :
□ L’édition d’ouvrages et de collections scientifiques de large diffusion s’impose comme priorité aujourd’hui.
□ Le marché est demandeur en périodiques scientifiques, littéraires, historiques et artistiques.
□ La multiplication, la diversification et la spécialisation des maisons d’édition devraient être encouragées.
□ La coopération au niveau maghrébin notamment pourrait faciliter les projets dits "lourds" tels que les
encyclopédies et usuels.
► Les bibliothèques  :
Chiffres de la Bibliothèque Nationale*  :
1976 1983 1986 2010 ?
Lecteurs inscrits 8504 6537 9249
Acquisition de livres langue arabe 45.000 4400 11310
" " langue française 4500 3588 9200
Patrimoine langue arabe 150.000 72.234
(nombre d’ouvrages ) langue française 750.000 92.740
Prêts (moyenne annuelle) 58.240 31.000 38.000
*L'ensemble des locaux réservés aux magasins peut contenir 36 km de rayonnages métalliques, soit environ
I.200.000 volumes. Toutefois, 17 km seulement ont été aménagés à l'heure actuelle, sur trois niveaux
différents, permettant d'abriter environ 500.000 volumes (les collections renferment présentement environ
400.000 volumes).
ⱷ Le patrimoine et le nombre de lecteurs stagnent. Les acquisitions d’ouvrages sont très faibles. Les prêts
régressent, la population croît. Les problèmes de gestion et de conservation de la bibliothèque nationale
sont connus.
ⱷ Les bibliothèques municipales, de quartier, de maisons de la culture, des entreprises, des universités ou
des lycées sont souvent délaissées et ne sont que des salles de travail.
ⱷ Parallèlement l’institut de bibliothéconomie forme de nombreux bibliothécaires et documentalistes sous-
utilisés.
ⱷ Dans une bibliothèque correctement gérée un livre peut avoir 25 lecteurs par an.
ⱷ Le budget devises de 5000 livres importés peut être :
- vendu en librairie et rencontrer 10 à 30.000 lecteurs
-géré en bibliothèque et prêté à 125.000 lecteurs/an.
ⱷ Combien de lecteurs ont profité des belles encyclopédies Universalis et Larousse importées en monnaies
fortes dans les années 1980 ? Combien de bibliothèques ont bénéficié des budgets importants ces dernières
années d’aisance financière ? Perspectives  :
□ Les éditeurs soulignent avec force la nécessité vitale pour tout le tissu social de dynamiser la lecture
publique et de créer un réseau national de bibliothèques associant l’éducation nationale (création d’un corps
de bibliothécaires scolaires), les collectivités locales, les éditeurs et toutes les institutions sociales et
culturelles.
□ Une part de l’importation des livres devra être réservée aux bibliothèques.
□ Le potentiel humain formé à cet effet devrait être réinjecté dans les bibliothèques.
□ Il conviendrait d’en finir avec les bibliothèques « salles de travail » et de privilégier principalement les
bibliothèques et ludothèques pour enfants.  
► Création :
♦ Les problèmes de la création sont ceux de la liberté d’expression, de publication et de diffusion pour
l’auteur comme pour l’éditeur ou le libraire. Le pluralisme politique consacré par la constitution et les traités
internationaux ratifiés par l’Algérie garantissent aujourd’hui l’exercice de ces libertés.
Perspectives  :
□ La protection des œuvres et des créateurs devrait être assurée par un organisme de droits d’auteur dont
la gestion serait paritaire : auteurs-éditeurs-pouvoirs publics, ce qui supposerait une modification du statut
actuel de l’ONDA, sous la tutelle exclusive de l’administration.
□ De même, la loi sur les droits d’auteur devrait être révisée dans le sens d’un assouplissement des
relations contractuelles auteurs-éditeurs notamment dans sa disposition imposant la rémunération des
auteurs.
► La coopération internationale  :
♦ L’une des causes essentielles de la stérilité relative de l’édition nationale a été le recours facile à
l’importation de livres, qui a dispensé du nécessaire effort de création éditoriale et d’amélioration du produit
local.
♦ Les freins objectifs à l’exportation du livre algérien résident dans la faiblesse de nos performances en
termes de qualité de délais, de prix et de réglementation.
Perspectives  :
□ Il convient de substituer une politique d’échange et d’acquisition de droits à l’importation systématique et
onéreuse de papier imprimé, tenant compte de la nécessaire ouverture sur le marché extérieur.

469
□ Coéditer, coproduire, former des professionnels de l’édition dans l’aire géogra¬phique environnante :
Maghreb, monde arabe et zone franco¬phone (Afrique, Canada...)
□ L’expérience a démon¬tré la nécessité d’améliorer le pouvoir de négociation des éditeurs algériens par :
- leur coopération au sein de leurs associations profession-nelles,
- l’intervention des représen¬tants de l’État algérien face aux institutions représentant d’autres états
(attachés cul¬turels, centres culturels étrangers etc...).
► Les liens : Université – Presse – Edition .
♦ UNIVERSITE °<==>° EDITION °
♦ Création de revues
♦ Vulgarisation scientifique
♦ Diffusion de la recherche (Banques de données)
♦ UNIVERSITE °<==>° PRESSE °
♦ Critique littéraire
♦ Diffusion scientifique
♦ PRESSE <=====> EDITION°
♦ Création journalistique et éditoriale
♦ Critique littéraire
♦ Promotion du livre.
ⱷ Les relations entre les trois pôles essentiels de l’action culturelle : presse, université, édition n’existent
qu’à l’état embryonnaire dans notre pays.
Perspectives  : □ Il y a urgence à :
♦ créer des revues entre universités et éditeurs
♦ créer des structures de coopération type centres de recherches ou associations spécialisées.
♦ faire vivre la critique littéraire et scientifique
♦ médiatiser le livre par la TV, vidéo, cinéma, publicité.
► Des monopoles stériles  : Le quasi-monopole passé dans l’édition et l’imprimerie n’a pas favorisé la
dynamique éditoriale car un éditeur qui ne peut choisir ni la date de sortie, ni la qualité, ni le prix de son
livre n’est pas réellement capable de jouer son rôle créatif. Jusqu’à présent les services administratifs :
douanes, police, affaires religieuses continuent à exiger des visas d’édition ou d’importation.
Perspectives  : La diversification des maisons d’édition et des imprimeries améliorera la compétitivité dans
l’édition des livres. De même la formation des professionnels dans tous les métiers du livre : composition,
préparation de copies, maquette, illustration, reliure, marketing, pub etc...ainsi que l’investissement dans les
technologies nouvelles (sans verser dans le gigantisme de mauvais aloi) garantiront la qualité et la
productivité de l’industrie du livre.
♣ L’ETAT DE LA PROFESSION D’EDITEUR ►POLITIQUE D’EDITION. L’édition souffre de l’absence d’une
volonté politique de modifier la situation antérieure. Les caractéristiques dominantes, héritées d’un quart de
siècle de quasi-monopole dans l’édition sont : climat général de censure et d’autocensure mutilante,
dirigisme bureaucratique et défaillances techniques et professionnelles tant aux niveaux de l’encadrement
que des personnels d’exécution, absence totale de coopération entre éditeurs qui ne possèdent pas
d’organisations professionnelles solides (imprimeurs, libraires, éditeurs...). La production nationale est
discréditée et les meilleurs créateurs sont exilés à l’étranger. Pour rééditer en Algérie Kateb Yacine,
Mouloud Mammeri Assia Djebbar, Mohamed Dib, Nabil Farès, Rachid Mimouni, Tahar Djaout etc... il faut
s’adresser aux éditeurs français ! Les libanais et tunisiens, à leur tour, sont sur le point de nous ravir les
futurs créateurs. Depuis 10 ans l’affairisme a gangréné notre profession. Les opérations pharaoniques des «
années de culture arabe, africaine, islamique, de Tlemcen » ont engendré le favoritisme et la corruption
autour de budgets étatiques colossaux gérés dans l’opacité totale.
Perspectives  :
□ Quelle est la part de l’écrit dans la politique culturelle de l’état ? il appartient autant aux politiques qu’aux
institutions culturelles et scientifiques et aux gens de lettres d’en débattre et d’esquisser des réponses à
cette question.
□ Les rôles respectifs de l’État, des éditeurs, des diffuseurs, des libraires et des créateurs devront être
redéfinis.
□ Les moyens budgétaires devront matérialiser cette volonté politique. L’investissement sur le long terme
devrait prendre le pas sur les improvisations anarchiques et l’interventionnisme des tutelles administratives.
L’édition devrait vivre par le livre et pour le livre. Les organisations professionnelles des éditeurs, des
imprimeurs, des diffuseurs et des libraires devraient être autonomes par rapport à la tutelle de l’État. Leur
rôle estde faire progresser la concertation et la définition des politiques à mener dans l’édition.
□ Au carrefour des milieux d’affaires et des nobles productions de l’esprit, le livre est constamment sous la
menace des puissances d’argent, des religions et de la politique. Seule l’autorité de la justice, dans un État
de droit digne de ce nom est susceptible de protéger la création intellectuelle, les arts, les lettres et les
sciences dont le livre est un des principaux vecteurs.
►L’IMPRIMERIE ET L’EDITION. Les ateliers d’impression et de façonnage du livre de qualité sont rares.
Les prix de fabrication sont trop élevés car la main d’œuvre est chère et peu qualifiée, les équipements
inadéquats ou mal entretenus, les approvisionnements en matière première ou pièces détachées très
aléatoires d’où un manque d’organisation qui coûte cher en bout de chaîne.
Pour ces mêmes raisons la qualité du livre est très moyenne et les délais fantaisistes.
Il y a manque total d’intégration dans la profession et absence de coordination. Exemples frappants :
suréquipement de composition (PAO principalement) et sous-équipement en reliure dure et façonnage.
Le parc en machines d’imprimerie offsetest très important alors que nous que l’impression numérique est
quasi inexistante dans la fabrication du livre. Il y a sous équipement dans certains domaines et
suréquipement en d’autres dans les arts graphiques en Algérie.
470
Perspectives  :
□ Établir un bilan sur l’état de l’imprimerie et de ses rapports avec l’édition. Après quoi, il pourrait se
dégager des choix sur les investissements à réaliser, les réorganisations ou restructurations à opérer,
l’intégration à rechercher entre imprimeurs et éditeurs, entre publics et privés.
□ Veiller à maintenir un état de compétition et de concurrence entre industriels du livre, seule garantie du
dynamisme et de la compétitivité dans l’édition.
□ Les choix technologiques et financiers dans l’investissement doivent être commandés par la réalité du
marché et non par des considérations administratives ou bureaucratiques.
□ Les administrations concernées doivent faire participer tous les professionnels concernés par ces choix.
□ En tant qu’industrie culturelle, peut-être est-il possible au niveau maghrébin, arabe ou africain de penser à
une meilleure coopération notamment dans la maintenance de notre appareil industriel. ☻ LES
APPROVISIONNEMENTS. Le boulet principal dans l’industrie du livre restera pour longtemps celui du papier
qui est presqu’entièrement importé sous forme de produit fini ou de pâte à papier. À l’époque de la CELPAP,
alors que nos importations étaient de 200000 tonnes de papier, la consommation de l’édition, y compris
celle de l’IPN, devait atteindre 10000 tonnes soit 5% des importations. L’anarchie qui règne aujourd’hui du
fait de la libéralisation sauvage a paupérisé encore davantage les éditeurs qui n’ont aucun pouvoir de
décision dans leurs choix de papier.
Perspectives  :
□ La solution au problème du papier est au niveau de l’industrie de la cellulose. De l’alfa et de sa
transformation. En situation de dépendance vis-à-vis de l’importation, aujourd’hui il est possible de gérer la
pénurie car la part des papiers d’édition (dits de luxe) ne représente pas des sommes astronomiques dans le
commerce extérieur du pays.
¤ D’autre part on peut toujours pratiquer une politique d’édition qui ne soit pas papivore en modulant les
tirages, le nombre des titres et la part de la lecture publique dans la gestion du livre.
□ L’édition peut très bien survivre à la crise du papier si on sait gérer convenablement tous les facteurs
contraignants.
► LE COMMERCE DU LIVRE. Ce point soulève le problème général du modèle de consommation des
ménages. Selon l’annuaire statistique (ONS) 1987, le poste "éducation, culture, loisirs" occupe 3,3% du
budget familial. Ce chiffre comprend essentiellement les fournitures scolaires. Dans les pays développés,
les chiffres avoisinent les 15%. L’Algérien lit un livre par an, y compris le livre scolaire alors que le Français
ou l’Allemand en lit 7 ou 12 c’est dire l’importance du fossé à combler et l’immensité de la tâche des
éditeurs.
Perspectives  :
Dans le livre non scolaire, le déficit de l’offre peut être estimé à quelques millions de livres dont la
fabrication et l’édition en Algérie permettront de  :
♦créer des emplois
♦satisfaire une demande socio-culturelle essentielle car elle partirait d’un vécu et non plus du produit
importé
♦réaliser d’importantes économies de devises.
En ce sens, une politique volontariste peut être arrêtée après des études de marché, indispensables sur le
lectorat et le marketing dans l’édition.
►LA DIFFUSION DES LIVRES. En 1987, il existait un réseau de 180 librairies à travers le territoire
national.Ce réseau ainsi que celui de l’ENAMEP formaient un potentiel important en infrastructure de
stockage, moyens de transport et moyens humains. En 2013 ces librairies ont été privatisées à vil prix et
soumises à la spéculation financière et immobilière auxquelles le commerce du livre ne peut faire face.
L’accès des libraires à l’importation a été barré par la réglementation du commerce extérieur qui favorise les
barons de l’import-import et e l’économie informelle. La loi de finance complémentaire de Juillet 2009,
notamment l’obligation du CREDOC et toute une série derèglements bureaucratiques ignore les réalités
professionnelles de l’édition et de la circulation du livre.
Résultat, plus de réseau national de diffusion de livres, on n’importe plus les livres scientifiques,
techniques, d’érudition ou d’actualité littéraire et professionnelle. Le risque est trop élevé pour les
importateurs. Les moyens de communication trop faibles : ordinateurs, fax etc.
Perspectives  :
□ La complémentarité des réseaux entre éditeurs et distributeurs-diffuseurs, publics et privés, est
indispensable pour améliorer la couverture géographique et réduire les coûts de diffusion par une meilleure
rentabilisation des infrastructures et des moyens humains et matériels. Logiquement de meilleurs chiffres de
vente influeront positivement sur la création éditoriale.
¤ Le monopole de l’importation du livre ne doit plus appartenir aux importateurs, publics ou privés. Il doit
être l’affaire de tous les professionnels de la librairie et la diffusion, y compris les éditeurs indépendants et
les consommateurs.
□ La réglementation doit prendre en charge les statuts de diffuseurs, distributeurs et de libraires sur les
plans fiscal, bancaire et commercial notamment, en consultation avec les professionnels du livre et
conformément aux normes internationales.
¤ La codification selon les normes internationales (code ISSN et ISBN) doit être adoptée par les professions
du livre, la bibliothèque nationale et les institutions concernées.
►PROMOTION, PUBLICITE, FOIRES ET EXPOSITIONS :
La désorganisation du marché du livre favorise  :
♦Des comportements pénuristes désolants
♦Le piratage et le commerce informel
♦la déstructuration et la mort lente des circuits industriels et commerciaux réellement professionnels.
La confusion regrettable entre les fonctions de diffusion et de distribution est un handicap à la promotion du

471
livre. Le monopole de l’ANEP sur la publicité publique est un anachronisme. La gestion à la fois anarchique
et bureaucratique des foires et expositions entrave l’activité de librairie
Perspectives  :
□ Des campagnes générales d’information sont nécessaires à travers journaux, TV, radio, pub. Toute la
société est concernée : presse, école, universités, bibliothèques etc...
□ La TV joue un rôle prépondérant : débats, informations, sans langue de bois ni censure. La création de
revues littéraires, scientifiques, de publicité est facteur de promotion.
□ Les libraires, éditeurs et auteurs devraient être associés à l’organisation des salons et foires du livre. Ces
manifestations gagneraient à conjuguer les aspects professionnel, littéraire et scientifique avec l’aspect
commercial, sans porter atteinte à l’activité essentielle et quotidienne des librairies.
►LIBRAIRIES, VENTES AU DETAIL . Il existe une librairie pour 400 000 habitants et un médecin pour 2000
habitants. L’Algérie des paradoxes compte 200 fois plus de médecins que de libraires ! Les rares libraires
qui vivent de leur seul commerce du livre sont moins d’une centaine. Le libraire à l’écoute du lecteur est la
caisse de résonnance pour l’éditeur, le diffuseur, le distributeur.
Perspectives  :
□ Face à cette situation, seule l’offre de livres en quantité, en qualité, variété et à des prix abordables peut
augmenter le volume d’affaires du commerce du livre.
□ La survie de la profession de libraire passe par le prix unique du livre et la structuration des réseaux de
distribution.
□ Le libraire doit avoir un libre accès à l’importation de livres, passant outre la fonction d’importateur qui n’a
pas de sens dans le commerce international du livre.
□ Le regroupement en associations professionnelles de libraires et distributeurs doit être encouragé.
►L’EXPORTATION DU LIVRE  :
Pour exporter il faut produire des contenus originaux et de facture industrielle et commerciale compétitive.
Notre faible production nationale ne répond à aucun de ces critères. Mais comment en serait-il autrement
considérant les constats ci-dessus ?
Perspectives  :
□ Le dépôt-vente à l’étranger de produits algériens est prohibé par les procédures bancaires et douanières
actuelles.
□ Il faut apprendre à exporter en produisant localement avec des contenus, des prix, une fiscalitéet des
éditeurs dignes de nous représenter dans les foires à l’étranger.
□ Développer une politique hardie de traduction et de cessions de droits à la fois sur le patrimoine algérien
et arabe et le domaine universel(à l’exemple du Liban et de l’Égypte).
► LE FINANCEMENT :
♦ La subvention de l’Étatdoit obéir à des critères transparents privilégiant l’intérêt général et la diffusion du
savoir et de la culture, au plus près de l’usage du citoyen.
♦ Le livre fabriqué localement supporte des taxes dont le livre importé est exonéré.
♦ Les imprimeurs imposent aux éditeurs le paiement cash du livre à sa sortie, sans intervention des circuits
bancaires.
♦ Pas d’encouragement à l’investissement.
♦ Pourtant l’électronique a introduit une vraie révolution dans les arts graphiques et les équipements
évoluant très rapidement, doivent être amortis et renouvelés en conséquence.
♦ L’impression numérique, l’édition numérique et en ligne sont des créneaux d’investissement d’avenir pour
renouveler les contenus et les diffuser à moindre coût.
Perspectives  :
□ Encourager les échanges internationaux par de réelles coéditions et coproductions. Faire intervenir les
banques pour les financements sous forme d’instruments de paiements modernes : lettres de crédit, traites
bancaires etc...
□ Cesser les discriminations entre public et privé.
□ Adapter les règles d’amortissement aux évolutions technologiques et commerciales.
□ Investir dans la formation et le perfectionnement des professionnels.
□ Subventionner les prix littéraires, les sociétés de lettres, les fondations et publications scientifiques et
artistiques.
□ Encourager le développement de l’impression numérique et de l’édition numérique dans la conservation du
patrimoine et la diffusion des lettres, des sciences et des techniques.
►REGLEMENTATION  :
La profession éditoriale n’est pas organisée. Le statut de l’ONDA est inadapté. Les relations État-éditeurs
sont peu claires. Les liens de vassalité entre le monde de l’édition et les institutions de l’État doivent cesser
faute de quoi les meilleurs de nos créateurs continueront de s’exiler. Les autorisations à priori, de visas, de
procédures administratives de la culture, des douanes, des affaires religieuses sont contraires à la
constitution. Seule la justice et les services de police à son service, dans le cadre de la loi, peuvent
intervenir à postériori, dans le processus de création, d’importation ou de diffusion des livres. Les aides et
subvention au livre doivent être gérées démocratiquement au bénéfice du contribuable.
Perspectives  :
□ Nécessité d’organiser librement les professions d’éditeur, de libraire, d’imprimeur etc...
□ Participation des éditeurs et auteurs à la gestion des droits d’auteurs par une gestion paritaire de l’ONDA.
□ Les fonds d’aide et le Centre National des Lettres, doivent être gérés de façon paritaire et démocratique
par les auteurs, éditeurs et autres professionnels du livre avec les pouvoirs publics. La vocation essentielle
est l’aide à la création éditoriale en général, le financement de projets importants tels que : encyclopédies,
dictionnaires, patrimoine, recherche et création artistique et scientifique.
□ L’aide à la traduction est aussi essentielle que la subvention pour le pain et le lait actuellement en cours

472
dans notre pays.
□ Le ministère de la culture doit avoir un rôle d’animation, d’orientation des budgets et moyens, et non plus
de gestion, d’injonction administrative ou de contrôle policier.
♣ Conclusion  :
♦ Il n’y a pas de solutions partielles aux problèmes évoqués ci-dessus. Tout se tient.
 Il faut une politique globale de l’édition dans un esprit de concertation et d’ouverture d’esprit.
 Le strict respect des libertés collectives et individuelles est une condition sine et qua none de la vitalité
de la culture et de l’épanouissement des citoyens
 La volonté et les moyens pour y parvenir conditionnent toute entreprise en ce sens.
♦ Parmi les urgences, il faut particulièrement relever les dossiers prioritaires qui devront faire l’objet
d’études et de décisions de la part des pouvoirs publics en coopération avec l’ensemble des professions du
livre :
 la levée des interdits et autorisations anticonstitutionnels.
 la promotion de la lecture publique et les bibliothèques
 le système d’aide à la traduction
 la création et l’importation de livres et périodiques scientifiques
 la réglementation relative au unique prix unique du livre
 le financement bancairede l’investissement et de l’activité de production de livres
 l’approvisionnement en papier d’édition et l’encouragement à l’investissement dans l’imprimerie
numérique.
 la formation aux métiers du livre.
Alger, le 20 octobre 2013
♦Source : L’édition algérienne  : état des lieux, Boussad Ouadi, Editeur, Raïna-dz.net, 29.10.2013 .

FACEBOOK.- En quelques mots, nous pouvons dire que « Facebook est  un réseau social sur Internet
permettant à toute personne possédant un compte de créer  son profil et d'y publier des informations, dont
elle peut contrôler la visibilité par les autres personnes, possédant ou non un compte. L'usage de ce réseau
s'étend du simple  partage d'informations d'ordre privé (par le biais de photographies, liens, textes, etc.) à  la
constitution de pages et de groupes visant à faire connaitre des institutions, des  entreprises ou des causes
variées… Le nom du site s’inspire des albums photo  (« trombinoscopes » ou « facebooks » en anglais)
regroupant les photos prises de tous  les élèves au cours de l'année scolaire et distribuées à la fin de celle-
ci aux étudiants ». Le géant de l’internet en quelques chiffres  : Facebook est l’interface de réseau-social la
plus puissante au monde et  pour illustrer cela voici quelques chiffres clés  donnant une idée de l’ampleur de
ce « giga-média de communication».
□ Les utilisateurs – Aspects financiers  :
 901 millions de membres actifs  
 526 millions de membres actifs chaque  jour
 488 millions de membres actifs sur  mobile 
 15 millions de membres ayant acheté  des biens virtuels en Facebook Credits en  2011
 24 millions de membres en France.
 3,7 milliards de dollars de CA en 2011,  dont 85% en publicité
 1,058 milliard de dollars de CA au 1er  trimestre 2012, dont 536 millions aux  Etats-Unis et 522 millions
dans le reste du  monde
 205 millions de dollars de résultat net au  1er trimestre 2012
 677 millions de dollars de dépenses au  1er trimestre 2012
 3,910 milliards de dollars de cash
 388 millions de dollars de dépenses en R&D (recherche et développement) pour  l'année 2011 (contre 144
millions en 2010)
 153 millions de dollars de dépenses en  R&D (recherche et développement) pour le  1er trimestre 2012
(contre 57 millions pour le 1er trimestre 2011).
□ Activité des utilisateurs – Entreprise  : Bureaux et Salariés :
 125 milliards de relations entre "amis"
 300 millions de photos uploadées chaque  jour
 3,2 milliards de "J'aime" et commentaires  chaque jour
 42 millions de pages ayant 10 fans ou  plus
 3539 salariés (au 31/03/2012)
 12 bureaux aux Etats-Unis  
 18 bureaux à l'étranger
 Facebook est disponible en 70 langues.
► Forces de la société et potentiel de croissance du marché  : Si Facebook était un pays il serait la
troisième nation la plus  peuplée de la planète après la Chine et l’Inde et représenterait deux fois la
population des Etats-Unis. Plus encore, Facebook ne cache pas son ambition d’atteindre le
milliard d’utilisateurs et est persuadé d’un bel avenir devant lui. En effet, une analyse du  secteur permet de
relever deux facteurs clés annonciateurs d’un potentiel de   croissance très enthousiasmant : La croissance
rapide du taux de pénétration d'internet, qui rend  Facebook accessible à de plus en plus de monde. Le
Boston Consulting Group  estime que 3 milliards de personnes auront accès à internet en 2016, contre   1,6
milliards en 2010. La montée du téléphone mobile. Déjà plus de 425 millions de personnes se  connectent à
Facebook depuis leur mobile. La majeure partie de la croissance  du réseau viendra de là, et pourrait
permettre à Facebook de dépasser 1  milliard d'utilisateurs.□
473
□ Sources : « Facebook, les chiffres clés au 30 avril 2012 », sur le site web  onprenduncafe.com . Données
compilées à partir de Bloomberg, ONU, The Economist,   Cafedelabourse.com et repris par CURAU Laurent «
Introduction en Bourse de Facebook : «  faut-il investir ? », Article publié le 16 mai 2012
sur www.cafedelabourse.com .

FILM SCIENTIFIQUE .- En dépit d'une multitude de contraintes, des films scientifiques naissent et des
genres nouveaux apparaissent rassurant ceux qui redoutaient l'avènement d'un audiovisuel figé. Au
lendemain de l'indépendance, grâce à la création d'un centre audiovisuel (aujourd'hui centre national de la
cinématographie), des documentaires scientifiques sur la médecine, l'archéologie, l'agriculture,
l'environnement et l'artisanat, virent le jour. La télévision ne produisit que peu de documents avant les
années 70. L'institut pédagogique national a réalisé de nombreux films didactiques. Le secteur économique
(la Sonatrach, l'institut agronomique de Mostaganem,..) a beaucoup investi dans l'infrastructure
audiovisuelle en s'équipant lourdement de caméras et de studios, avec de médiocres résultats. Les
universités (Constantine, l'ENSET d'Oran, l'USTHB,..) ont vécu une modeste expérience. D'autres tentatives
de chercheurs isolés, des médecins, ont filmé leur quotidien avec un succès mitigé durant cette dernière
décennie. Aujourd'hui, le film scientifique apparait comme un outil précieux en tant qu'instrument
d'investigation, moyen de vulgarisation de la culture scientifique et support pédagogique et didactique. A
l'heure de la communication par satellite, les pouvoirs publics doivent surmonter les barrières financières,
techniques et psychologiques qui bloquent toute velléité de développement.

INFORMATION DE PRESSE .- La presse algérienne traverse une crise à l'image de celle de sa société qui,
depuis l'indépendance, ne s'est jamais reconnue ni identifiée en sa presse qui a toujours eu tendance à
déformer son visage au gré de ceux qui la manipulaient et la dirigeaient. Les pouvoirs publics ne se sont
jamais préoccupés des tâches sociales de première importance qui devaient être remplies par la presse au
sein d'une société en extension et en pleine transformation. Un journal qui apporte un plus à
l'enrichissement de la pensée : information "objective", éducation, instruction, récréation du public devrait
être aidé pour éviter la supression d'un pluralisme sans lequel il n'est point de possible démocratie.
L'information doit être respectée, c'est un problème d'ordre moral avant tout et pour que l'Etat soit crédible,
il est nécessaire que les principales tendances de la pensée et les grands courants d'opinion puissent
s'exprimer à travers une presse elle-même crédible et de qualité, qu'elle soit publique ou privée. L'Etat est
pratiquement absent en matière de législation de presse et de diffusion. Il est impératif de réglementer les
relations éditeur-imprimeur et surtout éditeur-diffuseur car le meilleur des jounaux peut disparaitre par une
mauvaise diffusion. Pour résoudre la crise multiforme du secteur de la communication de presse, les
pouvoirs publics doivent concourir à résoudre :
♦ les problèmes moraux et politiques de la profession;
♦ les problèmes d'organisation et de fonctionnement de la presse publique.
Parmi les problèmes politiques et moraux, l'on citerait :
◘ l'absence d'une politique claire en matière d'information et de communication
◘ la confusion entre presse gouvernementale (communication gouvernementale) et presse de service
public (communication des institutions étatiques)
◘ le manque de cohérence et de suivi de la ligne éditoriale
◘ les problèmes d'éthique et de déontologie et mépris du professionnalisme
◘ l'accès aux sources d'information, etc.
A l'instar d'autres pays, l'aide de l'Etat doit se concrétiser de subventions, d'aide revêtant un triple aspect :
fiscal, postal, technique.

LIVRE.- Face à des mass-médias étatiques (radio, télévision, cinéma) appelés à un développement certain,
le livre possède indéniablement des qualités irremplaçables. Le seul ennui, c'est qu'il y en ait très peu sur le
marché et que les jeunes et les adultes ont soif de lecture pour se détendre ou se cultiver. Le besoin de
lecture répond à des motivations diverses. D'abord s'informer, ce qui est une fonction de base pour le
simple citoyen. Ensuite, étudier pour étendre le champ de ses connaissances et à les élever à un niveau
supérieur. La lecture lui permet de penser ; l'interpellation d'un texte lui apprend à réagir par la critique et à
acquérir ainsi une pensée personnelle. Enfin, l'on peut dire aussi et surtout que la lecture permet de se
délasser et c'est là une fonction de divertissement qui permet de se détendre pour retrouver un équilibre
nécessaire. Parmi tous les moyens mis à sa disposition pour se former, la lecture est un moyen privilégié et
il doit être à la portée de tous aujourd'hui. Les citoyens doivent pouvoir à l'avenir acheter les livres dont ils
ont besoin en tout domaine et à moindre coût.
La difficulté de disponibilité d'ouvrages divers dans les librairies fait qu'il est plus que nécessaire de créer
des bibliothèques communales, d'entreprises, de quartiers, etc. Pour être compétent aujourd'hui, il est
nécessaire d'être ouvert à un grand nombre de disciplines de façon à situer notre spécialisation dans un
contexte social plus vaste. Le livre est véritablement un outil pratique pour tous ; de même qu'une
bibliothèque dont on dit qu'elle est la mémoire du monde et de notre environnement.
Après la disparition progressive des librairies d’Etat, nous assistons ces dernières années à des fermetures
de librairies privées.Certaines librairies qui ont multiplié des rencontres d’auteurs avec le public, ou
organisé des ventes-dédicaces, ont dus mettre la clé sous le paillasson… L’imposition du crédit
documentaire pour les importations de livres, les contraintes bureaucratiques douanières, ont découragé les
importateurs. Le commerce du livre est très peu capitalistique. Nombre d’importateurs libraires, n’ont
importé de livres car tenus de payer les livres commandés avant même qu’ils ne partent de l’étranger. Il faut
attendre ensuite trois mois pour qu’ils parviennent en librairie. Or, partout ailleurs dans le monde, le
commerce du livre se fait exactement à l’inverse : les éditeurs prennent le risque de publier un livre ; ils les
confient aux diffuseurs et libraires pour les vendre et ces derniers les paient trois ou quatre mois après,

474
avec faculté de retour. Tout libraire pouvait renvoyer les livres invendus qui lui sont défalqués de la facture
d’achat. Dans le domaine de l’édition, les maisons d’édition, passées au tri sélectif, ont tendance à être
d’obédience éditoriale soft, souvent à contre-courant retardataire, au risque de voir leur subvention
supprimer. Beaucoup d’auteurs ont dus publier à compte d’auteurs pour transmettre du savoir ancien ou
susciter la curiosité intellectuelle. Leur stocks d’ouvrages, à défaut d’être diffusés, pour cause de faux frais,
finissent par croupir en dépôt et menacés de passer au bouillon si l’espace n’est pas libéré □

MEDIA.- Les pouvoirs publics exercent une pression constante sur la communication de masse pour
légitimer leur politique et forcer l'adhésion aux objectifs préconisés par les centres de décision. Le droit à la
critique, la rétention de l'information, le statut de la profession, demeurent au centre des préoccupations de
ce secteur qui a plus tendance à être marginalisé qu'à être associé aux objectifs de développement et
informer les citoyens sur les activités économiques et sociales du pays.

PHOTO-JOURNALISME .- Dans le souci d'informer par l'image, les photo-journalistes algériens demeurent
confrontés aux dures réalités de l'action. Témoins directs d'une actualité chaude, ils n'ont pas eu le temps
d'apprendre, de s'initier ou de se documenter. Faute de moyens techniques suffisants et faute aussi d'oser
transgresser les conceptions esthétiques, dont ils étaient imprégnés, ils demeurent des témoins figés,
impuissants à transcrire la dimension des évènements. Marginalisé et méprisé, le photo-journalisme
n'est pas prêt de mourir car conscient de la forte demande d'images, plusieurs agences photos sont créées
pour exprimer l'Algérie en mouvement et témoigner d'une mémoire éternelle par la réalisation de reportages
photographiques. La photographie de presse n'aura d'avenir en Algérie que dans la mesure où les pouvoirs
publics créeront les conditions adéquates pour permettre l'exercice de la profession sans entraves pour le
bien-fondé de l'opinion publique.
Les quelques photographes de presse professionnels existants sont désabusés quant à l'avenir de ce
métier, notamment avec la dissolution de l'API qui a porté un coup à la photo de presse en Algérie.Des
écoles de photos existent. Mais rares sont celles qui excellent dans l'activité. La formation est remise en
cause, et l'on dénote un manque de professionnalisme flagrant. La photo ayant un pouvoir de transmettre un
message de la réalité constitue un symbole de vérité et un moyen de le transmettre au-delà du temps et
de la rendre témoin de l'histoire. Aussi, les pouvoirs publics doivent se pencher sur cette activité, pour lui
redonner la place qu'elle mérite et la réhabiliter.

PRESSE.- La loi relative à l'information promulguée en 1990 a été l'un des jalons du pluralisme politique. Ce
code avait ouvert la voie au pluralisme médiatique en instaurant la liberté de la presse, avec l'émergence
d'une presse publique. Cela a permis aux professionels de la presse de s'affranchir de leurs statuts de
salariés dans le secteur de la presse publique, créant ainsi leurs propres organes de presse. Les partis
politiques et associations avaient aussi la possibilité de créer leurs propres journaux. Les aides de l'Etat à
la création, en plus de 32 mois de salaires versés aux journalistes qui quitteraient volontairement le secteur
public de la presse, ont permis à ces professionnels de s'engager dans l'aventure, réussissant plus ou
moins à se maintenir. Cette forme d'organisation est apparue unique en son genre dans le monde. Sous
d'autres cieux la presse n'est créée et contrôlée que par de grands groupes financiers ou sociétés qui
gardent la haute main sur ses lignes éditoriales. C'est ce qui explique pourquoi il n'y a pas de presse écrite
publique, mis à part pour les médias audio-visuels où se côtoient des chaines publiques et privées. Les
chaines publiques s'appuient sur des producteurs privés pour alimenter leurs programmes, tout autant que
les chaines privées. En Algérie, si les aides de l'Etat, financières, juridiques et administratives ont facilité
l'avènement de la presse privée, cela ne s'est pas toujours fait dans la tranparence et l'équité. Certains
journaux se sont trouvés plus privilégiés que d'autres dans la répartition des aides financières, des locaux
ou de la publicité. Les organismes publics de régulation, les opérations de soutien en faveur des journaux
désavantagés, n'ont pas assumé cette mission. Le fait que la loi sur la publicité, prête depuis la création du
conseil national de l'audiovisuel qui avait adopté sa première mouture en 1991 n'avait pas été promulguée
en est la cause. Cela n'a fait que favoriser l'utilisation de la manne publicitaire à des fins inavouées. Même
les circulaires gouvernementales contrôlant par l'ANEP la répartition de la publicité des entreprises et
institutions publiques, n'ont pas favorisé la régulation. Les iniquités sont demeurées et les mêmes journaux
bénéficiaient des mêmes privilèges. La presse privée, professionnelle, s'est trouvée contrainte de faire de
faire allégeance à certains groupes d'intérêts financiers qui la sponsorisaient directement pour certains
et indirectement pour d'autres. Bien que la loi de l'information interdisa cette forme de contrôle, certains
professionnels sont devenus de fait, malgré eux, des prête-noms. Cette infiltration s'est trouvée facilitée par
le laxisme en matière de respect de la loi et aussi par l'inexistence de lois complémentaires organisant
l'ensemble des activités de communication et d'audio-visuel. Les conséquences en furent que cette presse
s'est impliquée dans des conflits d'intérêts de ces groupes qui l'ont manipulée pour gêner les actions de
certains gouvernements et parfois conduire à leur chute. Ces dangers n'ont été perçus ni par les décideurs,
ni par les partisans de développement de la démocratie et du pluralisme médiatique. Les professionnels de
la presse doivent reconnaitre qu'ils n'échappent pas actuellement à ces formes de contrôle et de pressions,
qu'ils ne sont pas tous traités avec équité qu'ils ne sont et ne peuvent être indépendants même s'ils en ont
la prétention. Ils ne doivent pas camoufler l'influence des groupes d'intérêts financiers en s'attaquant
seulement aux pressions des autorités publiques. Certes l'absence de concertation et de dialogue et la
situation de crise et de violence dans laquelle évoluait le pays, notamment la gestion de l'état d'urgence, ont
quelque peu compliqué les relations entre la presse privée et les autorités publiques. C'est ce qui a
engendré des tensions périodiques. Chaque partie avait sa propre vision de la liberté d'expression.
Les conséquences en furent la prise de mesures administratives, parfois abusives sans contrôle du juge,
comme ces suspensions de longue durée sans les rapporter à l'expiration des délais énumérés dans les
décisions, ce qui a occasionné la disparition de nombreux journaux. D'autres journaux ont disparu pour

475
cause de difficultés financières dues souvent à l'absence de régulation publicitaire ou l'inexistence d'aides
indirectes des pouvoirs publics au profit de tout le monde sans distinction. Les questions d'impression qui
s'établissaient sur les bases de la commercialité imposée par l'économie de marché, ont aggravé les
tensions dans les relations presse privée-autorités publiques. Les créances des éditeurs s'alourdissaient et
les imprimeurs de par les charges et les obligations des contrats des performances, supportaient de moins
en moins l'ardoise. La presse partisane et associative a été le parent pauvre de la démarche des pouvoirs
publics dans le développement d'une presse pluraliste. Celle-ci n'est pas traitée sur un pied d'égalité que la
presse publique ou privée en aide financière directe ou indirecte et en publicité. Les principes de liberté de
la presse dictent que toute la presse nationale soit traitée sur un même pied d'égalité quel que soit son
statut, coté soutiens. Il serait injuste qu'une presse soutenue de façon occulte par des groupes financiers
bénéficie de plus de moyens qu'une presse dépourvue de moyens financiers et dont l'organisation et sa
ligne éditoriale sont transparentes. L'autre faiblesse vient du retard juridique dans le secteur de la presse et
de l'audiovisuel notamment dans l'exercice des professions de la presse et du livre et des journalistes.
A cela s'est ajoutée l'erreur liée au rattachement des organes d'information et d'impression publique au
holding de services qui n'a ni les compétences professionnelles, ni l'intérêt voulu autre que la survie de
façon facultative de leur gestion. Jusque là, les critiques à l'égard du code de l'information en vigueur se
sont limitées à le dénoncer en tant que "code pénal bis" tout en sachant que toute loi contient des sanctions
en cas d'atteinte à ses dispositions. Ses détracteurs n'ont jamais proposé des amendements à apporter au
code en vigueur. C'est bien le moment pour eux de présenter des propositions de refonte du texte pour
contribuer à enrichir la loi organique relative à l'information.
Des textes d'application doivent avancer les grandes lignes de dynamisation de la presse publique écrite et
audiovisuelle pour qu'elle se situe aux niveaux des projections technologiques et des besoins de
communication de la société et pourtant de l'image de l'Algérie au plan international. ◙
♦ La loi organique sur l’information (n°12-05) du 12 janvier 2012 n’apporte pas d’innovations significatives
par rapport à celle d’avril 1990, mise sous le boisseau très rapidement par le décret d’état d’urgence de
février 1992. Elle en restaure des principes de fond, dont celui de la liberté ouverte aux personnes d’investir
dans l’ensemble du domaine économique des médias. Du caractère « loi organique », on en retire une série
de dispositions qui tentent en même temps d’ouvrir et de refermer le domaine d’activités, le principal
verrouillage demeurant en lame de fond. En effet, les piliers de l’Etat de droit et l’autonomie des pouvoirs
fondamentaux (législatif, exécutif et judiciaire) ne sont pas garantis. Dans la même veine, la loi sur les
activités de l’audiovisuel de mars 2014 reconduit son esprit timoré. De même, viennent d’être édictés les
décrets exécutifs du 11 août 2016, censés réglementer les activités des «services audiovisuels
thématiques», en lieu et place d’une cinquantaine de télés commerciales offshore produisant et diffusant
impunément depuis cinq années dans une anomie totale.
♦ Si aucune statistique fiable n’existe, les observateurs estiment, en 2016, que le nombre des journalistes
algériens se situe entre 4000 et 6000. L’opacité quasi-totale à ce sujet est le fait essentiellement du trop
grand nombre d’entreprises éditrices employant de jeunes journalistes pigistes sans aucune déclaration, ni
au fisc ni aux organismes de protection sociale. Cela s’explique notamment par les logiques de montage des
entreprises éditrices, tout particulièrement celles lancées depuis le début de la décennie 2000. Au nombre
d’une cinquantaine, les télés commerciales offshore (ciblant l’Algérie et diffusées via les satellites) ont
renforcé la tendance. De statut juridique a-légal, elles sont tolérées par les pouvoirs publics dans l’exercice
de leurs activités, tant qu’elles ne contreviennent pas en particulier à la pérennisation du régime. Aucune
régulation n’est exercée sur elles, à la fois au niveau des ressources financières et humaines, tant et si bien
qu’elles renforcent les logiques en cours dans la presse écrite de droit privé. En août 2016, a été ainsi
publié un décret disposant du Cahier des charges des « chaînes de télévision thématique », auquel les télés
commerciales en exercice devraient souscrire pour disposer d’un agrément. Il sera intéressant d’étudier les
jeux que développeront les propriétaires de ces médias, les pouvoirs publics et la nouvelle instance de
régulation (Autorité de régulation de l’audiovisuel, ARAV), après cinq années de situation d’anomie qui
aboutissent à l’émergence de flibustiers du domaine ayant partie liée avec de puissantes fractions du champ
du pouvoir. □ MOSTEFAOUI, Belkacem (2016)

PRESSE ALGERIENNE .- □ Rétrospective  :A ses débuts, cette presse fut marquée par des journaux comme
Alger républicain, où des écrivains-journalistes comme Albert Camus, Mouloud  Feraoun ou encore Mohamed
Dib et d‘autres intellectuels menaient un double  combat. Celui d‘informer, mais aussi et surtout celui de
dénoncer la situation qui prévalait à cette époque, marquée surtout par les inégalités entre
indigènes algériens et colons français. La fin de la colonisation permettra à cette presse, qui ne
s‘occupait auparavant que de la situation du peuple algérien et de la souffrance qu‘il   endurait, de s‘ouvrir
vers d‘autres centres d‘intérêts et sujets, et d‘avoir aussi un  cadre juridique et financier stables. Ainsi, et
depuis l‘indépendance du pays  jusqu‘à ce jour, on pourrait distinguer en somme deux grandes périodes.
La première allant de 1962 jusqu‘au début des années 90, où le champ médiatique  était réservé uniquement
au secteur public. La seconde, beaucoup plus  intéressante, a vu l‘ouverture du champ médiatique sur le
secteur privé, et l‘émergence d‘un nombre assez important de quotidiens indépendants, en langues  arabe et
française. Poussant plus loin leurs investigations, d‘autres chercheurs pensent que « la  presse en Algérie a
connu trois grandes étapes, la première allant de 1962 à 1965,  la seconde de 1965 à 1976 et la troisième de
1976 à 1988… [autant] de périodes qui coïncideront avec celles des différents régimes qu‘a connus le
pays (l‘adoption de la charte et la constitution de 1976 constituant l‘instauration d‘un  nouveau régime au
point de vue institutionnel) » (Benzelikha, 2005). La  première période indiquée (de 1962 à 1965) est une
période de transition, non  seulement dans le domaine médiatique, mais dans tous les secteurs de la
vie publique en Algérie. Le pouvoir en place était obligé de gérer, notamment par la  nationalisation de
plusieurs titres coloniaux, un secteur stratégique, et ce en  l‘absence d‘une quelconque loi pour le régir.
Chose qui a favorisé un monopole  progressif du pouvoir sur la presse. La deuxième période indiquée a vu

476
l‘ascension vertigineuse du pouvoir du  parti unique au pouvoir le F.L.N (1). Désormais, deux entités
étroitement liées contrôlent la presse : L‘Etat et le parti unique. La première exerçait ce contrôle  par le biais
du ministère de l‘information et de la culture, la seconde par le biais  de ses quotidiens, mais toujours en
suivant l‘idéologie de l‘Etat. Il faut dire que  tous les ministres qui se sont succédés à la tête de ce secteur
depuis  l‘indépendance du pays se sont penchés principalement sur cette mission,  accomplie d‘ailleurs avec
beaucoup succès. En témoigne, à titre d‘exemple, le  mandat de Taleb Ahmed Ibrahimi, qui a dirigé le
ministère de l‘Information et de  la Culture de 1970 à 1977, période durant laquelle les libertés d‘expression
se sont réduites au minimum. Durant cette même période, les quotidiens en langue   française vont connaître
une nette régression avec l‘arabisation des quotidiens  Annasr et la République. Conséquences : le tirage de
ces deux quotidiens va   connaître une chute fulgurante et les lecteurs francophones seront obligés de lire  
un seul et unique quotidien publié en langue française à cette époque, à savoir El-Moudjahid. Ainsi, parmi
les conséquences directes de cette gestion des médias en  Algérie, on peut noter une dangereuse réduction
du nombre de médias en  activité : une seule chaîne de télévision ; une seule chaîne de radio ; et
six quotidiens nationaux (d‘expression arabe et française) pour plus de vingt millions  d‘habitants dans les
années 1980. Même si cette tendance va encore se confirmer  durant la dernière période, il faut noter qu‘un
certain nombre d‘événements vont  avoir une incidence directe sur la gestion du domaine médiatique dans le
pays, comme par exemple l‘adoption d‘une nouvelle constitution en 1976. Cette   dernière, proclamait le «
droit à une information totale et objective », et ce même  si l‘Etat à cette époque semblait peu favorable à de
tels principes. Cette période  verra aussi l‘amélioration du tirage de bons nombre de journaux, ainsi que de
leur diffusion, un détail de taille qui témoigne de l‘intérêt grandissant que les autorités  portaient aux médias
au fil des ans. Cette période coïncide aussi avec un  événement important : la mort du président Houari
Boumediene en 1978. Mais   cet événement ne va pas changer grand-chose à la suprématie de
l‘idéologie  mono-partiste qui régissait tout le secteur jusqu‘aux tragiques événements  d‘octobre 1988.  Chose
tout à fait logique quand on sait que la gestion du domaine  médiatique en Algérie, à l‘instar des autres
domaines comme l‘économie ;  l‘éducation, etc., n‘était pas tributaire des régimes ou des hommes
politiques chargés du secteur, mais s‘attelait plutôt à éterniser, par tous les pouvoirs dont  elle dispose, la
suprématie de la logique du parti unique. Suivant cette logique,  peu importait le gouvernement, peu
importait la personnalité politique à la tête du  secteur, à partir du moment où ils prêtaient allégeance à la
direction du parti  unique. Il convient d‘insister enfin sur la grande difficulté qu‘il y a, au vu de  toutes les
remarques émises plus haut, à retracer « l‘évolution » de la presse en   Algérie. Pour mener à bien une telle
tâche, il est non seulement indispensable de  comprendre au préalable les mécanismes de fonctionnement
des différents   régimes qui se sont succédés en Algérie, mais il convient aussi de prendre en   considération
d‘autres paramètres, moins explicites, relatifs à la société  algérienne, qui est déchirée entre son passé
colonial et ses conséquences  linguistiques, et un effort d‘arabisation qui n‘a fait qu‘empirer une situation
déjà difficile. Cette tâche, qui pourrait s‘avérer très intéressante pour d‘autres travaux  et problématiques, et
qui a été tentée d‘ailleurs par d‘autres chercheurs (2), est toutefois inutile dans le cadre de la problématique
circonscrite dans ce travail.   C‘est pourquoi, et pour éviter d‘aller plus loin dans le traitement de question,
l‘on parlera surtout dans ce qui va suivre de la presse privée en Algérie et des  conditions de son
émergence.
►L’après 1988 : l’entrée dans une nouvelle ère  : « Nous, journalistes algériens, réunis à Alger le lundi 10
octobre 1988 à 10  heures :
1) Informons l‘opinion publique nationale et internationale que nous avons  été et sommes toujours interdits
d‘informer objectivement des faits et  événements qu‘a connus le pays, notamment depuis l‘explosion
populaire du 5 octobre. Dénonçons l‘utilisation tendancieuse, faite en ces  circonstances graves, des médias
nationaux et ce, au mépris de toute  éthique professionnelle et du droit élémentaire du citoyen à
l‘information.
2) Rappelons avoir déclaré, dans les différents documents adoptés par notre  mouvement, que les atteintes
de plus en plus graves aux conditions de vie  et aux droits sociaux acquis des couches les plus larges du
peuple algérien  concouraient à créer les conditions d‘une telle explosion populaire. Et,  cela, en l‘absence de
toute possibilité d‘expression démocratique.
3) Condamnons de ce fait l‘utilisation violente et meurtrière de l‘armée et  l‘inconséquence avec laquelle
l‘ordre a tenté d‘être rétabli.
4) Demandons la levée immédiate de l‘état de siège afin de rétablir les  citoyens dans l‘exercice de leurs
droits constitutionnels.
5) Exigeons la libération de l‘ensemble des détenus d‘opinion arrêtés de  façon arbitraire à la faveur des
troubles dans la tentative de trouver des  boucs émissaires. Exigeons la libération des citoyens arrêtés lors
des manifestations.
6) Demandons l‘établissement des libertés démocratiques dans leur totalité,  seule garantes d‘un large débat
national dans lequel l‘ensemble des masses populaires pourra s‘exprimer autour de leur avenir » (Ahcene-
Djaballah,  2005).
Cette déclaration a été diffusée par les journalistes de la Wilaya d‘Alger  peu de temps avant le décès d‘un
de leurs collègues, à savoir le reporter de l‘APS  Sid Ali Benmechiche au quartier populaire de Bab El-Oued
dans la Wilaya  d‘Alger. Elle constitue, même si elle n‘était signée que par un groupe limité de  journalistes,
un vrai manifeste dans l‘histoire de la presse indépendante en  Algérie. Cette prise de position de la part des
journalistes a eu pour conséquence  directe toute une série d‘actions et de réactions favorables à une  «
démocratisation » du champ politique algérien, et à une grande place accordée  aux libertés individuelles et
collectives. On pourrait même dire que ces  événements, même s‘ils ne sont pas les seuls, ont permis
l‘adoption de la loi  relative à l‘information d‘avril 1990. Une loi qui allait transformer à jamais le  paysage
médiatique, et ouvrir une nouvelle page dans l‘histoire de la presse  algérienne.
Les tragiques événements du mois d‘octobre 1988 constituent, dans  l‘histoire de l‘Algérie post-
indépendante, le début d‘une nouvelle ère de  démocratie et de liberté d‘expression : malgré la grande

477
violence qui a  caractérisée ces émeutes, cette date a constitué une rupture d‘avec le modes de  gouvernance
qui prévalaient depuis l‘indépendance du pays jusqu‘à la fin des  années 80, une rupture qui s‘est manifestée
sur deux principaux plans :  l‘ouverture du champ politique sur le multipartisme et le développement de
la presse. C‘est la raison pour laquelle la plupart des observateurs considèrent  aujourd‘hui que la presse
écrite est l‘un des principaux acquis d‘Octobre 1988.  Le soulèvement populaire d‘octobre 1988 a été la
conséquence logique de  la situation socio-économique particulièrement difficile de la fin des années 90
avec, entre autres problèmes, un taux de chômage très élevé ; une baisse des  revenus pétroliers ; un
endettement de plus en plus lourd, bref une crise  économique et des restrictions dans tous les domaines
que le peuple algérien  arrivait difficilement à supporter. Le régime de l‘époque, qui appliquait un mode  de
gouvernance basé sur le parti unique, une gestion centralisée de l‘Etat et aussi,  bien entendu, un contrôle
des plus sévères sur la presse (ceci est dû à   l‘importance de cette dernière dans la diffusion de l‘idéologie
du pouvoir) et sur  les autres secteurs de la vie publique était, dès lors, tenu responsable de cette  situation,
chose qui a favorisé l‘émergence de courants idéologiques clandestins  comme l‘islamisme (représenté
principalement par le Front Islamique du Salut),  le communisme et des mouvements à caractère régional,
notamment berbère, qui  s‘opposaient radicalement au régime.  Ainsi, ce dernier s‘est vu obligé de prendre un
certain nombre de mesures  inenvisageables et inimaginables avant ces événements, pour calmer les
esprits. La plus radicale de ces mesures fut l‘adoption d‘une nouvelle constitution au  mois de Février 1989
qui va permettre la formation de plusieurs partis politiques   dans le cadre de la loi sur « les associations
politiques », radicale aussi parce que  allant à contre courant par rapport aux principes qui prédominaient
avant cette date. Cette nouvelle charte posera ainsi, pour la première fois, les premiers jalons  du
multipartisme et des principes de liberté d‘opinion et d‘expression.
►La loi du 03 Avril 1990 relative à l’information : Du point de vue juridique, la presse privée est née
après l‘adoption de la  Constitution du 23 février 1989, suite notamment à la loi sur les partis politiques  du 5
juillet 1989 et la loi sur la presse adoptée le 19 mars 1990 par l‘APN (3) et promulguée le 3 avril 1990. Cette
loi, qui est née suite à une crise sociopolitique   très aigue, était considérée comme un premier pas franchi
en vu d‘accéder à une  vraie démocratie, et a eu pour conséquence immédiate la création, entre   septembre
1990 et décembre 1991, de 10 quotidiens dirigés soit par les  journalistes eux-mêmes soit par le milieu des
affaires. Le tirage de ces quotidiens,  durant cette courte période, a dépassé aisément celui des 6 quotidiens
de « l‘exécutif ». En témoigne, à titre d‘exemple, le tirage du quotidien El-Moudjahid qui est passé de
300.000 exemplaires en 1988 à 180.000 en 1991.  Cette loi avait pour objectif de fixer « les règles et les
principes de l‘exercice du  droit à l‘information » (JORA (4), 1990). Elle a permis, notamment par le biais  de
l‘article 04, la création de nombreux journaux privés en plus des titres  appartenant à l‘Etat.  Le paysage
médiatique en Algérie fut ainsi divisé en « trois types de titres  : : 
– les titres publics appartenant à l‘Etat
– les titres des partis politiques, organes  partisans
– les titres privés subdivisés en titres créés par des particuliers et ceux  créés par des collectifs de
journalistes dans le cadre de la circulaire du chef du  gouvernement.
Ces derniers titres seront connus sous le nom d‘indépendants‘ »  (Benzelikha, 2005). L‘article 04 stipule que
« l‘exercice du droit à  l‘information » est non seulement exercé par les organes du secteur public,
mais aussi par « -les titres et organes appartenant ou créés par les associations à  caractère politique, -les
titres et organes créés par les personnes physiques ou  morales de droit algérien » (idem.). Le même article
vise aussi à organiser la profession des journalistes, même   s‘il a été sévèrement critiqué par ces derniers
qui ont vu en lui un « code pénal   bis ». Dans cet optique, on note par exemple la distinction opérée entre
deux genres de publications : « les titres et organes relevant du secteur public » et « l‘édition de
publications périodiques », c‘est-à-dire tous les journaux et revues  publiés à intervalles réguliers.
Concernant les « publications périodiques », elles  comprennent « les journaux d‘information générale ; et
les publications  périodiques spécialisées » (ibid.).
Cette nouvelle loi, malgré toutes les critiques véhiculées à son encontre, a  été aussi très novatrice avec la
création du « conseil supérieur de l‘information » :  entité autonome qui veille à l‘application de la loi et est
seule juge en cas de  problème, mais qui fut supprimée deux ans après sa création. En effet, « la loi 90-07
du 3 Avril 1990 avait institué un conseil supérieur de l‘information et, du  même coup, le ministère avait été
supprimé (du temps du gouvernement de   Mouloud Hamrouche, l‘initiateur de la loi). Installé officiellement le
27 Juillet 1990, il est supprimé par décret législatif le 26 Octobre 1993 et les dispositions de  la loi le
concernant sont transférées aux organes appropriés, en l‘occurrence le  ministère de la communication
recréé par Sid-Ahmed Ghozali et reconduit par   Belaid Abdesslam » (Ahcene-Djaballah, 2006). Ces
dispositions, notamment la création du conseil supérieur de l‘information, sont les signes d‘une réelle
volonté d‘ouverture du champ médiatique en Algérie, et rendaient de ce fait l‘expérience   algérienne dans ce
domaine unique dans les mondes arabe et africain. Mais cette  situation, et la « réelle liberté d‘expression »,
effective au début des années 90,  dont jouissait le peuple algérien, ne durera pas très longtemps puisque le
pouvoir exécutif a cherché, suite à des événements de plus en plus graves (terrorisme,  assassinat du
président Mohamed Boudiaf, etc.), à reprendre en main tout le  secteur.
►Situation actuelle de la presse  : Malgré « le grand recul » que le pays a enregistré par rapport aux
acquis d‘octobre 1988, et une attitude jugée « négative » de la part des responsables du secteur, selon les
professionnels du secteur des médias, il convient de signaler que   la presse en Algérie (notamment les
quotidiens indépendants) jouit d‘une   situation des plus confortables, surtout si on la compare à d‘autres
expériences  comme celles du Maroc et de la Tunisie. Cette presse, qui est née dans une  conjoncture très
difficile et une crise politique très aigue, et dans un laps de temps  très court, a fait preuve d‘une ascension
des plus spectaculaires. En témoigne par  exemple la grande place qu‘elle occupe aujourd‘hui, laquelle est
manifeste d‘abord dans le tirage des principaux quotidiens nationaux, comme par exemple  El-Khabar
(quotidien en langue arabe) qui a enregistré un tirage record en 2007 :  600.000 exemplaires. Ou encore Le
Quotidien d’Oran (quotidien en langue  française) qui a atteint un tirage assez important estimé à 200.000

478
exemplaires, en dépit des « multiples difficultés – dont les plus notables sont liées à l‘insuffisance  des
moyens de tirage, à la non-disponibilité du papier à certains moments et à  l‘augmentation du prix payé à
l‘imprimerie (le prix « homologué », fin 1990, était  de 1,20 dinar l‘exemplaire et il était assez contesté par
les entreprises  d‘impression) » (Ahcene-Djaballah, 2005). Ce constat est d‘autant plus  confirmé quand on
considère de près la place qu‘occupe actuellement « la presse  gouvernementale ». En effet, le tirage de
cette dernière (qui est appelée aussi  « presse publique »), est devenu presque insignifiant (environ 20.000
pour Horizons, El-Moudjahid et Annasr, et 12.000 pour Al-Djoumhouria, Ec-Chaab et  Al-Massa).  Cette
situation peut être en partie expliquée par la nouvelle organisation de  la presse écrite publique entrée en
vigueur début 1991, et qui impliquait un  changement de statut de la majorité de ces titres. Ainsi, ces
derniers ont été  transformés en « entreprises publiques économique », c‘est-à-dire en Sarl (société  à
responsabilité limitée) et, quelque temps après, en Spa (société par actions).  
Conséquence : tout comme une vraie entreprise, ces titres ont été soumis aux lois  du marché, chose qui
implique de leur part une plus grande compétitivité et de la  part des journalistes un plus grand
professionnalisme. Cependant, et malgré cette nouvelle donne, il est à noter que les discours véhiculés par
ces quotidiens n‘ont   pas tellement changé, comparé à ceux d‘avant. Ainsi, on continue dans ces  journaux à
dresser des bilans positifs en contradiction avec la réalité du pays et le  vécu d‘une grande frange de la
population. Sans parler de l‘absence d‘une   politique claire en matière de gestion de ces quotidiens, dans la
mesure où l‘Etat  continuait à les financer plusieurs quotidiens qui ne se vendaient plus (donc  déficitaires)
(5) et qui, de ce fait, n‘avaient aucun impact sur des lecteurs de plus en  plus désabusés et de plus en plus
exigeants. Si la presse privée s‘est imposée  assez vite, c‘est en grande partie grâce à son contenu qui
répond mieux aux  aspirations des lecteurs. En tous les cas, la réussite de ces quotidiens « privés » a été
considérée par  les observateurs de la scène médiatique comme étant « le fruit du pluralisme  engendré par
les évènements tragiques d‘octobre 1988 » (Brahmi Brahimi, 2005).   Mais on pourrait aussi l‘expliquer par le
vide médiatique que les lecteurs  arrivaient difficilement à surmonter avant 1988. Ce ‗vide‘, comme on la
indiqué plus haut, était le résultat de la vision centralisatrice de l‘état et du parti unique  qui avaient très bien
compris l‘enjeu des médias et l‘importance de l‘information  en général, sans pour autant asseoir les bases
d‘une gestion efficiente de ce  secteur. L‘important étant de mettre ce secteur stratégique, coûte que coûte,
à l‘abri de toute manipulation sans réfléchir aux conséquences d‘une telle politique.  Mais avec l‘avènement
de la presse indépendante, c‘est tout un paysage  médiatique qui s‘est trouvé bouleversé, avec tout ce que
cela implique comme changements dans les orientations et les caractéristiques de ces organes de presse.
Globalement, la presse algérienne (privée) est surtout « une presse  d‘opinion », qui cherche à expliquer et à
commenter la scène politique  algérienne (6), et ce même après la régression de l‘activité de cette dernière
vers la fin des années 1990 jusqu‘au début des années 2000, une régression qui est  directement liée à la
situation sécuritaire du pays et la promulgation de l‘état   d‘urgence. Les journaux algériens consacrent très
peu d‘espace à des sujets   économiques, culturels, etc., et restent très liés aux problèmes politiques. Il
existe cependant un certain nombre de partis politiques qui ont essayé de  créer des journaux à partir de
1989, comme par exemple El Mounquid du FIS,  Libre Algérie du FFS, etc. Mais cette expérience n‘a pas
résisté à la crise que va  connaître le pays durant les années 1990 et la proclamation de l‘état d‘urgence. Il
faut noter ensuite qu‘une grande partie de ces journaux sont dirigés par   les journalistes eux-mêmes, chose
inimaginable dans la presse publique. Une telle  mesure a été rendue possible grâce au soutien du
gouvernement de Mouloud   Hamrouche, qui a élaboré la loi relative à l‘information de 1990. Concernant
ce point, et dans la circulaire n° 4/90 qui concerne « le régime d‘exercice du secteur publique », l‘exécutif a
proposé aux journalistes du secteur public deux options :  
1) travailler dans la presse de parti ou d‘opinion de leur choix, ou
2) « la possibilité de constituer des collectifs professionnels pour la création et l‘édition   d‘un titre
indépendant, de revues ou de périodiques. » (Ahcene-Djaballah, 2005) Ainsi, deux années de salaires ont
été accordées aux journalistes qui ont  décidé de quitter à partir de 1990 le secteur public. Cette expérience
a été rendu possible aussi grâce au MJA (mouvement des  journalistes algériens) qui est né en mai 1988 et a
mené une lutte pour les droits  des journalistes et les libertés d‘expression, et ce jusqu‘à l‘avènement de la
loi  relative à l‘information. On retrouve ce mode de gestion dans plusieurs quotidiens   comme par exemple
Le Quotidien d’Oran, El Watan ou encore Le Soir d’Algérie où les journalistes sont des membres fondateurs
et disposent, de ce fait, de parts  égales des actions. Ces journalistes, qui ont bénéficié de toutes sortes
d‘aides de la part de l‘Etat, comme par exemple une maison de la presse place du 1er Mai à  Alger,
l‘abrogation du monopole sur la publicité ou encore les facilités accordées  au niveau des rotatives étatiques,
et avec quelques ordinateurs et des équipes de  rédaction assez jeunes, ont pu réaliser des journaux qui ont
très vite atteint des  tirages de plus de 200.000 exemplaires et, donc, réaliser d‘énormes bénéfices.
Néanmoins et malgré ce dynamisme, cet élan de la presse indépendante va   être quelque peu gêné, voire
complètement bloqué à certains moments, à partir de   1992. Même si cette situation est due en grande
partie aux tragiques évènements  de la décennie noire que va connaître le pays, il ne faut pas oublier que
même si  les libertés d‘expression sont devenues une réalité dans les lois, elles n‘en sont   pas moins
absentes dans les mentalités de la classe politique, même celles de  l‘opposition, qui arrivait difficilement à
admettre une quelconque critique de la  part de ces journaux. Ainsi, on assista durant la décennie noire à
une situation des plus  chaotiques : des assassinats d‘intellectuels et de journalistes, des arrestations et  des
harcèlements judiciaires et, pour couronner le tout, des pressions  économiques exercées sur les journaux
notamment par le gouvernement Belaïd  Abdeslam, qui a ordonné aux directeurs des entreprises publiques
de confier la publicité à l‘ANEP (7), marquant ainsi un retour déguisé au monopole de l‘Etat sur  la publicité,
et privant les journaux d‘une source de revenu très importante. Sans  parler aussi des dépassements
enregistrés par les rotatives étatiques qui ont bloqué, à maintes reprises, les tirages des journaux jugés «
trop critiques » à  l‘égard du pouvoir. Cette situation, qui ne s‘est guère améliorée que vers 1997, a failli
étouffer cette jeune presse indépendante, puisqu‘elle a eu un impact direct sur sa situation  financière. Avec
l‘instauration de l‘état d‘urgence en février 1992, un contrôle des  plus sévères a été exercé sur les

479
informations diffusées dans ces journaux,  notamment les informations sécuritaires, manifesté principalement
par une censure en amont, appliquée au niveau même des rotatives étatiques. Et ce n‘est qu‘après un
pourrissement de la situation sécuritaire (comme  par exemple les massacres terroristes de BenTalha) que
les autorités vont  comprendre que la presse indépendante, qui est considérée de par le monde  comme un
véritable indice de démocratie, pourrait redorer l‘image du pays à  l‘étranger et l‘aider ainsi à sortir de son
isolement. Ajoutons à cela l‘installation, à  partir de 2001, de rotatives privées qui vont permettre aux
journaux privés de  mieux s‘imposer, et de maîtriser surtout les coûts de production. On peut citer  dans cet
ordre d‘idées l‘expérience menée conjointement par les deux quotidiens  d‘El Khabar et El Watan, qui ont
installé une imprimerie de presse estimée à 32  milliards de centimes. Néanmoins et malgré ce grand
développement de la presse privée, il est à  noter enfin que le secteur de l‘audiovisuel n‘a pas enregistré les
mêmes avancées  et reste marqué par l‘absence d‘une quelconque compétition. Contrairement à la  presse
privée qui a su, tant bien que mal, s‘ouvrir sur une nouvelle expérience de  liberté d‘expression, l‘audiovisuel
tarde à voir le bout du tunnel. Ainsi,  actuellement en Algérie, il existe une seule chaîne de télévision
terrestre publique,  en l‘occurrence l‘ENTV, en plus de deux chaînes satellitaires adressées à la  communauté
algérienne à l‘étranger : Canal Algérie pour l‘Europe (notamment la France) et Algerian TV pour les pays du
monde arabe. Sans parler du fait que les  programmes de ces deux chaînes dépendent de la chaîne mère
l‘ENTV. Ce monopole a eu des conséquences directes sur le téléspectateur algérien  qui s‘est tourné vers les
autres chaînes étrangères (arabes et françaises) qui   véhiculent une culture étrangère, et une image
négative la plupart du temps sur  l‘Algérie. Ce qui nous conduit à affirmer que la gestion de ce domaine a été
un total échec puisque, au lieu de suivre l‘exemple de plusieurs pays arabes, comme  le Liban par exemple
qui a ouvert le champ de l‘audiovisuel sur le privé tout en  instituant des règles cohérentes de gestion et de
déontologie, les responsables du  secteur continuent à maintenir un monopole sur le secteur, à telle
enseigne que  l‘ENTV a pratiquement perdu les raisons de son existence puisque la plupart des  algériens
préfèrent regarder ailleurs… Le même constat est fait par reporter sans frontières qui, dans son
Rapport annuel sur la liberté de la presse dans le monde, dresse un bilan peu reluisant de  l‘Algérie pour
l‘année 2008. Tout en affirmant que les poursuites judiciaires  contre les journalistes sont moins importantes
qu‘en 2007, RSF considère que le  statut du journaliste algérien reste toujours « fragile », puisque « les
autorités continuent de faire la sourde oreille aux demandes répétées de réforme du code  de l‘information
qui permet d‘emprisonner des journalistes pour des délits de  presse » (RSF, 2008). Le rapport dénonce par
ailleurs la situation qui prévaut   dans le secteur de l‘audiovisuel qui reste « sous le contrôle exclusif de
l‘Etat, qui  ne cesse de repousser l‘éventualité d‘une libéralisation en prétextant une  "concurrence étrangère
de plus en plus rude" dans ce domaine. » (idem). C‘est  pourquoi, et après toutes ces constatations, l‘Algérie
s‘est retrouvée dans la position 121 è m e , loin derrière le Mali (34), le Togo (55) ou encore le Liban
(67 è m e  position) dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2008 (8).
En tout état de cause et s‘il faut retenir une chose après ce panorama, « c‘est bien le rôle important, sinon
essentiel, joué par les journalistes algériens  en tant que bâtisseurs entiers du processus de
démocratisation. Grâce à eux, la  presse qui, avant octobre, était un instrument passif entre les mains des
appareils du système, s‘est mué rapidement en agent actif et en véritable pouvoir… le  quatrième
certainement, le premier à certains moments, tout particulièrement   juste après octobre quand tous les
appareils s‘étaient presque dilués dans la  tourmente » (Ahcene-Djaballah, 2005).
► La presse algérienne et les élections présidentielles du 08 Avril 2004  : Après le bref panorama de
l‘histoire du journalisme et des médias en  Algérie que nous avons essayé d‘esquisser, il convient à présent
de revenir à  notre corpus et à la période que nous avons retenue pour notre travail. Bien  évidemment, nous
nous sommes retenus dans ce qui précède de rentrer dans les  détails de chaque période, évitant de la sorte
une exhaustivité inutile puisque  n‘apportant pas grand-chose à notre questionnement de départ. Mais il en
ressort, et c‘est d‘ailleurs ce que nous avons essayé de montrer, deux remarques  importantes pour notre
travail : 
 Tout d‘abord, on aura remarqué que l‘histoire du journalisme en  Algérie a été marquée par des périodes
extrêmement difficiles, comme par  exemple la décennie noire, ou encore l‘année 2004. Cette année difficile
coïncide avec les élections présidentielles qui ont eu lieu le 08 Avril, et c‘est aussi la  période que nous
avons retenue pour la constitution de notre corpus. Cette  période a été particulièrement difficile, surtout
pour la presse privée, parce  qu‘elle a donné lieu à une bataille rangée entre les différents protagonistes de
ces élections : d‘un côté, les huit candidats à la magistrature suprême se sont livré  une bataille électorale
très acharnée, surtout dans les différents meetings qu‘ils  ont animés sur tout le territoire national ; de
l‘autre, une autre bataille qui a eu  lieu à l‘intérieur des rédactions, puisque les organes de presse étaient
partagés entre les différents candidats, notamment entre M. Abdelaziz Bouteflika et  M. Ali Benflis.
Ainsi, le paysage médiatique algérien était partagé à cette époque entre la  presse publique et partisane
(proche des partis ayant soutenu la candidature du  président-candidat) qui soutenaient la candidature de A.
Bouteflika à sa propre  succession, et certains journaux privés qui soutenaient plutôt la candidature de  A.
Benflis, en critiquant (voire en fustigeant) ouvertement A. Bouteflika et les  membres du gouvernement.
Conséquence : les relations entre les partisans du président-candidat, et ces journaux deviennent
particulièrement tendues, et   donneront lieu à toute une série d‘événements assez regrettables, comme par  
exemple des poursuites judiciaires lancées contre plusieurs journalistes pour des  affaires de diffamation, et
la fermeture du quotidien privé Le Matin suite à un  redressement fiscal. Comme le souligne RSF dans son
rapport annuel de l‘année  2004, où il a regretté les « interpellations en série, harcèlement judiciaire
et financier » (RSF, 2004) dont ont fait l‘objet plusieurs journalistes. On peut par  exemple signaler, entre
autres moyens juridiques utilisés, l‘article 144 bis du  code pénal, qui prévoit des peines de prison de deux à
douze mois, et de fortes  amendes allant jusqu‘à 250 000 dinars « pour toute mise en cause dans des  termes
injurieux, insultants ou diffamatoires du président de la République, du  Parlement ou de l‘une de ses deux
Chambres, ou de l‘ANP (l‘Armée nationale  populaire) ».
Chose qui a obligé les journalistes à être plus prudent dans leurs articles,  et d‘éviter toute allusion directe à

480
des responsables politiques ou militaires. Mais  la presse privée ne comptait pas mettre un terme à sa
campagne, surtout après le  triste sort du quotidien Le Matin. Dorénavant, c‘était pour elle une question
de vie ou de mort et il était hors de question pour elle de rester en dehors de ce  combat. Ainsi, et pour
contourner l‘article susmentionné, les journalistes  essayaient de « jouer » sur les mots, en utilisant tous les
procédés langagiers qui  permettaient de dénoncer la situation, tout en évitant une implication directe du  
journaliste ou de la rédaction, comme par exemple l‘ironie. □ SAYED Abdelkader (2011)

1 Front de Libération Nationale


2 Lire à ce sujet l’article de Zahir Ihaddadene (1989), Evolution de la presse écrite en Algérie.
3 Assemblée Populaire Nationale.
4 Journal Officiel de la République Algérienne.
5 Ce genre de mesure était appliqué non seulement dans le secteur de la presse, mais aussi dans
plusieurs secteurs économiques pour préserver les emplois des salariés, et éviter ainsi d‘accentuer une
situation déjà  difficile pour une grande partie des ménages algériens.
6 Elle est quand même qualifiée de «  trop politique  ».
7 Agence Nationale de l’Edition et de la Publicité
8 Classement annuel établi par RSF, et qui répond à des critères objectifs comme par exemple le
nombre d‘agressions, emprisonnements et menaces indirectes à l‘encontre des journalistes, les pressions et
accès à l‘information, etc.
☻ L'argumentation est une activité de parole quotidienne, se présentant sous forme de discours
argumentatifs qui peuvent être oraux ou écrits dans divers domaines : critique, petite annonce, publicité,
publicité commerciale, slogan, lettre de motivation, bulletind'association, discours politique, plaidoirie
d'avocat, éditorial de journaux, brochure touristique… L'argumentation permet donc, de vanter, de critiquer,
de promouvoir, de défendre, de combattre une thèse. Selon Chaïm Perlman « L‟argumentation est la
manière de présenter et de disposer des arguments à l’ d’une thèse ou contre celle-ci, en vu d’obtenir
l’adhésion par consentement d‟un auditoire . ». Plus largement, l'argumentation est un champ d'étude à la
fois descriptif et critique qui s'intéresse à la mise en forme des arguments en vue de persuader un auditoire.
Cela pousse à changer laprésentation et toute une décision à prendre. En ce sens l’argumentation est une
branche de la rhétorique.
□ M‟HAMED Rabah, La presse algérienne,in Chihab Edition,1999, p.74
□ CHAIM Perlman (Traité de l'argumentation, écrit en collaboration avec Lucie Olbrechts -Tyteca,1959),

PRESSE ÉLECTRONIQUE .- Elle demeure un acquis important pour la presse en Algérie. La multiplication des sites
d’information en ligne (généralistes et spécialisés) participe au développement de l’offre de contenus médiatiques sur l’actualité
nationale et internationale dans les différents domaines politique, économique, culturel et social. Si le nombre des pure players
reste faible pour l’instant en comparaison avec les autres pays, l’existence de rédactions structurées montre que ce nouveau
média commence à s’imposer dans le champ journalistique algérien malgré les multiples contraintes persistantes et
pénalisantes : techniques (problème de connexion, l’alphabétisme numérique, le hacking, etc.), réglementaires (cadre
réglementaire inachevé, manque de reconnaissance professionnelle), financières (manque d’aides et de publicité). Les
professionnels de la presse en ligne ou les acteurs innovants ont contribué à la diversification de l’offre de l’information et les
produits éditoriaux (versions multilingues, web radio, web Tv, podcasts). En effet, ils ont encouragé la transformation des
pratiques culturelles et sociales de production et de réception des contenus médiatiques. La pérennisation de cette activité reste
une interrogation principale qui dépend en partie des conditions de la régulation du secteur. Le besoin en termes d’informations
sur l’Algérie pour les lecteurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays représente une autre motivation majeure dans la création des
sites de presse électronique. L’offre de l’information est devenue de plus en plus personnalisée, tente de répondre aux attentes
des publics à travers la diversification de contenu, l’utilisation des vidéos, l’intégration des citoyens dans la production de
l’information et faire face à la concurrence des autres médias. Comme le souligne Jean-Marie Charon (2010, p. 260) « la
mutation dans laquelle sont engagés les médias ne se limite pas à la question de la concurrence d’Internet. La place et le rôle
social de l’information évoluent. Davantage recentré sur l’individu, le débat public se transforme. Les usages en matière de
médias et de pratiques culturelles se segmentent selon les âges, les catégories sociales, etc. ».
► Le développement de la presse électronique en Algérie : Des dispositifs aux pratiques journalistiques. (Étude d’un
échantillon de journaux en ligne). L’internet devient un moyen pour échapper à la censure imposée. L’adoption de nouveaux
dispositifs techniques dans la diffusion des informations est une action permettant de faire face aux différentes contraintes
(matérielle, financière, …etc.) que rencontrent les rédactions des journaux imprimés. La mise en ligne de la version électronique
des journaux représente une première étape marquant une nouvelle configuration de la presse écrite. Ce nouveau mode de
production de la presse façonne de nouvelles pratiques du journalisme. Les concepteurs du Monde.fr en France résument bien
cette nouvelle donne: « Cet univers de pionniers qui façonnent eux-mêmes leurs outils n’est encore que la somme de pratiques
qui y sont mises en oeuvre. La nouvelle presse est si jeune qu’elle n’a ni théorie, ni histoire, ni manuel à jour de ses innovations.
Des convictions convergentes n’en rapprochent pas moins les responsables des sites d’information» (Fogel, Patino, 2005, p.11).
En Algérie, de fait, durant ce « premier âge », les contenus rédactionnels sont essentiellement, voire exclusivement, ceux
produits par l’équipe rédactionnelle du journal imprimé et pour cette version. Après le journal El Watan, d’autres quotidiens de la
presse écrite étatique et privée ont créé leur site en ligne pour publier la version PDF et la version
HTML du journal imprimé. On peut citer par exemple les quotidiens étatiques Horizons, El Moudjahid en 1998, El Massa en
2000 ainsi que les quotidiens privés: La Tribune et Le Matin en 1998 ou encore Liberté en 1999. Actuellement la majorité de
journaux imprimés disposent de leur propre site sur Internet. Quelques quotidiens ont pris la décision de mettre la version du
jour en ligne à partir de 10h pour préserver le marché de la presse imprimée. Cependant, le premier journal électronique en
Algérie est Algéria Interface, créé par une équipe de journalistes de la presse privée en 1998 avec le soutien l’agence «
Interface média ». Si l’expérience s’est arrêtée en 2003, la même agence a lancé en 2010 le site d’information Maghreb
Emergent, éditant aussi depuis 2013 une web radio, « la radio M ». (…) Si la presse en ligne est devenue un moyen convoité
par les professionnels de la presse écrite en Algérie, c’est parce que la création d’un site d’information demeure plus facile et

481
permet d’éviter une série de lourdeurs bureaucratiques (par exemple, la demande de l’agrément qui est la principale condition
pour créer un journal papier), et d’obstacles économiques liés à l’impression et la diffusion du journal. De plus, les
journaux en ligne bénéficient de plus de liberté dans le traitement et la diffusion de l’information en instantanée.
Le tableau ci-dessous, présente les principales éditions en ligne :

Plusieurs facteurs ont motivé les professionnels de la presse traditionnelle à se lancer dans la nouvelle expérience de
journalisme via le web. Tout d’abord, le travail journalistique en ligne offre plus de liberté dans le traitement de l’information, loin
de la pression des rédactions des journaux papier comme l’affirme certains interviewés.
Le besoin en termes d’informations sur l’Algérie pour les lecteurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays représente une autre
motivation majeure dans la création des sites de presse électronique. L’offre de l’information est devenue de plus en plus
personnalisée, tente de répondre aux attentes des publics à travers la diversification de contenu, l’utilisation des
vidéos, l’intégration des citoyens dans la production de l’information et faire face à la concurrence des autres médias. Comme le
souligne Jean-Marie Charon (2010, p. 260) « la mutation dans laquelle sont engagés les médias ne se limite pas à la question
de la concurrence d’Internet. La place et le rôle social de l’information évoluent. Davantage recentré sur l’individu, le débat public
se transforme. Les usages en matière de médias et de pratiques culturelles se segmentent selon les âges, les catégories
sociales, etc. ». La presse électronique présente également plusieurs avantages par rapport à la presse traditionnelle en termes
d’immédiateté de transmission de l’information.
Trois types de sites d’information en ligne se dégagent désormais en Algérie. Il y a tout d’abord les sites d’information
généralistes qui sont en concurrence permanente pour attirer l’audience et préserver leur place face aux différents sites
d’information et les grands géants producteurs de contenus. « Il ne faut pas suivre la même logique d’un journal écrit sur
internet c’est autre chose, la concurrence ne se fait pas sur un plan local (avec les acteurs locaux) il y a une concurrence avec
les géants mondiaux Apple, Microsoft, Google, Yahoo, de nouveaux éditeurs de contenus qui achètent toutes les informations»,
affirme le responsable du journal TSA. Les sites d’information généralistes regroupent à la fois les pure players et
les journaux avec une version imprimée, par exemple le quotidien en français El Watan et le journal arabophone Ech Chourouk
online qui occupe la première place en termes de visites par les internautes selon les statistiques d’Alexa 13.
Ensuite, les sites d’information spécialisés qui abordent des sujets d’actualité sur une thématique précise (économie, sport,
politique, culture, etc.). Parmi les expériences qui ont réussi en Algérie, on peut citer le journal électronique Maghreb émergent,
un site d’information économique sur le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Enfin, les sites d’information locales s’intéressent à
l’information de proximité, le développement local, sans négliger l’actualité politique et économique du pays. C’est le cas par
exemple du Journal de l’oranais, de Djelfa.info, de Ouarsenis.com, etc.
Ce développement du champ médiatique algérien s’explique par l’émergence de groupes multimédias (presse écrite, sites
d’information électroniques, chaines de télévision privées). Il en va ainsi par exemple du groupe Ech Chourouk, dont le site a
connu une importante transformation sur le plan de la forme et de contenu. Il devient une interface trilingue
(arabe, français, anglais) qui abrite dix autres sites spécialisés dans le commerce électronique, Ech Chourouk politique, Ech
Chourouk sportif, un site destiné aux femmes (cuisine, beauté, parcours des femmes qui ont réussi), etc. 14. L’interface permet
également d’accéder au « direct » des deux chaines télévisées appartenant au même groupe Ech Chourouk TV et Ech
Chourouk News. Ces firmes médiatiques productrices de biens et services entretiennent de rapports multiples avec les différents
acteurs (annonceurs, publics, sources d’information,..).
482
Ce n’est que plus de dix ans, après la création du premier site d’information en ligne en Algérie, c’est-à-dire en 2012, que le
législateur algérien a adopté un premier texte réglementaire sur la presse électronique à travers la loi organique 12-05 du 12
janvier 2012 relative à l’information (Journal officiel, 2012, p. 23). Cette loi reconnait l’existence de la presse électronique
à travers l’article 3 qui stipule que : « par activités d’information, il est entendu au sens de la présente loi organique, toute
publication ou diffusion de faits d’actualité, de messages, d’opinions, d’idées et de connaissances, par tout support écrit, sonore,
télévisuel ou électronique, à destination du public ou d’une catégorie de public ». Les articles 66, 67, 68, 71 évoquent l’activité
de la presse électronique d’une manière superficielle. Ainsi l’article 66 insiste sur la liberté de l’exercice de l’activité de
l’information en ligne et l’obligation pour le directeur responsable de l’organe de presse en ligne une déclaration dont les
modalités seront fixées ultérieurement par voie réglementaire. L’article 67 définit la presse électronique comme « tout service de
communication écrite en ligne destiné au public ou une catégorie de public, édité à titre professionnel par une personne
physique ou morale de droit algérien qui a la maitrise de la ligne éditoriale de son contenu ». Autrement dit, la loi insiste sur le
caractère professionnel des éditions électroniques et le traitement de l’information par des journalistes professionnels afin de
développer un contenu original, d’intérêt général, tout en respectant les dispositifs liés à la souveraineté, l’identité nationale, le
service public ainsi que les libertés individuelles et collectives, (articles 68 et 71). Le texte s’intéresse à la presse électronique
comme média à part entière et exclut les journaux papier qui développent une version en ligne identique à la version imprimée.
La même législation prévoit la création de l’autorité de régulation de la presse écrite dont les missions sont étendues à l’activité
de la presse écrite par voie électronique (article 40).
Actuellement, le développement et la diffusion des TIC (équipements et contenus) a encouragé le modèle horizontal de
production et de réception de l’information dans le cadre du web collaboratif et participatif de « tous journalistes » (Mathien,
2007, p. 160), qui a marqué la mutation des pratiques des usagers. Les représentants de la profession réclament la
mise en place d’un cadre juridique pour préserver l’activité des journalistes professionnels qui collaborent pour un média en
ligne. Les responsables des journaux électroniques soulignent l’importance d’établir une réglementation complète afin
d’organiser leur activité et de bénéficier des mêmes avantages que ceux qui exercent dans les médias traditionnels (les aides, la
publicité), notamment le droit à une reconnaissance officielle à travers l’octroi de la carte professionnelle de journaliste. Créer un
journal en ligne est devenu possible pour toute personne dans la mesure où il n’existe pas des critères définis dans un cadre
réglementaire précis. En effet, il suffit de fonder une agence de communication inscrite au registre de commerce pour gérer le
financement de l’activité, la publicité, les salaires et d’employer un technicien pour la mise en ligne des informations et des
collaborateurs. □ TAIEBI MOUSSAOUI Fatima Zohra (2016)
Notes :
1 . En France c’est à partir de 1995 que plusieurs journaux ont créé leur site sur Internet par exemple : Libération, Le Monde,
L’Humanité, etc.
2.L’étude repose sur des entretiens semi-directifs avec les responsables de journaux en ligne pour recueillir des données liées
aux thématiques étudiées. Fautes de moyens et de temps nous n’avons pas pu réaliser des questionnaires sur un échantillon
représentatif de journalistes exerçant dans le domaine de la presse électronique.
3 ;. 140 titres de presse est le chiffre qui correspond à la période de juin 2016.
4 . L’édition 2015 du rapport mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, classe l’Algérie à la 119e place,
devant la Tunisie (126), le Maroc (130) et l’Egypte (158).
7 . L’Algérie a été connectée au réseau internet depuis 1993 via le C ERIST (centre de recherche sur l’information scientifique et
technique), elle a été raccordée au RINAF (le réseau pour la société de l’information en Afrique) pendant la même année.
Actuellement le pays est relié à l’Europe au niveau de Marseille à travers un câble d’une capacité de 425 Go, et au niveau de
Palerme (Italie) avec un câble de secours d’une capacité de 80 Go.
8. Depuis le lancement du réseau de la 3G, l’Algérie compte plus de 8 millions d’abonnés.
9. Alexa est un site américain qui présente des informations pratiques à travers des statistiques sur le taux de navigation et de
téléchargement des sites internet par les usagers à travers le monde. Il présente également un classement des sites visités par
domaine. Nous nous sommes basés sur le classement de mois de novembre 2015. Disponible sur le site :
http://www.alexa.com/topsites/countries/DZ
10. La formation en journalisme est assurée par l’École Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences de l’information
d’Alger et les départements des Sciences de l’Information et de la communication présents dans les universités algériennes.

PRESSE / POUVOIR.- « Il est pratiquement impossible de dissocier entre politique et presse, monopole et liberté. Pour
comprendre l’un, il faut connaître la signification de l’autre et le rapport qui les lie » (Lakhdar Ydroudj, Pouvoir et
idéologie de l’information, 1992, p.89). Ainsi, c’est à travers la compréhension et la saisie de la dialectique médias /
pouvoirs politiques qu’il serait possible de comprendre les logiques de fonctionnement de ces deux champs distincts pourtant
indissociables (1). Pour pouvoir comprendre le rapport des médias au champ de la pratique politique, au pouvoir politique qui
gouverne une société et aux classes sociales dominantes et dirigeantes de façon générale, il faudrait tout d’abord
comprendre le rôle et la place qu’occupent ces médias dans les sociétés contemporaines. L’accès de plus en plus large et
facile des différentes catégories sociales aux moyens modernes de communication induit incontestablement de nouveaux
rapports entre les élites sociales et politiques dirigeantes et le reste de la société gouvernée. Les médias permettent en
fait,entre autres fonctions, de dévoiler le mode de fonctionnement des systèmes politiques qui gouvernent les sociétés
(2), et donnent ainsi la possibilité aux différentes catégories qui composent ces dernières de soumettre les pouvoirs
publics, et les élites politiques qui les composent, à un contrôle quasi direct. L’idée d’un quatrième pouvoir viendrait
de cette possibilité offerte à la société, — mais qui reste souvent inscrite comme potentialité non exploitée ou comme
possibilité davantage théorique que pratique—, de soumettre les élites dirigeantes, qui détiennent le contrôle des trois
pouvoirs, définis dans la théorie politique (3), au contrôle de la société et ce à travers les médias. Et, souvent, les
élites politiques et sociales « (...) craignent que ces nouveaux produits culturels [ceux diffusés par les médias, bien
évidemment], directement accessibles et largement diffusés, exercent des effets directs sur le public populaire dans la
mesure où ils pensent que celui-ci, parce qu’il n’a pas un esprit suffisamment critique, ne peut recevoir et consommer
passivement ces produits » (Champagne, P 2001, pp196-197.). Cette crainte peut être largement justifiée dans la
mesure où les médias rivalisent concrètement avec les espaces d’activité et de légitimation politiques (4), en
intervenant dans l’espace public pour façonner les opinions des citoyens. Plus, les médias arrivent même à
reconfigurer ces espaces politiques sur lesquels ils interviennent de diverses façons. Pour Patrick Champagne,

483
«l’apparition, le développement et surtout la diffusion des moyens modernes de communication ont entraîné un
déplacement progressif du centre de gravité de l’espace politique, des assemblées parlementaires vers les médias ».
(P.Champagne cité par A Trognon, J. Larrue 1994. p 12.). Ces derniers prennent ainsi d’une certaine manière un
ascendant sur les espaces traditionnels de la lutte et de l’activité politiques. Ils contribuent de façon décisive et
certaine à la redéfinition et à la réélaboration des différents rapports (politiques entre autres et surtout en premier lieu) entre
les élites sociales, qui contrôlent les instances et les appareils de gouvernement, et les masses gouvernées. De ce point de
vue donc, c’est le pouvoir politique qui se trouve dans un rapport de subordination face au pouvoir médiatique. Les
premiers sont tenus de prendre en compte le poids que représente de plus en plus les médias dans les sociétés
modernes et le rôle qu’ils peuvent jouer dans la fabrication de l’opinion et des représentations sociales dans une société
donnée. Et, généralement, les comportements (politiques et même ceux observés dans leur vie privée et quotidienne)
des agents politiques—qui craignent souvent de s’aliéner les médias influents— sont le plus souvent influencés par les
déterminations de l’espace médiatique et par les représentations qui y sont construites principalement par les acteurs
médiatiques. Toutefois, cette influence des médias sur les espaces politiques n’est qu’un aspect qui ne renseigne pas
de façon satisfaisante sur la complexité des rapports entre ces deux instances, lesquels sont bien plus problématiques et
beaucoup plus complexes. En fait, le déplacement de ce centre de gravité de l’espace politique vers les médias, dont parle
Charaudeau, ne peut nullement se faire, pensons-nous, sans le transfert du mode de fonctionnement de ces
espaces politiques, fondé sur le principe de la lutte pour plus de légitimité dans la société, au mode de fonctionnement de ce
« nouvel espace de lutte [l’espace médiatique donc] [qui], loin de se substituer complètement aux formes classiques de
l’activité politique [...] s’est ajouté à elles et en est souvent aujourd’hui un point de passage obligé » (P Champagne cité par A
Trognon, J Larrue 1994. p 12). L’espace ou le champ médiatique peut donc être le lieu ou le théâtre de luttes. On peut
distinguer, —à la suite de Bourdieu avec sa conception des champs sociaux et des logiques qui les animent , — d’un
côté des luttes internes qui opposeraient des agents, appartenant tous à l’espace ou au champ médiatique, les
journalistes, qui n’ont pas nécessairement la même conception de la pratique journalistique1 et qui oeuvreraient —en
avançant, bien sûr, les grands idéaux de la liberté d’expression et de la presse— à l’imposition d’une certaine
conception de la pratique journalistique qu’ils jugent être la plus appropriée. De l’autre des déterminations externes qui
opposeraient ou soumettraient les agents du champ médiatique aux agents des autres champs, politique et/ou
économique. L’espace médiatique est donc inévitablement soumis à des «pressions» (5) qui émanent d’autres champs et
d’autres espaces. L’espace politique est l’un des champs qui peut exercer directement des contraintes sur le champ médiatique.
A ce propos, nous allons nous intéresser davantage aux luttes qui pourraient opposer le champ médiatique à l’espace
politique. Et cela s’inscrit en fait dans nos préoccupations dans la mesure où les amendements apportés au code pénal
émane essentiellement des pouvoirs politiques et sont débattus et adoptés par les deux chambres du parlement qui sont deux
espaces privilégiés de la pratique politique. Souvent les chercheurs en science de l’information mettent l’accent sur la nature
conflictuelle des rapports entre les médias et les espaces d’expression en général, dont les médias, avec les pouvoirs
politiques. Ainsi pour Lakhdar Ydroudj : « pouvoir politique et liberté d’expression ne peuvent être situés dans un même
espace sociologique pour incompatibilité de rôle et d’enjeux. Depuis les temps les plus lointains cette incompatibilité
s’est manifestée par l’imposition de mécanismes de contrôle de surveillance diversifiés qui ont contribué à élargir le
fossé entre le pouvoir et l’information. Ainsi, chaque régime se prête, dés la prise de pouvoir, à définir les rôles et droit de la
presse, les notions de liberté, la libre circulation de l’information afin d’instrumentaliser la communication sociale
pour la réalisation d’objectifs prédéfinis dans le système politique » (Lakhdar Ydroudj, op, cit. p78.). Parmi ces mécanismes
de surveillance et de contrôle, le pouvoir politique peut initier des lois et des textes, comme c’est un petit peu le cas dans
cette étude, par le biais desquels, il tente de définir un cadre « légal » à la liberté de la presse et de l’expression en général.
Conscient donc du rôle de plus en plus important des médias dans la société, le pouvoir politique tente d’imposer son contrôle
sur ces médias. On pourrait donc affirmer que dans les sociétés contemporaines on ne peut saisir clairement la nature des
logiques de fonctionnement des champs médiatiques et politiques sans les mettre en rapport les unes avec les autres. Il en irait
de même des discours produits ou qui circulent dans ces deux champs ; ils pourraient s’éclairer les uns les autres. Les
pouvoirs politiques, pour se renforcer et pour avoir plus de légitimité dans l’espace social qu’ils gouvernent, comptent sur le
pouvoir qu’ont les médias de fabriquer l’opinion et de conditionner les prises de positions des masses gouvernées (6).
Ils se servent donc du pouvoir de ces médias. Mais ils craignent en même temps et en retour les effets négatifs
d’une médiatisation qui tendrait à les discréditer. De leur côté, les médias sont dans l’obligation de ne pas dépasser
certaines limites que le pouvoir politique, — qui dispose de leviers institutionnels et non institutionnels (7), offerts par la
position qu’il occupe dans la société— est en mesure d’imposer à la pratique journalistique. Ainsi, l’ensemble des enjeux qui
se définissent dans la confrontation médias/pouvoir politique induit inévitablement la production de discours qui, devraient
en principe, partager un certain nombre de caractéristiques communes.
En définitive, il serait ainsi possible, nous semble-t-il, de considérer le discours journalistique (8) comme un
discours qui, du fait de sa proximité avec les enjeux du pouvoir, peut référer souvent à des positionnements politico-
idéologiques qui le rapproche du discours politique proprement dit. —Mais il faut dire qu’à ce niveau d’analyse, il faut admettre
que ce que l’on a dit ici à propos du discours médiatique, doit être compris comme une hypothèse que l’on compte
vérifier dans la suite de cette réflexion à propos du discours de la presse privée francophone algérienne.
►La presse écrite et les pouvoirs politiques en Algérie : Retracer l’histoire de la presse écrite en Algérie, c’est en partie
suivre l’évolution et la nature des rapports qu’ont eu ces médias avec les différents pouvoirs politiques qui ont gouverné le pays
depuis l’indépendance. Ainsi, nous pouvons distinguer, en fonction de ces rapports et surtout en fonction du régime
politique en place, deux grandes périodes. Une première période marquée par un système politique basé sur le principe du
monopartisme et sur le dirigisme centralisateur qui contrôlait les activités de tous les secteurs dans le pays. Les médias en
général, et la presse écrite en particulier, n’ont pas échappé, à cette logique qui soumettait la société (les médias surtout
dans la mesure où ils sont considérés comme les premiers instruments de propagande qui conditionnent les opinions des
masses) à la volonté des détenteurs du pouvoir central. Une deuxième période — qu’inaugure, au plan officiel et
constitutionnel, la Constitution de février 1989— voit l’avènement, du moins sur les deux plans juridique et institutionnel,
d’une nouvelle configuration des rapports entre les médias1 et le pouvoir politique. Et cette nouvelle configuration s’insère
dans le contexte global des changements sociopolitiques (mais politiques surtout, avec la consécration officielle, par la
Constitution de Février 1989, du principe du pluralisme politique qui a été suivi quelques temps après par la l’ouverture de
l’espace médiatique aux partis politiques et au secteur privé) impulsés par la révolte des jeunes d’Octobre 1988.

484
►Une presse publique sous contrôle explicite du pouvoir politique :Sous le règne du Parti-unique, l’espace médiatique
algérien était complètement soumis au contrôle du système politique. La presse écrite était réduite, notamment à partir
de 1965, à quelques titres (quotidiens ou hebdomadaires) qui relevaient soit directement de la tutelle du gouvernement
soit du Parti ou de ses organisations de masses. A ce propos, Brahim Brahimi note que « La presse écrite est
placée sous la tutelle du ministère de l’information (presse gouvernementale), soit sous la tutelle du parti ou
d’organisation dépendant du parti (jeunesse, Union des femmes algériennes...) » (Brahimi, 2002, p.47). Ainsi, de 1965 à
1985 on relevait l’existence de seulement quatre quotidiens dont trois en langue arabe : El Chaab, El Nasr et El
Djoumhuria (quotidiens régionaux), à côté d’El Moudjahid francophone. Il faut noter cependant qu’à partir de 1967 le tirage d’El
Moudjahid, francophone, à lui seul, dépassait largement celui des trois quotidiens arabophones réunis. A la fin des années 80
deux autres quotidiens sont venus s’ajouter à ceux déjà existants ; il s’agit d’El Massa arabophone et de l’Horizon francophone,
crées en octobre 1985.Outre ces quotidiens, le parti FLN disposait de deux organes hebdomadaires, l’un en langue
arabe, El Moujahid Hebdo, et l’autre en français, Révolution Africaine. On peut également relever l’existence de l’hebdomadaire
Algérie-Actualité, journal francophone du gouvernement et de Parcours Maghrébins qui s’intéressait à la culture. Les
organisations de masses du FLN publiaient Révolution et Travail pour l’organisation des travailleurs, El Djazaria pour les
femmes et l’Unité pour la jeunesse. Pour la presse sportive, deux hebdomadaires étaient publiés : El Mountakhab et El Hadef
respectivement en arabe et en français. La presse partisane, en dehors des publications du Parti FLN donc (qui était bien
évidemment le parti au pouvoir ou du pouvoir), et de Saout Echaab, journal du Parti de l’avant-garde Socialiste (PAGS),
ronéotypé, n’avait pas d’existence du fait de l’inexistence des partis politiques avant la légalisation du multipartisme politique
par les concepteurs de la Constitution de février 1989. Le discours développé par l’ensemble de ces titres — avec,
cependant, quelques expériences éphémères, d’Algérie-Actualité par exemple ou d’El Moudjahid, pendant lesquelles
les journalistes adoptaient un langage nouveau et essayaient d’envisager avec un regard plus ou moins critique le travail
de l’information—s’inscrivaient globalement dans le cadre des directives définies par le Parti ou par le gouvernement. Le
secteur de l’information étant conçu comme un moyen de propagande pour mobiliser les masses autour des projets que
définissent les dirigeants du pays. Les journalistes et les directeurs des journaux, souvent désignés par les responsables du
parti ou du gouvernement, étaient tenus généralement de répercuter le discours des gouvernants auprès des masses
gouvernées. Le licenciement des journalistes se faisait aussi sur décision des pouvoirs politiques qui ne toléraient pas
les écarts à la ligne politique dessinée par eux. Zoheir Ihaddaden, note dans sa thèse sur la presse nationale, à
propos du traitement réservé par les pouvoirs politiques à la presse dans les années 80 : « Le conseil de la révolution
va mettre, du moins provisoirement, la presse écrite en hibernation, c'est-à-dire réduire son importance aussi bien sur le
plan quantitatif, en limitant le nombre de titres, que sur le plan qualitatif en enlevant tout intérêt à son contenu et lui faire jouer un
rôle de figurant » (cité par Brahimi Brahim,op., cit. p.115). Il n’était pas permis à la presse et aux médias de passer outre
les recommandations du pouvoir politique.
►Naissance de la presse privée en Algérie (9) : Les premiers titres de la presse privée sont nés vers la fin de l’année
1990. Mais pour comprendre la genèse de cette presse, il faut remonter au moins à la fin des années 80 et
s’intéresser au contexte sociopolitique qui a permis son émergence. Le 05 octobre 1988 la capitale est secouée par une
révolte de jeunes sortis dans les rues d’Alger pour exprimer leur refus et leur ras-le-bol face à la dégradation avancée des
conditions de vie. Ce mouvement de révolte était perçu par beaucoup d’acteurs sociaux, y compris par certains segments du
pouvoir, comme une volonté insistante de changement. Le président Chadli Bendjedid, sous la pression de la rue, promit
de prendre en charge les revendications issues de ce mouvement. Quelques mois plus tard, en février 1989, une nouvelle
Constitution consacra le principe du multipartisme politique. Des partis politiques clandestins, comme le FFS et le PAGS (10),
furent légalisés et une soixantaine de nouveaux partis fut créée. Au début des années 90, le vent des libertés commence à
souffler sur la société. Les médias, à leur tête la télévision nationale, s’ouvrent à des personnalités de l’opposition
rompant ainsi avec les anciennes pratiques et traditions du parti unique. Au mois de mars 1990 Mouloud Hamrouche,
alors chef du gouvernement, supprime le ministère de l’Information et le remplace par le Conseil Supérieur de l’information
(CSI), organe consultatif qui s’occupe des médias et de l’activité de l’information, dans lequel siègent 6 journalistes
(désignés par la corporation elle-même) et 6 membres désignés par le président de la république et par le président de
l’Assemblée nationale. Le 19 mars, il invite les journalistes par circulaire à se constituer en des titres indépendants. Il
élabore également, en consultant la base des journalistes et des personnalités de la société civile, un code de
l’informationdans lequel il est stipulé que « l'édition de toute publication périodique est libre » (art, 14 du JORA (12) n°14-04 avril
1990). C’est la consécration du principe du pluralisme médiatique. Le texte est adopté par l’Assemblée nationale au
mois d’avril 1990. Il est connu depuis sous le nom du code de l’information de 1990. Des journalistes l’ont qualifié de
« code pénal bis » en raison des dispositions pénales qu’il contenait. Toutefois, il est le premier du genre à permettre la
création de titres privés dans l’histoire du pays. Dans le but de mettre en œuvre les dispositions de ce texte, le
gouvernement Hamrouche décide d’accorder deux ans de salaires aux journalistes désireux de fonder leur propre journal. Des
journalistes, issus pour la plupart du secteur public, créent les premiers titres de la presse privée, dite la presse indépendante.
Ainsi fut lancé, en septembre 1990, le Soir d’Algérie, suivi quelque temps après par El Watan, El Khabar, Le Matin, Liberté...etc.
►Evolution des rapports presse privée / pouvoir politique :La naissance d’une presse privée était un événement inédit
dans le contexte sociopolitique algérien, marqué par le contrôle du parti unique sur les espaces d’expression pendant presque
une trentaine d’années. Elle inaugure une nouvelle partie dans les rapports entre le pouvoir politique et l’ensemble des
médias. Le code de l’information de 1990, adopté par le gouvernement Hamrouche, a ainsi permis l’émergence d’une presse
qui, officiellement, prétend n’être inféodée à aucune chapelle politique et encore moins au pouvoir politique : une presse dite
indépendante. L’émergence de cette presse en Algérie a coïncidé avec le début de la crise qu’a connue le pays et qui
a perduré tout au long de la décennie 90. Dés lors, elle ne pouvait qu’être influencée par l’ensemble des conditions
sociopolitiques et sécuritaires difficiles que traversait le pays (13). Ses rapports au pouvoir étaient, pendant cette période,
fortement marqués par les effets de cette situation de crise. Après les événements qu’a connus le pays vers la fin de
l’année 1991 et le début de l’année 1992 (14), le pouvoir décréta l’état d’urgence en février 1992. Il en découla
automatiquement la restriction des libertés pour l’ensemble des citoyens. La presse (dans les deux secteurs, public et privé) et
le secteur de l’information en général subit tout le poids de cette situation. Les pratiques de la censure et de l’autocensure ont
été érigées en règle. La plupart des rédactions sinon toutes, furent soumises au contrôle du pouvoir politique et aux services de
sécurités investis, en vertu du décret portant état d’urgence, d’un certain nombre de pouvoirs et de prérogatives qui leur
permettaient d’intervenir à tout moments et sans préavis. Des comités de lectures étaient installés, par le soin des services

485
de sécurité, au niveau des imprimeries étatiques pour filtrer les informations, - sécuritaires notamment - jugées attentatoires
à la sécurité de l’Etat. C’est dans ce contexte que plusieurs titres ont été suspendus et plusieurs journalistes ont été
convoqués par la police pour s’expliquer sur leurs écrits ou carrément jugés et arrêtés. L’information sécuritaire (15) ou le secret
d’Etat n’étaient pas les seuls arguments avancés par le pouvoir pour justifier l’arrestation de journalistes ou la suspension
des journaux. Les dettes contractées par les journaux auprès des imprimeries4 de l’Etat constituaient aussi un moyen
de pression entre les mains du pouvoir qui n’hésitait pas à invoquer l’argument commercial pour suspendre des titres.
— Bien évidemment, les journaux victimes de ces mesures voient là une volonté de mise au pas de la presse
indépendante et une forme sournoise de violation du principe de la liberté de la presse et d’expression. La presse de la
décennie 90 était donc marquée par les retombées de la crise multidimensionnelle que traversait le pays. Son rapport au pouvoir
est par conséquent à appréhender sous cet angle. En 2001, sur fond de crise sociale et politique1, les deux chambres du
parlement adoptent les amendements que le gouvernement Benflis, par le biais de son ministre de la justice, Ahmed
Ouyahia, décide d’apporter au code pénal. Les nouvelles dispositions portaient notamment sur le délit de diffamation à
l’encontre du président de la république ou à l’encontre des corps dits constitués. Elles condamnent les journalistes et
les éditeurs qui tombent sous leur coup à des amendes et à des peines d’emprisonnement, jugées très lourdes par
une partie de la corporation des journalistes. La presse privée (celle d’Alger notamment) se mobilise (marches, sit-in,)
pour dénoncer ces amendements comme des mesures visant à étouffer la presse indépendante. Ceci dit, il serait erroné, pour
certains, de souscrire à cette grille de lecture selon laquelle les rapports presse privée/pouvoir ont toujours été des rapports
de force et de conflit. Abderrahmane Mahmoudi, ancien journaliste, estime que grâce au code de l’information de 1990
élaboré par Hamrouche, ce dernier « réussit (...) à prendre en main l’ensemble du processus de privatisation du secteur de
l’information ».(16) Pour Mahmoudi, « la circulaire [du 19 mars 1990] était (...) une manière très intelligente de contourner la
loi et de favoriser un transfert des équipes journalistiques en fonction de critères bureaucratiques aptes à créer et à
maintenir un lien permanent et durable entre les nouvelles créations journalistiques et le courant bureaucratique et rentier du
pouvoir FLN » (ibid). Selon Mahmoudi donc, cette presse privée, ou du moins une partie de cette presse, est
complètement inféodée à une aile du pouvoir politique. Ahmed Cheniki estime, quant à lui, que Hamrouche « voyait dans la
presse un possible soutien à ses futures ambitions politiques »(18). En résumé, on peut dire qu’en Algérie, les rapports
presse privée / pouvoir sont intimement liés à la nature du pouvoir politique lui-même. Ainsi, il serait faux de penser à
une presse privée ou « indépendante », soudée en un bloc monolithique qui s’opposerait (ou soutiendrait, c’est selon) un
pouvoir politique qui serait lui aussi monolithique est uni dans ses pratiques et ses compartiments. La complexité de la
nature de ce pouvoir implique naturellement la complexité des rapports qui peuvent le lier à la presse. Il s’agirait pour
nous d’étudier la complexité de ces rapports en se basant sur l’analyse du discours journalistique.□ MORSLI Mahieddine
(2006)

Notes :
1- Ceci vaut mutatis mutandis pour les rapports qui lient le champ médiatique au champ économique : un journal, c’est aussi une
entreprise qui veut faire des gains, qui est ainsi soumise à la logique commerciale et partant aux pressions et aux sollicitations
des champs économiques.
2- Du moins au plan théorique, dans la mesure où les médias n’échappent pas, dans les faits, au contrôle et aux ingérences
des sphères politiques et économiques entre autres.
3- Selon la célèbre distinction de Montesquieu : pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire.
4- Ce qui, théoriquement, ne constitue pas leur vocation principale.
5- A cet égard, on aurait pu envisager, dans une perspective contrastive, l’analyse des discours produits (toujours par rapport à
l’adoption de ces amendements du code pénal), d’un côté, par la presse dite indépendante ou privé et, de l’autre, ceux produits
par la presse dite publique ou gouvernementale pour comprendre les tensions (ou au contraire l’harmonie) qui pourraient
traverser le champ médiatique en Algérie ou du moins l’espace de la presse écrite. Une analyse pareille peut tout autant être
menée à l’intérieur des titres de la presse privée qui ne forment pas nécessairement, du point de vue de la ligne politico-
idéologico-éditoriale qu’ils défendent, un bloc monolithique.
6-Charaudeau parle de ‘’pressions’’ pour les deux types de forces que subit le champ médiatique. Il distingue les pressions
externes et les pressions internes (1997, p.260). Il considère que le pouvoir politique est l’un des facteurs qui exercent
des pressions externes (ibid)
7- A travers le discours médiatique notamment qui, à bien des égards, est doté d’une performativité certaine
qui lui permet de susciter, voire de créer, des comportements sociaux, politiques, etc., dont les gouvernants
ont intérêt à contrôler la portée. 8- En
théorie, le pouvoir politique invoque toujours les lois et la conformité aux textes fondamentaux du pays, la
légalité et la sauvegarde des intérêts supérieurs de la nation, mais dans les faits, il recourt souvent à des
pressions multiformes, allant souvent à l’encontre des textes qu’il invoque, pour amener les médias à
respecter un certain cadre que ce pouvoir veut toujours fixer.
9- Il faudrait plutôt parler tout simplement, dans le cas spécifique algérien, de nouveaux rapports entre la
presse écrite et les pouvoirs publics, les médias lourds, la Télévision et la Radio, étant toujours maintenus,
et ce jusqu’à nos jours, sous un contrôle étroit du pouvoir politique.10- Il n’est pas besoin de revenir sur le
pourquoi de cette désignation. Car presse privée elle l’est assurément de part son statut juridique, quant à
son indépendance il ne suffirait pas de l’affirmer, il faudrait encore le démontrer par l’analyse de l’histoire
et du fonctionnement de cette presse : privée elle l’est, mais indépendante, c’est là l’objet même de
notre questionnement.
11- Deux partis de gauche.
12- Journal Officiel de la République Algérienne.
13- Une soixantaine de journalistes ont été assassinés entre 1993 et 1997.
14- Victoire aux élections législatives du Front Islamique du Salut (FIS), intervention de l’armée et
arrêt du processus électoral, en janvier 1992 suite à cette victoire, démission du président Chadli Bendjedid
et création du HCE, le Haut Comité d’Etat présidé par Mohammed Boudiaf, assassiné six mois plus tard.
15- Les journalistes étaient tenus de suivre les sources officielles quant à la divulgation d’une information
sécuritaire. C’est ainsi que, le 2 janvier 1993, plusieurs journalistes du quotidien El Watan furent arrêtés

486
et emprisonnés pour avoir divulgué une information sur l’assassinat de cinq gendarmes, diffusion jugée
prématurée par les autorités.
16- Avant qu’El Watan et El Khabar n’acquièrent leur propre imprimerie, en 2000, l’Etat détenait le
monopole sur l’industrie de l’impression.
17- Le pouvoir était déstabilisé par la crise dite de Kabylie et par des émeutes sur tout le
territoire national. La concorde civile, projet initié par le président Bouteflika élu en 1999, suscite des
réticences dans certains milieux de la presse privée, voire des oppositions acharnées.
18- Mahmoudi, « Quelle presse pour l’Algérie ?» in Les débats, semaine du 21 au 27 avril 2004,
18-Cheniki, A, « Presse en Algérie. Ouverture et suspicion » in Le quotidien d’Oran, 30/11/2000

TELEVISION.- Journalistes, techniciens, caméramen, réalisateurs, et tout le personnel de l'entreprise


nationale de la télévision sont d'accord pour dénoncer le poids de la rétorsion de l'information. Le cahier des
charges de l'ENTV lui impose de faire passer tout message que le gouvernement veut absolument véhiculer.
La déprogrammation d'émissions ou de films est une pratique courante imposée par les injonctions de son
administration de tutelle. Au sein même de l'ENTV, une commission de censure composée d'une vingtaine
de personnes se charge de la lecture et jugement de tous les textes relatifs à des oeuvres de fiction ou à
des projets d'émissions. Les directions de la production et de la programmation prennent en compte ses
décisions. Du côté de l'information, les journalistes sont unanimes à déclarer qu'ils ont recours à
l'autocensure. "Quelle télévision pour l'Algérie, comment la réaliser et avec qui?" est une question qui
interpelle un environnement culturel ou l'aridité de la création et de la production est inversement
proportionnelle à l'avidité des besoins et des attentes.

TRANSPARENCE.- Le système politique algérien à travers ses institutions n'a pas été en mesure de
promouvoir ce critère par des séries de mesures et dispositions spécifiques. La transparence des processus
décisionnesl renforce le caractère démocratique des institutions, ainsi que la confiance du public envers leur
administration. La demande de transparence de l'action publique est manifestée par l'opinion publique. La
transparence est à l'époque actuelle parée de toutes les vertus : elle est regardée comme le signe d'une
démocratie achevée, honorant le contrat social entre les pouvoirs publics et les citoyens. A l'inverse, les
régimes qui cultivent un goût prononcé du secret et de l'opacité dans leur mode de fonctionnement sont
rangés parmi les pays peu ou pas démocratiques. « La société a le droit de demander compte à tout agent
public de son administration »Ce principe, doit revêtir un caractère constitutionnel pour être appliqué par
l'administration. L'Administration algérienne est traditionnellement dominée par le principe du secret,
favorisant l’émergence de groupes d’intérêt.  

487
LES INSTITUTIONS

LE POUVOIR EXECUTIF
• Banque d'Algérie • Bureaucratie • Cour des comptes • Haute cour de l'Etat •
LE POUVOIR LEGISLATIF
• Bilan colonial • Bilan économique et social • Evaluation critique • Légiférer • Parlement •
LE SYSTEME POLITIQUE
• Affaires • Alternative politique • Califat • Constitution • Gouvernance • Gouvernance locale • Groupes
d’intérêts • Laïcité • Réformes institutionnelles •

L E POUVOIR EXECUTIF

BANQUE D'ALGERIE .- La banque centrale d'Algérie est une institution trop importante pour que son
statut soit inséré dans une loi-cadre qui traite également de domaines n'ayant qu'un rapport lointain avec
sa mission première : la gestion de l'émission monétaire. Il faudrait donc extraire de cette loi les clauses
qui se réfèrent spécifiquement à la banque centrale et d'en faire une loi indépendante. D'autre part, ses
attributions en matière d'investissement ont été abrogées et confiées à d'autres instances, dans le cadre
des réformes intervenues à la suite du décret législatif d'octobre 1993 ; la loi actuelle définit les conditions
d'émission de monnaie et sa contre-partie dans le bilan de la banque centrale : ce sont les clauses
nécessaires et suffisantes pour établir l'indépendance de la banque et mettre un terme à la création
monétaire induite par des considérations politiques. Telles que définies dans la loi, les attributions du
gouverneur et leurs modalités d'exercice lui donnent en fait un droit de propriété absolue sur la banque
centrale et lui permettent d'user et d'abuser de l'appareil institutionnel mis à sa disposition. Rien ne garantit
que le gouverneur n'utilisera pas à des fins politiques personnelles, s'il ne l'a pas déjà fait, ce pouvoir
qu'aucun gouverneur au monde, même de pays ayant une longue tradition de démocratie multipartite, ne
possède. Loin de garantir la neutralité politique de la banque centrale, le pouvoir attribué au gouverneur
comporte en lui le danger de politisation en faisant de ce fonctionnaire de l'Etat l'égal, si ce n'est le
supérieur du chef du gouvernement, en lui donnant la possibilité de gêner l'action gouvernementale telle que
mandatée par les représentants élus du peuple, et en lui offrant l'accès direct à ces représentants pour leur
rendre compte de questions qui se situent clairement dans le domaine de l'exécutif. Le droit donné au
gouverneur de faire rapport à l'APN le place au-dessus du gouvernement, qui est en charge d'exécuter un
programme pour lequel il est mandaté par elle, de lui rendre compte suivant une périodicité définie par la
constitution et d'engager sa responsabilité sur sa mise en application. En fait, la loi sur la monnaie et le
crédit crée, au-dessus du pouvoir exécutif, un nouveau pouvoir qui s'ajoute au législatif et au judiciaire : le
pouvoir monétaire. Et en ce sens, elle est anti-constitutionnelle, et si l'intention du législateur était de créer
un tel pouvoir, un amendement, dans le respect de la forme prévue à cet effet, aurait du être introduit dans
la constitution. L'émission et la gestion de la monnaie sont des attributions de l'Etat dont l'exercice est
confié à la banque centrale : le bénéfice tiré de cette activité appartient à l'Etat, tel qu'incarné en particulier
dans le gouvernement.
C'est donc à l'Etat de décider de l'utilisation de ces bénéfices et non au gouverneur, ce qui implique que le
budget de cette institution soit fixé avec l'accord des autorités gouvernementales, comme cela se pratique
au Japon et ailleurs. L'Etat ne peut pas prendre en charge les déficits de la banque, comme le prévoit la loi,
alors qu'il n'a aucune possibilité de contrôler la gestion et les dépenses de la banque centrale, et que le
capital de cette institution n'a pas encore été fixé par la loi, ce qui donne toute latitude au gouverneur de
déterminer unilatéralement le montant des moyens mis à sa disposition pour poursuivre sa mission. La
presse s'est déjà faite l'écho d'une politique budgétaire laxiste dans l'institut d'émission et a relevé la
mise en place d'un organigramme qui viole les règles élémentaires de bonne gestion. La composition, les
attributions et les modalités de fonctionnement du conseil de la monnaie et du crédit doivent être revues
pour restreindre les pouvoirs du gouverneur, en rendre la mise en oeuvre plus compatible avec le système
démocratique, basé sur les principes de vérification et d'équilibre, et les replacer dans le cadre de la
constitution. Le pouvoir règlementaire de la banque centrale ne peut s'exercer en dehors du contrôle de
l'appareil d'Etat et dans un cadre institutionnel assurant la cohérence entre les différentes actions du
gouvernement, seul politiquement responsable devant les représentants du peuple.
Les réserves de change et le stock d'or sont la propriété de l'Etat. Pour des raisons d'ordre pratique, leur
gestion est confiée à la banque centrale. Cela ne veut pas dire que le gouverneur en a la propriété absolue
et qu'il peut en disposer comme il l'entend et sans droit de regard du gouvernement. Il est indispensable que
soient redéfinies les conditions de gestion des réserves et du stock d'or pour que, à l'exemple des Etats-
Unis, de la Grande Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de bien d'autres pays, les instances
gouvernementales y jouent le rôle qui est le leur. En dernière instance, c'est l'Etat, et non la banque
centrale, qui continue à avoir la responsabilité de garantir la solvabilité du pays et donc celle de la banque
centrale.
Il n'y a pas de justification à la clause de la loi sur la monnaie et le crédit qui fait échapper la banque
centrale au contrôle de la cour des comptes et de l'inspection des finances : parce qu'elle est chargée de
rendre un service public aux memes règles de contrôle que celles prévues, en vertu de l'article 152 de la
constitution, pour les institutions utilisant les moyens matériels et les fonds publics. Un terme fixe de
nomination pour le gouverneur, comme pour ses adjoints directs, ne constitue la garantie d'indépendance de
la banque centrale que si les conditions minimales en matière de formation, d'expérience et de compétence
de ces fonctionnaires sont fixées par la loi. Leur nomination, exclusivement sur des bases politiques, comme
l'implique la loi actuelle, enlève toute légimité à leur autorité et toute possibilité de se réclamer en bonne foi
avec la neutralité politique. D'ailleurs, ce n'est point la loi qui peut garantir leur stabilité ; et l'inexistence

488
d'une clause de nomination pour une durée fixe n'a pas pour conséquence l'instabilité du gouverneur,
comme le montre l'exemple même de la banque centrale d'Algérie qui a été dirigée par le même gouverneur
entre 1962 et 1981; Ce fut beaucoup plus une philosophie du pouvoir suivie par les dirigeants.□
►La loi 89/12 s'intéressera à la libération des prix. Dans l'exposé de son contenu, et selon S. Gouméziane, ancien ministre
chargé du commerce de 1989 à 1991, qui a été !'un des principaux rédacteurs du projet "L'objectif de cette loi est d'aboutir
àl'économie de marché par l'institution d'un système de prix évolutifs distinguant lesprix garantis (qui protègent les agriculteurs),
les prix plafonnés (fixés parl'administration et donnant accès en cas de nécessité au système decompensations), les prix à
marge plafonnée (les coûts de production sont libres, lesmarges de production et de commercialisation sont fixées par
l'administration). et lesprix déclarés libres (soumis uniquement au dépôt d'une fiche informative). Cette loi adoptera une
démarche progressive dans le souci d'empêcher l'apparition d'une hyper-inflation. Aussi envisage-t-elle "le passage graduel des
prix plafonnés aux prix à marge plafonnée, puis aux prix libres ou déclarés. Le résultat sera édifiant car, en 1992, seuls le lait, la
farine, la semoule et le pain, continueront à bénéficier du soutien de leurs prix qui sont, du reste, fixés par !'Etat. Cette libération
des prix a constitué un apport à la loi sur l'autonomie des EPE. Dans la mesure où "les coûts et les marges sont rémunérés et le
profit a fait saréapparition sur le marché officiel". Pour prétendre à un rôle actif, la libération des prix suppose une action
vigoureuse pour atteindre !'équilibre monétaire et financier de la nation, c’est-à-dire de rendre effective la stabilisation macro-
économique. "Ces objectifs ne peuvent êtreatteints que par une réorganisation profonde du système financier
susceptibled'assurer l'indépendance de la Banque Centrale à l'égard du Trésor public, deréhabiliter les fonctions bancaires, de
désengager le Trésor du financement dusecteur marchand de l'Etat (notamment les entreprises publiques), et de développerles
marchés monétaires, financiers et des changes". La loi 90/10 relative "à lamonnaie et au crédit" aura à coeur de concrétiser cet
ensemble d'objectifs. La Banque Centrale, devenue Banque d'Algérie, dans ses relations avec les tiers, est "un établissement
national doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière" et "elle est réputée commerçante dans ses relations avec les
tiers". Plus aucun doute n'est permis, toutes les relations doivent obéir à la législation commerciale en cours. Elle bénéficiera
d'attributions étendues car elle "a pourmission de créer et de maintenir dans le domaine de la monnaie. du crédit et deschanges,
les conditions les plus favorables à un développement ordonné del'économie nationale". Elle est gérée par "le Conseil de la
monnaie et du crédit" qui agit tant "comme conseil d'administration de la Banque centrale que commeorganisme administratif
éditant les normes monétaires financières et banquières". Elle a pour objectif également de définir "les modalités des
opérations de crédit avec!'étranger". C'est là l'expression d'un nouveau rôle accordé à la monnaie dans la politique économique
nationale, dans la mesure où la politique monétaire va s'autonomiser de la tutelle du pouvoir politique. Relativement à la
problématique qui est la nôtre dans ce chapitre, la première modification sera exprimée par l'article 78 : "Sur une base
contractuelle, et dans leslimites d'un maximum égal à 10 % des recettes ordinaires de l'Etat, constatées aucours du précédent
exercice budgétaire, la Banque Centrale peut consentir auTrésor public des découverts en comptes courants dont la durée
totale ne peutexcéder 240 jours consécutifs ou non au cours d'une année de calendrier". Ainsi le lien ombilical et de
subordination vis-à-vis du Trésor est rompu et la voie est ouverte pour la généralisation de !'orthodoxie monétaire, Cette
disposition sera renforcée par la création et "l'organisation du marché deschanges et des mouvements de capitaux" qui
concrétisera la liberté de circulation des capitaux locaux et étrangers. C'est à ce niveau, c'est à dire par le biais des articles 181,
182 183, que sera introduite la nouvelle distinction "résident" et "non résident" pour mieux signifier que la nature du capital est
une. Que ce capital appartienne à des nationaux ou à des étrangers, il obéit à la même réglementation juridique. La Banque
Centrale a un pouvoir d'orientation sur les banques et les établissements financiers. "Elle édicte les normes que chaque banque
doit respecter,entre autres les ratios entre les fonds propres et les engagements, les ratios entrefonds propres et les concours à
chaque débiteur, les ratios entre les dépôts et lesplacements". Les entreprises publiques ne pourront plus puiser de manière
inconsidérée auprès de leurs banques domiciliatrices qui sont contraintes d'exiger des garanties dans leurs opérations de prêts
ou de crédit. Elles sont contraintes de "respecter les normes de gestion destinées à garantir leur liquidité et leur solvabilitéà
l'égard des tiers, et notamment des déposants, ainsi que l'équilibre de leurstructure financière." Et pour mieux renforcer cette
option, la loi retient que " lesentreprises bénéficient d'un privilège sur tous les biens mobiliers, créances et avoirsen compte"
pour ^garantir le paiement en capitaux, intérêts et frais de toutescréances dues aux banques et aux établissements financiers".
C'est là une autre confirmation du nouveau statut des banques qui sont devenues "des personnesmorales devant être
constituées sous forme de sociétés par actions et devantdisposer de leur capital social." Cette loi sur la monnaie et le crédit
parachève les dispositions relatives à l'autonomie des entreprises publiques en ouvrant le secteur banquier aux lois de la
concurrence et en abrogeant de fait la spécialisation bancaire, épine dorsale du système de la période précédente, Signalons
enfin l'effort fourni pour distinguer les banques des établissements financiers, dans les articles 114 et 115. Ayant les mêmes
activités que les banques, les établissements financiers "ne peuvent accueillir des dépôts de fonds de la part dupublic... il leur
est permis de mobiliser des capitaux auprès du public en vue de lesplacer sous forme d'action, de parts sociales, de
commandites, de participation : cescapitaux non productifs d'intérêt ne sont pas considérés comme des dépôts et sontremis (par
l'instance financière) à la Banque d'Algérie. Cette innovation pave lechemin à la fondation des banques islamiques".

BUREAUCRATIE. - L'Algérie n'a pas été épargnée par le phénomène qui affecte de nombreux pays du tiers
monde. Sous la complexité des lois, la multiplicité des procédures qui régissent le fonctionnement des
différents services, il n'a cessé depuis l'indépendance de menacer les appareils administratifs de paralysie.
L'absence d'une organisation rationnelle des institutions et le manque de cadres compétents a engendré
des maux tels que l'abus de pouvoir, la propension à la routine administrative, favorisant la corruption, le
passe-droit, etc. A la veille du recouvrement de la souveraineté nationale, l'administration algérienne
s'était retrouvée face au défi de la prise en charge des services après le départ des fonctionnaires
coloniaux, lesquels, bien entendu, accomplissaient leur office en fonction des intérêts de la colonisation. Il
était peu aisé d'assurer le fonctionnement du réseau administratif à tous les niveaux en raison du faible
degré de qualification des personnels. L'infime minorité de l'encadrement algérien aux différents échelons
de la hiérarchie administrative ne pouvait assurer une relève exempte de critique. De ce fait, le
comportement bureaucratique a rapidement pris le pas sur l'efficacité administrative et la notion de service
public n'a pas résisté aux lourdeurs volontaires ou inconscientes qui ont transformé des bureaux faits pour
régler des problèmes en espaces de conflits entre administrateurs et administrés. Les griefs des derniers
n'excluaient ni le népotisme devenu pratique courante, ni le régionalisme et autres tendances similaires, ni

489
l'incompétence procédant des modes et critères de recrutement des agents. C'est bien d'une action sur les
mentalités qu'il s'agira si l'on veut appliquer à cette situation négative la thérapeutique adaptée.

COUR DES COMPTES.- A sa création, en 1980 (loi 80/08 du 1er mars 1980 relative à l'exercice de la
fonction de contrôle par la Cour des comptes), la Cour fut dotée de pouvoirs très étendus. Habilitée à
s'immiscer dans la comptabilité de tous les organismes publics et même des entreprises, rien ne devait lui
échapper. Structurée en véritable "tribunal des finances", avec chambres, magistrats, greffiers et protocole
procédural, rien, en somme, ne la distinguait d'une cour ordinaire relevant de l'ordre judiciaire. Douée d'une
compétence à la fois administrative et juridictionnelle, ses avis, décisions et conclusions ne sont pas que
"littérature", se bornant à quelques recommandations à l'adresse des gestionnaires et des décideurs. Elle
rend, en outre, des "arrêts", comme toute juridiction digne de ce nom. Elle siège en cour et inflige des
sanctions, le plus souvent sous forme d'amendes. Quand le dossier instruit s'avère "miné" d'irrégularités,
elle le confie, par le biais de sa chambre de discipline budgétaire et sous l'autorité du censeur général,
sorte de procureur, à la juridiction pénale de compétence. En 1990, dans la lignée des réformes, une
nouvelle loi remplace l'ancienne et sape tout l'édifice juridique qui faisait au moins "de jure" la force de cette
institution, il s'agit de la fameuse loi 90/32 du 4 décembre 90 relative à l'organisation et au fonctionnement
de la cour des comptes. Chamboulant de fond en comble le statut des magistrats et réduisant à sa plus
simple expression la mission de la cour en la "fonctionnarisant", cette loi sera à l'origine d'une profonde
démobilisation dans la corporation des magistrats de la cour. L'aspect particulier de cette loi est qu'elle ôte
complètement le cachet "juridictionnel" à l'institution, la réduisant à un simple organe de contrôle à
caractère administratif. Le secteur économique est d'emblée soustrait à ses prérogatives. L'article 4
l'énonce explicitement : " ne relèvent pas de la compétence de la cour des comptes les opérations sur
capitaux marchands réalisés, conformément au code civil et au code de commerce, par les entreprises
publiques économiques". Les chambres sont substituées à des départements, le mot "magistrat" est
supprimé du texte. Ils ne deviennent plus que des "membres" de la cour. Leur nomination n'est plus
annoncée par décret présidentiel. L'institution ne devient plus habilitée à rendre des arrêts ou infliger des
sanctions. Si chaque corps de métier et chaque corporation ont eu, à un moment ou à un autre, leur "loi
scélérate", la loi 90/32 l'aura décidément été aux yeux des magistrats de la cour des comptes. Leur réaction
sera immédiate. En pleine tourmente de la débâcle de la fin 91, ils assiègent l'APN et observent une grève
de deux mois. Devant la porte du Palais Zighout, dans un geste symbolique, ils jettent leurs robes noires. Ils
ne seront plus désormais que des dociles fonctionnaires sans autorité ni protection. Il faudra donc attendre
95 et le retour progressif de l'Etat, après trois ans de vacance, pour voir la "loi scélérate" revue et corrigée.
Et à une nouvelle mouture de lui succéder. La
nouvelle loi 95/20 du 17 juillet 95 étend les attributions de la cour d'une manière considérable, à la
lumière de la nouvelle donne politique et des prédispositions du climat économique. La cour a désormais le
droit de s'ingérer partout, y compris dans la comptabilité des actions à caractère philanthropique ou
humanitaire, culturel ou scientifique. Le schéma organisationnel de l'institution redevient celui d'une cour en
intégrant avec force le dispositif juridictionnel. Ses "membres" sont désignés "magistrats" et nommés par
décret présidentiel. La cour est de nouveau habilitée à rendre des arrêts et engager des sanctions contre les
ordonnateurs budgétaires ou les gestionnaires en infraction. Même l'aspect "cérémonial" n'est pas omis
puisque la loi prévoit un "costume distinctif" pour les robes noires de la cour (chapitre 4 de l'ordonnance
95/23 du 26 aout 95 portant statut des magistrats de la cour des comptes). Cela étant, si les textes sont
positifs et laissent une large marge de manoeuvre aux magistrats, ceux-ci ont néanmoins les mains liées.
La démobilisation, l'autocensure et la léthargie continuent à sévir scélérosant cette institution dans une
réhabilitation factice qui fausse les règles d'Etat de droit. Le syndicat national des magistrats de la cour des
comptes, qui regroupe quelques 120 adhérents sur les 160 magistrats qu'emploie la cour à l'échelle
nationale (chambres territoriales incluses), manifeste son inquiétude à l'opinion publique : "la réhabilitation
de la cour des comptes, à la faveur des derniers textes adoptés, n'a pas donné de résultats significatifs
satisfaisants en matière de redynamisation de l'activité et de mobilisation de l'ensemble des potentialités de
l'institution". L'origine de ce déphasage se situe au niveau de l'état d'esprit qui prévaut dans la gestion de la
Cour. Celle-ci persiste à fonctionner sur un modèle administratif, obsolète, inapproprié à la mission
juridictionnelle de contrôle de l'institution. Le magistrat est perçu comme un fonctionnaire : astreint au
pointage alors que sa mission véritable est sur le terrain. Des retenues sur salaire sont décidées pour un
retard ou une absence due à un déplacement à l'extérieur. Les ordres de missions sont établis par un
administratif alors que les textes stipulent que l'ordonnance des missions est du ressort du président de
chambre ou de section. Le délai des missions ainsi que les aspects de l'investigation sont définis
arbitrairement et bureaucratiquement, sans consulter le magistrat enquêteur le plus à même d'apprécier les
conditions de sa mission. Il s'ensuit un contrôle partiel souvent voué à l'abandon.
L'administration décide parfois, sur une simple lettre injonctive, de mettre fin à une mission. Concernant
la somme des conclusions rendues par la cour durant ces dernières années, il s'avère que ce sont
beaucoup plus de mesures prises à caractère administratif tels le référé ou les notes d'appréciation que des
arrêts à caractère sanctionnel. Le rapport annuel est déposé tardivement dans une forme assez littéraire. Si
l'on considère le statut du magistrat et son incidence directe sur l'efficacité de sa mission, les magistrats ne
sont pas en majorité nommés par décret, ce qui est contrevenant aux dispositions de la loi. Cette précarité
est ressentie sur le long terme, à songer au régime de retraite. Pour être comptabilisé à la charge du fonds
national des cadres supérieurs, il est exigé d'être nommé par décret. La caisse nationale des retraités ne
reconnait pas ces magistrats puisqu'elle les considère pour affiliés au FNCR.
Autre facteur fragilisant, les conditions socioprofessionnelles obligent des magistrats à loger dans de
miteuses chambres d'hôtel pour fuir les quartiers chauds ou effectuer certaines missions dans des
conditions périlleuses. Les missions d'investigation sur le terrain sont censées être fréquentes, en plus de la
communication de pièces, de la citation des justiciables et le recours à des expertises ou aux rapports de

490
l'IGF. Dans les faits, la part des enquêtes est minime par rapport aux dossiers à traiter. Les frais de mission
étant de 600 DA/jour sont nettement insuffisants pour couvrir les coûts de déplacement et d'hébergement.
Contraint de se faire héberger chez l'organisme qui est censé être sujet à examen, l'application objective
des textes ne devient plus conforme à la réalité mesurée. En outre, le problème de la formation subsiste vu
qu'un recyclage permanent est requis pour s'adapter au renouvellement des techniques de gestion. Le
syndicat plaide aussi pour une promulgation de textes d'application, à l'effet de compléter la loi, textes
relatifs à l'installation des greffiers, aux modalités de traitement de la reddition des comptes ou encore au
costume distinctif. La question de la gestion de carrière, de l'avancement, des promotions, des
nominations et des mesures disciplinaires, est également posée avec acuité. Les magistrats réclament dans
cette perspective l'installation d'un conseil des magistrats de la cour des comptes tel que prévu par
l'ordonnance 95/23. Bien qu'habilités à instituer une commission d'enquête, les députés sensés siéger dans
ce conseil ne se sont pas même manifestés pour rendre compte des conditions d'exercice de la cour.
Cette précarité généralisée expose le magistrat à la tentation corruptrice qui met à l'épreuve l'intégrité d'un
homme pris dans un chassé-croisé de pressions et se trouvant déjà dans une posture fragilisante. Les
magistrats se plaignent de leur indépendance confisquée car la cour se trouve otage d'un enfermement
administratif aux réflexes bureaucratiques sclérosés. Si des pans entiers des finances publiques échappent
à son contrôle, ce n'est pas faute aux textes mais à cette sclérose des vieux mécanismes qui grincent et
cette obsolescence d'un lourd carcan administratif immobilisé par de longues années de "paresse politique",
d'autocensure et de crainte des représailles du sérail.

HAUTE COUR DE L'ETAT .- Organe consacré dans la constitution, elle est une juridiction promise pour être
chargée de "connaitre des actes pouvant être qualifiés de haute trahison du président de la république, des
crimes et délits du gouvernement, commis dans l'exercice de leurs fonctions". La composition,
l'organisation et le fonctionnement de cette institution ainsi que les procédures applicables sont fixés par
une loi organique. Créer une telle juridiction équivaut indéniablement à casser un vieux tabou ancré dans
les moeurs politiques du pays. C'est pour rompre avec le système de la justice à deux vitesses que
l'idée de la mise en place de la Haute Cour de justice fut lancée. L'objectif proclamé est d'en finir avec une
mentalité d'intouchables qui a gangréné le fonctionnement des institutions. Cette réforme du pouvoir
judiciaire ne fait que traduire en réalité un principe constitutionel selon lequel les citoyens sont égaux
devant la loi. Il est vrai qu'en système non démocratique, un tel instrument de contrôle suprême des actes
de gestion des plus hautes personnalités en charge des affaires de l'Etat peut être utilisé par les tenants du
pouvoir comme un moyen de règlement de comptes, alors qu'il a pour vocation d'être une saine
revendication contre les coups bas et les rapports de force instables au sommet de l'Etat.

LE POUVOIR LEGISLATIF

BILAN COLONIAL.- Le bilan colonial, en termes de développement humain en Algérie ne plaide pas en faveur de la loi
française relative au supposé bienfait colonial. Bien au contraire, il incite à aller dans le sens d’Abdellah Laroui, lorsqu’il écrit que
« Le grand méfait de toute colonisation n’est pas seulement de stopper l’évolution historique. Il est d’obliger le colonisé à la faire
en sens inverse » (1). A la veille de la loi sur les aspects positifs de la colonisation, Péan, P. écrivait un livre en retrait par rapport
à la version officielle des raisons de l’expédition française en Algérie, il y a près de deux siècles, et qui était enseignée aux
innombrables générations successives des deux côtés de la méditerranée depuis. Pour lui, la motivation coloniale réelle était la
prise du fabuleux trésor de la régence d’Alger et le vieux « grenier de Rome » dont les caisses vides de la monarchie et
l’économie française avaient cruellement besoin (2). La France, en effet, était endettée auprès d’Alger entre autres, en proie à
des famines récurrentes et durement isolée et concurrencée par l’Angleterre. Le blé, une denrée hautement stratégique, comme
l’est aujourd’hui le pétrole et que la France importait à grand frais, venait d’Algérie, en grande partie. Enfin, la puissante flotte de
la Régence d’Alger qui donnait le change à la course sud-européenne(3) avait été détruite trois années auparavant, dans la
bataille de Navarin par la coalition Franco-anglo-russe. L’Algérie était donc colonisable (6). Une fois le pays occupé, il ne fallait
surtout pas que les indigènes soumis se transforment en rebelles. Pour cela, l’écrasante majorité de la population devait être
maintenue dans la nécessité et l’ignorance. L’évolution comparée des IDH algériens et français d’Algérie donne plutôt raison aux
intellectuels français qui se sont élevés contre la loi introduisant la notion de « bienfait colonial » et la position de ses auteurs.
Entre la connaissance scientifique de la douloureuse histoire commune algéro-française et la raison implacable de l’impératif de
l’action politique, dictée par la raison d’Etat, la différence d’objectifs, de méthode d’approche, d’arguments et de sens, peut être
très grande, voire contradictoire. De même qu’en 1830, des décideurs politiques français colonialistes avaient justifié, à priori,
l’expédition coloniale française en Algérie par des représailles pour laver l’affront du coup de l’éventail, vieux d’une douzaine
d’années si tant est qu’il advint, de même aujourd’hui, des décideurs politiques français nostalgériques essaient de justifier, à
postériori, cette même expédition par les « aspects positifs » qu’elle aurait légués à l’Afrique du nord. ◙ KOUIDRI Mohamed
(2014)
Notes :
(1) Laroui, A. (1981), cité par Meynier, G., L'Algérie révélée: la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, Paris,
Librairie Droz, p. 746.
(2) Péan, P. (2004), Main basse sur Alger. Enquête sur un pillage, juillet 1830, Paris, Plon. 50 Voir, notamment, l’œuvre de
Braudel, F. : « La méditerranée et le monde méditerranéen » (plusieurs éditions sont disponibles).
(3) Le concept de colonisabilité est du penseur algérien Bennabi, M. (1905-1973). A ce sujet, Bennabi, M. (2003), Colonisabilité,
Alger, ed. Dar el Hadhara.

BILAN ECONOMIQUE ET SOCIAL .- Après 50 ans de rente pétrolière. L’Algérie : bilan économique et perspectives
2018 /2025. Quel est le bilan de l’économie algérienne afin de tracer les perspectives futures entre 2018 /2020 /2025 ?
Sonatrach a engrangé, selon ses bilans entre 2000 et 2017 environ 800 milliards de dollars en devises, pour une dépense
publique estimée, avec des données contradictoires, entre 900/1000 milliards de dollars, part en dinars et en devises. Cela a
permis une dépense publique sans précédent depuis l’indépendance politique. La rente des hydrocarbures  a permis

491
également d’éponger plus de 95% de la dette extérieure, d’importantes réserves de change, en voie de diminution entre
1994/2017. Ainsi, après plus de 50 années d’indépendance, c’est la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue
toute l’économie et le corps social : Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie, c’est Sonatrach. Osons imaginer une Algérie où les
nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif
des cadres expatriés. Pour cela, l’Algérie doit élaborer une stratégie d’adaptation  avec réalisme qui sera l’œuvre des
acteurs économiques, politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l’ancienne vision
bureaucratique centralisée Dans ce cadre, cette contribution qui constitue la synthèse de bon nombre de constatations et
recommandations publiées dans la presse nationale et internationale se propose de dresser le bilan des indicateurs financiers
2016/2017 avant de proposer les perspectives 2018/2025.
◙ Le bilan économique et financier de l’Algérie 2016 /2017 :□ Pour les onze mois de 2017, toujours selon le Centre national
de l’informatique et des statistiques des douanes (CNIS) reprises par l’APS, le taux de couverture des importations par les
exportations est passé à 74% contre 64% à la même période de l’année 2016. Les données sur le commerce extérieur font état
d’un déficit commercial en baisse de 31.3%, comparativement à la même période de l’année 2016, se stabilisant à 10,7 milliards
de dollars, grâce surtout à la hausse du prix des hydrocarbures, données exogènes qui échappent à la gouvernance interne. De
ce fait les exportations ont connu les 11 premiers mois de 2017 une hausse de 14%, en s’établissant à 31,19 milliards de dollars
(mds usd), contre 27,22 mds usd durant la même période de 2016 où les hydrocarbures représentent l’essentiel des
exportations  (94,5%) en s’établissant à 29,47 mds usd contre 25,64 mds usd sur la même période de 2016, soit une hausse
de 3,8 mds usd, correspondant à une augmentation de près de 15%.
Les exportations hors hydrocarbures sont toujours marginales avec 1,72 mds usd, soit une hausse de 8,26% par rapport à la
même période 2016 mais avec plus de 60% de dérivées d’hydrocarbures. Ainsi, les importations malgré toutes les mesures
règle des 49/51%, licence d’importation, dérapage accéléré de l’euro, l’Europe représentant l’essentiel des importations de
l’Algérie, ont faiblement baissé s’établissant à 41,895 mds usd contre 42,801 mds usd (-2,12%), en baisse de seulement 900
millions de dollars. Concernant les partenaires commerciaux, les cinq premiers clients de l’Algérie, ont été l’Italie avec 5,07 mds
usd (16,3% des exportations globales algériennes), suivie de la France avec 3,84 mds usd (12,32%) , de l’Espagne avec
3,68 mds usd (11,8%). Quant aux principaux fournisseurs de l’Algérie, la Chine est encore venue en tête avec 7,8 mds usd
(18,6% des importations globales algériennes), suivie de la France avec 3,8 mds usd (9,1%), de l’Italie avec 3,35 mds usd (8%),
de l’Espagne avec 2,83 mds usd (6,7%). Aussi il y a peu de changement par rapport aux années précédentes. En 2016, en
termes de couverture des importations par les exportations, nous avions un taux de 62% contre 67% enregistré en 2015. Les
importations algériennes avaient diminué de 9,62% par rapport à l’année 2015, passant de 51,7 milliards de dollars US à 46,72
milliards de dollars US. Les exportations avaient totalisé en 2016 28,886 milliards de dollars dont les hydrocarbures avaient
représenté l’essentiel des exportations, soit 27,102 milliards de dollars, avec une part de 93,84% du volume global des
exportations, et une diminution de 17,12% par rapport à l’année 2015. Les exportations hors hydrocarbures, dont 60% de
dérivées d’hydrocarbures, étaient restées marginales, 6,16% du volume global des exportations avec 1,78 milliard de dollars US
avec une diminution de 9,55% par rapport à l’année 2015.
□ Le déficit global de la balance commerciale a baissé mais cette baisse n’est pas due à une baisse importante des importations
mais grâce à la hausse des prix du pétrole permettant un accroissement relatif des recettes de Sonatrach : échec donc de la
règle des 49/51% instaurée en 2009 et des licences d’importation plus récemment, qui avaient pour objectif essentiel la
réduction des importations et de dynamiser le tissu productif national. Qu’en sera-t-il, sans objectifs précis et sans réformes
structurelles, de cette nouvelle formule partenariat public-privé déjà d’ailleurs inscrite dans la loi de finances 2016 ? Or, le
document permettant une appréciation objective n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui en plus de
la valeur des importations de biens, prend en compte les services et les transferts légaux de capitaux. Selon les documents du
FMI, les sorties de devises des services ont été 10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec
une prévision de 10,6 milliards de dollars en 2017, données qui rejoignent celles du gouverneur de la banque d’Algérie qui avait
établi lors de sa présentation à l’APN le dernier trimestre 2017, une sortie de devises de services qui approchait 5 milliards de
dollars pour le premier semestre 2017. Le rapatriement légal des bénéfices selon les sources du FMI, a été de 8 milliards de
dollars en 2013, 8 en 2014, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017 , prévoyant une
moyenne entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018 /2020. Dans ce cas, au rythme des indicateurs financiers des dix
premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient
fin 2017 à plus de 45 milliards de dollars de biens, moins d’un milliard de dollars de moins qu’en 2016, plus 10 milliards de
dollars (services) soit 55 milliards de dollars et tendant vers 58 milliards de dollars avec les sorties légaux de capitaux. Ce
montant de sorties de devises en 2017 correspond pour l’équilibre à un baril variant entre 75/80 dollars le baril (le ministre des
Finances avance 70 dollars), pour éviter des tensions au niveau de la balance des paiements, un effort ayant été réalisé puisque
pour 2014/2015, l’équilibre selon le FMI variait entre 110/115 dollars. Le montant des réserves de change sont passées de près
de 194 milliards de dollars au 1er janvier 2014 et clôtureront entre 94/96 milliards de dollars fin 2017 avec une dette extérieure
inférieure à 6 milliard de dollars. Ces réserves incluent le prêt au FMI et les dotations de DTS de l’Algérie déposés au FMI,
l’Algérie ayant augmenté sa quote-part de 705,2 millions de DTS (équivalent de plus d’un milliard de dollars) la portant de 1,25
milliard de DTS (environ 1,9 milliard de dollars) à 1,96 md de DTS , selon un décret présidentiel publié au journal officiel, cité par
l’APS donnant un montant cumulé d’environ 8 milliards de dollars au niveau du FMI..□ Ces réserves tiennent actuellement la
cotation du dinar officiel. On peut établir un coefficient de corrélation entre la cotation du dinar et l’évolution du cours des
hydrocarbures pour un taux d’environ 70 %, 30% étant dues aux phénomènes spéculatifs et aux sections hors hydrocarbures
bien que limitées, avec des réserves de change tendant vers 10 milliards de dollars, le risque étant une dévaluation du dinar
officiellement coté à 200 dinars un euro et 250/300 dinars sur le marché parallèle. Les incidences seront internes : hausse du
taux d’intérêt, des banques primaires si elles veulent éviter la faillite, faible taux de croissance, chômage, inflation, détérioration
du pouvoir d’achat notamment des revenus fixes. Précisons que le dérapage du dinar de plus de 20%( plus de 135 dinars un
euro) par rapport à 2016 combiné aux taxes sur les produits finis de 30 à 60% engendreront une élévation du prix final de plus
de 100% et pour les produits contrôlés par la sphère informelle de plus de 120%( cours supérieur à 200 dinars un euro). Elles
auront également des incidences externes étant en 2018/2020 et non plus en 1994, l’environnement international ayant connu
de profonds bouleversements donc impacts géostratégiques dans le domaine diplomatiques, sécuritaire et militaire. Car il faut
être réaliste : comment financer, sans un partenariat gagnant /gagnant, supposant de profondes réformes structurelles qui
dépendent avant tout des algériens, si l’on veut attirer les capitaux étrangers, pour les seuls projets selon leurs programmes
rendus publics entre 2017/2022, de Sonelgaz, 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années, (en déficit structurel)

492
supposant la garantie de l’Etat et les 100 milliards de dollars de Sonatrach sur les cinq prochaines années (seule société
présentant des garanties) , sans compter les autres secteurs. Or, les recettes de Sonatrach fluctueront entre 34/35 milliards de
dollars/an en cas d’un cours supérieur 55 dollars, le prix du gaz traditionnel connaissant une baisse importante, devant ne pas
confondre chiffre d’affaire avec le profit net , résultat de la déduction des couts, sans compter pour le partenariat le rapatriement
des profits ?
☻ Les perspectives de l’Algérie 2018 /2020 /2025 :□ Qu’en est-il de la loi de finances 2018 ? La loi de finances 2018
est établie sur la base d’un baril à 50 dollars. Le budget de l'Etat 2018 totalise 8.628 milliards de dinars, avec un budget de
fonctionnement de 4.584,46 milliards de dinars, et un budget d'équipement de 4.043,31 milliards de dinars. Les recettes
budgétaires sont de 6.496,58 milliards de dinars contre 5.635,5 milliards de dinar pour l'année 2017, composées de 3.688,68
milliards de dinars de ressources ordinaires contre 3.435,4 milliards de dinars en 2017 et de 2.807,91 milliards de dinars de
fiscalité pétrolière contre 2.200,1 milliards de dinars pour 2017. Quant au déficit global du Trésor prévu par la loi des finances
2018 il est annoncé à près de 9% du PIB, contre plus de 14% pour l'exercice 2016. Cette loi est amputé de son article 12, qui
prévoyait l’introduction d’un impôt sur la fortune (ISF) qui selon le gouvernement aurait pu rapporter 50 millions de dinars (365
000 euros). Certainement pour des raisons politiques (prochaine élection présidentielle d’avril 2019), contrairement au modèle
économique qui avait été adopté par le conseil des ministres par le passé sous le gouvernement Sellal, qui prévoyait une
trajectoire budgétaire pour trois ans (2016-2019), plafonnant les dépenses publiques, la dépense publique est globalement
maintenue pour l’actuel gouvernement, les réformes structurelles étant différées. Ainsi la loi de finances 2018 prévoit une
hausse de 7,9 % des dépenses sociales et le niveau des transferts sociaux est estimé à 23 % du PIB, le système de subvention
des produits alimentaires de base (sucre, lait, céréales, huiles alimentaires etc.) étant maintenu en l’état. Comme il est prévu la
construction d’un lot de 1,6 million de logements sociaux, dont la livraison est programmée pour 2019. Mais nous avons de
nouvelles taxe concernant notamment la taxe sur les produits pétroliers (TPP, à partir de janvier 2018, le prix du litre d’essence
à la pompe devant connaitre une hausse de 5 dinars tandis , le prix du litre de gasoil de 2 dinars ainsi que la création d’une taxe
de 1 % sur toutes les importations. Ces taxes devraient selon les prévisions améliorer les recettes qui devraient s’élever à 6 496
milliards de dinars en 2018 contre 5 635 en 2017, pour une enveloppe de dépenses calculée à 8 628 milliards de dinars. Une loi
des finances n’étant qu’un document comptable annuel, retraçant en statique les dépenses et les recettes de l’Etat, ne pouvant
se substituer à une vision stratégique, qu’en est-il des équilibres macro-financiers 2016/2018 en référence à la balance
commerciale et de la balance des paiements ?
□ Le niveau de l’investissement, de la croissance, de l’emploi et du pouvoir d’achat des Algériens est tributaire à plus de 70% de
la rente des hydrocarbures brut et semi brut. Comme impact final de la baisse des recettes de Sonatrach, sur la sphère réelle, le
FMI prévoit un taux de croissance inférieur à 1% pour 2018 avec un taux de chômage qui dépassera les 13%. Qu’en sera-t-il de
certaines mesures anti- sociales, bon nombre d’Algériens ayant été habitués à l’assistanat via la rente ? Avec le manque de
confiance en l’avenir, la crise de confiance Etat –citoyens, tous les segments de la société veulent leur part de rente, et
immédiatement, quitte à conduire le pays au suicide collectif. Une autre trajectoire économique s’impose. Les différentes
dévaluations du dinar algérien tant par rapport à l’euro qu’au dollar ont permis de voiler artificiellement l’importance du déficit
budgétaire tout e contribuant à l’inflation importée, et qui en principe constituent un dumping à l’exportation, n’ont pas permis de
dynamiser les sections hors rente. Environ 83% du tissu économique est constitué de petits commerce/services et 95% du tissu
industriel en déclin de petites PMI/PME non-initiés au management stratégique. Qu’en sera-t-il de l’impact de l’Accord
d’Association avec l’Europe signé le 01 septembre 2005, où le dégrèvement tarifaire sera zéro a été reporté au lieu de 2017 à
horizon 2020 ? Qu’en sera-t-il si l’Algérie est admise à l’organisation mondiale du commerce (OMC) qui représente plus de 95%
du commerce mondial avec les dernières adhésions de la Russie et de l’Arabie Saoudite, et plus de 80% de la population
mondiale ? L’Algérie souffre toujours du monopole, source d’inefficience, à tous les niveaux, et connait un dépérissement du
tissu productif dont l’industrie représente à peine 6% du produit intérieur brut en 2016 selon l’ONS. Les politiques mis en place
depuis l’indépendance, des industries industrialisantes de 1965/1978, ayant misé sur les infrastructures, moyen uniquement de
développement pour les périodes 1980/1989 et de 2000/2016, trouvent ses limites. Ce modèle est assis essentiellement sur la
bureaucratie étouffante et le secteur d’Etat qu’il s’agit ici de ne pas de diaboliser mais le rendre plus performant dans un cadre
concurrentiel, car ayant à sa direction souvent de brillants managers, mais soumis aux directives bureaucratiques. Ces
politiques ont marginalisé le secteur privé productif, voulant le soumettre à la logique bureaucratique et donc favorisé les rentes
spéculatives. Or la liberté d’entreprendre, ne signifiant pas capitalisme sauvage grâce à l’Etat régulateur stratégique en
économie de marché, garant de la cohésion sociale, est la condition sine qua non de la richesse d’une Nation.
□ Face cette situation qui prélude à d’importantes tensions budgétaires entre 2018/2020, ne devant plus se faire d’illusion d’un
cours supérieur à 80 dollars, (selon le FMI, un cours du baril de 56/57 dollars à prix constants -2018), sous réserve d’une
discipline des accords OPEP/non OPEP, il y a pour l’Algérie, urgence de profondes réformes structurelles afin d’engager le pays
vers une nouvelle orientation de la politique socio-économique permettant de dynamiser les sections hors hydrocarbures dans le
cadre des valeurs internationales. Faute de quoi le retour au FMI, ce qu’aucun patriote ne souhaite, est inéluctable vers 2020
avec un épuisement progressif des réserves de change. Cette situation est intenable dans le temps quitte à aller vers une
implosion différée. Comme j’ai eu à le souligner dans une interview à Radio France internationale RFI (Paris) et Radio Algérie
Internationale (Alger), il faut bien considérer que l’économie algérienne est une économie léthargique et rentière. Que se
passera-t-il lorsque la rente diminuera, ou s'éteindra quasiment, au rythme de la baisse prévisible des devises issues des
hydrocarbures, du fait de leur épuisement d’où l’urgence de réfléchir à la transition énergétique afin de favoriser leur
remplacement progressif par d'autres sources d'énergie ? Les équilibres macro financiers actuels sont éphémères sans de
profondes réformes institutionnelles et microéconomiques. L’objectif est la mise en place d’un Etat de Droit passant par
l’indépendance de la justice et d’institutions démocratiques, tenant compte de notre anthropologie culturelle. J’ai eu souvent à le
souligner en direction des pouvoirs publics algériens, il s‘agit d’éviter de dépenser sans compter. En termes de rentabilité
financière et tenant compte des exportations et de la forte consommation intérieure accélérée par la généralisation des
subventions non ciblées source de gaspillage et d’injustice sociale et des coûts croissants, que horizon 2025/2030 pour le
pétrole et pour le gaz conventionnel avec 50 millions d’habitants, l’Algérie sera sans hydrocarbures conventionnels devant éviter
également l’euphorie du gaz/pétrole non conventionnel dont selon le Ministre de l’Energie son exploitation ne se fera pas avant
2025 ans en attendant les techniques non polluantes, réduction de l’injection de produits chimiques, et peu consommatrice
d’eau ainsi que la concurrence des énergies renouvelables dont le cout a baissé selon l’AIE de plus de 50%. Y a-t-il une prise de
conscience des défis nombreux qui attendent l’Algérie ? A-t-on tiré les leçons de la chute des hydrocarbures de 1986 avec les
incidences désastreuses pour le pays, économiques, sociales et politiques?

493
□ Il était prévu selon les déclarations officielles de certains. responsables, reprises par l’APS qui vivaient dans l’utopie, 30
milliards de dollars d’importation de biens pour 2017, montant à nouveau prévu à 30 milliards de dollars en 2018, mais
concernant uniquement que les biens et non inclus les services . Or, selon l’ONS le tissu économique global est constitué à plus
de 80% de petits commerce-services et que le secteur industriel en 2016 représente 6% du produit intérieur brut (PIB) et que sur
ces 6%, 95/97% sont des PMI-PME peu innovantes incapables d’exporter. Le Ministre du commerce prévoit par ailleurs pour
plusieurs centaines de produits la fin des importations misant sur une économie d’environ 1,5 milliards de dollars. Mais ce
montant est gonflé, devant établir la balance devises, puisque la production nationale dépend pour plus de 75% de produits
intermédiaires importées, la baisse de la valeur des produits finis étant contrebalancée par la hausse de la valeur des
importations des inputs. Le cas le plus concret étant le montage des voitures où les inputs malgré la limitation à cinq
constructeurs risquent de connaitre une hausse en valeur, sans pouvoir exporter si elles ne s’adaptent pas au nouveau marché
mondial : voitures hybrides ou solaire, la Chine ayant décidé de réduire de plus de 50% en 2020 les voitures fonctionnant à
l’essence et au diesel Avec la suspension à partir de janvier 2018 de l’importation de 1000 produits, de 45 familles n’y a-t-il pas
de tensions dans l’approvisionnement, d’accroitre la sphère informelle ( développement de petits porteurs de valises) et par là
les tensions inflationniste en cas de rigidité de l’offre locale ? Ces tensions inflationnistes sont déjà perceptibles puisque le taux
d’inflation officiel avoisine 6% pour 2017. Qu’en sera-t-il avec le financement non conventionnel, applicable à une économie
productive où existent des entrepreneurs dynamiques, des capacités de production sous utilisées afin de relance rla demande,
et ce pour un montant de 1800 milliards de dinars ( 180.000 milliards de centimes) uniquement pour 2018 ( planche à billets) en
cas de non contreparties productives, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, n’ayant pas de spécificité à
l’algérienne ? □ A. MEBTOUL, "Algérie 2017 : Quelles perspectives socio-économiques ?", Eco-algeria.com,23.03.18

EVALUATION CRITIQUE.-Grâce à l’aide internationale au début, et les efforts considérables de l’Etat algérien indépendant
depuis les années 1970, financés par la richesse du pays en ressources naturelles, les indicateurs du développement humain
de la population algérienne se situent aujourd’hui à des niveaux élevés par rapport à la moyenne des anciennes colonies. (….)
Après le choc de la crise économique profonde de 1986, ses répercussions socioéconomiques désastreuses et les troubles
politiques, culturelles et sécuritaires qui l’ont suivi, les premières analyses journalistiques, et parfois universitaires aussi, se sont
focalisées sur la déchéance sociale et l’irruption de la violence politique armée dévastatrice. L’expression amère des premiers
constats s’est faite en termes d’échec, de désillusions et de traumatismes. En général, le débat était confiné à la scène
idéologique et partisane. Ces dernières années, grâce au partenariat avec des organismes internationaux (bilatéraux,
multilatéraux et onusiens), quelques chercheurs algériens ont mené des études d’évaluation sectorielles et/ou locales, avec
usage des IOV. Quoique rares, ces études ont démontré que l’évaluation de la situation ne doit plus être faite en termes
généraux et dualistes et que l’étendue de l’échec et/ou de la réussite peut se mesurer avec plus de rigueur, de nuance et de
relativité, pour plus de sens pratique. L’évolution très positive des indicateurs de l’éducation nationale et de la santé publique
depuis l’indépendance est « avérée ». Mais elle ne hisse pas le pays au rang des pays émergents dans le classement des
nations par niveau de développement humain. Avec ses richesses naturelles, et en dépit de la situation catastrophique à tous
les niveaux, héritée de l’ère coloniale, l’Algérie pouvait – t – elle faire mieux ? Une question dont la réponse nécessite une
évaluation critique des politiques de développement menées depuis l’indépendance, à la lumière des résultats obtenus par
rapport aux objectifs initiaux. Les réussites et les insuccès, scientifiquement avérés, sont des références absolument
nécessaires pour que les réformes entreprises par l’Algérie en vue d’une meilleure gouvernance réussissent et que les politiques
de développement soient plus performantes.

LEGIFERER.- Le rôle fondamental de l'Etat est de veiller à l'application pleine et entière de toutes les lois de la République.
Or, il se trouve énormément de textes qui ne sont pas appliqués à commencer par la loi des finances. Des actions et des
mesures ont été prises par le chef du gouvernement et qui ne sont pas légales et qui contredisent la constitution (décision de
ponction sur les salaires revet un caractère illégal). Il faut que les responsables apprennent à respecter les lois pour les faire
respecter par les autres. Bien souvent un projet de loi est préparé en dehors des structures techniques officielles. Il n'est un
secret pour personne que les observations faites par ces structures sur des projets de lois sont simplement ignorées, de même
que ne sont pas prises en considération les observations de différents départements ministériels concernés de près ou de loin
par telle ou telle clause d'un document législatif. Il peut arriver ainsi que l'APN, bien que fonctionnant dans le cadre d'une
constitution reconnaissant le multipartisme, adopte, sans pratiquement aucune modification, tel ou tel projet qu'un ministre
présenterait comme un élément indispensable de ses "réformes". Il faut savoir qu'il existe deux approches possibles à la
préparation d'un texte législatif :
◘ la première approche, étatique, vise des objectifs à long terme et va au-delà du simple jeu de repositionnement politique;
elle veut construire un édifice législatif qui résiste au temps, et qui est donc basé sur un appui informe de tous les participants
légitimes à la prise de décision législative; elle s'intègre dans le cadre constitutionnel en place et en tire sa logique , sa
légalité comme sa légitimité; elle se fonde sur la transparence dans la démarche de ceux qui conçoivent le projet, leur
acceptation des suggestions , remarques et observations de leurs partenaires dans la prise de décision, et la reconnaissance,
par eux que ces contributions sont sincèrement destinées à améliorer le projet, à en assurer la cohérence avec les intérets
nationaux, à le rendre plus acceptable de tous ceux qui vont en supporter les conséquences, bonnes ou mauvaises, et donc
plus aisé à appliquer ;
◘ la seconde approche, opportuniste, a pour objectif de régler un problème politique circonstanciel dans la lutte pour le pouvoir.
Ce qui est visé, à travers la présentation d'un projet de loi et son adoption, ce n'est pas la solution à un problème national
urgent, mais le désarçonnement des éventuels concurrents politiques qu'on veut forcer à se battre sur un terrain qu'on a
délibérément choisi, balisé et présenté comme l'expression "d'une volonté de changement et de réformes", auxquels ils seraient
opposés parce qu'ils seraient perdants dans le "nouvel ordre" qu'on aurait pour objectif de construire. Ce qui est visé à travers le
projet de loi, ce n'est pas tant de règler un problème national que de créer la confusion dans les rangs des "opposants". Par
l'ampleur des domaines qu'elle touche, par la procédure utilisée pour la préparer et la faire adopter par l'assemblée nationale.
Pour exemple, la loi sur la monnaie et le crédit peut être considérée comme inspirée de la seconde approche. Elle est un texte
législatif fourre-tout qui couvre des domaines aussi différents que le statut de la banque centrale, les principes généraux de la
politique monétaire, le statut des banques, les règles relatives aux investissements étrangers, les activités commerciales de
personnes étrangères sur le territoire national, etc. Loi complexe et particulièrement prolixe, elle a été élaborée avec la visible
intention de bloquer toute discussion de ses clauses par des "non spécialistes" et d'éviter donc son évaluation politique dans le

494
contexte du processus de réformes constitutionnelles et économiques que connait actuellement le pays. Cette loi a soulevé
une multitude de questions juridiques et pratiques qui sont dissimulées dans des centaines de clauses, dont certaines ne seront
pas applicables avant plusieurs années , si elles ne le seront peut-être jamais, et dont d'autres simplement inapplicables. La
loi sur la monnaie et le crédit telle qu'elle a été établie, n'a pas permis de délimiter les responsabilités en ce qui concerne les
conséquences dramatiques d'un refus des réalités, qui se camoufle sous un optimisme ressortissant plus de l'autodéfense et de
l'instinct de préservation politique que du sens des responsabilités et de l'intéret national. Elle aurait du être modifiée pour être
en cohérence avec la constitution de novembre 1996, document suprême qui doit servir de référence à l'ensemble législatif du
pays.

PARLEMENT.- Il a été relevé un déséquilibre dans les énormes prérogatives dévolues au pouvoir exécutif
au détriment du pouvoir législatif. L'affaiblissement du rôle du parlement, décrié par les formations
politiques qui siègent à l'APN, découle de l'article 120 de la constitution. Le rôle législatif de l'APN, pourtant
consacré par la loi fondamentale du pays, et qui s'inscrit en théorie dans la logique de séparation des
pouvoirs, apparaît en fin de compte insignifiant devant les pratiques établies, qui font que l'exécutif a
de tout temps exercé la "double casquette" dans sa façon de gérer les affaires publiques. Cet amalgame a
permis de confirmer la thèse qui fait que le parlement n'était en définitive qu'une chambre d'enregistrement".
L'autre élément qui aggrave cette incohérence dans le fonctionnement des institutions est, aujourd'hui,
mieux perçu par nombre de députés et de spécialistes du droit constitutionnel, depuis l'instauration du
conseil de la nation. La situation de blocage qualifiée d'"impasse" institutionnelle conforte les appréhensions
des formations politiques qui se sont élevées contre le principe du "tiers bloquant" qui permet au pouvoir
exécutif de damer le pion au pouvoir législatif et confine ce dernier dans un rôle "extrêmement réduit". Les
tiraillements entre les deux chambres du parlement, longtemps contenus par les convenances politiques, ont
fini par montrer les "failles" du système, pétri de contradictions, qui sont remontées à la surface à
l'occasion d'un débat sur le projet de loi organique régissant les relations entre les deux chambres entre
celles-ci et le gouvernement. Le statut du député a soulevé l'émoi des élus de la nation, non seulement par
rapport au dinar "symbolique", réclamé par les sénateurs dans le registre des indemnités pour marquer leur
"supériorité" vis à vis des députés, mais surtout cette attitude des sénateurs qui souhaiteraient plus de
prérogatives allant jusqu'à revendiquer le droit à l'"amendement". Or, le conseil de la nation est
normalement chargé d'adopter ou de renvoyer les lois. Cette aberration justifie amplement la tension
actuelle qui paralyse partiellement les travaux des deux chambres, pour avaliser que quelques lois dans un
pays où les circonstances conjoncturelles l'emportent sur le fonctionnement normal des institutions.

LE SYSTEME POLITIQUE

AFFAIRES (attractivité).- Le climat des affaires en Algérie est un domaine fondamental que nous pouvons apprécier à
travers l’efficacité de l’administration ; s’agissant de son attractivité, il revient à  l’Etat par le biais de ses institutions, d’instaurer
un climat des affaires propice et incitatif à l’investissement. Quelle en est sa situation aujourd’hui ?  Le récent classement Doing
Busines 2017 place l’Algérie à la 166ème place, observant un recul accru de 10 places par rapport à l’année antérieure, et ceci
bien en dessous qu’en 2010, signifiant toujours l’inadéquation des conditions requises. Sur les 190 économies passées au
crible, les économistes de la Banque Mondiale analysent différents indicateurs de celles-ci permettant d’évaluer la facilité à
conclure des affaires inhérentes à la création d’entreprise, l’obtention d’un permis de construire, le raccordement à l’électricité,
l’obtention de prêts ou le commerce transfrontalier. Le climat des affaires en Algérie est considéré peu attractif car environné de
contraintes et d’obstacles qui entravent les activités des entreprises, à cause des pratiques bureaucratiques qui gangrènent
notre économie. Ce constat n’est pas l’expression d’une simple critique ou d’un point de vue, mais démontré et justifié par des
études chiffrées avec le concours de statistiques. Dans ce cadre, à titre illustratif, nous nous baserons sur la 7ème édition d’une
série de rapports annuels  publiés conjointement par la banque mondiale et sa filiale, la société financière  internationale (SFI),
connu sous le nom « Doing Business 2010». Ce rapport est une mesure comparative des réglementations des affaires dans
différents pays ; il évalue la réglementation et la bureaucratie auxquelles se heurtent les petites et les moyennes entreprises
durant leur cycle de vie. Ses indicateurs quantitatifs nous permettent de déterminer les réglementations qui facilitent la pratique
des affaires et celles qui la compliquent et d’évaluer l’efficacité des réformes engagées. L’Algérie en 2010 s’est classée, selon «
Doing Business», à la 136ème position, sur un échantillon de 183 économies, en recul de deux points par rapport à 2009, année
au cours de laquelle, elle a été classée 134ème. Nous préciserons que le classement de la facilité de faire des affaires de Doing
Business 2009 a été recalculé afin de refléter les changements de méthodologie prenant en compte l’addition de deux
nouveaux pays. Ce classement s’est avéré décevant pour l’Algérie qui avait engagé des réformes économiques depuis plus
d’une décennie, mais les fruits des réformes initiées se font toujours attendre ; elle était classée très loin derrière la Tunisie qui
améliora son classement de l’année 2009 en passant de la 73ème place à la 69ème place. Le Maroc a aussi amélioré son
classement en passant de la 130ème dans le Doing Business de 2009 à la 128ème place. Dans la région Moyen-Orient et Afrique
du Nord ou 19 pays sont étudiés, l’Algérie est classée 14ème, toujours en queue de peloton, devancée par la Tunisie, l’Égypte et
le Maroc classés respectivement aux 8ème, 11ème et 13ème positions ; elle ne précède que l'Iran, les Territoires Palestiniens
occupés, la Syrie, l'Irak et Djibouti. Le classement en question repose sur 10 indicateurs de la réglementation des
affaires mesurant les temps et coûts nécessaires pour satisfaire aux exigences officielles en matière de création et de gestion
d’entreprise, de commerce transfrontalier, de fiscalité et de fermeture d’entreprise. Il ne prend pas en considération la politique
macroéconomique, la qualité des infrastructures, la volatilité des devises, la perception des investisseurs ou le taux de
criminalité. Par thème, l’Algérie occupe ainsi la 148ème position pour la création des entreprises, la 110ème pour l’octroi de permis
de construire, la 122ème  pour l’embauche des travailleurs, la 160ème pour le transfert de propriété, la 135ème pour l’obtention des
prêts, la 73ème  pour la protection des  investisseurs, la 168ème pour le paiement des impôts, la 122ème pour le commerce
transfrontalier, la 123ème pour l’exécution des contrats et enfin la 51ème position en ce qui concerne la
fermeture d’entreprise. Nous présentons ci-après la situation de l’Algérie dans chaque thème, tout en exposant les données
relatives aux pays de l’OCDE moyenne, Moyen-Orient et Afrique du Nord, notamment celles qui concernent le Maroc et la
Tunisie, afin de situer la position de l’Algérie par rapport à ces pays. 

495
□ Création d’entreprise : Cet indice identifie les obstacles administratifs et légaux qu’un entrepreneur doit surmonter pour créer
une entreprise. Il examine les procédures (le nombre d’étapes), la durée et les coûts requis d’une société à responsabilité limitée
pour pouvoir légalement commencer son activité, à travers les indicateurs suivants :
Indicateur Algérie Maroc Tunisie Moyen-O OCDE
Afr.Nord Moyenne
Procédures 14 6 10 7,9 5,7
(nombre)
Durée (jrs) 24 12 11 20,7 13
Coûts (% 12,1 16,1 5,7 34,1 4,7
revenu /hbt
Capital min. 31 11,8 0 129,7 15,5
versé
(%RNB/hbt
)
Les indicateurs de création d’entreprise (source : banquemondiale.org)
Comme l’indique le tableau ci-dessus, pour investir en Algérie, il faut passer par de nombreuses procédures qui coûtent
beaucoup de temps et d’argent. Le démarrage d’une nouvelle entreprise SARL requiert 14 procédures et un délai de 24 jours,
chose qualifiée de "véritable parcours de combattant", faisant remarquer que le nombre de procédures n'est que de 6 au Maroc
et de 10 en Tunisie. Notons, que l'Algérie recule de 7 points, passant de la 141ème place dans le Doing Business de 2009 à la
148ème.  A ce propos, «les investisseurs internationaux hésitent beaucoup à venir en Algérie, car ils préfèrent plutôt
y commercialiser leurs produits que d’y implanter des usines ou engager des projets d’investissement à moyen ou long
termes». Ces procédures administratives retardent la création de richesses et d’emplois, car les petites et les moyennes
entreprises sont les moteurs de la concurrence, de la croissance et de la création d’emplois, notamment dans les pays en
développement, des efforts doivent encore être consentis par l’Algérie pour améliorer les procédures et les délais en matière
de transfert de propriété  Il faut souligner par ailleurs qu’en matière de coût de création d’une entreprise et de capital minimum
requis, l’Algérie est bien classée par rapport aux pays de la région, mais pas mieux que la Tunisie et le Maroc. Ainsi,
l’investissement en Algérie est moins handicapé par ses coûts que par les procédures bureaucratiques exigées pour le réaliser. 

□ Octroi de permis de construire : Cet indice relève les procédures, durées et coûts nécessaires pour la construction d’un
entrepôt. Ces procédures comprennent l’obtention de tous les permis et les licences  nécessaires, l’accomplissement de toutes
les inspections, notifications et dépôts de documents requis ainsi raccordement aux services publics (eau, téléphone et
électricité). 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.Nord moyenne
Procédures 22 19 20 18,9 15,1
(nombre)
Durée (jrs) 240 163 84 159,3 157
Coûts 3,6 263 998,3 358,4 56,1
(%Revenu/hbt)
Les indicateurs d’octroi de permis de construire. Source : Banque Mondiale
(Amar A., «Déplorant l’absence d’un climat d’affaires stable en Algérie : Les opérateurs étrangers préfèrent vendre qu’investir»,
19 aout, 2009)
Comme le montre ce tableau, l’obtention de permis de construire prend 240 jours pour compléter le processus et demande 22
procédures et coûte 39,6% du revenu par habitant. Notant que là aussi la Tunisie et le Maroc font mieux que l'Algérie. 

□ Embauche des travailleurs : Cet indice mesure la flexibilité de la réglementation du travail. Il relève la difficulté d’embaucher
un nouvel employé, la rigidité des règles régissant l’extension des heures de travail ou la passation d’accord sur les horaires et
les difficultés et les coûts associés au licenciement économique d’un salarié. Ces difficultés ont été évaluées par la
Banque mondiale à travers les indicateurs suivants : 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.Nord moyenne
Indice 44 89 28 21,3 26,5
difficultés
embauche
Indice 40 40 13 22,1 30,1
rigidité
horaires
Indice 40 50 80 30 22,6
difficulté
licenciemen
t
Indice 41 60 40 24,5 26,4
rigidité
emploi
Coût 17 85 17 53,4 26,6
licenciemen
t
Les indicateurs d’embauche des travailleurs. Source: Banque Mondiale. 
Dans le domaine du marché du travail, l’économie algérienne qui est mieux classée que le Maroc, mais derrière la Tunisie,
traîne, là aussi, de gros handicaps. L’offre de travail est insuffisante et les entreprises ont de grandes difficultés à recruter la
main d’œuvre dont elles ont besoin. De même, il y a peu de flexibilité en matière d’horaires de travail. En un mot, le marché du
496
travail est rigide. Même tendance à la baisse pour l'embauche des travailleurs (-5) où elle passe de la  117ème place dans le
classement Doing Business 2009 à la 122ème.
□ Transfert de propriété : Ce sujet mesure la facilité qu’ont les entreprises à enregistrer leurs titres de propriété. Il examine les
étapes, la durée et les coûts associés aux transferts de propriété, dans une hypothèse standard : un entrepreneur veut acheter
un terrain et construire un bâtiment dans la plus grande ville d’affaires. La parcelle est enregistrée et il n’existe aucun conflit sur
le titre.
Ainsi, les entreprises en Algérie se heurtent à de nombreuses et longues procédures comme l’indique le tableau suivant : 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N moyenne
Procédures 11 8 4 6,1 4,7
(nombre)
Durée (jrs) 47 47 25
Coût (% de 7,1 4,9 6,1 5,7 4,6
la valeur de
la propriété
Les indicateurs de transfert de propriété. Source : banquemondiale.org  
L’immatriculation d’une nouvelle entreprise est plus compliquée en Algérie que chez les pays voisins, elle prend 51 jours et
nécessite 14 procédures administratives, contre 4 procédures en Tunisie et 8 au Maroc. Le coût global d’enregistrement est
estimé à 7,5 % de la valeur de la propriété.  Mais, des mieux sont relevés en cette matière où l’Algérie a gagné six points,
en passant de la 166ème place en 2009 à la 160ème place. Le transfert de propriété a été rendu plus simple et moins cher
grâce à la réduction des frais de notaire de 0,39% de la valeur de la propriété et à l’élimination de l’impôt sur les plus-values. 
□ Obtention de prêts : Cet indice examine deux aspects : 
♦ Les registres d’information sur le crédit. 
♦ L’efficacité des lois sur les suretés et les procédures collectives en termes de facilitation de l’activité des établissements de
crédit. L’indice des droits légaux s’étend de 0-10, avec 10 indiquant les lois les mieux conçues pour améliorer l’accès au crédit.
L’indice sur la divulgation de l’information sur le crédit mesure la portée, l’accès et la qualité de ces indicateurs au niveau des
registres publics ou des bureaux privés. Il s’étend de 0-6, avec 6 indiquant l’accès intégral à l’information sur le crédit.
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N Moyenne
Indice Droits 3 3 3 3,3 6,8
légaux
Indice 2 5 5 3,3 4,9
divulgation
d’informatio
n sur le
crédit
Couverture 0,2 0 19,9 5 8,8
par registres
publics (%
adulte)
Couverture 0 14 0 10,9 59,6
par bureaux
privés (%
adulte)
Les indicateurs d’obtention de prêts. Source : banquemondiale.org  
Les performances de l’Algérie sont jugées très faibles en matière d’accès au crédit et de divulgation d’informations sur ce
dernier, notamment par rapport à la Tunisie. Elle recule de 4 points par rapport à l’année antérieure (135ème place contre 131
en 2009). 
□ Protection des investisseurs : Ce sujet mesure le degré de protection des actionnaires minoritaires contre la violation, par un
dirigeant, de l’intérêt social.  Les indices ci-dessous décrivent trois dimensions de cette protection : 
1- Transparence des transactions (indice de divulgation). 
2- Conflit d’intérêt (indice de responsabilité du directeur). 
3- Habilité des actionnaires à poursuivre les administrateurs et les directeurs pour faute professionnelle (facilité pour les
actionnaires d’engager une poursuite judiciaire).
Les indices oscillent entre 0 et 10, avec 10 représentant une meilleure divulgation, une plus grande responsabilité des
directeurs, et plus de pouvoir pour les actionnaires de challenger les transactions et une meilleure protection des investisseurs. 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N Moyenne
Indice de 6 6 5 6,3 5,9
divulgation
Indice de la 4 2 5 4,8 5,0
responsabilit
é du directeur
Indice du 4 1 6 3,7 6,6
pouvoir des
actionnaires
Indice de 5,3 3 5,3 4,9 5,8
protection
des
investisseurs
Les indicateurs de protection des investisseurs.  Source: Banque Mondiale
497
Concernant la protection des investisseurs, l’Algérie est mieux classée que la Tunisie et le Maroc, mais en matière de facilité
pour les actionnaires d’engager des poursuites judiciaires vis-à-vis des directeurs des insuffisances sont enregistrées. 
□ Paiement des impôts :Cet indice traite de la fiscalité d’une entreprise de taille moyenne et mesure les formalités
administratives auxquelles elle est soumise pour le paiement de ces impôts. Il a été évalué par la Banque Mondiale à travers les
indicateurs suivants :
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N Moyenne
Paiement 34 28 22 22,9 12,8
(nombre)
Durée 451 358 228 204,2 194,1
(heure)
Impôt sur 6,6 18,1 15 12,6 16,1
les profits
(%profit)
Impôt et 29,7 22,2 25,2 15,2 24,3
charges
sociales
(%profit)
Autres 35,7 1,4 22,5 5,1 4,1
taxes
(%profit)
Taux 72 41,7 62,8 32,9 44,5
d’impositio
n totale (en
% des
bénéfices)
Les indicateurs de paiement des impôts. Source : banquemondiale.org  
Dans le domaine fiscal, l’entreprise algérienne subit une pression fiscale (taux d’imposition globale en pourcentage des
bénéfices) élevée comme le montre ce tableau par rapport aux autres pays mentionnés. 
□ Exécution des contrats : Cet indice évalue l’efficacité des mécanismes judiciaires d’exécution des contrats en suivant
l’évolution d’un litige sur une vente de marchandises et en relevant la durée, le coût et le nombre d’étapes nécessaires entre le
dépôt et la plainte et le règlement du créancier. 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N Moyenne
Procédures 46 40 39 43,4 30,6
(nombre)
Durée (jrs) 630 615 565 679 462,4
Coût (% 21,9 25,2 21,8 23,7 19,2
litige)
Les indicateurs d’exécution des contrats. Source : banquemondiale.org
□ Commerce transfrontalier : Cet indice recense les contraintes procédurales pesant sur l’exportation et l’importation d’une
cargaison standard de marchandises. Toutes les procédures officielles sont comptées, de l’accord entre les parties à la livraison
des marchandises ainsi que le temps et les coûts nécessaires à leur réalisation. Aussi bien dans le domaine des exportations
que dans celui des importations, l’Algérie souffre de handicaps sérieux. Le tableau qui suit confirme cette observation. 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N Moyenne
Document 8 7 5 6,4 4,3
pour
l’export
(nombre)
Durée 17 14 15 22,5 10,5
pour
l’export
(jours)
Coût à 1248 700 783 1034,8 1089,7
l’export
(en $US
par
conteneur
Document 9 10 7 7,4 4,9
pour
l’import
(nombre)
Durée 23 17 21 25,9 11
pour
l’import
(jours)
Coût à 1428 1000 858 1221,7 1145,9
l’import
(en $US

498
par
conteneur
Les indicateurs du commerce transfrontalier. Source:Banque Mondiale.
La banque mondiale souligne qu’il faudrait 23 jours, 9 documents pour importer un produit en Algérie. A l’exportation, le délai est
17 jours et exige 9 documents. Ces complications administratives justifient le faible taux des exportations hors hydrocarbures de
l’Algérie. Celles-ci ne représentent que 2% du volume global des exportations du pays.  Selon M. Nacereddine Kara, vice-
président de l’association des exportateurs Algériens (ANEXAL), le problème en question se situe dans la difficulté et le
non respect de l’application des textes sur le terrain. Il donne l’exemple du haut conseil de l’exportation présidé par le premier
ministre et réunissant l’ensemble des exportateurs hors hydrocarbures, qui n’a jamais réuni dés son institution. Concernant les
difficultés rencontrées au niveau des douanes lors de l’opération d’exportation, le vice-président de l’ANEXAL relève le problème
de la bureaucratie et la lourdeur des démarches, il dit : « l’administration ne facilite pas la tâche aux exportateurs », puis il se
demande pourquoi nous n’avons pas de guichet unique portuaire et aéroportuaire pour l’exportation comme c’est le cas en
Tunisie, ainsi il explique189 : « Si nous l'avions, nous n'aurions pas à transiter tout le temps entre le bureau de stockage,
puis l'affréteur de la chaîne logistique, stockage, quais exports qui demandent des documents qui sont à chaque fois différents.
Avec ce guichet unique, nous gagnerions un temps fou et la grande majorité des retards de livraison et les pénalités que nous
devons payer n'existeraient plus. De plus, mettre en place ce guichet unique ne coûte pas beaucoup d'argent, c'est juste une
organisation plus simple » 
□ Fermeture d’entreprise : Enfin, et pour terminer cette présentation du climat des affaires qui caractérise l’économie algérienne,
la Banque mondiale a analysé la situation qui naît de la fermeture d’entreprise et notamment ses conséquences, sur les
créanciers de cette entreprise. Cet indice examine l’efficacité des procédures collectives en termes de durée, de coût et de
taux de recouvrement des créances privilégiés.  Le créancier attend bien longtemps avant de recevoir moins que la moitié de
son dû. Le tableau suivant bien qu’une entreprise en difficulté met en péril l’ensemble de ses créanciers. Il explique de ce fait
pourquoi les relations commerciales qui se nouent en Algérie restent empreintes d’absence de confiance entre partenaires et
d’un climat de risque élevé. 
Indicateur Algérie Maroc Tunisie M-O et OCDE
Afr.N Moyenne
Durée 2,5 1,8 1,3 3,5 1,7
(année)
Coût (% du 7 18 7 14,1 8,4
revenu par
habitant)
Taux de 41,7 35,1 52,3 29,9 68,6
recouvrement
(centime par
dollar)
Les indicateurs de fermeture d’entreprise. Source : Banque Mondiale
Le climat des affaires reste morose et contraignant, L’économie algérienne n’est toujours pas attractive et les investissements se
font toujours attendre, D’ailleurs, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, David Pearce, l’a rappelé récemment lors
d’une conférence de presse en marge de la Foire internationale d’Alger où il a déclaré que les opérateurs économiques de son
pays attendent d’abord l’amélioration du climat d’affaires pour pouvoir prendre une décision.  Mais même si « Doing Business »
met l’accent sur la qualité du climat des affaires pour les promoteurs privés, l’environnement des opérateurs publics algériens
est encore plus contraignant, comme le confirme M. Abdelwahid Bouabdalah, président directeur général d’Air Algérie : « Mon
expérience à la tête de plusieurs entreprises publiques algériennes — dans des secteurs aussi divers que les finances, la
communication, le BTPH et maintenant le transport aérien — m’a donné l’occasion de prendre la mesure de ces contraintes ». Il
donne des exemples illustrant ces contraintes administratives dans le transport aérien : l’opération d’affrètement des avions et la
maintenance des avions. Concernant l’opération d’affrètement des avions et pour faire face à deux périodes particulièrement
chargés en Algérie : la période estivale coïncidant avec le retour des émigrés et la période de Hadj, la compagnie affrète des
avions chez d’autres compagnies ou des sociétés spécialisées dans la location pour compléter les capacités de sa propre
flotte. Le nombre de procédures pour réaliser une opération d’affrètement est de 15 et le délai minimum est de 4 mois dans le
meilleur des cas. La conséquence est la suivante : «les procédures qui sont imposées à Air Algérie font qu’elle est fatalement
amenée à affréter à des coûts toujours les plus élevés…avec les conséquences que l’on imagine sur sa rentabilité». Concernant
la maintenance des avions, les compagnies aériennes mettent en place des procédures ad hoc d’approvisionnement en urgence
des pièces de rechange nécessaires pour réparer le plus vite possible l’avion immobilisé. La réglementation algérienne
ne permet pas à Air Algérie de recourir à de telles procédures : « Et, parfois, quand on a voulu s’affranchir de cette contrainte,
des responsables de la compagnie se sont retrouvés derrière les barreaux ! À travers ces deux contraintes — et il y en a bien
d’autres —, on comprend pourquoi Air Algérie ne peut pas se mesurer efficacement aux compagnies aériennes concurrentes :
elle ne dispose pas des mêmes armes pour assurer sa compétitivité ! ».En conclusion, nous déduisons que Doing business
n’est plus facile en Algérie, l’excès de réglementation ou la mauvaise réglementation ont un coût économique et donc bèrent
l’attractivité du pays. Le monde algérien des affaires est toujours contraignant malgré les réformes initiées et les experts de la
banque mondiale ont estimé que les réformes ne sont pas menées en profondeur.  □

ALTERNATIVE POLITIQUE . - Face à la violence multiforme, et à la récession imposée par le FMI, la banque
mondiale et le système rentier, il existe, notamment, une alternative de progrès pour tous : celle de
réformes internes démocratiquement élaborées et mises en oeuvre dans une paix retrouvée. Au-delà de
discours politiciens, leur élaboration supposerait l'ouverture de vrais débats de société, dans l'unité et la
diversité.
Quelques réflexions peuvent contribuer aux débats :
◙ Valoriser autrement le secteur des hydrocarbures :Aujourd'hui, le secteur, caractérisé par plusieurs
faiblesses, continue d'attirer l'essentiel des ressources et des investissements, au détriment des autres
secteurs industriels et agricole. Il demeure le seul secteur exportateur ; marqué par un partage de la rente,
dans le cadre de contrats de partage de production, il profite de plus en plus aux capitaux étrangers et

499
aiguise les appétits malsains des affairistes de tous bords. Fer de lance de la politique d'ajustement
basée sur un objectif de remboursement de la dette, il reste cependant le secteur le plus fragile, car le
plus dépendant d'un marché extérieur incontrôlable, ce qui met en permanence le pays en danger.
◙ restructurer et réhabiliter l'agriculture et l'industrie :
Il est urgent de définir une stratégie industrielle et agricole qui permette de réhabiliter les activités
productives hors hydrocarbures, de maintenir et de développer les entreprises, de créer davantage
d'emplois, de mieux nourrir et soigner la population et de contruire des milliers de logements. Depuis
plusieurs années, ces secteurs n'ont cessé de régresser, de réduire leur niveau d'activité, de fermer les
portes des entreprises ou d'en préparer la privatisation. Aujourd'hui, la dynamique ou, plutot la stagnation
de ces secteurs est sous le diktat de la dette et de l'ajustement qui s'y rattache. Or, c'est l'inverse qu'il faut
instituer : faire dépendre la maitrise de la dette d'un véritable développement des activités productives.
Ce sont ces secteurs qui doivent fixer les rythmes d'endettement et de remboursement et non le
contraire. C'est à eux de faire de l'emploi la priorité des priorités, contrairement à la logique de la dette qui
a conduit au licenciement de plus de 400 000 personnes en quatre ans. C'est à eux qu'il revient de relancer
la création de richesses et de stopper l'érosion du PIB.
◙ lutter contre les activités spéculatives : Une telle lutte doit s'appuyer sur une dynamique commerciale qui
mette les importations et les exportations au service du développement des activités productives.
Aujourd'hui l'ouverture commerciale débridée ne profite qu'aux activités de court terme et spéculatives, et
aux réseaux d'intermédiaires. Le rythme et la structure des échanges extérieurs sont également soumis au
diktat de la dette et de l'ajustement. Pour accroitre les capacités de remboursement et donner des gages
aux bailleurs de fonds (à travers un niveau de réserves "forcé" notamment -dans une conjoncture de
diminution- du niveau des exportations, on a comprimé à l'extrême les importations, principalement celles
nécessaires au fonctionnement de l'appareil de production hors hydrocarbures. Résultat, le niveau des
importations est au plus bas, identique à celui de 1976. Or, depuis ce temps-là, la population a augmenté
de plus d'un tiers, son pouvoir d'achat a chuté de moitié, tandis que les rentes spéculatives prolifèrent. La
fracture sociale s'élargit entre une masse de plus en plus importante de nouveaux pauvres et une minorité
de plus en plus vorace de nouveaux riches.
◙ favoriser les entreprises productives et les salariés: Il est donc urgent de définir une politique des revenus
qui donne son importance aux revenus des entreprises productives et des salariés. La part des salaires et
des profits n'a cessé de diminuer face à la montée des rentes spéculatives ou des profits commerciaux
illicites. La réforme fiscale devrait viser moins de prélèvements sur les deux premiers revenus et un
élargissement l'assiette pour atteindre les fortunes et les revenus spéculatifs. Ces nouvelles ressources
fiscales permettraient de renforcer la politique de santé publique et d'éducation et d'élaborer une véritable
politique de protection sociale, basée sur les valeurs de justice sociale et de solidarité nationale.
Aujourd'hui, le "filet de protection de protection sociale" est dérisoire : son montant et le nombre insignifiant
de ceux qui le perçoivent en témoignent. La difficulté de disposer de médicaments et de soins efficaces en
sont le signe le plus dramatique.
◙ élaborer une politique audacieuse en direction de la jeunesse : Cette politique est à définir dans trois
domaines stratégiques : l'éducation, l'emploi, la culture et les loisirs. Depuis plusieurs années, l'échec et
l'exclusion scolaires à grande échelle sont d'autant plus mal vécus qu'ils débouchent sur un chômage
endémique (plus d'un jeune sur deux en est victime) et sur l'impossibilité d'accéder aux loisirs et à la
culture. Pour cela, il faudrait des moyens et des revenus auxquels les jeunes n'ont que peu de chances
d'accéder. Résultat : deux seuls lieux les accueillent gratuitement, la mosquée et la rue. La première permet
d'amortir le choc et de contenir leur colère, tandis que la seconde ouvre les chemins de la débrouille, de
l'économie informelle, voire de la révolte. Education, emploi, culture et loisirs sont donc des éléments
essentiels de toute stratégie alternative de développement. Aujourd'hui, c'est loin d'être le cas. Les
conditionnalités de l'ajustement exigent que les dépenses qu'il faudrait leur consacrer soient plutôt utilisées
au remboursement de la dette.
◙ construire l'alternative politique : La dynamique économique non rentière ne pourrait prendre place en
Algérie que dans le cadre d'une alternative politique. Depuis plusieurs années, toute tentative de réforme,
ou prétendue telle, n'a pu redresser la situation économique du pays, prisonnière qu'elle était du carcan
politico-bureaucratique dans lequel est enfermé le pays depuis une trentaine d'années. Il est désormais
évident que les règles du jeu économique ne peuvent être modifiées durablement, au risque d'être
perverties ou bloquées, sans qu'il y ait des changements dans les règles du jeu politique. Or, changer les
règles du jeu politique ne veut pas dire changer de titulaire à la tête de l'Etat, encore moins définir qui sera
le candidat de ce changement, ni accéder au siège suprême par la violence sous quelque forme que ce soit.
Modifier les règles du jeu, c'est s'en remettre aux citoyens, garantir leur liberté de choix et protéger par la
loi l'exercice de ce choix contre toute dérive ou manipulation d'où qu'elle vienne.
◙ garantir la paix et la sécurité des biens et des personnes : Aucun jeu économique ou politique ne peut
s'exercer sans la paix et la sécurité des biens et des personnes. Toute la crise profonde qui secoue le pays
ne peut aboutir sans la réalisation de ce préalable. Aujourd'hui, la situation de guerre à la violence est des
plus coûteuses en terme monétaires, mais aussi en destruction d'infrastructures et surtout en vies
humaines. Réaliser la paix est une mission urgente et historique. Elle exige de tous les partenaires
politiques et sociaux le rejet de la violence comme instrument de règlement des contradictions, et
l'acceptation du processus démocratique comme seule méthode pacifique de règlement des conflits. Elle
suppose une culture du compromis politique qui est loin d'être majoritaire dans le paysage politique
nationale. Jusqu'à ce jour, on y a pratiqué plus volontiers la pression et la compromission. Une telle mission
suppose également un système judiciaire performant, soucieux du respect de la loi par tous, de la sanction
par la loi de ceux qui s'en écartent, du respect des droits de l'homme et du citoyen. La première traduction
de l'émergence d'un tel système serait l'organisation d'un scrutin présidentiel libre, transparent et sous
contrôle populaire. Si de telles questions et d'autres sont débattues en toute liberté par tous les acteurs

500
politiques et sociaux, dans un cadre garanti par la loi, on pourra parler sans risque de se tromper qu'il se
trouvera des candidats honnêtes et intègres pour les porter et les soumettre au choix populaire. On ne
parlera plus alors de candidat du pouvoir, mais de candidat à l'exercice légitime du pouvoir et de
programmes de développement alternatifs. Dans ce cas, tous les candidats ne pourront être que des
candidats d'opposition : candidats d'un vrai pluralisme démocratique contre un système obsolète de
pluralisme de façade, de pensée unique et de pouvoir confisqué. Au sortir de cette longue nuit, sans doute
aurons-nous besoin d'un véritable homme d'Etat, tant les défis à relever sont nombreux. A défaut, on pourra
se suffire de vrais hommes politiques.

CALIFAT.- La revendication d'un gouvernement islamique n'est pas propre aux islamistes algériens. De
nombreux musulmans dans d'autres pays formulent la même revendication, surtout depuis quelques années.
Ce gouvernement dit-on, serait le remède radical à tous les maux dont souffrent nos sociétés sous-
développées. Il permettrait, entre autres, d'instaurer une véritable justice sociale, d'améliorer les conditions
économiques des citoyens, d'éliminer la corruption et tous les fléaux qui ravagent le monde : perversions,
crimes, sida, cancer, ... Il n'y a rien de bien original, tant les promesses d'une cité idéale (promesses qui
n'ont jamais été tenues comme le montre l'histoire de l'humanité) ont été faites par bien des personnes
ambitionnant le pouvoir. La particularité de l'aspiration islamiste vient du fait qu'elle renvoie à un modèle de
gouvernement qui a existé déjà, le califat, et dont une vision apologétique en fait un modèle. Une autre
particularité tire son origine de l'histoire des musulmans et en particulier de leurs rapports souvent
conflictuels avec l'occident. Une dernière particularité se rattache à l'échec des régimes anti-démocratiques
que tous les pays musulmans connaissent actuellement. Le gouvernement (el houkouma) désigne dans le
coran, exclusivement l'administration de la justice alors que les sciences politiques modernes le définissent
comme "l'exercice de l'autorité politique, dans le cadre de l'Etat, sur les membres d'une collectivité donnée"
(ce qui est exprimée par le concept "Amr" dans les textes coraniques). En reprenant le mot "hakama" dans
le verset "les incrédules sont ceux qui ne jugent pas les hommes d'après ce que Dieu a révélé" (verset 44)
dans son sens de gouverner, les islamistes dénaturent lourdement le verset (qui devient, "les incrédules
sont ceux qui ne gouvernent pas les hommes d'après ce que Dieu a révélé") et le chargent "de tous les
développements historiques ultérieurs, et ce glissement de sens est lourd de conséquences". Cet
assujettissement des versets coraniques à des considérations d'ordre politique (et parfois politiciennes),
dépouillés de leur contexte historique avec la complicité d'une grande partie de Oulama (qui ne les ignorent
pourtant pas) est devenu quasiment systématique, conférant au message divin une fonction de justification
d'un modèle de gouvernement, alors qu'il est destiné essentiellement à un modèle de comportement. C'est
par cette sorte de glissement que l'on est venu à imaginer la configuration du futur gouvernement islamique
calquée sur le califat d'il y a quatorze siècles, à ramener une réalité passée (et souvent mythique). Or le
califat correspondait après la mort du prophète, à un empire, géré par un calife qui concentrait entre ses
mains tous les pouvoirs et tous les droits attribués au prophète. Une armada de légistes musulmans, au
service exclusif de la fonction, ont pourvu le calife de toutes les prérogatives possibles, laissant à sa seule
conscience "éclairée" le soin de juger selon les préceptes coraniques. Qu'en fut-il ? Un prodigieux essor de
la civilisation islamique au plan intellectuel, culturel et scientifique (en particulier lors des quatre premiers
siècles de l'hégire); mais aussi, que d'intrigues, de luttes intestines pour le pouvoir et sa légitimité,
d'assassinats, de persécutions arbitraires et de guerres fratricides entre musulmans !

CONSTITUTION.- C'est un document qui décrit les fondements, les principes et le mode de fonctionnement
du système politique. Il n'y a pas de "constitution idéale", mais simplement des textes de caractère
circonstanciel qui expriment les réalités politiques du moment. Et tant que ces réalités politiques ne
changent pas, la constitution conserve sa validité, c'est à dire sa capacité de répondre aux besoins de la
société et l'aptitude des mécanismes institutionnels qu'elle décrit de régler les problèmes de la société et
de prendre en charge les demandes des différents éléments sociaux qui se battent pour contrôler les (ou
jouir d'une partie des) ressources financières, matérielles et humaines nationales.

GOUVERNANCE.- La « gouvernance » est un concept qui rompt avec le terme de « gouvernement » et


en même temps, l’idée selon laquelle l’État n’est plus le seul preneur de décisions en matière de  politique
économique. Elle ouvre ainsi la voie au dépassement de la légitimité de l’État  souverain (ou l’État-
providence) où la société civile n’avait pas sa place. Selon Serfati (2006, p.18), cette primauté de «
gouvernance » sur le « gouvernement » a deux conséquences : d’un  côté, elle inaugure une nouvelle ère
dans laquelle les acteurs de la société civile sont reconnus  et d’un autre côté, la voie ouverte à l’ingérence
de la « communauté internationale » dans les  affaires d’un pays, afin de promouvoir la « bonne gouvernance
» pour lutter contre les  pratiques gouvernementales jugées inefficaces. Selon Razafindrakoto et Roubaud
(2007), les débats sur la gouvernance se situent à deux niveaux. Le premier niveau porte sur le
concept même de gouvernance, plusieurs questions concernent ce point : que recouvre la notion
de gouvernance ? Quel est le cadre théorique et les limites des principes mis en avant ? Le deuxième
niveau porte sur les liens entre la gouvernance et le développement. Selon  Benabdelkader (2009, p.54), la «
gouvernance publique » renvoie aux institutions visant à  améliorer l’efficacité et la transparence de l’État en
assurant une meilleure discipline de ses  dirigeants politiques et des managers des entreprises publiques.
D’une façon générale, ces  institutions permettent de structurer le processus par lequel les gouvernants sont
choisis, rendus responsables, contrôlés et remplacés. En outre, elles garantissent les droits politiques
et civils, en ce sens que tous ceux qui sont concernés par ce processus et qui veulent y participer,  hommes
ou femmes, riches ou pauvres, urbains ou ruraux, peuvent le faire sur une base égale  selon un principe
d’inclusivité. Par ailleurs, ces institutions doivent également permettre à  tous les citoyens de tenir leur
gouvernement responsable de la manière dont il fait usage de  l’autorité de l’État et des ressources du
peuple selon le principe de responsabilisation (1). En  substance, ces principes constituent le fondement

501
d’un système de gouvernance publique qui  fait ressortir la nécessité de disposer d’un système efficace.
Ainsi, le critère de qualité d’élaboration de la gouvernance retenu par la Banque  Mondiale est celui de
l’efficacité. Les promoteurs de ce modèle de « bonne gouvernance »  semblent pourtant avoir sous-estimé la
fragilité inhérente de son cadre conceptuel qui a  fortiori en limite la portée. L’usage de ce concept est
souvent basé sur des convictions  idéologiques sans recul critique (analyse normative) plutôt que sur une
analyse empirique.  Selon Legalès (1998, p.222), la gouvernance fait référence aux institutions (structures
et procédures) susceptibles de gérer ces transactions de la manière la plus efficace possible dans  le seul
but d’arriver à une coordination efficace. Le problème posé par les économistes est  avant tout celui de la
plus grande efficacité de la firme et, dans cette perspective, des modes  de gouvernance mis en œuvre pour
limiter les coûts de transactions. Selon Chevalier (2003), « la gouvernance est censée condenser et résumer
à elle seule l’ensemble des  transformations, qui affectent l’exercice du pouvoir dans les sociétés
contemporaines.  Promue à tous les niveaux et dans les organisations sociales en toute nature, la logique de
la gouvernance affecterait en tout premier lieu l’État, en remettant en cause ses modes  d’emprise sociale et,
au-delà, les assises de son institution ; la substitution aux techniques  classiques de « gouvernement » des
méthodes nouvelles de « gouvernance » serait  indissociable d’un ébranlement plus profond d’un modèle
étatique, emblématique de la  modernité » (p.203). Smouts (1998) donne une autre définition de la
gouvernance qui a  enrichi les approches : « la gouvernance n’est ni un système de règles, ni une activité
mais un processus ; elle n’est pas fondée sur la domination mais sur l’accommodement ; elle implique  à la
fois des acteurs privés et des acteurs publics ; la gouvernance n’est pas formalisée et  repose sur des
interactions continues » (p.14). Pour Froger (2006), la gouvernance peut se  définir comme : « l’ensemble
des mécanismes de régulation d’un système économique et  social en vue d’assurer des objectifs communs
(sécurité, prospérité, cohérence, ordre,  continuité du système, développement durable, etc.) » (p.34).
►À la recherche des bons indicateurs pertinents  : L’attention croissante portée à la « bonne
gouvernance », au cours des années 1990, a  donné naissance à des tentatives visant à quantifier et
mesurer ce concept dans la perspective  d’aide à la décision en direction des pays en développement. À
travers la construction des  indicateurs de gouvernance, les Institutions de la coopération internationale ont
voulu matérialiser la qualité d’un cadre politique optimal dans les pays en développement.L’amélioration de
la qualité de la gouvernance, selon les responsables de la Banque  Mondiale, entraîne des bénéfices
significatifs(2) pour tous les acteurs (gouvernements, secteur  privé, société civile). L’accent est
essentiellement mis sur la volonté des Pouvoirs Publics  à enclencher ce processus de mise en œuvre de la
gouvernance et sa qualité. Le processus  de « réforme de l’État », engagé en Algérie, répond assurément
aux exigences de la Banque  Mondiale en direction des Pays en développement pour mieux gérer les affaires
publiques et  la mise en œuvre des politiques publiques. Ces réformes sont appelées les « réformes de
la gouvernance publique » par la Banque Mondiale.
Les indicateurs de "bonne gouvernance" selon la Banque Mondiale pour Algérie sur la période 1996-
2007 :

Pour la Banque Mondiale, la gouvernance est mieux appréciée quand celle-ci est mesurée par
des indicateurs. Les indicateurs de « bonne gouvernance » pour l’Algérie, selon la Banque  Mondiale, sur la
période 1996-2007, sont illustrés dans le tableau et figure en annexe. Chaque  année, l’ensemble des scores
des quelques 200 pays couverts par un indicateur WGI, sont   normalisés de manière à ce que tous les
scores se trouvent entre –2,5 et +2,5 (le chiffre le plus  élevé étant le plus favorable). Selon les résultats des
indicateurs de la Banque Mondiale, du  Tableau ci-joint, on remarque que l’Algérie présente une faiblesse
dans la gouvernance.  
Evolution des composantes des indicateurs de "bonne gouvernance" selon la Banque Mondiale en
Algérie.sur la période 1996-2007  :

502
La construction et l’utilisation des indicateurs développés par la Banque mondiale pour  évaluer la «
performance politique et institutionnelle » des pays, soulèvent des questions  politiques.□ HAMADI
Abdelkader (2013).
(1).Rapport de la Banque Mondiale de 2003 « Vers une meilleure gouvernance au Moyen Orient et en
Afrique du Nord : Améliorer l’inclusivité et la responsabilisation ». La Banque Mondiale estime que la
gouvernance publique demeure l’un des mécanismes qui garantissent l’inclusivité et la responsabilisation
pour le compte des populations. (2).  Il faut reconnaître à l’école des Choix Publics (Public Choice) le mérite
d’avoir montré qu’il est possible  d’introduire des facteurs politiques dans l’analyse économique par le biais
de « modèles formalisés » qui rendent  compte des dynamiques économiques (Buchanan, Tullock, 1962).
Cette analyse interprète la « mauvaise  gouvernance » dans les PED en avançant l’hypothèse selon laquelle
l’État n’aurait pas pour objectif la recherche  de l’optimum social mais plutôt celui d’un État malveillant
(prédateur) dans lequel les hommes politiques et les  bureaucrates poursuivent leurs intérêts personnels en
cherchant des rentes (Tollock, 1967 ; 2003 ; Krueger,  1974 ; Vornetti, 1998). Ce paradigme d’économie
politique de l’école des Choix Publics, qui appartient à la  théorie économique standard « étendue »
(Favereau, 1985), s’est développé pour appliquer la théorie  économique des choix rationnels à « l’homo
politicus » (Shugart, Tollison, 2005, p.1). À cet égard, la question  de la gouvernance est dès lors liée à un
problème d’efficacité de l’action publique (Legalès, 1998, p.226). En  conséquence, les thèses de l’école des
Choix Publics, focalisées sur les défaillances de l’intervention étatique qui  fondaient dans les années 1980
la dimension microéconomiques des Programmes d’Ajustement Structurels  macroéconomiques (PAS), sont
alors abandonnées au profit d’analyses influencées par la Nouvelle Économie  Institutionnelle (Cartier-
Bresson, 2010, p.111).
GOUVERNANCE LOCALE.- L’expérience algérienne : La bonne gouvernance apparaît depuis 1980 comme l’un des facteurs
essentiels dans la promotion du développement socio-économique. Aussi tous les pays, au Nord comme au Sud, notamment en
Afrique, se sont engagés dans des réformes institutionnelles pour assoir le cadre et les mécanismes de la bonne gouvernance à
tous les niveaux. Ainsi nombreux sont les états qui se sont plus ou moins engagés les uns après les autres dans des processus de
décentralisation politique, administrative et fiscale pour « mieux enraciner la démocratie locale et pouvoir lutter plus
efficacement contre la pauvreté et la promotion du développement d’une économie locale »
1. La gouvernance locale : définitions et exigences.
1. 1. Définitions
La gouvernance a déjà fait l'objet d'un grand nombre de travaux qui ont pour caractéristiques d'être très hétérogènes. Ces
travaux relèvent en effet de disciplines et de racines théoriques variées allant de l'économie institutionnelle aux relations
internationales en passant par l'économie ou la sociologie des organisations, l'économie du développement, la science politique
ou encore l'administration publique. C’est ainsi que le terme de " gouvernance " revêt aujourd'hui de multiples significations et
se prête à de multiples usages. Le terme est ainsi associé à tout type de politique publique ou privée et décliné en fonction des
différentes échelles territoriales d'intervention. Ceci étant on s’accorde a reconnaitre au delà des divergences et controverses
que le terme de gouvernance est apparu pour rendre compte des transformations des formes de l'action publique. On a pu ainsi
définir la gouvernance de manière générale comme " un processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux, d'institutions,
pour atteindre des buts propres discutés et définis collectivement dans des environnements fragmentés et incertains» (1) ou
encore comme " les nouvelles formes interactives de gouvernement dans lesquelles les acteurs privés, les différentes
organisations publiques, les groupes ou communautés de citoyens, ou d'autres types d'acteurs, prennent part à la formulation de
la politique " (2)
On peut aussi se référer à la définition de la Commission des Nations Unies sur la gouvernance mondiale qui définit la
gouvernance comme " la somme des différentes façons dont les individus et les institutions, publics et privés, gèrent leurs
affaires communes. C'est un processus continu de coopération et d'accommodement entre des intérêts divers et conflictuels. Elle
inclut les institutions officielles et les régimes dotés de pouvoirs exécutoires tout aussi bien que les arrangements informels sur
lesquels les peuples et les institutions sont tombés d'accord ou qu'ils perçoivent être de leur intérêt" La gouvernance ainsi
définie met l'accent sur plusieurs types de transformation des modalités de l'action publique : (3)
- elle repose sur une dénonciation du modèle de politique traditionnel qui confie aux seules autorités politiques la responsabilité
de la gestion des affaires publiques. Elle se distingue donc de l'idée classique du gouvernement. Le gouvernement se caractérise
par la capacité de prendre des décisions et de pouvoir les appliquer en vertu d'un pouvoir coercitif légitime dont les institutions
de gouvernement ont le monopole. Avec la notion de gouvernance, "le rôle surplombant de contrôle et de commandement,
centré sur une construction institutionnelle est remis en cause au profit d'une approche plurale et interactive du pouvoir " (4) .
Cette conception repose sur l'hypothèse selon laquelle les sociétés connaissent actuellement une crise de la gouvernabilité, des
problèmes d'échec à gouverner ou encore une ingouvernabilité des systèmes. La gouvernance apparaît alors comme la meilleure
réponse possible aux contradictions engendrées par le développement politique et social, comme un moyen de répondre à la
crise par de nouvelles formes de régulation.
- elle met l'accent sur la multiplicité et la diversité des acteurs qui interviennent ou peuvent intervenir dans la gestion des
affaires publiques. La crise de la gouvernabilité invite en effet les Etats, les collectivités territoriales, les organismes
internationaux ou les différentes régions du monde à se tourner vers des interlocuteurs, tels que les organisations à but non
lucratif, les entreprises privées et les citoyens, qui sont en mesure de trouver des solutions aux problèmes collectifs que
rencontrent la société. la gouvernance attire par conséquent l'attention sur le déplacement des responsabilités qui s'opère entre
l'Etat, la société civile et les forces du marché lorsque de nouveaux acteurs sont associés au processus de décision et sur le
déplacement des frontières entre le secteur privé et le secteur public.
Les autorités publiques qui s'en remettent davantage aux secteurs privé et associatif voient leur rôle modifié ;
d'interventionnistes, elles doivent passer à un rôle de facilitateur, de stratège, d'animateur, de régulateur.

503
- elle met également l'accent sur l'interdépendance des pouvoirs associés à l'action collective. La gestion des affaires publiques
repose sur un processus d'interaction/négociation entre intervenants hétérogènes. "Dans la nouvelle gouvernance, les acteurs de
toute nature et les institutions publiques s'associent, mettent en commun leurs ressources, leur expertise, leurs capacités et leurs
projets, et créent une nouvelle coalition d'action fondée sur le partage des responsabilités" (5)
La gouvernance implique donc la participation, la négociation et la coordination. Cette interaction est rendue nécessaire par le
fait qu'aucun acteur, public ou privé, ne dispose des connaissances et des moyens nécessaires pour s'attaquer seuls aux
problèmes. « Ces négociations doivent permettre de dépasser les intérêts divers et conflictuels et éventuellement de parvenir à
un consensus. La rationalité procédurale joue un rôle aussi important que la rationalité substantielle dans la mesure où l'accent
est mis autant sur le processus de dialogue que sur le résultat de ce processus. » (6)
En définitive et pour résumer la gouvernance trouverait donc son fondement dans un dysfonctionnement croissant de l'action
publique qui dicterait l'émergence de nouveaux principes et de nouvelles modalités de régulation publique. Celles-ci consistent
à associer à la gestion des affaires publiques des acteurs de toute nature, membres de la société civile, professionnels, citoyens,
syndicalistes, au travers de processus de participation et de négociation qui doivent permettre de déboucher sur des objectifs et
des projets communs. Ceci dit par rapport à la problématique de la promotion de l’entreprise et de l’’entrepreneuriat comment
s’envisage ou devrait s’envisager la gouvernance des territoires ? C’est à partir de la question du financement de proximité que
se dévoile toute la complexité de la prise en charge de cette problématique
1.2. Exigences du développement local et gouvernance
Ceci étant Il faudrait sans doute s’imprégner des conditions du développement local pour comprendre l’importance et la
nécessité d’une bonne gouvernance locale
La roue du développement local :

Source : EURADA, in SAUBLENS Christian : « La nouvelle economie requiert-elle une nouvelle conception de la politique
régionale ? Des opportunités pour les agences régionales de développement ! » EURADA, Bruxelles ; 2000

Comme on peut l’observer le développement local est fortement conditionné par l’implication d’une multitude d’acteurs dont
l’intervention en terme d’efficacité et d’efficience pose la question de la bonne gouvernance.
La gouvernance d'un territoire relèverait donc la capacité des acteurs-clés privés et publics à :
- s'organiser de façon consensuelle afin de se fixer des objectifs communs en matière de développement économique régional,
- s'accorder sur une vision commune du futur pour leur territoire,
- s'entendre sur les moyens que chacun mettra à la disposition de la collectivité pour atteindre les objectifs définis en commun.
« La gouvernance est donc un processus beaucoup plus complexe que la recherche d'une prétendue légitimité démocratique ou
que la mise en place d'un processus de décentralisation des responsabilités en matière de développement économique ».
La gouvernance sera ainsi de plus en plus un facteur déterminant du développement économique régional, notamment avec la
prise de conscience de la nécessité de renforcer les spécificités régionales comme alternative à l'homogénéisation et à la
globalisation de l'économie.
504
Dans ce cadre, les rôles et missions des différentes structures intermédiaires sont des plus importants. De même, la bonne
gouvernance peut être synonyme d'intégration des services de soutien et ainsi du démantèlement de la fragmentation et de la
concurrence entre les structures locales/régionales, dont les domaines d'activités se chevauchent trop souvent.
La gouvernance suppose par conséquent une organisation sous forme de partenariat local/régional public/privé de qualité et de
confiance réciproque.
Le processus de bonne gouvernance peut être schématisé de la manière suivante : (7) :

Il faudrait sans doute s’interroger encore sur la pertinence du niveau territorial pour les interventions en matière de promotion
de l’entrepreneuriat et de définir les mesures qui doivent être mises en oeuvre au niveau national, régional, infra-régional et
local.
Structures intermédiaires et gouvernance
Le rôle des structures intermédiaires dans la promotion de l’entrepreneuriat devrait être : (8)
- L'identification des forces et faiblesses de la région
- L'organisation de la vision du développement économique régional souhaitable et souhaité par les acteurs-clés
- L'analyse objective et précise des besoins réels des entreprises locales (guichet d'audit)
- L'interface entre besoins évidents et besoins réels
- La substitution à la défaillance du secteur privé
505
- Le leadership dans la stimulation et la solvabilisation de nouveaux services locaux.
Les administrations définissent les axes et la vision, tandis que les intermédiaires mettent les actions en oeuvre sous le contrôle
des premières cités.
De plus, les structures intermédiaires devront être capables de mener à bien des missions opérationnelles dont la visibilité est
quotidienne, en parallèle avec des démarches de planification stratégiques et sectorielles de plus en plus essentielles, mais dont
les effets se font sentir à moyen terme.
En définitive l'objectif des pouvoirs publics est donc de prendre en compte les multiples contraintes qui entravent le processus
de création d’entreprises et leur essor, donc d'améliorer l'aide aux promoteurs, notamment en promouvant un environnement
favorable, facilitant notamment l'accès aux services financiers ….sur la base d’une écoute rigoureuse des préoccupations et des
besoins des entrepreneurs potentiels et une bonne connaissance de leur environnement, de manière à ce que leur émergence et
leur croissance s’inscrivent dans une logique de contexte, de marché et de ressources favorables.
Qu’en est-il en Algérie ?
2. la gouvernance locale en Algérie
L’amélioration de la gouvernance entendue au sens de la définition qui en est donnée par la B.M., à savoir… « le style et la
pratique de l’autorité dans la gestion des ressources économiques et sociales en vue d’atteindre le développement.» est quasi-
unanimement considérée comme une condition fondamentale du développement harmonieux et durable du pays notamment au
niveau local, là où le citoyen est directement concerné et interpellé .
Les pouvoirs publics en Algérie se sont résolument engagés dans cette quête de bonne gouvernance comme l’atteste l’adhésion
du pays au MAEP, qui faut il le rappeler a été créé dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique
(NEPAD)..
C’est ainsi que l’Algérie s’est engagé dans un processus d’autoévaluation de la gouvernance à tous les niveau en souscrivant
aux conditions du MAEP (notamment : se soumettre au regard de ses pairs africains - groupe d’experts visitant le pays et
contrôlant le processus d’autoévaluation- et respecter le principe de fonctionnement à savoir que toute évaluation doit se faire
sur la base de compétences techniques avérées et d’être crédible et libre de toute manipulation politique.) Cependant si la quête
de la bonne gouvernance dont les fondements conceptuels et opérationnels
sont :
- La transparence dans la gestion des affaires publiques ;
- La démocratisation et la participation de la société civile
- La décentralisation de la décision publique
- La recherche systémique de l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience organisationnelle ;
constitue , du moins formellement, une préoccupation réelle pour les pouvoirs publics, les efforts consentis sont diversement
appréciés, comme le révèle une enquête que nous avons effectué au plan local dans ce cadre. La teneur des questions et leurs
natures que comportait cette enquête permettait d’apprécier qualitativement les processus décisionnels au niveau local, et par
conséquent, l’état de la gouvernance.
2.1. Conditions de déroulement de l’enquête sur la gouvernance locale
Une des principales difficultés que nous avons rencontré dans cette enquête réside dans la disponibilité des personnes et leur
prédisposition à répondre à des questions de gouvernance,
relevant d’un domaine considéré pour diverses raisons comme politiquement très sensible.. Quand le questionnaire a été soumis
directement à un directeur de wilaya ou même à des élus, les répondants nous ont souvent demandé par précaution de le faire
d’abord approuver par le Wali avant de nous le remettre.
Les difficultés ou inversement les facilités rencontrées au niveau de l’enquête, à elles seules, en disent long sur le degré et les
pratiques de gouvernance locale ou l’attitude du wali est déterminante… En effet, malgré les précautions prises par nous
même, et les nombreuses relances, il n’a pas été possible pour ce qui est de certaines wilaya du moins, d’approcher monsieur le
Wali et par conséquent quasiment l’ensemble des membres de l’exécutif. Au niveau d’autres wilayas, nous n’avons rencontré,
en revanche, aucune difficulté bien au contraire.
Concernant les membres des APW , des APC ainsi que d’autres institutions telles la chambre de commerce, mais aussi des
associations de la société civile, l’attitude affichée dés notre premier contact fut d’une manière générale des plus positive. Donc
des attitudes diamétralement opposées au niveau de la réaction à notre enquête
Ceci étant, les débats engagés avec de nombreux responsables au niveau des wilayas visitées sur la base de questions liées à des
préoccupations de gouvernance économique locale semblent être très instructifs, avec des tendances clairement perceptibles aux
niveaux des principaux domaines de gouvernance.
Première observation : la plupart des responsables avec lesquels nous avons eu des entretiens semblent connaître ou du
moins être au courant du concept de gouvernance.
Cependant, si la plupart des responsables ont répondu qu’ils ont « entendu parler » des principes de bonne gouvernance, la
majorité d’entre eux semblent méconnaître le contenu de ce concept et son étendue. En effet, à la question qui demandait de
lier le concept de gouvernance à certains aspects tels que, la transparence, la décentralisation, le développement durable etc. les
réponses étaient loin d’être claires …par rapport à la perception des textes mais aussi d’une lecture objective de la réalité
notamment… faute sans doute …d’une connaissance suffisante des études d’évaluations…
Cela confirme que l’appareil législatif n’est pas encore bien connu par beaucoup de responsables en matière de
gouvernance, en dehors de leur champs d’activité propres du moins, et qu’il y’a un manque d’expertise dans le domaine de la
gouvernance dans l’administration.
Deuxième observation : Nous avons nettement constaté, lors de nos interviews, la divergence d’opinion entre, d’une part les
élus (membres de l’APW en l’occurrence surtout) et les commis de l’Etat (membres de l’exécutif des wilayas) d’autre part. A
titre d’exemple alors que les premiers affirment la concentration des pouvoirs au niveau des Walis et par conséquent contestent
506
cette situation au nom de la décentralisation ; les second relativisent cette concentration des pouvoirs et revendiquent au
contraire plus de pouvoir au Wali au nom de ce même principe de …décentralisation.
2.2. Questions ouvertes (en rapport avec le développement et la gouvernance local)
2.2.1. Niveau de la décentralisation économique (dans les textes et dans les faits)
La décentralisation en tant que mode d’organisation des relations entre l’Etat (pouvoir central) et les collectivités locales
(pouvoir local) et qui signifie dans son essence l’institution de formes démocratiques de prise en charge des problèmes
régionaux et locaux a, certes, été, depuis bien longtemps, proclamée et relativement consacrée par les textes, ont affirmé tous
nos interlocuteurs au niveau des Wilayas visitées . ( la décentralisation a été définie par la constitution de 1996, dont
notamment l’Article 16 qui précise que l’assemblée élue constitue l’assise de la décentralisation et le
lieu de participation des citoyens à la gestion des affaires publiques et que par ailleurs l’article 1 de la loi N° 90-08 du 07 avril
1990 définit respectivement la commune et la wilaya comme des collectivités territoriales de base dotées de la personnalité
morale et de l’autonomie financière ).
Concrètement cependant, cette décentralisation n’a pas d’existence réelle on affirmé nos interlocuteurs (élus mais aussi cadres
de l’exécutif au niveau des wilayas visitées)) qui constatent que la Constitution ne permet pas d’opérationnaliser la
décentralisation … les lois n’ont pas su la traduire en termes concrets…
Pour que la décentralisation puisse s’opérer réellement elle devrait consister ont estimé nos interlocuteurs en un double
mouvement :
- D’une part, redistribuer les compétences du haut vers le bas afin de régler les problèmes au niveau où ils se posent
concrètement.
- D’autre part, rapprocher les citoyens de l’exercice des décisions touchant à leur devenir (le problème de la participation).
Il s’agit donc de processus de transfert effectif de compétence et d’élargissement des pouvoirs de gestion pour les collectivités
locales.
Ces transferts n’ont manifestement pas été réalisés on affirmé nos interlocuteurs. Nombreuses sont les communes dans les
wilayas visitées qui sont endettées et ne disposent guère de ressources propres leur permettant de faire face aux besoins
exprimés au niveau de leurs circonscriptions. Quand à l’encadrement il est très faible par rapport aux taches dévolues aux
collectivités locales dans toutes les communes des wilayas visitées.
En définitive, la décentralisation a été et demeure à ce jour entravée selon nos interlocuteurs par :
- L’inadéquation des moyens financiers à la disposition des collectivités locales par rapport à l’élargissement du champ de leurs
compétences et responsabilités
- Les contraintes en matière d’encadrement en personnel qualifiés
2.2.2. Marge de manoeuvres des responsables locaux en matière de prise de décision dans le domaine économique
Apres avoir rappelé que dans les domaines relevant de leurs compétences les assemblées populaires de communes et de wilayas
disposent de pouvoirs propres…à titre d’exemple elles votent après délibération leurs budget et leur plans de développement , et
elles gèrent leurs moyens financiers qui proviennent de la fiscalité et des taxes, des revenus de leurs patrimoines, des
subventions publiques et des emprunts (éventuellement), nous avons posé la question de savoir comment était appréciée la
marge de manoeuvres des responsables locaux en matière de prise de décision dans le
domaine économique.
La réponse quasi unanime a été de dire et d’affirmer qu’en dépit de pouvoirs explicites que leur confère en effet la loi, les
autorités communales pour beaucoup de raisons (faibles niveaux d’instruction des élus, faiblesse des moyens financiers
automnes…) ne jouissent pas d’une marge de manoeuvre étendue en matière de décision économique. Tous nos
interlocuteurs à quelques rares exceptions ont souligné les limites de la marge de manoeuvre des responsables locaux en
matière de prise de décision dans le domaine économique.
« La marge est très limitée parce que la concrétisation des décisions reste dépendante des moyens financiers arrêtés et mis en
place par la tutelle », « Les propositions des communes ne sont pas prise en compte par la tutelle affirment beaucoup d’élus ».
« C’est le Wali qui décide de tout, et rien ne peut être mis en oeuvre sans son aval. » Cependant il a été aussi observé, comme
l’ont affirmé beaucoup de nos interlocuteurs, que la plupart des collectivités locales ne disposent pas d’une stratégie pour la
mise en valeur du territoire, ni de critères d’évaluation des opportunités pour la prise de décision, la mobilisation des ressources
et le montage de projets (faute de moyens - humains et financiers- pour ce faire)
C’est ce qui expliquerait à contrario donc l’attitude de soumission, observée généralement par les collectivités locales, aux
décisions et instructions de la tutelle en l’occurrence la Wilaya avec l’intermédiaire de la Daira.
Cette situation de soumission s’est encore aggravée par le décret relatif « au retrait de confiance des PAPC » qui a totalement
inhibé toute volonté d’autonomisation. Cet article est dénoncé avec vigueur par nombre de nos interlocuteurs (élus APC et
APW)…qui s’élèvent contre ce qu’ils considèrent une entrave à la démocratie.
La reforme des codes communal et de wilaya devait, c’est du moins l’espoir exprimé unanimement par nos interlocuteurs,
rendre plus effective la décentralisation en traitant la double problématique liée à l’adéquation des moyens financiers et des
ressources humaines aux missions dévolue aux échelons locaux (instauration d’un nouveau régime de fiscalité locale), ainsi
qu’au renforcement des capacités institutionnelles des collectivités locales et la rénovation de leur mode de fonctionnement . Or
il semble au vu des énoncés du nouveau code communal que ses questions essentielles demeurent objet de débats et de
controverses.
2.2.3. Problèmes de cohérences des politiques régionales avec la politique nationale
A cette question les réponses ont convergé pour affirmer qu’ « il n’existe pas de politique régionale de développement », que «
La région n’est pas instituée en tant qu’entité administrative ni économique », que « Les politiques locales sont la traduction des
politiques nationales »…de ce fait on ne peut parler de cohérence selon nos interlocuteurs dans la mesure où il n’existe pas
d’organe de conception régionale, et par conséquent d’instruments d’arbitrage régionaux.
507
Par ailleurs, ont affirmé encore beaucoup de nos interlocuteurs « les projets des ministères techniques ne sont pas discuté
localement …donc absence d’adhésion non seulement des élus mais aussi des citoyens (absence d’information et de
communication) ». D’autres interlocuteurs se sont interrogé sur l’existence parallèle, des PCD (Plans Communaux de
Développement) et des PSD (Plans Sectoriels de Développent) En conséquence s’interrogent- ils pourquoi ne pas instituer des
PLD (Plans Locaux de Développement) au lieu des PCD et PSD et du même coup réhabiliter le rôle véritable des APC
Les insuffisances et les disfonctionnements constatées, sources de gaspillage de ressources qui caractérisent encore le mode de
gestion publique dans tous les secteurs s’expliquent essentiellement ainsi, selon beaucoup de nos interlocuteurs, par ces
problèmes d’articulation entre les actions au niveau central, de wilaya et communal.
Il faudrait par conséquent, selon nos interlocuteurs, redéfinir de manière plus précise les champs de compétence des divers
échelons pour favoriser une meilleure articulation entre les structures décentralisées et déconcentrées et entre ces dernières et
l’échelon central ; mais aussi envisager la création de conseils régionaux avec toute les prérogatives en matière de décision
économique, a l’image de ce qui existe en Europe
2.2.4. Cohérence entre les ressources (en particuliers fiscales) et les besoins en matière de développement
Tous nos interlocuteurs ont souligné avec force et…beaucoup d’arguments l’incohérence totale entre les ressources (d’origine
fiscales essentiellement) et les besoins en matière de développement économique. Les ressources dont disposent les
collectivités locales sont totalement disproportionnées par rapport aux besoins des populations dans tous les domaines
(Assainissement, eau potable, entretien des chemins vicinaux, des écoles…)
Rares sont les communes des wilayas visitées qui ne connaissent pas des situations de déficit. Dans une des wilayas visitées
seules 3 communes sur les 28 que compte la wilaya n’ont pas demandé de subvention d’équilibre durant l’exercice budgétaire
antérieur. Ce déficit dans le mode de gestion des communes est étayé par de nombreux exemples :
- Le non paiement de certaines taxes (la taxe d’assainissement, la taxe foncière),
- La non facturation de la consommation d’eau,
- Caractère obsolète du mode d’organisation des recettes et des dépenses,…
- C’est dire l’importance d’une reforme de la fiscalité locale et pas seulement pour une prise en charge correcte des besoins
locaux soulignent nos interlocuteurs.
2.2.5. Disponibilité de la ressource humaine à même d'encadrer les politiques de développement au niveau régional et
local
Le sous- encadrement, notamment technique, au niveau des collectivités locales est unanimement souligné …ce qui
expliquerait le fonctionnement déficient des collectivités locales selon nos interlocuteurs.
Au niveau d’une des wilayas visitées, le taux d’encadrement se situe à hauteur de 3% et il est pratiquement du même ordre au
niveau des autres wilayas. Ce manque flagrant des ressources humaines qualifiées ne permet pas d’encadrer les politiques de
développement.
Un Président d’APC (assemblée Populaire Communale) , pour citer un exemple, s’est littéralement exclamé pour dire « nous
manquons de ressources humaines pour engager des études et optimiser l’utilisation des faibles moyens dont nous disposons, il
faut que les responsables centraux au niveau de l’Etat viennent constater sur place les moyens dont nous disposons pour faire
face aux nombreux besoins d’une population très exigeante… »)
Cependant on fait remarquer aussi, avec des exemples à l’appui, que là ou le niveau intellectuel des élus est élevé la qualité de
la gestion est nettement meilleure …ce qui compense en quelque sorte le sous encadrement
Toutefois et d’une façon générale, comme nous l’avons relevé précédemment, le sous-encadrement constitue une lacune grave
qui est soulignée et …dénoncée de façon récurrente par tous nos interlocuteurs.
2.2.6. Configuration optimale en matière de décentralisation dans le domaine de la prise de décision économique
Les réponses à cette question ont été assez disparates … Mais beaucoup de nos interlocuteurs considèrent que « la
décentralisation dans le domaine de la prise de décision économique ne pourrait être réelle et efficace qu’a travers les
assemblées populaires locales (APC, APW, Conseil Généraux éventuellement) en leur dégageant des crédits conséquents afin
de leur permettre de prendre librement les décisions économiques ». Ceci étant d’autres considèrent qu’il faut donner aux Walis
plus de pouvoirs de décision économiques notamment dans les projets importants (travaux publics, hydraulique…)
2.2.7. Décentralisation et participation citoyenne
La participation des citoyens à travers les associations notamment, demeure difficile selon nos interlocuteurs compte tenu de la
composante humaine des associations d’une part nonobstant leur engagement ; mais aussi du déficit de formation et
d'information. Ce manque de formation et d’expérience constitue un handicap majeur et limite sérieusement une participation
réelle des associations de la société civile (qui se compte en grand nombre notamment
dans certaines wilayas) à la prise de décision en matière de développement local
Par ailleurs la forte dépendance financière des associations de la société civile affecte leur niveau d’intervention et/ou leurs
champs d’activité et détermine à terme leur viabilité et leur pérennité
Le défi est d’arriver à établir entre les pouvoirs publics (institutions étatiques) et les associations de la société civile un
partenariat qui contribuera au développement de politiques efficaces, réalistes, démocratiquement concertées, estiment nos
interlocuteurs tout statut confondus (administrateurs, élus et membres d’associations au niveau des wilayas visitées). Mais pour
que tous ces éléments essentiels à la participation aient un impact, il est également indispensable de promouvoir les conditions
qui vont permettre la participation de la société civile estiment- ils. Il s’agit notamment de l’accès à l’information, des
programmes de formation pour comprendre les questions légales et administratives, de l’appui à la création d’associations et
des initiatives visant à émanciper tous les pans de la société civile
Le rôle essentiel de la société civile en matière de contribution au développement socio économique est ainsi unanimement
souligné. L’efficacité de cette participation dépend bien sûr de la position adoptée par ces deux sphères de gouvernement. Elles
peuvent décourager la participation des citoyens, mais aussi la promouvoir de façon active.
508
2.2.8. La transparence dans la gestion des affaires publiques
Les avis sont partagés sur cette question de transparence. Certains de nos interlocuteurs ont estimé que la transparence existe.
Ils rappellent et soulignent qu’au niveau des collectivités locales, la préparation et l’exécution des volets déconcentrés du
budget d’équipement relève certes de la responsabilité du wali, représentant de l’Etat, mais sous le contrôle de l’assemblée
populaire de wilaya. Et lorsque l’autorisation de dépense est déléguée à un niveau inférieur (cas de la commune pour les Plans
Communaux de Développement) le Ministère des Finances intervient par le biais de son représentant au niveau local (le
receveur communal) pour exercer son contrôle sur la dépense. Le contrôle des dépenses publiques se fait par les APC et les
APW lors du vote des budgets. Pour d’autres la transparence est réduite dans la mesure ou tout se déroule en vase clos. C’est
l’administration qui décide de l’allocation des enveloppes budgétaires et c’est l’administration qui se charge d’en contrôler
l’exécution. Les assemblées des élus de même que les associations de la société civile ne sont là que pour cautionner les
décisions prises par l’administration. Certes, les APW peuvent désigner des commissions d'enquête, mais cette procédure n'a
jamais eu lieu du moins au niveau des wilayas visitées, parce que, affirment nos interlocuteurs, il faut obtenir l’avis favorable
du Wali ce qui « naturellement » décourage toute les initiatives allant dans ce sens. Cependant beaucoup estiment que, grâce à
l’ouverture de plus en plus perceptible des administrations aux citoyens, d’une part, et au développement des moyens
d’information et de communication d’autre part, la transparence s’est nettement améliorée notamment au cours de ces deux
dernières années(2007). Ce processus est appelé à se développer encore plus à l’avenir estiment encore nos interlocuteurs
2.2.9. La corruption
La corruption a toujours existée, elle existe partout et existera certainement nous a déclare un responsable au niveau d’une des
Wilaya visitées. L’Algérie ne fait pas exception. Mais le fait qu’elle focalise présentement l’attention dans le pays c’est qu’elle
a atteint des seuils « intolérables »
.Certains de nos interlocuteurs ont tenu à rappeler le fait que le Président de la république a lui-même à maintes occasions
dénoncé avec vigueur ce phénomène et s’est engagé à mettre tout en oeuvre pour le juguler. Tous nos interlocuteurs ont ainsi
stigmatisé le phénomène de corruption même si personne n’a pu en donner la mesure au niveau des wilayas visitées compte
tenu du sens très large estiment ils, qu’on peut attribuer à ce phénomène de corruption qui ne se réduit pas aux simples pots de
vin … c’est à dire à la corruption au sens étroitement juridique donc sur l’échange marchand. La corruption n ‘est pas
seulement transactionnelle, mais elle relève souvent aussi des recommandations… Certes une loi a été promulguée en 2002 sur
la prévention et la lutte contre la corruption.
Mais cette loi est fondée sur une approche globale … cette loi ne semble pas de l’avis de bon nombre de nos interlocuteurs, être
a même de lutter efficacement contre la corruption si elle ne s’accompagne pas de reformes visant le renforcement et la
rationalisation des contrôles budgétaires,
la simplification des procédures, le renforcement de l’indépendance et de l’efficacité de l’appareil judiciaire, outre l’institution
de la transparence du système économique et financier notamment dans la passation des marche publics.
Beaucoup de facteurs ont été avancé par nos interlocuteurs pour expliquer non seulement le développement du phénomène de la
corruption mais aussi les autres formes d'infractions économiques et financières ;
- La faible rémunération des agents de l’Etat surtout pour ceux qui ont la responsabilité de gérer des sommes d’argent
considérables.
- la faiblesse des capacités institutionnelles et humaines de contrôle ainsi que l’absence d'un système d'information fiable
- la faible implication de la société civile dans le contrôle des politiques publiques ne lui permet pas dénoncer et lutter contre les
pratiques de corruption faute de disposer des informations pertinentes pour ce faire
2.2.10. La passation des marchés publics
Apres avoir rappelé que les marchés publics couvrent l’ensemble des contrats de travaux de fournitures , services et études
conclus par l’Etat et établissements publics à caractères administratif, à l’exclusion des contrats régis par une législation
particulière ,et que ces marchés sont soumis à un régime spécifique de passation et de contrôle, visant à assurer un usage
rationnel , efficace et transparents des fonds publics mobilisés pour leur financement nous avons demandé à nos interlocuteurs
qu’en était il en réalité ?
Nombreux ont été nos interlocuteurs au niveau des wilayas visitées qui ont estimé que le dispositif actuel de passation de
marchés comporte de nombreuses insuffisances au double plan juridique et réglementaire :
- La faible transparence des procédures de passation, des critères de soumissionnement et d'évaluation qui conduisent à des
pratiques discriminatoires ;
- Les lourdeurs des procédures compliquent les relations entre l'administration et ses partenaires aux marchés, les inégalités de
chance, recours laborieux en cas de violation des règles ou dispositions relatives aux conditions d'attribution de marchés, et la
faible diffusion de la réglementation sur les marchés publics.
- une dilution des responsabilités
Les élus n’ont pas de droit de regard ni de prérogatives de contrôle. C’est l’administration qui gère tout le processus de
passation des marchés publics
Ceci étant, en dépit de ces insuffisances, on estime en général que les textes existent et permettent de traiter valablement les
problèmes lies a une bonne gestion des marché publics si les responsables en charge de cette gestion le veulent bien.
Il s’agit d’un problème d’éthique et de morale chez les responsables .La situation est jugée satisfaisante au niveau des wilayas
visitées.
2.2.11. Les questions de genre
Le taux d’emploi des femmes au niveau de l’exécutif mais aussi de représentativité au niveau des assemblées électives est
encore très faible. Pour citer des exemples dans une des wilayas visitées on a compté 4 femmes sur 43 membres au niveau de
l’APW, dans une autre wilaya 4 sur 39 .Tandis qu’au niveau de l’exécutif on comptait dans une wilaya, une chef de Daira et 2
femmes directrices de wilaya et pratiquement les mêmes chiffres au niveau des autres wilayas.
509
Cette situation ne singularise pas ces wilayas ont estimé a juste titre nos interlocuteurs. Il s’agit d’une question qui se pose au
niveau national. Cette question du genre n’est manifestement pas encore socialement intégrée, malgré la volonté clairement
exprimée par les responsables de favoriser autant que faire ce peut la promotion des femmes au niveau des postes de
responsabilité.
2.2.12. Principaux défis en matière de développement durable au niveau régional et local
En matière de développement durable, nos interlocuteurs dans leur grande majorité considèrent que les principaux défis
tournent autour des questions de protection de l’environnement et de la disponibilité de l’eau, nonobstant d’autres questions
pour certains liées à la formation et la motivation des ressources humaines, seul capital reproductible.
Conclusion
Pour conclure cet contribution, ou nous ne pouvions manifestement guère être exhaustif, beaucoup de commentaires n’ont pu
être rapportés, nous pouvons dire que la question de l’importance de la gouvernance locale est loin d’être parfaitement
assimilée par les différentes parties prenantes particulièrement aux niveaux de l’exercice des responsabilités. Il en résulte des
conséquences négatives sur le balisage de l’intervention de l’Etat et de la pertinence historique des actions qu’il entreprend dans
tels ou tel domaine. En effet en l’absence de points de repères mesurables ; la surveillance de la dynamique de la gouvernance
serait non seulement impossible mais pourrait aussi s’accommoder d’un ensemble de rapports superflus autour de la pratique du
fonctionnement des institutions. Certes, l’élaboration d’une critériologie de la gouvernance économique n’est pas une tache
aisée, en raison de la nature qualitative des indicateurs associés à la définition de ce processus : discipline, transparence,
obligation de rendre compte, participation…Mais elle n’est pas une tache impossible.□ BOUTALEB Kouider (2012).

Bibliographie
(1 ) BAGNASCO Arnaldo et LE GALES Patrick : « Les villes européennes comme société et comme acteur », in Villes en
Europe, Ed. La Découverte, 1997, pp. 38
(2 ) MARCOU Gérard, RANGEON François, THIEBAULT Jean-Louis, Les relations contractuelles entre collectivités
publiques, in Le gouvernement des villes. Territoire et pouvoir, Ed. Descartes & Cie, 1997, pp. 140
(3 ) HOLEC Nathalie et BRUNET-JOLIVALD Geneviève « Qu’est-ce que la "gouvernance" ?, CDU, décembre 2007
(4 ) GAUDIN Jean-Pierre : La gouvernance moderne, hier et aujourd'hui : quelques éclairages à partir des politiques
publiques françaises, in La gouvernance. in Revue internationale des sciences sociales, n° 155, mars 1998, pp. 51
(5 ) MERRIEN François-Xavier : « De la gouvernance et des Etats-providence contemporains », in La gouvernance. in Revue
internationale des sciences sociales, n° 155, mars 1998, pp. 62
(6 ) HOLEC Nathalie et BRUNET-JOLIVALD Geneviève : op. cite
(7 ) SAUBLENS Christian : « La nouvelle économie requiert-elle une nouvelle conception de la politique régionale ? Des
opportunités pour les agences régionales de développement ! » EURADA, Bruxelles ; 2000
(8) SAUBLENS Christian : op. cite

GROUPES D’INTERETS.- La pratique du lobbying s'institutionnalise depuis des dizaines d'années dans le sillon
des institutions. L'Algérie est devenue un centre lobbying. Alors que cette pratique s'impose dans les sociétés y
compris dans les démocraties occidentales, ses avantages et la façon dont elle est menée demeurent très flous.
Des voix se font entendre pour en révéler les limites, et s'y opposent en contrant l'influence des grands groupes
d'intérêts privés par une prise de conscience citoyenne et une pratique de contre-lobbying citoyen qui vise à
mettre en avant les intérêts communs à la société dans les débats politiques. Le lobby est un terme anglais
apparu dans les années 1830 et utilisé dans un cadre strictement politique, signifiant littéralement vestibule ou
couloir. Il désignait les couloirs de la Chambre des Communes britanniques, où les membres des groupes de
pression pouvaient venir discuter avec les membres de Parlement. Le lobby désigne un réseau de personnes qui
s'est constitué pour défendre les intérêts d'une certaine partie de la population auprès des instances de pouvoir
et influencer les preneurs de décision. C'est le plus souvent un groupe d'influence à but lucratif qui représente
des intérêts privés. Cette influence ou pression politique n'est pas nouvelle, en revanche, elle a subi de fortes
mutations en se développant et en s'institutionnalisant. L'Algérie n'est pas exempte de ce phénomène. 
En pratique politique, Ce sont des sociétés secrètes qui agissent dans l'ombre, ou viennent soudoyer les
personnalités politiques au moment des prises de décisions. Les lobbies sont admis en politique même s'ilsn'ont
le droit de siéger, et le droit de s'exprimer. Ils utilisent divers moyens comme le démarchage, la médiatisation,
la participation à des concertations, les contacts avec les personnalités politiques, le financement de campagne
politique etc. Ces groupes sont définis comme une entité organisée qui cherche à influencer les pouvoirs publics
et les processus politiques dans un sens favorable à leurs intérêts en participant ou non à la compétition
électorale. Les lobbies sont donc des représentants d'intérêts privés qui ne se soumettent pas au système de la
démocratie électorale. Ils peuvent donc intervenir directement auprès des représentants politiques et des
sphères de pouvoir sans rendre de comptes à la population. 
Tous les avis vont dans le même sens que ce n'est pas un bon moyen pour faire connaître les intérêts de la
population mais une intervention , sans fin, des grands pouvoirs économiques pour influencer les décisions
politiques en leur faveur et que cette situation favorise nécessairement les grandes entreprises privées par
rapport aux groupes minoritaires ou aux associations. C'est d'autant plus vrai dans un système économique
fondé sur un écart grandissant dans la distribution des richesses. Il n'y a donc pas de légitimité d'une prise de
décision influencée par un petit nombre de personnes dans leurs propres intérêts sans consultation préalable du
510
reste des citoyens. Les instances publiques doivent, en toute logique, être indépendantes pour que la
démocratie fonctionne, c'est-à-dire, ne pas dépendre d'un groupe social ou économique particulier, ne pas
reposer sur lui, ni ne lui être favorable parce qu'il a de bons arguments ou qu'il influence les décisions politiques
de toutes autres manières. Les lobbies qui défendent des intérêts privés n'ont pas pour objectif de penser la
meilleure décision politique possible pour la population en générale, mais seulement pour un groupe restreint
d'individus, et cette interférence peut aller à l'encontre de ce qui serait le meilleur pour le reste de la population.
Les exemples ne manquent plus pour exposer le danger du lobbying sur la nation et ses intérêts supérieurs. La
place des lobbies dans le processus décisionnel démocratique est difficile à déterminer ou même à chiffrer, les
lobbies procédant par différentes méthodes et à différentes étapes du processus décisionnel démocratique :
élaboration de listes électorales, vote et interprétation des lois. Cependant, vu leurs nombres et la multiplication
des scandales de conflits d'intérêts, on peut considérer qu'ils ont un impact considérable sur la prise de décision
des lois qui régissent nos vies. Cet impact peut prendre différentes formes allant de l'annulation pure et simple
d'un projet de loi, à un retardement ou une modification de ce dernier, en passant par un argumentaire qui
vient peser dans la prise de décision même s'il n'obtient pas gain de cause. 
Qui gouverne ? Les groupes d'intérêts ou l'état institution ? Au cœur de crise politique ou économique, notre
incapacité collective à répondre à cette question élémentaire, parait très difficile. 
Premièrement, la décision politique et les choix économiques dépendent largement de l'apport des lobbyistes
dans la phase préparatoire à la prise de décision, notamment parce que les règlements sont souvent très
techniques et qu'il n'existe pas d'expertise indépendante disponible. Deuxièmement, une proche collaboration
avec les lobbyistes permet également de faire des propositions qui sont déjà approuvées par de puissants
intérêts économiques. En dernier ressort, ce sont les décideurs politiques qui échouent à contenir l'influence du
monde des affaires qui sont responsables de cette situation. Le problème va même plus loin : un nombre
conséquent de parlementaires pensent que leur tâche consiste à faciliter les relations entre le monde des
affaires et les institutions étatiques. Toutes les grandes entreprises ont compris depuis longtemps que dépenser
de l'argent dans le lobbying était un investissement très lucratif : participer à l'élaboration des lois et règlements
procure de formidables bénéfices, ce qui explique le boom financier du lobbying. Tout un secteur florissant de
faux consultants, s'est développé pour soutenir les entreprises généreuses. Les courtiers font du lobbying,
financent des conférences : ainsi s'organise concrètement la mainmise du grand capital sur les instances
dirigeantes de l'état. La domination de l'industrie du lobbying est rendue possible par l'absence d'un authentique
débat alimenté par un examen réel de la prise de décision d'une part, par l'absence du haut-degré
d'engagement civique requis pour la création de contre-pouvoirs dans la société civile d'autre part. Quand le
pouvoir de décision est transféré au monde des affaires, celui-ci s'est tout de suite engouffré dans la brèche et a
pris une avance définitive sur la société civile et l'élite qui ne compenseront de toute façon jamais ce déficit de
débat public national authentique. Ces groupes d'intérêts se sont institutionnalisées sous plusieurs formes :
entreprises géantes, hommes d'affaires et autres.  Le pouvoir a besoin d'être reconnu pour s'exercer
durablement, sinon il s'épuise dans la corruption et la mauvaise gestion. Qu'est-ce-qui distingue un
gouvernement d'une bande de voleurs ? Derrière, il y a toujours l'idée de référence. On ne reconnait le pouvoir
que s'il se réfère à un sens auquel tout le monde adhère. La technique juridique confère au pouvoir une raison
et l'installe dans une légitimité. Inventé par l'Occident, l'Etat repose sur la croyance en un Être immortel et tout-
puissant. Le pouvoir a été placé chez nous sous l'égide de la souveraineté du peuple qui ne meurt jamais et qui
se régénère sans cesse. 
La raison du pouvoir n'est plus dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des règles de
fonctionnement inhérentes à celle-ci. La question du pouvoir ne se pose plus alors en termes de gouvernement
souverain, mais de gouvernance efficace. □ HAMIANI M.T. (2018)

LAÏCITE. - L'instauration d'une stabilité politique nécessite de clarifier le débat opposant laïcité et islam. La
laïcité n'est plus un sujet tabou. Sa fonction réside dans la fondation d'un Etat de type nouveau, la
République ; un Etat de droit qui permet l'émergence de la citoyenneté et consacre la liberté de création et
de conscience. Paradoxalement, dans le sens commun, la laïcité signifie la négation de la religion, et lui
évite toute sorte de manipulation. Dans quels termes se pose ce problème en Algérie ? D'une grande
complexité, celui-ci révèle, généralement, une insuffisance dans la réflexion théorique, sur le rapport islam
et laïcité et, en présence d'une littérature superficielle. Il est question aussi de savoir avec quels outils et
concepts comprendre et lire l'islam, en tant que société, dans le temps et dans l'espace. Le monde arabo-
islamique est marqué par un retard global civilisationnel. C'est historiquement à partir du XIIème siècle qu'a
débuté la décadence du monde arabo-musulman qui s'est renfermé sur lui-même et s'est donné à une
pratique intellectuelle superficielle. Les principaux représentants de l'école rationaliste et humaniste ont été
par le passé Ibn Rochd, El Farabi, Ibn Tofaïl et Ibn Khaldoun. Ibn Rochd, médecin et philosophe arabe est le
premier à poser le problème du rapport entre la raison et le texte sacré et de conclure que la" vérité
philosophique ne contredit pas la vérité (religion), et s'il y a contradiction, il faut réinterprêter le texte". En
donnant explicitement une autonomie et une primauté à la raison, il inaugure l'ère de l'ijtihad intellectuel. Et,
sur ce plan, il faut accorder une place importante au rôle des théologiens et des imams dans la civilisation
arabo-islamique, en tant que catégorie sociale, ayant un statut relativement indépendant. A cette époque,

511
un imam disposait souvent d'un savoir encyclopédique ou la logique et les mathématiques occupaient une
place essentielle. Actuellement, le statut des oulémas reste traditionnel, relève d'une pensée très limitée,
éloignée des sciences contemporaines. Ce qui nous amène à penser, à notre sens, qu'il faut revoir toute la
formation du théologien, de l'imam, en particulier dans les sciences sociales. A ce titre, il y a lieu de
rappeler que le système de l'enseignement est un pilier essentiel de la république laïque ; un système qui
cultive ses principes et ses valeurs. Pour clarifier la réflexion, les algériens se doivent apporter une
définition à la laïcité. Dans le sens commun, la laïcité est souvent comprise comme contraire à la religion,
ce qui est une erreur. Seule la laïcité, dans le cadre d'un projet de société républicaine, peut donner toute la
considération qu'il faut à la religion, lui éviter toutes sortes de manipulations et respecter son caractère
sacré. Par ailleurs, la laïcité ne se résume pas dans la séparation du politique et religieux, ce qui serait une
approche réductrice. La laïcité signifie une gestion rationnelle de la cité, la garantie des libertés,
l'autonomie de la raison, et donc une société moderne. A notre époque, laïcité et modernité vont ensemble
et l'expression religieuse doit être consacrée.
Le problème se pose quand on veut récupérer la religion à des fins politiques. Au fond, il n'y a pas une
seule lecture de la religion. Ces différentes lectures sont à l'origine de grands conflits qui existent dans la
plupart des religions. Les musulmans ne doivent pas concevoir l'histoire de l'islam comme une chose
sacrée. Ainsi, on manque d'objectivité dans l'approche historique qui est déterminante pour comprendre la
réalité actuelle des sociétés arabo-islamiques sinon comment expliquer la décadence de ces sociétés.
L'intérêt d'une réflexion existe déjà dans le débat sur ce sujet épineux d'extrême actualité, en relation avec
la crise profonde que traverse l'Algérie. L'expérience de la Tunisie et du Liban, deux pays arabes
officiellement laïques, montre à l'évidence l'importance fondamentale du rapport laïcité et démocratie, et
des principes de rationalité et d'humanisme. Il y a aussi la laïcité spécifique qui est celle de l'islam. Celle-
ci consiste à protéger toutes les communautés religieuses quelles qu'elles soient juive, chrétienne,
samaritaine, etc. C'était une forme de laïcité qui ne porte pas son nom. L'Islam, aujourd'hui, prône la liberté
de conscience et de pratique religieuse. L'Islam implique une certaine laïcité, mais non calquée sur celle de
l'Europe. L'Islam est une religion de tolérance et rejette une laïcité qui devient un dogme quasi religieux, qui
est le refus de la religion. La laïcité est intolérante, presque intégriste quand il s'agit d'anti-cléricanisme ou
d'anti-islam. En somme, l'islam intolérant n'est pas un islam et la laïcité intolérante n'est pas la laïcité. La
laïcité ne signifie pas athéisme comme certains prêtent à confusion, mais simplement séparation de la
religion de l'Etat. Séparer tout ce qui est croyance de toute autorité, de tout autoritarisme, signifie faire de
l'Etat une institution civile qui garantit l'égalité de tous ses citoyens en droits et en devoirs quels que soient
leur sexe, leur religion, leur opinion et leur couleur (...). L'Etat moderne (civilisé) ne peut pas interdire aux
gens la libre réflexion sous prétexte que cela est contraire à des principes religieux déterminés. La religion
dans un état laïque est une affaire strictement personnelle que chacun règle à son niveau sans que cela
porte atteinte à ses droits, sa personne ou sa dignité. La religion est une question de foi, et Dieu seul est
juge de la foi de ses sujets. Et l'Islam est une religion de bien et de tolérance. On ne devient pas croyant
par intimidation, par crainte, par pudeur. Cela mène nécessairement à l'effacement de la conscience, la
négation de la personnalité et, par la suite à la dépendance. Croire en une religion par la force et sous la
pression de l'autorité de l'Etat enlève le caractère de tolérance de cette religion en lui imposant un
caractère despotique, autocratique.□
►" L'idée de la laïcité n'est pas le combat contre la religion, bien au contraire cette disposition juridique
permet la protection de toutes les croyances religieuses. Son objectif est de sortir de la sphère publique une
croyance pour la réserver au domaine privé. En le faisant, on permet à toutes les croyances de subsister.
J'ai presque du mal à rappeler cette évidence tant elle est pourtant simple à comprendre. Le résultat
contraire aurait été que les adeptes de l'une d'entre elles, se comporteraient en despotes par rapport aux
autres et même, les chasseraient par une violente répression, voire par l'élimination physique pure et
simple. C'est exactement ce qui s'est passé avec les bûchers et les crimes abominables ainsi que la terreur
qui s'est abattue sur le royaume de France et bien après sa chute. La religion juive l'a payé très cher et il
n'y aurait eu aucune chance, absolument aucune, pour que la religion musulmane trouve sa place en France
et en Europe…. ". "Une fois pour toutes, l'Algérie doit revenir à l'appropriation individuelle des croyances,
cesser de les ériger en communion nationale et surtout, en principes constitutionnels. L'économie n'est pas
compatible avec la crainte, la soumission aux forces occultes et à une poignée d'individus qui veulent abrutir
et dominer les autres.Tous les pays qui n'ont pas mis un terme à cette dictature de l'esprit sont dans
l'impasse. Il faut libérer les esprits et les cœurs et laisser la jeunesse algérienne vivre sa vie et ses
rêves….".□ BOUMEDIENE Sid Lakhdar (2018)

► Regard sur l’idée de laïcité dans la pensée arabe contemporaine (Confusion des genres ou querelles
linguistiques?). Penser la laïcité dans les pays arabes (de la Renaissance arabe à nos jours), par Belkacem Benzenine,
Ed. L’Harmattan, Coll. Penser le temps présent, 2015, 340 pages. La version remaniée d’une thèse de doctorat a
finalement abouti à un ouvrage à la fois assez conséquent et dense aussi (ne comptant pas moins de 302 pages), relatant
comment les idées de « laïcité », « sécularisation » ou de « modernité » firent leur bout de chemin dans la pensée adossée à
cette vaste aire géoculturelle ; avec, en filigrane, ce qui sera désigné comme l’avènement d’un « esprit critique » et une «
conscience moderne » en découlant. L’objectif y attenant comme spécifié n’étant cependant pas d’écrire, (p. 28) une histoire de
l’idée de laïcité mais de comprendre comment s’est dessiné le processus de séparation entre sphères politique et religieuse.
Tout en n’éludant pas la difficulté de « penser la laïcité dans un espace politique et culturel différent », l’ouvrage est organisé, ce
faisant, en quatre grands chapitres particulièrement étoffés, respectivement intitulés :
I. Forme d’émancipation de la pensée laïque,
II. Laïcité comme valeur de la modernité : ou comment le nationalisme a contribué à relancer le débat autour de la séparation du
politique et du religieux ; alors que s’ébauche, le projet de constitution des Etats-nations, dans le droit fil de la modernité.
III. Califat, pouvoir et système islamique : montrant comment, à travers la thèse de Abderraziq se fit jour dans la pensée arabe
contemporaine, pour la première fois, l’idée de redéfinition des limites du champ religieux.

512
IV. L’examen des enjeux de la laïcité, telle qu’appréhendée à l’heure actuelle.
D’emblée, il y est clairement spécifié que la question de la laïcité, dans le contexte arabo-musulman, n’est pas si « neuve » ni
même aussi « récente » qu’on le croit. Pour preuve, alors que « dans la même période où le débat sur le rapport entre l’Eglise et
l’Etat (…) déchaînait les passions en France, (penseurs et ulémas) discutaient de la question du rôle de la religion dans la
sphère publique.» (p.13). En sachant toutefois que la conception du rapport entre le religieux et le politique, dans le monde
arabe, n’emprunte pas forcément le même cheminement que celui ayant couronné ce processus en Occident. Dans la foulée,
l’on saura aussi que l’examen de cette question, dans la pensée arabe, « a fait son voyage avant l’adoption et la traduction
même du concept » proprement dit, tel que validé et admis dans son contexte d’origine. Une allusion indiquant, de toute
évidence, que ce débat a bien eu lieu dans une phase historique antérieure ; devançant ainsi, de loin, la phase où il intervint
enfin en Occident même. Sauf qu’il est connu que contrairement au contexte occidental, son déroulement en Orient se fit dans
une ambiance nettement plus sereine et apaisée. En tout cas beaucoup moins « électrique » qu’elle ne le fut dans ses
prolégomènes ou ne l’est aujourd’hui. Mieux encore, sans jamais atteindre les pics extrêmes comparables à ceux ayant
accompagné ce même processus dans un pays comme la France notamment dont les travées parlementaires, à ce jour,
semblent résonner encore de ses fureurs et passionnées envolées. L’approche proposée semble donc une approche
relativement critique des principaux travaux ou positions d’emblématiques penseurs, connus sur la scène culturelle arabe, à
propos de la question énoncée. Cette dernière vue et examinée essentiellement sous l’angle du rapport entre le politique et le
religieux ; principalement à travers deux perspectives concomitantes : l’une dite « réformiste » (représentée par un Muhammad
Abduh), l’autre dite « libérale » (relayée et mise en évidence par un Farah Antūn). En même temps qu’y sont analysées
l'évolution des idées et attitudes de ceux qui, par principe, s'y sont opposés ouvertement ou, à défaut, ayant formulé quelques
réserves à son encontre. Globalement, il s'agissait de rendre compte des échos d'intenses et vifs débats qui, plus d'un siècle
auparavant, se sont déroulés entre différents courants et/ou tendances qui ont eu pour particularité de porter, comme en écho,
les pulsations de la pensée arabe dans ses multiples déclinaisons: réformiste, libérale, islamiste…
Un travail méthodique qui, pas à pas, s’est donc fixé pour tâche de relater à la fois les conditions singulières dans lesquelles un
tel concept fut appréhendé et littéralement « scanné » dans ses moindres facettes par l’élite intellectuelle apparentée à l’aire
géoculturelle considérée mais aussi les clivages historiques ayant accompagné la « pénétration » de ce même concept et l’écho
qu’il reçut dans les différentes strates qui s’en emparèrent pour le relayer ou au contraire l’entraver. Et à ce titre pouvant être
qualifié aussi, en tant que tel, comme audacieux car il n’est pas facile, loin de là, de soulever une semblable question sans courir
le risque, politiquement et/ou idéologiquement parlant, d’y laisser parfois quelques « plumes ». Bref, se voir étiqueté et/ou
catalogué, à tort ou à raison, dans telle ou telle obédience idéologique pour une durée indéterminée.
Le mouvement de la Nahda préfigurerait l’esquisse d’un projet de sécularisation, selon l’auteur qui exposera aussi les questions
conductrices lui ayant servi de fil conducteur comme suit : « comment cette question se pose-t-elle dans la pensée arabe ?
Quels en sont les enjeux du point de vue sociologique et politique ? En quelle manière s’est construit le discours arabe sur la
laïcité et en quoi se distingue-t-il ? ». Suit ensuite la question centrale : «comment cette question se pose-telle dans la pensée
arabe (et en) quels termes s’est précisément construit le discours arabe sur la laïcité ? ».
Toutefois considérer celle dernière, dès l’introduction, comme une « nécessité d’ordre politique et social » (p.25) et
accessoirement comme « conscience sociale » (p.26), semble état nuancé par ce qu’il déclare un peu plus loin: « qu’il soit donc
bien entendu qu’il n’est pas question de prendre position sur le plan politique, idéologique et religieux. (La tâche et le but du
présent travail consistent) dans la mise en lumière d’une conception arabe de la laïcité, et dans la compréhension de ce lien
complexe entre le politique et le religieux.» (p.28).
Un débat précurseur avant l’heure : Dans la période même où la question du rapport entre l’Eglise et l’Etat, soulevait (comme ce
fut notamment le cas en France dans la seconde moitié du XIXème siècle) d’irréductibles crispations et nourrissait de vives
tensions, dans le monde arabo-musulman, penseurs et ulémas en étaient déjà à décortiquer la question sensible du rôle de la
religion dans la sphère publique. Indirectement, ce travail met en évidence le caractère novateur, parfois étonnamment avant-
gardiste, rattaché à cette aire géoculturelle ; et soulignant de ce fait à quel point la dimension connotant une réelle dynamique
de changement ou une certaine prédisposition au renouveau, était alors clairement perceptible et dument prise en compte dans
les espaces susmentionnés. D’autre part, en relevant que l'introduction de la « laïcité » dans le discours arabe remonte au début
du XXe siècle, l’auteur se livrera à une triple analyse (historique, philosophique et politique) des implications référées à ce
principe dans la pensée arabe contemporaine. Avec, en toile de fond, les inéluctables et irréversibles mutations sociales ou
changements de factures politiques intervenus à l’échelle du monde arabe. S’empressant aussitôt de justifier l’intérêt rattaché à
une telle étude, présentée avant tout comme une démarche « critique » de ces productions écrites. Et ce, à partir d’une
approche à la fois politique et sociologique. L’intérêt porté à un tel sujet s’expliquant, à ses yeux, par le fait que « la question de
la laïcité est un champ où s’affrontent les tendances politiques, idéologiques, religieuses…» ; et par là même rendant compte
d’irréductibles rattachements (ou affiliations) renvoyant aux postures des uns et des autres. En soulignant tout particulièrement à
quel point « les penseurs arabes contemporains ont souvent tendance à s’inspirer de l’expérience occidentale dans leur
production sur les mouvements de sécularisation et de laïcisation », il en sera logiquement déduit que ce mouvement de
pensée, tel qu’enregistré à l’échelle du contexte géoculturel spécifié et après avoir été dans un premier strictement endogène,
devait finir par connaître ultérieurement une sorte de décentration que va traduire le marquage inhérent au flux d’influences
culturelles en provenance du monde extérieur; plus exactement de la sphère occidentale.
Quelle conception de l’autonomisation du champ politique par rapport au religieux ? Dans la brève notice accolée au livre, l’on
signale que « l’élaboration de l'idée de laïcité est une démarche pour dépasser l'Histoire et (subséquemment) s'ouvrir à l'époque
présente ». S’ensuit aussi l’idée adjacente que telle était précisément « la conception des penseurs arabes libéraux du principe
de la séparation entre le politique et le religieux (qui) en posant la question de la laïcité à partir d'une réflexion philosophique et
non religieuse, (ont) voulu sortir de la clôture qu'impose la pensée classique». Ce qui laisse supposer qu’il n’a pas échappé à
l’auteur que « la conception de la laïcité et son acceptation varient selon l’idée que chaque courant se fait de la relation entre le
politique et la religion. De l’athéisme et de l’incroyance, de la liberté de conscience et de l’égalité au rejet catégorique de la
religion et de l’excommunication… » (p.15). Résumant ainsi, de façon ramassée, le panel des positions envisagées par les uns
et les autres vis-à-vis de cette vaste problématique. Pas plus que ne lui échappera non plus que l’idée de laïcité ne fut pas
seulement débattue par les réformistes mais aussi par des intellectuels, des écrivains, des politiques, des journalistes… En ce
sens, dira-il, le débat en résultant dans la pensée arabe représente : « une progression vers la libération de la raison et
l’autonomisation des différents champs : politique, religieux, économique et social… » (p.16). Il en résulte en somme que, de par
la gamme des axes envisagés, ce même débat se révèle bien plus large que celui confiné en Europe puisque incluant tout un

513
aréopage de perspectives englobant, par emboitements successifs, les thèmes de : « liberté, égalité, neutralité, tolérance,
modernité, nationalisme, développement (politique, social et culturel) »… S’ajoute alors une remarque lourde de sens et
attestant à quel point les réticences rencontrées sont prolixes et saillantes : « ce qui est frappant, affirme-t-il, c’est le rejet
viscéral de la laïcité par la grande majorité des penseurs arabes, y compris lorsque le concept est repris pour défendre l’idée de
garantir l’indépendance de l’institution religieuse». Sur ce, s’ensuit toute une batterie de questions volubiles : « pourquoi ? D’où
vient cette hostilité passionnée des ulémas et de certains écrivains et intellectuels, qui ne sont pas toujours issus du courant
islamiste ? Pourquoi de nombreux penseurs « modérés », nourris de la culture occidentale, sont-ils si méfiants à l’égard de la
laïcité, comme c’est le cas de M. Arkoun, par exemple ? ». En ne manquant pas, au passage, de relever les incontournables
querelles terminologiques pendantes mais sans pour autant avoir tranché lui-même la question des superpositions et
croisements sémantiques en cause. Cependant, on y trouve d’utiles précisions, en rapport avec le cadre conceptuel visé, à
l’aide d’un balayage simultanément formalisé en langues française et arabe entre les termes superposés ou juxtaposés ci-après
:
- « sécularisation » et « laïcisation » ;
- « Ilmâniyya » et « Almâniyya ».
Mais ce sera surtout la mise en évidence du problème de définition de la laïcité en langue arabe qui, apparemment, retiendra
l’attention. Ainsi, sera-t-il établi que si Med Abduh différencie entre le « politique » et le « religieux », pour sa part un Farah Antun
axera sa distinction entre « din » (religion) et « dunya ». A l’opposé un Rachid Rédha parlera, lui, « d’irréligion », dans la mesure
où la « séparation entre (sphère publique) et (sphère privée) est comprise comme une exclusion de la religion ». Au Maghreb, il
est mentionné que dès les années 40, les Ulémas algériens utilisent « al-la-ikiyya » pour « revendiquer l’application de la loi de
1905 sur le sol algérien dans le but d’obtenir une autonomie du domaine de l’Islam par rapport à l’état » (p.22). Il est connu que
la réponse de l’administration coloniale sera tout autre ; établissant de fait une inégalité de traitement entre les cultes en
présence.
En définitive, une description que d’aucuns pourraient cependant considérer comme faisant un peu la parenthèse sur les formes
de représentation préétablies pour lui voir substituer ipso facto celle promue et validée sous les auspices d’un modèle culturel
occidental perçu parfois par les uns ou les autres, à tort ou à raison, comme sublimé; voire fantasmé ou porté aux nues par ceux
qui, par mimétisme ou suivisme, sont souvent décrits comme lui étant inféodés, intellectuellement et/ou culturellement parlant.
Conclusion : Ce livre aura finalement eu au moins le mérite de relancer un débat sur une question qui, en Occident même et
malgré l’ancienneté de son application, est loin d’être définitivement tranchée dans la sérénité comme peuvent en témoigner, les
réactions s’y manifestant encore de manière récurrente; l’instrumentalisation tant politique qu’idéologique empêchant tout travail
de décantation. En un certain sens, s’il est permis de considérer qu’il remet donc les pendules à l’heure en donnant à percevoir,
sous un angle résolument différent, l’éclosion et l’évolution de cette idée en Orient arabo-musulman, il reste cependant à se
demander si toutes les analyses qui ont eu à décortiquer le concept de laïcité n’étaient pas déjà elles-mêmes sous influence,
compte tenu de l’emprise considérable exercée par la gamme, pléthorique, d’écrits consacrés à une telle problématique et
l’avalisant sans appel. Autant dire aussi que les échos successivement induits dans le sillage de la modernité et la laïcité n’ont,
semble-t-il, pas encore fini de faire couler beaucoup d’encre, tant par leurs retombées que les projections de toutes sortes en
découlant. Mais il est aussi notifié à quel point l'accent est particulièrement mis sur la nature même des changements multiples
(surtout sociaux et politiques) qui auront marqué en profondeur les sociétés arabes dans leur ensemble; et donc contribué
aussi, d’une manière ou d’une autre, à bouleverser la donne, en modifiant en quelque sorte leurs propres grilles de lecture en la
matière, à savoir : celles habituellement actionnées, en vue de saisir la question de la laïcité dans toutes ses implications. Avec
notamment avec la prise en compte du développement d’une palette d’idées relatives à ce propos, dans leur propre contexte
historique et politique : liberté, égalité, modernité, nationalisme, tolérance, etc. Autant de vocables qui, bien que formellement
identifiés, ne connaîtront cependant pas toujours les mêmes cheminements ni la même attention que ceux enregistrés, jusque-
là, dans la sphère occidentale. Enfin, autre précision de taille : « ce ne sont pas seulement les contextes historiques politiques et
sociaux qui se révèlent différents mais plus profond encore la manière de penser, de raisonner, de critiquer et de proposer. » (p.
75). L’auteur affirme chercher « à mettre à jour l’idée de la séparation du politique et du religieux comme étant un moyen de
défendre l’autonomie du champ religieux par rapport au pouvoir politique. Autrement dit, ce n’est pas en raison d’une option pour
la laïcité (comme modèle politique) que les réformistes se sont engagés dans ce débat mais pour protéger les fonctions
religieuses contre l’emprise politique de l’Etat ». Tout en spécifiant à quel point sont jugées énormes les divergences entre les
penseurs arabes (p.25), il notera que le « débat ne se réduit pas aux seuls rapports entre religion et Etat, sphère publique et
sphère privée, élites religieuses et élites gouvernantes mais intègre également d’autres questions comme le changement, la
modernisation, la réforme, le progrès et le développement » p.25. Mais en l’occurrence, cette remarque ne s’appliquerait-elle
pas aussi au contexte européen où sont encore relevées bien des résistances et réticences à propos de l’idée en question ?
Pour terminer, nous ne pouvons que nous rabattre sur ce rappel énoncé par l’auteur où lui-même déclare : « Qu’il soit bien clair
que si les sociétés arabes ont donné un sens à la laïcité, celui-ci ne saurait être ramené à un anticléricalisme mais bien celui de
réforme et de changement.» Sur ce, il est certain que la laïcité reste entourée d’une aura de suspicion qui, quoi qu’on puisse
en dire les uns ou les autres, lui reste collée à la peau. Ce qui expliquerait alors pourquoi, à l’échelle du monde arabo-
musulman, elle reste encore vue à ce jour comme une option idéologiquement chargée. Autant dire que si le débat reste ouvert
et loin d’être tranché, ce livre se sera néanmoins efforcé de lever bien d’autres ambigüités collatérales… . □ ARIBA Mahmoud
(2016)
*Source : Revue Africaine des Livres. Volume 12 / Numéro 01- Mars 2016. CRASC (Oran)

REFORMES INSTITUTIONNELLES.- La mise en train de ces réformes passe par le besoin objectif de "réviser de fond en
comble le droit économique politique, social qui structure toute la société".Cette révision passera inévitablement par l'octroi d'un
nouveau statut à lapropriété privée car si "l'économie de marché ne se décrète pas [il n'en demeure pasmoins] qu'elle suppose
des lois, des institutions, des acteurs. Les lois, c'est avant tout la garantie du droit de propriété, avec la protection juridique et
judiciaire assurant la stabilité" .A cet effet, la Constitution de 1989, qui ne fait plus référence au socialisme,amènera toute les
garanties attendues en intégrant la propriété privée dans lechapitre relatif aux "Droits et libertés des citoyens", sous-entendu
qu'elle se confondavec ces droits et libertés. "il y a immanence de la propriété, tout comme il y a immanence de la personne
humaine. Ni le temps, ni le détour des événements, ni les retournements législatifs ne viennent en altérer la substance". Ainsi,
au-delà de sareconnaissance, la Constitution garantit le droit à la propriété privée comme ellegarantit l'inviolabilité de la
personne humaine.Un autre domaine, celui de l'agriculture, va connaître de grandsbouleversements dans la perspective de

514
rendre les paysans propriétaires et de leuraccorder un accès libre au marché. Deux lois en constitueront l'assise celle
du8/12/1987, relative aux nouveaux découpages des domaines autogérés socialistes(DAS), et celle du 18/11/1990 concernant
l'orientation foncière.La première introduit, pour les paysans, le droit de jouissance perpétuelle sur lesterres qui constituent leur
exploitation, et le droit de propriété sur les autres biens quideviennent de ce fait transmissibles, cessibles et saisissables.Elle
consacre une remise en cause formelle et officielle du secteur socialiste, parla transformation des DAS en EAC (Exploitation
Agricole Commune) s'inscrivantdans un nouveau cadre juridique. Elles obéissent aux règles juridiques propres àtoutes les
sociétés civiles et leur indépendance est consacrée dans la mesure où "nul ne peut s'immiscer dans la gestion des EAC",
conformément à l' "ensemble de la législation relative à l'autonomie du secteur public productif'. Parallèlement, de nouvelles
modalités d'intervention de l'Etat sont délimitées :obligation lui est faite de définir un mode de régulation indirect, non coercitif, et
dedécentraliser ses structures d'intervention pour être à l'écoute des préoccupationsdes fellahs.Il faut enfin signaler qu'en
contrepartie de l'abandon de ses droits de jouissancesur les terres, l'Etat perçoit des redevances, ce qui confirme si besoin est,
lecaractère marchand de ses nouveaux rapports avec les exploitants,La deuxième loi a pour préoccupation majeure
l'instauration de la propriétéprivée agricole. Dans cette optique, elle va abroger !'Ordonnance du 8/11/71 portantRévolution
Agraire et réaffirmer la principe de restitution des terres nationalisées àleurs anciens propriétaires. Elle fait fi de l'article 22 de
ladite ordonnance qui stipulaitque "les terres versées au FNRA (Fonds National de la Révolution Agraire) sont propriété de
l'Etat" dans la mesure où dans son article 76 elle proclame que cesterres "ne relèvent plus du FNRA et demeurent propriété de
leur propriétaires". Tout se passe donc comme s'il n'y avait jamais eu de transfert de propriété etcette idée est renforcée par
l'utilisation de l'expression "n'en relèvent plus" quirenvoie beaucoup plus à l'exploitation et à la gestion des terres, qu'à la
naturejuridique de la propriété. On peut déduire par conséquent que s'i! n'y a pasrestitution, c'est que ces terres sont demeurées
propriété de leurs premierspropriétaires.Une exception à cette loi : les ex-propriétaires ayant reçu "des terres en compensation,
ou des concours financiers publics pour reconversion dans d'autres activités". Cette loi renforce la distinction entre deux
notions : celle des droits de propriétéet celle de l'exploitation de la terre. L'article 45 précise en effet que "la non exploitation
effective des terres agricoles constitue, en raison de leur importance économique et de leur fonction sociale, un abus de droit.
Dans ce cadre, une exploitation effective directe ou indirecte constitue une obligation pour tous les propriétaires" Cette
recommandation semble en adéquation avec les principes de l'ordonnancede 1971 portant Révolution Agraire, qui affirmait que
"ta terre appartient à ceux qui la travaillent. Seuls ceux qui la cultivent et la mettent en valeur ont des droits sur elle". Mais ce
n'est qu'une apparence, parce que "en 1990. le rapport est maintenu mais inverse : l'exploitation (qui peut être indirecte) est
obligatoire mais elle ne conditionne pas l'existence du droit. Elle en est simplement une modalité d'exercice" .
Le troisième axe à partir duquel se précisera la réforme institutionnelle est relatifà la définition de nouvelles orientations pour des
entreprises publiques quiconnaîtront un double processus de réorganisation et de décentralisation.Cette dynamique de
changement va s'inscrire dans la perspective de mise surpied d'une économie de marché où chaque entreprise veillera à faire
fructifier sonavoir et ses capitaux, et sera formalisée par les lois 88/1 et 88/3.Le noeud essentiel de ces lois est !'autonomie des
sociétés publiquestransformées pour !'occasion en EPE (Entreprises publiques Economiques), sociétéspar actions assimilées à
des personnes morales, régies par le Code du Commerceet, par conséquent, soumises au Droit privé.Chaque entreprise est
également dotée d'un capital social et d'une autonomiefinancière et de gestion, ce qui correspond à la création d'une nouvelle
situationlégale qui rend caduc le respect du Code des Marchés publics.A partir de sa dotation en capital social, chaque EPE
s'appuiera sur les règles decommercialité dans toutes ses relations avec les banques et les autres entreprises.Le critère
essentiel de fonctionnement devient celui de la rentabilité financière. Parsa capacité à définir de manière autonome ses objectifs
optimaux ainsi que les voieset moyens de réalisation, l'entreprise dotée de son nouveau statut, devrait s'adapteraux fluctuations
de la demande. Dans cet esprit, l'introduction du plan d'entreprisedevrait avoir une fonction déterminante.Un autre élément
décisif est symbolisé par le transfert de propriété de l'Etat àl'entreprise, et ce par le biais des "Fonds de participation et
d'investissementsectoriels" qui, néanmoins, agissent au nom et pour le compte de l'Etat. Les conseilsd'administration deviennent
les véritables dépositaires de la propriété de l'Etat,individualisent celle-ci relativement au domaine public. Cette évolution crée
unesituation complexe où les entreprises ne sont "ni publiques ni privées. mais qui, tout en demeurant la propriété partielle ou
entière du gouvernement, sont gérées par des individus évoluant au sein de l'entreprise, dotés du pouvoir de décision en
matière de gestion de profit et de rentabilité" (1).Cette délimitation induite par la séparation de l'Etat, puissance publique, et
del'Etat propriétaire de capitaux marchands, est un facteur essentiel pour l'évolutionultérieure.En-dehors des secteurs
stratégiques vitaux pour la souveraineté nationale, ceslois offrent la possibilité à toute entreprise publique d'initier, seule ou en
collaborationavec d'autres, différents types d'opérations économiques et financières. Lesmouvements de capitaux entre
entreprises sont autorisés et les cas de fusion ou decréation de filiales sont envisagés.Dans leur souci de favoriser le jeu des
lois économiques, les Réformateurs ontprévu, et ce pour la première fois, les cas de dépôt de bilan et de faillite. Dans
cetteoptique, en dehors du capital social qui ne peut être cédé qu'à d'autres EFE, lesautres actifs deviennent cessibles et
saisissables. Le tribunal de commerce pourraexercer toute sa compétence pour prononcer les liquidations judiciaires. D'autres
attributions sont également accordées aux EPE qui sont habilitées à établir leur organigramme, à fixer les prix de leurs produits,
à choisir leurs circuits de commercialisation et à déterminer de nouvelles modalités de rémunération pour les travailleurs. Leur
autonomie aura également à s'exercer au niveau du choix des investissements et des partenaires avec lesquels seront passés
les différents contrats.
Ces nouvelles orientations seront complétées par une autre initiative contenue dans la loi 90/12 ayant trait à l'abrogation du SGT
(Statut Général du Travailleur} et de la GSE (Gestion Socialiste des Entreprises). Dorénavant toute entreprise aura la liberté de
fixer sa propre grille des salaires et d'agir au niveau de sa main-d'oeuvre, et ce dans sa quête de rentabilité. Le statut de
l'entreprise publique change et elle n'aura plus à assumer les fonctions antérieures, jugées non conformes et étrangères à sa
nature. A l'avenir, elle devra se consacrer uniquement à la production de marchandises au moindre coût et à délaisser toutes
les actions de redistribution assumées jusque là (construction d'infrastructures, routes, logements, coopératives, transport,
colonies de vacances...). Auparavant, la loi 90/12 avait déjà ouvert la voie légale "aux licenciements collectifs pour cause
économique", et confirme l'idée répandue selon laquelle les postes d'emploi "fictifs" sont une des causes majeures du manque
de performance des entreprises publiques.
Le secteur privé n'a pas été de reste, et la loi 88/25 a pour ambition d'organiser ses activités en apportant des compléments
nécessaires à la loi 82/11 relative à l'investissement économique privé national afin de les adapter au nouveau contexte socio-
économique. Un nouveau rôle est défini pour la CNC (Chambre Nationale de Commerce) qui assumera désormais les attributs
de !'OSCiP (Office de Suivi et de Coordination de Investissement Privé) dissout dans ce dessein. Elle a pour mission essentielle
d'identifier les priorités et d'y soumettre toute allocation-devises. A cet effet, la distinction est faite entre deux types

515
d'investissements : ceux considérés comme prioritaires, et les autres. Seuls les premiers bénéficieront du soutien de l'Etat et, à
ce niveau, le rôle de la CNC devient décisif dans l'attribution des devises aux différents postulants. Cette démarche rend
caduque l'obtention de l'agrément préalable qui est officiellement supprimé. Enfin il faut noter l'abolition du plafond à
l'investissement qui était de 30 millions de dinars, acte révélateur de la liberté d'action acquise par les propriétaires locaux de
capitaux. Par là même, il est octroyé une multitude de facilités fiscales et matérielles pour des investissements dans des
secteurs délimités. En outre, les sociétés mixtes ont vu leur champ d'intervention totalement réduit, et les conditions de leur
installation dans le pays verrouillées par la loi 82/13. Considérées comme un sujet à haute résonance nationaliste et donnant
lieu à des surenchères démagogiques, un subterfuge fut trouvé pour lever les handicaps créés par les députés, sans être
contraint de les affronter de nouveau et autour du même thème. Le dépassement du blocage va s'opérer par une disposition de
la loi sur la monnaie et le crédit (art.187) qui introduit une nouvelle différenciation entre "résident" et "non résident" en place et
lieu de "national" et "étranger". Par ce biais, la voie royale est ouverte formellement et légalement pour tous les investisseurs
"nonrésidents", qu'ils soient Algériens ou non, désireux de constituer des sociétés mixtes ou d'engager des investissements
directs. Cette loi leur donne la possibilité d'un rapatriement de tous leurs bénéfices et leur assure les mêmes garanties que
celles ayant cours au niveau international et contenues dans les conventions signées par l'Algérie. L'"avis de conformité" donné
par les autorités compétentes préalablement à toute opération, une fois obtenu, se transforme automatiquement en garantie en
cas de litige. Ces nouvelles dispositions viennent renforcer les garanties juridiques contenues dans la Constitution de 1989
quant au respect de la propriété privée. Une autre loi viendra couronner ce nouvel édifice institutionnel en 1991, celle instituant
l'unicité du registre de commerce. Elle gomme toute distinction entre entreprise à capitaux privés et entreprise à capitaux
publics, comme elle abolit également toute distinction entre entreprise commerciale privée et entreprise commerciale
appartenant à i'Etat. □ (Cf.Economie générale / Environnement institutionnel)

LES QUESTIONS INTERNATIONALES

ECONOMIE INTERNATIONALE
• Avenir • Contexte économique international • Douanes• Exploitation d’hydrocarbures • Exportation hors

516
hydrocarbures • Frontières • Investissement direct étranger • Import/export • Maghreb • Marché euro-
maghrebin • Organisation mondiale du commerce • Risque pays • Sahara africain • Secteur privé • Union
européenne • Zones franches • Zones sous-douane •
POLITIQUE INTERNATIONALE
• Algérie/UE • Algérie /USA • Bric • Chine/Algérie • Déchéance de la nationalité française . Diplomatie • Fonds
de coopération • Francophonie • Harkis • OMD/ODD • Politique africaine de l’Algérie • Politique étrangère •
Sahara • Sahara Occidental • Solidarité internationale • Violation du droit international • Visas •

L’ ECONOMIE INTERNATIONALE

AVENIR.- En ce début du XXI ème siècle, le pays est plongé dans un drame économique et social
découlant d'incohérentes stratégies de développement et d'une absence de démocratisation politique et
institutionnelle. Pour confirmer son ouverture démocratique sur la scène internationale, de multiples
redressements et réhabilitations sont à opérer à travers de profondes réformes en différents domaines.
L'Algérie, disposant d'atouts potentiels économiques majeurs, bénéficie d'une situation géopolitique
privilégiée comme étant dans la proche périphérie des pays les plus industrialisés. Sa relation historique
avec l'Europe, le Moyen Orient, et l'Afrique subsaharienne constitue un avantage géostratégique certain.
L'Europe industrielle a de ce fait à travers l'Algérie un intérêt de pénétration économique sur les marchés
africains. En concourant à son redressement économique, elle ferait de ce pays un partenaire de soutien à
sa politique régionale d'intégration globale de la rive sud de la Méditerranée. En stimulant l'édification
maghrébine, l'Europe multipliera son essor économique en élargissant ses assises d'échanges industrielles
et commerciales dont elle pourrait être le centre de gravité d'ensembles géographiques régionaux. En
opérant son assainissement interne et organisant son ouverture sur l'extérieur, l'Algérie doit se connecter à
ses partenaires par des processus d'intégration sous-régionaux.

CONTEXTE ECONOMIQUE INTERNATIONAL .- L'économie mondiale est entrée depuis trois décennies dans
un système d'interdépendances généralisées favorisé par les désarmements tarifaires et douaniers, un recul
des régulations étatiques au profit de l'activité des sociétés multinationales, le développement croissant de
l'information au niveau planétaire qui traduit une accélération du temps et des processus. Ces processus
inaugurent la tertiairisation de l'économie mondiale accompagnée d'un mouvement de délocalisation
industrielle et la mise en place de méga-marchés. Les exigences de la circulation du capital réduisent peu à
peu les frontières des Etats et engendrent la constitution d'ensembles régionaux qui ont tendance à
satelliser les sous-ensembles géographiques voisins en zones de libre-échange destinées à élargir la
sphère de circulation du capital, à créer des zones d'expansion économiques acquises aux normes
centrales (normes techniques, clauses sociales, normes environnementales), à rendre endogène la
reproduction du capital et à stabiliser voire contrôler les flux migratoires. L'analyse de l'évolution du
commerce mondial fait ressortir l'apparition de phénomènes nouveaux, et particulièrement :
◙ une généralisation de l'économie libérale au niveau de presque tous les pays du globe.
◙ le commerce mondial croit plus rapidement que la production dans le monde. Entre 1950 et 1994, il a
augmenté, en moyenne, d'environ 6% par an, alors que la production n'a augmenté que de 4% en moyenne.
Ainsi, ces 45 dernières années, le commerce mondial des marchandises a été multiplié par 14 et la
production seulement par 5,5.
◙ dans ce décalage entre la croissance du commerce et la croissance de production, se développe un
commerce de perfectionnement (sous-traitance internationale, activités de montage, etc.). Dès lors la seule
stratégie efficace que l'Algérie puisse défendre au sein de l'OMC est précisément celle de l'accès de ses
propres produits nationaux aux marchés de ses partenaires; d'où l'urgence politique de diversification de
ses exportations. Actuellement, le poids et l'influence de l'Algérie dans le commerce mondial sont
pratiquement insignifiants : en moyenne 10 à 12 milliards $/an d'exportations alors que les exportations
dans le monde représentent un total d'environ 6.000 milliards $/an.□

DOUANES.- Longtemps consignée dans une optique répressive, l'administration des douanes
algériennes a durablement fonctionné sur injonctions administratives. Le réajustement attendu de ses
missions dans le cadre des réformes sera de rendre les règles moins contraignantes aux opérateurs et, les
procédures plus rationnelles et plus simples dont les mécanismes mis en place seraient de répondre à
une nécessité d'encourager certains secteurs d'activités.

EXPLOITATION D’HYDROCARBURES .- D’après le (graphe ci-après) Le secteur des hydrocarbures


enregistre une forte reprise d’activité en 2016 après le retour à la croissance de 2015, mais toujours dans
un contexte de baisse des prix des hydrocarbures et de niveau des prix bas. En 2016, le secteur des
hydrocarbures connait un taux de croissance en volume de 7,7% après avoir connu une timide reprise en
2015 de 0,2% qui a sans doute marqué la rupture avec une décennie (2006-2014) de récession et de
décroissance des activités des hydrocarbures. Ce constat permet d’avoir la mesure des chocs extérieurs
auxquels sont confronté le secteur des hydrocarbures et par conséquent l’économie globale du fait de la
forte variabilité des prix internationaux. De manière générale, l’activité du secteur des hydrocarbures
connait un regain d’activité en 2016 en termes de production physique et que les exportations
d’hydrocarbures sont caractérisées par une forte croissance. Au total, le secteur des hydrocarbures
bénéficie du regain d’activité enregistrée, mais la baisse des prix internationaux en 2016 a conduit à des
impacts négatifs sur le chiffre d’affaire et la valeur ajoutée en valeurs courantes. En volume et aux prix de
l’année précédente, les exportations d’hydrocarbures augmentent de 8,3% en 2016 par rapport à 2015.
Graphe: Evolution du taux d’accroissement en volume (en %) de la Valeur Ajoutée des hydrocarbures
sur la période 2007-2016.
517
Graphique établi à partir des données de la Banque Mondiale .

Rétrospective  : Devant la chute fréquente du prix du pétrole (inférieur à 10 $US/bbl), l'année 1998 a vu le
rapprochement et la fusion de grands groupes pétroliers recherchant ainsi une économie d'échelle et une
réduction maximum des coûts afin de maintenir l'essentiel de leurs amortissements en particulier dans
l'exploration et la production. Le marché pétrolier obéit à des cycles haussiers et baissiers et porte sur le
long terme.L'Algérie pourrait réagir face au cycle baissier qui pénalise son développement. Déclarée premier
pays découvreur de pétrole en 1995 et 1996, elle doit poursuivre ses investissements car elle recèle des
bassins sédimentaires très étendus en surface (1,5 million km2) et au demeurant sous-explorés (7 puits
d'exploration pour une surface de 10000 km2 alors qu'aux Etats-Unis l'on a 500 puits/10000 km2).D'autres
découvertes de pétrole et de gaz sont possibles dans tout le Sud du pays. L'Algérie peut ainsi augmenter sa
production pétrolière jusqu'à 1,6 million hbls/j, voire 1,9 million bbls/j (capacité de production actuel 880.000
hbls/j) en développant les découvertes déjà réalisées, en poursuivant l'effort d'exploration et en accélérant
les améliorations de récupération des gisements déjà en production car, après la découverte d'un gisement
de pétrole réputé commercial, un programme de développement est établi pour le faire débiter au maximum
à des conditions économiquement acceptables sans pour cela hypothéquer la récupération ultime des
réserves en place. Améliorer le taux de récupération de ces réserves est un souci essentiel et constant.
Des méthodes ont été développées pour la récupération assistée en injectant différents fluides (gaz, eau,
gaz miscible, gaz enrichi, tensioactifs, CO2, azote, GPL, etc.) en fonction de différentes considérations
comme la géologie, la thermodynamique... . L'ensemble de ces méthodes sont appelées EOR (Enhanced Oil
Recovery), c'est à dire amélioration de la récupération d'huile.Ainsi, ce n'est pas un défruitage sans
lendemain qui est proposé, mais bien une augmentation de la production instantanée et des réserves
récupérables. Cela implique un engagement et des efforts des sociétés concernées dont la Sonatrach pour
que les plannings et les échéances soient respectés. Les sociétés dites de "services" dans le domaine de la
sismique, du forage, de l'engineering, du montage,... doivent être consolidées car elles sont un facteur
essentiel de la réussite et, dans un cadre de partenariat bien compris, pourraient trouver réponse à leurs
inquiétudes. En second lieu, la réaction à la baisse des prix serait la recherche permanente de la réduction
des coûts de production. Plusieurs actions sont disponibles.La sous-traitance, l'externalisation, l'essaimage
sont autant d'actions pouvant apporter non seulement une réduction des coûts mais aussi une meilleure
utilisation des moyens humains et matériels tout en augmentant certainement le nombre de création
d'emplois. Plus que le niveau de prix, ce qui importe est la marge entre prix de vente et prix de revient qui
doit être maximalisé pour se prémunir au mieux pendant le cycle baissier et pour tirer un plus grand profit
pendant le cycle haussier. Ces objectifs nécessitent évidemment l'investissement de capitaux importants et
d'efforts humains accrus. Un partenariat adéquat peut être une réponse positive, que fournirait non
seulement un apport financier mais aussi un soutien technologique. L'Algérie n'est pas un pays mature en
matière pétrolière. Les gisements en production recèlent toujours de grandes quantités d'énergie. Un des
plus anciens gisements, le plus prolifique et le plus étendu, après 40 ans de production, Hassi-Messaoud
renferme encore un énorme potentiel qui pourrait dans un avenir proche donner une augmentation de
production conséquente ainsi qu'une augmentation du pourcentage des réserves récupérables prolongeant
ainsi son espérance de vie. Mais l'Algérie est aussi un grand producteur de gaz qui, jusqu'à présent, a été
considéré comme une énergie dépendante du pétrole. Le prix de vente du gaz est lié à celui du pétrole avec
une décote. Cet asservissement du prix du gaz à celui du pétrole est le résultat d'actions voulues au
moment où le prix du pétrole était élevé; or, les prix du pétrole connaissent un cycle haussier aussi bien
que baissier. L'opportunité pour l'Algérie serait de réétudier et d'approfondir le dossier gaz, pour trouver
une formule consacrant un prix propre au gaz. Il est temps de considérer le gaz comme une énergie
indépendante et à part entière, à savoir le libérer du pétrole, lui évitant ainsi de subir les mêmes
vicissitudes. Le pétrole n'est pas un étalon-or pour le cours des ressources énergétiques. Mais, le gaz joue
un rôle de plus en plus prééminent et possède de nombreux atouts, notamment en matière de protection
de l'environnement en tant qu'énergie propre. Il se révèle être le carburant idéal pour la production
d'électricité. Depuis que la plupart des pays importateurs ne considèrent plus le nucléaire comme source
idéale de production d'électricité, l'Europe demeure pour l'Algérie un marché essentiel pour le gaz
(proximité géographique et grand potentiel d'importation).Aussi, serait-il possible de profiter des nouvelles
orientations comme la dérégulation du marché du gaz et l'institution de l'Euro comme monnaie commune
pour reprendre le dossier du gaz? En effet, l'Algérie détient des réserves importantes qui augmenteront
dans l'avenir par la poursuite de l'exploration. Un objectif de 90 à 100 milliards de m3/an d'export
nécessitera une augmentation des capacités de transport par la réalisation de nouvelles unités de
liquéfaction et par la construction de nouveaux gazoducs d'exportation. En conclusion, le cycle baissier
actuel ou fréquent des prix du pétrole et du gaz ne doit pas empécher l'Algérie de poursuivre son

518
développement pour être à l'orée du troisième millénaire prête à affronter une demande qui se fera plus
pressante amenant des prix plus conséquents.
□ Les gisements d’hydrocarbures  : L’Algérie est un pays riche en ressources pétrolières, mais surtout
gazières. En 2014, les réserves prouvées (1) de gaz naturel en Algérie, qui s’élève à 4 500 milliards de m3,
représentent 2,4 % des réserves mondiales contre 0,7 pour le pétrole, et plus d’un tiers des réserves du
continent africain (BP, 2015). Le Maroc est écarté de la ressource et soumis à l’importation de ses besoins
en énergie et la Tunisie, peu dotée en hydrocarbures (2), est devenue importateur net depuis 2001 car sa
production stagne tandis que sa consommation croît. Le Bas-Sahara algérien est un bassin à sédimentation
profonde qui, depuis près de 500 000 millions d’années, a rempli les conditions naturelles favorables à la
formation et à la maturation des hydrocarbures. Dans un contexte inter-tropical, de grandes étendues d’eau
composées de matières végétales se sont transformées, dans des conditions anoxiques, en hydrocarbures
(Semmoud, 2010). Les sites historiques de Hassi Messaoud et de Hassi R’mel représentent respectivement
70 % des réserves pétrolières et 50 % des réserves de gaz et continuent, en 2013, à assurer environ 28 et
60 % de la production algérienne d’hydrocarbures. De grands bassins sont exploités notamment celui de
Berkine (14 % des réserves de gaz et 8 % des réserves de pétrole) qui abrite le site de Hassi Messaoud et
celui d’Illizi (14 % des réserves de gaz et de pétrole) ou sont en phase de développement tels que les
gisements de Reggane, Ahnet-Timimoun. Les raffineries se situent en revanche au Nord du pays. Le brut
algérien, de type Sahara Blend, est l’un des meilleurs sur le marché par sa faible teneur en soufre (Maire,
2011). □
■ Les exportations extra-maghrébines de gaz naturel algérien  : L’essentiel des échanges de gaz dans le
bassin méditerranéen se fait au moyen de gazoducs. Dans le cas de l’Algérie, le pays a d’abord eu recours
à la solution GNL dans les années 1960, faute de technologies adaptées pour la pose de gazoducs en mer
profonde. Les premières cargaisons mondiales de GNL sont parties d’Algérie, faisant de ce pays un
précurseur en matière de GNL. Dès 1964, en effet, la chaîne d’Arzew a permis d’exporter du gaz vers le
Royaume-Unis puis la France. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que le pays commence à exporter le gaz
par canalisations, le développement des exportations en Mer du Nord ayant notamment permis de réaliser
des progrès technologiques dans la pose de gazoducs en mer profonde (Maire, 2011). En 2014, le gaz
algérien est exporté à 60 % par gazoducs et 40 % sous forme de GNL (BP, 2015). En 2014, l’Algérie a
produit 75 Mtep de gaz naturel, soit 2,4 % de la production mondiale et 41,1 % de la production
continentale. Elle est le premier producteur de gaz naturel en Afrique. Cinquième producteur mondial de
gaz naturel en 2014, l’Algérie contribue à plus de 10% de la consommation gazière de l’UE. Près de trois
quarts du gaz naturel algérien y est exporté. L’UE constitue le client quasi-exclusif de l’Algérie dans le
secteur gazier. Alors que 73 % des exportations algériennes par gazoducs ont pour destination l’UE en 2014
(83 % par gazoducs, 59 % par GNL), seules 23,1 % d’entre elles sont destinées aux voisins marocain et
tunisien (droits de transit compris), ce qui équivaut à 47 % des importations tunisiennes et marocaines en
gaz naturel (BP, 2015). Les échanges d’hydrocarbures dans le Bassin ont nécessité – surtout à compter des
années 1970 – la création de réseaux d’infrastructures constitués d’oléoducs, de méthaniers, d’usines de
liquéfaction et de complexes industrialo-portuaires.
□ Prix : Le cours du pétrole naviguant au gré des stocks américains et du cours du dollar, a été côté le   01
mars 2018 à 64,11 dollars le Brent et 61,23 dollars le Wit, et le gaz naturel sur le marché libre   à 2,70
dollars le MBTU  contre 3,5 dollars le 01   janvier  2018, sachant que 33% des Recettes de
Sonatrach  proviennent du gaz. [Prenons l’hypothèse d’une stabilisation des couts qui s’accroissent avec
l’épuisement des gisements, d’où l’importance d’un nouveau management stratégique de Sonatrach pour
les stabiliser et pourquoi pas les réduire, nous pouvons émettre plusieurs scénarios. Pour 60 dollars les
recettes prévues seraient d’environ 34 milliards de dollars. L’on doit retirer 20% des charges ce qui nous
donne 27 milliards de dollars de profit net en précisant que la baisse d’un dollar en moyenne annuelle
occasionnant une perte pour l’Algérie d’environ 500/ 600 milliards de dollars. A 50 dollars, le baril, en
retirant les charges , nous aurons un profit net de Sonatrach de 21 milliards de dollars et à 40 dollars, le
baril donne un profit net de Sonatrach de 15 milliards de dollars, à 30 dollars, le baril donne un profit net de
Sonatrach de 9 milliards de dollars et à 20 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 3 milliards
de dollars nous rapprochant du seuil presque au seuil de rentabilité pour les gisements moyens].Selon des
observateurs, les prix du gaz indexés sur ceux du pétrole que pratiquent les Russes et les Algériens dans le
cadre de contrats à long terme ne semblent plus convenir à de nombreux clients européens qui menacent de
recourir au gaz de schiste et au gaz naturel liquéfié (GNL) qatari, acheté sur les marchés spot.
◙ Le pétrole progressivement supplanté par le gaz naturel.  :À l’instar du gaz naturel, le principal client du
pétrole maghrébin, et plus largement nord-africain, reste l’Europe (3) [cf. figure ci-dessous].

519
En ce qui concerne le transport par canalisation, un seul un oléoduc transnational a été construit au
Maghreb. Il part d’Edjeleh en Algérie, traverse Zarzaïtine, In Aménas et El Borma, avant de rejoindre La
Skhira en Tunisie. En 1970, le pétrole représentait 95,5% de la production algérienne en hydrocarbures. Son
exploitation a permis le rapide essor de produits raffinés à forte valeur ajoutée tels que les condensats ou
les Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL). Néanmoins, cette ressource a été progressivement supplantée par le gaz
naturel. Au milieu des années 1990, la production de gaz naturel dépasse celle du pétrole (Esnault et alii,
2007). Néanmoins, le pétrole continue de dominer en 2014 la structure des exportations algériennes, dans
sa forme primaire (pétrole brut) ou dérivée (condensat, GPL, produits pétroliers tels que le Naphta ou le
fioul). ♣
Les infrastructures gazières au Maghreb : un réseau algérien polarisé par l’Europe. L’Algérie est au cœur
des routes gazières entre l’Afrique du Nord et l’Europe. En raison de son rôle historique dans
l’approvisionnement européen, l’Algérie a permis aux réseaux sud-ouest méditerranéens de se développer
plus que les réseaux sud-est méditerranéens. La grande proximité géographique de l’Algérie avec l’Europe a
ainsi favorisé l’établissement de pipelines transméditerranéens. Le pays a désormais un système de
gazoducs bien structuré, qui relie les champs de la région d’In Aménas et de Tegentour situés au sud au
site de Hassi R’mel au centre du pays, véritable point nodal à partir duquel le réseau rayonne vers les zones
côtières. Trois gazoducs transcontinentaux ont, à ce jour, été construits. Mis en service en 1983 et doublé
en 1996, le premier gazoduc, Enrico Mattei (4) (GEM), d’une longueur de 1 393 km et d’une capacité de 27,3
Gm3/an, relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie. Le gazoduc Pedro-DuranFarell (5) (GPDF) s’achemine depuis
1996 vers l’Espagne en transitant par le Maroc. Il possède une longueur de 521 km et une capacité de 11,3
Gm3/an. Le gazoduc sous-marin Medgaz (6) lancé en 2009, relie directement l’Algérie à l’Espagne sur une
longueur 200 km. Le gazoduc Medgaz résulte de la stratégie offensive de l’Algérie pour œuvrer au
développement des exportations outre-Méditerranée. Elle cherche notamment à éviter les pays de transit
pour des raisons à la fois économiques (paiement des droits de passage) et politiques.

Répartition des exportations algériennes de gaz naturel en 2014 (en milliard de m3)  :
L’acheminement du gaz algérien vers le reste des pays européens, en premier lieu la France, est fortement
limité par la présence des chaînes montagneuses des Pyrénées et des Alpes. En effet, « tel est le premier
défi à relever par l’électricien qui [doit] dès lorss’accommoder au mieux de la géographie physique »
(Dupuy, 1993, p.193). L’Italie pâtit, par ailleurs, d’un manque d’infrastructures qui l’empêche d’être une
plaque tournante du gaz algérien vers l’Europe. La voie GNL est par conséquent privilégiée pour
l’exportation du gazalgérien vers le France et le Royaume-Uni [cf. tableau ci-dessus]. ◙
Notes  : (1) Les réserves prouvées ont une forte probabilité (>90%) d'être récupérées dans l’avenir. Elles
sont évaluées à partir des gisements connus et des conditions technico-économiques existantes.

520
(2) L’équivalent de 0,1 milliards de tonnes par an. (3) 68,6 %
des exportations nord-africaines sont destinées à l’Europe, soit 9,6 % de ses importations totales.
(4) Le gazoduc emprunte l’itinéraire suivant : Hassi R’mel [Algérie] ↔ Oued Safsaf [Algérie] ↔ Cap Bon
[Tunisie]↔ Mazara del Vallo [Sicile/Italie] ↔ Minerbio [Italie]. (5)
Le gazoduc emprunte l’itinéraire suivant : Hassi R’mel [Algérie] ↔ Sidi Kacem [Maroc] ↔ Tarifa [Espagnevia
le Detroit de Gibraltar] (6) Le gazoduc emprunte
l’itinéraire suivant : Hassi R’mel [Algérie] ↔ Beni Saf [Algérie] ↔ Alméria [Espagne].

521
522
EXPORTATION HORS HYDROCARBURES .- Les remboursements effectués par le Fonds spécial pour la
promotion des exportations (FSPE) au profit des exportateurs hors-hydrocarbures ont enregistré une
diminution de 62% en 2016, a appris l'APS auprès du ministère du Commerce.Ce fonds octroie des aides
pour le remboursement partiel des frais de transport international ainsi que la prise en charge d'une partie
des dépenses engagées dans le cadre de la participation des entreprises algériennes exportatrices dans les
manifestations économiques (foires, salons...) organisées à l'étranger.En 2016, le montant global des
remboursements par ce fonds s'est élevé à 180 millions de DA (117,5 millions de DA pour la participation
aux foires à l'étranger et 62,48 millions de DA de remboursements de transport international), contre 478
millions de DA en 2015 (527 millions de DA en 2014). Cette baisse s'explique essentiellement par le fait que
depuis 2014, le FSPE accorde cette aide uniquement aux exportateurs qui réalisent un chiffre d'affaire à
l'export ne dépassant pas les 10 millions de dollars, et ce, dans le but d'orienter davantage ces aides vers
les entreprises peu expérimentées dans l'activité d'exportations, indique-t-on.  En 2016, les exportations
hors hydrocarbures ont représenté 6,2% du volume global des exportations avec une valeur de près de 1,8
milliard de dollars contre 1,97 milliard de dollars en 2015, en baisse de 9,6%.  Les exportations hors
hydrocarbures qui ont enregistré les montants les plus élevés en 2016 étaient les engrais minéraux ou
chimiques avec un montant de 448 millions de dollars (hausse de 6,7% par rapport à 2015), les huiles et
autres produits provenant de la distillation des goudrons à 388,2 millions de dollars (baisse de 26%), les
ammoniacs anhydres à 324 millions de dollars (baisse de 32%) et les sucres de canne ou de betterave pour
231,65 millions de dollars (hausse de 54,6%).  Les autres produits exportés ont porté sur le phosphate de
calcium à 78 millions de dollars (baisse de 18,2%), les dattes à 37,5 millions de dollars (hausse de 8,13%),
les alcools acycliques à 26,4 millions de dollars (baisse de 10%) et les hydrogènes et gaz rares à 24,4
millions de dollars (baisse de 10,6%). Pour rappel, plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement
dans le cadre du renforcement des incitations publiques aux exportations hors hydrocarbures telle la
révision à 20% au lieu de 10% du niveau de rétrocession des devises aux exportateurs hors hydrocarbures
pour la quotité dont l'utilisation est laissée à leur libre appréciation. Il s'agit aussi de la révision du délai de
rapatriement des recettes des exportations hors hydrocarbures, porté à 360 jours contre 180 jours
auparavant, de la prise en charge des frais de labellisation des produits agricoles et la généralisation du
"couloir vert" au niveau des douanes. En outre, au niveau du ministère du Commerce, une Cellule d'écoute
sera chargée d'examiner les contraintes rencontrées par les exportateurs algériens, ainsi qu’un groupe de
réflexion, auprès du Premier ministre, pour veiller à la concrétisation des mesures proposées par le
ministère du Commerce. □ APS, 11.03.2017
►L’acte d’exporter est soumis à des contraintes et des obstacles réels qu’il faudra lever si l’on veut
atteindre les objectifs fixés qui sont de l’ordre de 10 milliards de dollars à l’horizon 2022. Une cellule
de suivi des exportations hors hydrocarbures sera installée au niveau du Premier ministère, a indiqué le
directeur de la promotion des échanges commerciaux au ministère du Commerce, Messaoud Beggah, cité
par l’APS. Cette nouvelle structure sera mise en place après la transmission d'un rapport détaillé sur la
situation des exportations hors hydrocarbures au Premier ministre. "Elle sera chargée d'examiner d'une
manière approfondie, avec l'ensemble des secteurs concernés, les contraintes rencontrées par les
exportateurs, afin de mettre en place une stratégie nationale de promotion des exportations”, selon M.
Beggah. Elle devra revoir l'ensemble du dispositif de promotion des exportations hors hydrocarbures et
proposer de nouvelles mesures permettant de renforcer cette activité, sachant que ce segment des
exportations ne représente que 5% des exportations globales du pays. Une cellule similaire a été mise en
place récemment auprès du ministère du Commerce et se compose de représentants de ce département
ministériel, de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), de la Société algérienne des
foires et exportations (Safex) et de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Lors de sa
première réunion, cette cellule installée auprès du ministère du Commerce a permis d'identifier les
préoccupations des exportateurs portant, notamment, sur la réglementation du change, les formalités et
procédures douanières, les mesures incitatives visant à promouvoir les exportations et les difficultés
relatives à la logistique. L’acte d’exporter est soumis à des contraintes et à des obstacles réels qu’il faudra
lever le plus rapidement possible si l’on veut atteindre les objectifs que les parties signataires du pacte
social et économique se sont fixés à l’horizon 2022, à savoir 10 milliards de dollars d’exportations. Les
contraintes qui bloquent les exportateurs ont été identifiées et des mesures ont été proposées. Une
soixantaine de mesures avaient été décidées lors d’une tripartite. Seules quelques-unes sont appliquées. Le
conseil consultatif de promotion des exportations, créé à la faveur d’une loi en 2004, n’a toujours pas été
installé. Ce qui dénote de l’absence d’une   stratégie de promotion et de développement des exportations
hors hydrocarbures. Les quelques opérations d'exportations effectuées sont peu diversifiées. En d’autres
termes, l’offre de produits exportables est faible.
Cette faiblesse s’explique en partie par le problème structurel de l'économie algérienne qui, pendant des
décennies, a fonctionné pour la satisfaction des besoins locaux et non pour l'exportation. L’appareil de
production national n’est pas orienté vers l'exportation. Au-delà, donc, des mesures techniques et
administratives, c’est tout le fonctionnement de l’économie algérienne, orientée vers l’importation, qu’il faut
revoir. Messaoud Beggah a également évoqué, à l’APS, les activités du Fonds spécial pour la promotion des
exportations. Selon lui, en 2015, les aides et les remboursements attribués par ce fonds, dans le cadre de la
promotion des exportations hors hydrocarbures, sont passés à un peu plus de 478 millions de dinars pour
390 dossiers examinés contre 527 millions de dinars pour 251 dossiers en 2014. Il explique cette baisse par
le fait que depuis 2014, le FSPE n'accorde cette aide que pour les exportateurs qui réalisent un chiffre
d'affaires à l'export ne dépassant pas les 10 millions de dollars, et ce, dans le but d'orienter davantage ces
aides vers les entreprises débutantes. Les exportations hors hydrocarbures ont baissé en 2015 à 2,063
milliards dollars contre 2,582 milliards de dollars en 2014 (-20,1%), demeurent structurellement faibles et en
deçà du potentiel du pays en matière de diversification des exportations. Cinq entreprises réalisent plus de
80% des exportations algériennes. □ Rabhi Meziane, Lberté-Algérie (01.02.2016)

523
FRONTIERES.- Le long des frontières algériennes terrestres communes aux pays voisins (Maroc, Tunisie,
Mali, Niger,...) s'est édifié une contrebande florissante. Des villages entiers ont abandonné l'élevage et
l'agriculture pour se consacrer à cette pratique qui rapporte vite et gros. De nombreuses petites
agglomérations éparpillées sur des bandes frontières de quelques dizaines de kilomètres avec ces pays
sont devenues, depuis quelques années, des plaques tournantes réputées de contrebande qui brassent
annuellement plusieurs millions de dollars. Toutes sortes de marchandises y transitent clandestinement :
des biens de consommation courante, de la drogue douce (kif ou résine de cannabis cultivés au Maroc) et
aussi des armes en provenance d'Europe destinés aux groupes armés algériens. Le dynamisme et la
débrouillardise des "trabendistes" ont transformé ces agglomérations en véritables entrepôts ou
s'amoncellent essence, drogues, produits alimentaires et cosmétiques. Dans les étables ou à la belle étoile,
des troupeaux entiers de moutons transhument vers de mystérieuses destinations. Pour certains
observateurs, du bétail algérien est acheminé vers le Maroc et la Tunisie pour être troqué contre des
spiritueux, en particulier du whisky. Pour les trafiquants, l'Algérie, avec la manne financière du FMI et les
recettes des hydrocarbures (en moyenne 12 à 14 milliards de dollars par an), est un vaste marché plein
d'avenir, tant la demande en produits d'importation y est grande. Il y a deux décennies, alors que l'Algérie
s'ouvrait à l'économie de marché, le directeur général des douanes algériennes affirmait qu'il fallait laisser
faire le marché, les opérateurs en introduisant toutes sortes de produits auront pour effet à terme la
disparition progressive du trabendisme. A cette époque, l'Algérie, en pleine crise économique, et
pratiquement en cessation de paiement, avait conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) un accord
stand-by, inaugurant ainsi son entrée dans l'économie de marché. Trente années de dirigisme économique
laissaient ainsi la place au laisser-faire, du à l'inexpérience et au manque de préparation des autorités.
Contrairement aux pronostics de le voir se dissoudre, le trabendo n'a pas faibli et s'est même installé dans
les moeurs des populations frontalières. La question de la normalisation des relations bilatérales devant être
examinée dans un cadre global a débouché sur un gel de l'Union du Maghreb Arabe en 1995. Pour venir à
bout de la contrebande, une collaboration étroite avec les gouvernements des pays voisins doit s'instaurer
intensivement, encore faut-il que le contexte diplomatique y soit favorable pour que la volonté politique ait
raison de ce phénomène.. En attendant, les trabendistes de part et d'autre, s'en donnent à coeur joie et des
villages entiers, qui vivaient de maraîchage et d'élevage, sont devenus les greniers d'un vaste trafic de
marchandises, d'armes, de devises et de drogue.□

INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER .- Les politiques menées par les pays d’accueil à l’égard des IDE :
♣Les caractéristiques du pays d’accueil : Afin d’attirer les IDE les pays d’accueil doivent avoir plusieurs
caractéristiques économiques fondamentales pour dissuader les firmes multinationales d’investir chez eux
(1) :
 L’existence et la taille du marché ;
 La stabilité politique et économique ;
 La libération des politiques commerciales ;
 L’état des infrastructures et des institutions ;
Sans oublier que pour attirer les IDE les pouvoirs publiques des pays d’accueils doivent entreprendre des
actions efficaces pour améliorer le climat d’investissement tel que :combattre la corruption et améliorer les
cadres politiques et réglementaires.
♣ Le choix du pays d’accueil : Pour qu’une firme multinationale choisisse un pays d’accueil au lieu d’un
autre, cela dépend du degré d’adéquation des objectifs de l’entreprise avec les facteurs d’attractivité offert
par les pays d’accueil. L’entreprise a deux objectifs (2) :
 Le premier est de réaliser un investissement horizontal en recherchant de nouveaux débouchés pour les
produits, et s’implantant là où la demande domestique est prometteuse.  Le second est de faire un
investissement vertical en s’implantant sur des territoires avec des faibles couts de productions, et de
réexporter le produit fini vers le pays d’origine ♦ IDE horizontaux (3) :On peut considérer l’IDE comme
horizontal lorsque l’entreprise produit à l’étranger l’activité qu’elle développe dans son pays d’origine.
L’entreprise peut choisir ce type d’investissement en alternative avec l’exportation des produits finis et avec
la fabrication sous licence par l’entreprise locale, en d’autres lieux, quand le transport des biens est
couteux, il est avantageux d’approvisionner les consommateurs dans différents pays à partir d’une usine de
production locale afin de minimiser les frais de transport. Ce qui veut dire produire le même bien final dans
plusieurs pays. ♦ IDE verticaux (4) :Dans ce genre d’investissement l’entreprise se rapproche de ses
fournisseurs ou de ses clients par prise de participation dans leur capital. En amont, il s’agit principalement
de l’internationalisation en direction des pays producteurs de matières premières ainsi que des pays
susceptibles de produire en sous-traitance. En aval, il s’agit des pays qui ont de forts potentiels de
consommateurs, ce qui peuvent abriter des industries diversifiées de transformation. La politique vertical
d’IDE apparait d’abord comme une politique de marché, elle vise à renforcer le pouvoir du marché acquis
par la firme et à limiter la concurrence, elle peut également viser à limiter les effets de barrières à l’entrée
qui sont naturellement érigées par les entreprises qui sont déjà présente sur ces marchés en exploitant les
différences entre les pays en choisissant de produire un produit intermédiaire dans un pays et le rassembler
et le finir dans un autre, ce qui va permettre d’avoir un avantage comparatif entre ces pays. Il y a une
nouvelle forme d’IDE, ce qu’on appelle « modèle oblique » selon lequel une firme multinational procède à un
investissement dans un pays hôte qui sera considéré comme une « plateforme de production » pour exporter
vers les pays voisins 3. Pour attirer les IDE verticaux, le pays d’accueil doit réunir certains facteurs :  La
proximité géographique.  La baisse des coûts salariaux et fiscaux.Les IDE verticaux s’intéressent
essentiellement à l’abondance de la main-d’œuvre etla faiblesse des coûts de productions. La stratégie
horizontale englobe la stratégie verticale, enplus elle accorde plus d’importance au potentiel de la demande
intérieur, aux conditions dedistribution et au climat économique.

524
 La faiblesse des coûts de production.  La
stratégie du marché.
Typologie des IDE selon le mode de croissance (figure ci-dessous):

A une époque, les pays d’accueil utilisaient des politiques visant à limiter les investissements, et cela
pour protéger l’économie nationale d’une mainmise étrangère. Au fil des années, ça a commencé à devenir
plus souple, aujourd’hui, la plupart des pays d’accueil ont tendance à inciter les entreprises étrangères à
investir dans leurs pays et même à concurrencer les autres pays pour attirer les investissements.
Néanmoins, il reste plusieurs pays qui ont gardé la politique restrictive.
En Algérie : Dans un contexte mondial de plus en plus intégré, l’attractivité de l’investissement direct
étranger (IDE) est devenue une préoccupation majeure pour tout le pays, l’Algérie a mis en œuvre toute une
série de réformes visant à favoriser son ouverture sur le marché international afin d’attirer le plus grand
nombre d’investisseurs étrangers.

525
Evolution des flux d’IDE vers l’Algérie (million $US) : Tableau ci-après :

Montants des IDE entre 2004-2014 (million $US) : tableau ci-dessous.

Les 10 pays ayant les stocks d’IDE les plus élevés en Afrique en 2014 (million $US) :

Source : Base de données CNUCED 2015

526
REPARTITION DES PROJETS D’INVESTISSEMENT REALISES SELON L’ORIGINE DES CAPITAUX (Algérie 2002-2012) :

Répartition des projets d’investissements étrangers réalisés par secteur d’activité (Algérie 2002-2012) :

Source : Statistiques de l’Agence Nationale de Développement de l’Investissement.

Classement des IDE en Algérie par pays (2012) :

Source : ANDI, cité dans Les Investissements en Algérie – Trade Solutions BNP-Paribas 17.09.2015 p.01

Entreprises étrangères présentes en Algérie (2014) :

Statistiques du CNRC (2014), cité dans Elias Nour-

527
Répartition en Afrique des IDE chinois par pays (ci-dessous) :

Flux d’IDE mondiaux entrants et par types d’économies, 1980-2008 (milliards de dollars) – (Figure ci-dessous)

A travers cette figure on remarque qu’une rupture apparaît en 1985 : les flux d'IDE entrants et sortants accélèrent sensiblement,
passant d'un flux annuel de 50 milliards de dollars courants, à plus de 200 milliards en 1989-1990. Aux années 90 le volume des
IDE été plus important, depuis 1996, les investissements à l’étranger sont considérés comme directs lorsqu’ils sont le fait
d’entreprises résidentes détenant au moins 10% du capital d’une entreprise non résidente. La croissance des flux d'IDE s'est
poursuivie dans les années 1990, pour culminer à 1400 milliards de dollars en 2000. Le montant des IDE s'est fortement
contracté à la suite de l’éclatement de la bulle sur les nouvelles technologies : 825 milliards de dollars en 2001, et 566 milliards
en 2003. Malgré un redressement au milieu des années 2000, la crise financière mondiale de 2008-2009 se traduit par un
nouveau repli des flux mondiaux d’IDE, avec une chute de 32 % en 2009. En dépit des conséquences persistantes de la crise,
les entrées mondiales d’IDE ont progressé de 16% en 2010, puis de 20% en 2011, pour s’établir à un peu plus de 1691 milliards
de dollars. Après avoir reculé de 22% en 2012, ils progressent à nouveau en 2013 de près de 11% et atteignent 1461 milliards
de dollars. La CNUCED prévoit une hausse des flux d’IDE entrants pour 2014 et 2016, le retour de la croissance permettant aux
investisseurs de retrouver une certaine confiance dans les investissements à l’étranger comme le montre la figure ci -dessous.

528
Entrées d’IDE à l’échelle mondiale et par catégorie de pays, 1995-2013 et projections pour 2014-2016 (en milliards de
dollars) :

On a enregistré un record historique pendant l’année 2000. Les IDE on atteint 1300 milliards de dollars, puis après on remarque
une diminution des IDE de 41%jusqu’à atteindre les 560 milliards de dollars. Cette tendance à la baisse de cette période
s’explique essentiellement par la faiblesse de la croissance économique enregistrée dans la plupart des régions du monde. La
période entre 2003 et 2007 a connu une tendance à la hausse des flux d’investissements mondiaux. Les entrées mondiales de
l’IDE ont augmenté de 30% pour atteindre 1833milliards de dollars en 2007, dépassant ainsi largement le record historique de
l’année 2000. Cette hausse des IDE mondiaux sera vite interrompue par la crise financière internationale ainsi les flux entrants
des IDE mondiaux se sont contractés de 16% en 2008, 37% en 2009 etde 40% en 2010 1. ces flux restent concentrés
principalement dans les pays développés puis suivit des pays en développement, et en dernier les pays en transition.
Les pays du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) sont restés les principales sources d’IDE parmi les pays
émergents investisseurs. Les flux en provenance de ces cinq pays sont passés de 7milliards de dollars en 2000 à 145milliards
de dollars en 2012, représentant 10% du total mondial (5), leurs STN sont de plus en plus actives, notamment en Afrique.
L’Afrique a vu ses flux d’IDE augmenter en 2013 pour la deuxième année consécutive, cette région a enregistré une croissance
de 5%pour s’établir à 50milliards de dollars, par rapport à l’année 2012. Les IDE en provenance d’Afrique ont presque triplé en
2012, pour s’établir à 14 milliards de dollars. Les STN (sociétés transnationales) du sud sont de plus en plus présentes en
Afrique. Avec l’augmentation des IDE venant de pays émergents, ces dernières années pour investir en Afrique comme la
Malaisie, l’Afrique du sud, la Chine, l’Inde.
En 2008, les pays du sud et de l’est de la méditerranée ont commencé à être touchés par la crise économique et financière
mondiale, avec un certain retard et une atténuation inévitable. Les 13 pays qui bordent la méditerranée (Algérie, Egypte, Israël,
Jordanie, Liban, Maroc, Libye, autorité palestinienne, Syrie, Tunisie, Turquie, Malte et Chypre) ont reçu un peu moins de 40
milliards d’euros d’investissement direct étranger (-35%), contre 61milliards d’euros en 2007 et 68 milliards d’euros en 2006 (7)
L’IDE est devenu une source très importante de développement économique et de modernisation pour les pays en
développement, les économies émergentes et les pays en transition. Ils ont libéralisé leurs régimes applicables à l’IDE et mis en
œuvre d’autres facteurs pour attirer l’investissement..
Evolution des IDE en Algérie : L’Algérie suit la tendance mondiale. A l’échelle internationale, les mouvements IDE ont aussi
baissé de 18 %, passant de 1.651 milliards de dollars en 2011 à 1.351 milliards en 2012, indique encore la CNUCED. “Une
reprise de ces flux prendra plus de temps qu’escompté en raison de la fragilité mondiale et du climat d’incertitude générale”,
estime l’organisation onusienne. En 2013, selon les prévisions de la CNUCED, les flux des IDE devraient rester proches du
niveau enregistré en 2012 à hauteur de 1.450 milliards de dollars. En revanche, ils pourraient augmenter “lentement” jusqu’à
1.600 milliards de dollars en 2014, et à 1.800 milliards en 2015 (8). Selon l’ANDI, Le montant des projets d'investissement
déclarés en Algérie durant le premier trimestre 2014 a plus que doublé, atteignant 682 milliards de DA, dont 129 milliards de DA
d'investissements directs étranger (IDE), contre 305 milliards de DA à la même période de 2013, confirmant ainsi une relance de
l'investissement entamée grâce aux facilitations prises par le gouvernement. Durant le 1er trimestre de cette année, 2.632
projets d'investissement ont été déclarés auprès de l'Andi pour un montant de 682 milliards de DA et qui devront créer plus de
51.600 emplois. Durant les 3 premiers mois de l'année2014, 17 projets d’investissements. Selon l’Andi, l’Algérie a enregistré
Onze (11) pays émetteurs de flux d’IDE ont investi en Algérie durant le 1er trimestre 2014, en adhésion totale avec la formule
du partenariat 51/49% instaurée par les pouvoirs publics depuis la promulgation de la Loi de Finances Complémentaire de 2009,
pour une valeur de plus de 129 milliards de DA (près de 1,8 milliard de dollars), soit 19% du total des investissements déclarés.
En comparaison avec le 1er trimestre de 2013, les principaux paramètres de l’Andi montrent "une nette progression" du nombre
de projets déclarés avec une hausse de 12% (+292 projets). En valeur également, la comparaison montre une "importante
augmentation" de 123% (376 milliards de DA), puisque le montant des investissements déclarés durant le 1er trimestre de
l’année en cours a atteint 682 milliards de DA. La France vient au premier rang avec quatre (04) projets déclarés, soit (23,53%)
de l’ensemble, la Chine, trois (03) projets (17,65%) et la Turquie avec deux (02) projets (11,76%) du total. D'autres pays ont
enregistré chacun un (01) projet (Egypte, Emirats Arabes Unis, Espagne, Finlande, Jordanie, Inde, Suisse et Syrie) représentant
chacun 5,88% de l’ensemble des projets déclarés durant le 1er trimestre de l’année 2014 (9). Sur le plan financier, la note de
l’Andi relève la prédominance de la Turquie avec une valeur de plus de 59 milliards de DA soit 45,89%, suivi de la Suisse avec
57,6 milliards de DA soit (44,77%), de la France avec près 6,74 milliards de DA (5,24%) et de la Chine avec 1,49 milliards de DA
(1,16%). Le reste des pays avoisine 1% en moyenne. Les investissements étrangers déclarés par secteur d’activité regroupé
sont versés principalement dans les Industries avec 15 projets sur un total de 17 projets déclarés, et à moindre mesure dans le
BTPH avec deux (02) projets. Le montant des projets d’investissements déclarés en Algérie durant le premier trimestre 2014 a
plus que doublé pour atteindre plus de 682 milliards de DA contre 305 milliards de DA à la même période de l’année 2013,
confirmant une relance de l’investissement entamée depuis l’année 2013 grâce aux dispositions de facilitations prises durant ces
dernières années. Selon le directeur de l’Andi "La dynamique de l’investissement observée durant l’année 2013 a été
maintenue durant le premier trimestre de l’année 2014". cette dynamique a été renforcée par, les dispositions de facilitations

529
prises (loi des finances 2014) dont notamment celles relatives aux investissements de partenariat avec les étrangers, et la
poursuite de la mise en œuvre des plans de développement des entreprises publiques économiques (EPE) notamment
industrielles, qui a joué un rôle primordial pour la relance de l’investissement en Algérie.

L’investissement en Algérie entre 2013 et 2014 (Figure ci-dessous)

Source : http://www.andi.dz/index.php/fr/presse/1066-algerie-les-investissements-ontplus-que-double-au-1er-trimestre-2014-andi

Après avoir traversé une période très difficile, l’Algérie commence à rebondir sur ses pieds et revenir aux marchés des
investissements. Selon l’ANDI l’Algérie a attiré 102 projets d’IDE en 2008 (10). Contrairement à ce qui est observé pour d’autres
pays MED, les investisseurs du golfe consolident leurs positions en Algérie. En 2008, 15 projets d’IDE représentent 4.9 milliards
d’euros brut arrive du golfe contre 13 projets d’IDE en 2007 d’après Guy Gantley (conseiller économique au ministère
Britannique des affaires étrangères chargé de l’Afrique du nord) (12), mais dans cette période le climat d’investissement en
Algérie restait encore fragile et n’offrait pas d’opportunités aux investisseurs étrangers, à cause de la cadence des réformes.
Malgré les efforts accomplis par le gouvernement Algérien pour réformer le secteur des finances, on a enregistré un manque de
stratégies économiques nationales. Selon le président directeur général de Petroser, ces dernières années le pouvoir public met
à la disposition des investisseurs étrangers tous les moyens matériels et humains pour favoriser le climat des affaires dans le
pays et développer d’avantage l’économie Algérienne. L’Algérie a pris des mesures de précaution pour l’intérêt national
notamment les prises de participation instaurer depuis quelques années. L’une des précautions les plus importantes est la
participation des entreprises algériennes dans les projets d’investissements étrangers à hauteur de 51%, qui selon Mr Sahraoui
Abdelmalek (13), trouve que cette mesure est légitime et que d’autres pays auparavant ont utilisé cette démarche. Elle reflète
également la vision du pouvoir public algérien, à moyen et long terme, pour garder le contrôle sur les investissements et
préserver les richesses de l’Algérie. Selon le directeur générale de Petroser, « il existe des opérateurs étrangers qui, même si la
loi sur les prises de participations n’existait pas, préfèrent trouver des associés économiques locaux avec qui ils partagent
beaucoup de points, notamment la richesse. Et que c’est une preuve qu’il existe une étude approfondie des intérêts de
l’économie nationale dans la démarche de l’état. Cette démarche reflète également sa vision, à moyen et long terme.et afin de
garder un contrôle sur les investissements et préserver les richesses de l’Algérie. Chaque pays a ses spécificités, donc il est
tout à fait normal que le pays hôte oriente les normes d’affaires qui veulent s’y installer » (14).
 Le cadre juridique relatif aux IDE en Algérie : Le retour des investisseurs et des IDE en Algérie a été l’un des principaux
axes de programme de l’état algérien. Un ensemble de mesures ont été établies afin de rendre l’Algérie parmi les destinations
les plus attractives des IDE. Selon la loi n°01-03 du 20Aout 2001 relative au développement de l’investissement modifiée et
complétée 2, a proposé une série d’avantages fiscaux, tels que l’application du taux réduit en matière de droits de douane pour
530
les équipements importés dans le cadre de la réalisation de l’investissement, de l’exonération de l’impôt sur le bénéfice annuel,
de l’impôt sur le revenu global ou encore de la franchise de TVA sur les biens et services. Ces avantages jouent un rôle
important pour l’amélioration du climat des affaires en Algérie, et attirer des investisseurs étrangers notamment avec les
politiques de développements suivants :
 Une stratégie industrielle qui opte pour le transfert de technologie et le développement des exportations ;
 Des stratégies de développement dans plusieurs secteurs tels que l’énergie et toutes ses composantes, l’agriculture, le
secteur de tourisme, le secteur bancaire....
 Dans l’espace Euro-méditerranéen, l’Algérie occupe la première place en matière de nouvelles technologies de l’information et
de la communication (NTIC). L’article 4 de l’ordonnance n°01-03 de 20Aout 2001 dispose que « les investissements sont
réalisés librement sous réserve de la législation et des réglementations relatives aux activités réglementées et au respect de
l’environnement. Ils bénéficient de plein droit de la protection et des garanties prévues par les lois et règlements en vigueur. Les
investissements bénéficiant des avantages fiscaux de la présente ordonnance font l’objet, préalablement à leur réalisation, d’une
déclaration d’investissement auprès de l’ANDI » (15).
Les lois de finances complémentaires pour 2009 et 2010 ont posé des règles d’encadrement qui complètent l’article 4 de
l’ordonnance 01-03. Le partenariat représente la seule modalité pour tout établissement des investissements étrangers comme
le montre le décret « les investissements étrangers en vue de produire des biens ou des services ne peuvent être réalisés que
dans le cadre de partenariat dont l’actionnariat national résident représente 51% au moins du capital social. Par actionnariat
national, il peut être entendu l’addition de plusieurs partenaires »1. La loi des finances 2014 généralise la règle 49-51% sur les
activités de commerce extérieur exercées par des personnes physiques ou morales étrangères étaient soumises à un
partenariat dont l’actionnaire national résident était égal au moins à 30% du capital social, « les activités d’importation en vue de
la revente des produits importés ne peuvent être exercées par des personnes physiques ou morales étrangères que dans le
cadre d’un partenariat dont l’actionnariat national résident est égal au moins à 51% du capital social » (16). Pour des raisons de
souveraineté, l’état ou les entreprises publiques algériennes conservent le droit de racheter les actions ou parts sociales de
société filiale concernée par la cession directe ou indirecte. Les personnes morales de droit étranger possédant des actions
dans les sociétés établies en Algérie ont l’obligation d’information sur l’identité de leurs actionnaires. La loi de finance 2014
encourage l’investissement étranger qui contribuent au transfert du savoir-faire, ou bien qui produisent des biens avec un taux
d’intégration supérieur à 40%. Ces encouragements se résument aux bénéfices d’avantages fiscaux et parafiscaux accordées
par (CNI) conseil national de l’investissement. A partir de l’art 56 de la loi de finance pour 2014, les projets d’investissements
étrangers directs ou d’investissement en partenariat avec des capitaux étrangers doivent faire objet d’une déclaration
d’investissement adressée à l’ANDI.
♦ Secteurs d’attractivités des IDE en Algérie : Selon le directeur général de Petroser, il confirme que l’Algérie a un
environnementéconomique très favorable du moment que tous les secteurs d’activités sont vierges (industrieou service), et que
l’Algérie dispose d’un potentiel humain, naturel et financier1. L’Algériedispose de plusieurs atouts pour attirer l’investissement
direct étranger, tel que la maind’œuvre, les richesses naturelles (pétrole et gaz) et financières. Actuellement les secteurs attirant
le plus d’IDE sont l’énergie, les télécommunications et letourisme2. Mais pour l’année 2013 (16)l’industrie est en tête des
secteurs qui attire le plus d’IDEavec un taux de (94.54%), suivi par le tourisme avec (3.28%) et les services (1.39%), alorsque
pour l’année 2012 4 on a enregistré un investissement de (49%) en industrie, (15%) BTP,le tourisme (11%), le transport (9%),
services (8%), télécommunications (4%).

Tableau ci-dessous : Répartition des IDE par secteur

♦ Répartition des IDE par pays d’origine : Selon le directeur général de l’ANDI1, concernant les pays d’origine des
investissements pourl’année 2013, le Qatar est en tête des investisseurs étrangers en Algérie avec 74.31% et unmontant de
1.69milliards d’euros, détrônant la France qui était en tête en 2012 avec 77.28% équivalent à 3.21 millions d’euros, les pays
arabes représentent plus de ¾ des IDE en 2013soit 78.45% contre seulement 11.12% pour l’Europe, alors que cette dernière
était en tête desinvestissements direct en Algérie en 2012 avec 85.36%, on remarque que l’Asie commence àêtre présente en
Algérie qu’en 2013, avec9.70%. Mais pour l’année 2014, il y a eu 2632 projets d’investissement durant le premier trimestre
del’année 2014, pour un montant de 682 milliards de dinars, selon le dernier bilan de l’ANDI2mais seulement 17 projets sont des
IDE, d’une valeur de 129 milliards de dinars (1.8 milliardsde dollars). Du point de vue du nombre de projet, la France vient en
première position avec4projets sur 17, suivi de la chine avec 3 projets et la Turquie avec 2 projets puis vient ensuited’autres
pays comme la Suisse, et l’Espagne avec un projet. Mais du point de vue de la valeur de l’investissement, c’est la Turquie qui
tient la premièreplace avec 59 milliards de dinars, soit 45.89% des investissements suivie de la suisse avec57.6 milliards de
dinars soit 44.77%, ce qu’on peut remarquer c’est que depuis l’adoption dela règle 49/51 en 2011 3, imposant aux sociétés
étrangères désireuses d’investir en Algérie des’associer avec un partenaire Algérien, les investissements ont chuté, mais ça
commence àrevenir progressivement. Les autorités essayent d’améliorer le climat d’investissement en Algérie, durant l’année
2014et développer les partenariats entre les entreprises publiques et des entités étrangères, mais leclimat des affaires reste
perfectible. L’Algérie 153eme sur 189 pays dans le classement Doingbusiness2014 (17) de la banque mondiale, surtout après
la prise d’otage de Tiguentourine (AïnAminas) en Janvier 2013 amener les entreprises étrangères (comme Staoil et BP) de
retirerleurs personnel, mais depuis le début de l’année 2014 il est de nouveau fonctionnel. De plus legisement pétrolier qui a été
découvert en fin 2013, devrais attirer de nouveaux investisseurs.
♦ Les avantages de l’investissement en Algérie : On peut citer les avantages d’investir en Algérie comme suit (1):
Disponibilité des ressources naturelles : La disponibilité des ressources naturelle représente un atout majeur pour l'économie
national. En effet, les richesses naturelles de l'Algérie en pétrole et en gaz naturel sont remarquables, elle est le troisième
fournisseur de gaz naturel de l'union européenne et le quatrième fournisseur énergétique. L'Algérie aussi occupe là 158 places

531
en production de pétrole et le deuxième en son exportation ; pour cela le secteur énergétique représente un élément d'attraction
pour les investisseurs étrangers.  La main d’œuvre qualifiée et bon marché et flexibilité du marché du travail : 10 fois
moins chère qu’en Europe. Même si la formation de la main d'oeuvre s'est significativement améliorée ces dernières années,
elle reste encore inadaptée aux besoins actuels du marché du travail ; la liberté d'emploi a été reconnue et les employeurs
peuvent conclure directement un contrat de travail avec les travailleurs.  La proximité de l’Algérie vis-à-vis de l’Europe : cela
encourage les délocalisations d’activités industrielles consommatrices d’énergie. La position de l'Algérie est stratégique pour la
mise en valeur de son potentiel d'investissement. En effet, l'Algérie est à l'interface de l'Europe, de l'Afrique et des pays arabes,
ce qui peut favoriser les investissements étrangers orientés vers l'exportation.  Un pays en plein métamorphose économique
: Dans ce contexte, l'ordonnance 2001 et la création de L'ANDI ont été des étapes décisives dans l'amélioration du cadre de
l'investissement en Algérie. La réforme bancaire et la structuration du tissu industriel font partie des priorités des autorités. ♦
Les points faibles du pays : Malgré les efforts fournis par les autorités algériennes que ce soit dans le domaine législatifavec
la restauration de plusieurs lois en faveur de l’investisseur, ou dans le domaineadministratif avec l’allégement des procédures
d’implantations des firmes, pour promouvoiret attirer l’investissement direct étranger, le système algérien reste encore défaillant
. Pour ce qui est du classement de l’Algérie en Afrique en ce qui concerne l’entrée des IDEpour la période de 2013- 2014, elle
occupe la douzième place et se place largement après leMaroc. L’Algérie a enregistré une baisse du flux des IDE qui est de (-
44%) entre 2013 et 2014 passant de 2661millions de USD en 2013 à 1488 millions USD en 2014 1. Il faut signaler aussi que
l’Algérie était toujours mal classée en 2014 par rapport à de nombreux indices, tels que Doing business (153ème place),
l’enregistrement foncier (176ème place), le paiement des taxes et impôts (174ème place), la création d’entreprises (164ème place)
(18). Cet exposé montre que l’Algérie est toujours restée au dernier rang en ce qui concerne l’entrée des IDE, cela veut dire que
malgré les efforts déployés par l’Algérie pour attirer les IDE, elle reste toujours la moins attractive aux investissements. Ceci est
la résultante de plusieurs entraves qu’on peut citer :
 La lenteur d’administration : Les investisseurs étrangers estiment qu’il y a une lourdeur bureaucratique avec ce qu’onappelle
un « blocage administratif »(19). Ces contraintes se traduisent par le respect des règlesformelles, et l’excès de démarches et les
dossiers exigés, les nombreuses procédures et lesmanques de coordination entre les structures concernées poussent les
investisseurs àabandonner le projet, le manque de transparence et l’inexistence de l’information et de leuréchange entre les
partenaires respectifs dans le processus de création d’une firme. Lesinvestisseurs désapprouvent les contraintes liées à l’accès
aux avantages (exonérations fiscales)1, et à les faire valoir auprès des administrations (les douanes, les impôts, les Wilaya, les
chambres de commerce). La mise en œuvre des avantages est freinée par une mauvaise compréhension de la part des
investisseurs quant aux avantages octroyés soit sous l’ancien régime d’investissement ou le nouveau dispositif. Aussi, une
mauvaise compréhension des agents administratifs des dispositifs mis en place pour faciliter les démarches administratives des
investisseurs
 La complexité de la législation (fiscale) : Les investisseurs étrangers ressentent une certaine instabilité juridique qui leur
fait peur (21). Il faut noter aussi que l’état algérienne a introduit la loi du 49/51 pour des raisons de protection de la souveraineté
économique du pays qui a été beaucoup critiquée, et est considérée comme une loi non encourageante par les investisseurs
étrangers.
 L’accès au foncier industriel : Le foncier industriel consiste une vraie contrainte dans la démarche d’investissement
enAlgérie. Ce problème se résume dans la cherté du foncier industriel et de sa nature juridiquepuisqu’il s’agit parfois d’une
propriété privée qui échappe au contrôle de l’état et qui génèreun décalage flagrant entre le prix du foncier public et celui du
privé (23). Notons que la nature juridique du foncier industriel de la plus part des terres utilisables relèvent du domaine collectif
et a défaut d’actes de propriétés, toutes actions de vente ou cession deviennent difficiles. Toutes ces entraves ont mené
l’Algérie, selon l’édition 2015 du rapport de la banque mondiale «Doing Business », sur l’environnement des affaires, a se
classer au 154e rang sur 189 pays en recul de sept places par rapport à l’édition 2014 (24)
 La corruption dans le système : Selon le site officiel de « Transparency international » qui est une organisation non
gouvernementale, le calcul de l’indice de perception de la corruption dans le monde sur la base des avis d’experts au sein
d’organisations comme la banque mondiale ou la banque Africaine de développement : L’Algérie est placée pour l’année 2014
au 100e rang mondial avec 36 points sur 100, en recul de six positions par rapport à l’année 2013 pour occuper la 94e place
avec le même nombre de points. Si l’on compare l’Algérie à ses voisins, elle est la plus mal classée puisqu’on trouve la Tunisie
au 79e rang avec 40 points, en reculant de deux places par rapport à 2013, le Maroc a été classé au 91e rang réalise un sursaut
de 11places. Selon l’AACC (association algérienne de lutte contre la corruption) (25) qui est une branche de « Transparency
International », les autorités œuvrent à neutraliser toute perspective de lutte contre la corruption, l’association ajoute aussi que la
mauvaise législation anti-corruption rend cette lutte impossible. Selon cette ONG, elle estime que les multinationales du secteur
bancaire et les grandes places financières pourraient faire plus pour éviter que certaines élites douteuses dans les pays
émergents qui trouvent les moyens de blanchir leur argent mal acquis. Selon le président de l’association de lutte contre la
corruption, les critères crédibles pour évaluer la situation de la corruption en Algérie sont les suivants : ♦ L’impossibilité
d’appliquer les dispositions de la Convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC), dans le contexte politique actuel.
♦ Une réglementation permissive en matière de lutte contre la corruption la loi n° 06-01 relative à la prévention et à la lutte contre
la corruption et les textes subséquents.En plus de la non-conformité des textes avec la convention de l’ONU, le gouvernement
algérien n’applique pas ses propres lois.
♦ Le contexte politique non démocratique et n’assurant pas l’indépendance de la justice et les lois liberticides empêchant le
mouvement associatif à s’impliquer à la lutte contre la corruption, le gel des organes de contrôle «IGF et Cours des comptes». ♦
Le contexte législatif et réglementaire, qui concrétise la mainmise de l’organe exécutif sur les organes élus et les organes de
contrôle.
♦ Le contexte économique basé sur la rente pétrolière et l’économie publique et l’absence de contrôle et de régulation du
secteur privé. ◙ BOUABDALLAH, Wassila (2016)
Notes :
1. Revue d’analyse économique : facteurs d’attractivité des IDE en Tunisie (Sofiane Toumi) ,vol 85, N°2, 2009.
2. Sofiane Toumi, op-cit,
3. Revue investir en Algérie :Les investissements directs étrangers dans le monde, benchmarking, aout 2010.p8
4. Jean louis Muchielli, Thierry Mayer(2010) Economie internationale 2eme ed, p 25
5. http://www.mdipi.gov.dz/IMG/pdf/Les_IDE_dans_le_monde_benchmarking.pdf
6. Sofiane Toumi, op-cit

532
7. Christophe Heckly « grands enjeux de l’économie mondiale », op cit, p 161.
8 « Business internationale et mondialisation »,op cit, p 318.
9 Rapport de CNUCED de l’année 2010
10 Rapport de la CNUCED de 2014.
11 Samir Abdelkrim/ Pierre Henry « investir en méditerranée, investissement direct étranger vers les pays en Med en 2008 face
à la crise » étude n°3 , mars 2009.
12 http://www.andi.dz/index.php/fr/a-propos
13 CNUCED, (rapport d’investissement) 2013
14 http://www.andi.dz/index.php/fr/presse/1067-investissements-etrangers-11-pays-emetteurs-de-flux-d-ide-enadhesion-totale-
avec-la-regle-51-49-andi
15 Invest in med. article
16 http://www.algeria-watch.de/fr/article/eco/climat_investissement.htm consulté le 20/07/2014.
17 http://www.eldjazaircom.dz/index.php?id_rubrique=227&id_article=2736 article n °76-jul 2014
18 http://www.eldjazaircom.dz/index.php?id_rubrique=227&id_article=2736 op cit
19 Investir en Algérie 2014, p 52.
20 http://www.andi.dz/images/invest/KPMG%20-20investir%202014.pdf
21Guide des investisseurs en Algérie, 2014, p 53.
22 http://www.eldjazaircom.dz/index.php?id_rubrique=227&id_article=2736 op cit
23 http://www.planet-expert.com/fr/pays/algerie/investissement-direct-etranger-ide
24 http://www.maghrebemergent.com/component/k2/item/31957-l-algerie-a-enregistre-2-2-milliards-d-eide-au-1e-semestre-
2013-andi.html consulté le 23/07/2014
25 http://www.planet-expert.com/fr/pays/algerie/investissement-direct-etranger-ide op cit
26 http://www.maghrebemergent.com/component/k2/item/31957-l-algerie-a-enregistre-2-ide-au-1e-semestre-2013-andi.html
consulté le 23/07/2014
27 ww.algwerie-focus.com/blog/2014/05/economie-les-investissements-en-hausse-au-pre
28 ww.algwerie-focus.com/blog/2014/05/economie-les-investissements-en-hausse-au-precit
29 www.planet-expert.com/fr/pays/algerie/investissement-direct-etranger-ide .
30 http://www.memoireonline.com/11/12/6447/m_Le-rle-des-IDE-Investissement-Direct-Etranger--dans-lesecteur-bancaire-
algerien20.html
31 https://www.transparency.org/country/#DZA consulté le 16/11/2015 à 15h 00
32 http://www.huffpostmaghreb.com/2014/12/03/algerie-corruption-classe_n_6261418.html
33 http://www.lematindz.net/news/15800-corruption-le-classement-de-lalgerie-2014-selon-transparencyinternational.html

♣ Les enjeux et les effets d’IDE dans les pays hôtes : A l’instar des pays investisseurs, les IDE sont sujet de débats au
niveau des pays hôtes et ce entre ceux les considérant comme nécessaires au développement et ceux les considérants comme
menace sur le pays.
♦ Arguments Pro-IDE:
□ Amélioration du PIB : Comme on a vu dans le graphique ci–dessus, les IDE permettent de réaliser un gain en terme de
production et de bien être et qui va être partagé entre le pays investisseur et le pays hôte. Mais au niveau de la
redistribution des revenus, et contrairement au pays investisseur, ici cette augmentation profite aux détenteurs d'autres facteurs
au détriment des investisseurs qui perdent leur rareté et  vont être concurrencés par les étrangers. Par ailleurs, une étude
récente a montré que, sur 63 pays en développement (1960-2004), l'augmentation des flux d'IDE de 1% engendre une
augmentation de 0,3% du PIB (1). 
□ La création de l’emploi : C’est un effet très important, indiscutable et observé partout dans le monde.
□ Le transfert de la technologie : La définition de l’IDE et la notion de «contrôle», montrent qu’il ne s’agit pas d’un simple flux
financier, mais en plus, il y a un transfert de la technologie, des cadres talentueux de gestion, des pratiques managériales et
le marketing, et de la formation. Ce qui va permettre d’améliorer la qualification des travailleurs au niveau des pays hôte.
□ Source de financement: Pour certains pays qui disposent de potentiel d’investissement et de capacité de production non
exploités à cause du manque de l’épargne nationale, les IDE sont la source de financement optimale parce qu’ils ne sont pas
générateurs de dettes.
♦ Arguments Anti-IDE: On peut les résumer ci-dessous : 
□ La domination étrangère : Certains ont des sentiments de méfiance vis-à-vis des IDE, et notamment lorsque ceux-ci prennent
la forme d’un rachat d’une entreprise existante. L’argument ici est la crainte des conséquences éventuelles de l’implication des
firmes multinationales étrangères dans l’économie nationale. On peut donner l’exemple de Canada où 60% du capital de
l’industrie manufacturière est possédé ou contrôlé par des étrangers, dont 40% par l’USA. Même au niveau de l'USA à la fin
des années 60, plusieurs inquiétudes sont apparues lorsque le niveau des IDE entrants était très élevé (2). Cette domination
peut prendre plusieurs formes : L’abstention d’exports par une filiale locale, vers un pays étranger, considéré comme inamicale
par le pays investisseur, comme obligation de se conformer aux lois du pays d’origine prohibant ces exportations. 
□ Emprunter des fonds à l’étranger pour contourner une politique monétaire restrictive dans le pays hôte.
-L’influence sur les décisions politiques et économiques majeurs. 
□ Autres arguments Anti-IDE : 
• L’atteinte à l’environnement.
• Les IDE peuvent absorber l’épargne et les talents entreprenariaux empêchant ainsi la création d’entreprise nationale pouvant
contribuer au développement de l’économie.
• L’exploitation irrationnelle des matières premières.
• Les bénéfices du pays hôte peuvent être récompensés par les mesures fiscales et douanières offertes pour attirer les IDE. ◙
BEKIHAL Mohamed (2013)
Notes :
(1) Note de réflexion sur: L'impact des IDE, ANIMA,
(2)Dominique Salvatore, « Op.cit », p. 455 et 456

533
IMPORT / EXPORT .- Les pays de l’Union Européenne demeurent les principaux partenaires de l’Algérie
avec les proportions respectives de 49,21% des importations et de 68,28% des exportations en 2015. Pour
ce qui est des principaux fournisseurs, la France occupe le premier rang des pays de l’Union Européenne
avec 10,52%, suivie de l’Itale et l’Espagne avec une proportion de 9,37% et de 7,64% du total des
importations de l’Algérie au courant de la même année.
□ Les dix principaux fournisseurs de l’Algérie en 2015  (part en %):

Source : Centre National de l’Informatique et des Statistiques (2015)


En tant que cliente de l’Algérie, la Chine occupait en 2014 la dixième place avec seulement 1,8 milliards de $US. Un volume
relativement faible comparé au 10 milliards de $US importé. Cette situation a pour conséquence un solde commercial négatif en
défaveur de l’Algérie. Ce dernier est passé de -2,(é( milliards de $US en 2011 à -6,380 milliards de $US en 2014. En 2015, c’est
l’Espagne qui figure en première position parmi les principaux clients de l’Algérie en 2015 (figure ci-après).
□ Les dix principaux clients de l’Algérie en 2015 (part en %) :

Source : Centre National de l’Informatique et des Statistiques (2015)

□ Comparaison entre les principaux fourniseurs de l’Algérie entre 2003 et 2013  :

534
□ La structure des exportations : Le volume global des exportations algériennes est encore très largement dominé par les
hydrocarbures (98%). La quasi-totalité des importations de la Chine à partir de l’Algérie est composée d’énergie et de lubrifiants
destinés à alimenter sa croissance économique. En 2012, elles ont constitué 99,7% des exportations de l’Algérie vers la RPC.
Le reste (0,3%) étant constitué de cuivre, de liège ainsi que de cuir. □
► Rétrospective  : L'équation 400 exportateurs / 22.000 importateurs nationaux, montre qu'il n'existe pas un
réel engouement en Algérie pour l'exportation hors hydrocarbures. Il est dix fois plus juteux aujourd'hui
d'importer que d'exporter. L'exportation demande un plus grand effort financier. Il reste beaucoup à faire
pour développer les exportations hors hydrocarbures.Le chemin de l'exportation demeure semé d'embûches.
Les données chiffrées indiquent qu'en 1997, les exportations algériennes globales se sont élevées à 14,1
milliards de dollars, les exportations hors hydrocarbures à 495 millions de dollars, soit à peine 4%. De 300
millions de dollars en 95, elles ont grimpé modestement à 401 millions de dollars en 96 (hors exportations
en direction de la Russie). En 1997, l'exportation vers la Russie dans le cadre du remboursement de la dette
a atteint 20 millions de dollars contre 480 millions de dollars en 96. Le développement des exportations
hors hydrocarbures reste d'une importance vitale pour l'Algérie parce que c'est la seule voie de sortie de la
forte dépendance de l'économie nationale des fluctuations des cours du pétrole et des prix internationaux
des denrées de base. Il est recensé prés de 400 exportateurs, dont une centaine de nouveaux venus sur
le marché en 1997. Ces exportateurs sont en relation d'affaires avec les partenaires dans plus de 60 pays
dans le monde. L'agroalimentaire ne représente qu'une faible partie (7%) des exportations hors
hydrocarbures. Les produits de l'industrie chimique (52,42%) et des industries sidérurgiques et
métallurgiques (25,73%) constituent l'essentiel des ventes. Rapportées à la facture alimentaire du pays, les
exportations agricoles ne représentent que 2% du montant des importations alimentaires. La plupart des
échanges (80%) étant présentement effectués vers les pays OCDE , il serait temps pour l'Algérie de
diriger ses efforts vers la conquête de nouveaux marchés en favorisant le Sud et les pays émergents .
Le montant des échanges commerciaux avec les pays islamiques s'élève à 48,8 milliards de dinars (800
millions de dollars) 44,1 milliards de dinars (730 millions de dollars pour les importations) et 4,7 milliards de
dinars (soit 77 millions de dollars) pour les exportations. Le déficit, au détriment de la balance commerciale,
est de 39 milliards de dinars (635 millions de dollars). En l'occurence, avec la Turquie et la Syrie, les
importations se situent respectivement à 18 milliards de dinars et à 13 milliards de dinars contre 430
millions de dinars et 10 millions de dinars en direction respectivement de ces pays. L'OCDE absorbe 77,08%
des exportations hors hydrocarbures de l'Algérie, l'UMA 9,20%, les pays arabes (2,76%), les pays d'Afrique
(2,2%). Dans le groupe des pays islamiques, le Maroc reste le premier client de l'Algérie. Il est talonné
par la Tunisie. Il est à remarquer que le Moyen-Orient, l'Afrique, et l'Asie du Sud-Est peuvent constituer des
débouchés intéressants pour les exportations algériennes. Pour développer ces exportations, il convient de
conquérir des marchés en contexte d'une féroce concurrence, de développer la prospection, de mettre en
place des supports financiers, d'améliorer les conditions de transport. Concernant ce dernier facteur, les
efforts devraient tendre à baisser les coûts du transport, jugés élevés et développer la flotte actuellement
insuffisante. Dans la perspective du développement des exportations hors hydrocarbures, l'assurance crédit
demeure l'un des instruments essentiel dans la promotion des exportations. Peu d'exportateurs recourent à
l'assurance crédit à l'exportation qui permet de couvrir les risques commerciaux, politiques et, partant, un
éventuel défaut de paiement.□

MAGHREB.- La constitution d’une zone d’intégration économique peut être une source de croissance
économique par le libre-échange qu’elle instaure  ; celui-ci est favorable aux consommateurs, il stimule la
concurrence, exerce une pression sur les prix à la baisse et favorise l’innovation dans les différents
domaines. Une intégration plus poussée est également favorable à la croissance en l’occurrence la stabilité
de change, la monnaie unique réduit l’incertitude et les coûts. Dès sa création, l'UMA cherchait à mettre en
place les instruments et les mécanismes susceptibles d'aider à la mise en œuvre des objectifs énoncés par
le Traité de Marrakech. C'est ainsi qu'en l'espace de trois années consécutives (1989-1991), les institutions
prévues par le Traité ont été mises en place, ce système institutionnel rigide reste soumis aux décisions des
chefs d’Etats. En dépit des espoirs suscités, la plupart des objectifs inscrits dans le traité et fixés par la
stratégie de développement commune n’ont pas été réalisés. La coopération économique intra-régionale, qui
devait être le moteur d’un rapprochement politique, n’a jamais décollé et la première étape - la zone de

535
libre-échange- n’a même pas été réalisée. Les raisons de cet échec sont nombreuses et peuvent être
attribuées à des facteurs tant économiques que politiques. Les pays de l’UMA disposent d’atouts majeurs, à
même de consolider rapidement leur intégration et de constituer un espace économique maghrébin, mais la
multiplication des accords commerciaux entre les pays maghrébins ne s’est pas traduite par une
libéralisation suffisante des échanges intra-régionaux. Ces derniers demeurent pénalisés par un certain
nombre de facteurs structurels, réduisant ainsi fortement la cohérence globale du schéma actuel
d’intégration.
► Les faiblesses de l’intégration maghrébine  : L’intégration des pays maghrébins au sein de l’UMA est
confrontée à plusieurs obstacles parmi lesquels :
♦ Le conflit du Sahara Occidental apparaît comme le principal obstacle de la construction de l'UMA, un
obstacle qui est d’abord politique. Certes le traité de l’UMA ne fait guère allusion explicitement à l’unité
politique des États comme objectif à atteindre à court terme. Le traité se veut comme étant la traduction de
conceptions officielles plus réalistes et moins ambitieuses. C’est ainsi que les concepts utilisés de
coopération et d’intégration doivent permettre de saisir l’aspect pragmatique des conceptions et pratiques
officielles au Maghreb. Ainsi, les États membres de l’UMA héritent d’une situation complexe où le conflit du
Sahara Occidental risque de persister si les parties au conflit et les instances internationales chargées d’y
trouver une solution ne coopèrent pas pour la mise en œuvre d’une solution définitive (1).
♦ Le défaut de convergence des politiques économiques  : Les pays maghrébins adoptaient auparavant un
modèle de développement autocentré et avaient en commun une tradition de forte emprise de l’Etat sur
l’économie. À partir des années quatre-vingts, ils ont initié un mouvement général d’ouverture et de
libéralisation économique. Ainsi, le Maroc et la Tunisie ont adopté des Programmes d’Ajustement Structurel
(PAS) et se sont engagés dans un accord d’association avec l’Union Européenne. Par contre, en Algérie,
l’instabilité politique et la décennie noire ont contribué au ralentissement du processus de libéralisation
économique pour une bonne période de temps (près de 10 années). Plusieurs travaux de recherche,
notamment ceux du FMI, tendent d’établir une corrélation entre le degré d’ouverture et l’intensité du
commerce intra-régional, car l’approfondissement du processus de libéralisation économique et d’ouverture
des économies maghrébines devrait favoriser la convergence de leurs politiques économiques et conforter
leur transition vers un système d’économie de marché.
□ Les obstacles tarifaires et non tarifaires restent élevés entre les pays du Maghreb, ce qui laisse à penser
qu’une poursuite de la libéralisation commerciale serait de nature à engendrer un accroissement des
échanges intra-régionaux. Outre les mesures de protection tarifaire, les pays maghrébins avaient mis en
place un arsenal croissant de barrières non tarifaires au premier rang desquelles figurent (2) :
- Les certificats d’importation, les contrôle-qualité imposés parfois aux importations de manière
discriminatoire et la multiplicité des régimes fiscaux entre les pays. Ces mesures sont de nature à
augmenter les coûts de transaction relatifs aux échanges extérieurs et ont, en conséquence, un effet négatif
sur la compétitivité des industries nationales et sur le volume des échanges.
- L’adaptation des régimes préférentiels aux contraintes spécifiques de chaque partenaire.
- Les listes négatives pour les produits agricoles et industriels dressés en vue de protéger le tissu productif
national, surtout quand les secteurs menacés impliquent des enjeux à la fois économiques et sociaux.
- L’absence de cumul des règles d’origines sans lequel l’intégration commerciale ne peut être réalisée.
- Les mesures para-tarifaires (impositions additionnelles, taxes et impositions intérieures sur les
importations,…) qui ne sont pas clairement spécifiées et sont imposées par différents organismes
gouvernementaux. Dans le cadre de l’OMC, la libéralisation commerciale engagée par le Maroc et la
Tunisie est en ligne avec la réserve de mesures non-tarifaires qui est en démantèlement.
□ La faiblesse des infrastructures de transport  : La plupart des entraves à l'intégration sont due au faible
réseau infrastructurel au Maghreb. La faible circulation des informations économiques, les difficultés de
règlement des échanges… sont également autant de facteurs de blocage des relations d’échanges entre ces
pays qui limitent les possibilités d’intégration entre eux. Les problèmes liés au transport génèrent des
surcoûts et limitent incontestablement la compétitivité-prix des produits échangés et empêchent la
réalisation d'opportunités commerciales entre les pays maghrébins. Cependant, il convient de souligner
que le lancement d'une ligne maritime directe et régulière de transport de fret entre les ports de Casablanca
et Radés (Tunisie) devra donner une nouvelle impulsion aux échanges économiques bilatéraux. Cette
liaison, permettra de réduire la durée de transport des marchandises, dispensera les bateaux de toute
escale dans un troisième port, évitera le chargement des marchandises d'un navire à un autre et contribuera
à la diminution du coût des échanges commerciaux entre les deux pays (3)
□ Le cadre institutionnel incomplet  : Les pays maghrébins ont connu de vastes progrès juridiques dans le
cadre de l'entrée dans l'économie de marché. Ils ont mis en place des lois sur la concurrence ayant pour
but de protéger les producteurs et les consommateurs et d’assurer la transparence des transactions
commerciales. Le choix de telles politiques est essentiel pour les pays maghrébins. En effet, les marchés
locaux ne sont pas de taille suffisante pour permettre de réaliser les niveaux de croissance réclamés par la
pression compétitive, ce qui implique la quasi- obligation pour les pays maghrébins de veiller sérieusement
aux conditions locales de la concurrence. Dans certains secteurs, le manque de concurrence fait apparaître
des situations de rente(4). Mais il faut souligner que l’adaptation de cette législation reste loin des
standards mondiaux.
□ L’intégrisme religieux au Maghreb  : Pour les États membres du Maghreb, l’intégrisme religieux est
manifestement perçu comme une menace pour les ordres politiques internes. Il est aussi perçu comme un
danger commun au niveau régional (5). Les conceptions officielles de l’Islam dans les États du Maghreb
divergent des aspirations religieuses provenant des sociétés civiles. Des courants politiques plus ou moins
radicaux à fondements religieux émergent et prétendent offrir une alternative fondée sur un retour aux
sources. Les conduites officielles face à l’Islam sont différentes. Chaque État essaie de trouver une
réponse qui lui est propre. Mais les États de l’UMA en font aussi une menace commune au niveau régional.

536
Pour autant, il n’existe pas un front commun de ces États face à ce phénomène. Ils adopteront un accord de
principe qui doit permettre une coordination au niveau régional entre les services de sécurité. Ce n’est pas
tout à fait une alliance régionale contre un ennemi intérieur commun. Les traitements de ce phénomène
sont différents d’un État à un autre de la région. Ce sont là des divergences importantes qui influenceront le
devenir de l’UMA. La combinaison de ces phénomènes, qui ont des implications directes sur les équilibres
socio-politiques et socio-économiques, impose de nouvelles tailles de viabilité et représente de nouveaux
défis pour les pays en voie de développement dans leur ensemble, dont le Maghreb.
► Les atouts de l’intégration Maghrébine. Les principales forces et opportunités sont (6)  :
- La diversité et la complémentarité des structures économiques : Certains pays maghrébins sont dotés de
ressources pétrolières et gazières importantes engendrant leurs principaux produits à l’exportation. En
parallèle, ils sont importateurs de produits agricoles, alimentaires, industriels et de biens d’équipement.
D’un autre côté, d’autres pays maghrébins sont importateurs de produits énergétiques et exportateurs de
produits agricoles, alimentaires et industriels. - L’unicité de la religion et de la langue: elle présente un
élément primordial dans la renforcement des liens d’entente et de solidarité entre les populations des pays
maghrébins. - La position géographique privilégiée aux portes de l’Europe et de l’Afrique : on constate que
les pays de l’UMA sont au biotope des échanges entre deux continents, l’Europe d’un côté et l’Afrique de
l’autre côté. Ils disposent en outre, d’une main d’œuvre qualifiée et relativement moins chère. Cette
localisation devrait constituer un atout primordial pour ces pays, pour drainer les investissements étrangers
en créant un espace idéal pour les industries et en développant des réseaux de transports appropriés en
vers les pays européens et africains.
- La cohérence des structures sociales et du niveau de développement : le niveau de développement et la
composition des structures sociales des composantes de la population sont très similaires créant des
harmonies très marquées entre elles au point d’en faire une population homogène d’un même pays. -
L’optimisation des gains du marché : L’accroissement des échanges provenant des effets constants de
l’intégration des marchés est un levier important pour la croissance économique. Elle est un encouragement
à investir et à produire plus, et, partant, à créer d’avantage d’emplois, améliorer les revenus et les
conditions de vie des populations. La sous-région dispose des deux premiers atouts nécessaires à un
marché performant qui permettrait, entre autres effets dynamiques, d’importantes économies d’échelle et
une baisse relative des coûts de transaction. La création de commerce qui découlerait de l’élimination des
barrières tarifaires et non tarifaires entre les Etats d’Afrique du Nord serait par ailleurs amplifiée par le
prolongement de l’espace physique. Le développement des échanges entre deux ou plusieurs pays est en
effet fonction de leur potentiel commercial (productions de biens et services), de l’existence d’un régime
préférentiel, de l’absence de protection non tarifaire, mais aussi de la proximité géographique. Les facteurs
structurels tels que le niveau des revenus ou les distances sont souvent plus déterminants que les effets
des politiques économiques dans le dynamisme d’un marché régional. - Une meilleure attractivité des
investissements : Le résultat sortant à partir des interactions entre l’investissement, le travail et la
productivité est la croissance économique, sa soutenabilité sur le long terme est dépendante de la capacité
des Etats à mobiliser l’épargne intérieure et à attirer des investissements directs extérieurs. Plusieurs
études et analyses empiriques ont par ailleurs consolidé le lien entre intégration, investissement et
croissance dans les pays en développement et les Etats africains en particulier. L’Afrique du Nord a réalisé
des performances appréciables au cours de la précédente décennie en termes d’attraction des
investissements, le ratio de l’IDE par rapport à la formation brute de capital fixe étant passé de 8% en 2001
à environ 20% en 2010 (6) Toutefois, le taux d’investissement brut en % du PIB est resté quasiment stable
durant la même période, avec une moyenne sous régionale de l’ordre de 14%. Selon des estimations de la
Banque Mondiale. L’intégration régionale, par le biais de l’harmonisation du cadre normatif et des mesures
de convergence macroéconomique génère progressivement une discipline de groupe entre les Etats de
l’espace considéré, favorisant ainsi la crédibilité des politiques nationales et la sécurisation du milieu des
affaires.
- Une mutualisation des moyens pour des réponses régionales aux défis communs : À partir des deux
premiers alinéas de l’article 2 du traité instituant l’UMA, on constate que l’Union vise à « renforcer les liens
de fraternité qui unissent les Etats membres et leurs peuples » et à « réaliser le progrès et la prospérité des
sociétés qui les composent… ». A des degrés divers, tous les Etats d’Afrique du Nord font face aux mêmes
défis de développement : celui d’une croissance davantage créatrice d’emplois, la diversification et la
sophistication des économies, l’insuffisance des ressources en eau, la désertification et l’adaptation aux
changements climatiques, l’approfondissement de la démocratie et de la bonne gouvernance. Vis-à-vis des
objectifs de croissance, et en dépit des différences d’estimation liées à la nature des variables utilisées,
plusieurs études (2) et analyses convergent sur le constat qu’une véritable intégration des économies
maghrébines induirait pour lespays membres de l’UMA, 2 à 3 points supplémentaires de croissance du PIB
(selon le FMI). La Banque mondiale estime, pour sa part, qu’une intégration maghrébine plus approfondie
incluant la libéralisation des services et des améliorations de l’environnement des affaires, serait en mesure
de faire croître le PIB réel par habitant entre 2005 et 2015 de 34%, 27% et 24% respectivement pour
l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. L’intégration régionale apparaît, par ailleurs, comme un important levier de
prévention, de gestion et de résolution des conflits. L’expérience européenne a démontré depuis la
signature du Traité de Rome que la convergence des intérêts économiques et le renforcement des
interdépendances constituent des facteurs déterminants de facilitation du dialogue politique et de
dépassement des antagonismes.
- Le renforcement des pouvoirs de négociation sur la scène internationale : Après leur objectif premier
d’accroissement des échanges entre les pays membres de l’espace considéré, les groupements
économiques régionaux deviennent de plus en plus des outils de modification des rapports de force dans les
négociations internationales, commerciales notamment. Des exemples démonstratifs en sont donnés par
l’Union Européenne relativement à la gestion des accords de l’OMC, ou encore par l’OPEP dans la

537
régulation du marché des hydrocarbures. Les pays de l’espace maghrébin sont à la fois engagés dans les
négociations commerciales multilatérales au sein de l’OMC, dans des accords ou projets d’accords
d’association avec l’Union Européenne et dans un partenariat renforcé avec les autres Etats riverains de la
Méditerranée. Par ailleurs, la position géographique de la sous-région est très stratégique, au plan
sécuritaire et de la gestion des flux migratoires, en tant que zone de départ et de transit de migrants pour
l’Europe et dans une moindre mesure pour les Amériques. Une intégration plus poussée confèrerait aux
pays de la sous-région davantage de poids dans leurs relations avec leurs partenaires extérieurs, européens
principalement. Les éléments primordiaux devant contribuer à l’instauration d’un espace économique
maghrébin viable porteront, au-delà de la volonté politique manifeste devant permettre d’assainir le climat
entre les pays et établir une coopération plus étroite dans les domaines politiques et de la sécurité, sur la
bonne gouvernance du secteur public qui exprime la démocratie, le respect des droits de l’homme, la lutte
contre l’analphabétisme, la paix et la bonne gestion des ressources publiques; l’engagement des Etats
membres à consolider des relations de confiance entre les pouvoirs publics et les opérateurs privés. Les
Etats seraient appelés à consolider davantage la mise en place des réformes juridiques,
administratives,financières et fiscales ainsi qu’un cadre réglementaire transparent pour la promotion de
l’investissement privé. Afin de les réaliser, Ils devraient se désengager progressivement et de plus en plus
des activités marchandes pour focaliser leur action sur leurs fonctions souveraines de justice, sécurité,
défense et de régulation des activités économiques et sociales, en veillant à la réalisation des équilibres
macro- économiques et à une meilleure intégration régionale. La nomination des secteurs qui génèrent la
croissance économique devrait constituer également une priorité. Celui des transports devrait bénéficier
d’une priorité, car, constituant un instrument de connexion et de développement harmonieux de la région et
un appel à la mise en place d’un espace économique maghrébin, il nécessite une large anticipation dans sa
réalisation, compte tenu de la longue durée nécessaire à sa construction, combinée à la forte pression qu’il
subira une fois la redynamisation des structures de l’UMA engagée et la concrétisation des perspectives de
la mise en place de la zone euro-méditerranéenne de libre-échange.□

Notes  :
1. Bouchra ESSEBBANI, La coopération entre le Maroc et l’Union Européenne : de l’association au
partenariat, Thèse Doctorat en Sc. Politiques, Université Nancy 2, 2008, p. 282.
2. Direction de la Politique Economique Générale, Division de l’Environnement National et International :
Enjeude l’intégration maghrébine, Maroc, 2003, p. 23. Direction des Etudes et des Prévisions Financières :
Enjeux de l’intégration maghrébine « Le coût du non Maghreb », Maroc, 2008, p.9.
3..Bouchra ESSEBBANI, op. cit, pp. 277-282.
4. Chafik JILALI : Evaluation et perspectives de développement des transports dans les pays de l’Union du
Maghreb Arabe (UMA), Paris, 2003.
5.. Nations Unies, Commission économique pour l’Afrique Bureau pour l’Afrique du Nord : Réunion de
concertation avec l’UMA et les OIGs d’Afrique du Nord sur les perspectives de l’intégration maghrébine dans
le nouveau contexte sociopolitique de la sous-région, Maroc, 2013,p.2-4.
6. Habib BEN YAHYA, Secrétaire général de l’UMA, Communication au Symposium, Le coût du non
Maghreb, Rabat, 2006.

►Commerce et Investissements au Maghreb  : Le « Maghreb-arabe-Moyen-Orient » (Abbas, 2014) est la


région du monde où les mesures restrictives (appelées barrières non tarifaires) visant à protéger les
marchés nationaux de la concurrence extérieure sont les plus élevées. Au sein des six régions en
développement identifiées par la Banque Mondiale, le Maghreb présente l’indice global de restriction aux
échanges le plus haut (Abbas, 2014).
♦ Les échanges commerciaux des pays de l’UMA.  : Le poids du Maghreb dans les échanges mondiaux de
marchandises est négligeable. Il représente en 2013, en effet, 0,67 % des importations et 0,73 %
exportations mondiales (unctad.org). Ces échanges sont principalement réalisés avec l’UE. En 2013, la part
de l’UE dans les importations de marchandises s’élève à 47 % pour le Maroc, 52,1 % pour l’Algérie et 55,8
% pour la Tunisie, contre respectivement 56,9, 65 et 71,3 % pour les exportations. L’UE est
incontestablement le premier partenaire économique des pays du Maghreb. En matière d’importations, l’UE
des 28 est suivie de très loin par la Chine et en matière d’exportations, par le Brésil pour le Maroc, les
Etats-Unis pour l’Algérie et par la Libye pour la Tunisie. La Tunisie est le seul pays du Maghreb qui compte
parmi ses partenaires principaux, importations et exportations confondues, des pays voisins (Algérie, Libye)
[cf. tableau ci-après]. En effet, le pays fait figure de leader traditionnel du commerce intra-maghrébin. Les
exportations marocaines vers les autres pays membres de l’UMA représentent près de 10 % du marché
maghrébin, ce qui représente un taux relativement faible eu égard le poids économique du pays au sein de
l’UMA. Le Maroc exporte vers l’Algérie essentiellement des acides phosphoriques, des fils et câbles
électriques et des produits alimentaires, et y importe principalement du gaz naturel, du cuivre et des dattes
(Zriouli, 2012). Le groupement économique de l’UMA commerce très peu à l’intérieur de sa zone. La part
des échanges intra-maghrébins n’excède pas 4% du volume global des échanges extérieurs de chacun des
pays en 2013. À titre de comparaison, cette part est d’environ 60 % pour l’UE, 56 % pour l’ALENA, 23 %
pour l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), 19% pour la Communauté des États Sahélo-
sahariens (CEN-SAD) et de 13 % pour le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA)
(Oueslati, Brini, 2013). L’évolution du volume des échanges intra-maghrébins est positive bien que très
modeste. La baisse enregistrée après 2008 s’explique notamment par les effets de la crise financière sur les
économies de la sous-région. Malgré l’existence d’un cadre préférentiel pour les échanges, qu’accompagne
une batterie de conventions et d’accords économiques, surtout bilatéraux, le commerce entre les pays
maghrébins reste peu développé.

538
Profils commerciaux des pays du Maghreb en 2013

Nature et part des produits échangés par les pays du Maghreb en 2013 (en %)
Au-delà des différends politiques, la faiblesse des échanges intra-maghrébins s’explique non seulement par
un niveau élevé d’extraversion et de dépendance vis-à-vis de l’Europe mais également par un manque, à
des degrés divers, de diversification des économies maghrébines qui impacte de manière directe la
compétitivité externe des systèmes productifs nationaux (Zriouli, 2012). Les échanges des pays du Maghreb
avec l’extérieur sont quasiment mono-sectoriels. Les exportations de l’Algérie sont dominées, à hauteur de
98,5 %, par les hydrocarbures [cf. tableau ci-dessus). Les investissements au sein de la zone UMA ne sont
guère plus nombreux. D’après l’observatoire Mediterranean Investment Project Observatory (1), en 2013 (2),
15 projets (ou Investissement Direct à l’Étranger (IDE)) maghrébins ont été annoncés en Algérie, 13 projets
sont tunisiens contre deux marocains. Ces projets, le plus souvent portés par de grandes entreprises,
concernent des secteurs très divers (15 projets dans 11 secteurs différents). Au Maroc, 20 projets
maghrébins ont été comptabilisés la même année : 13 projets tunisiens, un projet algérien et six libyens. En
Tunisie, en 2013, huit projets marocains et une seule annonce algérienne ont été enregistrés.

Investissements intra-maghrébins entre 2008 et 2013


Plusieurs annonces libyennes (LAFICO) ont été faites, essentiellement dans le secteur touristique mais les
investissements sont globalement en recul depuis la révolution de janvier 2011. Dans l’ensemble intra-
maghrébin, la Tunisie et le Maroc sont les deux premiers investisseurs. La Tunisie investit dans trois
secteurs principaux : (i) l’Agrobusiness (avec l’entreprise POULINA notamment) ; (ii) la construction ou la
539
distribution automobile (entreprise MISFAT) ; et (iii) la Grande distribution (entreprise MABROUK). Les
investissements marocains au Maghreb sont pour la moitié consacrés au secteur bancaire (société
ATTIJARIWAFA BANK). Les investissements intra-maghrébins effectivement mis en place sont très peu
nombreux [cf. graphique ci-dessus]. On assiste effectivement au Maghreb à l’émergence de champions
nationaux qui développent des stratégies d’internationalisation. Parmi ces champions nationaux, certains
investissent au Maghreb, telles que les entreprises tunisiennes Poulina et Elloumi et les sociétés bancaires
marocaines BMCE BANK et ATTAJRIWAFA BANK (Daviet, 2015 ; Tizaoui, 2015). Les initiatives intra-
maghrébines émanant du secteur privé restent limitées, faute de relais officiel. Cependant, un
rapprochement entre les entrepreneurs s’est tout de même opéré avec la création en février 2007 de l’Union
Maghrébine des Employeurs (UME) qui réunit les organisations patronales des cinq pays de la zone UMA.
Ces acteurs travaillent à l’émergence d’un Maghreb économique sans obstacles de nature bureaucratique
qui entravent les échanges commerciaux dans cet espace (3). En février 2014 s’est tenu à Marrakech le
3ème Forum des entrepreneurs maghrébins réunissant les représentants du secteur privé des pays de
l’UMA. Au terme de cette rencontre, les parties prenantes ont présenté une liste de 24 mesures en vue de la
normalisation et de la facilitation des pratiques ainsi que de la réglementation entre les pays du Maghreb,
afin de relancer une dynamique d’intégration économique dans la région. L’intégration régionale est devenue
un impératif économique, en raison notamment de ses effets éventuels en termes de création d’économies
d’échelles, nécessaires pour pallier la faible taille des marchés domestiques des pays membres mais
également à l’accroissement des échanges et des flux d’IDE vers les pays maghrébins (Mathlouti, 2008).
Avec la mise en sourdine de l’UMA depuis 1994, les coûts du non-Maghreb sont extrêmement élevés pour
les pays, en particulier le Maroc et l’Algérie. Ils sont évalués à environ 2 à 3 points de croissance du PIB
maghrébin (Oueslati, Brini, 2013). Dans un contexte de mondialisation, les déficits d’intégration font
craindre une marginalisation du Maghreb (Mahiou et alii, 2013). Or, une meilleure intégration régionale
créerait les conditions pour des économies d’échelle dans un marché de plus de 85 millions d’habitants
(Oueslati, Brini, 2014).
♦ Une prédominance des hydrocarbures dans les échanges intra-maghrébins.
En 2012, les produits manufacturés occupent 38 % des échanges intra-maghrébins contre 62 % pour les
matières premières à faible valeur ajoutée. Plus de 76 % de ces matières premières sont constitués de
combustibles. Au total, plus de la moitié (52,7 %) des exportations des pays du Maghreb vers les pays
membres de l’UMA est constituée de combustibles issus d’hydrocarbures. Près de 95 % de l’offre algérienne
et de 91 % de l’offre libyenne sur le marché maghrébin est respectivement imputable aux hydrocarbures
(WTO, 2014). Les pays producteurs dominent incontestablement le marché de l’UMA. Les importations
tunisiennes et marocaines d’hydrocarbures sont exclusivement constituées de gaz naturel. En 2014, 43 % de
l’approvisionnement extérieur tunisien en gaz naturel est acheminé d’Algérie, ce qui représente 2,4 milliards
de m3. Le gaz naturel est importé sous forme liquéfiée ou prélevé à titre de redevance sur le gaz à
destination de l’Italie via le gazoduc Enrico Mattei. Le Maroc se fournit en gaz naturel algérien à titre de
redevance avec le passage du gazoduc transcontinental Pedro-Duran-Farell et prélève 750 millions de m3
sont prélevés annuellement . Depuis 2011(4), ces importations ont été complétées par un contrat commercial
signé entre la Société nationale pour le transport et la commercialisation des hydrocarbures (SONATRACH)
et l’ONE à Alger : 640 millions de m3 de gaz algérien par an seront livrés au Maroc, sur une durée de 10
ans (Sonatrach, 2014). Ils servent à alimenter la centrale thermo-solaire de Aïn Béni Mathar, située à 86 km
au Sud d’Oujda. Pour autant, cela ne représente que 2 % du total des exportations algériennes en
hydrocarbures (WTO, 2014). À titre de comparaison, la production algéro-libyenne, en 2012, fournit plus de
20 % des importations de pétrole et 35 % des importations de gaz naturel du pourtour méditerranéen
(Rahmouni Benhida, Slaoui, 2013).
♦ Profils énergétiques des pays du Maghreb  : L’évolution du mix-énergétique des pays du Maghreb est
soumise à une double contrainte : (i) une contrainte interne liée au bilan énergétique national, caractérisé
par la prédominance des hydrocarbures, une hausse continue de la demande énergétique et électrique et
une baisse ou quasi absence de production locale d’énergie, nécessitant le recours aux importations et
pesant lourdement sur les finances publiques ; (ii) une contrainte externe liée au contexte énergétique
mondial, marquée par une volatilité des prix du pétrole et des tensions sur le marché – impactant
directement l’économie des pays exportateurs d’énergie –, une raréfaction des ressources fossiles
conventionnelles, et une injonction à réduire et atténuer les effets du changement climatique. Le devenir
énergétique de ces pays dépend de leur capacité à gérer leurs ressources et à en créer de nouvelles. Les
pays du Maghreb doivent diversifier leur mix-énergétique et électrique afin de réduire leur dépendance aux
hydrocarbures et aux importations énergétiques, d’augmenter leurs capacités de production locale, et enfin,
de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les bilans énergétiques nationaux doivent être
équilibrés, autrement dit faire appel à toutes les énergies de manière à bénéficier des avantages de
chacune des ressources tout en évitant une dépendance à l’égard d’une ou deux d’entre elles. Pour autant,
la tendance est d’opposer les énergies renouvelables aux énergies classiques et de penser en termes de
substitution plutôt qu’en termes de complémentarités (Mons, 2011). Les pays dont les économies reposent
sur les importations de combustibles fossiles ont déjà cherché à diversifier leur mix-énergétique afin
d’atténuer les impacts négatifs des chocs pétroliers. Les énergies renouvelables constituent une opportunité
pour permettre aux pays du Maghreb de diversifier davantage leur offre énergétique. À l’impératif
d’approvisionnement énergétique s’ajoute un enjeu industrie : les pays du Maghreb constituent certes un
marché pour ces nouvelles technologies mais sont également en mesure de se positionner industriellement
sur ce créneau et de devenir des exportateurs potentiels d’électricité renouvelable.

540
Les profils énergétiques des pays du Maghreb
Dans chacun des pays du Maghreb, le développement des énergies renouvelables est néanmoins associé à
des enjeux nationaux spécifiques. En effet, pour l’Algérie, pays exportateur net d’hydrocarbures et
autosuffisant énergétiquement, les énergies renouvelables ne répondent guère à la nécessité d’assurer un
approvisionnement énergétique, mais surtout à celui de préserver les ressources naturelles du pays qui se
raréfient, et de les optimiser dans des solutions à plus forte valeur ajoutée. La ressource pétrolière devrait
être, en effet, réservée, à des secteurs pour lesquels les solutions de substitutions sont encore coûteuses,
comme les transports. Si le gaz naturel demeure le principal combustible pour la production d’électricité,
cette ressource est « gaspillée » avec le retour du procédé de torchage. L’exploitation des énergies
renouvelables s’inscrit, par ailleurs, dans le prolongement logique des activités économiques d’un pays à
forte culture énergétique. En Tunisie, le développement des énergies renouvelables représente un moyen
pour réduire l’écart issu de la baisse de la production d’énergie conjuguée à la hausse de la demande
énergétique. Au Maroc, les sources de production renouvelables constituent la seule marge de manœuvre
pour compenser la quasi-absence de ressources énergétiques locales et une opportunité pour diminuer les
importations d’énergie. Elles permettent notamment de soulager le pays face à une croissance exponentielle
de la demande électrique. Alors que pour l’Algérie et la Tunisie, les énergies renouvelables représentent
une alternative à moyen terme, elles sont, pour le Maroc, une nécessité absolue pour répondre aux
contraintes auxquelles fait actuellement face le pays. La part des énergies renouvelables dans le mix de
production électrique marocain est actuellement plus grande qu’en Algérie et en Tunisie, pays caractérisés
par la part écrasante du gaz naturel dans la production électrique nationale. Au Maroc, en effet, plus du
tiers du parc électrique est constitué d’installations de production électrique renouvelable, réparties entre
les centrales hydroélectriques (1 700 MW), l’éolien (797 MW), et enfin le solaire (23 MW), ce qui représente
un total de 2 590 MW. À titre de comparaison, la Tunisie cumule la même année une capacité électrique
installée renouvelable de 300 MW et l’Algérie une capacité de 264 MW (5). Dans le domaine de l’éolien, plus
particulièrement, la capacité installée au Maroc est trois fois plus élevée qu’en Tunisie (233 MW) et dans
celui de l’énergie solaire, elle a atteint 164 MW en 2015, soit le triple de la capacité algérienne (56 MW) la
même année, pourtant 11 fois plus importante que celle de la Tunisie (5 MW). Pour chaque pays, la
construction de capacités additionnelles d’électricité renouvelable a connu une forte hausse à partir de
2008. La capacité installée renouvelable est passée entre 2008 et 2014 de 0,5 à 36 MW en Algérie, de 54 à
1 021 MW au Maroc et de 44 à 238 MW en Tunisie.◙ BENALOUACHE,Nadia (2017)

541
Notes :
(1)ANIMA-Mipo enregistre toutes les annonces de projets d’investissements directs étrangers (IDE) et de
partenariats d’entreprise (Joint-Venture, franchises, coopérations technologiques ou commerciales, bureaux
dereprésentation, enseignes etc.) qui associent les pays du sud de la Méditerranée.
(2)Nous n’avons pas été en mesure de proposer des chiffres qui présentent l’évolution des investissements
intramaghrébins sur plusieurs années. Ces chiffres ne sont valables que pour l’année 2013.
(3)Entretien mené auprès de Zoé Luçon, Coordinatrice scientifique à ANIMA-Mipo, le 14 février 2011 à
Marseille.
(4)Cette date correspond à la mise en service de la centrale Thermo Solaire à Cycle Combiné Intégré de Aïn
BéniMathar, fonctionnant au gaz naturel et à l’énergie solaire et située près de la frontière maroco-
algérienne.
(5)La capacité du parc électrique algérien est pourtant deux fois plus grande que celle du Maroc.

♣ L'unité maghrébine est une aspiration profonde pour les peuples qui constituent le Maghreb. Cette
aspiration devrait pouvoir devenir réalité, car l'heure est aux regroupements régionaux comme la
communauté européenne, le conseil économique des pays du golfe, ... L'unité maghrébine peut se réaliser à
partir d'efforts d'intégration à même de rompre les habitudes autarciques ou extraverties vers l'Europe.
L'intégration maghrébine est un processus qui peut emprunter deux voies, l'une selon une orientation
démocratique, libérale et une autre à caractère autoritaire et volontariste dans la création de la
complémentarité des potentialités économiques.. Dans la première option, la politique prônée est celle de
l'intégration par les marchés, le libre-échange basée sur la suppression de la discrimination économique
entre les entreprises des pays en question. Il est question, dans cette optique, de création d'un marché
unique en tant champ de rapprochement et d'union des différents marchés des pays du Maghreb. Pour cela,
les obstacles ne permettent pas la libre circulation des biens et des services. Tout protectionnisme est à
abolir ainsi que la suppression des barrières douanières. Les subventions qui faussent le libre jeu de la
concurrence doivent être supprimées. La condition principale de l'union libérale est que les économies
qui doivent être intégrées, soient complémentaires. La dynamique de l'intégration est une oeuvre de
progression à cinq niveaux :
♣ La zone de libre-échange : c'est la construction d'un espace économique constitué par les Etats
maghrébins, qui décident de mettre fin à toutes les restrictions quantitatives dans leurs échanges et
d'éliminer les tarifs douaniers. Les pays doivent conserver des barrières avec les pays situés hors de la
zone de libre-échange. Mais les difficultés peuvent naitre du fait de l'inexistence d'un tarif douanier commun
avec l'extérieur. Car un pays maghrébin peut inonder les autres pays par des produits importés d'un pays
tiers à un très faible taux douanier. Il est possible dans ce cas-là d'exiger des certificats d'origine, mais est-
ce que cela est suffisant pour mettre fin à toute sorte de trafic? Donc, des contrôles de douanes sont
nécessaires.
♣ Dans l'union douanière, on retrouve les caractéristiques de la zône de libre échange. De plus, les pays
maghrébins devront avoir un tarif douanier extérieur commun. Donc, dans ce cas-là, on peut éliminer
totalement les contrôles aux frontières communes. Les conditions de réussite d'une union douanière sont :
● que la proportion du commerce entre partenaires, doit être supérieure par rapport au commerce total;
● que la proportion du commerce extérieur avec le reste du monde, soit plus faible ;
● que les économies soient complémentaires.
♣ Le marché commun est une étape supérieure de l'union douanière.
Il est constitué par :
♦ la libre circulation des facteurs de productions (capitaux, matières premières) ;
♦ la libre circulation des personnes et de la main d'oeuvre ;
♦ la libre circulation des marchandises ;
Le marché commun est le résultat d'une harmonisation poussée des politiques économiques. Il doit avoir
convergence des politiques monétaires et budgétaires.
♣ L'union économique. En plus des restrictions à la libre circulation des marchandises et des facteurs de
production qui sont totalement supprimées, l'union économique exige une harmonisation très poussée
des politiques économiques nationales.
♣ L'intégration économique totale. Elle représente le stade suprême de l'intégration totale par les marchés.
Elle requiert une autorité supranationale reconnue et l'unification des politiques monétaires économiques et
sociales. Les deux premières conditions dans le cas du Maghreb ne sont pas réunies. Le commerce intra-
maghrébin n'a jamais dépassé les 3% dans les meilleures années. Les échanges commerciaux avec le reste
du monde, notamment la CEE, demeurent très importants vu la forte extraversion de la région. La
concurrence entre les économies maghrébines existe ; l'on constate des produits identiques et des procédés
de fabrication assez similaires. Cette situation a fait que les liens commerciaux et économiques n'ont
jamais été très importants. Dans l'agriculture, les pays maghrébins ont essentiellement une production
d'agrumes et de cultures maraichères. Mais malgré cela, il existe un potentiel de complémentarité assez
important. Les différents auteurs pensent qu'il existe un noyau de complémentarité autour de l'association
phosphates, hydrocarbures. L'échange phosphates-hydrocarbures peut être un facteur de croissance en
faveur de l'agriculture qui demande de plus en plus d'engrais phosphatés. Dans l'avenir, une certaine
harmonisation des politiques économiques doit être nécessaire afin de ne pas faire des investissements
similaires dans chaque pays et d'assurer les conditions d'une complémentarité qui ira en se renforçant.
Il existe aussi la voie volontariste, dirigiste de l'unité économique. Dans l'orientation dirigiste, volontariste, il
y a une division systématique du travail entre les pays membres. Chaque pays doit se spécialiser dans un
secteur de production donné. Chaque pays localisera une industrie déterminée qui ne se retrouvera pas
chez ses partenaires afin de ne pas lui faire de concurrence. Cette manière d'intégrer les économies se
retrouvait surtout dans les pays (ex)socialistes.

542
L'Etat peut diriger l'activité économique et faire respecter la division du travail respectée par les pays
membres. Cette manière de faire permet aussi de trouver des débouchés aux industries qui ne se trouvent
pas concurrencées à l'intérieur de la zone commune. L'intégration dirigiste au Maghreb par le biais de la
production ne peut découler que d'une volonté de mener une politique à long terme. Cette intégration ne
peut se faire que dans le cadre d'une stratégie commune de croissance économique et de développement à
long terme. Cette approche doit être préparée par le lancement de projets communs qui doivent être
exécutés dans le cadre d'une planification assez fiable. Les grands projets communs faisant intervenir une
certaine technologie avancée, permettront de profiter d'économies d'échelle assez importantes. L'échec de
l'industrie au Maghreb a été causé en grande partie par le surdimensionnement des unités de production par
rapport à l'étroitesse des marchés.
L'intégration par la production est aussi susceptible de renforcer la compétitivité des industries lourdes
maghrébines. Le gain en matière de coûts et l'augmentation des excédents permettront aussi d'encourager
les exportations. Cette manière de faire permet d'éviter les erreurs des industrialisations concurrentes. Les
politiques économiques non coordonnées au Maghreb ont engendré des investissements similaires et
concurrents. L'intégration par la production permet de partager les risques et les charges entre les différents
pays composant le Maghreb. Mais la division du travail entre les différents Etats maghrébins devra se faire
dans le cadre d'un système d'accords de paiements à mettre en place. Ce système permettra d'encourager
les échanges de biens au Maghreb. Ce n'est qu'à travers des investissements maghrébins plurinationaux
que pourront progresser les actions de division interne du travail et de spécialisation intra-maghrébines. Les
deux voies d'intégration maghrébine ne bénéficient pas des mêmes chances d'instauration. L'intégration
dirigiste ou par la production qui nécessite une planification et un effort commun des trois pays. La
planification d'investissements pluriannuels communs est très lourde et semble dépasser par le vent de
libéralisme qui souffle sur le Maghreb comme sur l'ensemble de la planète.

MARCHE EURO-MAGHREBIN .- La coopération multilatérale et bilatérale devra être une des préoccupations
essentielles durant les années à venir en étant conscient que l'Etat régulateur devra favoriser la mise en
oeuvre d'affaires entre les opérateurs économiques dont les décisions doivent être décentralisées. Il
implique des propositions concrètes et réalistes afin d'accélérer la transition nécessaire de l'économie de
contrôle vers l'économie de marché loin des actions conjoncturelles et selon une vision stratégique dans le
cadre de l'adaptation structurelle aux exigences de l'économie mondialisée, faisant de l'homme pensant et
créateur l'initiateur et le bénéficiaire principal de tout processus d'accumulation. C'est que la fructification
de ce patrimoine comme en Europe, Maghreb, Algérie, France, permettra l'épanouissement des ères de
liberté, de tolérance, le combat contre toute forme d'exclusion pour permettre l'épanouissement de
l'humanisme. Certes, les conflits, les préjugés et les cas d'échecs sont nombreux d'où l'incontournable
dialogue. Aujourd'hui, le nouvel essor de l'axe Europe-Maghreb, Algérie-France, exige de décrisper les
relations, d'envisager l'avenir avec confiance car les tensions actuelles ne doivent être que passagères.
Toute déstabilisation de l'Algérie entrainera inéluctablement celle de la Tunisie et du Maroc, donc du
Maghreb, par conséquences de l'Afrique subsaharienne, et du Moyen-Orient par le canal de l'Egypte. En
fait, il ne peut y avoir de paix durable au moyen-orient sans une stabilité au niveau du maghreb dont
l'Algérie constitue une pièce maitresse. Aussi, l'intensification de la coopération, sous réserve d'un
changement profond de la politique économique (la stabilité politique étant une condition sine qua non)
entre les partenaires économiques algériens et français, les Etats devant jouer le rôle de régulateur en
favorisant la mise en oeuvre d'affaires entre opérateurs. Les ONG devant jouer à l'avenir, un rôle de relais
est important, pour préparer dans une seconde phase horizon 2005, le marché maghrébin qui devra jouer le
rôle équivalent pour l'Europe, du Mexique au sein de la NAFTA (zone de libre-échange USA-Canada-
Mexique qui devra être étendu à tout le continent latino-américain), une zone de libre-échange Europe-
Maghreb, passant par la création urgente d'une banque méditerranéenne d'investissement aiderait à
stabiliser cette région et dont la coopération de l'Algérie dans le domaine des hydrocarbures (pipe Italie
via la Tunisie en voie de doublement et pipe Espagne via le Maroc en voie de réalisation) imprime les
tendances à cette coopération régionale. Car toute la problématique devra être cernée en répondant à trois
questions en n'oubliant pas que les firmes sont attirées par la logique des profits, le rôle des Etats à l'avenir
servant de support :
► que veulent l'Algérie et le Maghreb?
► que veulent la France et l'Europe?
► que peuvent obtenir le Maghreb de l'Europe et l'Europe du Maghreb dans le cadre d'un co-développement
misant sur les transformations structurelles à moyen et long terme et ce, pour une plus grande solidarité
négociée afin de faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité au profit des populations de
l'ensemble de la région touchée par un chômage croissant durant cette phase de restructuration mondiale.
Car la désétatisation progressive au niveau de l'économie impose de nouvelles codifications sociales pour
éviter l'exclusion et la pauvreté qui remettraient en cause les conditions memes de l'expansion de
l'économie mondiale dans un univers plus solidaire : en fait à travers le monde, démocratie économique et
démocratie politique sont inextricablement liées, la démocratie supposant des contrepoids tant social que
politique. D'où l'importance de l'Etat régulateur pour la mise en oeuvre et la sauvegarde de ces
codifications.

543
Le Maghreb et l'Europe, l'Algérie et la France sont deux régions géographiques présentant une expérience
millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde arabe, avec des liens culturels profonds. Economiquement,
l'Europe et le Maghreb présentent l'un et l'autre des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités
diverses et cette expérience peut être un exemple de ce partenariat global devenant l'axe privilégié du
rééquilibrage de l'Europe vers le Sud par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges sous
différentes formes. Cela ne signifie pas perdre ses spécificités, mais partager ses avoirs, ses savoirs, ses
devenirs et être la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident. En un mot, c'est construire avec
l'Europe dans le naturel respect de ce que le Maghreb est. Un
Maghreb solidaire économiquement, stable socialement, permettra de faire la soudure avec l'Afrique, le
Moyen-Orient tout en aidant à la réinsertion de l'émigration grâce à ce courant de libre-échange. En résumé,
on ne peut laisser se dégrader la situation du Maghreb sans porter atteinte à la propre sécurité de l'Europe
à terme. Car comment stabiliser le bassin méditerranéen quant plus de 80% de la population maghrébine
sera dans la misère, vivant du rêve de la parabole à quelques heures de l'eldorado européen. Les
responsabilités se partagent d'où la nécessité de l'ajustement de l'Algérie, du Maghreb au monde moderne
avec tout ce que cela signifie de coopération, d'accueil des entreprises étrangères. L'Algérie a les
potentialités pour surmonter cette conjoncture difficile et ce, avec l'aide de la communauté internationale,
évitant ainsi les décisions contradictoires, l'absence d'une véritable politique de sortie de la crise
multidimensionnelle qui serve le pays.

O.M.C.- L'Algérie, négociant son entrée à l'OMC (organisation mondiale du commerce) est tenu de réunir les
conditions lui permettant de mieux tirer profit de la mondialisation. Il s'agit d'un enjeu d'ouverture de son
marché maintenu sous protection de l'Etat durant de longues années. Les efforts à fournir en matière de
mise à niveau de la production nationale demeurent importants. La protection et la promotion de la
production nationale, à la faveur des mutations qu'enregistre l'économie algérienne dans la perspective de
l'adhésion future à l'OMC et la signature d'un accord de partenariat avec l'Europe, et ce qu'ils supposent
comme ouverture du marché algérien à la concurrence internationale, sont réellement source de
préoccupations. Déjà, avant même le démantèlement des barrières douanières qu'implique inéluctablement
une adhésion à l'OMC, l'économie algérienne s'en sort difficilement. Le statut de pays importateur net de
produits alimentaires lui permet de bénéficier de certains avantages accordés par l'acte final de l'Uruguay
round aux pays en développement. L'argumentaire de la dépendance alimentaire qui avoisine actuellement
les 75%, pourrait jouer en faveur de l'Algérie. Tout en étant prête à respecter les obligations de l'OMC,
l'Algérie souhaiterait défendre, par des mécanismes appropriés, certains secteurs clés de son économie.
Cela concerne les capacités du pays à faire face à une ouverture inconsidérée de ses frontières
douanières au niveau des segments économiques les plus vulnérables. Si l'Algérie ne négocie pas son
adhésion à l'OMC de la meilleure façon qui soit, elle risquerait de se voir marginalisée. Accéder à des
normes de compétitivité acceptables passerait pour les experts par une ouverture économique audacieuse
sur le monde, dès lors qu'il n'est plus permis de continuer à évoluer en autarcie et sous les régimes
protectionnistes des bureaucraties nationales, dont les attitudes sur le plan économique mèneraient vers
l'atrophie sinon une extinction de l'économie locale.□
◙ Génèse :L’adhésion de l’Algérie à l’OMC .
Toute demande d’adhésion à l’OMC découle d’une décision souveraine des autorités du pays candidat.
Cette démarche suppose que le gouvernement de ce pays estime que les avantages potentiels qui
découleront de l’adhésion en termes d’accès aux marchés des partenaires seront supérieurs aux pertes
potentielles dues à l’ouverture réciproque de son marché intérieur. Une phase plus ou moins longue de
négociation permet à chaque candidat ainsi qu’aux membres de l’OMC de s’assurer que cette adhésion sera
mutuellement bénéfique. Pendant cette période, ce pays bénéficie du statut d’observateur auprès de l’OMC
(1). Cet accord vise trois objectifs principaux :
 La diversification des échanges afin de sortir d’une spécialisation étroite, la libéralisation du commerce
extérieur constituant la condition première de cette diversification à moyen et long terme des exportations et
de la production ;
 Le relèvement du niveau général de la compétitivité industrielle afin de mieux préparer les industries à
affronter les effets de la concurrence internationale ;
 La maitrise et le contrôle des importations des produits alimentaires.
Etant un pays trop dépendant des exportations des hydrocarbures et depuis les années 90, la structure
générale du commerce extérieur n’a pas changé. Lors de la création de l’OMC en 1995, l’une des premières
prérogatives de ce dernier est d’accorder l’opportunité aux différents pays pendant des années étaient
considérés comme des observateurs ou en accession au GATT de devenir membre bénéficiant de tous les
droits de cette nouvelle organisation, mais malheureusement, cette opportunité n’a pas été saisie par
l’Algérie, alors que les pays voisins sont membre depuis des années (2) Les conditions de l’adhésion à
l’OMC sont communes à l’ensemble des pays candidats et reposent sur une vision libérale de la régulation
des économies. Au début de la négociation, les systèmes économiques des pays adhérents sont plus ou
544
moins éloignés du «modèle» proposé par l’OMC. La convergence qui doit permettre l’adhésion est donc plus
ou moins longue selon les pays. La procédure d’adhésion de l’Algérie à l’OMC est considérée comme la plus
longue par rapport aux autres pays. Elle dure plus de 20 ans et jusqu’à l’heure actuelle, l’Algérie n’est pas
encore membre de l’OMC. Cette procédure peut être analysée en deux périodes:
Période 1 : allant de 1987 à avril 1998 : c’est une période qualifiée de « dormante », le gouvernement
algérien s’est contenté de déposer la demande.
Période 2 : allant de Avril 1998 jusqu’à l’heure actuelle : c’est avec la présentation d’un « aide mémoire » en
juillet 1996, suivi d’un deuxième en Octobre 2002, portant sur le régime du commerce extérieur algérien, et
la tenue de la première réunion de travail en Avril 1998, que les négociations se sont engagées réellement
(2). Au début de l’année 2008, les membres du groupe de travail concluent que l’adhésion de l’Algérie à
l’OMC va prendre encore du temps. On relèvera la réduction des requêtes ramenées de 223 questions à 96
en 2008 (3). Le 11ème round formel de négociations multilatérales a eu lieu le 05 Avril 2013 à Genève après
cinq années de suspension. Autour des négociations, l’Algérie cherche à réaliser une avancée dans le
processus d’accession (4). L’Algérie a présenté 12
documents qui répondent aux exigences d’adhésion etcomportent des réponses franches aux questions
posées(5) La réunion du groupe de travail(5) devait examiner la progression des mises en conformité du
régime du commerce extérieur algérien et des négociations bilatérales sur les consolidations tarifaires et les
engagements spécifiques sur le commerce des services. Cet examen concerne « le régime des licences
d’importation, les obstacles techniques au commerce, la mise en œuvre des mesures sanitaires et
phytosanitaires, l’application des taxes intérieures, les entreprises publiques et les privatisations, les
subventions et certains aspects de protection des droits de propriétés intellectuelle qui touchent au
commerce ». Jusqu’à l’heure actuelle, les domaines dans lesquelles les progrès ont été réalisés sont :
 La réduction des obstacles techniques au commerce ;
 Certaines mesures sanitaires et phytosanitaires ;
 La propriété intellectuelle ;
 Les pratiques antidumping et de sauvegarde ;
 Les politiques de prix ; Les politiques d’évaluation en douane ;
 L’importation des produits pharmaceutiques et des boissons alcooliques ;
 L’exportation de viande bovine, ovine et de palmiers ;
Les domaines pour lesquels l’Algérie doit apporter des progrès importants sont :
 Les entreprises d’Etat ;
 Le prix des hydrocarbures ;
 Les droits de commercialisation et la présence commerciale ;
 Le régime fiscal (TVA et autres taxes à la consommation)
 Les subventions à l’exploitation ;
 Mesures sanitaires et phytosanitaires, obstacles techniques liés au commerce et le respect des droits de
propriété intellectuelle.
Dans les principes théoriques l’accession à l’OMC est considérée comme un outil d’intégration dans les
différent réseaux de production et donc dans l’économie mondiale. Donc, il convient pour l’Algérie d’explorer
les chances pour l’accession en dépit du coût de l’adhésion. Mais, l’état d’avancement des négociations
nous indique que la compatibilité de l’économie algérienne avec les principes de base de l’OMC est très loin
d’être assurée, surtout avec le passage du GATT à l’OMC, où les exigences sont devenues plus
importantes, donc, malgré les efforts consentis par l’Algérie en terme de réformes économiques et
législatives, le processus d’adhésion s’est largement compliqué. L’ensemble des négociations entre les deux
parties a enregistré des divergences notamment dans les domaines suivants  :
a) Les barrières aux échanges et l’accès au marché intérieur :
Comme l’Algérie est un pays qui repose sur les exportations des hydrocarbures, dans le commerce
extérieur, les barrières aux échanges sur les exportations ne sont pas trop affectées, par contre les
importations sont très concernées par les barrières tarifaires etnon tarifaires. Le taux moyen des droits de
douanes effectivement appliqué est de 11,2% et le taux de restriction des échanges internationaux dus aux
tarifs douaniers est de 12,7 %2, donc les restrictions au marché algérien passent inévitablement par des
barrières non tarifaires et leur réduction représente une contrainte majeure aux négociations d’adhésion.
Egalement, l’existence de monopole d’importation est considérée par l’OMC comme une barrière non
tarifaire aux échanges. L’Algérie reconnait elle-même l’existence de ces monopoles, il s’agit d’importation
de produits alimentaires stratégiques, de matières premières ou de produits semi finis jugés nécessaires
pour le fonctionnement des différents processus de production.
b) La transition vers l’économie de marché et l’ouverture commerciale : La deuxième principale question
qui bloque les négociations avec l’OMC est celle des réformes économiques assurant la transition vers
l’économie de marché. Ce processus a été entamé depuis plusieurs années, mais un certains nombre de
limites subsistent. Le problème majeur soulevé par l’OMC et celui qui contredit le mode de fonctionnement
de celui-ci. Il s’agit notamment des modalités de régulation du marché intérieur et la politique administrative
de fixation des prix de certains produits. Dans ce sens, l’Algérie confirme que la fixation des prix de certains
produits nécessaires pour assurer le bien être social (la farine, le lait, le pain,…) (8) En effet, certains biens
et services considéré comme stratégiques peuvent l’objet d’une fixation de leurs prix de vente intérieur.
Dans les différents rapports rédigés par le groupe de travail de l’O.M.C insistent sur la question de fixation
de prix des hydrocarbures sur le marché intérieur jugé très faible en comparaison avec les prix fixés sur le
marché international (9). L’Algérie explique que la disposition de ces ressources naturelles à un prix faible
est un élément de ses avantages comparatifs et ces prix sont également favorables aux investissements
directs étrangers(10) c ) La politique du commerce
extérieur et les formalités administratives  : Ces formalités concernent surtout les opérations

545
d’importations de biens et services sur le territoire national. L’application de ces opérations nécessite en
premier lieu, la détention d’une carte de commerçant étranger 418et elle ne concerne que les ressortissants
étrangers et donc en contradiction avec le principe de l’égalité de traitement national qui est considéré
comme un pilier de l’organisation et du fonctionnement de l’OMC.
En deuxième lieu, les importateurs sont soumis à l’obligation de la domiciliation bancaire qui est également
largement contestée par le groupe de travail de l’OMC. Cette obligation est considérée par ce dernier
comme une formalité administrative qui occasionne des frais et des barrières aux échanges.
En résumé, les négociations de l’accession de l’Algérie à l’OMC demeurent à l’ordre du jour (11). En théorie,
cette accession va lui permettre de bénéficier de tous les avantages que peut tirer un pays en voie de
développement420 à condition que la politique d’ouverture soit poursuivie avec l’institutionnalisation de
celle-ci par la participation de l’Algérie à la mise en œuvre d’un système international de régulation,
l’instauration d’un système de défense contre les sanctions unilatérales des pays développés et enfin,
d’affirmer son engagement dans un processus irréversible de libéralisation commerciale. ◙ MAKHLOUF
Nour-Eddine (2015)
Notes :
(1) Enjeux et impacts du processus d’adhésion de l’Algérie à l’OMC, Philippe BARBET, Saïd SOUAM, Fatiha
TALAHITE, Centre d’Economie, de Paris Nord (C.E.P.N), document de travail n°2009-05.
(2 Implication des autorités algériennes.
(3) Hachemi Djaaboub, ministre du commerce Algérien en 2008, entretien avec le journal nouvelle
république 22 décembre 2008.
(4) Communiqué du ministre du commerce.
(5) Depuis son installation en 1995, le groupe de travail chargé de l’accession de l’Algérie à l’OMC a tenu
dix réunions formelles et deux réunions informelles dont la dernière s’est déroulée fin mars 2012, le groupe
de travail de l’accession de l’Algérie a été établi le 17 juin 1987 et s’est réuni pour la première fois en
avril… 1998. Ce groupe est présidé aujourd’hui par l’Argentin Alberto D’Alotto.
(5) Des négociations bilatérales ont été menées, entre autres, avec les Etats-Unis d’Amérique, le Japon,
l’Australie, le Salvador, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, la Turquie et la Corée du Sud. Six accords
bilatéraux avec le Venezuela, Cuba, la Suisse, le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine, ont été déjà finalisés
(6) Fameuse phrase d’Ahmed Ouyahia pendant la crise du sucre en 2011 « on achète la paix sociale ».
(7) L’O.M.C et l’Union Européenne e considèrent cette double fixation des prix comme, une subvention aux
entreprises productrices d’hydrocarbures.
(8) Ministre du commerce Algérien en 2008, entretien avec le journal nouvelle république 22 décembre 2008.
(9) Décret exécutif n° 06-454 JORA n° 80 , du 20Dhou El Kaada 1427 correspondant au 11 décembre 2006,
relatif à la carte professionnelle délivrée aux étrangers exerçant sur le territoire national une activité
commerciale, industrielle, et artisanale ou une profession libérale.
(10) La ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, à l’ouverture d’une rencontre sur le
partenariat économique entre les deux pays. Tenu en 2012, a fait savoir à cette occasion que son pays
apportera son appui à l’adhésion de l’Algérie à l’O.M.C
(11) L’Algérie étant considéré comme un pays en voie de développement et devrais par conséquent profiter
des avantages de cette position, dixit, Abdallah Benhamou, revue IDARA.

RISQUE PAYS.- De manière globale, les Etats européens considèrent toujours l'Algérie comme un pays à
haut risque. Les méthodes d'analyse du risque pays sont essentielles pour les entreprises, à la fois parce
qu'elles éclairent les firmes exportatrices sur l'état des pays, mais aussi et surtout parce que ces
évaluations ont des incidences directes sur les coûts des exportations ou des investissements. En effet, les
assureurs qui classent les pays en catégories, allant de la première classe dont le risque est le plus bas,
jusqu'à la dernière catégorie où le pays est inassurable, fixe en fonction du risque encouru des taux de
primes. Cette tarification que l'assuré paye à l'assureur, en contrepartie de la garantie de ses exportations
ou de ses investissements, est devenue une variable incontournable, car elle influe directement sur la
compétitivité des firmes.
L'influence du risque politique sur les pays d'accueil peut se matérialiser par trois phénomènes :
■ l'influence de l'analyse du risque peut être extrêmement sensible pour une nation, en particulier
pour les pays en voie de développement qui disposent de peu de ressources. En effet, cette influence peut
se matérialiser par une augmentation des coûts à l'importation dûe principalement aux exportateurs qui
répercutent les surprimes sur leurs biens exportés.
■ la deuxième influence négative est liée à l'image du pays sur la scène économique internationale. Les
pays mal notés se retrouvent confrontés à des difficultés très importantes pour soulever des capitaux sur les
marchés financiers.
■ enfin, cette image négative peut avoir des incidences pour drainer les investissements directs étrangers.
Les connaissances sur le risque sont encore faibles eu égard aux énormes besoins en la matière, en
particulier dans le domaine de la prévision (prospective) et du traitement actif du risque. Les théories
explicatives de l'investissement international ont pendant longtemps peu abordé l'approche risque ou plutôt
l'ont cantonné à une dimension purement financière. L'approche organisationnelle, qui est récente, tente de
pallier à ces lacunes, en particulier en essayant de se focaliser sur les stratégies à déployer dans les
environnements turbulents. Cette approche est riche en enseignements en particulier parce qu'elle génère
un positionnement nouveau vis à vis du risque politique. En effet, le risque politique est aujourd'hui
cantonné à un indicateur général, les entreprises tendent de s'orienter plus vers une approche micro-
économique privilégiant le risque projet. Les firmes ont pris conscience qu'il existait de mauvais risques
dans des pays stables et de bons risques dans des pays turbulents. L'exemple de firmes internationales
546
évoluant dans des environnements turbulents (Algérie, Iran, Russie, ...) est significatif à cet égard et est fort
en apprentissage. Il nous permet d'avoir un angle de vue novateur dans l'appréciation et la gestion du risque
à l'international. En effet, des firmes ont choisi dans une démarche stratégique d'investir d'une manière
offensive un environnement risqué à un moment où d'autres entreprises ont opté pour le désinvestissement.
Dans cette démarche dynamique, ces entreprises considèrent le risque comme une variable à intégrer et à
gérer d'une manière opérationnelle, mais surtout comme une opportunité extraordinaire de développer un
avantage concurrentiel. Le risque est devenu un élément sensible pouvant être géré d'une manière active en
particulier au niveau organisationnel; c'est pourquoi il peut devenir certaines fois un moteur extraordinaire et
non plus un frein dans l'internationalisation de la firme. Aujourd'hui, dans un monde en pleine mutation,
cette nouvelle dimension ne peut plus être occultée dans l'appréciation du risque à l'international en
particulier parce qu'elle peut permettre de cerner les nouvelles stratégies de déploiement des entreprises à
l'étranger.

SAHARA AFRICAIN.- ►Les mutations géographiques du Sahara : d’hier à aujourd’hui . "Mythes et réalités
d’un désert convoité : Le Sahara Abed Benjelid" de Jean Bisson, L’Harmattan, Paris, 2003. Ouvrage
documenté, cette synthèse portant sur le Sahara présente une formidable somme d’informations, fruit d’un
demi-siècle de recherches effectuées par Jean Bisson sur le terrain de différents pays (Algérie, Tunisie,
Libye, Mauritanie) et complétées par des incursions dans les pays de la frange saharo-sahélienne.
Couvrant 8.500.000 km2 et habité par 7.000.000 de personnes, ce milieu naturel aride chevauche sur
l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne ; c’est dire là, la portée de son rôle géostratégique en ce début
de millénaire caractérisé par la mondialisation et la protection de l’environnement. Dans cet ordre d’idées,
cet espace naturel est une zone d’échanges multiformes qui, dotée d’énormes ressources minières et
énergétiques, reste géographiquement fractionnée entre huit États africains (reconnus). Certes, il demeure
caractérisé par un sous-développement de niveau différencié, mais il connaît, depuis la période de la
décolonisation de l’Afrique des transformations démographiques, économiques et spatiales indéniables. Par
tous ces éléments d’analyse, le Sahara apparaît aussi, dans le texte présenté, comme une zone de conflits
politiques récurrents en raison des enjeux territoriaux et économiques, c’est-à-dire un désert convoité tant
par des pouvoirs étatiques africains en place que par les grandes puissances mondiales. La lecture attentive
de ce livre structuré en six parties, nous permet de hiérarchiser les idées exposées par l’auteur. Ainsi, à
côté des multiples permanences décelées et étudiées dans les différents secteurs géographiques sahariens
par Jean Bisson, nous tenons à souligner la place accordée aux diverses mutations enregistrées sur le
terrain durant la décennie des années 1950, voire celle des années 1960. Une des métamorphoses les plus
significatives se rapporte à la croissance démographique, car « depuis les années 1955-62, qui ont été
celles du début de l’exploitation des richesses du sous-sol et de l’accession à l’indépendance de divers
États se partageant l’espace saharien, la population du Sahara s’est accrue d’environ 5.000.000 de
personnes : il s’agit d’une croissance inconnue jusqu’alors ». En effet, cet espace ne perd plus de
population, la retient et même en attire. En ce sens, l’urbanisation est un constat tout à fait concret. La
multiplication des villes permet de dessiner l’armature urbaine saharienne qui est géographiquement
déséquilibrée ; en effet, « les villes les plus nombreuses se situent sur la frange septentrionale du Sahara ».
L’affermissement de la trame urbaine donne implicitement une idée sur l’intensité des migrations humaines
en direction du Sahara, que ce soit à partir de son Nord ou de son Sud ; bien plus, l’auteur donne enfin des
exemples d’intégration urbaine de populations soumises à une mobilité plus ou moins forte (ruraux du
Gourara, Touaregs de différents États, jeunes migrants subsahariens…). La notion d’urbanité, voire de
citadinité, est introduite à travers des études de cas portant sur des villes neuves (villes du commerce, villes
du pétrole, villes de la pêche, ville de la gestion administrative…) et sur des cités de vieille tradition urbaine
(Ghardaïa en Algérie). La
deuxième mutation la plus significative concerne le rôle de l’État en tant que pouvoir politique traçant des
programmes de développement et de financement ; « ainsi, la promotion des régions sahariennes n’a pu
atteindre un tel degré (de développement) que parce que les dirigeants des États ont pris la mesure de
l’enjeu que constitue la possession de l’espace et l’intérêt qu’il peut représenter en poids économique,
militaire, politique, diplomatique, voire symbolique… ». Les diverses actions d’aménagement territorial
(découpages administratifs, promotion administrative d’agglomérations, grands travaux d’infrastructure,
équipements collectifs, habitat…) sont illustrées par des cartes redessinées pour ce texte. N’oublions pas
enfin, la place notable accordée par l’auteur aux conflits politiques entre des États africains et/ou des
groupes d’ethnies (Sahara Occidental, révoltes des Touaregs, différend portant sur la Bande d’Aouzou…).
L’oasis, finage modelé par de vieilles sociétés maîtrisant le savoir-faire hydraulique, est qualifiée de
«monument historique» par l’auteur, en dépit des tentatives récentes de réhabilitation de palmeraies. La
maîtrise hydraulique est approchée à travers les différents modes de techniques d’irrigation pratiquées
localement (foggaras du Gourara et du Tidikelt en Algérie, seguias du Ziz-Tafilalet au Maroc, forages du
Jérid en Tunisie…). Les contraintes rencontrées dans la réhabilitation des palmeraies sont progressivement
levées grâce à un apport d’eau, permis par l’introduction massive de motopompes, en vue de soutenir le
débit des foggaras et ce, après ‘‘la liberté’’ accordée à la population servile des Harratins spécialisés dans
l’aménagement et l’entretien des foggaras. Si ces techniques d’irrigation traditionnelle, mises en place par
de vieilles sociétés hydrauliques, semblent condamnées à long terme car impliquant une production agricole
faible, les pouvoirs politiques centraux ont logiquement tenté de mettre en valeur de nouveaux périmètres
d’irrigation grâce aux énormes potentialités des nappes fossiles sahariennes.
Le développement agricole programmé sur la marge saharo-sahélienne n’a jamais atteint la même ampleur
que celui concrétisé sur la frange saharo maghrébine. Il faut dire que l’agri-business au désert est
principalement pratiquée par les pays pétroliers comme la Libye et l’Algérie. Ailleurs, en raison d’handicaps
multiples (pédologie, eau, structures sociales, disponibilités financières, éloignement des sources de
décision et du marché de consommation, …), les actions demeurent bien modestes, voire prudentes comme

547
c’est le cas dans le Sud tunisien. Les réalisations agricoles modernes sont spectaculaires grâce à «
l’installation de rampes-pivots regroupées en grands ensembles (Gassi Touil, Touat… en Algérie, Al –
Maknusah-Barjuj au Fezzan, Koufra dans le Désert Libyen) ou, plus rarement, isolées auprès d’oasis, a paru
le moyen le plus prometteur d’obtenir rapidement une production massive de céréales : n’est-on pas allé
jusqu’à qualifier de ‘stratégique’ ce type d’agriculture ? ». En dépit du volontarisme imprimé par les
politiques étatiques, ce type d’agriculture apparaît encore fragile et Jean Bisson se demande s’il est «
possible d’envisager l’avenir agricole du Sahara à partir de tels programmes de développement qui
réclament un suivi technique, difficile à assurer, et une parfaite maîtrise des conditions de l’environnement
désertique ». Devant permettre de réduire la dépendance céréalière, cette agriculture connaît aussi des
échecs retentissants, notamment chez les entrepreneurs privés en Algérie, voire en Libye où les grands
périmètres appartiennent au secteur public qui prend en charge l’entretien onéreux de ses installations
techniques.
Localement, une agriculture péri-urbaine fondée sur les cultures fourragères et maraîchères, développée au
sein de petites exploitations familiales, connaît un grand succès comme dans les Ziban (Algérie) ; profitant
de marchés urbains littoraux proches, les petits propriétaires ont permis un « remarquable développement
agricole des Ziban (qui) illustre la formidable capacité dont sont capables des communautés rurales», et ce,
dans des conditions climatiques extrêmes. Toute cette production agricole, provenant des nouveaux
périmètres de mise en valeur et des vieilles palmeraies, donne lieu à une circulation marchande en direction
à la fois du Maghreb (céréales, dattes, maraîchage) et de l’Afrique subsaharienne (dattes vendues au Niger
et au Mali, approvisionnement des pays du Maghreb en bétail). Ces relations commerciales, encore bien
modestes, sont symbolisées par la tenue annuelle de la grande foire africaine de l’Assihar de Tamanrasset
(Algérie), qui attire des commerçants venus de tous les pays de la région (Algérie, Mali, Niger, Libye,
Tunisie, Mauritanie …). La fin de l’ouvrage comporte une série d’études de géographie régionale (le Bas
Sahara algéro-tunisien, le Centre-Ouest saharien des vieilles paysanneries, le Désert mauritanien, le
Sahara Touareg,…) qui font ressortir l’extrême diversité des espaces, des ethnies et des problématiques de
développement posées à chacun d’entre eux. Dans ce Sahara, partagé entre les différents pays africains,
les mutations rapides restent complexes. Quant à la recomposition tribale, elle est loin d’être achevée face
à des États-nations- pour certains- en voie d’affermissement. Dans cet immense désert qui a basculé en un
demi-siècle dans l’urbanité, les échanges formels, les trafics informels et la mobilité des hommes prennent
de la consistance à travers des frontières politiques, au demeurant bien difficiles à contrôler.
Fin connaisseur de l’espace saharien qu’il a parcouru durant des décennies, Jean Bisson nous laisse en
héritage une œuvre de qualité, cinquante ans après celle de son maître Robert Capot-Rey. Le déroulement
des idées est enrichi par de nombreuses études de cas réalisées au cours de sa vie de chercheur ; par
ailleurs, il déconstruit avec brio et humour toute une collection de ‘mythes sahariens’ et étale son savoir
scientifique. C’est dire le plaisir qu’éprouve le lecteur à le suivre tout au long de l’ouvrage! □ BENDJELID
Abed (2008)
*Source : Revue Africaine des Livres. Volume 04 N° 01, Mars 2008. CRASC (Oran)
► Le Maghreb, Le Sahara, l’Afrique et la langue berbère . "Le Tassili des Ajjer, aux sources de l’Afrique",
Méditerranée, 1998 ; "Les Premiers Berbères" , Edisud, 2000, par Malika Hachid.
Deux ouvrages publiés ces dernières années par Malika Hachid nous replongent dans le Sahara central à
l’époque du Néolithique et de la Protohistoire dont les poteries fresques, gravures rupestres et sépultures
datant de l’époque, celles du Tassili des Ajjer notamment, témoigneraient de ce qui fut une zone de
rencontre de populations diverses caractérisant la fin de la préhistoire et l’un des principaux foyers de
production et de diffusion culturelle en Afrique durant une dizaine de milliers d’années (à partir de
l’achèvement de l’Aride de la fin du Pléistocène et le retour des pluies, vers 13000-12000 B.P dû notamment
à la fin de la glaciation du würms au Nord du globe terrestre et jusqu’à la phase de réchauffement et de
désertification dont les effets semblent irrémédiables à partir de 6000 5000 B.P) (1).
À travers ces deux ouvrages Malika Hachid nous communique le résultat d’une carrière consacrée à la
préhistoire et à l’histoire du Sahara et de la civilisation berbère, ceci en tant qu’universitaire, chercheur et
directrice du Parc national archéologique du Tassili (en Algérie). Sa connaissance du Sahara qu’elle a
parcouru et au sein duquel elle a longtemps vécu comme archéologue, ainsi que la maîtrise des productions
scientifiques concernant la région lui permettent à travers une approche interdisciplinaire de nous présenter
une somme encyclopédique concernant le Maghreb et le Sahara central de l’Épipaléolithique (fin du
Paléolithique) et du Néolithique à nos jours. Elle fait bien entendu appel à l’archéologie et à la
paléontologie, mais aussi à la géologie et à la climatologie, à la zoologie et à la botanique ainsi qu’aux
travaux d’anthropologie et d’ethnographie, de linguistique et d’histoire, le tout agrémenté par une
iconographie particulièrement riche (des centaines de photos en couleurs, schémas, cartes).
Un peu dans la lignée de travaux qu’elle avait menés plus tôt(2) M. Hachid défend des thèses hardies et,
elle l’admet, pouvant parfois prêter à discussion, mais ses conceptions d’ensemble sont novatrices, et
argumentées, malmenant pas mal d’idées reçues.
Dans Le Tassili des Ajjer son premier ouvrage, l’auteur fait bien entendu le point quant au patrimoine
archéologique de la région, les fameuses gravures rupestres notamment, mais en tentant de les resituer
dans le contexte écologique et humain au sein duquel elles ont vu le jour.
L’idée qui est développée est que, loin de constituer une simple curiosité touristique due au hasard de
transhumances de populations marginalisées, les fresques du Tassili sont au centre d’un important carrefour
de cultures fondateur d’une civilisation originale, indépendante et parfois plus ancienne que celles qui
depuis l’avènement du néolithique ont vu le jour au Moyen-Orient, en Égypte ou en Méditerranée, les
influençant même plutôt que le contraire. Le pastoralisme, la poterie et l’art rupestre seraient ainsi des
indicateurs aussi fiables, parce qu’adaptés écologiquement, que l’agriculture, l’architecture ou l’écriture
telles qu’apparues ailleurs. Apparaissant d’abord à la fin du Pléistocène des groupes humains qualifiés par
l’auteur d’Épipaléolithiques ou Prénéolithiques qui occupent la Tadrart Acacus et le Tassili. « Ce sont eux

548
qui peignaient les Têtes Rondes et qui annoncent la négritude africaine. Voilà des résultats qui auraient fait
plaisir à feu Cheikh Anta Diop, quoiqu’ils se situent en dehors de la sphère de la grande Égypte, bien avant
les premiers Égyptiens et les premières momies. En plus d’une riche et originale sensibilité esthétique, ces
Noirs manifestent un profond sens religieux. Chasseurs ils s’essayent à l’apprivoisement du mouflon, leur
gibier préféré, premiers pas vers la domestication animale. Enfin, ils sont «en voie de développement
économique» dirions-nous aujourd’hui, puisqu’ils fabriquent de la poterie » (Hachid, 1998: 298).
À partir de 8000-7000 B.P, commence à se mettre en place la période bovidienne (ou bubaline) portée par
des populations mélanodermes qui élèvent des bovins représentés dans leurs œuvres artistiques, et avec
lesquels on retrouvera à partir des VIe et Ve millénaires (B.P) des éleveurs qui semblent être des Blancs et
parmi lesquels émergeraient déjà ce que M. Hachid appelle « les Protoberbères », et finiront par devenir les
plus nombreux. Par où sont arrivés ces derniers ? «Probablement de la façade méditerranéenne, mais non
pas de sa région maghrébine, plutôt de sa partie orientale vers la cyrénaïque et la tripolitaine. Ces
populations peuvent aussi s’être ébranlées de l’Est, mais cette fois de l’intérieur des terres, de cette vaste
zone appelée Désert occidental qui s’étend jusqu’au Nil » (M. Hachid, 1998, p. 300).Elle conclut par ailleurs
sur l’unité civilisationnelle du Sahara : « On peut donc voir dans la civilisation bovidienne saharienne datant
de 8000 à 7000 ans, l’origine de l’Afrique actuelle de la complexité et de l’unité de son peuplement
leucoderme et mélanoderme où Touareg, Bambara, Sarakollès, Peul, Dorzon, Ethiopiens et autres, pour être
différents n’en sont pas moins tous africains, nés de la même matrice préhistorique ».
Dans Les Premiers Berbères, son second ouvrage, il sera toujours question du Tassili mais plus sous l’angle
de ses relations avec l’Afrique du Nord dans son ensemble puisqu’elle y traite de l’apparition des Berbères
et de l’extension de leur langue et de leur culture entre la Méditerranée et le Sahara central. L’auteur va
tenter de confronter les résultats de la paléontologie et de la linguistique historique et glottochronologie
avec sa discipline de base, l’archéologie pré et protohistorique, pour étayer sa thèse sur l’origine des
Berbères (un peu ce qu’un autre archéologue Colins Renfrew avait essayé de faire à propos de l’émergence
des langues indoeuropéennes)(3).
En linguistique historique M. Hachid s’appuiera notamment sur les travaux de Christopher Ehret et de Salem
Chaker pour avancer que le berbère serait le résultat de l’évolution d’une langue mère, l’afro-asien ou
afrasien utilisé 17000 à 15000 ans B.P entre le nord du Soudan et les hauts plateaux de l’Éthiopie (et non
au Moyen-Orient). L’une des branches de l’afrasien aurait connu différentes évolutions par différenciations
de populations pour déboucher plus particulièrement au 11e ou 10e millénaire B.P (soit à peu près le 9e ou
8e millénaire B.C) sur l’apparition des sous-groupes que constituent l’égyptien, le berbère et le proto sémite
(ancêtre de l’akkadien, du phénicien de l’hébreu, de l’arabe…).
Le berbère émergerait en Afrique du Nord avec les Proto méditerranéens Capsiens dont les traces
remonteraient à environ 10.000 ans B.P, et qui assimileront des populations plus anciennes, les Mechtoïdes
dont la culture ibéromaurussienne remonterait à 22.000 ans B.P. Le processus d’assimilation pourrait
d’ailleurs selon l’auteur être rapproché de celui dû à la vague d’islamisation-arabisation qui commence au
VIIe, VIIIe siècle A.C. Le berbère gagnera de même le Sud atteignant le Sahara central vers 5000 B.P
(thèse partagée aussi par l’anthropologue Slimane Hachi) et il y côtoiera deux ethnies noires : les
descendants des fameuses Têtes rondes représentées dans les fresques du Tassili et qui par leur genre de
vie se rapprocheraient des Mechtoïdes du Maghreb, ainsi que ceux mélanodermes représentés avec les
bovidés et qui pourraient être les ancêtres des Peuls.
Toujours à propos de la diffusion du berbère l’auteur tient cependant à préciser : « les anthropologues sont
unanimes à reconnaître que les populations berbères actuelles n’offrent pas une spécificité physique
pouvant renvoyer à un type anthropologique berbère unique, le stéréotype racial doit être écarté même si en
Afrique du Nord l’entité civilisationnelle berbère est une réalité évidente dont les racines s’ancrent dans la
préhistoire ». M. Hachid indique de même ses divergences avec d’un côté le linguiste Christopher Ehret et
de l’autre l’anthropologue Jean Loïc Le Quellec. Ehret considère en effet que le protoberbère n’aurait gagné
le Maghreb que vers 3000 B.C, ceci à la suite d’une nouvelle migration afrasienne causée par des
changements climatiques. Plus restrictif encore, Le Quellec pense que le protoberbère n’émergera pas au
Maghreb oriental avant 2500 B.C, pour ne gagner le Sahara qu’avec l’introduction du dromadaire (peut être
au 1er siècle A.C.). Avec ces questions et quelques autres c’est donc un important débat qui est relancé et
qui reflète l’avancée réelle de la recherche concernant la préhistoire et la protohistoire de l’Afrique du Nord
et du Sahara. Nous assistons assurément à un véritable processus de mise à jour sinon de renouvellement
des synthèses élaborées par des précurseurs tels Lionel Balout, Gabriel Camps et Henri Lhote (4). Ces
deux ouvrages de M. Hachid se rejoignent et se complètent en fait à plus d’un titre, ne serait-ce que parce
qu’ils traitent de l’africanité revisitée à partir du Sahara durant l’Epipaléothique et le Néolithique, et du fait
berbère qui émerge pour l’essentiel durant le Néolithique et la Protohistoire (c’est-à-dire durant la phase qui
débouche directement sur l’Antiquité). La problématique de l’auteur très argumentée sur le plan scientifique
(même si des éléments de son approche méritent discussion comme elle le reconnaît avec modestie), et son
travail très fouillé rejoignent cependant les interrogations et débats qui depuis quelques décennies
travaillent la société algérienne en particulier et de façon plus globale le Maghreb, et ces questionnements
relèvent en partie au moins de l’identitaire5. On sait que l’identité nationale en Algérie a été longtemps
appréhendée par les factions dominantes du Mouvement national (depuis les années 1930 notamment), puis
par l’État national issu de l’indépendance (en juillet 1962) à travers le prisme paradigmatique de l’arabo-
islamisme. Depuis le Printemps berbère qui a notamment secoué la Kabylie (en 1980), est désormais
abordée avec force la place que doit occuper la composante berbère (ou amazighe) au sein de l’identité
nationale. Par ailleurs la crise sociopolitique caractérisée depuis la montée dans le pays à partir de la fin
des années 1980 du fondamentalisme islamique et de son avatar terroriste, a mis en avant la nécessité au
sein de fractions de la société civile et politique de réajuster la définition de la « personnalité » algérienne,
censée avoir jusque-là été trop ancrée sur des constituants idéologiques liés à l’histoire du Moyen-Orient
contemporain (panarabisme et islamisme notamment). Le recours à l’antériorité berbère et à la dimension

549
méditerranéennes de larges pans de l’histoire algérienne est censé constituer aux yeux de nombreuses
catégories de l’élite intellectuelle et de la société globale le contre-poids à l’excès « d’arabo-islamisme »
prégnant jusqu’à ces dernières années. Nonobstant le fait que les idéologies panarabistes et islamistes
sont des phénomènes essentiellement contemporains et qui n’épuisent donc pas la dette identitaire de
l’Algérie et du Maghreb vis-à-vis de l’histoire et de la civilisation arabo-islamique, il restait à situer la
dimension africaine des sociétés nord-africaines et de l’Algérie en particulier, et de ce point de vue,
l’approche qui prend pour relais le Sahara demeure incontournable. L’originalité de la synthèse très fouillée
proposée par Malika Hachid est d’avoir largement nuancé la dimension méditerranéenne très au goût de la
vogue actuelle de globalisation-mondialisation tournée vers le Nord, en rappelant dans ses travaux l’impact
africain auquel elle relie l’ancestralité berbère. Deux séries de thèses avaient jadis été mises en vogue
quant à l’origine des Berbères. L’une d’elle s’appuyant sur des fondements prétendument raciaux, avait mis
en exergue une origine méditerranéenne ou même européenne et ne saurait en fait être détachée du
contexte de légitimation de l’ordre colonial, duquel elle était contemporaine6. La faiblesse méthodologique
de l’approche en a ruiné toute validité sur le plan scientifique et nous ne nous y attarderons pas. La
seconde quoique marquée par le mythe biblique de Noé et ses descendants a eu quelque bonheur parce
qu’elle s’appuyait sur la proximité du mode de vie nomade des anciens Berbère et Arabes(7), et une certaine
comparaison entre parlers berbères et parlers sémitiques, ceux notamment arabes. La langue berbère était
ainsi catégorisée comme faisant partie de la famille chamito-sémitique (ou hamito-sémitique), qu’on a
qualifiée plus tard de proto-sémitique, c’est-à-dire d’un rameau de langues qui se serait particularisé assez
tôt par rapport aux autres langues sémitiques. On sait que l’origine de ces langues était située quelque part
entre la Syrie et la Mésopotamie, ou même dans la péninsule arabique, selon notamment la thèse défendue
par H.A Winckler et L. Caetani qui considéraient que la séparation et la diversification étaient causées par
des vagues d’émigration successives dues à l’avancée de la désertification (8). La thèse plus récente à
laquelle se rallie Malika Hachid et qui s’appuie sur des travaux tels ceux menés en linguistique historique
par Ch. Ehret et S. Chaker, situe donc le foyer originel en Afrique orientale quelque part entre le Soudan et
l’Éthiopie. Même si dans cette région nous sommes géographiquement à proximité de la péninsule arabique,
qu’il suffit pour atteindre de traverser la Mer rouge ou le Golfe d’Aden, et si le paramètre des vagues
d’émigration dues à la désertification continue à jouer, il y a assurément un nouveau paradigme qui entre en
ligne de compte. Il n’est plus question de référence biblique (à Cham ou Ham)(9), mais de référence
géographique, et linguistique puisque la langue mère serait l’afro-asien ou afrasien et qui par
différenciations successives en quittant le berceau originel aurait donné ce qu’on appelait jusqu’à
récemment les langues chamito-sémitiques, c’est-à-dire le berbère, l’égyptien ancien (le copte), le
couchitique avec une variante tchadienne, et même le sémitique (qui paradoxalement garde une appellation
biblique). Ce dernier, porté par une population ayant émigré au Moyen- Orient, donnera naissance
notamment à l’akkadien, au phénicien, à l’hébreu, à l’araméen, et à l’arabe. De ce point de vue il y a aussi
une double symbolique : d’abord le berbère apparaît comme nettement antérieur aux langues issues du
sémitique (ou proto-sémitique) et particulièrement au phénico-punique et à l’arabe, langues avec lesquelles
il eut d’importantes interférences civilisationnelles et historiques ; ensuite le foyer originel est en Afrique et
non au Moyen-Orient. Ce dernier constat permettrait aussi de mieux comprendre la relation de l’afro-asien,
non seulement aux langues auxquelles il a directement donné naissance, mais son interaction via des
mouvements de population avec d’autres langues africaines parlées au Sud et à l’Ouest du continent, et vue
sous cet angle, au gré des mouvements sociaux et climatiques et des différentes vagues d’émigration, la
position du Sahara en général et du Tassili en particulier, s’avère stratégique pour la compréhension de
nombreux processus historiques. En fait, la problématique traitée par M. Hachid rejoint, sans les recouvrir,
les hypothèses et travaux menés par d’autres historiens du continent (10) qui ont eu à traiter non seulement
des relations entre Afrique du Nord et Afrique noire, mais aussi des rapports ayant pu exister entre Afrique
orientale et nilotique, et Afrique occidentale, les zones sahélienne et saharienne apparaissant dans tous les
cas comme des passages obligés et donc riches en histoire. Au-delà de toute approche qui pour certains
tendrait à renvoyer à la polémique basée sur l’idéologie stérile de la recherche des origines, somme toute,
trop restrictive pour recouvrir la complexité du monde contemporain, la piste empruntée dans leurs travaux
par Malika Hachid et d’autres, mobilise donc déjà un certain nombre de spécialistes et mérite tout l’intérêt
des chercheurs. □ REMAOUN Hassan (2004).
*Source : Revue Africaine des Livres. Volume 01 / Numéro 01 - Octobre 2004. CRASC (Oran)
Notes :
-B.P se lit Before Present (avant le présent que par convention on date à l’année 1950). B.C se lit Before
Christ (avant J.C) et A.C After Christ (après J.C).
-cf. notamment de Malika Hachid : El-Hadjra elmektouba. Les pierres écrites de l’Atlas saharien, 1 volume
de textes, 176 p. 1 volume d’images, 385 photos couleurs. Éditions ENAG, Alger 1992. -
Cf. de C. Renfrew, L’énigme indo-européenne. Archéologie et langage (Édition française, Flammarion Paris
1990 et 1994).
On pourra se référer à ce propos à : L. BALOUT :
-Préhistoire et l’Afrique du Nord. Essais de chronologie (Arts et Métiers Graphiques, Paris 1955).
-Algérie Préhistorique (Arts et Métiers Graphiques, Paris, 1958). Á G. Gamps :
-Aux origines de la Berbérie. Massinissa ou les débuts de l’histoire in Libyca (Tome VIII 1er semestre 1961,
Alger)
-Les Civilisations préhistoriques de l’Afrique du Nord et du Sahara (Ed. Doin, Paris, 1974). Á H. Lhote :
-À la découverte des fresques du Tassili (Arthaud, Paris, 1973).
-Vers d’autres Tassili (Arthaud, Paris, 1976).
-Les chars rupestres du Sahara. Des syrtes au Niger par le pays des Garamantes et des Atlantes (Ed. des
Hespérides, Toulouse, 1982).
De nombreuses publications ont ces dernières années porté sur la question et j’ai moi-même eu l’occasion

550
de l’aborder dans quelques écrits cf. notamment Remaoun Hassan,
«Legs de l’histoire et idéologies identitaires » in Gilles Manceron (sous la dir. de), Algérie, comprendre la
crise, Ed. Complexe, Bruxelles 1996.
« École, histoire et enjeux institutionnels » in Omar Lardjane, Mustapha Haddab et autres, Réflexions. Élites
et questions identitaires, Casbah, Éditions, Alger 1997.On pourra à ce propos se référer à la contribution de
J.N. Ferrie et G. Boetsch, « Du Berbère aux yeux clairs à la race eurafricaine : la Méditerranée des
anthropologues physiques», in Kacem Basfao et Jean- Robert Henry (Sous la dir. de), Le Maghreb, l’Europe
et la France. Éditions du CNRS, Paris, 1992.L’historiographie arabe traditionnelle a notamment contribué à
répandre cette thèse. On sait qu’Ibn Khaldoun considérait que les Berbères étaient originaires du Yémen.
Pour un résumé en langue française de cette thèse on pourra se référer à Bernard Lewis, Les Arabes dans
l’histoire, Éditions de la Baconnière, Neuchâtel (Suisse), 1958. Des indications bibliographiques concernant
les œuvres de Winckler (en allemand) et de Caetani (en italien) sont disponibles dans : J. Sauvaget,
Introduction à l’histoire de l’Orient musulman. Eléments de bibliographie (Édition refondue et complétée par
Cl. Cahen) Librairie d’Amérique et d’Orient, Adrien, Maisonneuve, Paris, 1961. Selon DAVIDSON qui fait
référence à l’ouvrage de J.J. GREENBERG, Studies in african linguistic classification, (New Haven, 1955),
c’est ce dernier auteur qui avait proposé « d’abandonner complètement le terme hamite ». cf. Basil
DAVIDSON, L’Afrique ancienne, Ed. Maspéro, Paris, 1973 (2 volumes).
On pourra signaler à ce propos :
Basil Davidson op.cit. (voir Supra, note 9) ; Jean-Suret Canale, Afrique noire.Géographie, civilisations,
Histoire 3e édition, Ed. Sociales, Paris (cet ouvrage constitue le tome 1 d’une série en 3 volumes) ;
Joseph Ki-Zerbo (Sous la dir. de), Histoire générale de l’Afrique (Vol. I), édité par la Commission
scientifique pour l’Écriture de l’Histoire de l’Afrique – UNESCO, Paris, 1983 (pour la version en langue
arabe) ; On ne manquera pas de signaler aussi l’approche de Cheikh Anta Diop.

SECTEUR PRIVE .- □ Ambitions et inquiétudes  : Les désillusions au sujet des Investissements directs
étrangers-IDE (hors hydrocarbures) en Algérie se sont avérées, à présent, chose réelle. (…) La panoplie de
définitions de la Petite et Moyenne Entreprise (PME) n'autorise pas une lecture comparative à l'universel.
L'Algérie qui a adopté la charte de Boulogne sur la PME, lui apporta des modifications dans le cadre de la
loi d'orientation sur le développement de la PME N° 01-17 du 10 janvier 2017.(…).
Type d’entreprise Nombre %
TPE privées 993.170 97,12
Petites Entreprises Privées 26.281 2,57
Moyennes Entreprises 2780 0,31
Privées
Total Entreprises Privées 1.022.231 100
La PME publique ne représentant plus que 0,04% (390 EPE) du total des PME algériennes, tous types et
statuts confondus, y compris les «  Très Petites Entreprises (TPE)  », ce secteur est constitué, à fin 2016, de
1 022 231 PME privées, tous types confondus, en progression de 10,20% environ, par rapport à l'année
2015 (934.037). La part des personnes morales n'y représente que 56,30%. Les personnes physiques y
représentent 43,65% dont 20,64% de professions libérales et 23,00% d'activités artisanales. Une structure,
on ne peut plus, très fragile, peu porteuse de potentialités productives de richesses, d'emplois, de
réceptivité technologique, de capacités d'innovation et sans espoirs sérieux à l'exportation.  
Il est, par ailleurs, structuré en nombre de PME privées, tous types confondus, et par secteur d'activité, de
façon aussi profondément déséquilibrée, comme suit :  
Secteurs d’activité (%) des PME / Secteur
Agriculture 0,60
Industrie 8,76
Hydroc. Energie, Mines et Services liés 0,28
BTPH 17,10
Services y compris professions libérales 50,25
Artisanat 23,01
A titre comparatif, au niveau des 390 PME/ EPE (publiques) résiduelles à la même échéance (fin 2016), la
structure, est, par contre, très diversifiée et mieux équilibrée comme le montre le tableau suivant :  
Secteurs d’activité Part en % dans PME Part de l’emploi en %
Industrie 24,87 36,42
Agriculture 46,41 21,38
Services 20,77 26,64
BTPH 7,18 14,36
Mines et carrières 0,77 1,20
Le secteur des PME privées souffre, en outre, d'une très forte proportion de «Très Petites Entreprises  »
(TPE) ou micro-entreprises qui représentent, à fin 2016, un taux de 97,12% du nombre total des PME
privées, de 2, 57% de petites entreprises et de 0,31% de moyennes entreprises, si l'on négligeait le poids
des 390 PME/EPE (publiques) représentant un epsilon dans le poids total des PME et une fraction infime
dans celui des petites PME et même dans celui des moyennes PME. Ces types de PME privées n'emploient,
en moyenne, que 2,46 salariés-employeurs par entreprise, en stagnation par rapport aux années 2014 et
2015, contre 74,4 salariés par PME/EPE-publique.a- A titre de comparaison, la part des TPE dans l'Union
Européenne, est de l'ordre de 92%. Le nombre de salariés par TPE y est d'une moyenne de l'ordre de 7
salariés, mais, par contre, avec un environnement économique relationnel, de loin, bien meilleur et sans
commune mesure avec celui dans lequel se meuvent les PME privées en Algérie, que nous décrirons plus
loin. 

551
Devant employer, théoriquement, en vertu de la Charte de Boulogne, rappelée plus haut, entre 1 et 9
salariés, mais qui n'emploie, en réalité, que, tout juste, 2,46 salariés-employeurs/entreprise en moyenne;
mais, contrairement à ce qui est faussement répandu, il ne s'agit pas de vraies petites ou moyennes
entreprises PME, qui, elles, emploient, selon les normes de la même Charte, respectivement, de 10 à 49 et
de 50 à 249 salariés en moyenne par entreprise. Tromperie ou confusion à lever, par honnêteté.  
Ces TPE sont des micro-entreprises de statut familial, essentiellement, ne faisant pas appel, de ce fait, aux
emprunts bancaires pour financer leurs affaires, par crainte de ne pas pouvoir les rembourser à leurs
échéances; ou par croyance religieuse d'apparence opposée aux taux d'intérêts qu'elles jugent usuraires,
dans une certaine mesure. Elles font recours, par contre, aux avances non rémunérées, auprès de proches
et d'amis. A cet effet, quelques 88,2% de ces entreprises (TPE), tous secteurs confondus, déclarent
s'autofinancer, selon une étude économique réalisée par l'ONS (1).  
Les entreprises créées dans le cadre de l'Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes (ANSEJ) se
contentent du premier prêt bancaire à leur création, dans la majorité des cas. Ce sont, à vrai dire, des
entreprises, plutôt artisanales, loin de pouvoir créer la richesse, ou de contribuer à l'induction d'une
croissance autoentretenue, ou d'ambitionner l'accès aux nouvelles technologies et, encore moins, de les
reproduire, ou de s'insérer à une quelconque sous-traitance d'intégration industrielle, ou de participer à
l'absorption du chômage ou, en fin, de pénétrer les marchés extérieurs.  
Les quelques similitudes ou proximités avec les indices de l'Union Européenne ne devraient pas tromper.
Car, elles ne sont que de façade.  
A leur statut familial, de plus en plus en personnes physiques, et à leur déconnexion du système bancaire,
vient s'ajouter une raison de taille: Ces TPE (algériennes) sont de caractère individuel, esseulées et ne
s'insèrent pas dans un quelconque réseau stable de sous-traitance industriel ou de services. C'est un
caractère qui traduit une évolution en «solo» et ce, en l'absence de centres de production industrielle
(usines), viables et assurant la permanence et la pérennité des activités ainsi que la proximité des affaires.
C'est une différence fondamentale avec l'environnement industriel et de services liés, dont jouissent les TPE
dans l'espace européen.  
b- A la même date (fin 2016), les quelques 26 281 «Petites Entreprises» privées algériennes, employant,
théoriquement, entre 10 et 49 salariés (selon la charte adoptée par l'Algérie), ne représentent que (2,57%)
du total des PME, tous types confondus (TPE, petites et moyennes entreprises,). Elles ne peuvent, de ce
fait, compenser le grand déficit en production, en apport de croissance et en emplois économiques. Elles
sont, en outre, handicapées par leur concentration autour de deux secteurs d'activités, seulement: les
services avec 50,63% et les BTPH avec 32,15%.  L'industrie, de faible élaboration de surcroit, n'y représente
que 15,72% ; les BTPH étant trop dépendants des dépenses publiques qui sont, de plus en plus, jugées
vulnérables dans la logique budgétaire en finances publiques.  Les autres secteurs ne présentent pas encore
de compétitivités distinctives ; à quelques rares exceptions près.  
c- Pour les entreprises privées dites «moyennes» selon la même Charte, visée ci-dessus, qui ne sont
numériquement, à la même date, que 2 780 entreprises, employant, en moyenne, entre 50 et 249 salariés
par entreprise et qui ne représentent que (0,31%) du total des PME privées, tous types confondus, comme
déjà signalé, ne constituent qu'une part négligeable dans les emplois réellement créés.  
d- Quant au nombre d'entreprises privées de dimensions supérieures, employant en moyenne, plus de 250
salariés chacune et se situant en dehors de la même charte de la PME, il est, par déduction, numériquement
insignifiant. C'est une petite dizaine avec leurs filiales (2).   (…) C'est un tissu qui ne peut, dans son état
actuel, assurer la diversification économique recherchée. Les PME existantes, considérées, par exagération
de certains auteurs et industriels privés, comme la colonne vertébrale de la croissance économique, sont
numériquement et spécifiquement inexistantes dans des tailles viables pour porter cette invraisemblable
affirmation qui est de nature à induire, en erreur, les décideurs dans leurs analyses et dans les mesures
rectificatives à prendre, par conséquent. Quel bilan, alors, devrait-on faire de tous les programmes initiés
par les pouvoirs publics pour promouvoir la PME ?  □ Amar Tou, Economiste, Ancien ministre, Le Quotidien
d’Oran, 18.01.18 (extrait)
1- R.Tou. Thèse de doctorat en marketing des produits financiers et bancaires. 2015. P. 264.  
2- G de la PME au ministère de l'industrie et des mines.

UNION EUROPEENNE. - Compte tenu de la spécificité algérienne et de la nécessité d'aboutir à un


partenariat égalitaire n'excluant aucun secteur, la ratification d'un accord d'association, passe par une aide
financière européenne notamment dans le cadre du programme MEDA, à la mise à niveau de l'industrie
algérienne, une suppression progressive au moins sur douze ans et non immédiate des droits de douane sur
les importations de marchandises et de produits agricoles en provenance d'Europe et surtout l'établissement
d'une clause spéciale pour l'agriculture. L'aide à l'industrie serait destinée à la mise à niveau de la
production algérienne afin qu'elle satisfasse aux normes européennes. Sur le volet agricole, les algériens
réclament le maintien des protections face à la concurrence européenne. L'Algérie se caractérise par
l'exportation des hydrocarbures qui sont des produits soumis aux tarifs douaniers contrairement à d'autres
produits.

ZONES FRANCHES.- Espace territorial délimité et isolé de son environnement géographique, à l'intérieur
duquel s'exercent une ou plusieurs activités économiques, à l'abri de toute ou d'une partie de la législation
nationale, notamment en matière douanière et fiscale, la zone franche constitue un moyen indispensable
pour désencastrer l'économie algérienne et la connecter au marché international. Soumise à des facteurs
nouveaux provenant de la mondialisation de l'économie dont les conséquences sont de plus en plus lourdes,
l'économie algérienne a grand besoin de ressources en devises. A ce titre, elle doit identifier tous les
moyens susceptibles de se procurer ces devises qui lui permettent de couvrir ses besoins de base
(alimentaires ou d'équipement) nécessaires à la relance de son développement. Les devises engrangées par

552
le pays proviennent essentiellement de la vente des hydrocarbures et matières premières, mais qui
diminuent de plus en plus. D'un autre côté, l'Algérie vit une pression démographique qui amplifie ses
besoins en emplois, non seulement pour les bas salaires, mais aussi pour les cadres auxquels il faut ouvrir
des espaces de travail si l'on veut réfréner leur émigration. Donc, il faut trouver que l'économie algérienne
trouve le moyen de se brancher sur le mouvement économique international dont les tendances futures sont
celles de la concurrence acerbe et d'une compétitivité qui va vers l'infini et qui deviennent un culte. Les
industries des pays développés sont malmenées par les productions importées des entreprises à partir de
pays compétitifs. L'Algérie a les moyens de s'inscrire dans cette ouverture car elle a les atouts nécessaires,
une main d'oeuvre et des cadres qualifiés, des facultés d'adaptation, ainsi que la capacité de création
d'espaces privilégiés capables de l'intégrer dans le marché international. L'Algérie se doit d'attirer un
maximum d'entreprises européennes pour fabriquer sur son sol des produits qu'elles importent directement
sans y participer, et ce, à des prix compétitifs, suivant un engineering qu'elles maitrisent tout en utilisant les
compétences locales. Lorsqu'une entreprise s'implante dans une zone franche, le pays d'accueil y tire profit
diversement, en dehors du fait que des salariés gagneraient des salaires, à travers tous les services
vendus en devises (eau, électricité, communications, hôtellerie, transport,...). Ceci produira un effet
d'entrainement puisque les entreprises vont réinvestir le cash-flow qu'elles auront dégagé.
L'avantage apparent pour l'Algérie ne devra pas être celui d'un pays d'accueil ayant une zone franche où les
nationaux iraient dépenser des devises mais celui d'un espace créé pour produire des devises. Il s'agira
d'avoir, dans les coûts de production, au minimum 30% qui seraient dus à des coûts de base. En outre, une
entreprise, en quête de sous-produits, préfèrera les acheter sur place, ce qui constituerait pour le pays, une
manière d'exporter. Il y a, également, toute une série de conséquences considérables dont celle de faire
connaitre le pays ou d'inciter les grands ensembles à venir s'y installer. Les zones franches à créer en
Algérie devront répondre à des besoins déterminés de l'économie du pays ; cette orientation leur imprimera
ainsi un caractère spécifique. La mise en place de zones franches en Algérie fera l'objet de difficultés
auxquelles il faudra faire face sur les plans de la législation, des régimes douaniers ou des institutions
bancaires, à adapter en fonction de nouveaux mécanismes de marché.

ZONES SOUS-DOUANE .- Pouvant prendre en charge la marchandise à partir du quai, la zone sous douane
s'inscrit dans une activité hors activité portuaire moderne. Premier avantage, elle procède au déchargement
rapide de la marchandise et au dédouanement de cette dernière hors zone portuaire. Le deuxième avantage
de l'entrepôt est la non-mobilisation des conteneurs et des remorques. Ces derniers sont remis dans les
24 heures qui suivent le déchargement, ce qui pourrait faire bénéficier l'Etat d'une enveloppe financière
importante. Cette zone offre la possibilité aux importateurs de dédouaner leurs marchandises d'une façon
partielle et ce, en fonction de la demande sur le marché. C'est là le troisième avantage. A titre de rappel, les
trois quarts des 8000 conteneurs, bloqués au niveau du port, font défaut de moyens de paiement des taxes
douanières qui sont parfois au-dessus des moyens des importateurs. Ces derniers peuvent commercialiser
leurs marchandises à partir de la plate-forme de la zone sous-douane, quatrième avantage. Bien
évidemment, la somme fixée par les responsables de ces zones est plus élevée que celle exigée au niveau
des ports. Mais, en revanche, et comparativement à toutes les défaillances relatives au blocage de la
marchandise et aux lenteurs administratives, cette somme fera bénéficier l'importateur au bout du compte.
Ce qui reste à dire est que le nombre très restreint des zones sous douane existantes en Algérie ne suffira
jamais à désengorger les ports algériens, et ne pourra améliorer la situation. A titre de comparaison, il
existe 300 entrepôts sous-douane autour des ports de Tunis. Pour l'Algérie une vingtaine d'entrepôts sous-
douane, autour de chaque port, suffiraient selon l'avis partagé par bon nombre d'opérateurs économiques à
atténuer dans un premier temps l'engorgement des ports.

POLITIQUE INTERNATIONALE

ALGERIE / UE.- Rétrospective  : La signature des accords d’Evian, le 18 mars 1962, a scellé l’indépendance
politique de l’Algérie qui, néanmoins, a continué à bénéficier, sur le plan économique, de certains avantages
qui lui étaient octroyés du temps où elle était une colonie française, sur la base de l’article 227 du traité de
Rome qui l’avait considérée comme un département Outre mer français, cette situation a perduré jusqu’à
jusqu’au début des années 1970. Dès lors, un nombre de pays de la CEE ont commencé à considérer
l’Algérie comme un pays tiers. Il était nécessaire donc de redéfinir les relations de l’Europe avec l’Algérie.
Les négociations menées, au début des années 70, avec le lancement de la politique européenne globale
ont abouti à la conclusion d’un accord de coopération en 1976, mais les relations entre l’Algérie et la CEE
n’ont pas évolué à cause de divergences d’intérêts entre une communauté qui cherchait un intérêt purement
commercial et des pays, à l’instar de l’Algérie, en quête de véritables perspectives de développement. Les
bouleversements géostratégiques et les changements des rapports de forces dans le monde, caractérisant
la fin années 80, ont poussé la CEE à revoir sa politique. Ce changement donnera naissance à la politique
méditerranéenne rénovée suivie directement par le partenariat euro-méditerranéen lancé en 1995, et
proposant la création d’une zone de libre-échange à l’horizon de 2010 alors que les pays du Maghreb
étaient favorables, durant les années 60, à l’instauration d’une zone de libre-échange aménagée(1). Mais
l’Union Européenne a attendu jusqu’en 1995 pour relancer cette idée. En parallèle, elle manifeste sa volonté
de transformer l’espace méditerranéen (vital pour elle) en une zone prospère où règnent la paix et la
stabilité. En plus des divergences d’intérêts, les relations entre la CEE et l’Algérie ont souffert de la
stagnation, pour une durée de plus de 20 ans (depuis la signature des accords de coopération en 1976
jusqu’en 2002, année de la conclusion de l’accord d’association), à cause de deux raisons majeures d’une
part, l’Union Européenne était préoccupée par sa construction interne et, par conséquent, a donné peu
d’importance à ses relations extérieures et, d’autre part, l’Algérie a connu, depuis le début des années 80

553
jusqu’aux années 2000, une série d’événements déstabilisants (la transition vers l’économie du marché et
son coût social engendré, la dette extérieure, le terrorisme,…). En l’espace de 35 ans, l’Europe a mis en
œuvre quatre (04) politiques différentes pour définir ses relations avec ses voisins du Sud. A ces quatre
(04) approches, on peut rajouter la proposition du candidat (2007) et futur président français, Nicolas
Sarkozy : l’Union Méditerranéen, devenue Union Pour la Méditerranée, avait pour objectif de stimuler la
coopération entre les deux rives. Ce projet est vite tombé à l’eau à cause de peu d’intérêt qu’il a suscité
pour les pays européens et pour les pays de Sud et de l’Est de la Méditerranée. Les événements, dits
printemps arabes, vont l’enterrer d’une manière quasi définitive. Enfin, toutes les politiques proposées sont
conçues et élaborées par l’Union Européenne et selon les besoins et les préoccupations de ses pays
membres, donc loin des attentes des pays tiers méditerranéens, ce qui accentue les écarts en terme de
développement entre l’Union Européenne en tant qu’entité et les différents pays partenaires, et par
conséquent, rend difficile la réalisation des objectifs fixés dans les différents accords. Loin des statistiques
et des chiffres, les coûts humain et social des politiques que l’Europe impose (grâce à sa puissance
économique, politique et financière) à ses partenaires du Sud sont énormes. Pour autant, il reste possible
d’envisager un réel partenariat et une véritable coopération en mettant en place, en plus de l’aspect
économique de l’accord, des vrais mécanismes de lutte contre la pauvreté source de tous les maux des pays
de Sud, de l’immigration clandestine, de terrorisme et enfin aider les pays partenaires à faire face aux effets
négatifs liés à la libéralisation des échanges, qui pourrait détruire tout le tissu fragile des PME/ PMI et, par
conséquent, aggraver la situation qu’on cherchait à remédier. □

(1) Zone de libre échange aménagée : elle tient en compte les différences de développement entre la CEE
et les pays du Maghreb. Contrairement aux pays européens, elle consiste à établir un désarmement
douanier et contingentaire plus lent de la part des pays du Maghreb et faire bénéficier ces pays d’un régime
proche du régime intracommunautaire.

Bilan : Dix ans après l’entrée en vigueur de l’accord d’association, le bilan reste décevant pour l’économie
algérienne. Censé assurer, grâce à l’assistance technique et financière, la transition de l’Algérie vers
l’économie de marché et réussir son insertion à la future zone de libre-échange méditerranéenne, son
impact est quasi inexistant. Et pour cause, comme elles l’étaient en 2005, les exportations algériennes
demeurent toujours dominées par les hydrocarbures. L’économie nationale n’a pas connu la diversité que
laissait promettre cet accord. La part des produits hors hydrocarbures reste marginale et n’a pas dépassé
les 04 % en 2014. Si les exportations algériennes restent tributaires des hydrocarbures, les importations ont
explosé en termes de coûts et de volume. L’accord d’association a amené une intensification des échanges
avec l’UE du fait de la suppression graduelle des barrières tarifaires. De 36.5 milliards de dollar US en
2005, elles sont passées à 70 milliards de dollars en 2014. Ceci s’explique par la faiblesse de l’offre locale
qui ne peut satisfaire une demande croissante rendant l’économie nationale dépendante de l’extérieure.
Cette situation profite grandement à la puissante UE qui polarise la moitié des échanges commerciaux du
pays et, par conséquent, le rend vulnérable en cas de crise à cette région du monde. Les effets d’une zone
de libre-échange tels qu’ils ont été évoqués par les différentes théories de l’intégration économique vont
conduire, d’une part à une amélioration du bien-être du consommateur, stimuler les investissements et
améliorer la compétitivité des entreprises du fait de la concurrence, et d’autre part, affecter le budget de
l’Etat du fait de la baisse des recettes douanières, et la disparition des entreprises non compétitives. En
Algérie, les effets sont déjà constatés ; la part de l’industrie dans le PIB est marginale, pas plus de 4% en
2014. La suppression des droits de douanes sur une partie des importations, notamment des biens
d’équipement devait conduire à la baisse des coûts de production, mais ce n’est pas le cas en Algérie car
les indices de prix à la production industrielle ont connu cette décennie une tendance inverse. L’impact sur
le consommateur est presque insignifiant vu les tendances inflationnistes de l’économie qui ont dépassé
parfois les 09%. Enfin les recettes fiscales provenant des droits de douanes ont baissé de 2,5 milliard US
entre 2005 et 2009 avec des projections d’un manque à gagner de 8 milliards de dollars US en 2017, et ces
pertes vont s’accentuer avec la libéralisation totale des échanges. L’impact des flux des IDE, censés de
compenser le manque à gagner en matières des recettes douanières reste flou du fait de l’absence des
statistiques pour en mesurer l’effet. Mais il est indéniable qu’ils n’ont pas atteint les prévisions, selon les
investissements déclarés par l’ANDI (1), ils n’ont pas dépassé 520 milliards de dinar pendant 10 ans. L’UE
dégage la responsabilité et pointe du doigt la législation algérienne qui entrave la libéralisation des IDE
comme en témoignent les différents rapports internationaux sur le climat des affaires et des
investissements.□
(1)Agence Nationale de Développement de l’Investissement.
Les IDE selon les zones géographiques  : Selon des données de l’ANDI, l’Europe est classée en première
position en termes de  projets déclarés avec 316 projets. L’Union Européenne seule contribue avec 238
projets soit  75% du total des projets d’investissement venant d’Europe. La valeur totale des projets
de l’Union Européenne est estimée à 519, 485 milliard DA, en prévoyant la création de 33 175  postes de
travail sur une période de 12 ans (2002-2014).
Tableau ci-après: les investissements en partenariat déclarés en Algérie entre 2002-2014

554
Source : Agence
Nationale de Développement des investissements

Si l’UE a présenté le plus grand nombre de projets d’investissements, ce qui est somme toute logique étant
donnée son statut de premier partenaire commercial de l’Algérie, les pays arabes sont les pays le premier
investisseur étranger en termes de valeur. Ainsi, ces pays avec 1243 milliards DA de montants déclarés
pour 170 projets, se placent loin devant l’UE avec un montant de 519.485 milliards DA. Et même en termes
de projection d’emploi, les pays arabes devancent l’UE et prévoient de créer 35060 postes contre 33175 de
l’UE. Les pays de l’Asie (moins les pays arabes) sont en troisième position, ils prévoient la création de 7230
postes dans 53 projets d’un montant de 219 milliard DA. □ BOUABBACHE Aïssa (2016)

ALGERIE / USA.- Durant la présidence de Clinton, les USA ont pris l’initiative de se rapprocher des
pays maghrébins  par le biais d’un partenariat qui a porté le nom de l’initiative d’Eisenstadt. Le  projet n’a pas
donné les résultats escomptés, il est tombé à l’eau après la fin du mandat du  président américain. Une autre
initiative cette fois, lors de la présidence de J.W.Bush, a  abouti à la signature des accords de partenariat
visant l’instauration d’une zone de libre-échange avec des pays de Moyen Orient et l’Afrique du Nord
(MENA) à savoir la Jordanie et  le Maroc. L’Algérie, même si elle n’était pas directement concernée par ce
partenariat  conduisant à une zone de libre-échange, a signé, en 2015, plusieurs accords, notamment dans  le
domaine agricole. Ces projets américains, qui avaient pour objectif de casser le monopole  de l’Union
Européenne sur la zone méditerranéenne, « les Etats-Unis cherchent à contrer la  politique européenne et
casser son emprise sur les marchés arabes et méditerranéens »(1), ont suscité l’inquiétude des pays de
l’Union Européenne, notamment de la France (2), parce qu’ils  représentaient une menace pour leurs
privilèges et leurs parts de marché dans la méditerranée   notamment du Maghreb.  En plus de relations
économiques Algérie- USA, la Chine, un pays émergent,  s’affirme de plus en plus comme un des plus
importants partenaires économiques d’Algérie.
(1) BICHARA Khadir, « l’Europe pour la méditerranée de Barcelone à Barcelone (1995-2008) », Edition
harmattan.paris2009, p.33
(2) BENANTAR Abdennour, « le Maghreb entre le partenariat Euro-méditerranéen et le partenariat
Américano-Maghrébin »p 87. IN, BOUKELLA, Y. BENABDALLAH, M. FERFERA, M, Y. « la méditerranée
occidentale entre régionalisation et mondialisation ». Cahiers de CREAD, 2000.

BRIC.- Les relations entre l’Algérie et les BRIC (Brésil, Russie, Chine et Inde) sont historiques, elles étaient
lancées juste après l’indépendance de l’Algérie, les cinq pays ont adopté la même idéologie socialiste, des
relations qui se continuent et s’évoluent avec le temps.
□ Comparaison d’indices  : L’IDH est un indice multidimensionnel permettant de prendre en considération les
conditions indispensables dans le processus de développement, s’agissant :
A- L’espérance de vie à la naissance qui permet de mesurer la capacité de bénéficier d’une vie longue et
sainte ;
B- La capacité d’accès à l’éducation et aux connaissances qui est mesurée par deux taux à savoir le taux
d’alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation TBS.
C- Le produit intérieur brut (PIB) par habitant qui mesure la capacité d’accès aux ressources matérielles
indispensables pour atteindre un niveau de vie décent. Donc, l’IDH couvre trois dimensions qui sont
mesurées par quatre indicateurs (L’espérance de vie à la naissance, le taux d’alphabétisation des adultes,
le taux brut de scolarisation TBS et PIB par habitant).
Le mode de calcul des indices dimensionnels de l’IDH : Avant le calcul de l’IDH, il faut calculer les indices
dimensionnels intégrés dans lui :
a- l’indice de l’espérance de vie
b- les taux d’alphabétisation et de scolarisation,
c- le PIB par habitant,
d- Agrégation des indices dimensionnels en un indice final : IDH :
L’indice de développement humain est une simple moyenne arithmétique des trois indices suscités :

idh = (indice d’espérance de vie + indice d’instruction + indice de PIB) / 3

555
□ Les échanges commerciaux entre l’Algérie et BRIC  :  La majorité des échanges commerciaux de l’Algérie
est avec les Etats-Unis et les pays européens surtout avec la France. Néanmoins, dans les dernières
années, certains pays sont devenus des partenaires commerciaux à l’Algérie, parmi lesquels on a les pays
du groupe de BRIC

►Exportations de l’Algérie vers les BRIC en 2011  :

CNIS Algérie 2012


Brésil, Inde et Chine sont parmi les plus grands clients de l’Algérie ; en 2011, ils ont reçu 7,63 milliards de dollars soit 10,41%
des exportations algériennes. L’Algérie exporte généralement les hydrocarbures (Combustibles minéraux, huiles minérales et
produits de leurs distillations; matières bitumineuses; cires minérales) et les matières premières vers ces trois pays.

►Les exportations des BRIC vers l’Algérie en 2011:

Le Brésil la Chine et l'Inde sont des grands fournisseurs de l'Algérie avec une valeur de 7,59 milliards de dollars soit 16,07 %
des importations algériennes en 2011 et 6,11 milliards de dollars en 2012. Pour la Russie, les échanges commerciaux avec
l'Algérie restent très bas par rapport aux autres trois pays, ils étaient 163 millions de dollars en 2012. Ces importations sont
différentes (produits agricoles et industriels) et à titre d'exemple on cite deux produits, les céréales et les véhicules

►Exportations des céréales vers l’Algérie en 2012 :

Source : CNIS Algérie 2012


De ce tableau on observe que les pays de BRIC sont des fournisseurs importants pour l'Algérie pour les céréales avec une
valeur de plus de 77 millions de dollars pour une quantité de 287.953 tonnes de céréales ce qui reflète une dépendance
alimentaire de l'Algérie vers ces pays.

►Exportation des véhicules vers l'Algérie en 2012 :

556
CNIS Algérie 2012
Le marché des voitures en Algérie est un marché potentiel, un facteur qui attire les multinationales d'origine des pays du BRIC
dans le domaine industriel d'une année à l'autre et ses exportations de véhicules vers l'Algérie notamment les marques
chinoises dont la valeur est basse par rapport aux autres marques notamment celles des pays européens . En 2012 les
exportations des véhicules des BRIC vers l'Algérie s'élève à 900  millions de dollars. Généralement  les pays des BRIC sont des
partenaires commerciaux et les échanges commerciaux sont en évolution continue ; à titre d'exemple les brésiliennes ont
doublées en une année seulement (95% entre 2010 et 2011) et les importations chinoises de l'Algérie évoluent de 85 % dans la
même période. La balance commerciale avec ses quatre pays est presque équilibrée.

►Partenariat économique entre l’Algérie et les BRIC : Dans les dernières années l’Algérie a attribué des contrats de 20 milliards
de dollars pour cinquante sociétés chinoises relatifs aux projets de la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, à la construction des
réseaux ferroviaires dans la partie occidentale du pays, à la construction des logements réalisés dans le cadre des différents
programmes comme le programme de la construction d’un million de logements. En 2006, le géant russe GAZPROM a signé un
protocole d’accord avec Sonatrach ayant pour objet de mettre en place une alliance stratégique entre les deux sociétés qui
permet à une coopération dans toutes les activités reliées au secteur des hydrocarbures de l’exploration jusqu’à la distribution
du gaz dans les marchés mondiaux. Dans ce cadre, la société Chinese National Pétroleum Corporation a conclu un accord avec
Sonatrach pour créer une petite raffinerie a Adrar dont la capacité de production est 13000 baril/ jour. En 2010, les sociétés
indiennes ont été invitées à prendre part d’un projet de 10 milliards de dollars pour la construction du Gazoduc transsaharien en
Algérie. La société brésilienne PETROBRAS a investi avec Sonatrach dans un projet de l’exploration du gaz naturel*.Les
sociétés des BRIC veulent investir en Algérie pour bénéficier des avantages fiscaux prévus dans l’accord d’association avec
l’Union Européenne. *Voir V.Castel et d’autres, les BRIC en Afrique du Nord : les enjeux sont il en train de changer ? AFDB,
1er trim. 2011, p.5, 6 et 9.
Par ailleurs, il existe d’autres domaines d’investissement en Algérie dont des projets ont été détectés* en 2007 (tableau ci-après)
:

Le choix de l’Algérie comme un pays d’accueil des IDE des BRIC est effectué grâce à plusieurs facteurs, à titre d’exemple : les
réserves de change, une population active de 68% de la population globale. Néanmoins, les domaines d’investissement restent
limités en choisissant les secteurs des hydrocarbures, l’exploration des matières premières, en absence des projets dans les
secteurs agricoles et le secteur des hautes technologies, ce qui signifie que les multinationales d’origine BRIC cherchent
toujours des projets ayant une rentabilité rapide et élevée. De ce fait, l’Algérie par les biais des IDE et des accords de partenariat
pourra bénéficier des expériences de croissance économique dans les BRIC, notamment le transfert des technologies et
l’investissement dans le secteur agricole. □
557
(*)Voir P. Henry, S. Abdelkrim et B. Saint Laurent, les investissements étrangers dans la région MEDA en 2007, AMINA
Investment Network, 2008, pages 98,102 et 104

► L’influence des pays du groupe de BRIC dans l’économie mondiale ne cesse d’augmenter soit l’influence de chaque pays ou
l’influence des quatre pays comme un groupe ou une alliance, une situation traduite par une convergence économique entre eux
grâce aux différents facteurs (démographiques, politiques et économiques) et la tenue des réunions annuelles en vue de
résoudre les problèmes de leurs économies , renforcer la coopération et de revendiquer l’introduction des réformes dans
l’économie mondiale. Ce qui rend une réalité l’approche théorique de l’économiste JIM O’NILL de la banque américaine
Goldman Sachs. Font partie du G20, les BRIC sont des acteurs influents avec la possession des grandes firmes internationales
dans les différents continents du monde et avec une capacité considérable de financement de l’économie garce à leurs fonds
souverains. Cette influence s’étend au continent africain qui détient le plus grand réservoir des matières premières et des
marchés potentiels. L’Algérie à son tour est un partenaire économique (les IDE) et commercial (les échanges commerciaux) à
ces pays. Des relations qui devront être développées en vue de transférer l’expérience d’émergence économique de ces pays
vers l’Algérie.

Evolution des IDE pour l’ensemble des pays émergents et en transition :

Source : Rapport mondial sur l’investissement, CNUCED, 2010


Selon le rapport de la CNUCED 2012, les flux mondiaux d'investissement étranger direct ont dépassé en 2011 le niveau moyen
d'avant la crise, atteignant 1500 milliards de dollars et ce malgré la crise économique mondiale. Toutefois, ils sont restés encore
inférieurs de 23% environ au niveau record de 2007. L'Afrique et les pays les moins avances (PMA) ont connu une troisième
année de baisse de leurs entrées d'IDE, mais les perspectives s'améliorent pour l'Afrique. La diminution des flux vers le
continent en 2011 est imputable en grande partie à des désinvestissements en Afrique du Nord, et ce à cause des évènements
qu'a connue notamment la Tunisie, la Libye et l'Égypte. Mais, les flux vers l'Afrique subsaharienne se sont redressés, passant à
37 milliards de dollars, soit un niveau proche du record historique.

Les émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Corée, Singapour, Hongkong…) ne sont plus seulement des terres
d'accueil des investisseurs, mais investissent eux-mêmes massivement hors de leurs frontières (30% des «flux sortants»). Ils
misent en priorité dans les pays du Sud. Ces États, Chine en tête, cherchent à sécuriser leur accès aux matières premières-
minières, agricoles et énergétiques - notamment en Afrique.□

CHINE/ALGERIE .- Rétrospective  : La relation sino-algérienne trouve ses racines dans la glorieuse histoire
de la Révolution. Depuis plus d’un demi-siècle, la Chine et l’Algérie s’accordent aide et soutien, sans jamais
s’abandonner les uns les autres, même dans les moments les plus difficiles. Dans les années 50 alors que
les Algériens se livrent à une lutte acharnée pour leur indépendance vis-à-vis des colonisateurs français, la
nouvelle Chine, qui venait de voir le jour n'a pas tardé à témoigner de sa solidarité envers l'Algérie en lui
fournissant armes munitions et autres matériels. Le 22 septembre 1958, soit trois jours après la création du
gouvernement provisoire algérien, le gouvernement chinois l'a officiellement reconnue avant d'établir des
relations diplomatiques avec le régime temporaire trois mois plus tard en signe de soutien à la lutte du

558
peuple algérien contre le colonialisme et pour l'indépendance nationale. En contrepartie, la Chine n'aurait
pas pu prendre son siège à l'ONU sans le soutien de l'Algérie qui a joué un rôle crucial en lançant en 1956,
avec d'autres pays amis, une proposition réclamant le retour de la Chine au sein du Conseil de sécurité.
L'amitié sincère, la recherche du gain mutuel, le partage d’un passé commun et du principe de non-
ingérence sont devenus le leitmotiv des responsables politiques chinois et algériens lorsqu'ils évoquent la
relation entre leurs pays respectifs. La présence de la Chine en Algérie, de manière générale, se manifeste
à travers la combinaison d'un certain nombre de caractéristiques qui font sa singularité. Parmi lesquelles, le
rehaussement des relations bilatérales au rang de partenariat stratégique global. Ce qui serait cependant
intéressant de comprendre et si ce dernier est réellement en passe de devenir un facteur important pour
contribuer à la diversification de l'économie algérienne.
Relations singulières  : Les relations qu’entretient la Chine avec l’Algérie présentent certaines
caractéristiques qui font sa singularité que ce soit parmi les pays africains ou bien arabes  ; du moins de ce
qui relève du financement des projets et de celui de l’armement(1). L'Algérie de fait ne cherche pas à
obtenir d'accord global incluant prêts, aide et services en échange d'un accès à des ressources stratégiques
pour les entreprises chinoises.L’Algérie n'a pas de besoin pressant de financementet est intéressée par
l'assistance technique et le transfert technologique en vue de favoriser son développement et la
diversification de son économie. Ainsi cherche-t-elle en priorité à financer elle-même ses projets. D'après le
rapport de la Banque africaine de développement (BAD) de 2011 , cette situation est imputable à  : « la crise
pétrolière de 2003 qui a permis à l'Algérie d'accumuler des pétrodollars dont elle s'est servie pour lancer de
grands projets nationaux d'infrastructures, tout en garantissant sa stabilité économique grâce au
renforcement des réserves de change  ». Cependant, cette situation risque de changer puisque l'Algérie
pourrait selon le ministre du Commerce Bekhti Belaïd, contracter un prêt auprès de la Chine pour le
financement de certains de ses grands projets. Dans le domaine militaire elle ne demande pas des armes
bon marché et bas de gamme comme les autres pays en voie de développement qui absorbe l'excédent
d'armes chinoises ainsi que les équipements militaires dont l'armée chinoise se défait. L’Algérie au contraire
vise en priorité un matériel de haute technologie car elle veut faire de son armée, l'une des plus modernes
d'Afrique. L'autre aspect qui fait la particularité de la relation sino-algérienne, cette fois-ci en comparaison
avec les pays arabes, est le rehaussement du niveau de leur relation bilatérale, le faisant passer d’un
partenariat stratégique conclu en 2004, à un partenariat stratégique global en décembre 2013, à l’occasion
du 55e anniversaire des relations diplomatiques sino algérienne. Les deux pays ont rendu public un
communiqué commun de presse stipulant que  : « ce partenariat Vise à intensifier le dialogue politique à tous
les niveaux, à travers des mécanismes réguliers pour la coordination, la programmation et l'évaluation de la
coopération bilatérale dans tous les domaines et le renforcement de la coopération dans les domaines
économiques scientifique technologique, militaire et sécuritaire, outre le domaine spatial et l'élargissement
du rapprochement culturel et social entre les deux peuples pour répondre à leurs aspirations et servir les
intérêts des deux pays  ». il s'agit du premier partenariat stratégique global qu’a conclu la Chine avec le
monde arabe reflétant l'importance qu’accordent les deux pays à leur relation.□
♦ Echanges commerciaux Algérie-Chine  : Ils connaissent une importante progression ces dernières
années(1). Leur volume a atteint 10 milliards de $US en 2014 contre 6,9 milliards de $US en 2011, soit un
accroissement de 44%, d’après un rapport du FCE(2). Ce même rapport stipule, également, que la part de la
Chine dans le commerce global a augmenté pour atteindre 8,3% en 2014.

►Variations du volume des échanges commerciaux Algérie-Chine

Source : CNIS (données)


La place de la Chine dans le commerce extérieur de l’Algérie s’est, par conséquent, nettement améliorée. Les statistiques
publiés par le Centre National de l’Informatique et des statistiques (2015), démontrent que la Chine demeure le premier
fournisseur de l’Algérie en s’accaparant de 15,97% des importations du pays de la même année., suivie de la France (10,52%)
et de l’Italie (9,37%). Une place qu’elle a su garder depuis 2013, date à laquelle elle l’a occupée pour la première fois.
(1)Négligeable au début des années 2000, le commerce Algérie-Chine a été multiplié par 14 entre 2003 et 2012.
(2) FCE. Echanges commerciaux Algérie-Chine, avril 2015, p.2
►Structure des exportations de l’Algérie vers la Chine : Le volume global des exportations algériennes est encore très
largement dominé par les hydrocarbures (98%). La quasi-totalité des importations de la Chine à partir de l’Algérie est composé
d’énergie et de lubrifiants.destinés à alimenter sa croissance économique. En 2012, elles ont constitué 99,7% des exportations
de l’Algérie vers la RPC comme l’indique la figure ci-après.. Le reste 0,3% étant constitué de cuivre, de liège ainsi que de cuir.

559
Structure des importations : En plus d’avoir enregistré une augmentation significative lui valant le titre de premier fournisseur
du pays depuis 2013, les importations de l’Algérie en provenance de la Chine sont diversifiées. La RPC en tant qu’atelier du
monde produit de tout, l’Algérie en revanche importe presque tout (v.tableau ci-dessous). On a tendance à y retrouver,
essentiellement, des biens d’équipement industriel constituant plus de la moitié (55%), des biens de consommation non
alimentaires (25%) et les demi-produits (17%).

►Structure des importations par groupe d’utilisation (en million de $US) : 

Cette structure ne diffère pas de celle des exportations de la Chine vers les autres pays africains. Sa comparaison, en
revanche, avec la structure des importations en provenance d’autres groupes de pays, révèle l’existence de certaines
différences, dès lors que les principaux biens qu’ils fournissent ne sont pas du même type (v. figure ci-après).

►Importations de l’Algérie en 2012 :

560
Il en ressort de la figure ci-dessus que les importations de l'Algérie à partir des autres pays en voie de développement sont plus
de 51 % de produits primaires (produits alimentaires à 40,5 % et des carburants à 10,5%) au moment où les importations de
Chine sont faites presque exclusivement de produits manufacturés et de produits chimiques y compris. Les importations à partir
des pays développés, de leur part, présentent une répartition plus uniforme. En Algérie, le recul de la part du marché français se
manifeste sur toutes les branches, exceptés les produits pharmaceutiques (v. figure). Il est particulièrement marqué sur
l'automobile première catégorie d'importations algériennes en 2013 : dans ce secteur, la part de la France tombe sur les 10 ans
de 66 % à moins de 12%. Au-delà des variations qui peuvent sensiblement modifier les parts de marché annuelles dans ce
secteur, on observe en effet une tendance de fond : l’arrivée sur le marché algérien d'un grand nombre d' exportateurs
automobile européens ou asiatiques. Sur les véhicules utilitaires et les moteurs, la France résiste un peu mieux mais elle est tout
de même dépassée par la Chine, comme elle l’est dans la quincaillerie, le matériel de BTP, les fournitures électriques, le
matériel de télécommunication. En moyenne, pour l'ensemble des produits manufacturés, la part de la Chine triple sur le marché
algérien pour atteindre 18 % en 2013 (contre13, 5 % pour la France).

►Les cinq premiers exportateurs de produits manufacturés vers l’Algérie (2013) :

Les groupes chinois de construction qui dominent le secteur du BTP et du logement (ils remportent la grande majorité des
contrats de construction) se fournissent en Chine. Par ailleurs, à la faveur de la libéralisation commerciale engagée dans les
années 1990 et de l’augmentation des ressources tirées des hydrocarbures, les réseaux commerciaux sino-algériens constitués
dès les années 1980 par les marchands à la valise se sont transformés en containers.□
□ Enjeux de la relation sino algérienne  : L’Etat le plus vaste d'Afrique ou encore des pays arabes abritant
plus de 40 millions d'habitants, l'Algérie constitue un important débouché pour les produits chinois comptant
sur la richesse de son sous-sol en pétrole tant convoité. D’après le rapport BP statistical review of World
Energy (2015), elle compte 12 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole soit la quatrième position
à l'échelle continentale après la Libye, le Nigéria et l’Angola et les réserves de gaz prouvées, les plus
élevées en Afrique après le Nigéria avec respectivement 2,7% et 2,4 % des réserves mondiales. L'influence
de l'Algérie à l'échelle du continent africain ne fait plus que croître, en témoigne le rôle prééminent qu'elle
joue dans le maintien de la paix sur ce dernier.Le rapport publié par l'international Crisis Group (2015)
stipule que « l'Algérie est en passe de devenir un intermédiaire indispensable de la stabilité en Afrique du
Nord et au Sahel. Depuis le bouleversement régional de 2011 l'Algérie a joué un rôle important, parfois
crucial les crises politiques de trois de ses voisins (En Lybie, au Mali et en Tunisie)  » ; ça aussi la Chine l’a
très bien compris et salut les efforts de l'Algérie qui partage avec elle des principes de la non-ingérence et
le recours au dialogue plutôt qu’aux armes pour la résolution des conflits. Avec une situation idéale au
cœur du Maghreb l'Algérie constitue également un véritable pont entre la mer méditerranée et l’Afrique
subsaharienne. Un atout qui intéresserait la Chine qui souhaite mettre en œuvre un projet de grande
envergure dit » La nouvelle route de la soie intiée par le président chinois Xi jinping en 2013. Concrètement
la nouvelle route de la soie comporte deux principaux axes, l’un continental et l’autre maritime. La partie
continentale (ceinture) inclut des pays sur la route de la soie maritime du XXIème siècle vise, pour sa part,
à investir et à favoriser la collaboration en Asie du Sud et en Afrique du Nord (voir carte géographique ci-
après).
561
Les nouvelles routes d’influence chinoise

Le gouvernement chinois a publié un document intitulé "Construire ensemble la ceinture économique de la


route de la soie et la route de la soie maritime du XXIe siècle", Perspectives et actions où il explique que
cette initiative va : "(…) permettre à l'ancienne Route de la soie de retrouver sa vitalité, de resserrer les
liens des pays asiatiques, européens et africains sous une nouvelle forme et de porter leur coopération
mutuellement avantageuse à un nouveau palier historique." (*). Il maintient également que  : "L’accélération
de la construction de la ceinture et de la Route permet de promouvoir la prospérité économique des pays
riverains ainsi que la coopération économique régionale, d’intensifier les échanges et l'inspiration mutuelle
entre les différentes civilisations, et de favoriser le développement pacifique mondial. Il s’agit donc là d'une
cause grandiose bénéfique à tous les peuples." L’Algérie soucieuse de diversifier son économie fortement
dépendante des hydrocarbures (98% des exportations, 58% des recettes fiscales et 28 % du PIB), soutient
ce projet en vue des avantages que les deux parties pourront en tirer. Lors du Forum économique algéro-
chinois tenu à Pékin le 28 avril 2015, le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a lancé un appel aux
investisseurs chinois en les encourageant à venir investir en Algérie dans le but de contribuer dans
différents domaines tout en mettant en avant la capacité de l'Algérie "grâce à sa situation géopolitique, son
potentiel humain, la qualité de ses infrastructures de base ainsi que l'excellence de ses relations avec les
pays arabes et africains la disponibilité à "constituer une plateforme pour les investisseurs chinois
souhaitant élargir leurs activités et pénétrer les marchés arabes africains et méditerranéens." □

(*) Ambassade de la République populaire de Chine en Algérie, construire ensemble la ceinture économique
de la route de la soie et la soie maritime du XXIe siècle – Perspectives et actions  , Commission nationale du
développement et de la Réforme étrangère avril 2015  ; cette rencontre s'est soldée par la signature de 15
protocoles d'accord, 02 contrats et un mémorendum d'entente dans les domaines aussi divers que
l'industrie, les mines, l'agriculture et le tourisme .

562
►Les Zones économiques spéciales chinoises en Afrique : Sept zones économiques spéciales se trouvent actuellement
dans différentes phase de réalisation à l'initiative du gouvernement chinois dans cinq pays africains. Cinq projets dans quatre
pays se situent en Afrique sub-saharienne et deux en Afrique du Nord, en Zambie (chambeshi & Lusaka (East), au Nigéria
(Lekki & Ogun), en Ethiopie (Oriental), en Egypte (Suez), à l’Île Maurice (Jin Fei) et en Algérie (Jangling) Cf. carte.

L’Algérie parmi les principaux clients africains de la Chine :

L’Algérie parmi les exportateurs africains de la Chine :

563
DECHEANCE DE NATIONALITE FRANÇAISE .-. La déchéance de la nationalité française : une méprise des
valeurs égalitariste, humaniste et universaliste. La proposition gouvernementale française a visé deux
objectifs : la gestion de la violence d’État et les différents statuts juridiques des personnes vivants sur le
territoire français. S’agissant du statut des personnes, le projet de déchéance de la nationalité française des
personnes nées en France et convaincues de crime terroriste  : commettre un crime terroriste ne serait donc
plus suffisant pour déchoir le criminel de sa nationalité. Il faut aussi qu’il fasse partie des millions de
Français qui ont aussi une autre nationalité. Sarkozy avait demandé que la déchéance intervienne non pas
pour un crime terroriste commis par un bi-national, mais dès la commission d’un délit terroriste. Cela révèle
que le curseur de la déchéance de la nationalité est devenu mobile. Qu’en sera-t-il demain  ? Les deux
critères de commission d’un délit ou d’un crime terroriste et la double nationalité sont légalement
indépendants l’un de l’autre. En fait, la mesure ne peut pas être appliquée sans avoir au préalable classé
les citoyens français en deux catégories distinctes : les révocables et les irrévocables. Cela rappelle
singulièrement le statut de l’indigénat de l’époque coloniale, distinguant deux catégories de Français : les
"Français supérieurs" affiliés à la métropole et les "Français inférieurs" d’origine autochtone donc indigènes.
Ce clivage racialiste avait fait perdre ses colonies à la France ; il donnera naissance dans le futur à de très
graves conflits intérieurs socio-politiques. Cette disposition est en contradiction avec l’article 1er de la
Constitution qui ne sera pas retiré de la Constitution par l’adoption de l’amendement proposé ; il stipule :
"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi
de tous les citoyens sans distinction..." Il est anticonstitutionnel d’adopter des lois sélectives qui ne
s’appliquent uniquement aux noirs ou uniquement à ceux dont l’adresse se situe dans des zones
défavorisées. C’est une trahison de la Constitution et d’une partie importante de l’électorat : Les citoyens
n’ont pas voté pour se retrouver dans un statut juridique inférieur... Prétexter que "la France est en guerre"
pour justifier ces mesures extrêmes est un mensonge d’Etat : Parler de guerre dans le cas présent est un
artifice lexical pour mettre fin aux libertés privées en ciblant le statut de plusieurs millions de Français en
raison de leur origine. La France est confrontée à des événements consécutifs aux opérations extérieures
de l’armée française (terrorisme venu de l’étranger) et à des décades de déficit démocratique, économique,
social et culturel envers les couches de la population les plus défavorisées (terrorisme local par désespoir
et par manque d’avenir). La solution dans un cas comme dans l’autre est de nature prioritairement politique.
L’aspect technique, sécuritaire ne peut prospérer qu’en présence d’une action vigoureuse et durable de
nature politique, économique, sociale et culturelle. Si le gouvernement français croit au succès des seules
solutions basées sur les techniques de répression (après la justice expéditive intitulée "tribunaux anti-
terroristes", va-t-il demain utiliser la torture de Français révocables ou irrévocables "pour empêcher que des
crimes soient commis" comme cela fut dit pendant la guerre d’Algérie ? Le problème est l’absence du
minimum d’égalité et de fraternité, dans la liberté au sein de la société. Ce problème est fondamentalement
politique et il impose, qu’on le veuille ou non, une solution fondamentalement politique contraire à la
déchéance statutaire de millions de Français. Personne ne prend la défense des délinquants, des criminels,
des terroristes. Personne ne s’oppose à des peines exemplaires dans le cadre de la justice, sous le contrôle
des magistrats indépendants - garantie de l’État de droit. Mais, il est temps que la société comprenne
l’abîme qui s’ouvre devant elle avec ces propositions constitutionnelles qui ne semblent être efficaces que
pour collecter les suffrages de la droite extrême et l’extrême-droite. Beaucoup de français d’origine
maghrébine sont nés et ont grandi en se ressentant tels Français inférieurs dépendant toujours du statut de
l’indigénat pourtant aboli. Après les guerres d’indépendance, les ressortissants ou rapatriés sont devenus
citoyens de plein droit dans leur pays d’origine. Vivant en France depuis plusieurs décennies, ils ont
acquis la nationalité Française par naturalisation, affiliation ou descendance. Or, comme pour la nationalité
française, dans le monde, beaucoup d’autres nationalités ne se perdent pas et se transmettent de père en
fils, de génération en génération ; elles sont automatiques. La déchéance de la nationalité s’avèrerait une

564
atteinte à la qualité de la nationalité française elle-même. Celle-ci, devenant une citoyenneté à étages (à la
carte), ne sera plus humaniste, universelle. La France cessera d’être la patrie des droits de l’homme
puisque selon les circonstances et les aléas législatifs, une partie de ses citoyens relèveront d’un statut
inférieur susceptible de les déchoir alors qu’une autre partie des citoyens seront toujours Français, quel que
soit le crime qu’ils commettent. Cela ne s’oppose pas à la déchéance pour les personnes ayant acquis la
citoyenneté par fraude. Selon l’esprit et le texte de la Constitution actuelle, il ne devrait y avoir qu’une seule
qualité de nationalité française. Changer cela reviendrait à modifier en profondeur la nature de l’État
français en lui inculquant un contenu racialiste. □
DIPLOMATIE.- La nécessité d'une redynamisation, d'une restructuration de la diplomatie algérienne autour
de priorités nouvelles est plus que jamais ressentie. Sous la pression de facteurs endogènes et exogènes,
elle a perdu de sa verve et connu un essouflement réel qui a réduit son action dans les forums
internationaux et lui a fait perdre, peu ou prou, le sens de l'initiative et de l'imagination qui la distinguait. Il y
a nécessité de s'adapter à la nouvelle réalité internationale car l'expérience algérienne, ayant subi un
constat d'échec, a un besoin vital d'une ouverture politique et économique sur la communauté
internationale de plus en plus interdépendante. La tentative de démocratisation, si succès il y a, doit inciter
les respnsables algériens à chercher à adapter l'outil diplomatique à cette évolution en lui assignant des
objectifs conformes aux intérets stratégiques du pays. Cela implique la définition d'objectifs précis et la
mobilisation des moyens adéquats pour les atteindre. Les multiples vocations à la fois méditerranéenne,
maghrébine, arabe et africaine de l'Algérie doivent avoir des retombées avantageuses diverses au regard de
ses obligations et priorités. L'instabilité politique et sociale qui caractérise la situation algérienne engendre
un méfiance chez les partenaires étrangers. Un pays n'est respecté par la communauté internationale que
s'il impose le respect et manifeste clairement et fermement sa volonté d'assumer ses contradictions
internes. La recherche de partenaires crédibles et sincères capables de répondre favorablement à son
attente et à ses préoccupations par, notamment le développement d'une coopération mutuellement
bénéfique et libérée de toute contrainte politique, devient impérative. A l'heure où le regroupement des
Etats en voie de développement ou développés, en ensembles économiques et politiques, est quasiment la
seule condition pour leur survie, l'Algérie doit entretenir et renforcer ses avantages géostratégiques
nécessaires à ses actions diplomatiques et continuer à croire plus que jamais à l'idéal maghrébin malgré les
aléas de sa construction. L'Algérie doit créer et saisir les opportunités d'emploi, de formation et d'assistance
financière et technique offertes par les organisations internationales, régionales et sous-régionales
auxquelles elle a adhéré et dans lesquelles elle doit renforcer sa présence. Sur le plan organique et
structurel, l'élément humain demeure déterminant car il est constaté qu'à l'instar de l'ensemble de
l'administration, elle est truffée de fonctionnaires incompétents qui, non satisfaits d'avoir eu un itinéraire
exceptionnel que ni leurs compétence ni leur "génie", jamais prouvés sur le terrain, ne justifient, continuent
d'occuper des postes de responsabilité sans aucune commune mesure avec leurs capacités
professionnelles. Afin de pouvoir appréhender et prévoir mais non prédire les tendances lourdes de
l'évolution du monde qui l'entoure, le diplomate moderne doit être en perpétuelle formation et en quete
permanente de l'information que seule une sructure spécialisée, à l'instar de celles qui existent dans de
nombreux pays, pourrait lui dispenser efficacement et utilement. En outre, toutes les structures doivent être
utilisées rationnellement en tenant compte d'une répartition des tâches entre les services de l'administration
centrale et les services extérieurs (ambassades et consulats). La complémentarité des uns et des autres est
indispensable pour une bonne maitrise et une circulation fluide de l'information qui constitue la raison d'être
de la diplomatie. Les critères de l'efficacité et de la rentabilité économique doivent prévaloir sur toutes les
autres considérations d'ordre purement politique qui ont longtemps coûté trop chers, sans contrepartie
évidente, afin de mieux exploiter les opportunités de coopération offertes.

FONDS DE COOPERATION.- L'Algérie n'a pas profité, contrairement aux autres sources, de financement
d'institutions financières internationales, régionales et de fonds de développement et de coopération.
Citons pour exemple, le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES) qui est en
partie financé par l'Algérie. Sa quote-part dans le financement de ce fonds est assez importante puisqu'elle
se trouve en 2ème position après l'Arabie Saoudite. L'Algérie n'a su profiter de conditions de financement
pourtant à sa portée pour alimenter sa relance économique.

FRANCOPHONIE.- De 1960 à nos jours, une cinquantaine de pays sont membres à part entière du conseil
permanent de la francophonie lequel a consacré entre 1986 à Paris et 1997 à Hanoï, pas moins de sept
sommets. Trois pays du Maghreb (Maroc, Mauritanie, Tunisie) et des pays est-européens comme la
Bulgarie, la Roumanie, et la Moldavie, dernier pays en date, y ont été admis au sein de cette communauté.
L'Algérie n'a jamais manifesté un quelconque intérêt d'y adhérer bien qu'elle ait en commun avec les autres
pays l'usage du français comme langue commune et courante d'expression. La politique d'arabisation forcée
prônée par le pouvoir et le contexte des relations bilatérales quelquefois tumultueux du fait de la non
reconnaissance officielle d'une guerre en Algérie ou d'une intention française de vouloir minimiser la
dimension souveraine de l'Etat Algérien dans ses relations, a engendré un repli politique vis à vis de
l'influence de l'espace culturel français international. La langue française, paradoxalement, n'a pas cessé
d'être utilisée par les élites et les cadres dans le pays. Si l'Algérie appartient naturellement à l'histoire de
l'espace francophone, elle demeure trés attaché au monde arabe avec lequel elle entretient de façon
privilégiée le creuset de son identité arabo-musulmane constitué durant des siècles. Toutefois, l'entretien
de rapports entre ces deux espaces politiques vis à vis d'une tentation hégémonique anglo-saxone place la
francophonie dans une confortable avance aussi valable que durable par les progrés intellectuels diversifiés
qu'elle suscite. S'ouvrir à la langue française en tant qu culture et civilisation qui a façonné l'histoire de
l'Algérie ne signifie point allégeance à une ancienne puissance coloniale ou renoncement à sa propre
identité et souveraineté nationale.
565
HARKIS.- Un dossier récurrent, celui des harkis, ces citoyens français qui font d'une façon récurrente l'objet
«d'abcès de fixation» aussi bien d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée.
Situation des harkis du côté français  :
a) Il y a les harkis rapatriés en France par les autorités militaires françaises avant la mise en oeuvre
officielle de l'indépendance. Ces harkis accompagnés de leurs familles ont été parqués dans des camps
ouverts à la hâte dans le sud de la France comme Angoulême par exemple. Une grande partie d'entre eux
n'ont pas été informés de leur droit, notamment de la souscription de la déclaration d'option de la
citoyenneté française, (la nationalité française comme le prévoyaient les accords d'Evian), pour «les
français- musulmans». En effet, les Algériens étaient des sujets et non des citoyens. Ils avaient trois ans
devant eux pour faire ce choix de la nationalité française et respectivement pour les pieds-noirs en ce qui
concerne la nationalité algérienne. La grande majorité d'entre eux n'est pas détentrise, ni d'un document
légal français de résidence ni d'un document algérien puisqu'il est formellement interdit aux consulats
algériens de gérer cette catégorie. Ils sont sûrement fichés par la police française, (comme ils le sont par
celle algérienne), qui, au cours de contrôle de routine, est instruite de ne pas entraver la circulation de ces
harkis. C'est cette catégorie de harkis qui inquiète les pouvoirs publics français de par leur statut juridique
bâtard si l'on veut comprendre l'intérêt brusque porté à cette frange de la société française, d'ailleurs en
voie d'extinction. Actuellement, ces harkis émettent simplement le voeu d'être enterrés en Algérie. Devant le
refus algérien, ils se font inhumer dans les pays voisins du Maghreb. «Dans un tout autre domaine et pour
utilité d'information aux lecteurs de L'Expression, les juifs du Sud n'ont pas bénéficié de la nationalité
française en application de la mesure prise à l'égard des juifs d'Algérie par le décret Crémieux, ministre
français de la Justice, garde des Sceaux, puisque l'Algérie dans la conception coloniale, le pays était
constitué seulement par les trois départements, (Oran, Alger et Constantine), occupés dans le cadre de
colonies de peuplement comme les Amériques, l'Afrique du Sud ou la Palestine actuellement. Le Sahara a
été sous occupation militaire. Ce fut une revendication territoriale du FLN durant la lutte de Libération
nationale. La majorité des juifs du Sahara s'est rendue directement en Palestine, (côté israélien) parce
qu'elle ne jouissait pas de la qualité de citoyens français. Ceux qui ont atterri en France, après trois années
de tracasseries administratives et de démarches judiciaires, ont enfin pu recouvrer la nationalité française».
Il convient de noter pour utile information historique, que le Sud-Ouest, précisément la Saoura, a été
occupée militairement tardivement puisque les Français sont arrivés à Béchar, un lundi 12 novembre 1903, à
Adrar, le 31 mars 1934 et à Tindouf, le 31 juillet 1934.
b) Les harkis du Sud  : Dans le Sud-Ouest, dans sa partie «Hauts-Plateaux», les harkis ont fait l'objet d'un
rapatriement à la suite d'un pont aérien établi entre Mécheria et probablement Melun, (Nord de la France)
par le sénateur «français-musulman» dont il avait la charge et surtout la responsabilité d'autant qu'il
s'agissait d'éléments de sa propre tribu. Certains d'entre eux, (caïds ou bachaghas) avaient la citoyenneté
française par naturalisation donc exclus du champ d'application de la souscription de la déclaration d'option.
D'autres, simples harkis, en majorité illettrés, ne sachant pas la langue de Molière, ont été invités par leur
protecteur à souscrire la déclaration d'option. Le protecteur a fait mieux en les casant dans des secteurs
comme les chemins de fer à travers la France (Strasbourg par exemple). Ceux, justifiant d'un niveau
appréciable de la langue française, ont été nichés dans les administrations des collectivités territoriales
dans la région parisienne où leur progéniture a pris la suite du papa retraité. Ceux-là ont été intégrés dans
la société française sans le moindre souci, à part la nostalgie du pays, particulièrement de leur région
algérienne pour des raisons géographiques, climatiques, sociologiques. Ils ont terminé le parcours tracé,
étudié et examiné minutieusement par leur protecteur à qui ils doivent certainement une reconnaissance
éternelle. Plus de 20 ans après, munis de leurs passeports français et d'un visa consulaire algérien, ils se
sont rendus en Algérie dans leur douar sans le moindre ennui ou tracasserie notamment ceux qui étaient
caïds parce que dans la plupart des cas comme ils aimaient à le souligner: ils partageaient avec les officiers
français le méchoui et le couscous, le jour, puis avec les officiers de l'ALN, la nuit. La famille, qui a émis le
désir, a pu enterrer au bled, l'époux harki décédé en France, bien entendu après l'accord préalable du
président de l'APC de la commune intéressée. L'autorisation de transfert de corps en Algérie est délivrée
par l'autorité consulaire territorialement compétente presque trois décennies après l'indépendance, le
protecteur lui-même sera enterré dans son village natal et sa dépouille mortelle rapatriée par avion spécial
mis à sa disposition par le gouvernement algérien.
3) enfin, la dernière catégorie concerne les harkis établis en France par leurs propres moyens. Immatriculés
depuis fort longtemps auprès des services consulaires algériens, ce harki a eu la malchance d'être déniché
au cours de la gestion consulaire, généralement, à la suite du renouvellement du passeport après une
consultation inopinée du fichier des harkis (dont sont dotés tous les consulats d'Algérie à l'étranger). Le
document de voyage lui est subitement retiré et interdit de gestion après des décennies de prise en charge
administrative. Ce brusque refus de gestion va emmener son auteur devant une situation inextricable: il ne
peut se rendre en Algérie alors qu'il a effectué plusieurs voyages par le passé. Il ne peut circuler librement
en France après l'expiration de son titre de séjour français car géré et connu par l'administration française
comme étant un émigré algérien. Ce sont des cas rares. Maintenant que les services consulaires ont
introduit une gestion informatisée, il est possible d'informatiser ce fichier.
Précisons deux points :
a) L'épouse et les enfants de harkis sont gérés par les services consulaires. Ils sont détenteurs de
documents administratifs algériens et se rendent en toute liberté en Algérie.
b) généralement, tous les fils de harkis accomplissent en choisissant le Service national en Algérie
contrairement aux fils d'authentiques militants qui préfèrent faire le choix des obligations militaires en
application de l'accord algéro-français en la matière, dans le cadre de l'Otan en raison du cours séjour
militaire et d'autres motifs comme le climat, la difficulté de communication etc... ces fils de harkis préparés,
566
entrainés à la fonction militaire par l'ANP, ont rejoint en majorité les groupes armés islamiques lors de la
tragédie qu'a connue le pays. Jusqu'à présent aucune étude sociologique n'a été menée pour comprendre ce
choix, (vengeance ou choix dicté par le sang, tel père, tel fils?)
Situation des collaborateurs militaires algériens du côté algérien dans le Sud- Ouest dans sa partie Sud  :
Trois sortes de collaboration militaire  :
1) Les engagés dans l'armée française  : Ils sont de simples militaires, parfois sous officiers rarement
officiers. Ils ont participé à des actions militaires dans les djebels contre l'ALN. Ils renseignent l'ALN sur les
troupes françaises. Ils émargent auprès de l'Ocfln en paiement d'une cotisation dérisoire. A la demande de
l'ALN, ils fournissent des tenues militaires ou divers équipements, des cartes géographiques, des copies de
rapports etc... Lorsqu'ils sont dénoncés ou découverts à la suite d'une enquête, (enquêtes menées
discrètement, toujours dans le secret le plus absolu), ils rejoignent le maquis ou s'ils sont faits prisonniers,
ils sont torturés. A l'indépendance, ceux, encore sous le drapeau français, ont suivi leur régiment en France
lorsqu'il ne restait que quelques années à accomplir pour jouir d'une retraite. Ils ont souscrit à l'option de
choix de la nationalité française. Certains sont restés définitivement en France. D'autres sont revenus à la
suite de la mise à la retraite. Ils n'ont rien perdu au change, puisque la réforme de 1966 du Code de la
nationalité algérienne a ouvert le champ à la binationalité. Ceux qui résident en Algérie comme ceux en
France sont détenteurs en toute légalité de deux passeports, (algérien et français) y compris les enfants qui
souvent naviguent dans les hautes sphères de l'Etat, tous secteurs confondus. A noter que ceux qui ont
accédé à la naturalisation par acquisition de la citoyenneté française durant la période d'occupation
coloniale jouissent des mêmes conditions et «avantages», que cette catégorie citée ci-dessus y compris leur
descendance. Ces engagés, dans les rangs de l'armée française ont participé à la Seconde Guerre
mondiale, au conflit du Vietnam, (certains ont rejoint l'ALN, en 1956, à leur retour en Algérie), mais
également contre la lutte de Libération nationale. A l'indépendance, ceux ayant refusé de rejoindre le
territoire français, admissibles à la retraite, souvent proportionnelle, ont été intégrés à la force locale créée
par les accords algéro-français. Parmi ces derniers, certains d'entre eux ont été versés à l'ANP après sa
création, ce qui a engendré le mécontentement de djounoud de l'ALN, qui se sont retrouvés sans
préparation, sous les ordres de sous-officiers, ex-militaires des forces armées françaises. Après ces
mécontentements, les maquisards ont préféré démissionner. Ces engagés ont pu bénéficier d'une pension
de retraite de la part de l'armée française, mais également de l'ANP. Pour utile information, ce dernier cas
d'espèce a été vécu à Alger.
2) Les moghaznis  : Sortes de milices, ils n'ont ni le statut militaire ni celui de civil assimilé. Ils assistent
l'administration coloniale dans le maintien de l'ordre. Ils n'ont pas de retraite. Ils sont vacataires et donc
peuvent être virés à tout moment. Tous ont émargé au sein de la résistance populaire et ont souvent la
qualité de moudjahid. Certaines jeunes recrues ont rejoint le maquis, (l'ALN) avec armes et bagages. Ils
étaient parqués dans l'une des casernes située à Kénadza, à 27 km de Béchar, connus par un fait d'armes
remarquable. En effet, ils ont à leur actif une action militaire digne d'un film d'aventure. En collaboration
avec le Responsable politique de Béchar, chef de l'Ocfln et après accord de l'ALN, tout l'arsenal militaire de
la caserne a été vidé et acheminé au maquis par un groupe de moghaznis. Ceux qui restaient ont été jugés
par un tribunal militaire, arrêtés, emprisonnés et torturés. Cette catégorie a été dissoute par la suite.
3) Les harkis au Sud-Ouest, partie du Sud, (Béchar). Ces harkis n'ont pas participé à des actions militaires
contre la population civile comme ce fut le cas dans d'autres régions d'Algérie. Ils furent investis par le
pouvoir colonial au maintien de l'ordre. Comme les attentats avaient cessé dans les villes depuis 1958, les
seules actions militaires furent les accrochages et escarmouches entre militaires, troupes françaises et ALN.
La harka a été dissoute bien avant l'indépendance compte tenu de l'absence de résistance armée dans les
centres urbains. Aucun harki à ma connaissance n'a quitté la région à la suite de l'indépendance. Certains
ont choisi d'autres cités que celles où ils sont connus, sans changer de région. Leurs enfants ont
généralement fait de brillantes études universitaires et sont des cadres dans tous les rouages de l'Etat. Il
faut préciser que ces Algériens, illettrés, démunis de ressources, acculés à la sédentarisation après un
nomadisme ancestral, n'ont eu d'autres choix que se tourner vers ce «nouveau job» pour nourrir souvent
une famille nombreuse. Poussées à réintégrer les villes, ces populations civiles se sont trouvées entre deux
feux. La pression des maquis qui exigeait d'eux la prise en charge, (nourriture, caches d'armes transport
etc.) et l'armée française de l'autre qui menait des opérations punitives sachant qu'ils constituaient un
arrière repli stratégique pour les maquisards. Leurs garçons n'avaient d'autres choix que de rejoindre le
maquis. Lorsqu'ils ne sont pas tombés comme chouhada au champ d'honneur, ils sont moudjahidine.
Enfin, les quelques citadins harkis, ont trouvé le moyen via des alliances, (mariages notamment), pour ne
pas être inquiétés, mais également du fait de l'inexistence de reproches avérés.
Conclusion : Il n'existe plus de question harki du côté algérien. Si une interrogation se pose à l'égard de
cette catégorie, elle se situe du côté français. La question (s'il y en a une), demeure et reste exclusivement
franco- française. □ Ahmed LAGRAA (2018)
Notes :
♦ Quelques vérités sur les harkis, Ahmed LAGRAA, Lexpressiondz, 13 Aout 2018.
♦ Pour en finir avec le feuilleton des harkis : dépasser les passions actuelles, Chems Eddine CHITOUR, Le
Quotidien d’Oran, 11 Août 2018.
♦ Polémique et faux débat sur le dossier des harkis  : Les précisions de l'ambassade de France, Hasna
YACOUB, Lexpressiondz, 14 Juillet 2018.
POLITIQUE ETRANGERE .- Préoccupé par les problèmes domestiques quotidiens, le citoyen algérien
s'intéresse peu à la politique étrangère de son pays. En pleine réforme économique, l'Algérie se doit de
567
procéder à des ajustements structurels pour établir une situation productrice de richesses dans tous les
domaines. Ces dispositions concernent également la fonction de politique étrangère développée par le pays
car la taille de ses représentations à l'étranger ne correspond pas à des normes raisonnables
proportionnellement aux besoins et objectifs assignés ayant un impact sur la vie des citoyens. Activité
matérielle continue, la politique étrangère algérienne est appelée à produire des faits, des situations, des
évènements en adéquation à son poids politique mesuré en termes d'influence ou de non influence sur le
reste des pays de la région, du continent, du reste du monde. En termes de rentabilité, la diplomatie
algérienne ne concrétise pas de résultats tangibles et quantifiables à intervalle régulier dans la prise en
charge des intérêts économiques, sociaux, politiques et militaires du pays.
►Rétrospective  : Depuis le recouvrement de sa souveraineté, le 5 juillet 1962, l’Algérie est un protagoniste
significatif de la scène internationale. Son indépendance fut un moment marquant du vaste mouvement de la
décolonisation, et pendant plusieurs années l’Algérie fut considérée comme un pays en développement
influent. Cette influence s’est manifestée jusque dans les années 1980. Cependant, la décennie 1980
marque le début d’une phase d’amoindrissement de sa capacité d’action internationale. Cet effacement est
en partie la conséquence de troubles internes et de l’affaiblissement de la dynamique tiers-mondiste. À
partir de 1988, le pays est confronté à la mise en œuvre d’un processus chaotique de démocratisation, à la
suspension du processus législatif en janvier 1992 – accompagnée de la démission du président Chadli
Bendjedid –, à l’assassinat du chef d’État suivant, Mohamed Boudiaf, en juin 1992, et au déclenchement
d’affrontements sanglants entre le pouvoir et une nébuleuse de groupes armés. Cette dégradation de la
situation politique s’accompagne d’un phénomène similaire au niveau socio-économique.
De façon générale, suite aux émeutes d’octobre 1988, les dirigeants algériens, y compris le ministère des
Affaires étrangères, ont comme principale préoccupation d’assurer la stabilité de l’État et la relance d’une
économie très déstabilisée. Les dossiers plus classiques de politique étrangère deviennent secondaires
dans un tel contexte. La période de la crise et de la guerre du Golfe (d’août 1990 à février 1991) marque
cependant un relatif retour de la diplomatie algérienne sur l’avant-scène, sans pour autant se traduire par
des effets durables. 1992 à nos jours : la diplomatie algérienne rattrapée de l’intérieur. Pour la société
algérienne, la période qui commence en 1992 se caractérise par de graves tourments. Les années 1990 sont
marquées par des événements d’une grande violence qui touchent l’ensemble de la population. Ils se
déroulent notamment dans le contexte d’une confrontation entre le pouvoir en place et une nébuleuse de
groupes armés. L’Algérie voit se succéder, à partir de la démission de C. Bendjedid, en janvier 1992, quatre
chefs d’État : M. Boudiaf (de janvier à juin 1992), A. Kafi (de juin 1992 à janvier 1994), L. Zeroual (de
janvier 1994 à avril 1999) et A. Bouteflika (depuis avril 1999). Durant cette période d’instabilité, d’insécurité
et de violence, la diplomatie algérienne ne peut développer une activité substantielle sur la scène
internationale. En effet, la gestion externe de sa grave crise interne l’accapare. L’action diplomatique se
structure alors en vue de préserver les relations de l’Algérie avec ses partenaires étrangers, notamment
maintenir la crédibilité des équipes en place à Alger auprès des gouvernements occidentaux. De manière
schématique, on peut distinguer trois grandes phases dans l’attitude occidentale vis-à-vis de la crise
algérienne. De 1992 à 1994, on constate une réelle expectative face au régime, à sa solidité et à sa
capacité à faire face à la situation ; la prudence est de rigueur, et des contacts discrets sont mis en œuvre
avec certains membres de l’ex-Front islamique du salut (FIS), installés à l’étranger. De 1995 à 1997, on note
un progressif changement d’attitude par rapport au pouvoir algérien, avec une inclination plus favorable à
son endroit, notamment à partir de l’élection de L. Zeroual en novembre 1995. Depuis 1998, on relève une
appréciation significativement plus avantageuse à l’égard des autorités d’Alger et de leur capacité à gérer la
situation. L’élection de A. Bouteflika, en avril 1999, et ses premiers actes sur la scène internationale
(sommet de l’OUA d’Alger à la mi-juillet ; déplacement aux obsèques du roi Hassan II, fin juillet ;
participation à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre; présence dans les médias
internationaux), ainsi que l’évolution de la situation politique interne (approbation par référendum populaire
de la loi sur la concorde civile, le 16 septembre 1999) contribuent à réinsérer l’Algérie sur la scène
internationale. Cette réinsertion se traduit, notamment, par l’intégration de l’Algérie dans le dialogue
méditerranéen de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), en 2000, et par la signature d’un
accord d’association avec l’Union européenne, en 2001. Au niveau bilatéral, elle se concrétise également
par de nombreuses visites officielles à l’étranger, dont une visite d’État en France, au mois de juin 2000, et
deux rencontres avec le président George W. Bush, à la Maison-Blanche, en 2001. Cependant, cette intense
activité internationale est parfois critiquée en Algérie, comme se déployant au détriment des enjeux
prioritaires de politique intérieure.
Durant ces quarante dernières années, la politique étrangère de l’Algérie se révèle être d’une densité
notable et se traduit dans des contextes variés. La période qui s’étend de 1962 à 1978 (A. Ben Bella et H.
Boumediène) s’avère dynamique et militante. Le début de la présidence suivante (C. Bendjedid, 1979-1992)
bénéficie de la « force d’inertie » des années antérieures. Ainsi, la diplomatie algérienne, mettant à profit
les expériences et les réseaux de la période Boumediène, joue un rôle déterminant dans plusieurs dossiers
de médiation internationale. Mais les transformations internes de l’Algérie et les évolutions internationales
se conjuguent pour amoindrir son action extérieure. À partir de 1985-1986, les contraintes économiques
intérieures et mondiales renforcent cette tendance. La phase qui suit les émeutes d’octobre 1988 révèle un
effacement graduel de l’Algérie sur la scène internationale, ses dirigeants se focalisant sur la gestion des
difficultés internes. À partir de 1992, l’Algérie s’enlise dans une crise politique, économique et sociale
d’une extrême gravité, dont elle n’est pas encore sortie. Son action internationale s’en ressent nettement.
Après une phase de quasi-absence, l’Algérie se réinsère progressivement sur la scène internationale, à
partir du milieu des années 1990. Cela étant, au niveau interne, elle demeure aux prises avec des difficultés
structurelles majeures. Sans le règlement de celles-ci, l’Algérie ne sera pas en mesure d’avoir une action
internationale significative. □ AÏT-CHAALAL, Amine (2002)

568
OMD / ODD.- □ Objectifs du Millénaire pour le Développement / Objectifs de développement durable  :
Stratégies intégrées de réduction de la pauvreté. En Algérie, l’objectif de réduction de la pauvreté s’appuie
sur des approches holistiques et intégrées dans plusieurs secteurs pour lutter contre la pauvreté en tenant
compte de son caractère multidimensionnel. Le gouvernement algérien met en œuvre plusieurs programmes
de soutien à l’emploi en plus des interventions d’intégration professionnelle qui ont été lancées ces
dernières années et qui ont déjà contribué à réduire considérablement la pauvreté. Plus de 3,4 millions
d’emplois ont ainsi été créés entre 2001 et 2015. Le rythme de création d’emplois (3,6 % par an) a
progressivement réduit le chômage, qui est passé de 27,3 % à 11,2 % au cours de la même période. Dans le
domaine de l’agriculture, des efforts ont été fournis pour améliorer les conditions de vie des populations
rurales tout en réduisant les inégalités entre les villes et les campagnes au cours de la même période. Les
programmes mis en œuvre ont non seulement visé directement la production agricole, mais ont également
facilité l’accès au marché et la création de la valeur ajoutée à travers le développement des infrastructures,
notamment le réseau routier et l’accès à l’énergie. Aujourd’hui l’Algérie enregistre un taux de raccordement
au réseau électrique de 99 %, une avancée qui a considérablement résorbé le déficit énergétique dans le
pays. Ces investissements dans les infrastructures facilitent l’accès des agriculteurs aux marchés
régionaux, contribuant ainsi à augmenter leurs gains, à réduire la pauvreté et à améliorer la résilience des
populations rurales. La stratégie de l’Algérie illustre à suffisance le pouvoir des solutions intégrées aux
problèmes de développement, conformément à l’appel contenu dans le Programme de développement
durable à l’horizon 2030 qui associe l’atteinte des objectifs ultimes de réduction de la pauvreté (ODD 1) et
des inégalités (ODD 10) à des programmes de création d’emplois et de croissance économique (ODD 8), au
développement des infrastructures (ODD 11) et à l’accès à l’électricité (ODD 7). L’Algérie a atteint sa cible
de réduction de la pauvreté longtemps avant 2015 et ses efforts ont fait l’objet d’une reconnaissance
internationale à travers l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2013
et 2015.
Source : Contribution du Gouvernement algérien au rapport, Accra, Ghana, 28 juin 2016 .

POLITIQUE AFRICAINE DE L’ALGERIE .- "L’Algérie,Porte de l’Afrique " de Slimane CHEIKH*, Alger, Casbah
éditions, 2000, 319 pages.
Dédié à Frantz Fanon, cet ouvrage structuré en deux parties traite de la question de la représentation de
l’Afrique en ce fin de siècle marqué par un nouvel ordre international. «… que représente l’Afrique par
rapport aux autres parties du monde et en ce siècle finissant et quel espoir autorise-t-elle au seuil de ce
siècle nouveau ? ». Il synthétise un ensemble complexe de faits où l’Algérie occupe une place centrale dans
ses relations avec le Monde et avec l’Afrique en particulier. À partir de cette esquisse, un argument sert
d’hypothèse introductive : le dernier sommet africain du 20 è m e siècle a eu lieu à Alger. Ce choix aux yeux de
l’auteur, est hautement symbolique compte tenu de la place qu’occupe l’Algérie sur la scène politique
africaine dont le destin commun a été la lutte contre le colonialisme. En même temps, sa position
géographique face à l’Europe, lui vaut une présence dans le système international où se forgent les
fondements de sa politique extérieure. Le contexte se situe dans une période de décolonisation du continent
posant ainsi le problème de la réforme de l’ordre international en s’appuyant sur les luttes de libération. Une
première étape est concernée par la conquête de l’espace international. Elle croise les actions de la lutte
armée, de la présence au sein des rencontres internationales et de la consolidation des alliances. Une
deuxième étape introduit la gestion de l’indépendance et ses dénouements problématiques face au nouvel
ordre économique international. L’option d’une politique de médiation a concouru à donner à l’Algérie
notamment pour ce qui concerne l’élimination des contentieux territoriaux survenus par le traçage des
frontières. Pour ce faire, le cadre doctrinal et les axes directeurs de sa politique extérieure ont consisté en
l’élaboration de la Charte nationale et la Constitution pour guider l’action de l’État algérien.
L’action diplomatique va adopter des positions de principe au sein de l’ONU dans le traitement de son
problème d’accès à l’indépendance et de certains problèmes propres à l’Afrique. L’OUA a également servi
de cadre préférentiel de règlement de conflits entre pays voisins. Dans cette continuité, l’Algérie participe à
la création de nouvelles organisations pour défendre et mobiliser les ressources notamment dans le cadre
de la coopération arabo africaine. Il s’agit d’échafauder et d’imposer de nouvelles règles de fonctionnement
du système mondial alors sous domination des puissances industrialisées. Sur la base de la démocratisation
des Nations unies, la première règle étant « un État, une voix », génère «une dialectique du nombre et de la
puissance» au sein de l’ONU. Elle pose ainsi les jalons de réformes à caractère économique et institutionnel
pour défendre les intérêts des pays du Tiers-Monde et le développement de l’Afrique.
C’est autour de cet esprit que s’est construite la politique africaine de l’Algérie en puisant sa détermination
dans son propre combat pour l’indépendance menée de 1954 à 1962. Car un même mouvement
d’émancipation contre le colonisateur va forger son unité avec l’Afrique, « …l’unité africaine est avant tout
une coalition violente de tous les colonisés contre le colonisateur ». Elle se définit cependant de deux
manières: celle dite « négative » basée sur l’autonomie administrative que le FLN a toujours considérée
comme un leurre du fait qu’elle possède en elle les germes de son dépassement; celle dite « positive »
défendue par l’Algérie. Il s’agit de faire reconnaître le Gouvernement provisoire de la République algérienne
(GPRA) lui permettant de présenter les problèmes algériens comme un conflit entre deux États et non plus
une affaire intérieure française. L’enjeu met en avant la question du Sahara et son gisement de pétrole
découvert en 1956. Dans ce combat diplomatique mené au niveau international, l’Algérie cherche à tisser
des liens de solidarité d’abord avec l’Afrique, basés sur le soulèvement et l’opposition plutôt que sur les
indépendances octroyées. Mais malgré le clivage opposant les groupes, révolutionnaire dit de Casablanca et
modéré dit de Monrovia, il s’ensuit un mouvement de reconnaissance mutuelle interafricaine consolidant
ainsi la force du nombre notamment au sein de l’ONU. Après l’indépendance, d’autres formes de lutte
ciblant le néo-colonialisme, l’impérialisme et ses excroissances, se consolident autour de l’unité africaine et
le principe du droit des peuples à disposer de leurs ressources naturelles. Pour autant, l’unité exige de

569
s’entendre sur des positions de principe pour d’une part, éviter de futurs conflits relatifs aux frontières
héritées et d’autre part, régler pacifiquement tout conflit interafricain.
Trois niveaux relationnels avec le monde en évolution, qualifient la position de l’Algérie:
□ l’altérité dans la relation avec l’Occident,
□ la sympathie avec ce qui fut le camp socialiste,
□ l’identité avec ce qui fut la communauté du Tiers-Monde.
Les fondements de sa politique africaine se définissent en soutenant les mouvements africains de libération.
L’Algérie devient un pays d’accueil et un lieu de rassemblement pour la cause révolutionnaire dont les
moyens d’expression évoluent sur des formes de coopération culturelle. Mais face aux déchirements des
contradictions propres à chaque pays, se pose la question de la capacité de voir triompher la dynamique
unitaire sur les dissensions internes. Dans ce contexte, la problématique d’échange des biens et des valeurs
demeure préoccupante tant sont insignifiants les efforts consentis dans tous les domaines économiques.
Une note pessimiste et décourageante est à relever ; elle donne cependant « … la mesure du retard à
rattraper » dans une hypothèse de volonté politique d’émancipation interafricaine.
En conclusion, l’auteur rappelle les limites de l’étude sur près de quatre décennies de relations algéro -
africaines. Il recommande en outre de poursuivre la réflexion en se référant aux instruments d’analyse
utilisés par Augustin Kontchou Kouamegni et basés sur des données quantifiables tels les nombres de
visites, de rencontres, de postes occupés dans les organisations interafricaines. La note d’optimisme se
plaît à rappeler les potentialités humaines et matérielles de l’Afrique en attente d’une prise en charge pour «
contribuer à apporter à la mondialisation ce supplément d’âme qu’est l’universalité ». La question est plus
que jamais à l’ordre du jour avec les changements intervenus dans le monde depuis la dernière décennie du
XXe siècle : disparition de ce qui fut le camp socialiste laissant la place à un monde unipolaire avec
domination américaine; mais aussi avec les nouvelles formes de mobilisation contre la fait accompli:
courants altermondialistes et Forum social, dynamiques politiques et économiques nouvelles en Amérique
latine et en Asie, et pour notre continent fondation de l’Union africaine et du NEPAD. □ Ammara
BEKKOUCHE (2007)
*Source : Revue Africaine des livres. Volume 03 N° 01 - Mars 2007. CRASC (Oran )
Notes : * Slimane Cheikh, universitaire de carrière a enseigné dans des universités algériennes et
étrangères. Il a assumé des responsabilités universitaires et politiques notamment comme recteur de
l’Université d’Alger et ministre de l’éducation nationale puis à la culture et dans la diplomatie, il a été
membre du Conseil de la nation.Ouvrage déjà publié : "L’Algérie en armes ou Le temps des certitudes",
Alger, OPU

SAHARA.- Un espace riche, parcouru et convoité : Aujourd'hui, au premier plan de l'actualité internationale, le
Sahara est tout sauf un désert délaissé. Ce vaste espace sec et aride (en Arabe, "Sahara" signifie d'ailleurs désert)
est en effet au coeur d'enjeux économiques et politiques sources de tensions et de conflits. Lisière du monde
musulman, interface entre Afrique subsaharienne et Afrique du nord, riche en ressources du sous-sol, cette région
partagée entre 10 Etats attise les convoitises internes comme externes et forme la pointe occidentale de "l'arc de
crise" mondial.

570
I – UNE REGION CONTRAIGNANTE, MAIS RICHE EN RESSOURCES DU SOUS-SOL : LE SAHARA, UN DESERT ?
1. Un vaste espace désertique...
Le Sahara est une large bande désertique qui s'étend sur environ 8,5 km², de l'océan Atlantique à la mer Rouge (5
000 km) et du Sahel à l'Afrique du nord (2 000 km). Un puissant anticyclone y limite les précipitations à 100 mm/an
au nord (limite méridionale de l'olivier) et 200 mm/an au sud (limite septentrionale du cram-cram); les zones les
plus sèches reçoivent moins de 0,5 mm d'eau par an en moyenne et les températures peuvent atteindre les 50
degrés!

571
Les limites bioclimatiques de la zone saharienne

De vastes étendues planes (les regs) aux paysages banals et monotones forment l'essentiel du Sahara central. Ils
sont séparés les uns des autres par des ensembles dunaires, les ergs (le sable ne couvrant que 20% de la surface
du Sahara). On y trouve également d'immenses hauts plateaux (comme le tassili N'Ajjer au sud-est de l'Algérie) et
quelques massifs montagneux, souvent d'origine volcanique, comme le Hoggar (Algérie), l'Aïr (Niger) ou le Tibesti
(Tchad et Libye) dont le plus haut sommet (l'Emi Koussi) culmine à 3415 m d'altitude. Ces massifs, plus arrosés, ont
longtemps constitué des espaces privilégiés d'implantation pour les populations sahariennes (le terme Tibesti
signifie d'ailleurs "lieu où vivent les habitants des montagnes").

Principaux ergs et massifs montagneux du Sahara

2. ... peu densément peuplé... .


Le Sahara est aujourd'hui peuplé d'environ 7 millions d'habitants (surtout sur ses marges), pour une densité de
population moyenne de moins d'un habitant/km².  L'espace saharien est partagé entre 4 principaux groupes de
population: les Maures (Maroc,Mauritanie, Sénégal), les Touaregs (1.5 millions de personnes réparties entre 5
pays: Algérie, Libye, Niger, Mali et Burkina Faso), les Toubous (Tchad, Libye et Niger) et les Zaghawas (Soudan,
Tchad, Libye).

Les peuples sahariens : Ces populations, traditionnellement nomades (pasteurs, commerçants), sont aujourd'hui
largement sédentaires et urbaines (80% de la population). Elles se concentrent ainsi dans les oasis et surtout dans
les villes qui ont émergé depuis quelques décennies du fait de l'explosion démographique, de la modernisation des
moyens de transports, des activités commerciales et des actions des différents gouvernements pour sédentariser
les populations sahariennes (comme la scolarisation obligatoire) et mieux contrôler leur territoire. Les principales
villes sont  Nouakchott (capitale de la Mauritanie) Adrar, Agadès, Tamanrasset, Sebha, Djanet ou encore Koufra.

572
Les villes du Sahara

3. ... mais riche en ressources du sous-sol.

Le sous-sol saharien est extrêmement riche en ressources diverses. On y trouve tout d'abord des minerais: le
Sahara occidental produit des phosphates, le Niger et le Mali de l'uranium, la Mauritanie du fer, le Maroc et le
mali de l'or. Ces gisements génèrent des activités économiques et des rentes financières nécessaires à la mise en
oeuvre de politiques de développement mais attisent aussi la convoitise des FTN des pays industrialisés comme
celle des responsables politiques locaux et des groupes armées.

Les ressources du sous-sol saharien

De plus, le sous-sol du Sahara renferme d'importantes réserves de pétrole et de gaz, découverte dans les années
1950 par des géologues français, en particulier au Algérie (où les hydrocarbures représentent près de 90% des
revenus liés aux exportations et 40% de son PIB), en Libye et dans une moindre mesure au Sahara occidental, au
Tchad, en Mauritanie et au Niger. Ces gisements sont exploités par des sociétés nationales, comme en Libye
(deuxième producteur de pétrole brut du continent après le Nigéria et plus grandes réserves d'Afrique, estimées à
46,4 milliards de barils) où l'industrie pétrolière est gérée par l'entreprise publique National Oil Corporation. Le
573
pétrole libyen est de qualité, peu cher à produire et proche des centres de consommation; il fournit 93 % des
recettes du pays et 95 % de ses exportations (chiffres 2005) mais a surtout profité au dictateur Mouammar
Kadhafi.

Les
ressources dans le nord du Sahara

Enfin, le sous-sol saharien abrite de vastes nappes aquifères (formation géologique poreuse et/ou fissurée et
perméable qui peut stocker l'eau), constituées il y a plus de 10 000 ans lorsque le climat de la région était plus
humide. Les aquifères du Sahara septentrional, qui occupent plus d'un million de km² principalement en l'Algérie
et en Libye, recèlent environ 31 000 milliards de mètres cubes d'eau!

L'eau
et ses enjeux au Sahara

574
L'exploitation de ces ressources constitue un enjeux majeur en terme de développement (usage domestique,
agricole, touristique...) mais aussi d'environnement. En effet, l'eau de ces nappes permet d'alimenter les villes et
les activités littorales (industrie, tourisme, agriculture) en la pompant puis en la dérivant, comme en Tunisie ou en
Libye avec la création de la "grande rivière artifielle". Il s'agit d'un gigantesque aménagement hydraulique qui
permet de pomper l'eau dans les nappes sahariennes (480 puits, entre 500 et 800 m de profondeur) et de la
répartir sur le parcours d'une "rivière artificielle" (en réalité une canalisation souterraine géante) qui traverse le
pays du nord au sud sur plus de 3 000 km. Des périmètres agricoles irrigués ont ainsi pu être développés en plein
désert, comme dans la région de Koufra.

Toutefois, ces nappes se rechargent très lentement et le niveau des eaux s'est abaissé de 25 à 50 mètres selon les
endroits entre 1950 et 2000. De nombreuses sources naturelles, autour desquelles se sont développées des oasis
traditionnelles, ont ainsi tendance à se tarir et la qualité des eaux et des sols se dégrade rapidement
(salinisation/minéralisation des eaux).

II – UN ESPACE DU FLUX ET D'ECHANGES : LE SAHARA, UNE INTERFACE AFRICAINE1. Un espace


d'échanges ancien.
Loin d'être une "barrière" infranchissable, le Sahara constitue en réalité une interface active entre l'Afrique
subsaharienne au sud et les  pays méditerranéens au nord. Cette vaste mer continentale est en effet sillonnée
de multiples flux tant humains que matériels, licites qu'illicites, et ce depuis plusieurs siècle.
Malgré les contraintes et  les difficultés pour le traverser, les disparités de ressources entre des régions aux
climats contrastés ont constitué un grand attrait pour le commerce. Dés le IX siècle avant notre ère, des
échanges transsahariens se développent, animés par les phéniciens puis par les grecs et les romains (qui
importaient notamment de l'ivoire et des esclaves). A partir du Moyen-Age (et jusqu'au XIXème siècle), le
commerce saharien devient caravanier et repose sur l'utilisation du dromadaire. Les "pays noirs" du sud
fournissent de l'ambre, de la cola, du poivre de Guinée, des peaux et surtout de l'or et des esclaves; l'Afrique
du nord et l'Egypte vendent des bijoux, des chevaux, du tissu, des dattes et du blé alors que le Sahara
approvisionne les autres régions en sel. Ce commerce entraîne la prospérité des transporteurs/marchands
nomades comme des États du sud du Sahara (Mali, Ghana...)

Le commerce transsaharien et les routes caravanières majeures au Moyen-Age.


En partie interrompu par la colonisation européenne, le commerce transsaharien renait dans les années 1960, les
camions ayant largement remplacé les dromadaires.

575
2 . Un espace d'échange difficilement contrôlable.
De nombreux flux commerciaux traversent aujourd'hui le Sahara.
La région est tout d'abord un fournisseur de matières premières minérales et énergétiques, principalement à
destination des puissances industrielles du nord et d'Asie (85% du pétrole libyen est par exemple exporté vers
l'Europe). Des oléoducs/gazoducs conduisent les ressources issues des gisements sahariens vers les littoraux où se
concentrent raffineries, pôles industriels et infrastructures portuaires (Arzew et Skikda en Algérie, Syrte en Libye,
Port-Soudan au Soudan). En outre, un projet de gazoduc transsaharien (le "Trans-Saharan Gas Pipeline") devrait
permettre d'acheminer les ressources gazières du Nigéria vers les ports algériens (puis vers l'Europe) via le Niger.
Long de 4 300 kilomètres (pour un coût de plus de 21 milliards de dollars), il devrait transporter annuellement
entre 20 et 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel et devrait être doublé d’une autoroute Alger-Abuja ou
Alger-Lagos, ainsi que d’une ligne de fibres optiques. La réalisation du projet est toutefois aujourd'hui
ralentie/menacée par l'insécurité qui règne au Nigéria et dans l'espace saharien (in "carto", n°1, 2010).Par ailleurs,
les biens agricoles et manufacturés circulent de plus en plus à travers le désert: du sel, du bétail, de l'arachide et
du henné venant du sud, des pâtes alimentaires, de la semoule, des produits électroménagers, des téléphones
mobiles ou encore du carburant en provenance du nord. Ce commerce se développe grâce aux routes et voies
ferrées construites par les Etats de la région pour désenclaver le Sahara, l'intégrer au reste du territoire national et
donc accroitre leur contrôle sur les zones désertiques. Les villes, dynamisées par ces infrastructures jouent le rôle
de carrefour commerciaux, de noeuds dans des réseaux de communication en densification. Ces échanges sont en
partie légaux et en partie liés à la contrebande.

Les routes et pistes transsahariennes

En effet, en raison de la difficile surveillance des territoires sahariens, de la porosité des frontières et du niveau
élevé de corruption des responsables politiques comme des forces de l'ordre, le Sahara est devenu depuis
quelques décennies un vaste espace de contrebande et de trafic de produits licites mais aussi illicite: armes
(depuis la Libye et le Moyen-Orient), drogues (notamment la cocaïne en provenance d'Amérique latine qui transite
par le désert pour arriver au marché de consommation européen), êtres humains, biens de consommation
courante, cigarettes, médicaments... Les recettes de ce trafic alimentent les caisses de bandes armés, de groupes
terroristes et de familles commerçantes.

576
L
e Sahara, espace de transit pour le trafic de drogue 

577
Le Sahara : un espace de trafic

3. Un espace de transit et de migration

Si les peuples nomades du Sahara sont aujourd'hui largement sédentarisés, le désert demeure un vaste espace de
circulation pour des milliers de migrants, le plus souvent clandestins. Originaires d'Afrique Subsaharienne,
cherchant à fuir la pauvreté ou les conflits (Afrique de l'est, Mali...) et à rejoindre l'Europe et ses richesses, les
migrants tentent de traverser le vide saharien pour rejoindre l'Afrique du nord (la Libye, le Maroc et l'Algérie
principalement) avant d'embarquer pour la traversée de la Méditerranée. Si le drame humain que constitue cette
dernière est aujourd'hui largement médiatisé, le voyage transsaharien occasionne lui aussi bien souvent périls et
souffrances. Il est généralement fait en plusieurs étapes et peut prendre plusieurs années.

► (…) Un manque de vision et de stratégie sur les migrations subsahariennes :La gestion des migrations
subsahariennes en Algérie souffre de défaillances structurelles qui lèsent les intérêts stratégiques du pays.
Premièrement, le gouvernement traite le dossier migratoire avant tout comme un sujet de sécurité nationale.
Celui-ci n’est pas pensé dans le cadre d’une vision intégrée d’engagement régional ou continental puisqu’il relève
davantage du ministère de l’Intérieur que des Affaires étrangères. Les sorties médiatiques de Hacene Kacimi,
directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur, en sont un parfait
témoignage.Deuxièmement, le prisme sécuritaire domine une politique qui masque l’apport local des migrations.
Ainsi, le migrant n’est pas vu sous l’angle de sa contribution économique ou sociale ; il est présumé d’abord
comme étant un «problème» qui requiert une approche sécuritaire et anti-criminelle. Pourtant, d’innombrables
exemples dans le monde montrent que la criminalisation de la mobilité humaine n’endigue ni les flux migratoires
ni le trafic humain. Bien au contraire, les réseaux de trafiquants profitent des politiques prohibitives des Etats pour
se créer des marchés juteux et de nouvelles routes migratoires encore plus dangereuses.Lorsque l’approche
sécuritaire est temporairement mise de côté, l’Algérie fait place à une logique contradictoire du «traitement
humanitaire». Mme Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien, en témoigne à chaque sortie

578
médiatique : «L’Algérie est un exemple à suivre dans la gestion des migrants, et sa politique humanitaire sur cette
question émane de sa culture d’ouverture.»

Si le Croissant-Rouge algérien accomplit un bon travail au niveau du soutien aux personnes en situation irrégulière,
et si l’Etat est en train de faire des progrès remarquables dans la prise en charge des victimes de la traite humaine,
il n’en demeure pas moins que la gestion globale du dossier migratoire n’est pas réductible à une «affaire
humanitaire». Elle relève encore moins d’une quelconque philanthropie de l’Etat. Cette vision des migrations
régionales ne correspond ni aux profils des migrants vivant en Algérie, ni à une gestion politique saine du dossier.
Elle ne génère, surtout, aucun gain politique à partir du moment où ces personnes sont unilatéralement
refoulées.Tout récemment, l’Algérie a plaidé pour une approche globale et solidaire lors de consultations sur les
migrations internationales aux Nations unies. Mais au-delà des discours et des récentes rencontres officielles,
comme celle du comité bilatéral frontalier Algérie-Niger, aucun signe politique ne témoigne d’une vision claire et
intégrée au service des intérêts stratégiques de l’Etat. L’Algérie semble comme prisonnière de son prisme
sécuritaire et n’arrive pas à tirer profit des migrations comme profondeur géopolitique et économique en
Afrique.Des pays voisins plus actifs :Pendant que l’Algérie peine à trouver sa voie, la Tunisie et le Maroc avancent
à grands pas. Le Maroc a mis en place une vision intégrée de sa diplomatie en Afrique ; en décembre 2017, Rabat
s’est doté d’une Stratégie nationale d’immigration et d’asile et a déjà procédé à deux vagues de régularisation. La
première phase (2014) a permis à 25 000 personnes en situation irrégulière d’obtenir des titres de séjour, tandis
que la deuxième (2017) a enregistré 28 400 dossiers de régularisation.L’approche du Maroc s’inscrit dans une
stratégie d’ouverture sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Pour Rabat, la question migratoire doit directement faire
écho à une diplomatie économique au service du rayonnement du pays. Et en l’espace de quelques années de
travail intensif, sa crédibilité et sa voix sur ce dossier sont montées crescendo. Depuis, le Maroc mène deux
importantes initiatives sur les migrations internationales : le Forum mondial pour la migration et le
développement, et l’Alliance africaine pour la migration et le développement. De son côté, la Tunisie n’a pas
encore de stratégie sur les circulations migratoires, mais la société civile et le gouvernement travaillent
conjointement sur ce thème. Le 10 juillet 2018, Tunis a accueilli le dialogue informel de haut niveau sur le Pacte
mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières — la signature de cet accord historique aura lieu à
Marrakech en décembre 2018. Réunissant plus de 18 pays, le dialogue a été organisé par le gouvernement
tunisien en partenariat avec l’OIM.Néanmoins, ces engagements maghrébins ne doivent pas dissimuler la violence
institutionnelle à l’égard des Subsahariens qui existe au Maroc, en Tunisie tout autant qu’en Algérie. Reste que ce
dynamisme maghrébin contraste avec la posture de l’Algérie qui par sa géographie immense dans le Sahara, sa
frontière avec le Niger, son rôle diplomatique au Mali et en Libye, devrait logiquement se trouver au-devant de la
scène mondiale sur les migrations internationales.(...)□ RAOUF, Farrah (2018)

579
Le système migratoire saharien

En route, les migrants s'installent souvent temporairement dans des carrefours migratoires (comme Tamanrasset
ou Agadès) pour travailler et épargner suffisamment d'argent pour la prochaine étape. Les migrants dépensent
plusieurs centaines de dollars pour satisfaire leurs besoins quotidiens, payer les pots-de-vin aux autorités, les
passeurs et les trajets (qui se font en camions ou en pick-up). Lors du voyage, il arrive que les migrants soient
abandonnés par les passeurs (comme ce fut le cas en mai 2014 où l'armée soudanaise a secouru plus de 600
Erythréens) et même parfois kidnappés et brutalisés (torturés) pour obtenir des rançons (c'est particulièrement le
cas pour les Erythréens). Le drame humain de l'immigration est également saharien.

III – UN ESPACE DE TENSIONS ET DE CONFLITS: LE SAHARA CONVOITE

1. Les tensions frontalières.

10 Etats indépendants se partagent l'espace saharien: Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Mauritanie, Mali,
Niger, Tchad, Soudan. Si l'immensité du désert rend parfois difficilement contrôlable les frontières, celles-ci sont
toutefois connues et clairement tracées. Malgré tout, certaines limites d'Etats sont encore discutées (comme
entre le Maroc et l'Algérie dans le Sahara oriental) ou non reconnues comme c'est le cas pour le Sahara occidental.
Ce territoire de 266 000 km² sans statut juridique définitif depuis le départ des espagnols en 1976 est revendiqué
à la fois par le Maroc et par la République Arabe Sahraouie Démocratique (proclamée par le mouvement politique
et armé du Front Polisario en 1976 qui cherche à obtenir l'indépendance totale de la région). Depuis le cessez-le-
feu de 1991, le Maroc contrôle et administre environ 80 % du territoire, tandis que le Front Polisario en contrôle
20 %, laissés par le Maroc derrière une longue ceinture de sécurité (le "mur marocain"). Les ressources en
phosphate ainsi que les gisements de pétrole au large du Sahara occidental expliquent en partie la convoitise de
ces acteurs. L'ONU est toujours présente dans la région pour maintenir la paix.

580
Le Sahara occidental, un territoire disputé

Le « mur marocain »

2. Les conflits internes


Certains Etats sahariens sont également déstabilisés par des tensions internes, comme entre sédentaires et
nomades, entre agriculteurs et éleveurs pour l'utilisation des ressources en eau, entre différents groupes
581
ethniques (comme avec les Touaregs au Mali, cf ci-dessous) ou encore entre une partie de la population et le
pouvoir central comme lors du "Printemps Arabe". Débuté en 2008 en Tunisie avant de toucher l'Egypte et la
Libye, ces mouvements révolutionnaires spontanés en réaction à l'augmentation du coût de la vie (et surtout du
prix des denrées alimentaires), au chômage (des jeunes notamment), à l'absence de perspective d'ascension
sociale et professionnelle, au manque de liberté et à la corruption de régimes autoritaires, ont amené à la
destitution de dictateurs en place depuis plusieurs décennies (Hosni Moubarak en Egypte, Ben Ali en Tunisie et
Mouammar Kadhafi en Libye).C'est d'ailleurs dans ce pays que les affrontements ont été les plus violents et ont
abouti à une véritable guerre civile opposant les troupes de M. Khadafi aux insurgés du Conseil National de
Transition. La répression sanglante des opposants, ainsi que des intérêts économiques et politiques, ont amené
l'ONU à adopter la résolution 1973 mettant en place une zone d'exclusion aérienne et autorisant les frappes
militaires contre les troupes loyalistes afin de protéger les populations civiles. Les opérations ont été menées par
des forces françaises et par celles l'OTAN entre mars et octobre 2011 (mort de Khadafi et proclamation à Benghazi
de la "libération" de la Libye par le président du CNT).

Manifestations anti et pro-Kadhafi en Libye (février 2011)

Malgré la chute du dictateur, le retour à la paix n'a pas eu lieu et depuis 2014 un conflit oppose deux
gouvernements rivaux (celui internationalement reconnu de la Chambre des Représentants et son rival islamiste
du Congrès Général National) ainsi que plusieurs groupes djihadistes (dont certains affiliés à Daesh). Les différents
enjeux économiques (pétrole), idéologiques (islamisme) et nationaliste (Berbères, Toubous et Touaregs) sont ainsi
en passe de faire imploser le pays. En outre, ils témoignent de l'intégration de la région à des enjeux géopolitiques
globaux.

582
Les
enjeux de la 2ème guerre civile en Libye.

Le Mali et le Niger sont également secoués par des troubles civiles, notamment liés aux différentes "rebellions
Touaregs" débutées en 1916. En 2012, des combats ont ainsi opposé l'armée malienne aux rebelles du
Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) qui revendique l'autodétermination et
l'indépendance de la région. Ce conflit engendre des difficultés alimentaires pour les populations de la région dont
une partie se réfugie dans les pays voisins. Si les considérations ethniques/nationalistes sont à prendre en compte
dans la compréhension de ce conflit, la volonté de s'approprier les ressources minières et les revenus qu'elles
générent constituent également un facteur essentiel d'explication. En outre, l'entrée en jeu de groupes islamistes
(notamment AQMI) dans le conflit rend encore plus complexe et chaotique la situation du Mali

3.  Une région connectée à des enjeux géopolitiques mondiaux.Depuis 2007, le groupe terroriste salafiste "Al
Qaïda au Maghreb Islamique" (AQMI), né de l'intégration de l'organisation terroriste algérienne du "Groupe
Salafiste pour la Prédication et le Combat" (GSPC) à la mouvance Al-Qaïda, est particulièrement actif dans la zone
saharienne. Celle-ci est en effet propice au camouflage de petits groupes mobiles, offre une multitude de
refuges et rend donc difficile les actions de repérage et les interventions militaires. Le groupe, qui a l'origine
cherchait à prendre le pouvoir en Algérie, participe à présent au djihad mondial: entre 2003 et 2010, il multiplie les
rapts dans la zone Sahara-Sahel (de touristes, de membres d'ONG, de salariés des FTN occidentales...) et demande

583
des rançons pour leur libération (ce qui leur aurait permis d’accumuler près 70 millions d’euros!) ou assassine
leurs otages. A partir de 2009, la région devient une "forteresse de la guerre sainte“ vouée à accueillir et à
entraîner les djihadistes du Maghreb et des pays subsahariens limitrophes. L'ambition est, comme le souhaitait
Oussama Ben Laden, de créer un “nouvel Afghanistan“ aux portes de l’Europe, une “base“ à partir de laquelle
préparer l’assaut contre le littoral maghrébin et le sud de l’Europe.

AQMI dans la zone Sahara-Sahel


AQMI participe également aux différents trafics qui s'organisent dans la région (produits de consommation
courante, véhicules, cigarettes, vrais ou faux médicaments, armes, drogue, émigrants clandestins...) afin de
financer leurs activités et l'achat de leurs armes (qui viennent principalement de Libye depuis la chute de Kadhafi
en 2011). L'organisation s'est ainsi rapprochée des groupes rebelles Touaregs présents dans la région (dont l'Islam
est pourtant bien éloigné du salafisme) qui, grâce à leur connaissance des routes de contrebande, servent
d'intermédiaires à tous les réseaux désireux de transiter par le Sahara (AQMI mais aussi les narcotrafiquants de
Colombie et du Mexique, du Moyen-Orient et du Maghreb). La criminalisation économique du Sahara est donc en
train d'évoluer vers une criminalité politico-religieuse pour laquelle la contrebande constitue un moyen de
financement.

584
AQMI et les rebelles Touaregs au nord Mali

Les Touaregs revendent également des otages aux djihadistes et les aident parfois dans leurs actions en échange
de leur protection et de leur appui. C'est ainsi que les salafistes ont soutenu les indépendantistes du MNLA lors de
leur attaque au nord du Mali en 2012, avant de poursuivre seul l'offensive dans la région de Mopti début 2013. Ce
conflit provoqua l'entrée en guerre de la France (opération Serval) et de pays membres de Communauté
Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui parvinrent à repousser les djihadistes. Un cessez-le-
feu a été signé en juin 2013, mais la région est encore loin d'avoir retrouvée sa stabilité. Comme le souligne
l'historien et géopoliticien Patrice Gourdin, "tout concourt à faire de l’espace saharo-sahélien la plus vaste zone
d’instabilité et de non-droit de la planète : la géographie, la paupérisation persistante sinon organisée des
Touaregs, les convoitises étrangères, l’extrémisme politico-religieux et les mafias".

585
La guerre au Mali en 2012

La guerre au Mali en 2013 : L'intervention de puissances extérieurs témoignent en effet de l'importance géo-
stratégique et géo-économique de la région: défense des intérêts économiques (accès aux matières premières,
recherche de débouchés commerciaux, ventes d’armements), protection des ressortissants nationaux, lutte contre
le trafic de produits illicites et contre le terrorisme international, limitation de l'immigration clandestine
(l'amalgame étant d'ailleurs souvent fait entre terrorisme et clandestins), recherche d'Etats alliés... Autant
d'enjeux qui font du rétablissement de l'ordre et de la sécurité au Sahara un impératif pour de nombreux Etats,
parmi lesquelles la France, la Chine et les Etats-Unis. Pour ces derniers, le Sahara est désormais un « front de
guerre contre le terrorisme » dans la mesure où ils jugent que leur propre sécurité dépend du succès dans la lutte
qui les oppose aux islamistes. Les intérêts américains ne se limitent toutefois pas à cet aspect. Les Etats-Unis
cherchent en effet également à affirmer leur présence dans cette région (et plus généralement sur l'ensemble du
continent africain) à la fois pour contrer l'implantation croissante des chinois, diversifier leurs sources
d'approvisionnement en hydrocarbures et se procurer des matières premières. Ils ont ainsi largement contribué à
l'aide au développement dans la région, multiplié les investissements et augmenté de manière significative leur
coopération et leur présence militaires (en 2005, ils mirent par exemple en place la Trans-Saharan
Counterterrorism Initiative avec l’Algérie, le Burkina-Faso, la Libye, le Maroc, la Tunisie, le Tchad, le Mali, le
Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Sénégal et ont créé en 2007 un commandement militaire régional spécial,
l’AFRICOM). □ (Rédigé par Team Histoire-Géo, 17.05.2018)

Le Sahara, un enjeu du temps présent (Cafés Géo, le 21 février 2015) :


Marcel Cassou, romancier-polytechnicien, connaît bien le Sahara qu’il parcourt régulièrement depuis de
nombreuses années (1969, ascension de la Garet el Djenoun ; 1971, traversée du désert du Tanezrouft en
solitaire). De 1973 à 1980, il dirige une action humanitaire pour venir en aide aux Touaregs du Niger victimes de la
sècheresse. Il a publié plusieurs livres sur le Sahara et reste un observateur vigilant de tout ce qui s’y passe. De
586
l’Afrique à l’Asie, d’immenses territoires sont aujourd’hui contrôlés par l’islamisme radical déstabilisant des
régions entières et ayant des répercussions dans les démocraties occidentales. C’est le cas d’une grande partie du
Sahara sous contrôle de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique). A partir de quelques cartes, Marcel Cassou nous
présente le Sahara, le plus grand désert de la planète qui s’étend dans la partie nord du continent africain sur
environ 8,5 Mkm2 de l’Atlantique à la Mer Rouge et sur les territoires de 10 Etats : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte,
Libye, Mauritanie, Mali, Niger, Soudan, Tchad. Les précipitations sont rares et irrégulières. Le Sahara a pour limite,
au sud, le Sahel (pluviométrie annuelle entre 250 et 400 mm) qui s’étend sur 3 Mkm2 mais sur le terrain, la limite
entre Sahara et Sahel est progressive avec une zone saharo-sahélienne (pluviométrie annuelle entre 100 et 250
mm), région par excellence du nomadisme et du pastoralisme (Peuls, Afar, Touaregs…)

1 – Les conquêtes colonialesL’exploration du Sahara par les Européens (Anglais, Français, Allemands) commence
au XIXème siècle, mais c’est la France qui donne le coup d’envoi de la colonisation avec la conquête de l’Algérie
(qui n’existe pas encore dans ses limites actuelles héritées de la colonisation française) à partir de 1830, signifiant
la fin de l’occupation ottomane. L’occupation française en Algérie est progressive : Sidi-Ferruch (1830), Laghouat
(1844), In-Salah (1902), Tamanrasset (1905). Les tribus nomades locales qui pensent, dans un premier temps, avoir
retrouvé leur liberté, vont vite s’inquiéter devant l’extension de la colonisation française. La conquête de ces
territoires par la France va donc être longue et difficile ; elle prendra plus de 70 ans voire un siècle avant que les
territoires ne soient entièrement « pacifiés ». Un milieu naturel hostile, une population locale qui n’accepte pas de
se soumettre à l’Européen expliquent la lenteur de la colonisation. Parmi les principaux opposants, Marcel Cassou
cite l’émir Abd-el-Kader qui s’oppose à l’armée française en Algérie du Nord à partir de 1832 jusqu’à sa reddition
en 1847. Un autre épisode, celui des deux missions organisées en 1880-1881 par le colonel Flatters, montre la
difficile progression de l’armée française dans le désert du Sahara. Ces missions avaient pour objectif de
reconnaître les itinéraires possibles en vue de construire une voie ferrée reliant la Méditerranée au Soudan (à
l’époque, la zone appelée Soudan, supposée très riche, couvrait le Mali et le Niger actuels). La première mission fit
demi-tour devant l’opposition des Touaregs du Tassili des Ajjers et la seconde fut attaquée et détruite par les
Touaregs du Hoggar. Ce projet de transsaharien sera finalement abandonné dans les années 1920, l’automobile et
l’avion prenant progressivement le relais.A ces missions Nord-Sud de reconnaissance et de colonisation des
territoires sahariens s’ajoutent des expéditions Ouest-Est à partir de Saint-Louis du Sénégal où les Français sont
installés depuis 1817. L’objectif est de faire la jonction entre le Sénégal et le lac Tchad. Cette expansion en Afrique
de l’Ouest va conduire les Français à affronter directement, à partir de 1882, Samory Touré qui, après plusieurs
années de résistance à la pénétration et à la colonisation française, accepte de signer en 1886 un traité de paix et
de commerce qui reconnaît l’influence française sur la rive gauche du Niger. En 1894, les Français occupent
Tombouctou. Les ambitions françaises en Afrique ne sont pas les seules. Les autres puissances européennes se
sont aussi lancées dans les conquêtes coloniales voyant dans l’Afrique, de riches territoires. Bismarck qui a engagé
avec retard l’Allemagne dans le processus colonial entend établir des règles qui doivent présider à la colonisation
de l’Afrique et préserver le libre accès commercial aux grands bassins fluviaux (Congo, Niger). La Conférence de
Berlin (1884-1885) à laquelle participent les principaux Etats européens, rédige un « acte final » qui établit
l’obligation de respecter le libre-échange et qui définit les conditions à remplir pour l’occupation d’un territoire.
Cette Conférence qui n’instaure aucun partage le déclenche dans les faits. S’engage alors ce que l’on appelle « la
course au clocher ». Des heurts nombreux vont opposer les grandes puissances et de nombreux traités vont fixer
les frontières ; issues de compromis entre les Européens, elles sont artificielles et divisent les ethnies. Par ailleurs,
cette « course au clocher » va souvent être menée avec violence contre les populations locales. Marcel Cassou
nous rappelle la mission Voulet-Chanoine, mission française de conquête du Tchad en 1899, marquée par de
nombreux massacres. Au final, la France va s’approprier d’immenses territoires en Afrique qui vont former l’AOF
et l’AEF tandis que les Anglais vont contrôler l’Afrique orientale.

2 – Le désert et son peuple, les Touaregs :Marcel Cassou présente, à partir de quelques très belles photos
personnelles, les caractéristiques naturelles du Sahara et le mode de vie des Touaregs. Notre intervenant
commence son exploration de cet immense désert par la ville de Tamanrasset alors que l’image traditionnelle qui
587
s’impose à notre imaginaire est le désert de sable. Il s’agit, pour Marcel Cassou, de montrer que le Sahara
contemporain est urbain, constellé de villes où se concentre aujourd’hui la majeure partie de la population
(Tamanrasset, Djanet, Agadès, Tombouctou…). Tamanrasset, située à 1450 m d’altitude, est la plus grande ville du
Sud algérien, à environ 400 km de la frontière avec le Mali (ce qui est peu pour les habitants du Sahara habitués
aux longues distances). 5 000 habitants en 1970, plus de 150 000 habitants aujourd’hui, véritable explosion
démographique qui s’explique par des mouvements migratoires vers la ville depuis une trentaine d’années
(politique de sédentarisation des Touaregs par l’Etat mais aussi arrivée des Algériens du nord du pays, attirés par
les projets de développement de la ville financés par l’Etat : Centre Universitaire, nouvelles routes, zone
industrielle, aéroport…) et plus récemment arrivée de dizaines de milliers de réfugiés africains (Mali, Niger,
Cameroun…). Avant de quitter Tamanrasset, Marcel Cassou nous rappelle que le père Charles de Foucauld y
arriva en 1905, qu’il y construisit son bordj (fortin en terre) où il fut assassiné en 1916 par des Sénoussis (c’est un
ordre religieux musulman fondé au XIXème siècle qui se développe essentiellement en Libye et qui va résister à
l’occupation européenne et à la christianisation de l’Afrique).

La variété des paysages s’impose à nous quand on circule dans le Sahara. A 80 km au nord de Tamanrasset, se
trouve le massif du Hoggar (point culminant, le Mont Tahat à 3003m) formation complexe constitué d’un socle
granitique très ancien disséqué par l’érosion (chaos de boules, aiguilles de granite) et de formations volcaniques
plus récentes dont les vestiges sont spectaculaires comme le massif volcanique de l’Atakor. Il se présente sous la
forme de vastes plateaux dont le plateau de l’Assekrem à 2800 m d’altitude où Charles de Foucauld construisit un
ermitage en 1911, de coulées de laves basaltiques ou encore de pitons (phonolites, trachytes) constitués par
d’anciennes cheminées de volcans dégagées par l’érosion. Il y a lieu de citer un de ces necks caractéristiques du
Hoggar, le Mont Iharen, 1730 m d’altitude, gravi pour la 1ère fois en 1936 par Roger Frison-Roche. Autres
paysages : les gueltas, comme celle d’Im Laoulaouen (point d’eau permanent souvent situé en montagne à l’abri
des rochers, alimentée par l’inféro-flux de l’oued dans laquelle elle se trouve ou par les averses qui peuvent être
très violentes dans le désert) ; les oasis, comme celle de Mertoutek, d’Idélès ou de Tazrouk dans le Hoggar où les
cultures sont variées (blé, oignons, tomates, fruits) ; le désert de sable (erg) image classique du Sahara alors qu’il
ne couvre que 20% de sa superficie ; et les immenses étendues de pierres (reg), pour exemple le Tanezrouft
(surnommé désert de la soif et de la mort tant il est hostile à l’homme) en Algérie. Si la vie est difficile dans le
Sahara, elle n’est pas absente. Il y a encore à peine un siècle, les Touaregs vivaient de nomadisme sur un immense
espace qui s’étendait sur trois Etats actuels (Algérie, Mali et Niger). Les politiques de sédentarisation accélérées
menées par ces Etats après les indépendances ont fixé les Touaregs mais certains sont encore nomades, vivant
d’élevage (troupeaux de chameaux et de chèvres) et d’échanges. Les puits sont des haltes obligées pour les
hommes et les animaux, ils sont connus des nomades dans cet immense désert où l’eau est un bien précieux. Ces
puits, simple trou dans l’oued, sont bouchés à chaque crue par le sable amené par l’eau, il faut donc les recreuser.
Marcel Cassou a financé la construction en dur d’un de ces puits, celui où le colonel Flatters a été tué en 1881 ;
profond de 19 m, il fournit de l’eau en permanence pour les Touaregs et leurs troupeaux.

Notre intervenant nous fait part d’une de ses rencontres à proximité du puits de Tilemsine dans le Sud algérien,
celle de nomades avec un troupeau de chameaux d’environ 200 bêtes venus du Niger à la recherche de pâturages.
Pour les Touaregs, les frontières, d’ailleurs invisibles sur le terrain, n’existent pas et pour la police algérienne, elles
sont quasiment impossibles à surveiller.
Ces frontières artificielles du sud algérien sont aujourd’hui le lieu de trafics illicites ; trafics sud/nord de cigarettes
(du Nigéria vers Ouargla et Alger) et de drogues (de Guinée équatoriale vers le Mali et l’Algérie) ; trafics nord/sud
d’armes (de Libye vers le Mali). Comment expliquer que ces frontières soient si perméables ? Marcel Cassou
avance deux raisons : la plupart des gendarmes et policiers de Tamanrasset viennent du nord de l’Algérie, ils n’ont
pas la compréhension du désert ; à cela s’ajoute une corruption énorme au niveau des autorités locales qui «
ferment les yeux » aux passages d’armes venus de Libye…

588
Les Touaregs, les « hommes bleus » (la grande pièce de toile de coton ou chèche qui couvre leur tête, les
protégeant du soleil et des tempêtes de sable, est teinte à l’indigo) sont à l’origine des Blancs d’origine berbère qui
se sont islamisés mais l’identité de ce peuple tamasheq (langue des Touaregs) s’est complexifiée avec le temps :
les métissages entre les Touaregs et les autres peuples (Arabes, Noirs) sont très nombreux. Les règles complexes
de filiation font qu’aujourd’hui certains Touaregs sont noirs. La population touarègue est difficile à évaluer car il
n’y a pas de recensements récents ; elle serait d’environ 1 500 000 (750 000 ? au Niger, 700 000 ? au Mali, entre
15 000 à 30 000 en Algérie, le reste au Burkina Faso et en Libye). Les Touaregs sont constitués de tribus
regroupées en 4 Confédérations, chacune dirigée par un Aménokal, localisées dans les massifs montagneux du
Sahara (l’Ajjer et le Hoggar, en Algérie ; l’Aïr au nord du Niger et l’Adrar au nord du Mali). La société touarègue est
hiérarchisée, les tribus de chaque Confédération ont des fonctions sociales spécifiques, les tribus nobles
(guerriers), les tribus maraboutiques (conciliateurs, instructeurs), les tribus vassales ou Imrads (travaux manuels)
et les forgerons (enadens) qui, puisqu’ils maîtrisent le feu, forment une caste à part, enfin les esclaves. Elle est
monogame et réserve une place importante aux femmes ; l’enfant suit le sang de la mère (le fils d’un père serf et
d’une mère noble est noble, le fils d’un père noble et d’une mère serve est serf : c’est « le ventre qui teint l’enfant
» disent les Touaregs). Les Touaregs vivaient de nomadisme (déplacements entre Sahara et Sahel) à la recherche
de pâturages pour leur bétail et de la traite négrière (la traite des Noirs représentait environ 80% des ressources
des Touaregs, trafic sud-nord à travers le Sahara de l’Afrique centrale vers l’Afrique du Nord). La colonisation
française et britannique en entraînant le déclin du commerce transsaharien et en favorisant le développement des
régions plus méridionales utiles d’un point de vue agricole va provoquer une inversion des rapports de force
locaux au profit de la population noire. Les indépendances vont accentuer cette inversion.

3 – La question TouaregElle commence à se poser avec acuité dans les années 1960. Les nouveaux Etats qui ont
repris pour frontières les limites administratives fixées lors de la colonisation se lancent dans une politique de
sédentarisation des Touaregs afin de contrôler leurs frontières. Ils exigent que les Touaregs choisissent une
nationalité parmi les Etats (Algérie, Mali, Niger) qui constituent leur espace de parcours et de se fixer. Le
romancier Marcel Cassou nous relate une des conversations qu’il a eue, en 1969, avec le sous-préfet de
Tamanrasset : « certains Touaregs affirment qu’ils sont nomades par goût, d’autres par nécessité ; si c’est par
nécessité, nous allons supprimer cette nécessité ». De fait, la petite oasis de Tin Tarabine, au sud-est de
Tamanrasset, qui n’était au départ qu’un camp de nomades, a été équipée (panneaux solaires pour la fourniture
d’électricité, château d’eau pour l’eau) afin de fixer les Touaregs. La sédentarisation des nomades s’effectue
progressivement dans le sud algérien mais leur insertion dans un mode de vie sédentaire à l’intérieur d’un Etat
reste difficile. Au Mali et au Niger, les Touaregs qui forment une population plus nombreuse qu’en Algérie rêvent
d’un « Etat touareg » des régions sahariennes. Ils vont se heurter, dès les années 1960, aux gouvernements entre
les mains d’élites noires qui privilégient les régions fertiles du sud où la population est sédentaire, au détriment du
nord désertique, espace des nomades. Par ailleurs, les nouveaux Etats ne veulent pas se dessaisir de territoires
supposés riches en matières premières. L’humiliation et la misère sont à l’origine de rébellions touarègues (la
première éclate en 1963 chez les Iforas dans l’Adrar au Mali), elles seront sévèrement réprimées.
Dans les années 1970, de terribles sècheresses frappent le Sahel tuant une partie de la population et décimant les
troupeaux (Marcel Cassou a lancé à partir de 1973 une opération « Sahel en détresse » dans le nord du Niger où le
manque de moyens de transport empêchait la distribution des vivres de la FAO. Cette action, prévue initialement
pour trois mois, va durer deux ans. Plus de cinquante bénévoles vont se succéder pour acheminer 3 400 tonnes de
vivres en parcourant 300 000 km à bord des 9 camions achetés grâce à des aides diverses. Une partie de l’équipe
restera sur place pour aider la population à construire un barrage de dérivation des eaux de l’oued Zilalet, au sud
d’Arlit, vers une plaine pour y développer cultures et pâturages). Les Touaregs du Mali et du Niger, principales
victimes de ces sècheresses, vont être poussés à la sédentarisation ou à l’exode. Des milliers de jeunes, attirés par
le pétrole libyen et par les propos de Kadhafi (discours d’Oubari en 1980) en faveur d’une « république touarègue
» vont partir pour la Libye. Beaucoup seront enrôlés dans les « légions islamistes » ; hier, nobles guerriers du
désert avec comme armes, le sabre, le poignard et la lance ; aujourd’hui, soldats mercenaires lourdement armés

589
de kalachnikovs… Le Mali et le Niger sont confrontés depuis plusieurs décennies à des rébellions armées des
populations touarègues des régions du nord. L’attitude des gouvernements entre répression et négociation (1987,
le président du Niger lance un appel au retour de ses compatriotes exilés en Libye ; 1990, manifestation de jeunes
Touaregs rentrés au pays et toujours en attente de réinsertion, intervention de l’armée : 600 morts ; 1992/1996,
conclusions de plusieurs accords de paix qui ne seront jamais appliqués…) illustrent les hésitations face à un conflit
qui soulève un problème d’espace revendiqué par les Touaregs dans un contexte de frustration, d’humiliation et
de crise identitaire (Marcel Cassou a rencontré un Touareg du Niger, Issouf ag Maha, qui explique dans son
ouvrage « Le destin confisqué » tous les obstacles dressés devant les Touaregs pour limiter leur intégration à la
société nigérienne).

4 – La situation actuelleQue peut-on retenir de ce que Marcel Cassou a développé pour comprendre la situation
actuelle du Sahara et de sa bordure sahélienne, sous contrôle de l’AQMI ?
Ces dernières années, AQMI a été rejoint par d’autres mouvements tels que : MNLA, Ansar Dine, Mujao, Boko
Aram, ce qui contribue à rendre toute synthèse difficile car chaque groupe a sa politique.
Ces territoires s’insèrent dans un espace immense, le Sahara, auquel il faut ajouter le Sahel. Cet espace est
difficilement contrôlable. Les massifs montagneux offrent autant de refuges que de points de vue pour les groupes
armés. Les conditions de vie difficiles liées à l’aridité du climat rendent compte de la difficulté d’interventions
extérieures pour neutraliser les groupes islamistes. Hormis les grandes routes transsahariennes et les pistes
rendues praticables à la circulation automobile, il existe de nombreux parcours connus uniquement des nomades
vivant dans le désert et les frontières entre Algérie, Libye, Niger et Mali sont le lieu de tous les trafics (drogues,
armes, hommes). Parce qu’il possède un grand nombre de richesses (sel, phosphates, minerais divers,
hydrocarbures, uranium, aquifères…), l’espace saharo-sahélien est un enjeu économique pour de nombreux
acteurs, Etats africains (Mauritanie, Mali, Niger, Algérie, Libye) ou lointains (France, Etats-Unis, Chine), mais aussi
multinationales ou cartels liés au trafic de cocaïne. La zone d’action d’AQMI recouvre approximativement celle
peuplée par les Touaregs. Les Touaregs pratiquent un islam sunnite modéré qui semble incompatible avec le
salafisme professé par l’AQMI mais, sans perspectives dans les Etats qui les englobent où ils sont mal considérés et
paupérisés, ils peuvent être séduits par le discours de l’AQMI. La situation et le destin de l’espace saharo-sahélien
est d’autant plus préoccupante que les intérêts des acteurs locaux sont contradictoires. Il existe bien une identité
touarègue et le rêve pour certaines tribus de créer un Etat indépendant ; c’est la position du MNLA, Mouvement
National pour la Libération de l’Azawad (ce mot qui signifie « zone de pâturages » couvre un territoire désertique
situé au nord du Mali) mais les querelles intestines et leurs divisions servent les gouvernements (Marcel Cassou
donne l’exemple du GATIA, Groupe d’Autodéfense Touareg des Imrads et de leurs alliés, qui est favorable à l’Etat
malien et qui lui apporte son soutien dans le conflit qui oppose depuis 2012 le Mali au MNLA) et constituent un
terrain propice à la manipulation des tribus touarègues par les groupes islamistes. Par ailleurs, la population noire
cultive un ressentiment très fort vis-à-vis des Touaregs à qui elle reproche la traite négrière vers l’Afrique du Nord
avant la colonisation (c’est oublier le rôle déterminant des empires négriers comme l’empire Songhaï) ; les efforts
même modestes des gouvernements pour intégrer les Touaregs sont perçus par cette population noire, elle aussi
pauvre, comme toujours trop importants. Enfin, l’héritage colonial n’est pas des moindres. Les
frontières des nouveaux Etats lors des indépendances reprennent les limites des possessions européennes en
Afrique (résultat des intérêts et compromis entre les métropoles), elles ont divisé les ethnies et entravé le mode
de vie nomade. Les chefs des Confédérations touarègues tentent de se faire entendre au moment de la
décolonisation en écrivant, en 1960, une lettre au Président de la République française, pour demander la création
d’un Etat Touareg au Sahara ; elle sera sans écho, le Général de Gaulle ne voulant pas compromettre les
pourparlers de paix avec le FLN. Ces frustrations, trahisons, humiliations forment un terreau
favorable au discours des groupes islamistes ou aux alliances sur le terrain.

590
Carte des rebelles touaregs au Mali

Marcel Cassou évoque la complexité de ces alliances dans la guerre qui a éclaté au Mali en 2012 : en janvier 2012,
le MNLA s’allie avec Ansar Dine (groupe islamiste) et déclenche une rébellion dans le nord du Mali ; rejoints par
AQMI et MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), ils occupent les principales villes
dont Tombouctou. En avril, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad mais les divergences entre le MNLA et
les groupes islamistes (Ansar Dine veut appliquer la charia) brisent leurs accords ; les indépendantistes sont
chassés, l’avancée des djihadistes vers le sud du Mali provoque l’entrée en guerre de la France en janvier 2013
(opération Serval), complétée par l’armée du Tchad et une force inter-africaine. Les principales villes occupées par
les islamistes sont libérées. Au final, l’espace saharo-sahélien est une vaste zone d’instabilité et de non-droit.

La question qui se pose : Quel est l’avenir des Touaregs ? La sédentarisation, le djihad… ou la reconnaissance
d’une région autonome touarègue ?

Questions :
1- Autrefois, on nous apprenait qu’il fallait dire : «Un Targui, des Touareg», qu’en est-il aujourd’hui ?
A l’époque coloniale, les Français utilisaient le terme touareg comme le pluriel de targui. Cette pratique est
aujourd’hui le plus souvent abandonnée et on suit désormais les règles de la grammaire française, Touareg,
Touaregs, et pour l’adjectif, touareg(s), touarègue(s).

2 – Les Touaregs sont des Berbères convertis à l’Islam et votre exposé nous montre bien que la société touarègue
traditionnelle est, par bien des aspects, différente de la société musulmane (place de la femme, indépendance…) ;
qu’en est-il alors de la collusion entre Islamistes et Touaregs ? Est-ce qu’il s’agit d’alliances stratégiques ou bien
d’une adhésion à un Islam plus rigide ?

591
Les Touaregs sont des musulmans «tièdes » et je pense que la collusion entre les tribus touarègues et les groupes
islamistes est d’abord liée à la misère dans laquelle ils vivent.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le noble Touareg est d’abord un guerrier (chaque Confédération a acquis, les
armes à la main, le territoire qu’elle occupe). L’histoire des Touaregs est celle de guerres incessantes pour la
conquête de leur territoire et de razzias en direction des riches terres du sud. Aller aujourd’hui au combat, c’est un
peu retrouver leurs racines, celle d’une époque où ils étaient « les seigneurs du désert ».

3 – Dans quelle région du Sahara, Roger Frison-Roche est-il allé ?


Roger Frison-Roche a fait beaucoup de voyages au Sahara. La 1ère fois, c’est en 1935, avec une expédition
française dirigée par le capitaine Coche, et dont il est guide. Les alpinistes ont gravi la Garet el Djenoun. Cette
Montagne sacrée des Touaregs du Hoggar n’avait jamais encore été gravie car pour les Touaregs, il ne faut pas
s’approcher des Djenoun (les Génies). En 1936, comme je vous l’ai dit, il a gravi l’Iharen. Ensuite, il a fait beaucoup
de voyages comme journaliste dans le sud de la Libye.

4 – Quel est le titre du livre écrit par Frison-Roche qui relatait l’histoire vraie, à la fin du XIXème siècle, d’une
Française qui avait épousé un chef religieux algérien ?
C’est en effet l’histoire d’une jeune femme de province, Aurélie Picard, qui avait connu et épousé un chef religieux
algérien ; elle s’était installée avec lui, dans son fief, Aïn Madhi, en plein désert au nord de Ouargla. Elle découvre
un milieu hostile, elle va pourtant apprendre l’arabe, les coutumes de son nouveau peuple et consacrer sa vie à
développer l’oasis (grands travaux agricoles, dispensaires, puits, écoles…). Elle gagnera la confiance de la
population. [Le titre du livre est « Djebel Amour », écrit par Frison-Roche en 1978].

5 – Qu’avez-vous pensé du film «Timbuktu » ?


Le film, tourné en Mauritanie, relate la période très récente (juin à décembre 2013) pendant laquelle la ville de
Tombouctou était sous le joug des islamistes. C’est un film qui peut étonner car la violence des djihadistes est très
peu visible ; elle est évoquée mais nous sentons très bien la contrainte permanente imposée à la population. C’est
un film qui a pris le parti de l’esthétique et de la poésie pour dénoncer la violence. C’est un très beau film.

6 – Dans quelle langue se fait l’enseignement ? Y-a-t-il une place pour le tamahaq (langue des Touaregs) ?
En Algérie, la scolarité se fait en arabe qui est la langue officielle et parfois en français. Ainsi l’école primaire de Tin
Tarabine compte 6 classes dont 1 où tout l’enseignement est en français. Le tamahaq est parlée dans les familles.
Pour le Niger et le Mali, c’est la même chose. C’est la langue officielle, le français, qui est la langue enseignée. [Au
Mali, la langue véhiculaire, celle qui est la plus parlée, est le bambara (51%) et le tamahaq n’est parlée que par 3%
de la population, recensement de 2009]

7 – Concernant l’accroissement de la population touarègue bien que les chiffres soient incertains (entre 15 000 à
30 000 à Algérie, 700 000 au Mali), est-ce la natalité ou l’effet migratoire ?
Il n’y a pas de recensements récents, les chiffres ne sont donc que des estimations mais ce qui est certain c’est que
depuis plusieurs décennies, les conditions de vie de la population touarègue ont été améliorées, la mortalité
infantile a baissé alors que le taux de natalité est resté élevé (7 à 8 enfants par femme). Pourtant, si je prends
l’exemple de l’Algérie, le système médical reste « rudimentaire ». Le médecin ne passe que deux fois par an dans
les oasis où des Touaregs ont été sédentarisés (c’est le cas à Mertoutek) et il faut ensuite faire plus de 100 km
pour l’achat des médicaments. □ Christiane Barcellini (Cf. site:cafe-geo.net).

592
Les Etats-Unis en Afrique (2005)

Le retour de Washington sur le continent africain : Les Etats-Unis ont, ces dernières années, fait un retour
remarqué sur le continent africain. L’agenda régional des Etats-Unis peut être synthétisé en cinq points : éradiquer
les cellules terroristes, exploiter les gisements pétroliers, garantir la sécurité des routes maritimes (Golfe d’Aden,
Mer Rouge), tenter de projeter la puissance américaine à partir de l’île de Socotra, de Djibouti, etc. Et, enfin
encourager la démocratisation et le libre-échange.Tandis que les médias se focalisent sur la politique américaine
menée en Irak et, d’une façon plus générale, au Moyen-Orient, très peu ont évoqué le retour des Etats-Unis sur le
continent africain, de la Méditerranée à l’Afrique du Sud. L’espace méditerranéen représente un enjeu
d’importance pour Washington qui a fait sienne les doctrines des géopoliticiens de la mer. Voie incontournable, la
Méditerranée constitue un ensemble des plus vaste, s’étalant du Maroc à la Turquie. Certains l’étendent,
d’ailleurs, à l’Asie centrale. Bref, un ensemble qui ne peut que concerner directement les préoccupations
géopolitiques et géostratégiques américaines. Depuis de nombreuses années, la force militaire se décline déjà
dans la région par la présence de la sixième flotte, le prépositionnement en mer d’une brigade de Marines, la
multiplication d’exercices conjoints, l’aménagement consécutif de bases et de ports nord-africains en vue de leur
éventuelle utilisation en cas de conflit, et la formation de militaires aux Etats-Unis dans le cadre du programme
Imet (International Military Education and Training Program). Bien qu’elle dispose déjà de facilités au Maroc, en
Tunisie et en Mauritanie, Washington souhaiterait encore renforcer sa position en installant des bases militaires
en d’autres pays. Les Etats-Unis aimeraient ainsi construire une base dans le Sud de l’Algérie ; laquelle serait sous
la responsabilité directe et exclusive des autorités algériennes, et n’abriterait pas en permanence des forces
américaines. Elle devrait être utilisée pour lutter contre Al Qaeda. L’ancienne route des caravanes allant de la
Libye à la Mauritanie est en effet une zone susceptible d’intéresser Al Qaeda et consort. Des pays comme la
Mauritanie, le Mali, le Niger le Tchad sont quelques exemples de pays qui intéressent Al Qaeda. Aussi, les Etats-
Unis ont-ils lancé l’initiative pan-Sahel. Il s’agit d’un partenariat entre les Etats-Unis, le Mali, le Niger, le Tchad et la
Mauritanie portant sur la formation de militaires et encourageant la coopération sahélo-maghrébine en matière
de lutte contre le terrorisme. Ce programme qui s’achèvera fin 2004 est financé à hauteur de 7,5 millions de
dollars et comprend une formation de base sur le maniement d’armes, la planification, les communications, la
navigation terrestre, la conduite de patrouilles et l’apport de soins médicaux.[1] La formation est assurée par des
militaires américains et par des sociétés de sécurité privées. Le modèle qui a servi de base à l’’initiative pan-sahel
s’est, entre-temps, essaimé vers d’autres espaces géopolitiques puisque les Etats-Unis ont conclu des accords de

593
coopération similaires avec, entre autres, le Gabon, le Nigeria et le Rwanda. La présence américaine ne s’arrête
cependant pas là. Afin de mieux contrôler la Corne de l’Afrique, ses voies maritimes et de faciliter la lutte contre le
terrorisme, les Etats-Unis sont aujourd’hui présents à Djibouti, chasse gardée traditionnelle de la France. En
octobre 2002, Washington a créé à Djibouti, le Combined Joint Task Force-Horn of Africa afin de lutter contre le
terrorisme et d’améliorer la sécurité en Ethiopie, en Erythrée, au Soudan, au Kenya, en Somalie, au Yémen, et en
Mer Rouge, dans le Golfe d’Aden et dans l’Océan Indien. Les Etats-Unis ont également des vues sur l’île de
Socotra, propriété du Yémen, située à quelques 400 Km des côtes yéménites. Stratégiquement bien située, celle-ci
est faiblement habitée et peut être ainsi facilement sécurisée. L’île pourrait, en outre, se présenter comme une
heureuse alternative à la présence américaine – sans cesse contestée - dans le Golfe.[2] Un autre pays qui a
renforcé ses rapports avec Washington est l’Erythrée. Ce dernier a, notamment, offert aux Américains l’utilisation
de ses installations le long de ses 1.200 km de côtes, le long de la Mer Rouge, et permis la mise à disposition de
deux ports profonds à Assab et à Massawa, et du nouvel aéroport près du port de Massawa, lequel peut accueillir
des avions de n’importe quelle taille. L’Erythrée a enfin offert un droit illimité de survol de son territoire et le
partage d’informations obtenues par ses services de renseignement.[3] Cela étant, et depuis l’échec en Somalie,
les Américains demeurent réticents à l’envoi de forces militaires dans des guerres civiles et ethniques. Favorisant
les initiatives régionales, ils ont créé l’African Crisis Response Initiative (ACRI) et l’Africa Center for Strategic
Studies (ACSS). Ils apportent également des ressources et un support logistique aux forces de maintien de la paix
de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils sont, enfin,
parvenus à convaincre les chefs d’Etat et de gouvernement du groupe des Huit (G8) de soutenir leur proposition
du Global Peace Operations Initiative. Cette dernière propose d’organiser et de financer la formation de quelques
75.000 soldats du monde entier (principalement issus du continent africain) d’ici à 2010. Ils visent également à
équiper certains d’entre eux pour accélérer l’exécution d’opérations de maintien de la paix dans les pays qui en
auront besoin, notamment des opérations effectuées sous la direction de l’ONU dans des pays d’Afrique. Si les
Etats-Unis se replacent stratégiquement sur le continent africain, leurs visées politiques se révèlent, toutefois, plus
ambitieuses encore et concernent le libre échange et les matières premières. Revenons d’abord sur la question du
libre-échange. Bien que n’étant pas présents dans le processus de Barcelone, les Etats-Unis tentent tout de même
de pénétrer une zone économique jusqu’ici réservée à l’Union européenne et en particulier à la France.
Washington tente ainsi de promouvoir l’Initiative de Partenariat politique et économique avec l’ensemble de ces
pays (Algérie, Maroc, Mauritanie, Tunisie et Libye). Européens et Américains se disputent ainsi un marché de 60
millions de consommateurs potentiels. Si cette politique américaine n’est pas nouvelle et remonte à la fin des
années 90 avec, à titre d’illustration, le projet Eizenstat, les événements de ces dernières années en ont,
cependant, accéléré le processus. Nous avons d’ailleurs pu observer un ballet diplomatique en 2003 entre les
officiels américains se rendant au Maghreb et vice-versa. L’accord de libre-échange [4] conclu entre le Maroc et les
Etats-Unis en juin 2004 en est un bel exemple. Cet accord forme également le premier pas du projet du
gouvernement Bush visant à créer une zone de libre-échange avec le Moyen-Orient d’ici à 2013. La création d’une
multitude d’accords de libre-échange entre les Etats-Unis et des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
devrait donc se poursuivre dans les années à venir. Les Etats-Unis mettent également en avant leur projet de
l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) adopté en 2000. Cette loi sur la croissance et les possibilités
économiques en Afrique, a accordé aux produits africains un accès accru au marché américain. Cette loi a
dernièrement été renouvelée en juillet 2004 (AGOA III) prorogeant l’AGOA jusqu’en 2015 et élargissant, au
demeurant, sa portée. La principale disposition de la loi permet aux Africains d’exporter des vêtements en
franchise de droits de douane vers les Etats-Unis. Depuis que la première AGOA a été adoptée en 2000, les
investissements en Afrique ont augmenté et le commerce avec l’Afrique s’est accentué. La valeur des vêtements
africains envoyés aux Etats-Unis est passée d’environ 600 millions de dollars en 1999 à environ 1,5 milliard de
dollars en 2003. Sur les 48 pays que comporte l’Afrique subsaharienne, 37 peuvent bénéficier des avantages
conférés par l’AGOA. Selon un rapport publié par la Maison-Blanche, les importations couvertes par cette loi ont
augmenté de 55 % entre 2002 et 2003 et atteignaient 14 milliards de dollars.[5] D’autres initiatives américaines
afin d’améliorer la condition des Africains sont le « Compte du millénaire » (Millennium Challenge Account) et
594
l’initiative de lutte contre le SIDA. Le premier est un programme qui accroîtra fortement l’aide des Etats-Unis à
l’étranger et qui bénéficiera aux pays qui gouvernent de façon équitable, qui investissent dans leur société et qui
encouragent la liberté économique. Le gouvernement Bush a proposé un financement initial du MCA s’élevant à
1,3 milliard de dollars. Ce financement devrait atteindre 5 milliards de dollars d’ici 2006. L’initiative de lutte contre
le Sida, quant à elle, réside dans un plan quinquennal d’aide de 15 milliards de dollars répartis sur 5 ans.
Le second volet de l’offensive économique américaine est la question des matières premières. Outre les réserves
de gaz naturel (quelque 8 % des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, sa production représentant un peu
plus de 5 % de la production mondiale de gaz), le chrome, le platine et le coltan, les réserves pétrolières ne sont
pas à sous-estimer. A l’heure actuelle, 15 % des importations de pétrole des Etats-Unis proviennent de pays
africains, et ce pourcentage devrait passer à 25 % au cours des 10 années à venir au fur et à mesure de
l’exploitation de nouveaux gisements (vu la baisse de la production pétrolière américaine et de la Mer du Nord).
Au cours des dix prochaines années, l’Afrique deviendra donc un fournisseur de pétrole et de gaz naturel de plus
en plus important pour les Etats-Unis. Le Nigeria et l’Angola figurent déjà parmi les 10 principaux fournisseurs de
pétrole des Etats-Unis. Les estimations de réserves prouvées de pétrole en Afrique varient considérablement
d’une source à une autre, mais la plupart indiquent que les réserves prouvées de l’Afrique représenteraient
environ 7 à 9 % des réserves mondiales, soit 80 à 100 milliards de barils. Nombre de ces pays ont, en outre, un
avantage non-négligeable par rapport au Golfe persique : la plupart des gisements sont off-shore, facilitant non
seulement le transport maritime, mais permettant aussi la continuité de la production en cas d’instabilité dans les
pays concernés. L’exploitation s’opère, en outre, par l’entremise de joint-venture ou au travers de contrats de
partage de production associant les sociétés pétrolières nationales aux compagnies internationales.[6] De là,
découle également l’intérêt que portent les Etats-Unis à São Tomé pour y installer une base avancée en plein golfe
de Guinée. Dans ce contexte, les Etats-Unis (avec l’aide du Portugal) attachent également une attention
particulière au Cap Vert, archipel au sud des Canaries, afin de faire usage des ports et aéroports pour surveiller le
Golfe de Guinée. Enfin,
par rapport aux succès stratégiques et économiques, le bilan diplomatique est plus nuancé. Si la Maison-Blanche
n’a pas hésité à s’engager diplomatiquement sur le continent afin de résoudre une série de crises pendantes, les
résultats restent toutefois mitigés. Parmi les succès figurent les négociations avec la Libye (d’autant plus que les
concessions des sociétés anglo-saxonnes, gelées depuis plus de 15 ans s’expiraient en 2005) et celles concernant
le Soudan (accords de mai 2004 entre le gouvernement de Khartoum et le Mouvement populaire de libération du
Soudan). Parmi les déceptions, on retrouve les questions du Sahara occidental, du Darfour et des Grands Lacs.
En conclusion, l’agenda régional des Etats-Unis peut être synthétisé en cinq points : éradiquer les cellules
terroristes, exploiter les gisements pétroliers, garantir la sécurité des routes maritimes (Golfe d’Aden, Mer Rouge),
tenter de projeter la puissance américaine à partir de l’île de Socotra, de Djibouti, etc. Et, enfin encourager la
démocratisation et le libre échange. En définitive, nous observons que les Etats-Unis ont, ces dernières années,
fait un retour remarqué sur le continent africain. □ STRUYE DE SWIELANDE Tanguy , La revue géopolitique,
01.09.2005 (Diploweb.com).

Notes :
[1] Andrew Koch, « US is now set to turn the focus on African security », Jane’s Defense Weekly, 21 Arpil 2004.
[2] M. Bounajem, « Conjectures sur de nouvelles relations », Arabies, décembre 2000, pp. 30-31.
[3] « L’Erythrée s’associe pleinement à la lutte contre le terrorisme », l’ambassadeur d’Erythrée auprès des Etats-
Unis, M. Girma Asmerom, déclarations devant le Club national de la Presse, 26 mai 2004. WF-ACTUALITES Digest -
27 May 2004 to 28 May 2004 (#2004-103).
[4] L’accord porte sur les droits de propriété intellectuelle, les produits industriels et agricoles, les services, les
douanes, l’emploi, l’environnement et les télécommunications. Il sera accompagné d’une assistance technique et
d’une aide au développement.
[5] « Le vote au Sénat en faveur de l’AGOA III envoie un signal positif à l’Afrique », WF-ACTUALITES Digest - 25 June
2004 to 28 June 2004 (#2004-122).

595
[6] J. Bonnifat, « Grandes manœuvres aux pas de l’or noir », Journal de l’Afrique en Expansion, n° 353, février 2004,
p. 52

SAHARA OCCIDENTAL.-►L'interminable guerre froide : Depuis 1975, le Maroc et l'Algérie, les deux rivaux
du Maghreb se querellent autour du Sahara occidental. Face à la puissance algérienne, le Maroc cherche à séduire
ses partenaires africains.

C'est un conflit gelé en plein coeur du Maghreb. Mardi 28 avril, le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé,
comme il le fait chaque année, le mandat de la Minurso, la force de l'ONU au Sahara occidental. Adoptée à
l'unanimité, la résolution invite les deux camps à « s'engager dans une phase de négociations plus intensive et plus
substantielle » : cela fera quarante ans cette année que le conflit, au coeur de la rivalité algéro-marocaine,
empoisonne la vie de la région. Le territoire de l'ancienne colonie espagnole, annexé (à 80 %) par le Maroc en
1975, est revendiqué depuis par le Front Polisario soutenu par l'Algérie. Depuis la signature d'un cessez-le-feu en
1991, les négociations piétinent. Rabat propose un plan d'autonomie rejeté par le Front Polisario qui exige un
référendum d'autodétermination avec le soutien d'Alger. « Si rien n'avance, c'est que le statu quo semble
préférable au risque d'un échec pour chacune des parties », souligne Luis Martinez, directeur de recherche au
Centre d'études et de recherches internationales. Côté marocain, la défense de l'« intégrité territoriale » a été
érigée en cause nationale directement portée par la monarchie. Depuis longtemps, les autorités ont favorisé les
investissements et l'installation de Marocains du nord dans la région. La question sahraouie figure en bonne place
dans les priorités de la politique étrangère du royaume : alors que le pays a quitté l'Union africaine en 1984 après
596
qu'elle eut reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), il développe une ambitieuse politique
africaine pour rompre son isolement diplomatique et géographique (la frontière algéro-marocaine est fermée
depuis 1994). □ cf. lemonde.fr, 08.05.15.

Blocage :
La fermeté est aussi de mise à Alger. Le pays souffre moins du blocage que son voisin. Il permet en revanche de
freiner les ambitions régionales de son rival. Surtout, en soutenant le Front Polisario, l'Algérie se pose en
défenseur du droit à l'autodétermination à l'échelle du continent.Les Occidentaux sont peu enclins à troubler ce
statu quo : le Maroc et l'Algérie sont deux partenaires clés dans la lutte contre le terrorisme. En outre, Rabat s'est
depuis longtemps assuré de solides soutiens, au premier rang desquels Paris. En 2013, un projet de résolution
préparé par les Etats-Unis proposait d'élargir le mandat de la Minurso à la situation des droits de l'homme. Le
Maroc avait obtenu son abandon. Il n'en a plus été question depuis. Régulièrement, des voix s'élèvent pour
dénoncer les conséquences de ce blocage. Le conflit a empêché toute concrétisation de l'Union du Maghreb arabe
lancée en 1989. Il entrave également la coopération sécuritaire régionale. « Il est temps de tenir compte des
nouvelles dynamiques régionales : de l'émergence des sociétés civiles aux questions sécuritaires », souligne
Khadija Mohsen-Finan, enseignante à l'université Paris-I et coordinatrice d'un dossier sur les quarante ans du
597
conflit pour le site Internet Orient XXI. Depuis plusieurs années, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sonne
l'alarme. « La frustration croissante parmi les Sahraouis et l'expansion des réseaux criminels et extrémistes dans la
région Sahel-Sahara présentent des risques accrus pour la stabilité et la sécurité de la région ».

SOLIDARITE INTERNATIONALE .- L'Algérie a besoin d'un soutien actif dans sa politique de développement.
Le champ d'intervention d'une solidarité internationale existe pour atténuer les difficultés des pays en voie
de développement. Un consensus international devrait pouvoir permettre de soutenir concrètement les
efforts des pays ayant engagé une dynamique de progrès pour assurer une prospérité à leur population et
la survie aux couches sociales les plus démunies.
Dans le cadre d'un engagement plus conséquent des économies développées, il serait souhaitable
d'explorer les voies suivantes, en matière de coopération internationale, à moyen terme :
♣ exploiter rationnellement les possibilités offertes par la mobilité des hommes et des capitaux, et lever les
obstacles qui la restreignent pour donner un sens à l'argument des avantages
comparatifs offerts par les populations et les pays du monde,
♣ revoir les conditionnalités, y compris dans le cadre de la coopération multilatérale, afin d'adapter des
perspectives réalistes aux caractéristiques du milieu socio-politique qui les reçoit en laissant dans tous
les cas de figure une autonomie de décision au pays concerné,
♣ faire assurer par la communauté internationale une part de responsabilités dans la mise en oeuvre des
programmes d'ajustement structurel en particulier dans leur capacité à relancer la croissance et dans leur
coût social,
♣ inverser le transfert net de capitaux en faveur des pays en développement et envisager un allègement,
sinon une annulation de la dette de ces pays.
♣ créer les mécanismes nécessaires pour assurer un transfert de ressources financières et technologiques
en mesure de soutenir le développement des pays du sud.
♣ retenir une vision d'un développement régional intégré soutenu par les grands ensembles économiques et
promouvoir avec ces mêmes ensembles un partenariat qui peut être plus profitable que ce qui permet le
libre jeu du commerce international,
♣ mettre à la disposition des pays qui le souhaitent, par l'intermédiaire des organisations internationales
spécialisées ou dans le cadre des rapports bilatéraux, l'expertise dont ils ont besoin pour monter leurs
programmes de développement économique et social, et pourvoir à son financement,
L'expérience algérienne dans le domaine du développement social montre que les problèmes économiques
et les tensions qu'ils génèrent peuvent constituer de lourdes menaces pour les équilibres sociaux et
politiques, et avoir un impact d'équilibre dans la région. Pour y faire face, l'effort algérien de redressement
économique reste primordial. Il doit cependant être soutenu par un environnement économique international
plus favorable et plus équitable assurant les conditions nécessaires pour une mise en oeuvre viable et
cohérente des réformes économiques. Dans ce point de vue, il importe notamment, tout en allégeant la
contrainte financière externe de prendre en charge la dimension sociale de l'ajustement. Ainsi, la question
du développement social souligne l'impératif d'une nouvelle régulation mondiale qui prendrait en compte
l'interdépendance des situations sociales au plan mondial, la stabilité et la sécurité internationale. L'accès à
l'emploi constitue une condition essentielle de la redistribution des richesses de l'intégration sociale et de la
lutte efficace contre l'exclusion sociale. L'avènement de la démocratie et le renforcement des idéaux de
justice sociale dépendent fondamentalement d'un développement économique soutenu. Il y a donc nécessité
de nouvelles formes de coopération internationales favorisant des relations internationales plus équilibrées
et une nouvelle répartition de l'activité productive à l'échelle internationale. Dans ce contexte, il est
nécessaire également d'accorder une attention particulière à la question du statut des migrants qui doivent
être protégés de la marginalisation, du racisme, et de l'exclusion.□

UNION POUR LA MEDITERRANEE .- Une politique des pôles d’excellence pour contribuer à réduire les
distances entre les rives Sud et Nord de la Méditerranée.
« La seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute l'humanité est celle de la coopération et du partenariat
» - Kofi Annan, extrait d'un discours à l’Assemblée générale de l’ONU - 24 Septembre 2001
L’Union pour la méditerranée est perçue comme une opportunité historique, par de nombreux experts, avec une ferme
conviction que « La méditerranée peut être une source de croissance durablepour l’économie mondiale… qu’un grand dessein
régional l’associe à l’Europe… sur un modèle nouveaudépassant les approches classiques d’échanges Nord-Sud fondées sur
la domination, la délocalisation etle partage inégal ».(1)
Un nouveau modèle d’échange Nord-Sud

Il est logique de penser qu’un partenariat harmonieux et durable est assurément celui qui se construit sur une base où chaque
concerné a conscience qu’il est parti prenante d’un édifice où tous les acteurs sont gagnant –gagnant. Une association saine
est naturellement celle où le meilleur est partagé par tous. Pourtant l’affirmation par les experts occidentaux que « l’avenir des
pays du sud de la Méditerranéedépend de l’Europe »(2), doit nécessairement être rééquilibrée par une vision partagée en ce
sens que ledevenir économico-social des Etats européens est lié à ceux du sud méditerranéen. Comme l’illustre cette carte du
projet d’union pour la Méditerranée :

598
Union pour la Méditerranée : 44 pays, 765 millions d’habitants.

Cette dernière ambitionne de « s’affirmer comme un pôle multipolaire de demain »(3), et dans le processus
de mondialisation en cours, « si les européens ne décident pas de faire de l’Europe unepuissance, celle-ci ne sera
pas un pôle de demain, ni un partenaire d’une nouvelle alliance euro-
américaine. Elle ne sera qu’une région de l’ensemble occidental sous le leadership du pôle dominant américain
»(3).
Le problème qui apparaît dans ce projet d’union pour la Méditerranée est de : « comment
concilierl’esprit de puissance avec un partenariat équitable ? ». Les faux départs constatés dès le lancement
duprojet de « l’Union pour la Méditerranée » sont révélateurs de « non-dits » et d’« arrières pensées » de
puissance de leur initiateur. La réactivation de "Mare Nostrum", symbole de l’antiquité, pris comme un
emblème commun réunificateur pour une mer en partage, n’est que mystification supplémentaire. Les
dénominations successives du projet à l’initiative du président français « Union Méditerranéenne », puis
« Union pour la Méditerranée » et finalement « Processus de Barcelone » est à la fois flou et confus, tout en
prêtant le flanc aux rivalités de puissance, notamment entre français et allemands. Ce qui donne lieu au
politologue Georges Corm de penser « qu’on se livre à une foire d’empoigne autour de la Méditerranée » mais
surtout que « la rive nord se moque des vrais problèmes de la rive sud »(4).

Une volonté d’exister et de rester dans la course

Ces tergiversations laissent entrevoir qu’en réalité la problématique urgente et unique pour l’Europe est
de : comment rester dans la course en termes de prospérité et d’influence dans la mondialisation en évitant non-
seulement un décrochage par rapport au États-Unis, à la Chine, et redoutant de surcroît un rattrapage par les
pays émergents comme le Brésil ou l’Inde notamment.

599
Cartographie des échanges internationaux et tendances de la mondialisation où l’Europe doit protéger son marché
intérieur vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Asie.

Deux options stratégiques sont à prendre en considération :

Le questionnement exposé est ainsi mis en exergue dans deux visions stratégiques :

1. La première est proposée dans le plan « Euro Monde 2015 » du rapport français Cohen- Tanugi(5) remis au Ministre de
l’économie, Christine Lagarde et à Xavier Bertrand, ministre du travail. Ce Rapport clarifie ce que l’Europe devrait être dans la
mondialisation », et plus spécifiquement à l’avenir de la stratégie européenne lancée à Lisbonne en mars 2000, en mettant
l’accent sur le soutien à l’éducation-formation, à la R&D et aux infrastructures : « Les ressorts de la croissance ne sont
pas exclusivementrecherchés dans l’intégration accrue des marchés (même si cette dimension demeure d’actualité,
notamment dans les services), mais aussi dans l’accumulation et la diffusion des connaissances… les autorités publiques
sont appelées à mettre en place un environnement favorable à la croissance par l’intermédiaire des dépenses publiques
d’équipement et de formation ainsi que par une politique de soutien à la R&D et à la mise en place d’un environnement
favorable aux entreprises innovantes. ( 6)

2 . La seconde consiste en une vision de l’avènement d’une «Europe-Monde», dévoilée par l’ex-premierministre anglais
Gordon Brown(7), laquelle serait sous-tendue par la constitution urgente d’une aire

600
d’influence géopolitique européenne s’étalant de la Mer Baltique (où un conseil des États de la Baltique existe et lequel, sous
l’impulsion allemande, est déjà opérationnel) à la Mer Noire (en y incluant le dragon Bulgare, la Roumanie et la Turquie) et
enfin à la Mer Méditerranée (deuxième volet de ce plan confié à la France). L'Europe doit devenir un acteur global. Elle peut
être à l'avant -garde de la création d'une société qui intègre, où toutes les populations peuvent bénéficier de la prospérité.
L'Europe mondiale, l'Europe unie, travaillant ensemble pour des enjeux mondiaux dans la société mondiale est capable de
changer fondamentalement les choses ( 8). Eurosceptique, il lui reprochait d’être repliée sur elle-même et inadaptée aux défis
de la mondialisation. (9)

Carte n°2,
source : Atlas Global Géopolitique Pascal Boniface et Hubert Vedrine, édition Fayard, Paris, 2009, p. 34.

Il s’agirait de veiller prioritairement à la réalisation d’un ensemble géopolitique européen plus précisément une aire
régionale homogène viable (démographiquement, économiquement, et politiquement, à la fois), capable de supporter, entre
autres, la concurrence mondiale – se référer à la cartequi précède et qui permet de visualiser le contour géopolitique souhaité
ou envisagé par l’Europe) ; ce quiest selon notre analyse, la véritable face cachée de l’Iceberg du projet initié (10), car semblant
être finalement le véritable dessein qui est apparemment occulté dans le discours proposé.

L’ensemble des experts préconisaient, nonobstant, qu’une Union pour la Méditerranée doit être réécrite dans un
nouveau contexte édifiant notamment la redéfinition des relations entre les pays européens et ceux de la rive Sud et Est, en
avançant particulièrement en ces termes que « le bassinMéditerranéen peut-être un laboratoire du nouveau modèle du
développement »(11), tant à l’échellerégionale que transcontinentale. Cet avis est exprimé avec justesse par les experts de
l’Institut de Prospective économique du monde Méditerranéen (Cf. cercle des économistes, institut de la méditerranée, etc.).

601
Cependant, nous noterons bien que le premier ministre britannique avait déclaré lors du forum économique de Davos qu’au «
XXI ème siècle les pays qui gagneront ne seront pas ceux qui feront lecourse sur les bas salaires, mais sur les hautes
qualifications »(12).
La réalité est que la Méditerranée tend à demeurer est un foyer à tensions multiples d’intensité variable – qui part du «
processus de paix israélo-arabe de Madrid » (1991) lequel s’est avéré un échec, - au « processus de Barcelone » (initié en
1995), débouchant sur aucun résultat probant – et, à une échelle moindre, la feuille de route des 5+5 pour « l’Union
Méditerranéenne ». Ces initiatives ont mis en avant, notamment -la dimension sécuritaire – ou même encore soutenu l’idée
intéressante de l’ancien ministre des affaires étrangères, Hubert Vedrine, d’initier la construction d’une Union pour la
Méditerranée, à partir de l’ensemble projet commun.

Hélas, cette vision, elle aussi, s’est vue contractée à cause d’un climat de suspicion, ainsi créé par des sous-entendus ;
lesquels ont fait que toutes ces initiatives sont restées perçues comme une volonté avérée d’intégration "verticale, progressive
voilée" au même temps qu’inductrice d’un réseau horizontal animé par ceux de la rive nord. Cela signifie une interconnexion
progressive des marchés du nord au dépend des États de Sud (13) ; une démarche finalement inductrice à terme d’une
prééminence des marchés sur l’État, faisant confirmer la thèse que le marché est meilleur régulateur socio-économique que
l’Etat. Cette forte prémonition des pays de la rive Sud de la méditerranée n’est sans doute pas étrangère à une réaction
épidermique de ces derniers, et notamment ce qui peut expliquer le retour du tout à l’État entre autres en Algérie : L’adoption
de la loi de finance complémentaire 2009 avec le retour du crédit documentaire, ainsi qu’une participation de l’État, à 51-49%
pour tout investissement et création d’entreprises avec l’étranger, pour contrôler l’hémorragie de devises causée par
l’importation débridées, ainsi l’obligation faite pour le choix d’un partenaire national. Cet ensemble de dispositions ne semble
pas être au goût de l’investissement direct étranger. L’Algérie attire peu d’Investissement direct étranger(IDE). C’est ce
que confirme, chiffres à l’appui, une étude réalisée par l’Observatoire de l’Investissement et des Partenariats en
Méditerranée ANIMA-MIPO, soutenu par le programme Invest in Med. Le montant de projets annoncés en IDE, pour
l’Algérie, a reculé de 80% à 60% aupremier semestre 2010 et le nombre de projets annoncés en matière d’IDE a baissé pour
l’Algérie de 23% durant les six premiers mois de l’année en cours, selon ANIMA -MIPO. (14).
Le constat est aussi que les firmes européennes, à quelques exceptions près, - en dépit d’une concurrence des plus
acharnées sur les marchés algériens, déployée par les entreprises chinoises, japonaises, sud-coréennes, indiennes et américaines
- continuent à développer une hauteur de vue dépassée qui consiste à considérer la rive sud de la Méditerranée sous l’angle :
– d’une extension naturelle de leur marché pour leurs produits respectifs, une ressource traditionnelle à leur besoin
énergétique, des opportunités de délocalisation dans leurs activités « dans lessecteurs où l’Europe est en perte de vitesse, et où
elle développe une faible intensité technologique,
réclamant une main d’œuvre bon marché et peu qualifiée,… et de privilégier des investissements directs ou "off shore" entre
autres vers la Tunisie ou le Maroc »(15).
- d’inciter insidieusement ces pays à une spécialisation orientée notamment dans le tourisme et les emplois subalternes
(hôtellerie, diéséliste, frigoriste, sous prétexte de pays chaud avec de grands

602
espaces)(16). Tel semble l’avoir suggéré le Contre-Amiral Jean-François Coustillière, exposant sa vision sur les enjeux et
stratégies de la Méditerranée, dans une communication faite à Alger à l’Institut National d’Etudes et de Stratégie Globale
(INESG).
Pourtant dans la détermination affichée de l’Europe, le décryptage de son discours, est présentement celui de vouloir
rester « en tant qu’acteur dans l’histoire » comme le témoignait déjà le long processus mis en place par le traité de Rome (en
1951, sous l’impulsion de Jean Monet, de Robert Schuman et Konrad Adenauer) pour une Union Européenne viable dans
mondialisation, considérée potentiellement comme force multipolaire, et notamment dans ses efforts en direction de sud de la
Méditerranée construit pour consolider ses liens avec celle-ci pour assurer le bien de sa propre destinée.

Une union euro-méditerranéenne viable dans la mondialisation

Cependant les experts ont relevé deux questions récurrentes qui se posent avec acuité encore aujourd’hui ayant trait aux
relations entretenues entre les pays des rives Nord et Sud :

- comment améliorer, en premier lieu, l'écoute du sud ? C’est à dire, répondre aux besoins de l'ensemble des riverains
et pas seulement à ceux de l'Union Européenne ?
- Ensuite, se pose la question du comment faire un vrai partenariat ?

Pour pouvoir y répondre, il faut préalablement refonder les relations nord/sud, après s’être débarrasser notamment de
la mentalité de puissance et du relent paternaliste hérité de l'histoire coloniale.
Hormis cela, l’affirmation martelée d’une recherche des fondements de la paix et d’une stabilité en méditerranée,
semble être aujourd’hui marquée par l'émergence de l’aspect sécuritaire (manifestation de tensions réelles et persistance de
conflits potentiels et autres conséquences de la géopolitique éclatée, du sous-développement, de l’autoritarisme, du terrorisme,
etc.) ; souhaiter l’amélioration des conditions de vie des populations de la région est une attitude louable, reconnue
indispensable, dépendant de tout un programme. Dans cette optique, les experts du nord ont enregistré trois défis majeurs (17) à
relever au niveau des pays du sud de la méditerranée:
1- l'emploi, c’est à dire la nécessité d’établir un taux de croissance du PIB de l'ordre d'au moins 7 à 8% l’année pour
amorcer un développement économique durable susceptible d’enrayer un chômage endémique, source de problèmes
pour les deux rives.
2- le coût des denrées alimentaires ; il s'agit de lutter contre le retour du spectre de la faim (Maroc, Égypte, Mauritanie
2008)
3- l'eau de consommation quotidienne et d’irrigation dont l’insuffisance touche les dix pays de la rive sud et même celle
du nord où l’Espagne et la Grèce se sont trouvées aussi concernées par ce problème ; nous relèverons assurément les
prévisions catastrophiques annoncées en matière de
besoins en eau potable à travers le monde, jusqu’à évoquer l’éventualité d’une « guerre pour l’eau »(18).

L’ensemble de ces préoccupations sont évidemment réelles, mais cependant elles sont reliées à une vision, hélas
encore trop étroite pour amorcer une refondation de relations objectivement constructives, capable d’asseoir les bases d'un
véritable partenariat entre les acteurs en présence. La nécessité exige donc une "redéfinition des relations entre les pays
européens et ceux de la rive sud et Est de la méditerranée, un ensemble qui représente 27 Etats.

603
« Tout ce qui manque à la rive nord, le dynamisme démographique, les marchés, l’énergie, se découvre à quelques centaines
de kilomètres au sud et inversement : tout ce qui manque au sud, notamment la
technologie, l’organisation et le cadre favorable à l’investissement et à la productivité, se retrouve sur la rive nord (19) ».
Elargir la stratégie définie par conseil européen à Lisbonne (Mars 2000)

Il existe, en la matière, une complémentarité dialectique pour les firmes régionales euro-méditerranéennes, en plus
d’une opportunité historique pouvant contribuer à l’avènement d’une mondialisation multipolaire. Cette convergence requiert
que l’Europe mise davantage sur le dialogue, la concertation, le partage afin de devenir un partenaire privilégié des pays du sud
de la méditerranée. Ce changement d'attitude est d’actualité, s’agissant notamment d’élargissement aux pays du sud de la
méditerranée ; l’objectif du conseil européen tenu à Lisbonne en mars 2000 étant de faire de l'Europe d'ici l'an 2010 "l'économie
de la connaissance la plus compétitive du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une
amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale dans le respect de l'environnement" (20).
La stratégie adoptée à Lisbonne vise à réaliser ce que l'Europe "veut être et à ce qu'elle veut conserver (21), notamment
en partant de l'écart de croissance qui s'est creusé par rapport à l'Amérique du Nord et à l'Asie" (cf. carte n°2 Asie-Usa-Europe).
A Lisbonne, il a donc été adopté notamment, une politique européenne de développement basé sur les ressources
immatérielles, et de veiller à la fortifier.
La conviction d'aujourd'hui est que « le progrès, celui de l'avenir ne dépend plus désormais des matières pondéreuses,
charbon ou minerais, mais de la matière grise, de la qualité de la formation, de la qualité de l’environnement » (22) . On peut
relever comme Robert Reich, conseiller du président Clinton qui s’évertuait à expliquer la réussite exceptionnelle de la
Californie ; comme étant modèle mondial de croissance, initié par le levier du savoir entre autres, car cette région particulière
"avait le meilleur enseignement supérieur public financé de tous les États-Unis si ce n'est du monde (23)". De surcroît, une
politique attractive de drainage des talents étrangers est exercée, renforçant les potentialités de recherche existantes.

Source : Americain Association for the Advancement of science, Science and Engineering Indicators 2000

604
Son expérience en tant que ministre du travail du Président Clinton lui a fait retenir que « pour
attirer des entreprises et du capital, il faut parier sur l'accroissement de l'infrastructure et sur la formation et non sur le dumping
social(24)".

Comprendre la Sillicon Valley

L'exemple donné au monde au plan de la réussite sociale du développement par le "savoir" réalisé notamment dans la
Sillicon Valley en Californie montre qu’il a propulsé cet Etat à être "le premier en PIB
(13% du PIB américain pour 12% de la population), lui permettant de se classer sixième mondial s'il avait été un État
indépendant"(25).
Bien sûr, il faut bien prendre acte, à l’instar de nombreux experts, parmi eux, l’économiste Kenny Martin qui
soulignait que « le concept Sillicon Valley n'est pas forcément transposable » (26) . Il reste clair cependant que le concept de la
Sillicon Valley doit inspirer car les nouvelles conditions de construction du développement et de l'économie sont largement
modifiées par l'environnement. Sans manquer de relever et de démontrer que de nouvelles structures idoines existent pour le
développement des entreprises et de la croissance économique, notamment avec l’économie de la connaissance et les nouvelles
technologies de l’information (comme le démontre le tableau ci-joint : nouvelle organisation des entreprises)

La présence physique n'a plus d'importance


La taille a moins d'importance
Le temps les échelles de temps sont raccourcies
Personnels et savoir-faire sont les véritables trésors de l'entreprise
Croissance elle est caractérisée par le réseau
La valeur de l'actionnariat augmente exponentiellement avec la part du marché
L'efficacité L'infomédiaire remplace l'intermédiaire
Le marché Autorégulateur

Cette analyse des caractéristiques de l'entreprise de l'économie mondialisée est celle des hommes de terrain, des
gestionnaires, l'attention fixée sur le tableau de bord des indicateurs de croissance et agissant en tant qu'acteurs de l'essor des
entreprises d'aujourd'hui.
La vision d'Hubert Vedrine est de "faire en sorte d'éviter à l'Europe de sortir de l'histoire", notamment à partir de ses
propositions d'une "union de la méditerranée" faite de complémentarités nombreuses entre les deux rives, entre autres de celles
qui pourraient s'enclencher à partir de "projets communs à la carte" ; ce qui serait susceptible d'engendrer une force motrice
suffisante, en capacité de tisser des liens, des flux durables et continus entre les différents partenaires en présence.
Cette proposition apparaît fort réaliste et appropriée. Elle est caractérisée par une démarche qui se révèle aujourd’hui
incomplète pour permettre d’atteindre une "vitesse de croisière" nécessaire et indispensable à une véritable association des pays
en question, marqués par la stagnation constatée dans cette ébauche d’imbrication. Une autre dimension d’esquisse pourrait être
tentée pour contourner les nombreux obstacles et créer ainsi une dynamique positive sous l'optique d'une démarche dite des
"petits pas" inspirés d'Henry Kissinger et qui serait notamment la mise en œuvre d'une politique des pôles d'excellence entre les
deux rives. Il s’agirait ainsi d’élargir la stratégie adoptée à Lisbonne par les pays européens à ceux de la Méditerranée.
L'exemple de certains modèles de réussite dans le développement économique, notamment ceux des pays asiatiques où
le "savoir" a été un des principaux "leviers de croissance", et où il a été initiée une forte synergie positive , a contribué à
l'avènement d'un contexte autorisant le "contournement" et même le dépassement de freins ou obstacles de toutes natures
(culturelles, sociales, économiques et politiques) pour réaliser un "gap" historique les faisant passer de pays sous -développés
au statut de pays émergents(27).

Pas de fatalité au sous-développement

Le sous-développement aujourd'hui n'est plus une fatalité, l'histoire récente l'a démontré ; elle a mis en évidence que certains
pays comme notamment, le Japon ou la Corée du sud, dévastés par les guerres (deuxième guerre mondiale, guerre de Corée), la
chine exsangue après la révolution culturelle de Mao Tsé Tong, l'Inde où sévissait la famine, etc." lesquels présentent
communément un rattrapage économique des plus impressionnants"(28) et ce, en moins d’une cinquantaine d'années. Le premier
a montré la voie en Asie en créant dès la fin du 19ème siècle (ère Mejji) des infrastructures pour le développement des sciences et
des technologies. La Corée du Sud et la Chine ont suivi, notamment cette dernière qui effectuera un bond fulgurant, à la sortie
de sa révolution culturelle après les années 1970 pour rejoindre le peloton de tête mondial en termes de recherche et de
production scientifique. La recherche et l’innovation sont les clés de la puissance d’un pays, même si l’effort chinois en R&D
est conséquent, mais porte plus sur la recherche appliquée qui est très rentable économiquement à court terme. Les résultats de
cette stratégie sont élogieux puisqu’ils se traduisent en nombre spectaculaire de brevets acquis sur une courte période.

605
Le budget de la recherche scientifique en Chine a augmenté de 18% par an entre 1995 et 2006, ce qui la place en 3ème position
après le Japon et les Etats-Unis.

L’exemple de la Corée du Sud est éloquent au vu de l’effet multiplicateur de son PIB enregistrant une augmentation de
957% en 28 ans (Voir Schéma ci-dessous), alors que l’Algérie arrivant en 1980, à 2251 dollars /hbt, peine pour une période
approximativement égale à atteindre les 3492 dollars/hbt en 2006.
La recherche scientifique et le développement technologique constituent la source de la croissance économique. Il est
aujourd’hui impossible de croire à la pérennité d’une entreprise sans envisagerd’aborder des notions telles que celles
d’innovation, d’évolution, de découverte… L’innovation est unfacteur déterminant de la croissance et des performances de
l’économie mondialisée. Elle donne naissance

606
à de nouvelles technologies et de nouveaux produits qui aident à répondre aux enjeux mondiaux comme ceux de la santé ou
de l’environnement. En transformant les modalités de production des biens et de prestation des services, elle stimule la
productivité, crée des emplois et contribue à améliorer la qualité de vie des citoyens. (29).

En effet, depuis les années 1980, la fonction de recherche et développement fait partie intégrante de la stratégie
industrielle et/ou commerciale des entreprises. Comme l’illustre l’exemple de la Corée du Sud :

Croissance de 957% en 28 ans pour la Corée du Sud

Pour l'ensemble de la période 1980-2008, on enregistre pour la Corée du Sud une moyenne annuelle de 12.602,3. C'est en
2008 qu'on enregistre le plus haut niveau (27.939,1) et c'est en 1980 qu'on enregistre le plus bas niveau (2.643,3). Le
changement enregistré entre la première et la dernière année est de 957%. Rappelons que lafonctionR&D couvre trois champs
d’activités:
▪ La recherche fondamentale qui vise à élargir le champ de nos connaissances. Son objet est d’analyser les propriétés des
phénomènes afin de dégager des lois générales. C’est elle qui est à la source du progrès technique. La recherche publique et
celle des universités ont un effet direct sur les connaissancesscientifiques et sur les missions de l’État ; elles génèrent un savoir
de base. La recherche fondamentale menée surtout par les universités augmente le stock des connaissances dont dispose la
sociét é. Cette dernière est susceptible d’ouvrir des voies nouvelles à la recherche des entreprises, ce qui en retour influe sur la
productivité.
▪ La recherche appliquée est entreprise soit pour trouver les applications possibles des résultats de la recherche
fondamentale, soit pour trouver de nouvelles solutions permettant d’atteindre un objectifdéterminé. Le résultat de la
recherche appliquée peut faire l’objet d’un brevet. Elle est menée parallèlement dans des organismes publics, des
laboratoires de recherche de grandes entreprises, et dans les centres techniques industriels propres à certains secteurs
d’activités.(30)

La recherche est tributaire fondamentalement de la part budgétaire qu’il lui est consacrée. Cette leçon a été bien retenue,
notamment par les pays émergents qui ambitionnent de rattraper le retard de développement. Comme cela est mis en évidence
par le schéma ci-dessous :

607
Source : Americain Association for the Advancement of science, Science and Engineering Indicators 2000

Certes, pour les pays de la rive Sud et Est de la méditerranée, il ne s'agira pas d’entreprendre une reproduction
systématique (copier-coller), mais de "s’inspirer" de ce processus d’autant plus que l’objectif "ne consistera pas de s'essouffler
à rattraper, mais de s'attaquer à l'étape suivante"(31), notamment en suivant l’évolution technologique via les brevets, lesquels
annoncent à l’avance les tendances technologiques lourdes et déterminent les stratégies à adopter en recherche appliquée et en
recherche fondamentale.
C'est une étape qui peut être réalisée aujourd'hui grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC), tant en Europe qu’en zone Sud et Est de la Méditerranée.
« L'union de la méditerranée pourrait être ainsi une opportunité historique tant pour l'Europe pour "rester acteur dans
un monde multipolaire", tant pour les pays de la rive Sud et Est de la Méditerranée pour réussir à faire " un rattrapage
économique et social historique » au bénéfice de tous.
Il s'agit notamment d'œuvrer à exploiter "équitablement" un gisement inestimable: celui de la ressource humaine de
qualité, particulièrement celle de la main d'œuvre qualifiée, des techniciens, ingénieurs, enseignants, professeurs, chercheurs,
inventeurs et savants - c'est à dire les talents du pays du Sud en évitant bien sûr les schémas stériles de "l'immigration choisie",
de la captation des cerveaux appelée "fuite des cerveaux" au profit du Nord.

L'exemple des efforts déployés pour la formation dédiée à l'économie du savoir - notamment au Maroc, en Tunisie où
on peut déjà compter huit technopôles, soit 7,5% du PIB consacrés à l'éducation et où les dépenses publiques allouées à la
recherche développement sont estimées à 1,25% de ce même indicateur" (32). A titre illustratif, on peut constater l’impact de
l’économie du savoir dont les brevets matérialisent la nouvelle suprématie.

Source :
Americain Association for the Advancement of science, Science and Engineering Indicators 2000
Le volume financier important investi dans la recherche est significatif de la stratégie de croissance économique dans
les pays développés, comme étant locomotive du progrès.

Les efforts de l’Algérie dans le domaine de la recherche

Parmi les pays du Sud, les efforts de l’Algérie dans le domaine de la formation, de la recherche et du développement
technologique sont indicatifs :

608
L'Algérie compte plus de 1,4 millions d'étudiants, 50.000 professeurs, 20.000 chercheurs, 700 laboratoires de
recherche, des entités de recherche, une diaspora estimée à plus de 40.000 cadres répartis dans le monde, aux États-Unis où
433 inventeurs y sont répertoriés, avec 2.149 brevets(33).
Elle vise à atteindre la masse critique en recherche c’est à dire la valeur seuil du nombre de chercheurs requise dans un
groupe au-dessus de laquelle certains standards de qualité et de productivité sont atteints. Elle offre aux porteurs de projets
incubateurs un appui en matière de formation, de conseils et de recherche de financements.
En 2010, l’on dénombre six pôles d’excellence identifiés dans les secteurs de la chimie, la physique, sciences des
matériaux, ingeniering, informatique, mathématiques. L’année 2011 verra l’avènement de ceux de la biologie, l’agriculture,
des sciences économiques, de la médecine, et des géosciences (34).

Des Universités et des centres universitaires existent quasiment dans les 48 wilayas du pays. Le professeur Hafid
Aourag, directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique (MESRS) souligne à ce propos que
"le programme à projection quinquennale en Algérie a doté le secteur de la recherche scientifique et du développement
technologique, d’un budget de cent milliards de dinars, une cinquantaine de centres nationaux de recherche au sein desquels
travailleront pas moins de 30.000 chercheurs. Nous avons 34 plans nationaux de recherche et plus de cent actions à
exécuter"(35).

Les axes stratégiques déterminés sont principalement : le développement des centres de rechercheau sein des
universités (écoles préparatoires Alger-Oran- Annaba, une future académie algérienne des sciences, un partenariat
avec les institutions étrangères, notamment pour les centres de mathématiques, de physique expérimentale, et des
énergies renouvelables…). Des grands projets fondateurs ayant un impact socio-économique pour le pays y sont aussi
évoqués. Ce même responsable a déclaré : " nous avons
réalisés 2200 brevets internationaux en cinq ans, certains de nos chercheurs ont même des brevets de fusées et de moteurs
d'avion..."(36).
Les actions déjà entreprises dans le cadre de la recherche sont en accord avec les directives édictées lors du conseil des
ministres du 14 mai 2007 lesquelles visent notamment à atteindre la synergie dans la conception des programmes de recherche
avec l'environnement tant national qu'international, de contribuer à la mise à niveau des entreprises, ainsi que de renforcer les
bases d'une société de la connaissance, moteur du développement économique et social.
De même, le professeur Hocine Khelfaoui (Université de Québec, Canada) : "l'Algérie a inscrit durant les deux
dernières décennies la recherche comme facteur essentiel de soutien et d'accompagnement des stratégies de développement" 37.
Il est possible de constater que l'approfondissement et les ajustements apportés aujourd'hui vont dans l'affinement et la
confirmation de cette politique adoptée par les plus hautes instances de l’Etat.
Le président du conseil national consultatif pour la promotion de la PME et PMI, Zaim Bensassi, affirmera aussi que
le "pays dispose d'importantes potentialités à développer, particulièrement dans le secteur de la pétrochimie, de la métallurgie,
de l'industrie mécanique, de l'agro-alimentaire et de l'énergie"38.
Dans de nombreux pays du sud de la Méditerranée, à l’instar de l’Algérie, il existe un réceptacle qui combine de
nombreux éléments, à savoir : une importante ressource humaine capitalisable (matière grise), un éventail de matières
premières stratégique disponible (énergie, terre rare, etc.), des capacités financières conséquentes (143 milliards de dollars de
réserve de change). Ce qui constitue un ensemble d’atouts pouvant créer un véritable "effet levier" de développement tout
azimut, à même de transcender nombre de clivages idéologique, psychologique, historique, corporatiste, notamment dans un
cadre conceptuel plus adapté de « coopération décentralisée » gagnante-gagnante avec l’Union Européenne, intégrant
l’économie de la connaissance à la croissance économique.

Penser au Sud en intégrant l’économie du savoir

Ce n' est assurément as un concept neutre , et quand on parle de constitution de pôles d'excellence, particulièrement dans
les pays en voie de développement , et c’est un choix de politique scientifique et technologique,axé sur la constitution
d'élites et sur la compétition économique ;

Ce sont des pôles d'excellence d'un type particulier. Les technopoles renvoient à l'idée d'une mise en contact direct de
trois éléments au moins (39):

1. D'une part l'élément industriel.

2. D'autre part, un potentiel scientifique, centres ou laboratoires de recherche ;

3. Enfin, troisième élément : des lieux de formation de haut niveau, universités, écoles d'ingénieurs, etc...

La caractéristique première de la technopole, comme pôle d'excellence, repose sur une idée, pour rester dans le registre des
termes consacrés de la modernité, de synergie entre ces trois éléments. On parle de synergie, on parle aussi de "transfert de
connaissances et de technologie" d'un élément à un autre.

609
La recherche va transférer sa science ou son imagination à l'industrie, ou bien l'industrie va transférer un savoir -faire aux
centres de formation, etc.

Il est à relever que les conditions d’émergence de technopoles existent en Algérie et leurs possibles connexions avec ceux
du nord de la Méditerranée ; afin de permettre d’entrevoir des programmes de développement complémentaire à même
réduire diverses disparités économiques et de distance entre les deux rives.
Selon Maillat, Quevit et Senn (1993), le Milieu Innovateur (40) désigne « un ensemble territorialisé dans lequel des interactions
entre agents économiques se développent par l’apprentissage qu’ils font des transactions multilatérales génératrices
d’externalités spécifiques à l’innovation et par la convergence de ces apprentissages vers des formes de plus en plus
performantes de gestion en commun des ressources ».
L’innovation est le produit du milieu. D. Maillat, O. Crevoisier et B. Lecoq (1991) présentent un milieu comme étant « un
ensemble territorialisé formé de réseaux intégrés » .

Il nous est nécessaire d’assimiler aussi les éléments caractéristiques identifiant un pôle
d’excellence(41):

● Un pôle d’excellence doit être un élément d’identification d’une région.

● Un pôle d’excellence est un élément d’attractivité. Il doit amener des compétences nouvelles, des entreprises
nouvelles, des emplois nouveaux... une richesse nouvelle.

● Un pôle d’excellence intègre des notions d’anticipation et de prospective.

● Un pôle d’excellence doit être un élément structurant pour une région (structuration en terme de territoires et
structuration des différents acteurs concernés). Il doit avoir un impa ct régional massif.

● Le pôle d’excellence intègre une notion de développement durable. Il ne doit pas s’appuyer uniquement sur des
implantations d’entreprises d’opportunité.

● Un pôle d’excellence n’est pas nécessairement localisé en un lieu unique et fix e. Il ne se définit pas par rapport à une zone
géographique stricte bien qu’il puisse y avoir concentration d’un certain nombre d’éléments constitutifs de ce pôle. Dans un
monde globalisé, il réduit les distances grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

● Un pôle d’excellence passe par une recherche de pointe et des formations qualifiantes de haut niveau. Par contre
l’existence d’un pôle de recherche de haut niveau peut être à la base de développement économique. Il doit être un point de
rencontre entre les chercheurs, les « porteurs de potentialités », les entrepreneurs, les financiers et la qualification des
hommes.

Ainsi, plusieurs domaines d’activité d’une région donnée peuvent être susceptibles de répondre à ce concept pour donner
lieu à la naissance d’un pôle d’excellence et les opportunités existent en Algérie.

Il y a certes le rôle et la place d’une documentation à la fois pointue, spécialisée et synthétique, et donc nous relèverons les
efforts de la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique pour la constitution et
l’exploitation d’un fonds documentaire spécialisé accessible. Le schéma suivant illustre de manière pédagogique ce qui a
trait au pôle d’excellence :

610
Pour une approche de « coopération décentralisée »

Adopter une approche dite de « coopération décentralisée » bien qu’étant un concept opératoire à affiner en relations
internationales, semblerait convenir telle une « boîte à outil », consacrant les tentatives expérimentales ayant pour objet d’étude
les nombreux partenariats en cours notamment dans la région Pacca (Marseille) avec celle d’Alger et mise en exergue par une
étude doctorale en cours42 ; celle-ci est menée conjointement par les chercheurs des universités d’Aix-Marseille et d’Alger III,
initiative relativement positive pour les parties en présence, annonciatrice de larges possibilités d’amorcer la création de pôles
d’excellence, établissant un lien de développement pérenne entre les deux rives de la Méditerranée.
Les pôles d’excellence ont, certes, entre autres, la vocation de mobiliser des compétences en réseaux grâce aux
nouvelles technologies de l’information (NTIC) et d’asseoir une nouvelle économie de la connaissance, source de croissance et
de développement, moins dépendante de la présence d’une industrie lourde, de chaînes de montage, et moins soumise à la
pression bureaucratique.
Les pôles d’excellence peuvent mobiliser autour de « projets communs ou à la carte », à forte valeur ajoutée en termes
de croissance et d’innovation – associant des entreprises, des centres de recherche, organismes de formation, la mise en place
de maillage progressivement dense des acteurs, des solutions opérationnelles partagées, soit une nouvelle évolution
d’appréhender le futur.

611
Les pôles d’excellences comme levier de développement et de partenariat gagnant-gagnant

Les pôles d’excellence permettent in fine une gouvernance de projet dans la transparence en plus d’une synergie
appréciable entre différents acteurs. Il faut aussi noter que les responsables algériens ont pris en compte la situation difficile de
l’Union Européenne à 27 États, et qui semble être touchée « par le syndrome Yougoslave » c'est-à-dire un regain de
nationalisme et d’égoïsme régional qui rend difficile « le dépassement de soi » pour une coopération équitable et apaisée entre
les deux rives. Une vision plus large semble d’être adoptée par l’exécutif algérien, notamment en s’inspirant de la méthode
chinoise et japonaise « en demandant à ses ressortissants vivant à l’étranger et ayant créé des entreprises, de mettreen place
des filiales dans leur pays d’origine »43une manière de tirer profit des compétences nationalesvivant à l’étranger, sans pour
autant être obligé de revenir définitivement au pays.

Les convoitises en direction des pays de sud et de l’Est de la Méditerranée sont réelles et pressantes d’abord –
Américaine avec le projet de faire une zone d’influence à base communautaire avec la mise en place d’un partenariat dans le
cadre de Grand Moyen-Orient (GMO) - aux récentes ambitions de pénétration chinoise des marchés de la région - ou encore
les propositions alléchantes Sud-Coréennes (selon le cabinet conseil Nord-Sud Ventures) de garantie de l’approvisionnement
du pétrole par l’Algérie en échange du transfert de haute technologie, etc.

Une Union pour la Méditerranée aux relations refondées, équitables, durables, peut être considérée avantageuse à partir de
projets communs ou à la carte, dans une complémentarité adéquate, spécifiquement à partir de pôles d’excellence. Ces
conjugaisons de vecteurs offrent toute une opportunité de jonction spatiale et de réduction temporelle entre le Sud et le Nord,
générant toute une accélération del’histoire. Un tel élan, dans ce type de spirale de partenariat gagnant-gagnant, au sein d’un
monderedevenu multipolaire, revêt les impératifs d’une Europe pour exister, urgents et incontournables, comme solution
géopolitique pérenne. □ Mohamed Réda MEZOUI (2011)

Références :
1
- Le Comité de parrainage politique de l’Institut de prospective économique du monde Méditerranéen, l’IPEMED in Le
Monde du 29 Avril 2009.
2
- Le Cercle des économistes et Hubert Vedrine – 5+5 = 32 : feuille de route pour une Union Méditerranéenne, Edition Perrin,
2007.
3
- Pascal Boniface et Hubert Vedrine, Atlas du monde global, édition Armand Colin / Fayard, Paris, 2008, p. 34.
4
- Georges Corm, « Foire d’empoigne autour de la Méditerranée », in Le Monde Diplomatique, juillet 2008, p. 10.
5
- Rapport Laurent Cohen-Tanugi, Une nouvelle stratégie pour l'Union européenne : "EuroMonde 2015", Le Monde du 15 Avril 2008.
6
- Idem
7
- Gordon Brown, premier ministre anglais, interview in Le Monde, 23-03-2008.
8- Le monde du 26/03/2008.
9- Pauline Schnapper, Hérodote, n° 137, La Découverte, 2e trimestre 2010.
10- Mohamed-Réda Mezoui, « l’Union de la Méditerranée et la face cachée de l’Iceberg » in Quotidien d’Oran, le 17.07.2008.
11
- Les Experts de l’IPEMED, op.cit, in Le Monde, 29-04-2008.
12
- Gordon Brown, in Interview, le Monde 27-03-2008.
13
- Mohamed-Réda Mezoui , Op.cit, in Quotidien d’Oran, le 17-07-2008, Op.cit.
14
- Cf. Rapport Anima sur les IDE en Méditerranée : Chute de 80% des annonces d’investissement en Algérie , 2010.
15 - Le cercle des économistes de Marseille, Op.cit, p. 33.
16
- Contre-amiral en retraite Jean- François Coustillière, Enjeux et stratégies en Méditerranée : Approche des États-Unis et de
l’Union Européenne, actuellement Président du Conseil d’Orientation et d’Association « Horizons Méditerranée », in :
Communication INESG, Confluence internationale, Alger, n° 02/2009, p. 44.
17
- Contre-Amiral Jean François, Coustillière – Think Tank "Horizon méditerranéen" in conference INESG – Alger – 2009,
Op.cit.
18
- « Les Guerres de l’eau », Frédéric Lasserre, Paris, Editions DELAVILLA, 2009.
19
- L’Institut de prospective économique du monde Méditerranéen, IPEMED, op.cit., in le Monde du 29/04/2009, p. 17.
20
- In Déclaration des chefs et de gouvernements lors du conseil européen – tenu à Lisbonne en Mars 2000.
21
- Kok Wim – Ancien Premier Ministre Néerlandais, Chargé d’un bilan à mi-processus – "relevée le défis de la stratégie de la
bonne pour la croissance et l’emploi" – office of publications de la communauté européenne – Novembre 2004.

612
22
- Sophia Antipolis, Plaquette éditée par Salvador le Biam et Armines – 1972, p. 2.
23
- Robert Reich – Professeur d’économie publique, ancien conseiller du président Clinton – University of Massachusetts,
ouvrage intitulé Supercapitalisme, éd. Vuibert, Paris, 2008
24
- Robert Reich – Op.cit.
25
- Congrès des commissaires experts comptables, 04/06 Nov. 2006, Alger.
25
- Jacques Attali – « Une histoire d’avenir », Fayard, paris, 2006, p 143.
26
- KENNY Martin, « Understanding Sillicon Valley – (Comprendre la Sillicon Valley), 2000, Sandford University Press.
27
- Congrès des commissaires experts comptables, 04/06 Nov. 2006, Alger.
28
- Martin Wolf – in le Monde du 28/09/2010.
29
- André Yves Portnoff, « l’Europe face à la révolution de l’intelligence » in Futurible n° 310/05 p. 88.
30
- observateur de l’ocde – 2007
31
- Revue économique de l’OCDE n° 33, 2001/II
32- idem, Martin Wolf.
33- Jeune Afrique n° 2544 du 4/07/2009
34- Strategica, n°53, novembre et décembre 2009.
35- www.algerianiventors.orgcité par Liberté du 09/08/2010.
36
- Hafid Aourag - Directeur générale de la Recherche scientifique et de développement technologique in El Watan du 05 au
11 octobre 2009.
37
- Professeur KHELFAOUI Hocine – Professeur associé au Centre Interuniversitaire de Recherche sur la Science et
la technologie, Université de Québec Montréal, www.cirst-uqam.ca.
38
- « Sous-traitance dans la PME Algérienne: Les professionnels appellent à une codification »,El Watan du 01.08.2010.
39- Yves Goudineau, « Les technopoles : de l'excellence au développement par un raccourci ? »– L’industrie et la recherche,
MRE . France. Aide 88. L. 0982, p. 173
40 - Denis Maillat, Michel Quevit, Lanfranco Senn « Réseaux d’innovation et milieux innovateurs : un pari pour
ledéveloppement régional » GREMI 1993.
41- Patrick Tassin – Conseil économique et social régional – Champagne Ardenne- avis séance 28 mars 2003.
42
- Cherif Driss – Thèse de Doctorat - 2010, "la coopération décentralisée", Région PACCA Université de Marseille - Alger III.
43- Cherif Driss – idem.

VIOLATION DU DROIT INTERNATIONAL.- La remise en cause de l’interdiction du recours à la force  : Le


droit international se meurt-il ?
« Il faut combattre contre tous ceux qui enfreignent les Conventions, les ignorent ou les oublient. Il faut
combattre pour les faire appliquer. Il faut combattre pour les dépasser. Il faut combattre pour en faire
admettre l’esprit si les textes en sont imparfaits. » Marcel Junod, Le troisième combattant. Tout comme le
droit interne régit la société interne, le droit international a la lourde tâche de régir la société internationale.
Les plus grands utopistes ont tous rêvé de créer une sorte d’État-monde, de soumettre tous les États à un
gouvernement mondial qui mettrait en échec les souverainetés nationales. L’abandon général de la
souveraineté étatique ne restera cependant que dans les rêves les plus fous de ces juristes idéalistes, et
leurs aspirations ont dû se contenter d’une organisation internationale, l’Organisation des Nations Unies
(ONU). Ce pacte social international qu’est la Charte de San Francisco ne place pas les États sous
l’autorité d’un quelconque organe, mais par sa signature ils ont accepté de se soumettre à cette norme
internationale. Cette approche volontariste du droit international explique à elle seule ses forces et ses
faiblesses. L’application, l’interprétation et l’évolution de ce droit sont sources de nombreux débats et
cristallisent les tensions des relations internationales ; un principe notamment, l’interdiction du recours à la
force.
De l’interdiction du recours à la force, pierre angulaire de la paix et la sécurité internationale  : Avec
la charte des Nations Unies, le droit international se transforme. Elle vient parachever une lente
construction. Le droit international évolue d’un droit de la coexistence à un droit de la coopération. Il
bascule d’un jus ad bellum, un droit qui réglemente le recours à la force, à un jus contra bellum, un droit qui
interdit un tel recours. Cependant, aujourd’hui, le principe fondateur du droit international moderne est
remis en question. Les guerres, devenues illégales font encore partie intégrante des relations
internationales. Nous développerons deux éléments qui mettent en péril ce principe ; l’interprétation large
des textes qui a pu donner naissance à la notion de guerre préventive, ainsi que l’apparition de nouveaux
acteurs sur la scène internationale, les sociétés militaires privées.
I. La légitime défense préventive  : L’évolution du droit international passe notamment par l’interprétation
des normes internationales, comme celui du principe de légitime défense.

613
Véritable pendant de l’interdiction du recours à la force et illustration du droit à la survie des États, la
légitime défense selon l’article 51 de la Charte des Nations Unies prévoit que « Aucune disposition de la
présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas
où un Membre des Nations unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait
pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. » A noter, tout d’abord, la
distinction, et même l’opposition, entre les notions de guerre « préventive » et de guerre « préemptive »(1).
La notion de guerre préemptive consiste dans le fait de frapper le premier lorsque l’attaque est certaine et
imminente, avec l’éternel problème de la preuve. L’Israël a notamment invoqué cette doctrine à l’occasion
de la guerre des 6 jours. Alors que la guerre préventive consiste en une attaque ayant pour objectif qu’un
ennemi plus faible ne devienne un jour assez fort pour remettre en question la domination d’une entité
supérieure. Par cela, nous voyons que la guerre préventive est l’apanage des plus forts. La guerre
préventive revient à la volonté de détruire un ennemi potentiel, elle revient à le détruire sur la base d’une
simple crainte. Si la notion est compréhensible, il est évident que le fondement juridique est inexistant et
l’acte illégal.
Lorsque le président Bush présente le 1er juin 2002 une stratégie globale influençant à la fois la politique
étrangère de la première puissance mondiale, mais aussi l’emploi et le commandement de son armée, il
présente une doctrine qui s’appuie sur une vision stratégique de la défense(2). Le président étatsunien
déclarait alors que les États-Unis agiront contre les menaces avant même qu’elles n’éclosent, permettant
de ce fait l’utilisation « préventive de la force contre les terroristes ou les États qui les accueillent, qui
détiennent, essaient de détenir ou d’employer une arme de destruction massive (ADM)".(3) Le terrorisme et
la prolifération des ADM étant en effet les deux principales justifications de cette nouvelle approche de la
sécurité internationale.
Les promoteurs de la doctrine de la guerre préventive avancent l’argument suivant ; étant donné d’une part
la facilité avec laquelle un État, ou un acteur non-étatique, peut se procurer une arme de destruction
massive, qu’elle soit biologique, chimique ou encore nucléaire ; et d’autre part la croissance exponentielle
du danger que représente le terrorisme aujourd’hui, la guerre préventive n’est plus absurde. La menace
lointaine, se confondrait effectivement avec la menace immédiate. Ainsi, si l’invasion de l’Irak a été fondée
sur la détention par Saddam Hussein d’armes de destructions massives, leur absence, aujourd’hui vérifiée
n’a pas entraîné une remise en question l’intervention par la coalition. G.W. Bush déclara en effet que si S.
Hussein n’était pas en possession à ce moment d’ADM, il le souhaitait, ce qui fondait l’intervention militaire
préventive. Si le soupçon suffit à fonder une intervention préventive le problème de la preuve n’en est plus
un. Ainsi la condition qui pouvait encore rattacher la guerre préventive à la légitime défense disparaît, le
risque d’une attaque encourue par une État, disparaît.
A la lecture de la charte, la guerre préventive ne semble en aucun point légale. Ni de par ses conditions,
une attaque armée, ni de par ses buts, faire cesser une agression. L’intervention préemptive doit, quant à
elle, être analysée plus en détails. Le chapitre VII de la charte des Nations Unies(4) « Action en cas de
menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression » pourrait trouver à s’appliquer. Après la
constatation d’une menace, le Conseil de sécurité, peut choisir d’intervenir afin de maintenir ou rétablir la
paix et la sécurité internationale. Cette possibilité d’intervention dans le but de maintenir la paix consiste
en ce que nous avons défini comme étant une intervention préemptive. Celle-ci, légitimée par une décision
du Conseil de sécurité deviendrait donc légale. La légitime défense, prévue à l’article 51, a pour but de
contourner les lenteurs du Conseil afin de faire cesser le plus rapidement possible l’agression. Par
conséquent, l’intervention préventive pourrait naître de l’interprétation commune des articles 42 et 51.
Un concept est fréquemment avancé pour défendre la guerre préemptive, celui d’agression imminente.
L’intervention préemptive est considérée par beaucoup comme le simple prolongement de la légitime
défense. La condition d’une attaque préalable est critiquée par de nombreux juristes. Selon eux, si, et
seulement si, l’agression est imminente et certaine, il est impossible d’obliger un État à subir une attaque
avant d’avoir la possibilité de recourir à la force dans le but de la faire cesser. Cependant, si une telle
interprétation est faite de l’article 51, il est nécessaire que la preuve de l’imminence de l’agression soit
sans équivoque, preuve qui semble être impossible à apporter. Si, pour admettre une attaque préventive,
nous nous contentons d’un éventuel faisceau d’indices qui désignerait une agression certaine et imminente,
telles que la rupture des relations diplomatiques ou la mobilisation de troupes, ne précipiterons-nous pas
cette guerre qui semble, en l’état actuel des événements, encore évitable ? De même, l’argument assimilant
une menace d’agression à une agression5 elle-même a été balayé par la Cour International de Justice
(CIJ). La cour est en effet très prudente sur l’interprétation de l’article 51 ainsi que sur la preuve qu’il
faudrait apporter pour justifier une légitime défense préemptive.
Il faut enfin rappeler que, bien qu’étant définit comme un droit naturel des États, la légitime défense n’en
demeure pas moins un droit d’exception. Par conséquent, cette exception doit s’interpréter de manière
restrictive, permettant au principe clef de l’interdiction du recours à la force de garder la prépondérance qui
lui est nécessaire.
II. La privatisation du recours à la force  : Depuis une vingtaine d’année, de nouveaux acteurs sont apparus
sur la scène internationale, les sociétés militaires privées (SMP). Tel Andrea Doria, célèbre condottière, qui
vendit ses services aux plus offrant et fit preuve d’un apolitisme exemplaire en servant huit camps
différents (6), les sociétés militaires privées proposent officiellement à leur client toute une gamme de
services. Des conseils en stratégie militaire, un entraînement de leurs soldats, une expertise en armement
ou encore une protection de zones stratégiques. Cependant, ces activités ne sont pas les seules exercées
par les contractors7. Plusieurs acteurs s’inquiètent de la participation directe de ces soldats aux hostilités.

614
Une des problématiques qui se posent est celle de la qualification des employés des SMP. Ni soldat, ni
mercenaire, ni civil, leur statut hybride et flou ne permet pas, à l’heure actuelle, de qualifier juridiquement
leur fonction. De par ce vide juridique apparaît un danger considérable. L’absence de qualification juridique
rend quasiment impossible toute responsabilité, que ce soit des employés eux-mêmes, des sociétés ou des
États commanditaires.
Autre problématique majeure, l’obscurité dans laquelle agissent les sociétés militaires privées remet en
cause de nombreux principes du droit. L’interdiction du recours à la force n’est effectivement applicable,
avec de grandes difficultés, qu’aux États qui agissent dans un cadre officiel. Les sociétés militaires privées
agissant dans la clandestinité, les États commanditaires peuvent alors contourner les principes du droit
international. Si, évidemment, des opérations spéciales menées par les forces régulières des États, ont lieu
et sont également susceptibles de violer des principes internationaux. La responsabilité des États est plus
éloignée, plus floue et bien plus difficile à mettre en œuvre lorsqu’il ne s’agit que de membres privés.
Par ailleurs, ces soldats de fortune n’étant que de simples employés fournissant un service contre
rémunération, pourquoi le recours à ces sociétés ne serait possible que pour les États ? Ainsi, aujourd’hui il
est envisageable que les États ne soient plus les seuls à pouvoir intervenir militairement. Si pour le
moment, les services militaires des SMP sont essentiellement loués par des États, des entreprises privées
pourraient un jour devenir des acteurs des relations internationales en ayant leur propre armée de
mercenaires.
Autre aspect inquiétant de cette clandestinité, la violation des droits fondamentaux et du droit humanitaire.
De nombreuses et sérieuses allégations de violations commises par des contractors ont été rapportées.
Tortures, traitements inhumains et dégradants, massacres de civils, exécutions sommaires, viols, … la liste
de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par des contractors est longue et risque d’être
sans fin si aucune réaction normative n’est prise.
Enfin, il faut noter que la logique pacifique du droit international, l’objectif de l’instauration d’une paix
durable par le droit, est en complète opposition avec la logique mercantile des sociétés militaires privées.
Les sociétés militaires privées ne sont en effet pas présentes pour agir sur les causes sous-jacentes d’une
situation mais pour régler une crise sécuritaire. A leur niveau, une paix durable ne représente aucun
avantage, elles n’ont donc aucun intérêt à œuvrer dans le sens du droit international.
La marchandisation du recours à la force, remet en cause des principes fondamentaux du droit international
et permet la violation en toute impunité des traités et conventions. L’absence de sanction des actes commis
par contractors nous renvoie au problème plus global de l’application du droit international.
La nécessaire adaptation du droit international  : Par ses propos conclusifs, il est important de rappeler
ce qui fait l’essence du droit international, ses valeurs. L’éternel débat juridique entre la légalité et la
légitimité est, encore une fois, au cœur des discussions. Nous l’avons vu à travers ces deux sujets
brièvement développés, le droit international public tel que nous le connaissons est remis en question, et
avec lui les valeurs et la vision du monde qu’il défend. L’interdiction du recours à la force, avec d’autres
principes tels que le droit de non-ingérence ou l’égalité souveraine des États, fondent l’ordre mondial et
sont autant d’outils destinés à protéger les populations du fléau de la guerre. Cependant tous ces outils
sont aujourd’hui remis en cause laissant entrer l’économie de marché dans les facteurs d’évolution et
oubliant les leçons du passé. Le droit international public est la branche du droit la plus politique mais c’est
aussi la plus humaniste. Du droit de la coexistence au droit de la coopération, la défense de la paix et de
manière sous-jacente, la défense de l’être humain, doivent rester au centre des préoccupations de la
norme. Si l’homme a créé lui-même, par sa propre folie, l’instrument de sa destruction, c’est le rôle du droit
de le protéger. □ Paul CHIRON (2016)

Notes :
(1) Le terme « préemptive » n’existe pas dans le dictionnaire français mais est fréquemment utilisé afin de
différencier les notions telles que le permet la langue anglaise. Nous nous permettrons donc ce néologisme.
Voir par exemple la différenciation des notions par Alia Al Jiboury – www.irenees.net/bdf_fiche-notions-
175_fr.html (2) Sur l’emploi de la guerre préventive dans la stratégie étatsunienne, voir La guerre préventive
: une stratégie illogique par Stephen M. WALT – www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/10_138-152.pdf
(3) Discours de G. W. BUSH devant l’académie militaire de West Point, 1er juin 2002.
(4) A consulter sur www.un.org/fr/documents/charter/chap7.shtml
(5) Argumentation née de l’interprétation de l’avis de la CIJ du 8 juillet 1996 sur la Licéité de la menace ou
de l’emploi de l’arme nucléaire. « La question de savoir si une intention affichée de recourir à la force, dans
le cas où certains événements se produiraient, constitue ou non une «menace» au sens de l’article 2,
paragraphe 4, de la Charte est tributaire de divers facteurs […] Les notions de «menace» et d’«emploi» de
la force au sens de l’article 2, paragraphe 4, de la Charte vont de pair, en ce sens que si, dans un cas
donné, l’emploi même de la force est illicite - pour quelque raison que ce soit - la menace d’y recourir le
sera également »
(6)www.universalis.fr/encyclopedie/andrea-doria/ M. BALARD," DORIA ANDREA - (1466-1560) ",
Encyclopædia Universalis

VISAS.- L'exigence d'un visa de séjour sert à filtrer les motivations de séjour des algériens dans le pays de
destination. Elle est plus ressentie comme mesure de rétorsion à l'égard de l'Algérie par le pays qui redoute
un afflux incontrolé de visiteurs indésirables. Le Maroc eut recours à cette pratique à des fins politiques et
économiques intérieures et aussi par réprobation de la position de l'Algérie dans le problème du sahara

615
occidental. L'instauration d'un visa ne permet pas une grande liberté d'échanges avec l'Algérie, bien qu'il
soit un moyen de contrôle de flux de population. Pour voyager vers la France, il est exigé un visa de séjour
par les autorités françaises. En Algérie, en 1999, plus de 500 visas sont délivrés chaque jour par les
services du consulat général de France à Alger. Le chiffre atteindrait les 200.000 durant l'année 1999. Suite
à une amélioration de la situation sécuritaire, les visas sont relativement facilités avec un délai d’attente
atteignant plusieurs semaines (visite familiale ou privée uniquement, visite professionelle et soins
médicaux). Les tarifs vont de 1900 à 6000 DA, en fonction du type de visa, Il est à rappelé que de 1994 à
1998, le nombre de réponses positives avait considérablement été réduit à cause de la détérioration
sécuritaire en Algérie et de ses conséquences indirectes sur les relations entre les deux pays.
♦ Récentes statistiques "Visas" publés (2018) par les 3 consulats de France en Algérie  :
2012 : Chiffres globaux (tous types de visas)  :
— visas demandés : 280.144
— visas délivrés : 209.291
— taux de délivrance (*) : 74,7%
2011 : Chiffres globaux (tous types de visas)
— visas demandés : 227.201
— visas délivrés : 164.540
— taux de délivrance (*) : 74%
2008 : Chiffres globaux (tous types de visas)
— visas demandés : 211.425
— visas délivrés : 132.135
— taux de délivrance (*) : 64,51%
♦ Observations et traitement hors normes  : Longs délais d’examen et interminables files d’attente serait
d’augmenter le nombre de salariés (traitement expéditif au guichet) et d’améliorer les non commodes
conditions d’accueil (attente à l’extérieur à découvert, …) des Algériens.
Français en Algérie  : En moins d'une année, du 31 décembre 2003 au 1er décembre 2004, le nombre de
Français inscrits au Consulat général est passé de 18 966 à 24 517, soit une hausse de 29% .La frange la
plus importante réside à Alger (10 276). Ils sont 2 917 à Oran, 2 817 à Tizi-Ouzou et 1 897 à Béjaia.  
Toutefois, il est à noter qu'une partie de ces résidents possède déjà la nationalité algérienne, souvent suite
à des unions matrimoniales.  
Du côté des Algériens, les demandeurs de visa sont en progression: plus de 700 000 demandes ont été
traitées durant 2004. Et, un millier de demandes de nationalité française a été réceptionné par les services
consulaires.  
Durant l'année écoulée, les services consulaires de l'Hexagone d'Alger et d'Oran, ont recensé quelque 47
472 visiteurs, soit 12 000 de plus qu'en 2003, dont 60% ont demandé leur inscription.  □ Almanach.com
*Notes : - Sur les 40 000 français inscrits aux consulats (en 2005), 90% sont d'origine algérienne.  
- En 2005, 150 000 visas ont été accordés aux Algériens (sur un nombre de 250 000 dossiers) par le
Consulat général de France.  
- 100 000 Algériens ont introduit, en 2005, des dossiers de demandes de nationalité française mais moins
d'une centaine d'entre eux ont reçu une réponse favorable.

616
LES QUESTIONS JURIDIQUES

L'INFRACTION
• Corruption • Crimes économiques • Déviations • Diffamation • Fraude fiscale •Maffia • Perversion •
LES LIBERTES PUBLIQUES
• Avortement • Citoyenneté • Déontologie sociale • Droits d'auteurs •Droits des femmes Ethique médicale •
Evolution féminine • Liberté de conscience • Nationalité Algérienne
L'ORDRE PUBLIC
• Catastrophes naturelles • Déminage terrestre • Kidnapping et disparitions • Militarisme • Protection civile •
Sécurité • Terrorisme armé •
LA POLITIQUE JUDICIAIRE
• Avocat • Droit commercial • Emprisonnement de cadres • Etat de droit • Incarcération•
Inculpation/détention • Juridiction • Justice • Magistrat • Système judiciaire • Torture •

L'INFRACTION

CORRUPTION.- Comme dans beaucoup de pays sous-développés ou en voie de développement, elle


sévit en Algérie au détriment de la croissance économique dans, par exemple, la réalisation de projets
d'investissement public (équipements et autres) à l'insu des institutions de contrôle qui ont peu ou pas
assez de prérogatives pour lutter contre ce phénomène. Des grands projets d'équipements d'intérêt public
ont pu faire souvent l'objet de démarches plus ou moins opaques dans l'octroi des marchés à des
entreprises privées nationales ou étrangères qui, en fonction de leur rentabilité, n'ont pas hésité à recourir
au versement de commissions et autres dessous de table sur des comptes bancaires à l'étranger. Le
pourcentage de la somme à virer au corrompu est généralement déterminé par ce dernier en fonction du
coût global du projet. Une étude parue dans le bulletin n°22 du FMI, met en évidence tout l'intérêt que le
ou les fonctionnaires corrompus pourraient avoir à gonfler au projet en vue d'en tirer un maximum de
"dividendes". Les hauts fonctionnaires d'institutions publiques ont la possibilité, de par le poste
hiérarchique qu'ils occupent, de peser sur le choix d'une entreprise en particulier, pour la réalisation du
projet, et même de modifier son cahier des charges de manière à ce que "l'ami" soit sélectionné. Les pots-
de-vin versés au corrompu étant souvent importants, notamment dans de gros investissements publics qui
se chiffrent en millions de dollars, l'entreprise retenue pour le marché procède systématiquement à la
récupération du montant de la commission, soit en revoyant à la hausse le coût du projet en introduisant
des modifications fictives et ce, en commun accord avec le corrompu, soit en réduisant leurs frais aux
dépens de la qualité des matériaux et des travaux. En Algérie, plus de 2000 cadres dirigeants d'entreprises
publiques sont traduisibles en justice pour divers motifs de corruption ou de malversation dans la gestion
des biens ou des deniers publics. Des centaines d'entre eux sont en prison. Rien que pour l'année 1997, les
services douaniers révèlent 46% des documents bancaires falsifiés. L'effet corrupteur de l'argent est puni
par le code pénal algérien à travers ses articles 126 et 127. L'article 128 sanctionne le trafic d'influence
qu'on peut assimiler à de la corruption. Il y a lieu de les prévenir et de les combattre, mis à part le coté
répressif, à travers la sanction pénale par l'instauration d'une morale dans le traitement des affaires de
l'Etat pour lutter contre le népotisme. Les articles 119 et 125 du code pénal sont consacrés au
détournement de fonds et à la concussion dont les ravages, dans les caisses, les biens sociaux sont
inénarrables. Cela est tellement grave que les auteurs sont trainés devant le tribunal criminel, populaire ou
encore les assises, pour les habitués des salles d'audience des palais de justice. Les dessous de table ne
sont qu'une somme versée de main en main en sus du prix légal de la tractation convenue. Le gain facile
n'est que l'enrichissement sans cause. La fausse facture est assimilée à un faux en écriture privée de
commerce. Le marché fictif peut être défini comme étant une farce sur le dos des caisses de l'Etat qui est
ainsi privé de l'encaissement des impôts se rapportant à cette transaction. C'est aussi le marché noir ou
parallèle. La tricherie n'est qu'un abus de confiance; elle est aussi punie par l'article 376 du code pénal.
Elle découle de la mauvaise foi, de la cupidité et encore d'un manque de civisme. Les éléments constitutifs
de la corruption sont la qualité de la personne, les moyens utilisés et l'acte. Seule une application
rigoureuse de la loi, par une justice indépendante, autonome et forte, viendra à bout de ce terrible fléau
qui a pris une grande ampleur en Algérie.
►Classement : Année après année, l'Algérie végète dans les profondeurs des classements mondiaux tous secteurs
confondus. Pire, quand il touche le fond, le pays se tourne vers les Chinois ou les Italiens pour acheter une pelle à 80 millions
de dollars et creuse aussi profond que le permet les pots-de-vin et les commissions distribués en toute impunité.  En 2016,
l'Algérie était pointée au 86e rang sur 176 pays dans le classement mondial de la perception de la corruption publié par l'ONGI
Transparency International. Une année plus tard, grâce aux efforts de tout le monde et à la gestion éclairée de nos
responsables, le pays a fait mieux en se classant à la 112e place sur 180 prétendants. Si la corruption existe c'est parce qu'il y
a une offre et une demande et qu'un corrompu ne peut exister sans corrupteur. Les initiateurs de ce classement seraient
également plus inspirés s'ils dressaient une hiérarchie des pays les plus corrupteurs.

CRIMES ÉCONOMIQUES .- Un nombre effarant de personnes incarcérées ou mises en examen pour


des crimes économiques grossit au fur et à mesure des procès qui sont instruits aux quatre coins du pays.
Entre le début et la fin de l'instruction, ce sont des centaines de cadres qui sont mis hors des circuits
d'activité de leur entreprise, en attendant que leur culpabilisation soit confirmée ou non. La durée jugée
trop excessive est une source de handicap aussi bien pour le cadre incriminé que pour la machine

617
économique. La montée en flèche de ces délits, ajoutée aux quelques 400.000 cadres qui ont fui le pays
depuis 1992, n'est pas pour arranger les choses ni pour améliorer les rapports de fontionnement entre les
cadres et leur tutelle.

DÉVIATIONS.- L'Algérie a tous les atouts pour se développer autrement. Compétence et honneté devront
se conjuguer ensemble sans compromissions d'intérêts, de clans, de népotisme, de clientélisme avant toute
considération. Si les pouvoirs en place dévient de nouveau de leurs objectifs, l'aventurisme politique se
maintiendra pour entretenir l'Etat de sous-développement en donnant l'occasion aux algériens de gérer
entre eux les évènements et non perpétuer à les subir.

DIFFAMATION.- Les poursuites pour diffamation sont nettement apparues dès l'avènement du multipartisme
et l'existence d'une presse indépendante. La considération aussi bien relative à la vie privée ou publique,
que sociale, morale ou professionelle est atteinte à partir du moment ou le fait reproché concerne un
manquement aux principes que "l'honnête homme" ou "le bon père de famille" est tenu d'observer, sous
peine de porter atteinte à l'estime de la personne ou corps visé. Le droit algérien révèle des lacunes en
matière de diffamation qui peuvent se résumer comme suit :
◘ absence dans la définition de l'infraction;
◘ absence de procédure particulière. La procédure particulière qu'il serait souhaitable d'adopter concerne
principalement le rôle du  ministère public en tant que partie principale ou partie jointe. En tant que partie
principale, le ministère public peut agir d'office, avec ou sans plainte de la victime. Ce qui entraine comme
conséquence qu'en cas de plainte, son retrait ne met pas fin aux poursuites.
◘ absence de fait justificatif. Le fait justificatif, c'est la possibilité offerte au diffamateur de rapporter la
preuve de la véracité du fait allégué ou imputé, afin d'échapper aux poursuites engagées contre lui.
◘ le principe de la sanction est couvert par la constitution qui prévoit le principe de la responsabilité pénale
des individus.

FRAUDE FISCALE .- Le phénomène de la fraude fiscale existe dans le pays qui voit s'affronter et se
conjuguer, en permanence, les intérêts et l'absence des sens civiques. Elle n'est pas une menace grave
pour le pays, aussi longtemps qu'elle demeure à un état latent. Mais malgré ce constat, il faut qu'elle soit
réprimée et endiguée. Sans qu'il faille pour autant ajouter un arsenal préventif, autre que celui de
l'efficience de l'administration des impôts et le caractère exemplaire de la répression. Les chiffres sont
effarants. Les sommes sont colossales. Les dégâts sont, quant à eux, énormes et dévastateurs. La fraude
fiscale que certains croyaient, en toute naiveté, insignifiante, s'avère être une gangrène qui ronge tout le
système fiscal. Les interventions des responsables ou de représentants des différents départements
ministériels en ont donné un aperçu, de catastrophe. Il est de facto, recommandé de passer à une action
concertée et conjointe pour mettre fin, ou du moins pour arrêter cette saignée, à blanc, due aux redevances
non recouvrées par le trésor public, via les services concernés. Ce qui induit des situations telles, que
seuls les salariés payent la note, excessive de surcroit. Comment prétendre aujourd'hui réformer, voire
seulement réfléchir une fiscalité moderne sans prendre avec une extrême exactitude, la mesure de l'état
des lieux, notamment des structures de la propriété? La fraude fiscale a une importante part de
responsabilité dans les difficultés budgétaires de l'Etat. Aussi, un système fiscal plus équitable ne serait
que justice, car sans une action coercitive envers les mauvais payeurs et les fraudeurs de tous acabits,
point d'équité et d'équitabilité. Il convient de relever que les actions entreprises dans ce domaine, par le
passé ont rarement été couronnées de succès en raison principalement de leur caractère épisodique et
conjoncturel. D'aucuns supposent également que l'abaissement de la pression fiscale et la simplification du
système fiscal ont pour corollaire une diminution correspondante de la fraude. Cette équation n'est pas
toujours vraie. L'expérience a montré que les conditions sont nécessaires mais guère suffisantes. La
mobilisation des ressources considérables, sans dommage pour la monnaie nationale, passe par une
amélioration des produits de la fiscalité et par une maitrise de l'assiette fiscale dans tous les secteurs de
l'économie, sans exception, par une relance de l'action coercitive en direction de tout mauvais payeur, par
la mise en route de l'action publique et par une réduction progressive des activités informelles, notamment
dans le domaine du commerce et des services. A ce stade de la réflexion, il est utile de rappeler que la
caducité des lois fiscales, vu leur incompatibilité avec les nouvelles donnes, économique et politique, sont
pour le moins, les meilleures alliées de la fraude. Il est à signaler en ce sens que la législation en matière
fiscale est riche et abondante. Cependant, les instruments pratiques de sa mise en application sont
insuffisants et parfois, même inefficaces. Ce qui a engendré, maintes fois, des pratiques qui permettent à
leurs auteurs de se soustraire aux dispositions et à la rigueur de la loi. La discussion sur la réalité ou
l'irréalité d'une pensée qui s'isole de la pratique, est purement scolastique. Il ne suffit pas ici d'opposer des
positions morales et des principes formels aux mécanismes économiques enfiévrés, de dénoncer l'argent
facile ou sale mais de relancer une action permanente et moralisante de la liberalisation du commerce dont
fait les frais aujourd'hui tout le pays, de ses mécanismes actuels et inédits.

LITIGE.- Le tribunal administratif d'Alger, premier du genre en Algérie, a été installé, le 26 Mars 2010 ; L'installation des
tribunaux administratifs s’étant généralisée la même année à travers le pays consacre la séparation totale de la justice
administrative de la justice ordinaire. Suite à la difficulté que rencontre le citoyen dans ses relations avec l'administration et aux
conflits qui l'opposent à celle-ci, le citoyen se sentant lésé dans ses droits légitimes peut envisager introduire une action auprès
du juge administratif. Les tribunaux administratifs sont dorénavant des juridictions de droit commun en matière de contentieux

618
administratif.  Le juge administratif est compétent pour examiner les recours dirigés contre une décision prise par une autorité
administrative, Etat, collectivité locale, établissement public, ou dans certains cas organisme privé chargé du service public.
— Sollicitant une indemnité en réparation d'un dommage commis par une administration ou résultant d'un ouvrage public ou de
travaux publics.
— Contestant le montant d'impôts divers (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, taxe d'habitation, taxe foncière, taxe
professionnelle et de la TVA.
— Le tribunal administratif auquel la requête doit être envoyée est celui dans le ressort duquel se trouve l'autorité administrative
à l'origine du litige. Pour les litiges concernant une activité professionnelle, le tribunal compétent est celui où se trouve l'activité
en litige. Pour un marché public ou un contrat administratif, c'est le tribunal du lieu de leur passation ou exécution. En matière
de litige concernant les fonctionnaires ou agents de l'Etat au lieu de leur affectation.
S'il s'agit d'une requête en indemnités où se trouve le fait générateur du dommage, il faut s'adresser directement au Conseil
d'Etat s'il s'agit :
— Des actes émanant des autorités administratives centrales (décret du président de la République ou du Premier ministre), un
acte règlementaire d'un ministre.
— Une décision d'un organisme collégial à compétence nationale, organe d'un ordre professionnel (avocat, etc.).
♦ L'action devant le tribunal administratif : La requête est le nom donné au document écrit par lequel le requérant formule la
demande qu'il adresse au juge administratif. La requête mentionne le nom et le prénom et adresse du requérant ; tout
changement d'adresse doit être porté à la connaissance du tribunal.
La requête contient tous les éléments nécessaires à la résolution du litige.
Les conclusions : ce que le requérant demande exactement au tribunal (l'annulation de la décision contestée, l'octroi de
dommages et intérêts...), le tribunal ne peut statuer au-delà de ce qui lui est demandé. L'exposé précis des faits est requis.
Les moyens de droit : les arguments juridiques tendant à montrer le bien-fondé de la demande. Le requérant doit démontrer
que l'acte attaqué est illégal et pas seulement qu'il lui est défavorable.
La requête est déposée en autant d'exemplaires que de parties au litige. La requête doit contenir les mentions prévues à
l'article 15 du CPCA. La requête est déposée au greffe du tribunal contre paiement de la taxe judiciaire.
♦ Le délai pour contester une décision de l'administration est en principe de 4 mois à compter de la date de la notification à la
personne d'une copie de l'acte administratif individuel ou de la publication de l'acte administratif collectif ou règlementaire.
La requête doit arriver au greffe du tribunal avant l'expiration de ce délai ; si le délai n'est pas respecté, la requête est
irrecevable ; si le requérant attaque une décision individuelle dont il est destinataire, l'administration doit avoir indiqué le délai de
recours dans la notification.
♦ La décision attaquée : Seule peut être attaquée une décision administrative. Il n'est pas possible de contester de simples avis,
renseignements ou déclarations d'intention. Si une personne veut obtenir une indemnité en réparation d'un préjudice ou se
heurte au refus de l'administration, il lui appartient de susciter une décision en adressant une demande écrite au service
compétent. Si l'administration ne répond pas dans le délai de deux mois, elle est considérée avoir pris une décision implicite de
rejet qui peut être attaquée devant le juge administratif (article 830 du CPCA).
♦ Les pièces à joindre à la requête : La requête est nécessairement accompagnée de :
— La décision attaquée : sauf en matière de dommages de travaux publics, lorsqu'il s'agit d'une décision implicite par
l'administration qui s'est abstenue de répondre, il faut joindre la copie de la demande adressée à l'administration et l'accusé de
réception.
— Toutes les pièces justificatives : elles sont utiles à la résolution du litige, notamment celles que le requérant aurait déjà
communiquées à l'administration ; ces documents sont fournis en autant d'exemplaires que la requête et sont accompagnés
d'une liste récapitulative.
♦ Le requérant dont les revenus sont faibles peut demander à bénéficier de l'aide juridictionnelle qui permettra la prise en
charge par l'Etat des frais de justice.
— Durée de la procédure : c'est-à-dire celle qui sépare le dépôt d'une requête ne dépasse pas en général 6 mois ; ce délai
s'explique en partie par le temps nécessaire aux échanges de mémoire, à l'instruction.
♦ Le rôle du rapporteur : Le rapporteur (magistrat) désigné par le président fixe, eu égard aux circonstances de l'affaire, le délai
accordé aux partis pour produire mémoire complémentaire, observations, défense ou réplique ; il peut demander aux parties
toutes pièces ou tous documents utiles à la solution du litige. Une fois l'instruction est close, sa date est portée à la
connaissance des parties par le greffier.
La transmission au commissaire d'état : Lorsque l'affaire est en état d'être appelée à l'audience, ou lorsqu'il y a lieu d'ordonner
une vérification par les moyens d'expertise, d'audition de témoins ou d'autres mesures analogues, le dossier après étude du
magistrat rapporteur est transmis au commissaire d'Etat pour conclusions. Le commissaire d'Etat présente ses conclusions
après l'accomplissement des formalités prévues à l'article 884 du CPCA.
Le commissaire d'Etat ne représente ni l'Etat, ni le gouvernement, ni l'administration. Il présente ses conclusions dans un
délai d'un mois à compter de la date de la réception du dossier devant le tribunal administratif, le recours à un avocat est
obligatoire (article 826 du CPCA*).
Le délibéré : Au terme de l'audience, l'affaire est mise en délibéré. Les magistrats se réunissent pour adopter une décision. La
solution retenue sera celle qui aura recueilli l'assentiment de la majorité des magistrats. Le sens de la décision est rendu public.
Le jugement est notifié à la partie par voie d'huissier de justice.
♦ Avant d'envisager un recours contentieux, il faut se demander s'il n'existe pas un moyen plus simple ou plus rapide pour
régler un litige. On peut envisager de présenter recours directement à l'administration, on demande à l'administration de
reconsidérer sa position même si le recours en droit algérien est devenu facultatif.
♦ Le référé administratif : Le juge administratif peut prononcer une mesure d'urgence ; par exemple : suspendre l'exécution d'un
acte administratif. Ces mesures présentent un caractère provisoire. Il peut désigner un expert pour constater les faits qui
seraient susceptibles de donner lieu à un litige devant la juridiction.
Référé provision : Le juge du référé peut accorder une provision au créancier qui a saisi le tribunal administratif d'une demande

619
en fonds lorsque l'existence de la créance n'est pas sérieusement contestable. Le référé en matière de passation des contrats
et marchés. Le tribunal administratif peut être saisi par requête en cas de manquement aux obligations de publicité et de mise
en concurrence auxquelles est soumise la passation des contrats administratifs et des marchés publics. Le tribunal peut
ordonner à l'auteur du manquement de se conformer à ses obligations et déterminer les délais dans lesquels l'auteur du
manquement doit s'exécuter.
Quant au référé en matière fiscale, il obéit aux règles prévues par le code de procédure fiscale. L'accès du citoyen à la
juridiction administrative doit être facile, il doit être informé en des termes simples et compréhensibles, il doit être informé de
l'état d'avancement de sa requête. Une attention particulière doit être accordée aux réclamations du citoyen, ses attentes, une
amélioration de l'accueil, ce qui se fait actuellement à travers nos juridictions grâce à la réforme de la justice en cours.

(*) - Aucune statistique ayant trait à l’activité de ce secteur n’est disponible à ce jour (jurisprudence).
- CPCA : Code de Procédure Civile et Administrative paru en 2008 (consultable sur internet).

MAFFIA.- La maffia est une pratique systématique de corruption au sein de l'organisation et du


fonctionnement d'une institution. Son émergence provient d'un non respect de la règlementation du schéma
organisationnel et de la discipline du travail. Le travail en tant que facteur économique actif voit sa valeur
déformée car sa fonction subit une déviation de sa vocation réelle. La réhabilitation de la fonction contrôle
est à même de rendre à la notion de travail sa valeur productive. La maffia est générée par un vice
fonctionnel qui s'est introduit dans l'organisation et la division du travail. Exemple : L'activité portuaire a été
gangrénée par un vice de forme organisationnelle qui s'est introduit dans la relation de travail officielle. Son
infiltration s'effectue de manière insidieuse, pour s'installer dans les moeurs des acteurs en relation. Le
bakchich, ou commission imposée pour réaliser une tâche, s'érige en règle prenant une place informelle
dans la prestation instituée. La sécurité des biens circulants revêt une forme de valeur marchande et
garantit la propriété pour chaque situation sujette à exploitation. L'institutionalisation informelle de cette
transaction en cascades constitue une infraction d'Etat du fait de sa persistance et d'une volonté
démagogique d'éradication par les pouvoirs publics. Le chantage dans l'échange de services est une
pratique courante de base, ouvrant la voie à diverses formes d'arnaques ou escroqueries à différents
niveaux d'intervention. Une application rigoureuse des normes de gestion accompagnée d'évaluation
constante préviendrait les imperfections de l'institution en question. Le besoin, commercialisé finalement
à des fins occultes, structure ainsi un nouveau système parallèle de relations sociales où les valeurs
sont faussées.

PERVERSION.- Gangréné par le clanisme et le régionalisme érigés informellement en système


institutionnel, le pouvoir politique en régissant le fonctionnement de la société, n'hésite pas à user
d'intermèdes pour satisfaire ses seules clientèles lui permettant d'assurer sa stabilité. Ainsi, les équipes
dirigeantes se succédant à la tête de l'Etat voulant contrôler l'ensemble de la société ont généralisé
l'usage de la corruption, du favoritisme pour entretenir une hégémonie et se placer à l'abri d'antagonismes
sociaux vivaces. La corruption s'est révélée particulièrement payante pour neutraliser d'éventuels
opposants politiques en les plongeant dans l'affairisme. Si la corruption est ouverte à tous ceux qui, par
intérêt, éprouvent la nécessité de corrompre ou de se faire corrompre, le favoritisme est par contre,
l'exclusive de ceux qui détiennent un pouvoir politique ou administratif, qui confère la possibilité d'octroyer,
à des personnes de leur choix, des biens et des services immérités. Tout comme la corruption, le
favoritisme se pratique en amont et en aval du pouvoir. Ils sont favorisés en cela par un système
économique bureaucratique et rentier, incapable de répondre aux besoins de la société, autrement que par
une répartition clientéliste de la pénurie, que ce mode de gestion de la société génère. Toute une couche
sociale parasitaire s'est constituée pour répartir cette pénurie en faisant jouer à plein la corruption et le
favoritisme. Cette couche sociale présente à divers niveaux de la hiérarchie politico-administrative
possède la clé de tous vos problèmes. Elle peut vous propulser à un poste de responsabilité dans le
secteur public, vous faire gagner une affaire en justice, vous obtenir les papiers administratifs manquant à
votre dossier, l'appartement ou le terrain convoité. Si vous faites partie de ses clientèles, vous pouvez
également compter sur elle pour obtenir un prêt bancaire même si vous êtes insolvable, pour réduire le
montant des prélèvements fiscaux ou pour dédouaner une marchandise, les douanes étant une véritable
passoire pour les initiés. Lorsque l'administration publique est à ce point gangrénée, il devient alors
difficile de faire reculer ces fléaux devenus un véritable phénomène de société. La difficulté est d'autant
plus grande que les outils institutionnels de lutte sont bien souvent déjà pervertis ou inopérants face à la
toute puissance des barons du système. Le couple infernal de la corruption et du favoritisme ainsi pratiqué
est générateur d'enrichissements rapides et sans cause, qui dévalorisent l'effort productif et stimulent
l'esprit spéculatif ou rentier, en grande partie responsables de la régression de l'économie algérienne. Il
influe de façon négative sur la conduite morale des jeunes de plus en plus convaincus que la réussite
sociale est beaucoup plus tributaire de la qualité de leurs relations avec les clans dominants que de
leur compétence professionnelle. Le goût pour l'effort scolaire et professionnel en est, de ce fait,
profondément altéré. Il suscite par ailleurs chez les laissés pour compte un profond sentiment d'injustice qui
maintient une grande partie de la société algérienne dans un état de mécontentement permanent.
Enfin, corrupteurs et corrompus étant dans leur fort intérieur convaincus que les biens acquis ne sont pas
mérités et qu'ils peuvent, par conséquent, leur être repris en cas de changement dans le monde de gestion
de la société, ces derniers travailleront de manière sournoise (marchés et messages de soutien
"spontanés") ou déclarée (répression) dans le sens de la perpétuation de l'ordre établi, maintenant ainsi le

620
pays dans une situation politique bloquée. La corruption et le favoritisme trouvent un terrain de prédilection
dans les sociétés où le pouvoir est d'essence clanique. La corruption est de nature à tisser des liens de
solidarité entre les membres du clan au pouvoir et leurs clientèles, tous impliqués et se soutenant par
conséquent les uns les autres. Le clientélisme permet, quant à lui, d'élargir la base sociale du clan et de
resserrer les liens d'allégeance de ceux qui ont bénéficié de ses largesses. C'est de cette manière que les
clans confortent leur emprise sur la société. Il est clair que pareil système est inconcevable dans une
société démocratique dans laquelle les institutions remplissent, dans la transparence et en toute
indépendance, leurs prérogatives en matière de contrôle. La corruption et le favoritisme ayant besoin
d'arbitraire et de despotes pour garantir aux clans et à leurs clientèles l'impunité, c'est dans les pays de
non droit que ces fléaux trouvent leur terrain de prédilection. Et c'est pourquoi d'aucuns considèrent à juste
titre que ce couple infernal ne trouvera solution qu'au gré de l'approfondissement du processus
démocratique. La démocratie étant l'antidote, l'ennemi mortel de la corruption et du favoritisme, on
comprend mieux pourquoi certaines forces du système en place travaillent ardemment à en retarder
l'avènement.

LES LIBERTÉS PUBLIQUES

AVORTEMENT.- Sujet à controverse à travers le monde, sa pratique en Algérie constitue un acte criminel
sévèrement puni par le code pénal (emprisonnent de 1 à 5 ans). La femme qui s'est intentionnellement fait
avortée est punie d'un emprisonnement de 6 mois à 2 ans. Comme dans toutes les religions du monde,
l'avortement est fermement proscrit par l'islam. Toutes les personnes qui ont provoqué, ou aidé
l'interruption volontaire d'une grossesse, qu'il y ait accord ou non de la mère, sont considérées comme
criminels. Ces personnes devront une rançon de 50 dinars or, sachant qu'un dinar or est équivalent à 4,75 g
en 1992. Néanmoins, certains gynécologues en clinique privée pratiquent l'avortement pour la somme de
20.000 DA.

CITOYENNETÉ.- L'Etat de citoyen algérien est un statut en rapport avec une certaine assimilation de la
modernité et des libertés publiques. Elle apparait tel l'aboutissement éducatif d'une inculcation d'une
somme de valeurs élémentaires qu'a acquises l'individu dans sa coexistence avec ses semblables sans
outre passer les droits qui lui sont reconnus au sein de sa société. Or, ce concept renvoie à une société
évoluant dans un futur Etat de droit lequel sous entendent un ensemble de lois et règles qui
régissent une vie démocratique ou un minimum de droits et besoins élémentaires sont garantis par le
niveau de développement et la juridiction.

DÉONTOLOGIE SOCIALE.- De tous les temps, l'humanité a eu ses personnes de génie et ses personnes de
talents et en face d'eux des critiques. Le monde étant ainsi fait, il y a des personnes qui créent d'autres qui
analysent, commentent et font des jugements. Chaque fois que les critiques ont agi dans le but d'améliorer
les qualités de l'artiste et la qualité de l'art, parfois ayant l'humilité de revenir sur un jugement erroné
rendant justice à l'homme de l'art, cela contribuait au développement de la civilisation et chaque fois que la
critique a agi pour détruire l'art et décourager l'artiste, on a assisté au déclin, à l'involution et à la
disparition de la civilisation. Pour que des gens puissent vivre ensemble sans stress et sans haine, s'évitant
des conflits réducteurs, il est indispensable que s'instaure le respect mutuel. Toute société, où qu'elle soit,
quelle que soit l'idéologie qui l'inspire, a besoin d'un minimum de morale pour pouvoir subsister et affronter
les défis multiples qui se posent à elle. L'homme, depuis qu'il a commencé à vivre en collectivité, et à
quelque degré d'évolution culturelle ou civilisationnelle où il était arrivé, a établi des règles à respecter et
mis en place des systèmes divers et variés de garde-fous pour ceux qui enfreindraient ces règles afin
d'éviter le laisser-aller et le laisser-faire qui mènent inévitablement à l'anarchie et au chaos. Le respect des
règles établies peut se faire naturellement lorsque la grande majorité croit à l'importance de ces règles ou
a donné son aval à leur mise en place et quand leur violation lui est immédiatement et directement
nuisible. Il peut, en revanche, se faire par coercition : dans ce cas, le respect des règles est proportionnel
à la puissance et à la volonté de les faire respecter. Le respect des règles est spontanément observé par
la grande majorité dans les sociétés où l'individu social est prépondérant, avec des droits qu'il est capable
de défendre sans violence et des devoirs qu'il est prêt à accomplir sans contrainte et qui a une réelle
conscience de l'intérêt public. Cela résulte d'un engagement collectif et d'une solidarité qui ne peuvent se
concrétiser que lorsqu'existe le respect de l'autre, quelles que soient ses opinions et sa condition sociale.
Pour se hisser au stade de citoyen, il faudrait être capable de privilégier la critique constructive et sans
passion à l'invective et au dénigrement, il faudrait avoir la volonté d'abandonner l'oralité pour l'écrit,
beaucoup plus responsabilisant, il faudrait également s'ouvrir sur d'autres cultures pour pouvoir apprendre
à coexister pacifiquement avec des gens d'opinions diverses. La déontologie sociale exige que la liberté de
l'individu s'arrête là où commence celle des autres et suppose une autocensure sur ce qui est capable de
nuire à la collectivité a fortiori quand cette nuisance devient gratuite et généralisée et d'aucun avantage
pour personne réalisant une situation de masochisme collectif.

DROITS D'AUTEURS .- Les plagiats, les compilations éhontées, les traductions illicites, les reproductions
clandestines se sont épanouis avec tolérance au mépris de la plus-value dévolue à la matière grise qui fuit
et résonne à l'étranger pour une sécurité et une considération plus adéquate. Les oeuvres et les créations
de portée générale et publique constituent fondamentalement une propriété individuelle, morale, juridique.

621
L'ONDA (office des droits d'auteurs) créé en Avril 1973 n'a pas été en mesure de gérer la protection morale
des oeuvres qui pour certaines ont pu bon gré malgré être exploitées frauduleusement par manque
d'expertise culturelle ou déficit d'instrument de contrôle. L'Etat doit oeuvrer à garantir la mission de l'ONDA
pour préserver les créations et productions de l'esprit, en valeurs morales, sociologiques,
économiques.individuelles de prestige.

DROITS DES FEMMES.- Le statut des femmes est une variable-clé du développement ; la reconnaissance,
sur le plan des principes, de l'égalité civile et politique et de l'égal accès des femmes à l'éducation, la
formation et à l'emploi, n'est pas assurée toujours dans les faits entre les hommes et les femmes; cette
égalité suppose des aptitudes et la capacité de chacun à assumer d'abord son existence personnelle, en
tant qu'individu/citoyen, et à exercer pleinement des responsabilités familiales; elle implique donc une
autonomie qui ne peut s'acquérir fondamentalement que par l'emploi qui constitue un moyen fondamental
pour le développement de la société. Dans la situation de crise économique présente, la femme constitue le
segment fragile car sa position d'infériorité économique risque de s'aggraver et de compromettre
immédiatement les stratégies de développement projetées. Aussi, pour dépasser les débats partisans en la
matière, il est recommandé la mise en place par les pouvoirs publics d'un comité d'experts, démographes,
sociologues, historiens, économistes, savants religieux, juristes, et autres, chargé de produire une
législation nouvelle sur la femme et la famille qui soit adaptée à la logique de l'Ijtihad et à l'évolution
contemporaine.

ÉTHIQUE MÉDICALE .- Le conseil national de déontologie médicale et le conseil de l'éthique des sciences
de la santé restent deux institutions installées officiellement pour apporter des solutions aux problèmes
moraux et sociaux liés aux progrès des sciences et des technologies. Il faut noter que si en Algérie ces
questions sont longuement débattues, il n'en demeure pas moins des zones d'ombre persistent. Concernant
la greffe d'organes, l'islam est clair à ce sujet et une fetwa l'explique amplement. Cette opération, selon la
conception des théologiens n'est permise que si deux conditions sont réunies. Il s'agit de l'autorisation de
la sharia'a par l'intermédiaire du législateur et de l'aval de la personne sur laquelle se fera la
transplantation. En outre, cette greffe d'organes doit assurer la vie et la santé de l'etre humain malade et
celle du donneur. Ce dernier, après l'opération, doit jouir de toutes ses capacités physiques et mentales
ainsi que de sa dignité qui ne doit jamais faire l'objet de transaction commerciale. Quant à la personne
décédée, la transplantation d'organes ne s'effectue que si la famille du défunt y consent. La transplantation
d'organes est permise à condition que les organes fassent l'objet d'un don désintéressé. L'islam est contre
le commerce des organes du corps de l'être humain, création de Dieu. Par ailleurs, l'insémination artificielle
est permise entre les époux légalement mariés. L'islam interdit, en revanche, que des femmes prêtent leurs
ventres à d'autres car il s'agit d'un acte commercial. La mère biologique a des droits sur l'enfant et peut les
demander. C'est pour éviter les problèmes de maternité biologique soulevés en Europe que l'islam interdit
aux couples stériles de recourir aux mères porteuses. Concernant le clonage, il s'agit pour le moment
d'expériences réalisées sur des animaux, c'est pourquoi l'islam n'a pas encore abordé ce problème. Si le
clonage dans l'avenir devait se développer, l'islam ne pourrait l'accepter que dans le cas où il améliorerait
la race humaine. L'islam privilégie, en effet, le droit de l'enfant en lui assurant une vie familiale entre le
père et la mère. Si le clonage était exploité pour fabriquer des clones élevés en dehors du cadre familial et
destinés à des missions spéciales, l'islam est contre.

ÉVOLUTION FÉMININE .- Plusieurs représentantes d'associations algériennes de défense et de promotion


des droits de la femme, notamment Iqra et émancipation, ont assisté aux travaux de la vingtième session du
comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. L'Algérie a ratifié la convention le 22
janvier 1996 et mis en oeuvre ses dispositions le 19 juin de la même année. Dans son rapport initial,
l'Algérie soutient que la condition générale des femmes algériennes depuis 1962 ne peut être "dissociée" de
l'évolution du pays au triple plan politique, économique et socioculturel. Comme dans toutes les sociétés
appartenant à la sphère arabo-musulmane, la condition juridique de la femme en Algérie, est-il expliqué, se
présente de manière "dichotomique". Ainsi, le principe constitutionnel de l'égalité des sexes est
"scrupuleusement respecté" en matière de droits civils et politiques; quant aux questions relatives au statut
personnel, elles sont régies par le code de la famille inspiré en partie de la charia'a. Pourtant en droit civil
comme en droit pénal, est-il souligné, il n'existe "aucune disposition légale portant discrimination entre
femme et hommes en Algérie". Après un bref rappel des points du code de la famille contestés par le
mouvement associatif, notamment la polygamie, les procédures de mariage et la question de la dot,
le rapport souligne que ces contradictions apparentes ne doivent être ni minorées ni exagérées dans leur
réalité effective, et doivent être traitées à la lumière des dispositions du droit musulman dans l'élaboration
juridique et jurisprudentielle. L'évolution
de la société algérienne et les efforts des pouvoirs publics en vue d'une plus grande émancipation de la
femme algérienne permettront sûrement de faire avancer la question. Seulement, il faut garder à l'esprit
que le dépassement des pratiques patriarcales est un objectif réel mais qui demande néanmoins prudence
et persévérance. Le rapport met en effet en garde contre l'édiction brutale de normes juridiques
inapplicables en raison d'oppositions trop flagrantes avec les normes sociales usuelles. Cette situation
peut conduire à une désaffection vis à vis de la loi et à l'instauration d'une méfiance conflictuelle entre le
législateur et le citoyen, qui peut aller jusqu'au refus du respect de l'autorité publique sous prétexte de
primauté de la loi divine. C'est pourquoi le gouvernement algérien entend insérer les éléments de non

622
discrimination et d'égalité entre les sexes de manière graduelle et sans retour en arrière en matière de
statut personnel. D'où la ratification par l'Algérie en 1996 de la convention, dont le texte a été publié au
journal officiel au mois de janvier de la même année et fait l'objet d'une large médiatisation au niveau de la
presse et dans les milieux universitaires. Le rapport algérien apporte en outre des réponses article par
article aux dispositions obligataires de la convention. Concernant l'article 4 par exemple, le rapport souligne
que la législation algérienne contient des dispositions spécifiques favorables à la femme en matière de
travail, lesquelles peuvent même être assimilées à une forme de discrimination positive. Concernant
l'article 5 relatif àla modification des schémas de comportement socioculturels, le rapport souligne que ces
derniers ont été abandonnés progressivement grâce à l'accès à l'instruction, mais qu'ils persistent encore
en milieu rural où l'autorité parentale est plus que pesante. Seulement, cette évolution positive vers la
modification des schémas traditionnels se trouve momentanément contrariée par le phénomène terroriste
qui touche toutes les catégories de la société algérienne, en particulier les femmes sans distinction. En
matière de violence contre les femmes, l'article 24 de la Constitution dispose que l'Etat est responsable de
la sécurité des personnes et des biens.Quant à l'article 34, il proscrit toute forme de violence physique ou
morale, ou d'atteinte à la dignité. De plus, aucune disposition législative ou règlementaire n'interdit ou ne
restreint la participation des femmes à la vie politique du pays. Pour mieux illustrer l'intégration de la
femme dans tous les secteurs de la vie publique, le rapport souligne qu'au titre des fonctions supérieures
de l'Etat seulement, les statistiques de 1995 font état de l'existence de 4000 cadres femmes, dont plus
d'une centaine occupant des fonctions supérieures, 12 ont occupé des fonctions ministérielles. Dans les
autres secteurs également la femme est omniprésente, notamment la santé et la justice, pour ne citer que
ceux-là. Le comité a pour mandat d'examiner. Le comité a pour mandat d'examiner les rapports que les
163 pays Etats-parties sont tenus de lui présenter, le premier, un an après avoir adhéré à la convention,
ensuite une fois tous les quatre ans, et de faire des recommandations si nécessaire. Ces rapports portent
sur les mesures législatives, juridiques, administratives ou autres que ces états ont pris à l'effet de parfaire
la mise en oeuvre des 30 articles de la convention.

►L’entreprenariat féminin en Algérie  :

Sur un total de 356.718 projets lancés dans la cadre de l'ANSEJ, 35.639 ont été créés par des femmes,
soit un taux de 10%. Ces entreprises ont contribué à la création de 96.546 emplois, dans tous les secteurs
d’activiité confondus, selon un bilan de l'ANSEJ, arrêté au 31 Décembre 2015.

Selon le bilan de 31 décembre 2015 de l’Agence nationale de gestion du micro-crédit (ANGEM), plus de
62% des bénéficiaires de micro-crédits sont des femmes, Depuis le lancement de ce dispositif de soutien à
l'emploi en 2005 jusqu'au 31 décembre 2015, l’Agence Nationale de Gestion du Microcrédit (ANGEM) a
financé et mis en place 763.954 micro-entreprise au niveau national. Près de 476.834 projets ont été
réalisés par des femmes, soit une présence féminine sur plus de 62.42% projets. Selon le même bilan fait
également ressortir que sur les 135.794 bénéficiaires de micro-crédits à la fin de l’année 2015 de la tranche
des 40 à 49 ans, 72,34% sont des femmes. Alors que pour les 75.091 bénéficiaires âgés entre 50 et 59 ans,
les femmes représentent 77,23%, et sur 28.401 bénéficiaires ayant 60 ans et plus, 75,01% sont de sexe
féminin. Par conséquent, on remarque que le dispositif ANGEM est très sollicité par les femmes.(1)
►Données statistiques sur l’entrepreneuriat féminin en Algérie  : Au cours de ses dernières années, on
assiste à une croissance du nombre des entreprises créées par les femmes mais ce phénomène reste
encore mal cerné en Algérie. Ce constat a été confirmé par Anne GILLET, qui dans une interrogation, met
en relief les particularités de ce groupe d'être «minoritaire et parfois privilégié ». Le même auteur réaffirme,
Malheureusement, qu’aucune recherche à sa connaissance n'existe aujourd'hui sur l'entrepreneuriat féminin

623
en Algérie »(2) Sur une population active estimée en 2015 à près de 12 millions de personnes, seulement
2,3 millions sont des femmes. En Algérie le pourcentage d’entrepreneurs féminins reste très faible, que ce
soit par rapport au pourcentage d’entrepreneurs masculins ou par rapport à la proportion de femmes dans
l’ensemble de la population. Elles ne représentent que 6%, selon les statistiques du Centre national du
registre du commerce. Selon Mounia Meslem, ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la
condition de la femme, le nombre de femmes entrepreneures a augmenté d’environ 18% durant ces cinq
dernières années. L’augmentation n’est peut-être pas très significative, mais elle reflète l’intérêt croissant
que porte la gent féminine au domaine de l’entreprenariat. Selon les chiffre du Centre National du Registre
du Commerce (CNRC) en témoignent, l’Algérie comptait vers la fin 2015, 136.204 femmes d’affaires contre
130.41623 en 2014 et 115.241 en 2010. Ces femmes entrepreneures sont réparties en deux catégories : les
femmes commerçantes gérantes d’entreprises (personnes morales) et les femmes commerçantes
(personnes physiques). C’est à Alger (la capitale) que se trouve le plus grand nombre de femmes
entrepreneures avec un nombre de 14.247 (11,6%) du total national des femmes d’affaires), suivie d’Oran
avec 8.809(7,2%), de Tlemcen avec 5.400 (4,4%), de Sidi Bel Abbes avec 5.162 (4%). A Constantine, 5.110
commerçantes y exercent (4,2%), 4.512 à Blida (3,7%), 4.249 à TiziOuzou (3,5%),3.843 à Chlef (3,1%) et
3.281 à Tipaza (3,1%). Mais à part Tindouf et Ilizi, il existe dans les autres wilayas restantes entre 1.000 et
3.000 femmes commerçantes. En moyenne nationale, il existe donc 2.856 femmes commerçantes par
wilaya. Ces chiffres sont loin de représenter la réalité, sachant qu’ils recensent uniquement les femmes
chefs d’entreprises inscrites au dispositif CNRC, sans inclure le nombre considérable de femmes
entrepreneures associées dans des entreprises et qui exercent dans l’informel.(4) Mme Mounia Meslem ,
relève à l’occasion du 8 mars, que l’année 2015 compte la création de 5.032 entreprises englobant 12.548
postes de travail. □
1. Debbih Z, (2014). « Le rôle de la politique publique dans l’encouragement de l’entrepreneuriat féminin en
Algérie : entre réalité et attentes. », Les 5émes journées scientifiques internationales sur l’entrepreneuriat,
Biskra, p.9. 2. D’après le soir d’Algérie du
05/06/2016.  http://www.lesoirdalgerie.com 3. Gillet. A,(2003). « Les femmes créatrices de PME en Algérie :
motivation, parcours socioprofessionnel et stratégie d’existence », Groupe de Recherche Interdisciplinaire
sur les organisations et le travail (G.R.I.O.T.), Centre de Recherche en Économie Appliquée au
développement (C.R.E.A.D.), Alger. p.4. http://www.1001infos.net/algerie/entrepreneuriat-
en-algerie-faible-progression-de-la-participation-feminine.html :
4. Nourhane. S (2016), « femmes d’affaires recensées en Algérie
». http://www.algerie-focus.com/2016/03/8-mars136-204-femmes-daffaires-recensees-en-algerie/ :
5. Benhamed. W (2016), l’APW d’Alger honore la femme palestinienne et des moudjahidate algériennes.
http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/91552 :
♣La représentation féminine dans la sphère politique algérienne reste encore faible en 2007-2008. Une
étude menée en 2006, par le Centre d’information et de documenation sur les droits de l’enfant et de la
femme (CIDDEF), a fait ressortir que les femmes dans les pays du Maghreb, à savoir l’Algérie, le Maroc et
la Tunisie, « sont exclues des organes de direction politique et que leur représentation « est à tout plus
symbolique que réelle ».Sur les 389 députés qui siègent à l’Assemblée populaire nationale (APN),
seulement 30 sont des femmes, soit un taux de 7,7% par rapport à la composante générale. Le parti du
Front de libération nationale (FLN) et le parti des Travailleurs (PT) viennent en pôle position avec 11
femmes députées chacun. Toutefois, malgré le faible taux de représentation féminine à l’APN, une légère
amélioration a été constatée par rapport aux élections de 2002, où leur nombre ne dépassait pas 25. Au
niveau du Conseil de la nation, 4 femmes seulement sont membres sur 144. Elles sont toutes nommées
dans le cadre du tiers présidentiel. Une représentation jugée « insuffisante », sachant qu’au lendemain de
l’Indépendance, 7 femmes siègeaient à la première Assemblée constituante algérienne sur les 100 députés
qu’elle comptait en son sein. A noter qu’aucune contrainte n’est imposée aux partis politiques en matière de
taux de représentation féminine dans les listes électorales.
Notes:- Concernant la représentativité de la femme dans les assemblées élues, l'Algérie occupe la 120è
place au niveau international, alors que la Tunisie et le Maroc occupent respectivement la 36 è m e et la 94 è m e
places . Au plan africain, les pays comme l'Afrque du Sud, le Mozambique, le Rwanda, le Burundi et la
Tanzanie comptent pus de 30% de femmes députés dans leurs assemblées respectives.
- La loi portant révision constitutionelle adoptée mercredi 12 novembre 2008 par le Parlement, ses deux
Chambres réunies, a ajouté un nouvel article, 31 bis, qui est rédigé comme suit: "L'Etat oeuvre à la
promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d'accès à la représentation dans
les assemblées élues. Les modalités d'application de cet article sont fixées par la loi organique".

LIBERTÉ DE CONSCIENCE.- C'est la faculté reconnue à tout individu d'avoir des convictions
philosophiques ou religieuses propres. Aspirer à la liberté culturelle et religieuse. A ce titre, la liberté
de conscience est une liberté, peut-on dire, constitutive de l'être humain. Contre les tentatives
d'asservissement, elle constitue en effet, le dernier refuge et le dernier rempart de protection qui assurent à
l'individu le statut d'homme libre. Elle constitue donc un instrument de résistance à toute forme
d'embrigadement idéologique. Elle protège, par ailleurs, l'intimité de l'être et permet à tout individu de
mettre en conformité ses actes avec ses convistions. La liberté de conscience est essentiellement une
liberté interne, c'est à dire une démarche strictement personnelle qui assure à l'individu le droit de se
situer en dehors du champ religieux. Cette liberté étant propre à l'individu en tant qu'être singulier, ne
nécessite ni créneau spécifique, ni cadre particulier pour s'affirmer, si ce n'est un climat social de

624
tolérance ou les individus s'accordent et se respectent en tant qu'êtres différents et non comme la simple
reproduction d'un même et unique modèle. Cet esprit de tolérance ne peut se développer que s'il existe
dans la société un climat de liberté qui permette aux différents courants de pensée de s'exprimer et à toute
opinion singulière de se former et de s'épanouir. Dans le monde des idées, nul n'est, en effet, sur de
détenir la vérité. Et une société n'est libre que lorsque les hommes qui la composent, respectent dans leurs
rapports cette relative portée des idées, et lorsque personne ne prétend détenir la vérité, mais tous dans un
même élan, rechercheront celle-ci. A cette condition seulement, s'instaure le respect des uns, pour les
autres et s'affirme la liberté de l'un et de l'ensemble.
L'islam, au même titre que les autres croyances, réaffirme l'inviolabilité de la conscience (pas de contrainte
dans la religion recommande le Coran). Cette affirmation est suffisamment explicite pour ne souffrir
d'interprétation mutilante. Cependant, le sens commun pétri d'intolérance et de fanatisme dénie tout statut à
la liberté de conscience en terre d'Islam et assimile les conditions religieuses et philosophiques singulières
à un prosélytisme dangereux. L'idée généralement admise dans les pays musulmans est que l'individu né
de parents musulmans est obligatoirement musulman et le demeure jusqu'à la mort. Celui-ci, s'il venait à
renoncer à l'islam et notamment inscrire sa démarche hors du champ religieux, s'exclurait de lui-même, à la
fois de la communauté de foi et de la communauté en tant que nation (dans la majorité des pays
musulmans, les principes islamiques, en effet, débordent le cadre strictement religieux pour façonner une
culture qui est à la base de la personnalité nationale). Cette conception totalitariste, qui est du reste
largement répandue dans l'opinion, ne conçoit pas l'Islam comme une communauté de foi mais comme une
adhésion à un projet social spécifique qui détermine et affecte de manière particulière le statut de l'individu.
Pour le sens commun, les musulmans, par filiation sont tous frères et partagent les mêmes croyances et
par là-même les mêmes espérances. La liberté de croyance ou de conscience qui permet à l'individu de se
mettre hors de la communauté (l'Umma) sera souvent perçue comme un acte de trahison. Ce qui est à
l'origine de cette conception étriquée de la liberté de conscience en terre d'Islam, c'est l'amalgame qui est
fait entre "hadith" et verset coranique. Le Coran dicte aux musulmans de ne pas user de contrainte en
religion mais un "hadith" réserve à ceux qui renient publiquement leur appartenance à l'Islam, le châtiment
suprême. Cette apparente contradiction a été résolue par les exégètes. Selon ceux-ci, le verset coranique
s'adresse uniquement aux gens du Livre (juifs et chrétiens) qui ne sauraient être contraints à embrasser
l'Islam. En revanche, le musulman ou celui qui est supposé l'être (le musulman par filiation) encourt le
châtiment suprême lorsqu'il renie publiquement son appartenance à l'Islam. Cette logique procède plus
d'une démarche catégorielle que d'un véritable effort de réflexion et d'"ijtihad". Elle est surtout la marque
d'un esprit intolérant et fanatique qui pousse tous ceux qui, en terre d'Islam, ne partagent pas les
convictions de la majorité, à adopter, à leur corps défendant un comportement conforme, en apparence aux
principes islamiques (le jeune par exemple est souvent vécu non seulement comme un acte de foi, mais
comme une contrainte sociale dans de nombreux pays musulmans). En Algérie, la Constitution consacre
tout à la fois. L'Islam religion d'Etat (art.2) et l'inviolabilité de la concience (Art.35). Elle concilie à la fois
les impératifs de liberté et les principes islamiques. C'est là une solution relativement audacieuse, lorsque
l'on connait l'importance des "hadiths" dans la législation musulmane, mais qui ne règle pas cependant le
statut de la liberté de conscience en terre d'Islam. Celui-ci relève plus d'un état d'esprit que d'une
consécration constitutionnelle. Outre l'affirmation solennelle, le législateur algérien a prévu des
mécanismes supplémentaires permettant de garantir la liberté de conscience. Ces mécanismes de
protection peuvent être déclenchés lorsque l'administration est en cause dans le cadre général du recours
pour excès de pouvoir. Les cas d'ouverture de recours pour excès de pouvoir se rapportent le plus souvent
à la violation du principe de l'égalité de tous les citoyens devant le service public ou celui de l'égal accès
de tous aux emplois publics (aucun candidat à un emploi public ne peut être écarté, ni avantagé en raison
de ses opinions ou croyances). Toute mesure administrative qui vise à opérer une discrimination entre les
citoyens en raison de leurs croyances est susceptible de recours devant le juge administratif.
Subsidiairement, une sanction pénale est prévue à l'encontre du fonctionnaire dont la décision porte
atteinte à la liberté individuelle. L'article 107 du code pénal condamne tout fonctionnaire qui ordonne ou
commet un acte attentatoire à la liberté individuelle. La violation d'une liberté individuelle, et notamment la
liberté de conscience, par un fonctionnaire, entraine une sanction pénale et engage en outre la
responsabilité civile de l'auteur et celle de l'Etat. Cette responsabilité "collective" qui implique solidairement
l'administration et son agent, constitue, en droit algérien, un mécanisme de protection des libertés
individuelles, malheureusement peu utilisé.

NATIONALITÉ ALGÉRIENNE .- Durant la guerre de libération, le gouvernement provisoire de la république


algérienne en 1958 et aussi en 1960 par la voix de son président avait déclaré que "la république
algérienne ne fera aucune distinction fondée sur la race ou la confession entre ceux qui veulent demeurer
ses enfants". Or au sein du parti unique du FLN, la tendance dominante insistait sur le caractère arabo-
musulman de l'Algérie. Elle l'emportera, grâce au concours indirect que lui apportera l'OAS (organisation
extrémiste de droite, paramilitaire, constituée par des opposants français à l'indépendance de l'Algérie) et
sera consacrée par le code de la nationalité adopté le 12 mars 1963 par quatre vingt cinq voix contre trente
trois et onze abstentions sur cent quatre vingt quatorze députés. Beaucoup d'algériens non musulmans
furent déçus du revirement du FLN qui donna une base religieuse (musulmane) à la nationalité algérienne.
En effet, deux possibilités s'offrent pour être national algérien :◙ nationalité d'origine : pour en bénéficier,
il faut être né en Algérie et jouir du statut musulman ;
◙ nationalité d'acquisition : ne concerne que la nationalité par la naissance (ne touche que les enfants)

625
ou par le mariage.
Tout étranger demandant une naturalisation est tenu de se convertir à la religion musulmane. Beaucoup de
français originaires d'Algérie ou de métropole, qui avaient participé au combat pour l'Algérie indépendante
contre l'armée française d'occupation, avaient vu leur demande de naturalisation conditionnée par des
critères religieux (statut coranique). La constitution algérienne (islam, religion d'Etat) malgré certains
aspects laïcs, a eu pour conséquence que cette base religieuse donnée à la nationalité soit érigée en
principe d'Etat. L'appartenance à la nation algérienne, assujettie à l'assimilation des deux notions
(confession et nationalité) risque d'ouvrir toutes les discriminations religieuses possibles et de porter
préjudice aux nobles espérances de liberté morale, philosophique et religieuse.

L'ORDRE PUBLIC

CATASTROPHES NATURELLES .- L'institution de la décennie internationale de la prévention des


catastrophes naturelles a permis la mise en place en Algérie, dès décembre 90, d'un comité national chargé
de la coordination des actions de prévention au plan national et régional. La mise en place rapide de ce
comité s'explique par l'intérêt que l'Algérie accorde à la prévention des risques naturels d'autant que durant
la période de 94/95 le pays a du faire face à cinq types d'aléas majeurs que sont les séismes, les
inondations, les glissements de terrains, les incendies de forêts et les sécheresses. Ainsi, les séismes de
Mascara (94) et Ain-Bénian (96) ont fait 120 morts, plus de 500 blessés et des dégats estimés à plus de
120 millions USD. Celui de Chlef (80) a causé à lui tout seul plus de 2 milliards USD de dégats directs et
nécessité plus de 3 milliards USD pour la reconstruction. Les inondations qui ont touché les régions de
Béchar, Bordj Bou-Arréridj et Tamanrasset (94), Ghardaia (95 et 97), Sidi-Bel-Abbès (95) et Ain Guezzam
(97) ont quant à elles, fait plus de 100 morts ou disparus et occasionné plus de 200 millions USD de
dégâts. Par ailleurs, les glissements de terrain enregistrés à Oran (95) et Constantine (97 et 98) ont causé
30 morts et menacent plus de 100 000 personnes à Constantine alors que les incendies de forêts
recensés notamment en 94 ont ravagé plus de 25000 ha-an et infligé d'importants dégâts au point de vue
matériel et environnemental. Enfin, les sécheresses qui ont touché tout le pays en 1997 et l'Ouest en
particulier depuis 1994 ont occasionné des pertes énormes à la production agricole notamment céréalière et
à l'élevage bovin avec plus de 60% de pertes de la production céréalière en 1992. Afin de contenir les
effets des catastrophes, le comité national a adopté une stratégie qui s'articule autour de la mobilisation
des moyens matériels et humains complémentaires, la formation spécialisée et l'intensification de la
coordination. Dans le cadre d'une évaluation des risques potentiels le comité a mis en place une carte
nationale des aléas sismiques notamment pour les régions de Chlef, Ain-Defla et Alger, une carte nationale
de sensibilité à la désertification ainsi qu'une carte d'indice de la végétation pour les zones potentielles de
reproduction acridienne (sud algérien et nord du Niger et du Mali). A l'issue de la décennie internationale
en l'an 2000, il sera nécessaire de prendre des mesures adaptées, notamment l'installation d'une structure
nationale de coordination et d'animation, la mise en place de comités locaux de prévention,
l'encouragement de la coopération et l'intensification des actions d'éducation et de sensibilisation des
populations.

DÉMINAGE TERRESTRE .- Des témoignages de moudjahidine lors d'un séminaire sur les barbelés
électrifiés et les mines, organisé les 18 et 19 juin 1976 à Naâma par le centre national d'études et de
recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954, avaient estimé à 913.000
mines déposées aux frontières est, à 42000 celles enfouies aux frontières ouest et à 409.000 celles qui se
trouvent dans les monts du ksour de l'Algérie par les forces d'occupation coloniales françaises. En dépit
des efforts et moyens déployés par les seules autorités algériennes, sans assistance d'aucune partie
étrangère, ces mines qui ont fait, depuis l'indépendance plus de 3000 victimes, continuent actuellement
d'en faire d'autres. La dernière explosion connue, en novembre à Oum Ali dans la région de Tébessa, a
coûté la vie à un vieillard algérien qui a sauté sur une mine près de la frontière tunisienne. Au
Maghreb et au Moyen-Orient "zone fortement minée, seulement cinq pays sur 18 ont adhéré au traité
d'Ottawa sur l'interdiction de la production, de l'utilisation, du stockage et de la vente des mines
antipersonnel signé en tout par 127 pays en 1997. L'Algérie a signé le traité d'Ottawa le 3 décembre 1997,
mais n'a pas encore ratifié. L'Algérie renfermerait plusieurs millions de mines posées par les armées
allemande et italienne lors de la seconde guerre mondiale dans les régions côtières du Nord-est puis par
l'armée française aux frontières tunisienne et marocaine. Près de dix millions de mines datant de la guerre
d'indépendance en Algérie se trouvent encore aux frontières tuniso-algérienne et algéro-marocaine a
précisé le directeur de l'observatoire des transferts d'armements (Paris) à l'occasion d'un séminaire
déroulé à Tunis le 25 janvier 1999 sur les mines ▪antipersonnel▪ enfouies au Maghreb, placé sous l'égide de
l'institut arabe des droits de l'Homme (Tunis).

KIDNAPPING ET DISPARITIONS .- D'une problématique complexe, ce sujet revêt un certain tabou lié à
l'histoire du pays, qui, par la nature du régime totalitaire et son comportement anti-démocratique, a toujours
été traversé de turbulences difficilement contrôlables. Depuis l'indépendance à nos jours, l'atteinte à
l'intégrité physique ou morale aura vécu de nombreuses péripéties sous diverses formes, notamment la
pratique du kidnapping illégal ou le constat d'énigmatiques disparitions. En l'absence de données fiables
émanant aussi bien des autorités que des organisations de défense des droits de l'homme, il semble
difficile de déterminer l'ampleur de ce phénomène lié de prés au climat sécuritaire qui règne depuis 1992.

626
De tous temps, le silence observé jusque là par les pouvoirs publics autour de ce sujet révèle une faiblesse
d'Etat de droit. Si aujourd'hui, et à l'instar de toute autre information en relation avec le développement de
la situation sécuritaire, il dénote une certaine gêne à évoquer ce phénomène, notamment des cas où la
responsabilité des services de sécurité serait réellement engagée. Si un silence s'est imposé par le passé
par peur de représailles multiformes, il n'en demeure pas moins que depuis quelques années, à ce sujet,
une bataille des chiffres s'est enclenchée sur le nombre des cas de personnes disparues sans justifications
signalées. Quels que soient leurs mobiles, ces disparitions mettent le pouvoir dans une situation
inconfortable même s'il ne se trouve pas impliqué. La recrudescence des attentats terroristes de 1993 à
1996 a provoqué une opacité dans la pratique d'intervention dans lutte anti-terroriste effectuée
respectivement par les services de sécurité des trois corps (police, gendarmerie, armée) et que dans
pareille situation, l'avocat saisi pour investigation n'a aucune prérogative pour mener une enquête ou se
présenter devant un des services de sécurité pour demander la localisation d'un de ses clients. La situation
devient ainsi inextricable pour les familles de disparus et génère une autre dimension de tragédie.
L'observatoire national des droits de l'homme a, pour sa part, enregistré 706 demandes de localisation de
personnes disparues en 1997, dont 514 avaient en fait rejoint les rangs des groupes terroristes. En 1996,
988 cas avaient été traités au niveau de cet organisme et ce, depuis 1992. Ces chiffres sont en tout état de
cause loin de refléter l'ampleur des disparitions depuis le début de la violence en Algérie. L'association
des familles des victimes des enlèvements par des groupes terroristes, pour ne citer que celle-ci, a
recensé pour sa part, au cours de l'année 1997, prés de 2000 disparitions pour les seules wilayas de Blida
et Médéa. Le nombre des disparus, en général, est trés important, avoisinerait les 10.000 à l'échelle
nationale depuis 1993.Les statistiques demeurent néanmoins non exhaustives, car de nombreux cas de
disparition ne sont tout simplement pas signalés officiellement. La situation semble trop complexe pour
espérer un quelconque éclairage assez rapidement.Si l'évolution des droits de l'homme suit une trajectoire
relativement positive due à la progressive ouverture sur le monde extérieur, cette situation alarmante ne
pourrait prendre fin que si la notion du respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit est fermement
ancré dans l'esprit de ceux qui sont censés faire appliquer les lois de la République.□

MILITARISME.- Sortie à plusieurs reprises de sa réserve, depuis l'avènement du multipartisme qui semble
vouloir mettre un terme à trois décennies de dictature militaire, l'armée algérienne, institution militaire aux
valeurs républicaines, conserve un rôle-clé dans la vie politique économique et sociale du pays.
Informellement présente ou influente dans les prises de décisions qui animent la vie des rouages de l'Etat
dans les avancées du développement de l'économie du pays et l'édification d'un état de droit, elle demeure
la pièce maitresse, quant à sa position institutionnelle vis-à-vis de la classe politique (respect de la
légitimité constitutionnelle et de la légalité républicaine), apte à intervenir en toute crise politique aigue
préjudiciable à la stabilité du pouvoir actuel. L'armée algérienne est effectivement issue de la guerre de
libération et c'est ce qui fait qu'elle ait pesé jusqu'à présent sur la scène politique. Si celle-ci avait été
animée par des gens issus de la "famille militaire", elle serait depuis longtemps soumise au contrôle du
pouvoir politique et non l'incarnation de ce pouvoir. Si l'arène politique est sans ancrage dans la
société car fabriquée artificiellement, et ne capitalise pas de "traditions historiques", l'armée algérienne,
quant à elle, a sa propre histoire en rendant possible la confusion entre le militaire et le politique. Avec
l'évolution de la société, la maturation de la demande démocratique et l'incapacité de l'Etat à assurer le
bien-être social, cette confusion prend une tournure dangereuse pour le pays et pour son armée. Le
transfert du pouvoir aux civils se révèle être d'une nécessité vitale pour l'avenir du pays et qu' il ne
peut se faire que par le biais des urnes libres à l'écart de toutes manipulations. L'armée algérienne a
toujours laissé entendre ne pas se laisser entrainer dans le jeu trouble auquel s'adonnent certains
personnages de la vie politique, mus par des intérêts inavouables, ni prendre part, directement ou
indirectement aux divers débats partisans et autres règlements de comptes, ni servir d'alibi à tous ceux qui,
doutant de leur capacité à mobiliser le peuple autour de leurs idées, s'évertuent à justifier leur échec par
anticipation. Revendiquant sa neutralité dans les déroulements des élections et son retrait de la scène
politique, les responsables militaires s'évertuent à lui conserver une certaine réserve somme toute
naturelle, s'agissant là d'une caractéristique, prévue du reste par les textes la régissant, à savoir ne pas
peser sur le cours des évènements, ni dans la détermination des choix politiques fondamentaux. L'ANP
s'était déjà engagée à se retirer de la sphère politique à la faveur de la précédente constitution de 1989.
Hormis les fondements constitutionnels de la nature de l'Etat algérien, elle est appelée à ne plus interférer
sur l'échiquier politique, sauf en cas de subversion ou d'insurrection pouvant altérer la sécurité de l'Etat et
la liberté fondamentale des citoyens.□

PROTECTION CIVILE.- Contrairement aux idées reçues, elle n'intervient pas seulement en aval du
danger. Cet organisme agit aussi en amont, en le prévenant si possible. La prévention représente pour ce
service l'une des facettes d'une même pièce. Elle se limite néanmoins à prodiguer des consignes de
sécurité générales, ou particulières, à une zone (montagne, port, immeuble, hôpital, cinéma,..) ou à un
secteur précis (inondation, séisme,...). Elle consiste à attirer l'attention des intéressés sur les risques réels
ou potentiels. En principe, l'unité de la protection civile de la localité surveille tout ce qui est de son
ressort. Selon le cas, elle agrée ou non l'implantation d'un atelier ou d'une usine en milieu urbain. Elle
signalera les risques encourus par les riverains (bruits, explosions, émanations de gaz toxiques,...). Ou
elle recommandera alors d'éviter tels matériaux de construction parce que inflammables ou résistants aux
tremblements de terre ... . Elle "empietra" également sur les prérogatives de l'architecte en proposant des

627
escaliers et des couloirs plus larges, davantage de sorties de secours dans un établissement public
(usine, restaurant, cinéma, mosquée, stade,...) afin de faciliter leur évacuation, le cas échéant. Elle insiste
sur l'entretien des machines, des cheminées d'aération, etc. Car l'accumulation de poussières ou de
liquide inflammable constitue un foyer d'incendie. Par manque d'informations ou par négligence, ces
consignes ne sont pas toujours suivies. Bien souvent, on se contente de respecter le cahier des charges
qui stipule le matériel classique d'intervention : extincteurs, bouches d'incendie, véhicules anti-incendie,
ambulances,... Confinées dans le rôle d'un cabinet conseil bénévole, les recommandations de la
protection civile n'ont aucun effet coercitif.
Chaque année, les interventions de la protection civile se comptent par milliers sans qu'elle ait les moyens
humains et matériels pour mener à bien sa mission. Le développement en hommes et matériel de la
protection civile n'a pas accompagné l'extension des risques engendrés par la croissance
démographique, urbaine et industrielle du pays. Aussi, les 15.000 éléments dont disposent cet outil de
sécurité, n'atteignent pas la norme admise qui est d'un agent pour mille habitants, soit 25.000 sapeurs et
officiers. Il faudrait un quota supplémentaire pour couvrir un Etat vaste comme l'Algérie et également la
doter de capacités techniquement supérieures pour des interventions souples, rapides et efficaces.

SÉCURITÉ.- Instituée pour l'ordre public, la sauvegarde de la liberté, la sécurité individuelle, la police est
en mal de modernité qui révèle une certaine impuissance due à diverses lacunes accumulées face à la
recrudescence des problèmes sociaux. Centralisée dans sa structure, elle se devra devenir souple dans son
action pour accéder à une connaissance directe, discrète et concrète des hommes et des choses, des lieux
et des milieux. Son mérite réside d'abord dans sa discipline, dans sa fidélité au pouvoir, dans un respect
relatif des règles qui lui sont fixées. Son efficacité demande à être accrue pour démontrer des pratiques
énergiques et rapides. Elle n'a pas été en mesure de prévenir les troubles qui ont secoué la société, bien
que responsable de l'ordre public. La restauration de la sécurité des personnes, des biens, des institutions
sur l'ensemble du territoire est un objectif de tout premier ordre. Le terrorisme, la violence, les activités
subversives sont des atteintes graves à la paix civile, à la quiétude des citoyens, au respect du principe
sacré du droit à la vie, à la sécurité et au développement économique, social et culturel. Cette restauration
de la sécurité implique toutes les institutions de l'Etat dans la mise en oeuvre d'un programme d'actions à
engager de manière ferme et résolue. L'institution récente d'une garde communale (police municipale)
constitue un appoint d'encadrement sécuritaire qui appelle à être formé et expérimenté pour requérir
l'efficacité recherchée dans la protection des citoyens.Un ensemble de nouvelles dispositions doit ouvrir la
voie aux sociétés de gardiennage à la protection des personnes ou de biens. Les conditions d'exercice de
ces activités de protection devront revêtir un caractère de professionnalisme pour pouvoir assurer toute
prestation de service permanente ou occasionnelle selon les besoins. Considérant une criminalité
croissante, les efforts concentrés devront garantir la protection des personnalités, des établissements
économiques ou administratifs, publics ou privés dans un cadre légal établi pour prévenir toute défaillance
ou insuffisance et gagner en exigence de performance.

TERRORISME ARMÉ.- Versant dans une rare barbarie, l'islamisme armé, dans sa phase ascendante, s'était
approprié toutes les techniques et tous les subterfuges propres à une guérilla, celle-là même qui donna
naissance à la guerre de libération. Par mimétisme, les groupes terroristes, qu'ils soient de l'AIS ou des
GIA, ont calqué leur action et leur schéma tactique sur cette période. Ils eurent l'appui de populations
entières, notamment dans les zones rurales ou en périphérie urbaine, pendant les années 1993-1994. Les
zones de rebellion armée se multiplièrent. Le 1er novembre qui est un élément moteur de la symbolique
nationale, fut récupéré dans ce qu'il pouvait offrir comme image : l'islamisme armé, partisan du djihad,
devenant le continuateur de la mythologie autour des "moudjahidine", le combat se trouva justifié contre les
"taghout". Pourtant dans les faits, les islamistes se trouvent à contre-courant des personnes qui ont
déclenché la guerre de libération, ne reconnaissant ni la légitimité de l'emblème national ni les textes qui
ont été produits. Le recours aux casemates, le déploiement dans les maquis, la mise en application
d'attentats pour récupérer les armes des policiers, le sabotage des chemins de fer, qui sont autant
d'éléments qui entraient dans cette stratégie, furent utilisés cette fois-ci dans un contexte nouveau et avec
des objectifs qui ne relèvent pas de la révolution, mais de la destruction systématique du potentiel
économique, social et culturel de l'Algérie. Cet amalgame entre anéantissement du pouvoir et liquidation de
l'Etat suscitait des interrogations. Qu'est-ce qui se cachait derrière l'élimination physique des élites, le
sabotage à l'explosif des usines et des ponts? Une guerre, contre un pays qui ne disait pas son nom. S'il
empruntait certaines méthodes connues, le terrorisme islamiste était condamné à ne pas faire tache d'huile
pour la simple raison qu'il s'était isolé des populations - alors que des franges de celles-ci lui étaient
acquises- et par les actes qu'il commettait, de l'opinion internationale choquée et révoltée par le caractère
inadmissible des massacres contre les civils. Dans les campagnes, les paysans n'avaient pas beaucoup de
choix : soit ils acceptaient de se soumettre au racket, payant "l'impôt" aux GIA, soit ils quittaient les lieux,
la mort dans l'âme. Les propriétaires de mazdas bachées n'échappaient pas à la rançon, s'ils voulaient
circulaient librement et échapper aux faux barrages trés fréquents. L'islamisme armé, sous couvert de
djihad et de combat libérateur contre l'injustice des taghout recouvrait en fait des segments entiers de la
grande criminalité. Le terrorisme s'explique dans ce cas là par l'argent du racket. Les règlements de
comptes entre groupes rivaux, les milliards déposés dans les comptes bancaires, le recyclage et le
blanchiment dans des affaires d'import-export nous donnent les pourtours exacts d'une d'une machine à
tuer qui s'est éloignée des premiers préceptes et fetwas qui structuraient l'idéologie des extrémistes

628
islamistes bouyalistes. Le mythe du maquisard, moudjahed, qui continue encore par delà la révolution de
novembre 1954, et que la première génération des islamistes armés a voulu accaparer, perd tout son sens
sitôt qu'il est utilisé par les GIA dans leurs prêches et littératures. Certaines estimations relatives au
montant financier des actes terroristes perpétrés contre l'appareil économique du pays de 1991 à 1996
atteignent la somme cumulée de 800 milliards de dinars de dégâts. 3040 entreprises productives détruites,
3442 véhicules de transports et engins de travaux publics, 2240 pôteaux téléphoniques, plus de 200
pylônes et pôteaux électriques, une centaine de relais de télécommunication, ont été la cible de
sabotage. Beaucoup d'installations tels qu'une usine de poste-radios, des hangars de fermes contenant des
matériels agricoles, des galeries et des grands magasins, plus de 2000 habitations individuelles, 930
classes scolaires, 8 instituts de recherche, 1020 blocs administratifs, 16 centres de formation
professionnelle, 152 centres de santé, etc., ont été incendiés; prés d'une vingtaine de communes touchées
en permanence et plus de 600 communes touchées sporadiquement par des actes de destruction. Que ce
soit par l'incendie ou l'utilisation d'explosifs, les terroristes, en s'attaquant aux établissements publics
ou privés, ont voulu, en même temps, la "mise à sac" de l'économie du pays et tirer profit de la grogne de
milliers chômeurs. Dans leur oeuvre d'annihilation du patrimoine national, les attentats du boulevard
Amirouche, de la direction de la sureté nationale, de l'aéroport Houari Boumediene et celui qui a vu
l'effondrement total du centre de reportages de l'entreprise nationale de la télévision, □

LA POLITIQUE JUDICIAIRE

AVOCAT.- La reconnaissance, dans un pays, des droits de l'homme, est, par certains aspects, un indicateur
remarquable de la démocratie. Le système démocratique reste le seul cadre dans lequel les droits de
l'homme peuvent se développer et devenir une réalité aussi bien dans les lois et dans la pratique que dans
l'esprit du citoyen et leur respect effectif constitue l'un des critères les plus importants pour évaluer le
fonctionnement d'un système démocratique dans la réalité. La garantie des droits de l'homme et des
libertés publiques liées à l'existence de magistrats et d'avocats véritablement indépendants aptes à en
assurer le respect parait dans la définition de l'Etat de droit comme une exigence impérieuse. Pour veiller à
la réalisation de l'Etat de droit, le pouvoir en place devra veiller au fonctionnement des institutions
acquises par la dernière révision constitutionnelle.
Le terme d'avocat désigne une personne qualifiée et habilitée à plaider et à agir au nom de ses clients, à
pratiquer le droit, à ester en justice et à conseiller et représenter ses clients en matière juridique. Le
conseil de l'ordre (barreau) désigne l'organisation professionnelle reconnue dans un ressort donné. Les
avocats et le barreau ont la responsabilité d'éduquer le public sur le principe de la primauté du droit et sur
l'importance de l'indépendance de la profession d'avocat ainsi que le rôle essentiel joué par les avocats, les
juges et les jurés dans la protection des libertés et droits fondamentaux et d'informer le public de ses droits
et devoirs ainsi que les recours appropriés qui lui sont accessibles. La protection adéquate des libertés
fondamentales et des droits de l'homme, qu'ils soient économiques, sociaux et culturels ou civils et
politiques, dont chacun ait effectivement accès à des services juridiques fournis par des avocats
indépendants. Les pouvoirs publics veillent à ce que toute personne, lorsqu'elle est arrêtée ou mise en
détention ou lorsqu'elle est accusée d'un crime ou d'un délit soit informée sans délai par l'autorité
compétente de son droit d'être assistée par un avocat de son choix. Toute personne dans cette situation qui
n'a pas de défenseur a droit, à chaque fois que l'intérêt de la justice l'exige, à l'assistance d'un avocat
commis d'office. L'avocat a le droit de s'entretenir avec son client sans retard, en toute indiscrétion, sans
aucune censure et dispose en principe du temps et des moyens nécessaires à cet effet. Les pouvoirs
publics doivent veiller à ce que les avocats puissent s'acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles
sans entraves, intimidation, harcèlement, ni ingérence indue, et dans les cas où la sécurité des avocats
serait menacée dans l'exercice de leurs fonctions ils doivent être protégés comme il convient par les
autorités. Ils ne doivent en aucun cas être assimilés à leurs clients ou à la cause de leurs clients du fait de
l'exercice de leurs fonctions. Il est aujourd'hui unanimement reconnu que les droits de l'homme et les
libertés fondamentales sont mieux garantis dans une société où la profession juridique et la magistrature
sont libres de toute ingérence ou pression. L'avocat n'est pas un gêneur comme s'emploie à le démontrer
une imagerie non innocente mais un pilier dans la construction de l'Etat de droit. Il agit en tout temps, en
toute liberté, avec diligence et courage, conformément à la loi, dans le respect de la volonté de son client
et de la déontologie de la profession d'avocat sans se soucier des restrictions ou des pressions internes ou
externes auxquelles il peut être soumis.□

DROIT COMMERCIAL .- Avec la difficile construction de l'économie de marché, de nouveaux problèmes


surgissent au fil de la mise en place des nouvelles règles de commercialité, ou du moins de leur
réhabilitation en tant que mode d'organisation et de fonctionnement de l'économie. Le passage d'une
économie au fonctionnement centralisé, à forte dominance de secteur public vers une économie libérale où
le secteur privé et la logique du marché deviennent les principaux acteurs, génère quelques difficultés
majeures et ce, dans tous les domaines qui ont trait à la règlementation, la législation, l'encadrement des
opérateurs et du marché en général. La mise à niveau ou plutôt la mise en cohérence de l'ensemble de la
législation, du droit commercial et des textes inhérents aux transactions et opérations financières, a été
engagée et a accompli des progrès importants. Ce processus de transformation du socle juridique se
poursuit et exige des efforts pour atteindre la cohérence, la pertinence et l'équilibre des droits et devoirs,
indispensables au bon fonctionnement d'une économie de marché. C'est ainsi que le code de commerce et

629
le code civil ont connu des modifications importantes allant dans le sens d'une mise en adéquation des
statuts des biens, des personnes, des personnes physiques et morales, des sociétés, des effets de
commerce, des transactions, etc. Avec l'esprit et les principes d'une économie libérale sur le plan de la
règlementation bancaire, financière et monétaire, l'édifice juridique se trouve en pleine reconstruction
puisque le secteur bancaire et financier est appelé à accélérer et à organiser l'instauration des techniques
et pratiques du marché en offrant les services, les produits, les effets et les instruments appropriés à la
clientèle, dans un esprit de concurrence et d'obligation de résultat. Il est évident que cette complexification
de l'économie par l'émergence des pratiques du marché dans tous ses prolongements et en particulier au
niveau bancaire, ne doit pas se faire sans protection juridique des opérateurs, des particuliers, des acteurs
de la vie économique, des consommateurs et de tous ceux qui effectuent des actes de commerce à quelque
titre que ce soit. Le cadre général des opérations bancaires est défini par la loi sur la monnaie et le crédit
du 14 avril 1990. Depuis, un grand nombre de règlements et d'instructions sont venus encadrer tous les
domaines et aspects qui ont trait à l'activité bancaire, aux relations entre la banque et les particuliers, entre
la banque et les opérateurs, à la gestion des changes et de la monnaie, à la gestion du crédit, aux
conditions de banques, à la politique monétaire et au refinancement etc. La liste des textes mis en place
depuis bientôt une décennie serait fastidieuse à énumérer.
Ce qu'il faut retenir, c'est que, en dépit d'une organisation économique qui n'a pas facilité la
bancarisation de la société en général et des activités de production de biens et de services en particulier,
le mouvement amorcé s'accélère pour que la banque s'installe de plus en plus dans ses métiers de base en
économie de marché à savoir en premier l'intermédiation financière et la prestation de services financiers à
sa clientèle, particuliers et opérateurs. Il s'agira pour elle donc d'aller sur le marché collecter des
ressources au meilleur coût possible, compte tenu de la concurrence et des réalités économiques et
sociales, et de les allouer sous forme de crédits au meilleur rendement possible, toujours dans le respect
des exigences de la concurrence et de la règlementation. Personne ne peut occulter le fait que le
développement de l'économie informelle a accéléré la débancarisation des activités, des opérateurs et des
particuliers.Tout comme, face à une organisation centralisée de l'économie avec une spécialisation
sectorielle poussée, les ressorts d'une modernisation et d'une démarche de compétition et de marché
étaient quelque peu cassée au niveau de tous les opérateurs y compris les banques qui ne pouvaient
développer une stratégie dynamique de redéploiement alors que l'économie fonctionne sur des schémas
éculés et périmés. Aujourd'hui, l'économie de marché rend à la banque sa mission originelle. Par
conséquent, le droit bancaire, le droit cambiaire, la protection des utilisateurs des effets de commerce, la
préservation des intérêts de la clientèle et de la banque sont appelés à connaitre une rénovation importante
quand ce n'est pas carrément une refonte profonde. L'appareil judiciaire et les magistrats sont appelés
eux aussi à prendre en charge tous les conflits, contentieux et infractions générés par l'activité économique
et les transactions commerciales en général. Certes, les tribunaux de commerce se développent auprès
des juridictions du pays. Toutefois, l'ampleur des infractions et la nature des délits et autres violations de la
réglementation financière, monétaire et bancaire, exigent chaque jour davantage de qualifications
techniques et de compétences en matière de droit commercial, pour instruire et juger en toute équité des
conflits et des dossiers épineux en matière financière et bancaire. Certes, le recours aux experts est
toujours possible et en vigueur: toutefois la magistrature se prépare à renforcer ses structures et capacités
pour que la liberté de commercer, d'investir, d'acheter, de vendre, de louer, d'importer, d'exporter, de
transférer, de payer sous toutes les formes les biens et services dont ont besoin les particuliers et
opérateurs, s'exerce sans porter atteinte aux intérêts des personnes, des entreprises, des banques, de
l'Etat et de la société en général. Cette liberté ne peut s'exercer sans que la responsabilité de chacun des
acteurs de la vie économique ne soit définie, mesurée, contrôlée, encadrée et sanctionnée lorsque les
intérêts des uns se réalisent au détriment des intérêts des autres et du mépris de la loi. Les banquiers et
les magistrats vont jouer un rôle encore plus structurant dans l'émergence et le développement d'un marché
ou rigueur, prévention et sanction seront en harmonie avec dynamisme, liberté et création de richesses. Ils
ne seront pas seuls certes, à impulser cette tendance lourde mais leurs efforts conjoints constitueront la
pierre angulaire pour contribuer à la construction d'une économie de marché ou la loi du marché passe
d'abord par le respect de la loi tout court.
A l'ère de l'économie de marché, il serait urgent que toutes les activités bancaires soient régies davantage
par le droit commercial que par le droit pénal. La concertation doit s'instaurer entre magistrats et banquiers
pour étudier et cerner les règlementations des techniques et les conditions de fonctionnement des
institutions bancaires. Les représentants des différents secteurs financiers et judiciaires insistent sur la
nécessité d'adapter l'activité commerciale aux nouvelles normes économiques par l'instauration d'un
système bancaire "assaini", réprimant la fraude et les détournements. Tous plaident en faveur d'une
sanction économique des délits commerciaux plutot que pénale. Il faudrait adapter les textes juridiques
pour qu'ils soient en parfaite adéquation avec le fonctionnement interne des banques. L'ouverture à
l'économie de marché implique l'évolution des banques pour remédier aux différents contentieux auxquels
ces institutions financières doivent faire face. Dans cette perspective, un travail de proximité a été mené
par les professionnels de la justice et ceux des banques pour déterminer, d'un commun accord, les
responsabilités des institutions financières dans le domaine du traitement des chèques, l'accès aux crédits
et enfin dans les transactions internationales et les importations. Il est recommandé une meilleure
spécialisation des hommes de loi dans divers domaines à travers le recyclage des magistrats dans les
spécialités économiques, et plus précisément dans le domaine de la fraude. Des mesures préconisées
consisteraient en la mise en harmonie des dispositions du code sur la monnaie et le crédit pour une

630
application efficace des textes juridiques concernant l'activité bancaire qui, désormais, obéira au droit
commercial et non pénal, et ce en application du code du commerce et celui des capitaux marchands de
l'Etat. De surcroît, un renforcement du système judiciaire dans ses prérogatives est nécessaire pour
instaurer la sécurité des usagers des banques et les épargnants et lutter contre la fraude et les
falsifications des documents.

EMPRISONNEMENT DE CADRES .- Une association de cadres injustement incarcérés a été créée à Oran
en février 1999 par une assemblée constitutive de deux cent vingt cadres ayant tous séjournés en prison
pour "délit économique" et acquittés par la suite. Celle-ci entend regrouper tous les cadres ayant subi
l'injustice et l'emprisonnement à travers toutes les régions du pays. Ils seraient au moins 3000 personnes
selon les informations fournies par les médias. Dans un deuxième temps, cette association essayera
d'arracher la réhabilitation matérielle et morale de ses adhérents. Même après leur acquittement, nombre
d'entre eux n'auraient pas regagné leur poste de responsabilité, ni accédé à des indemnités. Les préjudices
moraux, subis par ces cadres et surtout leurs familles, sont incommensurables. Ce qui rend leur
réhabilitation sociale un devoir à la charge des pouvoirs publics. En outre, prenant exemple sur leurs maris,
soixante deux femmes se sont également constituées en association dénommée association des femmes
des cadres injustement incarcérés. Elles envisageaient d'ester en justice les pouvoirs publics responsables
ou l'ex-garde des sceaux pour les préjudices subis.□

ÉTAT DE DROIT.- La normalisation de la vie publique est un objectif national que le magistrat devra
traiter dans le cadre de ses activités ordinaires et dans le strict respect de la loi. Le conseil supérieur de la
magistrature doit assainir le corps de la magistrature de tous les facteurs qui le décrédibilisent. Cf.La
situation politique .

INCARCERATION.- Il semble que les infrastructures carcérales n'aient pas sensiblement évolué depuis
l'indépendance, contrairement à une démographie galopante et une criminalité en hausse. A côté de
problèmes objectifs, certains dysfonctionnements de l'appareil judiciaire ont contribué à accentuer
ce phénomène et il y a urgence d'entrouver les remèdes. Citons le recours abusif à la détention
préventive. Etablir à un temps t le ratio des détenus préventifs par rapport aux condamnés serait instructif.
La mesure serait simple, les juges d'instruction devraient faire l'effort de revenir à une application saine des
dispositions sur la détention préventive comme mesure d'exception et le recours aux mesures de
substitution prévues par le code de procédure pénale, telle le contrôle judiciaire qui contraint celui à qui il
est soumis de se présenter à intervalles réguliers au commissariat de police de sa circonscription, ainsi que
d'autres précautions: retrait du permis de conduire, passeport ou autres. La détention préventive et la
façon dont elle est appliquée, gérée par les différents parquets contribue considérablement à surpeupler les
prisons. De surcroît, la lenteur est accusée dans la gestion des affaires pénales et l'obstruction
constatée des cabinets d'instruction. Le renforcement des effectifs de magistrats instructeurs permettrait
une célérité dans le traitement des affaires pendantes et réduirait le nombre de détenus préventifs. Il y a
lieu de signaler le retard dans l'adaptation des infrastructures aux nouvelles données démographiques et le
gel de la législation pertinente depuis plus de vingt ans. Le dernier texte relatif à la gestion pénitenciaire
date de 1975, il y a plus de 23 ans. Il n'a donc pas subi les marques de son temps et ne s'est pas inspiré
des législations modernes dont la vocation première est de préparer progressivement le détenu à la sortie :
formation carcérale, chantiers pénitenciaires, etc. En outre, il faut signaler que quoiqu'ancien le code de la
réforme pénitentiaire offre des possibilités que les magistrats chargés de l'application des peines hésitent à
explorer pour, d'une part, librer d'une façon anticipée les détenus qui présentent une disposition à une
meilleure vie sociale et, en même temps, alléger la surpopulation carcérale.
Le régime de semi-liberté et liberté ou régime ouvert permettent à un détenu de sortir de la prison et de
reprendre progressivement sa vie familiale et sociale tout en se présentant à des contrôles réguliers. Ils
pourront ainsi durant la période de détention rentrer chez eux et reprendre une vie professionnelle
progressive et libérer leur place pour humaniser l'espace carcérale. Une étude doit être menée pour
comprendre les hésitations des juges à recourir à ces alternatives. D'autres phénomènes conjoncturels ont
multiplié le nombre de détenus; il s'agit d'une part de la délinquance économique, conséquence à la
campagne tonitruante de moralisation de la vie publique qui a jeté un grand nombre de cadres en prison.
Deux constants sont observés quant à ces affaires : le recours systématique à une sorte de détention
collective qui frappe parfois tout l'encadrement de l'entreprise.Le second est la lenteur dans l'instruction de
ces dossiers, car nécessitant une technicité qui fait défaut aux magistrats. Cette frange de la
population carcérale comprenant peut-être des délinquants économiques, souvent des mauvais
fonctionnaires, mais des personnes honnetes, doit faire l'objet d'un traitement spécifique et rapide. Une
sérieuse nuance doit être faite entre l'acte de gestion et l'autre délictuel. Un lamentable amalgame entre
les deux a jeté en prison des personnes qui ont agi sans intention coupable. Le deuxième phénomène
conjoncturel est constitué par la délinquance enfantée par la crise politique : la subversion et le terrorisme.
Cette criminalité, et la terreur qu'elle sème, a engendré, parfois, sur de simples suspicions, des arrestations
massives de paisibles citoyens qui s'avèrent, après enquêtes et instructions, tout à fait étrangers aux faits
allégués ou seulement éventuels et probables. La célérité dans le traitement de ces dossiers allégeront
aussi et d'une façon considérable les espaces carcéraux. Les prisons sont remises en cause dans les
pays modernes, elles n'ont pas de vertus rédemptrices, elles ne rééduquent pas et ne préparent pas à la
réinsertion. Des études sont menées pour rechercher les différentes mesures de substitution à

631
l'emprisonnement, telle la condamnation à une mission ou un travail d'intérêt général ou le versement
régulier d'une somme d'argent aux caisses de l'Etat ou à des oeuvres ou institutions de solidarité. Cette
formule présente les avantages évidents d'alléger les charges de l'Etat, de contribuer à la rédemption et de
permettre la réinsertion sociale des délinquants et à terme de bannir les prisons, gouffres financiers et
humains. Les crédits alloués serviraient beaucoup mieux à financer les recherches et études destinées à
réduire le nombre de détenus qu'à augmenter les lieux de détention. La recherche des crédits face à un
problème aussi épineux n'est pas une politique, c'est une solution de facilité et un réflexe d'intendance.

INCULPATION / DÉTENTION.- L'état des prisons juge une société. Sur celui des prisons algériennes, il n'y
a guère d'illusion à se faire. Loin de contribuer à réduire la délinquance, notamment chez les jeunes, la
détention telle qu'elle est communément pratiquée aujourd'hui ne peut que l'aggraver. En premier lieu, en
raison de l'encombrement des prisons. Le nombre de détenus est le triple ou le quadruple des places
disponibles. Il est certain que la promiscuité rend illusoires toutes les mesures éducatives. Pis, elle
corrompt ceux plus nombreux qu'on ne le pense, qui conservent en sortant, délinquants dits primaires,
quelque trace d'innocence. En second lieu, la peine n'a pas d'effet si elle n'aide pas le puni à une meilleure
conduite dans la société. L'idéal, serait de parvenir à le motiver, à le pousser à chercher sa réinsertion
sociale. Mais la réinsertion sociale ne peut se concevoir sans les éducateurs, sinon comment rendre à des
gens le goût du travail si on les laisse en pleine oisiveté quotidienne. Le surencombrement des cellules
réduit la valeur des améliorations qui sont apportées à la condition pénitentiaire. Actuellement, certains
juges d'instruction pratiquent l'inculpation avec une grande générosité, exploitant le caractère ambigu du
système pénal, qui la définit comme un moyen de défense pour celui qu'elle frappe. Que devrait- on dire
lorsqu'il s'agit de l'incarcération? Si les excès de l'inculpation mettent en cause la procédure pénale en
vigueur, ceux de la détention provisoire la condamnent. Qui dénoncerait le nombre élevé de prévenus qui
encombrent les prisons? En Algérie, un juge détenteur d'un pouvoir sans partage peut, seul, mettre en
prison celui ou celle qu'il inculpe, dont la loi dit qu'il est présumé innocent, mais dont l'incarcération en fait
un coupable. En réalité, l'inculpation et la détention provisoire constituent la face la plus visible du défaut
qui apparait tout au long de la procédure d'instruction : le déséquilibre entre l'accusation et la défense, qui,
de la garde à vue jusqu'à la clôture de l'instruction, met en cause en permanence le droit le plus
fondamentale de l'homme, sa propre liberté. La procédure d'instruction confère une position équivoque au
magistrat instructeur. Celui-ci doit assurer au regard de la loi, le double rôle de l'accusation et de la
défense. Il lui faut trancher souvent sur sa seule et intime conviction -comme la loi l'y autorise-, mais alors
il n'est plus impartial et se trouve à la fois juge et partie. En matière de détention provisoire, une réforme
s'impose. Elle doit instaurer la collégialité de l'instruction. Il s'agit de transférer à un collège de trois juges,
autre que le juge d'instruction, le pouvoir de mettre en détention provisoire. Une innovation devra
répondre à une double exigence: faire progresser l'Etat de droit et renforcer le droit le plus fondamental de
l'homme, sa liberté. Une réforme peut ne comporter aucun affaiblissement de la sureté publique. Elle
entendrait par mieux préserver la crédibilité du corps des juges d'instruction sans désavouer la grandeur
de leur métier. Les grands dossiers intéressant la nation doivent être traités sur la base de la raison, non
de la passion, la réflexion scientifique et non le réflexe politique, à la recherche du progrès et de l'intérêt
général.
►Détention – □ 27 Septembre 2016  : Le Directeur général de l'Administration pénitentiaire et de la
réinsertion, Mokhtar Felioune a indiqué, mardi à Alger, que le nombre de détenus en Algérie "ne dépasse
pas 60.000", précisant que 14 nouveaux établissements pénitentiaires étaient en cours de réalisation pour
remplacer les anciens établissements appelés à être fermés.Le système pénitentiaire en Algérie a franchi
"de grands pas" depuis le lancement de la réforme de la justice en 2003 visant à humaniser les prisons,
prendre en charge les catégories vulnérables au sein des établissements pénitentiaires, à l'instar des
mineurs et des femmes et former les détenus pour l'obtention d'un diplôme permettant leur réinsertion au
sein de la société.
L'année dernière, 1.900 détenus ont obtenu le baccalauréat, a-t-il rappelé, indiquant que les inscriptions
étaient ouvertes pour les détenus cette année jusqu'au 30 octobre prochain.□ APS
Prisons :Fin 2004, la population carcérale a atteint 38 220 détenus (42 000 en octobre 2005). Le nombre
des établissements, 127, n'a pas connu de changements.  
54% des incarcérés sont répartis à travers 75 établissements datant de l'époque coloniale dont 59 ont été
construits avant 1900 et 36 entre 1900 et 1962, en majorité au coeur des grandes villes.  L'Algérie
indépendante a édifié 33 centres dits de prévention, d'une capacité d'accueil très restreinte (pas plus de
100 places). L'espace vital de chaque détenu se trouve donc assez réduit (une moyenne de 1,86 m2 alors
qu'en Europe la moyenne est de 12,2m2 pour chaque détenu).  Sur les 38 220 détenus, il y a 622 femmes et
585 mineurs. Ceci aggrave le problème du surpeuplement qui entraîne des "cohabitations"dangereuses.
D'autant que 13% des incarcérés sont dans l'attente de leur procès, alors que dans la frange des
condamnés définitifs, 40% au moins ne sont pas à leur premier séjour en prison.  Le manque de personnel
médical se fait cruellemnt ressentir. 175 praticiens assurent le suivi médical …des 38 000 détenus.  

Notes : -
Le plan quinquennal de la chancellerie prévoit la construction de 42 pénitenciers d'une capacité de 36 000
places à l'horizon 2009. La réalisation de ces infrastructures aboutira à la fermeture des plus anciennes,
dont Serkadji au centre d'Alger.  
- Début 2007, la population carcérale à l'échelle nationale, dans les 127 établissements pénitentiaires, est

632
estimée à 55 000 détenus, toutes catégories confondues (45 000 début 2006) . La population carcérale
féminine compte 822 femmes, dont l'effectiif le plus élevé comprend des individus dont la tranche d'âge se
situe entre 18 et 30 ans.  
Début 2007, le personnel du secteur pénitentiaire, tous grades confondus, est de 14 311 fonctionnaires  
Le corps médical et paramédical est de 1 093  
Le nombre d'enseignants est de 133  
Le nombre d'imams et mourchidine est de 186
- Dimanche 14 décembre 2008 , la presse rapportait que le CNCPPDH avait remis , au Président de la
République , son rapport sur la situation dans les    34 prisons  visitées durant la période comprise entre
août 2007 et août 2008, en Algérie. Il est "accablant " et les prisons algériennes sont "hors normes". Ainsi,
celle d'El Harrach, construite en 1910 avec une capacité de 1 800 détenus accueille, en août 2007, le jour
de la visite, 3 822 prisonniers dont 157 femmes, 32 mineurs et 60 étrangers. Celle de Blida, construite en
1836 ne dispose pas de périmètre de sécurité et prévue pour un maximum de 90 personnes, abritait 1 043
détenus dont 17 mineurs.Celle de Serkadji, construite pour 800 détenus en accueille 1 442. Celle de
Boufarik, prévue pour 90 détenus, abrite 180 personnes... □

JURIDICTION.- La réorganisation du système judiciaire dans le sens d'une spécialisation est annoncée et
verra le conseil d'Etat, organe régulateur de l'activité des tribunaux administratifs, fonction qui était dévolue
jusque-là à la cour suprême. Ainsi, la constitution a fait éclater le système judiciaire en deux ordres : l'ordre
judiciaire classique (cours et tribunaux) gérant le droit privé et l'ordre administratif gérant le droit public.
Cette spécialisation des juridictions devenait une nécessité impérieuse pour assurer un meilleur
fonctionnement de la justice, une spécialisation des juges et une meilleure maîtrise des différents domaines
du droit. Les tribunaux administratifs jouiront des mêmes compétences que celles des chambres
administratives des cours. Le ministère y sera représenté par un commissaire d'Etat -nouvelle
dénomination- assisté d'adjoint. Les jugements de ces tribunaux sont susceptibles d'appel devant le conseil
d'Etat, instance de recours. Le système de qualité de juridiction est une nécessité dans l'édification de
l'Etat de droit en Algérie. Il y a ensuite le principe de l'inamovibilité du magistrat qui n'est pas respecté. Il
y a encore le principe de l'administration indépendante des affaires judiciaires par le judiciaire, qui est
bafoué tout comme le principe de la vice-présidence du conseil supérieur de la magistrature par le pouvoir
judiciaire. En effet, si la présidence du conseil revient constitutionnellement au président de la république,
selon l'usage universel, c'est au premier président de la cour suprême qu'échoît la vice présidence du
conseil et non au ministre de la justice. Il y a enfin le principe de l'indépendance morale et financière du
conseil supérieur de la magistrature. Institution constitutionnelle Il faut qu'à l'instar de tous les autres
conseils supérieurs dont certains ne sont même pas cités par la constitution que le conseil supérieur de la
magistrature dispose d'un siège et soit autonome des structures du ministère de la justice.

JUSTICE.- Après la consécration du principe de séparation des pouvoirs par la constitution de 1989, le
statut de la magistrature a été promulgué la même année pour renforcer l'indépendance de la justice,
mais les modifications intervenues par le décret 92-05 ont dépouillé le conseil de la magistrature de ses
prérogatives constitutionnelles de décisions, ainsi que la représentativité des magistrats élus a été réduite
à un seuil critique et que le corps des magistrats a été divisé en trois collèges. Cette situation a porté
atteinte à la crédibilité de cette institution constitutionnelle et au principe de l'indépendance du pouvoir
judiciaire. La justice n'a jamais bénéficié des moyens nécessaires pour accomplir sa mission dans de
meilleures conditions ; c'est pourquoi le syndicat des magistrats a toujours posé l'inadéquation entre les
objectifs et la mission du pouvoir judiciaire d'une part, et les moyens matériels mis à la disposition de ce
secteur : il suffit d'une simple comparaison entre les moyens matériels mis à la disposition d'une wilaya et
ceux mis à la disposition d'une cour de justice. Le rôle du juge est celui de rendre la justice. Le juge n'est
pas un fonctionnaire comme les autres. Cette disparité nécessite une réforme pour :
◙ la réhabilitation du pouvoir dans son rôle constitutionnel, selon les critères universels et les
principes connus dans l'édification de l'Etat de droit.
◙ l'assainissement législatif et surtout celui des dossiers fonciers et économiques qui pèsent lourdement
sur la crédibilité de la justice.
◙ faire concrétiser le principe : rendre justice, mission sacrée et essentielle du juge à celui de rendre des
jugements.
◙ réhabiliter la cour suprême qui est un organe régulateur de l'activité des juridictions nationales et qui
assure l'unification de la jurisprudence et veille au respect de la loi et son application, une jurisprudence
qui, sur le plan étatique, contribue à l'édification de l'Etat de droit et une société plus juste et plus humaine.
◙ réhabiliter le conseil de la magistrature. Le principe de la séparation de la loi organique régissant le
conseil supérieur de la magistrature de celle portant statut de la magistrature, n'est pas observé.
L'autorité de juger, distincte du pouvoir exécutif ou de celui de légiférer, suppose un corps intègre,
insensible aux pressions et sur de son inviolabilité. Fragile valeur, l'indépendance de la magistrature doit se
traduire d'une manière concrète. Le statut des juridictions, la règlementation des procédures, l'organisation
des voies de recours ne réussissent pas toujours à empêcher l'arbitraire, à éliminer les influences
personnelles, la partialité, l'esprit partisan ou régionaliste.

MAGISTRAT.- ll est relevé souvent l'ingérence du ministère de la justice dans les attributions du pouvoir
judiciaire. Cette immixion est constatée par le syndicat des magistrats. On a tendance à oublier que le

633
ministère relève du pouvoir exécutif alors que le pouvoir judiciaire est symbolisé par le premier président de
la cour suprême et n'est soumis qu'à la loi et à la loi seulement. Le droit syndical a été reconnu aux
magistrats en 1989 mais la mentalité de l'administration centrale n'a pas évolué quant à ce droit reconnu
par la constitution et la loi. Le magistrat est parmi les cadres défavorisés. Concernant le régime salarial, le
traitement des magistrats demeure insuffisant, eu égard aux obligations et contraintes particulières mises à
sa charge, ainsi à la différence des autres ministères dits de souveraineté, les magistrats n'ont jamais
bénéficié de l'indemnité spéciale inhérente à la particularité de leur mission (prime de souveraineté) ainsi
qu'un grand nombre de magistrats font des centaines de kilomètres, faute de logement, pour accomplir leur
mission. A ce jour, la majorité des magistrats n'a pas encore bénéficié des désistements pour l'acquisition
des logements conformément à la loi 81/01 et ce, malgré toutes les promesses reçues ; il se trouve même
des magistrats sans domicile fixe.

SYSTEME JUDICIAIRE .- Si les autorités accordent un véritable intérêt à la concrétisation de la profonde


aspiration du peuple en une justice crédible, forte, fonctionnant de façon harmonieuse dans le strict respect
des principes d'indépendance du pouvoir judiciaire, de légalité et d'équité, des actions doivent être
envisagées dans le secteur de la justice devant conduire à affermir l'autorité de l'Etat, à rendre l'action de
la justice davantage performante, à répondre aux besoins fondamentaux de la société en matière de justice
et de sécurité. La réhabilitation du système judiciaire porte sur :
■ l'adaptation de l'organisation judiciaire au moyen de la spécialisation des juridictions
■ l'adaptation des différentes législations aux mutations intervenues dans les domaines économiques,
sociaux et juridiques
■ la formation qualitative des personnels judiciaires
■ la célérité à apporter au règlement des affaires judiciaires de toutes natures
■ la crédibilité de la justice à travers la qualité des décisions de justice et la rapidité de leur exécution
■ la lutte contre la corruption et les malversations par une stricte et rigoureuse application de la loi dans
tous les cas d'atteinte aux intérêts de la collectivité.
► Inadaptation du système judiciaire  : Malgré les multiples réformes du système judiciaire, les
procédures demeurent lentes et inefficaces. En effet, selon une étude que la Banque mondiale a effectuée
en 2002 (2), 20 procédures et 387 jours sont nécessaires en moyenne pour résoudre un différend en
Algérie. Le système administratif local est caractérisé par un excès de formalités, d'autorisations et de
contrôles ce qui ne contribue pas à l’amélioration de l'image du pays à l'étranger. Ainsi, le manque de
confiance dans le système judiciaire, en particulier quant au règlement des litiges commerciaux, rend
réticents les opérateurs étrangers qui le considèrent comme lent, inefficient et impartial. En effet, le cadre
juridique algérien s’adapte progressivement aux obligations d’une économie de marché. Cependant, il est
encore loin de fonctionner efficacement, du fait de l’absence de tribunaux de commerce, de la rareté de
juges commerciaux qualifiés et le manque d'une véritable culture de l'arbitrage. Ainsi, et selon la Banque
mondiale (3), il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre de la réforme judiciaire sur les questions
commerciales, notamment l’établissement de tribunaux commerciaux indépendants et il est tout aussi
important d’étendre, à une plus grande audience, le programme en cours de formation des juges
commerciaux.□
Notes :
1 CNUCED, « Examen de la politique de l’investissement : Algérie », op cit, p.69.
2 Banque mondiale, «Algérie. Diagnostic sur le climat de l’investissement étranger», op cit, p.113.
3 Banque mondiale, «Stratégie macroéconomique à moyen terme pour l’Algérie: soutenir une croissance
plus rapide avec la stabilité économique et sociale, op. cit.p44

TORTURE.-Dans le cadre du code de procédures pénales, la détention préventive est renouvelable tous les
quatre mois. L'accusé peut faire l'objet de différentes sortes de pression (interrogations difficilement
contrôlables) pour affiner les motifs d'accusation et élargir les champs de l'enquête. Le présumé coupable
est exposé à de mauvais traitements et conditions de détention car la démocratisation des droits publics et
la concrétisation de l'Etat de droit ne sont pas devenus réalités. Il est nécessaire de mettre en place des
mécanismes capables de permettre la sanction publique de ces atteintes et de les prévenir.

LES QUESTIONS SOCIALES

634
LES CLASSES SOCIALES
• Bourgeoisie privée • Cadres • Intellectuel • Paysannerie •
L'INTEGRATION SOCIALE
• Condition féminine • Discriminations • Discrimination féminine • Enfance privée de famille • Enfance
traumatisée • Exclusion • Femmes agressées • Femmes au travail • Handicapés • Pupilles de la nation •
Suicide •
LE MODE DE VIE
• Comportement • Fatalisme •.Haïk • Modernité • Paupérisation • Pauvreté
• Poches de pauvreté • Superstitions •
LA POLITIQUE SOCIALE
• Après-terrorisme • Cellules de proximité • Citoyenneté assassinée • Contraception • Pression sociale •
LA POPULATION
• Algériens en France • Colonisation de peuplement • Conséquences démographiques • Emigration •
Jeunesse • Mariages • Migrations • Mortalité • Natalité • Recensement de la population • Tribalisme •
LA PROTECTION SOCIALE
• Moudjahid • Retraite • Sécurité sociale • Système de sante • Tabagisme • Trafic d'assurés sociaux •
Vieillesse •
LA SANTE PUBLIQUE
• Démence • Equipements en panne • Hémodialyse • Intoxications alimentaires • Maladies à transmission
hydrique • Maintenance • Morbidité • Pathologies animales • Pédiatrie • Psychiatrie • Santé publique en
déclin• Scorpions• Sida • Toxicomanie •

LES CLASSES SOCIALES

BOURGEOISIE PRIVEE .- Dès 1962, le développement de l'Algérie devient soumis à un plan d'ensemble,
assignant à l'Etat la mission de constituer une base industrielle et subordonnant la croissance du capital
privé à ce plan et aux intérêts de la nation. Ainsi, est amorcée une division du travail dans laquelle le
capital privé se voit spécialisé dans la production de bien de consommation, non stratégiques. La
formalisation de la stratégie de développement au cours des années 1966-1967 a donné une plus grande
consistance à cette division du travail (code des investissements de 1966). Depuis 1969, le capital privé
industriel ne cessera de voir sa participation économique décroitre dans la production matérielle, la valeur
ajoutée, l'emploi. Cependant, la bourgeoisie industrielle privée saura tirer profit  du projet social de
modernisation en occupant de larges secteurs de la vie sociale (logement et biens de consommation). Un
certain nombre d'investissements vont être effectués dans le domaine industriel dans les années
suivantes, mais, la méfiance se développant, les détenteurs de capitaux vont préférer les investir dans
l'immobilier, le commerce ou les exporter clandestinement (en utilisant le relais des émigrés en
particulier). En 1971-1972, le capital privé semble déjà bien structuré, ses pratiques de valorisation sont
relativement cohérentes (relations de domination) dans ses positions monopolistiques. Le bilan 1967-1978 a
fait ressortir les incohérences d'une stratégie et son coût social, la croissance des dépenses improductives,
la non-maitrise de l'appareil productif, la formation de féodalités économiques et politiques, les dangers de
l'extraversion, la toute puissance de la technocratie, le mépris des masses, etc., critiques très dures, et qui
touchent au coeur le secteur d'Etat et en premier lieu, le secteur industriel d'Etat. On ne peut manquer de
mettre en relation ces critiques avec l'émergence (toujours contestée par le pouvoir d'Etat) d'une insistante
revendication de libéralisation économique.
L'on s'accordait à permettre au secteur privé de nouvelles sphères d'accumulation, en mettant au point de
nouvelles modalités pour son insertion plus efficace dans la division public / privé : stratégies
d'occupation de créneaux importants dans la production des biens de consommation et des biens
intermédiaires, stratégies de reconversion rapide et passage d'un type de production à un autre, stratégies
d'intensification du procès de valorisation, dans la mesure où le nombre moyen de salariés par entreprise à
la création est en régression et l'investissement en moyens de production de plus en plus lourd.
A la fin de la période de planification, la part du secteur privé dans les industries de transformation et les
BTP, n'était pas, contre toute attente, négligeable. Véritablement greffé sur le procès étatique
d'accumulation, le secteur privé s'est approprié une grande part des fruits de la croissance. A un autre
niveau, la période 1972-1980 est celle de la croissance sans précédent de l'investissement productif
étatique et privé : les inputs et les biens d'équipement importés lors du second plan quadriennal 1974-1977
sont, par rapport à ceux de la période 1967-1973, sans commune mesure. Par rapport aux années 1969-70
le secteur privé industriel s'est considérablement développé; le nombre d'entreprises employant plus de 5
salariés est passé de 1845 à près de 5000. Les micro-entreprises, de moins de 5 salariés se sont
multipliées à une allure insoupçonnée (production informelle estimé à moins de 5000 entreprises),
minimum qui ne prend pas en charge l'existence d'un artisanat dynamique (110.000 artisans de production
et de service en 1977, 180000 en 1980) et moderne car lié à l'apparition de nouveaux besoins,
essentiellement urbains. Au niveau des entreprises de plus de 5 salariés, la croissance a également été
forte. En 1979, on évalue à près de 100.000 le nombre de salariés du secteur manufacturier, 1/3 des
salariés de l'ensemble du secteur, principalement dans les industries textiles et agro-alimentaires. La taille
des entreprises privées est réduite: celles de plus de 20 salariés (847 en 1982) occupent moins du tiers des
effectifs. Globalement, le secteur privé s'adonne aux activités de production exigeant peu
d'investissements, mais ayant une forte rentabilité à court terme. Il est géographiquement concentré dans

635
les plus grandes villes (Alger, Constantine, Oran) et dans les villes moyennes ayant une bourgeoisie
importante (Tlemcen et Ghardaia par exemple). Au plan historique, née et se développant à l'ombre de
l'Etat, déterminée dans une large mesure par ses actions, qui la limitent ou la favorisent, la bourgeoisie
industrielle privée est inséparable des pratiques de l'Etat, autant économiques, que politiques et
idéologiques. En fin de compte, jamais bourgeoisie ne s'est trouvée aussi liée à l'Etat et objectivement
favorisée par les pratiques d'un Etat national paradoxalement anticapitaliste. Au-delà des clivages
(positions monopolistiques ou oligopolistiques, constitution de sous- monopoles d'importation privés,
existence de relation de domination entre grosses entreprises industrielles et commerciales et petites
entreprises, production de marque/production anonyme, capital de relations rendant possible la réunion des
éléments du procès productif et moins aléatoire la reproduction de cette réunion, etc.), il est possible de
conclure à l'existence d'une (moyenne et grosse) bourgeoisie industrielle dont les objectifs : mettre sous
tutelle le secteur public, le faire fonctionner à son profit, sans porter atteinte à son existence formelle ni
aux tâches "sociales" qu'il réalise.

CADRES.- Durant les années 70, marquées par l'industrialisation intensive et la mise en place de
programmes massifs de formation, le cadre s'insérait facilement dans une économie naissante et dans un
contexte où l'échelle des valeurs plaçait le diplôme au sommet de la hierarchie sociale. C'était l'époque où
le cadre pouvait facilement trouver les conditions sociales nécessaires à son épanouissement et à sa
promotion, compte tenu, d'une part, que l'accès au logement lui était facilité et, d'autre part, que son
pouvoir d'achat était renforcé par le niveau de sa rémunération augmentée de la parité du dinar algérien par
rapport au franc français, monnaie de référence pour les algériens, et également par la politique de
subvention accordée pour tous les produits de consommation. Les conditions de travail et de promotion
garantissaient alors la stabilité du cadre qui était ainsi débarrassé des menaces de suspension ou de mise
en fin de fonctions qui sont aujourd'hui la hantise de tous les cadres, plus particulièrement ceux qui
exercent, sous statut de la fonction publique, des fonctions supérieures au sein des administrations
centrales. Qu'en est-il de nos jours? et quelles seraient les préoccupations des cadres? Considérons
d'abord les cadres supérieurs de la fonction publique. Il y a toujours eu des incertitudes quant aux critères
d'accès au poste, les critères de maintien à celui-ci, la durée du mandat, les conditions de cessation des
fonctions et l'après-cessation des fonctions. Toutes ces incertitudes sont d'abord imputées, par les cadres,
à l'absence d'un statut qui énonce leurs devoirs et plus particulièrement leurs droits en matière de
déroulement de leur carrière. Considérons un exemple vécu;un cadre est nommé à une fonction supérieure.
Un changement de ministre provoque presque fatalement un changement des cadres lesquels, ainsi,
pensent avoir été utilisés non pas en faveur de l'Etat, qui est pérein, mais en faveur d'un responsable.
L'impression douloureuse qui s'en dégage ainsi est que l'institution se confond avec son responsable et que
la gestion des affaires publiques et des carrières des cadres suit un processus personnel, personnalisé...
Le cadre, en plus de l'humiliation qu'il perçoit comme faisant l'objet de la part du milieu social dans lequel il
vit, subit un double effet, d'abord douloureux sur sa rémunération, laquelle parfois diminue de moitié et,
ensuite sur sa carrière, car il se présente ainsi une rupture par régression dans son évolution
professionnelle. La hiérarchie n'est pas tenue de motiver sa décision bien qu'une circulaire du chef du
gouvernement exige que toute cessation de fonction d'un cadre supérieur soit motivée dans sa transmission
à ses services. Cependant, cette circulaire n°1 de l'année 1995, est contournée dans son application.
Citons pour mémoire la liste des dizaines de chefs de dairas (sous-préfets) installés durant l'année 1994
sans attendre le feu vert du chef du gouvernement. Parfois, il y a une confusion des pouvoirs qui entraine
un empiètement "dictatorial" d'un ministère sur un autre. Citons également des cas où des walis ont relevé
de leurs fonctions des cadres qui relèvent de la tutelle d'autres ministères tels que par exemple les DG
des OPGI et de l'EPLF, des directeurs de wilaya de l'hydraulique, etc. Il s'est même trouvé un wali qui ait
voulu relever de ses fonctions un directeur de wilaya de Sonelgaz, un directeur d'agence de la CNEP...
Ces exemples indiquent clairement que, d'une part, les instructions relatives à la protection des carrières
des cadres ne sont pas suivies d'effet, que, d'autre part, les pouvoirs discrétionnaires des
responsables s'exercent sans distinction des caractères politiques et administratifs des postes concernés,
que cela concerne l'administration ou le cabinet. Récemment, le président de la république a promulgué un
décret présidentiel qui change l'appellation de directeur de cabinet de ministère en secrétaire général à
nommer par décret présidentiel et ce, pour soustraire l'administration centrale au pouvoir politique
qu'exercerait un ministre provenant d'un parti politique.

INTELLECTUEL .- Les intellectuels algériens ont subi toutes les formes de violences et de répression qui
peuvent exister et ce, depuis l'indépendance. La liquidation physique, la censure, le mépris et la
marginalisation, en plus d'autres procédés dégradants, sont les méthodes utilisées contre "l'intelligensia"
du pays. De Abane Ramdane, assassiné en 1957 en pleine guerre de libération, aux derniers assassinats
commis par le terrorisme islamiste, en passant par les disparitions mystérieuses de plusieurs intellectuels
pendant la période post-indépendance, rien n'a changé, rien n'a été fait pour protéger cette élite. Toutefois,
jamais les intellectuels algériens n'ont connu une période aussi difficile que celle dans laquelle ils vivent
actuellement. Au demeurant, l'intellectuel doit augurer un avenir d'être de prédilection. L'avènement de
l'économie marchande en Algérie devra absorber l'activité de l'intelligence et révéler les intellectuels en
tant que personnages sociaux, chez lesquels l'intelligence est devenue un instrument de travail
engendrant des produits pour les marchés du livre, du tableau, de la composition musicale, etc.
L'intellectuel s'adapte mal à la société qui le fait ce qu'il est. Nostalgique d'un utopique pouvoir spirituel, il

636
ne parvient pas à définir, d'une manière stable, ses rapports avec le pouvoir actuel temporel. La mauvaise
fortune de l'intellectuel vis à vis des autres et de lui-même tient, selon nous, à une méconnaissance par lui
et par les autres de sa fonction sociale essentielle. En effet si en tant que spécialiste, il peut fournir à la
société des apports positifs dans son domaine propre, si en tant que simple individu il peut, comme tout un
chacun, contribuer positivement à diverses entreprises, il ne saurait avoir, comme intellectuel, qu'une
fonction négative. Aux époques d'oppression il retrouve, le cas échéant, la communauté d'esprit et de
sentiment avec le peuple dans son ensemble, en participant à une lutte libératrice éminemment
oppositionnelle, c'est à dire négative. Le spécialiste peut
jouer en politique le rôle d'expert. S'il veut passer de ce rôle à celui de militant ou d'homme politique, il faut
qu'il sache que c'est à ses risques et périls. Sans doute que l'intelligentsia a-t-elle un rôle à jouer toutes les
fois qu'il s'agit d'abattre une tyrannie et de renverser des leaders. Le développement économique algérien
s'est opéré sans l'aide des intellectuels. Depuis lors, les choses évoluent car la vie économique parait
avoir un besoin croissant d'intellectuels à la recherche appliquée, au maniement des techniques nouvelles
de gestion économique voire tout simplement d'universitaires spécialistes de sciences humaines ou même
de disciplines purement littéraires. Cette participation porterait sur la fonction de commentaire et
d'analyse de cette vie économique par laquelle l'intellectuel sert en quelque sorte de médiateur entre elle
et l'opinion publique. Dans une
société pluraliste ou le développement économique ne résulte pas de l'action unilatérale d'un groupe
d'agents économiques mais de leur intervention concertée, cette fonction devrait prendre beaucoup
d'importance et conférer à l'intellectuel une double responsabilité : envers les gouvernants qu'il s'efforce
d'informer sur les erreurs, envers les gouvernés à qui il propose des critères de choix entre le possible et
l'impossible. L'exercice de cette responsabilité n'est pas facile, dans l'Algérie d'aujourd'hui, pour plusieurs
raisons : faible niveau des connaissances économiques de l'algérien moyen, même cultivé, influence de la
raison d'Etat ou de la lutte de classes qui fait que la critique de la situation économique du moment passe,
soit pour une marque d'incivisme, soit pour une attitude noble de militant ou de technicien d'une certaine
opposition. L'intellectuel algérien s'expose entre la pensée qui dépolitise tout l'économique et traite les
faits économiques comme des choses et celle qui le politise au maximum en critiquant tout ce qu'il
voit sans savoir nettement ce qu'il veut et à appuyer inconditionnellement toutes les revendications
émanant d'une certaine fraction du corps social, même s'il les juge inopportunes. Si les détenteurs du
pouvoir s'accrochent à un passé glorieux et comportant de grandes réalisations et ne font pas assez pour
établir des relais vers les générations montantes, ils s'exposent à l'incompréhension et provoqueront, à
coup sur un décalage entre les jeunes et leurs ainés. La relation entre ces deux composantes naturelles n'a
rien à gagner dans une dramatisation au coeur d'une société qui perd, de jour en jour, ses repères. Le
meilleur service que les intellectuels algériens rendront à la société civile, dont ils sont obligatoirement
partie prenante, c'est de faire prendre conscience à celle-ci du rôle constructif et bénéfique de
contrepouvoir qu'elle doit jouer. Les intellectuels sont instamment invités à tracer, sans tarder, les
évolutions souhaitables, à charge pour le politique de les réaliser. S'il y a absence de dialogue, ce rôle
cesse d'exister. A eux aussi, de créer les conditins d'une adéquation entre gouvernants et gouvernés. Les
intellectuels ne doivent plus abdiquer. Ils doivent voler au secours de leur société. Il ne faut absolument
pas que ceux qui savent penser soient remplacés par ceux qui savent parler. Les intellectuels ont pour
tâche noble et redoutable de faire en sorte que les membres de la société civile ne s'adonnent plus au
confort de la victime. Le silence est, par conséquent, davantage imposé par l'environnement que par une
carence dans la réflexion. Au moment où le pays est à la recherche d'une élaboration d'un projet de
société qui puisse réconcilier les Algériens, les intellectuels doivent quitter leur tour d'ivoire et se mettre au
service de leur peuple. Le peuple algérien a un urgent besoin d'une aristocratie de l'esprit. Au dessus de
tout soupçon concernant une aspiration au partage du pouvoir, les intellectuels algériens sont les mieux
placés pour faire retrouver à leur société ses valeurs humaines supérieures.

PAYSANNERIE.- Le monde rural est en proie à de profonds déchirements sur fond de malaise généralisé.
C'est sans doute à cause de cette conjoncture sans précédent que l'union nationale des paysans et
travailleurs agricoles (UNPTA) est montée au créneau. Que le monde agricole bouge et semble souffrir
encore d'une certaine marginalisation dans le traitement politique de la part du pouvoir. La plupart des
exploitants interrogés estiment qu'ils sont lésés. Car, ils ont besoin, eux aussi, qu'on parle des incidences
d'un ajustement structurel sur l'agriculture, qu'on s'inquiète à propos de l'abandon des banques et du recul
de l'Etat, de l'absence d'une structure financière spécifique, de la lourde ardoise de la dette agricole, du
chômage ou de la précarité de l'emploi agricole, des allocations familiales des paysans, de leurs retraites,
des oeuvres sociales, du complot contre la caisse mutuelle, du forcing bureaucratique de la caisse
nationale des assurés sociaux,...) Le secteur de l'agriculture, composé essentiellement de petits paysans,
de paysans sans terres et de saisonniers, comprend 800.000 non affiliés à la sécurité sociale pour
près de 3 millions de conjoints et d'ayants droits, ce qui touche près de 4millions de personnes.
Naturellement, l'UNPTA avance quelques propositions susceptibles de débloquer la situation critique des
agriculteurs, notamment les petits fellahs. A chaque fois, cette structure paysanne a essayé d'ouvrir le
débat sur le contentieux foncier, jugé comme priorité des priorités avant tout règlement d'ordre technique.
Ce débat, voulu public, fait encore défaut. D'autres pensent qu'il faut, au préalable, instituer une charte
agricole, une sorte de constitution spécifique, afin de protéger juridiquement le secteur des politiques
gouvernementales conjoncturelles, et parfois de décisions prises au sommet dans l'opacité la plus totale.
Les agriculteurs sont vivement préoccupés et ont perdu toute confiance vis à vis du gouvernement après

637
avoir constaté l'absence de mesures énergiques et soutenues pour contrer les tentatives de déstabilisation
et combattre ceux qui ont interet, pour des raisons évidentes, à voir l'Algérie continuer à importer de
l'étranger. La cherté des facteurs de production a d'importantes répercutions, notamment sur la production
céréalière et les maréchages. Cette cherté a induit des réactions en chaine: démobilisation des
paysans, recours systématique à la culture spéculative aux dépens des cultures stratégiques (blé,
légumes secs,...), abandon des terres. La situation actuelle s'est traduite par l'augmentation des terres
en jachère et donc un manque préjudiciable dans l'optimisation des ressources naturelles. Face à la
paupérisation rampante des couches paysannes, l'UNPTA va- t-elle s'affirmer sur le front social? Comment
les agriculteurs vont-ils réagir? Enfin, le gouvernement daignera-t-il ouvrir le dossier agricole et relancer
un vrai débat démocratique sur les épineuses questions du secteur?

STRUCTURE SOCIALE (1997).- La notion de « classe sociale » : D’inspiration marxiste (l’individu est
socialement positionné selon sa place dans le système de production), cette notion s’impose comme
conception centrale en sociologie explicative et se positionne comme indicateur synthétique et principal des
richesses sociales, culturelles et économiques de chaque individu au sein de leur communauté. La
composition des classes sociales se base particulièrement sur la catégorisation des activités
socioprofessionnelles. Chaque profession est classée selon un code précis basé sur une hiérarchie des
postes occupés par les employés et sur une échelle salariale de professions. Cette catégorisation des
activités professionnelles dans les diverses sociétés se doit de représenter la réalité sociale (dont l’ampleur
et la variation peuvent changer selon les sociétés). Il y a des sociologues qui composent la société en cinq
groupes. Le premier groupe concerne les exploitants agricoles et les ouvrières. Un second groupe englobe
les artisans, les commerçants et les chefs d’entreprises (de plus de dix salariés). Le troisième groupe
présente les cadres et les professions intellectuelles supérieures. Le quatrième groupe tient compte de
professions intermédiaires. Enfin, un cinquième groupe représente les employés (agents de service de la
fonction publique, policiers, etc.). Plus ses indices socioéconomiques et socioculturels sont importants, et
plus la profession se situe dans les strates supérieures de l’échelle socioprofessionnelle. Par exemple, les
avocats, notaires et les juges se distinguent par leur place élevée dans la hiérarchie socio-économique et
socioculturelle. □
------------------------------------------------------------------------------------------
► Classe ouvrière
entre 900.000 et 1.100.000 soit 30-40% dont ouvriers 265.000
(gde industrie, Sce public)
dont ouvriers autogestion 232.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Couches moyennes
entre 1.458.000 et 1.784.000 soit 50-60% dont artisans entre 34.000 et 42.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Commerçants et entre 225.000 et 280.000 assimilés
------------------------------------------------------------------------------------------
► Professions libérales entre 4.500 et 5.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Paysannerie moyenne entre 215.000 et 265.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Petite paysannerie entre 340.000 et 420.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Hauts fonctionnaires
entre 5.000 et 7.000 et cadres dirigeants
------------------------------------------------------------------------------------------
► Cadres techniques entre 55.000 et 65.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Cadres moyens entre 225.000 et 275.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Employés entre 300.000 et 360.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Etudiants entre 55.000 et 65.000
------------------------------------------------------------------------------------------
► Bourgeoisie entre 13.000 et 16.000 soit 0,5%
------------------------------------------------------------------------------------------
► Gros propriétaires entre 15.000 et 19.000 soit 0,6%
terriens et gros éleveurs
------------------------------------------------------------------------------------------
► Coopérateurs entre 90.000 et 100.000 soit 3,5%
------------------------------------------------------------------------------------------
► Pasteurs entre 55.000 et 65.000 soit 2,1%
------------------------------------------------------------------------------------------
Ensemble (hors émigration)
Source : Office national des statistiques (1997)

638
(…) ”il est maintenant établi qu'en Algérie, la classe ouvrière est la résultante de processus pluriels de prolétarisation,
c'estàdire de formation, à partir de fractions de classes disparates, d'un travailleur collectif hétérogène, divisé et dispersé. Tout
autour d'un noyau dur constitué par le secteur industriel d'Etat, se crée une multitude d'unités de production, privées et
publiques, se multiplient et se diversifient les formes d'exploitation de la force de travail : intensive/extensive, à domicile, en
fabrique, en atelier artisanal etc... Cela signifie également que ce processus de prolétarisation est l'autre versant du procès
d'accumulation, et, par conséquent, production de classes sociales relativement nouvelles, même si elles se rattachent, à
travers les groupes sociaux les classes d'individus à l'ancienne organisation sociale. Processus et résultat, ce mouvement de
constitution d'une classe ouvrière renvoie à la formation de la société algérienne de l'aprèsindépendance. Ici, déracinement et
insertion dans de nouveaux rapports sont contemporains l'un de l'autre, et ils contribuent à donner à la formation nationale ses
traits particuliers. C'est en ce sens que nous disions plus haut que l'étude de la mobilité sociale, présupposé (la "préhistoire") de
la classe ouvrière, est impérative, à condition qu'elle soit mise en rapport avec ce vaste mouvement de "positionnement" des
différents groupes sociaux dans la nouvelle architecture sociale‟. (…) ‟Que l'on reprenne l'histoire de l'UGTA : organisation de
masse du parti du FLN, le syndicat ouvrier porte l'empreinte des luttes d'appareils et des stratégies de contrôle social. L'une des
constantes du mouvement syndical depuis l'indépendance est la recherche d'une certaine autonomie ; l'une de ses constantes
également est que, directions politique et syndicale nationales ou locales – s'affrontent, s'allient, se concertent, se manipulent,
passent des compromis pour pouvoir parler au nom de la "classe travailleuse", fabriquer/désigner des ennemis et ses alliés,
constituer ses intérêts et décider de la stratégie à suivre. Ainsi, la classe ouvrière, lorsqu'elle est évoquée, désignerait d'un côté
un conglomérat sans profondeur sociologique, réunion de CSP ; d'un autre côté a toujours des alliés ou des intérêts
convergents avec ceux des autres classes. Le discours constituant – le discours étatique – balise donc et donne du sens (et
donc refoule dans le nonsens en "fabricant" des interdits discursifs) aux discours syndicaux ; dès lors l'expression d'intérêts
spécifiques – lorsqu'ils sont bien traduits et perçus, à l'occasion des conflits du travail notamment – se fait dans des catégories
et selon une syntaxe (une grammaire) qu'il s'agit de traduire et déconstruire, pour en appréhender le sens caché‟. (…). □

Source : Djillali LIABES, Structuration économique, émergence des classes sociales et constitution de l'Etat nation: la nécessité
d'une mise en Relation, Cahiers du CREAD n°3, 3ème trimestre 1984, pages 48-60

L'INTEGRATION SOCIALE

CONDITION FEMININE .- Nul ne conteste les progrès de l'Algérie dans les domaines économique et social,
ni les obstacles énormes qu'elle a eu à surmonter dans la reconquête de son identité nationale, bafouée
pendant près de cent cinquante ans d'occupation et plus de sept ans de guerre coloniale. Mais là comme
ailleurs, les pesanteurs sociologiques n'ont pas permis à la femme algérienne d'accéder au statut social
auquel sa participation à la lutte de libération nationale donnait droit. Le rôle de la femme dans la société
algérienne est indissociable de la religion. C'est au nom de l'islam et de la "tradition algérienne" que le
gouvernement avait élaboré un "code de la famille", fondé "sur le coran et l'opinion publique"et dont la
rédaction "s'est faite en harmonie avec les us et coutumes, les exigences du développement et les
traditions islamiques et arabes".
Les préoccupations de la femme contemporaine s'expriment à travers la revendication de la liberté, de
l'égalité des salaires et dans le travail, ainsi que dans la discussion en commun de problèmes tels le
divorce, le mariage ou la participation à l'action politique. Ce genre de préoccupations, qui prévalent
dans le monde capitaliste occidentale ou libéral, sont considérées comme découlant d'attitudes bourgeoises
dénuées de toute dimension sociale et procède de l'individualisme et de l'égoïsme. Lorsqu'on est femme en
Algérie, on ne revendique pas sa "liberté", concept bourgeois et réactionnaire, on s'accorde strictement aux
préceptes de l'islam. La validité du mariage dépend du prix que le mari doit payer pour sa fiancée et de
l'agrément du père. Il est interdit à une femme de contracter mariage sans l'agrément de ce dernier.
Ainsi baillonnées, éternellement mineures, les femmes algériennes n'existent qu'à travers leur
appartenance à un homme.
Les pères et les hommes en général sont les gardiens jaloux de la virginité de leurs filles et soeurs. Les
affaires privées se sont multipliées en Algérie : suicides de femmes coincées entre les traditions et leur
désir de devenir majeures, femmes battues chaque jour à la recherche d'un certificat médical leur
permettant d'obtenir le divorce, femmes "dérangées"qui remplissent les hôpitaux psychiatriques, toutes
"affaires privées"que l'Algérie entend ranger dans les problèmes inhérents à une société en pleine
évolution. Il n'est que de se promener dans les rues d'Alger ou d'Oran pour sentir d'un seul coup
l'oppression masculine sur les femmes. Une femme seule se fait draguer d'une façon si insultante qu'elle
n'ose s'y aventurée seule si ce n'est dûment accompagnée ou chaperonnée. En ville, comme à la
campagne, la famille reste le lieu principal ou se structure et s'organise la vie des femmes par des règles
fondamentales. La rencontre avec l'Occident, la modernisation et les contraintes du développement ont
placé l'Islam face à une évolution qu'il a du mal à accepter et dont les femmes font les frais. Cependant,
les femmes ont acquis une dignité qui leur concède aujourd'hui le droit d'être sujet et non plus objet et
d'entrer comme tel dans la modernité. "L'égalité de l'homme et de la femme doit s'inscrire dans les faits",
proclamait la charte d'Alger, et selon la constitution algérienne, "tous les citoyens des deux sexes ont les
mêmes droits et les mêmes devoirs". Le discours politique semble ainsi vouloir l'intégrer au système socio-
économique et politique du pays ; on affirme que sans elle, le développement du pays ne peut être que
partiel. Mais la réalité quotidienne montre que son statut reste ambigu au regard des valeurs sociales
sacrées de l'éthique musulmane qui constituent le fondement de la vie familiale. Pour pallier la

639
transgression du groupe par la femme, la société algérienne doit se doter de mécanismes régulateurs en
fonction de ses normes, son histoire et son ouverture.

DISCRIMINATIONS.- Trois niveaux de discrimination peuvent être appréhendés :


♣ Les discriminations sexuelles : malgré une législation affirmant le principe del'égalité des sexes, il reste
que des pesanteurs sociologiques, déterminées par le mode de fonctionnement et de reproduction de la
société font que les femmes restent pour l'essentiel confinées dans des tâches domestiques. Bien que
l'emploi féminin ait connu une évolution positive en termes relatifs ces dernières décennies, le niveau
atteint reste encore très faible, de l'ordre de 10%. Il est à souligner toutefois que ce taux est
vraisemblablement sous estimé en raison de l'absence d'informations fiables sur l'emploi féminin informel.
La structure de l'emploi féminin a connu cependant une nette amélioration qualitative, caractérisée
actuellement par un niveau de qualification élevée : une femme active sur deux est de niveau secondaire ou
universitaire.
♣ Les discriminations spatiales : la configuration du pays et les modes d'appropriation des sous-espaces
ont déterminé une sructuration sociale particulière. Entre le monde urbain et le monde rural, entre les zones
agglomérées et les zones éparses, les écarts sont souvent importants et cela à tous les niveaux :
éducation, santé, emploi, habitat, nutrition, etc... . En effet, le processus de développement par pole, en
accélérant les migrations a contribué à destructurer l'arrière-pays, entrainant dans le même mouvement
une dévalorisation du travail agricole et donc une plus grande paupérisation, bien que relative des
populations rurales. Les efforts des pouvoirs publics ont été plus centrés sur les domaines sociaux (santé,
éducation, électrification rurale, eau potable,...) que sur l'activité agricole ou sur le travail productif de
manière plus générale. A défaut de rétention de main d'oeuvre sur les exploitations, l'on a assisté à un fort
exode rural qui risque à terme de conduire à un vieillissement de la population agricole et à une
désagrégation des structures sociales. La définition d'une politique d'aménagement du territoire dans le
sens de la recherche de l'équilibre régional sera seule à même d'atténuer les différentiations sociales et de
réguler les flux migratoires.
♣ Les discriminations sociales : le développement des emplois productifs, moyen privilégié de lutte contre
la pauvreté est la variable déterminante de l'intégration sociale, en ce qu'elle participe directement à la
création de richesses et à une plus juste répartition du revenu national. Les autres variables qui facilitent le
processus d'intégration sociale s'articulent autour des domaines de l'éducation, de la santé, de la formation
professionnelle, de l'apprentissage et de manière générale, de la protection des catégories les plus fragiles
(handicapés, troisième âge,...). L'intégration sociale qui appelle au préalable un consensus social doit être
fondée sur la mise en oeuvre d'une politique de communication sociale et de participation à tous les
niveaux de décision.

DISCRIMINATION FEMININE.- L'environnement démocratique en amélioration constante ces dernières


année et le développement de l'activité associative ont contribué à la sensibilisation de l'ensemble des
citoyens sur la question de la situation de la femme et les luttes qu'elle mène pour garantir son
droit à l'égalité dans les domaines politique, économique et social.
Ce mouvement, caractéristique dans la société, a inscrit la question de la femme algérienne au sein de
la dynamique des institutions nationales et a permis ainsi de dépasser les approches stéréotypées. La
femme algérienne qui a pris une part importante dans la lutte contre le terrorisme a payé un lourd tribut à
la criminalité terroriste qui en a fait une cible particulière parcequ'elle constitue le ciment de la solidité de
la cellule familiale qui est à la base de la société équilibrée.
La commission spécialisée de l'ONU chargée de l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes a estimé en date du 27 janvier 1999 dans ses conclusions sur le rapport présenté par
l'Algérie que "la violence terroriste a constitué un obstacle à la jouissance effective par la femme algérienne
des droits qui lui sont reconnus par la convention". L'observatoire national des droits de l'homme en
Algérie, depuis sa création, accorde un intérêt particulier à la protection des droits de la femme dont les
préoccupations ont été au centre de ses rapports annuels successifs et dans lesquels il a constamment
appelé à une prise en charge et une amélioration de sa situation au double plan législatif et pratique. A ce
titre, il a notamment recommandé :
● la révision du code de la famille en vue de réaliser le droit à l'égalité dans le cadre des valeurs de la
société;
● la création d'un fonds de garantie de versement de la pension alimentaire à la femme divorcée;
● l'octroi à la femme divorcée ayant la garde des enfants de conditions adéquates lui permettant d'exercer
effectivement ce droit de garde, soit sous forme de maintien au logement soit sous forme d'indemnités
compensatrices de loyer;
● la prise en compte de la survenance des violences en milieu familial comme constitutives d'une
circonstance aggravante du délit de coups et blessures volontaires en vue de renforcer la prévention et
la répression des violences domestiques.
Par ailleurs, l'ONDH algérien se propose de recommander pour 1999, les actions suivantes :
◘ inciter les pouvoirs publics à lever les réserves émises par l'Algérie au moment de son adhésion à la
convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et
particulièrement celles qui ne sont pas contradictoires avec la législation algérienne en vigueur ou qui
s'avèrent être dépassées par l'évolution de celle-ci.
◘ développer la protection pénale de la femme au travail et dans la vie sociale par l'institution d'un délit

640
spécifique contre l'harcèlement sous toutes ses formes.
◘ engager une réflexion visant à créer les conditions permettant à la jeune fille algérienne de participer au
développement économique et social par l'institution d'un service national civil et volontaire.
Enfin, l'ONDH exhorte la femme algérienne à développer ses capacités dans le monde du travail et dans la
vie politique en vue de poursuivre le combat devant lui permettre de s'imposer en tant que partenaire à part
entière au sein des centres de décisions dans tous les domaines politique, économique et social afin de
concrétiser le principe d'égalité en droits entre tous les membres de la société.

ENFANCE PRIVEE DE FAMILLE .- Le problème de l'enfance abandonnée en Algérie est loin d'être un
phénomène nouveau. Près de 3.000 enfants sont abandonnés chaque année par un père fuyant ses
responsabilités et une mère dont la société d'appartenance lui refuse toute erreur, en fait une mère qui ne
possède ni la force ni surtout les outils nécessaires pour faire face à une communauté impitoyable.Ce
problème a toujours été occulté par les services administratifs qui avaient la charge de ce problème, de
l'indépendance aux années 1990. En effet, et avant février 1992, date à laquelle fut signé le décret 92/24
du 01.02.92 sur la kafala, le caractère tabou de ce problème a fait que les enfants nés hors mariage étaient
cachés, car considérés comme la honte de la famille. Les structures d'accueil pour cette catégorie de la
population étaient inconnues du grand public, et les bébés abandonnés dans les hôpitaux étaient
transférés dans des centres dépendant de l'assistance publique. Ils naissaient sous X, et l'administration
leur donnant deux prénoms, dont le premier leur servait de patronyme. Forme de placement en milieu
familial, la kafala est un recueil juridique qui légalise une situation donnée avec des droits et des
obligations définis, les parents adoptifs se sentent plus rassurés dans leur initiative. Néanmoins, les
enfants nés hors mariages, sont les victimes d'une société qui, pour un certain nombre de raisons, n'a pas
su s'investir dans les transformations sociales, familiales, économiques qui s'opéraient au fil des années.

ENFANCE TRAUMATISEE.- Rétrospective  : Le nombre des cas pris en charge entre 1989 et 1993 a plus
que triplé entre 1993 et 1998. Aujourd'hui, ils sont estimés à des dizaines de milliers. Victimes physiques
de violences terroristes, les enfants, généralement en bas âge, souffrent également de l'impact
psychologique de ce fléau. Ces troubles, notamment d'ordre mental sont plus variés, multiples et
importants. Conséquence, l'enfant est fragilisé d'où la nécessité de revoir les méthodes de son suivi sur le
plan psychologique, car faut-il l'admettre et, les efforts et les moyens mobilisés à cet effet, actuellement,
demeurent en deçà de l'objectif recherché et restent limités face à l'ampleur et la complexité de la situation.
Pour la seule année 1997, 22.498 malades reçus en urgence dont 9.733 soins d'urgence, 13.972
consultations d'urgence, 1.420 consultations en psycho-orthopédie, 533 interventions du service social,
1.471 explorations en service cardiologie et enfin 535 consultations spécialisées. Le taux de mortalité
hospitalière a atteint 2,8%. Celui d'occupation 62%.
L'impact psychologique a été totalement négligé dans la prise en charge de cette catégorie de victimes du
terrorisme. Le placement des enfants traumatisés dans des centres spécialisés ne fait qu'aggraver le cas
de l'enfant par le déracinement et ne contribue nullement à l'amélioration de ses souffrances. D'où, la
nécessité d'arrêter une sorte de consensus de prise en charge multidisciplinaire.
□ Février 2017  : Selon l’Association pour la promotion de la santé et de la recherche scientifique (Forem),
sur le million d’enfants ayant subi la violence du terrorisme durant les années 90, seulement 50.000 ont été
pris en charge psychologiquement. Cette statistique est, selon les spécialistes, révélatrice d’une tendance
sociale enracinée qui risque de se perpétuer pendant des générations. Un chiffre inquiétant et en même
temps révélateur d’une réalité sociale incontestable : celle de la violence chronique.

EXCLUSION (mécanismes ).- Les problèmes d'intégration sociale se traduisent par une série d'exclusions :
► L'exclusion scolaire : la structure par âge de la population depuis trois décennies est marquée par une
forte proportion de jeunes. Les progrès notables en matière de scolarisation, comme la régression
significative de l'analphabétisme, sont un des principaux acquis de ces dernières années, au prix d'un effort
budgétaire considérable. Cependant avec le poids du nombre, il était dans l'ordre de l'impossible de
maintenir dans le même systeme éducatif de tels effectifs. Aussi a-t-il été instauré à la fin du cycle moyen
des taux de passage se situant autour de 50%. De plus, les taux de succès au baccalauréat sont pour le
moins faibles. Ceci s'est traduit par un volume d'exclus du système scolaire de l'ordre de 400 000
annuellement, dont 100.000 seulement sont récupérés par le système de formation professionnelle.
► L'exclusion du marché du travail : les difficultés économiques que connait le pays, particulièrement
depuis 1986, ont entrainé une détérioration sensible du niveau de l'emploi. Moins du tiers des demandes
d'emploi sont satisfaites annuellement depuis cette date. A cela s'ajoutent les licenciements collectifs et
individuels augmentant de manière rapide le volume du chômage, qui se situe aujourd'hui à près de 25% de
la population active. La caractéristique principale de chômage est qu'il touche essentiellement les jeunes
(déjà exclus du système d'éducation / formation) et qu'il est de longue durée. Fait nouveau ces dernières
années, les jeunes diplômés, toutes filières confondues, éprouvent de plus en plus de difficultés à
trouver un emploi.
► Les autres exclusions : les dysfonctionnents de l'économie, ont conduit à des déficits cumulés au plan de
l'habitat, de la culture et des loisirs frappant une population essentiellement jeune.
Enfin, certaines catégories particulières, telles les personnes agées et les handicapés n'ont pas toujours
bénéficié de la solidarité nécessaire, malgré des efforts certains de prise en charge de leurs problèmes. Au
bout du compte, le risque est grand, au regard des contraintes financières de voir l'ensemble des

641
catégories vulnérables pénalisées par les effets des réformes en cours, si un système efficient et
permanent de protection n'était pas mis en place.

FEMMES AGRESSEES .- ♦ En 2016 : Violence faite aux femmes : Dévoilés par la Direction Générale de la
Sureté Nationale (DGSN), les chiffres des violences faites aux femmes pour les 9 premiers mois de 2016
sont alarmants. « 8441 plaintes ont été enregistrées dont 6080 physique et 2026 de maltraitance », a
affirmé la commissaire Nassima Khouassi, chargée des personnes en détresse à la DGSN, au micro de la
radio Chaine 2. Le monde célèbre ce 25 novembre, la Journée Internationale pour l'élimination de la
violence à l'égard des femmes. Une date choisie par les Nations Unies pour dénoncer la discrimination à
l’égard de la gente féminine. L’Algérie, à l’instar de plusieurs autres pays, est concernée. D'ailleurs, dans le
dernier rapport de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de
l'homme (CNCPPDH), en juin 2016, il est signalé que « ce fléau continue à perdurer et à s'intensifier ». Il
est également relevé que, durant l’année 2015, « 9.663 cas de femmes ont été enregistrés par les services
de la Sûreté nationale, dont 6.891 cas de violences physiques, suivis de mauvais traitements avec 2.333
cas ». Pour les violences sexuelles "282 cas" ont été enregistrés, « dont 10 cas d'inceste, 119 cas de
harcèlement sexuel, 34 cas ont été victimes d'homicides et enfin, 4 cas de coups et blessures volontaires
ayant entraîné la mort ». Un chiffre alarmant malgré les mesures et les initiatives prises par le
gouvernement et société civile pour éradiquer ce fléau. Cette lutte contre la violence s’étend même sur les
médias sociaux. La page Facebook, Féminisme Algérie, « un mouvement féministe musulman, qui
revendique un féminisme interne à l'islam et vise à une modification des rapports entre hommes et femmes
au sein de la religion musulmane et de la société algérienne», a créé un événement intitulé
#je_raconte_mon_agression. Un espace où des victimes de violence dénoncent d’une manière anonyme
leurs agressions. Plus de 370 messages ont été postés dans cette page. Entre "bourreau", et "monstre", les
qualificatifs donnés aux harceleurs diffèrent selon les cas. La victime numéro 372 raconte qu'elle ressent
"l’envie de crier, de hurler, de venger. Je me suis toujours doutée que je n’étais pas la seule à avoir vécu
de telle atrocités, à avoir subit sans n’avoir rien de demandé les envies malsaines d’un homme, d’un
monstre. J’aurais préféré être la seule. Mon cœur se brise à la lecture de chaque témoignage et chaque mot
me fait penser à toi, à toi mon monstre". Et bien d'autres victimes ayant le coeur lourd racontant leurs
traumatismes. Parallèlement, l’Algérie se positionne, selon l’étude de l'ONG britannique Save The Children,
sur la santé, l'éducation et les opportunités des filles dans 144 pays. Elle a été publiée le 11 octobre
dernier 2016 à l’occasion de la Journée internationale des droits de la fille organisée par l'ONU. Ce rapport,
intitulé Every last girl ("Aucune fille oubliée"), a révélé que l’Algérie se plaçait à la 31e position. Un
classement estimé très positif pour certains médias algériens axant leur satisfaction sur le fait que le pays
dépassait les États-Unis (32e place).
♦ En 1998 : Une enquête du service médico-légal du CHU Ibn Rochd de la ville d'Annaba indique que 40%
des femmes agées entre 36 et 39 ans sont sujettes à la violence conjugale. Les victimes sont en majorité
des femmes au foyer avec un taux de 69%. Les femmes battues représentent 74% des mères de familles (2
ou 3 enfants) issues d'un environnement citadin habitant dans des immeubles (52%), maison (39%),
habitation précaire (8%) et SDF (1%). Sur les cinq wilayas de Guelma, El Tarf, Souk Ahras, Tébessa et
Annaba, cette dernière se classe en tête de la répartition géographique établie par les enquêteurs comme
ayant le plus grand pourcentage (80%) de femmes battues officiellement enregistré par le service médico-
légal. Coups de poing et de pied (36%) et armes blanches (6%) sont les moyens employés par les conjoints
et autres pour le agressions physiques. Le suicide et les agressions sexuelles représentent un phénomène
important et il est avancé une moyenne de 30 à 40 suicides pour 100.000 habitants. 83 cas ont été
enregistés par ce service sur trois années (61 victimes d'actes contre nature et 22 viols).

FEMMES AU TRAVAIL.- ♣ Selon un sondage du site e-recrutement emploitic , en Algérie, pour un emploi à
temps plein, 64% des femmes algériennes sont “insatisfaites des conditions de travail dans lesquelles elles
évoluent”. Un chiffre obtenu grâce à un sondage réalisé en ligne par le site de recrutement Emploitic, sur la
période allant du 23 février au 6 mars 2018. Cette étude a été menée sur un échantillon de près de 1 000
femmes, dont la majorité a un diplôme universitaire, et ayant des profils assez différents, puisque 70% des
personnes sondées travaillent ou ont déjà eu une expérience professionnelle. 18% d’entre elles ont
également répondu vouloir plus de flexibilité et de compréhension. Un chiffre dû, selon Emploitic, aux
“difficultés que rencontrent les femmes à concilier vie de famille et vie professionnelle”, sachant que “8%
pensent à mettre en pause leurs carrières pour des raisons familiales”. S’agissant de la Journée
internationale des droits de la femme, dont l’origine s’ancre dans les luttes ouvrières réclamant de
meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, le site e-recrutement a posé
une question sur la parité hommes-femmes dans l’évolution de la carrière. 54% pensent qu’elle est
équitable dans leur entreprise, tandis que pour certaines, voire 43%, la culture et les mentalités de la
société algérienne, en général, constituent “le principal frein” de l’évolution de leur carrière. Parallèlement,
13% d’entre elles pensent, au contraire, qu’elles sont favorisées vis-à-vis des hommes. Elles sont, par
ailleurs, majoritaires à considérer que “la date du 8 Mars est une journée importante, symbolique des
acquis en matière de droits de la femme”. Quant à la situation professionnelle des femmes, 75% pensent
que leur situation professionnelle “s’améliore”, contre 50% qui disent “vouloir changer de poste ou
d’entreprise, 23% aspirent à une expérience à l’étranger et 18% souhaitent créer leur entreprise”.
Concernant l’accès au travail, les femmes interrogées “le considèrent équitable à 47%, avantageux aux
femmes à 26,5% et avantageux pour les hommes à 26,1%”. Pour revenir aux critères de choix du travail, le

642
sondage démontre l’ambition de la femme algérienne d’évoluer et de se former, en plaçant ce critère parmi
les priorités de 56% des sondées. 59% d’entre elles avancent également le critère des avantages sociaux et
salaire. Quant à la question des changements envisagés pour le futur proche, “57% des femmes interrogées
évoquent l’évolution professionnelle comme faisant partie des critères prioritaires. Viennent ensuite des
critères comme la réputation de l’entreprise (37%) ou la distance par rapport au lieu de travail (36%)”. □
Imène Amokrane, liberté, 10.03.18
♣ En 2011 : Le rôle de la femme dans le monde du travail : 17,5% des femmes sont au chômage en Algérie.
Le travail de la femme est considéré comme source de richesse, de croissance et de développement
économique du pays. Elles sont en tête de la maternelle, universitaires, elles sont médecins, cadres,
policières, avocates, et même des chefs d’entreprises. Les femmes ont investies le monde du travail depuis
plus au moins un siècle et même, dans notre pays, pendant la période coloniale et après l’indépendance.
De nos jours mêmes les familles les plus conservatrices encouragent leurs filles a persévérer dans leurs
études et a trouvé un travail. il n’y a qu’a voir le nombre de filles à l’université et centres de formation. La
question de la carrière va de soi, si on s’investie dans un travail, il est tout à fait normal de penser à sa
carrière et sa retraite, surtout par ces temps difficiles. La femme créatrice de l’emploi elle fabrique du pain
traditionnel pour aider économiquement son ménage. La société est passée à un autre niveau de
consommation. La femme algérienne est investie dans le marché du travail presque dans la totalité des
secteurs d’activités, mais sont beaucoup plus touchées par le chômage 17,5% contre 14,9% pour les
hommes, soit plus de 2 millions de femmes au chômage, 41 % des femmes âgées entre 25 et 49 ans ne
sont pas mariées. Beaucoup de femmes se sont surtout investies dans le marché informel puis la vie est
très chère. Un seul salaire ne suffit pas puis une marche normale c’est avec nos deux pieds avec un seul
pied on ne peut pas marcher, mieux une seule main ne peut pas applaudir, beaucoup de femmes travaillent
plus que l’homme. le travail au foyer, se sont les femmes qui l’assument même quand elles travaillent dans
des conditions très difficiles à l’extérieur de la maison. La majorité des femmes travaillent avant tout pour
des raisons financières, mais travailler, c’est aussi satisfaire ses ambitions personnelles, s’ouvrir d’autres
horizons, se sentir plus indépendante, et comme une nécessité économique lorsque le mari n’a pas
d’emploi, pour aider la famille et élever son niveau de vie, assurer l’éducation des enfants. □
♣ En 1997 : La population algérienne est constituée de 14.444.500 femmes, soit à peu près la moitié du
nombre d'habitants qui s'élèvent à 29.724.000 personnes. Au niveau de la main-d'oeuvre, elles représentent
6 millions en âge de travailler, mais seulement 365.000 occupent un poste de travail. Sur l'ensemble des
personnes occupées, les femmes ne représentent que 8,8%. En intégrant les femmes qui sont partiellement
occupées, ce taux s'élève à 10,2%. Il reste faible au regard du nombre des femmes en âge de travailler. Si
leur égalité dans l'accès à l'éducation est garantie, celui de l'emploi reste formel puisque le taux de
chômage tend à s'accroitre. Il a presque doublé ces dernières années. Cette évolution négative, vu les
politiques de dégraissage des effectifs et les blocages des recrutements, à s'aggraver puisque les chiffres
révèlent que le chômage féminin enregistre un taux de 38,4%. La majorité des chômeuses sont jeunes,
avec un taux de 44,26%. La plupart des demandeuses d'emplois sont des femmes diplômées, et seulement
22,7% d'entre elles sont au foyer. Il faut sans doute rappeler que les licenciements collectifs vont encore
augmenter le nombre des demandeuses d'emplois. L'égalité formelle ne suffit pas, l'exclusion des femmes
du marché du travail aggrave la situation des familles et les plonge dans la précarité absolue, faisant
ainsi régresser l'espoir d'une indépendance économique des femmes. C'est ainsi que les femmes se
trouvent acculées à s'orienter vers le marché informel, autrement dit le travail au noir sans couverture
sociale. Elles travaillent dans des conditions inhumaines et elles sont, la plupart du temps, sous-payées.
Selon le niveau d'instruction, la plupart des femmes ayant un emploi, ont un niveau secondaire et/ou
supérieur. Il existe par ailleurs une disparité régionale quand on sait que les wilayas d'Alger, d'Oran et de
Constantine regroupent la plupart des emplois féminins. Les femmes sont surtout employées dans certaines
industries comme le textile et les industries de transformation, mais la majorité se retrouve employée dans
le secteur de l'administration, de la santé et des services qui sont "une pompe aspirante" de la main-
d'oeuvre féminine. C'est donc le secteur
tertiaire qui concentre l'activité des femmes. L'enseignement se taille la plus grande part avec un tiers des
effectifs, un autre tiers dans les administrations et les services. Il n'y a que 12% qui occupent des emplois
sous-qualifiés tandis que 6% sont des ouvrières. Les femmes qui travaillent à domicile sont souvent trés
peu comptabilisées par les statistiques officielles. C'est souvent des petits boulots d'appoint pour boucler
les fins de mois difficiles et augmenter le budget familial réduit de moitié par la dévalorisation du pouvoir
d'achat. Depuis 1994, date d'application des premières mesures du plan d'ajustement structurel, les femmes
ont été les premières à être mises dehors. L'épisode des femmes des galeries algériennes, des Edipal et
des entreprises, qui ont appliqué les plans de redressement interne, a rendu encore plus fragile la position
des femmes dans le marché du travail. Il est évident que la flexibilité dans le travail touche et touchera
encore des milliers de femmes. Cette régression de l'emploi est sans doute dans le recul du statut des
femmes, car l'émancipation et l'indépendance économique passent obligatoirement par le droit à la
scolarisation et au travail, ce qui n'est pas légion ces derniers temps en Algérie.
L'emploi féminin se résume en quelques chiffres :
♣ près de 90% des 365000 femmes occupant un poste de travail, exercent actuellement dans le secteur
public (éducation, santé, collectivités locales ou entreprises);
♣ deux femmes occupent actuellement des postes de ministres;
♣ neuf femmes siègent au conseil de la nation;
♣ 13 femmes ont été élues à l'APN

643
♣ 10 femmes occupent des postes de direction dans l'administration centrale;
♣ plus de 90 femmes occupent des postes importants dans l'administration (sous-directrices, chefs
de cabinet, conseillères et attachées);
♣ 137 ont été élues aux APC (municipalités) et aux APW (départements);
Beaucoup plus que dans l'enseignement, c'est dans le secteur de la santé que les algériennes sont les plus
nombreuses à faire carrière. La féminisation qui en a résulté, n'a épargné aucune profession médicale
(médecine, chirurgie-dentaire, pharmacie, etc.) qui sont aujourd'hui à 50% occupées par des femmes. Dans
certains établissements sanitaires du nord du pays, le personnel médical est presque exclusivement
composé de femmes. Le constat est valable, aussi bien pour le secteur privé que public, mais c'est dans ce
dernier que les femmes sont allées le plus loin, en embrassant des carrières encore plus valorisantes
d'hospitalo-universitaires (professeurs, docents, etc.). Elles ont fait, comme l'attestent les chiffres de l'ONS,
une fulgurante percée dans ce domaine autrefois réservé aux hommes. Les statistiques indiquent que 20%
des professeurs, 28% des docents, 40% des maitres assistants et 50% des résidents sont des femmes. Les
professions de pharmacie et de chirurgie-dentaire sont celles qui enregistrent le plus fort taux de
féminisation, avec respectivement 66% et 63%. Contre toute attente, la féminisation du corps paramédical
n'a pas connu la même ampleur. Le taux de féminisation du corps des infirmières reste faible (environ 40%)
au regard de la demande hospitalière en constante progression. Outre la répercussion négative sur la
qualité des soins en général, c'est surtout dans les domaines gynécologique et pédiatrique,
traditionnellement réservés aux femmes, que le manque d'infirmières est le plus gravement ressenti.

HANDICAPES.- En 2010, phénomène en croissance annuellement, leur nombre atteint près de 2 millions de
personnes en Algérie vivant avec un handicap selon les statistiques de l'ONS présentés par le ministère de
la Solidarité nationale et de la Famille. Le nombre des personnes handicapées en Algérie est de 1.975.084
personnes, dont 284.073 handicapés moteurs, 73.937 handicapés auditifs, 173.362 visuels, 167.331
handicapés mentaux, 85.611 polyhandicapés, 626.711 personnes ont des maladies chroniques, 505.299
personnes ont d'autres handicaps et 29.380 personnes handicapées non déclarées. S'agissant de la
répartition de la population des personnes handicapées en Algérie par tranche d'âge, les mêmes
statistiques montrent que 131.955 enfants ayant l'âge entre 0 et 5 ans souffrent d'un handicap, les enfants
et adolescents handicapés ayant l'âge entre 5 et 19 ans sont au nombre de 319.945, tandis que les
personnes atteintes d'un handicap et ayant l'âge de 20 ans et plus sont au nombre de 1.493.796. La même
source a noté que le taux de personnes handicapées moteurs est le plus élevé parmi les autres types de
handicap, ce taux touche 44% de l'ensemble des handicaps. Concernant les principales causes des cas en
Algérie, les statistiques ont relevé que 28.5 % des handicaps sont congénitaux ou héréditaires, 16.7% des
séquelles d'accidents ou de blessures et 14.2% des complications suites à des maladies infectieuses. Le
nombre total des établissements relevant directement du ministère est de 176 centres. Ce sont des
structures d'accueils et de prise en charge d'handicap. En plus de ce nombre, 119 établissements sont
gérés par les associations agréées. Ces structures accueillent actuellement un effectif de 14.260 enfants
et adolescents handicapés dont 773 enfants sont pris en charge dans le cadre du dispositif de l'éducation
précoce. Pour l'année 2009, les services du ministère ont établi, pour les personnes handicapées, plus de
667.584 cartes de handicapés.Citoyens à part entière, ils demeurent néanmoins marginalisés, malgré de
grands efforts d'adaptation et de réintégration dans une société qui manifeste à leurs égards un
environnement des plus difficiles puisque les lois appliquées ne les aident en rien quant aux problèmes de
logement, formation, travail, qui doivent être en principe un droit absolu et non une charité ou une faveur.
Statistiques 2014 sur les personnes handicapées en Algérie : L’Algérie compte environ 2 millions de
personnes en situation de handicap, selon l'Office National des Statistiques. La même source précise que le
handicap moteur est le plus important (44% des personnes en situation de handicap), suivi par le handicap
lié à la compréhension et la communication (32%) et le handicap visuel (24%). En outre, l'analyse des
causes des handicaps en Algérie révèle que 28,5% des cas sont des atteintes congénitales ou héréditaires,
16,7% des séquelles des accidents ou de blessures, 14,2% des maladies infectieuses, 12,5% des effets de
vieillesse, 7,9% des violences psychologiques ou physiques et 2% des traumatismes d’accouchement. Ces
quelques chiffres illustrent parfaitement la proportion importante que représente cette frange au sein de la
société et, ce faisant, la volonté, l’intérêt ainsi que l’importance et la diversité des actions que requiert leur
prise en charge effective, conforme aux standards internationaux et aux engagements des pouvoirs.□

PUPILLES DE LA NATION.- Sous l'appellation de fils de chahid ou d'ayant droit, c'est toute une
catégorie sociale d'individus marginalisés qui se rend compte de son exclusion du champ social. A
l'exception d'une minorité d'entre eux, la majeure partie est constituée de démunis, de déshérités et de
désintégrés, psychologiquement et économiquement. Tel un revers de la médaille de l'indépendance, les
enfants de chouhada sont en quête de reconnaissance car ils incarnent le sacrifice de leurs parents durant
la libération. Les enfants de chouhada veulent se retrouver légitimement dans la finalité d'une
organisation spécifique qui consisterait à résoudre deux problèmes majeurs :
♦ un problème politique de représentation de l'ensemble du corps social dans le champ politique national en
vue de la continuité du combat des martyrs et de la consolidation de l'indépendance et de ses acquis;
♦ un problème socio-économique en tant que défense et résolution des difficultés des enfants de chouhada.
L'existence d'une multitude de sensibilités en leur sein a constitué un handicap majeur plutôt
qu'apports diversifiés d'enrichissement profitable à l'ensemble dans la mesure ou ne prédomine pas une
idéologie au sens strict et exclusiviste, c'est à dire de pensée unique pouvant secreter des sous-idéologies

644
diverses, et donc des divisions, plutôt qu'une idéologie de consensus partagée par tout le monde. La
revendication du symbôle révolutionnaire "chahid" est une formule non explicite et l'élaboration ou
l'utilisation de concepts politiques impose des exigences :
◘ revendiquer l'héritage légitime du produit du sacrifice des martyrs qu'est l'indépendance, notamment
dans ses dimensions historique, politique et économique. Ce recours a le mérite de permettre une
justification argumentée par l'examen des divers sens de sacrifice, notamment :
● celui du sacrifice par le combat armé se distiguant de l'action politique ou idéologique; même s'ils sont
complémentaires, ils se différencient par leurs risques de danger respectifs.
● celui du sacrifice par la mort des martyrs qui correspond à un don de soi , forme élevée d'engagement
moral et physique ( contrairement au seul engagement moral qu'implique l'activité politique), ce qui les
distingue du reste des vivants;
● celui du sacrifice-investissement signifiant que les martyrs n'ont pas affronté la mort pour rien, mais bien
pour la récupération et l'indépendance de leur patrie; c'est le but suprême de leur action. Mais
paradoxalement, c'est d'abord un investissement humain personnel en ce sens que chacun est mort pour
une famille, mort qui n'a eu que des répercussions négatives que sur leurs parents et leurs enfants mais
non sur l'ensemble de la nation. En mourant, ils n'ont abandonné que leurs foyers. Or, en libérant le pays,
non seulement ils l'ont libéré pour d'autres, qui ont joui de l'indépendance et de ses avantages socio-
économiques, mais également ils ont, en premier lieu, privé leurs enfants et leurs parents d'une grande
partie d'eux-mêmes qu'ils n'ont pas retrouvée après l'indépendance. Ils sont devenus des orphelins, des
veuves, des ayants droit, des handicapés mentaux, c'est-à-dire des gens à qui il manquait quelque chose
d'important, en opposition à ceux qui n'ont rien perdu, ou peu perdu, ou encore par rapport à ceux qui ont
tiré quelque bénéfice (indépendance et biens). Pour eux, cet investissement pour l'indépendance ne leur a
pas été profitable. Sachant que cet investissement a été d'abord et avant tout consenti pour eux, surtout
lorsqu'on évoque qu'à chaque fois un moudjahid sentant sa mort venir, il prend soin de demander à son
compagnon de penser à ses enfants et à sa famille. Ce sacrifice-investissement revêt donc une double
signification ; celle du gain positif acquis par la libération du pays, notamment pour ceux qui en ont
profité, et un sens négatif en tant qu'investissement à perte, en ce qu'il n'a quasiment rien rapporté aux
familles des sacrifiés.

SUICIDE.- ♣ Les années 90  : Les Algériens sont plus nombreux à mettre fin à leurs jours.
L'accélération de ce phénomène est particulièrement forte chez les jeunes. Le mal de vivre en extension
rapide traduit un échec. Un nombre croissant de jeunes éprouvent un dégoût irrémédiable pour la société
de leurs parents. En se supprimant, ils leur expriment l'incapacité de leur offrir de bons motifs de se
battre. Les jeunes travailleurs, en se suicidant, signent l'échec d'une démarche politique. Cette
autocondamnation par laquelle les actants font d'abord leur procès intime, vise en premier lieu les
responsables de la faillite: les gouvernants. Les résultats de la politique économique et sociale génèrent
chômage, misère, précarité et exclusion dans un pays où, désormais, règnent les forces du mal et de la
mort, de l'injustice, de la hogra et de la régression. La descente aux enfers aura produit la mort par suicide,
la folie, le divorce, l'éclatement familial et la déchéance morale. Déclencher une mobilisation citoyenne en
général, particulièrement celle des intellectuels signifierait un refus clair à la banalisation de ce
phénomène. A ceux qui sont tentés de répondre par le silence à cette montée de catastrophes et de faillite
générale, en espérant que le mal se résorbera de lui-même, resteront redevables d'une bien sérieuse
explication. Un engagement politique devra lever le silence et appeler à lutter pour défendre les valeurs
dans un combat pour les droits de la liberté.
♣ Actuellement  : L’Algérie parmi les pays où l’on se suicide le moins (OMS). Presque 2 personnes sur
100.000 se sont données la mort en 2012 en Algérie. C’est ce que relève le dernier rapport de
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) intitulé « Prévention du suicide : L’état d’urgence mondial »,
repris par le site internet du journal français Le Monde. Les Algériens ayant mis fin à leur vie en 2012 (1,9
pour 100 000 habitants) sont donc moins nombreux qu’en 2002 (2,2 pour le même nombre d’habitants). À
en croire cette étude, l’Algérien fait donc partie des pays où l’on se suicide le moins. Elle enregistre un taux
largement en dessous de la moyenne mondiale, qui se situe à 11,4 pour 100 000 personnes, soit 804 000
cas de suicide dans le monde en 2012. L’Algérie est ainsi mieux classée que ses voisins immédiats, la
Tunisie et le Maroc. Si nos voisins tunisiens se suicident moins en 2012 (2,4 suicides pour 100 000
habitants) qu’en 2000 (2,5), les Marocains sont beaucoup plus nombreux à mettre fin à leur vie en 2012
(5,3) qu’en 2000 (2,7). En revanche, on est tenté de dire que cette baisse du taux de suicide en Algérie est
le fruit du hasard, car le rapport révèle qu’aucun pays africain ayant répondu à l’enquête n’est doté d’une
stratégie ou d’un plan d’action national. Plus de suicides dans les pays riches  : Le rapport de l’OMS relève
également que l’Asie du sud-est est la région du monde où l’on enregistre le plus de suicide, avec un taux
de 17,7. Par pays, la Guyane enregistre le plus grand taux de suicide (44,2), tandis que l’Arabie Saoudite
enregistre le taux le plus faible (0,4). Le rapport relève également que les hommes se suicident deux fois
plus que les femmes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la tentation suicidaire est plus répandue
dans les pays riches (12,7), que dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (11,2). □

LE MODE DE VIE

645
COMPORTEMENT.- Les conditions matérielles d'existence et de travail se sont considérablement
détériorées, ce qui a influé sur le comportement de l'individu au niveau de la motivation, de la discipline, de
la conscience professionnelle, de la solidarité, atteignant le seuil critique de la sociabilité. Cette
démobilisation morale s'est traduite en désintéressement quasi- généralisé des préoccupations
nationales relatives à une résolution de la crise politique d'abord et économique ensuite. L'algérien moyen
manifeste sa volonté de démocratisation, d'un établissement d'Etat de droit, de ùrestauration des
valeurs nationales qui se sont détériorées ces dernières années. L'assurance de ces conditions
permettront de mieux conduire le redressement dans sa transition vers l'économie de marché.

El HAÏK.- A l'origine, le voile ou "El Haïk", selon la formule d'usage, n'est pas algérien; il arrive de Tunisie
et apparait pour la première fois dans les années 20 dans les régions Est du pays. Avec l'exode rural, le
phénomène vestimentaire prit totalement forme dans les régions centre et ouest vers les années 30. Même
si, d'apparence, il parait simple, il existe plusieurs types et qualités de haïk, selon les âges et les classes
sociales. Le plus célèbre demeure haik et mrema, qui, à l'origine, vient de Tunisie. Constitué entièrement
en soie, son prix reste excessivement élevé. Il sera la tenue vestimentaire préférée de la classe bourgeoise
algéroise durant les années 40 et 50. Pour la classe moyenne, les femmes portaient un haik en forme de
Ksa, un tissu constitué à base de coton et de soie et dont l'épaisseur peut atteindre 2 cm, afin de mieux
cacher les formes intérieures de la femme. Même si le haïk enveloppe l'ensemble du corps de la femme, il
ne se porte pas seul. On ajoutait un "seroual", une sorte de pantalon large, formé à partir de 8 mètres de
tissu de coton. Il servait à cacher les jambes et rondeurs des jolies femmes. Durant la seconde guerre
mondiale et au moment fort de la crise du "bon", pour des raisons financières on réduit la réduit la longueur
du seroual à deux mètres et on créa ce qui allait être célèbre sous l'appellation seroual el chelka ou
mechbouk.Un pantalon ouvert sur les deux cotés et qui cachait parfaitement la formation ou la déformation
des jambes. Cette tradition s'est trés vite élargie au niveau de l'Algérois pour atteindre l'ensemble du pays.
Pour compléter cet ensemble indissociable de la culture traditionnelle algérienne, on ajoute un zeste
d'exotisme avec El Aadjar, sorte de bandeau brodée qui cachait le nez et la bouche de la femme. Les yeux
restaient visibles, ce qui laissait une place au regard complice et séducteur. Avec le temps, le haik est
devenu le symbole iconique de la femme et fut utilisé durant la guerre de libération par les membres de
l'ALN comme tenue de camouflage pour tromper la vigilance des paras français et échapper ainsi à leur
contrôle.
A l'indépendance, on opte pour le haik en nylon, beaucoup plus facile à porter et moins cher. Avec le temps
et l'évolution des moeurs, les jeunes filles en particulier abandonnèrent carrément l'idée du voile
traditionnel pour un hidjab et un djelbab à connotation musulmane. Par la suite, on comprit que les femmes
portent le hidjab beaucoup plus pour des raisons financières que pour des convictions religieuses.
Aujourd'hui, le haïk el mrema était cédé à 10.000 dinars au détriment d'une culture abandonnée et d'une
mentalité obnubilée par les racines religieuses. Pour beaucoup, le hidjab correspond à l'aliénation de la
femme, à sa négation et à sa soumission "inconditionnelle" au groupe, à la famille et surtout au mâle. La
femme, hier cloitrée, muselée, invisible, inculte et ignorante n'apparaissant au soleil qu'en de très rares
occasions, emmitouflée dans son si joli hayek tout blanc et toujours accompagnée d'un familier, est
aujourd'hui visible, instruite et active. Elle sort seule, voilée mais le visage découvert et le corps libre de
toute entrave; l'évolution est flagrante. Plus qu'un uniforme, qu'un habit, qu'une mode, le hidjab revêt une
signification toute symbolique; il constitue un rempart contre les agressions, un signe de respectabilité ; le
port du foulard, couplé à une robe longue, véhicule une signification analogue. Une femme voilée ne
s'interpelle pas n'importe comment, on l'appelle ma mère ou ma soeur, selon l'âge qu'on lui donne, d'un ton
empreint de respect. Pour beaucoup, le voile est devenu un passeport pour l'instruction, le travail,
l'autonomie et la liberté; le seul moyen d'échapper à la vigilance du groupe et l'unique manière d'accéder à
une véritable construction et réalisation de soi.

FATALISME.- Attitude morale, intellectuelle par laquelle beaucoup pensent que ce qui arrive devait arriver
et qu'on ne pouvait rien faire pour s'y opposer.C'est en quelque sorte une force de caractère qui finit par se
forger dans le subconscient de l'individu. C'est généralement une crainte permanente, qui n'arrive pas à
bouleverser l'individu et métamorphoser ni ses habitudes ni son comportement, qui donne naissance à la
fatalité. Un fort pourcentage de personnes rejoignent leur travail sans se poser la moindre question car,
convaincues que leur destinée est entre les mains de leur créateur et que, s'ils venaient à mourir, ce serait
par la volonté divine. Cette force morale puise sa source dans l'éducation reçue. Altérer ces valeurs ou
tenter de les modifier serait impossible chez les personnes équilibrées et qui ont le sens des valeurs. La
fatalité ne constitue pas un risque à courir ou de l'audace mais d'agir comme l'on en envie de le faire.
MODERNITE.- La modernisation du processus de développement introduite par un apport de nouvelles
technologies dans les divers secteurs de l'économie algérienne constitue une ascension vers la modernité
de la société. La réalisation de ce changement engendre des phénomènes de réaction et d'aliénation qui
bouleversent les comportements de catégories et classes sociales devenant placées sous influence ou
dépendance économique et culturelle. Evoluant vers le progrès et le bien-être, la société algérienne aura à
assimiler ce changement en intégrant les éléments nouveaux en rapport avec sa dynamique interne
historique. Les mutations rapides et profondes dans les domaines économique, social et culturel
introduisent des perturbations de tous ordres qui laissent largement ouvertes les possibilités de
déviation, marginalisation et rupture d'équilibre. Ces risques de déviance et d'asservissement économique
et culturel concernent non seulement la société mais la personnalité même de l'individu. L'état de

646
modernité n'est pas seulement d'autres façons de vivre pour la société qu'on voudrait faire profiter des
bienfaits de la civilisation du siècle, d'autres façons de produire en assimilant les techniques avancées
mises en oeuvre en occident, et d'autres façons de penser en faisant accéder les plus larges couches
de la population à l'éducation. Il est conditionné par une modernisation de :
♣ l'économie, par le développement intensif des industries, par la mécanisation de l'agriculture et la
transformation de ses façons culturales,
♣ la société par de nouveaux rapports sociaux, brisant les restes de féodalité ou le khamessat (métayage)
dans les campagnes généralisant le salariat et la protection sociale,
♣ la langue arabe appelée à être à la hauteur des nécessités de communication et d'apprentissage
scientifique du monde moderne.
Elle touche tous les aspects de la vie collective et individuelle des algériens, à leurs valeurs, à leurs
comportements, par une inculcation du partage des richesses, la dignité du travail, la soif de
connaissance. Elle inclut une transformation du droit et des institutions en changeant les rapports sociaux
et les formes d'organisation de la cité. Elle comporte une évolution des techniques et de la technologie en
implantant dans l'économie les instruments et les méthodes de production industrielle, jusque dans les
campagnes et une transformation des formes culturelles, de la vie des familles car suggérant d'autres
modes d'expression, en changeant les façons de vivre, la condition féminine, etc., dans un cadre évolutif
vers un Etat de droit et de pluralité d'expression. Le processus de changement, dans sa dynamique sociale,
rencontre, à divers niveaux de la société, des oppositions. Disséminées dans l'appareil d'Etat, les forces
modernistes ne sont pas en mesure de contrer les comportements opportunistes, le dilettantisme, ni n'ont
de lucidité suffisante de s'opposer aux relents de passéisme, et traitent avec légèreté sinon avec mépris
les esprits rétrogrades. L'élite modernité sert son pays et ses ambitions de développement sans se poser
beaucoup de questions, sans la moindre solidarité, connivence ou même proximité entre ses membres. Elle
n'a pas compris que la modernité est une lutte permanente.

PAUPERISATION.- Rétrospective  : En 1995, la part des biens alimentaires dans les dépenses des ménages
était de l'ordre de 58,5%. Ce taux se rapproche de celui de 1966. Cette situation est due à la suppression
des subventions des produits de première nécessité. Une enquête menée en 1998, prenant un échantillon
de 2000 ménages, a fait ressortir la baisse de consommation de certains aliments. Presque 56% des
ménages auraient, depuis 1993, restreint l'achat de la viande, des fruits et de l'huile. Sur la base d'une
enquête sur le niveau de vie, menée par l'office national des statistiques en 1995, une étude faite en 1997
situe la baisse, en termes réels, du pouvoir d'achat des revenus salariaux à plus de 45%. Ce taux est
calculé sur une période s'étalant de 1986 à 1994. Autre taux surprenant : 13% des chefs de famille sont
classés dans la catégorie "très pauvre". Un rapport du CNES relève que l'absence d'études systématiques
et spécifiques rend difficile la détermination des seuils de pauvreté La dernière étude sur la
consommation des ménages remonte à 1988. Par recoupement et par comparaison, le CNES arrive à établir
des seuils de pauvreté d'après les données de 1995. Ils sont donc 12 millions (soit 40,2% de la population)
à vivre dans la privation dont presque 2 millions souffrent d'une pauvreté extrême. Les effets de
l'ajustement structurel ont aggravé la situation. Le poids des contraintes financières commence à ébranler
la solidarité familiale. Les ménages s'endettent de plus en plus auprès des particuliers. Selon une enquête
sur les ménages menée en 1998, deux tiers des ménages ont recours à cette formule d'entraide.
◙ La paupérisation croissante de la population semble davantage liée à la dégradation rapide et sévère
du revenu moyen qu'à un accroissement des inégalités alors que le taux de chômage en 1997 (29,5%) était
presque identique à celui de 1966. Dans le même rapport, le CNES aborde la question des déséquilibres
sociaux, déséquilibres qui placent l'Algérie en matière de développement humain à la 81ème place dans le
monde. Il est constaté que le nombre de chômeurs a triplé en dix ans atteignant ainsi 2.359.000 en 1997,
soit 276%. Le taux de chômage approche actuellement 30%. Les statistiques montrent que le chômage
tend à affecter les personnes disposant d'une qualification professionnelle si l'on sait qu'un chômeur sur
trois a reçu une formation secondaire, professionnelle, voire supérieure. 53,3 des chômeurs sont issus
d'une famille nombreuse.L'on peut déduire que les emplois qui résistent à la crise économique seraient
des emplois n'exigeant aucune qualification. C'est peut-être pour cette raison qu'entre 1997 et 1998, 25,9%
de garçons ont abandonné leurs études avant la fin de la 9ème année fondamentale, 11,6% avant la fin de
la 8ème année fondamentale et 31,8% l'ont fait en 3ème année secondaire. Dans la même lignée, les
établissements de formation professionnelle du secteur public n'offrent que 143.000 places alors que le flux
de nouvelles demandes potentielles atteint les 500.000 par an. Autre indicateur alarmant, le revenu des
ménages a perdu près du quart de sa valeur réelle, à savoir -23,3%, soit une régression de 2,5% en
moyenne par an.
□ En Algérie, la crise économique durable, la transition vers l’économie de marché et enfin la politique
d’ajustement structurel suivie ont eu des conséquences dramatiques sur les conditions de vie de larges
couches de la population. En effet, la forte baisse des revenus, le chômage et l’érosion du pouvoir d’achat
ont pour résultat direct et immédiat l’accentuation de la paupérisation qui se traduit, notamment, par
l’impossibilité de s’alimenter correctement, d’être bien portant, de s’instruire, de s’informer et de se loger
décemment.
□ Institutions : La Banque Mondiale a adopté un seuil de pauvreté absolue exprimé en termes monétaires.
Il est basé sur le minimum calorique nécessaire à la reproduction de l’individu (2 400 calories par jour et
par personne). La somme d’argent nécessaire pour acheter des produits alimentaires détermine la ligne
d’indigence (extrême pauvreté). La banque mondiale évalue ce seuil d’extrême pauvreté à 275 dollars US

647
par an et par personne. Celui-ci est actualisé en fonction de la hausse des prix et convertie au taux de
change de parité du pouvoir d’achat (PPA). En y ajoutant les dépenses nécessaires à l’habillement, au
transport, au logement, etc., on ’’défini’’ la ligne de pauvreté. La Banque Mondiale situe cette ligne de
pauvreté à 370 dollars PPA par an et par personne, soit environ à 1$ par jour et par personne.
L’union Européenne: a adopté un seuil de pauvreté relative équivalant à 50% des dépenses moyennes
nationales de consommation. Un tel seuil rend en fait plus compte de l’évolution des inégalités que de celle
de la pauvreté. En 1985, en lançant le deuxième programme européen de lutte contre la pauvreté, le conseil
des ministres a défini comme pauvres ’’les individus dont les mesures (matérielles, culturelles et sociales)
sont si faibles qu’ils sont exclus des modes de vie minimaux acceptables dans l’Etat membre dans lequel ils
vivent’’. En France, le seuil depauvreté est également fonction du revenu du reste de la société. Ainsi, un
ménage est pauvre lorsque son revenu avant impôt est au moins inférieur à la moitié du revenu médian de
l’ensemble des ménages.□
- Diagnostic de pauvreté* : La diversité des situations  : La plupart des spécialistes du développement
reconnaissent à présent que la pauvreté ne se limite pas au revenu et qu’elle a un caractère
multidimensionnel. Pour cela des objectifs explicites en matière de pauvreté (tels que la réduction de
l’incidence de la malnutrition, l’alphabétisation et l’augmentation de l’espérance de vie) doivent être
incorporés dans les programmes de lutte contre la pauvreté. En Algérie, les facteurs de pauvreté peuvent
être regroupés dans ce qui suit
1- Les disparités persistantes :
 Revenus et richesses : Selon l’UNICEF, dans son dernier rapport sur la situation des enfants dans le
monde, la part de revenu des ménages détenue, durant la période 1990-1996, par les 20% les plus riches
est de 43%, alors que celle détenue par les 40% les plus pauvres est de 19%.
 Disparités prononcées entre zones urbaines et rurales en matière d’accès aux soins, à l’éducation,
formation, emploi, eau potable, etc.
 Disparités géographiques : taux de scolarisation entre le nord et le sud par exemple.
 Disparités sociologiques entre sexes : le Code de la famille et ses conséquences sur la protection de la
mère et de ses enfants en situation de divorce. Ces disparités sont souvent liées et imbriquées.
2- Les conflits : réduisent à néant des années de progrès acquis.
3- Le recul économique : la crise économique, le fardeau du remboursement et du service de la dette et
l’inflation développent la pauvreté. Pour lutter efficacement contre la pauvreté il faut soit : - de véritables
plans d’action, comprenant des objectifs explicites, des budgets suffisants et des organisations efficaces.
- Soit incorporer la question de la pauvreté dans les plans nationaux. Mais l’efficacité de cette stratégie
réside dans ce qui suit :
 les plans doivent être globaux et ne pas se limiter à quelques projets ciblant les pauvres.
 Ils doivent bénéficier de ressources suffisantes et être coordonnés par un service ou une commission
gouvernementale ayant une véritable influence. Sans de telles mesures, les économies de marché
favorisent rarement la justice sociale. Souvent les gouvernements éprouvent des difficultés à indiquer le
montant des ressources consacrées à la réduction de la pauvreté car ils confondent les dépenses sociales
et les dépenses ayant un rapport avec la pauvreté. Pour cela, il est préférable de mettre en place un fond
spécial de réduction de la pauvreté. En Algérie, le système actuel des filets de sécurité sociale s’est révélé
vain. Il est préférable de concentrer les efforts sur des réformes institutionnelles. Il est rare que croissance
et développement humain convergent. Les politiques économiques deviennent rarement favorables aux
pauvres, tandis que l’on attend des services sociaux qu’ils s’attaquent directement à la pauvreté.
Les gouvernements, devraient avoir pour tâche de défendre l’équité et la réduction des inégalités au nom
de l’intérêt collectif et de la rationalité économique. A l’échelle d’une nation, la mauvaise gouvernance peut
réduire à néant les effets des politiques nationales en faveur des pauvres. Pour démarrer les plans de lutte
contre la pauvreté, il est nécessaire de :
 mettre l’accent sur les réformes des institutions de la gouvernance ;
 rapprocher le pouvoir décisionnel des communautés pauvres en déléguant des pouvoirs aux autorités
locales dans le but de contribuer à promouvoir la réduction de la pauvreté ;
En Algérie, l’érosion du pouvoir d’achat des ménages observés depuis quelques années, l’aggravation des
disparités, la transition vers l’économie de marché, le désengagement de l’Etat et une protection sociale
inadaptée aux nouvelles conditions de vie, risquent de nous faire perdre les progrès acquis de 40 années
d’efforts, de dépenses et de sacrifices.
Les recommandations que nous pouvons formuler à l’échelle nationale sont les suivantes :
- Impliquer le mouvement associatif dans le processus de développement local et le soutenir dans des
actions d’éducation au développement afin de faciliter leurs actions et de mobiliser des solidarités
citoyennes.
- Relancer l’activité économique en promouvant les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat et du tourisme.
- Favoriser les programmes de développement régionaux, plus efficaces et plus efficients que les
programmes nationaux de développement. -
Réformes institutionnelles concernant la législation qui régit le :
♦ mouvement associatif quant au soutien financier extérieur si l’on veut faciliter leurs actions et leurs
permettre de mobiliser des solidarités citoyennes au niveau international.
♦ Code de la famille si l’on veut éliminer la discrimination sexuelle et lutter pour la promotion de la femme
et la protection de l’enfant en Algérie.
- Redistribution et répartition équitables des revenus. -

648
Etablir de nouvelles règles de négociations sociales. -
Enfin, orienter la recherche scientifique vers les ressources humaines. Tant que l’exclusion persiste,
l’avenir est négligé, sous-évalué, les valeurs culturelles des minorités sont ignorées et la norme d’équité
n’est pas satisfaite. Une société inégale est une société inéquitable est donc instable. L’équité est au
secours de la croissance et l’égalité est au service de l’efficacité car :
- La justice sociale renforce la stabilité politique. -
La protection sociale encourage la mobilité sur le marché du travail. - Et
enfin l’équilibre de la société passe par la réduction des inégalités. □
(*) Extrait de  : « L’impact de la pauvreté sur l’efficacité économique  » Kaïd Tlilane, Nouara - Univ. Béjaia,
2006.
►Observations*  :" Près de 4 millions de personnes, dont le revenu n’atteint pas le seuil de pauvreté global
inférieur (dont  2,7 millions de ruraux) et plus de  6,3 millions d’habitants vivent en deçà du seuil de pauvreté
global inférieur dont (4,2  millions de ruraux). En tenant compte de ces résultats qui ont tendance à
s’appliquer au monde rural, les affirmations des responsables algériens que le «  problème de pauvreté en
Algérie réside dans les inégalités territoriales, notamment le milieu  », ont traduit la sous-estimation des
pouvoirs publics de la gravité et de l’ampleur du phénomène de la pauvreté, d’où les stratégies mises en
place qui se sont avérées insuffisantes et aussi une mauvaise compréhension du rôle de la question des
affaires publiques et sociales. Ceci dit aussi que la pauvreté est devenue un phénomène complexe et
multidimensionnel et, jusqu’à présent, les études se sont focalisées uniquement sur les conséquences de la
pauvreté telles que  : la malnutrition, le chômage, l’exclusion, etc. Par ailleurs, il y a une grande nuance
dans l’avancement des chiffres concernant ce phénomène. Une seule expérience a été menée dans ce
domaine en Algérie. Il s’agit de l’enquête algérienne sur les niveaux de vie (LSMS) menée en  1995 par
l’Office National des Statistiques en collaboration avec la Banque Mondiale. Malheureusement, seuls
quelques résultats sont rendus publics et utilisés pour établir l’évolution en termes de pauvreté et
d’inégalités."
 □ Le chômage et la dégradation du pouvoir d’achat sont deux facteurs déterminants de la paupérisation en
Algérie : "Pour le cas de l’Algérie et à l’issue de la Conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté et
l’exclusion, organisée en octobre  2000, émergea un nouvel intérêt des pouvoirs publics à appréhender la
pauvreté au-delà des données monétaires, les aspects liés à des dimensions non matérielles telles que la
fragilisation sociale, l’éducation, la santé et l’eau. Cet état de fait a permis la mise en place d’une panoplie
de dispositifs de lutte contre la pauvreté et d’aide au financement des microprojets. Ces dispositifs
concernent entre autres, l’ANSEJ, la CNAC, et l’ANGEM. Ainsi, en Algérie, l’enjeu de l’accès à la
microfinance est défini par celui de la bancarisation de masse des populations à faible revenu (CGAP,
2006) puisque la microfinance n’est pas aussi développée à l’instar des autres pays. En fait, l’absence d’un
cadre juridique permettant aux associations d’octroyer le microcrédit est l’une des contraintes pour le
développement de la microfinance en Algérie".
□ Provenance de l’apport personnel  :" L’AP provient de l’autofinancement dans (50,6  %) des cas. Pour la
moitié des enquêtés qui restent, (34,5  %) ont recouru à des parents, soit faisant partie ou en dehors du
ménage, (11,2  %) ont eu recours à des amis. La solidarité familiale explique les sources des apports
personnels qui permettent aux bénéficiaires de postuler pour des microcrédits. Certes, la situation est
différente pour les deux types de microcrédit. Pour le PNR de  30 000 DA, l’AP est très faible et il ne
représente que  3000 DA, mais en situation de chômage, cela pose une contrainte financière. Pour le PNR
de 400000 DA, l’apport varie suivant le coût du projet, et peut s’avérer aussi une contrainte financière pour
ceux sans travail. Les résultats montrent que (30,76  %) des bénéficiaires déclarent que l’apport personnel
est entre très élevé et élevé". □
*Microfinance et pauvreté subjective en Algérie : Essai d’analyse, Smahi Ahmed, Maliki Samir, Arif Salah
Eddine, Cairn.info, 2010

PAUVRETE.- La mondialisation du libéralisme économique a réduit à néant l'Etat-providence et révélé


misères et pauvreté dans de nombreux pays notamment en Algérie. Des rapports d'agences onusiennes et
de grandes ONG à caractère humanitaire ont confirmé l'avancée de l'exclusion sociale et de la
marginalisation dont la justification viendrait de mesures d'ajustement structurel ou de politique sociale
inappropriée. Réceptacles de délocalisation à bon marché de firmes multinationales et conditionnés par le
FMI, ces pays voient leurs populations s'enfoncer de plus en plus dans toutes sortes de précarité. Malgré
ses richesses naturelles, l'Algérie est entrain de rejoindre inexorablement le lot de pays où la grande
pauvreté a eu son effet dévastateur. Un tiers des ménages ont un déficit calorifique, de 1989 à 1994, le
revenu des ménages a baissé de 29% alors que l'indice des prix s'est accru de 24% et que c'est surtout
dans les bidonvilles que l'accroissement de la pauvreté et donc de l'exclusion se fait sentir. D'ailleurs, en
1994, 20 à 30% de la population vivent sous le seuil de la pauvreté. La transition à l'économie de marché
coûte une accélération de pertes de dizaines de milliers d'emploi et engendre une dérégulation du salariat.
Le système de protection sociale ne présente pas les aptitudes nécessaires pour prendre en charge des
millions de citoyens demeurés en périphérie de la société. Une société duale s'installe dans la durée
sacrifiant au passage les couches moyennes, et le chômage s'étend à une échelle de masse, alimentant
une dynamique inégalitaire sans précédent. L'école s'appauvrit, la santé se délite et la malnutrition fait sa
réapparition hypothéquant l'avenir de milliers d'enfants. Seule une avancée démocratique durable pourra
faire reculer ce fléau. Nous pourrons aborder les résultats de l’enquête sur les niveaux de vie réalisés par
l’O.N.S en 1995, qui indiquaient en particulier que :environ un algérien sur cinq est pauvre (22.6 % de la

649
population vit en dessous du seuil de pauvreté contre 12.2 % en 1988) ; approximativement un algérien sur
20 (5.7 % de la population se situe en dessous du seuil de malnutrition, soit à moins de 100 calories par
jour ;la pauvreté touche deux fois plus les zones rurales que les zones urbaines ; les ménages les plus
touchés sont ceux dont le chef de famille est soit chômeur, soit carrément inactif ;la baisse, en termes réels
de pouvoir d’achat, des revenus salariaux aurait été de plus de 45 % entre 1986 et 1994 ; le taux
d’analphabétisme est plus élevé pour les femmes rurales 6 %), les femmes urbaines (29 %), les hommes
ruraux (22 %) et les hommes urbains (13 %).
► L’Algérie n’est guère épargnée par la misère sociale et la précarité, La Ligue algérienne pour la défense des droits de
l’homme (LADDH) a révélé des chiffres inquiétants (octobre 2015). Au moins 14 millions d’Algériens vivent sous le seuil de la
pauvreté tel qu’il est défini par des critères internationaux, affirme le secrétaire national chargé  des dossiers   spécialisés
au niveau de la LADDH,  Houari Kaddour  qui s’appuie sur une étude réalisée par la LADDH et qui a touché plus de 4500
ménages répartis à travers plusieurs régions en Algérie. “Notre étude a révélé que les pauvres représentent 35% de la
population algérienne, soit une estimation d’environ 14 millions de personnes sur les quarante millions d’algériens”, déplore le
même responsable de la LADDH d’après lequel 93 % des Algériens interrogés dans cette étude confirment que leurs
conditions de vie se sont détériorées depuis la chute des prix du pétrole.  L’effondrement du pouvoir d’achat
inquiète également la LADDH. Mais, celle-ci s’indigne contre l’ampleur des inégalités sociales qui minent notre société : “seuls
10% d’Algériens détiennent 80% des ressources du pays”, dénonce Houari Kaddour. Selon la LADDH, ces inégalités
s’expliquent par la répartition inéquitable des richesses nationales.  “Cette répartition ne se fait pas sur des paramètres
garantissant l’équité. Il y a ségrégation dans la redistribution de la rente, faisant que certains sont gracieusement payés sans
fournir aucun effort, alors que d’autres triment durement et sont mal payés, et que d’autres sont complètement exclus de ce
processus de distribution”, regrette enfin la LADDH dans son communiqué.
► Les points marquants, selon un rapport de la Banque Mondiale (2016) :
L’Algérie : un vaste territoire, du pétrole, et une population d’environ 39,7 millions d’habitants « économiquement gérable ». Le
taux de pauvreté modérée s’établissait à 5,5 % en 2011, dernière année pour laquelle on dispose de données officielles. Le
taux de pauvreté extrême est bien plus bas et s’élève à 0,5 %.  Mais près de 10 % de la population algérienne (soit quelque
4 millions de personnes) se trouvent dans une situation précaire et risquent de basculer de nouveau dans la pauvreté. En
cause, notamment, le chômage, qui dépassait la barre des 10 % en 2015 (11,2 % exactement). Au premier semestre de 2016,
le chômage restait encore particulièrement élevé chez les femmes (16,6 %) et les jeunes (29,9 %).
En Algérie, près de 75 % des pauvres vivent dans les zones urbaines, où ils sont employés dans le secteur informel, ou
pratiquent une agriculture de subsistance. Mais les disparités régionales sont fortes : la pauvreté est deux fois plus répandue
dans le Sahara, et trois fois plus élevée que la moyenne nationale dans la région des steppes.Tous ces facteurs, auxquels
s’ajoute aujourd’hui le bas niveau des cours pétroliers, font de la lutte contre les inégalités un défi majeur en Algérie. En effet,
les inégalités de consommation sont très élevées, avec un écart de 27,7 % entre les riches et les pauvres.

650
►Tous les indicateurs sociaux montrent que la pauvreté rurale s'étend plus rapidement que la pauvreté urbaine et que le fossé
entre le niveau de vie en zône rurale et en zône urbaine ne cesse de s'élargir. 70% de la population pauvre du pays réside à
l'heure actuelle en milieu rural et que 20% de celle-ci vit en dessous du seuil minimum de pauvreté estimé à un revenu égal à
un dollar des Etats-Unis par jour. La même étude démontre que le chômage en milieu rural est de 30% supérieur au chômage
en milieu urbain. 30 % de population rurale étaient pauvres contre 14,7 % en milieu urbain (Madr,2004). Les indicateurs sociaux
en milieu rural sont plus préoccupants qu'en milieu urbain, qu'il s'agisse de l'accès à l'eau potable, à l'éducation, à l'énergie ou
aux services de santé. L'analphabétisme touche plus le milieu rural (31% des personnes de + de 6 ans) que le milieu urbain (18
%). Le taux d'analphabétisme des femmes en milieu rural (47 %) dépasse de loin celui du milieu urbain (27%). Pour ce qui est
de la malnutrition, elle est plus élevée en milieu rural (7,8 %) qu'en milieu urbain (4,8 %). Les 177 communes les plus pauvres
(sur les 1541 communes du pays) se trouvent principalement dans les zones de montagnes, les zones de steppe et dans la
zone Sud du pays (étude MASSN-PNUD, 2001)
◙ Les contours de la pauvreté en Algérie (Chahrazed Serrab-Moussannef, 2006).
La pauvreté connaît depuis le début des années 90 un essor indéniable, concomitamment à la mise du processus de réformes
économiques. La pauvreté reste un phénomène important en Algérie où elle s’exprime, notamment, à travers un chômage
endémique qui concerne prés 30 % de la population active selon les statistiques de l’ONS (1998). Le taux de la population
active en chômage a été par ailleurs fortement grevé par les réformes structurelles qui ont touché les entreprises publiques. En
effet, les réformes, mises en oeuvre depuis le début des années 90, ont été à l’origine de 460 000 pertes d’emplois et de la

651
fermeture de plus d’un millier d’entreprises financièrement déstructurées. La définition et la mesure de la pauvreté en Algérie
sont rendues malaisées par l'absence d'études systématiques et comparables dans le temps. En effet, la pauvreté en Algérie
n’a été soumise à débat qu’en 2000, à l’occasion de la conférence d’Alger. Ainsi elle a été usitée comme une préoccupation
importante pour le pays qui a justifié la tenue de cette première Conférence Nationale de « lutte contre la pauvreté et l’exclusion
».Dans un autre document élaboré par le PNUD, il est noté qu’en Algérie une connaissance intuitive permet de relever que le
phénomène s’est accru au cours des dernières années. Dès lors, les travaux des institutions internationales ont commencé à
permettre une sorte de réhabilitation de la pauvreté (ANAT, 2000). Mais celle-ci se fait encore un peu dans l’ambiguïté; elle est
expliquée parfois comme un effet secondaire des ratés d’un système en transition, et parfois comme un effet pervers des forces
incontrôlées du marché. Dans le premier cas, elle interpelle directement le régime; dans le second, elle le libère de ses
obligations. Dans le meilleur des cas, la pauvreté est maintenant admise comme une composante de n’importe quel système
économique. Les études sur la pauvreté urbaine en Algérie tel qu'apprêtées dans la carte de la pauvreté (2002) ont permis de
dégager des consensus théoriques. La pauvreté urbaine n’est plus perçue comme un malaise particulier, mais comme une
composante organique de la structure sociale urbaine; à ce titre elle est incontournable et durable. Les zones de résidence des
ménages pauvres sont, quant à elles, des composantes organiques de la structure spatiale de la ville. Insérées dans les
espaces fragiles de la ville ou dans les quartiers organisés, elles constituent des freins au développement urbain mais se
présentent aussi avec des enjeux de redéveloppement.
Malgré les analyses croisées des indicateurs qui permettent de définir la pauvreté urbaine comme un phénomène social global,
sa perception comme situation de manque de ressources financières à court terme, s’est souvent imposée telle que l’indique la
carte de la pauvreté en Algérie. La pauvreté est alors évaluée non seulement à partir des revenus, mais aussi à partir des biens
possédés (équipements, logement, droits d’occupation du sol). Quand ces biens sont évalués à leur valeur marchande, des
niveaux de pauvreté sont automatiquement effacés.
Les enquêtes de consommation des ménages et de niveau de vie, réalisées respectivement, en 1988 et 1995 par l'ONS,
quoique posant des problèmes de comparabilité, ont néanmoins permis de dégager les grandes tendances de ce phénomène.
C'est ainsi que se basant sur leurs résultats, l'étude de la banque mondiale, réalisée en 1995 et dont les principales conclusions
sont reprises dans le rapport de la conférence nationale de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, définit les seuils de pauvreté
et les caractéristiques de la pauvreté en Algérie (1). (La pauvreté matérielle revêt 3 formes : Un seuil de pauvreté extrême,
estimé comme la somme d'argent nécessaire pour satisfaire les besoins alimentaires minimaux, équivalent à 2100 calories par
jour, soit pour 1995, 10.943 DA par an et par personne. Un seuil inférieur, tenant compte des dépenses non alimentaires et
estimé pour 1995, à 14.825 DA par an et par personne. Un seuil de pauvreté supérieur, équivalent à 18.191 DA par an et par
personne. Selon le Projet de rapport national sur le développement humain).Ainsi la mesure de la pauvreté est définie selon un
rapport du PNUD sur la pauvreté 1998, comme étant l'insuffisance de consommation alimentaire en qualité et en quantité, mais
aussi en médiocre satisfaction des besoins sociaux de base.Quant aux caractéristiques sociales des pauvres, l'étude de la
banque mondiale, évalue à 6.360.000 le nombre de pauvres en 1995, les trois seuils de pauvreté confondus, soit 22,6 % de la
population du pays. La proportion des plus pauvres est passée de 10 % à 20 % de la population entre 1988 et 1995. En 1988
comme en 1995, les populations les plus pauvres sont en majorité rurales avec respectivement, 72 % et 68 %. En 1995, la taille
moyenne des ménages pauvres est de plus de 8 personnes, alors que la taille moyenne des ménages est de 6.6 personnes.
De même 60 % des pauvres vivent dans des ménages dont le chef est sans instruction.La corrélation est également établie
entre la pauvreté et le chômage que ce soit en 1988 ou en 1995 : le chômage est en effet plus important chez les populations
défavorisées autant en zones rurales qu'en zones urbaines : 44 % en zones urbaines et 35 % en zones rurales contre 29 et 24
% chez les non pauvres, en 1988 et en 1995, 14 % contre 28 %. Il faudra pour cela près de 100.000 emplois nouveaux à créer
par an, pour prévenir seulement les tensions sur l’emploi et sans considérer les 1,7 millions de chômeurs déclarés en 1994. Par
ailleurs, le Ministère de la Solidarité et de l’Emploi annonce en 2005 dans un communiqué de presse qu’il a adopté une autre
approche de la pauvreté, en insistant sur le fait qu’il n’y a pas de pauvres en Algérie et qu’il n’ y a que des nécessiteux,
indiquant que la Banque Mondiale s’est basée dans son étude sur un vieil indicatif, selon lequel ceux qui ont moins d’un dollar
sont pauvres et qu’elle se base sur un vieil indicatif, selon lequel ceux qui ont moins d’un dollar sont pauvres. En effet le
Ministère concerné considère les démunis et nécessiteux sur la base de quatre critères : l’absence de revenus et de logement,
et le non accès aux services de la santé et à l’éducation. C’est à partir de ces quatre critères réunis qu’il identifie un pauvre et
non pas sur la base du PIB. En somme, les ressources engagées par les pouvoirs publics n’ont pas eu d’effets notables,
d’autant que le phénomène de la pauvreté en Algérie reste à notre sens mal appréhendé au regard de l’absence de
connaissances fines de ce phénomène.
► Indice synthétique du logement : un problème à l’échelle du pays. L'indice synthétique du logement participe à
l'identification des disparités par rapport à un mode d'habiter décent ; les populations vivant dans des logements précaires,
privées de l'accès aux utilités de base, sont en plus exposées au risque de maladies qui aggravent leur situation de départ déjà
défavorisée. En prenant avantage des derniers documents officiels produits en 2001, sur la carte de la pauvreté en Algérie,
leur lecture révèle qu’on est amené à se préoccuper de l'état critique des 229 communes en Algérie où les faibles taux de
branchement aux différents réseaux (eau potable, assainissement, électricité) se conjuguent aux plus fortes proportions de
logements précaires et aux taux d'occupation par pièce les plus élevés. Dans ce cas l’objectif de la lutte contre cette pauvreté
est clairement énoncé et les programmes constituent une nouvelle façon de concevoir les relations entre l’état et les masses
appauvries. Nous voilà au coeur de notre sujet, quel sens donner donc à la promotion renouvelée aux pouvoirs publics et de la
participation populaire ?

POCHES DE PAUVRETE- La facette la plus immédiate de la pauvreté urbaine s'exprime, incontestablement, par cet habitat
populaire non réglementaire des catégories sociales les plus démunies. Examiné par rapport à l'habitat des autres catégories
sociales, l'habitat populaire est un bon indicateur de pauvreté et d'exclusion. En effet, on peut aisément constater que ces îlots
informels qui défient l’urbanisme officiel, traduisent des inégalités et injustices socio spatiales. Les conditions d'habitat des
familles, le sous équipement alarmant, les difficultés de scolarisation des enfants et les faibles opportunités d’emploi sont les

652
principaux indicateurs de cette pauvreté. Ces indicateurs renforcent les processus ségrégatifs qui affectent de nombreuses
villes algériennes.

SUPERSTITIONS.- Tous les peuples de la terre véhiculent dans leur conscience collective des croyances
qui dérivent bien souvent de la tradition religieuse. La croyance au mauvais oeil, "el-ayn" comme on
l'appelle dans la tradition musulmane fait partie du patrimoine des rites de protection et d'exorcisme; La
croyance dans le "ayn" et ses effets est solidemment ancrée dans le psychique populaire. A l'instar du
fer à cheval, de la plante à cactus, la main de fatma ou autres moyens de protection ne sont rien d'autres
que des symboles imaginés par la conscience collective pour se protéger contre les effets néfastes du
mauvais oeil. L'usage du tatouage était répandu dans certaines contrées du pays, plus particulièrement
chez les auressiens qui en avaient fait une mode, voire un symbole civilisationnel. Signe de beauté pour les
femmes, expression de virilité pour les hommes, le tatouage par ses symboles demeure un domaine secret
qui remonte trés loin dans l'histoire. Les tatouages étaient utilisés en raison, d'après la croyance populaire,
de leur puissance magique et médico-magique, le peigne à carder tatoué sur le bras d'une tisseuse lui
assure la dextérité et la réussite dans les travaux de la laine, qui sont très importants dans la vie de
l'auressienne. Le scorpion est un signe, un talisman protecteur, il est censé étendre sur la femme sa
protection tutélaire la petite croix à branches égales sous le losange, placée entre les deux yeux d'un
enfant le protège ainsi que sa famille du mauvais oeil, des génies malfaisants. Il y a enfin, un motif, en
forme de roue qui protègerait celle qui le porte de toutes les tumeurs. L'origine de cette pratique du
tatouage se perd dans la nuit des temps.
Dans l'imaginaire populaire, le "mauvais sort" est symbolisé par "l'oeil". La croyance en le mauvais oeil est
établie dans la pensée musulmane. Ainsi, la"malfaisance du regard envieux" est mentionnée dans un
verset coranique. Mais l'orthodoxie fait condamner cette croyance par le Prophète. Quoiqu'il en soit,
cette superstition, universellement répandue, est antérieure à l'avenement de l'islam et reste encore vivace
en Algérie, malgré les progrès de la science, et en dépit de la rationalité. L' "atteinte par l'oeil" est
généralement obtenue par une volonté de nuire, transmise par un regard, involontaire ou non, chargé de
haine ou d'envie. De toutes les personnes soupçonnées "détenir le mauvais oeil, ce sont les femmes, bien
entendu, les femmes âgées, les célibataires et les stériles qui représentent"l'emblême". Elles sont aussi
"nocives" que les personnes "défavorisées" ou "frustrées"par la nature. Ce sont les femmes enceintes, les
enfants et, d'une manière générale, tout ce qui est"jeune" et "beau", qui en sont atteints. Les circonstances
"propices" ne manquent d'ailleurs pas : mariages, circoncisions, festivités,... La magie quant à elle, n'a pas
complètement disparu en ce sens que certains se parent d'amulettes pour se prémunir, guérir d'un mal,
pour obtenir certains faits ou pour les éviter. La "prophylaxie" et la conjuration du mauvais sort,
"nécessitent l'intervention des guérisseurs, magiciens et autres envouteurs, ainsi que la"connaissance" des
causes "directes". Et comme l'animal a de tout temps suscitait l'intérêt de l'homme, celui-ci lui a prêté ses
propres instincts primitifs et inconscients. L'araignée"tisse" pour ainsi dire le destin de l'homme; la
rencontre d'un chat noir, la nuit, est associée au mauvais sort; le corbeau est synonyme de séparation et
d'évênements malheureux. D'où l'importance de la symbolique des animaux dans le "patrimoine"des
croyances populaires. Impuissants face à certains évênements de la vie, les hommes ont toujours eu
recours aux animaux, au ciel, etc., pour conjurer le mauvais sort.

LA POLITIQUE SOCIALE

APRES-TERRORISME .- Conséquences : Plus de 20.000 logements devront être attribués aux familles
victimes du terrorisme. Près de 200.000 personnes sinistrées devront faire l'objet d'assistance économique
et sociale. Les séquelles ou les conséquences psychiques causées, directement ou indirectement par le
terrorisme, peuvent être indélébiles. Ces séquelles se manifestent bien souvent par des troubles
organiques (maladies psychosomatiques). D'autres effets ont engendré des maux réellement physiques
(maladies cardio- vasculaires). Les manifestations des séquelles sont nettement plus visibles et plus
dramatiques chez les victimes directes de ce phénomène. Pour les médecins spécialistes, les véritables
effets provoqués par le terrorisme sur les algériens apparaitront après le retour au calme dans le pays.
Beaucoup de personnes relèveront de la psychiatrie si une prise en charge sérieuse, rapide, n'est pas mise
en oeuvre. Des enfants continuent à vivre en gardant en mémoire des scènes horribles. Du coup, ils
enregistrent un retard scolaire dû, en grande partie, aux tares psychologiques qu'ils ont développées. Ces
hommes de demain, s'ils ne sont pas bien pris en charge, peuvent développer aussi, une grande violence
qu'ils feront exploser, quand ils seront adultes. Les filles violées, pour leur part, vivent leur calvaire, car
elles sont considérées, non comme des victimes mais souvent comme des coupables, parce que dans
l'inconscient collectif de la société algérienne, le viol est assimilé à une tare ou à un péché. Marquées à
jamais, elles ne disposent, elles non plus, d'aucune structure pouvant les aider à reprendre normalement
leur vie. Il est impératif que l'Etat engage concrètement une politique sociale en direction de la frange de la
population lésée par le terrorisme sans quoi la ressurgence du phénomène sera à redouter dans la
prochaine génération. C'est aussi une profonde restructuration de la société qui devra être menée pour
extirper les racines de la violence. La culture pour la paix plutôt que de la haine est à inscrire, en
premier lieu, à l'école. La propagation de la violence par l'institution éducative n'est plus à démontrer.
Les rapports entre enseignants et élèves, le contenu des programmes, les valeurs véhiculées sont autant
de niveaux d'intervention pour que la loi des armes ne soit plus la loi du plus fort dans l'inconscient des

653
générations futures. Préparer l'après-terrorisme, c'est aussi créer d'autres symboles d'identification,
porteurs de valeurs positives de respect de l'autre dans son humanité et sa différence.

CELLULES DE PROXIMITE.- Trait d'union entre pouvoirs publics et populations défavorisées et démunies,
leurs rôles semblent méconnus ou négligés par certains responsables locaux au point d'entraver voire
inhiber l'activité dévolue à ces structures. Installées en début d'année 97, les équipes pluridisciplinaires qui
les composent, vu le manque de locaux ou de moyens matériels, n'ont pu fonctionner dans leur mission.
L'équipe d'une cellule de proximité est constituée de jeunes universitaires aux profils portés sur
l'urbanisme (architectes, ingénieurs en génie civil, en hydraulique, paysagistes , dessinateurs-
projeteurs, ingénieurs en environnement et conducteurs en travaux; pour le social, on trouve une
sociologue et un médecin généraliste; pour l'économie, des économistes et des cadres financiers . Ces
structures sont exposées également au problème de statut juridique, leur rôle restant à définir (tâches et
droits). Financées dans le cadre d'un programme soutenu par la banque mondiale, les salaires ne sont
pas honorés par les pouvoirs publics, ce qui accentue les entraves à cette activité.

CITOYENNETÉ ASSASSINÉE .- □ Livres édités :


♦ Algérie. La citoyenneté impossible ? Essai de Mohamed Mebtoul. Koukou Editions, Alger/Cheraga, 2018,
216 pages. Un fil conducteur central, en partant des pratiques sociales des individus : la difficulté d'être
citoyen en Algérie. Jusqu'ici, en Algérie, on croit, encore, en haut lieu et ailleurs, que l'on naît citoyen...
alors qu'on le devient. La citoyenneté est une construction socio-politique. Elle est de l'ordre d'un «contrat»
reconnu et respecté par les différents pouvoirs à l'égard de la population. Et, selon moi, aussi, par ceux-là
mêmes qui sont et se sentent et se disent «citoyens». Donc, pour suivre l'auteur, loin d'être une notion
abstraite et spéculative, la citoyenneté se donne à lire à partir de situations précises déployées par le
citoyen. C'est ce que fait l'auteur tout au long d'une trentaine de chapitres distribués en cinq parties. A
travers différents pans de la société (sport, éducation, université, recherche, hygiène publique, santé,
travail, argent, vie politique, jeunesse, harga, hogra...). En référence aux multiples expériences sociales
des différents acteurs sociaux, il montre son absence, sa non-production, sa perversion (la citoyenneté) par
les différents pouvoirs. Pourquoi ? Car, normalisée dans un système socio-politique producteur de statu quo
: «Celui-ci reproduit à l'identique un populisme simplificateur et uniforme qui opère par déni du réel, faisant
peu cas de la complexité et de la diversité de la société». Un système (au sein duquel le pouvoir va
privilégier, depuis 1962, de façon récurrente, la violence politique comme mode d'appropriation de l'Etat...
et où le «père» est institué et désigné par la force) orphelin de toute «épaisseur» intellectuelle et politique
prônant un égalitarisme de façade ; des acteurs politiques évoquant sans cesse «le peuple», lui promettant
le bonheur, mais sans lui demander son avis. Réactions : «La société n'étant pas une cruche vide ou une
machine sociale qu'il importe de remplir de connaissances et d'attitudes, les personnes contournent en
permanence les règles prescrites par les pouvoirs, sachant pertinemment qu'elles ne sont pas respectées
par ceux-là même qui les ont produites. Elles élaborent leurs propres normes pratiques, en se retirant du
jeu politique officiel, privilégiant l'indifférence ou l'indocilité» (A. Mbembe, 1998). Résultat des courses
(sic !): une citoyenneté en «creux» qui n'accède pas à la reconnaissance sociale et politique de la
personne, un statu quo favorisant la société du «ventre», antithèse de la citoyenneté. Déprimant, non ?
L'Auteur : Fondateur de l'anthropologie de la santé en Algérie. Professeur de sociologie à l'Université Oran
2. Chercheur associé au G.r.a.s. (unité de recherche en sciences sociales et santé)
Extraits : «En réfutant, depuis1962, toute légitimité populaire qui suppose la reconnaissance et le respect
de l'Autre, et donc du citoyen, le pouvoir va privilégier de façon récurrente la violence politique comme
mode d'appropriation de l'Etat. En effet, le «père» est institué et désigné par la force, la rhétorique
populiste et la mise en scène électorale. Ce processus politique lui permet d'accéder au statut de
responsable de la Nation» (p 13) , «Les régimes arabes ont «réussi» le seul pari, celui de construire dans
l'opacité et le secret une élite politique à sens unique, composée de cercles sociaux strictement dépendants
du zaïm» (p 31), «Ce ne sont pas les personnes qui sont dépolitisées ou «inconscientes» du fait politique,
mais plutôt la pratique politique actuelle en total déphasage avec la société qui semble exiger plus de
transparence, de justice et d'exemplarité de la part des responsables politiques, produits d'appareils fermés
sur eux-mêmes, sans enracinement et proximité avec les populations» (p 39).
Avis : Une analyse sans complaisance (assez engagée ?) du système politique algérien et de la société. A
(très bien) lire... absolument... pour enfin se réveiller du statu quo, ce «si doux cauchemar»... tout en
sachant que ce n'est pas «demain la veille» que nos «maladies» disparaîtront. Trop tard ? De plus, nous
manquent des issues... au moins de «secours». Citations : «La dignité est une forme sociale d'existence qui
redonne sens à la personne pouvant exprimer, dans l'espace public, sa joie, ses frustrations et ses espoirs»
(p 27) , «L'incorporation du culte du secret est un élément invariant et structurel, indissociable du
fonctionnement du politique en Algérie» (p 48), «La force des savoirs, c'est-à-dire leur ancrage profond
dans la société, est intrinsèquement liée à la liberté de penser, qui représente la valeur centrale devant
être inculquée dès le plus jeune âge, pour se prémunir de l'enfermement, de l'instrumentalisation et de
l'endoctrinement» (p 68) , «L'usage inconsidéré du verbe permet de s'inscrire dans l'inversion. User du
verbe permet de s'approprier le pouvoir de dire... La magie du verbe devient une inversion de la
compétence de fait, qui consiste à montrer discrètement sur le terrain ses capacités, son savoir-faire et son
savoir-être» (p 148), «Faire semblant» n'est pas seulement une tactique ou une simple stratégie d'acteurs
en mal d'ambitions, mais imprègne profondément le mode de fonctionnement de la société » (p 151) , «La
non-citoyenneté se traduit pat une auto-culpabilisation collective face à des situations d'incivisme,

654
d'hygiène publique ou de retrait de l'espace dit «public» (p 201)
♦ Les fossoyeurs de ton idéal. Les assassins de mon époux. Récit de Zoulikha Fardeheb (Préface de
Hassan Remaoun et biographie de Hassan Remaoun et Benabou Senouci). Inas Editions, Alger, 2014 ?
2015? (date d'édition non précisée), 215 pages
26 septembre 1994 au matin, Abderrahmane Fardeheb, 50 ans à peine, professeur d'économie à
l'Université d'Oran, père de deux enfants dont un garçon, Mourad, âgé de 8 ans, est assassiné à la sortie
du domicile familial, Cité Grande -Terre à Oran. Sous les yeux de sa fille, alors âgée de 17 ans (elle devait
être déposée au lycée). Assassiné par un jeune terroriste islamiste. Son «tort» : une vie militante d'abord
au sein de l'Unea, puis du Pags (clandestin)... délégué syndical au sein de l'Ugta... bref, un homme de
progrès engagé pour la justice sociale et partisan des causes justes de par le monde, féru de principes
républicains, et aimant passionnément son pays. Surnommé l'«incorrigible utopiste» car veillant au bonheur
des autres, rêvant d'abolir la «hogra», combattant la condamnation de l'autre pour ses idées ou son
appartenance... Un «Chouyouii», un communiste, un homme qui dérangeait... Donc, naturellement surveillé
(et parfois recherché) en permanence par les services de sécurité... mais aussi, et surtout, devenu une
cible pour le terrorisme de ceux qui instrumentalisaient l'Islam. Comme bien d'autres intellectuels,
enseignant(e)s, artistes, journalistes, imams, policier(e)s, militaires, magistrats, fonctionnaires ... Toutes
les élites étaient visées. Tous ceux qui avaient... un cartable, une cravate, des lunettes de vue, un
uniforme, un stylo... La suite est un autre cauchemar pour la veuve et ses enfants : la peur et la méfiance,
la douleur, le déménagement (mais aussi le soutien des amis et de la famille), puis le grand départ vers
l'inconnu... l'exil contraignant... les difficultés (et les facilités apportées par les amis) rencontrées lors de la
nouvelle installation... la nostalgie... les interrogations des enfants et des petits-enfants, la recherche d'un
nouvel équilibre et, toujours, l'Algérie au cœur des préoccupations et des discussions, le terrorisme ne
s'étant pas arrêté (100, 200, 300.000 morts et blessés... et des centaines de milliers de traumatisés pour la
vie )... mais toujours le souvenir douloureux d'avoir perdu l'être cher... et la volonté de défendre une
Histoire qui dénonce les crimes «pour que nul n'ignore» ou n'oublie.
L'Auteur : Epouse et veuve de Abderrahmane Fardeheb. Professeure de langue française au collège, à
Oran, de 1973 à septembre 1994. Elle vit en France avec ses enfants et y enseigne depuis décembre 1994.
Extraits : «A sa mort, Abderrahmane avait cinquante ans et le monde où nous vivons était en période de
transformation rapide ; et il l'est encore plus aujourd'hui, plus de vingt ans après sa mort (Hassan Remaoun
et Benabou Senouci, p. 14), «De façon prémonitoire et moins d'une semaine avant sa mort, il terminait sa
contribution sur «le difficile passage à l‘économie de marché» qui sera publiée quelques années plus tard
(Casbah Editions, Alger 2000) dans «L'Algérie , histoire, société et culture», avec cette dédicace : «A
toutes celles et tous ceux morts pour la République» (Hassan Remaoun et Benabou Senouci, p. 15). «Oran
m'appelle, Oran me manque… Et puis... par-dessus tout, ce qui me manque le plus, c'est... toi» (p. 153)
Avis : Un texte mélangeant prose et poésie. Une écriture simple mais de grande qualité, chaque mot étant à
sa place. De la douleur, de la souffrance, de l'amour, de la tristesse et de l'émotion plein les pages, toutes
les pages !... l'exil forcé n'ayant pas arrangé les choses. Citations : «Nos jeunes sauront d'où vient le vent
qui murmure la solution» (A. Fardeheb, p.64), «C‘est le destin des enfants / De ces hommes éternellement
blessés/ Qu'on désigne pourtant du nom farouche de révolutionnaires/ De naître à moitié orphelins...»
(p.47), «La gangrène est telle que nous oublions les gestes rassurants et réconfortants. Les marques de
sympathie concrètes, régulières, nombreuses. Les visites sincères à ceux qui vivent dans le chagrin le plus
profond...
Les soupçons devenaient un rite et la méfiance jouait un rôle mesquin et honteux» (59), «On ne meurt
jamais totalement, une partie de nous continue à exister. Il ne tient qu'aux vivants de la perpétuer par la
mémoire et l'exemple» (p.81), «Le devoir de mémoire doit s'inscrire dans le temps. L'histoire doit être
l'antidote de l'amnésie. Elle devra comptabiliser les crimes, les dénoncer, les décrire et ne rien ignorer»
(p.186)
♦ Occupy. Essai de Noam Chomsky (traduit de l'anglais par Myriam Denneby). Editions Média Plus,
Constantine 2013, 114 pages.
Beaucoup (dans les pays développés) pensent que la crise économique mondiale, qui a commencé en 2008,
est en voie d'être résolue. Mais peu savent que la crise est profonde, qu'elle n'est pas simplement due à un
gouvernement donné ou à une institution particulière, mais «est plutôt celle d'un système». D'autant que les
sociétés occidentales contemporaines voient s'affronter trois types de forces : Celles, encore dominantes,
qui pensent que la crise est passagère ou au moins gérable ; celles qui, avec Chomsky et (le mouvement)
«Occupy (Wall Street)» cherchent un dépassement du système capitaliste, s'inscrivant dans le
prolongement de la vision émancipatrice des Lumières ; et celles qui adoptent une attitude «réactionnaire»
face à la dite crise des valeurs... Que dire alors
de ce que pensent les citoyens des pays en développement qui subissent les effets de la crise toujours bien
après, mais bien plus gravement et bien plus durablement.
Mouvement anarchiste, «Occupy» ? Tout simplement porteur agissant et très actif de revendications
largement partagées par la société civile. En temps de crise économique : indignation face aux inégalités,
aux magouilles des institutions financières, à la complicité de l'Etat qui (aux Etats-Unis) est venu à la
rescousse des responsables de la crise et leur a permis d'en sortir, plus riches et plus puissants que
jamais, tandis que les victimes ont été abandonnées à leur sort. Des revendications très concrètes! Objectif
: générer un élan de solidarité... élan qui fait cruellement défaut à une société atomisée.
En fin d'ouvrage, un hommage est rendu à un grand enseignant et historien américain engagé, Howard

655
Zinn, aujourd'hui décédé... un historien dont le principal souci, c'était «la multitude de petits gestes
anonymes» qui, bout à bout, font «ces grands moments» qui entreront dans les annales de l'histoire.
L'«Histoire d'en bas» ! Auteur à succès, en 2003, d'une «Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos
jours»
L'Auteur : Théoricien américain du langage connu pour ses travaux dans le champ de la linguistique,
philosophe et analyste, infatigable militant politique pour la démocratie, la liberté et le libre-arbitre.
Plusieurs ouvrages et auteur parmi les plus cités au monde. 1998 : Prix de Kyoto en sciences
fondamentales. Soutien du mouvement «Occupy» dès ses débuts. Extraits : «Autrefois, les membres du
Congrès qui briguaient un poste honorifique étaient généralement récompensés à l'ancienneté ou au mérite.
Désormais... ils en sont réduits à monnayer leurs promotions et puisent à pleines mains dans les caisses du
secteur financier» (p.29), «A Washington, on ne parle que du déficit. Or, les citoyens se contrefichent du
déficit : pour eux, le véritable problème, c'est le chômage» (p.30).
Avis : Pour comprendre (sauf pour les «anars», pour apprendre... pour participer à la transformation du
monde (et de sa société) de manière démocratique et constructive. Ouvrage dédié aux 6 705 personnes qui
ont été arrêtées pour avoir soutenu «Occupy»... et aux 80 premières personnes arrêtées alors qu'elles
marchaient dans New York le 24 septembre 2011.
Citations : «Qui dit concentration des richesses dit concentration du pouvoir politique. Celle-ci, à son tour,
amène à promouvoir des mesures qui ne font que conforter cette tendance» (p.28), «Il y a cent ans, en
Grande Bretagne et aux Etats-Unis, nations qui étaient alors les plus libres du monde, les classes
dirigeantes ont compris qu'elles ne pourraient plus contrôler le peuple par la force... C'est alors qu'on a
inventé les relations publiques» (pp 42-43) , «Eduquer les citoyens, ce n'est pas simplement leur dicter ce
qu'ils doivent penser : c'est les amener à faire leur propre apprentissage» (p 44), «Comprendre, c'est
apprendre. Et l'apprentissage se fait par la participation» (p 45), «L'essentiel, c'est de lancer des
propositions, de formuler des idées, sans qu'elles fassent forcément consensus» (p.45) «En période de
récession, on a besoin de croissance, pas d'austérité» (p 65) , «A propos de la collusion entre les milieux
financiers et politiques, je citerai le sénateur Mark Hanna. Quand on lui demandait ce qui importait le plus
en politique, il répondait : «Premièrement : l'argent ; deuxièmement : l'argent ; troisièmement : j'ai oublié».
C'était il y a près de cent ans. Depuis, la situation ne s'est pas arrangée» (p.84), «Ce n'est pas l'argent qui
manque, mais la production réelle» (p 88), «Ceux qui font les frais de cette économie-casino, ce ne sont
pas les riches et les puissants, mais les 99 % restants» (p.89)
P.S.- : Ces derniers mois, nous avons assisté, par journal interposé (un quotidien algérois) à un véritable
crêpage de chignons entre deux de nos intellectuels... Tout cela à propos du contenu d'un ouvrage (édité à
l'étranger) sur le Mouvement national, signé d'un troisième homme, celui-ci un chercheur français. Mise au
point, réponse, re-mise au point, re-réponse.... On en est vite arrivé à oublier le sujet qui a fâché, pour
nous abreuver de textes toujours bien «torchés» par l'un et par l'autre, chacun défendant son engagement
en matière de recherche... et la solidité de sa carrière, mais écrits lassant en fin de compte... car, montrant
tout simplement, tout bêtement, les «errements» presqu'égotiques de ceux qui sont bien plus sensibles aux
critiques de leurs pairs (qui les jalousent, peut-être, ou les envient, ou les méprisent ou leur en veulent ou
ne les aiment pas...ou....ou...) qu'au mépris affiché à leur endroit par les décideurs du moment... et qu'à
l'indifférence du grand public... qui, bien souvent, ne sait même pas qui sont ces «gens-là». Bien sûr, cela
fait l'«affaire» des directeurs de publication (presse écrite, sites et télés) en recherche de «matière» et de
«signatures» - ce qui a entraîné la «naissance» d'une foule d'«experts» et de «spécialistes en tout» qui
«tirent sur tout ce qui bouge» - mais cela ne manque pas, à moyen et long termes, d'obérer la crédibilité de
la presse. Idem pour les «fake news». Une polémique, ça passe, deux, ça lasse, trois, ça casse ! □
B. AHCENE-DJABALLAH (Le Quotidien d'Oran, 10.05.18)

PLANIFICATION FAMILIALE.- Dans un pays où la croissance démographique atteint un taux effarant, il


est absurde de constater la légèreté avec laquelle la politique de la planification familiale est prise en
considération. Des moyens de contraception dérisoires. Indisponibilité aussi bien des produits
médicamenteux que des appareils, tels les stérilets. Ainsi, les officines n'ont pas été pourvues en stérilets,
toutes marques confondues, depuis environ plusieurs années. La pilule contraceptive a quitté les étals
pharmaceutiques depuis quelques temps. N'est-il pas irresponsable de traiter ce genre de produits vitaux
avec le même mépris que les autres médicaments? Et quand elles viennent à être disponibles, les boites de
pilules sont cédées au prix fort.

PRESSION SOCIALE .- Les acquis nombreux et importants réalisés dans divers domaines tels que
l'éducation, la santé ou l'emploi n'ont pas réussi pour autant à combler les inégalités au sein de la société.
L'extension considérable des besoins sociaux a constitué par ailleurs une contrainte incontournable.
Quelques indicateurs suffisent pour décrire les défis à relever :
■ + 700 000 enfants à scolariser chaque année
■ + 250 000 nouveaux demandeurs d'emploi annuellement
■ +110 000 logements à construire annuellement pour stabiliser le taux actuel.
■ + 800 000 naissances annuellement.
Ce sont autant de pressions exercées par la demande sociale, alors que l'appareil productif est pour le
moins peu performant, utilisé à moins de 50% de ses capacités. Ces pressions vont se traduire dans la
pratique par une série d'exclusions et différentes formes de discrimination.

656
LA POPULATION

ALGERIENS EN FRANCE.- De nouvelles données ont modifié la structure et la composante de la


communauté algérienne en France. Le regroupement familial, le rajeunissement (45% ont moins de 25 ans)
et la sédentarisation font que le retour au pays devient de plus en plus hypothétique. Le nouveau flux
d'expatriés (journalistes, écrivains, enseignants, cadres supérieurs) qui ont de plus grandes chances de
réussir leur intégration en France et ailleurs, favorise cette nouvelle diaspora et rend urgent l'établissement
d'un cordon ombilical ne serait-ce que pour la préservation des droits et afin d'éviter tout risque de
déculturation. Les jeunes algériens sont confrontés à des problèmes complexes. Aux prises avec un
environnement hostile et avec la xénophobie qui avance à grands pas, les atteintes aux droits sociaux et
les risques de perte de repères identitaires s'accentuent, l'exclusion devenant l'issue fatale.
Auparavant, les rapports de domination étaient vécus dans le travail de l'immigré. Aujourd'hui, les étrangers
sont dominés dans ce qu'ils sont, dans la construction de leur identité. Ils sont parfois intégrés
culturellement, mais exclus socialement et économiquement. Les exclus ne rencontrent plus les autres. Ils
n'ont plus de contact que par les clochards, les SDF et par la télévision. Du coup, les quartiers "difficiles"
sont perçus comme pathologiques. La crise vécue, c'est à cause de l'autre. Idem pour le chômage. Il gêne,
il trouble, il culpabilise par sa seule présence anonyme. Il est devenu, bien malgré lui, un enjeu politique de
taille, surtout depuis l'abandon du mythe du retour au pays natal, la nouvelle génération s'installant dans la
durée. Dans un contexte pollué par un parti qui prone le racisme, l'antisémitisme et flirte avec les
falsifications de l'histoire faisant des étrangers les principaux responsables de la crise que vit la société
Française, les légères modifications à la loi sur l'immigration et sur le code de la nationalité ne portent que
sur la durée de rétention administrative ramenée de 14 à 12 jours. Les quelques changements apportés à la
règlementation sont :♦ le certificat d'hébergement est supprimé.
♦ l'étranger marié depuis moins d'un an avec une Française obtient une carte de séjour temporaire.
♦ s'il a des liens en France, l'étranger peut obtenir un titre temporaire.
♦ l'étranger impossible à soigner chez lui peut obtenir une carte de séjour temporaire.
♦ le chercheur et l'universitaire peut obtenir une carte de séjour temporaire.
♦ s'il est persécuté chez lui, même en dehors de l'Etat, l'étranger peut obtenir l'asile territorial.
♦ la carte de résident est obtenue 2 ans après le mariage au lieu d'un an auparavant.
♦ le retraité peut circuler comme il l'entend.
♦ parents et conjoints ne peuvent plus être poursuivis s'ils aident un étranger.
♦ le regroupement familial n'est plus refusé au smicard
♦ plus d'interdiction de procéder à un regroupement partiel familial.
♦ le visa de sortie pour quitter la France est supprimé.
♦ l'enfant né en France est automatiquement français à l'âge de 18 ans, sauf s'il le refuse.
♦ les motivations de refus de visa doivent être faites par les consulats si le demandeur est parent ou
conjoint de Français.
► "Pas moins de 1.868.210 d’Algériens sont immatriculés auprès des différents consulats de notre pays", a
révélé l’ambassadeur d’Algérie en France, Amar Bendjama (Novembre 2015). "Cette immatriculation
consulaire ne reflète pas réellement le véritable poids démographique des Algériens en France car
beaucoup de nos compatriotes ne se rapprochent pas de nos consulats pour signaler leur installation sur le
territoire français."

COLONISATION DE PEUPLEMENT .- L'expédition d'Alger (juin 1830) qui visait à remplacer la suzeraineté
turque sur l'Algérie par la suzeraineté française, fait place à une guerre de conquête entre la France et
l'Etat algérien, esquissé par l'émir Abdelkader en Oranie. Les environs d'Alger sont pacifiés dès 1830, le
Constantinois à partir de 1837, l'Oranie seulement à partir de 1847 (reddition de l'émir Abdelkader). Il faut
attendre 1857 pour la Grande Kabylie, 1865 pour l'Atlas Saharien et les oasis du sahara septentrional, et
même le début du XXème siècle pour les confins sahariens. En fait, la date fondamentale est 1871, qui
marque l'échec de l'importante révolte de Mokrani et du cheikh el Haddad et l'effacement des
administrations militaires devant le régime civil (sauf pour les territoires du sud): le parti des colons
triomphe et va désormais imposer sa politique. Par sa brutalité, la conquête affecte gravement le tissu
tribal, tant par l'importance du nombre des victimes (estimé à plusieurs centaines de milliers) que par les
destructions de biens matériels. La population autochtone était estimée à 3 millions d'habitants au début du
XIXème siècle, rurale à 95%. En 1833, il n'y a que 4000 français en Algérie, et pourtant, la France opte
pour une colonisation de peuplement, d'entrée de jeu. Mais les candidats à la colonisation sont trés rares,
d'autant plus que les premières installations de villages se font dans des conditions dramatiques : dans
plusieurs régions la première génération d'émigrants est décimée par les maladies (jusqu'en 1856, la
mortalité des Européens installés en Algérie l'emporte sur leur natalité. On ira même jusqu'à pratiquer la
colonisation forcée (assignation à résidence en Algérie, déportation d'opposants, en particulier en 1852 et
1871). En 1872, il y a à peine 130 000 français et 115 000 autres européens. Face à cette pénurie, la
France opte pour une politique de naturalisation massive des étrangers. En 1898, sur 621000 non-
musulmans on comptait: 135000 Français venus de France, 140000 Français nés en Algérie (y compris les
Israélites assimilés aux Français), 109000 Français naturalisés, 237000 autres européens (principalement
espagnols). On peut donc estimer à moins de 1/3 le nombre de Français de souche vivant en Algérie en
1900. Cette politique de naturalisation sera systématiquement poursuivie jusqu'en 1954. Le rôle de
l'immigration s'estompant progressivement, l'échec de la politique de peuplement colonial s'avèrera patent

657
si l'on compare, entre 1921 et 1954, le croît absolu de la population européenne à celui de la population
algérienne : ce dernier est 18 fois supérieur. L'originalité de la colonisation en Algérie était de vouloir être
une colonisation agricole. Exportant des paysans surnuméraires de ses campagnes, elle s'appuie sur la
création de périmètres et de villages, installés avec l'aide de l'Etat sur des terres obtenus par droit de
conquete. De 1860 à 1900, le reflux vers les villes se développe (en 1900 les 2/3 des Européens vivent en
ville): la colonisation est désormais une colonisation agraire spéculative. Après 1900, le processus
s'accélère et à partir de 1920, la colonisation s'appuie en fait sur des activités et des revenus urbains
(commerce, administration, services, artisanat et petite industrie).
Peu avant 1930, il n'y avait plus que 70.000 propriétaires pour 2,4 millions d'ha possédées par les colons
(soit une moyenne de 35 ha par propriété, et sans doute beaucoup plus par exploitation). En 1954, 80% au
moins de la population européenne est installée en ville. Ce mouvement d'urbanisation de l'élément
européen s'accompagne également d'un rapide processus d'urbanisation de la population musulmane qui se
substitue au fur et à mesure aux colons des villages, puis des petites agglomérations, et, en phase finale
investit les grandes villes à la recherche de travail; en 1954, les villes comptent 1430 000 Algériens pour
769000 Européens. Le rapport urbain en 1906 indiquait que les Européens (440000) étaient plus nombreux
que les Algériens (340000).
L'Algérie de 1954 est un pays trés peu urbanisé : 2 ,2 millions de citadins environ (dont 760.000
Européens) sur 9,5 millions d'habitants, soit un taux voisin de 23%. La plupart des villes sont situées sur le
littoral. Les villages de colonisation sont dans leur majorité depuis longtemps désertés par les Européens.
L'échec du projet de peuplement a provoqué une différenciation sociale trés rapide de la population
européenne :◘ l'image de marque de la colonisation était donnée par une formation minoritaire assez
aisée et constituée de grands agrariens, riches commerçants dans l'import-export, industriels, armateurs et
banquiers.
◘ un niveau de vie médiocre dans la majorité d'un peuplement colonial formée de petits colons
besogneux, artisans-commerçants, fonctionnaires, employés, ouvriers d'industrie, ...
La différenciation sociale dans la société algérienne devint plus marquée dans la mesure où le système lui-
même valorise les privilèges des notables locaux pour tenter une possible assimilation. Cet échec de
l'assimilation et de l'intégration économique en provoquant une destructuration des sociétés a pulvérisé le
milieu algérien en une série de classes sociales différenciées, et elles aussi, trés contrastées. La
colonisation avait secrété une bourgeoisie fonçière algérienne, souvent citadine, par rachat des terres dans
les périmètres, rachats qui lui ont souvent permis d'obtenir à son tour en ville d'importantes situations dans
le commerce et d'une manière générale les échanges, aux côtés d'une bourgeoisie citadine traditionnelle
maintenant avec plus au moins de bonheur ses acquis antérieurs. A l'opposé, une double mutation s'est
produite :
◙ tout d'abord, les grandes familles les plus défavorisées des systèmes autarciques se sont transformées
en un prolétariat agricole gravitant autour des exploitations coloniales.
◙ par la suite, certaines grandes familles médiocrement dotées en terres, incapables de tenir tete dans la
lutte inégale qui les opposait aux colons, ont du abandonner leurs exploitations agricoles, alimentant le
gros de l'exode rural vers les villes, elles sont à l'origine de la création d'un sous-prolétariat urbain qui
s'est considérablement renforcé dans les dernières années de la colonisation.
Entre ces deux extrêmes dont l'écart moyen de revenus va de 1 à 10, la paysannerie, qui forme l'essentiel
de la population, est loin d'être homogène :
■ une minorité de grandes familles, dotées d'une assise foncière plus conséquente, ont pu continuer à
satisfaire leurs besoins, mais, fréquemment, elles ont dû développer d'autres ressources.
■ une majorité complète les ressources de ses terres par des revenus extra-agricoles importants
(émigration, fonction publique, chantiers, travail saisonnier dans les domaines coloniaux, ...).
En s'organisant sur la base d'un dualisme, en le renforçant progressivement du fait de l'échec de sa
politique de peuplement et d'assimilation, la colonisation française ne pouvait déboucher que sur un conflit
violent, qui aboutira au départ de 95% des Européens en 1962. De cette guerre aux multiples
conséquences, il faut en retenir deux :
● En plus d'un million de morts, la déstabilisation de la population algérienne est trés profonde car près de
3 millions de personnes ont été déplacées dans le cadre de la politique des regroupements et des
resserrements.
● Le départ des colons laisse des terres vacantes avec des ouvriers algériens agricoles sans formation,
une situation de l'industrie paralysée et celle des infrastructures détériorée.
C'est donc, au terme de 132 années de colonisation, un espace d'une prodigieuse diversité et une société
profondément traumatisée que le nouvel Etat algérien devra réorganiser selon ses propres objectifs.

CONSEQUENCES DEMOGRAPHIQUES .- Les Algériens seront 44 millions en l'an 2020, contre 28 millions
en 1996, soit 16 millions de plus en 24 ans. Depuis l'indépendance du pays en 1962 et la politique nataliste
des régimes précédents, 800.000 naissances ont été enregistrées par an, contre 160.000 décès. Malgré
la chute de son taux de croissance à près de 2%, la population estimée à plus de 28 millions d'habitants, a
doublé en 30 ans. Elle atteindra selon une hypothèse démographique modérée, 31 millions d'habitants en
l'an 2000, 34 millions en l'an 2005 et 42,5 millions à l'horizon 2010. En 1996, 55% de la population a
moins de 20 ans, mais ce taux pourrait passer à 50% durant les prochaines années.Cependant, en
raison de l'amélioration du niveau de vie mais également d'une crise de logement sans précédent, le taux
de fécondité des femmes est passé de sept enfants par femme en 1977 à quatre en 1990 et trois en 1992.

658
Les statistiques montrent également que 57% des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans utilisent des
moyens contraceptifs en milieu urbain. En milieu rural, ce taux est de 44%. Le taux de natalité, estimé à
2,8%, ira en s'abaissant au courant des prochaines années en raison de l'augmentation de
l'utilisation des contraceptifs et du recul de l'âge du mariage, du essentiellement à la crise du logement,
dans un pays où, traditionnellement, les mariages sont précoces. L'examen de l'évolution passée et récente
de la population algérienne a montré des signes évidents de "murissement", signes amorcés
essentiellement à partir de la décennie 1980 (baisse du taux de fécondité et abaissement de la proportion
des jeunes). Ces tendances lourdes vont, sans aucun doute, se perpétuer et faire sentir à l'avenir leurs
impacts surtout que le contexte social actuel est jugé assez "défavorable", c'est ainsi :
● qu'au plan de l'emploi, le taux de création de nouveaux postes de travail est assez moyen, à peine
135.000 emplois en 1995 face à une demande additionnelle de 280.000 personnes. Le fléau du chômage
touche essentiellement les jeunes, les primo-demandeurs : les personnes agées de moins de 30 ans
constituent 80% du total, et les 16-19 ans en représentent 66%.
● qu'au plan de la consommation, il est relevé, entre 1989 et 1994, une baisse significative de la
consommation des ménages ; la baisse de pouvoir d'achat a été estimée à 15% pour les non salariés et à
7% pour les salariés. Les disparités dans la répartition de la consommation des ménages sont encore très
prononcées : selon l'enquête de 1988, 20% de la population accèdent seulement à près de 4% de la
consommation totale alors que les 10% se réservent 32% de la consommation. En l'absence de réformes
profondes, la facture alimentaire s'élèverait à 3,5 milliards de $ US, selon un taux de croissance de la
demande de 4 à 5% par an. En outre, à long terme la couverture des besoins alimentaires va nécessiter,
entre autres mesures, une augmentation substantielle des superficies irriguées de près de 680.000 ha, ce
qui exigera une mobilisation additionnelle de 4,9 milliards de m3 d'eau, pour atteindre en 2025 plus de 1
million d'ha en irrigué. Les besoins en eau pour l'AEP sont estimés à 2,2 milliards de m3 à l'horizon 2010 et
à 3,8 milliards de m3 en 2025 ; pour cette dernière échéance, ces besoins importants exigent le recours
aux ressources en eaux non conventionnelles, et aux transferts inter-régionaux.
● qu'au plan de la santé, le contexte actuel se distingue par la régression des indicateurs liés à l'état de
santé des populations ; ils se manifestent par un taux de mortalité ayant tendance à s'accroitre, 5,5% en
1992 contre 4,25% en 1990 (réapparition de certaines maladies éradiquées auparavant)du fait des
difficultés structurelles et organisationnelles et d'une détérioration de la qualité des prestations de soins.
● qu'au plan du logement, la résorption du déficit actuel et la prise en charge de la demande additionnelle
nécessitent la construction de plus de 2 millions d'unités sur les 5 années à venir, et ceci, sans compter
les 800.000 logements à réhabiliter. ● qu'au
plan de l'éducation-formation, il est enregistré des résultats en nette régression qui s'illustrent par
d'importants taux de déperdition.

EMIGRATION.- l'émigration algérienne a toujours été marginalisée malgré qu'elle ait assuré une présence
active à tous les moments forts de l'histoire de l'Algérie. Elle a été exclue pour participer pleinement au
développement économique et à l'édification d'une société démocratique en Algérie. Depuis une décennie,
dans les pays d'accueil en pleine mutation technologique et culturelle, la composition sociologique et les
conditions économiques de l'émigration algérienne ont considérablement évolué. L'émergence d'une
nouvelle génération dite "beur", cultivant des rapports de distantation avec le pays d'origine sans toutefois
les rompre définitivement, recommande une nouvelle approche du problème. L'Algérie doit gagner en sa
faveur tout ce potentiel humain, intellectuel et financier, en créant les conditions nécessaires à cette
politique institutionnelle, économique, et culturelle. Les problèmes vécus par les sociétés des pays
d'accueil en liaison avec les restructurations industrielles, la mondialisation et les délocalisations touchent
particulièrement la communauté algérienne, car l'exclusion atteint d'abord l'étranger désigné comme bouc
émissaire. Les nombreuses étapes de l'évolution contemporaine qui ont marqué la communauté algérienne
établie à l'étranger la rendent aujourd'hui différente tant dans sa structure et sa croissance démographique,
dans son statut juridique que dans l'expression nouvelle de ses besoins et de ses projets, l'érigeant en
enjeu de taille.
Un certain nombre de données nouvelles ont modifié la structure et la composante de la communauté
algérienne telles que connues jusqu'alors ces dernières années. Il y a d'abord le phénomène de la
sédentarisation et le regroupement familial qui ont induit une structure d'âge marquée par un
rajeunissement profond, puisque plus de 45% ont moins de 25 ans. Par ailleurs, la situation difficile que vit
le pays a poussé une nouvelle catégorie de citoyens à partir. Ce flux concerne en grande partie les
intellectuels (journalistes, écrivains, cadres de l'administration et des entreprises,...) marquant ainsi un
mouvement important de fuite des compétences nationales. Le changement qui s'est opéré dans le profil
des personnes quittant le pays a conduit à l'abandon du mythe du retour tant au niveau du pays d'accueil
qu'au niveau du pays d'origine. Car il est devenu évident que cette catégorie d'intellectuels avait toutes les
chances de réussir son intégration. La conception selon laquelle l'émigration est temporaire et qu'il
convenait de préparer les conditions de son retour au pays n'a pas tardé à être abandonnée. D'un côté, la
sédentarisation et le regroupement familial ont fait que la majorité des familles ne songent pas à retourner
au pays, surtout avec l'apparition d'une deuxième génération née ou ayant grandi en France ou dans
d'autres pays. D'un autre côté, la situation économique en Algérie caractérisée par une crise aiguë ces
dernières années n'incitait guère au retour. Il devenait par conséquent urgent de renforcer les attaches de
la communauté algérienne à l'étranger avec son pays dans la perspective de préservation de ses droits et
afin d'éviter les risques de déculturation. Un certain nombre d'initiatives ont été prises dans ce sens

659
comme l'organisation des premières assises de l'émigration en 1995 et la création, d'un secrétariat d'Etat à
l'émigration après les élections présidentielles. Cependant, le débat a montré l'ampleur des problèmes qui
se posent encore comme les difficultés dans les moyens de communication, la prise en charge des aspects
ayant trait à la pratique religieuse dans les pays d'accueil, pour soustraire la communauté algérienne à
certains courants extrémistes . Les possibilités importantes ouvertes par une nouvelle approche
économique peut donner lieu à une contribution de cette communauté émigrée, comme l'investissement en
général. Le transfert de savoir faire et de la technologie par les algériens vivants à l'étranger peut être
extrêmement bénéfique au pays.
► Relation avec l’émigration  : Après l’indépendance des trois pays nord-africains, «la Tunisie sera le pays qui suivra le mieux sa
communauté expatriée. Bourguiba facilitera les allers et retours et encouragera les investissements de fonds émanant de France. Le contact
permanent avec l’extérieur maintenu à travers le tourisme confère à l’émigré l’image d’un acteur plutôt bien vu dans le pays et utile à la
promotion nationale».
L’encouragement à l’émigration sera entrepris avec une rigueur et une arrière-pensée politique qui ne seront jamais démenties. C’était à la
fois une nécessité sociale et une soupape de sécurité politique. Commença alors une programmation méthodique de quotas répartis entre des
pays comme la Belgique, la Hollande, l’Allemagne et, plus tard, le Canada. L’émigration, déjà bien établie en France, va
bondir après l’indépendance dans la foulée des Trente Glorieuses.Plus tard, les regroupements familiaux
dessinent progressivement un autre type de migration avec la féminisation et la naissance sur le sol
français de la deuxième génération, c’est l’avènement des binationaux avec lesquels l’Algérie ne parviendra
jamais à trouver un point d’équilibre.«Alors que le président Boudiaf avait donné son accord pour une prise
de contact avec l’émigration pour étudier les formes les plus indiquées de son intégration dans le
développement national, Bouteflika opposera un refus catégorique au motif que ces gens ‘‘ne sont pas
contrôlables’’», dira Saïd Sadi (RCD). «L’Algérie peine à s’accommoder avec ses binationaux que la
dernière révision de la Constitution assigne à un statut de citoyens suspects en leur interdisant l’accès à
des postes de responsabilité jugés sensibles. C’est une appréhension générale du système algérien». Saïd
Sadi illustre son propos par des événements qui se sont déroulés en 1990, alors que le RCD gérait l’APW
de Tizi Ouzou  : «Nous avions élaboré une étude destinée à mettre sur pied une banque dédiée au drainage
et à la mise en valeur des avoirs financiers des émigrés, qui avait été finalisée et l’installation de la
Financière de Kabylie allait voir le jour. Quelques semaines plus tard, Ali Benouari, ministre du Trésor,
m’annonce que le projet est bloqué par une décision qui... dépasse le gouvernement.» □

(*) Saïd Sadi à Montréal : «L’Algérie a toujours eu un problème avec ses binationaux», ElWatan (16.04.18)

JEUNESSE.-Que devient le projet de création du Conseil Supérieur de la Jeunesse ? La création d’un


Conseil Supérieur de la Jeunesse annoncée par le Président de la république en 2016 à l’occasion, du
54ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et publié dans le journal officiel d’avril 2017, tarde à voir
le jour. Pourtant, tout a été fixé dans le décret exécutif présidentiel d’avril 2017 : la composition,
l’organisation et le fonctionnement du CSJ. Le texte stipule que « siègeront au sein du Conseil 172
membres dont 96 jeunes issus des 48 wilayas avec une parité entre femmes et hommes, et doté aussi d’une
autonomie financière ». Cette institution comme décrite dans le même décret exécutif, est censée formuler
des avis et des recommandations au sujet des questions relatives aux besoins de la jeunesse ainsi qu’à son
épanouissement dans les domaines économique, social, culturel et sportif, de contribuer à la promotion au
sein de la jeunesse, des valeurs nationales, de la conscience patriotique, de l’esprit civique et de la
solidarité sociale. Cependant, il faut dire, qu’au moment où il y a urgence de prendre en charge et
encadrer la jeunesse, livrée à elle-même et confrontée à moult maux : chômage, immigration clandestine
(Harga), mal-vivre…etc. Dont le dernier exemple en vue, est celui de la mort d’un migrant algérien en
Espagne, qui a été maltraité par les autorités espagnoles, et la liste est longue. Il s’avère que, les discours
politiques vantant l’importance de cette frange écrasante de la société algérienne, sont aux antipodes de la
réalité et de ce qui est fait sur le terrain. Et même si on considère que la conjoncture financière actuelle du
pays ne permet pas la mise sur pied de ce Conseil Supérieur de la jeunesse qui devrait nécessiter
beaucoup de ressources, vu la politique de rationalisation des dépenses engagée par le gouvernement, on
peut aisément dire que s’il y a bien des priorités qui doivent primer dans la situation actuelle, celle qu’on
doit accorder à la jeunesse demeure inéluctablement parmi les plus urgentes.□ BENALI Arezki , algerie-
eco.com (07.01.18)
□ Rétrospective : Les préoccupations concernant la jeunesse sont nombreuses et empreintes d'un
caractère d'extrême urgence et de priorité fondamentale. L'Algérie du troisième millénaire sera, à n'en
point douter, bien différente. Mais il y a encore du chemin à faire, non seulement pour assurer une scolarité
à tous, mais aussi pour réduire à une proportion raisonnable le taux de déperdition qui reste trés élevé.
Ainsi, pour mille jeunes nés entre 1967 et 1971, 80 seulement sont arrivés à l'université. On constate
également que 30% des garçons sont éliminés dès le primaire (35% chez les filles), 44% subissent le même
sort au moyen (41,7% pour les filles) et 77% échouent au niveau du secondaire (72,7% pour les filles). Le
niveau d'instruction a pour effet premier de retarder l'entrée dans la vie active. La catégorie des 16-19 ans
enregistre le taux d'activité le plus bas (48%), une situation due principalement au poids des étudiants et
écoliers. Ces jeunes ne se présentent également pas systématiquement sur le marché du travail, même
quand ils sont exclus de l'école, en raison tout aussi bien de la sécurité que prodigue le chef de ménage
que de la faible qualification dont ils disposent, ainsi que des contraintes d'un service national non encore
accompli. Le taux de chômage atteint ainsi des cîmes parmi cette catégorie; 63%, ce qui est énorme et
mérite que l'on se penche davantage sur cette question et afin de dégager des solutions qui prennent en

660
charge les attentes de cette catégorie de jeunes. Le taux d'activité chez les 20-24 ans atteint 82%, mais le
chômage reste le lot du plus grand nombre.Les chômeurs représentent eneffet 41,6% de cette catégorie qui
est touchée de plein fouet par la crise de l'emploi qui affecte le pays. Quant aux plus vieux, les 25-29 ans,
la quasi totalité (93%) est insérée dans la vie active, parmi lesquels 55% occupent effectivement un emploi.
Le taux de chômage n'est que de 34,8% ! Bien que son niveau d'instruction soit plus bas, le jeune de cette
catégorie aura la chance d'intégrer le monde du travail à un moment où les conditions d'insertion étaient
plus favorables. Ceci chez les garçons. Pour les filles, le taux d'activité reste trés bas (23% contre
72,8% pour les garçons) mais le chômage ne les épargne pas, puisqu'on enregistre un taux de
33,6%,mais néanmoins meilleur que celui des garçons (48%). Femme au foyer est le statut commun au plus
grand nombre. L'exclusion du marché du marché matrimonial. En 1987, l'âge moyen au mariage était de
27 ans pour les hommes (31 ans à Alger). En 1996,c'est la majorité de la jeunesse qui est célibataire :
sur 3,912 millions de jeunes, 271.000 seulement étaient mariés. Chez les femmes, la situation n'est pas
plus gaie puisque 73,3% d'entre elles vont grossir le lot des vieilles filles (932.000 mariées sur 3,741
millions). Bien sur le chômage n'explique pas tout. Il y a aussi cette crise de logement qui vient tout
compliquer et empêche de convoler en justes noces. □

IMMIGRATION.-Aujourd’hui, l’Algérie accueille des flux migratoires en provenance d’Afrique subsaharienne.


Ce phénomène prend de l’ampleur depuis quelques années*. Le durcissement des conditions d’obtention de
visas européens a favorisé la migration irrégulière par voie terrestre. Il a fait de l’Algérie, vu sa situation
centrale, un important «pays de transit» sur la route de l’Europe. La Maurétanie est naturellement aussi un
pays de passage vers le territoire de l’UE, mais le conflit au Sahara occidental a diminué de son
importance. C’est ce durcissement de la politique migratoire européenne qui a, en réalité, donné naissance
à des réseaux de passeurs tant en Afrique qu’en Europe. Il faut observer, enfin, que, ces dernières années,
le Plan spécial pour le développement du Sud algérien a, attiré beaucoup de migrants subsahariens dans
cette région. Ce plan signifie qu’il y a de l’argent à dépenser et des emplois à fournir ; ces emplois ne
peuvent être occupés par des Algériens venant du Nord du pays. Le Nord ne fournit pas de manœuvres
mais plutôt des cadres, des administratifs, etc. Vu la réduction des possibilités de travail en Libye et en
Côte-d’Ivoire, ce plan attire en Algérie beaucoup de Subsahariens, des Maliens et des Nigériens
notamment. N’oublions pas que l’insuffisance des revenus dans la région subsaharienne figure en tête des
motifs du projet migratoire.Les immigrés noirs africains vivent aussi dans le Nord, plus dans les villes de
l’Ouest (Oran, Tlemcen et Maghnia) que dans le Centre ou l’Est. Seule une petite minorité est en fait
installée dans les villes de l’Est. Dans l’extrême sud, à Tamanrasset par exemple, on atteste une forte
présence des migrants de nationalités malienne et nigérienne, qui proviennent pour la plupart des grandes
régions d’émigration, historiquement connues: les zones de Kayes, Bamako et Gao au Mali, celles de
Niamey, Agadez, au Niger. Les immigrés noirs africains vivent aussi dans le Nord, plus dans les villes de
l’Ouest (Oran, Tlemcen et Maghnia) que dans le Centre ou l’Est. Seule une petite minorité est en fait
installée dans les villes de l’Est. Globalement, on peut affirmer que l’immigration noire-africaine en Algérie
est plus masculine que féminine et qu’elle est composée essentiellement de jeunes: l’âge moyen des
immigrés est 26 ans. La majorité d’entre eux ont un niveau d’instruction moyen (niveau secondaire), même
si on retrouve parmi eux une proportion possédant un niveau d’instruction universitaire. Cette immigration
comprend différents types de compétences professionnelles: certains ont été dans leur pays enseignants,
moniteurs de sports, etc. D’autres ont déjà suivi des formations spécialisées…Nous savons qu’une partie
des 20000 immigrés voudraient rentrer chez eux, mais ne peuvent le faire. Il leur est impossible de partir
plus loin, en Europe, et ils ne peuvent pas retourner dans leur pays parce que ce serait, pour eux, honteux
d’avoir échoué dans leur projet migratoire. Ils sont, en quelque sorte, bloqués en Algérie. Ils sont en
détresse.A peu près 40% des 20000 immigrés irréguliers noirs-africains sont en Algérie dans une sorte de
transit vers le continent européen. En général, plus on a de l’instruction, plus l’attraction de l’Europe est
forte. Certains sont entrés tout à fait légalement en territoire algérien mais, à l’expiration de la durée de
séjour légal, ils entrent en clandestinité parce que leur objectif est d’aller plus loin, dans quelque pays
européen, l’Espagne, la France ou l’Italie. Comme vous devez le savoir, les Nigériens et les Maliens n’ont
pas besoin de visa pour voyager en Algérie, mais la durée de leur séjour légal sans visa est
limitée.L’Algérie a changé. Il y a aujourd’hui plus de réticence à accepter la présence des étrangers.
D’étrangers noirs, car les « Blancs » n’ont aucun problème! La xénophobie est une hostilité à l’égard de
tous les étrangers, quelle que soit leur nationalité. En Algérie, les victimes de la xénophobie sont
essentiellement les Noirs. Il s’agit d’une forme de racisme anti-noir. La population noire algérienne elle-
même n’est pas visible ailleurs que dans le Sud du pays. L’ouverture médiatique et l’accès massif aux
médias étrangers permettront de rompre l’enfermement culturel dans lequel l’Algérie a vécu pendant
longtemps. L’Algérie, tôt ou tard, devra s’ouvrir à la multi-culturalité. On finira par accepter la présence de
l’autre parmi nous et à respecter sa culture. La migration subsaharienne en direction du Nord, notamment
celle malienne et nigérienne, est un phénomène millénaire. Elle a toujours existé. Après l’indépendance,
elle s’est poursuivie et ce, grâce à une sorte de dérogation à la loi algérienne. Les Nigériens et les Maliens
qui migraient en Algérie n’étaient pas seulement des commerçants. C’étaient aussi, par exemple, des
saisonniers qui travaillaient dans les oasis du Sud.Les autorités algériennes sont pour un «règlement
global» de la question de l’émigration clandestine. Autrement dit, pour la solution de ce problème à la
source, par le développement des économies subsahariennes et la lutte contre la pauvreté en
Afrique.L’Algérie a, certes, décidé de mieux surveiller ses frontières. Elle a accepté l’aide européenne en
matière de formation des policiers des frontières. Mais elle affirme ne pas vouloir jouer le rôle de

661
«gendarme de l’Europe». L’Europe a une responsabilité morale envers l’Afrique qu’elle a longtemps
colonisée. Elle doit aider au développement de ce continent. □
*Cf. Yassin TEMLALI, interview de Mohamed Saib MUSETTE, Chercheur au Cread, Algerie-Watch, 2015

MARIAGES.- □ Rétrospective  : 153.792 unions ont été célébrées en 1995. Légèrement en hausse (+5235)
comparativement à l'année 1994, mais moins de 5.588 par rapport à 1992. Le taux de nuptialité (brut), 54
mariages pour 10.000 habitants, est aujourd'hui plus faible de celui d'une décennie auparavant (62 en
1986). Par ailleurs, depuis plus de 20 ans, l'âge au premier mariage ne cesse de reculer. En effet, on
assiste à des mariages de moins en moins précoces. Il ne s'agit pas d'en chercher les causes directes. Il
convient seulement de mettre en évidence les faits. De 1966 à 1987 (années des recensements), l'âge au
premier mariage des femmes est passé de 18,3 en 1966 à 23,7 en 1987 pour atteindre 25,8 en 1992, soit un
allongement de plus de 7 ans, et de 6,4 pour les hommes durant la même période. La période du célibat
tend donc à se prolonger. La proportionnalité des femmes célibataires de 25 à 29 ans a triplé en l'espace
de 26 ans, passant de 10,9% en 1966 à 22% en 1987 pour atteindre 32,7 en 1992. Faut-il y voir,
l'expression d'une volonté d'un choix des jeunes filles, ou faut il rechercher les causes de mariages plus
tardifs dans les difficultés matérielles des hommes. Cependant, ces données ne reflètent que des moyennes
nationales. Des variations existent, si l'on opère la distinction entre femmes scolarisées (niveau secondaire
et plus) et non scolarisée (illettrées), d'autres changements sont mis en évidence. Les jeunes femmes d'un
niveau secondaire ou plus se marient beaucoup plus tard que leurs consoeurs illettrées.
□ Actuellement  : De point de vue statistique, les mariages connaissent une croissance constante qui se
confirme d’année en année. Selon les récentes données de l’ONS (office national des statistiques), le
nombre de mariages célébrés par année ont plus que doublé en l’espace d’une décennie en passant de 177
548 en 2000 pour atteindre 371 280 en 2012. Sans fournir les chiffres exacts, laquelle tendance s’est
confirmée davantage ces deux dernières années (2013 et 2014). La croissance des mariages en Algérie a
observé un rythme constant depuis 2010 en atteignant successivement le niveau de 345 000 en 2010, puis
de 370 000 en 2011 et enfin 371 280 en 2012. En conséquence, cette croissance du nombre d’unions
conjugales est suivie de la hausse du nombre de naissances par année, selon les mêmes statistiques de
l’ONS. Celles-ci passent de 589 000 naissances en 2000 à près d’un million en 2012 (978 000 plus
exactement). Pour les deux années d’avant, les naissances ont atteint le nombre de 888 000 en 2010 avant
de passer à 910 000 en 2011. Sur le plan global, la croissance démographique en Algérie observe un taux
de croissance des plus élevés dans le pourtour méditerranéen. La population totale du pays, à titre de
rappel, est passée de 29 millions d’habitants en 1998 à 34 millions d’habitants en 2008, selon les deux
derniers RGPH (recensement général de la population et de l’habitat). Elle atteindra 37 millions d’habitants
à la fin 2012 avant de passer le cap des 38 millions d’habitants en mars 2014, selon les données de l’ONS.

MIGRATIONS.- La population algérienne a une grande tradition de mobilité, mobilité des nomades qui
formaient jusqu'à la colonisation française une trés forte proportion de la population, mais mobilité des
sédentaires aussi qui n'hésitaient pas à s'éloigner de leur domicile. La cause essentielle de cette forte
mobilité est la recherche du travail : cela va de soi pour les nomades; quant aux sédentaires, vivant
essentiellement dans les zônes montagneuses, ils étaient bien souvent obligés de compléter leur revenus
par le colportage ou le commerce. Le développement des migrations, internationales ou intérieures, au XXe
siècle n'est donc que la prolongation de tendance trés anciennes, aussi bien dans ses formes (migrations à
moyenne ou longue distance) que dans le fond (recherche de revenus qui ne peuvent pas trouver sur
place). L'émigration algérienne en France est un fait ancien: la misère et le chômage ont chassé de
nombreux algériens de leur pays pendant la période coloniale et dans les années qui ont suivi
l'indépendance; l'appât du gain en a attiré d'autres. On peut estimer à près d'un million le nombre d'émigrés
algériens dont 90% vivent en France et 5% en Belgique. A ce chiffre, on pourrait ajouter 300.000 à 400.000
personnes d'origine algérienne mais ayant une autre nationalité, française généralement (ce qui est
d'ailleurs rarement reconnu par les autorités algériennes). L'émigration algérienne n'est devenue massive
qu'après la 2ème guerre mondiale. Depuis, le nombre d'émigrés algériens en France n'a cessé de
s'accroître pour se stabiliser à près de 900 000 personnes en 1974 et jusqu'à nos jours. Des années 50 à
l'époque récente, l'émigration algérienne est marquée par 3 caractéristiques essentielles :
◘ Un élargissement de l'aire de recrutement : la trés grande majorité vient de la moitié orientale du pays
; la Kabylie reste la 1ère région d'émigration, mais le phénomène touche la quasi-totalité de l'Est algérien, à
l'exception de l'extrême Est. Dans l'Ouest, l'émigration n'est importante que dans deux zônes, le centre de
la plaine du Chelif et ses bordures montagneuses Nord (Dahra) et Sud (Ouarsenis) et à proximité de la
frontière marocaine, du Nord-Ouest de Tlemcen (Trara).
◘ Un accroissement de l'émigration familiale : en 1954, il n'y avait que 8000 familles ; en 1973, elles
étaient 87000 et actuellement plus de 200.000 familles vivent en France. De ce fait, la part des actifs qui a
été majoritaire dans l'émigration algérienne jusqu'en 1970 est aujourd'hui minoritaire.
◘ Un allongement de la durée de séjour qui est actuellement de 10 ans. Il semble que, sauf contrainte, de
nombreuses familles algériennes ne se réinstalleront pas définitivement en Algérie, du moins dans un
avenir proche. Quant aux jeunes dits de la seconde génération, il semble bien que malgré leurs difficultés,
ils ne soient pas prêts à aller vivre en Algérie.
■ L'économie algérienne recevait les transferts de fonds des émigrés qui atteignait plus d'un milliard de
francs à la fin des années 60 et au début des années 70. Mais depuis, la situation a beaucoup changé et

662
les transferts en devises des émigrés sont actuellement presque nuls : ils se font sous une autre forme :
■ une partie des économies est convertie en biens de consommation (automobiles, pièces détachées,
équipement électroménagers, ...) acheminés en Algérie, soit pour les familles, soit pour la revente. Cela
concerne des sommes considérables : les émigrés en France auraient ramené en 1979 pour 7 milliards de
francs de marchandises diverses, dont 60.000 véhicules, soit l'équivalent de plus de 80 % des exportations
françaises en Algérie.
■ le reste des avoirs des émigrés sert à alimenter des comptes bancaires, postaux,... des algériens
d'Algérie, ce qui leur permet de tourner ainsi sans difficulté le strict contrôle des changes établi au départ
d'Algérie. Les principaux bénéficiaires de ce "change parallèle" sont les possédants, bourgeoisie
traditionnelle ou néobourgeoisie d'Etat qui mettent ainsi leurs avoirs en sureté en Europe et les font
fructifier en achetant commerces, valeurs,...
Ainsi, le rôle et les modalités des transferts des émigrés se sont profondément modifiés depuis une
vingtaine d'années. Les tranferts financiers ont presque cessé, et l'état ne peut plus compter sur l'entrée de
devises pour financer, partiellement, le développement de l'économie ; par contre, les émigrés et leurs
familles maximisent leurs profits: vacances à bon marché au pays natal, construction de logements,
création de fonds de commerce et enfin approvisionnement en biens de consommation. Cela permet le
maintien de ces familles dans leurs villages d'origine et contribue donc à ralentir un exode rural déjà
important. Ce système complexe, dont l'économie française tire aussi bénéfice par les ventes de biens
d'équipement et de consommation, incite les émigrés à ne pas rentrer au pays. Par contre, au niveau des
migrations internes, la mobilité de la population était orientée vers le littoral surpeuplé et secondairement
vers le sahara. La forte mobilité traditionnelle de la population algérienne s'est encore accrue depuis une
vingtaine d'années par les actions entreprises dans le domaine économique. Ainsi, l'exode rural, plus
ancien, s'est accéléré : la ville attire le fellah qui vit mal sur une terre souvent ingrate; il espère y trouver
un travail mieux rémunéré, mais aussi des possibilités qu'il n'a pas ou pas suffisamment -à la campagne:
meilleure scolarisation des enfants, accès, au moins partiel, à une société de consommation. Cet exode
rural se fait principalement au bénéfice de 4 grands pôles industriels et urbains: région algéroise, Oran,
Annaba et secondairement Constantine. Ce mouvement de concentration vers les régions littorales va à
l'encontre des objectifs proclamés d'équilibre régional et le gouvernement algérien tente par une politique
général du pays de renverser ces courants migratoires. Le développement des services en milieu rural, la
promotion de bourgades ou de petites villes à des fonctions administratives (chef lieu de wilaya ou de
daira) leur industrialisation, freinent l'exode rural vers les grandes villes. Néanmoins, les grandes
agglomérations gardent un fort pouvoir attractif : ce sont elles qui offrent le plus grand nombre d'emplois,
les plus variés, les plus rémunérés,... Mais leur parc logement étant limité, elles recrutent une main
d'oeuvre de plus en plus lointaine et les migrations alternantes (journalières ou hebdomadaires) se
développent, particulièrement autour d'Alger. Chaque matin des centaines de cars, de taxis, de voitures
particulières, sans compter les trains amènent des milliers de travailleurs à Alger. D'autres, venant de plus
de 200 km (vallée de la Soummam et Petite Kabylie), ne retournent chez eux que le week-end. D'autres
migrations alternantes s'effectuent au sahara. Autrefois, une partie de la main d'oeuvre saharienne émigrait
vers les villes du Nord où elle exerçait divers métiers, dans les professions commerciales notamment
(mozabites de Ghardaia, Soufis d'El Oued, ...). Aujourd'hui, la main d'oeuvre saharienne est insuffisante
pour faire face aux besoins des chantiers de recherche et d'exploitation des hydrocarbures et une part
importante des travailleurs est originaire d'Algérie du Nord, surtout pour les emplois qualifiés: il s'agit
souvent d'anciens émigrés, venant en particullier des Kabylies qui retrouvent ainsi des salaires plus élevés
que dans leur région d'origine. □ (Cf. Emigration, Immigration)

MORTALITE.- Rétrospective  : Le nombre de décès, après avoir enregistré un recul pendant de nombreuses
années, ne cesse d'avancer depuis 1990. De 151.000 décès en 1990 à 160.000 en 1992, enfin à 180.000 en
1995. En effet depuis 1990, le taux brut de mortalité n'a cessé de grimper, de 6,03%° en 1990, il est passé
à 6,53%° en 1995, en légère baisse comparativement à 1994 (6,56%°).
Actuellement  :L’année 2015 a connu un volume des décès atteignant 183 000, soit un
accroissement relatif de 5,2% par rapport à l’année 2014, et qui s’est traduit l’augmentation du taux brut
de mortalité qui est passé de 4,44 ‰ à 4,57‰ durant cette période. Cette augmentation a eu un impact
sur l’espérance de vie à la naissance qui a enregistré un recul d’un dixième de point par rapport à
l’année 2014 atteignant ainsi 77,1 ans. Notons que cette baisse a plutôt touché les hommes dont le
niveau est passé de 76,6 à 76,4 ans durant cette même période, alors que celle des femmes a connu
plutôt une stagnation en s’établissant à 77,8 ans.
La mortalité infantile : Le volume des décès de moins d’un an a atteint 23.150 en 2015,
correspondant à une augmentation relative de 3,9% par rapport à l’année précédente. Notons que
cette hausse peut être imputée aussi bien à l’augmentation du volume des naissances vivantes
enregistrée au cours de l’année, mais aussi à une augmentation relativement significative du niveau de la
mortalité infantile. Pour preuve, le taux de mortalité infantile (TMI) a connu un accroissement de 0,3 point
entre 2014 et 2015, pour atteindre 22,3‰ (23,7‰ auprès des garçons et 20,7‰ auprès des filles). □

NATALITE.- Rétrospective  : 711.000 enfants sont nés en 1995 sur le territoire national. La baisse du
nombre des naissances s'est brutalement accélérée en 1995 (moins 65.000 naissances). Cette chute de la
natalité qui, en 1995 est en dessous de 19 naissances pour 1000 habitants, traduit un brusque recul de la
fécondité du pays, dont l'indicateur inférieur à 397 pour 100 femmes en 1994 est désormais inférieur à 360

663
enfants pour 100 femmes résidentes. Si cette tendance observée au cours de ces dernières années devait
se confirmer l'année 1997, elle marquerait alors une rupture de la fécondité du pays : l'indice de la
fécondité pourrait en 1997 tomber à moins de 350 enfants pour 100 femmes. Quoiqu'il en soit, en baisse
régulière depuis 1986, l'indice de la fécondité descendra certainement au-dessous de 3,50 en fin 1997.
Moins de 3,5 enfants par femme, c'est la fécondité la plus faible jamais observée en Algérie. La baisse des
taux de fécondité par groupes d'âge touche l'ensemble des groupes, qui poursuivent leur chute amorcée
depuis plusieurs années. Celle-ci est particulièrement prononcée pour celles des moins de 30 ans.
Actuellement  : La natalité en Algérie, une « singularité internationale » porteuse de risques. La croissance
de la natalité en Algérie, qui s’est établie à 1,1 million de naissances en 2016 contre 580.000 au début des
années 2000, constitue une « singularité internationale », affirme Laurent Chalard, géographe-consultant et
membre du Think Tank European Centre for International Affairs dans un entretien accordé, ce mardi 21
novembre, à Atlantico. Selon lui, « le pays semble déroger au schéma de la transition démographique, qui
repose sur le passage progressif d’une forte natalité et mortalité à une faible natalité et mortalité ». Si
l’Algérie suit bien le modèle dans l’évolution de la mortalité, « pour la natalité, ce n’est pas le cas », indique
M. Chalard. « Après une chute accélérée dans les années 1980-1990, faisant passer la fécondité de 4,5
enfants par femme en 1990 à 2,4 enfants par femme en 2000, la fécondité s’est mise à remonter
brusquement, progressant régulièrement et dépassant les 3 enfants par femme depuis 2012 », explique le
géographe qui affirme qu’il s’agit d’une « évolution qui ne se constate nulle part ailleurs, si ce n’est dans le
cas très particulier d’Israël dans un contexte géopolitique de ‘’guerre démographique’’ avec les Palestiniens
». Laurent Chalard explique cette singularité algérienne par le fait qu’elle soit « le produit d’un événement
conjoncturel », à savoir « la guerre civile (1991-2002) et ses conséquences démographiques » : « S’il n’y
avait pas eu de guerre civile, la fécondité ne serait probablement jamais descendue aussi bas (2,4 enfants
par femme en 2000), restant constamment au-dessus de 3 enfants par femme », estime le spécialiste.
Conséquences potentiellement négatives  : L’évolution démographique singulière en Algérie pourrait
potentiellement avoir des conséquences « qui peuvent s’avérer positives ou négatives, même si ces
dernières semblent largement l’emporter », estime M. Chalard. La poursuite d’une croissance
démographique soutenue permettra à l’Algérie de probablement « devenir plus peuplée que la France à
terme et à en faire la puissance démographique dominante du Maghreb », renforçant son poids
géopolitique, et de disposer d’une population jeune qui, « lorsqu’elle est bien canalisée, est source
d’innovations, en particulier sur le plan économique ». Néanmoins, la poursuite d’une croissance
démographique soutenue entraîne plusieurs éléments négatifs, en premier ordre le risque sur les
ressources alimentaires. « Si la nature algérienne devrait potentiellement permettre de nourrir les quelques
dizaines de millions d’habitants supplémentaires prévus, en l’état actuel du niveau de développement de
l’agriculture algérienne, cela risque d’être compliqué, étant donné les difficultés à atteindre l’auto-
suffisance », estime Laurent Chalard, qui considère en outre qu’une telle croissance générera des tensions
sur le marché de l’emploi. « Dans un contexte de chômage de masse endémique, qui n’apparaît pas dans
les statistiques officielles, et de faible création d’emplois, en particulier dans le secteur privé, les
perspectives de trouver un emploi dans le futur aux générations pléthoriques est mal engagé », affirme le
géographe pour qui, par ailleurs, « jeunesse pléthorique » rime avec « instincts révolutionnaires au moment
de l’entrée de l’âge adulte, qui plus est si la situation économique et/ou politique n’est pas à la hauteur des
ambitions des jeunes générations », estime-t-il. Avant de conclure : « Les années 2030 risquent d’être
assez mouvementées si l’Algérie ne décolle pas enfin économiquement d’ici là ».□

RECENSEMENT DE LA POPULATION .- La population algérienne a atteint 41,7 millions d’habitants au 1er


juillet 2017, alors qu’il était de 30,1 millions en 2000, selon un document sur la situation démographique et
sanitaire (2000-2017) rendu public à l’occasion de la Journée mondiale de la population, mardi, par le
ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Au total, 41,7 millions d’habitants ont
été recensés en Algérie en 2017, soit 21,2 millions sont des hommes et 20,5 millions des femmes, précise
la même source, ajoutant que le nombre total d’habitants en l’an 2000 était de 30,1 millions (15,2 millions
hommes et 14,9 millions femmes). Concernant l’évolution de la structure de la population au 1er juillet
2017, il est relevé que 12,3 millions d’habitant ont moins de 15 ans, 25,6 millions d’habitants ont entre 15 et
59 ans et 3,7 millions ont 60 ans et plus. Il est noté qu’en 2000 le nombre d’habitants de moins de 15 ans
était de 10,3 millions, alors que celui se situant entre 15 et 59 ans était de 18 millions et de 60 ans et plus
était de 2 millions. S’agissant de l’évolution des effectifs de naissances vivantes entre 2000 et 2016, le
nombre des naissances en 2016 était de 1,06 million, comparativement à 2000 où il était de 589 000. Le
nombre de décès en 2016 était, quant à lui, de 180 000 alors qu’en 2000 il était de 140 000. Le document
précise par, ailleurs, que 22 300 décès d’enfants de moins d’un an étaient enregistrés en 2016 contre 21
734 en 2000. Il est aussi relevé 357 000 mariages recensés en 2016 contre 177 548 en 2000. Le ministère
précise, en outre, que l’espérance de vie à la naissance en 2016 est de 77,6 ans en 2016 (78,2 ans pour
les femmes et 77,1 ans pour les hommes), comparativement à 2000 où il était de 72,5 ans (73,4 ans pour
les femmes et 71,5 ans pour les hommes).□
□ Il faut observer que 65% des habitants vivent sur 4 % du territoire algérien alors que le reste, c'est
à dire 35% seulement est réparti entre les hauts plateaux (25% sur 9% de la superficie du pays. Sur les 230
millions d'ha constituant la superficie de l'Algérie, il n'existe que 8 millions de surface agricole utile. Le
sahara couvre 200 millions d'ha, les hauts plateaux 15 et les forêts et maquis 5. La localisation des
ressources potentielles en eaux est estimée à 60% au nord, 27% au sud et 13% dans les hauts plateaux. La

664
croissance de la population et sa jeunesse, qui sous-tendent la mise en oeuvre de moyens formidables pour
sa prise en charge aux plans de l'éducation et de l'emploi, est un autre facteur d'inquiétude.

TRIBALISME.- En moins de deux siècles, l'Algérie a connu des organisations socio-politiques très
contrastées qui ont toutes entrainé des conséquences importantes au niveau de l'organisation de l'espace.
La régence turque, forme de colonisation superficielle, superpose son organisation de l'espace au maillage
tribal antérieur depuis le début du XVIe siècle jusqu'en 1830. La colonisation française procèdera
différemment pour imposer un nouveau mode d'organisation de l'espace. La tribu s'apparente à un
ensemble d'individus ayant des habitudes et des intérêts communs, au niveau économique (exploitation de
certaines ressources exceptionnelles, grand commerce ...) et surtout politico-militaire. Tous les membres
d'une tribu se réclament d'un ancêtre commun, généralement mythique; le peuplement est le plus souvent
d'origine autochtone, parfois il vient de régions proches, exceptionnellement de contrées lointaines (Arabie,
Sahara Occidental, ...). Certaines tribus sont d'origine très ancienne (antérieur à la colonisation romaine
parfois), d'autres ont été formées plus récemment. La tribu est généralement divisée en fractions (ou
"douars") regroupant elle-même plusieurs villages (pour les tribus nomades). C'est à l'intérieur des "douars"
que les solidarités économiques sont les plus fortes. La taille, la forme et l'orientation des territoires des
tribus sont très variables. A l'échelle de l'Algérie, on peut opposer deux grands types : les petites tribus de
la zone tellienne et les grandes tribus du Sud (Hautes Plaines, Atlas Saharien et Sahara). En effet, dans
la mesure ou les groupes tribaux jouent sur les complémentarités de leur environnement physique, ils
aboutissent à des organisations socio-agraires différentes. Les sociétés agro-pastorales telliennes ont,
généralement, une trés forte cohésion sociale, malgré un sens aigu de la propriété individuelle : la terre y
est un bien "melk", c'est-à-dire de droit privé non écrit, mais reconnu par la collectivité. La terre "melk",
inaliénable de par sa définition, n'est en fait jamais vendue : si un propriétaire veut se dessaisir de sa terre,
la famille, puis le groupe, qui ont un droit de préemption, la récupèrent. La concentration foncière est
donc impossible ; un relatif égalitarisme foncier se maintient en permanence. Les sociétés pastorales des
Hautes Plaines et de l'Atlas Saharien sont structurées différemment des sociétés agropastorales telliennes :
la terre y est un bien "arch", c'est-à-dire que la propriété relève, non de l'individu, mais de la collectivité qui
la confie en jouissance à ses membres, dans certains cas pour une durée limitée. La terre "arch" est
inaliénable. A ces deux types de complémentarité et d'organisation spatiale, différents certes, mais tous
deux fondés sur un système économique quasi-autarcique où, grâce aux complémentarités des différents
terroirs, la dépendance extérieure est très limitée. Ainsi, à l'époque turque, l'Algérie se présente comme
une mosaïque d'unités territoriales très diverses par la taille et sans grands rapports les unes avec les
autres. Les divers types de sociétés agraires qui les occupent (société agro-pastorale melk, société
pastorale arch) se sont adaptés au difficile milieu naturel et vivent de manière autarcique grâce à une
organisation de l'espace basée sur la complémentarité des différents terroirs. Ces sociétés, fortes
consommatrices d'espace sont donc en équilibre avec leur milieu, mais elles sont en même temps figées,
immobiles. Elles n'évoluent pas. Certes, des différences importantes existent entre société melk et société
arch. Dans les premières, la cohésion, basée sur la terre est très forte. Cette terre est généralement
partagée en deux zônes : la première, à proximité des villages, est exploitée très intensivement; la
deuxième, aux marges des finages est plus extensive, mais permet de faire face aux à-coups climatiques
(sécheresse), démographiques ou historiques (guerres). Les sociétés melk sont organisées selon un
mode défensif, lié à leur enclavement progressif pendant plusieurs siècles : il est extrêmement difficile d'y
pénétrer (inaliénabilité de fait de la terre) et ni le citadin ni l'étranger ne peuvent y prendre pied (sauf par la
force). Dans les sociétés arch, ce sont plus les liens familiaux que la terre qui déterminent la cohésion de
la société. L'immensité même des finages exploités extensivement leur permet de faire face à toute
éventualité. Organisées sur un mode hiérarchique, elles se révèlent, malgré l'inaliénabilité théorique de la
terre beaucoup plus fragile que les sociétés melk. Pendant toute la période turque, ces sociétés ont peu
évolué, sauf à partir du XVIIIe siècle où la fin de la course et l'augmentation des besoins des souverains
turcs entrainent une pression sur les tribus (prélèvements de blé), ce qui ébranle leur équilibre traditionnel.
Mais cet ébranlement reste faible ; les sociétés agraires, melk ou arch, sont organisées de manière à
préserver efficacement leur durée, sauf agression externe. A partir de 1830, l'arrivée de la colonisation
française ne sera pas un simple ébranlement, mais un véritable séisme qui bouleversera complètement ces
sociétés agraires. Le premier souci du conquérant sera de briser le cadre tribal. Des divers moyens utilisés,
le Senatus Consulte sera le plus important. Son but essentiel est de faire éclater les tribus en douars
(bourgades) aux limites et attributions désormais fixes. Il va de soi que l'éclatement des tribus est d'autant
plus fort que ces tribus se sont opposées plus fermement à la pénétration française. Après 1863, l'unité de
contrôle de base est censée être devenue le douar et non plus la tribu. Le Senatus Consulte permet une
cadastration soigneuse des terres: dans chaque douar, elles sont délimitées en catégories foncières non
identiques à celles de la Métropole : si l'état s'y taille des domaniaux et des communaux, il réserve des
espaces de terres collectives aux habitants du douar, bien sur de statut melk en pays melk et de statut arch
en pays arch. Il est évident qu'en évitant de privatiser ces terres (on disait "franciser" en Algérie), le
Senatus Consulte bloque les ambitions d'achat des colons. Communaux et domaniaux apparaissent aux
autorités coloniales comme des espaces inutilisés (forêts, maquis,...) ou au mieux faiblement utilisés
(terrains de parcours) par les Algériens. La dépossession des paysans algériens (fellahs) est développée
par les lois foncières de la IIIe République, en particulier la loi Warnier de 1873 qui a pour but d'accélérer
la francisation des terres, aussi bien melk que arch . Les
conséquences sont catastrophiques pour la paysannerie algérienne : en une vingtaine d'années sur 2.500

665
000 ha soumises à la loi Warnier, plus de 300 000 ha sont adjugées aux domaines et plus de 430.000 ha
sont achetés par les colons. Vers 1914, on peut estimer que sur les 21.000.000 d'ha des trois départements
algériens, plus de la moitié était passée aux mains de l'administration et des colons :
■ Domaniaux et communaux 9.500.000 ha (45%)
■ Colons 2.300.000 ha (11%)
■ Propriété musulmane 9.200.000 ha (44%)
La création des communes se fit progressivement, après la mise en place du processus de désintégration
de l'organisation tribale. Dans l'Est Algérien, notamment, les 264 tribus sont remplacées par 596 douars. Le
passage du douar à la commune se réalise lentement avec la mise en place des communes de plein
exercice (1866) et des communes mixtes (1874). Ainsi, les structures administratives ont encore aggravé le
dualisme de l'espace dû à la colonisation agraire : aux meilleures terres des périmètres de colonisation
bien administrées dans le cadre des communes de plein exercice s'opposent les immenses espaces
défavorisés et sous-administrés des communes mixtes où vit la grande majorité de la population algérienne.
Le mode d'organisation de l'espace est dualiste et procède délibérément d'une volonté de dissociation des
espaces dévolus aux Européens et aux Algériens, et exige donc la destructuration des collectivités tribales.
Ni le mode d'organisation de l'espace tribal, ni le mode d'organisation de l'espace colonial n'ont pu
s'imposer de manière homogène à l'ensemble du territoire. En 1962, la construction du nouvel état algérien,
en promouvant un troisième mode d'organisation de l'espace, se trouvera confrontée à une gamme
d'espaces trés différents, du fait de leurs stades d'évolution très variables d'une région à l'autre, ici
juxtaposées, là superposées. L'Algérie se caractérise par une histoire particulièrement riche et heurtée qui
n'est pas sans expliquer les difficultés parallèles de la décolonisation et de l'édification d'un état moderne.□

LA PROTECTION SOCIALE

MOUDJAHID.- L'Algérie est devenue indépendante en 1962, et depuis 45 ans à aujourd'hui continuent
d'affluer des milliers de dossiers de demandes de reconnaissance de la qualité de moudjahid (combattant
de la libération). Acceptés au mépris de la vérité, ils illustrent la fabulation et l'imposture dans l'obtention
abusive de cette distinction. Des taux d'invalidité élevés atteignant parfois 100% sont accordés à des gens
bien portants ou atteints de maladie non imputables à la guerre de libération nationale ainsi qu'à des
imposteurs notoires et à d'anciens collaborateurs, donc à des ennemis de la patrie. Ainsi, les passe-droits
ont supplanté les droits qui n'existent, au demeurant, que dans les textes. Hormis la satisfaction procurée
par la libération du pays, des milliers de vrais anciens moudjahids n'ont obtenu aucun avantage lié à cette
qualité mais mécomptes et tourments les acculant dans une lutte pour la survie, la détresse et le désespoir.
D'honnêtes démarches de valorisation de ces droits étaient devenues parsemées d'obstacles multiples au
point de marginaliser et frustrer ceux qui sont vus réduits à une dérisoire pension d'invalidité. L'opinion a
eu tendance à avoir de mauvais préjugés du moudjahid digne de ce nom, vertueux et incorruptible qui ne
troque pas sa dignité. Le trafic d'attestations a vu le jour en 1962. Des responsables ALN et FLN
délivraient sans scrupule ces documents moyennant finances. Ainsi beaucoup de gens qui n'avaient ni de
près ni de loin participé à la lutte de libération nationale se sont soudainement transformés en
moudjahidine, fidayine, ou moussebiline. Ce trafic n'a jamais cessé à aujourd'hui en toute impunité et se
poursuivant sous d'autres formes à savoir les faux témoignages et le trafic d'influence. C'est ainsi que des
responsables, des moudjahidines (kasmas, fédérations, etc.) se sont enrichis et se sont construit ou ont
acquis avec le fruit de leur trahison et de leur turpitude des immeubles, des villas, des locaux à usage
commercial, des camions, des bateaux de peche, etc.
Sans risque d'erreur, il n'y a pas eu, cette dernière décennie, 1% de dossiers véridiques. Sont même
dénoncés les autres avantages liés à la qualité de décerner des médailles à ces nouveaux moudjahidine
dont d'anciens harkis notoires, en gage de reconnaissance pour s'être dérobés à leur devoir ou avoir trahi
leur patrie. Il existe même des imposteurs parmi les victimes civiles de la répression qui, grâce à des
certificats médicaux de complaisance, un peu d'influence ou d'argent, réussissent à faire imputer des
infirmités, parfois controuvées, à la guerre de libération nationale, sans qu'il y ait le moindre rapport avec
celle-ci. Le scénario similaire semble prendre forme aujourd'hui dans la déclaration de reconnaissance de
certaines victimes du terrorisme.□

RETRAITE.- Fixé à 60 ans pour l'homme et 55 ans pour la femme, l'âge du départ en retraite reste assez
rigide malgré quelques règles d'assouplissement dans des cas particuliers (moudjahidine, femme ayant
élevé des enfants et invalide à titre définitif). Le taux de validation (ou valeur d'assurance) est égal à 2,5%
par année. Ce taux est parmi les plus élevés au monde. En Europe, le taux le plus fort est celui pratiqué au
Portugal (2,2%). Le taux de remplacement maximum peut atteindre 80% pour une carrière pleine (32%). En
Europe, la carrière pleine varie entre 35 et 40 ans. De part les techniques qu'il met en oeuvre, le système
national de retraite réalise une solidarité socio- professionnelle efficace et répond dans une trés large
mesure aux revendications exprimées par les travailleurs en ce domaine.
Cependant, après plus de 10 ans d'application et surtout avec la crise économique que connait le pays, la
fragilité du système est apparue à travers un certain nombre de problèmes. Ainsi, l'accroissement des
ressources par l'élargissement de la base des cotisants est quasi nul durant la période 86-93. Plus grave, le
rapport cotisants/retraités va en se dégradant. Actuellement, il est à peine 3 1/4 travailleurs pour 1 retraité
contre 8 pour 1 il y a quelques années à peine (1986). En 1994, l'exercice sera en équilibre. Mais la
tendance est vers le déséquilibre surtout avec les restructurations industrielles et les pertes d'assurés

666
sociaux. La caisse nationale de retraite des travailleurs salariés enregistre pour 1998 un déficit de 22
milliards de dinars. Les prévisions de recettes pour cette même année sont estimées à 47 milliards de
dinars, et les dépenses à 69 milliards de dinars. Des révisions à la baisse du système de sécurité sociale
ne sauraient être le vrai remède. Sans se faire d'illusion sur sa pérennité, le système de retraite est
étroitement lié à la relance et la croissance économique. Actuellement, ce problème n'a pas eu de
traitement pour résorber le déficit et requérir un système plus performant d'équilibrage. Les chiffres
(milliards de dinars) ci-dessous indiquent l'évolution des recettes et des dépenses ainsi que les soldes
négatifs des années les plus significatives des dix dernières années :
Année Recettes Dépenses Solde
1986 6. 10 4. 43 +1.67
1988 6. 35 7. 21 -0.86
1990 7. 67 9. 49 -1.82
1991 13. 03 14. 50 -1.80
1993 27. 20 27. 26 -0.06
1996 35. 90 45. 82 -9.83
1997 44. 14 61.00 -16.83
1998 43. 17 68.60 -25.43
1999 * 53. 68 78. 40 -24.67
2000 * 57.00 87.71 -30.72
(*) Prévisions
Des sommes considérables furent versées par le trésor à la CNR en 1997 (7 milliards DA), 1998 (14
milliards DA) et 1999 (16 milliards Da). Ce déséquilibre de la CNR (caisse nationale de retraite) a pour
raisons :
■ diminution du rapport cotisants / bénéficiaires qui est passé de 8 en 1986 à 3 en 1997. 3.015.000
salariés (1,5 million de fonctionnaires, moins d'un million de salariés du secteur productif public et
seulement 400.000 salariés du secteur privé) pour 1.032.000 retraités. Soit une progression annuelle des
recettes de 21.3% contre 25.5 pour les dépenses. Entre 1986 et 1997, les recettes furent multipliées par 7
et les dépenses par 13.
■ le taux de cotisation était de 12% en 1997, alors que le taux moyen d'une pension de retraite est passé
de 50% du salaire cotisable à 62%.
■ le mécanisme d'indexation des retraites sur les salaires institué en 1991 a largement contribué à
accentuer l'aspect précédent.
■ la CNR a pris en charge depuis 1991, la totalité des indemnités complémentaires pour les pensions et
rentes (ICPR) dues aux différences entre le SMIG et les pensions inférieures. Des sujétions sont par
ailleurs imposées par l'Etat au titre de la solidarité nationale (pensions minimales, moudjahidines,
agriculteurs, etc.).
■ la CNR a également pris en charge le déficit du régime de retraite des non-salariés alors qu'une caisse
spécifique avait été créée en 1993.
■ absence de marge de manoeuvre sur les variables des dépenses en fonction des recettes (taux,
indexation sur le SMIG, etc.).
■ mauvaise rentabilité des placements des réserves alors que la caisse était bénéficiaire.
■ le recouvrement des créances détenues par l'Etat.
■ déséquilibre croissant entre le nombre de bénéficiaires et le nombre de cotisants.
►Suite à la réunion du groupe de travail tripartite de 1997, un certain nombre de points sont proposés au gouvernement dont
l’objectif est d’améliorer la situation financière de la CNR. Les mesures proposées sont les suivantes :
- La prise en charge par l’Etat des dépenses de solidarité.
- Augmentation du taux de cotisation de 12% à 16%.
- Passage de la période de cotisation de 32 ans à actuellement à 40 ans en 2005.
- Redéfinition du salaire moyen servant d’assiette de calcul à la pension de retraite.
- Désindexation, par rapport au SNMG, des minimums de la pension de retraite et de la majoration pour conjoint à charge.
- Institution d’un plafond pour les pensions de retraite.
- Création d’un organisme autonome qui sera chargé du recouvrement.
De façon générale, Les propositions de réformes englobent un certain nombre de mesures identifiées depuis longtemps et qui
peuvent être mises en œuvre dans le cadre d’un plan d’actions à court et moyen terme. Il s’agit de toutes les mesures qui
agissent sur les deux axes suivants :
- Le premier axe concerne l’amélioration des recettes du système des retraites.
- Le deuxième axe à pour objectif la maîtrise des dépenses du système.
♦ Diagnostic du groupe de travail tripartite.
C’est en Avril 1997 et devant la gravité de la situation qu’un premier diagnostic fut l’objet d’un rapport que ce groupe de travail
constitué a remis au gouvernement ; il rassemblait les points suivants, qui mettaient en avant les raisons du déficit de la CNR et
proposait par la suite des mesures pour le rééquilibrage des comptes.
- Le rapport cotisant / bénéficiaires est en diminution.
- Le taux de remplacement d’une pension de retraite est passé de 50% à 62%
- Le mécanisme d’indexation des retraites sur les salaires institués en 1991 a largement contribué à accentuer l’aspect
précèdent.
- La CNR a pris en charge depuis 1991 la totalité du différentiel entre le SNMG et les pensions inférieures. La CNR a pris en
charge des dépenses que le groupe de travail considère comme des dépenses de « solidarité nationale » concernant le

667
minimum pension et celle des moudjahiddines qui doivent incomber à l’Etat.
- La CNR à pris en charge le déficit du régime des non salariés alors qu’une caisse spécifique à été mise en place en 1993 pour
cette catégorie.
- Le mécanisme d’indexation des pensions minimum sur le SNMG ne laisse aucune marge de manœuvre pour adapter les
dépenses (pensions) en fonction des recettes (cotisations).
- Les placements financiers des réserves qui ont été réalisés par la CNR lorsque celle-ci était bénéficiaire, ont eu une mauvaise
rentabilité.
Ce diagnostic à été suivi par un certain nombre de propositions pour améliorer l’équilibre financier de la CNR dont la plus
importante l’augmentation du taux de cotisation destinée à la branche retraite de 14% à 16%, avalisée et appliquée par le
gouvernement en 1999.

Source : Construit par Tarik Salhi, 2014 


C’est en 1992 après l’application du décret N° 92-07 du 04 Janvier 1992 qu’est apparue une nouvelle organisation donnant
naissance à trois nouvelles caisses :
- La Caisse Nationale des Assurances Sociales (CNAS).
- La Caisse Nationale des Retraites (CNR)
- La Caisse des Assurances Sociales des Non Salariés (CASNOS).
Cette nouvelle organisation prend en considération la distinction entre salariés et non salariés. En effet, le nombre de ces
derniers n’a cessé d’augmenter suite à l’adoption de législation favorable au développement du secteur privé. C’est donc une
adaptation du dispositif de sécurité sociale au vu des transformations et réformes engagées durant les années 90 qui allaient
donner une place prépondérante aux activités privées pour qui « la productivité » et la « rentabilité » sont un leitmotiv. Dans le
souci d’amortir le choc et la tension social qui s’en est suivi suite à la compression d’effectif et dissolution des entreprises
publiques, une nouvelle caisse à vu le jour en 1994.
- La Caisse National des Assurances Chômage (CNAC)
Le système de sécurité sociale en vigueur s’est enrichi depuis1997 d’une autre caisse créée pour couvrir le chômage lié aux
intempéries et aux congés payés du secteur Bâtiment et Travaux Public et Hydraulique (CACOBATPH), en considération des
conditions particulières de ce secteur exposé aux ruptures de travail pour intempérie.
- La Caisse Nationale des Congés Payés et du Chômage Intempérie des secteurs du Bâtiment, travaux Publique et Hydraulique
(CACOBATPH) créée par le décret exécutif N° 97-47 du 04 Février 1997. En résumé, le système de sécurité sociale actuel
comprend cinq (5) caisses autonomes couvrant pratiquement tous les risques de la vie professionnelle définis par l’organisation
internationale du travail (OIT).
- Les soins médicaux, l’invalidité, le décès, la maladie, la maternité, les accidents de travail et les maladies professionnelles
sont pris en charge par deux caisses la CNAS et la CASNOS selon que la population assurée soit salariés ou non salariés.
- La retraite (vieillesse) est pris en charge par la CNR.
- Le chômage pour raison économique est pris en charge par la CNAC.
- Les congés payés et le chômage d’un secteurs spécifique sont pris en charge par la CACOBATPH.
Le dernier risque prévu par l’OIT est appelé « aide au revenu familiale », qui en Algérie répond à d’autres mécanismes ; il est
intégralement pris en charge par l’Etat et ne dispose pas de caisse spécifique à sa gestion. C’est une aide apportée
directement par l’Etat aux catégories sociales nécessiteuses ; ce sont des prestations servies en natures ou en espèces. Ces
prestations ont comme objectif d’apporter un revenu aux catégories qui n’en ont pas ou à compléter un revenu jugé insuffisant.
Cette aide repose sur l’action sociale de l’Etat qui dans sa configuration actuelle repose sur les volets suivants :
- Prise en charge résidentielle dans des établissements spécialisés.
- Distribution d’aide sociale aux handicapés sous forme de versement en espèce.

668
- Distribution d’allocations et indemnités aux ménages sans ressources.
- Prise en charge totale ou partielle des frais de transport terrestre et ferroviaire de catégories sociales défavorisées et
particulières.
Le volet « action sociale » de l’Etat est financé sur le budget de l’Etat par des prélèvements fiscaux, contrairement au système
de sécurité sociale qui est financé par les cotisations sociales.
♦ La Branche Retraite de la Sécurité Sociale en Algérie. La sécurité sociale à pour but de protéger les salariés des différents
cas de suspension ou d'arrêt de la relation de travail et de l'activité professionnelle, en leur assurant une continuité dans le
revenu mensuel. Ce revenu, à défaut d'être pris en charge par l'employeur, est assumé par une caisse de la protection sociale
au quelle est affilié le travailleur qui n'occupe plus son poste de travail pour une raison quelconque. L'âge avancé, est un motif
de la cessation de la relation de travail, qui se traduit légalement par un départ en retraite. Afin d'assurer un revenu continu à
ces personnes sortantes, le droit algérien consacre des conditions d'accès à la retraite, une caisse de protection sociale qui
leurs est consacrée et qui prend en charge le risque vieillesse (C.N.R) et définis les modalités de filiation à cette caisse.
□ L’inflation : compte tenu des mécanismes de leur détermination, les pensions de retraite ne sont pas à l’abri des tensions
inflationnistes. En effet si les pensions par répartition sont indexées sur les prix et les salaires en cours, la capitalisation n’offre
pas cet avantage, le montant des prestations versées au moment du départ à la retraite peuvent être érodées par l’inflation. Si,
en Algérie, ces dernières années, les taux d’inflation se sont caractérisés par la modération, la situation économique et
financière reste volatile et sujette à bouleversement.
◙ En 2014, Il est permis d’affirmer le rôle primordial que les systèmes de protection sociale et plus particulièrement les
régimes de retraite jouent dans le maintien de la cohésion sociale, la lutte contre la pauvreté et le soutien de la croissance
économique. L’Algérie dispose d’un système de retraite unique général et obligatoire géré par la Caisse Nationale des Retraites
(C.N.R) qui est devenue au fil du temps, un gage de sécurité en octroyant aux salariés une pension de vieillesse à la fin de
leur vie active. Néanmoins plusieurs facteurs se sont combinés pour faire de lui un système fragile, peu viable, injuste et à
efficacité limitée. Rappelons que le système de retraite en Algérie est passé par plusieurs étapes. Instauré avant
l’indépendance, le système est basé sur l’obligation catégorielle et professionnelle c'est-à-dire sur un modèle plus ou moins
corporatiste où la pension n’est versée qu’aux salariés qui ont pu cotiser pendant leur activité en vue d’une retraite sans
toutefois parvenir à le dépasser en s’élargissant et en devenant, dans une certaine mesure, universel comme l’ont été les
systèmes qui l’ont inspiré. La question de la réforme du système de retraite en Algérie a commencé à se poser avec les
premiers dysfonctionnements économiques qui se sont matérialisés pendant et après l’application du plan d’ajustement
structurel au début des années 1990. L’augmentation du taux de chômage, le comportement de sous déclaration des
entreprises privées, l’élargissement du secteur informel ont contribués à fragiliser l’opération retraite en Algérie. L’aspect
démographique, sur lequel s’assoit le système de retraite, représente aussi un critère de déséquilibre ; à l’instar des pays en
développement, l’Algérie connait un changement démographique qui commence à éroder sa pyramide des âges par le bas. La
baisse de la natalité contribue à faire baisser la cohorte de la population active par rapport à la population totale, l’augmentation
de l’espérance de vie fait augmenter la proportion des personnes âgées à la charge du système. Ces aspects économiques et
démographiques font de la réforme du système de retraite une urgence nationale, dont l’objectif est le maintien d’un pan
important de la protection sociale capable de jouer son rôle dans une perspective la continuation voire même de la détérioration
de la situation économique et démographique en Algérie. La nécessité d’une réforme du système de retraite en Algérie
apparaît donc clairement. Il n’existe pas de solutions miraculeuses pouvant résoudre d’un seul coup tous les problèmes de ce
secteur qui reste un domaine complexe. La réforme devrait se faire par étapes simultanées en visant de manière permanente la
préservation des droits déjà acquis par les bénéficiaires des pensions, et l’assurance pour les nouveaux retraités, d’un niveau
de vie décent après le départ à la retraite. Ce qui nécessite la promotion d’une grande solidarité intra et intergénérationnelles.
La réorganisation du marché du travail est première étape structurante, elle est importante à plus d’un titre, d’abord la réduction
de sa frange informelle, par la communication pour la prise de conscience et le contrôle omniprésent, outil qui à fait ses preuves
en Jordanie. Ensuite, il est nécessaire de prendre en charge ses carrières atypique qui naissent de la mise en place des
dispositifs d’insertion professionnelle et l’apparition de relation de travail non conventionnelles ; cette étape peut s’accompagner
par une autre simultanée qui est la réorganisation institutionnelle de la prise en charge du risque vieillissement ; l’exemple est la
création d’une caisse spécifique au carrières atypique financer entre autre par la fiscalité. La révision paramétrique du régime
générale en Algérie est aussi une voie de réforme à considérer. Dans l’état actuelle des choses, la simple révision du taux de
cotisation aurait un impact contre productif ; mais pris simultanément aux autres approches, il pourrait être revu notamment
dans son aspect « responsabiliser les salariés » ; en effet avec un taux de cotisation de 6,75% sur les salaires soumis à
cotisation, le salarié algérien est celui qui contribue le moins à sa retraite de la région MENA. La réévaluation de l’âge de
départ à la retraite est aussi une voie de réforme probable est socialement acceptable ; pour cause d’augmentation de
l’espérance de vie, la période dévolue à la carrière peut-être prolongée ; un autre aspect peut être pris en considération, c’est
l’aspect de l’existence en Algérie du phénomène de la deuxième carrière, la liquidation de la retraite à soixante ans en Algérie,
laisse aux individus 15 ans en moyenne d’espérance de vie après cet âge. C’est la raison pour laquelle entre 30% et 35% des
salariés à la retraite entament une carrière nouvelle sous plusieurs formes. Cette deuxième carrière n’étant pas prévu par la
réglementation, elle se fait dans la majorité des cas dans le domaine de l’informel. La responsabilisation des individus peut
concerner ceux qui bénéficies des salaires les plus élevés, une réforme réglementaire peut permettre la création de caisses de
retraites complémentaires, fonctionnant par capitalisation, elles peuvent, par leur fiscalisation, contribuer au financement des
caisses de protection des plus faible victimes de carrières erratiques. L’aspect « pénibilité » de la carrière peut être prise en
considération dans la réforme du système de retraite en Algérie. Il est possible d’identifier ces carrières regardant les métiers
qui font le plus appel au départ facilité à la retraite (retraite proportionnelle). Cet aspect ouvre la voie à des perspectives futures
de recherche, en étudiants des trajectoires de carrières individuels en utilisant la technique de la micro-simulation au lieu d’une
approche par grandes cohortes.
La différenciation des régimes de retraite par secteur ou corps de métier permettra de faire du système retraite en Algérie un
système plus efficace et plus juste en prenant en considération les spécificités des différentes carrières. La prise de conscience
de l’urgence de la réforme du système de retraite en Algérie, doit passer par une large consultation ; c’est l’aval de tous les

669
acteurs de l’opération retraite qui assurera l’efficacité des réformes qui pourront être mises en Application. ◙ Tarik SALHI
(2015).
►Inéquité vécue : Pour atténuer, en certains secteurs , les injustes disparités de perception des montants
réels de pension de retraite entre départs antérieurs et départs actuels en retraite, il serait équitable
d’instituer une revalorisation tous les ans sur la base des prévisions d'inflation pour l'année suivante.
Ainsi, les écarts n’iraient pas en s’accentuant au fil des années car pour le même poste de travail,
actuellement, la marge d’écart de perception des montants est démultipliée, équivalant à une dévalorisation
aggravant le mince pouvoir d’achat de son bénéficiaire après 32 ans de service accomplis. L’étude de la
reconnaissance de ce réajustement légitime devra donner droit à une compensation conséquente
d’indemnisation pour dépénaliser le niveau de recul de cette frange sociale défavorisée.
►Cotisations : Les récentes déclarations de Slimane Melouka, directeur de la CNR, sur les ondes de la ‘Chaîne 3' de la Radio
nationale :" les cotisations des travailleurs ne suffisent plus à payer les pensions de retraite". (…) il faudrait 5 cotisants pour un
retraité, alors qu'on est seulement à 2 travailleurs qui cotisent pour un retraité. Il a indiqué en outre, que le départ massif des
travailleurs, en retraite anticipée, a poussé l'Etat a injecter 500 milliards de DA, en 2018, sans parler de l'apport annuel régulier
de l'Etat qui tourne, autour de 15% des dépenses. Et d'alerter qu'aujourd'hui, on se retrouve avec une situation où les recettes
tournent autour de 700 milliards de DA, en droits contributifs et en aide de l'Etat, et une dépense qui va dépasser 1.200 milliards
de DA à la fin 2018. En signalant que ce déficit « ne cesse de croître ». (Le quotidien d’oran, 11.07.18)
►Pensions : Si la Caisse de sécurité sociale trouve des difficultés à augmenter ses revenus « cotisations », le ministre a
reconnu que la Caisse nationale des retraites connaît d'énormes difficultés financières qui mettent en danger sa pérennité. Elle
fait face, dit-il, à un déficit qui tourne autour de 50%. Il dira que la caisse a failli ne pas verser les pensions des retraités au-delà
du mois de mai-juin, n'était-ce l'attribution par le gouvernement d'un montant de 500 milliards de dinars. Il a tenu à rappeler que
la CNR débourse plus de 1200 milliards de DA annuellement dans ce cadre, soit l'équivalent de 12 milliards de dollars. Et
d'affirmer que « l'Algérie est très généreuse » à travers son système de sécurité sociale, où le travailleur algérien bénéficie
d'une retraite de 80% de son salaire au bout de ses 32 ans de travail, tandis que le travailleur dans les pays européens
bénéficie de 50% de son salaire après 41 ans d'exercice.

SECURITE SOCIALE .- Elle rencontre aujourd'hui des difficultés financières, dont les causes sont à
rechercher non seulement dans l'accroissement vertigineux des dépenses liées aux prestations de soins, et
particulièrement celles du produit pharmaceutique, mais aussi dans :
◙ les prélèvements forfaitaires, en augmentation constante depuis plus de 20 ans, destinés au financement
des hopitaux,
◙ la tendance, depuis quelques années, à relever les allocations familiales en guise d'augmentation des
revenus salariaux,
◙ le transfert sur le régime de retraite des problèmes liés à l'emploi,
◙ l'accaparement d'une partie importante du patrimoine de la sécurité sociale.
Tous ces facteurs, conjugués à la diminution du nombre de cotisants due à la baisse du niveau de
l'emploi, ont contribué largement à déséquilibrer les comptes de la sécurité sociale et à laisser percer le
risque d'un démembrement durable de cette institution. □

670
SYSTEME DE SANTE .-Le système de santé Algérien face à la transition sanitaire : prise en charge et
financement .

L’Algérie subi depuis 30 ans les conséquences d’une transition sanitaire accélérée, avec la combinaison
des 3 transitions  : une transition épidémiologique avec un recul spectaculaire des maladies endémiques et
une montée des maladies chroniques  ; une transition démographique avec l’augmentation de l’espérance de
vie et le vieillissement de la population; et une transition socio-économique avec un changement dans le
mode de vie et une progression de la sédentarité. Les maladies transmissibles ont régressé sensiblement,
certaines ont même été éradiquées en l’occurrence les maladies à transmission hydriques (à l’exception
des toxico-infections alimentaires), les maladies bénéficiant d’un programme élargi de vaccination (sauf la
tuberculose)  et les maladies à transmission vectorielle, d’autres persistent encore à l’égard des zoonoses
et des maladies sexuellement transmissibles, qui ne cessent de faire des ravages dans le pays.
La société algérienne a subi plusieurs mutations, d’abord l’allongement de l’espérance de vie à la
naissance passée de 42 ans en 1950 à près de 75 ans en 2014, la dégradation de l’hygiène alimentaire et
de vie notamment en ce qui concerne la consommation d’alcool et du tabac où, l’on estime que près du tiers
de la population consomme du tabac selon les données officielles en 2011 et 0,7 litres d’alcool sont
consommés par habitant en 2013 selon l’OMS, faisant de l’algérien le premier consommateur d’alcool au
Maghreb. S’agissant de l’urbanisation, elle est passée de 30% de la population en 1960 à plus de 75% en
2014 selon la banque mondiale avec toutes ses conséquences sur le stress et la pratique du sport. En plus
de ces facteurs, la baisse de la fécondité passé de près de 7 enfants par femme en 1950 à moins de 2
enfants en 2014 ont conduit au développement des maladies chroniques qui touchent près de 60% des
algériens, maladies nécessitant une prise en charge longue et couteuse. De ce fait, le système de santé
algérien se trouve contraint de faire face à des coûts de prise en charge importants, mais surtout doit
adapter son offre de soins à la nouvelle demande en termes de personnel et de structures sanitaires. La
transition socio-économique se manifeste notamment par une augmentation de l’Indice de développement
Humain (IDH) passé de 0,5 en 1980 à plus de 0,7 en 2014, ce qui a eu pour conséquence l’augmentation
des dépenses de santé. La problématique du financement du système de santé est largement posée,
notamment avec les prévisions à la baisse de la population active et la hausse de la population âgée de
plus de 60 ans pour représenter près du quart de la population totale d’ici 2030 selon les nations unies. Le
système de santé algérien et surtout le système de sécurité sociale doivent résoudre plusieurs contraintes
principalement l’augmentation des dépenses de santé et la répartition géographique de l’offre de soins afin
d’assurer un meilleur accès aux soins.
A. La transition épidémiologique  :

671
Marquée par l’éradication des maladies transmissibles ou presque, et l’émergence des maladies chroniques
qui touchent près de 60% de la population selon le ministère de la santé, de la population et de la réforme
hospitalière (MSPRH).
A.1. Les maladies transmissibles
On distingue 5 catégories de maladies  :
- Les maladies à transmission hydrique (MTH),
- Les maladies bénéficiant de programme élargi de vaccination (MPEV),
- Les maladies à transmission vectorielle,
- Les zoonoses,
- Les maladies sexuellement transmissibles.
 Les maladies à transmission hydrique (MTH)  : Jusqu’à 1990, les maladies à transmission
hydrique occupaient la première place parmi les maladies à déclaration obligatoire en Algérie, elles
étaient à l’origine de 25% des causes des décès des enfants âgés de 1 à 14 ans 1 .
Graphique 01 : évolution des maladies à transmission hydriques en Algérie.

70 La fièvre typhoïde Les hépatites virales Les dysenteries Le choléra Les toxi-infections alimentaires collectives

60
taux/ 100 000HBTs

50
40
30
20
10
0

Source : graphique réalisé par nos soins à partir de : INSP, relevés épidémiologiques annuels 1980-2011,
Algérie.
Aujourd’hui, les MTH semblent être maitrisées, grâce à  l’amélioration des conditions de l’habitat en
conséquence aux nombreux programmes nationaux de construction de logement ayant réduit le taux
d’occupation par logement passant de 7,1 personnes par logements en 1998 à 4,8 personnes par logements
en 2012. De plus, 85% de la population boit de l’eau potable 2 et 95% de la population à accès à des
installations d’assainissement améliorées 3 .
 Les maladies bénéficiant de programme élargi de vaccination (MPEV),
La vaccination des maladies  suivantes : la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la
poliomyélite et la méningite  ; est rendue obligatoire et gratuite depuis 1968 avec le décret 69-88, du
19/06/1969. Quant à la rougeole, elle a était intégrée au programme de vaccination national obligatoire en
1985, ce qui explique justement la baisse consécutive de l’épidémie de rougeole en 1985 par rapport à
1984.
Graphique n°02  : évolution des maladies bénéficiant d’un programme élargi de vaccination.

1
Fellah L., étude exploratrice du système de prévention algérien : déterminisme et problématique, thèse de doctorat en sciences économiques, université
d’Alger, 1998. P.38.
2
OMS : statistiques sanitaires mondiales 2013, édition OMS, suisse 2013. P.110.
3
Idem.

672
La tuberculose* La rougeole La diphtérie Le tétanos La coqueluche La poliomyélite La méningite
180
160
140
120
taux/ 100 000HBTs

100
80
60
40
20
0

Source : graphique réalisé par nos soins à partir de : INSP, relevés épidémiologiques annuels 1980-2011,
Algérie.
L’incidence des MPEV est très faibles grâce au programme élargi de vaccination (PEV) mis en place par le
Ministère de la Sante et de la Population et de la réforme hospitalière, qui stipule selon l’Organisation
Mondiale de la Sante (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour 1’Enfance (UNICEF) que tous les enfants
soient vaccinés contre la tuberculose (BCG), contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche par trois prises
de vaccins (DTC3), contre la poliomyélite par trois prises de vaccins oral (VPO3) et contre la rougeole
(VAR) avant l’âge d’un an.
 Les maladies à transmission vectorielle  :
En Algérie, la maladie la plus répondue et ayant fait l’objet d’un programme national est le paludisme, ayant
fait des ravages.
Graphique n°03  : évolution du paludisme en Algérie.

2,5

2
tauxpour 100000HBts

1,5

0,5

0
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : graphique réalisé par nos soins à partir de : INSP, relevés épidémiologiques annuels 1980-2011,
Algérie.
L’incidence du paludisme est très faible, les quelques cas encore recensés, sont à plus de 90% des cas
importés des pays africains frontalière. Aujourd’hui, la maîtrise et l’éradication du paludisme dépend du
degré de vigilance et de surveillance des zones à risque, notamment les régions frontalières où le risque
d’importation d’épidémie est très élevé. Ce phénomène se renforce encore avec l’exode des populations
des pays frontaliers à cause de l’insécurité politique qui règne.
 Les zoonoses  :
Les zoonoses en Algérie enregistrent encore des taux alarmants. D’autant plus qu’il s’agit de maladies qui
laissent des séquelles graves sur l’homme. Les principales persistant encore  sont :
 La rage,
 La brucellose,
 La leishmaniose.
Graphique n°04  : évolution des zoonoses en Algérie.

673
La rage La brucellose La leishmaniose
100
80
taux/100 000HBTs

60
40
20
0
9 0 9 1 9 2 9 3 9 4 95 96 97 98 99 00 01 02 03 0 4 0 5 0 6 0 7 0 8 09 10 1 1
19 19 19 19 19 1 9 1 9 1 9 1 9 1 9 2 0 2 0 2 0 2 0 20 20 20 20 20 2 0 2 0 20

Source : graphique réalisé par nos soins à partir de : INSP, relevés épidémiologiques annuels 1980-2011,
Algérie.
Les zoonoses continuent à enregistrer des taux alarmants. La rage humaine continue de faire des décès en
Algérie du fait de l’ignorance des victimes du risque mortel auquel elles s’exposent. 20% seulement des
victimes consultent immédiatement, 8% consultent dans les 24heures qui suivent l’accident, 60% des
victimes ne consultent qu’après l’apparition des signes cliniques ce qui donne un taux d’échec de 40%
malgré la prise en charge immédiate. L’éradication de la rage humaine nécessite l’intervention de plusieurs
secteurs. Toutefois, l’intervention au niveau de la source du problème demeure primordiale, les efforts
doivent être renforcés envers le réservoir principal de la rage à savoir la population canine (chien et chat)
en effectuant une étude statistique de la taille de la population existante et abattre les animaux errants et
surtout rendre obligatoire la vaccination des chiens et chats domestiques. Sans oublier la sensibilisation
intensive de la population sur l’obligation de la consultation en cas de contact avec un animal suspecté
d’être enragé.
Quant à la brucellose, elles ne cessent d’accroitre notamment dans le milieu rural, avec une nette
prédominance masculine dans les régions pastorales. Selon une enquête réalisée par le les médecins
TABET DERRAZ et BESTAOUI 4 en 2012, la majorité des victimes sont de profession éleveur.
Pour ce qui concerne la leishmaniose, depuis mars 2006  ; un plan d’action national de lutte contre la
leishmaniose à été mis en place par le ministère de la santé, caractérisé par des compagnes de lutte anti-
vectorielle et une sensibilisation intensive avec les différents moyens de communication (radio, affichage
dans les centre de soins et télévision), ce qui à permet de ramené l’incidence de 79 cas/100 000 habitants
en 2005 à 53 cas/100 000 habitants en 2006, mais sa reste encore très élevé, sachant que cette maladie
laisse des cicatrices inesthétiques et indélébiles après guérison.
 Les maladies sexuellement transmissibles.
En Algérie, la seule maladie sexuellement transmissible faisant l’objet de déclaration obligatoire est le sida,
ce qui justifier l’absence de données statistiques pour les autres types d’infections sexuellement
transmissibles. Le dépistage et la déclaration du sida est rendue obligatoire avec l’arrêté ministériel du 24
mai 1998.
Graphique n°05  : évolution du SIDA en Algérie.

1400
1200
nombre cumulé depuis

1000
800
1985

600
400
200
0
19981999200020012002200320042005200620072008200920102011
Source : graphique réalisé par nos soins à partir de : INSP, relevés épidémiologiques annuels 1980-2011,
Algérie.

4
TABET DERRAZ N F. et BESTAOUI S : épidémiologie et clinique de la brucellose humaine sur trois décennies en zone endémique, 13 ième journées
nationales d’infectiologie, 13 – 15 /06/2012, SIDI BELABBES, Algérie. P.01.

674
Le système de surveillance des IST et de l’infection à VIH se base sur la notification des cas d’infections
dans le cadre du programme de surveillance des maladies à déclaration obligatoire, la séro-surveillance
sentinelle et l’évaluation de la file active des patients suivis dans les 7 centres de référence de prise en
charge des infections à VIH (CDR) du pays.
Cependant, ce système reste défaillant, du fait que beaucoup de sujet ne déclare pas leur maladie
puisqu’elle reste une maladie tabou dans la société algérienne, ce qui fait que la réalité de la prévalence de
cette maladie peut être plus grave.
En 2009, un manuel opérationnel du suivi et d’évaluation du plan national stratégique de lutte contre les
IST/ VIH/sida a été élaboré, toutefois l’évaluation des effets reste précoce.
Pour conclure, les maladies transmissibles sont nombreuses et coûteuses, l’Algérie à réussi grâce aux
nombreux programmes de lutte, de vaccination et d’éradication à maitriser plusieurs d’entre elles  ;
cependant plusieurs autres persistent encore ce qui interpelle les différents acteurs de la santé publique à
revoir les insuffisances constatées des programmes nationaux et de renforcer les efforts plurisectoriels.
Mais surtout, la persistance de ses maladies rend très complexe la prise en charge médicale des malades,
notamment avec l’émergence des maladies chroniques.
A.2. Les maladies non transmissibles.
D’après les études menées depuis 1990 par l'Institut national de santé publique (INSP) 60% de la
population serait touchée par les maladies chroniques, les maladies cardiovasculaires, le diabète non
insulinodépendant, les maladies respiratoires chroniques et les cancers sont les plus fréquents et
entraînaient des dépenses de santé de plus en plus élevées. Les maladies de l'appareil circulatoire tendent
à se situer en première ligne du profil de morbidité des Algériens.
Selon une enquête de l’INSP en 2007, l’hypertension artérielle vient largement en tête des pathologies
chroniques les plus fréquentes avec un taux de 24.58%. Suivi du diabète (12.33%), puis l’asthme (9%) et
les rhumatismes (8.15%). Les autres pathologies cardiovasculaires, les maladies mentales et les handicaps
sensoriels sont retrouvés dans des proportions non négligeables (6,80%, 5,44% et 4,60% respectivement).
Viennent ensuite les autres pathologies du système nerveux, les troubles du métabolisme et les rhinites
allergiques 5 . Comme le montre la figure suivante  :
Graphique n°06: la prévalence des maladies chroniques en % de la population totale en Algérie.

Source : INSP : enquête nationale santé, transition épidémiologique et système de santé, Alger novembre
2007. P.60.
Pour ce qui est du cancer, les formes les plus fréquentes chez l'homme sont celles du poumon et de la
vessie, et chez les femmes  ; c’est le cancer du col de l'utérus et du sein. Le taux de prévalence du cancer
dans notre pays est passé de 80 cas pour 100 000 personnes dans les années 1990 à 120 cas en 2008. Il
devrait atteindre 300 cas pour 100 000 personnes d’ici 2018 et enregistrer un taux comparable à ceux que
l’on retrouve dans les pays développés. Un autre chiffre révélateur de l’expansion de cette pathologie est
mis en avant par le ministère de la santé. En effet, en 2008, le cancer représentait 21% des causes de
mortalité en Algérie et un tiers des décès causés par des maladies non-transmissibles dans la tranche
d’âge 30-70 ans.
La prévalence des maladies chroniques augmente avec l'âge. Ainsi, il est constaté que dans le cas de
l'hypertension artérielle, 20% des cas représentent la tranche d'âge des 60 à 69 ans et dans 26% des cas
chez les sujets âgés de 70 ans et plus.

5
INSP : enquête nationale santé, transition épidémiologique et système de santé, Alger novembre 2007. P.59.

675
De la même façon, le diabète est observé dans 10,6% dans le groupe de personnes âgées de 60 à 69 ans.
Les maladies articulaires sont observées chez 13% des personnes de plus de 70 ans. Le diabète, les
maladies cardiovasculaires, celles des articulations et l'asthme sont plus répandus chez la femme, alors
que les maladies mentales sont plus fréquentes chez l'homme.
Le taux de prévalence de l’hypertension artérielle est passé en 2008 à 33% chez les femmes et à 34% chez
les hommes selon l’OMS, celui de la prévalence de l’élévation de la glycémie à jeun chez les adultes de 25
ans et plus est de 9,3% chez les femmes et de 9% chez les hommes 6 .
B. La transition démographique.
Le phénomène de transition démographique que connaisse l’Algérie depuis peut de temps et un phénomène
mondial, que plusieurs pays dans le monde connaissent depuis longtemps en l’occurrence les pays d’Asie
et d’Europe.
La situation s’explique par l’inversement de la pyramide d’âge avec un taux de natalité faible et un taux de
mortalité aussi faible, la population algérienne tend à vieillir.
en 2014, l’indice synthétique de fécondité est passé de plus de 7 en 1970 à 2.78, le taux de croissance
démographique s’est stabilisé autour de 20‰, l’espérance de vie à la naissance s’approche de 75 ans,
l’indice de vieillissement avoisine les 10% avec des prévisions d’atteindre 30% d’ici 2050. L’ensemble de
ses indicateurs sont le résultat de plusieurs facteurs  :
- la baisse du pouvoir d’achat,
- L’urbanisation accrue renforcée par l’exode rural encouragé par l’industrialisation et les grands
chantiers publics dans les villes (infrastructures, …),
- La prise de conscience des risques des grossesses répétées, grâce à la scolarisation des filles,
- Le développement du marché de travail des femmes,
- Le changement des comportements des parents, qui cherche à investir plus sur la qualité de vie de
leurs enfants.
C. La transition socio-économique.
La transition socio-économique se manifeste par le changement de plusieurs indicateurs socio-économiques
caractérisant la population algérienne.
 La sédentarité  : elle se manifeste par l’urbanisation accélérée de la population algérienne, passant
de 1/3 de la population est urbain au lendemain de l’indépendance à plus des ¾ de la population en
2014 (75,39% en 2014) 7 .
 Le changement des habitudes alimentaires  : la sédentarité et la baisse du pouvoir d’achat des
algériens à modifié manifestement leurs habitudes alimentaires. La consommation des fruits et des
légumes a sensiblement baissé en faveur des sandwichs, des pizzas, des sucreries et des surgelés.
Ce qui engendre le problème de l’obésité, en Algérie un enfant sur trois est obèse et risque de le
rester toute sa vie en 2010, et 60% des personnes âgées entre 35 ans et 70 ans ont un surpoids,
dont 22% sont obèses selon le ministère de la santé. Le problème de malnutrition et du surpoids est
souvent associé au diabète, aux cardiopathies, et au cancer.
Concernant le tabagisme, sa consommation est en nette augmentation bien que l’Algérie a ratifié par le
décret présidentiel n°06-120 du 12 mars 2006, la convention de l’OMS pour la lutte anti tabac adoptée à
GENEVE le 21 mai 2003. 90% des cas de cancer du poumon en Algérie sont causés par le tabac. La
consommation annuelle du tabac est estimée à 25  000 tonnes avec un accroissement annuel de 5% en
moyenne. La prévalence du tabagisme totale en 2011 est de 29% avec une prévalence tabagique par sexe
de 49% pour le sexe masculin et 7% pour le sexe féminin. 25% des fumeurs sont âgés de moins de 21 ans
et 25 % entre 21 et 27ans 8 . Quant à la prévalence du tabagisme chez les adolescents de 13 à 15 ans, elle
est de l’ordre de 26% chez le sexe masculin et 6% chez le sexe féminin pour la période 2005-2010, selon
les données de l’OMS. Bien que le tabac reste le produit économique le plus lourdement taxé après les
hydrocarbures, sa consommation ne cesse d’accroitre. Par ailleurs, on estime que malgré ses recettes
fiscales qui représentent 21% de la fiscalité totale, chaque 1 dinar collecté par le trésor public, l’état
algérien dépense 3 dinars dans le traitement des pathologies qui en résulte.
Pour ce qui est de la consommation de l’alcool, l’Algérie viennent en tête de liste  ; Classée selon le rapport
de l’OMS de 2013, le deuxième plus grand pays consommateur au Maghreb avec une consommation de 0,7

6
OMS : statistiques sanitaires mondiales, suisse 2013. P. 111. In, http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/82056/1/9789242564587_fre.pdf
7
Banque mondiale, Algérie, urbanisation. In, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?
langue=fr&codePays=DZA&codeStat=NY.GDP.PCAP.PP.KD&codeStat2=x
8
Association ENNOUR (aide aux malades atteints du cancer et lutte contre le tabac) : tabagisme en Algérie. In, www.ennour.org

676
litre par habitant juste après la Tunisie (1.1 litre par habitant). La consommation totale est de 270.000
hectolitres dont 63% en bière, 35% en vin et 2% en autres diverses boissons 9 .
 Le déséquilibre du système de retraite  : Selon les statistiques, la moitié de la population
algérienne n’est pas concernée par le système de sécurité sociale. L’équilibre actifs/inactifs risque
de se dégrader, notamment si l’on sait qu’en 1998 on comptait 8 travailleurs qui cotisent pour un
retraité, aujourd’hui (2014) on ne compte que 2 travailleurs qui cotisent pour un retraité. Ceci est le
résultat du vieillissement de la population, l’augmentation du nombre des retraités (451  000 en
1986, 1 032 000 en 1998, 2  500 000 en 2014) tandis que la population active occupée ne progresse
pas avec le même rythme (2  647 952 en 1977, 4  341 102 en 1987, 4  958 520 en 1991, 7  568 000 en
2001, 9 599 000 en 2011) 1 0 . Depuis 1985, le taux de prélèvement par salarié pour couvrir les
dépenses d’assurance vieillesse a plus que doublé  ; 7% en 1985 à 16 % en 2000 et 17,25% à partir
de 2006.
 Le chamboulement du marché de l’emploi  : selon les prévisions, la population active va dépasser
la moitié de la population totale d’ici 2020. En effet, la demande d’emploi additionnelle sera très
importante entre 500 et 800 000 par an, avec un taux d’activité des femmes variant de 10% en début
de période à 50% en fin de période. Cette demande additionnelle s’ajoute naturellement au stock de
demandeurs d’emplois déjà existant ce qui va augmenter encore le taux de chômage.
 Le taux de scolarisation élevé  : Le taux de scolarisation en Algérie est parmi les taux les plus
élevé, avoisinant les 98% en 2013. Quant au taux d’analphabétisme, il a reculé de 85% au
lendemain de l’indépendance en 1962, 22% en 2008 et 18% en 2013. Le taux de passage du
primaire au moyen s’élevé à 80%. Quant au taux de passage du cycle moyen au cycle secondaire, il
est de l’ordre de 40% en 2013 1 1 .
 Frais d’installation plus élevés pour les nouveaux couples  : Sur le plan social, le nombre de
famille par ménage à connu compte à lui une baisse. Les recensements montrent une tendance
générale à la réduction du nombre de familles par ménage (1,02 en 2011 contre 1,15 en 1998
contre ; 1,25 en 1987   et 1,31 famille par ménage en 1966) et du nombre de familles par logement.
Ce phénomène est appelé la nucléarisation des ménages.
Les frais d’établissement engendrés pour les couples relèvent de moins en moins du groupe familial serait
l’un des facteurs explicatif du relèvement de l’âge moyen au mariage. Selon l’ONS, l’âge moyen au mariage
en Algérie est de 30 ans pour les femmes et plus de 35 ans pour les hommes. Ce constat aura comme
conséquence l’orientation de l’épargne vers l’achat de biens de consommation durable notamment
immobiliers.
 L’amélioration du niveau de vie des algériens  : l’IDH algérien est passé de moins de 0,5 en 1980
à plus de 0,7 en 2014 grâce à l’amélioration de l’espérance de vie à la naissance, au taux de
scolarisation et d’alphabétisation et l’augmentation du PIB par habitant (estimé à près de 7500 $par
habitant en 2014) 1 2
La société algérienne a connue plusieurs mutations d’ordre épidémiologique, social et économique, l’ayant
plongée dans un processus de transition sanitaire accéléré, d’une part les maladies transmissibles qui
persistent encore à l’égard des zoonoses et des maladies sexuellement transmissibles, qui ne cessent de
faire des ravages dans le pays.
D’autre part, le développement des maladies chroniques, maladies dégénératives de longues durées et
surtout mortelles suite à l’allongement de l’espérance de vie à la naissance, la dégradation de l’hygiène
alimentaire et de vie, l’urbanisation, l’alphabétisation accrue et la baisse de la fécondité.
De ce fait, le système de santé algérien se trouve contraint de faire face à des coûts de prise en charge
importants, mais surtout doit adapter son offre de soins à la nouvelle demande en termes de personnel et
de structures sanitaires.
D. L’offre de soins en Algérie.
Le système national de santé est l’ensemble des activités et des moyens destinés à assurer la protection et
la promotion de la santé de la population. Il est organisé de manière à pouvoir prendre en charge les
besoins de la population en matière de santé de façon globale, cohérente et unifiée dans le cadre de la
carte sanitaire. Il est conçu dans l’objectif d’améliorer la santé des populations, l’équité et la capacité de
répondre aux attentes légitimes des populations.
Depuis 1995, cinq régions sanitaires sont adoptées. Il s’agit des régions  : Centre, Est, Ouest, Sud-est et
Sud-ouest. Le tableau suivant présente la composition de chaque région sanitaire.
9
OMS : statistiques sanitaires mondiales, Op. Cit. P. 111.
10
ONS : enquête emploi auprès des ménages 2011, collections statistiques n°173, série S (statistiques sociales), Alger 2011. P. 6.
11
Unesco, donnes mondiale de l’éducation, 9ième édition, 2012-2013. P.23. In, http://unesdoc.unesco.org
12
La banque mondiale, Algérie ; le PIB par habitant. In, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?
langue=fr&codePays=DZA&codeStat=NY.GDP.PCAP.PP.KD&codeStat2=x

677
Tableau n° 1 : répartition des wilayas sur les régions sanitaires.
Régions Centre (chef Ouest (chef lieu Est (chef lieu Sud-ouest Sud-est
sanitaires lieu  « Oran ») «Constantine  »)  (chef lieu (chef lieu
« Alger ») « Béchar » « Ouargla »)
)
Wilaya Alger, Blida, Oran, Relizane, Constantine, Béchar, Ouargla,
d’appartenance Boumerdes, Chlef, Mascara, Annaba, Tindouf, Ghardaïa,
Tipaza, Tizi Aïn Témouchent, Guelma, Adrar, Illizi,
Ouazou, Sidi Bel Abbès, Skikda, El Naâma, El Tamanrasset
Bejaia, Tlemcen, Saïda, Taref, Tebessa, Bayadh. , El Oued,
Bouira, Mostaganem, Khenchela, Biskra,
Médéa, Tissemsilt, Mila, Souk Laghouat.
Djelfa, Bordj Tiaret. Ahras, Oum El
Bouariridj, Bouaghi, Sétif,
Aïn Defla. Jijel, Batna,
M’sila.
Source : Brahamia B., économie de santé, évolution et tendance des systèmes de santé. Edition
Bahaeddine, Constantine 2010. P.363.

Depuis l’an 2000, le système de santé algérien a subi plusieurs réformes visant à améliorer l’offre publique
de soins de santé à travers l’adoption de la réforme sur la nouvelle carte sanitaire. La réforme comporte
deux volets principaux  :
 Le premier volet est la contractualisation des prescriptions médicales à travers la notion du médecin
traitant. Ce qui oblige les patients à se soigner chez un seul médecin traitant librement choisi.
 Le second volet de la réforme et le plus important consiste en la décentralisation du système de
soins. De ce fait, l’hôpital public qui été jusque là le centre du système de soins et le responsable
de toutes les actions et programmes préventifs et curatifs, sera libéré de toutes ces tâches, et sera
consacré désormais à l’offre de soins hautement spécialisés.
La réforme est stipulée dans le décret exécutif n°07-140 du 19 mai 2007 portant création, organisation et
fonctionnement des établissements publics hospitaliers (EPH) et des établissements publics de santé de
proximité (EPSP) ayant porté la création de 192 EPH, 271 EPSP, 1495 polycliniques et 5117 salles de
soins 1 3 .
S’agissant des établissements publics de santé de proximité, ils sont dotés de l’autonomie financière et
administrative quant à la prise de décision sur la distribution des soins de santé de base et sur les actions
préventives. L’EPSP est composé d’un ensemble de polycliniques et de salles de soins couvrant un bassin
de population bien déterminé.
La polyclinique qui est désormais le centre de l’EPSP sera gérée par un conseil d’administration propre à
une direction distincte de celle de l’hôpital. Et elle sera dotée de laboratoires d’analyse médicale et de
service de radiologie afin de mieux servir les habitants 1 4 .
Ainsi, en 2013 le secteur public de soins de santé comptait  :
- 14 Centre Hospitalo-Universitaire (CHU) avec 13  254 lits d’hospitalisation,
- 5 Etablissements Hospitaliers (EH) avec 850 lits d’hospitalisation,
- 69 Etablissements Hospitaliers Spécialisés (EHS) avec 10952 lits d’hospitalisation,
- 195 Etablissements Publics Hospitaliers (EPH) avec 38  156,
- 271 Etablissements Publics de Santé de Proximité (EPSP),
- 1627 Poly Cliniques avec 3387 de lits d’urgence,
- 417 maternités avec 3022 lits,
- Et 5484 salles de soins.
Le secteur privé pour sa part participe dans l’offre de soins par  :
- 398 cliniques privées avec 5230 lits,

13
Brahamia B., économie de santé, évolution et tendance des systèmes de santé. Edition Bahaeddine, Constantine 2010 P.401.
14
Larbi A., nouvelle carte sanitaire : les secteurs sanitaires se transforment en EPH et EPSP ; 12/07/2007. In, www.santemaghreb.com

678
- 19 114 cabinets médicaux.
Si l’on se refaire aux données globales, le pays est doté en infrastructures médicales suffisantes pour
couvrir l’ensemble des besoins de la population. D’ailleurs, l’examen des statistiques des investissements
publics montrent qu’elles sont restées presque inchangées sauf pour les établissements hospitaliers (EH) et
les établissements hospitaliers spécialisés (EHS) depuis 1996, comme le montre les données du tableau
suivant :
Tableau n°02 : l’évolution des infrastructures de santé publiques (1996-2013)
infrastructures publiques 1996 2013
CHU 13 14
NBRE lits 15845 13254
EH 0 5
NBRE lits 0 850
EHS 21 69
Nombre lits 5913 10952
EPH 176 195
Nombre lits 29955 38156
EPSP
EPSP 271 271
Nombre poly 455 1627
Nombre salles de soins 3748 5484
Source : tableau réalisé par nos soins à partir des données du MSPRH.
Le nombre de lits d’hospitalisation a subi une augmentation continue qui vise à améliorer l’indice global de
1,88 lit par habitant, cependant ses lits demeurent toujours sous utilisés, avec un taux d’occupation
avoisinant les 70% en 2013.
La baisse des journées d’hospitalisation peut être justifiée par le développement des technologies de soins
qui tendent à raccourcir le nombre de journées d’hospitalisation au profit de la médecine ambulatoire 1 5 .
La problématique de l’offre de soins en algérien n’est pas le nombre d’infrastructures, c’est surtout la
répartition géographique et la qualité des soins de santé offertes. L’examen des données explorées par
régions sanitaires révèle cette insuffisance.

Tableau n°03 : la répartition des structures de soins par régions sanitaires.


Régions Régions Régions Régions Régions
Infrastructures
centre ouest est sud est sud ouest
CHU 7 3 4 0 0
NBRE lits 5386 3756 4112 0 0
EH 2 3 0 0
NBRE lits 410 439 0 0
EHS 20 21 20 1 7
NBRE lits 4248 3018 2772 150 764
EPH 55 35 66 25 14
NBRE lits 11234 7833 10841 5911 2337
EPSP
nombre EPSP 66 56 76 50 23
NBRE polyclinique 365 258 350 115 43

15
Brahamia B., économie de santé, évolution et tendance des systèmes de santé, Op. Cit. P.380.

679
lits urgence polyclinique 1038 662 880 445 289
nombre maternité 105 110 110 46 38
lits maternité 800 885 842 278 191
nombre salles de soins 1483 1422 1751 538 351
Cabinets médicaux privés 8470 3904 5522 978 240
Cliniques privées 181 78 117 20 2
Source : tableau et calculs réalisés par nos soins à partir des données du MSPRH.

Tout le sud du pays est privé de soins de santé hautement spécialisés vue l’absence de CHU et d’EH, ce
qui oblige les patients à se déplacer vers les wilayas du nord pour recevoir les soins médicaux qualifié de
pointes, alors que les populations du nord sont mieux couvertes.
L’examen des taux de couvertures sanitaires par régions montre une répartition non équitable des
structures de soins, comme le montre le tableau suivant.
Tableau n°04 : les taux de couverture en infrastructures par région sanitaires en 2013.
Régions Régions Régions Régions Régions sud
Infrastructures
centre ouest est sud est ouest
Nombre de CHU 7 3 4 0 0
2515654,
Habitants pour un CHU 1776541,3 2955604 0 0
5
Nombre lits CHU 5386 3756 4112 0 0
Habitants pour un lit
2308,9 2360,7 2447,1 0 0
CHU
Nombre EH 0 2 3 0 0
Habitants pour un EH 0 4433406 3354206 0 0
Nombre de lits EH 0 410 439 0 0
Habitants pour un lits EH 0 21626,4 22921,7 0 0
Nombre EHS 20 21 20 1 7
Habitants pour 1 EHS 621789,5 422229,1 503130,9 3427314 190306,4
Nombre lits EHS 4248 3018 2772 150 764
Habitants pour 1 lit EHS 2927,4 2937,9 3630,1 22848,8 1743,6
Nombre EPH 55 35 66 25 14
Habitant pour un EPH 226105,3 253337,5 152463,9 137092,5 95153,2
Nombre lits EPH 11234 7833 10841 5911 2337
Habitants pour 1 lits EPH 1106,9 1131,9 928,2 579,8 570
Nombre EPSP 66 56 76 50 23
Nombre polyclinique 365 258 350 115 43
Habitants pour 1
34070.6 34367.5 28750.3 29802.7 30980.1
polyclinique
Nombre lits urgence
1038 662 880 445 289
polyclinique
Habitants pour 1 lit
11980,5 13393,9 11434,8 7701,8 4609.5
urgence polyclinique
Nombre maternité 105 110 110 46 38
Habitants pour 1
118436,1 80607,4 91478,3 74506,8 35056,4
maternité

680
Nombre lits maternité 800 885 842 278 191
Habitants pour lits 1
15544,7 10018,9 11950,8 12328,5 6974,6
maternité
Nombre salles de soins 1483 1422 1751 538 351
Habitants pour 1 une
8385,6 6235,4 5746,8 6370,5 3795,3
salle de soins
Nombre Cabinets
8470 3904 5522 978 240
médicaux privés
Habitants pour a
1468,2 2271,2 1822,3 3504,4 5550,6
cabinets privés
Nombre Cliniques
181 78 117 20 2
privées
Habitants pour 1 clinique
68706 113677,1 86005,3 171365,7 666072,5
privée
Source : tableau et calculs réalisés par nos soins à partir des données du MSPRH.
Plus de 80% de la population algérienne vive sur le littoral, ce qui fait que malgré le nombre élevé de
structures au nord, les taux de couvertures restent encore élevé.
Pour ce qui est des CHU et EH, les taux de couverture sont très élevés, dépassant les 2 millions d’habitants
par structure, avec une absence totale au sud, cette insuffisance se répercute sur les délais d’attente d’une
intervention chirurgicale (2 mois et plus), ce qui favorise le recours aux cliniques privées, par les couches
de population aisées financièrement.
Concernant les EHS, la région sud EST est très faiblement couverte avec un seul EHS pour plus de 3
millions d’habitants. S’agissant des EPH, l’insuffisance est plutôt constatée au nord centre et ouest. La
couverture sanitaire de proximité par les EPSP est plutôt homogène sur tout le territoire national. La
médecine privée pour sa part est plutôt développée dans le nord du pays, dont plus de 90% de l’offre est
concentrée.
Par ailleurs, les structures chargées de la prise en charge de maladies graves ou nécessitant une prise en
charge spéciales, à l’égard du cancer, de l’Alzheimer, le diabète ou le SIDA, est très pauvre si l’on sache
qu’il n ya qu’un seul centre d’Alzheimer à l’échelle nationale à BLIDA. Les centres anti cancer sont au
nombre de 14 avec une capacité de 1820 lits dont plus de 70% sont situés au nord. La seule maison pour
diabétique se trouve à Mostaganem et le seul institut de cardiologie se trouve à Alger. Les centres
hémodialyse sont au nombre de 15, quant aux centres de traitement du SIDA, ils sont au nombre de 8. Bien
que le pays connaisse depuis plus de 10 ans l’émergence de ces maladies, l’investissement dans les
infrastructures compétentes pour leur prise en charge reste très faible.
En plus du déséquilibre en termes de structures, l’encadrement médical aussi enregistre un problème de
répartition sur le territoire national.

Tableau n°05 : le personnel médical en Algérie 2013.


chirurgiens
spécialistes Généralistes pharmaciens
dentistes Total
M F T M F T M F T M F T
298 552 355
EH/EPH 2546 2160 5718 69 179 248 102 228 330 11824
2 8 8
132 197
CHU/EHU 647 301 789 1090 21 76 97 17 112 129 3289
6 3
128
EHS 431 852 186 588 774 14 35 49 20 81 101 2207
3
105 137 936 1511 177 451 629
EPSP 320 5758 128 266 394 23186
8 8 0 8 9 7 6
590 886 341 183 360 544 328 589 917
privé 2955 3046 6458 29940
9 4 2 9 2 1 6 1 7
Source : tableau réalisé par nos soins à partir des données du MSPRH, Alger 2014.

681
L’examen des statistiques dans leur globalité montre que la couverture sanitaire en Algérie avoisine celle
des pays développés, avec  en 2013:
- 1 médecin spécialiste pour 2000 habitants,
- 1 médecin généraliste pour 1980 habitants,
- 1 chirurgien dentiste pour 3100 habitants,
- 1 pharmacien pour 3750 habitants.
Avec une prédominance féminine (plus de 63% en 2013), le personnel médical en Algérie se concentre dans
les grandes agglomérations du nord avec environ 90%, puis il diminue plus en avance dans le Sahara.
Notamment pour ce qui concerne les médecins spécialistes.
Les statistiques du ministère de la santé, montre que 35% des structures publics de soins exerçant au sud
ne compte aucun médecin spécialiste. Ce manque se justifié par la fuite des médecins des conditions
climatiques difficile du sud d’une part, et la cherche la rentabilité qu’offre le secteur libérale au nord. Cette
tendance accrue à la privatisation de la médecine spécialisée est le reflet de l’essor du marché privé de
soins de santé, qui offrent des services de santé de qualité, au détriment du secteur public, notamment
pour certains actes médicaux conventionnés avec la sécurité sociale qui connaissent un essor important à
l’égard de l’hémodialyse rénale, la chirurgie générale, gynéco obstétrique 1 6 , l’ophtalmologie etc.
Un autre phénomène peut justifier la mauvaise répartition du personnel médicale est la faible mobilité du
personnel médical notamment féminin, qui refuse pour des raisons culturelles de se déplacer vers d’autres
wilayas pour travaillé. Ce qui fait, qu’au nord du pays il y a plusieurs médecins en chômage, alors qu’au
sud le besoins est flagrant dans toutes les spécialités.
Et même du côté formation des médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes, elle est assurée en
exclusivité par onze facultés de médecine, toutes situées dans les wilayas du nord du pays.
De plus, plusieurs spécialités en médecine affichent un déficit important vu l’augmentation de l’incidence
élevé des maladies chronique à l’égard des spécialistes en diabète-endocrinologie, cardiologues,
hématologues, etc. comme le montre le tableau suivant  :
Tableau n° 06: l’encadrement médical de certaines spécialités en 2013.
Région Région Région Région sud Région sud
centre est ouest est ouest
Cardiologue 275 95 108 28 11
1 cardiologue pour 45 343 H 105 82 100 H 122 404 121 104
922H
Diabeto- 357 126 82 6 6
endocrinologue
1 diabeto- 34 834H 79 862H 108 132H 571 219H 222 024H
endocrinologue pour
Hématologues 210 58 122 15 14
1 hématologue pour 59 218H 173 72 679H 228 488H 95 153H
493H
Cancérologue 110 35 48 0 0
1 cancérologue pour 113 053H 287 184 725H - -
503H
Source : ratios calculés par nos soins à partir des données du MSPRH.

L’encadrement médical est très mal réparti sur le territoire national, pour le diabète par exemple, deuxième
maladie chronique en Algérie avec plus de 12% de la population touchée, on compte dans la région
sanitaire centre 1 diabétologue pour 34  800 habitant contre plus de 570  000Habitants au sud est. Il en est
de même pour l’ensemble des maladies chronique qui croissent sans que l’encadrement médical suive le
même rythme. Les maladies cardiaques occupent la première place de maladies chroniques alors que le
taux d’encadrement oscille entre 1 cardiologue pour plus de 45  000 habitants au nord centre et plus de 122
000 habitants au sud. Sans oublié que la majorité de ces médecins exercent à titre privé et dans les
grandes agglomérations ce qui amplifié l’inégalité quant à l’accès aux soins entre les centres urbains et les
régions rurales 1 7 .

16
Zehnati A : l’émergence et l’expansion des cliniques privées en Algérie. In, www.ebanque-pdf.com/fr_systeme-de-sante-algerien.html

682
E. Le financement de la santé en Algérie.
Depuis l’année 2000, le pays connait la reprise de la croissance économique grâce à la remontée des cours
des hydrocarbures dans les marchés internationaux et l’amélioration des recettes de l’Etat. Cette situation
s’est répercutée positivement sur les ressources allouées au secteur de la santé, comme le montre
l’évolution des dotations budgétaires du ministère de la santé présenté dans le tableau suivant  :
Tableau n°07 : évolution du budget de la santé (2002-2013) en KDA
Année 2002 2003 2004 2005 2006 2007
s
Budget 58940528, 6651667 76524542, 74953143, 84378331, 112263559,
de la 4 8 4 6 2 2
santé
en
dinars
couran
t
Source : tableau réalisé par nos soins à partir de  : ministère de la santé, de la population et de la réforme
hospitalière  : statistiques sanitaires, 2002-2011, Alger.

Tableau n°07 : évolution du budget de la santé (2002-2013) en KDA (suite)


Années 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Budget de la 155041501 213987394 234014205 273431449 28 541 26 29 556 24
santé en ,2 ,8 ,6 ,2 3,4 7,2
dinars courant
Source : tableau réalisé par nos soins à partir de  : ministère de la santé, de la population et de la réforme
hospitalière  : statistiques sanitaires, 2002-2011, Alger.
Comme le montre les données du ministère, les ressources consacrées au secteur de la santé se sont
multipliées par plus de 5 fois au cours de cette dernière décennie grâce à l’amélioration de la situation
financière du pays.
La part des dépenses de santé par rapport au PIB a aussi enregistré une hausse comme le montre les
donnée de la banque mondiale  :

Tableau n°08 : évolution du financement du système de santé algérien.


200 200 200 200 200 200 2006 200 200 2009 2010 2011
0 1 2 3 4 5 7 8
Crois. PIB 3.8 3.0 5.6 7.2 4.3 5.9 1.7 3.4 2.0 1.7 3.6 2.1
Dép. 63 68 64 75 89 96.1 109.8 141 186 180.5 198. 224.
santé/hab. $ 2 8
US
Accr. Dép - 7.9 -5.9 17.2 18.7 8.0 14.26 28.3 31.8 - 2.8 9.8 13.4
santé/hab. (%)
Dép . santé en 3.5 3.8 3.5 3.5 3.4 3.1 3.1 3.5 5.4 4.6 4.3 4.4
% PIB
Dépenses 73.3 77.4 75.3 77.4 72.5 74.8 81.1 86 79.3 79.9 82
publiques de
santé (% DTS)
Structure des
dépenses (%)
Trésor 37.8 44.1 39.6 42.5 39.3 43.2 54.4 55.1 48.2 49.9 50.4
Sécurité 35.5 33.3 35.7 34.9 33.2 31.6 26.7 31.0 31.1 30.0 31.6
sociale

17
Zehnati A : les inégalités de répartition des praticiens privés de santé sur le territoire en Algérie. Consulté le 20/03/2015. In, www.erudite.univ-paris-
est.pdf

683
Ménages 26.7 22.6 24.7 22.6 27.5 25.2 18.9 13.9 20.7 20.1 18.0
Source : Diverses sources Banque Mondiale et OMS.
Le financement des dépenses de santé est assuré principalement par la sécurité sociale et le trésor public
à travers les prélèvements obligatoires et les cotisations de l’assurance maladie, couvrent près de 80%  ;
suivi par les ménages avec un degré de participation relativement faible près de 20%, ensuite viennent les
entreprises économiques, le secteur privé, les mutuelles et les coopérations internationales avec une
proportion marginale.
Par ailleurs, la part des dépenses de santé supportée par les ménages ne cessent d’augmenter d’année en
année depuis l’abandon de la gratuité de la médecine. Cette hausse est causé par 1 8  :
 Le recours à la médecine libérale appliquant des tarifs plus élevés que les tarifs des structures
publiques.
 Le déremboursement de certains médicaments,
 Les pratiques d’automédication,
 Les écarts importants entre les tarifs des actes médicaux réels sur le marché et ceux appliqués par
la caisse d’assurance maladie (CNAS et CASNOS) pour le remboursement qui dates de 1987 et ne
reflètent plus les coûts réellement déboursés par les ménages.
Ces ressources sont affectées principalement aux secteurs sanitaires et aux établissements hospitaliers
spécialisés avec plus de 70% du budget, suivis par les CHU avec près de 20% du budget  ; quant au reste
du budget de la santé, il est réparti entre les directions de santé publiques, des écoles de formation
paramédicale et des dépenses de l’administration centrale à Alger 1 9 .
La transition sanitaire que connait le pays depuis près de 30 ans maintenant, s’accentue de plus en plus
avec près de 60% de la population touchée par les maladies chroniques et plusieurs maladies endémiques
en prolifération encore. La demande de soins à complètement changé par rapport au passé, où l’on
enregistré une prédominance des maladies transmissibles. Aujourd’hui certaines de ces maladies
transmissibles ont été éradiquées mais beaucoup d’autres persistent encore, laissant le système de santé
perplexe entre la prise en charge des maladies transmissibles et les maladies non transmissibles.
L’amélioration des ressources de l’Etat à contribuer a la reprise de l’investissement public dans le domaine
de la santé, mais pas en infrastructures, puisque leur nombre est jugé suffisent, ce qui fait de l’Algérie le
seul pays d’Afrique disposant du réseau le plus dense en structures sanitaires. L’investissement public est
accès sur la capacité d’hospitalisation en augmentant le nombre de lits. Or, l’examen du taux d’occupation
affiché par le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière qui avoisine toujours 70%
en moyenne pour tout types de structures (CHU, EHS ,..), montre que l’investissement en lits
d’hospitalisation ni pas justifié, alors qu’il faut rentabiliser les lits déjà existants  ! Il y a lieu de créer ou de
spécialiser certaines structures -sous utilisées- pour la prise en charge des besoins spéciaux des malades
chroniques à l’égard des malades de l’Alzheimer et du diabète.
S’agissant de l’encadrement médical, la densité des médecins est satisfaisante se rapprochant même de
celle des pays développés, le problème de l’offre de soins est plutôt la répartition des médecins sur le
territoire national. La répartition des médecins crée une inégalité d’accès aux soins entre les populations du
nord et celles du sud, et entre les populations urbaines et les populations rurales. De plus il faut revoir la
formation médicale, en augmentant les effectifs dans les spécialités affichant un besoin avec le changement
du profil morbide de la population. Pour conclure, le problème du système de santé en Algérie, ni pas un
manque d’infrastructures sanitaire, ni de praticiens de santé, mais plutôt un problème d’adéquation entre
l’offre de soins et les besoins de soins de la population à l’ère de la transition sanitaire.
F. Références bibliographiques.
Association ENNOUR (aide aux malades atteints du cancer et lutte contre le tabac)  : tabagisme en Algérie.
In, www.ennour.org
Banque mondiale, Algérie, urbanisation. In,
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?
langue=fr&codePays=DZA&codeStat=NY.GDP.PCAP.PP.KD&codeStat2=x
Brahamia B., économie de santé, évolution et tendance des systèmes de santé. Edition Bahaeddine,
Constantine 2010
Fellah L., étude exploratrice du système de prévention algérien  : déterminisme et problématique, thèse de
doctorat en sciences économiques, université d’Alger, 1998.
INSP : enquête nationale santé, transition épidémiologique et système de santé, Alger novembre 2007.

18
Brahamia B., économie de santé, évolution et tendance des systèmes de santé, Op. Cit. P.395.
19
Idem.

684
INSP : enquête nationale santé, transition épidémiologique et système de santé, Alger novembre 2007.
P.60.
INSP, relevés épidémiologiques annuels 1980-2011, Algérie.
Larbi A., nouvelle carte sanitaire  : les secteurs sanitaires se transforment en EPH et EPSP  ; 12/07/2007. In,
www.santemaghreb.com
Ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière  : statistiques sanitaires, 2002-2011,
Alger.
OMS : statistiques sanitaires mondiales 2013, édition OMS, suisse 2013.
OMS : statistiques sanitaires mondiales, suisse 2013. In,
http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/82056/1/9789242564587_fre.pdf
ONS : enquête emploi auprès des ménages 2011, collections statistiques n°173, série S (statistiques
sociales), Alger 2011.
TABET DERRAZ N F. et BESTAOUI S  : épidémiologie et clinique de la brucellose humaine sur trois
décennies en zone endémique, 13 i è m e journées nationales d’infectiologie, 13 – 15 /06/2012, SIDI
BELABBES, Algérie.
Unesco, donnes mondiale de l’éducation, 9 i è m e édition, 2012-2013. In, http://unesdoc.unesco.org
Zehnati A : l’émergence et l’expansion des cliniques privées en Algérie. In, www.ebanque-
pdf.com/fr_systeme-de-sante-algerien.html
Zehnati A : les inégalités de répartition des praticiens privés de santé sur le territoire en Algérie. Consulté
le 20/03/2015. In, www.erudite.univ-paris-est.pdf
(*) Exposé réalisé par M m e Khoukha MEKALT , maître assistante à l’Université A-MIRA, Bejaia et par Brahim
BRAHAMIA, professeur à l’université MENTOURI, Constantine
TABAGISME.- Dans le monde, sept millions de personnes meurent chaque année des effets du tabagisme,
et près de 15.000 en Algérie. Selon le Pr. Djamel Eddine Nibouche, chef de service de Cardiologie à
l'Hôpital Nefissa Hamoud (Ex-Parnet) d'Hussein Dey, 47% de la population algérienne fument, dont 20%
sont des jeunes. Une enquête réalisée en 2015 par la Fondation nationale pour la Promotion de la santé et
le Développement de la recherche (FOREM), indique que 8% des filles et 39% des garçons fument du tabac
au quotidien. Selon la même étude, le cancer du poumon représente 15% de tous les cancers qui affectent
l'homme, et a doublé en 25 ans (1986-2010), passant de 11% à 20% pour 100.000 habitants, alors que le
cancer du larynx touche 2,5% de sujets. Plus grave, à cause du tabagisme, «il y a en Algérie, 45 morts par
jour et 15.000 décès par an», avait révélé le Pr. Nibouche. Les inquiétudes du Pr. Nibouche ont été
entendues, car la nouvelle loi sur la Santé est extrêmement coercitive contre les fumeurs dans les lieux
publics. Selon le Pr. Zidouni, «il faut mener le combat sur les deux fronts et maintenir la sensibilisation, et
être également coercitif, car on est passé à un stade où il faut vraiment sévir.» Pour lui, «il s'agit d'un enjeu
majeur de santé publique», car cela va aggraver, précise t-il, «le fardeau de la charge de morbidité que les
pouvoir publics doivent combattre contre cette épidémie, qui est en constante croissance». Il a dans la
foulée décrit les ravages du narguilé, la nouvelle mode de consommation de tabac, et «c'est un grand
danger de santé publique. Il y a des clubs qui se forment. La consommation de narguilé pendant une heure
équivaut à quatre ou cinq paquets de cigarettes, et un sujet peut inhaler jusqu'à dix litres de vapeur.» Plus
concrètement, le Pr. Zidouni estime qu'il faut «agir en amont et appliquer la loi, ne pas fumer dans les lieux
publics, aider les fumeurs à se débarrasser de ce fléau», avant de souligner qu' «on se propose comme
objectif de diminuer de 10% par an le nombre de fumeurs, et aller à 30%, selon les objectifs de l'OMS.» La
nouvelle loi sur la Santé compte 14 articles portant sur les dangers et l'interdiction du tabac dans les lieux
publics, et les amendes peuvent aller jusqu'à 5.000 DA. Sur la vente libre de tabac aux mineurs, il a indiqué
que «nous proposons dans l'arrêté que nous voulons établir et faire signer par les trois ministres des
brigades mixtes de contrôle pour appliquer cette mesure, même si cela sera difficile à appliquer.» Par
ailleurs, le Pr. Zidouni estime que «la hausse des taxes sur la cigarette ne dissuade pas les fumeurs»,
avant de relever qu'il faut aller «vers une augmentation progressive du prix du tabac chaque année, et aller
au-delà des 10% de hausse par an.» □ ALILAT Yazid (Le quotidien d’Oran, 11.06.18)
TRAFIC D'ASSURES SOCIAUX .- Le trafic des vignettes de médicaments (à l’instar de l’usage abusif de
la carte Chiffa) a pris une ampleur sans précédent durant plusieurs années sans que les
responsables de la caisse nationale d'assurances sociales puissent trouver la parade . Les faussaires de
vignettes, utilisant ordinateur et photocopieur, ont vu leurs réseaux se multiplier sur une grande échelle
parmi les assurés sociaux. Un nouveau système de remboursement des frais médicaux fut néanmoins
préconisé et appliqué sans grand résultat : la présentation de la vignette et de la notice d'utilisation des
médicaments pour le remboursement a réduit de 30% les prestations de certains centres. Ce système ne
demeure toutefois d'aucune fiabilité puisque il y aura toujours le recours à la reprographie et l'informatique
qui permettront aux faussaires de faire perdurer le trafic en imprimant les notices médicales. Afin de
maitriser les prestations de remboursement, les responsables de la CNAS envisagent de faire imprimer

685
les vignettes des médicaments à même l'emballage cartonné des produits. Ainsi, les assurés sociaux les
découperont pour les coller sur les feuilles de maladie.
Cette méthode, envisagée par la CNAS, sera bénéfique même pour la pharmacie centrale des hôpitaux qui
importe, à l'instar des laboratoires privés, des produits en vrac et non emballés comme cela se fait
actuellement. Outre les avantages cités, la vignette faisant corps à l'emballage créerait un nombre
important de postes d'emplois. Une étude sera lancée prenant comme échantillon, les centres payeurs dont
les prestations de remboursement sont jugées importantes. Dans bon nombre de wilayas, des milliers de
malades s'arrangent à tomber malades tous les dix jours en moyenne et ce phénomène a eu tendance à
se généraliser. D'où la nécessité de normaliser les prescriptions pour chaque pathologie. Les médecins
seront tenus d'inscrire sur les ordonnances qu'ils délivrent, le type de pathologie dont souffre le malade.
VIEILLESSE.- Les plus de soixante ans ne sont que deux millions environ, chiffre trés dérisoire, si on le
compare à celui des moins de vingt ans, qui occupent généreusement 65% de la population algérienne, on
peut dire qu'elle est loin des pays industrialisés, dominés par le troisième âge, marqués par de profondes
mutations, telle la diminution de la partie active et laborieuse de la population, larges conflits de
générations, un bouleversement de la sécurité sociale, ainsi que tous les drames de la solitude, de
l'appauvrissement et de la sénilité. Le troisième âge représente, en Algérie, la génération qui a mené la
guerre de libération nationale, qui a subi tous les sacrifices, les misères, les affres et les traumatismes de
la colonisation, la destruction de milliers de foyers, les multiples formes d'handicapés physiques et
mentaux, l'exode rural, le déracinement, le chômage, la misère sociale. Après l'indépendance, cette
génération a fait face aux différentes situations de l'après-guerre, mais en même temps elle a amélioré ses
conditions de vie, à la suite du développement économique du pays. C'est ainsi qu'elle a bénéficié d'un plan
emploi, compte tenu des énormes besoins en main d'oeuvre, et aussi pour pallier au départ massif de la
population européenne. Aujourd'hui encore, une bonne partie de cette génération travaille dans
l'agriculture. Au niveau du commerce et de l'artisanat, les plus de 60 ans sont encore prédominants, peut-
être par tradition, mais surement par nécessité. Enfin, dans les autres secteurs de l'économie et de
l'administration à un rang élevé, ils assurent l'essentiel des postes d'encadrement. Quant aux femmes
âgées, si elles sont peu nombreuses à exercer des emplois salariés, elles sont par contre très actives dans
les zones rurales, et d'une façon générale, dans le travail à domicile. Cette génération n'a pas eu depuis
l'indépendance, de problèmes majeurs de santé, compte-tenu du mode de vie traditionnel qui l'a mise à
l'abri des déséquilibres psychologiques qui naissent, à l'exemple des sociétés occidentales, des rejets
communautaires et familiaux générateurs de solitude et de stress. Le droit à la santé, à l'image du droit
au travail, est, d'une manière générale, garanti à l'ensemble de la population, sans distinction de sexe ni
d'âge, et surtout de salaire. Les soins médicaux des personnes âgées généralement longs, coûteux et
fréquents sont pris en charge par le système national de santé publique et par le biais de la sécurité
sociale. Si le troisième âge ne pose pas un grand problème de l'heure, il apparait cependant nécessaire de
se pencher sérieusement sur cette catégorie de la population pour deux raisons :
● d'abord, parce qu'elle va s'accroître à une vitesse vertigineuse, dans un avenir proche, en raison de
l'amélioration de l'espérance de vie due à de meilleures conditions de subsistance, d'instruction, et de
culture.
● Ensuite, parce que la famille algérienne vient de connaitre de profondes mutations, dans le sens de
l'effritement des valeurs traditionnelles, qui, hier, étaient garantes de l'intégration psychologique et sociale
des personnes âgées.
Aujourd'hui, il n'est pas exclu qu'à l'avenir, s'opèreront de plus en plus de profondes coupures des liens
qui, aujourd'hui soudent, tant bien que mal, encore les générations. Si actuellement, une partie des
personnes âgées vit encore en milieu familial et conserve des liens plus ou moins poussés avec ce milieu,
on observe un isolement, parfois total, pour une partie d'entre eux (4 à 5%) dans les grandes villes où les
bouleversements, au sein de la société et de la famille, sont plus répandus qu'en milieu rural. C'est surtout
dans les grandes villes que les mutations qui ont marqué le pays depuis l'indépendance, ont
profondément affecté l'institution familiale qui s'est tournée depuis vers un mode de vie, où le rôle de
l'individu et le noyau conjugal sont privilégiés. Dans cette institution, le pouvoir de décision appartient de
moins en moins aux personnes âgées contraintes de se marginaliser et de se confiner dans les rôles
mineurs. Elles n'ont aucune possibilité de s'insérer ou de se réinsérer dans le milieu social et de travail.
Mais, si beaucoup de personnes âgées ont été contraintes de vivre en couple, ou avec seulement leurs
enfants, il y en a d'autres totalement abandonnées par leurs enfants ou par leurs familles, et qui ont perdu
toutes attaches avec leur milieu familial. Ces vieux sont accueillis par le foyer ou par l'aide sociale. Si la
prise en charge de la vieillesse par la famille connait un net processus de régression, c'est à l'Etat, à la
société, aux associations de bienfaisance qu'incombe la gestion. Ayant été confrontées à ce phénomène, il
y a longtemps déjà, les sociétés industrialisées sont appelées à mettre en place un cadre juridique de
protection de la vieillesse variant évidemment d'une politique à une autre. Ce cadre juridique ne concernera
pas seulement les salariés qui cessent définitivement leur travail mais s'élargira également à l'ensemble
des personnes âgées quelle que soit leur situation socio-professionnelle, car il ne faut pas oublier que si
toute personne retraitée est une personne âgée, toute personne âgée n'est pas forcément une retraitée.
Les spécialistes du 3ème âge s'accordent cependant à reconnaitre, le caractère vital et indispensable de
l'entourage de la famille pour l'équilibre psychique et physique de la personne âgée, tout en n'excluant pas
la responsabilité de l'Etat, en matière d'élaboration d'une politique globale visant à revaloriser les
conditions de vie de cette tranche d'âge de la population. Suite à l'étendue de l'hospitalisation géronto-
psychiatrique en Algérie, il a été relevé notamment que : l'environnement idéal du vieillard est non pas une

686
institution quelle qu'elle soit, mais la famille et l'entourage dispensateurs de cet environnement primordial
pour les vieillards. L'apparition des troubles psychiques chez les personnes âgées est grandement
influencée par les conditions de vie qui leur sont offertes par le manque de ressources, la dévalorisation de
leur statut et l'absence de rôle social leur permettant de se définir et de donner un sens à leur consistance.
Il ne s'agit ni de les ignorer ni de les sous-estimer, en leur substituant la charité et la pitié encore moins
d'en créer de nouveaux artifices à l'image des sociétés capitalistes, occidentales qui font du 3ème âge une
source de profit accentuant ainsi sa détresse. La finalité de toutes les actions est de veiller à ce que les
conditions affectives ainsi qu'économiques et sociales d'une vieillesse paisible soient réunies au maximum,
que cette tranche d'age ne soit ni une mort sociale, ni l'antichambre de la mort. Et la société elle-même
continuera de bénéficier de l'immense capital de sagesse, de savoir et de savoir-faire, acquis durant toute
une vie. S'il y a de la flamme dans les yeux de la jeunesse, dans l'oeil du vieillard il y a de la lumière.
Chaque personne agée pensionnaire est un drame, un récit, toute une histoire. Dans un foyer de personnes
agées, le vécu est d'une réalité amère, mais quoiqu'il en soit leur place doit être réservée. Solidarité, foi
intime et sécurité doivent les mettre à l'abri. ◙

LA SANTE PUBLIQUE
DEMENCE.- En Algérie comme ailleurs l'affection mentale est vécue comme un drame par les familles
comptant en leur sein un aliéné. Un malade mental agité dérange la quiétude de sa famille ou sème la
panique sur la voie publique. Certains vous diront que sa situation déplorable est révélatrice du marasme
dans lequel se débat la psychiatrie en Algérie "véritable parent pauvre de la médecine". Quelques pavillons
hospitaliers accueillent, en sus des malades nécessitant des soins psychiatriques, toutes sortes de
déviants. Ils sont souvent sollicités pour héberger l'espace d'une nuit, des sans-logis, des alcooliques et
des toxicomanes. L'existence de dispensaire d'hygiène mentale ne suffit pas. Les psychiatres insistent sur
le rôle primordial de la famille, notamment dans le dépistage des défaillances mentales et dans la prise en
charge du malade, en matière du traitement prescrit. La maladie mentale, détectée à temps, est plus facile
à soigner que lorsque le mal s'est définitivement installé. Par pudeur, sans doute, la famille algérienne
refuse de reconnaitre qu'un des siens est atteint d'une affection mentale. Ce n'est qu'après avoir épuisé
tous les recours possibles, fait la tournée des "talebs" (médecins traditionnels s'inspirant de la religion) et
autres marabouts que le malade est conduit en établissement psychiatrique. La
maladie mentale est niée à tout prix par la famille algérienne. Elle est vécue comme une souillure, un état
dégradant et pour le malade et pour les membres de sa famille. Les quelques centres psychiatriques ne
suffisent pas à couvrir les besoins en matière de soins et de traitement d'où s'avère la nécessité de
promouvoir les soins de proximité par le biais de petites infrastructures paramédicales. La majorité des
cas à traiter concerne des patients atteints de bouffées délirantes et de schizophrénie. Le délire, avec ou
sans hallucination, est l'aliénation mentale par excellence. Il n'est pas une simple erreur de jugement,
une erreur intellectuelle. Il plonge ses racines dans la vie inconsciente du sujet. Le délirant est un étranger
parmi les hommes, étranger par ses croyances et son comportement. La bouffée délirante aigue peut
avoir pour thème les délires de persécution (peur de l'empoisonnement par exemple), de mégalomanie, de
mysticisme (lesquels ont culminé dans les années 90), de transformation corporelle... . Elle se caractérise
par des hallucinations riches et variées. L'adhésion au délire entraine des troubles du comportement,
notamment agressions, voyages pathologiques et refus d'aliments. Les causes déclenchantes peuvent être
l'alcool, la toxicomanie, un choc émotionnel... . Les patients atteints de délire d'imagination se caractérisent
par leur richesse imaginative et par un débordement de l'imaginaire qui semble atteindre le fantastique.
L'irréalité, l'absurdité, la monstruosité des scènes décrites par les malades apparentent les productions de
ces délires aux créations des surréalistes. La pensée du malade est dominée par des fabulations et des
hallucinations dont la luxuriance crée des fantasmagories parfois non dépourvues de poésie et d'esthétique.
La schizophrénie, quant à elle, est définie comme étant un état mental caractérisée par une désorganisation
progressive de la personnalité entrainant une incohérence des conduites sans affaiblissement primaire de
l'intelligence. Il s'agit d'un trouble acquis débutant en fin d'adolescence ou chez l'adulte jeune (18 à 25
ans). Son évolution est longue, touchant la plus grande partie de l'existence. Sa fréquence est de 1% et
semble être la même quel que soit le type de société. Elle est observée fréquemment dans les services
spécialisés étant donné le taux élevé de jeunes que compte la société algérienne. Le suivi des malades est
assuré par quelques dispensaires. L'examen clinique de la psychiatrie en Algérie est encore à faire. Le fait
que plus de 150 spécialistes chevronnés soient allés exercer à l'étranger est un symptôme inquiétant des
conditions de prise en charge d'hospitalisation. En 1962, le pays disposait de 10.000 lits en psychiatrie
pour 9 millions d'habitants. En 1998, il n'en demeure plus que 5.000. Face à l'indifférence de la société
envers les malades et leur rejet par certaines familles, les besoins demeurent immenses.
♦ Début 2012, l'Algérie dispose de : 16 établissements hospitaliers spécilaisés psychiatriques (EHS), 30
services de psychiatrie dans les établissements publics hospitaliers, 6 services et unités au niveau des
centres hospitalo-universitaires, 4 849 lits assurant la prise en charge des patients, 615 psychiatres
répartis sur 56 structures hospitalo-universitaires , 344 en santé publique et 215 privés, 1 368
psychologues et 2 128 infirmiers dont 427 spécialisés en soins psychiatriques.
Notes : - Le Programme national de Santé mentale (2006- 2009) révèle que près de 26 307 Algériens sont
atteints de maladie mentale. Pour l'année 2005, la psychose vient en tête avec 13 480 malades (51,24%),
suivie de l'épilepsie avec 10 052 malades (38,21%), la dépression avec 1 560 malades (6,76%), la névrose

687
avec 753 malades (2,86%) et enfin la démence avec un total de 102 cas soit 0,38% du total.
-Prévalence des maladies mentales dans la population générale (Enquête sur la santé et la famille de la
Ligue arabe de 2002) : 0,5% soit 150 000 personnes.
- Un spécialiste (Boualem Cherchalli, 26 août 2006) , la maladie touche surtout l'adulte jeune (moins de 40
ans), indifférement la femme et l'homme, l'urbain que le rural.
-Les maladies mentales sont en constante augmentation : 192 232 ordonnances ont été servies en 2005 par
les structures des services psychiatriques contre 162 133 en 2004 et 184 640 en 2003.
-Il existe : en 2006, 1,13 psychiatre pour 100 000 habitants, 1,43 lit pour 100 000 habitants, 6,44 infirmiers
pour 100 000 habitants, 1 psychiatre pour 6 infirmiers et 1 psychiatre pour 205 lits.
-Il y a 378 psychiatres et 2 128 infirmiers.
-Autres données : 138 cabinets privés, 188 centres intermédiaires de santé mentale dans 46 wilayas…
-2005 : 44 872 consultations de psychatrie d'urgence, 330 267 en psychatrie externe et 105 348 en
psychologie. En tout, 480 487 personnes ont subi un examen pour un problème de santé mentale.
EQUIPEMENTS EN PANNE .- ►Problèmes de Maintenance  : Le nombre global d'appareils médicaux, au
31.12.2010, toutes catégories confondues, est de 30.165, dont 2.112 sont en panne, soit un taux
d'immobilisation de 7%. Par structure le taux de panne est comme suit :
9.75% au niveau des EPH soit un nombre de 1327 appareils
9.15% au niveau des CHU soit un nombre de 568 appareils
7.26% au niveau des EHS soit un nombre de 217appareils.
Il est à noter qu’une
politique en matière de maintenance et de renouvellement d'équipement est mise en place :
Etat global des équipements de l’année 2000 à 2010  :

M : en marche. P : en panne

2000 2010

M P M P

CHU 2681 1380 2768 568

EHS 3800 200 5637 217

EPH/ secteur sanitaire avant


1584 2478 12279 1327
2007

S/TOTAL 8065 4058 20684 2112

TOTAL 12123 22796

Source : Par A. Kara-Terki, d’après statistiques sanitaires année 2010


Parc-Auto : le parc-auto englobe l’ensemble des ambulances, véhicules de liaison, camions, micro-bus…
les établissements de santé disposent 4145 véhicules répartissent comme suit :
2370 dans les EPH dont 1054 ambulances ; 417 dans les CHU dont 165 ambulances ;
490 dans les EHS dont 162 ambulances ; 868 transports sanitaires privés relèvent de 200 unités.
HEMODIALYSE.-Les centres de dialyse doivent répondre à des normes bien définies. En particulier, les
générateurs doivent répondre aux normes définies par la loi et avoir une certification ISO ou CE en termes
de sécurité, de stérilisation, et de qualité des matériaux. L’Hémodiafiltration ne peut être réalisée que sur

688
un générateur certifié pour cette thérapie. La réutilisation des dialyseurs est prohibée. La fistule artério-
veineuse native est indiquée en première intention et doit être envisagée dès le stade4 de la Maladie pour
les malades suivis en néphrologie. Elle doit être d’abord radio-céphalique. Confectionnée au moins deux
mois avant la mise sous dialyse. Chaque centre doit former le personnel paramédical dans le soin et la
traçabilité à établir dans la surveillance des voies d’abords vasculaire afin de s’assurer de la pérennisation
de ceux-ci, d’éviter les dysfonctionnements et d’alerter le néphrologue pour entreprendre des mesures
préventives. En 2014, le nombre d’insuffisants rénaux chroniques en dialyse est de 18000 dont plus de
8000 sont pris en charge dans des établissements privés conventionnés avec les caisses de sécurité
sociale (CNAS et à un degré moindre CASNOS). Le budget alloué à ces centres privés de d’hémodialyse
est de l’ordre de huit milliards de dinars. Ce chiffre est appelé à augmenter avec l’augmentation du nombre
d’insuffisants rénaux (120 nouveaux cas/1000.000 habitants/an), si la transplantation rénale n’est pas
soutenue. Cette thérapie pose un sérieux problème de prise en charge:le traitement censé être palliatif et
préparatoire à la greffe rénale est utilisé dans 90% des cas pour une longue durée, alors que seuls 10%
des malades sont astreints à cette thérapie. A l'évidence, le programme de développement de la greffe
rénale, qui doit être appliqué à un stade précoce de l'insuffisance rénale accuse un retard prépondérant
pour des considérations diverses Actuellement, la transplantation rénale se fait à partir de donneurs
vivants potentiels; seule alternative possible légalement. La loi exige explicitement que le donneur soit un
parent proche du patient pour des raisons scientifiques, mais surtout pour éviter le commerce d'organes. Le
don de rein au terme de cette loi doit être bénévole et sans aucune contrepartie. Or, cette méthode est peu
développée, faute de sensibilisation et de solidarité familiale. Actuellement, 317 centres de dialyse dont
139 privés sont disponibles en Algérie pour plus de 23000 malades subissant l’hémodialyse en centre et
800 sous dialyse péritonéale.
Le diabète et l’hypertension sont deux maladies graves qui causent des dommages au rein conduisant à
l’insuffisance rénale, a indiqué samedi à Alger Mohamed Boukhours, porte-parole de la Fédération nationale
des insuffisants rénaux (FNIR). La prévention notamment dans le milieu scolaire est un bon moyen de
limiter les infections atteignant le rein, a souligné Boukhours qui a mis en garde, lors du Forum de la santé,
contre les effets de l’hémodialyse qui peut avoir de nombreuses conséquences néfastes. Néanmoins, des
traitements existent et en plus de l’hémodialyse en centre, il y a aussi la greffe rénale qui peut s’avérer un
traitement choisi même s’il est coûteux à cause du prix des appareils et lourd car nécessitant quatre heures
par séance. Quelquefois, les médecins sont contraints d’utiliser le cathéter et la fistule pour sauver des
malades qui arrivent à l’hôpital dans un état grave et risquant la mort. Des souffrances sont aussi causées
par la dialyse car certains malades passent trente ans dans des salles de soins et perdant ainsi le capital
pour ne plus pouvoir plus être dialysés. La dialyse péritonéale est un autre traitement appliqué en lieu et
place des autres méthodes de dialyse et qui peut s’effectuer à domicile du patient dans une chambre
stabilisée. Chaque trimestre, le patient reçoit des stocks de plusieurs kilos de poches nécessaires aux
soins. Le porte-parole de la Fédération nationale des insuffisants rénaux se désole que ces maladies ne
sont pas prises en charge par la Sécurité sociale. Actuellement, 317 centres de dialyse dont 139 privés sont
disponibles en Algérie pour plus de 23000 malades subissant l’hémodialyse en centre et 800 sous dialyse
péritonéale (1). L’Algérie a commencé à former des néphrologues et à importer des générateurs au début
des années 1980 lorsqu’il n’y avait encore que 100 malades. Or, M. Boukours insiste sur la prévention afin
de réduire ce nombre et une implication plus grande du ministère de la Santé. Environ, un montant de
10000 DA par jour est nécessaire pour couvrir le coût de la prise en charge de la maladie (traitement,
transport, médicaments). M. Boukours constate que dans chaque quartier des grandes villes, il y a un ou
plusieurs centres d’hémodialyse ce qui témoigne de la gravité de la maladie. Le cas est encore plus grave
lorsqu’il s’agit d’enfants qui souffrent de douleurs qui ne disposent pas de pommade anesthésiante comme
aux hôpitaux de Beni Messous et d’Hussein Dey à côté de l‘absence de l’hémodialyse pédiatrique, regrette
le conférencier. Ce dernier a souligné que le rein remplit trois fonctions en régulant la quantité d’eau dans
l’organisme, élimine les déchets et produit des hormones de croissance et les globules rouges remplacées
par du sang synthétique. Alors, pourquoi n’arrive-t-on pas à sortir de ce cercle vicieux (2) ?
1. Selon certains, l’argent serait le principal obstacle contre le développement de l’activité de la greffe
rénale dans notre pays. Le marché de l’importation des consommables et équipements d’hémodialyse,
estimé actuellement à 80 millions de dollars, est en nette croissance avec une évolution de vente annuelle
de 10%.
2. En second lieu, se dresse comme obstacle au développement d’activité de transplantation rénale, le
refus de l’élargissement du cercle légalement autorisé des donneurs vivants, aux conjoints ou à la famille
par alliance.
3. En troisième lieu, l’offre de soins est non suffisante, désorganisée, dépendante de quelques équipes qui
travaillent dans des conditions souvent difficiles et qui peuvent arrêter, du jour au lendemain cette activité
de greffe.
4. Pour les greffes rénales à partir de donneurs en état de mort encéphalique, l’opinion publique n’est pas
assez préparée à l’option du prélèvement d’organes à partir de cadavres et il n’y a pas à l’heure actuelle
d’unité d’urgence pouvant prendre en charge les patients accidentés en état de mort encéphalique.
5. La politique de la greffe rénale en Algérie souffre, en fait, d’une absence de conviction et d’un manque
de détermination des pouvoirs publics à mettre en place l’environnement indispensable au succès de cette
entreprise. Jusqu’à ce jour on n’arrive pas à désigner un Directeur Général pour l’Agence Nationale des
Greffes comme on n’a pas encore décidé de ce que sera le futur Institut National du Rein de Blida : un
grand hôpital d’hémodialyse et parfois de greffes comme cela se fait déjà au CHU de Blida où réellement un

689
Institut avec des laboratoires de Recherche ?Conclusion  : L’IRC aboutissant à l’insuffisance rénale
terminale nécessitant une dialyse ou une transplantation est un problème de santé publique majeur. Il est
donc important d’identifier précocement une IRC afin de ralentir sa progression et de diminuer ses
conséquences. Ces conséquences doivent être connues car leur prise en charge adéquate diminue la
morbidité associée : anémie, hyperkaliémie, surcharge hydrique, anomalies du bilan phosphocalcique,
problèmes de nutrition, acidose métabolique… Une prise en charge néphrologique doit être mise en place
précocement. En cas d’IRC avancée, le néphrologue doit avoir un rôle plus important dans la prise en
charge pour informer et préparer le patient à un traitement de substitution rénale : hémodialyse, dialyse
péritonéale ou surtout transplantation. La Transplantation Rénale est la solution pour répondre à la
demande de plus en plus croissante. Les efforts et investissements publics n’ont malheureusement pas
permis d’atteindre les résultats espérés. Un nombre de 1024 greffes rénales ont été réalisées en 27 ans, ce
qui est loin de répondre au besoin des 18.000 insuffisants rénaux sous dialyse. Le développement de cette
activité est lié à la mise au point de stratégies de suivi des patients; à la discussion des schémas
thérapeutiques ; à la coordination entre les centres de dialyse et de transplantation; à l’analyse des
problèmes rencontrés dans le cadre du fonctionnement des différents centres greffeurs ; à l’établissement
d’un fichier national des IRC, préalable à toute transplantation à partir de rein cadavérique ; à la formation
d’équipes de greffes pour une meilleure couverture au plan national en vue de transplanter le maximum de
patients.◙
(1)- Karim Sabeur, Algérie - La prise en charge de l’insuffisance rénale coûte 10.000 DA/Jour par patient
(FNIR), maghrebemergent.info,15.10.2017
(2)- Pr. Larbi ABID,La prise en charge des insuffisants rénaux chroniques au stade terminal, État des lieux,
santemaghreb.com, 2014
HÔPITAL.- Réalités du fonctionnement des établissements publics hospitaliers en Algérie : Les hôpitaux
publics en Algérie sont en train de connaitre des transformations profondes insufflées par les réformes
hospitalières engagées pour la modernisation de leur gestion, et donc la mise en place de nouveaux
instruments de pilotage, et cela afin de s’adapter aux différentes mutations et répondre de manière efficace
aux besoins de la population. Les contraintes et dysfonctionnements que connaissent les hôpitaux publics
en Algérie, ont amenés le gouvernement a instauré des réformes hospitalières. L’objectif prioritaire est de
trouver avec l’ensemble des acteurs concernés, les solutions les plus adéquates qui permettent une
meilleure organisation de ces établissements, et l’amélioration de leur gestion afin de satisfaire les besoins
en soins de la population. Dans le cadre de ces réformes, une convention a été signée entre l’Union
Européenne (UE) et le gouvernement algérien pour la mise en œuvre du Programme d’Appui au Secteur de
la Santé (PASS). Parmi les principaux axes d’intervention, qui ont guidé le développement des approches
stratégiques du programme, on retrouve l’amélioration de la gestion des hôpitaux à travers la mise en place
d’instruments de pilotage. Une nouvelle dynamique est donc impulsée par l’élaboration et la mise en place
du Projet d’Etablissement Hospitalier. Parmi les points forts et les effets bénéfiques de son introduction :
□- Le projet d’établissement hospitalier permet une initiation au management participatif du personnel de
l’hôpital grâce au travail d’équipe et à la démarche de sensibilisation ;
□- Le projet d’établissement permet une démarche de communication et de concertation ;
□- Le PEH est un moyen d’organisation de l’offre de soins ;
□- Grâce au PEH, l’établissement définit ses objectifs et les déclinent en plans opérationnels ;
□- Le PEH constitue un outil de coopération entre acteurs, il permet la contribution de l’ensemble du
personnel de l’établissement ;
□- Le PEH permet aussi la prise en compte de l’environnement, permet le diagnostic interne, permet
d’évaluer les activités des services à travers les indicateurs d’activités, le suivi des projets par les plans
d’actions/tableaux de bord. Il permet donc une approche globale ;
□- Il permet aussi de faire un diagnostic qui indique le bassin de la population couverte pour l’offre de
service et qui détermine son offre à travers tous les moyens humains et structurels dont il dispose, le
nombre d’hospitalisation, de consultations et de manière générale tous les soins délivrés ;
□- Le PEH dans sa démarche permet d’évaluer les activités des services de l’hôpital, à travers des
indicateurs, notamment ceux de l’usage de la capacité physique, ceux de l’usage des ressources humaines,
et ceux d’évaluation de la pratique clinique.
Les apports du Projet d’Etablissement Hospitalier sont limités et insuffisants du fait que :
♦- Les gestionnaires ne sont pas autonomes dans leur gestion, où beaucoup de mécanismes contraignent la
gestion de l’établissement actuel et la latitude des dirigeants ;
♦- la multiplicité des acteurs intervenants et des objectifs, l’existence de plusieurs centres de décision ;
♦- Malgré la prise de conscience des dysfonctionnements au niveau de l’établissement et les efforts
consentis dans le projet d’établissement hospitalier, l’EPH ne peut pas faire face à tous ces
dysfonctionnements, du fait que certains d’entre eux dépassent les prérogatives de l’établissement ;
♦- Malgré la coopération des acteurs de l’EPH et leur mobilisation, il est difficile de bâtir une véritable
culture d’établissement;
♦- Le projet d’établissement est un projet de changement qui doit permettre l’amélioration et modernisation
de la gestion de l’hôpital, mais fautes de moyens et absence de formation, ses apports sont limités ;
♦- Le projet est problème pour les acteurs qui le portent du fait qu’il s’agit d’apporter une réponse à la
demande institutionnelle mais de faire une construction visionnaire de la réalité de l’établissement. La mise
en place de ce projet se trouve donc dans un contexte sous tension ;

690
♦- La réponse organisationnelle faite au patient exprimée dans le projet se trouve alors dans un champ de
contraintes, où la tutelle centralise les décisions, impose une réglementation à respecter, contraignant la
latitude des gestionnaires et dirigeants et l’établissement doit malgré toutes ces contraintes exprimer un
niveau minimal d’organisation nécessaire pour la prise en charge des patients.
ⱷ Pour résumer, on peut dire que le projet d’établissement hospitalier est un moyen d’amélioration de la
gestion de l’hôpital dans la mesure où il permet une initiation au management participatif du personnel, une
démarche de concertation et de communication, une gestion par objectifs, il constitue un outil de
coopération et un moyen d’organisation de l’offre de soins , il permet le diagnostic et l’analyse de
l’établissement, l’évaluation et le suivi des activités à travers des indicateurs et des tableaux de bord.
Cependant, ses apports sont limités et insuffisants du fait du manque d’autonomie des gestionnaires, de la
centralisation excessive des décisions, de la gouvernance contraignante, du manque de moyens financiers
et les problèmes liés à la formation. On peut conclure à partir de notre analyse, que les réformes
engagées pour la modernisation et l’amélioration de la gestion des établissements, dans le cadre du PASS,
n’ont pas tenu compte de la réalité du fonctionnement des hôpitaux, les concepteurs ont négligé la tutelle et
toutes les institutions régissant ces établissements. Le PEH dans sa démarche peut organiser la gestion de
ces établissements, et se doter d’instruments de suivi et d’évaluation des activités, permettant notamment
de diagnostiquer et d’analyser l’établissement, de se fixer des objectifs, de faire participer tout le personnel
de l’établissement, mais cela ne change pas la réalité bureaucratique du fonctionnement des hôpitaux, le
pouvoir de tutelle, et la centralisation des décisions. L’amélioration de la gestion des hôpitaux ne peut se
faire que s’il y’a plus d’autonomie en matière de gestion et de décision, et que la tutelle et le ministère de
la santé fournissent des efforts pour coopérer avec les professionnels de santé et les gestionnaires des
établissements et leur offrant des conditions plus favorables. ◙ BOUADI Sonia, 2014.
► Pr. Mohamed Ouchtati (Chef de service anesthésie-réanimation chirurgicale, CHU de Constantine) : Les
raisons d’une situation de crise* : «La crise des hôpitaux est la conséquence d’un investissement
parcimonieux dans le secteur de la santé qui dure depuis deux décennies. Ce n’est qu’en 2005 que les
dépenses de santé ont atteint 100 $/ hbt. En 2017, elles sont estimées à 478 $/hbt, équivalentes à celles de
l’Irak et de la Bosnie et largement inférieures à celles des pays de la rive occidentale de la Méditerranée,
où elles sont supérieures à 5000 $/ hbt. La qualité de la santé en Algérie est obligatoirement du niveau de
l’investissement.» (*) Source : Santemaghreb.com du 01/2018.
INTOXICATIONS ALIMENTAIRES .-Hausse des toxi-infections alimentaires : près de 5000 cas
d’intoxications sont enregistrés annuellement, dont 60% surviennent lors des fêtes de mariage et de
rassemblements familiaux. Les cas les plus graves ont causé 42 décès. Des écoliers ont été hospitalisés,
mercredi dernier, à l’hôpital de Bordj Menaïel (Boumerdès) pour intoxication alimentaire : 251 enfants
scolarisés à l’école primaire de Oued El Besbès ont reçu des soins.Selon les premiers éléments de
l’enquête, ces toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) sont dues à la consommation de yaourts. «
L’enquête a finalement permis de confirmer que le yaourt consommé était à l’origine des cas d’intoxication.
Mais ce qui intrigue c’est que seul un établissement est touché alors que le même livreur a distribué le
même produit dans une dizaine d’écoles de la commune de Bordj Menaïel. Il s’agit de yaourts dont la date
de production est le 8 mai, donc il reste un mois pour le consommer. L’interruption de la chaîne du froid
s’est produite dans l’école en raison d’une mauvaise conservation. Le livreur, engagé depuis plusieurs
années, entreposait les produits à l’inspection de l’éducation de Bordj Menaïel, et de là les produits étaient
acheminés dans les autres écoles », apprend-on auprès d’une source locale. D’autres cas de TIAC ont été
signalés dans des établissements de la wilaya de Boumerdès, où 10 élèves du lycée de Chabet El Ameur
avaient été hospitalisés il y a un mois. « Ce n’est pas la première fois que des intoxications sont signalées.
Des cas sont à déplorés, particulièrement lors des fêtes à Sidi Daoud à Taourga », énumère notre source.
Les cas de TIAC sont nombreux : l’année dernière, le ministère du Commerce en a recensé 5000. Le
président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche
(Forem), le professeur Khiati, a estimé, lors d’une récente intervention sur les ondes de la Chaîne III, que
ce chiffre est « peu révélateur de l’ampleur du phénomène ». Quels sont les produits incriminés dans la
majorité des cas et dans quelles conditions se produisent les toxi-infections alimentaires ?
Les fêtes mises en cause  : L’approche de la saison estivale fait craindre un rebond des TIAC. « Les cas
les plus fréquents sont signalés lors des fêtes. Cela est dû à une interruption de la chaîne du froid et à
l’absence d’hygiène des mains », explique en substance le docteur Boudjemaâ Aït Touarès, responsable de
la santé scolaire à la direction de la santé de la wilaya d’Alger. Selon une étude de l’Institut national de la
santé publique (INSP) datant de 2009, « 60% des cas d’intoxication alimentaire enregistrés en Algérie se
produisent dans les rassemblements familiaux et lors des fêtes ». Les statistiques du ministère du
Commerce indiquent que 28% des intoxications sont dues au non-respect des conditions d’hygiène et de
conditionnement, notamment de certains produits à l’instar des viandes et des œufs largement utilisés dans
la préparation des repas et des gâteaux. Le président de la Forem, le professeur Khiati, met à l’index les
produits importés, indiquant que l’Algérie est transformée en « passoire où n’importe qui peut importer
n’importe quoi ». « 50.000 tonnes des produits importés sont périmés », a-t-il indiqué. « Chaque année en
Algérie, 15.000 produits alimentaires sont importés, dont environ 30% présentent des risques patents de
danger sanitaire », précise-t-il, en mettant en avant l’absence de structures chargées du contrôle des
aliments mis sur le marché. Les structures du commerce s’en lavent les mains. « La DCP ne lésine pas sur
les moyens pour contrôler ce qui est vendu par les milliers de commerçants à Alger. Le contrôle aux
frontières est aussi important. Des saisies de produits impropres à la consommation sont opérées », a

691
assuré, la main sur le cœur, M. Hedjal, de la direction du commerce d’Alger. Le ministère de tutelle a
annoncé le lancement d’une campagne de sensibilisation sur les intoxications. But recherché : diminuer le
nombre de TIAC par rapport à l’année dernière, où 4800 cas avaient été enregistrés. ◙ Nadir IDDIR (El
Watan, 06.06.2015)
► En 1997, prés de 4000 cas de toxi-infections alimentaires ayant entrainé la mort de 19 personnes ont
été notifiés au ministère de la santé. La majorité des cas sont dus à la consommation de produits nocifs ou
périmés. La pâtisserie (millefeuilles, madeleines,...) a causé également la mort de certains patients. Du 1er
janvier au 24 aout 1998, 1957 cas ont été recensés en dehors du botulisme. Quels sont les facteurs qui
ont engendré une recrudescence des intoxications? En premier lieu, il s'agit des facilités déconcertantes
pour l'obtention du registre du commerce. La délivrance de ce document n'obéit à aucun critère de
professionnalisme. La libéralisation des prix et l'éclatement des monopoles sur le plan économique n'ont
pas été suivis d'un contrôle rigoureux de la qualité. Face aux infractions, les sanctions restent dérisoires.
Les opérations "coup de poing" n'ont pas pu endiguer le phénomène de la tricherie sur la qualité.
L'abrogation du certificat de conformité aux normes d'hygiène et de salubrité a livré le consommateur,
totalement impuissant, aux appétits voraces de certains commerçants soucieux d'écouler leurs
marchandises à n'importe quel prix. L'absence de professionnalisme et d'expérience chez les fabricants
de produits alimentaires à risques (lait, viandes blanche et rouge, boissons gazeuses, conserverie
alimentaire,...) n'a pas arrangé les choses. Les bureaux d'hygiène communale, institués par décret 87/146
du 30 juin 1987, souffrent d'un manque flagrant d'effectifs. Ils se limitent à contrôler la qualité
bactériologique de l'eau destinée à la consommation domestique et en assurer le traitement. Dans ces
conditions, les bureaux en question ne peuvent pas superviser périodiquement l'ensemble des
restaurants, gargotes et crèmeries. Les commerçants profitent aussi du fait que le personnel de ces
structures n'a aucun pouvoir coercitif. D'autre part, il est à signaler l'inefficacité du mouvement associatif
dans le domaine de la protection du consommateur. Les rares associations qui existent ont du mal à
prendre en charge les récriminations des citoyens. L'administration bloque par son indifférence affichée à
l'endroit des associations. En matière de sensibilisation, tout reste à faire. Les spots publicitaires diffusés à
la télévision et les encarts (communiqués de presse) dans les journaux n'ont pas réussi à changer les
habitudes alimentaires des Algériens. Mal formulé, quelquefois confectionné à la hâte, le message se noie
au milieu d'un discours fleuve. La charge émotionnelle de l'image provoque une réaction qui se dissipe
rapidement. Paradoxe : au moment où le ministre du commerce conseille aux téléspectateurs de ne pas
manger le casher, une publicité diffusée à une heure de grande écoute, incite à sa consommation. Aussi,
beaucoup de citoyens continuent à se nourrir de casse-croute préparés dans des conditions d'hygiène
déplorables. Rares sont les personnes qui signalent des aliments avariés. Ils rentrent dans une colère une
fois l'infraction constatée puis laissent les choses se tasser. La loi 89/02 du 7 février 1989, relative aux
règles générales de protection du consommateur, est méconnue par le grand public. Pourtant, cette loi
stipule que tout produit, bien ou service de toute nature doit présenter une garantie contre tout risque
susceptible de porter atteinte à la santé et/ou à la sécurité du consommateur ou de nuire à son intérêt
matériel. Mais que vaut la loi quand elle n'est pas appliquée? Les pouvoirs publics eux-mêmes, se disent
dépassés par les évènements. Des décisions de justice relatives à la fermeture d'établissements n'ont
pas été exécutées. Le prix des négligences est lourd. A titre d'exemple, le coût socio-sanitaire et
économique a été estimé à 4 milliards de centimes (prise en charge de 340 cas de botulisme enregistrés
au niveau de deux wilayas). D'après une étude effectuée par le ministère de la santé et de la population, la
situation actuelle en matière d'hygiène laisse présager l'apparition de nombreuses intoxications
alimentaires collectives plus redoutables que le botulisme: intoxication aux pesticides dans les
aliments et présence de matériaux lourds. De ce fait, l'auto-contrôle incombe au consommateur qui peut
de visu déjà détecter un produit impropre à la consommation. Or, la recherche de la qualité autant que la
pratique commerciale sont des atouts qui sont encore loin d'être maitrisés. L'Algérie aura-t-elle à l'avenir
les moyens sanitaires de contrecarrer des épidémies aussi foudroyantes que celle du botulisme? Quelle
stratégie devra-t-elle adopter et quelles mesures appliquer pour que la population ne se sente plus
menacée à l'avenir? La contamination des viandes, des légumes,... est devenue monnaie courante et
l'importation de certains produits sensibles comme le lait, les yaourts, le fromage,... dans des conditions de
transport assez douteuses souvent, risquent un jour de provoquer une véritable catastrophe. En fait,
les toxi-infections alimentaires ne sont que le reflet d'un comportement social (manque de civisme) qui peut
devenir désastreux d'autant que les bases les plus élémentaires de l'hygiène font défaut et ne sont pas
respectées. ◙
MALADIES A TRANSMISSION HYDRIQUE .- Définition : Les maladies à transmission hydrique (appelées
également maladies des  mains sales ou maladies des canalisations) constituent un groupe de  maladies à
allure épidémique, dont la symptomatologie est le plus souvent   digestive (diarrhées, vomissements...) et
dont la nature et la propagation  sont liées à divers facteurs, comme la mauvaise qualité de l'eau, le
manque d'hygiène et la pauvreté (BOUZIANI, 2000).  Si dans les pays riches, ce groupe d'affections est
relativement contrôlé, au  contraire, dans les pays en voie de développement, ces maladies restent  très
répandues et constituent encore une menace dans de nombreux pays  pauvres. Avec une charge de
morbidité et de mortalité très élevée  particulièrement pour les enfants en bas âge.  
♦ En Algérie, les maladies hydriques ont toujours sévi à l'état endémique. La  dégradation de l'hygiène du
milieu, l'explosion démographique et  l'urbanisation anarchique, ont favorisé depuis les années 1980,

692
l'éclosion de multiples foyers de ces maladies qui déterminent souvent d'importantes  flambées épidémiques
estivo- automnales : de choléra, de fièvre typhoïde  et d'hépatites virales à travers tout le
pays. Actuellement ces affections conservent leur prééminence sur toutes les  autres maladies à déclaration
obligatoire. Les maladies hydriques  représentent à elles seules : 39 % de l'ensemble des maladies
déclarées. On  estime que le taux d'incidence global des maladies à transmission hydrique  à travers le pays
est de L'ordre de 30 cas pour 100.000 habitants (Relevé  épidémiologique mensuel - REM- INSP 1998 —
Alger). 
♦ Importance et causes : L'Algérie, comme de nombreux pays en voie de développement vit une  situation
épidémiologique complexe, caractérisée par la coexistence de  nombreuses affections émergentes à allure
chronique et la persistance des  maladies épidémiques dont les plus répandues restent sans aucun doute
les maladies à transmission hydrique.  Les maladies à transmission hydriques traduisent depuis de
nombreuses  décennies les rapports étroits de la population à l'eau. Elles ont toujours  entraîné des
situations épidémiques particulièrement graves par rapport  aux nombreux événements historiques.Par
exemple, durant les siècles précédents. les épidémies de choléra en  Algérie ont toujours été importées
d'Europe (les 6 dernières pandémies),  par le biais des échanges commerciaux entre notre pays et le
Continent Européen. Durant les décennies actuelles, ce sont les bouleversements  socio-économiques qui
vont concourir à 1a multiplication des foyers de  cette maladie.  De nos jours, parmi les facteurs favorisants
les plus importants, des  maladies hydriques, on distingue surtout :  
□ Une insuffisance quantitative des ressources hydrogéologiques du  pays, aggravée par l'absence
d'entretien des ouvrages et des réseaux  d'adduction d'eau potable.  
□ La quasi-inexistence de réseau d'assainissement dans certaines   localités rurales et la vétusté des
réseaux d'eaux usées en milieu  urbain qui provoque fréquemment des interconnections avec le   réseau
d'eau potable.   □ L'accroissement des besoins en eau
qui est lié d'une part à une forte   poussée démographique et d'autre part au développement  économique et
industriel.  
□ Les facteurs sociaux, comme l'exode rural massif des populations, les  déracinements et la multiplication
des bidonvilles (souvent non pourvu  d'un réseau d'assainissement), autour des grandes villes du pays :
Alger, Constantine, Oran et Annaba.  
□ Les dégradations de l'environnement et les multiples agressions du  milieu naturel.
 L'ensemble de ces éléments déterminent et favorisent une situation  endémique permanente durant toute
l'année, avec des pics épidémiques  qui surviennent dans toutes les régions du pays et dont
l'intensité s'exacerbe durant la période estivo-automnale (CCS, 2001).   La lutte contre les maladies
hydriques en Algérie repose essentiellement  sur un Programme national multisectoriel de lutte contre ces
affections. La surveillance de ces maladies reste basée particulièrement sur le  système de déclaration et
sur les statistiques de morbidité en matière des  maladies à transmission hydrique (MTH), fournis par les
Structures sanitaires.Ces statistiques et les déclarations ne reflètent pas totalement la réalité  de la
situation épidémiologique, car il y a une sous-déclaration  importante et de nombreux praticiens ne déclarent
pas leurs malades aux  Services de prévention pour différentes raisons.
Nombre de cas déclarés de typhoïde  et du choléra sur une décennie (1984 à 1993) . Source : Direction
Santé d’Oran- 1998 .

En fait le système de déclaration et les dénombrements des maladies à  transmission hydrique ne


renseignent ni sur le nombre exact de malades  atteints, ni sur la répartition dans le temps et dans l'espace
de ces affections et encore moins sur le nombre éventuel de porteurs de germes. Les facteurs
de propagation de ces maladies restent souvent inconnus.  
L'analyse de l'évolution de ces maladies, sur une décennie, montre que  le nombre de cas de typhoïde
évolue en dents de scies, sans allure  particulière, par contre le nombre de cas de choléra a diminué  
sensiblement depuis le début des années 1990. Le coût et l'impact social  de ces maladies est énorme. Mais
ils n'ont jamais été estimés   réellement. Par exemple, l'épidémie de choléra de 1986, pendant   laquelle plus

693
de 8000 cas ont été prouvés bactériologiquement et durant   laquelle il a été déploré 426 décès, a eu
certainement un impact social et   économique gigantesque.  Pendant cette épidémie, l’addition des coûts de
prise en charge au plan  sanitaire des malades, à l'échelle nationale a été estimée par le Ministère  de la
santé à plus d'un milliard de D.A..(Bulletin de l’EPEOR, 2- 1998).   Cette somme correspond à l'enveloppe
financière allouée pour  l'ensemble des Plans Communaux de Développement de 1985 et 1986 pour toutes
les Communes du pays. A cette perte financière, s'ajoutent  aussi les pertes liées à l'absentéisme des
malades travailleurs et   scolarisés et surtout les très nombreuses pertes des vies humaines...  
4/ Programme National de lutte contre les maladies à transmission  hydrique :
Durant les années 1980, il a été enregistré de graves dégradations de  l'environnement et de très fréquentes
ruptures en approvisionnement en  eau potable dans la plupart des villes du pays. Ces
conditions particulières ont permis l'éclosion de nombreux foyers endémo-épidémiques de maladies
hydriques et la multiplication de nombreux  processus épidémiques de typhoïde et de choléra durant les
saisons estivales. Devant cette grave situation épidémiologique, le  gouvernement a mis en place en 1987
un programme national de lutte  contre les maladies hydriques.  Ce programme qui a introduit pour la
première fois la notion de la   multisectorialité de la prise en charge des maladies hydriques est basé  sur
plusieurs actions relevant de secteurs différents. Le
programme de la lutte contre les MTH comprend : des actions   relevant du secteur de l’hydraulique (réseau
de distribution et d’assainissement, épuration des eaux…), des actions qui doivent être  menées par les
services de santé (surveillance épidémiologique,  contrôles systématiques des aliments et de l’eau de
boisson) et des  actions qui sont prises en charge par les communes (entretien et  protection des ouvrages
d’adduction d’eau, l’assainissement et le  contrôle des puits). Le programme de lute contre les MTH
est coordonné à plusieurs niveaux (Commune, Daira, Wilaya et le Ministère   de la Santé). Il a été
accompagné sur le plan institutionnel de plusieurs  textes législatifs et réglementaires, en particulier :  
□ Le décret portant création des bureaux d’hygiène communale  (janvier 1987) et son Arrêté d’application
du 30 avril 1990.  
□ Les textes réglementaires sur le fonctionnement des comités  locaux de lutte contre les maladies
hydriques.  
□ La loi portant règles générales de protection du consommateur  (Loi N° 89-02 du 7 février 1989).  
□ La Loi portant code des eaux (complétée en 1996).
♣ Assainissement et lutte contre la pollution marine  :
1/ Différentes formes d’eaux usées  : On distingue trois grandes catégories d'eaux usées : les eaux
domestiques, les eaux industrielles, les eaux pluviales (BOUZIANI, 2000) :  
a- Eaux domestiques  : Elles proviennent des différents usages domestiques de l'eau. Elles
sont essentiellement porteuses de pollution organique.  Elles se répartissent en eaux ménagères, qui ont
pour origine les salles de bains  et les cuisines, et sont généralement chargées de détergents, de graisses,
de solvants, de débris organiques, etc. et en eaux "vannes" ; il s'agit des rejets des  toilettes, chargés de
diverses matières organiques azotées et de germes fécaux.  La pollution journalière produite par une
personne utilisant de 150 à 200 litres  d'eau est évaluée à :  
♦ de 70 à 90 grammes de matières en suspension ;  
♦ de 60 à 70 grammes de matières organiques ;  ¾ de 15 à 17 grammes de matières azotées ;  
♦ 4 grammes de phosphore ;  
♦ plusieurs milliards de germes pour 100 ml.  
b- Eaux industrielles  : Elles sont très différentes des eaux usées domestiques. Leurs caractéristiques  
varient d'une industrie à l'autre.  En plus de matières organiques, azotées ou phosphorées, elles
peuvent également contenir des produits toxiques, des solvants, des métaux lourds, des  micros polluants
organiques, des hydrocarbures. Certaines d'entres elles doivent   faire l'objet d'un prétraitement de la part
des industriels avant d'être rejetées dans  les réseaux de collecte.   Elles sont mêlées aux eaux domestiques
que lorsqu'elles ne présentent plus de  danger pour les réseaux de collecte et ne perturbent pas le
fonctionnement des  usines de dépollution.
c- Eaux pluviales  : Elles peuvent, elles aussi, constituer la cause de pollutions importantes des cours  d'eau,
notamment pendant les périodes orageuses. L'eau de pluie se charge   d'impuretés au contact de l'air
(fumées industrielles), puis, en ruisselant, des   résidus déposés sur les toits et les chaussées des villes
(huiles de vidange,  carburants, résidus de pneus et métaux lourds...).  
2/ A quoi sert l’assainissement ?   L'assainissement des eaux usées a pour objectif de collecter puis
d'épurer les eaux usées avant de les rejeter dans le milieu naturel, afin de les débarrasser de   la pollution
dont elles sont chargées et de manière à ce qu’elles ne puissent  provoquer aucune nuisance pour l’hygiène
publique. Trop polluées, nos réserves  d'eau pourraient ne plus être utilisables pour produire de l'eau
potable, sinon à  des coûts très élevés, du fait de la sophistication et de la complexité des   techniques à
mettre en œuvre pour en restaurer la qualité. C'est pourquoi il faut   "nettoyer" les eaux usées pour limiter le

694
plus possible la pollution de nos  réserves en eau : Mer, rivières, lacs et nappes souterraines. (CIEAU,
2005) 
3/ Collecte des eaux usées  : Le réseau d'assainissement des eaux usées d'une agglomération a pour
fonction  de collecter ces eaux pour les conduire à une station d'épuration.  
La collecte s'effectue par l'évacuation des eaux usées domestiques, (et   éventuellement industrielles ou
pluviales) dans les canalisations d'un réseau  d'assainissement appelés aussi collecteurs. Le transport des
eaux usées dans les collecteurs se fait en général par gravité, c'est-à-dire sous l'effet de leur poids. Il  peut
parfois s'effectuer par refoulement, sous pression ou sous dépression. Les  canalisations sont en ciment,
parfois en fonte ou en PVC, plus rarement en grès  ou en acier. Lorsque la configuration du terrain ne
permet pas un écoulement   satisfaisant des eaux collectées, on a recours à différents procédés (pompage
et  stations de relèvement) pour faciliter leur acheminement.   Il existe deux types de réseaux de collecte :  
□ Réseaux unitaires : évacuent dans les mêmes canalisations les eaux usées  domestiques et les eaux
pluviales. Ils cumulent les avantages de l'économie (un  seul réseau à construire et à gérer) et de la
simplicité (toute erreur de  branchement est exclue, par définition) ; mais nécessitent de tenir compte
des brutales variations de débit des eaux pluviales dans la conception et le  dimensionnement des
collecteurs et des ouvrages de traitement.
□ Réseaux séparatifs : collectent les eaux domestiques dans un réseau et  les eaux pluviales dans un autre.
Ce système a l'avantage d'éviter le risque de  débordement d'eaux usées dans le milieu naturel lorsqu'il
pleut. Il permet de  mieux maîtriser le flux et sa concentration en pollution et de mieux adapter la  capacité
des stations d'épuration (RADOUX, 1997).  
4/ Traitements des eaux usées  : Collectées par le réseau d'assainissement d'une agglomération, les eaux
usées  urbaines contiennent de nombreux éléments polluants, provenant de la  population (eaux ménagères,
rejets des toilettes - eaux "vannes", etc.) et des  activités commerciales et industrielles. Elles sont
acheminées vers une station  d'épuration où elles subissent plusieurs phases de traitement. Le but de
ces différents traitements est de diminuer suffisamment la quantité de substances  polluantes contenues
dans les eaux usées pour que l'eau finalement rejetée dans  le milieu naturel ne dégrade pas ce dernier
(RADOUX, 1997).  
Trois principaux paramètres mesurent les matières polluantes des eaux usées  domestiques :  
- Matières en suspension (MES), exprimées en mg par litre. Ce sont les  matières non dissoutes contenues
dans l'eau. Elles comportent à la fois des  éléments minéraux et organiques ;  
- Demande biochimique en oxygène (DBO), exprimée en mg d'oxygène par  litre. Elle exprime la quantité de
matières organiques biodégradables présente  dans l'eau. Plus précisément, ce paramètre mesure la
quantité d'oxygène  nécessaire à la destruction des matières organiques grâce aux phénomènes  d'oxydation
par voie aérobie. Pour mesurer ce paramètre, on prend comme  référence la quantité d'oxygène consommé
au bout de cinq jours. C'est la DBO5,  demande biochimique en oxygène sur cinq jours ; (mesure la
consommation  d’O2 par les bactéries d’une masse d’eau conservée dans l’obscurité en tube  émeri fermé, à
20°C, pendant 5 jours) (RADOUX, 1997).   
- Demande chimique en oxygène (DCO), exprimée en mg d'oxygène par litre.  
Elle représente la teneur totale de l'eau en matières oxydables (sels minéraux  oxydables, composés
organiques biodégradables ou non,…). Ce paramètre  correspond à la quantité d'oxygène qu'il faut fournir
pour oxyder par voie   chimique ces matières. La mesure de la DCO se fait par oxydation au K2 Cr2  O7.cette
méthode est aisée, rapide (2h) (RADOUX, 1997).
Les teneurs en azote et en phosphore (mg/l) sont également des paramètres très  importants.  
Les rejets excessifs de phosphore et d'azote contribuent à l'eutrophisation des   lacs et des cours d'eau. Ce
phénomène se caractérise par la prolifération d'algues  et la diminution de l'oxygène dissous, ce qui
appauvrit la faune et la flore des  eaux superficielles (cours d'eau, lacs, etc.)  
Les eaux usées contenant aussi des contaminants micro biologiques, bactéries,  virus pathogènes et
parasites, le rejet des eaux usées à proximité de lieux de  baignade fait courir un risque pour la santé. Il doit
faire l'objet de précautions  particulières.  
Le rapport DCO/DBO5 renseigne sur la biodégradabilité de la matière organique  et permet une
classification sommaire des eaux :  DCO/DBO5 = 1.5 eaux vannes  = 2.5 eaux urbaines   > 3 eaux
industrielles   > 3-5 eaux issues de la station d’épuration (RADOUX, 1997).  
Aussi, d’autres indicateurs de pollution sont les contaminants biologiques  (bactéries, virus et parasites)
mesurées en npp ou nppuc (nombre le plus  probable d’unités cytopathiques).   
5/ Etapes et procédés de traitement des eaux usées
La dépollution des eaux usées nécessite une succession d'étapes faisant appel à   des traitements
physiques, physico-chimiques et biologiques. En dehors des  plus gros déchets présents dans les eaux

695
usées, l'épuration doit permettre, au  minimum, d'éliminer la majeure partie de la pollution carbonée pour
qu’elle n’altère pas la qualité du milieu naturel (BOUZIANI, 2000).  
Selon le degré d'élimination de la pollution et les procédés mis en oeuvre, trois  niveaux de traitements sont
définis dans une station d’épuration.
6/Conséquences de l’assainissement et de l’épuration des eaux usées:  
 ♦ Production de boues d’épuration  : Le traitement des eaux usées en station d'épuration produit une eau
épurée, rejetée dans le milieu naturel, et un concentrant désigné sous le terme de  "boues" ou "boues
résiduaires".  Les boues dites primaires, résultent de la simple décantation physique des  matières en
suspension contenues dans les eaux usées brutes.  Les boues physico-chimiques, sont produites dans les
stations physico-chimiques. Les floculants minéraux ajoutés participent pour une part   importante à la
quantité de boues produites.  Les boues biologiques, qui proviennent des traitements biologiques des  eaux
usées dont le principe est de faire dégrader les substances organiques  présentes dans l’eau par les micro-
organismes qu’elles contiennent et que l’on  cultive à cet effet.
♦ Dégagement des odeurs nauséabondes :  La dépollution des eaux usées produit des odeurs, qui sont
parfois perçues  comme une gêne par les riverains des stations d'épuration. Les principales  sources de
mauvaises odeurs sont les boues et leur traitement, ainsi que les  installations de relevage et de
prétraitement.   Le seuil de tolérance de ces nuisances olfactives est subjectif et aucune norme  en
matière d'émissions malodorantes n'existe. Cependant, les exploitants de  stations d'épuration cherchent à
limiter les odeurs dégagées par les traitements  (CI.EAU France, 2005).  
7/ Traitements des boues et des odeurs  : Les traitements appliqués aux boues brutes ont plusieurs
objectifs. Ils visent à   réduire leur volume, leur pouvoir de fermentation lié à leur teneur en
matière organique ou éventuellement à les hygiéniser, c’est à dire en éliminant les   bactéries et parasites
présents. Ces traitements permettent de limiter les  nuisances olfactives, les risques sanitaires, mais aussi
faciliter leur stockage  avant leur élimination ou leur valorisation.  Les filières utilisées dans le traitement et
l’évacuation des boues sont :  
-L’épandage agricole : épandre des boues traitées sur des terres agricoles pour  tirer une partie de leur
pouvoir fertilisant, sachant que les boues ont une valeur  agronomique certaine, elles sont composées
essentiellement de matières  organiques. On estime qu’en moyenne 4 kg de boues contiennent 173  grammes
d’azote, 118 gr de phosphore, 15 gr de potassium et 27 gr de  magnésium (MARTIN, 1979).
 -La mise en décharge : ne peut être réservée qu’aux boues non conformes aux  seuils de recyclage ou aux
boues dont l’épandage est localement impossible.  Les boues peuvent être stockées dans les décharges
réservées aux ordures  ménagères.   -
L’incinération : peut être réalisée dans des fours spécifiques conçus pour les  boues, mais aussi dans des
usines d’incinération dédiées à la fois aux ordures  ménagères et aux boues.
8/ Situation du traitement des eaux usées en Algérie  : Avant 1962, la majorité de la population algérienne
se cantonnait dans les  compagnes, et vivait en parfaite harmonie avec l’environnement. Ces vingt  dernières
années, il y a eu un bouleversement dans le mode de vie de cette  population, ceci est du à une importante
invasion et migration vers le littoral  « densité : plus de 500 habs / km2  sur cette frange côtière (TALEB
et BOUTIBA, 1996).  
L’Algérie a connu ces dernières décennies, un grand nombre d’exploitations   industrielles et qui sont à
l’origine d’une pollution de différentes natures (eaux  de teinte, eaux de refroidissement des installations
pétrochimiques, déchets  solides, déchets d’ordre chimique, … ). Ces polluants sont drainés à la mer par  
les cours d’eau qui constituent des collecteurs de matières polluantes comme   certains métaux lourds (Cd,
Pb , Zn , Hg , Cu , …) (BOUDERBALA , 1997).  
L’enquête initiée par le bureau « génie et environnement » sur la situation du   traitement des eaux usées en
milieux urbains en Algérie a permis de recenser 46  stations de traitement pour 51000000 d’habitants, dont
14 sont fonctionnelles  avec un taux de couverture de 6,3% des besoins nationaux et 32 stations à   l’arrêt
pour 1.718.333 habitants avec un taux de couverture de 12%. Par ailleurs,   les stations qui sont en projets
sont au nombre de 111 pour 9144277 habitants  avec un taux de couverture de 63.7% du besoin national
(Ghodbani, 2001).  
Les stations de traitement des eaux usées existantes, ont des pannes   fréquentes ou bien sont carrément à
l'arrêt faute d'entretien et de pièces  détachées. Il faut souligner que les systèmes d'épuration utilisent
des procédés et des technologies d'épuration non adaptées et non appropriées  au climat et à
l'environnement de notre pays.  Pourtant les dispositions de Code des eaux, dans son article 85 bis  précise
que « les agglomérations de plus de cent mille (100 000) habitants  doivent disposer impérativement de
procédés et de systèmes d'épurations  des eaux usées ».

696
Capacité des stations d’épuration d’eaux usées urbaines

9/ Réutilisation des eaux usées  : Le déversement sauvage des eaux usées dans le milieu naturel est à
l’origine de graves problèmes de pollution biologique des nappes souterraines et des eaux de  surface. Pour
limiter les risques de pollution, on préconise de plus en plus à  travers le monde, de réutiliser les eaux
usées après un traitement partiel ou total.   La réutilisation des eaux usées est justifiée dans beaucoup de
cas, par le fait qu’elles contiennent divers éléments nutritifs pour la terre, notamment   les composés à base
de nitrates, de phosphore et de potassium. Pour   l’industrie, c’est également une ressource hydrique très
importante.  
♦ Eaux usées pour l'agriculture
A l'état brut ou partiellement traité, les eaux usées sont utilisées dans certaines   régions du monde pour
l'arrosage des champs de luzerne, de maïs, d'orge et   d'avoine (Etat d'Hidalgo, vallée du Mesquital à
proximité de Mexico).  
Les eaux usées partiellement traitées sont utilisés également pour l'irrigation de  certaines catégories de
plantations (des oliviers en Jordanie), et pour l'arrosage des cultures de coton et des plantes fourragères
(Koweït, Israël ). (DURON, 1988).  
♦ Eaux usées pour l'arrosage des espaces verts
Les eaux usées, après un traitement partiel (filtration rapide et traitement   biologique partiel), sont
couramment utilisées pour l'arrosage des espaces verts   urbains et les jardins publics dans de nombreuses
villes du monde.
♦ Eaux usées dans la pisciculture et l'aquiculture
Les pratiques de piscicultures et d'aquicultures (plantes aquatiques) par les eaux  usées sont pratiquées
dans plusieurs régions d’Asie notamment, les  pratiques d’aquicultures qui sont couramment répandues en
Inde (Calcutta). On utilise dans ce cas des bassins remplis par des eaux de ruissellement, et   fertilisés par
les excréta des eaux usées à l'état brut (EDWARDS, 1985).  
10/ Aspects sanitaires liés à la réutilisation des eaux usées
Les eaux usées contiennent généralement de forte concentration d'agents  pathogènes qui peuvent être
transmis à l'homme, soit par voie orale  (consommation de légumes souillés par exemple), soit par une
pénétration à  travers la peau (les ankylostomes et les schistosomes).  
Il est établi que presque tous les agents pathogènes contenus dans les   excréta peuvent survivre
suffisamment longtemps dans le sol et sur les  légumes pour contaminer aussi bien les agriculteurs que les
consommateurs.   Le risque majeur en santé publique, dans la réutilisation des eaux usées en  agriculture,
dépend des conditions d'assainissement, du contexte  épidémiologique et de l'importance des réservoirs de
germes.  Globalement, ce risque sanitaire est constitué par la transmission de nombreuses  affections
virales et des infections bactériennes transmises par voie orale.  Certaines parasitoses sont transmises
également par les eaux d'irrigation, il s'agit  de plusieurs types d'Helminthiases (les nématodes intestinaux),
des Tænias et des Schistosomes.  Au cours de la réutilisation des eaux usées dans l'agriculture, certaines  
catégories de personnes présentent un risque potentiel de maladies  hydriques : 
-Les consommateurs des produits agricoles contaminés  
-Les personnes qui manipulent les récoltes  
-Les ouvriers agriculteurs et leurs familles  
-Les personnes demeurant à proximité des champs irrigués par les eaux usées  
Pour limiter l'impact sanitaire, toute réutilisation des eaux usées devra   être soigneusement étudiée au
préalable. Il est connu que l'arrosage par   les eaux usées des cultures et des légumes consommées crus,
entraîne  de graves épidémies de maladies hydriques. Il a été démontré dans plusieurs régions du monde,
que l'irrigation de légumes  avec des eaux usées non traitées peut contribuer à la transmission du choléra
et  aussi de la typhoïde.  Parmi les légumes dont l'arrosage par les eaux usées devra être prohibé, on  

697
relève surtout : la laitue, les choux, les carottes, les betteraves, le coriandre, les  épinards, le persil, les
tubercules et toutes les légumes poussant près du sol,  comme les tomates par exemple.  Le risque sanitaire
maximum de pollution des légumes et des fruits par les eaux,  s'observe durant la saison chaude et dans les
régions endémiques de maladies  hydriques.  En Algérie, l'irrigation clandestine par les eaux usées se
généralise dans   plusieurs régions du pays, par manque d'eau d'irrigation, surtout pendant la   saison sèche.
Plusieurs variétés de légumes et de cultures maraîchères de saison  sont irriguées par des effluents non
contrôlés et non épurés, cela malgré les  «interdictions» préconisées. Cette forme d'irrigation sauvage par
les eaux usées multiplie sans cesse les foyers de maladies hydriques, tant parmi les  consommateurs que
parmi les agriculteurs.   Dans certaines conditions, les eaux usées peuvent constituer une ressource en  eau
non négligeable pour diverses utilisations et dans l'agriculture en particulier.  Dans notre pays, les eaux
usées partiellement traitées peuvent être réutilisées  pour l'arrosage de certains vergers (oliviers, figuiers...)
et pour l'arrosage des  espaces verts. La réutilisation des eaux usées peut constituer une
stratégie prometteuse qui peut avoir de nombreux avantages tant sur le plan  économique que pour la santé
de la population.  
La réutilisation des eaux usées doit s'accompagner de plusieurs actions parallèles  indispensables : 
- La mise en place graduelle de stations d'épuration partielle ou complète des  eaux usées rejetées dans
tous les Centres urbains du pays qui sera accompagnées  d’une formation en maintenance pour les
personnels.  
- Un programme de sélection pour la réutilisation des eaux usées épurées dans  les différents secteurs de
l’économie ; dans l’industrie, dans certaines activités  agricoles et également pour l’irrigation des espaces
verts. 
- Un programme de contrôles réguliers des ouvriers et des agriculteurs qui  manipulent les eaux réutilisées.  
En tout état de cause, l’irrigation par les eaux usées et à proximité des nappes  souterraines ou des sources
d’approvisionnement en eau, reste prohibée.
V / Notions en réglementation environnementale
En 1975, les pays méditerranéens et la Commission Economique Européenne  (CEE) ont adopté le Plan
d’Action pour la Méditerranée (PAM). En 1976, la  convention pour la protection de la mer Méditerranée
contre la pollution  
Convention de Barcelone fut adoptée et ratifiée par l’ensemble des pays  riverains de la Méditerranée.  
Les principaux objectifs du PAM consistaient à aider les gouvernements  européens à évaluer et contrôler
la pollution maritime, à formuler leur politique  nationale en matière d’environnement, à améliorer la capacité
des gouvernements à identifier de meilleures options pour d’autres modèles de  développement et à faire
des choix plus rationnels dans l’attribution des  ressources.  
Le programme MED POL, principal constituant du PAM, a joué dans sa  première phase un rôle majeur dans
l’amélioration des capacités de la plupart  des pays méditerranéens (1975-1981). Il a développé et soutenu
les programmes  nationaux de surveillance dans la région.  
Un grand nombre d’actions concrètes a été entrepris par plusieurs pays,  conformément aux exigences et
aux dispositions du PAM ; ce qui a influencé les  politiques et pratiques environnementales dans les pays
méditerranéens.   En 1995, une nouvelle phase du PAM a été ratifiée et rebaptisée « plan d’action  pour la
protection de l’environnement maritime et le développement durable des  zones littorales de la Méditerranée
». Cette seconde phase était destinée à  reprendre en compte les réussites et les échecs des vingt
premières années  d’existence du PAM, ainsi que les résultats des nouveaux développements qui  s’est
tenue à Rio de Janeiro en 1992 (Rapport de l’Agence Européenne pour   l’Environnement, 1999).  
Le programme MED POL est entré dans sa troisième phase, en portant l’accent  non plus sur l’évaluation de
la pollution, mais sur le contrôle de celle-ci au   moyen de plans d’action, de programmes et de mesures
pour la prévention et le  contrôle de la pollution, pour l’atténuation des systèmes déjà touchés par
la pollution. Cette phase a été opérationnel dé l’an 2000.  
A un niveau régional, et étant donné la similitude des problèmes de  l’environnement existant dans les pays
de l’Union du Maghreb Arabe (UMA)  dont fait partie l’Algérie, comme la pollution industrielle, urbaine et
agricole du   littoral et du milieu marin, et compte tenu de l’étroite connexion existant entre   les politiques
régionales dans ce domaine et leur incidence sur l’ensemble des états du Maghreb, il est devenu
nécessaire de s’orienter vers l’élaboration d’une  

Charte Maghrébine de l’environnement traçant les grandes lignes de ces  politiques et définissant les
orientations générales dans les secteurs concernés . 

698
Vu l’importance des ressources maritimes dans le processus de développement  économique des pays de
l’UMA et tenant compte de l’extrême sensibilité du  milieu marin aux facteurs de dégradation et de pollution,
les Etats de l’UMA s’engagent à : 

♦ Prendre les mesures nécessaires, notamment celles à caractère législatif,  pour la protection du littoral
des effets de l’érosion et de la pollution et  pour préserver l’équilibre du milieu,  
♦ Préserver les ressources maritimes et lutter contre la pollution marine et  prendre les mesures nécessaires
à cet effet, 
♦ Renforcer les mesures préventives pour la protection des ressources  maritimes et du littoral des effets de
la dégradation et de la pollution,  
♦ Lutter contre les rejets d’hydrocarbures et de déchets dangereux et  toxiques sur les plages et à l’intérieur
des eaux territoriales maghrébines  tout en renforçant la disposition de contrôle et de coordination à cet
effet, 
♦ Oeuvrer pour l’unifaction de la réglementation concernant les opérations  d’immersion des épaves de
bateaux et toutes autres embarcations et de  rejets des déchets dans les eaux territoriales maghrébines
(Charte Maghrébine pour la protection de l’Environnement et le développement  durable, 1992).  
Au niveau national, l’Algérie adopte une stratégie en prenant position vis-à-vis  de la pollution marine. En
effet, depuis la 1ére Conférence Mondiale sur  l’Environnement organisée à Stockholm en 1972, le
Gouvernement Algérien a  pris, progressivement, conscience de la nécessité d’intégrer la
dimension environnementale dans la démarche da planification du développement et  d’utilisation durable
des ressources naturelles du pays.   Le sommet de Rio auquel l’Algérie a pleinement contribué, en
particulier dans sa phase préparatoire, a conforté les pouvoirs publics dans leur conviction pour  orienter le
développement dans une perspective durable. C’est ainsi que  l’Algérie a entrepris, dans son effort de
développement, des actions importantes  que s’inscrivent dans le cadre; elle agit au niveau mondial régional
et national  suite à : 
♦ La ratification de la Convention Mondiale sur le droit de la mer en 1996  (décret présidentiel n° 96/53 du
22 Janvier 1996) ;  
♦ La signature du protocole relatif à la pollution de la mer Méditerranée par les mouvements transfrontières
des déchets dangereux (Agenda, 21) ;  
♦ L’institution du Plan National d’Urgence "TELL BAHR" (décret n°94/279 du 17 septembre 1994) destiné à
lutter contre les pollutions   marines accidentelles dues au déversement des hydrocarbures en mer;
♦ La promulgation d’un décret définissant les normes de qualité des eaux de  baignade (décret exécutif n°
93/164 du 10 juillet 1993).  
♦ L’étude d’impact et le contrôle très sévère des opérations d’immersion  effectuées en mer ;  
♦ L’étude en vue de création des parcs marins destinés à protéger les  écosystèmes marins et côtiers
fragiles notamment les Iles Habibas et la  région de Chenoua ;  
♦ La réalisation de nombreux programmes de formation et de recherche  dans le domaine de la mer ;  
♦ L’exécution d’un projet régional de contrôle de la pollution marine due  aux hydrocarbures (National
Implementation of Agenda 21, 1997).  
Récemment, le 20 juillet 2003 a été publié le journal officiel de la République  Algérienne
Démocratique et Populaire, relatif à la protection de l’environnement  dans le cadre du développement
durable. 
1/ Loi N° 02-02 du 05 février 2002 relative à la protection et la valorisation  du littoral 
SES PRINCIPES : 
□ L’action de développement doit s’inscrire dans la politique nationale   d’aménagement du territoire et de
protection de l’environnement.  
□ La concertation et la coordination doivent impliquées toutes les parties qui  agissent sur ce territoire
sensible et fragile (état, collectivités territoriales  et associations non gouvernementales, etc.)  
SES OPTIONS : 
□ Veiller à orienter l’extension des centres urbains existants vers les zones  éloignées du littoral et de la
côte maritime,  
□ Classer dans les documents d’aménagement du littoral comme aires  protégées et frappées des servitudes
de tous les sites présentant un  caractère écologique, culturel et touristique.  
□ Oeuvrer pour le transfert vers des sites appropriés, les installations  industrielles existantes dont l’activité
présente des dommages pour  l’environnement.  
2/ PRINCIPALES DISPOSITIONS SPECIFIQUES A LA PROTECTION  DU LITTORAL 

699
□ L’extension longitudinale des périmètres urbanisés au delà de 3 Km est  interdite. 
□ L’extension de deux agglomérations adjacentes est interdite à moins que  la distance les séparant soit
égale ou supérieure à 5 Km.  
□ Les constructions et les occupations du sol sur la bande littorale liées aux  activités économiques
autorisées par les instruments d’aménagement et  d’urbanisme sont strictement réglementées.  
□ Les installations industrielles qui existent actuellement sur le littoral et  dont l’activité est considérée
comme préjudiciable à l’environnement  seront transférées dans des sites appropriés.  
□ L’implantation de nouvelles installations industrielles polluantes est   désormais interdite, sauf pour les
activités industrielles et portuaires  d’importance nationale prévues par les instruments d’aménagement
du territoire.  
□ Les activités touristiques sont interdites au niveau des zones protégées.  Elles font l’objet de
prescriptions particulières dans les zones comprenant  des sites culturels et historiques. Les espaces qui
leur sont réservés en  zones littorales seront précisés par voie réglementaire.  
□ Il est interdit la réalisation de nouvelles voies carrossables parallèles au  rivage (dans les limites d’une
bande de 800 m, sur les dunes littorales, sur  les cordons dunaires, sur les parties supérieures des plages).  
□ Il est interdit la réalisation de routes de transit parallèles au rivage sur une  distance de plus de 3 Km à
partir des hautes eaux marines.  
□ Enfin, la loi prévoit des sanctions à l’encontre des contrevenants, des  peines variant entre 3 mois à 2 ans
de prison et des amendes pouvant  atteindre les 2 millions de dinars. En outre la juridiction compétente
peut prononcer la confiscation des instruments, matériels et engins ayant servi  à commettre l’infraction.
►La mauvaise gestion des réseaux d'AEP (adduction d'eau potable) et d'assainissement, leur état de
dégradation dû à une absence de prise en charge efficace sur le plan de l'entretien, sont à l'origine
d'accidents et de prolifération des maladies à transmission hydrique. Des centaines de cas de choléra et de
fièvre typhoide sont recensés chaque année dans de nombreuses localités du pays. Les grandes lignes de
lutte contre les MTH, malheureusement à ce jour, ne sont pas suivies d'application rigoureuse.
◙ Actions relevant du secteur de l'hydraulique :
♦ le recensement, la protection et le traitement régulier des réservoirs et châteaux d'eau gérés par les
entreprises de production et de distribution d'eau.
♦ l'achèvement du programme planifié de rénovation et d'extension des réseaux de distribution et
d'assainissement en cours au niveau de plusieurs grandes agglomérations.
♦ la réhabilitation des stations d'épuration des eaux usées (STEP) urbaines déjà diagnostiquées.
♦ la conception et la diffusion de procédés techniques (bassins de décantation, fosses septiques
collectives,...).
♦ l'élaboration de textes relatifs aux conditions et normes de potabilité, à la concession des réseaux
d'asainissement et à la concession du domaine public hydraulique.
◙ Actions relevant du secteur de la santé :
♦ le renforcement du système de surveillance épidémiologique.
♦ le développement du réseau de laboratoires d'hygiène de wilaya (département), des grosses
agglomérations et secteurs sanitaires.
♦ le développement du contrôle en hygiène alimentaire.
♦ le renforcement de l'hygiène et de la salubrité dans les établissements sanitaires.
◙ Actions relevant des collectivités locales :
♦ la stricte interdiction de l'irrigation par les eaux usées.
♦ le recensement, la protection et le traitement régulier des puits collectifs.
♦ le recensement, la protection, le captage des sources et la construction de bassins permettant le
traitement des eaux alimentant les populations.
♦ l'approvisionnement par citernes d'eau javellisée des communautés dépourvues d'eau potable.
♦ la construction de fosses septiques collectives, bassins de décantation et/ou de lagunage sur la base des
normes et fiches techniques élaborées.
♦ la rénovation et réhabilitation des fontaines publiques existantes.
♦ la réalisation de décharges contrôlées. (Cf. Système de santé)
MORBIDITE.- La nouvelle approche dans le domaine de la santé, dans une perspective sociologique
permet de déterminer un ensemble de facteurs qui sont à l'origine de la morbidité. La définition de l'OMS de
la santé comme étant un "bien être" physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d'infirmité mais intègre complètement cette composante qui est l'environnement
familial et social. Les différences de niveau de vie dûes à l'habitat précaire, la charge des enfants sans
moyens conséquents, l'ignorance, l'analphabétisme, et le chômage engendrent l'exclusion sociale. Cette
population en matière de pauvreté et de mal de vie représente le "bas du bas" aggravé par cette période de

700
réformes sociales et économiques. La morbidité de cette population se caractérise par le taux élevé des
affections respiratoires qui représentent pratiquement 50% du motif de consultation et parmi ces
pathologies, l'asthme est très fréquent aussi bien chez les adultes que chez les enfants, suivi de
l'hypertension artérielle chez l'adulte.
D'autres facteurs contribuent à la naissance de l'état de santé des résidents du site :
♦ Le niveau de pauvreté de cette population aggravée par la crise sociale et économique, fait que de
nombreuses familles vivent en dessous du seuil toléré de survie. La prévalence chez l'enfant des
pathologies cutanées parasitaires et diarrhéique attestent de l'hygiène du milieu et de la qualité nutritive de
ces enfants et de l'état sanitaire défectueux du milieu.
♦ La non disponibilité d'eau potable courante.
♦ La proximité des décharges publiques, principal lieu de jeux des enfants du quartier et récupération des
objets dans les dépôts.
♦ L'écoulement des eaux usées à travers les baraquements.
♦ La cherté des produits détergents.
Tous ces promoteurs accentuent l'incidence des pathologies des cités d'habitation plus particulièrement les
maladies des mains sales, d'où l'intérêt des séances d'éducation socio-sanitaire individuelle et collective. □
PATHOLOGIES ANIMALES .- Rétrospective  : Plus de 400 cas de fièvre aphteuse ont été recensés en
Février 99 dans certaines wilayas du pays (Alger, Bouira, Tizi-Ouzou, Bordj Bou Arréridj, Sétif et
Mostaganem. Se caractérisant par l'apparition d'aphtes sur la langue, la maladie, contractée au contact
d'animaux rentrés au pays clandestinement par les frontières du Sud, de l'Est et de l'Ouest, a fait l'objet
d'une sérieuse préoccupation des autorités vétérinaires qui ont lancé une campagne de vaccination qui
touchera 1,2 million de têtes bovines. Il faut remonter à 1989 pour trouver trace du passage de cette
pathologie animale qui se distingue par une grande vitesse de propagation de son virus pouvant toucher les
élevages bovins, caprins, ovins et autres dromadaires. Fort heureusement, le virus de type O n'est pas
dangereux et pouvant être combattu efficacement. Les bovins contaminés ont été abattus pour éviter la
propagation du virus. Selon les spécialistes du domaine vétérinaire, la fièvre aphteuse touche la bouche,
les pattes et les mamelles des bovins, empêchant ces derniers de marcher, de manger et de se laisser
traire. Outre les regroupements et la tenue des marchés à bestiaux qui deviennent interdits, les cheptels
des espèces bovine, ovine et caprine doivent être mis en quarantaine au niveau des exploitations jusqu'à la
levée de cette mesure. La maladie, non transmissible à l'homme, se transmet par contact direct ou indirect
(gouttelettes de salive véhiculées par l'intermédiaire de vecteurs vivants (souliers ou vêtements des
personnes) ou inanimés (véhicules, outils de travail) et par l'air, notamment dans les zones tempérées
(jusqu'à 60 km sur terre et 300 km par mer). Le contrôle vétérinaire et la lutte contre les maladies affectant
la santé animale constituent l'une des priorités des services vétérinaires. Dans le domaine des Zoonoses,
notamment, les services compétents effectuent des tests sur les vaches pour révéler les cas de
contamination par la brucellose (5%). Les vaches contaminées sont abattues. Certains éleveurs sont
présentés devant la justice pour non déclaration de contamination des bovins. Les éleveurs contraints
d'abattre leur bétail affecté par la brucellose bénéficient d'indemnisation. La clavelée, autre maladie
contagieuse, se rencontre aussi dans les troupeaux ovins. Des campagnes de vaccination sont mises en
oeuvre pour préserver le cheptel ovin à un taux de 75%. Peu de cas sont décelés en moyenne et en
pourcentage de cette maladie contagieuse. En outre, une autre maladie affectant les espèces avicoles, la
salmonelle qui cause des diarrhées chez les consommateurs de viandes blanches. Les services
vétérinaires ont ainsi opté pour l'incinération de 46000 poussins importés et 4800 poules, afin de
préserver la santé publique. Des laboratoires d'analyses vétérinaires sont chargés du contrôle de la qualité.
Ces structures d'analyse bactériologique veillent sur le contrôle des animaux et des produits suspects
importés de l'étranger, ce qui permet aux services d'assurer convenablement leurs missions. 27,5 tonnes de
viandes avariées ont été ainsi saisies pour diverses raisons. S'agissant de la promotion de la santé
publique les services vétérinaires prennent en charge la vaccination contre la rage de plusieurs milliers de
chiens recensés auprès des éleveurs d'ovins. Le nombre de cas de chiens enragés a augmenté. Cependant,
cette action reste insuffisante face au nombre important de chiens errants recensés. d'où le recours à
l'abattage comme moyen efficace. Certaines zoonoses, telles la peste équine et la vaorra, ont été
éradiquées dans certaines régions grâce aux campagnes d'information des éleveurs, conscients du danger
de ces maladies contagieuses. La redynamisation des bureaux communaux d'hygiène et des brigades
mixtes, comprenant les services de contrôle de la qualité et vétérinaires, est également nécessaire afin de
lutter contre ces zoonoses. Rappelons qu’en 2017, l’Algérie produit entre 30% et 40%   de ses besoins en
produits vétérinaires.Mettant l’accent sur les éleveurs qui stockent des médicaments à leur niveau, M.
Rachid  Bouguedour, représentant de l’OIE pour la région Afrique du Nord,  en 2013, a regretté le fait qu’en
Algérie «plusieurs éleveurs font de l’automédication animale, alors que c’est aux vétérinaires,  que revient le
rôle de les administrer selon des doses étudiées, et non pas les éleveurs  ».
PEDIATRIE.- La pédiatrie est la médecine qui s’occupe de la santé des enfants et des adolescents, plus
explicitement du nouveau-né jusqu’à la fin de la croissance (18 ans). La spécialité pédiatrique est encore
un concept assez flou en Algérie dans l’esprit de beaucoup de gens et même de professionnels tant par son
champ étendu de compétences méconnues que par ses sollicitations qui évoluent inexorablement avec les
connaissances et les moyens de diagnostic de plus en plus sophistiqués. (…)Le taux de mortalité infantile
(TMI) est l’étalon d’or reconnu par les organismes internationaux OMS (Organisation mondiale de la Santé)

701
et l’UNICEF (le Fonds des Nations unies pour l’Enfance) il s’agit de l’indicateur le plus important dans le
classement de l’état sanitaire et même du degré de développement des nations, à titre de comparaison
ceux de la Suède et de l’Algérie sont respectivement de 2.4 et de 21.9 pour mille(1), une proportion de un
pour dix ! L’objectif de tout pays qui aspire à améliorer la santé de sa population est de réduire ce taux à
son niveau le plus bas possible. La prise en charge des enfants dans leur plus bas âge en est la clef du
succès, l’encadrement de qualité en est le moyen.
Le concept de mille jours : La période néonatale (0 à 30 jours) et les premiers mois de vie surtout sont des
périodes critiques de la vie d’un enfant. Les travaux et recherches récentes ont pu démontrer que tout se
joue sur cette période dite des 1000 jours allant de la conception jusqu’à environ deux ans.
Les données scientifiques actuellement disponibles ainsi que les rapports émanant des organisations
internationales concordent pour que cette période soit reconnue, dans le domaine de l’environnement en
général, et de la nutrition en particulier, comme une période de grande sensibilité, pouvant influencer le
risque ultérieur de maladies chroniques non-transmissibles (diabète, pathologies liées à l’obésité, maladies
cardio-vasculaires…) (2) (5) Ce concept a été adopté par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)(3) et
de l’UNICEF(4) c’est une fenêtre d’opportunité pour le dépistage, les soins et l’alimentation appropriée qui
vont conditionner le capital santé de l’enfant dans le futur et par conséquent de la société (9) ; il est alors
impardonnable de passer à côté et rater une occasion irremplaçable pour prodiguer les conseils
nécessaires sur le plan diététique ou dépister par exemple une maladie héréditaire ou malformative qui
exige une prise en charge précoce et immédiate car tout retard ne peut que compromettre l’avenir de
l’enfant et de sa famille d’autant plus qu’à ce jour il n’existe pas dans notre pays de programme de
dépistage systématique de certaines pathologies congénitales; contrairement à ce qui est fait depuis des
années dans de nombreux pays et qui concerne plusieurs maladies dont nous pouvons citer quelques
exemples : l’hypothyroïdie (déficit d’une hormone indispensable à la croissance et au développement
mental) qui, non traitée à temps, est source d’un handicap permanent ; la mucoviscidose est une maladie
qu’on croyait être l’apanage des pays européens et qui entraîne des dysfonctions des sécrétions de
plusieurs organes surtout des poumons évoluant vers l’insuffisance respiratoire ; elle est de plus en plus
diagnostiquée chez nous dans le pays grâce à la ténacité de jeunes médecins pionniers ; l’hyperplasie
congénitale des surrénales (défaut de fonctionnement d’une glande associée aux reins et qui peut aboutir
au décès rapide ou à des malformations physiques des organes génitaux et des désordres psychiques) ; la
phénylcétonurie (accumulation d’une substance toxique pour le cerveau) qui peut être traitée grâce à un
simple régime ; des dépistages ciblés sont instaurés en fonction des données épidémiologiques de chaque
pays et de ses moyens. Alors qui mieux est placé qu’un pédiatre pour apporter sa contribution à la réussite
de ce programme et pouvoir se hisser ainsi au niveau des pays les plus développés ? (…)
La pédiatrie vue par les officiels : Cette vision tronquée de la pédiatrie se retrouve malheureusement même
dans la législation de la sécurité sociale et qui constitue une parmi les causes du rejet par la majorité des
pédiatres de la convention, puisque les textes stipulent dans le cadre de la prise en charge du tiers payant
communément connue sous le vocable de «carte Chiffa» que seuls les enfants de moins de six ans peuvent
être exempts d’une lettre d’orientation pour une consultation directe chez le pédiatre donnant la fausse
impression qu’au-delà de cet âge (six ans) l’enfant ne relève plus de l’exclusivité de la spécialité
pédiatrique ! Et décourageant ainsi les parents à consulter un pédiatre et de là à rater une opportunité de
dépistage. De même que certains médicaments dont les indications sont du ressort du pédiatre ne sont
remboursables que si le spécialiste adulte les a d’abord prescrits, autant dire pour la réalisation de
certaines explorations spécifiques à l’enfant une aberration bien assumée !
La réalité du terrain et les perspectives : Depuis, certaines données ont nettement changé dans le pays. De
plus en plus de pédiatres sont formés par nos universités mais en l’absence d’une stratégie globale
orientée autour de la prévention et le dépistage qui prend en compte le profil démographique et réalités
socioculturelles de la population en particulier pour ce qui est des maladies congénitales, génétiques et
métaboliques dans une société où tous les indicateurs plaident pour ce choix : un taux de mariages
consanguins encore alarmant, une pyramide d’âge dont la base est constituée de jeunes , un taux de
naissances assez élevé TAN (taux d’accroissement naturel :2.15)(6), un taux de fécondité et un nombre de
couples en âge de procréer élevés particulièrement boostés par l’amélioration des conditions de vie en
terme de logement surtout. Tous ces paramètres font que la pédiatrie doit avoir une place prépondérante
dans l’organigramme des spécialités médicales et dans les programmes de prévention et de la stratégie de
dépistage au lieu qu’elle reste injustement et contre son gré cloîtrée dans un petit cadre restreint pour
s’occuper des petits bobos et ennuis de la petite enfance.
En Algérie, au vu des contraintes financières engendrés par la mise en place d’un tel programme, il serait
judicieux de commencer par le dépistage ne serait-ce que d’une ou de deux pathologies les plus fréquentes
et les plus accessibles au traitement mais qui sont en même temps les plus pourvoyeuses de handicaps
sévères. Les retombées en économie de santé pour la collectivité seront sans commune mesure avec le
coût généré par la prise en charge des conséquences gravissimes de ces lourdes pathologies. Tous les
pays ayant opté pour ce choix ont abouti à la même conclusion. Un choix sensé qui plaide favorablement
pour la mise en route de ces programmes sans délais. (…) La pédiatrie doit accéder au rôle qui lui revient
de droit dans les différents programmes de santé publique ; programme national «Périnatalité» dont la
finalité est de réduire le TMI et surtout le programme vaccinal à l’instar de tous les pays du monde d’autant
plus qu’on est confronté depuis peu à une situation inhabituelle de «vaccino-phobie» qui n’est pas propre à
l’Algérie mais dont les proportions commencent à devenir inquiétantes et dont les raisons ont été abordées
dans un précédent article (7) pour ce qui concerne notre pays. Les conséquences en sont la chute du taux

702
de couverture vaccinale et l’émergence d’épidémies, ce qui exige la conjonction de tous les efforts pour en
venir à bout. La vaccination est restée longtemps du ressort exclusif des structures publiques. L’existence
d’une circulaire qui autorise les pédiatres libéraux à la pratique de la vaccination dans leurs cabinets n’a
rien changé sur le terrain. Le pédiatre est confronté à l’hostilité de l’administration, au climat de suspicion
et à l’absence de mécanismes d’approvisionnement régulier et décentralisé, puisque seul l’Institut Pasteur
d’Alger est détendeur du monopole d’importation et de livraison de vaccins contrairement au reste des pays
où les vaccins sont disponibles dans les officines sous la présentation de monodoses ; les citoyens peuvent
s’en procurer et se faire vacciner par leur médecin qui assume ainsi pleinement son rôle de prévention et
de relais aux programmes nationaux. (…). □ BOUCHIKHI Nourredine (2018)
Notes :
[1] Rapport OMS 2015
[2] Attig L, Gabory A, Junien C et al. Early nutrition and epigenetic programming: chasing shadows. Curr
Opin Clin Nutr Metab Care. 2010; 13: 284-93
-Charles MA. L’obésité commence avant le berceau. In Tout prévoir. L’espace DPC. Formation et entretien.
Novembre 2013. N°446 obésité et MAC, 2013.
-Gluckman PD et al. Epigenetic mechanisms that underpin metabolic and cardiovascular diseases. Nature
Reviews Endocrinology 5, 401-408. 2009
[3] *World Health Organization (UNICEF), Global strategy for infant and young child feeding, ISBN : 92 4
156221 8, 2003.
[4]UNICEF. Improving child nutrition: the achievable imperative for global progress. 2003.
- United nations system. Double burden of malnutrition – A Common Agenda. Standing committee on
nutrition. 13-17 March 2006.
[5]Manifeste pour les 1000 premiers jours de vie, une période clé dans les stratégies de prévention
nutritionnelle 5 recommandations, issues d’un travail d’expertise collective, proposées pour être incluses au
sein des réflexions sur la Stratégie Nationale de Santé
AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire), ANPDE (Association Nationale des
Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Étudiants), CNSF (Collège National des Sages-Femmes de
France), SFP (Société Française de Pédiatrie), SFMP (Société Française de Médecine Périnatale),
représentée SFN (Société Française de Néonatalogie), SF-DOHaD (Société Francophone Origines
Développementales de la Santé), SFN (Société Française de Nutrition), SFG (Société Française de
Gynécologie),
-Rapport de l’UNICEF (UNICEF, 2013).
- [6] ONS (Office national des statistiques)
-[7] Le Quotidien d’Oran : la vaccination une autre manière de l’aborder, 09-03-2017.
-[9] Déclaration de Vienne (OMS, 2013) (Les ministres de la Santé et représentants des États membres de
l’OMS dans la Région européenne) de la récente sur la nutrition et les maladies non transmissibles dans le
contexte de santé 2020. -
Prado & Dewey, 2012 ; Barker et al., 2012 ; Charles et al., 2013 ; Millan., 2013 ; Attig et al., 2010 et 2013 ;
Junien, 2011 ; Hochberg et al., 2011; DuqueGuimaraes & Ozanne, 2013).
PSYCHIATRIE.- Outre l'aspect scientifique des causes à l'origine de l'augmentation des troubles
psychiatriques constatés en masse (urgences, tentatives de suicide, facteurs associés à la détresse
psychosociale des femmes battues, agressions sexuelles, ...), les informations exclusives et chiffrées
nécessitent une sérieuse prise en charge, pour leur compréhension, de l'apport de la médecine
psychologique et psychiatrique dans l'amélioration des conditions de vie des populations toutes couches
sociales confondues.
SANTE A DOMICILE .- Education thérapeutique et hospitalisation à domicile : des leviers pour améliorer la
santé des Algériens. Citée dans la loi sanitaire de 1985 et figure dans l’actuel projet de loi sur la santé,
l’éducation thérapeutique pierre angulaire ans la prise ne charges des maladies chroniques est encore à
son stade embryonnaire. « Aucun texte d’application n’a été promulgué pour justement rendre cette activité
effective que ce soit dans l le cursus d’apprentissage et dans la pratique quotidienne des professionnels de
santé », regrette le Pr Samia Zekri, médecin interniste à l’hôpital de Bitraria lors d’une conférence
organisée en en marge du salon Algerie Helath qui se tient depuis le 4 décembre et ce jusqu’au 7 du mois
en cours à la Safex à Alger. Elle estime qu’il est temps d’institutionnaliser cette activité et créer des
réseaux d e prise en charge des patients dont le nombre ne cesse d’augmenter. L’objectif recherché par
l’éducation thérapeutique, précise Pr Zekri, est d’aider le patient à apprendre revivre avec un problème e de
santé qu’il accepté. « C’est surtout lui permettre d’être autonome avec un meilleure qualité de vie », a-t-elle
insisté. Pour ce faire, la conférencière a mis l’accent sur la formation la nécessité d e mettre en place des
formations adaptées à un personnel dédié dont les médecins dont les médecins généralistes , les infirmiers
et les pharmacien. « Ces dernières prendront le relais et assureront l’accompagnement et apporter de
l’assistance aux patients à travers des gestes techniques », a-t-elle indiqué avant de souligner que cette
activité nécessite la connaissance de la pathologie, les compétences de communication. « Car il faut
utiliser le langage qu’il faut pour chaque patient tout en ayant à l’esprit que le patient est au centre de cette
activité multi professionnelle s. chaque patient ». Le Pr Zekri recommande la mise en place de réseau de
prise en charge de malades chroniques tout en intégrant l’éducation thérapeutique comme partie intégrante
du traitement et arriver à faire adhérer le patient tout en mettant en place une alliance thérapeutique.

703
L’hospitalisation à domicile l’HAD qui constitue également une opportunité pour les malades chroniques d e
bénéficier de soins tarde également à connaitre une organisation officielle et réglementaire. « Faute de
texte réglementaire, nous avons introduit l’hospitalisation à domicile (HAD) à l’hôpital de Birtraria depuis
1999. Elle est moins coûteuse que l’hospitalisation classique et elle offre une meilleure qualité de vie pour
le patient. Elle engendre moins de dépenses », relève le Pr Brouri initiateur de la première expérience de
l’HAD à l’hôpital de Birtraria. La santé à domicile, a-t-il dit, doit faire partie du système national de santé
algérien vu les avantages qu’elle procure dont la réduction des coûts, l’accompagnement du malade,
réduction des infections nosocomiales et puis redonner à l’hôpital sa véritable vocation a-t-il précisé. Avec
le peu d e moyens mis à la disposition de l’hôpital, quelques 1428 patients ont été pris en charges depuis
1999 soit 3043 hospitalisations à raison de deux hospitalisations par patient dont la majorité sont des
femmes par une équipe dévoué à cette activité. Pari les pathologies prises en charge, le diabète arrive en
tête, suivi du cancer, les AVC, l’HTA, les escarres et autres. La prise charge de la douleur chronique doit
être également prise en charge à domicile pour permettre au patient d’être traité chez lui. Notre unité a
assuré la prise en charge de le douleur chronique de 5468 patients en 2016 et 14.627 comprimés de
morphiniques ont été fournis. « Le diagnostic est fait par les médecins de l’unité qui évaluent l‘intensité de
la douleur et fournit les morphiniques nécessaires », a-t-il indiqué. Ces soins de support, a t-i ajouté, ont
concerné 681 malades souffrant de pathologies cancéreuses. Le Pr Brouri plaide pour la multiplication des
équipes dans les différentes régions du pays mais dans des conditions adaptées où l’activité peut être
rentable. Il déplore que l’on confonde l’hospitalisation à domicile aux soins de gériatrie dont la spécialité
n’existe pas en Algérie. « Il est important qu’elle soit enseignée pour pouvoir prendre en charge les
personnes âgées dont le nombre est en nette croissance avec de plusieurs pathologies ». Il appelle ainsi, à
la création de la fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile et promouvoir la
politique d’aide sociale. ◙ Djamila KOURTA (El Watan, 06.12.2017)
►La nécessité de former des gériatres en Algérie soulignée par les spécialistes  : Savoir prendre en charge
les maladies liées à la vieillesse, donc les personnes âgées, est une spécialité à part entière. Il s’agit de la
gériatrie, qui nécessite une formation aussi bien du corps médical que paramédical ainsi que la réalisation
de structures de soins adaptées. La gériatrie est enseignée et appliquée dans beaucoup de pays avancés. Il
est devenu nécessaire actuellement de lui reconnaître toute l’importance qui lui revient au vu des enjeux de
santé et de bien-être des personnes âgées (…). □ Le jeune indépendant (11/10/2015)
SANTE PUBLIQUE EN DECLIN .- La santé publique subit non seulement les effets de la crise
économique et des programmes d'ajustement structurel, mais aussi d'une croissance non maitrisée, jusqu'à
une date récente, d'une population génératrice de nouveaux besoins sociaux. La détérioration des
indicateurs sanitaires de base enregistrés ces dernières années dont l'espérance de vie et la mortalité
infantile et maternelle, risquent de s'aggraver avec les retombées socio-économiques des réformes
engagées ; elle devrait inciter les pouvoirs publics à mettre en place une stratégie cohérente qui
réhabilitera les programmes et les infrastructures de soins de santé primaires. En conséquence, le
redressement du secteur de la santé passe nécessairement par la concrétisation des actions suivantes :
♦ la clarification du rôle de l'Etat à l'égard du secteur et du degré de prise en charge de la demande
sociale, et plus particulièrement celle des populations défavorisées ; cela nécessite de déterminer les
objectifs à atteindre en matière de prestations de soins, de formation et de recherche. Cela nécessite,
également :♦ d'assurer une répartition équitable des ressources matérielles et humaines à travers les
régions et les établissements,
♦ d'assurer une participation plus large, systématique et codifiée des communautés organisées,
représentatives des professionnels de la santé et des usagers à la prise de décision,
♦ d'assurer une rationalisation dans l'utilisation des ressources, tant sur le plan humain que matériel et
financier afin de satisfaire au mieux et au moindre coût les soins de santé à un niveau compatible avec les
ressources mobilisables,
♦ de mettre en place des relations contractuelles avec le système de sécurité sociale, et de rationaliser les
transferts pour soins à l'étranger à travers un programme cohérent équitable de prise en charge efficace,
efficace et durable des pathologies concernées.
♦ la responsabilisation des collectivités locales dans la prise en charge des besoins de santé de la
population et dans la conduite et la supervision des politiques en la matière; cette action doit assurer le
développement des soins de santé de base en encourageant la démarche par programmes et objectifs :
l'option du programme local d'action sanitaire (PLAS) constitue une stratégie devant permettre, par delà la
maitrise des indicateurs socio-économiques, éducationnels, sanitaires et démographiques locaux,
l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des programmes sanitaires spécifiques et
hiérarchisés. Une telle approche permet d'aborder la problématique de l'état de santé de la population,
celle de l'organisation, celle de l'organisation sanitaire et des ressources et partant du financement du
système de santé.
♦ l'accès aux prestations de soins pour toutes les couches de la population; cette action, afin
qu'elle soit équitable, repose sur l'élaboration d'un fichier national et de fichiers locaux des familles
nécessitant une assistance médicale gratuite de l'Etat,
♦ la poursuite avec rigueur, des programmes nationaux de prévention, afin :
□ de réduire la mortalité infantile de 55% à 30%,
□ de réduire la mortalité maternelle de 2,5% à 1,25%,

704
□ d'éradiquer les maladies endémiques propres aux pays sous-développés,
□ de réduire les accidents de travail ainsi que les accidents domestiques,
□ de renforcer l'éducation des femmes.
□ de mettre en oeuvre des programmes intersectoriels de protection de l'environnement, de maitrise de la
croissance démographique et de nutrition.
♦ il s'agit, enfin, d'engager une réelle politique cohérente du médicament par l'amélioration de
l'approvisionnement et de la distribution des médicaments et du consommable et par la promotion et
l'encouragement de la production nationale.
SCORPIONS.-Les scorpions font entre: 50 et 100 morts chaque année . Entre 50 et 100 décès sont
enregistrés chaque année à cause de l'envenimation scorpionique en Algérie ou l'on comptabilise quelque
50.000 piqures, ce qui en fait une «pathologie importante» au niveau des wilayas du Sud et des Haut-
Plateaux, indique un document du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.  Ce
fléau, dont on constate une extension aux wilayas du Nord, est reconnu depuis les années 80 comme un
problème de santé publique en Algérie (pathologie liée à la dégradation de l'environnement), par la morbi-
mortalité et la charge financière qu'il impose, est-il relevé dans ce document rendu public lors d'une
conférence de presse sur le scorpionisme animée lundi à l'Institut national de santé publique (INSP).  
Sur le plan épidémiologique, 45.132 piqures survenues dans 39 wilayas et ayant entraîné 58 décès ont été
enregistrés en 2017, contre 47.461 piqures et 107 décès déplorés dans 27 wilayas en 2000, selon les
données fournies par le ministère de la Santé. Pour faire face à ce problème, un programme de santé
publique a été élaboré. Il s'appuie sur un dispositif de surveillance épidémiologique coordonné par le
ministère et l'INSP et repose sur les recommandations du comité expert de lutte contre l'envenimation
scorpionique existant depuis 1987 et sur une cartographie du risque scorpionique et un guide référentiel de
prise en charge. Le programme de prévention consiste en des actions sectorielles de sensibilisation et
formation continue.  Chaque année des séminaires sont organisés et s'inscrivent dans le cadre global de la
campagne de prévention et de lutte contre l'envenimation scorpionique reconduite annuellement avant la
période à haut risque, notamment pour les wilayas du Sud, campagne qui intègre le volet de la formation du
personnel médical et paramédical. Les objectifs visés par ces séminaires sont la mise à niveau des
professionnels de la santé sur les modalités de prise en charge des cas d'envenimation scorpionique, la
sensibilisation des personnes concernées par la problématique liée à l'envenimation et le développement du
système de déclaration par l'informatisation.   Le programme repose, également, sur des actions
intersectorielles en matière de prévention, à travers l'intensification des actions d'information, d'éducation
et de communication, avec élaboration de messages ciblés, l'introduction dans le cursus scolaire, tous
paliers confondus, des risques dus aux scorpions, et l'implication des autres secteurs, à savoir les
ministères de l'Intérieur, de l'Habitat, l'Agriculture, et de l'Environnement.  Les actions intersectorielles
consistent, en outre, en la sensibilisation de la population, surtout au niveau des zones à risques (caravane
locale, mosquées, écoles), la protection individuelle, surtout intra domiciliaire, avec élevage des prédateurs
(poules, hérissons), le ramassage utile des scorpions pour diminuer la densité scorpionique et fabriquer le
sérum antiscorpionique et l'exigence de la ceinture de faïence autour des nouvelles constructions. En
conclusion, le ministère de la Santé note que «le scorpionisme est un problème de développement et
d'inter-sectorialité, l'envenimation scorpionique étant aisément contrôlable, notamment par l'hygiène du
milieu et la sensibilisation ciblée». «La prévention contre ce fléau doit être multisectorielle» et «la santé est
le dernier maillon de la chaîne».□ Le Quotidien d’Oran (17.07.2018)
TOXICOMANIE.- Il y a motif à s'inquiéter en Algérie concernant ce fléau. Du point de vue épidémiologique,
la toxicomanie est pressentie comme un danger majeur dans un futur proche au regard de l'évolution,
l'étendue et la nature qui apparaissent dans le trafic des drogues. Pendant longtemps, le pays était à l'abri
des "drogues dures" consistant dans l'usage de l'héroïne en particulier. Or, ces dernières années, les
services médicaux voient apparaitre en consultation un nouveau profil ne correspondant plus au classique
fumeur de hash ou consommateur de "cachets". Parallèlement à cette nouvelle clientèle, les services des
douanes ont vu une nouvelle apparition de produit dans les prises en provenance d'Afrique, essentiellement
du Nigéria, ou de Turquie et des pays du Moyen-Orient. Bref, le "brown sugar", héroïne traitée, entre au
marché algérien. Dans un contexte d'instabilité économique et d'éclatement de la cellule familiale, les
jeunes de plus en plus désorientés succombent à la tentation de la drogue. La consommation se fait dans
les lycées, les gares et dans les quartiers populaires. Pour les services médicaux, la cure de
désintoxication touche 5 à 10% des admis dans les hôpitaux et, l'aide et les soins ne doivent pas être des
services discriminatoires. Considérant les implications médicales, sociales et culturelles, la prise en charge
des toxicomanes pose des difficultés importantes. Sachant la vulnérabilité de la jeunesse tentée par le
rêve artificiel qui conduit vers la déchéance physique et psychique inexorablement, la prévention est
incontournable et le rôle de chaque instance concernée est à définir, car l'extension de ce phénomène est à
redouter.□

LES RESSOURCES

705
L'ENERGIE.
•Electrification • Energie • Energies renouvelables • Hydraulique •
LES MATIERES PREMIERES
• Dessalement d'eau de mer • Eau ▪Gaz • Gaz de schiste• Gypse• Hydrocarbures •Marché Energétique•
Matières premières• Mines•Plantes médicinales •

L'ENERGIE
ELECTRIFICATION. -L’Algérie s’est progressivement dotée de réseaux électriques, construits pour assurer
un approvisionnement électrique sur des distances de plus en plus importantes. Cela a contribué à
dissocier géographiquement les lieux de production des lieux de consommation et à affaiblir le rôle du
territoire, devenant alors un espace-support des infrastructures électriques (Dunsky, 2004 ; Grand,
Veyrenc, 2011 ; Debeir et alii, 2013). La planification de cette architecture centralisée est le résultat de
deux facteurs principaux : la recherche de coûts plus faibles – paradigme de l’effet d’échelle – et la
spécialisation des entreprises énergétiques. De grands chantiers sont mis en œuvre pour construire des
unités de production électriques massives et pour édifier l’infrastructure de réseaux. En 1977, la Sonelgaz
lance le "Plan National d’Électrification" au travers duquel elle construit progressivement la capacité
électrique du pays ainsi que le réseau électrique national (1). De grandes unités électriques sont
construites, la plupart concentrées sur la bande littorale du pays, dans les villes d’Oran, Alger, Annaba, et
sur les hauts plateaux (M’Sila 1 en 1986 et M’Sila 2 en 1990). Elles se situent également au niveau des
gisements d’hydrocarbures, comme ceux de Hassi R’mel (centrale thermique de Tilghemt en 1988) et Hassi
Messaoud (Hassi Massaoud Nord 1, Nord 2, Ouest et Sud, construites en 1978 et 1988). Des lignes
d’interconnexion sont édifiées entre ces bassins de production et le Nord du pays. La structure principale
du réseau électrique algérien s’étend sur la partie nord du pays depuis la frontière tunisienne à l’Est jusqu’à
la frontière marocaine à l’Ouest et s’enfonce jusqu’à 300 km à l’intérieur des terres. Elle est constituée
d'une double artère de transport en 220 kV (par endroits en triple artère) et de pénétrantes radiales en
direction des champs pétroliers et gaziers de Hassi Messaoud et Hassi R'Mel dans le sud. □ Benalouache
Nadia (2017)
(1) En 1983, les travaux pour les infrastructures de réseaux sont confiés à la filiale Kahrakib, une filiale
travaux de la Sonelgaz.
ENERGIE.- Avec l’électricité d’origine thermique, la part de l’électricité dans la production énergétique
totale de l’Algérie représente 7 %. La hausse de la production d’énergie primaire est notamment corrélée à
une forte demande en énergie et liée à une économie d’exportation. La consommation en énergie primaire a
en effet doublé en l’espace de 25 ans passant de 22,2 à 43 Mtep entre 1990 et 2014 [cf. graphique ci-
dessous]. L’analyse de l’évolution de la consommation énergétique totale révèle ainsi une croissance plus
forte que celle de la production durant la période 1990-2014, avec un taux annuel allant de 5 à 7 %. La
consommation énergétique totale a par exemple atteint 55,9 Mtep en 2014 contre 51,9 en 2013 soit une
croissance de +7,8 %, tirée essentiellement par la hausse de la consommation de gaz naturel, d’électricité
et de produits pétroliers [cf. tableau ci-après].

Évolution de la consommation d’énergie primaire entre 1990 et 2014 en Algérie (en Mtep)

706
La consommation énergétique totale par formes d’énergie en Algérie en 2014 (en Mtep)
La hausse de la production d’énergie est également imputable à l’augmentation notable de la production
d’électricité qui est passée de 16 à 71 TWh entre 1990 et 2014, soit un coefficient multiplicateur de 4,6. La
période 2009-2014, en particulier, marque un doublement de la production d’électricité [cf. graphique 25].
La part du gaz naturel dans la fourniture de l’électricité est écrasante avec 91,4 % suivi par le fioul/gasoil
(7,3%). La part des énergies renouvelables n’atteint, quant à elle, que 1,3 % dans la fourniture d’électricité
dont 0,8 % pour l’hydroélectricité, 0,4 % pour le solaire et 0,1 % pour l’éolien. La production
d’électricitéd’origine renouvelable est partagée entre la filière hydraulique, qui a généré 195 GWh en 2014,
soit 7,4 % du total, les filières solaires photovoltaïque avec 1 GWh et thermodynamique 58GWh, ce qui
correspond à 0,4 % du total de la production et enfin la filière éolienne, qui occupeune part de 0,1 %.

Evolution de la production
d’électricité entre 1990 et 2014 en Algérie (en TWh)

Capacité électrique installée par type d’équipements en Algérie en 2014 (en MW)
Le parc électrique algérien, connecté au réseau, est dominé par les installations thermiques (turbines à
vapeur, centrales à cycle combiné, turbines à gaz, centrales diesel). En termes de capacité installée, ce
sont les turbines à gaz qui produisent le plus d’électricité, avec 8 494 MW, soit près de la moitié de la
capacité totale installée, suivies des centrales à cycle combiné avec 4 314 MW. Les centrales
renouvelables cumulent une capacité installée de 239 MW, dont 228 MW sont associés à l’hydroélectricité.
En 2014, seules la CPVS de Ghardaïa, d’une capacité installée de 1,1 MW et la centrale éolienne d’Adrar,
d’une capacité de 10 MW sont en service. Depuis 2011, par ailleurs, une centrale hydride solaire-gaz
fonctionne à Hassi R’mel, qui enregistre une puissance installée de 150 MW, dont 25 MW sont générés à
partir de la technologie solaire thermodynamique [cf. tableau 18]. La capacité solaire installée a,toutefois,
augmenté en 2015 avec la mise en service de trois CPVS d’une capacité cumulée de 30 MW.
La part de l’électricité dans la consommation totale en énergie en Algérie n’a cessé de croître pour
atteindre 27,3 % en 2014. En effet, la consommation en électricité a plus que triplé entre 1990 et 2014,
accusant un taux de croissance annuel moyen de 5,4 % [cf. graphique ci-dessous].La tendance haussière
de la demande électrique, commune, comme nous le verrons par la suite, aux trois pays, s’explique par des
modèles de développement basés sur des industries fortement consommatrices d’énergie (ciments,
aluminium, pétrochimie, etc.), et reflète, par ailleurs, la dynamique socio-économique des pays du Maghreb,
marquée par la généralisation de l’accès à l’électricité (1), le développement de grands chantiers
structurants dans le secteur du transport,de la télécommunication, du tourisme ou encore des
infrastructures énergétiques qui impliquent une utilisation intensive de l’électricité, et enfin par
l’amélioration du niveau de vie des ménages. Le secteur résidentiel est d’ailleurs le secteur d’activités le
plus consommateur d’électricité en Algérie, avec 38 % de la consommation électrique nationale. Le secteur
résidentiel est suivi par l’industrie (26 %) et le transport (17 %). Dans le secteur résidentiel, cette tendance
s’explique surtout par l’amélioration continue des conditions de vie des ménages maghrébins, grâce
notamment à la facilitation de l’accès aux moyens associés au multimédia, en particulier internet, mais
également en raison de la baisse des prix des équipements éléctroménagers, désormais à la portée de la
majorité des classes sociales, tels que les climatiseurs, les machines à laver, les micro-ondes, etc.

707
Évolution de la consommation d’électricité entre 1990 et 2014 en Algérie (en TWh)

La comparaison entre la production et la consommation d’énergie montre que la balance énergétique


algérienne est excédentaire. En effet, l’Algérie produit 3,6 fois plus d’énergie que ce qu’elle n’en consomme
[cf. graphique ci-dessous]. Largement autosuffisante, l’Algérie exporte son excédent de production
d’énergie. En 2014, le solde exportateur (2) du pays est de 96,4 Mtep. Les hydrocarbures, toutes formes
confondues, représentent 79 % des exportations en énergie, contre 2 % seulement pour l’électricité (191
GWh), échangée avec les pays voisins. Cependant, il est important de souligner que la forte hausse de la
consommation domestique en hydrocarbures, qui a cru entre 2000 et 2014 à un rythme annuel moyen de
+4,1 %, contribue néanmoins à réduire la disponibilité de la production destinée à l’exportation. La part de
la production énergétique dédiée à l’exportation est ainsi passée de plus de 80 % à moins de 70 % entre
2011 et 2014. Les exportations algériennes en énergie primaire connaissent, par ailleurs, une baisse depuis
2013. Les exportations de pétrole brut, de gaz naturel et de condensat ont respectivement diminué de -
16,3, -16 et -11,3 % entre 2013 et 2014. Toutefois, les exportations d’énergie dérivée (ou secondaire) ont à
l’inverse augmenté de +22,8 % en 2014, et en particulier les produits pétroliers (+29,3 %) et GNL (+15,6 %)
[cf. tableau ci-dessous].

Évolution de la balance énergétique algérienne entre 1990 et 2014

Structure des exportations énergétiques algériennes en 2013 et 2014 (en Mtep)

La baisse enregistrée des exportations en énergie primaire s’explique en grande partie par la chute des prix
du pétrole, ce que Boucekkine et alii (2015) nomment contre-choc pétrolier, brutal et persistant. Cette
baisse, amorcée en 2013, perdure, et impacte négativement les économies rentières comme l’Algérie. Le
prix du baril de pétrole Brent a ainsi accusé une baisse de -40 %, passant de 100 dollars fin juin 2014 à 63

708
dollars fin juin 2015 (3). L’économie algérienne dépend fortement des exportations énergétiques,
principalement des hydrocarbures, le secteur de l’énergie représentant aujourd’hui 98 % des recettes
nationales. L’Algérie est un État rentier, et en présente l’essentiel des caractéristiques : prédominance des
hydrocarbures dans l’économie (en moyenne 43 % du PIB, 97 % des exportations et 75 % des recettes
budgétaires issues de la fiscalité pétrolière), place de l’opérateur public SONATRACH dans la politique de
distribution des revenus. Les recettes pétrolières découlent d’un « don du ciel » et non pas d’une activité
directement productive et une grande partie de la consommation de ces ressources épuisables est
historiquement imputable à des pays étrangers importateurs. Un État rentier se définit principalement
comme un pays recevant des montants substantiels de rentes externes (Mahdavy, 1970 ; Alvarez, 2010).
Aussi, la chute du prix a eu de multiples conséquences, alarmantes pour certaines, et parmi elles
l’effondrement de la valeur des exportations, tirée par la baisse du cours du pétrole. Ainsi, pendant les cinq
premiers mois de l’année 2015, les exportations totales ont enregistré une recette de 15,94 milliards de
dollars contre 28,31 milliards à la même période en 2014, soit une baisse de -43,7 %. Le dinar algérien a en
outre perdu de sa valeur au cours de cette période. Entre juin 2014 et juin 2015, sa valeur a en effet
enregistré une baisse de près de -20 %(4). Le pays connait depuis un déficit budgétaire très important, qui
a atteint près de 19 milliards de dollars en 2015. Ce déficit représente 41,5 % du Fonds de Régulation des
Recettes (FRR), qui est chargé de couvrir le déficit. Selon Boucekkine et alii (2015), à ce rythme et si
aucune action n’est entreprise, le FRR, d’un montant fin 2014 de 44 milliards de dollars environ s’épuiserait
en mai 2017. Les dépenses d’équipement des trois premiers mois de l’année 2015 se sont élevées à 457,3
milliards de dinars algériens, soit l’équivalent du déficit budgétaire. Ces dépenses, essentiellement
réalisées en devises, ont connu, si elles sont rapportées au dollar, une diminution de -41 % entre 2014 et
2015. Il s’agit de la principale action entreprise par l’État algérien depuis lors pour faire face à la crise
(Boucekkine et alii, 2015). Le contre-choc pétrolier a révélé l’insoutenabilité du modèle de croissance
algérien. En Algérie, le seul moteur de la croissance est l’investissement public (Bouyacoub, 2012). En
effet, il est le pays où le rapport entre l’investissement et le PIB est le plus élevé de l’ensemble des pays à
revenu intermédiaire-haut (Boucekkine et alii, 2015). Une large partie de l’investissement public est
distribuée sous forme d’aides et de subventions sur les prix.(carburant, électricité, gaz, denrées
alimentaires de base (5), etc.). Selon le Fonds Monétaire International (FMI), le total des subventions
directes et indirectes s’élevait en 2012 à près de18 % du PIB, le soutien indirect aux prix des carburants
occupant à lui seul 10,9 % du PIB. La majorité des subventions concernent l'électricité, le diesel et le GPL.
Du fait des subventions gouvernementales allouées aux énergies, la demande énergétique est stimulée par
des prix de l’énergie dans les trois pays du Maghreb sont artificiellement très bas. Ces subventions
obéissent à un idéal de service universel afin de satisfaire les besoins des classes sociales défavorisées à
faible pouvoir d’achat. Pour autant, ces subventions sont non seulement devenues insoutenables pour les
finances de l’État mais créent par ailleurs des distorsions sur les marchés, poussent des comportements de
gaspillage (6), favorisent la corruption et ne bénéficient pas forcément aux plus pauvres (Banque Mondiale,
2013). Des mesures gouvernementales ont toutefois étaient prises pour diminuer ces subventions en
Tunisie et au Maroc et pour davantage les cibler en Algérie.◙ BENALOUACHE Nadia (2017)
Notes  : (1) Le taux d’électrification est de 98,7% en Algérie, 99% au Maroc et 99,5% en Tunisie.
(2) Rapport entre la production énergétique nationale et la demande intérieure.
(3) Avec un minimum à 48 $ au mois de janvier et une moyenne de 60 $ pour les six premiers mois de 2015.
(4) Un dollar valait 79,5 DA fin juin 2014, contre 99,5 DA fin juin 2015. La moyenne des six premiers mois
de l’année 2015 de la valeur du dollar est de 95,7 DA contre 80,6 DA pour l’année 2014, soit une baisse de
15,7%. En revanche, par rapport à l’euro ; le dinar est demeuré relativement stable, qui a également
beaucoup diminué par rapport au dollar.
(5) Denrées alimentaires telles que l’huile, le sucre, le blé, le pain, le lait, etc.
(6) Entretien mené auprès de Fethi Zouhaier Nouri, Pr. en Sciences Economiques, Université de Tunis
ElManar, le 13 octobre 2011 à Tunis.
► L'Algérie, plus que jamais, a besoin d'une véritable politique énergétique réfléchie, chiffrée,
détaillée, accompagnée et concrétisée . Le défi énergétique conjugué à la préservation et la protection
de l'environnement est un défi mondial auquel nous devons sérieusement penser. L'Algérie a d'ailleurs été
de la partie et a toujours ratifié les textes qui en sont sortis (Cop21, …). L'utilisation de l'énergie solaire
dans notre pays doit être démocratisée. Les médias lourds du pays doivent être mis à contribution pour que
cette forme d'énergie soit une réalité pour nos concitoyens sur tout le territoire national. Chaque KWH puisé
des rayons solaires qui nous descendent gracieusement et généreusement du ciel est équivalent à quelques
mètre-cubes de gaz économisés pour les générations futures et à quelques milliers de dollars versés dans
notre tirelire nationale. Notre modèle de consommation d'énergie a besoin d'être mûrement réfléchi et
préparé pour une véritable transition énergétique. Les millions de lampes d'éclairage public qui illuminent
nos villes et nos villages peuvent être basculées vers l'énergie solaire. Des GWH équivalents à des
centrales électriques peuvent être récupérés et économisés. Des milliards de mètres cubes de gaz peuvent
donc être économisés. Tous les espaces collectifs de nos cités, de nos bâtiments et de notre habitat
collectif y compris nos cages d'escaliers peuvent être éclairés grâce aux rayons solaires qui ne demandent
qu'à être prolongés pour la nuit grâce aux équipements photovoltaïques. Les initiatives publiques et privées
allant dans le sens de la production, de l'installation et de la généralisation de ces équipements solaires ont
besoin d'être accompagnées avec toute l'attention qui leur sied. D'ailleurs un Conseil des ministres a
consacré en 2017 les énergies renouvelables comme une priorité nationale. Des compétences universitaires

709
et scientifiques sont disponibles et peuvent être mises à disposition et à contribution pour que l'énergie
solaire soit au coeur des préoccupations des responsables et des élus à tous les niveaux. Le produit
national constituant la chaine de production de l'énergie solaire à partir du rayon lumineux jusqu'à
l'utilisation finale doit être mis en avant, amélioré et encouragé. Une industrie des équipements solaires
émergera alors des différentes régions du pays. Sous d'autres cieux beaucoup moins ensoleillés que le
nôtre, des échéances sont arrêtées pour réduire l'énergie puisée à partir des matières fossiles polluantes et
les basculer sur d'autres sources plus propres disponibles dans l'environnement immédiat. Pendant que
nous, qui disposons de contrées les plus arrosées par le soleil dans le monde, nous continuons à baisser
nos têtes et à scruter nos sous-sols sahariens. □ MEZIANE Belkacem (l’Expression, 22.05.18)
(*) Conférence sur la transition énergétique et la diversification économique de l'Algérie, organisée par le
Conseil de la nation.
ENERGIES RENOUVELABLES .- L'Algérie disposant d'un gisement solaire exceptionnel et de conditions
atmosphériques favorables, ne peut s'exclure du développement des technologies en matière d'énergies
nouuvelles renouvelables, éolienne et solaire. Le pays, étant cosignataire des accords internationaux
relatif à la production et à l'utilisation de l'énergie nucléaire, doit accorder un intérêt important à cette
source d'énergie en substitution au gaz naturel, ressource à destiner à la création d'autres richesses. Le
projet d'interconnexion des réseaux électriques avec tous les autres pays de la méditerranée devraient
s'appuyer sur l'énergie nucléaire.
►Des investissements dans les énergies renouvelables en croissance dans la région MENA (1).  : Dans le
secteur des énergies renouvelables, la plus grande part des investissements mondiaux sont dédiés aux
énergies éolienne et solaire, suivis par la biomasse, les biocarburants, les réseaux intelligents,
l’hydraulique et la géothermie à petite échelle (McCrone et alii, 2014). Les investissements mondiaux dans
le secteur ont été multipliés par 5,5 % entre 2004 et 2013 [cf. tableau]. Les données régionales disponibles
pour les financements dans les énergies renouvelables concernent la région MENA. L’investissement total à
destination de la région MENA a fortement cru entre 2004 et 2012, passant de 0,5 à 9 milliards de dollars.
Bien qu’ils accusent une forte progression, les investissements dans la région ne représentent toutefois
qu’une faible part dans la totalité des investissements mondiaux. La part des investissements consacrés
aux pays de la région MENA est en moyenne de 1,3 % jusqu’en 2011 mais connait une nette augmentation
entre 2011 et 2012, passant de 1,1 à 4,1 % [cf. tableau ci-après].

136 projets de maturité très différente ont été répertoriés, présentés sous forme de fiche récapitulative et non engageante [cf.
tableau]. Ils cumulent une puissance totale de 12 GW, répartis équitablement entre des techniques solaires et éoliennes. Une
trentaine de projets concernent par ailleurs l’efficacité énergétique. « Ce portefeuille, en dépit de soncaractère hétérogène et
évolutif, a permis de mettre à jour l’appétit industriel et la dynamique de prospection et de développement déjà en cours dans la
région »(Lorec, Schramm, 2009, p.17). Le détail de ces projets a été rendu publique dans le cadre d’une étude menée par la
BEI et publiée en 2010 (EIB-FEMIP, 2010). Au final, 91 projets ont été répertoriés, essentiellement éoliens et solaires, d’une
capacité totale de 10,4 GW [cf. tableaux].

Plus de 80 % des projets proposés dans la région sont des projets éoliens et solaires CSP (42,8 % éolien,
37,4 % CSP) soit 8 263 MW. Ce sont les pays importateurs nets d’énergie, tels qu’Israël, la Jordanie et le

710
Maroc qui détiennent le nombre le plus élevé de projets, et qui sont très probablement en passe de devenir
des leaders régionaux (Jablonski et alii, 2012). Près de trois quarts des projets solaires soumis prévoient
de recourir à la technologie CSP. Un tiers de l’ensemble des projets d’installations solaires de la région ont
été proposés par les trois pays du Maghreb (65 % CSP, 35 % PV), cette part atteignant près de 50 % pour
l’éolien, essentiellement du fait des projets marocains.

Répartition de la capacité installée des projets proposés au titre du Plan Solaire Méditerranéen (PSM) selon les pays et la
technologie (Tableau ci-dessus). Fin 2009, l’Algérie n’a proposé que trois projets hydrides, avec une composante CSP (Tableau
ci-dessous) :

►Les arguments en faveur de la technologie du solaire thermodynamique : La technologie CSP convient aux grandes
compagnies électriques des pays sud-méditerranéens, intéressées par des formes de production centralisées mais également
dispatchables. Les unités CSP, à la différence des autres technologies renouvelables, peuvent disposer d’un stockage, de sels
fondus généralement, pour garantir un approvisionnement en présence de sources de production intermittente telle que
l’énergie solaire. Elles sont ainsi en mesure d’effectuer des suivis de charge, ce qui consiste à faire varier la puissance de
fonctionnement d’une centrale de façon à l’adapter aux variations de la demande (Flamant, Dollet, 2013). L’existence
d’interconnexions électriques transnationales en Méditerranée permettrait de partager les réserves de stockage. Ajouté à cela,
le CSP est, d'un point de vue technologique, relativement simple, peu de composants étant frappés de restrictions liées à des
droits de propriété intellectuelle (Carafa, 2015). Les pays de la zone sont particulièrement intéressés par les perspectives
d’intégration locale des équipements nécessaires, ce qui révèlent les ambitions avant tout industrielles des pays. Les
potentialités en termes de création d’emplois jouent également en faveur de la technologie CSP. D'après l'étude de référence
menée par l'Association Européenne de l'Industrie Solaire Thermoélectrique (Estela, 2009), chaque MW produit à partir de la
technologie CSP fournira l'équivalent de 400 emplois directs dans la fabrication, 600 emplois dans la sous-traitance et dans
l'installation et 30 emplois annuels pour l'opération et la maintenance. La construction et l'exploitation d'une centrale peuvent
entraîner une demande accrue de prestations de services. Pour chaque emploi créé au moment de la construction d'une
centrale, par exemple, quatre emplois de services sont générés (Estela, 2009).
► Le montage en financement de projet : Ce type de montage repose sur une combinaison de financements qui réunit fonds
propres, emprunts, subventions, et, si nécessaire, un rehaussement de dette via des dispositifs de garantie. Dans ce contrat,
les investisseurs évaluent les risques, non pas en fonction du bilan du promoteur de projet ou de l’exploitant, mais de
l’appréciation des flux de trésorerie (cashflows) dégagés par le projet durant toute la durée d’exploitation de la centrale.

711
Structuration du montage d’une centrale en financement de projet : système d’acteurs.
Dans ce schéma, la société de développement de projet représente un IPP ou producteur indépendant d’électricité. Placé sous
un régime concessif (Build, Own, Operate, Transfer (BOOT)) ou de contrat à long terme (Build, Own, Operate (BOO)), ce
producteur établit des contrats avec plusieurs entités (Laffitte, Massou, 2009) (cf. figure ) : (i) le propriétaire foncier, pour la
disponibilité de terrains et l’obtention des autorisations de construction ; (ii) l’entreprise de construction et le fournisseur
d’équipements pour la réalisation d’une centrale clé en main. Ces derniers prennent en charge les risques liés à la technologie
et aux échéances de livraison de la centrale ; (iii) l’opérateur de la centrale qui garantit une performance, en premier lieu la
qualité du productible livré, à des conditions climatiques pré-évaluées (ensoleillement, vent). Il peut également assumer le
risque climatique ; (iv) l’acheteur du productible qui s’engage à long terme au travers d’une convention d’achat d’électricité
(Power Purchase Agreement (PPA)) ; et (v) les prêteurs qui, après avoir fait appel à différentes expertises financières,
juridiques et techniques, décident de s’engager aux côtés des actionnaires de la société de développement de projet. Quel que
soit le type de montage choisi, les préoccupations des investisseurs doivent être prises en compte en amont du projet. Ces
préoccupations sont de nature politique,opérationnelle et juridique. Ainsi, différents types de risques sont associés aux projets
decentrales énergies renouvelables : (i) les risques inhérents aux projets implantés dans les pays du Sud (instabilité politique, le
risque de change, le non-rapatriement des revenus (service dela dette ou dividendes), le non-respect des contrats). Ce sont
des risques auxquels les organismes de garantie, publics ou privés, doivent être capables de répondre ; (ii) les risques
opérationnels spécifiques au type de technologie utilisée. Ces risques sont généralement assumés par le fournisseur
d’équipements, le constructeur ou l’opérateur ; (iii) le risque lié aurachat de l’électricité qui doit être l’objet d’un contrat
rigoureux ; et (iv) les risques liés à la zone d’implantation du projet : disponibilité foncière, autorisations requises, impacts socio-
environnementaux, recevabilité et acceptabilité du projet. Ce point relève en grande partie des autorités locales qui doivent être
partie prenante dès la conception du projet. ◙ BENALOUACHE Nadia (2017)
Notes : (1)La définition de l’acronyme MENA n’est pas normalisée. Le nombre de pays qui composent la région diffère suivant
les organisations. Elle regroupe généralement les pays suivants : Algérie, Bahreïn, Djibouti, Égypte, Irak, Iran, Israël, Jordanie,
Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Autorité palestinienne, Soudan, Syrie, Tunisie,Yémen. Les pays d’Afrique du Nord
inclus dans la région MENA sont membres du PSM (plan solaire méditerranéen).
(2) Le flux de trésorerie est une mesure de performance financière calculée à partir des montants des liquidités encaissés ou
dépensés durant une période donnée. Elle permet ainsi d’évaluer et d’identifier les problèmes de rentabilité associés à un
projet. (3) Entretien auprès de Mustapha Aït Hassou, Dir. du développement énergétique, Société
d’Investissements Energétiques (SIE), 04.05.2012.
ENSOLEILLEMENT .- La radiation solaire moyenne dans la zone littorale méditerranéenne est comprise
entre 1900 kWh/m²/an (sur les régions côtières) et 3200 kWh/m2 /an (dans le Sud et les régions
désertiques), ce qui correspond en heures d’ensoleillement à une échelle variant de 2700 à 3400 heures/an
(Allal et alii, 2010). Le Sahara est l’un des gisements solaires les plus élevés au monde [cf. figure ci-après].

712
Le gisement solaire mondial
HYDRAULIQUE.- La mobilisation des ressources hydriques demeure en Algérie un problème majeur vu la
faiblesse de ces mêmes ressources et le manque d'infrastructures de mobilisation. Les réserves des
barrages et les forages du pays garantissent à la population 5 milliards de m3 d'eau. L'ampleur des fuites
d'eau représente un véritable gaspillage des ressources. La gestion des barrages accuse une perte
annuelle de 20 à 30 millions de m3 d'eau en raison du phénomène d'envasement des barrages soit la perte
de l'équivalent d'un barrage. Pour l'heure, la ressource existe pour couvrir les besoins minimaux. A la fin
juin 96, les volumes emmagasinés dans les barrages totalisent 2,4 milliards de m3 car 20 % sont toujours
conservés pour assurer la sécurité des barrages. Le taux moyen de remplissage de ces ouvrages est
actuellement de 66%. Sur les 12
milliards de m3 qui s'écoulent vers la Méditerranée, 3,5 milliards de m3 seulement sont mobilisables
actuellement. Ce qui n'arrange en rien la situation ; le besoin de la population augmente de plus en plus
alors qu'un net recul de la pluviométrie a été enregistré par les spécialistes durant ces dernières années.
Ainsi, et pour les dix dernières années, le taux de pluviométrie a baissé de prés de 40%. C'est donc dans
le but de mobiliser la ressource hydrique par un taux maximum que l'agence nationale des barrages qui
gère un patrimoine lourd, a initié depuis plusieurs années la réalisation de plus de quarante barrages. En
fait, actuellement, prés de 17 barrages sont réalisés par l'ANB dans différentes régions du pays. Quatre
barrages ont été achevés à ce jour. En fait, 22 nouveaux barrages sont venus renforcer le parc. Ces
derniers permettront donc de porter le taux de mobilisation hydrique à 4 milliards de m3. Il est, par ailleurs,
à noter que jusqu'à l'année 1962, le territoire national ne comptait que 17 barrages. Leur volume global
reste fortement limité vu le taux d'envasement avancé. Depuis 1962 donc, 43 barrages ont été réalisés.
Pour l'ANB, et avec la réalisation de ces nouveaux projets de barrage, le but à court terme est
d'arriver à mobiliser 4 milliards de m3 d'eau.
Concernant la réalisation de ces réalisations de ces infrastructures lourdes, l'ANB se trouve en butte à
maintes difficultés. Les responsables de cette entreprise mettront donc l'accent sur le travail colossal qui
doit être abattu avant même que les travaux ne soient lancés. Des opérations initiales sont donc
nécessaires. Il s'agit notamment de la réalisation d'études, des opérations d'expropriation longues et
pénibles, le relogement de la population, son indemnisation, le déplacement de lignes téléphoniques,
de conduites de gaz, etc. Très souvent des routes doivent être déviées. Réaliser un barrage demeure
une opération aussi lourde que fastidieuse.
LES MATIERES PREMIERES
DESSALEMENT D'EAU DE MER .- Ce qui était, il y a plus d'une décennie, une idée à exclure tant le coût
d'installation de telles techniques était excessif aux yeux des pouvoirs publics de l'époque, a fini par être
admis comme étant une option stratégique susceptible d’offrir de l’eau potable dans de conditions
économiques et écologiques acceptables pour les populations de la bande côtière. La demande en eau
potable des grandes villes côtières du pays allait en augmentant et se faisait pressante, d'autant plus qu'il
ne fallait pas trop compter sur les capacités de retenue des eaux superficielles restant tributaires de la
clémence de la pluviosité, en nette régression ces dernières années. Ainsi, tout un programme de
réalisation d'unités de dessalement de l'eau de mer a été lancé et déjà quelques-unes sont en phase de
production. Les décideurs, et non moins responsables du secteur des ressources en eau, se sont vite
rendus à l'évidence que si, d'une part, le déficit hydrique en Algérie est estimé à 20% durant la période
2000-2005 et le pays étant en proie à une exceptionnelle sécheresse depuis une vingtaine d'années, d'autre
part, l'accroissement rapide de la demande en eau dans le secteur de l'agriculture -pour l'irrigation-, de
l'industrie et les besoins incompressibles et en croissance de la population, une équation qu'il fallait, au

713
plus vite, résoudre pour assurer une alimentation pérenne en eau potable et, de là, le choix de se tourner
vers la mer devenait inéluctable. D'autant plus que ce choix ne saurait souffrir d'aucune opposition, si on
met en avant la donne suivante : plus de la moitié de la population réside sur la bande littorale, longue de 1
200 km et qui, par ailleurs, est à inscrire comme partie du pays à stress hydrique. Ainsi, cette option
stratégique s'est vue consolidée par la réforme institutionnelle engagée dans le secteur en 2001 et où il a
été retenu la réalisation sur budget de l'Etat et dont l'Algérienne des eaux est l'agent exécutant de 21
petites stations, en chantier et quelques-unes opérationnelles à ce jour. Au total, celles-ci produiront un
volume de 57 500 mètres cubes par jour. D'autres stations aux capacités de production plus importantes, au
nombre de 12, seront réalisées selon le mode B.O.T ou CET (Construire, Exploiter, Transférer). Par
exemple, la réalisation de l'usine d'El Hamma (Alger), la plus grande en volume de production (200 000
mètres cubes par jour) est le résultat d'un partenariat passé entre l'Algerian Energy Company (AEC, une
SPA dont les actions sont partagées entre les deux entreprises : Sonatrach et Sonelgaz, dénommée
Kahrama, qui a déjà réalisé l'usine d'Arzew en BOT avec une production de 90 000 m3/jour opérationnel
depuis le 3ème trimestre 2005). (Source : ADE d’Oran 2005).
Tableau (ci-dessous) : Stations de dessalement en BOT ou CET
Agences d’exécution : ADE/AEC

Source : ADE d’Oran 2005


L’étude de programmation et de planification a été confiée par le Ministère des Ressources en Eau au bureau d’études
SAFEGE (France). Parmi les différents procédés du dessalement (procédé d’électrodialyse – procédé d’osmose inverse –
procédé de distillation), la technologie de l’osmose inverse a été retenue par l’Algérie pour la réalisation de ses stations de
dessalement de l’eau de mer. Cette technique moderne présente des avantages telles que ; l’intérêt du coût d’investissement,
la faible consommation d’énergie et enfin la qualité de l’eau produite. (ADE d’Oran ,2005)
EAU.- Sur une superficie de 2,38 millions de km2, les zones pluviométriques peuvent être distinguées
en trois :
▼ la zone septentrionnale : 130.000 km2 avec une moyenne de 500 mm en moyenne (le maximum est de
1200 mm).
▼ la zone des Hauts-Plateaux : 76000 km2 avec une moyenne de 300 mm.
▼ la zone du sud Atlas : 67000 km2 avec une moyenne de 250 mm. Sur la base de l'inventaire effectué à
partir de 200 stations du réseau hydraulique, 800 postes pluviométriques et 10 stations climatiques, les
écoulements d'eaux superficielles sont évaluées à 12,5 milliards de m3 dont 10 milliards de m3 ne sont pas
récupérés. Selon les études réalisés en 1991 et qui identifient les sites techniquement et économiquement
favorables, le volume mobilisable, s'élèverait à 5,7 milliards de m3 représentant une centaine d'ouvrages
hydrauliques. Au nord, les eaux souterraines sont évaluées à 1,8 milliard m3/an dont 1,6 exploité soit prés
de 90%. Au sud, le volume des eaux souterraines est évalué à plus de 5 milliards de m3 et leur exploitation
ne dépasse pas les 20%. Afin d'accroitre la mobilisation des ressources hydrauliques, l'Algérie multiplie ses
efforts pour la réalisation d'une infrastructure hydraulique conséquente et réduire ainsi les tensions
chroniques sur la consommation de l'eau. En 1999, l'Algérie dispose d'une cent-cinquantaine de barrages
dont le volume régularisé est estimé à près de 6,5 milliards de m3.
L'Algérie est classée par la banque mondiale parmi les états à risque de pénurie absolue d'eau. Son indice
est au-dessous du seuil minimal de pauvreté hydrique. La dotation moyenne par habitant n'est aujourd'hui
que de 180 m3 d'eau. Elle est en fait en deçà de la "ration" modeste de 150 litres/jour alors que les normes
OMS la situent à 300 litres. Encore que ces chiffres demeurent théoriques puisque se perdent près de 40%
de l'eau fournie en raison de la vétusté des réseaux d'alimentation en eau potable (AEP ) .

714
Rapportée aux potentialités du pays ( 21 milliards de m3 ), l'indice national est au dessous du seuil
minimal international de déficit hydrique qui est de 1000 m3/jour par habitant. Les ressources en eau,
étant limitées, impliquent une politique de gestion et de distribution adéquate. La raréfaction des
ressources financières ainsi que la lenteur dans l'exécution des travaux ont empéché la rénovation à large
échelle des conduites.
►L'affectation des ressources en eau a évolué en Algérie entre les différents  secteurs d’utilisation. Elle a
évolué en faveur de l'alimentation en eau   potable et pour l'industrie, au détriment de l'agriculture.  
Evolution de l’affectation des ressources en eau en Algérie de 1981 à 2000 (Tableau ci-dessous, ADE
2005)

Ouvrages d’adduction d’eau :


♣ Réservoirs d’équilibre ou de distribution d’eau : Pour le stockage d’eau nécessaire aux besoins des collectivités et pour faire
face aux variations horaires de la consommation, tout en maintenant une pression suffisante dans tout le réseau, on utilise des
réservoirs de distribution. Ce sont des réservoirs de régulation, que l’on aménage généralement en amont des stations de
pompage. Les réservoirs d’équilibre sont construits à proximité des points de captage d’eau.  Les réservoirs d'équilibre se
composent généralement de chambres de réservoirs proprement dits, d'une chambre de vanne et des installations annexes. On
distingue trois types : les réservoirs enterrés, semi enterrés et les réservoirs surélevés (ou châteaux d'eau). Leur emplacement
doit être suffisamment élevé pour pouvoir alimenter en eau, par gravitation le niveau le plus haut des habitations. 
♣ Réseau d'alimentation en eau potable : C’est un système qui permet d'assurer en permanence « le captage, la production et
la distribution d'eau propre à la consommation humaine et cela à un coût économique et au moyen de techniques compatibles
avec la situation socio-économique et le niveau de développement à l'endroit considéré » (OMS, 1998). Pour assurer en
permanence la distribution en eau jusqu'au robinet de l'usager, un réseau d'alimentation en eau est constitué généralement
de plusieurs niveaux qui se succèdent, et comprend un nombre plus ou moins important de conduites d'eau dont on distingue
deux types : des conduites construites sous forme d'aqueducs couverts, construits en maçonnerie et dans lesquels l'eau coule
par gravité et des canalisations ou l'eau coule sous pression, appelées conduites forcées. 
Pour être efficace, un réseau de distribution d'eau doit pouvoir satisfaire certaines conditions (directives de qualités OMS, 1998)

□ II doit pouvoir assurer le transport, le traitement et la distribution d'eau en quantité suffisante pour répondre à la demande de
la population aux fins domestiques, commerciales et industrielles (critère de quantité) 
□ L'eau de boisson distribuée doit être « potable » conformément aux normes de vigueur (critères de qualité) 
□ L’eau doit être distribuée à la population sans interruption de service et avec une pression suffisante (critère de continuité),
la vitesse de l’eau dans les canalisations du réseau ne doit pas être inférieure à 0,75 m/seconde, pour éviter le dépôt de boues.
□ Le personnel d’exploitation d’un réseau de distribution d’eau doit être capable de résoudre les problèmes susceptibles de
perturber la distribution (critères de fiabilité). □ Les dépenses nécessaires pour satisfaire aux
conditions  énumérées doivent être limitées au minimum (critères de coût).
L’importance d’un réseau d’alimentation en eau dépend du nombre  d’habitants à desservir et du niveau socio-économique de
la population. ◙
GAZ NATUREL.- La consommation gazière en Algérie ne cesse d’augmenter. Vu le programme du gouvernement, le dernier
rapport de la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) prévoit une demande locale allant de 55 à 85,3 Gm3
à l’horizon 2040, une date très proche, ce qui pèse sur la capacité de l’Algérie à honorer ses engagements gaziers envers
l’étranger. Si le ratio réserves/production de gaz est estimé à 56 ans en 2010, celui du pétrole ne dépasse pas 18 ans. Ainsi,
avec un rythme actuel de production, il devient important de réactualiser convenablement la durée de vie des réserves gazières
(www.gaznaturel.com).L'Algérie occupe la 7ème place dans le monde en matière de ressources prouvées en gaz naturel (3000
milliards de m3, soit 4% des réserves mondiales de gaz), la 5ème en production et la 3ème en exportation, après la Russie et
le Canada. Compte tenu de ces chiffres, l'Algérie apparaît comme un véritable géant énergétique ; Dans l'espace
méditerranéen, sa place est hégémonique, puisque l'Algérie est le premier producteur et exportateur de pétrole et de gaz
naturel. En ce qui concerne le gaz naturel, forte de 50 % des réserves, de 48 % de la production totale et de l’impressionnant
taux de 94 % des exportations de gaz naturel (Benamirouche, 2010).

715
Contexte énergétique & Situation géographique de Hassi R’Mel.
Depuis 1980, l’Algérie est devenue l’un des grands exportateurs mondiaux de gaz naturel. Une particularité à souligner est que
l’Algérie a pu réaliser diverses installations de liquéfaction de gaz naturel qui lui permettent de le commercialiser sous forme
liquide et le transporter dans des méthaniers vers le marché extérieur (Etats-Unis, Europe.. etc.). Parallèlement à ce mode de
transport l’Algérie a pu transporter son gaz par des gazoducs reliant directement Hassi R’Mel à l’Europe, c’est ainsi qu’elle
exploite actuellement le fameux gazoduc transméditerranéen qui relie l’Algérie à l’Italie et La Slovénie via la Tunisie (Bezzi ;
2005). Les réserves du gaz naturel en Algérie sont remarquées dans la figure suivante :

►Utilisation du gaz naturel : Le gaz naturel a pénétré tout les secteurs de consommation, soit comme combustible, soit
comme matière première pour la chimie. On trouve le gaz naturel dans l’industrie pétroléo-gazière pour satisfaire à ces besoins
propres d’énergie. L’ampleur des consommations de ce secteur est directement liée aux activités locales des industries
gazières (besoin énergétiques des opérations d’extraction, de réinjection, de traitement d’épuration, de liquéfaction et de
transport) et pétroliers (production, raffinage,….est). Le gaz naturel y compris ses fractions lourdes associées au méthane
(éthane, GPL, et essence naturelle), ouvre la voie à une pétrochimie presque aussi large que celle des produits pétroliers. Le
gaz naturel proprement dit a une part prépondérante dans la fourniture des matières premières pour la production de
l’ammoniac et celle du méthanol, plus de 75℅ des capacités mondiales de production d’ammoniac et plus de 85℅ de celle de
méthanol sont alimentées par du gaz naturel. Celui-ci offre, en termes d’investissement de cous opératoires et de rendement,
des avantages considérables par rapport aux matières premières concurrentes, enfin l’ammoniaque avec les engrais azotés,
représente un secteur en progression rapide dans les pays en voie de développement. Le secteur résidentiel tertiaire constitue
le stade le plus avance de la diversification des usages du gaz naturel, se secteur recouvre généralement trois types
d’utilisation : o Le chauffage des locaux, o La fourniture d’eau chaude, o La cuisson des aliments. Toutefois ces trois
demandes ne sont pas d’importance égale et varient selon les conditionsclimatiques. Enfin le secteur des transports reste
encore très peu accessible au gaz naturel, le gaznaturel y compris les GPL et les composés oxygénés dérivés du gaz
(méthanol, alcools lourds,MTBE) apportent une contribution certes marginale pour le moment aux besoins de cesecteur.
Toutefois tant pour des raisons économique que stratégiques, un certain nombre depays envisagent de développer des
carburants de synthèse issue de matières première nonpétrolière, dans ces stratégies, le gaz naturel pourrait sans doute offrir
les solutions le plusintéressantes par transformation chimique en essences ou distillats analogues à ceux duraffinage pétrolier
(Bezzi, 2005).

716
Domaine d’utilisation du gaz naturel

►Exportation et Importation du gaz naturel et GNL : L'Algérie est importante sur le marché global de l'énergie dû à plusieurs
facteurs. Elle est la 8ème plus grande réserve de gaz normale dans le monde avec 159 million mètre au cube Mm3. Avec une
production de 6.8 Mm3 en 2010, l'Algérie est parmi les 10 producteurs principaux du gaz naturel dans le monde. Elle exporte le
gaz par des canalisations vers l'Europe et par des camions-citernes du gaz naturel liquéfié (LNG) à beaucoup de pays. En 1964
l'Algérie était le premier producteur du GNL dans le monde ; aujourd'hui c'est le quart leplus grand exportateur de GNL (derrière
l'Indonésie, la Malaisie, et le Qatar), exportant environ 13% du GNL total du monde, qui est approximativement 35%(682 Mm3)
de ses exportations totales de gaz. Le GNL est exporté par 28 camions-citernes pour le brut et les produits. SONATRACH, la
compagnie nationale et unique d'hydrocarbure, a commissionné 10 nouveaux camions-citernes pour être livré en 2013
(Azzedine, 2013).

D’après la figure précédente, on remarque que les principaux importateurs du gaz Algérien sont : l’Italie de 868 Milliard de
mètre cube, le premier importateur de 41%, ensuite l’Espagne de 22%, la France et la Türk de 13 et 14% et l’USA d’une valeur
de 3%, le reste est pour d’autre pays d’une valeur de 14%, donc on peut dit que les (top 5) importateurs du gaz est la France, la
Türk, l’Espagne, l’Italie et l’USA. La plupart d'exportations du GNL de l'Algérie vont également vers l’Europe occidentale,
particulièrement la France, l’Espagne et Turquie. D'autres clients européens incluent le Portugal, l'Angleterre, la Grèce, et la
Slovénie. Le gaz algérien accède l'Europe la plupart du temps par trois raccordements de canalisation; la construction d'une
quatrième canalisation liant l'Algérie au continent de l'Italie prévue pour 2014.

717
Canalisations liant l'Algérie à ses clients européens (MEDPRO, 2012) :

□ Réseau de transport par canalisation du gaz naturel :La figure suivante présente le réseau transport du gaz naturel et les
lignes de gaz naturel produit et les unités de production en Algérie.

□ BALIOUZA Khadidja (2014)


*Règles de conversion : 1 million de tep (tonne équivalent pétrole)= 7,33 millions barils équivalent pétrole (boe). 1 milliard de
mètre cube de Gaz naturel =0,90 million de tep.

718
GAZ DE SCHISTE.- Les projets de production de gaz de schiste comme tous les projets industriels
comportent des risques qui doivent être identifiés et maîtrisés et ont un impact sur l'environnement qu'il faut
minimiser (Serdouk Asma, 2015). Les principaux risques et les enjeux associés à la production des gaz de
schiste sont : la pollution de l’eau, la contamination des nappes phréatiques, la pollution de l’air, l’impact
paysage des forages et le risque sismique, etc. Ce sont des problèmes qui génèrent des perturbations de
l’écosystème. ►L’impact
quantitatif sur la ressource en eau : Le risque pour l’eau ne concerne pas seulement sa contamination,
mais également sa surconsommation. La fracturation hydraulique requiert en effet l'utilisation de quantités
considérables d'eau entre 10.000 et 20.000 m (10 millions litres d’eau douce) par forage, dont seules 40%
environ peuvent être recyclées. Cette donnée peut inquiéter dans des pays dont les ressources en eau sont
limitées mais qui disposent d’importantes réserves de gaz de schiste, comme l’Algérie. Des études
hydrogéologiques doivent être réalisées pour définir la meilleure solution dans le contexte de chaque projet.
Des méthodes de traitement des eaux permettent de réutiliser une certaine quantité de ces eaux, des
quantités peu rassurantes toutefois. Alors que certains quartiers manquent encore d’eau aujourd’hui, et que
nombre d’agriculteurs se plaignent régulièrement de l’accès continu à l’eau pour leurs terres, la légitimation
de l’injection de 20.000 m dans les roches (l’équivalent de la consommation annuelle de 1.200 habitants).
 La quantité d’eau : Les données :- Si on a 300 puits de gaz de schiste.- 4 à 6 fracturations hydrauliques
par puits.- 10 à 20 millions litres (10.000 à 20.000 mètres cube) d’eau par fracturation.- 30 000 litres par
camion.
Résultat :- le nombre moyen est 5 fracturations par puits.- La quantité moyenne d’eau pour seulement une
fracturation est 15.000.000 litres.
Alors la quantité d’eau consommée est: 300×5×15.000.000 = 22.500.000.000 litres d’eau (22.500.000 mètre
cube) Et les voyages aller retour sur routes sont : 22.500.000.000/30.000= 750.000 voyages aller retour. Le
prélèvement d’eau doit être encadré localement, afin d’éviter les conflits d’usage. Les dates de ce
prélèvement peuvent être réglementées. En outre, l’eau prélevée n’est pas nécessairement potable
(utilisation d’eau issue d’un aquifère profond non potable, d’eau de mer, d’eau usée traitée…). La
réutilisation de l’eau produite pour réaliser de nouvelles fracturations est aujourd’hui privilégiée aux Etats-
Unis : elle permet de limiter la consommation et le transport d’eau. Dans le Marcellus, par exemple la
totalité de l’eau dite de « flow back» (remontée à la surface) est réutilisée pour les activités de forage et de
stimulation.
►L’impact spécifique des additifs chimiques :
Le fluide de fracturation est composé de près de 94.69% d’eau, de 5.17% de sable et d’approximativement
0,14% d’additifs chimiques. Cette composition peut varier d’un industriel à un autre. L'eau est le fluide
vecteur de la pression permettant de briser la roche et de transporter le sable. L’eau douce est privilégiée
pour dissoudre les sels contenus dans la roche-réservoir et faciliter l’accès aux hydrocarbures. Le sable est
utilisé comme « agent de soutènement » (proppant en anglais) : il s’insère dans les fissures ouvertes et a
pour effet d’empêcher la roche de se refermer. La couche géologique devient alors poreuse, ce qui facilite
l’écoulement de gaz jusque-là emprisonné dans la roche peu poreuse, y compris lorsque l’injection d’eau
sous pression est interrompue.
Le sable peut être remplacé par d’autres agents de soutènement tels que des billes de verres, de métal, de
céramique ou de résine. Les additifs sont : des acides, des bactéricides, des réducteurs de frottement, des
contrôleurs de viscosité, et des inhibiteurs de dépôt....
 L’acide le plus utilisé est l’acide chlorhydrique, il est utilisé avant les opérations de fracturation pour
nettoyer les abords du puits (dissous les ciments minéraux dans les fractures).
 Des inhibiteurs de corrosion sont ajoutés afin de protéger les installations (empêche la corrosion du train
de tubes).
 Des inhibiteurs de corrosion sont ajoutés afin de protéger les installations (empêche la corrosion du train
de tubes).
 Les contrôles de viscosité (agent gélifiant) visent à permettre au sable de rester en suspension dans le
fluide (rend l’eau plus épaisse).  Les réducteurs de friction (réducteur de
frottement) permettent de diminuer les pertes par frottement (rend l’eau plus glissante).
 Des agents anti-bactériens (anti-microbiens ou bactéricides) permettent d’éviter le développement d’un
milieu microbien (détruit les bactéries de l’eau produisant des produits corrosifs).
 Des inhibiteurs de dépôt (agent anti dépôt) permettent d’empêcher la formation de dépôts dans le tube et
les équipements de surface.
► La contamination des nappes phréatiques : L’un des impacts les plus nocifs de l’exploitation du gaz de
schiste est le risque de pollution des nappes phréatiques. De nombreux retours empiriques ont mis en
évidence les ravages provoqués par les produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique, et dont
les fuites sont inévitables. La contamination de l’eau peut être provoquée par les facteurs suivants:
 Déversement de boue de forage, de liquide de refoulement depuis des bassins ou des réservoirs de
résidus
 Des fuites ou des accidents provoqués par les activités en surface, par exemple fuite des conduites ou
bassins à fluide ou à eaux usées.
 Fuites causées par une mauvaise cimentation des puits.
 Fuites à travers les structures géologiques, par les fissures ou les passages naturels ou artificiels.
Le risque de migration des gaz ou des produits utilisés pour la fracturation n’est pas fondamentalement
différent de celui qui est associé a un forage conventionnel mais le nombre de puits nécessaires pour

719
produire une quantité donnée d’hydrocarbures est plus important pour les gisements non conventionnels
que pour les gisements conventionnels.
La composition exacte de ces produits n’est pas connue mais la plupart toxique voire cancérigène il s’agit
principalement de benzène, éthil benzène, soude caustique, toluène etc..... A certaines concentrations, plus
de 75 % des produits identifiés sont connus pour affecter négativement les yeux, la peau et d’autres
organes sensoriels, le système respiratoire, le système gastro-intestinal et le foie, écrivent les auteurs. Et
52 % ont le potentiel d’affecter négativement le système nerveux, tandis que 37% sont de possibles
perturbateurs endocriniens.
Une grande partie de l’eau (entre 50 et 70%) reste en profondeur, et l’autre partie remonte en surface dés
les premiers jours de l’opération ; Cette eau est contaminée par des produits chimiques injectés, par des
sels dissous et par des contaminants qui peuvent être naturellement présent dans les formations
géologiques, tels les métaux lourds et les éléments radioactifs (radium, uranium, plomb....etc).
L’eau polluée est stockée dans des réservoirs ou dans des bassins de décantation pouvant atteindre une
surface de 2 hectares et une capacité de 40.000 à 70.000 m pour faire le traitement  ; cette technique va
produire de l’eau douce mais l’inconvénient est son coût extrêmement élevé et donc sa très faible
utilisation. La deuxième solution consiste à injecter l’eau polluée à très grande profondeur (une étude
géologique doit être réalisée afin de s’assurer que les produits polluants ne remontent pas à la surface les
années suivantes).
La protection des aquifères est un sujet quotidiennement géré par les opérations pétrolières. La pose de tubages successifs
et leurs cimentations dans les puits ont pour objectif d'assurer l'étanchéité du puits sur toute sa hauteur. Des opérations
spécifiques sont réalisées pour tester la qualité des cimentations. Pour ce qui est de la contamination par les fractures créées,
gardons en mémoire que les schistes sont localisés à des profondeurs de 2000 à 3000 m donc très loin des aquifères d'eau
douce présents généralement dans les premières centaines de mètres.
◙ La pollution de l’air : Outre la pollution de l’eau, l’extraction et l’exploitation du gaz de schiste à également un impact sur l’air.
Elles résultent en émissions qui contribuent à la formation du smog (un nuage brun-jaune qui se crée lorsque la présence des
polluants précurseurs et les conditions météo favorable sont réunies), et aux changement climatique. Tout d’abord, utilisées
pour le forage l’eau est ensuite stockées dans d’immense bassin de récupération à ciel ouvert favorise l’évaporation de COV
(composé organique volatils) et les émissions contiennt du benzène et de l’hexane. Cela pourrait avoir un impact sur la santé
des population riveraines et causer le cancer. De plus, le méthane fugitif d’origine fossile liée à la production, au raffinage et aux
transports est considéré comme un gaz à effet de serre 36 fois plus puissant que le sur 20 ans et 87 fois plus puissant sur 20
ans (GIES Groupement Inter Entreprise de Sécurité 2013).D’après une étude menée par des rechercheurs de l’agence
américaine responsable des océans et de l’atmosphère (National Occeanic and Atmospheric Administation NOAA) les puits de
gaz de schiste laisseraient fuir 9% de méthane. Les opérations dégagent également des oxydes d’azote, du monoxyde de
carbone (CO), du dioxyde de soufre, et des particules fines. Le 7 septembre 2012 la commission Européene a publié trois
rapports sur les effets potentiels de l’extraction du gaz de schiste. Le second rapport révèle que l’extraction du gaz de schiste
impose une empreinte écologique plus importante que les gaz conventionnels. Les émissions proviennent de plusieurs sources
dont les suivantes :  Activités de construction (camion et équipement) ; chaque puits générerait 800 et 1300 trajets de camion.
 Forage (équipement au diesel, émissions fugitives du puits).
 Fracturation hydraulique (évaporation des produits chimiques des fluides de fracturation pendant l’utilisation, l’entreposage, et
le transport).
 Bassins de rétention (évaporation des produits chimiques des fluides après l’utilisation et l’entreposage dans les bassins).
 Manipulation du gaz puisé (compresseurs, condensateurs et déshydrateurs).
 Torchage (flambage des gaz indésirables)
 Emission fugitives (pompes, valves, compresseurs, tuyaux, camion-citernes).
 Fuites (puits en opération, puits fermés, puits abondonnés).
◙ Risque sismique : Les sismologues affirment que l'exploitation de gaz de schiste fait courir un risque sismique. Différents
exemples concordent avec cette conclusion :
 En avril 2013, au Royaume-Uni, des activités de fracturation hydraulique ont entrainé un tremblement de terre d'une
magnitude de 2,3 sur l'étude de Richter (ainsi qu’un autre séisme de magnitude 1,5 en juin de la même année).
 En 2011, plus de 1220 tremblements de terre dont un de 4,7 ont obligé la Commission du pétrole et du gaz de l'Arkansas à
suspendre toute exploitation.
 Certains sismologues avancent que le nombre de secousses dans l'Oklahoma a été multiplié par 20 depuis que le gaz de
schiste y est exploité.
◙ Impact paysager : Les plates formes de forages ainsi que les zones pour y accéder nécessitent un espace important. La
multiplication des puits de forage entraîne un mitage du paysage, afin que la récupération du gaz soit optimisée on quadrille la
zone par de multiples forage. Les plates formes de forages ainsi que les zones pour y accéder nécessitent un espace
important. La multiplication des puits de forage entraîne un mitage du paysage, afin que la récupération du gaz soit optimisée
on quadrille la zone par de multiples forage. Les plates formes de forages ainsi que les zones pour y accéder nécessitent un
espace important. La multiplication des puits de forage entraîne un mitage du paysage, afin que la récupération du gaz soit
optimisée on quadrille la zone par de multiples forages. De plus, des centaines de camions doivent circuler pour acheminer le
gaz extrait, les eaux de fracturation, et les produits chimiques. Ce qui nécessite un entretien voire la création de routes
adaptées.
◙ Enjeux environnementaux pour l’Algérie : Du fait que la plupart des gisements algériens de gaz de schiste se trouvent dans
des zones désertiques, l’impact sur le paysage ou la séismicité induite par l’exploitation du gaz de schiste, n’aura pas la même
résonance que si on était dans des zones urbaines ou à vocation agricole. Il n’en est pas de même pour ce qui est de l’impact
sur les eaux fossiles. L'aquifère du Sahara septentrional s'étend sur plus de un million de kilomètres carrés sous l'Algérie, la
Tunisie et la Libye et recèle environ 31.000 milliards de mètres cubes d'eau (certains l’estiment à 45.000 milliards de m3). Cet

720
aquifère renferme deux réservoirs principaux : le « continental intercalaire », connue aussi sous le nom de nappe albienne, le
plus profond et le plus vaste, et le « complexe terminal ».

Etendue du continental intercalaire et du complexe terminal en Algérie, Tunisie et Libye


GYPSE.- formes d'accumulations gypseuses:D’après Djili (2000), les formes discontinues et continues
constituent l’essentiel du gypse des sols du Nord de l’Algérie, elles sont respectivement de73% et 9,6% en
surface, 80,7% et 5,7% en sub-surface et, 84% et 5,8% enprofondeur.Selon le degré de précipitation du
gypse au niveau du profil, on distingue :
- Des accumulations généralisées qui englobent les croûtes et lesencroûtements. -
Des accumulations localisées qui regroupent les nodules, les amasfriables, les racines gypsifères, les
pseudomyceliums, et le gypse diffus.
Caractéristiques des sols gypseux :Les propriétés des sols gypseux dépendent largement de la teneur en
gypse et de la position de la croûte gypseuse dans le profil.
1- Propriétés physiques :
1-1- Texture : La texture des sols gypseux influencée par la présence de teneurs élevées en cristaux de
gypse (van alphen et rios remero, 1971), l’élimination du gypse, n’est possible que si la teneur en gypse est
inferieure à 10%. Pour une teneur supérieure, la granulométrie établie sur une fraction seulement des
constituants réels du sol, ne serait pas représentative des propriétés physiques du sol gypseux (C.I.R.A.D,
2004).
En Syrie, Stoops et Allaiwi (1981) cité in Abedsselam (1999), rapportent que la plupart des sols gypseux
présentent une texture sableuse à sablo-limoneuse. Poch (1992), indique dans une étude sur les sols
gypseux d’Espagne que la texture est étroitement liée à la teneur en gypse. Cependant,l’augmentation des
teneurs en gypse engendre, d’une part, la formation d’une texture à dominance de limons et de sables.
2- Répartition des sols gypseux :
2-1- Dans le monde : les sols gypseux se localisent dans les régions arides et semi- arides,
essentiellement dans le Nord de l’Afrique, Sud et est de l’Europe, et du Sud- estde l’Asie. (voir carte)
Selon F.A.O (1990) grandes variétés de textures ont été observées dans les sols gypseux des régions
méditerranéennes.

721
Distribution des
sols gypseux dans le Nord et l'Est de l'Afrique, Sud de l'Europe. Le tableau suivant révèle que 45%
de ces sols sont concentrés enchine, en somalie et en Algérie.

Distribution des sols gypseux dans le monde (F.A.O, 1990)

722
Les sols gypseux d’Algérie occupent 12,2% de la surface totale des sols gypseux du monde, ils sont
estimés à 7966,3 Km2 (représentant 3,3% de surface du pays) (FAO, 1990).Ils s’expriment mieux entre les
isohyètes 300 mm à 200 mm, cette tranche pluviométrique coïncide en partie avec le domaine des sols
calcaires et sodiques (Djili, 2000).La présence du gypse dans les sols du Nord de l’Algérie sont peu
abondants et se localisent seulement dans les dépressions (Bernou, 1996). Cependant dans les régions de
l’intérieur il peut s’individualiser sous forme visuelle (Durand, 1953 ; Boyadjiev, 1974). La présence du
gypse dans certaines zones très pluvieuses (région d’Annaba par exemple) constitue, un cas particulier qui
serait lié à un effet d’une micro régionalisation de cet élément (Djili, 2000).Selon F.A.O (2005) les différents
types de sols gypseux se localisent dans les bioclimats arides et désertiques (voir carte).
HYDROCARBURES.- L'Algérie reste largement sous-explorée et les maigres efforts de recherche entrepris
jusqu'ici ont été pour l'essentiel réalisés avec des méthodes qui ont largement évolué depuis. Une
participation plus importante des compagnies étrangères dans l'exploration, l'exploitation de ces
ressources doit être consolidé par un codéveloppement d'industries dérivées de soutien agroalimentaire
et pharmaceutique ou de secteurs d'activités annexes. Il est de la plus haute importance pour l'Algérie de
ne pas pérenniser l'approche enclavée et extériorisée de ce secteur, conçu jusque là comme un simple
pourvoyeur de ressources financières, au demeurant fluctuantes et aléatoires ; il doit constituer une source
d'opportunités de développement de services et de travaux publics algériens, utilisables sur place et/ou
exportables, et de matières premières pour les secteurs de la pétrochimie, de la transformation
plastique et des engrais. L'expérience acquise sur le marché algérien, devra servir de tremplin à
l'exportation.
Classée gros producteur de gaz et moyen producteur de pétrole, l'Algérie, par ses ressources énergétiques
et la mise en valeur des gisements renforce ses chances d'une reprise de la croissance. Mais, il convient de
rompre, désormais, avec les schémas qui ont prévalu dans les modes de gestion de ces ressources non
renouvelables et d'utiliser ces opportunités comme levier de déploiement des activités industrielles, en
particulier, et du développement global du pays, en général. La nouvelle politique en matière de
transformation et de commercialisation de l'énergie est en train de consacrer l'ancrage du pays à
l'Europe (gazoducs Est et Ouest). Il s'agit de saisir l'opportunité offerte par les grands programmes de
développement énergétiques pour y intégrer la dimension euro-méditerranéenne. A ce titre, il est
recommandé de repositionner le secteur des hydrocarbures en vue de l'optimisation de sa valorisation
internationale et d'en faire surtout un vecteur de développement et d'entrainement des industries de biens
d'équipements et de services. Au plan des quantités en réserves, leur affectation sur le court terme ou le
moyen terme, pour le marché national ou international, devra renvoyer à un profil d'exploitation optimale qui
devra tenir compte des réserves à sauvegarder pour les prochaines générations. Le marché algérien des
hydrocarbures est évalué à plus de 25 milliards de dollars en matière d'investissements dont 50% en
équipements. Plusieurs sociétés mixtes activant dans les différentes branches des hydrocarbures ont vu
le jour et des négociations s'engagent pour la reprise de certaines entreprises et la création d'autres.
MARCHE ENERGETIQUE .- □ Contexte énergétique mondial : la consommation mondiale, qui est
actuellement de 12 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP) - dont 50% en hydrocarbures, 35% en
charbon, et à peine 15% en renouvelables-nucléaire-hydroélectricité - passera, selon beaucoup d’analyses,
en 2035 à 18 milliards de TEP, avec une progression presque identique pour chacune des ressources
fossiles (entre 1 et 2%), et relativement importante pour les renouvelables et le nucléaire qui n’atteindront
en 2035 que 22% de la consommation totale, avec un taux de croissance de 6,4%. (Source : Energyoutlook
2035-BP 2014). La scène énergétique internationale a subi durant la décennie passée énormément de
bouleversements et de mutations sous l’influence d’une multitude d’évènements et de facteurs conjoncturels
ou non. On peut citer parmi eux les plus importants qui sont :
1. L’avènement des hydrocarbures non conventionnels, plus particulièrement celui du gaz de schiste ou
tight-gas, qui semble bouleverser la répartition géographique desréserves et les échanges futurs.
2. Les progrès technologiques aussi bien en amont qu’en aval, depuis le gisement jusqu’au consommateur
final.
3. L’apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux marchés, ainsi qu’une tendance à la dérégulation des
marchés.
4. L’apparition de nouvelles visions géostratégiques, notamment au niveau des pays gros consommateurs
d’énergie.
5. Les problèmes d’environnement et la compétition ou la complémentarité avec les énergies renouvelables.
6. La volonté de certains acteurs à pousser vers la mondialisation de l’offre et de la demande, et par
conséquent celle des marchés.
7. Et enfin des bouleversements économiques et géopolitiques plus complexes qu’ils n’en ont l’air, puisque
nous assistons à une évolution vers une sorte d’économie mondiale à caractère libéral, mais avec d’une
part de moins en moins d’influence des pays développés, de plus en plus frappés par une crise
multidimensionnelle sans précédent, et d’autre part une montée en puissance des pays émergents dont les
besoins énergétiques connaissent un accroissement rapide et très important. C’est ainsi que de nos jours,
la sécurité énergétique est pratiquement au cœur de toutes les stratégies de développement.

723
La consommation énergétique mondiale en 2013 (Source BP)
□ Répartition des gaz de schiste dans le monde : Les réserves de gaz de schiste sont réparties dans tous les continents.
Des zones ne présentant pas de potentiel pétrolier classique car dépourvues de pièges pétroliers ayant pu emmagasiner les
hydrocarbures, peuvent apparaître comme potentiellement très intéressantes pour ce qui est du pétrole et/ou du gaz de schiste.

Répartition de gaz de schiste dans le monde : source : US EIA, domaine public.


Les réserves dans le monde ont été estimées en 2013 à 207 milliards m3 de gaz de schiste (32% des réserves totales de gaz
naturel) et 345 milliards de barils d'huile de schiste (10 % des réserves totales de pétrole). La Chine, l'Argentine, l'Algérie et les
ÉtatsUnis en sont les plus gros détenteurs.
Réserves des gaz de schiste dans le monde. Source : Rapport AIE 2013 (Cf.tableau) :

724
Les seuls pays qui exploitent le gaz de schiste sont les états Unis et le Canada. L'augmentation de la production de gaz de
schiste dans ces pays a entraîné une pression à la baisse du prix du gaz. Sachant le coût élevé de l’exploitation du gaz de
schiste, cela pose un problème sur sa rentabilité. Bien que les hausses du prix du gaz naturel des années 2000 et les progrès
technologiques de la fracturation hydraulique et des forages horizontaux aient amélioré la rentabilité du gaz de schiste, ses
coûts de production restent généralement plus élevés que ceux des gisements traditionnels. Les coûts élevés du forage
horizontal et de la fracturation hydraulique, (entre 8 et 10 millions de dollars par puits) ainsi que le cycle de vie très court (5 ans)
des puits concourent à rendre difficile et même aléatoire, la rentabilisation des gisements de gaz de schiste. Seul le type
d’exploitation que permet le modèle économique américain (déréglementation, politique active de subventions et règles
fiscales) autorise une rentabilité. sur le très court terme. Ajoutons que, en raison de l’instabilité des prix du gaz et de la volatilité
de cette activité, celle-ci peut s’effondrer à la moindre modification des paramètres économiques.
►Acteurs majeurs : Les majors du secteur pétrolier comme BP, Chevron, Exxon, Shell, Total ou du secteur gazier comme
Gazprom ou GDF Suez, consacrent une part importante de leurs investissements à cette phase de prospection/exploration (5 à
10% du chiffre d’affaires). L’offshore est en général leur priorité. Les acteurs principaux du «schiste» aux États-Unis sont à
l'origine des nouveaux entrants tels que Chesapeake. Les géophysiciens, les géologues, les ingénieurs et les foreurs
indépendants auxquels les majors font appel pour mener à bien les travaux de prospection pétrolière et gazière. Parmi ces
sociétés, quelques acteurs majeurs se démarquent :
 CGG (Compagnie Générale de Géophysique) Veritas,
 Schlumberger,
 Halliburton,
 PGS (Petroleum Geo-Services),
 BGP,
 Fubro.
L’opérateur de la fracturation hydraulique est responsable des risques associés. Il fait souvent appel à des prestataires
spécialisés pour contrôler les opérations de fracturation depuis la surface. Citons parmi les plus importants prestataires, les
groupes Halliburton et Schlumberger.
►Etat des réserves découvertes à ce jour : L’état des réserves conventionnelles actuelles, leur répartition géographique,
ainsi que le statut de leur exploitation, permettent de constater que :
- Les réserves restantes récupérables en 2012 étaient de 2,5 milliards de tonnes d’hydrocarbures liquides dont 72% prouvés et
4.500 milliards de de gaz naturel, dont seulement 53% prouvés. Le reste est probable et possible.
- La majeure partie des réserves en hydrocarbures est renfermée dans les gisements de Hassi-Messaoud et Hassi R’mel
opérés par la Sonatrach seule.
- La majeure partie des réserves en pétrole algérien (51%) est exploitée par la Sonatrach seule.
- Seules 49% sont en association et la part de production qui revient aux associés est en moyenne de 20 à 25% seulement de
cette portion.
- La majeure partie des réserves en gaz, condensat et GPL (80%) est exploitée par la Sonatrach seule.
- Seuls 18 à 20% sont en association, avec un système de partage de production relativement identique à celui du pétrole
liquide.
► L’exploration du gaz de schiste en Algérie : Les réserves d'hydrocarbures conventionnels de l'Algérie sont estimées à
12,2 milliards de barils de pétrole et de 4,5 mille milliards de mètres cubes de gaz naturel. On estime que d’ici 20 ans du fait de
l’explosion de la demande énergétique, l’Algérie n’arrivera même plus à satisfaire sa demande interne. Le pays compte enrayer
le recul de sa production de gaz en exploitant le gaz de schiste. Les réserves de gaz de schiste identifiées en Algérie se situent
dans sept (7) bassins: Mouydir, Ahnet, BerkineGhadames, Illizi, Timimoun, Reggane et Tindouf . La société algérienne

725
d'hydrocarbures Sonatrach prévoit de forer quatre puits d'exploration du gaz de schiste dans les bassins d'Ahnet et Illizi en
2014. L'objectif annoncé du gouvernement, une production de 60 milliards m3/an qui se traduirait par le forage de 12.000 puits
sur une durée de 50 ans.

Les réserves de gaz de schiste identifiées en Algérie : Géologiquement les bassins d’hydrocarbures de l’Algérie comportent
deux importantes formations de gaz de schiste et d'huile de schiste, ce sont les argiles noires du Silurien (435 à 415 millions
d’années) et les argiles du Dévonien supérieur – Frasnien (375 à – 360 millions d’années). Les épaisseurs du Silurien sont
particulièrement importantes dans la majorité des bassins algériens, en particulier dans le bassin de l’Ahnet et Reggane.
►La production en Algérie : La consommation actuelle en 2015 est 35 milliards m3. L’Algérie est parmi les pays riches en
énergies fossiles (conventionnels et non conventionnelles) et les énergies renouvelables. Elle est le 18ème producteur mondial
de pétrole. Elle occupe la 15 è 3 elle peut atteindre 50 milliards m3 en 2025. L’Algérie est parmi les pays riches en énergies
fossiles (conventionnels et non conventionnelles) et les énergies renouvelables. Elle est le 18ème producteur mondial de
pétrole. Elle occupe la 15ème place mondiale en matière de réserves pétrolières. Dans son rapport mondial réactualisé sur les
réserves de gaz et de pétrole de schiste de 42 pays, le département américain de l'Énergie propulse l'Algérie à la 3ème place
mondiale par ses réserves de gaz de schiste, avec 22.500 milliards de m3. L’Algérie produit environ 80 milliards m3 de gaz par
an, comparativement à 1,3 millions de barils de pétrole par jour. Le premier puits expérimental de gaz de schiste fut en 27
décembre 2014. Les compagnies d’exploration du gaz de schiste sont : la société américaine Anadarko, la société italienne
ENI, compagnie anglo-néerlandaise Shell, la société britannique BP, l'entreprise canadienne Talisman. Les revenus provenant
de l'exportation de pétrole et de gaz en Algérie sont estimés à 60 milliards de dollars.
►Potentiel et perspective : L’industrie des hydrocarbures se porte bien aujourd’hui en Algérie puisqu’elle arrive à nourrir le
pays avec une belle rente de 98% des recettes d’exportation, 70% du budget de l’Etat et 33% du PIB. Le potentiel en
ressources spéculatives (espérées) dans le sous-sol est très controversé et peut varier de 1 à 5 selon les estimations
disponibles:
 Hydrocarbures conventionnels en place : 2.800 à 6.000 milliards de m3 de gaz naturel et 3 milliards de tonnes
d’hydrocarbures liquides.
 Hydrocarbures non conventionnels en place : 25.000 à 168.000 milliards de m3 de gaz naturel (gaz de schiste et tight gas) et
20 à 30 milliards de tonnes d’hydrocarbures liquides.
 Il apparaît que le potentiel résiduel restant à explorer et à exploiter est essentiellement constitué d’hydrocarbures non
conventionnels, plaçant l’Algérie au 4ème rang mondial (pour le gaz de schiste seulement) dans ce domaine après les Etats-
Unis, la Chine et l’Argentine.
 Les réserves en hydrocarbures conventionnels sont, quant à elles, entamées à au moins 50%, et l’évolution de la production
globale d’hydrocarbures en Algérie est en phase de déclin depuis 2008.
►Les besoins du marché intérieur : On constate que le pays est en train de devenir l’un des modèles les plus énergivores en
Afrique et en Méditerranée, avec un taux de croissance qui a atteint ou même dépassé les 14%.par an pour l’électricité. La
consommation énergétique nationale est en croissance importante et continue avec :
 +5,4% par an pour tous les Hydrocarbure (1,2 TEP/an/habitant) ;
 +8% par an pour les carburants ;
 +7% par an pour le gaz naturel.
Les prévisions de la CREG annoncent des besoins internes entre 42 (minimum) et 55 (maximum) milliards de m3 de gaz
naturel en 2019. Sonelgaz prévoit quant à elle 75 milliards de m3 en 2030. Selon le bilan énergétique 2013 publié par le
secteur, la répartition de la consommation d’énergie primaire est la suivante :
 Production totale : 154 millions TEP, dont 64% exportés et 36% consommés sur le marché intérieur (y compris pour la

726
génération électrique) ;
 Consommation des ménages et autres : 15,5% ;
 Consommation des Transport : 13% ;
 Consommation de l’industrie & BTP : 7,5%.
La consommation algérienne d’hydrocarbures a doublé en 10 ans et le ministère de l’Energie prévoit une augmentation entre
2013 et 2030 de 16 à 30 millions de tonnes pour les carburants et de 32 à 60 milliards de m3 pour le gaz naturel. Il faut noter
aussi que la consommation industrielle est relativement faible si on exclut la consommation pour la pétrochimie qui correspond
à mon point de vue à une autre forme d’exportation indirecte.
♣ Géostratégie : On peut dire que le gaz de schiste est un gaz non-conventionnel car celui-ci se forme dans des roches
presque imperméables et poreuses, ce qui rendra par conséquent, son exploitation plus difficile. En effet, son exploitation
nécessite des procédés d’extraction d’un nouveau genre, relatif au XXIème siècle. Pour le moment, une unique méthode
d’extraction : la fracturation hydraulique couplée aux forages horizontaux. Son exploitation place les pays face à des choix car
elle présente des aspects contradictoires, comme pour toute activité industrielle, les aspects positifs des gaz se schiste sont
principalement de nature économique et politique car l’exploitation du gaz de schiste permettrait de repousser de plusieurs
siècles le moment tant redouté du « peak-oil », et que les aspects négatifs sont principalement de nature écologique et
sociétale. Les enjeux économiques et politiques sont considérables. les préoccupations écologiques et environnementales sont
justifiées. Des missions d'information sont en cours, des débats commencent et continueront certainement d'avoir lieu à l'avenir.
Le risque de pollution environnementale existe bel et bien mais n'est pas systématique mais uniquement en cas d'accident
d'extraction. La multiplication des puits multiplie le risque d'accident. □ Serdouk Asma, 2015.
MATIERES PREMIERES .- Les prix des matières premières, pétrole en tête, sont à leurs plus bas niveaux
depuis 22 ans, en raison notamment d'un ralentissement de la demande mondiale, et leur dégringolade ne
s'est pas stabilisée. Les prix du pétrole brut sont à leur plus bas niveau depuis 1986 avec le baril de
qualité américaine sous les 12 dollars et celui de la mer du Nord tout juste au-dessus des 10 dollars. Les
cours du cuivre sont tombés à 1.544 dollars la tonne, prix qui n'avait plus été enregistré depuis également
1986. Au Etats-Unis, les principaux indices des matières premières sont à des niveaux-plancher: le CRB
(Commodities Research Bureau/Bridge) a subi une chute de plus de 14% depuis début 1996, à son plus bas
niveau depuis 22 ans, et le Golman Sachs Overall a perdu 24% sur la même période pour tomber à un
niveau jamais vu depuis 36 ans.
MINES.- Secteur où l'Etat a consacré durant ces trente dernières années plus d'un milliard de dollars, le
secteur minier comprend sept entreprises où exercent 12.500 travailleurs. Sur l'ensemble de ces
entreprises, une seule s'occupe du domaine de la recherche. Les six restantes se consacrent à la
production.A ce potentiel, s'ajoutent 700 petites entreprises publiques et privées confondues, qui activent
dans les agrégats, dont les sels, le gypse, l'argile et le sable. La gamme des produits est de l'ordre de
vingt.
Quant au chiffre d'affaires, il est évalué, pour l'année 1997, à 7,6 milliards de dinars, année durant laquelle
le secteur a exporté pour 2 milliards de dinars. Vu l'importance des richesses minières que recèle l'Algérie,
beaucoup d'efforts reste à fournir en ce qui concerne la valorisation des potentialités et la recherche
scientifique. En effet, il est recensé 3000 indices de substances minières seulement dans la région nord du
pays. Coté réserves, il est relevé entre autres 1,5 milliard de tonnes de sel. Celles de bentonite sont
estimées à 12 millions de tonnes alors que la production fluctue entre 25 et 30 mille tonnes. L'Algérie est
classée deuxième exportateur mondial de mercure avec 15.000 potiches de 34,5 kg l'unité par année. Les
réserves sont estimées à 37.000 tonnes.Concernant le phosphate, l'Algérie renferme 2 milliards de tonnes.
La production annuelle ne dépasse pas 1,3 million de tonnes. En parallèle, les potentialités aurifères et
en marbre sont évaluées respectivement à 110 tonnes et 25 millions de m3. Les réserves en fer dépassent
de leur côté les 3 milliards de tonnes. Néanmoins, nombre de régions demeurant en jachère sur les plans
de valorisation et d'exploration à l'exemple de la région sud-ouest du pays et les zones diamantifères,
opérations qui exigent des moyens humains,financiers et matériels énormes ainsi que d'un savoir-faire de
haut niveau. Un certain nombre de gisements de différents minerais exploités sont aujourd'hui transformés
(sidérurgie, phosphate, chimie, matériaux de construction). La mise à jour d'un important potentiel de
réserve et les récentes découvertes laissent envisager un avenir prometteur en ce secteur, notamment de
ventes à l'exportation de produits de haute valeur ajoutée. Le nouveau cadre législatif permet d'accéder à
la recherche et à l'exploitation des substances minérales et à l'entreprise publique de s'associer avec un
partenaire étranger dont la participation ne saurait excéder toutefois 49%.
Les besoins nationaux en ciment sont évalués à plus de 14 millions de tonnes, nécessitant la production
de quelques 16 millions de tonnes d'agrégats. Ouvertes depuis toujours à l'investissement privé, les
carrières d'agrégats couvrent la totalité de la demande nationale, mais la relative faiblesse des capacités
de transformation en ciment sont encore loin de satisfaire le marché. D'importants gisements de minerai
de fer et de métaux non ferreux demeurent encore non exploités ( zinc-plomb, mercure, or,...) ainsi que
les substances utiles non métalliques insuffisamment exploitées (Phosphate, sel, kaolin, baryte,
bentonite, Feldspath et dolomie, diatonite, terres décolorantes, agrégats, et le marbre. Seules les activités
"extraction pierres, argiles et sables" (agrégats et marbres) et "extraction de matières minérales" (baryte et
kieselghur), accusaient respectivement des baisses de 7,5% et 6,6% alors que toutes les autres étaient en
hausse. D'une manière générale, les entreprises minières n'arrivent pas à réaliser entièrement leurs
objectifs de production pour des raisons de manque d'approvisionnement en explosifs et de contrainte
du transport ferroviaire (principal goulot d'étranglement de l'activité minière concernant le minerai de fer
et le minerai de phosphate).

727
La signature de contrats de partenariat avec des sociétés étrangères spécialisées dans la recherche
et la production est à encourager pour une mise en valeur du secteur minier notamment l'exploitation des
minerais du hoggar (or, diamant, minerais rares,..).□

PLANTES MEDICINALES.- Il est vrai que de par leurs vertus thérapeutiques, ces plantes, qui sont
disponibles à travers tout le territoire algérien ne sont malheureusement pas exploitées scientifiquement.
Aujourd'hui, l'industrie pharmaceutique continue d'importer des matières premières faites à base de
plantes existantes en Algérie. En fait, les instituts spécialisés comme l'institut de la recherche
agronomique, n'ont pas développé ce créneau porteur se contentant de petits travaux touchant les plantes
aromatiques. On note un regain d'intéret pour les produits médicamenteux naturels car leur assimilation
par l'organisme humain est meilleure, d'autant plus que 60% des médicaments mis sur le maché mondial
relèvent des plantes médicinales. Et comme cette activité fait partie du domaine agricole, il faudra que les
responsables du secteur, au même titre que pour les produits stratégiques, pensent au redéploiement de
la culture des plantes aromatiques qui sont scindées en trois sous-produits : les plantes à parfum, les
plantes médicinales et celles des condimentaires. Au plan économique, la définition d'une stratégie

728
permettra de réduire les importations de produits destinées à l'industre pharmaceutique, de mettre en
valeur des régions des hauts plateaux et steppiques où ces plantes trouvent un climat favorable à leur
développement et surtout créer des emplois afin d'assurer la promotion de ces zones déshéritées. Comme
il faudra, en aval, réfléchir à la mise en place de structures de recherche et de moyens scientifiques de
pointe pour valoriser ces plantes, et donner aussi la possibilité aux chercheurs de s'impliquer directement
dans la nouvelle stratégie de l'industrie pharmaceutique.

729
LES SCIENCES
LA METHODOLOGIE
• Besoin • Défis de l'éducation/formation • Discours scientifique • Mode de pensée• Origine du terrorisme •
Projet de société • Sociologie • Système d'information •
L'ETUDE ECONOMIQUE
• Dégradation industrielle • Evaluation de redressement •
LA RECHERCHE
• Appropriation du savoir-faire •Brevet • Culture scientifique •.Maitrise de la technologie •Recherche
scientifique •
LES SCIENCES HUMAINES
• Archéologie • Archives historiques • Société • Toponymie •

LA METHODOLOGIE
BESOIN.- Les services publics, en Algérie, ne manifestent pas la sollicitude nécessaire envers leur public
ce qui génère des tensions qui en s'accentuant débouchent sur des conflits difficilement maitrisables allant
jusqu'à altérer l'autorité des pouvoirs publics. La notion d'intérêt général doit s'inscrire dans un mouvement
général de rationalisation de gestion des services publics et une pratique des études de besoins trouverait
un terrain d'expression favorable dans tout ce qui est mesurable, quantifiable ; c'est à dire les
conséquences économiques des actions à entreprendre. Grâce à une définition d'indicateurs d'efficacité
sociale et un développement de méthodes participatives, les services publics pourront être à même de
prendre en charge les préoccupations sociales de manière approfondie. Si cet effort d'ouverture et de
dialogue parait ingrat, les services publics ont tout intérêt à provoquer le débat que de le subir et devancer
l'affrontement avant qu'il n'y est crise. L'accumulation des besoins fondamentaux a plongé le pays dans un
désastre de grande ampleur au sein duquel l'opposition politique et les représentants de la société civile
ont leur mot à dire pour faire aboutir des réformes de grande ampleur sur les plans constitutionnel,
institutionnel, économique et culturel, condition globale pour une stabilité interne et un regain
géopolitique méditerranéen dans l'échange euro-maghreb. Les besoins étant multiples et concurrents face à
des ressources disponibles en qualité limitée, leur définition pose moins un problème de recensement que
de hiérarchisation, de priorités. Cette hiérarchisation semble devoir opposer deux catégories de besoins:
les besoins dits primordiaux ou élémentaires (se nourrir, se vêtir, se loger) et les autres. Une classification
plus raffinée ferait intervenir les besoins matériels, les besoins psychologiques et les besoins spirituels.
Une classification de type opératoire retiendra un certain nombre de catégories de consommation :
alimentation, habillement, logement, hygiène et soins, transports, culture-loisirs-distractions, hôtels-
cafés- restaurants, divers. Mais une fois admise la diversité des besoins humains à satisfaire, il reste à
savoir par quels procédés ces demandes concurrentes seront satisfaites, et inégalement satisfaites (sinon
aucune difficulté ne subsisterait).
DEFIS DE L'EDUCATION / FORMATION .- Un des aspects ayant trait à la construction d'une économie
moderne et durable, la formation de cadres revêt dans ce contexte une importance primordiale. La
production même devient le champ de mutations importantes. Au carrefour du capital et du travail, et de la
matière et de l'intelligence, les nouvelles technologies changent les façons de travailler et de vivre. En
matière d'innovation, la matière grise est reconnue comme la ressource principale ; la recherche-
développement qui permet de mettre à jour les compétences technologiques, de concevoir de nouveaux
produits et de nouvelles technologies de fabrication, devient la composante majeure de la stratégie des
entreprises. C'est autour de programmes de recherche développement à long terme que se réorganisent les
structures industrielles. Ainsi, disposer d'un système productif nécessite la disponibilité de cadres
techniques et gestionnaires imaginatifs, créatifs et aptes au changement. Par ailleurs, à l'ère de
l'automation et de la robotique, les emplois dans le secteur productif tendent à la baisse. Les services
marchands et non marchands occupent désormais une part sans cesse croissante des emplois. Des filières
et des métiers nouveaux apparaissent. Les défis justifient la nécessaire réadaptation du système de
formation dans toutes ses composantes : enseignements primaire, secondaire général et technique,
formation professionnelle initiale et continue, formation supérieure et recherche scientifique.
Dans la perspective de leur nécessaire réadaptation, pour construire une économie moderne, les
défis des systèmes éducation-formation peuvent se présenter comme suit :
● le défi démographique : les indicateurs démographiques renseignent sur le poids qu'exerce la
croissance de la population ; ses effets interpellent, en premier lieu, les pouvoirs publics, sur l'élaboration
d'une politique en la matière ; les projections démographiques indiquent, en second lieu, que la population
scolarisable et celle d'âge scolaire, tous niveaux confondus, continuera d'augmenter la demande
d'éducation-formation. Elle risquera de rétrécir le champ des options et aussi, de compromettre l'objectif
de généralisation de l'éducation de base. En effet, un fait incontournable s'impose au secteur de
l'éducation ; il doit évoluer proportionnellement à la croissance démographique, d'une part et continuera à
accueillir des groupes d'enfants (6-14ans) sans cesse croissantes, quelque soit le taux de baisse de la
fécondité, d'autre part.
● le défi économique : le surcroit d'infrastructures scolaires à construire, d'enseignants à former, de

730
matériel et d'outils pédagogiques à acquérir, implique la mobilisation de ressources financières
supplémentaires importantes.
● le défi de la qualité : la préoccupation de répondre à une demande croissante l'a emporté sur le souci de
la qualité. La persistance de ce problème renforcera l'inadaptation des systèmes éducation-formation
puisque ces derniers, formeront dans ce cas, des citoyens de moins en moins qualifiés, ce qui limitera
considérablement leur contribution au développement économique et social. Sur un autre plan, il y a lieu de
souligner que le défi de qualité a un impact financier important, se traduisant par un ratio plus fort de
dépenses par élève.
DISCOURS SCIENTIFIQUE.- Au sein du monde qu’Aristote tienne pour réel, une séparation s’est faite
entre deux régions, l’une céleste et l’autre sublunaire comportant des choses qui « naissent et périssent »,
des réalités et des objets d’une science, profondément ancrée dans la tradition aristotélicienne .Cette
science est devenue le reflet d’une vérité objectivable dans le discours de la science caractérisé selon
Platon, par «un langage rigoureux et cohérent » . Il apparait, dès lors, que le discours scientifique est
l’expression des faits dont les différentes formes d’objectivation et de dépersonnalisation sont fortement
recommandées pour atteindre la description des réalités et des lois, indépendante de toute intervention du
sujet. à cet égard Celine Pouadt, dans sa description du discours scientifique, estime que : «La science a
longtemps été perçue comme le reflet d’une vérité et la langue mediumprofane utilisé pas un auteur
faillible comme un obstacle à l’expression de vérité scientifiqueun langage simple et impersonnel, dépourvu
de marques subjectives, a longtemps étérecommandé par tradition logique […] (3).». Si la science est le
reflet des faits bruts et extérieurs à notre existence interne, et si son discours en est la représentation
objective ; impersonnel et rigoureuse ce dernier peut- il être séparé de son lieu d’inscription de ses
conditions de son scripteur ? Autrement dit, le discours scientifique est-il absolument déshumanisé? La
conception du discours scientifique, considéré comme objectif et dépourvu des traces personnelles, semble
être mise en question par différentes études, en partant du principe que, les recherches et observations
faites par les chercheurs ne se racontent pas elles- mêmes et qu’il y a que «La science a complètement
démythifié les notions d’ objectivité, de rationalité et de vérité, n’ayant plus qu’une croyance
d’hypothèses métaphysique parmi tant d’autres»(4), ajouteCéline Poudat. Contrairement au discours
littéraire, qui se distingue par sa polysémie, le discoursscientifique ne peut pas s’interpréter selon
différents sens ; il est caractérisé par le souciconstant de l’objectivité, de la précision, de la méthode et de
la rigueur intellectuelle. On yrecourt essentiellement dans la communication formelle, institutionnalisée,
dans le butd’informer ou de décrire (séquence textuelle de type informatif ou descriptif), de fairecomprendre
(séquence textuelle de type explicatif) ou encore de convaincre (séquencetextuelle de type argumentatif).
Le discours scientifique dit spécialiser, comme celui queconstituent le mémoire, la thèse et l'avant -projet,
est formulé par un chercheur, un spécialiste,à l’intention d’autres spécialistes. Par ailleurs, les vérités
énoncées ou les idées développées dans un texte scientifique doivents’appuyer: « Sur des connaissances
préalablement admises, sur des principes reconnus, sur des faits évidents. Il faut dire sur quoi nous nous
basons, manifester la valeur et la pertinence de cette source et montrer en quoi elle éclaire l’énoncé en
question »(5) Il va sans dire que le chercheur ou la chercheuse, pour appuyer ses propos, a recours à
desprocédés variés : explication, justification, démonstration, réfutation, comparaison, citation de paroles et
d’idées, etc. Ainsi, l'avant -projet de mémoire est un exemple de texte scientifique qui résulte d'une
recherche académique faite dans un domaine de spécialité bien déterminé et dont le premier but est la
contribution de la recherche scientifique .Ce but fait que chaque étudiant doit rédiger son texte en
respectant les technique et les norme rédactionnelles de ce genre de discours.
□ Caractéristiques du discours scientifique  : ♦ Partant de la dimension informative du discours
scientifique, ce dernier, en représentant des faits bruts, transmet un certain nombre de connaissances
relatives aux réalités décrites, et dont l'activité discursive passe par des protocoles heuristiques rigoureux.
L'observation de ces objets extérieurs, dont le but est la découverte de constantes, de lois et de
régularités, lance le chercheur dans un processus d'objectivation, en s'abstrayant, en tant qu'acteur
socialement et historiquement déterminé, de toute subjectivité. De l'exposition des données à la
représentation des résultats, le chercheur doit s'effacer de ses propos, en se glissant dans un style
objectif et neutre, propriété sur laquelle nous insistons du fait que le discours scientifique se caractérise
par le souci constant de l'objectivité, caractère auquel on doit se méfier.
♦ Souci constant de la précision et de la concision  : Ces deux spécificités du discours scientifique
apparaissent clairement dans le choix des mots justes, correctes et appropriés à la norme du français
écrit standard, et qui nécessitent un recours au sens propre, attesté et non connoté, en négligeant tout
emploi de mots imprécis et indéterminés, du fait que l'objectif du discours scientifique est de transmettre
une information claire et précise, sans risque d'ambiguïté dans l'interprétation du message. La présence du
lexique spécialisé et semi-spécialisé est essentiel, en renforçant la précision du discours scientifique
dont la spécificité de chaque domaine nécessite l'usage de ces éléments de spécialité. La concision du
discours scientifique se produit aussi à travers les formules d'abréviation, les sigles, les symboles…etc.
Et/ou à l'aide de tableaux et de figures synthétisants des données exposées dans des énoncés longs et
complexes. □
1Pierre, AUBUQUE, «Aristote : physique et métaphysique».In :Encyclopaedia Universalis [CD-ROM].2 Ibid .
3 Céline, POUDAT. Etude contrastive de l’article scientifique de revue linguistique dans une perspective
d’analyse des genres. (Thèse de doctorat université d’Orléans) ,2006 [en ligne]
Http /www.revue-texto.net/corpus/publication /Etude.html .

731
4 Céline, POUDAT. Op.cit. P. 47 5 «Respecter les caractéristiques du discours scientifique» p.8-10
http://neumann.hec.ca/pages/gilles.caporossi/Respecter_discours_scientifique.doc
MODE DE PENSEE .- L'Algérie vit une remise en cause totale et profonde, et parfois violente de ses modes
de pensée. La génération de l'indépendance qui croyait qu'il suffisait de recouvrir la souveraineté politique
et de maitriser les centres de décision économique pour assurer le développement a besoin d'un souffle
nouveau. Le processus de développement s'est avéré beaucoup plus complexe que prévu et malgré les
efforts consentis, le passage de la société du traditionalisme et de la dépendance vers le modernisme
rencontre des résistances beaucoup plus solides et virulentes que prévu. A cela, s'ajoutent le déséquilibre
flagrant entre la rive nord et la rive sud de la méditerranée qui créent un climat pesant et une cassure dont
personne ne peut aujourd'hui augurer des conséquences si des passerelles de co-développement et de
coopération ne sont pas mises en place. Dans de nombreux domaines existe une complémentarité
économique, et les occasions multiples à cette fin n'ont pas eu lieu car l'Algérie est passé à côté de
l'opportunité dont les conséquences sont évaluables en retard et en calcul stratégique. L'expérience
d'une économie collectiviste ayant échoué, il s'agira dorénavant de réajuster une vision de développement
dans un cadre d'économie de marché et d'ouverture démocratique dont l'apprentissage aura sacrifié
l'énergie de toute une génération de compétence pour faire l'histoire d'un autre type de développement.
Réfléchir différemment, concevoir avec d'autres repères, avoir d'autres approches des problèmes pour
d'autres objectifs constituent un facteur de mutation de base de la génération actuelle appelée à donner
dans l'universalité. Apprendre plus différemment afin de lier ses aptitudes au savoir-faire technique et
pouvoir anticiper par la pensée des modèles fonctionnels de transformation du réel sera pour le citoyen
algérien l'enjeu de société quelque soit son milieu d'appartenance.
ORIGINE DU TERRORISME.- Une étude psycho-sociologique menée en milieu carcéral a permis de
déterminer les raisons qui ont conduit les détenus, des jeunes en majorité, à choisir la voie du terrorisme
et de la violence. Cette étude met en avant, tout d'abord, le rôle de la famille au sein de la société. Chez
une partie de ces jeunes incarcérés, il est constaté "la carence affective" qui réside en l'absence du père et
surtout de la mère dès leur très jeune âge, des personnes arrêtées dans le cadre de la lutte antiterroriste.
Ce constat, confirme les études faites de par le monde qui soulignent "que les prédispositions à la
criminalité sont quatre à cinq fois plus fréquentes chez les sujets carencés durant leur enfance". Mais cette
carence ne concerne pas uniquement la famille en Algérie; il y a l'école qui a sa part de responsabilité.
Parmi le nombre de personnes incarcérées pour délits de terrorisme, 44% ont un niveau d'instruction
primaire ou sont des analphabètes, 19% ont un niveau moyen, 19% sont du secondaire et 10% ont un
niveau supérieur. C'est la catégorie des analphabètes au primaire qui est coupable des délits les plus
graves comme le complot, l'association de malfaiteurs, la détention d'armes et les assassinats. Ce
phénomène est expliqué par le fait que cette catégorie n'a plus rien à perdre et va jusqu'au bout de sa
logique. Par contre, les 10% qui ont un niveau d'instruction supérieur sont les plus impliqués dans la
subversion et les tracts. Ceci est déterminé par la position sociale des personnes instruites qui fait en sorte
qu'elle ne se "mouille" pas dans l'irréparable (le crime). Le niveau d'instruction bas ou nul a fait apparaitre
par l'enquête une caractéristique psychopathologique qu'est la timidité et le complexe d'infériorité. Ainsi,
parmi une partie des personnes incarcérées pour délit de terrorisme existe un complexe d'infériorité. Ce
sentiment de timidité et de complexe d'infériorité entraine un désir de compensation de ce sentiment par
des comportements inadéquats tels la brutalité et l'agressivité. Il est aussi et sans doute prouvé que quand
une société est frappée par une fatalité de sous-développement, elle génère un complexe d'infériorité par
rapport aux sociétés avancées. L'étude arrive à la conclusion que le chômage ne constitue nullement un
facteur déterminant dans le choix de la voie terroriste et violente. Seulement 12% des incarcérés sont des
chômeurs, 36% des ouvriers et 52% ont d'autres occupations notamment commerciales. Dans la même
optique, le milieu social ne semble pas lui aussi très déterminant : 59 % sont issues des quartiers
défavorisés et 41% habitent des quartiers aisés. C'est pour cette raison que l'enquête aboutit à une
conclusion fort intéressante "le facteur essentiel de déclenchement de l'acte criminel parait lié à une
certaine dynamique de groupe renvoyant à la notion de psychologie collective et à la formation de
groupes primaires que nous appelons en psychologie les groupes primaires durables ou persistants tels
les gangs". La notion de groupe ou l'embrigadement qui est une caractéristique des "oussar" de l'ex-FIS
(front islamique du salut) détermine des types de conduites de la personne dans une bande :
"l'imitation qui nivelle les manières individuelles d'être de chaque personne incarcérée, de penser ou
d'agir aboutissant à des comportements semblables. La suggestion et la contagion des émotions qui
aboutissent à des conduites collectives de type émotionnel. Emergence de valeurs collectives comme
véritables idées-force, sorte de croyance du groupe et attribution de prestige à celui qui incarne les
modèles et les valeurs du groupe. Cette notion de "bande" qui fait son apparition il y a quelques années, a
fait en sorte le taux de récidivistes (repris de justice) ne représente que 6,85% des personnes incarcérées
pour délits terroristes. De ce fait, les groupes terroristes sont trés fermés. L'enquête a constaté l'existence
de problèmes psychosexuels parmi cette population. La société algérienne profondément croyante a fait en
sorte que tout acte sexuel est pêché avant le mariage légal. La crise chronique du logement a eu comme
conséquence le retard de l'âge du mariage. "Ce facteur a créé à l'adolescence et à l'âge adulte un
refoulement des pulsions sexuelles. Ceci se reflète par une insatisfaction sur le plan sexuel donnant lieu à
une agressivité latente sur le plan comportemental".
L'enquête psycho-sociologique déduit que l'ensemble de ces problèmes ont fait en sorte que les
personnes incarcérées comblent "ces vides" dans l'esprit de groupe ou de bande, l'analyse démontre chez

732
les jeunes incarcérés pour des délits terroristes "une fuite de la réalité et une transposition de la lutte sur le
plan d'irréel où ils espèrent triompher". A partir de cette étude, c'est l'ensemble de la société qui est
interpellée et notamment l'école où en guise d'éducation religieuse, on enseigne les interdits, notamment en
ce qui concerne le sexe féminin. Car une certaine forme d'éducation religieuse -l'intégrisme - a pour
conséquence de renforcer ces dérives de la personnalité de ces jeunes. Pour comprendre plus, sur les
origines du terrorisme, des équipes d'anthropologues devraient se mettre à l'oeuvre pour requérir des
réponses scientifiques, car le cas algérien a un caractère bien spécifique.
PROJET DE SOCIETE.- Avant de concevoir et d'appliquer un système de fonctionnement à la société
algérienne, il faudrait d'abord la connaitre, la saisir dans toutes ses dimensions et ses pulsions. Ce n'est
qu'ensuite qu'il sera possible d'élaborer divers schémas d'organisation adéquats: il ne s'agira point de
mouler la société algérienne dans un système, mais d'adapter ce dernier selon la vision qu'on a des réalités
sociologiques. Et c'est sur ce point qu'il y a problème. Les sciences sociales ont été marginalisées pour la
raison évidente qu'elles sont considérées comme subversives. Ainsi, en avait-il été décidé, lors d'un
séminaire sur la pensée islamique qui s'était déroulé en juin 1990 à Alger et n'a pas lésiné à prononcer la
condamnation à mort des sciences sociales sous prétexte, qu'elles utilisent des instruments d'analyse
occidentaux, donc laics, pour expliquer l'Algérie, entité musulmane. La société algérienne devient alors
sacralisée. Point besoin d'études, d'investigations, d'incertitudes, de doutes. La société est musulmane et
cela lui suffit d'être saisie en rapport à des repères historiques appropriés pour les anciennes sociétés.
L'expérience, eu égard aux mutations des sociétés et des Etats , nous enseigne que celles-ci ont été
partout impulsées et accélérées sous l'effet des crises, car sans crises il n'y a pas de mutations. Qui peut
aujourd'hui, avec précision, évaluer la consistance du gisement démocrate, du gisement islamiste, de la
partie de la population dont les termes mêmes de démocratie et d'islamisme provoquent étonnement, rejet
ou indifférence? Quel parti a confié aux sociologues le soin de rédiger son projet de société, ne sachant
même pas si réellement la société désire changer à quelle vitesse, atteindre un modèle et quel type de
modèle? La société Algérienne a subi des interpénétrations culturelles avec d'autres civilisations, par le
biais des guerres, du commerce, des voyages... Plus près de nous, elle s'est urbanisée, a perdu les repères
qui façonnaient son organisation... Puis, c'est le double processus de transition politique, économique avec
des implications sur le social, sur le repositionnement de l'individu dans l'environnement interne. La
société n'a pas été, dans son encadrement, préparée à canaliser elle-même sa propre mutation. Alors,
forcée de la subir, elle cherche à se mettre en situation de permanente adaptation à des modèles qu'elle
n'avait pas suffisamment adoptés, car incompris, car importés et qui avaient rompu la quiétude de son
environnement interne. D'autres individus ont perdu tous les repères et ont cherché dans la violence
l'explication de leur devenir. Aujourd'hui, c'est encore le saut dans l'inconnu. Ce dernier porte le nom de
mondialisation, alors que les visas de sortie sont encore inexistants. Alors, mondialisation pour qui? de
quoi? La société assiste, impuissante, aux prétentions de la classe politique, qui ont objectif de la diviser,
de la mutiler, de la compartimenter, de la sédimenter en enfermant ses composantes dans des projets de
société dont l'émergence de l'un passe inéluctablement par le décès de l'autre. La société est supposée
acquise à chaque projet, selon ses auteurs, obligée de ne choisir qu'entre deux projets antagonistes, alors
que, majoritairement, elle préfèrerait peut-être l'équidistance, car, n'est-il pas populairement coutumier
d'affirmer "qu'en toute chose, le meilleur est le milieu"? La société évolue certes, peut-être même qu'il en
existe des composantes qui n'ont pas évolué en cohérence, mais la classe politique, qui n'est pas
homogène, risque de faire perdre à la société ce qui lui reste d'homogénéité.
SOCIOLOGIE.- Discipline représentant l'étude scientifique des sociétés humaines et des faits sociaux, la
sociologie a été écartée des décisions en matière d'aménagement du territoire en Algérie. Combien de
projets ont été réalisés sans enquêtes sociologiques au sein d'une population habitant une région donnée
sous prétexte qu'elle n'a pas d'avis à donner quant au devenir de sa région? De tout temps les projets
d'aménagement, qu'il s'agisse d'autoroutes, de barrages, de logements,... ont été réalisés sans l'avis des
plus concernés: les habitants. L'aspect social de l'aménagement du territoire est certes le volet le plus
performant pour réussir l'occupation ou l'exploitation d'un espace territorial qu'il soit destiné à des besoins
sociaux (habitat...) ou économiques (usines...). Il ne faut pas être sociologue de formation pour constater
combien l'avis d'un simple paysan et sa conception du territoire sont importants dans le développement
local. Le paysan, élément fondamental de la société algérienne, a été oublié et marginalisé, écarté des
décisions en matière d'aménagement à commencer par les domaines agricole et forestier, qui ont été les
premiers secteurs à aménager ; connaissant parfaitement sa région, il représente en fait un élément moteur
qui peut relater les différentes phases de l'espace qui l'a vu grandir. Il connait donc comment et dans quel
sens ont évolué le sol et le couvert végétal, où se trouvent les risques naturels (érosion, glissement de
terrain...); comment coule l'oued et où prend-il sa source, etc. Et bien d'autres éléments qui sont la clef de
la prospection d'un territoire dans le but de l'aménager.
Des données morphologiques, géologiques, hydrologiques ou autres peuvent être récoltées chez les
habitants d'un village et peuvent être par conséquent complémentaires aux outils classiques de
l'aménageur (supports de cartes géoraphiques ou toporaphiques) non actualisés. Paysan ou citadin, rural
ou urbain représentent des sources inestimables de renseignements relatifs à l'espace. Donc, l'analyse des
données récoltées au sein des habitants d'un village en vue de voir leur perception du territoire est une
condition sine qua non pour l'identification des enjeux de l'aménagement en vue de décider de ce qui peut
ou ne peut ou ne peut être projeté sur ce territoire. L'aménagement du territoire qui est un outil important

733
dans le développement local, doit se baser sur les enquêtes sociologiques afin de compléter les données de
base et éviter de réitérer les erreurs du passé. Les enquêtes sociologiques ont pour but de connaitre la
perception du territoire par ses habitants et leur identification à des limites territoriales. Elles permettent de
rester à l'écoute, car les habitants sont capables de donner leur avis sur l'impact des aménagements
réalisés sur leur territoire: ils peuvent dire que le tracé d'une autoroute est bon ou mauvais si cette
autoroute a contribué à vider leur région ou leur village. Du point de vue économique, une autoroute peut
avoir un impact négatif sur le commerce d'un village si elle oblige le trafic de contourner ce village pour se
rendre à d'autres points de vente, alors que dans le passé ce village jouissait d'un attrait important pour les
consommateurs. La situation est similaire pour les activités touristiques dans la mesure où le village réputé
pour ses produits traditionnels convoités (produits du terroir), doit faire l'objet d'un pôle attractif pour
conserver la vocation touristique de la région, si le tracé de l'autoroute oriente le trafic ailleurs ou
procèdera à la mise à mort du village et donc de tout un patrimoine culturel. L'analyse globale des enquêtes
sociologiques permet donc à l'aménageur d'établir un diagnostic territorial basé essentiellement sur la
perception du territoire par les habitants afin de dégager clairement les enjeux à respecter en matière de
projets d'aménagement en tenant compte des spécificités locales, à savoir la vraie vocation de la région
(agricole, industrielle, touristique...), ses faiblesses (contraste de relief, manque d'eau, pollution...) et
surtout son identité culturelle (à renforcer ou à revaloriser). La sociologie apparait donc comme un outil
incontournable en matière d'aménagement du territoire qui permet, d'une part d'impliquer le citoyen et le
faire participer aux projets de développement de sa région et, d'autre part reconsidérer son statut en tant
qu'élément fondamental pour la réussite des projets sociaux.
SYSTEME D'INFORMATION .- L'intelligence économique dans le monde contemporain se base
essentiellement sur l'information en temps réel et son traitement. Encore faut-il pouvoir repérer les signes,
les enregistrer, les diffuser, ce qui suppose des circuits de transmission, des lieux de réception et
d'analyse, des compétences certaines, afin de permettre à chacun de vivre en communication permanente
avec son temps. Ce besoin suppose la gestion et les politiques d'information au niveau national et
international. L'Algérie qui, en s'ouvrant aux vérités internationales, découvre les dures réalités du
monde de cette fin de siècle et devant y faire face, accuse un déficit considérable dans le domaine de
cette ressource primordiale qu'est l'information. Le décideur à tous les niveaux, le chercheur, l'homme
d'affaires, le citoyen, devant la nécessité d'opérer des choix, se trouve fort démuni pour trancher. Après les
efforts accomplis les années 70 pour la mise en place des premiers jalons d'un système national, l'Algérie
vit la "bazarisation" du marché de l'information. Comme tous les domaines abandonnés à ce mode
économique, la production de valeur ajoutée est absente. Cette situation est inacceptable et la mise sur
pied de moyens de promotion des activités d'information scientifique et technique s'avère d'une
nécessité absolue pour le pays. La communication est devenue de nos jours un produit de consommation,
indispensable à l'Algérie qui aspire au progrès et à un développement harmonieux, qui considère le citoyen
comme un acteur principal dans l'élaboration de la décision et qui tend à améliorer sa condition. Dans les
pays développés, la fonction "communication" est érigée en véritable science de gestion, de tous les
domaines qui touchent à la vie du citoyen, et à son environnement. Longtemps perçue comme un instrument
complémentaire à l'exercice de l'autorité publique, la communication a définitivement investi le secteur
étatique qu'elle détermine, marque et oriente. En Algérie, à tort, le système de communication n'a été
que trés peu développé, et reste limité aux mécanismes matériels de répercussion aux médias (presse
parlée et télévisionnelle). L'autre aspect de la communication, celui qui consiste à établir un dialogue
permanent, entre les différents partenaires de la société, n'est que très faiblement perçu par les centres
d'émissions de l'information, dont l'approche bureaucratique a induit des formes de cloisonnement qui se
traduisent souvent par une désinformation et une manipulation. Le constat est indéniablement négatif dans
la mesure où la population ne reçoit pas toujours avec fidélité la portée des messages qui lui sont
adressés. Dans ce cas, le vide est investi par la rumeur qui s'érige en système de "non
communication", dont les effets désastreux se traduisent souvent par une forme d'indifférence de la
population, à l'égard des actions initiées à son profit . Dans cette situation, les facteurs de non -
communication engendrent des inégalités sociales et inhibent toute tentative d'agir pour un éventuel
changement, dans le sens d'une transparence des actions programmées par les centres de décisions, en
direction de la population.
Pour la recherche de sa crédibilité, l'Etat devra considérer la communication comme étant un axe
stratégique qui lui permettra de raffermir son autorité, et prendre l'initiative de communiquer positivement,
avec les citoyens qu'il est sensé servir. La société algérienne aspire au statut de la modernité. La
communication apparait comme un besoin incontournable, seul à même, de faire aboutir les efforts des
hommes et des femmes de bonne volonté, dans le sens de l'amélioration de leurs conditions socio-
culturelles. En absence de communication et de son corollaire, le dialogue et la concertation, le dirigisme
des uns se traduit souvent, par l'indifférence des autres et par conséquent, par une déperdition des
énergies et des ressources financières. Cette donnée fondamentale n'est pas nécessairement prise en
charge dans toute démarche qui tend à faire du développement socio-économique et culturel une source
de bien-être, d'émancipation et de justice sociale.
Un système rénové de communication s'impose, axé sur la diversification de ses sources, en vue de
satisfaire une demande plurielle croissante et garantissant le droit du citoyen à l'information. Ce système
doit notamment, s'efforcer de réunir les conditions propices à la promotion culturelle du citoyen et à son
épanouissement, à l'ère des grands bouleversements technologiques. Dans cet ordre d'idées, il est
impératif d'accorder une place privilégiée aux réseaux de transfert de l'information et au large éventail

734
offert par les divers autres procédés techniques. Par ailleurs, il conviendrait de rechercher un juste
équilibre entre les préoccupations commerciales des opérateurs intervenant dans ce domaine et l'exercice
du droit à l'information des citoyens. Il s'agira également :
● d'accorder un intérêt particulier à la presse écrite, notamment celle spécialisée dans la stratégie de
développement,
● d'encourager l'édition sous toutes ses formes,
● d'initier une politique nationale visant à assurer une distribution de la presse et du livre à travers tout le
territoire national en mobilisant tous les moyens de transport disponibles,
● d'aider à la création de cellules publiques d'information.
ORGANISATION DE LA COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE
En Algérie, elle est organisée d'abord :
Au niveau central : à partir de la direction de l'information de la présidence de la République et du porte-
parole de la présidence, du porte parole du gouvernement (en l'occurence le ministre de la
communication et de la culture) et des organes d'information sous tutelle du ministère de la communication
(APS, ENRS, CNDPI, Ech-Chaâb, El-Moudjahid, ENAP, ENAMEP,...).
Au niveau local : existent une presse régionale et des cellules de communication de wilayate (presse locale
éventuellement produite par ces cellules), les stations de télévision régionale et les stations radiophoniques
locales.
D'autres structures de communication au niveau locale doivent être développées par une mise en place de
cellules de communication au niveau communal et l'instauration d'une coordination de communication sur
le plan régional.
Les techniques de communication gouvernementale sont déterminées par les priorités des actions
engagées, et en rapport avec l'auditoire ciblé. L'action communicative, à l'occasion d'évènement, utilise
classiquement : le discours (à la nation, programme, commémoration, ...), les visites (officielle, de
travail,...), les rencontres (séminaires, campagnes, ...), les conférences de presse, les débats (interviews,
tables rondes), les communiqués de presse, les publications officielles (J.O, circulaires, bulletins
ministériels, rapports,...) et la publicité.
L'évaluation de la communication gouvernementale en Algérie : l'impact est difficilement mesurable du fait
de l'absence d'instruments de mesure de perception sur le plan qualitatif et quantitatif (sondages
d'opinion, tests, enquêtes, ...).
La recherche en communication est un domaine à promouvoir tant au niveau des moyens techniques qu'en
personnels spécialisés.
L'action communicative fait partie des plus grandes priorités de la politique gouvernementale. Elle
nécessite un certain nombre de dispositifs de communication à institutionnaliser afin de prendre en charge
la gestion de la relation administration-citoyen. A court, moyen et long terme, elle doit se structurer, se
planifier, s'assumer et avoir en retour une appréciation requise des citoyens pour améliorer les programmes
d'actions des institutions de l'Etat.

L'ETUDE ECONOMIQUE
DESINDUSTRIALISATION .- Le recul de la production brute de l’industrie hors hydrocarbures  : La
production brute de l’industrie hors hydrocarbures est passée de près de 491 milliards de DA en 1995 à 2
216 Mrds DA courants en 2014, soit un accroissement de 351% sur la période. Ce taux est le plus faible de
tous les secteurs (813% pour l'agriculture, 830% pour le BTPH, près de 700% pour les hydrocarbures
malgré la baisse enregistrée en 2014). Les taux les plus élevés ont été réalisés par le secteur transport et
communication (plus de 1400%), à partir d’un niveau relativement bas, et par les travaux publics pétroliers
(+1043%). Ces évolutions se sont traduites par un net recul de la contribution de l’industrie hors
hydrocarbures à la production brute : de 20,1% en 1995, elle ne représente plus qu'entre 11% et 12% à
partir de 2006 (11,4% en 2014).

735
La contribution de l’industrie hors hydrocarbures à la valeur ajoutée, encore plus faible  : En termes de
valeur ajoutée, agrégat traduisant la richesse créée, le poids de l'industrie hors hydrocarbures est encore
plus faible : de 12,4% en 1995, il n'est plus que de 6,3% en 2014. De la troisième position en 1995, après
les hydrocarbures (32%), le commerce (18%), et au même niveau que l'agriculture et que le BTPH (environ
12%), l'industrie se retrouve, en 2014, en bas du tableau ne précédant que les services et les travaux
publics pétroliers. L’évolution indiciaire révèle clairement ce recul relatif et son actuelle position de « quasi
bon dernier ».
Le processus de désindustrialisation, que révèle la modification de la structure de l'économie a profité
essentiellement aux transports et communication (+1459%), aux hydrocarbures (+821%), à l'agriculture et
au BTPH (800%) sans qu'il n'y ait eu de retombées significatives sur l'industrie, contrairement à ce qui
s'est produit dans les pays développés, où le recul de l'industrie s'est fait au profit d'activités relevant du
secteur tertiaire dont l'essor a favorisé les industries de haute technologie.
♦ Recul de l'industrie manufacturière, couplée à une orientation plus prononcée vers les biens de
consommation  : Le recul relatif est encore plus net pour l'industrie manufacturière. De plus, il s'accompagne
d'un retrait des industries structurantes au profit des industries de biens de consommation.
La contribution l’industrie manufacturière à la production brute de l'industrie hors hydrocarbures a reculé :
86% en 2014 contre 92% en 1995 (81% en 2014 contre 88% en 1995 pour la valeur ajoutée). Ce recul relatif
a profité essentiellement au secteur eau & énergie dont l’apport à la production brute et à la valeur ajoutée
a fortement augmenté entre 1995 et 2014 (respectivement 6% à 12% et 10% à 16%).

Rapportée à la production brute totale de la nation, l’industrie manufacturière ne représente plus que 10%
en 2014 contre 19% en 1995 (11% en 2014 et seulement 5%, en termes de valeur ajoutée). Ces chiffres
traduisent bien le très modeste statut actuel de l'industrie.
♦ Une industrie de plus en plus tournée vers les IAA  : La contribution des industries agroalimentaires à la
production brute de l'industrie manufacturière est passée de 46% en 1995 à 57% en 2014 (de 27% à 49%,
en termes de valeur ajoutée)1. Inversement, il y a lieu de noter le net recul de la contribution des ISMME,
secteur structurant, à la production brute et à la valeur ajoutée : respectivement 22% en 1995, seulement
18% en 2014 et 27% en 1995, 16% en 2014. Ce secteur est le seul qui a connu un recul significatif en
valeur absolue (99 Mrds DA en 1995, 89 Mrds DA en 1996 et 73 Mrds DA en 1997, avant de remonter à
partir de 1998). Remarquons également la quasi-disparition des secteurs textile, confection et cuirs &
chaussures qui ne participent plus, en 2014, qu'à la création de 2% de la valeur ajoutée de l'industrie
manufacturière. Au-delà de ce chiffre, c'est la perte d'emplois et du savoir-faire "traditionnel" dans ces
secteurs qui sont à regretter le plus car, peu performants, ils n'ont pu résister à la concurrence externe pas
toujours respectueuse des pratiques concurrentielles loyales et favorisée par une règlementation
insuffisamment protectrice de l'industrie nationale 2. L'analyse vaut aussi pour le secteur bois, liège et

736
papier dont la part dans la production brute et dans la valeur ajoutée est passée de 5% en 1995 à,
respectivement, 2% et 3% en 2014.

L'évolution indiciaire des différents secteurs d'activité fait ressortir clairement cette tendance au
renforcement des IAA.
♦ L’industrie algérienne, de plus en plus dominée par un secteur privé, attiré par les industries agroalimentaires : Au cours des
années 2000, le secteur privé a été présenté, comme l’un desacteurs-clés pour la relance de l’industrialisation. Au-delà du
débat lié à la question de la propriété du capital, il y a lieu de relever que la contribution du secteur privé à la production brute a
fortement augmenté, passant de 24% en 1995, à 64% en 2014. Cette évolution, remarquable, est liée à deux phénomènes
concomitants : développement de l’investissement privé (nouveaux investissements et acquisition d’une partie du potentiel du
secteur public dans le cadre du processus de privatisation) et fermeture d’unités industrielles publiques.

Le graphique, ci-après, visualise bien cette tendance en ciseaux.


Contribution des secteurs public et privé à la productionbrute des industries manufacturières  :

Le poids du secteur public est un peu plus important en considérant l’industrie hors hydrocarbures (78% en
1995, 46% en 2014) en raison de la faiblesse du secteur privé dans l'activité mines (6% en 1995 ; 8% en
2014) et carrières et du monopole de l’État sur le secteur eau et énergie. Le capital privé est, quant à lui,
largement cantonné dans les industries légères et en particulier dans les IAA.

737
Place du secteur privé dans l'industrie en 1995 et en 2014  :

L'évolution de la production brute manufacturière par secteurs juridiques révèle deux tendances :
- le secteur privé, minoritaire dans tous les secteurs d'activité en 1995 devient dominant en 2014 à
l'exception des I.S.M.M.E, secteur structurant, du bois, lièges & papiers (où le secteur public est encore
présent dans l'activité papetière) et des industries diverses ;
- la domination du capital privé est particulièrement marquée pour les industries de biens de
consommation : textiles, confection (92%), IAA et cuirs et chaussures (84%) et la chimie, caoutchouc,
plastique (81%). Ces évolutions traduisent la préférence du secteur privé pour les industrieslégères, peu
gourmandes en capitaux, moins exigeantes en matière grise ettournées vers le marché final, moins soumis
au contrôle fiscal que celui desbiens intermédiaires. ◙
BEKKOUR, Rafik  : 1. Le processus de désindustrialisation  : constat et axes d’une ré-industrialisation en
Algérie.2015.
2. Économie industrielle. Démarche de l'économie industrielle, méthodes et outils d'analyse du système
industriel, OPU, Alger, 2016.
EVALUATION DE REDRESSEMENT .- Rétrospective  : A la veille de la décennie 90, une grande partie des
entreprises économiques étaient dans une situation de déstructuration avancée, caractérisée par des
modes de gestion et d'organisation désuets et des découverts bancaires asphyxiants accompagnés
d'une dévaluation du dinar, dont la parité est passée de 12 DA pour un dollar en 1990 à 61 DA pour un
dollar en 1998, soit une dépréciation de l'ordre de 508,33% en l'espace de huit ans. Les 840 milliards de
dinars injectés par le trésor au titre de l'assainissement financier des entreprises n'ont pas empêché la
plupart des entreprises de s'enliser davantage. Le secteur industriel, à titre d'exemple, n'a pas réussi à
renouer avec la croissance qu'en 1998, année durant laquelle le secteur a réalisé un taux de croissance de
10,7% par rapport à l'exercice précédent qui devait plutôt marquer un recul de 7,2%. D'une manière
générale, toutes les filières ont enregistré une croissance positive à l'exception de la branche bois et
papier qui a enregistré une récession de 2%. Pour sa part, le chiffre d'affaires du secteur a progressé
de 6% en raison notamment de l'application des dispositions relatives aux valeurs administrées devant
permettre le renforcement du dispositif visant la production nationale. L'application des plans de
redressement interne des entreprises du secteur industriel a été soldée par la compression de 48.000
travailleurs. Les exportations restent timides par rapport à l'objectif de 2 milliards de dollars, fixé par le
gouvernement à l'horizon 2000. En 1999, le chiffre d'affaires du secteur est appelé à connaitre une
importante évolution, en conséquence à l'application des dispositions de la loi de finances de 1999,
qui prévoit des réductions fiscales, notamment sur l'IRG et l'IBS, d'une part, et des mesures de
protection de la production nationale, d'autre part. Malgré l'importance des investissements industriels
engagés pendant les deux dernières décennies, leur efficacité économique est restée réduite aux seuls
plans de l'emploi, le développement, l'équilibre régional, et la satisfaction de la demande sur les produits
de consommation à faible coûts, cela au détriment de la rentabilité économique. La crise financière à
laquelle a été confrontée l'économie nationale suite à la chute des prix du brut en 1986, a mis à nu toutes
les lacunes et dévoilé les limites de la stratégie de développement suivie jusque-là. A vrai dire, les
prémices de la crise étaient apparents bien avant la débâcle pétrolière de 1986. Au début des années 80, la
cadence de développement et d'extension des entreprises nationales devait encaisser de sérieux coups de
boutoir pour des raisons liées particulièrement à des problèmes de gestion des entreprises, l'insuffisance et
le tarissement des ressources de financement. Face à cette situation qui allait ouvrir les portes à une série
d'exercices négatifs, il était indispensable de réagir d'une manière urgente et engager des réformes de
restructuration de fond, bien que, souvent, elles n'ont pas été inscrites dans le cadre d'une stratégie
globale de développement à moyen et long termes. Cependant, les véritables réformes devaient intervenir
au début des années 90, à partir desquelles le choix de l'économie de marché devenait de plus en plus
clair. La mise en place du dispositif banque-entreprises, en vue de soutenir les entreprises qui présentent
des perspectives réelles de redressement, a permis le traitement de 206 entreprises sur les 399 EPE ayant
fait l'objet d'audit, pour une enveloppe financière avoisinant les 160 milliards de dinars, répartis entre

738
soutien bancaire (100 milliards de dinars) et apport du trésor (60 milliards de dinars). Ce dispositif a
permis également la dissolution d'une dizaine d'entreprises industrielles, la fermeture de quelques 80
unités industrielles et la création de près d'un million de filiales, dont 250 dans le secteur de l'idustrie.
Durant les trois dernières années, il est noté la compression de quelques 60.000 agents dans le secteur
industriel, soit 20% des personnels compressés, tous secteurs confondus. La trésorerie des entreprises
industrielles a, pour sa part, respiré l'ascendant, puisque le total de leurs découverts bancaires est passé
de 100 milliards de dinars en 1996 à moins de 30 milliards de dinars en 1999. Un niveau qui reste dans les
normes de l'acceptable. Avant l'opération de restructuration, le secteur des entreprises publiques locales
comptait 1324 EPL employant 220.000 travailleurs, dont 183 entreprises industrielles totalisant 27.000
travailleurs. Actuellement, le chiffre est ramené à 389 entreprises érigées en sociétés par actions, dont 64
entreprises appartenant au secteur industriel. Ainsi, le nombre d'EPL dissoutes est de 935 entreprises
employant 146.000 travailleurs. D'une manière générale, le dispositif banques - entreprises a réussi
à créer un certain équilibre entre les principaux agrégats du secteur industriel public. Le chiffre d'affaires
est passé de 289 milliards de dinars en 1994, à 373 milliards de dinars en 1998, soit une évolution de
22,5% en l'espace de 4 ans, sans tenir compte, bien entendu, de la dépréciation du dinar. Le montant de
la valeur ajoutée du secteur est passé, quant à lui, de 125 milliards de dinars en 1994 à 42 milliards de
dinars en 1998, soit une évolution de 1,97%. Les exportations ont été portées à hauteur de 7,58 milliards
de dinars (124,36 millions de dollars, en 1998 au lieu des 5,98 milliards de dinars (98,16 millions de
dollars), enregistrés en 1994. Des résultats qui restent tout de même timides par rapport à l'objectif de 2
milliards de dollars de recettes fixé par le gouvernement à l'horizon 2000. Le montant des investissements
a plus que doublé entre 1994 et 1998, passant de 9,07 milliards de dinars à 20,34 milliards de dinars.□

LA RECHERCHE
APPROPRIATION DU SAVOIR-FAIRE .- L'Algérie a essayé de définir sa politique scientifique et
technique, en liaison avec le développement industrielle. Le choix des industries utilisant des
technologies avancées visait "le plus grand impact sur la formation et l'élévation du niveau technique des
personnels employés". Le développement était assumé comme prolongement de la lutte de libération
nationale et dénonçait le "colonialisme technologique". Les priorités données aux choix des industries
mécaniques, électriques, électroniques aux industries de la transformation de l'acier et de la pétrochimie,
participaient de cette volonté d'en découdre avec la domination technologique de l'occident.
L'ingénierie et la formation dans le cadre de ces industries, devaient permettre aux cadres nationaux de
prendre le "relais" des sociétés étrangères dans le domaine des études, de la conception des projets et
dans la gestion technique des installations. La réalité a été toute autre. Dans le domaine de l'ingénierie,
les départements spécialisés n'ont pas dépassé le stade de gestion de contrat ou de réalisation d'études
préliminaires. La formation a bénéficié de la création de nombreux instituts spécialisés dans la formation de
techniciens et d'ingénieurs. La formule des contrats globaux ("clés en main" et "produits en main") présente
déjà dans le cadre du premier plan quadriennal (1970-1977), a complètement aliéné au pays les fonctions
de conception et de coordination au profit des sociétés étrangères. Un des objectifs affirmés dans l'option
des contrats "produits en main" était la formation du personnel. Mais l'adoption de la formule intégrée va
surtout montrer que la technologie n'était pas une donnée facilement maitrisable dans le cadre des contrats
d'achat d'usines ou des contrats de formation. Les péripéties des programmes de formation dans le cadre
des contrats globaux nous introduisent dans la problématique du savoir-faire et de sa maitrise qui est un
véritable casse-tête chinois. Dans les contrats de formation, l'acquisition des seuls modes opératoires ne
suffit pas à garantir un transfert complet de technologie. La maitrise du paramètre savoir-faire lié à tout
équipement importé est un préalable pour frayer la voie à un tranfert de technologie réel. Dans le pays
exportateur de l'équipement (ou de l'usine), ce sont les travailleurs qui utilisent cet équipement, qui
produisent le savoir-faire et qui en sont les détenteurs. Dans le cadre des contrats de formation, il est
indispensable que ces personnels soient associés au programme de formation pour qu'il puisse y avoir un
transfert effectif de ce savoir-faire. L'appropriation du savoir-faire par les personnels est à la base de la
maitrise de la technologie. Dans la pratique, ce savoir-faire n'a pas été pris en compte. Il a été relégué aux
oubliettes. Le transfert de technologie a été considéré comme étant transfert de savoir théorique. Le refus
d'associer les personnels au processus de maitrise de la technologie qui devait être mis en oeuvre
par eux, a été un obstacle majeur au transfert de technologie. Le but n'est pas seulement l'acquisition d'un
savoir théorique mais aussi, l'intégration des producteurs dans une nouvelle façon de produire. Une
technologie, ce sont les équipements, les connaissances et le savoir-faire qui contribuent à une opération
industrielle. Elle implique donc plus, la possession de ces équipements que la façon de les utiliser c'est
à dire : les hommes compétents et le savoir. L'expérience de développement a montré que :
● la formation de cadres scientifiques est une condition nécessaire mais insuffisante pour assimiler les
progrès de la science et de la technologie.
● l'acquisition des techniques de pointe n'a de sens que s'il existe des hommes capables d'adapter et de
transformer ces techniques dans le cadre du processus de développement. Celui-ci crée le besoin national
en matière de science et de technologie et génère une attitude particulière à l'égard du travail scientifique.
Si nous ne concevons pas le transfert de technologie uniquement sous l'angle du savoir théorique des
ingénieurs qui demeure nécessaire, mais également, comme maitrise de savoir-faire, la question de la
technologie, au delà de l'acquisition de techniques qu'elle présuppose, nous incite à nous interroger sur

739
comment produire? Comment vivre? Et par conséquent quel mode de développement? Ce sont-là quelques
éléments pour essayer de cerner le lien entre activité scientifique et développement. En plus d'être savoir
théorique et acquisition de techniques, la technologie est aussi une activité concrète qui exige pour son
transfert des processus d'apprentissage et des niveaux de formalisation qu'il faut savoir gérer dans le cadre
de la formation des hommes. C'est là qu'intervient l'importance du facteur culturel dans l'assimilation de la
technologie importée. Le tranfert de technologie doit s'insérer dans le système de valeurs et les schémas
de représentation du pays acquéreur. La formation des cadres est concomitante à l'action de
développement. L'assimilation des techniques par le pays acquéreur génère une activité innovatrice
structurée autour du savoir-faire, de la formation des cadres et de la recherche dans un cadre,
scientifique national. En l'absence d'un tel cadre les conditions d'insertion des cadres formés, dans la
diffusion des techniques, ne peuvent pas exister. Il y a alors carence au niveau des propagateurs
techniques au sein de larges secteurs de la société. Nous sommes en train de nous apercevoir à peine
aujourd'hui que des mutations radicales sont le produit du processus de croissance, grâce à l'innovation
technologique sous nos yeux, l'économique, le social et le politique subissent sans cesse l'assaut des
bouleversements technologiques. Les nouvelles techniques modifient la production de biens matériels et la
configuration de l'économie mondiale. Certaines industries de pointe grâce à leur rythme de croissance
élevé (nucléaire, électronique), ont un effet d'entrainement sur les autres secteurs, transforment les
conditions de la production et diffusent de nouvelles méthodes de travail et de nouveaux procédés
technologiques. Concernant l'information scientifique et technique dans le tranfert de technologie, nous
pouvons dire que l'interception d'une information ne suffit pas pour en garantir la maitrise. Dans les pays
industrialisés aujourd'hui, la circulation de l'information a une valeur marchande. Avec les progrès rapides
des moyens d'information et de télécommunication par satellite, celle-ci représente 40 à 50% de la valeur
ajoutée produite. La stratégie industrielle des multinationales se fonde sur les données internationales
d'informations. Les réseaux contrôlent l'information à l'échelle mondiale et permettent d'anticiper les
évolutions des marchés sur plusieurs années, pour y adapter le produit. Face aux Etats-Unis où le secteur
de l'électronique et de la communication est presque entièrement contrôlé par trois groupes bancaires, les
firmes japonaises veulent gagner la guerre de traitement et de diffusion de l'information. Avec 450 banques
et bases de données, les Etats-Unis détiennent 90% du stock mondial de l'information scientifique.
La mise en place et le développement des banques et bases de données est à l'origine de la mainmise des
multinationales sur l'innovation technologique. C'est la maitrise de l'information qui rend compte des
opérations de transfert de technologie dans le cadre de l'échange transmission/réception. Mais comme
nous l'avons vu plus haut, la maitrise de la technologie ne doit pas se limiter à la compétence liée à la mise
en oeuvre de la technologie acquise et des techniques. Elle implique également, la nécessité de dominer,
dans la pratique, les connaissances théoriques. Pour cela, il faut développer l'aptitude à inventorier les
ressources, à comparer, à éprouver et à sélectionner les technologies en vue de les intégrer dans
l'économie nationale. Car, c'est la possibilité de faire varier les modes opératoires de façon reproductible et
significative qui est à la base de la maitrise technologique. Celle-ci ne peut pas exister, sans la science de
l'expérimentation, fruit de la recherche scientifique et appliquée qui reste conditionnée par une politique de
recherche ayant accès à l'information mondiale. Dans les pays avancés, la technologie s'est développée
avec le processus de développement et d'industrialisation. Comme nous avons essayé de le voir, le savoir-
faire occupe dans l'industrie, une place importante. Les mises au point, les réglages dans les opérations
deproductions relèvent plus du savoir-faire technique que d'une connaissance formalisée. Dans
l'acquisition du savoir-faire, l'information ne peut restituer la totalité des expériences positives, des écueils
et des échecs. C'est l'exécution pratique de la tache qui seule, est à même de restituer les aspects
multiformes du savoir-faire. Les accords de coopération technique, dans la définition des programmes de
formation, doivent absolument prendre en compte, cet aspect de la question.
La valorisation des ressources humaines joue, dans l'industrialisation, un rôle aussi important que
l'acquisition de biens de production. Dans la pratique, il ya un primat de l'investissement matériel sur la
formation des hommes. Les plans de formation liés à l'introduction de nouvelles technologies n'obéissent
pas à la logique de l'accroissement généralisé des compétences. Des formations ponctuelles
accompagnent, après coup, les changements techniques. La formation n'est pas conçue comme élément
constitutif des choix techniques faits. Les formations organisées dans ce cadre, permettent, très rarement,
de diffuser le savoir-faire dont il est question. Mais l'idée que la formation est un élément décisif dans les
mutations technologiques est en train de faire son chemin... .
BREVET.- Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire un monopole
d'exploitation sur l'invention brevetée à compter, en principe, de la date de dépôt et pour une durée
maximale de 20 ans. Il convient ainsi de noter qu'un droit de brevet n'est pas un droit d'exploitation, c'est-
à-dire autorisant l'exploitation de l'invention brevetée. En effet, le droit d’exploitation peut être soumis à un
autre formalisme tel que par exemple l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché, une certification,
etc.

740
Quelques données statistiques sur les brevets d’invention en Algérie  :

Source : DGRSDT-2016.

741
On constate que 85.5% des brevets déposés sont issus des établissements d’enseignement supérieur et
des centres de recherche relevant du MESRS. Le secteur hors-MESRS contribue à hauteur de 13% des
dépôts de brevets.
►Il est bien de rappeler que cinquante-huit (58) sur quatre-vingt-quinze (95) établissements
d'enseignement supérieur et centres de recherche du MESRS et hors MESRS ne possèdent pas de Brevets.
Ceci nous interpelle sur les raisons de cette absence de production en matière de propriété industrielle. Il y
a urgence à dynamiser le partenariat avec le secteur économique, particulièrement pour les établissements
qui ont des relations traditionnelles avec des entreprises qui exercent dans les domaines technologiques.
Les établissements à vocation technique sont interpelées de façon particulière (USTO, USTHB, Ecoles
Nationales Polytechniques (Alger, Constantine, Oran). On retiendra que la production de Brevets par les
Chercheurs Nationaux a enregistré une légère augmentation en passant à 200 brevets en 2015.Au vu de
ces résultats communiqués et d’un parcours d’articles de la presse sur l’état des brevets, on notera que
selon INAPI près de 98% des brevets déposés ces dernières années émanent de personnes n’ayant ni le
statut de scientifique, ni celui de chercheur. Certains scientifiques préfèrent présenter leurs demandes de
brevets en tant que particuliers au lieu de les présenter en tant que chercheurs comme le stipule la loi
algérienne qui impose d’inscrire une invention au nom de l’entreprise dans laquelle travaille le dépositaire.
□ Contribution à l’économie du savoir des chercheurs Algériens résidant à l’étranger  : Les chercheurs
algériens ont coordonné leurs efforts pour rendre visible leur contribution à l’économie mondiale à travers le
site web dédié à cet effet (http://www.algerianinventors.org), site fonctionnel jusqu’en 2015. Le but est de
mettre en application leurs idées innovantes en les matérialisant par l’outil brevet. L’objectif final étant sa
transformation en production matérielle et commercialisable. Muni de différentes fonctionnalités, cet espace
constitue indéniablement un fonds documentaire en matière de brevets d’invention ; il constitue un outil de
recherche considérable et participe par là-même à la valorisation du potentiel scientifique algérien. Bien
qu’incomplète, la base de données contient 3036 brevets recensés dans 23 pays, au 31 janvier 2015. Pas
moins de 536 chercheurs dont 14% sont des femmes, ont contribué à l’enrichissement de cette base,
donnant une moyenne de 6 brevets par chercheur.
Classement  : L’indicateur R&D du pilier «capital humain et la recherche» est composée de trois catégories:
le nombrede chercheurs (y compris les doctorants) par million d'habitants, le total des dépense en R&D
pendant une période donnée en % PIB et le score moyen des trois meilleuresuniversités par pays listé dans
«QS University ranking». Le score obtenu par l’Algérie est de 1.1 sur 100, se classant au 115ème rang
mondial.
♦ La production internationale de brevets selon le site web, s’élève à 3036 brevets en janvier 2015, alors
qu’elle n’avoisinait que2 744 en octobre 2011, 2 833 enavril 2012, et2872 en novembre 2013(données
fournies par le site ‘Algerian Inventors’)
 Plus des 2/3 des brevets sont déposés dans deux pays, les USA et la France.
 20 Inventeurs Algériens produisent à eux seuls entre 20 et 275 brevets.
 La grande majorité des inventeurs résident aux USA et en France.

742
 Les brevets sont enregistrés dans les Offices à caractère :
- International: Traité de Coopération en Matière de Brevets (PCT/WO)
- Régional: Office Européen des Brevets (OEB)
-National: USPTO, INPI, JPO
A titre indicatif, quelques renseignements sur l’ordre de classement des vingt premiers inventeurs algériens
installés à l’étranger  :

Note*: "Concernant l'âge du brevet, nous sommes face à une contradiction. La durée de renouvellement du
brevet (Pakes et Schankerman, 1984) est liée au prix des renouvellements, les agents rationnels ne
renouvelant que les brevets dont le bénéfice tiré est supérieur aux frais. Plus le brevet est maintenu
longtemps, plus il devrait avoir de valeur et ce d'autant plus que les frais sont généralement croissants au
cours du temps. D'autre part, plus le brevet vieillit, plus il s'approche de la fin de sa durée d'exploitation
commerciale, plus sa valeur décroît. Ainsi, nous pouvons supposer que l'indicateur âge/brevet suit une
courbe sigmoïde. La difficulté essentielle est de définir le moment où elle atteint son maximum. Un autre

743
problème posé par ce type d'indicateur est que le taux de maintien en vigueur est fortement corrélé au
secteur d'activité et à la technologie. Dans certains secteurs comme l'électronique, il est normal que les
brevets soient obsolètes après 4 ans, alors qu'après cette même période, bon nombre de brevets issus de
l'industrie pharmaceutique sont encore en attente de validation par les AMM (Autorisation de Mise sur le
Marché)." □
(*) LAWSON-DRACKEY,Soley, Un renouvellement du cadre d’analyse de la valeur des brevets, 2013
CULTURE SCIENTIFIQUE .- Le bas niveau de culture scientifique, en économie, en sociologie, en
psychanalyse, en linguistique, etc., est à mettre au compte de l'effondrement de l'enseignement des
sciences humaines dans l'université, effondrement s'expliquant par la suspicion nourrie à l'égard de ces
disciplines. Le résultat est là : après un quart de siècle d'indépendance, l'Algérie n'a pas de
sociologues, de philosophes, d'économistes ... dignes de ce nom. Non seulement le gouvernement ne
maitrise pas les grandes tendances de l'économie nationale, mais il prouve à travers ses pratiques qu'il ne
perçoit pas, au niveau théorique, les principes dynamiques qui l'influencent.Comment le pourrait-il avec la
stérilisation de la recherche en sciences humaines et l'assèchement de l'université? L'université ne produit
pas d'études, ne publie pas de revues, ne diffuse pas de cours polycopiés et d'ouvrages... dans lesquels
les problèmes de la société algérienne seraient approchés. Pire encore, l'université ne dispose même pas
de bibliothèque ou enseignants et étudiants pourraient consulter les journaux, les revues et les ouvrages
publiés à l'étranger. Comment produire un article scientifique, comment entreprendre une recherche sans
environnement documentaire? L'enseignant, ainsi que le journaliste dans sa profession, sont réduits à
émettre des opinions individuelles qui, pour intéressantes qu'elles soient, ne sont que des opinions
personnelles. Le mépris dans lequel les sciences sociales ont été tenues, est aujourd'hui payé trés cher par
la collectivité nationale. Les autorités doivent prendre conscience des sciences humaines, non comme
discours apologétiques, dont certains attendent qu'ils confortent leur pouvoir, mais comme modalité de
connaissance des faits sociaux, si toutefois les dirigeants ont conscience que la société - en tant que fait
de nature - peut être objet de science.
MAITRISE DE LA TECHNOLOGIE .- L'intérêt porté au transfert de technologie a suscité de nombreuses
recherches, études et analyses quant à ses objectifs et à ses finalités. Le transfert du savoir- faire ne
relève pas d'une simple transaction commerciale car il a des implications politico-économiques. Le
transfert de technologie conçue et réalisée par les pays industrialisés engendre un état de dépendance de
l'Algérie en matière de pièces de rechange, produits chimiques, de know-how d'exploitation. Le savoir- faire
de production des usines vendues clés en main ou produits en main ne demeure pas acquis car le
personnel local ne maitrise pas le fonctionnement des unités pour atteindre un régime satisfaisant de
production. La notion de transfert de savoir- faire apparait plus ambiguë contrairement à la notion de simple
transfert d'un équipement ou de transfert de connaissances théoriques. Cette difficulté est liée à la nature
même de savoir-faire qui est contingent et propre à un individu, qui fait corps avec lui. Résultat d'une
accumulation au cours d'années d'expériences positives, mais aussi de difficultés et d'erreurs, le
savoir-faire ne peut être que la résultante d'un processus intellectuel et manuel d'un individu au bout d'une
certaine période. La réussite d'un transfert dans le sens d'une parfaite assimilation du savoir-faire exige
que le récepteur doit se doter d'une stratégie, d'une structure, d'une bonne définition des besoins et des
priorités. Cela étant, il est souvent difficile de faire admettre aux agents la nécessité d'un changement, si le
besoin n'est pas identifié, réel, clairement exprimé et reconnu par les utilisateurs, ces derniers
n'accepteront probablement pas les actions de transfert de savoir- faire et seront des facteurs de blocage.□
RECHERCHE SCIENTIFIQUE .- □ Rétrospective  : En 1994, une étude publiée par le centre du
développement des technologies avancées révèle que le potentiel humain de recherche évalué
actuellement en Algérie à 4.000 hommes/temps plein, soit 164 chercheurs par million d'habitants, reste
nettement en deçà de la moyenne mondiale. Les objectifs fixés par l'ONU en 1981, à savoir 250 chercheurs
par million d'habitants dans les PVD, sont loin d'être atteints. La Tunisie en compte 560, l'Egypte 500, le
Ghana 240, l'Asie 400, l'Amérique latine 580, l'Europe 1500, l'Amérique du nord 2000, le Japon 450.
Reléguée en Algérie au dernier rang des préoccupations des pouvoirs publics, la recherche a fini par ne
plus exister, sauf occasionnellement dans les discours officiels et les promesses de sa relance qui tourne à
la désillusion. Hormis un effort d'investissement en matière de grands équipements, la recherche aux plans
de son fonctionnement, de son statut social du chercheur, n'a jamais bénéficié de cette priorité que lui
reconnaissait, par ailleurs, le discours politique. 0,18% du PNB est réservé à la recherche et 80% de ce
montant servent au paiement des salaires et indemnités des chercheurs.
Le pays est en passe de voir tous ses chercheurs s'expatrier comme l'ont déjà fait 3.000 vers une vingtaine
de pays. Sur les 18.000 restants, 4.000 seulement sont considérés comme permanente et les 14.000 autres
se sont tournés vers l'enseignement ou occupent des fonctions administratives dans différentes structures
du ministère. La relance de la recherche signifiant volonté de fin de dépendance de l'Algérie vis àvis de
l'étranger risquerait de gêner certains intérêts et activités de spéculateurs cachés derrière des postes de
responsabilité. Beaucoup de projets existent en certains domaines et cependant de nombreux obstacles
surgissent sur les plans financier et bureaucratique entre la phase théorique et le stade final. Le manque
de moyens financiers et certaines raisons de rentabilisation ne permettent pas la redynamisation des
structures de recherche.
Un projet de loi- programme à projection quinquennale (1998-2002) sur la recherche scientifique et le
développement technologique hiérarchise dans un ordre de priorité 28 domaines portant sur

744
l'agriculture, les ressources en eau, l'environnement, l'aménagement du territoire, le développement des
régions arides et des hydrocarbures, en passant par les biotechnologies spatiales ou encore l'urbanisme, la
santé et les transports. Fidèle à sa logique d'austérité et de désengagement tous azimuts, le gouvernement
s'est gardé dans ce texte de faire preuve de générosité sur le plan financier. En effet, le texte prévoit
"l'autonomie financière" du laboratoire de recherche. Un euphémisme pour indiquer qu'en fait qu'il ne faudra
pas compter sur les fonds publics pour le financement de la recherche scientifique plus que ce que le
gouvernement voudra bien engager. Toujours sur le registre des moyens, il est prévu la création d'un
nouveau type d'institution appelée "établissement public à caractère scientifique et technologique". Une
institution, qui à son tour, sera autonome financièrement et qui aura comme prérogatives de créer de
petites entreprises économiques de valorisation des résultats de la recherche. Les laboratoires de
recherche existants à l'heure actuelle devront par conséquent adopter les statuts de ce genre d'institution.
L'un des objectifs du projet est d'augmenter la part du produit intérieur brut réservée à la recherche
scientifique de 0,2% à 1% d'ici à l'an 2000. La somme cumulée que le gouvernement compte débourser
dans ce cadre s'élève à 147 milliards de dinars. Il est projeté par le gouvernement actuel de légiférer pour
faire passer le nombre de chercheurs à près de 16.000 en 2002, soit 10.000 de plus en l'espace de Cinq
ans.
►En Septembre 2012 , le budget alloué à la recherche scientifique en Algérie est, au titre du quinquennat
2010-2014, de 100 milliards de DA. Ce budget représente à peine 0,63% du produit intérieur brut (PIB) du
pays. Il faut additionner les budgets de fonctionnement et d'équipement à celui du Fonds national de la
recherche scientifique et du développement technologique (Fnrsdt) pour parvenir à un PIB de 0,63%.
L'objectif sera d'atteindre 1% du PIB, qui restera encore loin de la moyenne de certains pays émergents,
qui tourne autour de 1,5%. Le financement de la recherche scientifique pour 2011 avoisine les 30 milliards
de DA. Cette enveloppe est censée permettre de mener à terme les projets de construction de 846
laboratoires que nécessite le plan de développement jusqu'à 2014.
►Le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique (DGRSDT) au
niveau du ministère de l'enseignement supérieur, Abdelhafid Aourag, est très présent sur les médias durant
quelques jours, à l'occasion de la tenue à Alger, du 18 mai au 23 mai 2017, du Salon national de la
recherche scientifique. Sur les ondes de la chaine3 de la radio nationale, M. Aourag a fait une sorte de
bilan de la recherche scientifique en Algérie, en mettant en relief ses réussites et en pointant du doigt ses
faiblesses. L'essentiel de son message est de plaider la cause de la recherche scientifique en général, et
surtout le fait qu'elle s'implique davantage dans l'effort de développement de notre pays. Il cite, dans cette
optique, plusieurs exemples de succès de la collaboration féconde qui peut exister entre l'Université
algérienne et les sphères de l'entreprise et de l'économie. "La recherche scientifique, révèle M. Aourag, a
généré cette année, en fonds propre, un chiffre d'affaires de 1,5 milliards de dinars, soit le 1/3 des 4,6
milliards de dinars de son fond de fonctionnement total". Il projette une augmentation de ce chiffre
d'affaires, qui est le fruit des idées innovantes des chercheurs algériens, à 10 milliards de dinars à l'horizon
2025. Parmi les succès de cette recherche scientifique, née dans les laboratoires de l'Université algérienne
mais qui a impacté le monde de l'entreprise et de l'économie en réalisant des plus-values, Abdelhafid
Aourag, cite l'Ecole polytechnique d'Oran, le Centre de recherche en technologie industrielle (qui emploie
quelques 200 personnes), le Centre de développement des énergies renouvelables (qui a signé des
partenariats avec le ministère de la Défense nationale, la gendarmerie nationale, la DGSN et la Sonatrach)
ainsi que le Centre de développement des technologies avancées dont la filiale commerciale vient d'être
rachetée par Algérie-Telecom pour son fort potentiel d'innovation. Il signale aussi qu'une "gare intelligente"
va être mise en service à Bordj Bou Arreridj grâce à une joint-venture audacieuse entre la SNTF et un
laboratoire de recherche algérien. Pour Abdelhafid Aourag, l'Etat a consenti beaucoup de moyens pour
encourager la recherche scientifique dans notre pays. "Mais, précise-t-il, on a privilégié le nombre plutôt
que le résultat. 25% des laboratoires de recherche vont être dissous pour insuffisance, dont la moitié est
issue des sciences humaines et sociales". Il y aura à l'avenir, un nombre de 30 ou 40 laboratoires
nationaux, qui bénéficieront des plus grands budgets et des meilleures compétences et sur lesquels misera
l'Algérie pour booster en amont son développement. Enfin, le Directeur général de la recherche scientifique
au MESRS, pour susciter l'intérêt des médias vers ce domaine décisif pour le développement de notre pays
qu'est la recherche scientifique, a annoncé "qu'un chercheur algérien, le Professeur Saïd Bouhalal de
l'Université de Sétif a découvert un processus inédit de "réversibilité des polymères" qui permettrait, dans
sa concrétisation pratique, de recycler les déchets (industriels et ménagers) en produits non-polluants et de
protéger ainsi l'environnement. Ce qui serait une première mondiale !
►Décembre 2017 : Abdelhafid Aourag, a indiqué que le financement de 300 laboratoires de recherche ayant
présenté un «bilan négatif» au cours des dernières années avait été suspendu. «Le ministère a décidé de
suspendre le financement de 300 laboratoires de recherche en raison d’un bilan d’activités négatif au cours
de la période 2014-2016», a précisé M. Aourag dans une déclaration à l’APS, en marge de la session
annuelle du Conseil national d’évaluation de la recherche et du développement technologique au siège du
ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Il a ajouté que certains de ces
laboratoires «risquent la fermeture». «Ces laboratoires ont deux ans pour améliorer leurs résultats avec
leurs propres moyens et sans financement», a affirmé le responsable, précisant que «la prochaine
évaluation se fera selon 120 critères internationaux utilisés dans de grands pays, comme les Etats-Unis
d’Amérique, en vue de mesurer l’apport du programme de recherche au développement technologique et
économique». Intervenant lors des travaux du Conseil national, M.Aourag a annoncé que les services du
ministère de l’Enseignement supérieur avaient procédé entre 2014 et 2016 à l’évaluation de 1.207

745
laboratoires de recherche, précisant que 70% de ces laboratoires avaient présenté un «bilan positif». Le
responsable a dressé un «bilan positif» du développement de la recherche scientifique en 2016, affirmant
que «l’Algérie arrive en deuxième position dans le monde en termes d’évolution du nombre de publications
scientifiques, dont 91% concernent les sciences et technologies». □ (APS)
◙ Organisation de la Recherche  en Algérie*: L’apport de la science et de la technologie dans le
développement social et économique n’est plus à démontrer. La vraie question est donc comment organiser
ce secteur pour arriver à bâtir une vraie recherche scientifique au service de la société ? Répondre a cette
question signifie qu’au moins deux conditions ont été réunies :
1) Une stratégie de développement basée sur la mise en place d’une industrie doit être tracée sur le cours,
le moyen et le long terme par les pouvoirs politiques. Tous les secteurs d’activité comme par exemple
l’agriculture l’énergie et aussi les services ne peuvent se développer que dans un environnement industriel
performant.
2) Un système de formation de qualité capable de s’adapter et de s’approprier continuellement le savoir et
la technologie doit être le souci permanent de tous. C’est une nécessité pour contribuer à résoudre les
problèmes posés par la société et les entreprises. Ces deux conditions sont loin d’être réunies dans
notre pays. Le plan d’industrialisation du pays a été abandonné depuis le début des années 80. Le fameux
plan de restructuration des entreprises a fini par faire disparaître les quelques entreprises d’une industrie
naissante.L’école et l’université ont aussi subi, depuis par ricochet, les méfaits de cette politique de
désindustrialisation. L’université algérienne fonctionne renfermée sur elle- même et isolée de la société. La
majorité des entreprises, aujourd’hui, se trouvent versées dans le montage de produits importés ou au
mieux fabriquer des accessoires qui ne demandent pas une maîtrise technologique particulière. Peuvent-
elles absorber les produits de la recherche scientifique ou investir dans la recherche développement ?
Difficile de répondre par l’affirmative à cette question. Les problèmes traités par nos chercheurs resteront
pour un temps encore indéterminé, presque exclusivement, des ‘produits’ importés des laboratoires
étrangers. C’est une recherche de formation à défaut de se définir une recherche de développement. Les
conditions objectives pour le développement de la recherche scientifique dans notre pays ne sont pas
encore réunies. Nous avons des chercheurs algériens mais ne n’avons pas de recherche scientifique
algérienne. Le directeur de la DGRSDT gère la recherche mais ne l’organise pas. ◙ MEZGHICHE Mohamed
(2018).

LES SCIENCES HUMAINES


ARCHEOLOGIE.- Malgré l'existence d'institutions étatiques inefficaces pour sa valorisation,
l'Algérie ignore beaucoup de son patrimoine archéologique , oeuvre léguée depuis la préhistoire qui
recèle intrinsèquement une symbiose entre l'africanité, la méditerranéïté, la berbérité, l'islamité et l'arabité.
Cet immense héritage, qui puise sa diversité de différentes sources civilisationnelles, a fait l'objet de
nombreuses recherches plus internationales que nationales. Cette passivité nuit au recouvrement de
l'identité algérienne, de l'universalité de son passé et à l'entreprise du projet de modernité, à partir des
sites archéologiques quelles que soient leurs périodes historiques. Des efforts individuels sont déployés
par de simples citoyens à travers d'associations culturelles, des chercheurs et certains enseignants et
étudiants, témoignent de l'existence d'une communauté archéologique qui se dévoue pour défendre la
cause et dénoncer les atteintes ou les pillages constatés.
ARCHIVES HISTORIQUES .- L'Algérie, et le Maghreb dans son ensemble, sont, depuis la plus haute
antiquité, intégrés au monde méditerranéen et participant à un large courant d'échanges et de
communication à travers les différentes civilisations qui se sont succédées. A l'entrée du 3 è m e millénaire,
la nouvelle configuration géopolitique qui se dessine, aux conséquences tant économiques, politiques que
culturelles, incite à une plus grande quête de patrimoine. Pour une adaptation judicieuse à ces
transformations, le dialogue déjà fructueux, établi depuis plusieurs siècles, entre les riverains de la
Méditerranée, doit se développer et s'intégrer à ce processus. La reconstitution de l'histoire du patrimoine
algérien intellectuel et de la mémoire collective impose à la région un recentrage et une réhabilitation de
l'identité nationale, dans son entité physique humaine et économique. La prise en charge des matériaux de
l'histoire de l'Algérie inclut, sous peine d'être incomplète, les données fournies par les fonds d'archives qui
se trouvent pour l'essentiel, à l'étranger (pays d'Europe, du moyen orient et d'Asie) et pouvant toucher la
vie administrative, politique, culturelle, économique et sociale du pays. Il s'agit des archives historiques de
l'Etat algérien de l'antiquité à l'indépendance. Cette entreprise se devrait d'apporter une contribution active
à la mémoire universelle. La démarche procède de l'instauration d'échanges et de communications
avec des partenaires nationaux et étrangers à associer à cet objectif : "les matériaux sur l'histoire se
rapportant à l'Algérie". Outre sa vocation d'animation scientifique et culturelle, cette mission de
récupération et de reconstitution s'assignerait comme autre objectif, une autre mission : la propection et
l'évaluation des sources historiques de l'Algérie des origines à nos jours. La production de biens culturels
(revues, bibliographies,...) à partir de la documentation collectée susciterait à travers le monde l'intéret de
chercheurs sur l'histoire de l'Algérie. La reconstitution des sources concernant l'histoire de l'Algérie relève
surtout de la bonne volonté des chercheurs algériens à faire un travail d'investigation dans ces pays ou il
n'y a pas d'archives qui ne fassent pas référence à l'histoire de l'Algérie.□

746
SOCIETE.- La société algérienne, à la fois vieille de millénaires et à peine adolescente sur le plan de son
indépendance, société riche d'une multitude culturelle et d'une unicité qui montre la valeur et l'importance
de ses différences, connait des bouleversements et des mutations d'une ampleur sans précédent. D'origine
berbère (kabyle, chaouia, mozabite, targuie,...) dont la langue s'est transmise plus par l'oralité que par
l'écriture, la société s'est islamisée totalement et assimila l'arabité civilisationnelle comme capital social et
spirituel. Ces acquis constituèrent le ferment de l'identité algérienne et donc de la nation algérienne qui
refusa l'occupation ottomane puis la colonisation française. Ces dernières, néanmoins ont laissé des traces
car le patrimoine historique de l'Algérie a retenu certains dividendes culturels appréciables.
TOPONYMIE.- La toponymie algérienne est au carrefour de plusieurs sciences. Sa formation est tributaire
de sa nature géographique, historique, sociologique, ethnographique et linguistique.
□ La Toponymie en Algérie  :
1. Regard sur l’aspect général  : La toponymie est l'étude des noms des lieux. Elle se penche sur les
origines, l'étymologie des appellations des sites et des lieux : villes, villages, rues, oueds, lacs, mers,
montagnes, plaines, etc.
Il existe plusieurs branches ou catégories (Encyclopédia universalis 1996 p 758) :
- L’anthroponomie : noms de personnages
- L’onomastique : étude des noms propres
- L’oronymie : étude des noms de montagne.
- L’hydronymie : étude des cours d’eau et des oueds.
- La microtoponymie : étude des noms des ‘’lieux dits ‘’.
- L’odonymie : étude des noms des rues.
Cette science est essentiellement anthroponymique. Elle se réfère à des personnages charismatiques:
religieux, politique, guerrier, historique, sages et bien d'autres.
Elle a obéit à toutes les langues et les cultures que traversa le pays: les puniques, les berbères, les
carthaginois, les phéniciens, les arabes, les espagnols, les turcs, les français et les algériens. Le nom
propre d’un lieu n’est pas anodin, il obéit à la culture locale.
L’Algérie a subi plusieurs invasions de longues durées. Le dernier conquérant traduit dans sa langue les
noms propres des lieux qu’il trouve. Ce procédé est souvent incommodant et ne reflète plus la réalité. Nous
retiendrons la période coloniale française de 1830 à 1962. Exemples :
-Tiaret, région du centre ouest d’Algérie, s’appelait jadis ,avant la colonisation française Tahert (lionne)
capitale des Rostémides, fondée en 787 par Ibnou Rostom.
-Blida, proche banlieue d’Alger, jadis Elboulaida en arabe, petite ville, fondée vers l’an 1500 par sidi Ahmed
el Kbir.
Selon une étude d’Arthur Pellegrin (1) du 15 mars 1952 qui cite A. Dauzet , l’oued Isser proviendrait
d’Isère, affluent du Rhône en France ou Vézère, affluent de la Dordogne, etc.
En se référent à la langue arabe cela veut dire ’’ paix’’.
L’arrivée des arabes ne s’est pas faite sans heurts, et sans batailles qui se terminèrent par la paix, youssr
en arabe donnant en langue latine Isser. Tout comme l’oued Djer, toujours selon Arthur Pellegrin(1), citant
E. LAOUST, qui proviendrait de Gers, affluent de la Garonne ou Cher, affluent de la Loire. En arabe, cela
donne, trainer ou emporter. C’est ce que fait cet oued venant des versants Est du Zaccar vers la mitidja lors
de fortes précipitations et de crues, particulièrement en automne.
Selon le chercheur français Hervé Guillorel (2) "lorsqu'on ne peut pas attribuer à une langue connue
l'origine d'un nom, on ouvre la voie à toutes les formes d'inventions et de reconstitutions pouvant poser des
problèmes". En 1962 une débaptisation souvent anarchique ne s’est pas faite sans erreurs : La toponymie
de Téfeschoun n’étant pas de l’ère coloniale française devint Khémisti-ville en 1962.
2. Ses perspectives de développement  : C'est à l'université que revient la tâche et la responsabilité de
prendre en charge la formation des chercheurs.
A court terme, Un état des lieux est impératif pour évaluer et classer les catégories et les différentes
branches de la toponymie en Algérie. Le conseil national de l'information géographique (CNIG) a
recommandé lors de sa réunion en février 2007 la mise en place d'une structure permanente chargée de la
gestion et de la normalisation des noms des lieux. A moyen terme, la débaptisation de certaines
appellations de l'ère coloniale s'est faite dans la précipitation: Clos salambier devrait retrouver son origine,
Salem-Bey tout comme sa commune voisine Hussein-Dey. Télémly doit revenir à ses origines Talamela
source ou fontaine d'eau claire ou limpide.
Sur le long terme, une académie de la toponymie serait la bienvenue avec des chercheurs anthropologues,
géomètres, géographes historiens, linguistes, ethnologues, psychologues, et autres. Selon le groupe
d’experts des nations unies pour les noms géographiques , L’INCT (3) (L’Institut National de Télédétection)
et le Conseil national de télédétection collaborent pour mettre en place une Commission nationale de
toponymie qui aura pour tâche "de formuler des principes, des règles et des procédures à respecter dans la
dénomination et l’écriture des noms de lieux géographiques, ainsi qu’à établir et à normaliser la
terminologie géographique, et d’adopter un système de translittération des caractères arabes aux
caractères latins, conformément aux recommandations des Nations Unies et de la Ligue arabe". Le
développement de la toponymie en Algérie doit commencer au niveau de la commune. A l’aide du plan
cadastral, plusieurs fiches pour différentes informations seront nécessaires pour contenir la banque de
données. Généralement les rues et artères ont déjà reçu les noms propres de femmes et d’hommes morts
sur les champs de bataille durant la guerre de libération nationale du pays. Par contre il serait souhaitable
de baptiser les quartiers et les lotissements qui portent des noms communs : ‘’nouveau lotissement ‘’ou

747
‘’lotissement communal’’. Egalement pour les rues qui s’y trouvent. Baptiser également les immeubles en
copropriété qui ont gardé le nom des entreprises qui les ont construites (cité coopemad, cité CNEP, cité
DNC, cité OPGI, cité EPLF, ou bien cité des 1000 logements cité des 256 logements etc...).
3. Conclusion  : La toponymie est un ciment et un catalyseur entre l’homme et son espace. Plus près de
nous et durant le siècle dernier sur chaque parcelle du pays ont eu lieu des évènements importants liés à
sa libération et à sa construction. A l’aide d’acteurs de ces faits et d’historiens, les spécialistes de la
toponymie pourront travailler et donner un nom ainsi qu’une fiche relatant l’évènement (dates, personnages,
etc.). Selon un spécialiste Algérien Mr Benramdane, (4)" Il est nécessaire de structurer et d'organiser les
noms géographiques qui constituent une carte d'identité patrimoniale et une mémoire collective pour toutes
les nations". Nos organisations, (FIG, FGF UGM) doivent de se pencher sur la toponymie et sa grande
richesse culturelle, historique, pour organiser des journées d’étude, conférences, communications. Enfin,
tout héritage culturel, transmis par voie orale subit une érosion voire un contre sens. L’écriture s’entend par
son caractère d’origine : en arabe doit rester en arabe, latin idem. Les exemples foisonnent. L’oued
Mazafran (limite administrative entre la wilaya d’Alger et de Tipasa), est à l’origine un vocable arabe, ma
voulant dire eau et zafran zaafran voulant dire safran.Mazaafran est une eau ayant la couleur du safran.
Durant les crues dues aux fortes précipitations l’eau prend la couleur des alluvions couleur se rapprochant
du safran. Autre exemple celui de Bouzaréah, commune de la banlieue ouest d’Alger. Cette ville culmine à
400 m d’altitude avec une vue panoramique sur les quatre points cardinaux ou les quatre vents viennent
s’embrasser. En arabe cela donnent bouss lerièh ; latinisé ces termes nous donnent Bouzaréah. Le
législateur est donc invité à créer les mécanismes et les moyens nécessaires pour asseoir et généraliser
définitivement la science de la toponymie en Algérie. □ Ahmed & Neïla CHIKHI (2012).
Références :
- Arthur PELLEGRIN, membre correspondant de l’académie des sciences coloniales.Dans la série culturelle
« La toponymie de l’Algérie » n°60 du 15 mars 1952 ;
- Chercheur français au CNRS cité par l’APS du 22.11.2010 ;
- Institut National de Cartographie, 123 rue Tripoli Hussein Dey, Alger ;
- Journal l’Expression du 28 février 2007
►L'apport berbère, arabe et français constituant le paysage toponymique dominant de l'Algérie, s'est fait
tout au long de l'histoire du pays, avec ses lacunes, ses insuffisances, voire ses erreurs dans la manière
d'écrire ou de choisir correctement le nom d'un lieu géographique. De multiples erreurs sont constatées à
travers des documents comparés et divers journaux officiels sur des toponymes. L'identité nationale étant
liée à l'identité des lieux géographiques du pays, la question de la normalisation des noms géographiques
exige la formulation de principes, règles et procédures pour fixer leur orthographie et leur application
officielles. La création d'une commission nationale de toponymie devient alors indispensable en tant
qu'autorité appelée à travailler avec différents départements ministériels et institutions. Sa mission est
d'une importance certaine pour les communications et le développement socio- économique du pays
notamment dans le commerce, le tourisme, la cartographie, le cadastre, le recensement et la planification.
En effet, l'efficacité des communications dépend en grande partie de l'utilisation correcte des noms de lieux
portés sur les cartes, dans les médias, sur les panneaux de signalisation routière ou dans divers
documents. Mise à part la tentative qui consista à translitérer en caractères latins les noms des grandes
villes algériennes, aucune politique en la matière n'a pu être entreprise (voir décret n° 81-27 portant
étalissement d'un lexique national des noms de villes, villages et d'autres lieux). L'Algérie occupera le
poste de vice-présidente de la 7ème conférence des Nations-Unies sur "la normalisation des noms
géographiques".
► Huitième Conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques (Berlin, 27 août-5
septembre 2002). : Rapports des gouvernements sur la situation dans leur pays et sur les progrès
accomplis quant à la normalisation des noms géographiques depuis la septième Conférence. Présents : 88
États Membres et d’un État non membre de l’Organisation des Nations Unies, de deux institutions
spécialisées, d’une organisation intergouvernementale et de quatre organisations scientifiques
internationales et 39 observateurs. Le rapport de l’Algérie (E/CONF.94/INF.37) contenait des observations
sur l’autorité toponymique algérienne, les guides toponymiques, la compilation d’une base de données sur
les noms et l’harmonisation des noms et les systèmes d’écriture en Algérie, ainsi que sur les publications,
les réunions et les conférences et le système de transcription utilisé en Algérie. L’Algérie a soumis un
rapport (E/CONF.94/INF.36) sur la structure administrative de la toponymie algérienne (Traitement des
noms dans les services compétents). La Commission permanente sur la toponymie est l’autorité chargée de
toutes les questions liées au traitement officiel des noms. Le Comité toponymique approuve les bases de
données toponymiques, normalise les termes génériques et les abréviations pour la cartographie officielle
et approuve des guides pour les travaux toponymiques sur le terrain. Le représentant de l’Algérie a
présenté un rapport (E/CONF.94/INF.34) détaillant les six réunions régionales et nationales tenues en
Algérie depuis la septième Conférence. Celles-ci visaient à sensibiliser les membres locaux à l’importance
de la normalisation, des noms de lieu, de la toponymie, de l’onomastique, des toponymies régionales, de la
recherche, de la linguistique et de la translittération. Le représentant de l’Algérie a décrit la Base de
données nationale sur les noms géographiques (BDT_DZ) (E/CONF.94/INF.38) de l’Institut national de
cartographie et de télédétection (INCT), son contenu et les progrès accomplis depuis le dernier rapport
présenté à la vingtième session du Groupe d’experts en 2000. L’accent a été mis sur la conservation des
noms hérités et sur la diffusion de toponymes normalisés. Concernant les nomenclatures nationales, le

748
représentant de l’Algérie a présenté un rapport (E/CONF.94/INF.35), qui énumère les publications
toponymiques les plus importantes de son pays au cours de ces dernières années, telles que des revues,
des bulletins, et un livre intitulé "Noms et lieux – souvenirs de l’Algérie oubliée". Terminologie de la
normalisation des noms géographiques : Le dernier document concernant les travaux de la Commission
technique II (E/CONF.94/INF.33), qui contenait une liste de 41 termes généraux utilisés dans les noms de
lieu algériens sous leur forme normalisée, a été présenté par le représentant de l’Algérie. Par ailleurs, et à
titre indicatif, le rapport du Maroc (E/CONF.94/INF.76) évoquait les relevés cartographiques précis du pays
à différentes échelles, les noms géographiques occupant une place importante dans le patrimoine social et
culturel du pays, les noms géographiques arrêtés par les autorités supérieures, l’organisation de la
première conférence nationale sur la toponymie et la reconnaissance de l’importance de la toponymie par la
population marocaine. Le rapport du Viet Nam (E/CONF.94/INF.44) indiquait que le pays participait pour la
première fois à la Conférence. Il donnait une idée générale de la situation du pays et des systèmes
d’écriture et caractéristiques uniques de la langue concernant les noms géographiques. Il mentionnait aussi
l’administration chargée des noms géographiques au Viet Nam et la normalisation et les principes de
sélection des noms géographiques. Le Viet Nam faisait appel à l’Organisation des Nations Unies et aux
autres pays présents à la Conférence pour qu’ils l’aident à se doter de son propre programme de noms
géographiques. Coopération avec les médias : Le Coordonnateur du Groupe de travail sur les stages de
formation à la toponymie (Président de la Commission III) a souligné que l’on devait s’efforcer d’inclure les
régions du monde qui n’avaient pas jusqu’à présent bénéficié de cours de formation en toponymie et a
déclaré que le Groupe de travail organiserait selon les priorités les documents dont la publication était
susceptible de servir à des fins éducatives. La conférence a en outre recommandé que les divisions
linguistiques/géographiques et les groupes de travail du Groupe d’experts des Nations Unies sur les noms
géographiques poursuivent leurs réunions conjointes afin d’apporter une réponse aux besoins régionaux en
ce qui concerne la formation à la toponymie, les fichiers de données et les nomenclatures, les systèmes de
romanisation, la publicité et le financement, ainsi que la terminologie. Représentants algériens : Brahim
Atoui, Directeur en second de l’Institut national de cartographie et de télédétection (INCT), Abdelaziz
Medjrab, Service géographique de l’armée, Mustapha Benabdallah, Conseiller au Ministère de l’intérieur et
Aissa Romani, Conseiller à l’ambassade de la République algérienne démocratique et populaire □ Source :
E/CONF.94/3. Publication des Nations Unies (2003).

749
LES SERVICES
LA DISTRIBUTION
• Cigarettes • Concessionnaires/grossistes•.Marché du médicament• Salles de cinéma • Secteur informel •
Supports publicitaires•Surgélation•
LA SOCIETE DE SERVICES
• Affaires immobilières • Bancassurance • Commerce/Distribution • Ingénierie • Maintenance • Marché
publicitaire • Postes & Télécommunications • Profession • Publicité • Services Marchands • Tourisme
défavorisé • Transport de marchandises •.
L'ORGANISME FINANCIER
• Assurances • Assurance agricole • Banques • Intermédiation financière • Marché des assurances•
Réassurance • Secteur bancaire•
LE TOURISME
• Désert du Sahara • Destination Algérie non valorisée • Ecotourisme • Hôtellerie • Or jaune • Politique
touristique• Thermalisme• Tourisme à structurer • Tourisme saharien •

LA DISTRIBUTION
CIGARETTES.- Les importations de tabacs ont explosé de 30 à 375,1 millions de dollars en dix ans (*). Les importations
algériennes de tabacs ont augmenté quatre fois plus vite que le total des autres importations entre 2004 et 2014.Sous
l’impulsion du partenaire émirati de la SNTA. Et la bienveillance des autorités. La facture d’importation de tabacs représentait 
0,64% du total des importations du pays en 2014. Ce ratio n’était que de 0,17% dix années plus tôt. Les importations de tabacs
se sont multipliées par 12 durant cette période. L’Algérie était le pays qui présentait  le plus faible déficit dans sa balance tabac
(importations vs exportations) en 2004 parmi un panel de pays de la région comprenant L’Egypte, le Maroc, et la Tunisie. En
2014 le déficit de la balance tabac de l’Algérie est à lui seul supérieur au déficit cumulé de ces trois autres pays. Le rythme de
croissance de l’importation des tabacs en Algérie présente des anomalies étourdissantes. Sur une base 100 en 2004, il atteint
l’indice 1232 lorsque la croissance des importations des tabacs dans le monde passe de l’indice 100 à 162 et celui de la totalité
des importations algériennes passe de 100 à 320. Ces chiffres disponibles sur le site de bases de données du commerce
international des Nations Unies (www.comtrade.un.org ) montrent un bond en avant des importations algériennes de tabacs
dès 2005 ou elles passent de 30 millions de dollars en 2004 à 48 millions de dollars pour passer largement la base des 100
millions de dollars dès 2007 (129,1 millions de dollars).
Les émiratis emballent le marché : L’emballement des importations algériennes de tabacs correspond à l’entrée en activité en
2005 de la STAEM, la société des tabacs algéro-émiratie, détenue à 51% par un consortium émirati et à 49% par la société
nationale des tabacs et allumettes (SNTA).  La STAEM créée en 2002 a obtenu l’autorisation d’importer à titre transitoire des
marques de Phillip Morris (leader mondial de la filière). L’activité production a tardé à se développer et l’importation notamment
à partir de la Suisse pour les deux marques Marlboro et L&M a littéralement explosé sous l’œil complaisant du gouvernement
algérien.  Le consortium émirati a cédé en 2013 la moitié (49%) de sa part dans la STAEM à son fournisseur principal à
l’international, Philipe Morris.  Un second acteur international, l a British American Tobacco BAT, s’est également implanté en
Algérie combinant importations et site de production à Oran. L’activité de la SNTA a également continué à se développer
(Constantine, Sig) et à impacter les importations de feuilles de tabac, la production locale ne permettant de faire face à la
demande du marché domestique. Les 375 millions de dollars payés à l’importation en 2014 n’intègrent pas les  25% à 30% des
cigarettes qui entrent par la contrebande en Algérie.
Un puissant lobby du tabac au parlement : La croissance sidérante des importations des tabacs en Algérie bénéficie clairement
d’un lobby parlementaire efficace ainsi que d’une complaisance criarde au sein du gouvernement et à sa tête. Les propriétaires
émiratis, américains et britanniques des acteurs de marché (STAEM, Philipp Morris, et BAT) militent depuis des années contre
un « choc fiscal » qui rende plus onéreux l’achat des cigarettes en Algérie. L’argument constant ce lobbying est celui de
maintenir l’activité de la production du tabac (et son importation) comme le second secteur contributeur fiscal de l’Etat après le
secteur pétrolier (plus de 350 milliards de dinars de taxes prélevés en 2012). Une hausse importante et brutale de la fiscalité
sur le tabac provoquerait un recours massif des consommateurs au marché parallèle et serait finalement contre-productif pour
les recettes fiscales du trésor. Cet argument a été entendu à deux reprises au sein des commissions de l’APN pour aboutir à la
modération de la taxation fiscale des tabacs, y compris depuis que le gouvernement cherche de nouvelles ressources pour faire
face à la chute des recettes énergétiques. Les coûts de soins de santé liés aux pathologies du tabagisme ne sont jamais
évoqués dans l’équation globale de la filière du tabac qui continue à être traitée avec une grande bienveillance par les autorités
algériennes. Le ratio nombre de cigarettes consommées  par adulte et par an fait de l’Algérie (577 cigarettes) le pays où l’on
fume le plus sur le continent africain après la Tunisie (1532). □ (*)
Maghrebemergent.info du 01.06.2016.
CONCESSIONNAIRES-GROSSISTES .- La réhabilitation de cette fonction en août et septembre 1990, au
travers de la loi de finances 90, la circulaire 63 du ministère de l'économie et textes subséquents visent
donc avant tout à permettre aux opérateurs algériens, de disposer dans des délais raisonnables des inputs
indispensables à la production en substituant à un marché informel (importations sans paiement et
marché noir) un marché réglementaire et transparent sur lequel le vendeur assure un service après-
vente effectif. Au travers du décret 91-37 du 13.02.91 et du règlement 91-03 du 20.02.1991 émanant de la
banque d'algérie d'autres dispositions édictant des règles d'importations et de financement de celles-ci,
communes à tous les opérateurs de droit agérien ( y compris les concessionnaires grossistes étrangers
agréés ). Désormais, toute personne physique ou morale régulièrement inscrite au registre de commerce

750
peut procéder au titre de grossiste, sur simple domiciliation bancaire et sans aucun accord ou autorisation
administrative préalable, à l'importation de tous produits et marchandisees qui ne font pas l'objet de
restrictions ou prohibitions. Les produits pouvant faire l'objet d'un agrément sont essentiellement destinés à
l'appareil de production. L'activité du concessionnaire ou du grossiste peut être exercée par des personnes
physiques ou morales, résidentes ou non résidentes. Ces activités peuvent être exercées directement par
les producteurs concernés, par des concessionnaires, des regroupeurs, des distributeurs de gros et tout
autre agent économique dûment mandaté pour le compte de tout producteur. Les domaines d'intervention
ouverts aux concessionnaires grossistes sont fixés par un arrêté. En matière de cmmerce extérieur, outre
son inscription au registre de commerce, le grossiste doit être titulaire d'un cahier des charges qui fixe
l'étendue des prestations d'importation intéressant les produits de large consommation ainsi que les
conditions requises d'exercice de sa profession. Une liste détermine les catégories de ces produits dont
l'importation est soumise à la délivrance d'un cahier des charges.
MARCHE DU MEDICAMENT .- Avant de se retrouver derrière le comptoir d‘une pharmacie, un médicament passe par
différentes phases, de la découverte de la molécule à la fixation de son prix par les autorités publiques. L‘accès au marché du
médicament est donc un processus complexe, qui peut durer plus de dix ans, et qui est soumis à différentes contraintes tant
techniques qu‘administratives. Après expiration des brevets qui les protègent, les spécialités pharmaceutiques passent dans le
domaine public. Les molécules peuvent alors être produites par d‘autres entreprises pharmaceutiques. Ces copies conformes
sont appelées « Médicaments génériques », et sont généralement vendues sous leur dénomination commune internationale
(DCI). Conscient de la menace qui planait sur notre système de santé, le gouvernement Algérien a voulu réduire les dépenses
de santé par différentes mesures et notamment en favorisant le développement des médicaments génériques, sources
d‘économies.
◙ Les principales caractéristiques du marché algérien du médicament sont; sa taille relativement élevée, sa forte croissance et
une dépendance très forte des marchés extérieurs. Le marché du médicament a une finalité humaine et un caractère social
puisque qu‘il «… participe à cette nécessité vitale de soigner les pathologies et de sauver des vies humaines »selon Jean-Louis
Machuron, Membre du Conseil d’administration d’Aide Médicale Internationale. Mais il est également un marché qui draine
beaucoup d‘argent et qui n‘échappe pas à la loi du plus fort. Si le marché pharmaceutique africain, ne représente qu‘à peine 1,3
% du marché mondial, on constate que les extrémités du continent s'arrogent les plus larges parts de ce marché : environ 1/3
pour le Maghreb et plus du ¼ pour l‘Afrique du Sud. Et au Maghreb, l‘Algérie est le 1er marché pharmaceutique. Elle est
également un gros importateur de médicaments de France, qui demeure son premier fournisseur avec 70 % de parts de
marché (470 millions d‘euros en 2007).2 Fin 2009, la facture global des médicaments s‘était établi à 1.670 million d‘euros (une
facture lourde qui confirme la dépendance par apport à l‘étranger ); alors que la production locale avait atteint l‘année 2010, 533
millions d‘euros ,selon le ministère, qui à relevé que 5400 médicaments ,toutes spécialités confondus ,ont été enregistrés à la
même période soit 1.022 appellations internationale communes. Cette facture du médicament qui se répercute sur les comptes
de la sécurité sociale et également sur la balance des paiements, inscrit le pays dans une tendance lourde et ascendante
d’importateur de produits pharmaceutiques, dont l’utilité et l’efficacité ne sont pas exemptes de réserves (2)
►le marché algérien des médicaments : 112 importateurs, 495 grossistes distributeurs, 7000 officines.
Production nationale : La production nationale pourrait constituer une alternative majeure pour une meilleure disponibilité d‘un
produit pharmaceutique national. Cependant cette jeune industrie est soumise à des problématiques liées à la maitrise des
process de fabrication, à l‘absence de savoir faire en matière de développement pharmaceutique, à un environnement
économique contraignant et au manque de stratégie industrielle intégrée.
♦ Maitrise des process de fabrication.
♦ Absence de savoir faire en matière de développement pharmaceutique.
♦ Environnement économique contraignant.
♦ Manque de stratégie industrielle intégrée et concertée. L‘absence de vocation industrielle de certaines entreprises
pharmaceutiques initialement importatrices de produits manufacturés et ayant répondues à une obligation de produire
localement :
□ Incapacité des industriels locaux à évoluer vers une maîtrise intégrée du process industriel de fabrication et évoluer des
phases de conditionnement à des phases de fabrication proprement dîtes seules a même de garantir une rentabilité suffisante
et donc un amortissement des investissements consentis.
□ L‘absence de capacités de développement technique et technologique, d‘une expertise réglementaire et juridique spécifique
et d‘une capacité de négociation internationale.
Distribution : L‘ouverture du marché de la distribution, à travers la démonopolisation de l‘importation et de la répartition, a
permis la création de près de 700 entreprises pharmaceutiques, couvrant l‘ensemble des gammes thérapeutiques et assurant
leur disponibilité sur tout le territoire national. Cependant l‘essor de ce secteur, peu encadré et insuffisamment règlementé, a
été accompagné par l‘apparition de phénomènes spéculatifs, préjudiciables à la disponibilité continue des produits
pharmaceutiques Aussi, sa marginalisation par les pouvoirs publics notamment à travers un nouveau dispositif de marges
inadapté risque d‘exacerber les problématiques de disponibilité.
Importation :
 Les opérateurs importateurs sont responsables en termes de disponibilité pharmaceutique conformément aux dispositions du
cahier des charges définissant leur programme d‘importation.
 Les fournisseurs internationaux qui alimentent le marché national a travers l‘importation de produits destinés à la revente en
l‘état doivent s‘engager et répondre à la territorialité de la responsabilité pharmaceutique y compris en matière de disponibilité
du produit.
 La responsabilité technique de cette activité est du ressort exclusif du pharmacien directeur technique.
 L‘environnement économique dans lequel l‘importation évolue a un impact sur les problématiques de disponibilité et en
particulier par la dévaluation continue de la monnaie nationale par rapport à l‘Euro en privant les opérateurs d‘un financement

751
stable avec pour conséquence directe une rupture de la chaîne d‘approvisionnement. (L‘Algérie s‘est résolue d‘interdire à
l‘importation 800 produits pharmaceutiques en 2012 contre 300 en 2009. La décision de ne plus importer des médicaments déjà
produits localement a été annoncée par le gouvernement le 21 octobre 2008 pour réduire la facture d‘importation et favoriser la
production locale qui ne couvre actuellement que 30 % des besoins du marché national (1)
1- L. Abed, L. Benbahmed, A. Touafek« enjeux et perspective de l‘environnement pharmaceutique en Algérie » CIOPF Paris,
2008.
2 - Dumoulin J., Kaddar M, et Coll « Le médicament au Maghreb et en Afrique noire francophone: une initiative de Frères des
Hommes avec la participation de l'industrie pharmaceutique ». Edition PUG, Grenoble, 1989.
►Le marché des génériques a triplé entre 2002 et 2007 : Les remboursements de génériques sont passés de près de 500
millions € en 2002 à 1,6 milliards € en 2007. Ce développement considérable résulte de la hausse continue du taux de
pénétration et de l‘élargissement progressif du répertoire des médicaments génériques, et ce, malgré les baisses de prix qui
sont intervenues pendant cette période. Ainsi, le taux de pénétration des génériques a fortement augmenté, passant de 53% à
fin 2004 à 82% à fin 2007. En janvier 2004, les génériques représentaient moins d‘une boîte de médicaments sur deux (dans le
champ du répertoire), aujourd‘hui, ce sont 4 boîtes sur 5. Parallèlement, le répertoire constitue aujourd‘hui 31% du total des
médicaments remboursés, contre 23% seulement en 2002. Au total, en 2007, comme sur l‘année 2006, les économies liées
aux médicaments génériques se montent à 1 milliard €, soulignant l‘importance de ce levier pour l‘équilibre du système de
santé. Source : l‘assurance maladie caisse
nationale, « Génériques »: Point à fin avril 2008-5 juin 2008.
►Les officines : Profession désorganisée et marginalisée jusqu’à la dernière décennie, les pharmaciens d'officine, qui auraient
dus être consultés sur tout ce qui touche au médicament, s'avèrent être de simples prestataires de services. En effet, des
décisions qualifiées d'incohérentes, sont souvent prises par les autorités sans tenir compte de l'avis des pharmaciens et de la
spécificité de leur profession. Il en est ainsi, par exemple, des opérations d'achats des médicaments dont la date de péremption
n'excède pas trois mois. D'où la question de réhabilitation de cette profession et son implication dans les activités du secteur.
La situation déplorable des pharmacies d'officine serait due à l'absence d'organisation socio-professionnelle à même de
prendre en charge les préoccupations professionnelles et de poser la question d'une faisabilité d'une politique du médicament
prenant en charge les aspects de la distribution et de la commercialisation. La "gestion" du médicament par les pouvoirs publics
obéit au moins à une constance : celle d'être constamment révisée et modifiée, sans se soucier des conséquences néfastes sur
l'accès aux soins pour les citoyens et sans se préoccuper des conditions d'exercer des professionnels de la santé, qui ont la
responsabilité de mettre les médicaments à la disposition des usagers. La mauvaise "politique" du médicament à l'actif du
gouvernement et l'absence d'une démarche cohérente transparente et ferme sur les prix ont eu, entre autres, comme
conséquence de perturber le circuit de distribution et de rendre très difficile l'accès au médicament. Les pouvoirs publics
refusent de négocier les prix à l'importation qui demeurent toujours libres et qui grèvent les dépenses de la sécurité sociale.
Entre temps, les entreprises publiques sont à l'agonie et les officines de pharmacie s'apprêtent à connaitre leur première
expérience dans le domaine de la privatisation. L'adjudication des 1200 officines est attribuée au plus offrant lorsque plusieurs
candidats ont postulé en même temps pour l'une d'entre elles. Les membres du syndicat des pharmaciens indiquent qu'ils ne
souhaitent pas que leur profession se retrouve sous la coupe de groupes d'intérêt étrangers à ce métier.
SALLES DE CINEMA .- Rétrospective  : En 1998, le taux de fréquentation des salles de cinéma a
considérablement baissé. Le manque d'allocation financière, le découvert bancaire, les défaillances
techniques des projecteurs, la mauvaise qualité des films et la baisse des recettes d'exploitation ont eu
raison du CAAIC (centre algérien pour l'art et l'industrie cinématographiques) dissous tout récemment
et qui était, il y a quelques années, le principal distributeur des 400 salles de cinéma en Algérie. Bien que
la technique de projection vidéo soit illégale d'après l'ordonnance 68/612 du 25 nov. 68 portant sur la
règlementation du CAAIC qui réserve la projection des films exclusivement pour le 16 mm et 35 mm, la
projection vidéo dans les salles reste tolérée. Autrefois, une importante subvention en devises était
allouée au CAAIC pour l'importation d'environ 240 titres (soit environ 4 millions de FF). Le ministère a
cessé depuis à contribuer aux finances du CAAIC, poussant l'entreprise à fermer ses portes. Un film, qui
coûte 9 à 10 millions de centimes acheté à 5 copies, en plus des droits d'auteur et du visa d'exploitation,
revient à 54 millions de centimes (recette d'exploitation brute). L'OREF (office riadh el feth) se charge des
transactions pour alimenter la seule salle qui projette des films en 35 mm, la salle Ibn Zeydoun. Ainsi, le
cinéma continue de cheminer vers l'extinction et, l'exploitation intensive et anarchique de la vidéo favorise
l'anéantissement de ce patrimoine culturel. Les salles de cinéma sont devenues dans un état de
délabrement avancé, manquant d'hygiène et de prestations de services.
►En 2015, 97% des salles sont toujours fermées : Ce constat qui peut être fait pour des salles d’Alger est encore plus
affligeant à l’intérieur du pays où certaines salles de cinéma servent au mieux à la projection vidéo, au pire tout simplement
fermées depuis des années. Hélas, le réflexe d’aller voir un film comme au bon vieux temps a complètement disparu. Ces
édifices qui faisaient le bonheur des cinéphiles algériens durant les années 70 et 80 où ils se rencontraient et partageaient des
moments de joie, sont aujourd’hui lugubres.
SECTEUR INFORMEL.- L’éradication du secteur informel parasitaire est tributaire de la réalisation d’une croissance
économique forte et durable, créatrice d’emplois. A ce niveau, il est urgent de mettre en œuvre les instruments de régulation et
de suivi du marché de l’emploi, les modes de financement de la PME (caisse de garantie des crédits d’investissements et fonds
de capital risque), et d’élargir le système financier par la création de banques d’investissements et de sociétés de financement,
et par le développement de nouveaux produits bancaires et de centres de conseil et d’orientation technologique. Ceci doit être
accompagnée d’une politique sociale consolidée, plus efficace et plus cohérente, en faveur de l’emploi permanent, notamment
pour les jeunes et les catégories de population défavorisées qui constituent le vivier du marché informel (jeunes, femmes, chefs

752
de famille sans revenus, personnes handicapées, chômeurs de longue durée…) et d’une lutte soutenue et efficace contre la
pauvreté. Dès lors, une alliance objective des tous les opérateurs économiques publics et privés et tous les acteurs sociaux
s’impose.
Au plan économique : La définition de stratégies industrielles, privilégiant l’approche par branche et filière et intégrant l’espace
local comme premier facteur dans l’essaimage et l’implantation des activités productives de biens et services, implique des
actions élargies de mise à niveau technologique, de valorisation des moyens de production et de refonte des systèmes de
gestion dans le cadre du partenariat. Ainsi, la relance de l’investissement dans le secteur public et l’encouragement du privé par
des facilitations de nature réglementaire, financière et fiscale, à travers la promotion de la production nationale, la
défiscalisation de l’investissement de réhabilitation de l’outil de production dans le but de préserver le tissu industriel existant et
la réglementation du foncier industriel et agricole sont des facteurs essentiels dans la protection du produit local et du
consommateur contre les pratiques illégales, frauduleuses et parasitaires.
Au plan social : Les programmes doivent contenir des actions concrètes allant dans le sens de l’amélioration des mécanismes
et des dispositifs de solidarité nationale pour assurer l’intégration professionnelle et sociale des groupes sociaux fragilisés.
Une des grandes priorités est d’œuvrer pour réhabiliter le travail et le savoir en les positionnant au premier rang de la hiérarchie
des critères de la politique sociale du pays. Cette approche permettra d’équilibrer la relation entre l’Etat et le citoyen dans la
mesure où elle détermine la nature des rapports entre travail productif et improductif, production et consommation, rentes et
revenus du travail, salaires et productivité…
Le renforcement des systèmes de protection du consommateur à travers l’éducation et la sensibilisation des citoyens au plan
comportemental vis à vis du marché (hygiène des lieux de vente, qualité des produits et date de leur préemption…), le
développement et l’aide des associations de contrôle citoyen et l’institutionnalisation d’un régime strict d’imposition et de
redressement fiscal basé sur les signes extérieurs de richesse sont, dans la résolution des phénomènes déviants, des actions
majeures
Dans ce cadre, il est utile de souligner, à titre de rappel, les mesures pour :
 Coordonner les différents programmes socio-économiques d’aide et de soutien (le filet social, les dispositifs d’emploi
d’attente, la subvention du chômage, le programme de lutte contre la pauvreté, les action sociales de l’Etat et de la
collectivité…) afin d’assurer une plus grande synergie et d’améliorer ainsi le rapport coût – efficacité ;
 Mettre rapidement en œuvre le nouveau dispositif d’insertion dans la vie active des chômeurs de longue durée âgés entre 35
ans et 50 ans qui prévoit l’octroi de crédits complémentaires sans intérêt dans le but de leur permettre de créer des petites
activités.  Prévoir d’autres dispositifs
d’insertion professionnelle par la formation et l’emploi adaptés aux personnes handicapées et aux femmes seules.
 Opérer une décentralisation de ces dispositifs et une gestion active des programmes au niveau local. Cette démarche
permettra l’implication directe et entière des personnes concernées avec l’appui du mouvement associatif.
L’atteinte de ces objectifs reste toutefois conditionnée par l’amélioration et le renforcement des centres d’observation
permettant l’identification des catégories illigibles aux dispositifs et d’une manière générale à la protection sociale.
Recommandations particulières : Compte tenu de la nature des atteintes à l’économie nationale, à la sécurité et à la santé
publique et compte tenu des infractions et des fraudes enregistrées en matière commerciale, fiscale, douanière et sociale, et de
leur extrême gravité dont la prise en charge ne peut être réalisée efficacement par les pouvoirs publics à eux seuls, l’implication
pleine et entière de l’ensemble des acteurs de l’administration économique, judiciaire et locale et de la société civile organisée
conditionne la réussite de tout dispositif ou action à envisager en la matière. En effet, les actions concertées, s’inscrivant dans
un cadre plurisectoriel et reposant sur un programme à moyen et long terme permettant d’analyser ces pratiques et de proposer
les actions à entreprendre, sont seules à même d’éliminer les effets de la fraude, les irrégularités et les illégalités.
Les recommandations émises, en soutien ou en complément aux mesures et aux actions conduites par les pouvoirs publics et
développées plus haut, constituent une trame pour l’élaboration d’une stratégie de lutte contre le secteur informel et son
intégration progressive dans l’économie nationale. Ces recommandations sont d’ordre réglementaire, économique, social et
technique ; elles sont globales, intersectorielles et spécifiques ou sectorielles. Elles découlent de la définition sur laquelle ce
rapport s’appuie et qui présente globalement le secteur informel comme l’ensemble des productions et des échanges de biens
et de services qui échappent, totalement ou partiellement, aux lois et règles commerciales, fiscales et sociales et qui
n’émargent pas ou peu à l’enregistrement statistique et comptable.
Dans ce cadre, les mesures et actions à entreprendre, assises sur cette définition, sont proposées en rapport avec chaque type
du secteur informel caractérisé dans le rapport.
1- Concernant les activités illégales, interdites ou non autorisées par la loi.
Ces activités qui relèvent de la criminalité organisée doivent être combattues et éradiquées, et les auteurs sanctionnés par
l’application rigoureuse de la loi. Dans cette optique, des accords bilatéraux entre pays signataires pour la lutte contre l’informel
illicite comme le blanchiment d’argent, la contrebande des armes et stupéfiants, la contrefaçon, et de manière générale, la
circulation non contrôlée des biens, doivent être initiés et mis en oeuvre.
La priorité de l’heure est d’assurer un contrôle conventionnel des frontières avec les pays voisins du Maghreb et de l’Afrique
subsaharienne à travers lesquelles prospère un trafic, d’une grande ampleur, de quantités importantes de produits de tous
genres, généralement nocifs pour la santé et nuisibles à l’économie nationale. En ce sens, des moyens légaux, humains et
techniques doivent être mobilisés pour éradiquer ces sources d’approvisionnement des marchés locaux en produits étrangers,
notamment ceux des zones frontalières.
2- Concernant les activités informelles de subsistance. Ces activités qui relèvent d’une situation socioéconomique de pauvreté
et de chômage doivent s’inscrire dans une approche d’intégration à l’économie nationale, en prenant en compte leur créativité
et leur complémentarité. Les programmes à initier, en la matière, ne peuvent avoir de résultats positifs que s’ils sont contenus et

753
configurés dans le cadre global de la lutte contre la pauvreté, à travers une croissance économique durable et une politique de
redistribution des revenus ciblant en priorité les catégories défavorisées et fragiles. Les principales actions et mesures doivent
viser :
 L’amélioration des conditions d’accès des acteurs du secteur informel et plus largement des populations défavorisées au
financement de micro-entreprises.
 L’apprentissage, la fabrication de matériel, la conception de prototype, la recherche de marché, une formation à la
comptabilité, l’octroi de micro crédits, la création de système de caution mutuelle.
 L’encouragement, à l’échelon local, de la création d’associations d’entraide et de caution mutuelle pour la création de micro
entreprise pour toutes les activités ne comportant pas d’investissements supérieur à 500.000 DA dans les secteurs des
services, d’emplois de proximité pour les personnes âgées ou handicapées, pour la prise en charge de services d’intérêts
communaux, etc.
Ces associations doivent être conçues pour être entièrement animées par les bénéficiaires et parrainées par des banques et
des entreprises publiques et privées. Leur statut d’intérêt public devrait pouvoir leur faire bénéficier d’avantages fiscaux et
sociaux et l’accès gratuit à des services de formation de leurs adhérents.
Des associations identiques, mais réservées aux femmes pourraient apporter par ailleurs une réponse à l’emploi féminin dans
des activités spécifiques agricoles artisanales ou de services.
La mise en œuvre du projet serait confiée à des ONG dont les missions seraient doubles : apporter l’appui technique et de
gestion et développer un réseau d’associations professionnelles.
 La stabilisation du monde rural par la valorisation du potentiel productif par la diversification des activités économiques et un
meilleur accès à la terre pour les paysans sans terre.
 Un appui coordonné et harmonisé du système de financement décentralisé.
 L’amélioration du niveau d’instruction des femmes.
 La poursuite des actions de désenclavement de certaines zones.
 Un meilleur accès aux services de bases en particulier l’eau, la santé et l’énergie.
 La vérification de la qualité des malades affiliés à la sécurité sociale ou démunis mais pris en charge par l’Etat au travers de
documents justificatifs, obligera les personnes assujetties à se déclarer ou à supporter seules les frais de leurs soins et de ceux
de leurs ayants droit par les unités sanitaires publiques. Cette identification mettra fin aux négligences et refus de s’affilier
constatés chez les employeurs indépendants et certaines catégories de citoyens.
La récente opération de simulation en vue de la mise en place de la relation contractuelle entre les établissements de santé et
les organismes de sécurité sociale concernés, s’avère un excellent moyen d’identification et d’affiliation des assujettis qui se
sont présentés aux structures sanitaires pour recevoir des soins. S’agissant des personnes, travaillant seules et pour leur
propre compte, démunies de locaux et dépourvues d’autorisation d’activité comme les ambulants, les travailleurs à domicile, les
aides familiaux, des solutions peuvent être trouvées en vue de leur couverture sociale. Il faudra asseoir leur situation de
manière réglementaire et leur assurer une protection contre certains risques, notamment la maladie, moyennant une
contribution assise sur des bases forfaitaires, en les assimilant aux catégories particulières d’assurés sociaux : étudiants,
stagiaires, les occupés dans les dispositifs d’emploi d’attente, les allocataires du filet social. Le cas échéant, un soutien
financier de l’Etat en leur faveur pourrait inciter leur affiliation à la sécurité sociale et concrétiser un objectif constitutionnel, celui
d’assurer le droit à la santé à tous les citoyens.
3- Concernant les activités informelles prédatrices. Elles relèvent d’une économie de non–droit, de production de biens et de
services et d’un comportement antisocial. Concernant ce troisième type dont le rapport a longuement montré et illustré ses
incidences nuisibles et négatives sur l’économie nationale et la société tout entière, deux (02) axes sont à privilégier pour
concourir à lutter contre son expansion, à travers une stratégie de recyclage et de récupération. L’urgence nationale est à ce
niveau. Dès lors, il s’agit de soutenir une croissance économique créatrice de richesses et génératrices d’emplois, et,
concomitamment, d’organiser, d’encadrer et de contrôler la sphère économique et la sphère commerciale. A ce titre, les
recommandations suivantes sont proposées
3.1- La délimitation et la segmentation du champ de l’informel nécessite :
 D’approfondir la définition proposée du concept de l’informalité et des méthodes de sa mesure, de manière à la rendre
opérationnelle. Ainsi, la mise en place et le renforcement des capacités d’observation, d’analyse et de suivi des faits
économiques et sociaux constituent des actions préalables.
 D’établir un diagnostic détaillé des règlements, des procédures et des avantages d’investissements qui bloquent encore le
passage des activités informelles vers le marché structuré. Cet audit permet d’adapter le cadre législatif général au nouvel
environnement économique de marché par la levée de contraintes pour encourager les promoteurs de projets. De plus, le
développement de passerelles de communication et d’échange d’informations entre l’administration et le monde économique et
des affaires, permet de mieux connaître les attentes des parties concernées. Ainsi, l’amélioration permanente des instruments
de contrôle et la dotation en ressources humaines compétentes et en moyens matériels suffisants des organismes et des
services en charge des enquêtes économiques s’imposent pour faire face en temps réel aux procédés de fraude. Les
perspectives de signature de l’Accord d’Association avec l’Union européenne et d’adhésion à L’OMC sont des motifs suffisants
pour envisager la mise à niveau de l’administration économique. Dans ce cadre, la révision coordonnée des statuts, des
missions et des systèmes de fonctionnement, de gestion et de contrôle des services du commerce, de la douane, des impôts,
de la justice, du travail, des chambres d’industrie et de commerce, des banques… constitue une priorité majeure. Dans ce
cadre, la lutte contre le secteur informel nécessite la coordination pleine et entière des services publics. La mobilisation des
moyens et l’entraide administrative entre les services publics, à tous les niveaux, doivent être consolidées dans leur nature et
dans leur envergure. Sur un autre plan les organisations sociales (syndicats, employeurs, associations de consommateurs …)
doivent être sensibilisées et associées dans la lutte contre l’informel, sous toutes ces formes, à l’aide de moyens et de solutions
appropriées consensuelles.

754
Des actions importantes sont à orienter vers :
 Le libre accès aux fichiers des institutions concernées – en particulier les services de sécurité sociale, de l’ONS, du
commerce - dans le respect du secret professionnel et en appliquant les règles de réciprocité .
 La signature de protocoles d’accord avec les services, notamment ceux de la douane et des services financiers et bancaires,
pour l’obtention régulière et en temps réel des statistiques relatives aux modes, à la nature et aux flux des importations.
 La redéfinition des conditions d’inscription au fichier des auteurs d’infractions économiques commerciales et financières et
mise en œuvre de sanctions dissuasives effectives. Il s’est avéré que l’absence d’une base de données, mise à jour
périodiquement et accessible aux administrations et institutions chargées du contrôle économique, handicape fortement leur
action ; leurs efforts s’en trouvent dispersés et partant, peu efficaces. A cet effet, les principales mesures à prendre se
rapportent à une révision de la législation et de la réglementation de la sécurité sociale, en particulier, les lois 83.14 et 83.15
relatives aux obligations des assujettis et aux contentieux en matière de couverture sociale, à l’harmonisation des textes
législatifs et réglementaires en vigueur, en vue de renforcer l’action en dehors de ses aspects coercitifs, et à l’assurance d’une
meilleure coordination entre les organismes intervenants.
3.2– La mission de contrôle. La mission de contrôle n’est efficace que si les interventions des acteurs directs et indirects de
lutte contre l’informel sont de nature complémentaire et solidaire. Cela implique la modernisation des organes et l’adaptation
des mécanismes de contrôle, a priori et a posteriori.
Le recensement et l’encadrement des zones à forte propension de fraude. Pour atténuer et marginaliser ces pratiques, un suivi
et un contrôle permanents doivent être assurés au niveau de ces zones qui nourrissent et se nourrissent de certaines pratiques
génératrices de fraudes importantes. Il s’agit :
 des sites appelés de « non droit » où les transactions commerciales se réalisent au grand jour mais, dans une opacité
totale ;  des zones de concentration excessive de
commerces pour l’écoulement de produits importés, de vente en gros et de détail non facturés ;
 de certains marchés hebdomadaires non encadrés par les organes habilités ; certains intervenants ne disposent pas des
autorisations d’exercice exigées par la réglementation en vigueur.
Le droit de visite et d’enquête. Pour accroître davantage l’efficience des actions de contrôle, le droit de visite et d’enquête,
introduit par la loi des finances pour 2002, doit être mis en œuvre dans les meilleurs délais. Ce droit habilite les agents de
l’administration fiscale à procéder, en tout lieu, à des perquisitions sous contrôle judiciaire au niveau de locaux abritant des
activités et documents dissimulant des cas de spéculations et de fraudes.
Le respect de l’obligation de la facturation. Le non-respect de la facturation constitue l’écueil principal auquel sont confrontés les
services chargés du contrôle fiscal. Aussi, une redéfinition du dispositif de contrôle et de sanctions s’impose-t-elle pour assurer
le respect des règles régissant la facturation et l’efficacité du contrôle fiscal.
Le suivi des facilitations accordées.
La baisse de la pression fiscale et l’octroi d’avantages fiscaux et parafiscaux et douaniers consentis par l’Etat, dans le cadre de
la promotion de l’investissement (ANDI, ANSEJ, autres dispositifs) sont à encourager.
Cependant ils doivent être suivis par un contrôle a posteriori en termes de réalisation des projets et de création d’emplois. Des
redressements fiscaux et sociaux sont à effectuer dans les situations de non-respect des engagements pris par les promoteurs.
3.3 – L’élaboration d’un cadre juridique unifié est proposée :
 pour faciliter et rendre efficientes l’entraide et la coordination entre les organes de contrôle,
 pour donner une plus grande cohérence aux réglementations fiscales, commerciales et sociales qui sont parfois
contradictoires,
 et pour alléger les procédures de justice et activer l’application des sanctions prévues par la loi.
La refonte et la consolidation des dispositifs de lutte contre la délinquance commerciale pour assainir le marché national,
caractérisé par une grande anarchie et des pratiques illégales, vise la mise en place d’une nouvelle organisation des circuits de
commercialisation et d’un système d’information afin d’assurer la surveillance des marchés et la transparence des transactions.
Dans ce cadre, il y a lieu :
 de subordonner l’ouverture d’un commerce et l’exercice d’une activité à la présentation de l’attestation de position fiscale et à
la vérification sur le site de l’existence du local;
 de réglementer l’urbanisme commercial ;
 de créer de nouveaux espaces commerciaux en mobilisant les ressources au profit des communes pour l’aménagement de
marchés et la construction de locaux devant abriter les activités commerciales, artisanales et professionnelles sédentaires ;
 d’utiliser rationnellement les infrastructures commerciales en place (surfaces commerciales, Souk El-Fellah, zones
d’activités…) ;
 d’organiser et d’encadrer les marchés itinérants en limitant la durée de leur activité (hebdomadaire, journalière …) et en les
éloignant des commerces fixes. ◙ Djaouida BOUKHOUDMI (2012)
Observation : En 2014, pour la première fois depuis des décennies, le montant des importations a dépassé celui des
exportations, ces dernières étant constituées à 99 % des hydrocarbures et de leurs dérivés. En date du 08 novembre 2015 le
ministre du commerce a affirmé que les opérations de surfacturation représentent environ 30% du montant des importations
annuelles soit 20 milliards de dollars de transfert illicite de devises à l’étranger" et ce uniquement pour l’année 2014.

SUPPORTS PUBLICITAIRES.- Médias et caractéristiques : Tous les grands médias ont pour caractéristique
commune de pouvoir toucher simultanément des dizaines de milliers de personnes. Mais chaque média a ses
spécificités et chaque média a aussi ses points de forces et de faiblesses.
1. La presse : Numéro un des grands médias dans la plupart du monde, elle représente un média qui permet de

755
s’adresser aussi bien au particulier qu’au professionnel. Les lecteurs de la presse sont d’une grande fidélité, c’est
le seul média à être acheté fréquemment et directement et qui offre une liberté de consommation (elle peut être
lue n’importe où, n’importe quand, plusieurs fois). Elle délivre un message clair et entretient une relation de
complicité avec son audience. La presse regroupe une extrême diversité de titres, chacun ayant son originalité et
ses spécifications. Il convient de distinguer les différentes formes de presse suivantes :
1.1 La presse quotidienne : Elle s’inscrit dans l’actualité : elle peut être nationale ; elle comprend les journaux qui
sont diffusés tous les jours.
 La presse quotidienne nationale (PQN) : Très hétérogène (exemple : Le Soir d’Algérie, La Tribune, El Watan, El
Moudjahid, Economique,…)
 La presse quotidienne régionale (PQR) : Elle n’a guère de concurrent dans ses fiels, où elle diffuse de
nombreuses éditions. Elle bénéficie d’une grande fidélité de la part de ses lecteurs. Ce type de presse combine les
informations nationales, régionales et locales (exemple : Le Quotidien d’Oran, La Voix de L’Oranie…)
1.2 La presse périodique : Elle comprend les magazines (exemple : Arabies, Auto News, Bien Etre, Sehha &
Nassiha), et les revues hebdomadaires (exemple : El Haddaf, El Khabar Hebdo, ElKora, El Modjahid, le Buteur,…),
les bimensuels, les mensuels… Elle permet de toucher toute la famille à travers la presse télévisuelle ainsi que des
magazines ayant un rythme de persuasion moins courant (bimensuels, trimestriels…).
1.3 La presse technique et professionnelle : Elle représente un vecteur privilégié de la communication et se divise
en presse technique générale, utilisable pour commercialiser des produits destinés à de nombreuses firmes
utilisatrices dans des secteurs très différents, et en presse technique spécialisée qui s’adresse à la cible visée selon
deux approches : par branche professionnelle ou spécialisation sectorielle (sport, transport…). Elle se vend
généralement uniquement par abonnement (exemple : Economica, L’essentiel du Management, La Revue
Française Marketing, Jeune Afrique…). Composée aussi de journaux locaux d’annonces, elle connaît un très fort
développement depuis son apparition dans les années 70, exemple : les journaux de petites annonces, les
journaux des entreprises appelés aussi « Consumers magazines » qui sont des journaux à usage interne ou
externe gratuits à titre d’exemple les revues des compagnies aériennes distribuées au bord des avions… La
répartition des investissements publicitaires en 2007 selon Sigma conseil et le ministère de la communication
dans la presse est de : 4.030 millions de DA (94%) presse quotidienne, 0. 075 millions de DA (2%) presse
magazines, et de 0.173 millions de DA (4%) presse hebdomadaire, la totalité de 4.28 millions de DA ; la plupart
des recettes publicitaires sont consacrées à la presse quotidienne : cela peut s’expliquer par l’audience plus
grande et plus ciblée pour les supports, et l’importance des tirages quotidiens. Le journal El Khabar détient 17%
des investissements en 2007, El Watan 16.7% et Liberté 12.3%. Ils sont les plus sollicités et leurs coûts sont
relativement plus élevés que les autres quotidiens.

Tableau n°7 : Points forts et points faibles da la presse

Source : Lue Marcenac et alii, 2007, p.212.

2. La télévision : Elle représente le média roi pour les produits de grande consommation, les groupes industriels
(tels que : Colgate, Palmolive, Henkel ou Lever…), lui consacrent la majorité de leurs investissements publicitaires.
C’est un vecteur de communication très puissant, à fort impact et offrant une couverture nationale massive. Elle
attire une très large distraction ; elle s’introduit dans les foyers facilement en plus elle regroupe à elle-seule le

756
son, l’image et le mouvement. Certes, elle est considérée comme le média le plus puissant ; notamment
l’évolution des différentes chaînes nationales ou privées oblige à repenser sans cesse l’utilisation que l’on peut
faire de ce média. Personne ne peut préciser à plus ou moins long terme, quel sera le paysage télévisuel d’un
consommateur algérien ou autre. La sélectivité du média télévisuel n’est pas flagrante, d’autant plus que les
supports de la télévision se livrent à une guerre d’audience acharnée ; de plus la qualité du contact qui devient de
plus en plus faible, surtout en raison de l’évolution des mentalités (le zapping notamment), et l’encombrement
publicitaire (écran de quinze à vingt spots, aussi la difficulté d’obtenir un passage pendant les moments
d’audience captive), d’autant plus que les comportements des individus devant l’écran de TV deviennent de plus
en plus complexes que l’on ne peut rien dire avec certitude. Les formes de présence à la télévision varient, nous
retrouvons les spots qui sont très divers : 8, 15, 30 secondes, le format le plus utilisé est le spot de 30 secondes.
De plus il existe des programmes publicitaires de long format, les jeux participatifs, le parrainage ou le sponsoring
télévisuel. On peut dire que la télévision est le média idéal pour toucher un très large public et construire
rapidement une notoriété au niveau national.

Tableau n°8 : Points forts et points faibles de la télévision

Source : Lue Marcenac et alii, 2007, p.210.

3. L’affichage : Parmi les médias recensés, l’affiche est le plus vieux média du monde à vocation strictement
publicitaire ; sa gratuité le rend comme un média populaire par excellence. L’affichage qui est conçu uniquement
pour la publicité, grâce à sa situation privilégiée de moyen de communication auprès des personnes se déplaçant
dans la ville, sur les routes ou dans des lieux publics, par ses structures, sa qualité, par son souci permanent
d’innovation, il continue à bénéficier de la faveur des annonceurs. Média de l’image, il offre une liberté de
création : supports originaux, messages originaux…, il est le moyen de communication qui vise à séduire et à
informer. En fonction de notre comportement socio-culturel, l’affichage cautionne, dans l’esprit des gens, le
produit ou la marque. Cependant, son gros handicap vient du fait qu’il ne permet pas de sélectionner la cible. De
plus, l’affiche n’autorise que très rarement un argumentaire dans la mesure où sa lecture est très rapide ; sauf
peut-être dans certains lieux publics où l’affiche devient un support de lecture pour patienter (métro, gare,…).
Concernant la couverture de l’affiche comme média, elle est totale, l’affiche devient un média complémentaire
des autres médias, il fixe l’image transmise par les autres médias, mais cela demande un concept créatif très fort
pour toucher le lecteur. L’affichage offre une grande diversité et il convient d’en distinguer six grandes catégories.

3.1 L’affichage urbain et routier (grand format) : C’est le mode d’affichage traditionnel, implanté dans les grandes
agglomérations et les grands axes routiers, le format utilisé le 4×3m ; il est établi pour des périodes variables, à
titre d’exemple 7 jours pour une campagne courte. 3.2
L’affichage sur mobilier urbain : Présent dans le centre ville, il représente le haut de gamme de l’affichage, il se
compose des abribus, des supports de plans de villes, des sucettes (panneaux d’affichage publicitaire à double
face), panneaux d’information… Il a l’avantage du point de vue de la pertinence de l’emplacement, de la
présentation valorisante, de l’éclairage nocturne, de la bonne conservation et de la rapidité de mise en place.
Néanmoins, il demande des coûts considérables et nécessite d’importants délais de réservation.

757
3.3 L’affichage transport : Cet affichage est lié au transport urbain et interurbain, sur des supports s’adressant aux
automobilistes ou supports liés à l’accès ou à l’attente ; (quais, couloirs, ports d’accès du métro, halls de gare,
arrières avants et flans des bus…).
3.4 L’affichage rural : L’affichage urbain reste sous-investi et pourtant il est très avantageux surtout en termes de
coût, il comprend deux types de supports : le mobilier et les panneaux barre route situés dans les grands axes aux
entrées et aux sorties de la ville.
3.5 L’affichage distribution : Il s’agit de toutes les possibilités d’affichage liées à la distribution : autour des
centres commerciaux, sur les portes, les vitrines, les moyens de distributions comme les camions… Donc on peut
dire que l’affichage est un média qui permet une forte communication de notoriété, au contenu limité sans
possibilité d’argumentation.

Tableau n°9: Points forts et points faibles de l’affichage

Source : Lue Marcenac et alii, 2007, p.209.

4. La radio : La radio fait partie de notre vie quotidienne, dans le foyer, dans la voiture, parfois dans des endroits
publics, elle peut nous suivre partout et être à la portée de son utilisateur ; elle est bien adaptée à la
communication d’événements et de promotions, permettant un ciblage sur les publics particuliers en fonction des
situations, des tranches horaires et du programme ; c’est pour cela qu’elle représente un média sélectif. C’est un
média de proximité affective, avec un feed-back téléphonique. Elle se révèle efficace pour les services car ils
peuvent se passer de l’illustration du produit. De plus, on remarque que la radio est un média qui ne sollicite
qu’un seul sens : l’ouie, c’est pourquoi le message doit être concret et stimuler l’imaginaire et permettre dès les
premières secondes d’identifier le produit. C’est un média de complément dans la diffusion de messages
reprenant les thèmes des campagnes télévisuelles renforçant leur efficacité. Elle est particulièrement adaptée à la
publicité des produits de grande consommation qui nécessitent un rappel permanent. L’histoire de la publicité à
la radio montre clairement que l’impact musical de certaines marques reste présent dans notre mémoire. De plus
les frais de production sont plus faibles que pour d’autres médias, et la mobilité de ce média en fait quelque
chose de beaucoup plus manipulable que les autres médias ; particulièrement les radios locales où la sélectivité et
la cible sont très précises. D’autant plus, l’encombrement publicitaire est moins fort pour ce type de radio. Il y a 3
types de radio en Algérie : nationale (chaîne 1, chaîne 2, chaîne 3), régionale (EL BAHDJA, EL BAHIA, CIRTA) et
locales (pratiquement une par wilaya au moins pour le nord du pays). En ce qui concerne les dépenses
publicitaires, on constate que ce sont les chaînes régionales qui s’accaparent les plus grandes parts de 31% en
2007 selon Sigma conseil pour ELBAHDJA, et 12% pour ELBAHIA et de 11% pour CIRTAS, pour le reste des
dépenses ce sont pour des radios régionales entre 25% pour la chaîne 3 et de 21% pour la chaîne1.

Tableau n°10 : Points forts et points faibles de La radio

Source : Lue Marcenac et alii, 2007, p.211.

758
5. Le cinéma : La baisse de fréquentation des salles de cinéma rend l’utilisation de ce média de moins en moins
fréquente. C’est le plus petit des grands médias en raison de sa faible audience et pourtant c’est un vecteur de
communication de qualité et de prestige, qui offre des conditions d’exposition au message très intéressantes, les
spectateurs sont disponibles, captifs et plus important ils ne cherchent pas à zapper, l’avantage que nous ne
pouvons pas trouver à la télévision ou à la radio puisqu’on a plusieurs choix à la fois ; par ailleurs il offre aussi de
larges possibilités techniques (grand écran, meilleure définition de l’image et du son, qualité supérieure de la
couleur), ce qui augmente d’autant plus le taux de mémorisation. Mais son coût reste élevé. En Algérie, selon les
documents du ministère de la communication, le nombre de salles de cinéma en exploitation passe de 350 salles
avant 1962 à 304 en 1977, 5 wilayas détiennent près de la moitié des salles (149) : Alger 62 , Oran 27, Blida 27,
Tizi-Ouzou 18 et Tlemcen 15 ; en 2002 les salles équipées avec en première programmation des films en 35 mm
sont moins d’une vingtaine à travers tout le pays, un effort indéniable est fait depuis deux ans pour réhabiliter
certaines salles à Alger. Néanmoins, les annonceurs ne l’utilisent pas seul, il représente un média
complémentaire. Il est surtout utilisé pour communiquer auprès des jeunes cibles et urbaines. Remarque : Pour
une meilleure mémorisation, les études montrent que le film publicitaire doit souvent dépasser 45 secondes (1).

Tableau n°11 : Points forts et points faibles du cinéma

Source : Lue Marcenac et alii, 2007, p.211.

6. L’Internet : L’Internet qui représente le sixième média publicitaire, engendre le plus vaste réseau informatique
mondial. Le web, cet univers des réseaux électroniques auxquels sont connectés des millions de personnes à
travers le monde ; ce moyen a transformé notre quotidien, il nous a permis de faire des achats à distance,
travailler et étudier à distance, envoyer du courrier à l’autre bout du monde en quelques secondes, se renseigner
sur tous les sujets qui peuvent exister, il lie des millions de personnes à travers le monde.

(1) Lue Marcenac et alii, « Stratégie publicitaires », 5e Ed Bréal, 2007, p. 211.

C’est un système permettant de diffuser des informations : texte, son et image animée, il a changé la vie des
publicitaires, c’est un média pas facile à positionner, il est plus qu’un média, c’est à la fois un outil de marketing
direct et un média. L’Internet est un média qui offre plusieurs avantages que nous ne trouvons pas dans les autres
médias parmi lesquels : Il représente un média interactif qui permet d’engager un véritable dialogue avec les
consommateurs. De plus c’est un média universel (global), il nous permet de communiquer instantanément avec
des millions de personnes quel que soit l’endroit où ils se trouvent. C’est un média one to one, il autorise une
véritable communication personnalisée que les autres médias n’offrent pas. Aussi il offre la possibilité de mesurer
l’efficacité (par exemple mesurer le nombre de personnes ayant répondu à une bannière en mesurant le nombre
de clics pour accéder au site de l’annonceur). Il représente un outil multimédia qui réunit plusieurs médias à la
fois, puisqu’il peut réunir à la fois : le son, le texte, la photo, l’image, la vidéo…etc.
Comme tous médias, l’Internet présente des limites qui sont les suivantes : On ne peut pas deviner le
comportement du consommateur à l’avance ; l’homme demeure encore mystérieux et de plus difficile à analyser.
De plus la confiance sur Internet est l’un des problèmes majeurs puisqu’elle représente des risques, qui font que
les internautes ne dévoilent pas toujours les bonnes informations par peur de l’utilisation de leurs données

759
personnelles. Aussi les paiements non sécurisés et les produits non livrés ou non conformes aux attentes des
consommateurs…, sont des risques qui peuvent confronter n’importe quel utilisateur. Aussi on peut dire que la
publicité sur Internet est une pratique très coûteuse. En Algérie, les entreprises voient généralement dans
l’Internet un vecteur d’information (communiquer par messagerie, faire des recherches,…), mais la dimension
marketing de ce média est négligée notamment la publicité qui est toujours sous-exploitée ce qui est dû peut-être
au fait que l’Internet est un média qui commence à peine à se mettre en place en Algérie et les entreprises sont
inconscientes des avantages que peut procurer ce média.
7. Les supports : Chaque média a plusieurs supports qui permettront de véhiculer la campagne publicitaire.
Pour la presse, il existe différents types de journaux : quotidiens, hebdomadaires, trimestriels, des magazines
spécialisés, des revues…
 Pour la télévision, les différentes chaînes qui diffusent les spots publicitaires, à titre d’exemple : l’ENTV canal
Algérie, TF1, France 2,…etc.
 Pour l’affichage il y a les panneaux éclairés ou non éclairés, les panneaux situés sur le mobilier urbain, sur les
moyens de transport exemple : métro, autobus, train, taxis… ; les enseignes lumineuses sur les immeubles.
Pour la radio, nous avons la radio nationale algérienne, Nostalgie… ; aussi pour les stations régionales : chaîne 3,
Bahia FM,…etc.
 Pour le cinéma, nous avons les salles de cinéma.
Il existe aussi d’autres supports de publicité qui ne passent pas par les 5 médias et qui sont utilisés lorsque le
budget est restreint ou bien lorsque la clientèle est ciblée, à titre d’exemple nous avons les supports imprimés qui
sont représentés par les annuaires des abonnés au téléphone, les annuaires de commerçants ou des
professionnels qui sont des moyens de se faire connaître aux conditions les plus économiques, ils n’autorisent
qu’un message assez simple. Nous trouvons aussi dans les supports imprimés : les prospectus qui sont également
appelés aussi imprimés sans adresse ; ils sont distribués directement dans les boîtes aux lettres ou dans la rue,
c’est une publicité de proximité très utilisée par les artisans, le petit commerce, les grandes surfaces et les
prestataires de services. Elle permet aux petites entreprises de se faire connaître dans leur zone de chalandise.
Mais ces prospectus présentent le risque de saturation. A côté de ces prospectus, il y a aussi le publipostage qui
est un courrier personnalisé envoyé aux personnes que l’entreprise désire toucher. Il existe aussi les supports de
télécommunications qui ont l’avantage d’être interactifs et surtout le téléphone (utilisé pour permettre un
dialogue direct avec la cible); de plus il y a le minitel (en France utilisé pour délivrer des informations relatives aux
messages publicitaires : renseignement sur les offres de l’entreprise, points de ventes,…), le serveur vocal (qui
diffère du téléphone par le fait qu’il n’y pas de dialogue avec une personne mais avec une machine : ordinateur).

Après avoir exposé les différents médias et supports, la question qui se pose : Quel est le média que doit choisir
l’entreprise pour la diffusion de sa publicité ? Il n’existe pas une réponse simple à cette question car le choix
d’un média dépend :

 Des objectifs de la campagne mise en œuvre,


 Des marchés cibles de l’entreprise,
 Du budget de la publicité disponible,
 Des caractéristiques des médias et de ce que cherche l’entreprise.

Reprenons quelques définitions fondamentales propres à l’étude des médias :


 Affinité : Rapport exprimé en indice ou en pourcentage entre l’audience utile (audience sur la cible) et
l’audience totale du support, cet indice permet de mettre en évidence la proximité d’une population cible avec un
support.

760
 Audience : L’ensemble des personnes ayant été en contact avec un support (quelque soit le média), et
susceptibles d’avoir été touchées par une annonce publicitaire :

Pour la presse : c’est le nombre de personnes ayant lu, parcouru ou feuilleté pendant une période référence (le
jour pour le quotidien, une semaine pour l’hebdomadaire,…) une publication (journal ou magazine) parvenue
entre ses mains ;
Pour la radio : on comptabilise comme auditeur radio toute personne ayant déclaré avoir écouté une station dans
les 24 heures précédant l’étude ;
Pour la télévision : c’est le nombre de personnes présentes à l’écoute ou devant l’écran à un moment donné.
L’audience cumulée est le nombre de personnes ayant regardé à un moment ou à un autre la télévision pendant
la journée. L’audience instantané : ensemble des personnes regardant à un instant précis la télévision. Audience
au ¼ d’heure moyen : ensemble des personnes regardant la télévision pendant un ¼ d’heure moyen ; ce ¼
d’heure moyen est obtenu par la moyenne arithmétique des différents ¼ d’heure composant la journée (ou
l’émission) il est utilisée le plus souvent comme base de sélection des écrans publicitaires;
Pour l’affichage : le nombre de personnes passées dans le champ de visibilité de l’affiche et qui avaient la
possibilité de la voir ;
Pour le cinéma : c’est le nombre de personnes ayant assisté à une séance de cinéma dans une période de
référence, c'est-à-dire dans les sept jours précédant le jour de l’étude.
Pour l’Internet : elle se compose des internautes qui fréquentent les différents sites existants. On entend par
fréquentation un internaute de deux ans et plus qui clique sur un bandeau publicitaire présent sur le site.

 Audience nette globale : C’est l’audience totale du support A ajoutée à l’audience totale du support B, moins la
duplication d’audience. (Voir schéma)
 Duplication d’audience : Part d’audience touchée par un ou plusieurs supports dont les lecteurs se recoupent.

Schéma : L’Audience nette globale

Source : Lue Marcenac et alii, 2007, p.211.

Pour faire de la publicité de façon sérieuse, une bonne création ne suffit pas, il faut aussi mettre en oeuvre une
campagne, choisir et organiser dans le temps les médias et supports appropriés d’où vient l’importance d’un bon
plan média qui présente un facteur primordial dans la réussite d’une publicité ; la conception du plan média est
fonction de la cible visée, du message à transmettre, des contraintes budgétaires. □ BENAMAR Amel (2014)
SURGELATION.- Conséquence d'une fin des monopoles étatiques, l'importation de produits surgelés
alimentaires révèle un marché potentiellement porteur. En 1998, il n'existe dans le pays que trois modestes
opérateurs économiques qui pratiquent cette activité pour la consommation alimentaire nationale.
L'écoulement des produits alimentaires surgelés (viandes ou poissons) est loin de se généraliser tant
leurs quantités demeurent insignifiantes (environ 6000 T/an) par rapport à la demande potentiellement
importante. Localement, la motivation principale d'achat de ces produits relève de prix plus abordables

761
pour les ménages aux revenus modestes donnant lieu à une nutrition équilibrée. Outre les viandes
congelées importés d'Australie ou de Nouvelle-Zélande moins chères que la production locale, toutes sortes
de poissons proviennent d'Espagne, de France et de Mauritanie dont la production est connue à l'échelle
mondiale. Le poisson acheté d'Espagne peut avoir des origines diverses : Argentine, Namibie, Corée, etc.
N'importe pas du produit surgelé qui veut car cela exige des équipements nécessaires de congélation
(structures de froid) et de transport, mais aussi être agréé par les services vétérinaires qui délivrent une
dérogation sanitaire pour chaque importation. Pour cela, il faut se présenter mensuellement à la capitale
pour cause de centralisation des services. Un contrôle nécessaire concerne le pays d'origine qui doit être
conforme aux conventions requises, le respect des délais et du tonnage fixé à l'avance ainsi que les
analyses bactériologiques effectuées sur des échantillons. L'acheminement de la marchandise s'effectue
par bateaux ou camions frigorifiques. Avant de se lancer dans l'importation, les opérateurs fournisseurs
de produits congelés doivent s'intéresser au domaine du froid et construire des entrepôts pour permettre
la conservation de divers produits de consommation au profit des producteurs ou concessionnaires
locaux leur permettant d'écouler hors saison sur les marchés intérieur (notamment les régions du sud
saharien) et extérieur. Actuellement, le marché algérien n'est pas investi par les produits surgelés car les
structures de froid constituent un réseau encore embryonnaire pour soutenir par des moyens de transport
frigorifiques un marché de gros et de détail qui ne demande qu'à s'équiper pour les besoins
alimentaires de la population.
LA SOCIETE DE SERVICES
AFFAIRES IMMOBILIERES.- L'activité de promotion est ouverte au secteur privé depuis 1986. Le marché
locatif est actuellement le fait des OPGI (office de promotion et de gestion immobilière) et des particuliers.
L'offre des particuliers pour la location est extrêmement difficile à cerner. Une partie transite par les
agences immobilières ou les petites annonces, mais la plus grande demeure informelle.
BANCASSURANCE.- En tant que principal vecteur pour la distribution des produits vie et capitalisation, la bancassurance
est une activité qui pourrait enregistrer un développement très soutenu dans les années à venir. Auparavant, les
banques pratiquaient la bancassurance sans fondement juridique réel. Maintenant avec la nouvelle loi sur les assurances,
l’activité de la bancassurance est juridiquement légale  aujourd’hui, les banques algériennes peuvent commercialiser les
opérations  d'assurance vie et les opérations de capitalisation. Par ailleurs, ils peuvent aussi distribuer les assurances
dommages.
Contexte et développement : Après le 20 février 2006, la nouveauté de la loi n° 06-04 : Le législateur algérien, en Février 2006,
et dans un but de stabiliser l'épargne nationale, a permis au réseau bancaire de distribuer certains produits d'assurance,
grâce à la loi N° 06-04 du 20 Février 2006 (modifiant et complétant l’ordonnance n°95-07 du 25 JANVIER 1995 relative aux
assurances) - selon l’article 252 de l’ordonnance n° 95-07 modifié et complété -, ce qui instaure une plus grande coopération
entre les compagnies d'assurances et les banques, désormais autorisées à commercialiser des produits d'assurances dans
leurs guichets.En effet, les banques sont devenues autorisées à distribuer des produits d'assurance, ceci a bouleversé le
cloisonnement longuement connu entre deux intermédiaires financiers : les banques et les assurances.Il est à noter que la
faculté de la bancassurance a été introduite uniquement par la modification du code des assurances, la loi bancaire quant à elle
demeure inchangée et il n y’a aucune mention de bancassurance.
Les produits distribués : Pour mettre en place, une stratégie de bancassurance la conception des produits doit être
fondamentalement revue en prenant en considération la faible technicité du réseau : il est nécessaire de lui fournir des produits
simples et proches du service bancaire. En effet, un produit banalisé, sur lequel la comparaison des tarifs paraît  relativement
aisée à l’assuré, peut s’acheter dans n’importe quel réseau. En revanche,  les produits complexes nécessitent une approche
plus technique de la vente avec des difficultés de comparaison pour les consommateurs. Le but vers lequel devra tendre
le concepteur du produit est de le banaliser pour en sécuriser la vente par le réseau. Par ailleurs, cette vente sera autant
sécurisée si les produits sont proches du  service bancaire. Les guichetiers auront l’impression de vendre des produits qu’ils
ont l’habitude de vendre. Les produits d’assurance sont distribués par les banques qui agissent en qualité  de mandataires des
sociétés d’assurance. Ainsi en Algérie, les produits de bancassurance prévus par la nouvelle législation regroupent les
branches :
1. Assurance de personnes : accidents, maladie, assistance, vie décès et capitalisation.
2. Assurance crédits.
3. Assurance des risques simples d’habitation :
- Multirisques habitation ;
- Assurance obligatoire des risques catastrophiques ;
4. Assurance des risques agricoles.
Qu’en est-il aujourd’hui ? La commercialisation des produits d’assurance par les banques est devenue enfin une réalité en
Algérie. Plusieurs produits d’assurances sont désormais proposés soit par les banques, soit par les compagnies d’assurance.
La bancassurance est sans nul doute une véritable chance pour le secteur des assurances qui connaît un faible taux de
pénétration. Le marché souffre, en effet, de la  faiblesse du pouvoir d’achat, mais aussi du manque d’une culture assurance
bien ancrée, notamment l’assurance-vie. Pour les banques aussi, la vente des produits de bancassurance ne peut qu’élargir
davantage leur gamme de produits, fidéliser leurs clients et surtout assurer la croissance des marges bancaires par des
rentrées régulières de fonds. La bancassurance dommage c'est-à-dire la vente des contrats d'assurance dommage par les
banques reste quant à elle encore limitée. Parallèlement, l'assurfinance n'est pas encore développée dans notre pays. Pour
rentabiliser la commercialisation des produits d'assurance, il faudrait que la banque mette sur pied une stratégie de volume
axée sur le marketing relationnel et la qualité de service car les commissions perçus sur les contrats d'assurance vendus

762
ne peuvent être significatives qu'à partir d'un nombre considérable de contrats conclus. En effet, les établissements de crédit
doivent choisir cette activité comme un moyen de prospection et de fidélisation de la clientèle qui augmente avec le nombre
de contrats souscrits dans une entreprise. Les chargés de la clientèle doivent proposer les produits d'assurance au même titre
qu'un crédit d'habitation, un découvert ou une facilité de caisse. Par ailleurs, ils ne doivent pas s'adresser à l'ensemble de leur
clientèle, mais cibler les clients capables de payer les primes pour une longue durée. La distribution des produits d'assurance
est un puissant moyen de fidélisation de la clientèle bancaire. Grâce à leur puissance financière et aux informations dont elles
disposent, les banques peuvent exercer une influence très importante sur leurs clientèles et leur vendre assez facilement les
produits d'assurance. Il est alors relativement aisé au chargé de la clientèle bancaire de présenter les produits d'assurance et
de les  argumenter. Par ailleurs, il est important pour les équipes de marketing des banques de  rédiger des contrats plus faciles
et plus simples à comprendre afin de former leurs commerciaux et guichetiers ,d'une part, et de se démarquer des assureurs
traditionnels dont les contrats sont plus compliqués, d'autre part. Cependant, il convient de noter que la relation banque-
assurance peut être source de risque pour le banquier. En effet, une mauvaise gestion des risques peut  ternir la relation
principale de la banque avec son client. Il convient pour la banque d'intégrer cet élément de risque et de mettre l'accent sur la
qualité du service en veillant à l'indemnisation rapide du client après la survenance du risque, car un mauvais traitement du
client pourrait conduire à la résiliation de sa relation avec la banque (clôture du compte) voire à une propagation d'une image
négative de la banque. C'est pourquoi la banque doit assister le client et veiller à une indemnisation irréprochable.
COMMERCE/DISTRIBUTION.- 22 Juin 2009 - Du nouveau dans la réglementation de la grande distribution
en Algérie. Le ministère du Commerce a, en effet, publié dans le Journal officiel n°30 du 20 mai 2009, une
nouvelle réglementation fixant les conditions et les modalités d'implantation et d'aménagement des espaces
commerciaux. C’est ce qu’a indiqué hier M. Ezziat, le représentant du ministère du Commerce, à l’occasion
d’un colloque organisé à l’hôtel Hilton sur “les enjeux économiques et sociaux de l’émergence de la grande
distribution moderne en Algérie” à l’initiative de Formadis. “Ce décret fixe les modalités et la réglementation
inhérente à l’implantation des grandes surfaces, car on veut mettre fin aux dérèglements et à l’anarchie
régnant dans les marchés”. Dans les faits, le décret exécutif en question portant n°09-182 du 12 mai dernier
définit l'espace commercial en tant qu'enceinte ou établissement, bâti ou non, aménagé et délimité à
l'intérieur duquel s'opèrent des transactions commerciales de gros ou de détail, dira l’intervenant avant
d’expliquer dans le même temps que le champ d’application de cette réglementation inclut les marchés de
gros de fruits et légumes, de produits agroalimentaires et industriels. “Il est impératif pour tout porteur de
projet d'investissement dans le secteur d’avoir l'approbation de la commission chargée de l'aménagement et
l'implantation des espaces commerciaux, conformément aux dispositions du décret exécutif 07-120 relatif au
comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier”.
Dans ce cadre, l’intervenant expliquera que la commission en question est présidée par le wali
territorialement compétent. S'agissant des centres commerciaux et les grandes surfaces, il est exigé aux
porteurs de ces projets de réserver 30% de la surface totale, comprise entre 300 et 2 500 m2, aux produits
de fabrication locale en plus d'aires de stationnement pour 200 véhicules. Pour les hypermarchés, la
surface de vente doit être supérieure à 2 500 m2, et un parking de 1 000 véhicules ainsi que des aires de
jeux pour enfants. Pour leur implantation, elle doit se faire en dehors des zones urbaines et dans des
espaces prévus à cet effet.
INGENIERIE.- Vu son rôle dans le développement économique et la maitrise technologique des projets,
l'ingénierie constitue de nos jours un instrument privilégié de l'expansion de l'activité économique dans les
pays industrialisés. Elle devient un moyen nécessaire pour le décollage économique dans les pays du
tiers monde. En effet malgré une importance massive de technologie, les pays pauvres ont eu du mal à
la maitriser. Ils sont de plus en plus dépendants de leur source d'approvisionnement du fait de
l'inexistence des structures d'accueil pour mieux la gérer et la transformer.
Aujourd'hui, l'ingénierie en Algérie en est encore au stade primaire chez la plupart des opérateurs
économiques. Dans les pays avancés, elle se base essentiellement sur un potentiel humain de qualité.
Différentes spécialités oeuvrent ainsi en commun à réaliser des projets de grande envergure dans différents
secteurs d'activités.
Leur intervention s'avère nécessaire avant, pendant et après la réalisation de projets; car le travail de
l'engineering consiste à :
◙ faire des études préalables et conseiller l'investisseur sur la fiabilité d'un projet;
◙ le suivi tout au long de l'opération d'exécution;
◙ et assister l'investisseur après la réalisation du projet, notamment par la formation du personnel devant y
travailler, la maintenance, etc.
Dans les pays avancés, l'ingénierie joue un rôle déterminant dans la prise de décision; elle influe
directement sur le choix de l'investisseur. Quelle est à l'heure actuelle sa place en Algérie? L'évolution
fulgurante des progrès techniques et technologiques rend de plus en plus évidente l'obsolescence des
moyens de production, comme des compétences et aptitudes humaines. Les percées techniques et
technologiques ont renvoyé à l'âge"préhistorique"nombre d'investissements, de systèmes de gestion, et de
modes de pensée. L'avènement des réformes projette les entreprises nationales dans l'arène de la
concurrence, où seule la rentabilité demeure un moyen efficace de survie. La fonction engineering peut-
elle aider à rechercher cette rentabilité pour relancer l'activité économique? Assurément, les entreprises
nationales sont appelées à mieux gérer leurs investissements par la recherche d'une meilleure adéquation
entre exigences et contraintes du marché. Rappelons à cet effet que ces dernières ont

763
malheureusement hérité de mauvaises habitudes dans le mode de passation de leurs marchés. La
législation de 1982 (code des marchés de l'opérateur public) ne donnait pas l'autonomie de décision à
l'entreprise quant au choix de son partenaire étranger.
Résultat de cette pratique : la plupart des contrats ont été réalisés selon la formule clés en mains.
L'entreprise est devenue de ce fait, un simple agent d'exécution; l'on a même assisté à la naissance d'un
sentiment de mépris à l'écart des cadres nationaux. Tout cela n'a pas manqué de générer un surcout en
devises pour les entreprises nationales quand elles ont recours aux étrangers pour le suivi des projets.
Aujourd'hui, l'insuffisance des moyens de paiements extérieurs, met les opérateurs économiques
devant l'impératif d'une nouvelle approche de développement. Le recours aux ressources nationales
constitue une condition sine qua non pour relever le défi : celui d'assainir l'économie nationale. A l'heure
actuelle, les "technologies" de productivité et de rentabilité industrielle, commerciale et financière, dans le
sens d'ingénierie économique, sont devenues les vecteurs du développement économique et de création de
richesse. L'ingénierie économique est l'ingénierie qui réfléchit sur les activités économiques et analyse les
"comportements" des entités industrielles, commerciales et financières. C'est l'art d'élaborer les meilleures
modalités de conception, les conditions optimales de rentabilité , les ressources et les moyens les
plus adaptés. Bref, l'ingénierie économique est de la "matière grise" intégrée à la sphère économique.
La restructuration organique des ex-sociétés nationales opérée au début des années 80, en voulant donner
plus d'autonomie aux sociétés d'ingénierie a, en fait, "sonné leur glas". En effet, en coupant le "lien
ombilical" entre les sociétés industrielles et leurs structures d'ingénierie, la restructuration organique a
privé les sociétés d'ingénierie de leur support et de leur vivier naturel. Elles ont été peu sollicitées et/ou
associées aux projets de développement et/ou aux études d'investissements. De plus, le désinvestissement
industriel, hors secteur hydrocarbures, dû à la raréfaction des ressources mobilisables, a entrainé bon
nombre d'entre elles, soit, à fermer leurs portes, soit, à se réorienter vers les prestations de "consulting"
et/ou l'organisation de séminaires techniques. L'ingénierie économique est une ressource. Il ne s'assimile
pas au management. Elle est subordonnée à la politique managériale et aux oblectifs fixés. Elle ne
s'assimile pas non plus, à la recherche-développement, ni n'a pour fonction de s'occuper de brevets ou de
licences. La force du management est de rendre productives et performantes les ressources disponibles.
L'ingénierie économique, qu'elle soit de nature industrielle, commerciale ou financière, constitue, après le
capital, la ressource la plus recherchée. Le management de la productivité et la productivité du
management constituent de nos jours, les "clés" de la puissance et de la force économiques. Dans le cadre
de la relance de la croissance et du développement économiques initiés par les holdings publics sous
l'impulsion des pouvoirs publics, il y a lieu de reprendre et de réinsérer l'ingénierie économique dans ce
processus. La force et la puissance des groupes industriels, commerciaux et financiers, se mesurent
essentiellement à l'aune de la productivité et de la rentabilité qui sont "sources"de richesses et de pouvoir.
La "clé" en est l'ingénierie économique. Il indiquera de quoi sera fait l'avenir, en permettant au
management de s'y préparer. Il apparait primordial, que soit opéré un audit technique, technologique,
financier, et managérial des sociétés d'ingénierie affiliées aux holdings publics. En premier lieu, il
s'agira de soutenir et de préserver le potentiel existant. Les sociétés d'ingénierie affiliées aux holdings
publics pourraient faire l'objet d'un regroupement-fusion afin de renforcer leurs capacités. Cette entité sera
le "pool" des compétences et talents humains. Elle sera un lieu de travail idoine pour un personnel
disposant d'une culture technique, d'une expérience professionnelle avérée et d'un savoir-faire. En second
lieu, il s'agira d'aller en direction d'un renforcement et d'une promotion des équipes en charge de
l'ingénierie et se trouvant dans les différents secteurs. En tout état de cause, la constitution de sociétés
d'ingénierie économique s'avère incontournable. Ces sociétés spécialisées seraient en mesure d'offrir un
appui indéniable et une aide à la décision pour le management. En ingénierie industrielle, l'audit industriel,
les conditions et modalités optimales de valorisation du potentiel industriel, l'optimisation de la productivité
et de la rentabilité, l'engineering de réalisation, etc.
En ingénierie commerciale, l'audit des tendances internes et externes du marché, l'aménagement de la
qualité des produits et des prestations, le maillage commercial, technologie de la commercialisation, etc. Le
management se doit de développer et de promouvoir les liens et le flux d'informations aussi bien au sein
d'une entreprise publique économique que d'un groupe d'entreprises. La sphère de réflexion et
d'information devenue planétaire, multiforme et globale, exige d'adapter constamment les structures
d'organisation et de gestion, ainsi que les systèmes de pensée aux évolutions techniques et
technologiques sous-tendus par une stratégie d'ingénierie.
MAINTENANCE.- Lors de la réalisation des complexes industriels, l'aspect maintenance n'a pas été
sérieusement étudié. Cette fonction importante a été marginalisée. Les travaux d'entretien préventif n'ont
pas été exécutés convenablement; de ce fait le recours aux opérations de réparation a induit un besoin
démesuré de pièces de rechange qui occasionnent des pertes financières importantes. Le poids de
l'habitude aidant, on a fait de la maintenance une fonction essentiellement orientée vers le curatif. Les
partenaires étrangers ont trouvé leur compte dans cette situation qui leur permettait de se débarrasser de
leurs stocks de pièces de rechange. C'est ce qui explique la formation insuffisante du personnel algérien
dans le domaine de la maintenance. Le pays a tout intérêt de se doter d'une stratégie globale de
maintenance des installations industrielles pour une production conséquente, à moindre coût, et dans de
bonnes conditions de sécurité. Pouvant se baser sur une expérience déjà capitalisée depuis une trentaine
d'années, cette stratégie doit puiser dans les apports nouveaux de la technologie universelle. L'Algérie a

764
investi durant cette période des sommes colossales dans le secteur industriel sans obtenir les résultats
escomptés du fait que ses installations fonctionnent à un taux moyen en deçà de 50%. Ces médiocres
performances découlent de plusieurs facteurs. Au-delà de vices techniques légués par des constructeurs
étrangers, la maintenance effective et efficace des installations industrielles et la formation continue
des hommes ont constitué le talon d'Achille de l'appareil de production.
MARCHE PUBLICITAIRE.- Le marché de la publicité et des espaces est une entrée non négligeable pour le
développement de l'audiovisuel dans le Maghreb. Au Maroc, le marché des achats d'espaces publicitaires
est estimé à environ 338,5 millions $. Le chiffre est avancé par l'Association marocaine du marketing et de
la communication. Le marché marocain est présenté comme l'un des plus dynamiques de l'Afrique du Nord.
Les achats d'espaces publicitaires sont répartis ainsi qu'il suit: télévision et affichage (30% chacun), radio
(25%) et presse (moins de 15%). Ce sont les espaces digitaux qui ont connu une forte progression en
raison de la disponibilité de l'Internet et la démocratisation des journaux électroniques. Le digital a un
avenir prometteur, car il est appelé à accueillir davantage de publicité. L'Association marocaine du
marketing et de la communication observe que tous les acteurs du secteur sont en train de revoir leurs
stratégies et leurs pratiques: les médias, les annonceurs, les régies publicitaires et les agences. Le digital
est le support qui permet aux marques d'entretenir une relation horizontale avec le consommateur et de
maintenir ainsi le dialogue avec lui. Le marché marocain pourrait être approché par le marché algérien qui a
atteint 200 millions $ sur l'exercice 2015-2016. L'information a été donnée, lors des Journées
euromaghrébines sur la communication publicitaire, évènement qui s'est tenu à Alger les 11 et 12 décembre
2016. Même s'il est croissant, le marché algérien de la publicité reste moins attractif que celui des autres
pays de l'Afrique du Nord. L'Algérie affiche un ratio de 5 dollars /habitant, contre 10 dollars en Tunisie et 19
dollars au Maroc. En Algérie, 70 à 80% du chiffre d'affaires sont gérés par quelque 4 000 agences de
publicité. Et une bonne part du marché est tenue par les agences étrangères: Mccan, Drive, Bbdo ou encore
Tdwa. L'investissement publicitaire à la télévision reste le plus faible du Maghreb. L'Algérie ne réalise que 4
millions de dollars de chiffre d'affaires en publicité dans l'audiovisuel, contre une cinquantaine de millions
au Maroc et une vingtaine en Tunisie. Cette situation est due au fait que la majorité des annonceurs se
concentre sur une seule période, le Ramadhan. Durant l'année, la publicité est presque absente du paysage
audiovisuel. En raison des coûts parfois exorbitants de la fabrication d'un spot. Du coup, cette situation
oblige certains annonceurs à se diriger vers les télévisions privées où les tarifs sont pratiquement bas.□
MONOPOLE PUBLICITAIRE.- □ Rétrospective  : Selon une synthèse établie par l'agence nationale d'édition
et de publicité (ANEP), le marché publicitaire a été estimé à près de cent milliards de centimes (997
millions de dinars HT) pour l'année 1998. Il a connu une augmentation de 14,34% par rapport à 1997 (854
millions de dinars) et de 28,5% par rapport à 1996 (713 millions de dinars). Cette évolution est liée au
dynamisme qui a marqué certains secteurs d'activité. Le marché est appelé à connaitre un essor plus
conséquent avec le développement des projets d'investissement. Selon les statistiques de l'ANEP et en
termes de chiffre d'affaires, parmi les quotidiens, Liberté occupait la première place avec 9,73% suivi de
l'Authentique 9,24%, El Watan 8,57% et ElMoudjahid 8,07%. Il faut noter que les titres du groupe
Cirta-Com d'un ancien ministre-conseiller (L'Authentique, El Acil 2 et El Acil) réalisaient 18,55% bien
que leur tirage ne soit pas important comparé aux autres quotidiens. Les institutions et le secteur public qui
passent par l'ANEP réalisaient respectivement 41,81% et 15,31% tandis que le secteur privé a un taux de
32,17%. L'ANEP a réalisé 536 millions de dinars (augmentation de 12,84% par rapport à1997). Mais sa part
a diminué passant de 55,58 à 53,76%. Le secteur privé a augmenté sa part passant de 31,14% à 32,17%. A
propos du chiffre d'affaires réalisé par l'ANEP avec la presse, El Moudjahid occupe la première place avec
12,12% suivi de l'Authentique 11,65%, Le Matin 7,53%, El Chaab 7,02%, El Acil2 6,48%, El Khabar 5,91%
et El Acil 5,84%. Il faut noter qu'El Watan est le seul journal avec lequel le chiffre d'affaires est de 0%. Le
marché national de la publicité presse hors ANEP a réalisé en 1998 un chiffre d'affaires de près de 461
millions de dinars HT. Il représente près de 46% du chiffre d'affaires du marché national.
Il faudra attendre 1999 pour que soit adopté par le gouvernement un projet de loi "qui définit les
normes devant régir la publicité fixe les conditions requises pour l'exercice des activités y afférentes et
institue une structure indépendante de suivi". De plus, "il consacre la fin du monopole et la liberté de
l'annonceur de choisir son support publicitaire. Cette dernière disposition devient indispensable si l'on
tient compte des changements qui s'opèrent dans la sphère économique. La concurrence impose une
liberté de choix du support publicitaire. Moyen de financement par excellence de la presse, la publicité
devait un jour ou l'autre être libérée du monopole. L'absence de normes claires, comme dans certains
pays où la publicité d'Etat est distribuée selon des critères établis (tirage, diffusion, pluralisme,...), a
pénalisé la presse qui s'est retrouvée prise en otage. Le développement de la presse, du secteur de la
communication et de l'information ne peut se faire sans de nouvelles règles en matière de publicité, des
règles qui mettent un terme au monopole.
►Octobre 2017  :le marché de la publicité ne profite pas équitablement aux acteurs qui interviennent dans le
secteur de l’information et de la communication. La publicité institutionnelle est répartie selon des critères
subjectifs. Des publications au faible tirage, voire à une parution aléatoire, en bénéficient pendant que des
publications à forte notoriété en sont privées. Une situation que l’absence d’une loi régissant le secteur
favorise.
En janvier 2015, l’ex-ministre de la Communication, Hamid Grine, avait pourtant annoncé que l’avant-projet
de loi sur la publicité était prêt et transmis au secrétariat général du gouvernement. Le débat sur la

765
répartition de la manne publicitaire — évaluée à 70 milliards de dinars — étant biaisé, Djamel Kaouane ne
semble pas manifester une réelle volonté de relancer ce texte de loi. Pourtant, M. Kaouane avait avoué que
depuis l’année 2014, ce sont 26 quotidiens et 34 hebdomadaires qui ont définitivement disparu du paysage
médiatique national, alors que d’autres quotidiens et d’autres hebdomadaires et magazines frôlent une
situation financière à la limite de la cessation de payement. Bien que ce ne soit pas le cas, M. Kaouane
tente une diversion en affirmant que “l’Anep est en bonne santé financière”. M. Kaouane a d’ailleurs tranché
lors de son dernier passage à la Radio Chaîne III, en affirmant que “nous sommes en crise” et que “le
modèle économique est devenu obsolète partout dans le monde”. Autrement dit, le ministre n’exclut guère
que d’autres titres puissent succomber à cette crise financière. Et de menacer en des termes à peine voilés
en disant qu’“il est impératif de repenser le métier (…) La presse doit absolument faire sa mue et mettre le
pied dans le XXIe siècle marqué par le défi du numérique. Pour être attractive et regagner ses lettres de
noblesse, celle-ci doit revenir à sa vocation initiale et universelle, celle d’informer”. Des déclarations qui ne
rassurent guère les professionnels des médias qui appréhendent d’ores et déjà la descente aux enfers de la
presse nationale. □ Farid Belgacem, liberté algérie, 02.03.2017
POSTES ET TELECOMMUNICATIONS .- Les services financiers des PTT (CCP) bénéficient du réseau de
3000 agences postales réparties sur le territoire. Le réseau CNEP utilise le réseau des agences
postales et les agences CNEP (300 environ). Le nombre de comptes ouverts aux CCP est d'environ 3,2
millions, pour un montant de dépôts de 100 milliards de DA environ. Le nombre de comptes CNEP est de
2,7 millions pour un montant de dépôts de 120 milliards de DA. □ Cf. Monétique
PROFESSION.- Beaucoup de professions demeurent méconnues car la réalité économique n'a pas
permis leur émergence. Cette situation provient du fait que le secteur d'activités n'a pas fait l'objet d'un
développement suffisamment accru en ses créneaux propres ou dans ses relations d'intégration à d'autres
domaines. Ces besoins professionnels existent et ne sont pas reconnus économiquement à l'heure
actuelle comme sciemment indispensables. L'essor, la promotion, ou la réhabilitation de nombreuses
filières de professions périphériques ou en état de marginalisation permettrait une élévation du degré
de développement et du taux d'intégration dans leurs relations ramifiées de professionnalisation. Bon
nombre de professions de la vie active fonctionnent de façon désorganisée ou comme marginalisée
sinon reléguée à l'état de prestation de service quasi-facultative. L'on peut citer la question de la
réhabilitation du pharmacien d'officine dans le corps médical et son implication dans les activités liées au
médicament et à sa commercialisation. En outre, un recentrage des métiers au sein des entreprises ou des
collectivités valoriserait les résultats produits par l'activité humaine au regard des normes qui s'y
rattachent.
PUBLICITE.- □ Rétrospective  : Le monopole de la publicité institutionnelle est détenue par l'agence
nationale d'édition et de publicité, laquelle étatique se charge de répartir la diffusion des insertions
publicitaires des administrations et entreprises publiques auprès de la presse indépendante et publique.
En effet, une circulaire du premier ministre (juillet 96) imposée aux opérateurs publics oriente le principe
de l'autonomie des entreprises publiques et la loi (janvier 1995 relative au libre exercice de la concurrence,
et restreint leur libre choix de supports publicitaires. De ce fait, la presse indépendante tombe sous le coup
de la conditionnalité d'être "mise au pas" financièrement par une certaine contrainte d'obédience vis-à-vis
des pouvoirs publics par rapport à leur ligne éditoriale. Sur un marché publicitaire global de 963 millions de
dinars, estimé pour 1996, l'ANEP a réalisé un chiffre d'affaires de 407 millions de DA, équivalant à 57% du
chiffre d'affaires de la totalité des organes de presse écrite estimé à 713 millions de DA (74,04%). Les
autres médias, la télévision et la radio détiennent 20,77% (200 millions DA) et 5,19% (50 millions DA) du
marché global de la publicité. Il est à préciser que ces données ne tiennent pas compte des dépenses
publicitaires engagées par les annonceurs en dehors des organes de presse. Pour ce qui est de la
répartition des espaces publicitaires, El Moudjahid vient en tête des quotidiens avec 36,65% des annonces,
Liberté 35,31%, El Khabar 33%, El Watan 29,04%, Le Matin 23,7% et l'Authentique 22,66%. Cette
classification confirme le rôle de monopole de fait dont est accréditée l'ANEP et qui se traduit par une
alimentation sélective des quotidiens en annonces publicitaires, notamment pour celles émanant des
institutions de l'Etat et des entreprises publiques. Selon le chiffre d'affaires réalisé et compte tenu des
différences de tarification entre les organes, le classement donne El Watan à la première position avec
13,7% du marché revenant à la presse écrite suivi de liberté 12,2%, El Moudjahid 10,7%, l'authentique 9,8%
et El Khabar 9,1%.Selon un autre élément d'analyse, en l'occurrence la typologie des annonces, le marché
global de la publicité de presse est constitué des annonces informatives et légales avec 91,24% des
recettes contre 8,76% pour les annonces commerciales. En termes de montants financiers, la première
catégorie d'annonces génère 650,54 millions de dinars contre 62,66 millions pour la seconde. Exprimées
en termes d'espaces publicitaires, les annonces légales occupent 56,24% des espaces contre 30,14%
pour les annonces informatives et 13,32% pour la publicité commerciale. En matière de gestion de budget
publicitaire, en Algérie, la structuration des entreprises ne répond pas aux normes internationales en
matière de markéting. Celui-ci est considéré comme étant uniquement une partie de la cellule commerciale.
C'est à dire, qu'en Algérie, on relie directement le markéting à la vente du produit. Or, dans les pays
développés, l'étude du marché se fait à partir d'un sondage des besoins du consommateur. Il ne s'agit pas
de chercher le moyen qui fait vendre un produit ne répondant pas aux besoins du client. Il est nécessaire de
placer le consommateur au centre de l'activité commerciale de l'entreprise; Autrement dit, le produit va du
client (étudier la demande sur le marché) et revient au client (offrir le produit final). L'élaboration d'un plan

766
de communication doit servir d'outil de réflexion et de travail capable d'aider à la prise de décision dans
un souci de rentabilité, de rigueur dans la gestion et de performance dans une entreprise.
SERVICES MARCHANDS .- Les services marchands incluent les transports et communications, le commerce
et autres services (hôtellerie et tourisme, affaires immobilières, secteurs financiers). En 1992, l'ensemble
de ces services totalisaient environ 18% de la production intérieure brute. Près de 60% de la valeur ajoutée
du secteur était le fait du secteur privé. Il employait environ 1 million de personnes. ►Le
secteur des services marchands demeure un moteur important de la croissance. Il constitue une
composante importante des activités de la sphère réelle du fait qu’il soit présent en amont et en aval de
toute activité. Cette position privilégiée lui confère un dynamisme puissant qui soutient fortement la
croissance. Pour rappel, ce secteur a réalisé une croissance moyenne annuelle de 8,0% sur la période
2007-2014, mais en 2015, cette tendance semble s’infléchir puisque le taux de croissance enregistré n’est
que de 5,3% et cette baisse d’activité s’est accentuée en 2016 puisque le secteur n’enregistre que 2,9% de
croissance en 2016. Cette décélération est pour l’essentiel due à la contraction des importations de
marchandises mais également à une croissance hors hydrocarbures ralentie. Le secteur des services et
travaux publics pétroliers qui avaient connu une faible croissance en 2013 a renoué avec des performances
plus importantes en 2014 avec un taux de croissance de 3,6%. En 2015, cette tendance se confirme avec
un taux de croissance de 4,0% et en 2016 le secteur enregistre de nouveau une croissance de plus de 3,0%
et compatible avec la nouvelle dynamique de croissance dans le secteur des hydrocarbures. Globalement le
secteur du BTPH y compris les services et travaux publics pétroliers en 2016 est sur la tendance déjà
enregistrée en 2015 soit 5,0% de croissance en 2016 par rapport à 2015 contre 4,7% de croissance en 2015
par rapport à 2014.
 Les « services non marchands » sont dominés par les services des Administrations Publiques et évoluent
à un taux de croissance de 1,3% en 2016 contre 3,5% en 2015 et 4,3% en 2014. Il semble évident que cette
baisse de la croissance des services des administrations publiques est consécutive à la baisse des recettes
de l’Etat constituées en partie de la fiscalité sur les hydrocarbures (fiscalité pétrolière). Par ailleurs, les
impératifs de retour à l’équilibre budgétaire se sont soldés par une baisse des dépenses publiques et donc
une baisse de l’activité des administrations publiques.

Observation  : La classification économique des services publics

Source : Aloy E. et Lévêque F. (1997), "la définition, les outils d’évaluation et de financement du service public en

767
situation de concurrence ouverte", CERNA : centre d’économie industrielle, école nationale supérieure des
Mines de Paris, p22.

Ce tableau nous permet de distinguer le service public marchand du service public non marchand, à partir des quatre variables qui ont été
utilisées :
1- La catégorie de bien : bien collectif pur ou bien de club,
2- Le type de consommation : forcée ou facultatif,
3- Le mode d’accès : gratuit ou payant,
4- Le mode de financement : par l’impôt, par les recettes perçus auprès des usagers, ou par la formule mixte de l’accès payant mais
subventionné.
En lisant le tableau horizontalement, les deux types de service public (marchand / non marchand) correspondent aux deux catégories de biens
:
1) Le haut du tableau groupe des services publics marchands correspondant à des biens de club qui présentent les caractéristiques suivantes :
l’accès est payant, la consommation est facultative et la production est financée par les recettes perçues auprès des usagers, c’est à dire que
l’utilisation est réservée uniquement aux contribuables.
2) Le bas du tableau, nous trouvons des services publics non marchands correspondant à des biens collectifs purs : l’accès est gratuit, la
production est financée par l’impôt et l’usage s’impose à tous.
3) Au milieu du tableau, nous trouvons d’autres types de services publics qui sont délimités, selon léveque, par trois frontières que l’Etat a le
pouvoir de déplacer, c’est à dire que l’Etat peut mettre certains services et biens de club (*) à la disposition de tous, c’est le cas de
l’éducation, l’utilisation des autoroutes en Algérie, mais il faut préciser le suivant tout en reprenant les mots de léveque : « la non- exclusion
n’est pas faute d’un dispositif technique visant à exclure d’éventuels passagers clandestins. Ici la nonexcludabilité est le résultat de l’action
publique plutôt que la cause » □ KEDEROUCI Sabah (2010)

(*) Biens de club : cette catégorie de biens a été aussi qualifiée par « biens collectifs mixtes », ils sont des biens non-rivaux
excludables, c’est à dire la consommation par une personne n’empêche pas celle par d’autres personnes mais l’utilisation peut
être réservée seulement aux personnes prêtes à payer le prix requis, c’est le cas : des ponts, des tunnels, des autoroutes, une
chaîne de télévision à abonnement, un club de tennis, une piscine, théâtre,…etc.

TOURISME DÉFAVORISÉ.- Avec moins de 100 millions $US de recettes du tourisme, l'Algérie fait figure de
parent pauvre* de ce secteur au maghreb. A titre de comparaison, les recettes du Maroc étaient en 1992 de
1.370 millions de $us. Pour la Tunisie, elles dépassent 1 milliard de $us. Pourtant les possibilités de
développement du tourisme algérien sont extrêmement importantes. A titre d'exemples de la diversité de
ces richesses, citons :
♣ le littoral méditerranéen,
♣ les régions montagneuses tels que le Djurdjura et les Aurès,
♣ d'importants sites historiques datant des différentes périodes de l'histoire de l'Algérie médiévale.
♣ d'importants sites architecturaux et urbains tels que la Casbah d'Alger ou la ville de Ghardaïa,
♣ les sites préhistoriques des deux parcs du Tassili et du Hoggar,
♣ les oasis du nord du Sahara,
♣ les nombreuses stations thermales et climatiques.
A cette diversité de paysages et de sites, s'ajoute la grande diversité culturelle du pays et l'hospitalité de la
population. Dans le secteur public interviennent vingt entreprises publiques économiques dont l'ONAT,
l'ENET (bureau d'études touristiques), une entreprise de thalassothérapie et des entreprises de gestion
touristique, exploitant chacune un ou plusieurs complexes. Le centre national pour la formation dans le
tourisme dispose de 3 centres de formation (Alger, Tizi-Ouzou, Bou-Saâda) totalisant 400 places
pédagogiques. Il a formé jusqu'à maintenant 6.000 agents. Plusieurs sociétés mixtes existent (Sofitel,
Hilton, Sheraton,...). L'office national du tourisme) est l'instance administrative chargé de concevoir et de
concrétiser la politique touristique. Cette politique est axée sur un plan directeur de développement
touristique. C'est dans ce cadre qu'ont été définies des zones d'expansion touristiques et les régions
prioritaires pour le développement touristique. La loi de finances 1992 a fait bénéficier les activités
touristiques d'exonération très souvent avantageuses notamment l'exonération de l'IBS pour 10 ans. Les
exonérations sont modulées suivant l'implantation dans les zones touristiques à privilégier. (* Cf.
Politique Touristique )
TRANSPORT DE MARCHANDISES .- Après avoir été gelé depuis 1998  : O.K. pour les transports aérien et
maritime de marchandises . La fermeture du domaine des transports aérien et maritime de marchandises a
longtemps duré. Tel qu’annoncé au tout début de cette année, cette mesure est désormais, de manière
officielle, levée depuis dimanche pour qui veut se lancer dans le fret par voie maritime ou aérienne. C’est
par le truchement d’une note du délégué général de l’Association des banques et établissements financiers
(Abef), datée d’il y a deux jours, que les banquiers du pays ont été informés de la levée de cette mesure
interdisant la pratique des transports maritime et aérien de marchandises. L’Abef a été elle-même informée
de cette décision par un courrier qui lui a été transmis, une semaine plus tôt, par la Direction générale du
Trésor. Ainsi, les banques ont été instruites, depuis deux jours donc, afin de prendre les mesures
nécessaires pour faciliter les procédures aux entreprises intéressées par l’exercice de cette activité. La
levée du gel du fret maritime et aérien s’inscrit dans la perspective d’«augmenter la part de marché du
pavillon national en matière de transports aérien et maritime de marchandises, à encourager les

768
exportations hors hydrocarbure et à diversifier les ressources financières», écrivait l’Entreprise portuaire
d’Alger, il y a une dizaine de jours, lorsque la nouvelle de cette levée avait été annoncée par le ministre
des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, devant les membres de la commission des
finances de l’APN. Il faudrait relever que le gros du travail pour encadrer juridiquement les transports
aérien et maritime de marchandises a été effectué puisque la législation dans ce domaine a été ficelée il y
a exactement 20 ans, mais l’activité a été, depuis, gelée jusqu’à ces derniers jours. Donc, il faudra
s’attendre maintenant à ce qu’un travail d’adaptation de ce cadre juridique avec la réalité d’aujourd’hui, se
fasse notamment avec l’élaboration d’un cahier de charges. En tous les cas, comme le soutenait le ministre
lorsqu’il avait fait état de la décision de levée de gel sur l’activité, c’est une nouvelle donne favorable aux
potentiels exportateurs, dont les producteurs agricoles, d’autant que dans les prévisions du secteur, on
projette l’acquisition de 24 navires qui, au fur et à mesure de leur réception, atténueront l’hégémonie des
transporteurs étrangers opérant vers et à partir du pays.□ A. Maktour, El Watan, 13.03.18
►Fret maritime : "Les compagnies étrangères dictent leur loi". Lors de la journée d'information sur la
logistique organisée à Alger vers la fin du mois de juin 2018 par le Forum des Chefs d'Entreprises (F.C.E),
le fret maritime en Algérie et notamment son contrôle par des compagnies étrangères a été débattu par les
participants. Ce volet continue à constituer une hémorragie de devises pour le pays avec une prise en
charge timide. Il est caractérisé par des surcoûts liés aux frais de manutention, les frais liés aux surestaries
des navires et conteneurs. Le tonnage à l'import réalisé par les ports algériens a connu une hausse
importante durant ces dix dernières années, passant de 37 millions de tonnes en 2011 à 52 millions de
tonnes à fin 2016. La flotte algérienne qui se compte sur le bout des doigts n'assure qu'une faible partie du
transport de cette réalisation enregistrée chaque année. Cette situation a placé notre pays dans une
position défectueuse voire même à la merci des transporteurs étrangers qui profitent de cette position de
faiblesse de la compagnie maritime nationale et notamment de ses moyens de transport maritime, pour
proposer des prix exorbitants à destination de nos ports et qui pèsent lourdement sur l'économie nationale.
Ce sont 97 % des marchandises destinées à l'Algérie qui sont assurées par des compagnies étrangères de
transports maritimes. Les armateurs fixent leurs tarifs non seulement en fonction des conditions du port de
destination mais également en tenant compte des risques de séjour prolongé de leur bateau. Il en est de
même pour les assurances. A cela s'ajoutent les pénalités comme celles des surestaries alourdissant ainsi
la facture que payera le réceptionnaire et en dernier ressort le consommateur. L'Algérie a été secouée par
la crise économique depuis que les prix du brent ont connu une baisse. Cette conjoncture a fait réagir les
pouvoirs publics à prendre certaines mesures pour faire face à cette crise. Nous citerons ici quelques
unes : Suppression de l'importation de certains produits, production locale de certains produits à l'import
(médicaments, semence, etc.), suppression des importations de véhicules avec obligation aux
concessionnaires de procéder au montage sur place, etc. Il est à noter dans ce sens que l'Algérie veut
reprendre sa place parmi les pays disposant d'une flotte importante et assurant le transport de sa
marchandise par ses propres moyens réduisant ainsi le coût annuel du fret qui est de 1,6 milliard de dollars
dont 97 % revient aux compagnies maritimes étrangères. Il faut rappeler dans ce sens que durant les
années 1970/1980 l'Algérie était classée parmi les 50 premiers au niveau mondial avec une flotte
algérienne composée de plus de 80 navires tous types confondus. Avec cette flotte il faut reconnaitre que
l'Algérie assurait à l'époque plus de 30 % des échanges extérieurs. Aujourd'hui, la part de l'Algérie dans le
transport maritime est très faible et les armements étrangers qui assurent le transport des cargaisons
algériennes imposent leurs conditions. La flotte algérienne a connu une baisse importante due à l'âge limite
dans la majorité des cas dépassant les 30 ans sans avoir pensé à son renouvellement. Devant cette
faiblesse de la flotte nationale le transport maritime qui reste le mode le plus utilisé dans le commerce
international soit 75 % du commerce mondial en volume bien sûr, en Algérie ce sont environs 95 % des
marchandises importées qui transitent par les ports. Afin de réduire la facture du fret, l'État a arrêté un
programme de renforcement de la flotte nationale de transport maritime par l'acquisition de 25 navires
répartis entre les compagnies maritimes de la C.N.A.N. L'objectif de ce programme est que le transport de
la marchandise algérienne soit assuré par la flotte nationale sachant que le coût annuel du transport de la
marchandise algérienne s'élève à environ 1,6 milliard de dollars. Ce programme ambitieux va normalement
faire passer la part de la flotte algérienne dans le transport maritime de 3% à 30 % d'ici l'année 2020 selon
les prévisions du département ministériel en charge du problème. Ce programme est déjà en marche
puisque plusieurs navires ont été déjà réceptionnés dans ce cadre à savoir, le « STIDIA», «TIMGAD»,…..
Nous estimons que le renforcement de la flotte nationale n'est pas une fin en soi. Il faudrait aussi que les
ports soient au même rythme, célérité dans les déchargements avec des cadences de déchargements
appréciables, augmentation du rendement portuaire notamment pour le conteneur, qui reste le plus faible en
méditerranée, le travail de nuit et durant les week-ends doivent être imposés, régler le problème des
occupations des postes à quai par les navires en saisie conservatoire qui constituent des manques à
gagner très importants pour les entreprises portuaires et provoquent une hausse de surestaries pour
d'autres navires en attente, priorité d'accostage pour les clients qui s'engagent à opérer en 3ème, voire
4ème shift et les jours fériés même si leur navire arrive en dernière position (il faut aussi avoir le courage),
révision du règlement de la commission de placement des navires qui est obsolète (promulgué en 1987),
entre autres... Nos ports sont restés tels qu'ils étaient transférés aux Autorités portuaires algériennes en
1962. Certains ports ne disposent même pas de rampe RO-RO pour les navires conçus à cet effet. Il arrive
que les marchandises destinées à un port soient déroutées vers un port voisin pour les débarquer, ce qui
engendre des frais supplémentaires à payer par l'opérateur. Les bateaux ne peuvent faire escale dans tous
les ports. Les ports sont confrontés à plusieurs contraintes qui les empêchent d'achever leurs missions. Ces

769
obstacles sont liés principalement en premier lieu à leur faible tirant d'eau et en second lieu à des
équipements mal adaptés aux navires. Les tirants d'eau qui étaient largement suffisants il y a des
décennies, dans certains ports, ne répondent plus actuellement à la taille des navires. Cette situation oblige
les armateurs étrangers qui touchent les ports algériens à recourir aux navires de petites tailles considérés
comme non économiques et engendrent des pertes importantes pour le réceptionnaire algérien qui supporte
les taux de fret très élevés. Ces faibles tirants d'eau constituent également des obstacles pour les
opérateurs qui sont obligés d'alléger les navires transportant leurs cargaisons notamment pour le vrac,
céréales, etc., dans un port voisin avant de le ramener vers le port choisi (A proximité du silo à céréales
par exemple), ce qui contraint cet importateur de payer des frais supplémentaires sur le total de la
cargaison importée y compris celle ayant fait l'objet d'un allègement. L'évolution très rapide des échanges a
démontré les difficultés de l'outil portuaire à faire face à la nouvelle situation économique du pays et à
s'adapter aux nouvelles exigences du commerce maritime international dicté par la mondialisation. Cette
faiblesse ne se limite pas à une seule contrainte mais à certaines insuffisances à différents niveaux dans
les ports. Elles vont de la faiblesse des moyens de manutention en passant par la qualité des prestations et
leur efficacité sur le terrain en prenant conscience que chaque heure perdue par un navire en rade ou à
quai a ses répercussions négatives sur le coût du fret. Elles touchent les caractéristiques techniques des
ports: la faiblesse des tirants d'eau et des longueurs des quais, l'insuffisance des surfaces d'entreposage.
L'infrastructure réceptionnée par les autorités portuaires en Algérie en 1962 n'a pas connue d'évolution,
extension ou autre, et de ce fait elle ne peut répondre à la taille des grands navires et/ou à fort tirant d'eau.
La faiblesse des cadences de déchargement influe également sur le séjour des navires tant à quai qu'en
rade d'où la facturation des surestaries. Rappelons que les surestaries sont une pénalité payée à l'armateur
du navire par le réceptionnaire. Quand le navire est libéré plutôt que prévu, le réceptionnaire peut percevoir
une prime appelée «dispasch money» mais cette opération semble malheureusement être ignorée par nos
importateurs et exportateurs en charge du commerce extérieur. Le port est un lieu de transit, les
marchandises doivent être enlevées dans les délais courts ou transférés vers les ports secs s'ils existent.
Quant aux navires à quai, leur souffrance constitue l'une des faiblesses qui favorisent la hausse du fret à
payer par les importateurs en raison des défaillances sus citées du port. « Un navire perd de l'argent quand
il est au port et en gagne quand il est en mer », comme l'a évoqué l'armateur marseillais Christian Garin.
Ce qui voudrait dire clairement que c'est seulement lorsqu'il transporte sa marchandise que le navire gagne
de l'argent, raison pour laquelle les armateurs ont toujours ce souhait de quitter le port le plus rapidement
possible. Aujourd'hui l'Algérie s'engage vers le courant de la mondialisation et l'ouverture aux marchés
étrangers. A cet effet, il a été décidé de créer un port d'envergure mondiale qui traitera 25 millions de
tonnes de marchandises annuellement et 6,3 M.EVP et disposera de 24 postes à quai dont 11 dédiés pour
le conteneur. Ce futur port de Hamdania situé à 03 kilomètres de la ville de Cherchell va coûter au trésor
selon les estimations la somme de 3,2 milliards de dollars U.S soit approximativement la somme que
l'Algérie a payé en surestaries durant la seule année de 2016. Le port de Hamdania, une fois achevé,
pourra être desservi par des bateaux de plus en plus gros, il offre des tirants d'eau importants et sera
équipé de moyens de manutention performants. Il permettra de connecter l'Algérie avec l'Asie du Sud-Est,
l'Amérique et l'Afrique et de faire face au volume du trafic maritime en direction de l'Algérie. Les
caractéristiques de ce port laissent apparaitre que ce port devienne un «hub» vers l'Europe et l'Afrique de
l'Ouest, interconnecté au réseau ferroviaire et autoroutier africain et permettra le transbordement des
navires en provenance des grandes routes maritimes. Il sera le second port africain après Tanger Med (9
millions EVP). Appelé «Projet du siècle», il s'agit donc d'un méga port doté des infrastructres et des
technologies les plus développées qui optimisent les différentes fonctions portuaires à grande échelle.
Enfin le programme de renforcement de la flotte nationale arrêté par le gouvernement a dépassé les 25 %.
Son objectif est d'augmenter le transport maritime par des navires algériens soit 30 % du fret total d'ici
2020. Avec cette cadence d'acquisition de nouveaux bateaux, la bataille de la récupération du fret maritime
semble être gagnée. □ BOUABIDA M. (le quotidien d'oran 17.07.18)
□ Courrier postal  : Un simple retraité faisant la chaine au guichet postal nous a certifié que sa lettre
recommandée avec accusé réception (300 DA) vers la France (envoi de son certificat de vie vers sa caisse
d’allocation retraite) allait mettre un mois et demi pour arriver à destination parisienne  : "Les clients y sont
devenus contraints car sceptiques vis-à-vis de l’acheminement du courrier par voie normale car beaucoup
de lettres n’arrivent pas à destination selon le mode postal ordinaire (moins cher et non fiable)".

L'ORGANISME FINANCIER
ASSURANCES.-□ Rétrospective  : A l'époque des années 90-95, force est d'admettre que ce secteur est
bien en deçà des fonctions et prérogatives qui lui sont théoriquement dévolues dans une économie de
marché. Les compagnies d'assurances sont incontestablement appelées à une reconsidération complète de
leur rôle et mode de fonctionnement. L'activité des compagnies d'assurances (SAA, CAAT, CAAR,
CAGEX,...) a connu une régression spectaculaire depuis 1990. Le taux de pénétration d'assurances (rapport
demande d'assurances- PIB) est passé de 1,20 en 1991 à 0,67 en 1995. La densité d'assurances qui
exprime le montant moyen de la demande d'assurances par tête d'habitant, montre également une
régression inquiétante. De 11,3 dollars en 1991, elle passe à 9,7 dollars en 1997. La production a été de
288,604 millions de dollars en 1995 contre 662,057 millions de dollars en 1990, soit une diminution du
chiffre d'affaires de 56%. Les indemnisations ont été de l'ordre de 151,558 millions de dollars en 1995

770
contre 243,582 millions de dollars en 1990, soit une baisse du service rendu à la clientèle à hauteur de
38%. Les placements financiers se sont élevés à 441,714 millions de dollars en 1995 contre 1.770,239
millions de dollars en 1990, soit une réduction de financement de l'économie nationale de l'ordre de 75%.
L'Algérie se situe à la 4 è m e place parmi les cinq pays du Maghreb et à la 12 è m e place sur les 16 pays arabes
en termes de pénétration d'assurances. Les chiffres relatifs aux différentes composantes du portefeuille
global des assurances montrent que sur un montant global de production estimé à 15,1 milliards de dinars
en 1996, 12,8 milliards, soit 85%, proviennent des assurances obligatoires, alors que les assurances
facultatives représentent seulement 2,3 milliards de dinars, soit 15% seulement.
L'analyse des différentes causes entravant le développement de l'activité d'assurances montre que celles-ci
sont liées au mode de fonctionnement propre au système monopolistique caractérisé par un manque
d'agressivité et l'absence de l'esprit markéting. Peu de progrès ont été accomplis depuis l'introduction de
l'autonomie des entreprises.Les pratiques en matière de gestion n'étaient pas de nature à rehausser l'image
de marque des entreprises. Les nombreux problèmes rencontrés par les clients pour se faire indemniser ont
contribué à la mauvaise réputation des entreprises existantes assimilées à des organismes apparentés au
fisc. Les changements à opérer s'articulent autour de la nécessité d'une maitrise du métier. La stratégie
pour aller vers la performance devra s'appuyer sur le déploiement d'une batterie de moyens techniques :
politique des tarifs, révision des produits, sélection des risques, etc. La démarche ne saurait évidemment
faire l'économie d'un effort de formation pour avoir quelque chance de succès.
Cristallisé dans son incapacité à sortir de la sphère du monopole, ce secteur n'arrive pas à se départir
d'une vie en autarcie (sauvegarde de la rente, opacité dans l'organisation, non rationalité dans le choix et
l'utilisation des hommes, allergie à l'introduction de techniques modernes de gestion et à l'appel d'hommes
nouveaux, etc.) et de réagir aux changements structurels que connait l'économie algérienne dont l'ouverture
sur le monde. En effet, et à l'exception de certaines actions superficielles et sporadiques de réorganisation
interne, le secteur vit encore sur le plan structurel à l'ère du monopole (siège, unité GSE, agences) où les
techniques de gestion sont pratiquement inconnues (contrôle de gestion, management, markéting, etc.) et
qui sont indispensables dans la survie des compagnies : connaissance et maitrise des coûts techniques
(sinistres) et de gestion (frais généraux) par branche, par risque, etc., pilotage de la société, maitrise de la
gestion en général, recherche de nouveaux produits, redéploiement des effectifs pléthoriques, etc.
L'ensemble des domaines des assurances doit être couvert par une institution de formation pour contribuer
à insuffler une nouvelle stratégie au secteur.
□ Evolution : Le secteur des assurances a connu une évolution en trois étapes depuis l’indépendance du
pays (1962). La première étape intervient juste après l’indépendance et est caractérisée par la reprise des
sociétés d’assurance existantes, qui vont passer sous le contrôle du ministère des Finances, et par
l’instauration du principe que les risques situés en Algérie ne peuvent être assurés que par des organismes
agréés. Une deuxième étape a vu l’établissement du monopole de l’Etat, qui s’est traduit notamment par la
nationalisation des sociétés d’assurance existantes et la création de certaines compagnies, telles la
Centrale de réassurance (CCR) et l’institution de l’assurance mutualiste avec la création de la Caisse
nationale de la mutualité agricole.La troisième et dernière étape est caractérisée par la libéralisation du
secteur des assurances, essentiellement consacrée par la promulgation de l’ordonnance n°95-07 du 25
janvier 1995 relative aux assurances. L’activité du marché d’assurance est ouverte à l’investissement privé.
Enfin, le contentieux entre l’Algérie et la France, qui trouve son origine en 1966, au moment de la création
du monopole de l’Etat sur l’activité d’assurance, fut levé courant 2008 suite un accord franco-algérien y
relatif. Désormais, les sociétés françaises d’assurances signataires de la convention sont réputées avoir
apuré leurs engagements et sont donc à ce titre éligibles de plein droit à l’agrément pour effectuer des
opérations d’assurance en Algérie. Elles sont également réputées avoir apuré tous les passifs, y compris
fiscaux, concernant les opérations d’assurance et leurs actifs immobiliers en Algérie, leur gestion et leur
transfert.
♦ Configuration actuelle du secteur algérien des assurances  : Il existe à ce jour 24 compagnies
d’assurances publiques ou privées opérant au niveau du marché algérien. Ces compagnies sont organisées
sous forme de sociétés par actions (SPA) ou de sociétés mutualistes. Les compagnies d’assurances
commercialisent environ 100 produits d’assurance dans les différentes catégories d’assurance et
réassurance. Les 24 sociétés du marché algérien des assurances ont totalisé un chiffre d’affaires annuel de
460 millions d’euros en 2006 et de l’ordre de 538 millions d’euros (+ 16%) en 2007. En application des
textes régissant la réévaluation des immobilisations, certaines sociétés ont bénéficié en 2007 d’une
augmentation de leurs fonds propres par l’incorporation de l’écart de réévaluation, engendrant ainsi une
amélioration significative du niveau de la marge de solvabilité de ces sociétés et du marché d’une manière
générale. Les compagnies d’assurances sont représentées au sein d’une organisation professionnelle
intitulée UAR (Union des Assureurs et Réassureurs).Quant au réseau de distribution des produits
d’assurance, ce dernier a durant ces dernières années enregistré une hausse, légèrement en faveur des
réseaux des intermédiaires. En 2012, le réseau des intermédiaires est constitué de 797 intermédiaires
d’assurances dont les agents généraux et 28 courtiers contre 1024 agences directes. En 2015 la liste des
courtiers agréés a été élargie au nombre de 35 courtiers en activité et de 26 courtiers de réassurance
étrangers agréés. Les agents généraux en assurances (AGA) sont des intermédiaires en assurances liés
par un contrat de représentants et mandatés par une ou plusieurs compagnies. Ils sont organisés en
association. Les courtiers, autres intermédiaires, exercent une profession qui est considérée comme une
activité commerciale et, à ce titre, soumise à inscription au registre du commerce.

771
Un projet de création d’une association des professionnels de cette catégorie est en cours de formalisation.
L’activité de ces différents intervenants est encadrée par le Conseil national des assurances (CNA), présidé
par le ministre chargé des Finances. Les attributions de cet organe concernent tous les aspects relatifs à la
situation, à l’organisation et au développement de l’activité d’assurance et de réassurance. Quatre
commissions sont chargées, au sein de ce conseil, d’examiner les demandes d’agrément des compagnies et
des courtiers en assurance.◙ Charef Fatiha, 2016 .
ASSURANCE AGRICOLE .-Sur plus d’un million que compte l’Algérie, Seuls 5% des agriculteurs sont
assurés. Au sein de la CNMA, acteur principale des assurances agricoles en Algérie, l’agriculture ne
compte que pour 10,8 % dans chiffre d’affaires. Malgré la contribution de l’agriculture à l’économie par 12
% du PIB, SAU 8 500 000 ha et une population rurale de 13,8 millions d’habitants, soit 40 % de la
population totale (Benhabiles 2012) ; le niveau d’assurance et de soutien interne que le pays accorde au
secteur agricole est relativement bas. Le soutien interne s'adresse aux petits agriculteurs et prend
essentiellement la forme d'une assistance technique, de projets de production et d’acquisition d'intrants. La
politique agricole met l'accent sur l'inclusion de l'agriculture familiale dans les chaînes de production, et sur
la répartition équitable. Les risques assurés par la CNMA sont les suivants (Benhabiles 2012) :  Grandes
cultures (céréales - légumes secs – fourrages) : grêle, incendie récoltes;
 Maraîchage : grêle, avec assurance multirisque climatique (grêle, gel, tempête, inondation, sirocco) pour
la pomme de terre et la tomate industrielle;
 Cultures sous serres (maraîchage, fleurs) : assurance multirisque (grêle, gel, tempête, inondation, neige,
incendie) pour les cultures et les serres;
 Arboriculture (palmier dattier, arbres fruitiers, agrumes, oliviers) : assurance multirisque climatique (grêle,
gel, tempête, inondation, sirocco); 
Vignes : assurance multirisque climatique (grêle, gel, tempête, inondation, sirocco);
 Mortalité des animaux. Et, bâtiments et matériels.
Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer cette faiblesse de situation :
♦ Le morcellement important des exploitations et la difficulté de toucher les petits producteurs, qui
représentent la majorité des fermes en Algérie : ainsi 62 % des exploitations ont moins de 5 ha et 90 %
moins de 20 ha (Imache et al. 2011).
♦ Le faible taux d’accès aux services financiers dans l’agriculture : les producteurs, en particulier dans les
petites exploitations, restent en marge du crédit et de l’assurance agricole, en partie du fait de la
complexité des procédures et du peu de garanties que ces agriculteurs peuvent fournir pour l’obtention d’un
crédit. En Algérie, l’assurance agricole n’est pas spécialement liée au crédit : les banques ne demandent
pas obligatoirement que l’emprunteur soit assuré, mais se basent sur d’autres garanties.
♦ Certains risques ne sont pas couverts, notamment pour les céréales et pour les risques de sécheresse,
malgré le lancement à partir de 2008 d’assurances multirisque climatique sur le maraîchage et
l’arboriculture. Par ailleurs il existe un besoin en termes de données et séries statistiques détaillées sur les
phénomènes climatiques.
♦ Peu de soutien aux assurances par les pouvoirs publics.
♦ Une faible coordination des acteurs du secteur et une dynamique mutualiste limitée (Benhabiles C.,
2012). ◙ SI TAYEB Hachemi (2015)
►L’assurance dans le domaine agricole reste encore loin des objectifs fixés par la tutelle. Avec uniquement
30% des agriculteurs ayant une police d’assurance, le chiffre reste faible, ce qui laisse penser que la caisse
a besoin de faire connaître ses produits toute en déterminant les besoins de ses clients. Avec seulement 7
milliards de dinars de chiffre d’affaires en 2011, la caisse commence à reprendre des parts du marché dans
l’assurance agricole notamment avec de nouveaux services.□ LITAMINE Khelifa (Leconews, 29.07.2013)
BANQUES.- Le système financier et sa refonte constituent l'épine dorsale de la relance économique pour
sortir de la crise. Près de 10 ans après leur passage à l'autonomie, les banques algériennes sont toujours
dans l'attente d'une réforme qui devrait pour le moins fonctionner selon des règles universelles applicables
aux banques des pays libéraux. Dans un pays où il n'existe pas encore de concurrence interbancaire, où il
n'y a, non plus de marché de capitaux, ni marché monétaire, ni marché de valeurs immobilières, et ou les
seules pratiques marchandes réelles sont celles que l'Algérie entretient avec l'extérieur, il est en effet
impossible de gérer ces banques comme on gère une banque française, italienne, ou autre banque de pays,
dont l'économie de marché est suffisamment ancrée. Les banques algériennes n'ont pu bénéficier que d'une
autonomie fictive et limitée, n'assumant pas pleinement la responsabilité de leurs décisions. Elles doivent
subir plusieurs changements et redressements afin qu'elles puissent jouer le rôle d'intermédiaire financier
et monétaire. Ces redressements doivent se faire dans plusieurs sens :
◙ disposer de programme de formation pour adapter la fonction bancaire à l'environnement économique que
connait le pays.
◙ organiser la communication interne pour une fluidité de l'information entre les structures.
◙ réduire les délais de traitement des dossiers-crédits et développer les capacités d'analyse du risque.
◙ instaurer de bonnes relations avec les clients. Cette relation doit s'étendre à un partenariat réel
(conseils, partage du risque, ...). Pour l'entreprise, la banque ne doit pas être qu'un lieu de domiciliation du
chiffre d'affaires ou de prestation de services, mais un partenaire qui conseille, finance et participe à la
gestion de l'affaire en commun. "Le banquier doit être à l'écoute de son client".

772
◙ développer les instruments modernes de paiements (cartes de crédits, distributeurs, autres produits
modernes, ...).
INTERMEDIATION FINANCIERE .- Les progrès en matière d'assainissement des portefeuilles des
banques et leur consolidation institutionnelle rendent possible la mutation du système de financement de
l'économie. L'assainissement patrimonial des banques, mis en oeuvre entre 1991 et 1995 et les
performances en matière de stabilisation monétaire sont des conditions favorables à l'intermédiation
bancaire. L'efficacité fonctionnelle attendue des banques sera appréciée d'abord en termes de gestion des
risques de crédits et de taux d'intérêt en cohérence avec les objectifs de croissance. L'amélioration de
l'efficacité fonctionnelle des banques et la transformation de la CNEP (caisse d'épargne et de prévoyance)
devront contribuer à l'émergence d'un nouveau schéma de financement de l'économie qui assurera une
meilleure allocation des ressources et stimulera durablement l'épargne financière à terme dans un contexte
de renforcement des mécanismes des marchés monétaire et financier. Le secteur
financier algérien est entré dans une phase critique de sa transformation vers un système basé sur le
marché où les institutions financières offrent une intermédiation effective et efficace entre épargnants et
emprunteurs. Un certain nombre d'obstacles ont été surmontés. Les ajustements macro-économiques et le
freinage de l'inflation peuvent permettre aux taux d'intérêts d'être déterminés librement sur le marché du
crédit. Cependant, le secteur financier n'a pas actuellement la capacité institutionnelle requise pour
mobiliser et allouer les ressources sur la base des taux d'intéret librement déterminé par le marché. Cette
inaptitude se reflète dans la structure et la performance de l'actif et du passif des banques. Aussi, il est
absolument essentiel de procéder à une restructuration institutionnelle et financière des banques
commerciales. En outre, le niveau de concurrence dans le secteur financier est faible ou inexistant. Le défi
le plus difficile est certainement de modifier le comportement des agents du secteur financier. C'est
pourquoi le succès d'une réforme structurelle du secteur financier dépend dans une large mesure des
capacités organisationnelles et des ressources humaines des institutions financières elles-mêmes.
MARCHE DES ASSURANCES.- L’assurance fait aujourd’hui totalement partie de notre cadre de vie quotidien. Cependant,
bien qu’elle soit désormais un concept familier pour un très grand nombre d’individus, bien souvent, peu en ont une idée « claire
et distincte », dans la mesure où ils ignorent la plupart des mécanismes qui entrent en jeu dans la réalisation d’une opération
d’assurance.
Les intervenants dans le marché Algérien des Assurances : Le cadre institutionnel du marché Algérien des assurances
est composé de trois institutions autonomes* : Le Conseil National des Assurances (CNA) ;  la Commission de Supervision
des Assurances (CSA) ; la Centrale des Risques (CR) ; En ce qui concerne les compagnies d’assurances, le marché Algérien
des Assurances se compose aujourd’hui de 23 compagnies d’assurances, elles étaient au nombre de 16 en 2010 mais
seulement 7 des 23 compagnies d’assurances ont franchi le pas une année et demi après la décision du ministère des finances
par la loi N° 06-04 du 20/02/2006 instituant la séparation des assurances de personnes (AP) de celles des dommages (AD). 
L’Assurance directe exercée par onze (11) compagnies à savoir : quatre (4) entreprises publiques (CAAR, SAA, CAAT et
CASH), et sept (8) entreprises privées (CIAR, ALLIANCE ASSURANCES, GAM, SALAMA ASSURANCES, TRUST ALGERIA,
2A, AXA« assurances de dommages »). Quant aux compagnies citées ci-dessous, elles sont récentes et sont
spécialisées dans l’assurance de personnes mais sont des filiales des compagnies d’assurances qui existent déjà et
spécialisées dans l’assurance de dommages : CARDIF EL DJAZAIR filiale de BNP , CAARAMA filiale de la CAAR , TALA
filiale de la CAAT , SAPS filiale de la SAA et du Français MACIF , MACIR-VIE filiale de la CIAR,AXA assurances de personnes
et enfin LE MUTUALISTE filiale de la CNMA.
Remarque : La création d’une filiale exige un capital d’un milliard de dinars et certaines compagnies avancent que cette somme
est très élevé et hors de leur portée alors quelquesunes d’entre elles préfèrent rechercher un partenariat avec des filiales
existantes.
 Deux (02) mutuelles : CNMA et MAATEC.
 La Réassurance pratiquée par la CCR.
 Les Assurances spécialisées exercées par : La CAGEX, pour l’Assurance-crédit à l’exportation, et la SGCI, pour l’Assurance-
crédit immobilier.
En Algérie, le taux de pénétration en 2012 est de 0,81 % du PIB seulement. Ce taux reste faible et inférieur à celui des deux
pays voisins qui est de 1,82 % en Tunisie et 2,95 % au Maroc. Quant à la densité de l’assurance (primes payées par habitant),
elle passe de 2.373 Da en 2011 à 2.670 DA en 2012, soit de 33 à34, 5 dollars. Les raisons de la faiblesse du marché des
assurances en Algérie communément admises sont avant tout l’absence de culture assurantielle dans le pays et la qualité des
services offerts aux souscripteurs de contrats d’assurance. Selon le ministre des Finances, il appartient aux compagnies
d’assurance d’être en mesure de capter les opportunités du marché. Un effort est par conséquent attendu des différents
intervenants pour améliorer de manière conséquente le niveau et les délais d’indemnisation, pour introduire de l’innovation dans
des offres et pour communiquer avec le public. Les autres facteurs qui accentuent la faiblesse du marché sont le bas niveau de
revenu des ménages et l’absence de marché financier structuré.
(*) B.Tafiani «Les assurances en Algérie», Ed.OPU & ENAP, Alger, 1987, p.24
►Le secteur des assurances en Algérie a connu depuis plusieurs années une progression continue de son chiffre d’affaires,
toutefois, au-delà des chiffres qui sont en constante augmentation, nous ne devons pas occulter le fait que la production en
termes de PIB de ce secteur reste en deçà des potentialités que recèle le marché Algérien. Ceci peut être dû au manque de
communication (déficit de communication), absence de plans de communication au niveau des différentes compagnies
d’assurances et des associations professionnelles, ainsi qu’au manque de la culture d’assurance ; étant donné que cette
dernière est souvent considérée comme une charge et non comme une protection ou une partie de l’investissement. Pour
répondre aux insuffisances du secteur, les autorités et les pouvoirs publics ont revu leur politique en matière de stimulation, de

773
supervision et de régulation du secteur, et ceci à travers le décret de la création de la centrale des risques, le décret de la
distribution des produits d’assurance par les banques et établissements financiers et assimilés, et le décret concernant les
conditions d’agréments, d’exercice et de radiation des experts, commissaires d’avaries et actuaires.
Malgré la réforme du cadre réglementaire du secteur, notamment à travers la loi 06/04 du 20 février 2006, qui modifie et
complète l’ordonnance 95/07 du 25-01-1995, il demeure largement en retard par rapport aux besoins de l’économie Algérienne,
et aurait besoin d’être largement boosté. Le marché des assurances en Algérie est en plein expansion même s’il reste limité
pour l’instant à la couverture du « dommage automobile » et du « risque-industrie ». Cette vitalité qui se décline par l’arrivée de
nouveaux opérateurs, notamment privés et étrangers, se manifeste aussi par les chiffres réalisés les dernières années. Il a
vécu un synonyme de croissance de hausse de son chiffre d’affaires global mais il reste encore peu développé mais à fort
potentiel et il reste nettement dominé par l’assurance dommage où la branche automobile à tirer le marché de ce dernier. Sans
surprise, le marché des assurances dommages est resté globalement dominé par les compagnies d’assurance publiques aussi
la présence des entreprises étrangères, encore faible, devrait progressivement s’accroître notamment dans l’assurance de
personnes (vie). De plus denses et plus pointus efforts demeurent encore à fournir par l'ensemble des acteurs du secteur, à
commencer par les assureurs, en vue, notamment, d'améliorer l'aspect prospectif de leurs politiques respectives de marketing
et commercialisation. Pour trouver des solutions aux problèmes de nos compagnies d’assurances que sont l’absence de
culture assurantielle dans le pays, la qualité des services offerts aux souscripteurs de contrats d’assurance, le bas niveau de
revenu des ménages et l’absence du marché financier structuré. Des remèdes sont proposés pour contribuer à une
consolidation pérenne de nos compagnies d’assurance semblent être le relèvement du capital social, améliorer de manière
conséquente le niveau et les délais d’indemnisations, pour introduire de l’innovation dans des offres et pour communiquer avec
le public et l’exigence de bonne gouvernance. Nous restons convaincus que si les problèmes intrinsèques évoqués ne trouvent
pas de solutions, il sera difficile de travailler au développement de l’assurance car il se posera toujours un problème de
confiance entre les assurés et les assureurs. ◙ CHAREF, Fatiha, 2016.
►L'activité du secteur des assurances plonge sérieusement en 2017 (-7,8%). Les alertes sur le risque systémique qui pèse
sur la solvabilité des compagnies d’assurances ont connu un tournant préoccupant au premier trimestre 2017 selon les chiffres
du Conseil national des assurances (CNA). La note de conjoncture du Conseil national des assurances fait ressortir que le
marché des assurances a réalisé au premier trimestre 2017 une production de 36,3 milliards de DA (y compris les acceptations
internationales), soit une baisse de 7,9 % par rapport à la même période de 2016. Lors des trois premiers mois de l’année, le
chiffre d'affaires réalisé par les assurances dommages s'élève à 32,5 milliards de DA, soit une baisse de 8,6% par rapport au
premier trimestre 2016 et une part de marché de 91,3%. Ces résultats confirment les résultats mitigés du secteur qui se suivent
depuis 2015 mettant fin à un cycle de croissance à deux chiffres. L’analyse* par branche fait ressortir que l’automobile a
enregistré une baisse de 5,8 % alors qu’elle constitue la principale branche du marché dommages avec une part de 60,19%.
Elle enregistre un montant de de 19,8 milliards soit une baisse de 5,8% comparativement à la même période de 2016. Dans
cette même branche, les garanties obligatoires baissent de 7,7% alors qu’elles détiennent 16,2% du portefeuille automobile.
Même si les données de 2017 sont encore provisoires, ils sont suffisamment éloquents pour attirer l’attention des acteurs du
marché pour ne pas sombrer davantage dans les mauvais résultats. Seules les assurances de personnes sont bien
positionnées actuellement pour sauver ce qui peut l’être car selon la note de conjoncture même la branche Incendie et Risques
divers (IRD) connait une baisse de 14,7% et occupe 57,6% de la branche. En matière de recul de production, l’assurance
catastrophes naturelles (-8,9%) et la responsabilité civile (-15%) enregistrent aussi des contre-performances. Seule
l’assurance aux crédits surnage : La sous-branche «autres dommages aux biens» enregistre une petite hausse de plus de 1%.
Il faut aussi regarder du côté de l’assurance transport pour percevoir une autre hausse de 3% engendrée par les transports
ferroviaires contrairement au transport se contentant de 0,5%. L’assurance «crédit» fait mieux avec une hausse de 30,9 % ce
qui n’est pas le cas pour la branche agricole en baisse de 23,4% suite à la révision à la baisse des primes. Les principales
décroissances concernent les sous-branches « production animale » et «multirisques engins et matériel enregistrant chacune
une baisse de plus de 30%. En ce qui concerne l’analyse du chiffre d'affaires par structure du marché, il en ressort que
l’assurance automobile augmente de 1,8 points. Pour le chapitre « parts de marché», le poids des sociétés de l'assurance
dommage à capitaux privés s’élève à 27% avec 8,9 milliards DA de chiffres d’affaires. Le reste, soit les trois quarts, étant
concentré entre les mains du secteur public et du secteur mixte.
L’assurance des personnes ne peut pas contrebalancer : Du côté des huit compagnies d’assurances des personnes (AP), la
branche a enregistré plus de 3 milliards DA. On doit mentionner que le leader, TALA, filiale de la CAAT, enregistre à lui seul,
deux milliards DA, le reste étant partagé par les autres compagnies. En queue de peloton, certaines informations citent le
nouveau venu, l’Algérienne Vie, Le Mutualiste et CAARAMA. Ce qui rets à confirmer par des sources officielles. Même si c’est
encore loin des 36,3 milliards de DA de la branche dommages, les AP montrent de bons signes croissance. La prévoyance
collective avec (-37%) a freiné la tendance à la croissance des autres branches, ce qui a induit ne baisse de seulement 0,5 %
des AP par rapport à la même période de 2016. La capitalisation est toujours au point mort mais les autres branches (Vie
décès, accident, maladie, assistance) cartonnent. Pour le chapitre «parts de marché», le poids des sociétés de l'assurance AP
à capitaux privés s’élève à 28,7% avec 887 millions DA de chiffres d’affaires. Après toutes ces données, il est établi que des
fragilités encore plus grandes sont relevées. Ainsi, le montant des stocks des sinistres à payer est de 69,5 milliards au premier
trimestre, soit le double de la production. 14 milliards ont été pays avec une baisse de 10%. Même avec ces contre-
performances, les compagnies continuent d’afficher des bénéfices. Mais est-ce là le seul paradoxe ? □
(*) Karim Sabeur, MaghrebEmergent, 03.07.2017.
REASSURANCE.- La couverture des grands risques se fait par appel à la réassurance. Ils sont pour la plupart réassurés sur
une base facultative auprès de réassureurs étrangers cotés. Les compagnies directes mettent également en place des traités
de réassurance pour couvrir les petits risques. L’activité de réassurance en Algérie est exercée, essentiellement, par la
Compagnie centrale de réassurance (CCR) qui est le seul opérateur spécialisé en matière de réassurance sur le marché
algérien. Le rôle essentiel que joue la CCR dans le développement et la sécurisation du marché national de l’assurance a
poussé le gouvernement à prendre des mesures pour améliorer son intervention dans le marché :

774
- Apport exceptionnel du Trésor public pour relever le niveau du capital social de la compagnie, passant de 5 milliards à 16
milliards de dinars. Dans le sillage de cette capitalisation, la CCR s’est vue octroyer la note de B+ par un cabinet de notation de
renommé internationale. Cela renforcera sa présence dans le marché international notamment en matière d’acceptation ;
- Augmentation du taux de rétention en faveur de la CCR, et ce, afin d’utiliser les capacités nationales de réassurance ;
- L’intervention de courtiers internationaux de réassurance est soumise à une autorisation préalable de l’autorité de contrôle des
assurances.
La réglementation régissant l’activité de la réassurance prévoit :
- Une cession obligatoire au profit de la CCR, fixée à 50%, au minimum, du montant des cessions en réassurance ;
- Un droit de priorité pour la CCR sur les cessions facultatives, pour peu qu’elle soit en mesure d’offrir des conditions au moins
égales à celles offertes par les réassureurs étrangers ;
- Le recours aux réassureurs étrangers ayant au minimum une notation de BBB en vue de favoriser des programmes de
réassurance présentant des niveaux de sécurité suffisants. Par ailleurs, la CCR bénéficie de la garantie de l’Etat pour la
couverture en réassurance des risques de catastrophes naturelles. Le chiffre d’affaires réalisé par la CCR en 2012 a atteint
16,4 milliards de dinars contre 13,5 milliards en 2011, soit, une augmentation de 2,9 milliards de dinars. Sur un niveau de
production de 16,4 milliards de dinars, 15,2 milliards, soit 93%, sont issus du marché local. Le reste, soit 1,2 milliard de dinars,
provient du marché international. Le niveau de rétention reste supérieur à celui des rétrocessions. La rétention représente 55%
du portefeuille de la CCR.
SECTEUR BANCAIRE .- □ Monographie du secteur bancaire * : 
Les grandes masses : Le secteur bancaire reste dominé par 6 grandes banques publiques, dont une caisse d'épargne : BNA,
BEA, BADR, BDL, CPA et CNEP. Il compte aussi 14 banques à capitaux étrangers, 10 filiales et 3 succursales de banques
internationales et une banque à capitaux mixtes. Aucune banque privée à capitaux algériens n'active actuellement sur le
marché local. Les succursales de banques multinationales sont Citibank Algeria, HSBC Algeria et Arab Bank Plc. Les filiales
regroupent Société Générale, BNP Paribas, Natixis Algérie, Crédit Agricole CIB Algérie, Arab Banking Corporation, Housing
Bank for Trade and Finance, Fransabank Al Djazair, Gulf Bank Algeria, Al Salam Bank et Trust Bank Algeria. Une banque à
capitaux mixtes complète le dispositif : Banque Al Baraka. Ces banques développent des modèles économiques (business
models) différents allant de la banque mono-agence orientée uniquement corporate à la banque universelle à réseau étendu.
Le secteur bancaire s'articule à la fin de 2015 autour de 1469 agences. Le réseau est couvert à 77% par les banques publiques
(1123 agences) et à 23% par les banques privées (346 agences). A noter et à comparer aux 3585 guichets du Centre des
chèques postaux (CCP). Par ailleurs, les établissements financiers disposent de 88 agences.
On relève donc la présence d'un guichet bancaire pour 25 660 habitants contre, par exemple, une agence pour 7437
habitants en Tunisie. Ceci est symptomatique d'un niveau de bancarisation qui peut s'améliorer. On observe aussi un certain
déséquilibre géographique dans la configuration des réseaux. Les banques publiques sont établies dans l'ensemble des
wilayas, alors que les banques privées ont développé leur réseau très majoritairement sur les centres urbains du nord du pays.
Certaines banques étrangères, notamment les banques françaises, ont joué un rôle non négligeable dans la densification du
réseau d'agences bancaires. Deux banques privées disposent d'un réseau supérieur à 70 agences : BNP Paribas avec 71
agences et Société Générale avec 87 agences. Elles sont avec Gulf Bank Algeria (63 agences) les seules banques privées à
avoir développé une activité significative en matière de banque de particuliers. A noter aussi le réseau de Natixis Algérie (28
agences) et celui d'ABC (25 agences) qui sont orientés prioritairement vers le segment corporate. Les effectifs du secteur sont
de 36 287 collaborateurs dont 6500 employés par les banques privées. On estime à environ 12 millions le nombre de comptes
bancaires dans le pays (contre 13 millions de comptes auprès des CCP).
LA COLLECTE DES RESSOURCES : Le secteur bancaire a collecté, à fin 2015, un montant total de ressources de 9201
milliards de dinars algériens (DZD) reparties de la manière suivante :
- Dépôts à vue : 3892 milliards de DZD, soit 42,3% du montant total collecté.
- Dépôts à terme : 4443 milliards de DZD, soit 48,3 %.
- Dépôts de garantie(*) : 866 milliards de DZD, soit 9,4%.
A noter la baisse sensible des dépôts à vue observée en 2015. Ces derniers étaient en effet de 4435 milliards de DZD à la fin
de 2014.
Les dépôts bancaires représentent donc 55,5% du PIB. Pour mémoire, le PIB de l'année était estimé à 16 592 milliards de DZD.
Par catégorie de banque, la répartition des dépôts est la suivante :
- Banques privées : 1076 milliards de DZD, soit 11,7% du montant global.
- Banques publiques : 8125 milliards de DZD, soit 88,3% du montant global.
On relève que les dépôts auprès des banques privées ont diminué de 42 milliards de DZD en 2015 par rapport à 2014. La
quasi-totalité de ces dépôts provient du secteur privé (entreprises et ménages).
Par type de clientèle, les parts de dépôts sont les suivantes :
- Ménages : 3208 milliards de DZD, soit 34,9%.
- Entreprises publiques : 3246 milliards de DZD, soit 35,3%.
- Entreprises privées : 1459 milliards de DZD, soit 15,8%.
- Float et dépôts de garanties : 1288 milliards de DZD, soit 14%. Une très large part de ce volet provient des entreprises. Il est
néanmoins difficile de dresser une répartition entre entreprises privées et publiques.
Au total, la part du secteur public dans la base des dépôts est de 41% et celle du secteur privé est de 59%. Cette dernière est
en forte hausse. En effet, le secteur privé représentait seulement 55,1% des dépôts à la fin de 2014.
Les dépôts en devises représentent un montant global de 507 milliards de DZD, soit la contrepartie d'environ 4,7 milliards de
dollars US.
La circulation fiduciaire hors banque est estimée à près de 4108 milliards de DZD à fin 2015, soit environ 30% de la masse
monétaire (M2) et 25% du PIB.
Cette donnée qui démontre le potentiel existant pour la collecte des ressources par les banques est aussi un bon indicateur de
l'importance de l'économie informelle.

775
LA DISTRIBUTION DE CREDIT : Le montant total des crédits distribués par le secteur bancaire est de 7276 milliards de DZD à
fin 2015.
Le montant des crédits octroyés représente 43,8% du PIB. Ce ratio, conjointement au montant des dépôts exprimé en
pourcentage du PIB démontre la marge de progression importante qui existe pour le renforcement de l'intermédiation bancaire
et financière en Algérie.
Les crédits se décomposent par maturité de la manière suivante :
- Crédit à court terme : 1710 milliards de DZD (23,5% du global).
- Crédit à moyen terme : 1641 milliards de DZD (22,6% du global).
- Crédit à long terme : 3925 milliards de DZD (53,9% du global).
La part importante des crédits à long terme, fortement concentrée sur les banques publiques, démontre l'engagement fort de
ces dernières dans le financement des grands projets d'investissements publics. Un tel niveau d'engagement en contexte de
rareté croissante de la liquidité bancaire compliquera probablement à terme la gestion des bilans pour certaines de ces
banques publiques. Il convient de relever que l'intermédiation bancaire reste le moyen quasi exclusif de financement de
l'économie. Un faible développement du marché financier explique que l'intervention de la finance directe soit très marginale.
La part des crédits distribués par les banques publiques est de 87,5%, avec un montant global de 6367 milliards de DZD. Ces
crédits se décomposent ainsi :
- Crédit court terme : 1153 milliards de DZD (18%).
- Crédit moyen et long termes : 5214 milliards de DZD (82%).
La part des crédits octroyés par les banques privées est de 12,5% avec un montant global de 909 milliards de DZD se
décomposant ainsi :
- Crédit court terme : 558 milliards de DZD (62%).
- Crédit moyen et long termes : 351 milliards de DZD (38%).
L'encours des crédits se répartit de manière équitable entre le secteur privé et le secteur public. Les crédits au secteur public
représentent 50,8% (3690 milliards de DZD) des crédits globaux et la part des crédits au secteur privé est de 49,2% (3585
milliards de DZD).
Les banques publiques nourrissent la quasi-totalité des crédits au secteur public (99,70%) et participent à hauteur de 75% aux
crédits octroyés au secteur privé (2685 milliards de DZD). L'activité de crédit des banques privées est orientée quasi-
exclusivement sur le secteur privé (entreprises et ménages) avec une forte concentration (62%) sur les opérations de court
terme comme le financement du BFR des entreprises et le refinancement d'opérations d'importations.
Pour certaines de ces banques, Citibank, HSBC ou Crédit agricole CIB, l'activité de crédit est essentiellement dirigée vers les
filiales algériennes de grands groupes internationaux et cible un groupe restreint d'entreprises locales parfaitement solvables.
Seules les banques privées ayant développé un réseau, notamment Société générale, BNP Paribas, Gulf Bank Algeria  et
Natixis interviennent de manière significative sur le marché de la PME et celui des professionnels. Les banques publiques
dominent largement le marché du crédit hypothécaire avec une part de marché proche de 95% et un encours global de 391
milliards de DZD.
AUTRES POINTS SUR LE MARCHE BANCAIRE : Certaines autres caractéristiques du marché bancaire algérien méritent
d'être relevées.
La gamme des produits offerts est étroite, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Le marché est dans un
contexte de banalisation de produits simples. Le développement des services financiers spécialisés est relativement faible ou
inexistant, et ce, aussi bien pour le crédit à la consommation, le crédit-bail que l'affacturage. Le leasing est en croissance. La
circulation des espèces reste importante et la manipulation de ces dernières par les banques nécessite des moyens importants
qui ne sont pas toujours rémunérés à leur juste prix. On observe une faible transparence dans certains secteurs de l'économie
et de certains opérateurs. Ces «Muddy waters» créent néanmoins des opportunités pour les banques.
L'environnement réglementaire est contraignant et instable, notamment en matière de contrôle des changes. Ce qui complique
sensiblement la gestion des risques opérationnels par les banques. Le canal essentiel de distribution des produits bancaires
reste l'agence.
Un faible développement technologique aussi bien pour les produits monétiques que pour ceux associés avec internet. Un tel
état de fait laisse présager de fortes mutations technologiques sur les années à venir, notamment au travers du GIE
monétique : faible nombre de TPE en service (3000 ?) et environ 1250 DAB et GAB.
LES REVENUS ET LA RENTABILTE : Les statistiques agrégées sur le Produit net bancaire (PNB) global de la place ne sont
pas publiées et sont difficiles à obtenir. Néanmoins et à titre d'exemple, pour l'année 2011, le PNB global de la place était
évalué à environ 3,3 milliards de dollars américains. Le PNB des banques publiques était d'environ 2,3 milliards de dollars
américains, soit 70% du PNB global. Le PNB réalisé par les banques privées était d'environ 1 milliard de dollars américains, soit
30% du PNB global. On pouvait donc relever que la part des banques privées dans les revenus générés par le marché était
largement supérieure à leur contribution en matière de collecte des ressources et à leur intervention en matière de distribution
de crédit.
Deux explications étaient possibles à cette distorsion : l'une trouvait sa genèse dans «l'effet d'aubaine» créée par la Loi des
finances complémentaire pour 2009 qui avait imposé le crédit documentaire comme moyen unique de règlement des
importations, et l'autre dans la tarification qui était appliquée par les banques privées, notamment en matière de «commissions
de change».
Pour la même année 2011, le PNB direct associé aux opérations de commerce extérieur était évalué à 700 millions de dollars
américains : 250 millions de dollars américains réalisés par les banques publiques et environ 450 millions de dollars américains
réalisés par les banques privées. Pour ces dernières, qui disposaient le plus souvent d'un large réseau à l'international, l'activité
«commerce extérieur» représentait en moyenne près de 50% de leurs revenus globaux.
Dans un tel contexte, les autorités de régulation ont édicté depuis avril 2013 un règlement qui encadre les commissions
prélevées au titre des opérations de commerce extérieur et ont progressivement resserré les contraintes associées au ratio des
engagements extérieurs.

776
De ce fait, on observe depuis 2013 un fort rééquilibrage de la structure du PNB des banques privées en faveur des activités de
bilan (activités de prêt). Leurs revenus actuels sont ainsi à présent constitués à hauteur de 71% par la marge d'intérêt et à
hauteur de 29% par les commissions. La rentabilité des banques de la place reste appréciable pour l'exercice 2015 et peut être
appréhendée au travers des deux indicateurs suivants :
Une forte rentabilité des fonds propres (ROE) à 21,60%. A noter que pour l'exercice 2014, ce ROE était de 23,9% pour le
secteur : 25,10% pour les banques publiques et de 20% pour les banques privées.
Un rendement des actifs (ROA) qui reste élevé à 1,93%. En 2014, ce ROA était de 2% pour le secteur : 1,8% pour les banques
publiques et de 3,4% pour les banques privées.
LA SOLIDITE FINANCIERE DU SECTEUR BANCAIRE : A la fin de 2015, la solidité du secteur bancaire peut être appréciée au
travers d'une batterie d'indicateurs. Les ratios de solvabilité : Le ratio de solvabilité moyen par rapport aux fonds propres de
base était de 15,9% (contre 13% en 2014). Le ratio de solvabilité moyen par rapport aux fonds propres réglementaires était de
18,7%. Ces deux ratios étaient donc largement supérieurs aux normes internationales recommandées par Bale III. Les
créances non performantes : Le niveau des créances non performantes par rapport au total des créances était évalué en
hausse à 9,8% contre 9,2% en 2014 (9,7% pour les banques publiques, et 5,1% pour les banques privées en 2014). Ces
créances étaient provisionnées à hauteur de 61%. Au total, le taux des créances non performantes nettes de provisions
constituées était de 3,8% en 2015 contre 3,2% en 2014. En dehors du resserrement de la contrainte de liquidité et du
renchérissement concomitant du coût de la ressource, la baisse du prix des hydrocarbures observée depuis le second semestre
de 2014 n'a pas encore significativement impacté le secteur bancaire.
La monétisation des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) (5563 milliards de DZD ont été consommés depuis
2013) et la remise en œuvre d'un refinancement des banques auprès de la Banque centrale ont permis de limiter les effets
potentiellement négatifs de ce contre-choc pétrolier . Mais la baisse du budget d'équipement de l'Etat et de la dépense publique
d'une manière générale aura, sans aucun doute, des effets importants sur la qualité des portefeuilles de crédit. ◙
(*) Rachid SEKAK, El Watan 06.08.2017.
Sources : Banque d'Algérie, FMI et calculs de l'auteur. Sur le même sujet, voir article :  «Algerian Banking in search of a new
business model dans Arab Banker», autumn 2016.
*Dépôts constitués en garantie des engagements par signature donnés par les banques notamment les crédits documentaires,
avals et cautions. 
► La poursuite des réformes structurelles et l'introduction, timides et progressive, de certains éléments
constitutifs du marché financier (emprunt obligataire, bon de trésor et bourse des valeurs mobilières) ne
sont visiblement pas parvenues à remuer le secteur bancaire, qui semble se complaire dans son inertie.
La création de plusieurs institutions financières privées, concurrents potentiels des banques publiques, n'a
pas entrainé chez ces dernières une dynamique interne de modernisation des méthodes de gestion, de
l'amélioration de la qualité des services et de diversification des produits. Un constat fort décrié par les
opérateurs publics et privés, qui trouvent dans le comportement des banques un sérieux obstacle à la
promotion de l'investissement et à la relance économique dans sa globalité. Cependant, les banquiers, tout
en acceptant une partie des critiques qui leur sont adressées, en admettant l'existence de lourdeurs et
lenteurs dans le traitement des dossiers, imputent cette situation aux différentes carences structurelles et
organisationnelles qui garrottent les banques publiques. Les gestionnaires de ces dernières mettent en
avant le manque d'organisation et de qualification dont souffre une part importante de l'effectif des
banquiers, qui se répercute directement sur la qualité des services fournis à la clientèle. L'importance du
réseau bancaire public, qui totalise environ 1400 agences à travers le territoire national, et le volume
considérable des transactions réalisé par les banques commerciales semblent, selon les banquiers, peser
lourdement sur les vélléïtés de transformation du secteur. L'on relève, à ce sujet, la faible participation des
banques privées à l'absorption d'une partie des transactions bancaires que réalisent annuellement les
banques publiques. Ce qui fait dire à un représentant de l'association des banques et établissements
financiers (ABEF) que "les banques privées, nouvellement créées, ne prennent pas de risques avec les
petits épargnants et préfèrent traiter avec les gros clients". Cela se traduit, pour exemple, par l'importance
du portefeuille de la CNEP banque qui gère plus de 5 millions de comptes d'épargne ouverts au niveau de
deux cents agences, d'où toutes les difficultés que pose l'assainissement de cet établissement financier. La
refonte du système bancaire bute, par ailleurs, sur l'absence d'une culture financière ambiante qui se
répercute négativement sur le rendement des banques. Néanmoins et en dépit de toutes les critiques, les
banquiers d'Etat affichent une certaine satisfaction quant au rôle accompli par leurs établissements
dans la conduite des réformes économiques. On estime ainsi que les banques publiques ont été pour
beaucoup dans l'allègement des retombées des réformes sur les entreprises d'Etat et l'assouplissement
du coût social induit. En maintenant un certain niveau de service public, les banques ont procédé au
traitement et au maintien de plus de huit cents entreprises publiques sous ingénierie financière. Autre
satisfecit, les banques commerciales possèdent un impressionnant capital confiance auprès de leur
clientèle constituée des grandes entreprises publiques et des opérateurs privés investis dans les
importations. Les observateurs estiment que quelles que soient les performances du secteur bancaire et
malgré toutes les difficultés qu'il connait, sa refonte demeure une nécessité. L'interconnexion des marchés
financiers et les dépréciations financières enregistrées ces dernières années dans plusieurs pays ont
fortement fragilisé les systèmes bancaires et rendu incontournables pour la survie de chacun d'entre eux.
Le secteur bancaire algérien ne peut rester en marge des bouleversements qui caractérisent les marchés
financiers à travers le monde, d'autant plus que l'économie de ce pays prépare ardemment son intégration à
l'économie mondiale.□

777
LE TOURISME

DESERT DU SAHARA.- Le désert est un lieu étrange, lieu de projections mentales et affectives, mythique,
magique et terrifiant à la fois. Il alimente sans répit l'imagination et les fantasmes des hommes depuis la nuit des
temps « ne trouvant de comparaison qu’à la mesure de l’immensité de ses étendues de roches et de sables »(1),
écrit Alina Gageatu-Ionicescu. Espace a priori vide, hostile, il n’en constitue pas moins une destination et un
thème fort prisés dans le domaine littéraire. L'abondance d'ouvrages qui lui sont consacrés chaque année,
témoigne de l'intérêt qu’on lui voue. En effet, le désert a toujours occupé une place prépondérante dans
l'inconscient et l’imaginaire collectifs, en particulier le Sahara, le plus grand désert du monde, considéré comme
l'archétype même de tous les déserts. Doté d’une forte charge symbolique, il est perçu comme un lieu immaculé
qui aurait gardé sa pureté originelle malgré une civilisation corruptrice. Il appartient aux derniers vestiges d’un
ordre naturel que l’homme du XXIe siècle n’a d’ailleurs jamais connu et dont il garde toutefois la nostalgie. (…). Le
désert est un espace mal connu. Par sa puissance d'attraction sans doute unique, il reste un espace propice aux
passions et aux fantasmes. Il favorise en cela des réécritures et des cheminements qui font percevoir les activités
spatiales comme une grande aventure quasi onirique. L’inscription spatiale soutenant le projet premier de
l’auteur, est généralement traversée par la superposition et l’entrelacement d’enjeux psychologiques, politiques
et culturels, d’où la complexité des constructions et des représentations spatiales à travers la fiction. Ce qui
justifie la nécessité de s’arrêter sur quelques considérations en rapport avec la mythologie du désert et qui s’y
collent de manière étroite car elles expliquent la source de certaines représentations farfelues que les hommes se
font parfois du désert, qu’ils méconnaissent dans la plupart des cas. Ce qui inspire la réflexion suivante à Patrick
Dumoulin : « En ce qui concerne les images, on peut dire que les mythes perdurent. Malgré les connaissances
acquises sur la géographie du désert, malgré le tourisme, les problèmes d’environnement, de désertifications, les
problèmes liés à la sédentarisation progressive de populations, et qui se posent aujourd’hui aux peuples du désert,
ont été en quelques sortes occultés, relégués à l’arrière-plan et les clichés reprennent le dessus. A chacun son
mythe, le Sahara est toujours un espace de beauté, de pureté, d’infini ; à chacun son voyage, d’exploration, de
découverte, d’initiation ou de défi. Les quêtes restent les mêmes. Le mythe revêt des formes diverses, mais est
pérenne, la fascination aussi.» (2)

(1) GAGEATU-IONESCU, Alina, Lectures de sables, Les récits de Tahar Ben Jelloun, Thèse de doctorat, Université
Rennes 2- Université de Craiova, 2009 : Alina Gageatu-Ionicescu. Lectures de sable. Les récits de Tahar Ben
Jelloun. Littérature. Université de Rennes 2; Université de Craiova, 2009. French
(2) DUMOULIN, Patrick, « La rose de Jéricho »,www.academia.edu/3230081/La_rose_de_Jéricho
♦Le désert mythifié : Avant d’être cette surface vaste, infinie, vide et hostile, telle que la définissent les
dictionnaires, le désert se révèle d’abord, comme une étendue encombrée de toutes les aberrations, les lubies,
les divagations et les fantasmes que l’imagination humaine est capable d’engendrer, surtout quand on n’a pas
vraiment eu l’occasion de l’explorer autrement qu’en rêve et en imagination. La connaissance que les hommes
ont généralement du désert se base en particulier sur des idées stéréotypées, erronées et sclérosées car elles
sont plus ou moins éloignées de la réalité. Philippe Frey (3), célèbre ethnologue a tenté de recenser dans l’un de
ses ouvrages, à peu près toutes les idées reçues sur le désert et sur ses habitants parmi lesquelles nous relevons
celles-ci :

▪ Les déserts ne connaissent ni l’irrigation ni l’agriculture. ▪


Tous les nomades se nourrissent de dattes et de lait de chèvre. ▪ Les
nomades vont disparaître. Rien ne pousse dans le désert. ▪ Il n’y a pas
d’écosystème animal dans le désert. ▪ Tempêtes de

778
sable, mirages, sables mouvants, scorpions et serpents : tout est mortel dans le désert.
▪ Il n’y a pas eu de civilisation du désert.

La préoccupation essentielle d’Alain Frey est de démystifier l’image approximative que la plupart des hommes se
font du désert. Cette méconnaissance du désert n’est pas propre à notre époque et Ernest Renan historien des
religions, relève dans l’ouvrage consacré à la vie de Jésus que : « Le désert était, dans les croyances populaires, la
demeure des démons. Au monde, peu de régions plus désolées, plus abandonnées de Dieu, plus fermées à la vie
que la pente rocailleuse qui forme le bord occidental de la mer Morte »(4). Aussi, se proposer de cerner les
différentes représentations du désert relève tout simplement du défi car le désert est un espace curieusement
appréhendé. Sous le règne de l’Empereur Hadrien, par exemple, l’Afrique du Nord devenue alors romaine, le
désert est resté une zone non soumise par Rome parce que, nous dit Pline « détachée du reste du monde, (…)
vouée à la solitude par les excès de la Nature »(5). Les Romains, rebutés par son climat torride, étaient persuadés
que seules des créatures hors normes pouvaient endurer pareilles températures.

(3) FREY, Philippe, Le Désert, Editions Le Cavalier Bleu, 2006. (4)


RENAN, Ernest, (1823-1892), Vie de Jésus, VI, OE, t. IV, p. 156. Philologue français et historien des religions. Cet
ouvrage connut, lors de sa sortie, un immense retentissement en Europe, suscita d’innombrables controverses et
contribua de façon décisive à fonder une exégèse laïque en France. (Microsoft Encarta 2007).
(5) PLINE l’Ancien (naturaliste romain du 1 er Siècle, auteur d’une monumentale encyclopédie intitulée Wikipédia),
Histoire naturelle, Livre II.

Dans un article intitulé "Le désert, un immense révélateur", Amina-Azza Bekkat note que ce même Pline en
décrivant les terres du désert, « se laissait aller à des descriptions particulièrement extravagantes de troncs sans
tête, de pieds en lanières, de corps incohérents représentant une nature illisible à la logique romaine »(6). Pline,
qui n’y voyait que des étendues de serpents et de sables (7), a semble-t-il, largement contribué à l’altération de
l’image du désert auprès des Romains. Plutarque, quant à lui, insiste surtout sur la chaleur étouffante,
insupportable, faisant selon lui « sortir toutes choses hors de leur nature »(8), images sorties de quelque enfer
d’ici-bas. Aussi il est pratiquement impossible d’imaginer une quelconque possibilité d’y vivre.

♦ De la cosmogonie du désert :

Longtemps et d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui, on accepte encore l’idée que le désert est le résultat d’une mer qui
s’est desséchée à travers l’histoire. Mais selon des recherches récentes (9), et comme en témoignent les
peintures rupestres du Tassili des Ajjer (10), cette hypothèse vieille de 2000 ans selon laquelle la désertification
aurait été brutale est remise en question. Le Sahara serait devenu le plus grand désert chaud de la planète il y a
environ 2.700 ans, après un très lent changement. Il aurait été, il y a 6000 ans, une région habitée, très
verdoyante, couverte d'arbres, de savanes et comptant de nombreux lacs, comme l’explique Stefan Kröpelin (11) :
« Le Sahara est devenu un désert il y a environ 5 500 ans et ce en quelques siècles, marquant la fin de la période
humide africaine, quand des pluies saisonnières comme des moussons s'abattaient régulièrement sur la région
»(12).

(6) AZZA-BEKKAT, Amina, « Le désert, un immense révélateur », journal El Watan du 27-09-2007.


(7) Cité par Alain Cuillère dans son avant-propos, sus cité.
(8) Ibid.
(9) Cette étude a été publiée dans la revue américaine Science datée du 9 mai 2008.
(10) Les peintures rupestres prouvent que le désert a connu des périodes humides où la faune et la flore étaient
celles de la savane.

779
(11) KRÖPELIN, Stefan, géologue de l'Institut d'archéologie préhistorique de l'Université de Cologne en Allemagne
et principal auteur de l'étude.
(12) KRÖPELIN, Stefan, Sciences, 9 mai 2008.

La plus grande partie des indices physiques témoignant de l'évolution de la géographie du Sahara ont été perdus.
Mais l’étude des couches de sédiments prélevés au fond de l'un des plus grands lacs sahariens, a permis de
reconstituer l'histoire du désert du Sahara grâce aux tests géochimiques et biologiques comme les pollens
provenant notamment des arbres et des plantes se trouvant tout autour, avant que le désert ne s'installe. Les
chercheurs ont conclu à un assèchement progressif du climat, dû à une évolution des pluies de mousson, elles-
mêmes dues à un bouleversement dans l'activité du soleil, ayant provoqué l'arrivée d'une grande quantité de
poussière de sable dans le Sahara. Ensuite l'abondante végétation tropicale initiale s'est progressivement réduite
jusqu’à finalement l'installation du désert. Quant aux sites de peintures rupestres du Tassili, ils constituent un
formidable témoignage de la vie au Sahara avant sa désertification. La région était alors luxuriante et les peintures
rupestres sont des témoignages essentiels afin de comprendre l'histoire du peuplement du désert. On y voit des
animaux - éléphants, girafes, hippopotames… - qui ont depuis longtemps fui le désert, ainsi que des scènes de la
vie quotidienne, comme ces bœufs montés par des hommes.
1. L’âge d’or du commerce saharien et l’arrivée des Européens : Longtemps, le désert du Sahara a été traversé
par d’importantes routes commerciales où les traversées se faisaient alors avec les charrettes tirées par des
bœufs. L’introduction du dromadaire par les Carthaginois lui accorde un nouvel élan. En effet, après le VIIIe
siècle, il devint d’une importance majeure (13) et le commerce sera particulièrement actif (14). C’est une époque
florissante où de nombreuses routes traversaient le désert, reliant les royaumes et les empires africains. Mais
l’arrivée des Européens en Afrique appauvrit considérablement le commerce saharien jusqu’à le faire disparaître
au XIXe siècle, période à laquelle commence vraiment l’exploration du désert avec des noms célèbres tels que le
Britannique Hugh Clapperton, René Caillié, Heinrich Barth et Charles de Foucauld. Après la Seconde Guerre
mondiale, la découverte dans le sud de l’Algérie d’importants gisements d’hydrocarbures finit par lui conférer une
importance sans égale.
♦ Géographie du désert : La population du Sahara regroupe environ 1,5 à 2 millions de personnes,
essentiellement des nomades islamisés, Maures et Touaregs. Ces derniers, plus nombreux, sont regroupés dans
les régions montagneuses du Hoggar, du Tassili des Ajjer et de l’Aïr. Mais les principaux points de peuplement du
désert restent les oasis où l’eau est présente dans le sous-sol, telles que Ghardaïa, Tamanrasset, les oasis du Souf
en Algérie (15). Le climat du Sahara, chaud, ensoleillé et aride, est caractéristique de celui d’un désert chaud où
les températures diurnes sont très élevées, et peuvent dépasser les 50 °C, et l’amplitude thermique entre le jour
et la nuit est souvent supérieure à 35 ou 40 °C. Toutefois, il peut geler en hiver. Le climat du désert est l’un des
plus difficiles à supporter sur la planète.

(13) Avec la montée en puissance du monde musulman, notamment entre les XIIIe et XVIe siècles. (14) L’or et les
esclaves en provenance du Sud étaient échangés contre du sel (extrait des mines du Sahara), des cauris
(coquillages servant de monnaie principale) et des armes venant du nord. On transportait également des articles
de luxe tels que des tissus précieux, du poivre, de l’ivoire ou encore des plumes d’autruches, qui étaient alors
acheminés vers les ports du nord pour être ensuite exportés vers l’Europe.
(15) En réalité, les Touareg vivent sur cinq pays du continent africain, barrières aberrantes pour un peuple qui se
définit comme libre et sans frontière. À l’intérieur de ce territoire, les Kel Tamasheq se sont d’ailleurs longtemps
joués des limites des États qui sont parvenus néanmoins à leur inculquer quelques normes de la douane et des
passeports.

780
2. De quelques considérations étymologiques ou la fortune d’un mot :
Revenir brièvement sur l’origine du mot désert peut nous éclairer sur l’idée que l’on a pu avoir en d’autres temps
et en d’autres lieux sur ces étendues arides et infinies. Les Touareg, par exemple, pour désigner l’ensemble des
lieux désertiques, utilisent le mot tinariwen qui signifie littéralement : les déserts. Et comme l’indique le pluriel, il
se découpe en de nombreux déserts. Il y a le désert proprement dit, nommé le Ténéré (16) (qui signifie ce qui
n’existe pas) et le Tanezrouft. Le Tanezrouft ou le pays de la soif est un désert dans le désert, sans eau et qui peut
avoir des centaines de kilomètres de longueur. Il était considéré comme un lieu particulièrement redouté par les
voyageurs qui voulaient rejoindre Tombouctou, comme on peut le voir illustré à travers les craintes d’un
personnage de L’Atlantide de Pierre Benoit : « Cegheïr-ben-Cheïkh le sait (…) Il sait ce qu’est le Tanezrouft. Il sait
que, lui qui a voyagé dans tout le Sahara, il frémirait de passer par le Tanezrouft (…), il sait que les chameaux qui
s’y égarent ou périssent ou deviennent sauvages, car personne ne veut exposer sa vie pour aller les chercher…
»(17).
Le Ténéré désigne une plaine, une grande étendue de terrain plat, sans montagne ni dune de sable, cultivée ou
non, mais aussi plaine unie et sans végétation. Cette définition est celle qui se rapproche vraiment de celle du mot
Sahara. Aussi le mot Ténéré concorde-t-il avec l’idée que l’on se fait généralement du désert. Toutefois ce mot
peut avoir d’autres sens, comme l’indique Marceau Gast : « C’est encore l’extérieur, le dehors, par rapport à une
ville, une maison, une tente. C’est le lieu d’extérieur, un peu éloigné où l’on va faire ses besoins, le "lieu de
l’aisance" en plein vent. C’est l’extérieur dans le sens d’une autre tribu, d’"autre pays", l’étranger et par extension
"celui de la plaine", c'est-à-dire un batârd »(18).

(16) Le Ténéré correspond aujourd’hui à la région du Sahara nigérien.


(17) BENOÎT, Paul, L’Atlantide (1919), ENA /Editions, 1988, p.253.
(18) GAST, Marceau, Le désert saharien comme concept dynamique, cadre culturel et politique, Revue de
l’Occident Musulman et de la Méditerranée, 32, 1981-1, p.77-92. Persée, http://www.persee.fr

2.1. Etymologie arabe du mot Sahara usité dans la langue française : Le mot Sahara, d’origine arabe, est le terme
géographiquement consacré par l’utilisation française pour désigner le désert. Mais il ne signifie pas en langue
arabe désert ou vide. Il se traduit plutôt par l’expression suivante : une plaine ocre désolée. Abderrahmane
Moussaoui (19), célèbre anthropologue souligne en effet que l’adjectif désert : « se dit en arabe khlâ et non çahrâ,
qui signifie, terre inculte, par opposition à la terre cultivée. L’étymologie arabe du mot çahrâ renvoie au
qualificatif açhar qui signifie fauve. C’est la couleur de cet espace géographique où l’ocre est dominant, en
l’absence d’une végétation importante et pérenne qui est à l’origine de ce nom. Cette couleur a fini par devenir
emblématique du désert » (20). Bien que la langue arabe soit très riche en termes désignant le désert, aucun
d’entre eux n’a de signification géographique ou géologique précise. Le mot sahrâ’, d’où vient Sahara, est le plus
connu. Il découle d’une racine sous laquelle se range le verbe sahira qui signifie « être de couleur fauve ». Roger
Arnaldez attire notre attention sur le fait de ne pas se fier à l’étymologie en arabe car sahrâ’ désigne une vaste
plaine désertique. Aussi il pourrait bien ne dériver de rien, alors qu’en revanche, on trouve un verbe qui dérive de
lui, asahra, avec le sens de s’engager dans une vaste plaine désertique (21). Dans une autre étude, Biberstein
Kazimiriski, note que çahara est le féminin d’açharou : blanc mêlé de rouge, fauve, mot qui désigne aussi le lion.
La teinte rouge, brune concerne la végétation desséchée, d’où l’idée d’aridité (22). Marceau Gast conclut : « Le
désert s’imagine d’abord, chez les Arabes, à peu près plat, aride, blanc, avec une végétation desséchée, roussie par
la chaleur. De ce mot banal, les Occidentaux ont fait, lors des conquêtes coloniales en particulier, un nom propre
qui a désigné les plaines désertiques de la côte de l’ouest africain jusqu’aux territoires égyptiens et soudanais
»(23).

781
(19) MOUSSAOUI, Abderrahmane, spécialiste en anthropologie du sacré et anthropologie de l’espace, auteur d’un
ouvrage intitulé Espace et sacré au Sahara (2002).
(20) MOUSSAOUI, Abderrahmane., Espace et sacré au Sahara, CNRS éditions, 2002, p.20.
(21) GAST, Marceau, Le désert saharien comme concept dynamique, cadre culturel et politique, Revue de
l’Occident Musulman et de la Méditerranée, 32, 1981-1, p.77-92. Persée, http://www.persee.fr.
(22) Ibid. (23)
GAST, Marceau, Ibid., p.78.

2.2. Le mot désert dans la langue française : Quant au mot désert utilisé dans la langue française, il provient de
l’étymologie latine desertus, qui incluait déjà dans l’Antiquité les notions d’abandonné, de négligé, marquant la
séparation par excellence (24) comme nous pouvons le constater dans la définition suivante : « Ce mot vient du
latin desertus (vers 1170) "désert, inculte, sauvage" (cf.it. et port., occ. et cat. desert, esp. deserto), participe
passé de deserere "se séparer de, abandonner, délaisser", de sererer "joindre, unir, attacher". Cette famille latine
est basée sur le lien suggéré par sererer. (…) L’abandon est suggéré par déserter, déserteur et désertion, le vide
par désertique et désertifier »66. Les Anglais pour désigner le désert se réfèrent directement à la langue française
et empruntent desert au XIIIe siècle. Ils seront suivis bien plus tard par les Allemands au XVIIe siècle en
empruntant desertieren (26). Dans les nombreux dictionnaires et encyclopédies de langue française que nous
avons consultés, le désert est généralement défini de manière similaire comme on peut le constater dans les
exemples suivants :

2.3. Essais de définitions Au sens propre et premier du terme, le désert est à la fois:
Définition 1 (27) :
- Une région très sèche, marquée par l'absence de végétation ou la pauvreté des sols et la rareté du peuplement.
- Lieu inhabité, vide ou peu fréquenté.

Définition 2 (28) :
- Région sèche et chaude, sans végétation, sans population. -
Grand vide, néant.

Définition 3 (29) : -
Lieu, pays sauvage et désert (vide et dépeuplé).

(24) Le Nouveau Petit Robert, Dictionnaire de la langue française, sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain
Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2002.
(25) Ibid.
(26) Ibid.
(27) Le Petit Larousse, grand format, Paris, Larousse, 2005.
(28) Le Dictionnaire : http/www. LE-DICTIONNAIRE.COM

Définition 4 (30) :
- (latin desertum) Région du globe caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100
mm/an et où la densité de population est très fable en raison des conditions du climat (aridité, froid). Il existe des
déserts tempérés (Mongolie), froids (Antarctique), chauds (Sahara). Nous remarquons que des éléments
définitoires similaires sont retenus pour éclairer et expliquer ce mot. Le désert est vu comme un environnement
naturel d’une grande désolation : espace inhabité, abandonné, vide, sans eau et sans végétation. Il est synonyme
d’ « inhabité, peu fréquenté, abandonné », mais aussi de « sauvage, solitaire ». Non seulement il est inhabité,
mais il offre également à l’esprit quelque chose de sauvage qui connote la menace, l’effroi et la frayeur, quelque

782
chose de dangereux, de reculé, loin de toute culture et de toute civilisation. Le désert est perçu sous un aspect
négatif, stérile, tellement réducteur devant son infinitude. Les nombreux dictionnaires, au même titre que les
encyclopédies consultés, renvoient tous aux mêmes indications imparables et strictes : région hostile, inhabitée,
aride, où le langage de l’imaginaire, ce « (…) magicien qui ne porte aucun respect aux ancrages du mental. À peine
a-t-il proposé telle image qu’il la transforme au gré de ses intentions » (31) n’est nullement admis.

2.4. Le désert, une étonnante polysémie :


Mais au-delà des barrières érigées autour du terme désert, il offre une impressionnante panoplie polysémique, lui
permettant de dresser un solide socle du patrimoine culturel et de l’imaginaire, ouvrant ainsi une voie royale à
des investigations multiples souvent antithétiques, sur lesquelles se construisent et s’élaborent des réflexions
d’une richesse absolument fabuleuse. L’ambivalence des connotations liées au désert est bien soulignée par Jean
Chevalier et Alain Gheerbrant dans la citation suivante : « Lieu de l’indifférenciation originelle il est une étendue
stérile sous laquelle doit être cherchée La Réalité »(32).

(29) LITTRE, Émile : http : //littre.reverso.net/dictionnaire-français/définition/désert, d’après l’ouvrage d’Emile


Littré (1863-1877)
(30) http:/www.larousse.fr/dictionnaires/français/
(31) ROMEY, Georges, Dictionnaire de la symbolique. Le vocabulaire fondamental des rêves, Paris, Éditions Albin
Michel, S.A, Tome 1, 1995, p. 193, p. 193, cité par Găgeatu-Ioniscescu, Alina. Lectures de sable : les récits de Tahar
Ben Jelloun – 2009
(32) CHEVALIER, Jean et GHEERBRANT, Alain, Dictionnaire des symboles, éd. R. Laffont, coll. «Bouquins», Paris,
1982, p. 349.

Le concept de désert en définitive est, par définition commune des dictionnaires, une région inhabitée par
l'homme à cause de sa chaleur infernale le jour, son froid nocturne légendaire et son aridité. Néanmoins, grâce à
ses innombrables connotations imaginaires, il offre une multitude de possibilités d’interprétations, et expliquent
du coup pourquoi le désert comme sujet d’étude est un motif exaltant et reste en littérature un thème
intarissable qu’il ne faudrait surtout pas compter épuiser, avise Gérard Nauroy, car le désert selon lui, prévaudra
toujours (33). Il fait ainsi écho à Bachelard qui précise, à propos de l’étude objective des images de l’immensité
telles que la forêt, la mer et le désert, qu’ « il nous faudrait ouvrir un dossier volumineux ; car l’immensité est un
thème poétique inépuisable »(34).
Pour terminer, arrêtons-nous sur les propos d’un éminent pastoraliste -écologue, grand connaisseur du désert et
de son étrangeté, qui résume en quelques lignes toute la richesse et la complexité du désert : « Le Sahara
continue d'envoûter ! Voyageurs du silence, amoureux des espaces sans limites, tous tombent sous le charme de
ces longues coulées de sable qui se perdent à l'infini, tous sont troublés par les rochers nus éclatés par un soleil
sans pardon, tous sont effrayés par l'immensité du vide sidérale qui les guette! et pourtant, ce désert que l'on croit
vide, bouge, se déplace, s'enfle, gronde, rugit, se calme, s'étale au fil des saisons et des rares pluies qui apportent
une vie parcimonieuse et rebelle sur les sables, dans les dépressions, sur les regs et les ergs au gré des saisons.
Fourmis, lézards, serpents, oiseaux, renards des sables, gazelles et les hommes et leurs animaux vivent dans ce
milieu âpre et sans pitié. Rien ne semble bouger et pourtant, la vie se cache ici, prudente et téméraire, bataillant
sans cesse pour exploiter chaque atome d'eau, et parfois cédant sous les assauts répétés d'une dure réalité
millénaire »(35).

(33) NAUROY, Gérard, Introduction, Actes du colloque de Metz, Le désert paradoxal, op. cit.
(34) BACHELARD, Gaston, La poétique de l’espace, PUF, 9e édition, « Quadrige », 2008, p.173.

783
(35) GINTZBURGER, G., pastoraliste-écologue, INRA-CIRAD (Montpellier), préface au Catalogue des plantes
spontanées du Sahara septentrional algérien, Abdelmadjid CHEHMA, Université d’Ouargla, 2006.

►Approches du désert du Sahara ou le désert au pluriel :

Les hommes depuis longtemps écrivent du désert et à propos du désert. Son attraction, qu’elle soit
positive ou négative, n’a pas diminué à travers les méandres de son histoire. Le désert est un espace
naturel minéral contemplé et considéré par des siècles de figures réelles ou imaginaires, depuis les
textes bibliques ou mystiques en passant par les récits de voyageurs ou d’explorateurs grecs, perses,
chinois et arabes. Ces hommes, par le biais de leurs expériences, livrent des images des plus
fabuleuses : véritables fourmillements d’idées, de réflexions, de pensées, d’impressions et de réactions
correspondants à des tempéraments divers, ne pouvant nullement être réduits à de simples thèmes. On
trouve en effet, que s’y côtoient pour dire le désert, des auteurs tous genres et disciplines confondus,
fort éloignés dans le temps et dans l’espace : Zuhāyr ibn Abī Sulmā, Qays b. Mulawwaḥ, Imru'l-Qays b.
Ḥudjr (poètes et prosateurs arabes de la période antéislamique), Honoré de Balzac, T.E.Lawrence,
Pierre Loti, Eugène Fromentin, Isabelle Eberhardt, Pierre Rabhi (36), Paul Bowles, Mohammed Dib,
Dino Buzzati, Andrée Chedid, Jean-Marie Le Clézio, Malika Mokeddem, Assia Djebar, Edmond Jabès,
etc., géographes, historiens et autres, parmi lesquels nous nous contenterons de citer Hérodote (37),
Marco Polo, Saint-Pline l'Ancien (38), Ibn Khaldoun, Hassan El-Wazzan, Al Bakri (39), Al Idrissi (40),
René Caillé, le Père Foucault, Ibn Battuta, Théodore Monod, des noms incontournables pour qui
s’intéresse au désert. Cette variété impressionnante explique déjà que le désert soit perçu et qualifié
aussi diversement et souvent de manière ambivalente, voire contradictoire : un lieu de désolation et de
mort, une fête de la lumière, une source de paix et de confiance, une inexprimable désolation, une leçon
d'humilité, une expérience de l'infini et le terreau de toutes les mystiques. Il continue encore aujourd’hui
de susciter les passions les plus controversées, car loin d’être une simple vastitude de sable, il est,
comme nous l’avons déjà souligné, une symbolique riche de sens pour l’humanité, un lieu unique
d’inspiration philosophique et artistique, un motif d'exaltation permanente, comme nous pourrons le
constater dans la partie suivante intitulée « Le désert au pluriel », établi en fonction de l’angle
d’approche choisi.

(36) RABHI, Pierre, Le Gardien du Feu (Lavilledieu, Editions de Candide, 1985) et Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête
du songe, (Lavilledieu, Éditions de Candide, 1983).
(37) HÉRODOTE, Halicamasse v.484 - Tourioi v.420 av. J.-C, historien grec.
(38) Le Grand Larousse Encyclopédique, Larousse, V.1/A – Kinsley, 2007, p.1950. Pline l’Ancien, Caius Plinius Secondus en
latin est né à Côme 23-Stabies 79, naturaliste et écrivain latin. Militaire et haut fonctionnaire de l’Empire Romain, grand
voyageur, il acquit une vaste culture scientifique et médicale et rédigea une monumentale histoire naturelle, en (37) livres,
compilation de plus de 2000 ouvrages. Cette somme d’un niveau très inégal est restée en vogue jusqu’au XVI e siècle,
rassemblant des savoirs en géographie, ethnographie, botanique, zoologie, médecine, minéralogie… Amiral de la flotte de
Misène quand survient en 1979, l’éruption de Vésuve, il périt en tentant d’étudier le phénomène et d’évacuer les habitants de la
cité.
(39) Encyclopædia Universalis en ligne. Al Bakri (1040 - 1094 à Cordoue), il est considéré comme le plus grand géographe
arabe de l'époque de l'Andalousie musulmane « et l'un des représentants les plus caractéristiques de l'érudition arabo-
andalouse au XIe siècle » (Lévi-Provençal).. Il est l'auteur d'un dictionnaire géographique dont les noms sont classés par ordre
alphabétique et concernant surtout l'Arabie. Il écrit également une "Description géographique du monde connu", sorte de
compilation dont il reste des fragments, notamment les parties qui décrivent l'Afrique. Sa vie semble toute vouée à l'étude
d'abord, puis à l'érudition et à la rédaction de nombreux volumes ; quand il meurt, très âgé, Al-Bakrī fait figure de savant
complet. Sans parler de ses dons littéraires et même poétiques, il s'est illustré comme théologien, philologue, critique et enfin
botaniste . Mais c'est son œuvre géographique qui lui a valu de passer à la postérité.
(40)AL IDRISSI (1100-env. 1165) est sans doute, selon André Miquel, le géographe le plus connu de la tradition occidentale. Il
est le type parfait de ces savants et écrivains qui maintiennent vivace la tradition culturelle arabe dans la Sicile des rois
normands. Né peut-être à Ceuta, il est sans doute passé par l'Espagne avant de rejoindre la Sicile ; il a connu également l'Asie
Mineure. Issu d'une famille marocaine remontant à Idrīs (d'où son nom d'Idrīsī que complète parfois l'épithète de Sharīf,

784
réservée aux descendants du Prophète par ‘Alī, Idrīsī est connu comme l'auteur d'un traité sur les drogues et, surtout, d'un
ouvrage de géographie qui lui a valu une renommée considérable. Encyclopædia Universalis en ligne.

Les différentes approches et expériences ou l’ensemble des représentations mythifiées d’un thème
investi de valeurs imaginaires sont généralement liées à un phénomène de mode, aux traditions
mythiques et légendaires, ainsi qu’à des aspirations collectives et inconscientes, qui tentent chacune à
sa manière de dire le désert, qu’il soit littéraire ou non. Le désert n'étant pas qu’une simple mer de sable
infinie, il constitue un système complexe plein de vie qui change avec le temps selon les conditions de la
nature et de l’action du vent, d’où en partie ses représentations frappantes et disparates allant
généralement des témoignages et récits de voyage, en passant par la peinture, la musique et le cinéma.
Dans le domaine littéraire, le désert se problématise sous la forme d’un espace alambiqué qui renvoie
constamment aux questions ontologiques et aux grands mythes de la création. Dans cette partie, nous
allons poursuivre de manière succincte la trajectoire du désert à travers le regard de différentes
spécialités et domaines : religion, mysticisme, exploration scientifique et aventure, peinture, voyage,
mythologie, cinéma… Centre ou périphérie ? Carrefour économique, culturel et social ou espace
dépeuplé ? Désert apprivoisé des nomades ou contrée de la soif et de la peur ? Le Sahara a plusieurs
visages selon les regards qui l'ont saisi.

1. Le désert des Touaregs :


Si Alain Cuillère a relevé que le désert est souvent représenté comme le lieu de tous les trafics et les
Touareg comme de violents guerriers. Hélène Claudot-Hawad (41) rappelle quant à elle, scandalisée,
dans l’introduction d’un ouvrage collectif consacré à la politique dans l’histoire touarègue, que ces
derniers sont également présentés comme un « agrégat de tribus isolées (…) sans conscience d’une
quelconque appartenance commune »(42). Les Touareg, principaux habitants du grand Sud, se sont
trouvés arbitrairement dispersés sur cinq pays du continent africain, délimités par des frontières fixées
par les États modernes. Ainsi leurs pratiques nomades, remises en cause, s’en trouvent profondément
modifiées car leur droit territorial "mobile" n’est plus reconnu. Quoi de plus aberrant pour un peuple libre
sans frontières et qui se singularise fondamentalement par le déplacement perpétuel, concevant « le
monde comme un corps non pas statique, mais tout en mouvement »(43) ajoute Gilles Fumey dans un
article intitule "Le désert comme apprentissage de l’horizon". Non content de les spolier de ce qui fait le
fondement même de leur culture, les États poussent l’injustice jusqu’à les déposséder d’une
appartenance commune. Les récents troubles au Mali, entre autres pays africains, sont en partie causés
par cette aberration politique des frontières héritées de la colonisation. Aussi le désert dans la littérature
touarègue, ne peut-il être qu’étroitement lié au voyage et au nomadisme, une manière spécifique à ce
peuple de concevoir le monde. Une perspective, une utopie hautement moderne où les êtres, les choses
et tous les éléments sont perçus en mouvement. Comment peut-il en être autrement pour ce peuple
d’abord nomade, surtout si l’on se réfère aux propos de Gilles Fumey qui souligne encore que le
nomadisme est :« Une pensée, une démarche intellectuelle, une compréhension particulière du monde.
Dans cette vision, tous les éléments, les êtres, les choses, les moindres particules sont perçus en
mouvement, engagés dans un itinéraire cyclique rythmé par des étapes successives où se croisent des
itinéraires variés. Franchir une étape, c’est se montrer capable de résoudre la contradiction entre ce qui
est soi et qui n’est pas soi, opposition qui se manifeste sous des formes variées : l’identité et l’altérité, le
connu, la maison et le désert, la culture et la nature, le féminin et le masculin...Le but n’est pas
d’éradiquer l’autre, mais d’engager le dialogue avec lui pour transformer un ennemi potentiel en
partenaire »(44). En ce sens, on ne peut que l’approuver quand il déclare que « l’utopie nomade est
moderne »(45).

(41) Hélène Claudot-Hawad est une anthropologue du monde arabo-musulman, dans l’introduction d’un collectif consacré à la
politique dans l’histoire touarègue,
(42) CLAUDOT-HAWAD, Hélène (dir.), La politique dans l’histoire touarègue, CNRS-Université d’Aix-Marseille, Institut de

785
recherches sur le monde arabe et musulman, « Les Cahiers de l’IREMAM, 4 »,1993.
(43) FUMEY, Gilles, Le désert comme apprentissage de l’horizon, http://www.cafegeo.net/article.php3?id_ article=838.
(44) FUMEY, Gilles (cité par), Le désert comme de l’horizon Fumey, http://www.cafegeo.net/article.php3?id_article=83
(45) Ibid.

1.1. Lieu de quête, d’affirmation de soi et de spiritualité : Le


mythe touareg est étroitement lié à celui du désert tout entier qui apparaît souvent comme un lieu de
quête, d’affirmation de soi et de spiritualité, et les Touareg sont supposés incarner tout cela (46).
Comme nous l’avons vu précédemment, ils recourent au mot tamachek tinariwen pour désigner les
déserts et le mot Ténéré pour le désert à proprement parler et signifiant "ce qui n’existe pas". Un
proverbe touareg dit à propos du désert : « Dieu a créé un pays plein d’eau pour que les hommes
puissent vivre et un pays sans eau pour que les hommes aient soif. Il a créé un désert : un pays avec et
sans eau pour que les hommes trouvent leur âme ». Le proverbe, à l’instar du conte considéré d’ailleurs
comme son illustration, permet de mettre en évidence des leçons tirées de la sagesse antique et relève
essentiellement de la tentation de définir la place de l’homme, sa conduite morale et sociale ainsi que le
sens de son existence, en s’appuyant sur les traditions et les expériences des ancêtres dans un milieu
donné, à une époque donnée. Pour les poètes et écrivains touareg, le désert espace infernal,
dangereux, sauvage, est à la fois un lieu à traverser seulement mais aussi un refuge lorsque la société
est en crise, comme nous pouvons le voir illustré dans la poésie de Mahmoudan Hawad (47), dont voici
un extrait : « Fatras et hardes de syllabes que le vent déchiquette sur l'omoplate décharnée du désert
longtemps la voix dévale les abîmes du silence pour éveiller l'écho et l'astre filant galope dans les voiles
ténèbres pour apporter la flamme aux veillées nocturnes du vide Aucune nouvelle jusqu'à présent Rien
Seulement Rien chevauchant la cigale efflanquée de l’absence Pourquoi tant de sanglots et de larmes
versées sur le sable puisque l’arbre continue d’aspirer l’azur» (48)

(46) Revue Autrement, nov.1983.


(47) HAWAD, Mahmoudan, célèbre écrivain, poète et peintre targui né en 1950, originaire de l'Aïr, massif montagneux du
Sahara central. Dans son œuvre foisonnante, s'entrecroisent divers genres littéraires - poésie, geste épique, conte
philosophique, théâtre - mettant en scène des mondes "infiniment en marche" qui se rencontrent, se métamorphosent, se
recomposent pour continuer leur route. Le drame et la résistance du peuple touareg ou de tout peuple menacé d'extermination,
émaillent l'univers de fiction de Hawad. Seule une partie de ses textes (qu’il écrit dans sa langue, la tamajaght, et note en
tifinagh, écriture des Touareg), a été publiée en traduction. Parallèlement à son œuvre littéraire, Hawad mène un travail pictural
qui relève de la même démarche : la "furigraphie", prolongeant sa philosophie de l'espace et de "l'égarement". Hawad a exposé
dans diverses villes de plusieurs continents, notamment à Paris, Toulouse, Lyon, Bruxelles, Utrecht, Brême, Casablanca,
Trieste, New York, Rotterdam, Medellin...
(48) Rivages d'échanges, Rivages de solidarité. Poésie Hawad et désert perspectives croisées. Traduction du touareg et
adaptation française : Mahmoudan Hawad et Hélène Claudot-Hawad.

En authentique héritier de la culture nomade, Hawad nous livre dans ces vers une expérience et une
vision du monde uniques, bâties sur des notions qui traduisent essentiellement le mouvement, la
mobilité, l’itinérance des choses et des terres autour de points fixes que représentent, dans leurs
extensions métaphoriques, l’eau et l’abri.
Parmi les thèmes fondateurs de la poésie touarègue (49) liés fondamentalement à l’espace du désert,
se retrouve celui de la "soif", quête philosophique qui anime les voyageurs cosmiques137. A la
recherche de l'eau, l'assoiffé sort des chemins tracés, pénètre dans le désert, perd son orientation,
s'égare, divague, pour être enfin prêt à inventer sa propre route. En outre, Hawad s’intéresse aux
événements tragiques propres à l'histoire touarègue contemporaine qu’il n’hésite pas à évoquer dans la
fiction, attisée par la déchirure du peuple et du monde nomades opprimés : l'expulsion brutale hors des
frontières de l'Algérie, la débâcle des nomades cernés par la sécheresse en 1984, les massacres de
civils touaregs perpétrés depuis 1990 au Niger et au Mali et la naissance d'une rébellion armée (51).

786
2. Le désert dans la littérature arabe : Il faut convenir avec Salah Stétié que « la langue arabe a
partie liée avec le désert. (…) C’est du désert que les Arabes tireront leur subsistance et leur
insubsistance »(52). En effet, dès l’antiquité arabe, le rapport entre la civilisation et le désert est marqué
par la connaissance directe du désert puisqu’il est le lieu vital des sociétés nomades, une patrie mobile,
lieu de la solitude mais il est également le lieu de rencontre de la collectivité. Aussi, tous les principes de
la civilisation nomade s’articulent autour du désert.

(49) La poésie chantée touarègue est imaginée métaphoriquement comme un arbre qui possède ses racines, son tronc, ses
branches et ses rameaux multiples.
(50) Caravane de la soif, 1985 ; Chants de la soif et de l'égarement, 1987, Edisud ; L'Anneau-Sentier, L'Aphélie, 1992.
(51) Biographie de Hawad – Cerimes , download2.cerimes.fr/canalu/.../vo/po.../biographie.hawad.pdf
(53) STÉTIÉ, Salah, « L’islam en ses déserts », Le Livre des déserts, sous la direction de Bruno Doucey, Ed. Robert Laffont,
2006.

2.1. L’époque préislamique (54) : Dans la poésie de la période préislamique, le désert est
naturellement forme et substance pour une écriture dans laquelle va profondément s’insinuer le parcours
spatial des nomades comme des Touareg que jonchent les pauses et les campements qu’il comporte.
Les premières manifestations de la littérature en langue arabe sont fortement liées à la vie dans le
désert et au nomadisme. De la poésie à la prose, la littérature arabe est un interminable voyage à
travers les dunes et les sables d’Arabie. Mais, bien qu’étroitement rattachée à son énonciateur, l’image
du désert ne met pas moins en exergue un imaginaire collectif, révélateur de la mentalité bédouine
d’alors où la littérature orale était particulièrement florissante et se manifestait principalement dans les
espaces de vie que sont les marchés, les champs de bataille, les soirées conviviales, les joutes oratoires
entre poètes ou tribus rivales. Et comme l’attestent les textes de la littérature antéislamique, la poésie
est vue comme l’image fidèle de la réalité de l’époque car elle reflète des événements socio-historiques
et des préoccupations en rapport constant avec le désert. Dans les villes où s’est sédentarisée une
importante population, les Arabes parviennent à un haut degré de science et de culture (54). De cette
période de grande effervescence intellectuelle, il n’est resté que très peu de traces écrites. C’est
néanmoins dans les dernières décennies de la fin du VIe siècle que commence à se développer une
véritable production littéraire écrite : les fameuses Mu’allaquât où seuls les poèmes jugés les meilleurs
(55) sont gardés et conservés et contiennent les thèmes les plus chers à la poésie préislamique : la
description de l’environnement à savoir le désert, l’éloge de protecteurs, des morts ou du poète lui-
même, l'injure des clans ennemis, l'amour et le vin. Et chaque texte contient dans un ordre peu logique,
des métaphores, des comparaisons, des images, des références à la vie dans le désert. Parmi les
poètes les plus célèbres, on distingue Imr-oul-Kays (56) qui excelle essentiellement dans la description
des paysages du désert. On relève à cette époque l’existence d’un petit groupe de poètes-coureurs,
aussi renommés pour leur poésie mâle et farouche que, pour leur agilité à la course. Grâce à ces
poètes-coureurs, la poésie est parvenue à de grandes qualités de style, simple, nerveuse voire sublime ;
mais l'inspiration ne sort jamais du cadre du désert, de la vie patriarcale et guerrière où le cheval, le
chameau, la lance, le sabre, sont les objets de descriptions récurrents. Ces textes sont un précieux
témoignage sur la vie dans le désert.

(53) La civilisation islamique est née au Moyen Age, dans la péninsule arabique, au sein d’une
population essentiellement bédouine, époque nommée jâhilia, du fait du polythéisme qui y était pratiqué.
(54) Ils étaient notamment très versés dans la science des généalogies, l’astronomie, l’astrologie et
l’onéirocritie.
(55) Lors de tournoi poétiques annuels, les poètes se réunissent à la foire d’Okâzh où ils récitaient leurs
œuvres. Celles qui obtenaient les suffrages de l’assemblée étaient dignes d’être suspendues au temple
de la Mecque. Un tel honneur relevait du sacré, car ces poésie selectionnées et suspendues dans la
maison sainte devenaient pour ainsi dire objet d'un culte quasi religieux.(56) Imr-oul-Kays (mort v. 530

787
ou 540), le poète le plus connu de la poésie préislamique (jâhilia), qui excelle essentiellement dans la
description des paysages du désert. Fils de Houjr el-Kindi, dernier roi du royaume de Kinda, il compose
des poèmes dès son plus jeune âge, dont le ton irrite son père qui le chasse. Durant son exil, son père
est assassiné, il parvient à le venger mais commence alors une vie d'errance et de mendicité qui lui vaut
le surnom d'El Malik ed-Dillil "Le roi toujours errant".

2. 2. Le désert chez les Arabes, entre mythes et légendes : Le désert chez les Arabes est source de
plusieurs mythes et légendes qui façonnent profondément la vision et la vie du poète, souligne Farid
Zahi dans un article (57) sur l’imaginaire de la poésie préislamique. C’est « Ce qui l’incitait, écrit-il, à
privilégier des lieux, des êtres et des phénomènes, en égard à leur aspect symbolique ou mythique au
dépend d’autres qui demeuraient insignifiants pour son mode de vie et de croyance »(58). Finalement
une vision sélective est opérée de fait dans toute élaboration de poésie, mettant plutôt l’accent sur des
phénomènes précis tels que des pérégrinations dans le désert et la description des vestiges de la
demeure de la bien-aimée, sans omettre la description de certains animaux tels que la chamelle, le
cheval, l’aigle, la gazelle, ou encore le hibou.

(57) ZAHI, Farid Zahi, La réinvention du désert, Imaginaire de la poésie pré-islamique, pp.73-85,
Poétique et imaginaire du désert : colloque international, Montpellier, 19 - 22 mars 2002 / Centre d'Étude
du Vingtième Siècle, Axe Francophone et Méditerranéen, Université Paul-Valéry Montpellier III. Sous la
dir. de Jean-François Durand
(58) Ibid., p.75

Pour Farid Zahi, le désert du poète arabe est « un espace de vie et d’expression, d’imagination et
d’imaginaire ». El Masoudy, historien arabe du IXe siècle, explique fort bien ce rapport des Arabes de la
période antéislamique au désert : « Ce que les Arabes croyaient rencontrer dans le désert est une
conséquence de l’errance et de l’esseulement dans les lieux déserts et les vallées d’Arabie, ainsi que
leurs traversées des lieux sauvages et vides. Car quand la personne se trouve dans ces lieux ; elle est
saisie d’une frayeur invincible, et devient victime de toutes sortes d’illusions et d’impressions. Dans une
telle situation, elle est assaillie par les visions et les mauvaises croyances. Aussi, entend-elle des voix
étranges, voit apparaitre devant elle spectres et fantômes et devient convaincue de la réalité de telles
apparitions »(59).

2. 3. Le désert dans la littérature arabe contemporaine : cas d’Ibrahim El Kouni.


Dans une étude consacrée au thème du désert dans la littérature arabe contemporaine, Waciny Laredj,
universitaire et écrivain, constate que : « Même si la poésie arabe antéislamique a fait de la thématique
du désert un atout vital pour la création et l’écriture, le roman n’a que rarement réagi et d’une façon très
entrecoupée et vraiment occasionnelle, avec une discontinuité très visible qui n’a pas aidé cette
thématique à s’imposer comme espace à ré-exploiter et re-visiter constamment »(60) .
L’auteur déplore qu’il n’y ait jamais eu une thématique - loin des cartes postales et des diverses
contraintes politiques liées principalement au pétrole - entièrement consacrés au désert comme mode
de vie, de pensée et de légendes. Néanmoins un seul écrivain arabe se démarque du lot, Brahim El
Kouni, romancier libyen de renommée mondiale, descendant d’une grande famille touarègue. Auteur
d’une soixantaine de romans et nouvelles, il s’inspire essentiellement des contes populaires et de la vie
dans le désert, principalement chez les Touareg pour écrire des fables symboliques. Il a fait, depuis plus
de trente ans, du désert sa passion et les fondements même de son imaginaire.

(59) AL MASOUDY, Muruj addahab, (Les prairies d’or), p.129, cité par Farid Zahi dans son article, op.
cit.,p. 76

788
(60) LAREDJ, Waciny, Parcours, l'écriture et le désert, « Les territoires mythiques de Brahim El Kouni »,
Quotidien El Watan, 08 décembre 2005.

Waciny Laredj considère qu’il est aujourd’hui l'exemple le plus visible et le plus frappant de ce qu'on
appelle la littérature du désert et devient de ce fait un écrivain incontournable dans ce domaine. Par ses
origines, il a su faire du monde des Touareg l'univers idéal de sa création en faisant revivre tout ce qui
sommeillait en eux et dans leurs légendes porteuses de tous les rêves et de toutes les dérives d'une vie
sédimentée dont seules aujourd'hui les histoires racontées ou les peintures rupestres témoignent de ce
monde englouti par le temps et les érosions. Dès ses premiers romans, Ibrahim El Kouni (né en 1948
dans une tribu touarègue) trace son territoire et impose ses frontières et sa thématique centrale en
redonnant vie et mouvement à un substrat que l'histoire n'a pu rendre visible dans ses tous petits détails
du quotidien. Dans son dernier texte, Ange, qui es-tu? (61), l’auteur fait le récit d’une expérience réelle
sur une question actuelle. Il apparaît une fois encore comme le porte-parole du peuple touareg et
dénonce le traitement dont il est souvent victime. C’est l’histoire d’un Touareg sédentarisé qui choisit le
nom de Massi pour son premier fils. Un nom vite remis en question par l’officier préposé à l’état civil qui
estime que c’est un prénom étranger qui n’a pas droit de cité : « Un nom qui n’est pas des nôtres, dans
une langue d’un autre temps pour un homme d’une autre civilisation » . Son obstination à enregistrer le
prénom de son fils finit par faire perdre à Massi sa nationalité car, comme le dit amèrement un
personnage du roman, les Touaregs sont considérés comme des « infiltrés, représentant un danger plus
grand pour l’unité et l’identité du pays que des armées ennemies ».
Ce refus entraîne Massi, païen et non arabe, dans un combat acharné pour la reconnaissance de son
identité. Ce dernier texte d’Ibrahim El Kouni confirme l’idée que le désert est pour lui, plus que jamais en
plus de la terre des origines, un monde englouti par l’oubli, l’ignorance, le temps et l’érosion. Un monde
que persistent encore aujourd’hui à raconter les légendes touarègues et les peintures rupestres
d’ailleurs en dégradation permanente (62).

(61) Al-KOUN, Ibrahim, Ange, qui es-tu ?, Éd. Aden (Lettres du Monde), 2010.
(62) BEN MEFTAH, Tahar Ben Ali, L’Univers mythique dans l’œuvre d’Ibrahim Al Kouni. Pour une
poétique du ″roman du désert ″, Université Lumière Lyon 2, 2010. http://theses.univ
lyon2.fr/documents/lyon2/ 2010/ben_meftah

Le désert, première enfance de l’humanité, par l’action du vent qui fait et défait à volonté, symbolise
l’effacement permanent de mythes incommensurables. Il met en garde les hommes crédules contre la
perte ou la disparition des cultures et des civilisations. Cette thèse, empruntée aux scientifiques a trouvé
un écho favorable chez un grand nombre d’écrivains algériens tels Mouloud Mammeri, Mohammed Dib,
Tahar Djaout et Rachid Boudjedra. En définitive, la littérature arabe depuis la période antéislamique
demeure marquée par la connaissance directe du désert puisqu’ il est le lieu vital des sociétés nomades,
une patrie mobile, lieu de la solitude, mais également lieu de la rencontre de la collectivité dans le
campement. Aussi tous les principes de la civilisation nomade (d’Afrique ou d’Arabie) s’articulent autour
du désert et de la poésie. Il est logique qu’il apparaisse comme un élément indissociable dans la
sensibilité et la spiritualité arabe antéislamique et même musulmane : « Il reste, écrit Salah Stétié, une
dimension centrale de l’âme arabe et islamique, (…) cet espace signé par la grandeur et la mort »(63).

3. Le désert des voyageurs, des explorateurs et des scientifiques : Le désert a toujours suscité la
curiosité de beaucoup d’explorateurs venus des quatre coins du monde pour découvrir ce monde
inconnu et mystérieux. Il a d’abord été exploré par Hérodote (64), célèbre historien grec dont le parcours
et l’étendue des voyages ne sont pas connus avec précision mais qui lui ont permis d’avoir une
connaissance directe et précieuse de l’ensemble du Proche-Orient antique. Selon Jean-François Sers
c’est à Hérodote que nous devons cette image effrayante et cauchemardesque du désert dans

789
l’Antiquité. En 525 avant Jésus-Christ, au moment où l’armée perse se perd dans le désert libyque alors
qu’elle était en route afin de s’emparer de l’oasis Siwa, Jean-François Sers souligne que, de ce désert :
« Hérodote ne donne qu'une description (...). Et elle tient en une ligne : "Ce n'est que sable, aridité
terrible, désert absolu" »(65).
C’est Ibn Batûtta (66), le premier à avoir réellement traversé le désert, qui fournit dans ses fameux
Voyages(67) une image plus engageante, moins affolante que celle de ses prédécesseurs Hérodote et
Thucydide(68). Ibn Batûtta assure que le désert est une contrée où la vie est certes difficile mais pas
impossible : « Il n’y a dans ce désert aucun chemin apparent, aucune trace visible ; ce ne sont que des
sables que le vent emporte. On voit quelques fois des montagnes de sable dans un endroit, et peu après
elles sont transportées dans un autre lieu »(69).
Mais c’est à partir du XIXe siècle, que commence vraiment la grande aventure à travers cette étendue
de sable encore peu explorée, malgré les pénibles conditions climatiques incommodant sérieusement
ceux qui voulaient s’y rendre. A cette même période vient s’ajouter l’hostilité, sans doute justifiée, des
Touaregs mais qui n’affectera nullement la décision du géographe allemand Heinrich Barth, à effectuer
le périple. Parti de Tripoli en Libye, il sera le premier à jeter les bases de l’archéologie et l’un des
premiers explorateurs à revenir vivant de son expédition jusqu’à Tombouctou, ville mythique du désert.
Mais celui dont le nom va se lier de façon presque instinctive au désert est Théodore Monod (70).

(63) STÉTIÉ, Salah, « L’Islam en ses déserts », Le Livre des déserts Itinéraires scientifiques, littéraires et spirituels, op. cit., p.
1081.
(64) HERODOTE (v.484- v.420 av. J.-C), historien grec né dans une famille en vue d’Halicarnasse, point de rencontre de
plusieurs civilisations. Il reçut une éducation soignée et fut élevé dans le culte d’Homère. Il entreprit de grands voyages en Asie,
en Afrique et en Europe. Ses histoires qui constituent la source principale pour l’étude des guerres persiques (médiques),
mettent en lumière l’opposition du monde barbare (Egyptiens, Mèdes, Perses) et de la civilisation grecque.
(65) SERS, Jean-François, Désert libyque, Ouvrage placé sous la direction de Théodore Monod, Paris, Arthaud, coll. «
Classiques Arth », 2008, pp. 107-109.
(66) Géographe célèbre, né à Tanger en 1304 et mort à Fès en 1377. Ses carnets de voyage seront d’un grand intérêt
historique. Il y décrit les nombreux pays visités en Afrique et en Asie : la Chine, la Perse et l’Inde.
(67) Voyages d’Ibn Batûtta, Texte arabe accompagné d’une traduction par C.Defreymey et B.R. Sanguinetti, préface et notes
de Vincent Monteil, T.IV, Edit. Anthropos, Paris, 1979.
(68) THUCYDIDE dont l’obsession permanente était de découvrir les faits derrière les causes, Le Grand Larousse
Encyclopédique, Larousse, V.1/A - Kinsley, 2007, p.1184.
(69) Ibid., p.382.
(70) MONOD, Théodore (1902- 2000).

Théodore Monod est de la race des grands voyageurs qui ont marqué le XXe siècle. "L’homme qui
marche " ou encore "le fou du désert ", comme le surnommaient les Touaregs, découvre jeune le désert
en suivant les mêmes pistes, subissant les mêmes privations et dangers que son prédécesseur Heinrich
Barth. Il écrit : « J'ai eu la chance de rencontrer le désert, ce filtre, ce révélateur. Il m'a façonné, appris
l'existence. Il est beau, ne ment pas, il est propre »(71). Il se spécialise dans l'étude du Sahara en
prospectant les régions les plus reculées et les plus désertiques à pied ou à dos de chameau, étudiant
en détail la géologie, la toponymie, la flore et la faune, alliant découverte scientifique et recherche
spirituelle. Pour lui, la vie désertique est une "libération, une droiture", car le désert est un espace où l’
"on marche souvent droit, car il n’y a rien à contourner ". Théodore Monod s’est consacré à de très
nombreux articles et ouvrages de type encyclopédique et philosophique sur le désert comme Méharées
(1937) ou encore L'Hippopotame et le Philosophe (1943), unanimement considérés comme des
références indispensables sur le sujet, véritables hymnes au désert, comme on peut le constater à
travers l’extrait suivant : « Le désert en tant que tel est très émouvant. On ne peut rester insensible à la
beauté du désert. Le désert est beau parce qu’il est propre et ne ment pas. Sa netteté est extraordinaire.
On n’est jamais sale au désert. (…) Le désert est presque impudique, le sol ne s’y montre recouvert
d’aucun couvercle végétal. Il montre son anatomie avec une impudeur prodigieuse (…) Le désert

790
appartient à ces paysages capables de faire naître en nous certaines interrogations »(72). Rapidement
les travaux de Théodore Monod vont susciter de véritables passions chez des jeunes férus d’immensités
sablonneuses, à l’instar de Philippe Frey, docteur en ethnologie, qui fait du désert et de ses
populations(73) son principal centre d’intérêt(74). Il a à peine seize ans quand il effectue sa première
traversée du désert du Sahara d’où la crédibilité légitime accordée à son approche. Au terme de son
expérience des déserts, il souligne avec conviction : « Chacun trouve dans le désert ce qu’il veut y
trouver. Mais lorsqu’on le connaît vraiment, le rapport au lieu est bien plus pragmatique, pratique ».
Philippe Frey est obsédé par ces Occidentaux qu’il dénonce avec force car ils viennent, selon lui, dans
le désert avec une image toute faite, animés par une seule et unique préoccupation: la quête du
dépaysement et de l’exotisme. La réalité de ces régions isolées, pauvres et tellement difficiles ne les
intéresse nullement. Philippe Frey démythifie le désert avec véhémence en insistant sur l’extrême
dénuement dans lequel se trouvent les gens du Sud : « Pour les populations qui vivent sur place, écrit-il,
il est surtout question de vie et de survie dans un milieu extrême »(75). Dans le même sillage, on croise
Eric Milet, guide et écrivain, qui estime quant à lui que « Le désert n’existe pas, il est à l’intérieur de
nous. On va au désert pour fuir la ville, pour chercher l’illusion de l’errance, l’expérience »(76).
Le désert, en effet, ne nous rappelle-t-il pas que nous sommes mortels, en nous mettant face à nous-
mêmes et à nos interrogations ? On ne peut manquer d’évoquer l’Anglais Wilfred Thesiger (77), célèbre
explorateur et scientifique arabisant britannique, auteur notamment de deux grands classiques selon
Jean Malaurie(78), Arabian Sands (1959) et Marsh Arabs (1964). Wilfred Thesigher, jusqu’à un âge très
avancé, a longtemps vécu en immersion totale parmi les Bédouins du désert d’Arabie, une expérience
sans doute la plus fabuleuse qu’il lui eût été donné de vivre. Il écrit à ce propos : « J'ai voyagé à travers
certains des paysages les plus magnifiques au monde et vécu parmi des tribus intéressantes et peu
connues, mais aucun pays ne s'est déplacé en moi comme le désert d'Arabie. Aucun homme ne peut y
vivre et en sortir inchangé. Il effectuera, si faible, l'empreinte du désert, la marque qui marque le
nomade, et il aura en lui, la faiblesse ou l’insistance selon sa nature, l'aspiration à revenir. Cette terre
cruelle peut lancer un sort par de climats tempérés que rien ne peut égaler » (79).

(71) MONOD, Théodore, Le Pèlerin du Désert, Editions La Table ronde.


(72) MONOD, Théodore, Déserts, AGEP, 1988, p. 307.
(73) Il s’intéresse particulièrement aux pénibles conditions de vie des populations du désert.
(74) Philippe Frey est l’auteur de nombreux ouvrages sur le désert. Il est en outre le premier à avoir
traversé successivement les plus grands déserts des autres continents : le Kalahari, les déserts d’Orient
et les déserts d’Amérique.
(75) KOCK, Marie, Les déserts, Enquête, http://www.ushuaimagazine.com/
(76) BORN, Jan, « Wilfred Thesiger au désert des déserts : écriture et réception de Arabian Sands
(1959) », E-rea, 3.1/2005, mis en ligne le 15 juin 2005. URL : http://erea.revues.org/index605.html.
(77) Né à Addis Ababa en 1901 et disparu en 2003,
(78) MALAURIE, Jean, « Préface : Hommage au rebelle et au féal », Wilfred Thesiger, La vie que j’ai
choisie, Autobiographie, Paris, Plon, 1987.

Son courage exceptionnel, ses exploits ont toujours suscité une très grande admiration visible dans les
études innombrables qu’on continue de lui consacrer encore aujourd’hui. On le présente comme l’une
des figures incontournables de la littérature du voyage du XXe siècle, « l’un des derniers survivants
d’une espèce rare et quelque peu anachronique »(80) et, comme le suggère encore Jean Malaurie,
Wilfred Thesiger « se veut étranger à cette société occidentale qu’il juge décadente, convaincu que les
derniers seigneurs sont les peuples traditionnels dans leur "sauvagerie" naturelle »(81). Ses écrits
constituent un précieux témoignage sur la vie des bédouins dans le désert, bien que subjectifs parfois,
mettent clairement en évidence sa fuite de la décadence occidentale visible dans ses cités, une de ses
préoccupations majeures qu’il partage d’ailleurs avec de nombreux écrivains (82). A l’instar de Heinrich
791
Barth, d’autres explorateurs européens non moins célèbres ont suivi son cheminement tels que René
Caillié, l’écrivain Bruce Chatwin et Michel Vieuxchange (83) qui, habillés en chameliers, partageaient le
quotidien et la nourriture, buvant à la même eau et marchant au rythme lancinant des caravanes. Le
désert ne se révèle qu’à l’humble qui prend le temps de le découvrir.
Au terme de leur périple et de leurs aventures physiques souvent éprouvantes, ces hommes dont la liste
est loin d’être exhaustive, parviennent aux mêmes constats : le monde des nomades est en train de
disparaître et ce qu’on nomme généralement la civilisation ne pourra survivre que s’il emprunte aux
nomades une certaine manière de vivre faite de simplicité et d’endurance, parfois d’ascèse. D’où
l’importance de la préservation du désert et de ses populations pour toute l’humanité. Cette conclusion
rejoint avec force les réflexions de l’anthropologue français, Claude-Lévy Strauss préoccupé lui aussi
par des questions relatives à l’homme et à sa survie.

(79) THESIGER, Wilfred, Désert, Marais et Montagne, op., cit.,1979, p. 299.


(80) BORN, Jan, « Wilfred Thesiger au désert des déserts : écriture et réception de Arabian Sands
(1959) », E-rea, 3.1/2005, mis en ligne le 15 juin 2005. URL : http://erea.revues.org/index605.html.
(81) Ibid., cité par Jan Born.
(82) Comme Eugène Fromentin, Paul Bowles ou encore Albert Camus chez lesquels on trouve une
même condamnation de certains aspects de la civilisation occidentale. Eugène Fromentin à travers ses
deux ouvrages, Un Été dans le Sahara (1854) et Une année dans le Sahel (1858), qu’il a consacrés à
ses voyages en Algérie. Paul Bowles dans son célèbre roman, Un thé au Sahara, qui, après la seconde
guerre mondiale, s’installa en Afrique du Nord et enfin Albert Camus dans Noces (1938).
(83) Auteur de Samra, un ouvrage qui fascinera de nombreux esprits, tels que Paul Claudel, Jean
Cocteau, Théodore Monod, Jean Malaurie ou encore l’Anglais William Brown.

Les écrivains que nous venons de citer nous offrent la possibilité de prime abord de nous initier au
désert, ensuite de mieux le connaître que ce soit sur le plan des hommes, des animaux ou des plantes.
Il est vrai que la représentation du désert varie selon la culture, l’intérêt et les préoccupations de celui
qui l’envisage. Mais quand il s’agit d’hommes de la trempe de Théodore Monod, le souci primordial est
de donner une vision objective, réelle et vraie de cet espace, s’opposant à celle de ces aventuriers
touristes en quête de fortes émotions et de dépaysement.

5. Le désert dans la peinture et dans le cinéma : A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle,
de plus en plus d'artistes, surtout de France et d'Angleterre, voyagent à travers l'Orient où la présence
coloniale ou commerciale de leur pays s'impose. Ces artistes voyagent souvent à la faveur d'une
mission scientifique, militaire, commerciale ou diplomatique. Même si les conditions de voyage sont
alors particulièrement éprouvantes, voire périlleuses, la curiosité de ces artistes et leur esprit d'aventure
anéantissent toute notion de danger. Ils s'habituent ainsi à dormir à la belle étoile avec des chameliers et
leurs chameaux dans des caravansérails au confort tellement précaire. A cela s’ajoute la menace
permanente des maladies exotiques ou encore les dangers du brigandage. Les peintres frappés par
l’immensité du désert algérien comme Eugène Fromentin, Gustave Guillaumet (84) surnommé d’ailleurs
le "Millet du désert" ou encore un certain Charles de Tournemine(85), vont trouver une source
d’inspiration non seulement inépuisable mais surtout exceptionnelle avec des effets de lumière intenses
uniques. Dans leurs œuvres, ils cherchent à rendre compte de la sensation d’infini qui se dégage du
désert. A partir des années 1840, les conditions d'accueil s'améliorent considérablement. Les hôtels
remplacent les caravansérails qui apportent un certain confort aux voyageurs et créent un véritable
embryon de tourisme arrangé. Le désert devient alors un paysage à part entière dans la peinture. Par
leurs recherches stylistiques, les peintres tels qu’Etienne Nasreddine Dinet (Promenade des femmes
dans les rues de Bou Saâda, Terrasses de Laghouat) et Eugène Girardet (La Prière dans le désert)

792
transposent dans leurs tableaux(86) une lumière incomparable en révélant des aspects passionnants de
leur sensibilité créatrice.

(84) GUILLAUMET, Gustave, (1840-1887). L’originalité de sa célèbre toile Le Sahara (1867) réside dans
sa vacuité où seul personnage identifiable dans un paysage entièrement réduit à des couches
horizontales de couleurs mêlées de gris , le squelette du chameau, placé au premier plan, est chargé
d’une forte puissance symbolique : mort et solitude règnent dans cette immensité où le désert et ciel se
répondent, dominés par un même silence. La plupart des tableaux de Guillaumet, qui a partagé
l’existence rude, monotone et misérable des populations du désert, évoquent la vie primitive et austère
du désert algérien. Il a également souffert de la malaria.
(85) Charles de Tournemine. Peintre orientaliste (1812-1872)
(86) Voir annexes.

5.1. Les peintres orientalistes :


Dans un ouvrage intitulé L’Algérie du Sud et ses peintres, 1830-1900, l’auteure Marion Vidal-Bué s’est
consacrée aux peintres dont la production picturale a été inspirée du Sud durant la colonisation
française. Les toiles retenues permettent de mesurer l’engouement exercé par le désert sur l’âme de ces
hommes, venus de si loin, afin d’apprécier l’infinitude absolue. Cependant leur regard reste bien souvent
celui de l’orientaliste en quête d’un nouvel Orient, exotique et pittoresque. Pour ces peintres, le désert
apparait comme un immense endroit où la nature a créé des formes, des couleurs qui ont donné vie à
un paysage extraordinaire, peint en profondeur, mettant en valeur ses divers aspects. L'orientalisme
étant indissociable du voyage, le peintre orientaliste ne peut être par définition celui qui voyage dans les
pays dits de l’Orient. En effet la plupart des peintres orientalistes ont réellement voyagé en Orient même
si leur inspiration se contentera pour un grand nombre d’entre eux, d'un seul et unique déplacement,
comme c'est le cas pour Eugène Delacroix comptant un seul voyage à son palmarès qui le mène au
Maroc et en Algérie en 1832. Ce sera lui qui détournera l‘Italie les peintres français qui ne jureront plus
désormais que par l’Algérie. Delacroix rapporte de nombreux livrets de croquis et d'aquarelles qu'il
exploitera longtemps. Et vu les conditions de travail plutôt pénibles pour des peintres habitués à
travailler dans le confort et le calme de leur atelier, certains entreprennent de véritables expéditions
consistant à réaliser un maximum de croquis. Les travaux définitifs sont exécutés à l’aise dans un atelier
de leur pays d'origine à leur retour de voyage. D’autres, au lieu du traditionnel croquis, utilisent la toute
nouvelle technique de la photographie, comme c'est le cas pour Horace Vernet (87). D’autres plus
intrépides et par souci de réalisme, comme Gustave Guillaumet, vont jusqu'à partager la vie des
populations pauvres du désert pendant plusieurs années afin de restituer au mieux les scènes de la vie
dans le désert, ou s’y installent carrément et définitivement tels que Jacques Majorelle ou Etienne
Nasreddine Dinet. Leur peinture s'inscrit d'emblée dans un exotisme paternaliste comme nous pouvons
l’observer dans la plupart des tableaux. Il existe toutefois une autre catégorie de peintres occidentaux
notamment Edouard Verschaffelt, qui produit une toute autre réalité algérienne et prendre à contre-pied
la peinture orientaliste coloniale avec « tout ce qu'il colporte et traîne derrière lui de relents coloniaux et
d’arrangements paternalistes qui édulcorent le réel et le badigeonnent de couleurs exacerbées,
rutilantes et criardes » (88), écrit Rachid Boudjedra.

6. Le désert dans le cinéma : Le nombre de films ayant opté pour le désert comme espace scénique
souvent unique, est vraiment impressionnant comme nous avons pu le constater dans les filmographies
consacrées au désert en général et au Sahara en particulier. Citons L’Atlantide (89) de Pierre Benoit,
par exemple, qui connaîtra plusieurs adaptations cinématographiques, et de par ses tableaux exotiques,
son succès sera fulgurant.
Autres chefs d’œuvres cinématographiques, Un thé au Sahara (1990) adapté au cinéma par Bernardo
Bertolucci à partir du roman de Paul Bowles (90) et Le patient anglais (1996) réalisé par d'Anthony

793
Minghella, adapté du roman de Michael Ondaatje, L'homme flambé (91), qui semble s’être peu inspiré
de l’œuvre de Saint-Exupéry. Un homme, gravement brûlé dans l'accident de son avion, est recueilli et
soigné par des Touareg du Sahara, en pleine seconde guerre mondiale.

1. Quelques films algériens ayant pour cadre le désert : Le cinéma algérien ne sera pas en reste et
puisera sans relâche dans l’immensité du Sahara comme cadre filmique adéquat au développement de
thèmes sociaux souvent pénibles et tabous. C’est Lakhdar Hamina (92) et Mohamed Chouikh (93),
réalisateurs algériens qui font du désert leur décor de prédilection comme dans Vent de sable, La
Citadelle ou L’Arche du désert. Vent de sable retrace le drame d’une femme vivant dans une région du
désert rythmée par des tempêtes de sable incessantes où seul le vent a son mot à dire. Le désert avec
ses furies, ses vents de sable ponctuent par leurs hurlements tout le film comme pour y exprimer la
souffrance muette de femmes réduites au silence. Il se présente comme le décor le plus adéquat pour
dire l’effroi dans lequel elles vivent. Dans L’Arche du désert (1997), authentique conte allégorique sur la
violence et ses origines, Mohamed Chouikh met en scène à travers une farce tragique le problème de la
solitude, de l’incommunicabilité dans une cité éphémère bâtie sur et avec du sable, dans un désert
extrêmement hostile et où des êtres fragilisés s’accrochent éperdument à la vie, à leurs histoires
pitoyables, à leur courage, à leurs légendes et à leurs lâchetés.

(87) Horace Vernet est né à Paris en 1789 et décédé en 1863.


(88) BOUDJEDRA, Rachid, Un Algérien pour de vrai, http://www.bou-saada.net/Verschaffelt.htm
(89) Ce roman connaîtra un grand nombre d’adaptations.
(90) BOWLES, Paul, The Shelting Sky, traduit de l’américain sous le titre de Un thé au Sahara.
(91) ONDAATJE, Michael, L'homme flambé (1992), trad. de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek ;
Seuil/Points, 1995.
(92) Il réalise le film ″Chronique des années de braise″ qui remporte la Palme d'or au Festival de Cannes
de 1975. ″Le Vent des Aurès″ (1967) obtient le prix de la Première œuvre sur la Croisette. En 1982,
″Vent de sable" et ″La Dernière Image″ en 1986, dont il signe le scénario et les dialogues, sont
également en compétition.
(93) Mohamed Chouikh est né à Mostaganem, le 3 Septembre1943. Il réalise plusieurs films et
documentaires pour la télévision algérienne. En 1989, c’est la sortie de son film La Citadelle qui connait
un grand succès et sera suivi en 1993 par Youcef ou le dormeur qui sera présenté au festival de Venise
et Berlin.

Une fois encore, le désert se profile comme le cadre idéal pour faire ressortir les drames qui se
déroulent dans les pays du Tiers monde, notamment la montée de l’intolérance et de l’intégrisme, les
guerres et leurs cortèges funèbres. Le dernier film en date ayant pour cadre scénique le désert est
Ayrouwen (94), premier film réalisé entièrement en tamachek où le réalisateur s’est consacré à une
histoire d’amour dans le Sahara algérien, mettant sous les projecteurs des personnages que le destin
fait rencontrer dans le Sahara, cet espace immense où les vraies valeurs sont mises à nue. Il s’agit de
l’histoire poignante et tragique, entre Amayas, un targui, et Claude une jeune française. Mais cette
histoire pleine de passion est perturbée par un ancien chagrin provenant d'une première histoire d'amour
entre Amayas et Mina, empêchés de se marier car ils sont frère et sœur de lait. C'est autour de ce
triangle amoureux émouvant et dans un espace aussi rude que merveilleux, que se déploie le récit de
Brahim Tsaki (95), qui ne se contente pas d’exhiber la beauté et l’immensité du désert, le vent qui flirte
avec le sable des dunes et le grand silence. Pour lui le désert est « un espace vital depuis la nuit des
temps et pour demain aussi » (96). Dans Ayrouwen, au-delà du thème de l’amour et du dépouillement
de soi, Brahim Tsaki essaye d’aborder et de traiter de graves problèmes d’actualité auxquels sont
confrontés le désert et ses habitants, notamment ceux de la rareté de l’eau et ceux générés par le
phénomène de la mondialisation : les rapports ambigus entre le Nord et le Sud, et la pollution (97).

794
(94) Production : ENTV: Algérie - Durée : 90' - Genre : drame - Type : essai, 2007.
(95) Il est sans doute le premier réalisateur admis à pénétrer dans le royaume fermé, pratiquement
inaccessible des hommes bleus.
(96) Le jeune Indépendant (16/05/09,)www.skyscrapercity.com/showthread.php?t...
(97) Au-delà du thème des amours impossibles, le réalisateur a su imbriquer des thèmes graves comme
nous l’avons déjà mentionné plus haut ; celui du Sud comme décharge des déchets toxiques des pays
du Nord et il met en exergue les différentes pollutions auxquelles sont exposés le désert et sa population
(le bruit des rallyes de motos et les sacs en plastique, véritable fléau écologique qui envahit les
alentours des relais). Il n'omet pas également ces bouteilles de vin qui survivent aux soirs d’ivresse …

6.2. Le désert espace essentiel, Paris espace accessoire dans Ayrouwen. Le titre Ayrouwen ou Il
était une fois en tamachek annonce d'emblée ses couleurs. Appartenant au registre du conte et de la
fable, ce film réalisé dans la région de Djanet dans un décor naturel, majestueux, est conçu à l’image
même du désert : silencieux, mystérieux, imposant et écrasant, où le réalisateur compose plusieurs
tableaux sans tomber dans l’assemblage de cartes postales pour une quelconque promotion touristique
du Sahara, en mettant en relief des problèmes qui lui tiennent à cœur à savoir les relations Nord-Sud
ayant entrainé un profond déséquilibre dans la région. Cette dualité traverse d’ailleurs tout le film, de
bout en bout : amour/désir, corps/esprit, eau/poison, vie/mort. La dualité ne s’arrête pas là puisqu’une
partie des péripéties du film se déroule également et accessoirement à Paris. Le passage parisien est
fort symbolique car il permet au réalisateur de montrer les difficultés et les ambiguïtés des rapports
Nord/Sud. En effet c'est dans l'intimité d'une petite chambre parisienne que Claude comprend qu'elle
n'est que jouissance physique pour Amayas dont l'âme est sous l'emprise totale du désert et de l'amour
spirituel de sa bien-aimée interdite Mina.

7. Que ressort-il de ces différentes approches du désert ?On ne peut donc parler de désert sans
avoir au préalable dégagé les différentes acceptions auxquelles renvoie le terme. La première remarque
à laquelle on aboutit est qu’il est difficile de saisir un espace dont les nuances changent en fonction des
disciplines. Il est ainsi bien établi que le sens, les paramètres conceptuels et notionnels du désert
varient, selon le champ de connaissance et d’investigation adopté. C’est ce qui explique qu’il n’y aurait
pas un désert mais plutôt des déserts selon que l’on en parle en tant que peintre, mystique, géographe,
naturaliste, poète, architecte, nomade ou simple touriste de passage. Nous avons de la sorte autant de
déserts que de regards et de points de vue pour un même et unique espace qui varie en fonction de la
culture, l’intérêt et les préoccupations de celui qui l’envisage et l’approche de très près. « A chacun son
désert, sa vision, sa lecture du désert » conclut fort justement la sociologue Isabelle de Lajarte dans un
article intitulé Lectures du désert (98).

(98) LAJARTE (de), Isabelle, « Lectures du désert », Le Saharien, Revue trimestrielle éditée par La
Rahla – Amicale des Sahariens, n°1766, Mars 2006 (pp.25-41).

On remarque également que les travaux qui découlent d’approches multidisciplinaires sur le désert,
peuvent être opératoires et efficaces pour l’étude littéraire de l’élaboration d’un imaginaire. Les écrivains,
tels Paul Benoît ou Jean-Marie Le Clézio, recourent eux-mêmes à ces études pour construire et
structurer leur texte romanesque. Les travaux et les manifestations artistiques relatives au désert que
nous avons évoqués dans cette partie, nous permettent de saisir un certain nombre de figures, de
thèmes, de récurrences et de formes qui serviront à mieux appréhender les textes du corpus et surtout à
articuler les théories d’autres disciplines avec les études littéraires. ◙ CHEBAH BAKHOUCHE Chérifa (2015).

ANNEXES :

795
Figure 1 : Promenade de femmes dans les rues de Bou-Saâda, d’Etienne Dinet.

Figure 2 : Eugène Girardet, Prière dans le désert, Bayonne, Musée Léon Bonnat.

796
DESTINATION ALGERIE NON VALORISEE.- La politique touristique en Algérie est presque inexistante, notre pays
compte davantage sur ses ressources pétrolières et gazières. Ainsi, le célèbre guide touristique le plus vendu au monde « le
Petit Futé » dresse une situation déplorable sur la qualité des infrastructures touristiques du pays et sur les conditions d'accueil
en Algérie. Des monuments dégradés et des conditions d'hébergement loin des normes internationales. C'est pourquoi de
nombreux Algériens préfèrent passer leurs vacances dans d’autres pays au détriment de l'Algérie malgré l’importance
économique de ce secteur, cette situation semble malheureusement durable. □
Les 14 indices compétitifs du tourisme et voyage en Algérie :

The Travel & Tourism Competitiveness Report 2008.


Selon le rapport de « l'FEM 2008» l’Algérie est classée à la 102ème place avec un indice globale de 3,50 dans le secteur des
voyages et du tourisme. Ce résultat s'explique en particulier par un recul dans le classement enregistré au niveau des
infrastructures, notamment celles relatives au transport aérien et terrestre, à la perception de sûreté et de sécurité, au système
de santé et d'hygiène. L'Algérie a aussi affiché de faibles résultats quant à la qualité des ressources naturelles, culturelles et
humaines. Conséquence du peu d’intérêt accordé à cette activité par l’Etat, le tourisme est aujourd’hui malade d’une grave
insuffisance d’infrastructure, de formation, de produits innovants et plus grave encore, d’une image de marque peu reluisante.
Réda Hamiani résume les faiblesses du secteur en Algérie par : « le manque des investissements, l’absence d’une culture
touristique, un environnement d’affaire peu attractif et un personnel peu qualifié»(1) En effet, en dépit des grandes capacités
qu’elle possède et qui restent pour leur grande majorité inexploitées, l’Algérie est classée parmi les plus faibles destinations
touristiques. Selon Le rapport annuel du Réseau euro méditerranéen des Agences de promotion de l’investissement autour de
«la branche du tourisme dans les pays méditerranéens», les faiblesses du tourisme en Algérie s’expliquent par la faiblesse des
services et l’absence de professionnalisme, les modestes capacités d’hébergement et l’image de la situation Algérienne au plan
sécuritaire et le non parachèvement des réformes ont négativement affecté la destination Algérienne.
□ La priorité accordée au secteur touristique en Algérie : Classé à la 118ème place en termes d’hiérarchie des voyages et du
tourisme. De nos jours, le secteur touristique en Algérie est encore marginalisé, aidé en cela par les facilités que procure la
rente pétrolière. « Si l’Algérie n’arrive pas développer son secteur touristique, ce n’est pas parce qu’on n’avait pas les moyens
ou qu’on ignorait les atouts touristiques du pays, mais parce qu’on ne voulait pas le faire. On n’a pas raté une opportunité mais
on n’a, clairement, pas voulu d’elle »(1) En effet, a l’occasion du 8ème symposium international du MDI-Alger, sous le thème du
«Tourisme et des choix stratégiques et structurels pour sa promotion», le professeur Boualem Aliouet à affirmé, qu’il ne suffit
pas d’avoir les moyens ou de disposer d’atouts avantageux pour développer le tourisme. Il faut d’abord et avant tout, La volonté
politique et celle-n’existait malheureusement pas à cette époque. Depuis son indépendance, l’exploitation des ressources
énergétiques était une priorité Algérie. C’était la plus importante des priorités, car c’est des hydrocarbures que devaient être
tirées les ressources financières devant servir au développement industriel et social du pays.
♦ Le cadre réglementaire des voyages et du tourisme : Contrairement à ses voisins, et en dehors du secteur pétrolier, le
message de l’Algérie aux investisseurs étrangers n’a jamais été particulièrement attirant (chaud). En effet, sur la base de
l’évaluation des politiques en termes d’incitation et d’obstacles l’attractivité économique, l’Algérie est classée à la 83ème place.
Ce faible résultat s’expliquepar un certains nombre de problèmes, dont les lenteurs bureaucratiques.Selon Cherif Rahmani
l’ancien ministre, l’absence d’engouement pour l’investissement dans le secteur touristique en Algérie, s’explique
essentiellement par un environnement d’affaire peu attractif. Un représentant d’un investisseur Algérien a dénoncé : « la
mauvaise organisation des services de l’Etat. Pour avoir le foncier, c’est tout une histoire et quand on l’a, ce n’est pas fini. Les
investisseurs ont besoin de visibilité alors que l’Etat change les lois tous les trois mois »(2). En effet, il faut dire que les
investisseurs ont horreur de l’instabilité politique du pays, mais plus encore, de l’instabilité juridique. Autant d’actions qui
influent négativement sur le développement du tourisme en décourageant plus particulièrement les investisseurs. Si les
investisseurs nationaux s’impliquent de plus plus dans le développement du tourisme en Algérie, la plupart rencontrent des
handicaps sur le terrain et expriment leurs inquiétudes au poids des taxes, à la difficulté d’accès au fonciers prêts bancaires et
aux moyens limités en matière de promotion.

797
♦ La situation sécuritaire : En termes de sécurité, l’Algérie est classé à la 83ème place. Le développement du tourisme Algérie
se heurte encore aujourd’hui aux contraintes sécuritaires des années 90. Le terrorisme est parmi les menaces les plus
dangereuses qui influencent non seulement le tourisme national, mais aussi le tourisme international. En effet, le terrorisme a
poussé les touristes étrangers à construire une mauvaise image vis-à-vis de l’Algérie. Le touriste est toujours à la recherche
d’une destination plus sure et plus stable au lieu d’une destination risquée.
♦ L’infrastructure touristique en Algérie : D’après le constat du ministre algérien chargé du département du tourisme et de
l’artisanat:« Mauvaises prestations, accueil lamentable, prix excessivement élevés, les établissements hôteliers d’Algérie sont
tout sauf accueillants»(3). En effet, malgré ses 1200 Km de bande côtière et des atouts naturels dans le grand sud, le manque
d’infrastructures se fait sentir en Algérie. Le cabinet d'expertise Oxford Business Group (OBG) estime que «L'Algérie accuse un
retard important dans ses infrastructures touristiques engendré par les années de négligence, et la route est longue pour
rattraper ses voisins maghrébins et devenir une destination de choix ». En Algérie, 90 % du parc hôtelier national (1200
établissements privés et publics) ne répondent pas aux standards internationaux. En effet, Seule une petite poignée, soit 120
hôtels, peut se prévaloir d’un certain rang mondial en matière de qualité d’hébergement et de services offerts aux clients. A
propos de l’hôtellerie, le Petit Futé a signalé que : « La capitale est assez bien pourvue en hôtels mais l’offre proprement
touristique est assez restreinte pour une capitale. Le standing ne correspond pas au nombre d’étoiles affichées et les
prétentions sont assez élevées au vu de la qualité des services proposés »(4). Le petit futé a rajouté : « Si coupures d’eau,
mobilier hétéroclite bancal et manque d’entretien sont le lot des hôtels de bas de gamme, c’est la qualité de l’accueil qui fait
souvent défaut dans les hôtels des catégories supérieures ». En ce qui concerne la qualité des hôtels en Algérie, le petit futé
rajoute : « Dans chaque ville d’importance, l’Etat gère un hôtel, souvent construit dans les années 1960… ces hôtels, toujours
bien situés, ont malheureusement vieilli quand ils ne sont pas déjà agonisants… le personnel a pris de l’âge en même temps
que les piscines se vidaient, que les jardins s’asséchaient, que la plomberie s’engorgeait de détritus divers ou que la moquette
aux spirales psychédéliques pourrissait… aujourd’hui, à de rares exceptions prés, ces hôtels sont devenus plutôt sordides et le
services très aléatoire ». Quand aux hôtels privés : « d’autres hôtels, privés ceux-là, sont fiers de leurs prestations mais
n’espérez pas y trouver le confort qu’on s’est habitués à découvrir au Maroc voisin ».
♦ Les Ressources humaines : En termes de ressources humaines notre pays est classé à la 96ème place. Ce faible classement
s’explique par un personnel non qualifié. Le déficit et l’insuffisance en personnel de qualité en Algérie est une réalité constatée
par tous. Des secteurs, comme ceux de bâtiment, de l’hôtellerie ou encore des nouvelles technologies de l’information et de la
communication (NTIC), sont aujourd’hui en butte à des difficultés en matière de recrutement d’une main d’œuvre de bon niveau,
aux compétences avérées. En effet, beaucoup d’entreprises, de recruteurs et de directeurs des ressources humaines se
plaignent du décalage énorme entre le besoin de leurs entreprises et la qualité de formation acquise par le personnel.
L’université et les centres de formations algériens privilégient l’aspect quantitatif au détriment d’indicateurs qualitatifs. La
formation du personnel est un élément fondamental dans le secteur touristique, car c’est ce qui détermine le degré de
professionnalisme du secteur. Et c’est la qualité des prestations qui fait la différence entre les pays. Lors du salon international
de tourisme et des voyages organisé en 2009 à Alger, le directeur général de l’office national du tourisme (ONT), Mohamed
Belhadj a exprimé : « Une formation de qualité dans le domaine du tourisme devrait passer par l’investissement dans la création
d’instituts modernes qui proposent de nouveaux procédés ». D’après l’avis des experts en matière du tourisme en Algérie,
90% du personnel du tourisme est à réformer. En effet, de nos jours, il est flagrant que l’Algérie ne possède pas encore un
personnel qualifié et qui a une culture convenable pour recevoir nos visiteurs. Le développement du secteur touristique en
Algérie, tient plus particulièrement à la formation continue des travailleurs du secteur du tourisme afin de renouveler leurs
capacités pratiques et les tenir informés des nouvelles technologiques utilisées au niveau mondial. Cetteformation touche les
étudiants des écoles spécialisées de tourisme, l’ensemble des travailleurs du secteur notamment les agents d’accueil, les
guides et agences de voyages. En effet, il est important pour les professionnels du secteur d’encourager l’investissement en
matière de formation touristique durant les années a venir en vue d’assurer la gestion des grands projets touristiques prévus
dans les wilayas du sud et côtières du pays. La formation constitue désormais une urgence au regard de nombre grandissant
des pays concurrents.
♦ La propreté et l’hygiène : Ce qui est flagrant en Algérie, c’est la saleté. En effet, les dépotoirs, décharges et sacs plastiques
pullulent le long des routes et des villes. Les ordures sont insupportables, les poubelles déposées partout, les égouts en plein
air, les façades des bâtiments décrépies… si la situation ne change pas, notre pays sera une décharge à ciel ouvert. Il est
évident que la population n’a jamais été sensibilisée correctement sur ce problème. Ce problème d’hygiène touche également
nos 1200 km de cotes. Notons aussi le manque d’hygiène dans la majorité des restaurants et cafétéria, et on se demande si
les inspecteurs chargés de l’hygiène font leur travail des contrôleurs correctement. Dans le guide touristique « petit futé » les
Algériens sont présentés comme des gens sales. « Principale particularité qui peut être un problème : la pénurie de l’eau ! Dans
les toilettes des lieux publics ou même chez les particuliers, l’eau est stockée dans un récipient qu’on déverse dans la cuvette
en guise de chasse d’eau. Dans la plupart des cas, comme il n’ya pas du tout-à-l’égout, on ne jette rien dans la cuvette. Une
poubelle est presque toujours mise à disposition. Il s’agit juste de s’y habituer ! Autre particularité : il n’y a presque jamais de
papier toilette»(5). En termes d’hygiène et propreté l’Algérie est classé à la 81ème place. Ce classement est expliqué par de
nombreux problèmes en particulier le problème des toilettes publiques et l’accès à l’eau portable. Les toilettes publiques font
défaut en Algérie : le problème de toilettes publiques se pose avec acuité dans les villes algériennes, notamment les grandes
agglomérations.Les boulevards principaux de la capitale ne disposent pas de « petits coins » pour satisfaire un besoin naturel.
Des cités construites sans qu’il soit réservé un espace de choix pour les infrastructures de ce genre. En Algérie, vous pouvez
parcourir des kilomètres sans trouver d’endroits décents pour se soulager « d’un besoin biologique ». Ces lieux de
soulagement sont généralement au service seulement des hommes. Et dans certaines villes du pays, ces toilettes sont parfois
inexistantes. Cette absence des toilettes publiques conduit les populations en majorité masculine à se soulager n’importe où.
Les hommes sont obligés de chercher un coin perdu dans une ruelle pour satisfaire un besoin naturel, laissant derrière eux des
odeurs répugnantes qui se répandront dans l’atmosphère des heures ou des jours durant. Les femmes et les enfants, quant à

798
eux, doivent prendre leur mal en patience, surtout pour les enfants qui ont du mal à se retenir. … Dans les lieux publics, les
écoles, les parcs, les cafés, les restaurants, les gares, les hôpitaux… les toilettes sont les lieux les plus négligés. Et
paradoxalement, ces lieux « d’aisance » se transforment en cauchemar. En Europe, les toilettes publiques sont automatiques.
Il n’y a personne qui en assure la surveillance. Vous y mettez une pièce et elles s’ouvrent. Après le passage d’un client, le
nettoyage se fait de manière automatique. Les gens peuvent aller aux toilettes publiques même à 2h du matin.
♦ Les prix : Le ministre du tourisme n’a pas manqué de critiquer les prix appliqués dans certains hôtels à longueur d'année.
Des prix qui devraient être adaptés selon les saisons. Le village de Marsa Ben M’Hidi est un exemple frappant de la hausse
des prix des prestations touristique en Algérie. En effet, la cherté dans la station balnéaire Marsa Ben M’Hidi entraine la
désertion des habituels vacanciers qui préfèrent maintenant aller voir ailleurs. Ce village balnéaire dans la wilaya de Tlemcen
qui a connu des aménagements, a eu droit cette année (2010) à une affluence plutôt timide, qui n’est pas liée uniquement à la
date retardée des vacances et au mois de ramadhan, mais bel et bien aux prix pratiqués en matière de location, estimés
excessifs. Les prix exagérés sont la principale raison à l’origine d’un recul notable de l’affluence. C’est ainsi que les touristes
sont découragés par les prix pratiqués. Cette année, des prix de location ont été proposés hors de portée, pour un simple F1 le
touriste paye 3.500 DA/jour, tandis que le F2 est proposé entre 5.000 et 9.000 DA/ jour. Des prix qui contraignent la majorité
des estivants. En Tunisie ou au Maroc, Avec le même budget, soit l’équivalent de 4.500 DA/ jour, le touriste est logé et nourri
dans un hôtel de luxe. Quand à notre capital, Alger compte quelques hôtels classés répondant, plus ou moins, aux standards
internationaux. Mais les prix qui y sont pratiqués pas moins de 17 000 dinars (234 dollars) la nuitée, rebutent les touristes. Ces
hôtels de grand standing sont fréquentés essentiellement par des hommes d'affaires et des clients fortunés. Il est important de
revoir la tarification des prestations hôtelières du secteur public et réviser les prix appliqués.
♦ L’infrastructures des TIC : Les nouvelles technologies sont de plus en plus sollicitées par les visiteurs et constituent une
véritable opportunité d’enrichir l’offre touristique. Les acteurs du tourisme doivent prendre en compte cette nouvelle donnée
pour accroître leur compétitivité et leur attractivité. Internet peut agir comme multiplicateur d’opportunités touristiques en tant
qu’outil d’information parallèlement à des brochures et guides gratuits. En effet, le Web est devenu un enjeu majeur pour
promouvoir le tourisme en Algérie et conquérir des marchés. Il est le nerf de l'ère moderne. Il est devenu nécessaire d'utiliser
les technologies de l'information et de la communication. Le tourisme international est de plus en plus soumis à une forte
pression de la concurrence qui se caractérise, à son tour, par une amélioration de la qualité et la réduction des tarifications des
prestations touristiques. Cette situation a poussé l’ensemble des destinations (pays développé) à œuvrer pour l’appropriation
des technologies modernes de l’information et de la communication au service de leurs stratégies communicationnelles et de
leurs politiques commerciales. Ces pays soucieux de gagner des parts de marchés plus conséquentes recourent de plus en
plus aux concepts novateurs, tels que le marketing interactif ou le cybermarketing pour renforcer leurs capacités
concurrentielles. Mais malheureusement, il a été constaté que l’Afrique enregistre un retard important dans ce domaine, ce qui
limite son influence sur les marchés internationaux des voyages et des loisirs. Quand à notre pays et d’après le rapport de «
The Travel & Tourism Compétitiveness index 2008 (TTCI), il est classé a la 95ème place en termes des infrastructures des
TIC. Ce faible classement est expliqué plus particulièrement par l’incapacité de L’Algérie à faire face aux évolutions
technologiques, ce qui a entrainé une croissance basse de la moyenne de l’investissement publicitaire dans le domaine
touristique. Il faut reconnaitre que dans le domaine du tourisme, la promotion d’une destination sur internet est un enjeu majeur.
En effet, la toile est devenue un outil important pour faire connaitre un service à travers un support beaucoup plus rapide, plus
puissant et plus étendu.
♦ Le marketing touristique en Algérie : Pour attirer les clients vers ses marchés il faut bien faire du marketing. Bien entendu,
le marketing touristique est devenu très important pour des économies qui possèdent une richesse touristique (les paysages
naturels, historiques…). Le produit touristique algérien ne sera en mesure de relever de nouveaux défis que par la
consécration d'une base publicitaire reposant sur des méthodes modernes de commercialisation des services et produits
touristiques. En d'autres termes, recourir au marketing moderne. En effet, en Algérie, les potentialités à elles seules ne suffisent
pas, car pour espérer s’imposer, il y a lieu de faire aussi bien, sinon mieux que ses concurrents qui sont tous animés de volonté
de bien faire et d’attirer l’attention des touristes. Sur le plan touristique, notre pays a un déficit d’image qu’il faut combler. Il est
temps d’avoir une visibilité pour que la destination Algérie puisse prétendre à devenir émergente. Le marketing peut jouer le
rôle du vecteur de relance et de promotion du tourisme en Algérie. Il est devenu un outil incontournable pour la valorisation et
l’amélioration des stratégies de communication et la promotion touristique. Il est un élément important pour attirer des touristes
et fidéliser la clientèle traditionnelle pour la destination Algérie, tout en axant les efforts sur la technologie électronique. La mise
en place d’une bonne stratégie marketing au profit de la destination Algérie permettra un meilleur développement du secteur du
tourisme en Algérie.
♦ Le patrimoine : L'Algérie compte 7 sites classés au patrimoine de l'Unesco (Casbah d'Alger en 1992, Djemila en 1982, La
Kalâa des Béni Hammad 1980, Timgad 1982, Tipasa 1982, Vallée du M'Zab 1982, et Tassili n'Ajjer 1982). Mais, l'Algérie ne
respecte pas ses engagements vis-à-vis de l'Unesco. En effet, les sites en question ne sont pas bien entretenus. En plus de
cette indifférence, certains sites classés même au patrimoine mondial de l'Unesco sont dégradés voire dans certains cas
détruits. C'est le cas de Timgad (Batna). Si les sites classés au patrimoine mondial sont déjà pour la plupart en danger, les sites
classés au patrimoine national sont quant à eux complètement ignorés. Ainsi de nombreux sites sont dégradés, pour certains
détruits ou tout simplement laissés à l'abandon tels que Madaure, Tebessa, Lambèse, Medracen, la Mansourah…
En bref, Les principales raisons qui empêchent le développement du tourisme en Algérie sont liées aufait que le secteur du
tourisme n’a pas été inscrit parmi les priorités des pouvoirs publics et aété relégué depuis la fin des années 1970, au deuxième
ou troisième plan. Les autres facteursqui constituent les points faibles de ce secteur sont relatifs notamment à la capacité
d’accueil estimée actuellement à 80.000 lits dont 10.000 lits seulement adaptés aux normes internationales et l’inadéquation
entre les exigences spécifiques des postes de travail dans le secteur du tourisme et les qualifications des occupants actuels de
ces postes . Le manque de notoriété, l’image négative de l’Algérie et l’absence d’une synergie intersectorielle a fait que notre

799
pays est resté, jusqu’à ce jour, incapable de répondre a la demande nationale et attirer les touristes internationaux. Aujourd’hui,
l’Algérie se trouve devant un défi très difficile à relever. Car la relance du secteur doit contenir un élément important qui
permettra à l’Algérie de se singulariser et de se distinguer pour pouvoir trouver une place sur le marché international du
tourisme. Il s’agit de trouver une marque de différence par rapport à ce qui se fait sur le bassin méditerranéen.
(1)Le quotidien d’Oran, Publié le 22 juin 2009, « Relance du tourisme en Algérie : les raisons d’un retard ».
(1) El Watan Economie, du 29 juin au 5 juillet 2009, « Les autorités algériennes doivent clamer leur soutien au tourisme ».
(2)El Watan, Publié le 26 aout 2009, « Tourisme : Les investisseurs victimes des lenteurs bureaucratiques ».
(3)Tamanrasset. Net, publiéle26 novembre 2010, « Prestations médiocres, accueil lamentable, prix élevés : Qui séjournerait
dans les hôtels algériens? », voir sur le site :http://www.tamanrasset.net/modules/newbb/viewtopic.php?
topic_id=2941&forum=4&post_id=9713 (4) El
Watan, Publié le 24 aout 2010, «Il est le guide touristique le plus vendu dans le monde : féroce attaque contre la destination
Algérie par le Petit Futé».
ECOTOURISME.- Aujourd’hui on compte 11 parcs nationaux, dont :
• 8 au Nord du pays d’une superficie totale de 165 362 ha, qui relèvent de l’administration forestière ; il s’agit du Djurdjura,
Chréa, El Kala, Gouraya et Taza classés en Réserve de la Biosphère (MAB) ainsi que le Belezma , Theniet El Had et Tlemcen ;
• un en zone steppique , le parc national de Djebel Aïssa d’une superficie de 24 500 ha, dans la wilaya de Nâama classé en
2003 par le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement ;
• deux dans le grand sud, il s’agit du parc national du Tassili, celui de l’Ahaggar classés en Réserve de la Biosphère (MAB).
Les parcs nationaux ont été instaurés afin de conserver des échantillons représentatifs de la grande variété de paysages, de
forêts, de plantes et d'animaux qui font l'unicité de l'Algérie. Ils abritent une flore remarquable dont la diversité et la rareté sont
peu communes. Ils sont créés par un décret qui fixe le statut particulier du parc, il s’agit d’une véritable charte – et en confie la
gestion à un établissement public dont le conseil d’orientation est composé d’élus locaux, de personnalités, notamment
scientifiques et de fonctionnaires.
Carte de situation des Parcs Nationaux d’Algérie :

♣ Développement de l’écotourisme : Le tourisme au sein d’aires protégées est de plus en plus utilisé comme moyen
économique pour la conservation et le développement de ces régions ainsi que comme mécanisme de compensation
des coûts encourus par les restrictions d’exploitation. Il est souvent mis en avant comme un apport de valeur économique
aux aires protégées et favorisant l’appui des communautés environnantes pour la sauvegarde et la protection de la
biodiversité (GOODWIN et al, 1998). Le tourisme peut stimuler l’activité économique, augmenter le revenu d’échanges
internationaux, procurer des perspectives d’emploi et améliorer la sensibilisation aux objectifs de conservation par une
éducation écologique. L’éco-tourisme est une tranche de tourisme de la nature et de la faune qui comprend l’idée de voyage
responsable, en maintenant l’intégrité d’un écosystème tout en minimisant les effets négatifs sur l’environnement et produisant
des occasions favorables économiques qui rendent la préservation des sites attrayante pour les populations locales
(PEDERSEN, 2002).
♦ Formation du personnel et évaluation du tourisme dans la zone d’étude : La qualité des guides, les explications, l’accueil et
les compétences linguistiques des guides et autres personnels de contact ont besoins d’être améliorés, de préférence par des
programmes de formation et de certification reconnus à travers le pays. La qualité des guides est critique pour faire du
Parc National et ses environs une destination de tourisme compétitive et les compétences actuelles des guides doivent être
radicalement améliorées à travers un programme de formation. Les éco-guides actuels doivent recevoir une formation en
histoire naturelle, en connaissances d’interprétation et en gestion des visites. Ils ont aussi besoin de formation spécifique, en

800
particulier en faune et flore. Les guides offrent la meilleure opportunité d’éduquer et d’informer les visiteurs sur l’histoire
naturelle et culturelle et sur la ligne d’action de gestion et les objectifs pour la conservation de la faune te de la flore,
jouant un rôle important pour réduire les impacts des visiteurs.□ REBBAS Khellaf, 2014

HÔTELLERIE.- Talon d’Achille du tourisme algérien, l'art d'accueillir s'apprend  : Dans les prochaines années, les
capacités hôtelières algériennes vont passer presque du simple au double. Telle est l'ambition des pouvoirs
publics. Une ambition qui fonde sa pertinence sur des calculs économiques rigoureux, selon lesquels le tourisme
est une industrie capable de générer une richesse et apte à suggérer une réponse fiable, sérieuse et durable à la
question de l'après-pétrole. Une réponse qui se passe donc de toute fantaisie car, rien que de penser à une
Algérie sans ressources pétrolières donne froid dans le dos. Hôtellerie urbaine, balnéaire, saharienne,
établissements de thalassothérapie... Pour répondre aux besoins d'un tourisme d'affaires, de recréation,
d'évasion, de santé... Tout est pensé de façon à répondre aux besoins d'une clientèle toujours plus nombreuse,
toujours plus exigeante et toujours à la recherche du mieux-être et de l'authenticité. Ces structures
d'hébergement, anciennes et nouvelles doivent tenir compte, dans leurs formes et dans les services qu'elles sont
amenées à rendre et des tendances de l'industrie du tourisme, présentes et à venir. Elles doivent également
prendre en charge les préoccupations liées aux impératifs de développement économique et culturel. Des
investisseurs de divers pays se sont engagés dans cette ambitieuse entreprise algérienne, Le chant des sirènes,
toujours plus fort et toujours plus insistant, plus convaincant. Des centaines de millions, voire des milliards
d'euros seront engloutis dans les infrastructures, toutes aussi modernes les unes que les autres. Un marché
captivant. Ces efforts faits, ces dépenses colossales engagées, ces constructions abouties, il ne restera plus
que...l'essentiel. Recevoir des touristes que les promoteurs de la destination touristique algérienne auront la
responsabilité et la mission de faire venir en nombre. A ce moment-là, notre hospitalité millénaire, notre
hospitalité légendaire, suffira-t-elle pour recevoir cette multitude de touristes venus à la découverte de l'Algérie
et des Algériens? Il s'agira de recevoir des touristes selon les règles de l'art et de façon à ne pas leur faire regretter
d'être venus, de leur assurer un accueil durablement bienveillant et surtout de s'assurer de leur fidélité.
L'hospitalité étant à l'accueil ce qu'est l'éclair à l'électricité domestique, il faudra un travail de domestication de
longue année pour que l'instinctive hospitalité devienne «un accueil», un acte commercial. Cela signifie qu'en
contrepartie d'un prix d'un produit hôtelier, un repas, une nuitée, une boisson, il soit offert au client, le même
accueil, autant de fois que cette prestation sera sollicitée et que ce prix sera payé. Cela signifie que l'accueil ne
doit pas être l'otage du bon vouloir ou de la «bonne humeur» de l'hôtelier ou, de sa «bonne disposition du jour».
Au jour d'aujourd'hui, cela relève presque du miracle.
L'Algérien est réputé généreux, hospitalier, mais malheureusement, très souvent otage de son humeur. Et
l'humeur s'accommode mal ou pas du tout avec le professionnalisme. L'accueil étant l'expression marchande de
l'hospitalité, seules les règles du marché peuvent l'imposer comme maillon incontournable du processus de
production de service touristique.

801
Deux éléments peuvent assurer la mutation de l'hospitalité en accueil de façon durable: la concurrence et la
formation hôtelière. La première, en ce qu'elle peut générer comme émulation et donc exigence
comportementale et la seconde en ce qu'elle peut générer comme savoir-être et savoir-faire. Et si de nombreuses
unités hôtelières ont bénéficié de programmes généreux de réhabilitation pour les ramener aux standards
internationaux, il est temps de penser à ces écoles de formation hôtelières dont les installations, les équipements
et les programmes sont très largement obsolètes. □ SEBA Slimane (2018)

OR JAUNE.- «Le tourisme peut-il vraiment remplacer le pétrole en Algérie?» : Faut-il croire ceux qui préconisent
que les services, et particulièrement le tourisme, pourraient être une alternative au pétrole? Ou au contraire, il
faut tout simplement classer de pareilles affirmations au registre des rêveries, des utopies et des fables. Il est
évident que dans certains pays, le tourisme est devenu un important contributeur économique dans le PIB
national et un gisement indéniable pour l'emploi. Cependant, cette place a été glanée au bout d'une période très
longue, avec des moyens conséquents et des investissements colossaux sur des décennies. La contribution du
tourisme dans le meilleur des cas, ne dépasse pas les 30% du PIB national dans le monde, le cas de la France,
première destination mondiale en 2017 avec plus de 80 millions de visiteurs et une recette touristique dépassant
les 160 milliards de dollars, soit environ 7% du PIB français. Je voudrais m'étaler sur le cas français et décortiquer
son montage en tant que modèle, avec ses hôtels, ses compagnies, ses écoles, avec ses universités, ses voyagistes
ses mises en tourisme de régions, de communes, son transport aérien routier et ferroviaire performant sans pour
autant oublier ses patrimoines dans toutes ses diversités. Cette situation de leader n'est pas le fait du hasard et
du bricolage, elle est le fruit d'une politique des pouvoirs publics, de stratégies mises en place depuis des
décennies, autour de compétences de think tanks touristiques qui produisent expertises, analyses, stratégies,
visions et prospectives sur 50 ans. Dans notre cas, en Algérie, la contribution du tourisme au PIB ne dépasse pas
les 250 millions de dollars/an, un chiffre bien maigre, dû au fait que nous continuons à patauger dans la gadoue
sans visibilité, sans boussole et sans stratégie. Rien ou presque n'est sérieusement entamé dans ce domaine pour
faire du tourisme une alternative aux énergies fossiles. Les exigences du marché, les normes et les standards des
services nous imposent une rigueur dans toute la chaîne de production, allant du transport aérien, en passant par
les hôtels, les restaurants et les patrimoines. La liste est longue des exigences de services pour séduire les acteurs,
les prescripteurs et le grand public.

L'or jaune pour remplacer l'or noir

Aujourd'hui, nous n' avons pas les moyens, encore moins la volonté de construire une destination avec toutes ses
exigences matérielles et sa composante pour aller vers les marchés. Cette situation déplorable, ne semble pas
connaître un véritable renouveau dans la politique de développement touristique ni dans les stratégies à

802
préconiser encore moins dans les actions à mener au niveau local. C'est connu, de par le monde, c'est la filière
balnéaire qui rapporte le plus de recettes. Elle se classe au top et c'est dans ce type de tourisme que les
gouvernements puisent leurs recettes. Or, il semble que chez nous le balnéaire est une filière impossible à mettre
sur les marchés internationaux du fait d'une offre inadéquate et non commercialisable. Déjà que nous peinons à
répondre à la demande nationale dont plus des trois-quarts des Algériens vont en Tunisie du fait d'une absence
d'offre compatible avec la demande qualité/prix.Que reste-t-il donc du tourisme saharien? Et qu'en est-il du
tourisme patrimonial? Ne figurent-ils pas dans les tablettes du pays? On pense notamment au tourisme de bien-
être, celui de congrès et de conférences, religieux et cultuel qui demeurent des niches en fait et ne pourraient en
aucun cas drainer des millions de touristes. Prétendre à des recettes de 10 à 30 milliards de dollars/an, implique
des efforts colossaux dans les infrastructures, la formation, les acteurs professionnalisés et très au fait des
techniques de gestion, de vente et de management des destinations sur les marchés, l'hygiène et les offres de
transport dans leurs diversités. Au rythme du pays, rien ne se fera dans l'immédiat. Cette situation fera perdre
beaucoup d'argent au pays et des parts de marchés comme le cas des 2,5 millions de touristes algériens qui
boostent la destination Tunisie à coups de milliards de dollars. Le chemin est foncièrement très long pour avancer
dans le classement mondial. De plus, ces filières énumérées, ne peuvent pas faire l'objet d'une massification
compte tenu de plusieurs facteurs comme les sites, l'écologie, les capacités de prise en charge, les besoins en eau
et énergie etc..., le tourisme saharien avec sa diversité ne pourra dépasser dans les meilleurs des cas, les deux à
trois millions de touristes et à condition que la logistique suit le mouvement des flux: offre de transport,
animation des sites, hôtellerie etc. De ce fait, les niches touristiques n'ont jamais été de grands réservoirs
financiers du tourisme, c'est un appoint à d'autres filières grand public tel que le balnéaire qui draine des millions
de touristes. □ BOURAD Mohamed (2018)

POLITIQUE TOURISTIQUE.- Le retard dans le domaine touristique en Algérie peut être considéré aujourd’hui comme une
chance. En effet, alors que presque tous les pays du pourtour méditerranéen ont atteint la limite physique de leur capacité
d’accueil, l’Algérie reste encore un site touristique quasiment vierge et inexploité, ce qui est incontestablement un autre atout
pour peu qu’une politique de tourisme privilégiant l’environnement est mise en place. Elle peut aussi tirer profit des expériences
des autres pour éviter les atteintes les plus graves à l’environnement sur le plan esthétique mais aussi en matière de
consommation des ressources rares. Elle peut aussi éviter les mauvaises expériences sur le plan social (le tourisme sexuel). Il
n’y a aucune raison que l’Algérie ne rejoigne pas puis dépasse ses deux voisins. Il faut absolument que les autorités
algériennes continuent à clamer haut et fort qu’elles sont pour le tourisme qu’elles ont pris l’engagement de promouvoir ce
secteur. Ces messages politiques forts peuvent attirer les acteurs concernés vers les divers créneaux du tourisme et contribuer
à exercer des pressions à divers niveaux pour que les choses avancent. Il faut appréhender le problème globalement, car
personne ne pourra faire, seul, quelque chose dans ce domaine qui implique une panoplie d’activités et d’acteurs. En effet, le
secteur touristique nécessite une bonne alchimie entre ses différents acteurs, des relations de confiance, d’incitation, de
régulation… Rien ne se fera en dehors de ces coopérations entre différents acteurs
◙ Les Tâches de l’Etat pour Le Développement de l’Industrie Touristique : Les conditions premières pour un
développement dynamique et harmonieux relève de la détermination de l’Etat au niveau le plus élevé. L’ensemble des tâches
de l’Etat doit être cadré dans une politique touristique appropriée.
►Dans l’offre touristique :
- Création d’un climat favorable au développement : l’image générale du pays.
- Création d’une infrastructure économique pour le développement du pays : l’Etat doit créer et améliorer les réseaux de
communication indispensables, les installations sanitaires, l’alimentation en eau potable, en fourniture de l’électricité, les voies
d’accès aux centres d’intérêt touristique, etc.… Afin d’atteindre ces objectifs, l’ensemble des organes exécutifs (travaux publics,
habitat, hydraulique, etc.) doivent conjuguer et harmoniser leurs efforts. L’absence de l’un d’entre eux conduit à l’échec de la
réalisation.
- Organisation des services touristiques et formation des cadres techniques : la détermination de l’Etat dans le développement
de son industrie se mesure à ses interventions dans le secteur. La diversification des fonctions qui existent dans le secteur
l’oblige à une nécessaire adéquation entre les personnels et leur poste de travail. Le biais de la formation en est le meilleur
garant.
- Planification de l’industrie du tourisme : sans planification il est impossible de développer le tourisme au-delà de certaines
limites. La planification implique la progression et la connaissance profonde des possibilités touristiques.
- Conception et application des mesures d’incitation au développement touristiques (un environnement d’affaire attractif): il
s’agit de créer les conditions favorables propres à instaurer un climat de confiance. Cette initiative va se concrétiser par des
mesures spécifiques en faveur des investissements : crédit, conseils techniques, études, taux préférentiels d’intérêts, crédit
garanti, facilités d’offre au niveau de l’acquisition des terrains, avantages fiscaux divers…
- Réglementation et contrôle : Des mesures rigoureuses de qualité et de service doivent être mises en œuvre, il faut

803
s’accommoder avec les options de notre évolution et de notre époque, la coordination des efforts doit se faire suivant un cadre
juridique général, etc.
- Formation de la conscience touristique des populations (culture touristique) : sensibilisation de l’ensemble de la population sur
l’apport du tourisme sur le plan économique.
►Dans la demande touristique :
Parmi les principales tâches à effectuer dans le secteur touristique, il faut mentionner :
- Les facilitations : il s’agit d’une politique visant à harmoniser la réglementation de la circulation des personnes et de leurs
biens. Ces facilitations toucheront :
 La police d’immigration (passeports, visas, entrées, sorties) ;
 Les formalités douanières ;
 Les systèmes des paiements internationaux (change de devise).
- Relation avec les canaux de distributions : il est important de maintenir des contacts suivis avec les organisateurs de voyages.
- Contrôle des prix : C’est un facteur de positionnement du produit car il traduit le degré de la qualité perçue par le touriste. Il
doit être adapté à la clientèle ciblée, à la concurrence, au produit offert et à la saison touristique. Il faut signaler que les
distances sont très grandes et les tarifs appliqués par les grandes compagnies aériennes et dans certains hôtels à longueur
d'année sont onéreux. Il serait bon de revoir la tarification des prestations touristiques (transport, hébergement…), réviser les
prix appliqués et introduire la variation des prix parrapport aux périodes hautes et périodes basses.
- Promotion de la publicité et études du marché touristique : il faut souligner que c’est le secteur public qui s’en charge.
L’Algérie doit établir une politique à travers les foires et les salons internationaux de tourisme, ainsi que par une communication
audiovisuelle et écrite (publicité). Les études de marché sont aussi d’une grande importance pour l’orientation de la politique du
tourisme. Il ne suffit pas de ramener des touristes ; mais il faut penser à les fidéliser. Une politique intensive, qui vise à fidéliser
ses touristes et les inciter à revenir en Algérie, peut s’avérer très bénéfique. En effet, il est important de mettre en place un plan
marketing pour la revalorisation de la destination Algérie et le développement du secteur du tourisme. ◙ HAROUAT Fatima
Zohra (2012)
THERMALISME.- Son développement et sa promotion nécessitent de mettre en valeur les énormes
potentialités existantes représentées par 200 sites thermaux. Le secteur du thermalisme demeure
embryonnaire et son développement devient un objectif pressant grâce à une orientation
d'investisseurs vers ce créneau. Les directions des stations thermales
conventionnées estiment qu'un réajustement financier avec la sécurité sociale devient nécessaire sinon
vital, car ces établissements enregistrent, depuis une décennie, un déficit considérable. Si, auparavant, ce
déficit était absorbé par une fréquentation relativement élevée de curistes sur une longue période de
l'année, actuellement, ces établissements commencent à être touchés par le phénomène de "saisonalité"en
raison de l'obligation faite aux curistes conventionnés d'effectuer la cure durant leurs congés de détente.
TOURISME A STRUCTURER.– Selon le guide pratique « investir dans le tourisme » de l’Agence Nationale
de Développement du Tourisme (ANDT). La Zone d’Expansion Touristique (ZET) est un espace qui, de par
les atouts qu’il recèle, est protégé par la loi et son exploitation est exclusivement réservée aux activités
touristiques. La ZET est soumise à un Plan d’Aménagement Touristique (PAT) qui détermine l’espace
constructible précisé par un programme d’infrastructures à réaliser. Ainsi, les projets qui doivent être
réalisés dans ces espaces ne peuvent l’être qu’une fois le PAT réalisé et réglementairement approuvé. Les
terrains appartenant au domaine privé de l’Etat et situés à l’intérieur des ZET sont concédés selon la
formule du gré à gré après avis de l’Agence Nationale de Développement du Tourisme (ANDT) et accord du
ministre chargé du Tourisme. L’aménagement des Zones d’Expansion Touristique (ZET) est d’utilité
publique et leur viabilisation est confiée à l’Agence nationale de Développement du Tourisme (ANDT).
L'Algérie compte actuellement 205 zones d’expansion touristique (ZET) dont 160 situées le long de la côte,
22 sur les Hauts Plateaux et 23 dans le Grand Sud (1). Ces ZET sont implantées sur une superficie de
53.199,64 ha sachant que la partie exploitée nedépasse pas en réalité 8.841,27 ha car, en vertu des
normes internationales, seuls 20% de la superficie globale d'une ZET doivent être exploités.
►Tourisme en Algérie en quelques chiffres  :
Arrivées de touristes internationaux en Algérie  :

Source : Rapport 2014 / Organisation mondiale du tourisme

804
- TF : arrivées de touristes internationaux aux frontières (à l’exclusion des visiteurs de la journée) ;
- VF : arrivées de touristes internationaux aux frontières (touristes et visiteurs de la journée) ;
- A travers le tableau ci-dessus on constate que le nombre d’accueil des touristes en Algérie ne cesse de croitre depuis 2010
mais qui n’est pas à la hauteur du potentiel touristique de pays.
- Le nombre d’accueil de touristes en Algérie en 2013 est estimé à un pourcentage relatif de 5% par rapport au nombre
d’arrivées de touristes internationaux en Afrique et à un pourcentage relatif de 14% par rapport au nombre d’arrivées de
touristes internationaux en Afrique du Nord , contrairement à un pourcentage de 19% au Maroc par rapport au nombre
d’arrivées de touristes internationaux en Afrique et un pourcentage de 51% par rapport au nombre d’arrivées de touristes
internationaux en Afrique du Nord.
- Un nombre d’arrivées de touristes internationaux modeste pour l’Algérie par rapport à la place qu’occupe l’Algérie dans le
continent africain en étant le plus grand pays en termes de surface.
Recettes du tourisme en Algérie :

Source : Rapport 2014 / Organisation mondiale du tourisme


- A travers ce tableau ci-dessus on constate que la recette du tourisme international en Algérie en 2013 est la plus petite en
Afrique du Nord contrairement à nos pays voisins le Maroc et la Tunisie qui réalisent respectivement une recette en 2013 de 20
fois plus supérieure à la recette Algérienne, qui est la meilleure en Afrique du Nord et une recette de 6 fois plus supérieure à la
recette Algérienne.
- On remarque que les chiffres liés aux arrivées des touristes internationaux et les recettes du tourisme international en Algérie
n’ont pas connu une grande évolution ou du moins insuffisants pour hisser l’Algérie au rang des destinations touristiques.
►Organismes chargés du tourisme en Algérie :
 Ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat.
 Office National Algérien du Tourisme (ONAT) : Tour Opérateur National, l’O.N.A.T est actuellement chargée de la
commercialisation de la destination « ALGERIE » et du développement du tourisme national. En 2011, l’entreprise a été
rattachée au Ministère du Tourisme et de l’Artisanat en tant qu’entreprise non affiliée (2).
 L’Agence Nationale de Développement du Tourisme (ANDT) : Il s’identifie comme l'outil principal spécialisé dans la
gestion, le développement, la préservation, l'utilisation etl'exploitation rationnelle du foncier touristique. Elle est par conséquent
l'un des principauxacteurs chargés de la mise en œuvre de la politique nationale de développement touristique(3).
►Atouts et faiblesses du tourisme en Algérie (4):
♦ Les atouts :
 La beauté, la richesse et la diversité des paysages et sites naturels ;
 Un patrimoine historique, archéologique, culturel important et diversifié ;
 La disponibilité de sites vierges et de ressources naturelles préservées ;
 Un climat tempéré ;
 Un réservoir considérable de sources thermales (200 sources thermo minérales recensées) ;
 Une image de marque liée au tourisme saharien, notamment au plan international ;
 La grande proximité avec les marchés émetteurs européens ;
 Un important réseau d’infrastructures routières et autoroutières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, hydrauliques,
énergétiques, existant ou en cours de réalisation : Autoroute Est Ouest, Pénétrantes, Rocades, Métro, Tramway, Lignes
ferroviaires à Grande Vitesse «LGV » Barrages, transferts hydrauliques, unités de dessalement, stations d’épuration, centrales
électriques, réseaux TIC. 16 ports de plaisance et 20 ports mixtes (plaisance et pêche), Aéroports internationaux ;
 Une montée en cadence des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et de la téléphonie mobile ;
 Des grands projets d’investissements touristiques en maturation : les villages touristiques d’excellence.
♦ Les faiblesses :
 Une absence de lisibilité des produits du tourisme algérien ;
 Une faiblesse quantitative et qualitative des structures d’hébergement ;
 Une maîtrise insuffisante des nouvelles techniques de prospection des marchés ;
 Un niveau de qualification et de performance des personnels à rehausser ; Une faible qualité du produit et des prestations
du tourisme algérien ; Une faible pénétration des technologies de l’information et de la communication dans le tourisme ;
 Un mode de transport et d’accessibilité à améliorer ;
 Des services financiers inadaptés au tourisme moderne ;
 Un grand déficit de la promotion et du marketing de la destination Algérie.
►Stratégie du développement du tourisme : La prise de conscience nationale de l’enjeu du développement touristique en

805
tant que vecteur de développement économique et social a conduit à l’apparition d’un cadre stratégique de référence et d’une
vision à l’horizon 2025 lors de la tenue du 11 et 12 février 2008, des Assises nationales et internationales du tourisme.
♦ Schéma Directeur d’Aménagement Touristique « SDAT 2025 » : C‘est est une composante du Schéma National
d’Aménagement du Territoire (SNAT), un instrument qui traduit la volonté de l’État de valoriser le potentiel naturel, culturel et
historique du pays et de le mettre au service de la mise en tourisme de l’Algérie afin de la hisser au rang de destination
d’excellence dans la région euro-méditerranéenne. Il donne de ce fait pour l’ensemble du pays ainsi que pour chacune des
parties du territoire national, les orientations stratégiques d’aménagement touristique dans le cadre d’un développement
durable.

Principales formes de tourisme


►Formes de tourisme :  Selon l’activité pratiquée :
 Tourisme d’agrément : Par opposition au tourisme d’affaire, le tourisme d’agrément se définit comme l’ensemble des
activités mises en œuvre pour le voyage et le séjour d’agrément. Il est prévu pour le plaisir et le bien-être du touriste, sans
aucune motivation utilitaire. Ce type de tourisme se traduit par une multitude de formes selon la prédominance des facteurs qu’y
interviennent (tourisme montagnard, tourisme balnéaire…).
 Tourisme d’affaire / Voyage d’affaires : Selon DUPUY Mauricedans son livre Le tourismed’affaires : « Le voyage
d’affaires est un bref séjour qu’entreprend un homme d’affaires, souvent à titre individuel, pour le compte d’une entreprise, dans
le cadre de son activité quotidienne. Tandis que le tourisme d’affaires est une action de marketing, menée par une entreprise à
l’égard de ses clients ou de ses collaborateurs, et qui utilise les voyages à des fins de motivation, de stimulation ou de
communication ». Le tourisme d’affaires se divise en quatre domaines :
- Les foires et salons ;
- Les congrès et conventions d’entreprises ;
- Les voyages de motivation ;
- Les séminaires et réunions d’entreprises.
 Tourisme culturel : C’est une forme de tourisme qui a pour but de découvrir le patrimoine culturel d’une région.Selon l’OMT
le tourisme culturel se définit en tant que : « Mouvements de personnes obéissant à des motivations essentiellement culturelles
telles que les voyages d'études, les tournées artistiques et les voyages culturels, les déplacements effectués pour assister à
des festivals ou autres manifestations culturelles, la visite de sites et de monuments, les voyages ayant pour objet la découverte
de la nature, l'étude du folklore ou de l'art, et les pèlerinages ».
 Tourisme religieux : C’est une forme de tourisme qui regroupe les voyages et les séjours à vocation religieuse. C’est le
déplacement des croyants (généralement en groupe) vers des lieux de cultes afin de pouvoir se rapprocher de Dieu ou bien de
mieux connaitre l’histoire de leurs groupes religieux. Le tourisme religieux est divisé généralement en trois formes :
- Voyages vers une destination religieuse (pèlerinage) ;
- Voyages incluant des intentions religieuses (participer à des conférences) ;
- Voyages de loisir avec l’intention de visiter certains lieux de cultes.
 Tourisme de santé : Selon Patrice De Monbrison-Fouchère : « Le tourisme de santé concerne l'ensemble des migrations
effectuées dans le souci d'améliorer sa santé, c'est à dire les séjours intégrant aussi bien des soins curatifs prescrits par les
médecins que des soins préventifs pris sur décision individuelle volontaire ». Le tourisme de santé peut-être :
- Organisé lorsqu’une agence de tourisme organise l’ensemble des services de prestation rendus au patient ;
- Non organisé lorsque le patient organise lui-même le voyage.
 Tourisme de sport et d’aventure : C’est un type de tourisme où les voyageurs sont attirés à un endroit particulier pour :
- assister ou participer à un évènement sportif, qu’il soit international, national ou local, classique ou typique d’une culture
locale.
- pratiquer à une activité sportive ou d’aventure dans une destination propice à son exercice.
♣ Selon la clientèle :  Tourisme de masse : Il porte ce nom car il fait voyager et concentre de grandes masses de
populations à une destination précise. Ce type de tourisme est très présent en bord de mer, près des grands sites touristiques
et dans les pays chauds. Il cible les catégories de personnes à revenus modestes. Le tourisme de masse est la forme de
tourisme la plus polluante sur la terre.
Notes :(1) Wahid.A, « La répartition actuelle des ZET n'aide pas l'Algérie à devenir une destination touristique », journal « Le
financier »,30-07-2013, http://www.djazairess.com/fr/lefinancier/38668
(2) Office national algérien du tourisme : http://www.onat.dz/spip.php?article366
(3).L’Agence Nationale de Développement du Tourisme (ANDT) : http://www.andtdz.org/?
action=formunik&type=menu&idformunik=45 (4).Ambassade

806
d’Algérie en Suisse, « Le secteur du Tourisme : une autre source de richesse »,
http://www.ambassade-algerie.ch/CS08/algerie_hote_d_honneur_comptoir_suisse_2008_03.html
♣ La zone d’expansion touristique (ZET) : D’après le décret n° 66 /75 du 4 avril 1966, en application de l’ordonnance n°
66/67 du 26 mars 1966 : peut être déclarée une zone d’expansion touristique. « Toute région, ou étendu du territoire, jouissant
de qualités, ou de particularités naturelles, culturelles, ou récréatives, propices au tourisme, se prêtant à l’implantation, ou au
développement d’une infrastructure touristique, et pouvant être exploitées pour le développement des formes rentables du
tourisme ».
♦ Différents types de ZET : Le décret n° 88-232 du 5 novembre 1988 a limité 174 ZET réparties en : 142 ZET sur le littoral, 12
ZET sur les hauts plateaux, 20 ZET dans le Sahara.
□ La ZET du littoral : Ces zones d’expansions touristiques sont généralement localisées près des plans d’eaux. Leur
développement est hétérogène. Elles offrent des possibilités d’activités balnéaires (pêche, sou — marines, sport…) Le riche
patrimoine historique de ces zones, appelle une légitime et nécessaire revalorisation. Les zones forestières, auxquelles
s’endosse la frange littorale, offrent des réelles possibilités en matière d’artisanat, de chasse et d’arboriculture…. (Cas de Taref)
□ La ZET des hauts plateaux : Contrairement au précédentes, elles se définissent par d’autres caractéristiques ; ce type de
zone détient 7 % des zones touristiques en Algérie dont elles s’étendent sur une superficie de 3447 ha dont la majorité est
concentrée dans le Nord et à l’Est des hauts plateaux du pays.
□ La ZET du Sud : Ces zones d’expansion touristique se distinguent des autres par :Les oasis, qui sont la cible de
développement touristique Saharien.Elles occupent une superficie relativement grande : 9 437 ha environ.Elles offrent un
tourisme de haut de gamme et pour les franges limitées des populations.
►Tourisme en méditerranée : La méditerranée est la région touristique la plus vaste, la plus vieille et la plus développée du
monde. Elle s’appuie principalement sur le tourisme comme une source essentielle de revenus et d’emplois. Elle est
caractérisée par un climat agréable, des eaux peu profondes et tranquilles, des paysages diversifiés et un riche patrimoine
historique et culturel. En 2003, elle a attiré 228 millions de personnes, soit 33% des voyageurs à l’échelle mondiale, ce qui en
fait la première destination à l’échelle planétaire (WTO/OMC 2004).

Arrivées des touristes internationaux (2010), en million et en nombre de touristes par 1000 habitants
(Source : OMT / Tourisme dans le bassin méditerranéen).
Dans cette région, l’activité touristique est répartie de façon illégale. La figure ci-dessus montre que les
rives nord attirent toujours le plus grand nombre de touristes, la France et l’Espagne étant encore
actuellement parmi les cinq premiers pays récepteurs du monde, tandis que les zones méridionales et
orientales à l’exception de l’Egypte bénéficient d’une activité touristique moindre. □
►Brève histoire du tourisme en Algérie :
 Le tourisme a toujours été en Algérie un objectif secondaire des autorités.
 En 1922 apparition des hôtels de la compagnie Transatlantique dans les oasis.
 En 1962 apes l’indépendance l’Algérie a héritée d’un équipement hôtelier non négligeable concentré
dans les grandes villes.
 Après l’indépendance l’atmosphère qui régnait n’été pas favorable à l’accueil de touriste. Durant cette
période critique aucune politique de tourisme ne fut définit.
 En 1962 fut créé un établissement public Office National Algérien du Tourisme (ONAT).
 En 1964 la mise en place d’un ministère du tourisme qui réglé les problèmes au jour le jour.
 L’Algérie entend donner au secteur du tourisme une dimension à la mesure de ses potentialités et de ses
atouts. Il s’agit désormais de développer la montée en puissance du tourisme national et de l’insérer dans
les circuits commerciaux du tourisme mondial grâce à l’émergence de la destination Algérie comme
destination touristique de référence au plan international. □

807
♦ Rétrospective  : Le flux de touristes étrangers vers l’Algérie a atteint près de 1.206.000 en 1989. A partir
de 1990, les flux ne cessèrent de diminuer pour atteindre le chiffre de 604.000, parmi lesquels 511.000
représentaient des émigrés rentrant au pays en vacances et seulement 93.000 étrangers. Cependant, il ne
faut pas croire que les évènements politiques soient les seules causes qui influent négativement sur le
secteur touristique. Le manque d'investissement, la médiocrité des prestations de services, l'accueil, la
sous-exploitation des attraits touristiques, l'absence de stratégie et l'instabilité des structures ont quasi
paralysé le secteur. D'où un déficit de la balance commerciale du tourisme. Le retard enregistré dans la
réalisation des infrastructures y est pour quelque chose. En 1991, les capacités hôtelières atteignaient
55.000 lits (dont 23.500 lits pour le secteur privé). En 1990, 35.000 lits sont classés de 1 à 5 étoiles et
20% de ce chiffre répondent aux normes internationales. En 1992, sur les 17 entreprises publiques
économiques de gestion hôtelière, 13 étaient déficitaires. Leurs prestations étaient loin de répondre
aux normes préétablies. Malgré les efforts de la nouvelle politique économique en matière de
restructuration marquée par une volonté de privatisation, il reste que des obstacles tant bureaucratiques
qu'en provenance de l'environnement (célérité d'obtention des biens et services, qualités des produits
consommables, ponctualité et régularité des transports et spectacles ... entravent la démarche des
structures, tel que l'office national du tourisme. Le côté management et gestion joue également un rôle
important en matière de rentabilité, dans la mesure où l'on introduira de nouvelles techniques de gestion et
une meilleure exploitation des hommes sur le plan professionnel, accueil, etc. Néanmoins, grâce aux
investissements privés, une plus grande libéralisation des initiatives et à la dévaluation du dinar qui
permettra même aux bas salaires européens de s'offrir de bonnes vacances au moindre coût, le secteur
touristique pourra s'apprêter à participer à la relance économique. Le déficit le plus important s'est situé
dans l'hôtellerie saharienne où pourtant l'Algérie dispose de ses meilleurs atouts ainsi que dans le
thermalisme où la demande notamment nationale est trés forte. Par ailleurs, de 1994 jusqu'en 1999, la
capacité hôtelière s'est renforcée de 23.000 lits dont 3.700 de haut standing (Sheraton, Sofitel-Hamma,
Hilton-Alger et Hôtel de l'aéroport Houari Boumediène, Hôtel Abou-Nawas à Azur-Plage). Le secteur privé
détient les 2/3 des capacités et des emplois dans la branche. Les recettes en devises sont modestes et ne
dépassent pas le 1% des recettes totales en devises du pays et 15% de ces mêmes recettes hors
hydrocarbures. Ce faible résultat est accentué par d'autres contraintes liées au phénomène de saisonnalité
de l'activité, et à la quasi-absence d'activités connexes telles que l'artisanat ou la location de
véhicules. L'Algérie présente l'avantage considérable de pouvoir offrir dans le bassin méditerranéen, une
combinaison de tourisme notamment balnéaire et saharien. Le thermalisme n'a toujours pas été
promotionné (existence de 200 sources thermales). Le développement du tourisme pourrait se faire avec
aussi le concours éventuel de partenaires étrangers ou chaines internationales pour ce qui tient à la fois de
la gestion et de la mobilisation de financements nécessaire à une remise à niveau et à une
commercialisation interne et externe, des produits touristiques et thermaux nationaux.◙

TOURISME SAHARIEN.- A partir de la seconde moitié des années 80, et suite au désengagement de l’Etat de
l’investissement touristique et au changement systémique qui s’est opéré dans la politique nationale du
tourisme, l’offre hôtelière saharienne dans le Nord du Sahara entre dans une période de stagnation voire même
de contraction en termes de capacités. Les prestations se sont dépréciées au plan qualitatif, en raison de
l’absence de financement des travaux de maintenance et de renouvellement des équipements. La fréquentation
touristique des sites sahariens alors a connu une chute sévère. Durant cette période de récession, de nouveaux
besoins de découverte se sont exprimés sur les marchés émetteurs et ont conduit les prescripteurs de voyages à
s’orienter vers le tourisme de niches, axé sur la découverte de sites peu ou pas du tout visités. C’est ainsi, que le
Sahara algérien, fut alors la destination de prédilection de ces nouveaux tour-opérateurs qui organisèrent,
directement ou avec le concours des opérateurs locaux, les premières randonnées chamelières et pédestres ainsi
que des expéditions en 4x4 dans le Hoggar et le Tassili. À partir de 1990 la situation sécuritaire a entravé le
développement du tourisme dans ces régions. L’activité touristique saharienne reste cependant très faible durant
toute cette période, la plus part des agences locales ont été forcées à la fermeture. En 1995 les autorités
publiques ont lancé un schéma directeur d'investissements touristiques dans le grand sud, des mesures incitatives
ont été mises en œuvre à cet effet, à travers l’abattement de 50% de l'impôt sur le revenu, l’exonération pendant
10 ans de l'IBS (Impôt sur le Bénéfice des Sociétés), la réduction de 50 % du taux réduit des bénéfices réinvestis
dans l'une des régions sahariennes. Ce programme prévoyait la réhabilitation et la réalisation d'une
infrastructure hôtelière, permettant de répondre à une demande de 100 000 visiteurs par an à l'horizon 2 000.
Ces deux opérations auraient permis de s'attendre à une capacité totale de 910 lits touristiques. Ce n’est qu’à
partir du début de la décennie 2 000 que les signes de reprise du tourisme dans le Hoggar, le Tassili et plus
modestement dans le Gourara se sont à nouveau manifestés à travers l’affrètement, par quelques tour-

808
opérateurs traditionnels, de vols directs à partir de Paris vers Tamanrasset et Djanet, des destination jugées plus
sécurisée et plus attractives que les autres. Une gamme restreinte de produits est proposée à une clientèle ciblée,
intéressée par de différentes formes de tourisme de nature et d’aventure souvent à « bas prix ». En 2007, les
régions du Hoggar et du Tassili ont accueilli durant la saison quelques 9 000 touristes français sur un total de 170
233 arrivées, soit une augmentation de 5,7 % par rapport à 2006. En 2008, les flux ont été de 27 000 touristes
(Français, Allemand, Italien et Suisse). Cette timide reprise reste fragile. Elle est à la merci des tensions
sécuritaires qui affectent régulièrement les pays sahariens limitrophes (enlèvements de touristes étrangers,
insécurité endémique dans le Nord du Mali, trafic d’armes et de drogue le long de la ceinture sahélienne …). De
son côté, le tourisme des nationaux à destination du Sud peine à décoller. Il est rythmé par les vacances scolaires
et les fêtes de fin d’année, seuls moments ou les familles algériennes ont la possibilité de se déplacer avec leurs
enfants. Les destinations-phares du tourisme saharien orienté vers les nationaux sont celles qui offrent des
opportunités de visites religieuses, des fêtes traditionnelles et des stations thermales. C’est notamment le cas de
Ghardaïa, de Timimoune et de Taghit qui deviennent peu à peu des destinations prisées pour les vacances des
familles et des jeunes. En 2008, plus 36.500 nationaux ont visité le Sud-ouest algérien (Touat/Gourara) et ont
séjourné majoritairement dans des structures d’hébergement non marchandes (20 000) et sans recourir à des
agences de voyages et de tourisme. Dans le couloir de cette timide reprise, les fêtes locales ont connu un regain
de vitalité dans certaines régions, grâce au volontarisme des collectivités locales et des associations (offices locaux
du tourisme et autres), mais sans pour autant produire les effets touristiques escomptés, en raison de leur
programmation tardive ou de leur déprogrammation intempestive et du manque de professionnalisme dans la
mise en tourisme (organisation et promotion) de ces événements. Sur un autre plan, l’accessibilité des sites
touristiques sahariens, particulièrement le Touat Gourara et le Grand Sud, reste entravée, par la contrainte du
transport aérien. L’amélioration relative des dessertes aériennes ne permet pas encore de desserrer cette
contrainte et de libérer la production et la commercialisation des produits touristiques sahariens, loin s’en faut. Le
réceptif est assuré par une profusion d’agences de tourisme et de voyage localisées principalement à
Tamanrasset et Djanet. La plus part d’entre elles ne disposent pas du minimum de professionnalisme, qui leur
permettrait de travailler à l’international. La production touristique saharienne pâtit grandement de cette
situation. Ce bref survol historique du tourisme saharien donne la mesure des défis qui restent à relever pour
faire de ce secteur un véritable levier de développement économique et social des régions sahariennes et un
facteur d’amélioration de la structure de la balance commerciale du pays.

809
1.2 Potentialités et spécificités du tourisme saharien en Algérie :
1.2.1 Les données naturelles
1.2.1.1 Géographiques :
L'Algérie est le pays le plus grand du continent africain et le 10ieme pays le plus grand au monde en termes de
superficie totale. Situé en Afrique du Nord, une des principales attractions touristiques en Algérie est le Sahara, il
couvre plus de 80% de la superficie de l’Algérie soit environ 2 millions de km². L’identification de l’offre
saharienne passe nécessairement d’abord par la définition des régions à haute valeur touristique :
Les Tassili
Le Hoggar
La boucle des oasis
La Saoura
Le Touat
Le Gourara.

Le deuxième plus grand désert au monde : Il couvre 80% de la superficie de l'Algérie. Il se compose pour une
grande part de plateaux rocheux et de plaines caillouteuses. Il est limité au sud par plusieurs oasis constituant ce
qui est souvent appelé « la porte du désert ». La partie saharienne est constituée principalement de regs, d'ergs,
d'oasis et de massif montagneux. Au nord du Sahara algérien, les grands ergs, Occidental à l'ouest, et Oriental à
l'est, séparés par des plateaux rocheux tels que la région du Mzab et bordés au sud par le plateau de Tademaït,
constituent d'immenses mers de sable ponctuées d'oasis donnant parfois vie à d'importantes palmeraies. Au sud-
ouest, s’étendent les ergs Iguidi et Chech, immensité de dunes sableuses linéaires largement espacées les unes

810
des autres. Plus au sud, au cœur du Sahara, le massif du Hoggar, dont le point culminant est le plus haut sommet
de l'Algérie avec 3 003 mètres au mont Tahat, est constitué de roches volcaniques formant des pics, des «
aiguilles volcaniques » et de hauts plateaux désertiques. À l'est du Hoggar, dans le Tassili n'Ajjer, haut plateau
aride perché à plus de 1 000 mètres d'altitude, se dressent des formations rocheuses fortement érodées
émergeant des dunes, donnant parfois au relief un aspect de paysage lunaire.(1) De tous les pays sahariens,
l’Algérie est le pays qui a le territoire saharien le plus vaste. Nous nous contenterons d’aborder les quatre régions
du grand sud algérien : Adrar, l’Illizi, Tamanrasset et Tindouf.

 Le Tassili n’Ajjer .
Le parc national du Tassilli est classé, depuis 1982, patrimoine mondial de l’UNESCO. Il fut également classé en
1986 comme réserve de la biosphère M.A.B. C’est un étrange pays lunaire de grand intérêt géologique abritant
l’un des plus importants ensembles d’art rupestre préhistorique du monde. Plus de 15 000 dessins et gravures
permettent d’y suivre, 6 000 ans av. J.C., les changements du climat, les migrations de la faune et l’évolution de la
vie humaine aux confins du Sahara. Les formations géologiques avec les niches que l’érosion a creusées dans le
grès, sont d’une beauté exceptionnelle. D’une superficie de 8 000 km2, le parc national du Tassili a une altitude
moyenne de 1 500 m, bien individualisé sur sa limite ouest par une longue falaise s’allongeant sur près de 700 km.

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Algérie

Cette falaise, haute de 500 m, fait du Tassili une sorte de forteresse naturelle pénétrable au niveau de quelques
rares échancrures. L’intérieur de la forteresse est parcouru par un incroyable réseau de canyons avec des gueltas,
des sources d’eau et des ceintures végétales.
Des populations touarègues sédentarisent à Iherir, Aharhar et Tamadjet.

 Tamanrasset:
Le parc national du Hoggar. Créé en 1987, ce parc couvre 450 000 km2 (près de 80 % du territoire français). Il
comprend :

▪ Le plateau irrégulier de 1’Atakor situé à 2 000 m d’altitude. Une dépression périphérique située entre 500 et 800
m d’altitude. Une ceinture extérieure de tassilis gréseux ou schisteux.
▪ La flore du Hoggar est l’une des plus variées au Sahara (olivier de laperine, myrte de Nivelle, pistachier, acacias).
La végétation est de toute première importance pour les troupeaux des nomades.
▪ La faune comprend des gazelles Dorça, des mouflons, des guépards, des chacals, des fennecs, des chats
sauvages et une grande variété d’oiseaux. Les gravures rupestres sont regroupées dans plusieurs centaines de
stations.

 La boucle des oasis :


Reliant Nord et Sud saharien, entre le Grand Erg Occidental et le Grand Erg Oriental. Cette situation en a fait de
tous temps une place commerciale de premier ordre pour le commerce saharien. En plus d'être une boucle
capitale régionale des oasis : Ghardaïa, Laghouat, Bou Saada, Biskra (Avec 4.133.677 palmiers dont 65% de Deglet
Nour) (2), EL oued, Touggourt, Ouargla, des régions réputées par ses palmeraies, ses architectures traditionnelles,
Souks, Ksour, Casbahs, mosquées et leurs artisanats, le tout dans un ensemble géographique évocateur qui porte
un nom magique: la boucle des oasis (plus de 15 millions de palmiers dattiers en 2008) (3). La région la plus
favorisée et la plus peuplée du Sahara et cela depuis longtemps (hormis la vallée du Nil) grâce à l'abondance en
eau et à la siccité de l'air permettant la culture des dattes (Deglet Nour) les plus prisées à la consommation (4).
Aussi, ces ressources expliquent l’expansion de ces agglomérations, qui représentent la partie la plus active du

811
territoire saharien (Biskra 758 401 habitants, Ghardaïa 363.598 habitants, Ouargla 558.558 habitants, 455.602
habitants pour Laghouat et El oued avec 647.548.(5)

(2) European Journal of Scientific Research. Volume 18, No 1 Septembre, 2007.


(3) Le développement de l’économie agricole oasienne, ‫ الباحثمجلة‬,n°06. 2008)
(4). Une série de chefs-d'œuvre du Sahara distingués, ayant chacun son paysage, son mode d'organisation
spatiale, son nom (la ville des mille dômes, capitale des Ziban, la Vallée du Mzab). Un embellissement d'eau qui
fait la spécificité de chaque ville et forment des sous-ensembles géographiques: Oued Righ, le Souf, Oued Mya et
les Ziban. Ces villes historiques ancrées dans l'histoire de la région dont l’urbanisation se greffe sur les oasis du
Moyen Age.
(5) http://www.ons.dz/collections/pop1_national.pdf

Un fabuleux héritage géologique emmagasiné au cours des temps dans ses sédiments: pétrole, gaz, eau profonde.
Cela explique, la création d'un réseau routier dense, le gonflement des agglomérations et le dynamisme de la
mise en valeur agricole.

 La Saoura :

Le chapelet de ksour qui domine les oasis, qui s’étale sur plus de 600 kilomètres du Nord au sud, représente une
carte postale, aux dimensions d’un pays, avec des diversités particulières et enchanteresses. Les oasis se
succèdent et ne se ressemblent pas, la spécificité de chaque site donne sa particularité à chaque oasis. Taghit la
magnifique au creux de l’oued, parcourir sa vallée à l’ombre de ces palmeraies en écoutant la douce musique du
ruissellement de l’eau. Les ksour abandonnés qui la surplombent sont autant de vestiges relatant la vie de
géniales populations qui ont habités ces contrées. Beni Abbes avec sa palmeraie et le lit de l’oued en forme de
scorpion offrent une vue unique. Sa piscine servie par une source d’eau naturelle rappelle la complémentarité
naturelle et ancestrale des forces bienfaitrices de la nature. La proximité du Grand Erg Occidental donne à cette
région un cachet particulier, car il constitue la barrière Est de la vallée, il protège toutes les palmeraies situées à
ses pieds et offre un panorama exceptionnel par la multiplicité des couleurs de son sable que l’on peut admirer
depuis la route parfois. Les méharées ont un goût particulier sur cette partie de l’Erg, par le professionnalisme des
chameliers, leurs sens de l’hospitalité, leur amour pour les bivouacs animés par des mélomanes innés. Le Reg est
aussi une autre richesse de la vallée de la Saoura, ses étendues infinies, sous le ciel presque toujours bleu,
donnent une dimension particulière aux hauteurs qui le surplombent.

 Le Touat :

Le Touat est une région de l'ouest du Sahara algérien, située au sud-ouest du Grand Erg Occidental, dans la wilaya
d'Adrar. La région se distingue par de grands ensembles géographiques tels que 1’Erg Chech, le grand Erg
Occidental et le plateau de Tanezrout qui occupe les 3/4 de la superficie de la wilaya. Le Touat, le Gourara et le
Tadikelt, ont toujours été les lieux de transit de caravanes commerçantes assurant la jonction entre l’Afrique
noire et l’Afrique du Nord. La région est connue pour le brassage de cultures différentes se traduisant par la
richesse du folklore et de la poterie. Les vestiges concernent des foggaras et des forteresses séculaires.

Le Gourara :

La capitale du Gourara est Timimoun, une région formée d'un ensemble d'oasis. Cerné par le Grand Erg
Occidental (au Nord), le Touat et la Saoura (à l'Ouest) et le plateau de Tadmaït (au Sud et à l'Est) - immense
étendue plate et pierreuse qui la sépare du Tidikelt (au Sud - région d'Aïn Salah). Tout comme le Touat (Adrar) et
le Tidikelt (Aïn Salah), cette région utilise le système d'irrigation des Foggaras (système de captation des eaux

812
d'infiltrations). Un des traits particuliers de cette région est son organisation hydraulique. Mise en valeur au
moyen d'un système ingénieux, les foggaras, l'eau est privée. Achetée et vendue, c'est elle qui présente un
caractère foncier. La terre, elle, suit l'eau, dit l'expression locale.

1.2.1.2 Climatiques.

Le climat du Sahara est dominé par l'aridité. Les zones climatiques traditionnelles Sud sont caractérisées par :

 Un climat désertique: de grandes variations diurnes, une extrême sécheresse. En été, le Sirocco, un vent sec et
chaud, souffle depuis le Sahara en direction du Nord ;
 Un ciel bleu et un soleil lumineux quasiment toute l’année ;
 La température : de 15 à 28 C le jour et au-dessous de 5°C la nuit en hiver, pour atteindre 40 °C jusqu’au 50° C à
l'ombre en été.
 La courbe de pluviométrie avec seulement 103 mm par an dans l’ensemble de la zone désertique.

Le phénomène de désertification depuis 4 000 ans, s'est traduit par une adaptation progressive de la faune, de la
flore, mais également des hommes, aux nouvelles conditions de sécheresse.

1.2.1.3 La faune

Le Sud algérien abrite une faune composée pour l'essentiel de fennecs, gazelles, gerboises, chats des sables,
guépards, porcs-épics et lézards. Sur les hauteurs, dans les escarpements du Hoggar, on peut retrouver le
mouflon à manchette, Il existe au sud aussi un poisson de sable dont le nom est Cherchmana. Enfin, les animaux
que l'on croise le plus souvent au Sahara sont le dromadaire, localement appelé baâir ou maheri, la chèvre et
dans les villes des portes du Sahara le cheval et le mouton.

1.2.2 Les animations touristiques

1.2.2.1 Fêtes et festivals

L’Algérie est une nation aux multiples facettes où les traditions riches en couleurs se répercutent de génération en
génération. Les fêtes locales d’Algérie, c’est tout un pays où la fête est présente toute l’année à travers
l’ensemble des régions. Du nord au sud, chaque région possède ses propres fêtes qu’elle célèbre avec faste.
Symboles des traditions populaires, les fêtes locales sont devenues une occasion pour l’organisation de séjours
touristiques, pour découvrir les merveilleux sites de chacune de ces régions et partager la joie des populations
locales avec leur hospitalité légendaire. Au total pas moins de 256 fêtes locales sont célébrées annuellement à
travers les différentes régions du pays. Ce qui concerne le Sahara les plus célèbres cérémonies sont :

 TAFSIT de Tamanrasset:

Trois jours durant, les populations du Hoggar se retrouvent à Tamanrasset pour fêter la venue du printemps dans
une ambiance de fêtes riche en couleurs. Des défilés de troupes folkloriques sont organisés à travers les artères
de la ville à la grande joie des autochtones et des touristes, venus nombreux partager les joies de cette fête où
l’artisanat traditionnel occupe une place de choix… Des défilés de mode et des concours de beauté sont organisés
à cette occasion pour élire « Miss Hoggar » et le meilleur targui de la région.

 S’BIBA de Djanet :

A Djanet, la capitale du Tassili, la joie est au rendez-vous à chaque fête religieuse d’El Achoura. Les populations se
retrouvent pour reconduire le pacte de la paix scellé il y a près de trois milles ans ainsi que de nouvelles alliances.

813
A cette époque, régnait une guerre fratricide entre des tribus targuies. Ce n’est qu’en apprenant la victoire de
Moïse sur les Pharaons qu’ils consentirent à mettre fin à leurs conflits et scellèrent un pacte de paix qui, depuis les
unit. Des exhibitions de combats reconstituant la dernière bataille à la suite de laquelle le pacte de la paix a été
signé, est répétée à cette occasion au rythme de chants de femmes entrecoupés de youyous pour encourager les
guerriers.

 S’Boue de Timimoun:

A l’instar du Tassili, la région du Gourara est connue pour ses fêtes où les chants traditionnels des groupes «
Ahellil » sont omniprésents. Se déroulant à l’occasion du mawlid, la fête religieuse célébrant la naissance du
prophète Mohamed. Le S’Boue est une fête qui dure sept jours et sept nuits. Le septième jour, l’ensemble des
populations des k’sour de la région se retrouvent autour de la zaouia de Cheïkh El Hadj Belkacem pour un grand
rassemblement où les étendards des confréries sont exhibés au rythme des chants d’Ahellil. La célébration de
cette fête est aussi une occasion de retrouvailles pour la population locale pour régler des différents qui ont surgis
au cours de l’année et sceller de nouvelles alliances.

 Mawlid de Béni Abbés:

En remontant vers Béchar, la somptueuse oasis de Béni Abbés célèbre avec faste la naissance du Prophète. Le
jour du mawlid, la placette de la ville se trouve le centre d’une animation particulière au rythme de karkabou et
de danses locales. Cette fête religieuse est aussi une occasion pour la circoncision des enfants et de rencontres
entre les familles de la Saoura.

 Maoussim Taghit :

La région de la Saoura vit aussi, à la fin du dernier week-end du mois d’octobre, au rythme du « Maoussim de
Taghit ». Une fête dédiée à la datte et aux offrandes pour les plus démunis. La récolte de la datte est ainsi une
occasion pour réunir l’ensemble des voisins de la Saoura autour de cette fête vieille de plus de 19 siècles. La
tradition ainsi instaurée, est fêtée trois jours durant au rythme du bendir, du goumbri et de chants en chœur. La
fête du moussem, célébrant la fin de la récolte des dattes; c'est aussi la plus belle occasion pour visiter: le musée
de béni Abbes, l'hermitage du père de Foucauld, le vieux Ksar de Kerzaz (ville sainte), les gravures de Taghit, la
vieille mosquée de Kenadsa...

 L’ouaâda de sidi Ahmed El Medjdoub:

Célébrée durant le second week-end de chaque mois d’octobre, la ouaâda de sidi Ahmed. El Medjdoub se déroule
dans la commune d’Asla (wilaya de Nâama) en l’honneur de sidi Ahmed El Medjdoub, ce saint homme, ayant vécu
au 15ème siècle. Cette fête est organisée par la tribu des Medjadba pour préserver et perpétuer les traditions et
les coutumes où le couscous et le thé sont servis à tous les invités. Cette fête donne lieu à des exhibitions de
fantasia, à des concours de poésie et à l’organisation d’une grande rencontre commerciale où différentes
marchandises sont proposées pour permettre aux habitants de s’approvisionner pour faire face à la rigueur de
l’hiver.

 La fête du tapis de Ghardaïa:

Dans la vallée du M’Zab les vacances de printemps sont une occasion de retrouvailles pour les différents artisans
du territoire national qui viennent vendre et exposer leurs tapis. Animée par des troupes de karkabou où le
baroud est à l’honneur, cette fête est ponctuée par l’organisation de visites touristiques à travers les cinq villes de

814
la métropole de la vallée du M’Zab où Béni Izguen se retrouve à l’honneur avec son mythique marché de vente à
la criée. Plus qu’une fête traditionnelle, cette fête est un concours artistique où les artisans se surpassent.

 Fantasia de M’Doukal:

Durant le premier week-end de chaque mois de mai, la fête est aussi au rendez-vous dans la région des Aurès où
les palmeraies et K’sour de la ville de M’Doukal se trouvant à une dizaine de kilomètres des célèbres balcons du
ghoufi, vivent au rythme d’exhibitions de fantasia avec des cavaliers habillés en tenues traditionnelles et exhibent
leurs plus beaux chevaux. L’Ombre du chanteur populaire Aissa El Djermouni est omniprésente durant les trois
journées de cette fête où des concours de « Chiir el Malhoun », la poésie populaire, y sont organisées.

 Fête de daghmouli :

Autour du mausolée de Moulay Abderrahmane, les tribus du Hoggar : Kel-Rela, Kel-Rebla, Kel-Abagar, Issabaten
et Tedjiène - affluent pour célébrer le daghmouli (l’aurore de sainteté) en hommage aux touareg du Hoggar
(vraisemblablement la tribu dlmenan), révoltée contre les Français en 1902. La ziara (visite du mausolée) dure
deux jours à dates fixes, le mois de mai.

1.2.2.2 Art et Artisanat

Le ministère du Tourisme et de l'Artisanat s'occupe de gérer le budget lié à la promotion du secteur artisanal82.
L’artisanat du sud algérien, de même que les artisanats du pays, est d’une incontestable richesse et d’une
étonnante variété tant dans les formes, que dans les techniques et les décors. Cette richesse est rehaussée par la
modestie des matériaux dont sont constituées les œuvres artisanales. Nécessaires à la vie quotidienne, elles sont
conçues dans un but utilitaire et souvent comportent des motifs dont la signification, suivant les croyances
locales, leur confère des vertus protectrices. Les conditions climatiques, les ressources naturelles et les différentes
civilisations du Sahara algérien expliquent la présence d’une vaste gamme de spécialités artisanales.

 Les bijoux :

Ghardaïa, Tamanrasset, sont les plus réputées dans la fabrication des bijoux. Au sud algérien des techniques et
des matériaux multiples sont à la disposition des artisans c'est surtout l'argent qui est employé par les populations
rurales. Le bijou saharien algérien est avant tout dans la forme et dans l'utilité un bijou berbère, c'est ensuite au
grès des régions et des influences (islamiques, berbère, africaine,…) qu'il va s'enrichir de décors et de formes
géométriques multiples, ce qui fait que le Sahara algérien est un des territoires qui présente un des plus grands
panorama de bijoux, bagues, colliers, broches, fibules, croix du Sud, etc. Le Bijou touareg a su garder son
authenticité à travers l'histoire. L'outillage reste très simple, il consiste en un soufflet en peau de mouton, un
chalumeau à bouche, une cisaille, quelques poinçons, des creusets et des limes. Pour fabriquer ses bijoux,
l'artisan utilise les deux procédés les plus courants: le moulage et le martelage. Les matériaux les plus employés
sont l'argent et le cuivre. Il y a différent type de bijoux spécifique de la région: Tasralt (pendentif en argent ayant
la forme d'un losange), Tineralt qui est plus connues sous l'appellation de croix d'Agadès, Khomessa (formé de 5
losanges et ayant des attributs magiques), Téreout n'azref (un étui d'amulettes), tisegin (les bagues) et ihebgan
(les bagues) (6).

 Les tapis :

Les tapis du sud sont tissés en poil de chèvre et laine, décorés de simples bandes transversales ou
somptueusement parés de motifs losangiques en points multicolores, servant de séparation à l'intérieur des

815
Khaimas, étonnantes compositions issues de la conjonction des décors traditionnels berbères et des apports
d'Orient. Les plus connus sont les tapis du Mzab, faits de laine (mouton, chameau ...). Ils sont destinés à un usage
domestique, sur le sol ou les murs, voir religieux, pour la prière. Bien que menacé, l'art du tapis se conserve dans
la vallée du Mzab et quelques villages des portes du Sahara.

 La dinanderie :

Existe en Algérie depuis le Moyen Age. Les artisans emploient la feuille de cuivre pour fabriquer des ouvrages à
des fins utilitaires et décoratives. Dans le Sahara, à Ghardaïa et Tindouf surtout, il y aussi un type de dinanderie
dont les œuvres sont plus massives et arrondies pour avoir une meilleure stabilité sur le sable. Ghardaïa est
spécialisée dans la production de petit plateaux peu décoré et de bouilloires alors qu’à Tindouf l'artisanat du
cuivre se retrouve dans les théières, marmites, bassines et parfois dans les motifs très fin des bijoux en cuivre
rouge et jaune. Dans le Sahara, la dinanderie reste à une production utilitaire et non décorative ce qui explique le
contraste avec les villes du nord.

 Le travail du cuir :

(Selles de cavaliers, babouches, poufs, sac etc...). Les centres les plus actifs sont les hauts plateaux, le Hoggar et le
Mzab. L'artisanat des touaregs en ce domaine présente des originalités comme le taghallabt un objet en forme de
porte-feuille ou aghreg le sac de voyage, le cuir de la région provient des chèvres ou des dromadaires. Il est coloré
d'oxyde de cuivre lui donnant des teintes vertes, et orné de symboles inspirés de l'alphabet tifinagh.

 Vanneries:

Il y a celles du Touat Ouest Saharien et du Hoggar, délicates dans leurs gammes de verts et jaunes. La Vannerie
fine de raphia dont la décoration est souvent empruntée aux motifs relevés sur les poteries.

 La broderie:

La broderie est un artisanat pratiqué aussi bien dans les villes qu'en milieu rural. Alors que la broderie citadine
s'est enrichie des influences de la décoration andalouse et orientale, la broderie rurale, elle, conserve dans
certaines régions la décoration berbère faite de ces mêmes motifs géométriques qu'on retrouve sur les tapis et
autres poteries comme dans les hauts plateaux, dans le Mzab, le Hoggar et d’autre régions du Sahara. Le Tarz
(broderie) est aussi symbole de raffinement, de sérénité et de sérieux, chez les femmes qui le pratiquent. Les
matières utilisées sont aussi bien la laine, la soie, le coton ou le lin selon les régions et l'usage réservé. Même si le
fond berbère est prédominant et donne une unicité à cet art.

 La poterie:

Elle est faite d'argile de différentes couleurs selon les gisements. Les signes utilisés pour la décoration remontent
pour certains à la préhistoire et aux origines de l'alphabet tifinagh. La coloration se fait à base de kaolin ou
d'oxyde ferro-manganique, ce qui permet d'obtenir des teintes vives. La poterie au Sahara a une utilité pratique
mais aussi religieuse: les familles s'en servent pour embellir les mosquées et les mausolées des saints Soufis et
des marabouts. Elle tient aussi un rôle important dans les fêtes, notamment pour la cérémonie du henné. Il s'agit
actuellement d'un patrimoine menacé.

 Gastronomie :

816
L’art culinaire algérien possède ses propres spécificités et pourtant, seul un véritable connaisseur ne saurait
confondre un tajine algérien avec l’un de ses cousins originaires d'autres pays maghrébins. La gastronomie
saharienne algérienne fait appel à de nombreux produits, cependant elle reste une cuisine où les céréales
dominent. Il n’existe pas un plat où ces dernières ne sont pas présentes. La cuisine du sud algérien est connue par
plusieurs plats: la taguella (la galette sous la braise), le potage au blé vert, le pain du désert, la sauce de légumes,
les crêpes, les couscous…. Les hommes bleus (les targuis) apprécient les plats comme le tagine, le méchoui au-
dessus de la braise avec la cérémonie du thé, et leurs plaisirs s’accomplissent en partageant leurs repas avec des
voyageurs autour du feu, sous les étoiles.

(6) http://www.algerie-artisanat.com

1.2.2.3 Attractions et loisirs

La Féérie Saharienne permet de pratiquer plusieurs attractions et loisirs. Aux portes du désert algérien, à l’ombre
d’une oasis, on goûte à l’hospitalité légendaire des hommes du Sud aux visages voilés. Puis loin enfin, s’étend le
Sahara, océan de sable et de pierres que l’on peut contempler au coucher du soleil depuis le plateau de
l’Assekrem, qui fut le lieu de méditation du Père de Foucauld. Les mystérieuses Montagnes du Hoggar et Djanet,
avec ses roches monstrueuses, ses plateaux déchiquetés, couleur d'opale et d’émeraude, le Tibesti et ses torrents
impétueux aux cascades oasis, les villes rouges blotties auprès d'océans de dunes..., les coupoles blanches qui se
mirent sur les rives de lacs aux ondulations indolentes ou moutonneuses..., les ksour..., les palmeraies et les
jardins fleuris, à la senteur si délicatement douce, qui s'alanguissent au vent tiède ont su faire émerger partout les
mêmes pratiques afin de capter au mieux la manne touristique. Pour n'en donner qu'un seul exemple, on ne peut
qu'être frappé par la similarité de l'offre «coucher de soleil» que l'on peut trouver avec une arrivée en 4x4 et une
fin de parcours à dos de dromadaire, ou à pied, encadrée par des «guides» locaux, consommation du verre de
thé, achat de babioles, etc. Dans tous les cas les ingrédients sont les mêmes, subtil mélange d'authenticité
(organisée et parfois folklorisée), de fraternité (marchande), de complicité entre touristes et accompagnateurs
locaux et d'émotion face à un spectacle extraordinaire pour le touriste occidental. Ce plateau et ces montagnes
vierges, offrent des possibilités d’évasion pour des touristes amateurs d’aventures soit en véhicule, vélo ou moto
tout terrain. Les amateurs de chars à voile et de quad trouveront certainement des sensations extrêmes dans les
circuits et les bivouacs. Une gamme de produits spécifique à ce tourisme s’offre, à savoir :

 Le Trekking

C’est aujourd’hui un mode de voyage en forte progression. La marche à pied permet de découvrir le monde à son
rythme et favorise les rencontres. De par son faible impact sur l’environnement, elle semble répondre aux
attentes d’un nombre croissant de personnes soucieuses d’écologie et de développement durable. Dans certaines
régions, le trek est aussi devenu une source de revenus économiques particulièrement importante pour toute une
partie de la population locale (guides, porteurs, muletiers, chauffeurs, hôteliers, cuisiniers...) et peut répondre
sous certaines conditions aux nouvelles exigences du tourisme équitable.

 Les expéditions

Elles se font en voitures adaptées et/ou méharée, une méharée est une randonnée organisée dans le désert à dos
de dromadaire de type méhari. Le dromadaire méhari est l'animal noble par excellence, il est de robe blanche,
svelte, longiligne et d'allure altière; c'est un animal de selle adapté aux razzias et à la course, son berceau
d'origine est l'Algérie. Les déplacements se font sur le modèle des caravanes de Bédouins, les participants à ce

817
type de randonnée sont appelés méharistes. Ces multiples activités touristiques peuvent être pratiquées pendant
toute l’année dans des pôles touristiques où l’exotisme dispute la vedette à la beauté des régions.

L'

sL'Algérie qui a redoublé d'efforts pour doper son tourisme n'en voit pas les fruits

1.2.3 Les formes de tourisme liées au tourisme saharien algérien

1.2.3.1 Le tourisme sportif : Ce type de tourisme associe la découverte du milieu naturel à un exercice physique
(trekking, randonnée) ou une activité sportive (raids auto, moto et vélo, montgolfière, rallye automobile tous-
terrains, ski sur sable, char à voile). A travers cette filière, le sport, notamment la marche, est prise en compte
comme enjeu du développement durable des territoires touristiques et de valorisation de leur image. Elle s’est
développée en faveur d’une clientèle européenne sur les seuls territoires du Hoggar et du Tassili et
secondairement dans le Touat/Gourara et la Saoura, alors que d’autres régions se prêtent à la pratique de cette
forme de tourisme. Des événements sportifs, tels que « le Marathon des Dunes » dans le Sud-Ouest ou celui du
Hoggar, méritent d’être pérennisés. Le développement du tourisme sportif, à plus grande échelle, passe par
l'amélioration de l’accueil, des aménagements spécifiques, l'adaptation du niveau technique des sites à l’activité
sportive et, enfin, l’implication des sponsors, pour leur financement et leur médiatisation. D’autres pistes restent
à explorer afin d’enrichir l’offre saharienne dans cette filière et de la soutenir par un événementiel sportif
professionnel (raids en motos, traversées en montgolfière…), qui correspond à une demande en forte croissance.

1.2.3.2 Le tourisme de pèlerinage : À l’image de la pratique religieuse, le tourisme religieux au Sahara algérien
s’individualise et reflète une spiritualité plus contemporaine. Les mosquées, les chapelles, les Zawiya et les
mausolées, même les fêtes religieuses (mawlid en-nabaoui, achoura, al aïd,…) sont des célébrations exhibées aux
touristes à des fins religieuses. Tamanrasset, un des exemples, est une destination du pèlerinage chrétien. Cette
ville, devenue la capitale du Hoggar a été créée par «l’ermite du Sahara», Charles de Foucauld, devenu le
Bienheureux depuis sa béatification au Vatican le 13 novembre 2005. Après avoir construit le monastère de Beni-
Abbès en 1901, il est arrivé dans le Hoggar en conquérant pour« évangéliser les pauvres nègres du Sahara». Sa
rencontre avec l’Amenokal Moussa Amastane le dérouta lorsqu’il découvrit la culture islamique des touaregs. Il se
lia d’amitié avec eux, et s’installa au bord de l’oued Tamanrasset en 1905. Il y construisit une chapelle,
surnommée la Frégate, première maison en pierre recouverte de terre séchée. En 1910, le «marabout», comme
le nomment les Touaregs, construisit l’ermitage de l’Assekrem, Pour les acteurs de l’industrie touristique, le
tourisme religieux est la nouvelle dénomination des pèlerinages puisque ceux-ci entraînent des flux économiques
au même titre que le tourisme balnéaire, d’affaires, de loisirs, thermal, etc. Le tourisme religieux, fait partie
intégrante de l’industrie du tourisme. Mais ses dimensions spirituelles, culturelles et sociologiques le différencient

818
des autres formes de tourisme, car le guide doit être respectueux de la foi et agir en symbiose avec les institutions
religieuses. Le pèlerinage est généralement considéré comme un voyage vers des lieux de culte religieux. Le motif
général de ce voyage est dû à la conviction que les prières et les pratiques religieuses sont plus efficaces dans des
localités liées à un saint ou à une divinité.

1.2.3.3 L’écotourisme (7) : est axé sur la recherche du contact avec la nature et les cultures traditionnelles au
Sahara. Cette forme de tourisme est liée au tourisme saharien par les finalités sur l’environnement naturel et
socioculturel. L'écotourisme est souvent décrit comme une forme de tourisme "à forte motivation".
L’écotourisme contribue activement à la protection du patrimoine naturel et culturel.

1.2.3.4 Le tourisme culturel (8)

L’Algérie dispose d'atouts culturels inestimables. Aussi loin que nous regarderons au travers des strates de son
histoire millénaire, nous apercevrons des fragments de culture ancienne, plurielle, diverse puisée dans l'histoire
des berbères, de l'empire romain, de la civilisation ottomane, arabo- musulmane et de la culture française. Les
sites sahariens, des premières manifestations culturelles voilà des milliers d'années au travers de l'art rupestre du
Tassili, jusqu'au néo-classicisme de l'architecture française, en passant par l'héritage architectural des royaumes
musulmans, les édifices religieux , les palais somptueux, les vieilles médinas, l'habitat berbère, l'art culinaire,
l'artisanat aux mille facettes, les fêtes religieuses, la célébration des mawassim, sont autant de repères que
l'histoire enregistre dans le répertoire de la richesse de notre pays .

Le tourisme culturel est un tourisme de découverte des éléments représentatifs de la culture nationale et locale
sous ses aspects les plus variés: sites archéologique, monuments spirituels, musées, artisanat, gastronomie
locale, musique et folklore, marchés, produits du terroir, traditions, fêtes locales. Pratiqué de façon individuelle
ou en groupe, il est corrélé généralement à un niveau élevé d’instruction et correspond à une quête de
connaissance. L’offre culturelle du Sud algérien est considérable. Les parcs nationaux, véritables musées à « ciel
ouvert », regorgent de richesses patrimoniales de renommée mondiale. Le marché du tourisme culturel est
porteur, il constitue un créneau d’avenir pour le tourisme saharien, pour autant qu’il soit accompagné par une
politique hardie de conservation et de valorisation. Selon l’OMT, la culture vient au 4ème rang des motivations
des touristes européens. Plus de la moitié de ces mêmes touristes ont, au moins, une séquence culturelle pendant
leur séjour.

(7)(8) formes de tourisme

1.2.3.5 Le tourisme scientifique : Le Sahara algérien, un musée à ciel ouvert, histoire, géographie, archéologie,
architecture, faune et flore, les tribus… A cela s’ajoute une méconnaissance de lieux jusqu’à aujourd’hui, ce qui
fait de cette offre touristique une offre diverse qui peut lier les sciences et les loisirs, et une cible de chercheurs
internationaux, les plus grand exemples de sites existants dans ce domaine sont :

 Le parc national de l’Ahaggar se situe à l'extrême Sud; avec ses 4 500 000 ha il est le parc national le plus vaste
d'Algérie. D'une richesse archéologique et historique inestimable, il abrite des sites archéologiques datant de 600
000 à 1 million d'années.
 Le parc national du Tassili est classé au Patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1982 et réserve de l'homme et
de biosphère depuis 1986. Il est, par le nombre des gravures rupestres dites «de l'Oued Djerat » qu'il abrite, le
premier site à l'échelle mondiale.
 Le Musée de Béni-Abbés(9), situé à Béni-Abbés (wilaya de Bechar).

Toute cette gamme de produits s’inscrit dans la thématique du tourisme de découverte et de dépaysement.

819
1.2.3.6 Le tourisme d’aventure et de découverte : Outre les sensations fortes qu'il procure, le tourisme
d’aventure et de découverte offre à ses adeptes l'occasion de découvrir des lieux d’exception et de se découvrir
eux-mêmes. Si la réputation des territoires sahariens, avec leurs paysages montagneux chaotiques, leurs plateaux
rocailleux et leurs dunes de sable, est établie, très peu de produits relevant de cette filière sont mis en marché,
sans médiatisation et pour de petits groupes. Le développement des produits relevant de cette filière nécessite
une logistique lourde (GPS, moyens de transport adaptés, encadrement hautement qualifié, équipements de
survie….) et des capacités de prise en charge des risques liés à l’aventure. La Route de Ksour à travers le Grand Erg
Occidental, la traversée Tamanrasset-Djanet, par exemple, offrent d’intéressantes possibilités dans ce domaine.

1.2.3.7 Le tourisme de santé et bien-être : Replacé dans le contexte désertique, le tourisme de santé et de remise
en forme signifie essentiellement thermalisme et sablo-thérapie, des pratiques répandues dans les pôles des
Oasis, de la Saoura, du Touat et du Gourara. Le tourisme de santé et de remise en forme attire, pour l’heure,
quasi-exclusivement la clientèle nationale. Les structures thermales existantes (Biskra, Zelfana, Ain-Ouarka), de
dimension locale, ont un caractère traditionnel et leur vocation touristique insignifiante. Il s’agit là d’un produit «
tendance », qui connaît un réel développement dans d’autres régions désertiques du monde et dont la mise en
marché, en direction des clientèles nationale et étrangère, nécessite des hébergements de haut standing, des
équipements appropriés et un savoir-faire.

(9) Il fait partie du Centre National de Recherche sur les Zones Arides avec une superficie de 10 ha.

1.2.3.8 Le tourisme d’affaires : Par rapport à l’attractivité de la région et ses richesses naturelle, ainsi que les
divers projets en cours (NAAMA, Nouvelle Ville de Hassi Massoud…), la tendance actuelle pour les
investissements au sud, favorise le tourisme d’affaires de la région. Cette forme de tourisme, est considérée
comme une nouvelle tendance au Sud algérien, l’Algérie doit inciter cette forme de tourisme, puisqu’elle entend
tout à la fois réunir, communiquer, sensibiliser, faciliter les échanges d’idées et de produits, vulgariser des
connaissances nouvelles et, de plus en plus, former. D’ailleurs, former est le plus souvent la première
préoccupation des grands congrès scientifiques.

1.2.4 L’offre d’hôtellerie et d’hébergement

Hôtels de tourisme: Ce sont les établissements homologués par le Ministère chargé du Tourisme comme
répondant aux normes techniques imposées par la réglementation. Celle-ci prévoit le classement des hôtels en
cinq catégories : hôtel de luxe 5 étoiles ; hôtel de première catégorie 4 étoiles, hôtel de deuxième catégorie 3
étoiles, hôtel de troisième catégorie 2 étoiles, hôtel de quatrième catégorie 1 étoile, hôtel de voyageurs, ce sont
des établissements d’hébergement, non homologués par le Ministère du Tourisme dans l’une des catégories cités
précédemment. L’hébergement para hôtelier (camping, logement chez l’habitant…) connait de profondes
mutations. Aux « tentes en toile » ont succédé des bungalows, des mobil-home et autres formes d’hébergement
de plein- air, suréquipées et parfaitement adaptées au tourisme d’itinérance. S’agissant du tourisme saharien,
trois formes dominent aujourd’hui dans le Sud algérien :

♦ l’hébergement typique (gites d’étape et de séjour, z’ribate…), l’hébergement de plein-air (camping…),


essentiellement dans le Hoggar et le Tassili et le logement chez l’habitant, répandu dans la Saoura, le
Touat/Gourara et les Oasis. De niveau qualitatif variable, ces formes d’hébergement souffrent globalement d’un
manque de confort et d’hygiène et se prêtent mal au développement d’un tourisme de qualité à plus grande
échelle. Toutefois, des efforts louables sont fournis par certains opérateurs, en matière d’amélioration du
standing de ce type d’hébergement (cas du Hoggar et de la vallée du M’Zab). L’hébergement de plein air, prisé par
les touristes étrangers pour sa simplicité et sa convivialité, reste pour l’essentiel très sommaire et ne correspond

820
pas toujours aux attentes des clientèles (notamment des séniors), en termes de confort et d’hygiène. Enfin, le
logement chez l’habitant, qui représente une part significative de l’offre d’hébergement dans le Sahara
septentrional, échappe, pour l’heure, à toute normalisation touristique et apparait diffus et hétérogène, aussi
bien dans sa conception, que dans sa mise en marché. Il y a donc un enjeu fort à développer le standing du parc
para hôtelier et à l’améliorer, à l’instar de ce qui existe dans les pays concurrents. Les hébergements marchands
sahariens constituent le pivot de l’activité touristique. Ils se composent de l’hôtellerie classée et non classée, des
gîtes, des campings et du logement chez l’habitant. D’après notre étude documentaire au Ministère du Tourisme,
l’offre touristique au sud algérien a disposé en 2009 de 6 647 lits (hôtels classés de deuxième catégorie et non
classés).

Répartition des hébergements par pôle (Source : Ministère du Tourisme) :


♦Pôle du Hoggar : répartition des hébergements

♦Pôle du Tassili : répartition des hébergements

♦Pôle du Touat/Gourara/Saoura : répartition des hébergements

821
♦ Pôle des Oasis : Répartition des hébergements.

♦Récapitulation des offres d’hébergement au sud algérien :

♦Durée moyenne des séjours au Sahara algérien :

En conclusion, l’offre d’hébergement présente un grand déficit quantitatif et qualitatif et un décalage en termes
de modes d’hébergement et de services associés, ne répondant pas aux attentes des clientèles. La répartition des
capacités d’accueil entre les différentes typologies d’hébergement ne correspond pas à leur potentiel à générer
des séjours. L’Algérie compte sur son Sahara pour rattraper son retard en matière de tourisme, un secteur mis à

822
mal par le terrorisme et le manque d’infrastructures hôtelières. Le gouvernement veut passer de la phase de la
conceptualisation et du constat à celle de l’opérationnel en mettant en œuvre la stratégie de relance à l’horizon
2025. En 2010 L’Etat a décidé de redynamiser les hôtels du Sud, des structures qui nécessitent une sérieuse mise
à niveau aux plans des équipements et des prestations pour les rendre conformes aux normes nationales et
internationales en matière d’hôtellerie.

◙L’accessibilité à l’offre : transport et infrastructures.

Les infrastructures de base en Algérie sont à la dimension du territoire, les manques aussi. Leur développement
sera un atout pour l'économie. Le transport routier algérien est considéré comme le plus important du Maghreb
et d'Afrique, d'une longueur de 108 302 km, répartie sur 76 028 km de routes nationales/départementales et 32
274 km de routes secondaires, le réseau routier est en plein développement grâce au programme de
modernisation des transports routier et ferroviaire (22 milliards de dollars d'investissement public) qui prévoit la
réalisation de l'autoroute est-ouest de (1 216 km), l'autoroute des hauts plateaux de (1 330 km), et la réalisation
de 19 000 km de route, autant la finition de la route transsaharienne (nord-sud). L'infrastructure aéroportuaire
comprend 35 aéroports dont 13 répondants aux normes internationales. Air Algérie, la compagnie aérienne
nationale, domine quant à elle le marché du transport aérien qui compte depuis son ouverture à la concurrence 8
autres compagnies privées. Elle s'occupe de plusieurs lignes vers l'Europe, l'Afrique, le Canada, la Chine, le
Moyen-Orient. Actuellement le transport aérien est assuré par deux compagnies Air Algérie et Tassili Airlines, Le
capital est détenu à 100 % par la compagnie Sonatrach. Plusieurs compagnies aériennes étrangères ont des vols
vers l'Algérie (Tunisair, Royal Air Maroc, Air France, Alitalia, Aigle Azur, Lufthansa, Turkish Airlines, British
Airways). Sur la façade maritime, l'Algérie dispose de 13 ports principaux, dont 6 sont avantagés dans le transport
de passagers (Alger, Oran, Bejaïa, Skikda, Annaba, Tlemcen). Avec une flotte Ferries composée de trois ferries
récents : El Djazair II, Tariq Ibn Ziyad et Tassili II et deux autres en commande pour 2012 elle est dirigée par
l’entreprise nationale de transport maritime de passagers qui prendra plus tard le label d’Algérie Ferries. Les Ports
desservis par la compagnie sont Alicante, Almeria et Barcelone en Espagne et une liaison maritime est assurée
avec les ports de Marseille, Sète et Toulon en France.

La stratégie de la communication touristique du Sahara algérien

2.3 Le cadre stratégique de références

2.3.1 Le Schéma Directeur de l’Aménagement Touristique (SDAT) :

Le schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT) à l’horizon 2025 constitue le cadre stratégique de
référence de la politique touristique dans son ensemble. Cet outil de réflexion prospective, d’animation et
d’action est partie intégrante du Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT). Il est l’acte par lequel
l’État :

♦ Affiche sa vision de développement touristique à court, moyen et long terme dans la perspective de faire
émerger un tourisme performant, à la mesure des immenses potentialités dont jouit l’Algérie dans ce domaine.

♦ Définit les instruments et les modalités de mise en œuvre du développement touristique, tout en précisant les
conditions de sa faisabilité.

♦ Organise le déroulement du processus d’aménagement touristique, autour de cinq dynamiques :


- La valorisation de la destination et de la « Marque Algérie » ; -
Le développement de pôles et villages touristiques d’excellence ;

823
- Le déploiement d’un plan qualité tourisme ; - La
promotion de la transversalité et la mise en place d’un partenariat public-privé ;
- La mise en œuvre d’un plan de financement opérationnel pour soutenir les activités et les promoteurs-
développeurs.

L’idée forte véhiculée par le SDAT est de faire de l’Algérie une destination originale et compétitive, capable de se
positionner avantageusement au niveau méditerranéen et international d’une part, et de répondre aux besoins
croissants des nationaux en termes de vacances, de loisirs et de détente, d’autre part. Le pari est fait sur le
tourisme saharien, en particulier, pour atteindre cet objectif ambitieux. Le SDAT fixe également les filières à
promouvoir simultanément ou séparément, pour donner corps au nouveau concept du tourisme algérien :

 Repositionner la destination « Algérie » dans le pourtour méditerranéen (segment balnéaire) ;


 Développer le tourisme saharien de circuits et de randonnées (produit d’appel) ;
 Développer le tourisme de villes et d’affaires, autour des grandes métropoles (Plan Tourisme Ville);
 Moderniser le tourisme de soins, de santé et de bien-être ;
 Encourager le tourisme culturel, cultuel et événementiel ;
 Favoriser le tourisme de niche, afin de valoriser des activités à forte valeur ajoutée.

Enfin, le SDAT organise les territoires touristiques sahariens en quatre pôles d’excellence :

 Le pôle des Oasis regroupant notamment Ghardaïa, Biskra, El Oued, El Goléa ;


 Le pôle du Touat-Gourara, regroupant la route des Ksour, Adrar, Timimoune et Bechar ;
 Le pôle du « Tassili N’Ajjer », autour d’Illizi et Djanet ;
 Le pôle du Hoggar, avec comme point focal Tamanrasset.

2.3.2 La stratégie de relance du tourisme saharien

La stratégie de relance est axée sur l’affirmation de la dimension territoriale en matière d’aménagement
touristique, le renforcement de la coordination(9) des acteurs touristiques (institutionnels et économiques,
publics et privés), la mise en avant d’un tourisme économiquement rémunérateur et l’intégration de l’approche
environnementale à tous les stades de la production touristique. La stratégie vise la diversification de l’offre et
son adaptation aux attentes des clientèles, la professionnalisation des acteurs, la valorisation des thématiques
fortes du désert et des savoir-faire locaux (rompre avec le caractère généraliste et monothématique du tourisme
saharien actuel).

(9) Cela exige une vision commune des enjeux de ce secteur, pour une réelle déclinaison de la stratégie en un plan
opérationnel à travers … la mise en œuvre.

Pour le développement des filières de produits sahariens, la stratégie s’appuie sur 3 outils: la restructuration de la
production touristique, la promotion et commercialisation, la qualification et la formation, l’observation et
l’évaluation, de même, elle prend en compte le développement durable dans ses dimensions économiques,
environnementales et sociales pour chaque action retenue:

 La dimension économique des projets (inscription dans le contexte économique local, viabilité, compétitivité,
création d’emplois…),
 La dimension sociale (qualité des emplois, formation des personnels, traitement des problématiques propres
aux travailleurs saisonniers, implication des populations et des acteurs locaux…),

824
 La dimension environnementale des projets (gestion de l’eau et des déchets, intégration paysagère,
rationalisation des transports…).

2.3.3 Le Plan Qualité Tourisme

Le plan « Qualité Tourisme Algérie » a pour objectif de faire adhérer volontairement les professionnels du
tourisme à une démarche qualité, en réponse aux besoins de clientèles, plus que jamais soucieuses de leur
confort et exigeantes quant à la qualité des prestations qui lui sont fournies. Ce dispositif vise notamment à :

♦ Renforcer la compétitivité des entreprises touristiques par l’intégration de la notion de qualité dans tous leurs
projets de développement;
♦ Valoriser les territoires touristiques et rehausser l’offre touristique algérienne à travers l’amélioration de la
qualité et sa visibilité par les clientèles;
♦ Faire bénéficier les entreprises touristiques engagées dans cette démarche d’une assistance et des outils
adaptés à leur développement, notamment en les accompagnant dans les opérations de rénovation,
réhabilitation, modernisation, extension et formation;
♦ Assurer une promotion accrue des opérateurs engagés dans la démarche qualité par leur intégration dans le
réseau des établissements portant la marque « Qualité Tourisme Algérie », en leur assurant ainsi une meilleure
intégration dans les circuits commerciaux par un meilleur positionnement.

2.4 Les acteurs de la communication touristique saharienne :


Schématiquement les acteurs de cette communication touristique sont les émetteurs ou les producteurs du
tourisme saharien et les récepteurs quel que soit leur interprétation cible ou demande touristique. Les émetteurs
de la communication touristique saharienne en Algérie forment une galaxie d’acteurs touristiques sahariens,
caractérisée par une diversité de logiques d’intervention, d’enjeux, de moyens et de pratiques.

2.4.1 Les émetteurs du tourisme saharien : D’après notre enquête les émetteurs du tourisme saharien ce sont les
acteurs de la production touristique saharienne, des agents de voyages touristique ou para touristique, ce sont
des acteurs majeurs de la vente de voyages, sont organisés en trois cercles concentriques.

2.4.1.1 Les acteurs de la production touristique :

 Les producteurs touristiques


 Les opérateurs touristiques publics et privés: Fournisseurs de biens et services touristiques dans les domaines
du réceptifs, de la distribution de produits, de la vente de voyages, de circuits et d’activité de découverte, de
guidance, d’hébergement, de restauration, transport terrestre de passagers. Les opérateurs touristiques publics
et surtout privés sont les producteurs par excellence. Leur nombre, leur niveau de formation et de
professionnalisme varient d’un pôle à un autre. Excepté les agences de l’ONAT et de quelques opérateurs privés,
qui ont acquis une grande expérience au contact des TO étrangers (Akar-Akar à Tamanrasset, Timber et Ténéré à
Djanet…), le reste des opérateurs locaux tentent, tant bien que mal, de survivre.
 Les associations et les hommes ressources : Sont ceux qui se mobilisent en faveur de la protection de
l’environnement et du patrimoine, de la création d’emploi et de revenu. Leur démarche les conduit à devenir
partie prenante de l’activité touristique sur leur territoire, en édictant des règles de bonne conduite et/ou en
devenant, à leur tour, prestataires de services touristiques (promotion, animations culturelles, etc.). Les pôles
touristiques sahariens comptent un nombre important d’associations locales, qui s’activent principalement dans
les domaines de la promotion touristique et culturelle locale et la protection du patrimoine. L’efficacité du monde
associatif reste cependant obérée par l’insuffisance chronique de moyens financiers et les lacunes en matière de

825
gestion associative.
 Les élus locaux : Partie prenante de la décision et rouage incontournable du système de gouvernance
touristique locale, les élus sont censés jouer un rôle éminemment important dans l’ancrage territorial de la
production touriste (préservation du cachet architectural, valorisation des matériaux locaux, propreté et
embellissement des villes et sites touristiques…) et sa légitimation, à travers l’approche participative, surtout
lorsqu’il s’agit de promouvoir un tourisme « responsable ». Dans la réalité, le niveau de sensibilité et le degré
d’implication des élus locaux en faveur du tourisme est très variable.
 Les aménageurs de l’espace touristique
 Les professionnels (Bureaux d’études, experts, ingénieurs-conseils, entreprises de réalisation…) constituent les
points d’appui de toute démarche intégrée de développement touristique. Les régions sahariennes souffrent d’un
déficit chronique en termes de capacité d’études et de réalisation, ce qui n’est pas sans conséquence sur la
réalisation des programmes d’investissements nouveaux et de rénovation, qui accusent des retards importants.
 Les acteurs socio-économiques et culturels locaux  : Pourvoyeurs de biens et services non-touristiques mais
indispensables au tourisme (distribution de produits alimentaire, centre de santé, télécommunication, musées,
artisanat etc. Grâce aux politiques sectorielles et programmes mises en œuvre par l’Etat, les territoires de
peuplement du Sud disposent aujourd’hui des utilités de base, qui profitent assez largement au tourisme.
 Les intervenants publics et para-publics  : L’Etat (Administrations de l’Etat et des collectivités locales ainsi que
les organismes à vocation touristique) en particulier a toujours joué un rôle de premier plan dans la conception,
l’élaboration et la mise en œuvre des aménagements touristiques. L’action de l’Etat apparaît néanmoins limitée
par deux contraintes ; la première est liée aux ressources humaines et financières, car les actions d’aménagement
touristiques et para touristiques sont coûteuses et consommatrices de compétences, alors que la seconde
contrainte est liée à la difficulté d’insérer le secteur privé dans une vision à long terme.
 Les catalyseurs de la production touristique
 Les prestataires de formation touristique : Publics et privés, censés répondent aux besoins de formation et de
qualification formulés par les opérateurs touristiques. Les attentes sont grandes si l’on considère le fait que les
métiers du tourisme se sont multipliés tout en se diversifiant et en intégrant de nouvelles compétences et de
nouveaux outils, tel que la conception de produits touristiques, l’animation et l’accueil ou encore le marketing.
Dans sa configuration actuelle, l’appareil sectoriel de formation, malgré les aménagements apportés aux
programmes, n’est pas en mesure de relever un tel défi.
 Les professionnels de la promotion et de la communication  : Dont la principale mission est la mise sur le
marché des produits touristiques, font largement défaut dans les régions sahariennes. L’empirisme prévaut dans
ce domaine.

826
827
Synthèse de rôle des acteurs

D’énormes richesses et beautés naturelles, un vaste patrimoine culturel, et surtout à l’avantage d’être un pays à
découvrir en matière de tourisme. Ces éventualités touristiques, et la diversité de civilisation autorisent la
pratique de nombreuses activités touristiques et de loisirs. La mission de promotion du produit touristique est
confiée à l’Office National du Tourisme qui intervient en aval pour assurer la communication institutionnelle et
des communications produit compatibles. Le constat de la communication au plan international, un plan d’action
programmé presque parfait, en compagnie d’un potentiel touristique reposé sur des ressources multiples mais
avec un niveau de structuration et de mise en marché encore largement perfectible. Au total, le résultat est que
le secteur n'a pas connu le taux de croissance qui en était attendu. □ BOUAZZA MAROUF Naïma (2012)
►Promotion touristique : Voir plus grand. Des supports promotionnels de plus grande envergure, une présence
humaine plus performante et surtout des moyens financiers plus conséquents. Au vu des prix pratiqués pour la
location des espaces d'exposition, la conception et la construction des stands, les programme de communication,
de promotion des régions, de la culture, de la gastronomie, la participation à un seul Salon international ne
coûterait pas moins de 120.000 euros, soit quelque 15 millions de dinars, pour une centaine de mètres carrés. Il
serait insensé de freiner ce bel élan que connaît la promotion de la destination algérienne et de réduire à néant
plus d'une dizaine d'années d'efforts et de persévérance.

828
►Revendications locales chez les Touaregs : Les Touaregs en colère. L’Amenokal de l’Ahaggar, Ahmed Edaber,
est sorti de sa réserve pour alerter, via la presse, les plus hautes autorités du pays. Il parle de “notables importés
pour relancer les desseins séparatistes de la France”. La marginalisation dont se sent victime la communauté
targuie dans la wilaya de Tamanrasset a fait réagir, ce jeudi, l’Amenokal de l’Ahaggar, Ahmed Edaber, qui s’en est
remis aux plus hautes autorités du pays pour réhabiliter les Touaregs dans leurs droits. Interpellé par une
trentaine de chefs de tribus qui réclamaient une part de développement pour cette vaste région, M. Edaber a
décidé de se livrer à la presse pour brosser un tableau noir d’une réalité que les responsables locaux feignent
d’ignorer. À commencer par la situation des routes reliant le chef-lieu de wilaya aux localités environnantes, qui
se trouvent dans un état de grand délabrement, et le problème de santé dans les villages enclavés qui manquent
terriblement de personnels médical et paramédical, en passant par l’épineux dossier des omis de l’état civil,
lequel est toujours renvoyé aux calendes grecques. Cette situation qui ne laisse personne insensible, risquerait
ainsi de dégénérer. L’Amenokal de l’Ahaggar a brisé le silence pour s’insurger contre cette déliquescence et crier
sa colère contre la mise à l’écart, injuste et discriminatoire, de l’autorité traditionnelle des Touareg par l'État qui
“doit comprendre que Tamanrasset est une partie indissociable de l’Algérie. La patience a dépassé le seuil de
tolérance. Les Touareg ne se reconnaissent plus dans cette wilaya où les étrangers de l’Afrique noire ont plus de
droits que les autochtones. Inadmissible ! Il est temps de faire changer les choses si l’on veut éviter de replonger
le pays dans une crise d’une autre dimension”, avertit le chef spirituel des Touaregs qui a tiré à boulets rouges sur
les autorités locales. Ces dernières semblent vouloir s’accommoder de l’absence de l’Amenokal dans plusieurs
événements officiels auxquels il n’a jamais été convié, dont le dernier en date est la célébration de la Journée
nationale du chahid. “Je trouve anormal que l’Amenokal, élu par plus de 300 tribus targuies, soit, toute honte
bue, écarté et ignoré lors d’une journée pareille. Il faut qu’ils (responsables locaux, Ndlr) sachent que je suis issu
d’une famille qui a marqué l’histoire de la Révolution algérienne, je ne suis pas un harki”, a-t-il dénoncé, non sans
rappeler que les tribus de l’Ahaggar ont indéniablement contribué à l’édification de l’Algérie et su préserver son
unité et son intégrité territoriale. L’autorité traditionnelle, ou ce que fut la confédération des Touareg, joue donc
un rôle prépondérant dans la stabilité du pays du fait qu’elle servait de passerelle de communication entre les
pouvoirs publics et la société civile, notamment durant la décennie noire. En effet, durant cette période, l’État
avait fait appel aux chefs de tribus pour consolider les rangs dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
Toutefois, avec le rétablissement de la paix et après que l’Algérie eut retrouvé sa place sur la scène internationale,
l’État semble tourner le dos aux notables qui se sentent délaissés. “Cette marginalisation, que l’Amenokal pense
voulue et préméditée, a, malheureusement, donné libre cours à des opportunistes qui voudraient réaliser les
desseins séparatistes légués par la France coloniale”, accuse M. Edaber, en pointant du doigt le pouvoir en place.
Et de poursuivre que si cette région du Grand-Sud, plus exposée aux menaces et aux manipulations étrangères,
s’est jusque-là immunisée contre la fièvre du Sahel, c’est un peu grâce à l’union des Touaregs, connus pour leur
nationalisme. “Nous n’avons pas besoin de récompense mais de reconnaissance, pour mettre un terme aux
arrivistes et aux notables importés qui ont l’entregent de se prendre pour des représentants des Touaregs de
l’Ahaggar. Or, la dégradation de la situation sécuritaire, politique et économique de la région ne tolère nullement
ce genre d’agissement que les peuples de la wilaya récusent vivement”. □ KARECHE Rabah (Liberté-Algérie,
24.02.2018)

►Une étude américaine, de l'institut Gallup, a classé l'Algérie au 7ème rang des pays les plus
sûrs au monde et à la première en Afrique en matière de sécurité et de paix en 2017. Les touristes
étrangers ne se bousculent pourtant pas à nos portes. Parmi les raisons invoquées il y a la délivrance
des visas qui semble-t-il n'est pas facilitée au niveau de nos consulats. Cela s'expliquerait par la
politique de réciprocité appliquée par l'Algérie dont les citoyens ne sont pas non plus gâtés sur ce plan-
là. Hormis certains pays où ils peuvent se rendre facilement, l'obtention du visa est un véritable chemin
de croix pour eux qui se termine souvent par une fin de non-recevoir. La Tunisie qui l'a compris en
récolte les dividendes. □ TOUATI Mohamed (2018)

829
LE TRAVAIL

LES CONDITIONS DE TRAVAIL


•Absentéïsme • Conditions de travail • Forces productives • Organisation•Repos hebdomadaire • Sécurité
industrielle • Temps•
LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
•Aménagements administratifs, juridiques et fiscaux • Micro-entreprise•
LA POPULATION ACTIVE
• Chômage • Chômage des jeunes • Comportement d'activité • Structure de l'emploi • Travail féminin
informel • Travail noir •
LES RELATIONS DU TRAVAIL
• Conflits sociaux • Déontologie médicale • Grèves • Manipulation • Revendications sociales • Salaires •

LES CONDITIONS DE TRAVAIL


ABSENTEÏSME.- Les sombres perspectives du marché du travail n'ont pas influé positivement sur le
comportement des travailleurs du secteur public, notamment pour ce qui est de l'assiduité à leur poste de
travail. Les enquêtes établies auprès des entreprises publiques indiquent qu'arrivent en tête les absences
justifiées par certificats médicaux (45% du volume total des absences). Elles sont suivies de près par les
absences sans motif (34%). Le reste se répartit entre les accidents de travail (11 %) et les absences
statutaires. Les absences sans motif n'excèdent jamais plus de deux journées par travailleur par mois, mais
ce ne sont pratiquement pas tous les employés qui en usent, au motif généralement formulé à postériori,
de régler des problèmes personnels. Mais bien que cette catégorie d'absences soit statistiquement
préoccupante, ce sont surtout celles qui sont justifiées par des certificats médicaux que redoutent les
employeurs. Les autorités publiques sont certainement au courant qu'il existe un véritable marché de
certificats délivrés abusivement. Ces certificats médicaux de complaisance constituent un avantage
occulte dans le phénomène de l'absentéisme d'aujourd'hui qui représente un problème de discipline parmi
tant d'autres. □
►L'absentéisme, l'autre mal qui ronge les entreprises  : Les périodes de fête propices au laxisme et au
manque de motivation. Même si aucune étude ou enquête récente ne l'a mesuré, le phénomène de
l'absentéisme aussi bien dans les administrations publiques que dans les entreprises se pose, surtout en
ces périodes de fêtes religieuse et nationale. Et même quand des enquêtes l'évoquent, c'est souvent sans
donner de détails. Ainsi, une enquête d'opinion réalisée par l'Office national des statistiques auprès de plus
de 700 entreprises publiques et privées a révélé que le taux d'absentéisme était «supérieur» durant le
deuxième trimestre 2011 par rapport au précédent, selon près de 24% des chefs d'entreprises publique et
20% de ceux du privé. Toutefois, aucune indication chiffrée sur ce taux n'est indiquée. Par ailleurs, au
niveau du Centre de recherche en économie appliquée et développement (CREAD), certains spécialistes
statisticiens et sociologues industriels affirment clairement ne pas disposer d'éléments d'information
récents sur ce phénomène pour pouvoir produire une analyse sociologique sur ses causes et ses
répercussions. Cependant, le fait qu'il n'y ait pas d'enquêtes qui soient menées dans ce sens, cela ne
signifie pas pour autant que le phénomène est marginal. En matière d'absentéisme, il y a les absences non
autorisées. «Certains prétendent qu'ils vont rendre visite à la famille au bled ou dans les wilayas de
l'intérieur du pays, donc ils partent la veille de l'Aïd et s'absentent généralement le jour de la reprise»,
explique un gestionnaire d'entreprise dans le secteur des assurances. Il y en a d'autres toutefois qui sont
autorisées. Ainsi, certains chefs d'entreprise ont pris l'initiative de donner eux-mêmes quartier libre à leurs
employés, en leur offrant la journée du jeudi, veille de l'Aïd. D'autres ont simplement accordé la demi-
journée. «De toute façon, la plupart ne seraient pas venus ou alors seraient partis avant la fin de la
journée», explique un patron d'entreprise dans le privé. Par ailleurs, s'attendant à un niveau élevé
d'absences à la fin de deux jours de pause réglementaire, certaines entreprises ont également pris les
devants en accordant le dimanche à leurs employés. C'est notamment le cas dans le secteur du bâtiment.
Un salarié habitant la capitale et dont l'employeur a une entreprise publique opérant dans le secteur de la
construction et ayant des chantiers dans la Kabylie indique ne pas travailler le dimanche (lendemain du 2e
jour de l'Aïd). «La direction nous a autorisés à ne pas reprendre le dimanche», explique-t-il. Ceux qui
travaillent sur les chantiers de construction sont rarement originaires de la région et les fêtes sont parfois
la seule occasion de rentrer chez eux. Selon l'enquête de 2011 de l'ONS sur l'emploi, le secteur du
bâtiment emploie 17% de la population occupée, devançant tous les autres secteurs (l'industrie 14.2% ;
l'agriculture 10.8% ; le commerce 13%, le transport et communication 7%). Dans d'autres secteurs toutefois,
l'indulgence n'est pas tolérée. «L'employé d'une banque publique assure qu'il n'y a aucune absence le jour
de la reprise après la pause de l'Aïd. Et pour cause, c'est généralement le jour choisi par le directeur
général adjoint pour faire la tournée des services et s'assurer que tout le monde a repris son poste».
L'enquête de l'ONS sur l'emploi de 2011 n'évoque pas le taux d'absentéisme, mais mesure le nombre
d'heures travaillées. Globalement, les travailleurs algériens travaillent en moyenne 43 heures par semaine
(44 heures chez le privé, 41 heures dans le secteur public). Toutefois, le travail en nombre d'heures

830
qualifiées de «normales», soit entre 40 et 48 heures, selon l'ONS, ne touche que 37% de la population
occupée, alors que 35% travaillent plus de 48% par semaine. Ce qui sous-entend que près de 30% de la
population occupée travaillent moins de 40% par semaine. L'ONS mesure dans ce sens le sous-emploi lié
au temps de travail. Cet indicateur «permet d'estimer l'effectif des personnes occupées qui effectuent un
nombre d'heures de travail insuffisant par rapport au nombre d'heures souhaitées». Ainsi, les résultats font
ressortir un taux de sous-emploi de l'ordre de 18%, soit plus de 1,7 million des personnes occupées ayant
travaillé moins de 40 heures hebdomadaires et qui ont déclaré être disponibles à travailler un nombre
d'heures additionnelles, moyennant une augmentation de leur revenu.
Malaise : Pour identifier les causes de l'absentéisme, Rachid Tridi, dans un essai intitulé L'Algérie en
quelques maux, ou l'autopsie d'une anomie (1992), relevait 5 raisons principales : l'ennui, le manque de
motivation, l'absence de contrôle, les pénuries de produits alimentaires et la bureaucratie. Les entreprises
ont une pléthore de personnels et donc un bon nombre de travailleurs n'ont rien à faire dans la journée et
préfèrent sortir que de rester au travail, explique-t-il. Il y en a qui n'attendent aucune amélioration de leur
travail et n'y trouvent aucune stimulation, ceux qui se sauvent pour pouvoir s'approvisionner à des prix
décents (absentéistes pénuristes). Et puis, il y a ceux qui s'absentent pour régler des affaires de
paperasse, et ceux qui ont deux emplois : dans le public et le privé. Pour certains experts européens,
l'absentéisme au travail, terme à connotation péjorative, constitue «l'indice d'une situation pathologique». Il
englobe «les arrêts ordinairement qualifiés d'injustifiés ou d'abusifs, qui se caractérisent par une durée
généralement courte et par une fréquence souvent importante et traduisent dans la majorité des cas,
consciemment ou non, une conduite de rejet du travail».
Si en Algérie on ignore le coût de l'absentéisme sur l'entreprise, en Europe, par exemple, les conséquences
économiques annuelles de l'absentéisme au travail s'élèveraient à 20 milliards d'euros, selon l'agence
européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail. Selon la presse française, 1% de taux d'absentéisme
coûte 1% de la masse salariale. Ce qui situe le coût de l'absentéisme dans ce pays à environ 25 milliards
d'euros par an. ◙ Safia BERKOUK, El Watan, 29.10.2012
CONDITIONS DE TRAVAIL.- Flash back : En dépit de la pléthore des textes de lois et des conventions
internationales qui prévoient la nécessité de mettre en place une politique de prévention des risques dans
les milieux du travail, la tendance lourde en matière de règlements intérieurs adoptés par les entreprises
s'oriente beaucoup plus en direction de la discipline et néglige les consignes de sécurité et d'hygiène.
Le manque d'intérêt des sociétés aux conditions de travail des employés est à l'origine de beaucoup
d'accidents dans les milieux professionnels. En effet, il faut savoir que 80% d'accidents de travail déclarés
chaque année sont dus à l'absence d'organisation et à l'inexistence de dispositif de prévention dans les
entreprises. En matière de risques professionnels, la CNAS a présenté des chiffres effarants quant au
nombre d'accidents déclarés pour la période qualifiée de "faste" pour l'économie nationale (de 1976 à
1986). La CNAS a enregistré, chaque année, 90.000 à 100.000 accidents de travail dont 6 à 700 cas
mortels et dont 7.000 entrainaient une incapacité permanente. En cette ère de récession économique, le
chiffre est tombé à 70.000 accidents déclarés chaque année. Les cas d'incapacités permanentes s'élèvent
à 6.00, tandis que le nombre des lésions mortelles est plus élevé par rapport à la période sus-citée, en
raison du terrorisme. Selon une enquête menée en 1996 par l'Inspection Générale du travail, sur 535
entreprises, tous secteurs confondus, il est relevé que le taux d'incidence des accidents de travail sur la
santé du travailleur est de 3,978 %. Ce chiffre est malheureusement de loin supérieur aux autres pays, la
Tunisie (0,7 %), le Japon (0,4 %) et la Grande Bretagne (0,3 %). En chiffres, les accidents recensés : pour
le secteur du BTPH, on dénombre 95 accidents graves dont 28 mortels ; dans le secteur industrie 261
accidents graves dont 41 mortels; 67 accidents graves pour les transports dont 28 mortels, dans les
institutions et les administrations publiques on a enregistré 32 accidents graves dont 17 mortels et enfin au
niveau de l'agriculture 19 accidents graves dont 06 mortels.□
► En matière d’hygiène, de santé et de sécurité du travail et de prévention, le moins qu’on l’on puisse dire est que la situation
est alarmante, voire catastrophique, vu l’état d’abandon dans lequel les pouvoirs publics ont laissé le champ de la prévention
en milieu professionnel. En Algérie, les politiques préconisées à ce sujet, par charlatanisme ou par négligence, sont très
limitées, très superficielles et évidemment inadéquates, expliquant ainsi le déphasage total existant entre la réalité et les textes
de lois et règlements.
Même avec la création d’une panoplie d’organismes sous tutelle du ministère du travail, tels que l’Institut National de la
Prévention des Risque Professionnels (INPRP), la direction de prévention des risques professionnelle, la CNAS et
L’O.PRE.BA.TPH., censés d’être des intervenants de premier ordre pour prendre leurs responsabilités respectives face à
l’enjeu de la santé et sécurité au travail (SST); il en résulte finalement un fardeau excessif d’organismes pour l’État que
d’activités, d’actions ou d’initiatives en SST qui visent strictement, du moins, à minimiser les dégâts en santé et sécurité au
travail. En effet, en Algérie, le coût, les secteurs les plus touchés et les causes des accidents et des maladies reliées au travail
ainsi que l’identification et la reconnaissance des lésions professionnelles restent encore du domaine de l’inconnu. On peut
légitimement se demander si cet état de fait justifie les coûts colossaux destinés au ‘’fonctionnement’’ de ces organismes
inappropriés. Le constat est affligeant : la rigueur, l’organisation et autres compétences ont laissé place à l’approximation,
l’anarchie et à la médiocrité. Dans ce contexte et comme partout ailleurs dans le monde, la santé au travail est reconnue
comme enjeu de santé publique et la question qui se pose d’emblée pour l’Algérie d’aujourd’hui est de savoir comment on s’en
occupe vu la situation confuse qui est loin d’être reluisante ? La réponse est simple: on s’en occupe, mais SÉRIEUSEMENT,
par la législation et les interventions gouvernementales, et plus clairement : Tout part d’un principe qu’un travailleur a le droit à
des conditions de travail sécuritaires ne risquant pas d’entraîner de conséquences négatives pour sa santé, sa sécurité et son
intégrité physique. Si on s’appuie sur la définition mathématique du risque, soit la probabilité qu’un événement survienne, on

831
émettra l’idée  d’un risque acceptable puisqu’un risque existe toujours. En milieu de travail, comme partout ailleurs, on verra à
faire diminuer ce risque le plus possible. De son côté, l’employeur doit avoir l’obligation légale d’assurer la sécurité de ses
travailleurs. Ces règles du jeu doivent être enchâssées par une législation dont voici les principaux éléments et leurs objectifs :
♦ Loi sur la santé et la sécurité du travail (SST) : Cette loi doit viser l’élimination à la source des dangers pour la santé, la
sécurité et l’intégrité physique des travailleurs. Elle doit, en outre, établir des mécanismes de participation des travailleurs et des
employeurs par le biais du paritarisme. Par exemple, prévoir un comité de santé et de sécurité paritaire avec son mandat et ses
modes de fonctionnement bien définis ou encore, le droit de refus de travailler et le retrait préventif. Malheureusement, en
Algérie, cette vision de la loi est loin d’être acquise. La loi sur la SST (Loi n° 88-07 du 26 Janvier 1988) est conçue
anarchiquement, sans fondement suffisant et en déphasage totale avec la réalité de l’Algérie d’aujourd’hui et de toute activité
économique. En bref, elle a tout autre objectif que de préserver la santé et la sécurité ou prévenir les risques à celles-ci. En
effet, cette loi (n° 88-07 du 26 Janvier 1988,  de 47 article!) ne tient pas compte et sérieusement des devoirs et des droits des
employeurs, des employés et des intervenants direct et indirect en matière de la santé, sécurité et de la prévention. Pourtant, il
est rentable de s’occuper de la santé et de sécurité au travail. De point de vue strictement humain, il est beaucoup plus
motivant de travailler dans un lieu ou’ on se préoccupe de notre santé que l’inverse. Un lieu de travail mal propre et délabré n’a
rien de rassurant et de motivant. C‘est un manque de respect fondamental envers la première ressource de toute l’industrie ou
de tout établissement c’est-à-dire les travailleurs. Des travailleurs motivés par le respect qu’on leur accorde en se préoccupant
sérieusement de la SST, travaillent dans une ambiance sécuritaire susceptible d’augmenter la productivité.
♦ Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles : Cette loi doit mettre de l’avant la protection effective du
revenu du travailleur accidenté ou souffrant d’une maladie professionnelle ainsi que son retour à une vie normale et autonome.
Selon des échos, c’est dans l’opacité totale que la CNAS gère ce dossier.
♦  Règlement sur la santé et la sécurité du travail : Ce règlement est très important car il servira de guide pour la majorité des
agresseurs en milieu de travail. Ainsi, on y trouve des valeurs à ne pas dépasser pour le bruit, les substances chimiques
présentes dans l’air et les contraintes thermiques. Il est également question de la ventilation, de l’éclairage, des normes
sanitaires, l’aménagement des lieux, l’entreposage et la manutention des substances dangereuses, le travail en espace clos,
les radiations dangereuses, les mesures ergonomiques, etc.
Une banque des normes et un répertoire toxicologique doivent être conçus pour les rendre disponibles et accessibles à tous,
portant sur les concentrations des substances liquides, gazeuses et particulaires permises ainsi que les niveaux de bruit permis
en fonction du temps d’exposition. Il est également prépondérant d’introduire et de généraliser l’utilisation du Système Général
Harmonisé qui définit bien les moyens d’information à laquelle ont droit les travailleurs relativement aux produits qu’ils utilisent,
manipulent ou côtoient sur les lieux de travail. Cette banque de normes et ce système d’information doivent être gérés,
vulgarisés et tenus à jour par un organisme à vocation scientifique, comme il devrait l’être d’ailleurs l’Institut National de la
Prévention des Risque Professionnels (INPRP). Effectivement, L’INPRP devrait contribuer, par la recherche, à la prévention
des accidents du travail et des maladies professionnelles ainsi que d’assurer la diffusion des connaissances et jouer un rôle de
référence scientifique et d’expertise en santé, sécurité et prévention.
Sans exagération aucune et dans les faits, c’est-à-dire, selon les bilans des activités de cet institut et depuis sa création en
2000 à aujourd’hui, il ressort clairement que l’INPRP n’a aucune mission, ni vision et moins encore de principes d’action ou
d’échéance. Pratiquement, il n’y a pas d’activités en santé et sécurité au travail, ni de projets de recherche, encore moins de
démarche scientifique ou de priorités de recherche. En somme, on ne sait pas qui fait quoi et pourquoi ! Cet échec découle de
la négligence ainsi que de l’incompétence qui dépasse tout entendement et comme toujours, c’est le peuple qui paie à coup sûr
en définitivement la note salée. □ Les interventions gouvernementales : En plus de l’ensemble des intervenants de la santé
publique qui doivent avoir un rôle important en SST et les organismes directement affiliés, il nécessaire de doter la SST d’une
institution autonome pour assurer l’administration des lois et règlements ainsi que pour jouer le rôle d’assureur public en
matière de santé et de sécurité au travail. Assurément et comme nous le constatons, la santé et sécurité au travail est très mal
encadrée par la législation et il est nécessaire d’instaurer une organisation qui va avoir comme responsabilité d’assurer
l’administration des lois et règlements énoncés ci-haut. En outre, toute démarche administrative exige des processus de
contrôle et d’évaluation pour valider l’efficacité des moyens de contrôle. On doit entre autres s’assurer de l’utilisation de ces
moyens ou sinon identifier pourquoi ils ne le sont pas, d’où l’importance de disposer d’inspecteurs multidisciplinaires, dont les
pouvoirs doivent être très importants pour accomplir cette tâche de contrôle et d’investigation. Sans pour autant négliger le volet
lié aux modes d’intervention  des inspecteurs qui doit se pratiquer selon une démarche uniforme et il ne doit pas être régi par
une logique politicienne ou comptable. Il ne doit pas être non plus traité comme des questions purement techniques. C’est un
domaine complexe qui nécessite la mise en œuvre de compétences de haut-niveau dans différents domaines (scientifique,
ergonomique, pédagogique, institutionnel, éthique..). C’est un travail d’expert que chacun s’accorde aujourd’hui à reconnaître
comme de plus en plus exigeant. Enfin, pour terminer ce bref aperçu d’une discipline multidisciplinaire qui est la santé au
travail, il est essentiel de rappeler que les connaissances évoluent, les technologies évoluent et si on désire survivre dans un
monde en constante évolution, nous devons à tous les niveaux devenir des spécialistes de l’amélioration continue. ◙ Kamel
BOURENANE (2013)
FORCES PRODUCTIVES .- Comme le constatent beaucoup de sociologues, les travailleurs salariés se
reconnaissent de moins en moins dans leur travail et ne cherchent plus que rarement à y trouver des
significations positives ou des raisons d'accepter une vie de subordination riche en frustrations. De plus en
plus, le travail se présente comme une obligation purement physique, dégagée de toute connotation morale
ou affective (le service rendu à la communauté, la réalisation de soi-même). Il ne peut être réduit à une
simple dépense d'énergie, pas plus que la vie hors de la production (consommation, loisirs, relations
familiales et d'amitié) ne peut être réduite à une simple phase de récupération. D'un côté, l'élément humain
représente un simple support des rapports de production, de l'autre il dépasse les limites de cette situation
en cherchant à nier sa condition de travailleur salarié par les réactions les plus diverses (luddisme, évasion
individuelle, absentéisme,...).Les conditions matérielles d'existence (logement, nutrition, santé,
environnement,  et niveau de vie) influent fréquemment sur le comportement dans l'activité productive.

832
Pour faire rentrer la force de travail dans le rang, et cela même quand une résistance collective ne prend
pas la forme d'une rebellion ouverte, les décideurs sont contraints à une véritable fuite en avant, à une
révision perpétuelle de leur système d'encadrement du travail, à un réajustement permanent des méthodes
à employer pour obtenir le consentement des exploités. La mobilisation de cette force collective au niveau
du processus de production se réalise de façon primaire autour d'objectifs (salaire, défense et amélioration
des conditions de vie) qui n'ont pas trait directement aux rapports de production, mais à la circulation et
aux rapports de distribution.
ORGANISATION.- L'esprit d'organisation présente des lacunes fondamentales à travers l'ensemble des
structures de la société dans les secteurs de développement. Cette déficience cause un préjudice énorme
sur les résultats escomptés des projets et en altèrent leur consistance. Elle est la conséquence d'une
déperdition d'énergie négligemment utilisée qui se traduit par une perte comptable sur le plan économique.
La plupart des fonctions ne remplissent pas correctement les missions qui leur sont assignées pour réaliser
leurs objectifs dans leurs temps respectifs. Cette situation est subordonnée à l'évolution de
l'environnement. Toutes les structures sur lesquelles se fonde l'organisation ne sont pas utilisées
rationnellement en tenant compte d'une répartition précise des tâches à l'intérieur de leurs fonctions
respectives. Une complémentarité des uns avec les autres doit exister pour une bonne maitrise du travail
collectif sans omettre la nécessité de la circulation fluide de l'information. L'élément essentiel réside dans
le fait que les organigrammes ne définissent pas avec un maximum de précision les obligations
incombant à chaque niveau de responsabilité tant dans le sens vertical que dans le sens horizontal. Chaque
structure ainsi n'est pas à même d'être comptable du travail qu'elle est censée élaborer elle-même dans le
cadre de ses compétences. Les statuts, d'autre part, doivent assurer une gestion transparente de la
carrière des personnels, en faisant de l'incitation, de l'émulation saine et de la compétition loyale, les
principales règles pour l'accession aux postes de responsabilité. Ils doivent susciter les vocations,
encourager et libérer les initiatives constructives en faisant prévaloir les critères d'efficacité et de
rentabilité économique.
REPOS HEBDOMADAIRE .- Depuis l'année 1976, l'Algérie laborieuse s'est vue instituer le repos de fin de
semaine aux jeudi et vendredi en remplacement du samedi et dimanche. L'instauration de cette décision a
porté préjudice aux opérateurs économiques nationaux dans leurs échanges économiques avec l'étranger
et la conduite de leurs transactions commerciales.Cette mesure conservatiste, non imposée par la religion,
a résulté des multiples pressions exercées par les courants islamistes qui animaient le parti unique de
l'époque boumédiéniste. A contre-courant des autres pays arabes car prenant en compte le poids des
enjeux des relations internationales, le Maroc, la Tunisie et le Liban se conforment à la tradition du repos
dominical sans porter atteinte aux pratiques sacrées de l'Islam; Les citoyens dans ces pays sont autorisés
par leurs employeurs à se libérer pour l'heure de la prière du vendredi. Du point de vue coût économique, la
pratique du repos hebdomadaire le jeudi et vendredi isole l'Algérie du reste du monde économique dans son
ancrage à l'économie mondiale du fait qu'elle ne demeure en contact avec les partenaires extérieurs que
durant trois jours par semaine.Cette disposition handicape financièrement l'Algérie dans ses relations avec
ses partenaires extérieurs (gel de marchandises dans les ports, des transactions commerciales, des
transferts de fonds et légalisation de documents officiels, etc. durant quatre jours cumulés non ouvrables de
part et d'autre). Cette situation, par conservatisme, astreint l'Algérie à demeurer en marge de la
globalisation et ne concourt nullement à alléger sa dette extérieure. Un réaménagement du repos
hebdomadaire ferait gagner annuellement à l'Algérie plus de 500 millions de dollars selon certains experts
économiques et financiers.
SECURITE INDUSTRIELLE.- La nécessité de développer une protection des infrastructures industrielles
exige de doter l'entreprise algérienne des méthodes et moyens propices au décèlement précoce des
risques personnels et logistiques pour la PME-PMI. La sécurité entre dans tous les aspects de
l'économie industrielle, avec depuis peu, un nouveau paramètre : l'accident de type sécuritaire. Parmi les
préoccupations économiques nationales, protéger le travailleur et l'outil de travail ne devrait plus se
concevoir comme le "cautère sur une jambe de bois", mais en anticipant scientifiquement le facteur risque
sur les personnes et les biens. L'organisation de l'hygiène et de la sécurité dans l'entreprise peut désormais
s'exercer à travers la loi 88/07 relative à ces aspects, notamment les articles 23-24-25 et 26. Ou plus
précisément: le décret relatif aux commissions et aux préposés à l'hygiène et à la sécurité, le décret
relatif aux comités inter-entreprises d'hygiène et de sécurité, le décret relatif aux organismes chargés de
des aspects au niveau des secteurs d'activité à haut degré de risque et le décret relatif aux services
d'hygiène et de sécurité en milieu de travail. Aujourd'hui, les outils de gestion modernes de la sécurité et de
la santé au travail, ne doivent pas être à la seule disposition des macro-entreprises telles que la Sonatrach
par exemple. La démarche serait corrective grâce au "feed-back" qui révèlerait les points défaillants, et
préventifs par les techniques d'identification. A ce sujet, les statistiques qui entrent dans la prise en compte
de ces programmes, devraient servir à prévenir les accidents et non plus seulement à les comptabiliser.
Dans l'économie internationale, on aurait calculé que les coûts directs correspondraient à un cinquième des
couts indirects, c'est à dire à ceux liés à la maladie du travailleur (de 5 à 50 dollars: coûts comptabilisés
non assurés concernant les dommages matériels). Les mutations profondes de l'économie du pays exigent
les mêmes ratios et les mêmes modèles pour concurrencer au minimum les entreprises internationales. Le
coût engendré par les mauvaises conditions de travail sont, en grande partie, encore supportés par la
production. L'idéal serait aujourd'hui d'identifier les fonctions et d'intégrer les sous-systèmes dans la

833
démarche préventive. Dans les méthodes proposées par les experts, l'approche systématique décèle le
risque professionnel et la protection du patrimoine. Il s'agirait en définitive d'intégrer les conditions de
travail, pas seulement au niveau du management, mais également sur le plan organique et opérationnel. En
outre, les organismes de santé publique comme la CNAS seraient concernés par la modernisation
préventive. Un gain considérable en matière de coûts générés par les arrêts de travail pour cause
d'accidents, pourrait ainsi être réalisé grâce à la sécurité industrielle et professionnelle.
TEMPS.- Dans une enquête sur l‟emploi du temps, menée en France, en 1999, les activités réalisées dans une journée, ont
été réparties par l‟INSEE entre quatre grands temps :
♦Le temps physiologiqueoccupe la moitié de la journée et représente les soins personnels comme se laver, se préparer et les
besoins biologiques comme manger et dormir.♦Le temps domestiqueest évalué quotidiennement à 3,5 heures en moyenne des
tâches ménagères, les courses et les soins apportés aux enfants et /ou personnes âgées.
♦Le temps de travail professionnel et d’étudesqui représente, actifs et inactifs confondus, 3,5 heures par jours, et enfin
♦ Le temps libre : les activités de loisirs à l‟intérieur et à l‟extérieur de la maison et le repos estimait à 4,5 heures en moyenne.
►Notion diversement appréciée dans la société algérienne, le facteur "temps" constitue une contrainte
majeure dans le vécu quotidien. Demeuré lié aux multiples incertitudes engendrées par divers concours de
circonstances endogènes et exogènes inhérentes à l'environnement, son appréciation devient relative pour
pouvoir intervenir comme élément de calcul dans la programmation des évènements, des rencontres, ou des
rendez-vous. La défaillance dans l'évaluation des délais impartis au déroulement des opérations
décomposées en taches est source d'indétermination pour une fixation dans le temps de la
réalisation d'un objectif. L'appréciation du temps pour la réalisation d'un acte économique peut revêtir
quelques difficultés suivant les paramètres entrant en ligne de compte pour l'établir avec une certaine
précision. Les mœurs sociaux, l'inexpérience interviennent pour beaucoup dans la valeur du temps. En
Algérie, le temps dans l'administration ne se compte pas. L'hostilité à son égard provient du fait qu'elle
prend tout son temps, mais perd en vérité le temps des autres. Elle n'est pas pressée, mais pressante. Le
temps est à son avantage quand elle multiplie les procédures, les règlements, organise des commissions
pour reculer le moment de la prise de décision. En Algérie, les Algériens ne travaillent en moyenne que
1.700 heures/an, alors que la moyenne dans les pays industrialisés est de 2006 heures/an.Ceci se traduit
par la faible productivité.◙
LA POLITIQUE DE L’EMPLOI
AMENAGEMENTS ADMINISTRATIFS, JURIDIQUES ET FISCAUX .- Un programme global de
développement des emplois productifs organisé autour de l'entreprise économique, de l'entreprenariat
et des besoins des comunautés de base nécessite pour sa réussite une série de mesures d'ordre
administratif, juridique et fiscal :► une série d'exonérations fiscales et d'aménagements des taux des
différents impôts et d'avantages particuliers vont bénéficier aux différents promoteurs publics, privés et
étrangers dans le cadre de la promotion des investissements.
► l'insertion d'un service public de l'emploi efficient devient nécessaire. La réalisation des actions
décrites plus haut suppose que les pouvoirs publics mettent en place un véritable service public de
l'emploi en mesure de fournir des indications sur le marché du travail , d'engager une dynamique de
prospection efficace et de s'interposer comme un relais utile au développement de l'entreprenariat.
MICRO-ENTREPRISE .- □ Rétrospective  : Face aux difficultés des secteurs économiques à créer des emplois stables,
les pouvoirs publics ont recours à des solutions alternatives permettant de réduire la pression sur le marché de travail et
d’amorcer la perspective d’une reprise durable de la croissance économique. En effet, le gouvernement a établi, dans un
premier temps, le dispositif « Programme de l’emploi des jeunes » (PEJ) en 1988, puis, dans un deuxième temps, le « Dispositif
d’Insertion Professionnel des Jeunes » (DIPJ) en 1990. Il y a eu ensuite le dispositif de la Caisse Nationale d’Assurance
Chômage (CNAC), créée en 1994 pour soutenir les chômeurs âgés entre 30et 50 ans. En 1996, il y a eu la mise en place du
dispositif de l’Agence National de Soutien de l’Emploi de Jeunes (ANSEJ). Le dernier dispositif en date est l’Agence Nationale
de Gestion des Micro-crédits (ANGEM) créé en 2004, qui octroi des crédits d’investissement à petites sommes. Aujourd’hui,
l’entrepreneuriat constitue un phénomène qui est de plus en plus discuté par les chercheurs dans les domaines de l’économie
et de la gestion. Alors que le terme entrepreneuriat s’articule autour d’un personnage et d’une organisation, il commence par
une volonté individuelle d’un futur entrepreneur. Cet entrepreneur qui était longtemps marginalisé dans la pensée économique,
car pour F. Quesnay, l’entrepreneur fait partie de la classe stérile, qui ne crée pas de richesse, mais il la fait juste circuler. C’est
à partir des travaux de Schumpeter, suivis par des chercheurs contemporains, que l’entrepreneur trouva sa place dans
l’économie. Cependant, l’entrepreneur est devenu le personnage central du développement économique. Il défie le risque
d’incertitude, exploite ses idées pour bénéficier au maximum des opportunités qui se présentent. Sa réussite dépend de sa
capacité à créer de nouvelles idées et de les réaliser sous forme de projet d’entreprise.
LA POPULATION ACTIVE
CHÔMAGE.- □ Nouvelle hausse du taux de chômage en Algérie. De 10,5% en septembre 2016, celui-ci
bondit à 12,3 en avril 2017. Selon l'Office national des statistiques (ONS), le nombre de la population active
a atteint 12,277 millions de personnes contre 12,117 millions en septembre 2016, avec un solde positif de
160.000 personnes, soit une hausse de 1,3%. Sur cette population active, les femmes représentaient 20,6%
avec un nombre de 2,524 millions en avril 2017. Quant à la population occupée (personnes ayant un
emploi), elle était estimée à 10,769 millions de personnes en avril 2017 contre 10,845 millions de
personnes en septembre 2016, enregistrant un solde négatif de 76.000 personnes par rapport à septembre

834
2016. La population en chômage a ainsi atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de
12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 point par rapport à septembre 2016. L'ONS fait aussi savoir
que six (6) chômeurs sur dix (10) en moyenne sont des chômeurs de longue durée, c'est-à-dire que 62,2%
cherchent un poste d’emploi depuis une année ou plus. La population active est l'ensemble des personnes
en âge de travailler et disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi ou qu'elles soient en
chômage.
Selon l'ONS, des disparités sont observées sur les plans sexe, âge, niveau d’instruction et diplôme obtenu.
A ce propos, l'office indique que le taux de chômage des jeunes de 16-24 ans est de 29,7%. Il est relevé
que l'évolution du taux de chômage selon le diplôme fait ressortir que l'augmentation enregistrée a touché
les personnes sans qualification ainsi que les diplômés de la formation professionnelle. Ainsi, le taux de
chômage auprès des personnes sans qualification est passé de 7,7% en septembre 2016 à 10,1% en avril
2017, alors que celui des diplômés de la formation professionnelle est passé de 13% à 14,8% entre les
deux périodes de comparaison. Par contre, le taux de chômage des diplômés universitaires a légèrement
reculé passant de 17,7% en septembre 2016 à 17,6% en avril 2017, en baisse de 0,1 point. Près de 48%
des chômeurs sont diplômés  : Quant à la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu, il est constaté
que 787.000 chômeurs n’ont aucun diplôme, soit plus de la moitié de l’ensemble de la population en
chômage (52,2%). Les diplômés de la formation professionnelle constituent 24,1% des sans-emploi, tandis
que les diplômés de l’enseignement supérieur représentent 23,7% des chômeurs.
CHOMAGE DES JEUNES .- La crise actuelle de l’emploi en Algérie est le résultat de l’explosion démographique et du
ralentissement de la dynamique de création de l’emploi. La distribution des chômeurs selon l’âge indique qu’ils sont
habituellement des jeunes, une situation qui est très inquiétante car il s’agit d’un chômage de jeunes primo-demandeurs
d’emploi. En 2001, 71% des sans-emploi ont moins de 30 ans et en 2005, c’est 75% des chômeurs qui sont âgés de moins de
30 ans. En 2001 presque la moitié (47,7%) des personnes âgées moins de 24 ans, sont à la recherche d’emploi. La situation
s’est depuis améliorée, puisque en 2009, le taux de chômage parmi les moins de 20 ans et les personnes âgées de 20 et 24
ans, s’est établi successivement à 23,4% et 20,5%. Ces résultats, certes positifs, grâce à la forte implication de l’Etat dans
l’insertion des jeunes à travers des CDD (Contrat à Durée Déterminée), ne signifient pas que le chômage des jeunes est en
passe d’être éradiqué, puisque la part des primo demandeurs est en augmentation continue alors que celle des personnes qui
ont déjà travaillé est en baisse, il était de 498 000 personnes en 1 997, et atteint 417 000 personnes en 2010, soit 38,7% de la
population en chômage. Il s’agit d’une frange caractérisée par sa jeunesse ; 68,5% sont âgés entre 20 et 34 ans. Pour les
jeunes âgés de 1624 ans, le taux de chômage atteint 21,5%, soit près d’un jeune actif sur cinq, alors que celui des adultes 25
ans et plus, s’établit à 7,1%. Par ailleurs, le taux de chômage chez les jeunes est également revu à la baisse, se stabilisant
autour de 24,8 % à la fin de 2013 après avoir atteindre 27,5 % en 2010, et aussi ii a connu une hausse de 2.4 points en 2014,
et alors le taux de chômage est atteint 29.9%. Cela concerne la population âgée entre16 et 24ans. Cependant, Le chômage de
longue durée reste encore un véritable problème pour les pouvoirs publics.
♦ Le chômage des diplômés : Selon les études faites par l’Office National des Statistiques (ONS), le chômage touche
davantage les universitaires et plus particulièrement les diplômés : alors que le taux de chômage parmi la population n’ayant
aucun diplôme est estimé à 7,3%, celui des diplômés de l’enseignement supérieur atteint 21,4% (11,1% chez les hommes et
33,6% chez les femmes) selon l’enquête de l’ONS du 4ème trimestre 2010. Cette situation est d’ailleurs confirmée par la Banque
Mondiale dans son rapport de l’année 2010, écrit que trois jeunes diplômés algériens sur quatre (¾) des moins de trente ans,
sont des chômeurs. Sur les 120 000 diplômés qui sortent des universités du pays, 50 000 jeunes se trouvent sans travail. Les
statistiques montrent donc que le chômage des jeunes diplômés est beaucoup plus important que celui des non-instruits, et il
devient, pour nombre d’analystes, un puissant élément de révoltes sociales, voir un puissant combustible pour des
revendications violentes. D’après l’ONS, le taux de chômage des universitaires algériens poursuit sa tendance baissière pour
atteindre 14,3% en 2013, contre 21,4% en 2010, 16,1% en 2011 et 15,2% en 2012. Il affecte selon l’ONS, davantage les
personnes sans diplômes (65,1%) et les diplômés de la formation professionnelle (62,2%), comparativement aux diplômés
universitaires (48,5%) L’évolution du taux de chômage selon le diplôme entre 2014 et 2015 fait ressortir une régression du taux
de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur, après de la hausse enregistrée en septembre 2014, passant de 16,4%
à 14,1%. Par ailleurs, celui des personnes sans qualification a connu un accroissement de 1,2 point (passant de 8,6% à 9,8%),
alors que celui des diplômés des instituts de formation professionnelle a augmenté de 0,7 point, (passant de 12,7% à 13,4%).
♦ Le chômage des femmes : En Algérie, le chômage des femmes est un phénomène tout à fait nouveau, les femmes
commencent à apparaitre sur le marché du travail depuis l’année 1988. En effet, on remarque la présence des femmes par le
chômage élevé dont elles souffrent malgré des taux de participation les plus bas au monde (taux de participation à la force de
travail, taux d’activité des femmes). Au sens du BIT6, en 2001, le taux d’activité était de 41,7%, il s’établit à 68,9% auprès des
hommes et 14,2% chez les femmes, un taux qui reste bas malgré que l’effectif des femmes actives a dépassé le cap d’un
million. A titre d’exemple, entre 2003 et 2007 le taux d’activité féminin était de 12% et de 14% respectivement, et si on procède
par une comparaison avec les pays de la même région, le taux d’activité féminine en Algérie est très faible (9,23%) par rapport
au Maroc (25.1%) en 1990 et la Tunisie (20.3%) dans la même année(2). Cette situation contraste avec l’évolution rapide de la
scolarisation des filles qui dépasse celui des garçons, notamment pour l’enseignement supérieur. Les tendances globales de
chômage indiquent une baisse plus importante chez les hommes que chez les femmes. La faible présence des femmes sur le
marché du travail est due à plusieurs facteurs, principalement, par priorité au travail des hommes, du fait que certaines activités
ne sont pas faites pour les femmes et mobilisent en grande partie de la main-d’œuvre masculine, telles que les industries
lourdes surtout sur la période 1960/1980. Un autre facteur qui est le poids des traditions et de la religion, constitue l’explication
la plus courante de la faiblesse de la participation des femmes à l’emploi rémunéré. D’après l’enquête réalisée par l’ONS au
4ème trimestre 2010, le taux de chômage s’établit à 8,1% chez les hommes et 19,1% chez les femmes. L’organisme des
statistiques précise que c’est le niveau d’instruction et l’obtention de diplômes, notamment universitaires, qui semblent

835
constituer « les éléments les plus déterminants » pour l’insertion de la femme dans le marché du travail. Pour 2010, le taux de
chômage s’établit à 8,3% chez les hommes et 16,3 chez les femmes. Il a connu une baisse (taux de chômage) chez les deux
sexes en 2013 par rapport à l’année dernière, mais plus prononcée auprès des hommes, avec 1,3 point, alors que le chômage
féminin a baissé de seulement 0,7 point. Aussi la baisse du taux de chômage féminin observée depuis 2011 se poursuit, le taux
passe ainsi de 19,2% en 2010, à 17,2% en 2011, pour atteindre 17% en 2012, et aussi 16,3 en 2013 et en 2015 le taux de
chômage et de 11.2% au niveau national, soit une hausse de 0.6 point par rapport à septembre 2014 ; atteignant 9.9% auprès
des hommes et 16.6% auprès des femmes. Notons que cette hausse résulte essentiellement de l’augmentation du chômage
des hommes qui a connu un accroissement de 0.7 point, le taux de chômage féminin a connu quant à lui une baisse de 0.5
point au cours de la même période.
►La promotion de l’emploi et la lutte contre le chômage en Algérie (diagnostic) : Face à l’aggravation du chômage, des
programmes de lutte contre le chômage ont été mis en œuvre ; nous pouvons classer les solutions préconisées par les
pouvoirs publics en deux catégories : des solutions passives ou traitement social du chômage et des solutions actives (3). ou
création réelle d’emploi. Pour notre confidence, nous nous intéresserons aux mesures actives. En Algérie, les mesures actives
sont apparues sous trois formes : l’aide à la création d’entreprise ou à l’auto-emploi, l’insertion à travers des Contrats à Durée
Déterminée (CDD) ou des emplois d’attente et l’amélioration de l’employabilité des chômeurs à travers la formation
reconversion et l’aide à la recherche d’un emploi.
♦ Le Programme d’Emploi des Jeunes (PEJ) et ses contraintes : Ce programme est destiné aux jeunes âgés entre 16 a 24
ans, sa naissance a été en 1987, mais dont son application s’effectue une année plus tard, en 1988. Ce programme cherche à
alléger le chômage, en offrant aux jeunes des qualifications qui leur permettent d’avoir des formations dans divers domaines
(agriculture, industrie, bâtiment….). Il a été financé par le fond d’aide à l’emploi et des affaires sociales. La loi de finance de
1988 a mis en évidence l’exonération du versement forfaitaire des entreprises qui recrutent des jeunes âgés de 16 à 24 ans.
Néanmoins, lors de la mise en application de ce programme, beaucoup de contraintes ont été rencontrées, notamment il s’agit :
 D’une centralisation des décisions au niveau du ministre d’emploi ;
 Du retard énorme dans l’affectation des crédits ;
 D’une insuffisante mobilisation des collectivités locales ;
 De faible offre dans les travaux d’utilisation publique ;
 D’un suivi difficile des actions du programme.
Le programme d’emploi de jeune (PEJ) n’a pu absorber toute la demande de travail, son apport à cet objectif de lutte contre le
chômage a été très limité, il y a en effet la naissance en 1990 d’un autre programme dénommé dispositif d’insertion
professionnelle des jeunes ; en tentant compte des contraintes observées durant la mise en œuvre de PEJ.
♦ Le dispositif d’insertion professionnelle des jeunes (DIPJ) : Son objectif est la création de micro-activités dans le cadre
de coopératives de jeunes (3 millions de DA d’investissements maximum, 30% de subvention et 70% de crédit bancaire). Il
comporte trois volets :
 Les emplois salariés d’initiative locale (ESIL) : il s’agit d’emplois temporaires créés par les collectivités locales, d’une durée
de 6 à 12 mois et dont les bénéficiaires sont des jeunes chômeurs peu qualifiés.
 L’aide à la création d’activités sur la base de progrès proposés par les jeunes sous forme individuelle ou collective.
 La formation des promoteurs de coopératives pendant 6 mois au sien d’établissements spécialisées de formation, cette
formation porte principalement sur les conditions de fonctionnement du projet envisagé.Parmi les limites de ce dispositif :
 Les niveaux de rémunération sont très faibles et non réglementés et sont de l’ordre de 34 % en moyenne du salaire
minimum garantie (SNMG).
ⱷ La mise en œuvre de ce dispositif peut avoir des contraintes et des problèmes qui sont classés en trois catégories :
 Les problèmes dus au statut juridique des activités créées par les jeunes, la question qui peut être posée ; quel est le statut
juridique de ces coopérations, sont-elles (privées, publiques ou communales), privés puisque elles sont créées par les jeunes,
publiques étant que elles sont initiées par l’Etat, communales parce qu’elles sont localisées sur le territoire de la commune ;
 Les problèmes posés par les structures de l’emploi où ces derniers ne maîtrisent pas des techniques de sélection, d’analyse
et d’évaluation des projets, qui sont dus à la non maitrise des notions de base de ces techniques, «les notions de
management ; de faisabilité et de rentabilité». Et encore des problèmes dans le domaine du choix des activités. Celles-ci sont le
résultat de la non prise en considération des spécificités régionales par les structures d’emploi, dans ce cas, une activité peut
être créée au détriment d’autres activités productives des biens et services, il y a lieu donc de former et d’informer les structures
d’emploi sur les considérations touchant à la planification et l’aménagement du territoire ;
 Comme troisième problème, on peut citer le problème des moyens qui peuvent être des moyens matériels, humains et
financiers. Moyen matériel concerne les problèmes locaux, de transport et d’équipement, en général, dans le plan humain, la
coopération souffre du manque des capacités techniques et des compétences, la garantie du fond du commerce étendu aux
équipements est largement suffisant à la banque, elle n’a pas besoin de demander aux jeunes promoteurs, aucune hypothèque
en contre partie des crédits accordés. Les dispositifs cités auparavant (PEJ, DIPJ) ont réussi à infléchir le taux de chômage qui
a touché les jeunes et pour réduire plus le chômage, le gouvernement mettra en place de nouveaux dispositifs d’aide à l’emploi.
◙ Les nouveaux dispositifs d’aide à l’emploi : L’entreprenariat prend de plus en en plus d’importance dans notre société.
Les attentes sont multiples et revêtent des formes différentes et complémentaires. En tant que phénomène économique et
social, l’entreprenariat est sensé faire beaucoup de choses : dynamiser les entreprises, participer à la création d’emplois, … En
tant que discipline académique, les attentes convergent vers deux pôles : l’enseignement et la recherche. Les nouveaux
dispositifs de lutte contre le chômage, fondés sur la promotion de l’entreprenariat et la création d’entreprise, sont actuellement
mis en œuvre par les 3 institutions : CNAC, ANGEM, et ANSEJ. ◙ MEHLOUL Fateh & MAMACHE Ferhat, 2016.
(1)- www.ons.dz (2)- Barbier jean- Paul, «L’intermédiation sur le marché du travail dans les pays du Maghreb ; étude
comparative entre l’Algérie, et le Maroc et la Tunisie», BIT, unités d’analyse de l’emploi, département de la stratégie en matière

836
de l’emploi, édition 2006.
(3)- La politique active cherche à agir sur le chômage en facilitant l’insertion des sans-emploi sur le marché du travail, ou mieux
encore, en créant directement des emplois. Ses composantes vont de l’amélioration del’employabilité des chômeurs, à la
promotion et aide à l’auto emploi en passant par la création d’emplois d’utilité collective, l’incitation à l’embauche dans le
secteur marchand.
(4)- Bureau international de Travail (BIT) «Marché de travail et emploi en Algérie» : Revu BIT, 2003.
COMPORTEMENT D'ACTIVITE .- Cette notion contient, entre autres, les démarches et les attitudes dans la
recherche d'un emploi, des individus identifiés comme demandeurs d'emploi ou qui se sont déclarés en tant
que tels, et là, la nuance est importante. Il est indéniable que les comportements d'activité observés
actuellement rendent compte d'une plus grande disponibilité de main d'oeuvre, comparativement à toutes
les positions attentistes et la rotation des travailleurs observée. Cette amélioration de la disponibilité
n'homogénéise pas le comportement des demandeurs d'emploi vers l'acceptation de n'importe quel
travail. Parmi les demandeurs d'emploi identifiés par l'ONS,il faut avoir à l'esprit que 30% sont réticents à
travailler en dehors de leur wilaya de résidence. D'autres traits des comportements d'activité, tels les 25%
des demandeurs d'emploi qui sont regardant quant à la conformité du poste qu'on leur proposera par
rapport aux aptitudes et/ou à la qualification qu'ils se reconnaissent, et les 31% qui conditionnent leur
acceptation d'un emploi au niveau du revenu qu'ils exigeront ... , permettent de souligner que le chômage
est loin d'atteindre l'ampleur par laquelle il réalisera la "mobilité forcée" des travailleurs. Quant aux
démarches actives dans la recherche d'un emploi, on peut noter qu'une proportion de 12% des demandeurs
identifiés n'a effectué aucune démarche active de recherche d'un emploi. Le système national de formation
doit être exploité dans ses différentes composantes car la formation, même si elle ne garantit pas dès son
achèvement la certitude d'un poste de travail, elle permet néanmoins d'augmenter la probabilité de se
placer et écourte sensiblement la période de recherche d'un emploi ou leur séjour éventuel dans le
chômage.
STRUCTURE DE L'EMPLOI .-Evolution de 1955 à 1977 de l'emploi (sans agriculture) :
Secteurs 1955 1966 1967 1973 1977
Industries 85 000 100.000 145.000 222.000 335.000
B.T.P. 75.000 70.000 85.000 170.000 250.000
Transport 43.000 50.000 60.000 75.000 100.000
Services 180.000 100.000 120.000 160.000 240.000
Commerce - 130.000 200.000 225.000 250.000
Artisanat 40.000 40.000 40.000 40.000 40.000
Administration 31.000 180.000 270.000 297.000 390.000
Total emploi 454.000 730.000 900.000 1.189.000 1.605.000
(non agricole)
Source : office national des statistiques
Structure de l'emploi dans l'agriculture algérienne pré-réforme :
Secteurs juridiques Paysans %
Autogéré 195.896 20,5%
Révolution agraire 102.500 15,2%
Privé 670.804 69,2%
Source : Mâamar Boudersa*.
*Les ruines de l’économie algérienne sous Chadli, Ed.Rahma, 1993.
TRAVAIL DOMESTIQUE .- Travail domestique et sa prise en compte institutionnelle : Au fur et à mesure que les
mentalités évoluaient, le travail domestique fût reconnu comme un travail valorisé et valorisant, en d’autres termes comme un
vrai travail, qui mérite salaire*. Les activités humaines sont innombrables mais toutes ne sont pas étudiées par la comptabilité
nationale. Celle-ci restreint son champ aux activités qu'elle considère productives, c'est-à-dire créatrices de richesse, par
opposition aux activités qui se limitent à une seule redistribution de richesse.
Ce n’est qu’en 2006 qu’une enquête nationale (1), sur les femmes et leur intégration socioéconomique, aborde la question du
travail et de l‟emploi en rapport au travail et à la production domestique en Algérie. Cette enquête a été menée entre janvier et
février 2006 auprès de 13755 femmes âgées de 16 ans et plus, issues de 4961 ménages dont les questionnaires (170
questions) de 4436 ménages ont étévalidés et qui sont repartis comme suit : 2842 ménages dans l’urbain, 1594 ménages
dansle rural, tirés sur la base d‟un échantillon représentatif de 16 Wilayas reparties sur les 4grandes régions algériennes : Est,
Ouest, Centre et Sud et couvrant 66 communes.

837
*Source numérique : ftp://ftp.cordis.europa.eu/pub/improving/docs/conf_work_pasleau.pdf .
(1) Enquête nationale Femmes et intégration socioéconomique initiée par le ministre déléguée et pilotée par le CRASC sous la
direction de N. Benghabrit-Remaoun 2006.
TRAVAIL FEMININ INFORMEL .- Considérant l’importance de l’emploi dans l’équilibre social, le Conseil National
Economique et Social (CNES) déclare s’être auto saisi sur la question : « femme et marché du travail » et fait un premier
constat : une quasi-absence de statistiques, études et enquêtes concernant précisément la partie féminine de la société
algérienne en sa qualité de « moitié des ressources humaines » du pays. «En dépit d’une législation excluant toute
discrimination, des écarts sont notés dans les niveaux d’emploi et de salaires entre les hommes et les femmes », note le CNES.
Pour lui, en 2005*, les caractéristiques de l’emploi féminin se présentent comme suit :
- Sur les 1,2 millions de femmes occupées, 73% sont en zone urbaine et 27% en zone rurale ;
- Les femmes occupent principalement des emplois permanents (51% contre 38,2% pour les hommes) ;
- Les femmes exercent plus dans le secteur public (54,8%) que dans le secteur privé ;
- Les femmes ne représentent que 11,3% de l’emploi informel
Le CNES note également qu’il faille prendre avec prudence les statistiques officielles, très parcimonieuses dans la publication
de données exhaustives sur l’activité féminine. Sans compter le problème de l’emploi rural féminin (faible) dont le niveau (et la
définition) est controversé y compris par le Ministère de l’agriculture et du développement rural qui, à l’issue du recensement
(2001) du secteur agricole, aboutit à un niveau bien plus élevé de l’emploi rural féminin. Des activités traditionnellement
féminines mais non marchandes, deviennent progressivement marchandes dans l’urbain. La fabrication ou la transformation de
certains biens de consommation alimentaires ou de produits textiles, trouvent un marché dans les villes. Dans son rapport
national sur le développement humain en Algérie, le CNES note que les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché
du travail et cela peut s’expliquer par, d’une part la baisse du pouvoir d’achat et d’autre part par la dynamique du
secteurinformel qui va augmenter sensiblement la part du travail à domicile. Selon l’enquête(1) d’un bureau d’études, la part
estimée du travail occasionnel dans l’emploi total dépasse les 40% tant chez les hommes (44%) que chez les femmes
(46%).On relèvera que, chez les femmes, le travail occasionnel à domicile ne constitue pas la seule composante essentielle de
ce travail occasionnel. Et c’est au sein des femmes les plus jeunes (16-34 ans) qu’il est le plus fréquent (54%). En octobre
2007, la population active est estimée à près de 9 969 000 personnes, d’après les données de l’enquête emploi auprès des
ménages(2) réalisée durant le dernier trimestrede la même année.
Les femmes représentent 15,7% de l’ensemble des occupées 19,7% en milieu urbain et 9,2% en zone rurale. La
population active en chômage ou population active à la recherche d'un emploi, est estimée à 1.374.000 personnes, soit un taux
de chômage de 13,8%. Les femmes quant à elles représentent 22,0% de l’ensemble de la population active en chômage.
Et en 2006, elles sont 21,51 % à investir l’activité informelle(3) Le faible taux d’activité des femmes s’expliquerait surtout par
des facteurs d’ordre culturel mais aussi par les faiblesses du système national d’information statistique qu’exclut, de fait, le
travail non salarié qui constitue un niveau important, notamment dans l’agriculture et l’artisanat. Ces activités, bien que non
directement rémunérées, génèrent des ressources d’appoint aux ménages et contribuent de ce fait à l’amélioration du niveaude
vie des familles. L’enquête emploi auprès des ménages de l’office national des statistiques (ONS 2007) confirme à travers la
répartition de la population occupée par sexe et strate, que lesfemmes semblent plus occupées en zone urbaine et elles sont
donc plus nombreuses à être chômeuses. Il apparaît une disparité entre les zones géographiques. Elles sont 1. 044. 342 en
zone urbaine et 302 534 en zone rurale, contre 4 244. 247 hommes en zone urbaineet 3. 003.120 en zone rurale. Cette
différence du taux de l’activité des femmes, est non seulement en fonction du genre mais aussi en fonction de la zone
géographique.
Répartition de la population occupée par sexe et strate :

Source : ONS R Collection Statistiques.


Enquête emploi auprès des ménages 2007
*CNES : Rapport National sur le Développement humain. Algérie 2006
(1) Ecotechnics, enquête panel réalisée en juillet 2004 sur 5000 ménages (dans 26 wilayas sur 48 au total)
(2) ONS R Collection Statistiques. Enquête emploi auprès des ménages 2007
(3) Enquête nationale Femmes et intégration socioéconomique initiée par le ministre déléguée et pilotée par le CRASC sous la
direction de N. Benghabrit-Remaoun 2006
TRAVAIL AU NOIR.- Signe avant-coureur de la récession économique, la propagation des activités liées au
travail au noir, donc non déclarées et ne bénéficiant d'aucune protection sociale, s'est révélée être un
phénomène dont il est trés difficile de cerner les contours. Le secteur privé, allant du plus petit commerce
jusqu'à la PMI-PME, demeure, à la faveur d'une tension de plus en plus accrue de la demande sur le
marché du travail, le plus grand "consommateur" de cette main d'oeuvre bon marché. Les efforts consentis
en matière d'insertion professionnelle, étant très en deçà de la demande, le secteur informel, avec tout ce
que celui-ci implique comme relais, se chargera d'absorber une grande partie des chercheurs d'emploi, en
quête d'une occupation rémunératrice. Il s'avère même que des travailleurs aussi structurés soient-ils que
les salariés s'adonnent, dans la mesure du possible, à une activité parallèle, reflétant ainsi les difficultés de
plus en plus pesantes quant à subvenir aux besoins vitaux, le fossé entre le salaire et la réalité des prix

838
s'étant considérablement creusé ces dernières années.
En 1992, déjà près d'un million de personnes, représentant 17,5% de la population active, réparties dans
les petites et moyennes entreprises, le travail à domicile et le commerce parallèle, ont exercé des activités
non déclarées. L'amélioration de la part du secteur privé dans la production nationale, à la faveur de
l'ouverture sur l'économie de marché, a fortement contribué à l'extension, à une plus large échelle, du
travail au noir. L'inspection générale du travail, institution chargée de veiller au respect de la
réglementation relative au travail, avance ainsi officieusement le chiffre approximatif, mais non moins
effarant, de 2 millions de travailleurs ayant exercé un emploi non déclaré, pour l'année 1995. Cette
statistique, qui est à mettre au conditionnel, aurait été établie sur la base du nombre des requêtes reçues
durant cette période et à partir des inspections effectuées sur site par ses 1000 agents réparties à travers
plusieurs bureaux régionaux. Ainsi, pour la seule année 1995, quelques 960 entreprises du secteur privé
ont reçu les "visites" impromptues des inspecteurs du travail, au cours desquelles 13.467 infractions à la
législation du travail ont été relevées.
Les secteurs privés du BTP, des petites et moyennes industries et de l'agriculture, en raison de la masse
importante de main d'oeuvre utilisée, demeurent les créneaux qui emploient le plus grand nombre de
travailleurs non déclarés, en dehors des activités liées au transport, à la communication et aux petits
commerces. Quant au travail à domicile, pratiqué en majorité par la gente féminine, leur nombre, estimé à
environ 170.000, connait un taux d'accroissement moyen annuel de l'ordre de 7,8% entre 1993 et 1994,
selon des estimations du conseil national de la planification (CNP). 28% d'entre elles effectuent entre 20 et
30 heures de travail par semaine, tandis que 19% travaillent entre 30 et 40 heures par semaine, soit un
horaire comparable à celui des établissements structurés. Cette activité à domicile contribue de manière
non négligeable dans la réduction du taux de chômage féminin qui demeure très élevé, atteignant 38,4% de
la population active. L'exploitation des enfants, en outre, est devenue un phénomène inextricable. En 1995,
l'inpection du travail a sanctionné 130 entreprises employant 4795 enfants. Sous le couvert de
l'apprentissage, 21.664 autres mineurs sont exploités de manière illégale. Les chiffres restent imprécis. Le
phénomène a certainement une plus grande ampleur. Concernant le travail au noir, il est apparu évident
que cette activité reste étroitement liée à la conjoncture socio-économique actuelle, où la menace pesante
de compression des effectifs, le chômage à grande échelle et les hausses successives des prix à la
consommation sont les majeures préoccupations d'une large majorité d'une population livrée à elle-même.

En 2014, on sait que beaucoup de travailleurs ne sont pas assurés, mais le chiffre que vient de rendre public l’ONS est
effarant. 4 755 000 sur une population active estimée à plus de 10 millions, soit 42,4% ! Au-delà du manque à gagner pour la
Sécurité sociale qui se veut d’essence solidaire, c’est le manque de prévoyance qui caractérise ces employeurs dont le niveau
d’instruction relève de l’universitaire pour nombre d’entre eux. Il s’agit des indépendants, ceux qui travaillent à leur compte dans
des professions libérales ou spécialisées comme coiffeur ou gérant de magasin. Le nombre de ces personnes affiliées à la
Casnos, organisme censé les prendre en charge, est énorme et démontre, si besoin est, que l’affiliation n’est pas une
obligation, sauf quand un coup dur arrive. C’est là que se pose la question du rôle de l’État en tant que puissance publique pour
obliger les employeurs à assurer leur personnel et inciter les indépendants à faire de même sous peine d’arrêt de leurs
activités.
Et ce, dans le cadre de la loi et non comme instrument de représailles quand le pouvoir a un compte à régler avec ceux qui ne
le caressent pas dans le sens du poil. On a vécu cette situation avec les inspecteurs de la Cnas qui débarquent dans certains
journaux à l’approche d’échéances électorales. Loin d’être un instrument de répression, l’assurance doit être considérée
comme un droit du travailleur et une protection pour sa famille.
Finalement, au lieu de faire la chasse aux personnes qui exercent dans l’informel, comme celles qui vendent sur les trottoirs,
l’État devrait commencer à regarder du côté de ceux qui ont pignon sur rue.
À voir de près, les deux travaillent au noir, dans la plus totale impunité.
Ce sera le meilleur exemple que les pouvoirs publics pourront afficher en mettant sur un pied d’égalité les citoyens devant la loi.
Sans discrimination et sans passe-droit.
Les pouvoirs publics menacent de sévir en 2016
Les chefs d’entreprises qui rechignent à «déclarer» leurs employés sont avertis. A partir de l’année prochaine, les autorités
seront intransigeantes avec eux. C’est ce qu’a affirmé, hier soir, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale,
Mohamed El Ghazi. Selon lui, les lois coercitives en vigueur actuellement en Algérie  seront appliquées, début 2017,
après la fin de la période transitoire des facilités accordées aux employeurs durant l’année en cours. Le gouvernement avait
décidé, à la faveur de la loi de finance complémentaire de 2015, d’accorder une période durant laquelle les employeurs qui
avaient des employés non déclarés de procéder à la régularisation de ces derniers sans quoi ils risquent de se voir poursuivis
en justice ou infligé des pénalités. Même si un bilan chiffré n’a pas encore été rendu public, néanmoins le ministre du Travail a
affirmé que ce sont des «centaines de milliers de travailleurs ont bénéficié de ces facilités». A cet effet, ce même responsable
lance un appel aux employeurs qui ont toujours des dossiers litigieux ou qui ont des travailleurs non déclarés à procéder le plus
tôt possible, et avant la fin du délai accordé par l’Etat, à savoir le 31 décembre 2016, à la régularisation de leur situation. Passé
ce délai, les contrevenants se retrouveront sous le coup de la loi. Depuis ce temps, les exploiteurs- tricheurs continuent à
prospérer en 2018 sans foi ni loi.

839
LES RELATIONS DE TRAVAIL
CONFLITS SOCIAUX .- Divers mouvements de mécontentement et de revendication s'intensifient et se
durcissent en ayant recours à des arrêts de travail et des grèves pour manifester leurs préoccupations
quant à la gravité des situations professionnelles dans un environnement trés défavorable et un contexte de
mesures qualifiées de coercitives.
DEONTOLOGIE MEDICALE .- Ces dernières années ont été riches en attaques souvent virulentes contre
les membres du corps médical pour dénoncer des manquements aux principes déontologiques et pour des
affaires relevant du droit civil du pénal. Ces attaques ont pour but d'alerter l'opinion publique sur un secteur
sensible qui concerne toute la population, pour pousser à une amélioration de la qualité des soins dans le
pays. Or, dans beaucoup de cas, malheureusement, c'est l'inverse qui est obtenu. Les critiques se font sur
la base de données qui gagneraient à être approfondies et réalisent un véritable procès public qui sera
faussement interprété par des millions de gens, car la profession médicale est d'une complexité telle, de
nos jours, qu'elle demande beaucoup de prudence, de compétence, de modestie et de sérénité pour pouvoir
établir un jugement crédible. Toute la communauté médicale devient alors l'objet de doutes et de suspicion
ajouté à cela la désinformation, qui s'installe dans les moeurs et qui n'épargne aucune force vive du pays et
qui vise à porter un jugement négatif sur la compétence et le savoir-faire des algériens et de façon
globalisante. Les conséquences sont là : rush des malades vers les pays voisins avec des conséquences
économiques négatives pour le pays ; des budgets familiaux entiers sont engloutis de l'autre côté des
frontières pour des examens et des soins médicaux, aggravation de l'angoisse de beaucoup de patients qui
pensent qu'ils vivent dans un pays sans sécurité sanitaire, consommation abusive et très onéreuse
d'examens complémentaires, auto-médication sauvage avec des graves conséquences à long et moyen
terme en matière de santé publique, multiplication de charlatans de tous bords et fuite de compétences
médicales et paramédicales à l'étranger. Le praticien algérien ne peut être, à l'instar de tous les praticiens
du monde, que le produit de la société où il évolue. Il peut être exigé de lui plus de sacrifices que les autres
corps du métier, car il a choisi un métier de sacrifices à vocation humanitaire, mais on ne peut lui demander
de donner des prestations dépassant ses capacités ou nécessitant des moyens qu'il n'a pas, car on ne peut
ni échapper à son propre environnement ni ignorer la réalité économico-culturelle du terrain. Lorsqu'on
exige des autres de la qualité, de l'attention, du sérieux, il faut être capable de l'exiger pour soi-même pour
les autres ou en avoir, pour le moins, la volonté. Il faut savoir situer les responsabilités pour ne pas
décourager ceux qui font des efforts incroyables pour répondre aux préoccupations sanitaires des
algériens, car il existe parfois des manquements et des dépassements condamnables dans l'exercice
médical. Comment alors distinguer le bon grain de l'ivraie sans avoir à étaler sur la place publique la
dignité et l'intimité et parfois la souffrance des patients ni à jeter l'opprobre sur des praticiens sans avoir
analysé objectivement et sérieusement leur cas. Ce problème a trouvé sa solution, depuis l'antiquité:
l'institution de la déontologie médicale. Cette judicieuse innovation a été reprise par les autres dirigeants
du monde et les conseils de déontologie médicale ou conseils de l'ordre existent aujourd'hui dans tous les
pays du monde sous des appellations diverses. Les professions médicales ont toujours réclamé le retour
des conseils de l'ordre annulés en 1963. C'est pour cela qu'en un temps record, les praticiens se sont
inscrits en masse au tableau de l'ordre (87,22% des médecins algériens se sont acquittés en quelques
semaines de ce devoir et les quelques retardataires sont en train de le faire) démontrant leur volonté de
redonner au corps médical, par l'intermédiaire de ses élus, les instruments juridiques nécessaires à la
réhabilitation des professions médicales et le respect de la dignité du malade. Aujourd'hui, les conseils de
déontologie médicale sont opérationnels à travers tout le territoire national et sont au service du citoyen et
chaque plaignant qui dispose de preuves objectives verra sa plainte traitée de façon impartiale et dans les
délais. Ils ont également un rôle de conseillers des pouvoirs publics en matière de santé et un rôle
d'entraide pour les praticiens éprouvés et leurs familles. Les conseils de l'ordre avec leurs 12 conseils
régionaux et leurs 48 délégués de wilaya sont disposés entièrement à aider toute personne pour tout
problème relevant de leur compétence et lancent un appel aux médias nationaux, qui ont un rôle très
important dans la formation de la citoyenneté de l'algérien et la mobilisation de la population sur des
problèmes d'intérêt public, pour se rapprocher d'eux pour toute question intéressant la profession médicale
ou les professionnels de la santé pour aider à une meilleure prise en charge de la dignité du malade et de
celle du praticien.
GREVES.- Le droit du travail algérien (droit relativement jeune) ne donne aucune définition de la grève. De
même le droit de recours à la grève a été longtemps ignoré. Toutefois, ce droit est consacré par
l'ordonnance 75/31 du 29 avril 1975 relative aux conditions de travail dans le secteur privé. Et même à
cette époque, le droit de grève était règlementé: les salariés devaient avoir l'aval de l'UGTA et de
l'inspection du travail pour déclencher un arrêt de travail. Dans le secteur public, il était tout simplement
interdit et les grévistes risquaient la prison. Il fallait donc attendre un "certain octobre 1988" pour que les
choses changent réellement. C'est donc incontestablement à partir de 1988 que cette forme de lutte sociale
allait commencer à prendre de l'ampleur en Algérie. Les grèves étaient concentrées dans le secteur privé
notamment dans le secteur des BTPH et concernaient toutes les catégories socio-professionnelles
(exécution, maitrise et cadres). Dans le secteur public, la grève était interdite, mais cela n'empêchait pas
parfois les travailleurs (malgré les risques de sanctions pénales) de déclencher des arrêts de travail
inopinés (grèves dans les entreprises publiques sous tutelle de la wilaya par exemple). Les grèves se
généralisent dans le secteur public économique; tous les salariés sont impliqués, du simple ouvrier au

840
cadre. Plusieurs secteurs de l'activité économique sont touchés : BTPH, métallurgie, sidérurgie, etc.
L'année 1988 demeurera dans l'histoire des grèves en Algérie une date charnière car c'est lors de cette
période que les grèves ont atteint le summum, paralysant pratiquement tout le pays. D'autres secteurs sont
impliqués dans cette forme de lutte sociale : services publics et administrations. On enregistre de
nouveaux participants à la grève : les fonctionnaires (douaniers, postiers, médecins, enseignants,...), les
pilotes de ligne, les aiguilleurs du ciel, etc. A compter de 1991, on enregistre l'apparition de nouvelles
grèves en Algérie : grève politique, grève de solidarité, grève générale. Le syndicat islamique des
travailleurs (SIT), le SNAPAP (syndicat des fonctionnaires), le syndicat des praticiens de la santé publique,
le SPLA (syndicat des pilotes des lignes algériennes). Le pluralisme syndical est désormais consacré (loi
90/14 du 2 juin 90 relative aux modalités d'exercice du droit syndical). Le syndicat est désormais un
partenaire incontournable dans les négociations avec l'employeur. Les syndicats agrémentés vont
entreprendre plusieurs grèves : grève politique (SIT) en juin 1991, grèves successives du SPLA, du
syndicat des médecins, des douaniers, des fonctionnaires (SNAPAP, etc.), grève des pétroliers (GTP-
Sonatrach, etc.). La grève générale sous la houlette de l'UGTA a mobilisé durant une seule journée (mars
1998) plus de 100.000 grévistes. C'est en juin 1991, que fut déclenchée pour la première fois une grève
politique à l'appel d'un parti politique (aujourd'hui dissous). D'autres partis politiques ont incité des
citoyens à sortir dans la rue pour contester des irrégularités censées être constatées lors des élections
législatives 1997. On ne peut qualifier ce mouvement de contestation, de grève. Un cas de grève de
solidarité fut largement rapporté par la presse en 1993. Cette grève fut déclenchée par des médecins d'un
secteur sanitaire d'Alger pour protester contre l'incarcération d'un de leurs confrères accusé d'avoir
pratiqué des "attouchements sexuels" sur une patiente. Il n'y avait aucune revendication professionnelle
de la part du collectif gréviste. Des cas de "grève de la faim" sont souvent rapportés par la presse. Les
grévistes par le biais de cette action voulaient attirer l'opinion publique sur leur situation. Il convient de
noter que la législation du travail en Algérie ne reconnait que la grève déclenchée pour des motifs
professionnels. Les autres formes de grève sont illicites. Un rapport du conseil économique et social à
propos des grèves, cite 5541 grèves enregistrées entre 1990 et 1991 dans le secteur public. Ce chiffre est
revu à la baisse car on enregistre 441 grèves en 1996 et 292 en 1997. Ces arrêts de travail ont concerné un
effectif de 77 554 travailleurs sur un effectif de 141 673, soit un taux de participation de 55%. Ces données
ont été publiées par la presse en avril 1998. Aucun bilan des secteurs d'activités n'est donné sur ces grèves
enregistrées, le nombre de journées perdues, les effectifs grévistes par catégories socio-professionnelles
ainsi que les déficits financiers. Cependant, le constat est que les grèves ont chuté de manière
sensible de 1991 à 1997. De surcroît, il n'est pas indiqué la part du secteur privé dans ces grèves, ni les
mobiles ou facteurs qui ont favorisé le recul des grèves. Aucune recherche n'a été effectuée en ce domaine
et rien n'indique s'il y a eu dialogue social entre les partenaires sociaux, ou baisse (ou faiblesse) du
syndicat appelé à jouer un rôle majeur dans la grève. Le droit Algérien n'en fait guère mention. Il faut,
néanmoins, remonter à l'année 1975 pour trouver trace de ce procédé réservé uniquement au secteur privé
(ordonnance 75/31 du 29 avril 75 relative aux conditions de travail dans le secteur privé - article 29). Un
cas de lock-out fut toutefois observé dans la région d'Annaba en 1981; un employeur du secteur privé
décide de fermer son entreprise (lock-out) ayant appris que ses salariés fomentaient un mouvement de
grève pour faire aboutir certaines revendications. Il s'est avéré par la suite que l'employeur avait utilisé ce
procédé pour se convertir plus tard dans le secteur agro-alimentaire. Il existe d'autres formes de
contestation sociale (on ne peut leur attribuer le nom de grèves, car elles n'étaient pas dirigées contre des
employeurs, mais avaient pour but, à certains moments, de contrer la politique des pouvoirs publics) qui
sont apparues dès 1988. Il s'agit, entre autres, de barrages routiers improvisés (avec barres de fer, pneus)
par des citoyens mécontents, destinés à attirer l'attention des pouvoirs publics sur les problèmes de
leurs localités. La loi (90/02 du 6 février 1990) relative à la prévention des règlements des conflits collectifs
de travail et à l'exercice du droit de grève, ayant une portée générale, il y a lieu de comprendre que le
préavis est exigé aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Remarquons toutefois que
malgré ces dispositions, des grèves sauvages (sans aucune concertation avec le syndicat) sont souvent
déclenchées. Le préavis qui était fixé initialement à 8 jours, fut réduit à 4 jours (loi 91/27 du 21 décembre
91). Dans ce secteur, le préavis est maintenu à 8 jours. La possibilité de recourir à la grève est donc
prévue dans le secteur public. Mais pour éviter certains abus, le législateur oblige les partenaires sociaux à
prévoir au préalable une conciliation auprès de l'inspection du travail territorialement compétente. Ce n'est
qu'en cas d'échec que les salariés peuvent alors envisager de recourir à la grève. Pour ce faire, ils doivent
se réunir en assemblée générale, l'employeur étant préalablement informé. Un vote à bulletin secret est
alors effectué afin de faire une sorte de sondage pour confirmer si la majorité est pour ou contre la grève.
Ce vote s'effectue généralement en présence d'un huissier de justice (il convient de préciser toutefois que
la présence d'un huissier n'est pas prévue par la loi). Un dépôt de préavis est alors déposé auprès de
l'employeur et de l'inspection du travail territorialement compétente. Si la procédure est respectée, la grève
peut alors être déclenchée. Mais la réalité est tout autre. En effet, cette pratique est parfois bafouée par les
travailleurs et même les syndicalistes, qui commettent ainsi l'irréparable : grève illicite, non respect du
service minimum, violence sur les lieux de travail, atteinte à la liberté du travail (empêchement, parfois par
la violence, des salariés non grévistes de rejoindre leur travail), etc. D'où l'intervention du droit pénal :
réquisition, sanctions, à l'encontre des grévistes fautifs qui risquent l'emprisonnement dans certains cas. La
faute grave (grève illicite) peut justifier le licenciement. Licenciement collectif d'une quarantaine de
chauffeurs de la SNTR Annaba pour avoir déclenché une grève illégale : le tribunal avait d'ailleurs reconnu
le motif du licenciement; les travailleurs n'avaient pas respecté la procédure du recours à la grève (fait

841
rapporté par la presse en mai 1995). Ce principe est identique à celui développé dans d'autres législations.
Une fois la grève achevée, (si elle est conforme à la loi) les salariés peuvent rejoindre leur travail sans
difficulté. Outre qu'elle suspend la relation de travail, la grève en suspend aussi les effets. Il n'y a donc pas
lieu pour les salariés grévistes de réclamer une rémunération durant les journées perdues. Un principe est
tout de même admis (et il y a généralement un large consensus entre les partenaires sociaux), c'est celui
de la récupération des journées perdues. La récupération est parfois imposée par les plannings de la
production. La grève est un droit de groupe, reconnu par pratiquement toutes les législations relatives au
travail dans le monde. C'est une liberté publique qui doit toutefois s'exercer dans un cadre réglementaire.
Elle permet aux salariés de défendre leurs intérêts socio-professionnels. C'est donc une forme de
démocratie sociale qu'il convient toutefois de manier avec dextérité car son utilisation à des fins politiques
ou non réglementaires peut engendrer certains effets négatifs (emprisonnement, licenciement,...).Un pacte
social préconisé par une démarche fondée sur les vertus du dialogue et de la concertation entre les
différents partenaires socio- économiques interpellés (managers, syndicalistes, travailleurs) pourrait éviter
des grèves engendrant des préjudices financiers importants en Algérie.
MANIPULATION.- Opération consistant à utiliser divers procédés et stratagèmes pour aboutir à un résultat
escompté. Dans la société algérienne, elle se manifeste largement au sein des relations individuelles et
collectives qui caractérisent la vie des groupes sociaux. Qu'il soit archaïque ou moderne, le mode
organisationnel offre par sa défaillance une vulnérabilité propice à la manipulation délibérée et déterminée
par l'ambition humaine d'atteindre un objectif quel qu'en soit le prix. Selon les divergences d'intérêts, les
enjeux encourus font apparaitre des rivalités de groupes ou oppositions claniques prolongeant des
ramifications dans les structures et organisations de la société algérienne. L'instrumentalisation informelle
des hommes et des institutions révèle de façon permanente l'instabilité de la vie politique, économique et
administrative du pays instaurée par le clanisme, le népotisme et le clientélisme. Le remède conduisant à
réduire les fléaux ravageurs de la manipulation réside à assigner des consignes restrictives à travers les
hiérarchies sociales structurant les comportements individuels pour parer au déviationnisme nocif à la
réalisation d'un projet de société. Un code de moralité et de bonne conduite permettrait l'instauration d'un
ordre social conforme aux aspirations du développement et un respect de l'identité individuelle et
collective.□
REVENDICATIONS SOCIALES.- Les revendications salariales persistent dans le monde du travail du fait
de nouvelles libérations des prix, mais sont relayées par les préoccupations liées à la préservation de
l'emploi. En effet, la restructuration industrielle et l'assainissement des entreprises vont induire dans
beaucoup de cas des réductions d'effectifs qu'il sera parfois difficile à admettre.C'est pourquoi, il est
probable que les négociations futures vont se concentrer, sur des préoccupations de réorganisation des
relations de travail, d'organisation et de rendement au travail et d'une manière générale de restructuration
industrielle et de préservation de l'emploi. Sur un autre plan, les mutations politiques, économiques et
sociales qui ont caractérisé l'Algérie à la fin des années 90, ont exacerbé certaines revendications sociales
jusque là latentes, générant des conflits menaçant la paix civile et la sécurité des citoyens. Sur la scène
politique, beaucoup de dépassements ont été enregistrés, mettant en difficulté les tentatives de mises en
place des instances exécutives et législatives pour répondre démocratiquement aux choix de la population.
La montée du terrorisme liée à l'extrémisme religieux en est une manifestation, endeuillant de milliers
familles et mettant en péril la cohésion sociale. Parmi les revendications sociales, figure la question
linguistique berbère, dont le traitement est en cours grâce à la mise en place d'une commission nationale.
SALAIRES.- □ Avril 2009. Indice d’appréciation du niveau de richesse d’un pays, mais également facteur de motivation
ou de démobilisation par excellence de tout travailleur au sens économique du terme, le revenu salarial est une source riche en
informations. Les citoyens ne sont pas tous égaux devant les salaires, comme ils le sont devant la loi. En revanche, les lois
économiques, elles, recommandent que tout travail mérite salaire dont le niveau est directement lié à la productivité, et ce, à
l’opposé des salaires politiques, qui, eux, obéissent à une contrepartie de même nature. 
C’est dans ce dernier chapitre que s’inscrivent les revenus des ministres, des parlementaires, ainsi que de certains hauts
cadres de l’État dont la productivité, voire le “smig” en termes d’apport concret et en utilité d’actions et d’efforts n’est pas
toujours évident à établir. 
Telle qu’elle se pratique en Algérie, et notamment dans ce contexte de crise, la fixation des gros salaires des hauts cadres
n’obéit pas toujours à une critériologie transparente et s’apparente plus à une attribution d’une partie de la rente qu’à une
rétribution d’un travail. En tête de la pyramide, les ministres et les députés, qu’il est légitime de soustraire à tout besoin et autre
tentation, accumulent des avantages sans pour autant être tenus par une quelconque obligation de résultats et affichent des
rémunérations hors normes et hors catégorie, à l’opposé des managers dont le revenu est fonction de la performance. Le
scénario est celui qui consiste à confondre salaire et récompense. 
Un tel état de fait a aggravé les disparités et accentué la démobilisation des populations actives quand on sait, par exemple,
qu’un contrôleur des douanes, à qui il incombe la surveillance et la protection économique, gagne moins de 20 000 DA et qu’un
directeur d’agence bancaire, qui gère des milliards au quotidien, se voit rétribuer à moins de 25 000 DA par mois. Si dans
certaines fonctions, le silence et l’immobilisme sont payants, la lecture de certaines fiches de paie comme celles qui se
rapportent à des postes sensibles suscite de sérieuses inquiétudes quant aux risques de dérives. Il en est ainsi pour l’agent de
contrôle fiscal rémunéré à moins de 25 000 DA et chargé de procéder au recouvrement de l’impôt allant jusqu’à avoir sur ses
épaules la mission de réaliser des redressements à coups de milliards auprès des fraudeurs ! N’est-ce pas là un cas avéré
d’incitation à la corruption ? 
Aujourd’hui, le citoyen ne raisonne plus uniquement en fonction du pouvoir d’achat, mais intègre également dans ses

842
calculs “le pouvoir de logement” dans un pays où la moyenne immobilière par mètre carré est de l’ordre de 75 000 DA.
Alors quand un douanier fermera les yeux devant un conteneur contrefait ou lorsqu’un agent du fisc détournera le regard face à
une fraude flagrante, c’est qu’ils auront trouvé une rémunération conséquente que la fiche de paie n’aura jamais fournie…

La révision de la grille des salaires reste un sujet toujours d'actualité. Pays le plus riche du Maghreb grâce à ses revenus
pétroliers et ses 140 milliards de dollars de réserves de changes, l'Algérie offre, en effet, des salaires moins élevés que ses
voisins.
Mais au-delà de cette comparaison avec les pays voisins, il serait utile de se pencher sur le système salarial national qui, de
prime abord, fait ressortir une disparité criante entre différentes catégories de salariés. Ainsi, au moment où la quasi-totalité des
salariés, notamment ceux de la Fonction publique dont le gros des troupes se recrute dans l’éducation nationale et la santé, ne
cessent de réclamer une revalorisation de leurs salaires, l’État se montre particulièrement généreux vis-à-vis de certaines
catégories “privilégiées”.
En effet, le critère selon lequel la rémunération doit tenir compte du résultat, voire de l’efficacité, ne semble pas
s’appliquer à tous.
Pour preuve, l’État a décidé, en septembre dernier, d’une augmentation des salaires des députés de 300%. Un membre de
l’APN ou du Sénat touche désormais un salaire de 30 millions de centimes, sans compter les primes et autres avantages,
contre 13 millions de centimes auparavant. Le triplement des salaires des députés qui représentent plus de 25 fois le salaire
minimum (le Smig est de 12 000 DA) a choqué beaucoup d’Algériens. Si cette augmentation salariale des parlementaires a fait
la une de toute la presse, il semblerait que, plus discrètement, le gouvernement a également revu à la hausse les
rémunérations des ministres, des walis et des directeurs des grandes administrations publiques. Les salaires des membres du
gouvernement se situent actuellement entre 330 000 et 350 000 dinars, selon l'importance du ministère, contre 120 000 à 140
000 dinars avant l'augmentation. Pour leur part, les walis ont vu leurs salaires tripler. Ils sont passés de 50 000 dinars à 150 000
dinars. Enfin, les salaires des directeurs des grandes administrations ont également été revus à la hausse. Par ailleurs, les
indemnités des magistrats ont également été augmentées, ainsi que leurs salaires qui ont été alignés sur ceux des députés et
des ministres, à la faveur du décret présidentiel du 5 octobre dernier déterminant les modalités de déroulement de la carrière
des magistrats et leur rémunération. Le salaire brut sans l’indemnité de responsabilité est ainsi porté à plus de 20 millions pour
les magistrats classés au premier groupe, selon la nouvelle nomenclature. Ce premier groupe comporte les premiers présidents
de la Cour suprême, le président de la Cour d’État, les procureurs généraux de la Cour suprême et les commissaires d’État
près le Conseil d’État. Pour ce premier groupe, l’indemnité mensuelle de responsabilité s’élève à 50 000 dinars. Tandis que le
second groupe et qui concerne les vice-présidents de la Cour suprême, les vice-présidents de la Cour d’État, les procureurs
généraux-adjoints près la Cour suprême, les vice-commissaires d’État près le Conseil d’État, les présidents de chambre à la
Cour suprême et les présidents de chambre au Conseil d’État, leur salaire brut sera désormais de 201 732,50 dinars alors que
leur indemnité est de 30 000 dinars. Les autres salaires varient entre 197 315 et 105 545 dinars pour un magistrat stagiaire.
Leurs indemnités mensuelles de responsabilité oscillent entre 14 000 et 20 000 dinars. Comparé aux 6 millions de centimes par
mois que touche un chef d’entreprise publique, ces salaires octroyés aux élus et aux ministres renseignent sur la disparité
criante qui caractérise le système salarial national.
Il convient de relever à ce titre que les modestes salaires dans le secteur public sont derrière la fuite de milliers de cadres vers
le secteur privé étranger. D’ailleurs, c’est justement au niveau du secteur privé étranger que l’on constate une autre forme de
disparité salariale. En effet, entre employés algériens et expatriés des firmes étrangères, le principe dû “à travail égal, salaire
égal” n’est pas du tout de mise. Les étrangers touchent jusqu’à 150 fois plus que les nationaux. À titre d’exemple, les quelques
expatriés travaillant pour ADP à l’aéroport d’Alger touchent, selon des indiscrétions, 16 000 euros par mois. 
Durant sa campagne électorale, le candidat Bouteflika a promis une augmentation des salaires. Élu confortablement, le
président Bouteflika tiendra sans aucun doute ses engagements en ce qui concerne cette augmentation du salaire national
minimum garanti. Mais quel que soit le niveau de cette augmentation, elle sera loin d’atténuer les disparités qui minent le
système salarial national.
Nous sommes aujourd’hui le 1er Mars 2018. Le temps suspend son vol. Abdelmadjid Sidi Saïd déclare au journal “Liberté” :
“C’est toute la politique salariale qui changera avec la supression du 87 bis”.
Les groupes de travail, syndicat-patronat-gouvernement, issus de la dernière tripartite ont été installés jeudi. Ils auront à
plancher sur les trois dossiers de la retraite, l’article 87 bis du code du travail et bien sûr le pacte économique et social.
S’agissant, particulièrement, du groupe de travail sur les retraités, “la centrale syndicale propose un financement qui va
directement à la caisse des retraités”, nous dira Sidi-Saïd pour qui “les sommes collectées directement sont un surplus pour les
retraités et permettront d’augmenter leur pouvoir d’achat”. Le fait que le principe soit accepté est en soi “une avancée” pour le
premier responsable du l’UGTA qui voit dans cette décision de réfléchir à d’autres sources de financement que les apports
classiques des cotisations “un moyen de préservation et de pérennisation du système national des retraites”. Sidi-Saïd tient
aussi à souligner que c’est la première fois que la fédération des retraités a assisté à la réunion de la tripartite. S’agissant de la
réaction négative de la FNTR aux décisions de la dernière tripartite, Sidi-Saïd a tenu “à lever toutes les équivoques” en
indiquant que “les retraités toucheront les augmentations de leurs pensions et de leur retraite. C’est un accord avec le
gouvernement”. Ceci se traduira, selon lui, par une augmentation du pouvoir d’achat. Question de temps et de procédure
seulement car cela doit passer par le Conseil des ministres, explique le responsable de l’UGTA pour qui “les retraités n’ont pas
à s’inquiéter”. Concernant le 87 bis, Sidi-Saïd rappellera qu’il s’agit d’une vieille revendication de l’UGTA qui remonte à la
tripartite de 2005, date à laquelle le problème avait été posé, mais non tranché faute d’accord. Lors de la dernière tripartite, le
désaccord historique est levé, la situation financière du pays n’étant plus ce qu’elle était en 1994. À cette date, dit-il, “l’UGTA
avait pris une responsabilité historique, car les caisses de l’état étaient vides”. En septembre 2011, “l’UGTA a reposé le
problème, le gouvernement et le patronat ont donné leur accord pour la suppression du 87 bis”. La suppression est donc chose
acquise ; reste juste à évaluer l’incidence financière. C’est l’objet même du groupe de travail ad hoc. Mais dans tous les cas de
figure, la suppression du 87 bis se traduira par une augmentation des salaires dans le secteur privé et public et dans la fonction
publique. En fait, explique Sidi-Saïd, le groupe de travail sur le 87 bis “va établir un nouveau SNMG qui sera intégré dans le

843
code du travail, en conformité avec les normes internationales”. Le tout sera validé lors de la prochaine tripartite. “L’UGTA a fait
son boulot”, se défend Sidi-Saïd, en réponse à ceux qui reprochent à son syndicat d’avoir sacrifié les retraités sur l’autel des
équilibres. “C’est toute la politique nationale des salaires qui va changer avec la suppression du 87 bis”, conclut-il.

LA VIE POLITIQUE

844
L'ACTION GOUVERNEMENTALE
• Bilan gouvernemental • Crise • Institutions de l'Etat • Passivité • Politique de développement •
Programme de gouvernement •
L'ACTION POLITIQUE
• Action syndicale • Associations • Contrat de Rome• Marché politique • Oeuvre démocratique • Oligarchie•
Paix •
L'ACTIVITE PARLEMENTAIRE
• Administration • Assemblée constituante • Changement • Elu • Régime parlementaire • Société civile •
L'ELECTION
• Elections • Mensonges •
LES FORCES POLITIQUES
• Classe politique • Frères musulmans • Mouvement associatif • Mouvement syndical •Partis religieux •
Patronat • Syndicalisme • Syndicats autonomes • UGTA • UNTA •
L'IDEOLOGIE
• Culte • Démocratie • Démocratie/islam • Etat/nation • Revendication estudiantine • Révolution culturelle •
Souveraineté divine •
LA POLITIQUE PRESIDENTIELLE
• Concorde civile • Consensus national • Leadership • Légitimité politique • Politique • Politiques publiques•
LES RELATIONS POLITIQUES
• Débat • Démocratie de transition • Hogra • Maladministration • Médiation • Personnalité • Rapport
Etat/citoyen •
LA SITUATION POLITIQUE
• Droits de l'homme • Enjeux de société • Etat de Droit• Haine • Pardon/oubli • Participation politique •
Violence •

L'ACTION GOUVERNEMENTALE
BILAN GOUVERNEMENTAL .- □ De l'avis de la plupart des députés de l'opposition, le bilan gouvernemental
est généralement loin de refléter la réalité. Ne donnant pas une image réelle de la situation socio-
économique, il dénote d'un optimisme exagéré. Le gouvernement ne maitrise pas la prise en charge des
problèmes de la société car le niveau de vie de la population a dramatiquement baissé ces cinq dernières
années. L'ajustement structurel a bafoué la dignité du citoyen et a accentué sa misère après le processus
de réformes qui a touché bon nombre d'entreprises publiques. Des pans entiers de la population (plus de 6
millions de personnes) vivent nettement en dessous du seuil de pauvreté, mettant en péril la cohésion
sociale. Parallèlement, la crise du chômage, au lieu d'amorcer une baisse, accuse une recrudescence sans
précédent. Les gouvernements s'engagent formellement à redresser l'économie du pays et à apporter des
solutions probantes aux multiples crises auxquelles ils sont confrontés. Aujourd'hui, l'on assiste
paradoxalement à une dégradation à tous les niveaux et le constat est amer car le système de solidarité, ne
trouvant pas son champ d'application, cède la place à l'égoïsme et à l'indifférence. Il est utile d'aborder ce
que représente un dépôt de bilan de gouvernement. Un bilan gouvernemental n'est pas un rapport présenté
par le président d'une entreprise côtée en bourse à son conseil d'administration, un commentaire objectif,
appuyé de chiffres, sur les progrès, les problèmes et les perspectives de l'activité économique couverte, et
conforté par un bilan comptable dont la véracité est attestée par un expert comptable agréé dont la
responsabilité juridique, et éventuellement judiciaire, personnelle et totalement engagée; ce type de
rapport est ensuite transmis aux actionnaires et diffusé de manière aussi large que possible parmi les
éventuels investisseurs qui seraient prêts à risquer leur argent pour en acheter des actions. Le rapport au
conseil d'administration est un document dont la validité est soumise à des critères juridiques précis et aux
réactions du marché boursier qui peut réagir, en revoyant à la baisse, le prix des actions cotées au cas où il
estime que les commentaires et les chiffres laissent apparaître des failles de gestion ou un optimisme qui
ne correspond pas aux conditions économiques du moment. Un bilan gouvernemental n'est pas également
un document légal authentifié par acte notarial, comme la description d'un terrain ou d'un immeuble objet
d'un contrat de cession, dont les plans détaillés sont annexés à ce contrat, et qui est soumis à des
procédures précises d'enregistrement. Le problème est que le choix des chiffres à présenter comme les
méthodes d'établissement de ces chiffres et les analyses qui les accompagnent ont plus d'importance quant
à leur signification que ces chiffres en eux- mêmes. Il peut même se faire que les données utilisées pour
aboutir à ces chiffres soient vraies et aient été collectées en utilisant les méthodes les plus avérées que les
spécialistes en statistiques puissent utiliser, mais que ces chiffres donnent une image déformée, si ce n'est
fausse, de la réalité supposées refléter. Un bilan gouvernemental est essentiellement un document politique
qui donne l'occasion d'une diversité d'autosatisfaction destinée à faire enregistrer par l'Histoire, la gloire et
les exploits supposés d'une personnalité, ce qui est important pour elle, c'est moins la réalité nationale telle
qu'elle devrait se traduire en chiffres, en montants de réalisations, en réserves de change, en déficit ou en
surplus budgétaire, mais une réalité fantaisiste personnelle, destinée à maintenir dans les archives le

845
témoignage d'une réussite que les contemporains sont loin d'avoir remarquée. Un bilan, dont les objectifs
sont exclusivement politiques et qui vise à glorifier les uns et, par implication, à rabaisser les autres, ne
peut contribuer à réduire le climat de crise du pays, et ne peut que miner la crédibilité de l'administration
dans l'esprit des citoyens.□
CRISE.- Dans un contexte de nécessité d'alternance politique exigée par la société civile, la crise de la
société algérienne profonde et multiforme résulte d'une absence de stratégie d'organisation des rapports
sociaux, de visualisation de l'évolution économique du mode de production, et d'adaptation des structures
institutionnelles. La déficience du système décisionnel a causé la faillite des schémas économiques et
aggravé les déséquilibres dans les relations entre les collectivités urbaines et rurales. Les coalitions
objectives des intérêts économiques de groupes sociaux ont tourné le dos à l'intérêt général et causé la
déviation de la morale économique nationale sur une trame de régionalisme généré par des clivages
politiques. La persistance de la crise algérienne n'est pas due aussi à un problème d'indisponibilité
financière mais surtout à une série de dystonctionnements qui ont affecté un modèle de gestion en
épuisement et de surcroît, soumis à de fortes contraintes financières.
INSTITUTIONS DE L'ETAT .- Au plan central et surtout au plan local, il s'agit d'améliorer l'efficacité des
services de l'Etat afin de pouvoir répondre correctement aux besoins des citoyens. Consolider les
institutions de l'Etat, c'est satisfaire d'abord les droits des citoyens. A cette fin, l'action du gouvernement
dans ce domaine doit avoir comme objectifs :
◙ la réforme et la modernisation de l'administration publique  ;
◙ la mobilisation et la motivation des cadres en leur permettant d'assumer les responsabilités qui leur
incombent et de prendre des décisions en les libérant de la bureaucratie  ;
◙ pour regagner la confiance du citoyen et restaurer la crédibilité des institutions publiques : libérer
l'énergie créatrice, permettre à la compétence d'agir sur le terrain, travailler dans la transparence totale en
favorisant la communication  ;
◙ la lutte contre la spéculation, la contrebande.
PASSIVITE.- L’analyse de l’histoire économique algérienne, en nous appuyant sur le cadre conceptuel de
la sociologie politique, nous permet de mieux cerner la nature des obstacles aux réformes économiques en
Algérie. Cette dernière est foncièrement politique, compte tenu des caractéristiques du système politico-
économique. Ce système obéit à une logique d’ensemble dont la continuité ne fut remise en cause ni par
les multiples changements à la tête de l’Etat, ni par les différents mouvements de réformes économiques
engagés depuis le début des années 1980. Au-delà des revirements spectaculaires que l’on observe de
temps à autre, le système demeure fondamentalement inchangé : l’encastrement du champ économique
dans la sphère politique, et l’utilisation des ressources économiques pour le maintien au pouvoir, figurent
parmi les constantes qui symbolisent la continuité du système malgré les multiples réaménagements qu’il a
connu notamment ces trois dernières décennies. Cet état de fait, résume toute l’ambiguïté du régime
politique algérien qui, d’un côté, cherche à annihiler le déficit des entreprises publiques qui stérilise la
rente pétrolière et d’un autre, ne veut pas renoncer à l’utilisation de l’économie à des fins de domination de
la société. Dès lors, la question des réformes économiques en Algérie oscille selon la conjoncture entre un
discours politique prônant la réforme et des pratiques économiques produisant et accentuant les déficits. A
ce propos, trois observations sont importantes à soulever : Premièrement, le lien de corrélation toujours
vérifié entre l’amorce (et l’arrêt) des réformes et les entrées en devises dans les caisses de l’Etat. En effet,
que ce soit à la fin des années 1980 ou au milieu des années 1990, c’est toujours le niveau des recettes
pétrolières qui a commandé la relance et l’abandon des réformes économiques. Ainsi, il est aisé de
constater que dès que la hausse des prix mondiaux des hydrocarbures s’est installée dans la durée (1998-
2010), l’Etat algérien renonça à l’idée de réforme économique. A la place et au lieu de cette dernière, le
discours officiel évoque la relance économique comme si la crise de l’économie algérienne n’avait été que
conjoncturelle. Deuxièmement, aucune expérience de réformes n’a été menée à terme, y compris celle de
l’ajustement structurel pourtant appliquée sous la surveillance du FMI et des créanciers traditionnels de
l’Algérie (UE, USA, etc.). Elles ont toutes été arrêtées à mi-chemin, sans bilan et sans débat public quant à
leurs résultats. Enfin, tous les projets de réformes initiés émanaient du régime politique qui est, depuis les
années 1980, le seul initiateur des réformes et le premier à les remettre en cause. Aussi paradoxal que cela
puisse paraitre, l’Etat, ou le régime politique qui l’a investi, est le premier et principal obstacle devant
l’aboutissement de la transition algérienne vers le marché. Enfin, à cause de la rente pétrolière le régime
politique s’autonomise et exerce une domination sur la société civile, en empêchant sa formation de
plusieurs manières : De par l’idéologie politique qui l’anime, le pouvoir algérien est obsédé par la
confiscation de tous les pouvoirs à la société aux premiers desquels il y a le pouvoir économique. Les
nationalisations du temps de la planification centralisée et le contrôle étatique d’accès au marché après les
« réformes », sont inscrits dans cette perspective. En ce sens, la rente permet au régime de ne pas
dépendre de l’impôt, donc d’une économie productive. Ce faisant, il empêche l’émergence de couches
sociales productives et entreprenantes en favorisant celles qui se reproduisent par le captation de la rente.
Sur le plan politique, le pouvoir se prémunie contre l’émergence de forces politiques concurrentes et
autonomes issues de la société civile par l’interdiction pure et simple de toute activité politique, la
corruption et la violence. La multiplication des scandales, essentiellement dans la sphère financière et dans
les marchés publics, le déni de la liberté de représentation politique et syndicale, l'interdiction des
manifestations publiques et les violations massives des droits de l’homme sous couvert de l’état d’urgence

846
qui dure depuis 1992, en sont des signes symptomatiques. Enfin, le pouvoir favorise la paupérisation
culturelle de la société par l’encouragement de la diffusion des idées rétrogrades à travers l’école, que
d’aucuns qualifient de sinistrée. L’objectif est de maintenir l’esprit communautariste dans lequel l’individu
n’a pas de place. Cependant, il est fort à parier que cette situation de blocage manifeste dans laquelle vit et
évolue la société algérienne ne va pas se perpétuer. Cette assertion est justifiée par au moins quatre
facteurs, pouvant agir mutuellement ou indépendamment ; Le premier est que le pouvoir algérien ne
trouvera pas dans un avenir proche l’artifice idéologique qui lui permettra d’assoir sa légitimité. Après
l’épuisement de la légitimité historique, et celle de la lutte contre le terrorisme, il ne lui restera plus que
celle de développer le pays, à défaut de quoi la société le disqualifiera à la première occasion qui se
présentera (crise politique, baisse brutale des prix des hydrocarbures, etc.). Le second est relatif à la
possibilité d’émergence d’un secteur privé autonome. Les brèches ouvertes par la libéralisation partielle en
cours, grâce aux réformes économiques qui n’ont pas été remises en cause ou ce qui en reste, peuvent en
effet donner naissance à une élite économique issue du secteur privé et éventuellement de la sphère
informelle, qui prendrait conscience que son devenir économique dépend du changement politique. Il y a
également lieu de citer la possibilité de pressions pour le changement qui proviendraient des partenaires
étrangers. Les pays occidentaux, notamment ceux de l’Union Européenne, pourraient en effet ne plus se
satisfaire uniquement du rôle de l’Algérie comme frontière tampon -qui contient les problèmes d’émigration
clandestine, de terrorisme, de criminalité internationale, etc.- Et ce, au regard du constat que cette politique
ne peut juguler ces phénomènes, et qu’il n’y a d'autre alternative à leur résorption que le développement de
leurs voisin immédiats. Enfin, on peut voir dans l’émergence de syndicats autonomes de la fonction
publique un embryon d’une société civile autonome qui finira, à terme, par imposer l’institutionnalisation du
pouvoir et la représentation plurielle de la société.
Au terme de cette réflexion, il nous semble opportun de rappeler, les propos combien significatifs de
Blandine Barret-Kriegel, lorsqu’elle affirme qu’ « une société qui ne s’est pas constituée en société civile et
un Etat qui ne s’est pas transformé en Etat de droit ne peuvent faire place ni à l’aventure de la réalisation
effective de la liberté ni à la formation d’une économie de marché ». □ OUCHICHI Mourad (2011)
POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT .- Elle se caractérise par l'application sur le terrain de l'ensemble des
mesures politiques, économiques et sociales qui ont pour objectif principal la transformation des rapports
économiques et sociaux. Le résultat d'une politique de développement est la création de forces productives
nouvelles et de rapports capitalistes productifs modernes qui contrecarrent, marginalisent les formes de
prédation et de parasitisme, afin d'ouvrir les perspectives d'une croissance durable soucieuse du bien-être
social. Une politique de développement peut se doter d'une politique économique adéquate si la politique
de développement veut concentrer ses efforts sur le processus d'investissement, tandis que la politique
économique peut mettre l'accent sur les modes de répartition, redistribution des revenus et de
consommation. De 1967 à 1978 a été appliquée une politique de développement qui avait pour objectif
principal, par le moyen des plans de développement, de transformer l'économie algérienne en y
implantant une industrie de base, en procédant à des transformations des rapports de propriété au sein de
l'agriculture et en maitrisant le commerce extérieur à l'aide des institutions de l'Etat. Cette politique de
développement a un profil social de classe. Elle s'appuie, pour sa réalisation, sur les classes et forces
sociales suivantes :
● les noyaux de la classe ouvrière, les techniciens,
● les cadres des entreprises d'Etat,
● des forces rurales de type plébéien et qui se dégagent difficilement de toute la nébuleuse sociale qui
émerge difficilement et douloureusement de la nuit coloniale.
Il y a là une base sociale étroite au regard des ambitions économiques portées par les plans de
développement. C'est aussi une vision et une attitude sectaires qui caractérisent le pouvoir politique
d'alors. Il y eut refus, rejet ou incompréhension par le pouvoir de la nécessaire démocratisation des
relations de travail pour mettre en correspondance le corps économique en croissance et le corps politique,
l'ensemble institutionnel encore inconsistant et de plus en plus inadapté aux exigences du nouveau
développement, créé par le processus d'industrialisation et de transformation. De 1980 à 1994, l'idée
directrice de l'ensemble des mesures entreprises, d'ordre politique, organisationnel, économique, est de
démanteler progressivement, sous couvert de réformes, l'orientation développementiste qui a été
imprimée à la société auparavant, notamment par :
♦ l'application de mesures successives de restructuration des entreprises publiques qui a eu pour résultat
un affaiblissement du secteur public ;
♦ un démantèlement de l'outil technique qui a eu pour conséquence une dilapidation de l'expérience
accumulée et un remplacement des cadres compétents et aguerris par d'autres plus obéissants et
dociles ; un gel de l'initiative des entreprises en les rendant directement dépendantes des décisions des
ministères de tutelle.
Il s'agit d'un vaste programme qui bouleverse les superstructures politiques et idéologiques qui
maintiennent et orientent l'économie nationale, et dont le secteur public constitue la force d'équilibre. Le
centre de gravité de l'effort social organisé et soutenu par la politique de développement (1967-1978) se
déplace de la sphère de production vers les sphères d'échange, de circulation et de répartition du capital
et des revenus entre 1980 et 1994. La politique de développement précédemment initiée grâce aux
pressions conjuguées du mouvement social encore fraichement porteur du souffle de la libération, tend à se
transformer en politique économique.

847
PROGRAMME DE GOUVERNEMENT .- La finalité de tout programme est la satisfaction des besoins les
plus normaux de l'individu. Il doit se référer à la norme de développement la plus proche des forces
productives (salariat). Le programme de gouvernement suit des lois, et à ce titre, elles doivent porter des
évaluations et être exécutées avec échéances et calendrier. C'est l'acte de gestion et de contrôle des
institutions de l'état. Le gouvernement suit une stratégie et met en oeuvre un programme, les ministres
accomplissent leurs missions pour le réaliser, et les collectivités locales adhèrent à sa réussite par une
réunion de tous les partenaires concernés. La norme statistique dont sont dépossédés les états peu
avancés industriellement, sera la seule mesure des revenus par tête d'habitant. Le classement
s'effectuera selon la performance des institutions et des citoyens. Le revenu par tête d'habitant
constitue la seule démonstration de la démocratie sociale, libérale ou populaire. La démocratie
pouvant mener à corriger comme à dévier, il convient seulement de renforcer les garde-fous pour instaurer
des institutions nationales solides, aptes à prendre en charge les objectifs formulés et évalués par le
programme de gouvernement sans omettre les préoccupations sociales.
L'ACTION POLITIQUE
ACTION SYNDICALE .- Les premiers signes de l'évolution qualitative du syndicalisme sont apparus avec
l'émergence d'une nouvelle catégorie de syndicalistes imprégnés des réalités sociales et économiques
qu'impose la conjoncture. Prenant conscience des nouvelles difficultés générées par les réformes
économiques et la restructuration du secteur productif, les travailleurs ont franchi un nouveau stade
dans le choix et l'élection de leurs représentants. Ils sont cadres gestionnaires ou candidats potentiels à
des postes de responsabilité, universitaires ou hautement qualifiés. Les syndicalistes, version
réformes, se recrutent de plus en plus parmi le personnel dirigeant des entreprises et des unités. Le
développement des technologies et des métiers, et l'enchevêtrement des formes d'organisation du travail
ont nécessité un effort additionnel dans l'analyse et l'appréciation, syndicalement parlant, des données
intervenues sur les plans ouvrier et syndical, chose qui exige une implication effective des compétences
qualifiées et, de surcroit, formées à cet effet. La précarité du travail et la difficile situation socio-
professionnelle que traversent les salariés font que le syndicalisme aujourd'hui est animé par des
cadres hautement qualifiés et occupant des postes de responsabilité qui, malgré tout, expriment le besoin
d'être défendus et ressentent la menace pesant sur leur stabilité. Une certaine convergence d'intérêts
objectifs fait que la centrale syndicale UGTA et les pouvoirs publics font obstruction à l'émergence de
syndicats autonomes nés à la faveur de la proclamation du pluralisme syndical par la nouvelle législation
du travail (février 1990). Outre l'omniprésence des militants du parti du FLN, la participation en son sein
des militants d'Ettahadi (communiste), du P.T, du FFS, du RCD, influe sensiblement sur les décisions
politiques. En dépit d'une détérioration de sa représentativité, cette organisation syndicale bénéficie d'une
certaine considération à laquelle ne peuvent prétendre les autres associations à caractère syndical, quand
bien même ces dernières auraient un nombre d'adhérents beaucoup plus élevé. L'exemple du syndicat
autonome de l'enseignement supérieur (CNES), que les autorités politiques refusent d'avoir comme
partenaire social malgré l'incontestable preuve de représentativité qu'il apporta, à la faveur d'une grève
nationale (rentrée universitaire 96-97) des enseignants du secteur, constitue une parfaite illustration de
mépris de l'administration publique à l'égard de toute organisation syndicale qui ne lui est pas ouvertement
acquise. Constamment exclus des négociations au sommet, les syndicats autonomes n'ont de ce fait pas
l'occasion d'apporter à leurs adhérents la preuve de leur efficacité. En dépit de moult difficultés, le
pluralisme syndical enregistre une importante progression.
Une vingtaine d'associations à caractère syndical, dont un peu plus de la moitié disposent d'une
appréciable représentativité, activent en Algérie. Certaines d'entre elles commencent à avoir une
envergure nationale, à citer pour exemple le CNES, le SATEF, le syndicat autonome des travailleurs du
pétrole, le syndicat national despersonnels de l'administration publique, le syndicat des pilotes de lignes,
etc. Ces syndicats autonomes comptent, selon les estimations de leur confédération, un peu plus d'
un million d'adhérents à la fin de l'année 1996.
ASSOCIATIONS.- □ Caractéristiques  : Le nombre d'associations locales atteint les 80.000 contre 1250
nationales. 30 % des associations locales concernent les parents d'élèves. Le religieux occupe la
seconde place, même si beaucoup d'associations religieuses ont été suspendues pour avoir transgresser la
règle. Le sport et la culture viennent en troisième position, puis enfin les associations de solidarité. Les
autorités se penchant sur les problèmes sociaux encouragent les associations qui s'investissent en ce
domaine où il y a tant à faire. Face à un cumul de crises économiques, la population semble plus concernée
que jamais par l'avenir de la nation sous toutes ses formes. Beaucoup d'associations n'arrivent pas à jouer
leur rôle par manque de moyens ou n'arrivant pas à éviter les embuches bureaucratiques en passant plus
de temps à demander des autorisations qu'à activer. Il est difficile de concevoir aujourd'hui l'avenir du
mouvement associatif, alors que la société va de bouleversement en bouleversement. La crainte est
apparente chez les uns comme chez les autres et l'on se demande de quoi sera fait demain. Les autorités
assurent que le prioritaire l'emportera. Reste à définir ce qui est prioritaire et ce qui ne l'est pas. Le
mouvement associatif ayant du chemin à faire, les associations doivent se battre d'abord pour leur survie.
Le mouvement associatif algérien présente des caractéristiques en relation avec la nature du régime
politique et l'histoire de la société algérienne. Du point de vue politique, l'autonomie des associations est
en permanence menacée soit par le régime recherchant désespérément des relais dans la société, soit par
l'opposition qui voudrait les utiliser contre le pouvoir dont elle conteste la légitimité. Le champ politique

848
étant contrôlé et verrouillé, les associations se révèlent une ressource mobilisable dans le cadre de projets
politiques non avoués. Le mouvement associatif en Algérie apparait comme un enjeu à différents niveaux,
se reproduisant dans un cadre idéologico-politique où le pouvoir, soumis à un processus irréversible
d'institutionnalisation et de déprivatisation, cherche à s'adapter à la société nouvelle qui lui fait peur quand
elle conteste et quand elle affirme son existence politique par les seuls moyens dont elle dispose : la
passivité et la violence. Le régime est intéressé par la vie associative qui surmonte la passivité et détourne
la violence; mais en même temps, il redoute les conséquences de la vie associative susceptible de faire
apparaitre des élites autonomes et non manipulables. Conservateur, le régime craint plus la prise de
conscience et la volonté de participation citoyenne que la passivité à laquelle il s'est accommodé jusqu'ici.
◙ Le mouvement associatif en Algérie  : La participation associative ne date pas d’aujourd’hui en Algérie,
d’après l’historien Saddek Benkada, « le second empire français (1852-1870) avait permis à une catégorie
d’Algérien musulmans, essentiellement des notables auxiliaires de l’administration, de faire partie de
quelques groupements associatifs à majorité européenne notamment les sociétés mutuelles, les loges
maçonniques, les sociétés savantes, etc. Le mouvement mutualiste est resté le champ associatif le plus
accessible aux nouvelles élites musulmanes. A partir de 1898, un certain nombre de sociétés mutuelles «
indigènes » avaient vu le jour, et ce après la loi du 1er avril 1898 sur les sociétés mutuelles qui les
reconnaissait comme associations tolérées. Cette période à connu la naissance de beaucoup
d’associations. La loi du 1er juillet 1901 sur le contrat d’association, fut considérée comme l’une des plus
grandes conquêtes des libertés publiques en France ne fut rendu applicable à l’Algérie qu’en vertu du
décret du 18 septembre 1904 » (Benkada, 2002). Selon le même auteur durant cette période, plusieurs
associations de type communautaire, ethnique et religieux vont émerger. Elles intervenaient
principalement dans les champs social, culturel et caritatif. « Des associations modernes algériennes avec
des formes traditionnelles vont se multiplier (les nawadis, les medersas, les mosquées). Leurs activités
polyvalentes sont focalisées sur le culturel, le religieux, le social et le politique. Cette transformation va
façonner l’espace associatif autochtone en un vecteur puissant d’émancipation et d’appui des indigènes,
devenant une source « d’approvisionnement » du mouvement de libération national. Ce type d’associations
va se singulariser en se démarquant des associations mixtes et françaises dont des associations
estudiantines, sportives, religieuses et sociales » Benkada, 2002). Durant la période post-indépendante,
l’Algérie va connaître une situation ambivalente caractérisée d’une part par la reconduction de la législation
libérale française de 1901 régissant le domaine associatif, et d’une autre part par le blocage et l’interdiction
de toute forme d’organisation des groupes sociaux extra-étatiques. (Derras, 2007). Ainsi, de grandes
associations étatiques et partisanes nationales vont être créés dans le but d’encadrer les différentes
couches sociales. D’autres associations de type professionnel vont chapeauter les différents métiers avec
la création des unions professionnelles. Les clubs sportifs quant à eux, vont être gérer et pris en charge par
les entreprises publiques. Les associations religieuses auront comme tâche la gestion des mosquées.
(Derras, 2007). Ce contrôle de la liberté d’association va se traduire dans un premier temps par l’exigence,
pour la création d’une association, d’un double agrément préalable (préfectoral et ministériel). Et dans un
deuxième temps l’ordonnance du 3 décembre 1971 va prévoir une série de conditions draconiennes pour
freiner toute tentative d’autonomisation des groupes sociaux en dehors de l’Etat et son parti unique, le
FLN. La crise pétrolière de 1986 va accélérer et amplifier la tension sociale et annoncer l’imminence d’une
grave crise économique, politique et sociale en Algérie. Le gouvernement tente d’atténuer et d’assouplir sa
domination par l’initiative d’un projet de loi relatif aux associations dont le texte de loi 85-15 du 21 juillet
1987 sera promulgué, suivi du décret d’application n°88-16 du 2 février 1988 qui va réglementer autrement
les conditions de création, d’organisation et de fonctionnement des associations. (Derras, 2007) Au
lendemain des événements d’octobre 1988, l’Algérie assiste à la création d’une multitude d’associations
diverses. L’émergence du phénomène associatif est au centre des changements économiques et politiques
que connait l’Algérie depuis les années 1980. Cela intervient au moment du « désengagement de l’Etat du
social », et donc de mutations profondes des fonctions, et des rôles de l’Etat engageant des réformes
économiques. L’association se place ainsi comme un relais de l’action de l’Etat prenant en charge les
tâches dont ce dernier s’est déchargé, notamment le social. (Kaddour-Remaoun, 2002). On assiste à une
nouvelle rupture juridique et politique par rapport à la période antérieure avec la promulgation de la loi du 4
décembre 1990 relative aux nouvelles conditions de constitution des associations (Derras, 2007). En 1991,
se met en place un important tissu associatif dans notre pays. Tous les observateurs le confirment « en
deux mois, il s’est créé plus de comités et d’associations qu’en vingt-cinq ans » (Rulleau, 2003). L'activité
de ces associations s'étendait à des domaines aussi diversifiés que l'action sociale et caritative, la santé,
les activités culturelles, la protection de l'environnement et des consommateurs, la promotion et la
protection des droits de la femme et la lutte contre l'analphabétisme. Le recensement de 2002, indique le
chiffre de 66.231 associations dont 890 à caractère national (CNES, 2003). Ces chiffres sont en perpétuelle
évolution car des associations se créent régulièrement et d’autres disparaissent ou cessent de fonctionner.
De caractère revendicatif au départ, le mouvement associatif a tôt fait de réaliser des percées fulgurantes,
en suscitant un intérêt accru auprès de couches entières de la population, notamment féminines. Le
mouvement est relativement jeune et la moyenne d’âge des associations se situe à 4,7années et 27% des
associations ont entre 6 et 11 ans (CNES, 2003). Au fil des années, l’expérience aidant, les associations,
en dépit de contraintes multiples, ont réussi à s’imposer dans le paysage social. En 2010, On en recense
plus de 81.000 en Algérie. La plupart d’entre elles œuvrent en faveur du développement social ou dans le
domaine de l’enfance ou de la jeunesse. Selon une étude sur le mouvement associatif en Algérie, financée

849
par l’Union Européenne, près de la moitié des associations interviennent dans le secteur social, un tiers
dans le domaine Culturel et environ un quart s’occupent de problèmes environnementaux.
□ Sociologie des associations  : Le secteur associatif échappe au système officiel de statistique, et peu de
travaux proposent un cadrage de l’ensemble du secteur. Le déficit d’étude dans ce domaine a plusieurs
origines : son poids économique longtemps sous-estimé qui a réduit l’intérêt que pouvaient représenter de
tels travaux, l’hétérogénéité et la variété des associations qui compliquent les tentatives d’appréhension
globale du secteur. L’absence de répertoire des associations et la mortalité rapide d’un grand nombre
d’entre elles constituent autant de difficultés supplémentaires qui découragent les initiatives dans ce
domaine. Un tel cadrage permet pourtant d’apprécier le positionnement du secteur associatif par rapport
aux acteurs publics et aux autres partenaires et d’évaluer les différentes logiques à l’œuvre au sein du
secteur associatif. Si certain auteurs ne se sont pas penchés directement sur le fait associatif en tant
qu’objet d’étude à part entière, ils se sont tout de même intéressés à ses composantes telles que la
solidarité, le don, le lien social, l’engagement bénévole, etc., autant d’éléments qui contribuent à la
compréhension du phénomène associatif. ◙ BENKADA Houari (2013)
CONTRAT DE ROME.- Le blocage électoral de 1992 puis la dissolution du parti islamique FIS a eu pour
conséquence une vague d'intégrisme islamiste plongeant le pays dans un bain de sang perpétré par des
groupes islamistes armés et l'AIS clandestine. Cette situation a amené quelques formations politiques
d'opposition à se concerter pour influencer le pouvoir dans sa démarche de ramener la paix civile :
constituer un minimum de garanties mutuelles pour le retour à la paix était l'ambition première de sept
formations politiques (FFS, FLN, PT, MDA, FIS, NAHDA, le parti pour djazair musulmane contemporaine et
la ligue algérienne de défense des droits de l'Homme) animées d'une volonté de créer une dynamique de
réconciliation aux moyens de négociations préalables.
Organisée par l'association catholique de Sant'Egidio, une réunion eut lieu à Rome du 8 au 13 janvier
1995 et a permis une proposition de plate-forme pour un contrat politique national fixant le cadre
organisationnel et les principes, les mesures devant précéder les négociations, le rétablissement de la
paix , le retour à la légalité constitutionnelle, le retour à la souveraineté populaire et enfin des garanties.
Le processus englobe, outre le dénominateur commun relatif à l'exigence de garanties pour la tenue
d'élections libres, l'exigence de levée d'Etat d'urgence et la libération effective des responsables de
l'ex-FIS dissous avec l'assurance aux dirigeants de ce parti des moyens et garanties nécessaires leur
permettant de se réunir librement. Le deuxième volet du document porte sur l'ouverture du champ politique
et médiatique et l'annulation de la décision de dissolution du FIS ainsi que le plein rétablissement des
activités de tous les partis.
Cette tentative, interprétée comme défaitiste fut condamnée fermement par le pouvoir et la classe politique
majoritaire demeurés intransigeants. Concilier les algériens entre eux nécessitera un dialogue dépassionné,
débarrassé des "anathèmes et procès d'intention" pour contribuer au "rétablissement de la concorde civile.
Au regard de l'expérience d'une décennie de pratique partisane, les tours de table autour de séances de
dialogue ont toujours rencontrés les mêmes hommes qui reproduisent les mêmes positions quand bien
même les évènements s'accélèrent et nécessitent des réponses adaptées, même au dilemme d'une
collusion entre amnestie et impunité à l'encontre de l'extrémisme. Du côté du pouvoir politico-militaire, si
les signes ne manquent pas pour affirmer que le compromis avec l'intégrisme est au centre de la démarche
du pouvoir depuis fort longtemps, le renversement du rapport des forces au sein du pouvoir arrive à la
conclusion qu'il fallait d'abord couper l'islamisme armé de l'islamisme politique c'est à dire enlever toute
couverture religieuse aux groupes armés. La stratégie sécuritaire du pouvoir a consisté uniquement à
vouloir affaiblir les islamistes armés tout en ménageant les politiques. Il semble que le rapport des forces
politiques ait définitivement basculé en faveur d'un compromis avec les islamistes garantissant à moyen
terme une neutralisation des antagonismes politiques.□
MARCHE POLITIQUE .- Il existe, dans l’arène politique, une espèce de marché dit ‘’politique’’ dont ses
principaux acteurs sont : les hommes politiques, les bureaucrates, les électeurs et les groupes de pression.
Quant nous disons un marché, cela implique l’existence des relations d’échange et une interaction entre
une offre et une demande. Mais contrairement au marché ordinaire dont il se fait l’échange de biens et
services, le marché politique est aussi un lieu d’échange mais échange des votes et suffrages contre des
avantages et des privilèges, contre des interventions publiques. Cela implique que le marché politique se
caractérise également par l’existence des relations d’échange fondées sur des calculs de coûts –avantages
personnels. Nous distinguons donc sur le marché politique producteurs et consommateurs. Les hommes
politiques qui sont l’analogue des producteurs offrent discours, slogans, promesses, programmes d’action,
lois, décrets…aux électeurs qui sont l’analogue des consommateurs. Nous avons donc des offres politiques
de la part des politiciens tentant de satisfaire la demande publique, il existe alors une certaine concurrence
sur le marché politique. L’objectif principal d’un politicien n’est donc plus le bien être-collectif mais plutôt
est d’être élu ou réélu. Alors il se comporte de façon à maximiser les chances de son élection ou réélection.
Pour atteindre cet objectif, les partis politiques et les politiciens vont proposer assez de services publics et
donner assez de promesses qui leur assurent le maximum de popularité en satisfaisant la part la plus
importante de leur électorat sans prendre en compte les effets de ces politiques offertes sur la politique
économique et budgétaire. □ KEREDOUCI Sabah (2010)
OEUVRE DEMOCRATIQUE.- Le champ politique algérien est animé par une quinzaine de partis politiques.
Une partie du pôle démocratique en son sein veut provoquer une réelle mutation en levant les équivoques

850
de prise de conscience pour faire face à la coalition islamo-conservatrice (forces populistes alliées aux
forces islamiques intégristes) par un projet démocratique républicain (regroupant les forces patriotiques et
républicaines) rapprochant des partis partageant un minimum de valeurs du courant dit démocrate au delà
de leurs divergences tactiques partisanes et en surmontant leurs propres susceptibilités. Malgré un reflux
idéologique de l'extrémisme religieux, et prônant une rupture radicale avec l'islamisme politique toujours
présent notamment dans les rouages de l'Etat et une opposition à toute compromission avec la famille
islamiste, les partis de la "modernité" veulent "travailler" la société pour lui donner une assise
démocratique. Dans un contexte de pluralisme politique, il apparait que pour faire face aux forces
rétrogrades de la société, de la nécessité de tenir un même langage frontal et une approche commune afin
d'ancrer la société civile aux idéaux de progrès et de modernité. Les partis du courant démocratique comme
le RCD, l'ANR, le PRA et le MDS (communiste) optent ainsi ouvertement à une "convergence
démocratique" pour sortir de l'isolement des forces marginalisées et affaiblies par des attitudes
nombrilistes, révélation des dernières élections communales et législatives, proposer une évolution
politique partisane qui confère souplesse organisationnelle et partage de responsabilité. Fédérer les forces
démocratiques constitue une oeuvre autonome à la fois de l'extrêmisme religieux et du régime.□
OLIGARCHIE.- L'oligarchie existe-t-elle en Algérie? Djamel Labidi contre Mourad Benachenhou
L'interpénétration des milieux d'affaires et des décideurs politiques a-t-elle conduit à une dérive
oligarchique du système algérien. Non, répond Djamal Labidi un ancien marxiste qui écrit : "Le terme
d'oligarchie a été instrumentalisé par les représentants politiques de la bourgeoisie bureaucratique. Il a fait
l'objet d'une utilisation abusive". L'économiste Mourad Benchenou qui fut ministre des finances dans le
gouvernement de Rédha Malek affirme au contraire que la montée des oligarques a conduit à "la
subordination totale, par prédateurs nationaux interposés, aux intérêts étrangers, dans laquelle le pays a
été engagé depuis quelques décennies".
Lu dans le quotidien d'Oran.
EXTRAITS
"Bourgeoisie d'Etat contre bourgeoisie privée"  : "C'est, écrit Djamel Labidi le combat en cours en Algérie.
Ce conflit est au cœur de l'évolution politique de ces dernières années, et il le sera encore probablement
pour quelques années, même s'il n'apparait pas directement en tant que tel, et qu'il est, comme toujours en
politique, obscurci par les luttes de personnes, les alliances conjoncturelles et éphémères, les blessures de
l'histoire récente du pays, les ressentiments voire les haines, les ambitions, bref tout l'éventail des
passions humaines (...)
Le développement des grandes entreprises privées actuelles en Algérie ne s'est pas fait suivant un
processus «oligarchique», à partir des entreprises d'Etat. Les entrepreneurs privés qui font actuellement
l'objet d'une campagne hostile se sont développés en dehors des entreprises publiques et leur capital ne
provient pas du capital d'Etat. Le fait qu'ils aient bénéficié de marchés de l'Etat ou de crédits bancaires est
un autre sujet. L'Etat est, partout dans le monde et de tout temps, forcément une source considérable de
commandes et de marchés économiques et commerciaux. (...)
Comme d'autres pays qui nous ont précédés avec succès dans cette voie en entrant dans l'économie de
marché. Il ne faut pas donc se tromper de cible en s'attaquant aux entreprises privées. L'Algérie a besoin
de rassembler, elle a besoin de toutes ses énergies, de tous ses enfants. Pour dire les choses simplement,
hier, comme aujourd'hui, en Algérie, être progressiste c'est être avant tout nationaliste.
La «nouvelle politique économique» : consolider le «mal acquis» des prédateurs.
Selon Mourad Benachenhou "le nationalisme de pacotille sans doute refera surface dans les temps à venir,
selon et dont certains sont les vigoureux et «éloquents» défenseurs, ne changera rien à la situation de
subordination totale, par prédateurs nationaux interposés, aux intérêts étrangers, dans laquelle le pays a
été engagé depuis quelques décennies. La crise économique et sociale est appelée à s'accentuer. La
dextérité oratoire ne fera ni disparaitre les problèmes, dont le plus sérieux est la main-mise de la nouvelle
classe des prédateurs sur l'appareil d'état , classe qui bénéficie exclusivement de cette mise sous tutelle du
pays, ni les dissoudre dans son fleuve verbal qui va se déverser sur une population de plus en plus
sceptique.(...) Cette classe constitue maintenant des boursouflures dont les germes mortels infectent le
corps malade de l'Algérie. Elle a accumulé des richesses immenses par l'appauvrissement de ce pays, et
ambitionne de pérenniser la possession de ces richesses par le contrôle de l'appareil d'Etat. Ce contrôle est
pratiquement acquis, comme le prouve les rebondissements récents où une dérisoire tentative de corriger la
politique économique a été non seulement sabordée, mais, pire encore, qualifiée de «harcèlement,» comme
si mettre un terme aux importations à but spéculatif et freinant l'essor de la production nationale, constituait
un acte de malveillance délibérée, et non une décision politique de bon sens dictée par les intérêts
supérieurs du pays". ◙
PAIX.- Les dérives politiques et économiques ont illustré les faillites dans la gestion institutionnelle du
pouvoir algérien pour résoudre les problèmes que posent les algériens en termes de justice sociale, de
moralisation de la vie publique et d'élaboration d'un contrat social sur des bases démocratiques. De
l'étouffement des contestations sous la chape de plomb du parti unique trente années durant au pluralisme
des formes de violence, ce qui a cruellement manqué est la libre confrontation des idées et des
programmes : projet de société, programme économique, débat linguistique, et autres demeurent posés.
Les libertés demeurées gelées sur des questions fondamentales d'avenir ont engengré la multiplication des
pôles de violence, l'exacerbation des tensions, la manipulation des passions, des faits et des concepts ainsi
que la régression sociale et économique. L'ensemble de ces dérives ont nui à la paix sociale et cultiver

851
intolérance et sectarisme pour atteindre un paroxysme de l'affrontement et des atteintes au droit à
l'existence substituant à la libre expression populaire la confusion pour pallier les carences politiques.
Les dualités fictives islam-démocratie, arabité-amazighité sont venues se greffer sur la question de
l'exercice du pouvoir, des modalités pour y accéder, avec son corollaire d'arbitrage populaire et de
séparation des pouvoirs. La restauration de la paix sociale passe par une restauration de la crédibilité du
système de pouvoir et une détermination accrue à promotionner un processus perfectible d'ouverture
démocratique. Rétablir la paix civile en mettant fin à l'extrémisme, à la violence, à l'intégrisme et à la
régression permettra d'atténuer l'exacerbation des tensions et réduire la manipulation des passions et
d'instaurer une paix sociale durable sans contorsions politiques dans un Etat de droit et de sacralisation de
l'individu. Le 09 novembre 1996, des centaines d'intellectuels, de personnalités politiques avaient signé un
appel pour que le retour à la paix civile se réalise en Algérie : "Le peuple algérien a de tout temps exprimé
son aspiration à la paix dans l'unité, la liberté et la solidarité et a manifesté son attachement à la
préservation de son Etat, à la sauvegarde de sa souveraineté et à la défense de ses droits fondamentaux. Il
a par ailleurs prouvé sa capacité à assumer la pluralité politique dans sa diversité d'opinion, de
sensibilité et de vision. Or, depuis plusieurs années, le pays connait une situation grave. Les algériens
vivent un drame :
◙ des dizaines de milliers de morts, de mutilés, de veuves, d'orphelins et de détenus politiques, victimes
du cycle de la violence et de la répression. Loin de se résorber, la violence trouve de nouveaux
développements, une exacerbation et une extension dramatiques;
◙ insécurité et peur s'installent dans la société;
◙ fermeture des champs politique et médiatique, violation des droits de l'homme, confiscation des libertés
et dislocation des élites;
◙ destructuration de l'économie, aggravation de la dette interne et externe, effondrement de la valeur du
dinar;
◙ chômage et licenciement croissants, exclusion scolaire alarmante, paupérisation accélérée;
◙ perte de repères, résurgence et instrumentalisation du régionalisme.
Dans ce climat d'insécurité et de contraintes, sous l'emprise de l'état d'urgence et de la législation
d'exception, en l'absence d'assemblée populaire nationale et du libre débat, il est proposé une révision de
la constitution qui, sous prétexte de rétablir la stabilité de l'Etat :
♦ renforce le pouvoir présidentiel et administratif;
♦ concentre l'ensemble des pouvoirs au sein d'une sphère réduite;
♦ confisque le pouvoir constituant du peuple;
♦ restreint notablement les droits et libertés des citoyens;
♦ neutralise le pouvoir législatif et met sous tutelle le pouvoir judiciaire;
♦ segmente et séquestre l'identité algérienne.
Cette révision est impuissante à résorber fractures et exclusions, à éliminer haines et rancoeurs, encore
moins à ramener la paix et la sécurité. Elle aggravera et nourrira davantage les extrémismes et la violence.
C'est une démarche dangereuse et en contradiction flagrante avec la Déclaration de Novembre 54. Faute de
paix, revendiquée avec force à l'occasion du dernier scrutin national, la situation sécuritaire est condamnée
à se dégrader, l'économie à s'effondrer, la pauvreté et la misère sociale à s'installer durablement et notre
dépendance à s'aggraver. L'établissement d'une paix globale et définitive passe par un dialogue
transparent, franc et ouvert à tous ceux qui expriment leur volonté d'y contribuer. L'arrêt immédiat et
inconditionnel des actes de violence, la libération des détenus d'opinion, la libération des champs
politique et médiatique sont des garanties du retour à la paix civile, à la démocratie, à la stabilité et au
développement. Car seule la paix peut créer les conditions susceptibles de préserver la vie des algériens,
garantir les libertés individuelles et collectives, sortir le pays de la crise, sauvegarder son autonomie de
décision et réaliser les grandes mutations politiques et économiques et le progrès social et culturel. C'est
pourquoi il est plus urgent de s'engager et d'agir pour imposer la paix, conduire la société à dépasser ses
drames et ses fractures et permettre au peuple de panser ses blessures et au citoyen de jouir de ses
libertés et de sa sécurité. Pour
que le retour à la paix se réalise et que cessent l'assassinat, l'exclusion, l'extrémisme, l'internement et
l'affrontement fratricide, il est urgent et vital que s'expriment les bonnes volontés, que s'estompent les
méfiances, que s'atténuent les doutes, que toutes les forces politiques et sociales se prononcent, se
rassemblent, se mobilisent et s'impliquent. La mobilisation de tous les algériens et algériennes et de toutes
les forces politiques et sociales est indispensable pour imposer une issue politique à la crise, rétablir la
paix, la cohésion nationale, la stabilité des institutions et assurer, dans le cadre d'un Etat de droit, la
sécurité des biens et des personnes. Ainsi sera concrétisé dans les faits l'idéal de liberté pour lequel
se sont sacrifiés des martyrs. La violence n'est pas une fatalité. La paix est possible. L'espoir est permis."
L'ACTIVITE PARLEMENTAIRE
ADMINISTRATION .- La réhabilitation du service public sur fond de lutte contre "les comportements
bureaucratiques, le népotisme, le clientélisme et la corruption, le rapprochement entre l'administration et
les administrés, la rationalisaton et la modernisation de la situation des agents de l'administration
publique"est une action gouvernementale à mener en profondeur en vue "d'adapter les institutions et

852
administrations publiques aux mutations profondes que connait le pays du fait du pluralisme politique, de la
libération de l'économie et des effets rétroactifs induits par l'évolution de ses rapports avec l'environnement
international". Dans sa perspective de réforme globale, la lutte contre les divers fléaux de la
bureaucratisation avec la corruption et le népotisme comme corollaires, est des préalables fondamentaux
pour que "l'administration recouvre sa crédibilité et l'Etat son image de marque.
ASSEMBLEE CONSTITUANTE .- Rétrospective  : En hommage aux premiers députés et à Ferhat Abbas,
l'Assemblée constituante revisitée. Considérée comme le premier jalon dans la construction du jeune Etat
algérien, l'Assemblée constituante suscite toujours un débat sur fond de contradictions et de luttes pour le
pouvoir. Retour sur cette aventure qui n'a pas encore livré tous ses secrets.
Comme les accords d'Evian, en dépit de tout ce qui a été dit ou écrit sur elle, l'Assemblée constituante ne
semble pas encore avoir livré tous ses secrets. En effet, plus de 50 années après, détracteurs et
nostalgiques de cette époque et de ce premier jalon qui marqua la naissance de la jeune République
algérienne, s'affrontent encore et veulent se donner bonne conscience, en s'accusant mutuellement d'avoir
détourné l'histoire de la Révolution. C'est en tout cas, le triste débat auquel nous ont conviés, hier,
d'anciens membres de cette assemblée, invités du forum d'El Moudjahid, en collaboration avec l'association
Mechaal Echahid. Premier à prendre la parole, l'ancien bâtonnier et ministre de la Justice dans le
gouvernement d'Ahmed Ben Bella, Amar Bentoumi, est revenu sur cette époque et sur les moments qui ont
présidé à la création de l'Assemblée constituante, non sans évoquer les luttes de sérail et les combats
d'arrière-garde sur fond de course au pouvoir qui, dit-il, ont beaucoup nui à ce premier Parlement. Accusant
nommément Ben Bella d'avoir accaparé tous les pouvoirs et surtout ordonné la confection d'une
Constitution taillée sur mesure pour lui. L'orateur a aussi fait part des rapports tendus qu'entretenait l'ex-
président avec des membres du bureau politique du FLN ainsi qu'avec ceux de l'Assemblée constituante.
Amar Bentoumi a qualifié cette dernière de véritable Assemblée et Ferhat Abbas, son président, d'homme
politique éclairé, qui a dirigé avec beaucoup de dignité et de sérieux ses travaux. Se souvenant d'une
anecdote et afin de souligner davantage la dimension de l'homme d'Etat qu'il était, M.Bentoumi a confié
qu'il n'était pas toujours d'accord avec Ferhat Abbas et sa conception de la politique. «Un jour, je lui ai
reproché de ne pas être avant-gardiste. Il m'a répondu qu'il était le baromètre et le thermomètre du peuple
et qu'il n'avait pas la prétention d'être un avant-gardiste.» Lui emboîtant le pas, juste après, la sénatrice et
ancienne vice-présidente de l'Assemblée constituante, Zohra Drif Bitat a, d'emblée, critiqué sèchement ceux
qui s'en prennent aux anciens de la Révolution et qui veulent induire en erreur la jeunesse en les lui
présentant comme des assoiffés de pouvoir ou des dictateurs. Pour Mme Drif: «La lutte pour le pouvoir est
une pratique vieille comme le monde, elle n'est pas propre à l'Algérie.» Chercheur et professeur
d'université, Amar Khiba a entamé sa communication en indiquant que le 19 mars n'est pas seulement la
fête de la victoire, c'est aussi la fête de la libération. Evoquant cette période et les mois qui l'ont précédée
et qui ont conduit à la confirmation, le 1er juillet 1962, du choix des Algériens de recouvrer leur liberté, le
conférencier est revenu sur ces moments difficiles et sur les conflits qui commençaient à apparaître au sein
du gouvernement provisoire, du bureau politique du FLN ainsi que de l'armée. La course au pouvoir et les
luttes d'appareils ont à chaque fois reporté l'avènement de l'Assemblée constituante. Finalement, rappelle-
t-il, ce n'est que le 20 septembre 1962 qu'elle a vu le jour avec, à sa tête, 196 députés dont 15 élus
français et 7 femmes parmi lesquelles Safia Baâziz, Fahima Mechiche et Zohra Drif. C'est cette Assemblée
qui a chargé Ahmed Ben Bella de constituer son gouvernement. Malheureusement, le pouvoir exécutif entra
vite en conflit avec le bureau politique et se répercuta, par la suite, sur l'Assemblée et sur ses dirigeants
qui démissionnèrent l'un après l'autre jusqu'à sa dissolution. □ AGGAD Kaci (l’Expression, 30.09.2012)
► "La création de la première Assemblée Constituante évoquée au Forum d’El Moudjahid" : La
première élection législative de l’Algérie indépendante. En recouvrant sa souveraineté, après 132 années
de domination coloniale et de régime féodal, l’Algérie a entamé au lendemain de son indépendance
l’installation de nouvelles institutions politiques nationales. C’est ainsi que la première élection législative
en Algérie a eu lieu le 20 septembre 1962. Le forum de la Mémoire initié par l’Association Machaal Echahid
en coordination avec notre quotidien est revenu, hier, sur cette page de l’Histoire de l’Algérie indépendante.
La conférence s’est voulue un hommage à Ferhat Abbas, président de l’Assemblée Nationale Constituante.
Zohra Drif, Amar Bentoumi, Abdelkader Guerroudj, Boualem Oussedik, Lakhdar Bouragra ont fait partie de
l’Assemblée Nationale Constituante qui comptait 196 membres. Hier, ils sont venus assister à la conférence
consacrée à cette instance politique élue et installée dans des conditions difficiles marquées par la crise de
« l’été 62 ». Invité à présenter un exposé sur la création de cette institution, dont la principale mission était
de promulguer la loi fondamentale du pays, l’universitaire Amar Rkhila, dira qu’il était difficile pour lui de
faire une lecture académique sur un événement aussi important, devant même des acteurs qui l’ont fait et
vécu. Mais, en spécialiste du mouvement national, il a su suscité l’intérêt de l’assistance, composée de
moudjahidine et de représentants de la presse nationale. Son exposé sera simple et succinct. Il a su
emmener les présents 50 ans en arrière et évoquer une époque quelque peu méconnue. En préambule, il a
préféré évoquer les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’élection de la première Assemblée. La
conjoncture de l’époque était marquée par des divergences politiques. Et c’est pour cette raison que la
date des élections avait été successivement fixée au 12 août, puis au 2 septembre et enfin au 20
septembre. Sur les 196 élus, on compte 15 d’origine européenne et 7 femmes. Le conférencier dira que
cette Assemblée, dont le mandat devait expirer après une année, a rédigé un règlement intérieur, de 133
articles, propre à une institution législative. La deuxième mission assignée à cette Assemblée, était de
désigner un gouvernement. C’est Ahmed Ben Bella qui sera désigné comme chef de gouvernement, avec

853
139 voix pour, 23 contre et 74 abstentions. Ahmed Ben Bella forme son gouvernement. Le 25 septembre, le
président de l’Assemblée nationale constituante et figure emblématique du mouvement national, Ferhat
Abbas, proclame la naissance du premier gouvernement de l’Algérie indépendante. Prenant la parole,
l’avocat Amar Bentoumi, qui a été élu à l’Assemblée et occupé le poste de ministre de la Justice a expliqué
que les Accords d’Evian prévoyaient dans le chapitre V de la « Déclaration générale » que l’Exécutif
provisoire « (organiserait) dans un délai de trois semaines des élections pour la désignation de
l’Assemblée nationale algérienne. Il avait été également conclu entre le gouvernement français et les
négociateurs algériens que l’Exécutif provisoire, chargé de préparer le référendum d’autodétermination et
d’administrer 1’Algérie jusqu’à la désignation de l’Assemblée, remettrait ses pouvoirs à cette dernière.
Il faut dire, que Amar Bentoumi, n’a pas mâché ses mots. S’il avait reconnu qu’il y avait une certaine liberté
dans les débats, il dira que la loi fondamentale votée par l’Assemblée à été rédigée ailleurs et que c’est
Ben Bella qui a demandé à Mohamed Bedjaoui de chercher un spécialiste dans le droit constitutionnel pour
la rédaction de la loi fondamentale. Sollicitée pour apporter son témoignage, Mme Zohra Drif a apporté une
mise au point de taille. A propos des luttes intestines pour accéder au pouvoir elle dira que c’est quelque
chose de normale. C’est un phénomène qui existe depuis l’aube de l’humanité, et que toutes les nations
l’ont connu. Et que cela fait partie de la dynamique du développement. A propos des femmes qui ont fait
partie de cette Assemblée, au nombre de 7, elle dira que c’était une reconnaissance à la femme algérienne
qui a participé à la guerre de Libération, sans rien attendre. Et en parlant de Ferhat Abbas, un homme qu’il
a connu et côtoyé, il dira que sa vive intelligence et sa grande sagesse ont fait de lui un homme d’Etat et de
Culture, d’ailleurs il a été élu à la majorité à la tête de l’Assemblée. □ Nora CHERGUI (El
Moudjahid,30.09.2012)
Propos recueillis par Soraya G. :
□ Boualem Oussedik, Moudjahid et ancien membre de l’assemblée constituante  : “Ferhat Abbas était un
homme très populaire”
♦ M. Oussedik, vous êtes ancien moudjahid et ancien membre de l’Assemblée constituante élue le 20
septembre 1962, pourrait-on recueillir vos impressions, à l’issue de cette rencontre-débat ?
- «Je tiens d’abord à dire que ce genre de manifestations, cet espace de débats est extrêmement positif. Je
pense que la grande richesse du peuple algérien c’est le combat qu’il a mené contre le colonialisme
français et qui a contribué non seulement à l’indépendance du pays, mais également à l’ouverture vers
l’indépendance de beaucoup de pays africains et arabes . »
♦Cette rencontre se veut un hommage à Ferhat Abbas, une personnalité que vous avez personnellement
connue. Si vous aviez à décrire, en quelques mots, celui qui fut le président du GPRA et de la première
Assemblée constituante, que diriez-vous ?
- «En fait, lorsque j’ai eu le privilège de connaître Ferhat Abbas, qui est un grand monsieur, j’étais élève au
collège de Sétif, lequel collège était un lieu de rendez-vous de gens venus des quatre coins du pays. Ferhat
Abbas qui était parti là-bas, était à l’époque pharmacien à Sétif et président de l’UDMA. Il faut dire qu’il a
eu une contribution importante avec les Amis du manifeste et de la liberté qui ont permis, parallèlement au
PPA et aux autres partis, de faire connaître les revendications du peuple algérien pour son indépendance.
J’ai connu, aussi, Ferhat Abbas quand il était député, président de l’Assemblée nationale et j’étais moi-
même membre à l’Assemblée nationale. Ferhat Abbas était un homme circonspect et réfléchissait à tout ce
qu’il faisait. Il était très populaire et très aimé de la population et, avec les Amis du manifeste et de la
liberté, ils ont beaucoup contribué à la vulgarisation du nationalisme algérien.  »
♦ Quels sont les souvenirs les plus forts que vous gardez du temps où vous étiez membre à l’Assemblée ?
- «A l’Assemblée, Ferhat Abbas était doté d’un esprit très tolérant. Il écoutait tous les points de vue. C’était
un véritable démocrate et avait beaucoup d’expérience. Il faut souligner, par ailleurs, que cette époque-là,
était une période difficile que l’Algérie a mené de façon satisfaisante.»
□ Mme Zohra Drif-Bitat, Moudjahida et ancienne membre de l’assemblée constituante : “Pour demander que
les droits soient appliqués, il faut que chacun d’entre nous estime qu’il a des devoirs”
♦ Vous faisiez partie en septembre 1962 des 7 Algériennes élues au niveau de l’Assemblée constituante.
Parlez-nous un peu de l’Assemblée de l’époque.
-« Nous, au niveau de l’Assemblée constituante, nous avons compris que si on nous a mis là-bas, c’est en
fait pour réfléchir à l’acte fondamental, le premier acte grâce auquel on allait bâtir les institutions de notre
pays. Il fallait donc travailler afin de donner au pays la meilleure conception en fonction de notre formation
et de notre conviction et de ce qu’on voulait pour notre pays. Aussi, certains d’entre-nous convaincus que la
voie n’était pas la bonne voie et qu’elle ne répondait pas à nos vœux et à nos rêves qui nous ont poussés à
prendre les armes, nous avons eu le courage politique de dire « Non, je trouve que ce n’est pas la
Constitution que je veux pour mon pays ». Je pense que lorsque l’on accepte de représenter le peuple,
c’est une énorme responsabilité qu’on prend, parce qu’il s’agit, en son nom et pour lui, de prendre des
décisions. »
♦ De votre point de vue, où se situe principalement le rôle des femmes au niveau des Assemblées
d’aujourd’hui ?
- «De mon point de vue, que ce soit les hommes ou les femmes, nous devons nous investir et investir le
meilleur de nous-même pour prendre les décisions qui vont permettre au pays et au peuple de réellement
se développer d’une part, qui vont protéger les droits des citoyens et en même temps qui vont préciser les
devoirs. Parce qu’il faut quand même ne pas non plus oublier que pour demander que les droits soient
appliqués, il faut que chacun d’entre nous estime qu’il a des devoirs. On a d’abord des devoirs vis-à-vis de

854
son pays et je rappelle encore la fameuse phrase de Kennedy qui a répondu à un député : « Ne demandez
pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Et de
manière générale, quand vous estimez que des démarches ne répondent pas à l’intérêt du pays et que vous
avez une conviction profonde, raisonnée et fondée, il faut avoir le courage de dire « Non, je ne suis pas
d’accord ».
□ M. Guerroudj Abdelkader, ancien membre à l’assemblée constituante : “Nous avions des rapports
fraternels avec le peuple”.
♦Vous faites partie des premiers députés algériens. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
- «Même n’ayant jamais été député, la plupart d’entre nous (les membres de l’Assemblée constituante,
NDLR) ont essayé de jouer pleinement le rôle de député, avec conscience. Je me souviens que l’on allait
souvent chercher dans les archives, ce qu’ont fait les autres pays.  »
♦ Comment étaient vos relations avec ceux que vous représentiez ?
- «J’avais des rapports fraternels avec le peuple et respectueux des institutions. Aussi, j’ai fait part au
niveau de l’Assemblée constituante des préoccupations des populations et n’ai jamais cessé de le faire
jusqu’à la fin de ma mission. Et c’est le minimum de ce que je pouvais faire.  » □
◙ Un système politique en crise, en quête de changement, d'un nouveau contrat social, d'une nouvelle
organisation socio-politique : Conséquence de la confiscation de la souveraineté par une caste qui cumule
et se distribue les postes et fonctions, le peuple ne se reconnaît plus dans le système politique  actuel ?.
Les niveaux d’abstention à chaque élection en témoignent. Aujourd’hui, les abstentionnistes sont
majoritaires à presque toutes les élections. Des objectifs légitimes  : Redynamiser la vie publique, permettre
une réappropriation de la vie de la cité par les citoyens. Le sursaut de la population sera à l’origine du
sursaut de l’action politique. Permettre à l’ensemble des composantes qui structurent la société de
s’exprimer et d’élaborer des propositions. Assurer la représentativité de la société dans sa réalité moderne.
Permettre à l’intelligence, la créativité et le bons sens de tous de s’exprimer. Rendre sa place au citoyen :
au centre du débat public et au cœur des décisions qui régissent notre société. La liberté de faire des
propositions concrètes sur tous les sujets de société, et de réagir aux propositions des autres citoyens. Le
débat dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La démocratie est l’affaire de
tous pour combattre l’abstentionnisme.
►Revue de presse : Pourquoi la Constituante fait peur au pouvoir. Le retour nécessaire à une Assemblée
constituante, comme gage d’une promesse de changement effectif du système politique algérien, fait l’objet
d’initiatives de certains partis. L’idée est diversement appréciée. Des partis au pouvoir — le FLN et le RND
— rejettent la démarche de ceux qui soutiennent la mise en place d’une Assemblée constituante évincée en
1963. La réponse est évidente. Ils sont des piliers du système actuel. Un changement serait, pour eux,
synonyme de la fin de la légitimité historique que leurs responsables font valoir pour rester dans la
périphérie du pouvoir. C’est leur existence en tant qu’appareils du régime qui sera menacée de disparition.
«Ces partis sont des éléments essentiels du pouvoir périphérique. Ils sont instrumentalisés par le pouvoir
pour freiner toute volonté de changement», analyse le politologue, Rachid Tlemçani. «Qui dit Constituante,
dit la mise en place d’une nouvelle République. Celle-ci exige un changement radical du système en
mettant fin au statu quo. Ces partis ont peur d’un changement radical qui est pourtant une demande de la
rue en Algérie et dans les pays de la région», ajoute-t-il. Selon lui, 80% de la population algérienne sont
nés après l’indépendance et n’ont rien à partager avec le système actuel. □ Algerie-focus (29.03.11)
► Louisa Hanoune l’a révélé hier  : «Bouteflika est d’accord pour une Constituante». La secrétaire générale
du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a affirmé, hier, que Monsieur Abdelaziz Bouteflika est
«d’accord pour une Assemblée constituante». Intervenant lors d’une conférence de presse organisée au
siège de son parti à Alger, Mme Hanoune a révélé que c’est Bouteflika lui-même qui lui a fait cet aveu lors
d’une entrevue avec lui. «Le président de la République m’a confirmé qu’il partage l’option d’une Assemblée
constituante», a-t-elle révélé. La SG du PT a rappelé, dans ce sillage, que Bouteflika était depuis 1999,
année de son installation à la tête du pays, pour cette option. Elle a réitéré, dans ce contexte, son appel à
des élections législatives anticipées. La première responsable du PT a invité le chef de l’Etat à réviser la loi
électorale «en urgence» pour imposer le respect du mandat des élus du peuple. «La révision de la loi
électorale et l’organisation des élections anticipées est le Smig de la réforme politique pour la
démocratisation du régime et de l’édifice institutionnel», a-t-elle estimé, plaidant pour une ouverture
politique plus large et à la réforme de la Constitution. □ Karim AIMEUR (l’Expression, 02.03  2011)
►L’historien spécialiste du Mouvement national algérien (MNA), Jacques Simon, a publié chez L’harmattan
(2012) : "L’assemblée nationale dans le mouvement nationaliste algérien"  : Contrairement à ce qu’on
pourrait penser, la revendication d’une assemblée constituante a été le mot d’ordre central des
nationalistes algériens, observe l’auteur. Une constante qui a été portée par de nombreuses formations
nationalistes. "Dès 1927, l’Etoile nord-africaine, portée par le prolétariat algérien émigré en France,
adoptait un programme qui préconisait l’élection au suffrage universel par tous les habitants de l’Algérie
(musulmans, Européens et les juifs) une assemblée constituante pour fonder une nation algérienne
démocratique", lit-on dans L’Assemblée constituante dans le mouvement nationaliste algérien. Le PPA
reprend le mot d’ordre, en le faisant plébisciter au congrès des AML en mars 1945. La guerre pour
l’indépendance algérienne mettra une sourdine à cette question. Mais deux ans après l’indépendance, c’est
le Front des forces socialistes qui le reprend, dès le 29 septembre 1963, dans ses revendications. Ce parti,

855
il est vrai, était composé de bon nombre d’anciens cadres du PPA, comme Hocine Aït Ahmed et Belaïd Aït
Medri. Un demi-siècle après, on en est encore à refaire le passé. Et la constituante demeure d’une
saisissante actualité, analyse Jacques Simon. Dans cet ouvrage, l’historien détaille l’histoire de la
constituante tout en rappelant les grandes dates et les événements marquant du mouvement nationaliste.
► Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal (interview) : «… Se mettre hors de la voie du
développement autocentré, c’est se jeter dans les griffes de la prédation nationale et internationale ! Pour
ce qui est de l’Algérie, je ne vois donc qu’une issue, si ce n’est déjà trop tard : le retrait immédiat de toutes
les cliques depuis trop longtemps au pouvoir et la mise en branle des bases d’une seconde République. La
convocation d’une assemblée constituante qui ferait repartir le pays sur de vraies nouvelles bases, avec un
projet de société clair et consensuel ». □ Moncef WAFI (Le Quotidien d’Oran, 03.08.2017).
►Dans une pétition nationale (recueillement de pas moins de 1,5 millions de signatures), adressée au
président de la république, Louisa Hanoune réitère son appel à une assemblée constituante. Louisa
Hanoune déterre, de nouveau, son leitmotiv d’une assemblée constituante dotée des pouvoirs nécessaires à
même de «sauver» le pays. La secrétaire générale du PT a rendu, hier, son initiative politique. Celle-ci
consiste, affirmait-elle à l’ouverture d’une session extraordinaire du bureau politique du parti, en une
pétition à signer par les citoyens à l’intention du Président de la République. L’objet de l’interpellation,
encore une, un ensemble de mesures à même d’«organiser le sauvetage du pays» qui vivra, selon elle, une
«année 2019 charnière» qui s’annonce «tumultueuse». Et la «mère» de ces doléances est la «convocation
d’élections pour élire une Assemblée nationale constituante (ANC), pour jeter les bases d’un véritable
renouveau politique institutionnel à même de sauver l’Etat algérien et d’immuniser notre pays». (…) pour
«qu’il définisse lui-même la forme et le contenu des institutions dont il a besoin pour exercer sa pleine
souveraineté, des institutions réellement crédibles à même d’élaborer des politiques conformes à la
démocratie avec son contenu social, économique et politique». Le Parti des travailleurs fera remarquer au
chef de l’Etat la précarité sociale qui ne cesse de «s’aggraver depuis 2015, comme produit d’une politique
d’austérité de plus en plus cruelle qui touche les plus larges couches sociales plongeant notre pays dans la
récession, s’ajoute une confusion politique qui va en s’accentuant rendant la situation illisible… », non sans
lui faire part de son «inquiétude qui est d’autant plus fondée que nous savons que les frustrations sociales
grandissantes, la pauvreté qui, désormais, touche même les couches moyennes tirées vers le bas par
l’effondrement du pouvoir d’achat, l’absence de perspectives d’emplois durables pour la majorité des jeunes
du fait de l’arrêt des recrutements et même du remplacement des départs à la retraite, fragilisent le tissu
social national, grippent les ressorts de la nation tout comme elles constituent le vivier de toutes les
violences». Pour le parti que préside Louisa Hanoune, le projet «provocateur» du gouvernement visant à
lever les subventions sociales de l’Etat, déjà réduites à chaque LF (loi de finances) depuis 2015, risque de
«provoquer un affaissement social mortel et une réaction imprévisible chez les larges couches. En réalité,
c’est la liquidation de la nature sociale de l’Etat», déjà qu’en plus des énormes disparités sociales, la
continuité de la république se trouve menacée par les disparités entre les régions qui se creusent
dangereusement». □ Mohamed KEBCI (le soir d’Algérie, 15.02.2018)
►Le Mouvement Démocratique et Social a décidé à l'unanimité, lors de son congrès ordinaire de participer
à la présidentielle de 2019 sous le slogan « Pour un large gouvernement de travail », a précisé à l'APS, M.
Redouane Khaled, membre du bureau national du parti. Le MDS a élu à la majorité son porte-parole, Fethi
Gharès, comme candidat à l’élection présidentielle, expliquant que cette participation sera l'occasion pour
sa formation politique de "poser les bases matérielles pour aller vers une deuxième république". Un
document portant «216 orientations pour un gouvernement du travail» a été soumis à discussion et dont
l’objectif est d’assurer «l’autonomie de la société aux plans politique et socioéconomique et préparer les
conditions de passage à la IIe République». «L’Algérie doit chercher une voie de sortie par le haut, résume-
t-on : par le travail et le mérite.» Les mesures proposées tournent autour de l’accroissement du pouvoir
d’achat, de la réhabilitation du travail… de droits nouveaux pour les femmes, la jeunesse, de réformes
économiques profondes avec gestion et planification démocratiques, amélioration de l’environnement
économique, partenariat public/privé, transition énergétique, lesquelles mesures tendent à «assainir et
redresser les interventions de l’Etat (…)». Dans sa résolution, le MDS explique son choix d’intégrer un
«gouvernement du travail» : «Nous sommes disposés à assumer les responsabilités gouvernementales
précisément parce que nous ne nous satisfaisons pas de mettre en accusation le despotisme néolibéral et
que nous voulons consolider le front intérieur. Nous avançons, sur toutes les questions qui se posent à la
société, des solutions constructives qui se basent sur une connaissance des réalités économiques et des
besoins sociaux ».
►Revoilà, le débat  : On ne sait rien encore des intentions du chef de l’Etat sur la nature de la révision
constitutionnelle ni sur la procédure choisie pour accomplir cette réforme. Il reste qu’Abdelaziz Bouteflika a
une vision de ce que sera la prochaine étape, dans le sens où il a critiqué, à travers certaines de ses
déclarations, l’actuelle Constitution qui ne détermine pas, selon lui, de façon nette, la nature du régime en
Algérie. «Nous ne sommes ni dans un régime présidentiel, ni dans un régime parlementaire», n’a-t-il cessé
de répéter. Régime présidentiel ou parlementaire, le débat resurgit ces derniers temps sur l’élection d’une
assemblée constituante. Il semble que le régime présidentiel, qui a fait son temps et qui, à la faveur des
bouleversements survenus dans la région la plus proche de nous et qui continuent en s’élargissant au
Monde arabe, ne soit plus d’actualité. Il reste deux options pour le futur pouvoir politique. Le Régime
parlementaire est en tête de liste. Il est réputé être le système constitutionnel qui offre le plus d’équilibre

856
entre les pouvoirs du gouvernement et ceux du Parlement. Là où le gouvernement est politiquement et
collectivement responsable devant le Parlement et où, en contrepartie, le gouvernement peut recourir au
droit de dissolution. Ce choix est exprimé par le FNA de Moussa Touati et les partis islamistes dont le MSP
de Bougerra Soltani, membre de l’Alliance présidentielle qui regroupe, outre ce parti, le FLN et le RND. Ces
deux dernières formations politiques, majoritaires dans les Assemblées élues ne partagent pas ce point de
vue. Le RND et son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, se font discrets sur cette question. Pour sa part,
Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, lui ne cesse d’évoquer ce grand chantier législatif. Reste
que le patron du vieux parti oublie dans son discours le débat de fond qui doit déterminer les modalités de
refonte de la Constitution. C’est ainsi qu’il estime que la revendication pour une révision profonde de cette
Constitution «demeure valable» et même s’il souligne la nécessité d’une révision en profondeur du texte
fondamental, le n° 1 du vieux parti est catégorique au sujet d’une assemblée constituante, revendiquée
notamment par le FFS de Hocine Aït Ahmed et le PT de Louisa Hanoune. Il dit «non» pour une assemblée
constituante dans une interview à l’APS. Selon lui, cette idée politique qui fait table rase de tout ce qui a
été acquis depuis l’indépendance, peut susciter l’adhésion de certains partis, mais que ces idées peuvent
être complétées comme elles peuvent essuyer le refus d’autres partis. Cette idée, comme le Sg du FLN
peut le constater, est revendiquée par le Parti des travailleurs (PT) qui en a fait son cheval de bataille
durant ces dernières années et tout récemment, Louisa Hanoune s’enorgueillit d’affirmer que le chef de
l’Etat est favorable à cette option. «Le président de la République m’a confirmé qu’il partage l’option d’une
assemblée constituante», a révélé la patronne du PT. Faudra-t-il prendre pour argent comptant ce que
révèle la pasionaria algérienne. Auquel cas, l’Algérie se dirigerait vers une Assemblée constituante, et ainsi
repartir à «zéro», comme le craint le Sg du FLN. En fait, une assemblée constituante est une institution
collégiale avec pour tâche la rédaction ou l’adoption d’une constitution, c’est-à-dire le texte fondamental
d’organisation des pouvoirs publics d’un pays. Qui est membre de cette assemblée ? Tout dépend des
circonstances et de la conjoncture dans lesquelles se trouve le pays. Régime parlementaire ou assemblée
constituante, les débats seront sans nul doute assez houleux.□ BELHOCINE Sadek (le midi-dz, mars 2011)
CHANGEMENT.- Argument lexical largement usité par la classe politique ou la société civile qui permet
d'évacuer une situation critique ou inconvenante sans pour autant l'assortir de mesures de substitution de
l'état de fait vécu. Revendiqué partout et par beaucoup de monde, il peut conduire au pire comme au
meilleur selon les consensus qu'on lui affectera à ce moment-là précisément. Son caractère et sa forme
dépendront de la détermination des instigateurs et du champ d'application à investir. Le statuquo a
accoutumé les personnes à l'inertie et plongé les milieux dans la léthargie. Le changement peut être
radical et affecter le comportement social. Il est possible d'évaluer un changement escompté dans une
situation donnée pour mieux prévoir le but à atteindre. Attention à l'improvisation qui réserve des
surprises !
ELU.- La valorisation de la fonction d'élu, affirmée par les dispositions des codes communal et de wilaya,
est insuffisamment confirmée au plan pratique. L'élu, en effet de plus en plus sollicité, doit devenir de nos
jours un gestionnaire pouvant appréhender sans se spécialiser certaines techniques de gestion.L'élu local
doit se former et se recycler dans des domaines aussi divers que la gestion communale, l'assainissement,
les finances locales, les plans de développement, le personnel local, l'aménagement local,etc.Il doit
développer des aptitudes à préparer et mettre en oeuvre tout programme d'animation dans la concrétisation
des objectifs allant dans le sens des aspirations du cadre de vie de la population. Il demeure
insuffisamment informé et non familiarisé aux techniques de management par manque de vulgarisation
ayant trait à l'administration et aux techniques municipales, pour suggérer des mécanismes adéquats
d'exécution et d'utilisation rationnelle des moyens humains dans la réalisation de programmes de
développement local ou la préconisation de nouveaux schémas d'aménagement du territoire communal
intégrant une perspective de décentralisation globale et d'équilibre économique.
REGIME PARLEMENTAIRE.- En novembre 1995, des élections présidentielles sont organisées. Lamine
Zeroual, l’un des quatre candidats, remporte officiellement le scrutin avec 61,3 % des suffrages exprimés.
Un an plus tard, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum. Elle renforce les pouvoirs du
président de la République et crée notamment une seconde chambre parlementaire, le Conseil de la nation
(équivalent à un Sénat), la première étant, depuis 1977, l’Assemblée populaire nationale (APN). En juin
1997, des élections législatives ont lieu. Le parti présidentiel, nouvellement créé sous le nom de
Rassemblement national démocratique (RND), n’obtient pas la majorité absolue à l’APN. Dès lors, un
gouvernement de coalition est formé avec des ministres issus de plusieurs partis. Les élections locales et
régionales se déroulent en octobre 1997. Elles tournent en faveur du RND. Les partis d’opposition en
contestent vigoureusement les résultats et émettent de vives accusations de fraude. (AÏT CHAALAL, 2002).
►(…) Officiellement, l'Algérie est devenue une démocratie représentative constitutionnelle depuis février
1989. Elle repose sur un régime semi-présidentiel multipartiste supporté par la Constitution de 1996 révisée
en 2016. Les prérogatives de l'Etat sont ainsi réparties entre le gouvernement, nommé par le président, et
le Parlement, composé de deux chambres dont les membres sont élus au suffrage universel. Le Conseil de
la Nation constitue la chambre haute du Parlement selon le système du bicamérisme. C'est un organe de
modération, créé par la révision constitutionnelle du 28 novembre 1996 qui repose sur un mode de
désignation mixte (suffrage indirect et nomination présidentielle), il dispose d'un pouvoir de blocage absolu
de la procédure législative et détient le pouvoir législatif avec l'Assemblée populaire nationale. Ses
membres au nombre maximum égal à la moitié des membres de l'Assemblée populaire nationale, dont 1/3

857
des membres sont désignés par le président de la République et 2/3 sont élus au scrutin plurinominal
majoritaire à un tour dans les 48 circonscriptions binominales (deux sièges) correspondant au nombre des
wilayas du pays, par et parmi un collège électoral composé d'élus des assemblées populaires de wilaya et
des assemblées populaires communales. La durée du mandat de la chambre est de six ans, renouvelable
par moitié tous les trois ans. L'Assemblée populaire nationale (APN), fondée selon le modèle français et
régie selon les lois de la Constitution algérienne, est la chambre basse du Parlement. Elle est composée de
462 membres élus au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans, dont les sièges sont répartis à la
proportionnelle dans 48 circonscriptions plurinominales correspondantes. Chaque circonscription se voit
attribuer un nombre de sièges en fonction de sa population : un siège par tranche de 80 000 habitants, plus
un siège pour une éventuelle tranche restante de 40 000 habitants, avec un minimum de 4 sièges par
circonscription. (…). À chaque rendez-vous pour l'élection de cette assemblée (APN), il y a des sujets
précis qui surgissent d'une façon distinguée, à côté d'autres sujets qui servent de moyen de propagande ou
de support au marketing politique auquel se livrent sans merci les différents acteurs politiques au jeu
électoral. Dès le lancement de la campagne pour les élections législatives, certains de ces sujets perçus et
utilisés de façons différentes marquent tout au moins une position réelle de l'opinion publique vis-à-vis
d'une question, dont l'importance est évidente, parmi les nombreuses interrogations que suscite ce rendez-
vous électoral, à savoir si les citoyens se rendront-ils ou non aux urnes, voire même voter nul…? La
docilité, le calme et l'apaisement dans le discours politique qui caractérisent la campagne électorale
officielle, pour les élections législatives laissent perplexe. Nonobstant quelques vagues formules usées et
empruntées au discours propagandiste, il y a de quoi se poser des questions sur l'attitude des partis de
l'opposition qui montrent patte blanche, en n'évoquant aucun sujet qui fâche, probablement pour échapper
au retour de manivelle qui se manifesterait inévitablement lorsque viendra le moment de la distribution des
sièges au Parlement. Aucune critique concrète formulée sur les différents scandales de la corruption, le
bilan du gouvernement et les nombreux blocages de la vie politique dans notre pays. Au pouvoir comme du
côté de l'opposition, la priorité dans les discours est clairement accordée à appeler les électeurs à voter.
La rhétorique adoptée par certains partis d'opposition, relayant une position fermement adoptée par les
partis du pouvoir ou favorables au pouvoir, en estimant que le boycott de ces législatives peut faire
basculer le pays vers l'inconnu, surprend par son caractère consensuel, policé et inhabituel. Craignant une
abstention sans précédent, les autorités et les partis qui prennent part à ces élections ne cessent de lancer
des appels à l'endroit des citoyens afin de les inciter à se rendre massivement aux urnes. Dans le but de
contrecarrer la vague de critiques qui déferle sur les réseaux sociaux à propos de ce rendez-vous électoral,
après l'instruction des imams pour convaincre les fidèles à ce sujet, le gouvernement, par la voix de son
ministre de l'Intérieur, menace ouvertement ceux qui mènent campagne contre le scrutin. Tandis que
certains candidats adeptes de la promotion virtuelle sur facebook ou youtube vont à la rencontre des
électeurs pour obtenir leurs voix, par l'entremise de moyens détournés ou des pratiques qui constituent une
forme de corruption, au lieu de profiter de la campagne pour présenter leurs programmes électoraux. Cette
nouvelle tendance de l'opposition n'échappe pas aux plus avertis pour soutenir la thèse selon laquelle le
système politique dans notre pays s'apparente un caractère inaptocratique où les moins capables de
gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins
aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir sont récompensés par des biens et des services qui ont été
payés par la confiscation de la richesse et du travail d'un nombre de producteurs en diminution continuelle.
L'analyse de la situation caractérise la démocratie algérienne comme une démocratie de façade où les élus
n'ont aucun compte à rendre aux électeurs et révèle autant d'exemples à la base de l'affaiblissement de
l'engouement des citoyens vis-à-vis des différents rendez-vous aux urnes dans notre pays, souvent
marqués par de forts taux d'abstention, et dont la contestation systématique des résultats ne fait que
remettre en cause la légitimité du pouvoir au regard de la population et sa non aliénation vis-à-vis des
partenaires étrangers. (…).
Le député est tenu de respecter les promesses faites aux citoyens lors de la campagne électorale en
justifiant le salaire que l'Etat lui attribue pour sa mission parlementaire, lequel pour précision n'est pas un
salaire professionnel mais un salaire d'élu, un salaire politique destiné à porter concrètement dans les
institutions et dans la société les idées du pacte politico-idéologique sur lequel les électeurs et l'élu
s'étaient engagés en prenant part à une élection donnée. Ceci par l'ouverture, dans la circonscription qui l'a
élu, d'un bureau de proximité qui servira de permanence pour se rapprocher de sa base avec un secrétariat
et un assistant parlementaire pour la réception, le traitement et l'acheminement, à qui de droit, des
doléances des citoyens. L'absence des structures de base opérationnelles et de mécanismes d'évaluation
des parcours des élus, en dehors des élections, renforce l'idée de la défaillance des partis politiques qui
sont devenus des clubs où accourent les opportunistes à l'occasion de chaque consultation électorale. Ces
dysfonctionnements conjugués à la mauvaise représentation au niveau des deux chambres produisent un
effet répugnant chez le citoyen à l'égard de la classe politique et constituent les véritables freins de
l'adhésion populaire aux joutes électorales. □ KHELIFA Saïd Aïssa (2017)
SOCIETE CIVILE .- Largement galvaudée par le discours journalistique, la notion de "société civile" se
définie comme un ensemble d'institutions et d'associations portées par des valeurs démocratiques. En
Algérie, cette notion est utilisée à tout propos par la presse surveillée par les autorités, sans jamais
questionner le fait que les associations et groupes censés incarner la "société civile" soient créées à
l'instigation de l'Etat. Fortement idéologisée, la notion a désormais pour fonction de servir de filtre à la
participation politique. Seuls les membres de la "société civile" ont le droit de participer au champ
politique, à l'exclusion des violents et des émeutiers qui n'y ont pas droit parce qu'ils n'auraient pas atteint

858
le degré de civilité pour prendre part pacifiquement aux affaires de l'Etat. Dans cette définition, la notion
a pour fonction idéologique d'écarter les islamistes de la participation politique, en les présentant comme
des barbares, des êtres inhumains, indignes de faire partie de la Cité. La société civile ainsi délimitée se
réduirait aux fonctionnaires et aux groupes sociaux périphériques de l'Etat, effarouchés par ces masses
démunies, réclamant le droit d'être associées à la désignation des dirigeants, et contestant violemment
contre les inégalités sociales, contre la pénurie d'emplois, de logements, de transports, de soins médicaux,
etc. Ces masses inciviles ne sauraient faire partie de la société civile supposée établir des rapports
pacifiques régulés par les lois du marché.

L'ELECTION
ELECTIONS.- L'opposition politique dans sa totalité a contesté avec véhémence les résultats officiels des
différentes élections déroulées ces dix dernières années (présidentielles, révision constitutionnelle,
législatives, et communales). Rejetant l'ensemble des résultats publiés, elle évoque la manipulation des
chiffres, la fraude électorale, et dans le meilleur des cas, parle d'exagération en contradiction avec la
réalité. Suite à ces fraudes électorales constatées, le gouvernement promet la promulgation de décret
exécutif pour de meilleures conditions de transparence de déroulement du scrutin présidentiel. Portant sur
les modalités d'application de l'article 116 de la loi organique relative au régime électoral, cette nouvelle
disposition régit le fonctionnement des commissions électorales de circonscription et de wilaya ainsi que
les commissions devant être installées au niveau des circonscriptions électorales diplomatiques et
consulaires. Le même article codifie les conditions dans lesquelles sont élaborés et traités les procès-
verbaux sanctionnant les résultats des élections. On se rappelle la polémique que l'application de cet
article avait suscitée lors de l'élection présidentielle 1995 de la part des partis politiques. Les procès-
verbaux avaient été modifiés au profit du RND, parti du pouvoir. Les représentants des partis dans les
bureaux de vote n'avaient aucune emprise sur ces P.V. Il fut révélé que dans les bureaux de vote les PV
cosignés par les partis en lice n'étaient plus ceux qui avaient été validés. Le décret exécutif devrait
également mieux réglementer l'organisation des bureaux itinérants dont on avait fait un usage abusif pour
les besoins de la cause. D'autres dysfonctionnements avaient été relevés par les partis , comme la
non-maitrise du vote des corps constitués. En application des engagements pris par le président de la
république en vue d'organiser un scrutin libre et régulier, il faut répondre aux doléances de la classe
politique qui avait appelé à la nécessité de la révision de la loi électorale pour éviter les graves dérives
constatées lors du scrutin. Le recours à la voie règlementaire confère au gouvernement une plus
grande marge de manoeuvre quant au contenu des textes de lois comparé aux projets de lois soumis au
parlement qui recèlent toujours une part d'inconnue même si l'on peut compter sur la majorité parlementaire
en place. L'idée d'un décret exécutif semblerait être une solution médiane entre la revendication des partis
pour la révision de la loi électorale et la préservation du système.
MENSONGES.- Ne parvenant pas à intérioriser l'éthique de l'effort et de la performance que propagent les
gens du pouvoir économique et politique, les Algériens se laissent prendre aux thèmes de l'ascension
sociale. Dans une Algérie ravagée par le chômage, les perspectives d'avenir apparaissent bien sombres au
plus grand nombre. La société continue à s'enfoncer dans les difficultés sociales, la désespérance des plus
opprimés et des plus révoltés, sans laisser entrevoir de nouvelles éclaircies dans un futur prévisible. La
société tourne en rond sur elle-même, dans un climat général de désaffection et de désenchantement. Dans
un tel contexte, les tentatives pour redonner élan et vigueur à la vie politique et aux représentations plus
ou moins bien interprétées dont elle se nourrit, ne peuvent qu'être dérisoires, même si elles produisent
certains effets à court terme. Les visites au président de la République, les déclarations solennelles des
ministres ou des organisations ne suscitent plus qu'un intérêt limité et passager, sauf si elles ont des
conséquences tangibles et immédiates pour des couches importantes de la population. L'Etat semble ne
plus produire qu'un discours efficient, le discours tautologique qui affirme que "le pouvoir n'est pas autre
chose que le pouvoir et qu'il ne peut en être autrement".
Entité supra-sociale qui se veut omni-présente et omnisciente au-dessus des citoyens, l'Etat régit les
affaires de la société selon son appréciation aléatoire sanctionnant des rapports sociaux mouvants. C'est à
bon compte que l'Etat s'enveloppe dans un discours de la continuité ou de la sérénité, de l'effacement des
contradictions, pour dire l'immuabilité des relations sociales fondamentales. Vivant dans des états de
déséquilibre prononcés, qui se succèdent les uns aux autres sans repos et sans fin, il s'apparente à un
Etat-fétiche se servant de l'atomisation des individus pour les empêcher de comprendre ce qu'il fait
réellement. Les intérêts des uns et des autres ne sont, bien sûr, pas identiques et l'Etat qui assure
l'équilibre économique national ne peut lui-même qu'être partagé entre les exigences du capital. Plus
profondément, il faut concilier la reproduction nationale des rapports de classes avec l'internationalisation
croissante des rapports de production, c'est à dire transmettre au système économico- social
nationalement limité les pressions de l'environnement international sans mettre en danger la stabilité
relative des relations de classes. L'heure n'est plus maintenant aux "planifications nationales", aux
politiques sociales ambitieuses, mais à la "croissance maitrisée", c'est à dire adaptée aux contraintes de
plus fortes du marché mondial. L'Etat supporte de plus en plus mal la centralité politique, c'est à dire un jeu
politique qui se donne pour objectif la synthèse des intérêts opposés et divers présents dans la société, il
tend par conséquent à émietter les expressions politiques et à restreindre la démocratie.

859
LES FORCES POLITIQUES
CLASSE POLITIQUE .- Le paysage politique s'est configuré au lendemain des évènements de 1988. En
1989, 74 formations politiques avaient vu le jour sous l'appellation d'associations à caractère politique
(ACP) et dont la grande majorité d'obédience satellitaire. L'officialisation des partis politiques a vu leur
nombre se réduire à 53 formations en 1996. Ensuite, sept partis se sont auto-dissous, à l'exemple d'El
Oumma de Benyoucef Benkhedda (ancien président du GPRA la veille de l'indépendance), ou contraints
à se dissoudre par le ministère de l'intérieur comme ce fut le cas du MDA (mouvement pour la démocratie
en Algérie) créé par l'ancien président de la république, Ahmed Ben Bella. En 1993, le champ politique
était constitué globalement de quatre grosses familles politiques qui "travaillaient" la société. Elles étaient
toutes traversées par une tentation autoritaire sur une scène nationale demeurée mitigée à s'engager dans
un quelconque projet de société porteur et créditeur d'espérances de justice sociale. Ces différents
courants se caractérisent distinctement par :
◙ les républicains souhaitaient une rupture vers la modernité imposée au moyen d'un gouvernement installé
par l'armée et d'une interdiction des partis islamiques et populistes. Beaucoup cherchent à concrétiser à
brève échéance, un modèle de démocratie formelle à même d'impulser une modernisation par le haut.
◙ les islamistes cherchent, à travers la remise en cause des valeurs de la modernité occidentale, une
réappropriation de ces mêmes valeurs par le biais des référends culturels islamiques, préparant ainsi le
terrain à une modernisation en profondeur par le bas. Pour mener à bien leur projet social, ils exploitent
tous les échecs politiques du régime: chômage, crise du logement, paupérisation, marginalisation massive.
Pour eux, les résultats annulés du scrutin des élections communales de 1991 ont toujours de la valeur. Le
terrorisme n'était pas suffisamment condamné puiqu'il est légitimé par l'arrêt du processus électoral qui les
donnait vainqueurs. La démocratie est qualifiée de "kofr", contre les preceptes de la religion. Dans cette
mouvance islamique, les deux partis, Nahda et MSP défendent le même projet de société "un état
islamique, l'islam est la solution". Mais leurs échecs aux élections de 1991 les poussent à adopter la
même position politique que celle défendue par les républicains: s'imposer par le haut pour éliminer les
non-islamistes, porteurs "de valeurs étrangères à la société algérienne dont l'arabité et l'islamité en sont
les constantes et les fondements".
◙ les légitimistes : FFS, PT, MDRA, PRA, et le FLN, dans une moindre mesure et une partie de la société
civile considèrent que les malheurs de l'Algérie ont pour cause: l'absence de légitimité des pouvoirs qui se
sont succédé depuis l'indépendance. La solution réside dans l'octroi de la parole au peuple qui saura
choisir ses dirigeants. Aussi, parmi les légitimistes, il faut distinguer deux sous-tendances: les"
présidentialistes" et les "constitutionalistes". Pour les premiers, l'élection d'un président de la république
est le déterminant. Cette thèse est défendue par le FLN, le PRA et le MAJD. Ne se faisant pas d'illusions
sur leur poids électoral ils pensent que les élections présidentielles sont une chance, non pas pour leurs
partis sortis tout droit de la maison FLN, mais pour leurs chefs. Quant à l'autre pole des légitimistes, il est
constitué par le FFS, le PT et rejoints par le FLN qui accepte l'idée d'une constituante et d'une conférence
paritaire (pouvoir-opposition) pour la surveillance d'une transition et prévoir des mécanismes d'exclusion
de ceux qui dépassent certaines limites (violence-tricherie, etc.) et arriver enfin à une trève politique en
associant tous ceux qui veulent être associés. Le FLN, de retour dans le giron du pouvoir, ambitionne de
fédérer la famille révolutionnaire (ONM, ONEC, ONEM).
◙ Les nationalistes-légalistes : le RND est "pour un état fort et juste". Une relance de l'économie doublée
d'une lutte contre la corruption apaisera le climat social. L'adoption de la nouvelle constitution constitue la
base de son programme qui ambitionne de restaurer la légitimité du pouvoir. Confondant Etat et Pouvoir, ils
croient que leur hégémonie permettra de confirmer leur ascendance en exprimant les aspirations des
citoyens et renforcer le pouvoir en construisant un Etat fort. Au fur et à mesure des progrès de la
construction nationale, se réaliseront les conditions d'une démocratie réelle et les formes d'organisation
étatiques qui lui sont appropriées, rendant alors possibles la modernisation par le bas. Cet autoritarisme de
pouvoir se donne pour justificatif la sauvegarde de la cohésion nationale, de l'unité nationale.
La classe politique dans sa quasi-totalité, n'a pas cessé de gloser sur la configuration institutionnelle à
donner à l'Algérie. Si pour les islamistes, fixés dès le départ, la question ne s'est jamais posée avec acuité,
le camp des dits démocrates, fragmenté en deux segments aux desseins opposés, n'a pas fini de quêter la
meilleure façon de sortir le pays de la crise. Entre les tenants d'un système présidentiel fort, légal et pas
nécessairement légitime et les partisants d'une démocratie pleine et entière, respectueuse du fond et des
formes, le fossé demeure encore large. Il s'agit pour chacune des deux tendances antagoniques, non
pas d'un différend factice de façade, mais d'un désaccord aux enjeux déterminants pour l'avenir de
l'Algérie. Les premiers, appelons les " légalistes " se recrutent essentiellement dans la sphère laique,
gauchisante et, accessoirement nationaliste, considèrent que le pays, empétré dans d'inextricables
contradictions, peut, fort bien, se passer de la touche "légitimiste". L'urgence pour eux réside dans
l'émergence d'un pouvoir - qu'importe comment - crédible, puissant, imaginatif, et surtout capable de
susciter l'adhésion populaire sans forcément recourir au suffrage universel. En 1998, le nombre des 46
partis politiques s'est réduit juste à une quinzaine de formations. Le paysage politique algérien se

860
compose finalement de 4 tendances : les islamistes (MSP et Ennahdha), les réconciliateurs (PT et FFS), les
démocrates (RCD, ANR et Ettahedi), et ceux (RND et FLN) qui se réclament du pouvoir en place.
► Les partis comme appareils d’État  : Le régime algérien, s’identifiant à l’État, n’attend pas des partis
qu’ils entrent en compétition pour assurer le pouvoir au nom de la légitimité électorale. Il attend d’eux qu’ils
représentent la population dans les institutions en exprimant leurs demandes dans le respect des logiques
dominantes du régime. L’électorat n’est pas le corps souverain, c’est seulement un protagoniste du système
dont il faudra intégrer les demandes sociales (emplois, logement, santé...) afin de les satisfaire autant que
possible. Les partis doivent ajuster ces demandes sociales aux capacités de l’État, et jouer un rôle
syndical, tout comme le syndicat l’UGTA a la fonction d’un parti dont la particularité est de ne pas participer
aux élections. Les partis ne sont pas conçus comme des organisations autonomes véhiculant des visions
particulières de l’intérêt général. Ils sont plutôt considérés comme des appareils d’État remplissant des
fonctions de stabilisation et de légitimation de l’administration auprès de la population. Dans cette
perspective, le régime étatique algérien est traversé par une contradiction majeure source de tensions et de
crises. D’une part, il promulgue une loi reconnaissant aux partis leur vocation à la « compétition pour
l’accès au pouvoir (pour) contribuer ainsi efficacement à la consolidation de la démocratie » (1), et d’autre
part, il refuse la philosophie d’un tel système reposant sur la souveraineté du corps électoral. Ce refus est
attesté par le bourrage des urnes favorisant les partis de l’administration et faussant les majorités
électorales.
La légalisation des partis n’a pas amélioré la participation de la population au champ de l’État et n’a pas
démocratisé le régime. La raison est que ce dernier ne veut pas renoncer à sa structure et cherche à se
perpétuer par les partis dont il attend qu’ils jouent le rôle de courroie de transmission entre les institutions
et les populations. Dans cette perspective, les élus ont à mettre leur représentati vité et leur légitimité au
service du pouvoir exécutif qui a une prééminence sur eux à travers le fonctionnement de l’Assemblée
nationale où les députés n’ont pas la capacité d’interpeller le gouvernement sur des questions sensibles
Une réelle vie parlementaire n’existant pas, la majorité des députés se soucient de leurs intérêts
personnels en profitant des ressources de l’État, ce qui les discrédite aux yeux de la population qui se
réfugie dans l’indifférence et, sporadiquement, manifeste son mécontentement par des émeutes localisées.□
ADDI Lahouari (2006)
(1) Exposé des motifs de l’ordonnance n° 97-09 du 6 mars 1997 portant loi organique relative aux partis
(...)
FRERES MUSULMANS .- Au lendemain du recouvrement de l'indépendance, dans le cadre identitaire du
pays, l'arabisation était une action naturelle du mouvement national et de la guerre de libération que l'Etat
prenait largement en charge. Ce sont les moyens mis en oeuvre pour l'arabisation qui ont généré
l'islamisme. La situation qui caractérisait les premières années d'indépendance, en matière d'éducation
et de formation, se distinguait par un manque crucial en infrastructures d'accueil et de personnel
enseignant, ce qui va pousser les autorités algériennes à recourir à une coopération technique tous
azimuts. Avec la politique de démocratisation de l'enseignement, des milliers de coopérants vont se
déverser en Algérie, de France, d'Egypte, de Syrie, d'Irak, des pays du bloc socialiste... Parmi les
coopérants venus du Moyen- Orient, la plupart sont militants du mouvement des frères musulmans ou
acquis à leur cause. L'arrivée massive d'égyptiens, surtout, due en partie aux bonnes relations avec le
régime de Nasser, si elle a été sous-entendue par le désir de ce dernier de se débarrasser d'opposants de
plus en plus présents au sein des appareils de l'Etat, procédait aussi d'une stratégie de l'association des
frères musulmans qui, soucieuse d'éviter à ses membres une répression quasi systématique et désireuse de
s'ouvrir de nouvelles perspectives pour la propagation de ses idées, optait pour l'envoi de ses militants en
Algérie. Cette stratégie concernait aussi les Syriens et les Palestiniens, proches de la tendance des Frères
Musulmans. Dès lors, la revendication, circonscrite à quelques imams, va échapper à leur contrôle pour
déborder sur de nouvelles personnalités. Les imams contestataires continueront à activer, faisant jonction,
quelquefois avec un mouvement en voie de constitution dans le cadre d'actions communes, mais ils seront
trés vite confinés dans quelques mosquées qui deviendront, cependant, de véritables citadelles à partir
desquelles ils continuaient à fustiger le pouvoir tout en formant de nouveaux émules. Le nouveau
mouvement, bien organisé, utilisera leur charisme et leur aura pour élargir sa base militante, mais il ne
tentera jamais de piétiner leur "chasse gardée". Les frères du Moyen-Orient, rompus à l'activisme politique,
vont investir tous les espaces disponibles (écoles, mosquées, rencontres...) pour concilier les algériens
avec leur religion. Cet activisme sera à l'origine de la constitution dans les quartiers et les mosquées
d'associations nouvelles, qui formeront, plus tard, la base du mouvement islamiste d'obédience Frères
Musulmans. Contrairement aux imams contestataires d'El Kiyyam, qui se distinguent par des positions
volontaristes, sans souci de cadre organisationnel de base, ce nouveau mouvement privilégiera la mise en
place d'un tissu organique et dynamique horizontal qui servira de matrice à la propagation de l'idéologie
islamiste et fournira les contingents de militants que l'on retrouvrera, plus tard, dans la nébuleuse islamiste.
Les halakate se multiplient dans les mosquées que le pouvoir, dans sa volonté d'appropriatio de la
revendication contestaire, a multipliées, provoquant des violences avec les imams "officiels", des cours
d'enseignement gratuits sont dispensés aux élèves des classes d'examen... Les islamistes investissent, peu
à peu, le champ social en tentant de pallier aux carences du système: voyages, excursion, prise en charge
des démunis, des laissés-pour-compte, marquent leurs actions. Les signes ostentatoires de l'islamisme
commencent à faire leur apparition au sein de la société : barbes, kamis, d'abord, puis bien plus tard

861
hidjabs... jusqu'à la façon de se tenir pendant la prière, qui est inhabituelle, inconnue des algériens. Sous
la tutelle des égyptiens, des syriens, des irakiens et des palestiniens, les algériens acquis aux thèses des
frères musulmans vont s'initier à la méthode étapiste (marhaliya). La barbe, le kamis, signes fétichistes
indiquent une volonté de retour aux sources, de renoncement avec une société ignorante et impie, donc un
début de changement de soi qui doit précéder le changement de la société. La da'wa, s'intensifie et
s'investit davantage dans la politique, préparant le militant en forgeant sa conviction et sa foi par le
"Targhib oua Tarhib" (donner envie/effrayer) tout en continuant à fustiger l'Etat et ses orientations.
Beaucoup de prêches versent carrément dans l'invective et l'insulte à l'encontre de citoyens, de
personnalités politiques, et de l'orientation générale du régime. Dès lors qu'une assise de base
organisationnelle est jetée, ne peut-on pas parler de la naissance d'un mouvement islamiste clair se
revendiquant de l'héritage doctrinal des frères musulmans? Apparemment oui. En effet, en dépit de
l'absence de leaders de dimension nationale, le mouvement des frères musulmans algériens, avec le
concours et l'assistance des coopérants égyptiens, d'activistes autoproclamés chefs de file, se développait
à l'horizontale, gagnant peu à peu l'allégeance de larges couches de la société, toutes catégories sociales
confondues, se constituant, se consolidant ainsi, se posant aussi à travers les prêches de ses imams, la
littérature et les cassettes qu'ils faisait circuler comme opposant au régime qu'il qualifie de mécréant et
d'obstacles à la réalisation de la dawla islamiya (république islamique). La question du pouvoir sera donc,
dès le départ, au coeur de toutes les revendications du mouvement des frères musulmans algériens et
prendra la forme d'une réislamisation par la base. Son alliance avec les gros commerçants et les gros
propriétaires terriens plus tard le propulsera au rang de premier mouvement de contestation et d'opposition
au régime. Mais la puissance du discours idéologique de ce dernier et le caractère populaire de son action
(l'emploi, l'éducation, l'électrification, la médecine gratuite...) étaient autant de facteurs qui, en dépit de
l'activisme des islamistes et de l'écho favorable qu'ils trouvaient auprès des masses, constituaient un
barrage à l'ambition de voir s'écrouler le pouvoir. Cette situation va amener le mouvement à opérer une
alliance avec des groupes d'intérêts menacés par les orientations socialiste, principalement les gros
commerçants et les gros propriétaires terriens, qui lui permettra de s'assurer les bases logistiques et
financières qui faisaient défaut. A partir de là, le discours islamiste s'organisera de la triptyque religieuse-
politique-économique et se distinguera par une opposition viscérale à toutes les décisions prises dans ce
contexte. Ses leaders, dont quelques uns commencent à s'imposer à l'échelle nationale, prendront
ouvertement position pour la propriété privée "sacrée par la religion et qu'un régime communiste bafoue".
Une "fetwa" sera décrétée contre la révolution agraire qui promet "aux bénéficiaires de prendre la terre des
autres de bruler dans les flammes de l'enfer...". Cette conjonction d'interets va donner une collaboration
longue et fructueuse pour les deux parties. Mais trés vite, le mouvement va atteindre ses limites dans le
renversement du régime et l'instauration de l'Etat islamique, ce qui provoquera la radicalisation d'une partie
de la base et permettre aux thèses des noyaux de "Tefkir oua hidjra", partisans inconditionnels de l'option
armée, trés actifs et bien structurés avec déjà des émirs locaux et nationaux, bénéficiant aussi d'une
base arrière en infrastructures (mosquées, lieux de prière) d'opérer une percée au sein du mouvement
islamiste. Les éléments du "Tefkir oua hidjra", avec ceux de la tendance Djaz'ara (compromis entre
nationalisme algérien et islamisme), seront dans une large mesure à l'origine de la constitution du premier
mouvement armé (MIA) à Blida. Le point commun à tous les islamistes est qu'ils posent un problème
fondamentalement politique: la prise du pouvoir et l'instauration de la République islamique dans un cadre
strictement algérien. S'ils divergent quelque peu sur les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre cet
objectif, ils restent cependant d'accord sur l'essentiel. Pour tous les islamistes, en effet, les sociétés
musulmanes sont djahiliya et doivent, par conséquent, changer. Aucun compromis ne sera possible avec
elles si elles n'abdiquent pas devant les arguments. Ce qui est demandé à ces sociétés n'est plus ni moins
qu'une reddition totale à leur vision de l'islam et de la politique.
MOUVEMENT ASSOCIATIF .- Les jeunes et les familles démunies et nécessiteuses sont le point fort des
actions entreprises à leur égard par leur mouvement associatif. Mais le nombre sans cesse croissant des
personnes pauvres, ces actions restent limitées. Si certaines associations se sont investies dans les
oeuvres caritatives, d'autres ont limité leurs actions dans des activités culturelles, sportives et
éducatives. Il faut dire que les associations qui sont au nombre de 46.000 au niveau local et plus d'un
millier à l'échelle nationale en 1998 n'ont pu prouver leur efficacité. Selon certains experts qui ont
mené des études sur le terrain, environ une quinzaine d'associations activent à titre permanent en
essayant d'apporter leur soutien et aide à différentes franges de la société. Le manque d'expérience et
l'absence d'une culture associative qui doit constituer une tradition nouvelle au sein de la société
algérienne est la cause à effet directe dans ce résultat peu valorisant. Parmi ces associations, citons le
Croissant rouge algérien, l'association "El-Fadjr" chargée d'aide aux cancéreux, ainsi que des associations
chargées de l'aide aux personnes agées et aux handicapés. Le séminaire national sur les cellules de
proximité, organisé en octobre 1997, a été une opportunité pour souligner l'importance de la solidarité et
la nécessité de consolider à travers un partenariat toutes les parties concernées. Le mouvement
associatif est devenu un partenaire des autorités concernées pour une action coordonnée. Par ailleurs,
une politique efficace tend à être développée pour consolider les actions de solidarité. Une commission de
coordination de l'action associative intersectorielle a été chargée de se pencher sur les lacunes du
mouvement associatif et de renforcer l'activité sociale.
Un guide a été mis au point contenant des recommandations à même de promouvoir et d'élargir la sphère
de l'action de solidarité. La maison des associations inaugurée récemment à Bologhine, sert
d'intermédiaire entre les associations et les familles nécessiteuses pour faciliter les actions des

862
associations. Depuis 1991, ces associations se sont attelées à mettre en oeuvre les programmes de
solidarité en diverses occasions. Chaque association doit définir la nature de l'aide à apporter et mettre en
évidence ses programmes d'action. Tous les moyens doivent être mis en action afin de valoriser les actions
du mouvement associatif et de venir à bout des obstacles qui entravent l'émergence réelle du mouvement
associatif en tant que force de démocratisation et de réponse aux attentes des citoyens.
MOUVEMENT SYNDICAL .- Historiquement, la nouvelle constitution de 1989, les lois sociales de 1990 ont
brisé le monopole de la représentation syndicale détenue jusque là par l'UGTA, et ouvert la voie à
l'émergence de syndicats autonomes. L'élargissement du mouvement syndical dans la représentativité du
monde du travail a trouvé de meilleures conditions à travers les modalités d'application d'exercice du droit
syndical en 1991 puis en 1996. Cette réglementation définit entre autres les modalités de constitution de
nouveaux syndicats en conditionnant un quota minimum à atteindre de 20% de salariés.
L'éclosion syndicale remarquera la durée de vie limitée de la confédération syndicale (COSYFOP) en 1990
créée au niveau du complexe d'ammoniac dans la zône industrielle d'Azew prés d'Oran. Cette même année,
le FIS profite de cette ouverture pour lancer son propre syndicat, le syndicat islamique du travail (SIT), dont
la mobilisation d'adhérents connut son apogée lors de l'appel à la grève générale en juin 1991. De son côté,
la même periode, le Syndicat national des administrations publiques (SNAPAP) se constitua en ciblant
essentiellement les salariés des institutions et administrations de l'Etat, syndicat qui n'a cessé depuis de
connaitre en son sein des conflits et un affaiblissement de son audience du en partie à un regain de
mobilisation de l'UGTA. Des syndicats autonomes furent créés par la suite, avec plus ou moins de succès,
dans les entreprises (transport aérien par exemple) ou dans des secteurs particuliers, tels ceux de
l'éducation et de la formation professionnelle, à l'image du SATEF, circonscrit à quelques wilayas du centre
et dont le secrétaire général a été élu député (FFS), ce qui dénote l'intérêt pour nombre de partis politiques
à disposer de prolongements parmi les travailleurs et d'être à l'écoute. Sur le terrain, en tant que foyers
des luttes revendicatives du monde du travail, ces quelques syndicats autonomes n'ont pas la partie facile
dans leurs relations avec les employeurs du secteur d'Etat et avec les pouvoir publics de façon plus
générale. Ces derniers continuent à privilégier l'UGTA et ses démembrements comme partenaire de choix,
lui accordant le monopole de la représentation des salariés au sein de la tripartite (gouvernement-
patronat-UGTA) et des conseils d'administration des organismes de sécurité sociale notamment. Ce rôle
"unique" attribué à l'UGTA a fait d'elle un syndicat-soutien à la démarche du pouvoir aussi bien pour
l'application du programme d'ajustement structurel et ses retombées socio-économiques désastreuses que
pour la gestion du pétrole dite de transition et du parachèvement constitutionnel ou l'UGTA a engrangé des
dividendes en termes d'élus à tous les niveaux. En revanche, les nouveaux syndicats, non affiliés à l'UGTA,
rencontrent toutes les peines du monde à faire valoir leur existence et à se faire reconnaitre comme
interlocuteur. La persistance du gouvernement à ne pas accepter de syndicat critique, indispensable contre-
pouvoir, a largement contribué à la dégradation de la situation sociale en faisant passer sans aucune
résistance les fausses solutions aux vrais problèmes. Le pluralisme syndical parmi les salariés se
construira trés difficilement, à contre-courant de multiples contraintes, dont le profond marasme social n'est
pas des moindres. Il lui faudra évoluer entre les effets pervers du monopole et les aspects négatifs de la
dispersion de l'action syndicale, revers du pluralisme. L'évaluation de la syndicalisation et de l'implantation
des syndicats, conformément à la loi, pourrait réserver beaucoup de surprises dans l'état de la
représentativité syndicale. En effet, la profondeur des mutations socio-économiques en cours de réalisation
et la complexité des changements intervenus dans le monde du travail ont nécessité une large adaptation
des formes de luttes syndicales et l'implication de nouvelles compétences dans la prise en charge des
revendications des travailleurs.
►Déclarés non représentatifs: 35 syndicats passent à la trappe  :Le ministère du Travail fait planer
l'épée de Damoclès sur les têtes des syndicats autonomes en agitant ces dispositions de représentativité.
Du coup, trente-cinq (35) organisations syndicales de travailleurs sur 65 se sont retrouvées hors-la-loi et
seulement 30 organisations syndicales ont répondu favorablement aux demandes de renseignements sur la
représentativité, dans le délai légal, soit le 31 mars 2018, et dont les résultats ont été publiés sur le site
officiel du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, comme l'a indiqué ce samedi 28 avril
un communiqué rendu public par le ministère. Ce constat a été établi après l'examen des dossiers de
représentativité des organisations syndicales de travailleurs enregistrées, conformément aux dispositions
de la loi n°90-14 du 2 juin 1990, modifiée et complétée, relative aux modalités d'exercice du droit syndical,
souligne la même source. Dans le détail, le ministère du Travail a rappelé que 17 sur les 30 organisations
syndicales ont adhéré et ont transmis les éléments de la représentativité, selon les nouvelles formalités, en
renseignant et en transmettant les informations, soit en téléchargeant le nouveau canevas d'information à
partir du site officiel du ministère, ou dans le CD-ROM qui leur a été transmis. Il s'agit des organisations
syndicales suivantes: - L'Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA), présidée par Sidi Saïd
Abdelmadjid, - Le Syndicat National Autonome des Personnels de la l'Administration Publique (SNAPAP),
présidé par Felfoul Belkacem, - Le Syndicat National des Corps Communs et des Ouvriers Professionnels
de l'Education Nationale (SNCCOPEN), présidé par Bahar Ali, - Le Syndicat National des Enseignants
Chercheurs Hospitalo-Universitaires (SNECHU), présidé par Wahiba Ouahioune, - Le Syndicat National des
Praticiens Spécialistes de Santé Publique (SNPSSP), présidé par Mohamed Yousfi, - Le Syndicat National
des Praticiens de Santé Publique (SNPSP), présidé par Lyes M'rabet, - Le Syndicat National Algériens des
Psychologues (SNAPSY), présidé par Khaled Keddad, - Le Syndicat Algérien des Paramédicaux (SAP),
présidé par Lounes Ghachi, - Le Syndicat National des Professeurs de l'Enseignement Para Médical

863
(SNPEPM), présidé par Benyoucef Benyoucef, - Le Syndicat National des Vétérinaires Fonctionnaires de
l'Administration Publique (SNVFAP), présidé par Saïda Akali, - Le Syndicat National des Magistrats (SNM),
présidé par Djamel Aïdouni, - L'Organisation Nationale des Journalistes Sportifs Algériens (ONJSA),
présidée par Youcef Tazir, - Le Syndicat National du Personnel Navigant Commercial Algérien (SNPNCA),
présidé par Karim Ourrad, - Le Syndicat National des Techniciens Maintenance Avions (SNTMA), présidé
par Ahmed Boutoumi, - Le Syndicat des Pilotes de Lignes Algériens (SPLA), présidé par Karim Seghouane,
- Le Syndicat National des Magistrats de la Cour des Comptes (SNMCC), présidé par Ahmed Chikhaoui, -
Le Syndicat National du Personnel de la Circulation Aérienne (SNPCA), présidé par Djamel Aït Abdelmalek.
Alors que, ajoute la même source, treize (13) organisations syndicales ont transmis leurs dossiers, «sans
respect du nouveau canevas d'information». Il s'agit, selon le ministère du Travail, des syndicats ci-après :
- Le Syndicat Autonome des Personnels des Affaires Etrangères (SAPAE), - L'Union Nationale du Personnel
de l'Education et de la Formation (UNPEF), - Le Syndicat Autonome des Travailleurs de l'Education et de la
Formation (SATEF), - Le Syndicat National des Travailleurs de l'Education (SNTE), - Le Syndicat National
Autonome des Professeurs de l'Enseignement Secondaire et Technique (SNAPEST), - Le Conseil National
Autonome du Personnel Enseignant du Secteur Ternaire de l'Education (CNAPESTE), - Le Syndicat
National des Médecins Généralistes de Santé Publique (SNMGSP), - Le Syndicat National des Journalistes
(SNJ), - Le Syndicat National des Electroniciens et Electrotechniciens de la Sécurité Aérienne (SNESA), -
Le Conseil National Autonome des Imams et des Fonctionnaires du Secteur des Affaires Religieuses et
Wakfs (CNAIFSARW), - Le Syndicat National des Travailleurs de la Formation Professionnelle (SNTFP) - Le
Syndicat National de l'OAIC, - Le Conseil National des Enseignants du Supérieur (CNES), avec une
remarque de «conflit interne» pour ce dernier syndicat. Concernant les syndicats qui n'ont pas transmis les
données demandées, selon le nouveau canevas d'information, ils seront considérés «non représentatifs», a
précisé le ministère du Travail. Enfin, les autres organisations syndicales «ne se sont pas manifestées et
n'ont pas communiqué les éléments permettant d'apprécier leur représentativité», note le ministère. Ce qui
laisse croire que pas moins de 35 syndicats ont été, soit pris au dépourvu et n'ont pas pu mettre au propre
les listes de leurs adhérents, soit qu'ils n'ont aucune représentativité et qu'ils activent avec seulement
quelques travailleurs constituant les membres de leurs bureaux. En tout cas, de nombreux syndicats ont
émis des critiques à l'égard de cette procédure qui ne donne pas trop de temps aux syndicats pour
répondre à la demande du ministère, jugeant le délai du 31 mars très court pour remettre les listes des
adhérents, avec tous les renseignements exigés, dont l'affiliation à la CNAS, une information détenue par
l'administration, comme le clament le CNES et le Cnapeste, respectivement par la voix du coordinateur
national, M. Milat, et le porte-parole M. Messaoud Boudiba. Ce dernier dit ne pas comprendre pourquoi les
organisations syndicales patronales n'ont pas été concernées par la même missive ?! D'autres reproches
ont été formulées à l'encontre du ministère, dont la «tentative de museler les syndicats autonomes» à
travers cette exigence et en cette période précise où la protesta était brandie par certains d'entre eux,
justement ceux qui ont été étiquetés du cachet «non représentatifs». Mais, loin des considérations et
critiques envers le ministère du Travail à propos de cette sortie, il faut bien que les responsables du volet
«organique» fassent en sorte d'accomplir tout le travail relatif aux adhésions afin de permettre à leurs
syndicats se conformer à cette disposition réglementaire, qui stipule que le statut de «syndicat
représentatif» est accordé dans le cas où le taux minimum des adhésions atteint 20% du nombre global des
travailleurs. A défaut, pas de droit aux négociations collectives et, surtout, pas de droit à la grève.◙
ZERZOURI A. (Le Quotidien d’Oran, 29.04.18)
PARTIS RELIGIEUX .- L'islamisme algérien est composé de plusieurs mouvements organisés, dont les
plus représentatifs sont l'ex-Front islamique du salut (FIS), le Mouvement de la société pour la paix (MSP)
et Ennahda. La violence armée qualifiée d'islamiste est le fait de deux sortes d'organisations, souvent
antagoniques : l'armée islamique du salut (AIS), et la nébuleuse des groupes islamiques armés (GIA) qui ne
s'est jamais réclamée d'un quelconque parti ou d'une organisation politique. L'expression "islamisme
modéré" est couramment employée pour désigner les mouvements algériens à caractère religieux qui ont
manifesté des ambitions politiques sans recourir à la violence. Pour certains d'entre eux, comme le MSP,
qui l'ont même condamnée, il serait donc plus approprié de parler d'islamistes légalistes que de "modérés",
qualificatif cependant mieux compris du plus grand nombre. On utilise le terme "musulman" pour désigner
ce qui relève du fait (pays musulman: pays où la majorité de la population est musulmane), le terme
"islamique" pour ce qui relève de l'intention (Etat islamique : Etat qui fait de l'islam le fondement de sa
légitimité). Quant aux deux adjectifs "islamiste et musulman", leur distinction porte sur la notion d'action
attachée au premier et de nature associée au second. L'islamisme est donc un mouvement musulman
contemporain qui considère l'islam comme une idéologie politique et pas seulement comme une croyance :
c'est un ordre englobant qui porte sur tous les aspects de la vie, exclut la laïcité et pousse les défenseurs
de cette thèse à instaurer une société islamique. C'est la méthode pour y parvenir qui va mettre en
évidence la divergence entre islamistes modérés et radicaux. Si tous deux sont déterminés à contrôler le
pouvoir politique, les premiers cherchent à réislamiser la société par sa base tout en essayant d'accéder
par la persuasion aux plus hautes charges du système afin de le modifier progressivement de l'intérieur.
Les radicaux, au contraire, rejettent tout compromis avec la société actuelle - si musulmane qu'elle se
prétende- et prônent une rupture politique nette. Les islamistes modérés prêchent l'unité, tandis que les
radicaux n'hésitent pas à exclure leurs adversaires, voire à les déclarer "infidèles". A l'extrême,
l'islamisme radical adhère à la démarche révolutionnaire, utilisant, au besoin, la force, tandis que les
modérés privilégient les voies de la réforme. En Algérie, durant toute la décennie écoulée, les
représentants de ces deux orientations, tout en luttant les uns contre les autres à fleurets mouchetés, ont

864
marqué clairement ces différences. Aujourd'hui, le FIS, dissous, ses chefs historiques en résidence -
étroitement- surveillée, son expression, soit clandestine, soit fragmentaire, a perdu sa place sur l'échiquier
politique conventionnel: il ne peut pas présenter directement de candidat aux élections. Mais l'ex-parti
islamiste "radical" n'a perdu ni sa ligne directrice, ni probablement une partie de son électorat. Dans
l'actuel contexte de démocratisation de l'Algérie, l'islamisme ne peut constituer une force politique que s'il
exerce, preuve à l'appui, son influence sur les groupes armés. L'AIS, considérée comme la branche armée
du FIS, a passé un accord avec le pouvoir; ses combattants, s'ils n'ont pas déposé les armes, ont cessé le
feu. Cette paix " des braves" n'a pu se faire sans, l'assentiment au moins, au mieux l'ordre de ses chefs.
Elle a ainsi indirectement démontré leur crédibilité politique. Le MSP tente dans sa stratégie de conquête
du pouvoir par les élections, de préserver à la fois son audience auprès de l'électorat pro-islamiste et son
alliance avec les partis sans connotation religieuse de la coalition que sont le RND et le FLN. Intensifiant
un discours moderniste, il accroit sa notoriété en se positionnant comme deuxième formation politique en
Algérie (à l'instar du FLN), devançant les islamistes radicaux qui le considèrent de supplétif du pouvoir. En
proposant un "contrat algérien global", il tente de récupérer une coalition gouvernementale finissante pour
en faire un nouveau bloc capable de faire contre poids aux deux autres tendances, les "démocrates", que
soutient un comité des citoyens pour la défense de la république (CCDR), d'un côté, et les islamo-
progressistes, signataires de la plate-forme de Sant'Egidio, de l'autre. L'autre formation modérée,
Ennahda présente une différence essentielle avec le MSP : son régionalisme. S'étant développé à l'écart du
FIS, lors de sa création, elle grossira et, à l'instar des associations caritatives du MSP, comblera les
carences d'un Etat de plus en plus défaillant. Préférant se cantonner dans l'opposition, à la différence du
MSP (coalitionniste), il compte se constituer en alternative de réserve pour les islamistes modérés ne
cautionnant pas l'échec du gouvernement de coalition. Quel avenir pour les islamistes modérés? A court
terme -ce qui n'est pas leur perspective la plus favorable-, l'élection d'un éventuel candidat islamiste
modéré à la magistrature suprême est jugée peu probable par l'ensemble des observateurs. Son échec
révèlerait le morcellement de l'électorat islamiste et la désaffection à son encontre -voire le rejet des
populations les plus touchées par la crise sociale : elles n'auront pas oublié que les ministres issus du MSP
ont entériné les licenciements massifs et les restrictions bugétaires de toutes sortes du gouvernement
de coalition. A moyen terme, cet islamisme pourrait il encore participer au pouvoir et se fondre dans la
classe dirigeante en vue de la transformer de l'intérieur? Il faudrait pour ce faire qu'elle ait qu'elle ait
soutenu pendant la campagne électorale un candidat choisi hors de ses rangs, mais favorable à ses thèses.
L'élu s'appuierait probablement sur l'islamisme plus radical, supposé plus influent en ce qui concerne le
retour à la paix, en d'autres termes l'ex- FIS, mauvaise affaire alors pour le MSP et Ennahda. Dernière
hypothèse, le retour à l'opposition des islamistes modérés. Cette stratégie "constructive", selon la stratégie
MSP toujours axée sur le long terme, bénéficierait d'un réseau d'associations efficace et d'un savoir-faire
réel, fruit de deux ans de participation au gouvernement. Si la Constitution permet au futur président de la
république de dissoudre l'assemblée, elle lui interdit de procéder à des élections régionales anticipées. Or,
ce sont les élus régionaux, grands électeurs qui désignent les deux tiers des sénateurs dont les
prérogatives en matière législative sont étendues. L'élection présidentielle constituant une première phase,
les formations islamistes modérées auraient à reconquérir le pays profond et de disposer au sénat d'un outil
législatif prépondérant, le moyen à long terme de façonner à travers les lois la société algérienne et de
l'islamiser de l'intérieur.
PATRONAT.- Le patronat algérien continue sa quête d'unification, mais sans grands résultats. Dispersé,
essaimé à travers de multiples organisations professionnelles et unions sectorielles, le patronat
algérien possède-t- il suffisamment de marges de manoeuvre et de qualificatifs pour influer positivement
sur l'accumulation des richesses, préserver l'équilibre social et conforter l'économie de marché?
Apparemment, c'est une équation difficile en l'état actuel tant les indicateurs signalent la faiblesse de son
apport au sein de la société, l'émiettement de son pouvoir devant les situations économiques et politiques
qui s'opèrent. Le Forum des Chefs d’Entreprises a manifesté une volonté d’infléchissement sur la politique
économique gouvernementale en s’organisant à travers les opérateurs et rouages institutionnels du
système politico-économique.
Le regroupement patronal qui se définit comme créateur de richesses et de valeurs ajoutées, en dépit
de sa précoce apparition comme tel, recherche encore ses repères et se prépare à assumer les mutations
qui s'annoncent à l'orée de cette mondialisation qui frappe l'économie nationale de plein fouet. Mais pour
ce faire, les opérateurs économiques, investisseurs et chefs d'entreprises doivent baliser les chemins d'une
fédération patronale forte par son unité et riche par ses capacités et potentialités à privilégier les intérets
supremes sur les positions partisanes et de leadership. Dans ce cadre, la confédération nationale du
patronat algéren, ne se considère pas comme spectateur, ni comme donneur de leçon, mais bien comme
acteur. Aussi, cette confédération qui dispose de 3.300 adhérents, comporte 18 fédérations et représentée
au niveau de toutes les wilayas, et ouvert à l'adhésion des entrepreneurs émigrés en préconisant des
actions de partenariat.
La confédération générale des opérateurs économiques algériens souhaite une unification des
organisations patronales algériennes pour accélerer les réformes et permettre à chaque investisseur de
participer à la relance. Pour l'association des chefs d'entreprises (ACE), il s'agit aujourd'hui de faire en
sorte que le développement économique légitimement fondé soit couronné de succés car toutes les
richesses du pays doivent être mobilisées pour participer au développement national avec un regard
prononcé sur la justice sociale. L'ACE propose la mise en place d'un bureau transitoire des membres des
organisations actuelles sans que leurs présidents s'impliquent dans cette démarche. Cette structure

865
transitoire doit préparer les statuts de la future organisation issue d'une assemblée générale dans un délai
maximum de six mois. Cet appel à l'unification a pour démarche la réunion d'un congrès constitutif à
même d'élire un véritable patronat avec des objectifs et des missions. L'unification patronale serait-elle
un mythe?. Cette tentative renouvelée de structurer le mouvement patronal et assainir les différends sur de
nombreux problèmes auxquels sont confrontés les opérateurs et investisseurs vise en quelque sorte à
sortir avec une stratégie agissante.
Elaguer les comportements infantiles et mercantiles et permettre l'édification d'un patronat fiable,
partenaire crédible de la société restent des voeux pieux pour contruire une économie de marché avec les
critères de compétences, de qualités. Il faut évacuer les problèmes personnels pour donner de la dimension
à un véritable patronat, capable d'agir dynamiquement sur la croissance économique et la promotion de la
production. Certaines organisations patronales telles la CAP, s'organisant en pôle de propositions et
revendiquant le statut de partenaire social, se mobilisent pour relever les défis économiques : adhésion à
l'OMC, association avec l'union européenne, la poursuite des réformes par le pays et la relance de la
production.
SYNDICALISME.- Apparemment, l'UGTA présente quelques difficultés à entretenir sa légitimité vis-à- vis
des travailleurs, à prétendre incarner, seule, le mouvement syndical. En effet, la liberté syndicale,
l'apparition de courants séparatistes ou concurents, la cristallisation de revendications corporatistes,
provoquent, sinon des tendances à la désyndicalisation, du moins l'apparition de nouvelles formes
d'actions, plus ou moins disciplinées, à coté, et même parfois, contre l'UGTA dans son organisation
actuelle. Ses penchants politiciens augmentent son ambivalence. La crise de l'UGTA est en vérité
révélatrice d'une interrogation plus générale d'un mouvement syndical subissant de plein fouet le processus
de construction d'un système nouveau cherchant ses références plus vers l'Etat-providence que vers l'Etat-
gendarme. Autrement dit, L'UGTA représente autant un cobaye de nouvelles structures en train de naître
que l'un des derniers témoins d'un ancien système en voie de disparition. Le syndicalisme révolutionnaire
est en voie de disparition et ce constat joue apparemment contre le syndicalisme incarné par l'UGTA. La
crise économique en premier lieu : face au chômage, les solidarités ne résistent guère. Le concept de
"travailleur" n'a plus aucune valeur, ni signification. Bien au contraire, il nourrit de nouvelles valeurs
individualistes, réduisant considérablement la portée des actions collectives. En parallèle, la réhabilitation
de l'entreprise comme identité-symbole du changement et de la modernité rend, par comparaison, le
syndicat comme négatif ou vieux jeu. Hier moteur supposé de l'égalité, il apparait aujourd'hui comme
véritable obstacle aux revendications moins collectives des nouvelles inégalités. A cela, s'ajoute une
action gouvernementale tournée résolument vers le social et empruntant dans bien des domaines le
vocabulaire, la démarche et la finalité traditionnels de l'action syndicale. Entre alibi occasionnel et contre-
pouvoir, l'UGTA cherche sa voie, cherche de nouvelles justifications à son unicité. L'hétérogénéité
du monde social est telle qu'elle interdit toute approche globale ou uniciste du syndicalisme. Qu'y a-t-il de
commun aujourd'hui entre les travailleurs des entreprises publiques, les agents de la Sonatrach (pétrole),
les fonctionnaires, les employés communaux, ou encore entre les cadres de direction, les techniciens, les
personnels administratifs, les ouvriers qualifiés ... . Sous le même sigle, se dévoilent en réalité des
situations syndicales différentes, tactiques, conjoncturelles, hyper puissantes ici, plus ou moins
influentes là, inexistantes ou conflictuelles ailleurs, mais nourrissant dans tous les cas, sinon des
suspicions, du moins des attentes toujours déçues. Machine à agréger les revendications, l'UGTA est de
plus en plus mal à l'aise devant une réalité émiettée, hétérogène et active. Sans doute, peut-elle encore, au
niveau national, participer aux grands enjeux du changement (privatisation, chômage, filet social,
assurances sociales,...), mais elle ne pourrait, sans rompre son unité, compléter ou amender les modes
d'organisation et les conditions de travail par branche. La question de la contribution des travailleurs aux
salaires non payés montre bien l'ambiguité des situations concrètes. Reste alors l'entreprise comme espace
d'action syndicale avec conséquence une recomposition des structures syndicales plus autonomes parce
que plus adaptées. L'ancienne relation hiérarchie-salarié a perdu de sa pertinence et de son efficacité au
bénéfice d'une autre, celle du type patron- syndicat, quel que soit d'ailleurs le secteur. Dynamique nouvelle
par l'ouverture des espaces de concertation et de gestion des conflits qu'elle permet, elle ne peut
qu'aboutir à des formes d'action syndicale contractuelle et du cas par cas. Le modèle de l'organisation de
masse ne résiste plus. Corporatisme et individualisme ont désormais partie liée. Davantage d'Etat peut aller
de pair avec moins de syndicat, mais moins d'Etat exige davantage de syndicat. Plus l'Etat se dessaisira
au profit de la société civile, plus celle-ci aura besoin d'institutions susceptibles de prendre en charge, par
la voie contractuelle, ce qui fonctionnait jusqu'alors par le système hiérarchique. Rançon de sa mise sous
tutelle par l'Etat, la société algérienne connait un déficit d'acteurs collectifs. Inutile de s'en plaindre ou
d'accélérer la disparition de ceux qui existent. Les grandes discussions tripartites UGTA- Gouvernement-
Patronat, même si elles accordent encore une place trop grande à la puissance publique, ont démontré
l'utilité et l'intérêt d'un tel niveau de négociation et de concertation. Mais ce qu'il convient de relever, c'est
que l'avenir du syndicalisme n'est ni dans les mains de l'Etat, ni dans celles de l'UGTA. Celle-ci peut au
mieux ne pas aggraver les difficultés. Et surtout susciter dans le mouvement syndical lui-même les
incitations à sa propre transformation, c'est à dire faire en sorte qu'il demeure dans sa globalité comme
acteur collectif, capable d'un projet et de capacité de gestion au niveau de la société, et soit en même
temps de coller au terrain et s'ancrer à nouveau dans les réalités de l'organisation du monde du travail et
notamment, de l'entreprise quelles que soient sa nature et sa dimension.

866
SYNDICATS AUTONOMES.- Animé par les syndicats autonomes, le front social s'est engagé en fin
d'année 98 dans une dynamique de conflits susceptibles de transformer radicalement le syndicalisme
algérien, jusque là largement dominé par l'UGTA. En effet, les nombreux conflits sociaux qui secouent le
pays (éducation nationale, enseignement supérieur, Air Algérie, métallurgie, mécanique, transport de
voyageurs, etc.) ont été tous déclenchés par des syndicats autonomes (Satef, CNES, Confédération des
syndicats autonomes ou organisations intersyndicales, etc.), ce qui montre à l'évidence la réelle
représentativité de ces organisations. Cette situation renseigne également sur l'état des lieux du pluralisme
syndical, qui a réalisé une avancée fulgurante en dépit des entraves exercées par les pouvoirs publics qui
ont conféré, en violation des lois de 1990, le monopole du partenariat social à l'UGTA. Ce n'est qu'avec ce
partenaire, il est vrai, taillé sur mesure, que le gouvernement accepte de négocier les revendications
émanant du monde du travail, refusant de reconnaitre de fait les syndicats autonomes, parmi lesquels
certains ont une représentation avérée. A l'occasion des sommets périodiques, l'UGTA est l'unique
interlocuteur et aucun des sept gouvernements qui se sont succèdés depuis les évènements d'octobre 88
n'a fait exception à la règle. En refusant de prendre langue avec le CNES dans la crise de l'enseignement
supérieur, le tout nouveau chef de gouvernement qui s'apprète à recevoir la centrale UGTA, confirme qu'il
n'entend pas déroger à la règle. Il est vrai qu'avec ce syndicat qui a gardé intacts les réflexes d'une
organisation de masse longtemps au service des pouvoirs en place et de surcoit passé maitre dans l'art de
désamorcer les conflits sociaux, les exécutifs avaient de quoi être rassurés. Les travailleurs paieront un
trés lourd tribut à ce simulacre de dialogue social qui permettra aux gouvernements, sans réel
contrepoids syndical, de jouer sur du velours: 600 000 pertes d'emploi, forte baisse du pouvoir d'achat,
dissolution en restructuration expéditives d'entreprises, etc. L'optimisme affiché par l'UGTA à la sortie de
chaque négociation n'arrivera pas à dissimuler ce lourd bilan et l'incapacité de cette organisation à
satisfaire les listes de revendications qui se font de plus en plus longues, eu égard à l'accumulation des
besoins sociaux et à l'incapacité de l'Etat à les résoudre. Si les relations privilégiées que l'UGTA entretient
avec les pouvoirs publics lui permettaient autrefois d'obtenir plus facilement gain de cause aux
revendications des travailleurs, cette situation serait aujourd'hui beaucoup plus perçue comme une
contrainte, la centrale étant soupçonnée d'aider le gouvernement à faire passer ses réformes
impopulaires (dissolution d'EPE, dépermanisation, privatisation, etc.), sans que ce dernier cède sur des
revendications essentielles (augmentation de salaires, arrêt des dissolutions, etc.). L'incapacité de
cette organisation qui ne cache pas sa proximité du pouvoir à faire aboutir les revendications des
travailleurs convaincra ces derniers de la nécessité de confier leurs doléances à des syndicats
autonomes. Portées de manière radicale par ces organisations à vocation exclusivement syndicale, leurs
revendications auraient ainsi beaucoup plus de chances d'aboutir. C'est trés certainement ce qui explique le
recul de l'UGTA à laquelle n'adhèreraient plus que 400.000 travailleurs (on avait recensé environ 4 millions
en 1986) et la fulgurante percée des syndicats autonomes auxquels les pouvoirs publics ne peuvent plus se
permettre de faire la sourde oreille. Les résultats décevants de sa dernière rencontre avec le gouvernement
sont de nature à accroitre le mécontentement qui affecte plus particulièrement ses militants de base qui
seront tentés, à l'instar de ceux de Sider et de certaines entreprises de l'industrie mécanique, de prendre
l'initiative d'actions syndicales musclées. On verra même certains de ces militants prendre part, comme ce
fut le cas lors du conflit d'Air Algérie, à une organisation intersyndicale constituée de syndicats autonomes.
On assiste, comme pour le pluralisme politique qui a fini par se faire admettre dans la société algérienne, à
l'émergence du pluralisme syndical, tous deux portés par l'irrésistible dynamique de démocratisation
enclenchée à la faveur des évênements d'octobre. La floraison de syndicats autonomes et la grande
capacité de mobilisation de certaines d'entre eux permettent en tout cas de l'affirmer. Et pour pouvoir se
maintenir en bonne place dans ce nouveau paysage syndical qui se profile, l'UGTA a tout intérêt à
s'inscrire dans cette logique de compétition intersyndicale qui a fini par s'imposer. A défaut, cette
organisation, pourtant bien servie par son prestige historique et le combat qu'elle a mené contre
l'intégrisme, court le risque réel de se laisser distancer par ces jeunes syndicats plus actifs et débordant
d'ambition.
♣ Droits des journalistes et des correspondants de presse  :Sur le plan de l’organisation professionnelle,
des structures se sont constituées dans la précipitation, et sans comparaison avec l’élan d’émancipation du
Mouvement des journalistes algériens (MJA), activement impliqué dans les mouvements sociaux d’octobre
1988. Le potentiel de combativité de cette organisation n’a pas connu de sérieux rebondissements dans les
décennies 1990 et 2000. Le Syndicat national des journalistes (SNJ), qui détient le monopole des capacités
et combat de la corporation, a été réduit, en particulier depuis 2004, à de strictes annonces de «
renouvellement d’adhésion » à l’orée de chaque 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse,
sans avoir réalisé ne serait-ce un congrès de bilan d’activités en une décennie. À l’orée du scrutin
présidentiel d’avril 2004, les cercles promotionnels FLN du candidat Bouteflika (en exercice) ont créé une
nouvelle structure organisationnelle à caractère syndical, la Fédération nationale des journalistes algériens
(FNJA). Des journalistes y ont été cooptés pour piloter son « congrès constitutif ». De fait, le FNJA a été
créé pour « torpiller » le Syndicat national des journalistes (SNJ), considéré plutôt acquis au candidat Ali
Benflis, présenté comme un challenger sérieux de M. Bouteflika. Dès la réélection du président en exercice,
la structure fut mise en veilleuse. Signe des temps, début juin 2011, le ministre de la Communication a
invité, pour associer les professionnels au « changement », les représentants de ces coquilles vides à
participer aux discussions sur un nouveau texte de loi, en excluant manu militari les représentants de
l’Initiative nationale pour la dignité des journalistes (INDI), fédérateurs depuis le début du printemps des
revendications de leurs confrères. En avril 2011, ils avaient formalisé une plateforme d’une douzaine de

867
revendications et dégagé de la centaine de professionnels ayant suivi les débats un comité de dix délégués
chargés de les représenter. Outre des exigences liées à l’activité professionnelle, dont l’abrogation de la
criminalisation du délit de presse inscrite dans le Code pénal, ils avaient revendiqué des droits sociaux,
inscrits clairement dans « l’adoption d’une grille des salaires nationale spécifique aux journalistes,
l’élaboration de conventions de branches ». C’est dans ce même contexte que s’inscrit la multiplication des
mouvements de revendication au sein des médias publics : l’Agence gouvernementale Algérie presse
service, l’Entreprise de radio ENRS et l’Entreprise de télévision publique ENTV. Des embryons de syndicats
y ont été initiés, alors que, depuis l’indépendance du pays, les syndicats maison, strictement encadrés, ont
régné sur l’expression des travailleurs de l’audiovisuel.□ MOSTEFAOUI B. (2016)
U.G.T.A.- La centrale syndicale de l'UGTA (union générale des travailleurs algériens) apprécie la
situation du pays de "régression avancée". Elle constate " la dégradation accentuée des conditions de vie
des travailleurs et leurs familles, directement provoquée par des pratiques de gestion et des mesures
injustifiées, injustes et impopulaires nourrissant délibérément la montée dramatique du chômage et de la
paupérisation ainsi que l'aggravation des inégalités, des factures, des détresses et des colères sociales.
Elle impute ce recul social à "une conduite économiste, technocratique et bureaucratique des réformes"
mais aussi à une "application brutale, sans discernement et trop zélée des conditionnalités du FMI".
L'UGTA pointe ainsi le doigt sur la responsabilité du gouvernement Ouyahia (coalition RND-FLN-HMS) et
"certains niveaux" non identifiés qui unilatéralement prennent des mesures. Elle accuse aussi les
détenteurs du pouvoir de décision de "manquements flagrants à certains engagements proclamés et aux
lois sociales en vigueur". Elle estime que" les privations et les sanctions imposées à des catégories
sociales parfaitement ciblées sont infiniment supérieurs aux résultats économiques et financiers
officiellement déclarés comme positifs". Le secrétaire national de l'UGTA affirme que ces agissements
s'intensifient par une marginalisation totale des représentants syndicaux des travailleurs et dans une
opacité, une confusion, une précipitation et une improvisation portant les marques d'une entorse
caractérisée au principe de justice sociale et aux règles élémentaires de légalité, de transparence, de
cohérence et de sérieux devant inspirer la conduite directement des affaires du pays". Au plan de
l'application des réformes dictées par le FMI, elle dénonce "l'effroyable mise à sac du secteur public,
abondamment illustrée par des opérations ininterrompues de dissolutions sans limites et par des
phénomènes grandissants des salaires impayés, de non règlement des dettes de l'Etat et d'irrespect grave
de la loi en matière de protection sociale des travailleurs mis au chômage". A propos de "l'effroyable mise
à sac du secteur public", l'UGTA se déclare déterminée à "empêcher les bradages, les accaparements
faciles et les manifestation intempestives de convoitises qui se précisent au préjudice des entreprises
publiques, précisément celles relevant du secteur commercial (allusion à la fermeture des surfaces
commerciales publiques) directement exposées aux appétits démesurés de certains affairistes nationaux".
A l'occasion de cette prise de position, la centrale syndicale révèle par ailleurs que le problème des
salaires impayés que l'opinion publique, à travers les déclarations officielles, croyait règlé ne l'est pas
encore pire il s'est accentué. Le relèvement du SMIG depuis le début d'année 1998 n'est même pas
comptabilisé dans les "acquis", une omission qui signifie peut être que pour l'UGTA, il est dérisoire au
regard de la cherté de la vie et de la dégradation tendancielle du niveau de vie. Elle réitère sa demande
d'adéquation du programme gouvernemental avec l'opinion du redressement national prônée par le
président Zeroual. La centrale attire l'attention des pouvoirs publics sur les menaces nouvelles et lourdes
qui pèseront sur la cohésion sociale, la stabilité du pays et les promesses de sortie de crise dans le cas ou
des actions nationales décisives de changements, de ressaisissement et de réorientation économiques et
sociales ne sont pas conduites en urgence, par le dialogue et la concertation ...". La centrale entend
opérer une réadaptation syndicale qui consiste en un redéploiement de ses forces et capacités de
mobilisation en vue de "mettre à profit toutes les opportunités que lui offrent son poids et son audience sur
la scène nationale, d'agir dans tous les espaces qu'elle a légitimement investis et d'utiliser éventuellement
tous les moyens légaux pour assurer une défense appropriée des intérêts des travailleurs.
U.N.T.A.- Au sein d'un mouvement syndical en crise d'expression, les travailleurs de certaines branches
d'activité économique veulent donner plus de poids à leurs revendications. C'est ainsi que voit le jour une
nouvelle centrale syndicale dénommée "union nationale des travailleurs algériens" créée par trois
syndicats autonomes (Syndicat national des transports algériens, Syndicat autonome des travailleurs du
pétrole et Syndicat des travailleurs des textiles) à la suite d'une assemblée générale constitutive tenue le
11 juin 1998.

L'IDEOLOGIE
CULTE.- En matière de liberté de culte, si l'islam est consacré religion d'Etat pour des raisons socio-
historiques, l'Etat devra veiller au respect et à la liberté des cultes. L'église algérienne qui a participé aux
efforts de décolonisation du pays a droit d'être présente dans les contacts et dialogues interculturels.
DEMOCRATIE.- Longtemps méprisée pour cultiver le développement, le centralisme des pouvoirs de
décisions a délibérément marginalisé et anihilé toute volonté manifestée de démocratisation de groupes
non organisés d'intellectuels se démarquant de la stratégie politique du pouvoir militaire. Le
développement de la petite et moyenne bourgeoisie industrielle, fonçière et commerçante a exercé une
pression sur le système institutionnel en revendiquant une forme de libéralisation pour une expansion

868
économique accrue et des échanges commerciaux plus étendues. Face à l'Etat monopolistique populiste, le
concept de démocratie n'a pas de sens dans l'esprit des masses pour s'imposer en termes de contre-
pouvoirs à la logique décisionnelle. La confiscation de l'information et le monopole du savoir a endigué
toute émancipation collective induite par les valeurs de la modernité. L'oppression de la législation, l'usage
de la démagogie, l'autoritarisme bureaucratique, la manipulation des médias ont quasiment anihilé l'éveil de
conscience et figé la culture d'un esprit critique et d'analyse. Les innombrables lacunes multiformes du
système politique ont permis des déviations de la morale politique et un dévoiement de la justice sociale.
A contre courant d'une éthique civilisationnelle, le régime s'est appuyé sur l'usage de privilèges, la
constitution de liens économiques alliant l'opportunisme et l'arrivisme aux fins de légitimation et
d'allégeance.
DEMOCRATIE / ISLAM .- Il existe une spéculation incessante sur la compatibilité et l'incompatibilité de
l'islam avec la démocratie. Est-il possible que, dans les pays musulmans, il puisse exister un système
politique où la masse des administrés ne soit pas exclue du champ de l'Etat, que soient mises en place
des institutions prévoyant l'élection des dirigeants et dans lesquelles les gouvernés se reconnaitraient en
ayant le sentiment de participer au champ de l'Etat? Rien dans la religion n'empêche les croyants de donner
leur avis -d'une manière ou d'une autre- sur le choix de dirigeants exerçant une autorité publique qui se
donnerait comme objectif de préserver le bien commun et de faire respecter formellement la parole divine.
Les critères de la participation (liberté de presse, droit de vote, légalité de l'opposition cherchant à prendre
le pouvoir par la compétition électorale) ne contredisent les fondements d'aucune religion, étant entendu
que ces critères ont pour seul objectif l'élection des dirigeants par les électeurs. La participation politique
est le moyen par lequel des contre-poids à l'usage démesuré et abusif de l'autorité publique sont institués.
Aucune culture, aucune religion ne peut être idéologiquement contre le contrôle des gouvernants par les
gouvernés, mais les dirigeants, quelles que soient leur culture et leur religion, résisteront autant que
possible à la participation comme ont résisté lors des siècles passés les dirigeants des pays européens
avant que ces derniers ne construisent des systèmes démocratiques. La démocratie s'établira -ou ne
s'établira pas dans le court terme en fonction des ressources politiques dont disposent les protagonistes.
La participation est la modalité par laquelle ceux qui exercent l'autorité publique rendent compte à ceux sur
lesquels elle s'exerce. Les élections sont l'occasion pour les dirigeants de rendre compte aux gouvernés,
qui les sanctionnent sur la base de leur usage de l'autorité publique dans la gestion du pays. Ce que l'on
appelle les régimes démocratiques sont des régimes où les administrés, devenus citoyens, ont acquis le
droit périodiquement les titulaires de l'autorité publique, et donc de participer au champ politique
autrement que par l'émeute. La participation politique est fondamentalement le résultat d'un rapport de
force entre les gouvernants et les gouvernés, eux-mêmes divisés entre différentes catégories sociales aux
intérets divergents, qui exercent des pressions sur le pouvoir d'Etat, non par rapport à des modèles
normatifs (islam, démocratie,...) mais par rapport à leurs intérêts légitimés par l'idée qu'ils se font de la
justice, instrumentalisant à cet effet la religion comme ressource politique. Le rapport de forces évolue dans
un champ social où les luttes politiques sont permanentes pour satisfaire des intérêts divers et le plus
souvent contradictoires. Au sommet, les uns lutteront pour accroître leurs fortunes ; au bas de l'échelle, les
autres lutteront pour leur survie. Les dirigeants tenteront d'exploiter ces divergences d'intérêts pour
garder le maximum de pouvoir afin de continuer de gérer l'Etat au mieux de leurs intérêts politiques. Ils
ne consentiront à reconnaitre l'autonomie du législatif, du judiciaire et de la presse que pour éviter la
coalition de tous les groupes sociaux contre eux et éviter l'explosion générale qui les emporterait. Mais
auparavant, ils feront tout pour que l'autonomie consentie soit uniquement formelle, essayant tantôt par le
bâton, tantôt par la carotte, de domestiquer l'opposition pour l'amener à des compromis, la dissuadant de
prôner un changement de régime. Dans un grand nombre de pays musulmans (Maroc, Egypte, Algérie,
Tunisie,...), le multipartisme a ainsi été légalisé mais les dirigeants l'ont vidé de son contenu, persistant à
truquer les élections, à limiter au maximum les prérogatives des assemblées élues, à intimider les militants
de l'opposition, etc. Les titulaires de pouvoir d'Etat résistent, utilisant force et ruse, pour se maintenir,
mais ils sont constamment acculés à faire des concessions. □ Cf. Vie religieuse
ETAT / NATION.- En Algérie, les militaires se considèrent comme dépositaires du nationalisme, se posant
comme les plus nationalistes parmi la population, toutes catégories confondues. Ceux d'entre eux qui
auront été éprouvés dans le temps, graviront les échelons hiérarchiques et se rapprocheront de la norme
idéale de l'individu nationaliste. Le militaire est convaincu qu'il est le rempart de la nation et, à ce titre, le
détenteur de la légitimité d'où doit découler toute autorité politico-administrative. A travers ce discours
idéologique destiné à justifier une position politique supérieure, le militaire en se posant comme le
détenteur de la légitimité, empêche en fait l'intégration au système politique des membres de la
communauté politique et s'oppose à l'émergence de la citoyenneté en étouffant la société civile. Son intérêt
politique sera de s'opposer à la constitution d'un espace public, et c'est pourquoi l'armée, à travers le
discours de ses chefs, fait plus référence à l'héritage du mouvement de libération nationale qu'à l'idéologie
républicaine de l'Etat dont elle est formellement une institution au même titre que les autres institutions. A
partir de là, le dédoublement du pouvoir : le premier, souverain, politique, légitime, non comptable devant
quiconque; l'autre, administratif, à prérogatives exécutives, légitimé par l'armée, comptable
(informellement) devant elle. L'un incarne la nation, la défendant si nécessaire contre un danger extérieur,
et la protégeant contre le désordre intérieur. L'autre pouvoir gère l'Etat conçu comme un outil pour
administrer les ressources économiques, avec comme objectif officiel de les accroître et de les répartir
équitablement. Mais la prééminence appartient à la nation dont le fondement est politique, à l'inverse de

869
celui de l'Etat qui est administratif. L'armée n'exerce pas le pouvoir, elle incarne la nation, interdisant à
quiconque de prétendre l'incarner. Ce faisant, elle se politise. Le contrôle de l'Etat par l'armée a pour
finalité de soustraire ce dernier aux divergences idéologiques existant dans la société. Ailleurs, l'Etat est
le lieu du politique; en Algérie, il est un outil administratif. Pour ne pas être entre les mains d'un des
courants idéologiques, l'armée le dépolitise et lui assigne des objectifs techniques tels que la gestion des
ressources économiques ou la satisfaction des besoins administratifs de la population. L'Etat n'est pas le
support politique des volontés du corps électoral, il est l'instrument que l'armée confie à des élites civiles
pour maintenir un minimum de paix sociale. Les relations entre la nation souveraine -incarnée par l'armée
et non le corps électoral- et l'Etat-administration structurent le champ politique et assignent à chaque
institution et à chaque corps constitués une fonction opérant dans une hiérarchie imposée par la
subordination de l'Etat administratif à la nation mythique. La nation mythique écrase par son poids
symbolique l'Etat confronté à la gestion quotidienne des ressources forcément rares. Pressé de satisfaire
les uns et les autres, cet Etat est souvent accusé -le plus souvent à raison- de corruption et
d'incompétence. La corruption et l'incopétence des cadres de l'Etat s'expliquent par le fait que, ce sont les
plus opportunistes qui sont candidats aux charges publiques. Ces candidats devenus préposés à diverses
fonctions n'ont pas en vue l'intérêt du service public, ils ont plutôt en vue les opportunités qu'offre l'Etat
pour s'enrichir et enrichir clientèle et parentèle. Les pratiques des fonctionnaires dégradent l'image de l'Etat
dans l'opinion, mais l'image de la nation reste intacte. Mais l'Etat en Algérie, limité à des tâches ingrates,
n'est pas ce que la science politique appelle Etat. Il n'est pas le champ dans lequel s'équilibrent les trois
pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif) et n'est pas aussi le cadre politico- juridique qui définit l'exercice
de la citoyenneté. Celle-ci n'existe pas, puisque la participation des membres de la collectivité au champ de
l'Etat n'est pas institutionnalisée. Pour qu'il y ait citoyenneté, il faut qu'il y ait participation institutionnelle,
ce qui suppose que la nation et le corps électoral coincident pour constituer la source de l'autorité déléguée
à l'Etat qui exerce le monopole de la violence légitime dans le cadre institutionnel de la séparation des
pouvoirs. Ceci est le schéma théorique, plus ou moins réalisé, dans de nombreuses démocraties. En
Algérie, l'appartenance à la nation est médiatisée par l'identification à l'armée qui jouit d'un prestige
symbolique assez grand. Entre la collectivité et la nation, il y a l'armée, véhicule d'un imaginaire politique
où l'Armée est nationale et populaire (ANP) parce qu'elle incarne la nation et possède les prérogatives de
la souveraineté populaire. C'est à ce double titre qu'elle est le pouvoir réel déléguant à l'Etat l'autorité dont
les fonctionnaires abusent en raison de l'asservissement des fonctions judiciaire et législative, ce qui donne
à l'Etat un caractère prédateur. Source de richesses privées, l'Etat est incapable d'assurer la paix sociale
en raison même de la nature du système politique qui lui impose des limites et qui, surtout, en fait un enjeu
de luttes dans la compétition pour plus de richesses. L'Etat en Algérie n'est pas un arbitre, il est un
protagoniste du conflit social. Quand un individu ou un groupe occupe une position dans l'Etat, c'est pour
lui une intronisation qu'il utilisera pour affaiblir ses adversaires dont l'objectif vital est de se renforcer par
des positions dans l'Etat. Mais celui-ci n'est jamais occupé par un seul groupe; il est contrôlé par divers
groupes à qui l'armée demande de taire leurs divergences dans l'exercice des fonctions officielles. Le rôle
de l'armée apparait comme déterminé par la conflictualité extrême du corps politique. Mais la tendance
générale, même s'il y a des hésitations ou des reculs, sera au retrait de l'armée du champ politique et à
l'autonomisation du corps électoral. Les militaires cherchent à renoncer à désigner les gouvernements dont
les échecs en matière économique et sociale rejaillissent sur eux. Le régime algérien évolue ainsi vers une
semi-démocratie- ce qui est une forme de transition vers la démocratie sous la pression principalement de
deux facteurs : la répression et ses conséquences, et la dégradation des conditions économiques et
sociales du pays.
REVENDICATION ESTUDIANTINE .- Après l'indépendance, et jusqu'en 1988, tout avait été fait pour
baillonner l'expression politique et revendicative d'un mouvement syndical avant-gardiste par essence, plus
particulièrement à cause de la frange estudiantine. Le sceau de l'interdit, le rapt idéologique et le séquestre
de la tradition syndicale seront "levés" par la proclamation du syndicat national des étudiants algériens
autonome et démocratique (SNEAD) en 1989. Quelques années après l'avènement du multipartisme, le
pluralisme syndical dans le mouvement revendicatif estudiantin éprouve d'immenses difficultés pour
émerger et surmonter la hantise politique au sein du monde universitaire. L'existence, aujourd'hui, de
quelques organisations estudiantines ne signifie point que cette représentation soit un reflet du schéma
politique national. Le parti politique du FLN s'attache fidèlement les services de l'anciennement avant-
gardiste et contestataire organisation représentée par l'union nationale des étudiants algériens (UNEA); Le
parti islamique Mouvement social pour la paix, en 1998, pour renforcer ses rangs, tisse un lien avec la
nouvelle puissance, l'union générale des étudiants libres (UGEL), qui se concentre dans des poles
universitaires importants. Ce déploiement n'est indubitablement pas fortuit. Il s'inscrit en droite ligne dans
la perspective des futures élections présidentielles.Ses références idéologiques se retrouvent dans le
mouvement estudiantin islamisant lancé depuis 1979. Sa revendication en l'arabisation de l'université a été
couronnée par l'arabisation des sciences humaines."Au fil du temps,est-il indiqué dans la résolution de son
5ème congrès (mai 98), la sahoua islamique a fait depuis son petit bonhomme de chemin à l'université
algérienne".Ce sont là des résultats qui font aujourd'hui, l'orgueil des islamo-conservateurs. La ligue
nationale des étudiants algériens, proche du parti islamiste, Ennahda est plus présente sur les campus à
l'Est du pays. En outre, le comité estudiantin pour la sauvegarde de la citoyenneté (CESC) constitue un
prolongement du syndicat algérien des étudiants démocrates (SAED) est de certaine obédience RCD
(parti Rassemblement culturel et démocratique). Le RND (rassemblement national démocratique), prenant
place au pouvoir, entend créer sa propre section syndicale au niveau des cités et des centres universitaires

870
pour conquérir une hégémonie dans l'activité politique sur la scène nationale. Investi par les principaux
partis politiques du pays, le mouvement estudiantin algérien révèle néanmoins que le MSP est en pôle
position pour occuper une bonne partie du terrain syndical en milieu étudiant. □
REVOLUTION CULTURELLE.- L'Algérie, parvenue à un certain stade de mutation, éprouve l'impérieux
besoin de se renouveler dans ses structures comme dans ses habitudes de pensée et d'action. Une
révolution digne de ce nom signifie le bouleversement de situations et de structures dépassées et
l'élimination de pratiques surannées. Elle est faite de destruction dans tous les domaines ou se
manifestent les tendances conservatrices, dogmatiques et réfractaires aux mutations nécessaires. Le
propre d'une révolution culturelle est de modifier des mentalités et des comportements afin de hater
l'émergence d'un type d'homme capable, dans son action et ses élans créateurs, de répondre aux exigences
d'une société nouvelle. Une multitude de questions est de savoir comment l'algérien pourra-t-il servir
correctement et scrupuleusement une cause collective alors qu'il est de conception et de culture figées,
fondées sur l'égoisme, l'individualisme ou être d'un comportement qui réponde aux impératifs de
changements s'il véhicule un esprit conservateur ou dogmatique, égocentrique ou suffisant. L'objectif de
transformer radicalement la conduite et le comportement de l'individu suppose une authentique révolution
socio-économique et politique qui le lie historiquement au niveau de son psychisme dans le sens du
rationnel et de la conception méthodique. Pour se réaliser, la révolution culturelle exige une idéologie, une
doctrine, une codification des rapports entre dirigeants et dirigés, entre le socio-économique et l'individu.
Elle exige un cadre appropriée, c'est à dire un système socio-économique et institutionnel décentralisé et
déconcentré, fondé sur la participation effective de la population. C'est dans l'unique mesure où la
population détient à sa base l'exercice plein et entier de sa souveraineté que peut s'opérer une révolution
culturelle qui puisse répondre à l'attente de la large majorité des citoyens et en premier lieu, des plus
déshérités. Pays farouchement attaché à sa philosophie islamique, à son passé, à ses traditions, à sa
arabo-berbérité, le contenu de son langage, sa manière d'analyser et de concevoir, de réfléchir et de réagir
se distiguent de ceux des autres contrées également de culture arabe. L'existence d'un fonds culturel
universel, sorte d'épargne historique réalisée par la succession des civilisations, s'enrichissant les unes les
autres et nées du génie de plusieurs peuple, n'empêche pas la diversité des cultures, de même qu'à partir
d'un fond commun, des spécificités peuvent apparaitre, dues à la variété de systèmes politiques qui se sont
succédé. La culture d'un peuple est marquée dans toutes ses particularités par la nature du système
politique des options que se donne un pays ou qui s'imposent à lui. D'où la nécessité de cerner tout un
programme qui définit les facteurs de base et les supports de la révolution culturelle :
♣ A partir de quel modèle particulier de culture, concevoir et réaliser une révolution culturelle ?
♣ Quel type de citoyens et de cadres informer ou forger en fonction de quel idéal ?
♣ Sur quelle base philosophique, doctrinale et politique s'appuyer pour mener l'action aux fins de
transformation de l'ndividu et de la collctivité ?
♣ De quelle manière et selon quel méthode dégager la substance intellectuelle de cette action
nécessairement graduée et échelonnée en fonction des moyens et des besoins des masses ?
♣ Quels rôles et quels objectifs assigner aux programmes de scolarisation et déducation générale dans
chacun des centres pivots de l'action culturelle, c'est à dire : l'université, le lycée, l'école, la famille,
l'office religieux, l'unité économique, administrative et sociale, les centres de loisirs, le théatre, le cinéma,
le cercle, etc.
♣ Quelle place accorder, dans les programmes d'enseignement, à la formation sur les plans: du civisme, du
patriotisme, de la conscience politique, de la conscience universelle au sens moral et de
l'internationalisme au sens pratique ?
♣ Quel type de cadre politique, éducatif, administratif, gestionnaire et scientifique faire émerger des
masses pour constituer une avant-garde responsable et intégrée à ces masses ?
♣ Quels sont les moyens et les méthodes à mettre en oeuvre pour imprimer au processus de la révolution
culturelle un rythme continu ?
♣ Quelle place réserver à la tradition et au code de l'honneur, dont des règles telles que le respect de la
parole donnée ont contribué, en d'autres temps, à la grandeur de l'homme arabe ?
♣ Quelle mentalité utiliser pour recenser, inventorier et classer des phénomènes négatifs auxquels il faut
s'attaquer et qu'il faut s'attaquer et qu'il importe aux masses d'éliminer de leur comportement et de leur
mentalité ?
♣ Comment harmoniser l'action de tous les centres pivots agissant à partir de mots d'ordre clairs, de
directives et de définitions précises, en vue de créer un réflexe collectif contre le condamnable et l'illicite
tout en évitant le dangereux développement de tout processus inquisitoire ?
Ce sont là autant de questions concernant la problématique d'une révolution culturelle reposant sur :
◘ un fond culturel reflétant les tendances des masses et par quoi, au plan de la culture, se définit et se
distingue la collectivité nationale;
◘ un schéma de développement culturel conforme aux options nationales;
◘ un état d'esprit à instaurer;
◘ des principes et des règles de conduite à faire respecter par tous;
◘ la connaissance, par les centres dirigeants, des lois auxquelles obéit l'évolution sociologique des
groupes et de la collectivité;
◘ une authenticité historique justement appréciée et largement diffusée;

871
◘ une connaissance à des degrés divers des lois de l'économie, de la politique, de l'histoire comme de
l'ensemble des lois naturelles régissant l'évolution des sociétés;
◘ des concepts à développer et des lignes directrices à tracer à partir de la réalité objective.
Mais avec tout cela, la révolution culturelle ne peut aboutir à la transformation radicale des mentalités, du
comportement et de la conduite en général des individus et des groupes que dans la mesure où elle se
conçoit, s'élabore et se formule en tant qu'ensemble cohérent. Cependant, afin d'éviter la dispersion des
thèses et des idées, des énergies et des moyens, elle requiert, elle aussi, sa charte et sa technique
d'ajustement aux conditions de départ et aux objectifs visés. Il faut remarquer que beaucoup de gens
confondent les termes d'instruction, de formation, d'arabisation ou d'éducation au sens large avec le
concept de révolution culturelle qui dépasse en ampleur et en profondeur les dimensions de telle ou telle
connaissance. La langue nationale arabe par exemple, l'université, l'école, le programme universitaire,
scolaire et éducatif, le sport, la musique, l'art, le théâtre, etc., n'en sont, à des degrés divers, que des
composantes parmi les plus déterminantes.
La promotion d'une culture est indissolublement liée à la restauration et au développement de la langue
qui la véhicule. La langue, principalement, dans l'esprit du réformateur, peut bien être l'instrument d'une
refonte comme le simple instrument d'un type de culture attaché à des choix anachroniques et dépassés. Il
en est de même des programmes et des méthodes pédagogiques qui s'adaptent, stagnent ou évoluent
selon les choix et les options en matière d'éducation et de culture. Rappelons que la langue, la culture et
l'éducation, principaux leviers d'action sur la conscience sociale et le travail idéologique, peuvent selon la
manipulation dont ils sont l'objet provoquer de profondes mutations ou au contraire, bloquer ou faire dériver
le développement d'une personnalité individuelle ou collective.
SOUVERAINETE DIVINE.- Dans la perspective culturaliste, les pays musulmans sont considérés dans le
tiers-monde comme les plus réfractaires à la démocratie en raison du rôle de l'islam. Cette conclusion
semble confirmée par les évênements de ces dernières années en Algérie, en Afghanistan, en Iran et au
Soudan. Religion et Etat ont toujours été en conflit en phase de construction de l'Etat, y compris en Europe.
La relation conflictuelle qui les lie provient de ce que tous deux prétendent fournir le support du lien social
et tous deux véhiculent une conception du bien commun qu'ils cherchent à réaliser dans l'intérêt de
l'humanité. Cette prétention les désigne à être tous les deux des institutions potentiellement totalitaires.
Le conflit est exacerbé du fait que tous deux s'adressent aux hommes, croyants dans un cas, citoyens dans
l'autre. Si en Occident l'église a été dépossédée de ses prérogatives politiques et de ses prétentions à
dominer le pouvoir temporel, c'est parce qu'il y a eu des changements dans la structure de la société, dans
les mentalités et dans l'économie qui lui ont fait perdre son influence politique sur les croyants. Les luttes
séculaires entre l'Eglise et l'Etat qui ont marqué la naissance des systèmes politiques ouest-européens
contemporains témoignent que le catholicisme -comme l'islam aujourd'hui- s'est opposé à la notion de
souveraineté humaine, principe de base de la modernité politique. La sécularisation mise en oeuvre dans
ces pays est le processus historique par lequel la souveraineté a été transférée du ciel à la terre, ce qui
suppose la remise en cause d'intérêts idéologiques et matériels puissants, et donc des luttes sévères.
Toute religion est par conséquent opposée à la démocratie, pour la simple raison que toutes reposent sur le
principe d'autorité sacrée au-dessus des hommes, et posant comme principe absolu qu'en dehors de
l'éthique religieuse il n'y a pas de morale. De ce point de vue, l'islam est bien contre la démocratie,
considérant que le Coran est la seule source de la loi. Mais le catholicisme, malgré une illusion
rétrospective dont la persistance s'explique par un fort ethnocentrisme, l'a été aussi, et cela n'a pas
empêché de nombreux pays catholiques, dont la France de se doter d'un régime démocratique. Du point de
vue théorique, l'islam récuse le modèle prétendant que le peuple est souverain, arguant qu'une telle
affirmation usurpe un attribut qui n'appartient qu'à Dieu. Mais dès lors que le débat sur le caractère divin ou
temporel de la souveraineté est engagé publiquement, cela signifie que le processus de sécularisation est
enclenché, même s'il suscite des réactions souvent violentes. Les hommes ont de tout temps exercé la
souveraineté, même s'ils l'ont fait au nom de Dieu qu'ils adoraient. Ils ont toujours fait des lois et posé des
règles. Mais depuis l'avènement des religions monothéistes, c'est la première fois, dans la modernité, qu'ils
prennent conscience de leur souveraineté. On peut, de ce point de vue, définir la sécularisation comme la
prise de conscience de la souveraineté de l'homme; cependant, cette prise de conscience est un processus
et non une rupture brutale, et prend des formes différentes selon les pays.
Dans un pays comme l'Algérie, la revendication de la souveraineté divine est d'abord une réaction populaire
à la privatisation du pouvoir par les militaires, qui prétendent l'incarner en vertu d'une mission historique
prolongée au-delà de l'indépendance. Dans ce contexte, affirmer que la souveraineté n'appartient qu'à
Dieu, c'est signifier qu'elle a appartient à tout le monde et non à une poignée d'individus. Dans ce cas, la
revendication de la souveraineté divine ne prend pas sa source dans le Coran mais plutôt dans une
situation politique vécue par les administrés qui refuse que l'Etat soit privatisé. Le slogan "la souveraineté
n'appartient qu'à Dieu" n'a pas la même signification politique dans les pays musulmans aujourdhui et
dans l'Europe d'il y a quatre siècles. Dans ce dernier cas, il servait à empêcher l'autonomie du pouvoir
temporel au profit de l'Eglise, qui prétendait être la seule source de légitimité en raison de son monopole
sur le sacré. Dans le premier cas, à l'inverse, il s'agit d'arracher le pouvoir des mains d'une oligarchie -
civile ou militaire- pour lui donner un caractère public à travers la religion à laquelle s'identifie la masse
des croyants. Une telle revendication de "souveraineté divine" exprime en réalité une profonde aspiration à
la participation au champ de l'Etat. Le sentiment de l'homme de la rue est que si des hommes exerçaient le
pouvoir au nom de Dieu, ils le feraient pour le bien commun et dans l'interet de la collectivité, ce qui lui

872
donne le sentiment de ne pas être exclu du champ de l'Etat. Dans un tel contexte historique, le principe
formellement proclamé de la souveraineté divine évoluera vers des formes institutionnelles concrètes
de participation politique. Aussi, la popularité d'un tel slogan dans les pays musulmans a
paradoxalement un contenu démocratique, d'autant plus que dans l'islam sunnite, il n'existe pas
d'institution ayant autorité à exercer les prérogatives de la souveraineté divine et donc pour monopoliser
le pouvoir au nom du sacré. □ Cf. Califat

LA POLITIQUE PRESIDENTIELLE
CONCORDE CIVILE.- Pour établir la liaison entre l'ordre politique et l'ordre économique qui se pose en
termes de double équation Pluralisme = Démocratie = Développement, la loi 99/08 du 13.07.99, adoptée par
le parlement puis par référendum par le peuple à une écrasante majorité, a eu pour objectif majeur de
réinstaurer la sécurité nationale et le dialogue entre le pouvoir politique avec la majorité des formations
politiques de la société. La mauvaise gestion du Politique et de l'Economique a profité à une fraction
extrémiste de la société à recourir à la violence armée en usant de subterfuges idéologiques et religieux,
qui fit des dizaines de milliers de morts parmi la population et des dégats matériels considérables parmi les
biens publics. Cette loi offre une chance aux personnes impliquées dans des actions de terrorisme ou de
subversion, ou exprimant leur volonté de cesser toute activité criminelle, en leur donnant l'opportunité de
concrétiser leur aspiration d'une réinsertion dans la vie sociale. N'étant pas seulement un simple
concept sociologique, la concorde civile doit tendre à devenir un état réel des relations intra-
sociétales qu'il importera d'instaurer. Incarnée par la volonté populaire qui s'est déjà exprimée en 1999 par
ses canaux institutionnels (APN, chambre de la nation), cette loi ayant pour but de contribuer a mettre fin à
la violence armée n'est pourtant pas repressive. L'Etat algérien pardonne à tous ceux qui n'ont pas
commis l'irréparable d'attenter à la vie humaine, ni à l'intégrité physique des personnes, en ne se rendant
auteur ni d'infirmités, ni de viols, ni n'ont fait usage d'explosifs à l'encontre des populations, ni commis de
crimes de sang. Les bénéficiaires de cette loi sont en fait les personnes qui se sont impliquées dans les
réseaux de soutien matériel au terrorisme. Les justiciables engagés dans l'action terroriste de destruction
des biens et des équipements sont aussi bénéficiaires de cette loi. Une mise en oeuvre du concept de
probation consistera à une mise à l'épreuve du délinquant. Celle-ci pourra se substituer à la peine en
dispensant celui qui reussit l'épreuve de tout jugement. Ceux qui auront réussi leur probation n'encourent
que des peines de 2 ans à 8 ans maximum même si la peine encourue normalement est la peine de mort.
Les auteurs de meurtres agravés qui se présentent spontanement aux autorités dans un délai de 6 mois
à compter de la promulgation de la loi encourent une peine de 10 à 20 ans, un régime intermédiaire est
aussi prévus pour les auteurs de meurtres simples, qui se seront spontanément présenter au autorités
dans un délai de trois mois, à compter de la promulgation de la loi, cette catégorie encoure la peine de
trois à douze ans au maximum. Ainsi la loi fait une différence de traitement entre les auteurs de meurtres.
Elle distingue ainsi celui qui a commis un meurtre de celui qui en a commis plusieurs, collectivement ou
de manière successive. Quelle que soit la gravité des crimes commis, leurs auteurs ne risquent jamais ni
la peine de mort ni la perpétuité.
CONSENSUS NATIONAL .- L'Algérie ambitionne d'élargir et d'approfondir son expérience démocratique.
Elle a besoin d'abord à cette fin d'instaurer un consensus national (ou un pacte social) autour d'un exercice
effectif de la démocratie. L'adhésion de l'ensemble de la classe politique à des référents communs
constitue une condition sine qua non à l'exercice de l'alternance au pouvoir, principale caractéristique de
tout système démocratique. Si le courant démocratique veut redevenir fort en Algérie, il lui faut se
réconcilier avec l'islam, chaque démocrate a besoin d'un consensus au niveau des principes de base, dont
la liberté comme élément fondamental.
LEADERSHIP.- Depuis l'éviction du président Ahmed Ben Bella, en juin 1965, le pouvoir algérien a toujours
été détenu par l'armée. Sous la présidence de Houari Boumédienne, celle-ci l'a exercé sans entraves.
Depuis sa disparition, en décembre 1978, les responsables militaires ont réglé les problèmes de succession
en optant pour un autre général, que le suffrage universel viendrait adouber. Vingt ans plus tard, l'armée
envisage de se retirer des présidentielles tout en demeurant gardienne des institutions et laissant les mains
libres à un président civil incarnant une autre sensibilité. Même avec des pouvoirs réduits, l'Algérie
demeure en quête d'un dirigeant légitimé, doué d'un pouvoir "charismatique" synthétisant l'ensemble des
grands courants politiques et qui puisse répondre aux problèmes concrets révélés par la réalité sociale.
Dans la phase délicate que traverse l'Algérie, il est souhaitable, pour assumer les charges de la
magistrature suprême, de choisir l'homme issu d'un consensus susceptible de ramener la stabilité et la
crédibilité et de marquer son mandat par des avancées dans tous les domaines et des réalisations plus que
symboliques. La légimité constitutionnelle ne peut faire l'économie d'une négociation avec les centres de
pouvoir et les groupes de pression qui font et défont l'équilibre du système politique algérien. Une mauvaise
négociation politique peut amener le président à des bas compromis qui débouchent à la longue sur une
politique inconséquente. Celle-ci a l'inconvénient majeur de décevoir à la fois les partisans et les
adversaires du président et de donner l'impression que ce dernier n'a aucune prise sur les évenements qui
lui échappent. La crédibilité du président ne peut que s'en ressentir s'il cède à accepter le jeu des clans
qui finissent par discréditer le fonctionnement normal des institutions. Son poids peut être déterminant dans
l'affrontement des clans s'il arrive à imposer sa vision et ses conceptions politiques sur le processus devant

873
conduire à la stabilisation politique, économique et sociale et en contrecarrant les tendances qui s'y
opposent à l'intérieur du système par un recours à la légalité et à la mobilisation sociale. La faiblesse des
mécanismes légaux actuels d'arbitrage et de résolution des litiges ne peut être comblée par la seule
personnalité du président. L'expérience passée des présidents successifs donne la mesure du drame actuel
d'une transition démocratique et institutionnelle dont la complexité structurelle est exacerbée par les luttes
de clans et de personnes qui tiennent de la dynamique politique propre aux systèmes en développement
marqués par une sous-institutionnalisation évidente. La prise en compte des mutations sociologiques
profondes accomplies par la société algérienne doit s'inscrire dans une nouvelle logique de légitimité
historique constituant une source symbolique majeure de pouvoir. Le pouvoir d'Etat qui repose actuellement
sur la seule force organisée du pays, à savoir l'armée, doit déplacer son centre de gravité au niveau des
potentialités politiques civiles, sources d'identification progressive à une série de réalisations économiques,
sociales, politiques et diplomatiques. Les différents groupements d'intérêts voyant dans le processus de
développement national, l'occasion de consolider leur assise sociale, et le discrédit qui frappa l'Etat
algérien dans les années 80, trouvaient leurs racines dans l'involution bureaucratico-rentière du processus
de développement national.
Au lendemain des évênements d'octobre 88, la mauvaise gestion de la transition démocratique par une
prévalence de logique de clan allait déboucher sur la plus grave crise qu'ait connue l'Algérie indépendante.
La menace d'une aggravation de celle-ci et les pressions des puissances étrangères ont amené le pouvoir à
reconsidérer sa position, pour engranger une religitimation politique à travers l'expérience d'une
reconstruction institutionnelle. La complexité de la crise demeurait sous-tendue par le jeu des clans attelés
à se neutraliser mutuellement et à dépenser des énergies formidables dans des batailles secondaires, au
détriment de la tache de réhabilitation de l'Etat sans laquelle il est difficile d'envisager un véritable
redressement économique et social, lequel exige une meilleure négociation de contraintes internes et
externes avec les acteurs nationaux et internationaux. En politique, et surtout pour assumer les charges de
la magistrature supreme, un président risque de se trouver dans l'incapacité de gérer pleinement ses
prérogatives constitutionnelles si le jeu des clans arrive à influer sur le processus de décision et de gestion.
Les institutions et services, censés l'aider dans l'accomplissement de sa mission, ne valent que par les
hommes qui les composent. En effet, souvent, le jeu des clans interfère sur le haut personnel politique et
administratif pour tirer des dividendes substanciels en dépit de la stature et de l'envergure de chef de l'Etat
qui se trouve contraint de composer car les clans font partie de la réalité algérienne. La question
fondamentale pour lui sera donc, celle de la recherche d'un équilibre dynamique entre le jeu des institutions
et le jeu des clans en se fixant comme perspective à moyen terme l'institutionnalisation transparente et
légale de tout l'espace public. Dans la
réalité historique, le pouvoir d'Etat algérien aura tout intérêt à se délester du modèle traditionnel ou
charismatique inefficace car marquée par des rapports de type personnel, et à emprunter le modèle légal
par un processus d'institutionnalisation dans les normes requises qu'exige un changement structurel
incontournable dans une édification d'Etat de droit. L'Algérie d'aujourd'hui, sortant des arcanes d'un passé
révolu, la jeunesse de sa population, les problèmes qui se posent et les défis de la mondialisation,
impliquent automatiquement plus d'amour pour ce pays, plus de compétence et d'esprit d'ouverture et aussi
une bonne dose d'intégrité et de détermination pour assumer les charges de la magistrature suprême; car il
s'agit d'une mission titanesque à savoir : instaurer la sécurité et la quiétude, poursuivre les réformes et
relancer l'économie pour créer des emplois, moderniser la société, répondre objectivement aux besoins
sociaux, alléger d'une manière ou d'une autre le poids de la dette, développer les exportations hors
hydrocarbures pour assurer la survie de l'Algérie, renforcer le rôle et la place de l'Algérie dans le concert
des nations en tenant compte des mutations du système international et surtout en faisant toujours passer
l'intérêt national avant les concepts creux et désuets qui sont à l'encontre du consensus.
LEGITIMITE POLITIQUE .- Il est connu qu'un pouvoir ne peut s'établir durablement que s'il repose sur une
forme ou une autre de légitimité. Il existe quatre formes de légitimité : légitimité religieuse, légitimité
féodalo-monarchique, légitimité révolutionnaire, et légitimité républicaine. En Algérie, le régime qui s'est
imposé à la suite de crise de l'été 62 entre l'armée des frontières et l'armée intérieure, s'est fondée
essentiellement sur la légitimité révolutionnaire, dite aussi historique, tout en faisant appel de temps à
autre, à la légitimité religieuse. Avec l'arrivée des générations qui n'ont pas connu la lutte de libération, la
légitimité révolutionnaire était devenue peu à peu inopérante, voire totalement obsolète. La légitimité
féodalo-monarchique étant par définition exclue et la légitimité républicaine ou populaire étant hors de
question pour un pouvoir autoritaire, le pouvoir s'est trouvé enclin à solliciter le religieux comme ressource
politique. La politique d'arabisation, elle-même a surtout servi à préparer le terrain à cette islamisation
rampante. Mais devant l'échec du projet de développement et le mécontentement social de plus en plus
grand, le mouvement islamiste en gestation s'est appuyé sur les couches sociales déclassées et a trouvé
là matière à radicaliser son discours et à combattre le régime en utilisant les mêmes ressources que lui.
L'islamisme radical contribue donc puissamment à délégitimer le pouvoir, en lui contestant le monopole du
religieux, le contraignant ainsi, malgré lui, à rechercher une autre forme de légitimité. Ainsi, l'émergence du
phénomène islamiste est donc aussi la conséquence de l'absence de légitimité. Il est donc vain de chercher
à éradiquer le phénomène, si les conditions de sa génèse sont toujours présentes. Le Front Islamique du
Salut a disparu mais l'islamisme est toujours vivace. Il sera toujours actif tant que l'Algérie n'aura pas
trouvé sa voie vers la modernité et tant que la question de la légitimité n'aura trouvé de solution en
harmonie avec les attentes de la société.

874
POLITIQUE.- La réhabilitation du politique n'est pas seulement une revendication des partis, elle est aussi
une exigence des algériens. A travers elle, est recherchée l'émergence d'une vraie élite capable de prendre
les rènes du pays, d'un pouvoir fort mais au strict service des citoyens, d'une opposition représentative et
militante et de personnalités dévouées, pétries de grandes qualités morales. La conviction largement
partagée est que seule une action politique forte et consensuelle est en mesure de faire face à la
désorganisation régnant dans le pays, à l'emprise de la toute puissante bureaucratie, au poids de
l'arbitraire ainsi qu'à la loi d'une maffia politico-financière usant des rouages des administrations. Une
action politique, démocratisée le plus possible est en mesure de recueillir l'adhésion, autant de la classe
politique que des administrés. Car finalement, tout le drame de l'Algérie réside dans ce qu'elle est en prise
à la perversion de sa politique depuis l'indépendance et même bien avant, du temps de la guerre
de libération. Jusqu'à aujourd'hui, le pays est affecté par les scories du wilayisme et du régionalisme. A
l'ombre du parti unique, s'était édifié un système politique ravageur, rentier et oppresseur. Mise au service
d'intérêts personnels, claniques ou tribaux, la politique n'a pas permis à l'Algérie d'opérer son ancrage avec
les nations fortes et démocratiques.
POLITIQUES PUBLIQUES .- Si l’on se réfère aux bonnes pratiques observables à travers le monde, la
fonction d’Evaluation des Politiques Publiques demeure dans notre pays très atrophiée. Elle se limite à
des initiatives éparses et irrégulières. Et surtout, la qualité de celles-ci reste très inégale pour ne pas dire
globalement contestable. En général, l’exercice d’évaluation est réduit à des bilans d’exécution qui
consistent souvent en un état des réalisations physiques et financières, ou encore à des opérations
d’inspection ou d’audit, le tout assorti de commentaires explicatifs, de préconisations pragmatiques ou
d’orientations qui ressemblent plutôt à des slogans ou à des vœux pieux rabâchés depuis des années. C’est
mieux que rien, diriez-vous ; mais très franchement, nous sommes encore très loin du compte. L’Evaluation
des Politiques Publiques obéit à des règles de l’art et à des normes et standards universels qui nécessitent
un plateau technique, c’est-à-dire des méthodes, outils, procédures, indicateurs, systèmes d’information. A
ce gap technique qui rend les opérations d’évaluation incomplètes et approximatives, s’ajoutent trois tares
fondamentales : l’absence d’indépendance des évaluateurs vis-à-vis de toute tutelle, le caractère très
restreint et très sélectif de la participation des parties prenantes et enfin la sous-estimation du principe de
la multidisciplinarité, ce qui est à l’origine de biais dans les analyses menées et les résultats obtenus. Cet
état des lieux s’explique fondamentalement par le fait que l’EPP n’est pas institutionnalisée en tant
qu’instrument de bonne gouvernance, et qu’elle n’est pas soumise elle-même à la bonne gouvernance. Elle
ne dispose ni de son cadre juridique spécifique, ni de son dispositif organisationnel propre, ni de ses
schémas et mécanismes de fonctionnement, ni de ses acteurs clairement identifiés par des rôles précis et
distincts, ni de l’expertise dont elle a besoin. L’institutionnalisation de l’EPP est une des réformes
structurelles vitales à introduire en urgence dans notre pays. L’institutionnalisation passe par la
promulgation d’une loi sur l’évaluation, une loi qui soit suivie de ses textes d’application, et
opérationnalisée par une feuille de route nationale pour la création d’un environnement national favorable
et préparé, pour la mise en place des dispositifs et mécanismes utiles, puis leur mise en branle. Il est
indispensable d’entreprendre la promotion du métier et de la profession d’évaluateur pour faire émerger une
offre massive d’évaluateurs de qualité. Pour le métier, ceci consiste à diffuser les règles de l’art, à savoir
les connaissances conceptuelles et techniques sur les méthodes et outils nécessaires à la bonne
préparation et à la conduite irréprochable d’une mission d’évaluation. Cet axe consiste à développer des
programmes de formation, de perfectionnement et de recyclage des évaluateurs. Quant à l’axe de la
promotion professionnelle, il renvoie à un travail d’encadrement de l’exercice du métier par la diffusion des
règles de déontologie et une charte d’éthique auxquelles les évaluateurs sont appelés à adhérer, par la
préconisation de dispositions contractuelles standardisées pour les missions d’évaluation, et enfin par la
mise en place de la certification des évaluateurs. Le couronnement de la promotion du métier et de la
profession demeure la certification de l’évaluateur. Du côté de la demande, il est également nécessaire que
les parties prenantes institutionnelles soient en mesure de commanditer en toute connaissance de cause
des missions d’évaluation, de se prononcer de manière éclairée sur la très délicate question des termes de
références, d’assurer de manière rigoureuse le pilotage et la supervision de ces missions, d’en valider avec
rigueur les étapes, les produits intermédiaires et le produit final, d’apprécier l’usage approprié à réserver
aux conclusions et recommandations, etc. Pour cela, elles doivent accéder aux savoirs, connaissances et
compétences indispensables à l’accomplissement de leurs rôles et prérogatives de donneur d’ordre et de
maître d’œuvre. Cet organe n’aurait pas à se substituer aux pouvoirs publics, sinon à clarifier la conduite
des politiques gouvernementales. ◙

LES RELATIONS POLITIQUES


DEBAT.- Le pays s'est édifié sans concertation avec la société civile, ni brassage des grandes idées
produites par les appareils politiques, les penseurs, les personnalités et les institutions officielles ou
paraétatiques. La société en transition démocratique ressent l'immense besoin de mener son introspection,
de faire une halte historique afin de digérer son immense capital d'idées, mais sans complaisance, ni
passion, ni haine. La responsabilité historique des acteurs politiques actuels (pouvoir opposition et
acteurs de la société civile) est d'initier ce brassage d'idées et le rendre naturellement fécond. Le pays a
fonctionné sans débat d'idées depuis la faillite du monopartisme et monolithisme politique, n'a eu droit
qu'à des discours politiques légitimant les pouvoirs en place. Les hommes politiques et les créateurs

875
d'idées se doivent d'investir les quelques espaces d'expression libre encore existants et de pousser les
autorités détentrices de la puissance publique, à débloquer ceux qui sont fermés et à en ouvrir d'autres.
DEMOCRATIE DE TRANSITION .- Le cycle récent du processus électoral a couvert les élections
présidentielles, une révision de la constitution, des élections législatives, communales et wilayales, et a
consacré un ordre nouveau dans la configuration du système politique national. Cet ordre nouveau dans
l'échiquier politique actuel devra faire la preuve de ses capacités à gérer les intérêts contradictoires d'une
société où les différenciations sociales deviennent de plus en plus marquées et où les contradictions
idéologiques demeurent vivaces. Le système politique national s'est clôturé à la suite d'un processus
démocratique, imparfait pour certains, une normalisation totalitaire pour d'autres, mais qui s'impose à la
classe politique algérienne. Les élections auront confirmé une tendance à l'hégémonie quasi totale du parti
du pouvoir, le Rassemblement National Démocratique (RND), sur le système politique national. Beaucoup
d'observateurs établiront, à juste titre d'ailleurs, une comparaison avec l'hégémonisme de l'ancien parti
unique (le FLN- Front de Libération Nationale-) avant la grande secousse d'octobre 1988. Sur l'ensemble de
l'échiquier institutionnel, le RND règne en fait en maitre absolu. Cet hégémonisme accroit les tentations
d'un retour aux pratiques d'un parti unique, ce qui transformerait l'ordre nouveau en un clone de l'ordre
ancien à qui lui est imputé les causes profondes de la crise algérienne. Et c'est dans ce domaine et à
l'usage, que l'on mesurera si le pays est entré dans une véritable logique de changement et non dans celui
d'une restauration des vieux schémas de contrôle de la société par le haut. Des schémas qui ont la vie dure
même si l'évolution de la société les rend manifestement inopérants. Cette lecture serait la plus pessimiste
et elle correspond bien à l'état de lassitude des algériens et leur désintérêt de plus en plus grand à la
chose politique. Tout donne, en effet, l'impression de fonctionner de manière autonome ; la vie politique
d'un côté et la vie réelle, celle des citoyens aux prises avec l'insécurité et la paupérisation, d'un autre côté.
Et un fonctionnement du système politique sur le mode de la restauration des vieux schémas de domination
du système politique sur la société ne ferait qu'aggraver ce décalage. Il reste à faire une lecture plus
optimiste qui n'occulterait pas le constat de l'hégémonisme du RND sur les institutions. Cette lecture
considerait que l'actuelle configuration politique est une sorte de remise à plat ou le pouvoir se dote des
moyens légitimes et légaux pour mener à bien une véritable transition au bout de laquelle les institutions
deviendront la véritable émanation de la société. Une sorte de transition ou le pouvoir se chargerait de
liquider de lui-même le passif des années du système unique et d'organiser en bon ordre le basculement
vers un véritable système démocratique. Et cette opération dépend dans une trés large mesure du président
de la république lui-même puisqu'il se trouve, tant du point de vue d'ordre institutionnel que celui du rapport
de force politique, de l'essentiel des pouvoirs légaux et légitimes. Il faut donc voir les usages et les
pratiques de la "nouvelle république" pour déceler si ce parachèvement de l'édifice institutionnel est une
"restauration" de l'ordre ancien ou une transition vers un "ordre nouveau" qui serait démocratique.
L'Algérie est, encore une fois, dans un de ces moments ou ceux qui ont en charge ses destinées doivent
choisir entre des visions immédiates et à courte vue, et des visions stratégiques, qui auraient pour objectif
ultime de renforcer les institutions en favorisant l'inclusion des contradictions des intérêts économiques,
politiques, voire idéologiques, dans des mécanismes de régulation démocratique. Il reste à l'Algérie et à
surtout à ses responsables de démontrer que le pays est sorti de ce cercle vicieux.
HOGRA.- Terme dialectal, la hogra est un comportement fait d'agressivité, de mauvais excès d'humeur,
qui vise en général à abaisser son prochain apparu comme génant, à lui causer du tort sur le plan
personnel, allant jusqu'à l'atteindre dans sa dignité aux fins de préjudice moral et matériel pour des motifs
inavoués et sournois. Cette attitude se rencontre souvent et partout; tant et si bien, malgré la vigilance
observée et l'absence de prévenance ou de concertation, les excès de pouvoir ou abus d'autorité sont
fréquemment signalés, constituant une absence de marque de civisme. Elle peut revétir diverses formes et
dimensions tendant à l'exclusion sociale. Par exemple, citons le phénomène des cadres marginalisés par
souci de concurrence dans la compétition de la compétence et d'autres valeurs morales.
MALADMINISTRATION.- La qualité des projets, des lois et des décrets, se dégrade parfois dans certains
domaines. Qu'il s'agisse de l'élaboration des textes, de leur application, de l'instruction des affaires
contentieuses, voire l'exécution des jugements, des difficultés considérables existent dans certaines
administrations. L'expérience montre en tout cas, que les niveaux d'efficacité, varient considérablement
selon certaines administrations, et même à l'intérieur de ces administrations selon les différents échelons
de ces dernières. L'APN vote la loi, le gouvernement fait les décrets, mais très souvent, ni la loi, ni le
décret, ne sont directement et immédiatement appliqués. Il faut attendre la circulaire. Il y a de la part de
certains services, une forme regrettable de désinvolture, à l'égard des citoyens y compris le fonctionnaire
lui-même. Il arrive parfois que l'inertie des services soit difficile à vaincre. Cet état est dû au fait que
l'administration n'exerce plus le pouvoir de contrôler et de sanctionner. Cette maladministration se retrouve
dans le caractère déraisonnable, injuste, abusif ou discrétionnaire d'un acte, au manquement à un devoir,
ou à la négligence, à l'erreur de droit ou de fait, à l'exercice injuste d'un pouvoir discrétionnaire et dans la
violation d'une obligation de motivation. Le fonctionnaire apparaît de plus en plus comme un agent
d'autorité et minimise son rôle principal de gestionnaire. Il s'agit là d'une mauvaise administration dans
l'action. Cette situation risque d'éroder encore plus la confiance déjà très limitée du citoyen dans les
administrations. Sa tâche ne consiste pas et ne se limite pas seulement, à préparer et à mettre en oeuvre
la législation et la réglementation. Le bon fonctionnaire n'est plus celui qui respecte les textes et consomme
son budget. Il est permis même de constater que chaque administration résout à sa manière les problèmes

876
normalement communs de la normalisation. Or, l'administration existe pour les usagers et non pour elle-
même. Le principe qu'il ne faut pas oublier est "le client d'abord" il faudrait aller vers l'objectif selon lequel
tout citoyen sera capable de trouver son chemin dans le labyrinthe des compétences, et de savoir de quelle
administration dépend la procédure qui l'intéresse. Les problèmes ne relèvent pas de question de méthodes
et d'outils, mais la réponse se trouve dans la pratique. L'étude du meilleur rendement de l'administration
s'impose aujourd'hui avec force. Le moment est venu d'identifier les causes générales de maladministration
et de programmer l'adoption de solutions à court et à long terme. L'adaptation de l'administration aux
conditions, si profondément modifiées de la vie collective, ne pourra se faire par de simples ajustements de
détails. Le moment est celui d'une véritable "mutation" qui ne pourra manquer de modifier profondément les
moeurs, et la psychologie de l'administré comme celle de l'administrateur. L'ordre public existe, les fautes
professionnelles existent, la déontologie administrative existe, l'obligation de discrétion et l'obligation de
réserve également. Il faudrait donner un nouveau sens au métier de fonctionnaire en favorisant son
adaptation au changement, en lui apportant une véritable formation à la gestion pour le développement. Le
climat actuel est un climat de controverse et de critique du rôle de l'administration et en même temps un
climat d'évolution et de modernisation de la gestion publique. La profonde crise économique et sociale a
accentué les incommodités de la vie quotidienne. En améliorant sa capacité de perception de la réalité
sociale et son talent d'innovation face aux problèmes quotidiens du citoyen, l'appareil administratif devra
être un agent de changement et un élément clé du processus de démocratisation.
MEDIATION.- Pour réduire la montée des conflits sociaux et des litiges entre les administrations publiques
et les citoyens, la médiature de la République avait été créée par le décret présidentiel 93/113 (du 23 mars
1996). Elle représentait une instance de recours non juridictionnelle, qui contribuait à la protection des
droits et libertés des citoyens et à la régularité du fonctionnement des institutions et des administrations
publiques. Pour la seule année 1998, le médiateur de la république avait reçu 1856 requêtes concernant le
logement. Cependant, il était tenu préciser que l'attribution des logements ne faisait pas partie de ses
prérogatives. De plus, depuis la promulgation du décret le 1er février 1998, il fut décidé de transférer tous
les dossiers, au nombre de 76000 de l'OPGI vers l'APC. Il faut savoir que le quota programmé pour la
commune d'Oran ne représentait que 1% des logements prêts. Donc pour la majorité de ses requêtes de
logements, le médiateur s’était contenté de les orienter vers les instances concernées. Dans le domaine du
foncier, 193 requêtes étaient parvenues au médiateur, dont 146 furent traitées et avaient permis d'obtenir
61 réponses. Les affaires socio-professionnelles, dont les requêtes parvenues étaient au nombre de 628,
ont vu le traitement de 271 dossiers. Même si le champ d'action du médiateur de la république était limité
en matière d'investigation dans les domaines liés à la sécurité de l'Etat, la défense nationale et les affaires
extérieures, il pouvait intervenir dans les affaires judiciaires dans certains cas à savoir: l'inexécution des
décisions de justice, les problèmes liés à l'état civil, contestation de décision etc. Concernant ces
domaines, 301 requêtes lui sont parvenues dont 42 dossiers ont été clos. Parmi les 446 requêtes relatives
aux affaires sociales, le médiateur a pu clore 105 dossiers. L'investissement et le développement local,
chacun représenté par 90 requêtes n'ont pu être toutes résolues. Au total, le médiateur a accordé durant
l'année 1998, 5.777 audiences et il lui a été permis de fournir 490 conseils et orientations. A signaler que le
médiateur de la république s'adressait directement au citoyen, et ce, chaque samedi, sur les ondes
radiophoniques où il tentait de répondre à ses préoccupations, sinon, il l'invitait à se présenter à son
bureau pour plus de précisions, afin de l'orienter si cela ne rentrait pas dans ses prérogatives et si c'était
le cas, il prenait en charge son cas. Jugée inefficace, cette institution cessera son activité en 1999. □
PERSONNALITE.- Selon la personnalité de l'individu du milieu social dans lequel il évolue, elle est en
relation avec le type d'éducation reçue et l'expérience personnelle ou collective vécue. L'on distingue le
conservateur traditionnel attaché à son cadre de vie et sa façon de pensée; le conservateur intégriste
partisan d'un ordre social plus orthodoxe sur le plan religieux réagit hostilement aux contacts culturels avec
le monde extérieur en cas de non conformité à ses normes. La personnalité progressiste se manifeste quant
à elle dans toutes les couches de la société. Elle exprime sa volonté d'émancipation en valorisant l'aspect
positiviste de l'islam et entend conditionner la modernité dans la conduite du développement économique
du pays. L'enjeu de l'évolution de la société réside entre la conformité et l'adaptation des valeurs
islamiques face aux inévitables mutations engendrées par la marche du développement.
RAPPORT ETAT / CITOYEN .- La qualité de service public nécessite des améliorations sur de nombreux
aspects. Une des explications tient au fait que l'administration a été depuis longtemps rongée par la
bureaucratie, à telle enseigne que les procédures sont devenues extrêmement lourdes, voire
contraignantes. L'amélioration de la relation entre l'administré et son administration passe par un
rétablissement des canaux de communication devant les relier. Il s'agira surtout de procéder à
l'élimination progressive et réfléchie de tous les facteurs négatifs générés par certaines pratiques
bureaucratiques. Ce sont là ciblés, les principaux maux dont ne cesse de se plaindre le citoyen. Cette
situation s'est particulièrement aggravée en l'absence, sur le terrain, du suivi de la politique d'accueil et
d'orientation des usagers de l'administration publique. Au delà des missions purement techniques de
modernisation des structures des administrations, et de redéfinition de leur fonctionnement en vue de leur
adaptation aux exigences sans cesse croissantes des usagers, ainsi qu'aux changements induits par
l'environnement international, l'une des préoccupations majeures et immédiates des pouvoirs publics est
centrée sur la nécessaire promotion des cadres de participation des citoyens à la gestion de leurs affaires.
Les lieux d'expression par excellence de ces cadres ne sont autres que les quartiers de la commune, point

877
de jonction principale entre l'administration et le citoyen. A ce niveau, le citoyen doit pouvoir bénéficier de
toute l'information nécessaire à même de lui permettre de mieux assimiler ses droits et obligations. C'est
pourquoi des actions concrètes en sa direction doivent porter sur la confection de guides, de brochures
diverses, l'organisation de journées d'études et d'expositions dans le cadre de journées "portes ouvertes".

LA SITUATION POLITIQUE
DROITS DE L'HOMME .- Rétrospective  : Le rapport de l'office national des droits de l'homme (ONDH) révèle
pour l'année 1996 une augmentation dans les différentes formes de violation des droits de l'homme. Outre
les méfaits du terrorisme et actes de barbarie perpétrés, il est constaté aussi des dépassements et abus
dans l'application des mesures de sécurité. Un nombre de 40 cas de brutalités policières et abus d'autorité
ont été soumis à l'ONDH en 1996. Il ressort que les abus, émanant des gardes communaux arrivent en
tête avec 15 cas ; ils sont suivis par les services de police (10 cas), la gendarmerie (7cas), l'armée (4 cas)
et enfin les patriotes (4 cas). Sur la question des personnes disparues, 988 cas signalés contre 567 en
1995. Il est noté que le plus grand nombre provient d'Alger (303), Tipasa (117), Constantine (106), Blida
(67) et Médéa (55), soit les wilayas les plus touchés par le terrorisme. Toutes les tranches d'âge sont
concernées avec toutefois une part prépondérante pour les personnes âgées entre 19 et 25 ans. De même
que sont représentés toutes les catégories socio-professionnelles ainsi que les chômeurs. Les
circonstances de ces disparitions sont de trois types : arrestations (337) au domicile des personnes, sur
leurs lieux de travail (108), dans la rue (192) ou après qu'elles se sont rendues auprès des services de
sécurité (24). Toutefois, l'identité des auteurs de ces arrestations n'est pas toujours nettement établie
puisque 134 personnes ont été arrêtées par des services non identifiés. Néanmoins, 338 personnes l'ont
été par la police. Selon les informations fournies par leurs proches, 168 par la gendarmerie et 248 par les
éléments de l'ANP. L'ONDH remarque, à ce propos, que plusieurs cas de figures sont à retenir pour
expliquer ces disparitions. Il peut s'agir d'un enlèvement par des groupes terroristes qui sont assimilés, à
tort, à des agents des forces de sécurité. Une personne recherchée par sa famille peut être entrée en
clandestinité et avoir rejoint volontairement les groupes terroristes. Pour ce dernier cas, certaines familles
entreprennent une démarche pour parer aux éventuelles investigations des services de sécurité. Sont
également cités les cas de détention abusive et ceux des émigrés clandestins en situation irrégulière dans
le pays d'accueil. L'ONDH a reçu aussi des doléances portant sur les décès suspects (25 plaintes en 1996).
Ces morts surviennent par le fait de balles perdues dans un accrochage entre forces de sécurité et
terroristes, soit à l'occasion d'un refus d'obtempérer à une injonction des forces de l'ordre au niveau d'un
contrôle routier par exemple, soit à l'occasion d'une utilisation abusive des armes par des agents de
sécurité. Pour ce dernier point, l'ONDH n'explique pas ce que signifie "utilisation abusive" des armes.
L'ONDH révèle qu'en milieu carcéral subsistent des conditions de dégradation générale des institutions
pénitentiaires même s'il est fait mention "de programmes d'urgence" consentis par l'Etat. La population
carcérale actuelle est de 36.000 détenus alors que la capacité d'accueil est de 26.000 places. Plus de 80%
des établissements datent d'avant 1962 et leur état général laisse à désirer : promiscuité, ration
alimentaire insuffisante, conditions de sécurité précaires, figurent parmi les carences constatées. La
déclaration universelle des droits de l'homme adoptée il y a cinquante ans par l'assemblée générale des
nations unies doit marquer la volonté de l'Etat algérien et ses institutions d'en finir avec les dérives
totalitaires confrontées aux divergences conceptuelles et aux entraves politiques qui n'ont pas manqué de
contrer l'idéal humanitaire car une idéologie totalitaire, un régime autoritaire et policier, les perversions
d'une pratique démocratique et l'injustice sociale, ont toujours réduit le modèle de liberté énoncé à l'état
de concept.
Aujourd’hui  : Le département d'Etat américain a, dans son rapport annuel 2017 sur les droits de l'homme,
salué les efforts de l'Algérie en faveur des réfugiés qu'elle accueille sur son territoire contredisant ainsi les
critiques de certaines organisations humanitaires à l'égard de l'Algérie notamment celles d'Amnesty
International l'accusant de non respect des droits des réfugiés. En effet, le document met   en avant la
protection apportée par l’Algérie aux milliers des réfugiés sahraouis, en indiquant que le gouvernement a
augmenté son soutien aux sahraouis pour parer aux conséquences de la baisse de l’aide des donateurs
internationaux. L’Algérie offre également une protection contre l’expulsion des réfugiés, menacés dans leur
pays d’origine. Le département d’Etat qui cite des observateurs internationaux a reconnu que depuis le
début des violences au Mali en 2012, "l’Algérie a fait face à des flux de migrants incompatibles avec les
mouvements migratoires traditionnels".   Les Etats-Unis d'Amérique soulignent le respect de l’intégrité des
personnes et des libertés individuelles en Algérie tout en mettant en avant les mesures prises par le
gouvernement pour promouvoir les droits de l’homme. Ce   rapport relève que l’Algérie n’a enregistré aucune
privation arbitraire de la vie ou de crimes pour des motifs politiques. De même aucune disparition ou
condamnation pour torture n’a été signalée durant la période sous revue. Le département d’Etat rappelle, à
ce titre, que la loi algérienne interdit la torture et prévoit des peines d’emprisonnement allant de 10 à 20
ans pour les agents publics reconnus coupables de torture. S’agissant des conditions dans les prisons et
les centres de détention, la 42éme   édition de ce rapport affirme, qu’elles ne soulèvent pas de
préoccupations en matière de droits de l’homme. Le gouvernement a en effet consacré des centres de
détention spécifiques aux prisonniers âgés de moins de 27 ans. Selon le même rapport, la surveillance
indépendante des prisons est assurée en Algérie. A ce titre, le gouvernement a autorisé le Comité
international de la Croix-Rouge et des observateurs locaux des droits de l’homme de visiter les prisons et

878
les centres de détention où les conditions carcérales sont conformes aux normes internationales, indique le
département d'Etat. Le rapport met en exergue la création d’un bureau chargé des droits de l’homme auprès
de la DGSN et dont l’une des missions qui lui sont assignées est l’amélioration des conditions de détention.
Par ailleurs, ce rapport présenté par le secrétaire d’Etat par intérim, M. John Sullivan, affirme que les
libertés individuelles, y compris la liberté d’expression et celle de la presse, sont garanties en Algérie,
relevant aussi que la constitution consacrait la liberté de la presse, alors que "les débats publics et les
critiques des médias à l’égard du gouvernement, largement répandues", sont tolérées.
□"L'Algérie a enregistré des avancées en matière des droits de l'Homme durant l'année 2017", a déclaré
jeudi 22 Février 2018 la directrice d'Amnesty International en Algérie, Hassina Oussedik, en marge de la
présentation du Rapport annuel 2017.
ENJEUX DE SOCIETE.- L'Algérie a une histoire qui dépend en grande partie de sa position
géographique. Du fait de l'importance de sa superficie et de sa façade maritime méditerranéenne, de ses
frontières avec sept pays et de sa pénétration à l'intérieur du continent africain, ce pays occupe aux
plans géopolitique et économique une position stratégique déterminante.
La population algérienne confrontée aux dures réalités d'une crise profonde et multiforme se trouve
démobilisée malgré la potentialité de ses forces politiques et sociales qui n'arrivent pas à engager la
destinée du pays dans la voie de la modernité et du progrès en oeuvrant à l'émergence d'une société
plurielle apte à réaliser un projet de société fondé sur :
► les valeurs identitaires qui fondent l'algérianité dans toutes ses composantes historiques et culturelles,
socle de la personnalité nationale
► les valeurs politiques qui font de la république, de la démocratie, du respect des droits de l'homme et
de l'Etat de droit, les fondements d'un régime avec comme référence les valeurs de la révolution de
novembre 1954.
► les valeurs sociales, ou l'égalité des droits entre les femmes et les hommes constituent le pilier de
l'organisation de la famille et de la société, dont la justice sociale en est la caractéristique fondamentale.
► des valeurs universelles ouvrant sur la modernité et les autres cultures, source d'enrichissement et de
progrès.
Les citoyens appartenant ou non à des partis politiques devront avoir conscience de leur poids électoral
lorsqu'ils sont régulièrement consultés. Les enjeux les plus importants sont :
◙ des enjeux politiques qui visent à :
♦ l'instauration d'une vie politique et démocratique réelle qui garantit à tous les acteurs légaux de la vie
politique nationale un égal accès aux médias, en préservant la liberté d'expression des différents médias et
en libérant les moyens nécessaires à leurs missions. A terme, il s'agit de préparer des conditions
d'émergence d'une véritable culture politique.
♦ la restauration de l'Etat et le renforcement de l'Etat de droit, de la défense des droits de l'homme.
♦ l'indépendance de la justice.
♦ la refonte du code de la famille actuel et l'instauration de l'égalité des droits entre la femme et
l'homme.
♦ l'émancipation de la société civile, pour son épanouissement et sa participation pleine et entière à la
vie de la nation, intégrant dans ce processus de rénovation toutes les compétences et toutes les forces
vives du pays.
◙ les enjeux sécuritaires :
♦ rétablissement de la paix et de la sécurité
♦ nécessité de mesures urgentes pour permettre le rassemblement de tous les algériens autour des tâches
de redressement national.
◙ les enjeux économiques et sociaux:
♦ le niveau de vie des citoyens, les effets de la libération et de la mondialisation de l'économie nécessitent
la prise de mesures immédiates pour apaiser les tensions sociales (politique de l'emploi, lutte contre le
chômage et l'exclusion, justice sociale...).
♦ le poids de la dette et les rapports avec le FMI.
♦ La politique énergétique
♦ la politique des cadres
♦ mesures à prendre en faveur du secteur productif pour la relance du développement
♦ le renouveau de la société (famille et enfance, jeunesse, santé, protection sociale, lutte contre les fléaux
sociaux, développement social, protection des travailleurs, solidarité nationale...).
♦ mise en oeuvre d'un véritable plan de redressement national
◙ les enjeux identitaires et la modernité :
♦ au sein de l'école et de l'université se cristalisent les enjeux identitaires pour des générations entières et
le pays tout entier.
♦ mise en place d'un dispositif de refonte globale et profonde du système éducatif
♦ préparer l'entrée de l'Algérie dans le 21 è m e siècle.
♦ mesures à prendre pour développer les secteurs de la culture, du patrimoine, de recherche scientifique et
technologique.

879
♦ promouvoir une politique de ressources humaines valorisant le potentiel résidant dans le pays et faisant
appel aux compétences nationales à l'étranger.
Dans ce cadre d'antagonismes et rivalités politiques, l'émergence d'une démocratie autour d'un projet de
société plurielle comporte des conditions consensuelles, enjeux de société incontournables, pour que le
pays puisse s'intégrer avec stabilité dans la communauté internationale.□
ETAT DE DROIT.- La notion de l’Etat de droit dans le système juridique algérien  : Le concept d’Etat de
droit était en cours d’universalisation lorsque l’Algérie s’est trouvée confrontée à la nécessité de réformer
son système constitutionnel. La disparition quasi-générale de l’Etat “socialiste”, caractérisé par le régime
du parti unique, et l’extension du mouvement de démocratisation ont mis en évidence la relation de plus
en plus étroite entre le respect des droits de l’homme et la mise en place des structures d’un véritable
Etat de droit. La constitution du 23 Février 1989 s’est clairement inscrite dans une vision libérale et
démocratique dans laquelle les seules restrictions à la jouissance des droits de l’homme sont celles qui
découlent du droit lui-même. Elle était un instrument définissant de manière précise les rapports Etat-
citoyens et fondait un système de contrôle de l’activité des pouvoirs publics. Ce faisant, elle amende
toutes les dispositions restrictives à la jouissance des droits de l’homme qui faisaient partie de la
constitution du 22 Novembre 1976 et du droit en vigueur avant février 1989. De plus, elle proclame la
supériorité des traités internationaux ratifiés par l’Algérie sur le droit interne, ce qui, par suite de la
ratification de nombreuses conventions internationales relatives à la protection des droits de l’homme va
donner à la promotion et à la protection des droits de l’homme une base juridique solide.(…)Pour être
conforme à l’objectif de faire renouer l’Algérie avec le constitutionnalisme, la constitution de 1989 se
devait non seulement de proclamer et protéger les droits de l’homme et du citoyen mais aussi d’organiser
les pouvoirs publics sur la base de la doctrine de la séparation des pouvoirs. La constitution de 1989 a
supprimé les restrictions et limitations à la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales
telles qu’elles étaient connues sous l’empire de la constitution de 1976. Tous les droits attachés à la
protection de la personne sont énoncés et protégés par la constitution. L’usage de la violence physique ou
morale contre les personnes a été prohibée (Article 34 de la Constitution de 1989) auquel la révision de
1996 a ajouté la condamnation de toute “atteinte à la dignité”. La sauvegarde des droits fondamentaux
sont dans l’indépendance proclamée du pouvoir judiciaire et dans l’institutionnalisation d’un Conseil
constitutionnel assurant le contrôle du pouvoir exécutif et législatif . La constitution renforce le système de
hiérarchie des normes, et les lois sont appelées à mettre en œuvre ces principes constitutionnels
protecteurs sous le pouvoir de censure potentiel du Conseil constitutionnel. Le contrôle du Conseil
Constitutionnel présente cependant quelques limites; ce système est concentré et confié à un seul organe
(un accès direct l’encombrerait immédiatement), c’est, par ailleurs, un contrôle à priori, donc largement
abstrait alors que certains dangers n’apparaissent qu’en cours d’application et surtout un contrôle d’accès
limité aussi bien dans le temps (entre le vote et la promulgation de la loi) que par le mode de saisine,
réservé aux autorités politiques et dont l’initiative ne peut revenir qu’au Président de la République, au
Président de l’Assemblée Populaire Nationale ou au président du conseil constitutionnel. Cet obstacle
constitue une des entraves à la consécration complète de la notion de l’Etat de droit dans le domaine de la
procédure pénale.(…)
▪ Un pouvoir policier construit en dehors du droit  :
En matière procédurale, l'histoire de la police judiciaire s'avère relativement récente. La phase policière de
la procédure pénale a longtemps été marquée par l'absence d'ingérence du législateur. Ce dernier
intervenait peu dans la définition des prérogatives des enquêteurs. L'activité de police judiciaire s'est ainsi
globalement construite en marge des textes pénaux.Le rapport entre la pratique policière et le droit a
depuis longtemps hanté le débat politique. (…) L’Etat de droit a connu au cours des années 1980 une
véritable transmutation : alors qu’il s’agissait d’une notion juridique, au contenu éprouvé, il a été mis au
centre des débats politiques concernant le rôle de l’Etat et le jeu des mécanismes démocratiques. Le
concept de l’Etat de droit est devenu une des conditions de tout projet politique en quête de
reconnaissance ou de légitimité. À l'échelle planétaire, tout État se revendique le statut d'État de droit aux
fins d'une forme quelconque de reconnaissance de la part de la communauté internationale. En Algérie,
toutes les réformes adoptées en matière pénale et en procédure pénale précisément ont été présentées
comme des moyens de consécration de l’Etat de droit. L’Edification de l’Etat de droit a été invoquée comme
une priorité nationale dans la mise en œuvre de la réforme de la justice. La consécration de l’Etat de droit
et le respect des libertés fondamentales constituent selon l’exposé des motifs un objectif majeur de la loi
06-22. Cette formulation est, par ailleurs, présente dans les discours politiques présentant les projets de
réformes de la justice pénale. (…). L’Etat de droit signifie que la liberté de décision des organes de l’Etat
est, à tous les niveaux, encadrée par l’existence de normes juridiques, dont le respect est garanti par
l’intervention d’un juge. La hiérarchie des normes n’est effective que si elle est juridictionnellement
sanctionnée et les droits fondamentaux ne sont réellement établis que si un juge est là pour veiller à leur
protection. Le culte du droit aboutit ainsi à la sacralisation du juge, érigé en rempart contre les abus des
représentants. L’Etat de droit est établi dans l’intérêt et pour la sauvegarde des citoyens : il ne tend qu’à
assurer la protection de leur droit ou de leur statut individuel. Par conséquent, il implique que les citoyens
disposent de recours pour faire respecter ces droits y compris contre les normes législatives incompatibles
avec leurs droits.(…) □ BENYAGOUB Hanane (2016)

880
►Plan d’action du gouvernement (poursuite de la consolidation de la démocratie pluraliste, de l'Etat de
droit et de la modernisation continue du gouvernement ): L’Algérie s'est attelée, depuis près de deux
décennies, à consolider l'Etat républicain fondé sur une démocratie pluraliste, un Etat de droit et la
modernisation continue du gouvernement. Un processus qui a enregistré des progrès avérés, conforté
notamment par la révision de la Constitution en février 2016. Ainsi, le gouvernement s'engage à poursuivre
cette oeuvre, à travers notamment, la poursuite de la transposition dans les lois, des nouvelles dispositions
constitutionnelles, la promotion des droits de l'Homme, le renforcement de la démocratie pluraliste, la
poursuite de la réforme de la Justice, ainsi que la consolidation du droit à l'information et de la liberté de la
presse dans le cadre de la loi, et la modernisation de la gouvernance dans les domaines territorial,
administratif, financier, économique et commercial. Au chapitre du renforcement de la démocratie pluraliste,
le gouvernement va s'atteler à la préparation des élections des Assemblées populaires communales et de
wilayas, prévues le 23 novembre prochain, et ce, dans le but d'assurer leur déroulement "dans les
meilleures conditions possibles et dans la transparence absolue". Il mobilisera, à cet effet, "tous les
moyens nécessaires et apportera tout son soutien à la Haute instance indépendante de surveillance des
élections (HIISE) pour le bon accomplissement de sa mission".  Le Plan d'action du Gouvernement a insisté,
également, sur la révision de la loi organique relative aux partis politiques, en vue de l'adapter davantage à
l'esprit et à la lettre de la Constitution révisée. L'autre point inscrit dans le même chapitre est lié à la
coopération totale du gouvernement avec le parlement, à travers notamment la disponibilité des membres
de l'exécutif à répondre aux questions des parlementaires, sa collaboration à l'examen de l'ordre du jour
proposé par l'opposition parlementaire. Concernant le chapitre relatif à la consolidation de la liberté de la
presse et du droit du citoyen à l'information, le gouvernement s'attèlera, à la faveur de la mise en oeuvre de
son plan d'action, à poursuivre la promotion et l'amélioration de la régulation de l'espace médiatique
national dans toutes ses composantes ainsi que la satisfaction du droit des citoyens à l'information.   Pour la
consolidation de la liberté de la presse, il est question de veiller au respect de la liberté de la presse écrite,
audiovisuelle et sur les réseaux sociaux, dans le cadre de la loi, et de veiller aussi au  développement des
médias nationaux dans leurs diverses composantes dans "le respect de l'éthique et de la déontologie
professionnelle". S'agissant du droit du citoyen à l'information, le gouvernement travaillera sur la promotion
de  l'obtention par les médias des informations, des documents, statistiques et leur circulation au   bénéfice
des citoyens. Une loi encadrera cette innovation de sorte qu'elle soit exercée dans la préservation de la vie
privée et des droits d'autrui, des intérêts légitimes des entreprises, ainsi que dans le respect des exigences
de la sécurité nationales. Au chapitre de la consolidation de l'Etat de droit, il s'agit en premier lieu de
poursuivre la transposition des nouvelles dispositions constitutionnelles dans les lois, à travers, notamment,
la mise à jour des lois relatives à la protection des données à caractère personnel, au droit   à l'obtention
des informations, aux réunions et aux manifestations publiques, aux partis politiques, aux associations, à
l'expropriation pour cause d'utilité publique, ainsi qu'aux conditions de saisine du Conseil constitutionnel
d'une exception d'inconstitutionnalité de la loi. En second lieu, vient la poursuite de la réforme de la justice
qui porte sur plusieurs axes de façon  à permettre aux juridictions de faire face aux défis nouveaux qui
s'affirment dans le pays, et  d'accompagner les réformes en cours dans différents domaines de la vie
nationale. En troisième lieu, il est inscrit dans ce plan d'action la promotion continue des droits de l'Homme,
où le gouvernement offrira son soutien et sa collaboration au Conseil national des droits de l'Homme,
notamment dans ses missions d'alerte précoce, d'investigation sur toute atteinte aux droits de l'Homme, et
de sensibilisation et d'éducation aux droits de l'Homme en direction de la société. Dans le même cadre, le
gouvernement accordera un intérêt particulier aux avis, propositions et recommandations du Conseil,
relatifs à la promotion des droits de l'Homme, et accompagnera les démarches du Conseil pour la
restauration de sa place et de ses droits auprès des instances   internationales des droits de l'Homme. Le
plan d'action du gouvernement consacre, en outre, une place importante à la gouvernance territoriale et
administrative, avec la poursuite des réformes et les actions destinées à son amélioration. A ce propos, le
gouvernement oeuvrera, entre autres, au renforcement de la décentralisation dans tous les domaines
d'exercice de la puissance publique, y compris dans le champ économique, la révision et l'harmonisation du
code communal et du code de la wilaya, accompagnée du   renforcement des pouvoirs locaux et de la
clarification de leurs compétences, ainsi que l'avènement de l'intercommunalité. Il s'agit, également, de la
promotion du rôle économique des collectivités locales qui seront dotées des instruments appropriés pour
promouvoir l'attrait de l'investissement sur leurs territoires.□ APS (08.09.17)
►Classement : L’Algérie a été placée à la 41e position (sur 54) du classement des pays du continent
africain selon leurs performances en matière d’application de l’État de droit, dans le rapport annuel sur la
gouvernance des pays africains établi par la Fondation Mo Ibrahim. De manière plus générale, l’indice
Ibrahim de la Gouvernance Africaine est un outil qui mesure et surveille la performance de gouvernance
dans les pays africains. L’indice prend en compte quatre principaux critères, parmi lesquels l’application de
l’État de droit, le respect des droits de l’Homme, les opportunités économiques et le développement
humain. Chaque critère est ensuite divisé en trois ou quatre sous-critères. L’abyssale 41e place de l’Algérie
en matière d’État de droit est quelque peu rattrapée par sa position dans le classement des pays selon la
sécurité des personnes, où l’Algérie se situe quand même à une anémique 30e place. Le pays est
également classé 31e selon la sécurité nationale, la sécurité étant pourtant un argument souvent mis en
avant par les autorités algériennes. L’Algérie est également dans le bas du classement en matière de
participation et de droits de l’Homme, se classant 34e. La même chose peut être dite quant au classement
africain selon l’égalité des sexes, où l’Algérie occupe la 35e place. L’Algérie se classe par ailleurs 33e dans
le classement des pays africains selon la qualité de l’environnement des affaires. Seul point positif pour

881
l’Algérie au niveau africain, le pays est classé à une attrayante 6e place dans la catégorie du
développement humain, grâce notamment à sa 8e place dans la sous-catégorie Aide sociale, sa 5e place
dans la sous-catégorie Éducation et sa 6e place dans la sous-catégorie Santé. L’ensemble de ces critères
permet à l’Algérie d’occuper la 22e position globale dans le classement de gouvernance des pays africains,
loin derrière ses voisins du Maghreb; le Maroc (12e) et surtout la Tunisie (7e). L’Île Maurice occupe la
première place d’Afrique, suivie sur le podium par les Seychelles et le Botswana. L’Érythrée, le Soudan du
Sud et enfin la Somalie occupent respectivement les dernières places du classement africain selon la
gouvernance.□ BABOUCHE Yacine (2017)
HAINE.- Sentiment d'agressivité engendré par l'état de se voir refusé par la société et conduisant à ne plus
respecter l'autorité de l'ordre établi. Elle se manifeste quand les disparités et les inégalités sociales sont
assez importantes. La frustration, la jalousie, l'état de se sentir ou de se comporter différemment, se
retrouvent à la base de la non acceptation de l'autre créant ainsi un sentiment de rejet lequel cultivé à la
longue tend à atteindre le stade de la haine. De nombreuses tensions sociales (logement, emploi, pauvreté,
discriminations ou exclusions, ...) sont des facteurs de prédilection et de sources de haine sociale. L'Etat
en est tenu souvent pour responsable, car principal régulateur de la répartition des richesses produites par
la société.□
PARDON / OUBLI .- Le peuple algérien est condamné à franchir le seuil du 3ème millénaire avec de
profondes séquelles et traîner derrière lui le passé obscure des années de braise, comme il l'a déjà fait
après 62. L'histoire, à quelques détails près, est en train de se répéter, même si les facteurs à l'origine du
drame actuel diffèrent des circonstances qui prévalent il y a plus de trente six ans. La situation actuelle
constitue un précédent dans l'histoire du pays et risque de compromettre l'avenir des générations futures
tant sur le plan social que psychologique. Que l'on soit enfant de victime du terrorisme ou de terroriste, un
sentiment de haine envers tous ceux qui ont précipité le décès du parent pourrait naître dans la société. Le
gouvernement dans le but de désamorcer cette tragédie nationale a présenté un projet de loi mettant sur le
même pied d'égalité les familles victimes du terrorisme et les familles des terroristes. Après l'adoption de la
loi sur la "rahma" (clémence pour les repentis) et la "trêve de l'AIS " (armée islamique du salut) initiées par
l'Etat pour marquer sa volonté de ramener la paix civile, les deux associations ANFVT (familles victimes du
terrorisme et ANFD (familles de disparus) ont manifesté pour exiger du gouvernement une solution à
l'amalgame des deux camps victimes des circonstances. Les associations avaient demandé l'abrogation du
projet de loi portant tragédie nationale qui crée une cassure au sein de la société et le bannissement de sa
dénomination. L'ANFVT demande la constitution d'une organisation nationale à l'image de celle des
Moudjahidine (anciens combattants de la guerre de libération). L'ANFD, non agréée, a ressenti l'humiliation
du fait que les familles des disparus soient traitées de "harkis" (militaires algériens de l'armée coloniale).
La même question qui avait été posée pour les fils de harkis en 1962, est posée pour les enfants des
terroristes en 1999. Aucune loi ne condamne des enfants à payer les crimes de leurs parents et aucune loi
ne donne à la victime le droit de juger et condamner le coupable. Il est capital d'éradiquer le terrorisme
sans laisser les germes de la violence prendre naissance une deuxième fois, avec les fils des terroristes.
L'exclusion sociale de cette frange serait en faveur d'une récidive dans 20 ou 30 ans. Le devoir et la
sagesse nous dictent de prendre en charge les deux dossiers séparément pour panser les blessures de
ceux qui se sentent atteints dans leur dignité et qui ont versé le sang de leurs proches pour l'unité du pays,
comme il est du devoir de toute société d'apaiser la haine de ceux, qui ont été traînés dans le courant
contraire, sans être conscients de la réalité des conséquences de tels actes. Il est certes difficile d'oublier,
mais en Algérie, il faut néanmoins pardonner. La tentative de réconciliation nationale passe avant tout dans
l'idée de vouloir réellement déculpabiliser ces centaines d'épouses et d'orphelins de terroristes, sans
pour autant diminuer les souffrances endurées par les victimes du terrorisme qui réclament seulement qu'on
leur reconnaisse leur droit légitime et leur dignité. Eveiller le moindre sentiment de culpabilité envers ces
centaines d'épouses et enfants de terroristes, c'est faire en sorte de les condamner à jamais vis à vis de
leur propre entourage. A ce raisonnement qui émane d'un esprit de vengeance ne saurait-il pas plus
avantageux de faire savoir de façon retentissante et définitive le devenir de ces familles de "terroristes". En
toile de fond, la réconciliation nationale fait figure de solution finale et plausible pour sortir de l'impasse de
la haine et où le pardon demeure la seule alternative.□
PARTICIPATION POLITIQUE.- Elle est un long processus qui atteint le seuil démocratique lorsque la
société civile s'impose à travers ses institutions et sur toute sa capacité à s'autonomiser de l'Etat quant à la
production de subsistance. La notion de "seuil démocratique" n'exige pas, dans le cadre de la participation
politique définie comme rapport de forces, que tous les partis adhérant explicitement à l'idéologie libérale.
Le seuil démocratique est réalisé lorsque les différents groupements d'intérêts, organisés en partis ou non,
sont obligés de passer des compromis institutionnels, maintenant un équilibre grâce à la dissuasion
mutuelle. La participation n'exige pas que les partis et les associations adhèrent au principe de la liberté de
l'individu par rapport à la collectivité ; il suffit que ces derniers aient les moyens de se faire entendre et de
défendre leurs intérêts. Ce n'est donc pas l'idéologie de tel ou tel parti qui met en place la participation,
c'est la pluralité des partis et des courants d'opinions qui assurent son existence. Dans les pays du tiers-
monde, le populisme a fleuri sur l'idée selon laquelle le peuple est un et doit demeurer uni en ayant un seul
parti. Tant que cette idée est partagée par une majorité de la population, l'autoritarisme aura des bases
populaires. Dans cette perspective, l'islamisme est contraire à la participation non pas parce qu'il dérive de
l'islam, mais parce qu'il est populaire, se revendiquant de l'idéologie populiste. Il y a des degrés dans la

882
participation politique, et ce que l'on appelle le seuil démocratique est atteint ou non en fonction d'un
rapport de forces dans lequel sont pris en compte l'économie, l'idéologie, la culture, la religion, la
violence, l'environnement international, etc. La participation politique est imposée aux titulaires du
pouvoir qui ont tendance à privatiser l'Etat. Aujourd'hui en Algérie, l'Etat est le domaine privé de
quelques généraux non en référence à l'islam, mais en référence au rapport de forces qu'ils
établissent avec la société civile. En faisant des hydrocarbures la seule source de revenus de
l'Etat, les généraux ont rendu ce dernier économiquement indépendant de la société. La nature
rentière et distributive de l'économie est un obstacle autrement plus important que l'islam à la participation
politique. Mobilisé comme ressource et comme vecteur de contestation, celui-ci est utilisé par la
majorité des administrés pour une plus grande participation politique au champ de l'Etat. Que l'islam,
dans l'opposition, soit un vecteur de participation ne signifie pas pour autant que les partis islamistes au
pouvoir mettraient en oeuvre une plus grande participation. Si dans un régime islamiste futur, la
structure rentière de l'économie demeure, il n'y aura pas une plus grande participation par rapport au
régime actuel. Tant que la rente sera la seule source de richesse, l'Etat aura la capacité de s'opposer à
l'émergence de la société civile, dissuadant tout courant d'opinion qui s'élèverait contre le détournement
de l'autorité publique à des fins privées.□
VIOLENCE.- L'histoire algérienne dans son rapport à la violence commence très tôt, en amont, puisque
l'occupation française a instauré des rapports de soumission et de violence. Ces rapports franco-algériens
commencés dans l'inégalité et l'oppression ont existé du point de vue du colonisateur et du colonisé qui
avait besoin de se libérer, de sortir du système colonial. Le rapport à la violence se retrouve également à
l'intérieur même du mouvement nationaliste algérien, entre divers groupes candidats au pouvoir et ce, dès
la guerre de libération, dans la période 1955-1962 dans des batailles à la fois d'hégémonie, d'exclusivisme,
d'effacement du pluralisme politique. Cela s'était traduit par l'assassinat d'intellectuels dans les maquis,
les règlements de comptes entre formations politiques rivales pour le leadership, jusqu'au massacre des
harkis qui est un énorme problème de l'histoire algérienne intérieure après l'indépendance. Cette
violence a été ensuite comprimée, emmagasinée par l'Etat qui la contenait par le haut de manière
autoritaire jusqu'à refaire surface après les émeutes de 1988. Cette violence réexprimée, se rediffusant
dans le champ public prend un caractère de revanche par rapport au parti unique et de ce qui s'est passé
dans la société depuis l'indépendance. Il y eut des violences plus privées : la violence de l'Etat est
descendue dans la société pour se diffuser et toucher la famille, les individus, des groupes particuliers, des
régions. Ce problème difficile d'approche renvoie à la question de repossession de mémoire afin d'en
déterminer ses causes et ses origines. L'Algérie qui a toujours manifesté ses attaches identitaires dans
l'arabité, l'islamité et l'amazighité, se trouve être confrontée au phénomène de la violence incomparable
dans l'histoire des nations. Cette manifestation maléfique contre la morale universelle est non seulement
contraire aux préceptes de l'islam mais aussi met en péril les idéaux de paix et des droits de l'homme. La
perspective nouvelle d'innovation des gouvernements au projet de société démocratique apportant des
changements dans les structures et mentalités de la société s'est accompagnée d'une culture de la haine
dont la genèse remonte dans une large mesure à des comportements de frustration psychologique,
linguistique, culturelle. L'extrême complexité de ce phénomène dans ce pays a dépassé toutes les thèses
d'écoles en matière d'approche des phénomènes de déviance aux normes portées par une agressivité
déferlant en violence démentielle. Ce processus de l'acte grave est symptomatique d'un déséquilibre
profond de la personnalité. Une restriction des libertés fondamentales, un système éducatif inefficace,
l'absence d'émancipation culturelle constituent un terrain de prédilection à la violence et la criminalité
organisée. La désorganisation familiale, la précarité de l'habitat de la population des quartiers
périphériques, les déviances dans les comportements religieux, la drogue, la mal-vie, ont été les ferments
du déchaînement de la violence. Le dénouement de la crise des valeurs sociales est lié à une révision des
législations du pays en conformité avec les évolutions du monde et les nouvelles exigences du XXIème
siècle. La contestation aiguë des franges marginalisées et défavorisées de la population a atteint le stade
inquiétant de l'affrontement et de la haine d'autrui. Ecartant toute manipulation religieuse à des fins de
discorde, le modèle consensuel qui inspire les réformes institutionnelles est la meilleure voie pour une
sortie de crise et le recours aux moyens prohibés tels que la violence et le terrorisme n'auront plus droit de
cité dans une démocratie sociale et politique. L'instauration de la paix sociale constitue une mission
stratégique de l'Etat et une condition pour promouvoir une progression en performance des institutions. ◙

883
" Il est aussi facile de rêver un livre qu'il est difficile de le faire."
              Honoré de Balzac

Vous avez parcouru :L'Algérie aléatoire - Ses maux-clés endogènes -Une matrice transversale de sous-développement.

Quels sont les leviers que l’Algérie doit actionner afin de faire du troisième millénaire celui de son développement, de
son dynamisme, de son imposition sur la scène internationale ? En termes de structure, d’économie, de politique, de
mœurs, de religion, de culture, d’éducation, quelles sont les mesures, les réformes et les choix qu’elle se doit de
mettre en œuvre pour devenir un pays ancré aux enjeux d’aujourd’hui et de demain ? Quels sont les réflexes dont elle
doit se dégager et les audaces qu’elle doit assumer pour assurer aux hommes et aux femmes qui la constituent
l’avenir prospère auquel ils ont droit ? En quelque termes-clés et autant de sujets à débattre, cet ouvrage cerne, à
travers un maillage resserré, les défis de l’Algérie contemporaine. 
  Se présentant sous la forme d’un lexique, l’essai de Farid Daoudi circonscrit étroitement et quasi exhaustivement
les scléroses et paralysies d’un pays… Par la même occasion, celui-ci ébauche des issues et des perspectives de
développement fertiles, qui permettront à l’Algérie de faire sa mue et de réussir son entrée dans la modernité, sans
pour autant renier son histoire et son identité complexe. Incroyablement riche et fertile, pointant du doigt les
problèmes pour mieux leur apporter des remèdes ou souligner les inflexions nécessaires, voici un texte qui se met au
service de tout un peuple pour mieux l’assister et le guider dans ses transformations. 

" L’idée du passé ne prend son sens et ne constitue une valeur que pour l’homme qui se trouve en soi-même une passion pour
l’avenir "
Paul Valéry

ANNEXES - ILLUSTRATIONS

884
885
886
Références bibliographiques & Sources d'informations
Nos investigations et interprétations se fondent sur des données statistiques émanant de sources différentes en priorité des
organismes institutionnels : ministères, ONS, CNES, CREAD, et des publications de travaux scientifiques d’universitaires
algériens et étrangers. Ce qui caractérise les statistiques algériennes, c’est qu’elles sont fragmentaires, de séries incomplètes
d’âges différents et le plus souvent contradictoires. Ces investigations sont complétées (recoupées) par des informations
basées sur des contacts personnels avec des agents économiques, des responsables sectoriels, des travaux universitaires ou
revues scientifiques et, la presse locale et internationale (via l’Internet).
♦ ABACI M’hamed, Economie du sport en Algérie, El Watan, 29.09.2018
♦ ABDELGUERFI A., LAOUAR M., M’HAMMEDI BOUZINA M., 2008. Les productions fourragères et pastorales en Algérie :
Situation et Possibilités d’Amélioration. Revue Semestrielle ‘Agriculture & développement’’ (INVA, Alger), janvier 2008, n°6 : 14-
25.♦ ABDELMALEK, Amine, Entre la contrainte et l'exploitation,El Watan (10.09.96).
♦ ACHOUR-TANI, Yemna, L’analyse de la croissance économique en Algérie, thèse doctorat finances publiques, Univ.
Tlemcen, 2012.
♦ ADAIR Philippe, Mythes et réalités de la réforme agraire en Algérie. Bilan d'une décennie, In: Études rurales, n°85, 1982
(persee.fr/doc/rural)
♦ AHCENE-DJABALLAH, Belkacem (2005) : La "com" dans tous ses états : Analyses, études, communications et écrits de
presse, Oran, Dar El Gharb.♦ ADDI, Lahouari, L'armée, la nation et l'Etat en Algérie, quotidien El Watan 7.04.1999.
♦ AHCENE-DJABALLAH Belkacem, "Citoyenneté assassinée  ", Le quotidien d’Oran, 10.05.2018.
♦ AHCENE-DJABALLAH, Belkacem (2006) : « La liberté de la communication et de l‘information en Algérie:
entre la régulation administrative et l‘autorégulation ? », Le Quotidien d’Oran, 18 mai 2006.
♦ AHCENE-DJABALLAH, Belkacem, Site algérien multisectoriel d’informations : Almanach-dz.com, créé en
2005.
♦ AÏT-CHAALAL, Amine, "L'Algérie depuis 1962 : Retour sur une histoire contrastée", Cairn.info pour
Armand Colin. Revue internationale et stratégique 2002/2 (n° 46), p. 61-72
♦ ALI-BENCHERIF Mohamed Zakaria, "L’alternance codique arabe dialectal/français dans des
conversations bilingues de locuteurs algériens immigrés/non-immigrés", Doctorat en sciences du langage,
Université de Tlemcen, 2009. (pp. 59-63)
♦ ALIK Koussaïla,"Académie pour l’aménagement de la langue amazighe :Contraintes et réalité du terrain",
Liberté-algérie, 20.01.2018.
♦ BENAMAR Amel, « L’impact de la publicité télévisuelle sur les consommateurs algériens (2008-2010) :
étude du secteur des télécommunications », Doctorat en Sc. commerciales, Univ. d’Oran, 2014.
♦ AÏT AMARA H., (2007). Crise agricole, crise du développement. Recherches internationales, n° 80, octobre-décembre 2007,
pp. 185-198♦ AÏT MIMOUN, Lounis, Projet de réforme fiscale: L'impôt en Algérie, entre héritage colonial et conjoncture, le
quotidien d’Oran, 08.02.17
♦ ALILAT Yazid, Foncier: Trois millions d'hectares de terres agricoles non exploitées,
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5260490
♦ AMOSSY, R. (2000) : L’argumentation dans le discours, Paris, Ed. Nathan.
♦ AMRANE Mokhtar, Le logement social en Algérie, objectifs et moyens de production, thèse de magister en urbanisme,
Université de Constantine, 2011
♦ Annuaire des statistiques 2001-2010, Ministère de la culture :
https://www.m-culture.gov.dz/mc2/pdf/annuaire_final_2010_fr.pdf
♦ ARDOUIN, T., « Ingénierie de formation pour l’entreprise, analyser, concevoir, réaliser, évaluer », édition Dunod, France
2005.
♦ ARROUDJ, Halim, Réforme et modernisation du système bancaire algérien (1990-2010), thèse doctorat en Sc.
Commerciales, Univ. d’Oran, 2015.
♦ BAAZIZ M et BENDIAB K. 2008. Les palmeraies du Maghreb. Quelle amélioration génétique diversité génétique de Phoenix
dactyliferaL. Dans un contexte d’érosion de la Biotechnologies végétales et gestion durable des résistances face à des stress
biotiques et abiotiques. XI Journées Scientifiques. Rennes. France. pp.21.
♦ BABOUCHE Yacine, "État de droit : l’Algérie parmi les pires pays d’Afrique", Site : tsa-algerie.com, 22.11.2017
♦ BACACHE-BEAUVALLET, Maya & MAYNERIS, Florent, le rôle de l’Etat, fondements et réformes, édition Bréale, 2006, p.12.
♦ BADILLO, Dominique, Stratégies agro-alimentaires pour l'Algérie, Edisud,1980.
♦ BADUEL, P. R., (s/dir.), L'Algérie incertaine, Ed. Publisud, 1994.
♦ BAGHLI Sid Ahmed, « Aspects de la Politique culturelle de l’Algérie » collection, Politiques culturelles ; Etudes et documents
UNESCO,1977
♦ BALIOUZE Khadidja, Stratégie et développement de l’industrie gazière à l’horizon 2040, master en Sciences et techniques,
univ. Ouargla, 2014.
♦ BANQUE MONDIALE (2003), Vers une meilleure gouvernance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) : Améliorer
l’inclusivité et la responsabilisation. Washington DC

887
♦ BAOUCHE, Fatiha, L'évolution du foncier agricole en Algérie à travers les réformes, doctorat en sc.politiques, université de
Poitiers, 2014
♦ BASQUE, LUNDGREN-CAYROL, 2003 accessible en ligne : http://www.edu-tice.org/approche-th%C3%A9orique/la-
technologie-de-l-%C3%A9ducation

♦ BEKIHEL Mohamed, Les investissements directs étrangers en Algérie : essai d’évaluation empirique de son impact sur la
croissance économique entre 1990 et 2010, magister en Sc. économiques, univ. Oran, 2013.
♦ BELLAHCENE Ouerdia, Les accords de partenariat industriel en Algérie (pharmacie), magister en sc. économiques, Univ.Tizi-
Ouzou, 2015 ♦ BELLINA, S., NAHEM, J., OULD AOUDIA, J. (2007), Construction des indicateurs de gouvernance : les enjeux
de la construction des indicateurs illustrés par les approches de la Banque Mondiale, de la Commission européenne et du
PNUD, Note d’analyse de l’Institut de Recherche et débat sur la Gouvernance (IRG) ,pp.63-91.
♦ BELMIHOUB Mouhand-Cherif, « Les rigidités institutionnelles face aux transformations économiques en Algérie : un problème
de gouvernance », in « Public Administrations in Arab-mediterranean countries », Madrid, INAP, 19-22 septembre, 2007.
♦ Ben AZZA Nour El Houda & DJEDIAI Nacira, Un système pédagogique pour les universités algériennes : PMS.DZ, université
de Ouargla, 2015
♦ BENABDELKADER, F. (2009), Du droit de l’État à l’État de droit dans les pays arabes de la Méditerranée : Analyse
économique des institutions de gouvernance et de leur évolution,Thèse de Doctorat, Université de Paris 1 Sorbonne.
♦ BENACHENHOU Abdelatif,, Les entrepreneurs Algériens, Alger, OPU, 2007.
♦ BENACHENHOU Mourad, "Non ! L'Algérie n'est pas une république sucrière !", Le Quotidien d’Oran, 24.04.2017.
♦ BENACHENHOU, M., Réformes économiques, Dette et démocratie, Alger, Ed.Ech'rifa.
♦ BENALLEGUE A., « le transport routier, état des lieux d’un mode largement dominant dans les transports intérieurs » Le
phare n°48 avril, 2003.
♦ BENAMIROUCHE, Hichem, Enjeux stratégiques de la ressource gaz en Algérie, 2010.
♦ BENCHARIF A., (2001). Stratégie des acteurs de la filière lait en Algérie: état des lieux et problématiques. Option
méditerranéenne. Série. b/n032-les filières et marchés du lait et dérivés en méditerranée. p28.
♦ BENCHERIF Houria, Etude de l’insécurité routière en Algérie : de l’usage des modèles au développement des politiques
publiques, these de doctorat en Hygiène & Sécurité Industrielle, univ. de Batna, 2015
♦ BENDEROUICH, Bahia, La kémaria: un produit du terroir à valoriser, ingéniorat d’Etat en sc. agronomiques, univ. Ouargla,
2009.
♦ BENDJILALI Zine El Abidine, Les caractéristiques de la fiscalité pétrolière en droit algérien, Magister en droit, Univ. Oran,
2013.
♦ BENFRID M., (1998).«La commercialisation du bétail et de la viande rouge en Algérie» in «filières des viandes rouges dans
les pays méditerranéens». CIHEAM, Série A N° 35
♦ BENHASSINE, M.L. & LAGGOUNE W., les rapports PME-secteur publique en Algérie : Complémentarité ou substitution ? In
les PME dans les systèmes économiques contemporains. De Boeck Université, Bruxelle
♦ BENHASSINE, M.L., Le fonctionnement des politiques de développement et des politiques économiques en Algérie de 1967 à
1998, quotidien El Watan 18.11.1998.
♦.BENKADA, Houari, Les associations d’aide aux malades à l’hôpital d’Oran : Le cas d’une association, magister en
sc.sociales, univ.Oran, 2013.
♦ BENLOULOU, Salim Badreddine, Les dépenses Publiques: quel optimum pour un bien-être social ?, thèse de doctorat en sc.
Economiques, univ. Tlemcen, 2014.♦ BENMOUAFFEKI Djemaa, Etude de la variabilité spatio-temporelle de la salinitéen
milieux sableux. Cas de la palmeraie de l'Université de Ouargla, Mémoire d’ingénieur d’Etat en agronomie saharienne, 2011.
♦ BENOIT L, 2003. Les palmiers dattiers menacés par la mondialisation commerciale. Revue Etat de la planète ; No 9. Genève.
pp:16. https://fr.scribd.com/doc/128279518/palmier-dattier-pdf .
♦ BENSAADA, Khadidja, Etude du développement et architecture racinaire de plantules de palmier dattier sous stress salin,
magister en biologie végétale, univ.Oran, 2015.
♦ BENTOUATI, Abdellah et BARITEAU, Michel, Une sylviculture pour le pin d’Alep des Aurès (Algérie), forêt méditerranéenne t.
XXVI, n° 4, décembre 2005, pp.315-320.
♦ BENYAGOUB Hanane, "Les techniques d’enquête spéciales en droit algérien" -étude comparative- Thèse
de Doctorat sciences en droit public, Université d’Alger1,2016. pp.14-15
♦ BOUARISSA Chabane, "La biofertilisation, une alternative aux engrais chimiques", Liberté-algerie,
09.07.2018.
♦ BOUAZZA MAROUF Naïma, 2012, La communication touristique à l’international : cas du sud algérien,
Magister en sc. commerciales, Univ.d’Oran, 2012.
♦ BENZELIKHA, A. (2005) : Presse algérienne, Oran, Dar El Gharb.
♦ BENZIOUCHE S E et CHERIET F. 2012. Structure et contraintes de la filière dattes en Algérie. Revue NEW MEDIT N° 4. pp :
49-57.
♦ BENZIOUCHE, S E, 2016a. La biodiversité du palmier dattier en Algérie: état des lieux,et contraintes et perspectives.
Séminaire international : biodiversité et gestion des ressources naturelles « Passé, Présent et Futur ». Univ Souk-Ahras,
Algérie..
♦ BERRACHE, Lyes, étude prospective de la demande d’énergie finale pour l’Algérie à l’horizon 2030 : management des
projets énergetiques, université d’Alger, octobre 2011,86 pages.
♦ BERRENDONNER, A. (1981) : Eléments de pragmatique linguistique, Paris, Minuit.
♦ BONNAFOUS, S. & CHARAUDEAU, P. (1996) : « Le discours des médias, «  entre sciences du langage et sciences de la
communication », Le français dans le monde, numéro spécial « Le discours enjeux et perspectives », Hachette, pp. 39-45.
♦ BOUABBACHE, Aïssa, Le partenariat économique et l’accord d’association Algérie-UE : portée et limites, magister en
sc.économiques, université Tizi-Ouzou, 2016.

888
♦ BOUABDALLAH, Wassila, Les déterminants de l’IDE dans le cadre du système bancaire Algérien, Etude comparative entre
banques publiques et banques étrangères, Doctorat en sciences économiques, Univ. Tlemcen, 2016.
♦ BOUABDELLAH, Wassila, les déterminants de l’IDE dans le cadre du système bancaire algérien, Doctorat en sc.
économiques, université Tlemcen, 2016.
♦ BOUADI, Sonia, Le projet d’établissement hospitalier : un nouvel instrument au service du management hospitalier. Cas EPH
Ain El Hammam, magister en sc.economiques, Univ. Tizi-Ouzou, 2014
♦ BOUAMMAR Boualem, Le développement agricole dans les régions sahariennes, Etude de cas de la région de Ouargla et de
la région de Biskra (2006-2008), Doctorat en économie rurale, Univ.Ouargla, 2010.
♦ BOUCHIKHI Nourredine, Plaidoirie pour la réhabilitation de la pédiatrie en Algérie, (Le quotidien d’Oran,
23.05.18 & 14.06.18) ♦ BOUGUEDOURA N, BENNACEUR M et BENKHALIFA A, 2010. Le palmier dattier en Algérie:
Situation, contraintes et apports de la recherche. Biotechnologies du palmier dattier. Èd.IRD. Paris. Pp : 15-22.
♦ BOUHADJAR Souad, Approche Sociolinguistique des Noms des Lieux en Algérie, Cas de la toponymie de
Boussemghoun, Doctorat en sciences sociales, Université de Tlemcen, 2016.
♦ BOUMEDIENE Sid Lakhdar , La laïcité, dernière chance des musulmans, 15.03.18. & Laïcité et liberté de
penser, les bases occultées par les «experts» de l'économie, 10  .04.16,.El Watan.
♦ BOURAD Mohamed, "Or jaune  : Le tourisme peut-il vraiment remplacer le pétrole en Algérie?",
l’Expressiondz, 09.01.2018.
♦ BRAHIMI, Brahim, 2002, Le droit à l’information à l’épreuve du Parti unique et de l’état d’urgence,
Alger, Editions SAEC-Liberté.
♦ BOUTALEB Kouider, « La problématique de la gouvernance locale : le cas de l’Algérie vu à travers les éléments synthétisés d’une
enquête auprès des parties prenantes », Revue économie et Management N°11, Novembre 2012, Université de Tlemcen.
♦ CHATOU Ibtissem, Aspects des contacts des langues en contexte publicitaire algérien : Analyse et
enquête sociolinguistiques, Doctorat en sciences du langage, univ. de Mostaganem, 2011.
♦ CHEBAH BAKHOUCHE Chérifa, Expression plurielle du désert ou la dualité des valeurs spatiales dans
les textes littéraires, Doctorat es lettres, Univ. Constantine, 2015. ♦
CHERIF Mustapha, Unité et pluralité des spiritualités, Liberte-algerie, 04-06-2018, lauréat du prix Unesco
du dialogue des cultures, auteur de Le Coran et notre temps, Anep, Alger, 2012.
♦ Davies Howard, "Anatomie de la dette mondiale", Project Syndicate.org, 15.06.2018.
♦DEHNOUN, Z., Etude comparative de la dynamique des sels dans les régions sahariennes (région
d'Adrar), thèse d’ingénieur, INA, 1998.♦ FARSI Rahma, Caractérisation comparative sur les aspects
physicochimiques et sensoriels de la viande cunicole et avicole, Master en Agronomie, Université de
Tlemcen, 2016.
♦ HADDAD Mohand, « Du vrai sens de Yennayer », Liberte-algérie, 14.01.2018
♦ HADDAD Idir & TERGOU Faouzi, La conduite de la politique monétaire en Algérie durant ces deux
dernières décennies :objectifs et limites, Master en sc. économiques, université de Béjaia, 2011
♦ HAMIANI, M.T., « Groupes d’intérêts », Le Quotidien d’oran, 04.10.2018 : http://www.lequotidien-oran.com/index.php?
news=5267143
♦ IMADALOU Samira, " Foncier agricole  : La récupération des terres inexploitées en ligne de mire", El
Watan 28.05.2018.
♦ KHELIFA Saïd Aïssa , « Autopsie d'un régime politique pas comme les autres », (Le Quotidien d'Oran,
04/09.05.2017)
♦ KOUIDRI Mohamed, Colonisation, indépendance et développement humain en Algérie : quel bilan? Insaniyat n°s 65-66,
juillet – déc. 2014, p. 159-185

♦ LARBI ABDELLI Ouiza, Croissance et mortalité des lapereaux de population locale algérienne, doctorat en
biologie, université de Tizi-Ouzou, 2016
♦ MAZRI-BENARIOUA Mouna," La Culture en tant que fait urbain. Lecture sur des indicateurs de
développement culturel. Cas du secteur sauvegardé de Constantine", Magister en Architecture, Université
de Constantine, 2007.
♦ MEBTOUL, Abderrahmane, " Les raisons et les impacts du dérapage du dinar", Le Quotidien d’Oran,
15.05.2018
♦ OUCHICHI Mourad, L’obstacle politique aux reforme économiques en Algérie, Doctorat en Science
Politique, Université Lumière Lyon2, 2011.
♦ Revue Africaine des Livres, Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle, Oran. Site  :
arb.crasc.dz. ♦ BOUKHOUDMI, Djaouida, "La Mutation dans les activités de services : le secteur des Télécommunications
en Algérie. Une analyse williamsonienne des structures de la gouvernance", magister en sc.économiques, univ. Tlemcen, 2012.
♦ BOULKEDDID Tahar, L’utilisation des ressources productives dans l’agriculture algérienne. Evolution et perspectives,
magistère en sciences économiques, 2013.
♦ BOURDIEU, Pierre, 1994, Raisons pratiques, Paris, ed. Seuil, Coll. Points.
♦ BOURENANE Kamel, Hygiène, santé et sécurité du travail : la situation est alarmante en Algérie, Algérie-focus.com,
07.08.2013
♦ BOUSSARD J. M., (1988).«Maîtriser la production agricole», Revue française d’économie, vol. III, numéro 4, p. 239-261.
♦ BOUZIDI A., 1999, Les années 90 de l’économie algérienne, ENAG Éditions, p.163
♦ BRAHAMI, Mohamed Amine, Les TIC dans l’éducation en Algérie, Mémoire de magister en sciences.commerciales,

889
Université d’Oran, 2014,
♦ BRAHIMI, B. (2005) : « Le paysage médiatique algérien. Acquis et blocages ». Le Quotidien d’Oran du 28 juin 2005.
♦ Bulletins de conjoncture économique, Conseil national économique et social, 1er et 2ème semestre 1997,
1998.
♦La Nation n° 61, Mars 1994, "un face à face irréversible", said Loucif
♦ Le syndicalisme entre deux mondes, T.Mansour,le Quotidien d'Oran (24.03.96)
♦ KHELLADI, Aïssa, Etat musulman ou Califat ?, Hebdo libéré (5/11 juin 1991)
♦ Loi sur l'information: une expérience perfectible, Ahmed Kada, Hebdomadaire "Révolution Africaine",
3/9 déc. 97.
♦ Partenariat social, une convergence d'intérêts -Nordine Grim, El Watan (01.02.98)
♦ SALAH, Ahmed, La liberté de conscience en terre d'islam, Le Matin du 5.01.93
♦ GRIM, Nordine, Cadres/forte baisse du pouvoir d'achat, El Watan du 12.02.98
♦ Rapport national sur le développement social - Sommet mondial sur le développement social,
Copenhague, mars 1995.
♦ UNESCO, IFLA (Fédération internationale des associations de bibliothèques), "Les services de la bibliothèque publique.
Principes directeurs de l’IFLA",2001, p.10.
♦UNESCO, « Qu’appelle t-on diversité culturelle ? » 25 questions sur la culture, le commerce et la mondialisation, 2000.
♦ PNUD, "Mondialisation et choix culturel", rapport. 2004, chapitre 5♦ Symposium de l'association algérienne de
l'industrie du gaz ,17/18 Déc.1997.
♦ YEZGA Tahar, Le développement du sirghaz, la Tribune, 20.12.97.
♦ Premières assises des assurances, Alger, 20/21 Déc.1997.
♦ Le secteur des assurances doit s'astreindre à des mutations - La Tribune 20.12.97, Tahar Yezga.
♦ Journée nationale sur la normalisation - 20.12.97 – Alger
♦ Site Algerie-Eco /11 mai 2017, La filière oléicole sous pression
♦ La-desertification-dans-les-steppes-algeriennes-causes-impacts-et actions-de-lutte, nouara-algerie.com/article
♦ CACI-CCI Ziban, 2015. 1er salon international de la datte de Biskra. Le monde des dattes. Rev. N° 15. Alger. pp : 14-15.
♦ CARTIER-BRESSON, J. (2000), « La Banque Mondiale, la corruption et la gouvernance », in Revue Tiers Monde, Vol. 41,
n°161, pp. 165-192.
♦ CARTIER-BRESSON, J. (2008), Économie politique de la corruption et de la gouvernance, collection « éthique économique »,
Paris, ed. l’Harmattan.♦ CHAMPAGNE, Patrick, 2001, « ‘’Pouvoir des médias et ‘’pouvoir sur les médias’’ : les raisons d’un
débat récurent », in GEORGAKAKIS, Didier, et UTARD, Jean Michel, Sciences des médias, Paris, L’harmattan, pp195-213.
♦ CHAMPAGNE, Patrick, «Combat pour les médias », in Le Monde diplomatique, Avril2005, p2
♦ CHARAUDEAU, Patrick, 1983, Langage et discours. Eléments de sémiolinguistique (Théorie et pratique), Paris, Hachette.
♦ CHARAUDEAU, Patrick, 1997, Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social. Ed.Nathan.
♦ CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, 2002, Dictionnaire d’analyse de discours, Paris, ed. Seuil.
♦ CHAREF, Fatiha : Evolution du marché des assurances en Algérie, mémoire de master en sc. économiques, univ. Khemis
Meliana, 2016.
♦ CHELOUAH, Nadir & BRADAI, Amirouche, Essai d’analyse des déterminants des exportations du secteur agroalimentaire
enAlgérie,Enquête auprès des entreprises de wilaya de Bejaia, master en sc. économiques, Univ. Béjaia, 2015.
♦ CHENIKI, Ahmed, « Pesse en Algérie. Ouverture et suspicion » in Le quotidien d’Oran, 30 Novembre 2000.
♦ CHERFAOUI A , 2003 Essai de diagnostic stratégique d’une entreprise publique enphase de transition ,cas de la laiterie de
Boudouaou (ALG) ,mémoire Master, CIHEAM ,déc. 2002.
♦ CHEVALIER, J. (2003), « L’Etat post-moderne », Droit et Société, Paris : LDGJ, n°35,
♦ CHOAY, Françoise, Allégorie du patrimoine, seuil mai 1992. 
♦ CORNILLEAU, Gérard, croissance économique et bien-être, revue de l'OFCE n° 96, janvier 2006
♦ Dictionnaire : Lexique de Gestion et de Management, 2008, 8ème édition, DUNOD
♦ Dictionnaire de culture générale (idées contemporaines) , PTIMUM, 2006, édition ellipses
♦ DJELLOUT, Fatima, La nouvelle approche de la Chine en matière de coopération économique, magister en sc. économiques,
univ. Tizi-Ouzou, 2016
♦ DJERMOUN A. & CHEHAT F., Le développement de la filière lait en Algérie: de l’autosuffisance à la dépendance. Livestock
research for rural development.Volume 2. 2012.
♦ DJERMOUN Abdelkader, La production céréalière en Algérie : les principales caractéristiques, Revue Nature et Technologie.
n° 01/Juin 2009. pp.45-53. ♦ ELIMAM, Abdou, Le maghribi, langue trois fois millénaire (éd. ANEP, Alger, 1997) et Le maghribi,
alias ed-darija, langue consensuelle du Maghreb (éd. Dar El Gharb, Oran, 2004).
♦ EMTIR Fatima Zohra, L’évaluation de la formation professionnelle continue en entreprise algérienne, Cas de Lafarge Algérie,
mémoire de magister, Université d’Oran, 2014
♦ FADLAOUI Soumaia, Application de la technique de modélisation de l’architecture du palmier dattier (dactylifera Phoenix L.)
pour la caractérisation des cultivars, Magister en sciences agronomiques, Univ. Biskra, 2017
♦ FROGER, G. (2006), « Significations et ambiguïtés de la gouvernance dans le champ du développement durable », Mondes
en développement, Bruxelles : Deboeck, Vol. 34, n°136.
♦ GOUMEZIANE Smail - Le Mal algérien. Economie politique d'une transition inachevée, 1962-1994. Alain Cotta (préf.), Paris,
Fayard, 1994
♦ GOUMEZiANE, S., Le mal algérien, Economie politique d'une transition inachevée, Paris, Editions Fayard, 2004.
♦ GUERID, Djamel, chercheur au Cread, « L’université algérienne a 100 ans », Le Quotidien d’Oran, 6/9.01.2010
♦ HADJ SAÏD, Abdenour, Lutte d'un peuple, les Touaregs, Hebdomadaire Parcours maghrébins, 24/30 juin 1991.
♦ HAFIANE A.: Les défis à l’urbanisme – O.P.U. Alger - pp. 115-116-118 – 1989
♦ HAMADI, Abdelkader, Vers une approche systémique de la gouvernance : le cas de l’accès aux médicaments en Algérie,

890
Doctorat en Sc. économiques, Univ. Lille, 2013.
♦ HAROUAT, Fatima Zohra, Comment promouvoir le tourisme en Algérie, magistère en sc. Economiques, univ. Tlemcen, 2012.
♦ HENNI, A., Essai sur l'économie parallèle, cas de l’Algérie, Alger, Ed. ENAG, 1991.
♦ HENNICHE, Faîza, Le management dans les banques publiques algériennes –approches et perspectives-, mémoire de
magister, université d’Oran, 2007
♦ IBARI, Mecherki, Les économies émergentes, Etude de l’expérience des pays du groupe de BRIC, magister en
sc.économiques, univ. Oran, 2013.
♦ KARA-TERKI Assia, La gestion du système de soins publics en Algérie, magister en sc. économiques, Univ. Tlemcen,
Fev.1995
♦ KARSENTI, T (2009), Intégration pédagogique des TIC : Stratégies d’action réflexion. Ottawa: CRDI. En ligne :
http://crdi.crifpe.ca/karsenti/docs/livre.pdf
♦ KEDEROUCI Sabah, Administration et performance, Le cas de l’administration Algérienne, Mémoire de Magister en Sciences
de Gestion, Université de Tlemcen, 2010.
♦ KHALDI, A., Le naufrage de l’université, Le Quotidien d’Oran, 03.01.17.
♦ KHALDI, Abdelkader, gestion non–durable de la steppe algérienne, Vertigo, Revue électronique en sciences de
l’environnement, 2014.
♦ KHARROUBI, Kamel, Le contrôle fiscal, un outil de lutte contre la fraude, mémoire magistère en sc. commerciales,
Univ.d’Oran, 2012
♦ KHELIFATI, Omar, la légitime défense préventive au regard du droit international public et son effectivité dans le cadre de la
2ème guerre du golfe, thèse docto

Vous aimerez peut-être aussi