Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
A-théorie du mot crise Issue du domaine médical, la notion de crise s’est répandue au
XXème siècle à tous les horizons de la conscience contemporaine. Il n’est pas de domaine
ou de problème qui ne soit hanté par l’idée de crise : le capitalisme, la société, le couple, la
famille, les valeurs, la jeunesse, la science, le droit, la civilisation, l’humanité etc. Mais cette
notion, en se généralisant, s’est comme vidée de l’intérieur. A l’origine,’’ krisis’’, signifie :
décision, c est le moment décisif dans l’évolution d’un processus qui permet le diagnostic.
Aujourd’hui, crise signifie :’’indécision’’.c’est le moment ou, en même temps qu’une
perturbation surgisse des incertitudes. En effet si on veut pour concevoir la crise, aller au
delà de perturbation ,d’ épreuve, de rupture d’équilibre, il faut concevoir la société comme
système capable d’avoir des crises, c’est à dire poser trois ordres de principes le premier
systémique, le second cybernétique la troisième neguentropique, sans quoi la théorie de la
société est insuffisante a la notion de crise1.la théorie de crise, à l’origine apportant au
langage médical qui lui fait designer : ‘’le moment décisif de l’évolution d' une maladie durant
laquelle l organisme doit supporter des douleurs aigues ou livrer un combat périlleux’’2de la
le mot a été emprunte en sciences humaines et sociales pour designer :’’une période de
troubles importants et décisifs qui marque un moment privilégié de changement En effet, à
partir de tout ce que nous avons vu sur le mot crise, Pouvons-nous dire que la période
1843-1848 correspond à une crise ? Suivant sa forme, ses manifestations et la profondeur
des mouvements, il est important d analyser cette période de troubles politiques pour le
situer dans son contexte historique et politique. Ainsi, parler de la crise de 1843 c' est voir ce
qu’elle nous a apporté comme fondement et de voir aussi à quoi ce genre de mobilisation à
aboutir et apporter aussi comme 1 Edgard Morin, revue sciences humaines p 91, mai-juin
hors série n : 18 M .Romeuf, Dictionnaire des sciences économiques, Paris presse
universitaire de France, mot crise p 349 T1 3 Michel Albert et Jean Boissonnet,"crise, krach,
boom’’ Paris le seuil 1988 2
4. concret au pays. Sans mettre de coté les positions des historiens qui ont vu la période
1843-1848 comme une révolution, il est important de poser la problématique de la crise afin
de prendre position par rapport à ces deux tendances (crise et révolution) pour dégager
vraiment ce que 1843 nous a apporté comme fait historique. Si on comprend Alfred Sauvy,
la crise est perçue sur le plan social, d’un ensemble de souffrances et d’inquiétudes, hors
toutes ses formes ont été l’objet des mouvances politico-économiques et sociales de 1843.
a-antécédents lointains Par définition, ce sont des faits historiques antérieurs à la crise et
qui ont des impacts considérables sur la crise. Entres autres, on peut citer la nature même
du régime Boyeriste, c’était un régime dictatorial, répressif privilégiant les gens de couleurs.
Boyer et ses protégés étaient des conservateurs ,des gérontocrates, il ne voulait pas l
épanouissement des jeunes , hostile aux idées nouvelles en sommes c’était un pouvoir
concentre entre les mains des vieux ce qui va solder par pas mal de contestations au niveau
des nouvelles générations formées , instruites et imprégnées des idées libérales afin
d’obtenir leur part du gâteau. L’affaire Darfour en 1822 en est un des témoignages du
caractère dictatorial du président d’alors, beaucoup de personnes se plaignent de son
absolutisme. En effet aucun débats parlementaires ne sont autorises voir provoques depuis
le début de son gouvernement car le sénat était dans 7 Pauleus Sannon, essai historique
sur la révolution de 1843 p 6
6. sa poche. La liberté d’expression n’existe que dans l’article 31 ainsi libelle :’’nul ne peut
être empêché de dire d’écrire et de publier sa pensée.’’ Et pourtant un journaliste qui
s’aventure à jouer le rôle de censeur est poursuivi, emprisonné, exilé ou fusillé. Heurtelou et
Darfour en témoignent.8 Suivi par l ordonnance de Charles X de 1825, le gouvernement ne
cesse que Augmenter les inquiétudes et son impopularité, car il viendrait faire éclater les
griefs, jusque la étouffés. A cet égard on lui reprochait sincèrement et fondamentalement
d’avoir sacrifié l’honneur national et les intérêts du pays. Ce geste exhumera le nom de
Dessalines le fondateur de la nation, c’est de cette logique que les révolutionnaires de
Praslin vont parler d’un crime inexpiable9. Ils vont leur nommer ‘’patriotes populaires’’ en
réaction à l’action poser par Boyer. Il poursuivrait ses erreurs en promulguant un arsenal de
règlements de culture appelés le code rural de 1826, déjà employé par Toussaint
Louverture, Boyer ne fait qu’entériner les masses paysannes travaillaient dans les champs.
Cette prescription tend à créer un quasi-servage ainsi, il ne fait que créer deux groupes
sociaux distincts, le paysan attache au monde rural et à la plantation, privé de sa liberté et le
citadin plus ou moins libre mais boycotte politiquement. Tout ceci était dans le seul but de
compenser l’ordonnance de Charles X à savoir de payer une indemnité en échange de notre
indépendance, jamais mesure ne fit verser tant de flots, d’encre et se donna ouverture à tant
de récriminations. La vérité c’est qu’elle continua à dépopulariser Boyer et que ce fut
d’ailleurs un anachronisme bien regrettable de sa part que d avoir voulu institué le servage
haïtien après vingt années d’indépendance et de liberté. Le code rural interdisait au paysan,
sous peine d’emprisonnement, en cas de récidiviste, sous peine de travaux forces, de
voyager à ‘ intérieur du pays sans avoir un permis du fermier, du propriétaire ou du gérant
du domaine sur lequel on l employait, il supprimait le droit du cultivateur de quitter la
campagne pour aller habiter les villes et les bourgs. Il déclarait qu’aucune réunion ou
association de laboureurs fixes sur la même plantation ne pourrait se rendre fermière de la
totalité de la population pour l’exploiter ; il commandait au paysans d’être soumis et
respectueux envers le propriétaire, le gérant, sous peine d emprisonnement.10 Hormis le
fouet c’est l’esclavage telle est une citation de Louis joseph janvier11.ici. Le contraste est
frappant entre la politique étroitement conservatrice et oligarchique de Boyer et les fortes
tendances démocratiques de son prédécesseur. A partir de 1830, une nouvelle génération
d’haïtiens étudiés en France venus en Haïti avec des idées nouvelles, imprégnées de liberté
et de la démocratie, de là se dessine en Haïti un phénomène qu’on peut connoter par un
conflit de génération opposaient deux courants : les vieux, militaristes, conservateurs et les
jeunes, libérales, contestataires. Sans oublier la crise internationale de 1837, voici ce que
nous dit Boyer :’’ la crise financière qui depuis plus d’une année inquiète l’Europe et agite
vivement les Etats-Unis s est fait ressentir jusqu’ en Haïti quoique moins désastreuse pour
nous que pour d’autre pays, son influence n a pas laissé de nous susciter des embarras
pénible […]’’12 Tous les éléments signales dans cette longue citation vont persister au cours
des années suivantes. D’abord la crise elle-même dont les 8 Rémy zamor, Histoire D Haïti,
de 1804 a 1906.p 151 Pauleus Sannon, essai sur la révolution de 1843, p 20 10 Idem p 56
11 Louis Joseph Janvier, Les constitutions D Haïti, p 149 12 Thomas Madiou, Histoire D
Haiti, Tome VII, p 190 9
7. signes avant-coureurs se manifestent des 1835 va durer jusqu’ en 1839. Akerman la
qualifie de double crise ; elle sera suivie d’une longue dépression qui se maintiendra encore
en 1843.13Les manifestations de la jeunesse lors des funérailles du professeur Frumeau de
lycée Pétion auquel Inginac le deuxième personnage du régime Boyeriste lui a donné un
réplique au nom du gouvernement après avoir dénoncé dans le journal ‘’la feuille du
commerce’’ les gaffes de l’état ne sont pas sans importance.
. b-antécédents directs Ils ne sont que des événements proches de la crise, mais ces
répercussions ont des conséquences directes sur la période de crise. C’était donc un
ensemble de griefs politiques, tels que l’opposition parlementaire, auquel nous insistons sur
le caractère réformiste de celleci à ses débuts, les opposants, même au cours de la période
décisive de 1838 à 1842 ne pensaient nullement à faire une révolution était un groupe qui se
trouvait en état d’opposition politique, donc voulait œuvrer a l’intérieur du système. C est
pourquoi leur mot d ordre était ;’’amélioration’’14. Elle devient un moyen d’expression du
courant libéral oppose à l’absolutisme de Boyer, elle va se renforcer à mesure que le
gouvernement chasse arbitrairement les libéraux du parlement, ils étaient : David St Preux,
d’Aquin, Herard Dumelse des cayes, Lochard de Petit-Goave etc. Tous des sudistes,
intellectuelles farcis d idées libérales importées de la France particulièrement de Thiers et de
Tocqueville selon Leslie Manigat. Il revient plusieurs fois à la charge de Boyer a la fin,
répond par l expulsion de quelques uns d entre eux et aux élections de 1837 les expulses
sont réélus et un nombre de libéraux ont été choisis, dès lors commence à se constituer
dans le pays un courant proparlementaire et anti-gouvernementale .A la 6eme législature,
les députes de l’opposition au nombre de 28 sont chasses de nouveau de la chambre ,ceux
du sud se concertent pour soulever la population à l’aide des meetings et des banquets
patriotiques, l’opposition populaire se dessine par un ensemble de complots, de
mouvements et de protestations. certains de ses mouvements se sont organises par des
militaire de rang inferieur .Si en 1838, la tentative d assassinat d Inginac peut être
considérée comme un antécédent plus ou moins éloigné de l insurrection populaire de 1844
,les révoltes localises dans la zone de Jérémie et des cayes préfigurent dans ce temps déjà
agites les événements particuliers qui viennent se produire plus tard dans la même région
.En effet les medias de l’époque jouaient un rôle considérable aussi dans le déroulement de
la crise ainsi les presses d’opposition nous rapportent pas mal d’éléments pouvant expliquer
la crise .Des 1830,un journal surnommé ‘’le phare ‘’fut créé comme presse d’opposition par
Duton Inginac le fils du Secrétaire général du gouvernement en réaction avec le presse
populaires ,de ce fait, un polémique s alluma et des nouveaux organes furent créer tels que
le patriote et le manifeste pour répondre à la propagande du gouvernement mais sont
disparus tels que la république, les élections suivantes prouvent la force de l’opposition
puisqu’ elle compte dans ses rangs les trois députés de Portau-Prince15Maintenant nous
allons passer aux faits qui ont généré la crise de 1843 comme les éléments déclencheurs.
13 Michel Hector, Crise et Mouvement populaire en Haïti, p 145 Leslie Manigat, Eventaire d
histoire vivante, p 33 15 Rémy Zamor, Histoire d Haïti de 1804 a 1906,p 153 14.