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Exposé: Lahontan - Dialogue avec un sauvage.

On assiste dans cet extrait à un dialogue entre un Européen, Lahontant et un sauvage, Adario. Ce
dernier fait partie de la tribu des Hurons. Huron était le nom donné par les Français à la tribu Wendat
(tribu indienne en amérique du nord) dû à leurs coiffures qui rappelaient la hure du sanglier. En
résumé, ceux-ci étaient considérés comme des sauvages à cause de leur mode de vie. Dans ce
discours, différentes critiques sont faites. Elles portent sur la politique, la religion et le bonheur.
Cependant, le discours de Adario se base dans un premier temps sur la religion. Il commence par
révoquer les dogmes chrétiens, c’est-à-dire les péchés et de l’autre, il explique que le chrétianisme
n’est pas la seule religion. Concernant la critique politique, Adario explique être maître de lui-même,
être totalement libre, tandis que Lahontan ne l’est pas et est obligé de suivre les règles de la
communauté imposées par la société. Au fil de la lecture, on comprend que celui qui est qualifié de
sauvage ne l’est pas mais au contraire, montre une personne cultivée et qui tient à ses valeurs. Faut
retenir c’est une retranscription de l'interview avec le chef Kondiaronk.

Dans quelle mesure peut-on dire que ce discours pousse à une remise en question de la notion
du bonheur vu par les Européens ?

I. L’européen supérieur au sauvage ?


1) Critique de Lahontan de la vie sauvage.
- o Les Européens comme Lahontant dénigrent les sauvages comme Adario : « L’ignorance et
la misére dans lesquelles on voit que les Hurons ont toûjours vêcu » ligne 10.
- o Lahontant veut à tout prix faire comprendre à Adario qu’il vit mal :« je n’ay d’autre intérêt
que celuy de te montrer le bonheur des François, afin que tu vives comme eux, aussi bien que
le reste de ta Nation » lignes 11, 12.
- o Adario critique l’égo des Européens qui se croient au-dessus des gens comme Adario qu’il
considère de sauvages en les critiquant de « Bétes » ligne 37.
2) Le sauvage plus sage que l’européen ?
- o Adario est convaincu que tous les Européens, sans exception, sont les mêmes personnes
méchantes et égoïstes : « Tu t’ataches à considérer la vie de quelques méchans François,
pour mesurer tous les autres à leur aune » lignes 14,15.
- o Adario considère les Européens comme indignes de l’homme par leurs actions : « nous ne
sommes rien moins que des hommes » ligne 17, 18 ; « leurs actions comme indignes de
l’homme » ligne 31. Cela revient alors à les considérer comme des animaux et par extension à
des sauvages.
Ironique car Adario voit les Européens comme des sauvages alors que Lahontan est persuadé
que les sauvages dans cette histoire ce sont les Hurons.

II.Le bonheur européen mieux que le bonheur sauvage ?


1) Une opposition entre Lahontan et Adario sur les concepts du bonheur.
- o Adario fait une critique de la religion et des lois des Européens, qu’il considère comme
presque absurde : « Je me suis formé aucune fausse idée de votre Religion ni de vos loix »
lignes 28, 29.
- o Adario met bien en valeur la différence du point de vue sur le bonheur entre lui et ses
semblables et les Européens. La sagesse est synonyme de bonheur selon Adario. Pour
atteindre cette forme de sagesse et donc par extension le bonheur, il faut être détaché de tout
ce qui est matériel. Or, ce n’est pas le cas des Européens : « Plus je réfléchis à la vie des
Européans et moins je trouve de bonheur et de sagesse parmi eux » lignes 42, 43.
2) Une critique de Adario sur les hommes européens soumis (argent).
- o Selon Adario, les Européens ne peuvent aboutir au bonheur, car la vie chez les Européens
se résument, à qui possède quoi, combien, tout est affaire de possessions, de capital et de
biens comme reflet de leur cupidité, mais tout cela est contraire à la sagesse et au bonheur.
Pour atteindre cette forme idéale de vie, ils doivent changer leurs manières de voir les choses
et d’agir en société : « A moins que vous ne veuilliez vous réduire à vivre sans le Tiens ni le
Mien, comme nous faisons » ligne 48.
- o L’argent est mal vu aux yeux d’Adario. Il considère l’argent comme la source des
problèmes dans le monde. De plus il, met bien en avant l’idée que c’est la société qui est
responsable de la corruption de l’homme européen, devenu avide d’argent, de pouvoir et qui
le pousse à se battre avec l’autre pour obtenir toujours plus que celui-ci, jusqu’à même se
détourner de certaines valeurs fondamentalement humaines ou religieuses : « ce que vous
appelez argent, est le démon des démons, le Tiran des François, la source des maux, la perte
des ames et le sepulcre des vivans » lignes 49 à 51 (hyperboles: démon des démons);
(oxymore: sepulcre des vivans). « Cet argent est le Pére de la luxure, de l’impudicité, de
l’artifice, de l’intrigue, du mensonge, de la trahison, de la mauvaise foy et généralement de
tous les maux qui sont au Monde » lignes 55 à 57 (énumération).
- o Les hommes européens sont prêts à tout pour l’argent : « Le Pere vend ses enfans, les
Maris vendent leurs Femmes, les Femmes trahissent leurs Maris, les Fréres se tuent, les Amis
se trahissent et tout pour de l’argent » lignes 58 à 60; “Vouloir vivre dans les pays de
l’argent et conserver son ame, c’est vouloir se jetter au fond du lac pour conserver sa vie.”
En reformulant cela nous pouvons dire que selon Adario “vouloir vivre avec l’argent c’est
aussi accepter le mal qui s'ensuit”.
- o En réponse à Adario, Lahontan dit que c’est justement l’argent qui assure la vie en Europe.
Sans ces « ressources », il n’y aurait pas de travail, de production, etc. L’argent assure le bon
fonctionnement du système et encadre la société : « Les Nations de l’Europe ne pourroient
pas vivre sans l’or et l’argent, ou quelque autre chose précieuse ? » lignes 66, 67.

Pour terminer on peut dire que le mode de vie ne définit pas l’intelligence d’une personne, ni son
bonheur. A travers ce texte, Adario a pu faire face à l’Européen pour défendre ce point de vue.

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