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Successivement capucin, précepteur, espion pour le roi et journaliste, Jean-Henri Maubert de

Gouvest est plus connu pour ses aventures que pour ses écrits. Il est l’auteur de l’œuvre étudiée ici,
Lettre iroquoise, parue en 1752. Cette date correspond au siècle des lumières, période pendant
laquelle les philosophes et écrivains cherchent à éclairer l’esprit humain par la connaissance, et à
lutter contre l’ignorance.
L’œuvre étudiée est un roman épistolaire. Dans celle-ci, un iroquois, membre d’une tribu canadienne
raconte son séjour en Europe à un autre iroquois, Ahla.
L’extrait ici étudié est la seconde lettre du roman. Il se situe donc au début de l’œuvre.
Ceci posé, comment l’auteur à travers le personnage de l’iroquois, montre-t-il les différences
culturelles entre l’Europe et les tribus canadiennes ?
Répondre à cette question c’est tout d’abord analyser le choc des cultures, puis ensuite d’étudier
successivement l’éloge et le réquisitoire de la culture européenne.

1) Un choc de culture

L’iroquois décrit la culture Européenne à travers la vision d’un d’un autochtone canadien. Il utilise
donc un vocabulaire qui peut sembler inadapté aux yeux du lecteur. Ce décalage provient de la
différence des avancements technologiques entre les deux régions. Il utilise l’antithèse « Ils
marchent dans des voitures » pour décrire le moyen de déplacement des européens, ce qui montre
son étonnement face à cette invention. Il ne voit les villes que par la fonction de logement, ce sont
des « amas d’habitation » et non des lieus riches en activités économiques et sociales. L’iroquois est
également surpris par les instruments de musique qui ne qui ne doivent pas exister dans son pays
natal. Il l’exprime à travers la personnification “ le bois … parle dans leurs mains ” . Il ne comprend
pas non plus le concept d’argent qu’il réduit simplement à de la « matière inanimée » mais qui est
l’objet de tous les désirs des Européens.

Le choc de culture est également marquées par des cultes différents. L’Europe est à cette époque
principalement catholique. La culture iroquoise est perçu comme beaucoup plus spirituelle. Il
compare l’ivresse à une « magie qui l’emporte ». Il prie le « grand esprit » et pensait que les âmes
des sages iroquois se réincarnent et « revêtent de nouveaux corps ». L’iroquois est également surpris
du principe d’église, qu’il nomme « lieu où on s’assemble le soir » . En effet le « saint esprit » ne
reside que dans le ciel alors qie le Dieu chrétien, lui, vit sous le toit de chaque croyant.
On trouve malgré tout certaines ressemblances entre les deux religions. L’idée d’un univers crée par
un esprit supérieur est commun aux deux cultes. De plus l’Iroquois tente en quelque sorte d’unifier
les deux religions en disant que le « grand esprit » repand dans les églises « ses faveurs les plus
sublimes ».

2) Une éloge des conditions matérielles et des églises

Pour décrire le confort de vie des européens, l’iroquis utilise un vocabulaire tres élogieux voir
onirique. Son confort est tel qu’il lui semble parfois de « rever ». Ses besoins physiologiques sont
comblés, ce qui suffit à son bonheur : « ni faim, ni soif, ni froid, ni chaud », « parfaitement heureux ».
Les liqueurs sont si bonnes à ses yeux qu’il leur donne la connotation religieuse « divine ». Il se
réjouit de même de la nourriture qu’il qualifie de « délicieuses ».
Il continue son éloge des conditions de vie à travers la literie qu’il qualifie grâce à la métaphore « fait
pour les délices ». Les trajets en voiture lui ont parus tellement fluides qu’il eut l’impression de voler
« je suis venu en volant de Nantes à Paris ». Tout ce vocabulaire à connotation positive montre que le
niveau de vie trouvé en Europe par l’Iroquois est bien plus aisé et agréable que ce qu’il a connu au
Canada.
Les églises ont également été la source d’émerveillement pour l’Iroquois. Ces lieux de cultes ne
doivent pas exister chez les tribus Iroquoises car il les décrit d’endroit où « on s’assemble le soir » à
son ami Ahla. Il fait l’éloge de la beauté de ses batiment qu’il qualifie de « si charmante » qu’il en est
« ivre de plaisir ». Il est également émerveillé par les prêtres qui, habillés en blanc « brillent comme
le soleil », « descendent et montent des cieux ». Leurs habits sont également décrits via des
connotations religieuses, ils lui sembles fait d’étoiles « ont emprunté les étoiles aux cieux pour en
couvrir leurs vêtements ». Il est également stupéfié par la musique qu’on y trouve. En effet les
instruments font pour lui des « sons inexplicables » qui accompagnent des chants dont les « accents
divins » lui font « perdre la parole ».
Il traduit donc ainsi son émerveillement envers cette culture européenne.

3) Une critique de la morale européenne

Les éloges des conditions de vie et des églises européenne sont séparés par une critique virulente de
la morale européenne. Ce réquisitoire est préparé dès le début du texte qui est présenté comme un
aveu « je t’avoue ». Cette aveu laisse sous entendre au lecteur que l’Iroquois n’a pas qu’une vision
idyllique de la culture européenne. Celui-ci le montre également en nuançant la description de ses
plaisirs « je suis quelquefois enchanté ». Il considère s’être trompé sur le compte des Européens, qu’il
avait une « erreur dans l’esprit ». Une erreur qu’il juge si grosse qu’il en a même honte, il «rougit »
au pieds d’Ahla lorsque qu’il avoue dans sa lettre.

L’erreur de l’Iroquois était d’avoir pensé que les Européens étaient des hommes bon. A tel point qu’il
croyait que ceux-ci était la réincarnation des sages iroquois morts. On note que ces croyances étaient
fréquentes, quand les européens ont colonisé les peuples d’Amerique ceux-ci étaient souvent
comparés à des dieux. Mais il a bien vite découvert leur vraie nature. Il les accuse de commettre
toutes sortes de crime et également d’un certain égoïsme. En effet il constate que les européens «
refusent à leurs frères et leur voisins les chose nécessaires à la vie. Il marque cette accusation en la
précédant d’un question réthorique « le croira-tu cher ami ? ». Cette question marque une certaine
opposition entre les morales Iroquoise et Européenne, ceux-ci peinent à croire que des hommes ne
peuvent répondre à leur simples besoins physiologiques. Cette opposition est également marquée
par la description du bonheur. Pour l’Iroquois est simplement de ne pas souffrir « ni de la faim, ni de
la soif, ni du froid, ni du chaud » alors que le bonheur des européens est associé à la recherche de
l’argent, les Hommes sont « heureux et opulents ».
De plus quand l’iroquois s’adresse à un autre Iroquois, ou parle d’un Iroquois, il utilise des termes
mélioratifs , « vénérable » , « sages Iroquois », « respectable ». Cela contribue à créer un décalage
entre l’Homme Iroquois qui est bon et l’Homme européen qui est mauvais.

Conclusion

L’auteur montre l’Iroquois divisé vis-à-vis de Européens. Ceux-ci l’ont émerveillé grâce à leur
technologies, leur confort, leur nourriture ainsi que par la beauté des églises. Mais il se retrouve
également dans un monde égoïste dans lequel s’enrichir est plus important que le bonheur
fondamental des ses voisins. Il est donc divisé entre deux idées contradictoires à propos des
européens, deux idées qui lui donne envie de « vivre et mourir ».

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