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Sel et société

Tome 2 : Santé – croyances – économie


Christine Hoët-van Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux (dir.)
Christine Hoët-van Cauwenberghe, maître de conférences habilité en Histoire romaine, Contributeurs
civilisations
histoire spécialiste de la période de la fin de la République et du Haut-Empire romain, Inês Amorim
elle étudie l’histoire politique et sociale du monde romain, l’administration
des provinces romaines et les sources épigraphiques. Veli Bakhshaliyev
Armelle Masse, archéologue, chef du service des archives du sol à la Direction de Marie-Odile Bruhat
l’Archéologie du Pas-de-Calais et responsable scientifique du Centre de conservation et Christophe Burgeon
d’étude archéologiques du Pas-de-Calais.
Solène Chevalier
Gilles Prilaux, archéologue à Somme Patrimoine, directeur du centre archéologique de
Ribemont-sur-Ancre, il est spécialiste de la production du sel durant la période gauloise. Sandrina Cirafici
Les trois directeurs de publication dirigent ensemble l’atelier « sel » Séverine Clément-Tarantino
du laboratoire de recherche Halma UMR 8164. Maria Cecilia D’Ercole
Didier Devauchelle
Michel Dubois

Sel et société Sébastien Évrard


Nicolas Gailhard
Tome 2 : Santé – croyances – économie Arnaud Gauthier
Roberto Goffredo
L’étude du sel à travers les siècles depuis les temps Thierry Gonon
anciens est faite par une approche pluridisciplinaire, où Jean-Claude Hocquet
l’homme est face au sel pour sa santé, pour les croyances Christine Hoët-van Cauwenberghe
qui y sont liées et pour les richesses qu’il semble lui pro- Caroline Husquin
curer. Le sel est un minéral indispensable à la vie et à la Philippe Lardin
santé de l’homme et des animaux, il peut être curatif, Jean-Michel Lecerf
mais trop de sel peut nuire. Ses propriétés multiples Omar Malle Sakho
sont rapportées dans divers récits et ont engendré des Catherine Marro
légendes. Sa symbolique est forte, de la statue de sel du Armelle Masse
et

récit biblique au sel versé sur le sol de Carthage, mais Charles Mériaux
parfois difficile à interpréter. De sa valeur, des échanges Clara Millot-Richard
qu’il a suscités, le sel est produit, commercialisé et sou- François Pattou
mis à des taxes dès l’Antiquité ou à l’époque moderne, Christian Pfister-Langanay
la célèbre gabelle : l’économie du sel rapporte, mais à Gilles Prilaux
histoire

qui ? Aux États ? Aux villes ? Aux familles ? Autant de Violetta Raverdy
pistes de réflexion que nous abordons dans ce livre qui Josette Rivallain
ne manque pas de sel. Thierry Sauzeau
Katia Schörle
Géraldine Teysseire
Antoni Tur Torres
Baki Varol
François Wassouni
Olivier Weller

Papillons lacryphages récoltant le


sel des larmes du caïman. ISBN : 978-2-7574-3087-3
Cliché Mark Cowan, prix de la ISSN-L : 1284-5655 24 €
Royal Society Publishing
Maquette : Émilie Pouderoux
Photography (Londres) 2016.
civilisations

La collection
Histoire et civilisations
est dirigée par Carole Christen

Cet ouvrage est publié après l’expertise éditoriale du comité


Temps, espace et société
composé de :

Frédéric Attal, Université Polytechnique Hauts-de-France


Xavier Boniface, Université de Picardie - Jules Verne
Carole Christen (coordinatrice), Université de Lille
Jean-François Condette, Université d’Artois et ESPE-Lille-Nord-de-France
Thomas Golsenne, Université de Lille
Étienne Hamon, Université de Lille
Sandrine Huber, Université de Lille
Yves Junot, Université Polytechnique Hauts-de-France
Hervé Leuwers, Université de Lille
Isabelle Paresys, Université de Lille
Judith Rainhorn, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Éric Roulet, Université du Littoral - Côte d’Opale
et

Emmanuelle Santinelli, Université Polytechnique Hauts-de-France


Arnaud Timbert, Université de Picardie - Jules Verne
Béatrice Touchelay, Université de Lille
Philippe Vervaecke, Université de Lille
histoire

Paru en novembre 2017


Sel et société
(Tome 1 : Techniques, usages, langage)
C. Hoët-van Cauwenberghe, A. Masse, G. Prilaux (dir.), 2017.

Sel et société
Tome 1 : Techniques – usages – langage
Christine Hoët-van Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux (dir.)
Les Presses universitaires du Septentrion
sont une association de cinq universités :
• Université de Lille,
• Université du Littoral – Côte d’Opale,
• Université Polytechnique Hauts-de-France,
• Université Catholique de Lille,
• Université Picardie Jules-Verne.

La politique éditoriale est conçue dans les comités éditoriaux.


Cinq comités et la collection « Les savoirs mieux de Septentrion »
couvrent les grands champs disciplinaires suivants :
• Acquisition et Transmission des Savoirs,
• Arts et Littératures,
• Savoirs et Systèmes de Pensée,
• Sciences Sociales,
• Temps, Espace et Société.

Publié avec le soutien de l’Université de Lille


et de la Région Hauts-de-France.

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tions par reprographie doit être obtenue
auprès du Centre Français d’Exploita-
tion du Droit de Copie (CFC) 20 rue des
Grands-Augustins à Paris.
Christine Hoët-van Cauwenberghe
Armelle Masse
Gilles Prilaux
(dir.)

Sel et société
Tome 2 : Santé, croyances et économie

Publié avec le soutien


du laboratoire HALMA – Histoire Archéologie Littérature des Mondes Anciens –
UMR 8164, Univ. Lille,
du laboratoire Génie Civil et Géo-Environnement – LGCgE / EA 4515, Univ. Lille,
de la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société,
du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’innovation
et du Conseil Régional Hauts-de-France

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Source : https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Propriete-litteraire-et-
artistique
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Septentrion www.septentrion.com
Table des matières

Composition du comité scientifique................................................................................. 11


Liste des contributeurs..........................................................................................................13
Introduction : « Ça ne manque pas de sel ».................................................................. 17
Christine Hoët-van Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux

Thème 1 : Sel et santé


1. Rapport introductif : Le sel, ami ou ennemi ?
Santé, diététique et sel de l’Antiquité à nos jours........................................................... 39
Christine Hoët-van Cauwenberghe, Violetta Raverdy, François Pattou
2. Sel et santé......................................................................................................................... 47
Jean-Michel Lecerf
3. Sel et soin de l’enfant dans l’Antiquité......................................................................... 65
Caroline Husquin
4. Salus ex aquis : naissance et mort d’une station thermale
au pied des Alpes suisses...................................................................................................... 75
Sandrina Cirafici
5. Le sel, l’« épine dorsale de la force d’une nation » : impôts et consommation
de sel par les pauvres en Inde dans la deuxième moitié du XIXe siècle.................... 103
Inês Amorim

Thème 2 : Le sel des croyances


6. Rapport introductif : des mots aux croyances, le sel de la pensée..........................125
Séverine Clément-Tarantino

7
7. La transformation de la femme de Loth en statue de sel
dans l’exégèse juive et chrétienne des premiers siècles..................................................135
Marie-Odile Bruhat
8. La dispersion de sel sur le sol de Carthage
après sa destruction par les Romains : un mythe tenace.............................................. 153
Christophe Burgeon
9. Condimentum sapientiae.
Le sel dans la vie religieuse du haut Moyen Âge occidental........................................161
Charles Mériaux
10. Sels, magico-religieux, thérapeutiques et tradition orale
au Nord-Cameroun ancien................................................................................................175
François Wassouni

Thème 3 : Sel, richesse et sociétés


11. Rapport introductif.
Le sel, entre formation géologique et exploitation par les hommes......................... 201
Michel Dubois, Arnaud Gauthier

3.1. Sel, richesse et sociétés


de la protohistoire à l’antiquité
12. Le sel dans le nord-est de la France et le sud-ouest de l’Allemagne :
une approche des structures de production et d’échange aux Âges du Fer............. 223
Clara Millot-Richard, Olivier Weller
13. Exploitation et usages du sel dans les sociétés protohistoriques :
l’exemple du sel gemme de Duzdağı (Nakhchivan, Azerbaïdjan)
du Chalcolithique à la période parthe (ca. 4500-30 av. n. è.)....................................245
Catherine Marro, Thierry Gonon, Nicolas Gailhard,
Veli Bakhshaliyev, Baki Varol
14. L’exploitation du sel marin de la péninsule italienne
de l’âge du Bronze à l’époque archaïque. Une vision tyrrhénienne.......................... 257
Solène Chevalier
15. Entre villes et campagnes : le sel et les économies territoriales de l’Apulie,
de l’Antiquité au haut Moyen Âge.................................................................................. 275
Maria Cecilia D’Ercole, Roberto Goffredo
16. Un atelier de saunier antique (IIe-IIIe siècles)
à Looberghe dans la cité des Ménapiens (Nord)..........................................................297
Géraldine Teysseire
17. Sel et natron en Égypte pharaonique.........................................................................319
Didier Devauchelle
18. Le sel en Tripolitaine antique : pistes de recherche................................................ 337
Katia Schörle

3. 2. Sel, richesse et sociétés :


études régionales de l’époque médiévale à l’époque contemporaine
19. Le sel, fondement de la politique fiscale
des rois de Saloum aux XVIe-XVIIe siècles.....................................................................353
Omar Malle Sakho
20. Les sels en Afrique occidentale..................................................................................369
Josette Rivallain
21. Le sel d’Aigues-Mortes. Production, commercialisation
et profits de la ferme (XIIIe-XVIe siècles).......................................................................391
Jean-Claude Hocquet
22. Le travail et la production aux salins d’Ibiza
et de Formentera (XVIe-XVIIIe siècles)........................................................................ 405
Antoni Tur Torres
23. Des sauniers et leurs propriétaires en Saintonge au XVIIIe siècle.......................423
Thierry Sauzeau
24. Trois petits ports atlantiques face au sel en 1787.................................................. 441
Christian Pfister-Langanay
25. Le sel à Dieppe à la fin du Moyen Âge.
D’une ressource locale à un impôt royal........................................................................473
Philippe Lardin
26. Sel et enjeux dans la justice au XVIIIe siècle.
Territoires et fiscalité : la répression judiciaire de la contrebande
par la Commission de Reims, entre Picardie et Artois (1740-1789)........................497
Sébastien Évrard

Index geographicus................................................................................................................517
Index nominum.....................................................................................................................521
Index rerum...........................................................................................................................525
17. Sel et natron en Égypte pharaonique

Didier Devauchelle

Résumé Dans cet article sur le sel et le natron en Égypte ancienne, l’accent
est mis sur leurs liens étroits  : une provenance identique, une utili-
sation souvent comparable, des mentions associées dans les inscrip-
tions – sauf dans les textes religieux –, mais un lexique distinct. Un
dernier paragraphe est consacré à la taxe du sel à l’époque ptolémaïque
à travers la publication d’un ostracon démotique inédit provenant de
Karnak-nord.
Mots-clés Sel, natron, alun, taxe du sel (halikè), Ouadi Natroun, Elkab, Fayoum,
Tarabiya, Oxyrhynchos.
Abstract In this article on salt and natron in ancient Egypt, the emphasis is on
their close links: the same origin, an often comparable use, associated
mentions in inscriptions – except in religious texts – but a separate
lexicon. A final paragraph is devoted to the salt tax in the Ptolemaic
period with the publication of an unpublished demotic ostracon from
Karnak-nord.
Key-words Salt, natron, alum, salt-tax (halikē), Wadi el-Natrun, Elkab, Faiyum,
Tarabiya, Oxyrhynchus.

319
320 Didier Devauchelle

Après une rapide présentation lexicographique du sel et du natron, nous


évoquerons plusieurs textes qui, tout au long de l’histoire égyptienne, les
associent, puis ceux qui, au contraire, semblent les distinguer. Nous essaierons
ensuite de déterminer leur lieu de récolte et leur économie, avant de terminer sur
une rapide présentation de la taxe du sel à l’époque ptolémaïque.
De fait, il est difficile de dissocier le sel1 du natron2 tant ils semblent liés
dans certains de leurs usages, comme dans leurs lieux d’extraction, en Égypte
ancienne ; les deux produits ont souvent été confondus par le passé : la région
actuelle du Ouadi Natroun3 s’appelait, en égyptien, « Champ-de-sel » (Sekhet-
hemat). On pourrait aussi étendre cette étude à l’alun qui désignait, alors,
tout un groupe de sels « qu’on ne savait sans doute pas distinguer » et dont
l’appellation couvrait parfois celle du natron en égyptien, du moins aux époques
anciennes4. Un ouvrage perdu de Theophraste (IVe-IIIe siècle av. J.-C.), ne s’inti-
tulait-il d’ailleurs pas Sur le sel, le nitre et l’alun ?5

I) La lexicographie du sel et du natron6


Un même mot désigne tout au long de l’histoire de la langue égyptienne le
« sel », à savoir ḥmȝt (hemat), terme féminin qui, au plus tard dès le IVe siècle
avant J.-C., est devenu masculin (hema), genre qu’il conserve en copte (ϩⲙⲟⲩ)7.
Notons qu’un mot d’origine sémitique désignant également le sel, mlḥ (meleh),
fait son apparition dans le vocabulaire égyptien dès la XVIIIe  dynastie8, mais
de manière très ponctuelle  ; il deviendra plus courant en copte (ⲙⲉⲗϩ), sans
1.– Le sel, ou chlorure de sodium, est un composé chimique de formule NaCl.
2.– Le natron est un minéral contenant principalement du carbonate de sodium hydraté, de
formule Na2CO3·10H2O et du bicarbonate de sodium. Il se présente sous la forme d’une
substance blanche, que l’on trouve au bord de certains lacs.
3.– Tout lieu où l’on récoltait le sel et ou le natron pouvait porter ce nom en égyptien (voir infra),
mais, aujourd’hui, il désigne une région située dans le désert occidental, à mi-chemin envi-
ron entre Le Caire et Alexandrie, où se trouvent encore actuellement plusieurs monastères
coptes importants.
4.– La distinction entre alun et natron dans la lexicographie égyptienne ne remonterait qu’au
Nouvel Empire égyptien (XVIe siècle av. J.-C.), quand le terme ibenou (« alun ») apparaît
pour la première fois, et l’on a pensé qu’aux époques précédentes ces deux sels n’étaient
pas distingués, cf. Jéquier 1919, p. 106-109, et Harris 1961, p. 185. Pour l’alun en Égypte,
on se référera toujours à Christophe 1964, à Harris 1961, p. 185-189 et à Lucas 1962,
p.  257-259, ainsi que, pour sa provenance oasite, à Wagner 1987, p.  306-309. Voir, plus
récemment, Picon, Vichy & Ballet 2005, pour la recherche des lieux d’extraction de
ce produit dans les oasis égyptiennes, et Kruse 2007, pour son commerce en Égypte à
l’époque romaine.
5.– Celui-ci est mentionné par Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres,
livre V, 42.
6.– Pour ne pas alourdir les notes, j’ai choisi de ne pas renvoyer systématiquement aux diction-
naires de base et lexiques de l’égyptien hiéroglyphique, du démotique et du copte, de même
qu’aux dictionnaires étymologiques de la langue copte. Le chapitre  8 d’Harris 1961,
p. 185-198 (« Alum, Salt and Natron »), fournit les éléments de base à cette recherche ; voir
aussi Vycichl 1984 pour le sel et Aufrère 1991, p. 605-606 (alun), p. 606-607 (natron)
et p. 636-637 (sel).
7.– Pour le changement de genre d’un vocable en égyptien, voir, par exemple, Neven 2013 et
Meeks 2014, p. 100 et n. 51.
8.– Hoch 1994, p. 139-140 n° 180.
17. Sel et natron en Égypte pharaonique 321

toutefois éclipser ϩⲙⲟⲩ. Sur un ostracon de la XIXe dynastie est attesté l’hapax


mlḥmw (melehemou) désignant les « travailleurs du sel » au côté des ḥsmnw
(hesemenou), «  travailleurs du natron  »9. Enfin, quelques dénominations
spécifiques, telles que sel-du-nord (hemat mehet), sel-de-l’est (hemat iabet) ou
sel-du-désert (hemat net khaset)10 se rencontrent, qui permettent, tout au plus,
de préciser la provenance du sel ; généralement, les auteurs identifient le sel-du-
nord à du sel marin, mais cela n’est sans doute pas toujours le cas11.
Les termes égyptiens désignant le « natron » sont plus nombreux. Le nom
commun, attesté tout au long de l’histoire égyptienne et qui perdure jusqu’en
copte, est ḥsmn (hesemen ; copte : ϩⲟⲥⲙ) ; on le rencontre aussi bien dans les
textes de la vie courante que dans les textes religieux. Les autres dénominations,
bsn (besen), bd (bed), nṯry (netjery), ḥsmn dšr (hesemen decher), etc.12, relèvent le
plus souvent d’une appellation spécifique en lien avec l’usage rituel13, la couleur
(par exemple «  natron rouge  »), ou la forme matérielle (en bloc, en pain de
diverses formes ou en grains) dans laquelle le produit était employé ; ces mots
sont attestés dans la langue dite de tradition en usage aux époques récentes, pour
les textes religieux et magiques, voire médicaux.

II) Entre sel et natron


Dans plusieurs textes égyptiens, les termes « sel » et « natron » se côtoient :
il est difficile de déterminer si cela signifie que les deux produits étaient bien
distincts dans l’esprit des Égyptiens ou, au contraire, qu’ils étaient proches dans
leur utilisation comme dans leur provenance, voire parfois confondus. Un récit
remontant au Moyen Empire (vers 1800 av. J.-C.), que l’on cite parfois sous le
nom de Conte du paysan ou Le paysan éloquent14, met en scène un personnage,
Khouyenanoup, qui porte le titre de sekhety (sḫty)15, que l’on traduit généralement

9.– Hoch 1994, p. 140 n° 181 : il s’agit de l’ostracon Gardiner 86, r° l. 6 ; voir, par exemple, la
traduction de Wente 1990, p. 118-119.
10.– Deines-Grapow 1959, p. 340-344, Harris 1961, p. 189, et Aufrère 1991, p. 636.
11.– Pour le sel de mer, voir infra et note 37.
12.– Pour le sens de besen, bed et netjery, qui a varié selon les époques, voir les remarques formu-
lées par Harris 1961, p. 190-194 ; l’appellation netjery doit sans doute être mise en relation
avec le toponyme Netjer / Netjerou / Netjery attesté dès les Textes des pyramides et en lien,
dans certains cas, avec l’ouest du Delta et les nitrières, voir Favard-Meeks 1991, p. 376 en
particulier.
13.– Elsa Fournié a entamé en 2012 une thèse portant le titre « Recherches sur les sels et natrons
en Égypte ancienne » à l’université de Montpellier 3 ; elle est venue présenter une commu-
nication à Lille, le jeudi 23 novembre 2017, sur « Le rôle des sels dans la sphère culturelle de
l’Égypte ancienne : le caractère multifonctionnel des natrons », mais a renoncé à la publier
dans le présent volume.
14.– Le texte égyptien ne comporte aucun titre et commence ainsi : « Voici l’histoire vraie d’un
homme dont le nom est Khouyenanoup et qui est un sekhety du Champ-de-sel » ; pour
une traduction française récente, voir Grandet 1998, p. 43-63 ; plus généralement Gnirs
2000 et Parkinson 2012.
15.– Pour la commodité, nous utiliserons la traduction habituelle du titre, « paysan », même
si celle-ci est trompeuse ; le terme sekhet (sḫt), d’après Quirke 2001, p. 191 désigne des
«  uncultivated margins of watered lands  » et s’oppose à cha (šȝ), «  cultivated arable or
irrigated land ».
322 Didier Devauchelle

par «  paysan  »  : en fait, cette appellation s’explique par le lieu d’origine du


protagoniste qui est Sekhet-hemat, littéralement « Champ-de-sel », à savoir une
désignation au sens assez large16.
De ce texte qui évoque les tracasseries de la vie quotidienne dans un monde
essentiellement rural, un «  paysan  » du Sekhet-hemat, voyant ses réserves de
nourriture diminuées, décide de descendre vers l’Égypte (i.e. la Vallée) pour en
rapporter des vivres. Pour ce faire, il partage avec sa femme et ses enfants qui
resteront sur place le reste de l’orge qui est dans son grenier, puis il part pour
l’Égypte avec des ânes chargés de toutes sortes de produits végétaux, animaux
et minéraux, en résumé «  tous les bons produits de Sekhet-hemat  », qu’il a
embarqués pour les « troquer ». Les malheurs qui forment la trame de cette
histoire lui arrivent au moment d’accoster, quand il est en butte à l’envie de
Nemtynakht fils d’Isry, le serviteur du grand intendant Rensy fils de Merou,
qui veut lui confisquer ses ânes et ses biens. La suite du texte, qui forme le cœur
de l’histoire, contient neuf « suppliques » que ce paysan adresse à Rensy pour
plaider sa cause. Son éloquence est le thème central de ce récit, qualité qui finit
par triompher.
Un passage au début du récit nous intéresse au premier chef, la liste des
produits transportés par ce « paysan » (R 1,7-6,1) :
C’est ainsi que ce « paysan » partit pour l’Égypte après qu’il eut chargé ses
ânes de joncs-iaa, de feuilles de palmier-redemet, de natron (hesemen), de sel
(hemat), de bois de… (?), de tiges d’amandier provenant de l’oasis de Farafra,
de peaux de léopards, de peaux de loups, de plantes-necha, de pierres-ân, de
plantes-tenem, de plantes-kheperour, de sahout, de sakesout, de plantes-miset,
de pierres-senet, de pierres-âba, de plantes-ibsa, de plantes-inbi, de pigeons,
d’oiseaux-nârou, d’oiseaux-ouges, de plantes-ouben, de plantes-tebesou, de
graines-gengenet, de cheveux-de-la-terre, et de graines-inset  ; en somme,
ils (i.e. les ânes) étaient chargés de tous les bons produits du Champ-de-sel
(Sekhet-hemat).
Quelle que soit la situation précise du Champ-de-sel mentionné dans ce
texte17, ce qui nous importe ici est la juxtaposition des termes natron et sel,
que l’on retrouve plus loin dans ce Conte (« Pour un peu de sel et de natron,
punira-t-on ce Nemtynakht ? »18) et aussi dans d’autres sources. Par exemple,
dans plusieurs recettes médicales de papyrus thébains datant du Nouvel Empire
(± 1540-1070 av. J.-C.), les deux produits sont associés19. Sur un texte scolaire
remontant au règne de Merenptah (vers 1210 av. J.-C.), sel et natron sont cités

16.– Voir plus loin pour les nuances à apporter à cette affirmation.


17.– Ce toponyme peut désigner n’importe quel lieu d’Égypte où l’on extrayait du sel, mais
aussi du natron (voir infra p. 325 et notes 30-32) ; pour cette mention, voir Devauchelle
1995.
18.– Paysan B1, 47-48 >  78-79  : traduction de Grandet 1998, p.  47. Je remercie Ghislaine
Widmer d’avoir attiré mon attention sur ce passage et de m’avoir suggéré certaines modi-
fications dans cet article.
19.– Deines & Grapow 1959, p.  372, Bardinet 1995, p.  576 et  581 et Bardinet 2018,
p. 464-465.
17. Sel et natron en Égypte pharaonique 323

côte à côte et dits tous les deux provenir de lacs ou de bassins du Delta oriental20.
Dans le papyrus Moscou  127, provenant d’El-Hibeh en Moyenne Égypte et
datant des environs de 1000 av. J.-C., le rédacteur du nom de Ourmaï raconte
ses malheurs – il aurait été dépouillé de ses biens et chassé de sa ville –, qui l’ont
contraint à une longue errance à travers l’Égypte avant de se fixer, semble-t-il,
dans la Grande oasis (Khargeh – Dakhleh). Il se mêle alors à la vie misérable
des paysans soumis au poids de l’administration qui impose des restrictions et
des taxes « sur le glanage et les revenus provenant du sel (hemat), du natron
(hesemen), des oignons, des roseaux et des joncs »21.
On retrouve encore les deux produits cités côte à côte, à deux reprises, dans
des sentences démotiques du papyrus Insinger (premier siècle avant notre
ère)22  : «  Onguent-sefy, encens, natron et sel sont des remèdes brûlants qui
soignent ses (i.e. l’impie) plaies » (col. 18, l. 9) et (col. 29, l. 22) « Natron et
sel s’abîment dans leur action à cause de la brûlure (qu’ils provoquent  ?)  ».
La première cite côte à côte des produits fréquemment associés dans les textes
médicaux, mais aussi dans la momification23, tandis que le contexte de la
seconde est plus difficile à cerner.
Si les Égyptiens citent souvent sel et natron côte à côte, ils les mentionnent
aussi parfois isolément, notamment dans certaines recettes médicales, mais
surtout dans les textes religieux où le natron prédomine ; on rencontre ce dernier
dans quelques scènes d’offrande des temples ptolémaïques avec une fonction
purificatrice24, mais jamais le sel-hemat.
Un papyrus administratif de la Ve dynastie25 mentionne une livraison de sel,
mais cet exemple est isolé, ce qui s’explique par la pauvreté de la documentation
parvenue jusqu’à nous pour ces époques anciennes. Il faut attendre le cours du
Nouvel Empire (XIVe siècle av. J.-C.) pour trouver quelques rares mentions de
ces deux produits sur les ostraca hiératiques comptables. On y apprend leur prix
et le fait qu’ils peuvent être conditionnés en « briques » ou en sac-khar26, ce
que confirme le papyrus Harris datant de la fin du règne de Ramsès III ou du
début de celui de Ramsès IV (vers 1157-1156 av. J.-C.)27. Le signe déterminatif
habituellement employé dans l’écriture de hemat (sel) et d’hesemen (natron),

20.– Voir infra p. 326 et note 37.


21.– Pap. Moscou 127, col. IV, l. 7-8 : traduction française d’après Grandet 1998, 156, et l’édi-
tion de Caminos 1977, 44 et pl. 9-10 ; pour une présentation de ce difficile texte, voir aussi
Posener 1979. Ce texte littéraire rédigé sous la forme d’une lettre ne serait pas antérieur
à 1300 av. J.-C.
22.– Pour ce texte, voir Agut & Chauveau 2011, p. 248, 349 note 81 et 263.
23.– Comparer avec Vos 1993, p. 201 § 26 ou voir Bardinet 2018, p. 31-35.
24.– Wilson 1997, p. 332 (natron-besen), p. 338 (natron-bed), p. 559-560 (natron-netjeri), p. 679
(natron-hesemen) et Meeks 1981, p. 326 n° 78.3538 (natron-semin) Wilson 1997, p. 645
(sel-hema(t)) ; voir aussi Cauville 2011, p. 38-40, mais aussi 24 et 266. Noter encore qu’il
existe un verbe hesemen signifiant « purifier ».
25.– Posener-Kriéger 1976, p. 370 et 376-377 note m. : livraison de pains-chenes de sel.
26.– Janssen 1975, p.  440-441. Pour les mentions du sel dans la documentation de Deir
el-Medineh, consulter la liste établie par Muszynski 1977, p. 188 n. 10.
27.– Grandet 1994, p. 85 n. 319 et 1999, p. 119 (sel-hemat), p. 126 (natron-hesemen), p. 141 (sac-
khar) et p. 205 (brique-debet).
324 Didier Devauchelle

tend cependant à prouver que ces deux produits étaient surtout conditionnés en
grains ou en petits morceaux.
Le nombre excessivement limité des mentions du sel et du natron dans la
documentation administrative dénote peut-être le fait que ces produits relevaient
principalement des circuits économiques d’échange locaux. De plus, les deux
grands lieux d’extraction connus, comme nous allons le voir, sont situés dans le
Delta occidental, lieu peu propice à la conservation des papyrus et des ostraca :
on ne s’étonnera donc pas que la documentation concernant leur exploitation, si
elle a jamais existé, ne nous soit pas parvenue. Il faut cependant relever que des
documents attestent de l’exportation du natron égyptien, comme de l’alun, dans
le Bassin méditerranéen au moins dès l’époque saïte et perse (VIIe-Ve siècles)28.

III) Lieux de récolte, exploitation et consommation

Fig. 1. Les principaux lieux d’extraction du « natron »


sont écrits en gras et soulignés.

28.– Briant & Descat 1998, p. 80-81, 88, 91-92 et 95-98 ; le natron était même l’objet d’une
taxe d’exportation.
17. Sel et natron en Égypte pharaonique 325

Les régions d’extraction du sel et du natron en Égypte antique étaient vraisem-


blablement les mêmes, à l’exception du sel marin dont l’exploitation n’est pas
attestée pour les époques anciennes – du moins n’est-il pas possible, dans l’état
actuel de nos connaissances, de les distinguer29. Comme déjà mentionné, c’est
de l’ouest du Delta que proviennent majoritairement le natron et, donc, le sel.
Cette région, aujourd’hui appelée Ouadi Natroun, mais « Champ-de-sel » en
égyptien ancien, semble recouvrir deux zones différentes, qui pourraient avoir
été confondues : la première, située presque en face de Térénouthis (Kôm Abou
Billou), l’actuel Ouadi Natroun (désert de Scété), où ont été édifiés plusieurs
monastères coptes, et la seconde, à environ 50 à 60  kilomètres plus au nord,
marquée par la montagne de Nitrie (Barnoudji = Pernoudj en copte = Nitria
des sources gréco-latines)30. Ce territoire a connu de nombreuses implantations
monastiques à l’époque copte, dont le fameux site des Kellia ; il reste cependant
encore méconnu pour les périodes anciennes.
Un deuxième Champ-de-sel (Sekhet-hemat) est attesté dans la documen-
tation égyptienne : il se situe dans la région d’Elkab : « Ceux qui l’ont visitée
ne s’étonneront pas que les Égyptiens ont baptisé “champ de sel” cette plaine
désertique, couverte d’efflorescences salines  », précise H. De Meulenaere31.
L’expression « natron du sud » ou « natron d’Elkab » est bien attestée dans
les textes égyptiens, aussi ne s’étonnera-t-on pas qu’une telle appellation ait pu
être donnée à ce lieu. On peut aussi se demander si les reçus de taxe du natron
d’époque ptolémaïque et de provenance thébaine32 ne devraient pas être mis en
relation avec ce site, pourtant distant de 90  km, ou s’il faut supposer que ce
produit était issu de secteurs d’extraction plus proches.
Un troisième lieu de provenance du natron se situerait à Tarabiya, à proximité
de la ville d’Oxyrhynchos, si l’on en croit le témoignage de l’écrivain arabe El
Kalkashandi (mort au début du XVe siècle) et que l’on peut rapprocher d’un
passage des Textes des pyramides (Spr. 864)33. J’ai, pour ma part, proposé que le
Champ-de-sel mentionné dans le Conte du Paysan évoqué plus haut était celui
de la région d’Oxyrhynchos, sans pour autant être toujours suivi34.

29.– Pour le natron, voir la mise au point de Shortland, Schachner, Freestone & Tite
2006 ; pour une exploration archéologique récente dans le Ouadi Natroun, cf., par exemple,
Nenna 2010.
30.– Voir, principalement, Bernand 1970, p.  933-961, ainsi qu’Aufrère 2000, p.  107-113
pour qui le « Champ-de-sel » de l’antiquité correspondait à la région de Nitrie ; cf. aussi
Strabon, Géographie XVII, §  23 (Yoyotte, Charvet & Gompertz 1997, p.  118-119)  :
« Au-dessus de Momemphis se trouvent deux nitrières, renfermant de grandes quantités
de nitre et le nome Nitriôte. »
31.– Voir Lucas 1962, p. 263-267, et De Meulenaere 1988, p. 211-212, qui a montré que le topo-
nyme « Champ-de-sel » employé sur une stèle du début de la XVIIIe dynastie ne renvoyait
pas au Ouadi Natroun du Delta, mais bien plutôt à la région d’Elkab.
32.– Voir, en dernier lieu, Muhs 2005, p. 82, et Muhs 2011, p. 124-126 ; compléter avec Kayser
1991.
33.– Harris 1961, p. 196 et n. 7 à 9, et Lucas 1962, p. 264.
34.– Devauchelle 1995.
326 Didier Devauchelle

À partir du papyrus Count 2 (Fayoum, meris de Thémistos ; 229 av. J.-C.)35


qui semble citer des personnes en charge du transport du sel, en rapprochant
ce document du rapport d’E. Jomard dans la Description de l’Égypte, rédigé à
l’issue de l’Expédition, D.J.  Thompson36 a proposé d’identifier un autre lieu
d’extraction du natron-sel « à trois lieues de Qasr Qarun » (ouest du Fayoum).
La mention des « saloirs » (tarichées) de Péluse par Hérodote (L’Enquête
II, 15), mais également de ceux voisins de Rhinocoloura par Diodore de
Sicile (Bibliothèque historique I, 60, 7-8), laisse à penser que l’on pourrait être
en présence de «  sel de mer  », utilisé notamment pour la conservation du
poisson ; un autre passage d’Hérodote (II, 113) évoque des « saloirs » près de
la branche canopique. La documentation égyptienne provenant de ces régions
longtemps peu hospitalières est pauvre, aussi est-on en peine d’apporter des
précisions sur l’ancienneté d’une telle activité. On pourra tout de même faire
le rapprochement avec un passage de Miscellanées scolaires datant du règne
de Merenptah (vers 1210 av. J.-C.), le papyrus Anastasi  III (col.  2, l.  8-9), qui
décrivent la région de Piramsès dans l’est du Delta et mentionnent deux bassins
dont l’un, Le-lac-d’Horus, contenant du sel (hemay) et l’autre, Le-bassin-h(ou)r,
du natron (hesemen)37. Ces quelques éléments pourraient suggérer qu’une
production de sel marin, sans doute à petite échelle, a existé en Égypte ancienne
et a pu se développer tout au long ou à proximité de la côte méditerranéenne, au
fur et à mesure que la région du Delta était occupée. On rappellera, enfin, que les
aspects négatifs de la salinité sont connus des textes égyptiens anciens, comme
en témoigne cet extrait du papyrus Lansing (environ 1100-1050 av. J.-C.), à
propos des difficultés du militaire : (10, 1) « Durant ses longues marches dans
les montagnes, il boit l’eau tous les trois jours, et elle est malodorante et a le goût
du sel »38.
Aucun document n’évoque directement les méthodes d’extraction du sel et
du natron en Égypte, aussi, pour tenter de les décrire, a-t-on souvent recours
à la comparaison avec les sources classiques du monde méditerranéen39 et les
voyageurs du passé40 ou encore à des comparaisons ethnographiques contem-
poraines41, voire aux résultats de prospections archéologiques – les travaux
dans ce domaine sont assez récents42. La dispersion et l’hétérogénéité de cette
35.– Pour ce texte, voir, en dernier lieu, Clarysse & Thompson 2018.
36.– Thompson 2015, p. 167-170.
37.– Caminos 1954, p. 74 et 78-79.
38.– Caminos 1954, p. 401, et Sauneron 1968, p. 20 et 25-26.
39.– Pour les textes des auteurs grecs et latins mentionnant l’exploitation du sel, voir Carusi
2008b, et, plus généralement, pour les lieux de production, Carusi 2008a, et la carte dres-
sée par Stockinger 2014, p. 188 et Fig. 2 : Map of Egypt with find spots of the discussed
papyri and schematic areas of salt extraction.
40.– Voir, par exemple, le témoignage de Jomard dans la Description de l’Égypte, cité par
Thompson 2015, p. 168-169, et infra note 42.
41.– Aux travaux généraux déjà mentionnés, on ajoutera, par exemple, Langlois, Seignobos
& Anderson 2013. Nos collègues anglo-saxons s’appuient sur l’ouvrage de Lovejoy 1986
qui traite du Soudan central.
42.– Voir, par exemple, Picon, Vichy & Ballet 2005, pour l’alun des oasis, ou Shortland,
Schachner, Freestone & Tite 2006 et Nenna 2010, pour le natron en lien avec la
production du verre.
17. Sel et natron en Égypte pharaonique 327

documentation nous feraient sortir du cadre de cette recherche  ; cependant,


on ne peut clore ce paragraphe sans citer brièvement le témoignage du jésuite
Claude Sicard, qui parcourut l’Égypte au début du XVIIIe siècle. Il décrit les
deux « nitrières » du Delta occidental ainsi que la récolte du natron43 et conclut
ainsi : « Outre le Natron, on recueille dans certains quartiers des deux Lacs, du
Sel ordinaire & fort blanc ; on y trouve aussi du Sel gemme, qui vient en petits
morceaux d’une figure pyramidale, c’est-à-dire quarrées par le bas & finissant en
pointe. Ce dernier Sel ne paroît qu’au Printems. »
L’utilisation du sel pour la conservation des aliments, en particulier les
viandes, les poissons et les légumes, est connue dans l’Égypte ancienne, même
si elle est rarement évoquée dans les textes44. Il est mentionné cependant sur des
papyrus démotiques d’époque ptolémaïque parmi les produits apportés par les
membres des associations religieuses, peut-être sous la forme d’une pâte (ȝwš)
et pour un usage alimentaire45. Puisque le sel n’apparaît pas dans la liste des
produits de l’offrande funéraire (pain, bière, volaille et bovidés), c’est sans doute
parce qu’il n’était pas considéré comme une denrée indispensable au défunt.
Citons une autre sentence du papyrus Insinger (premier siècle avant notre ère)
qui semble démontrer que le natron pouvait être également utilisé dans l’alimen-
tation : (col. VI, l. 9) « Les légumes avec (le) natron [sont] une bonne nourriture
quand on ne trouve plus rien »46.
Enfin on rappellera que le natron – mais aussi le sel, dans la mesure où ces
deux produits peuvent être distingués47 – est employé à de nombreux usages
autres qu’alimentaire (faïence, travail du textile, des peaux, etc.)48.

IV) Les reçus de taxe du sel


Si l’époque ptolémaïque nous a conservé quelques rares reçus de taxe du
natron en démotique et en grec49, apparemment en relation avec le travail des
blanchisseurs – le savon était, semble-t-il, fabriqué à partir d’un mélange à base

43.– Martin 1982, p. 199-201 ; ce texte de Sicard sur le natron publié en 1729 a été repris par
Shaw en 1743, dans l’annexe du second volume traitant de ses voyages (p. 140-141).
44.– Darby, Ghaliounghi & Grivetti 1977, p. 443-452, Ikram 1995, p. 156-167, Ikram
dans Nicholson & Shaw 2000, p.  659-660 et 663-669 et Tallet 2003, p.  59-60 et
68-70  ; voir également, en contrepoint, l’historiola dans laquelle Rê recommande la
consommation de la viande sans sel pour un ennemi qu’il veut anéantir, cf. Mathieu
2008, p. 68.
45.– Cenival 1972, p. 16-18, et Andrews 1994, p. 33 : il convient de faire la distinction entre
deux termes quasi homophones en démotique, ȝwš, d’après le déterminatif : « résine »,
d’une part, et « brouet, pâte », d’autre part.
46.– Voir Agut & Chauveau 2011, p. 231 et 346 n. 31.
47.– Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les deux entrées de l’index détaillé de Lucas
1962, p. 509 (natron) et p. 512 (salt).
48.– Voir, également, l’index de Nicholson & Shaw 2000, 695 ; la mention de natron en lien
avec le bélier sacré de Mendès sur une stèle démotique provenant de la région de Naucratis
(282 av. J.-C.) est délicate à interpréter : emploi pour la momification de l’animal ou lors de
la tonte, cf. Agut-Labordère 2019, p. 101.
49.– Voir supra note 32.
328 Didier Devauchelle

de natron50 –, cette période a vu se multiplier les reçus de taxe du sel – c’est


d’ailleurs à ce moment qu’elle apparaît. Toutefois, cet impôt annuel, véritable
gabelle, ne semble pas être en relation directe avec la production ou la consom-
mation du sel51.
Cette taxe ne pouvait être ici passée sous silence, mais au vu d’une récente
étude qui lui a été consacrée52, elle ne sera que brièvement présentée dans ce
dernier paragraphe. Payée en monnaie et non en nature, cet argent (hedj) ou taxe
du sel (teni hema) en égyptien (halikè, en grec) est connu(e) par de nombreux
reçus grecs ou démotiques, d’origine thébaine le plus souvent, sur tessons
de poterie (ostraca). Cette capitation est attestée en Égypte de 263 av. J.-C.
(an 22 de Ptolémée II Philadelphe) jusqu’en 217 av. J.-C. (an 5 de Ptolémée IV
Philopator)  ; elle touche tous les habitants, hommes et femmes, mais pas au
même taux. Elle a connu deux réajustements à la baisse : de 263 à 254 av. J.-C.
(taux A), les hommes paient 1 drachme 3 oboles et les femmes 1 drachme ; de
254 à 231 av.  J.-C. (taux  B), l’imposition passe à 1 drachme pour les hommes
et à 3 oboles pour les femmes, pour terminer, de 243 à 217 av. J.-C. (taux C), à
4 oboles pour les hommes et à 1,5 obole pour les femmes53. On notera encore
que plusieurs papyrus de recensement, datés du deuxième siècle avant notre ère
et provenant du Fayoum, attestent de la survivance de cette taxe après la dispa-
rition des reçus sur ostraca. Cependant, à l’heure actuelle, nous ne savons rien de
celle-ci aux époques postérieures.
Pour illustrer cette documentation, je publie ici un reçu inédit de cette taxe
écrit en démotique  : il s’agit d’un ostracon exhumé par Jean Jacquet dans les
années 1970 lors de ses fouilles à Karnak-nord (Inv. n° A 477 - REG 183)54  :
(Fig. 2)

50.– Le natron dilué, mélangé à du sable ou à de l’argile et à de la cendre végétale, a pu servir de


savon et associé à l’huile de ricin, il a été employé comme détergent par les blanchisseurs.
51.– Il faut noter l’existence en démotique, à l’époque ptolémaïque et romaine, de quelques
personnes qualifiées du titre «  L’homme-du-sel  » ((pȝ) s-n-ḥmȝ) ou portant cet anthro-
ponyme, ainsi que d’un dénommé «  Fils-de-la-femme-du-sel  » et d’un autre, «  Celui-
de-la-femme-du-sel ». Malheureusement, ces désignations ne nous éclairent pas sur une
possible fonction. De même, la mention probable d’un « travail de la taxe du sel » ou d’un
« travail du sel » sur un papyrus provenant vraisemblablement de Gourob et daté de la fin
de l’époque ptolémaïque (Smith-Tait 1984) n’apporte, à ce jour, aucun élément précis
nous permettant de mieux connaître l’administration du sel en Égypte ancienne. Voir aussi
les remarques de Clarysse & Thompson 2006, p. 38-39.
52.– Clarysse & Thompson 2006, p.  36-89, en particulier p.  38-39 («  Salt in Ptolemaic
Egypt »), p. 44-52 (« Salt-tax rates ») et 86-89 (« The salt-tax in historical perspective »).
53.– Pour les variations dans le passage du taux B au taux C entre 243 et 231 av.  J.-C., voir
Clarysse & Thompson 2006, p. 47-50.
54.– Ostracon de terre cuite variant de l’ocre rouge (bas) à l’ocre jaune (haut)  ; h.  8,2  cm  ;
l. 6,8 cm ; ép. 0,8-0,9 cm ; n° de négatif : IFAO 72-394. Cette pièce provient des maisons
du village qui se sont développées sur et au-delà des ruines des sanctuaires de brique crue
construits à la fin de l’époque ramesside et au début de la Troisième Période intermédiaire
sur l’aire du trésor de Thoutmosis Ier. Je remercie Jean et Helen Jacque de m’avoir confié
cette documentation.
17. Sel et natron en Égypte pharaonique 329

Fig. 2. Ostracon démotique de Karnak-nord A 477.


© A. Lecler – IFAO.

(1) Pȝ-šr Mn sȝ Ỉmn-ḥtp ḥḏ-qt 1/2 n ḥḏ ḥmȝ (n) ḥsp [35]


(2) sš Twtw sȝ Pa-rṱ (n) ḥsp 35 ỉbd 3 pr.t (sw) 22(?)
(3) sš Ḏḥwty-ỉ-ỉr-dỉ-s sȝ Ḳrḏ ḥḏ-qt 1/2
(1) Pachermin (= Psenminis) fils d’Imenhetep (= Amenothès)  : ½  qite
(= 1 drachme) pour l’argent du sel de l’an [35].
(2) A écrit Toutou (= Totoes) fils de Paret (= Parates) en l’an 35, troisième mois
de la saison-peret (= Phamenôth), jour 22(?).
(3) A écrit Djehoutyirdis (= Thotortaios) fils de Keredj (= Kolluthes) : ½ qite
(= 1 drachme).
Ce paiement de 1 drachme effectué le 14  mai 250 av. J.-C. correspond au
taux B de la taxe du sel alors en vigueur. Le payeur, Pachermin (= Psenminis)
fils d’Imenhetep (= Amenothès), n’est pas attesté jusqu’ici sur les autres textes
de ce type55  ; en revanche, les noms des deux scribes signataires apparaissent
sur plusieurs reçus de cette taxe56. Un élément particulièrement intéressant
de l’ostracon publié ici est sa provenance  assurée  : Karnak-nord, c’est-à-dire
la rive thébaine orientale. De fait, il n’est pas possible de savoir de quelle rive
les ostraca proviennent lorsqu’ils n’ont pas été trouvés dans des contextes de
fouilles et même s’ils ont été commercialisés à Louxor, c’est-à-dire à l’est. Or,
cette distinction rive orientale – rive occidentale57 permettra sans doute, dans
l’avenir, de mieux comprendre le fonctionnement administratif local, mais aussi
le climat social qui a régné dans cette région parfois turbulente.
55.– Ces deux anthroponymes étant fréquents, il existe des homonymes dans la documentation
ptolémaïque, mais aucun recoupement n’est assuré.
56.– Muhs 2011, p. 228-229.
57.– Voir les remarques de Devauchelle 1998, p. 385-386, et Muhs 2005, p. 133-134.
330 Didier Devauchelle

Conclusion
Sel et natron furent indispensables à la conservation des aliments et ils ont eu,
de ce point de vue, une place importante dans la vie quotidienne des habitants
du pays. Cependant, si les vertus purificatoires du natron sont clairement
évoquées dans la littérature religieuse et si les deux produits sont présents dans la
documentation médicale, on ne peut pas affirmer que, pour les Égyptiens, « le
sel est l’essence de la vie elle-même »58.
Le sel n’apparaît quasiment pas dans les maximes parvenues jusqu’à nous, en
dehors des quelques rares exemples mentionnés plus haut sur un papyrus dont
la composition remonte à la fin de l’époque ptolémaïque (Ier  siècle av. J.-C.).
En revanche, dans un fragment isolé de la sagesse démotique d’Ânkhchechanky
(ou Chasheshonqy ; Ier siècle avant J.-C.), on trouve peut-être une expression
métaphorique «  jeter le sel sur une plaie  » avec une connotation négative59
qui pourrait faire écho à une de ces maximes démotiques60. Sa valeur symbo-
lique transparaît tout de même dans un texte grec de 123 avant J.-C.  dans
lequel le partage du sel semble être un geste d’apaisement après un conflit entre
Hermonthites et Crocodilopolites61.
Si l’on a retrouvé peu de traces des activités autour du sel en Égypte
ancienne, la cause en est peut-être le hasard de la préservation, d’autant plus que
le Delta occidental et son sol marécageux ont dû être un des lieux principaux
d’extraction. On peut espérer, par exemple, que les vestiges archéologiques de
la région d’Elkab, dans le sud du pays, apporteront un jour des réponses aux
diverses questions restées en suspens. Les autres lieux de production du sel et
du natron, sans doute plus nombreux que ceux que nous pouvons aujourd’hui
identifier62, relèvent sans doute de circuits courts d’échange qui n’ont peu ou
pas laissé de traces écrites.
L’ambiguïté des termes  égyptiens désignant le «  sel  » et le «  natron  »,
plusieurs fois signalée dans cet article, trouve un écho contemporain. Lors
d’une des missions de l’équipe HALMA à Kôm Abou Billou (Térénouthis),
en 2013-2014, à proximité du Ouadi Natroun, Ahmed Fathy, l’inspecteur qui
travaillait avec nous et qui habitait un petit village des environs rapporta, à ma
demande, des morceaux de natron. Ceux-ci se présentaient sous la forme de gros
grains irréguliers bien blancs, presque translucides, sans doute déjà nettoyés pour
être commercialisés63. À notre retour, j’ai confié au professeur Michel Dubois64
un échantillon de ce natron pour analyse. Les premiers résultats obtenus, pour

58.– Hocquet 2019, p. 10.


59.– Smith 1980, p. 137, 144 note ae et p. 151.
60.– Voir supra p. xx et note 22.
61.– Clarysse & Thompson 2006, p. 37.
62.– La mention d’une affaire concernant le sel dans la maison d’un particulier de la région
de Lycopolis, en Moyenne Égypte à l’époque ptolémaïque, pourrait être le signe d’une
production locale par ailleurs non encore attestée : Clarysse & Thompson 2006, p. 39.
63.– J ’aurais aimé avoir des échantillons plus divers, moins préparés pour le commerce, mais je
lui suis reconnaissant pour son aide.
64.– À l’issue de la présentation qu’il avait faite lors de la première journée d’études Halma sur
le sel, cf. Dubois, Hulin-Gauthier & Ventalon 2017.
17. Sel et natron en Égypte pharaonique 331

lesquels je le remercie vivement, peuvent se résumer simplement : « le mélange


est hétérogène  » et «  la présence d’halite en quantité notable est fortement
suspectée  ». Bien évidemment, me précise-t-il, des analyses complémentaires
seraient nécessaires, mais il conviendrait que le choix des échantillons puisse
être plus précisément encadré (matériau brut, emplacement précis, période de
l’année, etc.). Pour le moment on retiendra que, même aujourd’hui, le produit
extrait du Ouadi Natroun et commercialisé – donc préparé – présente des carac-
téristiques mélangées et que la frontière entre natron et sel n’est pas clairement
marquée. L’on peut donc conclure en reprenant ce qu’écrivait François Renault65
en 1987 dans son compte rendu du livre de Paul Lovejoy :
Un même mot, le « sel », recouvrait en fait une grande diversité de produits
suivant leur plus ou moins grande teneur en chlorure de sodium et les
éléments avec lesquels il était mélangé. On les trouvait sous différentes formes,
déterminées par les conditions géologiques : dépôts laissés par d’anciens lacs,
croûtes résultant de la remontée de l’eau et son évaporation au sol, sources
salines, etc. Les techniques de production variaient en conséquence : extraction
en plaques, ramassage des croûtes ou bien combustion des plantes ayant une
forte teneur en sel avec, dans ces deux cas, traitement à l’eau pour filtrage, puis
évaporation. La technologie restait assez rudimentaire et le produit obtenu
plus ou moins mélangé d’impuretés.

Bibliographie
Agut & Chauveau 2011 Agut-Labordère D. & Chauveau M., Héros,
magiciens et sages oubliés de l’Égypte ancienne. Une antho-
logie de la littérature en égyptien démotique, Paris, 2011.
Agut-Labordère 2019 Agut-Labordère D., «  The wool of Naukratis.
About the stela Michigan Kelsey Museum 0.2.5803  »,
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Sel et société
Tome 2 : Santé, croyances et économie
Christine Hoët-van Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux (dir.)

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Sel et société
Tome 2 : Santé – croyances – économie
Christine Hoët-van Cauwenberghe, Armelle Masse, Gilles Prilaux (dir.)
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Ouvrage composé par


Émilie Pouderoux

Ouvrage réalisé avec


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Dépôt légal
avril 2020

1 947e volume édité par


les Presses universitaires du Septentrion
59654 Villeneuve d’Ascq – France

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