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Bulletin de la Société Nationale

des Antiquaires de France

La Bête du Gévaudan était-elle un chien-loup ?


Marius Balmelle

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Balmelle Marius. La Bête du Gévaudan était-elle un chien-loup ?. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de
France, 1959, 1961. pp. 254-255;

doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1961.6173

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1961_num_1959_1_6173

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254 25 NOVEMBRE 1959

Séance du 25 Novembre.

Le président fait part à la Société du décès de M. Plinio


Fraccaro, corr. étr. honoraire, recteur de l'Université de Pa-
vie, et rappelle les mérites de ce grand savant.
M. Seston lit une note de M. Marius Balmelle, a. c. n., la
Bête du Gévaudan était-elle un chien-loup?
« Quelle était la nature de la Bête qui terrorisa, sous
Louis XV, de 1764 à 1767, le Gévaudan, département actuel
de la Lozère, et les régions voisines? La question a été posée
dès son époque. L'abbé Trocellier, curé d'Aumont (chef-lieu
de canton de la Lozère), contemporain, a laissé une relation,
où il écrit : « La Bête ressemble à un loup ; mais ce n'est pas
« un loup. Tous ceux qui l'avaient vue de près le disaient de
« même. On a remarqué plusieurs choses qui ne sont pas du
« loup. » ( Relation de Γ abbé Trocellier , curé d'Aumont, publiée
par Ferd. André, Bull. Soc. Lettres Lozère , 1872, p. 98.) Au¬
guste André, dans sa Notice sur la Bête du Gévaudan [Ibid.,
1884, p. 100, rééditée en 1890 et 1931), dit : « L'imagination
« populaire en faisait un monstre des plus bizarres. Pour les
« uns, il était le produit d'une louve et d'un lévrier. Pour
« d'autres, c'était une hyène, échappée d'une ménagerie. »
L'abbé Pourcher ( Histoire de la Bête du Gévaudan, Saint-Mar-
tin-de-Boubaux (Lozère), 1889, p. 1001), dans la«nature de la
« Bête », reproduit l'opinion de l'abbé Trocellier. L'abbé Fran¬
çois Fabre {La Bête du Gévaudan, Saint-Flour, 1901, p. 221,
réédité
« M. André
en 1930,Mellerio
Paris, Floury,
a fait suivre
p. 158)lacite
luxueuse
aussi cette
réédition
relation.
de
l'ouvrage de l'abbé Fabre d'un Essai iconographique sur la
Bête du Gévaudan. Il s'exprime ainsi (p. 177) : « On éprouve
« le sentiment que tout n'a pas encore été dit à son sujet, que,
« du sein d'archives inexplorées ou de vieux papiers de fa-
« mille surgira quelque fait nouveau. »
« En dépouillant les papiers de famille de l'érudit mendois
Jean-Joseph-Marie Ignon (1772-1857), fondateur de la So¬
ciété des Lettres de la Lozère et du Musée de Mende, j'ai
trouvé un document (que je verse au dossier de la Bête, ou
des fauves de la région) écrit, semble-t-il, par un praticien qui
a examiné l'animal, « provenant d'un loup avec une chienne
J. BABELON. - PETIT MONUMENT DE MARBRE 255

« ou d'un chien avec une louve ». (Mentionnons qu'un animal


tué en 1951, près de Grandrieu (Lozère), qualifié aussi de
loup, d'après les empreintes de pattes relevées, ne serait pas
un loup, mais un chien-loup revenu à l'état sauvage.)
« Voici la copie du texte, que nous croyons inédit. Avec ra¬
tures, non signé, il paraît être le brouillon du manuscrit :
« L'animal avait déjà reçu plusieurs coups de feu, ce qu'on
« a remarqué lorsqu'on lui a enlevé la peau des cuisses, et les
« jambes étaient toutes couvertes de plomb.
« Après avoir tué cet animal, on aurait dû le conserver entier
« au lieu de l'écorcher, il eût été alors plus facile de le recon-
« naître, de le décrire. Au lieu d'un animal complet, je n'ai vu
« qu'une peau bourrée à l'excès, n'ayant aucune des formes
« primitives du sujet. Malgré cela je vais tâcher d'en donner
« la description aussi exactement qu'il me sera possible.
« Cet animal était de la taille d'un loup ordinaire, ressem-
« blait plus au chien qu'au loup, tant à cause de son pelage
« que de la forme de sa tête ; sa physionomie était également
« plus douce que celle du loup, ce qui m'a fait penser que ce
« ou
devait
d'unêtre
chien
un avec
mulet
une
provenant
louve. d'un loup avec une chienne

« Il avait la tête allongée comme dans les lévriers, le front


« proéminent ; les oreilles droites, larges à la base, se termi-
« nant en pointe à l'extrémité, placée et dirigées en avant, de
« couleur brun noir en dessus et fauve en dedans. (Les yeux
« avaient été enlevés). Le bord des paupières noires, une pe-
« tite tâche blanche près de l'oeil. Le museau assez gros,
« quoique un peu comprimé à son extrémité, le bout du nez
« et les moustaches noires. Les dents usées, quoique l'animal
« ne parût pas fort vieux, plus petites que celles d'un loup.
« Dos et croupion noir, mêlé de fauve et de quelques poils
« gris. Épaules de même couleur. Jambes assez fortes et ner-
« veuses de couleur fauve. Le train de derrière presque aussi
« haut que celui de devant, ce qui n'est pas dans le loup.
« Queue plus courte que dans le loup, fournie de longs poils
« et plus grosse à l'extrémité qu'à sa naissance. »

M. Jean Babelon, m. r., communique un petit monument


de marbre récemment entré au Cabinet des médailles de la

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