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La lettre qui suit démontre assez bien qu’il y avait plusieurs Bêtes.

L'une des premières bêtes a été abattue par Mr Rainchard.


« Mr Antoine et moi nous étant séparés pour tenir plus de pays, j’envoyais mon piqueur
au bois avec mon limier, il détourna le vrai loup avec sa louve » (entendre par là la vraie
bête avec sa compagne).
« Je fis avertir Monsieur Antoine d’être sur ses gardes, ce qu’il fit, je fis donc attaquer
le fusil de Bruasc, ce jeune homme que je voulais procurer à Dupond, lui rata dessus à
quatre pas, c’est-à-dire sur le mâle, voyant qu’il avait passé l’enceinte, je lui donnais mes
chiens à deux heures après midi, qui le suivirent jusqu’à cinq avec une chaleur qui nous
fendait, enfin ils se rebutèrent, le quittèrent et nous rejoignirent à 6 heures, le loup
vint pour attaquer des petits bergers qui gardaient des vaches ; il trouva en sentinelle
un nommé Rainchard, allemand, garde de Monsieur le Duc d’Orléans, qui lui lâcha un coup
de carabine qui entra par la cuisse gauche et s’arrêta à l’épaule droite entre cuir et
chair ; le loup gagna le pays et alla mourir à deux mortelles lieues de là, on le chercha
trois jours inutilement, enfin un paysan le trouva sentant déjà mauvais, le porta à
Saint-Flour, reçut la rétribution du Subdélégué » (Monsieur de Montluc), « dépouille son
corps à la diable, lui coupe la tête et les oreilles jette son corps dans l’eau et s’en va
faire la quête de village en village nous le savons.
On y envoie deux gardes, on rapporte la tête et les oreilles, on pêche son corps tout
infecté, on oublie pas la peau » (sans doute obtenue par les perquisitions signalées par le
rapport Magné de Marolles), « enfin tout nous parvient au Besset » (château du… où
Antoine et ses hommes sont en résidence), « nous nous bouchons le nez, nous fouillons
ce vilain corps, nous trouvons la balle, nous reconnaissons son pied, nous voyons que le
gauche est usé en dedans (l’animal) ayant été blessé jadis à l’épaule ou à la jambe ; nous
trouvons le côté du pied en dehors tout neuf. Nous l’avions reconnu pour être blessé en
ce qu’il a appuyé à faux dans les endroits où nous pouvions en revoir, nous trouvons que
son col est aussi gros que sa tête, que ses oreilles sont petites et larges, que son
poitrail est prodigieux, que son poil est court et de la couleur d’un veau » (c’est-à-dire
roux comme le confirme l’abbé Trocelier pour les vaches du pays), « qu’il a une raie noire
sur le dos large d’un doigt » (10 à 11 cm environ), « que son pied est rond comme celui
d’un mâtin » (chien mastiff, molosse, dogue) ; « enfin que c’est notre loup dévorant » (la
vraie bête du Gévaudan), « nous ignorons si sa louve » (sa femelle aperçue par les
piqueurs) « à des inclinaisons aussi meurtrières, c’est ce que le temps nous apprendra. »
(Lettre du comte Hugues-François de Tournon-Meyre, veneur réputé du Vivarais étant
venu au cours de l’été 1765 renforcer l’équipage de François Antoine pour ses chasses à
la bête du Gévaudan. Transcription P.P.L. BERTHELOT 5/07/2021.)
Nous pouvons voir sur son site Facebook : Amis qui aiment la Bête du Gévaudan de P.P.L.
BERTHELOT, que le texte original écrit avec la plume, est bien scanné. Cette lettre se
trouve bien aux archives nationales (Archives Nationales, Chartrier de Tournon, papiers
personnels, 513AP/19, dossier 1). Les archives du comte de Tournon tout comme le
rapport Magné de Marolles (BNF-Paris) confirment qu'il s'agissait bien de la vraie bête
du Gévaudan et que ce n'était pas un pur loup puisqu'elle avait un pied de chien.
Il y avait donc bien plusieurs Bêtes tueuses avec du gène d’un chien mâtin, car un pur
loup ne peut pas avoir un pied de ce style. « Dans cette lettre-rapport du comte de
Tournon, ce sont les louvetiers (valet de chiens et valet de limier de l'équipage de la
Grande Louveterie Royale voire les gardes-louvetiers) qui parlent. Ils donnent leurs avis
sur ce qu'ils connaissent le mieux ; autrement dit la comparaison, non pas avec un chien
de ferme (un mâtin), mais avec un chien mâtin de leurs équipages dont la race était bien
fixée à cette époque.
Ils chassent un loup, le porte-arquebuse François Antoine en a décidé ainsi, alors ils
désignent logiquement cet animal ''loup'', mais son pied est comme celui de leurs mâtins
d'équipage, celui d'un chien, pas un pied rond de loup ».
« Les autres témoignages provenant des chasseurs comme ceux de François Antoine, et
qui étaient venus chasser des loups, n'y voyaient logiquement que des empreintes de
loups. Quoi de plus normal que de trouver des empreintes de loups autour d'un cadavre
dans un pays où il en existait autant ? Ensuite, il y a cette archive que j'ai retrouvée et
décortiquée du rapport de l'équipage d'Antoine repris par le comte de Tournon, où les
louvetiers (gardes et valets), évoquent la patte de la bête du Bois Noir (officiellement
reconnue comme la Bête du Gévaudan) dotée d'un pied rond semblable à celui des mâtins
qu'ils utilisaient à la vénerie. A l'ensemble, il faut ajouter un pelage roussâtre et court.
Celui qui voit un simple loup là-dedans serait bien éveillé d'aller changer ses verres de
lunettes de toute urgence !!! »
Il est vrai que les chasseurs de la vénerie étaient des spécialistes de ces chiens, donc,
apte à reconnaître ce genre d’animal. Daniel Jumentier a publié des photos d’un vieux
document, qui prouvent que les hommes de la vénerie de l’époque savaient très bien
faire la différence entre un pied de loup et un pied de chien mâtin. Il y a bien du chien
mâtin dans cette histoire.
Après que Rainchard a tué ce chien mâtin croisé avec un loup, ou un chien mâtin, on peut
éventuellement comprendre pourquoi Antoine a voulu par la suite tué également un loup,
car c’était un loup entier et empaillé et non découpé en morceau qu’il devait ramener à
Paris (pour être certain de toucher une prime). Coup de chance pour lui, ce loup avait
également provoqué quelques attaques seulement (des blessures causées par l’homme
sur l’animal étaient également présentes et quelques personnes l’ont reconnu).

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