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Annexe 2 : Colette Becker, Lire le réalisme et le naturalisme, Armand Colin, 2005, p. 38.
« Le terme de réalisme s’oppose à celui d’idéalisme, avec lequel il forme une antithèse. Il en
arrive à définir la réaction qui s’est produite au cours des siècles contre la littérature officielle
et les canons en usage. »
Annexe 5 : Table des titres de La Comédie Humaine de Balzac selon l’édition Furne
(extrait).
Etudes de mœurs
Scènes de la vie privée
Scènes de la vie de province
Scènes de la vie parisienne
Scènes de la vie politique
Scènes de la vie militaire
Scènes de la vie de campagne
« Etienne et Lucien perdirent un certain temps à errer dans les corridors et à parlementer avec
les ouvreuses1.
– Allons dans la salle, nous parlerons au directeur qui nous prendra dans sa loge. D'ailleurs
je vous présenterai à l'héroïne de la soirée, à Florine.
Sur un signe de Lousteau, le portier de l'Orchestre prit une petite clef et ouvrit une porte
perdue dans un gros mur. Lucien suivit son ami, et passa soudain du corridor illuminé au trou
noir qui, dans presque tous les théâtres, sert de communication entre la salle et les coulisses.
Puis, en montant quelques marches humides, le poète de province aborda la coulisse, où
l'attendait le spectacle le plus étrange. L'étroitesse des portants2, la hauteur du théâtre, les
échelles à quinquets3, les décorations si horribles vues de près, les acteurs plâtrés 4, leurs
costumes si bizarres et faits d'étoffes si grossières, les garçons à vestes huileuses, les cordes
qui pendent, le régisseur qui se promène son chapeau sur la tête, les comparses 5assises, les
toiles de fond suspendues, les pompiers, cet ensemble de choses bouffonnes, tristes, sales,
affreuses, éclatantes ressemblait si peu à ce que Lucien avait vu de sa place au théâtre que son
étonnement fut sans bornes. On achevait un bon gros mélodrame 6intitulé Bertram, pièce
imitée d'une tragédie de Maturin qu'estimaient infiniment Nodier, lord Byron et Walter Scott 7,
mais qui n'obtint aucun succès à Paris.
– Ne quittez pas mon bras si vous ne voulez pas tomber dans une trappe, recevoir une forêt
sur la tête, renverser un palais ou accrocher une chaumière, dit Etienne à Lucien. Florine est-
elle dans sa loge, mon bijou ? dit-il à une actrice qui se préparait à son entrée en scène en
écoutant les acteurs.
– Oui, mon amour. Je te remercie de ce que tu as dit de moi. Tu es d'autant plus gentil que
Florine entrait ici.
– Allons, ne manque pas ton effet, ma petite, lui dit Lousteau. Précipite-toi haut la patte !
dis-moi bien : Arrête, malheureux ! car il y a deux mille francs de recette.
Lucien stupéfait vit l'actrice se composant en s'écriant : Arrête, malheureux ! de manière à le
glacer d'effroi. Ce n'était plus la même femme.
– Voilà donc le théâtre, dit-il à Lousteau.
– C'est comme la boutique de la Galerie de Bois 8et comme un journal pour la littérature, une
vraie cuisine9, lui répondit son nouvel ami.
1.ouvreuses : femmes dont le rôle est de placer les spectateurs dans une salle de spectacle.
2. portants : montants qui soutiennent un élément du décor, un appareil d'éclairage au théâtre.
3. échelles à quinquets : échelles munies de lampes formant des rampes d'éclairage.
4. acteurs plâtrés : acteurs dont le visage est excessivement maquillé.
5. comparses : acteurs qui remplissent un rôle muet, personnages dont le rôle est insignifiant.
6. mélodrame : œuvre dramatique accompagnée de musique.
7. Maturin (1782-1824) : romancier irlandais ; Nodier (1780-1844) : écrivain français ; Lord Byron
(1788-1824) : artiste, écrivain, poète anglais ; Walter Scott (1771-1832) : poète et écrivain écossais.
8. la Galerie de Bois : est dépeinte ensuite par Balzac comme « un bazar ignoble » ; « la boutique » est
une librairie à côté d'autres commerces plus ou moins recommandables.
9. une vraie cuisine : un mélange de genres invraisemblable.
« La critique a accueilli ce livre d’une voix brutale et indignée. Certaines gens vertueux,
dans des journaux non moins vertueux, ont fait une grimace de dégoût, en le prenant avec des
pincettes pour le jeter au feu. Les petites feuilles littéraires elles-mêmes, ces petites feuilles
qui donnent chaque soir la gazette des alcôves et des cabinets particuliers, se sont bouché le
nez en parlant d’ordure et de puanteur. Je ne me plains nullement de cet accueil ; au contraire,
je suis charmé de constater que mes confrères ont des nerfs sensibles de jeune fille. Il est bien
évident que mon œuvre appartient à mes juges, et qu’ils peuvent la trouver nauséabonde sans
que j’aie le droit de réclamer. Ce dont je me plains, c’est que pas un des pudiques journalistes
qui ont rougi en lisant Thérèse Raquin ne me paraît avoir compris ce roman. […]On
commence, j’espère, à comprendre que mon but a été un but scientifique avant tout. Lorsque
mes deux personnages, Thérèse et Laurent, ont été créés, je me suis plu à me poser et à
résoudre certains problèmes : ainsi, j’ai tenté d’expliquer l’union étrange qui peut se produire
entre deux tempéraments différents, j’ai montré les troubles profonds d’une nature sanguine
au contact d’une nature nerveuse. Qu’on lise le roman avec soin, on verra que chaque chapitre
est l’étude d’un cas curieux de physiologie. En un mot, je n’ai eu qu’un désir : étant donné un
homme puissant et une femme inassouvie, chercher en eux la bête, ne voir même que la bête,
les jeter dans un drame violent, et noter scrupuleusement les sensations et les actes de ces
êtres. J’ai simplement fait sur deux corps vivants le travail analytique que les chirurgiens font
sur des cadavres. »
Annexe 13 : Le Manifeste des cinq (1887) : Paul Bonnetain, J.-H. Rosny, Lucien
Descaves, Paul Margueritte, Gustave Guiches
« La Terre a paru. La déception a été profonde et douloureuse. Non seulement l'observation
est superficielle, les trucs démodés, la narration commune et dépourvue de caractéristiques,
mais la note ordurière est exacerbée encore, descendue à des saletés si basses que, par
instants, on se croirait devant un recueil de scatologie: le Maître est descendu au fond de
l'immondice. »