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AU NORD ET AU SUD DU DANUBE/
NORTH AND SOUTH OF THE
DANUBE
Dynamiques politiques, sociales et religieuses
dans le passé /
Political, Social and Religious Aspects of the Past
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SOMMAIRE / CONTENTS
LES MARCHANDS « BULGARES » ET LEUR ACTIVITE
EN VALACHIE (XVIIe – DEBUT DU XIXe SIECLE)*
GHEORGHE LAZĂR
georgelaz2001@yahoo.fr
*
Ce travail reprend et développe le sous-chapitre sur les marchands bulgares
analysé dans notre livre Les marchands en Valachie, XVIIe-XVIIIe siècles, Bucureşti,
Institutul Cultural Român, 2006, p. 126-134.
1
P.P. Panaitescu, Românii şi bulgarii, Bucureşti, 1944; Alexandru Gonţa,
Bulgarii şi sârbii în ţările române în secolele al XV-lea şi al XVI-lea, dans idem, Studii
de istorie medievală, éds. Maria Magdalena Szekely et Ştefan S. Gorovei, Iaşi, 1998,
p. 78-88; Dinu C. Giurescu, Relaţiile economice ale Ţării Româneşti cu ţările Peninsulei
Balcanice din secolul al XIV-lea până la mijlocul secolului al XVI-lea, dans
„Romanoslavica”, XI, 1965, p. 167-200; Bistra Tvetkova, Regimul schimburilor
economice dintre teritoriile de la Nord şi Sud de Dunăre în secolul al XVI-lea, dans
Relaţii româno-bulgare de-a lungul veacurilor (sec. XII-XIX). Studii, I, Bucureşti, 1971,
p. 107-150.
2
Sur ce phénomène, voir Lidia Cotovanu, L’émigration sud-danubienne vers la
Valachie et la Moldavie et sa géographie (XVe-XVIIe siècles): la potentialité heuristique
d’un sujet peu connu, dans „Cahiers balkaniques”, INALCO, Paris [en ligne], 42 (2014),
mis en ligne le 21 mai 2014 (URL : http://ceb.revues.org/4772).
3
C’est le cas, par exemple, du marchand Sefteri de Tărnovo; les sources
précisent qu’il était d’origine grecque (Acte judiciare din Ţara Românească. 1775-1781,
éds. Gheorghe Cronţ, Alexandru Constantinescu, Anicuţa Popescu, Theodora Rădulescu,
Constantin Tegăneanu, Bucureşti, 1973, no. 514, p. 573-574).
4
Pour les sens de ce nom collectif, voir Pavlina Bojčeva, Renseignements sur
les Bulgares d’apres des historigraphes roumains, dans „Etudes Balkaniques”, XXIX,
1993, no. 3, p. 30-37; Cătălina Vătăşescu, De nouveau sur l’emploi en roumain de
l’ethnonyme sârbi/ „serbes”/ pour designer les Bulgares aussi, dans „Linguistique
balkanique”, XLIV, 2005, no. 1-2, p. 143-152; Margarita Kuyumdzhieva, On the
interrelations between Wallachia and Bulgarians during the 17th century: Benefactors
and Beneficiaries, dans „Revue des Etudes Sud-Est Européennes”, LIV, 2016, no. 1-4,
p. 154-155.
5
Voir, à titre d’exemple, le cas du marchand Nicola qui, en 1731, achetait un
domaine dans le village de Coşoveni; le document précise que l’acheteur était „du
quartier serbe de la ville Craiova, membre de la compagnie des Bulgares” (din sârbiia
Craiovei, din compania bolgarilor) (Bibliothèque de l’Académie Roumaine [= BAR],
Documente istorice, MCDLXXIII/131).
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 107
„arbănaşi” ai bisericii Adormirii Domnului din Călineştii Prahovei (1646), dans Mircea
Ciubotaru, Lucian V. Lefter (éds.), Mihai Dim. Sturdza la 80 de ani, Iaşi, 2014, p. 659-
701; eadem, À la recherche de nouveaux contribuables: politiques publiques de
colonisation rurale avec des ‘étrangers’ (Valachie et Moldavie, XIVe-XVIIe siècles), dans
„Revue des Etudes Sud-Est Européennes”, LIII, 2015, no. 1-4, p. 33-69.
9
Documenta Romaniae Historica, serie B, Ţara Românească [= DRH, B],
XXXI (1646), éds. Violeta Barbu, Constanţa Ghiţulescu, Andreea Iancu, Gh. Lazăr,
Oana Rizescu, Bucureşti, 2003, no. 122, p. 137.
10
Lors de son séjour en Valachie et de sa visite à Câmpulung, en août 1640, où
demeurait une importante communauté catholique, Petru Bogdan Baksič enregistrait le
fait que les marchands chiproviceni avaient fait don à l’église de la ville, à l’occasion de
la fête de St-Élie, de deux nappes pour l’autel: Călători străini despre ţările române, V,
éds. Maria Holban, Maria Matilda Alexandrescu-Dersca Bulgaru, Paul Cernovodeanu,
Bucureşti, 1973, p. 209.
11
Karol Telbizov, Liste des chartes de privilèges octroyés, aux XVIIe-XIXe
siècles, aux compagnies commerciales de Bulgares de Čiprovec dans la Principauté de
la Roumanie, en Transylvanie et dans le Banat, dans „Études Balkaniques”, 1976, no. 4,
p. 65, note 8.
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 109
16
Stamu marchand de Tărnovo, ensemble avec deux autres ressortissants sud-
danubiens, Ianea et Cârstea de Cernavoda, sont mentionnés en tant que témoins dans un
acte de 14 août 1666 (Archives Nationales Historique Centrales [=ANIC], ms. 186,
f. 190-191). Au début du XIXe siècle, un certain Laţcar Dimitriu, marchand de Tărnovo
(neguţător de la Târnova), rédigeait sont testament, en léguant tout son avoir à son
neveu Hagi Pantazi (BAR, ms. rom., 612, f. 97v-98v).
17
Le 23 juin 1801, Hagi Teodosie Gabrovolu et le fourreur (cojocar) Ianache
font échange de leurs boutiques à Bucarest (Florin Georgescu, Paul Cernovodeanu,
Ioana Panait (éds.), Documentele oraşului Bucureşti, Bucureşti, 1960, no. 112, p. 183-
185). Deux décennies plus tard, en 1817, Stoian épicier (băcan), le fils de Petre Steneţ de
Gabrovo (gabroveanu), érigeait l’église des Saints-Voïévodes à Bucarest (Constantin C.
Giurescu, Contribuţiuni la studiul originilor şi dezvoltării burgheziei române până la
1848, Bucureşti, 1972, p. 93).
18
Le 28 septembre 1650, le prince Matei Basarab confirment à l’intendant
(vătaf) Neagu le droit de possession sur le village de Băcăleşti, reçu en donation de la
part de son oncle Dumitru Ochea de Nicopolis. Le document précise que l’intendant
Neagu a fait parvenir au patriarche de Jérusalem Païsios les 100 ughi légués par son
oncle au Saint-Sépulcre (DRH, B, XXXV (1650), éds. Violeta Barbu, Constanţa
Ghiţulescu, Andreea Iancu, Gh. Lazăr, Oana Rizescu, Bucureşti, 2003, no. 293, p. 310-313).
19
Petru hagiul de Rusciuc vend boutique dans le cartier St-Nicolas, Rue Grande
(G. Potra, Documente privitoare la istoria oraşului Bucureşti, 1634-1800, Bucureşti,
1982, no. 189, p. 225).
20
Par exemple, le marchand Sava de Cernavoda, le fils de Ghioca, est
mentionné par les documents valaques à partir de 1651, soit en qualité de témoin (DRH,
B, XXXVI (1651), éds. Oana Rizescu, Marcel-Dumitru Ciucă, Bucureşti, 2006, no. 158,
p. 183), soit en achetant des serfs (I.C. Filitti, Arhiva Gheorghe Grigore Cantacuzino,
Bucureşti, 1919, no. 713, p. 228). Pour les relations des habitants de Cernavoda
(Cervena) avec la Valachie, voir T. Mateescu, Din legăturile Episcopiei de Cerven cu
ţările române (sec. XVII – XIX), dans „Biserica Ortodoxă Română”, XCIV, 1976, no. 2,
p. 176-179; Adrian Tertecel, O problemă de geografie istorică. Cernavodă şi Cervena
Voda, dans „Studii şi Materiale de Istorie Medie”, XX, 2002, p. 343-346; Rossitsa
Gradeva, Villagers in International Trade: the Case of Chervena Voda, Seventeenth to
the Beginning of Eighteenth Centrury, dans eadem, War and Peace in Rumeli 15th to
Beginning of the 19th Century, Istanbul, 2008, p. 299-319; Lidia Cotovanu, Despre
ctitorii „arbănaşi”, p. 665-666 et passim; Margarita Kuyumdzhieva, op. cit., p. 164-165.
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 111
21
Dinu C. Giurescu, Maîtres orfèvres de Kiprovač en Valachie, au XVIIe siècle,
dans „Revue des Etudes Sud-Est Européennes”, II, 1964, no. 3-4, p. 468-469;
idem, Două opere de argintărie lucrate de meşteri din Chiprovăţ în Ţara Românească în
secolul XVII, dans „Studii Muzeale”, III, 1966, p. 20-24; sur l’histoire de cet importante
centre commercial, voir aussi Virginia Paskaleva (éd.), 300 godini Chiprovsko vâstanie,
Sofia, 1988.
22
À ce sujet, voir Gh. Lazăr, Les marchands en Valachie, XVIIe-XVIIIe siècles,
Bucureşti, 2006, p. 78-79.
23
P. P. Panaitescu, op. cit., p. 45; K. Telbizov, op. cit., p. 65, 69. Voir la
dernière édition du chrysobulle dans DRH, B, XXXIX (1654), éds. Violeta Barbu, Gh.
Lazăr, Florina Manuela Constantin, Constanţa Ghiţulescu, Oana Mădălina Popescu,
Bucureşti, 2010, no. 203 bis, p. 243-244.
24
K. Telbizov, op. cit., p. 69.
112 Gheorghe Lazăr
Pour des raisons qui ne sont pas encore tout à fait élucidées25, le
statut fiscal des marchands chiproviceni a été révisé par Radu Leon
(1664-1669), qui a doublé, puis triplé leurs obligations financières envers
la Trésorerie publique. Au final, le voïévode a entièrement annulé les
anciens privilèges26. Antonie Vodă de Popeşti (1668-1672) a rétabli la
situation dès qu’il est monté sur le trône; le 15 avril 1669, suite à
l’intervention d’un certain Iacov „capitaine de chiproviceni” (căpitan de
chiproviceni)27, le prince a émis un nouveau chrysobulle en faveur des
marchands bulgares. Une fois de plus, l’acte princier stipule que les
marchands chiproviceni allaient être exemptés de touts les impôts
prélevés à travers le pays, sous condition d’acquitter juste une taxe
annuelle, augmentée cette fois-ci. Les dispositions de ce nouveau
privilège allaient être maintenues pendant les règnes de Gheorghe Duca
(1673-1678) et Şerban Cantacuzène (1678-1688) ; chacun des deux
souverains les a renouvelés par chrysobulle princier, l’un le 14 avril 1676
et l’autre le 26 mai 167928.
Le statut des marchands chiproviceni de Valachie connut une
amélioration considérable pendant le règne de Constantin Brâncoveanu
(1688-1714)29, dont le début avait coïncidé – dans le contexte de la guerre
menée par la Ligue Sainte contre l’Empire Ottoman et des victoires
remportées par les forces autrichiennes après l’asseau ottoman de Vienne
(1683) –avec le déclenchement de la révolte bulgare, notamment dans la
région de Kiproveč, à l’issue dramatique. La répression ottomane fut
sanglante, ce qui a poussé les révoltés à l’exile, notamment vers le Nord
du Danube, de préférence en Olténie (la partie ouest de la Valachie)30.
25
Selon P.P. Panaitescu, op. cit., p. 45, il s’agirait des plaintes des marchands
„grecs” à l’encontre des marchands de Kiproveč, sans pour autant y apporter des
arguments.
26
P.P. Panaitescu, op. cit., p. 46; K. Telbizov, op. cit., p. 69.
27
Sans savoir qu’il y ait un lien quelconque avec les marchands bulgares,
rappelons quand même le cas des „capitaines de Serbes” (căpitani de sârbi), mentionnés
dans les documents valaques depuis le règne de Matei Basarab: Vucina est mentionné en
1632 (il deviendra membre du Conseil princier en tant que grand échanson) et Tanase en
1649 (DRH, B, XXIII (1630-1632), éd. Damaschin Mioc, Bucureşti, 1969, no. 93,
p. 166-168; XXXIV (1649), éds. Violeta Barbu, Gh. Lazăr, Oana Rizescu, Bucureşti,
2002, no, 101, p. 84-85).
28
P.P. Panaitescu, op. cit., p. 46; K. Telbizov, op. cit., p. 69-70.
29
K. Telbizov, op. cit., p. 68.
30
Constantin Velichi, România şi renaşterea bulgară, Bucureşti, 1980, p. 36-
37; Margarita Kuyumdzhieva, op. cit., p. 156.
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 113
36
Rappelons qu’en 1705, suite à la plainte du patriarche de Jérusalem Dosithée,
l’évêque Ilarion de Râmnic a été accusé pour trop „d’indulgence accordée aux fidèles du
pape” (îngăduinţă faţă de închinătorii papei) qui résidaient dans la ville mentionnée
(référence y est faite à la puissante communauté de marchands chiproviceni) (Alexandru
Elian, Legăturile Mitropoliei Ungrovlahiei cu Patriarhia de Constantinopol şi cu
celelalte Biserici de la întemeiere până la 1800, dans „Biserica Ortodoxă Română”,
LXXVII, 1959, no. 9-10, p. 929; Violeta Barbu, Miniatura brâncovenească. Manuscrise
ilustrate şi ornamentate, Bucureşti, 2000, p. 38-39.
37
Gh. Lazăr, Documente negustori, II, 1689-1714, Iaşi, 2014, no. 33, p. 44-45.
38
DRH, B, XXIV (1633-1634), éds. Damaschin Mioc, Saşa Caracaş,
Constantin Bălan, Bucureşti, 1974, no. 78, p. 105-106; XXV (1635-1636), éds.
Damaschin Mioc, Maria Bălan, Ruxandra Cămărăşescu, Coralia Fotino, Bucureşti, 1985,
no. 125, p. 137.
39
Tezaur medieval vâlcean. Catalogul documentelor de la Arhivele Statului din
Râmnicu Vâlcea. 1388-1715, I, éds. Corneliu Tamaş, Ion Soare, Carmen Andreescu,
Bucureşti, 1983, no. 1047, p. 318.
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 115
40
Gh. Lazăr, Documente negustori, I, no. 60, p. 67-68; Grina-Mihalela
Rafailă, Actele domniei lui Gheorghe Ghica aflate în colecţia de „Documente” a
Muzeului Municipiului Bucureşti, dans „Bucureşti. Materiale de istorie si muzeografie”,
XXIII, 2009, no. 1, p. 161-162.
41
ANIC, M-rea Bistriţa, XXVII/6, XXVII/7.
42
Gheorghe Dumitraşcu, Corneliu Tamaş (éds.), Râmnicul medieval. Studiu şi
documente, Râmnicu Vâlcea, 1995, no. 218, p. 96.
43
Şt. Andreescu, Contribuţii la istoricul bisericilor Scaune şi Săpunari din
Bucureşti, dans „Glasul Bisericii”, XXIII, 1964, no. 1-2, p. 105-119; N. Stoicescu,
Repertoriul bibliografic al monumentelor feudale din Bucureşti, Bucureşti, 1961, p. 268-
269; la dernière édition de l’inscription votive, datée de 8 septembre 1705, dans
Inscripţiile medievale ale României, I, Oraşul Bucureşti, I, éds. Al. Elian (coord.),
Constantin Bălan, Haralambie Chirca, Olimpia Diaconescu, Bucureşti, 1965, no. 356,
p. 363-364; Margarita Kuyumdzhieva, op. cit., p. 163-164 (avec une riche incursion dans
l’historiographie bulgare).
44
La lettre d’un certain Voico palatin (vornic), adressée au trésorier (vistier)
Constantin le 15 mars 1679, mentionne le nom de messire (jupân) Stavro, qui allait
recevoir l’argent récolté dans le département de Dâmboviţa pour le compte du kharatch
(bir) dû par le pays à la Porte (G. Potra, Tezaur documentar al judeţului Dâmboviţa,
Musée Municipal de Dâmboviţa, 1972, no. 593, p. 415-416). À ce stade de la recherche,
nous pouvons avancer que ce marchand Stavros était différent du prévôt (staroste)
homonyme qui, quelques années plus tard, en compagnie d’autres marchands, jugeait
116 Gheorghe Lazăr
une affaire patrimoniale qui opposait deux frères (ANIC, Mănăstirea Radu Vodă,
XLII/55). Le prévôt Stavros est connu pour avoir été en étroites relations avec le prince
Constantin Brâncoveanu, qui, d’ailleurs, l’avait désigné comme épitrope pour sa vaste
fortune (Gh. Lazăr, Documente privitoare la negustorii Pepano şi la ctitoria lor de la
Codreni „pe Mostoşte” (II), dans „Studii şi Materiale de Istorie Medie”, XIX, 2001, no.
12, p. 269. Conformément aux sources italiennes, le prévôt serait le fils d’un marchand
originaire de Ioannina, appelé Stati (Eustathios) (Cr. Luca, Ţările române şi Veneţia în
secolul al XVII-lea. Din relaţiile politico-diplomatice, comerciale şi culturale ale Ţării
Româneşti şi ale Moldovei cu Serenissima, Bucureşti, 2007, p. 316.
45
Gh. Lazăr, Negustori mecena în Ţara Românească (secolul al XVIII-lea),
dans „Studii şi Materiale de Istorie Medie”, XXIII, 2005, p. 159-168.
46
Jean Favier, De l’or et des épices. Naissance de l’homme d’affaire au Moyen
Âge, [Paris], Fayard, 1987, p. 398.
47
En ce sens, rappelons le cas du marchand Dumitru Ochea/Ochiut, originaire
de la ville de Nicopolis qui, arrivé à sa mort, a fait don de 100 ughi au Saint-Sépulcre de
Jérusalem, somme assez importante pour l’époque (DRH, B, XXXV (1650), no. 293,
p. 310-313). Les documents consultés laissent entendre que Dumitru Ochea eut pour
associé commercial (au fost amândoi soţie la ocnă) le marchand Vasile Culea, lui aussi
originaire de Nicopolis (DRH, B, XXXVI (1651), no. 105, p. 112-113; no. 141, p. 155-
156). En 1721, Cârstea chiproviceanul, de son côté, avançait la somme de 300 thalers au
serviteur princier Velisarie capitaine, sous condition que ce dernier paye l’impôt dû par
le créditeur au Trésor public (N. Iorga, Studii şi documente cu privire la istoria
românilor, V, Bucureşti, 1903, p. 139). Le créditeur semble être la même personne avec
Cârstea marchand de Tărnovo, mentionné vers 1726 en tant que créditeur de dame Maria
Grecianu (Gh. Lazăr, Cheltuielile de înmormântare a unei jupânese de altădată: cazul
Mariei Greceanu, dans Mircea Ciubotaru, Lucian-Valeriu Lefter (éds.), Mihai Dim.
Sturdza la 80 de ani. Omagiu, Iaşi, 2014, p. 793). Les situations contraires ne manquent
pas, si l’on prend en compte le cas de dame Ruxandra qui, après avoir invoqué son état
de pauvreté, a obtenu de la part du métropolite de Valachie l’approbation de son divorce
de Vlad le Serbe (Constanţa Ghiţulescu, În şalvari şi cu işlic. Biserică, sexualitate,
căsătorie şi divorţ în Ţara Românească a secolului al XVIII-lea, Bucureşti, 2004, p. 368-369).
48
Eudoxiu de Hurmuzaki, Documente privitoare la istoria românilor, VI, 1700-
1750, Bucureşti, 1878, Apendice no. I, p. 615-616. Le document laisse entendre que le
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 117
toute une palette de droits et l’exemptions d’impôts sur une durée de trois
ans. Ce sont tout autant de preuves de la renommée acquise par ces
marchands, ainsi que des importants bénéfices financiers que le fisc
impérial espérait tirer de leurs activités commerciales. L’intérêt montré
par les autorités autrichiennes aux marchands bulgares a augmenté suite à
l’annexion de l’Olténie, après la ratification de la Paix de Pasarowitz
(1718)49; l’événement a marqué une nouvelle étape dans l’évolution de
cette importante communauté marchande. Du fait d’avoir joué un rôle
important dans les projets politiques et économiques de Vienne, elle a
bénéficié d’une attention toute particulière de la part des autorités
autrichiennes, qui ont pris des mesures en vue de mieux organiser et
valoriser les activités de celle-ci50. De leur côté, le 15 octobre 1719, les
représentants de la communauté bulgare adressaient aux autorités
militaires depuis Sibiu un mémoire, en 9 points, pour demander des
garanties pour leurs droits et pour les principes d’organisation et de
fonctionnement de leur communauté51. Certaines de ces revendications
trouveront à nouveau leur réponse dans la patente impériale de 1727, qui
garantissait aux marchands chiproviceni toute une série de privilèges
fiscaux, judiciaires et administratifs. Tout comme dans le cas des
compagnies grecques de Sibiu et Braşov52, le privilège le plus important
statut privilégié dont bénéficiaient les Bulgares avaient été facilement acceptés par les
habitants et les autorités locales; bientôt après l’émision de cet acte, les Bulgares ont
adressé un mémoire aux autorités transylvaines pour demander le respect du contenu de
la charte impériale, alors qu’en août 1702, l’empereur exigeait lui-même qu’on respecte
leurs droits: ibidem, Apendice no. II, IV, p. 616-617, 619).
49
Deux ans auparavant, plus précisément le 12 mars 1716, les chiproviceni se
voyaient octroyer un nouveau chrysobulle de la part du prince Nicolae Mavrocordat
(1714-1716), qui leur garantissait les anciens privilèges (K. Telbizov, op. cit., p. 71).
50
Pour plus de détails, voir Ioan Moga, Politica economică austriacă şi
comerţul Transilvaniei în veacul XVIII, dans „Anuarul Institutului de Istorie Naţională
Cluj”, VII, 1936-1938, p. 86-165; idem, Ştiri despre bulgarii din Ardeal, dans idem,
Scrieri istorice, 1926-1946, éds. Mihail Dan, Aurel Răduţiu, Cluj, 1973, p. 271-277.
51
Mémoire publié dans Hurmuzaki, Documente, VI, p. 337-338; pour une
analyse de ses clauses principales, voir Alexandru Vasilescu, Oltenia sub austriaci,
1716-1739, Bucureşti, 1929, p. 113-114; Şerban Papacostea, Oltenia sub stăpânirea
austriacă (1718-1739), éd. Gh. Lazăr, Bucureşti, 1998, p. 151-152.
52
Olga Cicanci, Companiile greceşti din Transilvania şi comerţul european în
anii 1636-1746, Bucureşti, 1981; Mária Pakucs-Willcocks, The „Greek” merchants in
the Saxon Transylvanian towns in the later Middle Ages and early modern times, dans
„Historical Yearbook”, II, 2005, p. 107-116; Despina Tsourka-Papastathi, Compania
118 Gheorghe Lazăr
comercială greacă din Sibiu, Transilvania, 1636-1848. Organizare şi drept, éd. Olga
Cicanci, Bucureşti, 2016.
53
Cornelia Papacostea-Danielopolu, Le régime privilégié des marchands
bulgares et grecs en Olténie pendant l’occupation autrichienne (1718-1738), dans
„Revue des Études Sud-Est Européennes”, IV, 1966, no. 3-4, p. 475-490; K. Telbizov,
op. cit., p. 71-72; Ş. Papacostea, op. cit., p. 121-124.
54
À cette date, un certain Nicola chiproviceanul entrait dans la possession d’un
domaine à Coşoveni (BAR, Documente istorice, MCDLXXIII/131). Le marchand en
question est mentionné dans les sources valaques depuis 1714 (ibidem,
MCDLXXIII/128), puis en 1722, lorsqu’il vendait, ensemble avec ses trois fils, Matei,
Luca et Iovan, une maison à Craiova (N. Iorga, Studii şi documente, V, no. 82, p. 315;
Meşteşugari şi neguţători din trecutul Craiovei. Documente (1666-1865), éds.
Al. Balintescu, I. Popescu-Cilieni, Bucureşti, 1957, p. 13).
55
N. Iorga, Studii şi documente, I-II, Bucureşti, 1901, no. XLVII, p. 258, 434.
La majorité des marchands bulgares résidaient dans „le cartier des Serbes” (mahalaua
sârbilor), où l’on retrouve dès 1731 „messire Boje, le fils de messire Tudor Bojâ, qui tire
ses racines de la ville de Kiproveč” (jupan Boje, feciorul lui jupan Tudor Bojâ, care se
trage den oraş de la Chiproveţ). De commun effort avec Bălaşa capitaine, il érigeait, sur
l’emplacement d’un édifice en bois plus ancien, une église en pierre, connue du nom de
l’église de Pătru Boje (biserica Pătru Boje) (Dumitru Bălaşa, Contribuţii la istoricul
bisericii „Pătru Boj” (Sf. Mina) din Craiova, dans „Mitropolia Olteniei”, X, 1958,
no. 9-10, p. 661-668).
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 119
65
Par exemple, dans un acte émis le 24 juillet 1819, la Trésorerie publique
mettait au courant tous les membres de la compagnie des chiproviceni du département de
Vâlcea que le prévôt Ioan Popovici, accusé d’avoir provoqué de graves préjudices
financiers au fisc, a été remplacé dans sa fonction par le marchand Constantin Nicolau
(ANIC, Achiziţii Noi, MMDLXXXIV/46).
122 Gheorghe Lazăr
66
V. A. Urechia, Istoria românilor, XI, Bucureşti, 1900, p. 284-285.
67
Constantin Şerban, Companiştii bulgari chiproviceni din Oltenia în ajunul
revoluţiei de la 1821, dans Relaţii româno-bulgare de-a lungul veacurilor, II, Bucureşti,
1984, p. 144-152.
68
Il faut préciser quand même que ce règlement accordait toute une série de
privilèges fiscaux uniquement à ceux qui étaient impliqués dans des activités agricoles,
ce qui a suscité le mécontentement des autres catégories professionnelles des Bulgares.
Suite à cette réaction, en février 1832, les facilités fiscales ont été appliquées – pour une
période de trois ans seulement – aux autres artisans et marchands bulgares, à condition
qu’ils s’inscrivent dans les rangs des corporations sanctionnées par le Règlement
Organique (1831) (Vladimir Diculescu, Bresle, negustori şi meseriaşi în Ţara
Românească (1830-1848), Bucureşti, 1973, p. 38-39).
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 123
69
Voir supra, note 15.
70
Pour tous ces aspects, voir Virgil Cândea, Mărturii româneşti peste hotare,
nouvelle série, I, Albania – Etiopia, éds. Ioana Feodorov, Andrei Pippidi, Andrei
Timotin, Daniel Cain, Bucureşti, 2010, p. 290-291.
71
Voir, plus en détails, Violeta Barbu, Les Arbanassi, p. 206-222; Lidia
Cotovanu, Despre ctitorii „arbănaşi”, p. 665-670; Gergana Georgieva, The Rich in
Eighteenth and Nineteenth Century Arbanasi: Netwoorks of Prosperity, dans Evguenia
Davidova (éd.), Wealth in the Ottoman and post-Ottoman Balkans. A Socio-Economic
History, London-New York, 2016, p. 139-151; Margarita Kuyumdzhieva, op. cit.,
p. 164-167.
72
Lidia Cotovanu, Despre ctitorii „arbănaşi”, p. 674-677, 699-700. Pour ces
privilèges en faveurs des communautés d’arbănaşi, voir aussi Violeta Barbu, Les
Arbanassi, p. 215-216; il faut ajouter à la liste, le chrysobulle émis par Simion Movilă en
faveur de certains arbănaşi de Cernavoda, le 3 mai 1602, en leur confirmant le droit de
possession sur une partie du village de Călineşti (G.D. Florescu, Dan Pleşa, Documente
privind istoria României, B, Ţara Românească. Materiale din arhive particulare, dans
„Studii şi Materiale de Istorie Medie”, V, 1962, p. 602-604. En ce qui concerne les
124 Gheorghe Lazăr
arbănaşi de Călineşti, nous mentionnons que les sources attestées leur implication dans
le commerce dès le dernier quart du XVIe siècle (Violeta Barbu, Les Arbanassi, p. 221,
note 65) et que le phénomène prend de l’ampleur tout au long des XVIIe - XVIIIe siècles.
Par exemple, pendant le règne de Constantin Brâncoveanu, rappelons le cas de Ghica /
Ghioca: en 1712, il vendait, ensemble avec son épouse Neagolea et leur fils Vintilă,
Stănilă et Apostul, un vignoble sur la colline de Călineşti au marchand bien connu à
l’époque Şerban, le fils de Grozea (Documentele epocii brâncoveneşti în colecţiile
Muzeului Municipiului Bucureşti, éd. Grina-Mihaela Rafailă, Bucureşti, 2008, no. 373,
p. 383). Tel est encore le cas de Leca, le fils de Ghioca marchand de Călineşti, ou celui
de Fota, le fils d’un certain Sarul arbănaşul qui, avec l’accord de ses fils Iane, Dima et
Dumitraşco, vendait un vignoble et un terrain de construction sur la colline de Călineşti à
Ianuţă prévôt de marchands de Bucarest (Gh. Lazăr, Documente negustori, II, no. 119,
p. 127-128; no. 198, p. 206). Voir également les chrysobulles émis par la Chancellerie
princière de Constantin Brâncoveanu au sujet du fonctionnement des douanes (rânduiala
vămilor); les arbănaşi y sont mentionnés parmi les personnes astreintes à payer les taxes
douanières (Dinu C. Giurescu, Anatefterul. Condica de porunci a vistieriei lui
Constantin Brâncoveanu, dans „Studii şi Materiale de Istorie Medie”, V, 1962, p. 367-
372, 395-396, 405, 444).
73
BAR, Documente istorice, XCI/116.
74
Acte judiciare, no. 431, p. 477-478. Signalons le fait qu’en 1763, un certain
Zamfirache cămăraş des salines, „ayant pour patrie Arvanitohori” (având ca patrie
Arvanitohori), érigeait, de commun accord avec son épouse Elena, une église, vocable
St-Nicolas, dans le village de Baloteşti, aux alentours de Bucarest (Ioan Muşeţeanu,
Comunicări, dans „Buletinul Comisiunii Monumentelor Istorice”, XXXIII, 1940, fasc.
106, p. 44. Ensuite, on retrouve dans l’obituaire du monastère de Câmpulung le nom de
„messire Vasile d’Arvanitochori” (chir Vasilie arvanitohoritu) (BAR, ms. rom. 3722, f. 27v).
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 125
enfuis, avec preuves à l’appui (câţi vor fi morţi şi fugiţi […] însă cu bună
dovadă) et en y ajoutant les nouveaux recrus (câţi să vor mai adăoga).
Sans surprise, les clauses les plus importantes sont de nature
fiscale; à part les impôts sur les boutiques dans lesquels ils déployaient
leurs activités, „selon la coutume du pays” (după obiceiul pământului),
chaque membre de la compagnie (din cap în cap) était astreint à acquitter
la taxe annuelle de 45 thalers, en trois étapes, „comme dans le cas des
impôts subis par d’autres compagnies”» (precum să urmează dăjdiile şi
celorlaţi cumpănaşi). Au cas où certains membres de la compagnie
n’arrivaient pas à acquitter cet impôt individuel en totalité ou
partiellement, il était prévue que la somme restante soit couverte par les
autres marchands, „de manière proportionnelle aux moyens et au pouvoir
de chacun d’entre eux” (cisluită între dânşii după starea şi puterea ce vor
avea). Tous les autres auxiliaires – serviteurs et apprentis –, employés par
les marchands dans leurs boutiques, étaient eux aussi exemptés de l’impôt
ci-dessus, à condition de n’être pas mariés; cette clause était appliquée
également aux étrangers qui allaient être reçus au sein de la compagnie en
tant que nouveaux membres (vor voi ai priimi între dânşii la companie).
L’acte qui nous préoccupe ici stipule que 25 membres seulement étaient
exemptes de la taxe annuelle, „en vue d’aider les pauvres et les faibles de
la compagnie” (spre ajutiorul celor săraci şi neputincioşi ai companiei
lor). Néanmoins, pour éviter toute évasion fiscale en cachant des noms
(spre a nu să putea îndrăzni a tăinui mai multe nume), les bénéficiaires de
l’exemption en question allaient être enregistrés dans le Registre de la
Trésorerie publique, puis chacun allait recevoir „une feuille sigillée”
(foaie pecetluită) de la part de cette institution. Afin de protéger et
faciliter les activités des membres de la compagnie, le chrysobulle
princier prévoyait exempter celle-ci d’autres taxes à l’avenir, même dans
la situation où les autres compagnies allaient être soumises à des taxes
supplémentaires (va ieşi pe alte companii vreo havalea sau vreo altă
dare). Dans le même but, la compagnie était mise sous l’autorité directe
du grand trésorier, en écartant de cette manière toute possibilité
d’immixtion dans ses affaires des autres dignitaires princiers. Enfin, il y
est stipulé qu’on pouvait recevoir au sein de la compagnie „d’autres
étrangers semblables à eux” (şi alţi streini aseminea lor), à condition de
les déclarer (arătaţi) auprès de la Trésorerie publique, pour qu’on mène
l’enquête en détail à leur propos (cercetare cu amăruntul). Si l’enquête
montrait que les nouveaux recrus n’avaient pas d’autres obligations
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 127
78
BAR, Documente istorice, LXIX/100, document publié ici même; voir infra,
Annexe.
79
Anca Dobre, Felicia Lebădă, Rolul fraţilor Gheorghiev în comerţul franco-
englez al Ţărilor române, dans „Hrisovul”, nouvelle série, II, 1996, p. 211-215.
80
Ivaylo Naydenov, The merchant network of the Puliev Family in the first half
of the 19 century, dans „Études Balkaniques”, LII, 2016, no. 2, p. 265-281.
th
81
C. Velichi, La contribution de l’émigration bulgare de Valachie à la
renaissance politique et culturelle du people bulgare (1762-1850), Bucarest, 1970;
D. Kosev, V. Paskaleva, Vl. Diculescu, Despre situaţia şi activitatea economică a
imigraţiei bulgare în Muntenia şi Oltenia în secolul al XIX-lea (până la războiul ruso-
turc din 1877-1878), dans Relaţii româno-bulgare de-a lungul veacurilor (sec. XII-XIX),
I, Bucureşti, 1971, p. 283-368. Pour l’implication de l’élément marchand dans le
mouvement de libération nationale bulgare, voir également Evguenia Davidova, Balkan
transitions to modernity and Nation-States. Through the Eyes of three generations of
merchants (1780s-1890s), Leiden-Boston, 2013.
82
Voir supra, note 68.
83
Vl. Diculescu, op. cit., p. 37-58.
128 Gheorghe Lazăr
Pour conclure, il faut dire que quelques soient les motifs qui ont
poussé les ressortissants chrétiens des régions actuellement bulgares à
émigrer vers le Nord du Danube – la répression des autorités ottomanes et
l’état l’insécurité, la recherche de conditions économiques avantageuses
pour la pratique du négoce, le recrutement pratiqué par les princes
valaques en échange d’exemptions fiscales, etc. –, les marchands
bulgares, ont constitué, à côté des autres allogènes (aroumains, arbănaşi,
grecs, juifs, arméniens) une communauté très active dans le paysage
économique de la Valachie; les nombreux privilèges reçus de la part des
souverains valaques en apportent la preuve. Malheureusement, face au
caractère lacunaire et parcimonieux des informations offertes par les
sources disponibles, notre analyse sur les marchands bulgares n’a touché
que de manière indirecte aux problèmes liés à la vie de famille,
l’attachement des migrants par rapport à leurs lieux d’origine84, la
solidarité familiale85, la constitution des réseaux et des stratégies de
développement. Espérons que des nouvelles recherches, appuyées sur le
dépouillement des archives, apporterons des informations concluantes au
sujet d’une partie du moins des aspects touchés par notre analyse.
84
Pour les actes de „patriotisme” manifestés par les autres ressortissants
balkaniques installés dans les Principautés danubiennes, voir, plus récemment,
Gh. Lazăr, Negustori mecena, p. 164-167; idem, Negustori din Ţara Românească şi
Locurile Sfinte (secolul XVII - începutul secolului al XIX-lea, dans P. Zahariuc (éd.),
Contribuţii privitoare la istoria relaţiilor dintre Ţările Române şi Bisericile Răsăritene
în secolele XIV-XIX, Iaşi, 2009, p. 59-74; Lidia Cotovanu, Le diocèse de Dryinoupolis et
ses bienfaiteurs de Valachie et de Moldavie. Solidarités de famille et traits identitaires
multiples (XVIe - XVIIe siècles), dans ibidem, p. 219-360; eadem, „Qu’on prie pour moi
là-bas et ici”. Donation religieuse et patriotisme local dans l’Orient orthodoxe (XVIe -
XVIIe siècles), dans Radu G. Păun (éd.), Histoire, mémoire et dévotion. Regards croisés
sur la construction des identités dans le monde orthodoxe aux époques byzantine et post-
byzantine, Seyssel, 2016, p. 207-255.
85
De ce point de vue, l’exemple le plus éloquent est celui du marchand Cernea
Popovici qui, dans son testament rédigé en 1823, offre des détails uniques sur sa vie, sa
famille et ses activités en Valachie (Gh. Lazăr, Un testament et un récit de vie: le cas du
marchand Cernea Popovici, dans „Études Balkaniques”, XLIX, 2013, no. 3-4, p. 129-154).
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 129
ANNEXE
[Traduction]
1820 avril 28, Bucarest
Ainsi, vu tous ces étrangers qui, à cause des vicissitudes de la vie, ont quitté
leurs demeures ancestrales et, en se mettant à l’ombre de ces lieux, ont bénéficié
de la protection qu’on leur aura montrée, de la même façon, Ma Seigneurie,
ayant affaire à un certain nombre de gens arrivés d’outre-Danube,
d’Arvanitohori, depuis le temps des anciennes colonisations [traduction possible
de împărecheri], et installés à demeure ici, avec leurs familles, et dotés du
chrysobulle du frère, le prince Ioan Caragea voïévode, et qui, d’après les
informations recueillies par Ma Seigneurie, sont des marchands et des gens
honnêtes, qui font leurs affaires à travers le négoce déployé dans ce pays, nous
avons renouvelé et confirmé le chrysobulle qu’ils détenaient, en lui apportant
des compléments, pour plus d’assurance et pour leur tranquillité, et nous
disposons :
1) À la demande de leurs représentants, lorsqu’ils en auront besoin,
qu’ils choisissent un prévôt parmi eux-mêmes, qu’ils auront à le présenter à la
Trésorerie, afin qu’il soit nommé officiellement, sur émission de charte princière
à ce propos.
2) Qu’ils acquittent la taxe annuelle de quarante-cinq thalers par
personne, argent qui, après avoir été récolté par le prévôt, sera versé à la
Trésorerie par l’intermédiaire du calem [bureau; l’administration] des
corporations, quinze thalers par membre au bout de chaque semestre
[tetraminâem], conformément au règlement de la taxation appliquée aux autres
compagnies [cumpănaşi]. Au cas où tous n’auront pas la possibilité d’acquitter
au bout d’un an la somme de quarante-cinq thalers, ils ont la permission de
refaire les calcules entre eux-mêmes, selon la situation et le pouvoir de tout un
chacun, et de verser à la Trésorerie de Ma Seigneurie la somme établie ci-dessus.
Et qu’à la fin de chaque semestre, ledit prévôt, ensemble avec le logothète du
Bureau [des corporations], revoit la liste scellée [des membres] et y supprime
ceux qui seront décédés ou enfuis, sur preuve digne de confiance, et qu’il y
rajoute les nouveaux recrus. De cette manière, qu’on fasse émettre un nouvel
registre [catastih].
3) Étant donnée l’affiliation de cette compagnie à la Trésorerie de Ma
Seigneurie, tout conflit opposant ses membres sera jugé par le grand trésorier et
que nul autre dignitaire ne les importune.
4) Ils ont la permission d’intégrer à leur compagnie d’autres étrangers
comme eux, mais que le prévôt les déclare d’abord auprès de la Trésorerie,
permettant de mener enquête détaillée à leur sujet et prouver qu’il s’agit, en
effet, d’étrangers, non poursuivis pour des délits aucuns. Après les avoir inclus
dans la liste scellée par Ma Seigneurie, le prévôt est tenu à rendre compte des
quarante-cinq thalers annuels dus aussi par ceux-ci.
5) Les serviteurs et les apprentis célibataires employés dans leurs
boutiques seront exemptés des taxes et placés sous la protection des employeurs,
alors que ceux qui sont mariés ou se marieront à l’avenir seront soumis à la
132 Gheorghe Lazăr
Les marchands „bulgares” et leur activité en Valachie 133
taxation. S’il se trouve qu’il y ait des étrangers parmi ceux-ci et qu’ils voudront
les accueillir au sein de leur compagnie, pareillement, ils les déclareront auprès
de la Trésorerie en vue de les faire inclure dans le registre scellé et les faire
acquitter à leur tour quarante-cinq thalers par an. Par contre, les boutiques qu’ils
détiennent seront soumises à tous les impôts, conformément à la coutume du
pays [obiceaiul pământului].
6) En dehors de tout cela, par la grâce de Ma Seigneurie, nous leur avons
accordé le droit de choisir vingt-cinq noms, membres de leur compagnie,
desquels ils ne prélèveront pas d’impôt, mais les auront pour l’aide de la
compagnie, soutenus d’attestations délivrées par la Trésorerie, et les noms de
ceux-ci [i.e. des personnes choisies] seront inclus dans le registre et dans les
actes scellés, mais sans argent, seulement pour les faire connaître et tenir en vue,
afin que nul n’ose cacher d’autres noms derrière cette ordonnance ; [y seront
incluses] uniquement les vingt-cinq [personnes] que Ma Seigneurie leur aura
accordées dans le but d’assurer l’assistance des pauvres est des faibles de leurs
compagnie.
7) De même, lorsque les autres compagnies seront soumises à de
nouvelles obligations ou taxes et contributions, dans ce cas encore qu’ils ne soit
pas importunés.
8) Pour cette ordonnance, émise par la grâce de Ma Seigneurie, qu’ils se
portent garants l’un pour l’autre, avec acte écrit adressé à la Trésorerie de Ma
Seigneurie, en vue de tenir leur engagement.
9) Et pour faire connaître aux serviteurs de l’État [politiei], ainsi qu’à
d’autres dignitaires, qu’ils sont membres de ladite compagnie, conformément au
registre scellé par Ma Seigneurie, qu’on délivre à chacun d’entre eux
l’attestation du prévôt, authentifiée [protocolisită] par le logothète du Bureau
[des corporations] et que le logothète en question prélève pour chaque attestation
quarante-cinq bani à titre de taxe de fonction [avaet86].
Et pour que tout ceci soit inchangé et sans atteinte, Ma Seigneurie l’a
consolidé par le présent chrysobulle princier, authentifié de la signature et du
sceau de Ma Seigneurie.
Écrit en l’an 1820, avril 28, pendant notre troisième règne en Valachie,
dans la cité de résidence de Ma Seigneurie de Bucarest.
Io Alexandru Şuţu voïévode <m.p.>
Grigore Filipescu grand trésorier a lu <m.p.>
86
Avaet (tc. havaet) rémunération des dignitaires tirée des taxes prélevées sur
les services prêtés aux particuliers.
134 Gheorghe Lazăr