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LIVRES PROPHÉTIQUES
prophétie vivante
prophétie vivante
TRANSCRIPTION DYNAMIQUE DES
LIVRES PROPHÉTIQUES
TRANSCRIPTION DYNAMIQUE DES
LIVRES PROPHÉTIQUES
Prophétie vivante communique avec
fraîcheur un message toujours d’actualité.
Sa particularité ? Il rassemble les variantes
de plus de 40 traductions, dans un
prophétie vivante
langage facilement compréhensible, pour
renouveler votre méditation quotidienne.
9,90 €
ISBN 978-2-36249-409-3
9 782362 494093
prophétie vivante
livres prophétiques
Sous la direction
d’Alfred Kuen
prophétie vivante
TRANSCRIPTION DYNAMIQUE DES
LIVRES PROPHÉTIQUES
prophétie vivante
livres prophétiques
Sous la direction
d’Alfred Kuen
Le livre d’Ésaïe………………………………………………………………… 43
Le livre de Jérémie……………………………………………………………151
Les Lamentations de Jérémie……………………………………………………259
Le livre d’Ézéchiel………………………………………………………………275
Le livre de Daniel………………………………………………………………371
Le livre d’Osée…………………………………………………………………407
Le livre de Joël…………………………………………………………………427
Le livre d’Amos…………………………………………………………………439
Le livre d’Abdias………………………………………………………………459
Le livre de Jonas………………………………………………………………467
Le livre de Michée………………………………………………………………479
Le livre de Nahoum……………………………………………………………497
Le livre d’Habaquq……………………………………………………………509
Le livre de Sophonie……………………………………………………………523
Le livre d’Aggée………………………………………………………………535
Le livre de Zacharie……………………………………………………………547
Le livre de Malachie……………………………………………………………575
7
Préface à la
nouvelle édition de 2017
Nous sommes heureux de rendre à nouveau disponible un outil qui, depuis de nombreuses
années, avait disparu des étagères de nos librairies. L’ouvrage que vous tenez entre les mains
est paru pour la première fois en 1987 sous le titre Prophètes pour notre temps, aux éditions
ELB (Belgique).
Prophétie vivante est une nouvelle édition entièrement revue et corrigée. Nous avons,
néanmoins, conservé la belle introduction à l’édition originale dans l’état, rédigée par Alfred
Kuen : « Pourquoi lire les prophètes ». Trente années plus tard, cette introduction aurait bien
nécessité une mise à jour à certains endroits. Nous avons toutefois décidé de l’éditer sans la
modifier, en guise de témoignage du prodigieux parcours de vie de son auteur.
Nous vous souhaitons une lecture riche et bénéfique.
les éditeurs
:::::
9
Introduction à la
première édition de 1987
l’expliquer ? » (Actes 8 : 31). Cependant, c’est le texte lui-même qui touchait mon esprit et
mon cœur, m’amenant parfois au bord des larmes. Car ces écrits nous font découvrir, mieux
que tout autre, le cœur même de Dieu : son indignation devant les infidélités de l’homme,
ses appels passionnés au repentir, sa tendresse pour ses enfants égarés, ses promesses de
pardon et de rétablissement malgré l’indignité présente.
Les livres prophétiques contiennent certains des plus beaux textes de la littérature mon-
diale. Il n’existe aucun parallèle à la description du commerce de Tyr (Éz. 27) ou de l’approche
des armées ennemies (Jér. 4) ou du siège d’une ville (Nah. 2). Le lyrisme de Jérémie qui se
lamente sur la ruine de Jérusalem surpasse celui de tous les poètes antiques, et le tableau
de l’avenir glorieux de l’humanité tel que nous le trouvons en Ésaïe 11 et 65 reste inégalé.
Mais ce sont surtout les textes relatifs au Messie qui sont d’une beauté et d’une précision
incomparables (Ésaïe 7 : 14-15 ; 9 : 5-6 ; 11 : 1-5 ; 42 ; 53 ; Michée 5 : 1-3 ; etc.).
Connaître le contexte
Certains lecteurs se demanderont peut-être si tout cela est bien nécessaire pour lire la
parole de Dieu et en tirer un profit spirituel. Certes, il y a bien des passages dans ces livres
prophétiques qui sont directement accessibles ou transposables sans peine à notre situation.
Lorsque Ésaïe dit : « C’est dans le calme et la confiance que sera votre force » (30 : 15) ou
« Consultez le livre de l’Éternel, et lisez ! » (34 : 16), nous n’avons besoin ni de note ni de
commentaire pour faire notre profit de ces paroles. Cependant, dès que nous les replaçons
11 Introduction
dans leur contexte et que nous lisons les mots qui précèdent ou qui suivent, nous sommes
déroutés. Pourquoi : « Mais vous ne l’avez pas voulu ! Vous avez dit : “Non ! nous prendrons la
course à cheval” » (30 : 16) ? Que sont ces vautours qui se rassembleront et dont aucun ne
fera défaut (34 : 15, 16b) ? D’autres textes restent énigmatiques pour nous : « Malheur à ceux
qui descendent en Égypte pour avoir du secours » (31 : 1). Ce n’est certainement pas notre
intention ! « Malheur à Ariel… la ville sera pour moi comme un Ariel » (29 : 1-2) ?
C’est que tous ces textes, avant d’être rassemblés dans le recueil des Saintes Écritures,
étaient adressés à des hommes et des femmes précis qui se trouvaient dans une situation
bien définie. Pour les comprendre, il nous faut connaître ces circonstances. Alors, bien des
paroles mystérieuses s’éclaireront. Les Israélites se rendaient en Égypte pour quémander
l’alliance du pharaon afin de lutter contre l’Assyrie. Ils l’ont fait parce qu’ils n’avaient pas
confiance en Dieu, qu’ils n’ont « pas voulu » (30 : 16) garder leur calme devant la menace
assyrienne. En Égypte, ils espéraient trouver des chevaux de combat leur permettant de
lutter avec leurs propres forces contre l’ennemi. La suite de l’histoire montre le bien-fondé
des avertissements du prophète. Dans la parole de 29 : 1-2, Ésaïe joue sur les deux sens du
mot Ariel : « lion de Dieu » et « autel ». Ce nom était, de plus, appliqué à Jérusalem par ses
habitants. Ils s’estimaient bien à l’abri dans leur ville, protégés par ses remparts comme un
lion par sa force. Mais Dieu leur annonce que s’ils persistent dans leur désobéissance, il
transformera leur ville en autel où s’entasseront les victimes.
Par transposition des différents éléments de la situation d’alors à la nôtre, nous pouvons
tirer de ces versets un enseignement précieux : si nous sommes pressés par un ennemi ou
une circonstance angoissante, notre force sera dans notre confiance en Dieu, non dans le
recours aux moyens humains que nous fournirait « le monde », c.-à-d. les hommes qui vivent
loin de Dieu. Si Dieu est contre nous, nos remparts ne nous serviront à rien.
a Cité par M. Griffith dans G. Howley, F. F. Bruce, H. Ellison, A Bible commentary for today, London : Pickering
and Inglis, 1979, p. 975.
13 Introduction
Un vocabulaire unifié
Pour ne pas aggraver la confusion qui règne entre les différentes versions au sujet de
l’orthographe des noms propres, nous avons adopté celle de la Bible à la Colombe. Pour les
notes, nous avons essayé de nous limiter à des remarques explicatives permettant de mieux
comprendre le texte sans entrer dans le détail des différentes possibilités de traduction ou
d’interprétation comme le ferait un commentaire. Nous nous sommes inspirés des notes figu-
rant dans un certain nombre de Bibles (Colombe, TOB, Pléiade, Maredsous, Français courant,
Bible annotée, etc.) en renonçant à toutes celles qui avaient un caractère trop technique.
Actuellement, le lecteur de langue française qui voudrait approfondir l’étude des prophètes
dispose de plusieurs outils précieux : le Nouveau Commentaire Biblique et la réédition de La
Bible annotée et de Trésors des prophètes de P. de Benoit (Éd. Emmaüs), sans compter les
commentaires plus détaillés sur quelques livres prophétiques (Amos, Daniel).
œuvre » (2 Tim. 3 : 16-17, Parole vivante). Dans ce programme de formation divin, les écrits
des prophètes tiennent une place importante : « Leur compréhension est indispensable
pour saisir le sens complet du Nouveau Testament. […] Une foi fondée sur les desseins
de Dieu, tels qu’ils nous sont révélés par les prophètes, sera solide parce que basée sur
un fondement inébranlable » (G. Howleya).
C’est pourquoi nous conclurons avec P. de Benoit : « Lisez les prophètes : vous serez
abondamment récompensés. Votre vie sera enrichie, votre sentier s’illuminera. Leurs aver-
tissements, leurs exhortations sont encore de saison. Votre foi sera fortifiée en constatant
combien de leurs prédictions se sont déjà accomplies. Les autres, celles qui attendent encore
leur accomplissement, éclairent l’avenir et nous aident à comprendre les grands desseins du
Dieu vivant. Lisez-les attentivement et avec suite. Lisez-les en priantb ».
a Ibid., p. 128.
b Pierre de Benoît, Trésor des prophètes, Saint-Légier (Suisse) : Perle, 1984, préface.
c Louis Monloubou, Introduction critique à l’Ancien Testament, vol. 2, Paris : Desclée, 1973, p. 355.
15 Table des
Introduction
matières
« hommes de Dieu » (1 Rois 13 : 1) vivant dans une relation constante avec lui. Ils ont été
appelés par lui, souvent dans des circonstances particulières (Ésaïe 6 ; Jér. 1 : 4-9 ; Éz. 1 : 1
à 3 : 21), à transmettre le message qu’il leur a communiqué de bien des manières : par des
visions ou par l’illumination de leur intelligence. C’est pourquoi ils sont aussi appelés parfois
des « voyants » (1 Sam. 9 : 9 ; 1 Chr. 9 : 22 ; Ésaïe 30 : 10). Ils sont les « sentinelles » de Dieu
(Hab. 2 : 1 ; Ésaïe 21 : 8 ; Jér. 6 : 17), chargés de scruter l’avenir et d’avertir le peuple dont ils
sont aussi les gardiens et les bergers (Zach. 10 : 2-3 ; 11 : 3, 16-17 ; Éz. 34 : 2).
Une grande partie de leur message est centrée sur l’avenir, parce qu’ils disent ce qui
arrivera – ou risque d’arriver – si le peuple ne se repent pas. Et de ce fait, il concerne déjà le
présent. Leurs prédictions servent avant tout à stimuler la volonté de leurs auditeurs en vue
de produire en eux un changement de vie. La plupart des prophéties sont conditionnelles.
Lorsque Jonas proclame : « Dans 40 jours, Ninive sera détruite », l’accomplissement de cette
menace était subordonné à la réaction des Ninivites. En fait, ils se sont repentis… et Dieu
n’a pas détruit Ninive. À plus forte raison aurait-il révoqué les châtiments prédits à Israël et
à Juda si ces peuples avaient changé de conduite.
Les prophètes sont donc avant tout des hommes d’action, travaillant avec Dieu à la réali-
sation de son dessein parmi les hommes, dans la vie religieuse, morale, sociale et politique.
La différence essentielle entre Israël et toutes les autres nations se résume à cela : « Ce
n’est pas la terre qui est là pour lui ; c’est lui qui est là pour toute la terre ». Or, dans ce peuple à
part, les prophètes jouent un rôle capital : « Ce qu’est Israël parmi les peuples, les prophètes le
sont, à une plus haute puissance, au sein d’Israël lui-même ». « De Samuel jusqu’à Malachie,
les prophètes véritables n’ont eu en vue que la gloire de Dieu », jamais la leur ni « celle du
peuple à l’exclusion de celle de Dieu. Aucun pouvoir humain, aucun attrait, aucune crainte ne
les a fait dévier de cette droite ligne ». Souvent, ils intervenaient sans être consultés, dans les
assemblées religieuses ou sur les places publiques, flétrissant les péchés du peuple et des
grands. Aux rois despotes, aux prêtres fonctionnarisés, au peuple idolâtre, ils ont parlé sans
timidité et sans concession. Ce n’est pas sans raison qu’on les a appelés « les plus grands
caractères de l’humanité ».
Ce particularisme donne à réfléchir : « Si l’apparition du prophétisme israélite est unique
dans l’histoire du monde, si la vie des peuples païens ne présente rien qui en approche, c’est
qu’il n’y a aussi qu’une seule œuvre de salut accomplie par Dieu en faveur de l’humanité
déchue et que les prophètes en sont les agents élusa ».
On distingue dans les livres prophétiques quatre grands et douze petits prophètes. Cette
distinction purement formelle se rapporte uniquement au volume des écrits. On peut aussi
les classer par ordre chronologique suivant leur position par rapport à l’exil : quatre d’entre
eux ont vécu après la captivité babylonienne (Daniel, Agée, Zacharie, Malachie), tous les
autres ont prophétisé avant l’exil : sept avant la chute d’Israël (Abdias, Joël, Amos, Osée,
Ésaïe, Michée), cinq avant celle de Juda (Nahoum, Sophonie, Habaquq, Jérémie, Ézéchiel).
Certains d’entre ces derniers (Jérémie, Ézéchiel) ont vécu la prise de Jérusalem et ont pu
continuer leur ministère parmi les déportés ou les rescapés.
On pourrait aussi classer les prophètes d’après la destination de leur message : Amos,
Osée et en partie Michée ont parlé pour Israël, Jonas et Nahoum ont prophétisé au sujet
de Ninive, Abdias au sujet d’Édom, Daniel s’est adressé à Babylone. Tous les autres ont
exercé leur ministère parmi le peuple de Juda.
Parmi ces hommes de Dieu, nous trouvons une très grande diversité d’origine, de voca-
tion et de condition : Amos était un berger au langage rude et pittoresque (Amos 7 : 14 ;
2 : 13 ; 3 : 4-6), Daniel, un ministre d’État élevé à la cour de Babylone (Dan. 1 : 4-7 ; 2 : 48-49 ;
6 : 28), Ézéchiel et Zacharie étaient prêtres, Ésaïe, archiviste royal. Leurs messages portent
l’empreinte de leur éducation, de leur tempérament et de leur situation. Rien de commun
entre le style vif et percutant d’un Amos ou d’un Ésaïe et la poésie mélancolique d’Osée ou
de Jérémie, ou encore la psalmodie de l’artiste Habaquq. Rien, sauf leur amour pour Dieu
et pour leur peuple.
« Dans l’inspiration divine, l’écrivain sacré ressemble, non à un canal où passerait un
courant indifférent à la nature du conduit qui le véhicule, mais bien plutôt à un instrument à
vent, flûte, cor ou trompette donnant son timbre propre à la mélodie. […] Le ton et la force
de la voix diffèrent selon l’individu qui sert d’instrument. Mais le chœur entier forme une
merveilleuse harmonie, car le compositeur est le mêmea ».
1. Le cadre géographique
Tous les textes des prophètes contiennent de nombreuses allusions à des localités ou
des pays d’alors. Le plus souvent, les noms de lieux ont changé au cours des siècles (Javan :
la Grèce ; Poul et Loud : la Somalie et l’Éthiopie). Il peut être intéressant de vérifier sur une
carte où se trouvent les endroits cités pour se rendre compte, par exemple, de la proximité
du danger et de la progression des armées ennemies. Les Syriens étaient à une journée de
marche des tribus du nord, Babylone, par contre, était à plus de 1 000 km de Jérusalem,
l’Égypte à quelque 500 km. Les notes indiqueront si possible où se trouvent les lieux cités et
donneront les précisions géographiques nécessaires à la compréhension du texte (conditions
climatiques, régime des pluies, fertilité du sol, ressources naturelles, origine des produits
cités, importance des villes, etc.). Certaines expressions demandent à être expliquées pour
éviter des contresens : lorsqu’il est question des eaux de la mer en Égypte, il s’agit de celles
du Nil qui couvrent le pays comme une mer à l’époque de l’inondation (Ésaïe 19, note) ;
lorsqu’il est question du Fleuve, c’est une allusion à l’Euphrate. Selon le nom des vents, il
s’agit d’une menace ou d’une bénédiction. Certaines images font allusion à la nature du sol
(volcanique, stérile, marécageux, désertique, etc.). Toutes ces précisions sont utiles pour bien
comprendre le texte.
2. La situation religieuse
Depuis Salomon, la vie religieuse d’Israël était concentrée sur le temple de Jérusalem.
Cependant, les cultes locaux ne disparurent pas complètement. Même des rois pieux
comme Asa, Ozias et Yotam laissèrent subsister les « hauts-lieux » (1 Rois 15 : 14 ; 2 Rois
15 : 3, 4, 34) : « Le peuple offrait encore des sacrifices et des parfums sur les hauts-lieux »
(v. 35). Pour empêcher les membres des dix tribus de se rendre au temple de Jérusalem,
Jéroboam établit des sanctuaires royaux à Dan et à Béthel et institua un corps de prêtres
pris parmi les gens du peuple (1 Rois 12 : 26-32), ce qui était contraire aux ordres de Dieu
(Deut. 12 : 11-14 ; Amos 5 : 4-5).
Les prophètes se sont élevés de toutes leurs forces contre ces cultes des hauts-lieux
(1 Rois 13 : 1-2 ; Jér. 7 : 31 ; 17 : 3 ; Éz. 6 : 3 ; Osée 10 : 8 ; Amos 7 : 9) qui étaient souvent
de simples survivances des cultes idolâtres pratiqués dans les sanctuaires cananéens
que les Israélites n’avaient pas détruits lors de leur entrée en Canaan (Nombres 33 : 52 ;
Deutéronome 33 : 29). Généralement, ces cultes étaient accompagnés de prostitution sacrée
(Osée 4 : 11-14) et l’immoralité régnait déjà au cours du pèlerinage vers les sanctuaires (Jér.
3 : 2 ; cf. 1 Chr. 21 : 11). C’était surtout le culte d’Astarté (ou Achéra), déesse de la fécondité,
qui était marqué par des scènes de débauche censées honorer et favoriser les forces géné-
ratrices de la nature (Juges 2 : 13 ; 10 : 6 ; 1 Rois 11 : 5, 33 ; 2 Rois 23 : 13). Au temps de
Jérémie, des femmes juives cuisaient des gâteaux portant l’effigie de la « reine du ciel » (Jér.
7 : 18 ; 14 : 19 ; cf. Osée 3 : 1).
Le dieu Baal (« maître, seigneur »), dieu suprême des Cananéens, et le dieu Molok (« roi » ;
appelé aussi Milcom ou Malcom ; cf. 2 Rois 11 : 5, 33 ; Jér. 32 : 35) gardaient des fidèles
attachés à leurs cultes (2 Rois 17 : 17 ; 1 Chr. 28 : 3 ; 33 : 6), bien qu’ils fussent défendus
sous peine de mort en Israël (Lév. 18 : 21 ; 20 : 1-5). Molok réclamait des sacrifices d’enfants
Prophétie vivante 20
3. Le contexte social
L’établissement de la royauté avait amené une profonde transformation dans la vie sociale
des Hébreux : les impôts accrus, les corvées, les guerres ont amené un appauvrissement
de la masse du peuple. Il suffisait d’une mauvaise récolte ou d’une épidémie dans le bétail
pour obliger le cultivateur à emprunter de l’argent pour survivre. Les tributs exigés par les
souverains étrangers retombaient avec les taxes royales sur le petit peuple obligé bien sou-
vent de mettre ses biens en gage. D’habiles spéculateurs profitaient de cette situation pour
s’enrichir. Ils achetaient des terres à bas prix, prêtaient à des taux usuraires en s’assurant les
champs, parfois même les enfants ou la femme du débiteur comme gages. S’il ne pouvait pas
rembourser sa dette, sa terre venait grossir le patrimoine du profiteur, sa famille ou lui-même
devenaient les esclaves du créancier.
Ainsi se sont peu à peu constituées deux classes nettement séparées et hostiles : les
pauvres, exploités et opprimés, et les riches qui vivaient dans une opulence insolente, imitant
le luxe des étrangers avec lesquels ils commerçaient. Les dispositions de l’année sabbatique
et de l’année jubilaire destinées à parer à cette inégalité persistante (Lév. 25 : 10-54 ; Deut.
15 : 1-18 ; 31 : 10) n’étaient plus respectées, pas plus que l’interdiction de prêter de l’argent à
un compatriote contre un intérêt (Exode 22 : 24 ; Deut. 23 : 20).
Les riches ou leurs amis détenaient aussi le pouvoir judiciaire. Lorsque le pauvre voulait
se défendre, sa cause était perdue d’avance. Ces injustices nous expliquent la violence des
attaques lancées par certains prophètes contre les riches (Ésaïe 5 : 8-10 ; Amos 3 : 9-10 ;
Michée 2 : 2-5), contre leur goût du luxe et leur mépris des pauvres (Ésaïe 3 : 14-26 ;
21 Table des
Introduction
matières
Amos 4 : 1-3 ; 5 : 11-13 ; 6 : 4-7 ; Michée 6 : 12 ; 7 : 3). Ces paroles n’ont rien perdu de
leur actualité.
4. Le contexte culturel
La culture d’un peuple comprend l’ensemble de ses traditions ethniques, artistiques et
littéraires, ses lois, ses mœurs et ses coutumes transmises de génération en génération. Les
écrits bibliques sont imprégnés d’allusions à ces éléments culturels, profondément incarnés
dans la vie du peuple. La plupart de ces allusions ont besoin d’être expliquées. Nous vivons
dans une civilisation si différente ! La loi donnée par Moïse est le fondement de la vie d’Israël,
elle régissait tous les aspects de la vie quotidienne. Celui qui connaît bien les cinq livres de
Moise aura déjà une clé pour accéder à la compréhension de bien des passages. Dans ces
cas, il suffira souvent d’une référence biblique pour éclairer l’allusion. Par exemple, la phrase
d’Amos 2 : 8 : « festoyer sur des habits reçus en gage » est aisément comprise lorsqu’on sait
que la loi interdisait de se servir d’un objet reçu en gage ou de le garder après le coucher du
soleil (Exode 22 : 25-26 ; Deut. 24 : 10-13).
D’autres détails trouvent leur explication dans les coutumes de l’époque : les maisons
étaient construites en argile (Job 4 : 19), en briques (Ésaïe 9 : 9) ou en pierres (1 Rois 7 : 9).
Comme les rois, les riches avaient des résidences d’été et d’autres pour l’hiver (Jér. 22 : 14 ;
Amos 3 : 15). Ces dernières étaient chauffées par des sortes de braseros (Jér. 36 : 22). Tous
les jours, on moulait le grain (Jér. 25 : 10) et l’on cuisait le pain sur ses deux côtés (Ésaïe
44 : 15). Dans les villes, les boulangers, regroupés par rues (Jér. 37 : 21), faisaient le pain
dans de grands fours (Jér. 37 : 21 ; Osée 7 : 4). Les profiteurs, enrichis par le malheur des
autres, vivaient dans le luxe, festoyant sur des lits incrustés d’ivoire aux sons de la harpe et
des tambourins (Amos 6 : 4s ; Ésaïe 5 : 8-14). Eux et leurs femmes mettaient beaucoup de
soin à leur toilette et leur coiffure (Ésaïe 3 : 16-24), à leurs chaussures en cuir fin (Éz. 16 : 10)
ornées de clochettes qui rythmaient leurs pas (Ésaïe 3 : 16-17).
L’idolâtrie est souvent comparée par les prophètes à la prostitution, d’une part parce que
c’est un abandon du « mari légitime » d’Israël, c.-à-d. de l’Éternel, d’autre part, parce que le
culte des idoles, surtout celui de Baal et d’Astarté, était souvent accompagné de prostitution
« sacrée » (Michée 1 : 7 ; Osée 4 : 12-14).
Beaucoup de gestes conventionnels traduisent des pensées ou des sentiments parfois
différents des nôtres : se frapper la poitrine est un signe de contrition (Ésaïe 22 : 12 ; Nahoum
2 : 8), se couvrir la barbe ou la moustache, un geste exprimant la honte ou la tristesse (Éz.
24 : 17, 22 ; Michée 3 : 7), prendre le sac, c.-à-d. se couvrir d’étoffes grossières, se raser
la tête étaient des marques de deuil ou de consternation (Amos 8 : 10), siffler ou agiter les
mains étaient des gestes de moquerie, d’étonnement ou d’horreur (Jér. 19 : 8 ; 50 : 13 ; Lam.
2 : 15 ; Soph. 2 : 15).
Beaucoup d’expressions se rapportent à l’art militaire antique : les « terrasses » étaient
des amoncellements de terre contre les remparts afin de pouvoir donner l’assaut à la ville
assiégée (Éz. 26 : 8 ; Hab. 1 : 10), les « béliers », des instruments pour enfoncer les portes
des villes, la « tortue » était l’avance de l’infanterie contre l’ennemi sous la protection des
boucliers tenus bord à bord au-dessus des têtes. Après la bataille, le butin était tiré au sort
Prophétie vivante 22
entre les vainqueurs (Ésaïe 34 : 17 ; Joël 4 : 3 ; Nahoum 3 : 10 ; Abdias 11), le filet enfermait
les prisonniers (Éz. 32 : 3 ; Osée 7 : 12 ; Hab. 1 : 15).
Le langage, avec ses idiotismes et ses particularités, fait aussi partie de la culture d’un
peuple. Nous trouvons dans les livres prophétiques un certain nombre d’expressions prover-
biales : « habiter sous sa vigne et sous son figuier » est un indice de paix, de prospérité et de
sécurité (Amos 9 : 14 ; Michée 4 : 4) ; « élargir l’espace de sa tente » (Ésaïe 54 : 2) est signe
d’agrandissement de la famille ; « sucer le lait des nations » signifie profiter de ce qu’elles ont
de meilleur (Ésaïe 60 : 16) et « la racine des montagnes » désigne le fond de la mer (Jonas
2 : 7). Tarsis (Jonas 1 : 3 ; Jér. 10 : 9 ; Ésaïe 23 : 6 ; 66 : 19) a parfois le même sens que pour
nous que « le bout du monde ». Pour comprendre le dicton « comme des moissonneurs en
été » (Michée 7 : 1), il faut se rappeler qu’en Palestine, la moisson est terminée à la Pentecôte.
En été, il n’y a donc plus rien à moissonner.
Les notes essaieront d’expliquer ces différentes allusions et de les mettre à jour.
5. Le contexte politique
La vie quotidienne des Hébreux était influencée à la fois par la politique interne, par les
relations avec l’état voisin (Israël ou Juda), avec les autres peuples environnants et avec
les grandes puissances dont la volonté d’hégémonie dominait tout le destin des nations du
Croissant fertile.
Politique intérieure
Depuis le règne de Roboam, le fils de Salomon, le peuple hébreu était divisé en deux
royaumes : celui d’Israël au nord et celui de Juda au sud. Le royaume du nord comprenait
10 tribus. La principale d’entre elles était Éphraïm (l’un des fils de Joseph). C’est pourquoi
les prophètes désignent parfois tout le royaume par le nom d’Éphraïm ou de Samarie, sa
capitale. Il fut plus puissant que le royaume du sud composé seulement des tribus de Juda
et de Benjamin, mais l’autorité y avait moins de stabilité : en deux siècles, neuf dynasties
se sont succédé alors qu’en Juda on resta fidèle à celle de David (avec une seule éclipse :
l’interrègne d’Athalie : 2 Rois 11).
Dans chacun des deux royaumes, il y eut de bons et de mauvais rois. Les livres des Rois
et des Chroniques nous livrent pour chacun d’eux le verdict final : « Il fit ce qui est bon – ou ce
qui est mal – aux yeux de l’Éternel ». Ce jugement est avant tout motivé par l’attitude du roi
à l’égard de la religion. Par exemple, les bons rois respectèrent les prescriptions établies par
Moïse, luttèrent contre les cultes des hauts-lieux, favorisèrent le clergé lévitique. En revanche,
les mauvais rois firent des alliances avec les peuples étrangers, alliances qui entraînèrent
automatiquement l’adoption de leurs divinités et l’introduction des cultes idolâtres dans le
pays, avec toutes leurs conséquences sur le plan moral. Pour chaque prophète, il sera bon
de consulter le tableau des rois correspondants pour connaître le contexte de la vie intérieure
du pays où il a prophétisé.
23 Table des
Introduction
matières
Prophètes
Prophètes
Prophètes en Juda Rois de Juda en Juda et Rois d'Israël
en Israël
Israël
(–) Roboam 931–913 (–) Jéroboam Ier 931–910
(–) Abiyam 913–910 (–) Nadab 909–908
(+) Asa 910–869 (–) Baécha 908–886
(–) Éla 886–885
(–) Zimri 885
Abdias vers 887 ? (+) Josaphat (–) Omri 885–874
Corégence : 872–869 (–) Achab 874–853
Règne personnel : 869–848 (–) Ahazia 853–852
(–) Yoram 853–841 (+ –) Jéhu 841–814
(–) Ahazia 841
(–) Athalie 841–835
Joël 835–830 ? (+) Joas 835–796 (–) Yoahaz 814–798 Jonas
(+) Amatsia 796–767 (–) Joas 798–782 793–753 ?
(+) Azaria (Ozias) 792–740 Michée (–) Jéroboam II 793–753
En partie avec Amatsia 745–715 Avec corégence
Ésaie 739–680 (–) Zacharie 753 Amos
(–) Challoum 752 765–750
(+) Yotam 750–732 (–) Menahem 752–742 Osée
Avec corégences (–) Péqah 752–732 746–724
(–) Péqahya 742–740
Avec corégences
(–) Ahaz 735–715 (–) Osée 732–722
Avec corégences
(+) Ézéchias 715–686 Fin du royaume du nord
Déportation des Israélites
(–) Manassé 697–642
Avec corégence
Nahoum 650–612 (–) Amon 642–640
Sophonie 626–625 (+) Josias 640–609
Jérémie 626–585 (–) Yoahaz 609
Habaquq 609–608 (–) Yéhoyaqim 609–598
Daniel 600–530 (–) Yéhoyakin 598–597
Ézéchiel 592–570 (–) Sédécias 597–586
Exil à Babylone
Aggée 520
Zacharie 520
Malachie 460–450
En Juda, il y eut 8 bons rois et 12 mauvais. En Israël, par contre, un seul roi sur 20 reçoit
un témoignage mitigé : Jéhu. Il « exécuta ce qui était droit aux yeux de l’Éternel » mais « ne
prit point garde à marcher de tout son cœur dans la loi de l’Éternel et ne se détourna pas
des péchés de Jéroboam » (2 Rois 10 : 30-31). Tous les autres firent « ce qui est mal aux
yeux de l’Éternel ».
La chronologie des rois est difficile à établir. La date de la mort de Salomon n’est pas
connue, d’où un flottement dès le départ et une différence entre les dates proposées. Nous
donnons ci-dessous, à titre indicatif, un tableau chronologique tel que le propose Thiele
dans A Chronology of Hebrew Kings (1977, p. 75) suivi par un grand nombre de spécialistes.
Prophétie vivante 24
Politique extérieure
La Palestine fut depuis toujours un lieu de passage entre la Mésopotamie et l’Égypte ;
elle tenait la clé des échanges entre l’Afrique et l’Asie, alors que son littoral méditerranéen
invitait aux relations avec les îles grecques et l’ensemble des pays bordant la mer. C’est dire
l’importance stratégique de ce petit pays et la raison des convoitises territoriales qui se sont
concentrées sur lui de différents côtés.
D’autre part, cette région d’Asie occidentale est, par suite de son relief et de son
climat, un pays typique de nomadisme mettant chaque année des centaines de milliers
de Bédouins en mouvement. Dans l’Antiquité, ces déplacements saisonniers se trans-
formaient facilement en migrations et en guerres de conquête. L’histoire d’Israël jusqu’à
l’établissement en Canaan s’insère dans ce contexte. L’Égypte et la Chaldée, terres de
sédentaires, regorgent de céréales, mais manquent de bois et de métaux. La Syrie en
a et possède, en plus, des ports permettant des échanges commerciaux avec des pays
possédant tout ce que l’on peut convoiter lorsqu’on s’est enrichi. Ces raisons économiques
expliquent une bonne partie de l’histoire troublée du « pays promis » qui, sous ce rapport,
ne ressemble guère aux peuples heureux qui « n’ont pas d’histoire ».
Durant toute la période d’activité des prophètes, l’histoire d’Israël et de Juda fut domi-
née par les conflits d’influence des grandes puissances : Égypte, Assyrie, Babylonie, et les
velléités d’hégémonie locale des voisins immédiats : Syrie, Philistie, Ammon, Moab, Édom.
Les prophètes font souvent allusion à ces divers peuples. Pour comprendre leurs discours
dirigés tantôt contre les uns, tantôt contre les autres, leurs avertissements et leurs menaces,
25 Table des
Introduction
matières
il faut connaître grosso modo l’histoire de ces nations et les répercussions de leur politique
sur celle du peuple de Dieu.
Nous commencerons par une vue générale de l’histoire des grandes puissances, puis
nous examinerons celle des petits états voisins, enfin nous essaierons de faire une brève
synthèse pour les siècles jalonnés par l’activité des prophètes.
a En 945, un général libyen, Shéshonq, s’empara du pouvoir et fonda la 22e dynastie pharaonique qui régna
durant deux siècles sur l’Égypte. Ce pharaon est connu dans la Bible sous le nom de Chichaq. Lorsque peu
avant la mort de Salomon, Jéroboam s’est enfui en Égypte, Chichaq venait de monter sur le trône. À cette
époque, l’Égypte revendiquait encore la suzeraineté sur la Palestine : elle entendait tenir tous les petits
royaumes qui la composaient sous sa domination et leur demandait de payer un tribut annuel. Elle affirma
cette volonté par des campagnes destinées à maintenir le pays sous ses ordres (1 Rois 9 : 16 ; 11 : 14-22).
En 925, Chichaq envahit la Palestine (1 Rois 14 : 25-26) et soumit Israël et Juda, mais Asa, le roi de Juda,
vainquit son successeur à Marécha (2 Chr. 14 : 9-15 ; 16 : 8). Après cela, des guerres civiles et des luttes
intestines divisèrent l’Égypte en plusieurs royaumes concurrents.
b En 725, Osée, le dernier roi d’Israël, appela l’Égypte à l’aide contre l’Assyrie (2 Rois 17 : 4), mais ce fut
un mauvais calcul : le pharaon ne bougea pas pour sauver Samarie. Vers 715, des souverains éthiopiens
s’emparèrent du pouvoir et fondèrent la 25e dynastie égyptienne dont l’histoire est dominée par les démêlés
avec la puissance croissante de l’Assyrie. Lorsque l’Assyrie attaqua Juda, le nouveau pharaon envoya son
jeune frère Tirhaqa pour lutter contre les Assyriens (2 Rois 29 : 9 ; Ésaïe 37 : 9). L’Égypte fut défaite et envahie
par deux fois par les Assyriens, en 671 et 666–665. L’empereur assyrien Assourbanipal, exaspéré par les
Égyptiens finit par saccager Thèbes, la capitale de la Haute-Égypte : un événement qui se raconta longtemps
dans le monde antique et fournit à Nahoum (3 : 8-10) l’exemple de ce que Dieu ferait à Ninive. En fin de
compte, les pharaons n’avaient été pour Israël et Juda que des « roseaux cassés blessant la main de ceux
qui s’appuient sur eux » (2 Rois 18 : 21 ; Ésaïe 36 : 6).
c Assourbanipal avait établi un certain Psammétique gouverneur de la Basse-Égypte pour le compte des
Assyriens. Celui-ci profita du retrait des troupes assyriennes, rappelées en Mésopotamie pour juguler une
révolte locale, pour se faire reconnaître roi par toute l’Égypte. ll unifia son pays et fonda la 26e dynastie
sous laquelle l’Égypte regagna un certain lustre d’antan. Lui et son successeur Néko II (ou Nékao II)
s’allièrent à l’Assyrie contre Babylone dont la puissance grandissante menaçait l’équilibre du Moyen-
Orient. Lorsqu’en 609, Néko II marcha au secours de l’Assyrie, Josias, le roi de Juda, lui barra la route.
Il le retint suffisamment à Méguiddo pour consommer la perte de l’Assyrie vaincue par les Babyloniens,
mais il paya cette intervention de sa vie (2 Rois 23 : 29). L’Égypte tenta de remplacer l’Assyrie comme
Prophétie vivante 26
La Syrie
Pendant que l’influence égyptienne décline, celle de l’Assyrie et de la Syrie ne font que
croître. La Syrie, bien plus petite et moins puissante que l’Assyrie, a cependant joué un rôle
important dans l’histoire des deux royaumes israélites, car elle était beaucoup plus proche
que l’Assyrie. Pendant plus d’un siècle, Israël sera en butte à ses attaques (1 Rois 20).
Le nom « Syrie » est parfois utilisé comme synonyme du mot hébreu Aram. Il désigne la
plaine s’étendant du Liban jusqu’au-delà de l’Euphrate. Le pays fut longtemps divisé en une
série de petits royaumes. David et Salomon établirent leur domination sur eux, mais après le
schisme, les rois syriens de Damas attaquèrent souvent le royaume du norda. Au milieu du
viiie s., la Syrie eut un sursaut d’indépendance sous Retsin (740–732). Sous le règne d’Ahaz,
Retsin s’unit à Pékah, roi d’Israël, pour attaquer Jérusalem. Ahaz appela le roi d’Assyrie à
l’aide. Tiglath-Piléser III vint attaquer Damas, déporta ses habitants et tua Retsin (2 Rois
16 : 5-9). La destruction de Damas, prophétisée par Ésaïe (17 : 1) et Amos (1 : 4-5), fut citée
comme avertissement à Juda (Ésaïe 8 : 4 ; 10 : 9s).
À partir de là, la Syrie tomba définitivement au pouvoir des Assyriens. Elle passa ensuite
sous la domination des Babyloniens, puis des Perses et perdit toute influence politique.
L’Assyrie
L’Assyrie fut pendant longtemps la puissance païenne la plus redoutable pour Israël et
Juda. Une part importante des écrits des prophètes lui est consacrée.
Au xiie s., elle connut une expansion considérable, puis elle déclina. Les tribus araméennes
échappèrent à son pouvoir et fondèrent le royaume de Damas (Syrie). L’Assyrie ne regagna
sa puissance qu’à partir du ixe s. sous la conduite de rois entreprenantsb. Au cours du viiie s.,
suzeraine de la Palestine, mais cet essai ne dura que quatre ans et se solda par la défaite retentissante de
Karkémich (605) où ses armées furent écrasées par le roi de Babylone Néboukadnetsar. Malgré tous les
efforts des pharaons qui succédèrent à Néko II, tout le Moyen-Orient fut soumis à Babylone (Jér. 46 : 2).
Le roi de Juda Yéhoyaqim tenta de se soulever contre le joug babylonien espérant en l’aide de l’Égypte
(2 Rois 24 : 1s), mais Néko II resta tranquillement chez lui et Néboukadnetsar prit Jérusalem en 597.
L’Égypte fit une dernière tentative pour juguler le pouvoir babylonien : le pharaon Hophra encouragea le roi
de Juda Sédécias à se révolter contre Babylone (Éz. 17 : 11-21 ; Jér. 37 : 5), mais lorsque Néboukadnetsar
vint pour la seconde fois assiéger Jérusalem en 587, il rentra vite en Égypte, comme Jérémie l’avait prévu
(46 : 13s). En 525, l’Égypte tomba aux mains des Perses qui mirent fin à son indépendance politique.
a Les Syriens surent habilement exploiter les rivalités entre lsraël et Juda. Ben-Hadad II de Damas réussit à
absorber divers royaumes araméens et à les regrouper en un seul sous sa domination. Après deux campagnes
infructueuses contre Israël, il réussit à entraîner Achab dans une coalition anti-assyrienne de dix rois de la
région, mais lorsque le danger assyrien s’éloigna, Israël se retira de la coalition. Ben-Hadad l’attaqua et lui
infligea une défaite cuisante à Ramoth en Galaad (1 Rois 22 : 1-25). Au cours du ixe siècle, les rois assyriens
attaquèrent la Syrie à maintes reprises. En 802, Damas fut assiégée et devint tributaire de l’Assyrie. Dès lors,
sa force déclina et Jéroboam II put s’en emparer.
b Assour-Nasirpal II (883–859) soumit les tribus araméennes de Mésopotamie et étendit son pouvoir sur le
Liban et vers la Philistie. Sa poussée vers l’ouest l’amena jusqu’aux frontières d’Israël. Son fils Salmanassar III
(858–824) s’assura la domination de tous les pays situés entre l’Arménie (Ourartou) et le golfe Persique,
entre la Médie et la côte syrienne. En 857, il s’empara de Karkémich, la capitale de l’antique empire hittite
et en 853, il affronta la coalition des dix rois à Qarqar. Selon des tablettes assyriennes, le roi d’Israël Achab
aurait engagé 2 000 chars et 14 000 hommes dans cette bataille. Plus tard, Jéhu lui aurait payé un tribut.
Son fils Samsi-Adad V (823–811) fut obligé de lutter contre des ennemis internes et externes. Il mourut jeune.
Sa veuve Sémiramis assura la régence jusqu’à ce que son fils Adad-Nirari III eut l’âge de régner. En 804, le
27 Table des
Introduction
matières
elle établit un vaste empire comprenant l’ensemble des peuples du Moyen-Orient. Les deux
royaumes hébreux n’échappèrent pas à son empire et durent lui payer un tributa. Mais au
viie s., des révoltes éclatèrent un peu partoutb. Unis aux Mèdes, les Chaldéens prirent les villes
d’Assur et de Ninive, comme Nahoum (1 : 8) et Sophonie l’avaient prédit. En 609, l’empire
assyrien cessa d’exister. Son territoire fut occupé par les Chaldéens.
La Babylonie ou Chaldée
La Chaldée était primitivement la partie sud de la Babylonie, mais le nom s’appliqua
finalement à toute la Babylonie (surtout au vie s.) après que Nabopolassar, un gouverneur
chaldéen fut devenu roi de Babylone (626).
Selon Gen. 10 : 10, c’est Nimrod qui fonda la ville de Babylone. Celle-ci connut des for-
tunes diverses au cours des siècles, mais lutta toujours pour son indépendance. Au viiie s.,
un gouverneur chaldéen envoya une ambassade au roi de Juda pour demander son aide
contre les Assyriens (2 Rois 20 : 12-18 ; Ésaïe 13). Pour punir leur velléité d’indépendance,
le roi assyrien Sargon II déporta des Babyloniens en Samarie où ils introduisirent leurs cultes
(2 Rois 17 : 24-30). Ce fut là l’origine des Samaritains dont il est souvent question dans les
Évangiles. Les autres rois assyriens eurent aussi affaire à Babylone. Lors d’une nouvelle
révolte, Sennachérib mit la ville à sac (589). Esar-Haddon la restaura et y fit transporter
Manassé, le roi de Juda (2 Chr. 33 : 11).
jeune roi attaque Damas, ce qui enlève une sérieuse épine du pied d’Israël (2 Rois 12 : 17 ; 2 Chr. 24 : 23s) et
permet à Joas de recouvrer certaines villes prises par Hazaël de Syrie (2 Rois 13 : 25). Jéroboam II profitera
de l’affaiblissement de la Syrie pour étendre les frontières d’Israël « jusqu’aux portes de Hamath » (2 Rois
14 : 25-28) sans que l’Assyrie, minée par des luttes internes, l’arrête.
a En 745, Tiglath-Piléser lI s’empara du pouvoir (2 Rois 15 : 29 ; 16 : 7-10) et régna durant 18 ans. Il établit
un empire encore plus vaste que celui de Salmanassar III. Il soumit les Araméens de la Babylonie, le chef
chaldéen Mérodak-Baladan et les villes syriennes et phéniciennes. Il obligea le roi d’Israël Menahem à lui
payer un tribut (2 Rois 15 : 19-20). Ses armées ne s’arrêtèrent qu’au « torrent d’Égypte » et tous les rois
de la Palestine devinrent ses tributaires (Retsin de Damas, Ammon, Édom, Moab et Ahaz de Juda, 2 Chr.
28 : 19-21). Ahaz, roi de Juda, acheta le secours de Tiglath-Piléser, contrairement aux avertissements
d’Ésaïe (2 Rois 16 : 7-8). Mais le roi assyrien ne lui fut d’aucune aide. Il prit quelques villes d’Israël, la Galilée
et le pays de Nephtali et en déporta les habitants (2 Rois 15 : 29) ainsi que d’autres Juifs (1 Chr. 5 : 26).
Damas tomba en 732, Tyr capitula et Tiglath-Piléser remplaça Pékah par Osée à la tête d’Israël (2 Rois 15 : 30).
Lorsque Samarie refusa de payer le tribut à l’Assyrie, Sargon II (722-705) vint assiéger la ville pendant 3 ans
(2 Rois 17 : 1-6 ; 18 : 9-10) et après l’avoir prise, en 722, il en déporta les habitants (27 270, selon ses tablettes).
Les années suivantes, il étendit son pouvoir dans toutes les directions. Il reprit Karkémich et guerroya en Armé-
nie et en Médie. Son fils Sennachérib (704–681) continua sa politique. Il prit Tarse en Cilicie, assiégea la ville
phénicienne de Sidon, Lakich en Juda (2 Rois 18 : 13-14), et battit les Égyptiens. Le roi de Juda Ézéchias qui
s’était révolté contre lui dut lui payer un tribut (v. 14-16). Il assiégea Jérusalem (2 Rois 18 : 17 à 19 : 9), mais dut
lever le siège (19 : 35-36, confirmé par Hérodote 2 : 141). Ses fils l’assassinèrent (Ésaïe 37 : 38 ; 2 Rois 19 : 37).
Son fils Esar-Haddon lui succéda (680–669) après avoir été vice-roi à Babylone. Lorsque les Babyloniens
se révoltèrent, il lui suffit d’une expédition militaire pour les soumettre, mais il eut plus de mal à contenir les
Élamites et les Cimmériens (Arménie). Tous les royaumes du Moyen-Orient (y compris Israël) lui payèrent
régulièrement leur tribut. En 672, il installa des gouverneurs assyriens à Thèbes et à Memphis en Égypte. Il
mourut au moment où l’Égypte se révolta. Son fils Assourbanipal (668–627) entreprit de châtier les rebelles. Il
mit Thèbes à sac (Nahoum 3 : 8-10) et donna à l’empire assyrien sa plus grande extension (Égypte, Palestine,
Chaldée, Elam, Médie, Arménie, Cilicie).
b Les Scythes donnèrent le Moyen-Euphrate, les Mèdes assiégèrent Ninive. En 625, sous Nabopolassar, les
Chaldéens chassèrent les Assyriens de Babylone.
Prophétie vivante 28
ISRAËL
Ammon
tie
ilis
JUDA
Ph
Moab
Péninsule arabe
Edom
29 Table des
Introduction
matières
Nous les examinerons dans l’ordre géographique en passant du nord-ouest au sud, puis
en remontant vers le nord-est.
Phéniciens
Peuple cananéen installé sur une mince bande littorale au pied du Liban, au nord-ouest
de la Palestine. Les villes principales furent Tyr, Sidon, Byblos (Guébal) et Arvad. Au temps
des Juges, les habitants de Sidon opprimèrent les Israélites (Juges 10 : 12). Ils répandirent
en Israël leur culte de Baal et d’Astarté (1 Rois 11 : 5 ; 16 : 31 ; 2 Rois 23 : 13). Ils furent donc
« une ronce déchirante pour le peuple d’Israël » (Éz. 28 : 20-24). De plus, ils se sont associés à
d’autres peuples pour piller Jérusalem et vendre ses habitants comme esclaves (Joël 4 : 4-6).
Tyr fut fondée par les Sidoniens vers 2750 av. J.-C. (Gen. 10 : 5 ; Ésaïe 23 : 12 ; Hérodote
2 : 44). Pour se garantir contre les assiégeants, la ville principale s’établit sur un îlot rocheux
au milieu de la mer (Éz. 26 : 15-17 ; 27 : 32). Au viiie s., les relations entre Israël et Tyr furent
amicales : Hiram, roi de Tyr, fournit à David et à Salomon des matériaux de construction
pour le palais royal et le temple (1 Rois 5 : 1 ; 9 : 10-14). Plus tard, elles se gâtèrent. La
fille d’un roi de Tyr, Jézabel, femme du roi d’Israël Achab, tenta d’introduire le culte païen
en Israël (1 Rois 16 : 31-33 ; 18 : 4, 19). Les Tyriens livrèrent des Israélites aux Édomites
(Amos 1 : 9), volèrent leurs biens et vendirent des prisonniers hébreux aux Grecs (Joël
4 : 5-6). Jérémie (27 : 1-11) et Ézéchiel (26 : 1-19) annoncèrent la destruction de la ville
luxueuse et corrompue.
Les rois assyriens soumirent les villes phéniciennes à un tribut, puis augmentèrent leur
pression sur elles. Sidon fut mise à sac par Esar Haddon, Tyr fut assiégée d’abord par les
Assyriens, puis, pendant 13 ans, par Néboukadnetsar ; finalement Alexandre la prit après
avoir construit une digue reliant l’îlot à la terre (cf. Éz. 26 : 29, note).
Philistins
Les Philistins vinrent de l’île de Crète au xiie s. av. J.-C. et s’installèrent sur la bande côtière
de la Méditerranée à l’ouest de la Judée. Ils donnèrent passablement de fil à retordre aux
Israélites jusqu’au temps de David. Ensuite, ils apparaissent moins souvent dans l’histoire
d’Israël. Par deux fois, ils envahirent le territoire de Juda : sous Yoram (2 Chr. 21 : 16) et sous
Ahaz (28 : 18 ; Ésaïe 9 : 8-12), mais ils furent dominés, plus tard, par les rois de Juda (2 Chr.
17 : 11 ; 26 : 6-7). Les prophètes les ont souvent menacés à cause de leur attitude hostile
envers le peuple de Dieu (Ésaïe 11 : 14 ; Jér. 25 : 20 ; 47 : 1-7 ; Éz. 25 : 15-17 ; Amos 1 : 6-8 ;
Abdias 1 : 19 ; Soph. 2 : 4-5 ; Zach. 9 : 5-7).
Édomites
Les Édomites étaient les descendants d’Ésaü, frère de Jacob (Gen. 36 : 1-19 ; 25 : 23 ;
36 : 6-8). Ils étaient donc de proches parents des Israélites auxquels la loi réservait certains
privilèges (cf. Deut. 23 : 7-8 avec v. 3-6). Cependant, ils furent des ennemis implacables
pour Israël.
Lorsque les Israélites s’apprêtèrent à entrer en Canaan, ils demandèrent au roi d’Édom
le droit de traverser son territoire situé au sud-est de la Palestine et dominé par le mont Séir.
Prophétie vivante 30
Celui-ci refusa (Nomb. 20 : 14-21). David conquit Édom (1 Chr. 18 : 13), mais sous le règne
de Yoram, les Édomites se révoltèrent contre la domination de Juda (2 Chr. 21 : 9).
Amatsia tua 10 000 Édomites dans la vallée du Sel et s’empara de leur capitale Séla
(2 Rois 14 : 7). Sous le règne d’Ahaz lorsque Pékah, roi d’Israël, et Retsin, roi de Syrie,
attaquèrent Juda, les Édomites se joignirent à eux et emmenèrent des prisonniers (2 Chr.
28 : 17). Lorsque Néboukadnetsar détruisit Jérusalem, les Édomites manifestèrent leur joie
(Ps. 137 : 7) et s’emparèrent du territoire vidé de ses habitants.
À cause de cette hostilité séculaire qui se manifestait à chaque occasion, les pro-
phètes ont annoncé le châtiment d’Édom (Ésaïe 34 : 4-9 ; Jér. 49 : 7-22 ; Lam. 4 : 21 ; Éz.
25 : 12-14 ; 35 ; 36 : 1-7 ; Abdias 1 ; Jean 4 : 19, Mal. 1 : 4) mais ils ont aussi annoncé qu’à
la fin des temps, les Édomites seraient intégrés au royaume de Dieu (passages précédem-
ment cités, ainsi qu’Amos 9 : 12).
Moabites
Les Moabites furent, comme les Ammonites, des descendants de Lot (Gen. 19 : 37-38)
installés à l’est de la mer Morte, au sud d’Ammon. Ils manifestèrent à diverses reprises leur
hostilité à l’égard d’Israël (Nomb. 22 à 25 ; Juges 3 : 12-30 ; 1 Chr. 20 : 1-30 ; 2 Rois 13 : 20 ;
24 : 2). Les prophètes les ont stigmatisés comme les ennemis-types du royaume de Dieu (Ésaïe
15 ; 16 ; 25 : 10 ; Jér. 9 : 26 ; 25 : 21 ; 27 : 3 ; 48 ; Éz. 25 : 8-11 ; Amos 2 : 1-2 ; Soph. 2 : 8-11).
Moab devint tributaire de l’Assyrie, puis de la Babylonie et cessa finalement d’exister
comme nation.
Ammonites
Les Ammonites étaient des descendants de Ben-Ammi, le second fils de Lot (Gen. 19 : 38).
Ils prirent aussi une attitude hostile à l’égard d’Israël en s’associant aux Moabites pour payer
Balaam afin qu’il maudisse le peuple de Dieu (Deut. 23 : 3-6). Ils s’allièrent aussi à eux
pour conquérir une partie du territoire d’Israël (Juges 3 : 13). L’hostilité des Ammonites se
manifesta à diverses reprises au cours de l’histoire d’Israël (2 Chr. 20 : 1-30 ; 24 : 26 ; 2 Rois
24 : 2 ; Jér. 40 : 11-14). C’est pourquoi les prophètes annoncent leur châtiment (Jér. 49 : 1-6 ;
Éz. 21 : 25, 33 ; 25 : 1-7 ; Amos 1 : 13-15 ; Soph. 2 : 8-11).
Péninsule arabe
La péninsule arabe couvre une immense surface, égale au tiers de l’Europe ; elle
était peuplée de tribus nomades (Ésaïe 21 : 16). Ils eurent de fréquents contacts avec les
Israélites (Gen. 37 : 28, 36 ; Juges 6 à 8 ; 2 Chr. 9 : 14 ; 17 : 11). Salomon reçut la visite
de la reine de Saba (à l’extrémité sud de la péninsule ; 1 Rois 9 : 26-28) et perçut des
tributs de rois arabes (1 Chr. 9 : 14). Sous le règne de Yoram (849-842), les Arabes sac-
cagèrent Jérusalem, emportèrent ses richesses et déportèrent femmes et enfants (2 Chr.
21 : 16-17). Ils furent vaincus plus tard par Ozias (26 : 7). Les prophètes ont annoncé le
jugement des Arabes (Ésaïe 21 : 13-17 ; Jér. 25 : 24). Jérémie a prédit que Néboukadnetsar
les soumettrait à sa domination (49 : 28-29), ce que des tablettes babyloniennes, récem-
ment découvertes, ont confirmé.
31 Table des
Introduction
matières
8. Diagramme chronologique
Au xe s., du temps de David et de Salomon, l’Égypte et l’Assyrie, toutes deux affaiblies,
équilibrent leurs puissances respectives dans une tension constante. Israël utilise leur riva-
lité pour consolider sa puissance et étendre ses frontières. David et Salomon jugulent les
Philistins et font alliance avec les Phéniciens pour se lancer dans de vastes entreprises com-
merciales. Le schisme (931) compromet cette prospérité : la guerre entre les deux royaumes
les affaiblit tous deux, le pharaon Chichaq en profite pour envahir la Palestine.
Le ixe s., voit grandir la puissance assyrienne et celle de la Syrie. C’est l’époque où
Salmanassar III d’Assyrie assure la suprématie de son pays sur tout le Moyen-Orient. En 853,
il bat la coalition des rois araméens (Syrie, Israël, etc.) à Qarqar. C’est le début de l’activité
des prophètes : Élie, Élisée, Abdias, Joël.
Au début du viiie s., l’Assyrie et la Syrie se combattent mutuellement. Les rois d’Israël
en profitent pour étendre leur pouvoir : Jéhu bat les Syriens (2 Rois 13 : 10-25), Jéroboam II
étend sa suzeraineté sur les deux royaumes araméens (Damas et Hamath à 200 km plus au
nord : 2 Rois 14 : 25-28). Avec l’aide du roi Joas de Juda, il chasse les Syriens du territoire
transjordanien de Galaad (2 Rois 13 : 25 ; 14 : 25).
L’Assyrie, bien que minée par des luttes intestines, consolide peu à peu sa puissance
extérieure. C’est l’époque où Jonas est envoyé à Ninive pour l’avertir du jugement suspendu
au-dessus de sa tête.
Dans la seconde moitié du viiie s., il y a une concentration d’événements et d’interven-
tions prophétiques. Dans le royaume du nord, après le long règne prospère de Jéroboam II
(793–753), six rois se succèdent en une trentaine d’années : Zacharie et Challoum n’oc-
cupent le trône que quelques mois, Menahem et Peqahya règnent en même temps que
Péqah. Après le règne d’Osée (732–722), le roi d’Assyrie met fin à l’existence nationale
du royaume du nord.
Dans le royaume de Juda à la même époque, Ozias (Azaria) devenu lépreux doit laisser
le trône à son fils Yotam qui, de son côté, régnera plus tard avec Ahaz. Au point de vue
extérieur, c’est l’apogée du roi assyrien Tiglath-Pilézer III (743–727) et de Retsin de Damas
(750–732).
Dans ces temps troublés, Dieu envoie ses prophètes : après Amos (entre 765 et 750)
et Osée (286–724) dans le royaume du nord, Ésaïe (à partir de 739), en Juda et Michée
(745–715) dans les deux royaumes.
Dans la première moitié du viie s., peu d’événements marquants : l’Assyrie consolide sa
puissance avec des rois comme Sennachérib, Esar Haddon et Assourbanipal. Elle affirme sa
prépondérance sur tous les peuples du Croissant fertile – y compris l’Égypte. En Juda, c’est
le long et néfaste règne de Manassé (en corégence de 695 à 686 avec Ézéchias, puis tout
seul jusqu’en 642). La voix des prophètes est muette.
À partir de la seconde moitié du viie s., par contre, nous assistons de nouveau à une
concentration de l’activité prophétique en même temps qu’à une ébullition sur le plan poli-
tique. Sous le bon roi Josias, nous trouvons simultanément Nahoum (650–612), Sophonie
(626–625), Habaquq (609–608) et Jérémie (à partir de 627). C’est l’époque qui précède
immédiatement la grande catastrophe qui va fondre sur le peuple de Juda : Dieu voulait avertir
Prophétie vivante 32
les siens et s’efforcer une dernière fois de les détourner de leur destinée fatale. Lorsque la
ville et le temple de Jérusalem sont détruits, Jérémie, Ézéchiel et Daniel sont là pour consoler
le peuple par la perspective du redressement futur.
Sur le plan international, de profonds bouleversements changent la face du monde :
la Babylonie raie l’Assyrie du nombre des états indépendants, l’Égypte fait une dernière
tentative pour affirmer son pouvoir, mais elle aussi sera réduite à la soumission, puis au
silence.
Au vie s., les événements se précipitent : l’empire néobabylonien de Néboukadnetsar,
colosse aux pieds d’argile, tombera après moins d’un siècle de gloire (539), comme les
prophètes l’avaient prédit. Les Juifs rentrent dans leur pays (538, 536) et se mettent à
reconstruire le temple de Jérusalem, encouragés par les prophètes Zacharie et Aggée (520).
Dans la seconde moitié du ve s., Esdras et Néhémie font reconstruire les murailles de
la ville. Malachie (460–450 ou après 433) secoue le formalisme du peuple et des prêtres
et l’appelle à se repentir dans la perspective de la venue du Messie. Puis, pendant quatre
siècles, la voix prophétique se tait. Il faudra attendre l’arrivée du Précurseur prédit par le
dernier prophète, pour que cette voix puissante se fasse réentendre.
Conclusion
Tout au long des trois siècles et demi d’histoire qui s’écoulent entre le schisme et la
chute de Jérusalem, on note certaines constantes sur le plan politique comme sur le plan
spirituel.
Du point de vue politique, l’histoire d’Israël et de Juda fut tranquille et prospère lorsque
les voisins se querellaient et que leurs forces s’équilibraient. Ce fut le cas, par exemple,
sous le règne de Jéroboam II lorsqu’il put s’emparer des royaumes araméens de Damas
et de Hamath affaiblis par les Assyriens, mais que ces derniers eurent suffisamment maille
à partir avec les Ourartou (Arméniens), les Scythes et les Élamites qui les pressaient sur
leurs frontières.
Lorsque l’un des « grands » devenait trop puissant, il mangeait tous ses voisins, les oppri-
mait et les asservissait, suscitant parmi les peuples soumis des réactions d’hostilité qui, à
la longue, minaient son pouvoir et préparaient sa ruine. Ce fut le cas de l’Assyrie puis de la
Babylonie. Dieu a utilisé successivement ces deux peuples pour exécuter ses châtiments,
mais comme ils ont outrepassé leurs droits, il les a châtiés à leur tour.
Dès que l’hégémonie des grandes puissances se relâchait, la virulence des petits peuples
contre leurs voisins s’accentuait. Israël et Juda eurent plus d’une fois à pâtir de ces interven-
tions cruelles des nations environnantes : Ammonites, Moabites, Édomites, etc.
En bref, le centre de gravité du danger extérieur s’est déplacé en arc de cercle du sud-
ouest au nord-est : Égypte, Philistie, Syrie, Assyrie, Babylonie, Perse.
D’un point de vue spirituel, la situation était beaucoup plus simple : lorsque le peuple était
fidèle à l’alliance, Dieu s’occupait lui-même de ses voisins, qu’ils soient puissants ou sim-
plement audacieux. Il en donna un exemple frappant lors du siège de Jérusalem par l’armée
33 Table des
Introduction
matières
du puissant roi d’Assyrie Sennachérib. Ézéchias mit sa confiance en l’Éternel qui « frappa
185 000 hommes » durant la nuit, de sorte que Sennachérib dut lever le camp.
Lorsque, par contre, le roi et le peuple se confiaient dans « le bras de la chair » c.-à-d.
dans les forces militaires ou les alliances étrangères, Dieu leur apprenait par des leçons
douloureuses que l’aide des hommes est illusoire.
Lorsque les Israélites ou les Judéens abandonnaient l’Éternel et s’enfonçaient dans l’ido-
lâtrie, l’injustice et l’immoralité, les prophètes les appelaient à la repentance sous la menace
de durs châtiments. Lorsque le châtiment était là, ils les réconfortaient par la perspective
du rétablissement futur et l’assurance de la présence actuelle de Dieu avec eux. Ces deux
messages gardent toute leur actualité.
Au fond, à travers toutes ces péripéties et tous ces événements, Dieu, par l’intermédiaire
des prophètes, apprenait à son peuple une seule et même leçon : la confiance en lui, se
traduisant par la fidélité à son alliance. Et cette leçon reste pleinement valable aujourd’hui.
:::::
35
Moïse avait présenté Dieu non seulement comme l’Être suprême, mais aussi comme l’Être
unique, absolu, et, par conséquent, sa volonté parfaite comme étant la loi qui devait finir par
triompher de toutes les velléités et de toutes les résistances de la créature. C’est sur cette
certitude sainte que repose le prophétisme en Israël. Les « Tu feras » ou « Tu ne feras pas » de
la loi sont des promesses en même temps que des ordres.
triomphes ; Israël, dès le commencement, s’est connu lui-même comme l’agent du salut du
monde, comme l’instrument du bonheur des peuples. Ce fait étrange mériterait de la part de
la philosophie de l’histoire une attention plus sérieuse que celle qu’elle lui a accordée jusqu’à
présent, d’autant plus que ce trait n’est pas isolé et qu’il se rattache à un fait plus général.
Tandis que tous les autres peuples marchent penchés vers la terre et préoccupés uniquement
de leur puissance et de leur prospérité temporelle, Israël s’avance dans l’histoire, les mains
étendues vers un bien à venir, distinctement contemplé, dont il fait hardiment le principe et
le point d’appui de son existence. Les Gentils sont les peuples du présent, les nations de la
terre, selon l’expression de Jésus ; Israël ne cesse, même au milieu de ses désastres, de se
sentir comme étant le peuple de l’avenir.
Ces hommes de Dieu, en traçant pour leur temps les grandes lignes du plan de Dieu, ont
déterminé pour toujours la direction normale que doit suivre la pensée humaine. L’exécution
de ce plan, esquissé par eux à grands traits, nous emporte encore à cette heure. Nous avons
donc aussi quelque chose à apprendre d’eux. Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel ne sont pas
seulement des prophètes ; ils sont et restent nos prophètes.
Lorsqu’Israël commençait à s’endormir dans sa prospérité, Ésaïe lui dit : « Ton Dieu est
saint : prends garde ! Réveille-toi ! Le jugement plane sur ta tête ». Israël, négligeant cet
avertissement, céda à l’assoupissement du péché. Un peu plus tard, quand l’heure fatale
du châtiment allait sonner, Jérémie lui cria : « Donne gloire à Dieu ! l’Éternel est juste ! Tu as
péché ! Accepte sans résister le coup dont Dieu va te frapper ! ». Les réchappés du jugement
national, ceux que les premières déportations avaient mis à l’abri sur la terre étrangère, se
résignèrent, mais non sans tomber dans un morne découragement. Il n’y a plus d’espé-
rance, se disaient-ils l’un à l’autre en face du jugement divin consommé. À ces derniers,
Ézéchiel vint dire : « Dieu est puissant : prenez courage ! Vous revivrez ! ». Bientôt Cyrus parut.
Miraculeusement affranchi, Israël put rentrer dans sa patrie. Mais à ce moment-là, son
imagination s’exalte. Le jour de la gloire est arrivé ; le Christ va paraître ! Daniel calme alors
cette effervescence charnelle. « Non, dit-il, l’heure de la gloire est encore éloignée. Il s’agit
de persévérer et de demeurer fidèles longtemps encore, pendant des siècles ; mais le jour
viendra où les paroles du Dieu éternel trouveront leur accomplissement ».
foudroie tout ce qui s’élève a frappé sa petitesse. Car, souvenons-nous-en bien, l’orgueil des
petits n’est pas plus tolérable aux yeux du Très-Haut que celui des grands.
:::::
39
Françaises
1. P. de Beaumont 11. La Bible du Peuple de Dieu
(Aujourd’hui la Bible) 12. Lausanne
2. P. de Beaumont (La Bible) 13. Liénart
3. Bible annotée (Neuchâtel) 14. Maredsous
4. A. Chouraqui 15. Osty
5. Crampon 16. Pléiade (Dhorme)
6. Darby 17. Segond
7. Français courant 18. Segond révisé (Colombe)
8. Frossard-Gérard 19. Synodale
9. Jérusalem 20. Traduction œcuménique (TOB)
10. Zadoc Kahn (Rabbinat) 21. Votre Bible
Allemandes
22. Die Bibel in heutigem Deutsch 27. Menge
23. H. Bruns 28. Schlachter
24. Elberfelder 29. Zink
25. Kautzsch 30. Zürcher
26. Luther
Anglaises
31. American Standard Version 39. New American Standard Bible
32. Amplified Bible 40. New English Bible
33. Authorized Version 41. New International Version
34. Berkeley 42. Revised Version
35. Good News Bible 43. Revised Standard Version
36. Jerusalem Bible 44. K. Taylor (Living Bible)
37. R. Moulton
38. J. Moffat
:::::
prophétie vivante
TRANSCRIPTION DYNAMIQUE DES
LIVRES PROPHÉTIQUES
Le livre d’Ésaïe
45
Introduction au
prophète Ésaïe
FRÉDÉRIC GODET
Le titre, qui forme le préambule du livre de ce prophète, place son ministère sous quatre
rois : Ozias, Yotam, Ahaz, Ézéchias. D’après la tradition juive, il aurait même vécu jusque sous
le fils de ce dernier, Manassé. Il aurait péri dans un tronc d’arbre qui lui servait d’asile, au
moment où la scie des bourreaux envoyés à sa poursuite atteignait sa bouche. Son ministère
doit avoir duré près d’une soixantaine d’années. On a prétendu qu’Ésaïe était de race royale.
Cette légende n’est probablement que l’expression symbolique de la majesté souveraine de
sa pensée et de son style.
nom de l’Éternel grandissait l’amour du luxe, des jouissances et des biens terrestres. Une
oreille exercée, comme celle d’Ésaïe, entendait retentir du ciel cette sentence : « Ce peuple
m’honore des lèvres, mais son cœur est bien éloigné de moi ». Le niveau moral du peuple
baissait au lieu de s’élever.
– L’autre ennemi menaçait du dehors : la puissance assyrienne qui grandissait à l’est.
Semblable à un torrent dévastateur, elle commençait à faire entendre de l’autre côté du
désert ses sourds grondements. Placé comme il l’était, entre ce pouvoir naissant et la vieille
monarchie égyptienne, le petit État de Juda pouvait être tenté de se jeter dans les bras de
cette dernière pour échapper à l’Assyrie, ou de se faire de celle-ci un appui, c’est-à-dire
bientôt un maître, pour parer les coups dont l’Égypte le menaçait sans cesse. Deux politiques
entre lesquelles la prudence humaine pouvait hésiter, mais que la foi en Yahvé, chef et
protecteur de la théocratie, condamnait également. La stricte neutralité entre ces puissants
voisins était pour Juda tout à la fois la ligne de la fidélité à son Dieu et la plus sûre garantie
de son indépendance.
Il y a dans la vie de chaque homme et de chaque peuple des heures tragiques. Un court
laps de temps susceptible de déterminer leur avenir. L’époque d’Ésaïe a été pour Israël la
plus solennelle de ces heures. Une pente se creusait devant lui ; déjà même il commençait à
y glisser. C’était pour le peuple le moment ou de reprendre pied sur le plateau, ou de s’aban-
donner à la force qui commençait à le dominer. Dans ce second cas, nul parti énergique à
prendre. Se laisser aller suffisait. Ne pas agir, c’était agir. Dans le premier, au contraire, il y
avait pour Israël un acte réfléchi, volontaire, énergique à accomplir, un parti positif à prendre.
Mais pour l’amener, une puissante commotion morale était nécessaire. Travailler à l’opérer
fut la mission d’Ésaïe.
du vrai peuple de Dieu. « Il en reviendra une dixième partie, qui sera de nouveau broutée.
Mais, comme sur la souche d’un chêne au tronc coupé poussent des rejetons, de même il
restera en Israël une semence sainte ».
Ainsi : la sainteté comme norme, le jugement comme moyen, et un saint reste comme
résultat, voilà les trois pensées fondamentales de ce divin dialogue, base de tout le ministère
d’Ésaïe. Elles résument, si j’ose ainsi dire, toute la philosophie religieuse du prophète ; philo-
sophie d’ordre évidemment supérieur à celui de la simple sagesse humaine, et descendant
de ce même Sinaï d’où était émanée la loi.
Sur la ligne du premier de ces trois principes se découvrent aux regards d’Ésaïe les
brillantes perspectives de la venue royale du Messie et de son règne de sainteté et de paix
(9 : 5-6 ; 11 : 1-10).
Ces perspectives n’auraient pu se réaliser directement pour le peuple de Juda que sur
la voie normale de la sanctification nationale. Mais l’état moral de ce peuple ne permet pas
d’attendre un mode d’accomplissement de la prophétie qui soit la récompense de la fidélité.
Deux vices rendent Juda incapable de répondre, dans l’état où il se trouve, aux desseins de
Dieu : d’un côté, la dévotion purement extérieure dont il fait son oreiller de sécurité ; de l’autre,
le penchant à l’idolâtrie et à tous les vices qui s’y rattachent. Un triage sévère doit donc inter-
venir dans cette masse formée d’éléments hétérogènes : « Sion ne peut être sauvée que par
le jugement » (1 : 27). Cette nécessité n’est point une fatalité ; elle est toute morale. Elle est à
la charge d’Israël seul. Il eût été libre d’y échapper. Mais Ésaïe lit le contraire dans le présent
et dans l’avenir. Il s’explique lui-même là-dessus dans un cas particulier, quand, s’adressant
à Ézéchias, qui avait étalé avec complaisance ses trésors aux yeux des ambassadeurs du
roi de Babylone, il lui dit : « Voici, les jours viennent où tout ce qui est dans ta maison ira à
Babylone » (39 : 6). La folie d’Ézéchias n’est qu’un échantillon de celle du peuple, bien plus
grossière encore. Le décret de l’exil est le résultat de l’égarement d’Israël et de sa sympathie
pour l’idolâtrie de ses voisins.
Mais à cette nécessité du châtiment (résultant du péché de l’homme) correspond une
autre nécessité (fruit de la pure et libre grâce de Dieu).
ne se conforme pas à cette destination, loi de son existence ; le résidu saint et impérissable,
qui se purifie de jugement en jugement et au moyen duquel se réalisera l’état glorieux qui
doit éclater à la fin des jours.
Ces intuitions et leurs applications variées dans le livre du prophète, ne seraient-elles
que des émanations de la conscience juive, ou des prévisions de la raison humaine ? La
déportation future du peuple à Babylone ; sa restauration ; l’apparition d’un Messie couvert
d’opprobres, d’abord, puis, sur cette voie, couronné d’honneur ; le rejet de ce Messie par
Israël lui-même, ce peuple préparé à le recevoir ; enfin l’établissement du règne de Dieu
chez les Gentils par la foi en ce Christ dont Israël s’est détourné avec dédain,– seraient-ce
bien là des idées inspirées par l’esprit national, ou de simples pressentiments naturels ?
Quand le contrôle de l’histoire ne marquerait pas ces pensées d’une divine empreinte, leur
contenu même suffirait pour en révéler la source. Un tel souffle de sainteté n’émane pas du
cœur humain.
Le nom qu’Ésaïe aime à donner à Dieu dans son livre est celui de Saint d’Israël. Cette
dénomination résume, on le voit, sa prophétie tout entière. Elle signale également d’une
manière frappante le rapport entre son ministère et l’époque aux besoins de laquelle il avait
mission de répondre.
51
Ésaïe
Préface
1 Dans ce livre sont contenues les révélations qu’a reçues Ésaïe a, fils
d’Amots, au sujet de Juda et de Jérusalem, sous les règnes d’Oziasb, de
Yotamc, d’Ahazd et d’Ézéchiase, rois de Juda.
a Héb. : Yechayahou : l’Éternel sauve. Cette racine a aussi donné : Josué, Osée et Jésus. Nom porté par d’autres
personnages bibliques (1 Chr. 25 : 3, 15 ; 26 : 25 ; Esd. 8 : 7, 19 ; Néh. 11 : 7).
b Cf. 2 Rois 15 : 1-7 ; 2 Chr. 26 : 1-23.
c Cf. 2 Rois 15 : 32-38 ; 2 Chr. 27 : 1-9.
d Cf. 2 Rois 16 : 1-20 ; 2 Chr. 28 : 1-27.
e Cf. 2 Rois 18 : 1-21 ; 2 Chr. 29 : 1-33. Le ministère d’Ésaïe couvre les 40 dernières années du viiie s. av. J.-C.
f Appel répété de Deut. 32 : 1 (cf. Deut. 30 : 19 ; 31 : 28 ; Ps. 50 : 4). Dans le langage juridique, on faisait appel
au ciel et à la terre comme témoins d’un procès solennel.
g Le peuple d’Israël, appelé aussi « fils de Dieu » en Exode 4 : 22 ; Osée 2 : 1 ; 11 : 1 ; Jér. 3 : 19 ; 31 : 20.
h Si la relation entre enfants et père est trop exigeante pour Israël, il aurait pu au moins se calquer sur la relation
instinctive des animaux envers leur maître et reconnaître sa dépendance envers Dieu.
i Un nom de Dieu, trouvé presque exclusivement dans Ésaïe. Il suggère sa sainteté intrinsèque jointe à sa
relation d’alliance avec Israël.
Ésaïe 1 52
déjà, votre tête tout entière est malade et le cœur est souffranta. 6 Des pieds
jusqu’à la tête, rien n’est en bon état, ce ne sont que blessures, contusions et
plaies vives qui n’ont été ni nettoyées ni bandées, ni soignées à l’huileb. 7 Le
pays où vous habitez est un désert sinistre, vos villes sont détruites : on y a
mis le feu, vos campagnes sont ravagées sous vos yeux par des étrangers et
tout est dévasté comme après le passage d’une horde barbarec. 8 La fille de
Sion (la ville de Jérusalem) est restée toute seule comme un abri fragile au
milieu d’une vigne, ou comme une cabane dans un champ de concombres,
comme une tour de garded.
9 Si le Dieu tout-puissant ne nous avait laissé un faible restee de quelques
Convertissez-vous !
10 Vous, les chefs de Sodome, écoutez bien ce que dit l’Éternel ! Vous,
peuple de Gomorrhe, écoutez ce qu’enseigne la loi de notre Dieu !
11 Que peuvent bien me faire vos nombreux sacrifices ? déclare l’Éternel,
car je suis rassasié des holocaustes de béliers, des bêtes à l’engrais ! Je ne
prends point plaisir dans le sang des taureaux, des brebis et des boucsf.
12 Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous a demandé
de souiller mes parvisg ? 13 Cessez de m’apporter des offrandes inutiles ! J’ai
horreur de l’encens ! Quant aux nouvelles lunesh, aux sabbats et aux fêtes
des saintes assemblées, je ne puis les souffrir : je ne peux supporter le péché
associé aux fêtes solennelles ! 14 Oui, vos nouvelles lunes et vos solennités,
mon âme les déteste, elles me sont à charge, et je suis fatigué d’en supporter
le poids. 15 Quand vous levez vos mains vers moi pour me prier, je détourne
les yeux, quand vous multipliez le nombre des prières, je ne vous entends
pas, car vos mains sont couvertes du sang de vos victimes !
16 Lavez-vous donc ! Purifiez-vous ! Que mes yeux ne voient plus vos
méchantes actions ! Ne faites plus le mal ! 17 Apprenez à bien agir ! Recher-
chez la droiture ! Protégez l’opprimé, défendez l’orphelin et plaidez pour la
veuve. 18 Oh ! venez et plaidonsi nos droits, dit l’Éternel. Si vos péchés sont
a Après l’invasion assyrienne, présentée comme un châtiment de Dieu, le peuple est comme une personne
entièrement malade (cf. Jér. 10 : 19 ; 30 : 12-13 ; Osée 6 : 1 ; Deut. 28 : 35 ; Job 2 : 7).
b L’huile servait de remède universel dans l’Antiquité (cf. Luc 10 : 34 ; Jac. 5 : 14).
c Ou : comme après le bouleversement de Sodome (texte obscur), c.-à-d. totalement détruite (cf. Gen.
19 : 23-25). Allusion à l’invasion assyrienne sous Sennachérib (2 Rois 18 : 13).
d Ou : comme une ville assiégée. En 701, Jérusalem est restée seule debout au milieu d’un pays saccagé.
L’image de la tour de garde suggère aussi l’idée que les envahisseurs surveillent le pays.
e Thème qui reviendra souvent dans Ésaïe : Dieu reste fidèle à son alliance tout en châtiant la masse du peuple
infidèle.
f Le sang, représentant la vie, était la part exclusive de Dieu dans les sacrifices (Gen. 9 : 4 ; Lév. 1 : 5 ; 3 : 17).
Ésaïe, comme d’autres prophètes (Amos 5 : 21-25 ; cf. Ps. 49) et Jésus (Matt. 5 : 23-24 ; 9 : 13), s’élève contre
le formalisme d’un culte qui se contente de cérémonies extérieures.
g Ou : piétiner mes parvis. Allusion au bétail des sacrifices.
h Occasion d’une fête religieuse (Nomb. 28 : 11). Dieu ne condamne pas l’observance des fêtes qu’il a lui-même
instituées, mais leur association à une conduite coupable.
i Ou : et réconcilions-nous.
53 Ésaïe 1
rouges comme de l’écarlatea, ils peuvent devenir aussi blancs que la neige.
S’ils sont comme la pourpre, ils peuvent devenir aussi blancs que la laine.
19 Si vous êtes dociles, si vous m’obéissez, vous jouirez des biens les
meilleurs du pays. 20 Mais, si vous résistez, si vous êtes rebelles, vous serez
condamnés à mourir par l’épée.
Celui qui le déclare, c’est Dieu, c’est le Seigneur.
qui font votre plaisir. Vous rougirez de honte à cause des jardins que vous
affectionnez (et où vous pratiquez vos rites idolâtres). 30 Car vous serez
vous-mêmes pareils aux térébinthes au feuillage flétri, ou tout comme un
jardin qui serait privé d’eau. 31 L’homme le plus puissant sera comme une
étoupeh, et ses (mauvaises) œuvres serviront d’étincelle pour qu’il soit
consumé avec ce qu’il a fait sans qu’il y ait personne pour éteindre les
flammes.
a L’écarlate (ou : le cramoisi) et la pourpre étaient des teintures naturelles donnant aux étoffes une couleur
rouge foncé comme celle du sang. Le sang répandu est le crime le plus grave reproché par Dieu à son peuple
(Gen. 9 : 6 ; Deut. 19 : 10 ; Ps. 9 : 13 ; Ésaïe 4 : 4 ; 26 : 21 ; 59 : 3 ; Lam. 4 : 14).
b L’infidélité d’Israël à l’alliance avec Dieu est souvent comparée par les prophètes à la prostitution (cf. Jér.
3 : 2 ; 13 : 27 ; Éz. 16 : 15 ; 23 : 11 ; Osée 2 : 4 ; Nahoum 3 : 4 ; etc.).
c Israël était la vigne de l’Éternel, le vin représente des œuvres (cf. Ps. 80 : 9 ; Ésaïe 5 : 1-7 ; Jér. 2 : 21).
d La loi interdisait aux juges de recevoir des « pots-de-vin » (Exode 23 : 8 ; Deut. 16 : 19 ; 27 : 25, cf. Ésaïe 5 : 23).
e Litt : le Puissant, l’Indomptable d’Israël (cf. l’Indomptable de Jacob : Gen. 49 : 24 ; Ésaïe 49 : 26 ; 60 : 16 ; Ps.
132 : 5), nom de Dieu qui souligne sa force.
f Ou : de la potasse. Elle était extraite des cendres et employée pour faciliter la fusion des métaux (Jér. 6 : 29 ;
Éz. 22 : 18s).
g Qui reviendront à l’Éternel par une véritable repentance. Ou : se convertiront.
h L’image de la sécheresse amène celle de la combustion : un arbre desséché devient vite la proie des flammes
(cf. 5 : 24 ; 9 : 4, 17-18 ; 10 : 16-17 ; 26 : 11 ; 29 : 6 ; 30 : 27, 30).
Ésaïe 2 54
Demain, la gloire…
a La parole qu’Ésaïe a vue, c.-à-d. les paroles qu’il a reçues en vision. Ce verset sert de titre aux chapitres 2
à 12 (cf. 1 : 1).
b Litt : la suite des jours, expression qui pointe vers les temps messianiques (cf. Michée 4 : 1-3).
c La colline de Sion ou le mont Morija qui servait de fondation au temple de l’Éternel. Ésaïe prédit que le culte
spirituel du vrai Dieu prévaudra sur toutes les fausses religions et que toutes les nations seront rassemblées
sous le juste gouvernement du Roi de Sion.
d Il nous montrera comment il voudrait que nous marchions, c’est-à-dire que nous nous conduisions. Et nous
suivrons la route qu’il choisit pour nous : nous lui obéirons.
e La loi a ici le sens d’instruction, enseignement des paroles et des commandements de Dieu (cf. 1 : 10).
N’oublions pas que c’est à Jérusalem que furent prêchés d’abord les préceptes de l’Évangile qui, par la
suite, se sont répandus à travers toute la terre (cf. Luc 24 : 47, 49 ; Jean 4 : 22).
f Les différends seront réglés par la parole de Dieu et non plus par des conflits armés (cf. Osée 2 : 20 ; Zach.
9 : 10 ; Ps. 46 : 10).
g Litt. : les observateurs de nuages (pour en tirer des présages) ou astrologues (cf. Lév. 19 : 26 ; Deut. 18 : 10).
h Litt. : on tape dans la main. Pour conclure une affaire ou pour s’allier.
i Chevaux et chars représentent la puissance militaire qui a remplacé la confiance en Dieu (cf. 2 Chr. 26 : 6s).
j En s’abaissant devant les idoles, l’homme se dégrade, il est humilié. Il devra se plier devant le Seigneur et
baisser les yeux devant lui (v. 10 ; cf. Apoc. 6 : 15).
k Les Juifs avaient l’habitude de se réfugier dans des cavernes lors d’invasions ennemies (Juges 6 : 2 ;
1 Sam. 13 : 6).
55 Ésaïe 3
Anarchie à Jérusalem
magiciens.
4 Et je vous donnerai pour maîtres des gamins. Des enfants régneront
sur vous au gré de leurs capricesf. 5 Ce sera la guerre civile : on se battra
l’un contre l’autre, voisin contre voisin, les jeunes contre les vieillards et les
vauriens contre les gens de bien.
6 Un homme empoignera son frère dans sa famille et lui dira :
— Toi qui as un habitg, tu seras notre chef, tu prendras cette ruine sous
ton autorité !
a Le péché principal des hommes, celui contre lequel l’Éternel interviendra en son « jour », c’est l’orgueil. Les
différentes images des versets 13 à 16 l’illustrent.
b Les cèdres et les chênes sont généralement associés aux grands et aux rois. Les régions citées étaient
célèbres pour leurs arbres majestueux symbolisant les peuples qui veulent s’élever jusqu’au ciel par leurs
propres forces (cf. Éz. 27 : 27-28, 31 ; Apoc. 18 : 10-19).
c Se réfère peut-être aux grands travaux de défense du roi Ozias (2 Chr. 26 : 9-15).
d Un port d’Espagne, terme des plus longs voyages maritimes de l’époque (cf. Gen. 10 : 4 ; 1 Rois 10 : 22 ;
22 : 49).
e Litt : toute ressource et tout appui, deux mots de la même famille qui évoquent tout soutien (comme en Eccl.
2 : 8 et Nahoum 2 : 13) et qui sont en même temps symboles de l’autorité et du secours (sceptre, bâton, cf.
5 : 1-7). Les dirigeants ont exploité Israël à leur profit.
f Après la déportation des classes dirigeantes, des jeunes inexpérimentés, des hommes faibles et capricieux
s’empareront du pouvoir. L’anarchie qui s’ensuivra est décrite dans les versets suivants.
g Image de la pauvreté générale. L’homme qui possédait encore un manteau (insigne du chef) est désigné pour
gouverner sur ses compagnons, mais il est lui-même démuni de tout.
Ésaïe 3 56
7 Mais
ce jour-là, l’autre lui répondra :
— Je ne peux rien pour vous. Je ne puis vous guérir. Je n’ai dans ma
maison, ni pain ni vêtement. Ne m’établissez pas chef de ce peuple-là !
8 Jérusalem chancelle, et Juda est tombée, parce que leurs paroles et
leurs actions sont contre l’Éternel : ils insultent sa gloire. 9 Leurs airs pleins
d’arrogance ont témoigné contre eux.
Ils commettent sans honte leurs péchés au grand jour, comme le fit
Sodome, sans même les cacher. Hélas pour eux ! Ils préparent eux-mêmes le
malheur qui les guette ! 10 Proclamez donc au juste, qu’il aura du bonheur,
car il se nourrira du fruit de ses actions. 11 Mais malheur au méchant, car il
lui sera fait ainsi qu’il le mérite !
12 Mon peuple est opprimé par de jeunes enfants, des femmes le
dominent. Tous ceux qui te dirigent, ô Israël, mon peuple, ne font que
t’égarer. Ils embrouillent les signes qui jalonnent ta routea.
13 L’Éternel s’est levé pour mener son procès et il se tient debout pour
juger tous les peuplesb. 14 Il traduit en justice les anciens de son peuple
avec ses magistrats : Vous avez dévoré le produit du vignoblec, et dévasté
ma vigne. Vous avez entassé dans vos maisons ce que vous avez pris aux
pauvres de mon peuple ! 15 De quel droit, dites-moi, écrasez-vous mon peuple
et foulez-vous aux pieds la dignité du pauvred ? demande l’Éternel, le Dieu
de l’univers.
Un avenir glorieux
2 En ce jour-là, le germe du Seigneurc aura de la splendeur et sera glorieux
pour tous les rescapés du peuple d’Israël, et le fruit de la terre deviendra leur
fierté et leur titre de gloire. 3 Il adviendra que tous ceux qui auront subsisté
dans Sion, ceux qui auront été épargnés dans Jérusalem seront appelés
saintsd, tous ceux qui sont inscritse pour vivre dans Jérusalem. 4 Après que
le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion et purifié Jérusalem du
sang qui est au milieu d’elle par l’esprit de justice, par l’esprit qui consumef,
5 Dieu viendra s’établir sur toute l’étendue de la montagne de Sion et sur
toute assemblée. Il enverra, le jour, une nuée fumante et, la nuit, la splendeur
d’un feu de flammes ardentesg. Car ce sera sa gloire qui couvrira la ville. Elle
la protégera, 6 de jour, contre la chaleur, en lui donnant de l’ombre comme un
dais de feuillageh. Elle lui servira d’abri contre la pluie et contre la tempête.
Le chant de la vigne
donnerait de beaux raisins, mais elle n’a produit que des grappes sauvages.
3 Maintenant, donc, gens de Jérusalem et hommes de Juda, arbitrez, je vous
prie, entre moi et ma vigne ! 4 Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne que
je n’aurais pas fait ? Pourquoi, quand j’espérais un beau et bon raisin, n’a-t-
elle donc produit que des grappes sauvages ?
5 Maintenant donc, je vous ferai savoir ce que je vais faire à ma vigne :
j’arracherai sa haie pour qu’elle soit broutée, j’abattrai sa clôture pour
que les passants la piétinent. J’en ferai une frichea : personne ne la taillera,
personne ne l’entretiendra. Les ronces et les épines y croîtront librement
et j’interdirai aux nuages d’y déverser leur pluie.
7 En effet, c’est la nation d’Israël qui est la vigne de l’Éternel, Seigneur
de l’univers, les hommes de Juda sont le plant qu’il avait choisi. Il attendait
d’eux la droiture, et il y a du sang versé ! Il espérait qu’ils seraient justes, et
ce sont des cris de détresseb !
Six malheurs !
8 Malheurà vous qui joignez maison à maison, qui ajoutez un champ à
l’autre, au point d’occuper tout l’espace pour qu’il ne reste plus de place et
que vous habitiez tout seuls au milieu du pays.
9 L’Éternel tout-puissant m’a parlé et m’a dit : Ces nombreuses maisons
deviendront une ruine ! Ces maisons grandes et belles seront inhabitées !
10 Car dix arpents de vigne ne produiront que quelques grappesc et trente
boisseaux de semence ne donneront qu’un peu de bléd.
11 Malheur à vous qui courez de bonne heure après les boissons eni-
vrantes et qui vous attardez, le soir, dans les fumées de vin ! 12 Des harpes
et des luths, des tambourins, des flûtes animent vos festins, le vin y coule à
flots. Mais vous n’avez pas un regard pour l’œuvre du Seigneur, et vous ne
voyez point l’ouvrage de ses mains ! 13 Voilà pourquoi mon peuple s’en ira
en exil, car il n’a pas comprise (ce qu’il aurait dû faire). Ses chefs mourront
de faim et tout le commun peuple périra par la soif. 14 Voilà pourquoi la
Mort élargira sa bouche et, démesurément, dilatera sa gorge pour engloutir
ensemble les nobles de la ville et sa foule bruyante avec ses cris de joie.
15 C’est pourquoi tous les hommes auront à s’incliner, les forts se courbe-
ront et tous les orgueilleux devront baisser les yeux. 16 Le Dieu de l’univers
montrera sa grandeur en instaurant le droit. Le Dieu saint manifestera sa
sainteté par la justicef. 17 Dans les ruines de la ville, des brebis brouteront
comme en leur pâturage et des troupeaux errants dévoreront les champs
abandonnés des richesg !
18 Malheur à vous qui traînez le péché partout derrière vous par les
câbles du vice, et qui tirez la faute comme les traits d’un attelagea ! 19 Vous
dites en effet : « Que Dieu se presse donc d’accomplir son ouvrage pour que
nous le voyions ! Que le Saint d’Israël s’approche et réalise les desseins dont
il parle pour que nous nous en rendions compte ! ».
20 Malheur à vous qui nommez le mal « bien » et le bien « mal » ! Vous qui
voulez changer la lumière en ténèbres, les ténèbres en lumière. Vous qui
voulez changer l’amertume en douceur et la douceur en amertume.
21 Malheur à vous qui croyez être sages et qui vous estimez des gens
intelligentsb !
22 Malheur à vous qui êtes des hérosc quand il s’agit de boire, et des gens
courageux pour vous gorger d’alcool ! 23 Qui, pour un pot-de-vin, acquittez
le coupable et qui privez les justes du droit qui leur est dû !
La colère de Dieu
24 Voilà pourquoi vous serez consumés comme un fétu de paille dévoré
par la flamme et comme une herbe sèche engloutie par le feu. Vos racines
seront réduites en pourriture, votre fleur s’en ira comme de la poussière,
pour avoir répudié la loi de l’Éternel, du Seigneur des armées célestes, et
avoir méprisé la parole de Dieu, du Dieu saint d’Israël.
25 Voilà pourquoi la colère de l’Éternel s’est enflammée contre son peuple,
et il a étendu sa main contre lui et il l’a frappé : les montagnes sont ébranlées,
les cadavres sont dans les rues comme des balayuresd. Mais malgré tout
cela, son courroux ne s’apaise point et sa main est encore levée.
26 Le Seigneur dresse un étendard pour des nations lointaines, il siffle
pour les appeler des extrémités de la terre. Les voici qui arrivent d’un pas
prompt et légere. 27 Personne, parmi eux, ne connaît la fatigue. Personne ne
chancelle. Personne ne somnole. Et nul n’est endormi. Nul n’a son ceinturon
dénoué de ses hanches, leurs cordons de sandales ne sont pas délacés.
28 Leurs flèches sont aiguës, leurs arcs toujours tendus. Les sabots des che-
vaux sont comme des cailloux et les roues de leurs chars avancent comme
un ouragan. 29 Oui, leurs soldats rugissent, l’on croirait entendre des lionnes,
leurs grondements rappellent ceux des lionceauxf quand ils saisissent leur
proie et l’emportent au loin : nul ne la leur arrache.
30 En ce jour-là, retentira, contre le peuple de Juda, un mugissement en
a Évoque le lien solide entre le péché et le pécheur. Cordes et liens sont souvent associés au péché (2 Sam.
22 : 6 ; Ps. 2 : 3 ; 69 : 61 ; Prov. 5 : 22).
b Au point de pouvoir vous passer des conseils de Dieu (cf. Prov. 3 : 7 ; 26 : 12 ; 28 : 11).
c Litt. : des hommes de force. Leur héroisme consistait à boire des « cocktails d’alcool » (alcool de céréales
mêlé d’épices), il n’allait pas jusqu’à refuser les pots-de-vin pour faire triompher la justice (v. 23).
d Être privé de sépulture était considéré comme le malheur suprême (cf. Jér. 8 : 12 ; Eccl. 6 : 3).
e Il s’agit des Assyriens. L’Assyrie, distante d’un millier de kilomètres de la Palestine, menaçait le pays d’Israël
à l’appel de Dieu (« siffler », cf. 7 : 18).
f Le lion était le symbole de l’Assyrie (cf. Nahoum 2 : 12).
Ésaïe 6 60
L’appel d’Ésaie
ces voix, tandis que le sanctuaire se remplit de fuméef. 5 Je m’écriai alors :
— Malheur à moi ! je suis perdug ! Car je suis un homme aux lèvres
impures et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures. Et voici que
mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers.
6 L’un des séraphins vola alors vers moi, il tenait à la main un charbon
ardent qu’il avait pris sur l’autelh avec des pincettes. 7 Il en toucha ma
bouche, et me dit :
— Voici, maintenant que ceci a effleuré tes lèvres, ta faute est enlevée
et ton péché est expiéi.
8 Puis j’entendis le Seigneur qui disait :
le pays. 13 S’il y subsiste encore un dixième du peuple, à son tour, il sera
détruit par l’incendie. Mais, comme un térébinthe ou un chêne abattu qui
conserve sa souche, la souche (de ce peuple) pourra produire encore une
sainte postéritéb.
conclu une alliance avec Éphraïmd, le cœur du roi fut agité et tout son peuple
se mit à trembler comme le feuillage des arbres de la forêt quand ils sont
secoués par le vent.
3 Alors, l’Éternel dit à Ésaïe : Va à la rencontre d’Ahaz, toi et Chéar-
cœur ne s’alarme point devant ces deux tisons fumants, devant la fureur de
Retsîn, et de son pays, la Syrie, et du fils de Remaliahou. 5 Je sais que la Syrie
médite du mal contre toi de concert avec Éphraïm et le fils de Remaliahou. Je
sais bien qu’ils ont dit : « 6 Montons contre Juda, jetons-y l’épouvante, battons
la ville en brèche, établissons-y comme roi le fils de Tabeélg ».
7 Mais ainsi parle le Seigneur, le Seigneur, l’Éternel : Cela ne s’accomplira
pas, ce plan ne réussira pas. 8 Car Damas est la tête du pays de Syrie, et Ret-
sîn n’est chef qu’à Damas ! Dans soixante-cinq ans, Éphraïm cessera d’être
compté parmi les peuplesh. 9 Samarie est la tête du pays d’Éphraïm ; et le fils
de Remaliahou n’est chef qu’à Samarie. Si vous n’avez pas confiancea (dans
mes paroles), jamais vous ne subsisterez ! ».
Le signe d’Emmanuel
10 L’Éternel
parla de nouveau à Ahaz et lui dit :
— 11 Demande pour toi un signe (de son appui) à l’Éternel, ton Dieu, soit
dans les régions d’en-basb soit dans les lieux élevés.
12 Mais Ahaz répondit :
le mal et à choisir le bien. 16 Mais avant que l’enfant sache choisir le bieng
et repousser le mal, les pays des deux rois que tu crains aujourd’hui seront
abandonnés.
17 L’Éternel fera survenir contre toi et ton peuple, contre ta dynastie, par
le roi d’Assyrie, des jours comme jamais il n’y en a eu de tels depuis le jour
où Éphraïm s’est séparé d’avec Judah.
18 Il adviendra, en ce jour-là, que l’Éternel appellera les mouches des
fleuves d’Égypte et les frelons de l’Assyrie. 19 Et ils viendront se poser tous
dans les ravins abrupts, et dans les fentes des rochers, dans toutes les
broussailles, et dans tous les halliers.
20 En ce jour-là, le Seigneur rasera avec un rasoir pris à gage au-delà de
l’Euphrate, avec le roi de l’Assyrie. Il rasera la tête et les poils de vos pieds,
il coupera la barbei.
a Ou : si vous ne tenez pas ferme. Le mot hébreu (dont est dérivé « amen ») signifie : être fondé sur, se remettre
entre les mains d’une personne à qui l’on fait confiance (cf. Ésaïe 28 : 16).
b Ou : du fond du lieu des morts.
c Dieu autorise Ahaz à demander un signe. Celui-ci fait semblant de vouloir obéir à l’ordre de Dieu donné en
Deut. 6 : 16 (ne pas tenter l’Éternel). En réalité, son trouble (v. 2) et ses entreprises (v. 3) prouvent qu’il n’a
pas confiance en Dieu (v. 9) et qu’il veut s’appuyer sur l’Assyrie (2 Rois 16 : 7). D’où le verdict du v. 17.
d Ou : jeune femme. Dans le contexte historique, le terme désigne la jeune reine et annonce, comme signe de
l’aide de Dieu, la naissance d’un prince de la lignée de David qui sauvera le peuple de la menace assyrienne.
Il s’agirait donc d’Ézechias. Mais, comme beaucoup de prophéties de l’A.T., celle-ci a, au-delà du premier
accomplissement historique, une application lointaine. Les chapitres 9 et 11 parlent des temps messianiques.
La Septante traduit le mot almah par « vierge ». Les évangélistes y ont lu avec raison une annonce de la
naissance du Messie qui sauvera son peuple d’un esclavage plus grave encore que celui des Assyriens (Matt.
1 : 23 ; Luc 1 : 27-37).
e Litt. : « Dieu avec nous » (cf. 8 : 8 et 10).
f Nourriture des nomades sur les terres délaissées : le pays aura été ravagé (v. 21-24).
g Litt. : sache rejeter le mal et choisir le bien, c.-à-d. qu’il atteigne l’âge de raison (Deut. 1 : 39).
h À partir d’Ahaz, à part de rares exceptions, les Juifs furent soumis à la domination étrangère.
i Signe de déshonneur ou de deuil (cf. Job 1 : 20, Ésaïe 15 : 2 ; Jér. 48 : 37 ; 2 Sam. 10 : 4-5). Annonce de la
captivité : les prisonniers étaient rasés de la tête aux pieds.
63 Ésaïe 8
deux brebisa. 22 Il y aura tant de lait qu’on boira de la crème et les rescapés
du pays pourront tous se nourrir de laitage et de miel.
23 Il adviendra encore, en ce jour-là, que tout endroit planté de mille ceps
de vigne valant mille pièces d’argent, sera abandonné aux ronces et aux
broussailles. 24 Et l’on y entrera armé d’arcs et de flèchesb, car tout le pays
ne sera que ronces et broussailles. 25 On ne passera plus sur les coteaux
fertiles qu’on sarclait à la pioche ; les ronces, les broussailles auront tout
envahi. Ils seront piétinés par des troupeaux de bœufs, les moutons y paî-
tront et fouleront leur sol.
Deux signes
8 L’Éternel me dit :
Prends une grande tablette et écris-y en caractères lisibles pour tous :
« Maher Chalal-Hach-Baz : proche est le pillage, imminent le butin ».
2 Et je pris avec moi des témoins dignes de foi, Urie, le sacrificateur, et
L’invasion assyrienne
5 L’Éternelme parla encore en ces termes :
6 Puisque ce peuple a méprisé les eaux de Siloéf qui coulent doucement,
et qu’il a défaillig à cause de Retsin et de Pékach, fils de Remaliahou, 7 à cause
de cela, voici que le Seigneur fera monter sur eux les eaux du fleuve, les flots
forts et intarissables : le roi de l’Assyrie et toute son armée, et il sortira de son
lit, il franchira les berges, passant par-dessus tous ses bords, 8 il pénétrera en
Judée et la submergera ; il atteindra jusqu’à sa gorge, et le déploiement de ses
flots couvrira toute l’étendue de ton pays, Emmanuelh !
a On ne cultivera plus le sol, on reviendra à l’élevage. Les rescapés seront si peu nombreux qu’ils auront du
lait et du miel en abondance, malgré un cheptel réduit.
b Car le pays abandonné sera peuplé de bêtes fauves.
c Pour Urie, cf. 2 Rois 16 : 10-18. Zacharie était peut-être le beau-père d’Ahaz et le grand-père maternel
d’Ézéchias (cf. 2 Rois 18 : 2).
d Litt. : de la prophétesse.
e L’enfant devient donc un symbole vivant et un rappel constant du proche châtiment de la Syrie et du royaume
du nord.
f Le peuple comparait le petit cours d’eau de Siloé, c.-à-d. du système d’alimentation en eau potable de Jéru-
salem (Néh. 3 : 15 ; Jean 9 : 7-11) au grand fleuve de l’Euphrate. Autrement dit, il comparait le petit royaume
de Juda à l’empire assyrien. Ésaïe compare l’eau vivifiante mais calme de Siloé aux eaux dévastatrices du
fleuve. Le peuple a méprisé l’aide de Dieu pour rechercher celle de l’Assyrie.
g Ou : qu’il s’est réjoui au sujet de Retsîn, qu’il l’a vu avec plaisir, l’a valorisé. Dans ce cas, il faudrait croire
que la population de Jérusalem souhaitait la victoire de Retsin et de Pékah, leurs ennemis. Si l’on adopte la
traduction actuelle, les gens perdaient courage et voulaient rechercher l’appui exclusif de l’Assyrie seul et
non celui d’alliés éventuels (cf. Ésaïe 30 : 15-16 ; Jér. 1 : 17 ; Matt. 10 : 28 ; Luc 12 : 4-5).
h Ce nom (Dieu avec nous) suggère une délivrance future : puisque Dieu est avec nous, les ennemis auront
beau s’acharner, ils seront finalement défaits (v. 9s).
Ésaïe 8 64
l’oreille, vous les pays lointains des extrémités de la terre ! Soyez prêts au
combat, et vous serez défaits ! Oui, soyez prêts au combat, et vous serez
défaits ! 10 Concertez votre plan, il n’aboutira pas ! Distribuez vos ordres, ils
seront sans effet, car Dieu est avec nous !
craindrez, lui qu’il faut redouterc. 14 Il est un saint refuged, mais il sera aussi la
pierre que l’on heurte, le roc qui fait tomber, pour les deux maisons d’Israël,
un piège et un filet pour les gens de Jérusalem. 15 Et beaucoup, parmi eux,
s’y heurteront et tomberont et ils se briseront ; ils seront enlacés sans plus
pouvoir se dégager.
16 Enferme cet oracle et scelle l’instruction parmi (tous) mes disciples !
17 J’espère en l’Éternel qui cache sa présence au peuple de Jacob ; je me
confie en lui. 18 Voici, moi et les fils que Dieu nous a donnés, nous servi-
rons de signes et d’avertissementse pour Israël (son peuple) de la part du
Seigneur, l’Éternel tout-puissant, qui a fait sa demeure sur le mont de Sion.
19 Lorsqu’on viendra vous dire :
— Allez donc consulter ceux qui évoquent les esprits, ceux qui prédisent
l’avenir, qui chuchotent et marmonnent !
Répondez-leur :
— Un peuple doit consulter son Dieu. Ira-t-il consulter les morts pour
les vivants ?
20 À la loi et au témoignagef ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point
d’aurore qui luira pour ce peuple, 21 mais il sera errant à travers le pays,
pressé et affamé ! Et il arrivera, sous l’effet de la faim, qu’il deviendra furieux :
il maudira son roi et maudira son Dieug. Levant les yeux en haut, 22 puis
regardant la terre, il n’y verra qu’angoisse, obscurité et détresse. Et il se
sentira banni dans les ténèbres.
a Litt. : saisi par sa forte main. Ésaïe sous-entend l’élan prophétique que Dieu lui a donné (cf. Jér. 20 : 7 ; Éz. 3 : 14).
b En apprenant l’alliance d’Israël et de la Syrie, le peuple a pris peur. Ésaïe ne s’en émeut pas (7 : 2-7), car
Dieu est avec lui (v. 10).
c Ou : reconnaître comme saint. Reconnaître sa sainteté, c’est s’appuyer sur lui.
d Ou : un sanctuaire (cf. Éz. 11 : 16). La confiance en lui est le principe même de la religion d’Israël, celui qui
assurera aussi la restauration du peuple. Sur ce Rocher, l’on peut construire un édifice solide. Mais pour
celui qui ne croit pas en lui, il devient un rocher qui fait tomber (cf. Matt. 16 : 18 ; 1 Pi. 2 : 7).
e Cf. 7 : 3 et 8 : 3. Les noms des enfants sont des signes et des avertissements permanents. Ces signes ont
une signification universelle, c’est pourquoi Héb. 2 : 13 les applique au Messie.
f C’est la loi, l’enseignement de Dieu (dans le Pentateuque) et les témoignages de Dieu (à travers l’histoire de
son peuple) qu’il faut consulter et non les devins.
g Crime punissable de mort (Exode 22 : 27-28 ; 1 Rois 21 : 10) comme ceux énumérés au v. 19. Au lieu de
s’humilier sous la main de Dieu, ils lancent des imprécations vers Dieu et accusent leur roi.
65 Ésaïe 9
9 Le peuple qui marchait dans les ténèbres verra soudain briller une
grande clarté : la lumière rayonnera sur ceux qui habitaient le pays
dominé par l’ombre de la mort. 2 Ô Seigneur, tu suscites une immense allé-
gresse, tu fais jaillir la joie, et tous se réjouissent en ta présence comme on
se réjouit au temps de la moisson, ou comme on crie de joie lors du partage
d’un butin. 3 Car tu as pris le joug qui pesait sur ce peuple, le bâton qui
frappait son dos, la massue de son oppresseur, et tu les as broyés comme
au jour de Madiand.
4 Car toutes les chaussures portées par les guerriers qui martèlent le
sol, et tous les vêtements imprégnés par le sang seront livrés aux flammes,
dévorés par le feue.
a Deux tribus israélites installées au nord de la Palestine dont le territoire avait été annexé par les Assyriens
entre 734 et 732 en même temps que la Galilée et les territoires à l’est du Jourdain.
b Du lac de Tibériade, appelé aussi mer de Génézareth. D’autres pensent qu’il s’agit de la route qui longe la
mer Méditerranée et relie la Syrie à l’Égypte.
c La Galilée. On l’appelait ainsi parce que la population était fortement mélangée de païens : des Cananéens y
étaient restés (Juges 1 : 33), Salomon avait donné une partie du territoire au roi de Tyr (1 Rois 9 : 11-13). Elle
sera la première région conquise par les païens (2 Rois 15 : 29). C’est pourquoi la Galilée fut de tous temps
méprisée et le sera encore au ier siècle (Jean 1 : 46 ; 7 : 41, 52). Ésaïe prédit que ce mépris sera changé en
gloire : Jésus a accompli cette prophétie (cf. Matt. 4 : 13-16 ; 9 : 1).
d Allusion à la victoire de Gédéon sur les Madianites (Juges 7 et 8). Cette victoire soudaine et inespérée préfigure
la victoire du Messie qui brisera non seulement le joug de l’Assyrie qui pesait, à ce moment-là, sur le peuple
(Ésaïe 10 : 27 ; 14 : 25), mais aussi toute autre domination.
e Tout équipement militaire sera détruit car la paix régnera (v. 2 : 4).
f Pour symboliser le pouvoir royal, on plaçait une clé sur l’épaule du souverain (cf. 22 : 22 ; Matt. 16 : 19 ; Apoc.
3 : 7).
g Ces deux caractères : divinité et éternité, ne peuvent pas s’appliquer à un humain. Combinés avec le début du
verset, ils annoncent clairement l’incarnation du Messie, union de Dieu et de l’homme telle que Jésus-Christ
l’a réalisée.
Ésaïe 10
9 66
Samarie, tu es orgueilleuse…
7 Le Seigneur a lancé sa parole à Jacob, elle s’abat sur Israëla. 8 Le peuple
tout entier en aura connaissance. La tribu d’Éphraïm, les habitants de
Samarie qui disent, pleins d’orgueil et d’un cœur arrogant : 9 « Les briques
sont tombées, mais nous reconstruirons en pierres bien taillées. Et si les
sycomores ont été abattus, nous les remplacerons par des forêts de cèdres ».
10 L’Éternel fait lever contre eux leurs adversairesb, et il a excité contre eux
leurs ennemis, 11 la Syrie à l’est, les Philistins à l’ouest. Ils dévoreront Israël
à belles dents. Mais malgré tout cela, son courroux ne s’apaise point et sa
main est encore levée.
…Rebelle…
12 Le
peuple n’est pas revenu à celui qui le frappe, et il n’a pas cherché
l’Éternel tout-puissant. 13 C’est pourquoi l’Éternel coupera d’Israël en un
seul jour, la tête avec la queue, la palme et le roseauc. 14 L’ancien et le
notable, c’est la tête du peuple. Et la queue, c’est le prophète enseignant
le mensonge. 15 Les guides de ce peuple s’égarent loin du but, et ceux qui
sont guidés cheminent vers la ruine. 16 C’est pourquoi le Seigneur n’aura
plus d’indulgence envers ses jeunes gens, il n’aura pas pitié des orphelins,
des veuves. Car ils sont tous ensemble perfides et infidèles, et toutes leurs
paroles sont des insanités. Mais, malgré tout cela, son courroux ne s’apaise
point et sa main est encore levée.
…Et déchirée.
17 Car
la perversité a brûlé comme un feud, dévorant les fourrés, les
ronces et les épines. Elle embrasera la forêt tout entière qui se dissipera en
tourbillons fumants s’élevant vers le ciel. 18 Sous la fureur de Dieu, l’Éternel
tout-puissant, le pays est en feu, le peuple est consumé, il est la proie des
flammes. Nul n’épargne son frère. 19 On coupe à droite et l’on reste affamé ;
on mange à gauche sans être rassasié. On va jusqu’à manger la chair de son
prochain : 20 Manassé dévore Éphraïm, Éphraim mange Manassé, et tous
deux vont ensemble se jeter sur Judae, mais malgré tout cela, son courroux
ne s’apaise point et sa main est encore levée.
10 Malheur à ceux qui font des lois injustes ! Malheur aux scribes qui
mettent par écrit des décrets oppressifs causant la misère, 2 en refu-
sant aux faibles l’accès du tribunal, en privant de leur droit les pauvres de
a Jacob, Israël, Éphraïm et Samarie désignent le royaume du nord séparé de celui de Juda depuis près de 200
ans, dont Samarie était la capitale.
b Les adversaires de Retsin, c.-à-d. les Assyriens de Tiglath-Pilézer qui, avec les Syriens et les Philistins,
envahiront Israël (cf. 2 Rois 17 : 6).
c La branche de palmier qui pousse au sommet de l’arbre désigne les grands, les princes ; le roseau qui pousse
en bas représente le petit peuple (cf. 19 : 15 ; Deut. 28 : 13, 44).
d Comme dans Osée 7 : 6-7, la perversité est comparée à un incendie qui dévaste la forêt, elle engendre des
troubles décrits dans les versets suivants et en 2 Rois 15.
e Éphraïm et Manassé étaient deux tribus du royaume du nord, ce verset fait allusion à leurs luttes à l’intérieur
du même royaume. Elles ne s’unissent que dans le combat contre le royaume de Juda.
67 Ésaïe 10
mon peuple, pour dépouiller les veuves, piller les orphelins ! 3 Que ferez-vous
au jour du règlement de comptes et de la destruction qui surviendra de
loina ? Vers qui donc fuirez-vous pour obtenir du secours et où cacherez-vous
l’amas de vos richesses ? 4 Que reste-t-il à faire ? Vous courbez sous le joug
parmi les prisonniersb ou tombez égorgés au milieu des victimes ! Malgré
tout cela, son courroux ne s’apaise point et sa main est encore levée.
Le bâton bastonné
5 Malheur à l’Assyrien, bâton de ma colèrec ! La massue qui est dans sa
main est l’instrument de ma vengeance. 6 Je l’enverrai pour attaquer une
nation impie, je vais lui donner la mission de rafler le butin d’un peuple qui
m’irrite, de le mettre au pillaged, pour qu’il soit piétiné comme la boue des
rues. 7 Mais ce n’est pas ainsi que le roi d’Assyrie a compris sa mission et
ce n’est pas le plan que son cœur a conçu, car il ne songe qu’à détruire et à
exterminer des nations en grand nombree, 8 car voici ce qu’il dit :
« Mes chefs sont tous ensemble de véritables roisf. 9 Kalno a bien subi
le sort de Karkémichg et Hamath est tombée comme est tombé Arpad ; j’ai
détruit Samarie aussi bien que Damas ; 10 si ma main a frappé des royaumes
païens dont pourtant les idoles étaient bien plus nombreuses que dans
Jérusalem et dans la Samarie, 11 ne traiterai-je pas Jérusalem et ses idoles
tout comme Samarie et ses divinités ? ».
12 Mais (écoutez,) voici ce qui arrivera : quand j’aurai accompli toute mon
œuvreh sur le mont de Sion et à Jérusalem, je demanderai compte au roi de
l’Assyrie des pensées orgueilleuses qu’il portait dans son cœur, comme de
l’arrogance de ses regards hautains.
13 Car il a déclaré : « C’est par ma propre force et grâce à ma sagesse
que j’ai fait tout cela, car je suis très habile. J’ai déplacé les bornes de nom-
breuses nations, et pillé leurs trésors et, comme un homme fort, j’ai détrôné
les rois ! 14 Ma main a ramassé les richesses des peuples comme on ramasse
au nid des œufs abandonnési, j’ai pris toute la terre sans qu’il y ait personne
pour agiter les ailes, ou pour ouvrir le bec, ou pour pousser un cri ! ».
15 Est-ce que la cognée va se vanter aux dépens de celui qui s’en sert pour
tailler ? Ou est-ce que la scie se glorifie aux dépens de celui qui la maniea ?
Comme si le bâton faisait mouvoir la main, comme si le gourdin faisait lever
le bras de celui qui s’en sert !
16 C’est pourquoi le Seigneur, l’Éternel tout-puissant, fera fondre la
graisse des guerriers corpulents et toute leur splendeur sera la proie des
flammes qui la consumeront. 17 Car la lumière d’Israël deviendra comme un
feu, et le Saint d’Israël sera comme une flamme qui brûlera et qui dévorera
en un seul jour les épines et les ronces. 18 Il anéantira toute la luxuriance
de ses forêts splendides et de tous ses vergers ; il les consumera du cœur
jusqu’à l’écorce. On croira voir un homme qui tombe en défaillance sous
l’effet de la fièvre. 19 Il restera si peu d’arbres de sa forêt qu’on pourra les
compter : même un petit enfant pourrait les dénombrer !
comme il frappa Madian près du rocher d’Orebf. Il lèvera encore son bâton
sur la merg comme il l’a fait jadis contre les Égyptiens. 27 Il adviendra, en ce
jour-là, que ton fardeau sera ôté : il glissera de ton épaule et son joug cessera
de peser sur ta nuque, et la postérité reviendra au paysh.
a Ésaïe évoque la hache et la scie, car les Assyriens dépouillaient les forêts de la Palestine pour faire leurs
ouvrages de siège, mais Dieu leur rappelle qu’ils ne sont que des instruments entre ses mains et n’ont aucune
raison de s’enorgueillir de leurs victoires.
b Ésaïe évoque le roi Ahaz qui cherchait l’appui des Assyriens qui avaient envahi son pays (2 Rois 16 : 7s).
c Évocation du nom de l’autre fils d’Ésaïe (cf. 7 : 3).
d En Judée, à Jérusalem. Les jugements de Dieu doivent servir d’avertissement à l’humanité entière.
e Allusion aux conditions de vie des lsraélites en Égypte (Exode 1). L’image du gourdin est associée à l’Assyrie
(cf. 9 : 3 ; 14 : 29).
f Oreb était un chef madianite tué par Gédéon (Juges 7 : 23-25).
g Contre l’Assyrie. Au gourdin de l’Assyrien (v. 24) répondra le bâton de l’Éternel qui, autrefois, a divisé la mer
Rouge et englouti les Égyptiens.
h Litt. : le joug sera secoué par la graisse. Ou : la vigueur, l’abondance, la tête robuste fera éclater le joug.
69 Ésaïe 11
L’ennemi arrive…
28 La voilà qui arrivea (l’armée des Assyriens) ! Ils marchent contre Ayath,
ils passent par Migrôn et ils ont déposé à Mikmas leurs bagages. 29 Voici, ils
ont déjà franchi le défilé, ils campent à Guéba. Rama est terrifiée, Guibéa
de Saül est saisie de panique. 30 Ô enfants de Gallim, élevez votre voix ! Fais
attention, Laïs ! Malheureuse Anatoth ! 31 Madména est en fuite, le peuple
de Guébim a cherché un abri. 32 Oui, aujourd’hui déjà, il fera halte à Nob, il
lèvera sa main contre le mont Sion. Oui, contre ta colline Jérusalem !
a Ces versets décrivent l’avancée des armées assyriennes qui se rapprochent de Jérusalem. Ayath est à 16 km
au nord de la ville, les autres localités mentionnées sont de plus en plus proches.
b C’est-à-dire de la famille de David dont Isaï (ou Jessé) était le père (1 Sam. 16 : 1). Litt. : de la souche d’Isaï,
allusion à l’état de la monarchie ressemblant à un arbre abattu après l’invasion de Sennachérib. Cette souche
produira un rejeton conformément à la promesse de Dieu (2 Sam. 17).
c Les six attributs de l’Esprit énoncés ici sont nécessaires à ceux que Dieu choisit pour sauver et gouverner
son peuple (cf. Nomb. 11 : 17 ; Juges 3 : 10 ; 2 Sam. 23 : 1-2 ; Ésaïe 42 : 1 ; Matt. 3 : 16). Ils correspondent
aux attributs de la sagesse (Prov. 8 : 12-14).
d Sa faveur ou sa défaveur ne dépendent pas de l’aspect extérieur : il jugera d’après la relation avec Dieu.
e Cf. 2 Thes. 2 : 8.
f Les hanches sont le siège et le symbole de la force. La force du roi sera sa justice.
g Le règne messianique rétablira les conditions du paradis (cf. 2 : 4 ; 65 : 25 ; Gen. 1 : 26). La transformation de
l’homme (v. 9) affectera toute la nature.
h L’inimitié ancestrale entre l’homme et le serpent prendra fin.
Ésaïe 11
11 70
de cette connaissancea comme le fond des mers est couvert par les eaux.
10 Il adviendra, en ce jour-là, que le descendant d’Isaï sera comme un signal
dressé devant les peuples, et toutes les nations se tourneront vers lui. Et
son lieu de repos resplendira de gloire.
Cantique de louange
a Conséquence de la nouvelle alliance (cf. Jér. 31 : 33-34 ; Osée 2 : 22 ; 1 Cor. 13 : 12).
b Ou : une fois encore. Allusion à la première délivrance du peuple lors de la sortie d’Égypte. Les pays énumérés
sont les ennemis actuels d’Israël (Patros = la Haute-Égypte, Elam = la Perse, Chinear = la Babylonie, Hamath
= la Syrie), ils représentent la terre entière.
c Réconciliation du royaume du nord et de celui de Juda, fin du schisme datant de la mort de Salomon (cf.
7 : 17 ; Amos 9 : 11 ; Osée 2 : 2 ; 3 : 5 ; Jér. 3 : 18 ; 23 : 5 ; Éz. 34 : 23 ; 37 : 15-28).
d Au lieu de se combattre mutuellement, les douze tribus s’uniront comme au temps de David contre leurs
ennemis communs et les soumettront (cf. 2 Sam. 8 : 10).
e Le grand fleuve, l’Euphrate, ne sera pas plus un obstacle au grand retour que le Jourdain ne l’a été lors de
l’entrée dans le pays promis.
f Ce psaume de louange clôt la section messianique du début des prophéties d’Ésaïe. Il rappelle le chant de
Miryam auquel il emprunte quelques éléments (Exode 15 : 2 ; cf. Ps. 118 : 14).
g Allusion à la manière miraculeuse par laquelle Dieu a sauvé son peuple au désert en leur procurant de l’eau
(Exode 17 : 1-7) qui fut célébrée à la fête des tabernacles (Lév. 23 : 34s ; cf. note sur Jean 7 : 37). Le salut
71 Ésaïe 13
La chute de Babylone
guerre et agitez vos mains, qu’on franchisse les portes des hommes haut
placésc ! 3 Moi j’ai donné mes ordres à mes saintes milices qui me sont consa-
crées, j’ai convoqué mes braves, agents de ma colère, ceux qui se glorifient
de ma grandeur. 4 C’est le bruit d’une foule au sommet des montagnes : on
dirait un grand peuple. On entend un tumulte : on dirait des royaumes, des
nations rassemblées. L’Éternel tout-puissant passe en revue ses troupes
prêtes pour le combat ! 5 Ils viennent de très loin, de l’autre bout des cieux,
l’Éternel et les troupes dont il se servira dans son indignation pour dévaster
la terre. 6 Entonnez des complaintes, car le jour du Seigneur se rapproche à
grands pas comme un fléau dévastateur envoyé par le Tout-Puissant. 7 C’est
pourquoi tous les bras défaillent et tout le monde perd courage. 8 Ils seront
frappés d’épouvante ; l’angoisse s’emparera d’eux ; ils seront saisis par des
crampes comme une femme qui enfante ; ils se regarderont avec stupeur
les uns les autres, avec des visages de flammes tout brûlants d’émotion.
9 Voici venir le jour de l’Éternel, ce jour crueld, jour de fureur et d’ardente
est souvent comparé à de l’eau vive (55 : 1 ; Jean 4 : 10 ; Apoc. 22 : 17 ; Joël 4 : 18).
a Litt. : fardeau. Souvent ce terme introduit des menaces. Babylone représente la civilisation-type opposée à
Dieu (Ésaïe 21 : 1-10 ; 47 : 1-15 ; Jér. 50-51 ; Apoc. 17-18).
b Pour qu’on le voie au loin.
c Ou : des nobles. Peut-être était-ce une porte de Babylone ou d’un camp militaire, ou une allusion au nom
Babylone (porte des dieux). La chute de ces hommes haut placés sera d’autant plus significative.
d Où aucune pitié ne prévaudra (cf. Jér. 6 : 23 ; 50 : 42). Le jour de l’Éternel, c.-à-d. de son jugement, est souvent
évoqué par les prophètes (Amos 5 : 18 ; Joël 2 : 10).
Ésaïe 14
13 72
l’on poursuit, ou comme des brebis perdues que nul ne cherche. Chacun
fuira vers son pays et vers son peuplea. 15 Tous ceux que l’on rencontrera
seront criblés de flèches, et tous ceux que l’on saisira tomberont par l’épée.
16 Leurs enfants seront écrasés sous leurs regards, leurs maisons seront
rompre. En effet,) ils ne recherchent pas l’argent et ils font fi de l’or. 18 Avec
leurs arcs, ils abattront les jeunes gens, ils n’épargneront pas les nouveau-
nés et seront sans pitié pour les enfants. 19 Et Babylone, le joyau des empires,
la gloire des fiers Chaldéens, deviendra semblable à Sodome et à Gomorrhe
que Dieu a renversées. 20 Car Babylone ne sera plus jamais habitée et plus
jamais peuplée dans toutes les générations. L’Arabe même n’y dressera
jamais sa tente, et nul berger n’y fera paître ses troupeauxc. 21 Les chats sau-
vagesd chercheront abri dans ses ruines, et ses maisons seront hantées par
les hiboux, et les autruches y établiront leur demeure. Les boucs viendront
y prendre leurs ébats, 22 les animaux sauvages s’appelleront dans ses châ-
teaux, et les chacals viendront hurler dans ses palais. Son heure approche,
les jours de Babel sont comptés et ne seront point prolongés.
La fin d’un tyran
a Tous les étrangers que les richesses et la gloire de Babylone y avaient attirés fuiront vers leur pays (cf. Jér.
50 : 16 ; 51 : 9 ; Ésaïe 47 : 15).
b Peuple voisin des Perses qui, au temps d’Ésaïe, commençait à détruire les Assyriens. Ils participèrent à la
prise de Ninive en 612 et à la destruction de l’empire assyrien. Leur incorruptibilité, leur cruauté et la sûreté
de leurs archers ont été notées aussi par les historiens antiques (Hérodote, Xénophon, etc.).
c Même les nomades qui s’abritent généralement dans les ruines éviteront ce lieu.
Au temps de Strabon déjà (né en 60 av. J.-C.), la région de Babylone était un désert. Elle l’est restée jusqu’à
ce jour.
d Traduction incertaine. Ou : les démons, les satyres, les boucs (cf. 34 : 14 ; Soph. 2 : 14 ; Apoc. 18 : 2). Contraste
entre le luxe du palais et la désolation d’alors.
e La raison de la chute de Babylone est le relèvement d’Israël décidé par Dieu.
f Ou : proverbe (l’hébreu machal signifie : sentence, comparaison). Historiquement, ce chant de triomphe
célébrant la fin de la puissance opprimante, vise le dernier roi de Babylone, Nabonide (cf. Éz. 28 ; 31 ; 32).
Certains exégètes appliquent cependant ce passage à la chute de Satan (v. 12).
g Allusion au bâton du surveillant des corvées avec lequel il frappait les peuples soumis à l’esclavage.
73 Ésaïe 14
7 La terre maintenant est enfin au repos, et des chants d’allégresse reten-
tissent partout. 8 Les cèdres du Liban et même les cyprès sont heureux de
sa chute : « Ah ! disent-ils, depuis que tu es couché là, le bûcheron ne monte
plus pour nous abattrea ! ».
9 Le monde du séjour des morts est en émoi à ton sujet pour t’accueillir
à ta venue. Pour toi, on réveille les ombres, tous les monarques de la terre.
On a fait lever de leurs trônes tous les rois des nations. 10 Tous, ils se mettent
à parler et ils te disent : « Toi aussi, te voilà déchu tout comme nous, te voilà
donc semblable à nous ! ». 11 Ton orgueil est précipité dans le séjour des
morts ! Tu n’entends plus le son des harpes ! Les vers sont maintenant ta
couche et la vermine ton manteau !
12 Comment es-tu tombé du ciel, astre brillantb, fils de l’aurore ? Toi qui
terrassais les nations, comment est-il possible que tu aies été abattu ? 13 Tu
disais en ton cœur : « Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône bien au-des-
sus des étoiles de Dieu. Je siégerai en roi sur le mont où siègent les dieux,
aux confins du septentrionc. 14 Je monterai au sommet des nuages, je serai
semblable au Très-Haut ! ».
15 Et te voilà précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de
l’abîme. 16 Ceux qui te voient arrêtent leurs regards sur toi, en cherchant à te
reconnaître : « Est-ce bien là cet homme qui terrifiait la terre et qui ébranlait
les royaumes ? 17 Qui changeait le monde en désert, qui détruisait les villes
et qui ne relâchait jamais ses prisonniers ? ».
18 Tous les rois des nations sont couchés avec gloire, chacun dans son
caveau. 19 Toi, tu n’as pas de tombed, tu as été jeté comme un rameaue que
l’on méprise au milieu des tués égorgés par l’épée qu’on a précipités dans
la fosse commune et recouverts de pierres, dont on piétine le cadavre. 20 Tu
ne seras jamais réuni avec eux pour partager leur tombe, car tu as ruiné ton
pays et tu as tué ton peuple ! Aucun de tes enfants ne te succéderaf !
21 Préparez, pour les fils, le massacre, en raison des crimes de leurs
pères, pour qu’ils ne puissent pas se relever un jour pour conquérir le monde
et couvrir de cités la face de la terre !
22 L’Éternel tout-puissant dit :
Je me lèverai, je combattrai contre eux ! Je rayerai de sur la surface de
la terre le nom de Babylone et de ses survivants, de toute sa lignée et de
ses descendants. 23 Ses ruines deviendront un nid de hérissons, un vaste
marécage. J’effacerai sa trace par l’extermination comme avec un balai !
a Les rois d’Assyrie et de Babylone abattaient les cyprès de l’Amanus et les cèdres du Liban (37 : 24 ; Hab.
2 : 17) pour se bâtir des palais. Ce saccage des forêts pour satisfaire son orgueil est donné parmi les raisons
de la chute.
b Certaines versions traduisent d’après le grec : « étoile du matin », ou d’après le latin : « Lucifer ». L’étoile est un
symbole de la royauté (Nomb. 24 : 17) et l’étoile du matin, par sa brillance, représente une gloire particulière
(Apoc. 2 : 28 ; 22 : 16). En rapprochant ce texte de Luc 10 : 18, les Pères de l’Église l’ont appliqué à la chute
de Satan. Le séjour des morts est alors devenu l’enfer (cf. Apoc. 8 : 10 ; 9 : 1).
c Selon la mythologie babylonienne, les dieux siégeaient chaque année au sommet du monde, à l’extrême
nord, pour fixer le destin des hommes.
d Être privé de tombe était la pire des malédictions (cf. v. 22 : 16 ; 2 Chr. 21 : 20 ; 24 : 16 ; Jér. 8 : 1-2 ; 22 : 19).
e Ou : comme un avorton, un mort-né (qui était habituellement enseveli hors de la sépulture familiale).
f Litt. : on ne nommera plus jamais la race des scélérats, des malfaisants. Le roi de Babylone subira les trois
plus grands châtiments de l’Antiquité : il sera privé de sépulture, son nom disparaîtra et il n’aura pas de
successeur. Effectivement, aucun membre de la dynastie royale de Babylone n’a plus jamais régné.
Ésaïe 15
14 74
a Le coup fatal contre l’Assyrie eut effectivement lieu dans la région montagneuse de Juda.
b Litt : un saraph (cf. 6 : 2) traduit aussi par « dragon volant ». Les Philistins sont invités à ne pas se réjouir de
la disparition d’un souverain assyrien (Tiglath-Piléser), car il sera suivi d’autres (Sargon et Sennachérib) qui
ont effectivement ruiné la Philistie.
c À la fois la fumée qui monte des villes incendiées par l’envahisseur et la poussière soulevée par l’avance de
ses troupes.
d Ar-Moab et Qir-Moab sont deux villes principales du pays. Cf. ces chapitres 15 et 16 à Jér. 48.
e Nébo est le mont d’où Moïse a contemplé le pays promis (Deut. 34). Jérôme dit qu’il s’y trouvait une statue
du dieu Kémoch. Médeba se trouve sur le plateau au nord de Dibôn, l’endroit où fut découverte en 1868 la
« pierre de Moab ». Ces versets montrent que les Moabites possédaient alors le pays au nord de l’Arnon. Ce
territoire avait appartenu aux Israélites depuis la conquête de Canaan et ils l’ont reconquis à la mort d’Achab
(2 Rois 3 : 4-5).
f Signes de deuil (cf. Jér. 48 : 37).
g Villes à la frontière nord du pays (cf. Nomb. 21 : 26). Yahats se trouve à l’est aux confins du désert. La nouvelle
de la défaite se répand jusqu’aux extrémités du pays.
75 Ésaïe 16
5 Mon cœur gémit au sujet de Moab : ses fugitifs sont déjà à Tsoar et à
Eglath-Chelichiya on gravit en pleurant la montée de Louhith. Sur le chemin
d’Horonaïm, on pousse des cris de détresse. 6 Car les eaux de Nimrim ont
cessé de couler et l’herbe est desséchée, le gazon est détruit. Toute verdure
a disparua. 7 Aussi emportent-ils ce qu’ils ont pu sauver et leurs objets
précieux au-delà du torrent des Saules. 8 Car la clameur a fait le tour de la
frontière de Moab ; les lamentations sont entendues à Eglaïm et jusqu’à Béer-
Elimb. 9 En effet, les eaux de Dimon sont rougies par le sang. Oui, j’infligerai
à Dimon un surcroît de malheur et un lion fondrac sur tous les survivants
restés dans le pays.
16 Que les réfugiés de Moab fassent parvenir leur tribut jusqu’à Jérusa-
lem : « Envoyez des agneauxd au maître du pays, depuis Sélae par le
désert jusqu’au mont de Sion ». 2 Comme des oiseaux fugitifs chassés hors de
leur nid, telles seront les filles de Moab près des gués de l’Arnonf : 3 « Prends
notre cause en mains, supplieront-elles, donne-nous un conseil, couvre-nous
en plein jour, étends sur nous ta protection comme la nuit étend son ombre,
cache les exilés, ne trahis point les fugitifs ! 4 Que les rescapés de Moab soient
accueillis chez toi ; sois pour eux un refuge contre le destructeur car, un jour,
l’invasion aura pris fin et la dévastation aura cessé et tous les oppresseurs
auront disparu du pays. 5 Il régnera un roi descendant de David ; son trône
sera ferme car il gouvernera le peuple avec amour et avec loyauté ; il pour-
suivra le droit et se passionnera pour tout ce qui est juste ».
6 (Le peuple de Juda dira :) « Nous connaissons Moab et nous savons qu’il
est très orgueilleux et qu’il est arrogant, se vantant avec morgue, mais ses
discours hautains n’ont aucun fondement ». 7 Aussi les Moabites auront des
raisons de gémir sur le sort de Moab. Oui, que tous se lamentent ! Pleurez
et gémissez, et soyez consternés, car il n’y aura plus de gâteaux de raising à
Qir-Haréseth ! 8 Car les champs de Hechbôn ont été dévastés, les maîtres des
nations ont brisé tous les ceps des vignes de Sibma qui s’étendaient jusqu’à
la ville de Yazer et qui allaient se perdre jusque dans le désert, et dont les
rejetons se répandaient au loin, au-delà de la merh. 9 Et maintenant, je pleure,
je pleure avec Yazer, les vignes de Sibma. J’arrose de mes larmes Hechbôn,
Elealé, car sur votre moisson et sur votre vendange ont retenti des crisi.
10 La joie et l’allégresse ont disparu des vignes et de tous les vergers : il n’y a
a Dans cette oasis au sud-est de la mer Morte, l’ennemi a détruit les canaux, les habitants ont fui et n’entre-
tiennent plus l’irrigation, donc la sécheresse sévit (cf. 2 Rois 3 : 25).
b Deux villes situées aux frontières opposées de Moab ; le cri de douleur passera donc à travers tout le pays.
c Le lion vient rôder sur les terres abandonnées, il symbolise l’intervention de Dieu contre ses ennemis (cf.
2 Rois 17 : 26 ; Amos 1 : 2 ; 3 : 8).
d D’après 2 Rois 3 : 4-5, les Moabites devaient payer un tribut de 100 000 agneaux et 100 000 béliers avec
leur laine. Ce tribut est signe et symbole de soumission.
e Le Rocher, une localité proche de Juda mentionnée en Juges 1 : 36 (et non la future Pétra de 2 Rois 14 : 7).
f Fleuve principal de Moab qui constituait aussi sa frontière nord.
g Probablement des gâteaux faits avec des raisins pressés qui symbolisaient la fertilité du pays. Peut-être
étaient-ils offerts à leurs dieux (cf. Osée 3 : 1 ; 2 Sam. 6 : 19 ; 1 Chr. 16 : 3).
h Le vin, production principale de Moab, était exporté au-delà de la mer (ici, sans doute la mer Morte).
i Non pas les cris de joie des moissonneurs ni ceux des vendangeurs, mais des cris de guerre (cf. Jér. 51 : 14).
Ésaïe 17
16 76
Amère moisson
a C’est-à-dire comptés exactement : pas un jour de plus (cf. 21 : 16). C’est probablement le roi assyrien Tiglath-
Piléser qui a accompli cette prophétie en dévastant tout le pays à l’est du Jourdain (7 : 16-17 ; 2 Rois 15 : 29).
b Il y avait une ville d’Aroër sur l’Arnon (Josué 13 : 16) et une autre près de Rabba et de Ramoth en Galaad (Josué
13 : 25). Les villes d’Aroër peuvent être ces deux villes avec les localités qui en dépendaient (cf. 2 Sam. 24 : 5).
c Le royaume du nord qui s’était appuyé sur la Syrie sera humilié par la chute de Damas.
d Expression ironique puisque le royaume du nord (Jacob) sera humilié en ce jour-là : sa graisse fondra, c.-à-d. ses
productions agricoles (cf. Gen. 27 : 28) seront réduites à peu de chose à cause des saccages des envahisseurs.
e Ou : des géants. Au sud-ouest de Jérusalem, vallée célèbre par sa fertilité où David a remporté une victoire
sur les Philistins (2 Sam. 5 : 22-25).
f Les olives étaient secouées sur l’arbre (comme les noix), quelques-unes restaient toujours au sommet des
branches (cf. Deut. 24 : 20).
g Les emblèmes du soleil étaient des colonnes ou des autels où l’on brûlait de l’encens en son honneur
(cf. 27 : 9 ; Éz. 6 : 4, 6 ; Lév. 26 : 30 ; 2 Chr. 14 : 4 ; 34 : 4, 7) ; pratiques liées au culte de Baal.
h Selon la version grecque des Septante. L’hébreu porte : comme la forêt et la cime (des montagnes).
77 Ésaïe 18
18 Ô terre où retentit le bruissement des ailese, terre au-delà des fleuves
traversant l’Éthiopie, 2 toi qui envoies par mer des émissaires dans
des vaisseaux de joncf sur la face des eaux ! Retournez donc chez vous,
rapides messagers, allez vers la nation à la taille élancée et à la peau bron-
zée, retournez vers le peuple que l’on redoute au loin, le peuple qui nivelle
et qui écrase tout ! Rentrez dans le pays sillonné par des fleuves. 3 Vous qui
peuplez le monde, habitants de la terre, regardez l’étendard quand on va le
dresser au sommet des montagnes, et quand vous entendrez la trompette
sonnerg, soyez très attentifs !
4 En effet, voici ce que m’a dit l’Éternel :
a Ou : en l’honneur des dieux étrangers. Sans doute des « jardins d’Adonis », de petits vases dans lesquels on
cultivait des plantes hâtives mais éphémères en l’honneur de la divinité cananéenne du printemps (cf. 1 : 29).
b Le prophète se tourne soudain du côté des Assyriens dont les armées étaient composées de mercenaires
de tous pays. Leur invasion est comparée à une inondation (cf. 5 : 30 ; 8 : 7-8).
c Les aires où l’on battait le blé se trouvaient fréquemment au sommet des collines pour bénéficier du vent
(cf. 2 Sam. 24 : 18).
d Prophétie de la destruction de l’armée de Sennachérib (37 : 36).
e Ésaïe vise l’Éthiopie et la Nubie, pays caractérisés par la présence d’innombrables insectes symbolisant les
masses de populations. À l’époque d’Ésaïe, c.-à-d. vers la fin du viiie siècle, des pharaons nubiens dominaient
l’Égypte et cherchaient en Palestine un appui contre l’Assyrie.
f Ou de papyrus. Allusion aux embarcations légères fabriquées par les Égyptiens. Ésaïe demande aux ambas-
sadeurs venus proposer une alliance de retourner dans leur pays : l’alliance de Dieu est suffisante pour
repousser les Assyriens.
g L’étendard et la sonnerie de trompette étaient des signaux de guerre : ils annonçaient l’arrivée imminente
des armées assyriennes (cf. Josué 6 : 4-5, 14).
h Au début, l’Éternel n’interviendra pas contre les Assyriens. Il semblera même favoriser leurs desseins comme
le soleil et la rosée favorisent la croissance des plantes, mais il s’interposera avant qu’ils aient pu exécuter
leurs plans (v. 5).
Ésaïe 19
18 78
deviendra un raisin qui mûrit, (le Seigneur) coupera les sarments de la vigne
avec une serpette ; il taillera les ceps et les émondera. 6 Le tout sera livré
aux vautours des montagnes et aux bêtes sauvages : les vautours en feront
leur nid pendant l’été, et les bêtes sauvages leur gîte de l’hiver.
7 En ce temps-là, l’Éternel tout-puissant recevra une offrande de la part de
ce peuple à la taille élancéea et à la peau bronzée, de la part de ce peuple que
l’on redoute au loin, du peuple qui nivelle et qui écrase tout, qui viendra du
pays sillonné par des fleuves au lieu où l’on invoque l’Éternel tout-puissant
sur le mont de Sion !
En plein désarroi…
a Les Nubiens reconnaîtront la main de l’Éternel dans son intervention et lui rendront hommage (cf. 17 : 7-8 ;
19 : 16-24 ; 23 : 15-18).
b L’Égypte est personnifiée comme une femme qui perd courage (cf. Deut. 20 : 8 ; Josué 2 : 11 ; 7 : 5) en voyant
approcher l’Éternel porté sur le nuage qui voile sa gloire (Éz. 19 : 16 ; Deut. 33 : 26), car sa venue signifie le
jugement (Ps. 18 : 10 ; 68 : 5 ; Nahoum 1 : 3).
c À la mort du pharaon Tirhaka, vers l’époque de la mort du roi Ahaz, des luttes intérieures créèrent une
situation anarchique en Égypte, qui en sortit divisée en douze petits royaumes sujets à l’Assyrie. Le pharaon
Psammétique rétablit pour un temps l’indépendance du pays en 664 av. J.-C.
d En 712, le roi Shabaka de Nubie s’est rendu maître de toute l’Égypte. C’est peut-être lui que vise cette
prophétie.
e Litt. : les eaux de la mer. Lorsqu’il inonde le pays, le Nil fait penser à une mer. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est
encore appelé en Égypte. L’absence d’inondation transforme le pays en désert. Dieu le mettra à sec comme
il l’a fait de la mer Rouge et du Jourdain.
f Ou, d’après le principal manuscrit d’Ésaïe trouvé à Qumrân : « deviendront livides, pâles d’inquiétude » (cf.
29 : 22).
g Tsoân ou Tanis (Nomb. 13 : 22), ancienne capitale d’un district, ville d’origine d’une dynastie de pharaons (cf.
Ésaïe 30 : 4).
79 Ésaïe 19
ment osez-vous dire au pharaon : « Nous sommes les disciples des sages
d’autrefois, les fils des anciens rois » ? 12 Où sont-ils maintenant, tes sages
conseillers ? Qu’ils te déclarent donc et te fassent savoir ce que le Seigneur
Dieu a décrété contre l’Égypte ! 13 Les princes de Tsoân sont dépourvus
de sens et les chefs de Memphisa sont tous dans l’illusion. Eux qui étaient
chargés de diriger l’Égypte, ils la font égarer. 14 L’Éternel a versé sur la terre
d’Égypte un esprit de vertige qui la fait chanceler dans tout ce qu’elle fait,
on dirait un ivrogne qui s’en va titubant dans ce qu’il a vomi. 15 Nul ne fera
plus rien qui profite à l’Égypte, de tout ce que feront les grands ou les petits,
la palme ou le roseau.
16 En ce jour-là, les Égyptiens seront comme de faibles femmes : ils trem-
bleront d’effroi et s’épouvanteront quand le Dieu tout-puissant élèvera sa
main en menace contre eux. 17 Le pays de Juda sera un sujet d’effroi pour la
terre d’Égypte et elle tremblera à la simple mention de son nom devant elle
à cause du décret que le Dieu tout-puissant a projeté contre elle.
a Héb : Moph (Osée 9 : 6) appelée Memphis par les Grecs, capitale de l’Égypte, à une vingtaine de kilomètres
au sud du Caire.
b Peut se rapporter aux colonies juives établies en Égypte. Parler une langue, c’est assimiler la culture d’un
pays, adopter ses coutumes. La suite montre qu’il s’agit d’une conversion du pays qui était l’un des ennemis
traditionnels du peuple de Dieu.
c Héliopolis, à l’entrée du delta du Nil. En 149 av. J.-C., on y érigea un temple sur le modèle de celui de
Jérusalem.
d Les marques de respect dont les Égyptiens entouraient les idoles (en leur dressant des obélisques) iront à
l’Éternel.
e La Palestine se trouvait sur le chemin entre l’Égypte et l’Assyrie. Elle a souvent souffert des conflits entre
ces deux pays. À présent, ce chemin signifiera libre communication et union, donc réconciliation entre les
anciens ennemis.
f Les trois nations n’en formeront qu’une seule.
g Les anciens ennemis seront considérés comme le peuple de Dieu, au même titre qu’Israël.
Ésaïe 20 80
Nu et déchaussé
20 L’année où le général Tartân, envoyé par Sargon, roi d’Assyriea, vint
attaquer Asdodb, et en fit le siège et s’en empara, 2 en ce temps-là,
l’Éternel adressa un message (au peuple) par l’intermédiaire d’Ésaïe, fils
d’Amots.
Il lui dit : Va, détache la toile de sac qui couvre tes reins et retire les
sandales de tes pieds.
Le prophète obéit et se promena nu et déchausséc.
3 L’Éternel dit alors : Mon serviteur Ésaïe a marché nu et déchaussé
pour servir de signe et de présage contre l’Égypte et l’Éthiopie. 4 C’est
ainsi que dans trois ans, le roi d’Assyrie emmènera les Égyptiens captifs
et les Éthiopiens déportés, les jeunes et les vieux, nus et déchaussés et les
reins découverts à la honte de l’Égypte. 5 Et tous ceux qui avaient mis leur
confiance dans l’Éthiopie et leur espoir dans le secours de leur « grand allié »
l’Égypte seront effrayés et confus. 6 Les habitants de ces régions du littoral
(palestinien) d diront en ce jour-là : « Voilà où en est réduit celui en qui nous
espérions, auprès de qui nous étions accourus pour trouver assistance et
pour être délivrés des mains du roi d’Assyrie ! Et nous, maintenant, comment
échapperons-nous ? ».
a Ce roi d’Assyrie est nommé seulement ici dans la Bible, mais il est souvent mentionné sur les inscriptions
assyriennes. Il s’est emparé du trône en 722, l’année du siège de Samarie, à la mort de Salmanassar IV.
C’est lui qui prit Samarie et déporta ses habitants (2 Rois 17 : 6). Il régna 17 ans. Son fils Sennachérib lui
succéda. L’année mentionnée ici est 711, la campagne contre Asdod est mentionnée sur des inscriptions
assyriennes.
b L’une des cinq villes principales de la Philistie (Josué 11 : 22 ; 15 : 46 ; 2 Sam. 5 : 1). Ville-clé pour l’accès vers
l’Égypte, donc puissamment fortifiée, souvent attaquée dans les guerres entre l’Assyrie et l’Égypte (selon
Hérodote, a soutenu un siège de 29 ans contre le pharaon Psammétique).
c C’est-à-dire comme un prisonnier de guerre (3 : 24 ; 1 Chr. 28 : 15). Acte symbolique destiné à frapper ses
contemporains (cf. Jér. 16 : 2 ; Éz. 3 : 25 ; 4 : 1 ; 5 : 1). Son attitude préfigure le sort réservé aux Égyptiens et
aux Éthiopiens qui les gouvernaient à l’époque (cf. 8 : 18).
d C’est-à-dire de la Philistie, mais aussi ceux de l’arrière-pays, c.-à-d. de Juda qui doit se laisser avertir par
cette leçon.
e Le texte dit seulement : au sujet du désert de la mer. D’après le v. 9, il s’agit bien de la Babylonie qui sera
vaincue par Sargon en 710 (d’après les monuments assyriens). La mer désigne la grande plaine s’étendant
jusqu’au sud du désert d’Arabie, parsemée de marécages.
f Des peuples asservis par la Babylonie. Les Élamites et les Mèdes étaient des peuples vivant en Perse
(l’actuel Iran).
81 Ésaïe 21
— Je dis que le matin vient, mais la nuit vient aussif. Si vous voulez
chercher, cherchez, puis convertissez-vous et revenez encoreg !
Fuite éperdue
13 Sentence sur l’Arabie.
Ô caravanes de Dédânh, vous passerez la nuit dans les broussailles d’Ara-
bie. 14 Allez à la rencontre de celui qui a soif et portez-lui de l’eau ! Habitants
de Témai, offrez au fugitif le pain qu’il vous demande ! 15 Car ils se sont enfuis
de devant les épées, les épées nues levées, de devant l’arc bandé et la rude
mêlée. 16 Car voici, en effet, ce qu’a dit le Seigneur : Dans un délai d’un an
a Selon Dan. 5, Babylone fut effectivement prise pendant un banquet des grands de la ville.
b Oignez, graissez vos boucliers : on les enduisait d’huile avant la bataille pour que les armes ennemies et leurs
flèches glissent sur leur surface.
c Cf. Apoc. 14 : 8 ; 18 : 2.
d Les épreuves d’un peuple sont souvent comparées au sort du blé sur l’aire de battage (Matt. 3 : 12).
e Oasis de l’Arabie du nord, à l’est d’Édom, peut-être cet avertissement prophétique concerne-t-il tout Édom
(puisqu’on crie de Séir, la montagne d’Édom au sud de la mer Morte). Le grec porte : l’Idumée, autre nom
d’Édom. Le nom a peut-être été choisi à cause de sa signification, symbolique ici : silence.
f Mais la nuit vient aussi. Le matin est symbole de la délivrance, la nuit est synonyme d’oppression. Après un
soulagement momentané (dû sans doute au désastre de Sennachérib), de nouveaux malheurs vous attendent :
de nouvelles incursions assyriennes dévasteront la région. Elles eurent effectivement lieu plus tard.
g Ou : une autre fois. « Revenir » et « se convertir » traduisent le même mot. On peut interpréter : si vous
voulez questionner, chercher des réponses (concernant votre avenir), vous pouvez le faire, mais l’essentiel
est de vous convertir, de revenir à Dieu (qui vous donnera la force d’affronter les circonstances, quelles
qu’elles soient).
h Les Dedânites (cf. Gen. 10 : 7 ; 25 : 2-3) étaient des nomades marchands vivant au nord-ouest de l’Arabie.
Ils faisaient du commerce avec Tyr : ivoire, ébène, etc. (cf. Éz. 27 : 15-20 ; 38 : 13 ; Jér. 49 : 28-32).
i Tribu ismaélite (Gen. 25 : 15) établie dans le voisinage d’Édom (Jér. 25 : 23). Les Dedânites ont dû fuir vers
le midi, l’ennemi venait donc du nord.
Ésaïe 22
21 82
Ô Jérusalem !
a Cf. 16 : 14, note. Kédar est une autre tribu ismaélite nomade (Gen. 25 : 13). Les inscriptions assyriennes
parlent des raids de Sargon chez les tribus arabes qu’il soumit.
b Soit une vallée de Jérusalem où Dieu a donné des visions au prophète, soit Jérusalem elle-même, construite,
il est vrai, sur une colline mais entourée de collines plus élevées dont elle était séparée par des vallées.
c Cette prophétie a sans doute été donnée pendant que la ville était assiégée (par Sennachérib). Le peuple
confiant dans ses remparts, continue son existence insouciante et même joyeuse (cf. v. 2, 13). Il monte sur
les terrasses pour voir l’ennemi.
d La mortalité était due à la famine et aux épidémies (cf. Lam. 4 : 9).
e Les chefs, au lieu de résister à l’ennemi, se sont enfuis. Leur trop grande confiance en eux a causé leur
humiliation.
f Élam et Qir représentent deux tribus qui ont fourni des soldats aux armées assyriennes. Élam (cf. 21 : 2),
à l’est, était renommé pour ses archers (Jér. 49 : 35 ; Éz. 32 : 24), Qir, à l’ouest, était le lieu d’origine des
Araméens (Amos 9 : 7). Les deux représentent les points extrêmes de la domination assyrienne.
g C’est-à-dire n’était plus protégé par des ouvrages militaires de défense.
h Litt. : à la maison de la forêt. Il s’agit du bâtiment royal utilisé comme dépôt d’armes (cf. 1 Rois. 7 : 1-5 ;
10 : 16-21).
i Bassin régulateur de la source du Guihôn aménagé par le roi Ahaz pour augmenter les réserves d’eau en
cas de siège (cf. 2 Chr. 32 : 3-4).
83 Ésaïe 22
Précautions inutiles
15 Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel tout-puissant : Va vers ce courtisan, vers
Chebna, l’intendant, gouverneur du palaisa.
16 Dis-lui : Qu’as-tu ici ? Qui sont les tiens, ici, pour creuser un tombeau ?
Tu te creuses un sépulcre dans un lieu élevé, dans le roc tu te tailles ta
dernière demeureb.
17 Voici que l’Éternel va te lancer au loin, d’un geste de sa main, il te fera
tourner, tourner comme une boule, 18 il te fera rouler, rouler comme une
balle, vers une vaste plaine. C’est là que tu mourras, c’est là que s’en iront
les chars qui font ta gloire, ô toi, qui es la honte du palais de ton maître !
19 Je t’exclus de ton poste, oui, je t’arracherai de ta situation.
a Nom araméen. C’était donc un étranger (v. 16) qui avait causé le désastre national d’alors. Il s’était opposé
aux avertissements des prophètes, avait compté sur l’alliance égyptienne et encouragé le peuple dans sa
rébellion contre Dieu (cf. 2 Rois 18 : 18, 26, 37). Ésaïe 36 : 3 et 37 : 2 montrent qu’après son exil, il semble
avoir été rétabli dans un office à la cour, mais à un rang inférieur.
b Au moment où Ésaïe le trouve, il est en train d’inspecter la construction d’une tombe monumentale pour lui.
c Tout ce qu’on sait d’Éliaqim, c’est qu’il apparaît plus tard dans le poste qu’avait occupé Chebna (36 : 3 ;
2 Rois 18 : 18). Son nom signifie : Dieu a suscité.
d Nom d’honneur donné parfois au premier ministre (Gen. 45 : 8). Contrairement à Chebna qui ne pensait qu’à
lui-même, il s’occupera de ses administrés.
e La clé (de grande dimension alors, ressemblant à un sceptre) était symbole du pouvoir politique. Celui qui
détenait la clé du palais royal introduisait qui il voulait auprès du souverain. Jésus-Christ s’attribue ces paroles
en Apoc. 3 : 7.
f Dans les maisons en Orient, les clous servaient à suspendre la vaisselle et les ustensiles, ils devaient donc
être solides. lci, l’image parle de la sécurité de la position d’Éliaqim qui pourra conférer richesses et honneurs
à toute sa famille (cf. v. 24 ; Esd. 9 : 8 ; Zach. 10 : 4).
Ésaïe 23 84
Jugement et rétablissement
a Importante ville phénicienne sur la côte nord de la Palestine, construite en partie sur la terre ferme, en partie
sur un îlot proche. Tyr fut à l’époque le plus grand centre commercial du monde antique qui avait établi des
colonies en Asie mineure, en Grèce, à Chypre, en Afrique (Carthage) et en Espagne (Tarsis). Comme l’Assyrie
représente la puissance militaire, Tyr symbolise le commerce.
b Tyr était une colonie de Sidon, une autre ville phénicienne. Elles se plaignent d’être à présent aussi solitaires
et désolées que des femmes qui n’ont jamais eu d’enfant.
c Les Égyptiens seront terrifiés à la nouvelle de la chute de Tyr. Non seulement parce qu’ils ne pourront plus
écouler leur blé, mais parce que leur principal rempart contre les invasions du côté oriental est détruit.
d Litt. : distribuaient des couronnes. Il peut aussi s’agir des princes que Tyr installait dans ses colonies.
e D’après l’ancienne version grecque et le principal manuscrit d’Ésaïe trouvé à Qumrân, Tyr sera condamné à
des travaux agricoles qu’elle considérait comme déshonorants.
f Chypre, colonie phénicienne, servait de lieu de refuge. Luli, le roi de Sidon, s’y est réfugié à l’approche de
Sennachérib. Mais même là, ils ne seront pas en sécurité.
g L’Assyrie a vaincu la Chaldée plus puissante que Tyr : cette dernière n’a donc aucune chance d’échapper à
l’emprise assyrienne.
h Ésaïe compare l’activité commerciale de Tyr à de la prostitution. Ici la prostituée dont parle la chanson est
obligée d’employer tous les moyens pour attirer de nouveau l’attention sur elle.
85 Ésaïe 24
dont parle la chanson : 16 « Va, prends une cithare, fais le tour de la ville,
courtisane oubliée ! Tâche de bien jouer, et multiplie tes chants, qu’on
se souvienne de toi ! ». 17 Et il arrivera, quand soixante-dix ans se seront
écoulés, que l’Éternel encore interviendra pour Tyr qui reprendra le cours
de son commerce ignoble et recommencera à se prostituer avec tous les
royaumes sur la face du globe. 18 Mais ses gains et ses salairesa iront à
l’Éternel. Au lieu d’être amassés, d’être mis en réserve, ses gains appar-
tiendront à (tous) ceux qui demeurent en présence de Dieu pour qu’ils
puissent manger et qu’ils soient rassasiés, pour qu’ils puissent se couvrir
de vêtements splendides.
Ravages
Louanges prématurées
14 Alors, les survivants élèveront leur voix. Ils chanteront de joie et, des
bords de la mer, tous, ils acclameront la grandeur du Seigneur :
a Terme technique du salaire d’une prostituée (cf. Deut. 23 : 19). Les gains de Tyr après son redressement iront
aux Israélites.
b Les chapitres 24 à 27 ont été intitulés : l’Apocalypse d’Ésaïe. Ils décrivent les calamités qui atteindront la
terre ou le pays d’Israël (chap. 24) et les résultats du jugement. Ils peuvent apporter consolation et espoir à
ceux qui passent par la tribulation.
c Celle du Sinaï ou l’alliance avec Noé (Gen. 9 : 1-17).
d Par la fièvre ou par une chaleur accablante.
e Le vin est symbole de joie. La vigne est dévastée (cf. JoëI 1 : 5).
Ésaïe 25
24 86
Fin et commencement
21 Il adviendra, en ce jour-là que l’Éternel visitera, là-haut, l’armée du cielb
et les rois de ce monde ici-bas sur la terre. 22 On les rassemblera ensemble
dans la fosse, ils seront enfermés dans la même prison et, après de longs
jours, on viendra les châtier. 23 La lune rougira de honte, le soleil pâlira car
l’Éternel tout-puissant règne sur le mont de Sion et sur Jérusalem. Il fera
resplendir sa gloire aux yeux de ses anciens.
et une forteresse pour (tous) les malheureux qui sont dans la détresse,
tu es un sûr abri contre la pluie d’orage
et tu es notre ombrage au temps de la chaleur.
L’ultime festin
6 L’Éternel tout-puissant préparera lui-même pour toutes les nations, là,
sur cette montagnea, un festin de vins vieux, de viandes succulentes toutes
pleines de moelle arrosées de vins vieux et dûment clarifiés. 7 Et il déchirera
là, sur cette montagne, le voile de tristesse qui couvre tous les peuplesb,
le linceul étendu sur toutes les nations. 8 Il fera disparaître la mort à tout
jamais. Le Seigneur, l’Éternel effacera les larmes de toutes les figures, il ôtera
l’opprobre qui pèse sur son peuple à travers tout le mondec.
L’Éternel a parlé !
9 Et l’on dira en ce jour-là : « Voici, c’est notre Dieu en qui nous espé-
rions, il nous a délivrés ! Oui, c’est en l’Éternel que nous avons placé toute
notre espérance. Maintenant, jubilons et réjouissons-nous puisqu’il nous
a sauvés ! ». 10 En effet, sur cette montagne, la main de l’Éternel restera
étendue. (Comme une protection). Mais (l’insolent) Moabd sera foulé
aux pieds comme on foule la paille dans la mare à fumier ! 11 Dans une
fosse immonde, il étendra ses mains comme fait le nageur quand il est en
détresse. Cependant, l’Éternel abattra son orgueil. Malgré tous ses efforts,
12 l’Éternel abattra les murs inaccessibles. Il les renversera, les jettera à
terre jusque dans la poussière.
Chant de triomphe
a C’est-à-dire sur le Mont Sion, à Jérusalem, la cité de Dieu (en opposition avec la ville, cf. v. 2), source de
lumière, de vie et de joie pour tous les peuples. Le festin est utilisé aussi dans le N.T. pour décrire cette joie
que Dieu donne (Matt. 8 : 11 ; 26 : 29 ; Luc 14 : 15 ; 22 : 29-30 ; Apoc. 19 : 17).
b Dans le N.T., il est question du voile qui empêche de voir la gloire de Christ et de connaître Dieu (2 Cor.
3 : 13-18). Le voile peut aussi représenter le deuil.
c Texte appliqué par le N.T. au salut final des rachetés (cf. 1 Cor. 15 : 26, 54 ; Apoc. 7 : 16 ; 21 : 4).
d Moab, souvent hostile à Juda, peut être pris comme représentant les ennemis du peuple de Dieu.
e Évoque la nouvelle Jérusalem d’Apoc. 21 : 10-23. La double muraille évoque la sécurité du salut assuré
par Dieu.
Ésaïe 26 88
Prière
7 Le
chemin pour le juste est un chemin uni. Toi qui es droit, tu traces la
voie que suit le juste. 8 Aussi, ô Éternel, nous espérons en toi et nous voulons
te suivre dans les voies de justice. Oui, tout notre désir se porte vers ton
nom ; nous voulons te garder présent à la pensée.
9 Mon âme aspire à toi tout au long de la nuit et mon esprit en moi te
recherche ardemment. Lorsque tes jugements s’exercent sur la terre, les
habitants du monde apprennent la justice. 10 Fait-on grâce au méchant, il
n’apprendra jamais comment devenir juste. Sur la terre du bienb, il commet-
tra le mal et il ne verra pas la majesté de Dieu.
11 Quand tu lèves ta main pour juger, ô Seigneur, eux, ils ne le voient pas.
Mais (un jour) ils verront ton zèle pour ton peuple et ils seront confus. Le
feu consumera ceux qui sont contre toi. 12 Tu nous donnes la paix, Éternel,
car c’est toi qui accomplis pour nous tout ce que nous faisons. 13 Éternel,
notre Dieu, d’autres maîtres que toi ont dominé sur nous, mais c’est grâce
à toi seul que nous louons ton nom. 14 Les morts ne vivront plusc ; ils sont
parmi les ombres, ils ne reviendront pas, car tu les as châtiés et détruits
pour toujours ; tu as fait disparaître jusqu’à leur souvenir. 15 Tu as multiplié la
nation, ô Seigneur, tu l’as multipliée, tu as montré ta gloire, tu as fait reculer
les confins du pays sur toutes les frontières.
16 Seigneur, dans la détresse, nous t’avons recherché. Nous avons
répandu nos plaintes devant toi quand tu nous as frappés. 17 Comme une
femme enceinte et prête à enfanter souffre et crie de douleur, ainsi trem-
blions-nous Seigneur, devant ta face. 18 Car nous avons conçu, nous étions
en travail pour enfanter du ventd. Nous ne donnerons pas le salut à la terre
et il ne naîtra pas d’habitants dans le monde.
Résurrection
19 Oui, tes morts revivront, les cadavres des miens reviendront à la vie.
Vous qui dormez en terre, couchés dans la poussière, réveillez-vous, chan-
tez ! Poussez des cris de joie, car ta rosée viendra, une rosée d’auroree, et
la terre rendra ceux qui sont trépassés. 20 C’est pourquoi, va, mon peuple,
a Les pauvres, ceux qui n’ont rien et se confient en Dieu seul, triompheront ce jour-là. Il s’agit d’une attitude
intérieure d’humilité et de confiance en Dieu seul (cf. Matt. 5 : 5).
b Ou : le pays de la droiture, la rectitude, la probité, à savoir le territoire d’Israël.
c C’est-à-dire les ennemis ont définitivement disparu, ils ne sont plus à craindre.
d Image commune pour la déception. Aussi longtemps que nous nous confions dans nos propres efforts pour
nous délivrer, nous ne pouvons être que déçus.
e Image qui associe les symboles de l’eau, source de vie, et de la lumière (les gouttelettes de rosée qui brillent
aux rayons du soleil levant). Dieu viendra revivifier les morts (litt. : ombres), les ressusciter.
89 Ésaïe 27
entre dans ta chambrette, sur toi ferme la portea, cache-toi un instant, juste
le temps que passe la colère (de Dieu).
21 Car voici, l’Éternel sort de sa résidence pour châtier les péchés des
habitants du monde, et, ce jour-là, la terre découvrira le sang dont elle fut
baignée et ne cachera plus les gens assassinésb.
La vigne du Seigneur
2 Ce
jour-là, on dira : « Chantez le beau vignobled ! ».
3 En
effet, c’est moi, le Seigneur, qui en suis le gardien. En tout temps, je
l’arrose. Pour que nul n’y pénètre, nuit et jour je le garde, 4 je n’ai plus de
colèree. Si, par hasard, j’y trouve des ronces, des épines, je leur ferai la guerre
et je les brûlerai toutes d’un même coup, 5 à moins qu’on ne me prenne pour
refuge et rempart, qu’on ne fasse la paix, oui, la paix avec moi !
Pardonné et purifié
6 Dans les jours à venir, Jacob prendra racine, Israël fleurira et il s’épa-
nouira. Ils couvriront de fruits la surface du mondef. 7 (Dieu) les a-t-il frappés
comme il a frappé ceux qui leur donnaient des coups ? Les a-t-il égorgés
comme il a égorgé ceux qui les égorgeaient ?
8 Tu as châtié (ton peuple) avec modération en l’envoyant au loin. Oui,
tu l’as purifié par ton souffle brûlant comme le vent d’orientg. 9 C’est par
ce châtiment que sera effacé le péché de Jacob, et quel sera le fruit du par-
don de sa faute ? Il pulvérisera les pierres des autels comme des pierres à
chaux. Les poteaux d’Achéra et les stèles dressées en l’honneur du soleilh
tomberont sans retour.
La ville abandonnée
10 La cité fortifiéei est une solitude, un séjour délaissé ; tout est désola-
tion comme un désert sauvage. Les veaux y viendront paître, ils s’y affale-
a Annonce des jugements divins attendus. Pendant la nuit de la Pâque, les Israélites ne sortaient pas de leurs
maisons : rappel de la nuit où Dieu a exercé ses jugements sur les Égyptiens. Lors du déluge, Dieu lui-même
a fermé sur les siens la porte de l’arche.
b On cache le sang répandu pour éviter les poursuites. Les nombreux meurtres dus aux guerres ou à l’oppression
ne seront plus cachés ou laissés impunis.
c Symbole des puissances mondiales qui opprimaient Israël : l’Assyrie, la Babylonie et l’Égypte (cf. Ps.
74 : 13-14 ; Éz. 29 : 3 ; 32 : 2).
d Comme au chapitre 5, le vignoble représente Israël que Dieu protège (v. 3) et purifie (v. 4) ; cf. Jean 15 : 1-8.
e Dieu n’a plus de ressentiment contre son peuple, mais il détruira ceux qui l’attaquent et lui nuisent – à moins
qu’ils ne fassent la paix avec lui (v. 5).
f Israël est comparé à un arbre dont les fruits sont éparpillés dans le monde entier : prophétie réalisée pour
l’Israël selon la chair et « l’Israël de Dieu », c.-à-d. les chrétiens, en bénédiction à tous les peuples.
g Comme le vent sépare le grain de la balle, ou le feu sépare l’or de la gangue.
h Différents emblèmes de cultes idolâtres pratiqués par les Cananéens et adoptés par les Israélites (cf. Juges 3 : 7).
i La ville qui s’opposait à Dieu. Certains l’appliquent à Jérusalem insoumise, d’autres aux cités païennes (cf.
Ésaïe 28
27 90
ront. Ils brouteront les branches. 11 Quand elles seront sèches, on viendra
les briser, des femmes les prendront et les feront brûler. Car ce n’est pas un
peuple sage, c’est pourquoi celui qui l’a fait n’en aura point pitié, et celui
qui l’a façonné ne lui fera pas grâce.
Le grand retour
12 Et
il arrivera, en ce jour-là, que l’Éternel battra le blé (des rives de
l’Euphrate) jusqu’au torrent d’Égypte. Mais vous serez glanés, vous, enfants
d’Israël, recueillis un à una. 13 Et il arrivera, en ce jour-là, que la grande
trompette résonnera. Et ceux qui périssaient au pays d’Assyrie et tous les
exilés dans la terre d’Égypte retourneront chez eux pour adorer l’Éternel,
sur la sainte montagne, au milieu de Jérusalem.
Tempête
Juges ivrognes
7 Cependant eux aussi, (les gens de Juda) chancellent par le vinf. Les
boissons enivrantes leur donnent des vertiges. Les prêtres, les prophètes
chancellent par l’ivresse. Le vin les étourdit, les boissons enivrantes leur
donnent des vertiges, leurs visions sont brouillées ; sous l’effet de l’alcool,
ils tremblent et vacillent en rendant la justiceg. 8 Les tables sont couvertes
de leurs vomissements : pas un coin n’y échappe.
Du B.-A. BA ?
9 À qui donc prétend-il enseigner la sagesse et à qui donc veut-il inculquer
des leçonsa ? Cela convient tout juste à de petits bébés qui étaient, hier encore,
allaités par leurs mères. 10 En effet, c’est ordre sur ordre : « Fais ceci, fais cela ! ».
Et c’est règle sur règle, toujours règle sur règle : « Hé, petit, viens ici ! Hé, petit,
va par làb ! ». 11 Eh bien ! c’est par des hommes aux lèvres bredouillantes, à la
langue barbare, que le Seigneur, (un jour), parlera à ce peuplec 12 auquel il
avait dit : « C’est ici le reposd : laissez se reposer ceux qui sont fatigués ; voici
l’apaisement ». Mais ils n’ont pas voulu écouter (le Seigneur).
13 C’est pourquoi la parole de l’Éternel sera pour eux ordre sur ordree,
fais ceci et fais cela ! Et puis, règle sur règle, toujours, règle sur règle : « Hé,
petit, viens ici ! Hé, petit, va par là ! ». De sorte qu’en marchant, ils tombent
en arrière et se cassent les reins. Qu’ils soient pris au filet et qu’ils s’y
embarrassent !
Le bon fondement…
14 C’est
pourquoi, écoutez ce que dit l’Éternel, vous, les hommes
moqueurs, vous, les chefs de ce peuple, qui régnez à Jérusalem !
15 Voici ce que vous dites : « Nous avons contracté alliance avec la mort
et avec le séjour des morts, nous avons une convention : quand le flot débor-
dant passera par ici, il ne viendra pas jusqu’à nous car nous nous sommes
fait du mensonge un abri et la duplicité sera notre refugef ! ».
16 C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, c’est moi qui
place, en Sion, une pierre servant de fondation, une pierre éprouvée, une
pierre angulaire solidement fondéeg : celui qui la prend pour appui ne sera
pas réduit à fuirh. 17 J’aurai le droit pour règle, j’emploierai la justice comme
mon fil à plomb. La grêle balaiera votre abri de mensonge, les eaux empor-
teront le refuge illusoire de la duplicité.
qui leur étaient soumises, mais leur jugement est obscurci par l’ivresse.
a Les prêtres et les prophètes ivrognes (v. 7) sont vexés de voir Ésaïe leur faire la leçon. Ses propos sont tout
juste bons pour des bébés.
b En hébreu, suite d’onomatopées qui rappellent des balbutiements d’enfants : tsav, latsav, tsavlatsav ; kavlakav,
kav, lakav ; tseyr cham, tseyrcham. C’est ainsi que les adversaires d’Ésaïe caricaturaient ses avertissements.
c Puisque le peuple refusait les avertissements de Dieu en les jugeant trop enfantins (trop compréhensibles !),
Dieu les enseignera par des étrangers dont ils ne comprendront pas le langage (par les envahisseurs assyriens
dont ils seront bien forcés de comprendre la leçon.) L’apôtre Paul rapporte cette prophétie au parler en langue,
signe du jugement de Dieu sur les incroyants (1 Cor. 14 : 2). Cf. A. Kuen, Dons pour le service, p. 31-33).
d Le message d’Ésaïe se résumait à « ayez confiance en Dieu » (cf. Jean 14 : 1), mais le peuple n’a pas voulu
l’écouter.
e Puisque le peuple a rejeté ses règles, Dieu va les livrer à ses ennemis qui leur imposeront effectivement ordre
sur ordre et règle sur règle, en les soumettant à de dures corvées.
f Allusion aux alliances avec les nations païennes (cf. 2 Rois 16 : 7, 9 ; Jér. 2 : 17, 19) dans lesquelles les chefs
mettaient leur confiance.
g Avant d’annoncer la destruction des pécheurs, Dieu rappelle l’ancienne promesse faite à la famille de David.
Le fils de David, le Messie, sera la pierre de fondation d’un édifice qui remplacera celui qui va s’écrouler par
suite des péchés du peuple. Ce verset sera plusieurs fois cité dans le N.T. et rapporté à Christ (Rom. 9 : 33 ;
10 : 11 ; 1 Pi. 2 : 6).
h Ou : aura la même solidité qu’elle, ne sera pas confus. Luther a traduit : « Celui qui croit ne s’enfuit pas. La
foi préserve de la chute ceux qui s’appuient sur elle ».
Ésaïe 29
28 92
Sagesse infinie
23 Prêtez l’oreille, et écoutez ma voix. Écoutez ma parole et soyez atten-
tifs : 24 quel laboureur ne fait que labourer la terre pour pouvoir y semer ?
Passe-t-il tout son temps à tracer des sillons et à herser le solk ? 25 Non, car
après avoir aplani la surface, il y répand l’aneth et sème le cumin, il met le
blé en lignes, et puis l’orge à l’endroit, l’épeautre enfin à la lisière. 26 C’est
son Dieu qui l’instruit des règles qu’il doit suivre et c’est lui qui l’enseigne.
27 Ce n’est pas le rouleau qui foulera l’aneth, ni la roue du chariotl que l’on
fera passer par-dessus le cumin, mais on battra l’aneth au moyen d’un bâton
et l’on prendra un fléau pour battre le cumin. 28 On foule le froment pour
en faire du pain, mais l’on se garde bien de le fouler sans fin. On fait passer
dessus la roue et le traîneau mais les pieds des chevaux n’écrasent pas le
grain. 29 Et tout ce savoir-faire, qui nous l’a enseigné ? L’Éternel tout-puissant,
son plan est merveilleux, ses moyens sont immenses.
Délivrance in extremis
reposant sur des rouleaux à lames. Les deux instruments représentent la tribulation. Dieu qui a inspiré sa
sagesse aux laboureurs adapte aussi les épreuves aux hommes qu’il châtie.
m Ariel signifie soit « Lion de Dieu » (c.-à-d. « cité des héros ») soit plutôt « autel » (cf. Éz. 43 : 15-16). La fin du
verset signifierait donc : « Je ferai de toi un véritable autel recouvert de victimes ». Ésaïe joue peut-être sur
les deux sens du mot.
93 Ésaïe 29
vous, les prophètes ; il a emmitouflé vos têtes, vous, les voyantsb. 11 Et toutes
les visionsc sont devenues pour vous comme les mots écrits sur un rouleau
scellé. Donnez-le à un homme qui a appris à lire en disant :
— Lis cela !
Et il vous répondra :
— Je ne peux pas le lire, le rouleau est scellé.
12 Donnez-le à quelqu’un qui n’a jamais appris à lire en disant :
— Lis cela !
Et il vous répondra :
— Je n’ai jamais appris à lire.
De surprise en surprise
13 Le Seigneur dit encore : Ce peuple s’approche de moi… mais ce n’est
qu’en paroles. Et il me rend hommage… mais c’est du bout des lèvres. Son
cœur est loin de moi, le culte qu’il me rend n’est qu’une tradition enseignée
par les hommes.
a Peut-être allusion au siège manqué de la ville par les Assyriens sous Sennachérib en 701.
b Le siège de la ville et sa délivrance miraculeuse dépassent tout ce que les prophètes et les voyants pouvaient
penser.
c Les visions des vrais prophètes ne sont pas comprises : ceux qui savent lire ne les comprennent pas car
leur incrédulité leur en ferme (scelle) l’accès, la multitude ignorante (qui ne sait pas lire) est égarée par les
premiers (cf. Matt. 11 : 25).
Ésaïe 30
29 94
Espérance illusoire
30 Malheur aux fils rebelles, dit l’Éternel, qui forment des projets où je
n’ai pas de part, qui concluent des alliancesc contre ma volonté pour
ajouter ainsi les péchés aux péchés. 2 Ils s’en vont en Égypte sans m’avoir
consulté pour chercher un appui auprès du pharaon, pour se mettre à l’abri
à l’ombre de l’Égypte ! 3 L’appui du pharaon sera un sujet de honte, l’abri
que vous cherchez à l’ombre de l’Égypte vous déshonorera. 4 Les princes
(de Juda) sont déjà à Tsoând et ses ambassadeurs parviennent à Hanès.
a C’est-à-dire le projet d’alliance avec l’Égypte que les politiciens fomentaient en secret. Ils ne voulaient pas
qu’Ésaïe en ait connaissance, car ils le savaient opposé à ce plan (cf. 28 : 15 ; 30). Mais Dieu, le divin Potier,
celui qui les a façonnés, connaît leurs pensées et les lui a révélées (v. 16).
b Ces guérisons caractériseront les temps messianiques. Jésus les a accomplies, elles servaient de signe pour
les guérisons spirituelles que l’Évangile continue à accomplir.
c Il s’agit d’une alliance avec l’Égypte, projetée en secret (Ésaïe 29 : 15), qui est sur le point d’être conclue. Déjà
les ambassadeurs d’Israël sont en route (v. 2, 4, 6). L’Égypte symbolisant le monde sans Dieu, ce chapitre
s’applique à toute recherche des moyens humains qui remplaceraient la confiance en Dieu.
d Les princes attendent à Tsoân sur la frontière pendant que les ambassadeurs sont déjà plus loin dans l’intérieur
du pays. Tsoân (cf. 19 : 11 ; Ps. 78 : 12) ou Tanis : une ancienne ville située sur la branche orientale du Nil,
95 Ésaïe 30
5 Mais tous seront honteux à cause de ce peuple qui ne peut rien pour eux,
qui ne leur donnera ni secours, ni soutien, mais qui fera leur honte et leur
ignominie.
6 Sentence des bêtes du Négueba.
À travers un pays de détresse et d’angoisse, le pays de la lionne et du lion
rugissant, pays de la vipère et du dragon volant, ils portent leurs richesses
sur l’échine des ânes et leurs trésors précieux sur le dos des chameaux pour
soudoyer un peuple qui ne peut rien pour eux. 7 Le secours de l’Égypte est
vain et illusoire, c’est pourquoi je l’appelle « Beaucoup-de-bruit-pour-rienb ».
Un peuple rebelle
8 Maintenant (me dit Dieu), viens et grave cela en leur présence sur un
tableau, inscris-le sur un documentc afin que cela reste comme un témoin
indestructible pour les jours à venir, 9 car c’est un peuple révolté, ce sont
des fils qui me renient et qui refusent d’écouter la loi de l’Éternel, 10 qui
disent aux voyants : « Ne voyez point ! » et aux visionnaires : « Cessez d’avoir
des visions justes ! Annoncez-nous des choses agréables, ayez des visions
chimériques ! 11 Sortez des bons chemins et quittez les sentiers, éloignez le
Saint d’Israël de notre vue ! ».
12 C’est pourquoi le Saint d’Israël vous dit ceci :
Calme et confiance
15 Car
ainsi parle le Seigneur l’Éternel, le Saint d’Israël :
C’est si vous revenez à moi et demeurez dans le repos que vous serez
sauvés ; c’est dans le calme et la confiance que sera votre force ! Mais vous ne
l’avez pas voulu 16 et vous avez dit : « Non, nous fuirons à chevale ! ». Eh bien
oui, vous fuirez ! Vous avez ajouté : « Nous prendrons des coursiers rapides ».
Eh bien, vos poursuivants seront rapides, eux aussi ! 17 Mille hommes s’enfui-
ront devant un seul guerrierf, cinq soldats suffiront pour vous mettre en
capitale d’un district et siège de l’une des dynasties qui a gouverné l’Égypte. Hanès était située plus au sud
et à l’ouest.
a Les bêtes du désert s’étonnent de voir les caravanes porter les richesses d’Israël en Égypte alors que ce
pays ne peut rien pour l’aider.
b Litt : Rahab l’inerte. Rahab signifie « orgueil, arrogance » (Job 9 : 13 ; 26 : 12) ; ce nom est utilisé pour qualifier
l’Égypte (Ps. 87 : 4 ; 89 : 10 ; Ésaïe 51 : 9).
c Ésaïe doit l’inscrire en double exemplaire sur une tablette d’argile ou une table de pierre et sur du papyrus
ou du cuir pour que le document ait une valeur juridique.
d Un renflement dans un mur de briques non cuites annonce l’effondrement total et soudain.
e Juda n’avait guère de chevaux. Au lieu de se confier dans le secours de l’Éternel (v. 15), il espérait obtenir l’aide
de la cavalerie égyptienne (31 : 1), célèbre dans l’Antiquité (1 Rois 10 : 29). Il sera puni par où il a péché (28 : 11).
f Renversement de la promesse de Lév. 26 : 8.
Ésaïe 30 96
Correction et salut
27 Voici, Dieu en personne vient d’un pays lointain, sa colère est ardente
et sa sentence est lourde. Quand il parle, ses lèvres sont chargées de cour-
roux et sa langue est pareille à un feu dévorant. 28 Son haleine ressemble
au torrent débordé dont l’eau atteint la gorge. Il vient cribler les peuples au
crible destructeur et mettre à leurs mâchoires un mors pour les conduire
où ils ne veulent pas. 29 Cependant, parmi vous, retentiront des chants
comme en la nuit de fêted et vous vous réjouirez comme celui qui montee
au son du jeu des flûtes à la montagne du Seigneur et vers le rocher d’Israël.
30 L’Éternel fera retentir sa voix majestueuse et l’on verra s’abattre son bras
puissant dans le déchaînement de sa colère et dans l’embrasement de son
feu dévorant du sein de la tornade, de la tempête et de la grêle. 31 Car Assur
a Ou : il sera ton guide ; il ne se dérobera plus. Tu n’auras plus besoin de le chercher au loin.
b Une irrigation abondante est l’une des caractéristiques d’une période de paix. Seules les vallées étaient
cultivées. Par l’irrigation, le pays tout entier sera fertile.
c Durant cette période de paix et de prospérité, la nature elle-même sera élevée à un degré supérieur de vie
et de félicité.
d C’est-à-dire la nuit pascale (Exode 12 : 8-11) où l’on chantait des cantiques (Matt. 26 : 30) pour manifester
sa joie.
e Sous-entendu : à Jérusalem. Les Psaumes des montées étaient chantés lors de ces pélerinages, accompagnés
du jeu de flûtes.
97 Ésaïe 31
31 Malheur à ceux qui s’en vont en Égypte pour avoir du secours, qui
cherchent leur appui dans la cavalerie, qui mettent leur confiance dans
le nombre des chars et dans la multitude des cavaliers, mais ne regardent
pas vers le Saint d’Israël et ne se soucient pas de l’Éternel ! Et pourtant, lui
aussi agit avec sagesse, il fait venir les mauxb. Il ne révoque pas ce qu’il a
décrété et il se dressera contre le parti des méchants et contre les alliés des
ouvriers du mal. 3 Parce que l’Égyptien n’est rien de plus qu’un homme : il
n’a aucun pouvoir divin. Ses chevaux sont de chair, ils ne sont pas espritc.
Quand l’Éternel abaissera sa main, le protecteur chancellera et le protégé
tombera. Ils périront tous deux ensembled.
LIVRES PROPHÉTIQUES
prophétie vivante
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