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Roman
L'HARMA TTAN
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Illustration de couverture:
Jeunefemme de Hôi An en ao-baba blanc, Marcelino Truong,
gouache, 2002, colI. Particulière.
@ L'Harmattan, 2007
5..7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.1ibrairieharmattan.com
diffusion.harmattan @wanadoo.fr
harmattanl @wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-03375-7
EAN : 9782296033757
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REMERCIEMENTS
Yveline FÉRA Y,
Marie-Madeleine BERTHELOT,
Henri COPIN,
Michel EGGER,
NGUYEN Dinh Thi,
NGUYEN Thien Dao.
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La guerre. . .
Cette nuit-là de profond sommeil, plongée dans un rêve, je
jouais à cache-cache au clair de lune avec mes amis dans la cour
de la coopérative agricole. Tantôt je me cachais derrière un
grand poteau de paille, tantôt je grimpais à l'arbre centenaire,
ravie de ne pas être découverte et riant à l'idée d'avoir gagné.
. .. Quand, tout à coup, l'alerte me réveilla. Un avion de
reconnaissance rôdait dans les parages, cherchant une proie. En
un clin d'œil, le ciel s'illumina d'un jour de fin du monde.
C'étaient les fusées éclairantes qui annonçaient un
bombardement prochain de la région tirée de la nuit. Ma mère
était en mission. Seule, je n'avais pas assez de temps pour courir
jusqu'à l'abri. Dès que j'entendis l'alerte, instinctivement, je
sautai dans le trou creusé entre notre chambre-chambre où nous
habitions, ma mère et moi, et celle de Mme Liem-patronne de
notre famille d'accueil. Mais je ne trouvai pas le couvercle
habituel. Ayant trop peur de ne pas être couverte, je courus
jusqu'au lit, pris la couverture ouatée et revins au trou
individuel.
Quelqu'un était déjà là. Qui était-ce donc? Je m'apprêtais à
courir vers l'abri quand une main me retint. Je tressaillis.
- Ha An, n'aie pas peur, c'est Lam, dit une voix.
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Nam nous dit que, dans sa vie, il essaie de réaliser ses projets
et de garder son opinion personnelle. Pourtant, il sait bien qu'en
réalité ce qu'il a dit à ses amis n'est pas facile à faire. Dans la
société vietnamienne actuelle, une société en plein
bouleversement, l'honnêteté n'est pas toujours et partout
justement appréciée. Parfois, il se sent un peu « déprimé ».
Il connaît les raisons pour lesquelles il ne peut obtenir le
poste de directeur du Département. Agir comme certaines
personnes moins compétentes et moins rigoureuses lui est
difficile.
En effet, il ne peut obtenir de promotion car il est en
désaccord avec son supérieur hiérarchique. Nam est un homme
droit et il ne peut se compromettre auprès de la femme de son
supérieur. Elle n'a aucune formation politique et intervient
malgré tout dans les décisions du Département et notamment
sur le déroulement de carrière des personnels.
Cette femme reçoit des «cadeaux» d'employés peu
scrupuleux qui souhaitent obtenir des promotions. Elle aperçoit
ces enveloppes financières même dans ses rêves.
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Je suis née dans une petite ville - la ville d'Ha Tinh - d'une
des provinces du Centre Vietnam. Cette province est baignée
par la mer d'un côté, et s'adosse de l'autre côté à la longue
cordillère du Truong Son. Peu favorisée par le climat, elle subit
régulièrement de violents typhons dévastateurs. Pauvre, assez
peuplée, c'est une des provinces les plus déshéritées du pays. Au
centre ville, se trouve le lycée Phan Dinh Phung, bien connu
dans tout le pays.
Située à environ dix kilomètres de la ville, Thien Cam est
une belle plage bordée de filaos avec des rochers au large. En
été, le ciel est clair. Le matin, l'eau semble bien calme. La mer
est alors transparente et peu profonde. Les visiteurs peuvent faire
des promenades dans les allées dont les deux côtés sont plantés
de filaos. Le ciel et la mer sont d'une beauté, d'une clarté, d'une
luminosité, d'une paix à couper le souffle. Le soir, l'eau est aussi
transparente. A l'horizon, on a l'impression que la mer et le ciel
ne font plus qu'un. J'espère que cette plage sera un jour connue
après avoir été aménagée. Elle attire l'attention des voyageurs
qui aiment trouver un coin tranquille, pittoresque et poétique.
La province d'Ha Tinh, pépinière de lettrés vers la fin du
19èmeet au début du 20èmesiècle,devait continuer la tradition des
lettrés-combattants. Contre le conquérant colonial et
l'administration mandarinale qui avait trahi l'intérêt national,
les lettrés d'Ha Tinh et ceux de Nghe An, dans le cadre d'un
vaste mouvement national, avaient levé l'étendard de la révolte
soulevant les paysans pour lutter pied à pied, avec des armes très
inégales, contre l'envahisseur pendant des dizaines d'années. La
légende des lettrés patriotes imprégnait l'ambiance dans
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C'est sur cette terre de lettrés que j'ai grandi: une enfance et
une adolescence baignant dans une ambiance tout imprégnée de
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éduquée dans cette idée qu'« il faut aimer non seulement ceux
qui nous aiment mais encore ceux qui ne nous aiment pas et il
faut penser d'abord aux autres.» Elle m'emmenait dans les
musées et me faisait découvrir des tableaux, des peintures dont
je me souviens encore, même adulte. La simplicité, la pureté,
l'harmonie, la profondeur et la douceur les imprégnaient. Ces
qualités ouvrent le cœur, apaisent l'âme, purifient et illuminent
l'esprit. Dans ses bras, chaque nuit, je voulais lui crier:
- Maman, c'est toi qui m'as donné tant de tendresse depuis
tant d'années. Je le sais bien, quand je serai grande, je
penserai à toi. Je serai toujours là, à tous les instants pour
te protéger.
Elle m'apprit à rester indépendante. Quand elle allait au
travail, elle rangeait la maison et me laissait dans ma chambre
avec des jouets. Nous avions une belle maison dans la rue Phan
Dinh Phung laissée par mes grands-parents maternels et un
petit jardin caché non pas derrière des haies de bambou mais
d'une manière discrète derrière des haies bien taillées, avec un
bassin, au milieu duquel se dressaient de petits rochers simulant
des montagnes, des grottes, tout couverts de mousse verte, à
l'ombre d'arbres nains, pins, ficus, saules. Nous avions une
habitation modeste mais artistement décorée par ma mère. Je
me souviens des repas d'une grande simplicité que ma mère
préparait: un bouillon de légumes, un petit plat de viande ou
de poisson, quelques légumes marinés, mais préparés
délicatement, avec des ingrédients et des condiments, quelques
tranches de caramboles, de figues et de bananes vertes, un
assortiment de piment, de poivre, de gingembre, le tout avec
des couleurs variées, présenté avec goût sur des assiettes très
fines et un plateau de bois rare. Mon père ne rentrait que le
dimanche. Il aimait beaucoup les plats préparés par ma mère.
Quand j'eus cinq ans, le soir, ma mère m'apprit l'alphabet. Je
commençai à lire et à écrire. Mon père m'achetait de temps en
temps des histoires illustrées dont je regardais les images et
essayais d'épeler chaque mot. Avec l'aide de mes parents, je
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Dans cette circonstance, comme tous les gens des villes, nous
avons dû nous réfugier à la campagne. Les nouveaux venus
étaient accueillis à bras ouverts et les paysans les aidaient à
s'installer. Souvent, les parents devaient rester en ville pour
travailler, et les enfants vivaient avec des familles d'accueil.
J'étais triste car je devais quitter tout ce qui m'était si cher, tout
ce qui était devant, derrière moi, autour de moi, ce qui était très
présent en moi, dans cette époque très heureuse de mon enfance.
Un jour, ma mère me réveilla tôt. Je savais déjà que nous
devrions quitter notre ville. Mais je refusais de préparer mes
affaires. Je croyais que la terre s'était écroulée autour de moi. Un
corbeau passa en criant dans le ciel gris. Sa voix semblait
m'annoncer les malheurs du monde... Je sortis tristement de ces
lieux et m'en éloignai à grands pas sans oser tourner la tête.
Qu'ils avaient été doux, mais qu'ils avaient été rapides, les
moments heureux que j'avais passés sous l'aile de mes parents.
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IV
Nous étions logés chez une vieille dame qui était veuve et
avait un fils. Son mari était mort pendant la campagne de Dien
Bien Phu et son fils habitait loin car, après ses études
professionnelles, il était resté travailler à l'Usine sidérurgique de
Thai Nguyen, une province du Nord-Vietnam. Il s'y était marié
et avait trois enfants dont Lam était l'aîné. La vieille dame
s'appelait Liem ; elle nous avait accueillis gentiment. Sa petite
maison était construite en bois avec un toit en tuiles. La moitié
des maisons dans ce village était en pierre avec des toits de
tuiles, l'autre était en torchis avec un toit de chaume. Elles
étaient entourées de rigoles pour l'écoulement des eaux et de
haies de bambou. La maison de Mme Liem ne comportait que
trois pièces. Quelques cadres de lit en bois avec des nattes de
raphia, une commode, une table, quelques chaises. Au mur, des
gravures de couleur représentant des talismans, des scènes de
combat de la Résistance, un portrait du Président Ho Chi Minh,
une photo de son fils et de sa famille. Sur l'autel des ancêtres, on
voyait une grande photo de son mari en uniforme, en noir et
blanc. Pour entrer dans la maison, il fallait suivre un long
passage bordé d'un côté par un étang. Après ce passage, il y
avait une cour en briques carrées, où elle pouvait sécher le riz.
Les chambres et la cuisine étaient séparées. Pour entrer dans la
cuisine prendre quelque chose, je devais emprunter un autre
passage. Quand il faisait nuit noire, j'avais très peur à cause des
cris des crapauds et des grenouilles autour de l'étang ou au pied
des bambous.
Nous étions vraiment en pleine nature; la nuit, nous nous
endormions au chant des grillons; le matin, nous nous
réveillions au chant des coqs et aussi au tintamarre des oiseaux.
Le Centre est une région où la terre est moins fertile et le
climat plus dur; cette vision idyllique du village cache à peine
la dure réalité des calamités naturelles. Les pluies de mousson
font déborder les rivières, inondant, submergeant les cultures.
Des typhons qui s'y déchaînent, entre juin et octobre, avec une
rare violence peuvent ravager les rizières. Le froid peut geler les
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nous faisions la cuisine, nous avions les larmes aux yeux car il y
avait beaucoup de fumée. Comme les autres enfants, chaque
après-midi, après avoir fait les exercices, étudié les leçons (nous
avions la classe seulement le matin), je balayais autour des
grands arbres, autour des cordons épais de bambous pour
ramasser des feuilles mortes, les mettre dans un grand panier et
les transporter à la maison. Là, je les séchais au soleil. Le jeudi et
le dimanche, avec les enfants du village, je demandais à ma
mère de me laisser aller dans la montagne pour couper de petites
branches d'arbres, les attacher en deux gerbes comme celles du
riz; je les transportais chez nous sur l'épaule avec une palanche; à
la maison, je les faisais sécher jusqu'au moment où je pouvais les
utiliser pour faire cuire les aliments.
En été, il faisait chaud, et je n'arrivais pas à dormir dans
notre lit car, pour éviter les moustiques, nous devions utiliser
des moustiquaires; en ville aussi mais, grâce au courant
électrique, nous avions des ventilateurs. Ici, nous n'en avions
pas. Je me rappelle que ma mère ne dormait pas; avec un
éventail en papier, elle m'envoyait un air frais qui m'endormait,
me donnait un bon sommeil, tandis qu'elle, elle restait éveillée
jusqu'au matin avec les étoiles dans le ciel. Adulte, chaque fois
que je pense à elle, je veux crier: « Ma chère maman, tu es pour
moi une brise agréable sur ma vie, une source de pureté, de
douceur, de profondeur et de tendresse.» Je l'adorais. J'étais à
ses côtés, sur ses talons car pour moi, là où était ma mère était le
bien-être. Ma seule consolation était qu'elle viendrait
m'embrasser quand je serais dans notre lit. Quelquefois, elle
participait à des réunions d'information pour les habitants du
village. Quand, après m'avoir embrassée, elle ouvrait la porte
pour partir avec Mme Liem, je voulais la rappeler, lui dire
« embrasse-moi une fois encore ». Après son départ, je revoyais
sa figure aimante. Ses tendres baisers me donnaient une
communion de paix où mes joues puiseraient sa présence réelle
et le pouvoir de m'endormir. A son côté, je vivais des jours
heureux. Je commençais à comprendre les difficultés, la pénurie
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v
Un samedi soir, alors que j'étais avec mes parents, une fille
d'une vingtaine d'années, au visage ovale, aux cheveux longs et
noirs entra chez nous. Elle était assez jolie. Grâce à ma mère, je
sus que c'était la fille de son amie d'enfance d'Ha Tinh. Sa
famille avait déménagé à Hanoï en 1960. Sa mère voulait que
nous déménagions avec eux, mais étant donné que mon père
était Responsable de la Quatrième Circonscription militaire,
mes parents préférèrent rester à Ha Tinh pour consacrer leurs
efforts aux deux provinces pauvres du Centre. Tam - le prénom
de cette jeune fille - nous dit qu'elle ferait ses études de français
à l'Université des langues étrangères de Hanoï , qu'elle
appartiendrait à la promotion 67 du Département de français,
qu'elle s'y inscrirait au mois de septembre 1967, juste l'année
où cette Université ouvrit la première promotion pour la
formation des interprètes et traducteurs de français. Vivant dans
la capitale, elle avait appris le français dès le lycée.
Pendant les vacances d'été, avant d'entrer à la Fac, elle avait
eu envie de retourner dans son pays natal, malgré la guerre. Sa
mère qui aimait la mienne, lui avait dit de venir nous voir. Tarn
me fit découvrir quantité de choses intéressantes. La France
lointaine dont la capitale Paris est une des plus belles villes du
monde, la ville lumière, m'était vraiment étrangère. A cause de
la guerre, nous, les enfants des provinces du Centre, nous ne
pouvions étudier aucune langue étrangère. Jusqu'au Bac, je
n'eus pas l'occasion d'en connaître aucune. Restée avec nous
jusqu'au lendemain, elle repartit à Hanoï. Elle me précisa que si
je voulais exercer son futur métier je devais très bien travailler
dès l'école primaire. Elle pourrait m'aider plus tard. Comme je
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de ma mère d'où nous parvenaient des cris, des pleurs. J'étais sur
des charbons ardents mais je n'osais pas me déplacer car il me
fallai t respecter la discipline de la classe, de l'école.
U ne heure après, notre maîtresse revint. Comme les autres
classes, elle nous libéra mais nous demanda de faire très
attention au retour car les morceaux des bombes étaient
éparpillés partout. Des bambous et de grands arbres coupés
jonchaient le sol. Dans le village à côté où se trouvait le collège
de ma mère, le spectacle était catastrophique. Parmi plusieurs
maisons brûlées, le collège unique était totalement détruit. Les
larmes ruisselaient sur les deux joues de ma maîtresse qui
m'attira vers elle. Elle m'embrassa longuement comme si elle
voulait me transmettre son énergie et sa force. Elle me dit de
rentrer avec elle et de ne pas attendre ma mère comme
d'habitude. Je lui demandai pourquoi: elle ne dit rien; elle
pleurait. Je devinais que quelque chose de grave s'était passé,
mais je ne pensais pas à la mort. Je pleurais aussi. Des larmes,
abondantes, coulaient sans que je sache vraiment pourquoi.
Chez elle, elle me raconta tout. Je m'évanouis en l'écoutant et je
perdis la notion du temps. Quand je repris connaissance, je
compris que j'étais à l'infirmerie communale. Je demandai
qu'on me conduise auprès de ma mère: l'idée de ne plus pouvoir
la revoir m'était insupportable.
Je me souvenais d'une nuit récente où j'avais voulu dormir
dans ses bras et où elle m'avait dit doucement:
- Ha An, il faut que tu prennes l'habitude d'être seule car
en période de guerre, on ne sait jamais ce qui peut se
passer.
Je lui demandai ce qu'elle voulait dire. Elle continua:
- L'un de nous trois pourrait un jour ne pas revenir.
- Non, non, non, jamais maman, si tu ne reviens plus, je
partirai avec toi, criai-je.
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jeta sur lui pour le couvrir. Les éclats de bombeslui ont ouvert la
tête.
Après les bombardements, nous avons découvert ce qui s" était passé.
Quan est blesséet l'institutrice est décédée.Elle s'appelle Van. Nous
nous inclinons devant son cercueilpour la remercieret pour lui dire
adieu. »
La voix de la speakerine était touchante.
Je criai fort: Maman! Maman! Et puis, encore une fois, je
tombai évanouie. M. Vinh et les autres infirmières firent tout
pour me faire sortir de mon évanouissement. Ils me soignèrent
consciencieusement. Je ne pouvais plus me lever. J'avais perdu à
la fois la connaissance et le sentiment de mon malheur. A dix
ans, j'attendais un grand bonheur, et les Américains m'ont
infligé la plus grande de toutes les souffrances: j'ai perdu ma
mère. Je comprends maintenant pourquoi ma maîtresse de classe
m'a emmenée pour me soustraire au spectacle trop douloureux
du cadavre de ma mère qu'on emportait. Elle mourut sans avoir
pu me voir et sans avoir pu me dire aucun mot.
Je souffris beaucoup de cette douloureuse séparation. Le
Bodhisattva, peut-être, eut pitié de nous; il lui épargna la
douleur de me voir malheureuse, et à moi celle de déchirer son
âme; elle ne me vit pas tomber dans ce piège que sa raison avait
su prévoir et dont elle avait inutilement cherché à me garantir.
Hélas! puis-je dire que je regrette la paix que j'ai perdue?
Voudrais-je aujourd'hui de cette existence tranquille que ma
mère rêvait pour moi? Non, sans doute. Je ne puis plus être
heureuse; mais cette douleur, que je porte au fond de mon âme,
m'est plus chère que toutes les joies communes de ce monde.
Elle m'aidera encore à réussir pendant mes années à l'Université
de Hanoï. A vingt et un ans, les souvenirs sont tout ce qui me
reste; mais qu'importe? Ma vie est finie, et je ne demande plus
rien à l' avenir.
Dans le premier moment de ma douleur, je ne sus plus que
faire. J'étais entourée de ma tante, de mon oncle, de mes
cousins, de Mme Liem, de mes maîtresses, de mes amis et de
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tant d'autres.. .Ma tante voulut que j'aille vivre avec elle et sa
famille, malgré le souhait de Mme Liem de me garder. Mais
celle-ci dut accueillir une autre famille évacuée comme nous.
Il me fallut une fois encore tout quitter, quitter l'endroit où
ma mère faisait entrer en moi de bons sentiments, les premiers
pas de la vie d'un être, quitter l'endroit et l'ambiance qui
cultivaient dans mon âme l'amour de la nature, l'amour de mes
compatriotes. Je suis allée vivre chez ma tante. Là-bas, dans ce
nouveau village, je continuai mon année scolaire de CM2. Je
n'avais toujours pas de nouvelles de mon père. Je pensais
beaucoup à lui. Les larmes coulaient sur mes joues, sur mon
oreiller chaque nuit.
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IX
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x
De ce jour, je franchis une nouvelle étape dans ma vie. Je
vivais désormais chez ma tante qui m'aimait bien. Elle voulut
m'apporter son amour pour apaiser la douleur sans borne dans
mon cœur. Je l'aimais plus encore depuis le décès de ma mère.
Elle m'était devenue plus proche, son mari et ses enfants
également. Mais son mari travaillait loin, et il partait souvent
en mission. Devenue une des responsables de l'Union des
femmes de la ville, elle avait de nouvelles responsabilités: des
rapports à écrire, des réunions, des conférences, des visites. . .Les
gens venaient chez elle pour lui demander des conseils. Elle leur
parlait gentiment et leur montrait ce qu'il leur fallait faire.
Malgré ses préoccupations, elle s'occupait bien de ses enfants et
de moi-même, de nos études et de ce dont nous avions besoin.
Mais de temps en temps, je pensais comme mes cousins
qu'elle était trop dure. Si ma mère était une femme
sentimentale, douce, souple, ma tante était à l'opposé de ce
caractère. Elle était trop sévère et intervenait dans toutes nos
affaires. Elle nous grondait quand nous faisions des bêtises.
Lorsqu'elle revenait du travail, elle ne nous laissait pas un
instant tranquilles. Elle n'avait pas confiance en nous, en ce que
nous faisions. Elle ne comprenait pas nos besoins, ne sentait pas
le fond de l'âme des enfants. Elle manquait de patience. Elle
nous considérait et nous traitait comme des adultes. J'avais
l'impression qu'elle aimait surtout son travail et le pouvoir.
Elle menait très bien sa mission mais je pensais qu'elle
compliquait la situation. Il y avait souvent des conflits pour peu
de choses. Elle me disait que la fille était souvent plus sage et
moins turbulente que les garçons. Je pensais que, peut-être, elle
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XI
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XII
mobiliser presque tout mon corps: les deux pieds, les deux
mains, les yeux et toute ma force. Il fallait faire très attention
car si la couture n'était pas rectiligne, je devais recoudre.
Chaque fois que je pouvais achever une chemise ou un pantalon,
j'en étais heureuse. Je me souviens d'une fois où, pour me
récompenser, ma tante m'acheta une chemise blanche à fleurs
vertes que j'aimais beaucoup mais que je laissais toujours dans
l'armoire. Parfois, je la regardais. Ma tante me demanda
pourquoi je ne la portais pas; je lui dis que je la gardais pour
ma rentrée à l'Université. Elle m'aimait, son mari aussi, mais
l'ambiance de la famille ne changeait pas. Ils compliquaient
souvent les choses. Je restais presque tout le temps silencieuse.
J'allais à l'école le matin; l'après-midi, je rangeais la maison, et
puis je cousais. Le soir, j'étudiais mes leçons, et je lisais très
tard.
En terminale, encore une fois, j'obtins le premier prix du
concours de lettres. Ainsi, je pus me présenter au concours
national. Pourtant, en terminale, je devais passer mon bac. Et
puis, je n'avais toujours pas de nouvelles de mon père. Mon
cœur se serrait quand je pensais à lui.
La situation au Sud était en train de favoriser la révolution
vietnamienne surtout après les accords de Paris. Le retrait de
l'Armée américaine, celui de ses vassaux, bien que le nombre de
conseillers américains militaires - soi-disant civils - soit encore
important, la baisse des dollars dans les ravitaillements mirent
l'Armée de Thieu dans de nouvelles difficultés.
Malgré cela, la guerre était encore très tendue. Combien était
dangereuse la vie des combattants vietnamiens! Je m'inquiétais
beaucoup pour mon père. Dans cette situation, je me
concentrais sur mes études pour réussir mon bac et entrer dans
une université, ce qui pourrait faire plaisir à mon père dès son
retour. En plus, ma tante ne voulait pas que j'approfondisse le
domaine littéraire. Une fois, elle me dit: «Ha An, tu as une
âme très fragile. Je te trouve romantique, rêveuse. Si tu poursuis
la littérature, tu risqueras un jour de connaître le malheur. Il
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XIII
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XIV
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xv
Au deuxième semestre, nous devions compléter le
programme par l'acquisition de sept compétences:
compréhension orale, compréhension écrite, expression orale,
expression écrite, vietnamien, civilisation vietnamienne et
philosophie du marxisme-léninisme. Je dépassai la période
difficile et grâce à mon amour du français, à mon application
dans les études, je fis d'énormes progrès et me classai parmi les
meilleurs de la classe.
A la fin du mois de mai 1975, nous commençâmes les
révisions pour l'examen de fin d'année scolaire prévu fin juin.
Un jour, aux heures de cours de philosophie, nous écoutions
le professeur, les deux classes de français de première année
regroupées. M. Ninh, professeur de philosophie, nous parlait de
la théorie du marxisme-léninisme. A cette époque, nous
l'écoutions attentivement et demandions, en levant la main, à
participer au débat. Malgré les bavardages, le professeur Ninh
aimait bien travailler avec notre classe car la plupart des
étudiants participaient activement aux cours. Il nous expliquait
des notions abstraites, difficiles à comprendre... Tout à coup, il
s'arrêta. Quelqu'un frappait. Il s'excusa et se dirigea vers la
porte. Hai Yen qui se trouvait derrière moi mit sa main sur mon
épaule si fort que je tressaillis et me dit: «Peut-être que M.
Karl Marx vient te chercher car tu es forte en cette matière. » Je
savais qu'elle plaisantait, mais je réagis quand même contre
elle: «Karl Marx est déjà de l'autre côté du monde; veux-tu
que j'y aille avec lui? Je vais te punir.» Elle me sourit
gentiment. Les autres en profitèrent pour rire aux éclats. M.
Ninh m'appela et me dit:
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XVIII
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été content que les accords de Paris soient signés en 1973 ; après
ses études, il avait travaillé au ministère français des Affaires
étrangères à Paris; pendant deux ans il avait été attaché culturel
au Maroc où il avait également donné des cours d'expression
orale aux étudiants; il était très content de venir pour la
première fois au Vietnam.
Ensuite, vint notre tour. Personne n'avait envie de se
présenter le premier. Tout le monde me désigna: je n'avais
aucune raison de refuser. Xavier me sourit. Comme son sourire
était doux! Il portait un collier de barbe. Tout son visage était
celui d'un homme calme, posé, confiant et gentil. Sa voix était
très attirante et douce. Il me regardait tandis que je parlais, et
m'écouta attentivement. J'ai l'habitude de regarder dans les
yeux la personne à qui je parle. Mais lorsque je vis qu'il me
regardait comme s'il voulait me « manger », mon visage rougit
de honte. Quand les autres parlèrent, il les écouta mais ses yeux
ne me quittèrent pas. Je n'osais pas le regarder. Un moment
après, quand le tour de Hai Yen arriva, je la regardai, puis je
regardai notre professeur. Tout à coup, nos regards se
croisèrent.. .Je me souviens jusqu'au moindre détail de cette
première rencontre; plus tard, tout s'est confondu dans un seul
souvenir; mais alors j'observais avec une attention particulière
sa conversation avec mes camarades de classe. Lorsque le dernier
étudiant de la classe se fut présenté, Xavier nous parla de ce que
nous allions faire durant l'année scolaire.
Le temps passa très vite! Après le cours, il partit en nous
disant: à très bientôt.
Pendant la recréation, comme d'habitude, nous riions et
parlions à haute voix. Les jeunes filles commencèrent à parler du
jeune professeur étranger. Nombreuses, elles représentaient les
trois quarts de la classe. Elles étaient turbulentes mais actives, et
notre classe se rangeait parmi les meilleures de l'Université. En
parlant avec Nam, le chef de classe, j'entendis derrière moi des
chuchotements, puis des rires. Hai Yen et Nga plaisantaient et
disaient:
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avions bien compris nos coeurs grâce au langage de nos yeux qui
se rencontraient sans cesse. C'était la première fois de ma vie
que des sentiments intimes m'absorbaient avec l'image de
Xavier. Je me sentais à la fois heureuse et malheureuse, heureuse
des battements de mon cœur quand Xavier m'avoua ses
sentiments, juste avant le Têt (j'avais l'impression que c'était
l'homme de ma vie. Pourtant, je ne lui ai rien dit), malheureuse
parce que j'étais encore étudiante. «Dans quelques mois, je serai
diplômée, me dis-je, donc, cette idée n'est plus importante », mais ce
n'était pas facile d'aimer un étranger à cette époque, et de
l'épouser. Ainsi, je n'osai rien dire à personne, ni à mon père, ni
à ma tante, ni à mes amis.
Pendant ses cours, je participais activement pour chasser les
soupçons de mes camarades de classe. Xavier me regardait
quand je parlais, et souriait. Il souriait aussi aux autres; il était
gentil et dévoué avec tous les étudiants. Il cherchait à tout
expliquer clairement. Comme cela se passait naturellement, il
gagnait leur sympathie. J'en étais heureuse.
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XIX
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xx
Au mois d'avril, il ne faisait plus froid à Hanoi". Il y faisait
beau. Un dimanche matin, My Hanh, mon amie d'enfance,
étudiante de russe, me proposa une promenade aux environs de
la ville. Je fus d'accord car il y avait longtemps que je n'avais
pas fait une telle promenade.
Nous prîmes le tramway jusqu'au centre-ville. En regardant
autour de moi, je voyais que trente années de guerre n'avaient
pas permis à Hanoi" de se bâtir une infrastructure matérielle et
technique moderne: des tramways datant de 1900 surchargés,
bringuebalants se traînaient le long des vieilles rues; la nuit les
rues étaient à peine éclairées par des lampes électriques pâlottes.
Dans les années soixante-dix, en dehors de la ville
proprement dite, Hanoi" englobait quatre districts suburbains
essentiellement agricoles, qui fournissaient le centre en vivres,
légumes, viande et volaille. Des secteurs industriels
commençaient à émerger : Van Dien, Yen Vien, Dong Anh, Gia
Lam, secteurs violemment attaqués par les bombardiers
américains et qui avaient déjà presque totalement rebâti leurs
entreprises. Le centre urbain lui-même s'agrandissait surtout du
côté du lac de l'Ouest. Ce lac, qui couvre près de 500 hectares,
est un vestige d'un ancien cours du fleuve Rouge, entouré par
des villages réputés les uns pour la culture des fleurs, les autres
pour leurs papeteries ou leurs tissages artisanaux. Il était prévu
que, prochainement, de grands édifices culturels et
administratifs s'élèveraient autour d'une large avenue. Déjà, les
visiteurs étrangers pouvaient, de leurs chambres de l'hôtel
Victoria, achevé en 1975, contempler le soleil couchant
rougeoyant de tous ses feux sur le lac tranquille. De la place Ba
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toujours promis l'un à l'autre sans le savoir et qui ont fini par se
trouver.
Peut-être suis-je complètement dans l'erreur et l'illusion (je te laisse
juger) mais voilà ce que je voulais te dire, dans cette vérité et
franchise qui croît entre nous et qui magnifie notre amour.
Je te comprends; je comprends tes difficultés. Dans tous les cas, sois
libre! Je t'aime trop et te respecte trop pour t'imposer quoi que ce soit
ou te contraindre. D'ailleurs, cela ne serait pas juste. Car il n'y a
d'amour vrai que là où il y a liberté. Je ne veux pas ton malheur,
mais ton bonheur. Surtout, je ne veux pas que tu te sacrifies. Là, je
veux que tu penses d'abord à toi, puis à ton père, avant de penser à
moi. Nous ne pourrons continuer à avancer ensemble sur le chemin de
notre amour et de notre relation que dans un désir profond de chacun
et partagé, non dans le sacrifice de l'un au désir de l'autre.
P our l' heure, cependant, pour un instant, l'instant de ces dernières
lignes, je veux juste te dire que je t'aime comme jamais, que tu me
manques comme jamais, que je te donne mon cœur, que je t'embrasse
si fort. Je brûle de désir de te revoir. »
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xxv
Après cette rencontre, je tombai malade. Durant une
semaine, je fus clouée au lit, avec une forte fièvre et des maux de
tête. Je ne pus pas assister à la fête de fin d'études organisée par
l'Université. Mes amis de classe me rapportèrent que j'avais été
déclarée la meilleure de ma Promotion mais que le Directeur de
l'Université ne m'avait pas décerné de diplôme, ni de
récompense car j'avais un problème, malgré mes succès dans les
études et dans les activités de l'Union de la jeunesse.
Le doyen confia à Nam -le chef de classe - la tâche d'en
parler à mon père. Le dimanche suivant, mon père vint me
chercher. J'allais mieux. Il m'emmena chez lui. En face de lui, je
pensais pouvoir lui dire beaucoup de choses mais tout à coup,
après avoir dit « Papa », je n'en trouvai plus la force. Mes yeux
étaient pleins de larmes. Il caressa mes cheveux en me disant
tristement:
- Ha An, les explications sont inutiles, Nam m'a tout dit.
Je suis complètement bouleversé. Pourquoi ne m'as-tu pas
parlé plus tôt? Penses-tu encore à ta mère qui de l'autre
côté du monde souhaite aussi ton bonheur? Je n'ai que
toi; je veux que tu sois heureuse! Pourras-tu être
heureuse à côté d'un homme qui a une culture et une
civilisation différentes des nôtres?
Mais, Papa, lui dis-je, il m'aime fort et moi aussi; je
pense que je serai heureuse avec lui car nous sommes en
communion d'âme et d'esprit.
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société. Ces questions ont été discrètement accumulées dans les longs
cours complexes de IJhistoire; elles sJexposent à présent au grand
Jour. . ..
Mon père avait raison. L'indépendance du pays fut acquise
avec le sang des millions de personnes qui sont tombées au
front, avec ceux qui sont invalides de guerre, avec la sueur, les
sacrifices et la force des millions de femmes restées à l'arrière. Ils
ne pensaient pas un jour être récompensés. Mais une chose est
certaine: ils espéraient tous, après la réunification du pays, une
vie heureuse et prospère pour le peuple, le maintien de la
démocratie dans tout le pays et l'égalité des chances entre les
différentes couches sociales.
Le cimetière tombe dans un silence presque absolu, un
cimetière attristé, resté au fond de la ville. Une entrée plantée
d'arbres très beaux, très sombres lui prodigue une ombre sévère.
Au contraire du tumulte des rues, ici c'est l'apaisement absolu
du soir. Je n'entends plus rien que le frémissement des feuillages
et l'appel éperdu de la nuit...
Je sors du cimetière.
Je retournerai bientôt à Lam Dong. Je continuerai à y
travailler avec mes élèves et à élever mes enfants. J'essaierai de
les aider à s'orienter vers ce qui est meilleur, mais pas de les
obliger à me suivre strictement, à vivre comme moi-même je
vivais, pas de les empêcher de progresser dans la modernité. Je
leur dirai que la vie est à eux, qu'ils devront en être responsables
et qu'ils ne devront pas hésiter à agir pour vivre heureusement,
sereinement, correctement.
En agissant librement, ils pourraient mieux évoluer,
s'intégrer dans le monde en gardant leur identité nationale. Ils
pourront comprendre que, dans notre société actuelle, il existe
encore beaucoup de gens compétents, honnêtes et courageux
comme Nam.
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Table
III 35
IV 41
V 47
VI 55
VII. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
VIII. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 73
IX 83
X 87
XI 93
XI l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 0 1
XI l l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 0 9
XIV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Il 3
XV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Il 9
XVI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 3 1
XVII. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 13 5
XVIII. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 141
XIX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 149
XX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 5 3
XXI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 5 7
XXII. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 161
XXIII. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 165
XXIV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 7 1
XXV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 77
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