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RECEPTEURS SUPERHETERODYNES
La figure (36) représente le schéma en blocs d’un émetteur radio AM. Nous supposons
un animateur d’une station radio qui est en train de faire une émission qui doit être diffusée sur
l’antenne avec une modulation AM. La voix sonore de cet animateur est convertie en un signal
électrique basse fréquence (modulant) de 15 KHz via le microphone. Un modulateur AM est
ensuite utilisé pour modulé la porteuse de fréquence fp= 400 KHz, générée par l’oscillateur
local. A la sortie du modulateur AM, nous aurons deux fréquences : fp+ fm et fp-fm. Nous
choisissons la fréquence supérieure qui correspond à une modulation à bande latérale unique
(BLU), sa fréquence fAM égale à 415 KHz (fAM=fp + fm = 400+15= 415 KHz).
Nous notons qu’on veut transmettre l’émission radio sur une station radio de 1.4 MHz.
Pour cela, nous allons utiliser un convertisseur hautes fréquences (up-converter en anglais) qui
est constitué d’un mélangeur et d’un filtre passe bande (voir fig (36)). Un convertisseur hautes
fréquences, comme son nom l’indique, convertit une fréquence basse (dans ce cas, fAM) en une
très haute fréquence (fRF= 1.4 MHz) afin d’adapter la fréquence de la porteuse fAM à une bande
de fréquence prédéfinie de la diffusion radio. Par exemple, la fréquence fRF appartient à la bande
de fréquence radio MW (Medium Waves : Ondes Moyennes) : 525 KHz- 1610 KHz , qu’on
retrouve dans les récepteurs radio [11].
Afin de produire une fréquence fRF de 1.4 MHz, nous utilisons un mélangeur, dont son
rôle, est de faire augmenter la fréquence de 415 KHz jusqu’à 1.4 MHz, à travers un deuxième
oscillateur local de fréquence fLO égale à 985 KHz. Le principe de fonctionnement d’un
mélangeur en émission radio est similaire à celui d’un modulateur. La différence entre les
deux est qu’un modulateur reçoit dans ses ports d’entrée un signal modulant basse fréquence
et un signal haute fréquence (porteuse), alors qu’un mélangeur reçoit à ses ports d’entrée un
signal qui est déjà modulé et un signal haute fréquence générée à partir d’un oscillateur local.
Le mélangeur, comme un modulateur, donne une fréquence somme (fLO+fAM= 1.4 MHz) et une
fréquence différence (fLO-fAM= 570 KHz). Dans ce cas, la fréquence différence est indésirable,
nous pouvons l’éliminer et garder uniquement la fréquence somme en plaçant un filtre passe
bande centré sur fLO+fAM (voir fig (36)).
Nous rappelons qu’un filtre, en général, cause une atténuation théorique de – 3 dB. Si un
signal électrique, avant le filtrage, présente une puissance en échelle linéaire de 1, après filtrage,
la puissance de ce signal est réduite à moitié (c’est-à-dire de 0.5 en échelle linéaire). Cette
atténuation causée par le filtre est d’autant importante qu’il faut placer à chaque fois après ce
filtre un amplificateur de gain GdB. C’est la raison pour laquelle qu’un amplificateur est placé
après le filtre passe bande avant de transmettre la station radio sur l’antenne (voir fig (36)). Le
choix de la valeur du gain de l’amplificateur est lié aux contraintes de la diffusion radio, comme,
la distance de transmission, le degré de distorsion du signal en bruit après amplification,
présence ou absence de préamplificateurs et antennes relais au cours de la transmission du
signal radio, etc.
La première étape à faire est de choisir la bande de fréquence convenablement sur le récepteur,
pour cela nous insérons un filtre de bande (passe bande) qui va sélectionner la fréquence centrale de la
bande de réception. Par exemple, puisque la station radio appartient à bande MW, ce filtre sera
positionné sur sa fréquence fMW qui vaut 1067.5 KHz. En choisissant cette fréquence, le filtre passe
bande va couvrir la bande des ondes moyennes avec une largeur de bande de : ΔfMW=1610-525= 1085
KHz (voir fig (37)). Après un parcours du signal modulé VRF (centré sur 1.4 MHz) sur une très longue
distance, entre l’émetteur radio et le récepteur, ce signal radio est atténué. Nous utilisons alors un
amplificateur avec un gain GdB pour amplifier et maintenir l’amplitude du signal modulé. Par la suite,
nous utilisons un convertisseur basse fréquence, qui est constitué d’un mélangeur et d’un filtre à
fréquence intermédiaire. En réception AM superhétérodyne, le signal produit par le convertisseur basse
fréquence (down-converter, en anglais) est toujours centré sur la fréquence 455 KHz [12]. Le terme
hétérodyne veut dire un changement d’une très haute fréquence à une fréquence basse. Pour réaliser la
démodulation, la fréquence du signal f RF de 1.4 MHz est diminuée à 455 KHz ; c’est la fonction
d’hétérodynage. Pour diminuer la fréquence à 455 KHz, nous devons choisir la fréquence de l’oscillateur
local fLO égale à 945 KHz (voir fig (37) et (38)). La fréquence intermédiaire FI s’écrit comme suit [12] :
Sachant que 𝑓𝑅𝐹 = 1.4 𝑀𝐻𝑧 , nous pouvons tirer la fréquence f LO, comme suit :
Nous rappelons que le mélangeur en réception donne une fréquence somme (fRF+ fLO = 2345
KHz) et une fréquence différence (FI= fRF- fLO = 455 KHz). Nous supposons que la fréquence de
l’oscillateur local est choisie à 945 KHz. Pour sélectionner uniquement la fréquence intermédiaire de
455 KHz, nous devons placer après le mélangeur un filtre passe bande centré sur FI, avec une largeur
de bande ΔfFI choisie judicieusement. Ce filtre va par conséquent rejeter la fréquence somme de 2345
KHz.
Le signal à fréquence intermédiaire VFI , après filtrage, subit une nouvelle atténuation théorique
de – 3 dB. L’atténuation causée par le filtre peut être plus grande si ce dernier est constitué de plusieurs
étages en cascade. Un amplificateur est inséré après le filtre FI pour compenser cette atténuation. On
note que le signal VFI amplifié est toujours modulé, le signal information de 15 KHz module la porteuse
de 455 KHz. En pratique, au lieu de mettre le filtre FI après le mélangeur nous l’insérons après
l’amplificateur à gain variable. Nous définissons le bloc amplificateur/filtre FI comme un amplificateur
sélectif, son rôle est de produire un signal RF amplifié et en même temps centré sur la fréquence 455
KHz . Pour extraire le signal modulant, nous insérons un détecteur d’enveloppe constitué d’une diode
qui élimine la partie négative du signal modulé, d’un filtre passe bas (fréquence de coupure, f c, égale à
fm) qui détecte le signal basse fréquence et supprime en même temps la porteuse. Enfin, nous utilisons
un filtre passe haut (fréquence de coupure très inférieure à fm) pour éliminer la composante continue
(voir fig (37)).
Exercice
Nous supposons un convertisseur basse fréquence (down-converter) similaire à celui représenté sur la
fig (37). On donne fRF= 35 KHz et la plage de variation de la fréquence de l’oscillateur local : fLO=[34-
80] KHz.
1- Donner la valeur fLO pour que le filtre à fréquence intermédiaire génère une fréquence FI de 1
KHz.
2- Supposons que le circuit qui suit le filtre FI supporte une charge de 1 MΩ. Calculer les valeurs
des composants L, C et R, qui constituent le filtre FI , pour que ce dernier génère une fréquence
de 1 KHz. On donne ΔfFI=5 KHz.
Solution
2-Si le circuit électronique (amplificateur+détecteur d’enveloppe+ haut parleur) qui suit le filtre FI
supporte une charge R’’ de 1 MΩ, nous pouvons diviser cette charge sur 10, par exemple, pour
déterminer la résistance R. Nous aurons :
𝑅′′ 106
𝑅= = = 100 𝐾Ω.
10 10
La largeur de bande d’un filtre passe bande RLC s’écrit en fonction de la résistance R et l’inductance L,
comme suit [4] :
𝑅
Δ𝑓(rad/s) = (91)
𝐿
𝑅 𝑅 100×103
L = Δ𝑓 = 2π Δ𝑓 = 2π× 5 ×103 = 3 𝐻𝑒𝑛𝑟𝑦𝑠.
(rad/s) (Hz)
Nous supposons que nous avons sur l’antenne de réception une autre fréquence fRF2 de 490 KHz.
Notre objectif est toujours de recevoir la fréquence f RF1 de 1.4 MHz. Maintenant, en présence de la
deuxième fréquence radio, est ce que le récepteur superhétérodyne de la fig (38) peut capter fRF1
correctement ? Sachant que la fréquence de l’oscillateur local fLO est maintenue fixe (fLO= 945 KHz).
Pour répondre à cette question, nous utilisons l’équation (85), comme suit :
En faisant la différence entre la deuxième fréquence radio fRF2 et celle de l’oscillateur local, nous
obtenons toujours une fréquence intermédiaire de 455 KHz. Cela veut dire que f RF2 est captée en même
temps avec la station radio fRF1. On appelle fRF2 la fréquence image (parasite) et fRF1 la fréquence utile.
La fréquence image est considérée comme l’image de la fréquence utile par rapport à la fréquence de
l’oscillateur local. Puisque ces deux fréquences peuvent être captées simultanément sur le récepteur, on
dit que la fréquence 490 KHz interfère sur 1.4 MHz. Si aucune action n’est faite pour résoudre ce
problème, un bruit important se produit sur le haut-parleur du récepteur.
Pour éliminer la fréquence image de 490 KHz, nous positionnons le filtre de bande sur sa
fréquence centrale fMW de 1067.5 KHz. Sachant que la fréquence minimale, à partir du quelle, le filtre
commence à sélectionner les fréquences est 525 KHz, nous pouvons conclure que fRF2 n’appartient pas
à la bande MW. Par conséquent, la fréquence parasite est bloquée juste à l’entrée du filtre de bande. Le
filtre de bande a alors deux fonctions : Premièrement, il choisit la bande de fréquence de réception des
stations radio. Deuxièmement, il élimine les fréquences images en choisissant une bande de fréquence
différente. Ce filtre est dit accordable ou bien reconfigurable par ce qu’il a la particularité de changer sa
fréquence centrale d’une bande à une autre (de la bande MW (Medium Waves) à la bande LW (Long
Waves) à la bande SW (Short Waves) et vice versa).
Si le problème de fréquence image persiste même en choisissant une bande de fréquence, nous
pouvons varier avec précision la fréquence centrale du filtre sur la même bande de fréquence choisie
dans le but de faire sortir la fréquence image de la bande de réception, en utilisant le bouton ‘’FINE’’
du récepteur (voir fig (38)).
Le problème de fréquence image se procure souvent si la fréquence intermédiaire est petite, par
exemple de l’ordre de centaines de KHz (FI =455 KHz) pour la réception AM. Dans ce cas, on dit que
le filtre de bande présente une mauvaise sélectivité le fait que la différence entre la fréquence de
l’oscillateur local et la fréquence image est considérée faible. Pour rendre ce filtre d’entrée plus sélectif,
nous devons augmenter la fréquence intermédiaire, pour cela, nous utilisons un récepteur à double
changement de fréquence. Généralement, le premier convertisseur-basse fréquence présente une
fréquence intermédiaire plus grande que 455 KHz, par exemple FI1 égale à 10.7 MHz. Le deuxième
convertisseur-basse fréquence est constitué d’un filtre FI2 centré sur 455 KHz. Dans ce cas, la fréquence
du deuxième oscillateur local fOL2 est fixée, alors que la fréquence f OL1 du premier oscillateur local est
variable. Les blocs ajustables permettant de rejeter la fréquence image est le filtre de bande d’entrée et
le premier oscillateur local fOL1. Grace à cette double conversion de fréquence, le signal parasite est
éliminé juste à l’entrée du récepteur et il est empêché d’y arriver au deuxième convertisseur de
fréquence.
Nous avons vu jusqu’à présent les fonctions de modulation et de filtrage. Comme un émetteur
et un récepteur radio comportent des étages d’amplification, nous allons dans cette partie étudier
l’amplificateur à gain variable représenté sur la figure (39). La différence entre le schéma électronique
d’un modulateur (mélangeur) et celui d’un amplificateur réside dans la jonction ‘’émetteur’’.
Contrairement au modulateur, l’amplificateur comporte dans sa jonction émetteur la résistance de
polarisation RE en parallèle avec le condensateur de découplage C d. Cette cellule RE- Cd est placée en
série avec une résistance variable Rp. Le but de placer une capacité en parallèle avec la résistance de
polarisation RE est de découpler l’émetteur de cette résistance, c'est-à-dire que l’émetteur sera relié
directement à la masse en régime alternatif basse fréquence, d’où l’appellation émetteur commun.
L’amplificateur est constitué d’une entrée VRF et d’une sortie amplifiée Vamp. Cet amplificateur est dit
variable parce qu’il peut changer son gain en tension GdB simultanément en fonction de la valeur de la
résistance variable RP. Le but de la partie suivante est de déterminer le gain en tension de cet
amplificateur.
Fig (39). Amplificateur à gain variable
Pour déterminer le gain en puissance, nous devons passer par l’étude dynamique du montage
amplificateur comme suit [8] :
Les étapes une et deux de l’étude dynamique sont illustrées sur la figure (40). La source de
tension continue devient une masse. Le court-circuit du condensateur Cd élimine la résistance RE. La
résistance variable Rp est reliée directement à la masse.
Fig (40). Illustration de l’étape n°1 et n°2 de l’étude dynamique
Le schéma équivalent du montage complet en régime basse fréquence est donné en figure (41).
Vamp
On peut exprimer le gain en tension VRF
comme suit :
Vamp R′ i c R′ β i B R′ β
=− =− =− (93)
VRF (rBE +Rp (β+1))iB (rBE +Rp (β+1))iB rBE +Rp (β+1)
En rassemblant les deux résistances Rc et RL en une seule résistance R’, comme suit :
R R
R′ = R c+RL (94)
c L
V
GdB = 20 log10 | Vamp | (95)
RF
En remplaçant l’équation (89) dans (91), nous aurons le gain en tension, comme suit :
R′ β
GdB = 20 log10 (r ) (96)
BE +Rp (β+1)
Exercice
Nous supposons un amplificateur variable similaire à celui représenté sur la fig (39). On donne : RL=2
KΩ, RC= 2 KΩ, Rp=700 Ω, rBE= 361 Ω et β=94. L’affaiblissement A(f) du signal Vamp (après
amplification) devient -37.05 dB.
Solution
R′ β
1-GdB = 20 log10 (r ).
BE +Rp (β+1)
Rc RL
avec : R′ = .
Rc +RL
Rc RL 2×2
β 94
Rc +RL 2+2
Ce qui implique : GdB = 20 log10 ( ) = 20 log10 (361+700(94+1)) = 2.95 dB.
rBE+Rp (β+1)
Plus on diminue la valeur de la résistance variable R p , plus le gain en tension GdB augmente et vice
versa.
2-Nous pouvons calculer directement l’affaiblissement du signal VRF avant amplification, comme suit :
Ce qui implique :
1 ∆fm 5
fc = = fm + = 15 + = 17.5 KHz (99)
2πRC 2 2
Le spectre de fréquences du signal modulant et la réponse spectrale du filtre passe bas sont
représentés sur la figure (43). En choisissant la fréquence de coupure égale à 17.5 KHz, le filtre passe
bas va éliminer toutes les fréquences supérieures à fc et sélectionne la fréquence fm. La fréquence de
coupure du filtre passe haut (C’R’) doit être choisie très inférieure à fm (par exemple 1 Hz) pour garantir
l’élimination de la composante continue.
C’
A K
-3 Réponse
spectrale
d’un filtre
passe bas
fmin fm fmax = fc
f (KHz)
12.5 15 17.5
KHz KHz KHz
Nous supposons maintenant que la valeur de la capacité C du filtre passe bas est connue, par
exemple C= 2 μF. Nous pouvons calculer la valeur de la résistance R en utilisant l’équation (95), comme
suit [4] :
1 1
R = 2π f = 2π ×17.5 ×103 ×2 ×10−6 = 4.5 Ω.
cC
6- Exercice récapitulatif
CL1 CL2 CL
3
Filtre de T T )
1 2 R1 L1 C1
FILTRE (
Bande
OSCILLATEUR
VARIABLE
LOCAL
Solution
Le schéma équivalent du montage complet en régime alternatif basse fréquence est donné en figure
(46).
iB iC
β iB
rBE
VRF RB1 RB2 Rc Vamp
(1+β) iB
Rp
Rc β
GdB = 20 log10 (r ) (101)
BE +Rp (β+1)
Pour avoir un gain en puissance de 10 dB, la résistance variable est tirée comme suit :
G 10
Rc β−(rBE × 1020 ) 2×103 ×94−(361× 1020 )
Rp = G = 10 = 622 Ω.
(β+1) ×1020 (94+1) ×1020
R 2 = Δ𝑓(rad/s) × 𝐿2 = 2π Δ𝑓(Hz) × 𝐿2
= 2π (fmax − fmin ) × 𝐿2
R 2 = 314Ω.
4-Une autre station radio indésirable de fréquence 𝑓𝑅𝐹2 peut provoquer le problème de fréquence image
si l’équation (85) est vérifiée :
En prenant fRF2 égale à 180 KHz et fLO égale à 275 KHz, on voit bien que l’équation (85) n’est pas
vérifiée :
Nous pouvons conclure que fRF2 n’est pas une fréquence image.