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LES RATONS NOIRS

Elwyn et Glen… encore deux sacrés olibrius ayant trainé leurs guêtres aux Quatre-
vents…

Leur histoire à eux commence dans une auberge sans nom, quelque part dans la zone
contestée. Assis autour d’une cervoise pas si fraiche que ça, à ressasser les événements
récents qui les avaient conduits jusque dans ce trou.

— Une chance qu’on ait été envoyé en éclaireur, hein cap’ !


— Tu parles, objecta Elwyn en regardant le fond de sa chope. On était pas posté où il
fallait. On a même pas pu les prévenir…
— Ouais mais imagine qu’on ait été à l’endroit prévu. On se serait fait massacrer comme
les autres et ça aurait rien changé.
— Quand même…
— Moi je dis qu’on a eu du bol, trancha Glen avec pragmatisme.
— C’est pas du bol, t’as fait exprès de t’éloigner !
— Le spot était pas bon, assura l’éclaireur en connaisseur. Y avait pas de place pour
s’allonger.
— Ouais, en attendant c’est pas comme ça que je vais me faire une réputation et
accomplir ma destinée…
— Si t’étais mort, ça t’aurait pas non plus aidé, fit remarquer Glen.

Les deux compères restèrent silencieux un instant, perdus dans leurs pensées,
observant leurs cervoises tièdes se réchauffer.

— Bon, reprit Glen avec son flegme habituel. Et c’est quoi le plan, maintenant ?

Elwyn frappa la table du poing, évacuant ainsi en partit sa frustration.

— Si seulement on avait été plus nombreux, ragea-t-il, on aurait pu retourner explorer


les ruines de Tagbor…
— Les quoi ?
— Les ruines de Tagbor, répéta l’ancien caporal comme si c’était une évidence. J’ai
entendu les gars qu’on escortait en parler : un vieux temple elfe recelant plein de richesses
oubliées. Par contre ils disaient que l’entrée était ensevelie…
— Ah ouais ? Bah je suis pas d’accord.
— Pourquoi ça ? s’étonna Elwyn.
— Ben… qui c’est qui va trimer pour déblayer si on a pas de bleus sous la main à qui
refiler le boulot ?
— Mais c’est ça ! On va recruter !
— Sans vouloir te vexer, t’es qu’un caporal, cap’. T’as pas le grade pour recruter.
— Pas si on monte notre compagnie de mercenaire…
— Tu veux déserter ? Toi ?
— Ça compte pas, s’ils sont tous morts…
— Mmh… Mouais. Et comment tu vas t’y prendre ?
— Oh c’est pas sorcier. On se pose dans une taverne à Naggiane ; on colle des affiches
comme quoi on recrute ; pendant les entretiens on leur explique qu’ils seront payés au
retour et on part en expédition !

L’éclaireur observa son caporal d’un air dubitatif avant que l’idée ne fasse son chemin.

— Du coup on serait un peu les chefs ? demanda-t-il pour être sûr.


— C’est l’idée.

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— Et du coup on pourra envoyer les autres au casse-pipe à notre place et devenir riche
sans trop de risque ?
— Riches et connus… confirma Elwyn. Mais pour commencer, il nous faut un nom qui
inspire le respect. T’as une idée ?
— Les ratons fous ? proposa Glen.
— Hein, quoi ?! Mais pourquoi les “ratons fous” ?
— Oh, fou on peut changer, assura l’éclaireur. Une couleur ça peut le faire aussi, comme
par exemple, euh… les ratons jaunes.
— Jaunes ? Non, non, mais attends. Pourquoi un raton d’abord ?
— Ben c’est toujours classe, un animal, comme emblème.
— Oui mais… un raton laveur ? T’es sûr ?
— Oh, oui. Y a pas plus dangereux que ces bestioles. Fourbes, rusés… et t’as vu ce qu’ils
font avec les arbres ? Sont capable de construire un barrage comme ils te feraient une
arme de siège, ces saloperies.
— C’est pas les castors, ça ?
— Les ratons, je te dis. Et s’ils sont enragés, t’as aucune chance !
— Mouais… je suis pas convaincu.

Sans le savoir, ils venaient de poser la première pierre de ce qui deviendra une de mes
plus grandes sources d’aventures. Mais tout ça se décida vraiment quelques jours plus tard,
aux Quatre-vents bien sûr.

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II

“La compagnie de mercenaire des Ratons noirs recrute aux Quatre-vents”

C’est par ces mots – corrects, bien qu’assez peu judicieux – qu’Elwyn et Glen comptaient
attirer de braves et valeureux guerriers pour partir avec eux en expédition. Seulement…

— Non, mais je m’en fous que vous ayez volé cette épée ce matin, expliquait Elwyn en
essayant de garder son calme. On cherche des combattants, pas des voleurs… Allez, au
suivant !

L’homme assis face aux deux recruteurs se leva et s’en alla la tête basse. Il fut remplacé
par un paysan à qui il manquait plusieurs dents. Le gars n’avait ni arme, ni armure. Il
ouvrit la bouche pour se présenter et…

— Suivant !

Une montagne de muscle s’avança et prit place à son tour.

— Ah, enfin un candidat sérieux !


— Avant commencer, fit le guerrier avec un fort accent du Novgor, je vouloir savoir
combien avance sur solde ?
— Il n’y a pas d’avance, juste un pourcentage sur les gains de l’expédition.
— Alors, je pas être intéressé, lança le type en se levant…
— Hmpf… Suivant !

Là, y a Lenard qui se pointe et s’installe tranquillement, sans un mot. Un moment de


flottement passe, puis Elwyn et Glen finissent par échanger un regard gêné, tous deux l’air
de demander à l’autre ce qu’il convenait mieux de faire.

Faut dire, Lenard, si vous connaissez pas, c’est le genre de gars… Ben, disons que quand
tu croises son regard, tu y vois cette lueur que t’aimerais pouvoir oublier et tu comprends
tout de suite : personne l’a mis au courant qu’il est petit, chauve et qu’il est pas censé
pouvoir coucher des types trois fois plus larges que lui. Le pire, c’est que tu vois bien que
même l’univers ose pas aborder le sujet avec lui. Du coup si t’as un peu de jugeote, ben
tu te dis que c’est pas non plus à toi de le faire…

— Quand on est mercenaire, on tue des gens ? demanda finalement Lenard, brisant
ainsi un silence qui devenait de plus en plus malaisant.
— Ça peut arriver, oui, répondit prudemment Elwyn.
— Oh. Dans ce cas j’accepte.
— Hum, c’est-à-dire que…

Glen stoppa Elwyn en posant une main sur son bras. Puis il se pencha vers lui et fit tout
bas :

— Je crois pas que ce soit une bonne idée de refuser, cap’. Je veux dire, regarde-le.

Lenard les observait fixement, sans cligner des yeux. Il clignait jamais des yeux.
Jamais…

— Bon, ben assieds-toi avec nous, soldat, trancha un Elwyn pas très rassuré.

Tout content, Lenard fit le tour de la table avant de s’immobiliser, sourcils froncés.

— Attendez, vous seriez pas en train de me tendre un piège des fois ?

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— Hein ?
— Non, bah non… Ah, pardon les copains, je suis désolé, je voulais pas douter de vous…
Mais quand même… Vous me tendez pas un piège ?

Une goutte de sueur perla sur la tempe d’Elwyn.

— Ben… non ?
— Évidemment, c’était idiot. Mais tant mieux, j’aurais pas aimé avoir à vous éviscérer
lentement pendant votre agonie…

Lenard s’installa à côté de Glen et se mura dans le silence, un sourire honnête – et donc
extrêmement flippant – collé au visage.

— Hum. Suivant ? appela Elwyn en essayant de retrouver toute sa contenance.

Un vieux avec une armure et une épée antique s’avança.

— Non, mais c’est pas possible… suivant !

Un homme, jeune, bien bâti, mais sans arme, prit la place du vieillard qui s’éloignait en
râlant.

— Bonjour, je suis l’héritier du duc de Sennavie. J’ai franchi les lignes orks pour rejoindre
la cité libre de Naggiane et y mener fièrement…
— Vous avez pas d’épée ? abrégea Elwyn.
— C’est à dire, je suis confus, on me l’a volé ce matin…
— Suivant !
— Mais vous ne m’avez pas vu combattre ! Je vous assure que ma bravoure n’a d’égale
que…
— Pas d’avance, pas de matos. Pas de matos, pas d’intérêt. Suivant !

Une réflexion somme toute logique, mais qui, rétrospectivement, était un peu dommage
– enfin, tout dépend du point de vue adopté, j’imagine –, puisque le gars allait finir par
être connu dans la région pour avoir terrassé le fameux golem défectueux des mines de
Skoll… D’autant plus qu’à l’époque, il était déjà tout aussi balèze à mains nues. Mais bon,
c’est comme ça.

Un autre gus vint prendre sa place sur le tabouret.

— Je suis mage de bataille, expliqua-t-il en faisant apparaître une boule de feu parfaite
quelques centimètres au-dessus du creux de sa main.
— On cherche des guerriers, pas des mages, on l’a mis sur l’affiche !
— Euh, non, on a oublié de le préciser, cap', intervint Glen.
— Hum. Bon, et en combat sans magie, vous valez quoi ? Vous pouvez nous montrer ?
— Je peux essayer, mais je n’ai pas d’épée.

Elwyn soupira.

— Soldat Lenard, fais une passe d’armes avec lui pour le tester. Glen, tu peux lui filer
ton épée ?

L’éclaireur tendit à contrecœur son arme – qui ressemblait d’ailleurs plus à un bon
couteau à saucisson qu’autre chose – et tout le monde s’écarta. Le mage observa la lame
qu’il avait entre les mains puis se tourna vers Elwyn.

— Je dois quand même vous di-aaargh


— Mais… Mais pourquoi tu l’as tué ?! s’horrifia Elwyn

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— Vous avez dit en “une passe”, se justifia Lenard.
— Pour l’évaluer, oui, pas pour le buter !
— Oh. Ben à mon avis, ça vaut pas le coup de le recruter.
— Ah bah maintenant, c’est sûr…
— Il avait de mauvais réflexes.

Et pendant ce temps, le mage se vidait de son sang. Évidemment, j’ai gueulé. Du coup
Elwyn a tout de suite envoyé Lenard se débarrasser du corps, ce qui, au passage, l’a tenu
éloigné pour le reste des entretiens et je dois dire que c’était pas plus mal. Les clients ont
jamais été très à l’aise, quand Lenard était dans le coin.

— Bon, ben… Suivant !

Une femme aux cheveux rosés qui attendait son tour prit alors place sur le tabouret.
Elle portait une cuirasse courte sur la poitrine et deux poignards longs étaient accrochés
dans son dos.

— J’aimerais rejoindre votre compagnie, déclara Ka’yenn.

Elwyn se pencha vers Glen en cachant sa bouche du plat de la main.

— Elle est mignonne et elle est déjà équipée, on devrait la prendre.


— Je suis d’accord, répondit Glen. Surtout qu’il reste plus grand monde…
— Et qu’elle est sacrément mignonne…

Elwyn se redressa.

— C’est bon, on te prend.


— Vous me faites pas passer de test ? s’étonna-t-elle.
— Pas besoin, on a l’œil. Pas vrai, cap’ ?
— Cap’ ? répéta Ka’yenn.
— Capo-aïe !
— Capitaine, s’empressa de rectifier Elwyn.
— Et vous me demandez pas non plus d’où je viens ou pourquoi je veux vous rejoindre ?
demanda-t-elle avec méfiance.
— Ça nous regarde pas. Allez, viens t’asseoir de notre côté, soldat.

La jeune femme se leva sans insister davantage et fit le tour de la table. Après ça, il n’y
eut que deux autres candidats – sans grand intérêt –, puis plus personne. Faut dire que
l’évaluation de Lenard en avait calmé plus d’un.

— On aurait dû prendre le vieux, tout à l’heure, fit Glen à Elwyn en aparté. On va être
un peu léger pour refiler tout le boulot aux recrues…

C’est alors qu’un ork aux cornes coupées entra dans l’auberge. Un spécimen avec une
bonne carrure, portant une armure usée jusqu’à la moelle et une épée à deux mains plus
lourde que Glen.

Je me rappelle lui avoir indiqué la table des mercenaires et, lorsqu’il se posa devant eux,
Elwyn souriait comme un enfant qui découvre un jouet au pied de son lit le matin de la
fête de l’hiver… Glen affichait quant à lui son habituel regard blasé et Ka’yenn ne
s’intéressait plus au recrutement depuis un moment…

Brièvement décontenancé, l’ork se redressa, essayant ainsi de faire bonne impression.

— Bonjour, euh. J’ai vu une affiche et…


— Comment tu t’appelles, mon gars ?

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— Norgaal, répondit l’ork.
— Eh bien, Norgaal, bienvenue parmi les Ratons roux !
— Noirs, rectifia Glen, on avait dit les Ratons noirs, Cap’… Roux c’est les écureuils.

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III

Dans l’arrière-cour des Quatre-vents, l’après-midi des entretiens, Elwyn et Glen


observaient leurs nouvelles recrues se tenir droit, le menton bien haut et le regard au loin.

— Bon, pour commencer, où est Lenard ? demanda Elwyn.


— Il a dit qu’il nous quittait, il a trouvé du boulot, capitaine, répondit obligeamment
Ka’yenn qui essayait de faire les choses bien.
— Déjà ?!
— Il a aussi dit qu’être mercenaire aura été une aventure qu’il oublierait pas.
— Mouais… enfin, entre nous j’aime autant ça. Bon, et vous, vous m’avez l’air de vétérans
sacrément expérimentés.
— Oui, capitaine, répondit Ka’yenn qui sentait que c’était ce qu’on attendait d’elle.
— Vous avez connu beaucoup de champ de bataille ? demanda Elwyn en se frottant les
mains.
— Aucun, capitaine.
— Mais…
— Moi, j’étais esclave, avant… enfonça Norgaal.

Elwyn se pinça l’arête du nez en comprenant qu’il avait affaire à des bleus, puis s’adressa
à Glen en aparté.

— Bon, je dois négocier deux-trois infos avec un certain Velrane, à l’intérieur. Occupe-toi
des nouveaux en attendant.
— Mais qu’est-ce que je leur dis, moi ?
— Je sais pas. Motive-les, apprend-leur des trucs utiles pour pas crever à la première
bataille. T’es sergent, maintenant… Sers-toi de ton expérience.

Elwyn s’en alla sous le regard de sa compagnie, puis Glen se tourna vers les recrues avec
un air franchement dubitatif.

— Bon, bah vous allez commencer par vous détendre, parce que vous me stressez, là, à
rester planté comme des piquets…

Soulagée, Ka’yenn retrouva immédiatement une pose plus naturelle. Norgaal hésita mais
se relâcha quand même un peu. Pendant ce temps, le nouveau sergent essayait de se
remémorer le discours de son ancien instructeur. Au bout d’un moment, il soupira, puis
prit une longue inspiration.

— Que vous soyez grand, petit, euh… fille ou ork, maintenant ça compte plus, résuma-t-il
d’un ton monocorde. Z'êtes des mercenaires comme les autres, voyez. Des Ratons noirs.

Ka’yenn leva les yeux au ciel en entendant ça. Elle faisait de son mieux pour jouer le jeu
– après tout, elle voulait pas se griller : elle avait besoin de faire profil bas le temps que
les chasseurs de démon qui la poursuivaient aillent voir ailleurs si elle y était –, mais elle
sentait que ça allait être long…

Norgaal, de son côté, ne feignait pas son bonheur. Oh, il sautait pas partout, non, il était
plutôt calme de nature, mais son sourire était rayonnant. Imaginez-vous, lui qui avait
toujours rêvé de partir à l’aventure… Bon, bien sûr, il lui faudrait découvrir comment manier
l’épée à deux mains qu’il venait de s’acheter, mais il se disait qu’il apprendrait sur le tas.

En attendant, l’ork buvait les paroles de Glen, qui avait retrouvé un peu d’entrain en
revenant en terrain connu : il expliquait à présent des rudiments de techniques de survie
telle que l’art de faire le mort sur un champ de bataille, de se trouver une bonne planque
le temps que ça se tasse ou comment fouiller efficacement un cadavre quand il y avait plus
de risque…

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Autant dire que leur expédition, c’était pas gagné. Pourtant, les Ratons noirs partirent bel
et bien tous les quatre en fin d’après-midi pour mener à bien – enfin, tant bien que mal je
devrais dire – leurs aventures. Et qu’on se le dise, c’était déjà con de pas profiter d’une
nuit aux Quatre-vents avant d’y aller, plutôt que de devoir s’arrêter une heure plus tard
pour camper dans la forêt le ventre vide… Mais bon.

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IV

Ayant pris place à la table d’une taverne crasseuse après une journée de marche, les
Ratons noirs pouvaient souffler un peu. Pour Elwyn, c’était l’occasion de créer davantage
de camaraderie avant d’arriver dans les terres contestées. Seulement, bon, parfois, même
avec de la bonne volonté…

— Tiens, va nous chercher une pinte s’te plait, fit le capitaine en se tournant tout sourire
vers la belle recrue aux cheveux rosés.
— Pourquoi moi ? demanda Ka’yenn le plus sérieusement du monde.
— Ben, t’es une femme, commença-t-il, tu…
— Non, je suis un mercenaire, le coupa-t-elle.
— Quoi ?
— D’après le sergent, expliqua la recrue, j’ai plus de sexe tant que je fais partie des Ratons.
Je suis un mercenaire comme les autres. J’ai donc pas à faire les corvées soi-disant
réservées aux femmes.
— Bon, bon… se rembrunit Elwyn en pivotant vers l’autre bleu de la compagnie. Dans ce
cas, Norgaal, tu veux bien…
— Suis plus esclave, Capitaine, rétorqua l’ork. Je refuse qu’on me donne des ordres.

Le vétéran se pinça l’arête du nez en essayant de garder son calme puis se tourna vers
son plus vieux comparse… qui faisait mine d’observer le plafond.

— Glen ?
— Je suis vanné, cap', esquiva l’éclaireur d’un ton morne.
— C’est bon, tonna finalement le capitaine en se levant d’un coup, les mains à plat sur la
table. J’ai compris, je vais les chercher moi-même…

Et voilà… les bases étaient posées…

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V

Le premier bivouac des ratons – un minimum prévu s’entend – eut lieu la veille de leur
arrivée aux ruines de Tagbor. Le mélange alchimique qu’utilisait Ka’yenn pour masquer ses
effluves de berserker commençait à perdre en efficacité et, chaque fois qu’elle passait
devant les montures, celles-ci devenaient nerveuses. Chaque fois, la jeune femme pestait.

Au même moment, Norgaal prenait son courage à deux mains – faut dire que Ka’yenn
l’intimidait plus qu’il ne se l’avouait – et se décida à la rejoindre près du point d’eau, pour
lui parler de ce qu’il ressentait.

— Hum, annonça-t-il sa présence.


— Oui ?

Dire que ce grand gaillard se sentait pas très à l’aise était un euphémisme. Il approcha
doucement, les yeux baissés, en jouant nerveusement avec les coutures de son pantalon.

— C’est que… ça fait un moment que je t’observe et il faut que je t’avoue quelque
chose…

Il retint son souffle. Il sentait qu’il devait se lancer maintenant où il n’arriverait jamais
à soutenir le regard de la jeune femme.

Celle-ci l’encouragea silencieusement à continuer, curieuse malgré elle d’écouter la suite.


Il ne pouvait désormais plus reculer.

— Voilà, se confia-t-il d’un ton déterminé, j’ai pas pu m’empêcher de remarquer que tu
t’entendais pas vraiment avec nos montures… Je sais pas ce que tu leur as fait, mais tu
dois mieux les traiter. Les animaux sentent quand on les aime pas, tu sais.

Ka’yenn, qui était à cent lieues d’imaginer que c’était ça qui rongeait l’ork depuis
quelques jours, ne put se retenir d’éclater de rire.

— Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle, se vexa Norgaal.


— Pardon, essaya de se rattraper la mercenaire en retrouvant difficilement son calme.
C’est ça qui te tracasse tant ?
— Bien sûr. Quoi d’autre ?
— Eh oui… se moqua gentiment Ka’yenn sans que l’ork ne comprenne.
— Si tu veux que les chevaux t’acceptent, la réprimanda Norgaal, tu dois faire des efforts.
Et désolé de te dire ça, mais si t’en fais pas, on sera pas non plus copain, tous les deux.

La berserker soupira, se demandant comment lui faire comprendre sans se griller que
ce n’était pas sa faute, que c’était l’ordre naturel des choses…

— Tu as raison, essaya-t-elle, les animaux sentent beaucoup de choses. Et justement…


mon odeur… pour eux, je suis comme un prédateur, tu vois. Même si je ne leur veux aucun
mal, ils ont peur, c’est leur instinct qui parle, j’y peux rien.

Norgaal la considéra d’un œil méfiant. Elle semblait sincère, mais cette histoire d’odeur
le laissait perplexe. Puis il comprit – enfin il crut comprendre. D’un autre côté il lui manquait
quelques infos pour y voir plus clair alors forcément…

— C’est pas plutôt toi qui as peur ? hasarda-t-il.

Ka’yenn pesa rapidement le pour et le contre, puis saisit la perche tendue à pleines
mains.

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— Si ! C’est ça. J’avoue. J’ai peur des animaux. Ils le sentent, du coup ils ont peur en
retour et grognent pour prévenir… au cas… où je serais tenté de les attaquer
préventivement ?
— Si c’est ça, enchaîna l’ork sans trop tenir compte des explications vaseuses de la
berserker, je peux t’aider à…

Et c’est à ce moment précis qu’une sorte de petit lynx choisit de sortir tranquillement
des fourrés avec un mandra fraîchement tué dans la gueule.

— C’est quoi, ça ? D’où il sort ? s’étonna Ka’yenn.


— Lui ? C’est Felynx, expliqua l’ork. Un chat talis qui s’est attaché à moi et qui nous suit
à distance depuis qu’on a quitté Naggiane.
— Et il chasse les mandras ?!
— Oh, il en raffole, lui confirma Norgaal. Mais c’est étonnant parce que c’est le troisième
depuis qu’on est parti alors que normalement, ces petits lézards volants font pas de halte
lorsqu’un chat talis rôde dans la région.

Réalisant qu’elle en avait effectivement vu assez peu ces derniers temps, Ka’yenn
observa le félin avec intérêt. L’attrait qu’exerçaient les draconides sur les mandras avait
tendance à attirer du même coup les chasseurs de démons, alors si la seule présence de
ce gros matou pouvait les tenir éloignés…

La mercenaire commençait à se dire qu’elle allait peut-être rester plus longtemps que
prévu avec les Ratons noirs, et ce même si quelque chose d’indéfinissable la dérangeait
chez ce chat.

— En tout cas Felynx a pas peur de toi, lui, constata Norgaal avec plaisir. Ça, tu vois,
c’est parce que même si tu as peur, il sait que t’es pas une menace pour lui.

C’était ça, songea Ka’yenn : il n’avait pas peur d’elle. Et il y avait un côté profondément
vexant aux explications de l’ork.

— Euh… qu’est-ce qu’il fait, là ?! se figea soudainement la berserker en sentant l’animal


venir se frotter entre ses jambes.
— Il t’aime bien visiblement, s’amusa Norgaal. C’est rare pour un chat talis, tu sais.
Comme quoi tu avais raison, tu as pas un mauvais fond avec les animaux.
— Mais… mais empêche cette chose de faire ça !!! C’est… brrrr… c’est trop bizarre !!!

Tout heureux, le guerrier ork sourit. Il se devait d’aider la jeune femme à surmonter sa
peur des animaux. Autant vous dire tout de suite que c’était le début d’une relation assez
particulière, entre ces deux-là.

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VI

Évidemment, comme vous devez vous y attendre, la fouille des ruines de Tagbor ne
donna rien. Elwyn pestait contre les fabulations des marchands qui lui avaient raconté cette
histoire de trésor enfoui, tandis que Norgaal continuait tant bien que mal à creuser ici et
là chaque fois que le petit groupe pensait avoir trouvé une entrée.

Ka’yenn, elle, commençait à s’ennuyer ferme. Faut dire, elle était restée avec les ratons
uniquement parce qu’ils se doutaient toujours pas de sa vraie nature et que le chat Talis
qui les suivait éloignait les mandras. Mais là, elle commençait vraiment à se dire que la vie
de mercenaire était finalement pas aussi riche en aventures et en combats qu’elle le
pensait…

Quant à Glen, il profitait pleinement de la situation en faisant le guet stratégiquement


positionné – comprendre tranquillement allongé les mains derrière la tête – en haut des
restes d’une ancienne tour en ruine.

De là où il se trouvait, le panorama était superbe et embrassait tous les alentours. Et


c’est à l’occasion d’un de ses coups d’œil occasionnel qu’il vit la menace.

— Orks à deux cents mètres au nord ! cria-t-il à l’attention de ses camarades. On dirait
des arkaaris !
— Des Arkaaris ? répéta Ka’yenn en fronçant les sourcils.
— Des pillards orks, expliqua Norgaal. Ils sont généralement envoyés en petits groupes
pour brûler les fermes et les champs en territoire ennemi.
— Oh, je vois, répondit la berserker, ravie par la perspective de pouvoir enfin se battre.

Elle sortit ses lames de leur fourreau, puis, sans crier gare, s’élança en direction du nord.
En réaction, Elwyn se jeta sur son arbalète en râlant.

— Eh, on y va ensemble ! Hein, vous m’attendez, d’accord ? Faut juste que je réussisse
à…

Pendant que le capitaine galérait avec le mécanisme de rechargement de son arme,


Norgaal chercha Glen du regard. Sans succès, vu que l’éclaireur avait purement et
simplement disparu du haut de sa tour…

Imaginant Ka’yenn foncer au contact des orks, Norgaal frissonna. Il ne pouvait


décemment pas laisser la jeune femme se battre seule – forcément, il pouvait pas savoir…

Seulement de son côté, la mercenaire fut très heureuse de se retrouver face aux
arkaaris. D’autant que Glen avait pas annoncé qu’ils seraient une quinzaine en face – ce
qui aurait fait réfléchir Elwyn à deux fois, mais pas la berserker.

Les orks ne comprirent pas tout de suite ce qui leur arrivait. En même temps, ils avaient
rien demandé quand la furie, armée de ses deux dagues longues, était sortie de nulle part
pour les attaquer sans prévenir…

Les yeux devenus noirs, la jeune femme virevoltait, utilisant ses pouvoirs pour frapper
avec une précision et une vitesse incroyable. L’odeur du sang était excitante, mais elle
n’avait aucun problème pour garder ses pulsions sous contrôle. Seule importait la joie du
combat.

Et puis Norgaal débarqua…

— Ka’yeeeen ! cria-t-il pour annoncer sa présence. Tiens bon, je suis làaaaargh !!!

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En cours de route, l’avertissement s’était transformé en appel à l’aide. Forcément,
l’ancien esclave – qui savait à peine tenir son immense épée à deux mains – ne faisait pas
le poids face aux guerriers orks.

Parce que oui, même si Ka’yenn s’en sortait plus que bien, en face, les arkaaris étaient
loin d’être des manches. Il s’agissait de combattants expérimentés et c’était bien leur
dangerosité qui rendait l’affrontement si grisant pour la jeune femme. À la moindre erreur,
elle risquait réellement de se faire éviscérer.

Lorsqu’elle tourna la tête, Norgaal était couché sur le dos, bien loin de son arme,
essayant de ramper à reculons pour échapper à son agresseur. L’ork qui lui faisait face
brandit son épée en même temps que Ka’yenn leva les yeux au ciel.

D’une pirouette, elle se désengagea de son propre combat, puis fondit sur l’ork avant
qu’il ne frappe mortellement l’ancien esclave. Elle para le coup d’une lame et trancha la
gorge de l’arkaari de l’autre.

Seulement, son sauvetage avait ouvert une brèche dans sa défense et il n’en fallut pas
plus pour que l’un des guerriers n’en profite pour lui enfoncer vingt bons centimètres d’acier
entre les côtes.

La jeune femme tituba sous le regard horrifié de Norgaal. Face à elle, l’arkaari eut un
sourire carnassier. Le sang frais gouttait à l’extrémité de son épée. Il était persuadé d’avoir
gagné la bataille, d’avoir vengé ses frères d’armes tombés contre cette surprenante
mercenaire. Mais il se trompait. Lourdement.

La douleur se mêla à la fureur et à l’odeur des morts. La musculature de la berserker se


renforça un peu plus, ses sens s’aiguisèrent davantage et une aura noire commença à
émaner d’elle.

La riposte fut aussi sauvage que brutale. La lame traversa les protections de l’ork,
trancha ses chairs et brisa ses os. Avant que son corps n’ait touché le sol, Ka’yenn était
déjà sur un autre guerrier. Les derniers arkaaris, remis de leur surprise, opposèrent une
résistance farouche, mais vaine.

Le terrain fut rapidement couvert de cadavres. Seul Norgaal avait échappé au massacre
– forcément, il avait pas attaqué la furie, lui –. Seulement la berserker ne faisait aucune
différence. Dans cet état, il n’y avait plus d’alliés, juste des menaces à éliminer.

Le dernier arkaari à terre, Ka’yenn bondit sur l’ancien esclave. Par chance, celui-ci glissa
au moment d’esquiver, si bien qu’il parvint in extremis à attraper les poignets de la jeune
femme pour l’empêcher de frapper.

Surprise par cette parade peu orthodoxe, elle laissa Norgaal se relever sur un genou.
Instinctivement, l’ork avait tendu son bras vers elle en signe d’apaisement, comme il
l’aurait fait avec un animal sauvage.

— Ka’yenn, c’est moi, Norgaal ! déclara-t-il en espérant déceler une trace d’humanité
derrière l’impénétrable regard noir de celle qu’il pensait connaître.

Un doute sembla s’installer chez la berserker, si bien qu’elle se contenta d’observer sa


proie, prête à lui sauter à la gorge au moindre signe d’inattention.

Faisant preuve d’un sang-froid à toute épreuve et sans faire de mouvement brusque,
l’ork tenta à nouveau sa chance.

— Caaalme-toi. Tout va bien. Il n’y a plus de danger… C’est fini…

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Les globes oculaires de la jeune femme redevinrent blancs tandis que cette dernière
retrouvait ses esprits. D’abord surprise par ce brusque retour à la normale, Ka’yenn cligna
des yeux, puis prit conscience de sa posture et de l’identité de celui qu’elle menaçait.
Malgré son calme apparent, la peur se lisait dans le regard de l’ork.

— Pardon ! s’exclama-t-elle aussitôt en lâchant ses armes.

Elle se sentait bizarre. C’était la première fois qu’elle parvenait à épargner quelqu’un
lorsqu’elle perdait le contrôle. C’était la première fois qu’une voix parvenait à lui faire
quitter son état de berserker – enfin à part celle de son père, mais lui, ça compte pas…
vous comprendrez plus tard…

La confusion se lisait sur son visage et Norgaal voulut s’approcher – prudemment – pour
s’assurer qu’elle allait bien, mais c’est finalement la blessure au flanc qui accapara son
attention. Il avait vu l’épée s’enfoncer, il voyait le sang imprégner les habits de la jeune
femme et pourtant celle-ci était debout.

Il suffit qu’il y pense pour que Ka’yenn se laisse tomber, haletante et grimaçante. En
fait, la plaie s’était déjà partiellement refermée – un autre avantage d’être ce qu’elle était
–, mais ça faisait quand même un mal de chien.

— Ta blessure ! s’inquiéta-t-il. Il faut vite te faire un bandage !

Mesurant l’ampleur de la situation, la jeune femme réalisa du même coup qu’avoir


épargné l’ancien esclave signifiait la fin de sa couverture.

— Ça va, lâcha-t-elle en pestant intérieurement. J’ai rien, c’est juste une égratignure…

Dubitatif, l’ork ne voulut pas insister. Elle ne semblait pas si mal en point et il
commençait à douter de ce qu’il avait vu. Du moins en partie…

— Qu’est-ce qui t’est arrivée ? Tes yeux, tes muscles, cette aura noire… et comment as-
tu réussi à battre toute seule autant d’arkaaris ?

Ka’yenn soupira. Il méritait quelques explications. Elle ouvrit la bouche, prête à lui dire
que ce n’était pas elle qui avait peur des animaux, quand…

— Rah, mais c’est pas possible ! entendirent-ils râler Elwyn en apparaissant à l’angle
d’une ruine. J’avais dit “on y va ensemble” !!! reprit-il. Alors c’est ça, il suffit qu’un
mécanisme se coince sur une arbalète et vous, vous… euh… ça en fait du monde…

Devant lui, le spectacle était éloquent. Une quinzaine d’orks morts, parfois salement
mutilés, témoignaient de la violence de l’affrontement qui avait eu lieu.

— Et vous en êtes venu à bout… à deux ? s’étonna-t-il d’une voix teintée d’un certain
respect.
— Oui, capitaine, répondit obligeamment la berserker.
— Purée ! Et moi j’ai tout loupé ! J’ai même pas pu tirer UN carreau ! ragea Elwyn en
donnant un coup de pied dans une épée qui traînait par terre. Et Glen ? Il est pas avec
vous ?

C’est à peu près à ce moment que l’intéressé choisit de réapparaître, surgissant comme
une fleur d’un fourré environnant.

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— Ah, vous les avez affrontés en fait ? demanda-t-il innocemment. Je pensais qu’on les
aurait laissés s’éloigner, moi… Bon, bah, bien joué. Enfin, z’auriez pu prévenir, je vous
aurais donné un coup de main…

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VII

Sur le retour qui les ramenait à Naggiane – après avoir laissé tomber l’idée de dénicher
quoi que ce soit d’intéressant dans les ruines, donc – nos ratons noirs décidèrent de faire
halte aux abords d’une ferme abandonnée.

Et vu qu’en défaisant leur paquetage, Elwyn et Glen commencèrent à s’embrouiller pour


une histoire de gourde mal refermée qui avait été rangée dans le sac où se trouvaient les
couvertures, Norgaal et Ka’yenn décidèrent de s’éclipser discrètement.

— Alors, demanda finalement l’ork pendant qu’ils marchaient côte à côte. Tu


m’expliques ?
— Quoi donc ? feignit la demi-dragonne.
— Quand on s’est battu… Tes yeux, ton aura…
— Oh, ça, ce sont mes tatouages Aetheriques, tenta-t-elle.
— Quels tatouages ? s’étonna naïvement Norgaal. J’en vois pas sur toi…
— Ah, euh, j’ai dit tatouages ? essaya-t-elle de se rattraper. Je voulais dire mes
cicatrices sacrificielles, une technique ancestrale…

L’ork prit un air franchement dubitatif et Ka’yenn abdiqua en soupirant – je vous avais
pas encore dit que ses excuses étaient souvent bancales ? Ben maintenant, c’est fait… – .
Elle lui expliqua ce qu’elle était réellement tandis que Norgaal écoutait sans rien dire.

— Et donc, quand t’es berserk, t’arrives plus à t’arrêter ? demanda l’ork une fois qu’elle
eut terminé.
— Oui… Si je me laisse un peu trop emporter, je perds le contrôle, mon instinct prend
le dessus et je réalise plus ce que je fais… C’est pour ça que j’étais surprise que tu aies
réussi à me stopper…

Soudain, alors qu’ils passaient à l’angle d’un bâtiment, un hennissement apeuré leur
vrilla les tympans. Le cheval qui se trouvait dans le pré voisin se cabra avant de s’enfuir
en galopant.

— C’est quand même bizarre les réactions que tu provoques sur les animaux… fit
Norgaal une fois la surprise passée.
— C’est ce que j’essayais de te dire… J’ai pas peur des animaux, c’est eux qui ont peur
de moi. Ils sentent que je suis une menace, même les prédateurs sont sur la défensive en
ma présence.

À peine ces mots prononcés, la jeune femme se figea. Quelque chose était venu se
frotter sur ces jambes.

— Meowww… ronronronron~
— Mais… et lui ? demanda l’ork. Comment ça se fait qu’il t’aime bien ?

Ka’yenn se détendit un peu. La proximité du chat talis lui laissait toujours une
impression bizarre, mais elle commençait à s’y habituer.

— Lui ? Je sais pas, il lui manque une case…

Si vous voulez mon avis - pis si vous le voulez pas tant pis pour vous parce que je vais
quand même le donner –, c’est surtout qu’il avait vite décrété que la demi-dragonne ne
constituait pas une menace pour lui et qu’il pouvait tolérer sa présence. Sans compter
qu’instinctivement, il devait avoir compris que c’était Ka’yenn, qui attirait tous ces délicieux
mandras dont il raffolait tant… D’ailleurs, maintenant que je dis ça, je me demande si
c’était pas elle qu’il suivait, plutôt que Norgaal…

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En tout cas, pendant les jours qui suivirent, Ka’yenn s’était pas mal demandé pourquoi
elle s’était confiée et pourquoi elle n’était pas déjà partie loin. Peut-être qu’avoir près d’elle
quelqu’un qui sache sans pour autant la prendre pour un monstre lui semblait reposant
pour une fois. Ou alors, elle s’était finalement laissée séduire par les tentatives de drague
de Norgaal – même si sa technique se limitait à vouloir absolument partager avec elle son
intérêt pour les bêtes, ce qui avait un côté mignon, bien qu’ennuyant –, mais ce serait
pousser le bouchon un peu loin… – ou bien c’était l’attrait qu’il exerçait malgré lui sur les
animaux… Ouais, à la réflexion, ça devait être plutôt ça… Pas que je dise qu’elle était un
animal, hein, je me risquerais pas à la vexer, mais… voyez, quoi… enfin… elle a quand
même du sang de dragon, quoi…

Bref, toujours est-il qu’elle est restée…

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