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Economies, sociétés,
civilisations
Bouvier Jean. La Banque protestante en France, de la révocation de l'édit de Nantes à la Révolution. In: Annales. Economies,
sociétés, civilisations. 18ᵉ année, N. 4, 1963. pp. 779-793;
doi : https://doi.org/10.3406/ahess.1963.421053
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1963_num_18_4_421053
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des émigrés, des bannis, ils disposaient dans toute l'Europe, du fait même
de l'émigration, de correspondants, d'amis, d'obligés, de créanciers, de
débiteurs... Louis XIV dut en passer par eux et leurs services
bancaires pour ses paiements et transferts ; en somme Samuel Bernard ne fait
qu'annoncer Necker, entendez « l'emprise croissante de la banque hugue
note sur les finances françaises ».
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Le tome II veut « jeter un pont » entre les travaux d'A -E. Sayous et
ceux de J. Bouchary à travers « ce grand vide qu'est encore, pour
l'histoire économique, le xvine siècle français ». Le fil directeur reste le
destin de nos groupes de banquiers hugenots. Cette fois H. Liithy
commence par une longue parenthèse (chapitre premier : Contours du siècle
de Louis XV) pleine de vues pénétrantes sur les années de prospérité qui
marquent le cœur du règne du Bien Aimé ; on se reportera utilement et avec
plaisir à son commentaire du Tableau économique de Quesnay et à
l'utilisation qu'il en fait pour définir l'ordre social de l'Ancien Régime, un ordre
dont les « parties prenantes » sont représentées par l'ensemble de la
« classe des propriétaires » — des propriétaires du sol, des offices, des
dignités.
Plus proches de son thème central sont encore les pages consacrées aux
conditions nouvelles dans le domaine des prix, de la monnaie, du change
— donc des activités bancaires. Le grand fait c'est la stabilité monétaire
acquise (1719 en Angleterre, 1726 en France). Or, avec la convalescence de
l'économie et la stabilité des monnaies, le commerce des lettres de change
perd ce caractère aventureux qu'il avait du temps des pénuries et des
instabilités : la spéculation devient moins rentable lorsque les oscillations
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le Genevois. Le portrait qu'il en esquisse n'est pas une charge, peu s'en
faut parfois. L'original, évidemment, se prête à bien des traits. Necker
aurait été à sa place dans les compositions « bourgeoises » de Chardin.
Après Necker, voici le personnage d'Isaac Panchaud, qui pourfendra
Necker de ses pamphlets, Panchaud, l'un des fondateurs de la Caisse ď
Escompte (mars 1776) avec tout un groupe de banquiers huguenots de Suisse.
Mais la Caisse naît tout à la fin du Ministère Turgot, et apparaît à H. Liithy
comme « le deuxième effort depuis Law pour faire passer dans la coutume
la technique de l'escompte ». Or elle est en partie détournée de son
principe initial par Necker lui-même qui, ministre, y voit un instrument
commode pour sa politique d'emprunts ; elle tient en tout cas le rôle de
banque des banquiers privés, qui lui emprunteront à 4% pour prêter à
6%, et jouer par là un rôle dans les « grandes vagues des spéculations des
années 1780 ». Le mot de Panchaud à son égard : « Une caisse d'emprunt
plutôt qu'une caisse d'escompte », est à retenir.
H. Luthy place alors la partie de son ouvrage qui, de toute évidence,
lui a donné le plus de plaisir à écrire (p. 464-591) : l'analyse des « emprunts
viagers et des trente immortelles de Genève », c'est-à-dire de la technique
d'emprunt appliquée par Necker avec l'aide de ses liaisons huguenotes :
« II réussit l'apparent tour de force de combler le déficit et de financer la
guerre d'Amérique sans impôts nouveaux, en laissait à ses successeurs le
soin de payer la note ». Necker remplit ici le rôle — limité — pour lequel
on l'a appelé ; il est placeur d'emprunts, sans plus ; ayant eu la naïveté
de se croire indispensable, il fut ensuite congédié. Non que Necker fût sot ;
en matière d'emprunts, il aurait voulu que l'impôt pût à lui seul assurer le
service de la dette ; mais le système fiscal français n'était pas celui de
l'Angleterre en fait de régularité et d'efficacité. Necker laissa finalement
à ses successeurs une dette publique accrue de 500 à 600 millions et son
célèbre compte rendu « maquillé », dit H. Luthy.
La plupart des emprunts de Necker — 386 sur 530 millions de livres —
furent lancés sous forme de constitution de rentes viagères. Necker ne fut
certes pas l'inventeur de cette combinaison ; elle correspondait aux
habitudes de ses amis et clients, et lui fournissait « des souscripteurs empressés
à portée de main » tant à Genève même que parmi les banquiers genevois
de Paris. Immense est la vogue du viager en Suisse, à Lyon, en Hollande ;
innombrables les modalités curieuses de spéculation sur la durée de la vie
humaine. « On parie sur la longévité des têtes comme, on parie sur les
chevaux de course » ; la « formule genevoise » consistera à transformer le
viager en un « effet de grande série uniforme » grâce à l'intervention du
banquier centralisateur et organisateur de la formule, intermédiaire entre
les rentiers et l'État emprunteur. Le mouvement d'emprunts ainsi lancé,
la politique de Calonne, Necker une fois disparu, est plus explicable,
car le mouvement ne pouvait être que poursuivi ; le viager continua d'y
tenir une place prépondérante et les banquiers huguenots (dont Girardot,
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1. A la page 690, H. Liithy s'égare en croyant ironiser à bon compte sur « l'énigme »
de la sous-consommation agricole et sur les difficultés de toute étude statistique du
xvme siècle. Il enfonce des portes ouvertes.
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Jean Bouvier,
Ecole des Hautes- Etudes.
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