Vous êtes sur la page 1sur 26

Monsieur Pierre Riché

Madame Elisabeth Nortier


Monsieur Jean-Charles Picard
Monsieur Michel Rouche

Le haut Moyen Âge occidental


In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 20e congrès,
Paris, 1989. L'histoire médiévale en France. Bilan et perspectives. pp. 305-329.

Citer ce document / Cite this document :

Riché Pierre, Nortier Elisabeth, Picard Jean-Charles, Rouche Michel. Le haut Moyen Âge occidental. In: Actes des congrès de
la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 20e congrès, Paris, 1989. L'histoire médiévale en
France. Bilan et perspectives. pp. 305-329.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/shmes_1261-9078_1991_act_20_1_1514
Le haut Moyen Age occidental

Pierre Riche, Elisabeth Nortier


Jean-Charles Picard, Michel Rouche *

L'histoire du haut Moyen Age occidental a fait l'objet de


nombreuses publications jusque vers 1950. Elles se sont raréfiées
alors en raison de la disparition d'une génération d'historiens
représentée surtout par F. Lot et L. Halphen, alors qu'en
Europe et même en Amérique cette période de l'histoire était de
plus en plus étudiée dans la seconde moitié du xxe siècle.
D'autre part, la place que les historiens français ont tenue dans
les colloques consacrés au haut Moyen Age a été assez discrète.
Si, dans les Settimane di studio del centro italiano di studi sulValto
Medioevo qui se tiennent annuellement à Spolète depuis 1952 *,
les Français sont au moins deux et au plus cinq ou six, dans les
colloques d'outre-Manche, ils sont de un à trois . Heureusement
pour eux, les réunions scientifiques organisées par l'Institut
historique allemand, dirigé jusqu'en 1989 par K.F. Werner, sont
ouvertes largement aux Français. Le dernier colloque de Rouen
consacré à la Neustrie fut marqué par de nombreuses contribu
tions de nos collègues3.
En France, des centres de recherches spécialisés dans le haut
Moyen Age ont été créés et ont organisé des Congrès. Celui de
l'université de Paris-X-Nanterre, créé en 1969, a pris comme
thème en 1974 La Christianisation entre Loire et Rhin (uf-vif
siècle), en 1979 Hagiographie, Cultures et Sociétés... et en 1983, à
Metz, Hildegarde et son temps4. Le Centre de l'université de

* Les parties I, V sont dues à P. Riche, II à J.-Ch. Picard, III à M. Rouche, IV à


E. Nortier.

305
L'HISTOIRE MEDIEVALE EN FRANCE

Lille-III a organisé, en 1984, un colloque sur saint Géry de


Cambrai5 et un autre à Maubeuge, en 1988, sur La Femme au
Moyen Age. Le Centre de recherches sur le monachisme celtique
a réuni des chercheurs à Landévennec en 1985 sur Landévennec
et le Monachisme breton dans le haut Moyen Age et, depuis,
organise tous les ans une journée sur les différents thèmes
concernant la vie religieuse celte6. Pendant l'année 1987,
de nombreuses rencontres scientifiques eurent lieu à Paris,
Auxerre, Senlis, Orléans, Metz, Amiens, Saint-Riquier mais
aussi à Barcelone. Enfin n'oublions pas que notre Société a
consacré son congrès de Dijon, en 1978, à L'Occident et l'Orient
au Xe siècle1.
Congrès et colloques supposent des recherches de plus en plus
nombreuses sur le haut Moyen Age occidental. Mais comment
définir cette période ? Les variations de la périodisation selon les
époques nécessitent une mise au point. Pour le ministère de
l'Education nationale, c'est la date de 476, fin de l'Empire
romain d'Occident, qui sépare l'Antiquité du Moyen Age. Il faut
bien trouver une date mais il est certain que rien n'est plus
conventionnel et que, du IVe au vne siècle, l'Antiquité tardive et
l'époque romano-barbare sont étroitement liées. P. Riche après
H.-I. Marrou l'a rappelé récemment dans la préface de la
4e édition du livre classique de F. Lot, La Fin du monde antique
et les Débuts du Moyen Ages. Contrairement à ce que pensait
F. Lot, cette période ne peut être considérée comme un temps
de décadence et l'époque dite barbare comme une « période
historique maudite ». Les historiens de ce qu'on appelait autre
foisle Bas-Empire ont beaucoup travaillé à mieux faire connaître
le ive et le ve siècle pour le plus grand profit des médiévistes.
Pour présenter les travaux concernant le haut Moyen Age,
commençons par donner quelques indications générales sur les
trois périodes que couvre notre domaine :
1. Epoque romano-barbare du ve au vme siècle.
2. Epoque carolingienne des vme et IXe siècles.
3. Epoque postcarolingienne, ixe-xie siècle.
Puis nous parlerons successivement des travaux consacrés à
l'histoire de la France, puis à l'histoire des régions, de l'économie
et enfin de la culture intellectuelle.

306
I. Etudes sur les trois périodes

1. Les temps romano-barbares, v*-vuf siècle

Le renouvellement de nos connaissances sur l'époque romano-


barbare est dû surtout à une nouvelle exploitation des sources.

a) Sources archéologiques.
Bien que ces sources fassent l'objet d'une présentation dans un
autre chapitre, il faut rappeler l'importance des travaux en
histoire de l'art et archéologie dont rendent compte les revues
Cahiers archéologiques depuis 1946, Archéologie médiévale
depuis 1970, les colloques d'archéologie chrétienne ou méroving
ienne. La liste des travaux de J. Hubert est assez éloquente
pour juger des progrès de la science française dans ce domaine9.

b) Sources épigraphiques.
On a longtemps estimé qu'après le vne siècle les inscriptions
étaient rares puisque la civilisation de l'oral faisait place à
celle de l'écrit. Pourtant, après les Recueils des inscriptions chré
tiennes de la Gaule antérieure à la Renaissance carolingienne1*3
qu'H. Marrou a dirigés au début et dont deux volumes sont
parus, une équipe poitevine a commencé à publier le Corpus des
inscriptions de la France médiévale11. On s'est alors rendu
compte que les inscriptions après le vne siècle étaient plus
nombreuses qu'on ne le pensait, soit sur les objets d'art et du
culte, soit sur les monuments. Lorsque ces monuments avaient
disparu, les textes pouvaient donner l'inscription.

c) Sources numismatiques.
Le bouleversement des théories anciennes sur le haut Moyen
Age est particulièrement net dans le domaine d'une science qu'il
faut désormais ériger en discipline à part entière : la numis
matique. Ici, il faut souligner l'importance capitale des travaux
de J. Lafaurie. Dès 1954, il s'est attaché à découvrir les

307
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

premières monnaies mérovingiennes et à expliquer le triomphe


de la monnaie d'argent sur celle en or. Dans les Mélanges qui lui
furent offerts en 1980 12, figurent notamment plus de 180 titres
d'articles concernant notre période. Après ces Mélanges, J. La-
faurie a publié au moins 62 articles sur l'époque mérovingienne
et 6 sur l'époque carolingienne.

d) Sources juridiques.
Les lois émanant de l'autorité civile romaine, germanique ou
celtique ont fait l'objet d'éditions et d'études. Le droit de la
Bretagne celtique en particulier a été bien mis en valeur par
L. Fleuriot13. Pour la législation religieuse, nous avons mainte
nant l'édition et la traduction des conciles de la Gaule mérovin
gienne 14, la traduction de pénitentiels, de nouvelles éditions de
règles monastiques. L'histoire de l'éducation, de la culture
populaire, de la sexualité a été renouvelée par l'utilisation de ces
textes 15.

e) Sources diplomatiques.
L'édition des Chartae latinae que nos collègues H. Atsma et
J. Vezin mènent à bien ou les Comptes de Saint-Martin de Tours
donnés par J. Vezin et P. Gasnault permettent de montrer que la
tradition romaine de l'écrit se poursuit dans l'Occident bar
bare16.

f) Enfin Y hagiographie, que les historiens considéraient au


début du siècle comme « une basse littérature comparable au
roman-feuilleton », comme un « odieux fatras », fait l'objet
aujourd'hui de colloques et de nombreux travaux 17. Les Vies des
saints sont considérées comme des documents importants pour
connaître les croyances et les mentalités de l'époque. Sans les
Vies de saints, impossible de faire l'histoire de l'évangélisation
dans les pays de la Moselle, de l'aristocratie mérovingienne, de la
société bretonne, etc.
Ce renouvellement de l'histoire des temps romano-barbares
s'est fait en étroite liaison avec nos collègues allemands, en
particulier les deux directeurs de l'Institut historique allemand de
Paris, E. Ewig et K.F. Werner. Il s'est fait également en

308
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

collaboration avec nos collègues philologues qui, de plus en plus,


s'intéressent au latin du haut Moyen Age et publient des textes
de toutes sortes.

2. Les temps carolingiens, vnf-ix* siècle

II y a vingt ans, les livres qui faisaient autorité étaient ceux de


L. Halphen, de J. Boussard et R. Folz et de F.L. Ganshof, un
collègue belge très proche de la France. Nous avons bénéficié des
« retombées » de la fameuse exposition d'Aix-la-Chapelle, en
1965, et de la publication des quatre volumes de Karl der Grosse
auxquels plusieurs Français avaient collaboré. Si nous parcou
rons la bibliographie de La Vie quotidienne dans l'Empire
carolingien (1973) ou des Carolingiens, une famille qui fit
l'Europe (1983), nous trouvons les noms de G. Duby, Guerriers
et Paysans (1973), de J. Dhondt, Le Haut Moyen Age, traduction
française d'un livre écrit en allemand (1976), des chapitres de
M. Pacaut, dans L'Histoire générale de l'Europe, au titre signifi
catif « L'Europe carolingienne ou le temps des illusions » (1980),
de M. Rouche, dans L'Histoire du Moyen Age dirigée par
R. Fossier, « Les premiers frémissements de l'Europe » (1983).
Cependant K.F. Werner, dans Les Origines dont on parlera plus
loin, réagissait contre bien des idées reçues concernant particu
lièrement la prétendue centralisation carolingienne18. Il mont
rait, dans ce livre et dans d'autres articles, le poids de la
tradition romaine dans l'Empire, définissant les concepts de dux,
marchio, princeps, etc. Les règnes des prédécesseurs et succes
seursde Charlemagne ont été mieux éclairés. Le grand règne de
Pépin III dit « le Bref » prépare, par ses réformes politiques,
monétaires, religieuses et administratives, celui de son fils19.
Louis le Pieux, mais surtout Charles le Chauve méritent plus
d'attention qu'ils n'en avaient eue jusqu'ici20. Les grandes
familles aristocratiques qui se sont implantées en Europe font
l'objet d'études prosopographiques ainsi que le personnel de
l'administration. L'évolution des liens personnels chez les
Francs est présentée d'une nouvelle façon grâce à une étude
lexicographique minutieuse par notre collègue E. Magnou-
Nortier2 . Cette dernière a, d'autre part, entrepris d'étudier sous

309
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

un nouveau jour la fiscalité carolingienne, comme nous le dirons


plus loin. Ses travaux rejoignent ceux de J. Durliat, qui voit dans
les polyptyques carolingiens des documents surtout fiscaux. Sur
les grands domaines de cette époque, il y a beaucoup de neuf
grâce aux recherches belges, allemandes et françaises, voire
japonaises23. L'économie carolingienne en général fait l'objet de
bien des controverses. Y a-t-il stagnation, et même récession, ou
croissance ? A. Verhulst souhaite « une reconsidération fonda
mentale de l'économie carolingienne vis-à-vis des vues catastr
ophiques d'H. Pirenne, de G. Duby ou de R. Fossier24 ».
Le nom d'H. Pirenne et ses travaux sont, cinquante ans après,
toujours évoqués et objets de débats. Le livre de S. Lebecq sur
les Frisons redonne de l'actualité aux problèmes sur le commerce
maritime25. Les invasions normandes sont étudiées dans leurs
conséquences sociales et religieuses. L'exode des moines et les
translations de reliques, dont témoignent des dizaines de textes,
ouvrent un nouveau champ de recherches26.

3. Les temps postcarolingiens, xe-début xf siècle

Les invasions normandes marquent la fin de l'essor carolin


gien.Commence alors une période considérée trop longtemps
comme « un temps de fer et de plomb » qui se terminait par les
mythiques « terreurs de l'an Mil » 27.
L'année « Hugues Capet » a permis aux chercheurs des mises
au point indispensables. Renvoyons au cahier xe siècle.
Recherches nouvelles en attendant la publication des actes des
différents colloques28. L'histoire sociale a été renouvelée par les
livres de J.-F. Lemarignier et de ses élèves et par les travaux de
G. Duby29. Grâce à R. Folz, P. Corbet et M. Parisse, les
domaines lotharingien et ottonien nous sont mieux connus30. Les
études régionales, dont on reparlera plus loin, recouvrent tous
les pays d'Occident.
Toutes ces recherches sur le xe siècle ont été facilitées par une
nouvelle étude des sources. Déjà G. Duby, dans son petit livre
sur L'An Mil (1967), avait présenté et utilisé les œuvres de Raoul
Glaber, Adhémar de Chabannes, Richer de Saint-Rémi, Hel-
gaud de Fleury, etc. Or depuis, ces auteurs un peu oubliés sont

310
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

objet d'éditions nouvelles, de traductions et d'études. R.-H.


Bautier et ses collaborateurs ont édité la Vie de Robert le Pieux
d'Helgaud, la Vie de Gauzlin de Fleury, les ouvrages d'Odoran-
nus de Sens, la Chronique de Saint- Pierre-le-Vif, en attendant les
œuvres d'Abbon qui sont inscrites au programme. Le poème
d'Adalbéron de Laon est édité et étudié par C. Carozzi, la
Chronique de Mouzon par M. Bur, la Vie de saint Maïeul par
D. Iogna-Prat31. On annonce une nouvelle édition et traduction
des lettres de Gerbert, ce grand savant et homme politique,
devenu le pape de l'an Mil, un peu trop oublié en France32.
L'église de Reims, qu'il a dirigée quelques années, fait aussi
l'objet d'études nouvelles à partir de l'œuvre de Flodoard. Tous
ces textes intéressent plus particulièrement l'histoire de France
dans le haut Moyen Age dont il faut parler maintenant.

II. L'histoire de la France au haut Moyen Age

II faut bien reconnaître que l'histoire du royaume franc, puis


de la Francie occidentale, n'est pas au centre des préoccupations
des médiévistes français. Ils ont plus volontiers rédigé des
synthèses couvrant l'ensemble du monde occidental, nous
l'avons vu plus haut, ou des études sur les régions périphériques
du monde franc, nous le verrons ensuite. Il est symptomatique
que les « histoires de France » consacrées au haut Moyen Age au
cours des vingt dernières années soient principalement l'œuvre
de collègues étrangers, E. James et K.F. Werner33. Cette
dernière œuvre est d'autant plus intéressante qu'elle s'inscrit
volontairement dans la tradition de l'histoire de France « à la
Lavisse » ; son auteur commence par une description géographi
que de l'Hexagone et c'est dans ce cadre qu'il situe les premières
phases d'une histoire dont la constitution de l'Etat actuel est
l'aboutissement. La conscience nationale n'attribue pas un grand
rôle aux Francs dans la construction d'un pays qui porte pourtant
leur nom ; nos ancêtres, tout le monde le sait, ce sont les Gaulois.
K.F. Werner s'est intéressé à ce transfert de paternité dont il a
fait l'histoire.

311
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

D'autres circonstances ont contribué au désintérêt des médiév


istes français pour le royaume franc. Les recherches menées au
cours des dernières décennies ont montré l'importance de la
« mutation féodale » qui s'opère aux xe-xie siècles. Elles ont
suscité la publication d'une série de thèses célèbres, mais elles
ont aussi amené une partie des médiévistes à considérer,
implicitement ou explicitement, le haut Moyen Age comme un
long préambule du « vrai » Moyen Age, voire comme un
prolongement de l'Antiquité qui n'était pas vraiment de la
compétence des médiévistes34.
Aussi est-ce, pour une bonne part, à l'existence d'entreprises
éditoriales consacrées aux divers aspects de l'histoire de la
France que l'on doit une série de synthèses sur la vie rurale, la vie
urbaine, l'histoire de la population, les calamités, la vie rel
igieuse — nous ne citons que les contributions qui s'inscrivent
explicitement dans un cadre « français ». N'oublions pas les
chapitres consacrés au haut Moyen Age dans les histoires de
provinces ou les histoires de villes, toujours appréciées du grand
public. Il faut enfin signaler le rôle des anniversaires. La victoire
de Clovis sur Syagrius a été modestement célébrée par quelques
expositions et un colloque de l'Association française d'archéolo
gie mérovingienne ; l'avènement d'Hugues Capet a eu un reten
tissement national beaucoup plus considérable et a suscité une
série de colloques et de publications rappelés plus haut.
C'est principalement l'histoire du royaume mérovingien qui a
pâti de ce désintérêt ; ses historiens les plus récents sont allemand
ou américain35. Chez nous, les Francs sont encore le plus
souvent considérés comme des Germains barbares. Certes, les
recherches récentes ont montré que les Francs étaient profondé
ment romanisés et que, dans tous les domaines, la continuité
avec l'Antiquité l'emportait sur les ruptures. D'ailleurs, l'appel
lation d'« Antiquité tardive » concurrence celle de haut Moyen
Age pour désigner l'époque mérovingienne. Logiquement, on
constate que les spécialistes français de cette période sont plus
souvent des antiquaires que des médiévistes — d'autant plus que
l'étude de la fin de l'Antiquité a connu en France un développe
ment brillant à la suite des recherches menées par H.-I. Marrou.
On doit à ces chercheurs la publication des deux premiers

312
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

volumes du Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule


(RICE) et ils jouent un grand rôle dans l'enquête sur la
Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines au
milieu du vuf siècle, dont six fascicules sont actuellement parus.
Parmi les médiévistes, ce sont les archéologues qui ont porté le
plus d'intérêt à la période franque. Il existe en France une
tradition ancienne d'étude des nécropoles mérovingiennes, dont
les bastions se situent plus dans les sociétés locales et dans les
revues consacrées aux antiquités nationales qu'à l'université.
Elle a connu un renouveau au cours de ces vingt dernières
années, en même temps que se développait l'archéologie médié
vale en général. Ses résultats ont été présentés au grand public
par notre collègue P. Périn. Il faut également mentionner les
nombreuses expositions consacrées à la période mérovingienne
(et même, récemment, à l'époque carolingienne) dont les
catalogues constituent un apport scientifique de première valeur
(voir bibliographie). Sans empiéter sur un autre secteur de la
recherche, il faut signaler ici tout ce que l'enquête archéologi
que, menée avec des méthodes renouvelées, apporte à notre
connaissance de la composition ethnique de la population
« franque » (grâce au développement des études anthropologi
ques), de la structure sociale du monde franc, de la christianisa-
tion et des pratiques funéraires. L'archéologie commence égale
ment à nous éclairer sur l'occupation du sol, l'habitat rural
aristocratique et paysan et le problème de l'origine du village si
débattu actuellement.
L'intérêt suscité par le développement des principautés péri
phériques a bénéficié aux deux principautés nées au cœur du
royaume franc. En 1985, l'Institut historique allemand a consa
cré à la Neustrie un colloque dont les actes viennent de paraître ;
en même temps, les musées de Rouen avaient organisé une
exposition dont le catalogue constitue un précieux tableau du
royaume franc du vne au ixe siècle. F. Cardot s'est intéressée à
l'espace austrasien. Comme on l'a vu, les publications consacrées
par les médiévistes français à l'époque carolingienne sont beau
coup plus nombreuses, mais elles concernent généralement
l'ensemble de l'Empire. Grâce aux efforts de R.-H. Bautier, la
publication des diplômes royaux des ixe et xe siècles est achevée.

313
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

Plusieurs textes importants ont été publiés aux « Belles Lettres »


ou dans la « Collection bleue » du CNRS ; signalons encore les
contributions de nos collègues R.-H. Bautier et E.-R. Labande
au volume des Settimane de Spolète consacré à l'historiogra
phie36.
Il faut enfin signaler que certains secteurs de la recherche ont
plus mobilisé que d'autres les universitaires français. La majorité
des études consacrées au haut Moyen Age concerne l'histoire
religieuse et c'est par le biais de l'histoire religieuse que sont
abordées d'autres questions, l'histoire urbaine par exemple37.
En revanche, l'histoire des institutions et l'histoire économique
ont suscité moins de vocations, et sont abordées dans le cadre
plus général de l'Occident.

III. L'histoire des régions

Ce thème de recherches a longtemps fait figure de parent


pauvre, pour ne pas dire d'objet de mépris en France, car il était
abandonné aux sociétés d'histoire locale et souvent confondu
avec une érudition pointilliste récréative. Cette attitude réduct
ricefut accentuée par la mort prématurée de L. Auzias, dont la
thèse sur l'Aquitaine carolingienne fut une publication pos
thume, en 1937, et par le fait que ce soit un Belge, J. Dhondt, en
1948, qui ait relancé la problématique avec son Etude sur la
naissance des principautés territoriales en France du ixe au
Xe siècle38. Pour lui, le phénomène était essentiellement polit
ique, un refus de l'unité impériale, un refus national latent.
Or, en moins de vingt ans, dix thèses d'Etat sur le haut Moyen
Age ont voulu être délibérément régionales en totalité ou en
partie. Déjà la thèse de R. Fossier sur la Picardie, en 196839,
avait consacré, sur un territoire aux contours certes flous, au
moins deux cents pages à la naissance de la Picardie, sous l'angle
socio-économique, dans la ligne de G. Duby, tandis qu'O. Guil-
lot, en 1972, montrait à son tour combien l'angle politique était
important, dans sa thèse sur Le Comte d'Anjou et son entourage

314
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL
au XIe siècle40, puisqu'il conduit à l'existence d'un état comtal
jusqu'en 1060. La même année, K.F. Werner à la vingtième
semaine de Spolète relançait la problématique avec son article
sur « Les principautés périphériques du monde franc au vme
siècle41 ». Pour lui, des ducs régionaux héréditaires existent
simultanément avec un prince des Francs. La diversité n'exclut
pas l'unité. Mais ce n'est point sur ce terrain que se plaça, en
1975, P. Toubert lorsqu'il publia Les Structures du Latium
médiéval dont plus d'un bon tiers concerne notre époque. La
capitale religieuse de l'Occident pouvait-elle n'être que la tête
d'une région du Latium? En fait ce fut bien le cas lorsque, vers
1050, la papauté reprit en main Yincastellamento. En 1974, et en
opposition à cette étude, l'ouvrage d'E. Magnou-Nortier sur La
Société laïque et l'Eglise dans la province de Narbonne de la fin du
VIIIe siècle à la fin du xf siècle41 mit en lumière une société
archaïque de droit romain où laïcs et clercs, contrairement à la
thèse d'A. Riche, font bon ménage au point de ne rien
comprendre à la réforme grégorienne. C'est une même évolution
que nous décrit P. Bonnassie avec la Catalogne, principauté
montagnarde à peu près équilibrée jusque vers 1020-1060 dans
une tradition d'isolement néo-wisigothique, bien loin du roi de
France43. M. Parisse trouve en Lotharingie au XIe siècle une série
de familles nobles occupant principautés ecclésiastiques et petits
comtés et profitant de l'absence du roi germanique dans cette
marche. Toujours en 1976, J.-P. Poly, dans La Provence et la
Société féodale (879-1166), montre l'originalité d'un pays de droit
romain qui s'érige en royaume au xe siècle et construit un
système sans grand rapport avec la féodalité classique44. Un
autre historien du droit, C. Lauranson-Rosaz, accentue encore
cette impression d'archaïsme méridional avec L'Auvergne et ses
marges du vnf au xf siècle. La fin d'un monde antique, dans
lequel il voit l'arrivée d'un vocabulaire nouveau vers 950-960
et l'importance de sa tradition45. Bref, l'ensemble de ces re
cherches qui tournent autour des ixe-xie siècles confirme l'hypo
thèse de J. Dhondt sur l'éclatement en principautés régionales
qui suivit l'effondrement de l'Empire carolingien.
Restait à montrer combien cette fragmentation était encore
plus ancienne. M. Rouche l'a prouvé dans sa thèse L'Aquitaine.

315
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

Naissance d'une région46 en 1979. L'espace entre Loire et


Pyrénées fut une des rares zones de l'Occident romain qui ait su
résister aux Wisigoths et le premier, lors de la deuxième moitié
du vne siècle, à devenir une principauté indépendante à partir
d'une civilisation originale. S'en détacha bientôt la Gascogne,
dont R. Mussot-Goulard a étudié les princes du vme au xne siècle
en dépit d'une documentation lacunaire et sujette à caution47.
D'ailleurs, il faut maintenant corriger la datation de J. Dhondt
dans l'apparition du phénomène régional. M. Rouche a démont
ré, dans les Annales ESC de 1986, comment la crise de l'Europe
dans la deuxième moitié du vne siècle correspond à la naissance
des régionalismes. Ainsi s'explique que, pour le haut Moyen
Age, le cadre régional s'avère de plus en plus pratique pour faire
progresser la connaissance historique, que ce soit M. Aubrun en
1981 à propos de L'Ancien Diocèse de Limoges des origines au
XIe siècle , où il étudie le développement de l'implantation
paroissiale dans un Limousin qui devint plus tard l'élément le
plus dynamique de l'Aquitaine et de l'Occitanie. Que ce soit
encore la thèse de S. Lebecq sur les Frisons, autre région encore
plus originale dans l'Empire carolingien, par ses commerçants et
ses marins49, ainsi que celle de F. Cardot, en 1987, sur L'Espace
et le Pouvoir. VAustrasie mérovingienne^.
La recherche universitaire ayant ainsi redonné un intérêt
capital aux régions, des livres de grande diffusion n'ont pas tardé
à développer ce filon. On songe par exemple aux ouvrages de
L. Fleuriot sur Les Origines de la Bretagne ou de H. Guillotel et
A. Chédeville sur la Bretagne des saints et des rois qui ont sorti
cette région de son isolement par trop injuste, puisque la
Bretagne eut des rois51. L'élan vers le grand public pour une
diffusion de bon aloi avait été donné d'ailleurs, dès 1967, par Ph.
Wolff, dirigeant à Toulouse la collection d'histoires régionales
« Univers de la France », inaugurée avec Y Histoire du Langue
doc qui consacre une trentaine de pages à notre époque. Doublé
par un volume de documents, chaque ouvrage a fini par aboutir à
former un ensemble couvrant toute la France, y compris, en
1973, la Belgique wallonne. Signalons aussi, au passage, la
collection d'« Histoire des diocèses de France » qui consacre
forcément dans chacun de ses volumes au moins une quarantaine

316
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

de pages aux origines des diocèses, ce qui renouvelle l'histoire de


l'évangélisation dans le cadre des anciennes cités gallo-romaines,
que ce soit pour Ajaccio, Cambrai, Lille ou Paris entre autres.
Comment a-t-on pu s'apercevoir de l'aspect bénéfique de la
recherche sur la notion de régions, cette création mérovingienne
au sens politique utilisé à cette époque ? Quelques rares collo
ques ont su faire deviner et vulgariser ce thème nouveau en
historiographie. En 1968, le colloque international Les Structures
sociales de l'Aquitaine, du Languedoc et de l'Espagne au premier
âge féodal, tenu à Toulouse, fut présidé par le doyen J. Schnei
derqui insista en conclusion sur l'obligation de réviser la
notion de premier âge féodal dans le Midi en se lançant dans de

nouvelles
ixe-xie siècles,
étudeset de
la vocabulaire.
notion d'espace
Mais
régional
cela ne ou
concernait
royal méroving
que les

ien, parfois géographiquement entrevue, a fini par devenir


l'objet d'un grand colloque tenu à Rouen en 1985 sous les
auspices de l'Institut historique allemand : La Neustrie. Les pays
au nord de la Loire de 650 à 85053. Sa parution récente en deux
gros volumes a eu pour résultat de ressusciter, comme le dit
K.F. Werner, « un pays oublié ». Il renouvelle considérable
ment nos connaissances sur ce royaume et nous révèle des
structures politiques, économiques et intellectuelles qui relè
guent la notion de barbarie du haut Moyen Age au rang
d'oripeaux d'une historiographie défunte.
En même temps, il avait été précédé par un catalogue,
avoisinant les 500 pages, publié sur le même sujet sous la
direction de P. Périn et L.-C. Feffer, apportant une masse de
documents iconographiques et archéologiques souvent inédits. Il
faut souligner ici en effet combien le catalogue est devenu, pour
la recherche en histoire sur le haut Moyen Age, un instrument
idéal de rassemblement de la documentation écrite et non écrite
au stade régional proprement dit54.
Bref, en vingt ans les âges obscurs se sont éclaircis et toutes ces
recherches régionales ont remis en question tout ce que nous
considérions comme acquis : des royaumes barbares finissant par
s'écrouler, un Empire carolingien impuissant sous la poussée de
la féodalité. En réalité, nous sommes obligés maintenant de
prendre en considération cette époque sous un regard nouveau et

317
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

positif : la marqueterie Europe chrétienne comme fondation


du Moyen Age classique sans laquelle ce dernier est incompréh
ensible.

IV. Nouvelles recherches sur la fiscalité


DANS LE HAUT MOYEN AGE

Les questions d'histoire qui paraissent surgir tout à coup sont


bien souvent, à l'origine, le fruit imprévu d'une recherche
conduite dans un tout autre but. L'interrogation première est
alors suivie d'un long processus d'investigations qui finit par
entraîner leur émergence. La question de la fiscalité ancienne, à
laquelle on ne croit guère encore, ne contredit en rien cette
évolution, très classique d'ailleurs dans n'importe quelle disci
pline scientifique.
La petite histoire dirait de manière plaisante comment un
détour par l'Auvergne, vieux d'une dizaine d'années, a pu
conduire à une interrogation neuve sur la nature de la villa et du
manse et comment le hasard d'une rencontre a permis à deux
chercheurs de confronter ponctuellement les résultats de
recherches qu'ils tenaient à mener en toute indépendance pour
garder plus de distance critique par rapport à eux.
Au bout de ces dix ans, l'histoire tout court enregistre
26 contributions françaises consacrées à la fiscalité « directe » —
une expression pour l'instant claire et commode — en Occident
pendant le haut Moyen Age. Comme il s'agit d'un sujet neuf,
cette production scientifique garde les traces de sa genèse et des
débats qui l'accompagnent, nécessairement et heureusement.
Un premier ensemble d'études a été consacré à la villa et au
manse. On y trouve à la fois un dossier critique et un dossier
lexicographique.
Le dossier critique a permis de formuler les questions embarr
assantes que toute étude sur la villa et le manse conduit à poser :
comment concilier système économique et dépeçage systémati
que d'une villa ? Comment diviser ledit système économique en

318
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

parts arithmétiques, de même que le manse? Que donne-t-on


quand on donne une villa intégra où subsistent nombre d'alleux ?
Comment concilier l'« émiettement » de la villa et l'édification
concomitante du « grand domaine » ? Et quelle origine assigner
à ce dernier? Comment se fait-il que les redevances et services se
ressemblent autant de la Germanie à la Catalogne et de la
Bretagne à l'Italie ?
Le dossier lexicographique a posé quelques solides jalons sur
l'itinéraire qui mène à une bonne compréhension de la langue
administrative. Le manse a été rapproché du caput antique et du
casai languedocien. Locus, praedium, possessio, res ont été
situés dans leurs contextes et établis synonymes de villa. Des
expressions telles que res inquisita, tant quesitum quant ad
inquirendum ont permis de constater qu'elles ne désignaient pas
la terre habitée et cultivée mais son produit, la question clé
portant alors sur la nature de ce dernier55. La définition fiscale
du mot possessio fournie par Cassiodore n'est peut-être pas
suffisante à elle seule pour faire tomber deux objections
majeures qu'on ne manque pas d'opposer à l'interprétation
fiscale donnée à l'ensemble de ce vocabulaire et qui peuvent se
résumer ainsi :
— Qui dit impôt foncier dit charge répartie équitablement
entre les contribuables. La disparité flagrante entre les manses
observée jadis par Ch.-E. Perrin a ruiné l'hypothèse, malgré
l'assentiment de B. Guérard.
— Qui dit impôt dit aussi res publica. Or que voit-on ? Les
profits des villae, fractions de villae ou manses accaparés par une
foule de personnages laïques et ecclésiastiques, parmi lesquels
figurent les rois. Voir de la gestion publique là où il ne s'agit que
de profits privés ou privatisés relèverait par conséquent d'une
analyse erronée.
Un deuxième ensemble de travaux a pris en compte ces
objections. Ainsi l'essai d'histoire quantitative appliqué aux
manses du polyptyque d'Irminon vient-il corriger l'ancienne
appréciation pessimiste de Ch.-E. Perrin. Il établit en effet que
les moyennes définies à partir d'un « mode » de calcul des
surfaces font apparaître la proportionnalité des charges par
rapport au rendement du manse. Raisonner sur des moyennes

319
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

est certainement plus satisfaisant que de raisonner sur des


extrêmes, d'autant que le nombre de variables intégrées dans
l'évaluation d'un manse ne peut plus être repéré exactement
aujourd'hui. De plus, le polyptyque lui-même, en tant qu'invent
aire rédigé sur ordre du roi dans le but de connaître les
contributions en argent, en nature et en services qui lui étaient
dues, document faisant foi devant les tribunaux, a fait l'objet
d'une étude à la fois diplomatique et comptable. Que les
polyptyques aient constitué « des registres essentiels pour les
finances publiques » ressort, sans contestation possible, de
l'analyse méticuleuse de leur contenu56.
Mais, objectera-t-on, Irminon est un moine et son abbaye
immuniste. Il est donc doublement impossible qu'ils soient
impliqués dans une tâche relevant de l'administration pu
blique !
Trancher de la sorte, c'est en premier lieu projeter sur ce
lointain passé une conception anachronique de l'Etat : durant le
haut Moyen Age comme plus tôt et très tard, les grands, laïques
et ecclésiastiques, ont vocation de gouverner conjointement avec
le prince. On les voit donc investis de fonctions publiques parmi
lesquelles figure la gestion des deniers publics, fonctions qu'ils
assument en temps que possessores, c'est-à-dire en tant que
titulaires de possessiones dont ils ont soit la propriété, soit la
délégation. En second lieu, c'est méconnaître le statut de « droit
public » reconnu aux institutions ecclésiastiques et aux digni
taires qui les peuplent. Les terres ecclésiastiques sont d'ailleurs
soumises au même régime que les terres fiscales et supportent les
impôts ordinaires et extraordinaires dont on peut désormais
suivre l'histoire depuis le IVe siècle. En effet, d'une part,
l'immunité ne peut pas être assimilée à une exemption totale
d'impôt, d'autre part, la « raison d'Etat » a toujours prévalu sur
les intérêts matériels immédiats de l'Eglise. Ainsi Vhostilicium
levé sur les manses dépendant de Saint-Germain, selon la « loi »
établie par le polyptyque, l'était-il pour le compte de l'empe
reur.
Faut-il ajouter un argument décisif en faveur du caractère
public de cette gestion ? Les Annales de Xanten rappellent en ces
termes les opérations qui ont précédé le partage de Verdun :

320
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

« En l'année 843, les trois rois déjà nommés envoyèrent, chacun


pour sa part, d'éminents commissaires chargés de procéder à
nouveau au partage, par tiers égaux, du regnum Francorum en se
fondant sur les manses décrites » : « ut iterum per descriptas
mansas aeque tripertirent regnum Francorum ». Y a-t-il une
décision de nature plus publique que celle qui préside au partage
égal du royaume ? Et sur quoi se fondait-elle ? Sur la comptabil
ité par manses pour tout le regnum. C'est donc bien que les
manses et les villae, qu'ils soient gérés par des laïques ou par
des ecclésiastiques, regardaient très directement la gestion
publique.
Tel est le bilan d'activité sur dix ans. Chemin faisant, il est
apparu que l'assiette de l'impôt, ordinaire et extraordinaire, sa
levée, la destination du produit fiscal furent des réalités de la vie
quotidienne qui ont laissé partout les mêmes traces profondes.
L'impôt a affecté aussi bien les terres cultivées, les friches ou les
terres défrichées que les personnes. Il a concerné le service
militaire, la construction des forteresses, l'entretien des routes et
des ponts, le régime des moulins et des fours, le droit de gîte. Il a
façonné le statut juridique du contribuable et suscité, en raison
du système de l'affermage, un personnel hiérarchisé de fermiers
que l'on ne fait aujourd'hui qu'entrevoir. Il a engendré aussi des
abus, des fraudes, des malversations dont on ne pouvait jusqu'à
présent comprendre l'évocation dans les sources. Le pouvoir, les
pouvoirs s'y enracinent57.
Certes, la rapidité de ce survol ne peut prendre en compte la
totalité des analyses, observations et raisonnements déjà
exposés. Du moins peut-on espérer qu'il ne sera plus possible
désormais d'ignorer l'explication claire et cohérente que la
fiscalité apporte à des problèmes réputés insolubles. Cette
explication n'a d'ailleurs rien de bien révolutionnaire puisqu'elle
était déjà avancée dans les années trente du xvme siècle par
l'abbé Du Bos. Des raisons qui n'ont malheureusement rien à
voir avec la science historique l'avaient effacée des mémoires. La
commémoration du Bicentenaire est particulièrement bien venue
pour réparer cette injustice.

321
V. Histoire de la culture en Occident

Depuis 1962, P. Riche a continué ses recherches sur « Educat


ion et culture » en liaison avec les philologues qui ont édité des
textes. L. Holtz a donné une importante étude sur Donat et la
Tradition de l'enseignement grammatical5* ;, les œuvres de Césaire
d'Arles, les Vies des abbés de Lérins et des Pères du Jura sont
éditées et traduites dans la collection « Sources chrétiennes »59.
Dans cette même collection sont parus des livres de Grégoire le
Grand, ce premier pape-moine trop longtemps oublié60. Un
congrès international du CNRS, dont les actes ont été publiés en
1986, a permis de constater l'importance de la personne et de
l'œuvre de Grégoire61. Le rôle de saint Colomban et de ses
disciples dans le renouveau du monachisme et dans la diffusion
de la Règle bénédictine a été mis en valeur par A. de Vogiié et
G. Moyse62. L'activité des scriptoria monastiques a été soulignée
par J. Vezin. Enfin J. Leclercq, dont le fameux livre, L'Amour
des lettres et le Désir de Dieu, n'a pas été réédité, mais traduit en
bien des langues, continue à montrer comment les moines ont
reçu et utilisé les auteurs classiques.
La Renaissance carolingienne se prépare dès la fin du viie
siècle. Elle trouve dans la cour franque un terrain propice au
milieu du vme siècle. Il y a donc plusieurs Renaissances à
l'époque carolingienne. Des synthèses ont été publiées par Ph.
Wolff, P. Riche, M. Rouche, J. Paul63. Elles s'appuient sur de
multiples études, des philologues tels L. Holtz, F. Dolbeau, C.
Jeudy, des musicologues dont la tête de file est M. Huglo qui a
renouvelé la connaissance de la musique carolingienne64. La
théologie de Ratramne de Corbie et surtout de Jean Scot
Erigène, dont les traités et traductions du grec suscitent depuis
quelque temps beaucoup d'intérêt, l'école d'Auxerre, qui vient
de faire l'objet d'un important colloque en septembre 1989,
n'avaient jamais encore été considérées avec autant de sérieux.
L'influence de la Bible sur la vie politique, la législation, l'art,

322
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

etc., est étudiée dans le volume Le Moyen Age et la Bible65. La


vie religieuse des laïcs a fait l'objet en 1974 d'une thèse de
J. Chelini actuellement sous presse qui utilise les Miroirs de
laïcs, le livre de Jonas d'Orléans, le Manuel de Dhuoda qui est
réédité 66. Il faudrait également signaler tous les travaux sur les
scriptoria monastiques, les bibliothèques et tout ce qui regarde l'his
toire de l'art carolingien dont il sera parlé dans un autre chapitre.
Sans doute il s'agit là surtout de la culture savante, et la culture
populaire, que l'on appelle quelquefois « folklorique », ne nous
est connue qu'indirectement par les textes canoniques ou les Vies
et translations des saints. J. Le Goff et d'autres ont ouvert le
chantier, il faut continuer en sachant les limites du champ
d'action67.
Avec la crise qui met fin à l'Empire carolingien, la Renais
sancesemble s'interrompre. En fait elle reprend au milieu du Xe
siècle. Les œuvres de cette époque, présentées dans un colloque
à Heidelberg qui groupe 200 chercheurs dont quelques Français,
permettent une nouvelle approche de la culture de cette époque.
Quelques secteurs géographiques ont été privilégiés en France :
la Catalogne grâce à M. Zimmermann, la région ligérienne avec
les travaux de R.-H. Bautier, A. Guerreau-Jalabert et A. Avril,
la Bourgogne avec les études sur Auxerre et Cluny données par
G. Lobrichon et D. Iogna-Prat 68. La culture de Reims com
mence à être étudiée, nous l'avons dit à propos de Gerbert. Pour
l'Angleterre, les colloques scolaires d'Aelfric et de son disciple
sont redécouverts. Ces colloques sont bilingues, ce qui permet
d'apprécier la place de la littérature en anglo-saxon dont
M. Larès et A. Crépin se sont faits les spécialistes69. Il ne faut
pas oublier non plus la littérature germanique et Scandinave dont
R. Boyer est un des spécialistes70. Pour terminer provisoirement
cet exposé sur la culture, il ne faut pas négliger le domaine de
l'instruction et de l'éducation des enfants, ces mal-aimés du
Moyen Age, ou plutôt des historiens français du Moyen Age. A
l'exemple de collègues anglo-saxons, nous avons progressé, mais
il reste fort à faire pour triompher des idées préconçues. Les
Coutumiers monastiques que l'on réédite71, mais aussi d'autres
textes, permettent de faire une histoire de l'enfance même dans
le haut Moyen Age72.

323
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

Que dire en conclusion sur les recherches en France touchant


le haut Moyen Age ? Que la place faite à cette période est encore
bien faible, nous le constatons dans ce volume. Que l'absence
d'un enseignement spécial de latin médiéval dans nos universités
porte préjudice à nos études. Le mal vient de très loin, le latin
médiéval étant considéré comme le latin d'église, donc sans
intérêt, alors qu'en Allemagne ou en Italie des dizaines de
chaires de latin médiéval sont depuis longtemps créées.
Mais, il y a vingt ans, nous n'aurions pas pu réaliser un tel
rapport et nous constatons modestement les progrès des
recherches sur le haut Moyen Age et l'intérêt qu'elles suscitent
de plus en plus, alors que nous approchons de l'an 2000 73.
Notes

1. Cf. // Centro italiano di studi sull'alto Medioevo. Venticinque anni di attività


(1952-1977), Spolète, Centro italiano di studi sull'alto Medioevo, 1977.
2. Signalons deux colloques à Dublin sur le monachisme colombanien (1977) et sur
l'Espagne wisigothique (1978), trois en Angleterre sur Charles le Chauve (Londres,
1979), le VIIe siècle (Londres, 1988), le Ve siècle (Londres, 1989).
3. La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850 (colloque historique
international avec une introduction par K.F. Werner), H. Atsma éd., Sigmaringen,
J. Thorbecke, 1989, 2 vol.
4. La Christianisation entre Loire et Rhin (uf-vif siècle), actes édités dans la
Revue d'histoire de l'Eglise de France, t. 62, 1976. Hagiographie, Cultures et Sociétés,
Paris, Etudes augustiniennes, 1981. Hildegarde et son temps, actes édités dans le
cahier V du Centre de recherches sur l'Antiquité tardive et le haut Moyen Age de
l'université de Paris-X-Nanterre, 1987.
5. Saint Géry et la Christianisation dans le Nord de la Gaule (v4 '-IXe siècle), actes
édités par la Revue du Nord, 1986.
6. Landévennec et le Monachisme breton... (actes du colloque de Landévennec),
Landévennec, Association Landévennec 485-1985, 1986. Actes du Centre internatio
nal
n° 1,de1990.
recherches et de documentation sur le monachisme celtique (CIRDOMOC),

7. L'Occident et l'Orient au Xe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1979.


8. La Fin du monde antique et les Débuts du Moyen Age, préface p. i-xv, Paris,
Albin Michel, 1989.
9. Cf. J. Hubert, Arts et Vie sociale de la fin du monde antique au Moyen Age,
Genève, Droz, 1977, et Nouveau Recueil d'études d'archéologie et d'histoire. De la fin
du monde antique au Moyen Age, Paris-Genève, Droz, 1985.
10. Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance
carolingienne, 1, Première Belgique, N. Gauthier éd., Paris, CNRS, 1975; 15,
Viennoise du Nord, F. Descombes éd., Paris, CNRS, 1983.
11. Corpus des inscriptions de la France médiévale, sous la direction de R. Fa-
vreau, Paris, CNRS, depuis 1975, 13 fascicules parus.
12. Mélanges de numismatique, d'archéologie et d'histoire offerts à Jean Lafaurie,
Paris, Société française de numismatique, 1980.
13. Cf. sa communication dans Landévennec, op. cit., p. 65-84.
14. Les Canons des conciles mérovingiens (vf-vif siècle), J. Gaudemet et
B. Basdevant éd., Paris, Ed. du Cerf (« Sources chrétiennes », nM 353 et 354), 1989.
Cf. aussi O. Pontal, Histoire des conciles mérovingiens, Paris, Ed. du Cerf, 1989, et
J. Gaudemet, Les Sources du droit de l'Eglise en Occident, Paris, Ed. du Cerf-CNRS,
1985.

325
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE
15. J.-L. Flandrin, Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle
occidentale {vf-xf siècle), Paris, Ed. du Seuil, 1983, utilise les pénitentiels dont
l'étude a été entreprise par C. Vogel.
16. Chartae latinae antiquiores, H. Atsma et J. Vezin éd., Zurich, Urs Graf
Verlag, 1981, et P. Gasnault, Documents comptables de Saint-Martin de Tours à
l'époque mérovingienne, Paris, Bibliothèque nationale, 1975.
17. Cf. Hagiographie, op. cit. Les actes du colloque de Rome de 1988, Fonctions
des saints, sont sous presse.
18. Cf. la liste des travaux de K.F. Werner, Media in Francia. Recueil de mélanges
offert à K.F. Werner, Paris, Institut historique allemand, 1989, p. 539-552.
19. Cf. les communications du colloque de 1970, Francia, 1974.
20. J. Dévisse, Hincmar de Reims (845-882), Genève, Droz, 1976, 3 vol. Les
travaux d'A. Lapôtre ont été réédités sous le titre Etudes sur la papauté au IXe siècle,
Turin, Bottega d'Erasmo, 1978.
21. Cf. Famille et Parenté dans l'Occident médiéval (actes du colloque de Paris,
1974), sous la direction de G. Duby et J. Le Goff, Rome-Paris, Ecole française de
Rome, 1978. R. Hennebicque-Le Jan, « Prosopographica neustrica », in LaNeustrie,
op. cit., p. 231-270. Sur la chancellerie carolingienne, cf. l'article de R.-H. Bautier,
Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1984, p. 5-80.
22. E. Magnou-Nortier, Foi et Fidélité, Toulouse, Université de Toulouse-Le
Mirail, 1976.
23. Villa-Curtis-Grangia (16e colloque franco-allemand de Xanten), Munich,
Artemis Verlag, 1983 (Publications du Centre belge d'histoire rurale n° 81, 1985).
Y. Morimoto, « Etat et perspectives des recherches sur les polyptyques carolin
giens», Annales de l'Est, 1988, p. 99-149, donne une importante bibliographie.
24. « Histoire rurale de la Belgique jusqu'à la fin de l'Ancien Régime », Revue
historique, 1984, p. 435.
25. Les livres de M. Lombard sur Espaces et Réseaux du haut Moyen Age et Etudes
d'économies médiévales ont été publiés en 1972 et 1974, Paris-La Haye, Mouton. Sur
l'ouvrage de S. Lebecq, cf. infra, note 49.
26. A. d'Haenens, Les Invasions normandes, une catastrophe?, Paris, Flammar
ion, 1970, et « Les invasions normandes dans l'Empire franc au IXe siècle », in
/ Normanni e la low espansione in Europa. Settimane di studio del Centro italiano
di studi sull'alto Medioevo, t. 16, Spolète, 1969, p. 233-298. P. Riche, « Consé
quences des invasions normandes sur la culture monastique dans l'Occident
franc », ibid., p. 705-723.
27. P. Riche, « Quelques réflexions pour un nouveau 'grand siècle' », x* siècle.
Recherches nouvelles, cahier VI du Centre de recherches sur l'Antiquité tardive et le
haut Moyen Age de l'université de Paris-X-Nanterre, 1987.
28. A Paris, Auxerre, Barcelone et Metz (CNRS). Religion et Culture autour de
l'an Mil. Royaume capétien et Lotharingie, Paris, Picard, 1990. En 1984 était paru
L'Avènement d'Hugues Capet de L. Theis, en 1987 Hugues Capet d'Y. Sassier.
29. G. Duby, Les Trois Ordres ou l'Imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard,
1978. J. Flori, L'Idéologie du glaive. Préhistoire de la chevalerie, Genève, Droz, 1983.
30. R. Folz, « L'interprétation de l'Empire ottonien », L'Occident et l'Orient, op.
cit. P. Corbet, Les Saints ottoniens, Sigmaringen, J. Thorbecke, 1986. M. Parisse, La
Noblesse lorraine, Lille, université Lille-III, 1976.
31. Dans les « Classiques de l'histoire de France au Moyen Age », Chronique de
Saint-Maixent, J. Verdon éd., Paris, Les Belles Lettres, 1979 ; Poème au roi Robert

326
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL

d'Adalbéron de Laon, C. Carozzi éd., Paris, Les Belles Lettres, 1979. Dans les
« Sources d'histoire médiévale », les autres textes. « Vie de saint Mayeul » dans
D. Iogna-Prat, Agni immaculati. Recherches sur les sources hagiographiques relatives
à saint Maïeul de Cluny (954-994), Paris, Ed. du Cerf, 1988. M. Bur, Chronique ou
Livre de fondation du monastère de Mouzon, Paris, CNRS, 1988.
32. P. Riche, Gerbert d'Aurillac, pape de l'an Mil, Paris, Fayard, 1987, et
« Nouvelles recherches sur les lettres de Gerbert d'Aurillac », Comptes rendus des
séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1987, p. 575-585.
33. E. James, Les Origines de la France. De Clovis à Hugues Capet (486 à Van
Mil), Paris, Errance, 1986 (éd. originale en anglais, Londres, Macmillan Press, 1982).
K.F. Werner, Histoire de France, 1, Les Origines, Paris, Fayard, 1984. Dans
Y Histoire de France parue chez Larousse en 1970 et fréquemment réimprimée, le
chapitre sur les Mérovingiens est dû à P. Riche ; mais les deux chapitres consacrés à
« La construction carolingienne » et aux « Dernières invasions » sont d'A. Verhulst
et de J. Dhondt.
34. On peut remarquer par exemple que la dernière Histoire de la France, sous la
direction de G. Duby, commence en 1987 : 1. 1, Le Moyen Age : de Hugues Capet à
Jeanne d'Arc (987-1460), Paris, Larousse, 1987.
35. E. Ewig, Die Merowinger und das Frankenreich, Stuttgart, Kohlhammer,
1988. P.J. Geary, Before France and Germany. The Creation and Transformation of
the Merovingian World, Oxford, Oxford University Press, 1988 (trad, française, Le
Monde mérovingien, Paris, Flammarion, 1989).
36. La Storiografia altomedievale (10-16 aprile 1969). Settimane di studio del
Centro italiano di studi sull'alto Medioevo, t. 17, Spolète, 1970.
37. Les recherches menées pour la Topographie religieuse des cités de la Gaule ont
accordé une importance croissante à l'étude globale du cadre urbain.
38. Bruges, De Tempel, 1948.
39. R. Fossier, La Terre et les Hommes en Picardie, Paris-Louvain, B. Nauwe-
laerts, 1968.
40. Paris, Picard, 1972.
VIIIe
41. siècle
K.F. »,Werner,
in Settimane
« Lesdiprincipautés
studio del Centro
périphériques
italiano didans
studilesull'alto
mondeMedioevo,
franc du
t. 20, Spolète, 1973, p. 483-514.
42. Toulouse, université Toulouse-Le Mirail, 1974.
43. P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du Xe siècle à la fin du xf siècle.
Croissance et mutation d'une société, Toulouse, université Toulouse-Le Mirail, 1975-
1976, 2 vol.
44. Paris, Bordas, 1976. Du même auteur, en collaboration avec E. Bournazel, La
Mutation féodale, Paris, PUF, 1980.
45. Le Puy, Les Cahiers de la Haute-Loire, 1987.
46. M. Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes (418-781). Naissance d'une
région, Paris, EHESS, 1979.
47. R. Mussot-Goulard, Les Princes de Gascogne, Lectoure, CTR, 1982. Cf. aussi
Les Marches méridionales du royaume aux alentours de l'an Mil, sous la direction de
M. Zimmermann, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1987.
48. Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif central, 1981.
49. S. Lebecq, Marchands et Navigateurs frisons au haut Moyen Age, Lille, Presses
universitaires de Lille, 1983, 2 vol.

327
L'HISTOIRE MÉDIÉVALE EN FRANCE

50. F. Cardot, L'Espace et le Pouvoir. Etudes sur l'Austrasie mérovingienne, Paris,


Publications de la Sorbonne, 1987.
51. L. Fleuriot, Les Origines de la Bretagne, Paris, Payot, 1980. H. Guillotel et A.
Chédeville, La Bretagne des saints et des rois, Rennes, Ouest-France, 1984. Cf. aussi
B. Merdrignac, Recherches sur l'hagiographie armoricaine du vu' au XVe siècle, Saint-
Malo, Centre régional archéologique d'Alet, 1985-1986, 2 vol.
52. Paris, CNRS, 1969.
53. La Neustrie, op. cit.
54. Paris mérovingien, Paris, Musée Carnavalet, 1981. A l'aube de la France, la
Gaule de Constantin à Childéric, Paris, Musée du Luxembourg, Ed. de la Réunion
des musées nationaux, 1981. Des Burgondes à Bayard, mille ans de Moyen Age.
Recherches archéologiques et historiques, Grenoble, Centre d'archéologie des musées
de Grenoble et de l'Isère, 1981. Childéric-Clovis, roi des Francs (482-1982), de
Tournai à Paris. Naissance d'une nation, Tournai, Administration de la ville de
Tournai, 1982. Le Nord de la France de Théodose à Charles Martel. Trésors des
musées du Nord de la France, Lille, Association des conservateurs de la région Nord-
Pas-de-Calais, 1983 (exposition présentée en 1984-1985). Collections mérovingiennes,
sous la direction de P. Périn, Catalogues d'art et d'histoire du musée Carnavalet, 2,
Paris, 1985. La Neustrie. Les pays au nord de la Loire, de Dagobert à Charles le
Chauve (vif -IXe siècle), P. Périn et L.-Ch. Feffer éd., Rouen, Musées départemen
taux de la Seine-Maritime, 1985. La Picardie, berceau de la France. Clovis et les
derniers Romains. 1 500' anniversaire de la bataille de Soissons (486-1986), Associa
tion des conservateurs des collections publiques de Picardie, 1986. Premiers Temps
chrétiens en Gaule méridionale. Antiquité tardive et haut Moyen Age (ut '-vu'f siècle),
Lyon, Musée de la civilisation gallo-romaine de la ville de Lyon, 1986. Autun
Augustodunum, capitale des Eduens, Autun, Musée Rolin, 1987. La Bourgogne
médiévale, la mémoire du sol. 20 ans de recherches archéologiques, s. 1., 1987.
55. On se reportera au volume de bibliographie pour retrouver les références à ces
travaux. Voici quelques jalons : J. Durliat, « Du caput antique au manse médiéval »,
Pallas, 29, 1982, p. 67-77. E. Magnou-Nortier, « La terre, la rente et le pouvoir dans
les pays de Languedoc pendant le haut Moyen Age », Francia, Bd 9, 1982, p. 79-115 ;
Bd 10, 1983, p. 21-66 ; Bd 12, 1984, p. 53-118. —, « Le grand domaine. Des maîtres,
des doctrines, des questions », Francia, Bd 15, 1987, p. 659-700.
56. J. Durliat, « Qu'est-ce qu'un polyptyque? », Media in Francia, 1989, p. 129-
138. — , « Le manse dans le polyptyque d'Irminon », La Neustrie. Les pays au nord
de la Loire de 650 à 850, Sigmaringen, éd. H. Atsma, 1989, t. 1, p. 467-504.
E. Magnou-Nortier, « La gestion publique en Neustrie : les moyens et les hommes »,
ibid. p. 271-318.
57. J. Durliat, Les Finances publiques de Dioctétien aux Carolingiens (284-888),
Sigmaringen, 1990.
58. L. Holtz, Donat et la Tradition de l'enseignement grammatical. Etudes sur
/'« Ars Donati » et sa diffusion (ivt-ixe siècle) et édition critique, Paris, CNRS, 1981.
59. Césaire d'Arles, Sermons, M.-J. Delage éd. (« Sources chrétiennes », n°* 175,
243, 330), Œuvres monastiques, A. de Vogué et J. Courreau éd. (ibid., n° 345). Vie
des Pères du Jura, F. Martine éd. (ibid., n° 142). Vie de saint Honorât, M. Valentin
éd. (ibid., n° 235).
60. Morales sur Job (« Sources chrétiennes », n"* 32 bis, 212, 221), Homélies sur
Ezechiel (ibid., n° 327), Dialogues (ibid., nos 251, 260, 265), Commentaire sur le
Cantique (ibid., n° 314).

328
LE HAUT MOYEN AGE OCCIDENTAL
61. Grégoire le Grand, Paris, CNRS, 1986. Un autre colloque a eu lieu à Rome en
1990.
(v*-xe
62. G.
siècle)
Moyse,
», Bibliothèque
« Les origines
de l'Ecole
du monachisme
des chartes, 1973.
dans le diocèse de Besançon
63. Ph. Wolff, Histoire de la pensée européenne, t. 1, L'Eveil intellectuel de
l'Europe, Paris, Ed. du Seuil, 1971. P. Riche, Ecoles et Enseignement dans le haut
Moyen Age, 2e éd. Paris, Picard, 1989. M. Rouche, Histoire générale de l'enseign
ement et de l'éducation en France, t. 1, Des origines à la Renaissance, Paris,
G.-V. Labat, 1981. J. Paul, L'Eglise et la Culture en Occident (ixe-xiie siècle), Paris,
PUF, 1986.
64. M. Huglo, Les Tonaires, Paris, Société française de musicologie, 1971. — , Les
Livres de chant liturgique, Turnhout, Brepols (« Typologie des sources du Moyen
Age occidental », n° 52), 1988.
65. Le Moyen Age et la Bible, sous la direction de P. Riche et G. Lobrichon, Paris,
Beauchesne, 1984.
66. Dhuoda, Manuel pour mon fils, P. Riche éd., Paris, Ed. du Cerf (« Sources
chrétiennes », n° 225), 1975 (2e éd. 1990).
67. Cf. P. Riche, « Danses profanes et religieuses dans le haut Moyen Age », in
Mélanges Robert Mandrou, Paris, PUF, 1985, p. 159-168.
68. Cf. la bibliographie dans P. Riche, Ecole et Enseignement, op. cit., 2e éd.
69. M. Larès, Bible et Civilisation anglaise. Naissance d'une tradition, Paris-
Bruxelles-Montréal, Didier, 1974. A. Crépin, Poèmes héroïques en vieil anglais,
Paris, Union générale d'éditions, 1981.
70. Cf. son dernier livre, Le Christ des Barbares. Le monde nordique (IXe-
XIIIe siècle), Paris, Ed. du Cerf, 1987.
71. Corpus consuetudinum Monasticarum, K. Hallinger éd., Siegburg, F. Schmidt,
1963-1984, 9 vol.
72. Cf. entre autres articles de P. Riche, « Les moines bénédictins maîtres d'école
(viie-xie siècle) », in Benedictine Culture (750-1050), Leuven, University Press, 1983,
p. 96-113.
73. Signalons la publication de Haut Moyen Age, Culture, Education et Société.
Etudes offertes à Pierre Riche, Paris, Publidix, Ed. européennes, 1990.

Vous aimerez peut-être aussi