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A première vue, croire en l’amour met en avant le fait de prendre parti pour l’amour ou non.

Il s’agit
de savoir si l’amour est quelque chose auquel il faut croire ; on sous-entend une part de risque dans
le fait que l’objet même de cette croyance pourrait ne pas exister, être socialement construit ou au
minimum être modelé. Encore faudrait-il s’accorder quant au terme croire  lui-même.
Pour souligner et éclairer cette ambiguïté du terme, il semble judicieux de signaler que celui-ci est
souvent associé à la religion dans le langage courant avec le crédo « je crois en Dieu ». Dans cette
première définition du verbe, croire en l’amour s’apparenterai à croire en Dieu et donc comme croire
en quelque chose d’invérifiable, ou du moins empiriquement. Par-là, on pourrait comparer le fait de
parier sur l’amour au pari que fait Pascal dans les pensées (1669) où, pour le résumer très
brièvement, il y a tout à gagner dans le fait de croire en Dieu et tout à perdre si l’on fait le choix
inverse et ainsi donc le fait de croire en l’amour vaudrait la peine d’être essayé plus que de ne pas
vouloir y croire. Alors, on peut dire que croire se caractérise par sa distinction avec savoir, en tant
que ce dernier donne son assentiment à une proposition en ayant la certitude objective de sa vérité
quand la croyance donne son assentiment à une hypothèse subjectivement. Par conséquent, on en
vient à se demander si croire n’est pas une illusion plus ou moins choisie où l’illusion serait prise au
terme Freudien comme la croyance dans la motivation de laquelle la réalisation d’un désir est
prévalente. Ce nouveau point de vue nous laisse entrevoir les amalgames possibles dans l’utilisation
du verbe et par la même occasion la possibilité d’utiliser illusoirement le terme croire qui se veut
subjectif pour des faits objectifs. De plus, parce qu’il peut désigner à la fois une émotion,
un sentiment, une personne ou bien une relation, l’amour aussi demeure quelque chose de
mystérieux. Et puisqu’il est bien difficile d’en donner une définition qui fasse l’unanimité il est plus
simple de se demander si l’amour correspond aux définitions de  croire.

Le premier problème laisse penser que l’amour est quelque chose de rationnel : il faut y croire
comme il est rationnel de croire en Dieu. L’amour pouvant être justifié à posteriori. Dans un second
temps le problème réside dans l’idée que l’amour puisse être une opinion ; du fait que la propre
opinion de quelqu’un est sa croyance. Etant donné que l’opinion est quelque chose de manipulable
on peut « faire croire » de sorte à ce qu’on « croit savoir » sur une idée commune de l’amour et ce
qui y est bon, alors qu’on ne sait pas. Dans ce cheminement, Machiavel disait « gouverner c’est faire
croire ».

Mais si le sentiment amoureux peut être illusoire, faut-il pour autant s’en défaire ? Et surtout, existe-
t-il un amour véritable ?

Si l’on en croit Jean-Jacques Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité
entre les hommes, l’homme moderne est une victime de l’amour en société. L’idée reposant sur la
distinction entre ce qui relève du physique et de la morale ; le premier se réduisant simplement au
désir « qui porte un sexe à s’unir à l’autre » quand la morale structure l’objet de ce désir en tant que
favoris ou exclusif. Mais la morale n’est pas quelque chose d’innée et serait même complètement
illusoire pour ROUSSEAU. Si bien que la dimension morale s’apparenterait à une croyance
endoctrinée par la société sur ces citoyens pour construire notre opinion de ce que devrait être
l’amour la manière dont il faudrait choisir l’être aimé ou  « le préféré ». La société éduquerait nos
goûts et nos idées en matière d’amour comme vérité auquel on veut croire, et c’est parce qu’on veut
y croire qu’elle ne peut pas être remise en cause. Ainsi, l’idée d’un amour fataliste, qui se donne à
nous presque malgré nous est une chimère dont les citoyens font les frais. Cela va encore plus loin,
car l’amour en société est quelque chose de dangereux. On y croit tellement qu’on en vient à
mesurer sa grandeur au prix du sang, elle entraîne « rage » «  crime » et brutalité. En cela, Rousseau
n’est absolument pas favorable à l’idée de parier sur l’amour, l’amour n’étant plus quelque chose de
rationnel il faudrait s’en préserver. De ce point de vue il serait même plus raisonnable de fuir l’amour
que l’inverse. Le principe d’un amour dangereux dans une société moderne est accentuée par la
comparaison qu’il en fait avec « les sauvages » et l’exemple des caraïbes vers la fin de l’extrait. Ici, il
est surtout question d’accentuer la différenciation de ce qui relève du Morale et du physique  ; les
hommes occidentaux seraient dans le carcan de la morale quand les « sauvages » seraient plus
enclins à la dimension physique de l’amour. Et par là on comprend plus nettement que ce qui
différencie ces hommes avant tout n’est rien d’autre que les lois dont disposent les premiers et
manquent les seconds. Et c’est parce qu’il y a ces lois que l’on croit à l’amour avec cette dimension
morale proéminente pour en faire découler le chaos. Tandis que « les sauvages » se rapprochant
plus de l’état de nature en étant dépourvus de toute loi, seraient ainsi plus disposés à un amour plus
« paisible » car moins parasité. C’est pourquoi, on peut alors penser que l’amour véritable ne nous
est pas accessible mais tend à se réaliser dès lors que l’on « s’écarte le moins de l’état de nature ».

A cela, on peut se demander si Rousseau ne fait pas une confusion entre l’amour et le désir/plaisir
lorsqu’il évoque la distinction entre le physique et le morale au sein même du champ amoureux.
Attendu que le plaisir se rapporte ici au « physique » de Rousseau qui se définit par une « sensation
ou émotions agréable liée à la satisfaction d’un désir dont on ne peut que déchoir du moment  ».
Mais lorsque l’on parle d’amour, on entend par là quelque chose de plus constant qui n’a pas grand-
chose à voir avec l’  « amour plus paisible » des « sauvages » décrit par ROUSSEAU  qui se rapproche
plus du besoin reproductif animal. L’objet de leur « amour » importe peu, les protagonistes y sont
interchangeables. L’amour des sauvages se différencie alors du sentiment plus grand et étendu du
sentiment amoureux. Certes la désirabilité peut s’accorder sur des déterminations propres à une
société (publicité etc) comme en témoigne la pluralité des canons de beauté à travers le monde ou
les tortures que les femmes s’infligent pour être désirables et acceptées au sein de leur sociétés
respectives. Mais si l’on revient au champ de l’amour et non du désir, comment peut-on éprouver un
sentiment amoureux à l'égard d'une personne ne rentrant pas dans les codes fournis par nos sociétés
? Pour répondre à cette question à l’antipode du texte de rousseau, on pourrait parler d’une vision
de l’amour fataliste ou encore évoquer la cristallisation de Stendhal sur l’être aimé pour l’idéaliser  ;
mais l’objectif est avant tout de montrer qu’à la question d’un amour véritable du point de vue du
texte, on ne doit pas forcément y répondre par la négative. Et pour étayer cette aspiration, il est bon
de rappeler l’existence d’amours bénévoles où ma vie se justifie d’autant plus que la vie de l’être
aimé s’épanouie d’avantage. Il y donc la possibilité d’un amour qui ne soit pas assassin ou mortifère
qui s’oppose à l’amour de concupiscence lorsque l’autre m’appartient incitant jalousie et contrôle.
C’est pourquoi la jalousie n’est pas reliée nécessairement à l’amour mondain. Mais n’y a-t-il pas là
une incohérence dans le fait de vouloir trouver une définition unique de l’amour pour pouvoir croire
en elle ? N’existerait-il pas plutôt différentes formes d’amour et différentes façon d’y croire ?
L’amour doit-elle se démontrer pour exister, être une confiance réciproque ?

Lorsque l’on évoque l’idée d’un amour véritable s’en suit bien souvent l’exemple d’un amour
platonique, représentant l’amour le plus pur qui soit en son caractère totalement désintéressé sur le
plan sexuel. Ici on a l’idée que le sexe peut se détacher du sentiment amoureux et qu’il n’est pas
nécessaire à sa réalisation. Pour autant, si l’on définit l’amour comme l’union de deux êtres basé sur
l’instinct sexuel, la réalisation de l’amour platonicien semple illusoire. Ainsi donc, l’idée de « faire
l’amour » induirait l’existence d’un sentiment amoureux.
Suite sujet : croire en l’amour

Devoir numéro 2 Louise ROCHA DL Psycho/Philo

Lorsque l’on évoque l’idée d’un amour véritable s’ensuit bien souvent l’exemple d’un amour
platonique, représentant l’amour le plus pur qui soit en son caractère totalement désintéressé sur le
plan sexuel. Ici on a l’idée que le sexe peut se détacher du sentiment amoureux et qu’il n’est pas
nécessaire à sa réalisation. Mais pourtant, si l’on définit l’amour comme l’union de deux êtres basée
sur l’instinct sexuel, la réalisation de l’amour platonicien semble illusoire.

C’est pourquoi, croire en l’amour implique une possible diversité de pointpoints de vue dans son
origine ; changeant son sens et sa condition. En conséquence, on croit avant tout à l’union de deux
âmes dans le cas de l’amour platonique alors que l’union de deux corps prévaut dans l’autre cas.
Reste à savoir si l’amour est nécessairement lié au désir ? Si oui deDe quelle nature est ce lien ? Et de
quelle force s’agitserait-il ? Et à quel degré est-il ?

Dans l’éloge de l’amour d’alain Badiou, le désir donne une noivelle dimension à l’amour, il est une
preuve qui l’enveloppe en cela qu’il renie l’idée du désir dans son caractère le plus primaire qui soit
dans le cercle amoureux

Premièrement, si l’on part du principe qu’il faut différencier l’amour du désir, il serait bon de les
définir. L’amour, d’après le dictionnaire Le Robert est défini comme : «  le sentiment vif qui pousse à
aimer (qqn), à lui vouloir du bien, à l’aider en s’identifiant plus ou moins  » ; auquel on pourrait
ajouter la notion de durabilité dans l’existence du sentiment sur le temps. En d’autres termes, on
peut parler d’une tendance essentiellement opposée à l’égoïsme puisque l’idée repose sur le bien de
l’autre principalement. Alors que le désir y est défini comme «  la tendance consciente vers ce que
l’on aimerait posséder ». De cette façon, les deux termes semblent en opposition. Lorsque l’un
souhaite posséder ce qu’il n’a pas, son sens tend vers celui de l’égoïsme. Quand l’autre, nous l’avons
vu, s’y oppose. C’est certainement pourquoi l’amour platonique est vu comme l’amour idéal. Le désir
étant évincé de l’équation, il entraine l’égoïsme dans sa chute en laissant le dessein d’un amour
bénévole dans sa forme la plus pure d’abandon de soi par la réalisation de l’être aimé.

Certes, il est possible de définir les termes et de les désolidariser mais l’inverse est également
possible ; On peut même affirmer que l’amour lié au désir est représentatif de l’usage courant en
société ; où l’idée de « faire l’amour » induirait l’existence d’un sentiment amoureux. Encore reste-t-
il à savoir lequel prévaut sur l’autre ; pour nous permettre de donner une valeur plus ou moins
égoïste dans le fait de tomber amoureux. Et c’est ainsi que notre réflexion nous conduit au texte
Eloge de l’amour d’Alain Badiou. Le texte répondant premièrement à l’idée du désir comme terme
dominant ; représentant ainsi une menace pour l’amour elle-même. Car si l’on croit à l’amour
comme reposant avant tout sur la valorisation de l’être aimé, cela ne peut pas coïncider avec
l’égocentrisme et l’autolâtrie de la satisfaction unique de nos désirs. Alain Badiou ira plus loin en
écrivant qu’affirmer que l’amour n’est rien d’autre qu’une pulsion sexuelle, c’est nier l’existence
même de l’amour ; où on pourrait imaginer que l’amour ne serait qu’une « construction imaginaire »
que l’on s’affligerait pour se donner bonne conscience dans ce qui s’apparente à de la reproduction
animale. Néanmoins, l’auteur ne pense pas que le désir doit forcément être exclu du champ de
l’amour, étant donné qu’il se donne à la plupart d’entre nous dans notre quotidien. Il faudrait alors
plutôt le voir comme « une des rares preuves matérielles absolument liées au corps, de ce que
l’amour est autre chose qu’une déclaration ». On replace ainsi l’amour au centre du débat, le désir
n’étant que quelque chose qui viendrait s’y greffer pour en témoigner dans le monde spatio-
temporel. Le désir se voit ainsi attribuer une valeur positive. Puisqu’il n’est ni central, ni nécessaire, il
est supplémentaire et s’apprécie comme « don de soi ». L’idée que la satisfaction d’un désir se veut
essentiellement égoïste est démentie par la simple importance qui lui est accordée dans l’amour.
Tout ceci nous démontre qu’il est possible de prouver notre amour à autrui et par déduction de
prouver l’amour lui-même. De cette manière, croire en l’amour pourrait se vérifier objectivement
tout en nous permettant de savoir si l’on aime et si les autres nous aiment réciproquement. Et
l’amitié étant dépourvue de désirabilité c’est en cela qu’elle se distinguerait de l’amour. Pour autant,
il est possible de déclarer son amour à son ami, dans ces conditions la relation change d’état. La
déclaration « je t’aime » entraînerait la naissance du désir pour l’autre ; si bien que, nous l’avons dit,
l’amour prévaut ici sur l’acte sexuel qui n’est présent qu’afin de prouver la sincérité du sentiment
avoué. C’est sans doute ce qui explique le champ lexical religieux pour parler de l’acte sexuel entre
deux amants lorsqu’Alain Badiou évoque la «  cérémonie des corps », ou le fait d’« accomplir les
gestes immémoriaux » dans le but qu’une « promesse d’une
réinvention de la vie soit tenue » avec l’amour représentée « comme un ange gardien des corps » en
signe de « paix» sur ceux-ci. L’amour est alors élevée à une dimension sacrée où l’acte sexuel
s’apparenterait aux vœux de mariage ; où l’on pourrait alors faire la jonction avec le pari de Pascal vu
précédemment.

En ce sens, le texte exclut totalement le sexe et le désir de tout ce qui ne s’apparente pas au champ
de l’amour, comme en témoigne l’exemple sur l’amitié. Nous pouvons remettre en question cet
exemple prit pour acquis par Badiou en excluant la sacralité de l’acte sexuel. Sans pour autant, le
reconduire à sa condition bestiale, il n’en est pas moins un abandon de soi, tout comme il ne résulte
pas moins d’une confiance réciproque et de respect entre les deux partenaires. Le cas des
communautés libertines en est une parfaite analogie où les valeurs de l’amitié ne dérogent
nullement à leur expérience charnelle. Le désir pouvant être vécu de différentes façons selon les
individus et entre les individus, on parle d’une pluridisciplinarité des désirs plus que du désir comme
promesse en tant que  « réinvention de la vie ». Aussi, nous pouvons le constater pour la majorité
des individus, le nombre de partenaires sexuels aujourd’hui est fluctuant au cours de leur vie. Si bien
que l’acte sexuel en tant que « promesse » est en réalité plus souvent rompue qu’elle n’est tenue.
Badiou a le mérite de valoriser le désir et de le faire sortir de la vision primaire reproductive de notre
espèce ; mais son exclusivité et son caractère sacré le réduit à une étape dans la réalisation du
sentiment amoureux ; il est quelque chose de non nécessaire et pourtant lourd de conséquences.
Cette ambivalence étant presque inexistante depuis la révolution sexuelle, elle semble pencher pour
une vision conservatrice de l’amour plutôt qu’une vision émancipatrice du désir.

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