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Cours « 

Introduction à la philosophie moderne », Exemplier 19/11/2019.


12. Descartes, Principes de la Philosophie (1644), partie II, art. 4 : « Ce n’est pas la pesanteur, ni la dureté, ni la
couleur, etc., qui constituent la nature du corps, mais l’extension seule ».
13. Descartes, Principes de la Philosophie, partie II, art. 64 : « Que je ne reçois point de principes en physique, qui ne
soient aussi reçus en mathématique, afin de pouvoir prouver par démonstration tout ce que j’en déduirai   ; et que ces
principes suffisent, d’autant que tous les phénomènes de la nature peuvent être expliqués par leur moyen.
[…] Je suppose que ceux qui liront mes écrits, savent les éléments de la géométrie, ou, pour le moins, qu’ils ont
l’esprit propre à comprendre les démonstrations de mathématique. Car j’avoue franchement ici que je ne connais
point d’autre matière des choses corporelles, que celle qui peut être divisée, figurée et mue en toutes sortes de
façons, c’est-à-dire celle que les géomètres nomment la quantité, et qu’ils prennent pour l’objet de leurs
démonstrations ; et que je ne considère, en cette matière, que ses divisions, ses figures et ses mouvements  ; et enfin
que, touchant cela, je ne veux rien recevoir pour vrai, sinon ce qui en sera déduit avec tant d’évidence, qu’il pourra
tenir lieu d’une démonstration mathématique. Et parce qu’on peut rendre raison, en cette sorte, de tous les
phénomènes de la nature, comme on pourra juger par ce qui suit, je ne pense pas qu’on doive recevoir d’autres
principes en la physique, ni même qu’on ait raison d’en souhaiter d’autres, que ceux qui sont ici expliqués ».
14 : 29 juin 2018, Émission « Arrêt sur image », Daniel Schneidermann /  Arnaud Gauthier-Fawas (administrateur de
l’Inter-LGBT) : « ni homme ni blanc » : https://www.koreus.com/video/arret-images-homme-blanc.html
15. Jean-Luc Marion, Sur l’ontologie grise de Descartes. Science cartésienne et savoir aristotélicien dans les Regulae
(Paris : Vrin, 19751, 19812 (revue et augmentée), 19923). Exergue : Lettre de Descartes à Mersenne, 16 10 1639 : « …
ces choses qui peuvent servir d’objet à des pensées véritables ».
16. Hermann J. van Vleeschauwer, La déduction transcendantale dans l’œuvre de Kant, 3 tomes, Paris / etc : Nijhoff,
1934-36-37, repr. NY/ Londres : Garland, 1976, t. I, p. 65 : « La métaphysique traditionnelle renfermait deux parties
distinctes et passablement hétérogènes, l’ontologie ou la métaphysique générale, et la métaphysique spéciale. Dans
l’ontologie, on étudiait l’être, les grands principes et les plus haute subdivisions de l’être, appelées catégories par
Aristote. » La « métaphysique spéciale » comprenait par ailleurs trois grandes sciences : psychologie, cosmologie et
théologie rationnelles.
17. Descartes, Dioptrique I AT VI 85 17-19 : « il n’y a rien en ces objets qui soit semblable aux idées ou aux
sentiments que nous en avons » ; ibid IV 113 1-5 : « il faut au moins que nous remarquions qu’il n’y a aucunes
images qui doivent en tout ressembler aux objets qu’elles représentent : car autrement il n’y aurait point de
distinction entre l’objet et son image ».
Descartes, Dioptrique I Alquié 654 AT 84 : ce sont en effet les aveugles, selon D, qui ont la plus exacte conception de
la lumière, car ils la perçoivent à l’aide du bâton, comme la transmission d’un certain type de mouvement  : « je
désire que vous pensiez que la lumière n’est autre chose, dans les corps qu’on nomme lumineux, qu’un certain
mouvement, ou une action fort prompte et fort vive, qui passe vers nos yeux, par l’entremise de l’air et des autres
corps transparents, en même façon que le mouvement ou la résistance des corps que rencontre cet aveugle, passe
vers sa main, par l’entremise de son bâton » ; / ibid 85, Alquié 655 : « si vous considérez que les différences, qu’un
aveugle remarque entre des arbres, des pierres, de l’eau, et choses semblables, par l’entremise de son bâton, ne lui
semblent pas moindres que nous font celles qui sont entre le rouge, le jaune, le vert, et toutes les autres couleurs  ;
et toutefois que ces différences ne sont autre choses, en tous ces corps, que les diverses façon de mouvoir, ou de
résister aux mouvements de ce bâton. En suite de quoi vous aurez occasion de juger, qu’il n’est pas besoin de
supposer qu’il passe quelque chose de matériel depuis les objets jusques à nos yeux, pour nous faire voir les
couleurs et la lumière, ni même qu’il y ait rien en ces objet ,qui soit semblable aux idées ou aux sentiments que nous
en avons : tout de même qu’il ne sort rien des corps , que sent un aveugle, qui doive passer le long de son bâton
jusques à sa main, et que la résistance ou le mouvement de ces corps qui est la seule cause des sentiments qu’il en a,
n’est rien de semblable aux idées qu’il en conçoit. »
Descartes, Dioptrique, IV 112 113 (Alquié I 684-685) : « il faut au moins que nous remarquions qu’il n’y a aucunes
images qui doivent en tout ressembler aux objets qu’elles représentent : car autrement il n’y aurait point de
distinction entre l’objet et son image : mais qu’il suffit qu’elles leur ressemblent en peu de choses ; et souvent
même, que leur perfection dépend de ce qu’elles ne leur rassemblent pas tant qu’elles pourraient faire. Comme
vous voyez que les tailles-douces, n’étant faites que d’une peu d’encre posée çà et là sur du papier, nous
représentent des forêts, des villes, des hommes et même des batailles et des tempêtes, bien que, d’une infinité de
diverses qualités qu’elles nous font concevoir en ces objets, il n’y en a aucune que la figure seule dont elles aient
proprement la ressemblance [je souligne] ; et encore est-ce une ressemblance fort imparfaite, vu que, sur une
superficie toute plate, elles nous représentent des corps diversement relevés et enfoncés, et que même, suivant les
règles de la perspective, souvent elles représentent mieux des cercles par des ovales que par d’autres cercles ; et des
carrés par des losanges que par d’autres carrés ; et ainsi de toutes les autres figures [je souligne] : en sorte que
souvent, pour être plus parfaites en qualités d’images, et représenter mieux un objet, elles doivent ne lui pas
ressembler [je souligne]. Or il faut que nous pensions tout le même des images qui se forment en notre cerveau, et
que nous remarquions qu’il est seulement question de savoir comment elles peuvent donner moyen à l’âme de
sentir toute les diverses qualités des objets auxquels elles se rapportent, et non point comment elles ont en soi leur
ressemblance. Comme, lorsque l’aveugle [je souligne] dont nous avons parlé ci-dessus, touche quelques corps de
son bâton, il est certain que ces corps n’envoient autre chose jusques à lui, sinon que, faisant mouvoir diversement
son bâton selon les diverses qualités qui sont en eux, ils meuvent par même moyen les nerfs de la main, et ensuite
les endroits de son cerveau d’où viennent ces nerfs ; ce qui donne occasion à son âme de sentir tout autant de
diverses qualités en ces corps, qu’il se trouve de variétés dans les mouvement qui sont causés par eux en son
cerveau. »
Descartes, Traité du monde, premier § : « car encore que chacun se persuade communément que les idées que nous
avons en notre pensée sont entièrement semblables aux objets dont elles procèdent, je ne vois point toutefois de
raison qui nous assure que cela soit ; mais je remarque, au contraire plusieurs expériences qui nous en doivent faire
douter. / Vous savez bien que les paroles, n’ayant aucune ressemblance avec les choses qu’elles signifient [je
souligne], ne laissent pas de nous les faire concevoir, et souvent même sans que nous prenions garde au son des
mots, ni à leurs syllabes ; en sorte qu’il peut arriver qu’après avoir ouï un discours, dont nous aurons fort bien
compris le sens, nous ne pourrons pas dire en quelle langue il aura été prononcé. Or si les mots, qui ne signifient rien
que par l’institution des hommes, suffisent pour nous faire concevoir des choses avec lesquelles ils n’ont aucune
ressemblance, pourquoi la Nature ne pourra-t-elle pas aussi avoir établi certain signe, qui nous fasse avoir le
sentiment de la lumière, bien que ce signe n’ait rien en soi qui soit semblable à ce sentiment ? Et n’est-ce pas ainsi
qu’elle a établi les ris et les larmes, pour nous faire lire la joie et la tristesse sur le visage des hommes ? »
18. Descartes, Méditations, Méditation seconde : « Commençons par la considération des choses les plus
communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous
voyons. Je n’entends pas parler des corps en général, car ces notions générales sont d’ordinaire plus confuses, mais
de quelqu’un en particulier. Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d’être tiré de la ruche  : il n’a pas
encore perdu la douceur du miel qu’il contenait, il retient encore quelque chose de l’odeur des fleurs dont il a été
recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez,
il rendra quelque son. Enfin toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps, se rencontrent en
celui-ci.
Mais voici que, cependant que je parle, on l’approche du feu : ce qui y restait de saveur s’exhale, l’odeur s’avanouit,
sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente ; il devient liquide, il s’échauffe, à peine le peut-on
toucher, et quoi qu’on le frappe il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle après ce changement  ? Il
faut avouer qu’elle demeure ; et personne ne le peut nier. Qu’est-ce donc que l’on connaissait en ce morceau de cire
avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j’y ai remarqué par l’entremise des sens, puisque
toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l’odorat, ou la vue, ou l’attouchement, ou l’ouïe, se trouvent
changées, et cependant la même cire demeure. Peut-être était-ce que je pense maintenant, à savoir que la cire
n’était pas ni cette douceur du miel, ni cette agréable odeur des fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son,
mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes et qui maintenant se fait remarquer
sous d’autres. Mais qu’est-ce, précisément parlant, que j’imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? Considérons
le attentivement, et éloignant toutes les choses qui n’appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne
demeure rien que quelque chose d’étendu, de flexible et de muable. Or qu’est-ce que cela : flexible et muable ?
N’est-ce pas que j’imagine que cette cire étant ronde est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une
figure triangulaire ? Non certes, ce n’est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de
semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent
cette conception que j’ai de la cire ne s’accomplit pas par la faculté d’imaginer.
Qu’est-ce maintenant que cette extension ? N’est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle
augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la
chaleur augment davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c’est que la cire, si je ne
pensais qu’elle est capable de recevoir plus de variétés selon l’extension, que je n’en ai jamais imaginé. Il faut donc
que je tombe d’accord, que je ne saurais pas même concevoir par l’imagination ce que c’est que cette cire, et qu’il
n’y a que mon entendement seul qui le conçoive ; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général
il est encore plus évident. Or quelle est cette cire, qui ne peut être conçue que par l’entendement ou l’esprit ? Certes
c’est la même que je vois, que je touche, je j’imagine, et la même que je connaissais dès le commencement. Mais ce
qui est à remarquer, sa perception ou bien l’action par laquelle en l’aperçoit, n’est point une vision ni un
attouchement, ni une imagination, et ne l’a jamais été, quoi qu’il semblât, ainsi auparavant, mais seulement une
inspection de l’esprit laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant ou bien claire et
distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle, et
dont elle est composée. »

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