Vous êtes sur la page 1sur 13

TD d’Evaluation des Politiques Publiques – Master 1 – Université Paris 1 Panthéon Sorbonne – Année

2012-2013

TD 9
LA REGLEMENTATION DES MONOPOLES NATURELS

Monopole naturel = 3ème défaillance de marché qu’on va étudier. Dans 1er théorème
du bien-être, correspond au non-respect de l’hypothèse de concurrence (« si les
agents se comportent de façon concurrentielle »).

Monopole naturel = une cause possible de l’existence d’un monopole (en général on
en distingue 4 : les situations de « monopole naturel », le contrôle d’une ressource
rare ou d’un brevet, les positions de monopole institutionnel et enfin les mécanismes
de la concurrence eux-mêmes). « Naturel » renvoie au fait que c’est une
caractéristique particulière de la technologie qui est responsable de cette situation et
pas une volonté de l’Etat ou le résultat d’une stratégie d’une firme (pas institutionnel,
ni innovateur qui est généralement temporaire).

Définition du monopole naturel


On dit qu’il y a monopole naturel sur un marché lorsque, pour tout niveau de
production, le coût des facteurs utilisés est minimal lorsque la production est réalisée
par une seule entreprise.

Origine : Cette situation découle des caractéristiques techniques de certaines activités


économiques dont les coûts fixes d’installation sont très élevés de sorte que la
production est caractérisée par des coûts de production décroissants, donc des
rendements d’échelle croissants. Le coût moyen décroît avec la quantité produite. Le
coût marginal est inférieur au coût moyen.

Exemples de secteurs concernés : énergie, transport, communications, services


d’environnement. (industries de réseau => il y a évidemment un avantage à ne pas
dédoubler inutilement les réseaux, au moins s’ils ne sont pas saturés)

Conséquences :
Comme les coûts moyens d’une seule entreprise sont décroissants, il n’est pas
socialement bénéfique que 2 entreprises soient en concurrence car le coût moyen
serait plus élevé. Conduit l’économie normative à une recommandation atypique : la
préférence est donnée à l’organisation de la production en monopole plutôt qu’à
l’organisation atomisée du marché de concurrence parfaite.
Dit autrement : le souci d’efficacité devrait conduire à ne laisser qu’une seule
entreprise sur le marché puisque celle-ci sera en mesure de satisfaire la demande de
manière plus efficace que si les clients se répartissaient entre plusieurs offreurs (coût
des facteurs utilisés plus élevé avec plusieurs qu’avec une).

1
Problème : le monopole – de manière général est réprouvé – car il conduit à fixer des
prix supérieurs et des quantités inférieures à ceux correspondant à l’optimum
collectif. => la technologie particulière impose le choix du monopole comme mode
d’organisation, mais ce mode d’organisation ne permet pas d’atteindre l’optimum de
Pareto => le 1er théorème du bien-être n’est pas vérifié => échec du marché

Rappel graphique :
Cas général : (monopole pas naturel)
On dit qu’une entreprise est en situation de monopole lorsqu’elle est seule à offrir un
certain type de bien. Il s’agit d’une situation complètement opposée au cas de la
concurrence parfaite. Sur les marchés de concurrence parfaite, offreurs et
demandeurs sont en nombres très élevés et aucun d’entre eux n’est individuellement
responsable de la détermination du prix (« price-takers » / preneur de prix / prix
déterminé par loi de l’offre et de la demande). A l’inverse, l’entreprise en situation de
monopole est seule à offrir le bien envisagé et c’est elle qui détermine le prix auquel
elle vend sa production. On dit qu’elle est un « faiseur de prix » (« price-maker »). (=>
prix dépend de la demande.)

4 courbes / fonctions : CM, Cm, RM, Rm


Cas général : Cm et CM sont d’abord décroissantes, puis croissantes et la courbe de
Cm coupe la courbe de CM en son minimum
La courbe de RM s’identifie à la courbe de demande totale (RM est la fonction de
demande inverse qui exprime le prix en fonction de la quantité). [car RT=py donc
RM=RT/y=p(y)]
Courbe d’offre = partie de la courbe de Cm situé au-dessus de la courbe de CM.

2
L’équilibre en monopole est obtenu lorsque le coût marginal est égal à la recette
marginale (le producteur détermine la quantité produite en égalisant Cm et Rm). Le
prix de vente correspond à la recette moyenne (une fois la quantité fixée, le prix est
déterminé en fonction de la demande).

Différence avec un marché en CP : équilibre caractérisé par égalité entre le prix et le Cm


pour toutes les firmes qui participent au marché. Le comportement de monopole se
caractérise par un écart entre prix et Cm.

Profit unitaire du monopole = différence entre la RM et le CM


Profit total = rectangle correspondant à la différence entre RM et CM

Le monopole est source d’inefficacité


En (pm ; xm), le profit du producteur est plus important, mais le surplus total /
collectif est inférieur à celui de la situation optimale où p=Cm (perte sèche /
deadweight loss = triangle).(le monopole ne produit pas assez et à un prix trop
élevé).

Cas du monopole naturel


CM décroissant quelle que soit la quantité et on suppose Cm constant. Autrement
dit, existence d’un coût fixe et coût variable supposé constant.
Quelle que soit la quantité, on a Cm < à CM (différent de cas précédent)

3
pm
A CM
p0
B Cm
p* C
RM
Rm

qm q0 q*

3 niveaux de prix appellent des commentaires :


1) lorsque p=pm (ce point d’équilibre correspond à l’égalité Rm et Cm), le monopole
obtient son profit le plus élevé.
2) quand on a RM=CM (p0 et q0), le profit du monopole est nul, mais la situation des
consommateurs n’est pas pour autant la plus satisfaisante. Le profit du monopole a
disparu car il vend à son CM. Ses recettes p0q0 sont juste égale à ses dépenses CMq0.
les consommateurs ne sont pas placés dans la situation la plus favorable car ils
payent un prix qui est supérieur au coût de production de la dernière unité. De ce
fait, ceux qui auraient pu acheter le bien à un prix proche ou égal au Cm sont exclus
de la consommation. Cette perte de bien-être (perte sèche / deadweight loss) =
triangle ABC.
3) lorsque p=p*, cad p=Cm la situation est la plus favorable à l’intérêt général mais le
monopole produit à perte. Perte égale au coût fixe car les consommateurs ne
rémunèrent que le coût variable. Les consommateurs achètent au Cm donc leur perte sèche a
disparu. Cependant les recettes du monopole, égales à p*q*, sont inférieures à ses coûts : CMq*. Cette
En revanche, le surplus total est maximisé (surplus
perte est égale au coût fixe.
consommateur + surplus négatif du producteur)

Conclusion : dans le cas général, à la quantité produite à l’équilibre, on a CM < Cm,


donc à l’optimum social (p = Cm), l’entreprise réalise tout de même un profit (RM
qui est égal à Cm – CM). En revanche, avec les hypothèses introduites du fait du
monopole naturel, on a CM > Cm quelle que soit la quantité, donc à p = Cm, le profit
réalisé en négatif.

4
Synthèse : caractéristique technologique particulière (coûts fixes importants, CM
décroissant…) fait que le mode d’organisation du marché le plus efficace est le
monopole et pas la CP (le monopole permet de produire plus efficacement car à
moindre coût). Or, si on laisse le monopole fonctionner librement, le surplus total / le
bien-être de la société n’est pas maximisé. On n’atteint pas l’optimum social. De plus
(difficulté supplémentaire), la fixation du prix au Cm qui maximise la richesse
collective entraîne un profit négatif pour l’entrepreneur. (=> c’est encore plus difficile
d’atteindre l’optimum social).

Dans ces conditions, que faire ? => Les règles de tarification (aperçu : celles qui
serviront pour les exercices) : on peut les classer selon 2 types de critères : solutions
de 1er ou de 2nd rang et selon qu’il y a discrimination tarifaire ou non (cf. tarification
linéaire ou non-linéaire) il y a discrimination tarifaire lorsqu' une même quantité de produit ou de
service est vendu à des prix différents sans que cette différence de prix soit justifiée par des considérations de
coût ou de qualité.
1) solutions qui ont pour objectif d’atteindre un optimum de premier rang
- Tarification au Cm et l’Etat subventionne le déficit du monopole [monopole
public ou réglementé]. Principe énoncé par Hotteling (1938). Pour financer le
déficit, l’Etat doit lever des impôts. Pour rester en 1er rang, il faut que ça soit
des impôts forfaitaires. Si ce n’est pas possible (tout impôt modifie l’allocation
des ressources), on passe à un optimum de second rang.
- Tarification non linéaire : exemple : tarification binôme : chaque
consommateur paye un forfait (abonnement) qui permet de couvrir le CF et
ensuite un prix égal au Cm de chaque unité consommée. Idée : puisque le
problème vient essentiellement du fait que dans les coûts, il y a une partie fixe
(importante) et une partie variable, on reproduit ce schéma dans la
tarification. Difficultés pratiques : il faut que l’entreprise connaisse le nombre
et l’identité des consommateurs potentiels avant même de faire
l’investissement auquel elle procédera après avoir fait signé à chacun un
contrat de long terme. Risque que certains consommateurs renoncent à la
consommation à cause d’un forfait trop élevé et si négociations à la baisse, les
recettes ne seront plus suffisantes pour couvrir le coût fixe.

2) solutions qui ont pour objectif d’atteindre un optimum de second rang (on
ajoute contrainte de : profit > ou égal à 0) – tarification de moindre mal
- Tarification au CM : second rang car ne permet pas de maximiser le surplus
collectif, mais permet au monopole d’avoir un profit nul, donc de produire
sans subvention (évite le problème des impôts distorsifs). Solution sans
discrimination (1 seul bien produit par le monopole).
- Tarification de Ramsey-Boiteux : 2nd rang car on cherche à déterminer les tarifs
tels que le surplus collectif soit maximum (prix le plus proche possible du Cm)
sous contrainte d’équilibre budgétaire de l’opérateur. Cas de multiproduction,
ce qui signifie d’une part que différents types de produits / services sont

5
offerts (par exemple 1ère et 2nde classe dans le train) et d’autre part que le même
service peut être proposé à des clientèles différentes et identifiables (étudiants,
personnes âgées… => différents segments de clientèle) pour lesquelles les prix
peuvent être différents => on va pouvoir segmenter / discriminer. Consiste à
faire payer à chaque catégorie d’usagers un prix dont l’écart par rapport au
Cm est lié à la valeur de l’élasticité prix de la demande. Les écarts (relatifs)
doivent être d’autant plus grand que les usagers sont plus captifs (attachés au
bien/service), cad inversement proportionnels aux élasticités-prix de la
demande.
pi − Cmi λ 1
=− × avec λ le multiplicateur de Lagrange associé à la
pi 1+ λ εi
contrainte budgétaire (profit = 0) et ε i l’élasticité-prix du bien i.

pi − Cmi α
Ou plus simplement : = avec α un coefficient qui conduit à
pi εi
l’équilibre budgétaire de l’entreprise.

Les usagers paient alors d’autant plus cher que le service leur est
indispensable. Les prix diffèrent du Cm donc pas pareto optimal (1er rang).

Les 2 approches (tarification au CM et Ramsey-Boiteux) sont identiques, mais l’un


s’applique quand on peut discriminer (quand le monopole produit plusieurs biens)
et l’autre quand on ne peut pas (quand le monopole produit un seul bien).

Attention aux problèmes d’information : méconnaissance de la fonction de coût et


de demande pour le régulateur (problèmes de connaissance des coûts très
importants : les entrepreneurs n’ont pas intérêt à révéler leurs coûts – asymétrie
d’information – problème d’aléa moral, d’antisélection – renvoie aux problèmes
soulevés par la théorie des contrats) et méconnaissance de la demande pour une
entreprise publique. D’autant plus difficile qu’on cherche à être au plus prêt de
l’optimum. Par exemple, discrimination tarifaire requièrent encore plus
d’information (sur les différents segments de la demande…).

Question 9.1. Règles de tarification


Un monopole public produit deux biens 1 et 2. On note respectivement Y1 , Y2 , p1 , p2 les quantités produites et les
prix. Les fonctions de coût total et de demande s’écrivent :
CT = Y1 + Y2 + 1
Y1 = 4 − p1
Y2 = 4 − 2 p2
a. Quels prix maximisent le profit du monopole ? Calculez le surplus collectif associé à cette situation de profit
maximal.

6
Les conditions de maximisation du profit imposent l’égalité de la recette marginale (Rm) et du
coût marginal (Cm) pour chaque bien (1 et 2).
On obtient facilement Cm :

∂CT ∂CT
Cm1 = =1 et Cm2 = =1
∂Y1 ∂Y2

Pour déterminer Rm, il faut tout d’abord définir la fonction de recettes totales (RT) qui définit le
chiffre d’affaires du monopole lorsque celui-ci produit la quantité Y, compte tenu du prix auquel
cette production peut être vendue. On a :

RT(Y)=p(Y)Y soit ici : RT = p1 (Y1 )Y1 + p 2 (Y2 )Y2


4 − Y2
En utilisant les fonctions de demande inverses : RT = (4 − Y1 )Y1 + ( )Y2
2
On obtient ainsi :
∂RT
Rm1 = = (4 − Y1 ) × 1 + (−1) × Y1 = 4 − 2Y1
∂Y1
∂RT 4 − Y2 1
Rm2 = =( ) × 1 + (− ) × Y2 = 2 − Y2
∂Y2 2 2

3
D’où, pour le bien 1 : 4 − 2Y1 = 1 , soit 2Y1 = 3 et Y1 =
2
On obtient ainsi la quantité de bien 1 permettant de maximiser le profit. On en déduit le prix du
3 5
bien 1 correspondant en utilisant la fonction de demande inverse du bien 1 : p1 = 4 − =
2 2

On procède de la même façon pour le bien 2 :


4 −1 3
2 − Y2 = 1 ⇒ Y2 = 1 ⇒ p2 = =
2 2

Le surplus collectif ou total (ST) correspond à la somme du surplus du consommateur (SC) et du


producteur (SP=∏) sur chaque marché.
Dans la situation que nous avons définie, on trouve alors :
4 − Y2
Profit total du monopole : ∏ = RT − CT = (4 − Y1 )Y1 + ( )Y2 − Y1 − Y2 − 1
2
3 3 4 −1 3 9 3 3 7
∏ = (4 − ) + ( )1 − − 1 − 1 = 6 − + − − 2 =
2 2 2 2 4 2 2 4

Le surplus des consommateurs sur le marché du bien 1 correspond à l’aire du triangle abc sur le
graphique :

7
Prix du
bien 1

a
4

c b
p1

Demande
Y1 4 de bien 1

1 1 1 5 1 3 1 9 9
SC1 = (4 − p1 )(Y1 − 0) = (4 − p1 ) 2 soit SC1 = (4 − ) 2 = ( ) 2 = × =
2 2 2 2 2 2 2 4 8

De la même manière, on peut calculer le surplus des consommateurs sur le marché du bien 2 :
1 1 3 1 1
SC 2 = (2 − p 2 )(Y2 − 0) = (2 − p 2 )(4 − 2 p 2 ) = (2 − p 2 ) 2 soit SC 2 = (2 − ) 2 = ( ) 2 =
2 2 2 2 4

On obtient ainsi :
9 1 7 25
ST = SC1 + SC 2 + ∏ = + + =
8 4 4 8

b. Quels prix maximisent le surplus collectif ? Calculez le surplus collectif et le profit de l’entreprise dans cette
situation.
Pour que le surplus collectif soit maximal, les prix des biens doivent être égaux aux Cm
correspondants, c’est-à-dire : p1 = p 2 = 1

[On peut le vérifier en écrivant ST en fonction de p1 et p2 :


1
ST = SC1 + SC 2 + ∏ = (4 − p1 ) 2 + (2 − p 2 ) 2 + p1Y1 + p 2Y2 − Y1 − Y2 − 1
2
1
ST = (4 − p1 ) 2 + (2 − p 2 ) 2 + p1 (4 − p1 ) + p 2 (4 − 2 p 2 ) − (4 − p1 ) − (4 − 2 p 2 ) − 1
2
1
ST = (4 − p1 ) 2 + (2 − p 2 ) 2 + (4 − p1 )( p1 − 1) + (4 − 2 p 2 )( p 2 − 1) − 1
2

ST est maximal lorsque p1 et p2 vérifient :


∂ST
= −(4 − p1 ) − ( p1 − 1) + 4 − p1 = 0
∂p1
∂ST
= −2(2 − p 2 ) − 2( p 2 − 1) + 4 − 2 p 2 = 0
∂p 2

8
et ceci implique effectivement p1=1 et p2=1.]

Dans cette situation, les surplus des consommateurs sont :


1 1 9
SC1 = (4 − p1 ) 2 = (3) 2 =
2 2 2
SC 2 = (2 − p 2 ) = 1
2

et le profit de l’entreprise est : ∏ = (4 − p1 )( p1 − 1) + (4 − 2 p 2 )( p 2 − 1) − 1 = −1

9 9
Le surplus total est donc : ST = +1−1 =
2 2

c. L’entreprise est soumise a une contrainte budgétaire : elle doit réaliser un profit nul. Quels prix maximisent le
surplus collectif sous cette contrainte supplémentaire ? Comparez les solutions obtenues dans les trois questions.
Les prix qui maximisent le surplus collectif sous la contrainte d’équilibre budgétaire du monopole
public sont les prix Ramsey-Boiteux.

2 méthodes : soit on utilise directement la propriété de Ramsey-Boiteux (1), soit on repart des
conditions et on résout le programme (2).

Méthode 1 : On sait que dans ce cas, les écarts relatifs entre le prix pi et le coût marginal Cmi
(pour chaque bien) sont inversement proportionnels à l’élasticité-prix de la demande de bien i (en
valeur absolue). On a donc :
pi − Cmi α
= i = 1,2
pi εi

α est un coefficient qui conduit à l’équilibre budgétaire de l’entreprise.


On a ici Cm1 = Cm2 = 1

Par ailleurs, on peut définir l’élasticité-prix de la demande pour chaque bien :


dY1 p1 p1
ε1 = − =
dp1 Y1 4 − p1

dY2 p 2 2 p2 p2
ε2 = − = =
dp 2 Y2 4 − 2 p 2 2 − p 2

Les prix Ramsey-Boiteux vérifient donc :

p1 − 1 4 − p1 p2 − 1 2 − p2
=α et =α
p1 p1 p2 p2

p1 − 1 = 4α − αp1 p 2 − 1 = 2α − αp 2

p1 (1 + α ) = 4α + 1 p 2 (1 + α ) = 2α + 1

9
4α + 1 2α + 1
p1 = p2 =
1+α 1+α

Le coefficient α doit être tel que le profit du monopole soit nul (contrainte d’équilibre
budgétaire). On doit donc avoir (on exprime ∏ en fonction de p1 et p2) :
∏ = p1Y1 + p 2Y2 − Y1 − Y2 − 1
= p1 (4 − p1 ) + p 2 (4 − 2 p 2 ) − (4 − p1 ) − (4 − 2 p 2 ) − 1
= (4 − p1 )( p1 − 1) + (4 − 2 p 2 )( p 2 − 1) − 1
=0

En remplaçant p1 et p2 par leur expression, on obtient :


4α + 1 4α + 1 2α + 1 2α + 1
(4 − )( − 1) + (4 − 2 )( − 1) − 1 = 0
1+α 1+α 1+α 1+α

4 + 4α − 4α + 1 4α + 1 − 1 − α 4 + 4α − 4α − 2 2α + 1 − 1 − α
( )( )+( )( ) =1
1+α 1+α 1+α 1+α

3(3α ) + 2α
=1
(1 + α ) 2

11α = (1 + α ) 2

11α = 1 + α 2 + 2α

α 2 − 9α + 1 = 0

Résolution d’un polynôme du second degré :


∆ = b 2 − 4ac = (−9) 2 − 4 = 77
− b ± ∆ 9 ± 77
Le polynôme admet donc 2 solutions : α = =
2a 2
Soit α = 0.1125 et α = 8.8875
Ces 2 valeurs donnent des prix p1 et p2 qui vérifient à la fois les conditions de Ramsey-Boiteux et
la condition d’équilibre budgétaire du monopole public.
4α + 1 2α + 1
Avec α = 0.1125 , on obtient : p1 = = 1 .3034 et p 2 = = 1.1011
1+α 1+α
4α + 1 2α + 1
Avec α = 8.8875 , on obtient : p1 = = 6 .6966 et p 2 = = 1.8989
1+α 1+α
Les conditions remplies sont nécessaires mais non suffisantes. La solution optimale correspond à
la valeur la plus petite du coefficient α puisque c’est celle qui conduit à s’écarter le moins des
Cm pour lesquels le surplus collectif est maximum.

Conclusion : Les prix qui maximisent le surplus collectif en respectant la contrainte budgétaire
sont : p1=1.3 et p2=1.1

Dans ce cas, le surplus collectif vaut :

10
1 1
SC1 = (4 − p1 ) 2 = (4 − 1.3) 2 = 3.64
2 2
SC 2 = (2 − p 2 ) = (2 − 1.1) 2 = 0.81
2

∏ = (4 − p1 )( p1 − 1) + (4 − 2 p 2 )( p 2 − 1) − 1 = (4 − 1.3)(1.3 − 1) + (4 − 2 × 1.1)(1.1 − 1) − 1 = 0

ST = 3.64 + 0.81 + 0 = 4.45

Méthode 2 :
Le calcul des prix de Ramsey-Boiteux peut être retrouvé par un calcul direct, dans lequel on
maximise la somme des surplus des consommateurs sous la contrainte de nullité du profit du
monopole, cad :
1
Max. (4 − p1 ) 2 + (2 − p2 ) 2
2
s.c. (4 − p1 )( p1 − 1) + (4 − 2 p 2 )( p 2 − 1) − 1 = 0

Soit λ un multiplicateur de Lagrange associé à cette contrainte. Le lagrangien du problème


précédent s’écrit :
1
L = (4 − p1 ) 2 + (2 − p 2 ) 2 + λ[(4 − p1 )( p1 − 1) + (4 − 2 p 2 )( p 2 − 1) − 1]
2
Ce qui conduit aux conditions d’optimalité :
∂L
= −(4 − p1 ) + λ (5 − 2 p1 ) = 0
∂p1
∂L
= − 2( 2 − p 2 ) + λ ( 6 − 4 p 2 ) = 0
∂p 2

Ceci implique :
− 4 + p1 + 5λ − 2λp1 = 0 et − 4 + 2 p 2 + 6λ − 4λp 2 = 0
p1 (1 − 2λ ) = 4 − 5λ p 2 (2 − 4λ ) = 4 − 6λ
4 − 5λ 2 − 3λ
p1 = p2 =
1 − 2λ 1 − 2λ

On remplace les expressions de p1 et p2 obtenues dans la contrainte de profit nul pour obtenir λ .
4 − 5λ 4 − 5λ 2 − 3λ 2 − 3λ
(4 − )( − 1) + (4 − 2 )( − 1) − 1 = 0
1 − 2λ 1 − 2λ 1 − 2λ 1 − 2λ
4 − 8λ − 4 + 5λ 4 − 5λ − 1 + 2λ 4 − 8λ − 4 + 6λ 2 − 3λ − 1 + 2λ
( )( )+( )( ) =1
1 − 2λ 1 − 2λ 1 − 2λ 1 − 2λ
− 3λ 3 − 3λ − 2λ 1 − λ
( )( )+( )( ) =1
1 − 2λ 1 − 2λ 1 − 2λ 1 − 2λ
− 9λ + 9λ 2 − 2λ + 2λ 2
+ =1
(1 − 2λ ) 2 (1 − 2λ ) 2
− 11λ + 11λ2 = 1 + 4λ2 − 4λ
7λ 2 − 7 λ − 1 = 0

Résolution d’un polynôme du second degré :


∆ = b 2 − 4ac = (−7) 2 + 28 = 77

11
− b ± ∆ 7 ± 77
Le polynôme admet donc 2 solutions : λ = =
2a 14
Soit λ = 1.1268 et λ = −0.1268
4 − 5λ 2 − 3λ
Avec λ = 1.1268 , on obtient : p1 = = 1.30 et p2 = = 1.10
1 − 2λ 1 − 2λ
4 − 5λ 2 − 3λ
Avec λ = −0.1268 , on obtient : p1 = = 3.70 et p2 = = 1.90
1 − 2λ 1 − 2λ
Le prix qui maximisent le surplus total sont ceux qui s’éloignent le moins du Cm. On retrouve
donc bien p1=1.3 et p2=1.1

Synthèse des résultats :

p1 P2 Y1 Y2 SC1 SC2 ∏ ST
Maximisation
2.5 1.5 1.5 1 1.13 0.25 1.75 3.13
du profit
Maximisation
du surplus 1 1 3 2 4.5 1 -1 4.5
collectif
Prix de
Ramsey- 1.30 1.10 2.70 1.80 3.64 0.81 0 4.45
Boiteux

Commentaire :
• La maximisation du surplus collectif conduit à aligner les prix sur les Cm. Ces derniers étant
constants, les consommateurs ne payent alors que les coûts variables et le monopole subit un
déficit égal au montant de ses coûts fixes (1). 1er rang
• La solution qui maximise le surplus collectif sous contrainte d’équilibre budgétaire de
l’entreprise apparaît comme une tarification de moindre mal, les écarts prix-Cm étant
inversement proportionnels à l’élasticité de la demande. A cet optimum de second rang, on a :
p1 1 .3 p2 1 .1
ε1 = = ≈ 0 .48 et ε2 = = ≈ 1.22
4 − p1 4 − 1 .3 2 − p 2 2 − 1 .1
La demande du bien 1 est moins élastique que la demande du bien 2 et en conséquence, l’écart
relatif prix-Cm est plus grand pour le bien 1 que pour le bien 2.
• La condition de maximisation du profit conduit aux niveaux de production les plus faibles. Le
profit est bien sûr le plus élevé possible, mais le surplus collectif est inférieur au niveau atteint
avec les prix Ramsey-Boiteux.

d. La meilleure solution est-elle informationellement parlant, facile à mettre en œuvre ?


La mise en pratique des recommandations de tarification des monopoles se heurte à d’importants
problèmes informationnels. Dans le cas d’un monopole public, se pose essentiellement le
problème de connaissance de la demande (il faut notamment connaître précisément l’élasticité-
prix de la demande de chaque bien pour chaque segment). Dans le cas d’un monopole privé
régulé par une autorité, s’ajoute le problème d’asymétrie d’information entre le producteur et le
régulateur. La régulation peut alors être pensée en termes de relation principal-agent dans laquelle
on suppose un déficit informationnel chez l’autorité de régulation (le principal), l’opérateur
(l’agent) disposant d’une connaissance privée de la technologie utilisée, de l’état des coûts
d’exploitation ou de la demande du marché.

Question 9.2. Discrimination.

12
La société Eaudevi fournit la ville de Bordelo en eau potable. Cette mission est considérée comme un service public,
si bien qu’un monopole a été donné à la société Eaudevi. La fonction de production du service est
c( y ) = 10 + 3 y . La demande d’eau potable est de la forme p ( y ) = 10 − y .

a. Quelle politique tarifaire doit-on adopter si l’autorité organisatrice de la distribution d’eau utilise le critère de la
maximisation du surplus total ?

Pour maximiser le surplus total, il faut adopter la tarification au Cm.


dc( y )
Cm = = 3 , donc p=3 et y=10-3=7
dy
Problème de cette tarification : ∏ = RT − CT = p ( y ) y − c( y ) = 10 y − y 2 − 10 − 3 y
∏ = − y 2 + 7 y − 10
Soit, avec y=7, ∏ = −10 = −CF
Avec cette tarification, le monopole produit à perte (profit négatif du montant des coûts fixes). Il
faut impérativement une subvention pour compenser.

b. La ville de Bordelo connaît des difficultés de trésorerie et ne peut plus couvrir les déficits de l’Eaudevi. Comment
concilier l’exigence d’équilibre budgétaire pour cette société en pénalisant au minimum les consommateurs électeurs ?

Tarification au CM (2nd rang sans discrimination).


c( y ) 10
CM = = +3
y y
10
D’où condition : + 3 = 10 − y 10 + 3 y = 10 y − y 2
y
y 2 − 7 y + 10 = 0
Résolution d’un polynôme du second degré :
∆ = b 2 − 4ac = (−7) 2 − 40 = 9
−b± ∆ 7± 9 7±3
Le polynôme admet donc 2 solutions : y = = =
2a 2 2
Soit y = {5,2}
Et donc p = {5,8}
Comme on cherche à maximiser le surplus collectif, donc il faut choisir le couple (p ; y) le plus
favorable aux consommateurs : p le moins élevé et y le plus élevé, soit y=5 et p=5

c. Le maire de Bordelo valorise plus particulièrement ses électeurs qui représentent la moitié de la population de la
ville. Leur poids dans la fonction de bien être social est donc plus élevé selon un paramètre alpha positif. Le surplus
1 1
collectif s’écrit maintenant W = α e S e + S ne + Π , avec e les paramètres associés aux électeurs du maire et
2 2
ne ceux associés aux autres électeurs. Quelle nouvelle règle de tarification doit-on adopter pour tenir compte des
préférences du maire de Bordelo ? Commentez.

On segmente le marché : 2 groupes valorisés différemment et donc à qui l’on peut faire payer des
prix différents. On passe donc à une solution de 2nd rang avec discrimination, c’est-à-dire au
principe de tarification à la Ramsey-Boiteux. Intuitivement on comprend que plus alpha est élevé
(plus le maire valorise ses électeurs), plus le prix pratiqué sur ce segment doit être proche du Cm.
On pourrait le montrer en résolvant le programme de maximisation du bien-être sous contrainte
de profit nul.

13

Vous aimerez peut-être aussi