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le forage d eau

Data · October 2016

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Michel Detay
Schematics Ltd
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Préface

Parmi tous les bienfaits de la nature, l’eau est sans doute le premier : pas de vie
sans eau, en effet.
Dans les lointains de l’histoire de notre planète, la vie commença dans les eaux et
s’y diversifia. Elle en sortit, il y a environ 400 millions d’années, pour se risquer à la
surface des continents, jusqu’alors déserts qu’ils fussent arides ou inondés de pluie.
Elle s’incarna dans le végétal, tributaire immobile du sol par ses racines, et dans
l’animal, libre mais condamné à la soif.
Vinrent les temps de l’Homme qui ajouta ses besoins propres, par sa nature
toujours nouveaux ; de l’agriculture à l’industrie et aux divers aspects des
civilisations, on peut dire qu’aujourd’hui la consommation d’eau par habitant est un
indice aussi sûr du niveau de développement que le PNB rapporté à la population.
Aussi sommes nous loin des solutions naturelles de l’eau qui coule, ou de l’eau
qui sourd, l’eau que l’on voit en somme, qui suffit pendant longtemps aux besoins des
peuplades nomades et clairsemées du Paléolithique.
Avec le Néolithique vinrent l’agriculture, l’élevage, et de là les villages ; la
sédentarisation, donc l’alimentation en eau.
Certes, dans un premier temps, les installations humaines restèrent proches des
cours d’eau et des sources, de l’eau qu’on voit ; la géographie s’en ressent encore de
nos jours, même dans les pays les plus développés.
Mais dans un deuxième temps vint l’idée des recherche d’eau qu’on ne voit pas ;
dans la terre, bien sûr, puisque l’eau en sort par les sources. Ce fut le temps des puits,
étape décisive dans la colonisation de l’espace terrestre.
Les besoins augmentant, à mesure des progrès de l’agriculture et des premières
ébauches d’industrie qui accompagnèrent le développement des villes, les puits n’y
suffirent plus : ce fut le temps des aqueducs, que l’antiquité connaissait et qui fut un
retour à l’eau qui se voit. Nous vivons encore ce temps là.
Ce ne fut qu’un répit. Car l’inexorable augmentation de la population, qui
conduisit à coloniser chaque jour davantage les espaces libres, conjuguée à la
croissance des villes menée par l’industrie et le commerce, demandait des ressources
en eau toujours plus abondantes.
Donc des ressources nouvelles. L’eau qui ne se voit pas était-elle l’une de celles-
ci ? Les puits pouvaient ils plus ?
L’idée du forage d’eau était née.
Elle a connue une fortune extrême, car le forage allait apporter de l’eau là où il
n’y en avait pas ; ou du moins plus, depuis longtemps, comme c’est le cas dans les
déserts, même s’il s’agit bien souvent de ressources non renouvelables, bref de mines
d’eau. Et que là où il pleuvait, le forage allait permettre de récupérer l’eau tombée et
infiltrée pendant l’année, même en dehors des saisons des pluies. Outre que le forage
VII Préfaces

recueille de l’eau que les processus naturels de filtration ont généralement rendue
pure.
Aussi, en nos temps sécuritaires, la notion de nappe est-elle devenue mythique,
c’est-à-dire médiatique, dès que le moindre sécheresse fait son apparition dans nos
pays pourtant non dépourvus. Et que dire des pays qui vivent aux franges des déserts,
dont l’avenir dépend de ces eaux souterraines dont on fait pourtant si peu de cas dans
les prospectives politiques.
Le forage d’eau est ainsi aujourd’hui la clef du maintien et du développement des
civilisations ; là où elles sont.
L’ouvrage de M. Michel DETAY nous décrit l’ensemble des démarches
scientifiques et techniques qui, par le forage, assurent l’humanité de son présent ; et
lui permettent son avenir.
Il sonne comme un rappel à l’ordre en ces temps de rêve récurrent d’un paradis
perdu qui n’exista jamais ; comme le rappel du rôle irréversible des sciences et des
techniques pour l’avenir de l’humanité.
Affaire d’eau, affaire de vie.
Affaire de forages.

Jean AUBOUIN
Membre de l’Institut
Table des matières
Préface .............................................................................................................................................. V
Table des matières ......................................................................................................................... VII
Contents ......................................................................................................................................... XV
Avant-propos ...............................................................................................................................XVII

I. Notions d’hydrogéologie .............................................................................................................. 1


1.1 Le cycle de l’eau ...................................................................................................................2
1.2 Les systèmes hydrologiques .................................................................................................4
1.2.1 Identification et alimentation ..................................................................................... 4
1.2.2 Concept de bilan d’eau .............................................................................................. 5
a) Bilan du bassin hydrologique ...................................................................................5
b) Bilan du bassin hydrogéologique ..............................................................................6
c) Bilan de l’aquifère .....................................................................................................6
1.3 Caractéristiques des aquifères ...............................................................................................7
1.3.1 Aquifère à nappe libre ................................................................................................ 9
1.3.2 Aquifère à nappe captive .......................................................................................... 10
1.3.3 Aquifère à nappe semi-captive ou à drainance ........................................................ 11
1.4 Caractéristiques du réservoir et de la nappe........................................................................12
1.4.1 Ecoulement de l’eau souterraine ............................................................................. 12
1.4.2 Loi de Darcy ............................................................................................................. 14
1.4.3 Perméabilité ............................................................................................................. 16
1.4.4 Porosité .................................................................................................................... 17
1.4.5 Paramètres hydrodynamiques .................................................................................. 18
a) Transmissivité .........................................................................................................18
b) Coefficient d’emmagasinement ...............................................................................19
c) Diffusivité ................................................................................................................20
1.5 Critères d’exploitation d’un aquifère ..................................................................................20
1.5.1. Evaluation de la réserve en eau .............................................................................. 21
1.5.2 Evaluation de la ressource ....................................................................................... 24
1.5.3 Stratégies de l’exploitation ...................................................................................... 24
1.6 Les méthodes de prospection ..............................................................................................24
1.6.1 Les études préliminaires .......................................................................................... 26
1.6.2 Les études de terrain ................................................................................................ 26
1.6.3 La Photo-interprétation ........................................................................................... 26
a) Photographie aérienne ............................................................................................26
b) Télédétection ...........................................................................................................27
1.6.4 Méthodes électromagnétiques .................................................................................. 27
1.6.5 Méthodes sismiques .................................................................................................. 28
a) Principe de la sismique réfraction ..........................................................................29
b) La sismique réflexion ..............................................................................................32
1.6.6 Méthodes électriques ................................................................................................ 33
a) Méthode des potentiels ............................................................................................34
b) Méthode des résistivités ..........................................................................................34
c) Sondages électriques ...............................................................................................35
d) Panneaux électriques ..............................................................................................39
1.6.7. La méthode gravimétrique ...................................................................................... 40
1.7 La chimie des eaux ..............................................................................................................42
1.7.1 Dissolution ............................................................................................................... 42
a) Les sels ....................................................................................................................42
b) Les gaz.....................................................................................................................42
1.7.2 Attaque chimique ...................................................................................................... 43
1.7.3 Caractéristiques physico-chimiques des eaux ......................................................... 44
a) Couleur des eaux .....................................................................................................44
b) Turbidité ..................................................................................................................44
c) pH ............................................................................................................................44
d) Conductivité ............................................................................................................45
IX Table des matières

e) Dureté ......................................................................................................................46
f) Alcalinité ..................................................................................................................46
g) Les substances chimiques dans l’eau ......................................................................47
1.7.4 Caractéristiques isotopiques .................................................................................... 48
1.7.5 Exigences qualitatives .............................................................................................. 49
1.8 Conclusion ..........................................................................................................................52

II. Procédures administratives...................................................................................................... 53


2.1 Dispositions de la loi sur l’eau ............................................................................................54
2.1.1 Police et gestion des eaux ........................................................................................ 55
2.1.2 Intervention des collectivités territoriales ............................................................... 57
a) Dans la gestion des eaux .........................................................................................57
b) Assainissement et distribution d’eau.......................................................................57
c) Dispositions diverses ...............................................................................................58
2.2 Préliminaires à la réalisation d’un forage ...........................................................................58
2.2.1 Intervention de l’hydrogéologue agréé .................................................................... 58
2.2.2 Demande d’autorisation ........................................................................................... 59
2.2.3 Possibilité d’achat de terrains ................................................................................. 60
2.3 Après la réalisation de l’ouvrage ........................................................................................60
2.3.1 Intervention de l’hydrogéologue agréé .................................................................... 60
2.3.2 Déclaration à la DDASS .......................................................................................... 61
2.3.3 Procédure de déclaration d’utilité publique ........................................................... 61
a) Procédure administrative ........................................................................................62
b) Instruction administrative ......................................................................................63
c) Préparation du dossier de DUP ..............................................................................64
d) Enquêtes .................................................................................................................64
e) Arrêtés de DUP et de cessibilité, publication au Bureau des Hypothèques ...........64
2.4 Aides financières .................................................................................................................66
2.4.1 Avant la réalisation du forage .................................................................................. 66
2.4.2 Réalisation du forage et connexions au réseau ........................................................ 66
2.4.3 Après la réalisation du forage.................................................................................. 67
2.5 Conclusion ..........................................................................................................................68

III. Réalisation d’un forage ........................................................................................................... 71


3.1 Les différentes techniques de forage ...................................................................................71
3.1.1 Forage par battage (percussion) ............................................................................. 72
3.1.2 Forage par havage ................................................................................................... 73
3.1.3 Forage rotary ........................................................................................................... 73
3.1.4 Forage au marteau fond de trou .............................................................................. 76
a) Le marteau fond de trou classique ..........................................................................76
b) Le système Odex en terrains non cohérents ............................................................76
3.2 Les fluides de forage ...........................................................................................................77
3.2.1 Propriétés des fluides de forage ............................................................................... 78
a) Densité ....................................................................................................................78
b) Viscosité ..................................................................................................................81
c) Cake et filtrat ...........................................................................................................81
d) pH ............................................................................................................................81
e) Teneur en sable .......................................................................................................81
f) Thixotropie ...............................................................................................................83
g) Conditionnement de la boue ...................................................................................83
3.2.2 Boues bentonitiques ................................................................................................. 83
a) Bentonite .................................................................................................................83
b) Boues spéciales pour marnes gonflantes ................................................................84
c) Boues à l’huile émulsionnée ....................................................................................85
3.2.3 Boues polymères ....................................................................................................... 85
a) Les polymères naturels............................................................................................85
b) Les polymères synthétiques .....................................................................................86
c) Boue polymère biodégradable ................................................................................86
3.2.4 Air comprimé ............................................................................................................ 88
X Table des matières

a) Forage au rotary .....................................................................................................88


b) Forage au marteau fond de trou .............................................................................88
3.2.5 Mousse stabilisée ..................................................................................................... 88
a) Mousse pour forage au rotary ................................................................................89
b) Mousse pour forage à l’air .....................................................................................89
3.3 Equipement des forages ......................................................................................................89
3.3.1 Tubages .................................................................................................................... 91
3.3.2 Crépines ................................................................................................................... 92
a) Ouverture ou slot des crépines................................................................................96
b) Positionnement des crépines ...................................................................................96
3.3.3 Massif filtrant ........................................................................................................... 99
3.4 Cimentation .......................................................................................................................101
3.4.1 Cimentation par l’extérieur du tubage ................................................................... 102
3.4.2 Cimentation par l’intérieur du tubage ................................................................... 103
a) Méthode du « float shoe » .....................................................................................103
b) Méthode du bouchon libre ....................................................................................104
c) Cimentation avec bouchon contrôlé ......................................................................104
d) Cimentations partielles .........................................................................................105
3.4.3 Tête de puits ........................................................................................................... 105
3.5 Développement des forages en formation alluviale ..........................................................105
3.5.1 Nettoyage ................................................................................................................ 106
3.5.2 Développement ...................................................................................................... 106
a) Méthodes de développement .................................................................................107
b) Principe du développement à l’émulseur ..............................................................113
c) Contrôle du développement ...................................................................................117
3.6 Conclusion ........................................................................................................................118

IV. Pompage d’essai ..................................................................................................................... 121


4.1 Concepts de base ...............................................................................................................121
4.1.1 La superposition des écoulements .......................................................................... 121
4.1.2 Influence de la mise en exploitation ....................................................................... 123
4.2 Métrologie .........................................................................................................................124
4.2.1 Choix et implantation des piézomètres .................................................................. 124
4.2.2 Méthodes de mesure ............................................................................................... 125
a) Mesure des débits ..................................................................................................125
b) Mesure des niveaux ...............................................................................................127
4.2.3 Mise en œuvre ........................................................................................................ 129
4.3 Pompages d’essai en régime permanent ...........................................................................129
4.3.1 Méthodologie .......................................................................................................... 130
4.3.2 Interprétation ......................................................................................................... 131
4.3.3 Notion de vitesse critique ....................................................................................... 132
4.3.4 Comparaison de plusieurs essais sur un même ouvrage ....................................... 134
4.3.5 Calcul des pertes de charges .................................................................................. 134
4.3.6 Détermination du débit d’exploitation maximum .................................................. 136
4.4 Pompages d’essai en régime transitoire ............................................................................136
4.5 Interprétation des pompages d’essai en nappe captive .....................................................138
4.5.1 Méthode bi-logarithmique de Theis ....................................................................... 139
4.5.2 Méthode semi-logarithmique de Jacob .................................................................. 144
a) Détermination de T ...............................................................................................146
b) Détermination de S................................................................................................146
4.5.3 Le rayon fictif ......................................................................................................... 148
4.5.4 Analyse de l’équation de Theis après arrêt du pompage ....................................... 149
4.5.5 Anomalies rencontrées dans la méthode graphique de Theis ................................ 151
4.5.6 L’effet de puits et la post-production ..................................................................... 151
4.6 Interprétation des pompages d’essai en nappe semi-captive ............................................157
4.6.1 Nappe semi-captive ................................................................................................ 158
a) Paramètre de drainance........................................................................................159
b) Facteur de drainance ............................................................................................160
4.6.2. Méthode bi-logarithmique de Hantush-Walton .................................................... 160
XI Table des matières

4.6.3 Méthode semi-logarithmique de Hantush-Berkaloff .............................................. 160


4.6.4 Méthode bi-logarithmique des cônes de rabattement de Jacob ............................. 163
4.7 Interprétation des pompages d’essai en nappes libres ......................................................164
4.7.1 Règles générales ..................................................................................................... 165
4.7.2 Nappe libre à fort rabattement ............................................................................... 165
4.7.3 Méthode bi-logarithmique de Boulton ................................................................... 167
4.7.4 Méthode semi-logarithmique de Berkaloff-Boulton ............................................... 171
4.8 Conclusion ........................................................................................................................172
Notation employée ........................................................................................................... 173

V. Contrôle et réception des travaux ......................................................................................... 175


5.1 Contrôles préliminaires au démarrage des travaux ...........................................................175
5.1.1 L’environnement .................................................................................................... 176
5.1.2 Le matériel ............................................................................................................. 177
5.1.3 L’implantation de l’ouvrage .................................................................................. 178
5.2 Les contrôles « au quotidien » ..........................................................................................178
5.2.1 La prise d’échantillons ........................................................................................... 179
5.2.2 Profondeur forée .................................................................................................... 180
5.2.3 Arrivées d’eau ........................................................................................................ 180
5.2.4 La conformité de l’équipement............................................................................... 180
5.2.5 Incidents particuliers ............................................................................................. 181
5.3 Les contrôles particuliers ..................................................................................................182
5.3.1 La détermination de la nature des terrains ............................................................ 182
a) Vitesse d’avancement ou de pénétration ...............................................................182
b) Pression sur l’outil ................................................................................................183
c) Percussion réfléchie ..............................................................................................183
d) Pression du fluide d’injection ...............................................................................183
e) Couple de rotation .................................................................................................183
f) Autres paramètres ..................................................................................................183
g) Traitement des données .........................................................................................184
5.3.2 Mesure de la perméabilité ...................................................................................... 184
5.3.3 Les diagraphies ...................................................................................................... 186
a) Carottage électrique .............................................................................................189
b) Carottage acoustique ............................................................................................189
c) Méthodes nucléaires ..............................................................................................190
d) Mesures des diamètres ..........................................................................................190
e) Mesures thermométriques .....................................................................................190
f) Micromoulinet ........................................................................................................191
g) Interprétation ........................................................................................................191
5.3.4 Essai des couches aquifères ................................................................................... 192
a) Méthode .................................................................................................................192
b) Relation entre rabattement et débit .......................................................................193
5.3.5 L’équipement .......................................................................................................... 194
a) La mise en place des tubes d’équipement .............................................................195
b) La mise en place du gravier additionnel ...............................................................197
c) La cimentation .......................................................................................................198
5.3.6 Le développement ................................................................................................... 199
5.3.7 Les pompages d’essai ............................................................................................. 199
5.3.8 Fiche de forage ...................................................................................................... 200
5.4 Réception des travaux de forage .......................................................................................202
5.4.1 Pompage de réception ............................................................................................ 203
5.4.2 Contrôle par caméra-vidéo .................................................................................... 203
5.4.3 Contrôle par diagraphie ........................................................................................ 204
5.5 Conclusion ........................................................................................................................204

VI. Gestion des ouvrages ............................................................................................................. 207


6.1 Protection du forage et du champ captant .........................................................................207
6.1.1 Régime des eaux souterraines ................................................................................ 208
6.1.2 Répercussion d’un pompage sur une nappe ........................................................... 208
XII Table des matières

a) Forme du cône de dépression ...............................................................................208


b) Evolution du cône de dépression ..........................................................................210
c) Ecoulement des nappes en condition de pompage ................................................211
6.1.3 Périmètres de protection ........................................................................................ 211
a) Estimation du pouvoir épurateur des terrains ......................................................213
b) Rabattement ..........................................................................................................215
c) Temps de transfert .................................................................................................215
d) Distance ................................................................................................................215
e) Limites d’écoulement.............................................................................................215
f) Etat des prescriptions techniques dans les pays de la CEE...................................215
g) Résumé ..................................................................................................................216
6.2 L’exploitation des captages ...............................................................................................218
6.3 Maintenance des captages .................................................................................................220
6.3.1 Eléments de base .................................................................................................... 221
6.3.2 Entretien régulier ................................................................................................... 221
6.3.3 Méthodes de contrôle ............................................................................................. 224
a) Suivi quantitatif .....................................................................................................224
b) Suivi qualitatif .......................................................................................................226
c) Contrôle des constituants ......................................................................................227
6.3.4 Moyens de contrôle ................................................................................................ 228
6.3.5 Périodicité des mesures .......................................................................................... 229
6.3.6. Résumé .................................................................................................................. 230
6.4 Vieillissement d’un ouvrage .............................................................................................231
6.4.1. Les phénomènes de corrosion ............................................................................... 231
a) Corrosion électrochimique ...................................................................................233
b) Corrosion bactérienne ..........................................................................................242
c) Résumé ..................................................................................................................246
6.4.2. Les phénomènes de colmatage .............................................................................. 250
a) Colmatage mécanique ...........................................................................................250
b) Colmatage chimique .............................................................................................253
c) Colmatage biologique ...........................................................................................255
6.4.3. Défaillances liées à la ressource ........................................................................... 259
a) Déficit pluviométrique ...........................................................................................259
b) Perturbations hydrauliques...................................................................................259
6.4.4. Défaillances liées à l’exploitation de l’ouvrage ................................................... 259
a) Surexploitation ......................................................................................................260
b) Exploitation inadaptée ..........................................................................................260
6.4.5. Diagnostic de vieillissement .................................................................................. 261
a) Indices précurseurs ...............................................................................................263
b) Recherche des causes ............................................................................................263
6.4.6. Résumé .................................................................................................................. 265
6.5 Protection des captages .....................................................................................................266
6.5.1. Protection passive des captages ............................................................................ 266
6.5.2. Protection cathodique des captages ...................................................................... 267
6.5.3. Choix des matériaux .............................................................................................. 268
6.6 Réalimentation de nappe ...................................................................................................269
6.6.1 Le colmatage du dispositif de réalimentation ........................................................ 270
6.6.2 Le fonctionnement de la réalimentation ................................................................. 271
6.7 L’effet de berge .................................................................................................................273
6.7.1 La problématique ................................................................................................... 274
6.7.2 Choix du site d’étude .............................................................................................. 275
6.7.3 Géologie et hydrodynamique du site ...................................................................... 276
6.7.4 Caractérisation du système biogéochimique ......................................................... 276
6.7.5 Résumé ................................................................................................................... 279
6.8 Conclusion ........................................................................................................................280

VII. Réhabilitation des forages ................................................................................................... 281


7.1 Traitement de l’ensablement .............................................................................................283
7.1.1 Dispositif de distribution uniforme d’afflux ........................................................... 286
XIII Table des matières

7.2 Traitement du colmatage mécanique ................................................................................286


7.2.1 Traitement physique ............................................................................................... 287
a) Pompage à l’émulseur ..........................................................................................287
b) Surpompage contrôlé ............................................................................................287
c) Traitement à l’air comprimé .................................................................................287
d) Injection d’eau ......................................................................................................288
7.2.2 Traitement chimique............................................................................................... 289
7.3 Traitement du colmatage par les carbonates .....................................................................294
7.3.1 Traitement préventif aux polyphosphates .............................................................. 297
7.3.2 Traitements mécaniques ......................................................................................... 298
a) Grattage ................................................................................................................298
b) Emploi d’explosifs .................................................................................................298
7.3.3 Traitement à l’acide ............................................................................................... 299
a) Principe de l’acidification .....................................................................................299
b) Introduction d’adjuvants .......................................................................................300
c) Réalisation de l’acidification ................................................................................300
d) Un exemple d’acidification ...................................................................................302
7.4 Traitement du colmatage fer-manganèse ..........................................................................304
7.5 Traitement du colmatage biologique.................................................................................305
7.5.1 Evaluation du volume d’aquifère contaminé ......................................................... 308
7.5.2 Détermination des cylindres successifs à traiter ................................................... 309
7.5.3 Protocole de traitement .......................................................................................... 311
7.5.4 Traitement à l’hypochlorite de sodium .................................................................. 313
7.6 Régénération après corrosion ............................................................................................316
7.6.1 Les actions préventives .......................................................................................... 316
7.6.2 Le contrôle ............................................................................................................. 317
7.6.3 La réhabilitation..................................................................................................... 317
7.6.4 Traitement de la corrosion chimique ..................................................................... 318
7.6.5 Traitement de la corrosion électrochimique .......................................................... 319
7.6.6 Traitement de la corrosion bactérienne ................................................................. 319
7.7 Nettoyage et pompage .......................................................................................................319
7.8 La vétusté ..........................................................................................................................320
7.9 Rappel des dispositions à prendre .....................................................................................321
7.10 Abandon d’un ouvrage ....................................................................................................322
7.11 Conclusion ......................................................................................................................323

VIII. Les outils de gestion............................................................................................................ 327


8.1 L’informatique ..................................................................................................................328
8.2 Les outils de gestion ..........................................................................................................330
8.2.1 Les outils d’étude ................................................................................................... 331
8.3 Les outils interdisciplinaires ............................................................................................. 332
8.3.1 La gestion patrimoniale ......................................................................................... 334
8.3.2 La gestion temporelle ............................................................................................. 336
8.3.3 La gestion stratégique ............................................................................................ 337
8.4 Evolutions et perspectives .................................................................................................339
8.4.1 L’intérêt des hydrogéologues pour ces nouvelles technologies ............................. 341
8.4.2 L’informatique en tant qu’outil de communication avancée ................................. 341
8.5 Conclusion ........................................................................................................................342

IX. Conclusions ............................................................................................................................ 343


XIV Table des matières

X. Orientation bibliographique .................................................................................................. 347


Bibliographie de base ..............................................................................................................347
Bibliographie fondamentale ....................................................................................................348
Bibliographie - principales publications scientifiques ............................................................350
Principales revues ...................................................................................................................362
Principales associations professionnelles................................................................................365

Annexes ......................................................................................................................................... 367

Index .............................................................................................................................................. 375


Contents
Preface .............................................................................................................................................. V
Contents ......................................................................................................................................... XV
Foreword ......................................................................................................................................XVII

I. General Hydrogeology ................................................................................................................. 1


1.1 The water cycle .....................................................................................................................2
1.2 The hydrologic systems ........................................................................................................4
1.3 Aquifer characteristics ..........................................................................................................7
1.4 Characteristics of reservoirs and aquifers ...........................................................................12
1.5 Exploitation criteria.............................................................................................................20
1.6 Groundwater exploration methods ......................................................................................24
1.7 Groundwater chemistry .......................................................................................................42
1.8 Conclusion ..........................................................................................................................52

II. Groundwater Law .................................................................................................................... 53


2.1 The French water law ..........................................................................................................54
2.2 Legislation and procedures before drilling .........................................................................58
2.3 Legislation and procedures after drilling ............................................................................60
2.4 Financial aids ......................................................................................................................66
2.5 Conclusion ..........................................................................................................................68

III. Drilling realization .................................................................................................................. 71


3.1 Well drilling methods .........................................................................................................71
3.2 Drilling fluids ......................................................................................................................77
3.3 Water well design................................................................................................................89
3.4 Cementation ......................................................................................................................101
3.5 Development of water wells .............................................................................................105
3.6 Conclusion ........................................................................................................................118

IV. Well hydraulics ...................................................................................................................... 121


4.1 Basic concepts ...................................................................................................................121
4.2 Metrology ..........................................................................................................................124
4.3 Equilibrium well equation .................................................................................................129
4.4 Nonequilibrium well equation ..........................................................................................136
4.5 Pumping test in a confined aquifer ....................................................................................138
4.6 Pumping test in a leaky aquifer .........................................................................................157
4.7 Pumping test in an unconfined aquifer ..............................................................................164
4.8 Conclusion ........................................................................................................................172

V. Control and acceptance test ................................................................................................... 175


5.1 Preliminary controls ..........................................................................................................175
5.2 Day to day controls ...........................................................................................................178
5.3 Specific controls ................................................................................................................182
5.4 Drilling acceptance tests ...................................................................................................202
5.5 Conclusion ........................................................................................................................204

VI. Groundwater management ................................................................................................... 207


6.1 Sanitary zone definition ....................................................................................................207
6.2 Well efficiency ..................................................................................................................218
6.3 Water well maintenance ....................................................................................................220
XVII Contents

6.4 Obsolescence of a well ......................................................................................................231


6.5 Protection of wells ............................................................................................................266
6.6 Artificial realimentation of aquifers ..................................................................................269
6.7 River bank effects .............................................................................................................273
6.8 Conclusion ........................................................................................................................280

VII. Rehabilitation of water wells .............................................................................................. 281


7.1 Sand intrusion treatment ...................................................................................................283
7.2 Mechanical and physical clogging treatment ....................................................................286
7.3 Carbonate clogging treatment ...........................................................................................294
7.4 Fe-Mn clogging treatment .................................................................................................303
7.5 Bacteria clogging treatment ..............................................................................................304
7.6 Regeneration after corrosion .............................................................................................315
7.7 Cleaning and pumping ......................................................................................................318
7.8 The role of the well age.....................................................................................................319
7.9 General preventive maintenance technics .........................................................................320
7.10 Abandonmement of wells ...............................................................................................321
7.11 Conclusion ......................................................................................................................322

VIII. Management tools .............................................................................................................. 327


8.1 The computer role .............................................................................................................328
8.2 General management tools ................................................................................................330
8.3 Interdisciplinary tools .......................................................................................................332
8.4 Evolution and perspectives ...............................................................................................339
8.5 Conclusion ........................................................................................................................342

IX. General conclusions ............................................................................................................... 343

X. References ................................................................................................................................ 347


Basic references ......................................................................................................................347
Fundamental references ..........................................................................................................348
Main scientific references .......................................................................................................350
Main publications ....................................................................................................................362
Main associations ....................................................................................................................365

Appendices..................................................................................................................................... 367

Index .............................................................................................................................................. 375


XIX Avant-propos

Avant-propos
Cet ouvrage n’exige pas de connaissances approfondies en hydrogéologie. La
priorité est donnée aux applications et expérimentations de terrain. Il a été conçu dans
le but de donner aux exploitants de forages d’eau les éléments indispensables à la
gestion de la ressource souterraine et de faciliter la compréhension spatiale et
temporelle des mécanismes hydrogéologiques. En effet, l’hydraulique souterraine est
complexe à appréhender et il est difficile d’imaginer l’allure d’une nappe en
exploitation, la nature et l’évolution des creux piézométriques, les sens d’écoulement,
les limites d’exploitation, les risques potentiels de pollution, les vitesses de
propagation, les interférences d’un ouvrage sur les autres au sein d’un même champ
captant, etc.
La démarche est volontairement orientée vers les méthodes et les techniques
d’acquisition, de traitement et de synthèse des données hydrauliques ; enfin, elle est
appliquée à la résolution de problèmes concrets d’exploitation des forages d’eau.
L’ouvrage poursuit plusieurs objectifs essentiels :
— exposer les concepts de base de la gestion des forages d’eau, c’est-à-dire
guider le lecteur dans l’acquisition d’une discipline de pensée et de travail aboutissant
à une conception dynamique de l’ensemble aquifère-ouvrage de captage-
environnement ;
— aider à acquérir la connaissance technique, indispensable à la
compréhension des phénomènes impliqués. Aussi avons-nous choisi d’exclure,
délibérément, les développements théoriques qui n’aboutissent pas à des applications
pratiques facilement reproductibles. Les références bibliographiques par ailleurs
permettent aux lecteurs d’approfondir tel ou tel point s’ils le souhaitent ;
— permettre d’assimiler le langage du métier d’exploitant d’eau souterraine,
nécessaire au dialogue entre les nombreux spécialistes des Sciences de l’Eau et base
de leur collaboration ;
— amener à prévoir et être conscient des problèmes potentiels, pour pouvoir
réagir à bon escient, identifier les problèmes et les hiérarchiser. En effet, mettre en
route une exploitation signifie prévoir les difficultés par avance, et, par là-même,
chercher à les éviter. Les problèmes auxquels nous devons faire face aujourd’hui sont
à la fois universels et interdépendants ;
— contribuer à intégrer la dimension du problème. L’hydrogéologie a pour
objectif de prévoir le comportement des ressources en eau mises en exploitation.
Cette prévision doit être opérée non seulement à long terme mais également à longue
distance, et en trois dimensions. Les notions locales doivent être abandonnées pour
intégrer le forage dans son environnement géologique, écologique et industriel. Enfin,
eau souterraine et eau superficielle ne sont plus dissociables ;
— favoriser l’utilisation d’outils de gestion de la ressource qui font appel au
traitement de l’information acquise : données patrimoniales des forages recueillies
dans des bases de données, données dynamiques de l’évolution des caractéristiques
hydrodynamiques des forages dans le temps, données d’environnement, contexte
légal et opérationnel, modélisation.
XX Avant-propos

L’ouvrage est composé de neuf chapitres, présentés suivant une démarche


chronologique :
— Les notions d’hydrogéologie visent à jeter les bases de l’hydraulique
souterraine en précisant les intéractions entre eau souterraine et eau superficielle.
Elles sont complétées par les principales méthodes de prospection en hydrogéologie,
les critères d’exploitation de la ressource et, enfin, les bases essentielles à la
compréhension de la chimie des eaux, l’exigence qualitative étant un élément
essentiel pour l’exploitant.
— Les procédures administratives ont été résumées de manière à bien
comprendre les aspects légaux et opérationnels à mettre en œuvre lors de la
réalisation d’un captage et pour sa protection à long terme. Elles ont été synthétisées
en une quinzaine de pages rendant compte de la procédure. Cette synthèse à été
réalisée en tenant compte du contexte parisien. De ce fait des adaptations aux
contraintes locales et aux modifications dues aux futurs décrets d’application de la loi
sur l’eau. Cette synthèse est complétée par un sous-chapitre concernant les aides
financières que sont susceptibles d’obtenir les exploitants pendant et après la
réalisation d’un captage.
— La réalisation d’un forage résume les principales techniques de forage, les
fluides de foration, la mise en place et le dimensionnement des équipements, les
méthodes de cimentation et le développement des forages. Ce chapitre vise à une
bonne compréhension des différentes étapes de la réalisation de l’ouvrage. Il précise
l’état de l’art et donne à l’exploitant les moyens de contrôler le bon déroulement des
travaux.
— Le chapitre pompage d’essai précise les principales méthodes d’interprétation
des pompages pour identifier les caractéristiques de l’ouvrage et de l’aquifère. Il est
essentiel que l’exploitant puisse identifier correctement les caractéristiques de ses
forages et de ses nappes, base fondamentale de la gestion des champs captants. C’est
le chapitre le plus « numérique » et de nombreux exemples concrets sont présentés de
manière à faciliter la compréhension. Nous nous sommes volontairement limités à
des aquifères relativement simples. Pour des recherches plus complexes, il
conviendra de faire appel à des spécialistes.
— Le contrôle et la réception des travaux indiquent les points qu’il est impératif
de surveiller pendant la réalisation d’un forage. Les éléments importants à contrôler
avant, pendant et après la réalisation de l’ouvrage sont présentés et discutés. C’est un
chapitre essentiel pour toute personne ayant à suivre, puis à réceptionner un forage.
— Le chapitre gestion des ouvrages jette les bases de la protection des forages,
de leur maintenance et de la gestion des champs captants. Il introduit la notion de
vieillissement des ouvrages et les problèmes qu’il engendre pour l’exploitant.
— La réhabilitation des forages est une synthèse des différentes techniques
existant pour réhabiliter un forage. On y trouve notamment une panoplie de
techniques de traitement du colmatage en fonction des phénomènes observés,
chimiques, physiques et biologiques.
— Les outils de gestion présentent rapidement les moyens modernes de suivi,
d’archivage et de gestion des données.
— Enfin, on trouve en annexe des tables de calculs nécessaires à l’interprétation
des pompages d’essai et une bibliographie présentée sous une forme opérationnelle
avec les ouvrages essentiels, les articles de fond, les principales revues et les
principales associations professionnelles françaises et internationales.
XXI Avant-propos

Cet ouvrage regroupe un très grand nombre d’informations pratiques. Il est le


fruit de plusieurs années de travail et de synthèse. Si toutes les techniques présentées
ne sont pas innovantes elles ont le mérite d’être mises à disposition dans un seul et
même ouvrage et d’y être facilement consultables dans un langage compréhensible
par des techniciens. Elles proviennent à la fois d’expériences propres à Lyonnaise des
Eaux-Dumez mais également, et dans une grande majorité, à des synthèses
bibliographiques et à des cas concrets issus de l’expérience de l’auteur.
L’hydrogéologie n’est pas une science nouvelle bien qu’elle soit en constante
évolution. Ainsi de nombreux exemples sont empruntés à : G. CASTANY,
J. MARGAT, Y. EMSELLEM, G. de MARSILY, H. SCHOELLER, M. CASSAN,
J. FORKASIEWICZ, E. BERKALOFF, A. MABILLOT, H. CAMBEFORT, R. BREMONT,
J. GOGUEL, H. DARCY, C. LOUIS, J-J FRIED, E. LEDOUX, G. SCHNEEBELI,
M. HUG, A. HOUPEURT, J-C ROUX, R. LAUGA, B. GENETIER, C. MEYER DE
STADELHOFEN, CH. V. THEIS, H. BOUWER, W. WALTON, J. MOUTON, R. BOWEN,
SN. DAVIS, R. DEWIEST, J. BEAR, V.T. CHOW, A. VERRUIJT, M.S. HANTUSH,
F.G. DRISCOLL, ...
De nombreuses idées présentées ici sont dues à différents collaborateurs de
Lyonnaise des Eaux-Dumez, du Centre International de Recherche Sur l’Eau et
l’Environnement (CIRSEE), de la SAFEGE et de DEGREMONT. Je tiens à
remercier tout particulièrement Serge BORCHIELLINI et Pierre SUZANNE pour leur
contribution. De nombreux autres spécialistes ont également participé à la réalisation
de ce livre par leurs commentaires, corrections et soutiens. Je pense notamment aux
agences de bassin, à des bureaux d’études, des foreurs, des universitaires, des
chercheurs et des industriels. Qu’ils en soient ici remerciés.
Les techniques d’action sur les eaux souterraines sont appelées à occuper une
place de choix dans l’hydrogéologie du XXIe siècle. En effet, si les grands contextes
hydrogéologiques sont maintenant bien connus, si l’identification des paramètres et
des lois qui régissent les eaux souterraines est clairement établie, si la modélisation
des aquifères est devenue chose commune, les méthodes d’action sur les eaux
souterraines sont les outils indispensables pour une gestion consciente de
l’environnement en respectant les écosystèmes aquatiques. Il devient urgent pour
l’homme d’agir et de faire agir sur ce patrimoine.
On perçoit bien, dans nos sociétés modernes, que le formidable enjeu représenté
par la maîtrise de l’eau, exige des réponses de plus en plus fines. L’eau souterraine
est un élément essentiel de cet enjeu. Ceci souligne toute l’importance des travaux
présentés ici dans cette synthèse. Ils sont le résultat d’un savoir-faire considérable
qu’il faudra encore accroître pour pouvoir demain posséder des outils à la hauteur de
cet enjeu.

Le Vésinet, le 5 janvier 1992.


CHAPITRE I

Notions d’hydrogéologie
« Pour commander à la nature, il faut obéir à
ses lois »
F. Bacon

Dans la dernière décennie les techniques de recherche, d’exploitation et de


protection ont beaucoup progressé et ont permis une meilleure compréhension des
eaux souterraines et de leur intégration dans le cycle de l’eau.
Quel pourrait être le but des techniques d’action sur les eaux souterraines si ce
n’est, à terme, une gestion intégrée de l’eau et de l’environnement. Dire que « si l’on
n’améliore pas considérablement la gestion des ressources en eau, l’avenir de
l’espèce humaine et de bien d’autres espèces est compromis » est devenu un lieu
commun. En ce siècle d’explosion technologique, la méconnaissance de
l’hydraulique souterraine ainsi que le rôle d’avant-garde des méthodes modernes
d’action sur les eaux souterraines entraîneraient vite un état de sous-développement
ou de sous-exploitation des ressources en eau.
A terme, les moyens d’action sur le milieu aquatique doivent intégrer les
écosystèmes, la problématique hydrogéologique mais également les eaux de surface
dans le contexte beaucoup plus vaste de l’hydrosphère. Cette approche permet de
caler des modèles intégrés, modèles d’exploitation, de réalimentation, d’alerte à la
pollution, etc. Il devient ainsi possible d’agir sur ce que l’on pourrait appeler le
paysage hydrogéologique.
Le mouvement de l’eau dans le sol et le sous-sol représente une étape d’un grand
circuit à la surface de la terre : le cycle global de l’eau.
L’infiltration est la principale source d’approvisionnement des nappes
souterraines. Elle provient des précipitations efficaces, c’est-à-dire la partie des
précipitations qui n’est pas reprise par le ruissellement ou l’évapotranspiration.
L’infiltration entretient par son action un flux constant qui alimente les nappes. Cela
explique que dans la quasi-totalité des pays où il pleut, le sous-sol renferme de l’eau.
Cette teneur en eau est fonction de différents paramètres hydrodynamiques de
l’aquifère tels que la porosité, la perméabilité ou le coefficient d’emmagasinement
des roches. En dessous d’une certaine cote (surface de la nappe), la teneur en eau
n’augmente plus avec la profondeur : le sol est saturé. Soulignons que l’eau est
soumise aux forces de gravité dans la partie saturée du sol et aux forces de capillarité
dans la partie non saturée. La circulation de l’eau dans les nappes obéit aux lois de
l’hydraulique souterraine et demeure soumise à divers paramètres tels que la
transmissivité, le gradient de charge hydraulique ou le coefficient de perméabilité.
D’autres paramètres tels que configuration et structure des aquifères, permettent de
préciser ce schéma général.
Notions d'hydrogéologie 2

L’hydrogéologie est la science qui étudie les modalités de stockage et


d’écoulement de l’eau souterraine. Toute les études et évaluations doivent s’effectuer
sur une unité d’espace (bassin hydrologique, bassin hydrogéologique et aquifère) et
se rapporter à une durée moyenne. Ce chapitre constitue une présentation sommaire
de l’hydrogéologie et de ses méthodes.

1.1 Le cycle de l’eau


Afin de mieux comprendre l’origine, le stockage et l’écoulement des eaux
souterraines, il est nécessaire d’appréhender les modalités du cycle de l’eau, c’est-à-
dire la répartition et la circulation de l’eau sur la terre.
La répartition des volumes d’eau dans les différents réservoirs naturels est
statistiquement la suivante :
— océans : 1 320 millions de km3, soit 97,20 % du volume total des eaux,
— neiges et glaces : 30 millions de km3 (2,15 %),
— eaux souterraines à moins de 800 mètres : 4 millions de km3 (0,31 %),
— eau souterraines à plus de 800 mètres : 4 millions de km3 (0,31 %),
— terrains non saturés : 0,07 millions de km3 (0,005 %),
— lacs d’eau douce : 0,12 millions de km3 (0,009 %),
— lacs d’eau salée : 0,10 millions de km3 (0,008 %),
— rivières et fleuves : 0,001 millions de km3 (0,0001 %),
— atmosphère : 0,013 millions de km3 (0,001 %).
Le cycle global commence par l’évaporation de l’eau qui, sous l’influence de
l’énergie solaire, est transformée en vapeur d’eau. L’évaporation a lieu à partir des
surfaces d’eau libre (océans, mers, lacs, fleuves) et de la végétation. Dans ce dernier
cas, on parle de transpiration. Ces deux phénomènes, évaporation et transpiration,
sont regroupés sous un seul terme : l’évapotranspiration. Dans un deuxième temps,
cette vapeur se condense sous forme de nuages qui donnent naissance aux
précipitations (pluies et neiges). Celles-ci représentent la quasi totalité des apports
d’eau au sol (cf. figure 1-1).
Trois processus interviennent alors :
— Une partie des précipitations s’écoule vers le réseau hydrographique et les
surfaces d’eau libre : c’est le ruissellement de surface.
— Une autre partie s’infiltre dans le sous-sol et contribue à l’alimentation des
eaux souterraines : c’est l’infiltration.
— Une dernière partie, enfin, s’évapore et réintègre le cycle. Dans le cas de la
neige, l’évaporation a lieu sous forme de sublimation (passage de l’état solide à l’état
gazeux).
On considère qu’en France, il y a une moyenne de 55 % de réévaporation, 25 %
de ruissellement et 20 % d’infiltration.
Le cycle de l'eau 3

AT M O S P H E R E

interceptée
Pluie
3
Précipitations

VEGETATION

Précipitations

Evaporation

Précipitations

Evaporation
NEIGE ET
GLACES

SURFACE DU SOL
1
Infiltration

Ascention
capillaire

COURS
D'EAU
ET LACS

TERRAINS NON SATURES 2


Infiltration

Ascention
capillaire

2 1

AQUIFERES 2 MERS ET
OCEANS

Figure 1-1
Représentation schématique du cycle de l’eau avec : 1 écoulements superficiels,
2 écoulements souterrains, 3 évapotranspiration, (d’après EAGLESON, 1970).

Le cycle de l’eau peut donc se traduire par une équation qui représente le bilan
hydrologique :

P=E+R+I

avec :
E : évapotranspiration,
P : précipitations,
R : ruissellement,
I : infiltration.
Le cycle de l'eau 4

Nous avons volontairement négligé les eaux profondes, dites juvéniles, car leur
apport est insignifiant en regard des volumes des eaux de surface.

1.2 Les systèmes hydrologiques


Un système hydrologique est un système dynamique, séquence d’espace et de
temps, fraction du cycle de l’eau. Il est identifié par des caractéristiques spatiales et
temporelles. On distingue trois types de systèmes hydrologiques :
— le bassin hydrologique,
— le bassin hydrogéologique,
— l’aquifère avec sa nappe d’eau souterraine.

1.2.1 Identification et alimentation


Les caractéristiques physiques et les critères d’alimentation des systèmes
hydrologiques sont les suivantes :
— Le bassin hydrologique est circonscrit par les lignes de crêtes topographiques,
délimitant le bassin versant d’un cours d’eau et de ses affluents.
La source unique d’alimentation du bassin hydrologique, supposé clos, provient
des précipitations efficaces. Elles représentent la quantité d’eau fournie par les
précipitations qui reste disponible à la surface du sol, après soustraction des pertes
par évapotranspiration réelle. Des formules empiriques ont été établies pour estimer
les fuites par évapotranspiration potentielle ou réelle. Les plus utilisées sont celles de
L. TURC (1954) et C.W. THORNTHWAITE (1948).
— Le bassin hydrogéologique est la fraction de l’espace du bassin hydrologique
située sous la surface du sol. C’est le domaine des eaux souterraines. Ses limites sont
imposées par la structure géologique. L’alimentation du bassin hydrogéologique se
fait par infiltration des précipitations efficaces.
— L’aquifère, identifié par son contexte géologique, est l’unité de domaine
d’étude des eaux souterraines. Le bassin hydrogéologique est constitué d’un ou
plusieurs aquifères. L’aquifère est alimenté par l’infiltration efficace, c’est-à-dire la
quantité d’eau qui parvient à la nappe.
Par ailleurs, toutes les données relatives à un système considéré doivent être
rapportées à une date donnée ou à une durée moyenne déterminée, en général
annuelle. Le traitement des données doit répondre à deux conditions impératives :
• période hydrologique la plus longue possible, choisie en rapport avec la
durée de l’historique des mesures (dix ans minimum),
• fréquence la plus courte possible, compatible avec celle des mesures
(quotidienne, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle).
L’exploitation d’un captage d’eau souterraine introduit un certain nombre de
perturbations dans le régime hydrodynamique de la nappe. Il est important de les
connaître parfaitement afin de déterminer les principales caractéristiques de
l’ouvrage. Toutefois, avant d’étudier l’effet de ces perturbations, il convient
d’élucider aussi complètement que possible le régime initial. Ceci exige que la
connaissance de la surface piézométrique soit complétée par une estimation des
débits et un véritable bilan des eaux entrant ou sortant de la nappe.
Les systèmes hydrologiques 5

1.2.2 Concept de bilan d’eau


Le calcul du bilan d’eau est un moyen de contrôle de la cohérence des données
relatives à l’alimentation et aux écoulements des systèmes hydrologiques. Il permet
d’avoir une idée de l’équilibre hydrologique d’un système. Cet équilibre traduit, en
régime naturel, l’égalité des débits des apports et des débits des écoulements. Cette
égalité découle de l’équilibre du cycle de l’eau et schématise le comportement
hydrodynamique du système considéré. Pour une courte durée d’observation, il est
parfois nécessaire de faire intervenir la différence de réserve (ΔW) qui peut être
positive ou négative :
débits des apports = débits des écoulements ± ΔW
En régime influencé, l’expression du bilan devient :
débits des apports naturels + débits importés = débits des écoulements + débits
des prélèvements ± ΔW
Les différentes composantes des bilans, exprimées en termes de débits, sont
regroupées sur le tableau I-I.

TABLEAU I-I — Composants des bilans hydrologiques


(d’après G. CASTANY, 1982).

Débits des apports Débits des pertes et écoulements


BASSIN HYDROLOGIQUE
Précipitations Evapotranspiration potentielle
Précipitations efficaces Evapotranspiration réelle
Ecoulement total
BASSIN HYDROGEOLOGIQUE
Débit d’alimentation Ecoulement souterrain
Infiltration Prélèvements
AQUIFERE
Infiltration efficace
Différence de réserve ΔW

a) Bilan du bassin hydrologique


Comme nous l’avons vu précédemment, dans le bassin hydrologique, les apports
sont fournis par les précipitations efficaces, PE, et les sorties par le débit de
l’écoulement total, QT.
Les systèmes hydrologiques 6

A titre d’exemple, le bilan moyen annuel du bassin hydrologique de l’Hallue (Somme).


Période 1966-1970. La superficie du bassin est de 219 km2.
PE ≠ QT
50 hm3/an ≠ 52 hm3/an
Nous voyons que PE est très voisin de QT. La différence de 2 hm3/an étant du même
ordre de grandeur que la précision des mesures (10 à 15 %).
Le bilan moyen annuel du bassin hydrologique de la Zorn (versant oriental des Vosges).
Superficie 682 km2. Période 1959-1962.
Comme nous l’avons vu, sur de courtes périodes, il faut tenir compte d’une différence de
réserve, ΔW. Dans cet exemple, ΔW = 92 hm3/an.
PE = QT + ΔW
373 hm3/an = 175 hm3/an + 92 hm3/an

b) Bilan du bassin hydrogéologique


Les débits des apports sont ici représentés par l’infiltration, I, et les sorties par le
débit de l’écoulement souterrain, QW.
Le bilan moyen annuel du bassin hydrogéologique de l’Hallue.
I = QW
48 hm3/an = 48 hm3/an

c) Bilan de l’aquifère
Le débit des apports est l’infiltration efficace, IE. La sortie est représentée par le
débit de l’écoulement souterrain, QW, parfois augmenté des débits des prélèvements,
QEX.

TABLEAU I-II — Bilan moyen annuel de l’aquifère à nappe libre des


alluvions de la Crau (sud de la France). La superficie totale de l’aquifère est
de 520 km2 et les données sont exprimées en m3/s, (d’après J. BODELLE et
J. MARGAT, 1980).

Débits des apports Débits des écoulements

Infiltration efficace.......................1,5 Pertes souterraines..........................1


Infiltration de l’eau des (dont affluence à la mer)
irrigations.....................................5,5 Emergences et drains......................6
Apports des aquifères voisins.........1 Prélèvements...................................1

Totaux (252 hm3/an)......................8


Totaux (252 hm3/an)......................8

Note : Cet exemple correspond à un aquifère fortement alimenté par irrigation.

Exemple : bilan moyen annuel de l’aquifère du calcaire de Beauce.


Superficie : 5 966 km2. Période 1955-1974 :
Les systèmes hydrologiques 7

IE = QW + QEX
465 hm3/an = 382 hm3/an + 83 hm3/an

D’autres exemples sont représentés dans les tableaux I-II et I-III.

TABLEAU I-III — Bilan moyen annuel d’un aquifère à nappe semi-captive


dans le système multicouche des sables éocènes et des réservoirs de la base
du Tertiaire du bassin d’Aquitaine occidental, (d’après J. BODELLE et
J. MARGAT, 1980).

Débits des apports Débits des écoulements

Apports par les bordures..............1,9 Emergences, drainance par


Apports par les fuites d’aquifères les cours d’eau................................1
superposés ou sous-jacents..........2,2 Ecoulement occulte vers l’océan.0,5
Fuites à travers le toit................1,45
Prélèvements.............................1,15

Totaux (130 hm3/an)...................4,1 Totaux.........................................4,1

Note : Superficie du bassin : 50 000 km2.

1.3 Caractéristiques des aquifères


Un aquifère est une formation hydrogéologique perméable permettant
l’écoulement significatif d’une nappe d’eau souterraine et le captage de quantités
d’eau appréciables, par des moyens économiques. De ce fait, il est comparable à un
gisement minier dont le minerai, l’eau, est plus ou moins renouvelable. L’aquifère est
un système hydrologique et hydrodynamique ; il est identifié par cinq ensembles de
caractéristiques quantifiables :
— Un réservoir, domaine d’espace fini, caractérisé par ses conditions aux
limites, ses dimensions ou sa configuration et par son organisation interne ou
structure. Il est identifié par une formation hydrogéologique (ou une combinaison de
formations).
— Des mécanismes hydrodynamiques, hydrochimiques et hydrobiologiques, qui
entraînent trois fonctions du réservoir vis-à-vis de l’eau souterraine : stockage,
conduite (transfert de quantités d’eau ou d’énergie) et milieu d’échanges
géochimiques.
— Une séquence du cycle de l’eau, comportant des interactions avec
l’environnement qui se traduisent par trois comportements, hydrodynamique,
hydrochimique et hydrobiologique. Elle est caractérisée par le couple
impulsion/réponse exprimé par une relation ou fonction de transfert.
— La variabilité dans l’espace de ces caractéristiques.
— Des conditions de temps, toutes les mesures des caractéristiques étant
rapportées à une date donnée (état initial) ou à une durée moyenne (variabilité des
Caractéristiques des aquifères 8

caractéristiques dans le temps). Ces dernières, basées sur des historiques, permettent
les prévisions.
On distingue trois grands types de terrains selon leur capacité à laisser passer
l’eau souterraine : les terrains aquifères où l’eau circule librement, les terrains
aquicludes ou semi-perméables à circulation très lente, et les terrains aquifuges ou
imperméables. Les formations géologiques, sédimentaires pour la plupart, qui
composent les différents systèmes aquifères ont des caractéristiques tant
géométriques (épaisseur et extension) qu’hydrodynamiques (emmagasinement,
perméabilité) très variées.
On distingue deux types principaux de réservoirs d’eau souterraine : les aquifères
homogènes et les aquifères hétérogènes.
— les aquifères homogènes, à perméabilité d’interstice, constitués de sables,
graviers ou grès. C’est le cas des nappes alluviales qui occupent les fonds de vallée et
d’une partie des nappes des grands bassins sédimentaires (bassin de Paris, bassin
aquitain...). Les vitesses d’écoulement y sont en général lentes ;
— les aquifères hétérogènes, à perméabilité de fissures, sont surtout constitués
de calcaires mais également de roches volcaniques, métamorphiques, granitiques.
Dans les massifs calcaires, les fissures sont souvent ouvertes et constituent de
véritables conduits souterrains dans lesquels la vitesse de circulation des eaux est très
rapide.
Dans certaines roches (craie du bassin parisien par exemple), les deux types de
perméabilité (interstices et fissures) peuvent coexister avec généralement une
prédominance de la perméabilité de fissures.
L’aquifère a été identifié précédemment par la formation hydrogéologique qui le
constitue. Il convient maintenant d’envisager la présence et l’écoulement de l’eau
souterraine et les interactions eau / roche.
L’aquifère est un système dynamique qui présente trois comportements vis-à-vis
de l’eau souterraine. Ils résultent de l’intervention des fonctions du réservoir en
réponse à des incitations extérieures ou impulsions, imposées à ses limites.
Impulsion, transferts et réponse constituent les comportements de l’aquifère. Ils
assurent une régulation des débits et des caractéristiques hydrochimiques, voire
hydrobiologiques, des écoulements à la sortie.
Comme G. CASTANY l’a précisé, l’aquifère réagit à trois types d’impulsions (cf.
figure 1-2), matérialisées par les apports aux limites :
— hydrodynamiques, affectant le stock et le flux. Apports de quantités d’eau ou
variations de pression ou de charge ;
— hydrochimiques avec apports de chaleur, de substances minérales ou
organiques ;
— hydrobiologiques par les micro-organismes.
La configuration de l’aquifère porte sur les caractéristiques de ses limites
géologiques et hydrodynamiques : on parle de conditions aux limites. En simplifiant,
la base de l’aquifère (substratum) est constituée par une formation imperméable. Par
contre, sa limite supérieure peut être de trois types :
— hydrodynamique avec fluctuation libre : aquifère à nappe libre ;
— géologique imperméable : aquifère à nappe captive ;
— géologique semi-imperméable : aquifère à nappe semi-captive.
Caractéristiques des aquifères 9

1 : COMPORTEMENT HYDRODYNAMIQUE

PE Q

t t

Pluie efficace Débit de la


Infiltration de l'eau
averse source

2 : COMPORTEMENT HYDROGEOCHIMIQUE

Intéractions
Infiltration Eau souterraine
géochimiques
de l'eau
eau / milieu

3 : COMPORTEMENT HYDROBIOLOGIQUE

Autoépuration
Eau polluée Eau épurée
biologique

Figure 1-2
Réponse du réservoir à une impulsion (précipitation), d’après G. CASTANY, 1982.

1.3.1 Aquifère à nappe libre


La formation aquifère n’est pas saturée sur toute son épaisseur. Il existe entre la
surface de la nappe et la surface du sol, ou la base de la formation argileuse
supérieure lorsqu’elle existe, une zone de terrain non saturé contenant de l’air. Le
niveau de la nappe est appelé niveau piézométrique. L’ensemble des niveaux
piézométriques mesurés en différents points à une date donnée, détermine la surface
piézométrique. Elle est représentée par des courbes d’égal niveau piézométrique ou
courbes hydroisohypses. La surface piézométrique représente la limite supérieure de
l’aquifère, c’est la limite hydrodynamique.
Dans le cas d’un aquifère à nappe libre, le niveau statique se trouve toujours sous
le niveau du sol.
Caractéristiques des aquifères 10

niveau d'eau
dans le puits
surface piézométrique repère
surface du sol

hp
OOOO

cote piézométrique
épaisseur

altitude au repère
b AQUIFERE
A NAPPE LIBRE
H z

SUBSTRATUM
niveau de base géographique

H = z - hp

Figure 1-3
Schéma de l’aquifère à nappe libre, (d’après G. CASTANY, 1982).

1.3.2 Aquifère à nappe captive


La formation aquifère est saturée sur toute son épaisseur ; elle est limitée vers le
haut par une couche imperméable ou semi-perméable. Le niveau statique est virtuel
tant qu’un forage ou un piézomètre n’a pas atteint l’aquifère. Il se trouve toujours au-
dessus de la base de la couche imperméable supérieure, le forage est dit artésien.
Lorsque le niveau statique se trouve au dessus du sol, le forage est dit artésien
jaillissant ; il s’écoule naturellement sans pompage.
C’est notamment le cas des forages de la nappe des sables albiens du bassin de
Paris dont la base du toit est à une profondeur de l’ordre de 600 mètres. Compte tenu
de la situation en profondeur, l’aquifère subit une pression géostatique égale au poids
de la colonne de terrain (densité moyenne de 2,5 bar par tranche de 10 m) qui le
surmonte jusqu’à la surface du sol (cf. figure 1-4). Dans le cas des sables albiens du
bassin de Paris, dont la base du toit est à 600 m de profondeur, la pression est de 150
bars. Les eaux souterraines sont ascendantes, le niveau statique se situe au dessus de
la surface du sol, c’est l’artésianisme.
Plusieurs nappes distinctes, libres ou captives, peuvent être superposées en un
point donné.
Caractéristiques des aquifères 11

surface piézométrique

puits jaillissant
niveau d'eau hz
dans le
sondage
repère
surface du sol

surface piézométrique

ascendant

cote piézométrique
z
TOIT
OOOO H

altitude du repère
cote piézométrique
épaisseur

b AQUIFERE
H
A NAPPE CAPTIVE

SUBSTRATUM
niveau de base géographique

H = z + hz
Figure 1-4
Schéma de l’aquifère à nappe captive (d’après G. CASTANY, 1982).

1.3.3 Aquifère à nappe semi-captive ou à drainance


L’importance du mécanisme de drainance repose sur le fait que des débits
importants peuvent traverser des horizons imperméables ou semi-perméables lorsque
la superficie de cet horizon est grande et qu’il existe une différence de pression de
part et d’autre de cet horizon.
D’après G. CASTANY, le toit ou le substratum (ou les deux) de l’aquifère sont
souvent constitués par une formation hydrogéologique semi-perméable. Celle-ci
permet, dans certaines conditions hydrodynamiques favorables (différence de charge)
des échanges d’eau avec l’aquifère superposé ou sous-jacent. Ce phénomène, appelé
drainance, implique un aquifère de nappe semi-captive.
L’analyse du comportement des nappes souterraines est presque toujours
effectuée en considérant que l’écoulement hydrodynamique est régi par les lois des
monocouches. Les échanges entre les nappes superposées affectées de pression
différentes, d’une part, entre les nappes et leur éponte, d’autre part, sont très rarement
pris en considération. Ce phénomène existe pourtant. Pour s’en convaincre, il suffit
de rechercher les ordres de grandeur permettant de mettre en jeu les mécanismes de
drainance.
Supposons qu’une nappe de bonne qualité, dont l’extension est celle d’un carré de
100 km de côté, est séparée d’une autre nappe beaucoup moins aquifère par 50 m de
terrain imperméable (cf. figure 1-5).
Caractéristiques des aquifères 12

Qv : débit vertical

Qh : débit horizontal

Figure 1-5
Schéma de la drainance.

Considérons qu’il existe une différence de pression entre les deux nappes, soit du
fait de l’hydrodynamisme naturel, soit suite à la mise en exploitation de la meilleure
des deux nappes. Il est simple, à l’aide de la loi de Darcy, d’évaluer le débit
horizontal de la nappe principale. De même nous pouvons calculer le débit percolant
d’une nappe vers l’autre. On démontre que, pour que le débit horizontal devienne
comparable au débit vertical il suffit, pour une différence de pression de 10 m, que la
perméabilité verticale représente 5.10-6 de la perméabilité principale. Or la différence
de pression atteint aisément 10 m pour certaines nappes d’Aquitaine, et l’Albien du
bassin parisien qui est déprimé de 100 m.
De même, en terme de bilan de matière on démontre que la drainance est un
mécanisme extrêmement puissant, qui autorise des débits de percolation importants
malgré des perméabilités minuscules car il met en jeu des surfaces considérables. Ce
mécanisme impose de reconsidérer avec une grande prudence les notions de
couverture et d’imperméabilité.

1.4 Caractéristiques du réservoir et de la nappe


Les lois et principes qui gouvernent la circulation des eaux souterraines peuvent
être déduits des lois fondamentales de la physique des fluides. Au préalable, il est
nécessaire d’admettre que les eaux souterraines suivent un écoulement laminaire dans
la plus grande partie de leur trajet. Des écoulements turbulents peuvent apparaître
parfois à proximité immédiate des zones de captage (crépines) ; ils sont alors dûs à
l’accroissement des vitesses de circulation de l’eau mais ce phénomène reste limité
dans l’espace.

1.4.1 Ecoulement de l’eau souterraine


Comme nous l’avons dit, les eaux souterraines sont la plupart du temps soumises
à un écoulement laminaire. Les modalités de cet écoulement, dans un aquifère, sont
schématisées par un quadrillage de lignes de courant et de lignes équipotentielles.
Ceci constitue un réseau d’écoulement. (cf. figure 1-6).
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 13

1000

990 Lignes de courant

980

970

960

950

Lignes d'isopotentiel
hydraulique
(hydroisohypses)

Figure 1-6
Modèle de flux souterrain.

Le flux souterrain peut être calculé entre deux lignes de courant (cf. figure 1-5)
par l’équation :
!h
Q=L . b . K .
!x
avec :
Q : flux en m3/s,
L : distance entre deux lignes de courant en mètres,
b : épaisseur de la partie saturée de l’aquifère en mètres,
K : conductivité hydraulique en m/s,
Δh
: représente le gradient hydraulique, sans dimension.
Δx

Nous verrons plus loin que cette équation découle directement de la loi de Darcy.
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 14

Dans la pratique, deux grands types de flux sont identifiés.


— flux latéral. Dans un aquifère de subsurface, l’écoulement de l’eau s’effectue
des zones de recharge (alimentation) vers les zones de décharge (drainage et
exutoires). Le moteur de l’écoulement est la différence d’altitude qui engendre des
gradients hydrauliques.
— flux de drainance. Dans un aquifère profond par contre, les flux ascendants ou
descendants sont prédominants du fait du drainage des aquifères de subsurface par les
rivières. Ces flux de drainance sont subverticaux.
Les études hydrogéologiques entreprises au cours des dernières années montrent
l’importance du flux de drainance, principale origine des écoulements de l’eau
souterraine.

1.4.2 Loi de Darcy


Des études préliminaires sur les modalités de l’écoulement laminaire ont été
effectuées par G. HAGEN (1839) et J.M. POISEUILLE (1846). Elles ont montré que la
valeur du flux était directement proportionnelle au gradient hydraulique. Plus tard, en
1856, H. DARCY (1856), vérifie cette relation et établit expéri-mentalement
l’équation de base de l’hydraulique souterraine, connue sous le nom de loi de Darcy.
Elle est applicable sur le terrain dans des conditions bien définies et permet de
calculer le débit d’une nappe à partir du coefficient de perméabilité du réservoir.
L’énoncé de la loi est le suivant : le volume d’eau, Q, filtrant de haut en bas dans
une colonne de sable de hauteur l, perpendiculairement à la section S, est fonction
d’un coefficient de proportionnalité K, caractéristique du sable et de la perte de
h
charge par unité de longueur du cylindre de sable, l sans dimension.
D’où l’expression de la loi de Darcy :

h
Q=K.S. l
avec :
Q : débit en m3/s,
K : coefficient de perméabilité en m/s,
S : section en m2,
h : charge hydraulique (poids de la colonne d’eau) en mètres de hauteur
d’eau
l : hauteur de sable en m.

h
Le rapport l appelé perte de charge ou encore gradient hydraulique, est noté i.
L’expression de la loi de Darcy devient alors :
Q=K.S.i
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 15

Cette formule n’est théoriquement applicable que dans des conditions bien
précises, notamment lorsqu’on a affaire à un flux laminaire. Or, l’écoulement des
eaux souterraines peut devenir localement turbulent, notamment au voisinage des
ouvrages de captage.
O. REYNOLDS (1883) a défini les deux types de flux et a introduit un rapport,
appelé nombre de Reynolds, qui détermine le type de flux.

v.d
Re =
V

avec :
Re : nombre de Reynolds, sans dimension,
v : vitesse du flux de Darcy (LT–1), correspond à la vitesse
macroscopique fictive d’un flux d’eau en mouvement uniforme à
travers un aquifère saturé,
d : longueur caractéristique (en général, le diamètre moyen des grains en
milieu poreux),
Vr : viscosité cinématique.

Le nombre de Reynolds, sans dimension, est le rapport des forces d'inertie et des
forces de viscosité.
Dans une canalisation, en régime établi (stationnaire), ce nombre sert à calculer
une perte de charge linéaire.
On définit dans ce contexte "classique" de transfert de fluide un régime laminaire
(Re < 2 000), un régime turbulent (Re > 4 000), et entre les deux, un régime dit
transitoire, ou le laminaire et le turbulent se succèdent dans l'espace et dans le temps.
Ceci suppose que : la canalisation soit rectiligne, le débit soit relativement stable,
le diamètre de la canalisation homogène, etc. Or un aquifère est un milieu où circule
un fluide : l’eau ; mais c'est sa seule similitude avec une canalisation. Si la loi de
Darcy, comme celle de Hagen - Poiseuille, met en relation une perte d’énergie (de
charge) avec une vitesse d'écoulement, les lois applicables à la géométrie
relativement simple d'une canalisation rectiligne ne sont plus applicables.
On définit ainsi, dans un aquifère, un nombre de Reynolds à partir de données
relativement faciles à atteindre :
— la vitesse de Darcy, qu'il ne faut pas confondre avec la vitesse réelle
d'écoulement,
— le diamètre moyen des particules constitutives de la roche aquifère.
On constate alors que les limites des différents régimes ne sont plus celles
« prévues » par L. F. MOODY (1944) :
— le régime laminaire s’arrête pour une valeur de Re ≤ 1,
— le régime turbulent commence pour une valeur de Re ≥ 10.
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 16

La transition entre flux laminaire et turbulent est fonction d’un grand nombre de
paramètres mais on admet communément que le régime de flux laminaire cesse pour
des valeurs du nombre de Reynolds supérieures à 1.
Théoriquement, on admet que la circulation des eaux souterraines dans un milieu
poreux obéit à la loi de Darcy pour des nombres de Reynolds inférieurs à 1 et aux lois
du régime transitionnel pour des valeurs comprises entre 1 et 10. Toutefois, dans la
pratique, nous verrons que la loi de Darcy peut être appliquée quel que soit le mode
de circulation de l’eau, à condition d’admettre un certain nombre d’approximations.
Pour caractériser le comportement de l’eau dans une roche, il est nécessaire de
définir deux grandeurs, qu’il est essentiel de bien distinguer : la porosité et la
perméabilité.
— La porosité, qui s’exprime en pourcentage, est la proportion du volume de
terrain correspondant à des vides pouvant être occupés par l’eau.
— La perméabilité est un coefficient qui caractérise la facilité avec laquelle l’eau
circule à travers le terrain.

1.4.3 Perméabilité
La perméabilité est l’aptitude d’une formation géologique, consolidée ou non, à
être traversée par un fluide sous l’effet d’un gradient hydraulique. Elle exprime la
résistance du milieu à l’écoulement de l’eau qui la traverse. Elle peut être mesurée
par deux paramètres : le coefficient de perméabilité et la perméabilité intrinsèque.

TABLEAU I-IV — Valeurs du coefficient de perméabilité et influence de la


granulométrie (cas de formations meubles, type sable ou gravier). D’après
G. CASTANY, 1982.

— Le coefficient de perméabilité, noté K, est défini par la loi de Darcy. C’est le


volume d’eau gravitaire en m3 traversant en une unité de temps (seconde), sous
l’effet d’une unité de gradient hydraulique, une unité de section en m2, orthogonale à
la direction de l’écoulement, dans les conditions de validité de la loi de Darcy (à la
température de 20°C). Il a la dimension d’une vitesse et s’exprime en m/s.
— La perméabilité intrinsèque, notée k, est le volume de liquide (en m3) d’unité
de viscosité cinématique (centipoise) traversant en une unité de temps (seconde), sous
l’effet d’une unité de gradient hydraulique, une unité de section (m2) orthogonale à la
direction d’écoulement. Elle s’exprime en m2 ou en Darcy.
On peut distinguer diverses perméabilités :
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 17

• la perméabilité en petit qui est une perméabilité de matrice ; c’est le


cas d’un horizon sableux par exemple où l’on observe une circulation
du fluide entre les grains ;
• la perméabilité en grand ou perméabilité de fissures, dans un calcaire
ou un granite fracturés par exemple ;
• la perméabilité de chenaux, dans un terrain calcaire de type karst.

1.4.4 Porosité
On distingue deux types de porosité : la porosité totale et la porosité efficace.
— La porosité totale est la propriété d’une formation géologique de comporter
des vides ou pores, interconnectés ou non. Elle est exprimée en pourcentage, par le
rapport du volume des vides Vv d’un milieu, au volume total Vt de l’échantillon.

Vv
porosité, n = V
t

— La porosité efficace, notée ne, est le rapport du volume d’eau gravitaire, Ve,
que le réservoir peut contenir à l’état saturé, puis libérer sous l’effet d’un égouttage
complet, à son volume total, Vt.

Ve
porosité efficace : ne = V
t
Toutefois, un réservoir n’est jamais complètement dépourvu de son eau, c’est la
raison pour laquelle, en hydrogéologie, la porosité efficace est plus couramment
utilisée que la porosité totale, plus théorique.

Dans un échantillon de sable albien du bassin de Paris (cube de 10 cm d’arête), de volume


total 1 000 cm3, renferme 280 cm3 de vides, mesurés par un porosimètre. Sa porosité est
280
donc égale à 1000 = 28 %.

La porosité est indépendante du diamètre des grains mais dépend de


l’arrangement des grains les uns par rapport aux autres ainsi que de l’étalement de la
granulométrie.
Sur le tableau I-V, nous avons indiqué les valeurs moyennes de la porosité
efficace pour les principaux types de réservoirs.
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 18

TABLEAU I-V — Valeur moyenne de la porosité efficace pour les principaux types
de réservoirs.

Types de réservoirs Porosité


efficace %

Gravier gros 30
Gravier fin 20
gravier plus sable 15 à 25
Alluvions 8 à 10
Sable gros 20
Sable fin 10
Sable gros plus argile 5
Argile 3
Calcaire fissuré 2 à 10
Grès fissuré 2 à 15
Granite fissuré 0,1 à 2
Basalte fissuré 8 à 10
Schistes 0,1 à 2
Sable dûnaire 38
Tuf 20

Il faut préciser qu’une formation poreuse n’est pas nécessairement perméable. Par
contre une formation perméable est, par définition, poreuse.
La porosité est fortement influencée par l’arrangement des grains. Elle décroît de
47,6 % pour un arrangement cubique à 25,9 % pour un arrangement rhomboédrique.
Dans la pratique, les milieux naturels (aquifères) ont une porosité de quelques
pourcents, généralement < 10 %, une valeur de 15 % est déjà une valeur
exceptionnelle au sein d’un aquifère.

1.4.5 Paramètres hydrodynamiques


Ces paramètres sont caractéristiques de la fonction réservoir de l’aquifère. Ils
peuvent être déterminés sur le terrain par des pompages d’essai.

a) Transmissivité
La productivité d’un captage dans un aquifère dépend du coefficient de perméabilité
K et de l’épaisseur e de l’aquifère.
La productivité peut être estimée à l’aide du paramètre T, transmissivité, par la
formuleT = K . e avec : T en m2/s ; K en m/s ; e en m.
Le paramètre T correspond au débit d’une couche aquifère, sur toute son
épaisseur par unité de largeur et sous l’effet d’un gradient hydraulique égal à l’unité
(cf. figure 1-7). Il ne faut pas la confondre avec la conductivité hydraulique qui est
calculée sur une épaisseur égale à l’unité.
La transmissivité T est calculée à partir des pompages d’essai longue durée, à la
descente et à la remontée, au puits de pompage et sur les piézomètres.
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 19

de unité de gradient
n ité ur
U e hydraulique
gu
lon

e = épaisseur de
l'aquifère saturé
Unité
d'épaisseur

Conductivité
hydraulique

Transmissivité

Un
ité
de
larg
eur

Figure 1-7
Transmissivité et conductivité hydraulique d’un aquifère.

b) Coefficient d’emmagasinement
Le coefficient d’emmagasinement est une valeur sans dimension, notée S, qui
représente le rapport du volume d’eau libéré ou emmagasiné par unité de surface de
l’aquifère à la variation unitaire de charge hydraulique, Δh, correspondante.
Pour une nappe libre, il s’agit du volume d’eau libéré par gravité (égouttage du
terrain). S varie alors entre 1.10-2 et 2,5.10-1 et est assimilable à la porosité efficace
de l’aquifère (ne).
Pour une nappe captive, il s’agit du volume d’eau expulsé par décompression de
l’aquifère. S varie alors entre 1.10-3 et 1.10-4. Le coefficient d’emmagasinement est
calculé d’après les pompages d’essai longue durée uniquement sur les piézomètres.
La connaissance des paramètres T et S permet de prévoir le comportement d’un
aquifère à long terme, notamment dans des configurations d’exploitation différentes
(modélisation).
Caractéristiques du réservoir et de la nappe 20

Aquifère à Aquifère à
nappe libre nappe captive

1
!h
2

Charge
h1 h2 b

Gravité

Figure 1-8
Modes de libération de l’eau dans les aquifères, (d’après G. CASTANY, 1982)

c) Diffusivité
T
La diffusivité, notée S , régit la propagation d’influences dans l’aquifère. Elle est
égale au quotient de la transmissivité, T, par le coefficient d’emmagasinement, S.

T
diffusivité = S

La diffusivité est exprimée en m2/s, T en m2/s et S est sans dimension.

1.5 Critères d’exploitation d’un aquifère


La planification de l’exploitation de l’eau souterraine repose sur l’évaluation de la
réserve et de la ressource. Cette opération est la synthèse finale de toutes les données
acquises au cours de la prospection et des expérimentations sur le terrain. Il faut
avant tout distinguer les termes de réserve et de ressource.
La réserve est la quantité d’eau contenue, à une date donnée, ou stockée au cours
d’une période dans un système hydrologique. Cette notion est liée à la fonction
capacitive du réservoir. Elle est exprimée en terme de volume (hm3 ou km3).
La ressource est la quantité d’eau qui peut être extraite d’un volume circonscrit
au cours d’une période donnée. L’évaluation de la ressource repose sur les
Critères d'exploitation d'un aquifère 21

comportements hydrodynamique et hydrochimique de l’aquifère et est exprimée en


terme de débit moyen (m3/s, hm3/an ou km3/an).
Les critères d’exploitation d’une nappe d’eau souterraine sont liés aux diverses
contraintes définies ci-après.
— L’offre et la demande ; la ressource en eau doit, en effet, satisfaire aux
exigences d’une demande d’utilisation. Dans ce cadre, l’évaluation de la ressource
doit représenter un compromis entre les possibilités de production, définies par les
contraintes physiques et techniques de la ressource disponible, et les exigences
qualitatives, quantitatives et économiques, imposées par l’utilisation.
— Contraintes de planification. Ces contraintes sont évolutives dans l’espace et
le temps et sont d’ordres :
• technique (structure hydrogéologique de l’aquifère, paramètres
hydrodynamiques),
• socio-économiques (coût de l’exploitation, productivité des ouvrages),
• écologique (répercussions de l’exploitation sur le milieu, rabattements
admissibles),
• politique (politique volontariste de l’eau et du développement, efforts
financiers à consentir).
— Contraintes spatio-temporelles. L’évaluation de la réserve ou de la ressource
doit se référer obligatoirement à un système de ressource en eau (espace délimité à un
instant donné ou pour une moyenne définie). Les évaluations doivent être effectuées
dans un domaine d’espace adapté à celui qui est imposé par la demande. La durée des
prévisions est variable, entre 5 et 30 ans. Bien entendu, les projections seront d’autant
plus aléatoires que la durée sera importante.
— Variabilité dans l’espace et dans le temps. Les exigences de la demande en
eau peuvent évoluer dans le temps en terme de qualité et surtout en terme de quantité.
Par conséquent, l’évaluation de la ressource évolue également dans l’espace et dans
le temps. Elle n’est donc pas immuable et doit être actualisée périodiquement.

1.5.1. Evaluation de la réserve en eau


Nous avons vu que la réserve en eau souterraine est le volume d’eau stocké, au
cours d’une durée moyenne, dans une tranche d’aquifère délimitée. On distingue
quatre types de réserves (cf. figure 1-9).
— Réserve totale. C’est la quantité d’eau gravitaire contenue dans le volume
compris entre le substratum et la partie supérieure de l’aquifère (niveau
piézométrique pour une nappe libre ou toit imperméable pour une nappe captive). La
réserve totale moyenne est limitée au sommet par la surface piézométrique moyenne
annuelle.
Critères d'exploitation d'un aquifère 22

— Réserve régulatrice. C’est le volume d’eau gravitaire contenu dans la zone de


fluctuation de la surface piézométrique.
— Réserve permanente. C’est la part de la réserve totale non renouvelée. Dans le
cas d’une nappe libre, elle est limitée par la surface piézométrique minimale
moyenne. Pour les nappes captives, la réserve permanente est très peu différente de la
réserve totale.
— Réserve exploitable. C’est le volume d’eau maximal qu’il est possible
d’extraire de la réserve totale d’un aquifère, dans des conditions économiques
acceptables. Elle est liée au concept de ressource d’exploitation de la réserve et
déterminée par les contraintes abordées précédemment.

Surface piézométrique Surface piézométrique


maximale moyenne minimale moyenne

Substratum
imperméable
Réserve totale Réserve régulatrice Réserve permanente
Figure 1-9
Catégories de réserves de l’aquifère à nappe libre, (d’après G. CASTANY, 1982).

La réserve en eau souterraine, W, est évaluée à partir du volume, V, de la tranche


d’aquifère considérée et de la porosité efficace, ne (dans le cas d’un aquifère à nappe
libre) ou du coefficient d’emmagasinement, S (pour les aquifères à nappe captive.

W = V . ne

W=V.S

Le renouvellement de la réserve en eau d’un aquifère se fait par les apports de


l’infiltration efficace. En régime naturel, cette alimentation compense les sorties dûes
à l’écoulement souterrain.
On définit ainsi deux paramètres : le taux de renouvellement et la durée de
renouvellement (cf. tableau I-VI).
• Le taux de renouvellement est le rapport de l’alimentation moyenne
annuelle de l’aquifère, IE, exprimée en volume, sur la réserve totale
moyenne, WM. Ce taux est exprimé en pourcentage.
Critères d'exploitation d'un aquifère 23

IE QW
Taux de renouvellement = WM = WM

• La durée de renouvellement est la durée théorique nécessaire pour que le


volume cumulé de l’alimentation de l’aquifère soit égal à sa réserve totale
moyenne, WM, équivalent à long terme du débit de l’écoulement
souterrain, QW. Cette durée est exprimée en années.

WM WM
Durée de renouvellement = IE = QW

TABLEAU I-VI — Quelques valeurs des paramètres de renouvellement de


la réserve totale moyenne en eau souterraine, (d’après J. BODELLE et
J. MARGAT, 1980).

Taux de Durée de
Aquifères renouvellement renouvellement
(en %) (en années)

Aquifères à nappe libre

- Calcaire de Champigny 7 14
- Calcaire de Beauce 3 33
- Alluvions de la plaine d’Alsace 2,8 35
- Calcaire karstique de Lorraine 1,2 80

Aquifères à nappe captive

Grès vosgiens de Lorraine 0,15 6 300


Sables albiens du bassin de Paris 0,05 200 000

L’évaluation de la réserve des aquifères à nappe libre : le cas des alluvions de la Moselle
à l’aval de Metz.
La réserve totale, WT, est calculée de la façon suivante :
WT = V . ne
or, V = A . e
donc, WT = A . e . ne
avec :
V : volume de l’aquifère,
A : surface totale de l’aquifère (2.108 m2),
e : épaisseur de l’aquifère (4 mètres),
ne : porosité efficace des alluvions (0,2).
Avec ces chiffres, on obtient pour la réserve totale :
WT = 4 m . 2.108 m2 . 0,2 = 160 hm3
La réserve régulatrice, WR, est estimée avec une fluctuation moyenne de la nappe de
l’ordre de 2 mètres.
Critères d'exploitation d'un aquifère 24

WR = 2 m . 2.108 m2 . 0,2 = 80 hm3

1.5.2 Evaluation de la ressource


L’évaluation de la ressource en eau souterraine exploitable met en œuvre des
méthodes et des moyens complexes. L’emploi de modèles mathématiques de
simulation hydrodynamique, en régimes permanent et transitoire, est indispensable.
L’hydrogéologie doit être à la fois quantitative et qualitative. On distingue :
— la ressource en eau renouvelable naturelle dont l’unité d’évaluation est le
bassin hydrologique,
— la ressource en eau souterraine naturelle, renouvelable ou non, et dont l’unité
d’évaluation est le bassin hydrogéologique,
— la ressource en eau souterraine exploitable dont l’unité d’évaluation est
l’aquifère : elle représente la quantité d’eau maximale disponible dans l’aquifère.
La dernière notion est la plus importante pour l’hydrogéologue. Dans ce cas, les
méthodes d’évaluation reposent sur la prise en compte de plusieurs paramètres tels
que : conditions aux limites, paramètres hydrodynamiques, caractéristiques du
complexe aquifère/captage, réserves en eau souterraine, entre autres.

1.5.3 Stratégies de l’exploitation


Le volume d’eau mobilisable par captage, rapporté à la ressource en eau
souterraine renouvelable naturelle, est déterminé selon trois stratégies d’exploitation.
— Dans le cas d’une nappe libre :
• captage plus ou moins continu d’une fraction de cette ressource. Toutefois,
cette méthode n’utilise pas la capacité de production maximale des
aquifères ;
• captage intégral à un débit moyen égal à la ressource, en utilisant le
comportement hydrodynamique de l’aquifère, lequel assure une
modulation interannuelle des débits d’écoulement.
— Dans le cas d’une nappe captive :
• captage excédentaire entraînant l’épuisement progressif de la ressource en
eau souterraine non renouvelable (réserve permanente).

1.6 Les méthodes de prospection


Les formations aquifères (dans le cas de l’étude des potentialités d’exploitation de
l’eau souterraine dans un secteur) sont caractérisées géologiquement par :
— leur lithologie ou type de roche, meuble (sable, gravier) ou consolidée (grès,
calcaire, granite, etc.) ;
— leur situation dans l’espace : profondeur, épaisseur ;
— leur contexte structural : failles, plissements, induisant éventuellement une
séparation de l’aquifère en compartiments ;
— les variations latérales de faciès (passage d’un sable à un sable argileux ou à
une argile par exemple) ;
Les méthodes de prospection 25

— leurs conditions aux limites :


• zones éventuelles d’affleurement ;
• nature de la formation au mur et au toit de l’aquifère ;
• fermeture latérale de l’aquifère par une faille étanche.
Les caractéristiques géologiques d’un aquifère seront généralement schématisées
et présentées sous forme de cartes, de coupes, de logs (ou coupes de forage) et de
blocs diagrammes.
L’utilisation de méthodes de prospection (photo-interprétation, géophysiques) en
hydrogéologie permet de déterminer des paramètres fondamentaux indispensables à
l’étude des potentialités d’un aquifère, notamment :
— la profondeur et l’épaisseur d’une formation aquifère ;
— l’extension latérale et donc le volume de cet aquifère ;
— la localisation de fractures affectant les formations souterraines ;
— la nature des formations au toit de l’aquifère ;
— la délimitation des zones envahies par de l’eau saumâtre ou salée ;
— la localisation de griffons de sources.
Ces connaissances conduisent généralement à l’implantation précise de sondages
mécaniques et à la définition de leurs objectifs (profondeur finale, cote du toit de
l’aquifère, épaisseur des formations sus-jacentes). Les données obtenues en forages
permettent ensuite de caler et d’affiner les interprétations.
L’approche hydrogéologique classique et la démarche poursuivie par les experts
se décomposent schématiquement en quatre phases complémentaires.
— Les études de base qui représentent le stade de l’acquisition des documents
disponibles concernant la zone et qui conduisent à une première approche de
l’environnement géologique, climatologique, hydrogéologique, géomorpho-logique,
etc.
— Les études de terrain. Elles permettent à l’hydrogéologue de faire le
complément d’observations indispensables sur le site. Au terme de la visite de terrain,
l’hydrogéologue, tenant compte des observations de l’environnement géologique
(épaisseur de la frange altérée, niveau piézométrique, nature du soubassement, etc.),
des contraintes socio-économiques, des moyens d’accès, de la géomorphologie,
pourra, soit réaliser une implantation si les données sont suffisantes, soit définir un
périmètre dans lequel il sera nécessaire de réaliser des investigations
complémentaires.
— La photo-interprétation. Elle permet de préciser, entre autres, les éléments
d’ordre morphologique (plateaux, versants, bas fonds, allure du réseau
hydrographique, etc.), géologique ou structuraux (direction d’allongement, foliation,
stratification, fracturation).
— Les investigations complémentaires. Elles font le plus souvent appel aux
méthodes de prospection géophysique. Celles-ci, fréquemment employées pour
confirmer ou infirmer les hypothèses de l’hydrogéologue. On distinguera
successivement les méthodes électromagnétiques, sismiques et électriques.
Les méthodes de prospection 26

1.6.1 Les études préliminairesIl est inutile de refaire ce qui est déjà fait. C’est
la raison pour laquelle la consultation des documents existants (cartes, rapports,
synthèses, ...) permet à l’hydrogéologue d’avoir une approche synthétique et
rationnelle du sujet, et ce, dans divers domaines tels que l’hydrogéologie, la
géomorphologie, la structurologie ou la climatologie.
En France, on peut trouver de nombreuses informations à la Banque de Données
du Sous-Sol, gérée par le BRGM et dont l’accès est public.
A partir de ces documents, l’hydrogéologue pourra définir les zones plus ou
moins favorables à la recherche d’eau souterraine afin de cibler les études de terrain.

1.6.2 Les études de terrainLa visite d’un hydrogéologue sur le terrain apporte
des éléments techniques de base, tant sur le plan géologique que socio-économique,
indispensables à la bonne réalisation des travaux d’implantation.
A ce stade, l’hydrogéologue peut alors vérifier et approfondir les données
fournies par les documents préliminaires et orienter l’investigation en fonction des
résultats escomptés. Ce travail est très souvent complété par une photo-interprétation
qui peut être effectuée directement sur le site.
Dans tous les cas, l’étude de terrain est une étape essentielle dans l’implantation
du forage. Elle représente un complément direct des études préliminaires.

1.6.3 La Photo-interprétationEn hydrogéologie on distingue généralement


deux types d’utilisation de supports photographiques : la photographie aérienne
classique et l’image satellite. Dans ce dernier cas, on parlera de télédétection.

a) Photographie aérienne
Elle constitue le document le plus précieux. Elle complète efficacement les cartes
existantes (topographiques, géologiques, pédologiques) qui donnent des informations
essentielles pour l’implantation du forage.
La photo-interprétation est une méthode rapide et peu coûteuse pour tracer une
esquisse structurale, voire géologique, mais surtout pour repérer les fractures à
l’échelle locale ou régionale. On relève a priori tous les alignements
morphostructuraux, ou linéaments, soulignés par le réseau hydrographique ou qui se
détachent simplement en clair ou sombre sur la photo. On obtient ainsi une vision
régionale de la fracturation et l’on peut en faire une étude statistique.

.m4.b) Télédétection;
Cette technique est utilisée depuis une vingtaine d’années à partir des données des
satellites artificiels de la terre. Elle comporte un certain nombre d’avantages :
— les périodes de prise de vue et la répétitivité des informations permettent de
sélectionner les images les plus intéressantes ;
— l’image satellite conduit à une meilleure intégration des fractures importantes
(plurikilométriques) mais souvent peu nombreuses ;
Les méthodes de prospection 27

— si le contraste des images en noir et blanc est faible, divers traitements


existants ont l’avantage de les améliorer ; par exemple, le traitement numérique des
images peut simplifier l’information en soulignant certaines directions ;
— le traitement des images permet aussi d’avoir des documents à des échelles
plus grandes (1/100 000, 1/50 000).
Cependant, certains inconvénients limitent considérablement la méthode :
— si l’échelle d’observation (1/200 000) représente un avantage pour des études
de synthèse à l’échelle régionale, elle devient un inconvénient quand on doit passer à
l’échelle du terrain ;
— le manque de relief sur les images ne favorise pas une bonne relation entre
ces dernières et la réalité du terrain, si bien que l’utilisateur est obligé de se rabattre
ensuite sur les méthodes classiques ;
— les traitements élèvent les coûts et provoquent une certaine détérioration de
l’information.
Néanmoins, quand les débits recherchés sont importants, l’image satellite peut se
révéler un guide précieux pour l’hydrogéologue dans l’implantation des forages. En
particulier, avec la génération nouvelle des satellites (Spot et Landsat D) dont la
résolution au sol est meilleure (30, 20, 10 m) et qui permettent la prise de vues
stéréoscopiques (Spot), l’image satellite fournit autant de détails que les
photographies aériennes à 1/50 000.
Par ailleurs, la télédétection infra-rouge thermique spatiale permet également
d’obtenir des résultats prometteurs en ce qui concerne l’hydrogéologie des zones
fissurées. Les discontinuités géologiques ont en effet un comportement thermique
variable, probablement fonction de plusieurs phénomènes dont elles peuvent
permettre la perception indirecte, notamment l’état hydrique de l’accident.

1.6.4 Méthodes électromagnétiques


Le principe est commun à toutes les méthodes électromagnétiques. Une formation
conductrice enfouie dans le sous-sol et soumise à un champ magnétique alternatif
(champ primaire Hp) est parcourue par un courant électrique induit créant à son tour
un champ magnétique secondaire Hs. Les mesures portent sur le champ secondaire
Hs. Les appareils utilisés permettent de déterminer la résistivité apparente d’une
tranche de terrain superficiel.
La profondeur d’investigation dépend notamment du type d’appareillage utilisé et
de la résistivité des formations de couverture ; elle varie d’une dizaine de mètres à 80
mètres environ (prospection aéroportée). Alors que les ondes sismiques ont un
déplacement sonique, les ondes électromagnétiques se déplacent pratiquement à la
vitesse de la lumière. Un miroir de discontinuité se manifeste par une impédance
électromagnétique.
— Ordre de grandeur des résistivités :
• quelques ohms-mètres pour des terrains argileux ;
• plusieurs dizaines d’ohms-mètres pour des calcaires marneux ;
• plusieurs centaines d’ohms-mètres pour des calcaires massifs.
— Quelques exemples d’utilisation :
• en géologie minière : recherche de filons ;
Les méthodes de prospection 28

• en génie civil, en hydrogéologie : recherche de zones karstifiées, de


substratum marneux peu profond, de zones de drainage superficiel.
De nombreuses méthodes électromagnétiques ont trouvé une application dans le
domaine de l’hydrogéologie, on peut citer les méthodes radar, les sondages et profils
électromagnétiques, et le VLF (Very Low Frequency).

1.6.5 Méthodes sismiques


Un ébranlement provoqué en surface du sol se propage sous forme d’ondes dans
le sous-sol en s’atténuant progressivement. La sismique a pour base l’étude du temps
de parcours de ces ondes. Ce temps dépend de la nature et de la structure des
formations géologiques.

E (point d'ébranlement)
géophones
• • • • • •
rayon direct
• • •
i
ch

rayon réfléchi éf
tr
en


em

rac
tal
to

réf
V1 n
yo

on
ra

ray
i1 i1
i

rayon réfracté réfraction totale

i2
V2 V1 < V2
rayon réfracté

Figure 1-10
Trajet des ondes sismiques à l’interface de deux milieux hétérogènes.

Ces ondes, symbolisées par des rayons sismiques, sont de trois types (cf. figure 1-
9) :
— les ondes de compression ;
— les ondes de cisaillement ;
— les ondes de surface.
Les méthodes de prospection 29

Ces ondes obéissent aux lois de l’optique et la sismique utilise la réflexion et la


réfraction pour étudier la nature des terrains traversés. L’étude des propriétés
élastiques des roches permet de distinguer les zones poreuses ou fracturées des roches
compactes (calcaires, grès, roches cristallines, ...), les zones saturées et non saturées
des alluvions et sables et, enfin, les formations meubles des formations consolidées.
Les mesures portent essentiellement sur les deux paramètres trajet et vitesse.
Les opérations de terrain comportent :
— la mise en place du dispositif sismique avec un point d’ébranlement
(explosifs, vibrations), et des points de réception (géophones),
— l’enregistrement, après amplification du signal, des temps de transmission des
ondes entre la source et les points de réception.
Chaque formation lithologique étant caractérisée par une vitesse d’onde, les
campagnes de géophysique sismique permettront de déterminer avant reconnaissance
mécanique (forage) les coupes prévisionnelles de terrain, les épaisseurs des couches,
et de situer certains accidents structuraux.
Deux méthodes de prospection sismique sont utilisées :
— la sismique réflexion, qui considère uniquement les rayons réfléchis ;
— la sismique réfraction, qui considère principalement les ondes totalement
réfractées.
En hydrogéologie, la sismique réfraction est préférée à la sismique réflexion, pour
les principales raisons suivantes :
— meilleurs résultats entre 0 et 200 m de profondeur ;
— meilleure utilisation sur de petits profils ;
— coûts moindres.

a) Principe de la sismique réfraction


La distance des sismographes à l’explosion est connue et les temps de l’arrivée du
premier ébranlement se lisent sur l’enregistrement.
Si la vitesse des ondes élastiques était uniforme dans le sol, les durées de parcours
seraient proportionnelles aux distances. Mais en fait, la vitesse va croissant avec la
profondeur et il en résulte que les ondes se réfractent et suivent des trajets concaves
vers le haut, de sorte que le premier ébranlement reçu correspond à un rayon sonore
descendu d’autant plus bas que le géophone est plus éloigné de l’explosion.
Les « rayons sonores », que l’on peut définir comme les trajectoires orthogonales
des surfaces d’onde, sont émis par l’explosion et suivent des lois identiques à celles
de l’optique géométrique, l’indice étant remplacé par l’inverse de la vitesse. La durée
du parcours d’un rayon sonore descendu jusqu’à une profondeur déterminée dépend
de toutes les vitesses des terrains compris entre la surface et cette profondeur.
Les méthodes de prospection 30

S1 S2 S3 S4 S5 S6

Figure 1-11
Principe de la sismique réfraction. En bas, coupe du terrain. A droite, schéma de
l’enregistreur. A gauche, diagramme ou dromochrone, (d’après J. GOGUEL, 1967).

Une fois mesurées les durées de parcours en fonction de la distance, le problème


est de déduire l’échelonnement des vitesses avec la profondeur (cf. figure 1-12).

h r
sin r = Vp /Vn
Vp
C

E' B' C' Vn

Figure 1-12
Principe de calcul de la profondeur, pour une couche horizontale, (d’après J. GOGUEL,
1967).
Les méthodes de prospection 31

Temps
en ms
R2
30
ti3 V 3 = 1 900 m/s
20
V 2 = 460 m/s
R1
10
ti2 V 1 = 220 m/s
0
3 6 9 12 15 18 Distance
en mètres

Figure 1-13
Relation entre distance et temps pour trois vitesses d’ondes sismiques.

— Interprétation : les données obtenues permettent de tracer des courbes


(appelées dromochrones) comportant, en abscisse, les distances entre les points de
départ de l’onde de choc et le récepteur et, en ordonnées, le temps d’arrivée des
premières ondes à ce récepteur. Les pentes de segments de droite découlent des
vitesses de propagation des impulsions pour les divers circuits d’ondes qui ont touché
le récepteur les premières (cf. figure 1-13).
Les coordonnées des points d’intersection de ces droites permettent de calculer
les profondeurs auxquelles se situent les changements de structures géologiques.
L’épaisseur de la couche supérieure, ou la profondeur du premier changement de la
formation géologique, est donnée par les formules suivantes :

R1 V2 – V1
h1 =
2 V2 +V1

avec :
h1 : profondeur en mètres du mur de la première couche,
V1 : vitesse de l’onde de choc dans la couche supérieure,
V2 : vitesse de l’onde dans la couche située sous la précédente,
R1 : distance horizontale en mètres, mesurée sur le diagramme entre le
récepteur et la verticale du point où s’est produit le premier
changement de vitesse (abscisse du point de brisure).
V1 et V2 sont calculées par l’inverse des pentes des segments de dromochrones.
Le tableau I-VII indique les vitesses moyennes d’ondes en fonction des différents
types de terrains. Ces vitesses sont approchées et ne sont valables que pour des
couches de terrain relativement proches de la surface.
Jusqu’à présent, nous n’avons considéré que le cas de terrains horizontaux. Il est
toutefois facile de mettre en évidence l’inclinaison des couches en effectuant deux
profils en sens inverse, suivant la même ligne.
Les méthodes de prospection 32

TABLEAU I-VII — Vitesse approchée des ondes dans différents types


de terrains.

Nature du terrain Vitesses en m/s

air 330
eau 1 400 - 1 700
alluvions, sable sec 500 - 1 200
alluvions imbibés 1 600 - 2 000
sable humide 600 - 1 500
argile 1 800 - 2 200
eau de mer 1 400 - 1 500
tufs volcaniques 1 600 - 2 500
laves 2 500 - 5 000
grès dur 1 800 - 3 500
schiste dur 2 500 - 4 000
craie 1 500 - 3 000
marne 2 000 - 3 500
calcaire 2 000 - 4 500
altérites 1 000 - 2 000
granite 3 000 - 5 000
basalte 3 500 - 6.000
roche métamorphique 3 000 - 5 000
calcaires et dolomies 2 500 - 3 500

Toutefois, la sismique réfraction connaît quelques limitations d’utilisation :


— C’est le cas lorsqu’une couche est relativement mince. L’interprétation peut
être parfois difficile et peut amener à des valeurs inexactes en ce qui concerne les
épaisseurs de la couche supérieure et des couches sous-jacentes.
— Une autre limitation est l’impossibilité de mettre en évidence une couche plus
lente située sous une couche plus rapide. Il est très difficile de déceler la « zone de
silence ». Le cas est relativement rare en prospection courante mais cette particularité
rend impossible, par exemple, l’étude du terrain derrière le revêtement bétonné d’un
souterrain.
Afin de pallier ces inconvénients, la sismique réfraction peut être couplée à des
sondages électriques, notamment pour déterminer dans certains bassins, l’épaisseur
de l’aquifère résistant (alluvions, niveaux d’altération) reposant sur un substratum
également résistant (calcaires, granites).

b) La sismique réflexion
La sismique réflexion était relativement peu utilisée en hydrogéologie du fait de
la difficulté d’obtenir des réflexions claires provenant de moins de 200 m. Les
techniques d’acquisition et de traitement de données se sont très nettement
améliorées ces dernières années et il est maintenant possible de filtrer correctement
les signaux et d’utiliser la sismique réflexion à de faibles profondeurs.
La petite sismique réflexion constitue un prolongement précieux de la sismique
réfraction dans une gamme d’investigation allant de quelques dizaines à quelques
centaines de mètres de profondeur.
Les méthodes de prospection 33

1.6.6 Méthodes électriques


Les méthodes de prospection électrique sont basées sur la conductibilité des
formations du sous-sol ou capacité de conduire un courant électrique, naturel ou
artificiel. Elles ne font pas intervenir de champs magnétiques.
Ces méthodes utilisent :
— soit des courants naturels :
• polarisation spontanée
• méthode tellurique
— soit des courants artificiels :
• méthode des potentiels (carte des potentiels, mise à la masse, ...)
• méthode des résistivités (sondages électriques, rectangles de résistivité).
En hydrogéologie, la méthode des résistivités est la plus employée. La
conductibilité des roches est exprimée par la conductivité ou plus souvent par son
inverse, la résistivité, en ohm/mètre.

TABLEAU I-VIII — Valeurs moyennes de résistivité des eaux et des roches.

Roches Porosité Perméabilité Résistivité


(%) (cm/s) (ohm/m)
Argilites 35 10-8 - 10-9 70 - 200
Craie 35 10-5 30 - 300
Tuf volcanique 32 10-5 10 - 100
Marne 27 10 - 10-9
-7 10 - 50
Grès 3 - 35 10-3 - 10-6 50 - 1 000
Dolomie 1 - 12 10-5 - 10-7 200 - 10 000
Calcaire 3 10-10 - 10-12 50 - 1 000
Gneiss 1,5 10-8 10 - 10 000
Quartzite <1 10-10 1 000 - 10 000
Granite 1 10 - 10-10
-9 10 - 1 000
Gabbro 1-3 10-4 - 10-9 6 000 - 10 000
Basalte 1,5 10-6 - 10-8 300 - 15 000
Argiles 45 10-7 - 10-9 2 - 20
Laves 10-5 - 10-9 100 - 15 000
Eau de mer 0,1 - 0,3
Eau de rivière 5 - 100
Eau de nappe 0,2 - 50

La résistivité ρ est la résistance d’un cylindre de longueur (L) et de section (S)


égales à l’unité. Elle s’exprime en ohm/m selon la formule suivante :
S
ρ=R.L

La résistivité des roches dépend essentiellement :


— de la porosité et de la perméabilité (donc indirectement de la fracturation),
— de la teneur en eau d’imbibition et de sa résistivité (eau salée),
— de la teneur en éléments argileux.
Les méthodes de prospection 34

En faisant abstraction de la teneur en éléments argileux, une formation


lithologique sera d’autant plus résistante que sa teneur en eau sera faible. De même,
la résistivité d’une formation géologique sera d’autant plus faible que sa teneur en
argile sera élevée.

a) Méthode des potentiels


Le passage d’un courant continu ou alternatif, dans une ligne AB fixe, induit une
différence de potentiels (DDP) entre une électrode fixe M et une électrode mobile N.
La prospection consiste à établir une carte des potentiels en déplaçant l’électrode
N, en sachant que la répartition des lignes équipotentielles dans le sous-sol est
fonction de son homogénéité et de la présence de masses conductrices ou résistantes.
Toutefois, l’interprétation des cartes des potentiels reste qualitative.
Un cas particulier des méthodes de potentiel est la mise à la masse. Une des
électrodes d’envoi du courant est placée en un point d’un conducteur (gisements de
minerais, source émissaire d’une rivière souterraine), l’autre électrode est placée à
l’infini. Le conducteur étant alors partout à un potentiel voisin, le gisement ou la
rivière souterraine sont délimités par les lignes équipotentielles (cf. figure 1-14). Il
faut cependant des conditions bien particulières pour mettre en évidence des
écoulements souterrains et la mise à la masse peut intervenir comme stratégie d’appui
à une prospection géoélectrique.

b) Méthode des résistivités


Le principe de base de la méthode des résistivités consiste en l’envoi d’un courant
électrique généralement continu d’intensité i entre les deux électrodes A et B, et en la
mesure de la différence de potentiel entre deux autres électrodes M et N. L’ensemble
des électrodes constitue un quadripôle AMNB quelconque.
La méthode des résistivités peut s’appliquer de deux façons différentes selon
l’objectif recherché :
— avec des sondages électriques et une interprétation quantitative,
— avec des panneaux électriques et une interprétation qualitative.
La différence de potentiel ∆V entre M et N s’écrit alors :

∆V = VM – VN

ρi 1 1
avec VM = ( AM – BM )

1 1 1 1 1
d’où ∆V = ( AM – AN – BM + BN ) ρ . i

On en déduit la résistivité vraie du terrain par la formule suivante :

∆V
ρ=K i
Les méthodes de prospection 35

ρ est exprimé en ohm/m, ∆V en mV et i en mA, K est un coefficient fonction de la


géométrie du quadripôle AMNB et s’exprime en mètres.

Axe probable de la
Point de m esure rivière sout er raine

1 00
125 1 25 1 20 1 15 1 0 0o 4 40
o o
o o
o o o
o o 1 15
o o
o
o o o
Courbe o o
équipot ent ielle o o o
o o 4 00 o
valeur en mV o o
o o o o
o
o o o 3 60
o o
4 40 o o
o o
o o 1 2 0o
o o
o
o
o o o o
o
o o
4 00 o o
Courbe de o o o 1 25
niv eau 1 50
1 75 1 30
1 30
3 60 2 00 1 75
1 25
3 20 1 4 0
Sour ce 3 20
0 100 2 00 m

Figure 1-14
Exemple de détermination du tracé souterrain d’une rivière par méthode de mise à la
masse, (d’après document SAFEGE).

c) Sondages électriques
Le principe de la méthode des sondages électriques est basé sur l’identification
des couches de terrains par leur résistivité.
Celle-ci varie en fonction de deux paramètres principaux :
— La nature lithologique : plus un terrain est argileux, plus sa résistivité est
faible. Ainsi un sable argileux sera plus conducteur qu’un sable propre ou qu’un grès,
de même, un calcaire compact sera plus résistant qu’un calcaire fissuré ou altéré.
— La teneur en eau et la minéralisation de l’eau : un terrain saturé en eau sera
beaucoup plus conducteur qu’un terrain sec ; plus l’eau d’inhibition sera minéralisée
et plus le terrain sera conducteur. La présence d’eau très minéralisée (eau salée par
exemple) dans un terrain rendra celui-ci très conducteur, en « masquant » les
caractéristiques électriques des terrains sous-jacents.
Les méthodes de prospection 36

V
A B
M N

Figure 1-15
Schéma du dispositif (type Schlumberger)

Ainsi, en fonction du contexte géologique, on peut, à partir des valeurs de


résistivité, déterminer la nature lithologique des terrains rencontrés, leur degré de
fracturation et leur invasion potentielle par de l’eau saumâtre ou salée.
La détermination de ces résistivités se fait à partir de l’interprétation des sondages
électriques. La réalisation des sondages électriques se fait par injection de courant (I)
dans le sol à l’aide de deux électrodes (A, B). Il se crée alors un réseau
d’équipotentielles dont deux courbes en particulier qui arrivent à la surface en M et N
(électrodes réceptrices) et permettent de mesurer la différence de potentiel. Les
dispositifs les plus employés sont le dispositif Schlumberger composé d’un
quadripôle AMNB aligné (cf. figure 1-15), avec MN ≤ 1/5 AB ; et le dispositif
Wenner caractérisé par une disposition en ligne avec AM = MN = NB.
La connaissance de cette différence de potentiel ∆V = VM – VN, de l’intensité I et
de la géométrie du dispositif AMNB (appelé quadripôle) permet de calculer la
résistivité moyenne d’un certain volume de terrain situé en gros au droit de MN. La
profondeur intéressée dépend de la distance AB, des résistivités des terrains et de leur
répartition. L’augmentation des distances entre A et B d’une part, et M et N d’autre
part, permet généralement d’augmenter la profondeur d’investigation. La courbe des
AB
résistivités apparentes ρa en fonction de la demi distance entre A et B, ρa = f ( 2 )
ainsi établie sur papier bilogarithmique sera alors soumise à l’interprétation pour
déterminer les résistivités vraies des terrains successifs. Un programme de calcul
permet en fonction de l’hypothèse de départ (nombre de couches, résistivité ou
épaisseur) d’ajuster au mieux la courbe théorique à la courbe de terrain.
Les méthodes de prospection 37

Figure 1-16
Répartition des filets de courant (trait pointillé)et des équipotentielles (trait plein) sur le
terrain et sous le sol.

L’interprétation des sondages électriques se fait par comparaison des courbes de


terrain à des abaques théoriques, soit manuellement, soit automatiquement sur
ordinateur. On détermine pour chaque couche définie, l’épaisseur et la résistivité
vraie. Pour la formation la plus profonde, on ne détermine que la résistivité.
L’interprétation est notamment basée sur les principes suivants :
— un terrain résistant compris entre deux terrains conducteurs intervient par sa
résistance transversale Rt, avec :
Rt = e . ρ

avec :
e : épaisseur en mètre,
ρ : résistivité en ohm/mètre.

— un terrain conducteur compris entre deux terrains résistants intervient par sa


conductance longitudinale Cl, avec :
e
Cl =
ρ
Ainsi, pour un même sondage électrique, plusieurs interprétations théoriques sont
e
possibles en fonction des produits e.ρ ou des rapports ρ . Pour cette raison, la collecte
et la synthèse du maximum d’informations géologiques sont nécessaires à
l’interprétation des sondages électriques réalisés dans un secteur donné, afin
d’éliminer les solutions théoriques au profit des solutions plus proches de la
« réalité » géologique.
Des recherches récentes, entreprises en zone de socle, montrent qu’il existe une
relation directe entre les conductances longitudinales enregistrées, le taux d’échec et
les débits obtenus dans les ouvrages de captage (cf. tableau I-IX).
Les méthodes de prospection 38

La conductance longitudinale totale est déterminée sur les sondages électriques


d’après la position de la branche finale ascendante des diagrammes. Elle correspond à
ξi
la somme des rapports dans lesquels ξi représente l’épaisseur des différentes
χi
« strates » qui composent le complexe et χi leur résistivité.

TABLEAU I-IX — Relations entre débit, pourcentage de succès et


conductance longitudinale totale.

Conductance Nombre de Pourcentage Débit obtenu


longitudinale (mho) mesures de succès (en m3/h)

inférieure à 0,1 48 inférieur à inférieur à 1


25 %

de 0,1 à 0,2 61 78 % 2

de 0,2 à 0,5 88 98 % 2,8

de 0,5 à 2,5 76 66 % 3,5

Le tableau I-IX indique statistiquement qu’à des valeurs élevées de conductance


longitudinale totale correspondent des débits relativement élevés. Inversement, à des
valeurs basses de conductance correspondent des débits faibles.
Dans la mesure du possible, il est indispensable de réaliser des sondages
électriques à proximité de forages dont la coupe géologique est connue (sondages
d’étalonnage). Dans le cas contraire, il est toujours souhaitable de réaliser au moins
un sondage mécanique de reconnaissance après une campagne de géophysique
électrique afin d’étalonner et d’affiner l’interprétation des sondages électriques.
En hydrogéologie, les sondages électriques sont bien adaptés, par exemple :
— en milieu alluvial (vallées fluviatiles) pour la détermination de l’épaisseur et
de la qualité des alluvions, la localisation du niveau statique dans certains cas, et des
lentilles argileuses ;
Les méthodes de prospection 39

— en milieu de socle granitique et volcanique, pour définir la puissance des


zones d’altération ;
— en milieu sédimentaire, pour la définition des zones argileuses et la
détermination du degré de fissuration (par l’influence sur la perméabilité) ;
— en milieu côtier, pour la délimitation du front de salinité : limite eau douce -
eau salée.
Les sondages électriques, à partir des logs électriques et de leurs évolutions
latérales, permettent l’implantation de sondages mécaniques de reconnaissance et la
définition des coupes lithologiques prévisionnelles (nature et épaisseur des terrains,
objectif du forage).

d) Panneaux électriques
Dans un panneau électrique les électrodes A, M et N sont situées sur un même
axe, l’électrode B étant placée à l’infini sur une direction perpendiculaire à AMN.
Il s’agit de réaliser des mesures de résistivité apparente entre M et N, espacées
d’un pas constant, et déplacées selon ce même pas, pour différentes positions de
l’électrode A. Celle-ci est ainsi déplacée de part et d’autre du doublet de réception
MN. Six mesures de résistivité sont réalisées à la verticale de chaque doublet MN
avec une épaisseur de terrain intéressée par la mesure de plus en plus faible au fur et
à mesure que A se rapproche de MN (cf. figure 1-17).
Pour chaque doublet, deux séries de mesures sont effectuées, avec injection à
droite et injection à gauche.
Les différences obtenues entre les deux injections s’expliquent par l’hétérogénéité
des terrains de part et d’autre du doublet MN.
Les panneaux électriques sont généralement représentés sous la forme injection à
droite, injection à gauche et injection moyenne.
L’interprétation de ces documents est uniquement qualitative, en fonction de
l’évolution latérale des valeurs de résistivité.
Les panneaux électriques sont généralement réalisés pour mettre en évidence ou
confirmer le tracé d’accidents structuraux importants (dans ce cas le panneau est
réalisé perpendiculairement à l’axe présumé de l’accident). Ils permettent dès lors
l’implantation de sondages mécaniques de reconnaissance à proximité de ces
accidents, afin de vérifier leur rôle de drain ou de limite étanche hydrodynamique (par
exemple dans la craie ou dans les basaltes).
Signalons les dispositifs dits du carré et du double rectangle qui sont très utilisés
en prospection géoélectrique. Le carré permet de mesurer la direction d’anisotropie
correspondant à la direction de la fissuration, le coefficient d’anisotropie dépendant
de l’intensité de la fissuration et la résistivité moyenne apparente. Le double rectangle
permet une investigation horizontale, à profondeur pratiquement constante, dans deux
directions : parallèle et perpendiculaire à la direction d’anisotropie issue du carré.
L’interprétation du double rectangle fournit une grande précision dans l’implantation
du forage.
Les méthodes de prospection 40

Point Electrodes Injection B


d'injection de réception à 500 m
M N
A6 A5 A4 A3 A2 A1 A'1 A'2 A'3 A'4 A'5 A'6

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Injection Injection
gauche droite

Figure 1-17
Principe du panneau électrique, (d’après document SAFEGE).

1.6.7. La méthode gravimétrique


La méthode gravimétrique nécessite des équipes compétentes, sa mise en œuvre
est relativement lourde et coûteuse, c’est pourquoi elle est peu utilisée en
hydrogéologie. La microgravimétrie par contre, plus facile à mettre en œuvre pour
résoudre un problème ponctuel, prend de plus en plus de place en recherche de cavité
karstiques à faibles profondeurs.
Le principe de la gravimétrie repose sur la force d’attraction newtonienne qui
impose à toute masse placée près de la surface du globe une accélération g
(pesanteur). Si la terre était parfaitement ronde et homogène la valeur de g serait la
même partout. Il n’en est rien et g varie pour des causes diverses, d’origine
géologiques (densité variable des diverses formation pétrographiques, érosion,
tectonique, venues magmatiques, etc.) et non géologiques (effet de l’altitude, position
de la lune et du soleil, dérive instrumentale, etc.).
L’art de la méthode revient à identifier les causes non géologiques et à mettre en
évidence et expliquer les causes de variation de la pesanteur liées à des anomalies
d’intérêt hydrogéologique. Les anomalies sont dites positives lorsqu’elles se
manifestent par une augmentation de g (surcroît de masse dans le sous-sol) et
négatives lorsqu’elles sont liées à un défaut de masse. La densité des roches variant
avec leur composition minéralogique, avec leur porosité et avec le taux de saturation
des pores. A titre indicatif la densité de quelques roches potentiellement aquifères
sont représentées dans le tableau I-X.
Les méthodes de prospection 41

Une prospection gravimétrique « classique » passe par la détermination de


l’anomalie de Bouguer. Celle-ci correspond à la différence entre la valeur mesurée et
la valeur théorique de g au point de mesure. Il convient évidemment de tenir compte
des diverses corrections à apporter à la mesure en fonction du contexte.

Anomalie de Bouguer = g mesuré – g théorique

Le g théorique est égal à 978,0490 (1 + 0,0052884 sin2 λ + 0,0000059 sin2 2λ)


pour tout point de l’ellipsoïde terrestre d’altitude 0. Il est exprimé en gal (Galilée) à
l’altitude 0, λ la latitude du point est 978,049 = g à l’altitude 0 sur l’équateur. Un gal
correspond, dans le système CGS, à une accélération de 1 cm/s2.
L’anomalie de Bouguer n’est provoquée, en principe, que par les seules causes
géologiques, l’étude de ces anomalies peut être liée à des structures ou réservoirs
aquifères.

TABLEAU I-X — Densité de quelques roches pouvant constituer un


réservoir, (d’après C. MEYER DE STADELHOFEN).

Valeurs probables des


Type de roche densités
(g/cm3)
Granite 2,5 - 2,7
Basalte 2,7 - 3,3
Quartzite 2,6 - 2,7
Micaschiste 2,5 - 2,9
Gneiss 2,7 - 2,8
Amphibolite 2,8 - 3,2
Charbons 1 - 1,5
Craie 1,9 - 2,7
Grès 1,8 - 2,7
Calcaire 2,6 - 2,7
Dolomie 2,4 - 3
Sable 1,4 - 2
Moraine 1,8 - 2,2
Altérites 1,6 - 2
Argile 1,6 - 2,2
Gravier 1,8 - 2,1
La chimie des eaux 42

1.7 La chimie des eaux


Quand on parle d’eau dans les couches géologiques, il s’agit en réalité d’une
phase aqueuse dont la composition peut être très complexe étant donné son grand
pouvoir dissolvant.
A priori, étant donné le contact très intime entre la roche et l’eau qui l’imprègne,
on pourrait s’attendre à ce que l’eau soit saturée par rapport à chacun des corps
existants dans le terrain imbibé. En fait, deux cas se présentent :
— ou l’eau reste stationnaire et ne participe pas à la circulation des eaux
superficielles (eau connée) et elle peut présenter des salinités élevées,
— ou l’eau circule en lessivant progressivement les roches et dans ce cas, ne
conserve qu’une minéralisation faible, variable selon les régions et les climats.
La mise en solution se fait par dissolution et par attaque des substances présentes
dans la formation traversée par l’eau.

1.7.1 Dissolution
Dissoudre un corps, c’est détruire sa cohésion, laquelle est due à des forces
électrostatiques ou coulombiennes. L’attraction hydratante de l’eau (molécule
bipolaire) revient à détruire complètement ou partiellement les divers liens
électrostatiques entre les atomes et les molécules du corps à dissoudre pour les
remplacer par de nouveaux liens et créer de nouvelles structures : il s’agit d’une
solvatation. Lorsque la solvatation est complète, on parle de dissolution.

a) Les sels
Au cours de leur séjour souterrain, les eaux dissolvent un certain nombre de
substances parmi lesquelles se trouvent le calcaire CaCO3, les dolomies (Ca, Mg)
2CO3, le gypse CaSO4 2H2O, le chlorure de sodium NaCl, le chlorure de potassium
KCl.
La dissolution de ces substances qui constituent la masse principale des roches
sédimentaires solubles est nécessairement importante. Toutefois, d’autres éléments de
roches réputées insolubles, comme la silice ou les silicates, se laissent tout de même
dissoudre en très faible quantité.

b) Les gaz
Les eaux peuvent également entrer en contact avec certains gaz, notamment dans
la zone d’infiltration. La solubilité des gaz obéit aux loi de Henry.
Le volume de gaz que peut absorber un volume d’eau dépend de la pression et de
la concentration de ce gaz dans le milieu. Le coefficient d’absorption décroît pour des
températures croissantes et des concentrations croissantes en sels.
La plupart des gaz en contact avec l’eau ont une solubilité à peu près égale, ne
variant que du simple au double. Seuls certains gaz, comme le gaz carbonique,
l’ammoniac ou le sulfure d’hydrogène (H2S), ont une solubilité beaucoup plus
importante.
La chimie des eaux 43

La solubilité des principaux gaz en contact avec les eaux est indiquée sur le
tableau I-XI.

TABLEAU I-XI — Solubilité dans l’eau des principaux gaz.

Gaz Solubilité en mg/l

Azote (N2) 23,3


Oxygène (O2) 54,3
Gaz carbonique (CO2) 2 318
Méthane (CH4) 32,5
1,6
Hydrogène (H2)
5 112
Sulfure d’hydrogène (H2S)

1.7.2 Attaque chimique


Les agents de l’attaque chimique des roches sont assez complexes. Les principaux
mécanismes sont :
— l’hydratation : pénétration de l’eau dans le système réticulaire des cristaux,
— l’hydrolyse : elle joue un rôle important, notamment dans l’attaque des
silicates,
— l’oxydation : ce phénomène est très important dans les zones d’infiltration très
oxygénées. Il agit à un degré moindre à des profondeurs plus importantes.
L’oxydation intéresse plus spécialement les oxydes incomplètement pourvus
d’oxygène (magnétite), les sulfures tels que la pyrite, ainsi que les matières
organiques,
— la réduction : c’est le phénomène inverse du précédent, il est également
important dans les eaux souterraines.
Après ces phénomènes de dissolution et d’attaque, et souvent à la suite d’un
parcours souterrain plus ou moins long, des phénomènes secondaires viennent
modifier la composition chimique des eaux. Parmi eux, les plus importants sont :
• la réduction des sulfates,
• les échanges de bases,
• les oxydations,
• les nouvelles dissolutions ou précipitations qui modifient la concentration.
La chimie des eaux 44

1.7.3 Caractéristiques physico-chimiques des eaux


Le but principal des études physico-chimiques est de connaître l’origine des eaux
souterraines ainsi que leur potabilité ou leur degré de pollution.
Parmi les paramètres physico-chimiques généralement étudiés pour les eaux
souterraines, on peut citer les suivants :
— les paramètres physiques (température, pH, conductivité, etc.), qui doivent
être mesurés in situ ;
— les paramètres chimiques, éléments majeurs et éléments traces :
• les cations : Na+, K+, Ca2+, Mg2+ ;
– 2– –
• les anions : HCO3 , SO4 , Cl–, NO3 ;
• la silice : SiO2 ;
• les éléments traces : Al3+, Fe2+, Mn2+, Fe2–, etc.
Ces éléments peuvent nous renseigner sur des échanges géochimiques avec le
réservoir.

a) Couleur des eaux


La couleur d’une eau d’exhaure est un paramètre qui peut être estimé très
facilement. Sa mesure consiste à comparer la teinte de l’échantillon avec celle de
différentes doses de référence connues et étalonnées. On exprime les résultats en
unités colorimétriques ou en degrés HAZEN.
1° HAZEN = 1 ppm Pt-Co.
Dans la pratique, l’utilisation d’écrans colorés remplace souvent les solutions
étalon.

b) Turbidité
La turbidité d’une eau est d’autant plus forte que celle-ci contient des colloïdes en
suspension. Dans la pratique, la turbidité est mesurée à l’aide de néphélomètres qui
mesurent la lumière diffusée latéralement par l’échantillon d’eau. L’unité de mesure
est l’Unité Internationale (UI) qui correspond à 1 mg de formazine. Elle est
équivalente à l’unité Jackson (anglo-saxonne). Dans les eaux souterraines à faible
turbidité, une UI correspond environ à 1mg/litre de matières colloïdales en
suspension.

c) pH
Dans la pratique, l’étude du pH des eaux s’échelonne entre pH 0 (milieu très
acide) et pH 14 (milieu très alcalin).
La mesure du pH donne des renseignements importants sur la nature des eaux.
— Un pH inférieur à 7 correspond à des eaux acides, donc souvent agressives et
corrosives.
La chimie des eaux 45

— Les eaux alcalines ont un pH supérieur à 7 et ont tendance à provoquer des


incrustations à partir d’un certain degré de dureté.
En réalité, il existe une valeur exacte du pH au-dessous de laquelle l’eau devient
agressive et au-dessus de laquelle l’eau serait incrustante. Cette valeur s’appelle pH
d’équilibre ou de saturation, noté pHS.
A partir du pH réel de l’eau et de son pHS théorique, on définit deux indices,
souvent utilisés dans l’étude des problèmes de corrosion :
— l’indice de LANGELIER : IL = pH – pHS,
— l’indice de RYZNAR : IR = 2 pHS – pH.
Nous reviendrons plus longuement sur le rôle joué par ces paramètres dans la
prévention des phénomènes de corrosion.

d) Conductivité
La conductance est l’inverse de la résistance et caractérise la propriété, pour un
liquide, de laisser passer le courant électrique. L’unité de conductance est le Siemens
(ou mho) et l’unité de résistance électrique est l’ohm.
Pratiquement, la mesure de la résistance ou de la conductance présente un grand
intérêt car elle permet de suivre avec rapidité et précision les moindres perturbations
atteignant les nappes souterraines.
Par ailleurs, la conductivité et la résistivité d’une eau reflètent assez fidèlement sa
minéralisation. La conductivité augmente avec la teneur en sels dissous et varie en
fonction de la température. Elle s’exprime en µsiemens/cm (ou µmhos/cm). La
résistivité s’exprime en ohm/cm.
Il existe une relation très simple qui permet de passer de la conductivité à la
salinité de l’eau :
1 ppm = 1,56 µS/cm
La circulaire du 24 juillet 1989 indique que « la variation de la conductivité
donne des informations importantes sur l’évolution de la qualité de l’eau ; par rapport
à la conductivité, la minéralisation de l’eau peut être considérée de la façon indiquée
sur le tableau I-XII.

TABLEAU I-XII — Relation entre conductivité et minéralisation.

Conductivité en µS/cm, à 20°C Minéralisation


inférieure à 100 eau de minéralisation très faible
(terrains granitiques)
comprise entre 100 et 200 eau de minéralisation faible
comprise entre 200 et 400 eau de minéralisation peu
accentuée
comprise entre 400 et 600 eau de minéralisation moyenne
(terrains calcaires)
comprise entre 600 et 1 000 eau de minéralisation
importante
supérieure à 1 000 eau de minéralisation excessive
La chimie des eaux 46

e) Dureté
La dureté d’une eau est dûe principalement à la présence de sels de calcium et de
magnésium sous forme de bicarbonates, de sulfates et de chlorures. C’est donc la
concentration en ions alcalino-terreux, que l’on mesure globalement par le titre
hydrotimétrique.
La dureté s’exprime souvent en degré français selon le classement suivant :
— 0 à 7° : eau très douce,
— 7 à 14° : eau douce,
— 14 à 20° : eau moyennement dure,
— 20 à 30° : eau assez dure,
— 30 à 50° : eau dure,
— 50° et plus : eau très dure.

f) Alcalinité
Elle permet de connaître la concentration d’une eau en hydroxydes, carbonates ou
bicarbonates alcalins ou alcalino-terreux. A partir des valeurs du titre alcalimétrique
(TA) ou du titre alcalimétrique complet (TAC), on peut déduire la répartition des
trois grandes catégories de corps responsables de l’alcalinité de l’eau.

TABLEAU I-XIII — Répartition des corps responsables de l’alcalinité de l’eau.

Sels dissous mg/l par Si Si Si Si Si


degré TA = 0 TA<TAC/2 TA=TAC/2 TA>TAC/2 TA=TAC

(OH) 3,4
CaO 5,6
Ca(OH)2 7,4
MgO 4,0 0 0 0 2TA-TAC TAC
Mg(OH)2 5,8
NaOH 8,0

CO3 6,0
CaCO3 10,0
MgCO3 8,4 0 2 TA TAC 2(TAC-TA) 0
Na2CO3 10,6

HCO3 12,2
Ca(HCO3)2 16,2
Mg(HCO3)2 14,6 TAC TAC-2TA 0 0 0
NaHCO3 16,8
La chimie des eaux 47

g) Les substances chimiques dans l’eau


La composition chimique d’une eau souterraine est très variée. Dans une nappe,
l’eau peut subir les effets de plusieurs phénomènes (concentration, échange de bases,
réductions, etc.) qui sont capables de modifier partiellement ses caractéristiques
chimiques.
En général, dans une même nappe, on observe des variations de l’amont vers
l’aval.
— Augmentation de la concentration totale en sels dissous.
Cl
— Augmentation du rapport SO : dû au fait que la vitesse de dissolution est
4
plus grande pour les chlorures que pour les sulfates.
Ca
— Diminution du rapport Mg . En effet, l’apport de calcium par dissolution du
CaCO3 cesse rapidement car les eaux sont saturées dès l’origine.

Les sulfates

Ils proviennent principalement de gypse et d’anhydrite ou d’oxydation de pyrites.


Certains sulfates de magnésium ou de sodium peuvent également être présents.

Les chlorures

Ils peuvent provenir, entre autres, de sels de bassins potassiques. Ils ne sont pas
absorbés par le sol et peuvent donc se déplacer sur de grandes distances. Ils peuvent
aussi provenir de pompages exagérés en bord de mer. Une eau contenant moins de
150 ppm de chlorures est bonne pour tous les usages. Elle est encore considérée
comme potable jusqu’à 250 ppm.

Les nitrates et les nitrites

Ils se trouvent surtout dans les couches superficielles par infiltration des eaux de
surface. Ils sont généralement l’indice d’une pollution.

Le fer et le manganèse

Ils sont fréquemment présents dans les eaux souterraines sous forme réduite (Fe2+
et Mn2+). Les teneurs usuelles sont de l’ordre de 0,2 à 5 mg/l pour le fer et 0,05 à
2 mg/l pour le manganèse. En présence d’air, les ions ferreux (Fe2+) s’oxydent et se
transforment en ions ferriques (Fe3+).

L’ion ammonium
+
L’ion ammonium (NH4 ) est très fréquent dans les eaux souterraines, il résulte le
plus souvent de la décomposition anaérobie de matières organiques azotées. On le
trouve souvent à des teneurs variant entre 0,1 à 0,2 mg/l.
La chimie des eaux 48

Les gaz dissous

La solubilité des gaz dissous varie en raison inverse de la température et croît


avec la pression. Les principaux gaz que l’on rencontre en dissolution dans les eaux
souterraines sont les suivants :
— L’oxygène. Il accélère la corrosion du fer, de l’acier, du zinc et du cuivre. Les
eaux contenant de l’oxygène sont d’autant plus corrosives que le pH est bas ou que la
conductivité est élevée. En revanche, une eau bicarbonatée calcique bien oxygénée
dépose une couche protectrice sur les canalisations.
— L’hydrogène sulfuré (H2S). Il rend l’eau agressive et corrosive. En présence
d’H2S, l’eau attaque l’acier et forme des incrustations de sulfure de fer. L’odeur
d’oeuf pourri est caractéristique de l’hydrogène sulfuré.
— Le dioxyde de carbone (CO2). Il est très fréquent dans les eaux souterraines.
La solution est alors stable si la pression est suffisante. En cas de baisse de pression
(au pompage par exemple), on assiste à un dégazage de CO2 accompagné
d’incrustations de calcium. On a donc intérêt à réduire le rabattement au pompage et
la vitesse d’entrée de l’eau dans la crépine.
On trouve d’autres gaz dissous, en proportion moindre, dans les eaux
souterraines. C’est le cas, entre autres, de l’azote, de l’anhydrite sulfureux et du
méthane.

1.7.4 Caractéristiques isotopiques


Les variations des teneurs en isotopes stables (18O, 2H, 13C) renseignent sur
l’origine des eaux souterraines. Ces variations sont dûes au fractionnement qui
intervient lors des changements de phase et des réactions chimiques. Pendant le
processus de fractionnement, la vapeur est toujours appauvrie en isotopes lourds par
rapport au liquide restant (ou le condensat est toujours enrichi en isotopes lourds par
rapport à la vapeur d’origine). En raison du fractionnement qui dépend de la
température, les teneurs en isotopes varient en fonction de plusieurs paramètres.
— l’évaporation ;
— l’altitude ;
— la latitude ;
— la continentalité.
Les isotopes radioactifs (3H, 14C) permettent l’évaluation du taux de
renouvellement et des vitesses de circulation des eaux souterraines. cela aboutit au
concept de temps de séjour des eaux dans un aquifère.
Il existe aussi des isotopes enrichis (radioactifs ou non), qui peuvent être
introduits dans le système à petite échelle en vue des traçages artificiels locaux pour
étudier la direction des écoulements.
Les mesures isotopiques du soufre des sulfates dissous dans les eaux peuvent
attribuer à cet élément une origine naturelle (dérivés des pyrites, roches
évaporitiques, invasion marine) ou une origine artificielle (pollution atmosphérique
par des combustibles fossiles, ou pollution des nappes par les engrais).
La chimie des eaux 49

Les isotopes de l’azote nous renseignent sur l’origine des nitrates dans les eaux
souterraines (origine industrielle, oxydation de matière organique d’origine humaine
ou décomposition de matière organique dans les sols).

1.7.5 Exigences qualitatives


L’eau souterraine est considérée comme polluée lorsqu’elle contient des
substances autres que celles qui sont liées à la structure naturelle des terrains où elle a
séjourné et, en particulier, lorsque les concentrations des constituants dissous ou en
suspension dépassent les concentrations maximales admissibles fixées par les
standards nationaux ou internationaux.
Un résumé des normes pour les éléments les plus courants est donné dans les
tableaux I-XIV et I-XV.
En dehors de ces caractéristiques physico-chimiques, l’eau potable ne doit pas
présenter :
— une coloration dépassant 15 mg/l de platine en référence à l’échelle
Platine/Cobalt,
— une turbidité supérieure à une valeur équivalente à 2 unités NTU,
— d’odeur ou de saveur, pour un taux de dilution de 2 à 12°C et de 3 à 25°C.
Les principes directeurs relatifs à la qualité de l’eau potable sont fixés par
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pour les rayonnements ionisants, les
valeurs indicatives recommandées sont fondées sur les données déterminées par la
Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR), en prenant pour base
une consommation quotidienne de 2 litres d’eau par adulte :
— radioactivité alpha globale (Radon exclu) : 0,1 Bq/litre,
— radioactivité bêta globale (Tritium exclu) : 1 Bq/litre.
La dose apportée par l’eau potable doit rester inférieure à 0,05 mSv/personne/an.
Par les règlements 3954-87 du 22 décembre 1987 et 2218-89 du 18 juillet 1989, la
législation européenne en matière de protection radiologique définit les normes
maximales admissibles de contamination radioactive pour les liquides destinés à la
consommation humaine.
— Isotopes du strontium Sr-90 : 125 Bq/litre.
— Isotopes de l’iode I-131 : 500 Bq/litre.
— Isotopes du plutonium et des transplutoniens à émission alpha,
Pu-239 et Am-241 : 20 Bq/litre.
— Tout autre nucléide à période radioactive supérieure à 10 jours,
du césium Cs-134 et Cs-137 : 1 000 Bq/litre, (Carbone 14, Tritium et
Potassium-40 exclus).
La chimie des eaux 50

TABLEAU I-XIV — Paramètres de qualité des eaux et leurs valeurs limite,


d’après le décret du 3 janvier 1989 (extrait).

Limites de Limites de
Paramètres Unités qualité qualité
pour les pour les
eaux potables eaux de
ressource

A. Paramètres physico-chimiques

Température °C 25 25
pH 6,5 à 9
Chlorure (Cl) mg/l 200 200
Sulfates (SO4) mg/l 250 250
Magnésium (Mg) mg/l 50
Sodium (Na) mg/l 150
Calcium (Ca)
Potassium (K) mg/l 12
Aluminium total mg/l 0,2
Résidu sec mg/l 1.500
Oxygène dissous (O2) % sat. non fixé 30

B. Substances indésirables

Nitrates (NO3) mg/l 50 100


mg/l 0,1
Nitrites (NO2)
mg/l 0,5 4
Ammonium (NH4) mg/l 1
Azote Kjeldahl (•) mg/l 5 10
Oxydabilité au KMnO4 (O2) Odeur Non détectable Non détectable
Hydrogène sulfuré (H2S) microg/l 10 1.000
Hydrocarbures dissous microg/l 0,5 100
Phénols microg/l 200 500
Détergents anioniques
Organochlorés (••)
Fer (Fe) microg/l 200
Manganèse (Mn) microg/l 50
Cuivre (Cu) mg/l 1
Zinc (Zn) mg/l 5 5
Phosphore (P2O5) mg/l 5
Fluorures mg/l 1,5
Argent (Ag) microg/l 10

(•) L’azote Kjedahl regroupe l’azote présent sous forme organique et ammoniacal. Il ne doit pas
être confondu avec l’azote total qui englobe également les nitrates et nitrites.

(••) Valeurs limites recommandées pour les composés organochlorés (circulaire du 16 mai 1989) :
• tétrachlorure de carbone : 3 µg/l,
• 1,2 dichloroéthane ou tétrachloroéthylène : 10 µg/l,
• trichloréthylène ou chloroforme : 30 µg/l.
La chimie des eaux 51

TABLEAU I-XV — Paramètres de qualité des eaux et leurs valeurs limite,


d’après le décret du 3 janvier 1989 (extrait).

Limites de Limites de
Paramètres Unités qualité qualité
pour les pour les
eaux potables eaux de
ressource

C. Substances toxiques

Arsenic (As) microg/l 50 100


Cadmium (Cd) microg/l 5 5
Cyanure (Cn) microg/l 50 50
Chrome (Cr) microg/l 50 50
Mercure (Hg) microg/l 1 1
Nickel (Ni) microg/l 50
Plomb (Pb) microg/l 50 50
Antimoine (Sb) microg/l 10
Sélénium (Se) microg/l 10 10
HPA (6 substances) microg/l 0,2 1
dont Benzo 3,4 pyrène microg/l 0,01

D. Paramètres microbiologiques

Coliformes totaux N/100 ml 0


Coliformes thermotolérants N/100 ml 0 20 000
Streptocoques fécaux N/100 ml 0 10 000
Clostridium N/100 ml inf. à 5
Staphylocoques pathogènes N/100 ml 0
Salmonelles N/5 l 0
Entérovirus N/10 l 0

E. Pesticides

Pesticides totaux microg/l 0,5


Par substances microg/l 0,1
Sauf aldrine et dieldrine microg/l 0,03 (••)
Hexachlorobenzène microg/l 0,01
PCB et PCT microg/l 0,5

(••) Parathion + HCH + Dieldrine = 5.


Conclusion 52

1.8 Conclusion
Les eaux souterraines ne représentent qu’une très faible proportion des volumes
d’eau répartis dans les différents réservoirs à la surface du globe (environ 0,31 %).
Pour utiliser au mieux ces volumes, il est important de définir aussi précisément que
possible les différents paramètres qui régissent le stockage, la répartition et la
circulation des eaux souterraines :
— nature de la nappe (libre ou captive),
— nature des apports et des écoulements (bilan de la nappe),
— perméabilité,
— porosité,
— coefficient d’emmagasinement,
— transmissivité,
— diffusivité.
La circulation des eaux souterraine est régie par la loi de Darcy. Elle permet, par
l’intermédiaire du coefficient de perméabilité du réservoir, de calculer le débit d’une
nappe d’eau.
L’évaluation de la ressource, du taux et de la durée du renouvellement de la
réserve en eau sont également des grandeurs essentielles pour la « gestion » de
l’aquifère. A partir de ces données, il est alors possible de définir une stratégie
d’exploitation afin de rationaliser les prélèvements d’eau dans la nappe.
L’approche hydrogéologique pour la détermination des zones favorable à la
recherche des eaux souterraines peut être schématisée par quatre phases : les études
de base, les études de terrain, la photo-interprétation et les méthodes géophysiques.
CHAPITRE II

Procédures administratives
« Notre héritage n’est précédé d’aucun
testament »
René Char.

Les volumes considérables des aquifères, leur répartition géographique, les


caractéristiques de leurs écoulements, leur vulnérabilité font des eaux souterraines un
élément fondamental de la gestion des eaux. Cependant, compte tenu de l’unicité de
la ressource, elles ne sauraient être désolidarisées des eaux superficielles et de
l’aménagement du territoire dans le cadre d’une réglementation à finalité nationale,
européenne, voire mondiale. Depuis la loi de 1964, l’eau est devenue « objet de
négociation sociale » et sa gestion tend à s’organiser de façon patrimoniale.
Agir sur les eaux souterraines c’est aussi utiliser les moyens juridiques, les
instruments législatifs et économiques. Il faut parler de vision à long terme et prendre
en compte les phénomènes de rémanence, notamment pour les micropolluants pour
lesquels le pas de temps est important. Il convient, à terme, d’intégrer ces éléments
dans une politique d’aménagement du territoire.
Les eaux souterraines étaient jusqu’à présent régies par un certain nombre de
textes, de portée limitée, s’échelonnant de 1898 à 1973. Les usages de l’eau devenant
de plus en plus « d’intérêt général » et la nécessité de répondre aux exigences nées
des directives européennes sont autant de raisons qui ont amenées à un renforcement
du dispositif législatif existant. Nous résumons ici les principaux textes régissant la
gestion et la protection de l’eau souterraine.
La loi du 16 décembre 1964 a harmonisé de nombreuses dispositions législatives
existantes et a introduit des notions nouvelles essentielles telles que la gestion
intégrée des ressources en eau, la notion de bassin comme zone de base pour cette
gestion ou encore, l’incitation financière combinée avec l’action réglementaire.
Afin de garantir la qualité de l’eau distribuée, l’article L.20 du code de la santé
publique, loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964, article 7, et sa circulaire du 24 juillet
1990, prévoient l’instauration de périmètres de protection autour des captages d’eau
potable. La mise en place de tels périmètres est soumise à une procédure de
déclaration d’utilité publique (DUP) qui donne à la collectivité propriétaire d’un
point d’eau potable ou à son concessionnaire (article 113 du code rural) tous les
moyens juridiques lui permettant d’assurer la protection effective de celui-ci.
Procédures administratives 54

La DUP permet notamment :


— d’informer, lors de l’enquête publique, tous les propriétaires, et leurs
éventuels locataires, touchés par les différents périmètres de protection, de leurs
droits et obligations ;
— d’acquérir les terrains situés dans les périmètres de protection immédiate
(ppi) ;
— d’instaurer des servitudes dans les périmètres de protection rapprochée (ppr)
et les périmètres de protection éloignée (ppe) ;
— de fonder juridiquement toute opposition à l’installation des sources de
pollution (la DUP est opposable aux tiers) ;
— d’obliger les propriétaires et locataires (moyennant d’éventuelles
indemnisations) à réaliser les aménagements de protection précisés dans l’arrêté
préfectoral de DUP.
Depuis le 3 janvier 1992, une nouvelle loi sur l’eau est entrée en vigueur. Cette
modification de la loi de 1964 vise à améliorer les mesures concernant la protection
des eaux destinées à la consommation humaine. Toutefois, bien que la loi sur l’eau,
dans son cadre général, ait été promulguée, l’ensemble des décrets relatifs à son
application n’est à ce jour, pas encore totalement établi.

2.1 Dispositions de la loi sur l’eau


La loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 (JO du 4 janvier 1992) dite « loi sur l’eau »
précise que l’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa
mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des
équilibres naturels, sont d’intérêt général. L’usage de l’eau appartient à tous dans le
cadre des lois et règlements ainsi que des droits antérieurement établis.
Cette loi précise, notamment, les dispositions générales en matière de :
— préservation des écosystèmes aquatiques,
— protection contre toute pollution et restauration de la qualité des eaux
superficielles et souterraines,
— développement et protection de la ressource en eau,
— valorisation et répartition de l’eau comme ressource économique, de manière
à satisfaire ou à concilier les exigences :
• de la santé, de la salubrité publique, de la sécurité civile et de
l’alimentation en eau potable de la population ;
• de la conservation et du libre écoulement des eaux et de la protection
contre les inondations ;
• de l’agriculture, des pêches et des cultures marines, de la pêche en eau
douce, de l’industrie, de la production d’énergie, des transports, du
tourisme, des loisirs et des sports nautiques ainsi que de toutes activités
humaines légalement exercées.
La reconnaissance de l’unicité de la ressource en eau et de sa valeur patrimoniale
consacrent la nécessité d’une gestion globale et équilibrée doublée par la mise en
place d’un régime juridique unifié et d’un système de planification original. Ce
renforcement du dispositif législatif était devenu nécessaire d’autant plus que la
Dispositions de la loi sur l'eau 55

France se devait de répondre aux exigences nées des directives européennes


intervenues dans le domaine de l’eau.

2.1.1 Police et gestion des eaux


Article 3 : vise à la création, à l’initiative du préfet coordonnateur de bassin, par
le comité de bassin, de schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux
(SDAGE) dans chaque bassin.
Le SDAGE a un délai de cinq ans pour harmoniser les programmes des
Collectivités Publiques, les objectifs de qualité et de quantité, la délimitation de sous-
bassins, ...

Article 5 : dans chaque sous-bassin ou groupement de sous-bassins correspondant


à une unité hydrographique ou à un aquifère, un schéma d’aménagement et de gestion
des eaux (SAGE), élaboré par une commission locale de l’eau (CLE), fixe les
objectifs généraux d’utilisation, de mise en valeur et de protection quantitative et
qualitative des ressources en eau superficielle et souterraine et des écosystèmes
aquatiques.
La CLE est composée de :
— 50 % de représentants des collectivités territoriales,
— 25 % de représentants des usagers, riverains, associations et organisations
professionnelles,
— 25 % de représentants de l’état.
Le SAGE prend en compte les documents d’orientation et les programmes de
l’état, des collectivités territoriales et de leurs groupements, des syndicats mixtes, des
établissements publics, des autres personnes morales de droit public, ainsi que des
sociétés d’économie mixte et des associations syndicales de la loi de 21 juin 1865
ayant des incidences sur la qualité, la répartition ou l’usage de la ressource en eau.
Les SAGE sont soumis aux conseils généraux et régionaux et soumis à enquête
publique. Le projet est ensuite rendu public et mis à la disposition de la population
pendant deux mois ; passé ce délai il est approuvé par l’autorité administrative.

Article 7 : les collectivités territoriales compétentes peuvent s’associer dans une


communauté locale de l’eau ayant statut d’établissement public, qui élabore un
programme pluriannuel d’intervention après avis conforme de la commission locale
de l’eau.

Article 8 et 9 : les règles générales de préservation de la qualité et de répartition


des eaux sont déterminées par décret en conseil d’état. Elles fixent notamment :
— les normes de qualité,
— les règles de répartition des eaux,
Dispositions de la loi sur l'eau 56

— la réglementation des déversements, écoulements, dépôts, etc.,


— la surveillance des puits et forages,
— les conditions dans lesquelles peuvent être interdites ou réglementées la mise
en vente et l’utilisation de produits susceptibles de nuire à la qualité du milieu
aquatique,
— les conditions de contrôle des installations techniques (analyses),
— les mesures à prendre en cas de sécheresse, d’accidents, ...
— la définition des conditions à respecter pour l’implantation des ouvrages.

Article 10 : règles applicables aux installations utilisées à des fins non


domestiques (prélèvement, modification d’écoulement, rejets, etc.). Ces règles sont
définies dans une nomenclature établie par décret en conseil d’état :
— Sont soumis à autorisation les installations, ouvrages, travaux, etc.,
susceptibles de présenter des dangers pour la santé et la sécurité publique, de nuire au
bon écoulement, de réduire la ressource, d’augmenter les risques d’inondation, de
porter atteinte à la qualité du milieu.
L’autorisation est délivrée, après enquête publique, le cas échéant pour une durée
déterminée.
L’autorisation peut être retirée ou modifiée dans l’intérêt de la salubrité publique,
notamment pour préserver l’alimentation en eau potable des populations.
— Sont soumises à déclaration toutes les autres installations.
— Installations existantes : mise en conformité dans un délai de 3 ans, à compter
du 4 janvier 1992.

Article 12 : les installations non domestiques soumises à l’article 10 ainsi que


toute installation de pompage des eaux souterraines doivent être équipées de moyens
de mesures ou d’évaluation appropriés. Leurs exploitants sont tenus d’en assurer la
pose et le fonctionnement. Les données doivent être conservées pendant un délai de
trois ans, durée pendant laquelle elles doivent pouvoir être mises à disposition de
l’autorité administrative ainsi que des personnes morales de droit public dont la liste
est fixée par décret.
Les installations existantes doivent être mises en conformité dans un délai de cinq
ans.

Article 13 (en complément à l’article L.20 du code de la santé publique) : les


ouvrages protégeables au sens de l’article L.20, existants le 16.12.1964 et mal
protégés, doivent faire l’objet d’une DUP définissant les périmètres de protection
dans un délai de 5 ans.
Les données sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine,
notamment les résultats d’analyses, y compris chez les particuliers, sont publics,
communicables aux tiers et affichés en mairie.

Article 18 : le préfet et le maire intéressés doivent être informés dans les


meilleurs délais par toute personne qui en a connaissance de tout incident présentant
un danger pour la sécurité civile, la qualité, la conservation ou la circulation des eaux.
En cas de carence, et s’il y a risque de pollution ou de destruction du milieu
naturel, ou encore pour la santé publique et l’alimentation en eau potable, le préfet
Dispositions de la loi sur l'eau 57

peut prendre ou faire exécuter les mesures nécessaires aux frais et risques des
personnes responsables.

Les articles 19 à 30 prévoient les moyens que l’on peut mettre en œuvre pour
lutter contre toutes les infractions commises à l’encontre des dispositions de la
présente loi, notamment contre les responsables des pollutions.

2.1.2 Intervention des collectivités territoriales


a) Dans la gestion des eaux
Articles 31 à 34 : ces articles prévoient la possibilité de créer des groupements de
collectivités territoriales et de syndicats mixtes pour entreprendre l’étude, l’exécution
et l’exploitation de tous travaux, ouvrages ou installations présentant un caractère
d’intérêt général ou d’urgence dans le cadre du SAGE, notamment en ce qui
concerne :
— l’aménagement d’un bassin hydrographique,
— l’approvisionnement en eau,
— la lutte contre la pollution,
— la maîtrise des eaux pluviales et de ruissellement,
— la protection et la conservation des eaux superficielles et souterraines.
Ces missions peuvent être concédées. Un transfert des compétences de l’état aux
collectivités territoriales (région, départements, communes, groupements, syndicats,
etc.) pour la gestion des points d’eau et plans d’eau est envisagé par décret.

b) Assainissement et distribution d’eau


Article 35 (additif à l’article L 372-1-1 du code des communes) : les communes
prennent obligatoirement en charge les dépenses relatives aux systèmes
d’assainissement collectif et les dépenses de contrôle des systèmes d’assainissement
non collectif (autonome). Elles peuvent prendre en charge les dépenses d’entretien
des systèmes d’assainissement non collectif. L’ensemble des prestations prévues à
l’article L 372-1-1 doit être assuré sur la totalité du territoire avant le 31 décembre
2005.
L’article L 372-3 du code des communes. Les communes délimitent, après
enquête publique :
— les zones d’assainissement collectif et non collectif,
— les zones de limitation de l’imperméabilisation des sols,
— les zones où il est nécessaire de prévoir des installations de collecte, stockage
et traitement des eaux pluviales.
Dispositions de la loi sur l'eau 58

Compléments au code de la santé publique (articles L 33 à L 35). La perception


de la redevance d’assainissement peut être décidée par les communes dès la mise en
service du collecteur (raccordable).
Les communes doivent contrôler la conformité des installations intérieures des
raccordés (assainissement collectif) et les dispositifs d’assainissement non collectifs
(autonome).
Les communes peuvent décider de prendre en charge l’entretien des installations
d’assainissement non collectif et instituer une redevance pour la rémunération de ce
service.
Les agents du service assainissement ont accès aux propriétés privées pour le
contrôle des installations intérieures (assainissement collectif ou autonome).

c) Dispositions diverses
Article 42 : les associations régulièrement déclarées depuis au moins 5 ans à la
date des faits, ayant dans leur statut la sauvegarde des intérêts définis à l’article 2,
peuvent se constituer partie civile en cas d’infraction à la loi du 3 janvier 1992.

2.2 Préliminaires à la réalisation d’un forage


Comme nous l’avons précisé, il faut attendre les décrets d’application de la loi sur
l’eau qui instituent des schémas d’aménagement et de gestion des eaux et fixent, pour
des bassins ou des groupements de bassins, les orientations générales de gestion de la
ressource en eau.
Nous donnons ci-après les dispositions en vigueur actuellement. Il faut savoir
qu’elles sont susceptibles d’être modifiées.

2.2.1 Intervention de l’hydrogéologue agréé


Avant toute réalisation concrète d’un forage, il est conseillé de se rapprocher de
l’hydrogéologue agréé pour avoir son accord de principe pour réaliser l’ouvrage. Il
peut être utile de le solliciter avant la réalisation du forage. Rappelons que l’étude
préliminaire est réalisée pour le maître d’œuvre (collectivité, syndicat, distributeur
d’eau, ...), par le bureau d’étude de son choix, mais que pour le rapport réglementaire,
on s’adresse obligatoirement à l’hydrogéologue coordonnateur du département, qui
mandate l’hydrogéologue agréé de son choix qui sera chargé du dossier. Ce rapport
tient lieu d’avis et peut être par la suite modifié par le préfet ou par l’administration
concernée.
Préliminaires à la réalisation d'un forage 59

2.2.2 Demande d’autorisation


La réalisation du forage fait l’objet d’un certain nombre de démarches
administratives (variables selon le département) suivant la profondeur du forage, les
contraintes départementales ou régionales, la nature de l’aquifère sollicité, la quantité
d’eau à prélever. Avant la réalisation du forage, la toute première étape concerne la
demande d’autorisation de réaliser l’ouvrage, cette demande étant différente selon la
finalité de l’ouvrage, sa profondeur et le lieu de la demande.
La profondeur de l’ouvrage est un élément déterminant ; si elle est supérieure à
10 mètres, une déclaration est à faire auprès de la DRIRE en application de l’article
131 du code minier.
Ensuite, on peut se trouver dans l’un des cas suivants (valables en Ile de France,
décret-loi du 8 août 1935) :
— Si la profondeur est comprise entre 10 et 80 mètres et si l’objet n’est ni un
captage d’eau ni un rejet d’eau ou d’effluent (il s’agit juste d’un trou, ex :
piézomètre), faire parvenir une déclaration à la DRIRE en vertu de l’article 131 du
code minier.
— Si la profondeur est inférieure ou égale à 80 mètres et si l’objet est un captage
d’eau, destiné à des fins domestiques, outre l’application de l’article 131 du code
minier, le projet est soumis à l’article 113 du code rural, en vue d’obtenir une
déclaration d’utilité publique.
— Si la profondeur est supérieure à 80 mètres, et quelle que soit l’utilisation
(piézomètre, forage, irrigation, etc.), outre l’application de l’article 131 du code
minier, le projet est soumis au décret-loi du 8 août 1935, relatif à la protection des
eaux souterraines, et au décret du 4 mai 1937 modifié. Ces travaux devront faire
l’objet d’une demande d’autorisation préfectorale. Dans ce cas également, l’ouvrage
sera soumis à l’article 113 du code rural (DUP).
— Si la profondeur est supérieure à 80 mètres et si l’objet est l’injection d’eau
ou d’effluent (réalimentation, etc.), outre la déclaration à la DRIRE, le projet est
soumis au décret n° 73-218 du 23 février 1973. L’exécution des travaux projetés est
soumise à une demande d’autorisation préfectorale, ainsi qu’à l’avis du conseil
départemental d’hygiène (article 26 du décret).
Toutefois, suivant l’article 9 de la nouvelle loi sur l’eau, toutes ces dispositions
seront réglementées par décrets et risquent donc d’être modifiées en application de la
nouvelle loi du 3 janvier 1992. Le détail de la procédure à appliquer dans le cadre de
cette loi ne sera connu que lorsque les décrets seront pris.
En ce qui concerne la qualité des eaux de distribution, l’article 4 du décret n°89-3
du 03.01.89 modifié précise que l’utilisation de l’eau prélevée dans le milieu naturel
en vue de la consommation humaine est autorisée par arrêté du préfet, pris après avis
du conseil départemental d’hygiène. Cet arrêté indique notamment les procédés et
produits de traitement technique appropriés auxquels il peut être fait appel. L’arrêté
du 10 Juillet 1989, du ministre chargé de la santé, détermine les modalités selon
lesquelles la demande d’autorisation est établie et instruite.
Préliminaires à la réalisation d'un forage 60

L’article 5 de ce décret précise que la procédure d’instruction de la demande


d’autorisation prévue dans l’article 4 comporte l’avis de l’hydrogéologue agréé en
matière d’hygiène publique sur les disponibilités en eau et les mesures de protection à
mettre en place. Un arrêté du ministre chargé de la santé fixe les modalités
d’agrément de ces hydrogéologues.
Par ailleurs l’article 6 du décret précité précise que les demandes d’autorisation
sont obligatoirement soumises au conseil supérieur d’hygiène publique de France
lorsque les projets portent sur l’utilisation, en vue de la consommation humaine,
d’une eau dont la qualité dépasse l’une des limites fixées dans le cadre de la potabilité
des eaux (chapitre précédent) et s’il s’agit d’alimenter plus de 50 000 personnes.

2.2.3 Possibilité d’achat de terrains


Le résultat des recherches hydrogéologiques et l’examen des contraintes du POS
permettent d’envisager la zone la plus favorable à l’implantation d’un forage. Il
s’ensuit des négociations avec les propriétaires aboutissant à une promesse de vente
des parcelles concernées.
A titre d’indication, il est conseillé de disposer, si possible, d’une superficie de
l’ordre de 900 m2 de terrain (15 m de rayon et 30 m de côté minimum), surface qui
permet généralement d’englober le périmètre de protection immédiate.
Il est possible d’engager une procédure d’urgence d’occupation temporaire des
parcelles conformément aux articles R 15-1 à R 15-8 du code de l’expropriation.

2.3 Après la réalisation de l’ouvrage


Les collectivités territoriales sont responsables de la qualité des eaux destinées à
la consommation humaine. Elles sont tenues, en application de l’article L.19 du code
de la santé publique, de s’assurer que ces eaux sont propres à la consommation. La
procédure préconisée est, bien entendu, celle de la déclaration d’utilité publique. Pour
ce faire, la collectivité doit prendre une délibération, dans le but d’engager une
procédure de DUP auprès de la préfecture. Elle décidera dans son conseil, si elle
prend elle-même à sa charge le déroulement de la procédure, ou si elle le délègue au
département (conseil général).

2.3.1 Intervention de l’hydrogéologue agréé


La protection des points de prélèvement des eaux destinées à la consommation
humaine est réalisée par la mise en place de deux périmètres :
— un périmètre de protection immédiate (ppi),
— un périmètre de protection rapprochée (ppr).
Ils peuvent être complétés éventuellement par un périmètre de protection éloignée
(ppe). L’institution de ces périmètres, comme nous le verrons dans le chapitre VI, a
pour but d’empêcher les pollutions accidentelles des captages d’eau potable, en
isolant les ouvrages par une réglementation adéquate. Les périmètres sont proposés
par des hydrogéologues agréés en matière d’hygiène publique. Une sollicitation de
Après la réalisation de l'ouvrage 61

l’hydrogéologue agréé avant la réalisation du captage permet d’appréhender la


meilleure localisation possible pour le futur ouvrage (cf. 2.2.1).

2.3.2 Déclaration à la DDASS


La mise en service de l’ouvrage nécessite au préalable la fourniture à la DDASS
de deux analyses européennes de l’eau, captée à deux époques différentes en
application de l’article 2 de l’arrêté du 10.07.89 (décret 89-3, du 30 janvier 1989),
ainsi qu’une autorisation préfectorale. Cette dernière peut être délivrée, suite à la
demande d’autorisation auprès du préfet, en application de l’article 113 du code rural.
Consultation du conseil départemental d’hygiène, et dans certains cas, du conseil
supérieur d’hygiène publique de France.
Toutefois, en application de l’article 8 de la nouvelle loi sur l’eau, les paramètres
tels que les normes de qualité, les règles de répartition, la réglementation des
déversements, etc., seront déterminés par décret en conseil d’état.

2.3.3 Procédure de déclaration d’utilité publique


L’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique pourra être menée
conjointement avec l’enquête parcellaire. Pour cette dernière, le titulaire pourra
consulter un géomètre expert (DPLG) ou un bureau d’étude. La procédure de mise en
place des périmètres de protection des captages d’eau destinés à la consommation
humaine résulte de l’application des textes législatifs et réglementaires suivants :
— l’article 113 du code rural,
— les articles L 20 et L 20.1 du code de la santé publique et la circulaire
d’application du 24 juillet 1990,
— le décret n° 89-3 du 3 janvier 1989 modifié — articles 4, 5 et 16 — relatif à la
qualité des eaux destinées à la consommation humaine et son arrêté d’application du
10 juillet 1989.
Par ailleurs, les collectivités territoriales ou les sociétés privées concessionnaires
peuvent bénéficier de la procédure, celle-ci étant par ailleurs obligatoire pour tout
captage créé même avant le 16 décembre 1964, date de publication de la loi n°64-
1245 relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre la pollution.
Nous développons ci-après, dans l’ordre chronologique, les diverses phases de la
procédure administrative de la DUP et de l’enquête parcellaire, menées
parallèlement.
Après la réalisation de l'ouvrage 62

a) Procédure administrative

Préliminaire d’information

Sensibilisation des collectivités à la protection d’un captage, sous la res-


ponsabilité de l’administration et de l’agence de l’eau.
Délibération de la collectivité demandant la DUP, sous la responsabilité du maire
ou du président du syndicat des communes.
Recherche des aides financières, sous la responsabilité de la collectivité (dans
certains cas : 70 % agence de l’eau, 30 % département).

Instruction technique

Elle est effectuée sous la responsabilité conjointe de l’administration et de la


collectivité et porte sur les éléments suivants :
— Commande d’un rapport à l’hydrogéologue agréé, comprenant la délimitation
des périmètres de protection et des servitudes correspondantes en fonction du pouvoir
protecteur ou épurateur du recouvrement, rabattement, temps de transfert, distances,
limites d’écoulement) ; rapport qui devra être complété par une estimation des coûts
auprès d’agronomes, économistes, ...
— Visite des lieux et collecte des données techniques.
— Constitution d’un dossier préparatoire, à la charge de la collectivité ou de la
société concessionnaire ; la réalisation peut en être confiée à tout organisme
spécialisé, public ou privé. Ce dossier comprend :
• une notice sur l’ouvrage de prélèvement (emplacement, caractéristiques
géologiques et hydrogéologiques du secteur aquifère concerné,
vulnérabilité de la nappe et risques de pollution),
• les plans d’ensemble et de situation avec le report de la position du captage
et la description des lieux,
• une notice explicative sur les collectivités concernées et l’importance de la
population, les besoins actuels et prévisibles et une description du système
de production et de distribution existant,
• la liste des communes concernées,
• une évaluation économique du projet (avant-projet, dont le coût de la
protection de l’aquifère, du traitement et le programme de réalisation des
travaux),
• recherche des moyens réglementaires de protection dont il faut, sans
indemnisation, intensifier la mise en application,
• rapport sur les installations de traitement et de surveillance (méthodes,
produits, ...),
• les éventuelles mesures de sécurité,
• décision d’opportunité, en concertation avec la DDASS, sur le projet de
déclaration d’utilité publique et parcellaire avec les collectivités.
Après la réalisation de l'ouvrage 63

Enquête parcellaire (à engager en même temps que le préliminaire d’information)

L’enquête doit être réalisée par un Géomètre ou un Cabinet d’expropriation. Elle


comporte :
— Identification des propriétaires susceptibles d’être concernés par les ppi et
ppr.
— Préparation des dossiers d’enquête parcellaire.
— Dossier préparatoire d’instruction technique :
• Les plans parcellaires (effectués par un géomètre). Ils comprennent : les
plans portant sur les seuls ppi et ppr, établis par communes, à une échelle
adaptée ; la mise à jour du cadastre pour les ppi et ppr ; le report des ppi,
ppr et ppe sur les plans ; la numérotation des parcelles comprises dans les
ppi et ppr, faite par l’attribution d’un numéro de plan parcellaire.
• Les états parcellaires : établis par un géomètre ou un cabinet
d’expropriation.
• Les listes des parcelles et des propriétaires rédigées telles qu’elles résultent
des renseignements cadastraux et hypothécaires).

b) Instruction administrative
La collectivité, ou le maître d’ouvrage délégué, ou le concessionnaire, concerné
par la DUP, adresse la demande au préfet, en y joignant le dossier préparatoire et le
rapport de l’hydrogéologue agréé.
L’instruction est effectuée sous la responsabilité de l’Administration (service
instructeur : DDE ou DDAF) en collaboration avec le bureau d’étude ou le géomètre
expert, et comprend les éléments suivants :
— Etablissement du dossier d’instruction administrative diligentée par le service
instructeur nommé par le préfet (DDE, DDAF, DDASS),
— Consultation de divers services :
• direction départementale de l’action sanitaire et sociale (DDASS),
• service de police des eaux,
• service des installations classées,
• direction départementale de l’équipement (DDE),
• agence de l’eau,
• chambre d’agriculture,
• direction départementale de l’agriculture et de la forêt (DDAF),
• direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement
(DRIRE).
— Demande d’avis au conseil départemental d’hygiène, voire au conseil
supérieur d’hygiène publique de France dans les cas prévus par l’article 6 du décret
n° 89-3 du 03.01.89 modifié.
Après la réalisation de l'ouvrage 64

c) Préparation du dossier de DUP


Sous la responsabilité du service instructeur (DDE ou DDAF) et de la collectivité,
il regroupe :
— la rédaction du projet d’arrêté d’ouverture des enquêtes de déclaration
d’utilité publique et parcellaire,
— la recherche de l’identité des propriétaires concernés et de la situation
cadastrale des terrains, à partir des plans et états parcellaires,
— l’établissement du dossier administratif de l’enquête publique, à partir du
dossier préparatoire, selon les modalités de l’annexe de l’arrêté du 10.07.89,
— l’envoi du dossier à la préfecture pour nomination d’un commissaire
enquêteur et fixation des dates de l’enquête. Il convient de demander au préfet de
prendre l’arrêté d’ouverture d’enquête.

d) Enquêtes
— Le préfet prend l’arrêté d’ouverture des enquêtes de déclaration d’utilité
publique et parcellaire, désigne le ou les commissaires enquêteurs et fixe le calendrier
du déroulement des enquêtes.
— Envoi du dossier d’enquête d’utilité publique et parcellaire aux mairies par le
préfet ;
— un dossier est également mis à disposition des consultants en préfecture.
— Publicité légale : par le préfet : journaux locaux ; par l’expropriant : affichage
en mairie (art. R 11-4 du code de l’expropriation).
— Notification aux propriétaires concernés par l’expropriant.
— Affichage en mairie, avant le début des enquêtes, des plis n’ayant pas touché
leurs destinataires.
— Déroulement de l’enquête publique, dépôt des conclusions (rapport du
commissaire enquêteur et avis du sous-préfet) et affichage en mairie du procès-verbal
des conclusions.

e) Arrêtés de DUP et de cessibilité, publication au Bureau des Hypothèques


— Rédaction, par l’organisme instructeur, d’un rapport formalisant les
conclusions du commissaire enquêteur. Elle soumet le projet d’arrêté au conseil
départemental d’hygiène (CDH) et ensuite propose au préfet de déclarer l’utilité
publique du projet (au plus tard un an après la clôture des enquêtes).
— Prise de l’arrêté par le préfet, entérinant les périmètres de protection et fixant
les volumes maximum (horaires et journaliers) à prélever dans la nappe.
— Notification individuelle de l’arrêté aux propriétaires (effectuée en pratique
par le géomètre ou le cabinet d’expropriation),ainsi qu’à l’affichage en mairie.
Le propriétaire et autre intéressé concernés disposent d’un délai de huit jours pour
faire valoir leurs droits (art. L 13-2 du code de l’expropriation).
— Publication des arrêtés et des servitudes (ppi et ppr) au bureau des
hypothèques par l’expropriant ou par le cabinet d’expropriation (délai de deux mois
après signature de l’arrêté).
— Publication au POS, il convient de veiller à ce que les communes concernées
aient bien annexé dans le plan d’occupation des sols (POS) l’arrêté préfectoral
Après la réalisation de l'ouvrage 65

instituant les différents périmètres de protection et les servitudes à appliquer à


l’intérieur de ces différents périmètres de protection, dans un délai d’un an, faute de
quoi lesdites servitudes ne pourront plus être opposées à des demandes d’occuper le
sol sur le territoire concerné.
Enfin, la collectivité doit toujours veiller à ce que les différents affichages soient
bien effectués et que les délais imposés soient bien respectés.

Pour les ppi :

Arrêté de cessibilité pour les périmètres de protection immédiate (peut être inclus
dans la DUP si la procédure est synchrone).
Procédure :
• L’exploitant est chargé de recueillir les extraits cadastraux et les documents
d’arpentage en cas de division parcellaire, ainsi que les pièces justificatives
d’état civil et de droit de propriété des expropriés.
• L’organisme instructeur à la charge de préparer les projets d’arrêté,
auxquels devront être annexés les tableau parcellaires du ppi.
• L’organisme instructeur doit soumettre les projets à la signature du préfet
dès que tous les documents sont réunis.
• Le préfet prend l’arrêté de cessibilité.
• L’exploitant doit transmettre l’arrêté de cessibilité au juge d’expropriation
dans les six mois.
• Le juge doit alors rédiger l’ordonnance d’expropriation (le prix est fixé par
le Service des domaines), dans les huit jours suivant la réception de l’arrêté
de cessibilité.
• L’exploitant doit faire publier l’ordonnance d’expropriation aux bureaux
des hypothèques et notifier l’ordonnance aux expropriés. Elles se font par
envoi de lettres recommandées avec accusé de réception qui sont à
collationner et classer.
• L’exploitant doit acquérir les terrains à l’amiable, ou par voie judiciaire
faite par le Juge du tribunal de grande instance, suivie d’une procédure en
fixation judiciaire d’indemnités au moyen de l’ordonnance d’expropriation.
• L’exploitant doit alors payer les indemnités aux propriétaires et aux
locataires, ou en cas de problèmes, à la caisse des dépôts et consignations
(conformément à l’article L 20.1 du code de la santé publique).
• L’exploitant doit lancer une procédure : s’il y a désaccord de l’exproprié ou
de l’expropriant (recours contre le jugement), le requérant devra lancer une
procédure auprès de la cour d’appel.
Après la réalisation de l'ouvrage 66

Pour les ppr :

Notification aux propriétaires concernés de l’arrêté de DUP pris par le préfet,


instituant des servitudes.
Publication desdites servitudes dans les annexes du POS (mairies).

Pour les ppe :

Les contraintes fixées par l’arrêté préfectoral de DUP seront publiées dans les
documents du POS (mairies).

2.4 Aides financières


La protection des captages et la mise en place des périmètres de protection et les
servitudes afférentes représentent une charge économique très importante pour la
collectivité. Ce coût a été estimé de 25 F à 50 F l’hectare mais plusieurs exemples
démontrent que l’on peut atteindre 3,5 MF par captage [J-C. ROUX, 1992]. Ce coût
incombe à la collectivité propriétaire du point d’eau (commune, syndicat de
communes). Ces dernières peuvent bénéficier d’aides substantielles des agences de
l’eau et des conseils généraux.
Aux différents stades de la réalisation de l’ouvrage de captage, il est possible
d’obtenir un certain nombre de facilités financières (avances, subventions, prêts). Ces
conditions sont fonction de divers paramètres, notamment de la nature des travaux et
de la région concernée.

2.4.1 Avant la réalisation du forage


Selon les agences de l’eau, la partie préliminaire à l’exécution d’un forage d’eau
comportant les études géologiques, géophysiques, foncières, etc., et le forage d’essai
peut faire l’objet de subvention à raison de :
— 50 % sur les études et forages d’essai,
— pas de subvention à priori sur les acquisitions de terrains avant DUP. Il est
cependant possible de demander une procédure dérogatoire à l’Agence de l’Eau en
présentant la nécessité dans laquelle on se trouve d’acquérir des terrains avant DUP ;
dans ce cas, il peut être envisagé a posteriori (lors de la DUP, ou parfois dès
communication du rapport de l’hydrogéologue agréé) un remboursement de la moitié
du montant d’acquisition du périmètre immédiat.
Ces chiffres sont indicatifs, ils étaient pratiqués en 1991 à l’agence de l’eau
Seine-Normandie.

2.4.2 Réalisation du forage et connexions au réseau


Lors de la réalisation de l’ouvrage de captage, des aides peuvent être sollicitées
auprès de l’agence de l’eau sous forme de subventions ou de prêts.
Aides financières 67

— Si le maître d’ouvrage est une collectivité publique, les subventions peuvent


se monter à 30 % (sauf opérations particulières).
— Si le maître d’ouvrage est une société privée, il peut obtenir un prêt de 50 % à
10 ans (sauf opérations particulières).

2.4.3 Après la réalisation du forage


La protection des captages est à la charge des exploitants, c’est-à-dire des
communes ou syndicats de communes responsables de l’alimentation en eau ou de
leurs concessionnaires. Toutefois, ces exploitants peuvent bénéficier d’aides
financières diverses qui sont destinées à encourager et à faciliter l’établissement des
périmètres de protection :
— Subventions de l’état, accordées au titre des programmes annuels sur les
crédits du ministère de l’agriculture, comme pour les travaux d’alimentation en eau
potable. Elles peuvent prendre en compte les frais d’acquisition de terrains et de
clôture pour le périmètre de protection immédiate, ainsi que les dépenses destinées à
assurer la protection des captages (fossés de ceinture, drainage, etc.).
— Subventions départementales, suivant les modalités que fixe le conseil général
pour les projets qui ne bénéficient pas de l’aide de l’état.
— Subventions, avances sans intérêt ou prêts, que les agences de l’eau attribuent
aux études, acquisitions foncières, indemnisation de servitudes et travaux de mise en
conformité.
Les aides financières des agences de l’eau sont déterminées par chaque agence en
fonction de la nature des problèmes qui se posent, de l’importance et de l’urgence de
la protection des captages dans le bassin, ainsi que des ressources financières dont
elle dispose.
A titre d’exemple le tableau II-I précise, pour chaque agence de l’eau, les taux et
modalités des participations financières en vigueur pour le programme 1987-1991.
Dans toutes les phases de procédure de la DUP, il est conseillé de se rapprocher
de l’agence de l’eau afin de bénéficier de toutes les aides ou subventions possibles.
— l’établissement des rapports d’expertise pour la constitution des périmètres de
protection : subvention possible jusqu’à 70 %.
— les travaux nécessaires à la protection du point d’eau potable : subvention
40 %.
Les efforts déjà entrepris par les agences de l’eau et les collectivités territoriales
devront certainement être amplifiés pour permettre une protection efficace de la
ressource. Il semble cependant indispensable d’établir à tous les niveaux des ordres
de priorité des captages à protéger en fonction de critères essentiels tels que la
vulnérabilité de l’aquifère et du captage, la qualité de l’eau, l’importance de la
ressource, la population desservie, etc.
Aides financières 68

TABLEAU II-I — Taux et modalités de participation financière des agences de


bassins dans le cadre de la protection des captages d’eau souterraine (données
indicatives).

Interventions pour Adour- Artois- Loire- Rhin- Rhône- Seine-


la protection des Garonne Picardie Bretagne Meuse Méditer.- Normandie
captages d’eau Corse

Expertise 65 % * 70 % (S) 100 % (S) 70 % (S) 70 %


hydrogéologique maximum2 maximum (S)
5 000 F 22 000 F

Déclaration * 70 % 70 % (S) 70 %
d’Utilité (S) max. (S)
Publique (DUP) 22 000 F

Mise en conformité 70 % (S) 30 % (S) 50 % (S) 50-70 % 40 % (S)


avec la DUP 40 % (A) (S-A-P) OP

Acquisitions 30 % (S) 70 % (S)


foncières pour ppi

Indemnisations 25 % (S) Cas par cas

S : subventions, A : avances, P : prêts, OP : opérations particulières.


* : 65 % de subvention pour l’ensemble expertise hydrogéologique et déclaration d’utilité
publique.

2.5 Conclusion
Sur le plan global on sait que les eaux souterraines représentent la quasi totalité
des stocks d’eau disponible. Elles offrent environ 600 à 700 milliards de mètres cubes
par an sur la planète. En France les deux tiers du territoire sont occupés par 200
aquifères dans lesquels nous puisons plus de 7 milliards de m3 d’eau par an, dont
60 % sont destinés à la consommation humaine. La France occupe la septième place
au rang de l’Europe communautaire pour la proportion d’eau souterraine utilisée.
En France, les deux tiers du territoire national sont pourvus de nappes, ou réseaux
souterrains libres ou captifs. Environ 200 aquifères sont définis, d’importance
régionale, d’une superficie supérieure à 100 km2, et ont été inventoriés :
— 175 aquifères à nappe libre, monocouches ou multicouches, souvent limités
par les cours d’eau majeurs qui les traversent dont :
• 15 grands aquifères alluviaux,
• 40 aquifères karstiques,
• 20 aquifères multicouches (au moins en partie)
Aides financières 69

— 25 aquifères profonds, à nappe captive, reliés pour la plupart à l’un des


précédents.
Il convient de protéger cette ressource et, comme nous l’avons vu, les dispositions
légales le permettent. La nouvelle loi sur l’eau prévoit notamment la possibilité de
délimiter des « zones aquifères sauvegardées » ce qui devrait faciliter cette
protection.
A tous les stades de la réalisation d’un forage d’eau, les dispositions
réglementaires légales sont précisées par la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992. Les décrets
d’application de cette loi sont attendus.
En terme de protection de captages, le dernier bilan national, réalisé par le
ministère de l’Environnement en 1986, évalue à 15 % le pourcentage de protection
effective (DUP et inscription aux hypothèques). Ce chiffre, bien que ne représentant
probablement plus la réalité, reste très faible.
Enfin, la réalisation d’une DUP est un travail de longue haleine pour lequel il
convient de se faire assister par des spécialistes (bureaux d’étude, organismes
spécialisés, géologues, hydrogéologues, cabinets d’expropriation, etc.).
CHAPITRE III

Réalisation d’un forage


« Si tous ceux qui croient avoir raison
n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas
loin »
P. Dac, L’os à moelle

Le forage doit être le plus performant possible et permettre de prélever le


maximum d’eau, compte tenu de l’environnement hydrogéologique dans lequel il est
placé. Plusieurs paramètres fondamentaux interviennent déjà dans le choix du type de
foration, dans la nature et le dimensionnement des tubages et, évidemment, de la
crépines et du massif filtrant, mais aussi dans le développement de l’ouvrage.
Ce chapitre présente les grandes techniques de réalisation de forage et donne des
indications quant au choix de l’équipement de l’ouvrage, à sa capacité de réaliser les
travaux dans les meilleurs conditions techniques et financières, en tenant compte des
difficultés potentielles susceptibles d’être rencontrées lors de l’exécution.

3.1 Les différentes techniques de forage


En fonction de la géologie (terrains sédimentaires plus ou moins cohérents, zones
de socle dur, ...), ou de la profondeur à atteindre, plusieurs méthodes de forage
peuvent être envisagées.
Le diamètre de foration joue un rôle important. Le choix d’un diamètre de départ
pour la foration devra être fait en fonction de la profondeur de l’ouvrage et des
dimensions définitives de l’ouvrage. En effet, la nature de l’équipement d’exhaure
(nombre et dimension des pompes notamment) varie en fonction du débit escompté,
de la hauteur manométrique totale, et reste tributaire du diamètre du forage équipé.
Les principales méthodes de foration, présentées ci-après, sont applicables aussi
bien pour la réalisation de sondages de reconnaissance que de forages d’exploitation.
Un sondage de reconnaissance est généralement destiné :
— à établir la coupe géologique du terrain,
— à déterminer les différents niveaux aquifères,
— à définir le meilleur mode de captage pour la, ou les formations aquifères
rencontrées,
— à réaliser des prélèvements de terrain et/ou d’eau,
Les différentes techniques de forage 72

— à réaliser des pompages d’essais si le diamètre d’équipement est suffisant,


— à servir de piézomètre, et donc permettre le calcul des paramètres
hydrodynamiques de l’aquifère (S en particulier).
L’inconvénient de ce type d’ouvrage est le coût de réalisation (de l’ordre de 20 à
30 % du coût de l’ouvrage définitif pour un forage standard).
Cependant, un sondage de reconnaissance de diamètre suffisant en fonction de
l’objectif fixé peut, par la suite, être équipé pour l’exploitation. Dans le cas contraire,
soit le sondage est réalésé pour permettre son équipement en plus gros diamètre et sa
transformation en forage d’exploitation, soit le sondage de reconnaissance est laissé
en l’état, et utilisé comme piézomètre d’un forage d’exploitation à réaliser à
proximité.

3.1.1 Forage par battage (percussion)


Le forage par battage est la plus ancienne méthode employée sur les chantiers de
forage, ce procédé était utilisé par les Chinois il y a plus de 4 000 ans. La méthode
consiste à soulever un outil lourd (trépan) et à le laisser retomber sur le terrain à
traverser. La hauteur et la fréquence de chute varient selon la dureté des formations.
On distingue deux types de battages : le battage au treuil et le battage au câble.
Cette dernière méthode est la plus courante. Le trépan est suspendu à un câble qui est
alternativement tendu et relâché. Les mouvements sont rapides et le travail de l’outil
se fait plus par un effet de martèlement dû à l’énergie cinétique que par un effet de
poids comme pour le battage au treuil. Un émerillon permet au trépan de pivoter
automatiquement sur lui-même à chaque coup. Le trou est nettoyé au fur et à mesure
de l’avancement par descente d’une soupape permettant de remonter les débris
(cuttings). Ce procédé permet de réaliser des forages sans utilisation d’eau ou de
boue.
— Avantages :
• c’est un procédé simple et relativement peu coûteux (investissement
généralement plus faible que pour les autres procédés de foration) ;
• il n’y a pas de fluide de forage (boues) et pas de risques de pollution de la
nappe ;
• le trépan peut être rechargé, reforgé et affûté sur le chantier ;
• c’est une méthode bien adaptée pour les forages de moyenne profondeur ;
• les résultats sont très bons dans les terrains fissurés (pas de pertes).
— Inconvénients :
• vitesse d’avancement assez faible ;
• méthode peu adaptée dans les terrains plastiques ou boulants dans lesquels
le tubage à l’avancement est nécessaire ;
• il est impératif de remonter l’outil régulièrement afin de nettoyer le trou
(perte de temps) ;
• il n’est pas simple d’équilibrer des venues d’eau artésiennes jaillissantes.
Les différentes techniques de forage 73

3.1.2 Forage par havage


Le forage par havage, est plus connu sous le nom de procédé Benoto : dans ce
type de forage par curage ou havage, les tubages pénètrent dans la formation sous
l’effet de leur propre poids ou sous l’action de vérins hydrauliques. Une benne
preneuse « vide » progressivement l’intérieur du tubage tant que celui-ci se trouve
au-dessus du niveau statique. Au-dessous du niveau statique, l’emploi d’une soupape
est recommandé.
En présence d’éléments grossiers ou de blocs, l’utilisation d’un trépan tombant en
chute libre permet de briser l’obstacle. Il est également possible d’utiliser des
vibreurs hydrauliques pour faciliter la descente ou l’arrachage des tubages.
— Avantages :
• avancement rapide à faible profondeur dans des formations meubles,
notamment alluvionnaires (en l’absence d’éléments grossiers) ;
• réalisation d’ouvrages en gros diamètre.
— Inconvénients :
• méthode inadaptée aux terrains durs ;
• frottement des tubages mis en place à l’avancement ;
• difficulté pour arracher les tubages de soutènement après la mise en place
des crépines et du massif filtrant.

3.1.3 Forage rotary


Le forage rotary est le procédé le plus couramment utilisé, il a notamment fait ses
preuves dans le domaine de la recherche pétrolière.
Un outil (trépan) monté au bout d’une ligne de sonde (tiges vissées les unes aux
autres) est animé d’un mouvement de rotation de vitesse variable et d’un mouvement
de translation verticale sous l’effet d’une partie du poids de la ligne de sonde ou
d’une pression hydraulique.
Le mouvement de rotation est imprimé au train de tiges et à l’outil par un moteur
situé sur la machine de forage en tête de puits. Les tiges sont creuses et permettent
l’injection de boue au fond du forage.
Les outils utilisés en rotation sont des trépans de plusieurs types en fonction de la
dureté des terrains rencontrés (outils à lames, outils à pastilles, molettes ou tricône,
outils diamantés ou à carbures métalliques).
Au-dessus du trépan, on peut placer une ou plusieurs masses-tiges très lourdes qui
accentuent la pression verticale sur l’outil et favorisent la pénétration et la rectitude
du trou.
En résumé, l’ensemble du train de tiges ou « ligne de sonde » se compose, de haut
en bas, des éléments suivants (cf. figure 3-1) :
— une tête d’injection,
— une tige carrée,
— des tiges courantes,
Les différentes techniques de forage 74

Figure 3-1
Disposition schématique d’un atelier de forage rotary (d’après A. MABILLOT.
Les différentes techniques de forage 75

— des masses-tiges (qui donnent un poids supplémentaire et aide à maintenir la


verticalité du trou),
— un outil.
Le tout est suspendu à un mouflage installé dans le derrick ou bien sur un mât
dans le cas d’une sondeuse autoportée.
Toutefois, le forage au rotary nécessite l’emploi d’un fluide de forage préparé sur
le chantier, injecté en continu sous pression dans les tiges creuses de la ligne de
sonde, sortant au niveau d’évents sur l’outil, et remontant à la surface dans l’espace
annulaire (entre les tiges et les parois du trou). Ce fluide de forage peut être :
— de l’eau claire ;
— une boue à la bentonite (type d’argile) ;
— une boue à base de polymères d’origine synthétique, biodégradables.
Le principal défaut de la boue bentonitique est d’obturer les niveaux de venues
d’eau par un « cake » trop épais, ce qui conduit parfois les hydrogéologues à imposer
aux foreurs l’emploi d’eau claire ou de boues biodégradables dans les formations
aquifères.
Une fois la foration terminée, le cake forme sur les parois du forage une croûte
plus ou moins étanche qu’il faut éliminer au droit des horizons productifs. Parfois,
lorsque la pression de l’eau dans le forage est suffisante, le cake se détache de lui-
même. Dans le cas contraire, on utilise de l’hexamétaphosphate pour nettoyer le trou.
Dans certains cas particuliers, notamment le nettoyage de trous de gros diamètres,
la boue peut être injectée dans l’espace annulaire pour remonter les cuttings dans la
ligne de sonde (on parle alors de circulation inverse).
—Avantages du forage rotary :
• la profondeur atteinte peut être considérable (plusieurs milliers de mètres
en recherche pétrolière). De plus on peut atteindre 300 ou 400 mètres de
profondeur sans tuber si les terrains s’y prêtent ;
• la vitesse d’avancement en terrains tendres est importante et peut atteindre
100 m à 150 m par jour ;
• ce système permet un bon contrôle des paramètres de forage (poids de
l’outil, vitesse de rotation, qualité de la boue, débit d’injection de la boue)
en fonction des terrains à traverser ;
• le forage au rotary entraîne une consolidation des parois en terrains
meubles par dépôt d’un cake.
— Inconvénients :
• nécessité d’un fluide de forage, donc d’un approvisionnement du chantier
en eau ;
• colmatage possible des formations aquifères par la boue à la bentonite (ce
qui impose de ne pas l’employer dans le forage d’eau) ;
• nécessité de bien suivre la formation, puis l’évacuation du cake ;
• mélange des cuttings ;
• risques d’éboulement en cas d’arrêt de la foration sans nettoyage du trou.
Les différentes techniques de forage 76

3.1.4 Forage au marteau fond de trou


Cette méthode de forage utilise la percussion assortie d’une poussée sur l’outil
qui se trouve lui même en rotation. L’énergie utilisée pour actionner cet outillage est
l’air comprimé à haute pression (10-25 bars). C’est un procédé très intéressant en
recherche hydrogéologique et principalement en terrains durs.

a) Le marteau fond de trou classique


Un marteau pneumatique équipé de taillants est fixé à la base d’un train de tiges et
animé en percussion par envoi d’air comprimé dans la ligne de sonde, d’où le nom de
« marteau fond de trou ». Plus la pression de service d’air comprimé est élevée,
moins on aura de risques de coincements. La plupart des marteaux fond de trou
peuvent travailler à des pressions comprises entre 4 et 18 bars.
La technique du marteau fond de trou s’est particulièrement développée en
recherche d’eau dans les terrains durs ou fracturés.
— Avantages :
• avancement rapide ;
• profondeur couramment atteinte de l’ordre de 150 m ;
• les fluides de forage (air, mousse, ...) sont biens adaptés au forage d’eau ;
• bonne observation des cuttings (coupe géologique) et des zones
productrices d’eau (suivi hydrogéologique).
• Inconvénients :
• procédé peu adapté dans les terrains non consolidés ou plastiques ;
• risques de formation de bouchons de cuttings, nécessitant de fréquents
nettoyages du trou par soufflage ;
• profondeur fonction des caractéristiques du compresseur. Il est
recommandé d’avoir un compresseur très puissant lorsqu’on travaille sous
d’importantes hauteurs d’eau.
Dans certains cas, les méthodes au rotary et au marteau fond de trou seront
associées sur un même forage.
Afin de favoriser la tenue des parois et la remontée des cuttings dans les
formations peu consolidées, l’emploi de mousses de forage peut s’avérer nécessaire
au marteau fond de trou.
Les diamètres de foration au marteau fond de trou varient généralement de 4"
(102 mm) à 15" (381 mm).

b) Le système Odex en terrains non cohérents


La perforation de terrains de recouvrement et des alluvions est l’une des plus
difficiles à réaliser en raison des formations boulantes ou incohérente. il est alors
nécessaire de tuber les parois du trou au fur et à mesure de sa foration. Pour ce faire
on utilise la méthode Odex (Atlas Copco-Sandvik).
Les différentes techniques de forage 77

Cette méthode est basée sur le principe d’une percussion sans rotation. Elle met
en œuvre un taillant pilote avec aléseur excentrique qui permet de forer des trous
d’un diamètre légèrement supérieur au diamètre extérieur des tubes. Le tubage est
ainsi enfoncé progressivement à la suite de l’aléseur sous l’effet de son propre poids
et de l’énergie de percussion du marteau. Les tubes sont solidarisés entre eux soit par
soudure, soit par filetage. Le taillant excentrique se déploie par rotation dans le sens
des aiguilles d’une montre, une rotation en sens inverse en fin de foration permet son
repli et la remontée de la garniture. Comme en foration au marteau fond de trou
classique, l’évacuation des cuttings est là aussi assurée par la remontée de l’air, ici
entre tiges et tube.
Inconvénients : il arrive que l’excentrique se coince, il est alors souvent
nécessaire de remonter l’outil en arrachant tout le tubage.
L’emploi de mousse est indispensable dès que la profondeur dépasse 15 mètres.
La mousse a ici le même rôle qu’en système marteau fond de trou classique, de plus
elle lubrifie et stabilise le trou facilitant ainsi la descente du tubage.
Spécialement étudié pour la perforation des terrains de recouvrement, cet
équipement arrive à passer dans des formations très hétérogènes qui peuvent aller de
la terre meuble à la roche homogène. L’Odex peut ainsi forer au travers de blocs, soit
qu’il les traverse, soit qu’il les repousse sur les côtés.
En forage d’eau le système Odex est surtout utilisé pour le tubage depuis la
surface jusqu’à la roche homogène, ou en tubage sur toute l’épaisseur des formations
instables. Cependant, lorsqu’on veut poursuivre le forage dans la roche dure sous-
jacente, le diamètre du télescopage est limité par le diamètre du sabot au bas du
tubage.
L’Odex est aussi très utile pour isoler des nappes d’eau supérieures, plus sensibles
aux pollutions.

3.2 Les fluides de forage


Les fluides de forage ont un rôle capital dans l’exécution d’un ouvrage et il
convient d’y apporter une attention particulière. Nous ne donnons ici que quelques
indications de base suffisantes pour le suivi de forage « simple » à faible profondeur.
Pour le contrôle d’ouvrages profonds dans des formations géologiques complexes
nous ne saurions trop vous recommander d’approfondir vos connaissances dans des
ouvrages spécifiques ou plutôt de faire appel à des entreprises spécialisées qui
spécifieront la composition de la boue et les modifications à y apporter en cours de
forage. Le choix et le contrôle des fluides de forage sont des éléments fondamentaux
dont dépendent la réussite ou l’échec de l’ouvrage. En effet, les caractéristiques de la
boue évoluent dans le temps et en fonction des éléments rapportés par les terrains
traversés, ces modifications peuvent apporter de graves avaries : coincement du train
de tige, perte totale dans le forage, cake trop épais colmatant l’aquifère, etc.
Les fluides de forage 78

Le fluide de forage a plusieurs fonctions, notamment :


— le refroidissement et la lubrification de l’outil de forage (tricône, trépan, etc.) ;
— la remontée des formations géologiques traversées sous une forme broyée
(cuttings) ;
— la consolidation des parois nues du trou par dépôt d’une pellicule argileuse
(cake) ;
— une action de contre-pression vis-à-vis de venues d’eau artésiennes
jaillissantes (en augmentant la densité) ;
— de donner des renseignements utiles sur d’éventuelles venues d’eau ou pertes
de charge grâce au suivi du niveau dans les bacs à boue.
Etant donné ses multiples fonctions, la composition du fluide doit être étudiée
avec le plus grand soin. On en distingue classiquement deux grandes familles :
— les fluides à base d’eau,
— les fluides à base d’air.
Le choix du fluide de forage dépendra d’un grand nombre de facteurs (nature des
terrains, type d’équipement, possibilité d’approvisionnement en eau et en produits,
etc.). En général, les fluides à base d’eau, composés d’argile ou d’additifs polymères,
seront utilisés dans les formations non consolidées. Au contraire, l’air sera réservé
aux roches compactes ou semi-consolidées (air-lift).
Quel que soit le choix effectué, la réussite dépend principalement des dosages, du
choix des additifs et des caractéristiques physico-chimiques des terrains et de l’eau
des formations rencontrées.

3.2.1 Propriétés des fluides de forage


La gestion de la boue consiste à lui conserver des caractéristiques conformes aux
objectifs fixés, spécifiés plus haut. Ce problème n’est pas simple dans la mesure où
ses caractéristiques sont en permanence modifiées par la nature des terrains traversés,
des sédiments fins peuvent provoquer sa coagulation, des terrains gypseux sa
floculation, une formation aquifère en charge va la diluer, etc.
La boue est un mélange colloïdal dont les caractéristiques doivent être vérifiées
régulièrement et modifiées selon les cas pour conserver les qualités rhéologiques qui
lui sont nécessaires : densité, viscosité, filtrat, cake, pH et teneur en sable.

a) Densité
La densité de l’eau pure (à 4°C) est de 1. Celle d’une boue pourra varier entre 0,8
si on y incorpore de l’air et 2 si on ajoute de la barytine (sulfate de baryte : BaSO4,
densité 4,3). Une boue bentonitique neuve a une densité de 1,02 à 1,04 mais celle-ci
peut varier en cours de foration. La densité est mesurée avec une balance Roberval ou
mieux, avec une Baroïd.
La densité de la boue devra être réglée pour permettre en permanence la remontée
des débris de forage et l’amélioration de la tenue des parois. De plus, elle peut
équilibrer d’éventuelles venues d’eau (artésianisme). En utilisant la barytine ou l’eau,
il est possible d’alourdir ou d’alléger une boue de forage (cf. figures 3-2 et 3-3).
Les fluides de forage 79

Poids en tonnes de baryte à ajouter pour 10 m3 de boue initiale


18 1,9

16 1,8

Densité initiale de la boue à alourdir


14 Densité à 1,7
obtenir
12 1,6

10 2 1,5

8 1,8 1,4

6 1,6 1,3

4 1,4 1,2

2 1,2 1,1

0 1 1

Figure 3-2
Alourdissement d’une boue par la baryte (d’après A. MABILLOT, 1971).

Dans cet exemple, pour porter à 1,8 la densité de 10 tonnes de boue à 1,2 il faudra ajouter
10,5 tonnes de baryte.

D’une manière générale la densité de la boue est de l’ordre de 1,1 soit un dosage
de bentonite variant de 3 à 8 % soit 30 à 80 kg de produit par mètre cube de boue.
Il est fréquent d’observer des variations du volume de la boue, soit une
augmentation liée à une dilution par la rencontre d’une couche aquifère dont la
pression est supérieure à celle de la colonne de boue, soit une perte de boue liée à la
rencontre d’une zone fissurée ou d’une zone en dépression.
En cas d’augmentation de volume il convient d’arrêter l’éruption en alourdissant
la boue. On considère que la charge au fond du trou est égale à :

Hd
10
avec :
H : profondeur du trou en mètres,
d : densité.
Les fluides de forage 80

Ainsi pour une éruption provoquée à 150 m de profondeur par une nappe dont la pression
résiduelle au sol est de 7 kg, la pression totale de la nappe au fond est égale à :
150
10 + 7 = 22 kg
pour contrebalancer cette pression il convient d’avoir une boue de :
22 . 10
150 = 1,47
Les volumes et le poids de baryte à ajouter sont facilement identifiables à partir des
figures 3-2 et 3-3 empruntées à A. MABILLOT.

35
Volume d'eau en m3 à ajouter à 10 m3 de boue initiale

30 Densité à 1,25
obtenir

Densité initiale de la boue à alléger


25 1,1

20 1,5
1,2

15
1,3

10 1,4 1,75

1,5
5 1,6
1,7
1,8
0 1,9 2

Figure 3-3
Allégement par l’eau d’une boue de forage (d’après A. MABILLOT, 1971).

Dans cet exemple, pour ramener à 1,2, la densité de 10 m3 de boue de densité 1,8, il
faudra ajouter 10 m3 d’eau.

En cas de perte de boue les causes peuvent être très variables : boue trop fluide,
terrain fissuré ou fracturé, aquifère à faible pression, etc. Chaque cas particulier doit
trouver une solution adaptée, le cas le plus ennuyeux, et pourtant relativement
fréquent, est la perte totale qui met réellement l’ouvrage en péril. De multiples
solutions existent mais là encore elles doivent être adaptées au cas par cas.
Les fluides de forage 81

b) Viscosité
Une viscosité appropriée permet d’avoir un outil bien dégagé ainsi qu’une bonne
remontée et un dépôt rapide des débris de forage. De plus, elle permet de réduire les
pertes de charge dans le train de sonde.
On peut mesurer la viscosité d’une boue avec le viscomètre Marsh (sur le
chantier) ou le viscomètre Stormer (en laboratoire).

c) Cake et filtrat
Dans une formation perméable, la boue a tendance à laisser passer de l’eau au
travers de la paroi (filtrat) et à déposer une couche d’argile (cake) sur cette dernière.
Dans tous les cas, la nature du cake et du filtrat sera fonction de la composition
initiale de la boue. Or, comme nous l’avons vu, ces propriétés peuvent évoluer lors de
la foration. Il est donc important de contrôler régulièrement le cake et le filtrat.
Si le filtrat est trop grand (cake trop fin), les parois ne sont pas tenues et des
éboulement risquent de se produire. Si le filtrat est trop faible (cake trop épais), la
boue risque de colmater la formation aquifère.
Les mesures sont effectuées avec une presse Baroïd dans laquelle on dispose un
échantillon de boue qui sera égoutté. Il faut alors noter le volume de filtrat recueilli en
un temps donné ainsi que l’épaisseur et la consistance du cake obtenu.

d) pH
Le pH permet d’apprécier l’acidité ou l’alcalinité de la boue de forage. Si le pH
est compris entre 0 et 5, la solution est acide ; entre 6 et 8, elle est neutre ; au-delà de
8, elle est basique (alcaline). La mesure du pH est importante car elle révèle la
contamination par le ciment ou par l’eau de la couche aquifère si sa valeur est
supérieure à 10 ou 11. Par contre, si elle est inférieure à 7, les risques de floculation
sont à redouter. La mesure du pH doit être faite sur le filtrat.

e) Teneur en sable
Il est évident que la présence de sable dans la boue est néfaste à cause de son
caractère abrasif (problèmes d’usure des tubes, flexibles, pompes etc.). Il augmente
également la densité de la boue et risque, en cas de dépôts importants sur le fond, de
bloquer la garniture. On estime généralement que la teneur maximale admissible de
sable dans une boue est de 5 %. On peut la mesurer grâce à un élutriomètre.
L’élimination du sable se fait par l’intermédiaire de bacs ou fosses de décantation
ou par dessableurs centrifuges.
Les fluides de forage 82

TABLEAU III-I — Conditionnement de la boue à la bentonite,


(d’après A. MABILLOT, 1971).

Mesures Appareils Interprétation des résultats Remèdes et additifs


et valeurs à utiliser et conséquences
moyennes

Trop forte : Dilution par l’eau en


- risque de perte de boue, contrôlant les autres
Densité Balance - cake trop épais. caractéristiques. Brasser
(1,20) Baroïd ----------------------------------- énergiquement à la
Trop faible : mitrailleuse
- cake trop mince, -----------------------------------
- risque de dégradation des -
parois Ajouter de la bentonite
- éboulements, artésianisme. (d = 2,6) ou de la baryte
(d = 4,3). Brasser.
Trop forte : Emploi de pyrophosphates (4
- difficultés de pompage, kg pour 100 l d’eau), de
- risques de coincement de tanins, lignites ou ligno
Viscosité Viscosi- l’outil sulfates.
(40 à 45) mètre pendant les arrêts de Attention au pH.
Marsh ou circulation.
Stormer ----------------------------------- -----------------------------------
Trop faible : -
- risque de perte de boue, Ajouter de la bentonite, de
- risque de coincement par la l’amidon ou de la fécule.
séparation des éléments de la
boue
Ajouter amidon, fécule ou
Filtrat trop grand (cake trop CMC (Blanose -
Filtrat mince) : Carboxyméthyl-cellulose -
(5 à 10 Filtre- - risques d’éboulement, Cellulose colloïdale).
cm3) presse - risque de perte de boue. 3-10 kg/m3. Mixer et brasser.
cake Baroïd ----------------------------------- -----------------------------------
(5mm Filtrat trop faible (cake trop -
max.) épais) : Dilution par l’eau. Contrôler
- risque d’obstruction des les autres caractéristiques.
venues d’eau. Brasser à la mitrailleuse.
Sable Risque d’usure par érosion Employer des dessableurs à
(5 % Tamis des pompes à boue et des cyclones.
max.) Baroïd flexibles.
pH > 11 : contamination par Employer des
pH Papier pH l’eau ou le ciment. polyphosphates :
(7 à 9,5) pH < 7 : risque de - acides si le pH est supérieur
floculation. à 11 - neutres si le pH est
inférieur à 7
Les fluides de forage 83

f) Thixotropie
La thixotropie est la faculté, pour un mélange à base de produits en suspension,
de passer de l’état solide (gel) à l’état liquide sous l’action d’une agitation et de
revenir à l’état initial lorsque l’agitation cesse. Il faut donc maintenir la circulation
dans un forage même si la ligne de sonde ne tourne pas, pour éviter que la boue ne se
solidifie en bloquant l’outil.

g) Conditionnement de la boue
Le tableau III-I résume l’importance des différentes caractéristiques de la boue de
forage et les moyens de les modifier.
On estime que les caractéristiques idéales d’une boue neuve sont les suivantes :
— viscosité : 40 à 45,
— filtrat : 8 cm3 pour un échantillon de 600 cm3,
— pH : 7 à 9,
— solides : 0,5 %.

3.2.2 Boues bentonitiques


Les boues de forage sont généralement des suspensions colloïdales à base
d’argile, la plus utilisée étant la bentonite. Un gramme de bentonite dispersé dans
l’eau offre une surface de contact de 4 à 5 m2.
La bentonite est constituée principalement par une argile smectique : la
montmorillonite. Ce complexe alumino-silicaté contient des substances tels que le fer
ou le magnésium qui peuvent se substituer aux ions Si ou Al pour former des
bentonites aux caractéristiques différentes. En règle générale, lorsque les ions
métalliques d’une bentonite sont remplacés par des ions d’un autre métal, ses
propriétés en sont modifiées.
En présence d’eau par exemple, la bentonite s’hydrate en augmentant
considérablement de volume (12 à 15 fois et parfois 30 fois). Ces variations
proviennent des oxydes métalliques plus ou moins chargés électriquement.
Soulignons la caractéristique des boues bentonitiques de réagir et floculer en
présence d’eaux riches en nitrates.

a) Bentonite
Les bentonites sont caractérisées par les limites d’Atterberg.
— Limite de liquidité : elle représente la teneur en eau au-dessous de laquelle
une pâte argileuse se comporte comme un semi-liquide.
— Limite de plasticité : représente la teneur en eau au-dessous de laquelle une
pâte argileuse n’a plus de comportement plastique.
— Indice de plasticité : représente la différence entre les limites de liquidité et de
plasticité.
Les fluides de forage 84

On distingue plusieurs types de bentonites :


— les bentonites calciques naturelles ;
— les bentonites sodiques naturelles qui gonflent plus que les bentonites
calciques naturelles ; ce sont elles qui seront utilisées dans les boues de forage ;
— les bentonites permutées qui sont des bentonites calciques transformées en
bentonites sodiques par ajout de carbonate de soude ; le gonflement de ces bentonites
peut varier de 10 à 15 fois ;
— les bentonites calciques activées qui sont des bentonites permutées, dopées
par ajout de polymères améliorant leur gonflement (de 10 à 25 fois).
Le tableau III-II montre les valeurs des limites d’Atterberg pour les argiles et
divers types de bentonites.

TABLEAU III-II — Limites d’Atterberg des argiles.

Désignation Limite de limite de Indice de Gonflement


liquidité plasticité plasticité

Kaolin 20 à 50 1à2
Argiles plastiques 50 à 100 10 à 40 10 à 40 2à3
Argiles bentonitiques 80 à 150 3à6

Attapulgite
Illite 80 à 150 30 à 40 50 à 110 4à8
Sépiolite

Bentonite calcique 100 à 200 50 à 150 3à7


Bentonite sodique 450 à 550 50 à 60 400 à 500 12 à 18
Bentonite calcique
activée 350 à 700 300 à 650 10 à 25

b) Boues spéciales pour marnes gonflantes


Les terrains marneux ont la propriété de gonfler en présence d’eau. Les risques de
bloquer l’outil en fond de trou deviennent alors considérables. Or, il est admis que le
gonflement des marnes est d’autant plus important que la boue est alcaline.
Pour pallier cet inconvénient, il suffit parfois de ramener le pH de la boue aux
alentours de 7,5 ou 8 par addition de pyrophosphate acide. On peut aussi ajouter à la
boue, du silicate de soude ou de chaux, ou bien encore de l’amidon.
En règle générale, il est conseillé d’augmenter la densité de la boue, le débit de la
pompe et de traverser ces terrains marneux rapidement afin de tuber au plus tôt les
zones dangereuses.
Les fluides de forage 85

c) Boues à l’huile émulsionnée


Ces boues sont obtenues en ajoutant du gasoil (5 à 25 %) et un émulsifiant
organique à la boue classique. Elles lubrifient les parties métalliques et améliorent la
vitesse d’avancement de l’outil. Il faut toutefois faire attention aux risques de
pollution de l’aquifère. C’est la raison pour laquelle ces boues sont peu utilisées en
hydrogéologie.

3.2.3 Boues polymères


Les polymères sont des composés chimiques à haut poids moléculaire résultant de
l’association de plusieurs molécules simples, de poids moléculaire faible. Ces
polymères peuvent être utilisés directement comme boue de forage ou sous forme
d’additif aux boues bentonitiques. Ils présentent les avantages suivants :
— forage avec une pression réduite en fond de trou,
— pertes de fluide contrôlées sans nécessité d’avoir un cake épais,
— couple et frottements réduits,
— les échantillons ne sont pas souillés par le fluide.
Toutefois, ces polymères, qu’ils soient naturels ou artificiels, ont certains
inconvénients :
Pour les polymères naturels :
• prolifération des bactéries en un temps très court,
• élimination difficile des bactéries dans le massif filtrant,
• les bactéricides utilisés peuvent être toxiques.
Pour les polymères artificiels :
• risque d’instabilité des parois,
• risque de colmatage,
• risque de pollution lors de la destruction des polymères par action
chimique.

a) Les polymères naturels


Ce sont généralement des produits organiques obtenus à partir des gommes de
Guar. Leur configuration moléculaire leur permet de produire, pour la même masse
de matière à la même viscosité, 10 fois plus de gel qu’une boue bentonitique.
Les produits les plus couramment utilisés sont certainement le revert et le
foragum. Le premier a comme caractéristique essentielle le pouvoir de réversion de
sa viscosité. En effet, au bout d’un certain temps (2 à 5 jours environ selon la
température de l’eau et le dosage initial), la viscosité du gel s’atténue brusquement et
la boue devient fluide et limpide, semblable à de l’eau. De ce fait, la formation
aquifère se trouve naturellement débarrassée de la boue de forage et les opérations de
nettoyage et de développement s’en trouvent facilitées. Par ailleurs, la rupture de
viscosité s’accompagne d’un changement de couleur de la boue qui perd sa teinte
bleu foncé pour devenir incolore, ce qui facilité la prise de conscience du changement
de viscosité. Toutefois, lorsque les impératifs de forage l’exigent, la viscosité peut
être prolongée par addition de soude caustique (NaOH) dans la boue. Inversement,
Les fluides de forage 86

l’introduction de chlore permet de provoquer la rupture de viscosité. Enfin, il faut


noter que le pH doit être fixé entre 5 et 7 pour permettre une utilisation optimale du
revert.

b) Les polymères synthétiques


Ils peuvent être utilisés avec les boues bentonitiques ou les autres polymères. Les
produits qui permettent de fabriquer de telles boues sont les suivants :
— viscosifiants à base de copolymères acrylamide/acrilate de soude,
— viscosifiants biodégradables,
— lubrifiants biodégradables,
— moussants, mélanges tensioactifs biodégradables,
— fluidifiants à base de polyacrilates de sodium en solution aqueuse à 30 %,
— hydro-rétenteurs pour perte de circulation (gonflement 200 fois minimum).
Comme nous l’avons vu précédemment, ces produits polymères ne peuvent être
détruits que par action chimique, avec un risque réel de pollution de la nappe. Les
produits de destruction les plus couramment employés sont les suivants :
— eau de Javel 12° Cl. : 2 à 4 l/m3, destruction totale en une heure,
— eau oxygénée 110 vol. : 3 à 4 l/m3, destruction totale en 10 heures environ,
— acide chlorhydrique : 1 à 2 l/m3, destruction partielle (90 %) rapide,
— carbonate de soude : 10 kg/m3, destruction partielle (80 %) en plus de 24
heures.
Le tableau III-III résume les principaux problèmes qui peuvent se présenter et le
type d’action à entreprendre pour y remédier.

c) Boue polymère biodégradable


Les polymères synthétiques biodégradables ne sont valables que si leur durée de
vie est plus longue que celle des polymères naturels, permettant ainsi leur élimination
avant que le processus de dégradation (responsable de la prolifération des bactéries)
ne soit entamé.
Citons le produit AQUA GS qui permet d’obtenir une boue biodégradable
résistant aux bactéries et qui n’est attaquable qu’après 5 ou 6 semaines de présence
dans le forage. Elle résiste aux contaminants divers (argile, marne, dolomie, gaz
acide, eau ferrugineuse, etc.) et n’est pas détruite par le ciment. De plus, elle s’utilise
à faible concentration (1 à 3 kg/m3) avec tous les types d’eau (douce, salée, dure).
Enfin, elle limite le gonflement des argiles et a une bonne sédimentation dans les
bacs, facilitant ainsi sa circulation. Néanmoins, il est conseillé de travailler avec un
pH neutre.
Un autre produit, le D 800 ou AQUA J présente des caractéristiques semblables
avec des dosages comparables.
Les fluides de forage 87

TABLEAU III-III — Utilisation des produits GSP pour résoudre les


problèmes de forage.

Forage au rotary

1- En cas de réduction de la viscosité,


voir :
• le pH doit être supérieur à 5,5. On
• le pH peut l’augmenter avec de la soude
ou carbonate de soude.
• salinité de l’eau • Au-dessus de 8 g/l de sel, utiliser un
produit spécial (GS 550 S).
• nappe en charge • Augmenter la densité de la boue et la
recharger régulièrement toutes les 2
ou 3 heures.
2- Bonne viscosité mais mauvaise tenue
des parois de forage :

• présence de couches argileuse • Diminuer le viscosifiant et utiliser un


fluidifiant, ajouter du chlorure de
• présence de couches fluentes potasse.
• Diminuer la viscosité et les débits
• traversée de nappe d’eau salée élevés pour faciliter la remontée des
cuttings, sinon charger
• niveau statique près du sol progressivement la boue avec du sel.
• Utilisation d’une boue avec
• flambage des tiges qui battent la GS 550 S et saler pour équilibrer la
paroi et détruisent le film de boue pression hydrostatique.
• Ajouter de la boue pour que le forage
soit bien plein et saler pour
augmenter la densité.
• Diminuer la pression sur l’outil.
Forage au marteau fond de trou

• Arrêt sans raison apparente, tiges • Ajouter du solvant et laisser reposer


mal nettoyées formant un film de 10 minutes avant de reprendre la
polymère bloquant l’arrivée du foration.
fluide de forage
Forage carotté
Augmenter la concentration de
Mauvaise récupération des carottes : GS 550.
• Diminuer le débit et rétrécir les
• terrains peu cohérents passages d’eau de la couronne.
• Ralentir l’avancement et augmenter
• la carotte est détruite par la boue, la le diamètre du tube carottier. Utiliser
carotte ne monte pas ou retombe un carottier plus court.
Forage artésien Calculer la surpression et la densité
de la boue ainsi que le poids de sel.
• Perte de circulation dans l’aquifère Forer en perte avec une boue légère
ou injecter une boue visqueuse
contenant un agent de destruction
lent (H2O2).
Les fluides de forage 88

3.2.4 Air comprimé


L’emploi de l’air comprimé comme fluide de forage présente un certain nombre
d’avantages :
— plus grande vitesse de pénétration dans la roche dure,
— réduction du poids sur l’outil,
— grande capacité de dégagement des débris de forage,
— forage facilité dans les formations gonflantes,
— faibles besoins d’eau.

a) Forage au rotary
L’air comprimé est efficace dans les formations dures et stables (roches ignées,
métamorphiques ou sédimentaires denses).
En cours de forage le débit d’air sera ajusté pour maintenir une vitesse annulaire
nécessaire à la bonne remontée des cuttings. En principe, la capacité de remontée de
l’air est proportionnelle à sa densité et au carré de sa vitesse annulaire.

b) Forage au marteau fond de trou


Plus la pression d’air est élevée, moins on aura de risques de coincement de
l’outil en fond de trou. La plupart des marteaux travaillent entre 4 et 18 bars. Le
choix de la puissance du compresseur dépend de la consommation d’air estimée
pendant le forage et pendant le soufflage.

3.2.5 Mousse stabilisée


La mousse est un mélange de composés liquides (eau et produits) et gazeux (air).
La solution moussante est parfois accompagnée de polymères ou de bentonite pour
augmenter sa densité et améliorer ses qualités de viscosité et la stabilisation des
parois.
Le dosage varie en fonction de la qualité des agents moussants, entre 0,2 et 2 %
du poids d’eau utilisé. Il faut que la mousse conserve une certaine consistance type
« mousse à raser ».
Ce type de fluide de forage est utilisé :
— dans un forage rotary lorsque l’emploi de la boue est rendu difficile par la
nature des terrains, une fracturation trop importante, ou une alimentation en eau
insuffisante,
— dans un forage à l’air en présence d’une érosion excessive des parois de
forage, lorsqu’on rencontre des gonflements argileux, ou enfin lorsque l’évacuation
des cuttings est rendue difficile par la présence de venues d’eau.
Il faut souligner toutefois qu’en présence de fortes arrivées d’eau dans des
formations aquifères non consolidées, cette méthode peut se révéler inadaptée.
Les fluides de forage 89

a) Mousse pour forage au rotary


Pour le nettoyage du trou, on utilisera un produit moussant à un dosage de 0,3 à
0,5 % du volume d’eau. La concentration peut être augmentée légèrement en cas de
fortes venues d’eau.
Pour la stabilisation des parois de forage, on utilisera un viscosifiant donnant une
mousse stabilisée. La concentration se fait sur la base de 0,5 % du volume d’eau.
Les caractéristiques des débits d’air sont les suivantes :
— débit d’air pour forage : 350 à 400 litres/minute par pouce de diamètre à forer,
— débit de pompe d’injection : 0,1 à 0,2 % de mélange par rapport au volume
d’air.
En terrains tendres (vitesses de foration élevées), on augmentera le débit d’air et
le volume de solution moussante pour maintenir le rapport à 0,1-0,2 %. En terrains
durs par contre, on diminuera le débit d’air et le volume de la solution.

b) Mousse pour forage à l’air


Dans le cas de forage au marteau fond de trou, on prendra soin de respecter les
recommandations suivantes.
— Pour de faibles venues d’eau ou des pertes d’air réduites, il faut placer le
marteau en fond de trou, verser par les tiges 0,3 à 1 litre de produit moussant puis 5 à
15 litres d’eau et reprendre ensuite la foration.
— Si on traverse une zone boulante, on peut ajouter 5 à 20 g de polymères
stabilisants dans le circuit d’eau.
— En cas de fortes venues d’eau, d’éboulements, ou de pertes d’air
considérables, on utilisera 0,2 à 0,6 % de viscosifiant stabilisant avec 0,3 à 1,5 % de
produit moussant, selon l’importance de la venue d’eau.
Il faut savoir que l’utilisation de la mousse réduit la vitesse de pénétration
d’environ 40 % à 6-7 bars, 20 % à 10,5 bars et 10 % à 18 bars.
Après utilisation, le marteau doit être soufflé et lubrifié soigneusement.
Dans le cas très particulier du forage Odex, l’injection de mousse n’est pas
nécessaire.

3.3 Equipement des forages


Un forage d’eau est destiné à permettre l’extraction de l’eau contenue dans une
formation aquifère. C’est pourquoi, quelle que soit la méthode de foration retenue,
l’équipement comporte toujours une colonne d’exploitation maintenant le terrain
dans la partie supérieure non aquifère, et une partie crépinée au droit de la nappe
aquifère proprement dite (sauf dans le cas très particulier de crépines suspendues).
Il ne faut pas perdre de vue que l’exploitation doit se faire dans les meilleures
conditions possibles, tant du point de vue qualitatif :
— pas de pollution de l’eau au droit de l’ouvrage,
— pas d’entraînement d’éléments solides,
Equipement des forages 90

que du point de vue quantitatif :


— obtention du plus fort débit compatible avec les caractéristiques de l’aquifère
et la proximité éventuelle d’autres ouvrages exploitant le même aquifère,
— recherche du plus fort débit spécifique possible (débit par unité de
rabattement).

Diamètre extérieur du tubage


Sol 20" - 508 mm Sol

22"
560 mm
13" 3/8 - 340 mm
17" 3/8
441 mm
9" 5/8 - 244 mm

12" 1/8
7" ou 6" 5/8
308 mm
178 ou 168 mm

8" 1/2
1/2
4" 216 mm
114 mm

6" ou 5" 7/8


152 ou 149 mm

3" 7/8 - 96 mm
Diamètre de l'outil
de foration

Figure 3-4
Relations entre les diamètres des outils rotary et les diamètres des tubages les plus
courants.

Deux éléments fondamentaux constituent l’équipement des forages


d’exploitation :
— les tubages pleins (ou aveugles) ;
— les crépines ou tubages perforés.
Le débit d’exploitation espéré et la profondeur finale à atteindre conduisent à
déterminer les caractéristiques des outils de foration et le diamètre des tubages à
utiliser (cf figure 3-4). D’autre part, en fonction du débit souhaité, le choix de la
pompe immergée imposera le diamètre des tubages.
La qualité des tubages et des crépines est essentielle pour la durée de vie du
forage.
Equipement des forages 91

TABLEAU III-IV — Caractéristiques des principaux diamètres de tubages (API),


d’après A. MABILLOT, 1971.

Diamètres extérieurs Epaisseurs Diamètres Poids moyen au


intérieurs mètre avec
manchons
(pouces) (millimètres) (millimètres) (millimètres) (kilogrammes)
4"1/2 114,30 5,20 103,90 14,10
4"1/2 114,30 6,35 101,60 17,25
4"1/2 114,30 7,35 99,60 20,10

6"5/8 168,30 6,22 155,86 25,30


6"5/8 168,30 7,32 153,66 29,75
6"5/8 168,30 8,94 150,42 35,70

7 177,80 6,91 163,98 29,75


7 177,80 8,05 161,70 34,20
7 177,80 9,19 159,42 38,70
9"5/8 244,50 7,14 230,22 43,60
9"5/8 244,50 8,94 226,62 53,50
9"5/8 244,50 10,03 224,44 59,50

13"5/8 339,70 8,38 322,94 71,40


13"5/8 339,70 9,65 320,40 81,10
13"5/8 339,70 10,92 317,86 90,75

Quelques règles de base doivent être respectées :


— prévoir de laisser au moins un pouce (25,4 mm) de jeu entre la pompe et le
diamètre intérieur du tubage. Celui-ci sera donc 5 cm environ plus grand que le
diamètre extérieur de la pompe ;
— prévoir de laisser du jeu entre les parois nues du trou et le tubage plein,
notamment en prévision d’une cimentation de l’espace annulaire.

3.3.1 Tubages
Le diamètre du tubage sera fonction du débit espéré. Le tableau III-V permet
d’évaluer le diamètre pour le débit maximal dans les cas les plus fréquents.
Le choix du type du tubage sera ensuite fonction de la résistance aux diverses
sollicitations :
— efforts de traction ;
— efforts d’écrasement ;
— efforts d’éclatement ;
— efforts de flambage.
Equipement des forages 92

TABLEAU III-V — Relation diamètre du tube débit possible.

Diamètres intérieurs minima Débits maxima prévus


des tubages (m3/h)
(pouces)

4" 3
6" 50
8" 140
10" 250

Il existe deux matériaux principaux de tubage lisse :


— PVC (plastique) ;
— acier, avec notamment :
• acier noir,
• acier noir galvanisé,
• acier revêtu d’un film plastique,
• acier au chrome aluminium,
• acier inoxydable.
Les caractéristiques des tubages les plus courants sont les suivantes :
— longueur des éléments : 3 à 6 m ;
— épaisseur : 2 à 11 mm (acier), 4 à 16 mm (PVC) ;
— diamètre : 100 à 2 500 mm (acier), 60 à 315 mm (PVC) ;
— raccordement : manchon soudé, embouts filetés (acier), filetage (PVC).

3.3.2 Crépines
La crépine constitue l’élément principal de l’équipement d’un ouvrage
d’exploitation d’eau. Placées à la suite du tubage plein, face à une partie ou à la
totalité de la formation aquifère, les crépines doivent :
— permettre la production maximale d’eau claire sans sable ;
— résister à la corrosion dûe à des eaux agressives ;
— résister à la pression d’écrasement exercée par la formation aquifère en cours
d’exploitation ;
— avoir une longévité maximale ;
— induire des pertes de charges minimales.
Le plus souvent, dans le cas d’une nappe artésienne unique, les ouvrages de
captage sont de l’un des deux types suivants :
— ouvrage à équipement monolithique ;
— ouvrage télescopé à crépine de diamètre inférieur à celui du tubage
d’occultation des niveaux supérieurs.
Equipement des forages 93

Il existe plusieurs types de crépines industrielles en acier (préfabriquées, sans


modification sur le chantier) :
— crépine à trous ronds, utilisée en terrains durs, mais de faible densité de
perforation ou de vide (≈ 10 %) ;
— crépine à trous oblongs, avec des fentes rectangulaires verticales, de largeur
au moins égale à l’épaisseur de la tôle, longueur standard 3 cm, mais de faible densité
de perforation (≈ 10 à 20 %) ;
— crépine à persiennes, avec des perforations rectangulaires horizontales,
formant auvent, de bonne résistance mécanique, mais de faible pourcentage de
perforation ;
— crépine à nervures repoussées, type très fréquemment utilisé, réalisé à plat
puis roulé et soudé, de bonne résistance mécanique du fait du faible enlèvement de
métal, de pourcentage de vide variant de 3 à 27 % selon les dimensions des
ouvertures pratiquées ;
— crépine type Johnson, à ouverture horizontale continue sur toute la longueur
de la crépine, obtenue par enroulement en hélice d’un « fil enveloppe profilé » soudé
sur des génératrices métalliques verticales. Les avantages principaux d’une telle
crépine sont :
• la régularité et la précision de l’ouverture,
• les faibles risques de colmatage,
• le coefficient d’ouverture le plus élevé par rapport aux autres crépines.

0,50 2

2,5 Largeur du fil enveloppe (mm)


0,40 3
Coefficient d'ouverture

3,5
4
0,30 4,5

0,20

0,10

0,00
0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 (mm)
Dimensions de l'ouverture

Figure 3-5
Ouverture, fils et coefficient d’ouverture des crépines Johnson, (d’après documentation
Johnson Filtration Systems, 1992).
Equipement des forages 94

Les tableaux et graphiques 3-5 et 3-6 résument les principales caractéristiques des
crépines Johnson (diamètres, ouverture, slot, débit linéaire).
Des crépines préfabriquées existent également en matière plastique (PVC). Pour
des ouvrages AEP il convient d’éviter le plus possible les crépines fabriquées
manuellement.

TABLEAU III-VI — Diamètres et poids des crépines Johnson — Série


Irrigator (d’après documentation Johnson Filtration Systems, 1992).

Diamètre Diamètre extérieur Diamètre intérieur Résistence à


nominal (hors tout) (de passage) l’écrasement et poids
des crépines
résistence poids
Pouces Pouces Millimètres Pouces Millimètres écrasement (kg/mètre)
(bar)

4 41/2 114 33/4 95 104 9,1

6 65/8 168 53/4 146 33 13,3

8 85/8 219 73/4 197 15 17,4

10 103/4 273 93/4 247 33 35,2

12 123/4 324 113/4 298 20 41,7

14 14 356 13 330 15 45,8

16 16 406 143/4 374 10 52,3

18 18 457 163/4 425 7 58,9

20 20 508 183/4 476 5 65,4

24 24 610 223/4 577 3 78,5

Note : la résistance à l’écrasement et le poids des crépines est donné pour une ouverture
nulle, pour obtenir le poids d’une crépine à ouverture à fente (f) donnée, il faut multiplier
le poids (sans fente) mentionné dans le tableau ci-dessus par l / l + f, l étant la largeur du
fil enveloppe. Il convient de procéder de la même façon pour obtenir la résistance à
l’écrasement : multiplier la résistance à l’écrasement à fente 0 par f / f + l.
Les valeurs standards de f = 0,5 ; 1 ; 1,5 ; 2 et l = 2 ; 2,5 ; 2,75 ; 3 ; 3,25 ; 3,5 ; 3,75 ; 4 ;
6,5.
Equipement des forages 95

120
Débits en m 3/h par mètre de crépine 0,5
100

Coefficient d'ouverture
Vitesse de l'eau : 3 cm/s

0,4
80
0,3
60

40 0,2

20 0,1

0
0 100 200 300 400 500 600
Diamètres extérieurs (mm)

Figure 3-6
Débits, diamètres et coefficients d’ouverture des crépines Johnson, (d’après documentation
Johnson Filtration Systems, 1992).

f
Exemple : coefficient d’ouverture C = f + l
avec f : dimension de la fente entre deux spires de fil, et l: largeur du fil enveloppe.
Pour f = 1 mm et l = 1,14 mm, C ≈ 46 %, alors qu’avec la même ouverture, on obtient :
- C ≈ 4 à 6 % pour une crépine à persiennes.
- C ≈ 16 % pour une crépine à nervures repoussées.

Ce qui conditionne la relation entre les trois grandeurs précédentes (cf. figure 3-
6), c’est la vitesse d’entrée de l’eau dans la crépine. Expérimentalement, la vitesse
optimale a été définie à 3 centimètres par seconde. La formule qui relie les trois
grandeurs (débits, diamètres, coefficient d’ouverture des crépines) est la suivante :
Q = π . DC . 0,03 . 3600
donc
Q = 340 . DC

avec :
Q : débit en m3/h pour un mètre de crépine,
D : diamètre extérieur en mètres de la crépine,
C : coefficient d’ouverture.
Equipement des forages 96

Pour diverses raisons dûes à l’exploitation du forage et à son évolution dans le


temps (obstruction de certaines fentes par des particules fines, colmatage partiel,
etc.), il sera nécessaire de pondérer le débit théorique par un coefficient de réduction
(de l’ordre de 0,5 à 0,75 par exemple).

a) Ouverture ou slot des crépines


La définition du slot d’une crépine se fait essentiellement d’après l’interprétation
de la courbe granulométrique de la formation aquifère.
Le coefficient d’ouverture est un élément fondamental car il conditionne le
passage de l’eau de l’aquifère vers le forage aussi faut-il généralement proscrire les
crépines dont le coefficient est < 10 % (trous ronds, oblongs, à persienne, ...).
Le slot de la crépine sera défini en fonction des caractéristiques du massif de
gravier. Le gravier mis en place dans l’espace annulaire entre les parois du trou et la
crépine constitue un massif filtrant artificiel. La granulométrie du massif de gravier
est choisie en fonction de celle de la formation encaissante ; elle sera en général
uniforme.
La mise en place d’un massif de gravier permet d’augmenter le slot de la crépine,
de réduire la vitesse de circulation de l’eau à l’entrée de la crépine, et donc
d’augmenter le débit de production.
Pour retenir un sable homogène très fin, on peut utiliser une double crépine
constituée de deux crépines emboîtées l’une dans l’autre. Ce procédé est cependant
déconseillé car il diminue fortement le débit d’exhaure de l’ouvrage. Dans la mesure
où l’on connait l’existence de ce sable fin avant de forer on peut réaliser un forage en
gros diamètre. De la sorte on peut augmenter la taille du massif filtrant de manière à
diminuer le champ de vitesse dans le cylindre extérieur (périmètre du massif) et donc
diminuer l’appel du sable vers les crépines. Ce double crépinage a fait ses preuves en
Afrique de l’Ouest et a permis de sauver un grand nombre de forages souffrant
d’ensablement.

b) Positionnement des crépines


Les crépines devront être placées face aux plus fortes venues d’eau et, d’une
façon générale, sur toute la hauteur de l’aquifère. Leur positionnement se fera donc
en fonction de la coupe géologique établie à partir de l’observation des cuttings, de la
vitesse d’avancement et des changements dans la qualité de la boue. Il existe toujours
un décalage entre les cuttings observés et la profondeur de l’outil ; ce décalage croît
avec la vitesse d’avancement et la profondeur ; il dépend également du débit de la
pompe à boue. L’utilisation de diagraphies gamma ray est souvent nécessaire pour
recaler la coupe géologique. Les diagraphies gamma ray enregistrent le rayonnement
gamma naturel émis par les formations argileuses. Lorsque la foration s’effectue dans
des terrains sédimentaires, cette diagraphie permet de positionner les crépines le plus
efficacement possible.
La longueur de la zone crépinée sera fonction de l’épaisseur de la zone à capter,
du niveau de rabattement, de la nature et de la stratification de la couche aquifère. Les
éléments nécessaires servant à positionner les crépines seront déduits des travaux de
reconnaissances préliminaires, à savoir :
— diagraphies instantanées, pertes de boue,
— carottage,
Equipement des forages 97

— analyse granulométrique des échantillons,


— logs géophysiques (diagraphies).
Il est recommandé de choisir des longueurs de crépines selon les quatre cas
suivants qui peuvent se présenter.
— Nappe artésienne en terrain homogène, non stratifié. Dans ce type d’aquifère,
on crépinera 80 à 90 % de son épaisseur en s’assurant que le rabattement ne descend
pas sous le niveau du toit de cette couche aquifère.
— Nappe artésienne en terrain hétérogène, stratifié. 80 à 90 % des couches les
plus perméables doivent être crépinées.
— Nappe libre en terrain homogène. Théoriquement, il est recommandé dans
une couche inférieure à 45 mètres de puissance de crépiner au moins le tiers inférieur
sans dépasser une hauteur de 50 % au maximum. Dans une couche plus puissante, on
peut crépiner 80 % de cet aquifère pour obtenir une capacité spécifique plus
importante. En fait, la longueur de crépine à adopter est un compromis entre la
crépine la plus longue possible (dont l’avantage est de réduire la vitesse d’entrée de
l’eau) et la crépine la plus courte placée à la base de l’aquifère et qui permet un
rabattement plus important. Il est recommandé de ne pas rabattre la nappe au-dessous
de la crépine.

Diamètre des Ouverture Longueur


Profondeur et nature
grains retenus des fentes des crépines
des formations
à 40%
120 120
Sable
0,5 mm 0,5 mm
moyen 6m

125
126 1,0 mm 1m
127
Sable
1,27 mm
très grossier 1,25 mm 5m

132 132
Sable
grossier 0,76 mm 0,75 mm 5m
136
137

Sable
1,52 mm
très grossier 1,5 mm 8m

145

Figure 3-7
Choix des fentes des crépines dans une formation hétérogène, (d’après R. LAUGA, 1990).
Equipement des forages 98

Figure 3-8
Différents types de crépines (d’après : 1 à 4 — données TUBAFOR ; 5 - A. MABILLOT,
1971)
Equipement des forages 99

— Nappe libre en terrain hétérogène. En principe, on doit positionner la crépine


dans les couches les plus perméables afin de permettre un rabattement maximum dans
les meilleures conditions d’exploitation. La longueur crépinée devrait être de l’ordre
du tiers de l’épaisseur de l’aquifère. Lorsque les couches perméables sont
relativement minces, il est alors nécessaire de capter d’autres couches, moins
aquifères, avec des ouvertures de crépine adaptées à ces différentes couches (cf.
figure 3-8).
En résumé, il faut essayer de crépiner au maximum la formation aquifère. Il est
utile de prévoir une chambre de pompage, zone où pourra être positionnée la pompe
de manière à répartir la zone d’appel de la pompe et le champ de vitesse de l’eau dans
les crépines. Dans la mesure du possible il est bon de renforcer le tubage de la
chambre de pompage car les arrêts et démarrage successifs de la pompe entraînent
souvent des chocs entre la pompe et le tubage et, par conséquent, une usure du
tubage.
Il est indispensable que le tubage et a fortiori les crépines soient positionnées
dans le forage avec des centreurs de manière à ce que le massif filtrant puisse être
correctement mis en place.

3.3.3 Massif filtrant


Le massif de gravier sera constitué d’un matériau :
— propre, sans éléments fins argileux ;
— à éléments plutôt arrondis qu’anguleux, pour limiter les pertes de charges ;
— siliceux (surtout pas calcaire) pour éviter tout risque de cimentation ou de
dissolution au contact avec l’eau ou durant les phases d’acidification.
L’épaisseur du massif de gravier doit se situer entre 3 et 8" (75 et 200 mm), en
fonction du diamètre de foration. Il sera généralement mis en place jusqu’à une cote
supérieure de plusieurs mètres à la cote du toit de l’aquifère ou du toit de la partie
crépinée. Cette réserve de gravier est indispensable pour compenser le tassement par
gravité du massif filtrant.
Par ailleurs, il faut savoir qu’un massif filtrant de granulométrie surdimensionnée
dans une formation sableuse fine, peut provoquer un ensablement de l’ouvrage. Par
contre, un massif filtrant de granulométrie trop fine peut conduire à une exploitation
partielle du potentiel de la nappe et rend difficile l’élimination de la boue de forage.
D’où l’intérêt de ne pas utiliser la boue benthonitique.
Aussi, la granulométrie du gravier utilisé se fera en fonction d’analyses
granulométriques des terrains aquifères à capter. Cette étude permet de définir
certains paramètres tels que le calibre caractéristique, l’indice de finesse ou le
coefficient d’uniformité du terrain.
— Le calibre caractéristique d’un terrain est défini tel que 10 % des éléments
sont plus fins et 90 % plus gros que lui par rapport au poids total de l’échantillon. Il
représente l’abscisse à 90 % sur la figure 3-9.
— L’indice de finesse ou calibre à 50 % est défini par l’abcisse à 50 %.
Equipement des forages 100

— Le coefficientd’uniformité (C.u.) s’exprime par le quotient des valeurs à


l’abscisse 40 % et 90 %.
La méthode expérimentale la plus courante est la suivante. Un échantillon de terrain
(environ 100 grammes) est séché puis passé au travers de tamis standardisés. Après
tamisage, on pèse les éléments restés dans les différents tamis. Les poids sont alors
additionnés à ceux des tamis précédents et l’on calcule le pourcentage de chaque
cumul par rapport au poids total. On trace alors la courbe granulométrique de
l’échantillon en portant ces pourcentages en ordonnée et les dimensions des mailles
des tamis en abscisse (cf. figure 3-9).

100 %

90 Calibre caractéristique

80 Valeur à 40 %
Coefficient d'uniformité = --------------------
Valeur à 90 %
70

60

50 Indice de finesse

40 Valeur à 40 %

30
Classe D
Classe C
20 Classe B

10
Classe A
0%
0,5 1,0 1,52 2,03 2,54 3,04 mm

Figure 3-9
Courbes granulométriques caractéristiques des terrains granulaires, (d’après R. LAUGA).

La détermination des paramètres précédents (indice de finesse, calibre


caractéristique et coefficient d’uniformité) permet de définir différents types de
terrains granulaires :
— classe “A” : sable fin (diamètre des grains entre 0,06 et 0,25 mm),
— classe “B” : sable moyen ou hétérogène (diamètre des grains entre 0,25 et 0,5
mm),
— classe “C” : gros sable (diamètre des grains entre 0,5 et 2 mm),
— classe “D” : sable et gravier fin (diamètre des grains entre 2 et 16 mm).
En-deçà, on trouve les silts et argiles (diamètres inférieurs à 0,06 mm) et au-delà,
les cailloux et blocs (diamètres supérieurs à 16 mm).
Soulignons que la forme des courbes de distribution a également une importance.
Les terrains qui donnent des courbes en S inversé (classes A et C) ont en général une
porosité plus grande que ceux qui se caractérisent par des courbes avec une queue
dûe aux matériaux grossiers (classe D).
Equipement des forages 101

En règle générale, on admet que si le d90 de la courbe granulométrique est


inférieur à 0,25, on devra envisager la mise en place d’un massif filtrant additionnel.
S’il est supérieur, on considère que le terrain peut être développé naturellement
(autodéveloppement).
Le coefficient d’uniformité d’un bon gravier additionnel doit se situer entre 2 et
2,5.
Enfin, il convient de prévoir, lors de la réalisation de l’ouvrage, la mise en place
d’un dispositif permettant de rajouter du gravier. En effet, il est fréquent que le
massif de gravier se tasse ou occupe un espace supplémentaire libéré par l’aquifère,
notamment après des acidifications, et il est alors nécessaire de rajouter du gravier.

3.4 Cimentation
Cette méthode consiste à remplir, par un mélange à base de ciment, tout ou partie
de la hauteur de l’espace annulaire entre un tubage et les parois du trou. La
cimentation est utilisée notamment dans les cas suivants :
— pour colmater une cavité ou des grosses fissures qui engendrent de fortes
pertes de boue lors de la foration,
— pour rendre étanche l’espace annulaire et empêcher la pollution par les eaux
de surface, des nappes souterraines mises en exploitation,
— pour fixer les colonnes de tubage au terrain et les protéger ainsi contre les
attaques corrosives de certaines eaux.
La figure 3-10 indique comment déterminer le volume d’eau et le poids de ciment
à utiliser pour obtenir une densité donnée et le volume de coulis correspondant.
Notons qu’il existe sur le marché bon nombre de ciments à prise rapide qui peuvent
être utilisés de manière à limiter l’immobilisation de l’atelier de forage.
Le choix de la qualité du ciment et l’adjonction d’additifs éventuels doivent être
décidés en fonction :
— de la nature du terrain et des eaux rencontrées,
— de la température du terrain (pour les forages très profonds),
— de la vitesse de prise du lait de ciment,
— du volume de ciment à mettre en œuvre,
— de la résistance du lait de ciment aux contaminants éventuellement présents
dans le forage,
— de la résistance finale du ciment à l’écrasement après prise à 7 et 28 jours.
Cimentation 102

70

66 1,70

Volume d'eau 60 1,75 Densités


pour 100 kg
de ciment 54 1,80

48 1,85

44 1,90

40 1,95
37 2,0
35 2,05

30 2,1
100 90 80 70 60
Volume du coulis

Figure 3-10
Diagramme triangulaire donnant les différents paramètres de préparation de coulis de
ciment pur (d’après R. LAUGA, 1990).

Avant d’entamer une opération de cimentation, il faut calculer le volume exact de


lait de ciment à mettre en œuvre. Ce volume est donné par la formule suivante :
H 1 2
V= . d1 – d2
2
avec :
H : hauteur de cimentation,
d1 : diamètre de foration,
d2 : diamètre du tubage.

Une opération de cimentation d’une colonne de tubage doit être effectuée de bout
en bout, sans interruption. Nous décrirons sommairement les principaux types de
cimentation utilisés en forage d’eau.

3.4.1 Cimentation par l’extérieur du tubage


Cette méthode ne concerne que les forages peu profonds. On introduit par le fond
la quantité de lait de ciment nécessaire pour remplir l’espace annulaire, puis, tout de
suite après, la colonne à cimenter. Le pied du tubage étant fermé par un bouchon
destructible, le casing sera rempli d’eau au fur et à mesure de la descente pour éviter
que la colonne de tubes ne flotte sur le ciment.
Il est possible également de cimenter après la mise en place de la colonne de
tubage. Dans ce cas, le lait de ciment est injecté grâce à une pompe par le fond et
remonte le long des parois du tubage au fur et à mesure de l’injection.
Cimentation 103

D’une façon générale la cimentation par l’extérieur du tubage est déconseillée


dans la mesure où elle est difficile à réaliser. Cependant si pour des raisons
techniques il est indispensable de passer par l’extérieur du tubage, l’utilisation d’une
canne d’injection simplifie la manœuvre.

3.4.2 Cimentation par l’intérieur du tubage


Dans ce cas, le lait de ciment est injecté depuis la surface par l’intérieur du tubage
et remonte ensuite le long des parois externes. Lorsque la cimentation est terminée, il
suffit de laver l’intérieur du tubage avec de l’eau claire pour une purge complète du
ciment.
Il existe plusieurs techniques pour empêcher le ciment de remonter par l’intérieur
du tubage.

a) Méthode du « float shoe »


Cette méthode utilise un sabot spécial (appelé float shoe) placé à la partie
inférieure de la colonne de tubes. Celui-ci comporte une balle plastique qui fait office
de bouchon et empêche le passage du fluide de bas en haut. De plus, il est en liaison
avec la surface par l’intermédiaire d’un tube vissé sur le sabot de cimentation qui
permet le passage du lait de ciment dans l’espace annulaire.
Lorsque le coulis de ciment, non pollué, apparaît à la surface, le remplissage
annulaire est terminé.

Tête de
cimentation Vanne ouverte Vanne fermée

Lait de ciment
Boue légère

Bouchon
Ciment
Boue

Mélange
boue-ciment

Figure 3-11
Envoi d’un bouchon avant injection de lait de ciment.
Cimentation 104

b) Méthode du bouchon libre


Un bouchon de cimentation destructible (bois, caoutchouc ou matière plastique)
est introduit dans la colonne à sceller avant ou après l’injection du lait de ciment.
— Dans le premier cas, le bouchon s’interpose entre la boue présente dans le
forage et le ciment qui est injecté juste derrière le bouchon. Après la mise en place du
ciment, on introduit un volume de boue sous pression qui va pousser le lait de ciment
et lui permettre de remonter dans l’espace annulaire. Le contact ciment-boue doit se
situer dans le tubage (cf. figure 3-11).
— Par contre, si le bouchon est placé après l’injection de ciment (cf. figure 3-
12), il sera poussé directement par la boue ou éventuellement l’eau. Lorsque le
ciment apparaît en surface, l’opération est terminée.

Tête de
cimentation Vanne ouverte Vanne fermée

Boue

Boue
Bouchon

Lait de ciment
Lait de ciment

Mélange
boue-ciment

Figure 3-12
Envoi d’un bouchon après injection de lait de ciment.

c) Cimentation avec bouchon contrôlé


Ce système ressemble à celui que nous avons décrit précédemment, toutefois, la
tête de cimentation est différente (étanche) et le tubage comporte un bouchon de pied
destiné à retenir le bouchon de cimentation lors de sa descente.
Le forage étant plein de boue, on injecte directement le lait de ciment qui, du fait
de sa densité, refoule la boue dans l’espace annulaire. Lorsque le volume de ciment
(préalablement défini) a été introduit, il suffit de libérer le bouchon qui se place sur le
ciment. On injecte alors de la boue ou de l’eau qui repousse le bouchon et refoule à
son tour le ciment dans l’espace annulaire jusqu’à ce que le bouchon arrive au fond.
Cimentation 105

d) Cimentations partielles
Il est possible de ne cimenter qu’une partie de la colonne en évaluant précisément
le volume de ciment à mettre en œuvre. De cette façon, on peut cimenter la partie
inférieure d’un captage, la partie supérieure ou même effectuer plusieurs
cimentations successives séparées par des filtres de sable fin. Ce cas est
particulièrement intéressant pour isoler les uns des autres des horizons aquifères
superposés.

3.4.3 Tête de puits


La tête de puits doit être réalisée avec soin car elle conditionne l’étanchéité du
captage. C’est un élément très important pour éviter une pollution accidentelle par les
eaux superficielles ou la condensation. La tête de puits doit être exécutée rapidement
de manière à éviter tout accident corporel sur le chantier. En cours de chantier il
appartient à l’entrepreneur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la
fermeture provisoire du puits tant que l’équipement de l’ouvrage n’est pas terminé.
Classiquement la tête de puits est cimentée sur une hauteur d’au moins trois mètres
par rapport au sol. Elle se termine par une aire bétonnée dont la taille minimum ne
saurait être inférieure au diamètre du tube majoré d’un mètre.
La tête de puits se prolonge par une hauteur de tube plein d’au moins 0,5 m. Ce
tube doit être fermé hermétiquement de manière à éviter toute contamination de la
nappe aquifère. Il est évident qu’aucune perforation de quelque nature que ce soit ne
saurait être tolérée sur l’ensemble des tubes pleins et des raccords.
Enfin, la tête de puits est généralement incluse dans un petit ouvrage de génie
civil. Ce dernier doit être conçu dans un souci d’optimisation de l’exploitation, on
veillera notamment à ce qu’il soit équipé d’un dispositif anti-intrusion et
correctement appareillé de manière à pouvoir facilement enlever la pompe et la
colonne de captage. Enfin, elle doit être parfaitement ventilée de manière à éviter la
condensation qui pourrait être source de pollution.

3.5 Développement des forages en formation alluviale


On procède au développement d’un forage lorsque celui-ci est totalement équipé
(tubage, crépine et massif filtrant). Cette opération consiste à améliorer la
perméabilité naturelle de la formation aquifère autour de la crépine. Le
développement a également pour but de stabiliser l’aquifère dans la zone de captage,
d’éliminer le cake ou fluide de forage qui protège la paroi et d’augmenter la capacité
spécifique du forage.
Bien sûr, même en l’absence de développement, la mise en exploitation d’un
ouvrage permet un certain auto-développement mais cette opération est lente,
destructrice pour le matériel de pompage et sans effet sur les ponts de sables qui
risquent de venir ensabler le forage.
Développement des forages en formation alluviale 106

3.5.1 Nettoyage
Lorsque la foration est terminée et que le tubage et le massif filtrant sont en place,
il est nécessaire dans un premier temps, de nettoyer l’ouvrage. Cette opération très
simple permet d’obtenir une eau claire et « propre », après remontée des cuttings et
des éléments fins accumulés dans le trou. On peut considérer que le nettoyage est la
première phase du développement du captage.
Le nettoyage d’un forage s’effectue généralement par pompage à l’émulseur. Il
dure jusqu’à obtention d’une eau claire. Il peut conduire à une augmentation de son
débit d’exhaure (développement naturel).
Afin de lessiver le plus parfaitement possible toute la hauteur des terrains
imbibés, il est utile d’alterner les périodes de pompage et les périodes de repos. Les
fluctuations successives du niveau piézométrique permettent alors de nettoyer
correctement la formation aquifère.

3.5.2 Développement
Comme nous l’avons vu, le développement d’un forage consiste, entre autres, à
améliorer la perméabilité de la formation aquifère située autour de la crépine et à
stabiliser cette formation. Il faut savoir que la mise en production immédiate d’un
ouvrage sans développement aurait des conséquences fâcheuses :
— elle ne permettrait pas d’obtenir le débit optimal pouvant être fourni par
l’aquifère ;
— elle entraînerait très certainement d’importantes venues de sable (risques de
dommages à la crépine et à la pompe, de colmatage, de tassement du massif de
gravier).
Le développement est donc destiné à parfaire le nettoyage du trou, de la crépine et
du massif de gravier et à améliorer les caractéristiques hydrodynamiques de
l’aquifère autour de la crépine, dans le but d’augmenter le débit exploitable et de
produire une eau propre. La perméabilité du terrain près de la crépine est ainsi
améliorée, notamment par élimination dans cette zone du maximum d’éléments fins
et par restructuration et stabilisation du massif de gravier.
Les méthodes de développement s’appliquent essentiellement à des formations
peu ou pas consolidées, également à des roches de type schistes ou granites anciens,
mais très rarement à des calcaires fissurés ou karstiques.
Développement des forages en formation alluviale 107

a) Méthodes de développement
Développement par surpompage
— C’est la méthode la plus simple. Elle consiste en un pompage à un débit très
supérieur au débit d’exploitation estimé ;
— il y a des risques de développement irrégulier selon les variations verticales
de perméabilité du terrain ;
— il est possible que ce type de développement provoque une compaction des
sédiments fins entraînant une diminution de la perméabilité ;
— il y a enfin des risques de création de « ponts de sable » et donc d’une
diminution de la perméabilité, par un flux unidirectionnel (cf. figure 3-13).

Un courant unidirectionnel Un courant alterné disloque et détruit


provoque des ponts de sable les ponts de sable

Figure 3-13
Création et élimination des « ponts de sable » autour de la crépine (d’après
A. MABILLOT, 1971).

Développement par pompage alterné


— alternance de démarrages et d’arrêts brusques de la pompe afin de créer de
brèves et puissantes variations de pression sur la couche aquifère, inversant le flux à
travers la crépine ;
— facilite la destruction des ponts de sable ;
— risques d’usure du matériel de pompage.
Développement par pistonnage
— mouvement vertical ascendant et descendant d’un piston dans l’ouvrage
créant, à la descente, une compression de la nappe avec refoulement de l’eau et des
fines dans la formation et, à la remontée, une dépression attirant les fines et l’eau dans
la crépine (les fines sont ensuite récupérées dans la crépine) (cf. figure 3-14) ;
— pour être efficace le piston doit rester dans la partie supérieure non crépinée ;
— inversion du flux à travers la crépine permettant l’élimination des ponts de
sable.
Développement des forages en formation alluviale 108

Tube de forage
Surface du sol

Niveau statique
de la nappe

Piston

Aller-retour du piston
dans la partie supérieure
non crépinée du forage

Tubage
plein

Crépine

Eau chargée de
sable et argile

Figure 3-14
Développement par pistonnage.

Développement par lavage aux jets d’eau sous pression


— c’est une méthode simple, dans laquelle un outil à jets d’eau sous pression
permet, par rotation et déplacement vertical, de traiter toute la longueur de crépine
(cf. figure 3-15).
— les particules fines pénètrent dans la crépine où elles sont récupérées ensuite
par pompage ou avec une soupape ;
— l’efficacité du procédé dépend du type de crépine : elle sera maximale pour
des crépines à ouverture continue du type Johnson.
Développement pneumatique
Ce procédé utilise le même principe que le développement par pistonnage, en
combinant l’action de flux et de reflux de l’aquifère autour de la crépine, provoquée
par les grands volumes d’air introduits dans le forage. Ce procédé s’utilise aussi bien
dans les terrains consolidés que non consolidés. Deux méthodes distinctes peuvent
être utilisées :
— la méthode à forage ouvert, qui consiste à alterner les phases de pompage à
l’émulseur et de soufflage brusque,
— la méthode à forage fermé, pour laquelle le casing est hermétiquement clos
par un joint.
Développement des forages en formation alluviale 109

Développement par fracturation


Cette technique de développement permet d’élargir les fractures existantes ou
d’en créer de nouvelles, afin d’améliorer la capacité spécifique du forage.
Sans entrer dans les détails techniques d’une telle méthode, soulignons qu’il
existe deux principaux types de fracturation artificielle :
— la fracturation hydraulique ou hydrofracturation, qui fait intervenir une phase
aqueuse injectée sous pression dans le forage,
— la fracturation à l’explosif. Il convient alors de déterminer précisément la
nature et la charge de l’explosif en fonction de la formation aquifère.
Développement chimique
Les agents chimiques utilisés peuvent être des acides ou des polyphosphates.
— Les acides sont particulièrement efficaces dans les roches solubles
carbonatées (calcaires, dolomies). En général, on utilise de l’acide chlorhydrique
dilué. Le volume d’acide à utiliser augmente à chaque opération d’acidification : il
varie de 2 à 5 fois le volume du trou à acidifier.

Jeu 20 mm
maximum

Jet Jet

Formation
aquifère

Massif filtrant
Crépine
additionnel

Figure 3-15
Schéma du développement au jet sous pression.

— Les polyphosphates sont utilisés pour disperser le cake de forage et les argiles
en provenance du terrain.
Développement des forages en formation alluviale 110

Crépine à fil enroulé Crépine à nervures repoussées

Tube nervuré Crépine à persienne

Figure 3-16
Influence du type d’ouverture de la crépine sur l’efficacité du développement au jet sous
pression (d’après F-G. DRISCOLL, 1986).

Exemple de développement par acidification. Nous résumons, ci-après, un exemple


didactique d’amélioration par acidification d’un captage d’eau dans une formation
calcaire. Cet exemple est emprunté à R. BREMOND, 1962, et correspond à un forage
captant l’aquifère maestrichien à Taïba (Sénégal).
Description du forage : le forage doit exploiter deux aquifères : une formation calcaire
entre 240 et 330 mètres de profondeur et un horizon sableux au-delà de 400 mètres. Les
nappes sont captives. La coupe du forage est représentée en figure 3-17. Il y a
communication entre les nappes paléocène et maëstrichtienne. L’objectif était d’acidifier
la formation calcaire située entre 240 et 330 m.
Les divers pompages entrepris pour laver la formation ont montré que le débit spécifique
de l’ouvrage était de l’ordre de 1m3/h par mètre de rabattement. Une étude des pertes de
charge a permis de mettre en évidence la présence de deux régimes, un laminaire et un
turbulent. Il fallait donc admettre que la perte de charge laminaire était due à la formation
et que la perte de charge turbulente était le fait de l’accélération des vitesses au voisinage
du forage, cette dernière pouvait avoir deux causes : le calcaire était faiblement fissuré, ou
la boue de foration avait pénétré dans le calcaire, bouchant les fissurations.
Dans les deux cas, il fallait traiter le terrain autour du forage de manière à en augmenter la
fissuration ou mettre l’argile en suspension pour en débarrasser le calcaire. L’acidification
a été effectuée en trois passes (cf tableaux III-VII et III-VIII) selon le programme
suivant :
1. injection d’acide,
2. injection d’eau pour « pousser » l’acide dans la formation,
3. mise en compression de la nappe par air comprimé,
4. décompression brutale,
5. pompage.
Développement des forages en formation alluviale 111

Diamètre
du tubage: 12"
Sol
0
Sables quaternaires
30

Marnes grises du
lutétien inférieur et
éocène inférieur

Cimentation

240
Crépine entre 245
et 325 mètres
Calcaire blanc
du Paléocène
330
Cimentation

Sable maëstrichtien

Diamètre
du tubage:
10"1/2

Figure 3-17
Coupe du forage de Taïba.

TABLEAU III-VII — Nature et volume des produits utilisés lors des


opérations d’acidification.

Produits 1ère opération 2e et 3e opérations


Acide 22° baumé du
commerce 5 000 litres 10 000 litres
Eau 7 000 litres 14 000 litres
Acide citrique 50 kilogrammes 100 kilogrammes
Inhibiteur de corrosion
(IFF SSO) 15 litres 30 litres
Emulsionnant (Cémulsol) 5 litres 10 litres
Développement des forages en formation alluviale 112

TABLEAU III-VIII — Caractéristiques des opérations d’acidification.

1ère 2e 3e
opération opération opération

Volume d’acide injecté (litres) 10 070 23 055 23 350

Temps d’injection (minutes) 9 18 13

Débit moyen de la pompe (m3/h) 67,130 76,850 107,750

Volume d’eau injecté après l’acide (litres) 3 000 2 500 4 500

Temps d’injection de l’eau (minutes) 3 2 4

Temps d’injection d’air comprimé sur la


nappe (minutes) 6 7 8

Pression obtenue sur la nappe (kg/cm2) 5 5 5

Temps de décompression (secondes) 40 40 40

Temps passé entre le début de l’injection et


du repompage (minutes) 56 78 72

Résultats obtenus à l’émulseur

Débit (m3/h) 24 25 26

Rabattement correspondant (mètres) 9 7 6

Débit spécifique (m3/h/m) 2,6 3,8 4,3

% d’accroissement de production 160 % 280 % 330 %

Les résultats bruts après les opérations d’acidification montrent que le débit spécifique de
l’ouvrage est passé de 1m3/h/m à 4,3 m3/h/m, soit une augmentation de 330 %.
Par la suite, des pompages prolongés avec agitation pour faciliter le nettoyage de
l’ouvrage ont montré que la perte de charge dûe au régime turbulent de la nappe était
pratiquement éliminée et que la nappe dans son entier pouvait être considérée comme
animée d’un écoulement laminaire.
Le débit obtenu a été de 130 m3/h pour 31 mètres de rabattement, ce qui correspond à un
débit spécifique de 4,2 m3/h/m.

Développement à l’émulseur
— C’est la méthode la plus utilisée et la plus efficace.
— Elle fait intervenir une alternance de phases de pompage par émulseur et de
phases d’envoi d’air sous pression (chasses d’eau) à partir d’un dispositif « double
colonne », une colonne d’envoi d’air dans une colonne de production d’eau
émulsionnée (cf. figure 3-17).
Développement des forages en formation alluviale 113

— Cette méthode est utilisable soit en trou ouvert en tête avec possibilité de
déplacer le tube d’air et le tube d’eau, soit en trou fermé en tête avec la double
colonne fixe.
— Le développement à l’émulseur avec chasses d’eau se poursuit tant qu’il y a
des venues de sable. Dès que l’eau est claire, le puits peut être mis en production par
émulseur en continu durant au moins 1 heure (nettoyage).
Développement des grès
L’opération de forage dans les formations dures (notamment dans les grès) génère
pratiquement toujours une obturation des parois du trou, que ce soit par la boue de
forage (rotary), par le lissage des parois (battage), par les cuttings, par une obturation
des fissures ou par les sédiments très fins bloquant la porosité des grès. La plupart du
temps, l’emploi des explosifs n’est pas recommandé dans les grès surtout s’ils sont
friables.
Une des méthodes de développement efficace dans ce type de terrain est une
combinaison de pompage à l’émulseur d’une part, et, d’autre part, de flux et de reflux
provoqués par l’envoi d’air comprimé sous pression.
Une autre méthode consiste à mettre le forage en pression pour abaisser le niveau
statique, sans jamais dépasser le pied de tubage, afin d’éviter de faire pénétrer de l’air
dans la formation. L’ouverture rapide d’une vanne de surface provoquera la montée
soudaine du niveau en entraînant les sédiments fins et libres de la formation dans la
crépine. Ces sédiments seront ensuite évacués par air lift.

b) Principe du développement à l’émulseur


On injecte de l’air, amené par un tube, à la base d’une colonne descendue dans
l’eau d’un forage. L’émulsion ainsi créée diminue la densité de l’eau contenue dans
cette colonne (cf. figure 3-18).
Sous l’influence de la pression atmosphérique agissant sur l’eau située autour du
tube, le niveau de l’eau émulsionnée qui se trouve à l’intérieur s’élève et, si les
conditions requises se trouvent remplies, l’élévation peut être portée jusqu’à la sortie
de l’appareil au point qu’on s’est fixé.
Conditions requises :
Pour que l’eau atteigne le niveau qu’on s’est fixé, soit A de la figure 3-18 (niveau
du sol, par exemple), la longueur BC, de la partie immergée du tube d’air, doit être en
rapport avec la hauteur totale d’élévation AB, ou, plus exactement, avec la longueur
totale du tube d’air AC.
On a constaté qu’il fallait que BC soit égal à 60 % de AC :
BC = AC . 0,60
Ce qu’on peut aussi exprimer par :
BC = AB . 1,5
ou encore :
AC = AB . 2,5
Par conséquent, la longueur totale du tube d’air doit être au moins égale à 2 fois
et demie la hauteur totale d’élévation (rabattement compris).
Développement des forages en formation alluviale 114

Robinet 3 voies
air
air
eau
eau

joint

Tubage du forage

Tube d'eau
Tube d'air Tube d'air

Tube d'eau

crépines

Développement à « forage ouvert » Développement à « forage fermé »

Figure 3-18
Schéma d’un émulseur air lif (d’après A. MABILLOT, 1971).

Ces conditions limitent l’emploi des émulseurs à l’exploitation des ouvrages dont
la profondeur permet de recevoir une telle longueur de tuyau au-dessous du niveau
rabattu.
Précisons que le niveau statique n’est pas en cause, car il n’intervient qu’au
démarrage.
Les coefficients des trois formules ci-dessus : 0,60, 1,5 et 2,5, peuvent être
quelque peu réduits pour les forages profonds.
Développement des forages en formation alluviale 115

Les mesures effectuées sur un grand nombre d’ouvrages présentant des hauteurs
d’élévation de 7 à 200 mètres ont permis à A. MABILLOT de construire l’abaque qui
permet d’établir un projet de pompage par émulseur (figure 3-18).
Le fonctionnement de l’abaque 3-18 est expliqué par l’exemple suivant, emprunté à
A. MABILLOT :
Considérons un forage de 300 mètres de profondeur et de débit 50 m3/h pour un niveau
rabattu à 90 mètres au-dessous du niveau du sol. Nous souhaitons développer cet ouvrage
au moyen d’un dispositif d’émulseur. La question est de savoir comment dimensionner au
mieux ce dispositif capable de livrer 50 m3/h au niveau du sol, les pertes de charge étant
considérées comme négligeables.
1) Longueur totale du tube d’air : sur l’échelle verticale des profondeurs, à droite du
graphique, on marque le point 90 m (niveau rabattu pour le débit de 50 m3/h). Par ce
point, on trace une horizontale qui coupe la ligne à 45°, portant l’inscription : « niveau
rabattu », au point B. On trace la verticale passant par B. Le segment AB, dont la valeur
est 90 m, correspond à la hauteur totale d’élévation. Le point C1, intersection de AB
prolongée avec la courbe « submergence minimum », détermine la position limite
supérieure du pied du tube d’air. La longueur AC1, mesurée sur l’échelle des profondeurs
est égale à 144 mètres. C’est la longueur totale minimum du tube d’air. Dans ce cas, la
submergence est de BC1 : 144 – 90 = 54 m, soit environ 37,5 % de la longueur totale du
tube d’air.
En prolongeant encore la droite ABC1, on trouve le point C2, intersection de cette droite
avec la courbe « submergence maximum ». La longueur AC2, mesurée sur l’échelle des
profondeurs, est égale à 192 m. C’est la longueur maximum du tube d’air. Au-delà de
cette valeur, on n’obtient pas d’amélioration sensible du fonctionnement. La droite
ABC1C2, prolongée encore jusqu’à sa rencontre avec la ligne en pointillés, donne la
longueur qu’il aurait fallu donner au tube d’air si l’on avait observé la règle généralement
admise fixant la submergence à 60 %, soit, pour notre exemple : 225 mètres.
L’application de cette règle de 60 % aurait nécessité 33 m de plus de tube d’air que pour
la submergence maximum et 81 m de plus que pour la submergence minimum. Outre
cette économie de tube d’air (et de tube d’eau), on voit que l’émulseur aurait pu aussi bien
fonctionner dans un forage limité à 150 m environ, alors qu’avec la règle de 60 % il aurait
fallu au moins 225 m de profondeur forée.
Pour notre exemple, on aura donc le choix entre 144 et 192 m comme longueur totale du
tube d’air. On pourra prendre aussi bien n’importe quelle valeur entre ces deux limites.
On donnera cependant au tube d’eau quelques mètres de plus qu’au tube d’air.
2) Pression d’air au démarrage : cette pression correspond au poids d’une colonne d’eau
ayant pour hauteur la submergence du tube d’air :
. Au minimum : BC1 = 54 m ou 5,4 bars.
. Au maximum : BC2, = 102 m ou 10,2 bars.
3) Volume d’air nécessaire (détendu à la pression atmosphérique). On prolonge, vers la
gauche, l’horizontale passant par C1 ; elle coupe la courbe : « Rapport pour submergence
minimum » au point D1 qui correspond à un rapport, volume d’air/volume d’eau, de 12,5,
lu sur l’échelle horizontale située à la base de l’abaque.
Pour le débit indiqué : 50 m3/h d’eau, il faudrait : 50 x 12,5 = 625 m3/h d’air (à la
pression atmosphérique). Il faudrait donc, dans ce cas, disposer d’un compresseur aspirant
au moins 625 m3/h ou 10 400 l/m d’air et refoulant à 5,4 bars (au minimum) . En
prolongeant plus loin encore sur la gauche l’horizontale passant par C2, on trouve le point
D2 sur la courbe « Rapport pour submergence maximum ». Le rapport volume
d’air/volume d’eau est ramené à 6,4. Pour obtenir 50 m3/h d’eau, le compresseur devrait
aspirer : 50 . 6,4 = 320 m3/h d’air, mais il devrait le refouler à 10,2 bars, comme nous
l’avons indiqué plus haut.
Développement des forages en formation alluviale 116

Niveau de sortie du tube d'eau


0
A
45°

Profondeur en mètres
50

B
• 90
100

Ni
ve
au
ra
ba
ttu
D1 • • C1 144
150
Ra
ppo

D2 • • C2
rt p

192
our

200
sub

• 225
me

Po
rge

Su
Ra

siti

bm
nce
pp

250
on
ort

erg
du
min
po

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300
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erg

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Sub

m
en

enc

d'a
mer
ce

ir
em
ma

gen

axi
xim

350
ce à

mu
um

m
60%

400

0 6,4 10 12,5 20
Rapport volume d'air / volume d'eau
Figure 3-19
Pompage par émulsion air-lift : abaque (d’après A. MABILLOT)
Développement des forages en formation alluviale 117

Pour le cas proposé : 50 m3/h, le tube d’eau devrait avoir 150 mm de diamètre
environ. On pourrait prendre un casing de 65/8. Le tube d’air serait constitué par un
tube de 2" (50 . 60). Ce tube pèse 6,4 kg au mètre. Pour 200 m environ, son poids
serait d’environ 1 300 kg. Si le tube lui-même, qui présente une section de métal de
900 mm2, résisterait largement à cette charge, les assemblages devraient être
particulièrement soignés, surtout pour les manchons supérieurs.

TABLEAU III-IX — Diamètres du tube d’eau et du tube d’air dans un


dispositif d’émulseur.

Débits de Diamètres Diamètre


pompage du tube d’eau du tube d’air
(m3/h) (mm) (mm)

6 à 12 60 20
12 à 20 90 30
20 à 30 100 40
30 à 50 125 50
50 à 90 150 65
90 à 170 200 65
170 à 220 250 65

c) Contrôle du développementPartant du principe qu’un bon développement


permet d’éliminer les venues de sable ou sédiments au cours des pompages
d’exploitation de l’ouvrage, et d’améliorer la capacité spécifique du forage, ces deux
critères doivent être contrôlés.
— Contrôle des sédiments. Cinq échantillons seront prélevés au cours du
pompage de réception. Le premier après 15 mn de pompage, les suivants après 25 %,
50 % et 75 % du temps prévu du pompage. Le dernier échantillon sera prélevé en fin
de pompage.
Précisons que la limite maximale admise pour la teneur en matières en suspension
est de 10 mg/l pour les eaux livrées à la consommation humaine.
— Contrôle de la capacité spécifique. Une formation peut être débarrassée du
sable sans que, pour autant, le classement des éléments restés en place soit optimum.
Le contrôle se fera par comparaison du rabattement de la nappe pour un même débit
(cf. figure 3-19), avant et après le développement, ou par des mesures du coefficient
de perméabilité.
Développement des forages en formation alluviale 118

Niveau de remplissage maximum


0

2
Premier essai avant développement
4
Profondeur de l'eau en mètres

6
Deuxième essai après développement
8

Derniers essais
10
developpement
terminé
12

14

15
Niveau statique

2 4 6 8 10 12
Temps de remplissage en minutes

Figure 3-20
Contrôle du développement par essais d’absorption (d’après A. MABILLOT, 1971).

3.6 Conclusion
La réalisation d’un captage d’eau souterraine est une entreprise délicate qui met
en œuvre une suite d’opérations exigeant la maîtrise de nombreuses techniques
spécialisées dont dépendent son succès, sa productivité et sa durée de vie. Toute
défaillance se traduit immanquablement par des difficultés d’exploitation.
Il n’est pas rare malheureusement de s’apercevoir, généralement trop tard, que le
fluide de forage n’est pas parfaitement adapté aux conditions physico-chimiques ou
hydrogéologiques des terrains (cake difficile à éliminer ou problèmes d’éboulement
de forage), que la qualité de l’eau d’exhaure n’est pas excellente (équipement
inadéquat, massif filtrant et développement insuffisant ou inadapté) ou enfin que le
débit n’est pas celui que l’on avait espéré (mauvaise identification de ou des
aquifères, mode de captage inadéquat, colmatage ou obstruction des venues d’eau,
etc.).
Conclusion 119

Par conséquent, la réussite d’une telle entreprise est intimement liée au choix
judicieux des différentes méthodes qui ont été abordées dans ce chapitre. Dans ce
cadre, comme nous le verrons par la suite, le rôle de l’ingénieur chargé du contrôle et
du suivi des travaux est primordial. Il doit, en association avec l’entreprise :
— définir les modalités de la foration (diamètre et type de foration),
— choisir le fluide de foration adéquat et l’adapter au fur et à mesure de son
évolution au contact des terrains rencontrés,
— résoudre les problèmes spécifiques à l’équipement, à la mise en place du
massif filtrant et à la cimentation,
— déterminer le type de développement idéal en fonction des caractéristiques
hydrogéologiques, et en définir le principe et la durée.
CHAPITRE IV

Pompage d’essai
« Tout ce qui est simple est faux, tout ce qui
est compliqué est inutilisable »
P. Valery

Les pompages d’essai doivent être réalisés après le nettoyage et/ou le


développement d’un ouvrage. Ils permettent de déterminer :
— les caractéristiques du complexe aquifère / ouvrage, avec la courbe
caractéristique, s = f (Q), véritable fiche d’identité de l’ouvrage, établie d’après les
pompages d’essai par paliers ;
— les paramètres hydrodynamiques, S et T, calculés d’après les pompages
d’essai de longue durée ;
— les conditions d’exploitation de l’ouvrage ;
— l’évolution des rabattements en fonction du débit et du temps pour une
exploitation de longue durée (calculs d’interférences).
En outre, les pompages d’essai réalisés avant une mise en exploitation ou après
une phase de régénération permettent de compléter le nettoyage et le développement
naturel (autre développement) du puits testé.

4.1 Concepts de base


Les paramètres qui caractérisent un aquifère sont : perméabilité, transmissivité,
porosité et coefficient d’emmagasinement. Par ailleurs nous savons que la loi de
Darcy peut être vérifiée quel que soit le mode de circulation des eaux. Mais aucune
théorie sur l’écoulement des eaux vers les ouvrages de captage n’est possible sans
poser au départ un certain nombre d’hypothèses simplificatrices et sans imaginer une
nappe idéalement simple. L’établissement des formules de l’écoulement souterrain a
donc pour base des hypothèses simplificatrices. Il convient de bien les appréhender
pour effectuer un choix pertinent dans l’arsenal des méthode d’interprétation.

4.1.1 La superposition des écoulements


On désigne par nappe idéalement simple, une nappe non réalimentée, d’extension
latérale infinie, homogène, isotrope, initialement au repos, d’épaisseur constante,
captée sur toute sa hauteur et dont l’eau est relâchée instantanément, lors d’une baisse
du niveau piézométrique.
Concepts de base 122

Nous allons voir qu’il n’est ni illicite, ni illusoire d’apporter ces simplifications :
— Une nappe finie se comportera toujours rigoureusement comme une nappe
infinie tant que l’onde déclenchée par le pompage n’aura pas atteint une des limites
de la nappe et ne sera pas revenue, mesurable, au point d’observation après réflexion
sur celle-ci.
Ce phénomène est quelquefois si long à intervenir qu’il y aura lieu de tenir
compte de bien d’autres facteurs perturbateurs.
— Les milieux sédimentaires sont habituellement hétérogènes dans le détail mais
vus à l’échelle du km3 ils sont souvent beaucoup plus homogènes qu’on ne serait
tenté de le croire.
— L’hétérogéneité (qui exprime justement Kx ≠ Ky) ne joue que rarement, car le
plus souvent le milieu aquifère est fortement stratifié et il est défini par deux
coefficients de perméabilité : l’un pour les écoulements perpendiculaires à la
stratification, l’autre pour les écoulements parallèles à celle-ci.
En général les perméabilités varient peu selon l’orientation dans le plan
horizontal, confondu avec la stratification. Or, la majorité des écoulements naturels
ont lieu dans ce plan.
— L’épaisseur d’une nappe varie généralement très graduellement, sauf présence
d’un cccident tectonique important, de sorte qu’une nappe où l’épaisseur ne varie pas
brusquement au voisinage immédiat d’un forage, se comportera comme une nappe
d’épaisseur constante. L’épaisseur moyenne dans la zone influencée par le pompage
peut être assimilée à une épaisseur constante.
— Par rapport à un sondage crépiné sur toute l’épaisseur d’une nappe, un
sondage exploitant seulement une partie de celle-ci a un rendement légèrement
inférieur. L’écoulement vers un tel sondage est uniquement modifié au voisinage
immédiat de celui-ci. On démontre que cette modification n’est sensible que dans un
rayon limité, au plus, à 1,5 fois l’épaisseur de la nappe. Au-delà de cette distance les
lignes de courant ont eu le champ nécessaire pour se répartir uniformément dans
toute l’épaisseur de la nappe.
— En ce qui concerne le relâchement de l’eau par le terrain quand la surface
piézométrique s’abaisse, on sait qu’il n’est pas rigoureusement instantané.
L’incidence de ce phénomène n’est sensible que si le matériau aquifère est très peu
perméable. Dans les terrains à perméabilité élevée la plus grande partie de l’eau est
très vite libérée.
— Une des hypothèses de départ supposait une nappe initialement au repos. Or
une nappe réelle n’est pas au repos, elle s’écoule, sa surface a donc une pente.
Toutes ces difficultés peuvent être surmontées grâce au principe de superposition
des écoulements cf. figure 4-1). La superposabilité des écoulements est une propriété
fondamentale des écoulements en milieu poreux, cela veut dire que les effets
respectifs simultanés de deux causes différentes sur le niveau de la nappe en un point
donné peuvent s’additionner algébriquement. Par exemple, si un pompage est
entrepris en période de baisse naturelle du niveau de la nappe, on devra en tenir
compte en soustrayant du rabattement mesuré, la valeur de l’abaissement naturel de
la nappe. Cela revient à rapporter les mesures, non au niveau initial, mais au niveau
naturel extrapolé à cet instant.
Concepts de base 123

altitude du niveau piézométrique évolution naturelle


niveau initial (origine des mesures)
observée évolution natu
relle extrapolée

! réel ! mesuré

to t temps

Figure 4-1
Exemple de mise en application du principe de superposition des écoulements.

Cette correction a un intérêt pratique surtout pour les essais de longue durée.
D’où la nécessité avant d’entreprendre un tel essai de surveiller l’évolution naturelle
du niveau piézométrique.

4.1.2 Influence de la mise en exploitation


La mise en exploitation d’un forage provoque sur l’aquifère, dont la surface
piézométrique initiale est supposée plate, un cône de dépression en forme d’entonnoir
dont l’axe coïncide avec celui de l’ouvrage.
Les pompages d’essai ont pour but de mesurer, à débit constant, les dimensions
de ce cône à un instant donné et son évolution dans le temps.
La géométrie du cône de dépression détermine :
— Le rabattement, noté s, mesuré par l’abaissement du niveau piézométrique
dans le puits ou dans un piézomètre situé à une distance, x, de l’axe de l’ouvrage. Le
plan d’eau dans l’ouvrage est le niveau dynamique. La profondeur du niveau
dynamique, au dessous du niveau piézométrique initial, en régime non influencé, est
le rabattement, s, qui correspond au rabattement et aux pertes de charges singulières
dans le puits. Le rabattement mesuré au cours de la remontée est appelé rabattement
résiduel sr.
— Le rayon d’influence, noté R, est la distance de l’axe du puits à laquelle le
rabattement est nul ou négligeable.
A débit constant trois facteurs influencent les dimensions du cône de dépression :
— Les paramètres hydrodynamiques (transmissivité et coefficient
d’emmagasinement).
En effet, le rayon d’influence est directement fonction de la transmissivité et
indirectement du coefficient d’emmagasinement.
Concepts de base 124

— le temps de pompage, les dimensions du cône croissent avec le temps jusqu’à


une éventuelle stabilisation (régime quasi-permanent) où l’aquifère rééquilibre son
bilan.
— le régime d’écoulement. A débit constant, deux concepts du régime
d’écoulement sont considérés par référence à l’influence du temps de pompage :
• le régime permanent ou d’équilibre pour lequel après un temps de pompage
court (de l’ordre de l’heure), la géométrie du cône de dépression reste
constante. C’est l’hypothèse de H. DUPUIT (1863). C’est en quelque sorte
un instantané du comportement hydrodynamique de l’aquifère.
• le régime transitoire ou de non équilibre tenant compte du fait observé que
les dimensions du cône de dépression croissent en fonction du temps de
pompage. C’est la base des expressions de C.V. THEIS (1936) et de
C.E. JACOB (1950). Le régime permanent rigoureux n’existe pas, sauf dans
des conditions exceptionnelles. Dans la réalité on admet l’apparition d’un
régime quasi-permanent.

4.2 Métrologie
Divers éléments extérieurs peuvent avoir une influence non négligeable sur les
nappes. A ce titre, il peut être nécessaire de mesurer la température de l’eau et de
l’air, le pH et/ou la conductivité de l’eau, la pression atmosphérique, la position des
marées par rapport aux heures des essais (forages près d’une côte maritime), de la
pluviométrie, des crues des rivières, etc.
Il convient de mettre en place un dispositif permettant l’évacuation des eaux
pompées. Elle ne doit pas pouvoir retourner dans l’aquifère et doit être évacuée à une
distance telle qu’elle n’interfère pas avec la nappe.

4.2.1 Choix et implantation des piézomètres


Le nombre de piézomètres est imposé par le problème à résoudre et évidemment
par les crédits disponibles. Les piézomètres doivent avoir un temps de réponse très
faible. Leur choix sera donc défini à partir de la nature du terrain aquifère.
Dans les alluvions grossières, dont la perméabilité est en général grande, on peut
utiliser des piézomètres ouverts. Par contre, dans les sols imperméables (argiles,
limons, graves argileuses), il faut adopter des piézomètres à volume constant pour
réduire le temps de réponse. Ce type de piézomètre doit être employé chaque fois que
des doutes subsistent sur la perméabilité du sol, car une variation d’une unité sur
l’exposant du coefficient de perméabilité multiplie par 10 le temps de réponse.
On implante en principe les piézomètres suivant deux axes rectangulaires centrés
sur le puits et à des distances croissantes, la distance du dernier étant voisine du rayon
d’action présumé (de l’ordre de 200 mètres pour les terrains très perméables, et de 30
à 50 mètres pour les terrains peu perméables). Très souvent les distances entre les
piézomètres et le puits sont en progression géométrique, ce qui facilite
l’interprétation graphique.
Métrologie 125

Il n’existe pas de règle pour fixer le nombre de piézomètres, mais il est bien
évident que plus ils seront nombreux, plus fine sera l’interprétation. En tout état de
cause, il faudrait disposer d’au moins 4 piézomètres à des distances différentes.
Dans une nappe captive, la profondeur des crépines n’a pas grande importance,
car en général, les variations de charge étant faibles par rapport à la charge initiale,
les surfaces équipotentielles sont sensiblement des cylindres verticaux concentriques
au puits. Par contre, dans une nappe libre, ces surfaces équipotentielles présentent
une courbure d’autant plus accentuée que l’on se trouve plus près du puits. Ce n’est
qu’à grande distance qu’elles deviennent assimilables à des cylindres verticaux.

4.2.2 Méthodes de mesure


a) Mesure des débits
Les mesures de débit et de niveau sont à la base de toute étude hydrogéologique.
Elles doivent être systématiquement réalisées de manière quasi simultanée pour être
exploitables.
Une mesure de rabattement sans indication du débit correspondant n’est pas
utilisable, de même qu’une mesure de débit sans indication du rabattement
correspondant n’apporte aucune information hydrogéologique significative.
De nombreuses méthodes permettent la mesure du débit d’exhaure d’un forage.
Elles peuvent être indirectes, comme la lecture d’un compteur qui transforme une
vitesse d’écoulement en débit, ou directe comme le chronométrage du remplissage
d’un récipient de volume connu.
La lecture d’un compteur est facile et rapide mais elle suppose un compteur bien
étalonné. Cet étalonnage doit être contrôlé périodiquement par une mesure directe
beaucoup plus précise.
La méthode la plus précise pour la mesure d’un débit consiste à chronométrer le
temps de remplissage d’un volume connu.
La mesure du temps peut être très précise si l’on dispose d’un chronomètre et
d’une extrémité de tuyau mobile qui permet le déplacement latéral du jet à tout
instant.
Pour la mesure du volume, il est commode de disposer d’un réservoir de section
connue ; on verse d’abord un peu d’eau en fond de réservoir puis on repère ce niveau
après stabilisation, ensuite on mesure le nouveau niveau après remplissage. Le débit
s’obtient par la formule suivante :

Section en m2 . Différence des hauteurs en m . 3 600


débit en m3/h = temps de remplissage en secondes

L.l.H
soit Q = t . 3 600
Métrologie 126

l
L
H

La méthode du tube de Pitot est également simple à mettre en œuvre. Le montage


consiste à avoir une conduite de refoulement qui débite dans une canalisation rigide
d’un diamètre tel que l’écoulement se fasse à pleine section et d’une longueur
minimum de 2 m (et de 15 fois D lorsque ce dernier est > 150 mm). A l’extrémité de
cette canalisation, est branché un dispositif de mesure constitué par un élément de
tube identique à celui de la canalisation d’amenée de diamètre D. L’extrémité de ce
tube est obstruée par une bride métallique au centre de laquelle a été percée une
ouverture circulaire de diamètre d. Sur le coté du tube, est fixée une prise de pression
reliée à un tube manométrique transparent muni d’une règle graduée (cf. figure 4-2).

règle tube manométrique


graduée

sens d'écoulement
D d prise de pression

Figure 4-2
Coupe type d’un tube de Pitot.

Le débit pompé est celui qui passe à travers l’orifice de la bride ; il est donné par
l’expression de Bernouilli :

Q = α s 2gh

avec :
Q : débit
d
α : coefficient de débit expérimental qui dépend de D

π d2
s : section d’ouverture de la bride ( 4 )
h : hauteur de la charge

Cette formule s’exprime sous la forme simplifiée :


Q = C d2 h
Métrologie 127

απ 2g d
où C = 4 et ne dépend, comme α, que du rapport D .
Les valeurs numériques du coefficient C sont données par l’abaque de la figure 4-
3.
C
0,12

0,11

0,10

0,09

0,08
C

0,07 d/D
0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Figure 4-3
Détermination du coefficient C (méthode du tube de Pitot).

b) Mesure des niveaux


Un pompage d’essai a pour but de fournir des données dont l’interprétation
aboutira à la détermination des paramètres hydrodynamiques de l’aquifère.
Les données sont essentiellement des mesures effectuées avant, pendant et après
le pompage. Elles doivent être sûres, précises et utilisables indépendamment des
opérateurs les ayant réalisées. Outre une grande rigueur dans l’opération de la
mesure, il est indispensable d’utiliser du matériel en bon état.
Il convient de mesurer : longueurs horizontales (distances du puits aux
piézomètres), profondeurs (niveau de la nappe, profondeur des ouvrages), temps,
débits, pressions, grandeurs diverses.

Méthode directe

— la sonde électrique (limnimètres électriques) donne satisfaction pour la


mesure du niveau piézométrique. Dans la mesure où la sonde est de bonne qualité,
elle permet d’apprécier le centimètre pour des valeurs absolues de l’ordre de 30 à 50
m. L’appareil est constitué d’un câble électrique à deux conducteurs dont
l’allongement est faible ; le câble gradué ou non, est enroulé sur un tambour. Les
extrémités de celui-ci sont reliées d’une part à deux électrodes isolées, d’autre part à
une pile sèche de type courant. Dans le circuit on dispose un milliampèremètre, ou un
voltmètre à grande résistance ou un relais qui permet d’alimenter une ampoule ou une
sonnerie. Lorsque les électrodes touchent la surface de l’eau, le circuit électrique est
Métrologie 128

fermé : l’aiguille du milliampèremètre se déplace, la lampe s’allume ou la sonnerie


fonctionne. Il existe de nombreux modèles de ces appareils.
— l’enregistreur analogique : le développement du matériel informatique
permet de traiter rapidement une grande masse de données (tracé automatique de
graphiques, conversion, préparation des données pour leur interprétation, etc.), mais
toutes les mesures doivent être traduites en langage numérique. L’ensemble
d’enregistrement analogique permet de suivre en continu l’évolution des grandeurs
mesurées, mais les graphiques obtenus nécessitent un travail long et coûteux de
dépouillement et de traduction en langage numérique (numérisation).
Aussi, est-il nécessaire d’envisager l’emploi de « chaîne automatique
d’acquisition de données » autonome, stockant les données numérisées sur mémoire
de masse. Les différents éléments seront enfermés dans des boîtiers étanches,
l’alimentation étant assurée par des batteries 12 V ou bien des piles longue durée (au
lithium par exemple).
Les progrès continus de l’électronique et de la micro-informatique permettent une
grande miniaturisation, donc un faible encombrement et une faible consommation.
Les divers composants craignant l’humidité, le froid, la grande chaleur et la
poussière, on veillera à choisir une réalisation particulièrement soignée pour du
matériel de terrain.
Nous ne saurions trop conseiller l’emploi d’enregistreurs analogiques qui
permettent des mesures très précises, des périodes d’acquisition très courtes (de
l’ordre de la seconde), et qui évite surtout d’employer du personnel à relever les
niveaux jour et nuit quand les conditions météorologiques sont défavorables. Enfin,
en choisissant un pas d’acquisition adapté on peut déterminer les effets capacitifs et
de post-production. Enfin, il est préférable d’en acquérir deux de manière à pouvoir
suivre un piézomètre en même temps que le puits principale.

Méthode indirecte : tube manométrique

Elle nécessite la présence d’un tube étanche plongeant dans le forage et fixé le
long de la colonne de la pompe. La méthodologie de mesure est la suivante :
— Gonflage du tube piézométrique à l’aide d’une pompe à air, ou d’une
bouteille d’air ou d’azote comprimé munie d’un détendeur, jusqu’à ce que la pression
se stabilise.
— Réduction du débit de gaz à la plus faible valeur permettant le maintien d’une
pression constante.
— Lecture de la pression en bars sur un manomètre connecté au tube
piézométrique.
— Conversion de la pression lue en mètres d’eau (1 bar = 10,2 m d’eau).
Cette distance correspond à la hauteur de ligne piézométrique noyée au moment
de la mesure, il est donc nécessaire de connaître exactement la hauteur totale de la
ligne piézométrique pour pouvoir en déduire le niveau recherché.
Métrologie 129

Pour chaque palier, à débit croissant, la hauteur d’eau dans la ligne piézométrique
diminue (augmentation du rabattement), induisant une diminution de la pression lue
au manomètre.

4.2.3 Mise en œuvre


Les mesures des niveaux dynamiques et du débit sont faites à intervalles réguliers
comme indiqué dans les tableaux suivants pour la descente et pour la remontée (après
l’arrêt du pompage).

TABLEAU IV-I — Cadences des mesures au cours d’un pompage d’essai.

Durée depuis le début


de la descente ou de Mesures des niveaux Mesures de débit
la remontée ou des rabattements

0 à 5 mn toutes les 30 secondes toutes les minutes


5 à 10 mn toutes les minutes toutes les 2 minutes
10 à 20 mn toutes les 2 mn toutes les 5 mn
20 à 40 mn toutes les 5 mn toutes les 5 mn
40 mn à 1h30 toutes les 10 mn toutes les 10 mn
1h30 à 3 h toutes les 15 mn toutes les 15 mn
3h à 5h toutes les 30 mn toutes les 30 mn
5h à 8 h toutes les heures toutes les heures
au delà de 8h toutes les heures toutes les heures

Ces mesures restent indicatives, il est clair que suivant la réaction de l’aquifère on
peut avoir à diminuer l’intervalle d’échantillonnage des mesures.

4.3 Pompages d’essai en régime permanent


L’essai de pompage par paliers de courtes durées évalue les caractéristiques du
complexe aquifère/ouvrage de captage. Ce sont : les débits critiques, le débit
spécifique, le débit spécifique relatif, les pertes de charge dans l’ouvrage et son
environnement immédiat et le débit maximum d’exploitation ou productivité. Il
permet d’établir le programme d’équipement technique de l’ouvrage : tubage, crépine
et massif filtrant, puissance de la pompe, etc.
Le but principal des pompages d’essai par paliers est de déterminer la courbe
caractéristique du puits, s = f (Q), soit l’évolution du rabattement en fonction du
débit de pompage, et le débit critique Qc.
La courbe caractéristique est surtout utilisée pour dimensionner la puissance de la
pompe qu’il faudra installer.
Pompages d'essai en régime permanent 130

4.3.1 Méthodologie
Un pompage d’essai par paliers se réalise généralement en quatre, parfois trois
paliers de pompage. La courbe caractéristique est obtenue en représentant sur un
graphique la relation débit-rabattement.
Sur le plan de la méthodologie de mise en œuvre plusieurs pratiques s’affrontent :
— réalisation de l’essai en régime permanent.
C’est l’idéal, il s’agit de pomper à des débits Q1, Q2, Q3, etc., pendant un temps
qui peut être plus ou moins long mais jusqu’à obtention d’une stabilisation (régime
permanent). On peut ainsi associer à un débit Q1 un rabattement s1 correspondant.
— réalisation de l’essai en régime quasi-permanent.
C’est le plus répandu mais plus on se rapproche du « quasi » plus on observe des
pseudo-stabilisations et moins l’essai a de sens. Ces essais ne permettent pas de
calculer les valeurs absolues des paramètres hydrodynamiques avec une validité
acceptable. Notamment le débit spécifique qui n’a de sens qu’en régime permanent
[J. FORKASIEWICZ et J. MARGAT, 1966] ne peut pas être défini par ce type d’essai.
Ces mêmes auteurs considèrent que « la présentation de courbes caractéristiques
construites à partir d’essai de pompage sans stabilisation réelle, et les expression de
débits spécifiques calculées sur cette base, ne doivent plus figurer dans des rapports
hydrogéologiques sérieux ».
En pratique chaque débit est appliqué pendant des incréments de temps égaux
suffisamment longs pour que l’on puisse admettre l’établissement d’un régime quasi-
permanent. Généralement on utilise le même temps pour chaque palier et on laisse
remonter la nappe entre deux paliers d’un temps égal à la durée du pompage.
Cette technique peut cependant servir, au sein d’un champ captant dont on ne
possède pas les données, à obtenir rapidement des données relatives mais
comparables entre elles.
Le niveau statique initial sera mesuré avant la mise en marche de la pompe, dès
l’arrivée sur le chantier. Avant le début de l’essai, la veille si possible, la pompe est
mise en marche une dizaine de minutes, vanne d’exhaure ouverte à fond afin de
mesurer le débit maximal de production de l’ouvrage, soit Qmax
Le débit de chaque palier sera ensuite défini comme suit :

Essai avec 4 paliers Essai avec 3 paliers


Qmax Qmax
Palier 1 Q1 = 4 Palier 1 Q1 = 3
Qmax 2 Qmax
Palier 2 Q2 = 2 Palier 2 Q 2= 3
3 Qmax
Palier 3 Q3 = 4 Palier 3 Q3 = Qmax
Palier 4 Q4 = Qmax

Pour chaque palier le niveau dynamique, ND, et le débit à intervalles réguliers


seront mesurés comme indiqué dans le tableau IV-I.
Pompages d'essai en régime permanent 131

Il convient également de mesurer la hauteur du repère éventuel par rapport au sol.


Pour tout pompage d’essai par paliers, il est préférable d’arrêter la production de
l’ouvrage à tester au moins la veille de l’essai (minimum 10 heures avant).

EXEMPLE DE COURBE CARACTERISTIQUE

Débit - rabattement

Niveau 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Débit
statique (m 3/h)
Essai
2

Essai
s = BQ
4

Niveau Essai
dynamique 6

8
Essai

s = BQ + CQ2

Rabattement (m)

Figure 4-4
Exemple de courbes caractéristiques.

4.3.2 Interprétation
Les résultats de l’essai par paliers sont résumés pour chaque palier par deux
données, le débit et le rabattement. Le rabattement est égal à la différence entre le
niveau dynamique et le niveau statique. La stabilisation du niveau à l’occasion de
pompages effectués à des débits Q1, Q2, Q3, ... correspond à des rabattements s1, s2,
s3, ... Le report des points représentatifs sur un graphique permet de tracer la courbe
caractéristique de l’ouvrage (cf. figure 4-4). La courbe caractéristique est un élément
fondamental.
Pompages d'essai en régime permanent 132

Le rabattement mesuré dans l’ouvrage à un instant t est la somme de deux pertes


de charge :
— une perte de charge linéaire, provoquée par l’écoulement laminaire dans
l’aquifère au voisinage du puits (loi de Darcy) noté BQ. Elle est imposée par les
paramètres hydrodynamiques de l’aquifère et croît avec le temps de pompage.
— une perte de charge quadratique, non linéaire, provoquée par l’écoulement
turbulent dans l’ouvrage, crépine et tubage, notée CQ2. Elle est uniquement fonction
du débit pompé et caractéristique de l’équipement technique de l’ouvrage.
Le rabattement total, s, à l’instant t, est donné par l’expression de C.E. JACOB :
s = BQ + CQ2
Cette expression établie pour l’aquifère à nappe captive, est étendue à l’aquifère à
nappe libre sous condition que le rabattement mesuré soit inférieur à 0,1 b (b
représentant l’épaisseur de l’aquifère).

4.3.3 Notion de vitesse critique


Au cours du pompage le niveau dynamique dans le puits est inférieur au niveau
piézométrique dans l’aquifère au voisinage de l’ouvrage. Cette différence est la
hauteur de la surface de suintement, notée h'. Elle croît avec le rabattement pour
atteindre une valeur maximale lorsque le rabattement dans l’aquifère est voisin de
b/2.
surface piézométrique
S1
S2 b
--
S3 2
S4
Qc
s maximum dans l'aquifère

Figure 4-5
Schéma de l’évolution du cône de dépression.

Au-delà les rabattements, croissants dans le puits, n’entraînent plus ceux dans
l’aquifère au voisinage de l’ouvrage. Ils se stabilisent et le débit ne croît plus en
fonction du rabattement, seul le rayon d’influence augmente, le puits est dénoyé.
Jusqu’à cette limite la courbe de dépression se creuse pour atteindre un maximum.
Pompages d'essai en régime permanent 133

Au-delà d’une certaine limite, l’écoulement laminaire fait place à un écoulement


turbulent. La vitesse critique est atteinte. Elle correspond au débit critique Qc. Le
régime turbulent fait augmenter la perte de charge quadratique, donc diminue le
rendement de l’ouvrage. En plus il provoque l’entraînement de particules fines
responsables du colmatage et/ou de l’ensablement des puits.
Dans la pratique le débit de pompage doit toujours être inférieur au débit critique.
La courbe caractéristique est un élément fondamental qu’il est indispensable de
posséder. Elle doit obligatoirement figurer dans le dossier de l’ouvrage. Elle peut, en
effet, être utilisée par la suite pour détecter les améliorations ou les détériorations de
l’ouvrage.
Elle peut, classiquement, avoir plusieurs formes :
— puits idéal 1 (droite)
— puits réel après acidification 2 (amélioration)
— puits réel état initial 3
— puits réel après vieillissement 4 (colmatage)

Débit en m3/h

1
Rabattement (s) en m

s max admissible
2

s = f (Q)

Figure 4-6
Courbe caractéristique de puits.

Une droite traduit une évolution linéaire du rabattement en fonction du débit, sans
perte de charges due à l’équipement de l’ouvrage (ou perte de charge quadratique).
Les pertes de charge quadratiques seront d’autant plus importantes que la courbe
sera convexe.
La courbe ne peut, en aucun cas, être concave. Cela traduirait un pompage d’essai
non valable (mesures incorrectes ou apparition d’un développement au cours du
pompage).
Pompages d'essai en régime permanent 134

4.3.4 Comparaison de plusieurs essais sur un même ouvrage


La réalisation de plusieurs pompages d’essai par paliers sur un même puits durant
son exploitation (sur plusieurs années) permet de comparer les courbes
caractéristiques établies à chaque essai par rapport à la courbe caractéristique initiale.
L’étude de ces courbes permet de tirer les enseignements suivants :
— Aucun changement, les courbes sont identiques.
L’ouvrage ne s’est ni développé naturellement ni colmaté.
— La nouvelle courbe est située au-dessous de la courbe caractéristique initiale
.
L’ouvrage s’est colmaté : pour un même débit le rabattement a augmenté, donc le
débit spécifique (rendement) a diminué.
— La nouvelle courbe est située au-dessus de la courbe caractéristique initiale.
L’ouvrage s’est développé au cours de son exploitation, pour un même débit, le
rabattement a diminué, donc le débit spécifique (rendement) a augmenté.

4.3.5 Calcul des pertes de charges


Le rabattement spécifique, s/Q, est la hauteur de rabattement mesurée dans le
puits rapporté au débit pompé. Il est exprimé en m/m3/h. Il correspond à l’équation
de C.E. JACOB qui peut s’écrire :
s
Q = B + CQ

C’est l’équation d’une droite qui met en évidence certaines formulations simples
de la relation débit / rabattement.
La courbe s/Q en fonction de Q doit être une droite de pente C et d’ordonnée à
l’origine. B. WALTON a proposé une méthode qui permet de caractériser l’état du
puits par la valeur de C :
C < 675 m/(m3/s)2 Bon puits, développement correct
675 < C < 1350 m/(m3/s)2 Puits médiocre
C > 1350 m/(m3/s)2 Puits colmaté ou détérioré
C > 5400 m/(m3/s)2 Puits irrécupérable
D’une façon générale, quatre cas peuvent se présenter :
— droite (1) passant par l’origine indique que le régime turbulent est fortement
prédominant dans l’aquifère et dans le puits (s = CQ2) ;
— droite (2) ne passant pas par l’origine (s = BQ + CQ2)
— droite (3) à pente nulle, verticale, parallèle à l’axe des ordonnées, traduisant
un écoulement laminaire, avec perte de charge dans la crépine et le tubage nulle ou
négligeable (s = BQ) ;
— courbe (4) concave vers le haut (s = BQ + CQn).
Pompages d'essai en régime permanent 135

s/Q

3
2

s = BQ

Qn
1

C
+
BQ
2
2
CQ

=
CQ

s
=
+ s
BQ 4
=
s

s/Q = f (Q)

Figure 4-7
Droites débits/rabattements spécifiques (d’après J. FORKASIEWICZ, 1978).

La droite débits/rabattements spécifiques, permet de déterminer les coefficients B et C de


s
l’équation Q = B + CQ

s/Q (m/m3/h)

4
C = tg a = a/b

0,03 3

0,02
1
a

a
0,01
b
s/Q = f (Q)
B = 0,01

0 Q (m3 /h)
50 100 150

Figure 4-8
Droite débit/rabattement spécifique : calcul des pertes de charges, (d’après
J. FORKASIEWICZ, 1978).
Pompages d'essai en régime permanent 136

Dans l’application numérique retenue B = 0,01 = 1.10–2


• le coefficient B est obtenu par l’intersection de la droite représentative avec
l’axe des rabattements spécifiques.
• le coefficient C est égal à la pente de la droite représentative
a 0, 014
C = tg ! = = = 1, 4.10–4
b 100

L’équation de la droite représentative est :


s = 1.10–2 Q + 1,4.10–4 Q2
Le rabattement correspondant à chaque palier de débit est calculé par cette expression.
Les valeurs obtenues, portées sur le graphique débit/rabattement, se superposent
parfaitement à la courbe observée (cf. figure 4-8). L’essai de puits est correct.

4.3.6 Détermination du débit d’exploitation maximum


La productivité d’un puits, Pr, est le débit maximum qui peut être pompé dans
l’ouvrage, pendant une durée définie, sans que le rabattement induit par le pompage
ne dépasse le rabattement maximum admissible (J. FORKASIEWICZ, 1978). Le
rabattement maximum admissible est imposé par :
— des contraintes physiques et techniques du complexe aquifère/ouvrage de
captage, exprimées par le débit critique, Qc et le rabattement critique, sc,
correspondant, mesurés par les essais de puits (cf. figure 4-2).
En pratique, si Qc = 150 m3/h et sc = 5 m. Le débit maximum, Qmax et le
rabattement maximum, doivent être inférieurs de 5 à 10 %, soit Qmax = 135 m3//h et
smax = 4,50 m.
— des contraintes socio-économiques, dont la principale est le coût de
production de l’eau (Pr), imposant la profondeur du niveau dynamique. Le
rabattement maximum retenu doit donc être égal au rabattement maximum mesuré
sans dépasser le rabattement maximum admissible.
Pr = Qs . smax = Qmax
A noter que le débit d’exploitation maximum peut être supérieur au débit critique
car il est possible d’admettre une perte de charge quadratique à condition qu’elle ne
soit pas trop élevée par rapport à la perte de charge linéaire.
Dans la pratique, il est fonction de l’épaisseur de l’aquifère à nappe libre
(smax = b/3) et de la hauteur d’eau, avant pompage, h, dans l’ouvrage en aquifère à
nappe captive (smax = 0,75 h ).

4.4 Pompages d’essai en régime transitoire


Le but principal des pompages d’essai en régime transitoire est de déterminer les
caractéristiques hydrodynamiques de l’aquifère, transmissivité T et coefficient
d’emmagasinement S, et le débit d’exploitation optimal de l’ouvrage, compte tenu de
ses caractéristiques, de celles de l’aquifère et de la présence éventuelle d’autres
ouvrages exploités à proximité (calculs d’interférences).
Les pompages d’essai en régime transitoire sont de longue durée par rapport aux
essais en régime permanent. Ils sont exécutés en un seul palier de débit (débit
Pompages d'essai en régime transitoire 137

constant) pendant au moins 48 heures, avec un optimum à 72 heures. La remontée


doit être mesurée pendant au moins 6 heures et normalement pendant une durée égale
à celle de l’essai. Le débit de l’essai est choisi d’après la courbe caractéristique
déterminée par les essais en régime permanent.
L’interprétation des données (descente et remontée) reposent sur l’emploi des
expressions hydrodynamiques en régime transitoire établies par C.V. THEIS (1935) et
ses successeurs (L.K. WENZEL, 1942 et C.E. JACOB, 1950). La formule de Theis se
présente sous deux formes : soit formule exponentielle intégrale, soit approximation
logarithmique de celle-ci. C’est cette dernière, d’un maniement plus aisé, qui est la
plus souvent utilisée.

0 72 72
temps
sr
rabattement (h)
résiduel sr
s

Pompage Q constant Q=0


DESCENTE REMONTEE
temps de descente : t temps de remontée : t'
profondeur (m)

Figure 4-9
Pompage d’essai longue durée.

Le pompage d’essai de longue durée poursuit trois buts principaux :


— mesure des paramètres hydrodynamiques : transmissivité et coefficient
d’emmagasinement ;
— étude quantitative des caractéristiques de l’aquifère : conditions aux limites
(confirmation de la distance du puits à la limite, colmatage des berges d’une rivière),
structure (hétérogénéité, drainance) ;
— évaluation de la ressource en eau souterraine exploitable par observation
directe, en « vraie grandeur », de l’effet de l’exploitation sur l’aquifère. Prévision de
l’évolution du rabattement en fonction des débits pompés.
La résolution des expressions d’approximation logarithmique de C.E. JACOB, est
obtenue par le tracé et l’interprétation de la droite représentative
rabattements/logarithmes des temps de pompage ou rabattements
résiduels/logarithmes des temps de remontée [G. CASTANY, 1967 ;
J. FORKASIEWICZ, 1970 et 1972 ; C.E. JACOB, 1950 ; G.P. KRUSEMAN et al., 1974
et TRUPIN, 1969].
Pompages d'essai en régime transitoire 138

Partant d’une conception nouvelle du comportement hydrodynamique de


l’aquifère, C.V. THEIS (1935) établit le premier les expressions de l’écoulement de
l’eau souterraine vers les ouvrages de captage, dites en régime transitoire. Les
conditions générales de base d’application de ces expressions sont celles de l’essai de
puits. En outre le type hydrodynamique d’aquifère, base des calculs, doit répondre
aux trois caractéristiques suivantes : aquifère à nappe captive, illimité, à substratum et
toit imperméables. L’expression générale de C.V. THEIS, applicable à tous les
dispositifs de station d’essai, est :

"
Q e -vdv
s=
4! T v Q x S
2
s= W(u) U=
u ou 4!T avec 4T t

Le terme W(u) est une fonction exponentielle intégrale décroissante. C’est la


fonction du puits « Well function » donnée par des tables
En pratique, le temps de pompage doit être d’au moins 42 heures et la distance
du puits au piézomètre inférieure à 150 mètres.

4.5 Interprétation des pompages d’essai en nappe captive


La nappe captive correspond au cas étudié initialement par C.V. THEIS. Ce schéma
simple et idéal (cf. figure 4-10) est caractérisé par deux paramètres T et S.
Q
surface du sol piézomètre

Niveau piézométrique avant pompage


s
cône de rabattement

h ho

couche semi-perméable

∞ couche aquifère ∞ r b

couche imperméable

Figure 4-10
Puits parfait en nappe captive
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 139

4.5.1 Méthode bi-logarithmique de Theis


Cette technique est utilisée lorsque le temps t est petit ou que la distance x entre le
forage et le piézomètre d’observation est trop longue. En effet les données sont alors
difficiles à reporter avec la méthode de JACOB.
Le calcul des paramètres hydrodynamiques T et S se fait en utilisant la courbe de
Theis.

Q 0,08 Q
s= W (u) = W (u)
4!T T

où :
2
x S
u=
4Tt

W(u) est une fonction connue et tabulée.

100

10
W(u)

,1

,01

,001
-15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10

Figure 4-11
Courbe standard de Theis.

Pour la commodité des calculs Y. EMSELLEM a suggéré que l’on utilise le


1
paramètre x = proportionnel au temps t et à la fonction F'(u') = W (u) dont la
u
courbe représentative sur papier bi-logarithmique est donnée en planche 1. En effet
cela revient en coordonnées bilogarithmiques à faire une symétrie par rapport à l’axe
des coordonnées puisque Log u = – Log (1/u). Ainsi la courbe standard ne change pas
mais le temps croît dans le sens des abscisses croissantes, ce qui est plus parlant (cf.
figure 4-12).
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 140

On a alors :

Q 0,08 Q
s= F (u') = F (u')
4!T T

avec
4Tt 1
x= =
rS u
2

qui peut s’écrire :


s 4Tt
y= =F = F(x)
Q 2
r S
0,08
T

ou encore :
y 4Tt
0,08 Q = T et S = 2
s
r x

100

10

1
5

,1

,01

1/u

,001
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10

Figure 4-12
Courbe standard de Theis, selon 1/u.

Sur le plan pratique il convient :


— de réaliser sur un premier graphique une courbe de Theis en utilisant les
tables donnant les valeurs de W(u). On reportera sur l’échelle verticale les valeurs de
1
W(u) et sur l’échelle horizontale u . Il convient d’utiliser du papier calque
bilogarithmique.
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 141

— de représenter sur un second graphique à échelle bilogarithmique les valeurs


observées sur le piézomètre. Il convient d’utiliser l’échelle verticale pour les valeurs
de rabattement s et l’échelle horizontale pour représenter le temps t. Il est clair qu’il
faut établir ce graphique en utilisant la même échelle que celle du graphique 4-13.
— Le calcul de T et S consiste à reporter s observé en fonction de t en
coordonnées bilogarithmiques et à superposer la courbe obtenue sur la courbe
théorique en maintenant les axes de coordonnées parallèles. On sélectionne un point
de rencontre à partir duquel on note les valeurs Δs de rabattement et le temps t
correspondant.
La coïncidence des deux graphiques permet de faire correspondre, à un point
quelconque d’un graphique, un point de l’autre. L’identification des coordonnées de
ce couple de point (s, t) et [F(u'), u] permet de calculer T et S par les formules :

0, 08 Q
T = F (u' )
s

4Tt
S=
2
x u'

TABLEAU IV-II — Valeurs de W pour les valeurs de u (d’après WENZEL, 1942).

u 1 2 3 4 5 6 7 8 9
0,219 0,049 0,013 0,0038 0,0011 0,00036 0,00012 38.10-6 12.10-6
.10-1 1,82 1,22 0,91 0,70 0,56 0,45 0,37 0,31 0,26
.10-2 4,04 3,35 2,96 2,68 2,47 2,30 2,15 2,03 1,92
.10-3 6,33 5,64 5,23 4,95 4,73 4,54 4,39 4,26 4,14
.10-4 8,63 7,94 7,53 7,25 7,02 6,84 6,69 6,55 6,44
.10-5 10,94 10,24 9,84 9,55 9,33 9,14 8,99 8,86 8,74
.10-6 13,24 12,55 12,14 11,85 11,63 11,45 11,29 11,16 11,04
.10-7 15,54 14,85 14,44 14,15 13,93 13,75 13,60 13,46 13,34
.10-8 17,84 17,15 16,74 16,46 16,23 16,05 15,90 15,76 15,65
.10-9 20,15 19,45 19,05 18,76 18,54 18,35 18,20 18,07 17,95
.10-10 22,45 21,76 21,35 21,06 20,84 20,66 20,50 20,37 20,25
.10-11 24,75 24,06 23,65 23,36 23,14 22,96 22,81 22,67 22,55
.10-12 27,05 26,36 25,96 25,67 25,44 25,26 25,11 24,97 24,86
.10-13 29,36 28,66 28,26 27,97 27,75 27,56 27,41 27,28 27,16
.10-14 31,66 30,97 30,56 30,27 30,05 29,87 29,71 29,58 29,46
.10-15 33,96 33,27 32,86 32,58 32,35 32,17 32,02 31,88 31,76
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 142

Log s

100

W(u) 10

100

1 • • • • •
• • •
10 • •• • •
•• So
+M
•• Log t
,1
to
1 fo

,1 Log I/u
vo

Figure 4-13
Exemple d’application : courbe de Theis.

La linéarité des relations :

Q W(u)
s=
4!T

2
1 x S 4T
t= . = 2
u 4T ux S

implique que la relation t : s(t) se déduit de la relation 1/u : W(u) par une
translation oblique dont les composantes sont :

Q
selon Os : log
4!T

2
x S
selon Ot : – log
4 T
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 143

so 4 T to
avec fo = et vo = (cf. figure 4-13) on obtient :
Q/4 π T s r2

Q Fo 4 T to
T= S=
2
4 ! So x vo

W
Il est possible de simplifier le problème. En effet, puisque T = 0,08 Q s , c’est le
W
rapport s qui compte. Or, dans un diagramme log-log, le déplacement d’une
longueur quelconque α correspond à la multiplication par le nombre 10α et le rapport
10α W
ne change pas. Il suffit donc de rechercher la correspondance entre une
10α s
fraction simple de s par exemple 1 et les puissances de 10 et la graduation
correspondante de W pour éviter une division double. Il en est de même pour le
coefficient d’emmagasinement.
4Tt
Puisque S = 2 il faut prendre x = 1, 10 ou un nombre simple.
r x

La figure 4-13 montre la superposition des deux graphiques obtenus : courbe de Theis et
courbe expérimentale. Cette superposition permet de relever les données suivantes :
1 1
W(u) = 4,04 (valeur de u pour u = 100)
1
u = 100
Δs = 20 cm
t = 100 mn = 6 000 s
connaissant la valeur de Q et le valeur de x on peut aisément calculer T et S
Si Q = 120 m3/h = 0,033 m3/s et x = 45 m on obtient :

–2 2
T = 0,08 Q F(u') = 0,08 . 0,033 . 4,04 = 0,53 = 53.10 m /s
s 0,2

S = 4 T t = 4 . 0,53. 6000 = 0,062


2 2
x u' (45) . 100

Au-delà d’une certaine distance caractéristique de la drainance, les piézomètres se


stabilisent dans toutes les directions.
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 144

4.5.2 Méthode semi-logarithmique de Jacob


Partant de la formule de Theis

"
Q e -vdv
s=
4! T v
u

que l’on peut mettre sous la forme d’un développement limité

! 2 3
Q 1 v v v
s= – 1 + – + ± .......... dv
4!T v 2 3! 4!
u

soit en intégrant :

+!
2 3 4
Q v v v
s= Ln(v) – v + – + ± ..........
4!T 2,2! 3,3! 4,4! u

On démontre que si u ∅ ∞, la série entre crochets tend vers – 0,577 (constante


d’EULER) et d’autre part si u est très petit, la série entre crochets est équivalent à Ln
u. Il s’ensuit que lorsque u est petit, on peut remplacer l’intégrale exponentielle de
Theis par son approximation logarithmique donnée par C.E. JACOB (1950)

Q 4Tt
s= (Log – 0,577216)
2
4!T x S

d’où,
Q 2,25 T t
s= Log
2
4!T x S

soit, après solution numérique et logarithmes décimaux :

0,183Q 2,25 T t
s= log
T 2
x S

Dès qu’en un point donné t devient suffisamment grand, l’équation de Theis


admet une approximation logarithmique :

2,3 Q 2,25 T t 0,183 Q 2,25 T t


s= log = log 2
4!T 2 T
x S x S
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 145

Cette équation représentant le rabattement à une distance x du puits pompé est


valable à :
1
— 0,25 % près dès que u ≥ 100
1
— 2 % près dès que u ≥ 20
1
— 5 % près dès que u ≥ 10
1
— 10 % près dès que u ≥ 6,7
On estime que l’approximation à 5 % près est suffisante.
Ceci revient à supposer :

2
10 x S
t!
4T

Le calcul de T et S consiste à porter les valeurs du rabattement observé en


fonction du logarithme du temps de pompage, à tracer la droite qui passe au mieux
par ces points et à relever sur le graphique la pente de la droite s = f (log )
numériquement égale à l’augmentation de s par le cycle logarithmique et to = temps
correspondant à l’intersection de la droite avec l’axe s = 0.
Dans les expressions d’approximation logarithmique de C.E. JACOB, le premier
terme est une constante, Q et T étant constants. Dans le second terme, seul le temps
varie. Les rabattements croissent en fonction du logarithme du temps de pompage.
Cette condition est conforme au concept de régime transitoire.
Les données du pompage sont reportées sur un papier graphique semi-
logarithmique. Les rabattements ou les profondeurs du niveau d’eau, exprimés en m,
de haut en bas, en ordonnées linéaires et les temps de pompage en abscisses
logarithmiques. Le niveau piézométrique initial est indiqué en haut du graphique. Les
échelles sont choisies, dans chaque cas, en particulier celles des temps (secondes,
minutes, heures) afin d’utiliser tout l’espace du graphique. Les points obtenus tracent
la droite moyenne représentative de l’expression de C.E. JACOB. La courbe observée,
au début du pompage, traduit l’effet de capacité de l’ouvrage, provoquant un
écoulement turbulent non linéaire. Le point d’intersection de la droite représentative
avec le niveau piézométrique initial mesure le temps fictif à l’origine, noté to.
Lors d’un pompage d’essai on obtient :

0,183Q 2,25 T 0,183Q


s= log 2 + log t
T T
x S

Si on pose :
0,183 Q 2,25 T
a= log
T 2
x S
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 146

0,183 Q
b=
T

Y=s

x = log t

on obtient : Y = ax + b

C’est l’équation d’une droite qui se représente en portant en ordonnée les valeurs
de Y = s et en abscisse les valeurs de log t = x. Pour faciliter les choses on utilise un
papier semi-logarithmique (arithmétique en ordonné, logarithmique en abscisse).
On portera directement en abscisse les valeurs de t. L’établissement de cette
droite permet de déterminer T et S.

a) Détermination de T
La pente de la droite est représentée par b.

0,183 Q !s
Comme b = =
T ! log t

0, 183 Q 0,183 Q
On aura T = =
b !s
! log t

b est déterminé graphiquement, c’est l’accroissement du rabattement dans un


cycle logarithmique.
Enfin, la connaissance de T et de H permet de calculer la perméabilité K puisque
T=KH

b) Détermination de S
On détermine graphiquement le point d’intersection de la droite de l’axe des
abscisses pour ce point xo au temps to.
On a s = 0 c’est-à-dire Y = 0

0,183 Q 2,25 T t 0
Soit s = log =0
T 2
x S
0,183 Q
Comme ne peut être nul :
T
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 147

2,25 T t 0
log =0
2
x S

2,25 T t 0
=1
2
x S

d’où connaissant to, x et T

2, 25 T t 0
S =
2
x

En conclusion, l’observation de la descente d’une nappe lors d’un pompage à


débit constant permet la détermination des caractéristiques de la nappe :
transmissivité, perméabilité et coefficient d’emmagasinement.
Une conséquence immédiate de la détermination de ces caractéristiques est la
possibilité de calculer le rabattement s de la nappe, à une distance quelconque x du
lieu de pompage, au bout d’un temps de pompage t au débit Q correspondant.
Enfin, les déterminations ci-dessus ont été établies à partir de l’observation du
rabattement dans un seul piézomètre et pour un débit donné. Elles restent bien
évidemment valables pour plusieurs piézomètres et on aura une meilleure
appréciation de T et S.
Lorsque la descente est perturbée par des variations de débit ou lorsqu’il y a eu
s
plusieurs débits de pompage on peut utiliser la représentation Q log t. Le rabattement
étant une fonction linéaire du débit :

s 0,183 2,25 T 0,183


= log + log t
Q T 2
x S T

On peut ainsi poser :

s
Y=
Q

0,183 2,25 T
a= log
T 2
x S

0,183
b=
T

x = log t

On a toujours Y = ax + b
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 148

La détermination de T et de S s’effectue de la même façon :

0,183
comme b =
T

0,183
on aura T =
b

b est l’accroissement du rabattement spécifique dans un cycle logarithmique,


S est donné par la même formule que précédemment.
Cette droite représente l’évolution de l’écoulement transitoire qu’on observe en
tout point de la zone influencée par le pompage quel que soit le débit.

4.5.3 Le rayon fictif


Le rayon fictif, Rf, est la distance à laquelle le rabattement, calculé par
l’expression de Jacob est nul. Il est fonction de la transmissivité et du coefficient
d’emmagasinement. Fait qui confirme l’étude sur les facteurs des dimensions du cône
de dépression.
Il répond donc à :

0,183 Q 2,25 Tt
s= log 2 = 0
T x S

d’où :

Tt
Rf = 1,5
S

On remarque que dans cette formule Q n’apparaît pas, le rayon d’influence est
T
donc indépendant du débit pompé. Le rayon d’influence est fonction du rapport S et
du temps ; il croit approximativement comme la racine carrée du temps.
Cependant, cette distance fictive appelée parfois rayon d’action fictif est purement
théorique car l’équation de JACOB est grossièrement fausse pour les faibles
rabattements. Mieux vaut évaluer les effets d’un pompage par le calcul du
rabattement au temps t et à différentes distances au moyen de la fonction de Theis (cf.
chapitre 4.5.1).
On voit que la convergence de W(u) vers 0 est très rapide quand u augmente ainsi
qu’en témoignent les valeurs suivantes :

W(10–1) = 1,82 W(1) = 0,219 W(5) = 1,1.10–3

Cela signifie qu’à une distance r donnée et au-delà d’un certain temps, les
variations du rabattement ne sont plus perceptibles.
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 149

On voit que pendant la période transitoire de propagation du cône, la dimension


horizontale de ce dernier est indépendante du débit. Si l’on double le débit, le
rabattement en chaque point est doublé mais le cône n’a pas pour cela un diamètre
plus grand. L’extension du cône ne dépend que des propriétés de l’aquifère et du
temps.
La vitesse de propagation du cône est inversement proportionnelle au coefficient
d’emmagasinement, S.

4.5.4 Analyse de l’équation de Theis après arrêt du pompage


Dès qu’on arrête le pompage, le plan d’eau dans le puits remonte. On assiste à un
régime transitoire qui évolue de plus en plus lentement vers un régime quasi-
permanent qui est celui de l’écoulement naturel de la nappe. Il faut encore tenir
compte de la variation naturelle du niveau de la nappe. Le niveau atteint à la fin de la
remontée peut différer du niveau initial.
L’observation de la remontée dans le puits et dans les piézomètres devra être faite
avec autant de soin que pour la descente, car l’analyse des courbes de remontée
fournit des données aussi sûres, sinon meilleures, que celles tirées de l’observation de
la descente.
L’observation de la remontée offre en général plusieurs avantages :
— pas de risques de perturbation dus aux irrégularités de fonctionnement de la
pompe ;
— plus grande facilité pour les mesures précises du niveau.
En vertu du principe de la superposition des écoulements, les effets de l’arrêt du
pompage au débit +Q peuvent être calculés en remplaçant, à compter de cet arrêt, un
effet qui suppose la poursuite du pompage au débit +Q et la mise en route en même
temps dans le forage d’une injection au débit –Q.
On peut en effet imaginer qu’au moment de l’arrêt de la pompe on a laissé celle-
ci fonctionner au même régime, mais que l’eau, au lieu d’être exportée, est reversée
aussitôt dans le forage.
Soit t le temps écoulé depuis le début du pompage jusqu’au moment de l’arrêt et t'
le temps compté à partir de cet arrêt. Le rabattement s’ dû à la poursuite fictive du
pompage au débit +Q est donné par la formule :

0,183 Q 2,25 T (t + t')


s' = log
T 2
x S

La remontée s" due à l’injection fictive du débit – Q est donnée par :

0,183 Q 2,25 T t'


s" = - log
T 2
x S
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 150

De sorte que le rabattement observé après l’arrêt du pompage, ou rabattement


résiduel s qui est mesuré est égal à la somme algébrique de s’ + s" d’où :
0,183 Q 2,25 T (t+t') 0,183 Q 2,25 T t'
s = s' + s" = log - log
T 2 T 2
x S x S

En simplifiant on obtient :

0,183 Q t + t'
s= log
T t'

Si on pose :

0,183 Q
b=
T

Y=s

t + t'
x = log
t'

on a encore l’équation d’une droite : Y = bx


t + t'
Si l’on porte s en ordonnée arithmétique et log t' en abscisses logarithmiques,
la pente b permet de déterminer T.
L’étude de la remontée permet de calculer la transmissivité. Si le pompage a été
exécuté à un débit unique on utilisera la valeur de ce débit pour le calcul de T.

Si pendant l’essai il y a eu plusieurs débits successifs on peut utiliser le débit fictif, par
exemple :
1er palier Q = 20 m3/h pendant 24 h = 480 m3
2e palier Q = 40 m3/h pendant 24 h = 960 m3
3e palier Q = 60 m3/h pendant 24 h = 1440 m3
------------
2880 m3
2880
soit un débit fictif continu de 72 = 40 m3/h

Les mesures vraiment significatives ne sont pas celles effectuées pendant les
premiers instants de la remontée ni celles effectuées à la fin. Ces dernières peuvent en
effet être perturbées par l’évolution naturelle de la nappe, par exemple : pour les
première mesures la deuxième partie de l’équation de Theis n’est pas négligeable et
la courbe représentative de la remonté n’est pas une droite. Ce sont donc les mesures
effectuées entre ces deux périodes extrêmes qu’il faut utiliser.
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 151

4.5.5 Anomalies rencontrées dans la méthode graphique de Theis


Dans l’application des formules de Theis on rencontre des anomalies apparentes :

3
4
1

log t

Figure 4-14
Figures rencontrées dans la courbe de Theis.

— D’une part, comme nous l’avons vu, la courbe réelle obtenue au début du
pompage est au-dessus de la courbe théorique. Il faut attendre que les temps de
pompage soient suffisamment longs pour pouvoir négliger le deuxième terme de
l’équation de Theis.
— D’autre part, l’autre extrémité de la courbe peut présenter des variations de
pente (cf. figure 4-14).
La courbe (1) représente l’écoulement transitoire dans les conditions idéales.
Cependant sous l’effet du pompage le cône de dépression de la nappe s’évase de plus
en plus ; il peut arriver qu’il sollicite un milieu de nature différente du milieu initial.
— Ce second milieu peut être une limite imperméable, ou une zone de moins
bonne ou de meilleure perméabilité. Ces variations se constatent sur la courbe.
— Une moins bonne perméabilité (2) fera augmenter le rabattement s et la
courbe s’infléchira vers l’axe des ordonnées.
— Une meilleure perméabilité (3) aura l’effet inverse du précédent.
— Une stabilisation (4).

4.5.6 L’effet de puits et la post-production


L’interprétation des essais de pompage en régime transitoire permet de mettre en
évidence l’effet de puits et la post-production. M. BONNET, P. UNGEMACH, et
P. SUZANNE ont proposé une méthode d’interprétation des essais de pompage
permettant de définir les paramètres hydrodynamiques de l’aquifère à partir des
mesures effectuées dans le forage lui-même. En effet, il arrive fréquemment que l’on
ne dispose pas de piézomètres et que l’on soit dans l’incapacité de déterminer les
paramètres hydrauliques d’un aquifère par les méthodes classiques.
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 152

Il est généralement admis que les méthodes classiques utilisant les solutions de
l’équation de Theis, dans l’hypothèse d’un écoulement radial circulaire pour un
aquifère homogène, isotrope et d’extension infinie, sont transposables à ce cas. On
convient alors simplement de poser que la distance r qui intervient dans les formules
(distance du point d’observation au point de prélèvement) est égale au rayon rp du
puits. Toutefois, ce faisant, on néglige implicitement tous les phénomènes
perturbateurs dont le puits et son voisinage sont le siège. Or ceux-ci peuvent être
importants et rendent souvent délicate l’interprétation des mesures de niveau
effectuées sur le puits.
Ces phénomènes assez divers dans le détail peuvent, si l’on ne considère que
leurs effets sur le comportement du niveau d’eau dans le puits, être groupés en deux
catégories :
— l’effet pariétal (ou skin effect, ou encore effet de puits), qui se manifeste lors
de la phase d’abaissement du niveau ;
— la post-production qui apparaît à la remontée.
La description qualitative sommaire de ces « effets parasites », l’examen de leur
spécificité et de leur interaction méritent de faire l’objet d’un bref exposé
préliminaire. Quantitativement ces perturbations se traduisent par l’apparition d’une
perte de charge singulière affectant les rabattements mesurés dans le puits. Nous
résumons la méthode permettant de chiffrer cette perte de charge.

L’effet pariétal ou effet de puits


Le schéma hydrodynamique de l’écoulement transitoire à symétrie radiale
circulaire dans une nappe homogène et isotrope implique un prélèvement de débit
ponctuel et sans altération des caractéristiques de l’aquifère.
En fait la réalisation technique du forage et du dispositif de captage (équipement
ou complétion) perturbe l’écoulement au voisinage de l’ouvrage. On peut trouver à
cela un certain nombre de raisons :
— modification de perméabilité du milieu naturel à proximité du puits à la suite
des opérations de forage (colmatage par les boues ou remaniements des terrains) ;
amélioration de la conductibilité hydraulique par pistonnage, lavage aux
polyphosphates et acidification, ou par adjonction d’un massif de gravier ;
— présence d’une crépine modifiant la forme de l’écoulement et le régime des
pertes de charges ;
— présence des organes de pompage et existence dans le tube de production
d’un écoulement turbulent qui n’obéit pas aux lois de l’hydrodynamique des milieux
poreux ;
— d’autre part, il faut noter qu’à proximité du puits des vitesses élevées,
consécutives aux forts débits, créent une situation dans laquelle l’hypothèse
d’écoulement laminaire, qui est à la base de la loi de Darcy, n’est plus vérifiée.
Dans le cas des sondages pétroliers forés presque exclusivement au rotary et dans
lesquels les débits de production sont relativement faibles, le phénomène d’altération
de la perméabilité par la boue est prépondérant. On a coutume, dans l’industrie
pétrolière, de désigner ce phénomène sous le nom « d’effet pariétal » (ou « skin
effect » dans la terminologie anglo-saxonne).
En ce qui concerne les forages d’eau dans lesquels les soutirages sont plus
importants et où l’emploi de la boue n’est pas généralisé, il est vraisemblable que les
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 153

turbulences aux abords du puits et au passage de la crépine et de la colonne de


production, jouent un rôle important. C’est pourquoi le terme moins restrictif d’effet
de puits est apparu plus approprié aux inventeurs de cette méthode adaptée aux
forages d’eau.

La post-production
Ce phénomène intéresse exclusivement la phase de remontée du niveau
piézométrique consécutive à l’arrêt du pompage. Il consiste en un déplacement du
fluide vers le puits afin d’assurer l’équilibre des pressions. En d’autres termes, si l’on
néglige la compressibilité de l’eau dans l’ouvrage (hypothèse licite dans le cas de
forages d’eau captant des aquifères à faible pression de couche) ce mouvement a pour
but d’assurer le remplissage du puits. En toute rigueur, la post-production se
manifeste durant toute la phase de remontée. En pratique, elle n’est réellement
sensible que dans la mesure où les variations de volume dans le puits sont
importantes.
Donc, compte tenu de la formulation logarithmique de la variation du niveau en
fonction du temps, son influence se manifeste surtout dans les premiers instants
suivant l’arrêt du pompage, alors que les variations du niveau d’eau dans le puits (et
par conséquent les variations de volume) sont rapides.
De même, il en résulte que l’importance de la post-production dépend du
diamètre du puits et de la valeur du rabattement atteint à l’issue du pompage.
On verra par la suite que, par l’intermédiaire de ce dernier paramètre, la post-
production et l’effet de puits sont deux phénomènes très liés au début de la remontée
du niveau piézométrique.

Effet de puits sur les courbes d’abaissement


D’une façon générale les diverses perturbations intervenant dans l’effet de puits
entraînent l’apparition, en période de pompage, d’une perte de charge singulière ΔHp
qui se superpose à la perte de charge théorique globale qui serait imposée par le
milieu poreux supposé capté dans des conditions idéales.
Il serait par ailleurs illusoire de vouloir individualiser chacune des composantes
de la perte de charge totale ΔHp. Toutefois, on remarque que cette dernière comprend
des pertes de charge linéaires (pertes de charge dans la couronne colmatée par
exemple) et des pertes de charge quadratiques (au passage de la crépine et de la
colonne) de la forme CQn (1 < n < 2). Ainsi ΔHp ne dépend que du débit et, pour un
débit donné, elle reste invariable dans le temps, sous réserve que des phénomènes de
débourrage ne se produisent pas en cours d’essai. Notons à ce propos l’intérêt
d’effectuer des essais sur des puits convenablement développés.
Il apparaît donc que le rabattement réel sr observé lors de l’abaissement du
niveau, sera égal à la somme du rabattement dû à la nappe sn = f (Q,t) et à la perte de
charge consécutive à l’effet de puits soit ΔHp = CQn = f (Q). Donc si l’on opère à
débit constant, la courbe d’abaissement mesurée sera simplement translatée d’une
quantité égale à CQn par rapport à la courbe d’abaissement théorique sn (cf. figure 4-
15).
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 154

De la même façon, le report des courbes d’abaissement réelle et théorique sur un


diagramme semi-logarithmique (s, log t) donnera deux droites parallèles. Ainsi le
calcul de T par la méthode approximative de Jacob, qui repose sur la détermination
de la pente de la droite de descente, ne sera en rien altéré par la présence des pertes
de charge. Par contre, le calcul du coefficient d’emmagasinement S par la formule :

2,25 T t o
S=
2
rp

n’est valable que si l’on prend pour to la valeur de l’abscisse à l’origine de la


droite théorique Sn = f (log t). On obtiendra évidemment un résultat erroné si l’on
veut procéder de même avec la droite réelle obtenue directement à partir des
rabattements observés.

La post-production sur les courbes de remontée


Contrairement à l’effet de puits dont l’importance est fonction du seul débit, la
post-production est un phénomène variable dans le temps. Il s’ensuit une déformation
et non seulement un déplacement des courbes de remontée du niveau piézométrique.
Cette déformation est sensible surtout au début de cette phase alors que la post
production est importante.
Par ailleurs, l’importance de la perte de charge causée par l’effet de puits
conditionne l’amplitude et la durée de la post-production. Cette dernière prolonge
l’effet de puits dû au pompage durant la phase de remontée. L’établissement du
régime non perturbé n’intervient que pour les derniers instants de la remontée. En
deçà, la courbe réelle ne tend que très lentement, par valeurs inférieures, vers la
courbe théorique. On conçoit donc qu’à ce stade, l’interprétation quantitative de la
courbe de remontée puisse être très délicate surtout lorsque le captage a été
précédemment le siège d’un fort effet de puits.

Interprétation quantitative
On se placera dans le domaine de validité de l’équation de Jacob. En outre on
considérera que l’essai de pompage effectué à débit constant comporte l’observation
régulière des niveaux piézométriques pendant l’abaissement et la remontée du niveau
de l’eau. La formule de Jacob s’écrit :

2,3 Q 2,25 T t
Ho – H = log
2
4!T r S
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 155

avec :
Q : débit pompé (m3/s)
t1 : durée du pompage (s)
t : temps mesuré depuis le début du pompage (s)
t' : temps écoulé depuis l’arrêt du pompage (s)
Ho : cote du niveau statique (m)
Hf : cote du niveau dynamique dans le forage
H : cote du niveau dynamique dans le forage à la fin de l’abaissement au
temps t (m)
T : transmissivité (m2/s)
S : coefficient d’emmagasinement (sans dimension)
rp : rayon du puits (m)
r : distance du point d’observation au forage (m)

r2 S
sachant que 4 T t < 10–2
Si l’on tient compte des pertes de charges dues à l’effet de puits :

2,3 Q 2,25 T t
Ho – H = log + "H p
2
4!T r S

A la fin du pompage (t = t1), l’équation devient :

2,3 Q 2,25 T t 1
Ho – H = log + "H p
4!T 2
rp S

Si l’on néglige le phénomène de post-production le principe de superposition des


écoulements appliqué à la remontée permet d’écrire (pour t –t 1 assez grand) :

2,3 Q t 1 + t'
Ho – H = log
4!T t'

avec H’ = hauteur piézométrique en l’absence de post-production. En éliminant


Ho il vient :

2,3 Q 2,25 T t 1 t'


H' – H f = log . + "H p
4!T 2 t 1 + t'
rp S
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 156

et si t'<< t1 :

2,3 Q 2,25 T
H' – H f = log + "H p
4!T 2
rp S

A l’aide de cette relation il devient donc possible de calculer les pertes de charge
ΔHp dues à l’effet de puits sous réserve que l’on connaisse Hf, t' H’, rp, T et S.
En fait :
— Hf est connu avec précision (mesure directe).
— La détermination de H’ exige que t' soit suffisamment petit pour que
l’approximation soit licite Or, pour de faibles valeurs de t' on ne peut pas négliger la
post-production. Afin de lever cette indétermination on recourra à un artifice qui
consiste à extrapoler la partie linéaire de la courbe de remontée (fin de remontée) au
temps t' de façon à déterminer graphiquement H'.
— La transmissivité T est déduite de la droite d’abaissement ou de la partie
linéaire de la courbe de remontée. Notons au passage que la condition de constance
du débit lors de l’abaissement (qui sous-entend la constance des ΔHp) est
indispensable à la détermination de T.
— Dans la mesure où l’on ne connaît que la courbe d’abaissement, influencée
par l’effet de puits, toute détermination précise de S est impossible. Toutefois ce
paramètre intervenant par l’intermédiaire de son logarithme, on pourra se contenter
d’une estimation de ce coefficient en s’appuyant sur les caractéristiques géologiques
du réservoir.

A titre d’exemple nous présentons le calcul de l’effet de puits sur le forage A14 du champ
captant d’Aubergenville (78) qui exploite la nappe de la craie sparnacienne.
La figure 4-15 représente les variations respectives du rabattement spécifique en fonction
de log t. La courbe de descente possède une partie linéaire qui permet de déterminer la
transmissivité T = 2,2.10–2 m2/s.
Le calcul des pertes de charges liées à l’effet de puits se ΔHp s’obtient facilement à partir
des données du pompage :
Q = 0,075 m3/s
r = rp = 0,4 m
Smoyen dans la craie = 0,02
Ho – Hp = 9,5
t1 = 175480
A partir de l’équation :
2,3 Q 2,25 T t 1
Ho – Hf = log + "H p
4!T 2
rp S
on tire
2,3 Q 2,25 T t 1
!H p = H o – H f – log
4"T 2
rp S
Interprétation des pompages d'essai en nappe captive 157

d’où
–2
2, 3 . 0, 075 2, 25 . 2, 2.10 . 175480
!H p = 9, 5 – log = 5, 48
–2 0, 16 . 0, 02
4 " . 2, 2.10

ΔHp
on obtient Q # 73. Ce résultat confirme l’existence d’un fort effet de puits et permet de
quantifier sa contribution au rabattement total qui est ici de 57 %.

s/Q (m/m3 /s)


150

= 93 + 6,6 log t
lle s/Q
Courbe rée
100

!H
(effet de puits)
Q

50
éorique
Courbe th

0
10 100 1000 10000 100000
t (s)

Figure 4-15
Abaissement du niveau piézométrique dans le forage.

4.6 Interprétation des pompages d’essai en nappe semi-


captive
En pratique, il est rare que les conditions hydrogéologiques réelles soient
assimilables sans restriction aux conditions idéales définies (cf. chapitre 4.5), ce qui
limite beaucoup les possibilités d’application valable des méthodes de Theis et Jacob
décrites ci-dessus. Aussi des schémas plus complexes ont-ils été conçus, ainsi que les
méthodes correspondantes.
Lorsqu’on commence à pomper, l’abaissement, en tout point, provoque un appel
d’eau au sein des horizons aquifères supérieures et inférieures. Cet appel d’eau se
manifeste par une stabilisation du niveau, définitive ou provisoire selon l’épaisseur
des aquitards, aquifères réalimentés, aquifère principal. La réalimentation prend, en
réalité, deux formes :
— un apport d’eau matériel,
— un apport de pression, amplifiant l’apport d’eau donné par le coefficient
d’emmagasinement.
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 158

Ce phénomène est donc particulièrement sensible en nappe captive à faible


coefficient d’emmagasinement. La caractéristique des réalimentations par aquitard
vient du fait que la stabilisation se produit au même moment pour le forage principal
et pour tous les piézomètres, alors que la réalimentation pour une limite à potentiel
imposé est caractérisée par une chronologie commandée par la distance. Ainsi, dans
le cas d’une réalimentations par aquitard, les piézomètres qui n’ont pas encore réagi
au moment de la stabilisation ne réagiront donc jamais (voir Jacob, ci-après).
Trois auteurs ont élaborés des méthodes d’interprétation :
— HANTUSH a tabulé les réalimentations puissantes qui stabilisent
définitivement la piézométrie après une première descente.
— BOULTON a tabulé les réalimentations limitées, produites par exemple par un
aquifère secondaire.
— BERKALOFF a synthétisé les deux approches pour donner des règles pratiques
d’interprétation.
Les premières simplifications ont trait aux conditions d’étanchéité des épontes de
la couche aquifère, ce qui conduit à tenir compte du rôle des couches encaissantes
vis-à-vis de l’évolution des rabattements observés dans la couche aquifère principale.
On sait en effet que ce phénomène de « drainance » est important dans le cas très
fréquent de « systèmes multicouches » où un aquifère dit principal parce que plus
transmissif, est captif entre des couches semi-perméables.
Les schémas proposés pour représenter l’influence d’un pompage dans de tels
systèmes supposent maintenues, pour la couche principale, toutes les conditions du
schéma de Theis, mais les conditions portant sur les épontes semi-perméables sont à
ajouter.
L’introduction de ces conditions se traduit numériquement par la définition de
nouveaux paramètres caractérisant le phénomène de drainance.
Il s’ensuit que la forme des solutions est évidemment plus complexe. En
particulier les représentations graphiques ne peuvent se faire par une courbe unique
mais par des abaques, ou même un catalogue d’abaques.

4.6.1 Nappe semi-captive


Cas d’une nappe semi-captive en communication à travers son éponte semi-
perméable dont l’emmagasinement est négligeable avec une nappe à niveau d’eau
constant. Dans ce schéma, l’hypothèse 3 de Theis (cf. paragraphe 4.5) est mise en
défaut mais toutes les autres sont observées.
La couche aquifère testée se trouve en communication à travers son éponte semi-
perméable avec une nappe dont le débit d’alimentation est suffisant pour maintenir sa
pression constante malgré un transfert d’eau vers l’aquifère soumis au pompage (cf.
figure 4-16). La réserve propre de la couche semi-perméable est négligeable devant
les volumes d’eau qui la traversent ; aussi peut-on négliger son propre coefficient
d’emmagasinement.
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 159

Pendant le pompage, l’écoulement dans la couche aquifère est augmenté par le


débit retardé (venant de la nappe à niveau d’eau constant) transmis verticalement par
la couche semi-perméable. Ce débit est proportionnel au rabattement et il est
permanent.

Q
surface du sol piézomètre
niveau de la nappe libre

cône de rabattement s
K' b'
drainance

couche semi-perméable

∞ couche aquifère ∞ l K b

couche imperméable

Figure 4-16
Puits parfait en nappe semi-captive.

Les paramètres définissant ce transfert d’eau sont :


K'
= paramètre de drainance
b'

T b'
et B = = facteur de drainance
K'

a) Paramètre de drainance
Paramètre de la couche semi-perméable caractérisant la capacité de cette couche à
transmettre l’eau verticalement. Il se définit comme le débit qui s’écoule à travers une
unité de la surface limite entre la couche aquifère captée et son éponte semi-
perméable (toit ou mur), pour une différence de pression unitaire entre la nappe
captée (dite aussi principale) et la nappe alimentant la drainance.
Il a la dimension : T–1. Les valeurs de ce paramètre signalées par quelques
auteurs s’échelonnent entre 10–7 sec–1 et 10–9 sec–1.
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 160

b) Facteur de drainance
Paramètre caractérisant les effets de drainance dans les nappes semi-captives. Un
facteur de drainance élevé correspond à une distance faible, et inversement. En fait, il
a été introduit surtout pour la commodité des calculs, et ses valeurs sont rarement
citées par les auteurs. Il a la dimension d’une longueur : L.

4.6.2. Méthode bi-logarithmique de Hantush-Walton


La méthode de Walton est à utiliser en régime transitoire.

Q r 0,08 Q r
s= F u', = F u',
4!T B T B

r r
où F(u', rB ) est une fonction tabulée en fonction de u' et B .
Toutes les courbes se terminent par un palier horizontal, leur début étant identique
à la courbe de Theis. On construit sur graphique bi-logarithmique la courbe des
rabattements observés en fonction du temps, et on la superpose sur une des courbes
type (cf. figure 4-17).
r
Les coordonnées d’un point quelconque dans les deux systèmes d’axes F(u', B ),
r
u', s et t ainsi que la valeur de B qui a permis l’ajustement des courbes, permettent de
calculer :

0,08 Q r
T= F u' ,
s B

4Tt
S=
r2 u'

r
B=
r
B

K' T
=
b' B 2

4.6.3 Méthode semi-logarithmique de Hantush-Berkaloff


La méthode de Hantush, à utiliser également en régime transitoire, consiste à
construire la courbe de s = f(log t) pour un piézomètre et à chercher quelques points
caractéristiques de cette courbe.
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 161

Figure 4-17
Courbes type d’un aquifère semi-perméable en régime transitoire (d’après WALTON).
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 162

Elle ne peut être appliquée que lorsqu’il est possible d’extrapoler les valeurs de s
de manière à trouver la valeur de smax Cette méthode utilise les fonctions :

Ko(x) et exKo(x) qui sont données par la table 1.

to ti
0

3 Point d'inflexion si = 1/2 smax


mi

5 smax

,1 1 10 t 100

Figure 4-18
Courbe s = log t. Méthode du point d’inflexion de Hantush.

On procède comme suit (cf. figure 4-18) :


— 1. représenter sur du papier semi-logarithmique s = f(log t), en extrapolant s
on détermine smax,

— 2. déterminer le point d’inflexion de la courbe s = f(log t) où si représente le


rabattement au point d’inflexion qui est égal à :

1 Q r
s i = s max = Ko
2 4!T B

— 3. déterminer, sur le graphique, la pente mi de la courbe s = f(log t) au point


d’inflexion et le temps ti correspondant à ce point :

2,3 Q – r 0,183 Q – r
mi = e B= e B
4!T T
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 163

en ce même point :

2
' r S r
u i= =
4 T ti 2 B

si et mi étant liés par la relation :

2,3 s i r r
= eB K o
mi B

r
r
permettent de déterminer la fonction e B k o et on tire des tables :
B

r
r r
e B et d' où B =
B r
B

On calcule les paramètres d’après les relations :

0,183 Q – r 2 T ti K' T
T= e B S= =
mi Br b' B 2

Les valeurs de la fonction exK0(x) ont été tabulées par M.S. HANTUSH.

4.6.4 Méthode bi-logarithmique des cônes de rabattement de Jacob


La méthode de Jacob s’utilise quand le temps de pompage est suffisamment grand
pour qu’un équilibre s’établisse entre le volume d’eau pompé et l’apport par la
drainance, le régime peut se stabiliser. Alors :

Q r 0,159 Q r
s= Ko = Ko
2!T B T B

r r
La courbe-type est un report logarithmique de Ko (B ) en fonction de B et le
report de données est celui de s en fonction de r. Sur papier logarithmique la
r r
superposition donnera les coordonnées Ko (B ), B , s et r qui serviront à calculer T et
K'
b' d’après les relations :

0,159 Q r
T= Ko
s B
et
Interprétation des pompages d'essai en nappe semi-captive 164

K' T T
= =
b' 2
B
2
r
r
B

r
K0
B
10

,1

,01
0,001! ! 0,01! ! 0,1! ! r 1! ! 10
B

Figure 4-19
Courbes type d’un aquifère semi-perméable en régime permanent (d’après WALTON).

Pour appliquer cette méthode, les données de plusieurs piézomètres (au moins 3)
sont nécessaires.

4.7 Interprétation des pompages d’essai en nappes libres


Sur le plan théorique le problème de l’hydrodynamique des nappes à surface libre
n’a pas encore reçu de solutions rigoureuses indiscutables.
Plusieurs méthodes ont été élaborées à des dates récentes ; elles tiennent compte
des différentes conditions caractérisant les nappes libres par rapport aux nappes
captives à savoir :
— tridimensionnalité de l’écoulement au voisinage d’un puits,
— variation de la transmissivité avec le rabattement,
— retard de désaturation de la couche aquifère,
mais aucune d’elles ne tient compte de ces trois conditions à la fois.
Nous rappellerons seulement ici quelques règles générales et résumerons la
méthode de Boulton qui tient compte du phénomène d’égouttement observé très
couramment dans les nappes libres.
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 165

4.7.1 Règles générales


Dans la mesure où les variations de niveau engendrées par le pompage sont
faibles par rapport à la hauteur initiale saturée b, la composante verticale de la vitesse
au voisinage du puits ainsi que la diminution de T peuvent être négligées, et il est
couramment admis d’appliquer aux écoulements en nappes libres les équations
valables pour les écoulements en nappes captives.
Dans le cas contraire, il faut soit opérer sur les rabattements corrigés, soit
appliquer les méthodes spécifiques des nappes libres.
En résumé, il y a trois possibilités d’interprétation de pompages d’essai en nappe
libre :
— s < 0,1 b : on appliquera les méthodes établies pour les nappes captives
— 0,1b < s < 0,3 b : on appliquera les méthodes établies pour les nappes
captives à condition d’opérer sur les rabattements corrigés :

2
s
sc = sm – m
2b

avec :
sc : rabattement corrigé,
sm : rabattement mesuré,
b : épaisseur initiale saturée.

— s > 0, 3 b on appliquera les méthodes spécifiques des nappes libres tenant


compte de la composante verticale de la vitesse et de la diminution de T.

4.7.2 Nappe libre à fort rabattement


Pour ce dernier cas (s > 0,3 b) on ne dispose d’aucune théorie complètement
satisfaisante.
Une approche du phénomène consiste à admettre que la libération de l’eau n’est
pas instantanée. Il y a effectivement libération instantanée au début du pompage, par
décompression du milieu, mais ensuite la libération de l’eau se fait progressivement
par suite du drainage de la partie dénoyée. On dit qu’il y a égouttement.
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 166

to t! t' o t"
0

0,01! 0,1! 1! 10! 100! 1 000

Figure 4-20
Phénomène d’égouttement en nappe libre.

Dans ce cas, la courbe de rabattement présente l’allure générale de la figure 4-20


sur laquelle on distingue trois phases :
— une phase linéaire en début de pompage, d’équation :

0,183 Q t
s1 = log
T t0

— une phase linéaire en fin de pompage, d’équation :

0,183 Q t
s3 = log
T t' 0

— entre ces deux phases, un palier horizontal tel que :

0,183 Q t n
s2 = log
T t0

Si on appelle S le coefficient d’emmagasinement de la phase initiale, dont la


valeur est faible et du même ordre de grandeur que celui des nappes captives, et S' le
coefficient d’emmagasinement de la dernière phase, et qui, lui, est voisin de la
porosité effective du milieu, on a, d’après BERKALOFF :
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 167

0,183 Q
T=
b

2,25 T t' 0
S= 2
x

2,25 T t' 0
S + S' = 2
x
avec :

2 2
x S ' x S' 0,561 0,561
t0 = ; t0 = ; t! = ; t" =
2,25 T 2,25 T !" "

On déduit par calcul :


T : la transmissivité hydraulique du système
S : le coefficient d’emmagasinement de la réserve immédiatement
mobilisable suivant le concept de Theis,
SS' : le coefficient d’emmagasinement total (S + S')
S' : le coefficient d’emmagasinement retardé
α : le paramètre exprimant la vitesse d’épuisement de la réserve S'

4.7.3 Méthode bi-logarithmique de Boulton


La méthode bi-logarithmique de Boulton tient compte du phénomène
d’égouttement des nappes libres. Elle s’applique dans les conditions suivantes :
— La nappe est homogène, isotrope et de même épaisseur dans toute la zone
influencée par le pompage
— Elle est d’extension latérale infinie
— Elle repose sur un substratum imperméable, horizontal
— Le puits est parfait
— Le rayon du puits est négligeable
— Le débit pompé est constant
— La libération de l’eau n’est pas instantanée ; on peut y distinguer deux
phénomènes :
• libération instantanée de l’eau par suite du phénomène de décompression
du milieu aquifère et de l’eau
• libération progressive de l’eau due au drainage de la hauteur dénoyée. On
appelle ce second phénomène : l’égouttement.
Ce retard de libération de l’eau se traduit par des variations dans le temps du
coefficient d’emmagasinement. La nappe réagit au pompage selon trois phases
différentes. Au début du pompage, le premier phénomène est prépondérant du fait de
sa rapidité d’apparition ; la nappe réagit comme une nappe captive avec un
coefficient d’emmagasinement apparent faible et du même ordre que celui des nappes
captives. La deuxième phase est très comparable au comportement d’un aquifère
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 168

captif subissant une alimentation par drainance. Au moment de la chute rapide de la


pression, l’eau de la partie supérieure qui ne se déplace verticalement qu’avec une
certaine lenteur a « décroché », et joue le rôle d’une réalimentation continue jusqu’à
une pseudo-stabilisation.
Dans la troisième phase, la variation de la pression atteint l’ordre de grandeur de
la vitesse possible de baisse du plan d’eau; on peut alors considérer qu’il y a un
coefficient d’emmagasinement constant, approchant la porosité efficace du niveau.
En se basant sur une telle interprétation du comportement des nappes libres,
BOULTON a déterminé l’équation donnant les variations du rabattement en fonction
du temps et en a déduit une méthode de détermination des paramètres de la nappe.
Les paramètres entrant dans la méthode de Boulton sont :
S' : coefficient d’emmagasinement retardé
T 1
B' = : facteur d’égouttement où est une constante empirique appelée
α S' α
indice de retard, B' est un facteur caractérisant les nappes libres avec un drainage par
gravité lent. Un facteur d’égouttement élevé correspond à une libération rapide de
l’eau, donc si B' = ∞ la libération de l’eau est instantanée. Il a la dimension d’une
longueur : L.
La courbe de descente théorique est une courbe en S dont l’équation peut se
mettre sous la forme :

Q r 0,08 Q r
s= " u', u' 1, = " u', u' 1,
4!T B' T B'

Cette équation se réduit dans la première phase de pompage à :

0,08 Q r
s= E u',
T B'

4Tt
u' =
2
r S

et dans la 3e phase de pompage à :

0,08 Q r
s= E 1 u' 1,
T B'
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 169


4Tt
u' 1 =
2 '
r S

S + S'
Dans le partie centrale (2e phase) si η = S ≥ 100 la courbe tend vers une
horizontale dont l’équation est :

Q
s= Ko r
2!T B
si 10 < η < 100 la seconde partie de la courbe n’est pas une horizontale mais une
courbe de pente nettement plus faible que celle du début et de la fin.
La figure 4-21 comporte deux familles de courbes-types : à gauche la famille A
r r
des courbes-types E (u', B' ) à droite la famille B des courbes-types E1(u1’, B' ).
Les courbes de la famille A servent à analyser la phase initiale de pompage, et
celles de la famille B la phase postérieure au palier.
La méthode d’interprétation consiste à superposer la courbe rabattement/temps
(en coordonnées logarithmiques), d’abord sur une des courbes de la famille A. Les
coordonnées d’un point de coïncidence :

r r
E u', , u' , , s et t permettent l' évaluation de :
B' B'

0,08 Q r 4Tt
T= E u', et de S = 2
s B' r u'

Ensuite, on fait glisser parallèlement aux axes des coordonnées la courbe


observée vers la droite en cherchant la meilleure superposition sur une des courbes de
r
la famille B, sans oublier que la valeur de B' doit être la même. Les doubles
r
coordonnées E1 (u'1, B' ), u'1, s et t donnent :

0,08 Q r
T= E 1 u' 1,
s B'

4Tt
S'=
2
r u' 1

2
1 B S'
et = : indice de retard
! T
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 170

Parfois la phase initiale n’est pas visible sur le graphique construit soit parce
qu’elle est très rapide, soit parce qu’il s’agit d’un piézomètre trop éloigné. Dans ce
cas là on ne superpose la courbe observée que sur une des courbes de la famille B.

Figure 4-21
Famille de courbes types de Boulton, (d’après Kruseman et De Ridder, 1970).
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 171

4.7.4 Méthode semi-logarithmique de Berkaloff-Boulton


Cette méthode, dite de Berkaloffa démontré que la détermination des paramètres
entrant dans la formule de Boulton et régissant l’évolution des rabattements au cours
du temps, se fait facilement à partir des éléments pouvant être lus sur les diagrammes
S + S'
semi-logarithmiques lorsque η = S ≥ 100, c’est-à-dire lorsqu’on observe un
palier horizontal.

La courbe de rabattement peut alors être schématisée par trois segments (cf. figure
4-22) :

0,183 Q tη
• un palier horizontal d’équation s2 = T log t
0

• deux segments parallèles encadrant asymptotiquement la courbe de


rabattement au début et à la fin du pompage, après le palier :
0,183 Q t
. l’asymptote du début ayant pour équation s1 = T log t0
0,183 Q t η
. l’asymptote de la fin d’équation s3 = T log t'
0

to t! t'o t"
0
1
2
3
4
5
6
7
8

s
0,1 1 10 100 1 000
t

Figure 4-22
Courbe s = f (log t) — Méthode de Berkaloff pour les nappes libres.

en posant :

2 2
r S ' r S' 0,561
t0 = ; t' 0 = ; t! =
2,25 T 2,25 T !"
Interprétation des pompages d'essai en nappes libres 172

0,561
on peut également poser tα =
α

L’interprétation consiste à reporter le rabattement observé en fonction du temps


en diagramme semi-logarithmique et à tracer au mieux la droite du palier horizontal
qui correspond à s2 et les deux droites parallèles correspondantes à s1 et à s3 sachant
que les écarts maximaux pour t = tη et t = tα sont numériquement égaux à 0,214 i.
On lit ensuite sur le graphique :
t0 au point d’intersection de l’axe s = 0 avec l’asymptote correspondant au
début du pompage
t'0 = ηt0 au point d’intersection de l’axe s = 0 avec l’asymptote correspondant
à la fin du pompage
tη et tα au point d’intersection de chacune de ces asymptotes avec la droite du
palier
i la pente commune aux deux asymptotes
Comme précédemment le tη est le même pour tous les piézomètres.
On déduit par le calcul :
Q
— la transmissivité hydraulique du système T = 0,183 i
— le coefficient d’emmagasinement de la réserve immédiatement mobilisable
2,25 T t0
suivant la conception de THEIS S = r2
2,25 T t'0
— le coefficient d’emmagasinement total (S + S') = r2
— le coefficient d’emmagasinement retardé S' = [ (S + S') – S]
— le paramètre α exprimant la vitesse d’épuisement de la réserve S' :
0,561
α= t
α
Les piézomètres sont indispensables lorsque l’on soupçonne l’existence d’une
drainance. Si l’on examine la courbe de Boulton on s’aperçoit que si les essais
commencent trop tard, c’est-à-dire quand on se trouve au milieu du palier, on ne peut
pas distinguer la courbe observée de celle d’une semilog classique de JACOB avec
perte de charges dans le forage.

4.8 Conclusion
Nous avons essayé de donner dans ce chapitre les grandes méthodes
d’interprétation des essais de pompage et nous nous sommes attachés à décomposer
les simplifications mathématiques de manière à ce que le lecteur puisse facilement
utiliser les équations. Cependant, aussi séduisant que soit l’appareil mathématique, il
ne saurait conduire à des résultats sérieux si le problème n’est pas bien posé. Aussi
est-il fondamental, avant de vouloir interpréter des essais de débit, de bien analyser la
situation hydrogéologique. En aucun cas le raffinement de l’interprétation ne saurait
compenser les défauts du programme d’aquisition des données.
Conclusion 173

Il faut également bien prendre conscience que les valeurs trouvées sont des ordres
de grandeur.
Nous nous sommes volontairement restreints à la présentation de méthodes
d’interprétation très connues et bien admises. Il faut savoir que l’analyse des données
d’essai de débit peut aller beaucoup plus loin, le modèle de nappe pouvant être
considéré comme une super-interprétation d’essai de production permettant de
simuler la mise en exploitation d’un champ captant selon toutes sortes de scenarii.
L’analyse sophistiquée des pertes de charge permet d’évaluer la complétion du puits,
il est ainsi possible de vérifier si le travail du foreur et du contrôleur ont été réalisés
dans les règles de l’art. L’interprétation des essais permet également de mieux
appréhender la géométrie de l’aquifère, de mettre en évidence des limites
d’alimentation, etc. Il existe des méthodes mathématiques pour étudier toutes sortes
de forage dans de nombreuses configurations d’aquifère.
Si l’on désire réaliser des essais fiables, il faut s’attacher auparavant à concevoir
un programme de pompage correct, comprenant la mise en place soignée des
piézomètres, le développement du puits, des pompages courts testés à différents
débits, puis un pompage d’une durée suffisamment longue pour que le régime
permanent soit atteint non seulement dans le puits, mais également dans les
piézomètres, pour autant évidemment que l’on travaille en nappe alimentée. Il faut
s’assurer que les opérations sur le terrain sont effectuées avec conscience et ne pas
perdre de vue que ces essais sont délicats et nécessitent des opérateurs entraînés et
compétents.
Pour reprendre H. CAMBEFORT, l’interprétation doit s’appuyer sur le bon sens et
sur l’expérience, beaucoup plus que sur de savantes formules, et l’aspect
mathématique du problème ne devra pas faire perdre de vue l’analyse qualitative des
phénomènes qui est peut-être la plus importante et souvent la plus délicate.
Enfin, l’interprétation des données d’un programme d’essai ne peut se ramener à
l’application de quelques recettes simples. Elle exige de l’esprit critique, du
discernement et un certain sens du « diagnostic », car les conditions naturelles sont
souvent trop complexes pour correspondre à un schéma conceptuel trop simplifié. Il
faut également résister à la tentation d’appliquer des formules en dehors de leur
domaine de validité, pour en tirer des résultats numériques qui risquent d’être
illusoires sans que cela soit évident pour leurs utilisateurs. C’est pourquoi le rôle de
l’hydrogéologue est primordial dans l’élaboration du programme d’acquisition des
données et les travaux d’interprétation.

Notation employée

α paramètre exprimant la vitesse Tb'


d’épuisement de la réserve B = facteur de drainance
k'

r S'
T
β 4B S = facteur entrant dans B' = facteur d’égouttement
αS'
la fonction H(u', β)
des nappes libres (ou facteur de
drainance des nappes semi-
b épaisseur de l’aquifère captives)
b' épaisseur de l’éponte semi-
perméable r
φ (u', B ) fonction du puits pour les nappes
semi-infinies
Conclusion 174

S coefficient d’emmagasinement
' r instantané de la couche aquifère
ζ(u',u ,B ) fonction du puits pour les
1
nappes libres
S' coefficient d’emmagasinement de
F(u') W(u) = fonction du puits pour les l’éponte semi-perméable ou
nappes captives coefficient d’emmagasinement
retardé de la couche aquifère en
r nappe libre
F(u',B ) fonction du puits pour les nappes
semi-captives avec drainance SS' coefficient d’emmagasinement
total (S + S')
'
H(u , β) fonction du puits pour les nappes T transmissivité (T = K b)
1
semi-captives
t temps écoulé depuis le début du
pompage
r
K o (B ) fonction de Bessel modifiée de t' ou tr temps écoulé depuis l’arrêt
second degré et d’ordre zéro du pompage (temps de la
remontée)
K coefficient de perméabilité
horizontale de l’aquifère r2 S
u 4Tt = argument des fonctions de
K' coefficient de perméabilité puits
verticale de l’éponte semi-
perméable 1 4Tt
u' u = = argument des
r2 S
K'
paramètre de drainance fonctions de puits
b'
4Tt
Q débit de pompage u" = argument des
2 S'
r (S + 3 )
Qc débit critique
fonctions de puits
r distance du point considéré à 4Tt
l’axe du puits de pompage u''' 2 = argument des
r (S + S')
rp rayon du puits de pompage fonctions de puits

R rayon d’action du puits ' 4Tt


u = argument des fonctions de
1 r2 S '
Rf rayon fictif puits

s rabattement x distance du piézomètre à l’axe du


puits
sc rabattement corrigé

sm rabattement mesuré

smax rabattement maximum admissible

sr rabattement résiduel (mesuré au


cours de la remontée)
CHAPITRE V

Contrôle et réception des travaux


« Tout pouvoir sans contrôle rend fou »
Alain, Politique

Nous présentons, ici, ce qu’il convient d’appeler un aide mémoire de l’exploitant


qui relate les principales tâches à vérifier par la personne chargée du contrôle de la
réalisation de l’ouvrage. Dans la mesure où il est impossible de modifier l’aquifère de
façon notable il est impératif d’agir sur le seul paramètre à notre portée : le forage.
Aussi convient-il de le réaliser dans les règles de l’art. Or, la réalisation d’un forage
est une opération qui présente toujours des aléas et des difficultés, aussi certaines
décisions doivent-elles être prises rapidement et en toute connaissance de cause. D’où
la nécessité de procéder à un contrôle rigoureux.
Le maître d’œuvre délégué doit pouvoir établir avec l’entreprise un climat de
confiance réciproque, propice au bon déroulement des travaux, tout en exerçant un
contrôle rigoureux.
Le contrôleur est notamment chargé de réaliser un dossier complet de l’ouvrage
exécuté, aussi doit-il avoir en sa possession des éléments indiscutables, en cas de
réclamation de l’entreprise ou lors de problèmes dans la vie du forage. Il est bien
évident que toute malfaçon se répercutera tôt au tard sur l’ouvrage et il est nécessaire
de disposer des éléments historiques, des données patrimoniales, pour bien
comprendre l’origine et la nature des problèmes.
Nous avons distingué trois grandes phases :
— les contrôles lors de l’installation du chantier,
— les contrôles « au quotidien », pendant les travaux,
— les contrôles spécifiques du forage qui demandent en général l’intervention
d’un spécialiste.
D’une manière générale, un contrôle efficace permet d’éviter beaucoup de
problèmes et de simplifier les modalités de la réception du forage.

5.1 Contrôles préliminaires au démarrage des travaux


Les contrôles préliminaires sont très importants et permettent d’éviter de gros
problèmes ultérieurs. En effet, il est toujours délicat, tant sur le plan technique que
financier, d’arrêter un chantier pour discuter un problème, surtout si celui-ci aurait pu
être réglé avant le démarrage des travaux.
Contrôle préliminaires au démarrage des travaux 176

Les vérifications à effectuer concernent notamment l’environnement du chantier


(emplacement, accès, etc.) et la conformité du matériel présenté par l’entreprise.

5.1.1 L’environnement
Comme cela a nécessairement été précisé dans le marché de travaux, il importe de
faire respecter les contraintes d’environnement et les moyens à mettre en œuvre pour
être en conformité. Ces éléments doivent être abordés dès les premières réunions
avec l’entreprise.
A titre indicatif la « check list » suivante donne les grandes lignes des contraintes
environnementales qui peuvent se poser :
— Accès au chantier :
• la solidité des voies ou des terrains d’accès est-elle compatible avec la
circulation d’engins lourds ?
• qui prend en charge les renforcements éventuels, voire les dégradations ?
Un constat de l’état des lieux peut être utile, selon la nature des
dégradations potentielles. Cette intervention peut être confiée à un huissier
de manière à disposer d’éléments indiscutables et légaux.
— Emplacement du chantier :
Il importe de matérialiser sur le site, la zone réservée à l’entreprise et de bien
définir l’installation du chantier :
• le terrain est-il inondable ?
• doit-il être clôturé ?
• y-a-t-il des risques de projection pour les riverains ?
• y-a-t-il des dangers particuliers ?
Il convient également de rappeler et de signaler qu’il s’agit d’un chantier
(dispositions à prendre vis-à-vis de la sécurité du travail).
— Raccordements VRD pendant les travaux
Tous les problèmes de raccordement sont à évoquer, ne serait-ce que pour les
comparer aux dispositions du marché.
• Alimentation électrique ou groupe électrogène (à la charge de qui ?).
• Alimentation en eau.
• Ecoulement des rejets. Il en existe de trois natures :
. les eaux de lavage du matériel et de développement de l’ouvrage. Elles sont
souvent chargées de boue ou de bentonite. Où vont-elles pouvoir s’écouler
sans nuisances ?
. l’eau des pompages d’essais : ces pompages peuvent parfois représenter un
débit important et il est indispensable de s’assurer de la possibilité du rejet.
. les rejets des eaux après acidification : rejets dans l’environnement après
les avoir neutralisées, évacuation, etc.
Contrôle préliminaires au démarrage des travaux 177

— Nuisances :
Les travaux de forage sont bruyants et salissants. Il importe donc de s’assurer que
des mesures ont été prises par l’entreprise pour limiter ces nuisances vis-à-vis des
riverains. A ce sujet, il sera parfois utile d’établir un état initial de l’environnement
sonore du site et de prévenir la mairie et le voisinage de la nature et de la durée des
travaux.
Il importe également de fixer les horaires du chantier en fonction du bruit
admissible et de s’assurer que les moyens de nettoyage, d’entretien et de sécurité du
chantier sont prévus. Il est notamment nécessaire de respecter les directives de la
Commission Environnement du Comité des Techniciens en ce qui concerne le seuil
admissible de bruit.
• Le niveau de pression acoustique, LA10, ne doit pas dépasser 55 dB à 300
mètres pendant 90 % du temps (sur 24 heures).
• La valeur LAeq, T qui ne doit pas dépasser 65 dB est rapportée à la durée
représentative de 8 heures de manœuvres et à la durée représentative de 16
heures de forage, pour une journée de 24 heures de fonctionnement de
chantier.
« Les mesures nécessaires à l’établissement des courbes iso-soniques (Rose des
bruits) devront être effectuées par un organisme compétent, agréé par les deux
parties, conformément aux Prescription des normes NFS 31-110, NFS 31-010 et des
normes concernant les appareils de mesure NF 31-009 et NFS 31-109, ainsi que
l’arrêté du 15 mai 1986 (JO du 09.07.86) ».

5.1.2 Le matériel
L’entreprise doit fournir la liste du matériel et des engins qu’elle va utiliser. Il
importe d’en vérifier la conformité par rapport au cahier des charges (puissance de
l’atelier de forage, existence sur le chantier de tout le matériel prévu, etc.) et sa
présence effective avant que le chantier ne démarre.
On constate fréquemment des différences entre le matériel décrit au marché et le
matériel présent sur le site. Cela peut donner lieu à des retards dans les travaux et à
des contestations.
Il faudra s’assurer en outre :
— que l’atelier dispose d’un métrage suffisant en tubes pleins et crépinés de
façon à pouvoir équiper le forage dès la fin de la foration et ce quel que soit le
schéma d’équipement choisi. Dans ses grandes lignes, ce schéma aura été défini au
vu des études préliminaires,
— que l’ouverture des crépines et la nature du massif filtrant (si nécessaire) sont
appropriées à la géologie et à la granulométrie présumée de l’aquifère (voir chapitre
III),
— que les fluides de foration sont agréés alimentaires, et présents en quantité
suffisante,
— que le chantier est correctement approvisionné et qu’il peut faire face en cas
de problème à la foration, etc.
Contrôle préliminaires au démarrage des travaux 178

5.1.3 L’implantation de l’ouvrage


L’implantation du forage est fixée par les études préliminaires. Elle sera décidée
en fonction des résultats des données de terrain, de la photo-interprétation et des
études géophysiques, des contraintes d’environnement et d’exploitation
(raccordement à l’existant).
Parfois, pour des raisons techniques de réalisation, on peut être amené à la
déplacer légèrement. Nous ne saurions trop vous recommander de vous entourer des
avis compétents, notamment de l’avis de l’hydrogéologue agréé. C’est un point
fondamental. Dans la mesure où il est possible de l’associer très en amont au moment
du choix du site et de l’implantation, vous pouvez optimiser considérablement vos
travaux. D’une façon générale, entourez-vous d’avis de spécialistes.
Dans tous les cas il est préférable d’éviter de déplacer une implantation. Sur le
plan de la nature des terrains deux cas de figures peuvent classiquement se présenter.
— Implantation en zone sédimentaire alluviale. Les aquifères sont continus et le
positionnement du forage est libre à l’intérieur d’un périmètre favorable plus ou
moins étendu. Dans ce cas, pour des raisons sociales ou techniques, on pourra
déplacer l’implantation afin de faciliter les travaux. La décision devra être prise
conjointement avec l’Entreprise de forage, l’hydrogéologue agréé et l’exploitant.
— Implantation en zone de socle et en terrains calcaires. Les aquifères sont
discontinus et intimement liés à la fracturation des roches. Dans ce cas, l’implantation
du forage, déterminée très précisément par les études préliminaires, ne devra pas être
modifiée. Si malgré tout, un changement de lieu s’avère impératif, celui-ci ne pourra
se faire qu’après la réalisation d’études complémentaires. Quoi qu’il en soit,
l’Entreprise de forage n’intervient pas dans la prise de décision.
Enfin, déplacer une implantation c’est prendre des risques vis-à-vis de sources de
pollution potentielles, visibles ou invisibles (canalisations d’assainissement
notamment). Dans cet esprit une étude amont d’inventaire des risques de pollution est
toujours très utile.

5.2 Les contrôles « au quotidien »


Le marché doit préciser le contenu des rapports journaliers tenus à jour par
l’entreprise et remis à l’organisme chargé du contrôle. La bonne tenue de ces rapports
est indispensable, ils sont garants de l’histoire du forage. Ce n’est qu’au vu des
cahiers de chantier que pourra se régler un éventuel litige lié à la réalisation du
forage.
L’une des missions du contrôleur est de s’assurer de la pertinence, de la bonne
tenue de ces rapports, et de la qualité des informations qu’ils contiennent (en
particulier la chronologie des opérations, les problèmes rencontrés lors des travaux et
le personnel présent sur le chantier). A cette fin le cahier de chantier doit
impérativement être visé par le contrôleur au jour le jour.
Il convient de vérifier un certain nombre de points importants dans le déroulement
des travaux, notamment :
— les prélèvements des terrains traversés et leur mise en sachets ou en caisse,
Les contrôles « au quotidien » 179

— les profondeurs forées,


— la détermination de la cote des arrivées d’eau ainsi que leur débit, dans la
mesure du possible,
— la conformité des équipements : tubes pleins, crépines (mesure du diamètre,
des épaisseurs, dimension du « slot »),
— la granulométrie et la composition du massif filtrant,
— le suivi de tous les incidents avec si possible constat écrit,
— le contrôle des quantités des matériaux mis en œuvre. Le plus important
concerne le volume du gravier du massif filtrant et éventuellement des produits de
traitement.

5.2.1 La prise d’échantillons


Pour effectuer une coupe géologique relativement précise du forage, il est
nécessaire de prélever un échantillon à chaque changement de terrain ou, plus
généralement systématiquement, tous les mètres.
Les prélèvements d’échantillons dans les terrains graveleux permettront d’établir
des courbes granulométriques qui aideront à préciser les ouvertures de crépine et le
gravier de filtre additionnel à mettre en place compte tenu des caractéristiques
hydrodynamiques de l’aquifère.
Les échantillons de roches broyées (cuttings) permettront à l’hydrogéologue de
reconnaître la nature des roches traversées et la présence d’éventuelles fissures ou
passages d’eau (traces d’oxydation).
Si la foration s’effectue à la boue, il ne faut pas laver l’échantillon, mais il faut
préciser la composition de la boue au moment de la prise de l’échantillon.
L’ensemble des matériaux correspondant à un prélèvement sera réuni sur une surface
propre et mélangé soigneusement. Etaler le tout sur une épaisseur de 2 ou 3 cm et
tracer un damier. On prélèvera une petite quantité de matériaux dans chaque case. De
la sorte, on peut être certain d’avoir un échantillon homogène et représentatif. Il sera
ensuite essoré et séché puis mis en sac avec les indications permettant de retrouver
ses caractéristiques :
— nom de l’expéditeur et adresse,
— nom du forage et position géographique (coordonnées),
— cotes de la prise d’échantillon,
— épaisseur de la formation testée,
— date du prélèvement.
D’une manière générale la coupe réalisée sur le terrain par l’hydrogéologue
chargé du contrôle est suffisante et il n’est pas nécessaire de conserver les
échantillons.
Les contrôles « au quotidien » 180

5.2.2 Profondeur forée


Le responsable du suivi des travaux doit tenir le compte précis du nombre de tiges
descendues dans le forage et connaître la position de l’outil de façon à pouvoir à tout
instant préciser la profondeur de l’outil de forage. C’est fondamental pour noter les
cotes des échantillons et celles des éventuelles arrivées d’eau. Il faudra, évidemment,
tenir compte non seulement de la longueur des tiges mais également de tous les
éléments descendus dans le trou (masses-tiges, amortisseurs, outil de foration) afin
d’obtenir un calcul de profondeur rigoureusement exact.
En fonction des résultats obtenus au cours du forage, le contrôleur détermine, en
accord avec l’hydrogéologue, la profondeur à laquelle la foration doit être arrêtée.

5.2.3 Arrivées d’eau


Pour la détermination du positionnement des crépines, il est indispensable de
repérer la cote des arrivées d’eau.
— Dans le cas de forage au rotary en terrains sédimentaires, l’observation de la
boue de forage permet d’identifier la pénétration de l’outil dans l’aquifère. Si le
niveau de la boue diminue dans la fosse, et si en même temps elle devient moins
dense, cela signifie que l’on est en présence d’une arrivée d’eau, d’autant plus
importante que les modifications de la boue sont visibles et quantifiables. A ce stade,
il est nécessaire d’effectuer des mesures de viscosité de la boue.
Une perte de boue signifie qu’on se trouve en présence d’un terrain très
perméable. Il en est de même lorsque, dans un forage exécuté à l’air, les cuttings ne
remontent plus à la surface à cause des pertes d’air dans les fissures du terrain.
— Dans le cas de forage au marteau et à l’émulseur dans les formations de socle,
le problème ne se pose plus car les venues d’eau sont bien visibles. Elles se traduisent
par un « geyser » en surface. Il est alors très simple de canaliser l’eau et de mesurer
précisément le débit.

5.2.4 La conformité de l’équipement


En cours de foration, l’ingénieur chargé du suivi des travaux doit vérifier
l’adéquation du matériel d’équipement avec les terrains aquifères rencontrés. Il est
recommandé de posséder un éventail de matériel assez large pour faire face à toute
éventualité. De l’intérêt d’avoir un cahier des charges adapté.
Dans le cas de terrains sédimentaires meubles, il est dangereux de laisser trop
longtemps un trou sans équipement : les risques d’éboulement et de comblement sont
trop importants. Il est donc impératif d’équiper le forage assez rapidement après le
retrait du train de tiges.
En terrains durs (socle granitique par exemple), l’urgence de l’équipement se fait
moins sentir. Dans certains cas extrêmes (débits faibles), il sera même possible de
laisser le forage en « trou nu » afin de ne pas entraver les venues d’eau.
Les contrôles « au quotidien » 181

5.2.5 Incidents particuliers


Le contrôle consiste aussi à noter tous les événements ayant trait à la foration au
fur et à mesure qu’ils interviennent. Les incidents doivent être consignés sur le cahier
de chantier.
Il peut s’agir du coincement du train de tige par exemple. C’est un incident qui
survient parfois au cours de la foration et qui peut être dû à un épaississement de la
boue (cake trop épais) ou à une chute de pierre (en terrains durs). Dans tous les cas, il
faut agir doucement sur l’outil pour éviter de le coincer définitivement. Il est
important de ne jamais arrêter la circulation du fluide de forage lorsque l’outil est
immobilisé en fond de trou, même pour une courte durée.
Il y a aussi des incidents plus graves, et plus rares heureusement. C’est le cas
notamment lorsqu’un objet tombe au fond du forage, interrompant la foration. Ce
peut être un outil léger, un train de tiges ou une colonne de tubage entre autres. Un
accident de ce type peut avoir des répercussions fâcheuses, perte de temps
notamment, et pouvant aller jusqu’à l’abandon pur et simple du forage si la
récupération est impossible.
En pareille situation, le foreur doit effectuer un bilan comparatif prévisionnel
entre ce que risque de coûter la récupération du « poisson » (immobilisation de
l’équipe, dépassement par rapport aux prévisions, échec, ...) et la réalisation d’un
nouveau forage.
Si la récupération est décidée, il faudra avant tout faire un repérage précis de
l’objet à repêcher : cote, position exacte, aspect de la partie supérieure pour façonner
un outil de récupération adéquat, etc. En ce qui concerne ce dernier point, on pourra
effectuer un moulage de la face supérieure de l’objet. Il est aussi possible de mener
une investigation avec une caméra vidéo.
Cette phase étant réalisée, il faudra utiliser un outil de repêchage adapté (ou en
façonner un spécialement). Citons-en quelques-uns pour mémoire :
— overshot (le plus couramment utilisé),
— taraud et cloche,
— fraises,
— crochets ou caracoles,
— harpons,
— araignées,
— paniers à sédiments,
— aimants, ...
Les contrôles particuliers 182

5.3 Les contrôles particuliers


Un certain nombre de contrôles spécifiques doivent être effectués au cours des
travaux. Certains demandent un matériel particulier et même souvent l’aide d’un
spécialiste.
La présence sur le chantier d’un ingénieur compétent est indispensable lors des
opérations essentielles qui sont :
— la traversée de l’aquifère (détermination et essais),
— la mise en place des équipements (crépine, massif filtrant),
— le développement,
— les essais de débit.

5.3.1 La détermination de la nature des terrains


Cette détermination est essentielle pour décider de tous les détails techniques du
forage (emplacement des crépines, granulométrie du massif filtrant etc.)
En règle générale, elle sera confiée à un hydrogéologue compétent qui pourra
envisager une détermination complémentaire par diagraphie. Cette opération est
fortement conseillée pour déterminer avec précision les niveaux aquifères.
— Principe de la diagraphie instantanée : cette méthode permet une
interprétation immédiate des caractéristiques de terrain à reconnaître (en appoint des
études géotechniques). Les paramètres couramment enregistrés sont les suivants (cf.
figure 5.1) :
— vitesse d’avancement ou de pénétration,
— pression sur l’outil,
— percussion réfléchie,
— pression du fluide d’injection,
— couple de rotation.

a) Vitesse d’avancement ou de pénétration


La vitesse d’avancement du train de tiges est liée au poids imposé à l’outil de
forage (poids du train de tige plus pression imposée par la sondeuse), elle mesure la
vitesse instantanée de pénétration de l’outil dans la formation. Cette vitesse
d’avancement peut être calculée par intervalles de formation de terrain de 1 mm à
20 cm, ce qui permet de déterminer les changements lithologiques, la fissuration plus
ou moins importante, les vides, les zones altérées, les passées argileuses. L’amplitude
de la vitesse instantanée de pénétration peut être modulée en fonction de la
profondeur, permettant ainsi au géologue de bien déterminer la formation et de faire
des corrélations.
Le calcul de la vitesse d’avancement n’est pas aussi simple qu’il y parait, elle
dépend évidemment de la pression exercée sur l’outil mais également de son usure,
de la qualité du fluide de circulation, etc.
Les contrôles particuliers 183

b) Pression sur l’outil


Ce paramètre peut avoir une relation directe et importante sur la vitesse
d’avancement. Il permet de contrôler la régularité de la pression sur l’outil et, dans
certains cas, d’aider à l’interprétation en apportant un correctif au graphique de la
vitesse d’avancement ou de pénétration.

c) Percussion réfléchie
Ce paramètre permet d’apprécier la dureté de la roche, il n’est enregistrable qu’au
marteau fond de trou ou au marteau perforateur.
Les roches dures nécessitant une forte percussion retransmettent au moyen du
train de tiges les ondes de percussion en surface, alors que les roches tendres
absorbent une grande partie de l’énergie de percussion avec une faible transmission à
la surface. Dans le cas de rencontre de vides francs :
— le marteau fond de trou ne transmet pratiquement plus de percussion
réfléchie, mais celle-ci se révèle très brutale dès le nouveau contact,
— le marteau perforateur a une percussion réfléchie très forte, alors qu’elle est
faible si la fissure est remplie d’argile.

d) Pression du fluide d’injection


L’enregistrement de la pression du fluide de circulation permet de détecter les
zones perméables. C’est un complément permettant la confirmation de la présence de
zones fissurées à remplissage argileux par exemple.

e) Couple de rotation
Le couple de rotation donne le couple exercé sur l’outil pour pénétrer dans la
roche. Il est évidemment influencé par la dureté des différentes couches, par leur
aptitude à « coller » (marnes), à gonfler à l’eau, par la pression sur l’outil et par la
pression du fluide d’injection. C’est un complément aux autres paramètres.

f) Autres paramètres
D’autres paramètres différents de ceux qui ont été résumés ci-dessus existent
également, ce sont :
— la vitesse de rotation,
— la retenue (force de freinage),
— l’accélération du marteau (amplitude de l’onde de percussion réfléchie par le
sol à la base du train de tiges) ,
— l’intervalle de temps entre deux prises de mesures (vitesse moyenne de forage
par opposition à la vitesse instantanée).
Les contrôles particuliers 184

g) Traitement des données


Le traitement des données peut se faire directement sur le chantier à l’aide d’un
micro-ordinateur. A titre d’exemple le tableau V-I donne des indications sur la nature
du terrain traversé en forage.

TABLEAU V-I — Evolution des paramètres de forage en fonction de la nature


des terrains., (d’après R. LAUGA, 1990)

Vitesse
Qualité du d’avancement Pression sur Percussion Couple de Pression
terrain ou l’outil réfléchie rotation injection
pénétration

Terrains nécessitant l’utilisation d’outils percutants


Roches Faible et Élevée Haute Faible Nulle
cristallines régulière fréquence
compactes
Roches Élevée, liée à Moyenne ou Forte Faible Nulle
cristallines l’altération nulle
altérées
Calcaire (zones Forte Forte
karstiques)
Fissures Forte Faible Faible Faible Faible
argileuses
Craie (dans les Forte Faible Faible Faible Faible
zones argileuses)
Terrains nécessitant l’utilisation d’outils destructifs rotatifs
Sables Élevée et Régulière et Régulier Faible et
régulière faible continue
Sables et graviers Irrégulière en Augmente Faible
augmentation
Marnes Plus faible Plus forte que + fort que Plus forte que
que dans les dans les les sables dans les
sables sables sables
Calcaires Faible Très forte Régulier Fonction de
compacts la fissuration
Calcaires fissurés Augmente Chute Diminue Diminue
(fissures ouvertes)
Calcaires fissurés Augmente Chute Diminue Augmente
(fissures fermées)

5.3.2 Mesure de la perméabilité


Différentes méthodes permettent de mesurer la perméabilité d’une formation
aquifère :
Les contrôles particuliers 185

— L’essai Lefranc-Mandel, que nous citons pour mémoire, car cette méthode,
qui donne des coefficients de perméabilité ponctuels pour les terrains alluvionnaires,
n’est guère utilisée pour les forages d’eau,
— L’essai Lugeon. Il donne également une perméabilité ponctuelle en un point
du forage testé. La perméabilité obtenue par cette méthode est une perméabilité de
fissures. L’essai Lugeon est utilisé surtout dans les forages de diamètre inférieur à
150 mm.

Principe de l’essai Lugeon


L’unité Lugeon correspond à l’absorption de 1 litre d’eau par mètre de forage et
par minute sous une pression de 1 MPa. Une perméabilité de 1 unité Lugeon
correspond environ à 10–7 m/s.

Débit d d

Pression p p
Ecoulement laminaire Ecoulement turbulent Claquage de terrain

d d d

p p p
Débourrage à haute Colmatage à haute Débourrage
pression pression progressif
d d d

p p p
Ouverture élastique Colmatage basse Colmatage basse P
de terrain pression puis puis débourrage
haute pression haute pression

Figure 5-1
Forme des courbes de débit / pression (d’après R. LAUGA, 1990).
Les contrôles particuliers 186

Le coefficient Lugeon est calculé de la façon suivante :

2Q
N = (P + 0,1 H) L

avec :
N : coefficient de Lugeon
Q : quantité totale d’eau absorbée (en litres par 5 mn)
P : pression de l’eau (bar)
H : profondeur du niveau statique
L : longueur de la tranche

L’essai Lugeon se pratique dans une tranche de forage qui doit être isolée du reste
du forage. Il consiste à injecter de l’eau sous différentes pressions croissantes jusqu’à
une pression P = 1MPa (environ 10 bars) et de revenir à P = 0 par les mêmes valeurs
de pressions décroissantes et par paliers de 10 minutes.
Ces deux séries d’essais permettent d’établir deux courbes débit/pression qui,
théoriquement, doivent se chevaucher. En pratique, on constate que les courbes ont
des formes différentes dont les interprétations peuvent se faire selon le graphique 5-1.

5.3.3 Les diagraphies


Lorsque la foration est terminée, on dispose de données à partir de cuttings qui,
dans certains cas, peuvent se révéler insuffisantes. Il est alors possible de compléter
ces informations par des opérations au moyen de sondes que l’on descend dans le
forage afin de mesurer les diverses propriétés physiques des formations traversées.
Les données ainsi obtenues « diagraphiees » sont transmises au sol et enregistrées.
On appelle diagraphie tout enregistrement d’une caractéristique des formations
traversées par un sondage en fonction de la profondeur. Par extension on appelle
également « diagraphie » l’instrumentation consistant à réaliser une « diagraphie ».
Les paramètres enregistrés peuvent être très variables : physiques (résistivité, radio-
activité, vitesse du son, ...), géométriques (diamètre du forage, épaisseur de boue,
épaisseur des tubages, des crépines, caractéristiques de la cimentation, etc.).
Cette pratique, malheureusement très peu répandue, nécessite d’inclure dans le
coût prévisionnel de l’ouvrage le montant des prestations afférentes à l’acquisition de
données physiques et géométriques, qui seront ensuite utilisées en cours
d’exploitation, c’est-à-dire pendant toute la durée de vie de l’ouvrage.
Les données à acquérir sont spécifiques à l’ouvrage concerné. Leur nombre et leur
nature sont définis selon le type d’ouvrage et le type d’aquifère capté. Elles seront
bien évidemment différentes selon qu’il s’agit d’un captage peu profond en nappe
alluviale ou d’un forage de plusieurs centaines de mètres de profondeur.
L’acquisition de ces données de base permet de disposer d’un ensemble cohérent
d’informations dès la réalisation de l’ouvrage.
Les contrôles particuliers 187

Ces données patrimoniales permettront d’adapter les opérations de maintenance


du forage. Il est évident que plus le rapport de forage sera riche en information
pertinentes plus il sera facile de détecter les éventuels dysfonctionnements. Ces
informations seront fondamentales pour réaliser un bon diagnostic en cas de baisse de
production et adapter les opérations de réhabilitation.
Enfin, il est souhaitable de coupler diagraphie et examen vidéo :
— à la réception de l’ouvrage ces opérations permettent de déceler une
éventuelle malfaçon et de prendre les mesures compensatoires qui s’imposent ;
— en exploitation, le couplage d’informations visuelles et physiques facilitent le
diagnostic d’une éventuelle défaillance.
Actuellement, il semble que le pourcentage d’ouvrages neufs d’AEP faisant
l’objet de contrôles complets par diagraphies, avant réception, ne dépasse pas 20 %
(étude Géotherma 1991, collection inter-agences de l’eau).
D’un point de vue contrôle, des diagraphies judicieusement choisies, permettent
notamment de vérifier :
— la qualité de la cimentation (position, vides, épaisseur, etc.),
— la position et l’état des tubages,
— l’état et le positionnement du massif de graviers .
L’ensemble de ces données (diagraphies et examen vidéo) constitue la base
historique fondamentale de l’état de l’ouvrage à son origine.

Figure 5-2
Corrélation entre logs électriques et « gamma ray » — Champ captant de Mikhili M2,
Djebel Akdar, Libye (d’après documents Arlab).

La figure 5-2 permet de mettre en évidence une anomalie résistante correspondant


à des calcaires secs (figuré pointillé) et une anomalie conductrice couplée à une
réponse négative au gamma ray qui correspond à une strate calcaire imbibée (figuré
noir). Dans cet exemple les calcaires imbibés sont conducteurs car l’eau qu’ils
contiennent présente un résidu sec de l’ordre de 2 g/l, elle est donc très conductrice
(2,5 ohm/m).
Les contrôles particuliers 188

Figure 5-3
Corrélation entre les caractéristiques géoélectriques enregistrées par diagraphie et les
résultats de forage. Zone de Qatif, Arabie Saudite (d’après document Arlab). La strate
résistante correspondant à des calcaires éocènes perméables est figurée en pointillé.
Les contrôles particuliers 189

Parmi de nombreux paramètres susceptibles d’être reconnus par diagraphie


signalons :
— le log visant à reconnaître la géométriques de l’ouvrage,
— le log température, utile sur les aquifères multicouches et sur les forages
profonds,
— le log débit ou micromoulinet, qui permet d’appréhender les flux au sein de
l’aquifère au repos et en exploitation.
Ces mesures se font le plus généralement par des méthodes qui mettent en œuvre
l’énergie électromagnétique, l’énergie acoustique et l’énergie nucléaire. Les variables
enregistrées peuvent être traitées grâce à de nombreux outils informatique qui
permettent, par corrélation de plusieurs variables, d’obtenir un diagnostic pertinent.

a) Carottage électrique
Le carottage électrique a pour but de préciser les cotes et la nature des terrains
aquifères rencontrés en vue de leur exploitation. Cette méthode consiste à enregistrer,
en fonction de la profondeur, deux courbes liées, l’une à la résistivité, l’autre au
potentiel électrique des terrains traversés.
— La résistivité varie en réponse à un changement de la nature des roches. La
résistivité est inversement proportionnelle à la quantité d’eau contenue dans l’unité
de volume de la roche considérée et à la conductivité de cette eau.
— Le potentiel varie (polarisation spontanée) en fonction de deux paramètres
distincts : l’électrofiltration et l’électroosmose :
• l’électrofiltration est le résultat du mouvement des eaux se dirigeant vers
l’intérieur du niveau poreux, ce qui montre une anomalie négative à
l’aplomb de ces couches poreuses et engendre une force électromotrice. Le
sens de cette anomalie peut, tout en montrant des potentiels positifs,
indiquer une couche à forte pression débitant dans le forage.
• l’électroosmose est la force électromotrice proportionnelle au logarithme
du rapport de leur résistivité entre deux électrolytes différents.

b) Carottage acoustique
Le carottage acoustique permet de déterminer la structure de la roche, sa
lithologie, la porosité relative de différentes formations. Il peut aider à localiser les
venues d’eau les plus importantes dans les roches semi-consolidées ou consolidées
(grès, conglomérats, roches ignées). Il peut permettre aussi de préciser le niveau
statique de la nappe et détecter les nappes suspendues et les fractures éventuelles.
Il mesure la vitesse de propagation d’un signal acoustique créé par une source
électromécanique dans le forage. Il faut se souvenir que le rocher ou les grains d’une
matrice rocheuse sont meilleurs conducteurs de la vague acoustique que le fluide
situé dans les pores.
Les contrôles particuliers 190

c) Méthodes nucléaires
Chaque formation émet des radiations parmi lesquelles on note l’émission de
rayons gamma. En introduisant dans le forage une source radioactive génératrice de
rayons gamma (Césium 137 ou Cobalt 60 par exemple), on peut créer une dispersion
de ces rayons. Cette méthode, appelée rayons gamma-gamma permet d’obtenir une
courbe de densité des terrains testés. En général, plus la densité est élevée, plus la
porosité est faible. Les détecteurs sont des compteurs à scintillation réglés pour
détecter les rayons gamma les moins énergétiques. Ces rayons diffusés par effet
Copton ont perdu le plus d’énergie et proviennent donc d’une zone éloignée mais ne
dépassant généralement pas 15 cm.
Le carottage par neutrons donne une indication sur la porosité totale d’un milieu
saturé et également sur le degré d’humidité d’un milieu non saturé.

d) Mesures des diamètres


En connaissant le diamètre exact du forage, on peut déterminer l’importance de
l’érosion au cours de la foration, la présence d’argile gonflante ou de bancs de grès
résistants dans une formation tendre, ou encore, des fissures dans le calcaire.

e) Mesures thermométriques
Les mesures de température dans les forages permettent d’obtenir les
renseignements suivants :
— détection des périodes de recharges saisonnières,
— localisation d’une perte d’injection ou d’une venue d’eau,
— étude de la circulation des fluides du terrain derrière le tubage,
— repère du niveau de remontée du ciment derrière le tubage après cimentation.
La température en chacun des points du fluide dépend :
— de la conductibilité thermique de la roche adjacente,
— de la distance à partir de la surface,
— du gradient géothermique.
En général, le gradient géothermique est plus grand dans les formations à grande
conductivité hydraulique.
Pour détecter des pertes de fluide de forage, on fait une mesure après arrêt de la
circulation, puis, après une nouvelle circulation de boue, on refait une seconde
mesure. Au droit du niveau absorbant, la boue est plus froide.
Pour détecter une venue d’eau, il faut extraire une partie de la boue et l’on
constate qu’au-dessous de la venue d’eau, la température est inférieure à la
température de la venue d’eau.
Les contrôles particuliers 191

f) Micromoulinet
Cet appareil sert à mesurer les vitesses de courants verticaux à l’intérieur des
forages dans des terrains de bonne tenue, non tubés ou crépinés dans des terrains
granulaires. Il dispose d’une hélice qui produit un courant électrique quand elle
tourne, ce signal est transmis et enregistré à la surface. En fonction du nombre de
tours de l’hélice, et par référence à un étalonnage préalable, on obtient une mesure de
vitesse du courant, fonction directe du débit puisque la section du forage est
constante.
On peut localiser aussi des pertes de circulation et des zones plus ou moins
aquifères.
Cet appareil permet de faire des essais statiques (mesure des vitesses naturelles de
la nappe) et des essais dynamiques au cours desquels on accélère les vitesses de
circulation naturelle par injection d’eau ou, le plus souvent, par pompage, à niveaux
constants et en régime permanent.
Les essais s’effectuent par différence de niveau de 0,10 à 0,50 mètre et par paliers
descendants puis remontants. Lorsque la vitesse apparente du courant est plus grande
à la descente, cela signifie que le courant est ascendant et vice-versa.
Le micromoulinet ne donne qu’un ordre de grandeur des perméabilités relatives
des différents horizons aquifères. Enfin, il permet dans des forages en exploitation de
mettre en évidence la zone productrice de l’aquifère.

g) InterprétationIl existe un très grand nombre de techniques de diagraphie et nous


n’avons cité que les plus utilisées dans le forage d’eau. Ces techniques proviennent
de l’industrie du pétrole et sont très sophistiquées.
Le traitement du signal a notamment beaucoup évolué ainsi que les méthodes
d’acquisition. Il est maintenant possible d’inspecter un forage avec différentes sondes
qui enregistrent en permanence un grand nombre de paramètres. Leur traitement sur
calculateur permettra de bien identifier les différentes formations traversées, leurs
caractéristiques, et d’obtenir facilement des corrélations entre différents forages au
sein d’un champ captant.
A partir de l’ensemble des résultats obtenus, l’interprétation des couches
lithologiques, des anomalies constatées, l’appréciation des possibilités aquifères de
certaines formations devient possible.
Le tableau V-II définit les paramètres à prendre en compte pour corriger les
données géophysiques.
Les contrôles particuliers 192

TABLEAU V-II — Paramètres géophysiques à suivre.

Type de log Diamètr Fluide de Tubage Paramètres à prendre en compte


e forage
mini.
(mm)
Résistivité et Résistivité de la boue, diamètre,
résistances 57 Nécessaire non tubé température pour les quantités
utilisées.
Potentiels Résistivité de la boue, diamètre,
spontanés 57 Nécessaire non tubé température pour les quantités
utilisées.

Non nécessaire tubé ou Résistivité de la boue et diamètre


Rayons gamma 57 mais souhaité non tubé pour les quantités utilisées.

Résistivité de la boue et diamètre


Rayons 57 Non nécessaire tubé ou pour les quantités utilisées ainsi
que le fluide de la formation et la
gamma-gamma mais souhaité non tubé densité de la matrice
Diamètre du trou, fluide de la
Acoustique 57 Nécessaire tubé ou formation et vitesse dans la
matrice pour les quantités
non tubé utilisées
Comme les rayons gamma, avec
Neutron 57 Non nécessaire non tubé en plus la température, la salinité
de la boue et la composition de
mais souhaité la matrice
Calibreur 51 Non nécessaire tubé ou aucun
mais souhaité non tubé

Température tubé ou aucun


51 Nécessaire non tubé
Micro- 51 Nécessaire non tubé Diamètre du trou pour le log de
moulinet vitesse

5.3.4 Essai des couches aquifères


a) Méthode
Lorsque la coupe lithologique est établie et que les niveaux aquifères sont
reconnus, il est possible de faire un essai d’eau rapide.
Pour un essai dans des terrains de bonne tenue (rocher, conglomérats, grès durs),
on allégera la boue. On procède ensuite à un abaissement du niveau de l’eau dans le
forage, puis, on observe la remontée du niveau. Cela permet de déterminer un débit
approché.
Dans les formations plus tendres, le forage de reconnaissance étant poussé
jusqu’au fond de la couche aquifère, on alésera le trou jusqu’au toit de cette couche.
On descend alors une colonne d’essai. constituée d’un tube plein (pour la zone
Les contrôles particuliers 193

improductive) et d’une crépine (pour la zone aquifère). L’essai de rabattement peut


alors être mené en notant le volume d’eau extrait en fonction du temps et en mesurant
la durée de remontée. On déterminera ainsi une capacité spécifique grossière,
inférieure à la réalité, mais utile pour donner une idée globale de la productivité de
l’ouvrage.

b) Relation entre rabattement et débit


Bien que la variation du rabattement en fonction du débit soit spécifique à chaque
forage, il a été possible, à l’aide d’un grand nombre d’exemples, d’établir une courbe
moyenne rabattement-capacité pour les deux cas, forage en nappe libre et forage en
nappe captive ou artésienne (cf. figure 5-4).

100

80
Pourcentage de débit

Nappe libre
60

Nappe captive
40

20

0 20 40 60 80 100
Pourcentage de rabattement

Figure 5-4
Relation générale rabattement-débit en nappe libre et en nappe captive.

Ces courbes permettent de prévoir comment un forage dans lequel un essai a


donné une valeur de rabattement pour un débit donné, se comportera pour des valeurs
différentes du débit ou du rabattement.

Supposons un forage dans une nappe libre de 30 mètres de profondeur avec un niveau
statique à 10 mètres. Au cours d’un essai à 20 m3/h, le niveau dynamique s’établit à 12
mètres, soit un rabattement de 2 mètres.
Les contrôles particuliers 194

Nous voulons estimer le débit pour un rabattement de 5 mètres. Si on considère que


100 % de rabattement correspond à 20 mètres, 2 mètres de rabattement équivaut à 10 %
du rabattement total et à 18 % du débit maximum. Un rabattement de 5 mètres
représenterait 25 % du rabattement total, ce qui correspond sur le graphique ci-dessus à
42 % du débit maximum. Donc, pour un rabattement de 5 mètres, le forage pourra
débiter :
42 3
18 . 20 = 46,5 m /h
Le même forage en nappe captive (courbe du bas) donnera, pour 10 % de rabattement,
12 % du débit maximum. Pour 5 mètres de rabattement, ou 25 % du rabattement total,
nous aurons 30 % du débit maximum. Le forage pourra donc débiter, pour un rabattement
de 5 mètres :
30 3
12 . 20 = 50 m /h

5.3.5 L’équipement
A la fin de la foration et avant d’équiper, il est parfois nécessaire de vérifier
quelques paramètres tels que la verticalité du trou ou l’absence d’aspérités qui
pourraient gêner la descente du tubage.
— Pour débarrasser le trou de toutes les aspérités indésirables, il existe un outil
spécial, l’aléseur. Cet outil comporte des rouleaux striés, en acier très dur et inclinés à
la périphérie Les diamètres de ces outils se situent de 6” ou 6”1/2 à 24” ou 26”.
— La vérification de la verticalité est aussi très importante pour favoriser la mise
en place de la colonne d’exploitation. Une déviation de 0,25 à 0,50 % est acceptable à
condition que la rectitude soit correcte. Au-delà, il peut y avoir des problèmes qui
affecteront le fonctionnement de la pompe. En général, le CCTG, article 10-4, admet
une verticalité des tubes de soutènement définitif avec un angle de 1 degré
sexagésimal par tranche de 30 mètres, par rapport à la verticale. Citons pour mémoire
quelques méthodes de contrôle de la verticalité.
• Dispositif avec un disque en matière plastique. L’appareillage consiste à
utiliser un mât et une poulie dont l’axe sera à une hauteur déterminée (3
mètres en général). Un « plomb » est suspendu à la poulie par un câble qui
traverse un disque. Placé à la surface du trou, ce disque gradué indiquera
les différentes valeurs de l’inclinaison du câble à chaque opération (tous les
3 mètres).
• Appareil comportant un container étanche et un pendule. La force de
gravité est contrecarrée par un courant électromagnétique que l’on mesure.
Les valeurs de l’intensité correspondent à des angles d’inclinaison.
• Appareil comportant un ensemble boussole-pendule et une caméra. Il
permet de donner l’inclinaison du forage et l’azimut de cette inclinaison.
Une photographie est prise à intervalles réguliers pour avoir la position du
pendule et de l’aiguille de la boussole.
• Soulignons qu’il existe différents autres types d’inclinomètres :
gyroscopique, chimique, thermique ou mécanique qui mesurent la
déviation d’un pendule.
Les contrôles particuliers 195

a) La mise en place des tubes d’équipement


Avant la descente des tubes d’équipement, il faut vérifier la longueur des
éléments et placer à intervalles réguliers les arceaux de centrage (centreurs) sur les
tubes. De plus le tube qui sera descendu au fond du forage sera équipé d’un bouchon
de pied, appelé bouchon de décantation qui permettra de collecter et stocker les
particules fines qui peuvent pénétrer dans le forage.
On distingue trois modes de pose différents pour les crépines :
— posée au fond du forage, la partie supérieure étant libre et protégée par un
casing,
— suspendue définitivement au moyen d’un cône de suspension,
— prolongée par un tube d’exhaure plein jusqu’à la surface.

Quelle que soit la méthode employée, il faut être attentif, lors de la descente de la
colonne de tubes, à un certain nombre de paramètres.
— ne pas manipuler les tubes sans leur protection de filetage,
— inspecter les filetages qui doivent être propres et graissés,
— éviter de cogner les tubes et surtout les crépines contre des pièces métalliques,
— visser lentement au début pour engager correctement le pas de vis,
— ne pas laisser tomber librement une colonne dans le forage,
— ne pas placer les tubages en compression (rupture ou courbure de la colonne),
— au fur et à mesure de la descente, contrôler la longueur introduite pour
connaître la position exacte du pied de la colonne.
Si, pour une raison quelconque, la colonne de tubage est coincée dans le forage, il
ne faut pas forcer le passage mais remonter la colonne rapidement.
Le tableau V-III résume les différentes méthodes de mise en place des crépines de
captage, avec ou sans massif filtrant, dans différents forages.
Rappelons que les crépines doivent satisfaire à certaines caractéristiques
essentielles.
— Elles doivent avoir un coefficient d’ouverture le plus élevé possible et être en
contact avec un massif très perméable.
— Les orifices doivent comporter des lèvres lisses, sans ébarbures. Ils doivent
avoir une section croissante avec le sens du courant.
— La dimension des orifices doit être fonction de la courbe granulométrique de
la formation. La vitesse recommandée de pénétration de l’eau dans la crépines ne
devant pas excéder 3 cm/seconde. En effet, à cette vitesse, les risques d’incrustation
et d’érosion sont très réduits.
— Il faut choisir une qualité de matériau qui puisse résister à la corrosion et à
l’utilisation de jets sous pression.
Les contrôles particuliers 196

TABLEAU V-III — Choix des méthodes de mise en place des crépines en


fonction de la profondeur des forages et de la présence de massif filtrant
additionnel, (d’après R. LAUGA, 1990).
Forage Forage Forage avec sans
profond moyen peu massif massif Description de la méthode
profond filtrant filtrant
Descente de la crépine en fond de
X X forage sous protection d’une colonne,
puis remontée de la colonne hors de la
formation aquifère.
Descente de la crépine en fond de
X X X forage dans un trou foré sans colonne de
protection dans la formation aquifère.
Mise en place d’une crépine par la
X X méthode de cuillérage.

Mise en place d’une crépine par lavage


X X X au jet au moyen d’un sabot à clapet à
ressort.
Mise en place d’une crépine sans sabot
X X à clapet.

Mise en place d’une crépine avec clapet


X X à balle flottante en plastique.

Mise en place d’une crépine et gravier


X X X filtre introduit entre deux colonnes de
tubes : tube d’extension de la crépine et
tube de protection.
Mise en place d’une crépine avec
X X X massif de gravier introduit entre deux
colonnes de tubes dont l’extérieur est
remonté.
Mise en place d’une crépine sur cône de
X X X X suspension, introduction du gravier.
Circulation inverse.
Mise en place d’une crépine dans un
X X X casing perforé par la méthode du wash
down.
Mise en place d’une crépine dans un
X X X casing perforé par circulation inverse.

Mise en place d’une crépine dans un


X X X casing perforé par la méthode du cross
over.
Mise en place d’une crépine,
X X X gravillonnage en open hole et
circulation inverse.
Mise en place d’une crépine,
X X X gravillonnage en open hole et par cross
over.
Les contrôles particuliers 197

b) La mise en place du gravier additionnel


Un massif de gravier, pour être efficace et permettre les opérations de nettoyage
et de développement dans de bonnes conditions, doit avoir une épaisseur minimale de
3” (75 mm) sur le rayon. Par expérience, il est admis qu’il est inutile de dépasser 8”
(200 mm). Le massif filtrant doit avoir son niveau supérieur nettement au-dessus du
toit de la couche aquifère ou du sommet de la crépine. Le tableau suivant indique le
volume de gravier (en litres par mètre linéaire de forage) à mettre en place en
fonction des diamètres du forage et des tubes d’équipement (en pouces). Les tableaux
de conversion entre les principales unités françaises et anglo-saxonnes sont donnés en
annexes I et II.

TABLEAU V-IV — Volume de gravier en fonction des diamètres du forage et de


la crépine.

Diamètre
du forage Diamètre extérieur de la crépine en inches (pouces)
en pouces
4 6 8 10 12 16 18 20 24 26
8 24,3 14,2
10 42,5 32,4 18,2
12 64,8 54,7 40,5 22,3
14 91,2 81,1 66,9 48,7 26,4
16 126,6 111,5 97,3 79,1 56,7
18 156,1 145,9 131,7 113,5 91,2 34,5
20 194,5 184,4 170,3 152,0 129,7 72,9 38,5
24 283,7 273,6 259,5 241,2 218,9 162,1 127,6 89,2
26 330,7 324,3 310,1 291,9 269,6 212,8 178,4 139,8 50,6
28 389,2 379,0 364,9 346,6 324,3 267,5 233,1 194,5 165,3 54,7
30 447,9 437,7 423,6 405,3 383,0 326,3 291,9 253,3 264,1 113,5
36 648,5 638,4 624,3 606,0 583,7 526,9 492,4 454,0 364,8 314,2
42 885,7 875,6 861,4 843,2 820,9 794,5 729,7 691,1 602,0 551,3
48 1 159,3 1 149,2 1 134,9 1 116,8 1 094,5 1 037,7 1 003,2 964,8 875,6 824,9

Remarques à propos du tableau : il faut ajouter 10 % à la valeur trouvée pour prendre en compte
les variations du diamètre du forage et la compaction. L’épaisseur du massif filtrant ne doit pas
être inférieure à 3”. Il faut monter le massif filtrant au moins trois mètres au-dessus de la dernière
crépine.

D’autre part, une mauvaise mise en place du massif de gravier peut


considérablement réduire son efficacité. Un problème qui intervient parfois lors du
gravillonnage est celui de la ségrégation entre les éléments grossiers qui tombent au
fond du forage et les éléments fins qui ont tendance à tomber moins vite, donc à
rester dans la partie haute du filtre. Ceci entraînera un pompage du sable au travers
des éléments grossiers du fond alors que la partie haute (éléments plus fins) ne
laissera passer qu’un faible débit.
Les contrôles particuliers 198

Cela se produit notamment lorsque le coefficient d’uniformité du gravier est


supérieur à 2,5. C’est aussi le cas lorsque le gravier est simplement jeté dans l’espace
annulaire depuis la surface. La séparation qui se produit au travers de l’eau ou de la
boue peut entraîner, à la moindre obstruction, la formation de pont de graviers
laissant subsister un vide au-dessous. Cette méthode simpliste de gravillonnage est
donc à éviter.
On distingue deux modes principaux de mise en place du gravier : par gravité et
par un circuit continu sous pression.
— Gravillonnage par gravité : cette méthode concerne surtout les forages peu
profonds. Le massif filtrant est mis en place dans l’espace annulaire par
l’intermédiaire d’un tube conducteur muni d’une trémie à sa partie supérieure. Le
tube amène le gravier au fond du forage et est remonté au fur et à mesure de
l’introduction. On peut instaurer une circulation d’eau (normale ou inverse) pour
faciliter ce type de gravillonnage.
— Gravillonnage par circuit continu sous pression. : pour les forages profonds,
la méthode couramment employée consiste à introduire le gravier dans une boue
légère ou dans l’eau, en circulation inversée. Le gravier, « suspendu » dans la boue
ou l’eau et refoulé par la pompe, se met en place de bas en haut autour de la crépine.
Enfin, dans le cas de gros forages dans des aquifères susceptibles d’être acidifiés
(craie, calcaire, dolomies) il est souhaitable de prévoir un dispositif permettant de
rajouter du gravier après acidification et développement.

c) La cimentation
Après avoir mis en place la totalité de l’équipement du forage, il est très souvent
nécessaire d’effectuer une cimentation. Cette cimentation a pour but, entre autres :
— de sceller la colonne de tubage aux parois du forage,
— d’isoler la nappe à exploiter des sources de pollution possibles ou d’éviter un
contact non souhaitable avec d’autres nappes.
Il faudra choisir la qualité du ciment en fonction de divers paramètres tels que la
nature des terrains et des eaux rencontrés, la température du terrain, le volume à
mettre en place, etc.
Pour les forages d’eau, généralement peu profonds, on utilise du ciment Portland
ordinaire. On peut également ajouter du ciment à prise rapide pour limiter le temps
d’immobilisation de l’atelier de forage.
Les aspects techniques de l’opération de cimentation ont été abordés au chapitre
III. Attention également à bien utiliser les ciments spéciaux qui conviennent en
fonction de la nature des formations géologiques traversées (gypse, eaux agressives,
etc.).
Les contrôles particuliers 199

5.3.6 Le développement
Nous ne reviendrons pas sur les différentes méthodes de développement détaillées
au chapitre III. A ce stade du contrôle, on s’assurera du respect du protocole défini :
pistonnages, air lift, injection de produits chimiques, etc.
Il faudra vérifier notamment la bonne mise en place du système de
développement. Ainsi, pour une opération d’air-lift, les paramètres à suivre seront les
suivants :
— La longueur totale du tube d’air devra être au moins égale à 2,5 fois la
hauteur totale d’élévation, rabattement compris, (se référer à la figure 3-18 et au texte
y afférent).
— On donnera au tube d’eau quelques mètres de plus qu’au tube d’air.
— Il conviendra de vérifier la pression d’air au démarrage, ainsi que le volume
d’air disponible.
— Diamètres du tube d’eau et du tube d’air en fonction du débit.
— Contrôle de la capacité spécifique. Une formation peut être débarrassée du
sable sans que le classement des éléments restés en place soit optimum. Il faudra
effectuer un contrôle par comparaison du rabattement de la nappe pour un même
débit, avant et après le développement ou par des mesures du coefficient de
perméabilité.
A ce stade du contrôle, il est souvent utile de vérifier une seconde fois la cote du
massif filtrant. En effet, il arrive souvent, voire toujours, que sous l’effet du
développement, le gravier se tasse. Il est alors nécessaire de rajouter du gravier
jusqu’au niveau initialement déterminé.

5.3.7 Les pompages d’essai


Le but essentiel des pompages d’essai est de déterminer le débit d’exploitation du
forage et les caractéristiques hydrogéologiques de la nappe qu’il exploite, c’est-à-dire
les valeurs de la transmissivité et du coefficient d’emmagasinement. La connaissance
de ces paramètres permet d’appréhender l’évolution de la nappe et l’influence du
pompage d’exploitation.
Les essais de débit permettent de construire expérimentalement les courbes ou les
droites représentatives des fonctions qui régissent l’écoulement des eaux souterraines
vers les ouvrages de captage.
Le détail de toutes les opérations constituant un pompage d’essai a été vu au
chapitre IV. Nous ne définirons ici que l’essentiel des contrôles à effectuer au cours
d’un tel essai.
— Cet essai doit toujours être effectué sur un forage complètement développé et
nettoyé, de façon à caractériser de manière stable ses propriétés. A la fin des
opérations de nettoyage, l’eau pompée doit donc être parfaitement propre et exempte
de sable. Cette règle doit être scrupuleusement suivie par le contrôleur.
— Durant les opérations de nettoyage, le foreur aura pu estimer un ordre de
grandeur du débit maximum de l’ouvrage ; cette valeur permettra de choisir la pompe
destinée aux essais de débit.
Les contrôles particuliers 200

— Il faut relever systématiquement le niveau piézométrique avant la mise en


route de la pompe (niveau statique).
— Il est important de fixer un certain nombre de paliers de débits, croissants et
réguliers. Le contrôleur doit s’assurer de la régularité des débits et de leur exactitude.
Il faut éviter notamment de pomper très fort dès le début.
— Il doit s’assurer également de la rectitude de la stabilisation débit/rabattement
à la fin de chaque palier. La valeur du niveau dynamique doit alors être notée.
— Il faut suivre pas à pas la remontée du niveau de l’eau dès l’arrêt du pompage
et ce, jusqu’au retour à l’état initial (niveau statique).
— Toutes les mesures de la descente et de la remontée doivent être consignées
sur une feuille de pompage qui sera donnée à l’hydrogéologue chargé de
l’interprétation. Rappelons que l’utilisation d’enregistreurs de capteurs de pression
facilite grandement la tâche.
— Il est nécessaire de prendre un échantillon d’eau à la fin du pompage pour
effectuer des mesures bactériologiques et physico-chimiques. Aussi convient-il de
prendre les dispositions nécessaires à l’avance, et notamment de prévenir les
préleveurs des organismes officiels chargés de l’analyse.
Cette méthodologie doit être imposée au foreur par le contrôle car elle permettra
dans tous les cas :
— d’effectuer une interprétation en régime transitoire et en particulier de tracer
une courbe caractéristique du forage,
— de définir à partir de cette courbe, le débit critique du forage, et, par la suite,
son débit d’exploitation et la profondeur de la pompe,
— d’effectuer une interprétation en régime permanent,
— d’effectuer par la suite des comparaisons fiables sur l’évolution de l’état du
forage, et, en particulier, de son éventuel colmatage dans le temps.

5.3.8 Fiche de forage


Il appartient au contrôleur de noter, au fur et à mesure de la réalisation de
l’ouvrage, tous les éléments qui serviront à établir la « carte d’identité » de l’ouvrage,
c’est-à-dire toutes les caractéristiques géologiques, hydrogéologiques, mécaniques,
hydrauliques, etc.
Ces éléments seront essentiels pour la réception définitive de l’ouvrage.
Pour être complète et efficace, la fiche de forage doit notamment comporter les
renseignements suivants :
— Généralités :
• coordonnées de l’ouvrage (latitude, longitude, altitude) complétées
éventuellement, par des renseignements de type administratif (nom du lieu,
numéro de carte géographique, etc.),
• dates de début et fin de foration,
• dates de début et fin de pompage,
• nom de l’Entreprise de forage,
• date de réception définitive de l’ouvrage,
Les contrôles particuliers 201

• nom du contrôleur ou du bureau de contrôle.


— Etudes réalisées :
• photo-interprétation (O/N),
• géophysique (O/N),
• autres.
— Coupe géologique :
• coupe lithologique très détaillée,
• nature de l’aquifère capté,
• nature de la fracturation si elle existe et indication de la direction
principale,
• cotes des venues d’eau,
— Coupe technique :
• profondeur de foration, diamètres de foration,
• différents types de foration employés (rotary, marteau fond de trou, etc.) et
nature du fluide de foration,
• vitesses d’avancement de l’outil dans les différentes formations,
• nature des équipements, diamètre des tubages, qualité, épaisseur,
profondeur.
• descriptif des réductions,
• présence ou non de cimentation,
• type et description du dispositif de largage de la colonne captante,
• nature et position des centreurs de la colonne captante,
• nature et granulométrie du massif filtrant, cote du sommet,
• type de la crépine, diamètre et qualité, ouverture des fentes,
• profondeur de l’ouvrage à la mise en exploitation.
— Caractéristiques hydrauliques de l’ouvrage :
• débit de fin de foration,
• débit et durée du développement,
• niveau piézométrique du ou des aquifères, date de la mesure,
• date et caractéristiques du pompage d’essai,
• courbe de productivité débit/rabattement,
• log-débit (micro moulinet),
• transmissivité, cofficient d’emmagasinement,
• débit spécifique,
• débit maximum autorisé.
— Caractéristiques des équipements d’exhaure :
• date d’installation de la pompe,
• marque et type de pompe,
• courbe de la pompe,
• profondeur de l’aspiration,
Les contrôles particuliers 202

• nature et diamètre de la colonne d’exhaure,


• débit d’exploitation.
— Qualité des eaux :
• date de l’échantillonnage,
• résultats des analyses bactériologiques et physico-chimiques de l’eau.
Notons qu’il existe des logiciels fonctionnant sur micro-ordinateur (cf. chapitre
VIII) qui permettent de suivre la réalisation d’un forage et d’éditer le rapport de
forage.

5.4 Réception des travaux de forageL’exécution d’un captage d’eau


est une opération délicate et complexe et il est essentiel, pour obtenir un ouvrage
présentant les meilleures garanties possibles, d’en assurer ou d’en faire assurer le
contrôle en continu.
Ce contrôle doit être effectué par un spécialiste du forage, dénommé selon les cas,
superviseur, ingénieur de forage, contrôleur, hydrogéologue, ... Ce dernier est un
technicien expérimenté qui connaît toutes les subtilités du métier et qui saura prendre
les décisions qui s’imposent pour faire respecter les règles de l’art.
Il faut bien prendre conscience que la réalisation d’un forage présente des risques
techniques dont les conséquences financières sont très importantes. La mission du
superviseur est donc fondamentale, pendant toute la durée d’exécution du forage. Il
vérifiera la bonne exécution du programme technique et sera l’observateur objectif
qui fournira au maître d’ouvrage des éléments fiables sur le déroulement du chantier.
Comme nous l’avons vu, sa mission comporte notamment de :
— s’assurer des moyens techniques de l’entreprise de forage,
— vérifier la conformité du matériel utilisé,
— contrôler la mise en place des tubages et du massif de gravier,
— vérifier les paramètres de forage en cours d’opération,
— diriger les opérations de développement,
— superviser l’exécution des essais de puits,
— s’assurer que toutes les opérations de contrôle ont été effectuées en vue de la
réception.
Il veillera notamment à la propreté du chantier et à la désinfection du matériel, de
nombreux problèmes de pollution bactériologique apparaissant à la suite de travaux
réalisés dans de mauvaises conditions d’hygiène. L’introduction de germes lors des
travaux conduit parfois à des ensemencements bactériens favorisés par les conditions
de température de l’eau de l’aquifère et la nature du milieu. Ces problèmes, quand ils
ont lieu, sont difficiles à résorber alors qu’il est simple de respecter des conditions
d’hygiène lors des travaux.
Le superviseur est responsable du rapport de fin de travaux, où toutes les
opérations doivent être indiquées selon la chronologie des événements.
Réception des travaux de forage 203

Enfin, il est difficile, sauf dans des cas très particuliers, de connaître à l’avance la
coupe géologique de façon précise et l’équipement qu’aura le forage. Ainsi, le maître
d’ouvrage a une enveloppe estimative du coût du chantier, fondée sur les bases d’un
calcul théorique et fonction du bordereau de prix unitaire de l’entreprise. La réalité de
chantier est toujours différente et il doit faire face à des dépenses imprévues :
immobilisation du chantier, temps d’instrumentation, temps de développement,
d’essai de puits, nombre d’acidification, longueur du tubage, etc. L’effet pervers que
l’on observe parfois est la conséquence de l’estimation du coût qui entraîne certains
maître d’ouvrage à masquer d’éventuels dépassements de poste et à les remplacer par
d’autres. On assiste ainsi à l’apparition de forages dont les caractéristiques sur le
papier sont assez différentes de celle du terrain car il était plus facile de gonfler
artificiellement certains postes intangibles (immobilisation de l’atelier, essais de
pompage, développement) pour masquer des dépassements de longueurs de tubages
ou de crépines ou tout incident éventuel. Ces « arrangements » à court terme ont pour
conséquence de fausser les directives de maintenance et bien évidemment les
diagnostics de réhabilitation.
Il est fondamental, dans l’intérêt des exploitants et dans le cadre d’une gestion
saine, que les travaux de forage soient réalisés dans la clarté et qu’ils débouchent sur
des rapports fiables. La non-information et les petits arrangements financiers sont le
reflet de vues à court terme sans fondement éthique, et il convient d’abandonner
définitivement ces pratiques.

5.4.1 Pompage de réception


Il est parfois nécessaire de vérifier certains points clés, garants de la qualité et de
la pérennité de l’ouvrage. C’est le cas notamment du pompage de réception au cours
duquel les caractéristiques du forage seront étudiées à nouveau. Pour cela, il sera
nécessaire d’établir une courbe caractéristique débits/rabattements permettant de
déterminer :
— le débit spécifique,
— le débit critique,
— le débit maximum d’exploitation.
Ces données permettront d’établir un bilan comparatif (de « santé ») lorsqu’on
soumettra le forage à de nouveaux tests, et de connaître le moment où il devient
nécessaire de réhabiliter le forage.
Par ailleurs, il faut impérativement contrôler soigneusement la qualité de l’eau. A
ce titre, des échantillons (d’un volume minimum de 2 litres) seront prélevés au cours
du pompage de réception. Il convient de profiter de ce pompage d’essai, si tant est
qu’il soit suffisamment long, pour effectuer les prélèvement d’eau pour les analyses
européennes.

5.4.2 Contrôle par caméra-vidéo


Le contrôle par caméra-vidéo est conseillé pour la réception des ouvrages
profonds ou si l’on a rencontré quelques difficultés particulières lors des travaux.
Seul cet examen permet de mettre en évidence des défauts éventuels de réalisation
(déformations, vissages défectueux, crépines colmatées ou mal positionnées, etc.).
Réception des travaux de forage 204

Il est souhaitable que le maître d’œuvre assiste à cette opération. Cet examen peut
être couplé à une mesure des débits par micromoulinet qui permet de bien cerner les
zones productives, par exemple dans un aquifère calcaire karstique. Cela permettra
d’établir par la suite des comparaisons de productivité et de décider dans le futur des
traitements de réhabilitation.
Dans la mesure du possible, il est bon de procéder à un pompage à un débit
proche de celui de l’exploitation pendant l’inspection caméra. Cela permet de
visualiser des éventuelles remontées de sable, mais ce n’est pas toujours possible à
cause de difficulté du passage du câble de la caméra à côté de la pompe.

5.4.3 Contrôle par diagraphie


Bien que coûteuse, une telle investigation est recommandée, notamment
lorsqu’on a rencontré des problèmes à la foration, ou lorsque le pompage final ne
donne pas les résultats escomptés.
Le contrôle par diagraphie de type gamma ray permet de reconstituer la coupe
géologique en cas de doute et de contrôler l’adéquation entre la coupe technique et la
coupe géologique.
Une diagraphie de type gamma-gamma permet de visualiser les raccords de
tubages et la localisation des zones crépinées. Elle permet également de vérifier les
cotes du massif filtrant.
On sondera enfin la profondeur du forage pour en vérifier la cote.

5.5 Conclusion
Le contrôle des travaux au sens large représente une étape essentielle dans la
réalisation du forage d’eau. Le bureau d’étude est responsable de la bonne réalisation
de l’ouvrage. Il est l’interlocuteur direct de l’Entreprise et a sous sa responsabilité, la
supervision d’un certain nombre de points importants dans le déroulement des
travaux, notamment :
— les prélèvements d’échantillons de terrain,
— les profondeurs forées,
— la détermination de la cote des arrivées d’eau ainsi que leur débit,
— la conformité des équipements en relation avec les caractéristiques des
formations géologiques rencontrées,
— la granulométrie du massif filtrant, s’il est nécessaire,
— le suivi de tous les incidents de forage,
— le contrôle des quantités de matériaux mises en œuvre,
— la durée du développement et la qualité des eaux d’exhaure (échantillons),
— la détermination des essais de débit et leur interprétation.
Conclusion 205

Outre le caractère de surveillance, principalement destinée à déceler les


problèmes de foration et à y remédier rapidement, le rôle du contrôle consiste à
laisser une trace écrite de toutes les étapes des travaux. A partir de ces notes,
regroupées dans un cahier de chantier et une fiche de forage, il sera possible, à
n’importe quel moment de la vie de l’ouvrage, de retrouver les caractéristiques
originelles du forage et ainsi, d’établir des comparaisons indispensables à sa bonne
gestion.
Enfin, aucun captage d’eau souterraine destiné à l’alimentation humaine ne
devrait plus être réalisé sans la formalisation, au terme de son exécution, d’un dossier
technique suffisamment complet pour que les conditions initiales soient clairement
identifiées. Dès lors que ces dernières sont disponibles, l’entretien du captage n’est
plus qu’une question de volonté politique du maître d’ouvrage.
CHAPITRE VI

Gestion des ouvrages


« Qui ne sait rien, de rien ne doute »
P. Gringoire

Le captage d’eau souterraine est un élément essentiel de l’alimentation en eau


potable des populations. Il joue un rôle socio-économique très important et sa
défaillance a toujours des conséquences immédiates. A ce titre, la protection,
l’entretien et le suivi de l’ouvrage constituent autant de points clés dans sa gestion.
Or, le vieillissement d’un ouvrage est un phénomène inéluctable qui se traduit
invariablement par une diminution de la productivité. Tout exploitant doit alors
s’interroger sur cette baisse de rendement : s’agit-il de la nappe qui n’est plus à même
de fournir le débit initial (modification du niveau statique ou des conditions
d’alimentation de l’aquifère), d’une défaillance du système de pompage ou bien
d’une amorce de colmatage de l’ouvrage ?
A ce stade, il convient d’envisager la réalisation d’un « bilan de santé » du
captage pour déclencher en temps opportun les opérations de réhabilitation
nécessaires.

6.1 Protection du forage et du champ captant


Une fois le forage réalisé, il convient de le protéger contre toute source de
pollution extérieure. Pour cela, les captages sont entourés d’un certain nombre de
zones de protection (cf. chapitre II).
La vulnérabilité des nappes aux diverses pollutions est conditionnée par plusieurs
facteurs :
— le pouvoir filtrant du réservoir,
— l’épaisseur de la zone non saturée du réservoir,
— la vitesse d’écoulement des eaux souterraines : elle intervient sur les
phénomènes de dilution, dégradation et fixation de certains produits polluants,
— la protection naturelle de l’aquifère : la présence au-dessus de la nappe d’une
couche imperméable assure une protection naturelle efficace contre les pollutions de
surface,
— le type de nappe : les nappes libres sont plus vulnérables que les nappes
captives moins accessibles.
Protection du forage et du champ captant 208

6.1.1 Régime des eaux souterraines


Un forage ne se contente pas de capter l’eau au voisinage immédiat des crépines.
Les lois de l’hydrodynamique sont telles qu’il existe un périmètre, plus ou moins
grand, dans lequel la nappe d’eau souterraine est soumise aux influences du pompage.
On peut définir ainsi un rayon d’influence autour de chaque ouvrage de captage (voir
également paragraphe 4.5.3).
A la mise en marche de la pompe, l’eau contenue dans le trou de forage est
extraite en priorité et le niveau baisse aussitôt. Cette baisse entraîne un déséquilibre
de pression de part et d’autre de la paroi et l’eau de la nappe s’écoule de l’extérieur
vers l’intérieur de l’ouvrage de captage. Dans ces conditions, la surface
piézométrique se creuse et prend la forme d’un cône de révolution à génératrice
curviligne. Deux cas peuvent se présenter :
— en régime permanent, la forme et l’étendue du cône de dépression sont
invariables,
— en régime transitoire, ces paramètres varient dans le temps.
Au début d’un pompage à débit constant, le niveau de l’eau dans le forage
descend rapidement, en régime transitoire, et au fur et à mesure que le pompage se
prolonge, le niveau de l’eau s’abaisse de plus en plus lentement et tend à se stabiliser.
On atteint alors un régime quasi permanent.
Le régime permanent rigoureux est la limite idéale vers laquelle peut tendre le
transitoire mais d’une façon générale l’écoulement des eaux souterraines vers un
forage s’effectue en régime transitoire.

6.1.2 Répercussion d’un pompage sur une nappe


Nous avons vu que, lors d’un pompage, la surface piézométrique se creuse pour
former un cône de dépression dont la profondeur et l’étendue croissent avec le temps
(cf. figure 6-1).

a) Forme du cône de dépression


La forme de la dépression n’est pas réellement un cône au sens géométrique du
terme, mais une surface de révolution curviligne, convexe vers le haut. La forme de
cette courbe est déterminée par deux paramètres :
— la profondeur centrale, qui correspond au rabattement dans le forage, appelée
niveau dynamique,
— le rayon du cône qui détermine son étendue. C’est la distance à laquelle le
rabattement est nul en théorie (ou dans la pratique, trop faible pour être mesurable).
C’est le rapport entre ces deux dimensions qui définit la forme du cône. De son
côté, la forme du profil de dépression dépend du débit pompé et des caractéristiques
de l’aquifère (épaisseur et perméabilité), donc de sa transmissivité. Ainsi, pour un
débit de pompage donné, le rabattement en un point sera d’autant plus grand que la
transmissivité sera faible.
Protection du forage et du champ captant 209

Captage en
Captage pompage
au repos Q
Sol Sol

Niveau statique Cône de


R
de la nappe dépression

Niveau
dynamique
H

Substratum
imperméable

Figure 6-1
Principe de fonctionnement d’un captage d’eau souterraine en nappe libre (à substratum
horizontal).

Dans le cas d’une nappe libre, le débit du pompage est donné par la formule de
Dupuit :

2 2
! K (H – h )
Q=
2,3 log R/r

avec :
Q : débit de pompage en m3/h,
K : coefficient de perméabilité de la nappe, sans dimension,
H : hauteur en mètres du niveau statique par rapport au fond du trou,
h : hauteur en mètres du niveau dynamique par rapport au fond du trou,
(H – h) représente alors le rabattement de la nappe en cours de
pompage,
R : rayon d’influence du pompage,
r : rayon du forage en mètres.

Lorsque le pompage a lieu dans une nappe captive, le cône de dépression n’est
plus une limite d’écoulement et on a un cône de dépression théorique (cf. figure 6-2).
Protection du forage et du champ captant 210

La formule de Dupuit est alors la suivante :

2! K e (H–h)
Q=
2,3 log R/r
avec :
Q : débit de pompage en m3/h,
K : coefficient de perméabilité de la nappe, sans dimension,
H : hauteur en mètres du niveau statique par rapport au fond du trou,
h : hauteur en mètres du niveau dynamique par rapport au fond du trou,
(H –h) rabattement de la nappe en cours de pompage,
R : rayon d’influence du pompage,
r : rayon du forage en mètres,
e : épaisseur en mètres de la couche aquifère.

Captage en
Captage pompage
au repos Q
Sol Sol

Niveau Cône de dépression


statique R théorique
de la nappe
Formation
imperméable
Niveau
dynamique
H

h
e

Substratum imperméable

Figure 6-2
Principe de fonctionnement d’un captage d’eau souterraine en nappe captive (forage
artésien non jaillissant).

b) Evolution du cône de dépression


Pendant le pompage à débit constant, le cône de dépression s’approfondit et
s’étend. Cette évolution est de plus en plus lente et définit le rayon d’influence du
pompage. On appelle rayon d’influence la distance au-delà de laquelle le rabattement
n’est plus perceptible. L’évolution vers une stabilisation apparente est plus ou moins
rapide selon les propriétés des terrains.
Protection du forage et du champ captant 211

Sans trop entrer dans les détails techniques des équations qui régissent
l’écoulement des eaux souterraines lors d’un pompage (cf. chapitre IV), soulignons
simplement que l’application de la théorie du régime transitoire et des formules qui
en dérivent permet en principe :
— de calculer la valeur numérique des coefficients du terrain en partant des
mesures de débit et de rabattement (rôle essentiel des pompages d’essai),
— de prévoir par la suite les rabattements causés par un pompage.

c) Ecoulement des nappes en condition de pompage


En conditions naturelles, un aquifère est en état d’équilibre dynamique. Le
pompage dans un forage modifie cet équilibre et provoque un rabattement de la
surface de la nappe. Cela induit des écoulement d’eau de l’extérieur vers l’intérieur
du captage ; il faut alors distinguer deux zones (cf. figure 6-3) :
— la zone d’influence est la zone dans laquelle les niveaux sont influencés, donc
rabattus par le pompage,
— la zone d’appel est la partie de la zone d’influence dans laquelle l’ensemble
des lignes de courant se dirigent vers le forage de pompage. Elle est comprise dans
l’aire d’alimentation du captage qui se prolonge en amont jusqu’à une limite du
système.
Toute pollution intervenant dans la zone d’appel aboutira au captage. La limite
aval de cette zone est prise souvent comme limite du périmètre de protection
rapprochée.
La détermination de la zone d’appel est basée sur la formule de Theis, utilisable
en régime transitoire. Si on connaît la surface piézométrique de la nappe, on trace les
courbes d’isorabattement autour du forage en fonction du débit choisi. Ces cercles
vont recouper les hydroisohypses de la surface libre de la nappe en certains points et
il devient possible de calculer les valeurs modifiées de la charge hydraulique. A partir
de ces points, on pourra construire la surface piézométrique rabattue par le pompage.
Le tracé des lignes de courant permet de définir la zone d’appel du forage.
Les dimensions de ces zones varient en fonction du débit de pompage et sont
essentielles lors de la création des périmètres de protection des ouvrages de captage.

6.1.3 Périmètres de protection


La détermination des périmètres de protection des captages d’eau potable est un
acte dont les conséquences peuvent être importantes pour la collectivité, tant sur le
plan sanitaire qu’économique. Cette étude est longue et complexe. Elle doit être
effectuée par un hydrogéologue agréé en matière d’hygiène publique.
Les périmètres proposés doivent assurer une sécurité optimale pour la protection
des eaux distribuées sans pour autant avoir une extension excessive, incompatible
avec les contraintes de coût.
Comme nous l’avons déjà vu au chapitre II, on distingue une zone de protection
immédiate, une zone de protection rapprochée et une zone de protection éloignée.
Protection du forage et du champ captant 212

Aire d'alimentation
VUE EN COUPE Zone d'appel
Ligne de partage
Zone d'influence des eaux

ouvrage de
A'
captage
Surface
du sol
Cône de
A rabattement

Niveau de Substratum
la nappe

VUE EN PLAN

Directions
d'écoulement

A A'

Courbes de
rabattement

Zone d'influence du captage


Zone d'appel du captage
Aire d'alimentation du captage

Figure 6-3
Schéma d’un pompage en milieu poreux (d’après document du BRGM).

— Le périmètre de protection immédiate (ppi) a pour fonction d’empêcher la


détérioration des ouvrages de prélèvement et d’éviter que des déversements ou des
infiltrations de substances polluantes se produisent à l’intérieur ou à proximité
immédiate du captage.
— Le périmètre de protection rapprochée (ppr) doit protéger efficacement le
captage vis-à-vis de la migration souterraine des substances polluantes. Il est
déterminé en fonction :
• des caractéristiques de l’aquifère et de l’écoulement souterrain,
• du débit maximal du forage,
Protection du forage et du champ captant 213

• du pouvoir de fixation et de dégradation du sol et du sous-sol vis-à-vis des


polluants,
• du pouvoir de dispersion des eaux souterraines,
• de l’importance du rabattement du niveau d’eau lors du pompage,
• de la durée et de la vitesse de transfert de l’eau entre les points d’émission
de pollutions possibles et le point de prélèvement dans la nappe.
— Le périmètre de protection éloignée (ppe) prolonge éventuellement le
précédent pour renforcer la protection contre les pollutions permanentes ou diffuses.
Les principales étapes conduisant à la prise d’une DUP sont présentées au
chapitre II.

a) Estimation du pouvoir épurateur des terrains


Le pouvoir épurateur du sol et de la zone non saturée est important pour éviter la
propagation d’une pollution en direction de la nappe. Ils jouent un rôle
particulièrement déterminant vis-à-vis des problèmes d’assainissement.

TABLEAU VI-I — Pouvoir épurateur du sol dans l’aquifère,


(d’après W. REHSE, 1977 ).

Description du matériau L (m) I = 1/L

a) 100 0,01
Gravier peu silteux, beaucoup de sable b) 150 0,007
c) 170 0,006
d) 200 0,005
a) 150 0,07
Gravier fin à moyen, riche en sable b) 200 0,005
c) 220 0,0045
d) 250 0,004
a) 200 0,05
Gravier moyen à grossier, peu de sable b) 250 0,004
c) 270 0,0037
d) 300 0,0033
a) 300 0,0033
Graviers, galets b) 340 0,0029
c) 360 0,0028
d) 400 0,0025

L est la distance horizontale nécessaire pour une épuration.


Les différentes vitesses sont :
. a = vitesse inférieure à 3 mètres par jour,
. b = vitesse comprise entre 3 et 20 mètres par jour,
. c = vitesse comprise entre 20 et 50 mètres par jour,
. d = vitesse supérieure à 50 mètres par jour.
Protection du forage et du champ captant 214

W. REHSE a proposé en 1977 une méthode empirique pour évaluer le pouvoir


épurateur, lors du transfert d’un polluant, de la surface du sol jusqu’à l’aquifère par
circulation verticale, puis en circulation horizontale dans l’aquifère jusqu’au captage.
Les différentes catégories de sols peuvent être classées en fonction de leur
granulométrie. L’auteur a défini les épaisseurs de sol nécessaires, en conditions non
saturées, pour une épuration des eaux polluées. Il détermine, pour différents
constituants de l’aquifère, une longueur de trajet, fonction de la vitesse effective,
nécessaire pour compléter cette épuration dans la couverture (cf. tableau VI-I) et dans
l’aquifère (cf. tableau VI-II).

TABLEAU VI-II — Pouvoir épurateur du sol dans la couverture (sol + zone non
saturée), (d’après W. REHSE, 1977). H est l’épaisseur de la couche de sol
nécessaire pour une épuration. I représente un index caractéristique associé à
chaque type de terrain.

Description du matériau H (m) I=1/H

Humus, 5-10 % humus, 5-10 % argile 1,2 0,8


Argile sans fentes de retrait, limon argileux, sable très argileux 2 0,5
Silt argileux à silt 2,5 0,4
Silt, sable silteux, sable peu silteux et peu argileux 3,0-4,5 0,33-0,22
Sable fin à moyen 6 0,17
Sable moyen à grossier 10 0,1
Sable grossier 15 0,07
Gravier silteux riche en sable et argile 8 0,13
Gravier peu silteux, beaucoup de sable 12 0,08
Gravier fin à moyen riche en sable 25 0,04
Gravier moyen à grossier, peu de sable 35 0,03
Galets 50 0,02

H. BÖLSENKÖTTER (1984) a complété cette méthode en l’étendant aux milieux


fissurés (cf. tableau VI-III).

TABLEAU VI-III — Pouvoir épurateur des roches,


(d’après H. BÖLSENKÖTTER) et al., 1984).

Description du matériau H (cm) I = 0,5/H

Marnes 10 0,05
Grès avec couches argileuses, argiles, micaschistes phyllites 20 0,025
Basaltes et roches volcaniques 30 0,017
Grauwacke, arkoses, grès argileux ou silteux 50 0,01
Granite, granodiorite, diorite, syénite 70 0,007
Quartzites, grès à silex 100 0,005
Calcaire 200 0,0025
Protection du forage et du champ captant 215

b) Rabattement
Le critère de rabattement est lié aux concepts de zone d’influence et zone d’appel
définis précédemment. Il est très important de délimiter la zone d’appel du captage
car toute pollution intervenant dans cette zone aboutira, à terme, au captage.

c) Temps de transfert
Ce paramètre est basé sur le temps qu’il faut à un polluant pour se déplacer du
point d’entrée dans la nappe jusqu’au captage. Il faut également tenir compte du
transfert dans la zone non saturée.
A l’intérieur de la zone ou aire d’alimentation du captage, on définit des courbes
d’égal temps de transfert ou isochrones. La zone de transfert est d’autant plus étendue
que la protection du captage est meilleure.
Selon la méthode retenue pour le calcul du temps de transfert (temps convectif,
temps modal ou temps d’arrivée), la distance imposée entre le captage et la limite du
périmètre de protection variera. Notons que la méthode la plus employée est celle qui
est basée sur le temps convectif, c’est-à-dire celle qui fait intervenir la vitesse
effective.

d) Distance
La délimitation du périmètre de protection repose dans ce cas sur la détermination
d’un rayon ou d’une distance mesurée entre le forage et un point concerné. Ce critère
a l’inconvénient de ne pas tenir compte des processus d’écoulement et de transfert du
polluant.

e) Limites d’écoulement
Une délimitation des périmètres de protection basée sur ce critère consiste à
utiliser les caractéristiques physiques, topographiques ou hydrogéologiques qui
contrôlent l’écoulement : les limites peuvent être par exemple une rivière, un canal,
une ligne de partage des eaux, une faille, les limites d’alimentation ou une limite
étanche (limite d’aquifère).

f) Etat des prescriptions techniques dans les pays de la CEE


Nous résumons dans ce chapitre les prescriptions techniques caractérisant les
différents pays de la CEE. Cette synthèse a été réalisée par J-C. ROUX, 1992. Il
apparaît que selon les pays, les normes des périmètres ou zones de protection sont
plus ou moins prescrites :
— En Allemagne (RDA avant réunification) : la zone I (ppi) est comprise entre 5
et 100 m, la zone II (ppr) correspond à un temps de transfert de 60 jours, la zone III
(ppe) est divisée en IIIA de 10 ans et en zone IIIB de 25 ans.
En Allemagne (ex RFA), la zone I doit être d’au moins 10 m autour du captage, la
zone II doit correspondre à un temps de transfert de l’eau souterraine de 50 jours, la
zone III s’étend jusqu’à la limite du bassin versant; elle peut être subdivisée en zone
IIIA et IIIB.
Protection du forage et du champ captant 216

— En Belgique, pour la Flandre, la zone de prélèvement doit être de 20 m autour


du captage, la zone I de protection doit correspondre à un temps de transfert de 24
heures, la zone II à un temps de transfert de 60 jours, et de 150 m minimum pour les
aquifères artésiens et 300 m pour les autres, et la zone III peut s’étendre jusqu’en
limite du bassin d’alimentation avec un maximum de 2 000 m.
— Au Danemark, aucune directive n’est précisée dans les textes quant à la
distance de la limite de la zone de protection ou à son critère de dimensionnement.
— En Irlande, la zone IA doit être supérieure à 10 m, la zone IB comprise entre
10 et 30 m de rayon et la zone IC entre 300 et 1 000 m.
— En Italie, le périmètre de protection immédiate n’est pas inférieur à 5 m, et le
périmètre rapproché à 200 m. Mais en Lombardie on applique un temps de transfert
de 60 jours pour la protection rapprochée et de 365 jours pour la protection éloignée.
— Aux Pays-Bas, la première zone de protection (« Catchment area »)
correspond à un minimum de 60 jours de transfert et quand cela est possible de
100 jours ou 1 an. Du fait du très faible gradient des nappes, l’écoulement est lent (10
à 20 m/an) et donc l’extension de la zone I va de 30 à 150 m. La deuxième zone dite
« de protection » correspond à un temps de transfert de 10 ans, enfin une troisième
zone correspond à un temps de transfert de 25 ans. Ces deux dernières zones
s’étendent sur 800 à 1 500 m des captages.
— Au Royaume-Uni, pour la Yorkshire W.A., la zone de protection correspond
à 150 jours de transfert dont 50 dans l’aquifère non saturé. Pour la Severn Trent A.,
cette zone a un rayon de 1 km autour du captage. Pour la Southern W.A., la zone de
protection correspond à un temps de transfert de 50 jours, soit en normalisation, à
0,5 km en aquifère poreux et 1,2 ou 5 km dans la craie.
D’une manière générale les critères de dimensionnement des périmètres
correspondant au pouvoir épurateur, à la zone d’alimentation et au temps de transfert
qui est généralement égal à 50 jours pour les pays disposant de normes. En tout état
de cause, les réglementations et les procédures d’application restent encore assez
disparates dans les différents états de la Communauté Européenne.

g) RésuméLe tableau VI-IV résume les moyens à mettre en œuvre et les méthodes
pouvant être utilisées pour délimiter les périmètres de protection, en fonction du
critère retenu.
Il faut bien prendre conscience du fait que chaque cas de protection de captage est
un cas particulier qui dépend du degré de vulnérabilité de la nappe, des risques de
pollutions chroniques ou accidentelles, des temps de transfert et des conditions aux
limites. Les interdictions et réglementations à l’intérieur des différents périmètres de
protection sont appréciées par l’hydrogéologue agréé et consignées dans la DUP.
Les mesures à prendre à l’intérieur des trois périmètres de protection sont
sommairement les suivantes :
— A l’intérieur du périmètre de protection immédiate, les terrains doivent être
achetés et clôturés par la collectivité exploitante.
— A l’intérieur du périmètre de protection rapprochée, les utilisations possibles
du sol sont plus ou moins restreintes en fonction de la vulnérabilité de l’aquifère et
ces interdictions doivent faire l’objet d’indemnisations.
— A l’intérieur du périmètre de protection éloignée, on ne parle pas
d’interdiction mais de réglementation des activités, installations et dépôts pouvant
présenter un danger de pollution.
Protection du forage et du champ captant 217

TABLEAU VI-IV — Moyens et méthodes de délimitation des périmètres,


selon le critère retenu.

Critère Moyens à mettre en œuvre Méthodes

Etude pédologique
Pouvoir épurateur Etude du recouvrement : Méthode de Rehse
du recouvrement sondages, perméabilité,
minéralogie, chimie.
Piézométrie Détermination graphique ou par
Rabattement Pompages d’essais le calcul de la zone d’appel ou
Modèles hydrodynamiques modèles
Piézométrie
Pompages d’essais Calcul du temps de transfert ou
Temps de transfert Traçages abaques de modélisation pour la
Modèles de transfert détermination des isochrones
Etude du recouvrement
Bilan hydraulique
Limites Traçages Nomogramme ou nomographe
d’écoulement Analyses chimiques
Piézométrie
Cartographie
Pouvoir épurateur du Multiples.
Distance arbitraire recouvrement (carte de
vulnérabilité)
Piézométrie
Traçages

Note : les études d’environnement et les moyens tels que cartographie et analyses
chimiques sont nécessaires dans tous les cas.

Dans la pratique, on se borne souvent à considérer le périmètre de protection


éloignée comme une zone sensible à l’intérieur de laquelle la réglementation générale
(applicable à l’ensemble du territoire national) doit être utilisée en priorité et avec
une attention particulière. Cependant, une prise de conscience généralisée de la
nécessité de protéger l’eau et la nouvelle loi sur l’eau sont autant d’éléments qui vont,
à terme, faire évoluer les contraintes sur les ppe. Des décrets sont actuellement en
préparation, notamment en matière de protection contre les pollutions diffuses. Il
semble que l’on s’oriente vers une protection mieux appréhendée et basée sur
l’expertise croisée de plusieurs spécialistes : hydrogéologue mais aussi agronome,
pédologue, etc.
Protection du forage et du champ captant 218

Enfin, la protection sera de plus en plus orientée vers une approche quantifiée des
risques et les dispositions de protection qui vont en découler seront nécessairement
plus étendues et plus contraignantes.

6.2 L’exploitation des captages


Sur le plan bibliographique il n’existe que très peu d’articles traitant de
l’exploitation des captages d’eau souterraine. On trouve des indications générales
dans des ouvrages traitant de l’exploitation des eaux (Mémento de l’exploitant de
l’eau et de l’assainissement) mais très peu spécifiquement rédigées pour les captages.
Les grands exploitants d’eau disposent cependant de documents de synthèse et de
notes de doctrine à vocation interne.
Pour exploiter correctement un captage d’eau souterraine, on doit impérativement
considérer que le captage et le pompage sont indissociablement liés. On ne saurait en
aucun cas gérer l’un sans l’autre. Trois conditions sont essentielles pour assurer la
gestion de cet ensemble particulier que constituent le captage et son pompage.

a) Adapter la pompe aux caractéristiques hydrauliques du captage


Il est fondamental que l’ouvrage soit équipé en fonction de ses caractéristiques
propres, identifiées au vue des résultats des pompages d’essai, et non en fonction des
besoins à couvrir. La surexploitation d’un captage entraînera immanquablement des
phénomènes graves d’ensablement, de corrosion, de colmatage, etc. Il convient soit
de réaliser d’autres ouvrages d’appoint dont on ne pourra fixer les consignes
d’exploitation qu’après avoir réalisé des essais, soit d’augmenter les capacités de
stockage par la création de réservoirs.
La pompe est un élément essentiel du captage. Elle doit être dimensionnée en
fonction de nombreux critères :
— caractéristiques du réseau d’exhaure (forage directement connecté au réseau
après une simple chloration, on forage alimentant en eau brute une installation de
traitement) ;
— équipement de l’ouvrage, position des crépines, localisation de la chambre de
pompage, diamètre des équipements, etc. ;
— caractéristiques hydrogéologiques locales, position du niveau piézométrique,
du niveau dynamique, du régime de pompage prévisible ;
— NPSH de la pompe, en particulier pour les ouvrages dont le niveau
dynamique est très bas (aquifère peu épais, risque de vortex),
— risques d’interférence avec d’autres forages au sein d’un champ captant ;
— position géographique du captage par rapport aux unités de traitement,
l’installation de limiteurs de débit permet notamment de minimiser les oscillations du
niveau de la nappe en exploitation.
L'exploitation des captages 219

b) La connaissance des paramètres patrimoniaux


La connaissance des données patrimoniales est un élément essentiel pour une
bonne gestion. Les paramètres d’exploitation de l’ouvrage doivent absolument être
mis à la disposition des exploitants. Dans cet esprit la direction régionale parisienne
ouest de Lyonnaise des Eaux-Dumez qui gère environ 150 forages a utilisé une base
de données qui permet de disposer de l’ensembles des paramètres patrimoniaux. Des
sorties sur papier permettent de disposer de toutes les variables de l’ensemble des
forages au sein de chaque champ captant. Ces données regroupent notamment :
— la coupe technique de l’ouvrage,
— les principales caractéristiques physico-chimiques de l’eau,
— la position du niveau statique et du niveau dynamique à différents débits
(courbe caractéristique),
— le débit spécifique de l’ouvrage,
— la position de la pompe et ses caractéristiques,
— le débit d’exploitation maximum à ne pas dépasser, etc.
Un exploitant ne peut pas gérer correctement ses captages sans avoir
connaissance de ces informations patrimoniales. A défaut de cette information de
base, aucune surveillance n’est possible et par suite, aucun entretien préventif.

c) Les équipements techniques


Pour juger du bon fonctionnement d’un captage d’eau souterraine et déceler une
anomalie, il est nécessaire que l’installation soit pourvue d’un minimum
d’équipements techniques, au demeurant peu onéreux. Conformément aux
recommandations des agences de l’eau, ces appareillages sont, pour les équipements
de pompage :
— Un compteur d’eau.
Quel que soit son principe (compteur de vitesse, compteur volumétrique,
compteur à ultra sons, etc.), équipé ou non d’une tête émettrice, il doit permettre :
• de connaître le volume total pompé,
• de mesurer le débit instantané.
— Un compteur horaire par pompe.
Il enregistre le nombre d’heures de fonctionnement de la pompe, ce qui sert à la
fois à contrôler sa durée de vie et à calculer le débit moyen d’exploitation dans une
période donnée par division du volume pompé pendant la même période.
— Un ampèremètre par pompe.
Il mesure l’intensité absorbée par la pompe. Cette intensité, même lorsque la
hauteur manométrique de refoulement varie, reste toujours dans la même fourchette
mais, le plus souvent, elle est à peu près fixe. Par conséquent, une intensité anormale
aura toujours une signification, qu’elle soit positive ou négative.
L'exploitation des captages 220

— Un voltmètre.
Il est utile, surtout dans certaines installations rurales où le réseau peut, à certains
moments, accuser des baisses de tension. Dans la mesure où une baisse de tension se
traduit, à puissance égale, par une augmentation d’intensité, le voltmètre peut être
utile pour effectuer ce contrôle.
— Un manomètre.
Installé en tête de puits ou à proximité, il permettra de faire des contrôles divers,
notamment sur le bon fonctionnement de la pompe, en vérifiant les différents points
de sa courbe débit/ pression, ainsi que de vérifier si les conditions de refoulement
sont normales.
— Un dispositif de protection des pompes contre le désamorçage.
Il peut être de différentes conceptions (sondes de niveau, relais de puissance,
flow-switch, etc.) mais, en plus de son rôle de protection, il est un bon indicateur de
la défaillance de la ressource (arrêts selon une fréquence anormale par déclenchement
du système de protection).
— Une prise d’échantillon pour analyses.
Pour les captages non équipés de pompes, essentiellement les sources, le jaugeage
est un élément de contrôle indispensable, ainsi que la possibilité technique d’installer
un contrôle de niveau (limnigraphe).
La pratique montre également qu’il est nécessaire que le captage soit équipé, au
refoulement de la pompe, d’un piquage permettant d’évacuer l’eau pompée sans
passer dans le réseau. Ce dispositif permet notamment de faire des essais de pompage
divers, de stériliser le puits et d’évacuer l’eau, etc.
Pour le captage lui-même :
— Un tube piézométrique permettant, à condition de disposer d’une sonde de
niveau, de vérifier les différents niveaux de la nappe (statique et dynamique).
— Eventuellement, un capteur de pression qui transmettra les mêmes indications
que ci-dessus, mais sous une forme permettant une exploitation informatisée.
Il convient également que le captage soit nivelé (en NGF) de manière à pouvoir
disposer des cotes piézométriques dans un ensemble cohérent de données.

6.3 Maintenance des captages


Même lorsque l’ouvrage de captage est correctement réalisé et protégé contre les
pollutions extérieures, son vieillissement au cours de l’exploitation est un phénomène
inéluctable. Il se traduit généralement par une baisse de sa productivité qui, en
l’absence de tout traitement curatif, peut amener à l’abandon pur et simple de
l’ouvrage.
Il convient donc d’essayer de retarder ce phénomène le plus possible.
La diminution du rendement d’un ouvrage peut avoir comme causes principales,
indépendantes ou liées :
— la dégradation des éléments mécaniques de l’ouvrage de captage (crépines,
pompe),
— le colmatage de l’aquifère autour de la crépine et/ou du massif de gravier,
Maintenance des captages 221

— une défaillance liée à la ressource,


— une défaillance liée à l’exploitation de l’ouvrage.
Avant de présenter les causes de la diminution du rendement d’un forage et les
interventions appropriées pour essayer d’y remédier, il convient de définir les
principes d’une bonne maintenance préventive des forages d’eau.

6.3.1 Eléments de base


Assurer la gestion d’un captage d’eau souterraine n’est possible qu’à la condition
expresse d’en connaître les principales caractéristiques.
— Caractéristiques de conception et de construction. A ce sujet, le document
essentiel est la coupe technique et lithologique du forage, détaillée au chapitre 5. Sans
revenir sur les détails de ce document, rappelons qu’il comporte des renseignements
importants sur la géologie des terrains rencontrés lors de la foration, sur les diverses
profondeurs (forée, équipée ou de l’horizon aquifère...), sur l’équipement de
l’ouvrage, sur la nature et la profondeur de la pompe, etc.
— Caractéristiques hydrauliques. Notamment le résultat des pompages d’essai
(débit, rabattement, transmissivité, et surtout, débit maximal d’exploitation conseillé).
— Qualité des eaux. Réglementairement, une analyse d’eau doit être effectuée
au terme des essais de débit longue durée qui suivent la réalisation d’un captage.
— Evolution des données dans le temps. Le rapprochement entre les données
d’origine et les données actuelles (avec éventuellement comparaison des valeurs
intermédiaires) constitue la base de données de l’ouvrage. Si les données d’origine
font défaut, il est impératif de réaliser des études complémentaires très sérieuses le
plus tôt possible (diagraphies, pompages d’essai, etc.) qui serviront de base pour les
comparaisons ultérieures.
Un cahier de consignes sera attribué à chaque forage. Dans tous les cas, ce cahier
sera complété régulièrement de tous les incidents ou interventions qui auront eu lieu
sur l’ouvrage depuis sa création (coupures d’électricité, venues de sable anormales,
travaux électriques, décolmatage, changement de compteur, de crépines ou de
pompes, etc.).

6.3.2 Entretien régulier


L’entretien d’un captage d’eau souterraine porte sur l’ensemble captage/pompage
et non pas sur l’un ou l’autre exclusivement. Pour cela, il faut avoir à l’esprit un
certain nombre de recommandations :
— Il faut maintenir en parfait état toutes les parties accessibles de l’ouvrage :
maçonnerie de protection, clôture, tête de forage, dispositifs d’évacuation des eaux,
tuyauteries visibles, etc. Le défaut d’entretien est, à ce niveau, une source importante
de contamination du forage.
— Il faut entretenir les accès. Le périmètre de protection immédiat doit être
propre et clôturé.
— L’entretien du pompage est tout aussi essentiel que celui du captage. Une
hydraulique en bon état est un des moyens de déceler un dysfonctionnement de
l’ensemble pompage/captage. Il faudra notamment remplacer régulièrement la
colonne de refoulement des pompes. Une vérification complète au moins tous les
Maintenance des captages 222

5 ans est nécessaire. Le contrôle de la pompe pourra être effectué en même temps
(remplacement des pièces d’usure).
— L’entretien des équipements de contrôle tels que manomètres, ampèremètres,
compteurs d’eau, etc., est un des éléments de gestion et de fiabilité de la production.
En effet, l’absence de comptage précis ne permet aucun contrôle sérieux du
fonctionnement d’un captage.
Le manque d’entretien est un mauvais calcul économique qui se traduit toujours
par une surcharge financière, car ce qui n’aura pas été fait en temps utile devra l’être
de toute façon, et souvent dans de mauvaises conditions, voire en situation de crise.

a) Entretien du pompage
On pourrait penser que l’entretien du pompage n’a pas d’effet direct sur le
captage ; la réalité est bien différente. En effet, les battements de la pompe au
démarrage et le nombre de chute de pompes immergées dans des forages montrent
bien l’incidence de la pompe sur le captage. Ces problèmes fréquents provoquent sur
les crépines ou les tubages des détériorations considérables. On cite même des
exemple de forages où une pompe est découverte en son fond, à l’occasion d’une
exploration par caméra et dont personne ne soupçonnait la présence.
Le manque d’entretien du pompage a une autre incidence directe sur
l’exploitation du captage au niveau des appareils de contrôle. Si le compteur d’eau ne
fonctionne pas ou si les appareils de mesure ne sont pas opérationnels, la surveillance
est difficile, voire impossible.
Ainsi est-il nécessaire de s’astreindre, aussi bien dans un but économique que de
santé publique, à procéder à un entretien convenable des matériels.
Petit entretien :
— maintenir en bon état toutes les tuyauteries de surface, la robinetterie et les
appareils de sécurité (clapet, anti-bélier, etc.),
— vérifier et changer régulièrement le comptage selon les prescriptions de
l’agence de l’eau concernée,
— maintenir en état opérationnelle l’installation de stérilisation,
— assurer la propreté et l’étanchéité de la tête de puits aux insectes et rongeurs,
— nettoyer les abords et les clôtures,
— vérifier régulièrement le matériel électrique de contrôle et de protection,
— nettoyer régulièrement, pour les sources, les chambres de décantation ou de
mise en charge,
— entretenir le drainage du périmètre immédiat pour éviter la stagnation d’eau
superficielle autour de l’ouvrage,
— vérifier après inondations (captages en bordures de rivières) que tout est en
ordre et qu’il n’existe pas d’affouillements autour de l’ouvrage.
Gros entretien
— Remonter la pompe tous les 3 ans pour contrôle de son état et surtout
remplacement éventuel de la colonne de refoulement.
Cette périodicité de 3 ans est moyenne et doit être appréciée au cas par cas. Pour
des ouvrages dont l’eau contient, par exemple, de l’H2S ou du fer, on peut avoir
intérêt à remonter la pompe chaque année. Dans tous les cas, on ne dépassera pas 5
ans, même pour les pompes qui fonctionnent peu, de façon à éviter la corrosion de la
Maintenance des captages 223

colonne (le plus souvent au niveau des filetages) et la chute de la pompe dans le
captage. Le vieillissement du câble est aussi un élément à prendre en compte.
On profitera de la remontée de la pompe pour mesurer la cote du fond de
l’ouvrage. La réalisation systématique de cette mesure à chaque remontée de pompe
permettra ainsi de déceler un éventuel dépôt de sédiments ou de sable, et de
programmer un nettoyage de l’ouvrage (extraction des sédiments), ainsi que d’en
rechercher l’origine.
— Réhabiliter les maçonneries notamment pour les sources, avant dépérissement
et en particulier les accès (portes et capots).

b) Entretien du captage
Les parties essentielles d’un captage, en dehors des sources et des puits de grands
diamètres, ne sont pas accessibles autrement que par des moyens spécifiquement
adaptés. Une intervention à l’intérieur de l’ouvrage nécessite donc, généralement, une
intervention spécialisée.
L’entretien du captage s’effectuera par conséquent à deux niveaux sur la partie en
relation avec la surface et sur la partie enterrée :
— La partie supérieure de l’ouvrage nécessite d’entretenir l’étanchéité entre le
tubage et la tête de puits. Des problèmes mineurs à ce niveau sont souvent la source
de pollutions bactériologiques. Ainsi par exemple, la corrosion du tubage au niveau
du radier de la tête de puits (corrosion à peine visible dûe à la présence d’humidité au
fond de la tête de puits) entraîne le percement de celui-ci et l’introduction dans le
captage d’écoulements d’eau polluée. On doit donc veiller à ce que la partie du
captage en liaison avec la surface demeure parfaitement étanche (peintures,
cimentations, etc.).
— La partie enterrée, c’est-à-dire tout l’équipement situé en dessous du sol, ne
peut faire l’objet que d’interventions périodiques d’entretien.
Il s’agit de faire prendre conscience aux exploitants de la nécessité de prévenir
plutôt que de guérir. La définition de l’entretien à réaliser est fonction de la nature de
l’aquifère capté, sachant que cet entretien sera d’autant moins coûteux que l’ouvrage
aura été bien conçu, bien réalisé, bien exploité et bien entretenu.
Sur un captage en aquifère calcaire, une acidification tous les 5 ou 10 ans peut se
révéler nécessaire pour conserver à l’ouvrage sa capacité de production initiale.
Pour un captage en aquifère sableux, un nettoyage à l’air lift peut être utile dans
les mêmes conditions. Dans d’autres cas où le colmatage est à craindre, un brossage
et une désinfection énergique de l’ouvrage peuvent constituer une bonne opération.
Maintenance des captages 224

C’est essentiellement le contrôle et le suivi qui vont permettre de définir à


l’avance la nature et la fréquence de l’entretien à réaliser, chaque captage ayant ses
caractéristiques propres.

Exemple de problème dû à un manque d’entretien.


Une pompe immergée d’un forage profond n’est pas vérifiée pendant plusieurs années
parce qu’elle fonctionne correctement. L’un des boulons d’assemblage d’une bride cède
sous la corrosion, et les trois autres ne résistent pas à l’effort de torsion des démarrages.
La pompe tombe au fond du forage.
Le résultat est le suivant :
— risque important de détérioration de la crépine lors de la chute de la pompe,
— risque de coincement sur un épaulement de tubage en cours de descente d’où
impossibilité de descendre une seconde pompe,
— nécessité de repêcher la première,
— production interrompue pendant l’opération,
— coût considérablement plus élevé que si la pompe avait été vérifiée et changée
préventivement.

6.3.3 Méthodes de contrôle


Rappelons qu’une donnée isolée n’a pratiquement aucune signification, même si
elle est anormale. C’est un ensemble de données qui permet de réaliser un diagnostic,
d’où la nécessité de gérer en continu selon une périodicité qui doit être appréhendée
et optimisée.

a) Suivi quantitatif
Sur le plan quantitatif, il existe deux sortes de données à suivre : celles qui
concernent la production globale de l’ouvrage et celles qui ont trait à sa productivité.
Lorsqu’un captage d’eau alimente une collectivité et que les besoins de celle-ci
augmentent, le débit d’exploitation n’étant pas extensible, c’est la durée du pompage
qui s’allonge.
Il faut donc suivre sur un graphique l’évolution des durées journalières moyennes
de pompage. Deux cas peuvent alors se présenter :
— Le débit d’exploitation reste constant. Tant que la durée du pompage
n’excède pas 20 heures par jour, la situation n’est pas alarmante. Au-delà de 20
heures, il y a lieu de trouver des ressources d’appoint. L’expérience montre qu’il faut
éviter d’exploiter un captage d’eau souterraine plus de 20 heures sur 24. En effet,
pendant les quelques heures de repos, la nappe peut reprendre son équilibre alors que
si le pompage est ininterrompu sur une longue période, toute la partie constituée par
le cône de rabattement reste asséchée. Cela est parfois suffisant pour déclencher des
phénomènes d’oxydation ou d’entartrage.
Maintenance des captages 225

— La durée de pompage s’accroît mais sans augmentation significative du débit.


C’est alors le cas d’une réduction de la capacité de production de l’ouvrage (captage
ou pompage).
Le suivi de l’évolution de la production est donc un des éléments de gestion du
captage. Par ailleurs, le contrôle et le suivi de la productivité sont essentiels car celle-
ci est significative de l’état du captage. Elle est définie notamment par son débit
spécifique, dont le maintien ou la baisse indique que l’ouvrage conserve ou non sa
capacité de production.
En règle générale, on considère que si les nouvelles valeurs sont inférieures de
plus de 10 % aux valeurs initiales, il y a début de vieillissement de l’ouvrage
entraînant une diminution de son rendement.
S’il n’y a pas de variations, il faut prévoir malgré tout un nouveau pompage
d’essai par paliers tous les deux ans (ce qui permettra en outre de vérifier l’état
mécanique de la pompe et de la nettoyer) à la même période que l’essai initial (pour
éliminer, autant que possible, les incidences d’une variation saisonnière du niveau de
la nappe).
La périodicité des contrôles de productivité est à adapter en fonction de
l’utilisation des ouvrages et de l’importance du champ captant. On prendra soin de
noter, entre autres, tous les éléments suivants :
— le niveau dynamique (ou statique si le forage est arrêté suite à un problème de
pompe ou à une coupure d’électricité), avec indication de l’heure et du jour, et de
l’opérateur, en utilisant toujours le même repère de mesure (le cas échéant, préciser la
hauteur d’eau par rapport au sol d’un nouveau repère) ;
— le débit instantané au compteur,
— le volume cumulé au compteur,
— l’intensité du réseau électrique,
— la pression sur manomètre en tête de colonne d’exhaure,
— le niveau statique sur d’éventuels forages voisins non exploités ou sur des
piézomètres.
Il faut savoir qu’un captage d’eau souterraine convenablement suivi donne
toujours à l’avance des signes précurseurs d’une défaillance future. A ce titre, les
essais de débit effectués régulièrement constituent le moyen le plus efficace pour
s’assurer que les caractéristiques de production de l’ouvrage restent stables dans le
temps. L’exemple, ci-après (cf. figure 6-4), représente l’évolution de la courbe
débit/rabattement d’un captage en cours de colmatage.

Exemple de signes précurseurs : on constate que lors de la seconde année d’exploitation,


la courbe indique que pour un débit d’exploitation stable de 30 m3/h, le rabattement est
passé de 2,40 mètres à 3,20 mètres, ce qui est un signe inquiétant et caractéristique d’une
perte de productivité (augmentation des pertes de charge dans l’ouvrage).
La quatrième année, il n’est plus possible d’obtenir 30 m3/h sans dénoyer la pompe qui se
trouve à 6 mètres sous le niveau statique.
L’ouvrage est colmaté. Au niveau dynamique originel de 2,40 mètres, le débit exploitable
n’est plus que de 17 m3/h.
Maintenance des captages 226

0 10 17 20 24 30 40 50
Débit en
m3/h

2
2,40
3
3,20

6
Courbe Courbe Courbe
4 e année 2e année originelle

Rabattement
en mètres

Figure 6-4
Evolution de la courbe débit / rabattement d’un forage en cours de colmatage.

Ainsi, grâce à un graphique simple, il est possible de suivre l’évolution d’un


ouvrage et de prévenir une défaillance avant que celle-ci ne crée des difficultés.

b) Suivi qualitatif
Il est nécessaire d’effectuer des prélèvements d’eau pour des analyses physico-
chimiques et bactériologiques complètes avec indication du jour, de l’heure, du débit
et de la durée de pompage préalable. La périodicité de ces mesures doit être de 3 ou 4
prélèvements par an ou plus, suivant l’importance de la ressource. La périodicité de
la mesure est, par ailleurs, soumise aux contraintes réglementaires (DDASS).
Le suivi régulier de ces caractéristiques présente un double intérêt :
— sur le plan sanitaire, il permet de déceler une éventuelle évolution de la
qualité de l’eau et de détecter des indices de pollution.
— sur le plan technique, l’évolution de certains paramètres peut permettre de
détecter une anomalie de fonctionnement de l’ouvrage ou de son environnement
proche, ainsi que de mieux comprendre les conditions de sa réalimentation.
La qualité bactériologique de l’eau prélevée est un bon indice de la protection
naturelle de la nappe mais aussi de la protection technique de l’ouvrage. Tout
percement du tubage ou détérioration de la cimentation se traduira par l’introduction
d’eau superficielle impropre. Rappelons que plusieurs analyses concordantes sont
nécessaires pour un bilan complet.
Maintenance des captages 227

Les éléments les plus couramment impliqués dans le cas de défaillances de


captages d’eau souterraine sont le fer et le manganèse. Ils représentent donc des
paramètres dont l’évolution est à suivre en relation avec les conditions d’exploitation
et d’environnement des ouvrages.
On veillera surtout à contrôler la teneur en fer et manganèse dans l’eau pompée,
chaque fois qu’une modification sera apportée au régime de pompage (accroissement
de débit) ou à chaque variation anormale de la nappe. En effet, c’est souvent dans ces
conditions qu’apparaissent des teneurs importantes en Fe et Mn, nécessitant de
coûteux traitements et induisant des risques de colmatage de l’ouvrage.
Deux autres paramètres sont importants : la conductivité et la température de
l’eau.
— La conductivité, élément peu évolutif en général, est représentative de la
concentration en sels dissous. Ses variations peuvent être l’indice d’une modification
structurelle de l’alimentation du forage. Par exemple la mise en communication de
plusieurs nappes sur un même captage par corrosion du tubage ou de la cimentation.
Le suivi de la conductivité est fondamental dans le cas d’un captage exploitant une
nappe littorale. Une forte augmentation de conductivité est significative d’une
intrusion d’eau saumâtre, voire salée, dans le forage.
— Le suivi de la température permet de déceler une modification de l’origine de
l’eau mais aussi de comprendre comment se comporte le forage par rapport à son
environnement, notamment pour les problèmes de réalimentation.
Ces deux paramètres sont extrêmement faciles à acquérir et ne constituent pas un
investissement majeur sur le plan financier.

c) Contrôle des constituants


Les captages d’eau souterraine comportent divers constituants tels que du béton,
du PVC, de l’acier etc. Or, tous ces matériaux se dégradent. De ce fait leur état
nécessite un contrôle régulier. Ainsi la nature et la périodicité des contrôles devraient
être définis à la construction. Le concepteur est le plus à même de savoir dans quel
environnement mécanique, hydraulique et physico-chimique vont se trouver les
matériaux constitutifs de l’ouvrage.
Ces contrôles concernent à la fois :
— la partie non captante :
• état des tubages (déformations, déchirements, percements, épaisseurs),
• état de la cimentation (décollements, destruction, fissures),
• état des liaisons entre les divers éléments.
— la partie captante :
• état intérieur de la crépine et position,
• homogénéité du massif filtrant.
Maintenance des captages 228

Il est important de vérifier l’état de la pompe. Pour cela, quelques essais de


débit/pression sont suffisants et, par comparaison avec les courbes initiales,
permettent de déceler les pertes de débit et l’usure de la pompe.
Il faut enfin contrôler l’environnement du captage, notamment les activités
humaines de proximité et le respect rigoureux des divers périmètres de protection.

6.3.4 Moyens de contrôle


Les défaillances des captages d’eau souterraine ne sont pas aisément détectable.
Comme nous l’avons vu précédemment, ce sont la plupart du temps des paramètres
indirects (perte de débit, variations des caractéristiques physico-chimiques ou
bactériologiques) qui donnent l’alerte. Dans ce cas, il est souvent trop tard et les
solutions deviennent onéreuses.
Il est donc primordial d’avoir un certain nombre de moyens de contrôle.
— Sur le pompage :
• un compteur d’eau permettant de mesurer le débit instantané et le cumul du
volume pompé,
• un compteur horaire pour chaque pompe, totalisant le nombre d’heures de
fonctionnement,
• un ampèremètre par pompe,
• un manomètre,
• un robinet de prise d’échantillons d’eau,
• un piège à sable permettant une visite facile,
• un piquage en dérivation pour faire des essais de débit sans refouler dans le
réseau.
— Sur le captage :
• un tube piézométrique pour mesurer les niveaux avec une sonde,
• des électrodes de protection contre le désamorçage.
— A la station :
• un chronomètre,
• une sonde de niveau,
• un thermomètre précis,
• une trousse d’analyse d’eau.
— Hors captage :
• un ou plusieurs piézomètres.
Toutes les mesures doivent être consignées sur un cahier de station.
Il est évident que plus on dispose de données, meilleures seront les possibilités de
détecter d’éventuelles anomalies. Toutefois, la périodicité des mesures sera fonction
de l’importance de l’ouvrage. Dans le cas d’un champ captant comprenant plusieurs
forages, les relevés pourront être journaliers. Par contre, si on exploite un seul forage
à un débit peu important, un relevé hebdomadaire est alors suffisant.
Maintenance des captages 229

Certains contrôles, plus importants par la nature des travaux qu’ils engagent,
devront être effectués avec une périodicité comprise entre 3 et 5 ans. C’est le cas par
exemple de la remontée de la pompe pour contrôle, et changement de la colonne de
refoulement. Il en va de même pour les examens par caméra vidéo et diagraphies
abordés précédemment.
Pour tous les forages, la périodicité des mesures doit être définie avec soin par un
spécialiste (notamment en fonction de l’âge et de l’état de l’ouvrage) et
scrupuleusement respectée par les exploitants.

6.3.5 Périodicité des mesures


En plus des observations régulières, il est nécessaire d’effectuer périodiquement
des vérifications précises. Il est largement souhaitable de respecter et surtout de
prévoir financièrement un cycle de vérifications périodiques du parc de forages. En
effet, tous les phénomènes susceptibles de se produire sur un captage d’eau
souterraine ne se manifestent pas de le même façon et ne sont pas toujours décelables
facilement. La corrosion d’un élément de l’ouvrage, par exemple, ne s’accompagne
pas nécessairement de signes annonciateurs avant la perforation. Ce n’est qu’une fois
le tubage ou les crépines perforés que certains indices permettent de penser qu’il y a
eu corrosion et percement. De manière à prévenir, plutôt que de guérir, il convient de
prendre des mesures systématiques de contrôle périodique. Ce cycle comportera, par
exemple, et sans que cette liste soit limitative, les opérations suivantes :

Tous les ans :


— un contrôle quantitatif avec un pompage d’essai ;
— un contrôle qualitatif, une analyse physico-chimique et bactériologique
complète de l’eau ;
— un bilan complet des données d’exploitation, c’est-à-dire :
• nombre d’heures de pompage,
• volumes pompés,
• débits mensuels moyens,
• consommation en énergie électrique ramenée au m3 pompé,
• évolution des niveaux piézométriques et dynamiques,
• comparaison des résultats de pompage d’essai avec les données initiales.
Tous ces éléments seront analysés et comparés avec ceux des années précédentes,
de manière à voir les éventuelles évolutions. Cette analyse sera particulièrement
caractérisée par deux éléments essentiels : la capacité de production de l’ouvrage
dont la stabilité ou la réduction sera l’indice d’une situation favorable ou non, et la
qualité de l’eau qui interviendra dans le même sens.
Des graphiques extrêmement simples montrant, par exemple, l’évolution du débit
spécifique dans le temps, peuvent être élaborés et donner de très précieuses
indications.
Maintenance des captages 230

Toutes ces données pouront renseigner une base de donnée forage ou à défaut être
archivées de manière à être disponibles et faciliter la maintenance de l’ouvrage.

Tous les 3 à 5 ans


Selon le type d’ouvrage et son régime d’exploitation il convient de procéder à
certains contrôles tous les trois à cinq ans. La réalisation de pompages d’essai, de
contrôles physico-chimiques, d’une diagraphie et d’un examen par caméra vidéo
représenteraient un optimum.
D’autres examens peuvent également être nécessaires selon le contexte de
l’ouvrage : log de température, acidification, ajout de gravier, contrôle de corrosion,
stérilisation, etc.
Les données acquises lors de ces contrôles seront comparées aux données
patrimoniales et archivées.
En terme de planning il est bon de coupler ce type d’intervention à la révision de
la pompe. Sur le plan financier ces examens ne représentent pas un investissement
significatif compte tenu des indications qu’ils apportent.

6.3.6. Résumé
Un captage d’eau souterraine qui fonctionne correctement est assuré d’un
minimum d’aléas en cours d’exploitation et d’une durée de vie maximum.
Pour obtenir les meilleures conditions de fonctionnement, il suffit de respecter les
règles élémentaires d’une bonne maintenance et d’une bonne gestion de l’ouvrage :
— adopter un rythme de pompage en rapport avec les caractéristiques et les
possibilités de l’ouvrage de captage. Eviter en particulier, dans la mesure du possible,
les démarrages trop fréquents et le pompage en continu 24 heures sur 24 ;
— respecter un niveau dynamique de l’eau en pompage qui ne dénoie en aucun
cas la crépine du captage. Le dénoiement des crépines est une cause important de
corrosion et peut faciliter le développement de biomasse colmatante ;
— ne pas dépasser le débit maximum d’exploitation de l’ouvrage ;
— disposer d’équipements de contrôle suffisants pour assurer un suivi continu ;
— entretenir régulièrement l’ouvrage ;
— ne pas tirer de conclusions hâtives et encore moins intervenir sur un captage
en cas d’anomalies sans l’avis d’un spécialiste expérimenté.
Vieillissement d'un ouvrage 231

6.4 Vieillissement d’un ouvrage


Malgré toutes les protections et tous les contrôles réguliers dont peut bénéficier
un ouvrage de captage, il est impossible de le maintenir éternellement en bon état. Le
vieillissement est donc un phénomène inéluctable qui s’accompagne de plusieurs
effets :
Phénomènes de corrosion :
— corrosion électrochimique,
— corrosion bactérienne.
Phénomènes de colmatage :
— colmatage mécanique,
— colmatage chimique,
— colmatage biologique.
Une enquête réalisée en 1991 par Géotherma montre que les causes les plus
fréquentes de dégradation des captages sont l’ensablement, l’entartrage et la
corrosion. Par ailleurs, l’analyse de l’enquête réalisée par cet organisme met en
évidence qu’un quart des problèmes survenant sur un forage vient de la vétusté de
l’ouvrage, un autre quart d’une exploitation anormale et le troisième quart d’une
mauvaise conception du forage. Cela signifie que les facteurs d’origine humaine
interviennent pour les 3/4 des problèmes alors qu’un quart seulement est dû aux
caractéristiques de l’eau et de l’aquifère. Enfin il faut signaler qu’en France 30 % des
forages ont moins de dix ans contre 70 % qui ont entre 10 et 50 ans.
Le parc français de captage est ancien et vétuste. Une étude réalisée par le BRGM
en région Nord-Pas-de-Calais montre que l’âge moyen des forages est de 46/47 ans.
On constate également que sur 1 136 forages d’AEP recensés seuls 582 sont
exploités. Parmi ces derniers, 443 ouvrages ont plus de 30 ans (76 %). L’agence de
l’eau Artois-Picardie confirme le vieillissement du parc de forages avec de nombreux
captages de plus de 60 ans d’âge. L’âge des captages est un problème préoccupant
d’autant qu’il ne semble pas être pris en compte dans une politique nationale de
renouvellement. Cet état de fait est d’autant plus inquiétant que la profession
s’accorde à dire qu’un ouvrage qui n’a pas fait l’objet d’un entretien préventif
présente de graves risques de défaillance qui vont croissant avec son vieillissement.

6.4.1. Les phénomènes de corrosion


La corrosion des captages d’eau souterraine est un phénomène beaucoup plus
sournois que le colmatage car ses effets sont souvent moins détectables. En revanche,
ses conséquences en sont au moins aussi spectaculaires et importantes pour la
pérennité de l’ouvrage en cause.
Il ne faut pas confondre la corrosion (phénomène électrochimique, parfois
phénomène de nature purement chimique par dissolution ou encore de nature
biologique) avec l’érosion-abrasion (phénomènes physiques) et la cavitation
(décollement du fluide de la paroi, formation de poches de gaz, entraînement de fines
bulles qui implosent avec émission d’ultrasons qui arrachent le métal).
Vieillissement d'un ouvrage 232

— L’érosion-abrasion est due à l’énergie cinétique de particules de sable ou


d’autres matériaux contenus dans l’eau et qui provoquent une destruction continue en
entraînant une abrasion régulière et homogène du métal solide. Le processus est
simultanément mécanique et électrochimique.
— La cavitation est due à des pressions locales situées de part et d’autre de la
tension de vapeur de l’eau et qui provoquent successivement la libération de bulles de
vapeur, puis leur destruction par implosion à des pressions extrêmement élevées,
d’où une destruction hétérogène et caverneuse du métal.
La vitesse de circulation de l’eau joue un rôle très important dans ce type de
détérioration. La corrosion est un phénomène répandu. On la distingue selon son
origine en corrosion électrochimique ou corrosion bactérienne. Elle se manifeste
également sous de nombreuses formes, généralisées sur de grandes surfaces, par
piqûres, par creusement du métal ou par fissures. Lorsqu’elle n’est pas détectée à
temps, elle entraîne des sujétions de réhabilitation très lourdes et parfois la nécessité
de reconstruire un ouvrage neuf.
La corrosion est un phénomène physico-chimique qui tend à détruire un matériau
qui se trouve dans un milieu avec lequel il n’est pas en équilibre. Dans les forages, la
corrosion peut affecter toutes les parties métalliques et non métalliques (notamment
celles qui sont à base de ciment). Seules les matières organiques, plastiques ou
bitumineuses y sont insensibles.
La corrosion est un phénomène complexe attribuable généralement à plusieurs
causes simultanées :
— présence d’eau corrosive à l’intérieur ou à l’extérieur d’un forage,
— effets galvaniques entre les diverses parties du même ensemble métallique au
contact d’eaux de compositions différentes, ou entre métaux différents non isolés les
uns des autres, mais au contact de la même eau,
— activité de bactéries sidérophiles ou sulfatoréductrices.
Ces phénomènes de corrosion peuvent se traduire par :
— une simple dissolution du métal sur une large surface (corrosion uniforme),
— une attaque du métal localisée à de très petites surfaces, et parfois en
profondeur, jusqu’à perforation (corrosion par piqûres),
— une attaque du métal en « cuvettes » apparaissant surtout sur les crépines en
tôle roulée ou en tubes étirés, perforés ou non (corrosion intergranulaire),
— des fissures linéaires plus ou moins ramifiées (corrosion fissurante).
Le tubage et les crépines sont sujets à différents types et degrés de corrosion selon
leurs caractéristiques physiques et leur localisation dans le forage. Dans les forages
d’eau on distingue quatre zones de corrosion différentielle : atmosphérique (tubage
au dessus du niveau statique) ; battement (entre le niveau statique et le niveau
dynamique) ; submergée (sous le niveau dynamique) ; externe (tubage en contact
avec l’extérieur).
— Dans la zone atmosphérique la condensation de vapeur d’eau représente le
principal facteur de corrosion, la présence de gaz carbonique et d’oxygène favorisant
la corrosion dans cette zone.
Vieillissement d'un ouvrage 233

Des expériences récentes ont montré que l’addition d’un peu de cuivre (0,2 %)
dans la composition de l’acier au carbone du tubage multiplie par deux sa résistance à
la corrosion.
— La zone de battement est le lieu de corrosion majeure dont la principale cause
réside dans les différences de concentration en oxygène et, évidemment, l’alternance
des cycles sous l’eau et à l’air.
La mise en place de tubages en acier inoxydable représente la meilleure résistance
possible à la corrosion. Le type 304 (comportant 18 % de chrome et 8 % de nickel) a
fait ses preuves. Dans ce dernier cas, le type 316 (comportant 18 % de chrome, 12 %
de nickel et 2,5 % de molybdène) est recommandé.
— Dans la zone submergée la corrosion est généralement plus faible et les
tubages en alliage ne sont pas toujours nécessaires. Bien évidemment, dans le cas
d’eaux agressives il convient de mettre en place des tubes en acier inoxydable. Les
crépines sont plus exposées, compte tenu de leur surface et des vitesses de circulation
des flux, et un acier inoxydable type 304 ou 316 est recommandé.
— La protection du tubage en zone externe peut être réalisée soit par protection
cathodique, soit en utilisant un tubage en ciment pour contourner le problème.
Enfin, la corrosion fait appel à plusieurs types de phénomènes : électrochimiques
et bactériens.

a) Corrosion électrochimique
Compte tenu des lois thermodynamiques de la corrosion (potentiel d’oxydo-
réduction), la vitesse de corrosion est influencée à la fois par les propriétés chimiques
et physiques de l’eau du forage. La corrosion électrochimique est provoquée ou
favorisée par la présence de gaz et de sels dissous. Les principaux facteurs physiques
intervenant sont la température et la vitesse de l’eau. Les gaz dissous représentent le
facteur le plus important et, au sein des trois gaz les plus communément rencontrés,
l’oxygène dissous est le plus actif en terme d’effet sur les tubages.
D’une façon générale, la corrosion électrochimique est provoquée, ou favorisée,
par la présence d’un ou plusieurs éléments dans l’eau, notamment :
— eaux acides (celles qui ont un pH inférieur à 7),
— oxygène dissous,
— hydrogène sulfuré,
— gaz carbonique,
— chlorures,
— sulfates de calcium (gypse), etc.
Lorsque l’eau est corrosive vis-à-vis des parties métalliques, celles-ci
fonctionnent comme une anode et les acides contenus dans l’eau ont tendance à les
dissoudre sur toute la surface exposée. Les principaux acides responsables sont H2S,
H2CO3, et parfois HCl quand celui-ci est le produit d’autres réactions. L’attaque par
H2S est généralement limitée par ses teneurs faibles dans les eaux naturelles, mais
l’activité des bactéries sulfatoréductrices peut en produire de plus grandes quantités
qui peuvent aussi provoquer une corrosion par piqûre.
Vieillissement d'un ouvrage 234

Comme le précise les travaux de P. MOUCHET, la corrosion des métaux provient,


en général, du fait que ceux-ci sont instables dans l'eau et ne demandent qu'à s'y
dissoudre. Il se produit alors une migration d'ions métalliques positifs, situés à
l'interface : ils ont tendance à quitter la phase « métal » pour passer dans la phase
« liquide », en abandonnant dans le métal les électrons qui permettaient de les rendre
électriquement neutres. Au fur et à mesure que le phénomène se poursuit, l’eau
s'enrichit en charges + et le métal en charges –, ce qui rend la migration des ions
métalliques positifs de plus en plus difficile (car ils sont alors repoussés par l'eau et
attirés par le métal) ; à la fin du processus, un équilibre s'établit et la dissolution
s'arrête ; un potentiel s'établit entre l'eau et le métal, c'est le potentiel de dissolution.
L'échelle des potentiels de dissolution est établie par rapport à l'électrode à hydrogène
prise pour référence et permet une classification caractérisant la plus ou moins grande
aptitude d'un métal à passer en solution ; c'est l'échelle de Nernst, résumée dans le
tableau VI-V.

TABLEAU VI-V — Série électrochimique : potentiels standards


d’oxydo-réduction.

Réaction Eo
(V)
Au = Au3+ + 3e– +1,498
O2 + 4H+ + 4e–= 2 H2O +1,229
Fe3+ + 1e– = Fe2+ +0,771
4OH– = O2 + 2H2O + 4e– +0,401
Cu = Cu2+ + 2e– +0,337
Sn4+ + 2e–= Sn2+ +0,150
2H+ + 2e– = H2 0,000
Pb = Pb2+ + 2e– – 0,126
Sn = Sn2+ + 2e– – 0,136
Ni = Ni2+ + 2e– – 0,250
Fe = Fe2+ + 2e– – 0,440
Zn = Zn2+ + 2e– – 0,763
Al = Al3+ + 3e– – 1,662

Note : le potentiel d’équilibre Eo est calculé par rapport à une électrode normale à
H2, à 25°C (métal plongé dans une solution normale d’un de ses sels).

L’équation de Nernst a pour expression :

2
2+
2,303 RT Fe
E = Eo + log
nF +
4
O 2 (aq) H
Vieillissement d'un ouvrage 235

avec :
Eo : potentiel standard (V),
R : constante universelle des gaz,
T : température absolue (°K),
n : nombre d’électrons transférés,
F : 96 494 coulomb (Faraday).

D'une manière générale, le potentiel de dissolution s'exprime, en fonction du


potentiel normal Eo défini dans la colonne de droite du tableau VI-V, par la relation
simplifiée suivante :

0,058
E = Eo + n log c

avec :
n : valence des ions métalliques considérés,
c : concentration des ions métalliques dans la solution.

Pour le fer, on aura donc :

E = – 0,44 + 0,029 log (Fe2+)

Mais les choses ne s'arrêtent pas là, sinon la corrosion serait limitée à l'attaque
d'une couche infime de métal. En effet, au processus précédent de dissolution du
métal peut s'opposer un autre processus qui s’opère sur des plages plus nobles du
même métal immergé dans le même électrolyte. Cette électrode plus noble détermine
la formation d'une différence de potentiel dans le milieu et la production d'un courant
électrique qui entretient la réaction de dissolution de l'électrode métallique ou
corrosion.
Selon l'absence ou la présence d'oxygène, les processus évoluent très
différemment.

Corrosion en milieu désaéré ou corrosion par l’hydrogène

Le processus antagoniste est un processus d'électrode gazeuse d'hydrogène, dans


lequel l'hydrogène gazeux est formé à partir des ions H+ présents dans l'eau, cf. figure
6-5.
Ce processus capteur d'électrons est susceptible d'entretenir le processus
précédent qui est lui-même donneur d'électrons. La réaction globale peut s'écrire :

Feo + 2 H20 ∅ Fe(OH)2 + H2


Vieillissement d'un ouvrage 236

En milieu très acide, la réaction de formation d'hydroxyde ne peut se produire, et


on a :

Feo + 2 H+ ∅ Fe2+ + H2

Fe o ! Fe 2+ + 2 e–
2 H + + 2 e– ! H2
e- H + OH–
2 H2O " 2 OH– + 2 H+

CATHODE

E
e-e- +
H
e- H+ OH–
Fe 2+ + 4 OH– ! Fe(OH)2

Dépot de Fe(OH) 2
Fe 2+
ANODE

Fe 2+ Zone corrodée

TUBAGE
Fe 2+
Fe 2+
e- Dépot de Fe(OH) 2

e-
CATHODE

OH–
e- H +
e- H+ OH–
e-
H+
e- + OH–
H

Figure 6-5
Processus de la corrosion électrolytique en milieu désaéré.

Cette corrosion par l'hydrogène, incorrectement appelée corrosion chimique, est


donc essentiellement électrochimique. Elle définit deux pôles, l'un électropositif,
l'autre électronégatif, arbitrairement appelés cathode et anode et entre lesquels un
courant électrique circule.
Il y a dissolution de métal ou oxydation à l'anode alors que la cathode est
protégée contre la corrosion.
Cette dissolution ne peut concerner que des métaux dont les potentiels pratiques
dans l'électrolyte sont plus faibles que le potentiel de la cathode d'hydrogène qui leur
est opposée et qui peut s'établir :
— soit sur un métal plus noble que le métal anodique,
— soit sur une impureté étrangère (oxydes, salissures),
— soit sur une irrégularité de texture cristalline du métal, les zones laminées à
froid ou écrouies devenant anodiques par rapport au métal lui-même.
Vieillissement d'un ouvrage 237

La corrosion se développera indéfiniment tant qu'elle ne sera pas limitée soit par
l'absence d'ions H+ aux pH élevés, soit par la saturation du milieu en ions Fe2+
entraînant la précipitation d'hydroxyde ferreux qui forme un dépôt protecteur arrêtant,
en principe, la corrosion.
L'écoulement de l'électrolyte entraîne le précipité et la corrosion par l'hydrogène
ne peut en pratique s'arrêter que dans les eaux stagnantes.
EFe croît puisque du fer entre en solution, EH2 diminue puisque H2 se dégage.
Le phénomène doit s'arrêter quand EFe = EH2 c'est-à-dire (d'après les équations
vues plus haut) :

– 0,44 + 0,029 log (Fe2+) = – 0,058 pH

soit encore :

log (Fe2+) = 15,1 – 2 pH

Si l'on considère alors une concentration de 10–6 mole/l (soit 0,06 mg/l environ)
comme concentration maximale acceptable du fer dans l'eau dans la plupart des cas,
on aboutit à la conclusion qu'il n'y a aucun domaine pratique de stabilité commun au
fer et à l'eau en-dessous de pH 10,5 ; la corrosion "acide" se développera d'autant plus
que le pH et la concentration en ions Fe2+ de l'eau seront bas.
Enfin, cette corrosion, très forte aux pH acides, devient moins dangereuse dès la
neutralité parce que la concentration en H+ devient insuffisante pour entretenir la
réaction cathodique et qu'il peut s'établir un processus de formation de couche
protectrice.
Notons que ce processus conduit à un enlèvement étendu de la matière.
Morphologiquement donc, la corrosion par l'hydrogène se manifeste sous la forme
d'une corrosion assez uniforme du métal, ceci étant dû à la présence d'une infinité de
cathodes et d'anodes coexistantes.

Corrosion par l’oxygène

En présence d'une eau aérée, comme ce sera le cas en général pour les eaux
livrées à la consommation, le processus complémentaire d'électrode gazeuse est cette
fois assuré par l'oxygène dissous dans l'eau, suivant la réaction :

O2 + 2 H20 + 4 e– → 4 OH–

Cette électrode est susceptible d'absorber des électrons, donc de se comporter


comme une cathode, cf. figure 6-6.
Vieillissement d'un ouvrage 238

La gangue du tubercule est composée


de Fe 2O3 l'intérieur est oxydé en magnétite
2Fe2+ + 1/2O2 + 4OH- ! Fe2 O3 + 2H2 O
Fe 3O4 . Le centre est dépourvu d'oxygène.
2 Fe2+ + 4 OH– ! 2 Fe(OH) 2

2 Fe(OH) 2 + 1/2 O2 + H2O ! 2 Fe(OH)3

Diffusion lente d'O2

Fe2+ Fe2+ Fe 2+ Fe 2+
O2 + 2H2O + 4e - ! 4OH-

2 Feo ! 2 Fe2+ + 4 e –
Plage anodique Tubage en métal Plage cathodique
Figure 6-6
Formation d’un tubercule de corrosion à un point de concentration en oxygène.

Le potentiel d'équilibre est cette fois fonction de :


— la concentration en ions OH , donc du pH,
— la pression partielle d'oxygène.

RT – RT
E' = E o – Ln OH + Ln P O 2
F 4F

Si ce potentiel est supérieur à celui de l'électrode métallique, il entretient la


corrosion ; c'est le cas du fer.
Plus la concentration en oxygène dissous est élevée, plus le potentiel d'électrode
est lui aussi élevé.
Ainsi, de façon apparemment paradoxale, le défaut d'irrigation en oxygène d'un
élément du métal le rend anodique, donc corrodable par rapport au reste de la surface,
qui se trouve protégé par l'oxygène. On comprend alors l'effet nocif des dépôts de
toutes natures qui, freinant la diffusion d'oxygène vers les surfaces sous-jacentes, y
développent une zone anodique.
A la cathode d'oxygène, la libération des ions OH– augmente le pH de l’eau, du
moins à proximité immédiate de la surface métallique. De plus, les ions Fe2+, en
présence d'oxygène, s'oxydent en Fe3+. Or, l'hydroxyde ferrique, Fe(OH)3, brun
rouge, est très peu soluble. Ainsi, au lieu d'être entraînés par l'eau en laissant une
surface propre dans le cas d'une corrosion en milieu désaéré, les produits de corrosion
s'accumulent autour de l'anode dans le cas d'une corrosion en milieu aéré.
Ils forment ces croûtes, ces pustules bien connues qui s'opposent encore
davantage à la diffusion de l'oxygène et renforcent le caractère anodique de la surface
recouverte. Ainsi s'explique le caractère perforant des corrosions par oxygène.
Vieillissement d'un ouvrage 239

Au total, la réaction globale de la corrosion en milieu aéré peut se déduire des


réactions successives mises en jeu (déjà indiquées sur la figure 6-5) comme suit :

— A l’anode :

4 Feo → 4 Fe2+ + 8 e–

— A la cathode :

2 O2 + 4 H20 + 8 e– → 8 OH–

Ainsi :

4 Fe2+ + 8 OH– → 4 Fe(OH)2

4 Fe(OH)2 + O2 + 2 H20 → 4 Fe(OH)3

4 Feo + 3 O2 + 6 H20 → 2 Fe(OH)3

L'hydroxyde ferrique formé peut évoluer en oxydes, en donnant :


— soit de l'oxyde ferrique par déshydratation :

2 Fe(OH)3 → Fe203 + 3 H20

La déshydratation n'est en fait que partielle et conduit à la rouille classique,


formée le plus souvent de goethite Fe203, H20 ;
— soit de la magnétite Fe304 par réduction au contact de l'hydrogène dégagé par
à la cathode :

3 Fe(OH)3 + 1/2 H2 → Fe304 + H20


Dans les forages, une fois la corrosion amorcée, la concentration en oxygène
devient « auto-perturbatrice ». En effet, lorsqu’une incrustation de métal oxydé
(tubercule) se forme autour d’une petite excavation la concentration en oxygène est
nettement inférieure sous le tubercule et transforme celui-ci en cathode alors que le
tubage est anode. Le tubercule est une structure généralement très solide, formée de
magnétite (Fe3O4) ou de goethite (FeOOH) ou encore des deux. Dès que le tubercule
contient de la magnétite il devient un excellent conducteur. Le phénomène corrosif
introduit des ions ferreux dans le tubercule et relargue des hydroxydes.
Vieillissement d'un ouvrage 240

1,20 Fe(OH)2+

1,00
EAU OXYDEE
Fe3+
FeOH2+
0,80

0,60

0,40 Fe2+ FeO42-


Eh (Volts)

Fe(OH)3
0,20

0,00
FeCO3

-0,20
FeS2

-0,40
HFeO 2 -

-0,60
EAU REDUITE
-0,80 FeS
HFeO2 -
-1,00
0 2 4 6 8 10 12 14
pH

Figure 6-7
Domaine de stabilité pour les formes solides et dissoutes en fonction de Eh et du pH à
25°C et sous une atmosphère (diagramme de Pourbaix).

La corrosion est très amplifiée si le métal plongé dans l’eau n’est pas absolument
propre, s’il est inégalement recouvert d’incrustations, ou s’il est constitué de parties
de métaux différents, non isolées les unes des autres, et ceci d’autant plus que l’eau
est plus chargée en sels, c’est-à-dire plus conductrice.
Comme nous l’avons vu, le fer métal n’est jamais en équilibre avec l’eau dans des
forages, quelle que soit sa qualité. Il aura donc tendance à s’y dissoudre mais cette
dissolution est fonction de la solubilité du produit de l’hydrolyse qui est notamment
fonction du pH et de l’Eh comme le montre le diagramme de Pourbaix (cf. figure 6-
7). On voit qu’il y aura mise en solution dans la plage Fe++, car cet ion est soluble,
tandis qu’il y aura plutôt incrustation dans la zone se stabilité de Fe(OH)3, qui est
insoluble.
Vieillissement d'un ouvrage 241

Ces phénomènes sont connus par leurs résultats globaux, mais sans qu’on en ait
jamais mesuré séparément les causes sur le terrain, car ils sont toujours plus ou moins
associés et liés aux autres formes de colmatage citées plus haut, en particulier à celui
des bactéries sidérophiles et sulfatoréductrices.

Corrosion maximum
(Anode)

- Magnésium
Alliages de magnésium
Zinc
Aluminium 25
Cadmium
Aluminium 17
Acier, Fer, Fonte
Corrosion

Protection
Acier chromé actif
Nickel
Acier inox actif
Plomb, Etain
Nickel Inconel actif
Cuivre, Alliages cuivreux
Bronze Monel
Soudure dʼargent
Nickel Inconel passif
Acier chromé passif
Acier inox passif
Argent
Or, Platine +
Protection maximum
(cathode)

Figure 6-8
Echelle galvanique.

L’ampleur de la corrosion peut difficilement être estimée à l’avance, car trop de


paramètres entrent en jeu. Les mesures qui peuvent être envisagées seraient des
diagraphies au moulinet, si on pouvait les faire en cours de pompage au débit
d’exploitation, ainsi que des diagraphies de polarisation spontanée sans et avec
pompage. Le potentiel d’électrofiltration global peut être plus aisément mesuré entre
la tête du puits et une électrode de référence placée à quelque distance du puits, en
faisant la différence entre les mesures avec et sans pompage. Pour que les mesures
électriques ne soient pas perturbées, il faut que le forage soit artésien jaillissant, ou
que le moteur de la pompe soit mécanique et non électrique.
Vieillissement d'un ouvrage 242

Par ailleurs, à l’effet des courants naturels considérés ci-dessus, s’ajoutent


souvent des courants vagabonds, notamment à proximité de pipe-lines, de
canalisations métalliques, de lignes de chemin de fer. La corrosion peut être alors très
amplifiée.
Rappelons pour mémoire l’échelle galvanique (cf. figure 6-8), pour montrer que
l’acier aura tendance à se corroder plus vite que le cuivre par exemple, le premier se
comportant en anode et le second en cathode. Le premier métal de la liste est le plus
actif, donc le plus vulnérable, le dernier est le plus difficilement attaquable ; il est
passif.
Un métal quelconque de cette liste est anode par rapport à tous ceux qui le
suivent, et cathode par rapport à tous ceux qui le précèdent mais il faut souligner que
la corrosion sera d’autant plus intense que les deux métaux sont placés loin l’un de
l’autre dans la série galvanique.

b) Corrosion bactérienne
La présence de bactéries dans l’eau peut engendrer des attaques des métaux,
spécialement du fer et du manganèse. Elles produisent, en rongeant les surfaces
métalliques, une sorte de boue visqueuse dans laquelle elles prolifèrent. Cette boue
renferme des particules métalliques désagrégées et leur action continue en
profondeur. Des excroissances se forment dans les ouvertures des crépines qui se
trouvent plus ou moins obstruées, alors que, sous ces dépôts, le métal est corrodé. Le
phénomène s’apparente provisoirement à des incrustations, mais, si l’on enlève ces
dépôts, soit par lavage au jet, soit sous l’influence d’un accroissement de vitesse du
flux hydraulique de pompage, le métal, mis à nu, présente une section réduite par la
corrosion dûe à l’action des micro-organismes (bactéries). La destruction des
crépines en ces endroits en est la conséquence plus ou moins rapide.
Les bactéries du fer et du manganèse sont présentes dans la majorité des
aquifères. Les attaques biologiques des métaux proviennent généralement des
bactéries suivantes :
— Gallionella : oxydation du fer,
— Leptothrix ochracea : oxydation du fer,
— Toxothrix trichogenes : oxydation du fer,
— Leptothrix lopholea : oxydation du manganèse,
— Metallogenium : oxydation du manganèse,
— Hyphomicrobium : oxydation du manganèse,
— Siderocapsa : oxydation du manganèse,
— Siderocystis : oxydation du manganèse.
Le processus de corrosion biologique est schématisé par la figure 6-10.
La figure 6-11 met en évidence les réactions dues aux ferrobactéries et aux
bactéries sulfato-réductrices.
— Les bactéries sulfatoréductrices sont présentes partout dans les eaux, les vases
et les sols, biotopes qui contiennent presque toujours des sulfates comme accepteurs
terminaux d’électrons ; ceci constitue, en dehors de la phosphorylation du substrat
dans certains cas, leur seule façon d’obtenir de l’énergie sous forme d’ATP lors du
transport de ces électrons. Ces bactéries sont anaérobies strictes et ne peuvent se
développer qu’en l’absence d’oxygène et sous un faible potentiel d’oxydo-réduction
Vieillissement d'un ouvrage 243

(< – 100 mV). La propriété commune de ces espèces est de réduire les sulfates en
sulfures par une réaction dissimilative.
— Les bactéries du fer interviennent dans la transformation du fer sous forme
organique complexée et minérale, oxydée (insoluble) ou réduite (soluble) :
• La complexation du fer a lieu dans le sol sous l’action de micro-
organismes. Le fer ainsi complexé est solubilisé et migre dans les profils du
sol.
• La minéralisation du fer complexé est réalisée par des microbes chimio-
organotrophes qui utilisent la partie organique du fer comme source de
carbone ou d’azote, et en libérant le fer minéral qui précipite alors.
• La réduction du fer ferrique minéral peut avoir lieu par l’intermédiaire de
nombreuses bactéries chimio-organotrophes banales. Cette réduction n’a
lieu qu’en anaérobiose et le fer ferrique sert alors d’accepteur d’électrons.
Dans le sol, la réduction du fer ferrique est fonction de la consommation
des glucides et des acides organiques.
• L’oxydation biologique du fer ferreux minéral demande de nombreuses
bactéries différentes.
Les ferrobactéries sont des micro-organismes encore mal connus de nos jours.
Dans leur relation avec le fer, il faut distinguer plusieurs cas selon qu’elles sont
autotrophes ou hétérotrophes. Les premières : Gallionella et Thiobacillus
(ferroxidans) utilisent le fer comme source d’énergie. Dans ce cas, la relation est
stricte et la bactérie ne croît pas sans fer ferreux ; ces genres représentent les
ferrobactéries sensu stricto. Les secondes : Leptothrix, Sphaerotilus, Clonathrix,
n’utilisent pas le fer ferreux comme source d’énergie. Enfin, il existe un groupe de
bactéries, les Sidérocapsacées, encore mal connues car non cultivées, que l’on
rencontre dans des conditions limite de stabilité du fer ferreux (faible pression d’O2
en particulier) et, dans ce cas il serait possible que quelques genres puissent tirer une
partie de leur énergie de l’oxydation du fer ferreux [GOUY J.L. et al., 1984].
Les bactéries colmatantes les plus citées dans le cas de colmatage ferriques sont :
Gallionella, Sphaerotilus, Siderocapsa et, dans une moindre mesure, Toxothrix,
Crenothrix, Clonothrix, Siderococcus, Naumaniella. Ces bactéries (Siderocapsacées,
Gallionella, Thiobacillus) pourraient être impliquées dans l’initiation de « nodules »
ferriques et donc dans la genèse des gisements de fer. Connaissant les milieux de
prédilection de ces bactéries il est possible, compte tenu du pH, de l’Eh et des teneurs
en fer et en matière organique de l’eau, d’estimer le risque de colmatage ferrique de
différents sites aquifères. On distingue quatre grands groupes responsables de
l’oxydation du fer ferreux minéral :
— Les bactéries glissantes : genre Toxothrix. Elles sont largement distribuées
dans les eaux ferrugineuses, plutôt froides et peu oxygénées ; le fer ne semble pas
indispensable à leur croissance. Il s’agit de cellules cylindriques filamenteuses
souvent en forme de U, glissant avec un mouvement lent sur un mucus qu’elles
excrètent.
— Les bactéries engainées :
• Genre Leptothrix : présentes massivement dans les eaux non polluées, avec
un faible courant, elles forment des dépôts importants de substances
mucilagineuses, imprégnées d’hydroxyde ferrique. Les eaux où elles se
développent sont à pH neutre ou voisin de la neutralité, riches en gaz
carbonique et contiennent peu d’oxygène et de fer (environ 2 mg
Vieillissement d'un ouvrage 244

Fe(II)/litre ; on n’observe plus de croissance au-dessus de 12 mg


Fe(II)/litre. Elles se présentent sous la forme de bâtonnets en chaînettes qui
s’entourent d’une gaine mucilagineuse imprégnée d’hydroxyde ferrique.
• Genre Crenothrix : largement répandues dans les conduites d’eau, les
drains, les captages où l’eau contient du fer, elles sont responsables de
l’obstruction de nombreux ouvrages. Les cellules bactériennes se
présentent sous la forme de disques ou cylindres disposés en chapelets
(trichome) et entourés d’une gaine incrustée d’oxyde de fer ou de
manganèse à la base. Ces trichomes peuvent atteindre 1 cm de long et sont
fixés sur un support ; la base du trichome mesurant 1,5 à 5 microns de
diamètre et l’extrémité renflée 6 à 9 microns.
— Les bactéries pédonculées :
• Genre Gallionella : se sont des bactéries aquatiques qui se développent
dans les eaux froides, dans des conditions identiques à celles de Leptothrix
et forment des biomasses ocracées mucilagineuses dans l’eau. Elles sont
responsables de l’obstruction de drains et de puits ainsi que de la corrosion
des canalisations en fer. La teneur en oxygène est un élément déterminant
de leur croissance qui est stimulée par de faibles concentrations d’oxygène
(0,1 à 0,2 mg/l), mais inhibée par des teneurs plus élevées (au-dessus de
2,75 mg/l). Elles se présentent sous la forme de filaments spiralés, enroulés
en double hélice, de couleur ocre ; ce sont des pédoncules composés de
fibrilles imprégnées d’hydroxyde ferrique. En milieu liquide elles se
développent sous la forme de microcolonies jaunâtres qui incorporent le
gaz carbonique.
• Genre Pedomicrobium : se sont des bactéries du sol ; les cellules rondes,
ovales ou en bâtonnets portent des filaments. Cellules et filaments
s’imprègnent d’hydroxyde ferrique ou d’oxyde de manganèse.
— Les bactéries chimiolithotrophes gram négatives :
• Thiobacillus ferro-oxydans : bactéries des roches et des eaux acides (pH
compris entre 2 et 5). Elles ont la propriété d’oxyder les sulfures
métalliques insolubles tels que pyrite et chalcopyrite. Elles se présentent
sous la forme de petits bâtonnets isolés ou par deux, mobiles par cils
polaires, gram négatifs.
• Famille des siderocapsaceae : elles peuvent être fixées sur des plantes
aquatiques ou libres dans les films d’oxyde de fer à la surface des eaux,
dans les puits et les drains, dans l’hypolimnion des lacs. Elles forment,
comme les Leptothrix et les Gallionella, des dépôts massifs d’hydroxyde
ferrique. Certaines espèces sont aérobies, d’autres micro-aérophiles ou
anaérobies. Plusieurs genres et espèces ont été décrits :
. Siderocapsa : cellules sphériques ou ovoïdes, se groupent et
s’enveloppent d’une capsule commune très épaisse incrustée
d’hydroxyde ferrique.
. Naumaniella : bâtonnets encapsulés avec une fine capsule
ferrugineuse bien délimitée, isolée ou en chaînette.
. Ochrobium : cellules ellipsoïdes ou en bâtonnet entourées
partiellement d’une capsule mince ferrugineuse.
. Siderococcus : cellules sphériques isolées ou groupées, sans capsule,
avec des appendices filamenteux.
Vieillissement d'un ouvrage 245

. Siderocystis : vit en microcolonies brun-ocre dans des eaux contenant


du fer.
En résumé, on peut considérer que toute substance ou mécanisme utilisant
l’hydrogène cathodique, dépolarise le système, permettant ainsi à la corrosion de
s’installer. Il y a création d’une pile entre des zones anodiques et des zones
cathodiques, avec passage d’un courant électrique. En l’absence de micro-organisme
et en milieu anaérobie, l’hydrogène cathodique reste à la surface de la cathode, tandis
que le fer ferreux à l’anode s’oxyde en formant une légère couche de rouille. Les
deux électrodes sont alors polarisées et la réaction est stoppée. Les réactions sont les
suivantes :
— Dissolution électrolytique de l’eau :

8 H2O → 8 H+ + 8 OH–

— A l’anode :

4 Fe → 4 Fe2+ + 8 e–

4 Fe2+ + 8 OH– → 4 Fe(OH)2

4 Fe(OH)2 + 8 O2 + 2 H2O → 4 Fe(OH)3

— A la cathode :

8 H + + 8 e– → 4 H 2 (en milieu anaérobie)

O2 + 2 H2O+ 4 e– → 4 OH– (en milieu aérobie)

Le rôle des micro-organismes est d’accélérer les processus électrochimiques de la


corrosion. Ils peuvent dépolariser les électrodes à l’anode dans le cas des bactéries du
fer, ou à la cathode dans le cas des bactéries sulfato-réductrices.
Vieillissement d'un ouvrage 246

— A l’anode, les ferrobactéries, tirant leur énergie de la transformation des sels


ferreux en sels ferriques, produisent de la rouille et induisent une dépolarisation
anodique et cathodique. Ce processus aboutit à une dissolution continue du métal
allant jusqu’à la perforation.
— A la cathode, les bactéries sulfato-réductrices mobilisent l’hydrogène et
entraînent une dépolarisation cathodique.
D’une façon générale, les bactéries ne provoquent pas directement la corrosion
mais l’accélèrent. Elles participent en plus, à la formation de boues et de dépôts
pouvant aller jusqu’à l’obstruction totale des forages et des canalisations. Il faut
remarquer que, pour la plupart des bactéries, le métabolisme n’est assuré que par la
transformation de sels minéraux, de laquelle elles tirent leur énergie et où le gaz
carbonique n’intervient que comme seule source de carbone. De telles bactéries sont
donc susceptibles de se développer en l’absence de tout composé organique.

c) Résumé
Les différents phénomènes de corrosion observés dans les forages sont, dans
certains cas, les signes avant-coureurs d’un colmatage mécanique (ensablement d’un
ouvrage par perforation d’un tubage ou d’une crépine), électrochimique (formation
de concrétions fer-manganèse par exemple, réduisant le pourcentage de vide des
crépines), ou biologique (développement de bactéries).
La description de ces phénomènes montre combien il est important d’établir
régulièrement un bilan-diagnostic d’un ouvrage, même si celui-ci ne présente aucun
symptôme de vieillissement dans son comportement hydraulique. C’est ainsi qu’à
chaque changement de pompe par exemple, une auscultation par caméra vidéo
pourrait être réalisée pour observer l’état de l’équipement, ou bien un traitement
préventif effectué régulièrement en fonction des risques encourus. Certaines
corrosions peuvent être très rapides et aboutir à l’abandon irrémédiable d’un ouvrage
au bout d’un laps de temps tout à fait imprévisible, parfois deux ou trois ans.
Vieillissement d'un ouvrage 247

1 Leptothrix crassa, 2 Leptothrix sideropous, 3 Leptothrix ochracea, 4 Crenothrix


polyspora, 5 Gallionelle ferruginea, 6 Siderocapsa major, 7 Siderocapsa treubii,
8 Sideromonas confervarum.

Figure 6-9
Les bactéries du fer et du manganèse, (d’après B. DUSSART, 1966).
Vieillissement d'un ouvrage 248

Facteurs conduisant
à une oxygénation
poussée

Augmentation de la
vitesse du flux aux
points clés du forage

Action des bactéries


Fe 2+
Apports nutritifs

Croissance bactérienne
favorisée par le flux et
l' oxygénation

Phénomènes chimiques
et bactériens :
Fe 2+ Fe3+

Colmatage des Baisse de productivité


crépines du forage

Turbulences de
la pompe

Accélération de la
réaction :
Fe 2+ Fe3+

Colmatage de Baisse de productivité


la pompe du forage

Figure 6-10
Modèle de processus de corrosion biologique.
Vieillissement d'un ouvrage 249

Fe2 O3 + 3 H2O

2 Fe(OH)3

2 Fe(OH) 2 + 1/2 O 2 + H 2O M(OH)2

ANAEROBIOSE

Chimio- CO2 Chimio-


Ferrobactéries lithotrophisme organotrophisme

H2S Sulfato-réducteurs
3 Fe(OH)2
Fe
4 H2 O CH3 COOH
FeS
3 Fe2+ + 6 OH

OH- H+
4 Fe = 4 Fe 2+ + 8e- 8 H + + 8e- = 8 H
8 e-
ANODE CATHODE
6 OH-

8 H+
Dépolarisation Sulfobactéries
anionique Dépolarisation
cathodique

SO4 2-

Figure 6-11
Cycle de la corrosion biologique, (d’après J. CHANTEREAU, 1980).
Vieillissement d'un ouvrage 250

6.4.2. Les phénomènes de colmatage


Le colmatage des forages se traduit par une baisse progressive du rendement de
l’ouvrage. C’est généralement le premier symptôme caractéristique du vieillissement.
Les origines de ce colmatage peut être très diverses, mais le résultat est toujours le
même : baisse de la perméabilité du milieu environnant immédiat (massif de graviers
filtrant ou formation elle-même), ou bien accroissement des pertes de charges dû à la
diminution du pourcentage de vide de la crépine (concrétions ou incrustations).
Le colmatage des forages d’exploitation, mais également le colmatage du lit et
des berges d’un fleuve, dans le cas d’aquifères alluviaux, peut avoir de graves
conséquences économiques dans la mesure où il entraîne nécessairement une baisse
de production et donc une augmentation du prix de l’eau. Il en est de même dans le
cas de colmatage des dispositifs de réalimentation artificielle. Il importe donc de
déterminer les causes de colmatage et de mettre en place des dispositifs de traitement
appropriés.
Sur le terrain on peut observer sur un même ouvrage plusieurs types de
colmatage : mécanique (ensablement ou colmatage du massif filtrant), chimique
(carbonates ou dépôts ferrugineux), ou biologique.

a) Colmatage mécanique
Nous distinguerons deux types de colmatage mécanique : l’ensablement et le
colmatage du massif filtrant.

L’ensablement

Il existe des risques d’ensablement dans les principaux cas suivants.


— Lorsque les ouvrages exploitent les nappes aquifères contenues dans des
sables par la base du cuvelage ou du tubage, sans dispositif pour retenir les parties
meubles.
— Lorsque les ouvertures de la crépine sont trop grandes ou trop petites. Les
dimensions des ouvertures des crépines ne doivent pas être quelconques. Elles se
déterminent en fonction de la granulométrie de la formation ou de celle du gravier
additionnel. Trop grandes ou trop petites, elles provoquent l’ensablement de
l’ouvrage.
— Quand il y a une mauvaise disposition du gravier autour de la crépine. La
mise en place de gravier additionnel dans un ouvrage est une opération délicate à
réaliser d’une façon parfaitement homogène autour de la crépine.
— Si le développement de l’ouvrage est insuffisant. Une bonne détermination du
système de captage réduit le temps de développement des ouvrages.
— Lorsque le débit de l’exploitation est supérieur à celui de la livraison.
L’obtention d’une eau claire et limpide résulte d’un équilibre entre le débit de
l’ouvrage et le non entraînement du terrain. Toute modification dans la vitesse de
l’eau perturbe l’équilibre initial.
Vieillissement d'un ouvrage 251

— Si la crépine est endommagée lors de sa mise en place, ou corrodée


ultérieurement par l’agressivité de l’eau.
— Si la crépine n’a pas été mise en place correctement avec des centreurs.
Les conditions d’exploitation du forage sont également déterminantes : en
particulier, les conditions de fonctionnement des pompes doivent être fixées en
fonction des possibilités et des caractéristiques de l’ouvrage. En aucun cas, le débit
d’exploitation ne doit être supérieur à celui qui est autorisé par les pompages d’essais,
notamment lors du démarrage en présence d’une hauteur manométrique importante
de refoulement. En effet, dans ce cas, la variation de charge imposée à la pompe est
de nature à provoquer une variation de vitesse de cette dernière, et par conséquent,
risque d’introduire un déséquilibre dans la formation aquifère et d’altérer les vitesses
de pénétration de l’eau dans la crépine.
En principe, on devra toujours pomper en régime permanent à un débit
légèrement inférieur à celui pour lequel l’ouvrage a été construit. S’il peut être
envisagé dans certains cas de choisir des groupes de pompage dont le débit, pendant
la période dite de démarrage serait au plus égal à celui de l’ouvrage, il est
difficilement concevable d’imposer cette obligation pour des installations ayant une
grande Hauteur Manométrique Totale (HMT).
Plusieurs auteurs ont établi des formules pour simuler l’entraînement de
particules, en se basant sur la vitesse de passage de l’eau, et en admettant des
coefficients dérivés de la loi de Stokes.
Compte tenu des vitesses maximales que l’on peut imposer à l’eau pompée et du
champ de vitesse qui en résulte dans le terrain autour du puits, il est nécessaire
d’enlever du terrain toutes les matières de calibre inférieur à une dimension que l’on
se donne, et d’y maintenir en place, au moyen d’un massif de graviers calibré, tout ce
qui est supérieur à cette dimension. C’est l’opération de développement.
Cette dimension de coupure est déterminée après analyse granulométrique, en
considérant à la fois les impératifs techniques, tels que le calibre des ouvertures des
crépines disponibles, et le calibre du gravier ne passant pas au travers de ces
ouvertures. Le calibre des particules qui seront retenues sera de l’ordre du calibre des
pores, c’est-à-dire de l’ordre du quart du calibre des grains. Ces particules seront
retenues à coup sûr, mais selon les auteurs, des particules de calibre jusqu’à 10 fois
inférieur à celui du gravier sont aussi retenues grâce au phénomène de pontage par
agglomérat de grains à l’amont de pores plus gros.
Si l’on n’a pas le choix du calibre des fentes des crépines, la durée des opérations
de développement dépendra de la proportion de matériaux à enlever dans la zone où
la vitesse est suffisante pour l’arrachage et l’entraînement des particules de la roche.
La vitesse d’entraînement est inférieure à la vitesse d’arrachage, autrement dit en
régime d’exploitation après développement à un débit supérieur, il ne doit plus y
avoir arrachage de particules si la roche n’a pas tendance à se désagréger
spontanément.
En pompage, il faudra éviter ce phénomène de pontage qui n’est pas réversible.
Le pompage intermittent, sans clapet anti-retour par exemple, donne à chaque arrêt
un coup de bélier dans le terrain, par réinjection de l’eau contenue dans la colonne de
pompage, et les pontages sont ainsi détruits. Dans ces puits, il est fréquent de voir des
venues de sable pendant les premières minutes après les mises en route. C’est une
reprise du développement, et les grains de sable peuvent être si nombreux à ce
moment qu’il est parfois nécessaire d’écarter cette eau des réseaux de distribution.
Vieillissement d'un ouvrage 252

Certains auteurs [HERZIG, et al., 1970] considèrent comme grosses particules


celles dont le diamètre dépasse 30 µ et pour lesquelles les effets de volume et de
masse sont prépondérants par rapport aux effets de surface ou de charge électrique.
Ce sont des particules que nous avons implicitement considérées comme inertes dans
ce qui précède sous le nom de sable. Pour des diamètres de l’ordre du micron, les
effets physico-chimiques de surface priment les autres et on parle de particules fines.
En dessous de 0,1 µ il s’agit de colloïdes et ce sont les lois de la physico-chimie
des colloïdes qui s’appliquent. Enfin, entre 3 et 30 µ , les deux effets sont
d’importance équivalente.
En dehors de leurs effets purement mécaniques sur les particules plus grandes que
leurs pores, les filtres ont aussi un effet sur les particules fines, qui subissent de
nombreuses interactions avec les surfaces avec lesquelles elles sont en contact. C’est
d’ailleurs là, l’effet essentiel que l’on demande aux filtres industriels chargés de
retenir des flocons de particules colloïdales lors de la purification de l’eau.
D’après la plupart des auteurs, la concentration de ces particules dans la solution
décroît logarithmiquement avec la distance parcourue dans le filtre, pendant que
l’efficacité du filtre se détériore selon une loi semblable en fonction du temps.
Nous verrons que ces particules fines ou colloïdes peuvent généralement être
enlevées mécaniquement par circulation inverse, ou chimiquement par action de
produits tels qu’acides, tensioactifs ou inhibiteurs divers des effets de surface.

Colmatage du massif filtrant

Le colmatage par des éléments fins (sables ou argiles) se manifeste généralement


par la présence de ces éléments dans l’eau pompée, aussi une attention toute
particulière doit-elle être portée sur la mesure des MES et surtout sur l’évolution des
teneurs.
La filtration met en présence un fluide contenant des matières en suspension et un
ou plusieurs milieux à traverser. Dans un forage, le fluide est l’eau, et les matières en
suspension sont arrachées à la roche. L’eau passe de la roche dans le massif de
graviers, et du massif de graviers dans la crépine. Entre ces trois milieux, il y a deux
interfaces à franchir.
Plus le passage du matériau fin (le terrain) vers le matériau grossier (le massif de
graviers) est progressif, plus la perméabilité est grande, et plus les particules en
suspension passent d’un milieu dans l’autre. Plus les granulométries sont différentes,
plus grand est le nombre de gros grains enfermant de petits pores du matériau fin et
plus le passage de l’eau du matériau se limite aux pores restés ouverts.
Si les pores du matériau grossier sont plus grands que certains des grains du
matériau fin, ces derniers pénétreront le matériau grossier pour y être éventuellement
capturés dans des étranglements, ou adsorbés contre des surfaces. C’est le
phénomène du colmatage interne, ou de filtration interne ou profonde.
Vieillissement d'un ouvrage 253

Si un fluide contenant des matières en suspension pénètre dans un milieu dont les
pores sont plus petits que les matières en suspension, celles-ci seront bloquées à
l’extérieur du matériau où elles constitueront un cake tendant à s’opposer au
phénomène qui lui a donné naissance. C’est le phénomène du colmatage externe.

b) Colmatage chimique
Les deux phénomènes qui peuvent déclencher un colmatage chimique sont le
dégagement de CO2 et l’apport d’O2. Le premier entraîne la précipitation de
carbonates à partir de bicarbonates, et le déplacement de l’équilibre entre fer bivalent
et trivalent, qui conduit à la précipitation d’hydroxydes ferriques. Le second entraîne
la formation d’oxydes ferriques insolubles à partir d’ions ferreux dissous dans l’eau
ou à partir du fer métallique de l’ouvrage .

Les carbonates

L’incrustation ou entartrage des forages par des carbonates a été abondamment


étudiée, mais on a fini par s’apercevoir qu’il se produisait très rarement, sinon sous la
forme d’un mélange de carbonates, de sulfates, d’hydrates et d’hydroxydes,
essentiellement de fer ou de manganèse, et accessoirement de calcium.
Les phénomènes d’entartrage sont souvent responsables de précipités de
carbonates dans les eaux souterraines, non pas, comme on l’a cru longtemps, sous
l’influence du rabattement de la nappe, mais sous l’influence de la vitesse de l’eau à
l’entrée dans le forage. La formation de précipité de carbonate de calcium répond à
l’équation :

-!P
Ca(HCO3)2 CaCo3 ↓ + CO2 ↑ + H2O
"

La réaction se produit sous une différence de pression. La solubilité du


bicarbonate de calcium dans la partie gauche de l’équation est de 1 300 mg/l et de
13 mg/l dans la partie droite.
L’écoulement dans le massif filtrant et les crépines atteint une vitesse maximale le
long des parois des pores ou des fentes des crépines. Le cisaillement de la veine
liquide qui en résulte, entraîne le dégagement en bulles des gaz dissous dans l’eau, au
premier rang desquels le gaz carbonique libre et le gaz carbonique équilibrant les
bicarbonates. Ces derniers ne sont alors plus stables, et l’eau devient sursaturée en
carbonates qui vont précipiter peu à peu, non pas dans le massif filtrant ou les
crépines, mais dans le système de pompage et le réseau de refoulement.
Enfin, le gaz carbonique en bulles, une fois l’obstacle des crépines franchi, va
tendre à se dissoudre dans l’eau. Le plus souvent, il le fait sans avoir le temps de
dissoudre les carbonates, et l’eau devient momentanément et localement très acide et
corrosive vis-à-vis des parties métalliques du forage. Généralement la précipitation a
lieu hors du captage (réseau et réservoir) car le phénomène est relativement lent mais
il arrive qu’elle se produise dans le forage sous la forme d’une cristallisation
particulièrement dure lorsque d’autres composés interviennent dans le processus. On
trouve dans la littérature des exemples où les crépines et l’aquifère ont été entartrés
dans un rayon pouvant aller jusqu’au mètre autour du forage, réduisant ainsi la
productivité de l’ouvrage de plus de 60 %.
Vieillissement d'un ouvrage 254

L’entartrage n’est pas uniquement le fait de carbonates de calcium et de


magnésium. Il s’y ajoute souvent des précipités de silice et des composés ferreux, ce
qui donne parfois une couleur rosée ou rouge au tartre déposé sur les parties
métalliques de l’ouvrage. Le comportement de l’eau tiendra donc essentiellement à sa
composition et aux conditions d’exploitation de l’ouvrage (limitation du rabattement
à une valeur la plus faible possible).
Il faut signaler que le colmatage par entartrage ne se traduit pas forcément par une
perte progressive de la capacité de production de l’ouvrage. Il se crée parfois des
cheminements préférentiels dans l’aquifère où les vitesses de passage sont très
élevées et qui permettent d’assurer la plus grande partie du débit habituel alors que
l’ensemble de la crépine est complètement colmaté, d’où l’intérêt d’un examen
périodique des ouvrages.
L’incrustation est ainsi indissociable de la corrosion..
Pour limiter l’entartrage autant que la corrosion, qui dépendent tous deux de la
libération de CO2 aux endroits où l’eau est mise en vitesse, on a pensé depuis
longtemps à limiter cette vitesse, bien qu’elle n’agisse qu’indirectement sur le
colmatage, et seulement sur certains types de colmatage, au point que certains
spécialistes en nient encore l’influence.
Dans le cas du colmatage chimique, ce n’est pas la vitesse qui agit, ni le régime
d’écoulement turbulent ou laminaire, mais le gradient de vitesse entre filets d’eau
voisins.

Les dépôts fer- manganèse

Le dégagement de CO2 au passage du massif de graviers ou des crépines, modifie


non seulement l’équilibre carbonique de l’eau, mais aussi son équilibre d’oxydo-
réduction, faisant notamment varier la solubilité de l’oxygène, du fer et du
manganèse. Des dépôts ferrugineux peuvent alors être intimement mélangés à ceux
du calcaire. De même, s’il y a mélange d’eaux provenant de couches aquifères
caractérisées par des teneurs différentes en fer et manganèse à l’état soluble, chacune
des solutions étant en équilibre avec des teneurs plus faibles des mêmes éléments à
l’état peu soluble. Le mélange modifie ces équilibres et il peut en résulter des
précipités d’hydroxydes.

!"P
Fe(HCO3)2 Fe(OH)2 ↓ + 2 CO2 ↑
#

La solubilité de l’hydroxyde ferreux dans la partie droite de l’équation est


inférieure à 20 mg/l. S’il y a apport d’oxygène à une eau contenant des ions Fe2+ et
Mn2+, à partir de la surface d’une nappe libre, ou par le trou de forage pour une
nappe captive, la production de précipités insolubles oxygénés sera beaucoup plus
forte, et le colmatage le plus important se situera aux endroits où l’oxygène est le plus
abondant, généralement au sommet des crépines ou à la partie supérieure des forages
ou drains horizontaux.
Vieillissement d'un ouvrage 255

Il y aura en plus précipitation d’hydroxyde ferrique :

4 Fe(OH)2 + 2 H2O + O2 → 4 Fe(OH)3 ↓

dont la solubilité est inférieure à 0,01 mg/l. Le colmatage sera très diminué si la
tête du forage est rendue étanche à l’air.
On retrouve la même logique avec le manganèse :

2 Mn(HCO3)2 + O2 + 2 H2O → 2 Mn(OH)4 ↓ + 4 CO2 ↑

Une oxydation des hydroxydes de fer et de manganèse ou une augmentation de


pH provoquent la formation d’oxydes hydratés contenant les ions Fe2+ et Mn2+. Des
ions ferreux en solution peuvent notamment réagir avec l’oxygène pour former des
oxydes ferriques :


2 Fe2+ + 4 HCO3 + H2O + 1/2O2 → Fe2O3 ↓ + 4 CO2 ↑ + 3 H2O

Les composés ferreux et manganeux sont susceptibles de colmater un captage


mais là encore, la composition de l’eau et son comportement conduisent à des effets
différents. Il n’est pas rare de constater que certaines eaux contenant plus 0,5 mg/l de
fer ne provoquent aucun inconvénient au niveau du captage alors que d’autres
produisent un précipité quasi immédiat d’hydrate ferrique avec 0,10 ou 0,15 mg/l de
fer seulement. Il est très facile de s’en rendre compte d’ailleurs par des essais, ce qui
peut être une bonne indication sur le comportement éventuel du fer vis-à-vis des
risques de colmatage du captage.
Le pH est en particulier un élément important du maintien en solution du fer ou
de son oxydation.
Notons que la distinction entre le colmatage ferrique d’origine bactérienne et
celui d’origine chimique est très récente. En réalité les deux sont souvent présents, ce
qui ne simplifie pas la mise en œuvre d’une solution efficace, en l’absence d’un
diagnostic précis.

c) Colmatage biologique
Le colmatage biologique se caractérise généralement par la présence d’éléments
filamenteux dans l’eau pompée, de flocons ou de blocs gélatineux, parfois bien avant
que ne se manifeste la perte de productivité de l’ouvrage. Le plus souvent ces
phénomènes sont liées aux bactéries du fer et du manganèse.
Les conditions favorables au développement des bactéries sont les suivantes :
— un pH compris entre 5,4 et 7,2,
— une teneur en fer ferreux comprise entre 1,6 et 12 mg/l,
— la présence de CO2,
— le potentiel d’oxydo-réduction Eh doit être supérieur à –10 mV ± 20 mV.
Vieillissement d'un ouvrage 256

Les bactéries du fer et du manganèse n’existent pas en présence de fortes teneurs


en oxygène, à l’exception de Leptothrix crassa qui se développe près de la surface
libre des nappes. Ces bactéries peuvent se développer en masse avec des
concentrations en oxygène inférieures à 5 µg/l. C’est ce phénomène que l’on a appelé
la microaérophilie. Il se peut aussi que ces bactéries profitent de l’oxygène produit
par les bactéries réductrices des nitrates et des sulfates.
L’étude de la bibliographie fait apparaître que les bactéries du fer et du
manganèse sont une des principales causes de vieillissement des forages. En
conclusion, les études réalisées à ce jour, et essentiellement celles de G. KREMS,
montrent :
— qu’il n’y a aucun matériau qui ne se colmate pas ;
— que les produits de colmatage sont essentiellement des composés de fer et de
manganèse, sous forme d’incrustations dures ou de gels ;
— qu’aucune loi satisfaisante n’a pu être trouvée au sujet d’une influence
quelconque du régime des eaux, turbulent ou laminaire, sur le colmatage ;
— que le colmatage purement chimique, par les hydrates de fer, est très rare ;
— que les bactéries du fer et du manganèse sont les principales responsables du
colmatage biologique. Ces bactéries existent dans les nappes, mais ne se développent
en masse que lorsque la mise en service d’un forage leur apporte davantage de
nourriture et de fer par la vitesse accrue de circulation de l’eau. Si l’eau est immobile,
les concentrations en Fe2+ doivent être supérieures à 1,6 mg/l et inférieures à
10 mg/l ;
— que l’intensité du colmatage est plus grande dans les forages à gros débit ;
— que le colmatage peut être fortement réduit ou même supprimé par un
traitement mensuel des forages au moyen de produits stérilisants, à une dose telle que
la concentration de chlore soit de 1 gramme par litre dans la zone à traiter.
Par ailleurs, certains auteurs ont précisé les caractéristiques les plus fréquentes
d’un colmatage biologique gênant :
— présence de bactéries du fer ou du manganèse,
— présence de fer ou de manganèse ; la concentration minimale de 1,6 mg/l
concerne des eaux immobiles, mais avec de l’eau en mouvement la concentration
peut descendre jusqu’à 0,2 mg/l,
— le potentiel d’oxydo-réduction par rapport à l’électrode d’hydrogène doit être
supérieur à – 10 mV avec un écart maximum de plus ou moins 20 mV,
— la vitesse de l’eau doit être notablement plus grande que dans les conditions
naturelles. L’étude du colmatage des sables de l’Yprésien confirme que le colmatage
évolue d’autant plus vite que les conditions de flux sont intenses et que le colmatage
est très faible, voire négligeable, pour des vitesses de flux de l’ordre du mm/s.
Le colmatage biologique se produit quelle que soit la nature du matériau : acier,
matières synthétiques, cuivre, fibrociment, etc., mais les métaux sont souvent
sensibles à une corrosion résultant de ce colmatage.
Le colmatage biologique ne se fait systématiquement ni au sommet ni à la base
des crépines, mais dépend essentiellement des conditions favorables aux bactéries,
conditions qui peuvent différer selon les couches de terrain et l’apport de substances
nutritives. C’est souvent ce dernier phénomène qui est dominant, alors le colmatage
atteint surtout les crépines où la vitesse de l’eau est maximale, et non pas le massif de
graviers ou le terrain naturel.
Vieillissement d'un ouvrage 257

D’autres études sur le colmatage biologique ont été réalisées, notamment en


France. Elles ont montré que le colmatage par développement bactérien ne portait pas
seulement sur un colmatage des crépines ou du massif de graviers, mais allait bien
au-delà, dans la formation aquifère. Il est dû, le plus souvent, à la présence de
bactéries hétérotrophes anaérobies et sulfatoréductrices se développant à la faveur du
pompage, par apport d’un flux nourricier, et formant une biomasse sur plusieurs
mètres, réduisant ainsi considérablement la perméabilité du milieu.
Le rôle de la vitesse de circulation de l’eau dans l’apparition de ce type de
colmatage a été souligné dans l’étude de la nappe des sables yprésiens dans 300
forages dont plus de 60 % sont colmatés. BOURGUET et al. ont réalisé un modèle
physique expérimental qui a donné lieu au dépôt d’un Brevet (colmatomètre).
L’inventeur de cet appareil préconise son emploi avant la réalisation d’un champ
captant nouveau, démarche qui permettrait d’apprécier les risques de colmatage
spécifique au site. Par suite, la conception des ouvrages et la définition des conditions
d’exploitation permettraient d’éviter ou de minimiser le risque de colmatage.
L’étude montre un accroissement des désordres dans les ouvrages dû à
l’augmentation du champ de vitesse dans l’environnement immédiat du captage ce
qui amène certains auteurs à assimiler ces phénomènes à une surexploitation. Le
développement bactérien s’explique par :
— la présence au sein de la formation aquifère d’une population bactérienne
oligotrophe, en état de vie ralentie,
— le développement de l’activité de la population bactérienne sous l’effet du
pompage. Ce dernier par le mouvement de l’eau fournit le flux nourricier nécessaire
au développement des bactéries.
Cette théorie ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique mais
elle explique néanmoins que l’apparition du phénomène du colmatage bactérien se
produise après la mise en service d’un captage selon des délais très variables, parfois
quelques mois, mais aussi plusieurs années, notamment à l’occasion de circonstances
climatiques exceptionnelles. Elle pourrait expliquer également que certains ouvrages
soient touchés et pas d’autres, alors que l’on sait que sur un champ captant, la
répartition des flux d’eau n’est pas la même pour tous les ouvrages.
Enfin, certains auteurs ont observé que le colmatage bactérien des captages se
produisait dans certaines conditions physico-chimiques (pH, potentiel redox, etc.).
C’est probablement vrai pour les cas observés mais cela ne signifie pas pour autant
qu’on puisse en tirer une règle générale. En réalité le phénomène est certainement
beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, en ce sens que chaque aquifère capté
constitue un milieu physico-chimique et biologique particulier qui réagit en fonction
des contraintes d’environnement propres à chaque captage.
Des expériences de colmatage bactérien mettent en évidence le rôle de la
température et de la sécheresse comme facteur déclenchant (GEOTHERMA,
BUYDENS). Ces observations ont été réalisées dans des champs captants, en France et
en Belgique, où l’eau ne contenait ni fer, ni manganèse (même pas de traces) et une
teneur en oxygène peu élevée.
Vieillissement d'un ouvrage 258

Les caractéristiques du développement bactérien ont été les suivantes :


— « apparition en l’espace de quatre jours de filaments muqueux de couleur
brune,
— en quelques jours, les conduites d’amenée à la station centrale furent
uniformément revêtues d’une couche de plus d’un centimètre, que toute variation de
débit détachait par paquets,
— apparition d’ammoniaque,
— l’eau est pratiquement dépourvue de fer (0,04 mg/l). Elle ne ferait pas
soupçonner qu’elle ait pu contenir des bactéries ferrugineuses,
— réduction de la teneur en oxygène de l’eau,
— le phénomène atteint de nouveaux puits à drains rayonnants. Là également,
les pompages d’essai n’avaient rien révélé ».
Il est apparu que le phénomène était surtout très sensible à la température.
S’agissant de nappes peu profondes, la température est influencée par les conditions
climatiques extérieures et le développement bactérien profite de l’élévation de
température de la nappe au point que chaque année, le phénomène démarre au
printemps (mai en général) pour décroître à l’automne (octobre).
Le phénomène s’est ensuite compliqué quand l’eau des captages a commencé à
révéler du fer et du manganèse lors de la sécheresse de 1976, teneurs qui ont
fortement augmenté sur certains ouvrages pendant les récentes sécheresses de 1989 et
1990 (région Centre Ouest).
Ces observations concernant les conditions climatiques et leur influence sur le
déclenchement des phénomènes bactériens dans les captages d’eau souterraine
confirment ce qui a été remarqué par ailleurs. Le cas cité en Belgique par
R. BUYDENS est survenu dans des captages qui avaient 28 ans d’existence lors de la
sécheresse de 1959. L’auteur explique que selon lui, l’eau du fleuve (il s’agissait de
captages en nappe alluviale) participa, lors de la sécheresse de 1959, plus qu’à
l’accoutumée à la réalimentation de la nappe alluviale appauvrie. L’eau subit alors
une épuration naturelle moins poussée, ainsi que l’attestait le déficit en oxygène,
l’apparition d’ammoniaque et le relèvement de la teneur en matières organiques. Il en
conclût que les bactéries, qui jusqu’alors ne s’étaient jamais manifestées, auraient
trouvé les conditions favorables à leur reviviscence.
Selon ces auteurs, il semble que tout aquifère en liaison avec un contexte
organique (couvert végétal, tourbe, vases, alluvions, etc.) présente des risques de
déclenchement de problèmes bactériens. Lorsque les éléments sont présents à l’état
latent, il suffit d’une sécheresse exceptionnelle ou d’une modification dans la
réalimentation habituelle de l’ouvrage pour déclencher des phénomènes aussi rapides
qu’imprévus. Cette observation est confirmée par le fait que l’activité minéralisatrice
du fer est d’autant plus accentuée que l’activité microbiologique globale du milieu
naturel est élevée. Enfin, l’étude menée en 1988 concernant l’action de la matière
organique sur les nappes alluviales du Bassin Rhône-Méditerranée-Corse confirme
que la matière organique est bien la cause de la transformation du fer et du
manganèse [GEOTHERMA, 1991].
Vieillissement d'un ouvrage 259

6.4.3. Défaillances liées à la ressource


La perte de productivité d’un captage d’eau souterraine peut être totalement
indépendante de l’ouvrage lui-même mais liée à des éléments plus généraux tels que
sécheresse ou surexploitation, entre autres.

a) Déficit pluviométrique
Les nappes souterraines sont alimentées par les eaux de pluies (voir chapitre I : le
cycle de l’eau) qui, en s’infiltrant dans le sol contribuent à recharger les aquifères. En
l’absence de précipitations, l’équilibre entre les apports et les prélèvements est rompu
et l’on observe alors une baisse régulière du niveau des nappes. A débit égal, la
baisse du niveau piézométrique d’une nappe entraîne une baisse du niveau
dynamique en pompage. Cette baisse peut dépasser la limite technique de l’ouvrage
(dénoiement de la pompe par exemple), d’où la nécessité d’adopter un rythme de
pompage moins soutenu de façon à maintenir un rabattement acceptable et en rapport
avec les caractéristiques de l’ouvrage
L’effet cumulé de plusieurs périodes de déficit pluviométrique, comme ce fut le
cas en France dans les années 76 et plus récemment en 1989-92, est la principale
cause de la baisse du niveau piézométrique dans les aquifères. Les captages les plus
touchés sont ceux qui exploitent des nappes peu profondes ou bien ceux qui ne
captent que la partie supérieure de la nappe.

b) Perturbations hydrauliques
Dans certaines conditions, les grands travaux d’infrastructure, tels que
constructions routières et autoroutières, urbanisation ou aménagements hydrauliques
de surface, peuvent avoir un impact non négligeable sur l’écoulement des nappes
d’eau souterraines peu profondes. Les conséquences sont variées : baisse ou
augmentation du niveau piézométrique habituel, apparition de pollutions chimiques
ou bactériennes.

6.4.4. Défaillances liées à l’exploitation de l’ouvrage


Ces défaillances liées à une mauvaise exploitation du captage ne devraient pas
exister. En effet, les conditions optimales d’une bonne exploitation doivent être
définies dès le début, au vu des pompages d’essai.
Malheureusement, de telles défaillances résultent soit d’une mauvaise
interprétation des pompages d’essai, soit d’une inobservation des consignes en
matière d’exploitation.
Vieillissement d'un ouvrage 260

a) Surexploitation
La surexploitation est malheureusement un phénomène fréquent. Elle a pour
cause principale, l’exploitation d’un ouvrage à un débit supérieur à sa capacité de
production. Les conséquences sont résumées dans le tableau VI-VI.

TABLEAU VI-VI — Conséquences d’une surexploitation d’un forage.

Conséquences de la surexploitation d’un captage d’eau souterraine

CAUSE - Débit d’exploitation supérieur à la capacité de


production maximale de l’ouvrage
- Dénoiement d’une partie de la crépine de l’ouvrage.
EFFETS - Vitesse élevée de l’eau dans la partie productive.
- Cône de rabattement plus étendu.
- Ensablement.
- Corrosion et érosion.
- Entartrage.
CONSEQUENCES - Augmentation de la teneur en Fer et Manganèse.
- Déstabilisation du massif de gravier.
- Développements bactériens.
- Désamorçage de la pompe.
- Rendement médiocre.

La surexploitation peut également avoir d’autres causes. La plus fréquente est liée
à la mise en route de la pompe, la baisse du niveau d’eau s’effectue en général très
rapidement sur les 2/3 de la hauteur, puis plus lentement jusqu’au niveau dynamique
stabilisé ou pseudo stabilisé. L’arrêt de la pompe entraîne un phénomène exactement
inverse (remontée rapide puis plus lente). Or, certains pompages sont programmés de
telle sorte que les mises en route et les arrêts sont très fréquents, d’où un va-et-vient.
du niveau de l’eau dans l’ouvrage, particulièrement néfaste si on est en présence
d’une formation sableuse. Il n’y a parfois pas besoin de chercher d’autre explication à
l’ensablement d’un captage.

b) Exploitation inadaptée
Il existe des ouvrages qui sont exploités d’une manière particulière, par exemple
lorsqu’ils captent des fissures dans des niveaux calcaires, schisteux ou autres.
L’ensemble de la production autorise éventuellement des débits intéressants mais
certaines précautions doivent être prises. En effet, en cas de pompage à un débit trop
élevé, on risque de dénoyer certaines fractures ou fissures. Il faut donc respecter un
niveau dynamique très précis ; dans le cas contraire, l’exploitation serait inadaptée
aux caractéristiques particulières de l’ouvrage, avec un risque sérieux d’entraînement
de sédiments dans le forage.
Quelle qu’en soit l’origine (ouvrage, pompage, ressource), dès que le contrôle
régulier montre que le rendement d’un ouvrage exploité diminue de 10 à 15 % par
rapport à ses caractéristiques initiales, il convient d’en déterminer la ou les causes,
donc de réaliser un diagnostic de vieillissement.
Vieillissement d'un ouvrage 261

6.4.5. Diagnostic de vieillissement


Les captages d’eau souterraine évoluent lentement dans le temps. Le problème
revient donc à déterminer à partir de quel moment il convient d’intervenir au moyen
de traitements particuliers pour lui redonner ses caractéristiques originelles. Il faut
donc effectuer un diagnostic de vieillissement.

Collecte des données patrimoniales

Sur la réalisation Sur la vie et Symptômes : baisse de


du forage l'exploitation du forage débit, corrosion, variation
de qualité

Etude et analyse des données


Collecte des données

Suffisante Insuffisante
Investigations
complémentaires

Diagnostic

Traitement, régénération,
Abandon de l'ouvrage
réhabilitation de l'ouvrage

Figure 6-12
Diagnostic de vieillissement : méthodologie

Le diagnostic consiste d’une part à déterminer, à partir des éléments observables


sur le captage (indices), les causes du mauvais fonctionnement de l’ouvrage et,
d’autre part, à définir le ou les moyens nécessaires pour y remédier dans les
meilleures conditions.
L’expérience montre que 20 à 30 % des défaillances qui sont imputées aux
ouvrages de captage ont une cause extérieure. Avant toute décision il faut donc faire
une analyse critique et objective de l’historique des problèmes observés.
Vieillissement d'un ouvrage 262

Examen préliminaire permettant de diagnostiquer


l'origine de la réduction de débit d'un captage

CONSTAT :

Débit insuffisant

POSSIBILITES D'INCIDENT
RELATIF AU POMPAGE

• Sens de rotation de la pompe


inversé,
• Pompe usagée,
• Obstacle sur le refoulement,
• Moteur ne tournant pas à sa
vitesse normale.

CONTROLE A EFFECTUER :

Vérifier la profondeur du niveau


de l'eau dans le captage

NIVEAU D'EAU MOINS NIVEAU D'EAU PLUS


PROFOND PROFOND
QUE LE NIVEAU QUE LE NIVEAU
HABITUEL : HABITUEL :

Le pompage est en cause Le captage est en cause

Figure 6-13
Démarche analytique d’un diagnostic de réduction de débit
(d’après document GEOTHERMA, 1991- collection inter-agences de l’eau).
Vieillissement d'un ouvrage 263

Dans le cas où l’ouvrage est en cause, la première étape est de rechercher


l’origine du problème. Après détermination de la cause, il faudra dans un second
temps, réparer l’ouvrage. Enfin, il conviendra de définir des conditions d’exploitation
optimales de façon à éviter tout risque de défaillances nouvelles.

a) Indices précurseurs
Le premier symptôme de la baisse de rendement d’un forage est la diminution du
débit d’exhaure et du débit spécifique, sans autre changement des conditions
d’exploitation. Il s’agit d’un cas très fréquent auquel il faut savoir faire face
efficacement. La démarche analytique est schématisée en figure 6-13.
Au cours de l’exploitation d’un captage d’eau souterraine, l’observation attentive
et régulière de certains indices peut se révéler très importante pour déceler
d’éventuelles anomalies. Un indice isolé peut attirer l’attention mais ne permet pas, le
plus souvent, d’aboutir à un diagnostic.
Il est nécessaire de collecter plusieurs indices dont la convergence constitue, pour
un spécialiste, une forte présomption sur la nature du problème. C’est à partir de cette
observation que celui-ci définira les moyens à mettre en œuvre pour en rechercher
l’origine exacte et déterminer le type d’action à engager.
En fonction de la nature de l’indice de vieillissement, il est possible de savoir
quelle est la partie de captage qui est diminuée.

b) Recherche des causes


Lorsque le vieillissement d’un ouvrage ou du système de pompage a été mis en
évidence, il y a lieu d’en trouver les causes et de les localiser. Plusieurs outils sont à
notre disposition :
L’examen physico-chimique, permet notamment :
• l’observation de sable, d’argile, ou d’autres produits de colmatage en
suspension dans l’eau,
• le prélèvement d’échantillons pour analyse en laboratoire.
Ces quelques indications sur le degré du caractère corrosif de l’eau et sur la
nature du colmatage permettent de se faire une première idée.
Il faudra alors préciser ces indications et localiser précisément les zones atteintes.
Pour cela, il existe plusieurs possibilités que nous abordons dans l’ordre de
complexité croissant.

Pompage d’essai

Tout d’abord, un essai de choc hydraulique (à comparer avec les essais antérieurs
si possible), renseignera sur la distance de la zone colmatée par rapport à l’axe du
forage : l’allure des courbes dépend en effet de la situation d’une couche colmatée
contre les parois du forage ou à distance.
Vieillissement d'un ouvrage 264

Ensuite, des pompages d’essai par paliers à débit croissant, comparés à des essais
antérieurs similaires, montreront s’il y a une augmentation anormale des pertes de
charge dûes à la vitesse anormale de l’eau dans les ouvertures restées libres ou si, au
contraire, le colmatage est tel qu’il n’y a plus d’ouvertures où la vitesse de l’eau peut
être notable.

Retrait de la pompe

Le stade suivant est le retrait de la pompe et de la colonne de refoulement que


l’on examinera avec soin, surtout si le système de pompage a été rendu responsable
de la baisse de production. La crépine d’aspiration de la pompe a pu être colmatée par
des produits de corrosion. Le corps de pompe peut avoir été usé par du sable. Le
carter peut être corrodé et percé, ainsi que le tuyau de refoulement, notamment près
des raccords.

Diagraphies

Après retrait de la pompe, des mesures au micromoulinet, pendant une injection


d’eau ou en pompage, renseignent sur le champ des vitesses dans la zone captée et
dans les tubages. La comparaison avec des mesures antérieures fera apparaître les
zones colmatées et les perforations éventuelles des tubages.
Des renseignements importants peuvent également être fournis grâce à des
observations par photographie ou caméra-vidéo. La corrosion et le colmatage des
crépines y sont bien visibles et la couleur des dépôts peut indiquer leur nature.

Analyse des dépôts colmatants

Il est fondamental de connaître la nature des dépôts colmatants. Ceux-ci se


retrouvent parfois dans le réseau de distribution (compteurs, robinets, etc.) ou dans
des trappes à sédiments lorsqu’elles existent.
— La présence de sable de calibre inférieur à celui des pores du massif filtrant ne
doit pas inquiéter. C’est seulement le signe d’un développement insuffisant à un débit
trop proche du débit d’exploitation ou pendant un temps trop court, ou encore par une
méthode inadéquate.
Si la présence de sable s’accompagne d’une baisse du débit spécifique, il se peut
que le sable ait rempli une partie du forage et qu’il empêche les crépines de jouer leur
rôle.
Si la quantité de sable est très importante, la cote du massif filtrant doit aussi être
vérifiée car cela a pu entraîner un affaissement des terrains. C’est également le cas
lorsque le diamètre des grains est supérieur à celui des pores du massif filtrant mais
inférieur à celui des crépines.
Si le sable est plus gros que les fentes des crépines, il faut craindre une usure ou
une rupture de celles-ci.
Si le sable est abondant, il peut se sédimenter dans la colonne de pompage et
bloquer complètement la pompe. Il est par ailleurs très agressif envers les pompes.
— La présence de calcaire, en grains ou paillettes, est la preuve d’une
sursaturation en calcaire qui peut provenir d’un dégazage de CO2 libre.
Vieillissement d'un ouvrage 265

Si le calcaire précipite par endroits, il y a tout lieu de craindre ailleurs, un excès


de CO2 donc une eau corrosive. Les deux effets peuvent se produire simultanément
dans les crépines : entartrage de calcaire et perforations par corrosion.
Il faut savoir qu’une eau neutre peut devenir acide et corrosive simplement par
effet de vitesse, lorsque le CO2 se redissout après que les carbonates aient précipité.
Cette eau peut attaquer le corps de pompe, le carter et le tuyau de refoulement.
En fait, les incrustations ne sont pas exclusivement calcaires mais constituent un
mélange de carbonates, d’hydroxydes et de sulfates de chaux, de fer et de manganèse.
— Fer et Oxygène. La présence de fer sous forme d’oxydes ou d’hydroxydes est
caractéristique des phénomènes de corrosion.
S’il n’y a pas de baisse du débit spécifique, l’origine la plus probable est dans le
système de pompage ou dans le tubage entre les crépines et l’orifice d’aspiration de la
pompe.
Si l’apparition de particules ferrugineuses s’accompagne d’une diminution du
débit spécifique, on peut supposer qu’elles sont le produit d’un colmatage ou d’une
corrosion des crépines.
En l’absence d’oxygène, le fer peut être en solution dans l’eau ou provenir de la
corrosion des crépines, sa teneur ne dépassant pas 0,5 mg/litre (exprimée en Fe2+).
Un apport d’oxygène peut se faire par contact de la nappe avec les terrains non
saturés. Dans ce cas, si les crépines sont trop proches de la zone de battement de la
surface libre où se produit l’oxygénation, il y a risque d’entartrage par les oxydes de
fer.
— Bactéries. De mauvaises odeurs, la présence de flocons, de gels ou de boues
peuvent trahir la présence de bactéries, très souvent responsables de baisses de
productivité de l’ouvrage.

6.4.6. Résumé
Il n’existe malheureusement aucun moyen radical pour éviter le vieillissement
d’un ouvrage de captage d’eau souterraine.
Toutefois, il est possible d’augmenter sa durée de vie en respectant quelques
règles élémentaires dans l’équipement de l’ouvrage et dans son mode d’exploitation.
— Choix de la crépine : les crépines doivent être en contact avec un massif très
perméable et avoir un coefficient d’ouverture le plus élevé possible. Les orifices de
captage doivent comporter des lèvres lisses et avoir une section croissante avec le
sens du courant. Par ailleurs, l’expérience montre que la vitesse optimale de
circulation de l’eau dans les ouvertures est d’environ 3 cm/s.
— Massif filtrant : il faut veiller à la bonne mise en place du massif filtrant dans
l’espace annulaire. En effet, la ségrégation du gravier peut faciliter le phénomène de
colmatage.
— Développement : son rôle est essentiel pour réduire les venues de sable.
— Régime de pompage : il est préférable, quand on le peut, de réduire le débit et
d’augmenter la durée du pompage. En effet, de nombreuses périodes d’arrêt sont
propices au développement des incrustations. Toutefois, le temps de pompage ne
devrait pas excéder 20 heures sur 24.
— Visites périodiques de contrôle et entretien : on intervient le plus souvent très
tard, lorsque le débit chute brutalement ou que l’on observe des venues de sable dans
Vieillissement d'un ouvrage 266

l’eau d’exhaure. A ce stade, un traitement énergique coûteux, mais peut être trop
tardif, ne parviendra pas toujours à améliorer le rendement de l’ouvrage. Par contre,
traitée à temps, la défaillance peut être aisément combattue. On peut même ajouter
que, bien souvent, un lessivage exécuté dès le début de la formation des incrustations
permet d’obtenir des conditions d’exploitation comparables à celles qui avaient été
obtenues aux essais.
Si malgré ces recommandations, le colmatage ou la corrosion n’ont pu être évités,
la réhabilitation du forage par divers traitements chimiques s’impose.
Avant tout il faudra effectuer un diagnostic complet et précis du problème en
question.
La logique du diagnostic d’une défaillance est la suivante :
— rechercher la ou les causes de la défaillance,
— en supprimer les effets, c’est-à-dire réhabiliter le forage,
— éviter le renouvellement du problème.

6.5 Protection des captages


Nous aborderons dans le chapitre suivant, les moyens de remédier aux
phénomènes de corrosion. Toutefois, et de manière préventive, il existe des méthodes
simples pour retarder ou atténuer ces phénomènes : c’est le cas, entre autres, de la
galvanisation des tubages, de la protection cathodique ou du choix pertinent du type
de crépines en fonction de la nature de l’eau souterraine.

6.5.1. Protection passive des captages


Un métal actif au sens de l’échelle galvanique peut être l’objet d’une corrosion
conduisant à la disparition du métal. Par contre, ce même métal peut devenir passif et
protégé de la corrosion si, par électrolyse, on dépose un film superficiel protecteur
contre les phénomènes électriques et chimiques.
Il faut savoir que la résistance à la corrosion des surfaces en acier inoxydable est
liée à la qualité de la couche passive.
La galvanisation (enrobage de zinc) résiste bien à la corrosion chimique mais est
totalement inopérante en cas de corrosion électrochimique (effet de pile). Dans le
film passif de protection des aciers inoxydables, le pourcentage de chrome libre, qui
est l’élément prépondérant, doit se situer entre 11 et 30 % pour être efficace.
Cependant, sous certaines conditions, les aciers inoxydables sont sujets à la
corrosion par les sels halogènes (surtout les chlorures) qui pénètrent le film passif et
attaquent le métal. En cas de forte concentration de chlorures, le processus de
corrosion peut donc être accéléré.
Protection des captages 267

6.5.2. Protection cathodique des captages


Dans un milieu pouvant jouer le rôle d’électrolyte, un métal conducteur prend un
certain potentiel de corrosion selon l’agressivité de ce milieu. Deux cas de figure se
présentent alors :
— lorsque le courant électrique part du métal vers l’électrolyte, la corrosion du
métal est accélérée,
— lorsque le sens du courant part du milieu corrosif vers le tube de revêtement,
la vitesse de détérioration est très retardée.

Courant
continu
-+

Anode Anode

Tube de Tube de
revêtement : revêtement :
cathode cathode

Protection cathodique Protection cathodique


galvanique électrique

Figure 6-14
Deux types de protection cathodique d’un captage d’eau souterraine.

La protection du tube de revêtement peut donc se faire par connexion directe du


tube (cathode) avec un métal jouant le rôle d’anode, tel que le zinc, le magnésium ou
l’aluminium (cf. figure 6-14).
Le courant en provenance de l’anode traverse le milieu corrosif conducteur,
pénètre dans l’ouvrage à protéger (cathode) et revient à l’anode par l’intermédiaire
d’un fil de cuivre. Le métal de l’anode se disperse dans le milieu conducteur tandis
que le métal du tube de revêtement demeure intact.
Protection des captages 268

Il s’agit de la protection cathodique galvanique. La ou les anodes doivent se


trouver sous le niveau statique. Leur masse, leur diamètre et leur emplacement
dépendent de diverses caractéristiques (intensité du courant, résistivité du milieu
corrosif, nature du milieu, etc.) et doivent être déterminés par un spécialiste.
Une autre technique consiste à envoyer un courant continu fourni par un
générateur dont le pôle négatif est relié à la surface à protéger et le pôle positif à une
anode : on parle alors de protection cathodique électrique.
On peut également placer un câble de métal jouant le rôle d’anode, à l’intérieur
même du forage, en relation avec le tube à protéger. Ce câble devra être changé
régulièrement.
De la même manière, on peut protéger les pompes de la corrosion. En effet, elles
sont souvent composées de métaux différents qui engendrent des couples
galvaniques, vecteurs de corrosion. On peut installer une protection cathodique en
plaçant des anodes solubles près des axes en acier.

6.5.3. Choix des matériaux


Dans un forage d’eau, le tube de revêtement, souvent en acier, est cimenté au
terrain. Cette cimentation, lorsqu’elle est bien faite, lui assure un étanchéité qui le
protège la plupart du temps contre la corrosion.
Les crépines par contre sont en contact permanent avec l’eau souterraine, donc
beaucoup plus sujettes à la corrosion. Le choix de la matière est alors essentiel. Il doit
être un compromis entre les contraintes de productivité (pourcentages d’ouvertures
par exemple) et les contraintes de fiabilité face à la pression ou à la corrosion.
Avant de choisir la matière composant les crépines, il sera nécessaire d’effectuer
une analyse d’eau dont les résultats permettront le faire le choix le mieux adapté au
problème.
A ce titre, l’indice de RYZNAR est caractéristique de la nature incrustante ou
corrosive des eaux. Il regroupe le pH de l’eau, la teneur en ions de calcaire,
l’alcalinité totale et la teneur en sels dissous.
La valeur de l’indice de stabilité de RYZNAR pour un échantillon d’eau est
donnée par la formule suivante :

I = S – C – pH

avec :
I : indice de RYZNAR,
S : valeur qui tient compte des sels dissous,
C : valeur qui tient compte de l’alcalinité et de la dureté en calcaire.

La connaissance de cet indice permet de choisir le matériau le mieux adapté


(cf. tableau VI-VII).
Protection des captages 269

TABLEAU VI-VII — Choix du matériau en fonction de l’indice de RYZNAR

Valeurs de l’indice de Matériau préconisé


stabilité de RYZNAR

Entre 7,5 et 18 Matière plastique


Entre 7 et 8 Acier à faible teneur en carbone
Entre 6,5 et 8 Fer ARMCO
Entre 6 et 8,5 Cuivre rouge siliceux
Moins de 9 Super Nickel
Moins de 9,5 Monel 400
Moins de 12 Acier inox 304
Moins de 15 Acier inox 304 ELC
Moins de 16 Acier inox 316
Moins de 18 Acier inox 316 ELC

6.6 Réalimentation de nappe


La réalimentation artificielle vise à un accroissement de la ressource et consiste à
recharger une nappe pour compenser l’effet de la dépression piézométrique liée à
l’exploitation intensive de l’aquifère. Ce procédé de « gestion rationnelle d’un
réservoir naturel » permet de stocker dynamiquement des ressources et de les
réutiliser dans des conditions de régime et de qualité différents. Il permet la
modification de la qualité de l’eau, la restauration d’un équilibre, l’accroissement de
la ressource et l’optimisation du régime d’exploitation.
Depuis 1980 une installation de réalimentation artificielle a été mise en service
sur le site d’Aubergenville (78). La réalimentation artificielle de la nappe de la craie
sénonienne et des alluvions est réalisée à partir des eaux de Seine traitées par
clarification, décantation et filtration. L’eau ainsi traitée rejoint la nappe par
l’intermédiaire de bassins aménagés dans d’anciennes sablières. Ces bassins situés
dans la zone de captage sont au nombre de 7, et ils ont permis une réalimentation
moyenne, en 1991, de l’ordre de 850 000 m3/mois. Leur superficie totale est de
l’ordre de 20 ha. Une « couche filtrante » constituée de sables a été mise en place
dans le fond des sablières. Le diamètre efficace du sable est, en général, compris
entre 0,2 et 0,3 millimètres. Cette couche sert de support mécanique et biochimique à
l’épuration des eaux. Son épaisseur moyenne est de l’ordre de 50 cm mais elle peut
être localement supérieure au mètre. La capacité unitaire d’infiltration est de l’ordre
de 0,4 à 1 m/j avec une hauteur d’eau dans les sablières de 2 à 3 m.
C’est au travers de ce « lit naturel » que s’effectue la filtration avant que l’eau ne
pénètre dans la zone saturée. L’épuration biologique et chimique de l’eau en sablière
est essentiellement dûe à l’action du plancton, de l’oxygène de l’air et du soleil. Le
fond du bassin joue le rôle d’un filtre, l’eau ainsi débarrassée de ses plus grosses
impuretés parachève sa purification et rejoint la nappe.
On se rend compte, que bien que la technique de réalimentation par bassin soit
assez répandue, sans doute en raison de l’apparente simplicité du procédé, son
emploi, examiné de près, est fort complexe, dès que l’on cherche à se placer dans des
conditions d’exploitation optimales. En effet, une étude d’optimisation de la
réalimentation artificielle réalisée par Lyonnaise des Eaux-Dumez montre à quel
point le phénomène est complexe notamment en terme de colmatage. L’adaptation
Réalimentation de nappe 270

d’un projet d’aménagement aux conditions hydrogéologiques du site n’est qu’un


préalable : il reste à étudier le colmatage, les moyens de le limiter, et toutes les
conséquences sur l’entretien, dont les incidences financières pèsent sur la rentabilité
de l’exploitation.
Le colmatage des bassins résulte principalement de la prolifération des algues, du
dépôt de matières en suspension et des actions bactériennes sur les terrains.

6.6.1 Le colmatage du dispositif de réalimentation


On observe dans toutes les sablières un colmatage progressif du fond d’un bassin
qui se traduit par une réduction du taux d’infiltration.
Le phénomène de colmatage résulte globalement de la combinaison de deux
mécanismes :
— la désorganisation de la porosité du sol, résultat de divers mécanismes
électrochimiques :
• destruction des agrégats par un excès d’ions dispersant les argiles ou bien
solubilisation du ciment liant ceux-ci en milieu réducteur
• gonflement important des argiles.
— le bouchage des pores.
Les origines de cette diminution de la porosité intrinsèque peuvent être diverses
(physique, chimique, biologique) ou encore, dûes à la présence d’algues.
— Colmatage d’origine physique : le fond du bassin agit vis-à-vis des matières
en suspension (MES) comme un filtre. L’importance du colmatage d’origine
physique est donc fonction de la concentration en MES des effluents.
On peut combattre ce problème par la décantation et la filtration.
— Colmatage d’origine chimique : il est le résultat de la précipitation des sels
contenus dans l’effluent au contact de certains constituants du sol.
— Colmatage d’origine biologique : le mécanisme exact du colmatage
biologique n’est pas entièrement connu, mais on sait que le rôle des bactéries y est
très important. Ainsi, le développement des bactéries et la production de produits
résultant de leur métabolisme peuvent entraîner un colmatage par obstruction des
pores du sol.
— Colmatage par les algues : la présence d’éléments nutritifs, tels que le
phosphore dans les eaux, combinée avec un éclairage suffisant, permet, si toutefois la
température est assez élevée, le développement des algues dans le bassin.
Il est difficile de préciser l’importance des colmatages chimiques et biologiques.
Par contre on se rend bien compte que le rôle des algues est complexe. La présence
d’algues dans un bassin apporte, classiquement, les avantages suivants :
— les feutrages des algues favorisant la filtration de l’eau et la coagulation des
particules en suspension,
— la croissance alguale prélève des éléments nutritifs dans le milieu et peut
également concentrer dans la cellule végétale des substances nocives et en particulier
les métaux lourds.
Réalimentation de nappe 271

Mais ces algues présentent également des inconvénients :


— le dégagement d’odeurs désagréables,
— la réduction de la perméabilité des bassins par développement d’un tapis
dense à la surface du sol,
— ...
Des essais sont actuellement en cours pour préciser le bilan global des actions
dûes à la présence d’algues. Pour ce faire certaines sablières ont été ensemencées
avec des poissons herbivores qui mangent les algues et la qualité des eaux provenant
des deux sources fait l’objet d’une étude qualitative.

6.6.2 Le fonctionnement de la réalimentation


L’analyse des données quantitatives de réalimentation a permis de mettre en
évidence la courbe débit infiltré en fonction du temps. Par tradition d’exploitation
cette courbe est présentée en mètres d’infiltration par jour.
La courbe réalimentation de la nappe dans le temps (cf. figure 6-15) montre
quatre phases :
— Phase A : gonflement des colloïdes du sol par premier contact avec l’eau,
— Phase B : dissolution progressive des bulles d’air (dégazage),
— Phase C : formation d’un voile bactérien (utile à l’épuration biologique),
— Phase D : asphyxie progressive du fond du bassin avec comme point final
théorique un colmatage complet. Cette phase est très progressive et peut être
facilement représentée par une régression linéaire simple.
L’étude de la figure 6-15 montre que l’alimentation est maximum pendant les
phases A, B et C. Une technique a consisté à n’utiliser que ces trois premières phases
puis à laisser le bassin au repos pendant un certain temps (2 à 3 semaines) puis à
remettre le bassin en eau. Le temps d’arrêt permet d’éliminer la vie bactérienne qui
s’était développée en phase C. A la remise en eau on se retrouve dans les conditions
initiales et ainsi de suite (cf. figure 6-16).
La tolérance d’un certain colmatage est essentielle pour préserver un écoulement
en milieu non saturé sous le bassin. Cet écoulement, joue vraisemblablement un rôle
déterminant dans l’épuration des eaux de recharge par le sol. Le problème est que le
colmatage est un phénomène qui s’amplifie avec le temps jusqu’à devenir
inadmissible. Il faut donc que les périodes d’infiltration alternent avec des périodes
de dessèchement afin de pouvoir, d’une part, aérer le sol et ainsi permettre à la vie
microbienne dans le sol de se reconstituer et, d’autre part, éliminer les dépôts de
matières en suspension .
Réalimentation de nappe 272

(m/j)
1,20

1,00 B
A
0,80
C

0,60

0,40
D

0,20

0,00
1 5 10 15 20 25 30
t (semaines)

Figure 6-15
Réalimentation moyenne de la nappe d’Aubergenville dans le temps. Sablières 4, 5, 6,
année 1990, infiltration en m/jour.

Le dessèchement des bassins permet une récupération totale de la capacité


d’infiltration comme le montre la figure 6-17 (et les essais réalisés à Aubergenville).

Infiltration en m/j

3 Période
sèche

0 50 100 150 200


Temps en jours

Figure 6-16
Exemple d’optimisation du cycle d’infiltration.

Le problème de gestion des systèmes d’infiltration pourrait se résumer à la


détermination du rythme d’alternance entre les périodes de submersion et les périodes
de séchage et d’entretien pour que le rendement de l’installation soit optimum.
Enfin, sur le plan quantitatif on se rend compte que les périodes d’arrêt permettent
de réalimenter plus que le cycle sans arrêt. A titre d’exemple nous avons tracé, à
Réalimentation de nappe 273

partir des données moyennes des sablières 4, 5 et 6 d’Aubergenville, les courbes


relatives à deux hypothèses de gestion (cf figure 6-17).
Ces techniques de gestion sont très intéressantes sur les plans qualitatifs et
quantitatifs.

Infiltration cumulée en m3
1 600 000
Hypothèse 3 semaines d'arrêt
1 400 000

1 200 000

1 000 000
Hypothèse 15 j d'arrêt
800 000
Réalimentation
sans arrêts
600 000

400 000

200 000

0
1 5 10 15 20 25 30
Temps (semaines)
Figure 6-17
Hypothèses de gestion temporelle des sablières.

6.7 L’effet de berge


Depuis 1989, à l’initiative de Lyonnaise des Eaux-Dumez (LED), un programme
de recherche consacré à l’effet de berges a été entrepris avec le Centre
d’Informatique Géologique de l’Ecole des Mines de Paris (CIG), l’Agence de l’Eau
Seine-Normandie (AESN) et l’Institut de Protection et de Sureté Nucléaire (IPSN). Il
a pour objectif d’étudier dans le détail le transfert de polluants entre une rivière et la
nappe alluviale connectée, répondant ainsi à une préoccupation majeure des
gestionnaires de l’eau. En effet, ces aquifères fournissent, en Seine-Normandie, plus
de 50 % de l’eau potable destinée aux collectivités.
L'effet de berge 274

Ce paragraphe présente brièvement le site d’étude et donne un aperçu des


résultats acquis.
L’étude entreprise intéresse trois familles de polluants :
— l’azote, du fait de l’augmentation sensible des teneurs en nitrates dans les
cours d’eau, en particulier en Seine, en aval de la station d’épuration d’Achères ;
— des radioéléments, issus des rejets normaux ou accidentels d’une installation
nucléaire (Co, Cs, Ag, Sb, I, Sr, Cs, Ru, Te) ;
— des pesticides (Atrazine et Simazine) dont il a été détecté des concentrations
importantes, au printemps, dans les aquifères et les cours d’eau des zones cultivées.
Les premiers résultats montrent, notamment, une activité biochimique importante
dans les premiers centimètres de boues de Seine ainsi qu’une épuration notable dans
les premiers mètres de berge.

6.7.1 La problématique
L’influence d’un cours d’eau sur l’alimentation d’un aquifère alluvial dépend
fortement de l’exploitation de celui-ci. En effet :
— en régime naturel l’aquifère alluvial reçoit de l’eau souterraine par les
versants de la vallée ainsi que par son impluvium. Cette eau, à l’exception de courtes
périodes de crues, est ensuite drainée par le cours d’eau.
— en régime influencé par des pompages la dépression piézométrique créée par
le cône d’influence du pompage appelle de l’eau de la rivière et inverse localement
les écoulements. L’eau pompée provient d’un mélange d’eau souterraine au sens
strict et d’eau de rivière ayant séjourné plus ou moins longtemps dans l’aquifère.
Dans les champs captants importants situés à faible distance des cours d’eau, la
part d’eau provenant de la rivière est largement prépondérante (de l’ordre de 60 à
90 % du volume). La qualité de l’eau du cours d’eau qui alimente la nappe est donc
déterminante pour la qualité de celle de l’aquifère exploité.
Cependant, l’expérience prouve que l’eau de la rivière qui a percolé à travers les
berges plus ou moins colmatées de son lit, puis traversé un filtre naturel de plusieurs
dizaines, voire centaines, de mètres d’alluvions, s’est en général profondément
modifiée sous l’action de phénomènes physiques, chimiques et biologiques
complexes. Ces modifications vont souvent dans le sens d’une amélioration de la
qualité. Ceci explique que, malgré le nombre important de champs captants de ce
type, les phénomènes physico-chimiques et biologiques qui conditionnent ces
transformations soient très peu connus.
Face à la croissance des activités humaines potentiellement polluantes et à la
création constante de nouveaux composés, il n’est pas certain que les améliorations
constatées vis-à-vis des pollutions classiques restent pérennes. Il est donc apparu
indispensable d’analyser les phénomènes mis en jeu et d’en quantifier l’action face
aux polluants les plus à craindre aujourd’hui : composés azotés, radioactifs et
micropolluants organiques.
L'effet de berge 275

Ainsi, a-t-il semblé important à LED et l’AESN de caractériser le système


géochimique rivière-nappe alluviale vis-à-vis de différents polluants susceptibles
d’être présents en rivière, d’élaborer et de valider en laboratoire et in situ des modèles
permettant de prévoir la qualité des eaux pompées. L’objectif étant, à terme, de
coupler ces modèles qualitatifs aux modèles hydrodynamiques et hydrodispersifs
existants et de fournir ainsi un outil de prévision prenant en compte les phénomènes
globaux.

6.7.2 Choix du site d’étude


A Aubergenville, en zone Seine-aval, LED exploite en rive gauche de la Seine,
depuis plus de 20 ans, un ensemble de forages qui captent l’aquifère de la craie
sénonienne. La nappe phréatique circule dans un ensemble craie-alluvions. Elle est en
communication hydraulique avec le fleuve. Les prélèvements de la LED sont de
l’ordre de 45 Mm3/an.
Dès 1976, LED a entrepris une série d’études visant à appréhender les
mécanismes hydrogéologiques mis en jeu et à quantifier le risque de pollution. Pour
répondre à cette problématique plusieurs modèles mathématiques de l’aquifère ont
été réalisés. Une fois le modèle hydrodynamique calé en régimes permanent et
transitoire, une étude des risques de pollution a été entreprise, puis un modèle
hydrodispersif a été élaboré. Cette somme de connaissances sur un champ captant
nous a permis de le choisir comme site expérimental.
Au sein du champ captant d’Aubergenville, une analyse préliminaire a permis de
sélectionner l’île de Rangiport (forage A8) pour l’installation du réseau de mesure.
Les caractéristiques de ce site sont :
— l’existence de bonnes relations nappe-rivière (100 % d’eau de Seine),
— l’existence de données de traçages en piézomètre et en Seine,
— une bonne accessibilité pour l’équipement du site et l’obtention des données
de terrain,
— une bonne définition du domaine d’étude dans un espace restreint.
Les huit piézomètres (dont un en Seine) sur l’île de Rangiport constituent avec le
forage A8 l’ossature du dispositif de mesures sur le terrain. Ce dispositif, outre la
réalisation d’un profil hydraulique transversal et un suivi piézométrique différentiel, a
été élaboré de manière à permettre :
— une reconnaissance initiale des caractéristiques des différents matériaux
constituants le site d’expérimentation (sédiments, alluvions, craie) : lithologie,
minéralogie, contenu en composés adsorbés, en bactéries fixées, ... ; par ailleurs, des
prélèvements de boues de Seine ont été effectués au droit de l’île ;
— la mise en œuvre d’un suivi analytique sur une période annuelle des eaux de
Seine et de la ligne de piézomètres afin de suivre les modifications géochimiques des
molécules pendant le transfert rivière-nappe, le contexte géochimique et ses
variations ainsi que les horizons favorisant l’épuration.
L'effet de berge 276

6.7.3 Géologie et hydrodynamique du site


La géologie du site peut se résumer en une succession de deux grandes unités :
des alluvions modernes, puis anciennes, sur une douzaine de mètres d’épaisseur,
suivies de la craie sénonienne fissurée. Des mesures de vitesse effectuées au micro-
moulinet ont montré que la craie est productrice sur une dizaine de mètres au-dessous
de son toit.
Sur le plan hydrodynamique, les profils de températures et les différences de
charges mesurés dans les piézomètres ont permis d’élaborer un modèle couplé
écoulement-transferts thermiques. Les perméabilités ont été approchées par méthode
inverse.
Il ressort, en particulier, que l’écoulement se fait essentiellement dans la craie et
que les berges de la Seine sont fortement colmatées. L’infiltration du fleuve vers la
nappe a lieu de manière privilégiée sur le fond du lit plutôt que sur les bords.

6.7.4 Caractérisation du système biogéochimique


Les analyses des eaux de Seine et des piézomètres ont porté sur les diverses
formes de l’azote, les pesticides (atrazine-simazine), les cations et anions majeurs et
quelques métaux. Le programme s’est déroulé sur une année avec une fréquence
hebdomadaire ou mensuelle selon les éléments.
Les prélèvements dans les piézomètres sont effectués grâce à une pompe
submersible. Les paramètres : température, pH, potentiel redox, résistivité et O2
dissous sont mesurés sur place. De plus, l’eau interstitielle des boues de Seine a été
prélevée et analysée grâce à des cellules à dialyse et des carottages effectués à
diverses périodes de l’année.

Suivi analytique sur le terrain


Il est apparu que les boues de Seine se caractérisent par de forts gradients
géochimiques sur les premiers centimètres de profondeur. Ces gradients sont dus à
des processus biologiques qui peuvent se résumer ainsi : en présence de matière
– 2–
organique, les accepteurs d’électrons O2, NO3 , Fe3+, SO4 sont partiellement ou
totalement consommés ou modifiés ; l’oxygène et les nitrates disparaissent ; le fer
ferrique est solubilisé en fer ferreux et les sulfates sont réduits. Des quantités
importantes d’ammoniaque apparaissent.
L’aquifère, pour sa part, apparaît comme une zone réduite avec un potentiel redox
faible (de 0 à 100 mV), très peu d’oxygène dissous et une concentration importante
de fer et de manganèse (jusqu’à 8 mg/l de Fe et 700 µg/l de Mn). Les nitrates et les
nitrites sont absents de l’eau des piézomètres, contrairement à l’ammoniaque et à
l’azote organique. L’azote total après une augmentation brutale à la traversée des
alluvions, suit une décroissance rapide. Il en est de même pour le fer et le manganèse.
L'effet de berge 277

On notera également, qu’en plus d’une variation spatiale, certains ions tels les
sulfates et les chlorures présentent une variation saisonnière.

Etude des composés azotés en laboratoire


L’étude a plus particulièrement porté sur les potentialités de dénitrification de
l’aquifère et des boues.

Profondeur (cm)

18

34

0 10 20 30 40 50 60 70 80
Vitesse initiale (nmol N2O/g/h)

Figure 6-18
Vitesse initiale de dénitrification dans les boues de Seine.

Profondeur (m)

17

11

6,5

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8


Vitesse initiale (nmol N2O/g/h)

Figure 6-19
Vitesse initiale de dénitrification sur une verticale de l’aquifère.
L'effet de berge 278

Cette démarche vise à mieux définir l’évolution de l’azote dans les divers horizons de
l’aquifère et dans les boues de Seine. Pour cela, des essais en batch ont été réalisés en
anaérobiose avec ou sans blocage du processus de dénitrification.
Ces essais ont mis en évidence l’aptitude de l’ aquifère et des boues de Seine à
dénitrifier. Pour les boues de Seine la réaction est immédiate avec des vitesses de
dénitrification élevées jusqu’à 1,6.10–7 mol N/g/h qui diminuent cependant
rapidement avec la profondeur (cf. figure 6-18). Dans l’aquifère, un temps de latence
relativement important est observé ainsi que des vitesses de dénitrification beaucoup
plus faibles de l’ordre de 10–9 mol N/g/h (cf. figure 6-19).

Etude des radioéléments


Le programme d’étude a été entrepris par l’Institut de Protection et de Sureté
Nucléaire (IPSN). L’IPSN a été associé à la réalisation de cette étude en tant que
conseil pour le volet radioactif et pour la réalisation des expérimentations en
laboratoire sur ce type de polluant. Celles-ci ont été réalisées par les laboratoires
d’Expérimentation en Actif et de Métrologie du Service d’Etudes et de Recherches
sur les Transferts dans l’Environnement implantés à Cadarache et Orsay.
— Choix des radionucléides
Pour répondre sur le plan radioactif au cas d’une pollution d’origine accidentelle
et à celui des rejets controlés d’installations nucléaires, les radionucléides étudiés en
priorité sont, par ordre d’importance décroissante, les isotopes radioactifs de : iode,
césium, strontium, ruthénium, tellure, cobalt, argent, antimoine.
Les isotopes des cinq premiers sont responsables de la quasi totalité des
conséquences sanitaires qui résulteraient d’un accident grave survenant sur un
réacteur à eau pressurisée.
— Principaux résultats :
La détermination des isothermes d’adsorption à 15°C sur la craie a été effectuée
sous atmosphère d’azote. Ces isothermes ont permis de classer l’affinité pour la craie
des divers éléments suivants :

Ag > Cs > Co > Sb > Sr > I

La cinétique d’adsorption a été suivie sur une semaine. A l’issue de cette période,
l’équilibre n’a pas été complétement atteint et les coefficients de partage Kd (activité
adsorbée/activité dissoute) figurent dans le tableau VI-VII.

TABLEAU VI-VIII — Kd des principaux isotopes dans la craie.

137Cs 85Sr 125Sb 60Co 110mAg 131I

Kd (m3/kg) 68.10–3 2,9.10–3 6,4.10–3 57,9.10–3 ∞ 4.10–5


L'effet de berge 279

Des expérimentations complémentaires sont actuellement en cours avec l’iode et


l’argent qui présentent un comportement particulier.

Modélisation des transferts


La modélisation des écoulements et des transferts de composés conservatifs doit
être couplée aux phénomènes biochimiques qui affectent le transfert de l’azote.
L’objectif, à terme, est d’étendre la modélisation à l’ensemble du champ captant de
Flins-Aubergenville.
La modélisation de l’effet de berge permettra de disposer d’une chaîne d’outils de
gestion de la qualité de l’eau brute. Chaîne commençant par les stations
d’observation de la qualité des eaux en rivière et en nappe, passant par les modèles de
transfert de pollution en rivière, à la modélisation de l’effet de berge, bientôt couplée
aux modèles hydrodynamiques et hydrodispersifs d’hydraulique souterraine. Ce
dispositif de suivi qualitatif et quantitatif permettra une meilleure compréhension des
phénomènes physico-chimiques, hydrauliques et biologiques, et favorisera la mise en
place d’une gestion optimisée de la ressource en eau.

6.7.5 Résumé
Tous les résultats permettent d’appréhender « l’effet de berge » entre la Seine et
la nappe. Ils peuvent se résumer à une activité biochimique très importante dans les
premiers centimètres de boues de Seine ainsi qu’une épuration notable dans les
premiers mètres de berge.
Dans un premier temps, une réduction biologique anaérobie produit des quantités
importantes de sulfures, phosphore, fer, manganèse et surtout d’ammoniaque
(ammonification de l’azote organique liée à des matières en suspension). Toutefois,
une dénitrification extrêmement rapide a également lieu.
Dans un deuxième temps, le rôle épurateur des alluvions est sollicité et permet
une réduction importante des concentrations des éléments préalablement mis en
solution.
On note que certains polluants tels que les pesticides atrazine-simazine sont
retrouvés en quantités non négligeables dans la craie alors qu’ils sont absents des
alluvions ; ce phénomène est expliqué par la complexité hydraulique du système
aquifère. Des vitesses de transfert plus rapides, mises en évidence sur le terrain,
limitent le rôle d’épuration des berges.
A la lumière de ces résultats, le modèle prédictif devra intégrer le phénomène
d’accumulation aux niveaux des boues de Seine, les mécanismes épurateurs des
alluvions, mais aussi les transferts rapides dus à l’hydrodynamique du système.
D’autre part, l’exploitation des résultats du suivi analytique et des expériences de
laboratoire apporte, dès à présent, des éléments d’approche de méthodologie de
modélisation de la qualité d’eau de nappe pour d’autres sites.
Conclusion 280

6.8 Conclusion
Les moyens de préserver un captage d’eau souterraine afin d’augmenter sa durée
de vie et de garantir la potabilité des eaux d’exhaure sont nombreux et la plupart du
temps complémentaires.
Dans ce domaine, il apparaît qu’il est plus avantageux, tant sur le plan technique
qu’économique, de prévenir plutôt que de guérir.
Cette volonté de pérenniser la qualité de l’ouvrage doit être présente dès le stade
de la conception. Pour cela, il est nécessaire de choisir les matériaux (tubages,
crépines, pompes, etc.) les mieux adaptés aux contraintes physico-chimiques du
milieu, c’est-à-dire ceux qui « vieilliront » dans les meilleures conditions.
Par la suite, comme nous l’avons vu, la mise en place de périmètres de protection
est une étape essentielle dans la réalisation de l’ouvrage. Ils constituent le point de
rencontre de contraintes soit d’ordre physique ou naturel, soit d’ordre économique.
Ces contraintes aboutissent à des incompatibilités entre, d’une part, les possibilités de
production, de préservation, de régénération du milieu naturel et d’autre part, la
nature des altérations que l’activité humaine lui fait subir.
Parmi les contraintes physiques, il faut citer :
— la nature captive ou libre de la nappe,
— la perméabilité des sols qui surmontent l’aquifère,
— le mode d’alimentation de l’aquifère et les échanges avec d’autres réservoirs,
— la nature physico-chimique des roches encaissantes et de l’eau de la nappe.
Enfin, la dernière étape consiste à surveiller l’évolution des paramètres de
production et de productivité de l’ouvrage (débit spécifique) ainsi que la qualité des
eaux d’exhaure.
Un suivi sérieux et régulier, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, est un des
éléments essentiels de la gestion d’un forage d’eau. Il permet de déceler très tôt les
problèmes qui peuvent survenir dans l’exploitation du forage et d’y remédier
rapidement et à moindre coût.
La nature et la périodicité des mesures de contrôle et de suivi doivent être définies
le plus précisément possible en fonction des caractéristiques de l’ouvrage
(importance, âge, état, etc.) et devront être respectées très scrupuleusement.
CHAPITRE VII

Réhabilitation des forages


« Les innocents ne savaient pas que la chose
était impossible, alors ils l’ont faite »
Mark Twain

La réhabilitation d’un captage d’eau souterraine constitue une intervention


importante pour l’exploitant et la collectivité propriétaire de l’ouvrage. Comme nous
l’avons vu, la réalisation d’un captage d’eau souterraine est une opération complexe.
Nous allons voir que la réparation d’un captage déficient est également une opération
longue et compliquée. Il existe de nombreuses techniques de réhabilitation ou de
régénération et la principale difficulté est de bien poser le problème et de choisir la ou
les méthodes les plus adaptées. En effet l’analyse des échecs montre que, le plus
souvent, la technique utilisée par l’entreprise n’est pas nécessairement la mieux
adaptée au problème posé, celui-ci ayant été mal identifié, voire même, pas identifié
du tout.
Il n’est pas rare, par exemple, qu’une entreprise qui maîtrise bien les
acidifications propose systématiquement ce type de traitement sans se préoccuper de
la cause réelle du colmatage et des conséquences que pourrait avoir l’acide sur celui-
ci. Devant ce manque de professionnalisme, et les incertitudes et aléas liés aux
opérations de diagnostic, certains maîtres d’ouvrage optent pour la construction de
captages neufs plutôt qu’une réhabilitation. A l’opposé, il faut reconnaître que la
réhabilitation de certains ouvrages très anciens, ou particulièrement vétustes et
surtout mal conçus, donc peu performants, ne se justifie pas forcément.
Par ailleurs, même si la nature des travaux est bien définie, l’inadéquation des
moyens d’intervention peut être très préjudiciable. Dans le cas d’un changement de
crépine dans un forage ancien par exemple, l’extraction nécessite l’emploi d’une
machine qui devra intervenir dans le tubage existant. Si celui-ci est corrodé et aminci
par l’âge, il risque d’être détruit par la manœuvre. D’où la nécessité de contrôler au
préalable si toutes les conditions techniques sont réunies pour effectuer le
changement de crépine avec succès. Le diagnostic préalable portera, d’une part, sur
l’état général des parties concernées directement ou indirectement par l’opération et,
d’autre part, sur la nature des moyens à mettre en œuvre. Le fait que ceux-ci ne soient
pas parfaitement adaptés ferait courir un risque supplémentaire à l’opération.
Il est donc important d’effectuer un diagnostic d’intervention très rigoureux. Il est
indispensable de réaliser un diagnostic sérieux et complet, permettant non seulement
de déterminer l’origine du phénomène mais aussi de définir les moyens les mieux
adaptés avant de vouloir procéder à une réhabilitation des captages.
Réhabilitation des forages 282

Heureusement la compréhension des phénomènes qui sont à l’origine du


dépérissement d’un captage a beaucoup avancé depuis la dernière décennie, tout
particulièrement dans le domaine du colmatage des captages. Ce type de problème est
très répandu en Afrique, en Asie, sur le continent américain et en Europe. La
difficulté reste cependant très grande à vouloir tenter des comparaisons et chaque
problème doit trouver sa solution dans un diagnostic spécifique.

TABLEAU VII-I — Problèmes les plus souvent rencontrés en fonction des


aquifères et périodicité de la maintenance.

Type de roche aquifère Problèmes les plus souvent Fréquence d’entretien


rencontrés (forage AEP)
Colmatage argilo-sableux,
précipitation de fer, présence
d’incrustations, colmatage
Alluvions biologique, baisse de 2 - 5 ans
rendement, rupture du
tubage, ...
Colmatage des fissures,
Grès rupture de tubage, présence 6 - 10 ans
de sable, corrosion.
Colmatage du réseau de
Calcaires fissures et de fractures, 6 - 12 ans
présence d’argiles,
précipitation de carbonates.
Laves basaltiques Colmatage par des argiles, 6 - 12 ans
dépôts.
Colmatage du réseau de
Métamorphique fissures par des argiles, 12 - 15 ans
minéralisation des fissures.
Colmatage par des ions (fer-
Sédiments consolidés manganèse), réduction du 6 - 8 ans
débit.
Intrusion de sable et/ou
Sédiments non consolidés d’argiles, incrustations, 5 - 8 ans
colmatage biologique, ...

La figure 7-1 indique comment s’organise le diagnostic préalable à toute


opération de réparation.
Dans le cadre de la remise en état d’un ouvrage de captage, on distingue deux
types de réparations : la régénération et la réhabilitation.
— Régénération : c’est l’ensemble des méthodes hydrauliques et chimiques
employées pour lutter contre le vieillissement des forages d’eau, afin d’en augmenter
le rendement.
— Réhabilitation : fait appel aux mêmes procédés mais en les appliquant à des
ouvrages momentanément abandonnés et dont on souhaite la remise en état pour
l’exploitation (le diagnostic sera ici établi d’après une nouvelle courbe caractéristique
et éventuellement une auscultation vidéo, en l’absence de données régulières sur
l’exploitation).
Réhabilitation des forages 283

Dans ce chapitre, nous utiliserons indistinctement les termes de réhabilitation et


de régénération.

Identification de la
nature des travaux
à entreprendre

Définition du programme
technique de l'intervention

Contrôle des Choix des moyens


conditions d'exécution à mettre en œuvre

INTERVENTION

Figure 7-1
Schéma du diagnostic préalable (d’après document GEOTHERMA, 1991 - collection inter-
agences de l’eau).

Une fois le diagnostic de vieillissement établi et le type de dégradation défini, la


régénération d’un forage va généralement comporter deux phases :
— phase 1 : procédés pneumatiques ou hydrauliques,
— phase 2 : traitements chimiques.
Le choix du procédé de régénération adapté au type de dégradation est
fondamental, un traitement inadapté pouvant accentuer la baisse de rendement d’un
ouvrage.

7.1 Traitement de l’ensablement


L’ensablement d’un captage d’eau souterraine trouve le plus souvent son origine
dans la corrosion, la surexploitation ou une mauvaise conception de l’ouvrage.
Malheureusement il n’y a pas vraiment de remède rationnel contre l’ensablement
d’un ouvrage définitivement équipé.
Devant un ouvrage ensablé, le premier problème auquel on se trouve confronté
est de savoir précisément d’où vient le sable. On peut cependant distinguer
l’ensablement accidentel de l’ensablement permanent.
Traitement de l'ensablement 284

— Dans le premier cas, l’ensablement est produit sous l’effet de la rupture de la


crépine (dans ce cas, on peut retrouver des éléments du massif filtrant dans le forage)
ou éventuellement d’un désordre hydraulique important dû à un surpompage.
— Dans le second cas, l’ensablement est progressif et peut devenir un réel
problème pour l’ouvrage au terme de plusieurs années. Cette situation est plus
caractéristique d’une mauvaise conception (mauvais choix de l’équipement et du
massif filtrant, mauvais développement du forage) ou d’une surexploitation.
Quoi-qu’il en soit, il sera nécessaire, dans un premier temps, d’enlever le dépôt de
sable qui encombre le forage (parfois sur des hauteurs de plusieurs mètres). Cette
opération peut se faire de diverses façons en fonction de la profondeur ou du diamètre
du captage.
— Air lift ou émulseur. Cette technique consiste à introduire un dispositif
d’émulseur (cf. chapitre 3.5) et l’air comprimé injecté au fond de l’ouvrage permet de
faire remonter le sable en surface. Ce procédé nécessite des moyens qui ne sont
raisonnablement applicables qu’aux forages de petits diamètres et de profondeur
faible à moyenne (jusqu’à une centaine de mètres environ). Dans le cas contraire, les
débits et les pressions d’air deviendraient trop importants.
— Curage. C’est une opération mécanique qui permet d’extraire le sable à l’aide
d’une soupape descendue au fond du forage. C’est un système simple mais qui est le
plus souvent proscrit car l’outil est descendu rapidement pour permettre à la soupape
de s’enfoncer dans le sable et les détériorations de l’équipement sont fréquentes.
— Pompage. Lorsque les ouvrages sont peu profonds, on peut envisager de
procéder au désensablement par pompage, soit avec une pompe spécialement conçue
à cet effet (pompe dessableuse), soit à l’aide d’hydro-éjecteur si les volumes à
extraire sont peu importants.
— Traitement à la pompe par pistonnage. A l’extrémité de l’aspiration on
descend un piston de désensablement (cf. figure 7-2).
Les pistons de désensablement sont constitués par 2 ou 3 disques en bois joints
entre eux par des disques en cuir ou en caoutchouc. L’ensemble est manoeuvré par le
treuil à l’aide des tiges de forage.
On peut faire varier la distance qui sépare les deux disques, ce qui permet de
limiter l’action de désensablement aux zones voulues. A un débit donné, la vitesse
d’entrée dans le panier est supérieure à celle qu’il y aurait si l’eau entrait dans la
crépine toute entière. Il s’ensuit un lavage de la formation plus intensif dans un temps
plus court. A chaque zone traitée, on augmente progressivement le débit. Quand le
désensablement par paliers est terminé, on enlève le panier de désensablement et on
pompe dans l’ouvrage à un débit une fois et demie supérieur à celui du régime
permanent d’exploitation.
Les agitations à la pompe ont pour but d’agiter la formation et le massif de
graviers à proximité de la crépine et de détruire ainsi les ponts et les vides anormaux
qui pourraient s’y créer. On procède à des mises en route et des arrêts brutaux de la
pompe. En pompage, l’eau coule dans une direction donnée. A l’arrêt, la descente de
l’eau dans la tuyauterie — la pompe n’a pas de clapet de pied — provoque un
mouvement inverse qui agite la formation. Ces mouvements brutaux demandent que
les crépines présentent des caractéristiques mécaniques suffisantes.
Traitement de l'ensablement 285

Tubage du forage

Mouvement de va-et-vient
devant le tubage

Disque en cuir ou
en caoutchouc

Disques en bois

Figure 7-2
Piston de dessablage.

Quelle que soit la méthode employée, cette opération n’est que provisoire car elle
n’élimine pas la cause de l’ensablement. C’est la raison pour laquelle il faudra, à la
fin, effectuer un examen complet pour cerner les causes exactes de la déficience.
— Si le sable pénètre dans le forage par une crépine perforée ou dont les
ouvertures sont mal dimensionnées, on pourra équiper le forage avec une nouvelle
crépine placée à l’intérieur de l’ancienne. Ce double crépinage peut limiter les
arrivées de sable à condition que la nouvelle crépine soit choisie convenablement (par
exemple une crépine Johnson à très faible slot et fort coefficient d’ouverture). Il
faudra mettre en place un nouveau massif de gravier entre les deux crépines. Les
inconvénients d’un tel procédé sont les suivants :
• coûts élevés,
• diamètre intérieur du forage réduit (problème pour installer la pompe),
• pertes de charges supplémentaires dans le forage, donc diminution de débit.
— Si le colmatage est dû à des venues de sable liées à des vitesses de pénétration
trop importantes, la solution la plus sage est de limiter le débit d’exploitation de
manière à réduire les vitesses de l’eau au droit des équipements. Cette solution doit
être associée à un nettoyage périodique du forage et à de fréquentes vérifications de
l’usure de la pompe.
Traitement de l'ensablement 286

7.1.1 Dispositif de distribution uniforme d’afflux


Le professeur KIRSCHMER de la « Technische Hochschule Darmstadt » a
démontré expérimentalement que les champs de vitesses de l’eau à travers une
crépine n’étaient pas uniformes. La vitesse d’afflux est maximale à l’extrémité
supérieure (près de la pompe) et diminue rapidement au point d’être pratiquement
nulle dans la partie inférieure de la crépine. Il est apparu que la vitesse de l’eau
traversant la crépine suit une loi exponentielle. Dans un forage en exploitation ce
phénomène induit des vitesses d’autant plus élevées que l’on se rapproche du sommet
de la crépine. Il se créé ainsi des lignes de flux divergentes dans le bas de la crépine
et convergentes en haut du massif filtrant. Ce phénomène induit des différentiels de
vitesse dans le massif filtrant et dans l’aquifère. Vitesses qui peuvent être localement
très élevées et responsables d’entraînement de sable et propices au développement
bactérien.
Pour pallier ce problème, il est possible d’installer un dispositif de distribution
uniforme d’afflux (DDUA). Le DDUA peut être assimilé à une seconde crépine où
les fentes ont été dimensionnées, en fonction des caractéristiques du puits, de manière
à ce que le flux soit constant sur toute la hauteur de la partie captante. Ce procédé a
eu des résultats spectaculaires notamment dans des forages ensablés où
l’uniformisation des flux a diminué considérablement les apports de sable (jusqu’à
99 %).
Le DDUA peut également être utilisé avec succès dans le cas de forage présentant
des risques d’incrustation et/ou de développement bactériens.
Le DDUA a fait l’objet d’un dépôt de brevet et est produit par EUCASTREAM
(voir adresses des fournisseurs au chapitre X). Le coût du DDUA est de l’ordre de
5 % du coût de l’ouvrage, il est évidemment fonction des caractéristiques
hydrodynamiques du puits et surtout de sa complétion.

7.2 Traitement du colmatage mécanique


Le colmatage mécanique est dû à un entraînement mécanique de matériaux en
suspension tels que vases, limons, argiles ou éléments très fins de grès ou sables
pulvérisés. Il se produit généralement sous l’effet d’une déstabilisation de la
formation aquifère dans l’environnement proche du captage. Il concerne plus
particulièrement les forages ayant fait l’objet de surpompages excessifs et
incontrôlés, même temporaires. Sous l’effet des perturbations hydrauliques
provoquées par le pompage, le massif de graviers qui entoure la crépine est
déstabilisé, entraînant des pertes de charges supplémentaires et par conséquent une
réduction de débit.
A titre d’exemple, voyons comment une eau à 100-150 ppm de matières en suspension
(MES) est colmatante. Dans un forage de 12”, 1 mg/litre au débit de 120 m3/h, donne un
dépôt de 3 kg par 24 heures. Tous les vides peuvent être comblés sur un rayon de 15
centimètres en 7 à 8 mois.
Traitement du colmatage mécanique 287

7.2.1 Traitement physique


Le colmatage mécanique est dû aux éléments fins qui s’accumulent à l’intérieur
du massif de gravier (colmatage interne), sur sa face extérieure (colmatage externe)
ou qui bouchent les ouvertures des crépines. Ce phénomène aboutit à une réduction
de la perméabilité et par conséquent à une baisse du débit d’exploitation du forage.
Plusieurs techniques peuvent être mises en œuvre, essentiellement basées sur le
principe de déstabilisation du massif filtrant (destruction du granoclassement qui s’est
établi).
Avant tout, comme pour le désensablement, il faudra procéder à l’élimination des
fines, y compris d’une partie de la fraction argileuse. Là encore, il faut éviter
l’utilisation de la « soupape », cause fréquente de détérioration des crépines.

a) Pompage à l’émulseur
La technique du pompage à l’émulseur décrite précédemment peut être mise en
œuvre efficacement en y ajoutant des pistons de désensablement, permettant ainsi un
traitement par tranche de terrain.

b) Surpompage contrôlé
Cette méthode consiste à pomper en augmentant progressivement le débit. On
démarre avec un débit égal au cinquième du débit final et, par hausses successives, on
termine à un débit deux fois supérieur à celui de l’ouvrage en exploitation
permanente. A chaque augmentation, l’eau ressort chargée de sable et d’argile et,
progressivement, devient de plus en plus claire. Le temps de pompage peut être très
long (plusieurs jours à raison de 24 heures de pompage par jour).
Dans le cas de terrains très hétérogènes, avec des zones à perméabilités variées,
les zones à éléments fins risquent de ne pas être désensablées. C’est l’inconvénient de
cette méthode qui met en exploitation d’un bloc toute la zone captée. Pour y
remédier, il faut effectuer un pompage par paliers progressifs en traitant une zone
après l’autre.

c) Traitement à l’air comprimé


L’envoi d’air comprimé dans un forage, au-dessus du niveau statique, crée une
surpression qui refoule l’eau dans la formation aquifère à travers les crépines. Il faut
évidemment prendre soin d’empêcher toute communication avec l’extérieur afin de
travailler dans un milieu fermé. Par la suite, en décomprimant lentement ou
brutalement, on provoque un afflux de l’eau dans l’ouvrage. La répétition de ces
mouvements agite le massif de gravier et la formation aquifère elle-même, cela
entraîne une désagrégation du terrain et tout particulièrement des éléments fins,
meubles et peu fixés comme les particules de sable ou d’argile collées sur les crépines
ou sur les grains de gravier.
Traitement du colmatage mécanique 288

L’importance du rabattement est fonction de la pression d’air comprimé. Avec


une pression de 7 kg, la nappe peut baisser d’environ 70 mètres. On nettoie ensuite
l’ouvrage avec un émulseur et on termine avec un pompage.
Cette méthode n’est cependant pas sans danger pour l’ouvrage. Il faut s’assurer au
préalable que le système de captage peut résister aux pressions mises en œuvre et que
les crépines ne risquent pas de s’écraser.
En présence d’un massif de graviers, on peut craindre un bouleversement qui
provoque des passages privilégiés au sein de la formation. C’est probablement en
milieu autodéveloppable que ce procédé peut être utilisé avec le moins de risques.
Toutefois, bien qu’excellent pour nettoyer les ouvrages, ce procédé ne supprime pas
les causes du colmatage.

d) Injection d’eau
L’injection d’eau avec ou sans pression permet de nettoyer les ouvrages colmatés
par des dépôts tendres et peu fixés. Il est intéressant de l’utiliser en complément des
autres méthodes, notamment celle du nettoyage à l’air comprimé ou par air lift
(méthode qui reste la plus pratique à mettre en œuvre).
La méthode la plus simple consiste à débiter directement dans l’ouvrage à partir
du sol ou du haut du tubage. L’injection ainsi effectuée passe du forage dans la
formation à travers les fentes de la crépine et l’action du contre-courant est de nature
à décoller et à déplacer les dépôts qui sont entraînés dans la formation. L’action
décolmatante est d’autant plus efficace que le débit injecté est plus important. On
peut cependant toujours craindre que des passages privilégiés ne se forment et qu’on
ne nettoie pas d’une manière uniforme toute la formation. Toutefois, on pallie en
partie cet inconvénient en faisant suivre l’injection d’une série de pompages qui
nettoient l’ouvrage des particules mises en suspension. Ces pompages s’imposent
d’autant plus qu’il convient de ne pas « pousser » trop loin dans la formation les
particules décollées. C’est pourquoi on procédera en alternant injection d’eau,
pompage, injection d’air comprimé éventuellement, le temps et le débit d’injection
augmentant progressivement.
On a souvent intérêt à agir directement là où les dépôts se forment, et plus
spécialement en face de la zone captée. On pratiquera avec succès la méthode du jet
horizontal qui consiste en une injection horizontale, face aux crépines, par l’intérieur
de l’ouvrage.
L’appareil est du même type que celui que nous avons décrit au chapitre 3
(développement au jet sous pression, (cf. figure 3-14). Il est constitué par des
injecteurs (tubes avec un ajutage calibré de 4 à 10 mm), au nombre de 1 à 4 placés
horizontalement à l’extrémité d’un tube, de 50 mm de diamètre fermé à sa partie
inférieure et qu’on descend dans l’ouvrage en face des crépines. On prévoira que les
injecteurs puissent être déplacés sur toute la hauteur de la zone captée et que le tube
d’injection puisse tourner sur lui-même aux fins d’intéresser toute la surface crépinée.
En surface, le tube d’injection est relié à une pompe d’injection.
Il existe plusieurs systèmes, basés sur le principe du jet rotatif ou du nettoyage
réversible ; nous citerons pour mémoire les deux procédés proposés par la Société
Carela : les systèmes HD et KW.
Néanmoins, il est rare que le décolmatage mécanique soit suffisant, en particulier
lorsqu’on se trouve en présence d’ouvrages très anciens avec colmatage par
Traitement du colmatage mécanique 289

particules fines argileuses. C’est pourquoi il est souvent nécessaire de prévoir un


traitement chimique complémentaire.

7.2.2 Traitement chimique


En complément des procédés Carela HD et KW, la société Carela préconise
l’utilisation d’un de ses produits : le Carela bio plus forte, composé d’acides
chimiquement purs, de détergents, d’inhibiteurs, d’agents auxiliaires, et de peroxyde
d’hydrogène (eau oxygénée). Il faut noter que ce produit a été « agréé alimentaire »
par les autorités européennes pour être utilisé dans le domaine de l’eau potable.
Dans le cas du système Carela HD, le fabricant préconise l’utilisation de son
produit à raison de 1 litre de « plus » pour 30 litres de « bio », à une concentration de
10 %, pour un temps de contact de 12 à 24 heures : la documentation précise que
durant ce temps de réaction, les dépôts et incrustations seront totalement éliminés. De
plus, le forage sera parfaitement désinfecté. Des agents mouillants hydrophiles
confèrent au « Carela bio plus forte » une bonne capillarité ; ce dernier agit ainsi en
profondeur dans le massif filtrant et jusque dans l’aquifère.
Dans le cas du procédé KW, la mise en œuvre du produit est différente, le
principe étant d’obstruer le tube crépiné sur trois niveaux avec trois corps de jante qui
forment deux chambres, isolées de l’eau qui se trouve au-dessus et en-dessous du
système. Une pompe injecte le produit dans ces deux chambres, et par conséquent
dans le flux qui traverse le massif filtrant. Le corps de jante central est équipé d’une
pompe-hélice à moteur qui crée une différence de pression entre les deux chambres.
La surpression dans une des chambres et la dépression dans l’autre créent un flux de
produit dans la crépine et le gravier. L’inversion de la pompe-hélice inverse
également le flux.
La tête de régénération (cf. figure 7-3) est composée de brosses rigides ou
souples, d’un support de brosses à fentes hélicoïdales, d’un piston à trois paliers
munis de lèvres flexibles et de quatre buses haute pression décalées à 90° permettant
le nettoyage et/ou le dosage du produit. La particularité de ce système réside dans la
combinaison du nettoyage mécanique et hydraulique des tubes crépinés. Les trois
paliers du piston provoquent des surpressions et dépressions alternatives dans la
colonne d’eau. Les courants forcés à travers la crépine diffusent les réactifs dans le
massif de gravier.
D’autres types de produits peuvent être utilisés pour dissoudre les fines
argileuses ; il s’agit des phosphates de sodium : l’application de ces produits peut être
très efficace à condition que le type de phosphate soit adapté au cas à traiter.
Traitement du colmatage mécanique 290

Terrain

Crépine

Massif filtrant

Figure 7-3
Schéma de la tête de régénération CARELA© France

Le choix des produits impose la connaissance de ceux-ci, et de leurs propriétés.


Les phosphates de sodium sont dérivés des différents acides phosphoriques.
— Les sels de l’acide orthophosphorique H3PO4 que l’on trouve dans le
commerce sous forme anhydre ou cristallisée :
• orthophosphate monosodique, NaH2PO3
• orthophosphate disodique, Na2HPO4
• orthophosphate trisodique, Na3PO4
— Les acides polyphosphoriques H4P2O7n HPO3 sont très nombreux. Le
premier terme de la série est l’acide pyrophosphorique H4P2O7 dont les sels les plus
connus sont :
• pyrophosphate disodique ou acide Na2H2P2 O7,
• pyrophosphate tétrasodique ou neutre Na4P2O7.
Le second terme est l’acide tripolyphosphorique H5P3O10 dont le sel de sodium le
plus connu est le tripolyphosphate pentasodique Na5P3O10. Les termes suivants
constituent les polyphosphates vitreux qu’on caractérise souvent par leur teneur en
P2O5. Quand celle-ci est inférieure à 63 %, on dit que l’on a affaire à des
polyphosphates chaînes courtes. Dans leur formule P2O7Na4n PO3Na, n est égal ou
supérieur à 2. On y trouve :
• tétrapolyphosphate à 60,5 % de P2O5,
• pentapolyphosphate à 62 % de P2O5.
Traitement du colmatage mécanique 291

Les polyphosphates chaînes longues ont une teneur en P2O5 supérieure à 63 %.


Leur formule est P2O5n NaPO3 avec n toujours très élevé. A la limite on a
l’hexamétaphosphate dont la teneur théorique en P2O5 est de 69,7 % et celle des
produits commerciaux de l’ordre de 68 %.
— Les acides métaphosphoriques (HPO3) dont le premier terme connu est le
trimétaphosphate de sodium (NaPO3)3.
Ces sels ont quatre propriétés essentielles :
— Le pouvoir complexant qui leur permet de fixer des anions ou des cations pour
donner de nouveaux corps appelés complexes.
— Le pouvoir de séquestration est celui de former avec un sel métallique soluble
un complexe dans lequel le métal perd ses propriétés cationiques usuelles. On conçoit
qu’en présence d’eau ferrugineuse ou de précipités ferriques, cette propriété permette
l’emploi des phosphates de sodium.
— Le pouvoir de solubilisation caractérise l’aptitude des phosphates à former
des sels complexes solubles, en fixant des sels insolubles dans leur molécule. Cette
propriété paraît intéressante pour détartrer les incrustations de carbonate ou de sulfate
de calcium par exemple.
— Le pouvoir de dispersion ou de peptisation est une propriété qui permet de
disperser et de fluidifier. Elle est à retenir en présence d’un milieu argileux.
Ces propriétés varient avec le procédé de préparation des phosphates, c’est ainsi
que le pouvoir complexant augmente avec la longueur de la chaîne. Celui du
pyrophosphate est faible tandis que celui de l’hexamétaphosphate est le plus élevé.
Au contraire, le pouvoir dispersant augmente quand la longueur de la chaîne
diminue : celui des pyrophosphates est donc très puissant, alors que celui des
polyphosphates vitreux à très longues chaînes est moyen à leur pH propre de 6 à 8.
En vue de traiter un milieu sablo-argileux aquifère, il faut obtenir un phénomène
de défloculation des argiles. Dans ce cadre, il apparaît que les polyphosphates sont de
nature à donner satisfaction, tandis que les orthophosphates sont à écarter ; les
polyphosphates vitreux présentent un certain intérêt. En vérité, la défloculation est un
problème complexe et l’on a souvent recours à des produits dans lesquels on associe
au pouvoir dispersant des propriétés complexantes, ou, inversement, des propriétés
dispersantes à un produit essentiellement complexant. On entre là dans le domaine
des polyphosphates spéciaux dont l’exemple le plus typique est le Calgon aux Etats-
Unis et le Giltex en France.
Les propriétés des phosphates de sodium varient également dans le temps. Les
pyrophosphates, polypyrophosphates et métapyrophosphates sont en effet produits à
partir des orthophosphates et reviennent progressivement à cette forme. Ce
phénomène de réversion est accéléré par les températures élevées. Il varie avec le pH
et augmente quand le pH est inférieur à 7 et au-dessus de 8,5 mais cette augmentation
est plus rapide avec un pH acide qu’avec un pH alcalin.
Nous donnons ci-après quelques valeurs de l’hydrolyse des polyphosphates en
orthophosphates, en fonction du pH, pour des températures comprises entre 20 et 40°
C.
— Pyrophosphate : pH 7, 40°C, 1 % en 60 heures.
— Pyrophosphate : pH 9, 40°C, 1 % en 400 heures.
— Tripolyphosphate : pH 7, 40°C, 1 % en 30 heures.
— Tripolyphosphate : pH 9, 40°C, 1 % en 100 heures.
Traitement du colmatage mécanique 292

— Métaphosphate : pH 7, 25°C, 1 % en 60 heures.


— Métaphosphate : pH 9, 25°C, 1 % en 90 heures.
En conséquence, les propriétés des phosphates de sodium varient avec les
conditions d’emploi : température, pH, concentration. Aussi convient-il de préciser
quelque peu les conditions d’emploi des divers sels du commerce.
En ce qui concerne la température, il semble qu’entre 20 et 40°C les pouvoirs
dispersants et complexants des sels de sodium varient peu. Les milieux naturels dans
lesquels on aura à faire agir ces produits sont à une température comprise entre 20 et
40°.
Les pyrophosphates du commerce se trouvent sous les deux formes suivantes :
— pyrophosphate disodique Na2H2P2O7, pH 4,2,
— pyrophosphate tétrasodique Na4P2O7, pH 10,2.
L’association de ces deux sels permet de balayer toute la zone de pH comprise
entre 4,2 et 10,2 et cela donne la possibilité de s’ajuster exactement à un pH choisi à
l’avance. Le pyrophosphate disodique permet d’ajuster un pH lorsqu’on se trouve en
milieu trop alcalin.
Les polyphosphates du type hexamétaphosphate ont souvent un pH acide, 6 à 7.
On peut augmenter leur pH si besoin est. Les pH des polyphosphates spéciaux sont
variés. Les ph du Giltex E et deGiltex N, sont respectivement 7,1-7,6 et 8,3-8,8.
Nous retiendrons la possibilité qu’offrent les phosphates de sodium de s’ajuster à
un pH choisi à l’avance.
Nous voyons que les conditions de mise en œuvre de tel ou tel produit varient en
fonction de nombreux paramètres. Il est clair qu’il n’y a pas de produits universels
pouvant convenir à tous les cas à traiter, et malheureusement nous sommes obligés de
constater que ce type de traitement est rarement bien appliqué.
Dans le cadre du traitement aux polyphosphates, il y généralement trois causes
majeures d’échecs.
— 1e cause. D’après ce qui a été exprimé au sujet du pH du milieu pour obtenir
la défloculation des argiles, il apparaît que celui-ci doit être basique, de l’ordre de 9.
Avec un pH inférieur à 5, l’argile, au contraire, flocule.
Une cause d’échec paraît donc résider dans l’emploi seul du pyrophosphate
disodique ou acide, qui a un pH de 4-4,3, en milieu acide et même en milieu basique,
car il est douteux que l’on puisse obtenir un pH du milieu compatible avec la
défloculation des argiles. A ce sujet d’ailleurs, les entreprises utilisatrices sont à peu
près unanimes à avoir constaté l’inefficacité de ce produit. Toutefois, cela ne
condamne pas d’une manière systématique son emploi si, au préalable, on traite le
milieu, ou le produit, avec une substance adjuvante susceptible de relever le pH
comme, par exemple, la soude caustique NaOH, ou le carbonate de sodium Na2CO3.
On peut aussi le mélanger avec du pyrophosphate tétrasodique ou neutre dont le
pH est compris entre 10,1 et 10,6. Nous avons déjà traité ce sujet qui mérite d’être
retenu, car il paraît a priori intéressant d’utiliser le grand pouvoir de dispersion qui
caractérise ce pyrophosphate.
Traitement du colmatage mécanique 293

Une constatation s’impose : on ne connaît pas les pH du milieu au moment des


traitements, et il est par la suite difficile d’expliquer les résultats obtenus.
Après un traitement à l’acide chlorhydrique, il se peut que des hydroxydes
ferriques se forment et, emprisonnant les particules argileuses, forment un « gel ». Il
n’y a plus seulement action des phosphates de calcium sur les argiles, mais une action
sur des composés ferriques.
En conclusion, le pH seul n’est pas suffisant pour expliquer les résultats obtenus,
bien qu’il faille rechercher l’obtention d’un milieu basique pour défloculer les argiles.

TABLEAU VII-I — Caractéristiques de quelques polyphosphates.

Nom du produit % P 2O 5 Densité pH Solubilité Pouvoir Pouvoir


solution à dans 100 g complexant dispersant
1% d’eau
Pyrophosphate
disodique ou 62 - 63 1,15 4 - 4,3 13 g à 20°C faible très fort
acide, P2O7Na2H2
Pyrophosphate 5,5 g à 20°C
tétrasodique ou 52 - 52,5 1,10 10,1-10,6 12,5 g à faible fort
neutre, P2O7Na4 40°C
22 g à 60°C
Métaphosphate
tétrasodique ou 67,5 - 1,40 6,30 illimitée fort moyen
neutre, (NaPO3)n 68,5

Giltex E (mélange
de 66 - 67,5 1,30 7,1 - 7,6 25 g à 20°C fort moyen
polyphosphates)

— 2e cause. Une seconde cause d’échec réside dans les quantités de produits à
mettre en œuvre. Un trop faible volume ne produira pas d’effet. Une trop grande
quantité peut produire un effet contraire à celui que l’on souhaitait. Rappelons qu’une
augmentation de la concentration du pyrophosphate tétrasodique est une cause du
renversement de sa propriété défloculante qui devient floculante. Il est donc
indispensable de connaître les quantités à mettre en œuvre suivant la nature du
produit utilisé, et suivant le rôle qu’on veut lui faire jouer. On peut penser, en effet,
que les quantités varient suivant qu’on désire disperser les argiles, complexer des
ions de calcium ou des ions ferreux.
D’une manière générale, les quantités de produits à utiliser sont exprimées en
fonction du volume d’eau contenu dans le forage. Les renseignements obtenus sur ce
sujet sont exprimés ci-après :
• Calgon aux Etats-Unis : 1,7 à 3,4 %
• Progil indique pour les produits français, tel le Giltex, une valeur de 2 %.
Cette valeur est à prendre en compte pour les autres produits,
pyrophosphates et hexamétaphosphates.
Traitement du colmatage mécanique 294

• Layne USA propose, pour des produits de sa fabrication, une proportion de


1,2 % dans le cas de régénération d’ouvrages, et dans « The Johnson
National Drillers Journal » de juillet-août 1954, on lit, concernant le
traitement de la boue de forages, qu’il ne faut pas dépasser 0,6 % pour le
pyrophosphate tétrasodique, le tripolyphosphate, l’hexamétaphosphate et le
septaphosphate.
Théoriquement, le volume d’eau à prendre en considération est celui situé juste en
face de la crépine, sur toute la hauteur de cette dernière, majorée pour tenir compte
des phénomènes d’osmose ou de dilution locale dans l’eau au-dessus et au-dessous de
la crépine. Ce volume doit être augmenté du volume des vides de la formation au
droit de la crépine intéressée par le traitement.
— 3e cause. On sait qu’une troisième cause d’échec peut résider dans la durée
des propriétés des produits. Rappelons que les propriétés défloculantes du
pyrophosphate tétrasodique par exemple n’ont pas un caractère permanent et ne
durent que quelques heures. La littérature est à peu près unanime pour conseiller de
ne laisser les produits en contact avec les terrains qu’un laps de temps compris entre
24 et 36 heures, au maximum 48 heures. Nous avons signalé quelques valeurs de
l’hydrolyse des polyphosphates en orthophosphates en fonction du pH.
Enfin, l’expérience semble montrer que le Giltex par exemple ne doit pas rester
en contact avec le terrain plus de 12 heures.

7.3 Traitement du colmatage par les carbonates


Sous le terme de carbonates, on désigne les mélanges de carbonates, de
bicarbonates, de sulfates alcalino-terreux, d’hydrates et d’hydroxydes. Sous l’action
de différents facteurs physiques (vitesse, aération, variations de pression, etc.), l’eau
de la nappe est amenée parfois à déposer sur la partie captante de l’ouvrage (crépine,
drains, massif de graviers) des concrétions calcaires ou ferrugineuses ou, quelque
fois, les deux en même temps.
Cet entartrage ne se produit pas forcément de manière régulière. Il peut toucher
certaines parties du système captant et laisser subsister des passages suffisants pour
maintenir un certain débit. La réduction de productivité de l’ouvrage reste néanmoins
l’indice caractéristique du colmatage de l’ouvrage.
Le phénomène d’entartrage physico-chimique peut être influencé par les
conditions d’exploitation, par exemple lorsque l’ouvrage est soumis à de fréquents
démarrages et arrêts du pompage.
Le colmatage physico-chimique peut être également une conséquence de la
corrosion. L’attaque des métaux constitutifs de certaines crépines peut former des
concrétions qui obstruent les orifices provoquant des colmatages localisés ou
généralisés de dépôts ou incrustations, visibles en auscultation vidéo.
Une étude récente [AVOGADRO A., MARSILY G. de, 1983] rassemble les
équations proposées par différents auteurs pour décrire le mécanisme de filtration et
de rétention des colloïdes. La concentration de ces particules dans la solution décroît
logarithmiquement avec la distance parcourue dans le filtre, pendant que l’efficacité
du filtre se détériore selon une loi semblable en fonction du temps. Mais il semble
qu’il n’y ait pas accord sur les paramètres de ces modèles mathématiques au sein de
la communauté scientifique.
Traitement du colmatage par les carbonates 295

Le vieillissement des forages induit une baisse progressive du rendement


essentiellement due à un colmatage des parties crépinées. L’origine et la composition
de ces dépôts s’avèrent très variables. Très souvent l’analyse des causes n’est pas
faite et l’exploitant se contente de réduire le débit de la pompe par vannage jusqu’à
abandon de l’ouvrage. Cette opération entraîne une baisse de rendement de la pompe
et un coût d’exploitation plus élevé alors qu’il existe des techniques qui permettent de
ralentir le colmatage ou même de régénérer les ouvrages. La réhabilitation nécessite
cependant la parfaite connaissance des caractéristiques du forage ainsi que la mise en
œuvre d’études complémentaires du point de vue hydrogéologique et chimique :
— identification des caractéristiques hydrogéologiques et notamment de leurs
variations dans le temps, par la comparaison de courbes caractéristiques par
exemple ;
— définition des variations de la qualité chimique de l’eau par une campagne
d’analyses physico-chimiques ;
— analyse des dépots colmatants et de leur extension, il n’est pas systématique
que toute la hauteur crépiné soit touchée ;
— reconnaissance de l’équipement du forage, certains produits de traitement
étant contre-indiqués en présence de métaux comme l’acier galvanisé, le zinc, etc.,
— choix du traitement le mieux adapté et définition d’une stratégie de
réhabilitation comprenant une succession de traitement physiques (action macanique
et hydraulique) et chimiques (dissolution des calcaires et stérilisation).
Les produits les plus couramment utilisés pour le traitement du colmatage par les
carbonates sont l’acide chlorhydrique (ou muriatique) et l’acide sulfamique pour les
acides. Le produit commercial le plus courant est à 33 % (HCl à 22°Bé) et il est
ramené à environ 10 % lors de l’opération de décolmatage. Compte tenu du pH acide
et de la teneur en chlorures du milieu, les métaux acier, inox, bronze sont attaqués.
On utilise également des polyphosphates dans certains cas particuliers (présence de
dépôts d’argile ou de limon). Les acides sont bien entendu passivés par des
inhibiteurs pour rendre leur action compatible avec les constituants métalliques de
l’ouvrage.
Les passivants les plus utilisés sont :
— le formol mais il contient souvent un anti-oxydant à base de méthanol qui
présente un caractére toxique, il n’est donc pas recommandé de l’utiliser ;
— l’acide sulfamique en poudre, moins corrosif vis-à-vis des métaux que l’acide
chlorhydrique mais son coût est plus élevé ;
— des acides minéraux ou organiques sont parfois rencontrés dans des
formulations spécifiques (phosphorique, ascorbique, etc.).
Remarquons que dans tous les cas et quelque soit l’acide utilisé et même en
présence d’un passivant, le zinc et l’acier galvanisé sont corrodés et sont donc à
proscrire dans les équipements de forage dont les eaux sont calcaires et incrustrantes.
Des combinaisons de produits en mélange sont proposées par certains
fournisseurs et prestataires qui les mettent en œuvre. Il s’agit principalement des
produits suivants :
— Herli-rapid-TWB-FCM-l- (liquide) distribué en France par les établissements
Victor HEINRICH (67), et fabriqué par FELDMANN-Chimie.
Les principaux éléments entrant dans la composition de ce produit sont les
suivants, les pourcentages indiquant les concentrations :
Traitement du colmatage par les carbonates 296

• Acide formique à 85 %
• Acide phosphorique à 85 %
• Acide chlorhydrique à 37 %
• Acide isopropylique à 99 %
• Inhibiteurs FCM IV/1 - FCM IV/2 - FCF IV/8 - FCM IV/10
• Alcool gras 5 Vol. aethix
• Acide ascorbique DAB 7
Ce produit est autorisé par le ministère chargé de la santé et a recu un avis
favorable du conseil supérieur d’hygiène publique de France.
— ID 60, fabriqué par la société DARC et commercialisé par DEGREMONT.
C’est un passivant pour acide chlorhydrique à action bactéricide. Il est composé de
cinq éléments (propiolate d’amine, mouillant, inhibiteur, notamment), chaque
constituant serait sur une liste agréée alimentaire. Il présente l’avantage de pouvoir
être suivi grâce à un traceur incorporé.
— Carela bio-forte et Carela plus distribués par CARELA-France (67).
Ces produits comportent un mélange d’éléments de base (acide chlorhydrique
pur, acide citrique, acide tartrique) et d’inhibiteurs de corrosion contenant des
détergents non moussants. Un additif à mélanger au moment du traitement est
constitué essentiellement d’eau oxygénée.
— Acide Nu-well® et JWR (Johnson Well Regenerator) distribués par Johnson
Filtration Systems, France.
Le premier produit se présente sous forme de comprimés à base d’acide
sulfamique, de manipulation relativement facile et le second, sous la forme d’une
composition d’acides chimiquement purs, organiques et minéraux, ainsi que des
agents biodégradables.
Un des problèmes de fond consiste à savoir si il est raisonnable de réaliser une
opération de décolmatage en laissant la pompe d’exploitation en place ou si au
contraire il vaut mieux retirer la pompe qui risque d’être altérée par les produits de
décolmatage. Une étude récente réalisée par le CIRSEE [J. CORDONNIER, 1992]
montre qu’il n’y a pas de réponse simple sur les plans techniques et économiques.
L’attention doit notamment être portée sur :
— l’importance du diagnostic,
— le choix des réactifs et le processus de mise en œuvre,
— l’âge du captage et de la pompe,
— la fréquence des interventions.
Ces observations doivent, bien sûr, être complétées en tenant compte des
observations des exploitants et des conditions locales (nombre de forages et âge, type
de dépôts, équipements du secteur, matériaux en présence, systématique de
réhabilitation et expérience, etc.) qui peuvent être des facteurs prépondérants au
niveau des choix et des coûts. Ceci devrait permettre une meilleure approche des frais
d’exploitation en incluant la main d’œuvre dans des bilans comparatifs.
Traitement du colmatage par les carbonates 297

D’une façon générale la mise en œuvre de ces produits nécessite généralement un


matériel spécial permettant d’effectuer au préalable, ou en même temps, un brossage
de la paroi et une injection du produit sous pression et par paliers. Il convient donc de
faire appel à des entreprises spécialisées.
Enfin, on relève, dans la littérature, des avis très contradictoires sur l’efficacité de
ces traitements, tout à fait positifs pour certains et sans effet concluant pour d’autres.
Il apparaît toutefois que ces jugements n’ont pas été étayés par un exposé des
conditions dans lesquelles ils ont été mis en œuvre. Ces produits sont en effet
disponibles à l’achat et peuvent être utilisés dans des conditions très différentes.
D’une manière générale, le décolmatage d’un captage par des produits chimiques
s’accompagne d’interventions mécaniques nécessitant des moyens et des matériels
spécialisés (packer, pistons, etc.). Il faut en effet évacuer les produits dissous et
stériliser ensuite, d’où la définition indispensable d’un programme spécialisé,
convenablement préparé en moyens par un maître d’œuvre qualifié.

7.3.1 Traitement préventif aux polyphosphates


Avant d’aborder les moyens de traiter les ouvrages entartrés, signalons une
méthode pour prévenir cet entartrage. Il existe en effet des polyphosphates de sodium
qui permettent d’éviter le dépôt de tartre sur les crépines, la pompe ou les
canalisations. Il suffit de faire circuler ce polyphosphate sous le niveau d’aspiration
de la pompe.
On admet communément qu’il faut approximativement 1 gramme de
polyphosphate par m3 d’eau et par 10 degrés français de dureté temporaire. On admet
également que lorsque les eaux circulent, 2 à 5 g/m3 conviennent dans la plupart des
cas.
Les deux graphiques de la figure 7-4 résument l’action des polyphosphates.
Le graphique 1 représente, pour une eau à 60°C de dureté temporaire chauffée
pendant une heure à 80°C, la quantité de CaCO3 précipité en fonction de la quantité
de polyphosphates ajoutée. On constate qu’il y a un seuil à partir duquel toute
addition supplémentaire est sans effet. Ce seuil est de 2 mg/litre de polyphosphates.
Le graphique 2 représente, en fonction de la température, la quantité de CaCO3
restant en solution après injection de 2 mg/litre de polyphosphate. On constate qu’à la
température moyenne des eaux souterraines normales (entre 25 et 40°C), 2 mg de
polyphosphate permettent de maintenir en solution 800 mg/l au moins de
bicarbonates de calcium.
Traitement du colmatage par les carbonates 298

mg/l bicarbonate de Ca

CaCO3 précipité (mg/h)


800
Concentration maximum de
bicarbonates possible, sans
obtention de dépôts
300 600
1 2

200 400

100 200

0
2 6 10 40 60 80 100
Métaphosphate (mg/l) Température

Figure 7-4
Action des polyphosphates.

7.3.2 Traitements mécaniques


Les méthodes de traitement mécanique sont le grattage et les tirs à l’explosif.
Précisons avant tout que ces méthodes ne connaissent qu’un développement restreint
dans la pratique. Nous les citons ici pour mémoire.

a) Grattage
D’une manière générale, les dépôts carbonatés sont très durs, donc les procédés
de grattage ne donnent que des résultats médiocres s’ils sont utilisés seuls. Ils restent
cependant un outil de travail pour le détartrage des tubes et des crépines.
On utilise un « hérisson » ou une brosse à lames métalliques flexibles qui, grâce à
un mouvement de va-et-vient dans le forage, permet de détacher les tartres. Ce
procédé est sans effet sur les incrustations qui peuvent être déposées dans les fentes
des crépines ou à l’intérieur du massif filtrant.
On emploiera cette méthode avec plus de succès si les incrustations peuvent être
préalablement ramolies et dissoutes.

b) Emploi d’explosifs
Ce procédé, employé avec les précautions d’usage, donne des résultats lorsque les
dépôts sont fragiles et se dégagent facilement sous les chocs.
La manœuvre opératoire consiste à placer des petites charges d’explosifs
régulièrement espacées sur le tubage et les crépines. En les faisant exploser à
intervalles réguliers, il est possible de provoquer une onde de choc continue.
Traitement du colmatage par les carbonates 299

Ces ondes se propagent à travers l’eau de la nappe et désagrègent les dépôts sans
abîmer les tubes et les crépines.
On admet généralement une charge de l’ordre de 12 à 36 grammes d’explosif par
mètre.

7.3.3 Traitement à l’acide


L’acidification consiste en l’injection sous pression ou par gravité d’acide
chlorhydrique ou sulfamique ou de produits chimiques industriels, en plusieurs
passes à différentes hauteurs. Ce procédé permet, entre autres, de dissoudre les dépôts
carbonatés qui se sont déposés à l’intérieur ou dans les fentes des crépines, à
l’extérieur de celles-ci, dans le massif filtrant, ou dans la formation aquifère elle-
même.
Il faut noter que le volume d’acide à utiliser pour traiter une des crépines
incrustées est plus faible que celui qui est nécessaire pour un développement acide
d’une formation calcaire. En général, le dosage utilisé est de 1,5 à 2 fois de solution
acide par rapport au volume d’eau dans le crépine pour une concentration à 18-20°
Baumé.
— acide chlorhydrique (HCl) à 20 ou 22° Baumé, injecté à basse pression
(maximum 2 bars) ou par gravité. Il sera nécessaire d’opérer en plusieurs passes en
injectant à différentes hauteurs plutôt qu’en une seule.

A titre d’exemple, pour un trou de 50 m de profondeur, de diamètre compris entre 200 et


300 mm, il faut prévoir au minimum 3 tonnes d’acide à injecter en trois passes.
. Temps de contact : 1 à 2 heures maximum.
. Agitation : toutes les 15 minutes.
. Retrait de l’acide par pompage (air-lift).

— acide sulfamique (NH2SO3H). Même mode opératoire que pour le précédent.


Il présente l’avantage d’être livré en cristaux, donc d’une plus grande facilité
d’emploi, mais il a l’inconvénient d’être d’un coût nettement plus élevé.
Attention : ces acides ne doivent jamais être utilisés sur des équipements en zinc
ou en acier galvanisé.

a) Principe de l’acidification
L’acide chlorhydrique (le plus couramment employé) a la propriété de dissoudre
les carbonates et bicarbonates de calcium (ou de magnésium) en les transformant en
chlorures de calcium (ou de magnésium) solubles dans l’eau par les réactions
suivantes :

Ca (CO3) + 2HCl = CaCl2 + H2O + CO2

Ca (HCO3)2 + 2HCl = CaCl2 + 2H2O + 2CO2

Un litre d’acide chlorhydrique à 15 % attaque théoriquement 221 grammes de


carbonate de calcium (CaCO3) ou 203 grammes de carbonate de magnésium ou
dolomie (Ca, Mg) 2CO3.
Traitement du colmatage par les carbonates 300

Cette concentration de 15 % est la concentration optimale. En effet, si l’on


augmente la dose d’HCl, la viscosité des produits dissous (CaCl2 et MgCl2)
augmente également. Ces derniers, associés aux impuretés du terrain, finissent par
former une sorte de gel qui colmate l’ouvrage.
D’autres expériences ont montré que, dans des conditions normales de pression et
de température (25°C à la pression atmosphérique), l’acide chlorhydrique est
neutralisé à 95 % au bout de 40 minutes en présence de calcaire et en 50 minutes en
présence de dolomie.
Dans tous les cas, la quantité de carbonates dissous n’est pas fonction du temps
mais seulement du volume d’acide mis en œuvre. Il est donc inutile de prolonger
l’acidification trop longtemps, d’autant plus que des phénomènes secondaires dus aux
impuretés de la roche peuvent apparaître avec le temps.

b) Introduction d’adjuvants
Les formations aquifères captées contiennent des oxydes de fer et d’aluminium
qui sont dissous par l’acide chlorhydrique lorsque celui-ci est à un pH relativement
bas (2,5 à 4). En précipitant, les oxydes forment des composés gélatineux
d’hydroxydes qui absorbent de grands volumes d’eau (jusqu’à 40 fois leur propre
volume) et peuvent ainsi provoquer le colmatage des fissures et des crépines.
Pour éviter ce problème, il faut maintenir ces oxydes en solution dans de l’acide
citrique ou de l’acide actique durant toute l’opération. En général, une solution
d’acide citrique à 10 grammes par litre suffit à empêcher la précipitation du fer dans
une formation calcaire ayant moins de 1 % de Fe2O3 en poids, ce qui est assez
fréquent. Dans certains cas, il est possible d’employer aussi un tartrage double de
potassium et de sodium (appelé également sels Rochelle) concentré à 4 grammes par
litre d’acide chlorhydrique à 15 %.
Par ailleurs, les formations captées peuvent contenir du sulfate de calcium (gypse
par exemple) qu’il est nécessaire d’éliminer. Or, celui-ci n’est soluble dans l’acide
chlorhydrique que lorsque le pH de ce dernier est égal à 5. On utilise alors du bi-
fluorure d’ammonium (NH4F2H) qui transforme le sulfate de calcium insoluble en
sulfate d’ammonium soluble. Les quantités couramment employées sont de l’ordre de
7 à 8 grammes par litre de solution acide inhibée.

c) Réalisation de l’acidification
La plupart du temps, l’introduction de l’acide dans une formation calcaire, par le
simple fait de la gravité, ne donne pas de bons résultats. L’acide reste en contact avec
les parois du trou et l’on aboutit seulement à une augmentation du diamètre. Il est
préférable de procéder à l’acidification sous pression qui permet une diffusion plus
importante dans le réseau de fissures.
En effet, lorsque la pression de la pompe est importante par rapport à celle de la
nappe, l’acide peut aller très loin dans les terrains. Il s’ensuit une diminution notable
des pertes de charge locales et une augmentation des perméabilités au voisinage du
trou.
Par contre, lorsque la pression de la nappe est élevée, elle s’oppose à l’action de
la pompe. On utilise alors des « agents de chasse » (air comprimé par exemple) pour
déplacer le fluide d’acide dans la formation. Cette méthode facilite la pénétration de
l’acide dans la formation aquifère considérée mais permet également, grâce à la
Traitement du colmatage par les carbonates 301

décompression brutale lors de l’échappement du gaz, le retour rapide de l’acide usé et


des particules insolubles au trou de forage.
Pour ce qui est des quantités d’acide à utiliser, il n’y a pas de règles précises. Il
est toutefois conseillé d’effectuer plusieurs acidifications successives en utilisant des
quantités croissantes. La première dose sera équivalente au volume du trou au droit
de la formation aquifère afin de laver le trou. On pourra doubler puis tripler cette dose
au cours des opérations suivantes. On peut prolonger l’acidification jusqu’à
l’obtention d’un résultat notable.
La vitesse d’injection de l’acide a également une grande importance sur les
résultats obtenus. On conçoit que, plus le pompage est lent, plus facilement l’acide
sera neutralisé aux abords immédiats du trou. Si au contraire, l’acide est pompé et
injecté rapidement, il sera encore actif lorsqu’il atteindra les parties éloignées de la
formation. De plus, l’injection de l’acide dans les zones profondes se fera d’autant
plus facilement que les fissures au droit du trou seront plus largement ouvertes. Cela
montre qu’il faut bien attaquer ces fissures lors de la première acidification puis
augmenter progressivement la pression pendant le pompage.
En pratique, l’injection de l’acide chlorhydrique se fait avec la pompe à boue de
l’atelier de forage. Le volume à injecter étant lié à la pression et au débit de la pompe,
le temps d’injection sera d’autant plus réduit que la pression de la pompe sera élevée.
Les conditions que doit remplir la pompe d’injection peuvent être approchées par la
formule suivante :

Q. P. T
V=
60

avec :
V : volume d’acide à injecter en m3. Il est donné par le volume du trou et
calculé en fonction de l’ordre des opérations.
Q : débit en m3/h et pour un kg de pression de la nappe souterraine. Il sera
défini par un pompage préalablement à l’acidification. Il varie en
principe après chaque acidification et sa valeur doit augmenter.
P : pression (en kg) de la pompe.
T : temps en minute pendant lequel on veut injecter l’acide. Il convient de
rappeler que ce temps doit être tel que le nettoyage du trou soit
intervenu avant la formation des hydroxydes.

A la fin de l’acidification, il faut pomper longuement (au moins 24 heures) à des


débits croissants pour éliminer toute trace des produits de l’acidification. Il peut
parfois être intéressant de procéder à des circulations inverses par injection d’eau. On
prendra soin de vérifier l’élimination complète de l’acide en effectuant un dosage
dans les échantillons d’eau pompée.
Traitement du colmatage par les carbonates 302

Dans le carbonifère du Nord de la France, le débit d’un forage ainsi traité a été multiplié
par 6. L’opération a consisté en une succession de quatre acidifications (au total 14 tonnes
de solution d’HCl à 15 %) sous des pressions comprises entre 1,5 et 10 bars, d’une durée
de 40 à 60 minutes chacune.

d) Un exemple d’acidification
Supposons que l’on veuille acidifier un trou ayant un volume de 0,5 m3 et qu’il
soit prévu quatre opérations d’acidification. Le volume de solution aqueuse d’HCl à
injecter après lavage sera le suivant :
— pour la 1ère opération : V1 = 2 . 0,5 m3 = 1,0 m3
— pour la 2e opération : V2 = 3 . 0,5 m3 = 1,5 m3
— pour la 3e opération : V3 = 4 . 0,5 m3 = 2,0 m3
— pour la 4e opération : V4 = 5 . 0,5 m3 = 2,5 m3
Supposons que le débit de la nappe souterraine avant acidification soit égal
à 4 m3/h pour 1 kg de pression et que le temps d’injection soit égal à 10 minutes. Les
caractéristiques successives de la pression d’injection et du débit de la pompe figurent
dans le tableau VII-II.

TABLEAU VII-II — Caractéristiques des opérations d’acidification.

Opérations Pression Débit de la pompe


d’injection
d’acidification (m3/h)
(kg/cm2)
Lavage du trou 0,75 7,5
1ère opération 1,50 15,0

2e opération 2,25 22,5

3e opération 3,00 30,0

4e opération 3,75 37,5

Nous avons vu qu’un forage évolue dans le temps. Le problème consiste à


déterminer à partir de quel moment il convient d’intervenir au moyen de traitements
particuliers pour lui redonner ses caractéristiques originelles.
Dans le cas d’aquifères de moyenne épaisseur (20 à 30 mètres) susceptibles de
fortes variations piézométriques, cette comparaison ne sera valable que si cette
variation est inférieure à 10 % de l’épaisseur de l’aquifère, ce qui ne change pas de
manière significative la transmissivité. La comparaison des capacités spécifiques
permettra de constater si le forage s’est dégradé.

A titre d’exemple, nous présentons le cas du forage A4 du champ captant d’Aubergenville


dont le piézomètre le plus proche est le ST17. La situation est la suivante (cf. figure 7-4).
Traitement du colmatage par les carbonates 303

Situation A.
. Mesure du débit en février 1977 : 405 m3/h
. Cote du niveau dynamique : 7,57 m
. Cote du niveau de la nappe ST17 : 13,18 m
. Abaissement A : 5,6 m

Situation B.
. Mesure du débit en mars 1983 : 210 m3/h
. Cote du niveau dynamique : 8,33 m
. Cote du niveau de la nappe ST17 : 14,99 m
. Abaissement B : 6,66 m

La différence de niveau statique entre les deux périodes : 14,99 – 13,18 = 1,80 m.
L’épaisseur moyenne de l’aquifère est de 25 mètres.
Le rapport variation/épaisseur est égale à 1,8/25 = 0,07.
La variation est inférieure à 10 % donc la comparaison est possible.

Chute de rendement du forage entre février 1977 et mars 1983.


Elle peut être définie par la relation suivante :

B – B1
= 2,35
B1

Soit 235 % par rapport à la situation d’origine.

Situation C.
. Mesure du débit en mai 1983 : 363 m3/h
. Cote du niveau dynamique : 7,00 m
. Cote du niveau de la nappe ST17 : 15,30
. Abaissement C : 8,30 m

La différence de niveau de nappe entre mai 1983 et février 1977 est de 15,3 - 13,2 = 0,08.
La variation est inférieure à 10 % donc la comparaison est possible.

Chute de rendement du forage entre février 1977 et mai 1983.


Elle peut être définie par la relation suivante :

C – C1
= 0,84
C1

Soit 84 % par rapport à la situation d’origine.


Traitement du colmatage par les carbonates 304

100 200 300 400 500 Débit en


m 3/h

2 • Courbe caractéristique originelle


B1 = 2 m

4 C1 = 4,5 m

5
• A = 5,6 m
6 (février 1977)

7
B = 6,7 m
8 février 1983

C = 8,3 m
Rabattement mai 1983
en mètres

Figure 7-5
Forage A4, champ captant d’Aubergenville : évolution du débit spécifique entre février
1977 et mai 1983.

Analyse de la situation
Entre la situation A et la situation B, le forage s’est détérioré à un point tel qu’il n’était
plus possible d’extraire que la moitié du débit d’origine. Cette chute de rendement s’est
traduite, pour ce nouveau débit, par un abaissement dans le forage supérieur de 235 % au
rabattement originel.
Après l’acidification de mai 1983, la situation s’est améliorée mais le nouveau débit
exploitable entraîne tout de même un rabattement supérieur de 84 % au rabattement
originel.

Conclusion
1 On a certainement trop attendu entre les situations A et B, ce qui a provoqué un
colmatage très important et profond au niveau de l’équipement du forage.
2 L’acidification a permis de remédier partiellement à la situation mais n’a pas réussi à
redonner au forage ses caractéristiques originelles.
3 Il aurait été préférable d’intervenir avant que la chute de rendement n’atteigne 50 %
pour avoir le maximum de chances de retrouver la situation d’origine.

7.4 Traitement du colmatage fer-manganèse


Le colmatage par dépôts ferrugineux provient généralement de composés
insolubles d’hydroxydes de fer et de manganèse (dans la zone de battement de la
nappe si la crépine est dénoyée) : il est généralement admis qu’aucun traitement n’est
possible.
Traitement du colmatage fer-manganèse 305

D’autres dépôts ferrugineux peuvent parfois être traités à l’acide ou avec des
produits chimiques industriels.
Les causes d’un tel colmatage résident, nous l’avons vu précédemment, dans un
apport d’oxygène (généralement au sommet des crépines ou au niveau de la partie
supérieure des drains horizontaux). Celui-ci peut provenir de la surface dans le cas
d’une nappe libre ou par le trou du forage dans le cas d’une nappe captive.
On peut distinguer trois types de dépôts :
— des composés d’hydroxydes de fer et de manganèse,
— des dépôts ferrugineux mélangés à des dépôts calcaires,
— des dépôts floconneux, granuleux et colloïdaux.
Dans le premier cas, il s’agit de dépôts insolubles. C’est le type de concrétions
fer-manganèse que l’on peut observer dans la zone de battement de la nappe lorsque
la crépine est dénoyée. Toute tentative de traitement est vouée à l’échec.
Dans les deux autres cas, on peut traiter à l’acide comme pour les carbonates.
Enfin, on peut citer les produits Carela bio plus forte et Herli rapid TWB-FCM1
qui ont fait leurs preuves et qui sont agréés alimentaires.
Le Carela bio plus forte possède en effet deux produits complémentaires :
— un acide minéral qui permet la solubilisation des incrustations ferriques,
— des acides organiques associés à de l’eau oxygénée qui assurent l’attaque des
incrustations manganiques.
Le mélange équilibré de ces différents produits permet un traitement simultané
des incrustations et une désinfection de l’ouvrage. Ceci est essentiel car la très grande
majorité des dépôts ferro-manganiques trouvent leur origine dans une activité
bactérienne.

7.5 Traitement du colmatage biologique


Les signes du colmatage lié à une activité bactérienne sont maintenant bien
connus. Ils se manifestent par la présence de masses ou d’agglomérations
gélatineuses ou visqueuses qui adhèrent indifféremment sur toute partie du captage et
de la pompe. Les crépines s’obstruent progressivement, allant parfois jusqu’à
entraîner une réduction du débit d’exhaure supérieure à 50 % de la productivité
habituelle de l’ouvrage. Ce type de colmatage semble être lié à un apport de flux
nourricier à la faveur du pompage favorisant la formation d’une biomasse colmatante.
Pour lutter contre le colmatage biologique, il convient généralement d’injecter,
sous pression ou par gravité, des produits stérilisants, type chlore sous forme
d’hypochlorite de calcium, d’hypochlorite de sodium (eau de Javel), de permanganate
de potasse, de peroxyde d’hydrogène, etc.
Le colmatage peut se produire :
— au droit de la crépine,
— au sein du massif filtrant,
— au sein de la formation aquifère.
Dans les deux premiers cas, des traitements de stérilisation à intervalles réguliers
ou en continu (hypochlorite de calcium, hypochlorite de sodium, permanganate de
potassium, etc.) peuvent donner de bons résultats. En cas de traitement continu, celui-
ci doit se faire à une teneur de 1 g/l de chlore actif au droit de la zone à traiter.
Traitement du colmatage biologique 306

Dans le troisième cas (et parfois le second aussi), le traitement de choc à l’aide
d’hypochlorite de sodium paraît prometteur. Il reste encore à vérifier l’absence de
réactions secondaires indésirables et à préciser la durée d’efficacité de ce type de
traitement.
L’analyse de la bibliographie montre toutes sortes d’essais, allant de la
désinfection par injection de vapeur aux traitements aux rayonnements gamma et aux
ultrasons. Le traitement le plus « classique » consiste, bien entendu, dans l’utilisation
de différents acides ou mélanges d’acides et d’inhibiteurs.
Des études ont été effectuées pour sélectionner des produits de traitements
capables d’actions bactéricides ou bactériostatiques sur le colmatage bactérien. Mais
l’expérience qui confirmerait l’action favorable de tel ou tel produit fait d’autant plus
défaut qu’il est clair qu’un produit déterminé ne se comporte pas de la même façon
partout, compte tenu du fait que les conditions physico-chimiques et biologiques
locales sont extrèmement variables.
Selon l’étude GEOTHERMA 1991 (collection inter-agences de l’eau), le traitement
le plus répandu en France, et qui semble obtenir le plus grand succès, consiste en une
opération de brossage du captage suivi d’une forte chloration. Le procédé a au moins
l’avantage d’être à peu près standard et inoffensif pour l’ouvrage et l’aquifère. Enfin,
les opérations les plus usuelles consistent en des traitements :
— au dioxyde de chlore,
— à l’hypochlorite de sodium (eau de Javel),
— à l’acide sulfamique,
— avec des ammoniums quaternaires,
— au permanganate de potassium,
— à l’acroleïne.
Utilisés seuls, ces produits ont un effet désinfectant temporaire. Les deux
premiers se révèlent statistiquement les plus utilisés. Leur combinaison avec une
acidification, en particulier dans les aquifères carbonatés, donne les meilleurs
résultats.
En résumé, il apparaît que le colmatage bactérien est un phénomène complexe qui
a, dans chaque cas, ses composantes spécifiques. La prévention est malheureusement
difficile à organiser, sauf en décelant à l’avance que l’environnement du captage
présente des indices favorables au déclenchement d’un tel phénomène (contexte
organique). Dans tout traitement chimique, qu’il s’agisse d’une procédure curative ou
d’un traitement préventif, le produit utilisé doit nécessairement satisfaire à deux
impératifs essentiels :
— la conservation de la potabilité des eaux qui seront exploitées peu de temps
après la fin du traitement ;
— la conservation des équipements de captage et de pompage obligatoirement
mis en contact avec les produits traitants. Ce problème intéresse essentiellement le
tubage et des crépines qui ne peuvent pas, au contraire de la pompe, être extraits.
En terme de procédés, applicables de façon industrielle, on distingue
généralement trois types de traitement :
— Les traitements curatifs, mis en œuvre sur un forage colmaté, à partir d’un
seuil de colmatage fixé (généralement 30 %), avec une dose forte (plusieurs dizaines
de m3) d’un ou plusieurs produits chimiques enchaînés, injectés dans le forage
pendant un temps de quelques heures, pour limiter la durée pratique d’immobilisation
de l’ouvrage.
Traitement du colmatage biologique 307

La durée pratique d’immobilisation du forage est statistiquement de l’ordre de 1 à


2 semaines, correspondant à la mise en place des équipes, au retrait de la pompe, aux
différentes manœuvres liées aux traitement, et à la remise en place de la pompe
d’exploitation.
— Les traitements préventifs discontinus, qui pourraient être mis en œuvre de
façon périodique, (par exemple tous les 6 mois ), sur des forages récents, ou des
forages anciens colmatés ayant préalablement suivi un traitement curatif ; l’injection
de produits traitants se faisant à des doses moins fortes que dans les traitements
curatifs, éventuellement à partir de piézomètres disposés à cet effet autour du forage
(cf. figure 7-6).
A chaque traitement, il est nécessaire d’arrêter l’exploitation pendant 1 à 2 jours,
pour faciliter la répartition de la solution traitante dans le terrain, et pour évacuer les
résidus du traitement. Le produit traitant sera anticorrosif, et autant que possible
déterminé pour qu’il ne soit pas nécessaire de retirer la pompe d’exploitation.
— Les traitements préventifs continus, consistent à injecter en permanence une
solution traitante inhibitrice à très faible dose par l’intermédiaire de piézomètres
situés autour du forage (cf. figure 7-6).
Le produit traitant et la dose nécessaire doivent être déterminés de manière à
inhiber le processus sans altérer la qualité de l’eau distribuée.
D’une façon générale, le traitement s’effectue à partir du forage colmaté. Pour
que ce traitement soit effectif il convient d’intéresser des cylindres successifs
d’aquifère autour de la crépine. Le traitement curatif peut être réalisé avec un ou
plusieurs produits selon la nature du problème à résoudre.
Bien que la solution du produit unique ne paraisse pas devoir être retenue dans la
pratique (aucun produit ne permettant à lui seul de jouer tous les rôles : bactéricide et
destructeur de la matière organique), cette analyse permet de mettre en évidence les
volumes à mettre en œuvre. L’utilisation de 2 ou 3 produits successifs correspond à la
solution généralement retenue.
Le développement d’une biomasse dans l’aquifère représente le problème majeur
posé par le colmatage bactérien. En terme de traitement, il convient d’identifier le
volume d’aquifère contaminé et de définir une stratégie de traitement qui permette de
détruire la biomasse colmatante et de l’évacuer. La marche à suivre est la suivante :
— évaluer le volume d’aquifère contaminé,
— déterminer les cylindres successifs à traiter, compte tenu du type de bactéries,
de la nature de l’aquifère, des caractéristiques physico-chimiques de l’eau, de la
nature du ou des produits de décolmatage à mettre en œuvre,
— établir un protocole de traitement.
Traitement du colmatage biologique 308

2m
Piézomètres
d'injection

Forage à traiter

Figure 7-6
Dispositif de traitement préventif avec quatre piézomètres.

7.5.1 Evaluation du volume d’aquifère contaminé


La vitesse de l’eau à proximité du captage semble être la principale cause du
développement bactérien dans la mesure où elle est le vecteur d’un flux nourricier. Le
problème revient à déterminer à quelle distance du captage la vitesse de l’eau dans
l’aquifère redevient suffisamment faible pour que la biomasse ne s’y développe plus.
L’étude du colmatage des forages de l’Yprésien reflète bien ce phénomène et
montre que 78 % des captages dont la vitesse de l’eau dans l’aquifère dépasse
10 mm/s sont colmatés, alors que 60 % des forages non colmatés ont une vitesse
inférieure à cette valeur.
Sur le plan pratique, connaissant la porosité de l’aquifère, le débit d’exploitation
du forage et sa hauteur crépinée, on peut calculer la vitesse à laquelle l’eau
souterraine va circuler à travers divers cylindres d’aquifère. Il convient de calculer la
distance à partir de laquelle la vitesse de l’eau dans l’aquifère est suffisamment faible
pour ne plus favoriser le développement de biomasse. Dans le cas de l’Yprésien, il est
apparu qu’à une vitesse inférieure à 1 cm/s, les bactéries ne formaient pas de
biomasse colmatante.
Traitement du colmatage biologique 309

Le problème revient donc, dans ce cas, à déterminer la distance à laquelle la


vitesse dans l’aquifère est inférieure au cm/s :
on a Q = VS avec S = 2πrhp et on cherche r pour V ≤ 1.10–2 m/s
avec :
Q : débit en m3/s
V : vitesse en m/s
S : section de terrain productif en m2
P : porosité
r : rayon par rapport à l’axe du forage en m
h : hauteur crépinée en m

On pose :
Q
S = Vmin

Q
r=
Vmin . 2 π h . P

Q
Si Q est exprimé en m3/h et V en m/s : r = 226 . h . P

La vitesse de l’eau dans l’aquifère au repos peut également être calculée et


comparée aux vitesses obtenues à proximité du captage. BOURGUET et al. ont mis en
évidence dans le cas de l’Yprésien des vitesses de 2 à 30 mm/s à proximité du
captage, alors que la nappe s’écoule naturellement à une vitesse de l’ordre de
3 microns par seconde. On constate que la vitesse naturelle de l’eau est multipliée, du
fait du pompage, par un facteur de 1 000 à 10 000.

7.5.2 Détermination des cylindres successifs à traiter


Compte tenu du type de bactéries, de la nature de l’aquifère, des caractéristiques
physico-chimiques de l’eau, de la nature du ou des produits de décolmatage à mettre
en œuvre, il convient d’appréhender les volumes des solutions traitantes à mettre an
œuvre.
Traitement du colmatage biologique 310

Le volume capacitif Vc du forage s’obtient facilement :

2
Vc = π ro h

avec :
ro : rayon du forage
h : hauteur d’eau dans le forage

Le volume à mettre en œuvre (cf. figure 7-7) pour traiter les cylindres colmatés Vt
s’obtient selon la formule suivante :

2 2
Vt = π ( rt — r0 ) . h = π (ro + rt) e h

avec :
e : distance entre deux cylindres successifs
h : hauteur d’eau dans le forage

e
h

r0

rt

Figure 7-7
Détermination des cylindres successifs d’aquifère à traiter.

Le terrain étant a priori d’autant plus colmaté que l’on se trouve plus près du
forage, on aura intérêt à traiter des cylindres d’abord étroits, puis de plus en plus
larges, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’axe du forage.
Traitement du colmatage biologique 311

3m

4 e cylindre

3 e cylindre

2 e cylindre

1 er cylindre

Forage

Figure 7-8
Traitement curatif, vue en coupe des cylindres d’aquifère à traiter.

TABLEAU VII-III — Volume par mètre des cylindres d’aquifère à traiter (cette
valeur est à multiplier par la porosité de l’aquifère).

Diamètre Effet cylindre cylindre cylindre cylindre cylindre cylindre cylindre


tubage capacitif 0,25 m 0,5 m 1m 2m 3m 4m 5m
(mm) (m3/m) (m3/m) (m3/m) (m3/m) (m3/m) (m3/m) (m3/m) (m3/m)
200 0,03 0,35 1,10 3,77 13,82 30,14 52,75 81,64
300 0,07 0,43 1,26 4,08 14,44 31,09 54,01 83,21
400 0,13 0,51 1,41 4,40 15,07 32,03 55,26 84,78
500 0,20 0,59 1,57 4,71 15,70 32,97 56,52 86,35
600 0,28 0,67 1,73 5,02 16,33 33,91 57,78 87,92
700 0,38 0,75 1,88 5,34 16,96 34,85 59,03 89,49
800 0,50 0,82 2,04 5,65 17,58 35,80 60,29 91,06

7.5.3 Protocole de traitement


Le protocole de traitement se décompose classiquement en :
— première injection dans le terrain d’une solution de produit traitant, de
volume égal au volume des vides du premier cylindrique d’aquifère à traiter ; après
arrêt de l’injection, on respecte un temps de contact qui permet d’obtenir l’efficacité
du traitement sur la tranche de terrain atteinte en dernier par l’injection.
Traitement du colmatage biologique 312

— premier pompage de nettoyage pour évacuer les résidus et les boues produites
par le traitement,
— nouvelle injection de produit traitant, d’un volume égal au volume des vides
d’un deuxième cylindre d’aquifère à traiter ; lorsque le volume nécessaire a été
injecté, on effectue une chasse à l’eau à débit modéré, pour que le produit actif
traverse le premier cylindre déjà traité, et aille se mettre en place et imprègne
complètement le deuxième cylindre à traiter (effet piston).
L’opération précédente se répète : temps de contact, puis 2e pompage de
nettoyage, à la suite de quoi on recommence éventuellement l’opération pour traiter
un 3e cylindre, et ainsi de suite.

Volume en m3 par tranche de 1 m


50

45

40

35

30

25

20

15

10

0
1 2 3 4 5 6 7
Distance au forage (m)
Volume terrain Porosité de 20 %
Porosité de 35 % Porosité de 15 %
Porosité de 30 % Porosité de 10 %
Porosité de 25 % Porosité de 5 %

Figure 7-9
Volume à mettre en œuvre pour un traitement décolmatant.

Enfin, il faut avoir présent à l’esprit que, quelque soit le degré de précision des
calculs, la détermination des porosités du massif filtrant et de la zone aquifère
développée n’en reste pas moins empirique à appréhender. Par ailleurs l’aquifère, de
par sa composition physico-chimique et de par la biomasse qu’il est susceptible
d’abriter, va consommer des quantités variables de réactif.
Traitement du colmatage biologique 313

7.5.4 Traitement à l’hypochlorite de sodium


Dans le cas de développements bactériens dans les ouvrages d’exploitation, un
moyen efficace et de mise en œuvre facile est le traitement des forages à l’eau de
Javel ou hypochlorite de sodium (NaClO). Cette méthode a notamment été employée
pour traiter les forages Yprésiens du bassin parisien, colmatés par des
développements bactériens (Champ captant de Villeneuve-la-Garenne dans le 92). Le
chlore, introduit au fond du forage, a deux actions :
— tuer les bactéries ;
— brûler les boues organiques.
Le but de ce traitement est non seulement d’éliminer les bactéries et la boue
bactérienne présente sur les crépines de l’ouvrage, mais aussi d’avoir une action en
profondeur dans le massif filtrant et dans le terrain encaissant.
L’eau de Javel est un produit oxydant basique, c’est aussi une solution instable.
Elle est caractérisée par sa teneur en chlore actif qui s’évalue en degrés
chlorimétriques, sachant que 1° chlorimétrique = 3,17 g de chlore actif par litre.
Ainsi :
1 litre d’eau de Javel à 18° contient 57 g de Cl2 actif ;
1 litre d’eau de Javel à 48° contient 152 g de Cl2 actif.
D’une façon générale il est conseillé de traiter à un taux de 2 000 ppm. On
calculera le volume d’eau contenue dans le forage, le massif filtrant et le terrain
encaissant. Il convient de calculer auparavant le rayon que l’on souhaite traiter autour
du forage.
Ce traitement doit bien entendu être adapté en fonction du degré de colmatage et
du volume d’aquifère à traiter. Il convient de calculer le volume des cylindres
d’aquifère intéressés et d’adapter le traitement en faisant augmenter le volume traité
jusqu’à la limite d’alimentation des bactéries. Cette dernière s’appréhende en
considérant les vitesses de flux nourricier (vitesse de l’eau dans l’aquifère) ; quand la
vitesse devient très faible, il n’y a plus de développement de biomasse.
Sur le plan pratique, l’introduction de l’eau de Javel se fera à partir d’un tube
PVC, ceci afin de pouvoir répartir le produit sur toute la hauteur noyée du forage. La
densité de cette solution (d = 1,21) étant supérieure à celle de l’eau, la solution devra
être introduite au-dessus de la zone à traiter. Afin de faire pénétrer le produit dans le
terrain encaissant, il est nécessaire d’introduire un volume d’eau de 5 à 10 fois le
volume d’eau présent dans le forage. Il est souhaitable d’avoir la possibilité
d’effectuer un pompage en circuit fermé, ceci afin de brasser la solution qui sera
laissée en place durant un minimum de 12 heures.
L’introduction du produit se fera en plusieurs passes successives, (3 à 5 en
général) entrecoupées de pompages de nettoyage, afin d’intéresser des cylindres de
rayon de plus en plus grand.
Afin d’éliminer la totalité des éléments détachés lors du traitement du forage, il
est nécessaire de réaliser un pompage long en fin de traitement. Ce dernier est
important afin d’éliminer la totalité des éléments solides et d’éviter qu’ils ne viennent
se refixer sur la partie externe du massif filtrant.
Traitement du colmatage biologique 314

Exemple théorique de traitement


Considérons un forage de 20 m de profondeur, captant un aquifère de porosité efficace de
15 %, sur une hauteur de 10 m, l’aquifère étant capté sur toute sa hauteur (10 m de
crépines), le niveau statique étant à 8 m/sol. Le forage est tubé en 600 mm sur toute sa
hauteur.
2
Calcul de l’effet capacitif : Vc = π ro h = 3,14 . (0,3)2 . 12 = 3,4 m3
Le volume capacitif correspond à la chasse d’eau qu’il faudra utiliser à chaque passe pour
pousser le produit de traitement dans l’aquifère. Dans le cas d’un traitement avec
plusieurs cylindres successifs, le volume de la chasse d’eau sera égal à :
Vc = V1 + V2 + ... + Vn

TABLEAU VII-IV — Exemple de calcul de volume de cylindres (volumes initiaux


en partie gauche, volumes résiduels suite à des injections successives en partie
droite).

Volume de Volume Volume des Volume des Volume


solution d’hypochlorite chasses traitements résiduel
traitante de sodium à successives successifs d’hypochlorite
48° de sodium 48°
(m3) (l) (m3) 3
(m ) (l)
cylindre 0,25 m 1,2 16 3,4 1,2 16
cylindre 0,5 m 3,1 41 4,6 2 25
cylindre 1 m 9 119 4,3 6 78
cylindre 2 m 29,4 387 12,1 20,4 268
cylindre 3 m 61 803 38,4 31,6 416
cylindre 4 m 104 1 368 90,4 43 565
cylindre 5 m 158 2 082 165 54 714
Cumul 318 158 2 082

S’agissant d’un matériau naturel poreux, il faut il faut tenir compte du fait qu’une partie
importante de chlore actif est susceptible d’être passivée par les éléments constitutifs de
l’aquifère. Compte tenu de l’adsorption du chlore par les fines, il est prudent de majorer le
volume d’hypochlorite de sodium.
Après la dernière passe, la face interne de la crépine est brossée à l’aide d’un hérisson.

Cet exemple montre à quel point les volumes à mettre en œuvre sont importants.
Ce calcul explique vraisemblablement pourquoi tant de tentatives de décolmatage ont
été des échecs. En effet, la zone de vitesse s’étend généralement sur plusieurs mètres
autour des forages, les volumes nécessaires au traitement sont considérables, et dans
la plupart des décolmatages pratiqués, les traitements n’atteignent pas les cylindres
situés entre 2 et 5 mètres autour des forages. Nous pensons, comme BOURGUET et
al., 1984, qu’il est nécessaire de s’intéresser à cette zone, dans laquelle peuvent se
situer des phénomènes déterminants générateurs de colmatage.
Traitement du colmatage biologique 315

Exemple de traitement à l’hypochlorite de sodium


Le forage 5S’ du champ captant de Villeneuve-la-Garenne (92) exploité par Lyonnaise
des Eaux-Dumez, a été créé en 1974. Il a progressivement donné des signes de colmatage
et a été traité à l’hexamétaphosphate en 1982, suite à un mauvais diagnostic de colmatage.
Suite à ce mauvais traitement, le débit du forage est passé de 115 m3/h avec 30 m de
rabattement en 1980 à 53 m3/h et 44 m de rabattement fin 1987. Devant cet état de fait, un
nouveau diagnostic a été effectué et a permis d’identifier les causes réelles du colmatage :
un développement bactérien.
Le traitement a eu lieu au moyen de plusieurs passes d’hypochlorite de sodium et a
permis de retrouver plus de 100 % des caractéristiques initiales, le forage s’étant
développé au fil du temps. Le traitement a été entrepris conformément à la méthodologie
présentée précédemment.

10

1e traitement 3e traitement
20
co
Rabattement en m

ur

2 e traitement cour
be

be o
rigin
av

30 elle
an
tr
éh
ab

40
ilit
at
io
n

50

0 20 40 60 80 100 120
Débit en m3/h

Figure 7-10
Réhabilitation du forage 5S du champ captant de Villeneuve-la-Garenne. D’après
document Lyonnaise des Eaux-Dumez.

Notons que l’étude Burgeap préconise, à partir d’essais réalisés sur des
éprouvettes, une séquence mouillant / oxydant bactéricide / acide. Le traitement
optimum serait réalisé en deux phases avec :
— un premier traitement « oxydant » réalisé à l’aide d’hypochlorite de sodium,
avec un mouillant et éventuellement un enzyme, l’ensemble étant destiné à détruire la
biomasse ;
— un second traitement composé d’un mélange d’acide chlorhydrique et d’un
mouillant bactéricide. L’acide chlorhydrique est destiné à ramener le pH à une valeur
telle qu’il remette en solution ferreuse le fer précipité par l’hypochlorite. Le
mouillant bactéricide est destiné à éliminer les dernières bactéries présentes et qui
auraient résisté au premier traitement.
Bien entendu ce protocole de traitement serait à adapter en fonction du degré de
colmatage du forage à traiter.
Régénération après corrosion 316

7.6 Régénération après corrosion


Rappelons que la corrosion est provoquée par des eaux, en fonction de leur
concentration en ions hydrogène et/ou de la présence des éléments suivants :
— oxygène dissous (même en petite quantité),
— hydrogène sulfuré (H2S),
— gaz carbonique CO2,
— acide chlorhydrique (HCl),
— chlorures,
— acide sulfurique (H2SO4),
— argiles riches en sulfate de calcium (gypse).
Ces agents influencent le pH qui est généralement acide (< 7) et rendent l’eau
agressive vis-à-vis du métal. La vitesse de circulation de l’eau et la température ont
également une certaine influence. La corrosion chimique des métaux est beaucoup
moins fréquente que la corrosion électrochimique dans le cas des forages d’eau.

7.6.1 Les actions préventives


Au titre de la prévention, nous retrouvons inévitablement le problème de la
conception. C’est évidemment à ce stade que les dispositions préventives les plus
efficaces peuvent être prises. Ces dispositions requièrent au minimum :
— S’assurer d’une compatibilité absolue entre les métaux constituant l’ouvrage
et éviter, bien évidemment, tout contact direct entre métaux différents.
— Concevoir la protection du tubage sur toute la partie non aquifère par une
cimentation étanche à réaliser avec des ciments spéciaux chaque fois qu’une
formation capable d’attaquer le ciment sera traversée (niveaux gypseux).
— Mettre des tubages d’une épaisseur suffisante pour que leur oxydation
n’entraîne pas un affaiblissement généralisé de l’ensemble dans un délai très court.
— Evaluer, en fonction de la composition de l’eau, son agressivité éventuelle
aux métaux et privilégier dans certains cas les équipements en PVC (présence d’H2S
notamment).
— Protéger l’ouvrage contre les effets des courants telluriques (protection
cathodique) si ces effets sont à craindre, en particulier à proximité des lignes SNCF
(certains forages sont percés en 1 an ou 2, à 100 mètres d’une ligne à grand trafic).
— Etre particulièrement attentif lorsque l’ouvrage capte un aquifère à plusieurs
niveaux (alternance de niveaux productifs et stériles dans la même formation) en
raison des différences possibles de composition de l’eau.
— Veiller à ce que les vitesses de l’eau dans l’ouvrage ne soient pas excessives
par crainte d’un risque d’érosion et par suite d’une fragilisation de certaines parties
métalliques.
Régénération après corrosion 317

7.6.2 Le contrôle
Pendant son exploitation, le suivi de l’ouvrage a également une très grande
importance pour la détection d’un début de corrosion. Il existe à ce sujet de
nombreux moyens pour effectuer ce type d’examen, dont le choix doit être fait par un
spécialiste. A titre d’exemple, un examen par caméra ne permettra pas d’estimer une
corrosion qui se manifesterait par une réduction de l’épaisseur du tubage, alors qu’un
autre type d’investigation permet de le faire.
Les diagraphies permettant de déceler tel ou tel type de corrosion doivent être
déterminées en fonction des caractéristiques de l’ouvrage. Il est évident que si on ne
connaît rien de celui-ci, il est nécessaire de commencer par définir sa composition.
Ensuite, on pourra préciser les diagraphies complémentaires à réaliser.
Dans l’ensemble, on dispose actuellement d’une gamme de mesures qui
permettent de faire de bons diagnostics, gamme qui s’enrichit constamment avec le
développement des moyens informatiques.
Les contrôles à effectuer dans le cadre d’un suivi, et pour un ouvrage en
exploitation dont on peut craindre la corrosion, peuvent se répartir de la façon
suivante :
— Contrôle de la cimentation des tubages (décollement, fissures, attaque
chimique, etc.). On peut même déceler la formation de poches de dissolution derrière
la cimentation (C. GRIOLET).
— Contrôle de l’état des tubages. Diverses diagraphies permettent de vérifier
l’épaisseur, les déformations, les ruptures ou les percements. On peut également
déceler sur certains forages profonds le percement du tubage par des essais de débits
en paliers.
— Contrôle de l’état des crépines. En complément de l’examen par caméra qui
peut permettre de localiser une perforation ou une rupture.
— Contrôle du massif de gravier. Cette dernière vérification, bien que ne
concernant pas directement la corrosion, permet de vérifier l’état du massif par
rapport à sa position d’origine, d’où une éventuelle modification dans le régime
hydraulique de l’ouvrage.
L’interprétation de ces mesures et contrôles ne peut être faite que par des
spécialistes expérimentés, toute erreur pouvant entraîner des conséquences sur le
choix de la réhabilitation à prescrire.

7.6.3 La réhabilitation
La réhabilitation d’un captage endommagé par la corrosion est généralement une
opération lourde et délicate à conduire.
En principe on peut se trouver en face de deux types d’interventions qui
consistent, soit à réhabiliter le tubage (tubage en place percé ou corrodé avec risque
d’écrasement), soit à réhabiliter la partie crépinée (perforée ou usagée). Ces deux
réhabilitations ne sont pas systématiquement couplées, bien que dans la pratique, on
soit amené à les effectuer ensemble pour plus d’efficacité.
La réhabilitation du tubage consiste à rechemiser l’ouvrage, c’est-à-dire à placer
un tubage neuf à l’intérieur du tubage existant, puis à cimenter l’annulaire.
Régénération après corrosion 318

Ce schéma n’est pas toujours possible si le diamètre de l’ouvrage initial est trop
faible car le tubage à replacer à l’intérieur ne permettrait plus d’installer le pompage.
C’est l’inconvénient des forages trop petits par rapport à leur productivité. Le risque
peut éventuellement être apprécié lors de la conception.
Actuellement une technique consistant à rechemiser un forage à l’aide d’une
enveloppe en polyéthylène formée à chaud directement sur le tubage existant est en
cours de texte. Ce procédé est inspiré d’une technique américaine utilisée pour le
rechemisage des conduites d’eau horizontales (procédé U. Liner distribué par
Tubafor International). Elle met en œuvre un polyéthylène alimentaire à haute densité
qui présenterait, appliqué sur un tubage de forage, une très faible réduction du
diamètre par rapport à un nouveau tube, une étanchéité complète, des pertes de
charge plus faibles et une meilleure résistance à la corrosion. En toute hypothèse, le
coût devrait être inférieur à celui d’un rechemisage en acier.
La réhabilitation de la crépine peut s’effectuer de deux façons différentes, soit par
extraction de celle en place et remplacement par une neuve, soit par la pose d’une
seconde crépine plus petite à l’intérieur de la première et la constitution d’un massif
de gravier intermédiaire.
La première opération n’est pas toujours possible dans la pratique car tout dépend
de la façon dont la crépine a été posée. La seconde a l’inconvénient d’induire une
perte de charge supplémentaire et par suite de réduire sensiblement la productivité de
l’ouvrage.
A ce niveau de réhabilitation, le diagnostic effectué préalablement devra
apprécier l’objectif de résultat et le coût de l’intervention afin de ne pas entraîner le
maître d’ouvrage dans une opération dont le coût serait prohibitif par rapport au
résultat et par comparaison avec un ouvrage neuf.

7.6.4 Traitement de la corrosion chimique


Soulignons avant tout qu’il n’existe pas de remède possible pour stopper la
corrosion chimique. On peut tout au plus prévenir ses effets et les limiter grâce à une
protection préventive. Nous avons traité ce problème au chapitre précédent.
Rappelons simplement qu’il existe trois actions possibles :
— la galvanisation des tubages,
— la protection préventive par le choix des matériaux d’équipement du forage
lors de sa réalisation semble être la meilleure méthode pour se prémunir contre ce
problème,
— en cas de corrosion avancée, le seul remède est un remède indirect. Il consiste
à doubler (chemisage) les tubages et crépines. Toutefois, ce système entraîne une
diminution du rendement par augmentation des pertes de charges quadratiques.
Régénération après corrosion 319

7.6.5 Traitement de la corrosion électrochimique


Pour qu’une corrosion électrochimique se produise, deux conditions sont
nécessaires :
— une différence de potentiel électrique développé par deux métaux différents,
ou par des métaux identiques mais séparés l’un de l’autre, même par une distance
infime ;
— une eau contenant assez de sel dissous pour constituer un fluide conducteur de
courant (électrolyte).
Une soudure sur un même métal, une fente exécutée au chalumeau ou au coupe-
tube, une coupure dans le métal au droit du joint ou une éraflure sur la peinture
isolante de revêtement sont autant de points sensibles à la corrosion.
Lorsque deux métaux différents sont en contact dans un électrolyte, il se produit
une corrosion bimétallique par effet galvanique (cas d’une crépine en inox et d’une
colonne en acier doux). Pour pallier ces inconvénients, deux méthodes peuvent être
appliquées avec succès :
— la protection préventive par le choix approprié des matériaux lors de
l’équipement du forage,
— la protection cathodique.
Ces deux méthodes ont été abordées dans le chapitre précédent.

7.6.6 Traitement de la corrosion bactérienne


Dans le cadre de la lutte contre la corrosion bactérienne, on distingue les
méthodes physiques et les méthodes chimiques.
— méthodes physiques :
• rayonnement UV,
• « pasteurisation » par élévation de la température,
• traitement aux ultrasons.
— méthodes chimiques :
• injection d’acides,
• injection de solutions chlorées,
• mise en œuvre de dispersants de type polyphosphates.
Ce sont des traitements efficaces mais d’action limitée dans le temps et qui
impliquent des interventions régulières.

7.7 Nettoyage et pompage


Après toute intervention de régénération, mécanique et/ou chimique, il est
impératif avant de remettre la pompe immergée en place, de procéder au nettoyage de
l’ouvrage par pompage à l’émulseur, avec injection d’air sous pression en alternance
dans et sous le tuyau d’eau, et ce jusqu’à obtention d’eau claire sans sable ni
particules argileuses.
Nettoyage et pompage 320

La pompe immergée d’exploitation est ensuite remise en place, afin de procéder à


de nouveaux pompages d’essai par paliers et d’établir la courbe caractéristique du
forage après régénération.
L’analyse de cette nouvelle courbe conduira soit à la remise en service du forage
après un éventuel pompage d’essai de longue durée, soit à une nouvelle phase de
régénération.

7.8 La vétusté
La vétusté est à l’origine d’une part importante de la dégradation des captages
d’eau souterraine en France. L’âge moyen des captages, tous types confondus, est
compris entre 10 et 50 ans pour environ 70 % d’entre eux.
L’âge lui même est bien entendu un facteur naturel de vieillissement, mais le
manque d’entretien aggrave les effets de ce vieillissement et contribue à l’apparition
de problèmes parfois difficiles à résoudre en raison de l’état des ouvrages.
Le colmatage, la corrosion et l’ensablement sont très souvent le lot des captages
anciens. Il s’y ajoute parfois une conception archaïque qui fait que, dans beaucoup de
cas, il n’y a malheureusement pas d’autre solution que le renouvellement pur et
simple de l’ouvrage.
Les effets du vieillissement pourraient, dans la majorité des cas, être retardés et
dans tous les cas diagnostiqués, si les captages faisaient l’objet d’un contrôle régulier.
Il n’est pas inutile de rappeler la place de l’eau souterraine dans l’alimentation en
eau potable : selon les dernières statistiques, 62 % environ des prélèvements d’eau
souterraine en France sont consacrés à l’alimentation en eau potable des populations,
avec une légère tendance à l’accroissement, nettement plus marquée dans certains
bassins. Par rapport à l’ensemble des consommations en eau potable, l’eau
souterraine représenterait environ la moitié du volume total des ressources utilisées,
les eaux de surface assurant l’autre partie.
En France on trouve des forages dans tous les départements. La maintenance,
l’entretien et la gestion des forages est donc une préoccupation nationale.
Pour exploiter l’eau souterraine, on utilise en France près de 30 000 captages,
uniquement pour l’alimentation en eau potable publique. Leur répartition est
évidemment très inégale, les plus importants étant situés dans des formations
sédimentaires.
Même si globalement leur nombre ne devrait pas radicalement évolué dans
l’avenir, la création de nouveaux captages sera vraisemblablement nécessaire pour
plusieurs raisons :
— le parc français de captages est vétuste et devra être renouvelé en grande
partie dans les dix ou vingt prochaines années ;
— il faudra abandonner des forages isolés pour préférer le développement de
grands champs captants dans des zones protégeables ;
— les forages, même si leurs eaux nécessitera tôt ou tard un traitement, ont
l’avantage de donner une eau brute dont la qualité varie donc plus facile à traiter que
les eaux superficielles ;
La vétusté 321

— la vulnérabilité de certaines ressources, eaux de surface comprises, entraînera


la nécessité de les diversifier et de créer des ouvrages d’appoint ou de secours à partir
de nouvelles ressources, préférentiellement souterraines ;
— certains aquifères sont actuellement sous-exploités, en particulier des
aquifères karstiques. Leur mise en valeur, jusqu’ici freinée par les difficultés et aléas
de la recherche, conduira à la création de nouveaux ouvrages ;
— de nombreuses communes, notamment rurales, ne sont alimentées que par un
seul et unique point d’eau, forage, puits ou source. Pour des raisons de sécurité
d’approvisionnement, un certain nombre d’entre eux devra être doublé ou
réaménagé ;
— les difficultés techniques rencontrées dans l’exploitation de certains captages
conduiront des maîtres d’ouvrage à réaliser de nouveaux captages, plutôt que d’en
réhabiliter ou après échec de cette technique.
Dans un tel contexte, il serait dommage que toutes ces créations ne soient pas
entreprises avec une approche différente de celle du passé, prenant en compte
l’environnement, la protection et la gestion, sans oublier bien entendu l’apport des
techniques modernes de réalisation et de suivi d’exploitation.

7.9 Rappel des dispositions à prendre


avant tout traitement
Pour qu’un traitement soit efficace, il est nécessaire de connaître les causes ayant
provoqué des incidents sur le forage à traiter. Pour cela :
— on mesurera le pH de l’eau ce qui permettra de voir :
• qu’avec un pH < 7 on se trouve en présence d’une eau acide, donc
agressive et corrosive ;
• qu’avec un pH > 7 on se trouve en présence d’une eau alcaline ayant
tendance à provoquer des incrustations. Ces eaux contiennent des
carbonates, des bicarbonates ou des hydroxydes.
— on procédera à des prélèvements d’échantillons de dépôts (sur pompes, tuyau
d’aspiration, crépine...) afin de déterminer la nature et la composition du dépôt,
— on étudiera la charge de matières dans l’eau pompée.
Le traitement sera approprié à la nature de l’échantillon prélevé :
— pour les concrétions avec des carbonates de chaux, par emploi d’acide
chlorhydrique (ou muriatique) ou d’acide sulfamique (ou amino-sulfamique),
— pour les oxydes de fer et de manganèse, par emploi de polyphosphates,
— pour les bactéries, par emploi de chlore (hypochlorite), d’eau oxygénée
(H2O2) ou d’acide acétique (CH3COOH),
— pour les limons et argiles, par emploi de polyphosphates,
— pour les formations gréseuses, par emploi d’acide fluorhydrique permettant
d’attaquer la silice. Cet emploi concerne plus particulièrement les pétroliers, mais
encore faut-il que la perméabilité de la matrice permette d’appliquer une pression
supportable par la roche.
Rappel des dispositions à prendre avant tout traitement 322

Lorsqu’on constate la présence simultanée de plusieurs des éléments ci-dessus, on


peut envisager un traitement mixte.
Aux acides utilisés pour ces traitements, il sera nécessaire d’ajouter un inhibiteur
pour acier afin de protéger ce matériau des équipements du forage.
En dehors des traitements chimiques, lorsque cela est possible, on peut utiliser
d’autres procédés tels que brosses, jets, explosifs, ...
Les méthodes d’acidification peuvent être :
— l’acidification sous pression,
— l’acidification à forage ouvert,
— le traitement au chlore,
— le « jet cleaning » pour traitement mixte au chlore et polyphosphate.

7.10 Abandon d’un ouvrage


Si, malgré toutes les opérations de réhabilitation entreprises, l’ouvrage ne
retrouve pas au moins des caractéristiques permettant une exploitation correcte, il
sera alors nécessaire de l’abandonner, en respectant certaines règles.
En effet, la structure de l’ouvrage abandonné va se détruire par corrosion et
mettre en communication toutes les formations géologiques intéressées par le forage.
On risque par conséquent de mélanger des niveaux aquifères de mauvaise qualité
avec des niveaux plus intéressants. Cela peut aboutir à la destruction partielle ou
totale de l’aquifère.
A cette interférence entre niveaux géologiques, s’ajoute l’introduction dans
l’ouvrage abandonné des eaux de surface comme des eaux de pluie ou, plus grave
encore, des eaux polluées. L’abandon d’un ouvrage est donc un problème sérieux
qu’il faut traiter avec soin.
Le forage doit être rebouché de manière étanche, ce qui exclut bien évidemment
son remplissage par des matériaux divers. En effet, le remplissage par un matériau
perméable n’isolerait pas la nappe des autres niveaux, éventuellement aquifères,
entraînant ainsi une source de pollution supplémentaire.
La seule façon de reboucher un captage est de le cimenter hermétiquement. On
évitera l’introduction de ciment par gravité dont le résultat est aléatoire. En effet, le
ciment risque de se diluer avant d’atteindre le fond, et ceci d’autant plus que
l’ouvrage est profond et le diamètre important.
La méthode la plus efficace consiste à introduire le ciment (laitier) par le fond
(cf. figure 7-10).
Dans le cas où la partie crépinée est très détériorée, ou si les terrains captés
comportent des fissures importantes, on doit éviter de faire pénétrer le ciment dans
l’aquifère. On mettra en place un bouchon visqueux (bentonite ou bentonite et
polymère) au droit de la partie captante. Ce bouchon sera surmonté d’une
cimentation.
Abandon d'un ouvrage 323

Sur le plan technique, nous voyons que le rebouchage dans les règles nécessite
quelques précautions. La composition des produits, leur densité ainsi que leur totale
innocuité pour le milieu doivent être définies en fonction des conditions d’abandon de
l’ouvrage (crépine cassée ou non, nature de l’aquifère, etc.).
Il faut savoir qu’une enquête réalisée en 1991 mettait en évidence que dans plus
de 60 % des cas, les forages abandonnés n’étaient pas rebouchés. Il est donc clair que
cet état de fait aura pour conséquence de mettre en communication toutes les
formations traversées par l’ouvrage, à plus ou moins long terme (corrosion,
éboulement, etc.). Compte tenu de l’ancienneté du parc actuel de forages français, et
de la probabilité associée du nombre conséquent de renouvellements qui devraient
s’opérer dans les années à venir, cette pratique d’abandon des captages en l’état
constitue une menace grave pour la protection de la ressource.

Pompe

Remplissage progressif
par le fond du forage

Figure 7-11
Cimentation d’un forage abandonné.

7.11 Conclusion
La connaissance des conditions de réalisation d’un forage, de la mise en place de
son équipement et du suivi régulier de son exploitation permettent de déceler les
phénomènes de colmatage et/ou de corrosion pour y remédier assez tôt, et ainsi éviter
une forte diminution du rendement. Dans le cas contraire (constat d’une baisse de
rendement et/ou de la variation de la qualité de l’eau), les opérations à mener sont
schématisées en. figure 7-11.
En termes de coût, une opération de régénération dans un forage de 35 m de
profondeur avec 15 m de crépines de 200 mm de diamètre est de l’ordre de 10 % du
prix du forage neuf.
Conclusion 324

Une étude récente montre que 76 % des captages français ne font pas l’objet
d’entretien systématique par un organisme spécialisé. Il apparaît que l’entretien des
captages n’est pas encore passé dans les mœurs. Les contrôles périodiques de niveau
constituent la démarche la plus répandue.
Pratiquement tous les exploitants évoquent le manque chronique d’informations
techniques sur les ouvrages qu’ils exploitent et, surtout, l’absence de consignes
d’exploitation ou de recommandations.
Comme le précise l’étude GEOTHERMA, l’origine de cette situation est bien
souvent l’ancienneté des ouvrages dont les caractéristiques n’ont pas été transmises
aux exploitants successifs. Pour de trop nombreux ouvrages, on ne connaît que la
profondeur approximative et le diamètre du tubage, mais rien sur la nature de la
crépine et encore moins sur les essais de débit d’origine. Heureusement cette
remarque ne concerne généralement que les ouvrages de plus de 10 ans d’âge et
isolés, l’exploitation de champs captants ne pouvant guère se satisfaire de l’absence
de données techniques.
L’analyse des rapports de fin de forage met cependant en évidence le manque de
consignes d’exploitation des ouvrages. Cet état de fait se traduit généralement dans le
temps par des situations de surexploitation extrêmement préjudiciables à la pérennité
des ouvrages et parfois involontaires du fait de l’absence de repères.
L’expérience prouve qu’il existe un problème de transmission des données
techniques entre le concepteur et l’exploitant d’un captage d’eau souterraine. Cette
situation est particulièrement répandue en milieu rural. Les avis sont unanimes sur le
défaut d’entretien des captages d’eau souterraine en France. Les efforts financiers
importants qui ont été réalisés depuis la dernière guerre pour assurer la desserte en
eau potable des populations à plus de 95 % n’ont malheureusement pas été
accompagnés des dispositions d’entretien nécessaires. Dans la majorité, sinon la
presque totalité des cas, les interventions sur captages ont été dictées uniquement du
fait de pertes de débit ou de détériorations graves, entraînant des difficultés
d’exploitation.
Le mal est souvent beaucoup plus profond dans la mesure où le captage d’eau
souterraine n’est pratiquement jamais considéré par un maître d’ouvrage comme la
partie essentielle de sa distribution d’eau, sauf le jour où le débit fait défaut. Et
encore ce jour-là, recherche-t-on la solution la moins onéreuse et malheureusement
souvent la plus précaire, par manque d’information.
En terme de coût d’entretien, un budget annuel de 8 à 10 % du prix de l’ouvrage
permettrait de prévenir la plus grande partie des problèmes en permettant un entretien
préventif.
Le désintérêt des maîtres d’ouvrages pour leurs captages d’eau souterraine en
général et pour leur entretien en particulier, est très largement confirmé par l’état
actuel des périmètres de protection des ouvrages. L’énorme proportion de captages
dont les périmètres ne sont pas en conformité illustre bien la nature du problème en
France.
Conclusion 325

Collecte des données

Conditions de Données
réalisation d'exploitation
et d'équipement
du forage

Etude et analyse

données suffisantes données insuffisantes

Investigations complémentaires
(pompages par paliers, examen
vidéo, analyses d'eau)

Diagnostic
de vieillissement

Abandon de l'ouvrage Régénération

Nettoyage

Pompage par paliers

Pas d'amélioration Amélioration

Pompage par paliers

Remise en exploitation

Figure 7-12
Résumé des opérations à mener dans le cadre de la réhabilitation d’un ouvrage de
captage.
Conclusion 326

Le temps semble être venu de travailler, dans l’optique de répondre aux besoins
des générations futures, à ce vaste projet que représente l’action sur les eaux
souterraines. Il convient de le construire autour des grands axes suivants :
— se placer résolument dans la réalité de l'espace scientifique européen, pour la
formation et pour la recherche. C’est-à-dire former et informer tous les acteurs de
l’eau à la gestion des captages d’eau souterraine ;
— développer et coordonner des compétences locales, nationales et
internationales dans plusieurs disciplines de la géologie, de l'hydrogéologie, de la
géochimie, de la géophysique ;
— utiliser l'imagerie (image satellitaire, géophysique, informatique, ...) pour
reconnaître et modéliser les structures aux différentes échelles ;
— concevoir et réaliser tous les captages neufs selon une démarche orientée vers
l’entretien, le suivi et la maintenance ;
— donner la priorité au travail d'équipe et aux travaux de terrain ;
— développer la notion de gestion des données patrimoniales et établir, pour
tous les ouvrages existants, un diagnostic de leur état ;
— ne plus voir un captage d’eau souterraine comme l’instrument ponctuel d’un
prélèvement en nappe, mais considérer son environnement de surface et souterrain
comme un ensemble dont le comportement doit être étudié, géré et protégé ;
— établir et diffuser des documents contractuels, guides à l’usage des maîtres
d’ouvrage et des maîtres d’œuvre, définissant les conditions d’intervention et les
règles à observer pour la réhabilitation des captages, ainsi que les contrôles à
effectuer ;
— utiliser des techniques de modélisation informatique pour simuler et mieux
appréhender la nature et la complexité des problèmes hydrogéologiques, sur le terrain
(modèles de nappe) ou sur le plan cognitif (systèmes experts).
En résumé, on se doit d’introduire la notion d’un suivi obligatoire des captages
d’eau souterraine, correspondant à une prestation précise, régulière et quantifiée. En
matière de contrôle et de suivi, les moyens de gestion informatisée des captages qui
existent permettent dès à présent d’optimiser la gestion des données et de gérer la
ressource.
CHAPITRE VIII

Les outils de gestion


« Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant
que la matière »
C. Baudelaire

Comme nous l’avons vu, l’implantation d’un captage, le suivi de sa réalisation,


son entretien ou encore, sa réhabilitation, sont autant d’étapes essentielles qui
conditionnent la gestion rationnelle des forages. Nous présentons dans ce chapitre les
outils « modernes » de gestion des ouvrages de captage : outils d’étude, gestionnaires
de données patrimoniales, bases de données historiques, systèmes d’information
géographique, ...
Les outils de gestion que nous présentons font essentiellement appel à
l’informatique en tant que logiciels d’aide à la gestion rationnelle des forages.
Evoquer l’informatique comme une composante et une conséquence du
développement est devenu un lieu commun. Les technologies de l’informatique sont
celles qui connaissent le taux de croissance le plus élevé ; elles ont représenté un
marché de près de 400 milliards de dollars en 1986 et l’on s’attend à ce que cette
valeur soit multipliée par 3 en 1995 (cf. tableau VIII-I). Leur impact sur l’industrie et
sur l’ensemble de l’environnement socio-économique est si fort qu’il est impensable
aujourd’hui d’imaginer une politique de développement qui ne ferait pas appel à de
telles technologies. L’outil informatique, en raison de son large éventail
d’applications, dans la quasi totalité des secteurs de l’activité humaine, est un
instrument puissant de gestion du développement technologique et ouvre des
perspectives nouvelles en matière d’essor industriel, culturel et éducatif. Ainsi,
l’informatique se fait de plus en plus instrument du pouvoir, dans tous les domaines :
politique, économique, technique, social et culturel, à l’échelle nationale et mondiale,
suite à l’extension des réseaux télématiques ; à ce titre elle intéresse nécessairement
tous les gestionnaires et acteurs de l’eau à tous les niveaux.
L’informatique prend une importance sans précédent dans tous les domaines de la
vie scientifique, économique et sociale et est en perpétuelle mutation. Enfin, malgré la
volonté générale de préserver les surfaces d’influence du monde Francophone, nous
nous devons de constater que la culture informatique est essentiellement anglo-
saxonne. C’est la raison pour laquelle nous sommes amenés à parler dans une large
proportion de systèmes d’origine américaine. Il est cependant important de souligner
la place remarquable du génie logiciel français.
Les outils de gestion 328

TABLEAU VIII-I — Production mondiale de systèmes informatiques (croissance


estimée pour 1986-1995). D’après document OCDE.

1986 1990 1995 Croissance


(milliards de $) (milliards de $) (milliards de $) annuelle moyenne
(%)
Equipements 224 353 621 12
Logiciels 84 174 433 20
Télécommunications
et services 85 107 143 6
informatiques
Total 393 634 1 197 13

8.1 L’informatique
Etant donné le niveau extrêmement variable de pénétration de l’outil informatique
chez les responsables d’exploitation, hydrogéologues, hommes de terrain, il nous a
paru raisonnable de rappeler quelques notions de base.
Un ordinateur est une machine automatique de traitement de l’information
permettant de conserver, d’élaborer et de restituer des données sans intervention
humaine en effectuant, sous le contrôle de programmes enregistrés, des opérations
arithmétiques et logiques.
Un système informatique se compose de matériel (hardware en anglais) :
ensemble de constituants et d’organes physiques, et du logiciel (software en anglais) :
ensemble de programmes nécessaires à son fonctionnement. Les ordinateurs
regroupent autour d’une unité centrale arithmétique et logique des circuits spécialisés
visant à assurer le transit des informations en provenance soit de la mémoire centrale
soit des supports externes (périphériques tels que disques, lecteurs, clavier,
imprimante, etc.) par le biais d’un canal de communication nommé « bus ». Les
informations sont soit des instructions exécutables, soit des données, l’ensemble
constituant des programmes.
L’unité centrale ou unité logique fait trois sortes d’opérations élémentaires :
transfert d’informations d’un endroit à un autre de la machine (adressage par
l’intermédiaire du bus), opérations arithmétiques, opérations logiques. En simplifiant,
l’action macroscopique des programmes est de gérer l’intervention des unités
d’entrée (flux à traiter), de commander les calculs et choix à effectuer (traitement), de
piloter la consultation des mémoires puis de mettre en route les unités de sortie
(résultats).
Pendant fort longtemps l’usage de l’ordinateur était cantonné dans des
applications de type calcul numérique, la préoccupation d’alors étant la rapidité
d’exécution de calculs complexes impliquant d’importants volumes de données à
traiter. Depuis une quinzaine d’années, deux voies ont été explorées en parallèle,
d’une part la course à la puissance numérique à l’aide de calculateurs spécialisés
adaptés au calcul vectoriel ou parallèle, et d’autre part la manipulation de données
symboliques à l’aide de machines langage. Ces dernières ont pour vocation
d’implémenter de manière efficace les langages spécifiques de l’intelligence
artificielle que ce soit Lisp ou Prolog, à l’aide d’architectures matérielles dédiées qui
ont pour objet de traiter efficacement des symboles.
L’informatique 329

Les machines ayant atteint ce stade, un monde d’auto-créativité leur devenait


accessible. En effet la course à la miniaturisation, passant par une intégration toujours
plus poussée des composants, nécessitait l’introduction de la machine dans son
propre cycle de développement sous la forme de logiciels de conception assistée, tels
les compilateurs de silicium.
La puissance industrielle alliée à ces outils conduit à la prolifération d’ordinateurs
personnels pour lesquels la totalité des composants constitutifs est intégrée sur une
seule et même carte dite mère. La puissance explose, que ce soit en termes de taille
des mots mémoire, du nombre de registres, de vitesse de cycle d’horloge, de volumes
de stockage, et enfin en termes d’interconnexion entre toutes sortes de calculateurs
sur le géoïde. La consécration de cette philosophie nous est apportée par une « start-
up » Californienne il y a cinq ans, devenue l’un des leader du marché mondial des
stations de travail dont le slogan est « the network is the computer », suivant là une
approche édictée par les deux plus grands constructeurs mondiaux (IBM et DEC).
Les propos précédents peuvent être simplement étayés par le tableau VIII-II qui
présente les évolutions du parc mondial d’ordinateurs.

TABLEAU VIII-II — Evolution du parc mondial d’ordinateurs


(d’après : International Data Corporation).

Année Milliers d’unités Milliards de dollars


Gros systèmes 1986 20,8 97,4
1988 24,3 114,6
Moyens systèmes 1986 247,6 72,6
1988 330 86,8
Petits systèmes 1986 3 333,2 91,1
1988 5 219 126,7
Ordinateurs personnels 1986 52 550 94,2
1988 95 393 176,6

Nous présentons quelques applications, parmi les plus caractéristiques, dédiées


aux mini-ordinateurs et aux micro-ordinateurs (Apple, IBM, Compaq, ...). Nous
insisterons sur le monde des micro-ordinateurs qui représente le parc de matériel le
plus répandu et le domaine où l’on trouve le maximum d’applications du domaine
public. Le monde des mini-ordinateurs comporte également de nombreuses
applications dans les géosciences mais elles font rarement partie du domaine public et
ce secteur est plutôt consacré à des applications spécifiques développées par des
bureaux d’études pour des besoins précis (modèles de nappe, systèmes d’alerte,
gestion centralisée, systèmes experts, etc.).
Les outils de gestion 330

8.2 Les outils de gestion


Il y a encore peu de temps la frontière entre le monde de la conception et de
l’utilisation était marquée par les différences technologiques affichées par les
matériels séparant le monde des micro-ordinateurs de celui des mini-calculateurs.
Aujourd’hui cette frontière s’estompe et les limites s’interpénètrent. Compte tenu des
budgets d’investissement pour l’acquisition de l’outil informatique, nous assistons à
une informatisation généralisée.
La problématique est double et concerne d’une part l’homme de l’eau utilisateur
dont l’objet est de profiter de nouveaux moyens mis à sa disposition en vue
d’optimiser l’exercice de sa profession, et l’hydrogéologue concepteur qui va
développer ses propres outils.
Dans les deux cas, l’accès aux outils aptes à la résolution des problèmes de
l’ingénieur repose sur la maîtrise du logiciel, et dans cette optique une typologie
simplifiée pourrait consister à séparer d’une part les logiciels de calcul destinés à la
modélisation numérique et les logiciels avancés qui intègrent diverses composantes.
Ces dernières peuvent faire appel à des bases de données, à des outils de traitement
d’images, à des fonctionnalités de communication avancée, à l’intelligence
artificielle, à des interfaces homme machine sophistiquées et bien sûr toujours aux
fonctions et modèles de calculs précédents qui constituent encore souvent l’âme d’un
outil avancé.
— Les logiciels d’ingénieur sont en général appliqués à la résolution de
problèmes précis, ils sont le plus souvent écrits par un professionnel du domaine
d’application pour résoudre une question ponctuelle et spécifique. On les retrouve
dans toutes les sections des géosciences. Nous regroupons sous ce terme la plus
grande partie des applications informatiques que l’on retrouve dans les Sciences de la
Terre.
— Les outils avancés restent en général peu connus. Ils regroupent deux classes :
les progiciels spécialisés et les véritables « outils avancés » du domaine géologique.
Ce sont des programmes très élaborés, fruits d’années de travail d’une équipe le plus
souvent composée d’ingénieurs et d’informaticiens. Ce sont en général des produits
sûrs, performants et bien documentés. Cependant leur diffusion reste restreinte car ils
assurent une fonction parfois stratégique pour l’entreprise ou pour le groupe de
travail, et la formation à leur utilisation peut être longue et réservée à des personnels
particulièrement compétents.
Nous présentons ci-après un ensemble de logiciels qui se rattachent aux
catégories précédemment énoncées, dans le but de permettre à l’exploitant,
l’hydrogéologue, au chercheur, à l’enseignant, à l’industriel, de disposer d’une vision
globale de l’activité informatique dans la discipline, et éventuellement de trouver les
outils dont il peut avoir besoin. Une fois de plus il était impossible de fournir une
perspective exhaustive et les logiciels que nous présentons sont fonction de leur
originalité scientifique et industrielle, de leur apport à la résolution d’une
problématique générale de la profession clairement exprimée, ou encore de
l’émergence d’une évolution technologique perceptible.
Les outils de gestion 331

8.2.1 Les outils d’étude


Les géophysiciens, bien qu’appartenant à deux familles « du pétrole et hors
pétrole », utilisent de plus en plus les moyens informatiques. On note de nombreux
logiciels d’exploitation des données géophysiques que ce soit pour des données
sismiques, géoélectriques ou encore des méthodes électromagnétiques. Chaque
bureau d’étude a plus ou moins développé son ou ses « programme maison » bien
que certains grands standards existent (travaux d’ASTIER notamment). Par exemple
la société canadienne GEOSOFT est spécialisée dans la cartographie géophysique et
propose toutes sortes de programmes destinés à ce domaine d’application.
En France la COGEMA possède une chaîne de traitement géophysique comprenant
un ensemble de programmes assurant toutes les opérations de l’acquisition à l’édition
des documents (acquisition, transfert , gestion, édition des données et exploitation).
La section géophysique assure d’autre part la maintenance sur unité décentralisée
d’un programme de tectonique.
Sur le plan international il convient de citer AGIS, système à base de connaissance
pour l’interprétation automatisée de données sismiques de I. PITAS de l’Université de
Thessalonique (Grèce) ; le programme SEISRISK III destiné à l’évaluation du risque
sismique développé par B. BENDER de l’US Geological Survey ; EQGEN un
programme de simulation de tremblements de terre de N. Y. CHANG de l’Université
du Colorado. Enfin, le programme EMIX34 développé par R. S. BELL permet de
fournir des modèles inverses de données de sondages de conductivité
électromagnétique. De même GREMIX permet de réaliser de l’interprétation
automatisée de données de sismique réfraction. Ou encore RESIX qui permet
d’interpréter des données de résistivité en matière de sondages électriques acquises
en utilisant des méthode diverses : Schlumberger, Wenner, pôle-dipôle, dipôle-
dipôle, dipôle-équatorial et dipôle-polaire ; ces logiciels sont développés par
INTERPEX Ltd. Il existe également de nombreux programmes dans le domaine de la
migration de données de sismique réflexion, et l’on peut citer le programme de J. D.
UNGER de l’US Geological Survey.
Cartographie : le développement de la cartographie d’aide à la décision destinée
à des aménageurs et des décideurs a commencé à faire son apparition dans les
Sciences de la Terre. En particulier le groupement BRGM-GEOHYDRAULIQUE a
réalisé la carte de potentialité des ressources en eau souterraine de l’Afrique
occidentale. De même la cartographie thématique dérivée des images satellitaires
fournit un moyen exceptionnel d’évaluation, de synthèse et de suivi des informations
géologiques, à l’heure où la gestion des ressources naturelles va de pair avec le
développement, et où les problèmes de l’environnement sont à prendre en compte
dans leur globalité. On peut citer un logiciel français de cartographie et télédétection
(CARTO-PC) développé par M. ALBUISSON et J.M. MONGET du CTAMN de l’Ecole
Nationale Supérieure des Mines de Paris, vendu aux Etats-Unis par Carto Systems.
Depuis quelques années, la télédétection multispectrale est devenue le
complément indispensable de la photographie aérienne pour l’étude et la gestion des
ressources naturelles. Dans le domaine de l’imagerie satellitaire, l’apparition
d’images nouvelles, telles que celles du Thematic Mapper de Landsat ou du capteur
Haute Résolution Visible de SPOT, conduit à des développements complètement
nouveaux, étant donné les changements apportés par leurs résolutions accrûes, aussi
bien spectrales que géométriques. D’une manière générale, on peut dire que
l’information satellitaire peut faciliter à la fois l’établissement de nouvelles cartes
Les outils de gestion 332

thématiques, dans des domaines non couverts jusqu’à présent, et aussi la révision de
cartes déjà existantes, avec une accélération possible du rythme de révision, et une
amélioration du choix des zones à réviser.
Enfin, l’imagerie stéréoscopique du satellite SPOT a conduit à des applications
remarquables, telles celles conduisant à la genèse automatique de modèles
numériques de terrain à partir de couples d’images, et à leur visualisation
tridimensionnelle permettant d’ouvrir la voie à des applications en géologie
structurale, en cartographie thématique et en simulation de survol de zones
inaccessibles. Ces travaux sont le fruit d’une avance acquise par des chercheurs
français regroupés dans la Société ISTAR en collaboration avec l’INRIA.

8.3 Les outils interdisciplinaires


Après avoir présenté un certain nombre d’outils spécifiques il nous est apparu
intéressant de citer des applications à caractère pluridisciplinaire qui méritent, à notre
sens, d’être mieux connus. Ce sont des programmes généraux de cartographie, de
statistiques, de géostatistiques, etc. (cf. figure 8-1).

Figure 8-1
Un exemple d’outil interdisciplinaire intégré, (d’après document RockWare).

Quelques grands standards méritent d’être cités :


— Les outils proposés par l’United States Geological Survey (USGS) tels que
« USGS Microcomputer Programs for Mapping, Statistics, and Geostatistics
(Kriging) » qui proposent des softs pour des applications du domaine
hydrogéologique, minier, du pétrole ou du gaz. On note également les « Inexpensive
software for geologists » destinés à des applications de géologie générale, du
domaine pétrolier ou minier, des applications géophysiques, etc., ou encore
STATPAC.
Les outils interdisciplinaires 333

— Les outils « fondamentaux » tels que SURFER® ou GRAPHER® qui


permettent de réaliser des cartes et d’avoir une vision 3-D ou de réaliser toutes sortes
de graphiques souvent indispensables pour illustrer les rapports géologiques et
hydrogéologiques. Ces logiciels existent dans l’environnement Windows et sont
vendus notamment, par Golden Software Inc., 809 14th St., Golden, CO 80401-1866
USA.
— La COGS (Computer Oriented Geological Society) propose pour 18,5 US $ un
catalogue des programmes géologiques connus. Ce catalogue contient plus de 600
références de programmes regroupés par secteurs d’activité et types d’ordinateurs.
On y trouve le nom du programme, une brève description de ses fonctionnalités et les
informations indispensables pour se le procurer : nom, adresse, téléphone et adresse
des concepteurs.
Dans son mensuel, COGS, propose également, pour la somme modique d’une
dizaine de dollars, des disquettes du domaine public pour micro-ordinateurs de types
MacIntosh, Apple, IBM. Ces programmes permettent des applications diverses allant
des listes des trames des symboles stratigraphiques pour imprimante laser, à la table
des périodiques par accès Hypercard en passant par des modèles mathématiques et
statistiques appliqués à l’hydrogéologie, à la cartographie ou au monde du pétrole.
— Des outils de calcul scientifique comme geoMATE qui permet d’optimiser
l’acquisition des informations est par là même également d’un intérêt général en
géologie.
— CONTOUR qui permet à partir de fichiers ASCII de réaliser des graphiques
d’isovaleurs de variables quelconques. Programme développé par EARTHWARE.
— LITHSEC : destiné à représenter des coupes géologiques et à visualiser des
sondages. Programme développé par EARTHWARE.
— GNULEX est une base de données dans le domaine de la nomenclature
stratigraphique qui comprend une information exhaustive sur les formations de
l’Ouest Américain.
— INTERPEX Ltd. P. O. Box 839, Golden, Colorado 80402. USA.
— ROCKWORKSTM (cf. figure 8-1) distribué par RockWare, Inc., 4251 Kipling
St., Suite 595, Wheat Ridge, CO 80033 - USA Catalogue disponible sur simple
demande.
— Scientific Software Group P.O. Box 23041, Washington, DC 20026-3041,
USA, propose également un catalogue de logiciels et d’ouvrages spécifiques de
l’hydrogéologie.
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. Nous avons choisi de présenter les
choses en l’état actuel tout en sachant combien incomplète était notre prestation tant
le domaine est complexe et en perpétuelle mutation. Nous prions par avance le
lecteur de bien vouloir nous en excuser.
Les outils interdisciplinaires 334

8.3.1 La gestion patrimoniale


Le système présenté en figure 8-2 incorpore de nombreux programmes
notamment ACTIF© qui permet l’élaboration automatisée de compte-rendu de forage
d’eau. C’est un outil qui accélère nombre de tâches routinières et fastidieuses
auxquelles étaient soumis les responsables de campagnes de forages. Il contribue en
outre à une grande rigueur dans le traitement de l’information, grâce à la
normalisation et à la standardisation des données acquises. Ce logiciel permet, entre
autre, la saisie et l’édition des données, le tracé des coupes et des courbes
caractéristiques ainsi que le tracé des diagrammes Schoeller-Berkaloff.
L’entrée des données comporte 13 pages-écran, permettant de saisir de manière
exhaustive toutes les caractéristiques relevées sur le chantier : localisation,
description du trou nu, de son équipement, contexte hydrogéologique, coupe
lithologique, diagraphies, développement, paramètres hydrodynamiques, analyse
chimique, etc. Un grand nombre de réponses peuvent être choisies dans des listes
types affichées au moment opportun durant la saisie des données.
Les principaux traitements proposés sont les suivants :
— édition d’un rapport de 1 à 7 pages au format A4, présentant toutes les
informations saisies,
— tracés graphiques sur table traçante) de la coupe technique et lithologique, des
diagraphies, de la courbe caractéristique et d’un diagramme chimique Schoeller-
Berkaloff,
— exportation de données au format ASCII permettant leur traitement par des
logiciels externes.
Les fichiers créés par ACTIF© (au moins un fichier par ouvrage) peuvent être
directement importés par BADGE© dans la base de données factuelles des points
d’eau.
BADGE© est un logiciel développé pour faciliter la gestion des données
factuelles, c’est-à-dire indépendantes du temps : caractéristiques des points d’eau, des
aquifères, des villages, etc. C’est tout d’abord un système de gestion de bases de
données, accompagné de programmes de traitements standards : extraction et édition
en tableaux de données triées et filtrées selon des critères multiples et variés,
statistiques, report de points et tracés de courbes iso-valeurs.
Ce logiciel est aussi une interface conviviale entre l’utilisateur et les bases de
données à traiter. Celles-ci peuvent être développées à façon par le BRGM ou par
l’utilisateur lui-même. A titre d’exemple, les bases suivantes ont déjà été développées
pour ou par différents clients du BRGM :
— puits et forages : identification, localisation, paramètres géométriques,
contexte hydrogéologique, caractéristiques hydrauliques et physico-chimiques ;
— sources de pollution : identification, localisation, nature des polluants ;
— systèmes aquifères : dimension, paramètres hydrogéologiques, termes du
bilan ;
— villages : données socio-économiques permettant d’évaluer les besoins
sectoriels, données hydrogéologiques, termes du bilan ressources-besoins ;
Les outils interdisciplinaires 335

Figure 8-2
Exemple de sortie du logiciel ACTIF®
Les outils interdisciplinaires 336

— périmètres irrigués : type de cultures et d’irrigation, assolements, besoins en


eau ;
— barrages : caractéristiques géométriques et techniques.Les commandes sont
pilotées par menus déroulants et permettent de réaliser toutes les applications que
l’on attend d’un gestionnaire de base de données : entrée et validation des données,
importation (fichiers dBASE III© ou ASCII), exportation, diagrammes et fonctions
statistiques, cartographie, digitalisation.
En terme de spécifications techniques, ACTIF© est écrit en langage Quick
Basic©. BADGE© a été essentiellement développé en langage CLIPPER©, avec des
bases de données au format dBASE© étendu. Ils peuvent être installés sur tout micro-
ordinateur fonctionnant sous DOS© 3.0 ou supérieur, et possédant 640 Ko de
mémoire, un disque dur et une carte graphique. Les sorties graphiques sont effectuées
sur table traçante compatible HP.

8.3.2 La gestion temporelle


Le BRGM a développé un outil de gestion pour les données temporelles :
CHRONO© développé pour la gestion des données variables dans le temps, telles les
variations de niveau d’eau dans les nappes, les débits de sources ou rivières, les
débits de production, les données climatologiques, etc. Ce logiciel gère quatre
différents types de bases de données temporelles dans lesquelles les variables sont
définies par l’utilisateur :
— bases pour la gestion des données de fréquence journalière (pluie,
température, débits, niveaux d’eau, etc.),
— bases pour la gestion des données de fréquence mensuelle (niveaux d’eau,
débits, etc.),
— bases monoparamètres pour la gestion des données au pas de temps aléatoire
(niveaux, jaugeages, etc.),
— bases multiparamètres pour la gestion de données au pas de temps aléatoires
(analyses chimiques,
Les bases sont indexées sur les dates et sur les identificateurs.
Les différentes fonctions du logiciel sont accessibles par un système
multifenêtrage d’affichage : choix de la base de travail, saisie des données, recherche
et sélection à partir d’un paramètre ou d’une station et/ou d’une date, affichage écran
et impression de tableaux et de graphiques, paramètres statistiques élémentaires,
cartographie, conversion de données dans une unité différente, création de nouveaux
paramètres, ...
De plus, CHRONO© permet de combiner des données provenant de bases
différentes par sélection multicritères avec affichage graphique : il est par exemple
possible d’afficher, sur un même écran graphique, les variations dans le temps de
deux paramètres d’une ou de plusieurs stations différentes ; de même une
cartographie de la distribution spatiale d’un élément peut être envisagée à partir d’une
sélection de plusieurs stations sur un laps de temps déterminé.
Les outils interdisciplinaires 337

8.3.3 La gestion stratégique


C’est probablement dans ces domaines que l’informatique géologique a vu naître
ses premières applications, notamment en matière de modélisation hydrogéologique.
A l’heure actuelle, la tendance vise à ce que les géologues soient de plus en plus les
interlocuteurs privilégiés du maître d’ouvrage, ce qui leur demande d’allier, en plus
de leurs capacités purement scientifiques, des concepts de gestion, de planification, de
management, et il apparait que l’outil informatique constitue encore une fois un point
de passage difficilement contournable.
Dans le domaine de l’hydrogéologie, où les données numériques sont
nombreuses, l’emploi de calculateurs pour le traitement de l’information et la
réalisation de modèles mathématiques est une des composantes majeures du
développement de la discipline. En effet, à partir de la quantification des
écoulements, l’informatique ouvre la voie de la modélisation, outil fondamental pour
la gestion et la planification de l’exploitation des nappes. Mais l’informatique
moderne permet aussi l’acquisition et le traitement des données de terrain. Dans ce
domaine, des outils avancés ont été réalisés en France avec notamment l’ensemble de
programmes proposé par le BRGM (cf. figure 8-3).
A partir de l’acquisition de données de terrain, divers outils de gestion de base de
données ont été développés, comme celui réalisé par la Société GEOLAB pour la
gestion de la base de données hydrogéologique du Niger ou PROSPER, développé par
le BURGEAP, qui permet la gestion, la programmation et le contrôle de projet
d’hydraulique villageoise.
Dans le cas de l’étude de bassin, le stockage de nombreuses données est un
prélude à leur traitement par des modèles de nappes et l’on note une quantité
impressionnante de programmes. Beaucoup ont été développés sur de gros
calculateurs et une proportion nettement plus faible est disponible sur micro-
ordinateur.
On trouve dans le commerce toutes sortes de documentation informatique, dans
un large éventail de prix, que ce soit des ouvrages didactiques, des programmes
conversationnels, ou encore une multitude de modules dédiés à des application
particulières.
Il est possible d’acquérir essentiellement deux types d’ouvrages : les grands
classiques de l’hydraulique souterraine (HOUPEURT, de MARSILY, etc.) et les livres à
vocation informatique qui expliquent comment réaliser ou utiliser un modèle de
nappe. On peut citer, entre autres, l’ouvrage de J. BEAR et A. VERRUIJT « Theory
and application of transport in porous media — Modelling groundwater flow and
pollution » édité chez D. REIDEL. Cet ouvrage didactique montre la construction et
l’utilisation de modèles mathématiques et numériques pour étudier les écoulements
souterrains et le transport de polluants. Il est possible d’acquérir pour une dizaine de
dollars la disquette des programmes référencés dans le livre. De même l’ouvrage
« Microcomputer programs for groundwater studies » publié chez Elsevier présente
un ensemble de programmes qui fonctionnent sur micro-ordinateur. Ces programmes
sont commentés dans l’ouvrage et la disquette du code sources peut être achetée pour
100 US $.
Les outils interdisciplinaires 338

T
Données brutes : E
mesures de terrain / enregistrements / analyses R
R
A
I
N
Données factuelles Données temporelles

Enquêtes Aquifères Forages, puits Zone Piézométrie Climato. Analyses Tracages


socio- non débit sources, stations chimiques
économiques Tests saturée rivières, de
hydrauliques prélèvements jaugeage

ISAPE MERINOS CATTY

ACTIF

G
Gestionnaire de données périodiques E
Gestionnaire de données factuelles
CHRONO S
BADGE
Base de données, analyse statistique, T
Base de données, analyse
cartographie graphiques, analyse I
statistiques, cartographie
multicritère O
N

Modèle hydrologique
GARDENIA
M
O
Modèle global de transfert
D
de nitrates : BICHE
E
Modèle hydrodynamique 3D
MARTHE
L
E
S
Modélisation du biseau salé Modèle hydrodispersif
INTRANS SESAME

Figure 8-3
Les logiciels du BRGM pour la gestion des ressources en eau souterraines (d’après
document BRGM, modifié).
Les outils interdisciplinaires 339

Il devient difficile pour les concepteurs de lutter contre ces ouvrages et logiciels
fournis avec le code source, donc modifiables par l’utilisateur et à des prix défiant
toute concurrence !
Au niveau des modèles de nappe, on rencontre sur le marché une multitude de
logiciels, notamment le modèle Islandais AQUA qui permet de simuler les
écoulements souterrains et le transport des polluants ; des logiciels français
développés par le BRGM, FRANLAB, etc., où encore des logiciels américains comme
TRACER2D et TRACER3D, développés par TENTIME, et le logiciel Hydrosoft InterStat
qui est basé sur la méthode des différences finies.
Enfin, divers outils rendent des services dans les domaines de l’hydrogéologie
(interprétation de pompage, migration de pollution, rabattement de nappe, etc.),
notamment le logiciel RIO, développé par le BRGM, qui simule des écoulements
superficiels et souterrains et leurs échanges. Ce dernier calcule à la fois l’évolution
des lignes d’eau, des cours d’eau, les potentialités de l’aquifère sous-jacent et les
débits d’échanges résultants.
Ce domaine n’échappe pas au sens de l’histoire et possède également des
applications de type système expert comme HYDROLAB®, développé par M. DETAY,
P. POYET et E. BRISSON (cf. figure 8-4).

8.4 Evolutions et perspectives


Il y a dix ans un micro-ordinateur exécutait moins de 100 000 instructions
(opérations élémentaires) par seconde, il disposait d’une mémoire centrale
(immédiatement accessible pour les calculs) de 64 ko (kilo-octet : un octet est une
« place » en mémoire permettant de ranger par exemple un caractère ; le préfixe
« kilo » employé en informatique introduit un facteur multiplicatif égal à 2 puissance
10, soit 1 024). Enfin la mémoire de masse était au mieux d’une capacité de 5 Mo
(méga-octets). Aujourd’hui, le Deskpro 386/25 de la société Compaq, par exemple,
exécute environ quatre millions d’instructions par seconde (Mips), offre jusqu’à 16
méga-octets de mémoire centrale et dispose en standard d’un disque de 300 Mo. En
dix ans ces trois paramètres : vitesse de calcul, capacité de mémoire centrale et de
mémoire de masse ont gagné, à coût constant, un facteur que l’on situera entre 20 et
50 (un 486 DX à 50 MHz est environ 50 fois plus rapide qu’un IBM PC original
8088 à 4,77 MHz).
Les estimations des experts conduisent à penser que ces valeurs croîtront encore
dans le futur vertigineusement. On imagine des vitesses d’exécution dépassant les
100 Mips, des mémoires centrales de 256 Mo, des disques (vraisemblablement
magnéto-optiques) de plusieurs dizaines de giga-octets. Les microprocesseurs sont
l’un des facteurs de développement des micro-ordinateurs : de génération en
génération, le nombre de transistors rassemblés sur la même pastille de silicium est
passé de 4 000 à 350 000 et le nombre d’informations binaires (bits) traitées par les
registres, ou mot mémoire, est passé de 4 à 8 (un octet), puis 16 et enfin 32 avec le
80386.
Evolution set perspectives 340

Phase d'acquisition des données dans le système HYDROLAB®


TRAVAIL PRELIMINAIRE
Photo-interprétation
Etudes de base

IDENTIFICATION DU CONTEXTE

Etudes de terrain
Investigations complémentaires
IDENTIFICATION DES VARIABLES ESSENTIELLES
Contexte géologique
Réseau de fracturation
Position géomorphologique
Allure du réseau hydrographique
Données climatiques
Pédologie
Données de terrain
Données complémentaires
Données socio-économiques
Profondeur optimale
EVALUATION DES DONNEES

Phase de traitement des données dans le système HYDROLAB®


Estimation des ressources disponibles
Epaisseur d'altérites
Puissance de la zone saturée
PRISE DE DECISION
Paramètres décisionnels de premier ordre
Paramètres décisionnels de deuxième ordre

Processus Processus
de de
décision décision
-------- --------
Evaluation Re_1r Re_1a Evaluation
du -------- Re_2 de
réservoir Mi_1r -------- l'alimentation
potentiel Mi_2r Mi_1a potentielle
Mi_4r Mi_2a
Mi_5r Mi_3a
Mi_7 Mi_4a
Mi_9 Mi_5a
Mi_10 Mi_6
... Mi_8
Mi_11
Mi_12

MODELE DE CONTROLE
Solutions Solutions
génériques RECONNAISSANCE DES SOLUTIONS génériques
2 1

EDITION DU RAPPORT

Note : Re = règle d’expertise ; Mi = modèle interprétatif, visant à évaluer l’alimentation


Mi_a et la réserve potentielle Mi_r.

Figure 8-4
Organisation schématique du système HYDROLAB®
Evolution set perspectives 341

Cependant les lois mêmes de la physique conduisent désormais à des limitations


qui vont nécessiter l’exploration de nouvelles voies. En effet, la vitesse des électrons
dans les circuits, et entre ces derniers, est un facteur limitant, d’autant plus qu’ils sont
sujets à un ralentissement dû à l’échauffement des circuits par effet Joule, ce qui
motive les recherches actuelles dans le domaine de la supraconductivité, et en
particulier dans les hautes températures. Une autre approche, qui élimine de surcroît
les désagréments liés à l’interaction entre composants, lorsque leur proximité devient
trop grande, explore la voie des calculateurs optiques où le signal est véhiculé par les
photons à une vitesse que l’on ne saurait excéder.

8.4.1 L’intérêt des hydrogéologues pour ces nouvelles technologies


« Deux Français sur trois ont une mauvaise opinion des nouvelles technologies et,
en particulier, de l’informatique, comme le fait apparaître l’enquête CREDOC.
Exactement 62,7 % des personnes interrogées considèrent que « la diffusion de
l’informatique est une chose peu souhaitable ou dangereuse », alors que ce chiffre
n’était que de 59 % en 1984. Cette nouvelle grande peur s’exprime le plus souvent de
manière feutrée » [Y. LASFARGUE, Le Monde Innovation 88].
Qu’en est il de l’hydrogéologue ? Nous imaginons avoir répondu partiellement à
cette interrogation en introduisant la place de l’informatique dans les Géosciences. Il
apparaît que le géologue est un des pionniers de l’utilisation de l’informatique avec
63 % de géologues utilisant régulièrement l’outil informatique (enquête récente,
publié dans la revue GEOBYTE), et certains logiciels du domaine géologique ont été
des précurseurs de concepts informatiques fondamentaux, tel PROSPECTOR de DUDA
et HART puis R. Mc CAMMON, en matière de systèmes experts.

8.4.2 L’informatique en tant qu’outil de communication avancée


Nous avons jusqu’ici insisté sur l’aspect conceptuel de l’informatique mais il ne
faudrait pas oublier son rôle de véhicule de l’information. Les bases de données les
plus connues sont : GEOREF de l’« American Geological Institute », TULSA
(Petroleum Abstract) de l’Université de Tulsa, GEOARCHIVE de Geosystem,
GEOLINE du « Federal Institute for Geosciences and Natural Ressources » et
GEOSCAN du « Geological Survey of Canada ». En France le BRGM gère la Banque
de données du sous-sol « GEOBANQUE » (36 28 00 03 par Minitel) qui comporte
un catalogue des forages et les données hydrogéologiques d’environ 200 000 points
d’eau. S’y ajoutent des données bibliographiques couvrant tout le champ des
Sciences de la Terre gérées avec le CNRS (Pascal-Géode et Géode) ; elles
concernaient environ 80 000 références en 1985.
En France nous sommes bien placés également avec les bases de données GEODE
/ PASCAL, ARTEMIS, IBISCUS, etc., et il devient possible d’envisager de véritables
systèmes d’information informatisés.
Evolution set perspectives 342

Ces outils sont avant tout conçus pour « manager », ce sont les Management
Information Systems que l’on retrouve dans la littérature américaine. Ce sont des
systèmes d’information appropriés pour la prise de décision. On note
particulièrement des MIS dans les domaines de la géographie (GIS) tel que CUSMAP
de l’US Geological Survey qui permet d’améliorer la compilation de données
spatiales en vue d’optimiser l’évaluation de ressources minières.

8.5 Conclusion
En 1982, le titre d’« Homme de l’Année » décerné par le magazine Time ne
récompensa pas un homme, mais une machine : l’ordinateur.
L’informatique, et les nouvelles formes d’automatisation qu’elle permet, sont
désormais omniprésentes dans les institutions de recherche et nécessaires dans toute
entreprise industrielle qui veut conserver sa rentabilité et sa compétitivité et tout porte
à croire que le prochain bouleversement, dans la diffusion du savoir-faire et dans
l’accès à la connaissance, aura lieu avant la fin du siècle. Il proviendra de
l’amélioration des matériels informatiques, de la baisse de leur coût et des progrès
des langages associés à l’intelligence artificielle. Cette mutation sera dûe à
l’utilisation courante de machines, qui non seulement calculent et comptent mais
aussi raisonnent. Leur tâche sera d’assister l’homme dans les gestes de la vie
courante.
CHAPITRE IX

Conclusions
« Il faut forger un art de vivre par temps de
catastrophe pour naître une seconde fois, et
lutter ensuite, à visage découvert, contre
l’instinct de mort à l’œuvre dans notre
histoire »
Albert Camus

La France puise plus de sept milliards de métres cubes d’eau par an dans ses
ressources souterraines, dont 50 % pour l’alimentation en eau de sa populations,
19,7 % pour les besoins de l’irrigation et 25,8 % pour l’industrie. Le puisage AEP est
assuré par quelques 30 000 captages relativement anciens et dont une grande partie
devra être renouvelée dans les quinze prochaines années. Ces ouvrages anciens sont
souvent mal conçus, colmatés et/ou corrodés et mal protégés.
Face à ce défit, il nous a semblé important de regrouper dans un ouvrage les bases
de la gestion des forages d’eau en terme de réalisation, d’entretien et de
réhabilitation.
— La réalisation d’un ouvrage de captage est une opération compliquée qui
demande des études préalables (chapitre I), d’utiliser le matériel adéquat et d’équiper
et développer correctement l’ouvrage (chapitre III). Il s’en suit qu’un chantier de
forage demande la présence à plein temps du maître d’œuvre ou de son délégué
(chapitre V). Enfin, un forage n’est pas uniquement un moyen de captage, mais doit
être intégré dans une vision à long terme destinée à alimenter la population avec de
l’eau de bonne qualité donc avec une ressource correctement protégée (chapitre II).
— L’entretien d’un forage n’est pas un concept mais doit devenir une réalité
chez les exploitants. De la même manière que l’on révise les pompes il convient
d’entretenir les captages. Les moyens sont simples (chapitre VI) et cette volonté
politique est une des clefs stratégiques de la compétence des grands distributeurs
d’eau. Le vieillissement d’un forage est inéluctable et la reconnaissance et la
compréhension des signes de colmatage, de corrosion, de surexploitation,
d’ensablement, etc., sont autant d’indices qui permettent de mettre en application des
protocoles de gestion appropriés et, le cas échéant, de réhabilitation.
— La réhabilitation des forages doit devenir un réflexe (chapitre VII). Compte
tenu du contexte économique général il n’est plus envisageable de réaliser de
nouveaux forages à grand frais alors qu’il est parfois possible de réhabiliter des
ouvrages existants. Enfin, le couple entretien-réhabilitation permet de faire vivre les
forages et très souvent d’augmenter considérablement la productivité d’un champ
captant (bien plus qu’en y rajoutant un nouvel ouvrage). Ces dernières années de
nombreux outils de gestion des forages (chapitre VIII) ont émergé. Ils facilitent
l’archivage des données et favorisent la prise de décision.
Conclusions 344

Nous avons essayé tout au long de cet ouvrage d’exposer la nature de


l’hydrogéologie et son importance. En effet, l’hydraulique souterraine utilise les
approches des sciences exactes (mathématiques, physique, chimie, hydraulique, ...) et
des sciences naturelles (géologie, biologie, écologie, ...). Plus qu’un appareil
mathématique sophistiqué, l’analyse des conditions hydrogéologiques locales et la
réflexion critique priment pour la compréhension des phénomènes. C’est à ce niveau
que la sagacité de l’ingénieur devra se manifester. Il est plus difficile d’analyser
correctement une problématique complexe pour en dégager des hypothèses réalistes
que d’effectuer un calcul savant.
Il apparaissait également important de formaliser quelque peu la démarche
hydrogéologique et les procédures de réalisation, d’entretien et de réhabilitation des
forages, dans la perspective des directives européennes édictées par Bruxelles. Par
ailleurs, le sens de l’histoire veut que les entreprises et les services de demain
répondent à différentes normes (ISO, certification, ...) aussi une certaine
formalisation apparaît indispensable.
Enfin, il nous a semblé important de jeter les bases de l’interprétation des
pompages d’essai (chapitre IV) de manière à permettre à tout un chacun de
comprendre l’importance de la compréhension des contextes hydrogéologiques avant
de se lancer dans une formulation mathématique. Cette tentation est d’autant plus
perverse dans le cas de l’utilisation de programmes informatiques où le coté « jeu
électronique » a tendance à masquer la réalité physique du phénomène. Il est, en
effet, beaucoup plus facile de caler une courbe que d’analyser la nature du
phénomène observé et de le comprendre dans sa globalité. Dans cet esprit, nous
avons également présenté différentes méthodes permettant de quantifier les pertes de
charges quadratiques dans les forages (liées à son équipement). Elles permettent de se
rendre compte assez facilement de la pertinence de l’équipement, de l’importance du
développement et de l’incidence de celui-ci sur l’identification des caractéristiques
hydrauliques de la nappe lors des interprétations.
Tout porte à croire que l’hydraulique souterraine et les sciences connexes seront
amenées à occuper une place majeure dans la gestion de l’environnement au XXIe
siècle. La protection de la ressource va prendre de plus en plus d’importance d’autant
que nous connaissons aujourd’hui les problèmes auxquels nous auront à faire face
demain. Ceux-ci se posent en terme de pollution des sols, des aquifères, et
notamment des zones non-saturées qui vont provoquer la découverte de pollutions
majeures dans les prochaines années. On commence à bien évaluer l’empleur de ce
phénomène avec les nitrates et les pesticides, mais les pollutions par les solvants
chlorés, les hydrocarbures, etc., où les phénomènes d’adsorption-désorption, de
rémanence, et de pollution à des concentrations infimes condamneront probablement
l’utilisation de certains aquifères. Les techniques de décontamination ne permettent
pas facilement de faire face aujourd’hui à ce type de pollution, aussi convient-il
d’agir prioritairement au niveau préventif.
Une gestion rationnelle des captages s’impose d’autant plus que les eaux
souterraines sont de plus en plus fréquemment polluées et qu’aujourd’hui on ne sait
pas facilement décontaminer les aquifères. Il faudra vraisemblablement développer
une politique de gestion visant à abandonner les captages isolés et mal protégés au
profit du développement de grands champs captants. Il n’apparaît pas raisonnable de
protéger des centaines de forages dispersés dans la nature et il convient de focaliser
ses efforts sur des zones bien identifiées où la ressource est protégeable. Par ailleurs,
il faut cesser d’imaginer que l’eau souterraine est pure et il convient d’intégrer la
Conclusions 345

nécessité de la traiter. Les normes applicables à l’eau sont draconiennes et la plupart


des eaux brutes demandent un traitement. Même si l’eau souterraine présente des
avantages certains par rapport aux eaux superficielles (moins vulnérable, d’une
qualité constante, etc.) la nécessité de traiter cette eau impose son exploitation au
moyen de champs captants. Les usines de traitement sont de plus en plus complexes
et sophistiquées et demandent, en terme de rentabilité des investissements, des débits
conséquents ; aussi, il n’est pas raisonnable d’imaginer créer des usines de traitement
pour des petits forages isolés, de faible débit et mal protégés.
Pour conclure, comme le déclarait le Premier ministre en conclusion des Assises
de l’eau, en mars 1991, « il est temps d’entamer la reconquête de l’eau ». Les
techniques de réalisation, d’entretien et de réhabilitation des forages d’eau sont un
des éléments de cet enjeu, c’est pourquoi nous avons réalisé cette synthèse. Nous
espérons qu’elle recevra un accueil favorable au sein de la communauté des acteurs
de l'eau, étudiants, universitaires, spécialistes, praticiens, techniciens, décideurs, ...
CHAPITRE X

Orientation bibliographique
La connaissance ne s’hérite pas elle, se
conquiert
A. Malraux

La bibliographie a été divisée en :


— bibliographie de base regroupant les ouvrages à caractère très appliqués
destinés à fournir au lecteur une information directement utilisable, notamment en
matière légale et opérationnelle ;
— bibliographie fondamentale, composée d’ouvrages de fonds en matière
d’hydraulique souterraine, d’hydrogéologie et des disciplines connexes ;
— bibliographie : principales publications scientifiques, qui regroupe de
manière relativement exhaustive l’ensemble des papiers synthétisés dans cet ouvrage.

Bibliographie de base
BOURLET A., GARCIN J-L. — Code pratique de l’eau. Textes officiels, commentaires,
jurisprudence. Editions du Moniteur, 397 p., (1991).
BRGM — Méthodes d’études et de recherches des nappes aquifères, BRGM Ed., 158 p., (1962).
Bulletin Officiel — Travaux de forage pour la recherche et l’exploitation d’eau potable. Marché
publics de travaux, CCTG. Fascicule n° 76, 76 p. (1987).
CASTANY G. — Principes et méthodes de l’hydrogéologie. Dunod Ed., Paris, Dunod Université
236 p., (1982).
CASTANY G., MARGAT J. — Dictionnaire français d’hydrogéologie. BRGM Ed., Orléans,
249 p., (1977).
Journal Officiel — Hygiène alimentaire. Eaux destinées à la consommation humaine. Brochure
n° 1629, 194 p. (1991).
Journal Officiel — Les servitudes d’utilité publique et les plans d’occupation des sols. Ministère
de l’équipement, 408 p., (1990).
LAUGA R. — Pratique du forage d’eau. Seesam Ed., (1990).
LALLEMAND-BARRES A., ROUX J-C. — Guide méthodologique d’établissement des périmètres
de protection des captages d’eau souterraine destinées à la consommation humaine.
BRGM Ed., collection Manuels et méthodes n° 19, 221 p., (1989).
MABILLOT A. — Les forages d’eau - guide pratique. 2e édition. Technique et Documentation,
Paris, 237 p., (1971).
Bibliographie fondamentale 348

Bibliographie fondamentale
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Community Water Supply. McGraw-Hill, 1194 p., (1990).
ASTIER, J-L. — Géophysique appliquée à l’hydrogéologie. Masson & Cie Ed., 277 p., (1971).
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Principales revues
En français
Courants, revue de l’eau et de l’aménagement, 6 numéros par an, interviews, reportages, articles
techniques...
PYC Editions, BP 105, 94208 Ivry-sur-Seine.
Hydrogéologie, revue éditée par le BRGM, 4 numéros par an, seule revue française réservée
uniquement à l’hydrogéologie.
BRGM, B.P. 6009, 45060 Orléans Cedex 2.
Hydroplus, magazine international de l’eau, bilingue français-anglais, 10 numéros par an.
Edité par Hydrocom, 13 rue St-Florentin, 75008 Paris.
La Houille Blanche, revue internationale de l’eau (articles d’hydraulique, d’hydrogéologie et
d’hydrologie). 8 numéros par an.
48, rue de la Procession, 75724 Paris Cedex 15.
Cahiers de l’ORSTOM série Hydrologie (articles d’hydrologie et d’hydro-géologie). 4 numéros
par an.
70-74 route d’Aulnay, 93140 Bondy.
Revue de l’lnstitut Francais du Pétrole (articles de géologie pétrolière, d’hydrodynamique et de
chimie du pétrole). 6 numéros par an.
IFP, 1 et 4 avenue de Bois-Préau, 92504 Rueil-Malmaison.
Techniques et Sciences Municipales (articles sur l’aménagement des eaux, les stations d’épuration,
etc.). 11 numéros par an.
9, rue de Phalsbourg, 75017 Paris.
L’Eau, l’lndustrie, les Nuisances (articles sur le traitement des eaux, la distribution et également la
recherche des eaux). 12 numéros par an.
7, avenue F.D. Roosevelt, 75008 Paris.
La Tribune du CEBEDEAU (articles sur le traitement des eaux, la distribution, la prospection). 12
numéros par an.
2, rue A. Stévart, 4000 Liège (Belgique).
Eau du Québec (aménagement et gestion des eaux, pollution et épuration). 4 numéros par an.
6290 Périnault (bureau 2), Montréal, Québec H4K 1 KS
Information EAU, bulletin de l’Office International de l’Eau, 12 numéros par an.
Direction de la Documentation et des Données, rue E. Chamberland, 87065 Limoges
Cedex.
Guide de l’Eau (guide de référence sur les entreprises, organismes et administrations travaillant
dans le domaine de l’eau, ainsi que la liste des personnes travaillant dans ce même
domaine). Un volume tous les ans ou tous les deux ans.
Editions Johanet et Fils, 7 avenue F.D. Roosevelt, 75008 Paris.
Karstologia, revue semestrielle de karstologie et de spéléologie physique de l’Association
Française de karstologie et de la Fédération Française de spéléologie,
130, rue St. Maur, 75011 Paris.
Principales revues 363

En Anglais, ou bilingue Français-Anglais


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Bulletin des Sciences Hydrologiques organe de l’Association Internationale des Sciences
Hydrologiques (articles sur l’hydrologie et l’hydrogéologie, vie de l’association). 4
numéros par an. Trésorier AIHS, 1909 K Street N.W., Washington D.C. 20006 (USA).
Water Resources Research (articles sur l’hydrologie et l’hydrogéologie, scientifiquement le plus
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Hydrological Sciences. Journal Subscriptions Dept., Marston Book Services, P.O. Box 87,
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Elsevier Science Publishers B.V., Journal Dept., P.O. Box 211,1000 AE Amsterdam, The
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Journal of Soil & Water Conservation Six publications par an, par le "Soil and Water
Conservation Society", 7515 N.E. Ankeny Rd., Ankeny, IA 50021-9764. Disponible par
abonnement, coût de l’ordre de $ US 50/an.
Selected Water Resources Abstracts Publication mensuelle de l’US Geological Survey, MS 425,
Reston, VA 22092. Il est possible de se les procurer par abonnement au National Technical
Information Service, US Department of Commerce, 5285 Port Royal Rd., Springfield, VA
22161. Les SWRA sont également disponibles "online" par l’intermédiaire de deux
vendeurs :
• Dialog (800-3-DIALOG) et ESA-IRS en Europe.
• SWRA est également disponible en compact disque (CD-ROM) auprés de :
- NISC (National Information Services Corp.) 301-243-0797, mis à jour tous les
trimestres. Prix de l’ordre de 700 $ US/an.
- Silver Platter, 800-343-0064, mis à jour tous les trimestres. Prix de l’ordre de
750 $ US/an.
Soil Science Society of America Journal Journal bimensuel publié Soil Science Society of
America, 677 S. Segoe Rd., Madison, Wl 53711. 70 $ US/yr.
University Microfilms International Microfilm copies. 300 N. Zeeb Rd., Ann Arbor, Ml 48106.
Water, Air, & Soil Pollution Six volumes (24 volumes) par an publié par Kluwer Academic
Publishers Group, P.O. Box 322, 3300 AH Dordrecht, The Netherlands. Prix de l’ordre de
1 200 $ US/an or 200 $ US/volume.
Water Well Journal Mensuel, publié par Water Well Journal Publishing Co., 6375 Riverside Dr.,
Dublin, OH 43017. Diffusé gratuitement aux U.S. water well contractors , prix de l’ordre
de 25 $ US/an).

Revue spécialisées en informatique hydrogéologique


COGSletter est publiée mensuellement par la « Computer Oriented Geological Society », P.O.
Box 1317, Denver, Colo, 80201-1317 - U.S.A. Coût de l’ordre de 35 US $ par an.
GEOBYTE bimensuel publié par l’« American Association of Petroleum Geologists », P.O. Box
979, Tulsa, Okla. 74101-0979 - U.S.A. Coût 34 US $ pour la France.
Computers & Geosciences Publié par Pergamon Press : Pergamon Press plc, Headington Hill Hall,
Oxford OX3 OBW, UK. Coût de 840 DM en 1989 pour 8 volumes.
Computers & Mining mensuel publié par Pergamon Press comme le « directory of mining
programs » par Gibbs Associated, P.O. Box 706, Boulder, CO 80306, U.S.A.
USGS le catalogue des « New Publications of the US. Geological Survey » peuvent être obtenues
au « Department of the Interior, U.S. Geological Survey, 582 National Center, Reston, VA.
22092, USA.
HYDROSOFT 4 éditions par an pour un coût de l’ordre de 98 £. Computational Mechanics
Publications, Ashurst Lodge, Ashurst, Southampton SO4 2AA, UK.

Publications sporadiques
Advances in Water Sciences, Academic Press / Association Internationale des Hydrogéologues.
Comptes rendus des congrès / Association Internationale des Sciences Hydrologiques. Compte-
rendu des congrès / Les cahiers de Centreau, Université Laval, Québec (Canada) / California
Water Resources Center, University of California, Davis, Cal. 95616 (USA) / Irrigation and
Drainage Papers, FAO, Rome, 28 volumes sortis / Mémoires des Journées de l’Hydraulique,
organisées tous les deux ans environ à Paris par la Société Hydrotechnique de France / Natural
Resources and Water Series, Nations Unies, New-York. / Operational Hydrology Reports OMN,
Genève / Studies and Reports in Hydrology, UNESCO, Paris. 30 volumes publiés sur l’hydrologie
Principales revues 365

(proceedings, ...) / Technical Documents in Hydrology, UNESCO, Paris / Technical Papers in


Hydrology, UNESCO, Paris / United States Geological Surveys, Water Supply Papers. USGS,
Washington D.C. 20242 (USA). / Water Research Center, information and reports. Medmenham
Laboratory, Henley Road. Medmenham, Bucks SL72HD (Angleterre) / etc.

Les prix donnés dans ce paragraphe ne sont qu’indicatifs. Notons qu’il est possible de s’abonner,
soit directement en écrivant à la revue, soit par le biais de l’agence d’abonnement de la maison
d’édition Lavoisier (11, rue Lavoisier, 75384 Paris Cedex 8 - Tél : (1) 42 65 39 95) qui regroupe
30 000 périodiques scientifiques et propose des abonnements.

Principales associations professionnelles


Françaises
Société Hydrotechnique de France (SHF), 199 rue de Grenelle, 75007 Paris, organise les Journées
de l’Hydraulique tous les deux ans. Son comité technique, dont les membres sont comptés,
organise des groupes de travail et des réunions scientifiques plus larges environ 3 fois par
an.
Office International de l’Eau (OIE), regroupe les anciens CEFIGRE, Fondation de l’Eau de
Limoges et l’AFEE. OIE rue Edouard-Chamberland, 87065 Limoges Cedex. La Direction
Internationale de l’Eau édite un bulletin bibliographique Information-eau comportant onze
numéros par an, l’ensemble de ces références est également accessible par Minitel 3617
EAUDOC.
Union Française des Géologues (UFG), Section Hydrogéologie, 77, rue Claude Bernard, 75005
Paris. Edite la revue Géologues. C’est une association à caractère corporatif pour les
géologues.

Internationales ou étrangères
Association Internationales des Hydrogéologues (AIH). Secrétariat : E. ROMIJN, Provincial
Waterboard of Gelderland, Marktstraat 1, P.O. Box 9090 NL-6800 GX Arnheim, Pays-Bas.
Organise des congrès internationaux tous les ans ou tous les deux ans.
Association Internationales des Sciences Hydrologiques (AISH) 1909 K Street N.W., Washington
D.C. 20006 (USA). Edite le Bulletin des Sciences Hydrologiques et organise des congrès
internationaux.
American Geophysical Union (AGU) 1909 K Street N.W., Washington D.C. 20006 (USA). Edite,
entre autres, la revue Water Resources Research (WRR) qui est la meilleure revue en
langue anglaise dans les sciences de l’eau, et organise deux réunions annuelles aux Etats-
unis (San Fransisco et Washington) où est présenté l’état de la recherche sur les ressources
en eau de la plupart des chercheurs américains.
Association Internationales de Recherche Hydraulique (AIRH) P.O. Box 177, 2600 MEI Delft,
Pays-Bas. Organise périodiquement des réunions scientifiques internationales.
International Association of Engineering Geology dont le Secrétaire Général est le Docteur L.
PRIMEL du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, 58, Bd Lefebvre 75732 Paris,
Cedex 15. France.
Annexes

ANNEXE I — correspondance entre unités françaises et anglo-saxonnes.

Unités françaises unités anglo-saxonnes

1 mm 0,0394 pouce
1 mètre 3,2809 feet
1,094 yard
1 cm2 0,155 square inch
1 m2 10,76 square feet

1 cm3 0,061 cubic inch


1 m3 35,316 cubic foot
1 litre 0,264 gallon
0,00629 barrel
1 bar 14,5 pound/sq. inch
2089,0 pound/sq. feet
1 Pascal 0,000145 pound/sq. inch
0,02089 pound/sq. feet
1 kg 2,205 pounds
1 tonne 1,102 ton (short ton)
Annexes 368

ANNEXE II — correspondance entre unités anglo-saxonnes et françaises.

Unités anglo-saxonnes unités françaises

1 pouce (inch) 25,399 mm


1 pied (foot = 12 inches) 0,30479 m
1 yard (3 pieds) 0,9144 m
1 pouce carré (square inch) 6,4513 cm2
1 pied carré (square foot) 0,0929 m2
1 pouce cubique (cubic inch) 16,386 cm3
1 pied cubique (cubic foot) 0,028317 m3
1 gallon (USA) 3,785 litres
1 barrel (USA) 158,98 litres
1 livre (pound) 0,4536 kg
1 tonne (short ton) 0,907 tonne
1 livre/pouce carré (p.s.i.) 0,06895 bar
6895 Pascals
1 livre/pied carré (lb.sq.ft) 0,000479 bar
47,9 Pascals
Annexes 369

Table 1
Valeurs des fonctions de x, ex, Ko(x), exKo(x) – Ei (-x),
Et – Ei (-x)ex d’après M.S. HANTUSH – (1956).
Annexes 370

Liste non limitative des principaux bureaux d’études


spécialisés en hydrogéologie

BURGEAP 70, rue Mademoiselle


75015 Paris
Tél : ( 1) 47.34.06.65

BRGM 1, Avenue du Concyr


BP 6009
45060 Orléans Cédex 02
Tél : (16) 38.64.34.34

CPGF Rue des Pavillons


92800 Puteaux
Tél : (1) 47.76.43.39

GEOLAB Rue Albert Einstein


BP 117,
06561 Sophia Antipolis Cédex
Tél : (16) 93.65.24.06

GEOTHERMA Centre d’affaires Paris-Nord


BP 358
93153 Le Blanc Mesnil Cédex
Tél : (1) 48.65.44.46

SAFEGE Parc de l’Ile


15/27 rue du Port
B.P. 727
92007 Nanterre Cédex
Tél : (1) 46.14.71.00

SOGREAH 6, rue de Lorraine


38130 Echirolles
Tél : (16) 76.33.40.00

Liste non limitative des entreprises


disposant d’équipement techniques de diagnostic

E.P.T.S DIASOL Z.A. des Forts


1, impasse des Forts
28500 - Cherisy
Tél : 37 43 81 52

HYDROINVEST 76, rue de la Loire


16000 Angouleme
Tél : (16) 45.92.10.22

PIERSON 51, rue Sébastopol


37000 Tours
Tel : (1) 47.64.44.07
Annexes 371

Liste non limitative des entreprises


spécialisées en régénération de forages et produits spéciaux de décolmatage

Régénération et produits spéciaux

CARELA 8, rue du Général Rapp


67000 Strasbourg
Tél : (16) 88.36.25.97

Ets Victor HEINRICH 8 rue de la Fonderie


67120 - Molsheim
Tél : (16) 88.38.10.75

HERLI France SARL 17, rue des Tuileries


67460 - Souffelweyersheim
Tel : 88 33 91 65

HENKEL KGaA RCOM Oilfield Chemicals


PO Box 1100 D-4000
Dusseldorf - Germany
Tel : (00) 49 211 797 30 57

Produits speciaux (crépines tubes)

JOHNSON Johnson Filtration Systems


Z.I. - 86530 Availles-en-Chatellerault
Tél : (16) 49.93.68.92

TUBAFOR BP 321
84706 - Sorgues Cédex
Tél : 90 83 47 47

Liste non limitative des entreprises de forage


disposant d’équipements performants pour la réhabilitation des captages

COFOR Zone Industrielle de la Garenne


6110 rue Jean Chaptal - 93605 Aulnay sous Bois
Tél : (1) 48.66.77.46

CINQUIN Les Courtes Rays


71570 - Romanèche - Thorins
Tél : 85 35 54 12

FORACO 1, rue de l’Industrie


BP 67
Zone Industrielle des Cousseaux - 41300 Salbris
Tél : (16) 54.96.15.94

FORAMINES Rue de la Gare


CD 119.E
77151 Montceau les Provins
Tél : (1) 64.01.20.01
Annexes 372

MASSE HERISSON
17380 Tonnay Boutonne
Tél : (16) 46.59.75.52

MONTAVON Zone Industrielle de Saint-Avemn


BP 134
37171 Chambray les Tours
Tél : (16) 47.28.25.24

SRCE 35, chemin de Chiradie


ZI Nord
69530 - Brignais
Tél : 78 05 25 45

Liste non limitative des fabricants de produits usuels


utilisés en nettoyage, décolmatage et régénération

ATOCCHEM 4 et 8, Cours Michelet


92800 Puteaux
Tél : (1) 49.00.80.80

EUCASTREAM DDUA Cablerie d’Eupen SA


B-4700 Eupen - Belgique
Tél : 00 32 87 / 55 47 17

HYDROCURE 3 bis, Route de l’Ile Saint-Julien


BP 45
94380 Bonneuil sur Marne
Tél : (1) 43.39.44.33

RHONE-POULENC CHIMIE Division Chimie de base


25, Quai Paul Doumer
92408 Courbevoie
Tél : (1) 47.68.12.34

BAYER FRANCE 49/51 Quai de Dion Bouton


92815 Puteaux Cédex
Tél : (1) 49.06.50.00

SPCI 43, rue Christino Garcia


BP 43
93212 La Plaine Saint Denis
Tél : (1) 48.20.61.11

PROMAFOR 5, rue Lamartine


69120 Vaulx en Velin
Tel : (16) 72.04.69.60

MLPARK - CKS (CECA) Zone Industielle de Maclammay


51210 Montmirail
Tél : (16) 26.81.16.60
Annexes 373

SEPPIC 75, Quai d’Orsay


75321 Paris Cedex 07
Tél : (1) 40.62.58.74

BUCKMAN 23, boulevardAlbert ler


MC 98000 - Monaco
Tél : (16) 93.50.66.36

PROTEX 6, rue Barbès


BP 177 - 92305 Levalois
Tél : (1) 47.57.74.00

COATEX Rue Ampère


BP 8
Zone Industielle Lyon Nord - 69730 Genay
Tél : (1) 78.91.43.70
Index

Metallogenium 242
A Siderocapsa 242
absorption 118 Siderocystis 242
acide sidérophiles 232; 241
acétique 321 sulfatoréductrices 232; 241
chlorhydrique 86; 299 Toxothrix trichogenes 242
citrique 300 BADGE© 334
lactique 300 balance Roberval 78
métaphosphoriques 291 Banque de Données du Sous-Sol 26
Nu-well® 296 Baroïd 78
orthophosphorique 290 barytine 78
polyphosphoriques 290 bassin
sulfamique 299; 321 hydrogéologique 4
sulfurique 316 hydrologique 4; 5
acidification 300; 302; 304 bentonite 83; 322
acroleïne 306 Bernouilli 126
ACTIF© 334 bilan
adjuvants 300 d’eau 5
agences de l’eau 67 de l’aquifère 6
air lift (voir émulseur) du bassin hydrogéologique 6
alcalinité 46 du bassin hydrologique 6
aléseur 194 BRGM 26; 334; 337
ammonium 47 bureau des hypothèques 64
ammoniums quaternaires 306
analyses européennes 61 C
anhydrite 47 cabinet d’expropriation 64
aquiclude 8 cake 75; 78; 81; 105; 118
aquifères carbonate
hétérogènes 8 de chaux 321
homogènes 8 de soude 86
aquifuge 8 Carela 289; 296; 305
arceaux de centrage 195 carte
artésianisme 10 des potentiels 34
ASCII 334 cartographie 331
assainissement 57 CDH 64
atrazine 279 centreur 99
Aubergenville 279; 302 centreurs 195; 251
autorisation préfectorale 59 chambre de pompage 99
azote Kjedahl 50 chlore 305
chlorure 47
B CHRONO© 336
bactéricides 306 cimentation 101; 105; 198; 317; 323
bactéries CIPR 49
Gallionella 242 CLE 55
Hyphomicrobium 242 code
Leptothrix crassa 256 de l’expropriation 60; 64
Leptothrix lopholea 242 de la santé publique 58; 60
Leptothrix ochracea 242 des communes 57
Index 376

minier 59 à trous oblongs 93


rural 53 à trous ronds 93
coefficient coefficient d’ouverture 93
d’uniformité 100 double 96
de perméabilité 1; 16 slot 96
coefficient d’emmagasinement 19 type Johnson 93
retardé 172 cuttings 72
total 172 cycle de l’eau 2; 3
Coliformes 51
colmatage 221; 225; 227; 231; 241; 250; D
253; 254; 255; 257 DDAF 63
mécanique 286 DDE 63
commissaire enquêteur 64 DDUA 286
commission locale de l’eau 55 débit spécifique 134
communauté locale de l’eau 55 déclaration d’utilité publique 53
concessionnaire 63 densité 78
concrétions dépôts ferrugineux 304
avec des carbonates 321 derrick 75
calcaires ou ferrugineuses 294 développement 105; 106; 110; 113; 118; 199
fer-manganèse 246; 305 à l’émulseur 112
conditions aux limites 8 chimique 109
conductance longitudinale totale 38 contrôle 117
conductivité 33; 45 par pistonnage 107
hydraulique 18 pneumatique 108
cône de dépression 208; 209; 210 diagramme de Pourbaix 240
conseil d’état 56; 61 diagraphie 96; 182; 186
conseil général 60 carottage acoustique 189
constante d’Euler 144 carottage électrique 189
contrôle gamma ray 204
au jour le jour 178 gamma-gamma 190
d’échantillons 179 température 190
de l’équipement 180 diffusivité 20
de l’implantation 178 dioxyde
de la pression du fluide 183 de carbone 48
de la pression sur l’outil 183 de chlore 306
de la profondeur 180 dissolution 42
de la vitesse d’avancement 182 double crépinage 285
de percussion réfléchie 183 drainance 159
des arrivées d’eau 180 dromochrones 31
des contraintes d’environnement 176 durée de renouvellement 23
du couple de rotation 183 dureté 46
du matériel 177
par caméra-vidéo 203 E
par diagraphie 204 eau de Javel (voir hypochlorite de sodium)
préliminaires 175 eau oxygénée 86; 321
spécifiques 182 échelle galvanique 242
corrosion 231 écosystèmes 54
bactérienne 319 écoulement
biologique 242 laminaire 12
chimique 236; 318 turbulent 12
électrochimique 319 effet de berge 273
électrolytique 236 effet de puits 152
couleur 44 Eh 240; 256
cour d’appel 65 électrofiltration 189
courbes iso-soniques 177 électromagnétique 27
crépine électroosmose 189
à nervures repoussées 93 éléments traces 44
à persiennes 93
Index 377

émulseur 106; 113; 117 hydratation 43


enquête hydrofracturation 109
d’utilité publique 64 hydrogène sulfuré 48; 316
parcellaire 63 hydrogéologie 2
enregistreur analogique 128 hydrogéologue agréé 58; 61; 62; 178; 211;
ensablement 283 216
entartrage 253; 294 hydroisohypses 9
essai Lugeon 185 HYDROLAB® 339
évapotranspiration 1 hydrolyse 43
explosifs 298 hydroxydes de fer et de manganèse 304
hypochlorite
F de calcium 305
facteur d’égouttement 168 de sodium 305; 313
fiche de forage 200
float shoe 103 I
flow-switch 220 impédance électromagnétique 28
flux implantation 178
de drainance 14 incrustations (voir concrétions)
forage indice
autorisation 59 de Langelier 45
Benoto 73 de Ryznar 45; 269
fluides 77 infiltration 2
Odex 76 informatique 328
par battage 72 INRIA 332
par havage 73 isotope
rotary 73 de l’iode 49
foragum 85 du césium 49
fracturation artificielle 109 du plutonium 49
du strontium 49
G
gal 41 J
galvanisation 318 Jackson 44
gaz 42; 48 jet cleaning 322
géophone 29 JO 54
géophysique
anomalie de Bouguer 41 L
dispositif du carré 39 Landsat 27
gravimétrie 40 lignes
méthode des conductances 38 de courant 13
méthode des panneau électrique 39 équipotentielles 13; 34
méthode des potentiels 34 limites d’Atterberg 83
méthode des résistivités 34 loi
méthode des sondages électriques 35 de Darcy 13; 14; 16
Schlumberger 36 de Henry 42
sismique réflexion 32 de Stokes 251
sismique réfraction 29 sur l’eau 54
sondages d’étalonnage 38
VLF 28 M
Wenner 36 maître d’ouvrage 63
Giltex 291; 292; 294 manomètre 220
gradient hydraulique 14 marteau fond de trou 76
gypse 47 massif de gravier 99; 197
H MES 252; 270; 287
mesures de débit 125
hérisson 298 métapyrophosphates 291
Herli-rapid 296 méthode
hexamétaphosphate 75; 292; 294 de Berkaloff 171
Index 378

de Boulton 167 totale 17


de Hantush 160 POS 65
de Jacob 144; 163 post-production 152
de Theis 139 potabilité 44
de Walton 160 pouvoir
microaérophilie 256 complexant 291
micromoulinet 191 de séquestration 291
mise à la masse 34 dede dispersion 291
mousse 88 dede solubilisation 291
épurateur 213
N précipitations efficaces 1; 4
nappe captive 11; 69; 132; 138; 193; 194; préfecture 60
209; 210; 255 pression géostatique 10
nappe libre 6; 10; 23; 68; 132; 165; 193; propreté du chantier 202
209; 254 prospection
nappe semi-captive 7; 11; 158 électrique 33
nettoyage 106 géoélectrique 34
niveau dynamique 225 sismique 29
niveau piézométrique 9 protection
cathodique 268; 316
O des captages 67; 207
OCDE 328 PVC 92
odeur 49 pyrophosphate tétrasodique 294
OMS 49 pyrophosphates 291
organochlorés 50
orthophosphates 291
Q
oxydation 43 qualité des eaux 50; 51
oxydo-réduction 234
R
P rabattement 215
paramètres d’exploitation 219 rabattement maximum admissible 136
pasteurisation 319 rabattements spécifique 135
périmètres de protection 53 radioactivité 49
ppe 66; 213 rayon fictif 148
ppi 65; 212 réalimentation artificielle 269
ppr 66; 212 réduction 43
permanganate de potassium 306 régime
perméabilité 16; 184 permanent 130
perméabilité intrinsèque 17 quasi-permanent 130
peroxyde d’hydrogène 289; 305 transitoire 136
perte de charge linéaire 132 réhabilitation 317
perte de charge quadratique 132 repêchage 181
pesanteur 40 réseau d’écoulement 13
Pesticides 51 réserve 20
pH 44; 81; 240 exploitable 22
photo-interprétation 26 permanente 22
photographie aérienne 26 régulatrice 22
pHS 45 totale 21
piston 107 résistivité 35; 36; 189
polyéthylène 318 ressource 21
polymères 85; 86 revert 85
polyphosphates 291; 297; 321 Reynolds 16
polypyrophosphates 291 ruissellement 2
pompage alterné 107
pompages d’essai 121 S
porosité SAGE 55
efficace 17; 18; 19 saveur 49
Index 379

SDAGE 55 titre
sécheresse 259 alcalimétrique 46
sels Rochelle 300 alcalimétrique complet 46
semi-perméable 10 hydrotimétrique 46
septaphosphate 294 train de tiges 73
service transmissivité 18; 148; 150
des domaines 65 tribunal de grande instance 65
instructeur 63 tripolyphosphate 294
servitudes 64 tubage 91
simazine 279 tube de Pitot 126
sismique 28 tube manométrique 128
skin effect 152 turbidité 44; 49
solvatation 42
sonde électrique 127 U
Spot 27 U. Liner 318
subventions ultrasons 231; 306
de l’état 67 USGS 332
départementales 67
des agences de l’eau 67 V
sulfates 47 verticalité 194
superposition des écoulements 122 vétusté 320
surexploitation 260 vieillissement 231
surface piézométrique 9 Villeneuve-la-Garenne 313
surpompage 107 viscomètre
système hydrologique 4; 7 Marsh 81
T Stormer 81
viscosité 81
taux de renouvellement 22 cinématique 15
télédétection 26 vitesse
temps convectif 215 critique 133
tensioactifs 86 d’avancement 182
tête de puits 105 voltmètre 220
thixotropie 83 vortex 218

Z
zone
d’appel 211
d’influence 211
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