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S8, «Parasitologie : protozoologie», Ronéo n°2
Le cycle évolutif sera développé pour Leishmania et Trypanosoma dans les parties respectives qui
leur sont consacrées. On pourra retenir pour l'instant que le cycle consiste en une alternance de vie dans
un hôte vertébré sous forme amastigote et un hôte invertébré qui constitue le vecteur hématophage ou
le parasite est retrouvé plus généralement sous forme promastigote. Il est possible de retrouver chez
certaines espèces de Trypanosomidés des formes flagellées chez l'hôte vertébré mais la forme amastigote
restera dominante. La phase dite sexuée se déroule dans l'hôte invertébré et la phase asexuée se déroule
dans l'hôte vertébré.
2-1 LEISHMANIOSES
2/ Espèces infectées
Hôte vertébré : Il existe plus de 20 espèces de mammifères. Elle est surtout transmise aux
canidés mais les félidés, les primates (dont l'homme) et les rongeurs peuvent également être affectés.
Chez les reptiles, ce sont les lézards les plus affectés.
Les leishmanies à mammifères sont la plupart du temps zoonotique, d'où l'importance de leurs
détections cliniques en terme de santé publique.
3/ Répartition géographique
Il y a une vaste répartition des espèces de leishmanies dans l'ancien et le nouveau monde.
Certaines espèces étant spécifiques d'une région donnée, il est nécessaire de contrôler les risques d'entrée
de nouvelles souches.
Les Leishmanioses cutanées sont plus répandues en Afrique-Asie-Europe. Ex : Irak
Les Leishmanioses cutanéo-muqueuses sont répandues surtout en Amérique Centrale et Amérique du Sud.
Les Leishmanioses viscérales ont à peu près la même répartition que les leishmanioses cutanées.
Il y a beaucoup de leishmaniose au Pérou où toutes les souches sont zoonotiques. Actuellement, la
prévalence de la maladie est la même que celle déterminée à l'époque de la momification alors qu'il existe
aujourd'hui des traitements. On pense donc qu'une sorte d'équilibre s'est mis en place.
Dans l'ancien monde, la leishmaniose est l'affection qui cause le plus de mortalité.
4/ Importance
La leishmaniose concerne 88 pays dans le monde et il existerait selon l'OMS 12 millions d'infectés
humains (2014). on compte entre 1,5 et 2 millions de nouveaux infectés par an dont 500 000 cas de
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Rongeurs et canidés sont les principaux réservoirs (réservoirs pas « non asymptomatiques » comme la
plupart des réservoirs : ils peuvent développer la maladie) d'où la nécessité d'une détection clinique
efficace de la Leishmaniose pour éviter l'essor de cette zoonose.
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En France la prévalence de la maladie est surtout importante dans la moitié sud, on compte 3
foyers majeurs : Cevennes/Languedoc, PACA, Corse. Cependant, avec le réchauffement climatique, les
phlébotomes peuvent remonter plus au Nord, et donc apporter la maladie dans des régions du centre de la
France.
Le profil des deux types de Phlébotomes va déterminer la distribution et la saisonnalité de
l'infection : P. perniciosus est très présent sur la côte sud est et la côte sud atlantique ouest alors que P.
ariasi est très présent en centre ouest et à l'extrémité sud ouest.
3/ Importance
Cette maladie revêt une grande importance médicale car elle est très sévère chez le chien et la
zone d'enzootie est vaste. L'importance économique est très élevée car le coût des traitements est
important et la maladie peut causer des pertes économiques non négligeables dans les élevages de chiens
en zone d'enzootie.
En terme de santé publique, la leishmaniose à L.infantum est une zoonose grave, particulièrement
violente chez l'enfant et l'adulte immunodéprimé [ greffes ; cancers ; thérapies immunosuppressives ;
SIDA]
B – Epidémiologie
1/ Cycle évolutif
Le cycle dure 19
jours, avec une alternance
hôte vertébré (chien) - hôte
invertébré (phlébotome).
L'hôte cellulaire chez
l'hôte vertébré est le SPM
(système phagocytaire
mononuclée).
Dans l'hôte invertébré le
protozoaire passe de la forme
amastigote à la forme
promastigotes infectante (cf
I-D).
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6/Causes favorisantes
Il existe des causes favorisantes à la transmission de la leishmaniose canine :
– liées au chien : mode de vie (sort la nuit, au crépuscule, moment où les phlébotomes sont les plus
actifs par exemple), pelage (plus le poil est abondant et de qualité, plus la probabilité de piqure
baisse)
– liées aux vecteurs : très actifs dans le sud de la France, en été au crépuscule (période de la journée
où le vecteur est le plus actif), zones protégées du vent et près du sol, certains étages de végétation
(recherche des étages de végétation riche en sucs végétaux par le mâle pour se nourrir).
7/Facteurs de risques
L'habitation en zone d'enzootie (sud de la france, cévennes, corse), l'augmentation de l'âge, et l'altitude
sont des facteurs de risques de la Leishmaniose. Attention, le sexe et la race n'en sont pas !
8/ Prévalence
La prévalence est variable chez le chien avec une tendance a l'augmentation.
Quel que soit le terrain (urbain, rural, sauvage) où l'infection est transmise, la gestion de l'équilibre
entre les hôtes (chien – homme – hôte sauvage = renard/rongeurs) est toujours assuré par le phlébotome.
Il semblerait en effet qu'il soit seul à l'origine de la stabilité de la prévalence de la maladie.
On dénombre 1 nouveau cas humain pour 300 nouveaux cas canin.
C– Pathologie
1/Signes cliniques
Il y a une très grande variété de signes cliniques : abattement, amaigrissement, désintérêt,
fatigue, croissance exagérée des griffes, ulcères au niveau de la peau, bouton. Parfois, l’épistaxis
unilatéral constitue le seul et unique signe d'appel.
Les chancres d'inoculation (boutons) apparaissent 3 mois après la primo-infection et passent
souvent inaperçus. Ils disparaissent en 4-8 mois sans pour autant que l'animal soit guéri de la
leishmaniose.
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• Forme chronique : c'est la forme habituellement rencontrée. Elle est caractérisée par une
incubation de plusieurs mois à plusieurs années qui mène à la mort dans 80-90% des cas. Il existe
une palette de signes cliniques associés aux formes chroniques de leishmanioses canines qui sont :
– Signes généraux : caractérisés par une anorexie, abattement, un amaigrissement, des
hyperthermies passagères, et des modifications sanguines (Anémie, leucopénie, monocytose,
thrombopénie, augmentation de la gamma-globulinémie, diminution de l'albuminémie)
– Signes cutanéo-muqueux : caractérisés par une dépilation, squamosis (+++), hyperkératose de
la truffe et des pattes, et un allongement des griffes. IL N'Y A JAMAIS DE PRURIT. On
retrouve aussi des ulcérations cutanés (narines, nez, pattes) et des ulcérations muqueuses (à
l'origine de l’épistaxis unilatéral d'appel et d’éventuels mélena), des nodules dermiques ou
muqueux et des dermites pustuleuse.
– Atteintes des organes lymphoïdes : adénopathie (le plus courant et le plus marqué),
hépatomégalie et splénomégalie (plus légère et moins courant).
– Autres signes : des troubles oculaires (kérato-conjonctivite, blépharite, uvéite), troubles
rénaux (typiquement des glomérulonéphrites), des troubles hépatiques, des troubles osseux.
• Forme aiguë : est une forme très rare qui advient uniquement chez le jeune chien (< 18 mois) qui
s'accompagne d'une hyperthermie, de tremblements et dont l'issue se solde généralement par la
mort en quelque jours.
2/Lésions
Les lésions sont à mettre directement en lien avec les signes cliniques observés :
• Lésions macroscopique ;
- Générale : maigreur et anémie
- Locale : augmentation de la taille des organes (rate, foie, ganglions, moelle osseuse, rein TD).
• Lésions microscopique :
- Hyperplasie des cellules du système phagocytaire mononuclée : macrophages remplis de
parasites (biopsie de tissus)
3/Pathogénie
Il y a une action pathogène directe du parasite. La leishmania est capable de réguler la réponse
immunitaire du chien.
Phase 1 : le parasite stimule la réponse immunitaire cellulaire en stimulant les TH1_Helper dans
une proportion telle que les interleukines pro-inflammatoires ne lui soit pas néfaste. Ceci permet
notamment d'attirer d'autres phagocytes et donc de favoriser sa dissémination dans l'organisme. C'est un
compromis que le parasite établi entre « attirer assez d'hôte cellulaire pour se multiplier » et « subir les
conséquences de l'inflammation ».
Globalement, cette situation est en faveur de l'organisme, d'où la nécessité d’avènement de la phase 2.
Phase 2 : la parasite induit une rupture de la réponse immunitaire cellulaire, stimule les
TH2_Helper et entraîne donc une dominance de la réponse immunitaire humorale. Ceci entraîne une
installation de la maladie chronique par suspension de l'inflammation (les interleukines de la réaction
humorale sont anti-inflammatoires contrairement aux interleukines de la réponse cellulaire) ainsi qu'une
aggravation des symptômes.
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Un chien dont on favoriserait la réaction cellulaire aurait une protection contre le parasite
favorisée (Carrillo et moreno 2009)
4/Diagnostic
Sur l'animal vivant
• Epidémiologique : l'animal vit en zone d'enzootie ou l'animal a voyagé dans des régions d'endémie
déclarée (Afrique, Amérique du Sud).
• Clinique : dermatose dépilante ulcérative non prurigineuse hyperkératosique , adénites et troubles
généraux décrits plus hauts. NB : la dermatose est non prurigineuse MAIS un un chien atteint de
Leishmaniose à L.infantum peut avoir des puces par dessus la dermatose ce qui entraîne alors un
prurit et qui brouille les pistes.
• Différentiel : dermatoses dépilantes sans prurit, dermatoses ulcératives, adénopathie, épistaxis,
maladie anémiante.
• Laboratoire :
– électrophorèse des protéines plasmatiques : augmentation des gamma-Ig et baisse de
l'albumine,
– anomalies sanguines : anémie, hyper-protéinémie, thrombocytopénie, monocytose,
– anomalies urinaires : l'hyper-protéinémie entraîne une augmentation de l'urée et de la
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D– Méthode de lutte
1/Traitement
• Traitement de première intention
Antimoniate de méglumine [100 mg/kg/j] IM ou SC pendant 30j. couplé à de l'Allopurinol [15-30
mg/kg] PO 2 fois par jour pendant 2-3 mois. (traitement de choc). Le chien est ensuite maintenu 1
semaine par mois sous Allopurinol [10-15 mg/kg] 2 fois par jour: c'est le traitement de stabilisation.
On prendra soin à surveiller la fonction hépato-rénale. Ce traitement est long, coûteux et peut
présenter des effets secondaires.
• Autres traitements
Il existe d'autres traitements à bases d'antifongiques (amphotéricine B) ou d'antibiotiques (quinolones,
aminosides). Pour des questions de santé publique (résistance) ils sont peu utilisés pour éviter l'apparition
de résistances. Il existe aussi des molécules favorisant la voix cellulaire de la réaction immunitaire
(seulement en Espagne).
• Traitement non spécifiques éventuels
– Corticoïdes : en début de traitement
– Protecteur de la fonction rénale, hépatique
– Antiseptique locaux (surtout pour problèmes dermiques. Le port de gants est recommandé)
– Antibiothérapie (si pyodermite)
On prendra garde à surveiller les fonctions hépato-rénales et la sérologie ainsi que la quantité de
parasite par PCR. En général il n'y a jamais de guérison parasitologique (seulement une guérison
clinique). L'animal infecté restera infecté latent et pourra faire des rechutes.
2/Prévention
Il existe des moyens de luttes contre le vecteur avec des substances répulsive anti-gorgement. Il
existe notamment des spot-on à la perméthrine (Pulvex® ) ou à la perméthrine + imidaclopride
(Advantix ®), et des colliers insecticides à base de deltaméthrine (Scalibor® ) à faire porter 10 j avant
le séjour dans une zone endémique.
Parmi les mesures défensives on trouve un vaccin, le Canileish® commercialisé en Europe avec
92% d'efficacité et des rappels tous les ans. Le protocole de vaccination est long : il n'y a pas
d'immunité avant 4 semaines après la primo-vaccination et son coût reste élevé. Il ne faut pas vacciner
les séropositifs mais il n'y a pas de dépistage sérologique préalable à la vaccination.
Conclusion :
La leishmaniose est une infection à prévalence et incidence élevée en zone d'enzootie, au
diagnostic difficile, au traitement long et coûteux nécessitant un suivi sans aucune garantie de guérison
parasitologique et qui malheureusement est toujours le sujet d'un pronostic réservé.
Le risque zoonotique en fait un sujet de santé publique tout à fait fondamental qui incite à
employer dans les zones à risques les techniques de préventions présentées plus haut (anti-phlébotome,
vaccination).
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