Vous êtes sur la page 1sur 3

S8, « Parasito », Ronéo n°11

Ronéoteurs : LEPLAT & ROELS Cours du 11/03/2015


Chefs de matière : DESMOULIN & GARNIER Dispensé par Mme Risco-Castillo

7.1 Les giardioses

1. décrire le cycle évolutif des Giardia (monoxène)


2. Reconnaître les Giardia sous leurs diverses formes morphologiques (trophozoïtes ou kystes)
3. Connaître les principaux signes cliniques des giardioses des mammifères (entérite chronique)
4. Connaître les méthodes de diagnostic de laboratoire (coprologie, copro-antigènes)
5. Lutte : connaître un traitement complet de la giardiose canine (benzimidazole, hygiène et contrôle
lors de l'introduction)
6. Connaître les modalités de transmission aux humains des giardioses animales (contact direct ou
indirect)

Les giardioses (=lamblioses) sont des protozooses infectieuses, contagieuses dues à la présence et
à la multiplication de Protozoaires Flagellés très peu spécifiques du genre Giardia, parasites extra-
cellulaires. La contamination se fait par ingestion de kystes parasitaires rejetés dans les excréments,
immédiatement infectants et résistants dans l'environnement, à l'origine de problèmes digestifs (et pas
hématologiques comme Sarcocystis). Le cycle de reproduction est homoxène : il n'y a pas d'hôte
intermédiaire. Le genre Giardia appartient à l'embranchement des rhizo-flagellés.

I – Les parasites : le genre Giardia


Giardia est un parasite diplomananidé extra-cellulaire du
tube digestif (anaérobie) qui se retrouve toujours sur la portion
antérieure de l'intestin grêle (d'où un type spécifique de diarrhée,
la diarrhée par malabsorption). Le trophozoïte (végétative) du
parasite a une forme caractéristique piriforme de 10 à 20 μm
et possède 2 noyaux, 8 flagelles (4
paires : internes, antérieurs,
postérieurs, caudaux), pas de
mitochondries et un disque (sorte de ventouse) qui sert à se fixer à la paroi de
l'épithélium intestinal. Les kystes, c'est-à-dire la forme infestante retrouvée
dans l'intestin grêle, sont de forme ovalaire de 17 μm et possèdent 4 noyaux
correspondant à une mitose interrompue, enfin la paroi kystique est assez
épaisse. La multiplication se fait toujours de façon asexuée longitudinale.
Le parasite se trouve en surface de la muqueuse de l'intestin grêle proximal d'un grand nombre de
vertébrés, il existe un système de fixation à la muqueuse par des disques ventraux, directement sur la
musculature striée : le parasite est donc extra-cellulaire.
Certaines espèces de parasites sont spécifiques d'hôtes mais Giardia duodenalis est commun à tous les
Mammifères. On parle de « complexes » d'espèces avec des
différences génotypiques mais des similitudes morphologiques
relatives à Giardia duodenalis. On décrit ces complexes avec
des lettres de A à H. Les assemblages zoonotiques sont surtout
A et B. Toute giardiose animale est considérée comme
potentiellement zoonotique.
Le cycle des giardia est un cycle homoxène.
La contamination se fait par ingestion de kystes rejetés dans les
fèces des animaux infectés. Le kyste se retrouve dans l'intestin

Page n° 1/3
S8, « Parasito », Ronéo n°11

grêle, il y a excystation : libération de la paroi cystique et reprise de la mitose interrompue, le résultat est
la formation de deux nouveaux trophozoïtes. Ceux-ci vont pouvoir se fixer via les disques ventraux sur la
muqueuse intestinale puis l'encystation a lieu : division nucléaire et formation de kystes qui vont être
retrouvés dans les fécès donc libération dans l'environnement (sol, eau, végétaux). Il y a alors formation
de 4 noyaux avec une paroi kystique.
Rq : attention ici, il s'agit de cystes et non pas d'oocystes.

II – Épidémiologie
Les giardioses animales sont enzootiques, parfois épizootiques en effectifs et de faible spécificité
(il existe de nombreuses espèces hôtes). Elles touchent des animaux de tous âges, les jeunes étant plus
sensibles (1 mois à 1 an, notamment le chiot). Il est possible de s'infecter sans développer tous les
symptômes. Enfin, la prévalence reste très élevée : jusqu'à 100% de certains troupeaux bovins.

III- Pathologie
A – Signes cliniques
L'infection est souvent asymptomatique. On décrit une entérite chronique due à une exacerbation
de multiplication de giardia dans l'intestin grêle à l'origine de diarrhées chroniques intermittentes, d'une
stéatorrhée (par malabsorption) d'un amaigrissement mais sans perte d'appétit, c'est pourquoi on dit qu'il y
a maintien d'un bon état général. La morbidité et la mortalité sont faibles.

B– Lésions
Il s'agit d'une inflammation de la muqueuse de l'intestin grêle proximal et d'une atrophie diffuse
des microvillosités.

C- Pathogénie
Giardia a la capacité de changer ses antigènes de surface très facilement d'où le développement
difficile d'une réponse immunitaire de la part de l'hôte et le maintien d'une multiplication accrue de
Giardia. En effet, les antigènes de surface de giardia étant très variables, l'hôte a plus de mal à avoir une
réponse immunitaire adaptée. L'effet mécanique et enzymatique (sécrétion de toxines parasitaires, rupture
des jonctions serrées entre cellules) du parasite (fixation via les disques) abîment les villosités intestinales
et sont à l'origine des lésions de la muqueuse responsable de l'entérite.Il y a également une baisse
d'activité enzymatique (lipase), une perturbation du transport des nutriments. La maladie est dite auto-
limitante puisque la diarrhée va éliminer Giardia. Mais l'animal peut se réinfester.

D- Diagnostic
Épidémiologique : la prévalence est énorme, principalement les jeunes montrent des diarrhées et
stéatorrhée, les animaux en effectifs importants et l'hygiène de l'environnement sont à surveiller
Clinique : présence d'entérite chronique
Différentiel : autres entérites des jeunes, parasitaires ou non
Laboratoire : par coprologie

E- Diagnostic de laboratoire
Par coprologie, on met en évidence la présence de trophozoïtes ou de kystes :
– pour les trophozoïtes : la détection est délicate (fragilité des parasites), une coloration au lugol est
réalisée en général. Pour observer des trophozoïtes vivants il faut faire la copro dans les 4h donc
sur selles fraiches.
– pour les kystes : la détection est plus simple mais l'excrétion est fluctuante. Il faut donc faire des
prélèvements sur plusieurs jours. On utilise des techniques de flottation ZnSO4 (sulfate de zinc)
ou bien de sédimentation diphasique pour concentrer la solution. La coloration au lugol est là

Page n° 2/3
S8, « Parasito », Ronéo n°11

aussi nécessaire. Sur coprologie fraîche, on pourra voir un mouvement de spirale du parasite : il
s'agit d'une motilité ondulante. Pour aller plus loin, la détection immunologique, ELISA/copro-
antigènes, IFI sont réalisables. Enfin, il vaut mieux répéter les prélèvements si les résultats sont
négatifs du fait de l'excrétion fluctuante des kystes.

IV- Méthodes de lutte


Le traitement se fait par benzimidazole avec des doses supérieures à celles utilisées contre les
trématodes . Attention au métronidazole qui peut traverser la barrière placentaire et qui ne doit donc pas
être utilisé chez les femelles gestantes ! Chez le chien, on commence à de fortes doses et à n'importe quel
âge, tandis que pour le veau (fenbendazole/albendazole), on commence à de très faibles doses puis on
augmente.
On associe au traitement des mesures préventives comme la destruction des kystes par : lavage de
l'animal (ammonium quaternaire), désinfection de l'environnement, ramassage des excréments dans
l'environnement et précautions pour le propriétaires (hygiène) et les professionnels (zoonose). Le
dépistage fécal des chiens/chats nouveaux arrivants est largement recommandé.

V- Santé publique vétérinaire


La giardiose humaine est la parasitose intestinale la plus répandue dans le monde. Sa prévalence
est plus forte dans les pays en développement et notamment chez les enfants. L'aspect zoonotique
concerne surtout les assemblages A et B : A est moins fréquent chez l'homme mais beaucoup plus
zoonotique que B qui est plus fréquent mais moins à risque. La contamination humaine se fait par voie
orale, par ingestion d'oocystes rejetés avec les fèces d'individus infectés. Elle est souvent due à une
mauvaise hygiène. La transmission peut être directe (animaux, homme) ou bien indirecte (EAU,
aliments).

Page n° 3/3

Vous aimerez peut-être aussi