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Contribution du PV dans le mix énergétique français – mai 2007

Contribution de l’électricité photovoltaïque dans


le mix électrique français
Scénarios de développement et bénéfices environnementaux
- Avril 2007-

Rapport rédigé par Violaine Didier


sous la direction de Bruno Gaiddon

HESPUL
114, Boulevard du 11 Novembre 1918 – 69100 VILLEURBANNE
Tel : +33 (0)4 37 47 80 90 – Fax : +33(0)4 37 47 80 99
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site internet : www.hespul.org
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Avant-propos

Hespul est une association loi de 1901, dont l’objet social est le développement de
l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Elle est spécialisée depuis 1991 dans la
promotion et les opérations de démonstration de la filière photovoltaïque, et plus spécialement
dans sa version raccordée au réseau.

Entre 1993 et 2001, Hespul a coordonné plusieurs projets de démonstration financés par
la Commission Européenne (DG TREN) visant à l’installation de systèmes photovoltaïques
raccordés au réseau de faible puissance.

L’expérience acquise par Hespul au cours de ces projets de démonstration se traduit par
une expertise à la fois technique, économique et juridique sur les conditions de mise en œuvre
du photovoltaïque en France. Elle permet d’accompagner les maîtres d’ouvrage, les
développeurs de projets ainsi que les pouvoirs publics. Par ailleurs, Hespul participe
désormais à plusieurs groupes d’experts internationaux comme la Plate-forme Technologique
Européenne du Photovoltaïque et l’Agence Internationale de l’Énergie.

En parallèle de cette activité qui reste principale, Hespul a été intégrée à partir de 2000
dans le réseau des Espaces-Info-Energie mis en place par l’ADEME avec la responsabilité
géographique du département du Rhône et une compétence multi-filières, énergies
renouvelables et efficacité énergétique comprises. Cela a permis de mettre en pratique une
approche territoriale parfaitement complémentaire des aspects purement techniques déjà bien
maîtrisés.

Le présent rapport, rédigé par Violaine DIDIER sous la direction de Bruno GAIDDON,
consiste en l’analyse des données de production de systèmes photovoltaïques avec les
données de production et de consommation d’électricité nationales, afin d’évaluer le potentiel
de développement du photovoltaïque dans le mix électrique français.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Introduction

La question de l’énergie et de sa production est actuellement au cœur de tous les débats


qu’ils soient politiques, économiques, ou écologiques : les estimations des ressources
d’énergie primaire restantes, le réchauffement de la planète et la constante hausse des
besoins énergétiques forcent les états à réfléchir au problème.
L’énergie électrique n’échappe pas à cette tendance et la hausse de sa consommation
alimente en France la question du renouvellement des parcs nucléaires vieillissants et le
développement des énergies renouvelables pour la production d’électricité.
Le développement des énergies renouvelables est le 3e pilier, après la sobriété et
l’efficacité énergétique, du scénario Négawatt de rupture avec la croissance immodérée de
nos consommations.

Peu développée en France jusqu’à présent, l’électricité d’origine photovoltaïque est l’une
des énergies renouvelables encouragées par la bonification de son tarif de rachat en juillet
2006.
Son développement se heurte cependant aux idées reçues et au manque d’études
financées sur le sujet et peine à s’imposer comme une solution sérieuse de production
d’électricité en dehors des zones rurales ou insulaires.

L’objectif de cette étude est d’établir un lien entre la production photovoltaïque et le


marché français de l’électricité en analysant la composition du mix électrique français en
métropole et en étudiant dans quelle mesure l’électricité d’origine photovoltaïque pourrait y
trouver une place.
Elle se compose ainsi d’une synthèse du fonctionnement du réseau électrique français et
du rôle des différents moyens de production dans l’équilibre du mix, accompagnée
d’indicateurs environnementaux et d’une analyse, au moyen de scénarios, des possibilités de
pénétration du PV dans le mix.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS ..........................................................................................................................2
INTRODUCTION ...........................................................................................................................3
SOMMAIRE ..............................................................................................................................4

1. AVANT-PROPOS SUR LE RESEAU ELECTRIQUE.........................................................6

1.1 . L’ORGANISATION EN SOUS-RESEAUX ..................................................................................6


1.1.A LE RESEAU DE TRANSPORT .....................................................................................6
1.1.B LE RESEAU DE REPARTITION : ..................................................................................6
1.1.C LES RESEAUX DE DISTRIBUTION : .............................................................................7
1.1.D SCHEMA DU RESEAU (ANNEXE 1) .............................................................................7
1.2 . LES FLUCTUATIONS DU RESEAU ET LA GESTION DES MOYENS DE PRODUCTION .....................7
1.2.A LES FLUCTUATIONS DE LA CONSOMMATION...............................................................7
1.2.B LA GESTION EN TEMPS REEL DE L’EQUILIBRE DU RESEAU ...........................................9

2. LE MIX ELECTRIQUE : DEFINITION, COMPOSITION, EVOLUTION ............................10

2.1 . ÉVOLUTION DE LA COMPOSITION DU MIX DEPUIS LES ANNEES 1970’...................................10


2.2 . COMPOSITION ACTUELLE .................................................................................................10
2.3 . PROFIL DES COURBES DE PRODUCTION DES FILIERES CONVENTIONNELLES ........................14
2.3.A FILIERE THERMIQUE ..............................................................................................14
2.3.B FILIERE HYDROELECTRIQUE ..................................................................................15
2.3.C FILIERE NUCLEAIRE ..............................................................................................15
2.4 . DONNEES ENVIRONNEMENTALES SUR LA COMPOSITION DU MIX ..........................................16

3. L’ELECTRICITE PHOTOVOLTAÏQUE : ENJEUX ET BENEFICES ................................17

3.1 . CONTEXTE ENERGETIQUE DU DEVELOPPEMENT DE L’ ELECTRICITE PV ................................17


3.2 . L’EFFET PHOTOVOLTAÏQUE ..............................................................................................18
3.3 . ÉVALUATION DES BENEFICES ENVIRONNEMENTAUX LIES AU DEVELOPPEMENT DU PV..........19
3.3.A LE PV, LES GESTIONNAIRES DE RESEAU ET LES CONSOMMATEURS ..........................19
3.3.B REDUCTION DES EMISSIONS DE CO2......................................................................19
3.3.C REDUCTION DES DECHETS RADIOACTIFS ................................................................20

4. SCENARIOS POSSIBLES DE L’ELECTRICITE PV DANS LE MIX ELECTRIQUE ........22

4.1 . METHODOLOGIE DES SCENARIOS .....................................................................................22


4.1.A SOURCES DES DONNEES .......................................................................................22
4.1.B OBJECTIF ET DEFINITION DES SCENARIOS ...............................................................22
4.1.C TAUX DE PENETRATION .........................................................................................22
4.1.D TAUX DE CORRELATION .........................................................................................23

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

4.1.E CONSOMMATION OU PRODUCTION, QUELLE DIFFERENCE ?......................................23


4.2 . SCENARIOS.....................................................................................................................23
4.2.A SCENARIO 0 : 12,9 MWC ......................................................................................23
4.2.B SCENARIO 1 : 3000 MWC .....................................................................................24
4.2.C SCENARIO 2 : 5000 MWC .....................................................................................24
4.2.D SCENARIO 3 : 19 000 MWC ..................................................................................25
4.2.E SCENARIO 4 : 370 000 MWC ................................................................................26
4.3 . INTERPRETATION ET CONCLUSIONS ..................................................................................27
CONCLUSION ............................................................................................................................29
REFERENCES ...........................................................................................................................30
ANNEXES : ............................................................................................................................31

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Contribution du PV dans le mix énergétique français – mai 2007

1. Avant-propos sur le réseau électrique


Les moyens de produire de l’énergie électrique sont multiples : la fission nucléaire, la
filière thermique à flammes (charbon, gaz, fioul), la filière hydroélectrique (barrage, centrales
au fil de l’eau), l’éolien, le photovoltaïque, etc. Pour chaque pays, le choix des moyens de
production d’électricité résulte à la fois des ressources disponibles sur le territoire, mais aussi
d’une stratégie politique, économique, et environnementale.
Parler de « mix électrique », permet de prendre en compte la diversité des moyens de
production employés par un pays et d’évaluer la proportion de chacun dans la « composition »
de l’électricité que nous utilisons.

1.1. L’organisation en sous-réseaux


Avant d’être délivrée au consommateur, l’électricité emprunte une série de chemins
successifs régulièrement ponctués d’étapes de transformation de la tension. Ces chemins
constituent le réseau électrique, et sont organisés en plusieurs niveaux : le réseau de
transport, le réseau de répartition et enfin les réseaux de distribution.

Ces réseaux se distinguent par la tension sous laquelle ils acheminent l’électricité et par
le(s) organisme(s) qui les entretiennent et les exploitent ; et ils sont séparés par des postes
électriques qui reçoivent, transforment et répartissent l’énergie électrique.

1.1.a Le réseau de transport

• Il est destiné à acheminer de grandes quantités d’énergie sur de longues distances : à


l’échelle nationale, voire européenne. Ce transport est principalement assuré sous une
tension de 400 kV ou 225kV (HTB). Un tel niveau de tension permet de diminuer les
pertes en lignes (énergie dissipée dans les conducteurs par effet Joule) et est donc plus
économique pour le transport sur de longues distances.

• Ce réseau est interconnecté avec les réseaux de certains pays proches, de façon à
former un ensemble européen fonctionnant à la fréquence de 50Hz avec une grande
stabilité.

• Son objectif, outre le transport, est d’assurer l’équilibre entre la production et la


consommation d’électricité à l’échelle du territoire français mais aussi le secours mutuel
entre pays interconnectés en cas de déficit de production ou de consommation accrue
afin de limiter les risques de pannes généralisée.

1.1.b Le réseau de répartition :

• Le transport à l’échelle régionale ou locale, ou la livraison d’électricité aux entreprises


fortement consommatrices, est assuré par le réseau de répartition sous des tensions de
90kV ou 63kV (HTB).

• Ces 2 réseaux sont sous la responsabilité de RTE (Gestionnaire du réseau de transport


de l’électricité) et alimentent les postes sources (postes de transformation HTB/HTA) qui
délivre de l’énergie au réseau de distribution.
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

1.1.c Les réseaux de distribution :

• Les réseaux de distribution sont quant à eux gérés par EDF ERD et par des entreprises
locales de distribution d’électricité (ELD). Ils assurent la livraison d’électricité aux
consommateurs qui leurs sont raccordés à moyenne tension (HTA), 15kV et 20kV (villes,
agglomérations, grandes surfaces, usines, …) ou à basse tension (BT) 230/400V
(particuliers, collectivités, PME , PMI, …).

• Il peut exister localement des sources de production qui injectent de l’électricité sur ces
réseaux : cogénération, éolien, photovoltaïque, …

1.1.d Schéma du réseau (annexe 1)


Le schéma présenté en annexe 1 représente la hiérarchisation du réseau électrique
français, le raccordement au réseau des différents consommateurs et des sites de production.
La liste des moyens de production n’est pas exhaustive, mais permet d’avoir une idée
des puissances des différentes installations en fonction de leur point de raccordement (HTB,
HTA ou BT).
À titre d’exemple, les installations photovoltaïques sont généralement raccordées en BT
car elles correspondent à de petites puissances installées chez des particuliers. Il existe
cependant de plus grosses centrales de production photovoltaïque, mais elles ne dépassent
pour l’instant pas les 12MW de puissance normalement nécessaires pour un raccordement en
HTB.
D’autres types d’installations pouvant être raccordées au réseau de distribution (ex :
centrales micro hydrauliques) ne sont pas représentées sur ce schéma car il existe un grand
nombre de cas de raccordements différents, non-généralisables à un ensemble.

1.2. Les fluctuations du réseau et la gestion des moyens de


production
1.2.a Les fluctuations de la consommation
La consommation d’électricité varie constamment : au cours d’une même journée en
fonction du jour et de la nuit mais aussi des horaires de bureau, au cours d’une même
semaine en fonction des jours ouvrables et des week-ends, et au fil de l’année, en fonction des
saisons, de la météo, des jours fériés, de l’activité économique, etc.

Il y a selon RTE 3 cycles temporels : un cycle annuel, un cycle hebdomadaire et un cycle


journalier.
Le cycle annuel (figure 2) connaît des variations saisonnières avec une pointe de
consommation pendant l’hiver et un creux en plein cœur de l’été. Les jours fériés, synonymes
de baisse de l’activité économique et industrielle, sont également visibles sur la courbe
synchrone annuelle.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Figure 1 Consommation électrique annuelle type (source [3])


Le cycle hebdomadaire (figure 3) est, lui, composé de 5 jours ouvrables où la
consommation suit un même profil régulier, et de 2 jours avec un profil un peu différent et une
consommation plus faible constituant le week-end. Le samedi, la consommation est un peu
plus importante que le dimanche, mais reste plus faible que les autres jours de la semaine.

Figure 2 : Consommation électrique hebdomadaire type (source [3])


Enfin, le cycle journalier (figure 4) se distingue par 3 pics de consommation, à 13h, 19h
et 23h, et par un creux en fin de nuit, vers 5h du matin.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Figure 3 : Consommation électrique journalière type (source [3])

1.2.b La gestion en temps réel de l’équilibre du réseau


L’équilibre du réseau électrique repose sur un ajustement optimal entre la production et
la consommation d’électricité, car l’énergie électrique n’est pas stockée.
Pour ajuster en temps réel la production à la consommation, les gestionnaires de réseau
distinguent ainsi 2 types de production : la production « de base » et celle « de pointe ».

Les énergies dites de « base » sont utilisées pour assurer une production d’électricité
régulière correspondant au minimum de consommation. Leur production varie très peu au
cours d’une journée. En France, cette production de base est assurée par les centrales
nucléaires, qui sont puissantes mais longues à démarrer et non conçues pour des cycles
arrêts-démarrages fréquents, et les ouvrages hydroélectriques au fil de l’eau.

Les énergies dites « de pointe » sont utilisées pour pallier les pics de consommation.
Leur production peut donc connaître d’importantes variations horaires, journalières ou
mensuelles. Les centrales de productions de cette énergie de pointe, les centrales thermiques
et les barrages hydroélectriques par exemple, sont généralement très rapides au démarrage
(entre 5 et 20 minutes) donc très réactives en cas de besoin.

C’est en faisant varier ces 2 types de production, et de fait la composition du mix


électrique, que les gestionnaires du réseau maintiennent ce fragile équilibre.

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Contribution du PV dans le mix énergétique français – mai 2007

2. Le Mix Electrique : définition, composition,


évolution
2.1. Évolution de la composition du mix depuis les années
1970’
La production d’électricité en France a triplé en presque 30 ans. Cette croissance s’est
accompagnée d’un profond changement dans la structure du parc de production qui a été
considérablement modifiée avec la mise en place d’une nouvelle politique énergétique orientée
vers le nucléaire dès 1974.
Le déclin de la filière thermique et l’explosion du nucléaire sont d’ailleurs nettement
visibles entre 1979 et 1985 sur la figure 4.

Figure 4 : "Evolution des moyens de production d'électricité depuis 1973 en TWh"


(Sources [1], [2])
À partir de 1985, la production thermique s’est stabilisée pour être sensiblement la
même qu’aujourd’hui. La production hydroélectrique quant à elle n’a pas subi de fortes
variations depuis 1973.
Jusqu’à présent la hausse de la demande en électricité a donc uniquement été
compensée par le développement du nucléaire qui constitue aujourd’hui 78,3% de la
production contre 16% en 1979.
La croissance de la demande ne s’arrête pas là, elle progresse encore aujourd’hui très
vite. Son évolution est fonction de plusieurs facteurs qui peuvent être de nature très
diverse comme la croissance économique, le progrès technique, ou encore le comportement
énergétique des consommateurs.

2.2. Composition actuelle


Aujourd’hui, la France a une politique énergétique principalement basée sur le nucléaire
qui constitue 78,3% de la production annuelle moyenne d’énergie électrique. Le thermique
classique et l’hydroélectricité viennent après avec respectivement 9,9% et 11,4% (figure 5).
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Les énergies renouvelables ont pour l’instant une place peu significative dans le mix,
mais leur production connaît une hausse régulière.

Figure 5 : « Mix électrique français moyen de l’année 2006 » (source [2])


La production d’électricité varie en fonction des saisons: elle est au plus bas en août
pendant l’été et au plus haut en janvier pendant l’hiver (figure 6).
On remarque aussi que la production hydroélectrique est plus importante au printemps
(mars avril mai), saison de la fonte des neiges.
Les productions nucléaire et hydroélectrique apparaissent déjà clairement comme des
productions « de base » tandis que la filière thermique apparaît comme production de pointe
avec de larges variations de production suivant les mois.

Figure 6 : « Evolution mensuelle de la production d’électricité en France en 2006


par filière de production (source [2]).
Le thermique est surtout présent en hiver représentant entre 13,5 et 16,7% du mix (entre
décembre et mars, cf. Tableau 1) en raison de la forte consommation d’électricité. Sa
production chute au printemps avec 4,4% en avril et jusqu’à 3,8% en mai.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Cette chute est surtout due à la production hydroélectrique qui atteint son maximum en
avril et mai représentant respectivement 15,7 et 16% du mix. Plus faible en hiver (entre 7,7%
et 10,2% de novembre à février) mais plutôt constante le reste de l’année (autour de 11%), elle
augmente aux mois de mars, avril, mai, en raison de la fonte des neiges qui alimente les cours
d’eau.
Le nucléaire tient jusqu’à 83,8% de la production en été (en août) et connaît un minimum
de 70,7% en mars en raison de l’augmentation de la production hydroélectrique. Au-delà de
ces extrema les variations de la part de nucléaire au cours de l’année sont faibles comparées
à l’importance de la part représentée (78,3% en moyenne).
En ce qui concerne les énergies renouvelables, leur production étant en constante
augmentation, il est difficile de dégager une logique sur leur pourcentage de participation dans
le mix.

Part dans le mix Thermique Nucléaire Hydroélectrique Géothermique et


électrique en % autres
Janvier 15,3 76,7 7,7 0,3
Février 16,7 73,3 9,7 0,3
Mars 15,5 70,7 13,5 0,3
Avril 4,4 79,5 15,7 0,4
Mai 3,8 79,7 16 0,4
Juin 5,5 81,4 12,7 0,5
Juillet 7,2 81,4 10,9 0,5
Août 5,2 83,8 10,5 0,5
Septembre 6,8 82 10,6 0,5
Octobre 6,9 81 11,6 0,5
Novembre 13,1 77,6 8,8 0,5
Décembre 13,5 75,9 10,2 0,4
Tableau 1 :Part mensuelle en % des différentes filière dans le mix électrique de
l’année 2006. (Source [2]).
Les parts maximales d’une filière sont surlignées en rose, les minimales en jaune.

Au cours d’une journée, la production de « base » produite par le nucléaire reste quasi-
constante tout au long de la journée, même la nuit (Figure 7).
L’hydraulique contribue à la fois à la base et à la pointe puisqu’il représente une part
importante de la production d’électricité tout au long de la journée et compense les pics de
consommation du début (8h) et de fin de journée (19h).
Comme on peut le voir sur la figure 8, le charbon, le gaz et le fioul ajustent la production
à la consommation de manière plus fine et confirment leur rôle dans la production de pointe.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Figure 7 : « Évolution de la production horaire d’électricité durant une journée


d’hiver 2007 (15/01/07) » (Source [3])

Figure 8 : « Évolution de la production horaire d’électricité durant une journée


d’hiver 2007 (15/01/07)» (Source [3])

En analysant les figures 6 à 8, on remarque que le rôle des différents moyens de


production, dans l’équilibre production / consommation, est bien défini en France : le nucléaire

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

constitue la base , l’hydroélectrique est mi-base mi-pointe et enfin la filière thermique définie la
pointe.
On peut se demander alors quelle place est laissée dans ce mix pour les énergies
renouvelables. Elles n’ont pour l’instant que peu d’effet sur celui-ci malgré leur constante
augmentation, mais quel sera leur rôle si leur part vient à augmenter? Auront-elles un rôle de
pointe ou de base ?
Les ressources naturelles comme le vent ou le soleil peuvent être constantes à l’échelle
d’une année, mais très variables d’une journée à l’autre ; la production d’électricité éolienne ou
photovoltaïque ne peut donc pas s’effectuer sur commande, contrairement aux moyens de
production conventionnels cités ci-dessus pour lesquels peuvent être faites des prévisions de
production annuelles ajustées chaque jour.
Si elles ne peuvent pas être « appelées » pour ajuster la consommation, les énergies
renouvelables ne peuvent pas être définies comme énergie de pointe ; mais, n’étant pas non
plus assurées de produire de façon constante sur une période donnée, peuvent-elles faire
partie de « la base » telle qu’on la définit aujourd’hui ?

2.3. Profil des courbes de production des filières


conventionnelles
Tandis que les figures 6 et 7 montrent la courbe de production d’électricité
respectivement par mois et par heure selon les filières, il est intéressant d’analyser les profils
de production de chaque filière sur quelques jours. En effet, les premières permettent de se
rendre compte de la proportion de chaque filière dans la production nationale, tandis que les
figures 9, 10, 11 permettent l’analyse plus fine du profil et de la périodicité de la production
d’une filière par rapport à la production totale.

2.3.a Filière thermique


La production journalière de la filière thermique (charbon, gaz, fioul) est marquée par un
pic de production autour de midi (figure 10) et parfois par un léger pic aux environs de 22h,
puis par un creux de production en fin de nuit.
Ce profil de la production peut être assez similaire sur plusieurs jours (environ 5) puis la
production ralentit sur un ou 2 jours. Il arrive qu’elle soit quasi-inexistante durant ces jours de
« repos ». Les jours de ralenti ne sont pas forcément pendant des week-ends, contrairement
au profil hebdomadaire type de ERD (figure 2).

Figure 9 : Comparaison de la courbe de production thermique par rapport à la


production totale - période du lundi 16 avril au dimanche 16 mai 2007 – (Sources
[3],[5],[6])

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

2.3.b Filière Hydroélectrique


La production journalière hydroélectrique (figure 11) présente un pic de production
autour de midi (entre midi et 14h) et généralement un pic plus petit à 22h, ainsi qu’un creux de
production en fin de nuit (vers 4h du matin). L’amplitude entre le pic et le creux de production
est généralement très grande (de l’ordre de la moitié ou des 2/3 du pic). La production n’est
cependant jamais nulle, ce qui confirme le rôle de « mi-base, mi-pointe » de la production
hydroélectrique.

Figure 10 : Comparaison de la courbe de production hydroélectrique par rapport à


la production totale - période du lundi 16 avril au dimanche 16 mai 2007 - (Sources
[3],[5],[6])

2.3.c Filière Nucléaire


La production journalière nucléaire a un profil plutôt régulier, sans pic significatif de
production, avec seulement un creux en fin de nuit. L’amplitude de ce creux est faible
comparée à la production nucléaire totale. La production nucléaire semble peu sensible aux
variations de la consommation journalière. Le niveau de production varie cependant en
fonction des mois (saisons).

Figure 11 : Comparaison de la courbe de production nucléaire par rapport à la


production totale - période du lundi 16 avril au dimanche 16 mai 2007 - (Sources
[3],[5],[6])

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

2.4. Données environnementales sur la composition du mix


Les moyens de production d’électricité génèrent tous, à différents degrés, des polluants.
La filière thermique par exemple rejette entre autres du CO2 considéré comme un gaz à effet
de serre. La réduction des émissions de polluants par le parc de production électrique est l’un
des enjeux du protocole de Kyoto.

La production d’électricité en France rejetait environ 60g CO2/kWh/mois en moyenne en


2006 (annexe 2). La valeur de ces émissions varie de façon significative selon le mois, car
elles dépendent de la part de production thermique dans le mix (cf. tableau 1). On obtient
ainsi une moyenne de 104,8 gCO2/kWh en février et « seulement » 24 gCO2/kWh en mai. Le
calcul sur l’année entière donne un chiffre total de 34 millions de tonnes de CO2 rejeté dans
l’atmosphère. Ce nombre peut paraître faible par rapport aux 140 millions de CO2 (soit 4 fois
plus) émis par le secteur du transport, mais a de l’importance, surtout quand on sait la
croissance accélérée que connaît la consommation d’électricité depuis une vingtaine d’année.

Le nucléaire, s’il ne rejette pas de CO2, génère des déchets classés selon l’intensité de
leur radioactivité et la durée de nuisance potentielle des radioéléments (durée de vie). Les
déchets sont considérés à « vie courte » s’ils ont une demi-vie inférieure à 30 ans, et à vie
longue au-delà. Ceux qui ont les durées de vie les plus longues nécessitent d’être confinés
pendant des périodes de l’ordre du million d’années avant que leur radioactivité ne redevienne
équivalente à celle trouvée dans le milieu naturel. Il n’existe actuellement pas de solution
définitive de gestion pour ces déchets et ils sont entreposés chez leurs producteurs respectifs.
Les déchets de très faible radioactivité (TFA) à moyenne radioactivité (MA) sont stockés dans
des centres de stockages gérés par l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs).

La production d’électricité française, à 78,3% nucléaire, génère ainsi 0,71mg/kWh


(Source [1]) de déchets radioactifs à vie longue (flux annuel de déchets brut, hors matrice de
conditionnement et hors produits de fission vitrifiés) soit 386 tonnes par an, et 4337 tonnes de
déchets de faible et moyenne activité (FMA) à vie courte. Ils sont entreposés de manière à les
isoler de l’environnement et des hommes auxquels ils pourraient nuire.

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Contribution du PV dans le mix énergétique français – mai 2007

3. L’électricité photovoltaïque : enjeux et bénéfices


3.1. Contexte énergétique du développement de l’électricité
PV
Depuis les années 70’ la consommation d’électricité a triplé, et elle continue d’augmenter
tout comme la consommation des autres énergies.
Les conséquences d’une augmentation, au rythme actuel, se traduiraient par une
hausse des dépenses économiques (pour la construction de nouvelles centrales par
exemples), une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et de déchets nucléaires,
un épuisement encore plus rapide des ressources primaires, …

Des gestes simples et des investissements rentables, pourraient permettre de réduire la


facture énergétique et la pente de la courbe de consommation : c’est dans ce contexte que les
termes de sobriété et d’efficacité énergétique, 2 points clés de la démarche Négawatt,
prennent tout leur sens et leur importance.

La sobriété énergétique consiste à supprimer les gaspillages de notre vie quotidienne


(exemple : se chauffer à 19°C au lieu de 21°C, extinction des lumières inutiles et des appareils
en veille, alimentation faible en viande rouge).
L’efficacité énergétique consiste quant à elle à réduire le plus possible les pertes de
rendement dans nos usages énergétiques : isolation des bâtiments, optimisation des
chaudières, des moteurs thermiques et des nouvelles technologies en général… le potentiel
d’amélioration des bâtiments, moyens de transport et autres appareils courants est
considérable.

Ces 2 actions sont complémentaires et visent à réduire nos besoins énergétiques (toutes
énergies confondues) à la source, car, en effet : « l’énergie qui ne pollue pas est l’énergie
que l’on ne consomme pas !».

L’objectif à court terme du scénario Négawatt [7] est de maintenir la consommation


d’énergie à un niveau stable malgré la croissance économique. À long terme, le but serait bien
sûr d’obtenir une courbe de consommation enfin descendante avec un pourcentage important
d’énergies renouvelables.

En effet, en complément des 2 actions de sobriété et d’efficacité, vient s’ajouter


l’utilisation d’énergies renouvelables qui vise à éviter l’augmentation de l’utilisation d’énergies
conventionnelles polluantes en les remplaçant.

Les énergies renouvelables (solaire, géothermique, biomasse, éolienne, hydraulique) ont


comme caractéristique commune d’être basée sur des flux naturels qui traversent de façon
plus ou moins permanentes la biosphère qui nous abrite. Pas question donc d’épuisements
des ressources naturelles, puisqu’elles n’utilisent qu’une partie minime de ces flux et sont ainsi
considérées comme inoffensives pour l’environnement naturel aussi bien localement que
globalement.
Cependant, les structures (panneau solaire, éolienne, barrage, …) permettant d’exploiter
ces énergies nécessitent un apport d’énergie initial plus ou moins grand pour leur construction
et plus tard leur recyclage, c’est ce qu’on appelle l’énergie grise. Elle doit pouvoir être
« remboursée » (cf. [8]) pour que l’énergie puisse être considérée comme propre.
Les bénéfices environnementaux de toute énergie renouvelable ne seront donc jamais
aussi bons que ceux des économies d’énergie.
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

3.2. L’effet photovoltaïque


L’effet photovoltaïque, découvert par Antoine Becquerel en 1939, est l’effet propre à
certains matériaux, appelés « semi-conducteurs », de pouvoir transformer l’énergie d’un
photon pour mettre en mouvement les électrons de la matière. Ces électrons se mettent en
mouvement dans une direction particulière en créant un courant électrique qui peut alors être
recueilli par des fils métalliques très minces.

C’est la lumière qui permet de produire l’électricité et non la chaleur, la production est
donc fortement dépendante de la luminosité extérieure : de l’ensoleillement, de la nébulosité et
de la longueur des jours ou encore de la disposition des panneaux solaires.
Sur une année, l’ensoleillement total reçu en un même endroit varie peu (de l’ordre de
+/- 0,3%), par contre il peut varier significativement d’une journée à l’autre, voire d’une heure à
l’autre. L’ensoleillement d’un mois ou d’une journée précise peut être totalement différent
l’année suivante. On observe cependant des tendances dues à l’angle du rayonnement solaire
sur la Terre : la production atteint son maximum en été, quand les jours sont plus longs et
l’angle plus élevé, et son minimum en hiver, tout comme elle atteint son maximum journalier en
milieu de journée quand le soleil est au zénith.

Figure 12 : Production PV lors d’une journée ensoleillée en mars 2006. (Source


[6])
La production commence dès le lever du soleil, augmente pour atteindre un maximum vers 12h et
décroît jusqu’au coucher du soleil. La production est nulle la nuit.
La période où le PV produit correspond à une période de besoin en électricité, il ne peut
cependant pas assurer le pic de consommation de 19h (ni celui de 23h en été), ainsi que le minimum
d’électricité consommé la nuit.

L’avantage de cette technologie, par rapport aux moyens de production conventionnels


énoncés en première partie, est le caractère infini de sa source.
C’est aussi une technologie propre, fiable (aucune pièce mécanique en mouvement),
modulable (taille adaptable des installations), et qui peut produire au plus proche de son lieu
de consommation, dans le cas des systèmes PV raccordés au réseau. Elle n’engorge ainsi
pas le réseau de transport et de répartition.

- 18 -
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Le côté aléatoire de la production et l’impossibilité de produire en continu durant la


journée (pas de production pendant la nuit) conduisent à repenser la gestion du mix électrique
si l’on veut accroître à long terme la part de photovoltaïque dans celui-ci.

3.3. Évaluation des bénéfices environnementaux liés au


développement du PV
3.3.a Le PV, les gestionnaires de réseau et les consommateurs
L’électricité photovoltaïque injectée sur le réseau de distribution n’a le même impact
selon le point de vue où l’on se place : gestionnaire de réseau ou producteur (également
consommateur).
Du point de vue du producteur / consommateur, un kWh produit est injecté sur le réseau
de distribution et est directement consommé au niveau local : le kWh produit remplace un kWh
du mix.
Du point de vue du gestionnaire de réseau, l’électricité PV n’est qu’une production parmi
d’autres injectées sur le réseau électrique et contribuant au mix global.
A priori, cet apport d’électricité n’affecte pas la production de base. En effet, si
localement il y a un excès de production, la production nucléaire n’est pas réduite et le surplus
est exporté grâce à l’interconnexion des réseaux. La production PV peut par contre avoir un
impact sur le mix en réduisant la production du groupe de pointe, plus souple.

Ainsi, du point de vue du producteur/utilisateur, la production PV permet d’avoir une


énergie propre, non polluante tandis que du point de vue des gestionnaires de réseau, elle
réduirait seulement les émissions de CO2 en remplaçant la production de pointe.
Cependant, dans le cas d’une pénétration plus massive du réseau, les gestionnaires de
réseau seraient contraints de revoir les réglages de production de la base ou de réduire la
production PV de manière à maintenir l’équilibre du réseau.

3.3.b Réduction des émissions de CO2


Du point de vue du consommateur, l’électricité PV injectée sur le réseau a un effet direct
sur la production consommée : 1kWh de PV vient se substituer à 1kWh du réseau qui contient
environ 60gCO2, selon une moyenne annuelle.
Or, la production mensuelle de la filière thermique est variable et donc le contenu CO2
aussi car elle en est la principale responsable (Figure 13). La moyenne mensuelle des
émissions de CO2 pouvant être évitées par la production photovoltaïque s‘élève alors, elle, à
49,3 gCO2/kWh. Cela représente 82% de la moyenne des émissions de CO2 d’un kWh du mix
électrique. La différence provient du fait que l’électricité d’origine thermique est surtout produite
en hiver alors même que la production PV est faible.
Note : Il serait intéressant d’affiner les résultats avec le calcul de la moyenne horaire des
émissions de CO2 pouvant être évitées par la production PV. Au moment de la réalisation de
cette étude, les données nécessaires au calcul étaient incomplètes, ce qui explique l’absence
de cette moyenne dans ce rapport.

- 19 -
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Figure 13 : « Émissions de CO2 évitées par la production d’électricité PV de la


centrale Soleil Marguerite en fonction du mois de production » (Sources [1] et [4])
Ce graphique a été réalisé avec une moyenne annuelle des émissions correspondant au CO2
dégagé en g par la production d’un kWh d’électricité issu de la filière thermique classique française.
La courbe d’émissions de CO2 évitées dépend de 2 paramètres : la production PV et la part de la
filière thermique dans le mix électrique au cours du mois étudié.

L’énergie produite par les panneaux photovoltaïques augmente de janvier à juillet où elle
atteint un maximum puis décroît jusqu’en décembre (minimum de production). La période de
plus grosse production (>1000kWh par mois) s’étend de mars à octobre.
La part d’émissions évitées atteint des maxima en mars et en juillet et des minima en
avril, mai et décembre.
Le pic du mois de mars s’explique par le fait que la production thermique est encore
égale à 15,5% (tableau 1) alors que le PV commence à avoir une production conséquente. Un
pic de production PV en juillet provoque un pic de la courbe de CO2 évité malgré la faible part
de la production thermique ce mois-ci.
Les creux observés en avril et mai correspondent à un apport minimal de la filière
thermique dans le mix électrique, 4,4 et 3,8% respectivement pour avril et mai, remplacé par la
production hydroélectrique qui atteint ses maxima, 15,7 et 16%.
Les faibles valeurs des mois d’hiver correspondent à des jours courts et un faible
ensoleillement et donc à une faible production PV mais les valeurs restent plus élevées qu’en
avril et mai car la part de thermique dans le mix électrique hivernal est importante. La
production thermique représente entre 13,1 et 16,7% entre les mois de novembre et février.

3.3.c Réduction des déchets radioactifs


La moyenne annuelle de « déchets radioactifs à vie longue rejetés », calculée à partir
des données mensuelles sur la filière nucléaire est de 0,71 g/kWh.

- 20 -
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

La moyenne annuelle des « déchets radioactifs à vie longue rejetés » évités par la
production photovoltaïque s‘élève elle à 0,71 g/kWh de PV produit.
Cette couverture possible de 100% des déchets s’explique par le fait que la part de
nucléaire varie faiblement au cours de l’année et que donc cette part de nucléaire dans le mix
est toujours présente lorsque le PV produit. On peut le constater sur la figure 14, en observant
que la courbe « Déchets radioactifs à VL en g » suit de manière précise les variations de
l’histogramme de production PV.

Figure 14 : « Quantité en g de déchets radioactifs à vie longue évités par la


production d’électricité de la centrale PV Soleil Marguerite » (Sources [1] et [4])
On entend par « vie longue » une période supérieure à 30 ans nécessaire avant que les éléments
radioactifs retrouvent une radioactivité équivalente à celle qui est trouvée en milieu naturel.
Les chiffres utilisés sont issus de l’analyse en flux annuel de la masse de déchets radioactifs bruts, hors
matrice de conditionnement, produits par les centrales du parc électronucléaire français.

La part de déchets radioactifs à vie longue, évités, augmente avec la hausse de


production PV.
En effet, la production PV a une forme pyramidale avec le sommet en juillet et la base en
janvier et décembre, de même que la courbe des déchets évités. La part de nucléaire dans le
mix électrique augmente pendant l’été, mais en réalité la part de nucléaire reste assez élevée
toute l’année. La hausse de la courbe des déchets évités pendant l’été est donc
essentiellement due à l’augmentation de la production PV.
Le nucléaire a cependant une part minimum (70,7%) en mars qui se ressent légèrement
sur le graphique car la courbe est en dessous de l’histogramme, mais la progression générale
de la courbe n’en est pas affectée car la production PV est importante ce moi-ci.

- 21 -
Contribution du PV dans le mix énergétique français – mai 2007

4. Scénarios possibles de l’électricité PV dans le mix


électrique
Les scénarios présentés ici ne tiennent pas compte de l’impact général des systèmes PV
sur le réseau : stabilité, respect du plan de tension, capacité locale d’accueil, …

4.1. Méthodologie des scénarios


4.1.a Sources des données
Les données employées pour établir ces scénarios proviennent toutes de sources
facilement accessibles au public :
- Les données concernant la production d’électricité totale et par filière, proviennent
du site de RTE (Source [3]) et sont des données de l’année 2007. Les données de
production par filière ne sont devenues accessibles et téléchargeables en ligne que
depuis novembre 2006.
- Les données de production PV sont issues de la centrale de 45kWc installée sur les
toits du lycée du Grésivaudan (source [6]), dans l’Isère, et datent de l’année 2007.

Les données de production d’électricité totale et de production PV, originellement sous


forme semi horaire ou 15mn par 15mn, ont été moyennées en données horaires de manière à
pouvoir être comparées aux données de production par filière présentées sous forme horaire.
Les données de production PV ont ensuite été divisées par la puissance installée de la
centrale pour obtenir des données en kW/kWc installé pouvant être multipliées par la suite par
une hypothèse de puissance installée en France.

Les scénarios ont été établis à partir de données des mois de janvier à juillet 2007.

4.1.b Objectif et définition des scénarios


Chaque scénario consiste à définir une puissance crête installée au niveau national et à
analyser la contribution de l’électricité des systèmes PV produite selon ce scénario, sur le mix
électrique.
Le scénario « 0 » fait le point sur la puissance PV installée en France métropolitaine
aujourd’hui (systèmes raccordés au réseau seulement), soit 12,9MWc.
Le scénario « 1 » simule une puissance PV installée en France identique à celle de
l’Allemagne aujourd’hui, soit 3000MWc.
Le scénario « 2 » simule une puissance PV installée de 5000 MWc ce qui est l’objectif de la
France à l’horizon 2020 si elle souhaite atteindre une proportion de 20% d’ENR dans son mix
énergétique dont 1% de PV.
Le scénario « 3 » simule une puissance PV installée de 19 GWc, correspondant à la
puissance nécessaire pour obtenir une énergie totale annuelle identique à celle de la production
thermique (100%). Ce scénario équivaut à remplacer toute la production thermique par la
production PV en imaginant une capacité de stockage illimitée.
Le scénario «4 », le dernier, simule une puissance PV de 370 GWc, correspondant à la
puissance PV installée nécessaire pour obtenir une production totale annuelle identique à la
production française.

4.1.c Taux de pénétration


Le taux de pénétration est le rapport entre l’énergie produite par les systèmes PV et
l’énergie totale produite en une année.
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Pour obtenir le taux de pénétration, on divise donc l’énergie annuelle obtenue par notre
scénario PV par l’énergie française annuelle produite .

4.1.d Taux de corrélation


Ce coefficient rend compte de la fraction de temps dans l’année où le PV produit au
minimum la demande et vient donc compléter les informations données par le % de pénétration.
En répertoriant toutes les périodes où le % de la production couverte est supérieur ou égal
à 100% et en le divisant pas le nombre de périodes, on obtient la corrélation entre la
consommation et la production.

4.1.e Consommation ou Production, quelle différence ?


Le flux d’énergie électrique injecté sur le réseau de distribution d’EDF représente
seulement 60% de la production d’électricité française.
Parmi les 30% restant, environ 5% est perdu dans les lignes, 15% est exporté, 2% est
utilisé pour les pompages et le reste est utilisé par le réseau ferré et les grosses industries qui
sont raccordées directement au réseau de transport.
La production d’électricité photovoltaïque étant raccordée directement au réseau de
distribution, sera consommée le plus probablement par les clients du réseau de distribution. Il est
donc intéressant d’étudier le taux de pénétration du PV dans la consommation d’électricité
française.
Cependant, afin de pouvoir comparer les différentes filières de production entre elle et de
comprendre comment l ‘équilibre du réseau, on a choisi d’utiliser dans ces scénarios la
synchrone production électrique et non la synchrone de consommation.

4.2. Scénarios
4.2.a Scénario 0 : 12,9 MWc
Le parc PV français s’élevait, fin 2006, à 41MWc dont 30MWc raccordés au réseau électrique, le
reste étant des systèmes en sites isolés. Parmi ces 30MWc, seulement 12,9 sont installés en
France métropolitaine.
Cette puissance actuellement installée et raccordée au réseau électrique est à peine visible sur
la figure 15 et représente une infime partie de la production d’électricité française.

Figure 15 : Comparaison des courbes de production des filières thermique et


photovoltaïque, selon le scénario 0, sur la période du 16 avril au 6 mai 2007 (Source [3],
[6])

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Tableau 2 : Tableau résumant les résultats du scénario 0, 12,9 MWc de puissance


PV installée
Scénario 0 : 12,9 MWc
Pour la filière : Taux de pénétration Taux de corrélation
Nucléaire 0% 0%
Thermique 0,07% 0%
Hydroélectrique 0% 0%
Production totale 0% 0%

4.2.b Scénario 1 : 3000 MWc


L’Allemagne, plus gros consommateur d’électricité en Europe, a adopté en 2006 un nouveau
concept de politique énergétique basée sur la fiabilité de l’approvisionnement, la rentabilité, la
compétitivité et la protection de l’environnement. Elle investit énormément dans les énergies
renouvelables et occupe déjà une place de leader dans ce domaine.
Le parc photovoltaïque allemand s’élève à une puissance de 3GWc.

Figure 16 : Comparaison des courbes de production des filières thermique et


photovoltaïque, selon le scénario 1, sur la période du 16 avril au 6 mai 2007 (Source [3],
[6])

Si la France possédait à l’heure actuelle une telle puissance installée sur son territoire, elle
couvrirait 0,8% de la production française d’électricité, dont 15,8% de la production thermique
mais avec seulement une corrélation de 5,7% (Tableau 3). Cela signifie que, dès 3000MW
installée, la production thermique pourrait être stoppée pendant 5,7% du temps.

Tableau 3 : Tableau résumant les résultats du scénario 1, 3000 MWc de puissance


PV installée
Scénario 1 : 3000 MWc
Pour la filière : Taux de pénétration Taux de corrélation
Nucléaire 1% 0%
Thermique 15,8% 5,7%
Hydroélectrique 6,1% 0%
Production totale 0,8% 0%

4.2.c Scénario 2 : 5000 MWc


L’objectif d’implantation du PV à l’horizon 2020 s’élève à 5000 MWc installés en France.

- 24 -
Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

À l’heure actuelle, une telle puissance installée permettrait une pénétration de la production
de 1,4% (figure 17) et pourrait remplacer efficacement (sans stockage d’électricité) 1/10e de la
production d’électricité thermique (tableau 4).
Il est cependant important de réaliser que, si les besoins (et donc la production) en
électricité continuent à augmenter, la pénétration réelle du PV sera plus faible à l’horizon 2020,
en supposant que l’objectif soit atteint.

Figure 17 :Comparaison des courbes de production des filières thermique et


photovoltaïque, selon le scénario 2, sur la période du 16 avril au 6 mai 2007 (Source [3],
[6])

Tableau 4 :Tableau résumant les résultats du scénario 2, 5 000 MWc de puissance


PV installée
Scénario 2 : 5000 MWc
Pour la filière : Taux de pénétration Taux de corrélation
Nucléaire 1,7% 0%
Thermique 26,3% 9,1%
Hydroélectrique 10,2% 0,02%
Total 1,4% 0%

4.2.d Scénario 3 : 19 000 MWc


Cette puissance correspond à une production PV annuelle égale à celle de la production de
la filière thermique. Pour une production annuelle égale, le taux de corrélation du PV est
seulement de 29% du temps (Tableau 5). Il n’est pas égal au taux de pénétration car la filière
thermique produit à des moments où les systèmes photovoltaïques ne peuvent pas, la nuit par
exemple.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Figure 18 : Comparaison des courbes de production des filières thermique et


photovoltaïque, selon le scénario 3, sur la période du 16 avril au 6 mai 2007 (Source [3],
[6])

Tableau 5 : Tableau résumant les résultats du scénario 3, 19 000 MWc de puissance


PV installée
Scénario 3 : 19000 MWc
Pour la filière : Taux de pénétration Taux de corrélation
Nucléaire 6,3% 0%
Thermique 99,8% 29,4%
Hydroélectrique 38,8% 14,9%
Total 5,1% 0%

4.2.e Scénario 4 : 370 000 MWc


Selon ce scénario, la production du parc photovoltaïque annuelle est égale à la production
française annuelle actuelle. On obtient alors un taux de corrélation de 29% avec celle-ci et de
48,1% avec la production thermique, pour les mêmes raisons évoquées dans le scénario 3.
En contrepartie, les pics de production PV peuvent représenter plus de 5 fois la puissance
de production nécessaire.

Figure 19 : Comparaison des courbes de production des filières thermique et


photovoltaïque, selon le scénario 4, sur la période du 16 avril au 6 mai 2007 (Source [3],
[6])

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Tableau 6 : Tableau résumant les résultats du scénario 4 , 370 000 MWc de


puissance PV installée
Scénario 4 : 370 000 MWc
Filière Taux de pénétration Taux de corrélation
Nucléaire 122,8% 31,6%
Thermique 1943% 48,1%
Hydroélectrique 755,6% 44,8%
Total 100,2% 29,3%

4.3. Interprétation et conclusions


Dans le scénario le plus poussé, avec une production PV plus de 20 fois plus importante
que la production thermique actuelle, le pourcentage de corrélation entre les 2 courbes est
seulement de 48%. Le maximum de corrélation pouvant être obtenu étant de 52% environ (le PV
produit environ 52% du temps sur une année), on assiste à un effet de saturation : à moins de
trouver un moyen de lisser ou de stocker la production PV, augmenter la puissance installée
n’améliorera pas le taux de corrélation. Une puissance de 19 000 MWc installée (production PV
équivalente à 100% de la production thermique) est d’ailleurs suffisante pour obtenir une
corrélation de 29%.
Les quelques pourcentages de différences entre les 48% de corrélation et le maximum
sont dus au fait que, en début ou en fin de journée quand le PV produit peu, la production
thermique est présente.
Il y a un rapport logarithmique entre la puissance PV installée et la corrélation.

Le scénario 370 000 MWc révèle également la difficulté de pénétration de la production


nucléaire. Celle-ci représentant 80% de la production électrique française, il est difficile de
prétendre que le photovoltaïque, avec la technologie actuelle, pourra le remplacer.
À titre de comparaison avec le scénario, la France possède une puissance installée
d’environ 100 000 MW dont 63 000 de nucléaire.

Comme expliqué dans les parties précédentes, les moyens de production conventionnels
ont des actions complémentaires. À défaut d’avoir le monopole de production, le PV peut trouver
une complémentarité avec d’autres moyens de production, car, en effet, le PV n’est pas la
solution unique à un mix électrique durable, mais devra y participer de façon significative.
L’électricité produite par la filière thermique représente pour l’instant 10% de la production totale,
et a la part la plus faible des 3 filières dans le mix.
Si on trace la différence entre la production thermique et la production PV (figure 20), on
s’aperçoit que la courbe a le même profil que celle de la production thermique avec cependant
des valeurs plus faibles et parfois négatives quand le pic de production PV devient trop élevé.
Les pics et les creux de la courbe sont inversés.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Figure 20 : Graphique pointant sur la différence horaire en MW entre la production


PV et la production de la filière thermique

S’il est possible de générer de l’électricité selon le profil de production actuel, pourquoi ne
serait-il pas possible de générer de l’électricité selon la courbe de différence ?
Les surplus de production du PV pourraient être amortis par la capacité des centrales
hydroélectriques (barrages) à être arrêtés ou redémarrés très rapidement, ou des capacités de
stockage comme cela est expérimenté à grande échelle au Japon [9].
Les progrès faits dans le domaine des prévisions météorologiques permettraient d’établir
des plans de production prévisionnelle et de les comparer avec les plans de charge journalière
établis par le gestionnaire du réseau.

La France envisage, d’ici 2009, d’augmenter son parc thermique (charbon, gaz et fioul)
d’environ 2000 MW (source [3]) afin de pallier le besoin électrique grandissant. Une autre gestion
du mix incluant des énergies renouvelables comme le photovoltaïque permettrait d’éviter
l’extension d’un parc de production dépendant de ressources limitées, et d’aider la France à tenir
ses engagements en matière de réduction de CO2.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Conclusion

Les fluctuations du réseau électrique français sont gérées avec des moyens de production
complémentaires afin d’assurer un équilibre électrique non seulement de la France, mais
également des pays interconnectés qui risquent une panne en cas de défaillance du réseau
français, et vice-versa.
La gestion habituelle de l’équilibre du réseau nécessiterait une remise en question, en vue
d’incorporer une part d’énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, dans le mix.
La production PV intervient pendant des heures où le besoin en énergie est important, été
comme hiver, et notamment pendant le pic de mi-journée. Elle n’est pas présentée comme une
solution miracle visant à remplacer toutes les autres filières et à assurer la totalité de la
production électrique française. Cependant, au même titre que les autres moyens de production
d’électricité, elle présente des avantages conséquents lui permettant d’avoir une place dans le
mix et d’avoir un rôle complémentaire des autres filières voire d’être un compromis de
remplacement de la filière thermique.
Avec l’interconnexion des réseaux européens, peut-être sera-t-il possible un jour de lisser
le pic de production sur quelques heures, l’ensoleillement n’étant pas le même en tout point du
territoire européen. Cette hypothèse d’interconnexion impliquerait cependant la nécessité d’une
gestion commune des flux d’électricité, et ce point-là serait sûrement plus délicat à mettre en
place que l’aspect technique du problème.

Les auteurs espèrent que les informations contenus dans ce rapport correspondent à vos
attentes et qu’elles contribueront à une meilleure compréhension du mix électrique français et de
la production photovoltaïque.

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Contribution du PV dans le mix électrique français – août 2007

Références

[1] Ministère de l’industrie, www.indus.gouv.fr


[2] Agence internationale de l’énergie (AIE), www.iea.org
[3] Réseau de transport d’électricité (RTE), www.rte.fr
[4] Centrale photovoltaïque Soleil Marguerite, www.soleilmarguerite.org
[5] Réseau de distribution d’électricité (ERD), www.edfdistribution.fr
[6] Centrale solaire du Lycée du Grésivaudan, http://solaire.lgm.ac-grenoble.fr
[7] Association Négawatt, www.negawatt.org
[8] Gaiddon B. , IEA PVPS Task 10, Compared Assessment of selected
environmental indicators of photovoltaic electricity in OECD cities.
[9] Ueda Y. , Kurokawa K., Itou T., Kitamura K. , Akanuma K., Yokota M., Sugihara
H., Morimoto A., Tokyo University of Agriculture and technologie, Performance
analyses of battery integrated grid-connected residential PV systems

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Contribution du PV dans le mix énergétique français – mai 2007

ANNEXES :

o ANNEXE 1 Schéma du réseau électrique

o ANNEXE 2 Calcul du contenu CO2 du mix thermique


ANNEXE 1 : Schéma du réseau électrique français
ANNEXE 2 : Evaluation du contenu CO2 d’un kWh du mix électrique français

Données sources :
- Données annuelles de production de la filière thermique par combustibles en 2005 :
charbon, gaz, fioul, gaz industriels, déchets.
- Données du contenu CO2 d’un kWh produit à partir de chacun des combustibles en
2003.
(Les émissions dues à l’utilisation de gaz industriels pour la production d’électricité sont
rattachées au processus initial et non à la production d’électricité.)

Méthodologie de calcul :
- Estimation en % de la contribution au mix électrique thermique de chaque combustible.
- Calcul du contenu CO2, par kWh d’électricité d’origine thermique, en multipliant le % de
contribution d’un combustible par son contenu CO2 par kWh et en additionnant les
chiffres ainsi obtenus pour chaque type de combustible.

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