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Fondements des Télécommunications

Chapitre 6 : La modulation FM

Année académique 2012-2013

Marc Wuilpart

4 mars 2013
TABLE DES FIGURES

Table des matières


1 Notion de fréquence instantanée 4

2 Définitions 4
2.1 Modulation de phase (PM) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Modulation de fréquence (FM) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3 Equivalence signal PM - signal FM . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3 Cas d’un signal modulant sinusoïdal 8

4 Bande passante d’un signal FM 10


4.1 FM à bande étroite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.2 FM à large bande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.3 Spectre d’un signal FM modulé par une sinusoïde pure . . . . . . 13
4.3.1 Largeur de bande d’un signal FM (signal modulant sinu-
soïdal) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
4.3.2 Représentation dans le plan complexe . . . . . . . . . . . 21
4.4 Cas d’un signal modulant complexe . . . . . . . . . . . . . . . . 22
4.4.1 Fréquence déterminant la largeur de bande . . . . . . . . 22
4.4.2 Cas d’un signal modulant composé de deux sinusoïdes . . 24
4.4.3 Bande passante pour un signal modulant complexe - For-
mule de Carson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

5 Sensibilité aux interférences en modulation de fréquence 30

6 La préaccentuation 32

7 Passage d’un signal modulé en fréquence à travers un filtre 36

8 Effet des non-linéarités en modulation FM 38

Table des figures


1.1 Définition de la fréquence instantanée. . . . . . . . . . . . . . . 5
2.1 (a) Modulateur de fréquence, (b) Modulateur de phase (tiré de [4]). 7
2.2 Modulation de phase et de fréquence pour un signal modulant carré. 9
2.3 Modulation de phase et de fréquence pour un signal modulant
triangulaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.1 Modulation de phase et de fréquence pour un signal modulant
sinusoïdal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.1 Spectre et largeur de bande d’un signal purement sinusoïdlal. . . 13
4.2 Fonction de Bessel de premère espèce d’ordre n < 10. . . . . . . 16
4.3 Spectre d’amplitude d’one onde FM pour m f = 5 et Uc = 1 V. . 18

2
TABLE DES FIGURES

4.4 Effet de la fréquence du signal modulant sur le spectre d’un signal


FM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
4.5 Effet de l’amplitude du signal modulant sur le spectre d’un signal
FM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
4.6 Nombre de raies significatives n en fonction de l’indice de mo-
dulation m f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
4.7 Représentation sur le plan complexe d’une onde FM telle que
m f = 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
4.8 Spectre du signal modulant considéré dans le paragraphe 4.4. . . 23
4.9 Spectre FM pour un signal modulant composé de deux sinusoïdes
non liées harmoniquement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.10 Spectre FM pour un signal modulant composé de deux sinusoïdes
liées harmoniquement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.1 Représentation dans le plan complexe du signal résultant de la
présence d’un signal sinusoïdal parasite. . . . . . . . . . . . . . 31
6.1 Circuit de préaccentuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
6.2 Représentation asymptotique du circuit de préaccentuation. . . . 34
6.3 Circuit de déaccentuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
6.4 Représentation asymptotique du circuit de déaccentuation. . . . 35

3
2 DÉFINITIONS

Plutôt que de modifier l’amplitude de la porteuse en fonction du signal modu-


lant (modulation AM), l’on peut modifier sa phase (ou angle), l’on parle alors de
modulation angulaire. Nous verrons que ce type de modulation possède des avan-
tages par rapport à la modulation AM. Cependant, ceci est obtenu au prix d’un
accroissement de la bande de transmission. Si la phase de la porteuse varie propor-
tionnellement à l’amplitude du signal modulant, on parle de modulation de phase
(PM, Phase Modulation). Si c’est la fréquence instantanée de la porteuse qui va-
rie au rythme du signal modulant, on parlera de modulation de fréquence (FM,
Frequency Modulation).

1 Notion de fréquence instantanée


Considérons un signal sinusoïdal généralisé s(t) :

s(t) = A cos θ(t) (1.1)

où θ(t) est la phase généralisée et est fonction du temps. La figure 1.1 donne un
exemple de θ(t). Considérons un temps t∗ et traçons la droite tangentielle à θ(t)
en t∗ ; cette droite correspond aussi au cas particulier s(t) = A cos (ω∗ t + θc ) pour
lequel l’angle généralisé vaut (ω∗ t + θc ). Ainsi, sur un petit intervalle ∆t autour de
t∗ , on peut écrire :
s(t) ≃ A cos ω∗ t + θc

(1.2)
Sur ce petit intervalle de temps, on peut donc dire que la fréquence de s(t) vaut f ∗
avec :
ω∗
f∗ = (1.3)

ω∗ correspond à la pente de θ(t) en t∗ . Ce concept peut être généralisé à chaque
instant t et la pulsation instantanée est dès lors définie comme la pente de θ(t) en t :
dθ(t)
ωi (t) = (1.4)
dt
et, finalement, la fréquence instantanée s’écrit :
1 dθ(t)
fi (t) = (1.5)
2π dt

2 Définitions
Considérons un signal sinuoïdal donné par :

uc (t) = Uc cos θ(t) (2.1)

4
2 DÉFINITIONS

θ(t)

θ(t)

ω*t+θc

∆t

t* t

Figure 1.1 – Définition de la fréquence instantanée.

Considérons maintenant la possibilité de transmettre un signal s(t) (le signal


modulant) en faisant varier l’angle θ du signal uc (t) (la porteuse). De telles tech-
niques de modulation pour lesquelles c’est l’angle θ(t) de la porteuse qui varie
selon le signal modulant sont connues sous le nom de modulations angulaires. Il
existe deux cas simples de modulation angulaire : les modulations de phase et de
fréquence.

2.1 Modulation de phase (PM)


Dans le cas de la modulation de phase, l’angle θ(t) varie linéairement avec le
signal modulant s(t) :
θ(t) = ωc t + θc + k p s(t) (2.2)
où k p est une constante. ωc et θc sont respectivement la pulsation et la phase à
l’origine de la porteuse, celle-ci s’exprimant par :

uc (t) = Uc cos(ωc t + θc ) (2.3)

lorqu’il n’y a aucune modulation. Dès lors, le signal PM s’écrit :

mPM (t) = Uc cos[ωc t + θc + k p s(t)] (2.4)

On a bien sûr :
ωc = 2π fc (2.5)
avec fc , la fréquence de la porteuse. La phase instantanée du signal vaut :

θ(t) = ωc t + θc + k p s(t) (2.6)

5
2 DÉFINITIONS

ce qui peut également s’écrire par :


(∆φ)M
θ(t) = ωc t + θc + s(t) (2.7)
aM
où (∆φ) M est l’écart de phase maximum correspondant à la valeur de crête aM du
signal. Dès lors, le signal PM devient :
" #
(∆φ)M
mPM (t) = Uc cos ωc t + θc + s(t) (2.8)
aM
Remarquons que dans le cas de la modulation de phase, la valeur de crête du signal
modulé reste constante. Dans le cas d’un signal PM et en appliquant les relations
(1.5) et (2.6), la fréquence instantanée fi (t) devient :
1 dθ(t) k p ds(t)
fi (t) = = fc + (2.9)
2π dt 2π dt
On voit donc que pour la modulation de phase, la fréquence instantanée varie li-
néairement avec la dérivée du signal modulant.

2.2 Modulation de fréquence (FM)


Si c’est la fréquence instantanée fi qui varie linéairement avec la signal modu-
lant s(t), la modulation angulaire résultante est appelée modulation de fréquence
(FM, Frequency Modulation). Dans ce cas :
kf
fi (t) = fc + s(t) (2.10)

ou encore :
ωi (t) = 2π fi (t) = ωc + k f s(t) (2.11)
où k f est une constante. Avec (1.4), l’angle θ(t) s’écrit à une constante près :
Z th i
θ(t) = ωc + k f s(α) dα (2.12)
0
Z t
= ωc t + k f s(α) dα (2.13)
0

Le signal modulé FM s’écrit finalement :


" Z t #
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f s(α) dα (2.14)
0

La fréquence instantanée fi peut également s’écrire :


" #
1 (∆ω)M
fi (t) = ωc + s(t) (2.15)
2π aM
(∆F) M
= fc + s(t) (2.16)
aM

6
2 DÉFINITIONS

où (∆ω)M et (∆F) M sont respectivement l’écart maximum de pulsation et de fré-


quence correspondant à la valeur de crête aM du signal. Dès lors, le signal FM
devient :
(∆ω)M t
" Z #
mFM (t) = Uc cos ωc t + s(α) dα (2.17)
aM 0
En comparant avec la relation (2.14), on a :
(∆ω)M
kf = (2.18)
aM
Dans le cas de la modulation de fréquence, la valeur de crête du signal modulé
reste également constante. De plus, les instants de passage par 0 du signal modulé
ne sont pas équidistants (il en va de même pour un signal PM), ce qui n’était pas le
cas pour un signal modulé en amplitude.
Notons que, comme la détection d’une variation de fréquence est plus commo-
dément réalisée qu’une variation de phase, la modulation de fréquence est prati-
quement seule utilisée pour la transmission analogique. La modulation de phase
exige, en effet, la comparaison avec une phase repère.

2.3 Equivalence signal PM - signal FM


En remplaçant s(t) dans l’équation (2.4) par
Z
s(α) dα (2.19)

le signal résultant correspond à un signal modulé en fréquence. Par conséquent, un


signal FM de signal
R modulant s(t) est équivalent à un signal modulé en phase de
signal modulant s(α) dα. De même, un signal modulé en phase de signal modu-
lant s(t) est équivalent à un signal modulé en fréquence de signal modulant ds(t)dt .
En analysant un signal correspondant à une modulation angulaire, il est donc im-
possible de savoir si ce signal est modulé en fréquence ou en phase : les notions de
signaux PM at FM sont inséparables (voir figure 2.1).

Figure 2.1 – (a) Modulateur de fréquence, (b) Modulateur de phase (tiré de [4]).

7
3 CAS D’UN SIGNAL MODULANT SINUSOÏDAL

Exemples

La figure 2.2 donne l’allure des ondes modulées en phase et en fréquence pour
un signal modulant carré. La figure 2.3, quant à elle, traite le cas d’un signal mo-
dulant triangulaire.

3 Cas d’un signal modulant sinusoïdal


Soit le signal modulant s(t) sinusoïdal suivant :

s(t) = a cos ω1 t (3.1)

A partir de la relation (2.8) et en supposant θc = 0, le signal modulé en phase


correspondant devient :
" #
(∆φ)M
mPM (t) = Uc cos ωc t + a cos ω1 t (3.2)
aM

L’écart de phase est proportionnel à la valeur instantanée du signal modulant ; on


écrit aussi : h i
mPM (t) = Uc cos ωc t + m p cos ω1 t (3.3)
avec
(∆φ)M
mp = a (3.4)
aM
m p est appelé "indice de modulation" et représente la variation maximale de phase
observée. C’est une constante qui dépend de l’amplitude du signal modulant et du
rapport (∆φ) M
aM qui est une caractéristique du modulateur utilisé. A pleine modula-
tion, nous avons :

a = aM (3.5)
m p = (∆φ)M (3.6)

Ecrivons à présent le signal modulé en fréquence correspondant au signal mo-


dulant (3.1) (en supposant θc = 0). A partir de la relation (2.14), on a :
" Z t #
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f a cos (ω1 α) dα (3.7)
0
(∆ω)M t
" Z #
= Uc cos ωc t + a cos (ω1 α) dα (3.8)
aM 0
" #
(∆ω)M a
= Uc cos ωc t + sin ω1 t (3.9)
a M ω1

8
3 CAS D’UN SIGNAL MODULANT SINUSOÏDAL

s(t)

t
ds(t)/dt

t
m (t)
PM

t
m (t)
FM

Figure 2.2 – Modulation de phase et de fréquence pour un signal modulant carré.

s(t)

t
ds(t)/dt

t
m (t)
PM

t
m (t)
FM

Figure 2.3 – Modulation de phase et de fréquence pour un signal modulant trian-


gulaire.

9
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

ou encore : " #
a
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f sin ω1 t (3.10)
ω1
A partir de la relation 2.15, on montre bien que :
(∆F) M
fi (t) = fc + a cos ω1 t (3.11)
aM
On écrit également :
h i
mFM (t) = Uc cos ωc t + m f sin ω1 t (3.12)

avec
(∆ω)M a a
mf = = kf (3.13)
a M ω1 ω1
m f est appelé "indice de modulation". Ici aussi, l’indice de modulation représente
la variation maximale de phase observée. Le rapport (∆ω) M
aM est une caractéristique
du modulateur. A pleine modulation, on a :
(∆ω)M (∆F)M
mf = = (3.14)
ω1 f1
La figure 3.1 donne l’allure des ondes modulées en phase et en fréquence pour un
signal modulant sinusoïdal.

4 Bande passante d’un signal FM


Afin de déterminer la bande passante d’une onde FM, définissons a(t) de la
manière suivante : Z t
a(t) = s(α) dα (4.1)
0
Dès lors, le signal FM devient :
h i
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f a(t) (4.2)

Nous pouvons également écrire :


h i
mFM (t) = Re mFM (t) (4.3)

avec :

mFM (t) = Uc e j[ωc t+k f a(t)] (4.4)


jk f a(t) jωc t
= Uc e e (4.5)
jωc t
= g(t) e (4.6)

10
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

s(t)

t
ds(t)/dt

t
mPM(t)

t
m (t)
FM

Figure 3.1 – Modulation de phase et de fréquence pour un signal modulant sinu-


soïdal.

où g(t) est l’enveloppe complexe. En développant en série la fonction exponentielle


e jk f a(t) , on a :

k2f k3f knf


 
 
2 3 n
mFM (t) = Uc 1 + jk f a(t) − a (t) − j a (t) + · · · + j a (t) + · · ·  e jωc t
n
2! 3! n!
(4.7)
et dès lors :
h i
mFM (t) = Re mFM (t) (4.8)
 2 3
kf

 kf 
= Uc cos ωc t − k f a(t) sin ωc t − a2 (t) cos ωc t + a3 (t) sin ωc t + · · · 
2! 3!
(4.9)

Par conséquent, l’onde modulée consiste en l’addition de la porteuse non mo-


dulée avec des signaux modulés en amplitude tels que a(t) sin ωc t, a2 (t) cos ωc t,
a3 (t) sin ωc t,... Le spectre de a(t), noté A(ω) vaut :
1
A(ω) = S (ω) (4.10)

11
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

avec S (ω), le spectre du signal modulant s(t). L’équation (4.10) nous montre que
a(t) et le signal modulant s(t) ont la même bande passante. Le spectre de a2 (t) vaut :
h i A(ω) ∗ A(ω)
F a2 (t) = F [a(t)a(t)] = (4.11)
Z2π

1 S (v) S (ω − v)
= dv (4.12)
2π −∞ jv ω − v
Si le spectre de s(t) s’étend de 0 à fh , l’intégrale précédente est nécessairement
nulle pour toutes les valeurs de ω supérieures à 2ωh . Par conséquent, le spectre
de a2 (t) s’étend de 0 à 2 fh . De proche en proche, on peut montrer que le spectre
de a3 (t) s’étend de 0 à 3 fh et ainsi de suite. De façon générale, le spectre de an (t)
s’étendra de 0 à n fh . Dès lors, le spectre du signal modulé consiste en la somme
du spectre de la porteuse non modulée et des spectres de a(t), a2 (t),..., an (t),...,
centrés à ωc . Il apparaît donc clairement que l’onde modulée en fréquence possède
une bande passante infinie. Nous verrons néanmoins par la suite que cette bande
passante théoriquement infinie peut être limitée en pratique.
Remarque.– A partir de l’équation 4.2, nous pouvons écrire :
h i h i
mFM (t) = Uc cos k f a(t) cos ωc t − Uc sin k f a(t) sin ωc t (4.13)
Le signal modulé en fréquence peut donc également s’écrire comme la somme de
deux signaux modulés en amplitude et son spectre résulte de la superposition de
deux spectres de modulation d’amplitude.

4.1 FM à bande étroite


Si la constance k f est très petite de telle sorte que :
|k f a(t)| ≪ 1 (4.14)
nous pouvons négliger tous les termes de l’équation (4.9) à l’exception des deux
premiers. Dès lors :
h i
mFM (t) = Uc cos ωc t − k f a(t) sin ωc t (4.15)
Cette dernière expression est similaire à un signal modulé AM. Si la bande bassante
de a(t) est B, la bande passante du signal FM vaut 2B. C’est la raison pour laquelle
la cas |k f a(t)| ≪ 1 est appelé "FM à bande étroite". La comparaison du signal FM
à bande étroite de l’équation (4.15) avec un signal AM montre les similarités ainsi
que les différences entre ces deux types de modulation. Tout d’abord, ces deux
signaux sont répartis autour de la fréquence porteuse fc et sont caractérisés par la
même bande passante. L’équation 4.15 peut également s’écrire :
  π 
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f a(t) cos ωc t + (4.16)
h  π i 2
= Re Uc 1 + k f a(t)e j 2 e jωc t (4.17)

12
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

Dès lors, il apparaît clairement que les bandes latérales du spectre FM présentent
un déphasage de π2 par rapport à la porteuse, ce qui n’est pas le cas d’un signal
AM qui est caractérisé par des bandes latérales en phase avec la porteuse. De plus,
malgré une similitude de part la bande passante, les signaux AM et FM à bande
étroite correspondent à des signaux de formes très différentes. Dans le cas d’un
signal AM, la fréquence est constante et l’amplitude varie en fonction du temps
tandis que, dans le cas d’un signal FM, l’amplitude est constante et la fréquence
varie dans le temps.

4.2 FM à large bande


Si la déviation de fréquence de la porteuse est suffisamment grande, c’est à dire
que k f est tel que la condition |k f a(t)| ≪ 1 n’est plus respectée, les termes d’ordre
plus élevé de l’équation (4.9) ne peuvent plus être négligés. Dans ce cas, il devient
difficile d’évaluer directement à partir de (4.9) la façon dont le spectre s’évanouit
en s’écartant de la porteuse, et donc de déterminer la bande passante du signal.
Pour se faire une idée plus précise de la façon dont le spectre s’évanouit, il est
intéressant de considérer la modulation par un signal sinusoïdal pur.

4.3 Spectre d’un signal FM modulé par une sinusoïde pure


Dans ce cas, le signal sinusoïdal s’écrit :

s(t) = a cos ω1 t (4.18)


ω1
La bande passante B de ce signal vaut f1 = 2π (vois figure 4.1). Le signal FM

Figure 4.1 – Spectre et largeur de bande d’un signal purement sinusoïdlal.

correspondant a été calculé au paragraphe 3 et s’écrit :


" #
a
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f sin ω1 t (4.19)
ω1

13
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

Cette dernière relation peut encore s’écrire :


h i
mFM (t) = Re mFM (4.20)

avec  
a
j ωc t+k f ω1 sin ω1 t
mFM (t) = Uc e (4.21)
En reprenant la définition de l’indice de modulation m f (équation 3.13), on obtient :

mFM (t) = Uc e j(ωc t+m f sin ω1 t) (4.22)


= Uc e jm f sin ω1 t e jωc t (4.23)

avec
(∆F) M a
mf = (4.24)
f1 aM
La première exponentielle de l’équation (4.22) est un signal périodique de période
T = f11 et peut se développer en série de Fourier :


X
e jm f sin ω1 t = Cn e jnω1 t (4.25)
n=−∞

avec :
Z T
1 2
Cn = e jm f sin ω1 t e− jnω1 t dt (4.26)
T − T2
Z π
ω1 ω1
= e jm f sin ω1 t e− jnω1 t dt (4.27)
2π − ωπ
1

En posant ω1 t = x, on obtient :
Z π
1
Cn = e j(m f sin x−nx) dx (4.28)
2π −π

Cette dernière intégrale peut être évaluée en intégrant le développement en série


de e j(m f sin x−nx) . Le résultat a été tabulé et est représenté par la fonction Jn (m f ),
appelée fonction de Bessel de première espèce d’ordre n et d’argument m f . Dès
lors :
 ∞ 
 X 
m (t) = Uc e jωc t  Jn (m f ) e jnω1 t 

FM (4.29)
n=−∞

X
= Uc Jn (m f ) e j(ωc t+nω1 t) (4.30)
n=−∞

14
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

et finalement :

X
mFM (t) =Uc Jn (m f ) cos (ωc + nω1 ) t
−∞
=Uc J0 (m f ) cos ωc t+
h i
+ Uc J1 (m f ) cos (ωc + ω1 ) t + J−1 (m f ) cos (ωc − ω1 ) t +
h i
+ Uc J2 (m f ) cos (ωc + 2ω1 ) t + J−2 (m f ) cos (ωc − 2ω1 ) t +
+ ···+
h i
+ Uc Jn (m f ) cos (ωc + nω1 ) t + J−n (m f ) cos (ωc − nω1 ) t + (4.31)
+ ···

et, puisque (pour n entier) :

J−n (x) = (−1)n Jn (x) (4.32)

nous pouvons écrire :

mFM (t) =Uc J0 (m f ) cos ωc t+


+ Uc J1 (m f ) [cos (ωc + ω1 ) t − cos (ωc − ω1 ) t] +
+ Uc J2 (m f ) [cos (ωc + 2ω1 ) t + cos (ωc − 2ω1 ) t] +
+ ···+
+ Uc Jn (m f ) cos (ωc + nω1 ) t + (−1)n cos (ωc − nω1 ) t +
 
(4.33)
+ ···

L’évolution des fonctions de Bessel de première espèce d’ordre n et d’argument


m f est donnée à la figure 4.2. L’expression de mFM (t) montre que le spectre d’am-
plitude d’une onde modulée en fréquence pour un signal modulant purement sinu-
soïdal (a cos ω1 t) se compose :
– d’une raie à la fréquence de la porteuse ( fc ) et d’amplitude donnée par le pro-
duit de l’amplitude de la porteuse non modulée par la valeur de la fonction
de Bessel d’ordre 0 et d’argument égal à l’indice de modulation : Uc J0 (m f ) ;
– d’un ensemble infini de couples de raies d’amplitude Uc Jn (m f ) situées sy-
métriquement par rapport à la porteuse à des fréquences fc ±n f1 . La symétrie
par rapport à la fréquence de la porteuse provient de la relation (4.32).
Les remarques suivantes peuvent être formulées :
– Toutes les raies sont séparées de f1 , la fréquence du signal modulant.
– Quand l’indice de modulation est faible, seuls les termes correspondant à n =
0, 1 donnent lieu à une contribution. En effet, la figure 4.2 nous montre bien
que pour des m f très petits, seules les courbes J0 et J1 sont significatives.
Dès lors, le spectre contient une raie à la fréquence de la porteuse et deux

15
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

1
J (m )
n f 0.9
J0
0.8

0.7
J1
0.6
J2
0.5 J3
J4 J5
0.4 J6 J7 J8 J9 J10
0.3

0.2

0.1

−0.1

−0.2

−0.3

−0.4

−0.5
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
m
f

Figure 4.2 – Fonction de Bessel de premère espèce d’ordre n < 10.

raies latérales en fc ± f1 . Cette situation correspond au cas de la modulation


de fréquence à bande étroite.
– Bien que le nombre de raies et, par conséquent, la largeur de bande du
signal modulé soient théoriquement infinis, l’amplitude des raies latérales
éloignées de fc finit par décroître. Ceci provient du fait que :
lim Jn (m f ) = 0 (4.34)
n→∞

La figure 4.2 montre que cette décroissance est d’autant plus tardive que m f
est plus élevé.
– La puissance PFM du signal modulé FM est équivalente à la somme des
puissances des raies de son spectre. Si Pn correspond à la puissance de la
raie à la fréquence fc + n f1 , nous pouvons écrire :
 2
+∞ +∞ U J (m ) +∞
X X c n f U2 X 2
PFM = Pn = = c J (m f ) (4.35)
n=−∞ n=−∞
2R 2R n=−∞ n
avec R la résistance vue par le modulateur. Et puisque :
+∞
X
Jn2 (m f ) = 1 (4.36)
n=−∞

l’équation (4.35) devient :


Uc2
PFM = (4.37)
2R

16
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

La puissance du signal FM est égale à celle de la porteuse non modulée et


ne dépend pas de m f . En revanche, la répartition de cette puissance entre les
différentes raies est très différente selon la valeur de m f comme l’indique la
figure 4.2.
– L’amplitude à la fréquence de la porteuse dépend de l’indice de modulation
m f , ce qui n’était pas le cas pour un signal modulé en amplitude. En ef-
fet, puisque la puissance du signal FM vaut la puissance de la porteuse non
modulée, on peut comprendre que la puissance qui apparaît dans les raies
latérales provenant de la modulation se fait au détriment de la puissance cor-
respondant à la fréquence de la porteuse.

Exemple

Le réseau de radiodiffusion européen en fréquence modulée transmet une largeur


de bande de 30 Hz à 15 kHz avec une déviation de fréquence (∆F) M = 75 kHz.
Considérons que l’on travaille à pleine modulation :

a = aM (4.38)
(∆F) M
et m f = (4.39)
f1
Calculons à présent le spectre correspondant à f1 = 15 kHz. Dans ce cas m f = 5 et
les amplitudes de la porteuse et des raies latérales, divisées par l’amplitude Uc de
la porteuse non modulée sont données par le tableau 4.1.

J0 (5) -0,1776 J1 (5) -0.,276 J2 (5) 0,0446


J3 (5) 0,3648 J4 (5) 0,1776 J5 (5) 0,2611
J6 (5) 0,131 J7 (5) 0,0534 J8 (5) 0,0184
J9 (5) 0,0052 J10 (5) 0,001468 ··· ···

Table 4.1 – Valeurs des fonctions de Bessel associées à la porteuse et aux raies
latérales - exemple.

Le spectre d’amplitude correspondant est dessiné à la figure 4.3 (Uc = 1 V).

La figure 4.4 présente les spectres FM pour des valeurs constantes de (∆F) M
aM et
de a et pour diverses valeurs de la fréquence modulante. On remarquera que lorsque
la fréquence modulante diminue, les raies se rapprochent. Puisque l’indice de mo-
dulation augmente lorsque f1 diminue, le nombre de raies significatives augmente
également.

17
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

0.4
Uc = 1 V
|UcJn(5)|
0.35 J1(5)

0.3

0.25

0.2 J0(5)

0.15

0.1

J2(5)
0.05

0
f −2f f −f f fc+fm fc+2fm
c m c m c

Figure 4.3 – Spectre d’amplitude d’one onde FM pour m f = 5 et Uc = 1 V.

La figure 4.5 présente les spectres FM pour des valeurs constantes de (∆F) M
aM et
de f1 et pour diverses valeurs de l’amplitude a du signal modulant. On remarquera
que lorsque a diminue, le nombre de raies significatives diminue également : l’in-
dice de modulation est, en effet, proportionnel à l’amplitude du signal modulant
(équation 4.24). L’espacement entre les raies, égal à f1 , reste, quant à lui, constant.

4.3.1 Largeur de bande d’un signal FM (signal modulant sinusoïdal)


La bande passante exigée par la transmission d’un signal FM est théoriquement
infinie. En pratique, la bande passante requise est évaluée en arrêtant le spectre dès
que toutes les raies latérales plus éloignées ont une amplitude inférieure à 0, 01
de l’amplitude de l’onde porteuse non modulée Uc . Ceci revient à écrire que le
nombre n de raies (appelées raies significatives) est tel que :

∀i > n Ji (m f ) < ǫ (4.40)

avec ǫ = 0, 01. La largeur de bande du signal est donc donnée par :

LB = 2 × n × f1 (4.41)

La largeur de bande dépend donc de deux paramètres : m f et f1 . Le nombre de raies


significatives dépend de m f et la fréquence du signal modulant fixe l’espacement
entre celles-ci.

Exemple

18
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

|UcJn(mf)|
0.4
f1=15 kHz
[V] n=1
0.3
mf=5
fm
n=0
0.2
0.1 n=2
(a)
0
149.85 149.9 149.95 150 150.05 150.1 150.15
f [MHz]
|UcJn(mf)|
0.4
f =5 kHz
[V] n=1
1
0.3
mf=15
n=0 n=2
0.2
0.1
(b)
0
149.85 149.9 149.95 150 150.05 150.1 150.15
f [MHz]
|UcJn(mf)|
f1=2,5 kHz
[V] 0.4
0.3 n=0
mf=30
0.2
0.1
(c)
0
149.85 149.9 149.95 150 150.05 150.1 150.15
f [MHz]

Figure 4.4 – Effet de la fréquence du signal modulant sur le spectre d’un signal
FM. Spectres obtenus pour fc = 150 MHz, Uc = 1 V, (∆F) M = 75 kHz, aM = 1 V,
a = 1 V et (a) f1 = 15 kHz, (b) f1 = 5 kHz, (c) f1 = 2, 5 kHz.

0.6
|UcJn(mf)| a=1 V
[V] 0.4 mf=15

0.2
(a)
0
149.85 149.9 149.95 150 150.05 150.1 150.15
f [MHz]
0.6
|UcJn(mf)| a=0,5 V
[V] 0.4
mf=7,5

0.2
(b)
0
149.85 149.9 149.95 150 150.05 150.1 150.15
f [MHz]
0.6
|UcJn(mf)| a=0,1 V
[V] 0.4 mf=1,5

0.2
(c)
0
149.85 149.9 149.95 150 150.05 150.1 150.15
f [MHz]

Figure 4.5 – Effet de l’amplitude du signal modulant sur le spectre d’un signal
FM. Spectres obtenus pour fc = 150 MHz, Uc = 1 V, (∆F) M = 75 kHz, aM = 1 V,
f1 = 15 kHz, et (a) a = 1 V, (b) a = 0, 5 V, (c) a = 0, 1 V.

19
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

Ainsi, dans l’exemple traité précédemment pour f1 = 15 kHz, le spectre est


limité à J8 = 0, 0184 puisque J9 , J10 , J11 ,...sont < 0, 01. La largeur de bande
correspondante (et donc la bande passante du système de transmission) vaut donc :

15 kHz × 8 × 2 = 240 kHz (4.42)

L’examen des courbes donnant les fonctions de Bessel montre que ces fonc-
tions traînent au voisinage de l’origine d’autant plus longtemps que l’ordre est
élevé, il en résulte que les amplitudes correspondant à des raies éloignées de la
porteuse ne seront significatives que pour des valeurs élevées de l’indice de modu-
lation, autrement dit, le nombre de raies significatives sera d’autant plus grand que
l’indice de modulation sera grand.
La figure 4.6 présente n en fonction de m f . On peut montrer que, lorsque m f
devient grand, n ≃ m f . Dès lors, pour des grands m f (modulation FM à large
bande) :

LB = 2 × n × f1 = 2 × m f × f1 (4.43)
(∆F) M
=2 a (4.44)
aM
A pleine modulation (a = aM ), on a :

LB = 2(∆F)M (4.45)

Dès lors, dans le cas de la modulation FM à large bande et à pleine modulation, la


largeur de bande est égale à deux fois la déviation de fréquence maximale.
La figure 4.6 nous montre également que lorsque l’indice de modulation est
≪ 1, le spectre contient uniquement la porteuse et une paire de raies latérales si-
gnificatives (n = 1). L’amplitude de la porteuse vaut Uc (J0 (m f ) ≃ 1) et l’amplitude
des raies latérales vaut sensiblement m f U2c puisque :
mf
J1 (m f ) ≃ (4.46)
2
On retrouve bien le cas de la modulation FM à bande étroite.
Remarque.– La bande passante est parfois évaluée en arrêtant le spectre dès que
toutes les raies latérales ont une amplitude inférieure à 0, 1 (ǫ = 0, 1) de l’amplitude
de la porteuse non modulée. L’expérience montre que cette dernière condition peut
conduire à des distorsions petites mais décelables.

20
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

30

25

20
n

15

10

0
0 5 10 15 20 25
mf

Figure 4.6 – Nombre de raies significatives n en fonction de l’indice de modulation


mf .

4.3.2 Représentation dans le plan complexe


Les relations (4.22) et (4.30) permettent de représenter une onde modulée FM
dans le plan complexe :

mFM (t) =Uc e j(ωc t+m f sin ω1 t) (4.47)


X∞
=Uc Jn (m f ) e j(ωc t+nω1 t) (4.48)
n=−∞
=Uc J0 (m f ) e jωc t +
h i
+ Uc J1 (m f ) e j(ωc +ω1 )t − e j(ωc −ω1 )t +
h i
+ Uc J2 (m f ) e j(ωc +2ω1 )t + e j(ωc −2ω1 )t +
+ ···+
h i
+ Uc Jn (m f ) e j(ωc +nω1 )t + (−1)n e j(ωc −nω1 )t + (4.49)
···

La première relation nous montre que le lieu géométrique de mFM est un cercle
de rayon Uc . La deuxième relation nous montre que ce lieu géométrique peut être
approché par la somme de paires de phaseurs dont la résultante deux à deux est
tantôt en phase (n pair), tantôt en quadrature (n impair) avec la porteuse Uc e jωc t .
La figure 4.7 traite le cas d’une onde FM pour m f = 1. Le tableau 4.2 donne les
valeurs correspondantes des fonctions de Bessel.

21
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

J0 (1) 0,76 J1 (1) 0,44


J2 (1) 0,11 J3 (1) 0,02

Table 4.2 – Valeurs des fonctions de Bessel pour m f = 1

Figure 4.7 – Représentation sur le plan complexe d’une onde FM telle que m f = 1.

La décomposition en les diverses bandes latérales montre que ce sont les bandes
latérales correspondant au fondamental et aux harmoniques impairs du signal mo-
dulant qui contribuent, étant en quadrature avec la porteuse, à la déviation de phase,
tandis que les autres bandes latérales agissent pour ramener la longueur du vecteur
à une constante.

4.4 Cas d’un signal modulant complexe


4.4.1 Fréquence déterminant la largeur de bande
Comme déja indiqué, la largeur de bande dans le cas d’un signal modulant
sinusoïdal dépend des deux paramètres m f et f1 . Supposons à présent que le signal
modulant est un signal qui s’étend de fb à fh et qu’entre ces deux fréquences, son
spectre est constant comme indiqué à la figure 4.8. De plus, supposons que la pleine

22
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

Figure 4.8 – Spectre du signal modulant considéré dans le paragraphe 4.4.

modulation est toujours réalisée (a = aM ), c’est à dire que, de façon générale :


(∆F) M
mf = (4.50)
f1
où f1 représente ici une fréquence quelconque du signal modulant.
Nous allons déterminer quelle est, de la fréquence fb ou fh , supposée agir seule,
celle qui impose la bande passante. L’indice de modulation minimum est atteint
pour la plus haute fréquence fh du spectre du signal modulant et conduit à un petit
nombre de raies significatives fortement espacées :
(∆F) M
(m f )min = (4.51)
fh
La largeur de bande correspondant à fh vaut :

(LB) fh = 2nmin fh (4.52)

avec nmin le nombre de raies significatives correspondant à (m f )min , déterminée à


partir de la figure 4.6. Pour toute autre fréquence f1 telle que f1 < fh , l’indice de
modulation est plus grand et le spectre comporte un plus grand nombre de raies
latérales que le spectre correspondant à fh mais plus faiblement espacées. Si n est
le nombre de raies significatives correspondant à la fréquence f1 , nous pouvons
écrire :
(LB) f1 n f1
= (4.53)
(LB) fh nmin fh
Comme la courbe de la figure 4.6 tourne sa concavité vers le bas, on a :

n (m f ) f1
< (4.54)
nmin (m f ) fh

Dès lors :
(LB) f1 (m f ) f1 f1 fh f1
< = =1 (4.55)
(LB) fh (m f ) fh fh f1 fh
Et finalement, on obtient :
(LB) f1 < (LB) fh (4.56)

23
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

La largeur de bande maximale est donc imposée par la plus haute fréquence mo-
dulante ; celle-ci donne lieu à un spectre comprenant des raies fortement espacées
mais peu nombreuses. Pour déterminer la valeur absolue de la bande passante, il
faut connaître (m f )min , c’est à dire choisir (∆F)M .

Exemple

Pour le réseau européen en FM : fb = 30 Hz, fh = 15 kHz et (∆F)M = 75 kHz.


La largeur de bande correspondant à fh , pour laquelle (m f )min = 5 (n = 8), vaut
240 kHz à comparer aux 30 kHz nécessaires pour une transmission AM-DSB-FC.
La fréquence fb = 30 Hz correspond à :

75.103
(m f )max = = 2500 (4.57)
30
et donc LB ≃ 2(∆F)M = 150 kHz (4.58)

4.4.2 Cas d’un signal modulant composé de deux sinusoïdes

Les deux sinusoïdes ne sont pas liées harmoniquement.

Considérons d’abord le cas où le signal modulant consiste en la somme de deux


sinusoïdes de fréquences non liées harmoniquement. Soit le signal modulant :

s(t) = a1 cos (ω1 t + θ1 ) + a2 cos (ω2 t + θ2 ) (4.59)

Puisque : Z
a1 a2
s(α) dα = sin (ω1 t + θ1 ) + sin (ω2 t + θ2 ) (4.60)
ω1 ω2
on a :
" #
a1 a2
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f sin (ω1 t + θ1 ) + k f sin (ω2 t + θ2 ) (4.61)
ω1 ω2
h i
= Uc cos ωc t + m f 1 sin (ω1 t + θ1 ) + m f 2 sin (ω2 t + θ2 ) (4.62)
= Re U e jωc t e[ jm f 1 sin(ω1 t+θ1 )+ jm f 2 sin(ω2 t+θ2 )]
h i
c (4.63)

On peut montrer que :


+∞
X
jx sin θ
e = Jn (x) e jnθ (4.64)
n=−∞

24
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

Dès lors, l’équation (4.63) devient :


  +∞   +∞ 
 jω t
 X jn(ω t+θ )
  X jr(ω t+θ )

mFM (t) = Re Uc e c
 Jn (m f 1 ) e 1 1   Jr (m f 2 ) e 2 2  (4.65)
n=−∞ r=−∞

 +∞ X
X +∞ 

j[ω t+n(ω t+θ )+r(ω t+θ )]
= Re Uc Cnr e c 1 1 2 2  (4.66)
n=−∞ r=−∞
avec
Cnr = Jn (m f 1 )Jr (m f 2 ) (4.67)
Par conséquent, le spectre de cette onde contient :
– Une raie à la fréquence porteuse fc , d’amplitude Uc J0 (m f 1 )J0 (m f 2 ).
– Des paires de raies latérales dues à ω1 et situées aux pulsations (ωc ± nω1 ),
d’amplitude Uc Jn (m f 1 )J0 (m f 2 ). Ces raies sont symétriques par rapport à la
porteuse étant donné la relation (4.32).
– Des paires de raies latérales dues à ω2 et situées aux pulsations (ωc ± rω2 ),
d’amplitude Uc J0 (m f 1 )Jr (m f 2 ). Ces raies sont également symétriques par
rapport à la porteuse.
– Des raies latérales dues aux produits d’intermodulation de ω1 et ω2 , situées
à (ωc ± nω1 ± rω2 ), d’amplitude Uc Jn (m f 1 )Jr (m f 2 ).
Dans ce cas, les amplitudes des raies sont en général plus petites que les ampli-
tudes aux fréquences correspondantes dans le cas de la modulation par un signal
sinusoïdal pur à même indice de modulation, puisque ces amplitudes résultent de
produits de fonctions de Bessel (toutes plus petites que l’unité).

Exemple

Soit à calculer le spectre d’une onde FM modulée par la somme de deux sinu-
soïdes telles que :
aM
f1 = 1 kHz et a1 = (4.68)
2
aM
f2 = 0, 77 kHz et a2 = (4.69)
2
(∆F) M = 2 kHz (4.70)
Nous avons :
m f 1 = 1 et m f 2 = 1, 3 (4.71)
Les valeurs de Jn sont données par le tableau 4.3. Considérons les cas suivants :
1. Le signal modulant est purement sinusoïdal à 1 kHz : les amplitudes des raies
du spectre sont données par Jn (1). Le spectre correspondant est représenté à
la figure 4.9(a) (avec Uc = 1).

25
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

mf | n 0 1 2 3
1 0,765 0,440 0,115 0,020
1,3 0,620 0,522 0,183 0,041

Table 4.3 – Valeurs des fonctions de Bessel pour m f = 1 et m f = 1, 3.

2. Le signal modulant est purement sinusoïdal à 0,77 kHz : les amplitudes des
raies du spectre sont données par Jn (1, 3). Le spectre correspondant est re-
présenté à la figure 4.9(b) (avec Uc = 1).
3. Le signal modulant est la somme des deux sinusoïdes. Dans ce cas, le tableau
4.4 donne les produits des fonctions de Bessel correspondants.

f − fc [kHz] Jn (mf1 )Jr (mf2 ) Valeur


0 (Porteuse) J0 (1)J0 (1, 3) 0,471
1 J1 (1)J0 (1, 3) 0,273
2 J2 (1)J0 (1, 3) 0,0,068
3 J3 (1)J0 (1, 3) 0,012
0,77 J0 (1)J1 (1, 3) 0,395
1,54 J0 (1)J2 (1, 3) 0,137
2,31 J0 (1)J3 (1, 3) 0,030
1,77 J1 (1)J1 (1, 3) 0,229
0,23 J1 (1)J1 (1, 3) 0,229
2,54 J1 (1)J2 (1, 3) 0,08
0,54 J1 (1)J2 (1, 3) 0,08
3,31 J1 (1)J3 (1, 3) 0,018
1,31 J1 (1)J3 (1, 3) 0,018
2,77 J2 (1)J1 (1, 3) 0,060
1,23 J2 (1)J1 (1, 3) 0,060
3,54 J2 (1)J2 (1, 3) 0,021
0,46 J2 (1)J2 (1, 3) 0,021
3,77 J3 (1)J1 (1, 3) 0,010
2,23 J3 (1)J1 (1, 3) 0,010

Table 4.4 – Produits des fonctions de Bessel intervenant pour un signal modulant
composé de deux sinusoïdes.

Le spectre correspondant est représenté à la figure 4.9(c) (avec Uc = 1). On


remarque bien que les amplitudes des raies sont plus petites que les ampli-
tudes aux fréquences correspondantes dans le cas de la modulation par un
signal sinusoïdal pur à même indice de modulation. Selon la relation (4.32),
le spectre est symétrique par rapport à la fréquence porteuse.

26
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

0.8
|U J (1)|
c n
0.6

0.4

0.2
(a)
0
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
f−f [khz]
c
0.8
|UcJr(1,3)|
0.6

0.4

0.2
(b)
0
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
f−f [khz]
c
0.8
|U J (1)J (1,3)|
c n r
0.6

0.4

0.2
(c)
0
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
f−f [khz]
c

Figure 4.9 – Spectre FM pour un signal modulant composé de deux sinusoïdes non
liées harmoniquement.

Remarque.– On peut généraliser le raisonnement au cas où le signal modulant com-


porte N composantes sinusoïdales. Dans ce cas :
  +∞
N  X

 Y 
mFM (t) = Re Uc e jωc Jni (m f i ) e jni (ωi t+θi ) 

(4.72)


i=1 ni =−∞

27
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

Les deux sinusoïdes sont liées harmoniquement.

Considérons maintenant un signal modulant contenant deux composantes dont les


fréquences sont liées harmoniquement. Dans ce cas, l’amplitude d’une raie quel-
conque résulte de la contribution de plusieurs produits de fonctions de Bessel.
Ainsi, par exemple, si ω2 = 2ω1 la contribution des termes les plus significatifs
à la raie à (ωc + ω1 ) est :
J1 (m f 1 )J0 (m f 2 ) + J−1 (m f 1 )J1 (m f 2 ) + J3 (m f 1 )J−1 (m f 2 ) + J−3 (m f 1 )J2 (m f 2 ) + · · ·
(4.73)
Avec la relation (4.32), cette expression vaut :
J1 (m f 1 )J0 (m f 2 ) − J1 (m f 1 )J1 (m f 2 ) − J3 (m f 1 )J1 (m f 2 ) − J3 (m f 1 )J2 (m f 2 ) + · · · (4.74)
De la même façon, à la pulsation (ωc − ω1 ), on a :
J−1 (m f 1 )J0 (m f 2 ) + J1 (m f 1 )J−1 (m f 2 ) + J−3 (m f 1 )J1 (m f 2 ) + J3 (m f 1 )J−2 (m f 2 ) + · · ·
(4.75)
ce qui est équivalent à :
−J1 (m f 1 )J0 (m f 2 )−J1 (m f 1 )J1 (m f 2 )−J3 (m f 1 )J1 (m f 2 )+J3 (m f 1 )J2 (m f 2 )+· · · (4.76)
Les expressions (4.74) et (4.76) produisent des résultats différents. Dès lors, lorsque
les deux sinusoïdes composant le signal modulant sont liées harmoniquement, la
symétrie par rapport à la porteuse n’est plus observée.

Exemple

Considérons le cas suivant :


aM
f1 = 0, 5 kHz et a1 = (4.77)
2
aM
f2 = 1 kHz et a2 = (4.78)
2
(∆F) M = 2 kHz (4.79)
Nous avons :
m f 1 = 2 et m f 2 = 1 (4.80)
Les valeurs de Jn sont données par le tabelau 4.5. Le spectre correspondant est
représenté à la figure 4.10(c) (avec Uc = 1). On remarque bien une dissymétrie
par rapport à la fréquence porteuse dans la répartition des raies latérales. La figure
4.10a(b) correspond au spectre obtenu lorsque le signal modulant est une sinusoïde
pure à 0,5 kHz (1 kHz).

28
4 BANDE PASSANTE D’UN SIGNAL FM

mf | n 0 1 2 3 4
2 0,224 0,576 0,353 0,129 0,034
1 0,765 0,440 0,115 0,020 < 0, 01

Table 4.5 – Valeurs des fonctions de Bessel pour m f = 1 et m f = 2.

0.8
|U J (2)|
c n
0.6

0.4

0.2
(a)
0
−4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4
f−fc [kHz]
0.8
|UcJr(1)|
0.6

0.4

0.2
(b)
0
−4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4
f−f [kHz]
c
0.8
Produit d’intermodulation
0.6

0.4

0.2
(c)
0
−4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4
f−fc [kHz]

Figure 4.10 – Spectre FM pour un signal modulant composé de deux sinusoïdes


liées harmoniquement.

4.4.3 Bande passante pour un signal modulant complexe - Formule de Car-


son
Nous avons vu précédemment comment l’indice de modulation affectait la
bande passante nécessaire à la transmission d’un signal FM dans le cas où le signal
modulant était sinusoïdal de fréquence f1 . Rappelons que :
– Si m f ≪ 1, la bande passante nécessaire valait 2 f1 .
– Si m f ≫ 1, la bande passante nécessaire valait 2(∆F)M .

Considérons maintenant un signal modulant quelconque. Si toutes les compo-


santes en fréquence du signal modulant mènent à un indice de modulation petit, le
spectre sera composé d’une paire de raies latérales pour chaque fréquence modu-
lante. La bande passante vaudra donc deux fois la plus haute fréquence du spectre
modulant (2 fh ).

29
5 SENSIBILITÉ AUX INTERFÉRENCES EN MODULATION DE FRÉQUENCE

Pour la cas général (m f quelconque), il existe en pratique des relations appro-


chées pour le calcul des systèmes de communications. La plus connue est la règle
de Carson qui s’écrit :
" #
fh
LB = 2(∆F) M 1 + (4.81)
(∆F) M
!
1
= 2(∆F)M 1 + (4.82)
mf
où m f est l’indice de modulation correspondant à fh à pleine modulation. Nous
constatons bien que :
– Lorsque m f devient beaucoup plus petit que 1, on a :
(∆F)M
LB = 2 = 2 fh (4.83)
mf
et on retrouve bien la largeur de bande correspondante à une modulation FM
à bande étroite.
– Lorsque l’indice de modulation devient très grand, on a bien :

LB = 2(∆F)M (4.84)

5 Sensibilité aux interférences en modulation de fréquence


Pour avoir une idée de la sensibilité d’un récepteur FM aux interférences, il est
intéressant de considérer le cas simple où le récepteur est accordé sur la fréquence
fc d’une émission de modulation de fréquence pendant un intervalle de silence du
signal modulant et où un signal sinusoïdal parasite de fréquence ( fc + ∆ fi ) agit dans
la bande passante du récepteur, soit le perturbateur :

i(t) = Ui cos(ωc t + ∆ωi t) (5.1)

avec
∆ωi = 2π∆ fi (5.2)
Cela correspond aussi au cas où deux porteuses non modulées sont situées dans la
bande passante du récepteur. Le signal résultant à l’entrée du démodulateur s’écrit :

m(t) = Uc cos ωc t + Ui cos(ωc t + ∆ωi t) (5.3)


h i
= Re Uc e jωc t + Ui e j(ωc t+∆ωi t) (5.4)
h i
= Re m(t) (5.5)

La figure 5.1 représente ce signal sur le plan complexe.


La phase de m(t) vaut :
φ(t) = ωc t + δθ (5.6)

30
5 SENSIBILITÉ AUX INTERFÉRENCES EN MODULATION DE FRÉQUENCE

Figure 5.1 – Représentation dans le plan complexe du signal résultant de la pré-


sence d’un signal sinusoïdal parasite.

avec
Ui sin (∆ωi t)
tan δθ = (5.7)
Uc + Ui cos (∆ωi t)
En considérant un perturbateur petit par rapport à la porteuse (Ui ≪ Uc ), on a :
Ui
tan δθ ≃ sin (∆ωi t) ≃ δθ (5.8)
Uc
La fréquence instantanée de s(t) est obtenue en dérivant la relation (5.6) :
1 dδθ
fi (t) = fc + (5.9)
2π dt
La tension de sortie du démodulateur est proportionnelle à ( fi (t) − fc ) et vaut donc :
K dδθ K Ui
Udem = = ∆ωi cos (∆ωi t) (5.10)
2π dt 2π Uc
Ui
= K ∆ fi cos (∆ωi t) (5.11)
Uc
Cette tension étant proportionnelle à ∆ fi , la perturbation est donc perçue, à l’inté-
rieur de la bande passante du récepteur, d’autant plus intensément que la fréquence
du perturbateur s’écarte de la fréquence de la porteuse. Elle se manifeste comme
un signal à la fréquence égale à la différence entre les fréquences de porteuse et
parasite et dont l’amplitude est proportionnelle à ∆ fi et au rapport d’amplitude de
la perturbation à celle de la porteuse.
Remarque.– En radio-diffusion, on percevra la perturbation si elle se trouve distante
de 30 à 15000 Hz de la porteuse.

Considérons maintenant un signal utile modulant d’amplitude a et de fréquence


∆ fi :
s(t) = a cos ∆ωi t (5.12)

31
6 LA PRÉACCENTUATION

Dans ce cas, l’onde FM correspondante s’écrit :


" #
(∆ω)M a
mFM (t) = Uc cos ωc t + sin ∆ωi t (5.13)
aM ∆ fi

de fréquence instantanée :
1 dθ (∆F) M
fi (t) = = fc + a cos ∆ωi t (5.14)
2π dt aM
Dans ce cas, la sortie du démodulateur s’écrira :
(∆F) M
Udem = K a cos ∆ωi t (5.15)
aM
Le rapport des équations (5.15) et (5.11) nous fournit le rapport signal/perturbation
à la fréquence ∆ fi pour le cas simple décrit dans ce paragraphe :
S  (∆F) M a Uc Uc
= = mf (5.16)
P ∆ fi aM ∆ fi Ui Ui
Le rapport signal/perturbation vaut donc le produit de l’écart maximum de phase
(m f ) avec le rapport des amplitudes des ondes porteuse et parasite. Il y a donc
intérêt à travailler à écart maximum de phase le plus grand possible pour obtenir
la meilleure protection contre les interférences. Ce même rapport S/P valait, pour
une transmission AM : S  Uc a Uc
=m = (5.17)
P AM Ui aM Ui
A puissance porteuse non modulée égale, on peut donc obtenir une meilleure pro-
tection contre les interférences en FM à condition d’utiliser une excursion de fré-
quence maximum nettement supérieure à la plus haute fréquence modulante ( (∆F) ∆ fi
M

très grand). Ceci explique le choix de 75 kHz pour (∆F)M en radio-diffusion.


D’autre part, la protection contre les interférences est meilleure pour les fréquences
basses du spectre modulant. A titre d’exemple, le rapport (∆F) M
∆ fi vaut 5 pour f1 =
15 kHz et 2500 pour f1 = 30 Hz. Remarquons enfin que pour multiplier le rapport
S/P par un facteur n, on peut :
– soit multiplier l’amplitude de la porteuse par n, c’est-à-dire multiplier la
puissance émise par n2 ;
– soit multiplier (∆F)M par n, avec comme conséquence un élargissement de
la bande passante.

6 La préaccentuation
Très fréquemment, et c’est notamment le cas pour un signal acoustique, les
composantes à fréquences élevées du spectre modulant ont des amplitudes nette-
ment plus faibles que les composantes à fréquences basses. L’émetteur, quant à

32
6 LA PRÉACCENTUATION

lui, est nécessairement construit et réglé pour atteindre la modulation maximale


pour l’amplitude maximale, qui se produit aux basses fréquences. Il en résulte que
le rapport aaM est faible aux fréquences élevées du spectre modulant, et le rapport
S/P est donc particulièrement défavorable à ces fréquences. Pour remédier à cet
inconvénient, on élève le niveau de modulation à ces fréquences, c’est la préac-
centuation. Après démodulation, au récepteur, un filtre adéquat restitue les niveaux
corrects. La préaccentuation tend en fait à uniformiser la répartition d’énergie dans
toute la bande de fréquences du signal modulant.
On utilise généralement un filtre simple à l’émission, présentant une fréquence
de cassure fa et une pente asymptotique de 20 dB par décade, le filtre inverse étant
utilisé au récepteur. La figure 6.1 donne un exemple de circuit préaccentuateur. La

b b

b b

Figure 6.1 – Circuit de préaccentuation

fonction de transfert du circuit préaccentuateur vaut :


ω
R (1 + jωrC) R 1 + j ωa
T (ω) = = (6.1)
r + R 1 + j ωωb

(r + R) 1 + jω rRC
r+R

avec
1 r+R
ωa = et ωb = (6.2)
rC rRC
Dans le cas pratique où r ≫ R :
ω
R 1 + j ωa
T (ω) ≃ (6.3)
r 1 + j ωωb

avec
1 1
ωa = et ωb ≃ (6.4)
rC RC
La représentation asymptotique est donnée à la figure 6.2. On voit bien que les
composantes à fréquences fa < f < fb sont accentuées. La fréquence de cassure fa
est définie par la constante de temps T a = ω2πa . Pour la radio-diffusion en FM, cette

33
6 LA PRÉACCENTUATION

Figure 6.2 – Représentation asymptotique du circuit de préaccentuation.

constante est normalisée à 75 µs aux USA et 50 µs en Europe. Les fréquences de


cassure valent donc 2,1 kHz aux USA et 3,3 kHz en Europe.
Après démodulation, un filtre adéquat de déaccentuation va restituer les ni-
veaux corrects. Un exemple d’un tel filtre est donné à la figure 6.3, avec sa repré-
sentation asympotique à la figure 6.4.

r
b b

b b

Figure 6.3 – Circuit de déaccentuation

Amélioration du rapport S/P grâce à la préaccentuation.

Calculons l’amélioration du rapport signal/perturbation lorsque la préaccentua-

34
6 LA PRÉACCENTUATION

Figure 6.4 – Représentation asymptotique du circuit de déaccentuation.

tion est utilisée. Appliquant les résultats du paragraphe précédent, il vient :


s
S  !2
Uc (∆F)M a ∆ fi
= 1+ (6.5)
P ∆ fi Ui ∆ fi aM fa

Pour les fréquences du spectre modulant telles que ∆ fi ≫ fa :


S  Uc (∆F) M a
= (6.6)
P ∆ fi Ui fa aM
Le rapport signal/perturbation est d’autant plus grand que la fréquence fa est plus
basse. Il est bien évident que fa doit être choisie de façon à ne pas surcharger
le modulateur aux fréquences modulantes élevées (a < aM ). Pour la plus haute
fréquence modulante (15 kHz), la préaccentuation améliore le rapport S/P par un
facteur (en Europe) :
∆ fi 15
= (6.7)
fa 3, 3
C’est la réception aux fréquences modulantes élevées qui limitera la portée des
émetteurs par la valeur minimale acceptable du rapport S/P. En FM, on a :
S  Uc (∆F)M amin
= (6.8)
P min Ui fa aM
En AM, on a obtenu : S  Uc amin
= (6.9)
P min Ui aM
Dès lors, pour une dynamique fixée du signal aamin M
, la porteuse en FM pour le
même rapport S/P peut être 22,5 (75/3,3) fois plus petite qu’en AM, soit une puis-
sance d’émission (22, 5)2 plus petite. Cet avantage est payé d’une consommation
de bande passante (≃ 200 kHz par rapport à 30 kHz).

35
7 PASSAGE D’UN SIGNAL MODULÉ EN FRÉQUENCE À TRAVERS UN FILTRE

La bande passante requise a imposé de loger les émetteurs FM en ondes mé-


triques avec une propagation limitée par l’horizon de l’émetteur. Avec des puis-
sances d’émission faibles, il est donc possible de couvrir un pays avec des émis-
sions tolérant une grande dynamique avec un rapport signal/perturbation très élevé.

7 Passage d’un signal modulé en fréquence à travers un


filtre
Prenons l’expression générale d’un signal FM :
(∆ω)M t
" Z #
mFM (t) = Uc cos ωc t + s(α) dα (7.1)
aM 0

Un tel signal appliqué à un démodulateur adéquat donne naissance à un signal de


sortie proportionnel à l’écart de pulsation :
(∆ω)M
Udem (t) = K s(t) = Kr s(t) (7.2)
aM
Si le signal FM (mFM (t)) passe à travers un filtre avant la démodulation, les compo-
santes de son spectre subissent une modification en amplitude et en phase. Leur su-
perposition dans le signal de sortie du filtre ne produit pas une amplitude constante
et le signal de sortie est non seulement modulé en fréquence mais aussi en am-
plitude. Cette modulation en amplitude sera sans effet sur un modulateur précédé
d’un limiteur mais le signal démodulé sera cependant affecté d’une distorsion qu’il
convient d’évaluer.
Si les fréquences modulantes sont petites par rapport à la fréquence porteuse,
on peut admettre que le déphasage introduit par le filtre à une fréquence instanta-
née f est celui qui existerait si cette fréquence était maintenue constante en perma-
nence. Autrement dit, pour le filtre travaillant autour de fc , la variation de fréquence
du signal se produit lentement et si la transmittance isochrone du filtre est :

T (ω) = |T (ω)| e jφ(ω) (7.3)

le déphasage instantané est φ(ω). Le signal de sortie du démodulateur suivant le


filtre, proportionnel à l’écart de pulsation, vaut :
(∆ω)M t
" Z # !
d
Udem = K ωc t + s(α) dα + φ(ω) − ωc (7.4)
dt aM 0
dφ(ω)
= Kr s(t) + K (7.5)
dt
dω dφ(ω)
= Kr s(t) + K (7.6)
dt dω
Puisque :
(∆ω)M dω (∆ω)M ′
ω(t) = ωc + s(t) et donc = s (t) (7.7)
aM dt aM

36
7 PASSAGE D’UN SIGNAL MODULÉ EN FRÉQUENCE À TRAVERS UN FILTRE

nous pouvons finalement écrire :


" #
′ dφ(ω)
Udem = Kr s(t) + s (t) (7.8)

Le déphasage φ(ω) peut être exprimé par un développement en série autour de la
pulsation ωc de la forme :
φ(ω) = φ(ωc ) + b1 (ω − ωc ) + b2 (ω − ωc )2 + b3 (ω − ωc )3 + · · · (7.9)
Dès lors :
h  i
Udem = Kr s(t) + s′ (t) b1 + 2b2 (ω − ωc ) + 3b3 (ω − ωc )2 + · · · (7.10)
2
 ! ! 
 ′ (∆ω)M 2
′ (∆ω)M  3 ′ 
= Kr  s(t) + b1 s (t) + b2
 s (t) + b3 s (t) + · · · 
aM aM
(7.11)
Le premier terme du développement précédent est le signal utile, les autres termes
correspondent à des distorsions. Le deuxième terme représente un signal en qua-
drature avec le signal utile, de même fréquence, mais dont l’amplitude est propor-
tionnelle à la fréquence modulante. En effet, si :
s(t) = a cos ω1 t (7.12)
on a :
s′ (t) = −aω1 sin ω1 t (7.13)
Le troisième terme, pour un signal modulant sinusoïdal s’écrit :
!
(∆ω)M  ′ (∆ω)M 2
b2 [a cos ω1 t]2 (t) = −2b2 a ω1 cos ω1 t sin ω1 t (7.14)
aM aM
(∆ω)M 2
= −b2 a ω1 sin 2ω1 t (7.15)
aM
Il correspond à l’apparition d’un harmonique 2 dans la réponse après démodula-
tion. Le quatrième terme correspond à la génération d’un harmonique 3 et une
distorsion du signal utile.
On voit donc que l’action d’un filtre sélectif linéaire se traduit par une distor-
sion non linéaire et l’introduction d’un terme en quadrature avec le signal modu-
lant. Si le filtre à un déphasage nul dans la bande passante, il n’y a pas de distorsion.
Si le filtre sélectif est tel que le déphasage est proportionnel à l’écart de fréquence
par rapport à la porteuse, il n’y a pas de distorsion non linéaire. La distorsion de
quadrature est négligeable si :
ω1 b1 ≪ 1 (7.16)
Si le filtre est symétrique par rapport à la porteuse, les termes d’indice impair du
développement n’existent pas et seuls les harmoniques pairs existent dans la dis-
torsion.
Il apparaît donc que les amplificateurs précédant la démodulation d’un récep-
teur FM doivent être spécialement étudiés pour présenter un déphasage faible dans
la bande passante, en utilisant éventuellement des réseaux correcteurs de phase.

37
8 EFFET DES NON-LINÉARITÉS EN MODULATION FM

8 Effet des non-linéarités en modulation FM


Considérons, pour l’instant, un dispositif non linéaire dont l’entrée x(t) et la
sortie y(t) sont reliées par :

y(t) = a1 x(t) + a2 x2 (t) (8.1)

Si x(t) est un signal FM, x(t) = mFM (t) avec :


Z t !
mFM (t) = Uc cos ωc t + k f s(α) dα (8.2)
0

où s(t) est le signal modulant, alors :


" Z t !# " Z t !#2
y(t) = a1 Uc cos ωc t + k f s(α) dα + a2 Uc cos ωc t + k f s(α) dα (t)
0 0
(8.3)
Z t ! Z t !
a2 a2
= Uc2 + a1 Uc cos ωc t + k f s(α) dα + Uc2 cos 2ωc t + 2k f s(α) dα
2 0 2 0
(8.4)

Le terme continu peut être filtré et le signal de sortie contient le signal FM original
et un autre signal FM obtenu à partir du même signal modulant, d’une fréquence
de porteuse égale à deux fois la fréquence originale et d’une constant k′f = 2k f .
Notons, cependant, que le signal utile s(t) est intact dans les deux termes. Par
conséquent, les non linéarités ne sont pas la cause de distorsion dans le cadre de
la modulation FM. Ce qui vient d’être vu pour un système non linéaire d’ordre
2 peut être généralisé à des dispositifs non linéaires d’ordre n. Dans ce cas, des
contributions à 3ωc , 4ωc , · · · nωc sont également présentes. Pour chacune de ces
contributions, le signal modulant y est présent et non distordu. C’est la raison pour
laquelle la modulation FM présente une bonne immunité face aux non linéarités.
Remarque.– Considérons un signal AM-DSB-SC (sAM (t) = s(t) cos ωc t) passant
dans un dispositif non linéaire tel que y(t) = ax(t) + bx3 (t). A la sortie, nous avons :

y(t) = as(t) cos ωc t + bs3 (t) cos3 ωc t (8.5)


3b3 3
" #
b
= as(t) + s (t) cos ωc t + s3 (t) cos 3ωc t (8.6)
4 4

Le terme en 3ωc peut être supprimé par filtrage. On remarque bien que le terme
résultant en ωc est affecté par de la distorsion (composante en 3b 3
4 s (t)). La mo-
dulation AM présente donc une sensibilité aux non linéarités bien supérieure à la
modulation FM.

38
RÉFÉRENCES

Références
[1] M. Blondel. Cours de Télécommunications I. FPMs, 1996.
[2] A.B. Carlson. Communications Systems. McGraw-Hill International Editions,
1986.
[3] P.-G. Fontolliet. Systèmes de Télécommunications, Traité d’Electricité, Vo-
lume XVIII. Presse Polytechniques et Universitaires Romandes, 1996.
[4] B.P. Lathi. Modern Digital and Analog Communication Systems. Oxford Uni-
versity Press, 1998.

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