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L3

Cours Télécommunications :
Chapitre III : Communication Numérique
UE 3EEP11

Par Aziz Benlarbi-Delaï, Professeur de Sorbonne Université


III. : Les communications sans fil ................................................................................... 3
I. Introduction ................................................................................................................................................................. 3
II. Scénario type et formalisme mathématique de la modulation .............................................................. 3
1. Formulation mathématique des différents types de modulation analogique .................................. 4
a) Modulation et démodulation d’amplitude double bande sans porteuse ................................................... 4
b) La modulation d’amplitude double bande avec porteuse ................................................................................ 6
c) La modulation QAM (Quadrature Amplitude Modulation) ............................................................................. 6
d) La modulation angulaire ................................................................................................................................................ 7
2. Modulation numérique ............................................................................................................................................ 8
a) Modélisation du signal et du système de communication ............................................................................... 9
b) Représentation géométrique du signal .................................................................................................................. 10
c) Exemple d’application : la modulation de phase en numérique (BPSK, QPSK….MPSK) ................... 12
III. Vers le récepteur optimal ............................................................................................................................... 13

2
III. : Les communications sans fil

I. Introduction
Les communications sans fil sont incontournables lorsqu’on souhaite privilégier la mobilité (téléphone
portable) ou lorsqu’on souhaite communiquer à très grande distance sans moyen de disposer de
support de propagation (communication par satellite).
Pour ce type de communication la modulation est dans la majeure partie des cas incontournable et
fait donc l’objet du présent chapitre.

II. Scénario type et formalisme mathématique de la modulation


Le scénario type d’une liaison radio, avec ou sans fil, est représenté dans la figure 3.1.

Figure 3.1 : Schéma générique simplifié d’une liaison radio avec (radio sur fibre) ou sans fil (propagation dans l’air)

Comme évoqué précédemment, le signal d’information est transmis dans le cas qui nous intéresse en
utilisant un signal porteur p(t). La communication se fait donc par modulation. Le signal électrique
porteur p(t) peut se mettre sous la forme générale :

p(t) = αcos (2𝜋𝑓! 𝑡 + 𝜃) ou sous sa forme complexe p1(t) = αe"($%&! '()) 3.1

On résume figure 3.2, que le signal d’information peut dont moduler :


- Soit l’amplitude a du signal porteur : on parle de modulation d’amplitude,
- Soit la fréquence fc du signal porteur : on parle de modulation de fréquence,
- Soit la phase q du signal porteur : on parle de modulation de phase.

3
Figure 3.2 : illustration des différentes modulations analogiques

1. Formulation mathématique des différents types de modulation analogique


Considérons un message m(t) modulant le signal porteur p(t), selon les trois types de
modulation simultanément : a(t), f(t) et q(t). Le signal modulé s(t) qui en résulte s’écrit :

s(𝑡) = 𝛼(𝑡) cos[2𝜋(𝑓! + 𝑓(𝑡))𝑡 + 𝜃(𝑡) + 𝜙+ ] = 𝛼(𝑡) cos[2𝜋𝑓! 𝑡 + 𝜙(𝑡) + 𝜙+ ] 3.2

Avec 𝜙(𝑡) = 2𝜋𝑓(𝑡)𝑡 + 𝜃(𝑡) la phase instantanée regroupant, au sein d’une modulation dite
angulaire, les modulations de fréquence 𝑓(𝑡) et de phase 𝜃(𝑡), et 𝜙+ la phase à l’origine du signal
porteur.
En utilisant la relation trigonométrique cos(𝑎 + 𝑏) = cos 𝑎 cos 𝑏 − sin 𝑎 sin 𝑏, on trouve :

𝑠(𝑡) = 𝛼(𝑡) cos[𝜙(𝑡) + 𝜙+ ] cos[2𝜋𝑓! 𝑡] − 𝛼(𝑡) sin[𝜙(𝑡) + 𝜙+ ] sin[2𝜋𝑓! 𝑡] 3.3

Le signal s(t) est ainsi décomposé sur une base orthogonale formée par les parties réelle et imaginaire
du signal porteur : soient cos[2𝜋𝑓! 𝑡] 𝑒𝑡 sin[2𝜋𝑓! 𝑡].
Avec comme composante en phase : 𝑠, (𝑡) = 𝛼(𝑡) cos[𝜙(𝑡) + 𝜙+ ]
Et comme composante en quadrature : 𝑠- (𝑡) = 𝛼(𝑡) sin[𝜙(𝑡) + 𝜙+ ]
Si on pose : 𝑢(𝑡) = 𝑠, (𝑡) + 𝑗𝑠- (𝑡) l’enveloppe complexe de s(t)
Alors : 𝑠(𝑡) = ℜA𝑢(𝑡)𝑒 "$%&! ' B.
Ce type de formulation, dont on se servira pour les communications numériques, joue un rôle
important car les récepteurs traitent séparément les signaux I (en cosinus) et Q (en sinus) qui forment
les diagrammes de constellation issus de la représentation géométrique des signaux de
communication.

a) Modulation et démodulation d’amplitude double bande sans porteuse


Pour imprimer sur l’amplitude du signal porteur p(t) les variations du message m(t), il suffit de réaliser
le produit de ces deux signaux comme l’indique la figure 3.3 :

4
Figure 3.3 : Modulation AM

Si le signal m(t) est réel et occupe une bande passante B, alors il admet comme spectre M(w), une
fonction paire comprise entre -2pB et 2pB (figure 3.4 a). Le spectre du signal porteur, qui est une pure
sinusoïde de fréquence fc, est une raie à la fréquence fc. Alors considérant wc constant et j=0, le
produit « message » « porteur » donne :
.
m(𝑡). cos (𝜔! 𝑡) ⇔ [M(ω + 𝜔! ) + M(ω − 𝜔! )] 3.4
$

Il admet, comme présenté dans les propriétés de décalage temporel ou fréquentiel des séries de
Fourier, deux raies aux fréquences (f+fc) et (f-fc).
La représentation dans le domaine fréquentiel avant et après modulation donne :

Figure 3.4 a : spectre du signal en bande de base Figure 3.4 b : spectre du signal modulé

On voit que l’effet de la modulation se traduit par un déplacement du spectre M(w). En effet avant
modulation, le spectre M(w) est autour de 0 Hz, et après modulation, il se trouve autour de fC. Le
spectre situé à droite de fC est appelé bande latérale supérieure et le spectre situé à gauche de au-
dessus de fC est appelé bande latérale inferieure. On note donc une occupation spectrale qui est le
double de la bande passante utile B. On l’appelle d’ailleurs modulation d’amplitude double bande sans
porteuse (modulation DBSP) ou DSB-SC modulation pour (Double-Sideband Suppressed Carrier).
La démodulation la plus simple, dite non cohérente, consiste à détecter l’enveloppe du signal modulé
ou encore à le redresser avant filtrage. On peut également envisager une détection cohérente. Dans
la démodulation s’opère en suivant exactement le même procédé que pour la modulation, à savoir, il
suffit de remultiplier le signal modulé par le signal porteur (figure 3.5).

Figure 3.5 : Démodulation AM

Il s’ensuit l’opération suivante :

5
1 1 1
m(𝑡). cos $ (𝜔! 𝑡) = [𝑚(𝑡) + 𝑚(𝑡)cos (2𝜔! 𝑡)] ⇔ KM(ω) + [M(ω + 2𝜔! ) + M(ω − 2𝜔! )]L
2 2 2
qui révèle que le spectre M(w) du signal m(t), est récupérable par un simple filtrage passe bas. On note
à ce stade que modulation et démodulation sont exactement la même opération sauf au niveau des
filtres de sortie. La modulation utilise un filtre passe bande autour de la porteuse, alors que la
démodulation utilise un filtre passe bas.
Ce type de démodulation requiert la connaissance parfaite (synchronisation en fréquence et en phase),
du signal porteur à la réception. Cette opération peut être conduite par une boucle à verrouillage de
phase, jugée parfois complexe à mettre en œuvre. On peut lui préférer une solution alternative qu’on
appelle modulation d’amplitude avec porteuse et qui permet de détecter le signal porteur dans le
spectre de réception

b) La modulation d’amplitude double bande avec porteuse


Pour mettre en évidence la présence de la porteuse dans le signal reçu, il suffit de l’ajouter, ici avec
une amplitude A, à l’émission.
On obtient à l’arrivée le signal jAM(t) tel que :

φ/0 (𝑡) = 𝐴 cos(𝜔! 𝑡) + m(𝑡). cos(𝜔! 𝑡) = [𝐴 + 𝑚(𝑡)] cos(𝜔! 𝑡) 3.5

La représentation spectrale permet d’écrire :


1
φ/0 (𝑡) ⇔ πA[𝛿(𝜔 − 𝜔! ) + 𝛿(𝜔 + 𝜔! )] + [M(ω + 𝜔! ) + M(ω − 𝜔! )]
2
Laissant notamment apparaître une raie à la pulsation porteuse 𝜔! , ce qui autorise une démodulation
plus aisée.

c) La modulation QAM (Quadrature Amplitude Modulation)


L’idée sous-jacente pour justifier ce type de modulation est l’occupation spectrale non optimale de la
modulation d’amplitude. En effet on a vu que la modulation DBSP occupe deux fois la bande B utile du
signal. Cet inconvénient peut être contourné en envoyant simultanément deux messages sans craindre
d‘interférences entre les messages. Il suffit, pour cela d’utiliser pour le message m1(t) une porteuse en
cosinus et pour le message m2(t) une porteuse en sinus (figure 3.6)

3.6 Modulation-démodulation QAM

Après modulation, le signal en sortie à l’émission s’écrit :

6
S-/0 (𝑡) = m. (𝑡). cos(𝜔! 𝑡) + m$ (𝑡). sin(𝜔! 𝑡) 3.6

Les deux signaux modulés occupent la même bande mais qu’on peut séparer à la réception
en multipliant le signal reçu S-/0 (𝑡) par :
- cos(𝜔! 𝑡), suivi d’un filtrage passe bas pour récupérer m. (𝑡)
- sin(𝜔! 𝑡), suivi d’un filtrage passe bas pour récupérer m$ (𝑡)

En effet :

x. (𝑡) = 2S-/0 (𝑡) cos(𝜔! 𝑡) = 2[m. (𝑡). cos(𝜔! 𝑡) + m$ (𝑡). sin(𝜔! 𝑡)] cos(𝜔! 𝑡)

x. (𝑡) = m. (𝑡) + m. (𝑡). cos(2𝜔! 𝑡) + m$ (𝑡). sin(2𝜔! 𝑡)

Après filtrage le signal x. (𝑡) délivre le message m. (𝑡).


Cette approche suppose une parfaite cohérence de phase à la réception. En effet si à l’arrivée on
multiplie le signal S-/0 (𝑡) par une porteuse de forme générique 2cos(𝜔! 𝑡 + 𝜃)
Le signal x. (𝑡) s’écrira :
x. (𝑡) = 2[m. (𝑡). cos(𝜔! 𝑡) + m$ (𝑡). sin(𝜔! 𝑡)] cos(𝜔! 𝑡 + 𝜃)
Soit encore :
x. (𝑡) = m. (𝑡). cos(𝜃) − m$ (𝑡). sin(𝜃) + m. (𝑡). cos(2𝜔! 𝑡 + 𝜃) + m$ (𝑡). sin(2𝜔! 𝑡 + 𝜃)
Les termes en 2𝜔! 𝑡, étant facilement éliminables par filtrage passe-bas, il reste dans le signal :

x. (𝑡) = m. (𝑡). cos(𝜃) − m$ (𝑡). sin(𝜃) 3.7

On voit bien que si 𝜃 = 0, le signal x. (𝑡) = m. (𝑡). Un raisonnement similaire conduit à obtenir
x$ (𝑡) = m$ (𝑡).
Si en revanche 𝜃 ≠ 0, on aura des interférences entre les deux canaux.
Ce type de modulation est utilisée dans la télévision couleur où la couleur et sa brillance sont traduites
en modulation d’amplitude d’un signal électrique qui est formé après balayage de l’image ligne par
ligne.
Toutefois le problème posé par tous les types de modulation d’amplitude est que justement
l’amplitude est modulée. Cela crée des contraintes sur la chaîne de réception qui doit s’adapter, pour
amplifier le signal, à cette variation d’amplitude. Cette difficulté pratique peut être contournée par les
modulations angulaires qui opèrent à amplitude constante.

d) La modulation angulaire

En complément de la modulation d’amplitude, on peut évoquer la modulation angulaire qui consiste


en un procédé́, non linéaire, permettant la modulation du terme de phase 𝜙(𝑡) d’une porteuse p(t)
prenant la forme suivante :

p(t) = αcos[𝜙(𝑡)]

On a vu que la phase 𝜙(𝑡) peut se mettre sous la forme

7
𝜙(𝑡) = 2𝜋(𝑓! + 𝑓(𝑡))𝑡 + 𝜃(𝑡) + 𝜙+

, révélant deux types de modulations angulaires : modulation de fréquence à travers 𝑓(𝑡) ou


modulation de phase à travers θ(t).

(1) • Modulation de phase :


Dans cette situation la phase instantanée 𝜙(𝑡) varie linéairement avec le message 𝑚(𝑡), tel que
si 𝜙+ = 0, s’écrit

𝜙(𝑡) = 2𝜋𝑓! 𝑡 + 𝑘1 𝑚(𝑡) 3.8

Le signal modulé s’écrivant par conséquent :

𝜑20 (𝑡) = 𝛼𝑐𝑜𝑠[2𝜋𝑓! 𝑡 + 𝑘1 𝑚(𝑡)\ 3.9

(2) Modulation de fréquence


Dans ce cas, il s’agit de faire varier linéairement la fréquence instantanée au rythme du signal modulant
m(t). Ainsi la fréquence instantanée f(t) peut s’écrire

𝑓(𝑡) = 𝑓! + 𝑘& 𝑚(𝑡) 3.10

Avec 𝑘& une constante arbitraire qui désigne la sensibilité du modulateur exprimée en Hz/Volt.
L’amplitude du signal modulé demeure constante, mais sa phase instantanée peut s’exprimer
littéralement ainsi :
' '
𝜙(𝑡) = ] 𝜔(𝑡 3 )𝑑𝑡′ = 2𝜋𝑓! t + 2𝜋𝑘& ] 𝑚(𝑡′) 𝑑𝑡′
45 45

En effet, en rappelant que la pulsation instantanée est la dérivée de la phase, on en déduit que la phase
est l’intégrale de la fréquence instantanée. On en déduit que le signal modulé en fréquence s’écrit :

'
𝜑60 (𝑡) = 𝛼𝑐𝑜𝑠 `2𝜋𝑓! t + 2𝜋𝑘& ∫45 𝑚(𝑡′) 𝑑𝑡′b 3.11

Soulignons que la radio FM (Frequency Modulation) utilise ce type de modulations et permet de


transmettre à distance, et avec une bien meilleure qualité que la modulation d’amplitude, des
émissions de radio dont chacune est portée par un signal dont la fréquence porteuse est comprise
entre 87.5 MHz et 108 MHz.

2. Modulation numérique
La modulation numérique encode un train de bits de longueur finie avec différentes formes d’ondes
ou signaux connus. Au niveau de la réception, l’analyse des formes d’ondes reçues et leurs
comparaisons avec la banque de forme d’ondes connues permet, par identification, d’estimer le
message.
Cette estimation est d’autant plus correcte que la probabilité d’erreur entre le signal reçu et la forme
d’onde candidate est réduite. En d’autres termes l’estimation est d’autant plus correcte que la distance
entre signaux émis et reçus est faible. Cette notion de distance est facile à définir puisqu’on a démontré
qu’un signal (ou forme d’onde) peut être vu comme un vecteur. L’analyse des signaux se fera

8
désormais dans un espace de dimension N fini qu’on appelle l’espace signal et qui est formé de N bases
orthonormées.

a) Modélisation du signal et du système de communication


On part du schéma de la figure suivante :

Figure 3.7 : Scénario générique d’une communication numérique

Dans cette configuration et dans le cadre d’une communication M-ary, on envoie toutes les T secondes
𝐾 = 𝑙𝑜𝑔2 𝑀 bits d’information à travers un canal bruité (Additive White Gaussian Noise). Le débit R de
cette transmission vaut K/T bits par seconde (bps).
Le message formé, de longueur K, s’écrit 𝑚𝑖 = {𝑏1 , … , 𝑏𝐾 } et appartient à l’ensemble 𝓜 des
messages, soit ℳ = {𝑚1 , … , 𝑚𝑀 } avec M=2K.

Chaque message mi a une probabilité pi d’être transmis, sachant que ∑"


!#$ 𝑝! = 1

Pour se propager à travers un canal, qui est par nature analogique, le message mi doit revêtir un
caractère analogique. Pour cela chaque message 𝑚𝑖 ∈ ℳ est mappé par un signal analogique
𝑠𝑖 (𝑡) ∈ 𝑆 = {𝑠1 , (𝑡) … , 𝑠𝑀 (𝑡)} défini sur l’intervalle [0, T] et dont l’énergie est

?
𝐸=" = ∫+ 𝑠>$ (𝑡)𝑑𝑡, 𝑖 = 1, . . , 𝑀 3.12

Comme chaque message mi représente une séquence de bits, alors chaque signal si(t) représente aussi
cette même séquence, et donc sa détection revient à détecter la séquence de bit émise.
Le signal analogique correspondant à l’envoi, à intervalle régulier [kT, (k+1)T], de messages mi s’écrit :

𝑠(𝑡) = ∑@ 𝑠> (𝑡 − 𝑘𝑇) 3.13

Avec si(t) le signal analogique en bande de base ou transposé en fréquence correspondant au message
mi .
Si par exemple, on décide d’envoyer de manière séquentielle les messages m1, m2, m2, m1, quel serait
la forme d’onde du signal analogique s(t) ?
On suppose le séquencement suivant :
- le premier message m1 est envoyé dans l’intervalle [0,T] est mappé par si(t)
- le deuxième message m2 est envoyé dans l’intervalle [T, 2T]
- le troisième message m2 est envoyé dans l’intervalle [2T, 3T]

9
- le dernier message m1 est envoyé dans l’intervalle [3T, 4T]

La forme d’onde pourrait ressembler à celle présentée dans la figure suivante :

et le signal s(t) = s. (𝑡) + s$ (𝑡 − 𝑇) + s$ (𝑡 − 2𝑇) + s. (𝑡 − 3𝑇)


Le signal reçu 𝑟(𝑡), qui est une copie du signal s(t) envoyé à laquelle s’ajoute un bruit blanc gaussien
noté n(t) de DSP 𝒩/2, s’écrit :

r(t) = s(𝑡) + n(𝑡) 3.14

A partir de cette relation, le récepteur doit déterminer quel signal s> (𝑡) ∈ 𝑆 = {𝑠. , (𝑡) … , 𝑠0 (𝑡)} a été
transmis durant l’intervalle [k, (k+1)T].
s = A𝑏t. , … , 𝑏tA B ∈ ℳ.
La meilleure estimée de s> (𝑡), permettra d’estimer le message envoyé, soit 𝑚
Pour tendre vers cette meilleure estimée, il convient de minimiser la probabilité d’erreur qui s’exprime
par la probabilité conditionnelle : PB = ∑0
>C. 𝑝 (𝑚
s ≠ 𝑚> |𝑚> 𝑒𝑛𝑣𝑜𝑦é)𝑝(𝑚> 𝑒𝑛𝑣𝑜𝑦é).

b) Représentation géométrique du signal


Décomposé sur les bases 𝜑" de l’espace à N dimensions, le signal 𝑠> (𝑡) ∈ 𝑆 peut se mettre sous la
forme :

𝑠> (𝑡) = • 𝑠>" 𝜙" (𝑡) , 0 ≤ 𝑡 < 𝑇 𝑜ù


"C.

?
𝑠>" = ] 𝑠> (𝑡) 𝜙" (𝑡)𝑑𝑡 3.15
+

et
?
1, 𝑖=𝑗
] 𝜙> (𝑡) 𝜙" (𝑡)𝑑𝑡 = ƒ
+
𝑥, 𝑖≠𝑗

Si les signaux 𝑠> (𝑡) sont linéairement indépendants alors N=M, sinon N<M.
Par ailleurs compte tenu de la durée T du signal 𝑠> (𝑡) et de sa bande passante B, le nombre N
satisfaisant Shannon est au minimum 2BT. Le signal 𝑠> (𝑡)occupe donc grossièrement 2BT dimensions
orthogonales.

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Pour les techniques de modulations considérées et conformément à ce qui a été vue précédemment,
on dispose de deux bases orthogonales formées par les parties imaginaire et réelle du signal porteur
de fréquence fc soient : cos[2𝜋𝑓! 𝑡] 𝑒𝑡 sin[2𝜋𝑓! 𝑡] que l’on notera 𝜙. (𝑡) 𝑒𝑡 𝜙$ (𝑡).
Afin de tendre vers une base orthonormée, il faudra veiller à garantir les 3 égalités suivantes :
?
] 𝜙.$ (𝑡)𝑑𝑡 = 1
+
?
] 𝜙$$ (𝑡)𝑑𝑡 = 1
+
?
] 𝜙. ( 𝑡)𝜙$ (𝑡)𝑑𝑡 = 0
+

Cela conduit, à vérifier que :

2
𝜙. (𝑡) = … cos (2𝜋𝑓! 𝑡)
𝑇

2
𝜙$ (𝑡) = … sin (2𝜋𝑓! 𝑡)
𝑇

𝑓! 𝑇 ≫ 1
En effet on montre que :
?
2 ? 1 ? sin (4𝜋𝑓! 𝑇)
] 𝜙.$ (𝑡)𝑑𝑡 = ] 𝑐𝑜𝑠 $ (2𝜋𝑓! 𝑡)𝑑𝑡 = ] (1 + cos (4𝜋𝑓! 𝑡)) 𝑑𝑡 = 1 + → 1
+ 𝑇 + 𝑇 + 4𝜋𝑓! 𝑇 &! ?≫.

Et que :
?
2 ? 1 ? cos (4𝜋𝑓! 𝑇)
] 𝜙. ( 𝑡)𝜙$ (𝑡)𝑑𝑡 = ] 𝑐𝑜𝑠 (2𝜋𝑓! 𝑡)𝑠𝑖𝑛(2𝜋𝑓! 𝑡)𝑑𝑡 = ] 𝑠𝑖𝑛(4𝜋𝑓! 𝑡)𝑑𝑡 = − → 0
+ 𝑇 + 𝑇 + 4𝜋𝑓! 𝑇 &! ?≫.

Ce qui nous permet d’écrire :

$ $
𝑠> (𝑡) = ∑D
"C. 𝑠>" 𝜙" (𝑡) = 𝑠>. ‰? cos(2𝜋𝑓! 𝑡) + 𝑠>$ ‰? sin (2𝜋𝑓! 𝑡) 3.16

On peut, pour assurer une meilleure efficacité spectrale, être amené à ajouter des filtres de mise en
forme notés g(t) conduisant à la formulation suivante :
𝑠> (𝑡) = 𝑠>. 𝑔(𝑡) cos(2𝜋𝑓! 𝑡) + 𝑠>$ 𝑔(𝑡)sin (2𝜋𝑓! 𝑡)
Tout en continuant à observer une base orthonormée. Ce qui signifie qu’il faudrait s’assurer que :
? ?
] 𝑔$ (𝑡) cos $ (2𝜋𝑓! 𝑡) 𝑑𝑡 = 1 ] 𝑔$ (𝑡) cos(2𝜋𝑓! 𝑡) sin(2𝜋𝑓! 𝑡) 𝑑𝑡 = 0
+ +

$
La fonction g(t) la plus simple satisfaisant ces conditions est une fonction porte d’amplitude ‰? sur
l’intervalle [0,T].

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c) Exemple d’application : la modulation de phase en numérique (BPSK, QPSK….MPSK)
A l’image de la modulation analogique, trois types de modulation sont également possibles en
numérique. Il s’agit là encore de :
- La modulation d’amplitude : ASK pour Amplitude Shift Keying
- La modulation de fréquence : FSK pour Frequency Shift Keying
- La modulation de phase : PSK pour Phase Shift Keying

Ces trois modulations numériques s’appliquent bien sûr sur un signal porteur v(t) qui lui reste
analogique, soit une sinusoïde de fréquence f et d’amplitude unité.
On traitera ici la modulation de phase à deux états de phases appelée : Bi Phase Shift Keying ou BPSK.
Soit à transmettre l’ensemble binaire formé de la série de symboles à 1 bit suivante : (0, 1, 1, 0, 1, 0,
0, 1). Le signal Sn admet le chronogramme, donné figure 5.8, dont la cadence est fixée par le signal
d’horloge CLK (Clock).
Le signal porteur v(t) est également représenté dans cette figure. Et le résultat de la modulation BPSK,
qui consiste à affecter, pour chaque front montant du signal CLK, la valeur -v(t) lorsque le signal S vaut
0 et la valeur v(t) si le signal S vaut 1, Ainsi dans cette configuration on pour différencier les deux états
« 0 » et « 1 », on écrit :
Pour coder « 1 », on pose 𝑠. (𝑡) = α cos(2𝜋𝑓! 𝑡)
Pour coder « 0 », on pose 𝑠$ (𝑡) = α cos(2𝜋𝑓! 𝑡 + 𝜋)

Figure 3.8 Représentation d’une modulation BPSK et constellation I-Q

De manière générale si on considère 𝒔𝒊 = {𝑠𝑖1 … , 𝑠𝑖𝑁 } un vecteur de composantes .𝑠𝑖𝑗 / représentant


le signal 𝑠𝑖 , alors 𝒔𝒊 constitue les points de constellation qui regroupent tous les vecteurs {𝒔𝟏 … , 𝒔𝑴 }
correspondants aux différentes messages {𝑚1 , … , 𝑚𝑀 } . Cette constellation est la représentation
géométrique de l’espace signal.
Considérons le cas d’un espace signal à deux dimensions (N=2) soient 𝜙. (𝑡) 𝑒𝑡 𝜙$ (𝑡) la base
orthonormée associée, et une communication transmettant des symboles de 2 bits chacun, soit K=2
et donc M=4 messages possibles.
Représentons de deux manières différentes les constellations correspondantes.

12
Figure 3.9 : Exemples de constellations montrant de manières différentes mais univoques les quatre états possibles des
signaux correspondant aux quatre messages possibles avec k=2 bits soient 00, 01, 10 et 11. Les signaux étant sur le
même cercle ont donc la même amplitude. Ici il s’agit de modulation de phase dite QPSK.

L’intérêt de ce type de représentation vectorielle consiste à traiter, de manière simple des signaux
complexes et difficiles à interpréter dans le domaine temporel.
On rappelle quelques notions importantes des vecteurs définissant les métriques utiles pour
l’optimisation de la détection et la prise de décision.
Dans l’espace vectoriel à N dimensions, le module du vecteur 𝒔𝒊 (point de la constellation) s’écrit :

'
&
‖𝒔𝒊 ‖ ≜ 12 𝑠!%
%#$

et par conséquent la distance entre deux points 𝒔𝒊 et 𝒔𝒌 est :

'
&
‖𝒔𝒊 − 𝒔𝒌 ‖ ≜ 125𝑠!% − 𝑠(% 6
%#$

Compte tenu de la relation 3.15, on peut se ramener à l’écriture suivante

)
&
‖𝒔𝒊 − 𝒔𝒌 ‖ = 89 5𝑠! (𝑡) − 𝑠( (𝑡)6 𝑑𝑡
*

III. Vers le récepteur optimal


Dans l’espace signal, le signal reçu exprimé sous sa version vectorielle est, lorsque le message mk est
envoyé :

𝐫 = 𝒔@ + 𝐧L 3.17

Cette relation montre la difficulté de la prise de décision lorsqu’on est face à des situations illustrées
dans la figure suivante.

13
(a)
(b)
Figure 3.10 : Communication binaire en présence de bruit et illustration de probabilité d’erreur dans la décision
(a) : probabilité faible, (b) : probabilité élevée

Si en effet pour la figure de gauche, la décision de considérer 𝐫 comme correspondant au signal 𝐬@ est
évidente (forte probabilité), la figure de droite est nettement moins simple à arbitrer. Les deux régions
admettent des surfaces communes. Théoriquement, chaque région a une surface infinie, la probabilité
diminue certes quand on s’éloigne du centre mais il existe toujours une surface de contact aussi petite
soit-elle. Pour développer davantage, on étudie le bruit blanc gaussien dans l’espace signal à N
dimensions, puis on aborde la procédure de décision qui permet d’aboutir à l’évaluation de la
probabilité d’erreur et donc à la qualité de la réception.

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