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DOLEANCES DE CLOHARS La paroisse de Clohars-Carnoët comptait 2469 habitants à

En 1789 & 1790 la fin de l’ancien régime, suivant le recensement effectué en 1789
par son recteur Pierre-Julien Le Gorgeu. Au moment de la
convocation des Etats généraux, cette paroisse eut six députés à
l'assemblée de la sénéchaussée de Quimperlé, alors que des
Texte de Jean Savina (1876-1949) paroisses plus peuplées comme Moëlan et Bannalec n'en eurent
chacune que quatre. En cette circonstance, pour mieux faire
Professeur d’Histoire à Quimperlé entendre sa voix, Clohars viola le règlement royal, et le sénéchal,
Joly de Rosgrand, négligea, on ne sait pourquoi de la rappeler à
publié en 1930 dans l’hebdomadaire l'ordre.

ECHO DE BRETAGNE L'ordonnance du sénéchal relative à la convocation, en


date du 24 mars, fut notifiée dès le 26, à Julien Calvar, de
(Ancien QUIMPERLOIS) Locouarn, marguillier en charge, par M°Louis Boutéhen, général
et d'armes, c'est à dire huissier à Quimperlé. La convocation fut
Journal Républicain, Politique, Littéraire, Financier, publiée par le recteur Pierre-Julien Le Gorgeu, au prône de la
grand-messe, le dimanche 29 mars. L'assemblée électorale fut
Industriel, Agricole, Commercial et Maritime. tenue, le jour même, en l'église paroissiale, par devant Mtre
Louis-René Le Guiffant, fils, notaire et greffier de la paroisse.
L’ensemble des publications du journal est disponible sur le site
des archives du Finistère Les comparants furent nombreux: Joseph Cariou, de
Kerguisal, qui sera administrateur du district en 1790 et maire en
Jean Savina a écrit : 1791 ; Le Maoût Yves, de Keraudren ; Claude Guyomar, de
Kervénec; Yves Goulven, de Kernévénas ; Guillaume Le Delliou,
Quimperlé et ses environs autrefois de Kerguilan ; Julien Le Guennou, de Kervoine; Guillaume
Colin, de Cotonard ; Corentin Richard, de Kerrien Charles Le
Floch, de Kernévénas, officier municipal en 1790; Yves Le
Garrec, du Grand Letty ; Julien Leslez de Saint-Germain, premier
Mise en page : Maurice MORLEC officier municipal en 1790, et Julien Colin, de Kerangoff,
formant les douze délibérants du général.
Michel Le Delliou, de Kerguilan, qui sera élu procureur- Les six députés chargés de se rendre à l'assemblée de la
syndic en février 1790 ; Jean Bertrand, du Pencleu, officier sénéchaussée furent Julien Lesle, de Saint-Germain; Joseph
municipal en 1790; Julien Kerhuel. de Kerantallec, qui sera le Cariou, de Kerguisal; Guillaume Colin, de Cotonard; Joseph
premier maire de Clohars, élu en février I790; Yves Meurlay, de Leslez, de Locouarn; Julien Kerhuel, de Kerantallec et Alain
Kervéo, Joseph Derrien, de Kerhérou, doyen d'âge ; Pierre Robet, Uhel, de Saint Germain. Suivent 17 signatures. Les noms des
du Grannec ; Joseph Leslé, de Locouarn; Richard Le Maoût, de signataires sont ci-dessus en italiques..
Keroulic ; Francois Le Calvez de Kerdreis; Pierre Le Calvar, du
Grand-Letty; Julien Le Bis, de Kerin, officier municipal en 1971; Doléances locales
Yves Bernard de Kerbonalen, syndic aux chemins en 1789 et
procureur de la commune en 1791 ; Jean Cariou, de Locouarn, En 1789, Clohars-Carnoët ne formula point de doléances
agent municipal en l'an IV ; Corentin Le Villain, commerçant au locales. La première municipalité élue sous le nouveau régime, le
bourg; Alain Uhel, de Saint Germain, officier municipal en 11 février 1790, voulut réparer cette omission. Le Conseil
1791; Jean Baptiste Mus, de Douëlan ; Jean Baptiste Le Calvar ; général de la commune composé du maire Julien Keruel de
Jean Le Delliou, de Kerhérou; René Daheron, prêtre, et autres en Kerantallec, du procureur syndic, Michel Le Delliou, de
grand nombre. Kerguilan, de sept officiers municipaux, au nombre desquels
figuraient Pierre-Julien Le Gorgeu, recteur, et René Le Dahéron,
Faute de temps, sans doute, le cahier de doléances fut prêtre, et de seize notables, parmi lesquels venait, au premier
réduit à sa plus simple expression. On se borna à adopter, en rang, Julien Nicolas, vicaire, rédigea un tableau des « besoins de
bloc, le cahier rédigé par les représentants du Tiers à I'Hôtel de la commune », Ce document fut remis à Joseph Cariou de
Ville de Rennes, du 22 - 27 décembre 1788, document imprimé Kerguisal, membre du Conseil du district de Quimperlé, avec
ou se trouvaient résumées les doléances du Tiers Etat breton. prière de le mettre sous les yeux des administrateurs de ce
district.
Les habitants de Clohars déclarent donc « que leurs doléances,
plaintes et remontrances se trouvent consignées dans le résultat 1° « Notre sacristie a besoin d'être boisée, ainsi que la
des délibérations des 22 27 décembre pour les Etats de la chambre pour y faire des bureaux, armoires et sièges pour les
Province, auxquels arrêtés tous les comparants déclarent officiers municipaux et renfermer les titres et lettres patentes et
pleinement et entièrement adhérer comme tendant au bien de autres papiers concernant la commune.
l'ordre du Tiers et au bien de l'Etat, sauf aux députés qu’ils vont
nommer à concourir avec les autres membres de l'assemblée qui 2° « Qu'il faut un grand autel, un tabernacle, baldaquin et
se tiendra en l'auditoire du siège royal de Quimperlé, le 2 avril gradins neufs; ceux qui existent actuellement étant totalement
prochain. » pourris et vermoulus,
3° « Que l'autel de Saint Jean est interdit ; qu'il est 1793, Marée, administrateur du district, reconnaissait avoir reçu
nécessaire de le refaire à neuf, principalement la boiserie. sept cloches provenant de la commune de Clohars.
- L'ancienne église paroissiale de Clohars était petite et
délabrée. L'entretien du chœur et du chancel incombait au recteur 7° « La façade du midi du presbytère menace ruine.
et à l'abbaye de Saint Maurice, codécimateurs. Ni l'ancien L'escalier, le plancher du salon et la cloison sont aussi en très
recteur, Beubry, devenu en 1788 recteur de Bolhoa, la plus mauvais état ainsi que la porte du jardin. On a délibéré plusieurs
grande paroisse de la Cornouille, ni l'abbaye n'avaient rempli leur fois qu'il fallait relever le dit presbytère et on était convenu
devoir à cet égard. Le général de la paroisse eût pu les y d'extraire des pierres et d'acheter du bois à cet effet
contraindre. L'église fut reconstruite, en partie, en 1812 ; la - Le presbytère situé à Locoïc à 1500 mètres du bourg,
reconstruction fut poursuivie à partir de 1850. En 1856, des fut vendu comme bien national en 1795 et acquis par un groupe
travaux importants furent exécutés dans le chœur. de paroissiens. Il dut être remis en vente, car, en 1817 il
appartenait à M. Horellou de Kergoz. A celle époque, il fut
4° « Le dais est aussi très usé, malpropre et, sous peu, racheté par la commune pour procurer un logement au desservant
hors d'état de servir. et empêcher que la paroisse ne soit privée des secours de la
Un dais neuf fut acheté par le maire, Julien Keruel, en mai 1791. religion.

5° « Le reliquaire est en ruine et dans le cas d’être 8° « Nous souhaiterions voir établir à Saint Maurice une
réédifié. Les bois des cloches ainsi que le beffroi d'icelles sont en école publique où l’on apprit à lire, écrire, chiffrer et le pilotage,
très mauvais état et demandent un prompt relabrement. ». Le vu que notre paroisse est maritime et fournit un grand nombre de
reliquaire n'a pas été réédifié; il était situé à la limite occidentale sujets sur les vaisseaux du roi et voyages de long cours, sans
du cimetière, près du clocher. parler de capitaines sur les bâtiments marchands.

6° « Les chapelles ont besoin de réparations, surtout celles 9° « Les habitants du prieuré de Douëlan ont payé, cette
de Saint Eutrope et de Saint Guthiern. Toutes les chapelles de la année, une dîme exorbitante, sans avoir été desservis depuis le
paroisse ont besoin d'un peu de linge. mois de février par MM. les Bénédictins, comme ils y étaient
-Il y avait 6 chapelles à Clohars, non comprise l'église obligés. Il paraît juste qu'on leur accorde quelque
abbatiale de Saint Maurice : Saint Jacques, Saint-Maudé, Saint- dédommagement. Payer un dixième juste du blé, sans parler des
Julien, Saint Eutrope ou Saint Douaire, Siaint-Germain et Saint- rentes, à des personnes qui ne les perçoivent qu'à tel titre et qui
Guthiern. Les deux premières seules subsistent. Un inventaire, ne remplissent pas leurs obligations, il ne paraît rien de plus
dressé en 1790, révèle la grande pauvreté de toutes ces chapelles, cruel.
en argenterie, meubles, ornements et linges. Le 30 décembre
10° « Les corps de garde sont en très mauvais état ; nous - La commune eut satisfaction sur ce point, du moins pour la
n'avons ni poudre ni fusils ni canons, ni aucun moyen de nous partie non aliénée sous la Révolution, car en 1821, le conseil
défendre si les ennemis venaient attaquer nos frontières. municipal réglementait la jouissance commune de Lan Meur.

11° «. Les embarcations, surtout les étrangères, s'exposent 16° Il règne dans la paroisse, depuis longtemps, un grand
souvent à périr plutôt que de se retirer en relâche dans les ports abus à charge aux paroissiens et qu'il serait à propos de réformer,
de Douëlan et du Pouldu parce que les droits de relâche et de qui est que l'on souffre les maréchaux passagers, sages femmes et
pilotage sont très chers. même bien d'autres personnes qui quêtent dans cette paroisse.
Cela se multiplie de manière que nos campagnes sont dévorées
12° « Messieurs les Bénédiclins de Sainte-Croix doivent à par ces sortes de gens qui même menacent si ou les refuse. Le
la paroisse un constitut de 1 500 I. et une année d'intérêts, échue Conseil arrête de faire défense de quêter dans la paroisse parce
le 21 juillet dernier et en date du 21 juillet 1781, eu rapport de que les paroissiens paieront en argent les maréchaux passagers,
Maitre Larbre de Lépine. sages femmes et autres personnes qu'ils emploieront à leur
service. »
13° « Les chemins des deux ports du Pouldu et de
Douëlan au bourg ont besoin de très grandes réparations et il en Jean SAVINA
est ainsi de la sortie du bourg pour aller à Quimperlé. Celui du
bourg au presbytère est impraticable, l'hiver.

14° « Il y a trop d'auberges sur la paroisse, ce qui est


cause que plusieurs quittent leurs travaux pour aller boire, Il
serait à souhaiter qu'il n'y en ait aucune hors du bourg. Deux ou
trois distribuant du vin suffiraient.

15° « Nous demandons et souhaitons d'être maintenus


dans la possession de communer dans la lande appelée Lan
Meur, appartenant de temps immémorial à la paroisse et qui a été
afféagée par le receveur du domaine de Quimperlé à plusieurs
particuliers de la paroisse après avoir spolié les litres des
archives, lesquels ont été recouvrés et prétendons en conséquence
nous en prévaloir.

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