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Dallages : la NF P 11 213 

arrive !
PUBLIÉ LE 01/11/2004

Sujets relatifs :
Droit de la construction

       

© (Doc. Didier Chatelain.)

Attendue depuis 8 ans, la norme NF P 11 213 (DTU 13.3) portant sur les travaux de dallage
en béton prend le relais des règles professionnelles publiées dans les « Annales de l’ITBTP
», et dont la première mouture « provisoire » date de 1980. Explications et commentaires de
Jean-Marie Paillé, ingénieur à la direction des techniques et des méthodes de Socotec.

L’impatience des professionnels vis-à-vis de ce texte était motivée par l’importante et la coûteuse sinistralité affectant ce type
d’ouvrage, que ce soit dans les bâtiments industriels et commerciaux ou dans les maisons individuelles. De fait, cette nouvelle
norme NF P 11213 (DTU 13.3), même s’il elle s’inspire des règles professionnelles des Annales ITBTP, a surtout pris en compte les
enseignements tirés de la pathologie des dallages : tassements, fissurations, tuilage, etc. Compte tenu de cette approche, le
nouveau texte apporte effectivement beaucoup de nouveautés.

Les Cahiers techniques du bâtiment : Sur quoi portent les principales nouveautés introduites par ce DTU ?

Jean-Marie Paillé : Il y a d’abord une nouveauté d’ordre pratique. En effet, le DTU se compose de trois parties (NF P 11213-1,
11213-2 et 11213-3) correspondant aux trois catégories de dallages visées par le texte. Pour simplifier sa consultation, les trois
parties comportent les mêmes numérotations d’articles pour les mêmes aspects traités. Chacune d’elles se rapporte à un type de
dallage spécifique répondant à une destination d’ouvrage particulière (et donc aux différentes conditions d’exploitation rencontrées).
Ainsi, la partie 1, qui comporte les exigences les plus élevées, correspond aux dallages industriels ; la partie 2 vise les dallages
autres qu’industriels : dallages de bâtiments commerciaux de moins de 1 000 m2 et soumis à des charges inférieures à 1 t/m2.
Cette partie admet en conséquence des dérogations par rapport à la partie 1. La partie 3 concerne les maisons individuelles qui
bénéficient de dérogations supplémentaires, du fait des faibles surfaces et des faibles sollicitations supportées.

CTB : Et sur le plan technique ?

J-M.P. : L’essentiel réside dans les nombreuses nouveautés techniques qui sont importantes puisqu’elles visent pratiquement tous
les aspects de la conception et de l’exécution des ouvrages. Voici mes commentaires, sans préjuger de l’importance relative des
différents points abordés :
Actions et sollicitations :

Les documents particuliers du marché (DPM) exprimant les exigences du maître d’ouvrage devront désormais comporter des
spécifications plus précises sur les conditions réelles d’exploitation des ouvrages. Ainsi, la simple notion de charge au m2 n’a plus
vraiment de sens, en particulier pour les dallages industriels. Les charges concentrées fixes ou mobiles devront donc être indiquées
de façon précise et non plus sous forme d’une charge répartie supposée équivalente. Il s’agit là d’inciter les maîtres d’ouvrage à
s’engager davantage et à assumer leur responsabilité dans le processus.

Étude géotechnique :

Cet aspect est lié aux nouvelles méthodes de calcul. La nouvelle approche de l’étude de sol s’appuie sur une étude de faisabilité.
Réalisée par un géotechnicien, elle comportera dorénavant des sondages plus nombreux et à plus grande profondeur, de manière à
déterminer le module d’Young des différentes couches de terrain rencontrées. En effet, la notion de module de réaction du sol « k »
est abandonnée au profit des modules d’Young des couches sous-jacentes. D’autre part, la détermination d’un module d’essai à la
plaque (Westergaard) est désormais insuffisante pour justifier un dallage. Ce module n’intervenant que pour le premier mètre de
terrain support du dallage.

Méthode de calcul :

Les méthodes de calcul s’appliquent aux dallages des deux premières catégories. Les dallages de la troisième catégorie sont armés
au pourcentage minimum (voir ci-dessous) et ne nécessitent pas de calculs spécifiques. Les anciennes règles basées sur le module
de réaction du sol sont remplacées par des méthodes plus complexes faisant appel aux théories de Boussinesq.

Cette approche est fondée sur la prise en compte des modules d’Young des couches de terrain sous-jacentes et permet de
déterminer la déformation du sol et les contraintes dans le dallage. La complexité des calculs nécessite en fait le recours à des
logiciels spécifiques. Les déformations absolues et relatives des dallages sont désormais limitées.

Dans le cas des joints, le soulèvement des angles est désormais pris en compte en cumulant les contraintes dues aux charges qui
ramènent le dallage au contact du sol et celles qui engendrent ensuite le tassement du sol.

Épaisseur du dallage :

Les épaisseurs des trois catégories de dallages sont nettement augmentées par rapport aux règles antérieures. Pour la catégorie 1,
elle passe de 12 à 15 cm ; pour la catégorie 2 elle est fixée à 13 cm et la catégorie 3 passe de 8 à 12 cm. Ces augmentations
correspondent au constat fréquent (après sinistre) d’épaisseurs réelles nettement inférieures aux épaisseurs théoriques.

Qualité du béton :

Les dosages minima en ciment et le rapport E/C sont désormais fixés avec précision. Les dosages sont indiqués en fonction de la
classe des ciments, afin de minimiser les effets du retrait (plus la classe du ciment est élevée, plus le retrait est fort et plus le dosage
doit être faible).

Pourcentage d’armatures :

Les dallages doivent être armés lorsque l’une des conditions suivantes est rencontrée :

– présence d’un revêtement adhérent

– limitation de l’ouverture des fissures imposées dans les DPM ;

– espacement des joints supérieurs aux valeurs normales.

Pour les dallages armés, les pourcentages minima d’armatures sont nettement supérieurs à ceux des règles précédentes. Pour la
catégorie 1, il passe de 0,15 à 0,4 % ; pour la catégorie 2 le minimum est de 5 cm2/ml (sauf conditions particulières). Les dallages
de la catégorie 3 doivent toujours être armés, avec un pourcentage minimum de 0,2 %.

Les bétons de fibres sont mentionnés, mais le DTU renvoie de fait aux avis techniques en cas de recours à ces techniques.

Joints :

Les règles relatives aux joints de retrait et de fractionnement sont inchangées par rapport aux textes précédents. Cependant, en
présence de charges roulantes supérieures à une tonne, il est fait obligation de mettre en œuvre des goujons en lieu et place des
treillis soudés.

Mise en œuvre :

L’interposition d’un film de polyéthylène est maintenant fortement déconseillée. En effet, la présence de cette barrière entraîne une
rétention d’humidité en sous-face des dallages et accentue le retrait différentiel qui est à l’origine des phénomènes de « tuilage »
(soulèvements au droit des joints).

Il faut noter à cet égard que le DTU ne traite pas des problèmes d’étanchéité.

En revanche, le support du dallage doit permettre à celui-ci de glisser pour éviter notamment les fissurations dues au retrait. La mise
en œuvre d’une couche de sable de 2 cm est fortement conseillée pour former cette couche de glissement.

L’utilisation de bétons autonivelants est bien sûr admise. Tous les bétons doivent présenter un affaissement au cône d’Abrahams
(slump-test) supérieur ou égal à 16 cm.

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