Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
& biodiversité
INTRODUCTION
ARCHIVES
FÉDÉRALES, BERNE
SITE DETEC,
ITTIGEN
MUSÉE
VINCENZO VELA,
LIGORNETTO
L’une des fonctions importantes remplies par La richesse de l’art des jardins
les espaces verts dans l’espace urbain est la
mise en réseau des habitats à l’intérieur et à En Suisse, l’art des jardins se caractérise par
l’extérieur du tissu bâti. Les plantes et, bien une grande richesse historique, comme en
entendu, surtout les animaux, se déplacent, témoignent les parcs des châteaux, les jardins
se propagent, se reproduisent, mêlant ce de villa, les jardins paysans, les cités-jardins,
faisant leur patrimoine génétique. C’est cet les terrains des entreprises, les allées, les
échange permanent qui assure leur survie cimetières ou encore les installations scolaires
à long terme. C’est pourquoi leurs îlots et sportives. Chacun de ces jardins a sa
d’habitat ne doivent pas être trop éloignés propre histoire, justifiée par ses bâtisseurs et
les uns des autres. Les jardins et les espaces poursuivie par ses usagers et diverses autres
libres naturels permettent de raccourcir les influences.
distances et offrent des aires de repos sûres.
Plantation sous couvert végétal riche en
Châtaigneraie avec prairie extensive dans espèces devant le centre administratif du Prairie fleurie au château
le jardin du Musée Vincenzo Vela. DETEC à Ittigen. de Prangins.
De tout temps, la diversité des espèces a joué ou les amas de branches offrent des habi-
un rôle important dans l’art des jardins. Les tats aux petits animaux. Les prairies fleuries
créateurs de jardins de toutes les époques extensives sont plus riches en espèces et plus
ont choisi avec soin les plantes ou les ont esthétiques que les pelouses uniformes. Un
cultivées pour mener à bien leurs projets. De entretien sans engrais ni pesticides est béné-
nombreuses nouvelles espèces cultivées, en fique à la diversité. Sur une prairie extensive,
phase avec les besoins et les goûts du mo- il pousse par exemple jusqu’à cent espèces
ment, sont ainsi apparues. Parallèlement, un différentes d’herbes, de fleurs et de grami-
grand nombre de plantes venues de régions nées (voir aussi les dépliants « Découverte de
lointaines ont été introduites. Elles font, elles la nature et biodiversité dans le jardin » et
aussi, partie de notre culture des jardins, « Préserver le caractère des parcs et jardins
et enrichissent nos espaces verts avec leurs historiques »).
formes et leurs couleurs originales. L’histoire
et le caractère des parcs et jardins historiques Une concurrence menaçante
doivent être préservés. Mais il existe égale-
ment de nombreux moyens de favoriser leur L’introduction et la culture de plantes exo-
utilisation durable et la biodiversité indigène tiques sont aussi anciennes que l’histoire de
(voir aussi dépliant « Préserver le caractère l’horticulture elle-même. On estime qu’entre
des parcs et jardins historiques »). 500 et 600 de ces plantes, appelées « néo-
phytes », se sont depuis établies en Suisse.
Les jardins contemporains allient dans l’idéal La plupart d’entre elles ne posent aucun pro-
créativité formelle, tradition horticole et bio- blème et font partie intégrante de notre vie
diversité. Ils créent ainsi un cadre de vie de quotidienne. Ce sont des éléments tradition-
grande qualité pour leurs usagers. Les struc- nels des jardins historiques qui doivent être
tures telles que les haies, les tas de pierres conservés. Elles rappellent aux visiteurs les
époques où les plantes étrangères fascinaient
la population par leur lointaine origine.
Terrasse naturelle non imperméabilisée
Nichoir dans l’arboretum du château devant le centre administratif du DETEC.
de Wädenswil.
Cependant, certaines de ces espèces non néophytes envahissantes. Dans les jardins, les
indigènes voient aujourd’hui leur réputation espèces envahissantes non indigènes doivent
se ternir en raison de leur développement in- aujourd’hui laisser la place aux plantes
contrôlé. De ce fait, elles menacent la faune indigènes. Si des néophytes envahissantes
et la flore indigènes des jardins et des pay- contribuent de manière essentielle à la valeur
sages. Elles peuvent déséquilibrer des éco- culturelle d’un jardin historique, un entretien
systèmes entiers ou porter atteinte à la santé adapté doit permettre d’en contenir la pro-
ou à l’économie. Elles sont désignées sous le pagation (voir aussi les dépliants « Tenir les
terme de néophytes envahissantes. La liste néophytes envahissantes en échec »).
des espèces interdites, comme la verge d’or
du Canada (Solidago canadensis), est établie Prenons nos responsabilités
dans l’Ordonnance sur la dissémination dans
l’environnement (voir bibliographie). Les Nous pouvons tous contribuer à renforcer la
espèces dont la propagation en Suisse doit présence de la nature dans l’espace urbain.
être empêchée sont recensées dans la liste Les jardins privés, les espaces verts publics,
noire. Il existe en outre une « Watch List » les terrains des entreprises et les environne-
qui regroupe les néophytes envahissantes ments résidentiels offrent une multitude de
susceptibles de causer des dommages. possibilités de préserver et de promouvoir
la diversité biologique. Non seulement nous
Ces deux listes permettent aux acteurs agissons ainsi en faveur de la nature, mais
publics et privés de fixer des priorités dans les nous améliorons aussi le microclimat, la
mesures de prévention et de lutte contre les qualité des sols et le régime hydrique dans
nos zones d’habitation. De plus, les espaces
verts multicolores et variés accroissent notre
bien-être, nous permettent d’être en contact
avec la nature et exercent un impact positif
sur notre santé.
BIBLIOGRAPHIE Forum Biodiversité Suisse IMPRESSUM
(éd.) : État de la biodiversité
Office fédéral des construc- en Suisse en 2014 – Une Éditeur : OFC, OFEV, OFCL
tions et de la logistique OFCL analyse scientifique. Berne, Conception et direction du
(éd.) : Les jardins historiques 2015 projet : Nina Mekacher,
de l’Office fédéral des
Di Giulio, M. : Förderung der Gabriella Silvestri, Peter Gabi
constructions et de la logis-
tique OFCL. Berne, 2013 Biodiversität im Siedlungs Textes et conception
gebiet. Gute Beispiele und graphique : Sinnform AG,
Heyer, H.-R. : Historische Erfolgsfaktoren. Zurich, 2016 www.sinnform.com
Gärten der Schweiz. Die (seulement en allemand)
Entwicklung vom Mittelalter Traduction : Konrad Ueber-
bis zur Gegenwart. Berne, Klaus, G. ; Gattlen, N. : Créer setzungen GmbH
1980 (seulement en alle- la nature. Guide pratique de
promotion de la biodiversité Distribution : www.publica-
mand)
en Suisse. Berne, 2016 tionsfederales.admin.ch
Office fédéral de la protec-
Delarze, R. ; Gonseth, Y. ; © OFC, OFEV, OFCL 2016
tion de la population OFPP :
Collection d’aide-mémoire Eggenberger, S. ; Vust, M. :
pour la protection des biens Guide des milieux naturels de
culturels. Gärten in der Suisse. Bussigny, 2015.
Schweiz, Geschichte und Informations générales sur
Gartentypen. Berne, 2006 la biodiversité :
(seulement en allemand) www.ofev.admin.ch
www.bak.admin.ch/jar- Les listes rouges en vigueur
dinshistoriques sont publiées à l’adresse :
Office fédéral de l’environne- www.bafu.admin.ch/biodiver-
ment OFEV : Stratégie Biodi- sitaet
versité Suisse. 2012 (pas de Centre national de données
version imprimée, download et d’informations sur la flore
pdf: www.bafu.admin.ch/ de Suisse : www.infoflora.ch
publikationen)
Les centres de données sur
Office fédéral de l’environne- les espèces de Suisse :
ment OFEV : État de la www.infospecies.ch
biodiversité en Suisse. Résul-
tats du système de surveil- Portail pour favoriser la
lance de la biodiversité, état diversité dans les herbages :
2016. Berne, 2016 www.regioflora.ch
CHÂTEAU DE PRANGINS
développement inclut autant que possible les Ces mises en valeur portent aussi bien sur de
surfaces adjacentes de la commune (comme nombreuses espèces couvrantes que sur des
le vallon dans le nord-est du site). massifs buissonneux pittoresques en bordure
d’eau ou des prairies fleuries dont la florai-
Outre des surfaces boisées semi-naturelles son doit embellir les espaces verts durant
ou paysagères, le verger à hautes tiges ainsi une grande partie de l’année. Les espèces
que de vastes zones de pelouse et de prairie, couvrantes intègrent les feuilles mortes,
le site abrite des surfaces de liaison et des formant une litière qui sert de cachette et
habitats de grande valeur écologique. Ces de nourriture aux petits animaux avant de se
zones doivent être conservées grâce à une décomposer et d’enrichir le sol.
exploitation variée et au besoin développées
via l’implantation d’herbes et de plantes Au cours des dernières années, le Château
vivaces d’origine indigène selon des modèles de Prangins a mis en œuvre avec succès un
proches de l’état naturel. certain nombre de mesures exemplaires.
Ainsi les visiteurs du parc peuvent apprécier
la réconciliation entre nature et culture.
L E VA L L O N
J A R D I N P O TA G E R
MUSÉE
LES ABÉRIAUX
Depuis la rénovation du
château, la prairie et ses arbres
fruitiers à hautes tiges sont en-
tretenus selon un mode extensif.
Une végétation semi-naturelle s’y
est développée. Afin de rehausser
la biodiversité de la prairie,
cette dernière est réense-
mencée au moyen de la
Jusque dans les années 1990, méthode dite « fleur de
les remparts étaient couverts foin » avec des semis riches
d’un gazon arrosé et traité avec en espèces locales issus
de l’engrais et des herbicides. des prairies environnantes
La gestion désormais plus (voir aussi Regio Flora).
précautionneuse permet le Cette technique permet de
développement au pied de la maintenir la diversité génétique
muraille d’une prairie fleurie locale. Le foin ne contient pas
plus riche en espèces, plus seulement des graines de fleurs
simple à entretenir, plus belle à sauvages. Il forme également une
regarder et plus hospitalière pour couche protectrice favorisant la
la flore et la faune locales. Le sol germination et la croissance des
demeurant encore très riche en jeunes pousses. Le cours d’eau a
substance nutritive, ce processus été remis à ciel ouvert et renaturé
prend néanmoins du temps. en 2010.
Cirse commun (Cirsium vulgare) au bord
Rhinanthe velu (Rhinanthus alectorolophus) du ruisseau. Trèfle des prés (Trifolium prat
dans la prairie fleurie des Abériaux. dans la prairie fleurie.
C O U V E N T S A I N T- G E O R G E S À S T E I N A M R H E I N
réaménager le jardin. Celui-ci voulut suppri- Dans le cadre d’un nouveau plan d’entretien,
mer les changements d’inspiration roman- la Confédération s’attache depuis 2013 à
tique qui avaient été apportés au XIXe siècle faire revivre le concept d’Ammann. Ainsi
et faire renaître l’atmosphère monastique du un jardin de fleurs a-t-il été restauré sur la
lieu. Il dégagea le jardin revenu à l’état sau- terrasse centrale selon le plan d’origine. Des
vage côté Rhin, créa de nouveaux chemins plantes pluriannuelles, inspirées par le projet
et emplacements pour s’asseoir, restaura d’Ammann dans leur taille, la forme de leurs
les structures existantes et mit en place des fleurs et leurs couleurs, y ont été plantées.
jardins de fleurs. Un jardin de simples a été implanté sur la
terrasse supérieure.
Mais le jardin d’Ammann ne survécut pas
longtemps : dès les années 1950, le site fut Le projet repose aussi sur des principes éco-
épuré, ce qui permit d’en simplifier l’entre- logiques. À ce titre, les rosiers sont fertilisés
tien. Les tapis de fleurs furent remplacés naturellement avec des copeaux de corne et
par des pelouses. C’est sous cette forme du compost. Les mauvaises herbes poussant
que le couvent s’est présenté au cours des sur les chemins sont brûlées et non traitées
dernières décennies. avec des produits chimiques. Une attention
particulière est accordée aux murs en pierres
naturelles présentant des joints érodés ou
ouverts, qui offrent des lieux de nidification
« Les murs en pierres naturelles, et un habitat aux lézards, insectes et autres
présentant des joints érodés ou petits animaux.
ouverts, offrent des lieux de
nidification et un habitat aux
lézards, insectes et autres petits
animaux. »
Les murs en pierres naturelles, Sur la terrasse supérieure,
en moellons pleins et en moellons la Confédération a implanté
équarris, présents en grand un luxuriant jardin de simples,
nombre sur le site du couvent, comme il en figurait sur les plans
abritent des plantes spécialisées historiques du XVIIIe siècle. Le
telles que la cymbalaire des murs jardin d’herbes s’articule autour
(Cymbalaria muralis), une plante du thème de la végétation médi
originaire du sud-est de l’Europe, terranéenne, qui s’exprime à
qui s’est implantée en Suisse travers différentes variantes
à la fin du Moyen Âge. Les d’absinthe (Artemisia). La
fissures des murs forment symétrie, la floraison opu
aussi pour les lézards, les lente et la large palette de
insectes et d’autres petits parfums épicés dégagent une
animaux des nids et des abris impression de plaisir végétal
indispensables. C’est la raison baroque.
pour laquelle le plan d’entretien
prévoit la conservation des joints
érodés ou ouverts. Les joints en
ciment pouvant servir de refuge
aux animaux sont même grattés.
COUVENT
La plantation de lauriers-
cerises (Prunus laurocerasus) est
un héritage de Gustav Ammann.
Cet arbuste originaire de l’Asie de
l’Ouest et du sud-est de l’Europe
a la capacité de se propager
rapidement. Il colonise les li-
sières de forêt, les haies et les
clairières au détriment de la
végétation autochtone. C’est
pourquoi le laurier-cerise fi-
gure sur la liste noire suisse des
néophytes envahissantes. En prin-
cipe, les lauriers-cerises doivent
par conséquent être remplacés et
il est interdit d’en planter de nou-
veaux. Ici, l’espèce est toutefois
une composante importante de
l’aménagement historique du site
digne de protection et contribue à
sa valeur. Un entretien systéma-
tique permet d’éviter sa propaga-
tion incontrôlée. 25 m
Il y a quelques années encore,
la terrasse centrale était recou-
verte d’une pelouse. Aujourd’hui,
elle accueille de nouveau un
jardin de fleurs et un calvaire. Le
jardin est agrémenté de plantes
vivaces basses aux couleurs
contrastées inspirées du jardin de
Gustav Ammann. Non seulement
les fleurs de géranium (Geranium)
offrent un superbe spectacle, mais
elles constituent également une
généreuse source de nourri-
ture pour les insectes.
qualités spécifiques du site et déterminent cié. Cela signifie aussi prendre des décisions,
comment elles doivent être préservées ou, le par exemple : quelle strate historique conser-
cas échéant, développées. Pour ce faire, les ver ou restaurer ? Où des ajustements ciblés
experts ne prennent pas seulement en consi- sont-ils indiqués ? Les plans d’entretien des
dération les aspects relevant de la conserva- jardins et parcs historiques s’appuient sur le
tion du patrimoine, mais aussi les exigences principe du maintien de la substance. Parallè-
liées aux utilisations actuelles, aux conditions lement, ils doivent prévoir en temps voulu le
financières et à la protection de la nature et remplacement et le renouvellement cyclique
de l’environnement. des plantes. Dans ce cadre, il convient de
respecter l’histoire et le caractère des sites,
Les jardins historiques se composent majori- tout en favorisant leur utilisation durable et
tairement de végétaux, c’est-à-dire d’un ma- la biodiversité indigène.
tériau vivant, éphémère et renouvelable. Pour
que la préservation d’un jardin historique soit Dans de nombreux jardins historiques, les
durable, il faut y mener un entretien différen- plantations se composent essentiellement de
plantes exotiques venues d’autres régions du
monde. Elles représentent une part impor-
tante de notre art des jardins, et enrichissent
LE PARC DES ARCHIVES délimités par des moellons, tandis que des
parterres de fleurs et des rosiers tiges lon-
FÉDÉRALES geaient l’allée centrale. Des arbustes et des
conifères de plus petite taille agrémentaient
Le bâtiment des Archives fédérales a été l’enceinte en fer forgé qui entourait alors les
construit en 1899 par l’architecte Theo- bâtiments.
dor Gohl dans le style néo-Renaissance.
Conformes à la vision de l’époque, les Au fil des ans, l’imposante population
espaces extérieurs ont été conçus dans la d’arbres n’a cessé de diminuer à la suite
lignée des jardins paysagers à l’anglaise. de travaux entrepris sur les chemins et les
L’accès principal sur le côté est fut consti- bâtiments. Les parterres décoratifs le long de
tué par une allée gravillonnée et dotée de l’allée centrale ont disparu et la clôture a été
deux espaces verts symétriques aux formes retirée avec les plantations qui l’accompa-
géométriques. gnaient. Cependant, dans les années 1950
et 1960, des plates-bandes ont été installées
Trois ans plus tard, le même architecte fit directement contre les façades, ce qui était
construire un bâtiment pour l’Office fédéral courant à l’époque. De même, des cotonéas-
de topographie à côté des Archives fédérales. ters (Cotoneaster), arbustes peu exigeants, et
La disposition en angle des édifices a créé des chèvrefeuilles (Lonicera) ont été plantés
un espace libre, ouvert sur le côté, compre- sur les talus.
nant un espace vert. À l’origine, ce dernier
était aménagé pour partie dans le style Dans les années 1980, le terrain a été complé-
historiciste tardif et accueillait de nombreux té par des archives souterrains. Les travaux ont
végétaux : des conifères endémiques et détruit une grande partie du jardin ornemen-
exotiques soulignaient les coins des chemins tal et l’architecte paysagiste chargé de sa res-
tauration, Franz Vogel fils, s’est posé la ques-
tion de son aménagement. L’Office fédéral
Vieux arbres à l’aile sud du bâtiment.
nagée Laurier-cerise sur le talus.
L’ O F F I C E F É D É R A L
DE TOPOGRAPHIE
CHÂTEAU DE WÄDENSWIL
ARBORETUM
Près de
la grotte on trouve des plantes
alpines qui apprécient l’ombre.
Dans ses alentours ont été dispo-
sés différents arbustes et conifères
à feuilles persistantes et semi-
persistantes (épicéa commun
(Picea abies), chamaecyparis
(Chamaecyparis), cèdre du
GRANGE CHÂTEAU
Japon (Cryptomeria japonica),
laurier-cerise (Prunus laurocerasus)
et viorne tin (Viburnum tinus)),
plusieurs variétés d’une même
espèce se côtoyant.
Contrairement à l’arboretum,
le vallon accueille principalement
des essences endémiques des
forêts ou des lisières forestières.
À l’origine, la plantation était
majoritairement composée d’épi-
céas (Picea), de hêtres (Fagus),
de bouleaux (Betula) et de frênes
(Fraxinus). En vertu du plan d’en-
tretien du parc, les chèvrefeuilles
(Lonicera) non adaptés au site
qui avaient été plantés au début
du XXe siècle seront progressi-
vement remplacés par une flore
riche en espèces. Les premières
zones ont déjà été réaménagées
dans ce sens, contribuant de
VA L L O N ce fait au renforcement de la
diversité biologique. Les arbres
et arbustes endémiques sont
des habitats de prédilection
pour de nombreux oiseaux et
d’autres animaux. Les espèces
exotiques ne peuvent pas remplir
pleinement ce rôle, car elles ne
sont pas adaptées à leurs besoins.
Par exemple, souvent elles ne
constituent pas une source de
nourriture pour les insectes.
Dryoptère fougère mâle (Dryopteris
Une hélice des bois dans la filix-mas) le long de l’enceinte du château. Nichoir dans l’arboretum.
gorge humide.
É TA N G
seulement préservées au titre de la conser- En revanche, dans tous les autres sites – qu’il
vation du patrimoine, mais quelquefois s’agisse de jardins privés, de parcs publics,
aussi remplacées lorsque des spécimens d’aménagements paysagers ou d’espaces
sont trop vieux. Toutefois, les néophytes verts –, les néophytes envahissantes doivent
qui se propagent rapidement et de manière être traitées de manière systématique et
incontrôlée posent également problème éliminées avec soin afin qu’elles ne causent
dans les sites historiques. C’est la raison pour pas davantage de dommages sur le site
laquelle des espèces telles que la renouée du lui-même et dans les environs. Il est souvent
nécessaire de déterrer les parties souterraines
des plantes, qui sont ensuite éliminées dans
une usine d’incinération des déchets. Dans la
« Lorsque les conditions leur plupart des cas, il est possible de remplacer
sont favorables, les néophytes les néophytes indésirables par des espèces
indigènes remplissant la même fonction. Il
envahissantes peuvent existe à cet effet des listes de plantes alterna-
se propager extrêmement tives (voir dépliant « Promouvoir la biodiversi-
rapidement. » té dans les jardins »).
Art des jardins
& biodiversité
Il y a peu,
le lierre
(Hedera
helix) pro
liférait encore
sous ce
groupe d’arbres.
Aujourd’hui y pousse
une plantation sous couvert
végétal composée de 45 espèces,
dont 80 % sont indigènes. Dans
À l’ombre des feuillus indi-
la partie centrale de la zone, on
gènes poussait autrefois une
trouve des vivaces forestières qui
plantation sous couvert végétal
supportent l’ombre et la séche
homogène de lierres grimpants
resse. Certaines de ces plantes
(Hedera helix). Au printemps
possèdent un feuillage persistant.
2015, l’Établissement horticole
La partie périphérique accueille
de la Confédération a retiré
des plantes vivaces à fleurs de
le lierre pour le remplacer par
l’ourlet forestier. Cette zone est
37 graminées et plantes vivaces
fauchée en hiver.
adaptées au site, majoritairement
autochtones. En collaboration
avec la Haute école zurichoise
des sciences appliquées (ZHAW,
groupe de recherche Choix des
végétaux), l’Établissement horti-
cole teste une nouvelle approche
de plantation de sous-bois ombra-
gés sans bosquets.
À l’automne 2015, l’Établis- La prairie située sur la
sement horticole de la Confé- Worblentalstrasse est une prairie
dération a mis en place, le long à fromental. Pendant des siècles,
du bâtiment administratif et à ces prairies peu intensives où
côté d’une allée de platanes, poussaient la sauge (Salvia),
une plantation de conception la marguerite (Leucanthemum
inédite, composée d’arbustes vulgare), la centaurée (Centaurea)
et de plantes vivaces indigènes et de nombreuses autres fleurs
à croissance lente. Au total, ont façonné le Plateau suisse.
18 espèces d’arbustes et Elles sont beaucoup plus riches en
21 espèces de plantes espèces que les prés agricoles ac-
vivaces ont été plantées. Les tuels. La prairie est généralement
arbustes comme les plantes fauchée une fois par an. Une
vivaces mêlent des espèces deuxième fauche annuelle est
supportant le dérangement parfois nécessaire pour prévenir le
et à courte durée de vie et développement de la vergerette
les espèces résistantes au stress annuelle (Erigeron annuus), une
et à longue durée de vie. Cette plante indésirable. Dans le cas
zone doit permettre d’étudier contraire, la néophyte envahis-
la résistance d’une plantation sante doit être arrachée à la main,
aussi variée dans un environne- un travail qui demande beaucoup
ment urbain et l’entretien qu’elle de temps. Les pistes battues
nécessite. ont été délibérément
conservées, car elles
abritent des petits
groupements vé-
gétaux qui leur
sont propres.
OFEV
PA P I E R M Ü H L E S T R A S S E
ARE
OFEV
W O R B L E N TA L S T R A S S E
La commune a conservé
l’étang en souvenir d’un bras
secondaire asséché de la
Worble qui passait à cet en-
droit. Aménagés de façon
naturelle, le plan d’eau et
sa zone d’alluvionnement
sont devenus une attrac-
tion pour les collaborateurs
des bâtiments voisins, ainsi
N 100 m que pour la population.
Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria)
Rhinanthe velu (Rhinanthus alectorolophus) devant le bâtiment de l’OFEV. Centaurée jacée (Centaurea
dans la prairie fleurie. dans la prairie extensive.
LA DIVERSITÉ À LA COTE
Dans une étude scienti-
fique menée par le WSL,
les personnes interrogées
2,0 ont évalué plus positive-
1,5 ment les sites diversifiés.
0,9 L’illustration indique les
0,5 valeurs moyennes sur une
échelle de 0 à 4. Source :
Home (2009)
• Mettre en place une plantation naturelle les pelouses fleuries plutôt que les pelouses
d’espèces sauvages indigènes dans la plus intensives. Utiliser des semences régionales.
grande partie du jardin. • Ne pas sceller les voies de circulation – par
• Renoncer aux plantes exotiques et éliminer exemple, recouvrir les chemins et les places
systématiquement les espèces envahissantes de stationnement de gravier, de marne, de
par des mesures spécifiques ciblées, et ce, dalles gazon, de moellons ou de pavés.
dès leur apparition. • Laisser les fissures sur les revêtements et les
• Créer des structures : arbres, haies, bos- murs afin de favoriser la présence d’insectes
quets, petites structures telles que bois mort et de reptiles.
et amas de branches, tas de pierres, surfaces • Ne pas utiliser d’herbicides pour l’entretien.
gravillonnées, lisières fleuries, petits cours N’utiliser les biocides et les engrais que si
d’eau et cours d’eau temporaires. nécessaire. Privilégier les produits biolo-
• Préférer les prairies fleuries aux pelouses. giques et qui ne nuisent pas aux auxiliaires,
Pour les aires de jeux et de détente, choisir ainsi que les engrais naturels.
BIBLIOGRAPHIE SITES IMPRESSUM
Forum Biodiversité Suisse : Centre administratif Éditeur : OFC, OFEV, OFCL
Magazine HOTSPOT 33/16 : du DETEC
Conception et direction du
Des jardins pour la biodiver- Mühlestrasse 2-6
projet : Nina Mekacher,
sité. 2016 3063 Ittigen
Gabriella Silvestri, Peter Gabi
ASPO / Birdlife Suisse : OFEV
Textes et conception
Brochures « Habitats riches en Papiermühlestrasse 172
graphique : Sinnform AG,
fleurs et abeilles sauvages Worblentalstrasse 68
www.sinnform.com
dans les agglomérations » 3063 Ittigen
ainsi que « Arbres et arbustes Traduction : Konrad Ueber-
Les espaces verts décrits sont
dans les agglomérations ». setzungen GmbH
accessibles sans restriction.
2015
Distribution : www.publica-
Home, R. : The Social Value tionsfederales.admin.ch
of Urban Nature in Switzer-
© OFC, OFEV, OFCL 2016
land. Diss. Mathematisch-na-
turwissenschaftliche Fakultät,
Universität Zürich. 2009
www.biodivercity.ch
verts et les jardins exploités selon un mode derniers offrent un habitat à différentes es-
intensif se sont multipliés. En réaction, les pèces, notamment aux oiseaux. Les pelouses
premiers jardins naturels ont vu le jour dans doivent être réservées aux aires de jeux et
les années 1980. Dans ces jardins, les plantes de détente. Sur les autres surfaces, on peut
indigènes sauvages doivent pousser le plus mettre en place des prairies fleuries exten-
naturellement possible et les cycles natu- sives riches en espèces.
rels reprendre leurs droits. En contrepoint à
l’uniformité des pelouses avoisinantes sont Par ailleurs, le choix des espèces végétales
apparus des habitats variés répondant à plantées en sous-étage des bosquets, sur les
de nouveaux principes d’aménagement et talus et dans les plates-bandes joue un rôle
conceptions esthétiques. déterminant. Il existe des espèces de plantes
sauvages de couleurs, formes et tailles
Aujourd’hui, les jardins naturels allient créati- variées adaptées à chaque site. Leurs fleurs
vité formelle, tradition horticole et biodiversi- forment un tapis multicolore, tout en offrant
té. Ils créent ainsi un cadre de vie de grande une source de nourriture pour les petits
qualité pour leurs usagers. De plus en plus animaux, les abeilles, les papillons et d’autres
de propriétaires – particuliers, entreprises insectes.
et institutions publiques – accordent de
nouveau davantage de place à la nature dans La présence de plantes majoritairement
les zones urbaines en adoptant une approche indigènes facilite en outre l’entretien : les
réfléchie de leurs espaces verts. espèces étant adaptées à notre climat,
l’entretien est moins intensif et souvent plus
Il n’est pas difficile de favoriser la diver- bénéfique. Les engrais, les herbicides et les
sité biologique dans un espace vert : à la insecticides deviennent inutiles. L’arrosage se
place des clôtures, les limites des terrains limite aux périodes particulièrement sèches.
peuvent être marquées par des arbres, des Les prairies fleuries naturelles n’ont besoin
haies mixtes et des arbustes indigènes. Ces d’être tondues qu’une à deux fois par an.