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Parler de nature en ville peut sembler provocant. Les êtres vivants sont pourtant très présents, même dans les
villes les plus importantes. Si une grande partie des végétaux, mais pas tous, ont été importés par les humains, il
n’en est pas de même des animaux. Ces derniers se sont en général installés spontanément. La richesse de la
biodiversité urbaine est parfois très grande et souvent inattendue. Ainsi, autour du clocher de la cathédrale de
Séville, on peut voir voler des faucons crécerellettes ! Cette biodiversité nous apprend beaucoup sur les capacités
d’adaptations comportementales de nombreux animaux. La colonisation des villes par les oiseaux n’a été
possible que grâce à cette qualité. Cela dit, on ne sait pas grand chose sur les conditions des peuplements de nos
villes, même si l’on dit que l’arrivée du merle y a été tardive (au XVIe siècle).
La biodiversité à Paris
http://labiodiversite.free.fr/biodiversite_paris/accueil_paris.php
On estime actuellement la flore parisienne à plus de 1200 espèces de plantes
« sauvages », au sens où leur croissance et leur multiplication ne sont pas soumises à
l'intervention humaines. Parmi elles, quatre types d'espèces sont à distinguer :
- Les espèces indigènes de la région Ile-de-France
- Les espèces naturalisées (des espèces introduites depuis longtemps qui ont su
s'adapter au milieu naturel)
- Les espèces introduites récemment
- Les espèces introduites de manière accidentelle (donnant lieu souvent à des
phénomènes d'invasion).
Cette biodiversité est généralement méconnue ou sous-estimée par le grand public. Qui penserait par
exemple qu'il est possible de trouver des orchidées sauvages dans Paris intra-muros ?
En ce qui concerne les espèces exotiques, de très nombreuses espèces sont arrivées sur Paris, puis se
sont ensuite servies de Paris pour coloniser l’ensemble de l’Ile-de-France et même parfois la France,
comme pour les animaux. Le buddleia (ou « arbre aux papillons ») est une plante exotique très bien
acclimatée au biotope parisien où il colonise toute nouvelle friche, au point de devenir parfois une
espèce envahissante (par exemple en 2003 sur toutes les friches de la zone Tolbiac).
Les parcs et jardins sont des milieux intermédiaires (entre les milieux artificiels (pavé,mur,...) et les
milieux naturels (les bois,..)), qui présentent des groupements végétaux naturels mais dégradés.
D'autres espaces contribuent également à la biodiversité végétale de la ville : les interstices entre les
pavés, les toitures et façades d'immeubles, les friches et terrains vagues, les berges et points d'eau.
(http://labiodiversite.free.fr/biodiversite_paris/cachee.php)
Paris est la capitale la plus dense d'Europe en population et la part des espaces verts est des plus
réduites. En effet, on ne compte dans la ville intra-muros que 5,8 m2 d'espace vert par habitant ou 14,5
m2 en comptant les deux bois de Boulogne et de Vincennes, contre 36 m2 à Amsterdam, 45 m2 à
Londres, 59 m2 à Bruxelles ou encore 321 m2 à Rome.
La municipalité a introduit la notion de « coefficient de biotope » dans son plan d'urbanisme afin
d'imposer aux promoteurs immobiliers de végétaliser une surface minimale attenante à toute
construction.
1290 espèces animales ont été recensées à Paris. Entre la Seine, le cimetière du Père-Lachaise, le
territoire de la Petite Ceinture, les bois de Boulogne et de Vincennes, Paris possède de nombreux lieux
favorables à l’accueil et à la survie des animaux.
Entre quinze et vingt espèces de poissons sont présentes dans la Seine, parmi lesquelles les plus
courantes sont le Gardon, la Brème commune, la Perche, le Rotengle, et l’Ablette. Quelques espèces de
prédateurs, comme le Brochet, dont certains individus atteignent un mètre, ou le Silure glane qui est
de plus en plus fréquent dans Paris, peuplent la Seine. L’Anguille est aussi couramment observée. Le
seul reptile peuplant les berges de la Seine est le Lézard des murailles.
La Seine attire de nombreux oiseaux. Les oiseaux hivernants comme la Mouette rieuse et le Grand
Cormoran sont communs ; les oiseaux nicheurs comme le Goéland argenté et le Goéland leucophée
construisent depuis peu leurs nids sur les grands bâtiments du bord de Seine, et le Canard colvert
niche dans les parcs, et en particulier au Jardin des Plantes. Les oiseaux de passage comme le
Chevalier guignette, la Bergeronnette des ruisseaux sont souvent observés, et quelquefois le Héron
cendré. Anecdote amusante est qu’il a pu également être observé dans la cour aux Ernest de l’École
Normale Supérieur, en train de pêcher les poissons introduits dans la fontaine. Le Martin-pêcheur
vient à nouveau pêcher dans la seine, preuve de l’abondance et de la diversité des poissons de la
seine. Quelques crustacés peuplent la Seine, dont les plus célèbres sont la Crevette caridine et
l’Écrevisse rouge américaine, ainsi que quelques mollusques.
Le Rat surmulot est le seul mammifère observable sur les bords de Seine.
Avec ses quarante-quatre hectares, le cimetière du Père-Lachaise est le plus grand espace vert de
Paris intra-muros. Il joue un rôle de premier plan dans la biodiversité parisienne. La biodiversité
animale y est importante car les milieux sont variés (plantation d’arbres, gazons, allées et chemins,
routes pavées, murs, tombes, jardinières).
De nombreuses espèces animales peuplent la Petite Ceinture (voie SNCF désaffectée), dont quelques
mammifères comme le Hérisson d’Europe, et la Pipistrelle commune dont la plus grande colonie
d’hivernage se situe dans l’un des tunnels de la Petite Ceinture. La Fouine vient y chasser, mais le
prédateur le plus abondent dans cet espace est le Chat. Vingt-cinq espèces d’oiseaux y ont été
recensées.
Trame bleue
*** Trame verte, trame bleue. Les continuités de la vie, colloque international,
Muséum National d’Histoire Naturelle, 28 et 29 avril 2009
La trame bleue a vocation à rassembler des milieux aquatiques et humides qui assurent
des fonctions écologiques aussi essentielles que la filtration et l’épuration des eaux ou
l’apport de sédiments. Ces milieux forment des réseaux très complexes comportant de
nombreuses espèces végétales et animales. Cours d’eau, plans d’eau et milieux humides
sont en grande partie complémentaires et interdépendants du fait, notamment, des
phénomènes des crues qui les mettent régulièrement en relation et qui déplacent les
espèces aquatiques, semi-aquatiques ou vivant dans les milieux proches.
Même si des problèmes importants perdurent, la qualité physico-chimique des eaux de surface s’est nettement
améliorée au cours des dernières décennies. Ainsi en Ile-de-France, 50 % des cours d’eau sont jugés en bon état.
Le retour avéré du saumon à Paris en témoigne, même celui-ci ne peut actuellement remonter le cours de la
Seine au-delà du barrage de Suresnes.
La restauration des continuités linéaires à laquelle s’est longtemps résumé le travail de
défense de la trame bleue (arasement de barrages, installations de passes et de buses,
suppressions d’ouvrages) doit donc être poursuivie et améliorée, notamment pour
sauvegarder les continuités nécessaires aux poissons migrateurs tels que saumons et
anguilles.
Comme le montrent les découvertes récentes sur les mouvements internes aux rivières
d’une partie des jeunes saumons, la connaissance des espèces propres aux milieux
aquatiques et humides est indispensable à la conception des modalités selon lesquelles
les corridors doivent être conçus, afin de permettre aux espèces de rencontrer
l’ensemble des milieux nécessaires aux différents cycles de vie.
Du fait qu’elle est située au dernier maillon de la chaîne trophique, la loutre est un excellent indicateur
de la qualité des environnements aquatiques et humides, puisque ses proies sont infectées de substances
multiples (insecticides, pesticides, herbicides, PCB, métaux lourds, etc.). Les concentrations relevées dans ses
tissus croissent en fonction de l’âge et de la distance à la tête de bassin.
La planification de la trame bleue ne peut être distinguée de celle des autres trames et la
recherche scientifique doit, plus que jamais, être mobilisée sur la capacité de dispersion
et sur l’adaptabilité des espèces.
La production hydroélectrique demeure, avec l’impératif de navigabilité, l’une des causes principales du
morcellement des parcours au sein des réseaux hydrologiques, tout comme la prévention et la lutte contre les
inondations et les goûts esthétiques des citadins, qui réclament le maintien à niveau des cours d’eau en période
d’étiage. Les associations de défense du patrimoine s’opposent très souvent aux interventions qui impliqueraient
disparitions de plans d’eaux ou opérations de végétalisation,
1
AGGERI Gaëlle, La nature sauvage et champêtre dans les villes, origine et
construction de la gestion différenciée des espaces verts publics et urbains. Le
cas de la ville de Montpellier, mémoire de thèse spécialité « Sciences de
l’environnement », Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts (ENGREF),
juin 2004
Il est des territoires urbains où la friche culturelle, terreau de la sauvagerie, tranche
nettement avec la soit disante urbanité des villes, mais aussi, à une échelle plus fine, une
forme végétale de la sauvagerie, celle d’espèces qui échappent au contrôle de l’homme,
poussent de-ci de-là au hasard d’interstices de ruelles et de façades en béton, des
trottoirs, graviers, pieds de murs, friches, plates-bandes, terrains vagues, pavés, voies
ferrées, un peu comme une altération qui n’est pas à la clé.
La ville occidentale s’impose comme terrain d’étude : ce sont ses élites qui ont dessiné
les contours de la nature sauvage, décidant de ce qui est beau et de ce qui est laid.
Capitaliste, technicienne, porteuse de civilisation, la ville occidentale s’est rendue
maîtresse d’une nature arraisonnée .
[…]
Le végétal sauvage est aujourd’hui recréé, assimilé, surveillé et utilisé pour
construire la ville durable : la biodiversité n’est pas l’apanage des grandes étendues des
forêts tropicales, elle est à notre porte, dans nos rues. Paris compte plus de 1200
espèces de plantes sauvages (indigènes, naturalisées ou échappées des cultures) et
vingt-huit espèces protégées2. Les années 1990 sont contemporaines en Europe de
nombreuses publications sur la flore urbaine et d’inventaires des espèces sauvages en
leur sein… le sauvage autrefois traqué devient patrimoine. C’est le signe d’un
changement de rapport au milieu urbain, cependant inégal : les différenciations spatiales
dans le traitement du végétal sauvage en ville constituent le cœur du sujet, tant à
l’échelle nationale (Toulouse par rapport aux autres villes françaises), qu’à l’échelle infra-
urbaine de Toulouse. Alors que l’I.F.L.A. 3 assimile les friches industrielles à un paysage en
danger, la ville de Barcelone recrée des espaces de garrigue et de friche portuaire en
plein centre-ville, tandis que celle de Strasbourg utilise les mauvaises herbes pour garnir
les voies de tramway. De plus en plus, on récupère des terrains vagues, on utilise
certaines plantes qui se nourrissent de substances chimiques pour la dépollution des sites
industriels, on habille le sauvage d’un attrait esthétique. Le domestique accueille le
sauvage : il est désormais en liberté surveillée, et l’accident… maîtrisé.
[…]
Du sauvage rejeté au sauvage – outil (de biodiversité) et au sauvage – patrimoine
[…]
Les plantes dites « sauvages », aussi nommées herbes folles, mauvaises herbes,
plantes adventices, sont celles qui se développent spontanément dans un endroit non
désiré : la plante est qualifiée d’« adventice » lorsqu’elle est d’origine étrangère au milieu
dans lequel elle se trouve et qu’elle peut disparaître d’une année sur l’autre, mais aussi
d’« envahissante » lorsqu’elle a adopté un comportement envahissant dans sa région
d’adoption, menaçant ainsi gravement la flore indigène et les écosystèmes,
d’« indigène » lorsqu’elle est originaire de la région considérée, « naturalisée » lorsqu’elle
s’est adaptée au point d’avoir trouvé sa place dans les écosystèmes indigènes et de s’y
développer naturellement, « rudérale » lorsqu’elle croît dans les friches, décombres et
terrains vagues, ou encore « spontanée » lorsqu’il s’agit d’une espèce d’origine étrangère
échappée de culture qui se comporte comme une plante indigène.
La présence du végétal sauvage en milieu urbain est un processus biologique
ordinaire qui n’a en soi aucune raison de faire peur : pourtant l’imaginaire collectif
occidental lui attribue des connotations négatives… sans doute en référence à une image
idéale de la nature que véhiculent les parcs et jardins parfaitement entretenus : l’analyse
de la construction de cette nature idéalisée par les citadins est une prémisse
indispensable dans le cadre d’une thèse qui interroge la relativité des représentations du
végétal sauvage ; on ne peut saisir les enjeux actuels liés au développement durable
sans faire l’archéologie de la scission occidentale entre le naturel et le sauvage.
[…]
Paul Jovet est le premier botaniste à avoir osé appliquer les principes de l’écologie
végétale au milieu urbain :
2
D’après les données de la Charte sur la biodiversité
3
International Federation of Landscape Architects
« Comme l’idée d’herboriser en plein Paris, l’idée
d’appliquer à la végétation d’un milieu urbain les
concepts de l’écologie végétale peut sembler insolite :
à priori, ceux-ci semblent plus à leur place dans les
collines et les montagnes méditerranéennes ou dans
les grandes plaines d’Amérique du Nord que dans les
rues et les places d’une grande ville. » 4
[…]
Actuellement, plusieurs chercheurs étudient la faune et la flore sauvage urbaines.
On peut citer à cet égard l’équipe de recherche de l’INRA dirigée par Philippe Clergeau,
spécialisée dans la faune sauvage des villes : son travail porte sur la définition d’une
biodiversité urbaine à partir des exemples des parcs urbains de l’Ouest de la France
(inventaires des types d’animaux rencontrés et enquêtes auprès des usagers des parcs) 5.
Autre exemple à Berlin, Herbert Sukopp a étudié les échanges de faune et de flore entre
la ville et sa nature périphérique, donnant lieu à une délimitation des corridors
écologiques à privilégier dans la mise en œuvre des schémas directeurs urbanistiques de
Berlin6.
[…]
l’inventaire de la flore parisienne publié en avril 2008 étant le premier en Europe à avoir
été réalisé de façon scientifique
[…]
Le débat actuel sur la place à laisser au végétal sauvage en ville est concomitant de celui
sur la ville durable (éco-villes, éco-quartiers, label HQE, recours à la végétalisation des
murs et des toitures)
[…]
une mauvaise herbe de façade peut se retrouver là par hasard, avoir échappé au contrôle
des services de l’entretien de la ville, mais sa présence peut aussi résulter d’un choix
conscient, comme c’est le cas par exemple dans la ville de Lausanne où des associations
militent pour laisser pousser librement les plantes sauvages.
[…]
« Les friches ont toujours existé. L'histoire les
dénonce comme une perte du pouvoir de l'homme sur
la nature. Et si l'on jetait sur elles un regard
différent? Ne seraient-elles pas les pages neuves dont
nous avons besoin? Dans les pays les plus reculés et
parfois les plus pauvres, ce que l'on vous montre
d'abord est le dernier building : il s'agit d'une
conquête. Dans un pays comme la France,
lorsqu'une commune possède des friches, le
maire s'alarme : il a honte. Ces deux
comportements vont dans le même sens. Un recul du
pouvoir lisible de l'homme est considéré comme une
grave défaite. On comprend pourquoi cette démarche
de la pensée a conduit à une extrême formalisation
des modes de créations : il n'y avait pas d'autres
moyens d'exprimer une suprématie et de la donner à
lire. » 7
4
Jean-Marc Drouin, op. cit., p.76.
5
Philippe Clergeau (dir.), Biodiversité en milieu urbain, quelle faune sauvage dans les espaces verts ?,
Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, avril 2000.
6
Herbert Sukopp, On the history of plant geography and plant ecology in Berlin, Englera, 1987.
7
Gilles Clément, Le Jardin en mouvement, Pandora, Paris, 1991, p.11.
Les friches urbaines constituent la manifestation la plus visible de la nature
sauvage en ville, celle qui saute aux yeux.
« Le fait que l'I.F.L.A. assimile les friches
8
Parcs et Jardins
[…]
Les végétaux sauvages que l’on rencontre en ville ne sont pas seulement ceux qui
échappent au contrôle, ils peuvent aussi être délibérément inscrits dans les paysages
urbains à travers les politiques du paysage par exemple : la question d’identification des
structures qui dessinent les paysages urbains, des acteurs des nouvelles catégories et
places des plantes sauvages en ville est centrale.
11
Ibidem.
12
Signature de la Charte régionale de la biodiversité et des milieux naturels, op.cit., p.3.
13
Charte Biodiv, p.7.
Mousses et Hépatiques 8 2 000 estimées
Lichens 43 3 000 estimées
Champignons > 400 7 500 estimées
Fougères 16 3 116
Plantes à fleurs (indigènes, 745 7 > 6 000
naturalisées et
subspontanées)
Total > 1 214 10
14
Ibidem.
15
Atelier parisien d’urbanisme
16
Corinne Bensimon, « Les sauvages sont dans la ville » dans Libération, 28 octobre 2006.
seulement sous les tropiques, elle est à notre porte »17, mais aussi scientifique :
« Ce bilan, conjugué avec ceux menés dans plusieurs départements de l’Ile-de-France,
va nous permettre de suivre l’évolution de la biodiversité régionale »18 ; il précise que
« cet inventaire d’une capitale est le premier mené de façon scientifique. » On peut
regretter toutefois que cet inventaire ait laissé de côté les sous-sols, les micro-
organismes et les lichens. Espèces rares autant que possible quantifiées, tq la capillaire.
Paris abrite 28 espèces protégées de plantes !
Cet inventaire est sans précédent ; sa réalisation témoigne d’un changement fort,
d’autant plus que les inventaires de la flore urbaine sont le parent pauvre des études sur
la biodiversité urbaine.
17
Corinne Bensimon, « Les sauvages sont dans la ville » dans Libération, 28 octobre 2006.
18
Corinne Bensimon, « Les sauvages sont dans la ville » dans Libération, 28 octobre 2006.
19
Signature de la Charte régionale de la biodiversité et des milieux naturels , 18 mars 2004, dossier de presse,
p.2.
Interview Jacques Moret à propos de la
réalisation de l’Atlas de la nature à Paris
Interview de Jacques Moret :
« Est-ce que les espaces verts favorisent la
biodiversité ?
Tout dépend de quels espaces verts. Si ce sont des
pelouses coupées raz, non! Par contre si ce sont des
espaces gérés écologiquement, c'est-à-dire par
exemple des espaces où les coupes sont tardives pour
favoriser la production de graines, alors oui.
Dans quelle grande ville de France la nature se
porte-t-elle le mieux ?
Très difficile de répondre car aucune ville n'a le
même passé ni le même rapport à la nature (songez
que les calanques de Marseille sont dans la ville!).
Disons qu`à Nantes il y a de nombreux efforts de faits
pour la nature, mais en Seine-Saint-Denis ou dans les
Hauts-de-Seine aussi.
Dans l'ensemble trouvez vous que la nature est
bien préservée pour une ville aussi grande que
Paris?
Humm... Des efforts sont faits mais il faut encore
changer des mentalités avant d'en arriver aux
réalisations de Genève par exemple.
Avez-vous l’intention d’écrire un Atlas sur une autre grande ville?
Pas sur une ville, mais on a des projets en cours plus ambitieux : fin septembre
sortira l'atlas de la biodiversité végétale en Seine-Saint-Denis (lors de la biennale
de l'environnement), puis en 2007 l'atlas du fleuve Loire, l'atlas du département du
Loiret, en 2008 l'atlas général de la région Bourgogne... On a toute une série de
parutions programmées.
Le Jardin des plantes est-il malgré lui (ou intentionnellement) un lieu
particulier pour la biodiversité parisienne ?
Pas plus un lieu particulier que d'autres espaces de Paris. A Paris la biodiversité
est surtout concentrée dans trois types d’endroits : les berges de la Seine, les
friches des terrains vagues et les bois. »20
http://www.linternaute.com/science/environnement/interviews/06/moret/chat-moret.shtml
20
Actuellement, dans les villes européennes qui pratiquent la gestion différenciée,
l’usage des pesticides est moins systématique ; on favorise même à certains endroits la
plantation d’espèces indigènes qui présentent l’avantage d’être mieux adaptées aux sols
et au climat : elles nécessitent moins de soin, donc moins de pesticides, et coûtent moins
cher en entretien.
Les avantages qu’une ville peut trouver à laisser pousser les mauvaises herbes
sont nombreux : l’augmentation de la surface végétale contrebalance les effets néfastes
de l’urbanisation, permettant d’augmenter la perméabilité des sols urbains et la
production d’oxygène, mais aussi d’atténuer le réchauffement dû aux surfaces bétonnées
et les bruits de la ville.
Exemple de la commune de
Sallaumines : préserver et augmenter la
biodiversité par la gestion différenciée
La commune de Sallaumines a fait le choix de la gestion différenciée des parterres
et des espaces verts, avec pour devise : « à quoi bon travailler pour la nature si c’est
pour la dénaturer ? ». L’initiative provient du responsable du service Parcs et Jardins. La
gestion différenciée est en effet perçue comme un moyen d’augmenter la diversité
biologique. Ce choix vise également à défendre l’attrait esthétique des plantes sauvages
(coquelicots, pâquerettes, aubépines, tanaisies, etc.). On utilise des plantes adaptées à
l’environnement qui va les accueillir : fleurissement champêtre dans les espaces verts,
fleurissement vertical en ville, choix de plantes mellifères comme la marguerite ou de
21
Intervention rapportée dans les actes de l’audition publique du 28 mars 2007 « La biodiversité : l’autre
choc » organisée par MM. Les sénateurs Pierre Lafitte et Claude Saunier. Office parlementaire d’évaluation des
choix scientifiques et technologiques, pp.16 – 17.
plantes hôtes telles l’angélique, ou encore de plantes répulsives telles la tanaisie qui
permet de réduire les consommations d’eau et de phytosanitaires ; enfin, l’intérêt des
plantes sauvages est qu’elles sont par définition spontanées, et ne nécessitent donc pas
d’entretien.
%20ville.pdf
longent chaque jour. […] Au fil du temps, c'est une
faune et une flore diversifiées qui ont pris possession
de ce lieu, ignorant la création sur ses flancs, au
début des années 70, d'une zone d'habitat, la cité
Malakoff. »
[…]
Lors du XVIIe Congrès mondial des Directeurs des Parcs et Jardins a traité de ces
problèmes à Anvers en 1995, et, pour la première fois, « les botanistes, les écologues et
les paysagistes furent aussi nombreux à intervenir que les directeurs de service,
gestionnaires et décideurs. Pratiquement tous ont partagé la conviction d’assister à un
retour de la « nature en ville », lieu d’une diversité biologique possible, lieu de la
sauvegarde de nombreuses espèces, lieu d’évolution non connue et pas toujours
maîtrisée, lieu de rencontre des flores. »24
Site de la ville de Bruxelles qui a opté pour une gestion différenciée :
« Depuis quelques années, la gestion différenciée
pratiquée dans différents parcs publics permet de
trouver un équilibre harmonieux entre la tradition
horticole et la spontanéité de la nature, tout en tenant
compte des habitants usagers des parcs. Ainsi, au
parc de Woluwé, la tonte régulière de quelques
prairies humides a été remplacée par un fauchage
annuel, favorisant certaines espèces sauvages
intéressantes. »
[…]
24
Y.-M. Allain, op.cit., p.208.
Les paysagistes
Il n’y a pas que les politiques publiques qui influent sur le regard des citadins ;
certains paysagistes, tels Gilles Clément, proposent une conception renouvelée de la
nature. Gilles Clément défend la notion de « Tiers-Paysage », somme des espaces où
l'homme abandonne l'évolution du paysage à la seule nature, à savoir les espaces de
transition : friches, marais, bords de routes, talus de voies ferrées, etc.
L’auteur est jardinier, paysagiste, botaniste, entomologue, ingénieur horticole de
formation et enseignant à l’Ecole nationale du Paysage de Versailles ; il défend l’idée d’un
paysage qui n’est pas figé, qui laisse le champ libre à la nature. Il est en grande partie
connu pour sa réalisation du Parc André-Citroën en collaboration avec Alain Provost et
Patrick Berger pour les serres ; il a aussi réalisé les Jardins de l’Arche à La Défense, le
Parc Matisse à Euralille en collaboration avec Eric Berlin et Sylvain Flipo, les Jardins de
Valloires à Argoules, le Jardin du Château de Blois, le Jardin du Domaine du Rayol, et le
Jardin du musée du Quai Branly avec Jean Nouvel.
Dans le jardin dit en mouvement, le jardinier accompagne la nature ; il ne la
soumet pas, et, bien au contraire, laisse croître des plantes autrefois répertoriées comme
« sauvages » :
« Quoi qu'il en soit, la reconquête, comme
l'effondrement, sont pour l'homme des valeurs
également déstabilisantes. En réalité,
l'envahissement n'est que l'occupation d'une place,
jusqu'alors laissée vacante, dans un écosystème. » 25
[…]
[…]
26
http://www.tela-botanica.org/actu/article1915.html
Une documentation est à consulter et des plaquettes
imprimées développent le propos écologique et
écocitoyen. »