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La mémoire est la fonction qui nous permet d’intégrer, conserver et restituer des informations
pour interagir avec notre environnement. Elle rassemble les savoir-faire, les connaissances,
les souvenirs. Elle est indispensable à la réflexion et à la projection de chacun dans le futur.
Elle fournit la base de notre identité.
On rassemble parfois toutes les mémoires autres que celle de travail sous le nom générique de
mémoire à long terme. Par ailleurs, on distingue souvent les mémoires explicites (épisodique
et sémantique) des mémoires implicites (procédurale et perceptive).
1) La mémoire de travail
La mémoire de travail (ou mémoire à court terme) est la mémoire du présent. Elle permet de
manipuler et de retenir des informations pendant la réalisation d’une tâche ou d’une activité.
Cette mémoire est sollicitée en permanence : c’est elle qui permet par exemple de retenir un
numéro de téléphone le temps de le noter, ou de retenir le début d’une phrase le temps de la
terminer. Elle utilise une boucle phonologique (répétition mentale), qui retient les
informations entendues, et/ou un calepin visuospatial, qui conserve les images mentales.
Elle fonctionne comme une mémoire tampon : les informations qu’elles véhiculent peuvent
être rapidement effacées, ou stockées dans la mémoire à long terme par le biais d’interactions
spécifiques entre le système de mémoire de travail et la mémoire à long terme.
7, le nombre magique
On estime que le nombre de chiffres, de lettres, ou de mots qu’une personne peut restituer
immédiatement dans l’ordre proposé est égal à 7, plus ou moins deux (on parle de l'empan
verbal). Il peut être augmenté en regroupant les données (une série de 8 chiffre est plus facile
à retenir lorsqu’ils sont groupés par 2 que lorsqu’ils sont pris isolément). Par ailleurs, une
série de mots est d’autant plus facile à retenir qu’ils sont courts ou qu’ils sont proches
phonologiquement ou sémantiquement.
2) La mémoire sémantique
La mémoire sémantique est celle du langage et des connaissances sur le monde et sur soi, sans
référence aux conditions d'acquisition de ces informations. Elle se construit et se réorganise
tout au long de notre vie, avec l’apprentissage et la mémorisation de concepts génériques
(sens des mots, savoir sur les objets), et de concepts individuels (savoir sur les lieux, les
personnes…).
La mémoire épisodique
La mémoire épisodique se constitue entre les âges de 3 et 5 ans. Elle est étroitement
imbriquée avec la mémoire sémantique. Progressivement, les détails précis de ces souvenirs
se perdent tandis que les traits communs à différents événements vécus favorisent leur
amalgame et deviennent progressivement des connaissances tirées de leur contexte. Ainsi, la
plupart des souvenirs épisodiques se transforment, à terme, en connaissances générales.
La mémoire procédurale
La mémoire perceptive
La mémoire perceptive s’appuie sur nos sens et fonctionne la plupart du temps à l’insu de
l’individu. Elle permet de retenir des images ou des bruits sans s’en rendre compte. C’est elle
qui permet à une personne de rentrer chez elle par habitude, grâce à des repères visuels. Cette
mémoire permet de se souvenir des visages, des voix, des lieux.
https://www.youtube.com/watch?v=Ch8ayM3m2fM&t=4s
2. Mémorisation : De l’organisation cérébrale….
Il n’existe pas "un" centre de la mémoire dans le cerveau. Les différents systèmes de mémoire
mettent en jeu des réseaux neuronaux distincts, répartis dans différentes zones du cerveau.
L’imagerie fonctionnelle (tomographietomographieTechnique d’imagerie cérébrale
permettant de reconstituer le volume en coupes d’un objet, tel que le cerveau. par émission de
positons, imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) permet aujourd’hui d’observer le
fonctionnement cérébral normal impliqué dans les processus cognitifs.
La mémorisation résulte d’une modification des connexions entre les neurones d’un système
de mémoire : on parle de "plasticité synaptique". Les différentes formes de mémoire
fonctionnent en interaction, selon que la situation requiert des informations issues de la
mémoire sémantique ou épisodique, implicite ou explicite. Ainsi, un souvenir se traduit par
l’intervention de neurones issus de différentes zones cérébrales et assemblés en réseaux. Ces
connections interneuronales évoluent constamment au gré des expériences et sont
responsables de la persistance d’un souvenir à long terme ou non, selon les cas (importance de
l’évènement, contexte environnemental et émotionnel…).
Pris isolément, le souvenir correspond à une variation de l’activité électrique au niveau d’un
circuit spécifique formé de plusieurs neurones interagissant par le biais des connexions
synaptiques (les synapsessynapsesZone de communication entre deux neurones. étant les
points de contacts entre les neurones). Sa formation repose sur le renforcement ou la création
d’une connexion synaptique temporaire, stimulée par le biais de protéines produites puis
transportées au sein des neurones, comme le glutamateglutamateNeurotransmetteur excitateur
le plus répandu dans le système nerveux central., le NMDA ou la syntaxine qui va elle-même
moduler la libération du glutamate.
Des expériences ont montré que dormir améliore la mémorisation, et ce d’autant plus que la
durée du sommeil est longue. A l’inverse, des privations de sommeil (moins de 4 ou 5 heures
par nuit) sont associées à des troubles de la mémoire et des difficultés d’apprentissage. Par
ailleurs, le fait de stimuler électriquement le cerveau (stimulations de 0,75 Hz) pendant la
phase de sommeil lent (caractérisée par l’enregistrement d’ondes corticales lentes à
l’encéphalogramme) améliore les capacités de mémorisation d’une liste de mots. Plusieurs
hypothèses pourraient expliquer ce phénomène : pendant le sommeil, l’hippocampe est au
repos, évitant les interférences avec d’autres informations au moment de l’encodage du
souvenir. Il se pourrait aussi que le sommeil exerce un tri, débarrassant les souvenirs de leur
composante émotionnelle pour ne retenir que l’informationnelle, facilitant ainsi l’encodage.
Pour en savoir plus, consulter le dossier Sommeil.
Le sommeil n'est pas le seul paramètre d’hygiène de vie qui influence notre capacité de
mémorisation : l’alimentation (bénéfice du régime méditerranéen), l’activité physique et les
activités sociales jouent également un rôle important.
Il est démontré que les émotions peuvent moduler la façon dont une information est
enregistrée, l’émotion renforçant ponctuellement l’attention. Ainsi, une émotion positive peut
se traduire par une amélioration ponctuelle des performances mnésiques. Il apparaît
également que la consolidation, et donc la rétention d’une information est favorisée par
l’émotion : le rappel d’un souvenir émotionnel après un long intervalle est souvent plus
important que lorsque ce souvenir est neutre. L’imagerie fonctionnelle montre d’ailleurs que
le rappel des souvenirs est proportionnel à leur intensité émotionnelle qui peut être observée
par l’activation de l’amygdale, siège des émotions. Enfin, la récupération d’un souvenir est
aussi améliorée par la présence d’une émotion positive. Chez les personnes présentant un
trouble cognitif, les expériences montrent un effet protecteur des émotions positives sur les
capacités résiduelles de mémoire. Ce mécanisme existe cependant uniquement dans les
premiers stades de la maladie. Ensuite, l’incapacité de l’amygdale à remplir son rôle rend ce
mécanisme compensatoire inefficace.
Dans d’autres situations ayant également trait à une émotion vive (stress, agression...),
certains sujets développent plus volontiers une amnésie dissociative : véritable stratégie
défensive adaptative, développée de façon inconsciente, elle repose sur l’oubli d’une partie
des souvenirs autobiographiques ou sémantiques, ainsi que de l’évènement l’ayant
déclenchée. Ces souvenirs peuvent être réactivés, progressivement ou brutalement, à l’issue
d’une conscientisation de l’évènement déclencheur.
Certaines situations entraînent des incapacités sévères et des amnésies durables. Les causes
possibles sont :
Dans d’autres cas, les troubles sont moins sévères et le plus souvent réversibles. Les causes
possibles sont :
Les troubles de la mémoire ont différentes origines biologiques, comme un déficit en certains
neuromédiateurs ou une faible connectivité entre les réseaux cérébraux.
Les manifestations de ces troubles sont extrêmement variables selon leur origine et les
localisations cérébrales des processus pathologiques. Ainsi, des patients atteints d’une
démence sémantique, dans laquelle des mots ou des informations sont oubliés, perdent
également des souvenirs anciens alors qu’ils continuent à mémoriser de nouveaux souvenirs
épisodiques (souvenirs "au jour le jour"). Ces troubles sont associés à une atrophie des lobes
temporaux. Chez d’autres patients, notamment ceux souffrant de la maladie d’Alzheimer, les
troubles concernent la mémoire épisodique : chez eux, les souvenirs les plus anciens sont
épargnés plus longtemps que les plus récents. D’autres types de déficiences existent : celles
affectant les neurones impliqués dans la mémoire procédurale peuvent engendrer la perte de
certains automatismes, comme chez les personnes atteintes par la maladie de Parkinson ou de
Huntington. Celles affectant les neurones impliqués dans la mémoire du travail, peuvent quant
à elles donner des difficultés à se concentrer et à faire deux taches en même temps.
Il existe également des troubles de la mémoire sévères mais transitoires, comme l’ictus
amnésique idiopathique : survenant le plus souvent entre 50 et 70 ans, il s’agit d’une amnésie
soudaine et massive pendant laquelle le patient est incapable de se souvenir de ce qu’il vient
de faire, sa mémoire épisodique est annihilée. Mais sa mémoire sémantique est intacte : il peut
répondre à des questions de vocabulaire et évoquer des connaissances générales. Cette
amnésie disparaît souvent après six à huit heures.
On parle de cognition sociale : elle permet, par exemple, d’adapter son comportement selon le
contexte dans lequel on se trouve, et cela grâce à la mémorisation et l’analyse des expériences
passées. L’empathie découle également de cette notion interindividuelle de la mémoire : elle
utilise notamment les informations de la mémoire épisodique afin de permettre un "voyage de
l’esprit" se traduisant en capacité à partager la détresse de l’autre. Aussi appelée "théorie de
l’esprit", cette capacité à se mettre à la place de quelqu’un et à imaginer et interpréter ses
pensées fait appel à nos mémoires dont nous décentrons l’objet. Sur le plan médical, la
dégénérescence des neurones au niveau frontotemporal, retrouvée dans certaines démences
(Alzheimer et apparentées), se caractérise par une diminution de la cognition sociale : le
malade peut présenter des troubles du comportement ou des dysfonctionnements sociaux.
Par ailleurs, sur un plan plus large, il existe aussi une mémoire collective ou culturelle, celle
qui prend place autour des évènements historiques (autour de leur évocation ou de leur
commémoration) et des évènements contemporains médiatisés. Il s’agit d’une mémoire
partagée constituée des différentes représentations de l’évènement par l’ensemble des
personnes.