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On associe souvent un célèbre héros mythologique, mais de manière erronée cette fois, au
voyage dans les Enfers. Il s’agit d’Ulysse, qui ne descend pas à proprement parler dans le
royaume des morts mais qui effectue en fait une Nekuia cette cérémonie qu'il ne faut pas
confondre avec une descente aux Enfers car en effet, à aucun moment, et contrairement à
d'autres héros comme Orphée, Ulysse ne franchit le Styx.
La Nekuia est un rite mystique lui étant enseigné par la magicienne Circé, il lui a permis
d’attirer les âmes des défunts grâce à un protocole long et éprouvant. Ulysse a du creuser un
fossé qu’on appelle le bothros a l’entrée de la grotte menant au royaume d’Hades tout en y
versant des libations. S’ensuit la rencontre avec le devin Tirésias qui le guide en prévision de
son départ de l’île de Circé
un rite mystique qui lui est enseigné par la magicienne Circé et lui permettant d’invoquer les
spectres des disparus en creusant un fossé devant l’entrée de
la grotte menant au royaume d’Hadès tout en versant des
libations dans ce trou. Il y rencontre, comme c’était son
objectif, le devin Tirésias, qui lui indique les épreuves qu’il
aura à affronter après son départ de l’île de la magicienne,
mais il retrouve aussi les spectres de tous ceux qu’il a
connus et qui sont morts : celui de son compagnon de
voyage Elpénor, récemment mort en tombant d’une terrasse
sur l’île de Circé, celui de sa mère Anticlée, qui lui donne
des nouvelles de sa famille, ceux des femmes et mères de
héros disparues, et ses compagnons troyens parmi lesquels
Achille qui lui avoue dans une phrase restée célèbre qu’il
aurait préféré être un berger misérable mais vivant plutôt
que de croupir ici parmi les ombres.
C'est Circé qui conseille le héros quant à la marche à suivre pour accomplir la
nekuia, cette cérémonie qu'il ne faut pas confondre avec une descente aux Enfers
: en effet, à aucun moment, et contrairement à d'autres héros comme Orphée,
Ulysse ne franchit le Styx . Toutefois, afin d'attirer le célèbre devin, il va devoir
se rendre en un endroit bien précis, en contact direct avec les Enfers mais
appartenant au monde des vivants ; aux limites de l'océan, là où vit le peuple des
Cimmériens. Le lieu n'a rien d'enviable puisque c'est aux yeux du poète une
sorte d'antichambre des Enfers, un endroit dédaigné par la lumière où règnent le
brouillard et les ténèbres.
C'est à cet endroit qu'Ulysse va pouvoir réaliser le rituel qui lui permettra
d'attirer les âmes des défunts : celui-ci commence par le creusement d'une fosse
sacrificielle : le bothros. Sa valeur est claire : il s'agit à travers elle, d'entre
directement en relation avec le monde infernal. Cette fosse constituera une sorte
d'entrée ou de sortie pour les âmes qui vont être invoquées. Après son
creusement ont lieu trois libations : la première de lait miellé, la deuxième de
vin doux et enfin la troisième d'eau pure. Celles-ci ont un double objectif : attirer
les âmes des défunts et s'en protéger. Homère leur adjoint de la farine blanche
qui sera répandue au-dessus de la fosse. Même si cet acte est encore entouré de
mystère, il n'y a aucun doute qu'en le réalisant Ulysse délimite le terrain qui sera
concerné par le contact infernal et empêche du même coup que cette souillure ne
s'étende.
Une nouvelle fois, Ulysse va croiser l'âme de sa mère Anticlée qui va lui faire le
récit de ce qui s'est passé à Ithaque en son absence.
Lui succède la série des "nobles femmes" qu'Ulysse questionne toutes, puis la
série des héros de la guerre de Troie : Agamemnon, tout en l'avertissant des
dangers qu'il encourt en rentrant chez lui, regrette de ne pas avoir revu son fils
Oreste. Quant à Achille, il confesse avoir vainement préféré la gloire immortelle
à une vie sans gloire et familiale. Retrouver ses compagnons défunts de la guerre
de Troie rappelle alors à Ulysse sa grandeur héroïque mais lui fait prendre
conscience en même temps de la valeur de la vie simple et sans exploits.
Le défilé se termine enfin avec les damnés des Enfers et d'énumération de leurs
souffrances, ce qui ne fait que confirmer l'impression laissée par la scène. Car,
en définitive, la nekuia se révèle être le contre-pied de la vision traditionnelle
véhiculée au sujet de la mort : même pour les héros, il n'est plus question de
mort glorieuse, de renommée et de félicité éternelle aux champs Elysées. Ulysse
va ainsi comprendre ce qu'est la misérable condition des morts et combien est
précieuse la vie.