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Odyssée [Homère]

1 PRÉSENTATION

Odyssée [Homère], épopée grecque archaïque d’environ 12 000 vers attribuée à Homère. Elle tire son nom du personnage
d’Ulysse (Odusseus) dont elle relate le retour à Ithaque après la guerre de Troie.

2 QUEL HOMÈRE ?

L’auteur de l’Odyssée n’est guère plus facile à identifier que celui de l’Iliade : certains savants pensent qu’il n’y a pas un
mais des auteurs, d’autres qu’en tout état de cause les deux épopées ont des auteurs différents. On peut toutefois considérer
que l’Odyssée date du VIIIe siècle av. J.-C., qu’elle est postérieure de quelques décennies à l’Iliade, et qu’elle émane d’un
auteur unique qui pourrait bien être le vieil Homère. Les arguments en faveur de cette thèse unitaire sont la tradition (qui ne
reconnaissait qu’un auteur) et la très comparable maîtrise formelle dont témoignent ces deux grands poèmes.

3 LE RÉCIT D’UN VOYAGE DIFFICILE

Le lecteur moderne qui se plonge dans l’Odyssée y trouve, conformément à son attente, le récit d’une aventure maritime
douloureuse : cherchant à rentrer après la guerre de Troie dans son île d’Ithaque, Ulysse, en proie à la haine de Poséidon, se
trouve entraîné dans une errance méditerranéenne qui dure près de dix ans et le conduit à faire quantité de rencontres au
terme desquelles il finit par perdre tous ses compagnons, jusqu’au dernier. Ce sont successivement celles des Cicones, des
Lotophages puis du cyclope Polyphème qu’il aveugle et trompe en se faisant appeler Personne ; d’Éole, le dieu des vents, des
Lestrygons anthropophages et de la magicienne Circé qui transforme ses compagnons en cochons et lui permet de rendre
visite aux morts dans les Enfers ; des Sirènes, dont un stratagème adroit lui permet d’entendre le chant sans succomber ; de
Charybde et Scylla. Perdant ses derniers hommes sur l’île du Soleil, il échoue enfin chez la nymphe Calypso qui le retient
plusieurs années avant de le laisser partir sur l’intervention des dieux. Un dernier naufrage le jette au rivage de la Phéacie, où
il reçoit l’aide de la jeune Nausicaa puis de son père Alcinoos pour parvenir enfin à Ithaque.

4 LE RETOUR D’UN PÈRE, D’UN ROI, D’UN ÉPOUX, D’UN FILS

Mais ces aventures nautiques représentent en fait à peine la moitié du poème : l’essentiel en tient même dans les quatre chants
(IX à XII) pendant lesquels Ulysse raconte son périple à son hôte Alcinoos. Le reste, et finalement la majorité de l’Odyssée,
relate moins l’histoire d’un marin que celle d’un père de famille et chef de domaine qui doit recouvrer ses biens et ses droits.
L’Odyssée s’ouvre en effet sur la quête par Télémaque de son père ou — à défaut — de sa mémoire (chants I à IV), et
s’achève sur le très long récit (chants XIII à XXIV) de la reprise en main violente de son domaine par Ulysse aux dépens des
prétendants qui l’épuisaient sous prétexte de courtiser Pénélope.

5 LA MER ET LA TERRE

Paradoxalement donc, Ulysse est d’abord un terrien, un héros qui, après s’être illustré sur terre devant Troie, souhaite — avec
un acharnement que même les charmes de Calypso n’émoussent pas — retrouver sa terre d’Ithaque, avec tout ce qu’elle
implique de vie domestique, rangée et finalement heureuse, parce que l’abondance et l’étroitesse des liens familiaux y ont
leur lieu. Homère détaille ainsi longuement la reprise de contact avec le porcher Eumée, le vieux chien Argos, qui meurt en
reconnaissant son maître, la nourrice Euryclée, les servantes, bonnes et mauvaises, le fils, l’épouse fidèle qui toujours a
résisté, y compris par la ruse, aux offres des prétendants, enfin le père, Laërte. Ulysse n’est donc marin doué que malgré lui,
contraint et forcé qu’il est de faire constamment preuve d’intelligence et d’ingéniosité pour échapper aux fortunes de mer que
lui impose Poséidon, rendu furieux par le traitement infligé à Polyphème. La mer de l’Odyssée n’est pas le lieu rêvé du
voyage et des joies plaisancières, c’est un milieu stérile et hostile auquel il faut échapper pour être heureux.

6 LA MORT, LE BONHEUR, LA MÉTIS

Par cette quête de la terre et donc du bonheur humain (Ulysse préfère le retour à Ithaque à l’immortalité que lui propose
Calypso) et par la conversation d’Ulysse et d’Achille aux Enfers (chant XI), l’Odyssée dialogue avec l’Iliade sur la question
de la belle mort : celle-ci, gagnée au combat dans la fleur de l’âge, donne la gloire immortelle, mais prive du bonheur
terrestre, fait d’un vieillissement tranquille au milieu des siens, au besoin dans l’obscurité. Achille a consacré sa force à
l’obtention de la première ; Ulysse puise dans ses ressources d’intelligence et de ruse (éventuellement de mensonge et de
manipulation) — toutes qualités que les Grecs rassemblaient sous le terme de métis — pour atteindre le second. C’est en ce
sens qu’on peut voir (avec Pierre Vidal-Naquet) dans l’Iliade la mère des tragédies, dans l’Odyssée celle des comédies.

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