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LA PLANI­FICATION ÉNERGÉTIQUE SECTORIELLE ­| FICHE Nº 16

Calcul et interprétation
des indicateurs dans
les bilans énergétiques

Problématique tabilité. Le cadre de présentation du bilan peut varier légèrement


selon les organismes ou les institutions. Cependant, la plupart des
En Afrique, depuis quelques années, les États accordent une pays africains ont adopté les directives de l’Agence internationale
importance grandissante à l’élaboration des bilans énergétiques de l’énergie (AIE) dans l’élaboration des bilans (figure 1).
nationaux, voire régionaux (SIE-UEMOA développé dans l’Union Le bilan constitue donc un moyen simple d’assembler les princi-
économique et monétaire ouest-africaine), appuyés par l’IFDD. pales statistiques de chaque produit afin de dégager aisément les
D’autres organisations, telles que la Commission africaine de l’énergie données essentielles ; il permet de vérifier l’exhaustivité des données
(AFREC) et la Communauté économique des États de l’Afrique et de calculer l’efficacité de la conversion et la part relative des
de l’Ouest (CEDEAO), ont aussi mis en place des programmes visant différents produits énergétiques dans l’économie. Ainsi, le bilan
à aider les pays à dresser les bilans énergétiques nationaux. énergétique permet de répondre à un certain nombre de questions.
En effet, la planification efficace du secteur de l’énergie passe Par exemple : quelle est l’énergie consommée par les différents
inéluctablement par des statistiques fiables basées sur des données secteurs de l’économie ? D’où provient l’énergie consommée ?
de qualité. Le bilan énergétique se présente comme un outil incon- Quelle partie de l’énergie d’approvisionnement subit des transfor-
tournable pour le développement de telles statistiques énergétiques. mations ? De quelle nature sont ces transformations ? Quelles sont
Instrument statistique qui permet d’appréhender la manière dont les quantités perdues ou autoconsommées ?
s’opèrent l’approvisionnement et la consommation énergétique
d’un pays, le bilan permet de suivre la traçabilité de l’énergie depuis Les différentes formes énergétiques
sa production jusqu’à sa consommation. De plus, on peut en dégager
aisément des indicateurs, pour comprendre le comportement des acteurs Les différentes formes d’énergie couvertes par le bilan sont classées
énergétiques et les orientations de politique énergétique à mettre en plusieurs catégories : les combustibles fossiles solides et les gaz
en place. manufacturés (colonne charbon), le pétrole et les produits pétroliers,
le gaz naturel, excluant les quantités de gaz ventilées, torchées ou
L’objectif de cette fiche est de montrer comment des indicateurs réinjectées à la source, l’électricité, produite à partir aussi bien des
solides peuvent être calculés à partir des bilans énergétiques et d’une sources primaires que des sources secondaires, et la biomasse énergie,
bonne connaissance des paramètres et des composantes des bilans. incluant la biomasse solide (par exemple, bois de feu, charbon de
bois, déchets végétaux), la biomasse liquide (par exemple, huiles
végétales, bio-alcools) et la biomasse gazeuse (par exemple, biogaz).
Principes de base On notera que, dans sa représentation dans le bilan, l’électricité
présente la particularité d’être un produit énergétique à la fois
Rappel : qu’est-ce qu’un bilan ? primaire (production hydroélectrique, solaire, éolienne, etc.) et
secondaire (production à partir des énergies fossiles, par exemple).
Un bilan énergétique recense, à l’intérieur d’un cadre comptable
précis, les flux énergétiques d’approvisionnement, de transformation
et de consommation des différentes formes d’énergie dans un espace Comment construire et lire un bilan ?
géographique et une période donnés.
Le séminaire en ligne tenu en décembre 2019 (voir références) fournit
Il est caractérisé par des lignes (origines et utilisations de l’énergie), des informations détaillées sur la construction et la lecture d’un bilan
des colonnes (différentes formes d’énergie) et un système de comp- énergétique. Ces informations ne sont pas répétées dans cette fiche.
Calcul et interprétation des indicateurs dans les bilans énergétiques

Figure 1. La structure type d’un bilan énergétique

Approvisionnement

Production
APPROVISIONNEMENT + Importation
TOTAL EN ÉNERGIE – Exportation
PRIMAIRE (ATEP) – Soutages maritimes et aériens
± Variations de stocks

Transformations (1)
Transformation

TRANSFORMATIONS
+ Consommations propres
SECTEUR ÉNERGIE
d’énergies du secteur de
ET PERTES
la production d’énergie
(distribution
+ Pertes de distribution
et transport)
et de transport

Consommations totales
Consommations finales

d’énergies du secteur Industrie


+ Consommations totales
CONSOMMATION d’énergies du secteur Transport
FINALE + Consommations totales
TOTALE d’énergies des autres secteurs
(résidentiel, commercial, etc.)
+ Consommations d’énergies
à des fins non énergétiques

1. L a transformation représente l’ensemble des processus de transformation d’un produit énergétique en un autre produit énergétique. Prenons l’exemple de la production
d’électricité à partir du gaz naturel dans une centrale électrique. Sur la ligne « centrale électrique », la quantité de gaz naturel utilisée sera affectée d’un signe moins (-)
indiquant son entrée en transformation. L’électricité produite sera affectée d’un signe plus (+) indiquant sa sortie de transformation.
2. La définition détaillée de chaque ligne et chaque colonne du bilan est disponible sur le site de l’Agence internationale de l’énergie (https ://webstore.iea.org/energy-
statistics-manual-french) et sur le site du SIE-UEMOA (http://sie.uemoa.int voir lexique).

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Description technique Tableau 2. Conversion des unités de volume

Utiliser les bonnes unités gal gal


En US UK bbl ft3 l m3
Le traitement des statistiques énergétiques fait appel à des unités
de masse, de volume et d’énergie. Les unités courantes peuvent De  Multiplier par :
varier selon les formes d’énergie. Par exemple, l’électricité est géné- Gallon américain
ralement associée au kilowattheure (kWh), le pétrole peut être 1 0,8327 0,02381 0,1337 3,785 0,0038
(gal US)
exprimé en litres, barils ou mètres cubes, etc. De plus, les unités
Gallon impérial
courantes varient parfois selon les pays. Par exemple, l’énergie peut 1,201 1 0,02859 0,1605 4,546 0,0045
(gal UK)
être exprimée en joules (J), en kilocalories (kcal), voire en unités
thermiques britanniques (Btu) dans les systèmes britannique et Baril (bbl) 42 34,97 1 5,615 159 0,159
américain. Le bilan énergétique permet de fournir les informations Pied cube (ft )3
7,48 6,229 0,1781 1 28,3 0,0283
énergétiques dans des unités énergétiques comparables pour
Litre (l) 0,2642 0,22 0,0063 0,0353 1 0,001
toutes les formes d’énergie. L’AIE et le bureau des statistiques euro-
péennes (Eurostat) ont choisi la tonne équivalent pétrole (tep), qui Mètre cube (m3) 264,2 220 6,289 35,3147 1 000 1
équivaut à 41,868 GJ. L’utilisation des unités et des conversions On notera que les unités utilisées pour le bois de chauffe restent mal définies, car le
appropriées (tableaux 1 et 2) est essentielle pour la qualité du bilan volume effectif inclus dans un stère (1 m3) ou dans une corde (128 pi3) dépend
énergétique et des indicateurs qui en résultent. de l’empilage et de la forme des bûches.
Source : Manuel sur les statistiques de l’énergie de l’AIE.

Tableau 1. Conversion des unités L’importance du pouvoir calorifique


de masse les plus fréquentes Le pouvoir calorifique indique, pour un combustible, la quantité de
chaleur que dégage la combustion complète d’une unité de masse
En kg t lb ou de volume de ce combustible. Autrement dit, il permet de
convertir les unités physiques (masse ou volume) en unités d’énergie.
De  Multiplier par : Le pouvoir calorifique supérieur (PCS) ou brut donne le dégagement
maximal théorique de chaleur lors de la combustion, y compris celle
Kilogramme (kg) 1 0,001 2,2046
qui est contenue, mais souvent non récupérable, dans la vapeur d’eau
Tonne (t) 1000 1 2204,6 produite lors de la combustion. Le pouvoir calorifique inférieur (PCI)
ou net indique la teneur en énergie utilisable du combustible,
Livre (lb) 0,454 4,54 × 10-4 1 excluant la chaleur de vaporisation de la vapeur d’eau contenue dans
Source : Manuel sur les statistiques de l’énergie de l’AIE.
les fumées, alors considérée comme une perte. Suivant la convention
de l’AIE, le PCI est utilisé dans les bilans énergétiques. Les
PCI varient selon les pays et varient dans le temps. Si les données
ne sont pas disponibles, des valeurs par défaut peuvent être utilisées
(tableaux 3 à 5).

Tableau 3. Pouvoirs calorifiques par type de houille

PCS(1) PCI(1) Teneur en carbone(1) Teneur en humidité(1) Teneur en carbone(2)


Type de houille MJ/kg MJ/kg kg/t % kg/t

Anthracite 29,65 – 30,35 28,95 – 30,35 778 – 782 10 – 12 920 – 980

Charbon à coke 27,80 – 30,80 26,60 – 29,80 674 – 771 07 – 09 845 – 920

Autre bitumeux 23,85 – 26,75 22,60 – 25,50 590 – 657 13 – 18 810 – 845

1. Pour le produit tel qu’il est utilisé.


2. Pour le produit sec exempt de matières minérales.
Source : Manuel sur les statistiques de l’énergie de l’AIE.

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Tableau 4. Pouvoirs calorifiques de certains Tableau 6. Quelques indicateurs énergétiques


produits pétroliers dégagés du bilan énergétique

Densité kg/ PCS Indicateurs Pertinence


Produit pétrolier m3 (GJ/t) PCI (GJ/t)
Intensité Représente la consommation finale totale par
Éthane 366,3 51,90 47,51 énergétique unité de PIB. Mesure l’efficacité énergétique
de l’économie d’une économie. Dépend, entre autres,
Propane 507,6 50,32 46,33
de la structure de l’économie considérée, de
Butane 572,7 49,51 45,72 l’efficacité énergétique des différents secteurs,
du niveau de vie de la population, des politiques
GPL 522,2 50,08 46,15 de maîtrise de la consommation, de facteurs
Essence aviation 716,8 47,40 45,03 climatiques.

Essence moteur 740,7 47,10 44,75 Approvisionnement(1) Mesure la production d’énergie primaire,
total en énergie avant transformation, par unité de PIB.
Pétrole lampant 802,6 46,23 43,92
primaire par unité
Gazole/carburant diesel 843,9 45,66 43,38 de PIB

Fuel-oil à faible teneur 925,1 44,40 42,18 Consommation Estime l’énergie totale(2) ou l’électricité
en soufre totale d’énergie consommée en moyenne par un habitant
ou d’électricité au cours d’une année donnée. Permet
Fuel-oil à haute teneur 963,4 43,76 41,57
par habitant de comparer les pays entre eux et d’apprécier
en soufre
les changements sur une longue période.
Source : Manuel sur les statistiques de l’énergie de l’AIE.
Consommation Apprécie la part de chaque forme d’énergie
finale d’énergie dans la consommation finale d’un pays.
Tableau 5. Facteurs de conversion de la par type d’énergie
masse ou du volume en chaleur Consommation Fournit la structure de la consommation finale
(pouvoir calorifique supérieur(1)) finale d’énergie par secteur d’activité (résidentiel, industriel,
du gaz naturel(2) par secteur transport, services publics et marchands).
d’activité Repère les secteurs les plus énergivores.

Taux d’accès Indique la proportion de ménages bénéficiant


En GNL
Norvège Pays-Bas Russie Algérie à l’électricité des services électriques. Il est important de
vérifier si le taux fourni par les pays inclut
MJ MJ MJ MJ MJ seulement l’accès par les connexions au réseau
ou aussi l’accès par les systèmes décentralisés.
De  Multiplier par : 
Taux d’indépendance Représente la part de la production nationale
Mètre cube 40,00 42,51 35,40 37,83 39,00
(ou d’autosuffisance) dans l’approvisionnement total. Apprécie la
Kilogramme 54,40 52,62 45,19 42,83 21,00 énergétique capacité du pays à satisfaire ses besoins sans
dépendre des importations, autrement dit,
1. PCI = 0,9 PCS sa résilience face à une éventuelle crise
2. Le gaz fourni contient d’autres gaz que le gaz naturel, ce qui explique les variations énergétique venant de l’extérieur.
du pouvoir calorifique du gaz provenant de différentes régions.
Source : Manuel sur les statistiques de l’énergie de l’AIE. 1. D ’autres indicateurs peuvent être explorés sur la page du SIE-UEMOA
http://sie.uemoa.int.
2. L’approvisionnement en énergie indique les formes d’énergie primaire, avant
Du bilan aux indicateurs transformation, nécessaires pour l’économie du pays, incluant la production locale
et les importations. Une différence importante avec la consommation finale
De nombreux indicateurs se dégagent automatiquement du bilan, réside dans le traitement de l’électricité : l’approvisionnement inclut les formes
d’autres indicateurs sont calculés en croisant les données énergétiques d’énergie utilisées comme intrants de la production d’électricité, tandis que la
avec les données démographiques et socioéconomiques (tableau 6). consommation finale inclut l’électricité elle-même.
De plus, le recours à une série chronologique d’indicateurs énergé- 3. La valeur absolue et ponctuelle dans le temps de la consommation totale doit être
tiques offre la possibilité de montrer comment agir sur les différents utilisée avec précaution, car elle représente une grandeur très agrégée. La consom-
mation totale ventilée par forme d’énergie et par secteur est plus parlante.
leviers orientant le développement du secteur. L’analyse des séries
est aussi un bon moyen pour détecter des erreurs possibles dans
l’élaboration du bilan (erreurs provenant du fournisseur de données,
erreurs de conversion, etc.).

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Encadré : Les indicateurs TIPEE


Le traitement de l’information pour des politiques énergétiques favorisant l’écodéveloppement (TIPEE) est une méthodologie
et une série d’indicateurs développés par HELIO International et testés en Afrique avec l’appui de l’IFDD en vue de permettre
aux décideurs d’évaluer comment les politiques énergétiques nationales contribuent à l’écodéveloppement dans des conditions
climatiques changeantes.
Les bilans énergétiques fournissent un certain nombre de statistiques sur les systèmes nationaux. Le TIPEE s’appuie sur ces statistiques
et propose d’autres indicateurs, absents des bilans énergétiques traditionnels, pour fournir une évaluation multidisciplinaire des
politiques énergétiques. Les 24 indicateurs TIPEE couvrent les caractéristiques économiques, sociales, technologiques, civiques et
environnementales (tableau 7).

Tableau 7. Les indicateurs TIPEE

Environnement Technologie Vulnérabilité climatique 21. Information scientifique :


1. Émission de gaz à effet de serre : 8. Énergies renouvelables : 15. Vulnérabilité des approvi­ disponibilité de cartes des
émissions de CO2 du secteur déploiement des énergies sionnements thermiques non zones à risque d’inondations
énergétique par habitant renouvelables modernes renouvelables : vulnérabilité et de sécheresse
2. Polluant local majeur lié à locales des centrales thermoélec- 22. Directives d’implantation :
l’énergie : concentration ou 9. Efficacité énergétique : triques (et raffineries le cas mise en application de
émission du polluant atmo­ intensité énergétique de échéant) aux inondations consignes de localisation et
sphérique local dominant par l’économie ou de l’industrie 16. Vulnérabilité des approvi­ de construction prenant en
10. Qualité du service électrique : sionnements renouvelables : compte le climat
habitant
durée et fréquence des vulnérabilité des équipements 23. Gestion de crise : plans
3. Déforestation : nombre
coupures de courant et d’énergies renouvelables aux d’urgence pour les installa-
d’hectares de forêt ou de couvert des variations de fréquences
végétal (biodiversité) détruits déviations météorologiques tions énergétiques
pour des usages énergétiques Gouvernance 17. Vulnérabilité de l’achemi­ 24. Assurances : disponibilité
11. Contrôle des recettes : nement énergétique : réseau de polices d’assurance
Société réduction de la proportion menacé par des extrêmes domestique pour les
4. Accès à l’électricité : proportion de la rente échappant à la météorologiques événements climatiques
des ménages qui ont accès fiscalité
à l’électricité Résilience
12. Consultation informée :
tenue d’audiences publiques 18. Capacité d’investissement :
5. Fardeau énergétique
et de concertation lors des taux d’épargne domestique /
domestique : proportion de la
procédures d’études d’impact PIB
consommation d’énergie dans
des projets énergétiques 19. Mobilisation des énergies
les dépenses des ménages
13. Participation des femmes : vertes : proportion de l’inves-
Économie présence active et officielle tissement domestique allant
6. Importation d’énergies fossiles : des femmes dans le secteur aux énergies renouvelables Source : Torrie, R., J. Smith, H. Connor,
dépendance énergétique de de l’énergie et à l’efficacité énergétique M. Labriet et M. Labrousse (2014).
l’étranger 20. Expertise locale : nombre Cadre pour une voie énergétique douce
14. Équilibre de la gouvernance : autonome : guide pour les décideurs,
7. Réserves non renouvelables : égalité des tenants de l’offre et de diplômés en sciences [En ligne], http ://helio-international.org/
nombre de jours de stock de de la demande et transparence et ingénierie / population wp-content/uploads/2016/12/HELIO_
produits pétroliers des processus décisionnels totale Cadre_VEDA_FR.pdf.

Stratégies de mise du secteur privé, du secteur académique ou de la société civile, peut


l’exploiter pour calculer des indicateurs pertinents pour ses activités.

en œuvre et résultats Autrement dit, le choix des indicateurs dépend de l’usage voulu.
Pour cela, la personne qui fait l’analyse doit disposer d’une bonne
Qui doit faire le calcul et quelle connaissance du secteur de l’énergie, incluant les filières énergé-
tiques et les principes fondamentaux du bilan énergétique. Elle doit
expertise est requise ? également disposer d’une bonne maîtrise des indicateurs démogra-
Le bilan énergétique est dressé par les structures étatiques (ministères, phiques et socioéconomiques et d’une fine capacité d’analyse pour
agences d’État), mais le calcul des indicateurs et leurs analyses comprendre les tendances observées et proposer des actions
peuvent être faits par quiconque en a les capacités et en éprouve concrètes en vue d’améliorer le système énergétique d’un espace
le besoin pour ses activités. Le bilan énergétique, une fois publié, est géographique (pays, région, continent, monde).
à la disposition du public. Tout acteur, qu’il soit du secteur public,

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Pour qui les indicateurs sont-ils utiles ? gétiques, données socioéconomiques, voire données environne-
mentales, le SIE permet de dégager des indicateurs pertinents pour
Les indicateurs sont utiles aussi bien aux décideurs, aux concepteurs comprendre les évolutions du secteur énergétique d’un pays et
de projets qu’aux universitaires et membres de la société civile. ainsi orienter les décideurs dans la prise de décision.
Pour les décideurs, les indicateurs permettent de faire une autoéva-
luation des actions mises en œuvre et de réorienter les politiques
à partir de l’interprétation des indicateurs. Les acteurs chargés de Références
la mise en œuvre des politiques édictées par les décideurs utilisent Agence internationale de l’énergie (2005). Manuel sur les statistiques
ces indicateurs pour concevoir et justifier les différents projets et de l’énergie, [En ligne], https ://webstore.iea.org/energy-statistics-
pour réaliser leur suivi d’évaluation. Les organisations de la société manual-french.
civile, dans leur rôle de défenseurs de l’intérêt général, utilisent les
indicateurs pour apprécier les actions de l’État et attirer l’attention Site Internet du SIE-UEMOA. http://sie.uemoa.int.
sur les éventuels manquements. Les universitaires utilisent également Houdagba, P., I. Dabo, G. Gbandey et A. Soumana. 2018. Le système
les indicateurs dans leurs travaux de recherche. Enfin, les indicateurs d’information énergétique de l’UEMOA (SIE-UEMOA). Fiches
sont utiles pour que le public en général comprenne les liens entre PRISME de l’IFDD, [En ligne], https ://www.ifdd.francophonie.org/
les comportements et les tendances du secteur de l’énergie. media/docs/publications/759_IFDD_Ficheprisme_No15_syst_
information_energetique.pdf.
Conclusion Séminaires en ligne de l’IFDD
Le bilan énergétique présente la situation énergétique du pays à • Approfondir le bilan énergétique, de la théorie à la pratique.
une période donnée. Pour jouer efficacement son rôle d’outil d’aide Jeudi 19 décembre 2019, [En ligne], https ://formation.ifdd.
à la prise de décision, il doit s’inscrire dans un vaste programme francophonie.org/sel-approfondir-bilan-energetique/.
de production régulière des statistiques énergétiques, le Système • Le bilan énergétique : de la comptabilité à la planification. Jeudi
d’information énergétique (SIE). Grâce à une analyse approfondie 29 août 2019, [En ligne], https ://formation.ifdd.francophonie.
du bilan énergétique complétée du croisement entre données éner- org/sel-bilan-energetique/.

Les fiches techniques PRISME (Programme


international de soutien à la maîtrise de l’énergie)
sont publiées par l’IFDD.
Auteur : L’Institut de la Francophonie pour le Institut de la Francophonie
Gbaty Tiadja GBANDEY, coordonnateur du SIE-Togo, responsable du déve­­lop­pement durable (IFDD) est un pour le développement durable
Système d’information et réglementation à la Direction générale organe subsidiaire de l’Organisation inter- (IFDD)
des énergies, ministère des Mines et des Énergies, Togo, nationale de la Francophonie (OIF). Il est 56, rue Saint-Pierre, 3e étage
tyjael12@hotmail.com né en 1988 de la volonté des chefs
Québec (Québec), Canada G1K 4A1
d’État et de gouvernement des pays
Directeur de la publication : Téléphone : +1 418 692-5727
franco­phones de conduire une action
Jean-Pierre Ndoutoum, Directeur, IFDD Télécopie : +1 418 692-5644
concertée visant le dévelop­pement du
Courriel : ifdd@francophonie.org
Comité éditorial : secteur de l’énergie dans les pays mem­
Site Internet :
bres. En 1996, cette action a été élargie
Ibrahima Dabo, Spécialiste de programme, IFDD à l’environ­ nement. Basé à Québec www.ifdd.francophonie.org
Boufeldja Benabdallah, Spécialiste de programme a.i., IFDD (Canada), l’Institut a aujourd’hui pour
Septembre 2020
Appui à l’édition et à la diffusion : mission, notamment, de :
Louis-Noël Jail, Chargé de communication, IFDD - contribuer au renforcement des capa­
Marilyne Laurendeau, Assistante de communication, IFDD cités nationales et au développement
de partenariats dans les domaines de
Supervision technique : l’énergie et de l’environnement,
Maryse Labriet, Eneris Consultants, - promouvoir l’approche développement
info@enerisconsultants.com durable dans l’espace francophone.
Édition et réalisation graphique :
Perfection Design inc.
ISBN : 978-2-89481-315-7
Chef de la Division des statistiques et des stratégies, à la Direction générale Imprimé sur papier contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation.
des énergies du Togo, Gbaty Gbandey est aussi le coordonnateur du Système
d’information énergétique (SIE) du Togo. Il collabore au développement du
Système d’information énergétique africain (SIEA). Il agit également comme
formateur en comptabilité énergétique, bilans énergétiques et analyse
d’indicateurs énergétiques.

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Étude de cas. Analyse des indicateurs énergétiques


à partir du bilan du Togo
Description pour l’année n-1 du fait des délais d’obtention des données auprès des
fournisseurs de données.
L’élaboration des bilans énergétiques au Togo a commencé dès la création
de la Direction générale de l’énergie (DGE) en 2001, à la suite de la prise Chaque rapport inclut, en plus du bilan complet suivant les normes de
de conscience de l’importance des statistiques énergétiques par les dirigeants l’Agence internationale de l’énergie (tableau 1), des analyses particulières
de la DGE. Depuis 2005, la DGE dispose d’un système d’information éner- basées sur des indicateurs. Au vu d’une situation particulière, l’équipe peut
gétique (SIE-Togo) qui dresse chaque année un bilan énergétique national être amenée à calculer des indicateurs spécifiques permettant de mieux
permettant de calculer les principaux indicateurs énergétiques du pays. comprendre la situation. Le calcul d’un indicateur spécifique peut également
être fait à la demande d’un décideur (ministre, directeur général ou autres).
Non seulement ces indicateurs sont issus du bilan énergétique, mais ils sont
Stratégie de mise en œuvre aussi le résultat de croisement avec les données socioéconomiques et environ-
et financement nementales. Ainsi, le SIE-Togo participe activement aux calculs des émissions
des gaz à effet de serre (GES) du secteur énergie lors des communications
Le SIE-Togo a reçu l’appui des plus hautes autorités du pays qui allouent nationales sur les changements climatiques. Il est également associé à
régulièrement les ressources pour son développement. Ce soutien de l’État plusieurs projets entrepris par des institutions, comme l’Université de Lomé,
a été renforcé depuis 2017 par le projet SIE-UEMOA avec l’appui de l’IFDD requérant des indicateurs spécifiques.
et de l’UEMOA.
Le SIE-Togo dispose de points focaux auprès des fournisseurs de données.
Ceux-ci reçoivent chaque année une fiche de collecte. Une fois remplie,
Résultats techniques et financiers
la fiche est envoyée au SIE qui procède immédiatement au traitement des L’analyse réalisée avec quelques exemples d’indicateurs, dégagés du bilan
données et à l’élaboration du bilan énergétique. Les bilans sont réalisés énergétique du Togo, est détaillée ci-après, à titre illustratif.

Tableau 1. Bilan énergétique du Togo 2018

BILAN ÉNERGÉTIQUE DU TOGO 2018 Produits Gaz


ktep pétroliers naturel Hydro Biomasse Électricité Total
Production – – 0,4 2972,2 – 2972,6
Importations 501,3 36,0 – – 92,6 629,8
Exportations – – – – – –
Soutages maritimes internationaux –4,1 – – – – –4,1
Soutages aériens internationaux –66,0 – – – – –66,0
Variation de stocks 17,7 – – – – 17,7
APPROVISIONNEMENTS TOTAUX EN 448,8 36,0 0,4 2972,2 92,6 3549,9
ÉNERGIE PRIMAIRE (ATEP)
Transferts – – – – – –
Écarts statistiques 0,4 – – – –0,4 0,1
Centrales électriques publiques –38,6 –36,0 –0,4 – 32,5 –42,5
Autoproducteurs d’électricité –0,6 – – –6,4 0,2 –6,8
Production de charbon de bois – – – –1337,1 – –1337,1
Secteur énergie – – – – –1,3 –1,3
Pertes de distribution – – – – –16,9 –16,9
CONSOMMATION FINALE TOTALE 410,0 – – 1628,7 106,6 2145,3
SECTEUR INDUSTRIE 36,0 – – – 51,9 87,9
Sidérurgie 4,1 – – – – 4,1
Produits minéraux non métalliques 27,0 – – – 18,0 45,0
Industrie alimentaire et tabacs 4,9 – – – 8,8 13,6
Textiles et cuir – – – – 0,5 0,5
Non spécifié (industrie) – – – – 24,7 24,7
SECTEUR TRANSPORT 336,1 – – – – 336,1
Routier 336,1 – – – – 336,1
AUTRES SECTEURS 37,7 – – 1628,7 54,6 1721,0
Services marchands et publics 2,3 – – 204,4 16,8 223,4
Résidentiel 35,4 – – 1424,4 37,8 1497,5
Non spécifié (autres) – – – – 0,1 0,1
UTILISATIONS NON ÉNERGÉTIQUES 0,2 – – – – 0,2
Source : SIE-Togo.

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Structure de l’approvisionnement Figure 2. Importation et production nationale


et de la consommation finale d’électricité au Togo
Dans le cas du Togo, l’approvisionnement et la consommation finale d’énergie
présentent une structure typique semblable à celle des autres pays de la
sous-région ouest-africaine avec une prédominance des combustibles
ligneux et la domination du secteur résidentiel (70%) dans la consomma-
tion totale. L’approvisionnement du Togo inclut aussi des importations de
produits pétroliers, de gaz (pour la production d’électricité) et d’électricité.

L’énergie finale par habitant


L’interprétation de la consommation d'énergie finale par habitant doit être
réalisée avec précaution. En effet, la quantité élevée de la biomasse
consommée gonfle la consommation totale par habitant (0,28 tep par habitant
au Togo avec une moyenne de l’UEMOA de 0,24 tep par habitant), sans pour
autant indiquer une qualité des services énergétiques apportés à la population.
L’analyse de l’évolution dans le temps peut apporter des éclairages
décisionnels intéressants (figure 1). Les croissances économique et démo- Source : SIE-Togo.
graphique sont les deux principaux facteurs explicatifs de l’évolution des
consommations d’énergie finales d’un pays. Dans le cas du Togo, l’évolution
de ces paramètres montre une sorte de « décrochage » dans la consommation Tableau 2. Quelques indicateurs calculés en 2018
d’énergie entre 2008 et 2012, qui s’explique par une forte consommation
de produits pétroliers, principalement de gasoil, possiblement à cause de
grands travaux de construction réalisés pendant cette période.
Indicateurs TOGO UEMOA
Population (millions) 7,54 122,29

Figure 1. Croissances relatives au Togo Produit intérieur brut (PIB) (milliards $US de 2010) 4,12 120,28
PIB par habitant ($US de 2010) 545,93 983,55
Approvisionnement total en énergie primaire 3549,9 39567,37
(ATEP) (ktep)
ATEP/population (tep/habitant) 0,43 0,32
ATEP/PIB (tep/milliers $US) 0,79 0,33
ATEP/PIB par habitant (ktep/$US) 5,93 40,23
Consommation d’énergie électrique (GWh) 1272,22 21144,61
Consommation d’énergie électrique 0,17 0,17
Source : Bilan énergétique du Togo (2018). par habitant (MWh/habitant)
Émissions de CO2 (ktonnes de CO2) 16,71 3293,49
Émissions de CO2 par consommation d’énergie 0,01 0,08
Taux de dépendance énergétique (focus sur
(tonnes CO2/tep)
l’électricité)
Émissions de CO2 par PIB par habitant 30,62 3348,58
Le Togo reste tributaire de l’extérieur en matière d’énergie électrique avec
un taux de dépendance de 74 % en 2018 (figure 2). Les variations impor- (tonnes CO2/$US)
tantes de la part de la production nationale s’expliquent par des choix Taux d’autosuffisance énergétique 82,0 % 75,1 %
stratégiques. Par exemple, en 2014, la production nationale a été peu sollicitée,
le pays ayant privilégié les importations, du fait du coût de production élevé Taux d’autosuffisance électrique 26,7 % 69,2 %
de la centrale thermique Contour Global Togo, d’une puissance de 100 MW. Taux d’électrification nationale 46,0 % 42,1 %
À l’inverse, cette centrale a été très sollicitée en 2016 grâce à la baisse de
son coût de production et les importations furent moindres. La différence Sources : SIE-Togo, SIE-UEMOA.
entre la consommation du réseau et l’approvisionnement total s’explique
par les pertes, de l’ordre d’un peu plus de 15 %. La recherche de l’énergie à
moindre coût, combinée au développement du marché régional de l’électricité, Conclusion
peut inciter à importer plutôt qu’à produire localement, si la production Le Togo a mis en place un système d’information énergétique (SIE-Togo) en
nationale revient plus chère. 2005 et dispose d’une série de bilans de 1990 à 2018 dressés selon les
directives de l’AIE. Les indicateurs énergétiques calculés et publiés dans les
différents rapports annuels sont fréquemment utilisés par les acteurs aussi
Comparaison d’indicateurs bien sur le plan national que sur le plan international. Le bilan énergétique
La comparaison d’indicateurs du Togo avec ceux de l’UEMOA permet d’évaluer et les indicateurs qui s’en dégagent constituent donc un maillon important
comment se place le Togo dans la région. Par exemple, le Togo contribue à dans l’aide à la prise de décision.
6 % de la population, à 3 % du PIB et à 6 % de la consommation d’électricité
de la région. Par ailleurs, la consommation d’électricité par habitant est la Références
même, au contraire de l’approvisionnement total en énergie primaire par Les rapports du SIE-Togo sont disponibles sur demande auprès de la Direction
habitant. générale des énergies par l’intermédiaire de l’auteur de la fiche.

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LA PLANIFICATION ÉNERGÉTIQUE SECTORIELLE ­| FICHE Nº 16

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